jeudi 8 juin 2023

Saint GODARD de ROUEN (GILDARD), évêque et confesseur

 

Vitrail de la chapelle de la Vierge de la cathédrale de Rouen représentant Godard, réalisé au xive siècle.


Saint Godard

Évêque de Rouen (VIe siècle)

Saint Godard évêque de Rouen au VIe siècle est connu également sous le nom de saint Gildard.

"l'archevêque Guillaume Bonne-Ame (1079-1110) institue une procession annuelle avec station dans l'ancienne église Saint Romain. Elle prendra le nom de Saint Godard qui passait alors pour y avoir été inhumé également une centaine d'années avant Romain." (source: site internet du diocèse de Rouen)

À Rouen, après 511, saint Godard, évêque.

Martyrologe romain

SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/1290/Saint-Godard.html

Saint Godard.

Vers le milieu du Ve siècle, dans un petit village de Picardie, à Salency, naissaient deux frères qui devaient être la gloire de leur patrie : Médard ou Mard, et Gildard ou Godard — tels étaient leurs noms, — nés le même jour, consacrés évêques le même jour, devaient, nous dit le Martyrologe romain, s’envoler au ciel ensemble. Quoique leur vie ait été étroitement liée, saint Médard est beaucoup plus connu dans la France, où son nom est resté très populaire.

[…]

Pendant que Médard montait sur le siège de Noyon, Godard ou Gildard, son frère, était sacré évêque de Rouen. Avec saint Rémi, saint Médard et saint Waast, il coopéra à l’entière conversion et au baptême de Clovis, premier roi chrétien des Francs, comme il est rapporté dans les anciennes leçons de l’église qui porte son nom à Rouen. Il assista, l’an 511, au premier Concile d’Orléans, un des plus célèbres de France. Godard termina son pontificat à peu près vers le même temps que son bienheureux frère.

SOURCE : https://laportelatine.org/spiritualite/vies-de-saints/8-juin-saint-medard

Rouen, Baie 4 représentant Saint-Godard et le concile de Poitiers.

Rouen, Baie 4 représentant Saint-Godard et le concile de Poitiers.


Saint Médard et saint Gildard, frères. Évêque de Noyon et archevêque de Rouen. 545.

Papes : Saint Léon Ier, le Grand ; Vigile.

Roi des Francs Saliens : Childéric Ier.

Roi des Francs : Clovis Ier ; Clotaire Ier.

" Sanguinis fraternitas similitudinem tantum corporis refert, Christi autem fraternitas unanimitatem cordis animaeque demonstrat."

" La fraternité du sang produit seulement une ressemblance corporelle, mais la fraternité de Jésus-Christ produit l'union de sentiments dans le coeur et dans l'âme."

Saint Augustin.

Puisque la divine Providence a joint si étroitement ces deux frères, nés et baptisés ensemble, ordonnés prêtres et sacrés évêques ensemble, et morts le même jour pour aller jouir ensemble de la couronne immortelle due à leurs mérites, il n'est pas raisonnable de les séparer. Ils naquirent en Picardie, au village de Salency, à une lieue de Noyon, à une époque où les Francs, conquérants d'une partie des Gaules, étaient encore idolâtres ; c'était vers le commencement du règne de Childéric, père de Clovis.

Leur père, Nectard, franc d'origine, était l'un des principaux seigneurs qui environnaient le roi ; et leur mère, qui se nommait Protagie, c'est-à-dire, selon l'étymologie grecque, première sainte, était gallo-romaine et de naissance aussi très-illustre. Nectard, quoique idolâtre, avait toutes les vertus morales capables de faire un honnête homme. Protagie était chrétienne, et avait même résolu de demeurer vierge et de n'avoir jamais d'autre époux que Jésus-Christ ; mais Dieu, qui la voulait rendre mère de deux grands saints, lui fit connaître, par un Ange, qu'il se contentait de sa bonne volonté et qu'elle devait épouser Nectard, selon le désir et l'engagement de ses parents.

Ce mariage eut pour premier effet la conversion de Nectard ; il ne put résister aux puissantes raisons de Protagie : elle le fit renoncer au culte des idoles pour adorer le Dieu souverain, créateur de toutes choses. La ressemblance de leur foi fut suivie d'une parfaite ressemblance dans les moeurs, et la superstition ayant été bannie de leur maison, on y vit régner la piété, la dévotion, la miséricorde envers les pauvres, la continence, la frugalité, la modestie et toutes les autres vertus chrétiennes.

D'après saint Ouen et plusieurs autres auteurs, Médard et Gildard étaient jumeaux. Les tables de l'Église de Rouen ajoutent qu'on ne différa point leur baptême, comme on le faisait souvent en ce temps-là ; mais qu'aussitôt après leur naissance, ils furent régénérés en Jésus-Christ. Leur enfance fut toute sainte, et leurs actes en rapportent des exemples admirables, qui ne doivent pas être passés sous silence. Ce qui brilla le plus en ce jeune saint, ce fut sa grande compassion envers les pauvres et les malheureux.

Il s'assujétissait à des jeûnes rigoureux, afin de leur distribuer le pain qu'il devait manger, et se privait de toutes les douceurs dont on le gratifiait pour leur en faire largesse. Il se dépouillait lui-même pour les revêtir ; et, un jour qu'on lui avait fait faire un manteau de grand prix, pour paraître avec honneur parmi les jeunes gens de son rang, ayant rencontré un aveugle qui n'avait pas de quoi se couvrir, il lui en fit présent : ce qui causa plus d'admiration que de peine à sa pieuse mère qui, heureuse de lui voir de si excellentes qualités, s'efforçait de les développer dans son jeune coeur.

Un autre jour, son père étant revenu de la campagne avec beaucoup de chevaux, le chargea de les conduire dans le pré et de les y garder quelque temps, parce que tous ses gens étaient occupés à divers ministères. Comma il s'acquittait de cet humble emploi, il aperçut un homme qui, ayant perdu son cheval par quelque accident, emportait sur sa tête, avec beaucoup de peine, la selle, la bride, les étriers et les sangles. Il lui demanda pourquoi il se chargeait tant, puisque même sans charge il avait beaucoup de peine à marcher. Le passant lui répondit que son cheval venait de mourir, et que c'était pour lui un grand malheur, parce qu'il n'avait pas de quoi s'en procurer un autre. Alors le coeur du Saint fut touché de compassion, et, considérant que son père avait plusieurs chevaux, et qu'il lui était aisé d'en avoir encore d'autres, il prit un des chevaux confiés à sa garde et le lui donna. Dieu lui fit connaître aussitôt que cette action lui était agréable ; car une grosse pluie étant survenue, un aigle vint au-dessus de la tète de Médard et le mit à l'abri de ses ailes: ce qui fut vu, non-seulement d'un valet qui alla le chercher pour diner, mais aussi de son père, de sa mère et de toutes les personnes de la maison, qui accoururent pour admirer cette merveille. L'écuyer de Nectard se plaignit qu'il manquait un de ses chevaux; mais, dès que Médard eut déclaré son action, le nombre des chevaux fut rempli : il se trouva qu'il n'en manquait plus, sans qu'on pût dire comment cela s'était fait.

Après un miracle si éclatant, Nectard et Protagie donnèrent à leur fils toute liberté de faire l'aumône, ne doutant pas que, faite d'une si bonne main, elle n'attirât la bénédiction du Ciel sur leur personne et sur leur famille.

Médard apaisa aussi un grand différend qui était survenu entre des paysans pour le bornage de leurs héritages ; car, s'étant transporté sur le lieu, il mit le pied sur un caillou qui était en terre, leur assurant que c'était là la vraie borne ; pour les en convaincre entièrement, il imprima le vestige de son pied sur ce caillou, aussi facilement que si c'eût été de la cire molle.

Durant toute son enfance, notre Saint mena une vie pieuse, mortifiée, charitable. Quoiqu'il ait passé peu d'années au lieu de sa naissance, il y a laissé des souvenirs édifiants que le temps n'a pas effacés. Bientôt, il quitta Salency et se rendit aux écoles littéraires de Vermand et de Tournai. Son père habitait souvent cette dernière ville que Childéric, roi des Francs, avait choisie pour sa résidence.

Sous des maîtres recommandables par leur science et par leur piété, Médard avança rapidement dans la connaissance des lettres profanes, et surtout dans celle des divines Écritures. Il fit des progrès plus merveilleux encore dans la pratique des vertus chrétiennes. Evitant la fréquentation des grands et les divertissements de la cour, il mettait tout son bonheur à étudier, à prier, à visiter et à soulager les pauvres. Au don des miracles qu'il possédait déjà, Dieu daigna ajouter le don de prophétie: ce fut alors qu'il prédit à Eleuthère, son condisciple et son ami, la future élévation de ce saint jeune homme au siège de Tournai.

Pour saint Gildard, les tables de l'église de Rouen témoignent que, dans l'enfance même, il était extrêmement assidu à l'église, et qu'il y trouvait toutes ses délices ; qu'ayant la gravité d'un vieillard, il fuyait tous les jeux et les divertissements qui sont l'amusement de ce premier âge, qu'après ses devoirs envers Dieu, il se faisait un devoir capital d'obéir en toutes choses à ses parents, et qu'il ne cédait en rien à son frère pour la charité envers les pauvres, jeûnant aussi pour les nourrir et se dépouillant pour les revêtir.

Nos deux Saints, offrant dans leur vie toutes les marques de la vocation ecclésiastique, furent tonsurés dans une église dédiée sous le nom de saint Etienne, où l'on a longtemps conservé les ciseaux qui avaient servi à leur couper les cheveux. On croit que cette église était aux portes de Soissons, et que c'est celle-là même qui, ayant été beaucoup augmentée par les rois Clotaire et Sigebert, a pris le nom de Saint-Médard. Ce que nous pouvons savoir de leurs études, c'est qu'ils furent mis sous la conduite des évêques de Tournai et de Vermand, qui eurent soin de leur apprendre la doctrine sacrée, afin qu'ils devinssent capables d'enseigner le peuple chrétien, de travailler à la conversion des infidèles et de confondre les hérétiques. La docilité de leur esprit, la beauté de leur mémoire et la solidité de leur jugement, firent qu'ils acquirent en peu de temps ce que d'autres n'eussent acquis qu'en beaucoup d'années, et qu'ils furent jugés dignes, dans un âge peu avancé, d'être promus aux Ordres de l'Église.

Ils reçurent même la prêtrise des mains de Sophrone, évêque de Vermand. Ce fut dans cet Ordre que parut admirablement le concert précieux de toutes les vertus dont leur âme était douée. Leurs jeûnes étaient fréquents et leur oraison continuelle ; ils passaient les nuits entières dans la méditation des nos mystères, et ils y trouvaient tant de délices, qu'ils ne la quittaient qu'avec une sainte impatience de la reprendre.

Modestes et humbles, ils portaient beaucoup d'honneur à leurs supérieurs ; mais ils n'en voulaient pas recevoir de leurs égaux ni de leurs inférieurs, qu'ils traitaient comme leurs frères. Leur douceur et leur affabilité les faisaient aimer de tout le monde, et on ne parlait de tous côtés que de ces 2 frères, qui, comme 2 beaux soleils, éclairaient les églises de Picardie.

