Bienheureux John Henry Newman
Cardinal (+ 1890)
Né le 21 février 1801 à Londres, mort le 11 août 1890 à Birmingham, ordonné prêtre anglican, John Henry Newman s'est converti au catholicisme en 1845 - Le 9 octobre 1845, Newman est reçu dans l’Église catholique romaine par le frère Dominique Barberi, théologien italien et membre de la congrégation des Passionistes. Il a été créé cardinal en 1879. Il a été béatifié le 19 septembre 2010.
Né à Londres en 1801, John Henry Newman fut un des grands intellectuels chrétiens du XIXe siècle. En recherche de spiritualité depuis l'adolescence, il étudia la théologie à l'Université d'Oxford, où il enseigna aussi un certain temps et devint pasteur anglican. Il dirigea le Mouvement d'Oxford qui cherchait les racines catholiques de la foi en Angleterre. En 1842, alors qu'il écrivait son Essai sur le développement de la Doctrine chrétienne, il mûrit sa conversion au catholicisme. Il fut admis dans l'Église catholique en 1845 et y fut ordonné prêtre le 1er juin 1847 à Rome. Après son ordination, encouragé par Pie IX, il fonda le premier oratoire de saint Philippe Neri en Angleterre. En 1851, il fut nommé Recteur de l'Université catholique de Dublin, charge qu'il exerça jusqu'en 1854. Léon XIII le créa Cardinal en 1879 et il mourut en 1890 à l'oratoire de Edgbaston. (VIS 20100919)
Birmingham, le 19 septembre 2010, messe et béatification du Vénérable Cardinal John Henry Newman, Homélie de Benoît XVI
John Henry Newman (1801-1890) - qui est cet homme qui écrivait dans son Journal: "La sainteté, voilà le grand but. C'est un combat et une épreuve"?
"...c'est un grand enseignant, un grand auteur. Newman est certainement un saint mais ce qui est particulier dans son cas, c'est qu'il est aussi un penseur, un écrivain."
(Newman, un guide spirituel pour notre temps)
"Théologien, historien, philosophe, prédicateur, romancier, poète, accompagnateur et guide spirituel, Newman est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages et d’une vaste correspondance d’un grand intérêt."
Association Française des Amis de Newman
"En béatifiant Newman, l'Église catholique donne une place d'honneur à celui qui, baptisé dans l'anglicanisme, demeura toute sa vie marqué par le patrimoine liturgique et spirituel de l'Église de son baptême."
La passion d'un 'converti' - Éditorial par le frère Franck Lemaître, directeur du service national pour l'unité des chrétiens.
John Henry Newman (1801 – 1890) - site de la paroisse Saint-Bonaventure – Cœur de Lyon
Religieux, éducateur, mais aussi historien, philosophe, poète et romancier, curé de paroisse et accompagnateur spirituel, Newman a été tout cela, au long de sa longue vie, passée pour moitié dans l’Anglicanisme, surtout dans la ville universitaire d’Oxford, et pour moitié dans l’Église catholique, essentiellement à Birmingham. Infatigable chercheur de Dieu, il n’a jamais voulu se présenter comme théologien, mais comme un chrétien qui, en scrutant son expérience et l’histoire de l’Église, y repère des traces du passage de Dieu, et en tire une certaine idée de la manière de se laisser conduire par sa Providence. Newman a été un prédicateur, et peut-être un prédicateur avant tout... Serviteur de la Révélation pour ses frères, Newman l’a été dans l’Angleterre victorienne, il l’est encore aujourd’hui pour l’Église universelle qui l’accueille comme un vrai témoin du Seigneur.
P. Martin Charcosset, aumônier de jeunes à Villefranche-sur-Saône
- John Henry Newman (1801-1890) Le 19 septembre 2010, Benoît XVI préside la béatification du cardinal Newman, à Birmingham, tout près du lieu même où, devenu catholique trois ans plutôt, celui-ci avait fondé l'Oratoire en 1848 et où il vécut jusqu'à sa mort. Mais qui est cet homme qui écrivait dans son Journal: "La sainteté, voilà le grand but. C'est un combat et une épreuve"?
Témoins - site de l'Église catholique en France
Nous pouvons nous confier à sa prière avec les mots de la collecte de sa fête: «Dieu qui as donné au Bienheureux John Henry Newman la grâce de suivre ta douce lumière et de trouver la paix dans ton Église, accorde-nous, par son intercession et à son exemple, de nous laisser conduire, au-delà des ombres et des images, jusqu’en la plénitude de ta vérité.»
SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/12243/Bienheureux-John-Henry-Newman.html
John-Henry Newman
Tu m’aimes ?
Suis-moi.
Les brebis ont été
dispersées parce qu’il n’y avait point de berger. Ainsi en était-il par tout
l’univers lorsque le Christ vint dans son infinie miséricorde pour
rassembler en un seul troupeau les enfants de Dieu qui étaient dispersés (Jn
11, 52). Et si pour un moment ils furent à nouveau laissés sans guide, lorsque
dans sa lutte contre l’ennemi le bon Berger eut donné Sa vie pour Ses brebis
(selon la prophétie : Frappez le Berger, et les brebis seront
dispersées, Za 13, 7), bientôt cependant II ressuscita d’entre les morts
pour vivre à jamais, selon cette autre prophétie qui dit : Celui qui
a dispersé Israël le rassemblera comme un berger fait son troupeau (Jr 31,
10). Et comme II le dit Lui-même, « Il appelle ses propres brebis par
leur nom et les mène dehors, et II marche devant elles, et les brebis le
suivent car elles connaissent sa voix » (Jn 10, 3-4). Ainsi, le jour
de Sa résurrection, comme Marie pleurait, Il l’appela par son nom (cf. Jn
20, 16), et elle se retourna et reconnut par l’oreille Celui qu’elle n’avait
pas reconnu par la vue. De même II dit à Simon : « Simon, fils
de Jonas, M’aimes-tu ? » Et II ajouta : « Suis-moi. » Et
de même lui et son Ange dirent aux femmes : « Voici qu’il s’en
va devant vous en Galilée… Allez dire à mes frères qu’ils s’en aillent en
Galilée, et là ils me verront » (Mt 28, 7.10).
St John Henry Newman
John Henry Newman (†
1890) fut le principal acteur du mouvement d’Oxford. / Douze sermons sur le
Christ, Paris, Seuil, 1954, p. 45.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/vendredi-26-mai-2/meditation-de-ce-jour-1/
Parler sans crainte
Les saints et les Pères que nous vénérons ont été de
grands docteurs, non pas seulement des philosophes ou des hommes de lettres,
mais de nobles esprits qui gouvernaient l’Église, et aussi des prédicateurs,
des missionnaires, des anachorètes, des confesseurs et des martyrs. C’est la
gloire de l’Église que de parler, d’agir et de souffrir avec le bénéfice de
cette grâce que le Christ apporta et répandit par le monde. Et cette grâce a
ruisselé jusqu’au bas de sa robe. Non seulement ses membres les plus éminents,
mais tous ses enfants, du haut en bas de l’échelle, pourvu qu’ils se montrent
dignes d’elle et de son divin Maître, seront eux-mêmes des images de notre
Seigneur. Nous sommes tous tenus, dans la mesure de notre pouvoir, en premier
lieu, d’apprendre la vérité, mais en second lieu, de départir à autrui notre
savoir, et en troisième lieu, de porter témoignage à la vérité. Ne redoutons
pas les regards irrités du monde, ni ses moqueries ; si nous y sommes en
butte, souffrons volontiers pour la vérité. Car c’est là cette chose nouvelle
que le Christ a apportée dans le monde : une doctrine céleste, un système
de vérités saintes et surnaturelles que nous devons recevoir et transmettre,
parce qu’il est notre Prophète ; maintenir jusque dans la souffrance selon
son modèle, parce qu’il est notre Prêtre ; et observer docilement, parce
qu’il est notre Roi.
