Bienheureux Aloys Stepinac, évêque et martyr
Sa figure résume toute la tragédie qui a frappé
l'Europe au cours du XX° siècle, marqué par les grands maux du fascisme, du
nazisme et du communisme. En lui resplendit dans sa plénitude la réponse
catholique: foi en Dieu, respect de l'homme, amour envers tous confirmé dans le
pardon, unité avec l'Eglise guidée par le Successeur de Pierre.
Né en 1898, Alojzije Stepinac était archevêque de
Zagreb depuis 1937 quand la persécution atteint son Eglise. Calomnié, condamné
dans une parodie de justice il mourut le 10 février 1960 après plus de 13
années de prison. Il avait été créé cardinal en 1952.
SOURCE : http://www.paroisse-saint-aygulf.fr/index.php/prieres-et-liturgie/saints-par-mois/icalrepeat.detail/2015/02/10/4895/-/bienheureux-aloys-stepinac-eveque-et-martyr
Bienheureux Aloisius Stepinac
Cardinal archevêque martyr Zagreb (+ 1960)
Né en 1898, Alojzije Stepinac mourut le 10 février
1960 après plus de 13 ans en prison.
Béatifié par Jean-Paul II lors de son pèlerinage au
célèbre sanctuaire de Marija Bistrica le 3 octobre 1998 - voyage
apostolique en Croatie.
"In Te, Domine, speravi; telle était la devise du
Cardinal Alojzije Stepinac, sur la tombe duquel j'ai prié dès mon arrivée à
Zagreb. Sa figure résume toute la tragédie qui a frappé l'Europe au cours de ce
siècle, marqué par les grands maux du fascisme, du nazisme et du communisme. En
lui resplendit dans sa plénitude la réponse catholique: foi en Dieu, respect de
l'homme, amour envers tous confirmé dans le pardon, unité avec l'Eglise guidée
par le Successeur de Pierre. Dans sa béatification, nous reconnaissons la
victoire de l'Évangile du Christ sur les idéologies totalitaires; la victoire
des droits de Dieu et de la conscience sur la violence et les abus de pouvoir;
la victoire du pardon et de la réconciliation sur la haine et la vengeance. Le
bienheureux Stepinac constitue ainsi le symbole de la Croatie qui veut
pardonner et se réconcilier, en purifiant la mémoire de la rancœur et en
vainquant le mal par le bien.
La cause de la persécution et du procès-farce monté
contre lui, fut son ferme refus face aux insistances du régime pour qu'il se
sépare du Pape et du Siège apostolique et qu'il se place à la tête d'une
'Église nationale croate'. Il préféra rester fidèle au Successeur de Pierre.
C'est pourquoi il fut calomnié, puis condamné." extraits
de l'audience générale du 7 octobre 1998.
Homélie en anglais,
en italien.
À Krasic, près de Zagreb en Croatie, l’an 1960, le
bienheureux Louis Stépinac, évêque et martyr. Il s’opposa avec audace aux
doctrines qui niaient la foi et la dignité humaine. À cause de sa fidélité à
l’Église, il fut détenu longtemps en prison et, atteint de maladie et consumé
d’inanition, il acheva un éminent épiscopat.
Martyrologe romain
"La figure du bienheureux Alojzije Stepinac
constitue pour tous un point de référence vers lequel se tourner pour en tirer
inspiration et soutien."
Jean-Paul II
Bienheureux Louis STEPINAC
Nom: STEPINAC
Prénom: Louis
(Alojzije)
Pays: Croatie
Naissance:
08.05.1898 à Krasic (Brezaric)
Mort: 10.02.1960
à Krasic
Etat: Archevêque - Cardinal -
Martyr
Note: Prêtre en 1930. Évêque coadjuteur de Zagreb
en 1934. Archevêque en 1937. Condamné le 11.10.1946. Cardinal le 12.01.1953.
Béatification:
03.10.1998 à Marija Bistrica
(Croatie) par Jean Paul II
Canonisation:
Fête: 10 février
Réf. dans l’Osservatore Romano: 1998 n.39
p.9-10 -
n.40 p.1 - 1999 n.11 p.6-9
Réf. dans la Documentation
Catholique: 1998 n.20 p.973-976 & 982-990
Notice brève:
Alois Stepinac naît en 1898 près de Zagreb en Croatie. Très jeune il
ressent la vocation, mais en 1916 il doit faire son service militaire pendant
la grande guerre. Après quoi il tergiverse pour sa vocation. Quand il se
décide, son évêque, Mgr Bauer, l'envoie à Rome pour ses études. Ordonné prêtre
en 1930, il obtient l'année suivante les doctorats de philosophie et de
théologie. Revenu à Zagreb, il travaille à l'évêché tout en s'occupant des
pauvres. Il crée pour la Caritas de Zagreb le journal "Caritas". En
1934, à 37 ans, il est nommé archevêque coadjuteur de Zagreb et remplace Mgr
Bauer trois ans plus tard. Il s'occupe de ses prêtres, défend la famille
chrétienne, encourage le laïcat. Il redonne vie au sanctuaire de Marija
Bristrica faisant chaque année à pied les 50 km de ce pèlerinage. Il se réjouit
quand la Croatie devient indépendante en 1941 avec l'arrivée des Oustachis au
pouvoir. Mais ceux-ci sont inféodés aux nazis; ils persécutent les Juifs et
font des conversions forcées. Mgr Stepinac s'oppose à eux de plus en plus
fortement, prenant la défense des faibles et des opprimés. Pour les Oustachis,
il devient l'homme à abattre. Quand Tito prend le pouvoir en 1945 et veut créer
une Église Croate séparée de Rome, Mgr Stepinac refuse. Les communistes lui
intentent un procès factice à la suite duquel il est emprisonné pendant 5 ans,
puis assigné à résidence surveillée dans son village natal de Krasic. Pendant
plus de 13 ans, il doit subir des persécutions physiques et morales. Il meurt
en 1960, martyr de son attachement au Saint-Siège, entouré de la vénération de
tout le peuple croate.
Notice développée
Alois Stepinac naît en 1898 à Krazic, petit village rattaché à la
paroisse de Brezaric, non loin de Zagreb. Il est le cinquième enfant d'une
famille qui en compte huit. Son père s'est remarié et lui, est issu du second
lit. C'est une famille profondément catholique de cette terre de Croatie
imprégnée de christianisme. En 1916, après avoir passé son baccalauréat, il ne
fait pas comme plusieurs autres de son âge qui, en ce temps de guerre, rentrent
au séminaire sans vocation pour échapper au service militaire. Il sert dans
l'armée autrichienne comme officier. En 1918 il est fait prisonnier par les
Italiens, mais il est assez vite relâché. Vers la fin de la guerre, il s'engage
comme volontaire sur le front de Salona (Solin) ce qui était alors l'option de
nombreux jeunes Croates mécontents de la place de la Croatie dans la monarchie
austro-hongroise. Démobilisé à la fin de 1919, il s'inscrit à la faculté
d'agronomie de Zagreb, mais déçu par le manque de moralité des étudiants, il
retourne travailler dans le domaine paternel. Il fait de l'action catholique
pour jeunes et songe au mariage. Depuis longtemps, il pense aussi au sacerdoce
mais il tergiverse longuement, se rappelant certains mauvais exemples dont il a
été le témoin à l'armée. Au demeurant, même en cette période, la religion
continue à être, comme autrefois, son guide et sa consolation. D'ailleurs, dès
sa plus tendre enfance, il est soutenu par les prières de sa mère et il jouit
des conseils de son confesseur et du soutien d'un ancien professeur, prêtre.
En 1924, il se décide pour le sacerdoce. Son évêque, Mgr Bauer, l'envoie
au Collège "Germanicum - Hungaricum" de Rome. En 1930 il est ordonné
prêtre le jour du Christ-Roi. (Plus tard, l'anniversaire de son ordination lui
donnera l'occasion de prononcer de retentissants sermons à l'occasion de cette
fête liturgique). Il célèbre sa première messe à Sainte Marie Majeure, marquant
ainsi sa grande dévotion envers la Sainte Vierge. En 1931 il obtient les
doctorats de philosophie et de théologie. Revenu au pays, il désire se lancer
dans la pastorale, mais Mgr Bauer le retient à l'évêché pour différents
services. Outre cela il se livre à des œuvres de charité. Il suggère à son
évêque de fonder la "Caritas" à Zagreb. En 1934 il est chargé de
créer le journal "Caritas". Dans son premier éditorial il écrit:
"Nous voulons à travers l'amour et la charité promouvoir la gloire de
Dieu. Et puisque notre but est élevé et notre intention pure, nous n'allons pas
nous laisser déconcerter par des reproches venus de droite ou de gauche. Nous
savons et ressentons parfaitement qu'aujourd'hui les temps sont très
difficiles. Mais l'amour et la charité sont d'autant plus nécessaires que les
temps sont difficiles". Ses activités multiples ne l'empêchent pas
d'entretenir une profonde vie de prière. En 1934, Pie XI le nomme archevêque
coadjuteur avec droit de succession. Il a 37 ans: c'est le plus jeune évêque du
monde.
Le temps de son épiscopat se partage en deux périodes de durée à peu
près égales: une période active, tant qu'il jouit de la liberté, et une période
passive ou souffrante, lorsqu'il est en prison ou assigné à résidence. Dans la
période active, qui dure 12 1/2 ans il
s'occupe du clergé, des pauvres et visite les paroisses. Il prêche avec force,
rappellant les 10 commandements, encourageant les prêtres, recommandant la
fidélité au Pape, soutenant la famille chrétienne et sa fécondité; il
intensifie l'apostolat des laïcs. Il redonne vie au sanctuaire marial de Marija
Bristrica (qui deviendra sanctuaire national en 1971). Chaque année il s'y rend
à pied en pèlerinage (50 km) jusqu'à ce que cela lui soit interdit en 1946.
Après le décès de Mgr Bauer en 1937, il assure la responsabilité de
l'archevêché. En 1941, en pleine guerre, les Oustachis - parti catholique
extrémiste - instaurent l'"État indépendant de Croatie". Mgr Stepinac
fête l'accession à l'indépendance par un "Te Deum", ce dont on lui
fera grief plus tard. En ce temps de détresse il se fait le défenseur intrépide
des pauvres, des opprimés, des personnes déplacées. Dès l'été 1942, il critique
de plus en plus fortement les Oustachis. Il exige que les droits de tous soient
respectés, quelle que soit leur appartenance religieuse, raciale ou ethnique.
