Saint Polycarpe, évêque
et martyr
Disciple de saint Jean,
l'évêque Polycarpe est le dernier témoin de l'âge apostolique. Il mourut sur le
bûcher, au milieu du théâtre de Smyrne, en présence de tout le peuple, rendant
grâce au Seigneur « d'avoir été jugé digne d'être compté au nombre des martyrs
et de participer au calice du Christ ». C'était le 23 février 155, il
avait quatre-vingt-six ans.
Saint Polycarpe
Évêque de
Smyrne (+ 167)
Évêque et martyr.
Dans sa jeunesse, il connut l'apôtre saint Jean dont il est devenu le disciple. Evêque de Smyrne (aujourd'hui Izmir en Turquie)*, il transmettra la tradition johannique au jeune Irénée, le futur évêque de Lyon. Lorsqu'éclate la persécution commandée par Marc-Aurèle, l'empereur-philosophe, saint Polycarpe est très âgé. Il est plein de noblesse devant le proconsul: "Voilà bientôt quatre-vingt six ans que je sers le Christ, et il ne m'a fait aucun mal. Comment pourrais-je outrager mon roi et mon sauveur?" Il est alors brûlé vif, "comme un pain dans le four" selon son expression. *(Aziz Polikarp, église catholique à Izmir GoogleMaps)
- Récit du martyre de saint Polycarpe, lettre de l'Eglise de Smyrne à la communauté chrétienne de Philomelium et 'à toutes les chrétientés du monde appartenant à l''Eglise catholique' écrite moins d'un an après le martyre (site patristique.org)
- Vidéo CFRT évocation de saint Polycarpe, disciple de l'apôtre Jean, premier évêque de Smyrne (Izmir en Turquie), mort martyr pour la foi.
(Paroisse Saint-Polycarpe à Lyon GoogleMaps)
Un internaute nous signale que, en Ardèche où il est très représenté notamment à la chapelle du même nom à Bourg Saint Andéol, on le fête traditionnellement le 26 janvier. Il y a notamment pléthore de dictons ce dernier jour comme "Sant Policarpe Nos escharpa" Saint-Polycarpe nous écharpe...
Mémoire de saint Polycarpe, évêque et martyr, disciple de saint Jean et le
dernier témoin de l'âge apostolique. À l'âge de quatre-vingt-six ans, l'an 167,
sous les empereurs Marc Antoine et Lucius Aurèle Commode, dans l'amphithéâtre
de Smyrne, devant le proconsul et tout le peuple, il fut livré aux flammes, et
sur le bûcher rendit grâce à Dieu le Père qui l'avait jugé digne d'être compté
au nombre des martyrs et de participer à la coupe du Christ.
Martyrologe romain
Seigneur Dieu tout
puissant, Père de Jésus Christ ton enfant bien-aimé, de qui nous avons reçu
connaissance de ton nom, Toi, le Dieu des anges, des puissances et de toute la
création, ainsi que de la race des justes qui vivent en ta présence, je Te
bénis de m'avoir jugé digne de ce jour et de cette heure afin de me faire
prendre part au nombre de tes témoins, et de participer au calice de ton Christ
pour la résurrection de la vie éternelle de l'âme et du corps
Paroles de saint
Polycarpe au moment de sa mort
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/690/Saint-Polycarpe.html
SAINT POLYCARPE, ÉVÊQUE
DE SMYRNE ET MARTYR
Saint Polycarpe
Il naît en 69-70 de
parents chrétiens. Il apprend les enseignements du Christ des apôtres et
devient disciple de Jean. C’est son disciple Irénée, puis évêque de Lyon, qui
le raconte ainsi que l’historien Eusèbe de Césarée : « Polycarpe
non seulement fut éduqué par les Apôtres mais aussi vécut
avec nombreux de ceux qui avaient vu le Seigneur ; mais il fut
aussi établi par les Apôtres en Asie comme évêque de l’Eglise de
Smyrne » (Adversus Haereses III, 3,4 ; Historia ecclesiastica IV, 14,
3,4,). C’est aussi le témoignage d’un certain Marcianus, témoin oculaire
de son martyre. Le Martyrium Polycarpi, considéré par beaucoup de
personnes comme le plus ancien et le plus authentique des Actes des
Martyrs. Il s’agit de la première œuvre où est défini martyr celui qui
meurt à cause de la foi. Durant son long épiscopat, Polycarpe se
distingue par son zèle dans la sauvegarde fidèle de la doctrine des
Apôtres, dansa la diffusion de l’Evangile parmi les païens et dans
le combat contre les hérésies. Irénée le décrit comme un prédicateur
patient et affable, de grande sollicitude envers les veuves et les
esclaves.
L’amitié dans l’épiscopat
avec Ignace d’Antioche
En 107 Polycarpe
accueille à Smyrne Ignace d’Antioche, de passage et sous escorte,
vers Rome pour y être jugé. Sont célèbres les sept lettres que Ignace
adresse aux églises tout au long de son voyage ; les quatre
premières partent justement de Smyrne. De Troade, ensuite, il écrit aux
fidèles de Smyrne et à leur évêque Polycarpe en le chargeant de
transmettre à l’Eglise d’Antioche son dernier souvenir et en
le décrivant comme un bon pasteur et un combattant pour la cause du
Christ. Et c’est à Polycarpe que les Philippiens demandent de recueillir
les lettres d’Ignace. L’évêque de Smyrne leur envoie ce
qu’ils lui demandent ensemble avec sa propre missive pour les exhorter à
servir Dieu dans la crainte, à croire en Lui, à espérer dans la
résurrection, à marcher dans le chemin de la grâce, en ayant toujours
devant les yeux l’exemple des martyrs et surtout celui d’Ignace.
La Lettre aux Philippiens d’Ignace est très
connue ; parvenue jusqu’à nos jours, elle est particulièrement importante
pour les notices historiques qu’on peut y tirer, pour les dogmes, pour
les principales vérités de la foi qui y sont rappelées. Vers la fin de 154,
Polycarpe part pour Rome, comme représentant des chrétiens de
l’Asie mineure pour traiter avec le pape Anicet de diverses
questions, principalement celle de la date de Pâques : dans
les églises orientales elle est célébrée le 14 du mois juif de
Nisan, dans la capitale de l’Empire le dimanche suivant. On ne parvient
pas à un accord, mais les relations entre les églises restent amicales.
Martyr à 86 ans
Sous l’empereur
Antonin Pio éclatent les persécutions également à Smyrne. Polycarpe est
arrêté. Les Actes de son martyre racontent qu’il « est
conduit devant le proconsul, ce dernier ….chercha à le convaincre de renier sa
foi en disant « Pense à ton âge … et change d’idée, jure et je
te libère .Maudis le Christ ». Polycarpe répondit : »
Depuis 86 ans que je le sers, et il ne m’a jamais fait aucun mal. Comment
pourrais-je renier mon roi et mon sauveur ? ... j’en suis très convaincu.
Je suis chrétien ». On décide pour lui le bûcher, mais il reste indemne
parmi les flammes du bûcher, il est poignardé « Ces faits, lit-on dans le
Martyrium Polycarpi, concernent le bienheureux Polycarpe qui,
avec ceux de Philadelphie, fut le douzième à subir le Martyre à
Smyrne. Le bienheureux Polycarpe a rendu témoignage le deuxième
jour de xanthique, le septième jour avant les calendes de mars, un
jour du Grand Sabbat, à la huitième heure. Il fut arrêté par Hérode, sous le
pontificat de Philippe de Tralles et le proconsulat de
Statius Quadratus, mais sous le règne éternel de notre Seigneur
Jésus-Christ ». La date du martyre de Polycarpe est donc certaine, c’était
le 23 février de l’an 155.
SOURCE : https://www.vaticannews.va/fr/saint-du-jour/02/23/saint-polycarpe--eveque-de-smyrne-et-martyr.html
Hosios
Loukas (diakonikon) - Polycarp
Saint Polycarpe
Évêque et Martyr
(70-167)
Saint Polycarpe fut un
personnage d'une éminente sainteté et d'une très profonde doctrine. Il avait eu
le bonheur de connaître plusieurs disciples du Sauveur, et de les entretenir
familièrement, surtout l'Apôtre saint Jean, par l'autorité duquel il fut établi
évêque de Smyrne.
Homme de grande foi,
Polycarpe avait horreur de tout ce qui attaquait la doctrine chrétienne.
L'hérétique Marcion s'approcha un jour de lui audacieusement, au moment où
Polycarpe détournait la tête pour éviter de le voir, et il lui dit: "Ne me
connaissez-vous pas? -- Si, répondit l'évêque, je vous connais pour le fils
aîné de Satan." Une telle âme était préparée au martyre.
Le récit de son sacrifice
est une des plus belles pages de l'histoire aux premiers siècles. A l'entrée de
ce saint vieillard dans l'amphithéâtre, tous les chrétiens présents entendirent
une voix mystérieuse qui lui disait: "Courage, Polycarpe, combats en homme
de coeur!" Le proconsul lui demanda: "Es-tu Polycarpe? -- Oui, je le
suis. -- Aie pitié de tes cheveux blancs, maudis le Christ, et tu seras libre.
-- Il y quatre-vingt-six ans que je Le sers et Il ne m'a fait que du bien;
comment pourrais-je Le maudire? Il est mon Créateur, mon Roi et mon Sauveur. --
Sais-tu que j'ai des lions et des ours tout prêts à te dévorer? -- Fais-les venir!
-- Puisque tu te moques des bêtes féroces, je te ferai brûler. -- Je ne crains
que le feu qui brûle les impies et ne s'éteint jamais. Fais venir tes bêtes,
allume le feu, je suis prêt à tout." De toutes parts, dans l'amphithéâtre,
la foule sanguinaire s'écrie: "Il est digne de mort. Polycarpe aux
lions!" Mais les combats des bêtes féroces étaient achevés; on arrêta
qu'il serait brûlé vif.
Comme les bourreaux se
préparaient à l'attacher sur le bûcher, il leur dit: "C'est inutile,
laissez-moi libre, le Ciel m'aidera." Le Saint lève les yeux au Ciel et
prie. Tout à coup la flamme l'environne et s'élève par-dessus sa tête, mais
sans lui faire aucun mal, pendant qu'un parfum délicieux embaume les
spectateurs. A cette vue, les bourreaux lui percent le coeur avec une épée.
C'était le 25 avril 167.
Abbé L. Jaud, Vie
des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/saint_polycarpe.html
Église Saint-Polycarpe (vue de la rue de l'abbé Rozier). From this angle, one can see a bit of the energy (and some of the dented walls) of the narrow streets climbing up into the Pentes from Place Terreaux.
Église
Saint Polycarpe, Lyon 1er
Église Saint Polycarpe, Lyon 1er
Église Saint Polycarpe, nef et chœur, Lyon 1er
Saint Polycarpe
Évêque de Smyrne et martyr
Polycarpe (dont le nom grec signifie fruit abondant) est regardé par toute
l'Eglise comme ayant appartenu au groupe des Pères apostoliques. Il fut un
disciple immédiat des apôtres, naquit au temps de Vespasien, vers l'an 70, fut
converti à la religion chrétienne dès son enfance, sous le règne de Titus.
Attaché à l'Eglise de Smyrne, il fut un disciple de l'apôtre saint Jean. Son
biographe, Pionius, l'a dit originaire des contrées du Levant, puis amené jeune
encore à Smyrne par des marchands qui le vendirent à une femme noble, nommée
Callisto. Cette généreuse chrétienne l'éleva dans la crainte du Seigneur, lui
confia le soin de sa maison. Héritier des biens de Callisto, Polycarpe n'en
aurait usé que pour se perfectionner dans la connaissance des Ecritures,
s'avancer dans la pratique de la piété, et aurait reçu le diaconat des mains de
l'évêque de Smyrne, Bucolus, qui l'attacha à son Eglise. Cependant, des
autorités, comme celle de saint Irénée ( Adv. hæresses, 1. V, c. XXXIII), nous
apprennent que Polycarpe avec Papias suivit les leçons de Jean, l'apôtre
bien-aimé de Jésus.
Au prêtre Florin qui était tombé dans l'erreur de Valentin, Irénée écrivait
(Eusèbe, Hist. eccl., 1. V, c. XX, P. G., t. XX, col. 483) : Lorsque j'étais
encore enfant, je vous ai vu en compagnie de Polycarpe, heureux au palais et
soucieux de partager ses idées. Je me rappelle fort distinctement les événements
de cette époque, car les souvenirs d'enfance sont plus vivaces que ceux d'un
âge avancé. Je pourrais marquer distinctement la place où le très saint homme
Polycarpe discourait, étant assis ; je pourrais dépeindre son attitude, la
forme de ses traits, rappeler les enseignements qu'il donnait au peuple,
exposer les entretiens qu'il nous disait avoir avec saint Jean et les autres
disciples qui avaient vu le Seigneur ; je pourrais vous dire enfin comment il
répétait leurs paroles et celles qu'ils avaient recueillies de la bouche même
de Jésus. J'en prends Dieu à témoin, si ce saint et apostolique vieillard
entendait ce que nous entendons maintenant, il se boucherait les oreilles et
répéterait cette parole qui lui était familière : O Dieu bon ! pour quels temps
m'avez-vous conservé jusqu'à ce jour ! et il quitterait sans retard le lieu où
il aurait entendu de pareils propos.
Ce fut par les apôtres eux-mêmes que Polycarpe fut établi évêque de Smyrne ;
des auteurs ont même pensé que l'apôtre saint Jean eut, en son disciple, plus
d'égard au mérite qu'à l'âge, et le sacra avant son exil dans l'île de Pathmos.
A Polycarpe, dans ce cas, s'appliqueraient les éloges de l'Apocalypse (II,
8-10) au sujet de l'ange de l'Eglise de Smyrne, le seul de tous déclaré irrépréhensible.
L'épiscopat de Polycarpe fut assez tranquille sous le règne de Trajan, alors
que la persécution agitait l'église dans les autres provinces de l'empire.
Ignace d'Antioche, l'ami de Polycarpe, fut condamné à mort en Syrie et, de là,
envoyé à Rome pour être livré aux bêtes de l'amphithéâtre. Il passa par Smyrne,
heureux de voir Polycarpe et de l'embrasser avant de mourir. Arrivé à Troade,
il lui adressa une lettre pour le remercier de son hospitalité ; il se
félicitait d'avoir pu l'entretenir et lui donnait de sages conseils pour le
gouvernement de son Eglise ; il lui demandait de communiquer en son nom avec
les Eglises de l'Asie Mineure, notamment avec son Eglise d'Antioche.
Sur la demande des fidèles de Philippes, Polycarpe leur écrivit pour les
féliciter d'avoir reçu Ignace et ses compagnons de captivité ; il leur exposait
dans le détail les devoirs attachés aux différents états, leur donnait des
instructions sur la réalité de l'incarnation et de la mort du Fils de Dieu ; il
les félicitait d'avoir l'intelligence des saintes Ecritures et les exhortait à
prier pour tous les saints. Il ajoutait en terminant : Quant aux lettres
d'Ignace que j'ai pu me procurer, je vous les envoie toutes, elles vous seront
d'un grand profit, respirant la foi, la patience, l'édification. L'évêque de
Smyrne alla à Rome et y séjourna, mais il est difficile de dire à quelle époque
; il devait entretenir le pape de divers sujets, défense des vérités de la foi,
union et paix des fidèles, observances de discipline. L'accord n'existait pas
entre Rome et les Eglises d'Asie pour la célébration de la Pâque. Anicet et
Polycarpe estimèrent que le plus sage, sur ce dernier point, était de laisser
jusqu'à nouvel ordre l'Orient et l'Occident suivre leur coutume respective. Le
séjour de Polycarpe à Rome fut encore utile à beaucoup de personnes qui
s'étaient laissé infecter du venin de l'hérésie ; l'évêque rendit un public
témoignage à la vérité orthodoxe, fit rentrer dans le sein de l'Eglise des âmes
séduites par les erreurs de Valentin et de Marcion.
Rencontrant un jour ce dernier dans les rues de Rome, Marcion lui avait dit :
Ne me reconnaissez-vous pas ? - Oui, répondit Polycarpe, je vous reconnais pour
le fils aîné de Satan. Simple parole qui marque l'inviolable attachement de
l'évêque aux enseignements de la foi.
Rentré dans son Eglise de Smyrne, Polycarpe n'y jouit pas longtemps du calme et
de la tranquillité. alors s'éleva une grande persécution contre les chrétiens.
L'Eglise de Smyrne, dans sa lettre à l'Eglise de Philadelphie et à toutes les
Eglises catholiques, a raconté en quelles circonstances Polycarpe et ses
compagnons endurèrent le martyre : Frères, nous vous envoyons une révélation de
la mort de quelques martyrs, et particulièrement de la mort du bienheureux
Polycarpe, qui, par son sang a mis fin à la persécution. Tout ce qui s'est
passé en cette rencontre est arrivé pour vérifier ce que le Seigneur a prédit
dans son Evangile, où il nous montre la voie que nous devons suivre. Il a voulu
être livré lui-même et être attaché à la croix comme notre libérateur. Il veut
que nous soyons ses imitateurs ; armé le premier d'une vertu céleste, il s'est
assujetti à la volonté des impies ; comme un bon maître, il se fait le modèle
de ses serviteurs pour n'être pas à charge à ceux qu'il instruit. Il a souffert
tout d'abord ce qu'il ordonne aux autres de souffrir ; il nous apprend à tous à
mourir utilement pour notre propre salut et celui de nos frères.
Nous nous sentons saisis de crainte au moment où nous nous préparons à vous
raconter les combats des généreux athlètes et à vous décrire les glorieux
trophées de leur amour pour Dieu et de leur invincible patience. Ils ont vu
sans pâlir couler leur propre sang ; le peuple, ému d'un si horrible spectacle,
n'a pu retenir ses larmes. Dieu, du haut du ciel, jetait des regards de
complaisance sur ces illustres combattants ; leur âme était attaquée de tous
côtés ; il l'a soutenue par sa force toute divine et l'a rendue victorieuse de
la douleur malgré la faiblesse de leur corps. Même il les excitait de la voix ;
de là vinrent le mépris pour leurs juges, le sage et judicieux discernement qui
leur fit préférer la vérité au mensonge, le ciel à la terre, l'éternité au
temps. Une heure de souffrance leur a acquis des joies sans fin.
La fermeté du martyr Germanicus a rassuré les esprits que les artifices du
démon commençaient à ébranler. Quand ce confesseur eut été exposé aux bêtes, le
proconsul, touché d'un sentiment d'humanité, l'exhorta à prendre pitié de
lui-même, à conserver du moins ses jours. Regardant ce proconsul avec mépris,
Germanicus lui dit : J'aime mieux perdre mille fois la vie que de la recevoir
de toi à un tel prix. Et, s'avançant hardiment au-devant du lion, il chercha la
mort dans les griffes et les dents meurtrières de cet animal. Le peuple fut
frappé de dépit plutôt que de stupeur, car on entendit mille voix confuses
s'écrier : Mort aux athées ! Qu'on amène Polycarpe !
Sur ses entrefaites, un chrétien de Phrygie, nommé Quintus, récemment arrivé à
Smyrne, se présenta au proconsul ; mais la faiblesse trahit sa volonté. A peine
eut-il aperçu les bêtes qu'il pâlit de frayeur, recula et demanda qu'on lui
laissât la vie. Il était venu pour abattre les idoles et il prêta la main pour
les soutenir, car le proconsul obtint de lui sans peine un sacrifice aux faux
dieux. Tant il est vrai qu'il faut éviter toute présomption téméraire, réserver
ses louanges pour ceux-là seuls qui se défient d'eux-mêmes, ne sortent de leur
retraite que par l'ordre de Dieu. Le sage Polycarpe, pour avoir tenu la conduite
humble et prudente que recommande l'Evangile, assura son propre triomphe.
Apprenant qu'on le cherchait, il se déroba à la poursuite de ses ennemis ; par
la tranquillité de son âme, il montrait qu'il ne fuyait pas la mort sous
l'influence d'une crainte lâche, mais qu'il en reculait le moment en vertu
d'une humble défiance de soi-même. Les fidèles qui lui donnaient asile le
conjuraient de mettre sa vie en sûreté sans perdre un seul instant ; quant à
lui, il marchait lentement, s'arrêtait volontiers là où il passait, ne semblait
s'éloigner qu'à regret du lieu où l'on avait résolu sa mort. Soudain, il
s'arrêta et revint dans une métairie peu distante de Smyrne ; il fit halte,
adressa à Dieu de ferventes prières en vue du combat qu'il allait bientôt
soutenir pour sa gloire. trois jours avant son supplice, il eut un songe dans
lequel le chevet de son lit lui parut tout en feu. A son réveil, il dit à ceux
qui l'entouraient : Dans trois jours, je serai brûlé vif !
On le fit alors changer de retraite, mais à peine arrivé à celle qu'on lui
avait choisie, il y rencontra les émissaires du proconsul. Ceux-ci avaient eu
bien de la peine à le découvrir, mais, s'étant emparés de deux jeunes enfants,
ils avaient fouetté cruellement l'un d'eux et lui avaient arraché le secret de
la retraite de Polycarpe. L'intendant de la police, Hérode, en fut aussitôt
informé et, dans son impatience, il envoya aussitôt une escouade d'archers et
de gens à cheval à la suite de l'enfant, qui les conduisit à la métairie.
