Saint Gérald ou Géraud
Né à Corbie (Somme) vers 1025. Moine et, un temps, abbé de Saint-Vincent-de-Laon, il passa de longues années sur les routes de pèlerinage. Finalement il fonda le monastère de la Grande-Sauve (Gironde) où il mena la vie religieuse avec ferveur. C'est là qu'il mourut le 5 avril 1095.
Saint Gérard de Corbie
Confesseur (+ 1095)
ou Géraud.
Né à Corbie en Picardie, il est cellérier à l'abbaye de cette ville, mais, parce qu'il est atteint de migraines continuelles, il s'en va de pèlerinage en pèlerinage dans l'espoir que saint Michel au Monte Gargano ou saint Benoît au Mont-Cassin ou bien d'autres, l'en délivrent. Plus tard, guéri, il continuera ses pérégrinations, en Terre Sainte, à Paris pour vénérer saint Denis, à Tours pour prier saint Martin. Désormais il est sans cesse sur les routes avec deux autres religieux. Ils n'arrêtent jamais leurs voyages jusqu'au jour où ils croisent à Poitiers le duc d'Aquitaine qui leur offre une immense forêt entre Dordogne et Garonne. Ils décident d'arrêter leur vie de pèlerins et s'établissent en fondant le monastère de la Grande-Sauve (en latin : Magna Silva - grande forêt) où ils mènent une vie religieuse exemplaire et paisible. De cette abbaye, naîtra une importante congrégation bénédictine.
"Il naquit à Corbie vers 1025. II devint moine dans l'abbaye de cette ville puis fut élu abbé de Saint-Vincent de Laon. Les difficultés qu'il rencontra dans le gouvernement de ce monastère le portèrent à le quitter. Il effectua divers pèlerinages et vint s'établir près de Bordeaux dans l'Entre-Deux-Mers, au milieu de la forêt de la Grande-Sauve. II y fonda une communauté, le 28 octobre 1079, qui donna naissance à un important monastère. Le concile de Bordeaux, en 1080, reconnut cette maison qui ne tarda pas à prendre une grande expansion à travers la France, en Espagne et en Angleterre. Lors du premier chapitre général (28 octobre 1094) il y avait déjà dix monastères groupés autour de celui de la Sauve. Dans l'Entre-Deux-Mers même, Gérard et ses compagnons accomplirent une œuvre considérable, construisant une des plus grandes et des plus belles abbayes du Sud-Ouest, ouvrant à la vie des régions jusque-là arriérées. II mourut le 5 avril 1095. II fut canonisé par le pape Célestin III le 27 avril 1197: ce fut une des premières canonisations de l'histoire accomplie suivant la procédure établie par la cour romaine. Jusque-là on s'en tenait à la voix populaire. Les reliques de saint Gérard sont aujourd'hui conservées dans l'église paroissiale de La Sauve-Majeure. On le fête le 27 avril." "Le Moyen-Age voit le renouveau de Sainte-Croix, de Saint-Seurin, et du Prieuré de La Réole... C'est l'époque de la création de l'Abbaye de la Sauve-Majeure sous l'impulsion de Saint-Gérard en 1079." (diocèse de Bordeaux)
Au monastère de la Grande-Sauve, en Aquitaine, l’an 1095, saint Gérard, abbé. Moine à Corbie, il fut élu abbé de Saint-Vincent de Laon, puis, après divers pèlerinages, il se retira dans une forêt très dense, où il fonda un nouveau monastère.