Il devient ainsi l'ennemi juré du gouvernement inféodé au IIIe
Reich. Dans le célèbre sermon du Christ-Roi de l'année 1943, il dit que
"l'Église catholique ne connaît pas de races qui dominent et d'autres qui
sont esclaves"; et en finale il s'en prend à l'idolâtrie de l'État
lorsqu'il déclare: "Notre prochain, peu importe son nom, n'est pas un
rouage dans une machine l'État, qu'il soit coloré de rouge ou de noir, de gris
ou de vert, mais c'est un enfant de Dieu qui est libre, notre frère en
Dieu". Les Oustachis l'auraient mis à mort si la défaite allemande n'avait
marqué la fin de leur pouvoir. Ils sont remplacés par les communistes en mai
1945: c'était tomber de Charybde en Scylla. La Croatie perd son autonomie, elle
dépend à nouveau de la Yougoslavie. Une grande partie de l'élite du pays
s'enfuit. Mgr Stepina déclare: "Je reste".
Commence alors la partie passive de son épiscopat qui dure un peu plus
de 13 ans. En visite à Zagreb, Tito demande à Mgr Stepinac de créer une
"Église nationale Croate", indépendante de Rome. Sur son refus, il
est mis en état d'arrestation et de détention préventive. Des protestations
s'élèvent, notamment celle de Pie XII et il est relâché. En septembre 1945 une
lettre pastorale des évêques Yougoslaves, avec son nom en tête, rappelle à
l'État sa promesse de respecter la liberté religieuse et la propriété privée.
Cette lettre énergique ne fait qu'exacerber la persécution. Après une campagne
orchestrée d'un an et demi avec des accusations et des calomnies, on intente un
procès à Mgr Stepinac: "un bien triste procès" (Pie XII) dont l'issue
est décidée d'avance. Il refuse de se défendre et de prendre un avocat. Par
quatre fois, dans sa déposition, revient ce leitmotiv: "Notre [pluriel de
majesté] conscience est propre et paisible". Pendant tout le procès, il
fait preuve d'un calme imperturbable dont il s'étonne lui-même et qu'il
attribue à la protection de la Sainte Vierge, 'l'Avocate de la Croatie'. On
l'accuse de collaboration avec les Oustachis. En fait, derrière 'l'accusé
Stepinac', expression ressassée une centaine de fois, personne n'est assez naïf
pour ignorer que c'est le représentant de l'Église catholique en Yougoslavie
qu'on vise. En l'attaquant c'est l'effet contraire qui se produit:
"Aujourd'hui, déclare courageusement son vicaire général, Aloïs Stepinac
est le personnage le plus aimé parmi le peuple Croate". Il est enfermé
pendant 5 ans à la prison de Lepograva (1946-1951). Il dira plus tard:
"Vous m'aviez tout pris, sauf une chose: la possibilité de lever comme
Moïse les bras vers le ciel". Puis il est mis en résidence surveillée dans
la cure de son village natal, à Krasic, "petit coin de liberté
confinée", où il peut dire la messe, recevoir et écrire. Il encourage les
prêtres à rester attachés à Rome. En janvier 1953 - surprise! - le détenu est
nommé cardinal. "La pourpre cardinalice est le symbole du sang"
remarque-t-il. L'État rompt les relations diplomatiques avec le Vatican… Jamais
au cours des 15 dernières années de sa vie n'auront cessées les persécutions
physiques ou morales. On dit même qu'il a été empoisonné lentement. Il meurt en
1960 sans avoir jamais fléchi dans sa volonté inflexible de pardon, mais sans
avoir jamais cédé à la crainte, victime en définitive de son attachement au
Saint Siège. L'État autorise le retour de son corps à Zagreb, triomphe
populaire dans une attitude de douleur profonde et calme. A cette nouvelle,
Jean XXIII célèbre une messe solennelle au Vatican.
Beaucoup plus tard, certains critiqueront son attitude en se basant sur
les dépositions du procès communiste. Mais lorsque la Croatie accède de nouveau
à l'indépendance (autoproclamation en 1991, reconnaissance par la communauté
européenne en 1992), le parlement national croate, dès février 1992, vote à
l'unanimité une déclaration condamnant le procès politique et les verdicts
portés à l'encontre du cardinal. La cérémonie de béatification, le 3 octobre
1998 au sanctuaire de Marija Bistrica, a montré l'extraordinaire attachement au
nouveau bienheureux et la ferveur d'un peuple à peine sorti de longues années
de souffrance. Le Cardinal Stepinac est le plus illustre représentant de ces
"innombrables martyrs et confesseurs, hommes et femmes de tous les âges,
qui sont le fruit de cette terre bénie!" (Jean Paul II)
JEAN-PAUL II
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 7 Octobre 1998
1. De vendredi à dimanche dernier, j'ai effectué
ma deuxième visite pastorale en Croatie. Alors que j'ai encore à l'esprit les
images de ce pèlerinage, je désire m'arrêter brièvement avec vous sur sa
signification, en le plaçant dans le contexte des événement historiques qui ont
concerné non seulement la Croatie, mais l'Europe tout entière.
Je rends tout d'abord grâce à Dieu qui m'a permis de
vivre cette expérience si intense. Ma pensée reconnaissante s'adresse ensuite
aux très chers évêques de la Croatie, ainsi qu'à Monsieur le Président de la
République, aux autres représentants des Autorités et à tous ceux qui ont rendu
possible cette nouvelle rencontre entre le Successeur de Pierre et la nation
croate, qui Lui a toujours été fidèle depuis plus de treize siècles.
Le thème de la visite faisait écho aux paroles que
Jésus ressuscité adressa aux Apôtres: «Vous serez mes témoins» (Ac 1, 8).
Ce pèlerinage était donc placé sous le signe du témoignage. Et c'est dans cette
perspective que j'ai pu reparcourir en esprit presque deux mille ans
d'histoire: des martyrs des persécutions romaines jusqu'à ceux du récent régime
communiste: de saint Domnius, Evêque de Salone, antique Siège primatial,
au Cardinal Alojzije Stepinac, Archevêque de Zagreb, dont la béatification
a représenté le moment culminant de mon séjour croate. Cet acte liturgique
solennel a ainsi été mis en relief, sur l'arrière-plan d'événements historiques
remontant à la Rome antique, lorsque le pays n'était pas encore habité par les
Croates.
L'autre temps fort de mon voyage apostolique a été la
célébration du 1700 anniversaire de la ville et de l'Eglise de Split. Ces deux
moments ont été accompagnés par un pèlerinage marial: tout d'abord au
Sanctuaire national de Marija Bistrica, puis à celui de la Madone de l'Ile, à
Salone, le plus ancien sanctuaire consacré à la Vierge en Croatie. Ce fait est
très significatif. En effet, quand un peuple connaît l'heure de la passion et
de la croix, il ressent plus fort que jamais le lien avec la Mère du Christ, et
Elle devient un signe d'espérance et de réconfort. Cela a été le cas pour ma
patrie, la Pologne; cela a été le cas pour la Croatie, ainsi que pour chaque
nation chrétienne durement éprouvée par les événements historiques.
2. In Te, Domine, speravi; telle était la devise
du Cardinal Alojzije Stepinac, sur la tombe duquel j'ai prié dès mon arrivée à
Zagreb. Sa figure résume toute la tragédie qui a frappé l'Europe au cours de ce
siècle, marqué par les grands maux du fascisme, du nazisme et du communisme. En
lui resplendit dans sa plénitude la réponse catholique: foi en Dieu, respect de
l'homme, amour envers tous confirmé dans le pardon, unité avec l'Eglise guidée
par le Successeur de Pierre.
La cause de la persécution et du procès-farce monté
contre lui, fut son ferme refus face aux insistances du régime pour qu'il se
sépare du Pape et du Siège apostolique et qu'il se place à la tête d'une
«Eglise nationale croate». Il préféra rester fidèle au Successeur de Pierre.
C'est pourquoi il fut calomnié, puis condamné.
Dans sa béatification, nous reconnaissons la victoire
de l'Evangile du Christ sur les idéologies totalitaires; la victoire des droits
de Dieu et de la conscience sur la violence et les abus de pouvoir; la victoire
du pardon et de la réconciliation sur la haine et la vengeance. Le bienheureux
Stepinac constitue ainsi le symbole de la Croatie qui veut pardonner et se
réconcilier, en purifiant la mémoire de la rancœur et en vainquant le mal par
le bien.
3. Depuis longtemps, je désirais me rendre en
personne au célèbre sanctuaire de Marija Bistrica. La Providence a fait en
sorte que cela se réalise à l'occasion de la béatification du Cardinal Alojzije
Stepinac. Dès les débuts de son épiscopat, il guida personnellement chaque
année, à pied, le pèlerinage votif de la ville de Zagreb à ce sanctuaire, situé
à 50 kilomètres environ de la capitale, jusqu'à ce que les autorités
communistes n'interdisent tout type de manifestation religieuse.
La statue de bois antique et vénérée de la Madone à
l'Enfant, que les fidèles furent obligés de cacher au cours du XVI siècle, lors
de l'invasion ottomane, pour la préserver du sacrilège et de la destruction,
représente en un certain sens l'histoire difficile du peuple croate pendant
plus de mille trois cents ans. La béatification du Cardinal Stepinac dans ce
sanctuaire, et la visite le lendemain à Split, se détachent ainsi sur
l'arrière-plan d'événements qui remontent aux temps antiques, lorsque la ville
appartenait à l'empire romain.
Dans le centre de la ville actuelle de Split, qui
comprend l'antique Siège épiscopal de Salone, se trouvent le palais et le mausolée
de l'empereur Dioclétien, qui fut sans doute le plus cruel persécuteur des
chrétiens. Mais voici que, quelques siècles plus tard, le mausolée fut
transformé en cathédrale et, dans ses murs, furent placées les reliques de
saint Domnius, Evêque de Salone et martyr. Je me suis recueilli en prière
devant son urne, en reparcourant en esprit l'ample perspective historique qui
s'étend depuis l'époque de Dioclétien jusqu'aux événements de notre siècle,
marqué par des persécutions tout aussi féroces, mais également illustré par des
figures de martyrs tout aussi splendides que celles de l'antiquité.
4. A Salone, où s'élève le sanctuaire marial
consacré à la Madone de l'Ile, se trouvent les plus anciens vestiges du
christianisme dans la région. C'est précisément là que j'ai voulu rencontrer
les catéchistes, les professeurs et les membres des associations et mouvements
ecclésiaux, des jeunes pour la plupart: auprès des vestiges des racines
chrétiennes, nous avons prié pour l'avenir de l'Eglise et de l'évangélisation.
Les vastes domaines dans lesquels travailler sont
surtout ceux de la famille, de la vie et des jeunes, comme je l'ai rappelé lors
de la rencontre avec les membres de la Conférence épiscopale croate. Dans
chacun de ces domaines, les chrétiens sont appelés à apporter un témoignage de
cohérence évangélique dans les choix personnels et collectifs. La guérison des
blessures de la guerre, l'édification d'une paix juste et stable et, surtout,
le rétablissement des valeurs morales minées par les précédents régimes
totalitaires, exigent un travail long et patient, pour lequel il est nécessaire
de faire sans cesse référence au patrimoine spirituel hérité des pères.