L'archevêché de Rouen étant venu à vaquer vers la fin du Ve siècle, par la mort de Crescence, l'un de ses plus dignes prélats, le clergé et le peuple élurent saint Gildard en sa place. Ce saint Prêtre n'apprit qu'avec douleur cette élection ; mais, comme il était évident qu'elle s'était faite par l'inspiration de Dieu, et sans nulle faveur humaine, il fut obligé de s'y soumettre. Étant arrivé à Rouen, où il y avait encore beaucoup d'idolâtres, il travailla avec un zèle infatigable à les gagner à Jésus-Christ, et il eut la consolation de voir la synagogue de Satan diminuer de jour en jour, et son troupeau prendre à tous moments un accroissement nouveau par la conversion de ces infidèles : la douceur, l'honnêteté et la tendresse paternelle avec lesquelles il les visitait et leur parlait, contribuèrent extrêmement à cet heureux résultat. Mais ce qui y aida davantage, ce furent les prières continuelles qu'il adressait à Dieu pour ce peuple qui lui était confié, et la célébration continuelle du Sacrifice de nos autels. Il assistait les pauvres, il rachetait les captifs, il visitait et secourait les malades dont il avait toujours les noms imprimés dans sa mémoire; il consolait les affligés, et, pour dire tout en un mot, avec les Actes de sa vie, qui se trouvent dans les archives de Rouen, il pourvut en toutes choses à l'utilité de tout le monde.

Il y a surtout 3 événements qui l'ont rendu célèbre dans l'histoire ecclésiastique :

- il coopéra, avec saint Remi, saint Médard, son frère, saint Waast et saint Solène à l'entière conversion et au baptême de Clovis, notre premier roi chrétien, comme il est rapporté dans les anciennes Leçons de l'église qui porte son nom à Rouen ;

- il assista, l'an 511, au premier Concile d'Orléans, un des plus célèbres de France ; il y souscrivit en ces termes :

" Gilderadus, episcopus ecclesiae Rothomagensis metropolis, subscripsi." " Gildard, évêque de l'église métropolitaine de Rouen, j'ai souscrit."

- enfin, il consacra saint Lô, pour évêque de Coutances. Ce n'était qu'un enfant de douze ans et qui n'avait pa même la première tonsure ; mais Possesseur, évêque de ce siège, étant décédé, Dieu fit connaître, par des signes manifestes, qu'il l'avait choisi pour pasteur de son troupeau. L'Ange, qui avait révélé ce choix à deux prètres de sainte vie de la même Église, le révéla aussi au roi Childebert, qui donna son consentement.

Cependant saint Gildard, à qui, comme métropolitain, il appartenait de confirmer l'élection du clergé, et de donner l'imposition des mains, y trouva de grandes difficultés. Il avait devant les yeux la défense que fait saint Paul d'élever trop tôt aux dignités ecclésiastiques ; il connaissait aussi les Canons de l'Église qui ne permettaient pas de consacrer prêtre et évêque avant l'âge de 30 ans. On lui disait que Dieu pouvait dispenser de ces lois, et que la déclaration que l'Ange avait faite de sa divine volonté en était une dispense suffisante ; mais il savait qu'il ne fallait pas croire à tout esprit, et que le meilleur moyen de reconnaître la vérité d'une révélation était d'en douter d'abord et de l'avoir pour suspecte. Il vint donc trouver le roi pour lui exposer son embarras, et lui dire que c'était une chose si inouïe de faire un évêque à 12 ans, qu'il n'osait s'attirer le reproche d'avoir donné un exemple si dangereux. Mais le roi l'ayant assuré de la vision qu'il avait eue ci-dessus, il eut recours à la prière, et alors Dieu lui fit connaître qu'étant au-dessus de toutes les lois, il avait des coups privilégiés, et que, comme il voulait donner à cet enfant la prudence et la maturité d'un vieillard, il voulait aussi qu'il fit, par un choix extraordinaire, l'évêque de la ville de Coutance. Ainsi, notre Saint l'embrassa comme son confrère, et le consacra par l'imposition des mains, qui, en lui donnant la Saint-Esprit, lui donna en même temps la sagesse et la vigueur épiscopales.

Peu d'années après, ce bienheureux archevêque, consumé de travaux et de pénitences, tomba dans une maladie mortelle qui lui fit connaître que l'heure de son départ et de sa récompense approchait ; il s'y prépara par la réception des Sacrements et par un renouvellement de ferveur, et rendit enfin son esprit à Dieu au milieu d'une grande lumière et sous la forme d'une colombe, comme le dit une leçon de son office. Son corps fut enterré dans sa cathédrale, qui porte son nom, et, depuis, il a été transporté à Soissons et déposé dans l'abbaye de Saint-Médard, comme nous le dirons bientôt. Le jour de sa mort est marqué au 8 juin et vers l'année 545.

Revenons maintenant à saint Médard : ce saint Prêtre, jusqu'au temps de sa promotion à l'épiscopat, assista son père, son évêque et nos rois de ses sages conseils, et édifia merveilleusement tout le Vermandois par la sainteté de sa vie et par la force de ses discours et de ses exhortations.

Sa charité envers les pauvres ne se bornait pas à leur distribuer du pain, des vêtements, toutes les choses nécessaires à la vie ; dans son zèle pour leur salut, il en arracha un grand nombre à l'ignorance, au péché, à des habitudes criminelles.

Pour accomplir une tâche souvent si difficile et si rude, il ne recula devant aucun péril, devant aucun sacrifice. Cependant, notre Saint n'oubliait pas de visiter souvent ses chers Salenciens. Ce fut, dit-on, dans une de ces courses apostoliques aux environs de Noyon, qu'il les dota de la belle et touchante institution connue sous le nom de fête de la Rosière. Si aucun document positif ne vient appuyer cette opinion, elle trouve un argument assez puissant en sa faveur dans la tradition ancienne et constante du pays.

Saint Médard fit aussi de grands miracles, qui lui donnèrent une si haute réputation, qu'on le regardait lui-même comme un prodige de grâce et comme l'un des plus saints personnages de son siècle. Dieu prit sa défense et sa protection en toutes choses. Un voleur étant entré le soir dans sa vigne, et y ayant fait un grand dégât, il n'en put trouver l'issue durant toute la nuit, ni se décharger de son butin ; on le trouva, le lendemain matin, son vol entre ses mains, et dans un effroi merveilleux à cause de l'étrange nuit qu'il avait passée. On voulait le punir comme larron ; mais le Saint lui pardonna et lui donna même, par grâce, ce qu'il avait voulu enlever contre la justice. Un autre, lui ayant dérobé ses ruches, fut tellement poursuivi par les abeilles, qu'il fut contraint de se jeter à ses pieds et de lui demander pardon pour en être délivré, ce qu'il obtint sans difficulté. Un troisième, qui avait emmené un taureau de son troupeau, fut obligé de le ramener, parce que la clochette, qui était pendue au cou de cet animal, en quelque lieu qu'il la mit, sonnait continuellement d'elle-même, et rendait témoignage de son larcin.

L'armée du roi Clotaire Ier ayant fait de grands ravages dans le Vermandois, les chariots sur lesquels les soldats avaient chargé leur butin, demeurèrent immobiles, et ne purent jamais avancer jusqu'à ce qu'ils eussent fait restitution et que le saint Prêtre leur eut donné sa bénédiction. Il délivra aussi un nommé Tosion d'un démon très-cruel qui le tourmentait, en faisant seulement sur lui le signe de la Croix.

Ses travaux, ses vertus et ses miracles avaient rendu son nom célèbre, même dans des contrées éloignées ; mais sa mission n'était pas remplie, et il ne lui fut pas encore permis de se préparer dans la retraite au voyage de l'éternité : il dut combattre les combats du Seigneur jusqu'à son dernier soupir. Appelé à gouverner l'église de Vermand, devenue veuve de son pasteur par la mort d'Abuser, il essaya de se soustraire à cet honneur, alléguant son âge avancé et la diminution de ses forces. Toutes ses résistances échouèrent devant les efforts réunis du roi, du clergé, du peuple et du saint pontife Remi : la volonté de Dieu était manifeste ; il fallut qu'il se résignat à recevoir l'onction épiscopale. Il fut sacré évêque de Vermand par saint Remi, qui était alors à la fin de sa glorieuse carrière.

Vermand, qui n'est plus aujourd'hui qu'un chef-lieu de canton du département de l'Aisne, n'a jamais pu recouvrer son ancienne importance. Il possède actuellement environ 1280 habitants [en 1876].

A peine élevé sur la chaire épiscopale, il fit paraître plus que jamais sa charité envers les pauvres, son soin pour la conversion des pécheurs, sa compassion pour tous les misérables, et sa véritable dévotion envers Dieu. Mais comme, un peu avant son élection, tout le pays autour de l'Oise, et de la Somme avait été misérablement pillé et dévasté par les Huns, les Vandales et d'autres barbares, et que sa ville épiscopale était continuellement exposée à de semblables insultes, il prit la résolution de transférer son siège et de faire venir la plupart de son peuple à Noyon, forteresse considérable, où il aurait moins sujet de craindre les courses des ennemis. Dieu bénit admirablement ce dessein, et Noyon devint une grande ville et un des beaux évêchés de France, auquel la comté-pairie était attachée.

Quelques années après, saint Eleuthère, à qui saint Médard avait prédit, étant écolier avec, lui, qu'il serait évêque, laissa l'évêché de Tournai vacant par sa mort; tous les catholiques de cette ville demandèrent instamment notre Saint pour prélat. Cette proposition lui parut inadmissible, n'étant permis à personne, selon les Canons, de posséder ensemble deux évêchés. Mais le roi, les évêques de la province, saint Rémi même, le métropolitain, et enfin le bienheureux pape Hormisdas, considérant les besoins du diocèse de Tournai, qui était encore plongé, partie dans l'idolâtrie et partie dans les vices infâmes que le mélange des barbares y avait attirés, jugèrent nécessaire de lui accorder cet excellent pasteur. Il unit donc ensemble ces deux diocèses, mais sans ôter, ni à Noyon, ni à Tournai, la qualité de ville épiscopale, et il se consacra à travailler en l'une et en l'autre au salut des âmes et à la ruine de la puissance du démon qui y exerçait sa tyrannie.

Il eut surtout des maux incroyables à souffrir dans Tournai ; il y fut chargé d'injures et couvert d'opprobres ; il se vit souvent menacé de la mort, et condamné par des furieux aux derniers supplices ; mais comme il était inébranlable au milieu de ces tempêtes, et qu'il souffrait tous ces mauvais traitements avec une constance qui ne put jamais être altérée ; il dompta enfin la dureté des infidèles et des libertins, et, en peu de temps, il fit tant de conversions et régénéra tant d'idolâtres dans les fonts sacrés du Baptême, que tout le diocèse changea de face, et qu'on y vit reluire, avec grand éclat, la lumière du Christianisme.

Fortunat remarque, en sa vie, qu'il y fit spirituellement tout ce que Notre-Seigneur promet dans l'Evangile aux prédicateurs apostoliques : il chassa les démons au nom de Jésus-Christ, parce qu'il les bannit de l'âme de ceux qui se convertirent et reçurent la foi ; il parla des langues nouvelles, parce qu'il annonça aux infidèles des vérités qui leur étaient inconnues, dont ils n'avalent jamais ouï parler ; il extermina les serpents, parce qu'il munit les chrétiens contre toutes les tentations du grand dragon et du serpent infernal ; il but du poison sans en être offensé, parce que, recevant la confession de tous les pécheurs, il se remplit, pour ainsi dire, du venin de leur crime, sans que la pureté de son âme en fût altérée ; il guérit enfin les malades en leur imposant les mains, parce qu'ayant trouvé presque tous ses diocésains spirituellement malades par la violence de leurs mauvaises habitudes et de leurs passions, il les fit revenir en santé en leur imprimant la haine du vice et l'amour de la vertu.