Martyrologe romain
Quand Foulques 1er eut remplacé Richard dans le gouvernement de l'abbaye, on vit la jeunesse de Géraud tenir toutes les promesses qu'avait données son enfance, et la maturité des fruits succéder au parfum des fleurs. L'abbé Foulques, qui avait entrepris la double tâche de relever le temporel du monastère et d'y faire refleurir une exacte discipline, sentit le besoin de s'adjoindre un coopérateur intelligent et zélé. Gérard, qui avait fait son noviciat en même temps que lui, et qui, depuis, avait prononcé ses vœux, devint alors cellérier de l'abbaye de Corbie. L'excès des travaux, des jeûnes et des veilles causa à Géraud une névralgie céphalique. Il éprouvait continuellement dans la tête de violentes douleurs, que chaque mouvement et la moindre occupation sérieuse rendaient intolérables. La description que ses biographes nous donnent de cette maladie démontre que le cerveau affaibli se laissait dominer par mille imaginations effrayantes. Le pieux cellérier conservait toutefois assez de présence d'esprit pour dissimuler l'âpreté de ses souffrances, que connaissait seul le religieux qui lui donnait en secret des soins particuliers. Quand on s'aperçut enfin de la gravité de sa position, on l'obligea à recourir aux consultations des médecins. L'un pratiqua une incision à la veine frontale, un second eut recours à divers genres de potions, un troisième employa la cautérisation. Aucun remède n'ayant réussi, le patient s'en remit à la volonté de Dieu.
Pour mériter ses grâces, il redoublait de charité envers les pauvres chaque jour, il en recevait trois, leur lavait les pieds, leur servait à manger après le repas, il se jetait parfois à leurs genoux, et, voyant en eux une image des trois personnes divines, il s'écriait en versant des larmes: « O Trinité sainte, délivrez-moi des maux que je ne puis endurer. Rappelez-vous cette promesse de l'Écriture N'importe quand vous m'invoquerez, je dirai me voici. Ah souvenez-vous de votre miséricorde et n'en différez pas l'accomplissement ». L'abbé Foulques, obligé de se rendre à Rome dans l'intérêt de son abbaye, résolut d'accomplir son projet dans le courant du mois de janvier de l'an 1050. Ayant d'abord proposé à Gérard de faire ce voyage ensemble, il l'en dissuada ensuite, en raison de son déplorable état de santé. Mais le cellérier insista tellement pour accomplir un pèlerinage qui pouvait amener sa guérison, qu'on ne mit plus d'obstacle à son désir. Le trajet, si difficile alors, devint pour Géraud l'occasion d'un redoublement de souffrances car l'exercice du cheval lui rouvrait les plaies de la tête. Le saint religieux, n'ayant pas même la force de soutenir la conversation, se tenait en arrière c'est ainsi qu'il pouvait, sans être vu, donner l'aumône aux mendiants et vaquer plus longuement à l'oraison. Arrivé à l'hôpital Saint Denis, qui servait d'asile aux pèlerins, on pansa ses plaies et l'on put alors constater combien le mal avait empiré. Aussi l'abbé Foulques crut-il devoir conseiller à son compagnon de rester dans l'hospice ou de se faire reconduire à Corbie. « Si j'ai entrepris ce voyage, répondit Gérard, c'est pour arriver au but je n'ai fait qu'obéir à vos ordres aussi supplié-je votre paternité de ne point m'imposer la dure obligation de vous quitter ». Foulques finit par céder à un désir si vivement exprimé, et on arriva bientôt au bas de deux montagnes qu'il fallut franchir a pied, le mont Joux et le mont Bardon qui, plus tard, devaient prendre le nom de Grand et Petit Saint Bernard, en l'honneur de Saint Bernard de Menthon, fondateur de deux hôpitaux, pour les voyageurs, dans ces lieux désolés.