La figure du bienheureux Alojzije Stepinac constitue
pour tous un point de référence vers lequel se tourner pour en tirer
inspiration et soutien. A travers sa béatification nous a été révélée, se
détachant au cours des siècles, cette lutte entre l'Evangile et l'anti-Evangile
qui parcourt l'histoire. Le martyr de notre temps, dont les plus âgés se
souviennent encore, est ainsi élevé au rang de grand symbole de ce combat:
depuis la formation sur les ruines de l'empire romain d'une nouvelle société et
l'arrivée des Croates sur les rives de la mer Adriatique, à travers les temps
difficiles de la domination ottomane, jusqu'à notre siècle troublé et
dramatique, l'Eglise à toujours fait face aux défis du mal, en annonçant avec
une force courageuse la parole de l'Evangile.
Pendant plus de treize siècles, les Croates, ayant
accueilli cette Parole et reçu le Baptême, ont conservé leur fidélité au Christ
et à l'Eglise, la confirmant au seuil du troisième millénaire. La personne de
l'Archevêque de Zagreb, le bienheureux martyr Alojzije Stepinac en est le
témoin! Sa figure rejoint celle des martyrs antiques: contrairement aux
intentions de Dioclétien, les persécutions des premiers siècles consolidèrent
la présence de l'Eglise dans le monde antique. Prions le Seigneur afin que, par
l'intercession de la Vierge Marie, Advocata Croatiae, Mater fidelissima,
les persécutions des temps modernes soient à l'origine d'une nouvelle floraison
de la vie ecclésiale en Croatie et dans le monde entier.
* * *
Je salue les pèlerins francophones présents à cette
audience, et je leur accorde à tous de grand cœur la Bénédiction apostolique.
© Copyright - Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/audiences/1998/documents/hf_jp-ii_aud_07101998.html
Bienheureux Aloïs Stepinac
« Nous voulons à travers
l'amour et la charité promouvoir la gloire de Dieu »
1898-1960
Fête le 10 février
Alois Stepinac naît en 1898 à Krazic, petit village rattaché à la paroisse
de Brezaric, non loin de Zagreb. Il est le cinquième enfant d'une famille qui
en compte huit. Son père s'est remarié et lui, est issu du second lit. C'est
une famille profondément catholique de cette terre de Croatie imprégnée de
christianisme. En 1916, après avoir passé son baccalauréat, il ne fait pas
comme plusieurs autres de son âge qui, en ce temps de guerre, rentrent au
séminaire sans vocation pour échapper au service militaire. Il sert dans
l'armée autrichienne comme officier. En 1918 il est fait prisonnier par les
Italiens, mais il est assez vite relâché. Vers la fin de la guerre, il s'engage
comme volontaire sur le front de Salona (Solin) ce qui était alors l'option de
nombreux jeunes Croates mécontents de la place de la Croatie dans la monarchie
austro-hongroise. Démobilisé à la fin de 1919, il s'inscrit à la faculté
d'agronomie de Zagreb, mais déçu par le manque de moralité des étudiants, il
retourne travailler dans le domaine paternel. Il fait de l'action catholique
pour jeunes et songe au mariage. Depuis longtemps, il pense aussi au sacerdoce
mais il tergiverse longuement, se rappelant certains mauvais exemples dont il a
été le témoin à l'armée. Au demeurant, même en cette période, la religion
continue à être, comme autrefois, son guide et sa consolation. D'ailleurs, dès
sa plus tendre enfance, il est soutenu par les prières de sa mère et il jouit
des conseils de son confesseur et du soutien d'un ancien professeur, prêtre.
En 1924, il se décide pour le sacerdoce. Son évêque, Mgr Bauer, l'envoie au
Collège "Germanicum - Hungaricum" de Rome. En 1930 il est ordonné
prêtre le jour du Christ-Roi. (Plus tard, l'anniversaire de son ordination lui
donnera l'occasion de prononcer de retentissants sermons à l'occasion de cette
fête liturgique). Il célèbre sa première messe à Sainte Marie Majeure, marquant
ainsi sa grande dévotion envers la Sainte Vierge. En 1931 il obtient les
doctorats de philosophie et de théologie. Revenu au pays, il désire se lancer
dans la pastorale, mais Mgr Bauer le retient à l'évêché pour différents
services. Outre cela il se livre à des œuvres de charité. Il suggère à son
évêque de fonder la "Caritas" à Zagreb. En 1934 il est chargé de
créer le journal "Caritas". Dans son premier éditorial il écrit:
"Nous voulons à travers l'amour et la charité promouvoir la gloire de
Dieu. Et puisque notre but est élevé et notre intention pure, nous n'allons pas
nous laisser déconcerter par des reproches venus de droite ou de gauche. Nous
savons et ressentons parfaitement qu'aujourd'hui les temps sont très
difficiles. Mais l'amour et la charité sont d'autant plus nécessaires que les
temps sont difficiles". Ses activités multiples ne l'empêchent pas
d'entretenir une profonde vie de prière. En 1934, Pie XI le nomme archevêque
coadjuteur avec droit de succession. Il a 37 ans: c'est le plus jeune évêque du
monde.
Le temps de son épiscopat se partage en deux périodes de durée à peu près
égales: une période active, tant qu'il jouit de la liberté, et une période
passive ou souffrante, lorsqu'il est en prison ou assigné à résidence. Dans la
période active, qui dure 12 1/2 ans il s'occupe du clergé, des pauvres et
visite les paroisses. Il prêche avec force, rappellant les 10 commandements,
encourageant les prêtres, recommandant la fidélité au Pape, soutenant la
famille chrétienne et sa fécondité; il intensifie l'apostolat des laïcs. Il
redonne vie au sanctuaire marial de Marija Bristrica (qui deviendra sanctuaire
national en 1971). Chaque année il s'y rend à pied en pèlerinage (50 km)
jusqu'à ce que cela lui soit interdit en 1946. Après le décès de Mgr Bauer en
1937, il assure la responsabilité de l'archevêché. En 1941, en pleine guerre,
les Oustachis - parti catholique extrémiste - instaurent l'"État
indépendant de Croatie". Mgr Stepinac fête l'accession à l'indépendance
par un "Te Deum", ce dont on lui fera grief plus tard. En ce temps de
détresse il se fait le défenseur intrépide des pauvres, des opprimés, des
personnes déplacées. Dès l'été 1942, il critique de plus en plus fortement les
Oustachis. Il exige que les droits de tous soient respectés, quelle que soit
leur appartenance religieuse, raciale ou ethnique. Il devient ainsi l'ennemi
juré du gouvernement inféodé au IIIe Reich. Dans le célèbre sermon
du Christ-Roi de l'année 1943, il dit que "l'Église catholique ne connaît
pas de races qui dominent et d'autres qui sont esclaves"; et en finale il
s'en prend à l'idolâtrie de l'État lorsqu'il déclare: "Notre prochain, peu
importe son nom, n'est pas un rouage dans une machine l'État, qu'il soit coloré
de rouge ou de noir, de gris ou de vert, mais c'est un enfant de Dieu qui est
libre, notre frère en Dieu". Les Oustachis l'auraient mis à mort si la
défaite allemande n'avait marqué la fin de leur pouvoir. Ils sont remplacés par
les communistes en mai 1945: c'était tomber de Charybde en Scylla. La Croatie
perd son autonomie, elle dépend à nouveau de la Yougoslavie. Une grande partie
de l'élite du pays s'enfuit. Mgr Stepina déclare: "Je reste".
Commence alors la partie passive de son épiscopat qui dure un peu plus de
13 ans. En visite à Zagreb, Tito demande à Mgr Stepinac de créer une
"Église nationale Croate", indépendante de Rome. Sur son refus, il
est mis en état d'arrestation et de détention préventive. Des protestations
s'élèvent, notamment celle de Pie XII et il est relâché. En septembre 1945 une
lettre pastorale des évêques Yougoslaves, avec son nom en tête, rappelle à
l'État sa promesse de respecter la liberté religieuse et la propriété privée.
Cette lettre énergique ne fait qu'exacerber la persécution. Après une campagne
orchestrée d'un an et demi avec des accusations et des calomnies, on intente un
procès à Mgr Stepinac: "un bien triste procès" (Pie XII) dont l'issue
est décidée d'avance. Il refuse de se défendre et de prendre un avocat. Par
quatre fois, dans sa déposition, revient ce leitmotiv: "Notre [pluriel de
majesté] conscience est propre et paisible". Pendant tout le procès, il
fait preuve d'un calme imperturbable dont il s'étonne lui-même et qu'il
attribue à la protection de la Sainte Vierge, 'l'Avocate de la Croatie'. On
l'accuse de collaboration avec les Oustachis. En fait, derrière 'l'accusé
Stepinac', expression ressassée une centaine de fois, personne n'est assez naïf
pour ignorer que c'est le représentant de l'Église catholique en Yougoslavie
qu'on vise. En l'attaquant c'est l'effet contraire qui se produit:
"Aujourd'hui, déclare courageusement son vicaire général, Aloïs Stepinac
est le personnage le plus aimé parmi le peuple Croate". Il est enfermé
pendant 5 ans à la prison de Lepograva (1946-1951). Il dira plus tard:
"Vous m'aviez tout pris, sauf une chose: la possibilité de lever comme
Moïse les bras vers le ciel". Puis il est mis en résidence surveillée dans
la cure de son village natal, à Krasic, "petit coin de liberté
confinée", où il peut dire la messe, recevoir et écrire. Il encourage les
prêtres à rester attachés à Rome. En janvier 1953 - surprise! - le détenu est
nommé cardinal. "La pourpre cardinalice est le symbole du sang"
remarque-t-il. L'État rompt les relations diplomatiques avec le Vatican… Jamais
au cours des 15 dernières années de sa vie n'auront cessées les persécutions
physiques ou morales. On dit même qu'il a été empoisonné lentement. Il meurt en
1960 sans avoir jamais fléchi dans sa volonté inflexible de pardon, mais sans
avoir jamais cédé à la crainte, victime en définitive de son attachement au
Saint Siège. L'État autorise le retour de son corps à Zagreb, triomphe
populaire dans une attitude de douleur profonde et calme. A cette nouvelle,
Jean XXIII célèbre une messe solennelle au Vatican.