St John Henry Newman
John Henry Newman († 1890) fut le principal acteur du
mouvement d’Oxford. Son étude des Pères de l’Église l’a conduit au catholicisme
en 1845. Il a fondé l’Oratoire d’Angleterre en 1848 et a été créé cardinal par
Léon XIII en 1879. Il a été canonisé en 2019. / 12 sermons sur le Christ,
Paris, Seuil, 1954, p. 69-70.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/samedi-10-juillet/meditation-de-ce-jour-1/
Esprit Paraclet, je
t’adore
Mon Dieu, éternel
Paraclet, je t’adore, Lumière et Vie. Tu aurais pu te contenter de m’envoyer du
dehors de bonnes pensées, la grâce qui les inspire et les accomplit ; tu
aurais pu me conduire ainsi dans la vie, me purifiant seulement par ton action
tout intérieure au moment de mon passage dans l’autre monde. Mais, dans ta
compassion infinie, tu es entré dans mon âme, dès le commencement, tu en
as pris possession, tu en as fait ton temple. Par ta grâce, tu habites en moi
d’une manière ineffable, tu m’unis à toi et à toute l’assemblée des anges et
des saints. Plus encore, tu es personnellement présent en moi, non seulement
par ta grâce, mais par ton être même, comme si, tout en gardant ma
personnalité, j’étais en quelque sorte absorbé en toi, dès cette vie. Et comme
tu as pris possession de mon corps lui-même dans sa faiblesse, il est donc
aussi ton temple. Vérité étonnante et redoutable ! Ô mon Dieu, je le
crois, je le sais ! Puis-je pécher quand tu es si intimement avec
moi ? Puis-je oublier qui est avec moi, qui est en moi ? Puis-je
chasser l’hôte divin par ce qu’il abhorre plus que tout, la seule chose au
monde entier qui l’offense, la seule réalité qui ne soit pas sienne ? Mon
Dieu, j’ai une double sécurité contre le péché : d’abord, la crainte d’une
telle profanation, en ta présence, de tout ce que tu es en moi ; et
ensuite, la confiance que cette présence même me gardera du mal. Dans les
épreuves et la tentation, je t’appellerai ! Grâce à toi-même, je ne
t’abandonnerai jamais ! Ainsi soit-il.
St John Henry Newman
John Henry Newman (†
1890) fut le principal acteur du mouvement d’Oxford. Son étude des Pères de
l’Église l’a conduit au catholicisme en 1845. Il a fondé l’Oratoire
d’Angleterre en 1848 et a été créé cardinal par Léon XIII en 1879. Il a été
canonisé en 2019. / Méditations et prières, 14, 3, Paris, Lecoffre, 1925.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/mardi-24-mai/meditation-de-ce-jour-1/
Discerner ce qui est
juste
Quand nos compatriotes
invoquent les droits de la conscience, ils ne songent plus ni aux droits du
Créateur ni aux devoirs des créatures envers lui dans leurs pensées et dans
leurs actes ; ils songent au droit de parler, d’écrire et d’agir selon
leur avis ou leur humeur sans se soucier le moins du monde de Dieu. Si la
conscience a des droits, c’est parce qu’elle implique des devoirs. Mais de nos
jours, dans l’esprit du grand nombre, les droits et la liberté de conscience ne
servent qu’à dispenser de la conscience. On voudrait ignorer le Législateur et
Juge, on voudrait se libérer de toute obligation intérieure ; on voudrait
pouvoir embrasser n’importe quelle religion ou ne pas en avoir ; ou bien
pouvoir en embrasser une et ensuite la laisser tomber. Ce n’est pas l’intérêt,
ni le profit, ni le bonheur du grand nombre, ni le bien de l’État, ni
l’honnêteté, ni l’harmonie, ni la beauté qui règlent et mesurent nos actes. La
conscience n’est pas un égoïsme calculé, ni une logique de soi-même. Elle est
la messagère de Celui qui, dans le monde de la nature comme dans celui de la
grâce, nous parle à travers le voile, nous instruit et nous gouverne, par ses
représentants. La conscience est le vicaire le plus originel du Christ. Elle
est le prophète qui nous révèle la vérité, le roi qui nous impose ses ordres,
le prêtre qui nous anathématise et nous bénit. Même si le sacerdoce éternel de
l’Église venait à disparaître, le principe sacerdotal survivrait à cette ruine
et se poursuivrait, incarné dans la conscience.
St John Henry Newman
John Henry Newman (†
1890) fut le principal acteur du mouvement d’Oxford. Son étude des Pères de
l’Église l’a conduit au catholicisme en 1845. Il a fondé l’Oratoire
d’Angleterre en 1848 et a été créé cardinal par Léon XIII en 1879. Il a été
canonisé en 2019. / Lettre au duc de Norfolk, Paris, Desclée de Brouwer, 1970.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/vendredi-2-septembre/meditation-de-ce-jour-1/
Suivre Jésus sur la route
Ô mon Dieu, toi seul sais
ce qui me convient le mieux.
Je crois que tu le sais
parfaitement.