De retour dans le diocèse de Noyon, saint Médard consacra le reste de ses forces à cette portion si chère de son troupeau. Un des plus remarquables événements de son épiscopat fut l'arrivée à Noyon de sainte Radegonde, qui se retirait, avec l'assentiment du roi, des honneurs de la cour, et venait demander au saint évêque le voile qui devait la consacrer à la vie religieuse. Saint Médard fit d'abord quelques difficultés, dans la crainte que Clotaire, se repentant plus tard de la liberté laissée à la vertueuse princesse, ne fit retomber sur la religion une séparation qu'elle eût rendue irrévocable.

Mais la sainte éloquence de Radegonde, l'inspiration qui brillait dans ses instances triomphèrent enfin de cette louable prudence. Le prélat imposa les mains à la jeune reine, et ajouta une gloire de plus à toutes celles de son illustre épiscopat. Les traditions du Moyen-âge ont conservé le souvenir de ce fait dans les peintures murales de l'ancienne collégiale poitevine, où saint Médard figure sur la voûte du sanctuaire parmi les évêques dont Radegonde avait eu l'estime et l'amitié.

Sur ces entrefaites, une grave maladie, jointe à une grande vieillesse, lui donna des gages comme assurés de sa prochaine délivrance. Le roi Clotaire, l'ayant appris, vint trouver le saint prélat pour recevoir sa bénédiction. Ce prince, repentant de la cruauté qu'il avait exercée envers Chramne et la famille de ce fils rebelle, confessa publiquement son crime. Son aveu, ses regrets, la pénitence à laquelle il se soumit, lui en méritèrent l'absolution. Puis il lui demanda où il voulait être enterré ; Médard dit que ce devait être dans sa cathédrale, selon l'usage des autres évêques ; mais le roi insista fortement pour que son corps fût transporté à Soissons, où il ferait une basilique magnifique pour lui servir de tombeau : le Saint fut obligé de céder. Peu de temps après, il exhala son âme toute pure ; quelques-uns de ceux qui étaient présents la virent monter dans le ciel ; il parut aussi, durant deux heures, des lumières célestes auprès de son corps, qui firent assez voir qu'il était sorti des ténèbres de cette vie mortelle pour entrer dans la lumière de la vie immortelle.

Dès le lendemain, les évêques qui étaient à Noyon ayant célébré la messe des morts en présence du saint corps, on vit arriver une foule nombreuse, tant du peuple que de la noblesse, pour assister à ses obsèques. Ils demandaient tous qu'on ne leur arrachât pas un si précieux trésor pour le transporter en un autre diocèse ; mais le roi demeura ferme dans sa résolution, et chargea lui-même ce précieux fardeau sur ses épaules royales ; les évêques et les premiers de la cour l'aidèrent en cet office de piété; et, se relevant ainsi les uns et les autres, ils passèrent la rivière d'Aisne à Attichy, et vinrent jusqu'au bourg de Crouy, à deux cents pas de Soissons, lieu où le roi avait résolu de bâtir sa nouvelle église.

Quand on fut en ce lieu, le cercueil devint entièrement immobile, sans qu'on le pût lever ni de côté ni d'autre, jusqu'à ce que le roi eut fait don de la moitié de ce bourg de son domaine, qui était de la mense royale, pour l'entretien de ceux qui y célébreraient les divins Offices.

Mais comme après cette donation le cercueil se laissait lever d'un côté et restait si pesant de l'autre, qu'il était impossible de le remuer, il fit le don tout entier, et en fit expédier sur-le-champ des lettres patentes, scellées de son sceau ; alors, le saint corps se hissa aisément transporter où on voulut. Avant qu'on fermât entièrement son tombeau, on vit deux belles colombes descendre du ciel, et une troisième, plus blanche que la neige, sortir de sa bouche : signe manifeste que les Anges étaient venus au-devant de son âme, et qu'elle était sortie de son corps avec une innocence et une pureté angéliques.

Tant de merveilles portèrent encore le roi à presser la construction de la basilique. Il en prépara donc tous les matériaux ; mais, étant mort bientôt après dans son château de Compiègne, il laissa ce soin à son fils, Sigebert, qui s'en acquitta très-dignement. Les rois qui le suivirent, comme Clotaire, père de Dagobert, Louis le Débonnaire et Charles le Chauve, rendirent encore cette église plus magnifique. On y ajouta aussi un monastère qui fut donné aux religieux de Saint-Benoit, et qui a été si illustre, que saint Grégoire, pape, l'ayant soumis immédiatement au Saint-Siège, et l'ayant doté d'autres grands privilèges, le fit chef de tous les monastères de France. On y a vu jusqu'à 400 religieux qui y chantaient jour et nuit, l'un après l'autre, les louanges de Dieu, comme faisaient ces religieux d'Orient qu'on appelait les Acémètes. Grand nombre de bourgs, de fiefs, de prieurés et de prévôtés en dépendaient, et l'abbé avait même autrefois pouvoir de battre monnaie.

Saint Médard mourut vers l'an 543, le 8 juin. Le Père Giry est obligé de reculer sa mort au-delà de 560, parce que, d'après lui, saint Médard donna à Clotaire l'absolution du crime qu'il avait commis en faisant brûler son fils naturel Chramne, pour révolte, faits se rapportant à l'an 560.

On représente ordinairement saint Médard avec un aigle qui étend ses ailes au-dessus de sa tète, et le garantit de la pluie. Cela rappelle le fait qu'on a lu au commencement de sa vie. On le représente aussi avec un cheval à ses côtés.

CULTE ET RELIQUES - ABBAYE DE SAINT-MÉDARD

La célèbre abbaye de Saint-Médard, dit M. Lequeux, ancien vicaire général de Soissons, dans ses Antiquités religieuses du diocèse de Soissons et de Laon, fut fondée en 547, par Clotaire Ier, roi de Soissons. Si ce prince était très-vicieux, il appréciait la vertu : il prouva son estime pour le saint évêque Médard, en allant le visiter à Noyon, dans sa dernière maladie ; et, dès qu'il connut sa mort (545), il voulut qu'on le transportât dans le palais qu'il avait près de Soissons, au-delà de l'Aisne, sur le territoire de Crouy. C'est là que, peu d'années après, il jeta les fondements d'un grand monastère, où il appela des moines bénédictins qu'il tira de Glanfeuil. (C'était à Glanfeuil, en Anjou, que saint Maur, envoyé en France par saint Benoît lui-même, en 543, avait formé le premier établissement où fut suivie la Règle adoptée depuis par la plupart des monastères).

Après la mort de Clotaire, Sigebert, roi d'Austrasie, à qui appartenait Crouy, comme étant au-delà de l'Aisne, continua l'oeuvre de son père et acheva l'église. On rapporte à cette première époque la crypte ou église souterraine qui se voit encore à Saint-Médard, et qui est un des monuments les plus curieux de la contrée.

L'abbaye fut comblée de biens par les rois de la première et de la seconde race ; on compta dans la suite jusqu'à 220 fiefs qui en dépendaient ; les évêques de Soissons, et même ceux d'autres diocèses, lui confièrent un grand nombre d'autels ou de paroisses ; elle reçut de plusieurs papes tous les privilèges auxquels on attachait alors le plus d'importance, surtout celui de l'exemption de la juridiction épiscopale : elle arriva bientôt à un tel point de splendeur, que 400 moines, se partageant entre eux la nuit et le jour, et se succédant sans interruption, y accomplissaient une psalmodie perpétuelle, en même temps qu'ils tenaient les écoles publiques pour l'enseignement des sciences divines et humaines.

On est obligé de choisir parmi les traits les plus remarquables de l'histoire de ce lieu célèbre. Hilduin, qui en était abbé vers 826, et qui avait à la fois beaucoup de crédit à la cour des rois de Francs et à celle de Rome, obtint du pape Eugène II une portion considérable des reliques de l'illustre martyr saint Sébastien et de saint Grégoire le Grand, et d'autres saints très-célèbres dans toute l'Église.

On honore présentement à Rome les reliques de saint Grégoire le Grand dans l'église de Saint-Pierre, et celles de saint Sébastien dans l'église de ce nom ; ce qui prouve que les corps entiers ne furent pas donnés à Hilduin.

La dévotion des grands et du peuple fut tellement ranimée par cette précieuse acquisition, que l'abbé put facilement rebâtir, sur un plan plus vaste, la principale église du monastère : la consécration s'en fit en 841, avec la plus grande pompe ; le roi Charles le Chauve ne se contenta pas d'y assister, environné de 72 archevêques et évêques, et de presque tous les grands de son royaume ; mais, aidé des seigneurs les plus distingués, il transporta lui-même le corps de saint Médard de la crypte inférieure dans la nouvelle basilique.

Parmi les abbés qui gouvernèrent le monastère dans les siècles suivants, on doit surtout remarquer saint Arnould, qui fut élevé dans la suite sur le siège de Soissons en 1080, et saint Géraud.

L'église du monastère ayant été détruite par un désastre dont la cause est ignorée, elle fut rebâtie au commencement du XIIe siècle ; la consécration fut faite le 15 octobre 1131 par le pape de Rome Innocent II.

Outre l'église principale, le monastère renfermait dans son enceinte six autres églises ; la plus remarquable était celle de sainte Sophie, où Hilduin avait placé des chanoines ou ecclésiastiques vivant en communauté, en les chargeant d'administrer les Sacrements aux pèlerins et aux hôtes, afin de laisser plus de liberté aux moines. Les autres églises étaient vraisemblablement des chapelles extérieures pour les gens qui dépendaient du monastère, ou des oratoires intérieurs servant à quelques exercices de la communauté.

On compte jusqu'à dix conciles qui se sont tenus à Saint-Médard ; le premier eut lieu en l'an 744, et le cinquième, en l'an 862. Plusieurs roi, et plusieurs reines y furent couronnés. Il s'y passa aussi des scènes qui eurent une gravité déplorable : c'est à Saint-Médard que Louis le Débonnaire fut enfermé, après qu'il eut été déposé contrairement à toutes les règles et soumis à la pénitence publique ; mais il parvint bientôt à rentrer dans l'exercice des droits de la souveraineté.

Aux temps de prospérité succédèrent, pour l'abbaye de Saint-Médard, les jours de tribulations et d'angoisse. Plusieurs fois dévastée par les Normands, dans le cours du IXe siècle, dépouillée d'une partie de ses biens, durant ce siècle et le suivant, par de puissants seigneurs, elle avait triomphé de ces épreuves. Les guerres civiles du XVe siècle lui furent ensuite plus funestes : cependant elle parvint encore à se relever, et, dans le milieu du XVIe siècle, elle semblait avoir repris son éclat.