Beaucoup plus tard, certains critiqueront son attitude en se basant sur les
dépositions du procès communiste. Mais lorsque la Croatie accède de nouveau à
l'indépendance (autoproclamation en 1991, reconnaissance par la communauté
européenne en 1992), le parlement national croate, dès février 1992, vote à
l'unanimité une déclaration condamnant le procès politique et les verdicts
portés à l'encontre du cardinal. La cérémonie de béatification, le 3 octobre
1998 au sanctuaire de Marija Bistrica, a montré l'extraordinaire attachement au
nouveau bienheureux et la ferveur d'un peuple à peine sorti de longues années
de souffrance. Le Cardinal Stepinac est le plus illustre représentant de ces
"innombrables martyrs et confesseurs, hommes et femmes de tous les âges,
qui sont le fruit de cette terre bénie!" (Jean Paul II). L'on peut voir
son corps incorrompu, conservé et vénéré en la Cathédrale de Zagreb.
Mgr Stepinac lors de son procès en 1946.
Aloÿs ( Aloisius en latin, Alojzije en croate ) Victor Stepinac ( prononcer
Stepinatz ) naquit le 8 mai 1898 à Krasic, non loin de Zagreb. Il était donc
sujet austro-hongrois de l' Empereur François-Joseph.
Né dans une famille de paysans croates aisés, il était le cinquième de huit
enfants. Il fit ses études au gymnase ( lycée ) de Zagreb de 1909 à
1916. Il fut appelé ensuite comme conscrit dans l' armée austro-hongroise,
pour combattre sur le front italien, où il devint lieutenant.
Il fut prisonnier par les Italiens en juillet 1918. En novembre, la Croatie, la
Slovénie et la Bosnie furent agrégées au royaume de Serbie, allié aux
Occidentaux, sous la couronne de Pierre Ier. Ce fut la naissance de la
Yougoslavie. Il fut libéré en décembre et s' engagea dans la légion yougoslave
sur le front de Salonique, où il fut décoré. Démobilisé au printemps 1919, il
s' inscrivit à l' université d' agronomie de Zagreb qu' il quitta au bout d' un
semestre pour aider son père dans l' exploitation familiale.
En 1924, il partit pour Rome étudier à l' Institut Germanicum, vivier de
vocations des anciens sujets austro-hongrois. Il suivit aussi des cours à la
Grégorienne. Il fut lauréat de philosophie en 1927, et de théologie en
1931. Il fut ordonné prêtre en janvier 1930.
Revenu en Yougoslavie en 1931, il devint curé de paroisse à Zagreb, puis
coadjuteur de l' archevêque en 1934. En 1937, il succéda à Mgr Bauer comme
archevêque de Zagreb.
Entre 1941 et 1945, un nouvel Etat indépendant de Croatie fut créé, auquel le
jeune archevêque fut favorable. En effet, les populations croates - catholiques
- qui avaient vécu sous la monarchie catholique autrichienne avaient été
réticentes par rapport à la couronne de la dynastie orthodoxe serbe.
Rapidement, le régime des Oustachis de Croatie, dirigé par Ante Pavelic (
prononcer Pavélitch ) se radicalisa. Le soutien de Mgr Stepinac à un Etat
indépendant pour les Croates lui fut depuis toujours reproché par les
Occidentaux, qui ne voulaient pas de regain de nationalisme dans les Balkans - d'
autant plus que le régime de Pavelic allait entrer dans l' orbite idéologique
du IIIème Reich.
Cependant, Mgr Stepinac, s' il était fidèle à ce nouvel Etat, réalisa que le
régime croate se laissait séduire par les pseudo-théories raciales des
hitlériens. Il adressa de nombreuses requêtes pour sauver les Juifs et les
Gitans de la déportation. Le 24 octobre 1942, il déclara dans une homélie
:
" Tous les hommes et toutes les race sont les enfants de Dieu, tous sans
distinction. Ceux qui sont Gitans, Noirs, Européens ou Aryens ont le même droit
de dire NOTRE PERE QUI ETES AUX CIEUX.
Pour cette raison, l' Eglise catholique a toujours condamné, et condamne
toujours, toute injustice et violence au nom des théories de classe, de race ou
de nationalité. Il n' est pas possible de persécuter les Gitans et les Juifs,
parce qu' ils sont supposés être de race inférieure. "
Vis-à-vis de la minorité serbe, dont certains furent obligés par la pression
politique de se convertir au catholicisme, il eut une position moins
tranchée ; mais déclara qu' après la barbarie de la seconde guerre mondiale,
chacun allait revenir dans son Eglise, sauf ceux qui s' étaient réellement
convertis. Le régime fasciste oustachi massacra de nombreux orthodoxes, accusés
d' être pro-serbes. En 1941, Mgr Stepinac protesta contre le sort fait aux
Serbes.
Après la libération de la Yougoslavie, Mgr Stepinac fut arrêté par le nouveau
régime, le 17 mai 1945 jusqu' au 3 juin suivant. Le régime communiste de
Tito ( 1892-1984 ), dans l' orbite de l' URSS, voulait que l' Eglise catholique
croate se sépare de Rome, afin de créer une Eglise nationale serbo-croate. Bien
sûr, Mgr Stepinac refusa le schisme. Le 22 juin suivant les évêques catholiques
envoyèrent un message aux autorités pour dénoncer les assassinats de nombreux
prêtres - plus de 350 - par les Partisans yougoslaves. Tito recula,
mais les biens d' Eglise furent confisqués, l' enseignement religieux interdit.
Ce fut le début d' une persécution sourde qui allait s' intensifier dans toute
l' Europe de l' Est, soumise de plus en plus à l' influence de Staline.
Si le régime titiste allait se démarquer de l' URSS, il n' en demeurait pas
moins que l' Eglise était considérée comme l' ennemie du nouveau régime.
Ennemie, car concurrente dans la la direction des âmes et hostile à une
explication matérialiste et athée de l' existence humaine. Il fallait frapper
le catholicisme croate. Tito demanda , en janvier 1946, que l' on déplaçât Mgr
Stepinac à Rome, mais le Saint-Siège refusa.
L' archevêque de Zagreb fut donc arrêté en septembre 1946. Un bruyant procès
spectacle avec de faux témoignages et de fausses accusations fut donc organisé
pour discréditer le bienheureux archevêque et à travers lui l' Eglise et Pie
XII, détesté par les communistes. Ce procès fut l' un de ceux d' une longue
série qui eurent lieu dans TOUS les pays d' Europe de l' Est, pendant ces
années...En octobre, il fut condamné à seize ans de travaux forcés. En 1951,
après cinq ans de prison à Lepoglava, il fut assigné à résidence, car le
maréchal Tito cherchait à donner des gages à l' Occident et à s' engager dans
une voie communiste différente de celle de l' URSS.
L' archevêque refusa encore de s' exiler à Rome, comme le souhaitait le
maréchal " Mon devoir est de rester avec mon peuple en ces temps
difficiles."
Il fut nommé cardinal en novembre 1952 par Pie XII, et reçut la barrette au
consistoire de janvier 1953. Préoccupé de son sort, ainsi que celui de nombreux
autres évêques en pays communistes, Pie XII avait toujours été proche de Mgr
Stepinac. La Yougoslavie, en représailles, rompit ses relations diplomatiques
avec le Saint-Siège. Le sort de l' Eglise catholique en Yougoslavie était
devenu dès lors encore plus malheureux.
En 1953, le Cardinal Stepinac fut atteint de polycéthymie. Il mourut d' une
thrombose, le 10 février 1960. Il fut enterré dans la cathédrale de Zagreb.
En 1992, le nouveau régime de la Croatie indépendante condamna le procès de Mgr
Stepinac.
En 1998, le Pape Jean-Paul II béatifia le cardinal Stepinac.
REFLEXION
Les protestations du cardinal Stepinac
Les soupçons de collaboration de l'archevêque de Zagreb avec le régime oustachi
pendant la guerre ne sont pas fondés.
par Georges-Marie Chenu,
ancien ambassadeur de France en Croatie.
La béatification par le Pape du cardinal
Stepinac, archevêque de Zagreb durant la Seconde Guerre mondiale, suscite en
France des réactions contrastées. « Figure emblématique de la résistance croate
au fascime et au communisme » pour les uns, le prélat mort en résidence
surveillée en 1960 est accusé par d'autres, au mieux de « complicité passive »
avec « le
génocide de
centaines de milliers de Serbes, juifs et Tsiganes par le régime oustachi ». A
Paris, le bureau européen du centre Wiesenthal a demandé au Saint-Père de
suspendre sa décision jusqu'aux conclusions d'une enquête impartiale comportant
accès aux archives vaticanes.
Les recherches historiques sur la Yougoslavie royale puis communiste de 1919
à 1991 étant peu développées en France, c'est aux historiens anglo-saxons qu'il
faut s'adresser pour savoir si Alojzije Stepinac a soutenu l'Etat indépendant
croate _ mis en place en avril 1941 par l'Axe et dirigé par Ante Pavelic _,
s'il a encouragé les conversions forcées des orthodoxes et fermé les yeux sur
des crimes fascistes.
Au contraire, les faits montrent que l'archevêque de Zagreb n'est pas resté
passif. Dès l'adoption, en avril 1941, d'une législation anti-serbe et
anti-juive, il protesta par écrit auprès du ministre de l'intérieur. Après le
premier massacre collectif de Serbes, il écrivit son indignation à Pavelic (mai
1941). En novembre, la Conférence des évêques dénonça la procédure des
conversions collectives.
Les démarches écrites étant sans effet _ notamment une lettre à Pavelic de
juillet 1941 sur les déportations de Serbes _, l'archevêque fit connaître son
hostilité à l'action du gouvernement dans des sermons, prononcés le plus
souvent dans sa cathédrale, à partir de mai 1942 et ensuite à de nombreuses
occasions. Des extraits de ses homélies (contre « l'ordre nouveau », les «
discriminations raciales », etc.), qui ont peu d'équivalents en Europe occupée,
furent repris par les
partisans
et diffusés par la radio de Londres. Pourquoi Mgr Stepinac n'a-t-il pas rompu
avec éclat avec un régime qu'il condamnait ? A l'envoyé du gouvernement en
exil, Stanislav Rapotec, l'archevêque répondit, en avril 1942, que « s'il
l'avait fait, il n'aurait plus été capable d'aider qui que ce soit ». « Il
connaissait les terribles représailles des oustachis. En août 1941, le chanoine
Lontchar, qui expliquait aux curés l'opposition des évêques aux conversions
forcées, fut condamné à mort : il fut sauvé par le représentant du Saint-Siège
à Zagreb auprès de la hiérarchie catholique et non pas de Pavelic.
Ayant choisi de résister au sein des institutions, Mgr Stepinac participa
jusqu'à la fin à une vie protocolaire mais en « commandeur » qui, chaque fois
qu'il pouvait s'exprimer, rappelait les principes dont devaient s'inspirer des
responsables se disant chrétiens. Choix délicat et risqué, propre à entretenir
des ambiguïtés. Mgr Stepinac était pour un Etat croate mais pas pour un régime
oustachi !