Je crois que tu m’aimes
mieux que je ne m’aime moi-même, que tu es très sage dans ta providence, et tout-puissant
dans ta protection. Je te remercie de tout mon cœur de m’avoir retiré le
gouvernement de moi-même, tâche trop lourde pour moi, et d’en assumer toi-même
la charge.
Je ne peux rien demander
de mieux que d’être à ta charge et non à la mienne.
Avec le secours de ta
grâce, ô mon Dieu, je veux te suivre, partout où tu iras et où tu me conduiras.
J’attendrai que tu me
conduises, et quand tu viendras me chercher, je te suivrai docilement sans
crainte.
Je te promets de ne pas
me montrer impatient, si parfois tu me laisses dans la perplexité et
l’obscurité ; ni de jamais me plaindre ou m’irriter si je suis dans l’anxiété
ou le malheur. Amen.
St John Henry Newman
John Henry Newman (†
1890) fut le principal acteur du mouvement d’Oxford. Son étude des Pères de
l’Église l’a conduit au catholicisme en 1845. Il a fondé l’Oratoire
d’Angleterre en 1848 et a été créé cardinal par Léon XIII en 1879. Il a été
canonisé en 2019. / Youcat prière, Paris, Cerf, 2012, p. 48.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/jeudi-27-octobre/meditation-de-ce-jour-1/
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
Cofton Park de Rednal - Birmingham
Chers Frères et Sœurs dans le Christ,
Ce jour qui nous rassemble ici à Birmingham est un
jour particulièrement béni. D’abord, parce que c’est le Jour du Seigneur,
dimanche, jour où notre Seigneur Jésus Christ est sorti vivant d’entre les
morts et a changé pour toujours le cours de l’histoire humaine, offrant une vie
et une espérance nouvelles à tous ceux qui vivent dans les ténèbres et l’ombre
de la mort. C’est pourquoi les chrétiens dans le monde entier se réunissent ce
jour-là pour rendre gloire à Dieu et le remercier de toutes les merveilles
qu’il a accomplies pour nous. Ce dimanche-ci évoque en outre un moment
significatif de la vie de la nation britannique, car c’est le jour choisi pour
commémorer le soixante-dixième anniversaire de la «Bataille d’Angleterre». Pour
moi, qui ai vécu et subi les souffrances liées aux jours sombres du régime nazi
en Allemagne, il est très émouvant de me trouver ici parmi vous en cette
occasion et de faire mémoire de vos si nombreux concitoyens qui ont sacrifié
leur vie, résistant courageusement contre les forces de cette terrible
idéologie. Ma pensée rejoint d’une manière spéciale la ville voisine de
Coventry qui fut frappée au cours du mois de novembre 1940 par des
bombardements massifs et de lourdes pertes en vies humaines. Soixante-dix ans
plus tard, nous nous souvenons avec des sentiments de honte et d’horreur de
l’effrayant coût en vies humaines et en destructions que la guerre entraîne, et
nous renouvelons notre résolution de travailler pour la paix et la
réconciliation là où pèse la menace de conflits. Toutefois, un autre motif,
plus joyeux, fait de ce jour un moment particulièrement porteur de promesses
pour la Grande-Bretagne, pour les Midlands, pour Birmingham. Car c’est le jour
qui voit le Cardinal John Henry Newman officiellement élevé aux honneurs des
autels et proclamé Bienheureux.
Je remercie Monseigneur Bernard Longley pour ses paroles de bienvenue au début de cette Messe. Et j’exprime mon appréciation à tous ceux qui ont travaillé fermement au long de nombreuses années pour promouvoir la Cause du Cardinal Newman, en particulier les Pères de l’Oratoire de Birmingham que les membres de la Famille spirituelle Das Werk (l’Œuvre). Je salue toutes les personnes présentes ici, de Grande-Bretagne, d’Irlande et d’ailleurs; je vous remercie d’être venus à cette célébration où nous rendons gloire et louange à Dieu pour la vertu héroïque d’un saint Anglais.