Polycarpe, caché dans un grenier, préféra se livrer lui-même. Il se présenta
devant les archers surpris de trouver en ce vieillard une vivacité
extraordinaire ; il leur fit servir à manger, leur demanda quelques heures de
répit pour vaquer à la prière et enfin se remit entre leurs mains. L'escorte
qui l'emmenait rencontra aux portes de la ville un char sur lequel étaient
montés Hector et son père Nicétas. Hector décida Polycarpe à prendre place à
ses côtés sur le char, espérant gagner par des promesses ce vieillard qui
paraissait à l'épreuve des outrages et des mauvais traitements : Quel mal, lui
répétait-il, trouvez-vous à donner à César le nom de Seigneur, puis à sacrifier
pour sauver votre vie ? Fatigué de tant d'importunités, Polycarpe finit par
rompre le silence et dit avec force : Non, non, je ne suis pas décidé à faire
ce que vous me conseillez, rien ne sera capable de me faire changer de
résolution. Irrités à ces mots, ces hommes jetèrent le masque, précipitèrent le
saint évêque hors du char avec une telle violence qu'il fut blessé à la jambe
dans la chute. Polycarpe, cependant, put se relever, continuer la route à pied
et même se présenter allègrement dans l'amphithéâtre. Quand il y entra, il
entendit une voix qui lui disait : Polycarpe, sois ferme ! Seuls les chrétiens
de l'arène entendirent cette voix.
Amené directement en face du tribunal du proconsul, Polycarpe s'entendit
exhorter à avoir égard à son grand âge. Epargne ta vieillesse, disait le
magistrat, rends hommage au génie de César, dis avec nous : Plus d'athées ! Expression
que le juge appliquait aux chrétiens. Polycarpe promena un instant ses regards
sur la multitude des païens qui garnissaient les bancs de l'amphithéâtre et dit
d'un air consterné, en lui appliquant l'expression : Oui, certes, plus d'athées
! - Poursuis, lui dit le proconsul, jure par le génie de César, et blasphème le
Christ. - Il y a quatre-vingt-six ans que je le sers, répliqua Polycarpe, et il
ne m'a jamais fait aucun mal ; comment pourrais-je blasphémer mon Sauveur et
mon roi ? Que si vous voulez que je jure par le génie de César, comme vous
l'appelez, voici ma confession sincère : Je suis chrétien ; si vous voulez
apprendre de moi la doctrine du Christ, accordez-moi un jour d'audience pour
m'entendre. - Donne satisfaction au peuple, dit le proconsul. A quoi Polycarpe
répondit : Je vous ai adressé la parole parce qu'on nous a appris la déférence
aux princes tant que la religion n'a pas à en souffrir ; quant au peuple, ce
n'est pas un tribunal compétent devant lequel j'ai à me justifier. De fait, la
fureur d'un tel auditoire le mettait bien dans l'incapacité d'écouter.
Mais le proconsul prit alors un air sévère : Quoi ! dit-il, j'ai à ma
disposition les bêtes sauvages ! - Faites-les sortir, reprit l'évêque, qu'elles
viennent assouvir leur rage. Je suis absolument résolu à ne pas changer de bien
en mal. Ce qu'il faut faire, c'est de passer du mal au bien ! - Mais si tu
méprises les morsures des bêtes, ajouta le proconsul, je te ferai consumer par
le feu ! Polycarpe dit alors : Le feu dont tu menaces est un feu qui ne brûle
qu'un moment ; au bout d'un instant, son ardeur s'amortit ; ce que vous semblez
ignorer, c'est qu'il est un feu d'éternel punissement dont la flamme ne
s'éteindra jamais pour le châtiment des impies !
Au moment où Polycarpe prononçait ces dernières paroles, son visage parut
resplendir au milieu d'une lumière céleste. Le proconsul lui-même en fut frappé
d'admiration ; il fit crier trois fois par un héraut : Polycarpe s'est déclaré
chrétien !
A ces mots, toute la multitude des païens et des juifs poussa un grand cri pour
réclamer la mort de Polycarpe : C'est le grand docteur de l'Asie, le père des
chrétiens, le destructeur de nos dieux ; il apprend au peuple à ne pas
sacrifier ! On fit appel à Philippe l'Asiarque ; on voulut l'obliger à lâcher
un des lions contre Polycarpe. Il s'en défendit en disant que cela n'était pas
en son pouvoir, que l'heure des spectacles était passée. Tous furent d'accord
qu'il fallait brûler vif le saint vieillard ; ils ne songeaient pas qu'ils
réalisaient la prédiction de Polycarpe ; lui-même interrompit sa prière pour le
faire remarquer aux chrétiens de son entourage.
Cependant, le peuple courait aux bains publics, enfonçait les boutiques,
enlevait tout ce qui pouvait servir à construire un bûcher ; les juifs, selon
leur coutume, se signalèrent en cette occasion. Le bûcher préparé, on y mit le
feu. Polycarpe ôta lui-même sa ceinture et sa première robe, se baissa pour se
déchausser, ce qu'il n'était pas accoutumé de faire, car d'ordinaire les
fidèles lui rendaient ce service pour pouvoir baiser ses pieds. Comme on se
disposait à l'attacher au bûcher avec des chaînes de fer, il s'y opposa :
Laissez-moi comme je suis, dit-il alors ; celui qui m'a donné la volonté de
souffrir pour lui m'en donnera la force ; il adoucira la violence du feu et me
fera la grâce d'en pouvoir supporter l'ardeur. Alors, on se contenta de lui
lier les mains derrière, le dos avec des cordes ; il monta ainsi sur le bûcher
comme sur l'autel de son sacrifice. Elevant ensuite les yeux au ciel, il
prononça cette prière : Dieu des anges, Dieu des archanges qui avez détruit le
péché et détruirez un jour la mort, monarque souverain du ciel et de la terre,
protecteur des justes et de tous ceux qui marchent en votre présence, je vous
bénis, moi, le moindre de vos serviteurs, et je vous rends grâces de ce que
vous m'avez jugé digne de souffrir, de recevoir de votre main la couronne du
martyre, de pouvoir approcher mes lèvres du calice de la passion ; je vous
rends grâces de tous ces bienfaits, par Jésus-Christ dans l'unité du
Saint-Esprit. voilà Seigneur, mon sacrifice presque achevé ; avant que le jour
finisse, je verrai l'accomplissement de vos promesses. Soyez donc à jamais
béni, Seigneur ; que votre nom adorable soit glorifié dans tous les siècles,
par Jésus-Christ, pontife éternel et tout-puissant, et que tout honneur vous
soit rendu avec lui et le Saint-Esprit dans les siècles des siècles ! Ainsi
soit-il.
Après la prière, la flamme sortant de tous côtés du bûcher à gros tourbillons
s'éleva dans les airs. Dieu, pour honorer son serviteur devant les hommes,
opéra un nouveau prodige ; tous ceux que sa providence a choisis pour en être
les témoins le répandront partout comme un monument éclatant de sa puissance et
de la gloire de son fidèle ministre. Les tourbillons de flammes se courbèrent
en arc, s'étendant à droite et à gauche, et représentèrent une voile de navire
enflée par le vent. Cette voûte de feu, suspendue en l'air, couvrit le corps du
saint martyr, sans que la moindre étincelle osât pour ainsi dire en approcher
ni toucher ses vêtements. Le corps avait la couleur d'un pain nouvellement
cuit, ou d'un mélange d'or et d'argent en fusion ; l'éclat réjouissait la vue.
On respirait comme un agréable mélange d'encens, de myrrhe et de parfums Précieux
qui dissipait la mauvaise senteur du feu. Cette merveille a étonné les ennemis
de notre religion ; ils ont été convaincus par leurs propres yeux que le corps
d'un chrétien était devenu respectable au plus furieux des éléments. Un de ceux
qui entretenaient le bûcher reçut l'ordre de s'en approcher et de reconnaître
de plus près la vérité du prodige ; on lui dit ensuite d'aller enfoncer son
poignard dans le corps du martyr. Il le fit, et à l'heure même le sang sortit
en grande abondance et éteignit le feu ; en même temps, on vit une colombe
sortir du milieu de ces flots pour prendre son essor vers le ciel. Tout le
peuple fut alors dans l'étonnement et reconnut la différence entre la mort des
chrétiens et celle des autres hommes ; plusieurs furent contraints d'admettre
la grandeur de notre religion, sans avoir la force de l'embrasser. Ainsi
Polycarpe, évêque et docteur de la sainte Eglise de Smyrne, consomma son
sacrifice ; ce qui lui avait été révélé à ce sujet se réalisa pleinement.
Le démon, cet ennemi irréconciliable des justes, reconnut lui-même que cette
vie illustrée par tant de vertus avait été couronnée par une mort pleine de
merveilles. Mais il suggéra à ses suppôts l'idée de soustraire aux chrétiens le
corps du saint martyr. Déjà plusieurs avaient tenté de recueillir ses cendres
quand, à son instigation, les juifs poussèrent Nicétas, père d'Hérode, à aller
trouver le proconsul pour lui dire : Refusez les cendre de Polycarpe aux
chrétiens, car ceux-ci vont leur rendre les honneurs dus à la divinité. Comme
si les chrétiens pouvaient ne plus reconnaître Jésus pour Seigneur et Maître,
après ce qu'il a souffert pour eux, et comme s'il leur était permis d'offrir à
un autre qu'à lui leurs prières et leurs vœux ! Le centurion envoyé par le
proconsul pour apaiser le différend entre les juifs et nous, touchant le corps
du martyr, brûla ces saintes dépouilles. Cependant, nous en avons recueilli
quelques ossements ; nous les conservons comme l'or et les pierres précieuses.
Notre Eglise se réunit pour célébrer avec une sainte allégresse le jour de
cette heureuse naissance, le Seigneur nous ayant fait connaître sa volonté sur
ce point. Voilà ce qui s'est passé à Smyrne au sujet du bienheureux Polycarpe.
Il a souffert le martyre avec douze autres chrétiens de Philadelphie ; mais sa
mémoire est l'objet de plus de vénération que celle des autres martyrs. toute
l'Asie le nomme toujours le Maître. Vous nous avez demandé plus d'une fois le
récit détaillé des événements nous vous envoyons cette relation par notre frère
Marcien. Quand vous aurez lu la lettre, faites-en part aux autres Eglises, pour
que le Seigneur soit béni en tous lieux du choix que sa grâce fait des élus. Il
est puissant pour nous sauver nous-mêmes par Jésus-Christ, notre Seigneur et
Sauveur ; à lui et à Jésus-Christ gloire, honneur, puissance, majesté dans les
siècles des siècles ! Ainsi soit-il. Evariste qui a écrit cela vous salue et
toute sa famille avec lui.
Polycarpe a souffert le martyre le VII des calendes de mars (22 février), le
jour du grand samedi, à la huitième heure. Il fut arrêté par Hérode
l'Erénarque, Philippe de Tralles étant pontife, et Statius Quadratus proconsul.
On s'est beaucoup occupé en ces derniers temps de l'année ; quelques dissidents
optent pour l'année 166, mais le plus grand nombre tient pour février 155 (ou
156). Une autre difficulté se présente ici, qui tient à la chronologie des
évêques de Rome, en raison de l'avènement du pape Anicet en 155. Il faudrait
mettre en 156 ou mieux en 155 la visite de Polycarpe au pape Anicet.
Les fidèles de Smyrne ont apporté un soin jaloux à établir un anniversaire pour
célébrer la mémoire de Polycarpe. L'histoire ne parle d'aucune translation des
reliques en dehors de Smyrne ; on prétend qu'il y en eut pourtant soit à Rhodes
et à Malte, soit à Rome et enfin à Paris. Les Grecs ont placé la fête du saint
martyr au 12 mars, puis au 23 février. Les Latins ont bien, dans quelques
exemplaires du martyrologe hiéronymien, un saint Polycarpe au 23 février ;
mais, depuis longtemps, la fête est au 26 janvier. C'est la date où l'inscrit
le martyrologe de Florus. A cause de saint Irénée, évêque de Lyon, qui reçut
une copie de la lettre de l'Eglise de Smyrne, on peut faire remonter le culte
de saint Polycarpe jusqu'à l'époque de saint Irénée à Lyon. Mais pourquoi cet
ajouté de Florus au 26 janvier : reliquiæ ejus Lugduni in crypta habentur ?
SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/02/23.php
Detail
im Inneren der Schlosskirche Schwerin, Mecklenburg-Vorpommern, Deutschland
Detail
of the interior of castle church Schwerin, Mecklenburg-Vorpommern, Deutschland
Les Pères apostoliques
(III) : Polycarpe de Smyrne
Cours de patrologie de
soeur Gabriel Peters o.s.b., chapitre 2
Vous trouverez ici le
chapitre sur saint Polycarpe de Smyrne publié dans le manuel de patrologie de
Soeur Gabriel Peters. Les Pères apostoliques sont ceux qui sont réputés avoir
connu les apôtres.
I. Sources à consulter
II. Vie de Polycarpe
III. La lettre Aux
Philippiens
- 1. État du texte
- 2. Occasion et date de
la lettre
- 3. Style de la lettre
- 4. Aperçu de la lettre
IV. Le récit du martyre
de Polycarpe
- 1. Genre littéraire
- 2. Sources du texte
- 3. Auteur de la lettre
- 4. Date de la lettre
- 5. Aperçu sur la lettre
Conclusion : Physionomie
morale de Polycarpe
• Il y a quatre-vingt-six
ans que je sers le Christ et il ne m’a jamais fait aucun mal. Comment
pourrais-je blasphémer mon Roi et mon Sauveur ?
Martyre de Polycarpe, 9.
• Seigneur, Dieu
tout-puissant, Père de Jésus-Christ, ton enfant bien-aimé et béni, qui nous a
appris à te connaître, Dieu des Anges, des Puissances et de toute la création,
Dieu de toute la famille des justes qui vivent en ta présence, je te bénis pour
m’avoir jugé digne de ce jour et de cette heure, digne d’être compté au nombre
de tes martyrs, et d’avoir part avec eux au calice de ton Christ, pour
ressusciter à la vie éternelle de l’âme et du corps dans l’incorruptibilité de
l’Esprit Saint !… Pour cette grâce et pour toutes choses, je te loue, je te
bénis, je te glorifie par l’éternel grand-prêtre du ciel, Jésus-Christ, ton
enfant bien-aimé. Par lui, gloire soit à Toi, avec Lui et le Saint-Esprit,
maintenant et dam les siècles à venir. Amen.
Martyre de Polycarpe, 14.
I. SOURCES À CONSULTER
Pour l’étude de saint
Polycarpe de Smyrne (69-155 ?), auteur d’une lettre aux Philippiens, voici les
sources dont nous disposons :
1. L’œuvre écrite de
saint Polycarpe, soit la Lettre aux Philippiens
2. Trois lettres de saint
Ignace d’Antioche, soit celles qu’il adresse aux Éphésiens, à saint Polycarpe
et aux Smyrniotes.
3. La lettre appelée
communément Martyre de saint Polycarpe : lettre de l’Église de Smyrne à la
communauté chrétienne de Philomelium « et à toutes les chrétientés du monde
appartenant à l’Église catholique ». Cette lettre authentique et admirable est
écrite moins d’un an après le martyre.
4. Dans l’œuvre de saint
Irénée de Lyon (vers 180) qui fut, très jeune encore, disciple de saint
Polycarpe : la lettre à Florinus (autre disciple de saint Polycarpe), la lettre
au pape Victor (Adversus haereses III, 3, 4).
5. Eusèbe, Histoire
ecclésiastique IV, 14 et 15.
6. Une vie de saint
Polycarpe doit être rejetée : elle est entièrement légendaire et faussement
attribuée au prêtre Pionius de Smyrne dont la dévotion à Polycarpe était connue
et qui fut martyrisé sous l’empereur Dèce (250). Elle est écrite sans doute
vers l’an 400. Elle demeure précieuse cependant car elle seule cite dans son
entier la lettre connue sous le nom de Martyre de Polycarpe.
II. VIE DE POLYCARPE
En consultant les
différentes sources que nous venons de citer nous pourrons retracer la vie de
saint Polycarpe.
****Polycarpe est né de
parents chrétiens vers l’an 69.
Voici comment on en
arrive à cette double conjecture :
• Il y a quatre-vingt-six
ans que je sers le Christ !
Martyre 9
Ainsi parle Polycarpe au
matin même de son martyre. Or le martyre du bienheureux Polycarpe est daté :
• Polycarpe souffrit le
martyre le second jour du mois de Xanthice, sept jours avant les calendes de
mars, le jour du grand sabbat, à la huitième heure. Il fut fait prisonnier par
Hérode, sous le pontificat de Philippe de Tralles. Statius Quadratus était
proconsul de la province d’Asie, et notre Seigneur Jésus-Christ régnait dans
tous les siècles. À lui soient rendus gloire, honneur, majesté, royauté
éternelle, de génération en génération. Amen.
Martyre 21
D’après les calculs,
cette date pourrait être, soit le 23 février 155, soit le 22 février 156 [1].
Sans doute, les « 86 ans
de service » du martyr Polycarpe sont-ils ceux de sa vie, il serait donc né en
69 ou 70. D’autre part, on le pense, ces 86 ans sont comptés à partir du
baptême, reçu dès le plus jeune âge. Par voie de conséquence, on suppose
Polycarpe né de parents chrétiens.
Il fut le disciple de
Jean et d’autres témoins du Seigneur
• Je me souviens, écrit
Irénée à Florinus, que quand j’étais encore enfant, dans l’Asie inférieure, où
tu brillais alors par ton emploi à la cour [2], je t’ai vu près de Polycarpe,
cherchant à acquérir son estime. Je me souviens mieux des choses d’alors que de
ce qui est arrivé depuis, car ce que nous avons appris dans l’enfance croît
dans l’âme, s’identifie avec elle : si bien que je pourrais dire l’endroit où
le bienheureux Polycarpe s’asseyait pour causer, sa démarche, sa physionomie,
sa façon de vivre, les traits de son corps, sa manière d’entretenir
l’assistance, comment il racontait la familiarité qu’il avait eue avec Jean et
les autres qui avaient vu le Seigneur. Et ce qu’il leur avait entendu dire sur
le Seigneur et sur ses miracles et sur sa doctrine. Polycarpe le rapportait
comme l’ayant reçu des témoins oculaires du Verbe de Vie, le tout conforme aux
Écritures.
IRENEE, Lettre à
Florinus, citée par EUSEBE, H.E. V, 20, 4-6.
• Et Polycarpe ? Non
seulement, il a été instruit par les Apôtres et a vécu avec beaucoup de ceux
qui ont vu Notre-Seigneur, mais c’est encore par les Apôtres que dans l’Église
de Smyrne en Asie, il a été constitué évêque. Nous-même l’avons vu dans notre
premier âge (car il a vécu longtemps et était tout à fait vieux lorsqu’il est
sorti de cette vie par un très glorieux et illustre martyre). Or il a toujours
enseigné ce qu’il avait appris des Apôtres, cette doctrine que l’Église aussi
transmet et qui est la seule vraie. Toutes les Églises qui sont en Asie
l’attestent, et tous ceux qui jusqu’à ce jour ont succédé à Polycarpe. Un tel
homme est un témoin de la vérité autrement sûr et digne de foi que Valentin,
Marcion, et tous les autres qui pensent de travers.
IRENEE, Adv. haer. III,
34.
• Anicet ne pouvait pas
persuader Polycarpe de ne pas observer ce que, avec Jean, le disciple de
Notre-Seigneur, et les autres Apôtres avec qui il avait vécu, il avait toujours
observé…
IRENEE, Lettre au pape
Victor, citée par EUSEBE, H.E. V, 24, 16.
Il fut établi évêque de
Smyrne
Nous ignorons à quelle
date Polycarpe fut institué évêque de Smyrne. Saint Irénée vient de nous dire :
« C’est… par les Apôtres que dans l’Église de Smyrne en Asie, il a été
constitué évêque » (Adv. haer. III, 3, 4). Ce qui est certain, c’est que
Polycarpe est évêque et évêque monarchique lors du passage d’Ignace d’Antioche
à Smyrne, donc aux environs de l’an 107. Le style paternel et un peu protecteur
de la lettre d’Ignace nous a suggéré que Polycarpe était alors assez jeune
encore (si l’hypothèse admise plus haut est juste, il aurait eu une quarantaine
d’années).
Polycarpe n’est pas
d’origine juive
Ce qui nous autorise à le
supposer, c’est son ignorance de l’Ancien Testament. Lui-même l’avoue
ingénument :
• Je suis persuadé que
vous êtes très versés dans les saintes Lettres qui ne renferment pas de secret
pour vous. Moi, je ne puis en dire autant.
Phil. 12, 1
Dans cet humble aveu, il
n’y a nulle exagération, semble-t-il. Dans une lettre qui n’est qu’un tissu de
citations, Polycarpe ne cite guère l’Ancien Testament.
Polycarpe reçut à Smyrne
l’évêque Ignace d’Antioche marchant vers le supplice
Ignace nous dit son
affection pour Polycarpe et loue sa piété :
• C’est de cette ville (=
Smyrne) que je vous écris, aimant Polycarpe comme je vous aime vous-même.