En aucun cas on ne peut s'appuyer sur sa condamnation à seize ans de travaux
forcés, en octobre 1946, pour prétendre que Mgr Stepinac a collaboré avec
Pavelic qui, d'ailleurs, le détestait. Ce fut un procès politique destiné à
ruiner l'autorité d'un prélat qui refusait une
Eglise
croate indépendante de Rome proposée par Tito en juin 1945 et qui
condamnait très fort l'athéisme d'Etat. L'accusation brandit un faux et écarta
des témoins en mesure de prouver que le prévenu avait sauvé des milliers de
vies humaines, notamment juives et serbes.
Notre ignorance de l'histoire contemporaine des Balkans est si grande, les
clichés si tenaces, les passions si fortes, qu'une recherche historique
collective est indispensable. Mais à la condition d'être scientifique,
c'est-à-dire d'être conduite hors des pressions, de porter aussi sur
l'avant-guerre ainsi que tous les acteurs, et non pas sur une seule
personnalité et une seule communauté, et enfin d'accéder à toutes les archives.
Sont en jeu des événements qui ont broyé des centaines de milliers d'êtres
humains, l'honneur d'un homme, la vérité et la justice.
A propos de Mgr Stepinac, on doit écouter un témoin français. Le jour de la
fête du Christ-Roi, en octobre 1942, l'archevêque, du haut de sa chaire, «
avait flétri la doctrine nationale-socialiste en matière de race ». Le
6 novembre, Georges Geyraud, notre consul général à Zagreb, envoya à Vichy
ce commentaire : « Cette expression solennelle de la réprobation qu'inspire à
Mgr Stepinac le régime, s'ajoute aux protestations et représentations que le
jeune et intrépide archevêque de Zagreb, au risque de représailles contre sa
personne, multiplie auprès des pouvoirs publics. » (Archives du Quai d'Orsay.)
Mgr Stepinac est accusé par les uns de complicité avec le régime oustachi
pro-nazi, tandis que d'autres affirment qu'il a sauvé des milliers de vies
humaines, notamment juives et serbes.
MIDI MOINS SEPT
« Mgr Stepinac avait condamné le racisme des oustachis ».
Le rôle de l'archevêque de Zagreb entre 1941 et 1945 fait l'objet de trop de
simplifications.
INVITE : Joseph Krulic, Historien.
Bruno Frappat : La visite de Jean-Paul II en Croatie et la
béatification du cardinal Stepinac suscitent des controverses. Pouvez-vous
resituer l'histoire récente de ce pays de 4,8 millions d'habitants ?
Joseph Krulic : La Croatie a proclamé son indépendance en juin 1991.
Elle a connu une guerre très dure pendant sept mois en 1991-1992 et, à la suite
d'un nouveau conflit, a récupéré en août 1995 la totalité de son territoire. Ce
qui caractérise les Croates, dans l'ensemble des peuples de langue
serbo-croate, c'est le rattachement à la catholicité.
_ Avec l'affaire Stepinac, on a l'impression, si on lit la presse française,
que Jean-Paul II s'est mis dans un mauvais pas. Il aurait béatifié un « collabo
», un archevêque proche des nazis...
_ Mgr Stepinac a sûrement été béatifié pour son rôle de martyr après 1945, plus
que pour son rôle antérieur. En mai 1945, les partisans communistes de Tito
entrent à Zagreb mais c'est en septembre que le cardinal Stepinac est
emprisonné : il avait été reçu par Tito qui lui avait demandé de créer une Église nationale séparée du Saint-Siège. Il avait refusé. Mgr Stepinac et les
autres évêques croates publièrent une lettre critiquant la politique du régime
sur la liberté religieuse, la confiscation des biens ecclésiastiques, les
persécutions, les meurtres de prêtres, etc.
_ C'est à la suite de cela qu'il est condamné
_ Il ne recouvrera jamais la pleine liberté. Il quittera sa prison de Leplogova
_ où Tito avait lui-même été emprisonné avant guerre _ au début de 1952 et sera
nommé cardinal par Pie XII. Il restera en résidence surveillée dans son village
natal jusqu'à sa mort, en 1960.
_ Quel a été son comportement lorsque la Croatie vivait sous le régime
fasciste des oustachis ?
_ Contrairement à ce qui est dit parfois, Stepinac a critiqué en privé, et par
des lettres, le dictateur Pavelic qui, lui-même, le détestait. A deux occasions
au moins, le 25 octobre 1942 et le 14 mars 1943, en chaire, à la cathédrale de
Zagreb, il a condamné la politique raciste à l'égard des juifs et des Tsiganes.
Il est vrai que le mot Serbe ne figure pas dans ces sermons. Ses propos avaient
été cités par la BBC, ce qui mit en rage des dirigeants oustachis.
_ Le voyage de Jean-Paul II peut-il faciliter la réconciliation des
communautés ?
_ Avec la communauté juive de Zagreb, la réconciliation est en grande partie
faite, y compris grâce à des initiatives du président croate : il a présenté
quasiment des excuses publiques pour la période 1941-1945. Avec les Serbes, la
réconciliation est beaucoup plus difficile. Il n'est pas évident qu'ils
comprennent la béatification du cardinal Stepinac.
BÉATIFICATION
Jean-Paul II en Croatie
Samedi 3 octobre, une foule émue a assisté à la
béatification du cardinal Stepinac. Le Pape n'a pas évoqué les polémiques
autour du cardinal et de la seconde guerre mondiale. Il a placé sa
béatification sous le signe de la fidélité à l'unité de l'Église.
MARIJA BISTRICA, SPLIT
Guillaume Goubert, envoyé spécial.
Pour l'immense majorité des catholiques croates, la sainteté du
cardinal Alojzije Stepinac ne fait aucun doute. C'est devant une foule émue que
Jean-Paul II, samedi matin au sanctuaire marial de Marija Bistrica, a béatifié
l'ancien archevêque de Zagreb, mort en 1960 alors qu'il était en résidence
surveillée, quatorze ans après avoir été condamné comme « traître et ennemi de
la patrie » par le régime communiste yougoslave.
Hors de Croatie, le cardinal Stepinac ne fait pas la même unanimité. Du côté de
la Serbie et de certaines associations juives, on met en cause son attitude
pendant la Seconde Guerre mondiale. On l'accuse d'avoir été complice des
déportations, des exécutions et des conversions forcées de Serbes et de juifs
menées par le régime oustachi, inféodé à l'Allemagne nazie, et qui proclama
l'indépendance de la Croatie en 1941.
Jean-Paul II n'a pas voulu, à l'occasion de cette béatification, engager un
travail de purification de la mémoire sur les responsabilités qui furent celles
de catholiques croates dans les exactions d'alors. Ce qui, d'une certaine
façon, l'a empêché de rappeler _ pour défendre sa mémoire _ ce que fit le
cardinal Stepinac face aux crimes du régime oustachi.
« Il n'a pas eu peur des chaînes »
En effet, l'archevêque de Zagreb qui avait initialement approuvé, en 1941, la
création de l'Etat indépendant de Croatie, ne resta pas inerte vis-à-vis des
autorités. Il dénonça en chaire ce que subissaient juifs et Serbes. Il donna
des instructions à son clergé pour sauver des vies (voir nos éditions du 3
octobre).
Tout cela, Jean-Paul II ne l'a évoqué qu'implicitement dans son homélie de la
messe de béatification : « En la personne du nouveau bienheureux, se résume,
pour ainsi dire, toute la tragédie qui a frappé les populations croates au
cours de ce siècle marqué par les trois grands maux du fascisme, du nazisme et
du communisme. (...) Significatives, à cet égard, sont les paroles que le
nouveau bienheureux prononça en 1943, durant le second conflit mondial lorsque
l'Europe se trouvait prise dans l'étau de violences inouïes : « Quel système
soutient aujourd'hui l'Eglise catholique alors que le monde entier est en train
de combattre pour un nouvel ordre mondial ? En condamnant les injustices, tous
les massacres d'innocents, les incendies de villages pacifiques, la destruction
du travail des pauvres, nous répondons : l'Eglise soutient ce système qui est
aussi vieux que les dix commandements de Dieu. Nous sommes pour le système
(...) qui a été inscrit par le doigt du Dieu vivant dans la conscience des
hommes. »
Pour Jean-Paul II, le message essentiel du cardinal Stepinac qui a conduit à sa
béatification tient en son engagement pour l'indépendance et l'unité de
l'Eglise. Rendant hommage à celui qui refusa de prendre la tête d'une Eglise
nationale comme le lui demandait le régime titiste, le Pape déclarait dimanche
à Split : « Il a accompli sa mission d'évangélisateur en souffrant pour
l'Eglise et il a scellé par la mort son message de foi. Il a préféré la prison
à la liberté pour défendre la liberté et l'unité de l'Eglise. Il n'a pas eu
peur des chaînes afin que ne soit pas enchaînée la parole de l'Evangile. »
G. G.
SOURCE :
http://www.cronet.org/actualites/stepinac-chenu.htm
Croatie : le chemin de croix du cardinal Stepinac
Denis Lensel - Publié le 10/04/21
Primat de l’Église de Croatie, toujours opposé aux
paganismes totalitaires, le cardinal Stepinac a été martyrisé par le régime
communiste de Tito jusqu’à sa mort en 1960. Il fut béatifié par Jean Paul II en
1998.
Le 25 mars 1941, un pacte forcé liait à l’Allemagne
nazie la « Yougoslavie » artificielle du Traité de Versailles. Mgr
Stepinac, archevêque de Zagreb, mettait en garde contre le paganisme
hitlérien : à ses yeux, il « ne fallait pas attendre une Croatie
libre d’une Allemagne athée ». Jeune officier, Aloïs Stepinac est
prisonnier de guerre en 1918. Après des études à Rome, docteur en théologie et
en philosophie, président de la Caritas croate, secrétaire de
l’archevêque de Zagreb, il en devient le coadjuteur à l’âge de 36 ans, après
trois ans de sacerdoce. Responsable de l’Action catholique, il la définit
ainsi : « Ni à droite, ni à gauche, mais seulement dans le chemin du
Christ. » Selon lui, « aux pauvres on doit la même estime qu’aux
riches, car l’inhumanité commence si on oublie qu’un homme vaut un autre
homme ». Il dénonce l’avortement, une « peste blanche ».
Liberté de conscience
Victimes de discriminations et de meurtres, les
catholiques de Croatie cherchent à se préserver d’une hégémonie serbe au sein
de l’État yougoslave de 1920. En 1941, un « État croate indépendant »
est proclamé par le dirigeant ultranationaliste « oustachi » Ante
Pavelic. C’est aussi le 1.300e anniversaire de la Croatie catholique.
Cependant, Stepinac défend la liberté de conscience : le 30 avril, quand
le nouveau gouvernement veut contraindre les orthodoxes à se faire catholiques,
il récuse ce choix politique.