L’Angleterre a une longue tradition de saints martyrs, dont le témoignage courageux a soutenu et inspiré la communauté catholique durant des siècles ici. Mais il est également juste et bon de reconnaître aujourd’hui la sainteté d’un confesseur, un fils de cette nation qui, bien qu’il n’ait pas été appelé à répandre son sang pour le Seigneur, lui a cependant rendu un témoignage éloquent durant une longue vie consacrée au ministère sacerdotal, et spécialement en prêchant, en enseignant et en écrivant. Il mérite bien de prendre place dans une longue lignée de saints et d’érudits de ces Iles, saint Bède, sainte Hilda, saint Aelred, le bienheureux Dun Scott, pour n’en nommer que quelques-uns. Dans la personne du bienheureux John Henry, cette tradition d’élégante érudition, de profonde sagesse humaine et d’ardent amour du Seigneur a porté des fruits abondants, signe de la présence pleine d’amour de l’Esprit Saint dans les profondeurs du cœur du peuple de Dieu, faisant mûrir d’abondants dons de sainteté.
La devise du Cardinal Newman, Cor ad cor loquitur, ou «le cœur parle au cœur» nous donne une indication sur la manière dont il comprenait la vie chrétienne: un appel à la sainteté, expérimenté comme le désir profond du cœur humain d’entrer dans une intime communion avec le Cœur de Dieu. Il nous rappelle que la fidélité à la prière nous transforme progressivement à la ressemblance de Dieu. Comme il l’écrivait dans l’un de ses nombreux et beaux sermons, «pour la pratique qui consiste à se tourner vers Dieu et le monde invisible en toute saison, en tout lieu, en toute situation d’urgence, la prière, donc, a ce qu’on peut appeler un effet naturel, en ce qu’elle élève et spiritualise l’âme. L’homme n’est plus ce qu’il était auparavant: progressivement, il s’est imprégné de tout un nouvel ensemble d’idées, il a assimilé de nouveaux principes» (Sermons paroissiaux, IV, p. 203, Le paradoxe chrétien, Cerf, 1986). L’Évangile d’aujourd’hui nous enseigne que personne ne peut servir deux maîtres (Lc 16,13), et l’enseignement du bienheureux John Henry sur la prière montre comment le fidèle chrétien est définitivement pris pour le service du seul véritable Maître, le seul qui puisse prétendre recevoir une dévotion sans conditions à son service (cf. Mt 23,10). Newman nous aide à comprendre ce que cela signifie dans notre vie quotidienne: il nous dit que notre divin Maître a donné à chacun de nous une tâche spécifique à accomplir, «un service précis» demandé de manière unique et à chaque personne individuellement: «J’ai une mission», écrivait-il, «Je suis un chaînon, un lien entre des personnes. Il ne m’a pas créé pour rien. Je ferai le bien, j’exécuterai la tâche qu’il m’a confié; je serai un ange de paix, je prêcherai la vérité à la place où je suis… si j’observe ses commandements et le sers à la place qui est la mienne )» (Méditations sur la doctrine chrétienne, Ad Solem, Genève 2000, pp. 28-29).
Le service particulier auquel le bienheureux John Henry a été appelé consistait à appliquer son intelligence fine et sa plume féconde sur les nombreuses et urgentes «questions du jour». Ses intuitions sur le rapport entre foi et raison, sur la place vitale de la religion révélée dans la société civilisée, et sur la nécessité d’une approche de l’éducation qui soit ample en ses fondements et ouverte à de larges perspectives ne furent pas seulement d’une importance capitale pour l’Angleterre de l’époque victorienne, mais elles continuent à inspirer et à éclairer bien des personnes de par le monde. Je voudrais rendre un hommage particulier à sa conception de l’éducation, qui a eu une grande influence pour former l’éthos, force motrice qui soutient les écoles et les collèges catholiques d’aujourd’hui. Fermement opposé à toute approche réductrice ou utilitaire, il s’est efforcé de mettre en place un environnement éducationnel où l’exercice intellectuel, la discipline morale et l’engagement religieux pourraient progresser ensemble. Le projet de fonder une Université catholique en Irlande lui donna la possibilité de développer ses idées à ce sujet, et l’ensemble des discours qu’il a publiés sur «L’idée d’une Université» met en évidence un idéal dont tous ceux qui sont engagés dans la formation académique peuvent continuer à s’inspirer. En effet, quel meilleur objectif pourraient avoir des professeurs de religion que celui que le bienheureux John Henry a présenté dans son célèbre appel en faveur d’un laïcat intelligent et bien formé: «Je désire un laïcat qui ne soit pas arrogant, ni âpre dans son langage, ni prompt à la dispute, mais des personnes qui connaissent leur religion, qui pénètrent en ses profondeurs, qui savent précisément où ils sont, qui savent ce qu’ils ont et ce qu’ils n’ont pas, qui connaissent si bien leur foi qu’ils peuvent en rendre compte, qui connaissent assez leur histoire pour pouvoir la défendre» (The Present position of Catholics in England, IX, 390). En ce jour où l’auteur de ces lignes est élevé à l’honneur des autels, je prie pour que, par son intercession et son exemple, tous ceux qui sont engagés dans l’enseignement et la catéchèse se sentent poussés par la conception qu’il a si clairement exposée devant nous à entreprendre de nouveaux efforts.