Eph. 21, 1
• Je rends hommage à ta
piété solidement établie comme sur un roc inébranlable.
A Polyc., 1
L’aversion profonde de
Polycarpe pour l’hérésie est bien connue :
La piété de Polycarpe à
laquelle Ignace rend hommage est basée sur sa foi solide, foi pour laquelle «
ferme comme l’enclume sous le marteau » (A Polyc., 3), il sacrifiera sa vie.
Aussi a-t-il l’hérésie en horreur :
• Je puis témoigner en
face de Dieu que si ce presbytre bienheureux et apostolique avait entendu
quelque chose de semblable à ce que tu dis, Florinus [3], il aurait poussé des
cris et se serait bouché les oreilles, en disant, selon qu’il était accoutumé :
« O Dieu bon, pour quel temps m’as-tu réservé, pour que je supporte cela ? » Et
il se serait enfui du lieu dans lequel, assis ou debout, il aurait entendu de
telles paroles.
IRENEE, Lettre à
Florinus, citée par EUSEBE, H.E. V, 20, 7.
Il se souvient en cela de
l’exemple de Jean, son maître :
• Certains ont entendu
Polycarpe conter que Jean, le disciple du Seigneur, étant allé aux bains à
Éphèse, aperçut Cérinthe à l’intérieur ; alors, sans se laver, il bondit hors
de l’établissement : « Sauvons-nous, dit-il, de crainte que les bains ne
s’écroulent puisque Cérinthe, l’ennemi de la vérité, est à l’intérieur ! »
IRENEE, Adv. haer. III,
3, 4
Polycarpe a écrit
plusieurs lettres.
Irénée en témoigne :
• Par les lettres qu’il
envoyait, soit aux Églises voisines pour les affermir, soit à certains frères
pour les avertir et les exhorter…
IRENEE, Lettre à
Florinus, citée par EUSEBE, H.E. V, 20, 8
Une seule d’entre elles
nous est conservée :
Il s’agit de la lettre
aux Philippiens et Irénée lui-même ne mentionne expressément que cette lettre :
• Il existe encore une
importante lettre de Polycarpe adressée aux Philippiens, où tous ceux qui le
désirent et qui ont leur salut à cœur peuvent apprendre en même temps et la
frappe de sa foi et la prédication de la Vérité.
IRENEE, Adv. haer. III,
3, 4
Cette lettre est écrite -
nous allons l’étudier - peu après le passage d’Ignace à Smyrne.
Vers 154, Polycarpe
rencontra à Rome le pape Anicet
[4].
Sans doute est-ce une
quarantaine d’années après la rédaction de la lettre aux Philippiens que se
place le voyage à Rome :
• Le bienheureux
Polycarpe ayant fait un séjour à Rome sous Anicet, ils eurent l’un avec l’autre
d’autres divergences sans importance, mais ils firent aussitôt la paix, et sur
ce chapitre ils ne se disputèrent pas entre eux. En effet, Anicet ne pouvait
persuader Polycarpe de ne pas observer ce que, avec Jean, le disciple de
Notre-Seigneur, et les autres apôtres avec qui il avait vécu, il avait toujours
observé ; et Polycarpe de son côté ne persuada pas Anicet de garder
l’observance ; car il disait qu’il fallait retenir la coutume des presbytres
antérieurs à lui. Et les autres choses étant ainsi, ils communièrent l’un avec
l’autre, et à l’église, Anicet céda l’Eucharistie à Polycarpe, évidemment par
déférence ; ils se séparèrent l’un de l’autre dans la paix ; et dans toute
l’Église on avait la paix, qu’on observât ou non le quatorzième jour.
IRENEE, Lettre au pape
Victor, citée par EUSEBE, H.E. V, 24, 16-17.
Il s’oppose avec force à
Marcion qui l’abordait :
• Et Polycarpe lui-même,
à Marcion qui s’avançait un jour vers lui en disant : « Reconnais-moi » : « Je
reconnais, dit-il, le premier-né de Satan ».
IRENEE, Adv. haer. III,
3, 4
On pense communément que
cette rencontre se fit à Rome [5]
Il est certain que
Polycarpe eut une activité apostolique très intense :
Gardien jaloux de la foi,
Polycarpe convertit de nombreux hérétiques :
• Au cours d’un voyage à
Rome sous Anicet, Polycarpe convertit à l’Église de Dieu beaucoup des
hérétiques dont il vient d’être question, proclamant qu’il n’avait reçu des
Apôtres qu’une seule et unique vérité, celle-là même qui est transmise par
l’Église.
IRENEE, Adv. haer. III,
3, 4
A l’heure de son martyre,
la foule en témoignera « en vociférant » :
• Le voilà, le docteur de
l’Asie, le père des chrétiens, le destructeur de nos dieux, qui par son
enseignement empêche tant de gens de leur sacrifier, de les adorer.
Martyre, 12
Polycarpe subit le
martyre lors d’une persécution qui éclata à Smyrne, sous le proconsulat de
Statius Quadratus. Les Actes nous donneront tous les détails de ce martyre :
l’évêque de Smyrne fut brûlé vif ; instruit par une vision, il en avait fait la
prophétie. Mais le feu ne consumant pas le corps, d’un coup de poignard, on
acheva le vieillard. Selon la coutume païenne, la dépouille fut ensuite brûlée.
Les chrétiens de Smyrne en recueillirent les ossements.
III. LA LETTRE AUX
PHILIPPIENS
1. État du texte
L’épître aux Philippiens
compte quatorze chapitres. Eusèbe cite dans leur texte grec les chapitres 9 à
13 : il les avait donc encore au IVe siècle sous les yeux. Quant à nous, nous
ne pouvons plus nous référer, pour posséder le texte complet, qu’à une assez
médiocre version latine.
Neuf manuscrits grecs [6]
existent cependant, mais incomplets. Tous doivent dépendre d’une source unique,
car ils présentent la même étrange anomalie : au ch. 9 se soude immédiatement,
comme au milieu d’une phrase, la deuxième partie de la lettre dite de Barnabé.
Le copiste n’aura pas remarqué la disparition de plusieurs feuillets dans son
modèle.
2. Occasion et date de la
lettre
Les chapitres 1, 3, 9 et
13 de la lettre aux Philippiens nous en indiquent l’occasion et la date.
Occasion : pour répondre
à une demande des Philippiens, Polycarpe leur envoie les lettres d’Ignace
d’Antioche. S’il joint une exhortation à sa lettre, c’est parce que les
Philippiens en ont exprimé le désir :
• Les épîtres d’Ignace,
tant celles qu’il nous a adressées que d’autres que nous possédons de lui, nous
vous les envoyons toutes, selon votre demande, elles sont jointes à la présente
lettre.
13
• Frères, ce n’est pas de
mon propre mouvement que je vous écris ainsi sur la justice, c’est parce que
vous m’y avez invité.
3
Date : la lettre est
écrite peu après le passage d’Ignace suivi de sa mort [7]. Polycarpe n’a pu
encore envoyer en Syrie un délégué comme l’évêque d’Antioche le lui avait
instamment demandé, il se propose d’ailleurs d’y aller lui-même s’il le peut.
Il demande qu’on lui communique des nouvelles sûres d’Ignace et de ses
compagnons. On peut donc dater la lettre de l’an 107.
• J’ai pris en
Notre-Seigneur Jésus-Christ une grande part à la joie que vous avez eue
d’accueillir les images de la vraie charité et d’escorter, ainsi qu’il vous
appartenait, les captifs chargés de ces fers vénérables qui sont les diadèmes
des véritables élus de Dieu et de Notre-Seigneur.
1
Montrez cette
indéfectible patience que vous avez contemplée de vos propres yeux, non
seulement dans les bienheureux Ignace, Zozime et Rufus, mais aussi en d’autres
qui étaient de chez vous, en Paul lui-même et dans les autres apôtres, bien
persuadés que ces hommes n’ont pas couru en vain mais dans la foi et la justice
et que maintenant fis occupent auprès du Seigneur dont ils ont partagé les
souffrances, la place qui leur est due. Car ce n’est pas le siècle présent
qu’ils ont aimé mais celui qui est mort pour nous et que Dieu a ressuscité à
cause de nous.
9
Vous m’avez écrit, vous
et Ignace, de confier aussi votre lettre à celui qui éventuellement se rendra
en Syrie. Je le ferai si je trouve une occasion favorable, soit moi-même, soit
celui que j’enverrai pour vous représenter avec moi. Nous vous envoyons les
lettres d’Ignace, comme vous nous l’avez demandé, celles qu’il nous a adressées
et toutes les autres que nous avons chez nous. Elles sont jointes à la présente
lettre et vous pourrez en tirer grand profit, car elles renferment foi,
patience et toute édification en Notre-Seigneur. Faites-nous savoir ce que vous
aurez appris de sûr au sujet d’Ignace et de ses compagnons.
13
3. Style de la lettre
La lettre de saint
Polycarpe appartient au genre parénétique elle se compose d’une suite
d’exhortations sur la fidélité à la vraie foi et à la pratique de la vie
chrétienne.
Elle se distingue par sa
forme sans apprêt. Toutes les pensées et presque toutes les paroles de
Polycarpe sont empruntées à d’autres auteurs qu’il s’est entièrement assimilés.
On compte une quarantaine d’emprunts à saint Clément de Rome. Les citations de
la première épître de saint Pierre abondent, comme le remarquait Eusèbe :
• … Polycarpe, dans sa
lettre aux Philippiens dont on vient de parler et qui est conservée jusqu’à
présent, se sert de témoignages tirés de la première épître de Pierre.
EUSEBE, H.E. IV, 14, 9
Les emprunts aux épîtres
de saint Paul sont nombreux et c’est surtout l’épître aux Philippiens - on le
comprend - qui fournit à Polycarpe ses citations. Enfin, on peut compter sept
citations de saint Jean.
L’ensemble, très simple,
manque d’originalité. La puissance doctrinale de la lettre est réelle, mais
elle n’est pas due à la pensée personnelle de Polycarpe.
4. Aperçu de la lettre
La lettre comprend, nous
l’avons dit, 14 petits chapitres. Il est facile de faire le plan de la première
partie, ch. 1 à 6.
• Conseils aux fidèles
(ch. 1 à 5).
• Conseils aux diacres
(ch. 5, 1-3) aux jeunes gens et aux vierges (ch. 5, 3).
• Conseils aux presbytres
(ch. 6).
La deuxième partie (ch. 7
à 13) est une suite de conseils divers adressés à toute la communauté, mais il
faut y relever deux chapitres plus circonstanciés, les ch. 7 et 11 : le
chapitre 7 est une mise en garde contre le docétisme [8] ; le chapitre 11 fait
allusion à un scandale de l’Église de Philippes, celui du presbytre Valens et
de sa femme, coupables « d’amour de l’argent ».
Enfin, la conclusion -
ch. 13 et 14 -, sert de billet d’envoi des lettres d’Ignace [9].
Voyons la lettre d’un peu
plus près :
Dans les conseils aux
fidèles, on doit remarquer l’insistance avec laquelle Polycarpe parle de la foi
: la solide racine de leur foi porte des fruits (1, 2), qu’ils relisent la
lettre du « bienheureux et glorieux Paul » pour les affermir dans la foi qu’ils
ont reçue (3) car cette foi est notre « mère à tous » (cf. Ga 4, 26) (ch. 3).
Les diacres sont diacres
(serviteurs) de Dieu et du Christ et non des hommes (5, 2) ; qu’ils marchent
dans la voie de la vérité tracée par le Seigneur qui s’est fait le diacre
(serviteur) de tous (5, 2).
Les jeunes gens doivent
mettre un frein à leurs moindres mauvais désirs, s’affranchir de toutes les
passions de ce monde, car toute passion combat contre l’esprit (5, 3).
L’évêque Polycarpe et ses
presbytres (voir la suscription) s’adressent alors aux presbytres de l’Église
de Philippes. On a remarqué que l’évêque de Philippes n’est nulle part
mentionné.
Y avait-il à Philippes un
évêque ? Si les lettres d’Ignace d’Antioche attestent l’existence d’un
épiscopat monarchique, elles ne prouvent pas, pour autant, que cet état de
choses, normal alors, ait été déjà généralisé. Quoi qu’il en soit, l’évêque de
Smyrne parle conjointement avec son collège presbytéral :
• (Les jeunes gens
doivent) se soumettre aux presbytres et aux diacres, comme à Dieu et au Christ.
5, 3
Les presbytres sont
exhortés à la bienveillance :
• Qu’ils ne croient pas
facilement au mal, qu’ils ne soient pas durs dans leurs jugements, se rappelant
que nous avons tous contracté la dette du péché.
6, 1
Le chapitre 7 - cri
d’alarme contre l’hérésie -, est important. L’erreur dénoncée est bien la même
que celle contre laquelle combattait Ignace d’Antioche ; de part et d’autre,
nous avons un écho direct de l’enseignement de saint Jean contre le docétisme.
• Quiconque refuse en
effet de reconnaître que Jésus-Christ est venu en chair, est un antéchrist (1
Jn 4, 2, 3 et 2 Jn 7). Celui qui ne confesse pas le témoignage de la croix est
du diable. Celui qui infléchit les paroles du Seigneur selon ses propres désirs
en niant la résurrection et le jugement est le premier-né de Satan [10].
7
Ce qui est recommandé
par-dessus tout - et ceci est capital -, c’est la fidélité à la tradition :
• Disons donc adieu aux
vanités de la foule et aux fausses doctrines, revenons à l’enseignement qui
nous a été transmis dès le commencement [11].
7, 2
Nous citons ci-après Mgr
Batiffol afin de souligner l’importance de cette recommandation qui est
constante dès les débuts du christianisme : « La méthode de foi que Polycarpe
esquisse, dès avant l’an 120, c’est la soumission des fidèles aux presbytres en
chaque Église, c’est la fidélité à l’enseignement donné dès le commencement par
les apôtres qui ont évangélisé les Églises [12]« .
Au chapitre 8, Polycarpe
recommande l’imitation du Christ dans sa patience, le passage est bien émouvant
si on pense au martyre de Polycarpe, qui lui donnera toute sa vérité :
• Ayons donc sans cesse
les yeux attachés sur notre espérance et le gage de notre justice, c’est-à-dire
sur Jésus-Christ « qui a emporté nos péchés en son propre corps sur le bois,
qui n’a point commis de péché et dans la bouche duquel ne s’est trouvé aucun
artifice » (1 P 2, 24 et 22), mais qui a tout enduré pour nous afin que nous
ayons la vie en lui. Tâchons donc d’imiter sa patience et si nous venons à
souffrir pour lui, rendons-lui gloire. Tel est le modèle qu’il nous a proposé
en sa personne et nous y avons cru.
« Profondément affligé au
sujet du presbytre Valens et de son épouse », Polycarpe recommande envers eux
la charité :
• Puisse le Seigneur leur
inspirer un repentir sincère. De votre côté, montrez de la discrétion à leur
égard, ne les regardez pas comme des ennemis (2 Th 3, 15), mais tâchez de les
ramener comme des membres infirmes et égarés pour sauver votre corps tout
entier. Ce faisant, vous travaillerez à vous édifier (construire) vous-mêmes
[13].
11
Vers la fin de la lettre,
on trouve une formule solennelle à laquelle se joint la recommandation de prier
pour les autorités : que l’on se rappelle la grande prière de Clément. Tout ici
est plus modeste, mais le schéma est le même :
• Que Dieu, le Père de
Notre-Seigneur Jésus-Christ, que le Pontife éternel lui-même, Jésus-Christ,
Fils de Dieu, vous fasse croître dans la foi et la vérité, dans une douceur
parfaite et exempte de tout emportement, dans la patience et la longanimité, dans
la résignation, dans la chasteté ; que Dieu vous donne part à l’héritage de ses
saints, qu’il nous y fasse participer avec vous, nous et tous ceux qui sont
sous le ciel, qui croiront en Notre-Seigneur Jésus-Christ et en son Père qui
l’a ressuscité d’entre les morts. Priez pour tous les saints. Priez aussi pour
les rois, les magistrats et les princes, pour ceux qui vous persécutent et vous
haïssent, et pour les ennemis de la croix : ainsi les fruits que vous porterez
seront manifestes aux yeux de tous, et vous serez parfaits en Jésus-Christ
[14].
12
On peut le remarquer : la
lettre de Polycarpe (ce nom veut dire : qui porte des fruits nombreux) débutait
en félicitant les Philippiens des fruits que portait leur foi, elle se termine
en leur souhaitant de porter des fruits. Sans doute, ce jeu de mots est-il
voulu. Ignace, appelé « Théophore » aimait de dire que nous « portions Dieu ».
IV. LE RECIT DU MARTYRE
DE POLYCARPE
1. Genre littéraire
Le martyre de Polycarpe,
publié sur patristique.org, nous est raconté en détail dans une lettre que
l’Église de Smyrne adresse à l’Église de Philomélium et à toutes les
chrétientés du monde appartenant à l’Église catholique [15].
Tout le monde s’accorde à
voir dans ce document le plus ancien exemple connu et aussi le plus beau des «
Actes des martyrs ». À parler strictement cependant, ce n’est pas tout à fait
exact, car ce récit relève du genre épistolaire du christianisme primitif [16].
Voici comment on peut
classer les « Actes des Martyrs » :
• Les Acta ou Gesta :
procès-verbaux officiels encadrés dans un récit édifiant.
• Les Passiones ou
Martyria : récits composés par des témoins ou des contemporains dignes de foi.
• Les légendes des
martyrs : récits écrits tardivement et sans valeur historique.
La lettre de l’Église de
Smyrne servit certainement de modèle aux écrits similaires postérieurs : une
comparaison de cette lettre avec celle des Églises des Gaules sur les Martyrs
de Lyon en fournit la preuve. Aussi peut-on souscrire au jugement de Renan : «
Ce beau morceau constitue le plus ancien exemple connu des Actes de martyre. Il
fut le modèle qu’on imita et qui fournit la marche et les parties essentielles
de ces sortes de compositions » [17].
La lettre de l’Église de
Smyrne a une valeur historique certaine. Nous citerons simplement les avis du
Père Delehaye, bollandiste, et du Père Lebreton : « C’est le plus ancien
document hagiographique que nous possédions et il n’y a qu’une voix pour dire
qu’il n’en existe pas de plus beau. Il suffit de le relire et de peser chaque
phrase pour se persuader que ce récit est ce qu’il prétend être, la relation d’
un contemporain qui a connu le martyr, l’a vu au milieu des flammes, a touché
de ses mains les restes du saint corps » [18]. « L’historien des origines de la
religion chrétienne ne saurait souhaiter un texte plus autorisé » [19].
2. Sources du texte
Deux sources
indépendantes - l’une est incomplète - nous transmettent le récit du martyre de
saint Polycarpe :
• Eusèbe, dans son
Histoire ecclésiastique IV, 15, résume la lettre (chap. 2 à 7), après quoi il
en cite heureusement la plus grande partie (chap. 8 à 19).
• Une soixantaine
d’années plus tard, vers 400, l’auteur inconnu qui se fait faussement passer
pour le prêtre Pionius de Smyrne (mort martyr en 250), insère dans sa Vie de
Polycarpe légendaire le texte complet de la lettre de l’Église de Smyrne
appelée Martyre de saint Polycarpe.
L’auteur étant suspect,
le texte de la lettre ne l’est-il pas devenu lui aussi ? N’y a-t-il pas eu
corruption du document ?
Une comparaison avec le
récit et les extraits cités par Eusèbe permet d’affirmer que, dans son
ensemble, le texte de la lettre fut respecté. Voici l’exemple le plus frappant
d’un changement introduit :
• Voyant que les flammes
ne pouvaient attaquer le corps de Polycarpe, les impies ordonnèrent au bourreau
d’aller le percer de son poignard. À peine l’eût-il fait qu’une colombe
s’échappa du bûcher…
16
L’apparition de la
colombe est due à une interpolation ! Dans la Vita, cette même colombe
légendaire planait sur la tête de l’évêque lors de sa consécration.
Le faux Pionius ajouta
aussi à la lettre un appendice (22, 3) destiné à raconter l’histoire du manuscrit
et de sa transmission.
Tous les manuscrits
connus ont cet appendice : il est donc certain que tous dérivent du texte cité
par le faux Pionius.
3. Auteur de la lettre
Le chapitre 20 nous
renseigne très clairement : ce « récit sommaire » a été rédigé par un certain
Marcion, un frère de l’Église de Smyrne. Le copiste qui transcrit la lettre est
Evariste.
Ce récit peut être
regardé comme sommaire, si on pense aux onze martyrs qui ont précédé Polycarpe,
• Il (= Polycarpe) fut le
douzième qui souffrit le martyre à Smyrne, mais c’est de lui surtout qu’on a
gardé le souvenir, au point que partout les païens eux-mêmes parlent de lui.
19
En ce qui concerne
Polycarpe cependant, on ne voit pas bien quels détails encore pourraient être
fournis.
4. Date de la lettre
A s’en tenir aux termes
mêmes de la lettre, on peut affirmer que celle-ci fut écrite peu de temps après
l’événement :
• des témoins oculaires
[20] ont chargé Marcion de rédiger le récit.
• ce récit est abrégé :
c’est en attendant l’histoire détaillée des événements qu’il fut rédigé :
• Vous nous avez priés de
vous envoyer l’histoire détaillée de ces événements ; mais en attendant, nous
vous en avons fait rédiger un récit sommaire par notre frère Marcion.