L'humble pèlerin ajoutait encore des mortifications volontaires aux fatigues de la route et aux cruelles souffrances qu'il endurait. Ce fut pieds nus et la tête seulement couverte d'un capuchon qu'il traversa le mont Gaudius Dès son arrivée à Rome, Gérard se rendit près du tombeau des Apôtres. Que de larmes, que de prières pour obtenir la guérison de son infirmité pendant que ses compagnons dormaient, il retournait à la basilique de Saint-Pierre, dont les gardiens s'étaient laissé gagner par ses largesses. Là, il suppliait le Prince des Apôtres, sinon de lui rendre une complète santé, du moins de lui conserver la raison que, dans le paroxysme de ses douleurs, il sentait lui échapper. Huit jours après, Foulques et Gérard suivirent le pape Saint Léon IX qui se rendait dans la Pouille pour pacifier les contrées que ravageaient les Normands, cruels partisans de l'antipape Benoît IX. Nos pèlerins tombèrent entre leurs mains. Gérard qui, selon sa coutume, chevauchait en arrière, fut jeté à bas de sa monture, rudement maltraité et dépouillé de tout l'argent que lui avait confié son abbé. Il lui fallut rejoindre, à pied, ses compagnons arrivés plus vite à l'abbaye du Mont Cassin, grâce aux chevaux que leur avait rendus un soldat compatissant de la bande du comte d'Aquin. Richer, abbé de ce monastère, voyant le cellérier de Corbie implorer la protection de saint Benoît, vint augmenter encore sa désolation en lui disant sans ménagement: « Hélas! mon frère, votre maladie est bien dangereuse un de nos religieux, torturé du même mal, a tant souffert qu'il a fini par en perdre la raison ». La caravane étant arrivée au Mont Gargano, où se trouvait Léon IX, Gérard invoqua saint Michel, qui rendit ces lieux célèbres par son apparition à un évêque de Siponte. Il s'arrosa la tête des gouttes sacrées qui découlent de la roche vénérée; « mais, s'écrie l'un de ses anciens biographes, ni saint Michel sur sa montagne, ni saint Benoît dans son monastère du Mont Cassin, ni saint Pierre dans sa cité, n'opérèrent la guérison que Saint Adélard se réservait d'accomplir à Corbie ».
Ordonné prêtre, en même temps que Foulques, des mains de saint Léon en 1030, Gérard affronta bientôt les périls du retour et revint à Corbie où il reprit sa vie de fervente régularité. On le voyait célébrer fréquemment la sainte messe; parfois cependant, sa faiblesse était si grande qu'il n'aurait pu achever les saints mystères, si Dieu ne l'avait soutenu de sa force. En 1051, saint Gérard fut investi de la charge de sacristain et put bientôt, malgré la persistance de son infirmité, donner de nouvelles preuves d'un zèle que rien ne décourageait. L'église Saint Pierre, incendiée sous l'abbatiat de Richard, ne se relevait que lentement de ses ruines les troupeaux y pénétraient comme sur une place publique les eaux pluviales y séjournaient si abondantes que les canards et les oies y trouvaient des mares pour leurs ébats; un épais fumier tenait lieu de dallage. Malgré la pénurie de la communauté, l'entreprenant sacristain fit activer les travaux; bientôt une nouvelle nef fut entièrement construite, le chœur fut décoré de colonnes et de stalles, la crypte fut déblayée, plusieurs autels furent érigés dans les cloîtres et les lieux réguliers devinrent habitables. C'est alors, le 27 août 1052, qu'eut lieu la consécration de la nouvelle église.
Le biographe contemporain de saint Gérard nous rapporte ensuite les deux visions suivantes. Le sacristain de Corbie, pendant son sommeil, se vit transporté au seuil de la chapelle dédiée à Saint Michel, où Notre Seigneur se disposait à dire la messe. Des Archanges, des Anges et des Saints préparaient tout pour la divine liturgie. Quand ils furent tous rangés des deux côtés du chœur, Jésus demanda si tous ceux qui devaient assister à cette messe étaient bien présents: « Nous sommes tous ici, répondit le chœur céleste ». « Non, repartit Jésus-Christ, il y a un frère qui se tient à la porte et qu'il faut faire entrer ». Gérard se rendit à cet appel, prit place dans la sainte assistance et écouta la messe de la Toussaint qui commence par ces mots: « Gaudeamus omnes in Domino Réjouissons-nous dans le Seigneur ». Quand le religieux se fut réveillé, il réfléchit sur cette vision, comprit par là combien il était dans les bonnes grâces du Seigneur et résolut de se consacrer encore plus entièrement à son service. Une autre fois, il se crut transporté dans l'église Saint-Pierre, en face de la croix qui dominait l'arc triomphal entre le chœur et la nef. Les fidèles qui remplissaient l'église avaient les regards fixés sur la sainte image, quand, tout à coup, le Sauveur quitta la croix, descendit vers Géraud qu'il appela de son nom, et lui caressa le visage de la main, en disant: « Mon fils, mets ta force et ta confiance dans la puissance du Seigneur ». Après ces paroles, Jésus alla reprendre sa place sur la croix de l'arc triomphal, et cette nouvelle vision confirma notre Saint dans ses sentiments de ferveur et d'espérance.