S’il est bien compréhensible que l’héritage intellectuel de John Henry Newman ait été l’objet d’une large attention dans la vaste littérature qui illustre sa vie et son œuvre, je préfère, en ce jour, conclure par une brève réflexion sur sa vie de prêtre, de pasteur des âmes. La chaleur et l’humanité qui marquent son appréciation du ministère pastoral sont magnifiquement mises en évidence dans un autre de ses célèbres sermons: «Si des anges avaient été vos prêtres, mes frères, ils n’auraient pas pu souffrir avec vous, avoir de la sympathie pour vous, éprouver de la compassion pour vous, sentir de la tendresse envers vous et se montrer indulgents avec vous, comme nous; ils n’auraient pas pu être vos modèles et vos guides, et n’auraient pas pu vous amener à sortir de vous-mêmes pour entrer dans une vie nouvelle, comme le peuvent ceux qui viennent du milieu de vous» («Hommes, non pas Anges: les prêtres de l’Évangile», Discourses to Mixed Congregations, 3). Il a vécu à fond cette vision profondément humaine du ministère sacerdotal dans l’attention délicate avec laquelle il s’est dévoué au service du peuple de Birmingham au long des années qu’il a passées à l’Oratoire, fondé par lui, visitant les malades et les pauvres, réconfortant les affligés, s’occupant des prisonniers. Il n’est pas étonnant qu’à sa mort, des milliers de personnes s’alignaient dans les rues avoisinantes tandis que son corps était transporté vers sa sépulture à moins d’un kilomètre d’ici. Cent vingt ans plus tard, de grandes foules se sont rassemblées à nouveau pour se réjouir de la reconnaissance solennelle de l’Église pour l’exceptionnelle sainteté de ce père des âmes très aimé. Comment pourrions-nous mieux exprimer la joie de ce moment, sinon en nous tournant vers notre Père des cieux dans une vibrante action de grâce, et en priant avec les paroles mêmes que le bienheureux John Henry a mises sur les lèvres du chœur des anges dans le ciel:
Loué soit le Très Saint dans les hauteurs
Et loué soit-Il dans les profondeurs;
Très admirable en toutes Ses paroles;
Infaillible en toutes Ses voies!
(Le songe de Gerontius).
© Copyright 2010 -
Libreria Editrice Vaticana
John Henry Newman:
l'harmonie de la différence
Voici l’éditorial écrit
par le prince Charles de Galles à l’occasion de la canonisation du cardinal
John Henry Newman, et publié dans l’édition de ce 13 octobre de L’Osservatore
Romano. Le prince Charles sera présent à la messe de canonisation célébrée par
le Pape François place Saint-Pierre ce dimanche.
Son Altesse Royale le
prince de Galles - L'Osservatore Romano
Lorsque le Pape François
canonisera demain le cardinal John Henry Newman, le premier Britannique à être
déclaré saint depuis plus de quarante ans, ce sera un motif de célébration non
seulement pour le Royaume-Uni, et non seulement pour les catholiques, mais
aussi pour tous ceux qui chérissent les valeurs par lesquelles il a été
inspiré.
À l'époque où il vivait,
Newman défendait la vie de l'esprit contre les forces qui avilissaient la
dignité humaine et la destinée humaine. En cette époque où il parvient à la
sainteté, son exemple est plus nécessaire que jamais, pour la manière dont, à
son meilleur, il pouvait plaider sans émettre d'accusation, être en désaccord
sans manquer de respect et, peut-être par-dessus tout, voir les différences
comme des lieux de rencontre plutôt que d'exclusion.
John Newman,
poète et prophète du catholicisme britannique
Le cardinal Newman bientôt canonisé
À une époque où la foi
était remise en question comme jamais auparavant, Newman, l'un des plus grands
théologiens du XIXe siècle, a employé son intelligence à l'une des questions
les plus instantes de notre époque : quel rapport devrait entretenir la foi avec
une époque sceptique et laïque ? Son engagement dans la théologie anglicane
d'abord, puis, après sa conversion, dans la théologie catholique, a
impressionné même ses adversaires par son honnêteté intrépide, sa rigueur sans
faille et son originalité de pensée.