20
• au jour anniversaire du
martyre, les chrétiens se proposent de se réunir autour des reliques (18).
D’autre part, il faut
remarquer que Philomelium (l’actuelle Akschéher) étant distante de plus de 400
km de Smyrne, il a fallu un certain temps pour que la correspondance puisse
s’établir entre les deux communautés.
On peut donc conclure :
la lettre est écrite moins d’un an après le martyre de Polycarpe.
5. Aperçu sur la lettre
Une lecture de la lettre
permettra de mettre en relief la personnalité si attachante du vénérable
vieillard Polycarpe. C’est ce point de vue surtout qui nous guidera dans le
choix des extraits. Cependant, dès la suscription, une remarque intéressante
s’impose sur l’emploi du terme « catholique ».
• … lettre que l’Église
de Smyrne adresse à l’Église de Philomelium et à toutes les chrétientés du
monde appartenant à l’Église catholique.
Nous citons les trois
passages de la lettre où le terme est encore employé :
• Polycarpe acheva enfin
sa prière dans laquelle il avait fait la mention de tous ceux qu’il avait
jamais connus, petits ou grands, illustres ou obscurs, et de toute l’Église
catholique répandue sur la surface de la terre.
8, 1
• Au nombre de ceux-ci (=
des élus), doit être rangé Polycarpe, ce très glorieux martyr, qui, à notre
époque, fut, par ses enseignements, un apôtre et un prophète et l’évêque de
l’Église catholique de Smyrne.
16, 2
• Maintenant, Polycarpe
glorifie Dieu le Père tout-puissant et il bénit notre Seigneur Jésus-Christ, le
Sauveur de nos âmes, le pilote de nos corps, le pasteur de l’Église catholique
répandue sur toute la terre.
19, 2
On se souvient du texte
le plus ancien où est employé le terme « catholique ». Il est de saint Ignace
d’Antioche : « Partout où est le Christ Jésus, là est l’Église catholique »
(Smyrn. 8, 2). Il signifie « universelle ». Dans le texte cité ci-dessus (16,
2), nous pouvons constater que le mot a pris une deuxième acception : «
orthodoxe » par opposition à hérétique ou schismatique, puisqu’il ne serait pas
possible de parler de « l’Église universelle de Smyrne » ! Dans ce sens, le
terme se retrouve dans le Canon de Muratori [21] puis dans les œuvres de
Clément d’Alexandrie, etc.
Ce sens nouveau est né le
jour où l’Église chrétienne dut distinguer la véritable Église des sectes
chrétiennes qui s’en détachaient. Or nous savons qu’à Smyrne existaient, au
milieu du second siècle, des sectes gnostiques : Marcionites, Valentiniens, etc.
Dès le début de la
lettre, un parallélisme voulu s’établit entre le martyre de Polycarpe et la
passion du Sauveur :
• Polycarpe, comme le
Seigneur lui-même, a patiemment attendu d’être livré.
1, 2
Ce parallélisme, un peu
forcé parfois, se maintiendra tout au long de la lettre. Le martyre, en effet,
est par excellence l’imitation du Sauveur [22].
Les chapitres 2 à 4 sont
consacrés au récit très sommaire [23] d’autres martyres. Relevons ces mots :
• Le Seigneur se tenait à
leurs côtés et s’entretenait avec eux.
2, 2
« Dans cette expression
si simple et si profonde, écrit le Père Lebreton [24], ne retrouve-t-on pas
cette familiarité qui nous charme chez sainte Perpétue : Ego, quae me sciebam
fabulari cum Domino… ? On la retrouve chez sainte Blandine et exprimée dans les
mêmes termes : au milieu de ses tortures atroces, elle ne sentait pas ce
qu’elle souffrait, grâce à l’espérance, à l’attachement aux biens de la foi et
à « sa conversation avec le Christ [25]« . Un seul chrétien apostasia : ce fut
le Phrygien Quintus qui avait eu la présomption de se livrer :
• Aussi, frères,
n’approuvons-nous pas ceux qui se livrent d’eux-mêmes : ce n’est d’ailleurs pas
là ce qu’enseigne l’Évangile.
4
Au chapitre 5 commence le
récit circonstancié du martyre de Polycarpe. Sur les instances de ses
conseillers, l’évêque de Smyrne se retire dans une petite maison de campagne :
• Nuit et jour, il ne
faisait que prier pour tous les hommes et pour les Églises du monde entier
(l’oikoumenè) selon son habitude. Trois jours avant son arrestation pendant
qu’il priait, il eut une vision : il vit son oreiller consumé par le feu. Se
tournant vers ses compagnons, il leur dit : « Je dois être brûlé vif ».
5, 1-2
Devant l’insistance des
recherches, Polycarpe se retire dans une autre villa. Mais « associé du Christ
» (ch. 6), il fut trahi par l’un des siens : jeune esclave mis à la torture.
L’arrestation eut lieu.
• C’était un vendredi,
vers l’heure du souper… Il eût pu encore s’échapper… mais il ne le voulut pas
et dit : « Que la volonté de Dieu soit faite ».
7, 1
• Il leur (aux policiers)
fit servir à manger et à boire à volonté, il leur demanda de lui accorder une
heure pour prier librement. Ils y consentirent ; alors, se tenant debout,
Polycarpe se mit en prière, tellement rempli de la grâce de Dieu que, deux
heures durant, il ne put s’interrompre…
7, 2-3
Dans cette longue prière,
il avait fait mention de tous ceux qu’il avait jamais connus, petits ou grands…
et de toute l’Église catholique répandue sur la surface de la terre.
On l’emmena, monté sur un
âne, à la ville. Deux magistrats - Hérode et son père Nicète - le prirent
ensuite dans leur voiture et s’efforcèrent de le persuader :
• Quel mal y a-t-il donc
à dire : César est le Seigneur
8
De tels mots, pour un
chrétien, étaient la négation directe de la Seigneurie de Jésus, de sa divinité
: « Jésus est Seigneur » (1 Co 12, 3).
Outrés du refus du
vieillard, les magistrats le chassèrent brutalement de la voiture. Polycarpe
tomba et s’écorcha la jambe.
• Sans même se retourner,
et comme s’il ne lui était rien arrivé, Polycarpe reprit la route à pied,
allègrement et d’un pas rapide.
8, 3
On le conduisit vers le
stade où régnait un grand tumulte. Les chrétiens entendaient une voix venue du
ciel qui disait : « Sois fort, Polycarpe, et agis en homme » [26]. Engagé à
renier et à crier ensuite : « Plus d’athées », Polycarpe, très grave, montrant
la foule, les yeux levés au ciel, dit avec un profond soupir : « Plus d’athées
» [27]. Sommé alors de maudire le Christ, Polycarpe répond :
• Il y a quatre-vingt-six
ans que je le sers et il ne m’a jamais fait aucun mal. Comment pourrais-je
blasphémer mon Roi et mon Sauveur ?
9, 3
Le dialogue se poursuit
et il semble certain qu’il ait été pris sur le vif. Polycarpe propose de
discuter avec le proconsul, mais se refuse à le faire devant le peuple : «
Quant à ceux-là, je ne les juge pas dignes (ἀξίους) d’entendre ma défense. » On
traduirait peut-être mieux l’idée en disant qu’ils ne sont pas désignés pour
cela : Polycarpe se refuse à un procédé qui ne convient pas.
• Polycarpe donna ces
réponses avec joie et assurance. Son visage rayonnait de la grâce divine. Ce
n’était pas lui que l’interrogatoire avait troublé, mais le proconsul.
12, 1
À l’accusation de
christianisme, la foule vociféra :
• Le voilà, le docteur de
l’Asie, le père des chrétiens, le destructeur de nos dieux, celui qui, par ses
enseignements, détourne tant de gens de sacrifier et d’adorer.
12, 2
Les combats des bêtes
étaient terminés, aussi Polycarpe fut-il condamné à être brûlé vif [28]. La
foule prépara le bûcher. L’hostilité des Juifs est soulignée :
• Selon leur habitude,
les Juifs se distinguèrent par leur ardeur à cette besogne.
13, 1
Polycarpe s’applique à se
déchausser : il n’y était pas accoutumé :
• En toute occasion, les
fidèles se disputaient l’honneur de toucher son corps, tant était grand le
prestige dont l’avait entouré, même avant son martyre, la sainteté de sa vie.
13, 2
Polycarpe refuse d’être
cloué :
• Celui qui me donne la
force d’affronter le feu me donnera aussi celle de rester immobile sur le
bûcher sans qu’il soit besoin de vos clous.
13, 3
Lié au poteau, il
semblait « un bélier de choix pris dans un grand troupeau, pour le sacrifice »,
levant les yeux au ciel, il dit :
• Seigneur, Dieu
tout-puissant, père de Jésus-Christ, ton enfant bien-aimé et béni, qui nous a
appris à te connaître, Dieu des Anges, des Puissances et de toute la création,
Dieu de toute la famille des justes qui vivent en ta présence, je te bénis pour
m’avoir jugé digne de ce jour et de cette heure, digne d’être compté au nombre
de tes martyrs et d’avoir part avec eux au calice de ton Christ, pour
ressusciter à la vie éternelle de l’âme et du corps dans l’incorruptibilité de l’Esprit
Saint ! Puissé-je, aujourd’hui, être admis en ta présence, avec eux, comme une
victime grasse et agréable, de même que le sort que tu m’avais préparé, que tu
m’avais fait voir d’avance, tu le réalises maintenant, Dieu de vérité, Dieu
exempt de mensonge ! Pour cette grâce et pour toute chose, je te loue, je te
bénis, je te glorifie par l’éternel grand-prêtre du ciel, Jésus-Christ, ton
enfant bien-aimé, par qui, à toi, avec lui, dans l’Esprit Saint, soit gloire
maintenant et dans les siècles à venir. Amen.
14
Merveilleuse prière
d’action de grâces et de louange qui, à la suite de celle de Clément de Rome,
nous remet sous les yeux le type même de la prière ancienne [29].
Le feu ne s’attaquant pas
à la victime, le bourreau l’acheva en le frappant du glaive.
« À l’instigation et sur
les instances des Juifs », on voulut refuser le corps aux fidèles de Smyrne :
• Ils seraient capables
d’abandonner le crucifié pour rendre un culte à Polycarpe.
17, 2
Cette crainte étrange
nous vaut cette ardente protestation de foi qui est aussi une justification de
la vénération que l’Église témoigne aux martyrs :
• Ils ignoraient que
jamais nous ne pourrons abandonner le Christ qui a souffert pour le salut des
sauvés du monde entier, (lui innocent pour des pécheurs [30]) ni rendre un
culte à aucun autre : car lui, nous l’adorons parce qu’il est le Fils de Dieu ;
quant aux martyrs, c’est en leur qualité de disciples et d’imitateurs du
Seigneur que nous les aimons, et ils en sont bien dignes par leur attachement
sans bornes à leur Roi et Maître. Puissions-nous, nous aussi, partager leur
sort et être leurs condisciples.
17, 2-3
La perspective est
exactement la même que dans les lettres d’Ignace d’Antioche : le martyr est le
disciple parfait, l’imitateur du Seigneur. Il faut souligner aussi qu’uni au
Seigneur, il est comme lui, offert en holocauste : Ignace parlait de la
libation de son sang sur l’autel (Ro 2) et, froment moulu, aspirait à devenir
le pain immolé du Christ ». Ainsi Polycarpe prononce avant son immolation une
prière eucharistique et tout comme les fidèles voient en lui un holocauste, il
se considère comme une victime agréable à Dieu. Comme Ignace voit en sa mort le
terme auquel elle mène : la résurrection. Les martyrs ne vont pas à la mort,
mais par la mort, unie à la passion du Seigneur, ils vont à la résurrection,
participation à celle du Seigneur. Le martyre est participation au sacrifice
glorieux du Christ. Polycarpe a part avec les martyrs « au calice du Christ
pour ressusciter à la vie éternelle de l’âme et du corps dans
l’incorruptibilité de l’Esprit Saint [31]« . Tous ces textes sont d’une grande
densité doctrinale.
Le cadavre est brûlé
selon la coutume païenne :
• Voilà comment nous
pûmes ensuite recueillir ses ossements, d’une plus grande valeur que les
pierres précieuses, plus estimables que l’or, pour les déposer dans un lieu
convenable. C’est là que, dans la mesure du possible, nous nous réunirons dans
la joie et l’allégresse pour célébrer, avec l’aide du Seigneur, l’anniversaire
du jour où Polycarpe est né par le martyre…
18, 2-3
Texte important qui est à
l’origine du culte des reliques et de la célébration du dies natalis des
saints. Le texte poursuit en disant que s’il y a un hommage, il y a aussi une «
exhortation au martyre » :
• Ce sera un hommage à la
mémoire de ceux qui ont combattu avant nous, mais aussi un entraînement et une
préparation aux luttes de l’avenir.
18, 3.
CONCLUSION : Physionomie
de Polycarpe
La lettre aux Philippiens
ne nous a donné qu’une image assez floue de son auteur : celui-ci s’est
parfaitement assimilé les écrits chrétiens de son temps, et il se contente de
s’en faire l’écho. Cependant, à travers ce document, Polycarpe, l’évêque de
Smyrne, nous apparaît déjà comme un homme calme et humble, d’une foi profonde
[32].
Ces traits essentiels,
les Actes du martyre les burineront et nous pourrons mieux alors évoquer
l’admirable physionomie de l’évêque de Smyrne qui, « serviteur toujours fidèle
de son Sauveur » est devenu un vieillard. Simple et grave, il nous apparaît
vénérable et presque majestueux. Sa fierté chrétienne est virile et joyeuse.
Cette âme d’une foi intrépide est une âme de prière et son intention constante
et première se trahit dans sa supplication habituelle pour « l’Église
catholique ».
S’il ne nous est pas
donné de pénétrer plus avant dans le sanctuaire intime de l’âme de Polycarpe,
comme nous avons pu le faire pour l’ardent Ignace d’Antioche, nous n’en sentons
pas moins, dans la protestation si fervente qui s’échappe des lèvres du vieil
évêque [33], tout le respect confiant, toute la tendresse contenue dont vibre
son âme.
Les « athées » dont
Polycarpe, si ardemment, implorait la conversion ont laissé de lui un éloge
définitif qui est magnifique :
• Polycarpe fut le
docteur de l’Asie, le père des chrétiens et le destructeur des dieux.
Martyre de Polycarpe 12
Sources :
SOEUR GABRIEL PETERS,
Lire les Pères de l’Église. Cours de patrologie, DDB, 1981.
Avec l’aimable
autorisation des Éditions Migne.
[1] Revenant à des
hypothèses admises autrefois, on a tendance à reculer cette date - et donc
aussi celle de la naissance. Polycarpe, dit-on, serait mort sous Marc-Aurèle
aux environs de l’an 170. On pourra voir un résumé des positions récentes dans
QUASTEN, op. cit., p. 92.
[2] Sans doute s’agit-il
d’un emploi auprès du proconsul d’Asie qui, vers 136, était Aurélius Fulvus
lequel devint empereur sous le nom d’Antonin le Pieux. C’est l’opinion de
Lightfoot.
[3] Florinus, disciple de
Polycarpe et ami d’Irénée, s’est laissé gagner par des erreurs gnostiques.
[4] Cf. EUSEBE, H.E. IV,
14, 1 : « Aux temps dont nous parlons, alors qu’Anicet gouvernait l’Église des
Romains, Polycarpe, qui était encore en vie, vint à Rome et s’entretint avec
Anicet d’une question relative au jour de Pâques, à ce que raconte Irénée ».
[5] Les critiques
proposent aussi Éphèse ou Smyrne ! On tâtonne dans les suppositions : toutes
ces questions ont leur importance pour dater les événements.
[6] Le plus ancien date
du Xle siècle : le Vaticanus 859.
[7] Ignace est mort sous
le règne de Trajan entre l’an 107 et 117 ; la date traditionnelle de la mort
d’Ignace est, on s’en souvient, l’an 107.
[8] Cf. les lettres
d’Ignace d’Antioche.
[9] Le critique anglais
HARRISON voit dans ces deux chapitres une lettre primitive de Polycarpe, une «
courte note d’expéditeur », les douze premiers chapitres, dit-il, auraient été
composés une vingtaine d’années plus tard. Cette hypothèse lui permet
d’affirmer que l’hérésie dénoncée au chapitre 11 serait celle de Marcion.
[10] Il en est qui se
demandent si l’hérésie visée dans ce passage n’est pas celle du gnostique
Marcion lui-même. On le sait, Polycarpe s’opposa à Marcion en lui disant : « Je
reconnais en toi le premier-né de Satan » (IRENEE, Adv. haer. III, 3, 4).
D’autre part, l’hérésie de Marcion se caractérise par le rejet radical de
l’Ancien Testament. Or, dans le contexte (6, 3), Polycarpe a recommandé la
fidélité à l’enseignement des apôtres qui nous ont prêché l’Évangile et des
prophètes qui ont annoncé d’avance la venue de Notre-Seigneur. Si cette
hypothèse doit être retenue, elle remet en question la date de l’épître aux
Philippiens, car le début de la propagation des erreurs de Marcion ne peut
avoir précédé les années 130-140. Aussi Harrison a-t-il reculé, dans cette
perspective, la date de la lettre de Polycarpe.
[11] Clément de Rome
parlait en termes semblables, à tel point que ces mots de Polycarpe sont une
citation implicite : « Laissons donc là les soucis vains et inutiles,
rangeons-nous à la glorieuse et vénérable règle de notre tradition »(Lettre de
Clément, 7, 2).
[12] Voir P. BATIFFOL,
L’Église naissante et le catholicisme, Paris 1909, p. 198.
[13] C’est le thème de
l’édification de l’Église, si fréquent dans saint Paul.
[14] À titre d’exemple de
l’abondance des citations de l’Écriture dans l’épître de Polycarpe, voici les
références des textes néotestamentaires de ce seul passage Ga 1, 1 ; Col 2, 12
; 1 P 1, 21 ; Éph 6, 18 ; 1 Tm 2, 1-2 ; Mt 5, 44 ; Lc 6, 27 ; Ph 3, 18 ; Jn 15,
16 ; 1 Tm 4, 15 ; Jc 1, 4 ; Col 2, 10.
[15] L’emploi du terme
catholique dans la lettre de l’Église de Smyrne sera étudié plus loin.
[16] Voir J. QUASTEN, o.
c., I, p. 90.
[17] Voir RENAN, L’Église
chrétienne, Paris 1879, p. 462.
[18] Voir DELEHAYE, Les
Passions des Martyrs, p. 12-13, cité par FLICHE et MARTIN, Histoire de
l’Église, Paris 1935, 1, p. 342.
[19] J. LEBRETON,
Histoire du dogme de la Trinité, Paris 1928, tome 2, p. 200.
[20] Cf. 9, 1 ; 15, 1 et
2 ; 17, 1 ; 18, 2.
[21] Canon de Muratori :
« Il circule sous le nom de Paul une autre épître qui favorise l’hérésie de
Marcion, et un certain nombre d’autres qui ne peuvent être reçues dans l’Église
catholique, car il ne convient pas de mêler le fiel et le miel. »
[22] Cf. IGNACE D’ANTIOCHE,
Ro 6, 3 : « Laissez-moi imiter la passion de mon Dieu. »
[23] Cf. ch. 20 : « Nous
vous avons fait rédiger un récit sommaire par notre frère Marcion. »
[24] Voir J. LEBRETON,
Histoire du dogme de la Trinité, Paris 1928, tome 2, p. 231.
[25] On trouvera le texte
de la Passio Perpetuae dans la Vie des Saints, Bénédictins de Paris, au 7 mars,
III, p. 134 : « Moi qui savais que j’avais quelquefois l’honneur de
m’entretenir familièrement avec Dieu », et le texte des Actes des Martyrs de
Lyon, dans EUSEBE, H.E. V, 1, 56.
[26] Voir Josué 1, 6, 7
et 9. Cf. Dt 31, 6, 7 23 et Ps 26, 14 ; Ps 30, 25.
[27] Αἶρε τοὺς ἀθέους
signifie littéralement : enlève les athées. Les athées qui, pour le proconsul,
sont les chrétiens, sont, dans la pensée de Polycarpe, les païens. Ce n’est
nullement une malédiction qu’il prononce, mais une instante prière, comme le
prouve son attitude.
[28] Le souvenir de la
vision de Polycarpe (ch. 5) est alors mentionné.
[29] On remarquera le
trait johannique : « Ce jour et cette heure » - et aussi la formule liturgique
si proche de celle du Gloria : « Je te loue, je te bénis, je te glorifie ». Il
y a intérêt à analyser tous les termes de cette prière ; voir à ce sujet J. LEBRETON,
Histoire du dogme de la Trinité, Paris 1928, tome 2, p. 196-199.
[30] Ces mots manquent
dans Eusèbe.
[31] Le Martyre de
Polycarpe 14, 2. Cf. Ignace : « Voici le moment où je vais être enfanté… ne
m’empêchez pas de naître à la vie », Ro 6, 2.
[32] L’insistance que
Polycarpe met à parler de la foi, de cette foi dont Ignace faisait en lui
l’éloge, est saisissante.