Ces jours d'une dernière magnificence furent bientôt suivis de la désolation. Ce que l'abbaye souffrit, en 1567, de la part des Calvinistes, surpassa toutes les calamités des âges précédents : les hérétiques y commirent d'horribles dévastations. Nous empruntons ici le récit de l'auteur de l'Histoire de Soissons, presque contemporain :

" Dès le dimanche 28 septembre, pendant que les soldats étaient occupés au pillage de la ville, quelques gentilhommes sortirent sans bruit et vinrent à cette abbaye pour en emporter ce qu'il y avait de plus précieux. Ils trouvèrent les châsses de saitn Sébastien, saint Grégoire et saint Médard, avec trois croix d'argent embellies d'or et de pierreries, et des chandeliers de même métal ; ils emportèrent les châsses et jetèrent les os dans les fossés. Dieu ne permit pas que ces saintes reliques fussent ensevelies sous les ondes : le tailleur des religieux les recueillit, avec le secours d'une veuve qui les porta à la princesse de Bourbon, abbesse de Notre-Dame de Soissons ; depuis, un vigneron de Crouy trouva dans une vigne un sac de damas blanc dans lequel étaient les os de saint Grégoire. (Plus tard ces reliques furent rendues à l'abbaye ; on peut voir dans Dormay les précautions qui furent prises pour les reconnaître).

Le mardi suivant, lorsque le butin commençait à faillir dans la ville, les soldats en sortirent et s'attaquèrent premièrement au monastère de Saint-Médard. Vous eussiez cru que c'était autant de démons emportés de fureur contre les choses les plus saintes. Les uns démolissaient les autels, en jetaient par terre les colonnes et les balustres ; d'autres s'employèrent à briser les images de l'église, du cloître et du chapitre, à renverser les orgues ou à remuer les tombes : on n'entendait que des voix confuses, des coups de marteau et de hache et un fracas épouvantable des pierres, du bois, du fer et autres métaux qui tombaient sur le pavé. On en vit monter au clocher pour briser les cloches qui étaient d'une grosseur extraordinaire. Les plus fins trouvèrent le lieu où avait été caché le reste des châsses et des ornements, et ils firent un grand feu dans lequel ils jetèrent toutes les reliques qu'ils trouvèrent. Ainsi, l'on perdit en une heure un grand nombre de corps saints que l'on gardait depuis des siècles. Après avoir déchargé leur haine sur les objets qu'ils pouvaient détruire avec moins de travail, ils se prirent à la galerie qui était au-dessus du portail, aux combles de l'église, aux dortoirs, au réfectoire et aux autres bâtiments qui étaient d'une ancienne sculpture, et la plupart d'une merveilleuse beauté."

Une partie des ruines qu'on voit encore à Saint-Médard se rapportent au temps de cette catastrophe. L'abbaye fut dès lors réduite à un état fort médiocre. L'église, ébranlée par tant de coups, tomba en 1621, et on fut obligé de recourir à la munificence de Louis XIII pour la relever.

Saint-Médard entra, en 1637, dans la congrégation de Saint-Maur, et cette union lui fut profitable. Toutefois, l'antique monastère n'avait plus que 12 à 13 religieux, lorsque la Révolution vint fermer cet asile vénérable.

Pour complèter cette notice sur l'abbaye Saint-Médard, M. Henri Congnet, doyen du Chapitre de Soissons, nous écrivait le 15 août 1866 :

Des constructions qui existaient au moment de la Révolution française, il reste :

1. le bâtiment assez moderne de l'abbatiale ;

2. une vaste crypte très-remarquable et parfaitement conservée ; elle date peut-être du règne de Clotaire 1er ou du moins de celui de son fils Sigebert. Dans le compartiment du fond on trouve le tombeau du charitable abbé Dupont, couvert d'une pierre funéraire ;

3. un cachot appelé " prison de Louis le Débonnaire " ; mais sa construction accuse l'époque ogivale, et l'inscription n'est pas du IXe siècle. La duchesse de Berry a visité cette prison en 1621.

4. la tour où Abélard fut renfermé après sa condamnation, prononcée dans un concile tenu à Saint-Médard en 1122. Sur cette tour on a récemment bâtit une chapelle à Notre-Dame de la Salette, qui en forme le couronnement.

L'abbaye tout entière a été vendue en 1763 à divers particuliers, et son enceinte partagée en plusieurs lots. En l'année 1840, un prêtre dévoué, M. l'abbé Dupont, alors curé de Saint-Germain-Villeneuve, après avoir fait, pendant quelque temps, de son presbytère une école de sourds-muets, eut l'heureuse pensée d'acheter de la famille Geslin la principale portion des bâtiments de Saint-Médard. Il l'obtint pour une somme de 40,000 francs. Son patrimoine personnel n'était que de 10,000 francs ; il le donna en accompte aux vendeurs et se voua à la Providence pour l'aider à payer le reste. Dès lors il transporta ses élèves dans l'ancienne abbaye de Saint-Médard et mit en oeuvre toute l'activité dont il était doué pour recueillir des secours dans tout le diocèse et achever ainsi l'admirable fondation que le Seigneur lui avait inspirée. Tant de soucis, de travaux, de démarches eurent bientôt usé les forces de ce nouvel Abbé de Lépée ; il mourut à la peine en 1843, n'étant âgé que de 43 ans. Etendu sur son lit de douleur, il fit prier Mgr de Simony de venir écouter l'expression de ses dernières volontés ; le pieux évêque se rendit aux désirs du mourant et accepta sans hésiter sa succession, c'est-à-dire ses chers sourds-muets, et la maison de Saint-Médard avec toutes ses charges. Les dettes étaient de 80.000 francs. Mgr de Simony vendit immédiatement des rentes qu'il avait sur l'état, et put ainsi satisfaire les créanciers les plus pressés. Ensuite par le moyen de quêtes, de loteries, et aussi par ses propres revenus, le pieux évêque parvint à libérer entièrement l'établissement ; il le légua en mourant à ses successeurs.

Longtemps, l'institut des sourds-muets et aveugles de Saint-Médard tint le premier rang, après celui de Paris, parmi tous les établissements de ce genre. Il fut dirigé, pour les filles, par les soeurs de la Sagesse, et pour les garçons, par les frères de Saint-Gabriel.

La maison contenait environ 200 enfants. Des bourses y furent fondées par le Conseil général de l'Aisne et par les départements limitrophes.

Le culte de Saint Médard s'est répandu rapidement ; les fidèles se rendaient de toutes parts au tombeau du saint, qu'ils invoquaient comme associé à la gloire des élus. Déjà, en l'année 563, on lui rendait un culte public. La célébration solennelle de sa fête fut fixée au 8 juin, jour anniversaire de sa mort. Des églises s'élevèrent en son honneur, non seulement dans les diocèses de Noyon, de Tournai et de Soissons, mais sur tous les points de la France. On l'invoqua même en Angleterre, jusqu'au moment où ce pays eut le malheur de se séparer de Rome.

Saint Géri, qui fut presque son contemporain, lui dédia le monastère qu'il bâtit sur le Mont-des-Boeufs à Cambrai. Il portait toujours sur lui des reliques de ce pontife. On en trouve plus tard dans un grand nombre d'églises. Jogoigne, dans le Brabant, possédait une mâchoire du Saint ; Douai, Tournai, et l'abbaye de Liessies, avaient également quelques parcelles de ses ossements, ainsi que les villes de Cologne, Trèves, Prague, de Noyon et de Dijon. On compte dans le diocèse de Cambrai 6 paroisses qui reconnaissent saint Médard pour leur patron. A Paris, dans le faubourg saint-Marceau, une église lui est dédiée. Elle n'était dans l'origine qu'une chapelle, dans laquelle les religieux de sainte Geneviève avaient placé des reliques de ce saint évêque après l'invasion des Normands.

Les reliques du Bienheureux ont subit aussi de tristes vicissitudes. Transportées en divers lieux, elles n'ont échappé à la fureur des Normands et des Hongrois que pour tomber au pouvoir des sectaires impies qui les ont livrées aux flammes. Par une faveur bienveillante de la Providence, de pieuses mains ont pu en recueillir les cendres et les ont déposées avec respect dans l'église de Saint-Médard. Heureusement aussi, des portions considérables en avaient été distraites à diverses époques, et distribuées à un grand nombre d'églises. La cathédrale de Noyon a le bonheur d'en posséder quelques-unes. En l'année 1852, Mgr Joseph-Armand Gignoux, évêque de Beauvais, Noyon et Senlis, les a solennellement reconnues et renfermées dans une magnifique châsse due à la libéralité d'un pieux noyonnais, M. Michaux Hannonet. Cette châsse en cuivre doré se trouve dans la chapelle de Saint-Médard. L'église paroissiale de Sainte-Vertu (Yonne), au diocèse de Sens, possède également, depuis le 11 octobre 1874, quelques reliques du saint évêque de Noyon.

On attribue à saint Médard l'institution de la fête de la Rosière. Ce bon évêque avait imaginé de donner tous les ans à celle des filles de sa terre de Salency qui jouirait de la plus grande réputation de vertu, une somme de 25 livres, et une couronne ou chapeau de roses. On dit qu'il donna lui-même ce prix glorieux à l'une de ses soeurs, que la voix publique avait nommée pour être Rosière.

On voyait au-dessus de l'autel de la chapelle de Saint-Médard, située à l'une des extrémités du village de Salency, un tableau où ce saint prélat est représenté en habits pontificaux, et mettant une couronne de roses sur la tête de sa soeur, qui est coiffée en cheveux et à genoux.

Cette récompense devint pour les filles de Salency un puissant motif de sagesse. Saint Médard, frappé de cet avantage, en perpétua l'établissement. Il détacha des domaines de sa terre 11 à 12 arpents, dont il affecta les revenus au paiement des 25 livres et des frais accessoires de la cérémonie de la Rosière.

Par le titre de la fondation, il faut non-seulement que la Rosière ait une conduite irréprochable, mais que son père, sa mère, ses frères, ses soeurs et autres parents, en remontant jusqu'à la quatrième génération, soient eux-mêmes irrépréhensibles ; la tache la plus légère, le moindre soupçon, le plus petit nuage dans la famille serait un titre d'exclusion.

Le seigneur de Salency a toujours été en possession du droit de choisir la Rosière entre trois filles natives du village de Salency, qu'on lui présente un mois d'avance. Lorsqu'il l'a nommée, il est obligé de la faire annoncer au prône de sa paroisse, afin que les autres filles, ses rivales, aient le temps d'examiner ce choix et de le contredire, s'il n'était pas conforme à la justice la plus rigoureuse. Cet examen se fait avec l'impartialité la plus sévère, et ce n'est que d'après cette épreuve que le choix du seigneur est confirmé.

Le 8 juin, jour de la fête de saint Médard, ou bien le dimanche le plus rapproché de ce jour, vers les 2 heures de l'après-midi, la Rosière, vêtue de blanc, frisée, poudrée, les cheveux flottants en boucles sur ses épaules, accompagnée de sa famille et de douze filles aussi vêtues de blanc, avec un large ruban bleu en baudrier, se rend au château de Salency au son de divers instruments. Le seigneur ou son préposé et son bailli, précédés des mêmes instruments, et suivis d'un nombreux cortège, la mènent à la paroisse, où elle entend les Vêpres sur un prie-Dieu placé au milieu du choeur.

Les Vêpres finies, le clergé sort processionnellement avec le peuple pour aller à la chapelle de Saint-Médard. C'est là que le curé ou l'officiant bénit la couronne ou le chapeau de roses qui est sur l'autel. Ce chapeau est entouré d'un ruban bleu et garni sur le devant d'un anneau d'argent. Après la bénédiction et un discours analogue au sujet, le célébrant pose la couronne sur la tête de la Rosière, qui est à genoux, et lui remet en même temps les 25 livres, en présence du seigneur et des officiers de sa justice. La Rosière ainsi couronnée, est reconduite à la paroisse, où l'on chante le Te Deum et une antienne à saint Médard.