Sous l’Occupation nazie, outre les combats contre les
Allemands, une terrible guerre civile éclate entre Serbes et Croates. De 1942 à
44, Mgr Stepinac sauve de la famine 6.717 enfants, la plupart de parents
orthodoxes ou de parents “partisans” des maquis pro-communistes de Tito… Il
héberge des juifs et protège des centaines de Serbes.
Contre les violences raciales ou sociales
Le 25 octobre 1942, il condamne en chaire le racisme
hitlérien, disant qu’on « ne peut pas exterminer les tziganes ou les juifs
parce qu’on les considère de race inférieure ». Il souligne que
l’Église « condamne toute injustice et toute violence commise au nom
des théories de race, de classe ou de nationalité ». Après l’extension à
la Croatie de la loi nazie contre les juifs, il déclare le 14 mars 1943 à la
cathédrale de Zagreb que « chacun, sans égard à la race ou à la nation,
porte en lui le cachet de Dieu Créateur et a ses droits propres qu’on ne doit
pas lui prendre par la force ». Le 31 octobre, il appelle à « respecter
les droits à la vie, à la propriété et à la dignité humaine ». Et il
évoque la perspective d’un « châtiment mérité par tous ceux qui méprisent
l’Évangile du Christ ». En mai 1943, il apporte à Rome des documents sur
les crimes commis en Croatie par les nazis. Dès 1940, il dénonçait le
communisme athée en disant que « la vie sans Dieu c’est l’enfer ». En
1943, il ajoute que « le monde n’est pas le fait du hasard, car le hasard
est le dieu des fous » …
Lire aussi :Ces chrétiens qui ont résisté au nazisme
Début 1945, Mgr Stepinac parvient à dissuader les
officiers allemands en retraite de faire sauter les sous-sols de Zagreb. Mais
dès la mi-mai, après l’installation du gouvernement communiste de Tito, il est
arrêté par surprise et emprisonné plusieurs jours. La violente persécution
antireligieuse des « tribunaux populaires » a commencé. Dès septembre
1945, l’épiscopat constate la mort par exécution sommaire de 243 prêtres, de 19
séminaristes, de trois frères convers et de quatre religieuses. 169 autres
prêtres sont emprisonnés, et 89 ont disparu… Les séminaires seront
fermés, et les journaux catholiques supprimés faute de papier.
Condamné à seize ans de prison
En 1946, c’est l’heure du procès spectacle de Mgr
Stepinac, après une agression lors de la consécration d’une nouvelle paroisse.
La milice l’arrête dans sa chapelle privée. Au mépris de toute vérité, on
l’accuse de trahison du régime, de… terrorisme et de pressions sur la
population orthodoxe. Il est condamné à seize ans de prison pour crimes
« contre le peuple et l’État ». De 1946 à 1951, l’archevêque est
détenu dans un pénitencier coupé du monde. Alors que certains gardes
l’injurient et vont jusqu’à troubler son sommeil, sa dignité réconforte ses
compagnons de détention. Mais il est interdit de lui parler. Il parvient à
écrire des vies de saints.
En 1951, on le place en résidence — très — surveillée
dans son village natal : il va y subir des provocations policières
incessantes, jusqu’à sa mort en 1960, à 62 ans, après une période très
douloureuse de maladie aggravée par les pressions psychologiques exercées sur
lui et sur ses proches. Admiré par Pie XII qui l’a créé cardinal, il s’est comparé à une
enclume que frappe le matérialisme athée… Le cardinal Stepinac a toujours
refusé toute concession aux mensonges de la propagande marxiste : il
rejetait toute proposition d’amnistie pour des accusations dont il était
innocent. Mais, priant pour ses persécuteurs, il a donné l’exemple du pardon
des offenses.
Lire aussi :Face au nazisme, les martyrs de l’ombre
Also
known as
Profile
In 1936, the rise of Nazism prompted Stepinac to
support a committee helping people fleeing the Reich. Instituted the Action for Assistance to Jewish
Refugees in 1938. This period galvanized him a stout defender of human
rights regardless of race, religion, nationality, ethnic group or social class,
a fight he would continue the rest of his days. During the war, Stepinac helped
hide countless people, mainly Jews, inmonasteries and other Church property; some remained
there throughout the war.
Following the Archbishop‘s release, Yugoslavia‘s new leader, Josip Broz Tito,
tried to persuade him to have the Catholic Church in Croatia break from Rome. The Bishops of Yugoslavia issued a pastoral letter on 22 September 1945 in which they referred
to the promises made – and broken – by the Belgrade government to respect freedom of conscience, freedom of religion, and
private ownership of property. The Bishops demanded freedom for the Catholic press, Catholic schools, religious instruction, Catholic associations, and “full freedom for the human person and his inviolable
rights, full respect for Christian marriage and the restitution of all confiscated properties and institutions”. The
state-run media launched an attack on theChurch in general, and the archbishop by name.
Stepinac was tried in
September 1946 for defending the unity
of the Catholic Church in Croatia, and its unity with Rome. The Pope objected to this show
trial, and members of the Jewish community in the United Statesprotested, “…this great man has
been accused of being a collaborator of the Nazis. We Jews deny this…. Alojzije Stepinac was one of the
few men in Europe who raised his voice
against the Nazi tyranny, precisely at
the time when it was most dangerous to do so.” On 11 October 1946, he was sentenced to 16 years of hard labour and the
loss of his civil rights, such as they were.
On 5 December 1951, ill health forced the authorities to move Stepinac from prison to house arrest in
Krasic. There he performed priestly functions, received visitors, and wrote more than 5,000 letters, none of
which show the slightest resentment for those who persecuted him.
Created cardinal on 12 January 1953 by Pope Pius XII who called him “an example of apostolic zeal and Christian strength.
[This is] to reward his extraordinary merits…and especially to honour and
comfort our sons and daughters who resolutely confess their Catholic faith
despite these difficult times.” This apparently was too much for the Yugoslav regime who promptly broke diplomatic relations with Rome. Stepinac, however, retained his position and
maintained his stance against the bullying government until his death, which may have been a murder to eliminate an
annoyance to that government.
Born
- 10 February 1960 at Krasic, Croatia
- suffered from
polycythemia rubra vera, thrombosis of the leg and bronchial catarrh, but
may have been poisoned as arsenic was found in his bones during the beatification examination
Lord, Our God, You
bestowed on your servant Cardinal Alojzije Stepinac the grace to believe in Jesus Christ and also to
suffer for Him with brave apostolic fervor and love towards the Church. Grant
us the same faith and perseverance in suffering for the Church. Raise your
servant to the glory and honor of the saints so that he may be an example and
intercede for us in life’s battle towards our goal of eternal salvation.
Through Christ, Our Lord. Amen.
Blessed Aloysius
Stepinac, Cardinal M (AC)
(also known as Louis or Alojzije of Zagreb)
Born at Brezaric near Krasic, Croatia, on May 8, 1898; died at Krasic, on
February 10, 1960; beatified on October 3, 1998, by Pope John Paul II at the
Marian shrine of Marija Bistrica.
Aloysius Stepinac, the
eighth of 12 children of a peasant family, was always the special object of his
mother's prayers to he might be ordained. In 1916, he was conscripted into the
Austro-Hungarian army and fought on the Italian front until he was taken prisoner.
Upon his return to civilian life in 1919, Stepinac entered the University of
Zagreb to study agriculture, but soon recognized his call to the priesthood. In
1924, he was sent to Rome for his seminary studies leading to his ordination on
October 26, 1930.
He returned to Zagreb in
July 1931 with doctorates in theology and philosophy. Soon afterwards, Stepinac
was chosen to become secretary to Archbishop Antun Bauer. On June 24, 1934, he
was nominated as coadjutor to the Archbishop of Zagreb. After this nomination,
Stepinac stated: "I love my Croatian people and for their benefit I am
ready to give everything, as well as I am ready to give everything for the
Catholic Church." After Bauer's death on December 7, 1937, Stepinac became
the Archbishop of Zagreb. He took as his motto, "In You, O Lord, I take
refuge!" (Psalm 31:1), which was the inspiration for his service to the
Church.
During the Second World
War, Stepinac never turned his back on the refugees, or the prosecuted. His
door was always open not only for Croatians, but also Jews, Serbs, and Slovenes
that needed his help. Stepinac always stood for political freedom and
fundamental rights, and he always advocated the rights of the Croatian people.
Stepinac wanted Croatia to be a country of God.
At the end of the war,
Stepinac was found guilty of collaborating with the Nazis at a mock trial. He
was convicted and sentenced sixteen years' hard labour on October 11, 1946. At
his trial when his life was on the line, Stepinac asked his communist prosecutors:
". . . every nation has the right to independence, then why should it be
denied to the Croatians?" He spent five years in the prison of Lepoglava,
1,864 days in hard labor, and, in 1951, Tito's government released him and
confined him to the village of Krasic.
Even though he was
forbidden by the government to resume his duties, Stepinac was created cardinal
by Pope Pius XII on January 12, 1953. He died under house arrest from the many
illnesses he contracted while in prison and was buried three days later behind
the main altar in the cathedral in Zagreb. One story reported that poison was
found in his bones
In 1985, his trial
prosecutor Jakov Blazevic publically admitted that Stepinac was framed; he was
prosecuted because of the regime's hatred of religion and Stepinac's loyalty to
the Holy See.
Without
a doubt, Cardinal Aloysius Stepinac is one of the greatest Croatian patriots of
the 20th century. He spent his entire life serving God and the Croatian people,
demonstrating the importance of faith, charity and virtue (Savor).
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0210.shtml
Cardinal
Alojzije Stepinac - biography
|
History always balances
its accounts. For years the Communists endeavoured to separate Croat
Catholics from the Pope. They used all means to sever Church unity: vane
pledges and threats; bribery and murder; trickery and torture.
The focal point in that
artificial conglomeration, Yugoslavia, and other satellite countries to
Moscow - was identical: the communist notion of the state must not allow the
existence of any "alien powers" on its territory, much less that
these "powers" be somehow tied to "foreign" or
"supra-national institutions". What disturbed the communist dream
most were the tight ties of local Churches with the Pope.
In Tito's Yugoslavia,
that Yugoslavia where communism had a "human face", Stepinac was
arrested in 1946, sentenced during a shameful trial, imprisoned and detained
until his death (10 February 1960) because his response to those communist
efforts was calm and firmly "No!" He said "no" to
attractive proposals and then confirmed his "no" when faced with
force.
"My conscience is
clear and calm. If you will not give me the right, history will give me that
right", he said during that "deplorable trial".
It was the victory of
history that was witnessed on Saturday, 3 October 1998 when St. Peter's
Successor - that Peter that Stepinac remained loyal to, to the point of
martyrdom - as he pilgrimaged to the Marija Bistrica shrine, to the place
where Stepinac himself most liked to pilgrimage to and pray. A pilgrimage
that reached its peak in the beatification that recognised that Croatian cardinal
as a martyr.