[33] « Il y a 86 ans que
je le sers et il ne m’a jamais fait aucun mal. Comment pourrais-je blasphémer
mon Roi et mon Sauveur ? », Martyre de Polycarpe, 9.
SOURCE : http://www.patristique.org/Les-Peres-apostoliques-III-Polycarpe-de-Smyrne.html
Saint Polycarpe, évêque
et martyr
St Polycarpe mourut le 23
février 156 comme l’atteste la Lettre des Chrétiens de Smyrne relatant son
martyre. Il est fêté en Orient à cette date. St Bède l’inscrivit au 26 janvier
dans son martyrologe et sa fête se répand à cette date à partir du XIe siècle
en Occident. Mais elle l’était déjà en Auvergne au VIe siècle, comme l’atteste
Grégoire de Tour. Elle ne rentre au calendrier Romain qu’à la fin du XIIIe
siècle.
Leçons des Matines avant
1960
AU DEUXIÈME NOCTURNE.
Du livre de saint Jérôme,
prêtre : Des Écrivains Ecclésiastiques.
Quatrième leçon.
Polycarpe, disciple de l’Apôtre Jean, et ordonné par lui Évêque de Smyrne, fut
le primat de toute l’Asie. Il eut pour maîtres, ou du moins il vit quelques-uns
des Apôtres et plusieurs de ceux qui avaient vu le Seigneur. Au sujet de
certaines questions qui s’étaient élevées sur le jour de la Pâque, sous
l’empire d’Antonin le Pieux, alors qu’Anicet gouvernait l’Église, il vint à
Rome, où il ramena à la foi un grand nombre de fidèles qui s’étaient laissés
séduire par les artifices de Marcion et de Valentin. Rencontrant un jour par
hasard Marcion, cet hérésiarque lui dit : « Me connais-tu ? » Polycarpe lui
répondit : « Je te reconnais pour le fils aîné du diable ». Plus tard, sous les
règnes de Marc-Antonin et de Lucius-Aurelius Commode, dans la quatrième
persécution depuis celle de Néron, sous les yeux du proconsul de Smyrne,
siégeant dans l’amphithéâtre, et du peuple entier faisant entendre des clameurs
contre lui, il fut livré au feu. Il avait écrit aux Philippiens une épître fort
utile qui se lit encore aujourd’hui dans les Églises d’Asie.
Les autres leçons au
commun.
Dom Guéranger, l’Année
Liturgique
Au milieu des douceurs
qu’il goûte dans la contemplation du Verbe fait chair, Jean le Bien-Aimé voit
arriver son cher disciple Polycarpe, l’Ange de l’Église de Smyrne, tout
resplendissant de la gloire du martyre. Ce sublime vieillard vient de répondre,
dans l’amphithéâtre, au Proconsul qui l’exhortait à maudire le Christ : « Il y
a quatre-vingt-six ans que je le sers, et il ne m’a jamais fait de mal ; que
dis-je ? Il m’a comblé de biens. Comment pourrais-je maudire mon Roi qui m’a
sauvé ? » Après avoir passé par le feu et par le glaive, il est arrivé aux
pieds de ce Roi Sauveur, et va jouir éternellement du bonheur de sa présence,
en retour des quatre-vingt-six ans qu’il l’a servi, des fatigues qu’il s’est
données pour conserver dans son troupeau la foi et la charité, et de la mort
sanglante qu’il a endurée.
Comme son maître
apostolique, il s’est opposé avec énergie aux efforts des hérétiques qui
altéraient la foi. Fidèle aux ordres de cet angélique confident de
l’Homme-Dieu, il n’a pas voulu que celui qui corrompt la foi du Christ reçût de
sa bouche le salut ; il a dit à l’hérésiarque Marcion qu’il ne le reconnaissait
que pour le premier-né de Satan. Adversaire énergique de cette orgueilleuse
secte qui rougissait de l’Incarnation d’un Dieu, il nous a laissé cette
admirable Épître aux Philippiens, dans laquelle il dit : « Quiconque ne
confesse pas que Jésus-Christ est venu dans la chair, est un Antéchrist. » Il
convenait donc qu’un si courageux témoin fût appelé à l’honneur d’assister près
du berceau dans lequel le Fils de Dieu se montre à nous dans toute sa
tendresse, et revêtu d’une chair semblable à la nôtre. Honorons ce disciple de
Jean, cet ami d’Ignace, cet Evêque de l’âge apostolique, qui mérita les éloges
de Jésus-Christ même, dans la révélation de Pathmos. Le Sauveur lui avait dit
par la bouche de Jean : « Sois fidèle jusqu’à la mort ; et je te donnerai la
couronne de vie. » [1]. Polycarpe a été fidèle jusqu’à la mort ; c’est pourquoi
il assiste couronné, en ces jours anniversaires de l’avènement de son Roi parmi
nous.
L’Église, dans son
Office, lit aujourd’hui, pour Légende, la courte notice, empruntée au livre de
saint Jérôme : De Scriptoribus ecclesiasticis.
L’Église Grecque célèbre
la gloire de saint Polycarpe dans ses Menées, auxquels nous empruntons les
traits suivants :
Quand le fruit de la
Vierge, semence féconde destinée à produire le principe de vie, est tombé sur
la terre, c’est alors qu’il t’a produit, comme un épi, ô Polycarpe ! pour
nourrir les fidèles par la parole et les enseignements de la piété, et pour les
sanctifier par le sang divin du combat et parle parfum de la sainteté.
Quand le Christ, la vraie
Vigne, eut été élevé sur le bois, c’est alors qu’il t’a développé sur la
treille, comme une de ses branches fertiles, taillée par la faucille du martyre
sacré, et foulée sous la pression des tourments, et dont nous buvons avec foi
le calice d’allégresse, en glorifiant, ô Père, tes illustres combats.
Tu as vraiment cultivé,
dans ton âme, le raisin de la charité, ô Père sage ! et tu as répandu, comme le
vin, la parole de la foi, réjouissant les âmes de tous les fidèles ; tu as
semble une vaste mer de miracles, quand tu as paru, toi l’honneur des martyrs,
purifié par le feu, gratifié de la lumière éternelle, ô Polycarpe ! Prie donc le
Christ-Dieu de nous donner le pardon de nos péchés, à nous qui célébrons avec
amour ta sainte mémoire.
Marchant dans la droiture, et apparaissant comme le fils de la lumière et de la paix, tu as démasqué Marcion le premier-né de la nuit.
Par la fermeté de ton
âme, tu as surmonté la flamme qui devait te consumer, ô homme plein de gloire I
Comme les trois enfants qui ont éteint, par une douce rosée, le feu de la
fournaise, tu es demeuré incombustible au milieu des flammes, chantant : Vous
êtes béni, Dieu de nos pères !
Tu as cultivé avec piété
le champ mystique du Christ, et, victime raisonnable, tu as été offert à Dieu
comme un sacrifice agréable et excellent, comme une hostie abondante en fruits,
ainsi que porte ton nom, ô Polycarpe trois fois heureux !
Toi qui as paru sur la
croix, tu es entré par ton propre sang dans le temple de Dieu, ô Père ! toi qui
es revêtu dignement de l’ornement hiérarchique.
Pour être présenté au
Christ le Chef des pasteurs, tu as été marqué par le Christ comme le bélier du
sacrifice ; tu t’es montré imitateur de ses souffrances, et tu as été fait
participant de sa gloire, cohéritier de son royaume, ô Hiérophante !
Ta fête éclatante de
mille feux, ô Père, illumine les âmes de ceux qui la célèbrent avec piété, ô
homme divin ! Elle les rend tous participants de ta divine splendeur que nous
glorifions dignement dans nos hymnes, ô sage !
Vous avez rempli toute
retendue de votre nom, ô Polycarpe ! car vous avez produit beaucoup de fruits
pour le Sauveur, durant les quatre-vingt-six ans que vous avez passés à son
service. Ces fruits ont été les âmes nombreuses que vous avez gagnées au
Christ, les vertus qui ont orné votre vie, enfin votre vie elle-même que vous
avez rendue comme un fruit mûr à ce Sauveur. Quel bonheur a été le vôtre,
d’avoir reçu les leçons du disciple qui se reposa sur la poitrine de Jésus !
Après une séparation de plus de soixante années, vous allez le rejoindre
aujourd’hui ; et cet ineffable maître vous salue avec transport. Vous adorez
ensemble ce divin Enfant dont vous avez imité la simplicité, et que vous aimiez
uniquement ; demandez-lui pour nous de lui être comme vous « fidèles jusqu’à la
mort ».
Cultivez encore du haut
du ciel, ô Polycarpe, ce champ de l’Église, que vous avez fécondé par vos
labeurs et arrosé de votre sang. Rétablissez la foi et l’unité au sein des
Églises de l’Asie qui furent édifiées par vos mains vénérables. Hâtez, par vos
prières, la dissolution de l’Islamisme, qui n’a dû ses succès et sa durée
qu’aux tristes effets du schisme byzantin. Souvenez-vous de la France à qui
vous avez envoyé d’illustres Apôtres, martyrs comme vous. Bénissez
paternellement l’Église de Lyon qui vous révère comme son fondateur par le
ministère de votre disciple Pothin, et qui prend elle-même une part si
glorieuse dans l’Apostolat des Gentils, par son Œuvre de la Propagation de la
Foi.
Veillez sur la
conservation de la foi dans sa pureté ; gardez-nous du contact des séducteurs.
L’erreur que vous avez combattue, et qui ne veut voir dans les mystères du Fils
de Dieu incarné que des symboles stériles, s’est ranimée de nos jours. Marcion
a reparu avec ses mythes orgueilleux ; soufriez sur ces derniers débris d’un
système suranné qui égare encore quelques âmes. Rendant hommage à la Chaire
Apostolique, vous aussi vous avez voulu voir Pierre ; et Rome vous a vu venir
conférer avec son Pontife des intérêts de votre Église de Smyrne. Vengez les
droits de ce Siège auguste, d’où découle, pour nos Pasteurs, la seule mission
légitime, et pour tous, les enseignements souverains de la foi. Obtenez-nous de
passer les derniers jours de cette pieuse quarantaine dans un recueillement
profond et dans l’amour de notre Roi nouveau-né. Que cet amour, joint à la
pureté de nos cœurs, nous obtienne faveur et miséricorde ; et, pour consommer
notre carrière, demandez pour nous la couronne de vie.
[1] Apoc. II, 10.
Bhx Cardinal
Schuster, Liber Sacramentorum
La mémoire de cet insigne
Père de l’Église naissante revient elle aussi fort opportunément durant le
cycle de Noël, où il semble que les plus illustres défenseurs du dogme chrétien
se soient donné rendez-vous autour de la crèche de l’Enfant Jésus. L’Église de
Rome ne pouvait en outre omettre dans son calendrier la fête de saint
Polycarpe. Autrefois, elle l’avait accueilli comme pèlerin, au temps du pape
Anicet, quand il était venu aux bords du Tibre pour la controverse relative à
la date de Pâques. A cette occasion, le Pontife, voulant honorer dignement le
vénérable disciple de Jean l’Évangéliste, lui avait cédé l’honneur de célébrer
à sa place la synaxe eucharistique.
Polycarpe souffrit le
martyre dans l’amphithéâtre de Smyrne vers l’an 155, le 23 février, mais sa
mémoire, dans le martyrologe romain, se présente aujourd’hui, parce que c’est
aussi la date indiquée dans le hiéronymien.
La messe est celle du
Commun des évêques martyrs, comme le jour de saint Eusèbe, le 16 décembre.
Toutefois comme il s’agit d’un disciple de saint Jean l’Évangéliste, la
première lecture est empruntée à l’épître de son maître, là où l’Apôtre de la
sainte dilection traite de l’amour fraternel, qui doit se modeler sur celui que
nous a porté le Seigneur. Dieu est amour, et c’est pourquoi celui qui aime
demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. Au contraire le démon est haine, et
parce qu’il hait Dieu, il se hait lui-même, il hait tout et tous. — Je suis ce
malheureux qui n’aime pas, dit un jour le diable à sainte Catherine de Sienne.
— Gardons-nous donc avec horreur de nourrir en nos cœurs des sentiments
désordonnés de rancune, d’envie, de haine, tout ce qui, en somme, est contraire
à la douce dilection chrétienne, puisque tous ces mouvements viennent du malin,
comme ceux de Caïn.
L’Évangile est le même
que pour la fête de saint Saturnin, le 29 novembre.
Le plus bel éloge qu’on
puisse faire de saint Polycarpe est contenu dans le cri du peuple de Smyrne,
soulevé contre lui dans l’amphithéâtre : « Celui-ci est le père des chrétiens,
le maître de toute l’Asie. » Sans Dieu nous ne pouvons rien faire ; mais une
âme vide d’elle-même et qui se prête docilement à la motion intime du
Saint-Esprit, est capable de convertir et de sanctifier le monde tout entier.
Dom Pius Parsch, le Guide
dans l’année liturgique
Une voix retentit du haut
du ciel : Courage, Polycarpe, combats virilement.
Saint Polycarpe. — Jour
de mort : 23 février 155. Tombeau : église du tombeau sur le mont Mustapha, en
Asie Mineure. Image : On le représente en évêque, avec la palme et la couronne
et aussi avec une épée. Sa vie : Le martyrologe raconte avec respect : « A
Smyrne, la mort de saint Polycarpe, disciple de saint Jean ; il avait été
consacré par lui évêque de cette ville et se tenait à la tête de toutes les
Églises d’Asie Mineure. Sous Marc Antonin et Lucius Aurelius Commode, le
proconsul tint un jour à Smyrne des assises judiciaires. Alors, toute la
population commença, dans l’amphithéâtre, à manifester contre Polycarpe et à
réclamer sa tête. C’est pourquoi on le condamna à la mort sur le bûcher. Mais
comme il était sorti sain et sauf de ce supplice, on le décapita avec l’épée,
et ainsi il fut orné de la couronne du martyre. Avec lui douze autres chrétiens
qui venaient d’arriver de Philadelphie souffrirent aussi la mort pour la foi. »
Saint Polycarpe est du
petit nombre de ces hommes de l’âge apostolique dont le nom est venu jusqu’à
nous. L’évêque de Smyrne est une des plus vénérables figures de martyrs de
l’antiquité chrétienne. Sa vie et sa mort nous sont attestées par des Actes authentiques
de son martyre, — les plus anciens que nous possédions — et par des écrivains
contemporains. Rien n’est émouvant comme de lire dans saint Irénée, un disciple
de saint Polycarpe : « Le souvenir de ce temps où j’étais encore enfant auprès
de Polycarpe, en Asie Mineure, est aussi vivant dans ma mémoire que le présent.
Maintenant encore, je pourrais montrer l’endroit où il s’asseyait pour
enseigner, je pourrais décrire ses allées et venues, son extérieur et même sa
manière de parler devant le peuple. Il me semble que je l’entends encore parler
de Jean et des autres qui avaient vu le Seigneur, rapporter leurs paroles et ce
qu’il avait appris d’eux sur le Seigneur et ses miracles... »
Ceux de nos lecteurs, qui
peuvent se procurer les Actes de son martyre, feront bien de les lire, tous les
ans, au jour de sa fête. On sent, dans ses écrits, le souffle de l’esprit de la
primitive Église. Le proconsul le pressait d’apostasier en lui disant : «
Abjure et je te rends la liberté, maudis le Christ. » « Alors saint Polycarpe
de répondre : « Il y a soixante ans que je le sers. Il ne m’a jamais fait de
mal, comment pourrais-je blasphémer mon Roi et mon Sauveur ? » — Attaché sur le
bûcher, il pria ainsi vers le ciel : « Seigneur, Dieu Tout-Puissant, Père de
ton Fils béni, Jésus-Christ, par lequel nous avons eu connaissance de toi, Dieu
des anges, des Puissances, de toute la création et de toute la légion des
justes qui vivent devant ta face ! Je te loue parce que, en ce jour et en cette
heure, tu m’as jugé digne de participer, en union avec tes martyrs, au calice
de ton Christ, pour la résurrection dans la vie éternelle selon le corps et
l’âme, dans l’immortalité du Saint-Esprit. Parmi eux je voudrais ; être reçu
aujourd’hui comme une victime grasse et agréable, comme tu m’y as préparé, Dieu
infaillible : et véridique, comme tu me l’as annoncé d’avance et comme
maintenant tu l’as accompli. C’est pourquoi je te loue aussi pour tout, je te
bénis et te glorifie par ton Pontife éternel et céleste, Jésus-Christ, par lequel
soit à toi et à lui et au Saint-Esprit honneur maintenant et dans tous les
siècles. Amen. » Dès qu’il eut dit Amen et achevé sa prière, les bourreaux
allumèrent le feu. « La flamme s’éleva violemment, alors nous (les chrétiens
présents) vîmes un miracle. Le feu se courba comme une voile que bombe le vent
et entoure ainsi le corps du martyr. Quant à lui, il se tenait au milieu, non
comme une chair qui grille, mais comme un pain qui est déjà cuit ou comme de
l’or et de l’argent que purifie le feu... a Pour finir, encore un passage d’une
grande importance liturgique : « De cette façon, nous avons ensuite reçu ses
ossements qui sont plus précieux pour nous que des pierreries... et nous les
avons ensevelis dans un endroit convenable. Là, avec la grâce de Dieu, nous
nous rassemblerons avec joie et allégresse et nous célébrerons l’anniversaire
de son martyre en mémoire de ceux qui ont déjà soutenu le combat et pour
préparer au combat ceux qui l’attendent encore. »
La messe (Sacerdotes
Dei). — La messe (empruntée pour la plus grande partie aux textes des messes de
commun) évoque souvent la vie de notre saint. Le vieil et vénérable évêque se
tient devant nous dans la personne du prêtre célébrant. (Intr., Allél.).
A l’Épître, le maître
apostolique de notre saint nous parle de la charité : « Nous reconnaissons
l’amour de Dieu, en ce qu’il a donné sa vie pour nous. Ainsi devons-nous donner
notre vie pour nos frères. » C’est ce qu’a fait saint Polycarpe. A la messe se renouvelle
mystiquement cette double mort : celle du Christ et celle du Saint martyr. Le
saint a également réalisé l’Évangile, il a, dans la lumière du monde, annoncé
la foi au Christ, il a « confessé le Seigneur devant les hommes » ; main tenant
le Seigneur « le confesse devant son Père céleste. » Au banquet eucharistique,
nous recevons un rayon de cette gloire dont Polycarpe jouit dans la splendeur
des cieux.
Ferdinand Edvard Ring, Polykarp, 1884, Frederikskirken, Marmorkirken, Frederikstaden, København
Le martyr de St
Polycarpe, Lettre de l’Église de Smyrne
L’Église de Dieu qui
séjourne à Smyrne à l’Église de Dieu qui séjourne à Philomelium et à toutes les
communautés de la sainte Église catholique qui séjournent en tout lieu : que la
miséricorde, la paix et l’amour de Dieu le Père et de notre Seigneur Jésus
Christ vous soient données en plénitude.
1, 1. Nous vous écrivons,
frères, au sujet des martyrs et du bienheureux Polycarpe, qui, par son martyre,
a pour ainsi dire mis le sceau à la persécution en la faisant cesser. Presque
tous les événements antérieurs sont arrivés pour que le Seigneur nous montre
encore une fois un martyre conforme à l’Évangile.
2. Comme le Seigneur, en
effet, Polycarpe a attendu d’être livré, pour que nous aussi nous soyons ses
imitateurs, sans regarder seulement à notre intérêt, mais aussi à celui du
prochain (cf. Ph 2,4). Car c’est le fait d’une charité vraie et solide que de
ne pas chercher seulement à se sauver soi-même, mais aussi à sauver tous les
frères.
II, 1. Bienheureux donc
et généreux tous ces martyres qui sont arrivés selon la volonté te Dieu. Car il
nous faut être assez pieux pour attribuer à Dieu la puissance sur toutes
choses.
2. Qui n’admirerait la
générosité te ces héros, leur patience, leur amour pour le Maître ? Déchirés
par les fouets, au point qu’on pouvait voir la constitution de leur chair jusqu’aux
veines et aux artères intérieures, ils demeuraient fermes si bien que les
spectateurs eux-mêmes en gémissaient de compassion. Ils en vinrent à un tel
degré de courage que pas un d’entre eux ne dit un mot ni ne poussa un soupir.
Ils nous montrèrent à tous que dans leurs tortures les généreux martyrs du
Christ n’étaient plus dans leur corps, ou plutôt que le Seigneur était là qui
s’entretenait avec eux.
3. Attentif à la grâce du
Christ, ils méprisaient les tortures de ce monde, et en une heure ils achetaient
la vie éternelle. Le feu même des bourreaux inhumains était froid pour eux, car
ils avaient devant les yeux la pensée d’échapper au feu éternel qui ne s’éteint
pas, et des yeux te leur coeur ils regardaient les biens réservés à la
patience, biens que l’oreille n’a pas entendus, que l’oeil n’a pas vus,
auxquels le coeur de l’homme n’a pas songé (1 Co 2,9 ; cf. Is 64,3), mais que
le Seigneur leur a montrés, à eux qui n’étaient plus des hommes, mais déjà des
anges.
4. De même ceux qui
avaient été condamnés aux bêtes enduraient te terribles supplices ; on les
étendit sur des coquillages piquants, et on leur fit subir toutes sortes de
tourments variés pour les amener à renier, si possible, par ce supplice
prolongé.