Quelles que soient nos
propres croyances, et quelle que soit notre propre tradition, nous ne pouvons
que remercier Newman pour les dons, enracinés dans sa foi catholique, qu'il a
partagés avec la société toute entière: son autobiographie spirituelle intense
et émouvante, et sa profonde poésie dans “Le Songe de Gérontius” qui,
mis en musique par Sir Edward Elgar - un autre catholique dont tous les
Britanniques peuvent être fiers - a donné au monde musical l'un des
chefs-d'œuvre choraux les plus durables qui soient.
À l’acmé du “Songe
de Gérontius”, l'âme, s'approchant du ciel, perçoit quelque chose de la vision
divine :
«une
harmonie mystérieuse,
Elle me submerge,
pareille au bruit grave
Et solennel de nombreux
cours d'eaux».
L'harmonie exige la
différence. Le concept se trouve au cœur même de la théologie chrétienne dans
le concept de la Trinité. Dans le même poème, Gérontius dit :
«Je crois vraiment et
fermement
Que Dieu est Trois, et
que Dieu est Un»
En tant que telle, la différence
n'est pas à craindre. Newman l'a prouvé non seulement dans sa théologie
et l'a illustré dans sa poésie, mais il l'a également démontré dans sa vie.
Sous sa direction, les catholiques s'intégrèrent pleinement dans la société,
qui devint elle-même d'autant plus riche en tant que communauté de
communautés.
Newman s'est engagé non
seulement avec l'Église, mais avec le monde. Tout en s'engageant de tout son
cœur dans l'Église pour laquelle il a traversé tant d'épreuves intellectuelles
et spirituelles, il a lancé un débat ouvert entre catholiques et autres
chrétiens, ouvrant ainsi la voie à d’ultérieurs dialogues œcuméniques.
Lors de son accession au
cardinalat en 1879, il prit pour devise “Cor ad cor loquitor” (“le
cœur parle au cœur”), et ses conversations au-delà des clivages confessionnels,
culturels, sociaux et économiques, étaient enracinées dans cette amitié intime
avec Dieu.
Sa foi était vraiment
catholique en ce sens qu'elle embrassait tous les aspects de la vie. C'est dans
ce même esprit que nous, catholiques ou non, nous pouvons, dans la tradition de
l'Église chrétienne à travers les âges, embrasser la perspective unique, la
sagesse et la perspicacité particulières apportées à notre expérience
universelle par cette seule âme individuelle. Nous pouvons nous inspirer
de ses écrits et de sa vie même si nous reconnaissons que, comme toute vie
humaine, elle était inévitablement imparfaite. Newman lui-même était conscient
de ses défauts, tels que l'orgueil et l'attitude défensive qui ne correspondaient
pas à ses propres idéaux, mais qui, en fin de compte, ne l'ont rendu que plus
reconnaissant envers la miséricorde de Dieu.
Son influence était
immense. En tant que théologien, son travail sur le développement de la
doctrine a montré que notre compréhension de Dieu peut grandir avec le temps,
et il a eu un impact profond sur les penseurs ultérieurs. Les chrétiens
ont vu leur dévotion personnelle remise en question et renforcée par
l'importance qu'il accordait à la voix de la conscience. Ceux de toutes
les traditions qui ont cherché à définir et à défendre le christianisme se sont
montrés reconnaissants pour la manière dont il a réconcilié foi et raison. Ceux
qui recherchent le divin dans ce qui peut sembler être un environnement
intellectuel de plus en plus hostile trouvent en lui un allié puissant qui a
défendu la conscience individuelle contre un relativisme écrasant.
Et ce qui est peut-être
le plus pertinent de nos jours, alors que nous avons été témoins d'un trop
grand nombre de graves attaques commises par les forces de l'intolérance contre
des communautés et des individus, incluant de nombreux catholiques, en raison
de leurs croyances, c'est qu'il s'agit d'une personne ayant défendu ses
convictions malgré les inconvénients de l'appartenance à une religion dont on
refusait la pleine participation des fidèles à la vie publique. Tout au long du
processus d'émancipation catholique et de restauration de la hiérarchie de
l'Église catholique, il a été le chef dont son peuple, son Église et son époque
avaient besoin. Sa capacité de chaude cordialité personnelle et d'amitié
généreuse se manifeste dans sa correspondance. Il existe plus de 30 volumes de
ses lettres, dont beaucoup, ce qui est révélateur, ne s'adressent pas aux
autres intellectuels et à d'éminents dirigeants, mais à sa famille, à des amis
et aux paroissiens qui ont cherché sa sagesse.