8 May 1898: Alojzije Stepinac was born in Brezaric, Krasic parish, about 50
kilometres from Zagreb. Croatia was then part of the Austro-Hungarian
Monarchy.
Summer 1916: After attending high school in Zagreb conscripted in World War I to
the Italian front. He was captured. Later he enrolled as a volunteer and was
deployed to Salonica.
Spring 1919: He returned to Krasic and dedicated himself to a rural life. This was
the time of his great choice. He enrolled into university and became engaged
(1923) but both experiences were brief.
July 1924: Decides to become a priest.
28 October 1924: Enters the Pontifical Germanicum-Hungaricum College in Rome. Attends
seven years at the Pontifical Gregoriana University.
26 October 1930: On the feast of Christ the King, ordained in Rome as a priest.
Ordained with him too was Franjo Seper (born 1905) who on 5 March 1960 became
Stepinac's successor to the Zagreb Archdiocese. On 1 November, Stepinac says
his first Mass in the Santa Maria Maggiore basilica.
19 July 1931: Celebrated his first Mass in Krasic.
1 October 1931: Appointed the Archbishop's Master of Ceremonies
24 December 1931: 'Founded the Zagreb Archdiocesan Caritas
28 May 1934: Pope Pius XI appoints him as the Archbishop Coadjutor with the right
to succeed Antun Bauer. His Bishop's motto was: In te, Domine, spe-ravi,
(Iplace my trust in you my Lord)
24 June 1934: Ordained a bishop. Immediately began intensive activities: visiting
numerous parishes and initiating traditional pilgrimages to the Marija
Bis-trica shrine.
July 1937: Pilgrimage to the Holy Land.
7 December 1937: Archbishop Bauer dies and Stepinac is appointed Zagreb's Archbishop.
Tirelessly dedicates himself to human rights, primarily in the Kingdom of
Yugoslavia and then, particularly during World War II, in the Independent
State of Croatia. During the Nazi occupation he is not afraid to publicly and
courageously defend the rights of the persecuted: Serbs, Jews, Gypsies and
Croats.
17 May 1945: Archbishop Stepinac's first arrest, nine days after the Communists
came to power. He was released on 3 June.
4 June 1945: Stepinac met with Tito.
22 September 1945: Joint Pastoral Letter by Croatian bishops pointing out the existence
of Communist violence.
4 November 1945: Attempted assassination on Stepinac in Zapresic. Compelled to stop any
pastoral visits outside Zagreb.
18 September 1946: At 5.30 a.m. arrested in the Archbishop's Palace while preparing to
celebrate morning Mass
30 September 1946: The start of the shameful fabricated trial.
3 October 1946: The day, of the calm and determined speech by Stepinac at the trial.
That same day, fifty-two years later, the Pope beatified Stepinac.
11 October 1946: Reading of the court's sentence by which he was sentenced to sixteen
years imprisonment and the loss of all civil and political rights for five
years.
19 October 1946: Imprisoned in Lepoglava.
5 December 1951: Transferred to house arrest in the Krasic presbytery where he remained
until his death.
25 September 1952: The Non licet document released according to which bishops
forbade registration to the "Association of Priests" which the
Communists made up in an attempt to destroy the Church's unity.
12 January 1953: Pope Pius XII announces Stepinac's elevation to a cardinal.
10 February 1960: Died in Krasic
13 February 1960: Funeral in Zagreb's cathedral where he is buried.
17 February 1960: Pope John XXIII gives his shattering speech during the memorial Mass
in St. Peter's basilica.
4 December 1980: The process for the cause of saints commenced. The first step was
taken by Msgr. Franjo Kuharic on 14 November 1969, the then Apostolic
Administrator of Zagreb Archdiocese. A special plea for the cause of saints
submitted to the Pope on 17 February 1979 by two of Stepinac's successors:
Cardinal Franjo Seper, the then Prefect of the Congregation for the Doctrine
of the Faith and Msgr. Franjo Kuharic, Archbishop of Zagreb.
14 February 1992: The Croatian Parliament annulled the sentence against Stepinac.
10 September 1994: During his first pastoral visit to Zagreb, Pope John Paul II prayed at
Stepinac's grave. The Pope's speech about the courageous Cardinal was greeted
with long standing applause.
3 July 1998: In the presence of the Pope at the Vatican, a Decree by the
Congregation for the Causes of Saints is read to confirm Stepinac's
martyrdom.
3 October 1998: During his second pastoral visit to Croatia Pope John Paul II
beatified Stepinac at the Marija Bistrica shrine.
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Cardinal Aloysius Stepinac
"A Servant of God and the
Croatian People"
by M.S.
Aloysius Stepinac came from a peasant family, born in Brezani near
Krasic on May 8, 1898. He was the eighth out of twelve children, and his mother
always prayed that he might one day become a priest. In 1916, Stepinac was
conscripted into the Austro-Hungarian army and fought on the Italian front
until he was taken prisoner. In 1919 he returned to civilian life and entered
the University of Zagreb to study agriculture. Stepinac decided to become a
priest in 1924 and was sent to Rome to prepare, and was ordained six years
later on October 26, 1930.
He returned to Zagreb in July, 1931 with the degrees of Doctor of
Theology and Philosophy. Soon afterwards, Stepinac was chosen to become
secretary to Archbishop Antun Bauer. On June 24, 1934 he was nominated as
coadjutor to the Archbishop of Zagreb. After this nomination, Stepinac stated:
"I love my Croatian people and for their benefit I am ready to give
everything, as well as I am ready to give everything for the Catholic
Church." After Bauer's death on December 7, 1937 Stepinac became the
Archbishop of Zagreb.
During the Second World War, Stepinac never turned his back on refugees,
or the prosecuted. His door was always open not only for Croatians, but also
Jews, Serbs and Slovenes that needed his help. Stepinac always stood for
political freedom and fundamental rights, and he always advocated the rights of
the Croatian people. Stepinac wanted Croatia to be a country of God.
In May of 1943, he openly criticised the Nazis, and as a result, the
Germans and Italians demanded that he be removed from office. Pope Pious XII
refused, and warned Stepinac that his life was in danger. In July of 1943, the
BBC and the Voice of America began to broadcast Stepinac's sermons to occupied
Europe, and the BBC commented on Stepinac's criticism of the regime.
At the end of the war, Stepinac was found guilty of Nazi collaboration
at a mock trial, and was convicted and sentenced sixteen years' hard labour on
October 11, 1946. At his trial when his life was on the line, Stepinac asked
his communist prosecutors: "...every nation has the right to independence,
then why should it be denied to the Croatians?" He spent five years in the
prison of Lepoglava, and in 1951, Tito's government released him and confined
him to the village of Krasic.
Even though he was forbidden by the government to resume his duties,
Stepinac was named Cardinal by Pope Pius XII on January 12, 1953. Due to pain
caused by the many illnesses he contracted while imprisoned, Cardinal Stepinac
died in Krasic on February 10, 1960. On February 13th, he was buried behind the
main altar in the cathedral in Zagreb. Pope Pious XII stated that "this
Croatian Cardinal is the most important priest of the Catholic Church".
In 1985, his trial prosecutor Jakov Blazevic admited publically that
Cardinal Stepinac's trial was entirely framed, and that Stepinac was tried only
because he refused to sever thousand year old ties between Croatians and the
Roman Catholic Church. Cardinal Spelman commented on Stepinac by stating that :
"the only thing Cardinal Stepinac is guilty of was his love for God and
his homeland". On October 3, 1998 in Marija Bistrica, Pope John Paul II
beatified Cardinal Stepinac, and referred to him as one of the outstanding
figures of the Catholic Church.
Without a doubt, Blessed Cardinal Aloysius Stepinac is one of the
greatest Croatian patriots of the 20th century. He spent his entire life
serving God and the Croatian people, demonstrating the importance of faith,
charity and virtue.
Blaženi Alojzije
Stepinac
Blaženi Alojzije Stepinac (Brezarić
kraj Krašića, 8. svibnja 1898. - Krašić, 10. veljače 1960.), zagrebački
nadbiskup i kardinal, proglašen blaženim 1998. Smatra se jednim od velikana
Katoličke Crkve u Hrvatskoj.
Djetinjstvo je proveo u rodnom
mjestu. Klasičnu gimnaziju završio je u Zagrebu. Za vrijeme Prvog svjetskog
rata sudjelovao je u borbama na talijanskom i solunskom frontu, bio je ranjen i
pet mjeseci zarobljenik. Iz rata se vratio kući s činom potpukovnika. Nakon
studija u Rimu, zaređen je za svećenika 1930. godine. Na njegov prijedlog
osnovan je Caritas Zagrebačke nadbiskupije, kojem je bio na čelu. Imenovan je
nadbiskupom koadjutorom 1934. godine. Iste godine zaređen je za biskupa.
Postao je zagrebački nadbiskup 1937.
godine. Kao žarki i neumorni propovjednik Božje riječi pohađao je svoju
prostranu nadbiskupiju promičući Katoličku akciju, Caritas i pobožnost prema
Djevici Mariji. Utemeljio je
brojne nove župe i organizirao proslavu 1300. obljetnice evangelizacije
hrvatskog naroda. Za vrijeme Drugog svjetskog rata pomagao je progonjene i
patnike, zbrinuo je 500 prognanih slovenskih svećenika te 6717 bolesne i gladne
djece. Prosvjedovao je protiv progona Židova i provedbe nacističkih zakona. U
govoru 31. listopada 1943. ispred zagrebačke katedrale osudio je svaku
diskriminaciju, rasnu, nacionalnu i vjersku, zatvaranje i ubijanje nevinih,
otimanje i palež imovine i mirnih sela.
Nakon dolaska komunista na vlast, odbio je odvojenje Katoličke Crkve u
Hrvatskoj od Vatikana. U montiranom procesu, osuđen je na 16 godina zatvora i
prisilnog rada. Pet godina proveo je u zatvoru u Lepoglavi, a od kraja 1951. do
svoje smrti 10. veljače 1960. godine u kućnom pritvoru u Krašiću. Papa Pio XII.
imenovao ga je kardinalom 1952. godine. Umro je na glasu svetosti primivši
svete sakramente. Vijest o njegovoj smrti objavljena je na naslovnicama dnevnih
novina širom svijeta, a misa zadužnica služila se i u Rimu, Montrealu, New
Yorku, Chicagu, Rio de Janeiru i drugim svjetskim gradovima. Pokopan je u
kripti zagrebačke katedrale uz prisutnost mnoštva vjernika. Papa Ivan
Pavao II. proglasio ga je blaženim 3. listopada 1998. godine u Mariji Bistrici.