III, 1. Le diable
machinait contre eux toutes sortes de supplices, mais grâce à Dieu, il ne put
l’emporter contre aucun d’entre eux. Le généreux Germanicus fortifiait leur
timidité par sa constance ; il fut admirable dans la lutte contre les bêtes ;
le proconsul voulait le fléchir et lui disait d’avoir pitié de sa jeunesse ;
mais il attira sur lui la bête en lui faisant violence, voulant être plus vite
délivré de cette vie injuste et inique.
2. Alors toute la foule,
étonnée devant le courage de la sainte et pieuse race des chrétiens, s’écria :
"A bas les athées ; faites venir Polycarpe. "
IV. Mais l’un d’entre
eux, nommé Quintus, un Phrygien récemment arrivé de Phrygie, fut pris de peur à
la vue des bêtes. C’est lui qui avait entraîné quelques frères à se présenter
spontanément avec lui devant le juge. Le proconsul, par ses prières instantes,
réussit à le persuader de jurer et de sacrifier. C’est pourquoi, frères, nous
ne louons pas ceux qui se présentent d’eux-mêmes, puisque ce n’est pas
l’enseignement de l’Évangile.
V, 1. Quant à l’admirable
Polycarpe, tout d’abord il ne se troubla pas à ces nouvelles, mais il voulait
rester en ville ; mais la plupart cherchaient à le persuader de s’éloigner
secrètement. Il se retira donc dans une petite propriété située non loin de la
ville, avec un petit nombre de compagnons ; nuit et jour il ne faisait que
prier pour tous les hommes et pour les Églises du monte entier, comme c’était
son habitude.
2. Et étant en prière, il
eut une vision, trois jours avant d’être arrêté : il vit son oreiller
entièrement brûlé par le feu ; et se tournant vers ses compagnons il leur dit :
"Je dois être brûlé vif."
VI, 1. Comme on
continuait à le chercher, il passa dans une autre propriété, et aussitôt
arrivèrent ceux qui le cherchaient. Ne le trouvant pas, ils arrêtèrent deux
petits esclaves, et l’un d’eux, mis à la torture, avoua.
2. Il lui était donc
impossible d’échapper, puisque ceux qui le livraient étaient dans sa maison ;
et l’irénarque, qui avait reçu le même nom qu’Hérode, était pressé de le
conduire au stade ; ainsi lui, il accomplirait sa destinée, en entrant en
communion avec le Christ, tandis que ceux qui l’avaient livré recevraient le
châtiment de Judas lui-même.
VII, 1. Prenant avec eux
l’esclave, - c’était un vendredi vers l’heure tu souper -, les policiers et les
cavaliers, armés comme à l’ordinaire, partirent comme pour courir "après
un bandit" (cf. Mt 26,55). Et tard, dans la soirée, survenant tous
ensemble, ils le trouvèrent couché dans une petite chambre à l’étage supérieur.
Il pouvait encore s’en aller dans une autre propriété, mais il ne le voulut pas
et dit : "Que la volonté de Dieu soit faite"
2. Apprenant donc que les
agents étaient là, il descendit et causa avec eux ; ils s’étonnaient de son âge
et de son calme, et de toute la peine qu’on prenait pour arrêter un homme aussi
âgé. Aussitôt, à l’heure qu’il était, il leur fit servir à manger et à boire
autant qu’ils voulaient ; il leur demanda seulement de lui donner une heure
pour prier à son gré.
3. Ils le lui accordèrent,
et debout, il se mit à prier, rempli de la grâce de Dieu au point que deux
heures durant il ne put s’arrêter de parler, et que ceux qui l’entendaient en
étaient étonnés et que beaucoup se repentirent d’être venus arrêter un si saint
vieillard.
VIII, 1. Quant enfin, il
cessa sa prière, dans laquelle il avait rappelé tous ceux qu’il avait jamais
rencontrés, petits et grands, illustres ou obscurs, et toute l’Église
catholique répandue par toute la terre, l’heure étant venue de partir, on le
fit monter sur un âne, et on l’emmena vers la ville ; c’était jour de grand
sabbat.
2. L’irénarque Hérode et
son père Nicétès vinrent au-devant de lui, et le firent monter dans leur
voiture ; assis à côté de lui, ils essayaient de le persuader en disant :
"Quel mal y a-t-il à dire : César est Seigneur, à sacrifier, et tout le
reste, pour sauver sa vie ?" Lui, d’abord, ne répondit pas, et, comme ils
insistaient, il dit : "Je ne ferai pas ce que vous me conseillez."
3. Alors, ne réussissant
pas à le persuader, ils lui dirent toutes sortes d’injures, et il le firent
descendre de la voiture si précipitamment qu’il se déchira le devant de la
jambe. Sans se retourner, et comme si rien ne lui était arrivé, il marchait
allégrement ; il allait vers le stade, et il y avait un tel tumulte dans le
stade que personne ne pouvait s’y faire entendre.
IX, 1. Quand Polycarpe
entra dans le stade, une voix du ciel se fit entendre : "Courage,
Polycarpe, et sois un homme." Personne ne vit celui qui parlait, mais la
voix, ceux des nôtres qui étaient là l’entendirent. Enfin, on le fit entrer, et
le tumulte fut grand quant le public apprit que Polycarpe était arrêté.
2. Le proconsul se le fit
amener et lui demanda si c’était lui Polycarpe. Il répondit que oui, et le
proconsul cherchait à le faire renier en lui disant : "Respecte ton grand
âge" et tout le reste qu’on a coutume de dire en pareil cas ; "Jure
par la fortune de César, change d’avis, dis : A bas les athées." Mais
Polycarpe regarda d’un oeil sévère toute cette foule de païens impies dans le
stade, et fit un geste de la main contre elle, puis soupirant et levant les
yeux, il dit : "A bas les athées."
3. Le proconsul insistait
et disait : "Jure, et je te laisse aller, maudis le Christ" ;
Polycarpe répondit : "Il y a quatre-vingt six ans que je le sers, et il ne
m’a fait aucun mal ; comment pourrais-je blasphémer mon roi qui m’a sauvé
?"
X, 1. Et comme il
insistait encore et disait : "Jure par la fortune de César",
Polycarpe répondit : "Si tu t’imagines que je vais jurer par la fortune de
César, comme tu dis, et si tu fais semblant de ne pas savoir qui je suis,
écoute je te le dis franchement : Je suis chrétien. Et si tu veux apprendre de
moi la doctrine du christianisme, donne-moi un jour, et écoute-moi."
2. Le proconsul répondit :
"Persuade cela au peuple. " Polycarpe reprit : "Avec toi, je
veux bien discuter ; nous avons appris en effet à donner aux autorités et aux
puissances établies par Dieu le respect convenable, si cela ne nous fait pas
tort. Mais ceux-là, je ne les estime pas si dignes que je me défende devant
eux."
XI, 1. Le proconsul dit :
"J’ai des bêtes, et je te livrerai à elles si tu ne changes pas
d’avis." Il dit : "Appelle-les, il est impossible pour nous de
changer d’avis pour passer du mieux au pire, mais il est bon de changer pour
passer du mal à la justice."
2. Le proconsul lui
répondit : "Je te ferai brûler par le feu puisque tu méprises les bêtes,
si tu ne changes pas d’avis." Polycarpe lui dit : "Tu me menaces d’un
feu qui brûle un moment et peu de temps après s’éteint ; car tu ignores le feu
du jugement à venir et du supplice éternel réservé aux impies. Mais pourquoi
tarder ? Va, fais ce que tu veux."
XII, 1. Voilà ce qu’il
disait et beaucoup d’autres choses encore ; il était tout plein de force et de
joie et son visage se remplissait de grâce. Non seulement il n’avait pas été
abattu ni troublé par tout ce qu’on lui disait, mais c’était au contraire le
proconsul qui était stupéfait ; il envoya son héraut au milieu du stade
proclamer trois fois : "Polycarpe s’est déclaré chrétien."
2. A ces paroles du
héraut, toute la foule des païens et des Juifs, établis à Smyrne, avec un
déchaînement de colère, se mit à pousser de grands cris : "Voilà le
docteur de l’Asie, le père des chrétiens, le destructeur de nos dieux ; c’est
lui qui enseigne tant de gens à ne pas sacrifier et à ne pas adorer." En
disant cela, ils poussaient des cris et demandaient à l’asiarque Philippe de
lâcher un lion sur Polycarpe. Celui-ci répondit qu’il n’en avait pas le droit,
puisque les combats de bêtes étaient terminés.
3. Alors il leur vint à
l’esprit de crier tous ensemble : "Que Polycarpe soit brûlé vif !" Il
fallait que s’accomplît la vision qui lui avait été montrée : pendant sa
prière, voyant son oreiller en feu, il avait dit d’un ton prophétique aux
fidèles qui étaient avec lui : "Je dois être brûlé vif" (V,2).
XIII, 1. Alors les choses
allèrent très vite, en moins de temps qu’il n’en fallait pour les dire :
sur-le-champ la foule alla ramasser dans les ateliers et dans les bains du bois
et des fagots, - les Juifs surtout y mettaient de l’ardeur, selon leur
habitude.
2. Quand le bûcher fut
prêt, il déposa lui-même tous ses vêtements et détacha sa ceinture, puis il
voulut se déchausser lui-même : il ne le faisait pas auparavant, parce que
toujours les fidèles s’empressaient à qui le premier toucherait son corps :
même avant son martyre, il était toujours entouré de respect à cause de la
sainteté de sa vie.
3. Aussitôt donc, on
plaça autour de lui les matériaux préparés pour le bûcher ; comme on allait l’y
clouer, il dit : "Laissez-moi ainsi : celui qui me donne la force de
supporter le feu, me donnera aussi, même sans la protection de vos clous, de
rester immobile sur le bûcher."
XIV, 1. On ne le cloua
donc pas, mais on l’attacha. Les mains derrière le dos et attaché, il paraissait
comme un bélier de choix pris d’un grand troupeau pour le sacrifice, un
holocauste agréable préparé pour Dieu. Levant les yeux au ciel, il dit :
"Seigneur, Dieu tout-puissant, Père de ton enfant bien-aimé, Jésus Christ,
par qui nous avons reçu la connaissance de ton nom, Dieu des anges, des
puissances, de toute la création, et de toute la race des justes qui vivent en
ta présence,
2. je te bénis pour
m’avoir jugé digne de ce jour et de cette heure, de prendre part au nombre de
tes martyrs, au calice de ton Christ, pour la résurrection de la vie éternelle
de l’âme et du corps, dans l’incorruptibilité de l’Esprit saint. Avec eux,
puissé-je être admis aujourd’hui en ta présence comme un sacrifice gras et
agréable, comme tu l’avais préparé et manifesté d’avance, comme tu l’as
réalisé, Dieu sans mensonge et véritable.
3. Et c’est pourquoi pour
toutes choses je te loue, je te bénis, je te glorifie, par le grand prêtre
éternel et céleste Jésus Christ, ton enfant bien-aimé, par qui soit la gloire à
toi avec lui et l’Esprit saint maintenant et dans les siècles à venir.
XV, 1. Quand il eut fait
monter cet Amen et achevé sa prière, les hommes du feu allumèrent le feu. Une
grande flamme brilla, et nous vîmes une merveille, nous à qui il fut donné de
le voir, et qui avions été gardés pour annoncer aux autres ces événements.
2. Le feu présenta la
forme d’une voûte, comme la voile d’un vaisseau gonflée par le vent, qui
entourait comme d’un rempart le corps du martyr ; il était au milieu, non comme
une chair qui brûle, mais comme un pain qui cuit, ou comme de l’or ou de
l’argent brillant dans la fournaise. Et nous sentions un parfum pareil à une
bouffée d’encens ou à quelque autre précieux aromate.
XVI, 1. A la fin, voyant
que le feu ne pouvait consumer son corps, les impies ordonnèrent au confector
d’aller le percer de son poignard. Quand il le fit, jaillit une quantité de
sang qui éteignit le feu, et toute la foule s’étonna de voir une telle
différence entre les incroyants et les élus.
2. Parmi ceux-ci fut
l’admirable martyr de Polycarpe qui fut, en nos jours, un maître apostolique et
prophétique, l’évêque de l’Église catholique de Smyrne ; toute parole qui est
sortie de sa bouche s’est accomplie ou s’accomplira.
XVII, 1. Mais l’envieux,
le jaloux, le mauvais, l’adversaire de la race des justes, voyant la grandeur
de son témoignage et sa vie irréprochable dès le début, le voyant couronné de
la couronne d’immortalité, et emportant une récompense incontestée, essaya de
nous empêcher d’enlever son corps, bien que beaucoup d’entre nous voulussent le
faire pour posséder sa sainte chair.
2. Il suggéra donc à
Nicétès, le père d’Hérode, le frère d’Akè, d’aller trouver le magistrat pour
qu’il ne nous livre pas le corps : "Pour qu’ils n’aillent pas, dit-il,
abandonner le crucifié et se mettre à rendre un culte à celui-ci. " Il
disait cela à la suggestion insistante des Juifs, qui nous avaient surveillés
quand nous voulions retirer le corps du feu. Ils ignoraient que nous ne
pourrons jamais ni abandonner le Christ qui a souffert pour le salut de tous
ceux qui sont sauvés dans le monde, lui l’innocent pour les pécheurs, - ni
rendre un culte à un autre.
3. Car lui, nous
l’adorons, parce qu’il est le fils de Dieu ; quant aux martyrs, nous les aimons
comme disciples et imitateurs du Seigneur, et c’est juste, à cause de leur
dévotion incomparable envers leur roi et maître ; puissions-nous, nous aussi,
être leurs compagnons et leurs condisciples.
XVIII, 1. Le centurion,
voyant la querelle suscitée par les Juifs, exposa le corps au milieu et le fit
brûler comme c’était l’usage.
2. Ainsi, nous pûmes plus
tard recueillir ses ossements plus précieux que des pierres de grand prix et
plus précieux que l’or, pour les déposer en un lieu convenable.
3. C’est là, autant que
possible que le Seigneur nous donnera de nous réunir dans l’allégresse et la
joie, pour célébrer l’anniversaire de son martyre, de sa naissance, en mémoire
de ceux qui ont combattu avant nous, et pour exercer et préparer ceux qui
doivent combattre à l’avenir.
XIX, 1. Telle fut
l’histoire du bienheureux Polycarpe, qui fut, avec les frères de Philadelphie,
le douzième à souffrir le martyre à Smyrne ; mais de lui seul on garde le
souvenir plus que des autres, au point que partout les païens eux-mêmes parlent
de lui. Il fut non seulement un docteur célèbre, mais aussi un martyr éminent,
dont tous désirent imiter le martyre conforme à l’Évangile du Christ.
2. Par sa patience, il a
triomphé du magistrat inique, et ainsi il a remporté la couronne de
l’immortalité ; avec les Apôtres et tous les justes, dans l’allégresse, il
glorifie Dieu, le Père tout-puissant, et bénit notre Seigneur Jésus-Christ, le
sauveur de nos âmes et le pilote de nos corps, le berger de l’Église
universelle par toute la terre.
XX, 1. Vous aviez désiré
être informés avec plus de détail sur ces événements ; pour l’instant, nous
vous en avons donné un récit sommaire par notre frère Marcion. Quand vous aurez
pris connaissance de cette lettre, transmettez-la aux frères qui sont plus loin
pour qu’eux aussi glorifient le Seigneur qui fait son choix parmi ses
serviteurs.
2. A celui qui, par sa
grâce et par son don, peut nous introduire tous dans son royaume éternel par
son fils unique Jésus Christ, à lui la gloire, l’honneur, la puissance, la
grandeur dans les siècles (cf. 1 Tm 6,16 ; 1 Pi 4,11 ; Jude 25 ; Ap 1,16 ; 5,13
; etc.). Saluez tous les saints (cf. Rm 16,15 ; Hé 13,24 ; etc.) Ceux qui sont
avec nous vous saluent, et aussi Erariste qui a écrit cette lettre, avec toute
sa famille.
XXI. Le bienheureux
Polycarpe a rendu témoignage au début du mois de Xanthique, le deuxième jour,
le septième jour avant les calendes de mars, un jour de grand sabbat, à la
huitième heure. Il avait été arrêté par Hérode, sous le pontificat de Philippe
de Tralles, et le proconsulat de Statius Quadratus, mais sous le règne éternel
de notre Seigneur Jésus Christ ; à lui soit la gloire, l’honneur, la grandeur,
le trône éternel de génération en génération. Amen.
XXII, 1. Nous vous
souhaitons bonne santé, frères, marchez selon l’Évangile, dans la parole de
Jésus-Christ ; avec lui, gloire à Dieu le Père et au saint Esprit, pour le
salut des saints élus. C’est ainsi que témoigna le bienheureux Polycarpe ;
puissions-nous marcher sur ses traces, et être trouvés avec lui dans le royaume
de Dieu.
2. Gaïus a transcrit
cette lettre sur le manuscrit d’Irénée, disciple de Polycarpe ; Gaïus a vécu
avec Irénée. Et moi, Socrate, je l’ai copiée d’après la copie de Gaïus. La
grâce soit avec tous.
3. Et moi, à mon tour,
Pionius, je l’ai copiée sur l’exemplaire ci-dessus ; je l’ai recherché, après
que le bienheureux Polycarpe me l’eût montré dans une révélation, comme je le
raconterai par la suite. J’ai rassemblé les fragments presque détruits par le
temps ; que le Seigneur Jésus Christ me rassemble aussi avec ses élus dans le
royaume du ciel ; à lui la gloire avec le Père et le saint Esprit dans les
siècles des siècles. Amen.
Appendice du manuscrit de
Moscou.
1. Gaïus a copié ceci
dans les écrits d’Irénée ; il avait vécu avec Irénée, qui fut disciple de saint
Polycarpe.
2. Cet Irénée, qui était
à Rome à l’époque du martyre de l’évêque Polycarpe, instruisit beaucoup de
personnes. On a de lui beaucoup d’écrits très beaux et très orthodoxes ; il y
fait mention de Polycarpe, disant qu’il avait été son disciple ; il réfuta
vigoureusement toutes les hérésies et nous transmet la règle ecclésiastique et
catholique, telle qu’il l’avait reçue du saint.
3. Il dit aussi ceci :
Marcion, d’où viennent ceux qu’on appelle les Marcionites, ayant un jour
rencontré saint Polycarpe, lui dit : "Reconnais-nous, Polycarpe."
Mais lui dit à Marcion : "Je reconnais, je reconnais le premier-né de
Satan."
4. On lit aussi ceci dans
les écrits d’Irénée : Au jour et à l’heure où Polycarpe souffrit le martyre à
Smyrne, Irénée se trouvant à Rome entendit une voix pareille à une trompette
qui disait : Polycarpe a été martyrisé.
5. Comme on l’a dit,
c’est donc dans les écrits d’Irénée que Gaïus a copié ceci, et Isocrate à
Corinthe l’a transcrit sur la copie de Gaïus. Et moi, Pionius, à mon tour je
l’ai copié sur l’exemplaire d’Isocrate, que j’avais recherché d’après une
révélation de saint Polycarpe. J’en ai rassemblé les fragments presque détruits
par le temps. Que le Seigneur Jésus Christ me rassemble aussi avec ses élus
dans la gloire du ciel ; à lui la gloire avec le Père et le saint Esprit dans
les siècles des siècles. Amen.
SOURCE : http://www.introibo.fr/26-01-St-Polycarpe-eveque-et#nh1
Abbatiale
Saint-Polycarpe de Saint-Polycarpe
Profile
Associate of, converted by,
and disciple of Saint John
the Apostle. Friend of Saint Ignatius
of Antioch and Saint Papias;
spiritual teacher of Saint Irenaeus
of Lyon. Fought Gnosticism. Bishop of Smyrna (modern
Izmir, Turkey). Revered Christian leader
during the first half of the second
century. The Asia
Minor churches recognized Polycarp’s leadership and chose him
representative to Pope Anicetus on
the question the date of the Easter celebration.
Only one of the many letters written by
Polycarp has survived, the one he wrote to the Church of Philippi, Macedonia.
At 86, Polycarp was to be burned
alive in a stadium in Smyrna;
the flames did not harm him and he was finally killed by a dagger, and his body
burned. The Acts of Polycarp’s martyrdom are
the earliest preserved reliable account of a Christian martyr‘s death. Apostolic
Father.
Born
c.69
stabbed
to death c.155 at Smyrna
body burned
Additional
Information
Acts
of the Early Martyrs, by Father James
A M Fastré, S.J.
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Saints
of the Day, by Katherine Rabenstein
Victories
of the Martyrs, by Saint Alphonsus
de Liguori
books
Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
other
sites in english
images
video
sitios
en español
Martirologio Romano, 2001 edición
sites
en français
Abbé
Christian-Philippe Chanut
fonti
in italiano
Martirologio Romano, 2005 edition
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Readings
Stand fast, therefore, in
this conduct and follow the example of the Lord, ‘firm and unchangeable in
faith, lovers of the brotherhood, loving each other, united in truth,’ helping
each other with the mildness of the Lord, despising no man. – Polycarp,
Letter to the Philippians
When the pyre was ready,
Polycarp took off all his outer clothes and loosened his under-garments. There
and then he was surrounded by the material for the pyre. Whey they tried to
fasten him also with nails, he said, “Leave me as I am. The one who gives me
the strength to endure the fire will also give me strength to stay quite still
on the pyre, even without the precaution of your nails.” So they did not fix
him to the pyre with nails, but only fastened him instead.