Un reclus, nommé Ebroïn, autrefois engagé dans la carrière militaire, vivait non loin de l'abbaye. Cinq chevaliers vinrent un jour le trouver, lui adressèrent leur confession et, après avoir déclaré qu'ils voulaient renoncer au siècle, ils implorèrent ses bons conseils. Ebroïn leur ménagea, dans sa cellule, une entrevue avec Gérard dont il recevait souvent les confidences et les entretint de leurs désirs mutuels. Tous résolurent de se consacrer en commun à la vie érémitique, et, sans savoir encore vers quelle solitude ils tourneraient leurs pas, ils se donnèrent rendez-vous à l'abbaye de Saint Denis, pour prendre le temps de régler chacun leurs affaires. Les cinq chevaliers dont nous venons de parler, et qui devaient si puissamment concourir à la grande œuvre de Gérard, avaient tous un glorieux passé. C'étaient Herblay, frère d'Yves, châtelain de Noyons, qui avait accompagné Philippe 1er dans les guerres de Flandre et de Bretagne; Guy, vassal de l'évêque de Laon; le châtelain Tiezzon, de la maison de Coucy, lequel avait pris part à la bataille de Cassel Gauthier de Laon, dont la sagesse égalait la bravoure, et Lithier qui visait en toutes choses à la perfection. Après en avoir obtenu la permission de l'évêque de Laon, de qui il tenait ses pouvoirs abbatiaux, Gérard quitta Saint-Vincent avec deux de ses religieux, Martin et Aleran ce dernier était son neveu. Les neuf voyageurs, qui ne paraissent pas avoir eu d'idée bien arrêtée pour le choix de leur solitude, entreprirent divers pèlerinages, après avoir vénéré les reliques du premier Pontife de Paris. C'est ainsi qu'ils visitèrent successivement Sainte Croix d'Orléans et le tombeau de Saint Martin à Tours. Là, ils rencontrèrent d'autres pèlerins qui revenaient de Rome et refusèrent les offres, par eux faites, de terres et de biens pour l'établissement d'un monastère. En arrivant à Poitiers, ils assistèrent à l'entrée de Guillaume VIII, comte de Poitou et duc d'Aquitaine, qui les interrogea sur le but de leur voyage. Édifié des réponses de Saint Gérard, le duc s'empressa de lui offrir les terres qu'il voudrait choisir dans sa province. Raoul, prévôt de la justice de Bordeaux, ayant signalé une forêt nommée Sylva major entre la Garonne et la Dordogne, lieu qui lui paraissait convenir aux desseins des pèlerins, Guillaume les fit conduire dans ces parages incultes où l'on ne pouvait pénétrer qu'en se frayant un chemin à l'aide de la hache.
Sur les ruines du château d'Hauteville se trouvait un oratoire en terre, dédié à la Vierge, et depuis longtemps abandonné. L'existence de ce sanctuaire et l'horreur même de cette solitude fixèrent aussitôt le choix de Gérard qui prit possession de cette retraite le 28 octobre de l'an 1079, jour de la fête des Saints Apôtres Jude et Simon. Plus d'une difficulté entrava cette nouvelle fondation bénédictine, qui devait bientôt devenir le siège d'une si importante congrégation. Écoutons Gérard nous raconter lui-même ses soucis et ses démarches. Une nuit que saint Gérard priait Dieu de lui faire connaître si sa fondation lui était agréable, il se laissa aller au sommeil et aperçut du côté de l'Orient un char traîné par deux bœufs. Soudain les deux bœufs se métamorphosent en un seul cheval enfin, le coursier fait place à Notre Seigneur attaché à une grande croix lumineuse dont le pied touchait la terre et dont le sommet atteignait les cieux. Après avoir adoré cette vision, le Saint se réveilla et comprit que Dieu approuvait le voyage qu'il avait entrepris et le terme qu'il y avait mis. Ce fut à cet endroit que, plus tard, il éleva l'église du monastère.