Cette touchante cérémonie, interrompue pendant la révolution, a été rétablie en 1812, et depuis cette époque elle se renouvelle chaque année ; mais le temps y a apporté quelques modifications. La Rosière reçoit actuellement une somme de 300 francs [français de 1866], dont le conseil municipal fournit la moitié. On voit dans la chapelle de Saint-Médard, située à l'entrée du village et dans le llieu même où le Saint était né, un tableau qui contient les noms des Rosières ; un ou deux de ces noms ont été effaçés, parce que celles qui les portaient se sont rendues indignes du titre honorable qu'elles avaient reçu.

On ne saurait croire combien cet établissement a excité à Salency l'émulation des moeurs et de la sagesse. Quoique les habitants de ce village soient au nombre d'environ 500, on assure qu'il n'y a pas un seul exemple de crime commis par un naturel du lieu, pas même d'un vice grossier, encore moins d'une faiblesse de la part du sexe.

SOURCE : http://hodiemecum.hautetfort.com/archive/2008/06/08/8-juin-saint-medard-et-saint-gildard-freres-eveque-de-noyon.html

Parochiekerk Sint-Godardus, Bekkerzeel

Parochiekerk Sint-Godardus, Bekkerzeel

Parochiekerk Sint-Godardus, Bekkerzeel


Saint Gildard of Rouen

Also known as

Gildardus

Godard

Memorial

8 June

Profile

Bishop of RouenFrance from 488 to 525. Attended the First Council of Orléans in 511.

Died

c.525 of natural causes

Canonized

Pre-Congregation

Additional Information

Book of Saints, by the Monks of Ramsgate

Lives of the Saints, by Father Alban Butler

Roman Martyrology1914

books

Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints

other sites in english

Catholic Online

Wikipedia

images

Wikimedia Commons

sitios en español

Martirologio Romano2001 edición

fonti in italiano

Santi e Beati

MLA Citation

“Saint Gildard of Rouen“. CatholicSaints.Info. 11 June 2017. Web. 8 June 2021. <https://catholicsaints.info/saint-gildard-of-rouen/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-gildard-of-rouen/


Église Saint-Godard, Rouen

Église Saint-Godard, Rouen


Église Saint-Godard, Rouen


Église Saint-Godard, Rouen


Église Saint-Godard, Rouen

Book of Saints – Gildard

Article

(Godard) (Saint) Bishop (June 18) (6th century) A Bishop of Rouen, once erroneously supposed to have been the brother of Saint Medard of Soissons. He assisted at the Council of Orleans (A.D. 511), and governed his own Church with great zeal for about fifteen years, dying probably early in the same century. Buried at Rouen, his remains were afterwards removed to Soissons.

MLA Citation

Monks of Ramsgate. “Gildard”. Book of Saints1921. CatholicSaints.Info. 11 July 2013. Web. 8 June 2023. <https://catholicsaints.info/book-of-saints-gildard/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/book-of-saints-gildard/

Église Saint-Médard-et-Saint-Gildard de Lhuys (Aisne, France), peu après la Première Guerre mondiale. Carte postale non circulée. - Éditions Nougarède & Lestrat à Soissons


June 8

St. Gildard, or Godard, Bishop of Rouen, Confessor

HE is commemorated jointly with St. Medard in the Roman Martyrology, and in the new Paris and old Sarum Breviaries. He assisted at the first council of Orleans in 511, and governed the see of Rouen with great zeal during the space of fifteen years. He was buried at St. Mary’s in Rouen, which is since called St. Gildard’s, or in French St. Godard’s. In the Norman incursions his body was translated to St. Medard’s at Soissons, and still remains there. That he was brother of St. Medard was unknown to Fortunatus, Gregory of Tours, &c. See Pommeraye, History of the Archbishops of Rouen, Baillet, &c.

Rev. Alban Butler (1711–73).  Volume VI: June. The Lives of the Saints.  1866.

SOURCE : http://www.bartleby.com/210/6/082.html

Église Saint-Médard-et-Saint-Gildard (Coeuvres-et-Valsery)

Église Saint-Médard-et-Saint-Gildard (Coeuvres-et-Valsery)

Église Saint-Médard-et-Saint-Gildard (Coeuvres-et-Valsery)


Gildard (Godard) of Rouen B (RM)

Died c. 514. Saint Gildard ruled the see of Rouen for about 15 years. The Roman Martyrology unfortunately relates a later fable, according to which he was a brother of Saint Medard of Soissons, "born on the same day, consecrated bishops on the same day, and on the same day withdrawn from this life." In fact, Saint Gildard was dead at least five years when Saint Medard was consecrated (Benedictines, Encyclopedia). 

SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0608.shtml

Saint-Godard, Vitrail de la basilique de Bonsecours


San Gildardo di Rouen Vescovo

8 giugno

† 511/538 circa

Martirologio Romano: A Rouen in Francia, san Gildardo, vescovo. 

Gildardo (fr. Gildard, Godard) figura al quattordicesimo posto sulla lista episcopale di Rouen, nella quale sembra proprio il primo vescovo di stirpe franca. Il solo riferimento cronologico in nostro possesso a suo riguardo è la data del 511 quando figura tra i membri del primo concilio di Orléans. Inoltre è possibile che san Laudo sia stato da lui consacrato vescovo di Coutances; ma né la data né il fatto sono sicuri. 

La morte di Gildardo sopraggiunse prima del secondo concilio di Orléans (538), visto che vi si nota la presenza del successore. Il suo corpo fu deposto in un piccolo santuario situato fuori dalle mura di Rouen e dedicato alla Vergine; questa cappella fu più tardi conglobata nella città e divenne la chiesa di Saint-Godard. 

Fra l'838 e l'841, sotto l'imperatore Ludovico il Pio, le sue reliquie, salvo il capo che restò a Rouen, sotto la minaccia di un'invasione normanna, furono trasportate a Soissons nell'abbazia di san Medardo. Forse questo fatto spiegherebbe una leggenda cui fa eco il Martirologio Romano, ma che ciò nonostante niente legittima, secondo la quale Gildardo e Medardo erano due fratelli gemelli, consacrati vescovi lo stesso giorno e morti anche lo stesso giorno.
La festa di Gildardo è fissata all'8 giugno.

Autore: Jean-Charles Didier

SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/56420

mercredi 7 juin 2023

Saint GILBERT de NEUFFONTS, abbé de l'Ordre des Chanoines réguliers Prémontrés

 

Bad Schussenried, Pfarrkirche St. Magnus (ehemalige Klosterkirche); Chorgestühl von Georg Anton Machein (und Werkstatt), 1715–1717

Statuen von Seligen und Heiligen des Prämonstratenserordens: Gilbert von Neuffontaines


Saint Gilbert

Religieux prémontré (+ 1152)

Il avait pris part à la deuxième croisade (1147-1149). A son retour, il se fait religieux prémontré à Neuffontaines dans l'Allier en fondant lui-même un monastère. Il en construisit un deuxième à Aubeterre pour sa femme sainte Péronelle, et sa fille, la bienheureuse Poncie. Sainte Péronelle en fut la première abbesse et la bienheureuse Poncie lui succéda.

Gilbert, chevalier, appartenait à la haute noblesse d'Auvergne. Sur les conseils d'Ornifiers, abbé prémontré de Dilo, il s'engagea dans la deuxième croisade (1147-1149) prêchée par saint Bernard à Vézelay, et conduite par le roi de France Louis VII. La croisade se transforma en désastre militaire. Rescapé de cette périlleuse entreprise, Gilbert résolut, de concert avec son épouse Pétronille et sa fille Poncia, de se consacrer à Dieu dans la vie religieuse. Il donna une partie de son immense fortune aux pauvres et construisit un monastère de moniales dans lequel entrèrent sa femme et sa fille. Après avoir lui-même pris l'habit prémontré à Dilo, Gilbert construisit l'abbaye de Neuffontaines et en devint le premier abbé en 1150. Fidèle au charisme de saint Norbert, il construisit un hôpital qui devint rapidement célèbre par les miracles que Gilbert y accomplissait.

Pénitent et charitable, il attira une foule de malades et de pécheurs, désireux de soulager leurs maux physiques et spirituels. On lui amenait de tous côtés des enfants gravement malades. Il leur imposait les mains et les rendait guéris à leurs parents. Epuisé par la pénitence et le labeur, il mourut le 5 juin 1152. Selon ses vœux, on l'enterra dans le cimetière des pauvres de l'abbaye. Comme saint Gilbert bénéficiait d'une grande dévotion populaire et à la suite de nombreux miracles, Jean Lepaige, procureur de l'Ordre, encouragea la recherche des restes mortels du fondateur. Les ossements furent retrouvés le 26 octobre 1645. La fête de saint Gilbert rappelle la date de cette translation*. En 1791, pendant le tumulte de la Révolution française, les reliques furent transférées dans l'église Saint-Didier, pour les mettre à l'abri. On ne les a jamais retrouvées. Le pape Benoît XIII reconnut son culte le 22 janvier/8 mars 1728.

Vie des Saints et Bienheureux - Postulator Generalis Ordinis Praemonstratensis

Saint Gilbert (prémontrés de Saint-Constant, Québec, Canada, qui en font mémoire le 26 octobre*)

A lire aussi: Gilbert, militaire et saint - La sainteté est parfois une véritable histoire de famille. (Maison diocésaine Saint-Paul - diocèse de Moulins)

Un internaute nous signale: Il est nommé Gilbert de Neuffonts par J. C.Souliac (in Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne, 1933, ISSN 1153-2599) qui écrit "brillant homme du Moyen Age, il fut appelé à la cour de France sous Louis VI le Gros, puis Louis VII le Jeune, avec qui il fit la deuxième croisade. A l'issue de celle-ci, il décida de vendre ses biens et de se consacrer à Dieu et aux soins des lépreux. Dans ce but, il fonda en 1151 l'abbaye de Neuffonts (...)"

En Auvergne, l'an 1152, saint Gilbert, abbé de l'Ordre des Prémontrés, qui vécut d'abord en ermite, puis construisit à Neuffontaines un monastère et un hôpital.

Martyrologe romain

SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/630/Saint-Gilbert.html

Saint Gilbert

Religieux prémontré (+ 1152)

Gilbert, chevalier, appartenait à la haute noblesse d’Auvergne. Sur les conseils d’Ornifiers, abbé prémontré de Dilo, il s’engagea dans la deuxième croisade (1147-1149) prêchée par saint Bernard à Vézelay, et conduite par le roi de France Louis VII. La croisade se transforma en désastre militaire. Rescapé de cette périlleuse entreprise, Gilbert résolut, de concert avec son épouse Pétronille et sa fille Poncia, de se consacrer à Dieu dans la vie religieuse. Il donna une partie de son immense fortune aux pauvres et construisit un monastère de moniales dans lequel entrèrent sa femme et sa fille. Après avoir lui-même pris l’habit prémontré à Dilo, Gilbert construisit l’abbaye de Neuffontaines et en devint le premier abbé en 1150. Fidèle au charisme de saint Norbert, il construisit un hôpital qui devint rapidement célèbre par les miracles que Gilbert y accomplissait.

SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/mardi-7-juin/

Saint Gilbert de Neuffonts

(? - 04 juin 1452, à Neuffonts)

Fêté le 06 juin

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Saint Gilbert de Neuffonts dans son temps

Saint Gilbert, premier abbé d'un monastère de son nom, ordre de Prémontré, au diocèse de Clermont, issu d'une famille noble, et qui tenait en Auvergne un rang distingué, vivait sous les rois Louis le Gros et Louis le Jeune. Il avait passé ses premières années à la cour de ces princes, et exerçait la profession des armes. Chez lui, la valeur et les vertus guerrières étaient jointes aux vertus chrétiennes. Retiré souvent dans ses terres avec Pétronille sa femme et une fille nommée Ponce, unique fruit de leur mariage, il s'y livrait à des exercices religieux et au soin de son salut, sous la direction d'Arnulphe, premier abbé de Dilo, lorsque l'on publia la seconde croisade.

Louis le Jeune avant pris la croix, Gilbert crut se devoir à une entreprise qu'il regardait comme la cause de Dieu, puisqu'il s'agissait de la délivrance des lieus saints. Sa profession l'obligeait d'ailleurs à suivre son prince : il se croisa, et vint en 1147 joindre, avec un bon nombre de ses vassaux, le roi, qui l'accueillit honorablement. Les armes des croisés ne furent point heureuses. L'année suivante, le roi revint en France, et Gilbert en Auvergne, désespéré du peu de succès d'une expédition dont il n'attribuait la mauvaise issue qu'aux péchés des croisés. Résolu de se retirer du monde, il trouva sa femme et sa fille disposées à partager ce pieux dessein. Néanmoins, il me voulut rien faire dans une chose si importante sans avoir consulté l'évêque de Clermont et l'abbé de Dilo, son directeur. Tous deux l'ayant confirmé dans sa résolution, il donna la moitié de son bien aux pauvres, gardant l'autre moitié pour fonder et construire deus monastères, l'un de femmes pour Pétronillle et Ponce, et l'autre d'hommes, où il voulut se retirer. Le premier fut établi à Aubepierre, sous l'invocation de St-Gervais et St-Protais. Pétronille en prit le gouvernement, et fut après sa mort remplacée par sa fille. Gilbert, de son côté, se retira dans un lieu nommé Neuf-Fontaines, à cause de neuf sources qui l'arrosaient, et y mena pendant quelque temps une vie solitaire et pénitente. Il y construisit ensuite un monastère, et fit en 1150 venir de Dilo des chanoines prémontrés, leur laissant la liberté de se choisir un abbé. Tous les vœux s'étant réunis en sa faveur, il prit le gouvernement de la nouvelle colonie. Il avait bâti à côté de l'abbaye un vaste hôpital, où les pauvres, les infirmes et les lépreux étaient reçus. Gilbert s'en était réservé le soin ; il visitait chaque jour les malades, et pansait lui-même leurs plaies. Consumé de jeûnes et plein de bonnes œuvres, il mourut le 04 juin de l'an 1152, et fut, comme il l'avait voulu, en terré dans le cimetière de son hôpital. Sa réputation de sainteté y attirant un grand concours de fidèles, Pierre, troisième abbé du monastère de Neuf-Fontaines, qui dès lors prit le nom de St-Gilbert, fit transporter le corps du bienheureux fondateur dans l'église, où un tombeau lui fut élevé à côté du chœur.

Le martyrologe de France fait mention de Saint Gilbert sous le 06 juin et le 03 octobre. Le collège de Prémontré à Paris possédait une portion de ses reliques. On doit à Robert d'Auxerre, prémontré et historien presque contemporain, ces particularités de la vie du saint, rapportées dans sa chronique, et tirées en outre d'un manuscrit fort ancien conservé dans les archives de l'abbaye.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 16 - Page 442)

SOURCE : http://www.histoireetspiritualite.com/religions-fois-philosophie/christianisme/saints-bienheureux/saint-gilbert-de-neuffonts.html

Saint Gilbert 

Neuffontaines (France)

Fête le 26 octobre

Gilbert, chevalier, appartenais à la haute noblesse d’Auvergne. Sur les conseils d’Ornifiers, abbé prémontré de Dilo, il s’engagea dans la deuxième croisade (1147-1149) prêchée par saint Bernard à Vézelay, et conduite par le roi de France Louis VII. La croisade se transforma en désastre militaire. Rescapé de cette périlleuse entreprise, Gilbert résolut, de concert avec son épouse Pétronille et sa fille Poncia, de se consacrer à Dieu dans la vie religieuse. Il donna une partie de son immense fortune aux pauvres et construisit un monastère de moniales dans lequel entrèrent sa femme et sa fille. Après avoir lui-même pris l’habit prémontré à Dilo, Gilbert construisit l’abbaye de Neuffontaines et en devint le premier abbé en 1150. Fidèle au charisme de saint Norbert, il construisit un hôpital qui devint rapidement célèbre par les miracles que Gilbert y accomplissait.

Pénitent et charitable, il attira une foule de malades et de pécheurs, désireux de soulager leurs maux physiques et spirituels. On lui amenait de tous côtés des enfants gravement malades. Il leur imposait les mains et les rendait guéris à leurs parents. Épuisé par la pénitence et le labeur, il mourut le 5 juin 1152. Selon ses voeux, on l’enterra dans le cimetière des pauvres de l’abbaye. Comme saint Gilbert bénéficiait d’une grande dévotion populaire et à la suite de nombreux miracles, Jean Lepaige, procureur de l’Ordre, encouragea la recherche des restes mortels du fondateur. Les ossements furent retrouvés le 26 octobre 1645. La fête de saint Gilbert rappelle la date de cette translation. En 1791, pendant le tumulte de la Révolution française, les reliques furent transférées dans l’église Saint-Didier, pour les mettre à l’abri. On ne les a jamais retrouvées.

Les Prémontrés de Saint-Constant

Québec, Canada

www.premontre.ca

© 2023

SOURCE : http://www.premontre.ca/premontres/saints/gilbert.html

Saint Gilbert de Neuffonts

Publié le 6 juin 2023

Chevalier, croisé et père de famille (+ 1152). Epoux la Bienheureuse Pétronille. Père de la Bienheureuse Poncie. Il devint religieux Prémontré. Fête le 7 juin.

Saint Gilbert de Neuffonts ou de Neufontaines, nommé quelque fois Giselbert ou Gislebert, a mérité les honneurs des autels après avoir été exposé aux dangers du siècle pendant presque foute son existence. Il a connu les joies de la famille, la gloire des armes, la félicité naturelle que donnent les biens du monde la richesse, l’estime et la considération.

Une famille chrétienne.

Gilbert naquit vers la fin du xie siècle, sans doute à la limite de l’Auvergne et du Bourbonnais, dans un lieu que l’on ne peut préciser avec certitude et qui est peut-être un village nommé Ecole, sur la paroisse de Mayet‑d’Ecole, aujourd’hui au diocèse de Moulins. Il appartenait à une famille noble dont on ne sait rien de plus, bien qu’on l’ait dite d’une très haute et très ancienne noblesse et qu’on ait affirmé sans aucune preuve que Gilbert descendait de la famille des Courtenay.

Quand il fut adolescent, selon l’usage commun pour l’éducation des jeunes gentilshommes, on l’envoya à la cour du roi de France Louis VI, dit le Gros.

Revenu plus tard dans ses domaines de l’Auvergne, il se maria à une femme riche en vertus, appelée Pétronille, désignée aussi parfois sous les noms de Péronelle ou Pernelle. De cette union naquit une fille unique, qui reçut au baptême le nom de Poncie.

Toute la sollicitude de Gilbert fut d’apporter à son foyer le bonheur et la douce paix chrétienne. Consacrer ses loisirs à l’éducation de sa fille, visiter ses vassaux, procurer le secours et le pain aux miséreux, consoler les familles désolées et malheureuses, donner un temps considérable à la prière et aux exercices de piété, s’entretenir dans des conversations pleines de charité et de saintes affections, telles étaient ses occupations ordinaires, que partageait avec joie Pétronille. Jusqu’au jour où il plut à Dieu de les éprouver et de leur faire goûter les séparations et les inquiétudes, afin de les attirer à lui par la voie du détachement et du sacrifice.

Départ pour la Croisade.

C’était l’époque où, dans l’Europe chrétienne, la chevalerie française authentiquait ses titres de noblesse en bataillant pour la défense de la foi. On prêchait encore la croisade sainte, car les efforts des descendants de Godefroy de Bouillon, soutenus par les deux Ordres guerriers de Saint-Jean et du Temple, ne suffisaient plus à arrêter les musulmans. L’Islam se dressait de nouveau, et, en l’année 1145, on apprit tout à coup en Occident que, pendant la nuit de Noël précédente (1144), la ville d’Edesse, en Mésopotamie, avait été prise par les Turcs et noyée dans le sang de 30 000 chrétiens. Cette nouvelle réveilla les anciennes ardeurs qui avaient suscité la première croisade.

Saint Bernard fait entendre à Vézelay sa parole ardente et enflammée ; la foule immense est emportée dans un élan irrésistible ; on déchire ses vêtements pour faire des croix.

Encouragé par Ornifle ou Arnoul, Abbé du monastère de Dilo (Dei-Locus), situé dans le diocèse de Sens et appartenant à l’Ordre de Prémontré, Gilbert, quoique déjà âgé de plus de quarante-cinq ans, fut des premiers à reprendre l’épée. Ce ne fut d’ailleurs pas sans pleurs ni déchirement qu’il résolut de se séparer de sa femme et de sa fille ; mais chez lui, les affections naturelles, si fortes et si puissantes, furent vaincues par les ardeurs de la charité.

Avant de partir, il alla recevoir la bénédiction de son évêque, le vénérable Aymeric II ; il mit ordre à ses affaires temporelles ; il décida que tous les jours de son absence un pauvre viendrait prendre sa place à table et recevrait la nourriture que, d’ordinaire, on lui destinait ; il confia Poncia à la sollicitude de Pétronille et leur choisit comme conseiller, directeur et père, l’Abbé de Dilo.

Saint Gilbert est nommé commandant en chef.

Gilbert alla rejoindre Louis VII à Metz, qui était le rendez-vous de toute la chevalerie. L’armée se mit en marche en juin 1147, se dirigeant à travers l’Allemagne ; mais déjà l’empereur Conrad avait pris les devants, dans son impatience de combattre. Vaincu dans les montagnes de la Lycaonie et poursuivi par les Turcs, il fut heureux de rejoindre le roi de France et de marcher de concert avec lui. Quelques brillants succès réparèrent le premier échec. Mais si la bravoure ne faisait pas défaut à Louis VII, il n’avait point les talents d’un capitaine. A la suite d’un grave revers essuyé dans la chaîne du Taurus par le premier corps d’armée des croisés, commandé ce jour-là par Geoffroy de Rançon, le Conseil des barons décida de renoncer à une pratique que nous condamnerions sévèrement et qui n’avait pour objectif que de ménager des susceptibilités déplacées : les chefs dirigeaient à tour de rôle les opérations.

Le roi donna le commandement suprême à un vieux guerrier nommé Gilbert. Les grands et les petits, le roi lui-même, maître des lois, jurèrent d’obéir à ce chef expérimenté et à tous ceux qu’il désignerait pour exécuter ses ordres. (Michaud.)