Looking up to heaven, he
said, “Lord, almighty God, Father of your beloved and blessed Son Jesus Christ,
through whom have come to the knowledge of yourself, God of angels, of powers,
of all creation, of all the race of saints who live in your sight, I bless you
for judging me worthy of this day, this hour, so that in the company of the
martyrs I may share the cup of Christ, your anointed one, and so rise again to
eternal life in soul and body through the power of the Holy
Spirit.
“I praise you for all
things, I bless you, I glorify you through the eternal priest of heaven, Jesus
Christ, your beloved Son. Through him by glory to you, together with him and
the Holy
Spirit, now and for ever. Amen.”
When he had said, “Amen”
and finished the prayer, the officials at the pyre lit it. But, when a great
flame burst out, those of us privileged to see it witnessed a strange and
wonderful thing. Like a ship’s sail swelling in the wind, the flame became as
it were a dome encircling the martyr’s body. Surrounded by the fire, his body
was like bread that is baked, or gold and silver white-hot in a furnace, not
like flesh that has been burnt. So sweet a fragrance came to us that it was
like that of burning incense or some other costly and sweet-smelling gum. –
from a letter by the Church of Smyrna on the martyrdom of Saint Polycarp
MLA
Citation
“Saint Polycarp of
Smyrna“. CatholicSaints.Info. 22 February 2023. Web. 24 February 2023.
<https://catholicsaints.info/saint-polycarp-of-smyrna/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-polycarp-of-smyrna/
Stained
glass. Detail: St. Polycarp, Rectory, St. Stephen's, Our Lady of Peace Geneva,
Geneva, NY
St. Polycarp
Martyr (A.D.
69-155).
Our chief sources of
information concerning St. Polycarp are: (1) the Epistles of St.
Ignatius; (2) St. Polycarp's own Epistle to the Philippians; (3) sundry
passages in St.
Irenæus; (4) the Letter of the Smyrnaeans recounting the martyrdom of
St. Polycarp.
The epistles of St.
Ignatius
Four out of the seven
genuine epistles of St. Ignatius were written from Smyrna.
In two of these — Magnesiansand Ephesians — he speaks of
Polycarp. The seventh Epistle was addressed to Polycarp. It contains
little or nothing of historical interest in connexion with St.
Polycarp. In the opening words St.
Ignatius gives glory to God"that
it hath been vouchsafed to me to see thy face". It seems hardly safe to
infer, with Pearson and Lightfoot, from these words that the two had never met
before.
The epistle of St.
Polycarp to the Philippians
The Epistle of
St. Polycarp was a reply to one from the Philippians, in which they had
asked St. Polycarp to address them some words of exhortation; to forward by his
own messenger a letter addressed by them to the Church
of Antioch; and to send them any epistles of St.
Ignatius which he might have. The second request should be noted. St.
Ignatius had asked the Churches of Smyrna and Philadelphia to
send a messenger to congratulate the Church
of Antioch on the restoration of peace; presumably, therefore, when
at Philippi,
he gave similar instructions to the Philippians. This is one of the many
respects in which there is such complete harmonybetween the
situations revealed in the Epistles of St.
Ignatius and the Epistle of St. Polycarp, that it is hardly
possible to impugn the genuineness of the former without in some way
trying to destroy the credit of the latter, which happens to be one of the best
attested documents of antiquity. In consequence some extremists,
anti-episcopalians in the seventeenth century, and members of the Tübingen
School in the nineteenth, boldly rejected the Epistle of Polycarp.
Others tried to make out that the passages which told most in favour of
the Ignatianepistles were interpolations.
These theories possess
no interest now that the genuineness of
the Ignatian epistles has practically ceased to be questioned.
The only point raised which had any show of plausibility (it was sometimes used
against thegenuineness, and sometimes against the early date of
St. Polycarp's Epistle) was based on a passage in which it might at first
sight seem that Marcion was denounced:
"For every one who does not confess that Jesus
Christ has come in the flesh is antichrist;
and whosoever does not confess the testimony of the cross, is
a devil, and whosoever perverteth the oracles of
the Lord (to serve) his own lusts, and saith there is
neither resurrection norjudgment,
this man is a first-born of Satan."
St. Polycarp wrote his epistle before he had heard of St.
Ignatius'martyrdom.
Now, supposing the passage just quoted to have been aimed at Marcion (whom,
on one occasion, as we shall presently see, St. Polycarp called to his
face "the first-born of Satan"),
the choice lies between rejecting the epistle as spurious on account
of the anachronism, or bringing down its date, and the date of St.
Ignatius'martyrdom to
A.D. 130-140 when Marcion was
prominent. Harnack seems at one time to have adopted the latter
alternative; but he now admits that there need be no reference to Marcion at
all in the passage in question (Chronologie, I, 387-8). Lightfoot thought a
negative could be proved. Marcion,
according to him, cannot be referred to because nothing is said about his
characteristic errors,
e.g., the distinction between the God of
the Old and
the God of
the New
Testament; and because the antinomianism ascribed
to "the first-born of Satan"
is inapplicable to the austere Marcion (Lightfoot, St.
Ignatius and St. Polycarp, I, 585; all references to Lightfoot (L), unless
otherwise stated, will be to this work).
When Lightfoot wrote it
was necessary to
vindicate the authenticity of the Ignatian epistles and
that of St. Polycarp. If the former were forgeries, the latter, which
supports — it might almost be said presupposes — them, must be a forgery from
the same hand. But a comparison between Ignatius and Polycarp shows
that this is an impossible hypothesis. The former lays every stress upon episcopacy,
the latter does not even mention it. The former is full of emphatic
declarations of the doctrine of
the Incarnation, the two natures of Christ,
etc. In the latter these matters are hardly touched upon. "The divergence
between the two writers as regards Scriptural quotations is equally
remarkable. Though the seven Ignatian letters are many times longer
than Polycarp's Epistle, the quotations in the latter are incomparably more
numerous, as well as more precise, than in the former. The obligations to
the New
Testament are wholly different in character in the two
cases. The Ignatianletters do, indeed, show a considerable knowledge of
the writings included in our Canon
of the New Testament; but this knowledge betrays
itself in casual words and phrases, stray metaphors, epigrammatic adaptations,
and isolated coincidences of thought ... On the other hand in
Polycarp's Epistle sentence after sentence is
frequently made up of passages from
the Evangelical and Apostolic writings ... But this
divergence forms only part of a broader and still more decisive
contrast, affecting the whole style and character of the two
writings. Theprofuseness of quotations in
Polycarp's Epistle arises from a want of originality ... On the other
hand the letters of Ignatius have a marked individuality. Of
all early
Christian writings they are pre-eminent in this respect" (op.
cit., 595-97).
Various passages in St.
Irenaeus
In St. Irenæus,
Polycarp comes before us preeminently as a link with the past. Irenaeus mentions
him four times: (a) in connection with Papias; (b) in his letter
to Florinus; (c) in his letter to Pope
Victor; (d) at the end of the celebrated appeal to the potior
principalitas of the Roman
Church.
In connection with Papias
From Against
Heresies V.33, we learn that Papias was "a hearer of John,
and a companion of Polycarp".
In his letter to Florinus
Florinus was
a Roman presbyter who
lapsed into heresy. St.
Irenæus wrote him a letter of remonstrance (a long extract from which is
preserved by Eusebius, Church
History V.20), in which he recalled their common recollections of
Polycarp. "These opinions ... Florinus are not of
sound judgment ... I saw thee when I was still a boy
in Lower Asia in
company with Polycarp, while thou wast faring prosperously in the royal court,
and endeavouring to stand well with him. For I
distinctly remember the incidents of that time better than events of
recent occurrence ... I can describe the very place in which
the Blessed Polycarp used to sit when he discoursed ... his personal
appearance ... and how he would describe his intercourse
with John and with the rest who had seen the Lord, and how he
would relate their words ... I can testify in the sight of God,
that if the blessed andapostolic elder had heard anything of
this kind, he would have cried out, and stopped his ears, and said after his
wont, 'O good God,
for what times hast thou kept me that I should endure such things?' ... This
can be shown from the letters which he wrote to the
neighbouring Churches for their confirmation etc.".
Lightfoot (op. cit., 448) will not fix the date of
the time when St. Irenæus and Florinus were fellow-pupils
of St. Polycarp more definitely than somewhere between 135 and 150. There are
in fact no data to go upon.
In his letter to Pope
Victor
The visit of St. Polycarp
to Rome is
described by St. Irenæus in a letter to Pope Victor written
under the following circumstances. The Asiatic Christians differed
from the rest of the Church in
their manner of observing Easter.
While the other Churches kept the feast on a Sunday,
the Asiatics celebrated it on the 14th of Nisan, whatever day of the
week this might fall on. Pope Victor tried to establish uniformity,
and when the Asiatic Churchesrefused
to comply, excommunicated them. St.
Irenæus remonstrated with him in a letter, part of which is preserved
by Eusebius (Church
History V.24), in which he particularly contrasted the moderation
displayed in regard to Polycarp by Pope Anicetus with the conduct
of Victor. "Among these (Victor's predecessors) were the presbyters before Soter.
They neither observed it (14th Nisan) themselves, nor did they permit those
after them to do so. And yet, though not observing it, they were none the less
at peace with those who came to them from the parishes in
which it was observed. . . And when the blessed Polycarp was at Rome in
the time of Anicetus, and they disagreed a little about other things, they
immediately made peace with one another, not caring to quarrel over
this matter. For neither could Anicetus persuade Polycarp ...
nor Polycarp Anicetus . . . But though matters were in this shape,
they communed together, and Anicetus conceded the
administration of the Eucharistin the Church to
Polycarp, manifestly as a mark of respect. And they parted from each other in
peace", etc.
There is a difficulty
connected with this visit of Polycarp to Rome.
According to the Chronicle
of Eusebius in St.
Jerome's version (the Armenian version
is quite untrustworthy) the date of Anicetus' accession was
A.D. 156-57. Now the probable date of St. Polycarp's martyrdom is
February, 155. The fact of the visit to Rome is
too well attested to be called into question. We must, therefore, either give
up the date of martyrdom,
or suppose thatEusebius post-dated
by a year or two the accession of Anicetus. There is nothing
unreasonable in this latter hypothesis, in view of the uncertainty which so
generally prevails in chronological matters (for the date of
theaccession of Anicetus see Lightfoot, "St. Clement
I", 343).
In his famous passage on
the Roman Church
We now come to the
passage in St. Irenæus (Adv. Haer., III,3) which brings out in
fullest relief St. Polycarp's position as a link with the past. Just as St.
John's long life lengthened out the Apostolic Age,
so did the four score and six years of Polycarp extend the sub-Apostolic Age,
during which it was possible to learn by word of mouth what
the Apostles taught from those who had been their hearers. In Rome the Apostolic Age
ended about A.D. 67 with the martyrdom of St.
Peter and St.
Paul, and the sub-Apostolic Age about a quarter of a century later
when St. Clement, "who had seen the blessed Apostles",
died. In Asia the Apostolic Age
lingered on till St. John died about A.D. 100; and the sub-Apostolic Age
till 155, when St. Polycarp was martyred.
In the third book of his treatise "Against Heresies", St.
Irenæus makes his celebrated appeal to the
"successions" of the bishops in
all the Churches. He is arguing against heretics who
professed to have a kind of esoteric tradition derived from theApostles.
To whom, demands St. Irenæus, would the Apostles be more likely
to commit hidden mysteries than to the bishops to
whom they entrusted their churches? In order then to know what
the Apostles taught, we must have recourse to the
"successions" of bishops throughout
the world. But as time and space would fail if we tried to
enumerate them all one by one, let the Roman
Church speak for the rest. Their agreement with her is a manifest fact
by reason of the position which she holds among them ("for with
this Church on account of itspotior principalitas the
whole Church,
that is, the faithful from every quarter, must needs agree",
etc.).
Then follows the list of
the Roman bishops down
to Eleutherius, the twelfth from the Apostles, the ninth fromClement,
"who had both seen and conversed with
the blessed Apostles". From the Roman
Church, representing all the churches, the writer then passes on to
two Churches, that of Smyrna,
in which, in the person of
Polycarp, the sub-Apostolic Age had been carried down to a time still
within living memory, and the Church of Ephesus,
where, in the person of St.
John, the Apostolic Age
had been prolonged till "the time of Trajan".
Of Polycarp he says, "he was not only taught by the Apostles,
and lived in familiar intercourse with many that had seen Christ,
but also received his appointment in Asia from
the Apostles as Bishop in the Church of Smyrna".
He then goes on to speak of his own personal acquaintance with Polycarp,
his martyrdom,
and his visit to Rome,
where he converted many heretics.
He then continues, "there are those who heard him tell how John,
the disciple of the Lord,
when he went to take a bath in Ephesus, and saw Cerinthus within,
rushed away from the room without bathing, with the words 'Let us flee lest the
room should fall in, for Cerinthus,
the enemy of the truth,
is within'. Yea, and Polycarp himself, also, when on one occasion Marcion confronted
him and said 'Recognise us', replied, 'Ay, ay, I recognise the first-born of Satan'
".
The Smyrnaean letter
describing St. Polycarp's martyrdom
Polycarp's martyrdom is
described in a letter from the Church of Smyrna,
to the Church of Philomelium "and
to all the brotherhoods of
the holy and universal Church",
etc. The letter begins with an account of the persecutionand
the heroism of the martyrs.
Conspicuous among them was one Germanicus, who encouraged the rest, and
when exposed to the wild beasts, incited them to slay him. His death
stirred the fury of the multitude, and the cry was raised "Away with
the atheists;
let search be made for Polycarp". But there was one Quintus, who of his
own accord had given himself up to the persecutors.
When he saw the wild beasts he lost heart and apostatized.
"Wherefore", comment the writers of the epistle,
"we praise not those who deliver themselves up, since theGospel does
not so teach us". Polycarp was persuaded by his friends to leave the city
and conceal himself in a farm-house. Here he spent his time in prayer,
"and while praying he
falleth into a trance three days before his apprehension; and he saw his pillow
burning with fire. And he turned and said unto those that were with him, 'it
must needs be that I shall be burned alive'". When his pursuers were on
his track he went to another farm-house. Finding him gone they put
two slave boys to the torture, and one of them betrayed his place of
concealment. Herod, head of the police, sent a body of men to arrest
him on Friday evening. Escape was still possible, but the old man
refused to flee, saying, "the will of God be
done". He came down to meet his pursuers, conversed affably with them, and
ordered food to be set before them. While they were eating he prayed,
"remembering all, high and low, who at any time had come in his
way, and the Catholic Church throughout
the world". Then he was led away.
Herod
and Herod's father, Nicetas, met him and took him into their
carriage, where they tried to prevail upon him to save his life. Finding they
could not persuade him, they pushed him out of the carriage with such haste that
he bruised his shin. He followed on foot till they came to the Stadium,
where a great crowd had assembled, having heard the news of his apprehension.
"As Polycarp entered into the Stadium a voice came to him from heaven:
'Be strong, Polycarp, and play the man'. And no one saw the speaker, but those
of our people who were present heard the voice." It was to the proconsul,
when he urged him to curse Christ, that Polycarp made his celebrated
reply: "Fourscore and six years have I served Him, and he has done me no
harm. How then can Icurse my King that saved me." When the
proconsul had done with the prisoner it
was too late to throw him to the beasts, for the sports were closed. It was
decided, therefore, to burn him alive. The crowd took it upon itself
tocollect fuel, "the Jews more
especially assisting in this with zeal,
as is their wont" (cf. the Martyrdom of Pionius). The fire,
"like the sail of a vessel filled by the wind, made a wall round the
body" of the martyr,
leaving it unscathed. The executioner was ordered to stab him,
thereupon, "there came forth a quantity of blood so that it
extinguished the fire". (The story of the dove issuing from the
body probably arose out of a textual corruption.See Lightfoot, Funk, Zahn.
It may also have been an interpolation by the pseudo-Pionius.)
The officials, urged
thereto by the Jews,
burned the body lest the Christians "should abandon the worship of
the Crucified
One, and begin to worship this man". The bones of
the martyr were
collected by the Christians,
and interred in
a suitable place. "Now the blessed Polycarp was martyred on
the second day of the month ofKanthicus, on the seventh day before the Kalends of
March, on a great Sabbath at
the eighth hour. He was apprehended by Herodes ... in the
proconsulship of Statius Quadratus etc." This subscription gives
the following facts: the martyrdom took
place on a Saturday which fell on 23 February. Now there are two
possible years for this, 155 and 166. The choice depends upon which of the
two Quadratus was proconsul of Asia.
By means of thechronological data supplied by the
rhetorician Aelius Aristides in certain autobiographical
details which he furnishes, Waddington who is followed by Lightfoot
("St. Ignatius and St. Polycarp", I, 646 sq.), arrived at the
conclusion that Quadratus was proconsul in 154-55 (the proconsul's
year of office began in May). Schmid, a full account of whose system will
be found in Harnack's "Chronologie", arguing from the same data, came
to the conclusion that Quadratus' proconsulship fell in 165-66.
For some time it seemed
as if Schmid's system was likely to prevail, but it has failed on two
points:
Aristides tells us that
he was born when Jupiter was in Leo. This happened both in 117 and
129. Schmid'ssystem requires the later of these two dates, but
the date has been found to be impossible. Aristides was
fifty-three years and six months old when a certain Macrinus was governor
of Asia.
"Now Egger (in theAustrian 'Jahreshefte', Nov., 1906) has
published an inscription recording the career of Macrinus, which was
erected to him while he was governing Asia,
and he pointed out that as the birth of Aristides was either in 117
or 129, the government of Macrinus must have been either in 170-171, or
182-183, and he has shown that the later date is
impossible". (Ramsay in "The Expository Times", Jan.,
1907.)
Aristides mentions a
Julianus who was proconsul of Asia nine
years before Quadratus. Now there was aClaudius Julianus, who
is proved by
epigraphic and numismatic evidence
to have been proconsul of Asia in
145. Schmid produced a Salvius Julianus who was consul in
148 and might, therefore, have been the Proconsul of Asia named
by Aristides. But an inscription discovered
in Africa giving the whole career ofSalvius Julianus disposes
of Schmid's hypothesis. The result of the new evidence is
that Salvius Julianus never governed Asia,
for he was proconsul of Africa,
and it was not permitted that the same person should
hold both of these high offices. The rule is well known; and the objection is
final and insurmountable (Ramsay, "Expos. Times", Feb., 1904. Ramsay
refers to an article by Mommsen, "Savigny Zeitschrift fur
Rechtgeschichte", xxiii, 54). Schmid's system, therefore,
disappears, and Waddington's, in spite of some very real difficulties
(Quadratus' proconsulship shows a tendency to slip a year out of place), is
inpossession. The possibility of course remains that the subscription was
tampered with by a later hand. But 155 must be approximately correct if St.
Polycarp was appointed bishop by St.
John.
There is a life of St.
Polycarp by pseudo-Pionius, compiled probably in the middle of the fourth
century. It is "altogether valueless as a contribution to our knowledge of
Polycarp. It does not, so far as we know,
rest on anytradition, early or late, and may probably be regarded as a fiction
of the author's own brain" (Lightfoot, op. cit., iii, 431). The postscript
to the letter to the Smyrneans: "This account Gaius copied
from the papers of Irenaeus... and I, Socrates, wrote it down
in Corinth ... and I, Pionius again wrote it down",
etc. probably came from the pseudo-Pionius. The very copious extracts from the
Letter of the Smyrneans given by Eusebius are
a guarantee of the fidelity of the text in the manuscripts that
have come down.
Bacchus, Francis
Joseph. "St. Polycarp." The Catholic Encyclopedia. Vol.
12. New York: Robert Appleton Company, 1911.24 Feb.
2016 <http://www.newadvent.org/cathen/12219b.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Marie Jutras.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. June 1, 1911. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2021 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/12219b.htm
St. Polycarp
St. Polycarp lived in about 69-155 A.D., and was the Bishop of Smyrna, Izmir in
modern Turkey. He was the leading Christian figure in Roman Asia Minor. He is an
important link between the tradition of the Church stretch from the apostles to
the 2nd century church.
Few details of his life are extant with any reliability beyond his famous
martyrdom, which was recounted in the Martyrium Polycarpi. It is believed, however,
that he was converted to the faith by St. John the Evangelist about 80 A.D. St.
Irenaeus (Bishop of Lyons in 2nd century) tells us that Polycarp sat at the
feet of the Apostle St. John. Polycarp also knew others that saw Christ in the
flesh. He was appointed to the See of Smyrna by the Apostles themselves about
96 A.D.
He was, as was his friend St. Ignatius of Antioch, one of the most important
intermediary links between the apostolic and the patristic eras in the Church,
especially in Christian Asia Minor. When Ignatius was being taken to Rome to be
put to death, he wrote of Polycarp being clothed “with the garment of grace.” A
defender of orthodoxy, he opposed such heretical groups as the Marcionites and
Valentinians. He also authored a
surviving epistle to the Philippians, exhorting them to remain strong in the
faith. The letter is of great interest to scholars because it demonstrates the
existence of New Testament texts, with quotes from Matthew and Luke, the Acts
of the Apostles, and the first letters of Peter and John.