Les cinq chevaliers picards, qui portaient encore l'habit laïque, avaient fait vœu jadis d'entreprendre le pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle. Quand, avec la permission de l'Abbé, ils eurent accompli leurs promesses, ils revinrent à la Sauve et prirent alors l'habit de saint Benoît. Le 11 mai 1081, les religieux, au milieu de la forêt qu'ils avaient commencé à défricher, posèrent la première pierre du monastère, et le dédièrent à Notre Dame et aux Apôtres Saint Simon et Saint Jude. « La tradition rapporte que saint Gérard abattit un grand nombre de chênes qui occupaient le lieu où il voulait bâtir, seulement en les touchant avec un morceau de fer plat et épointé. Cette tradition est appuyée par le soin avec lequel on conserva depuis, parmi les reliques, ce fer garni d'un manche d'agate et enchâssé dans de l'argent doré, sous le nom de couteau de saint Gérard ». Les vertus du saint Abbé, son aspect angélique, la pureté de ses mœurs, la ferveur de ses prières, l'éloquence de ses instructions impressionnèrent vivement les populations qui vivaient aux alentours. On les vit se civiliser peu à peu et accourir se confesser a Gérard, qui leur imposait pour pénitence de jeûner le vendredi et de faire maigre le samedi, ce qui prouve qu'à cette époque l'abstinence de ce dernier jour n'était pas encore obligatoire dans le diocèse de Bordeaux.
Un concile s'ouvrit à Bordeaux le 9 octobre 1080, où furent condamnées les doctrines de Bérenger. Le duc d'Aquitaine exposa aux évoques réunis qu'il affranchissait les bénédictins de la Sauve de toute puissance laïque qu'ils auraient droit de comté et de justice que tout voyageur qui serait en la compagnie d'un moine serait défendu contre toute attaque ou injure enfin que le droit d'asile serait attribué, non-seulement à l'Église, mais à l'alleu tout entier. Gérard, voyant assuré l'avenir de son œuvre, placée sous la juridiction exclusive du Saint Siège, voulut alors se démettre de l'abbatiat. Mais Aimé, légat du souverain Pontife, qui assistait au concile, lui enjoignit de rester à son poste. La réputation du saint Abbé lui attira bientôt de nombreux disciples, parmi lesquels on distinguait le chevalier Arnaud, captai de la tour de Castillan en Médoc Raymond Mangot de Madirac qui, à un âge très-avancé, renonça au monde; Raymond Guillaume de Génissac, qui tenait un des premiers rangs dans la noblesse du pays; Achelin, archidiacre de Bordeaux, etc. De nombreux seigneurs des environs confièrent à Gérard l'éducation de leurs enfants mais il y eut d'autres personnages qui, loin de lui accorder leurs sympathies, lui suscitèrent de graves embarras. Plusieurs voisins, qui firent preuve de tracasserie, d'injustice ou de cruauté envers l'abbaye, sentirent la main de Dieu s'appesantir sur eux. Quelques-uns éprouvèrent un véritable repentir, réparèrent leurs torts et finirent leur vie purifiée au sein même de l'abbaye.
Saint Gérard ajouta à la règle de Saint Benoît des constitutions particulières qui ne nous sont point parvenues, mais dont on retrouve l'esprit dans les chartes de la Sauve et des prieurés qui en dépendaient. De plus, il régla sagement l'exercice de la justice sur les habitants qui étaient venus peu à peu se grouper autour du monastère. Le premier officier, qui prenait le titre de prévôt ou seigneur de la ville était l'hôtelier du monastère, secondé par un prévôt laïque. Au nombre des privilèges dont jouissaient les sujets de l'abbaye, nous voyons figurer l'exemption des impôts dus au roi et aux seigneurs, ainsi que l'exonération du service militaire. Parmi les œuvres les plus importantes de saint Gérard, nous devons signaler une association de prières avec un bon nombre d'abbayes des défrichements de forêts des exploitations de carrières des constructions de routes et de fours banaux l'établissement d'un marché hebdomadaire et d'une foire annuelle la fondation d'un couvent de femmes, non loin de la Sauve, et d'une vingtaine de prieurés en France en Espagne et en Angleterre.