L’armée, pleine de confiance dans son nouveau chef, s’avança jusqu’à Satalie, où les Turcs vinrent l’attaquer ; ils furent repoussés. Mais bientôt la faim, la chaleur et la maladie, jointes à la perfidie des Grecs qui, sans cesse, les trahissaient, forcèrent les croisés à abandonner leur projet d’aller en Mésopotamie combattre Nour-Eddin ; et Louis VII se crut quitte de son vœu après s’être rendu au Saint-Sépulcre en simple pèlerin. Des dissensions et des intrigues se mirent dans les rangs des croisés ; l’esprit de rivalité pénétra parmi eux, et Gilbert, après avoir satisfait sa piété près des lieux sacrés, n’eut d’autre pensée que de rentrer en Europe. Plût à Dieu que tous les chevaliers eussent imité sa vertu autant que son courage ! Sur le champ de bataille il était terrible, car sa bravoure, méprisant le danger et la mort, le portait toujours au plus fort de la mêlée ; rentré sous sa tente, il menait la vie d’un religieux austère, vivant retiré et silencieux, et passant une partie de ses nuits en oraison.

Au commencement de l’automne 1148, après avoir dû lever le siège mis devant Damas, les croisés renonçaient à leur entreprise, et la malheureuse armée, décimée par la maladie et la guerre, reprit tristement le chemin de l’Europe.

La voie de la perfection.

De cette longue expédition Gilbert était revenu l’âme meurtrie. Il avait vu les hommes à découvert ; il avait étudié de près la misère profonde de l’humanité, ordinairement poussée par ses intérêts, par les passions, même les moins nobles, et recherchant jusque dans les causes les plus saintes sa gloire personnelle. Il avait vu les intrigues ; il avait été victime des trahisons, comme saint Bernard, que certains voulurent rendre responsable de l’échec lamentable subi. Gilbert avait surtout reconnu, dans les insuccès d’une si grande entreprise, la main de Dieu, qui avait puni les iniquités de beaucoup de croisés, en refusant la victoire !

Un jour de grande réception les amis de Gilbert s’enhardirent à lui demander la cause de son incurable tristesse : « Je souffre, répond Gilbert, à cause des malheurs qui sont tombés sur nous ! Dieu nous a châtiés et nous l’avons mérité ! Foin des fêtes et des joies ! Eloignez ces musiciens, car ce n’est point l’heure de se réjouir ! Alors que la religion est menacée de périls si proches, il vaut mieux que le deuil remplace les cris d’allégresse et que les jeûnes succèdent aux festins ! »

Et sans plus attendre, Gilbert s’éloigne de ses amis, dans la solitude et le silence.

Dieu lui parla au cœur, et quelques jours après il annonçait à Pétronille la résolution héroïque qu’il avait prise de suivre à la lettre le conseil du Sauveur : « Si vous voulez être parfaits, allez, vendez ce que vous avez, et donnez-le aux pauvres ; » en demandant à sa vertueuse épouse la permission d’accomplir un si grand sacrifice. Or le travail merveilleux de la grâce avait opéré une évolution parallèle dans le cœur de Pétronille, et elle lui avoua que ses désirs les plus ardents étaient de renoncer à tout pour se consacrer à Dieu. Mais quelles ne furent pas la surprise et la satisfaction de l’ancien croisé, lorsque Poncia elle-même dit à son père que depuis longtemps son choix était fait ; que son cœur avait été captivé par les charmes d’un Epoux tout céleste et qu’elle lui avait juré de ne jamais appartenir qu’à lui seul. Gilbert tomba à genoux et tous les trois louèrent ensemble, avec les accents de la plus ardente reconnaissance, la divine Bonté.

Forts des encouragements de l’évêque de Clermont, Etienne de Mercœur, Gilbert et Pétronille vendirent aussitôt leurs biens qui étaient immenses. Ils en distribuèrent la moitié aux pauvres et gardèrent l’autre moitié pour la construction de deux monastères de l’Ordre de Prémontré, récemment fondé en 1120, près de Laon, par saint Norbert.

La bienheureuse Pétronille, abbesse.

Il était convenable qu’avant de poursuivre ses propres projets, Gilbert s’occupât des intérêts spirituels de sa femme et de sa fille. Il choisit un lieu solitaire et boisé, au pied d’une colline, dans une fraîche vallée arrosée par la Sioule : on le nommait Aubeterre ou encore Aubepierre ; ces deux noms, qui se retrouvent dans les documents anciens, signifient respectivement (Terre-blanche ou Pierre-Blanche). Les ouvriers se mirent à l’œuvre, et à la fin de l’année 1150 la construction d’un monastère était achevée et l’évêque de Clermont venait bénir cette maison, dédiée aux saints Gervais et Protais ; Pétronille et Poncie en prenaient possession et se séparaient pour toujours du monde et de ses dangers. L’Abbé de Dilo continua de leur assurer le secours de son ministère.

La renommée des vertus de Pétronille et de Poncie attira bientôt une multitude de chrétiennes, qui vinrent chercher près des pieuses femmes, et sous les blanches livrées de saint Norbert, les conseils et les exemples pour avancer dans les voies de la perfection. Pétronille fut élue abbesse du monastère. Dieu manifesta en plusieurs circonstances la sainteté de sa servante par des prodiges ; et après sa mort, il daigna illustrer son tombeau de beaucoup de miracles. La bienheureuse Poncie succéda à sa mère dans la charge de supérieure et comme elle donna toujours l’exemple de la vertu et de la sainteté. Les noms de ces deux servantes de Dieu sont cités dans des ménologes avec le titre de Bienheureuses ou de Saintes, au 13 juillet qui est le jour de la mort de Pétronille. Poncie était honorée autrefois le 20 mai dans le diocèse de Clermont.

L’abbaye de Neuffonts.

Gilbert s’était séparé des pieuses recluses dès que les constructions du monastère avaient été achevées ; il était parti seul, cherchant le silence. Il s’arrêta au bord de l’Andelot, toujours dans la vallée de la Sioule, au plus épais d’un bois, près d’une source qui jaillit en neuf jets différents et qu’on nommait Neuffonts ou Neufontaines. Ce lieu appartenait à Hugues, sire de Châtillon et seigneur d’Ecole, qui s’empressa, à la demande de Gilbert, son ami, de lui en abandonner la propriété.

L’ancien chevalier devenu ermite ne vécut que d’un pain grossier, de racines, d’herbes amères et d’un peu d’eau. Il portait un cilice et était revêtu d’un habit rude et pauvre ; tout son temps était employé à la prière.

Bientôt on sut au loin les austérités de Gilbert ; on se raconta des merveilles de sa vie tout angélique, et plusieurs, attirés par son exemple, vinrent se mettre à son école et s’édifier au spectacle de ses vertus. L’ermite de Neuffonts fut obligé de renoncer à la solitude et pensa dès lors à bâtir un monastère afin d’y mener, avec ceux que Dieu lui enverrait, une vie commune sous la règle et l’obéissance. Il en prépara les premières assises ; mais l’évêque de Clermont lui fit observer que cet endroit, humide et marécageux, n’était pas propre à être habité et qu’il fallait choisir un site plus salutaire et plus élevé. Gilbert, malgré ses répugnances, obéit au prélat, et s’étant éloigné à une demi-lieue de son ermitage résolut de se fixer en un lieu-dit Le Creux des Fosses. Les ouvriers s’étaient mis au travail, lorsqu’une armée de petits oiseaux arrivèrent de tous les points de l’horizon, voltigeant autour des maçons et des charpentiers, les frappant de l’aile, comme pour les empêcher de travailler, puis, saisissant dans leurs pattes et leurs becs des fragments des matériaux, et les portant en toute hâte à Neuffonts, indiquèrent ainsi qu’en ce lieu prédestiné devait s’élever l’édifice de la prière et de la sanctification.

Le couvent fut achevé en 1151 et béni la même année par Etienne de Mercœur, qui le plaça sous le vocable de la Sainte Vierge. Auparavant, Gilbert s’était rendu à Dilo, près de son ami, l’Abbé Arnoul. Quoique déjà très avancé dans les voies spirituelles, et parvenu à un très haut degré de contemplation, il désirait cependant s’instruire et se développer encore dans les sciences divines ; il voulait surtout apprendre à obéir afin de savoir commander. II entendait se plier et se former à toutes les exigences d’une règle sévère, la pratiquer jusque dans ses dernières applications et comme se l’incorporer par une stricte et soigneuse expérience ; il reçut, des mains de son ami, l’habit blanc des Prémontrés, fit sa profession perpétuelle et, rempli d’ardeur, il partit, emmenant quelques fervents religieux de Dilo.

Gilbert eût désiré devenir le dernier parmi ses frères ; il agit de tout son pouvoir pour faire élire un Abbé parmi les religieux qui l’avaient suivi, mais Hugues, second général de l’Ordre, l’établit, malgré ses refus, supérieur de la communauté, car il pensait que le capitaine qui avait commandé avec tant d’habileté et de bravoure l’armée des croisés, était tout désigné pour mener le pacifique bataillon de ses moines au combat spirituel de la perfection.

L’hôpital de Neuffonts.

En même temps que Gilbert jetait les fondements de son couvent, où même auparavant d’après certains biographes, il élevait à quelques pas de là un vaste hôpital où il voulait recevoir, consoler et soulager les souffrances des malheureux croisés, qui avaient contracté, dans les expéditions lointaines, un mal horrible la lèpre, et qui l’avaient importée en Europe. Ces soldats connaissaient l’héroïque chevalier et ils venaient nombreux implorer sa pitié, alors qu’ils étaient repoussés des villes comme des objets d’horreur. Gilbert les accueillit avec une paternelle tendresse, et ainsi ses anciens compagnons d’armes devinrent les premiers hôtes de son charitable établissement. Il montra alors plus d’héroïsme qu’il n’en avait manifesté dans les plaines de la Palestine, et Dieu, comme pour d’autres Saints, se plut à récompenser, par des guérisons miraculeuses, ses actes d’un courage sublime. Les miracles attiraient une foule de malades, les uns dévorés par la fièvre, les autres épuisés par des affections nerveuses ; il les guérissait souvent, toujours il les soulageait et les renvoyait consolés.

Un jour, une noble dame, tout éplorée, amène à ses pieds sa fille unique, seule survivante de frères enlevés aux tendresses maternelles. La malade se mourait d’épuisement et de mélancolie. Sa mère avait demandé sans succès les secours de la science humaine : il ne lui restait plus qu’une suprême espérance : la puissance miraculeuse de Gilbert. Cette espérance ne fut point déçue : l’Abbé touche avec l’eau bénite le front de la jeune fille, et soudain, elle se redresse, vivante et forte ; elle marche d’un pas assuré et chante les louanges de Dieu.

Gilbert avait de tendres sollicitudes pour les enfants malades, à qui il témoignait toute sa compassion. Il aimait à répéter la sentence du Maître : « Laissez venir à moi les petits enfants. » Et quand il reconstituait de la parole et du geste, sur les têtes blondes, la scène où le Christ prononça ces mots divins, les enfants se levaient, leur mal s’était évanoui, et il les rendait pleins de vie et de joie à leurs parents.

Mort de saint Gilbert. – Son culte.