Son exemple a laissé un
héritage durable. En tant qu'éducateur, son travail a eu une profonde
influence à Oxford, Dublin et au-delà, tandis que son traité, L'Idée d'université,
demeure un texte déterminant à ce jour. Ses travaux - souvent négligés - à
propos de l'éducation des enfants témoignent de son engagement à faire en sorte
que les jeunes de tous milieux bénéficient des opportunités qu'offre
l'apprentissage. En tant qu'anglican, il a guidé cette Église vers ses racines
catholiques et, en tant que catholique, il était prêt à apprendre de la
tradition anglicane, par exemple en faisant la promotion du rôle des
laïcs. Il a redonné confiance à l'Église catholique alors qu'elle se
rétablissait sur une terre d'où elle avait été autrefois déracinée. La
communauté catholique de Grande-Bretagne doit aujourd'hui une dette
incalculable à son travail inlassable, de même que la société britannique a des
raisons de remercier cette communauté pour sa contribution incommensurablement
précieuse à la vie de notre pays.
Cette confiance
s'exprimait dans son amour pour les paysages anglais et la culture de son pays
natal, à laquelle il a apporté une contribution si remarquable. Dans
l'Oratoire qu'il a fondé à Birmingham, et qui abrite aujourd'hui un musée dédié
à sa mémoire ainsi qu'une communauté active de fidèles, nous voyons la
réalisation en Angleterre d'une vision qu'il a tirée de Rome, qu'il décrivait
comme «le plus bel endroit sur Terre». En amenant la Congrégation
des Oratoriens de l'Italie jusqu'en Angleterre, Newman a cherché à partager son
charisme d'éducation et de service.
Il aimait Oxford,
ajoutant à sa grâce non seulement par des sermons passionnés et érudits, mais aussi
par la belle église anglicane de Littlemore, créée après une visite d'études à
Rome où, cherchant des conseils pour son chemin spirituel à venir et
réfléchissant sur sa relation avec l'Église d'Angleterre et le catholicisme, il
a écrit son hymne bien-aimé, “Lead Kindly Light” (“Conduis-moi, douce
lumière”). Lorsqu'il a finalement décidé de quitter l'Église d'Angleterre, son
dernier sermon d'adieu à Littlemore a laissé la congrégation en larmes. Il
s'intitulait “La séparation des amis”.
Alors que nous célébrons
la vie de ce grand Britannique, de ce grand homme d'Église et, nous pouvons
désormais le dire, de ce grand saint, qui comble les clivages existant entre
les traditions, il est tout à fait juste que nous rendions grâce pour l'amitié
qui, malgré la séparation, n'a pas seulement duré, mais s'est renforcée.
Dans l'image de
l'harmonie divine que Newman a exprimée avec tant d'éloquence, nous pouvons
voir comment, en fin de compte, en suivant avec sincérité et courage les
différents chemins auxquels la conscience nous appelle, toutes nos divisions
peuvent mener à une meilleure compréhension et toutes nos manières d'être
peuvent trouver un foyer commun.
John Henry Newman
- the "scientific" history which was
cultivated by the "Rambler", with Newman's partial concurrence;
- the proposed oratory at Oxford; and
- the temporal power, then at the crisis of its fate.
ON THE OCCASION OF THE FIRST CENTENARY OF THE DEATH
Precisely because Newman interpreted the existence of the human being from conscience, that is, from the relationship between God and the soul, was it clear that this personalism is not individualism, and that being bound by conscience does not mean being free to make random choices - the exact opposite is the case.
It is known how Newman's insight into the ideas of development influenced his way to Catholicism. But it is not just a matter of an unfolding of ideas. In the concept of development, Newman's own life plays a role. That seems to become visible to me in his well-known words: "...to live is to change, and to be perfect is to have changed often".
OF VENERABLE CARDINAL JOHN HENRY NEWMAN
Sunday, 19 September 2010
And in the depth be praise;
In all his words most wonderful,
Most sure in all his ways!
(The Dream of Gerontius).