Saint Gerald of Sauve-Majeure
- Gerald of Corbie
- 1095
of natural causes
April 5
St. Gerald, Abbot
HE was abbot of Seauve, or Sylva-major, near Bordeaux, died on the 5th of April, 1095, and was canonized by Celestine II. in 1197. Papebroke, t. 1. Apr. p. 409.
Rev. Alban Butler (1711–73). Volume IV: April. The Lives of the Saints. 1866.
Da molti anni egli soffriva violenti mali di testa, di cui aveva vanamente implorato la guarigione nei santuari che aveva visitato in Italia. Ne fu alfine liberato per intercessione di san Adalardo di Corbie e dimostrò la sua riconoscenza componendo antifone e responsori per l’Ufficio di questo santo e facendo redigere una Vita di lui.
Nel 1073 compì un pellegrinaggio in Terrasanta sul quale non si hanno particolari. Al suo ritorno, i monaci di san Vincenzo di Laon gli chiesero di succedere come abate a suo fratello Raniero, che era morto.
Per cinque anni tentò di riformare questo monastero, ma i suoi sforzi rimasero vani, e finalmente lasciò Laon con due monaci, un recluso, chiamato Ebroino, e cinque cavalieri in cerca di vita penitente. Insieme fecero diversi pellegrinaggi: andarono a san Dionigi presso Parigi, a Santa Croce di Orléans, a san Martino di Tours, infine a Poitiers ove vennero notati da Guglielmo VIII, conte di Poitiers e duca di Aquitania. Costui propose ai pellegrini di fondare un monastero e offrì loro delle terre in una vasta foresta, chiamata la Grande-Sauve o Sauve-Majeure (Sylva major), situata fra la Garonna e la Dordogna, a ventisette chilometri a est di Bordeaux. Geraldo e i suoi compagni ne presero possesso il 28 ottobre 1079.
Al concilio tenuto a Bordeaux nel 1080, il duca d’Aquitania informò i vescovi che il monastero della Grande-Sauve sarebbe stato affrancato da ogni potere laico e avrebbe avuto diritto di contea e di giustizia. Il monastero dedicato alla Madonna e ai santi Simone e Giuda, seguiva la regola di san Benedetto, con costituzioni che non sono state conservate, ma di cui si ritrova un’eco nelle carte dell’abbazia. Molte fondazioni dimostrarono rapidamente la prosperità e lo splendore del monastero: il priorato di Semoy presso Orléans nel 1081, l’abbazia di Broqueroie nell’Hainaut nel 1082, il monastero di Barwell nella diocesi di Lincoln nel 1089. La Grande-Sauve si trovò così alla testa di una vera congregazione e Geraldo, il 28 ottobre 1094, riunì un primo capitolo generale che raccolse i rappresentanti di una decina di monasteri.
Egli istituì, inoltre, un ordine cavalleresco comprendente cavalieri e alcuni monaci con funzione di cappellani, per partecipare alla lotta contro i Mori in Spagna. Infine, accettò l’amministrazione di un certo numero di parrocchie e il suo monastero divenne un centro di evangelizzazione e di civilizzazione.
Geraldo morì il 5 aprile 1095 alla Grande-Sauve e fu inumato nella chiesa della Madonna. Il suo corpo fu elevato il 21 giugno 1126; fu canonizzato il 27 aprile 1197 da Celestino III. Le sue reliquie, nascoste durante la Rivoluzione francese, sono conservate nella chiesa parrocchiale della Grande-Sauve e la sua festa i celebrata il 5 aprile o il 21 giugno.
Un monaco anonimo, che non aveva conosciuto personalmente san Geraldo, ma solo qualcuno dei suoi contemporanei, compose, verso il 1140, una Vita che, verso il 1190, fu rimaneggiata in vista della canonizzazione da un altro monaco anonimo che la arricchì di diversi miracoli. I due testi sono stati pubblicati dai Bollandisti.
Autore: Philippe Rouillard