SOURCE : http://www.blessedstepinac.com/#!history-of-blessed-cardinal-stepinac/cvv
Beato Alojzije Viktor Stepinac Vescovo e martire
Brezaric, Krasic, Croazia, 8 maggio 1898 - Krasic, Croazia, 10 febbraio
1960
Nasce l'8 maggio 1898 a Brezaric,
nella parrocchia di Krasic presso una famiglia di contadini benestanti. Nel
1919 entra in seminario, e dal suo vescovo è mandato a Roma per gli studi
teologici. Qui nel 1930 è ordinato sacerdote. Nel 1934 è consacrato suo vescovo
coadiutore con diritto di successione. Pochi anni dopo, nel 1937, egli succede
a monsignor. Bauer come arcivescovo di Zagabria. Durante la seconda
guerra mondiale fu uno strenuo avversario del Nazi fascismo difendendo famiglie
di ebrei e di zingari. Dopo il 1945 Stephinac diventerà uno dei più audaci
difensori della libertà religiosa contro il regime di Tito. Il 19 ottobre 1946
è rinchiuso in carcere fino al 1951. Anno nel quale è confinato nel villaggio
natio di Krasic dalla polizia locale. Il 12 gennaio del 1953 viene creato
cardinale da Pio XII. Il 10 febbraio 1960 muore a causa di una malattia,
contratta in carcere. E' beatificato il 3 ottobre 1998 da Giovanni Paolo II. (Avvenire)
Martirologio
Romano: Nella cittadina di Krašić
vicino a Zagabria in Croazia, beato Luigi Stepinac, vescovo di Zagabria, che
con coraggio si oppose a dottrine che negavano tanto la fede quanto la dignità
umana, finché, messo a lungo in carcere per la sua fedeltà alla Chiesa, colpito
dalla malattia e consunto dalle privazioni, portò a termine il suo insigne
episcopato.
La Chiesa compie la
missione affidatale dal Divin Maestro, di essere strumento di santità
attraverso le vie dell’evangelizzazione, dei sacramenti e della pratica della
carità. Tale missione riceve un notevole contributo di contenuti e di stimoli
spirituali anche dalla proclamazione dei beati e santi, perché essi mostrano
che la santità è accessibile alle moltitudini, che la santità è imitabile.
Con la loro concretezza personale e storica fanno sperimentare che il Vangelo e
la vita nuova in Cristo non sono un’utopia o un sistema di valori, ma sono
‘lievito’ e ‘sale’ capaci di far vivere la fede cristiana all’interno e
dall’interno delle diverse culture, aree geografiche ed epoche storiche.
E in questa ottica, si inserisce la fulgida e sofferta testimonianza della fede
del cardinale Alojzije Viktor Stepinac a Zagabria, vittima del comunismo ateo
del dopoguerra nei Balcani.
Egli nacque a Brezaric, nella parrocchia di Krasic (diocesi di Zagabria) l’8
maggio 1898; dopo gli studi elementari nel natio paese, proseguì quelli liceali
nel seminario arcivescovile di Zagabria, capoluogo della Croazia, che a quel
tempo faceva parte dell’Impero Austro-Ungarico; ottenuta la maturità nel 1916,
venne poi arruolato nell’esercito austriaco e come ufficiale fu inviato sul
fronte italiano, essendo in corso la Prima Guerra Mondiale.
Fu fatto prigioniero dagli italiani nel luglio 1918, fu rilasciato nel dicembre
successivo a fine guerra; fu in seguito volontario nella Legione Jugoslava e
inviato a Salonicco, rientrando in Croazia nella primavera del 1919, nel
frattempo aveva rinunziato all’idea di farsi sacerdote.
Infatti nell’autunno del 1919, prese a frequentare la Facoltà di Agronomia
nell’Università di Zagabria, ma nel 1924 a 26 anni, gli ritornò la vocazione
sacerdotale, quindi si recò a Roma per studiare nel Collegio Germanico-Ungarico
e all’Università Gregoriana, conseguendo le lauree in filosofia nel 1927 e
teologia nel 1931.
Fu ordinato sacerdote il 26 ottobre 1930, celebrando la sua prima Messa nella
basilica di S. Maria Maggiore. Nel 1931 lasciò Roma per ritornare in Croazia,
dove nel frattempo si era instaurata, sin dal gennaio 1929, la dittatura del re
Alessandro di Serbia; la situazione era difficilissima, perché i Serbi facevano
di tutto per estirpare la religione cattolica a favore di quella ortodossa, che
era la loro religione di Stato, in mancanza di concordati con il Vaticano, i
cattolici erano considerati cittadini di second’ordine, mentre agli ortodossi
erano concessi tutti i privilegi.
Padre Stepinac ebbe incarichi nella Curia, primo presidente della ‘Caritas’
diocesana, istituita per suo consiglio nel novembre 1931, dall’arcivescovo
Bauer. Il 29 maggio 1934 papa Pio XI lo nominò a soli 36 anni, vescovo coadiutore
con diritto di successione dell’arcivescovo di Zagabria e il 7 dicembre 1937,
morto l’arcivescovo Bauer, diventò titolare della diocesi e dopo un po’,
presidente della Conferenza Episcopale Jugoslava.
Nel 1941 la Croazia divenne uno Stato indipendente con l’aiuto del
nazifascismo, sotto il regime di Ante Pavelic, il quale seguendo l’esempio di
Hitler e Mussolini, prese a perseguitare le minoranze (ebrei, zingari,
dissidenti, serbi).
I serbi si trovarono in posizione opposta di prima del regime, nei confronti
dei croati e quindi dei cattolici; l’arcivescovo Alojzije Stepinac prese subito
le difese dei perseguitati, proibendo ogni processo contro gli ortodossi,
vietando che venissero ribattezzati nel casi di passaggio al cattolicesimo;
intervenne con lettera presso Pavelic, per scongiurare che non venissero uccisi
serbi che non avessero una provata colpa di delitto; chiedendo il 20 novembre
1941 il “rispetto totale della persona, senza distinzione di età, sesso,
religione, nazionalità e razza”.
Questa sua strenua difesa, specie per gli ebrei ed i zingari, lo portò a
predicare pubblicamente i suoi pensieri, al punto che il rappresentante tedesco
a Zagabria commentò: “Se un vescovo pronunciasse in Germania tali discorsi, non
scenderebbe vivo dal pulpito”; Pavelic inviò un inviato speciale al Vaticano
per ottenerne la destituzione.
Al termine della Seconda Guerra Mondiale, ci fu un nuovo ribaltamento politico,
infatti l’8 maggio 1945 entrarono a Zagabria i partigiani comunisti di Tito
(Josip Broz - 1892-1984), i quali cominciarono una lotta sistematica contro le
attività religiose; fu istituita l’OZNA polizia segreta comunista, che arrestò,
fece processare e condannare a morte migliaia di cittadini, colpevoli di non
simpatizzare con il nuovo regime ateo.
Per questo molti sacerdoti cattolici e alcuni vescovi, furono imprigionati e il
17 maggio 1945, toccò anche all’arcivescovo di Zagabria Stepinac, che però fu
liberato il successivo 3 giugno per l’intervento di Tito, il quale aveva uno
scopo, chiese al presule di staccarsi da Roma e di creare una Chiesa nazionale
croata.
La risposta dell’arcivescovo fu dura e ferma, quindi ripresero le persecuzioni
contro la Chiesa Cattolica: furono uccisi i vescovi di Dubrovnik e Krizcevi;
condannato a 12 anni di carcere quello di Mostar, arrestati quelli di Krk e
Spalato; espulso da Zagabria l’inviato speciale del Vaticano; condannati a
morte senza processo 369 sacerdoti; confiscati i beni della Chiesa.
L’arcivescovo Stepinac il 22 settembre 1945 fece pubblicare una lettera
collettiva dell’episcopato croato, che denunciava le ingiustizie subite dalla
Chiesa, auspicando nel contempo un Concordato tra Stato e Chiesa. Il regime
comunista reagì furiosamente, Stepinac fu arrestato il 18 settembre 1946 e subì
un processo-farsa messo su con false testimonianze e calunnie, svoltosi a
Zagabria fra il 30 settembre ed il 10 ottobre.
L’11 ottobre l’arcivescovo venne condannato a sedici anni di lavori forzati ed
alla perdita dei diritti civili, anche per cinque anni dopo la fine della
condanna; la sua colpa agli occhi del regime, in realtà fu il rifiuto di
organizzare una Chiesa nazionale.
Il 19 ottobre 1946 fu rinchiuso nel carcere di Lepoglava in completo
isolamento, fino al 5 dicembre 1951; gli era consentito solo la celebrazione
della Messa e la lettura di libri religiosi; poi alla fine del 1951 venne
confinato nel villaggio natio di Krasic, sorvegliato dalla polizia, ospitato
nella parrocchia, senza esercitare il ministero episcopale.
Il 12 gennaio 1953 papa Pio XII lo creò cardinale, deplorando pubblicamente il
regime che gli impediva di recarsi a Roma per la cerimonia, pena il non ritorno
in Patria. A seguito di ciò il governo di Tito, ruppe ogni rapporto con la S.
Sede, instaurando di fatto anche in Jugoslavia, quella che venne definita
“Chiesa del silenzio” dei Paesi comunisti.
Nel 1956 gli venne fatta conoscere la lettera apostolica, con la quale papa
Pacelli lodava la fede eroica dei cardinali Mindszenty in Ungheria, Wyszynski
in Polonia, Stepinac in Jugoslavia, vittime della persecuzione comunista atea,
esortandoli a perseverare nella loro testimonianza.
L’arcivescovo disse al parroco che l’ospitava: ”Se il papa chiede il martirio e
rifiuta ogni trattativa col comunismo, allora tutto mi è chiaro”. Intanto già
dal 1953 la malattia contratta nel carcere di Lepoglava, esplose in tutta la
sua virulenza, con diversi disturbi, sopportati coraggiosamente e
pazientemente: trombosi alle gambe, catarro bronchiale, polycitemia rubra vera,
infiammazioni, forti dolori causati da un grosso calcolo alla vescica.
Lo stato generale si aggravò e inaspettatamente egli morì il 10 febbraio 1960,
pregando per i suoi persecutori; dopo la sua morte, la polizia ordinò che tutti
i suoi organi venissero distrutti dopo l’autopsia, per evitare ogni forma di
culto.
Con un permesso speciale del governo, il 13 febbraio 1960, vennero solennemente
celebrati i suoi funerali, nella cattedrale di Zagabria, presente l’intero
episcopato jugoslavo e il clero e da allora iniziò un pellegrinaggio
ininterrotto alla sua tomba nella cattedrale, numerose grazie sono attribuite
alla sua intercessione.
Il processo per la sua beatificazione fu iniziato a Roma il 9 ottobre 1981,
conclusasi con la solenne beatificazione celebrata da papa Giovanni Paolo II il
3 ottobre 1998, nel santuario di Marija Bistrica (Zagabria).
Autore: Antonio Borrelli