Il y avait un an que Gilbert était prieur de Neuffonts, quand sa dernière heure sonna ; mais, depuis longtemps, il avait commencé l’œuvre de sa sanctification. La vie religieuse était venue marquer le couronnement d’une existence toute faite déjà de sacrifices héroïques et d’abnégation : en lui elle acheva de purifier et de perfectionner le Saint. Nous avons signalé sa charité, mais nous n’avons rien de ses vertus monastiques, de sa régularité, de sa paternelle direction, de sa douce bonté envers ses religieux qui l’aimaient comme un père, de la sagesse profonde de ses conseils, de son amour de l’étude, de ses mortifications effrayantes et surtout de son zèle enflammé à défendre l’Eglise de Dieu contre les simoniaques, si nombreux à cette époque, et contre les hérétiques ; les uns et les autres n’eurent point d’adversaire plus intrépide que l’ancien croisé devenu moine.

Gilbert mourut au milieu des œuvres de la charité, dans les bras de ses religieux, chargé de mérites, encore jeune, mais épuisé par les austérités et les macérations, le 6 juin 1152, dix-huit années, jour pour jour, après son illustre Père saint Norbert.

Il avait voulu reposer dans te petit cimetière de l’hôpital, au milieu de ses pauvres, comme pour se cacher encore. Mais Dieu manifesta bientôt la gloire de son serviteur par des prodiges éclatants qui semblèrent jaillir de son tombeau. Les populations accoururent plus nombreuses ; en l’année 1159, Pierre, son deuxième successeur en qualité d’Abbé, procéda à la translation de ses reliques que l’on déposa, dans un magnifique monument, au milieu de l’église abbatiale. Les miracles redoublèrent : toutes les infirmités étaient guéries, et l’on vit bien les prédilections du serviteur de Dieu pour les petits enfants se manifester même après sa mort, puisque plusieurs enfants mort-nés et privés du baptême que l’on déposa sur son tombeau revinrent à la vie. Les mères lui consacraient leurs enfants pour attirer sur eux sa protection ; on les revêtait de l’habit des Prémontrés, dont ils devaient porter, pendant sept ans, la blanche livrée.

Dès le xiiie siècle, la fête de Gilbert, vénéré comme un Saint ou un Bienheureux, était célébrée à la fois par l’Ordre de Prémontré et par le diocèse de Clermont ; mais pour les Prémontrés la date du 6 juin correspondant, nous l’avons vu, avec la mort de saint Norbert, et, d’autre part, Clermont célébrant ce même jour la translation des reliques de saint Bonnet, la fête de saint Gilbert fut transférée au lendemain, 7 juin.

Le 19 octobre 1612 la grande tour de l’église du monastère s’écroula, mais on retrouva le tombeau du Saint absolument intact sous les décombres.

Peu de temps après, le procureur syndic des Prémontrés, le P. Jean Lepaige, désireux d’apporter des reliques de saint Gilbert à son couvent de Paris, vint à Neuffonts. Le 24 octobre 1615, le tombeau fut ouvert par Joachim d’Estaing, évêque de Clermont, et quelques reliques prélevées dont les unes devaient être transférées à Paris et les autres déposées dans un reliquaire mobile ; après quoi la plus grande partie reprit place dans le sarcophage. Dom Lepaige écrivit par la suite la vie de saint Gilbert, dont il ressentit lui-même la puissance auprès de Dieu.

Un peu plus tard, les reliques du saint Abbé furent exposées dans une châsse au-dessus du maître-autel. Elles disparurent sans espoir à la Révolution ; on suppose quelles ont été brûlées à cette époque. L’abbaye fut vendue ; quant à l’église, qui tombait en ruines, elle fut abattue vers 1830, et ses pierres concoururent à bâtir une église voisine, celle de Brout-Vernet, située également au diocèse actuel de Moulins.

A. L.

Sources consultées. – Acta Sanctorum, t. I de juin (Paris et Rome, 1867). – Abbé S.-M. Mosnier, Les Saints d’Auvergne, t. I (Paris, v. 1900). – I. V. S., O. P., Vie de saint Gilbert, fondateur de l’abbaye de Neufontaines (Namur, 1890). – (V. S. B. P., n° 901.)

SOURCE : https://laportelatine.org/spiritualite/vies-de-saints/saint-gilbert-de-neuffonts

Abbaye Saint-Gilbert de Neuffontaines, 6 Rue de l'Abbaye, 03110 Saint-Didier-la-Forêt


Blessed Gilbert of Neufontaines

Also known as

Gilbert of Auvergne

Memorial

6 June

24 October (Neuffronts, France; Aubeterre, France)

26 October (translation of relics)

Profile

Born to the nobility of Aquitaine. Married to Petronilla, father of Pontia. Fought in the Crusades with King Louis VII from 1146 to 1149. When he returned home he convinced his wife and family to let him follow a call to religious life. HermitPremonstratensian monk. Founder and abbot of the Premonstratensian monastery at Neufontaines, which was noted for its hospital where Gilbert cared for the sick.

Born

late 11th century in Auvergne, Aquitaine (in modern France)

Died

6 June 1152 at Neuffonts, Auvergne, Aquitaine (in France) of natural causes

some relics taken to the Premonstratensian college in ParisFrance in 1615

Additional Information

Book of Saints, by the Monks of Ramsgate

books

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Order of Premonstre

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Santi e Beati

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Martirologio Romano2001 edición

fonti in italiano

Santi e Beati

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MLA Citation

“Blessed Gilbert of Neufontaines“. CatholicSaints.Info. 6 January 2022. Web. 7 June 2023. <https://catholicsaints.info/blessed-gilbert-of-neufontaines/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/blessed-gilbert-of-neufontaines/

Book of Saints – Gilbert of Auvergne

Article

(Saint) (June 6) (12th century) A Saint of the Order of Praemonstratensians or Norbertine Canons. He founded the Abbey of Neuffontaines, where he died A.D. 1152. In his early life he had fought as a Crusader in Palestine.

MLA Citation

Monks of Ramsgate. “Gilbert of Auvergne”. Book of Saints1921. CatholicSaints.Info. 11 July 2013. Web. 7 June 2023. <https://catholicsaints.info/book-of-saints-gilbert-of-auvergne/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/book-of-saints-gilbert-of-auvergne/

GILBERT OF NEUFFONTAINES, ST.

Premonstratensian prior; b. Auvergne, c. 1100; d. abbey of Neuffontaines (Neuffons), June 6, 1152. After the failure of the Second crusade (1147–49) he gave half his possessions to the poor, and with the other half he rebuilt a convent for women at Aubeterre in 1150 and a monastery for men at Neuffontaines, both premonstratensian houses. The hospital and monastery completed, he joined the order in 1150 and in 1151 became the first prior, ruling wisely and living virtuously. Many cures are attributed to his intercession, especially benefiting children. In 1159 Gilbert's body was transferred to the abbey church, renamed for him. It was lost during the French Revolution. His cult was officially approved in 1725, his feast being observed on June 1 at Clermont in the Norbertine church, to which some relics had been transferred in 1615.

Feast: June 6 (formerly Oct. 26).

Bibliography: Acta Sanctorum June 1:749–754. C. L. Hugo, S. Ordinis Praemonstratensis annales 1:743–746. G. Marsot, Catholicisme 5:9.

[M. J. Madaj]

New Catholic Encyclopedia

SOURCE : https://www.encyclopedia.com/religion/encyclopedias-almanacs-transcripts-and-maps/gilbert-neuffontaines-st

ST. GILBERT

The knight Gilbert belonged to the high nobility of Auvergne. Following the advice of Ornifius, the Norbertine abbot of Dilo, he participated in the Second Crusade (1147-1149), which was preached by St. Bernard at Vezelay and led by the French king, Louis VII. This crusade ended in military disaster. Having survived this dangerous endeavor, Gilbert decided, together with his wife, Petronilla, and his daughter, Ponzia, to dedicate himself to God and enter the monastic life. He distributed a portion of his considerable wealth to the poor and also founded a convent, which his wife and daughter entered. At first, Gilbert himself lived as a hermit. After completing his novitiate in the Norbertine abbey of Dilo, he founded the abbey of Neuffontaines around 1150 and became its first abbot. Following the example of St. Norbert, he also built a hospital attached to the abbey, which soon became famous because of the many miracles that occurred there.

Penitent and filled with compassion, he cared for a great number of sick and sinful people, whom he wished to heal both spiritually and physically. Children with severe sickness were brought to him from all over. He laid his hands on them and gave them back to their parents healed. This gave rise to the later custom of parents bringing their sick children to Neuffontaines, clothed in white, seeking the intercession of St. Gilbert for healing.

Gilbert died on June 5, 1152, consumed by penance and hard work. He had expressed his desire to be buried in the cemetery of the poor who died at the abbey. But because of the many miracles which God worked through his intercession his earthly remains were eventually transferred to the abbey church of Neuffontaines and, after being lost for a time, were later rediscovered in the abbey in October 1645. The relics were transferred for greater safety to St. Didier in 1791 and, nevertheless, were lost during the tumult of the French Revolution. St. Gilbert’s feast day (October 26) falls on the anniversary of his translation of the 17th century. Pope Benedict XIII confirmed the veneration of St. Gilbert on January 22/March 8, 1728.

God, who called Your abbot St. Gilbert away from the riches of the world, so that he might enter into the way of poverty, grant, we beseech You, that entering into the way of humility, we may strive to serve our brothers. We ask this through our Lord Jesus Christ, Your Son, Who lives and reigns with You in the unity of the Holy Spirit, one God forever and ever. Amen.

SOURCE : https://premontre.org/about-us/saints-and-blesseds-page/?item=1114

Image de Saint Gilbert, cheminée, Abbaye Saint-Gilbert de Neuffontaines


San Gilberto Eremita ed abate in Alvernia

6 giugno

† Neuffonts, Alvernia, 6 giugno 1152

Etimologia: Gilberto = nobile ostaggio, dardo brillante, dal tedesco

Martirologio Romano: A Clermont-Ferrand in Aquitania, in Francia, san Gilberto, abate dell’Ordine Premostratense, che, dapprima eremita, costruì poi il monastero e l’ospedale di Neuffonts.

S. Gilberto era un nobile di Alvernia in Aquitania e prese parte alla crociata, bandita da papa Eugenio III e organizzata dal re Luigi VII nel 1146.
La spedizione ebbe un esito infelice e Gilberto ritornò al suo paese natale nel 1149, dove insieme alla moglie Petronilla e sua figlia Ponzia, decise di abbracciare la vita religiosa.

Era una scelta di vita, che in quei tempi varie coppie molto cristiane di comune accordo facevano. Pertanto fondarono un monastero femminile ad Aubeterre, di cui Petronilla divenne badessa e alla sua morte le successe Ponzia.

Gilberto invece, dopo aver vissuto per un certo tempo come eremita a Neuffonts in Alvernia, edificò un monastero maschile e poi un ospedale, dove si dedicò alla cura degli ammalati.

Nel 1151 Gilberto entrò nel monastero di Dilo dei Premostratensi, Ordine fondato da s. Norberto nel 1121 e dopo un poco fece ritorno a Neuffonts con molti monaci che lo elessero loro abate.

Morì a Neuffonts il 6 giugno del 1152; dopo la sua morte, avvennero parecchi miracoli, ottenuti per sua intercessione. Nel 1615 parte delle sue reliquie furono portate nel collegio dei Premostratensi a Parigi; è venerato a Neuffonts e ad Aubeterre, la sua festa in queste zone era celebrata il 24 ottobre; il ‘Martyrologium Romanum’ lo celebra il 6 giugno.

Autore: Antonio Borrelli

SOURCE : https://www.santiebeati.it/dettaglio/56200

Voir aussi : https://www.rdb.mg/en/pastoral/saint-of-the-day/3215-saint-gilbert-de-neuffonts-en.html