Persecution broke out in Smyrna. Polycarp was himself arrested by Roman
officials in Smyrna soon after returning from a trip to Rome to discuss the
date for Easter with Pope Anicetus. When Polycarp heard that his pursuers were
at the door, he said, “The will of God be done; ” and meeting them, he begged
to be left alone for a little time, which he spent in prayer for “the Catholic
Church throughout the world.” As Polycarp was led into the stadium where he was
to be martyred, the uproar was so loud that many did not hear the announcement.
A voice from heaven came to Polycarp as he was entering the stadium: “Be
strong, Polycarp, and play the man!” No one saw the speaker, but many witnesses
heard the voice.
The Roman proconsul attempted to persuade Polycarp to worship Caesar and say
“Away with the atheists” referring to the Christians – Polycarp looked up to
heaven and groaned “Away with the atheists!” refering to the Roman crowds.The proconsul asked him to revile Christ, and Polycarp
replied: “I have served Him eight-six years and in no way has He dealt unjustly
with me; so how can I blaspheme my King Who saved me?”
Polycarp declared his Christianity and refused any persistence by the
proconsul. Many threats were made against him: wild beasts, fire, and any
torture possible. Polycarp’s response
to these: “You threaten fire which burns for an hour and is soon quenched; for
you are ignorant of the fire of the coming judgment and eternal punishment
reserved for the wicked. But why do you wait? Come, do what you will!”
As Polycarp spoke, he became filled with courage
and joy. His face was covered with grace so much so that none of the threats
stirred terror in his heart. The crowds shouted that Polycarp should be burned
alive—they gathered wood and fuel from shops and baths.
Polycarp readily took off his garments and loosened his belt. He also made an
effort to take off his shoes, although he was not used to doing this because
the faithful always hurried to take them off so that they may be the first to
touch his skin, since he was greatly adorned because of his Godly way of life. As they were about to nail Polycarp, he said: “Let
me be as I am; for He who makes it possible for me to endure the fire will also
make it possible for me to remain on the pyre unmoved without the security of
nails.” Thus, they only bound him, but did not nail him.
Polycarp looked up to heaven and said this last prayer:
“Lord God Almighty, Father of Your Beloved and Blessed Son Jesus Christ,
through whom we have received knowledge of You, God of angels and powers and
every created thing and all the race of the just who dwell before You. I bless
You because You have considered me worthy of this day and hour to receive a
portion among the number of the martyrs in the Cup of your Christ unto the
resurrection of eternal life, both of soul and body in the incorruption of the
Holy Spirit. May I be received among them today as a rich and acceptable
sacrifice, just as you have prepared beforehand and revealed beforehand, and
fulfilled, O undeceiving and true God. For this reason and for all these things
I praise You, I bless You, I glorify You, through the eternal and heavenly high
priest, Jesus Christ, Your beloved Son, through whom to You with Him and the
Holy Spirit be glory now and forever. Amen.”
When he lifted up the Amen and finished the prayer, the fire was lit. When the
flame shot up, a miracle was witnessed: The fire took the form of an arch like
the sail of a ship filled by the wind and encircled the body of the martyr like
a wall. He was in the center of it not like burning flesh but like baking bread
or like gold and silver being refined in a furnace. Those who witnessed this
miracle also smelled a fragrant odor like the scent of incense or some other
precious spice. When the pagans saw
that his body could not be consumed by fire, they ordered the executioner to
plunge a dagger into him. When he did this, a large quantity of blood came out—so
much that it quenched the fire. Everyone was amazed that there was such a great
difference between the unbelievers and the elect, of which Polycarp was a
member.
After he departed, the Jews and others created an issue over what was to be
done with St. Polycarp’s body—they thought that the faithful believers would
begin to worship him, so the centurion decided to burn his body.”Then,” say the writers of his acts, “we took up
the bones, more precious than the richest jewels or gold, and deposited them in
a fitting place, at which may God grant us to assemble with joy to celebrate
the birthday of the martyr to his life in heaven!”
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/saint-polycarp/
Jan van Haelbeck (fl 1600–1630).
Ecclesiae Militantis Triumphi (Triomphes de l'Eglise Militante) / In medio
ignis..., between 1600 and 1620, 20,3 x 13,8, Plate 11: Martyrdom scenes with
St Polycarp being burned and stabbed in foreground, St Justin being beheaded in
right background, St Corona tied to two tree in central background, St Victor
of Siena being burned and stabbed with an axe in left background; letters A-D
within composition indicating different scenes. British Museum, Titled in top margin: "In
medio Ignis non svm aesvatvs, eccles.II." Lettered and numbered '11' in
lower margin, with explanatory key in Latin
Saints of the
Day – Polycarp of Smyrna
Died 2:00 p.m., February
23, c.156; feast day formerly January 26.
“To change your mind from
good to bad is the height of absurdity. True goodness changes from evil to
righteousness.” – Saint Polycarp
“I thank God that I am
being allowed my share in the sufferings of his martyrs. He who gives me
strength to endure fire will enable me to stand unmoved to the end.” –
Saint Polycarp
“God the Father of our
Lord Jesus Christ, increase us in faith and truth and gentleness, and grant us
part and lot among His saints.” – Prayer of Saint Polycarp
The earliest record of
Christian martyrdom outside the Bible is that of Polycarp, bishop of Smyrna. It
speaks of the sufferings of the Christians: “Who can fail to admire their
nobleness of mind, and their patience, with that love towards their Lord which
they displayed? – who when they were so torn with scourges, that the frame of
their bodies, even to the very inward veins and arteries, was laid open, still
patiently endured, while even those that stood by pitied and bewailed them.”
Polycarp had known those
who had known Jesus and was a disciple of the beloved Apostle John the Divine,
who had converted him about 80 AD. He taught, says his own pupil Irenaeus of
Lyons, the things that he learned from the Apostles, which the Church hands
down, which are true. Irenaeus, who as a young boy knew Polycarp, praised his
gravity, holiness, and majesty of countenance.
He kissed the chains of
Saint Ignatius of Antioch on his way to martyrdom in Rome. Saint Ignatius wrote
a special letter to encourage Polycarp when he was a young bishop and asked him
to watch over his church at Antioch and to write in his name to the churches of
Asia that he could not attend himself. Polycarp was probably the leading
Christian in Roman Asia in the second century and an important link between the
apostolic age and the great Christian writers of the second century.
He had lived near
Jerusalem and was proud of his early associations with the Apostles. “I can
tell,” he wrote, “the very place in which the blessed Saint Paul used to sit
when he discoursed, and his goings out and his comings in, and the stamp of his
life, and his bodily appearance, and the discourses which he held towards the
congregation, and how he would describe his intercourse with those who had seen
the Lord, and how he would relate their words.”
Polycarp became bishop of
Smyrna c. 96 and ruled the see for 70 years. He was a staunch defender of
orthodoxy and an energetic opponent of heresy, especially Marcionism and
Valentinianism (the most influential of the Gnostic sects). A letter to him
from Saint John has survived, as has his Epistle to the Philippians, in which
he quotes from 1 John 4:3 and warns the Philippians against the false teachings
of Marcion, whom he once called “the first-born of Satan,” and which was so
esteemed that it was widely read in Asian churches even during Saint Jerome’s
lifetime, but was not included in the canon of Scripture.
Toward the end of his
life he visited Pope Saint Anicetus in Rome, and when they could not agree on a
date for Easter decided each would observe his own date. To testify his respect
and ensure that the bonds of charity were unbroken, Anicetus invited Polycarp
to celebrate the Eucharist in the papal chapel on this occasion.
Soon after he returned to
Smyrna, a youth called Germanicus was killed at a pagan festival. The crowd
cried out: “Away with the atheists [meaning the Christians who refused to
worship the state gods]. Fetch Polycarp.” And so, at age 90 (or 80 according to
Eusebius), when the persecution under Marcus Aurelius was at its height and men
marvelled at the incredible resistance of the Christians, he suffered
grievously, despite his great age and feebleness, at the hands of the mob. He
had refused to sacrifice to the gods and acknowledge the emperor’s divinity.
He had been warned that
they would arrest him, and had been persuaded to retire to a farm outside the
city, where he was betrayed by one of his own household, who had been
threatened with torture. The police came armed as against a robber, and when
they saw him marvelled at his age and calmness. “Was so much effort needed,”
they said, “to capture such a venerable man?” It was the evening and Polycarp
had retired to rest, but he came down and, with great courtesy and hospitality,
offered them food and wine. He then asked leave that he might pray, and stood
and prayed for all whom he had known and for the whole Church throughout the
world.
Seating him on an ass,
they brought him to Smyrna, where the governor, on meeting him, took him into
his own chariot, begging him to recant, and on his refusal cast him out upon
the road so that he dislocated his leg. Lame and exhausted, he was dragged to
the crowded arena and was met by the deafening tumult of the spectators, who,
seeing before them the most eminent of the Christians, called upon him to
blaspheme.
To this he replied: “For
eighty and six years I have served Christ and he has done me no wrong. How then
can I blaspheme my King and my Savior now! If you require of me to swear by the
genius of Caesar, as you call it, hear my free confession: I am a Christian; if
you wish to learn the Christian doctrine, choose a day and hear me.” The
proconsul said, “Persuade the people.” To which Polycarp joyfully and
confidently answered, “I address myself to you; for we are taught to give due
honor to princes, so far as it is consistent with religion. But before these
people I cannot justify myself.”
The proconsul admired his
courage, but already the herald had thrice proclaimed in the stadium: “Polycarp
has confessed that he is a Christian,” and the crowd called for him to be
thrown to the lions, but the time of the games was already over. The Roman
proconsul threatened to throw him into a fire. To which Polycarp responded,
“You threaten me with a fire that will certainly die out. You know nothing of
the eternal fire that is reserved for the wicked.” So, as he had already
foretold, Polycarp was ordered to be burned alive. He uttered a prayer of
praise and glory to God, and offered up himself.
In 155 AD the Christians
of Smyrna described the attempted execution of Saint Polycarp by burning. The
funeral pyre was made ready, the multitude gathering wood and faggots, and the
aged father of the Christians laid aside his garments; but when they were about
to nail him to the stake he said: “It is unnecessary. He who gives me strength
to endure in the flame will enable me to stand firm,” and as the fire reached
him he broke into praise and prayer.
Initially the fires
failed to harm the bishop and witnesses later described how ‘the flames made a
sort of arch, like a ship’s sail filled with the wind, and they were like a
wall round the martyr’s body; and he looked, not like burning flesh, but like
bread in the oven or gold and silver being refined in a furnace.’ They watched
Polycarp surrounded by flames but unharmed and perceived ‘such a fragrant
smell, as if it were the wafted odor of frankincense or some other precious
spice.’
In the end the bishop was
dispatched by an executioner with a dagger. It is said that a dove came forth
as well as enough blood to quench the fire. His body was burned to ashes to
prevent the Christians from taking it.
The Martyrium Polycarpi,
written in the name of the church of Smyrna, addressed to the church of
Philomelius in Pisidia, and evidently from eyewitness accounts of his arrest,
trial, and martyrdom, is the oldest authentic example of the acta of a martyr (introductory
note to the epistle). Twelve others of his flock were martyred with Polycarp.
The translated narrative of his martyrdom can be found in Ancient Christian
Writers series, no. 6 (1957). The date of his death is debated; it may have
been 166 or 177; but the earlier date seems more likely.
The account of his
martyrdom is precious evidence for the cultus of saints as early as the 2nd
century; and his vita of the variation in the dates of Easter from an early
period (Attwater, Benedictines, Bentley, Delaney, Farmer, Gill, Harrison,
Walsh, White).
In art, Saint Polycarp is
represented as a bishop roasted inside a brazen bull. At times he may be shown
refusing to sacrifice to an idol or roasted in an oven (Roeder). He may also be
depicted trampling on a pagan; with a funeral pyre near him; stabbed and burned
to death; or being burned in various ways (White). Polycarp is invoked against
earache (Roeder).
MLA
Citation
Katherine I
Rabenstein. Saints of the Day, 1998. CatholicSaints.Info.
22 May 2020. Web. 24 February 2023.
<https://catholicsaints.info/saints-of-the-day-polycarp-of-smyrna/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/saints-of-the-day-polycarp-of-smyrna/
St.
Polycarp, Bishop of Smyrna, Martyr
From
his acts, written by the church of Smyrna in an excellent circular letter to
the churches of Pontus, immediately after his martyrdom: a piece abridged by
Eusebius, b. 4. c. 14. highly esteemed by the ancients. Joseph Scaliger, a
supercilious critic, says that nothing in the whole course of church history so
strongly affected him as the perusal of these acts, and those relating to the
martyrs of Lyons: that he never read them but they gave him extraordinary
emotions. Animad. in Chron. Eusebii. n. 2183, &c. They are certainly most
valuable pieces of Christian antiquity. See Eusebius, St. Jerom, and St.
Irenæus. Also Tillemont, T. 2. p. 327. Dom Ceillier, T. 1. Dom Marechal,
Concordance des Pères Grecs et Latins, T. 1.
A.D. 166.
ST. POLYCARP was
one of the most illustrious of the apostolic fathers, who, being the immediate
disciples of the apostles, received instructions from their mouths, and
inherited of them the spirit of Christ, in a degree so much the more eminent,
as they lived nearer the fountain head. He embraced Christianity very young,
about the year 80; was a disciple of the apostles, in particular of St. John
the Evangelist, and was constituted by him bishop of Smyrna, probably before
his banishment to Patmos, in 96: so that he governed that important see seventy
years. He seems to have been the angel or bishop of Smyrna, who was commended
above all the bishops of Asia by Christ himself in the Apocalypse, 1 and the only one without a
reproach. Our Saviour encouraged him under his poverty, tribulation, and
persecutions, especially the calumnies of the Jews, called him rich in grace,
and promised him the crown of life by martyrdom. This saint was respected by
the faithful to a degree of veneration. He formed many holy disciples, among
whom were St. Irenæus and Papias. When Florinus, who had often visited St.
Polycarp, had broached certain heresies, St. Irenæus wrote to him as follows: 2 “These things were not taught
you by the bishops who preceded us. I could tell you the place where the
blessed Polycarp sat to preach the word of God. It is yet present to my mind
with what gravity he every where came in and went out: what was the sanctity of
his deportment, the majesty of his countenance and of his whole exterior, and
what were his holy exhortations to the people. I seem to hear him now relate
how he conversed with John and many others, who had seen Jesus Christ; the
words he had heard from their mouths. I can protest before God, that if this
holy bishop had heard of any error like yours, he would have immediately
stopped his ears, and cried out, according to his custom: Good God! that I
should be reserved to these times to hear such things! That very instant he
would have fled out of the place in which he had heard such doctrine.” Saint
Jerom 3 mentions, that St. Polycarp met
at Rome the heretic Marcion in the streets, who resenting that the holy bishop
did not take that notice of him which he expected, said to him: “Do not you
know me, Polycarp?” “Yes,” answered the saint, “I know you to be the first-born
of Satan.” He had learned this abhorrence of the authors of heresy, who
knowingly and willingly adulterate the divine truths, from his master St. John,
who fled out of the bath in which he saw Cerinthus. 4 St. Polycarp kissed with
respect the chains of St. Ignatius, who passed by Smyrna on the road to his
martyrdom, and who recommended to our saint the care and comfort of his distant
church of Antioch; which he repeated to him in a letter from Troas, desiring him
to write in his name to those churches of Asia to which he had not leisure to
write himself. 5 St. Polycarp wrote a letter to
the Philippians shortly after, which is highly commended by Saint Irenæus, St.
Jerom, Eusebius, Photius and others, and is still extant. It is justly admired
both for the excellent instructions it contains, and for the simplicity and
perspicuity of the style; and was publicly read in the church in Asia, in Saint
Jerom’s time. In it he calls a heretic, as above, the eldest son of Satan.
About the year 158, he undertook a journey of charity to Rome, to confer with
Pope Anicetus about certain points of discipline, especially about the time of
keeping Easter; for the Asiatic churches kept it on the fourteenth day of the
vernal equinoctial moon, as the Jews did, on whatever day of the week it fell;
whereas Rome, Egypt, and all the West observed it on the Sunday following. It
was agreed that both might follow their custom without breaking the bands of
charity. St. Anicetus, to testify his respect, yielded to him the honour of
celebrating the Eucharist in his own church. 6 We find no further particulars
concerning our saint recorded before the acts of his martyrdom.
In
the sixth year of Marcus Aurelius, and Lucius Verus, Statius Quadratus being
proconsul of Asia, a violent persecution broke out in that country, in which
the faithful gave heroic proofs of their courage and love of God, to the
astonishment of the infidels. When they were torn to pieces with scourges till
their very bowels were laid bare, amidst the moans and tears of the spectators,
who were moved with pity at the sight of their torments, not one of them gave
so much as a single groan: so little regard had they for their own flesh in the
cause of God. No kinds of torture, no inventions of cruelty were forborne to
force them to a conformity to the pagan worship of the times. Germanicus, who
had been brought to Smyrna with eleven or twelve other Christians, signalized
himself above the rest, and animated the most timorous to suffer. The proconsul
in the amphitheatre called upon him with tenderness, entreating him to have
some regard for his youth, and to value at least his life: but he, with a holy
impatience, provoked the beasts to devour him, to leave this wicked world. One
Quintus, a Phrygian, who had presented himself to the judge, yielded at the
sight of the beasts let out upon him, and sacrificed. The authors of these acts
justly condemn the presumption of those who offered themselves to suffer, 7 and say that the martyrdom of
St. Polycarp was conformable to the gospel, because he exposed not himself to
the temptation, but waited till the persecutors laid hands on him, as Christ
our Lord taught us by his own example. The same venerable authors observe, that
the martyrs by their patience and constancy demonstrated to all men, that,
whilst their bodies were tormented, they were in spirit estranged from the
flesh, and already in heaven; or rather that our Lord was present with them and
assisted them; for the fire of the barbarous executioners seemed as if it had
been a cooling refreshment to them. 8 The spectators, seeing the
courage of Germanicus and his companions, and being fond of their impious
bloody diversions, cried out: “Away with the impious; let Polycarp be sought
for.” The holy man, though fearless, had been prevailed upon by his friends to
withdraw and conceal himself in a neighbouring village, during the storm,
spending most of his time in prayer. Three days before his martyrdom, he in a vision
saw his pillow on fire; from which he understood by revelation, and foretold
his companions, that he should be burnt alive. When the persecutors were in
quest of him he changed his retreat, but was betrayed by a boy, who was
threated with the rack unless he discovered him. Herod, the Irenarch, or keeper
of the peace, whose office it was to prevent misdemeanors and apprehend
malefactors, sent horesemen by night to beset his lodgings. The saint was above
stairs in bed, but refused to make his escape, saying: “God’s will be done.” He
went down, met them at the door, ordered them a handsome supper, and desired
only some time for prayer before he went with them. This granted, he began his
prayer standing, which he continued in that posture for two hours, recommending
to God his own flock and the whole church with so much earnestness and
devotion, that several of those who were come to seize him, repented they had
undertaken the commission. They set him on an ass, and were conducting him
towards the city, when he was met on the road by Herod and his father Nicetes,
who took him into their chariot, and endeavoured to persuade him to a little
compliance, saying: “What harm is there in saying Lord Cæsar, or even in
sacrificing, to escape death?” By the word Lord was meant nothing less than a
kind of deity or god-head. The bishop at first was silent, in imitation of our
Saviour: but being pressed, he gave them this resolute answer: “I shall never
do what you desire of me.” At these words, taking off the mask of friendship
and compassion, they treated him with scorn and reproaches, and thrust him out
of the chariot with such violence, that his leg was bruised by the fall. The
holy man went forward cheerfully to the place where the people were assembled.
Upon his entering it, a voice from heaven was heard by many, saying: “Polycarp,
be courageous, and act manfully.” 9 He was led directly to the
tribunal of the proconsul, who exhorted him to respect his own age, to swear by
the genius of Cæsar, and to say: “Take away the impious,” meaning the
Christians. The saint, turning towards the people in the pit, said, with a
stern countenance: “Exterminate the wicked,” meaning by this expression either
a wish that they might cease to be wicked by their conversion to the faith of
Christ: or this was a prediction of the calamity which befel their city in 177,
when Smyrna was overturned by an earthquake, as we read in Dion 10 and Aristides. 11 The proconsul repeated: “Swear
by the genius of Cæsar, and I discharge you; blaspheme Christ.” Polycarp
replied: “I have served him these fourscore and six years, and he never did me
any harm, but much good; and how can I blaspheme my King and my Saviour? If you
require of me to swear by the genius of Cæsar, as you call it, hear my free
confession: I am a Christian; but if you desire to learn the Christian
religion, appoint a time, and hear me.” The proconsul said: “Persuade the
people.” The martyr replied: “I address my discourse to you; for we are taught
to give due honour to princes as far as is consistent with religion. But the
populace is an incompetent judge to justify myself before.” Indeed rage
rendered them incapable of hearing him.
The
proconsul then assuming a tone of severity, said: “I have wild beasts;” “Call
for them,” replied the saint, “for we are unalterably resolved not to change
from good to evil. It is only good to pass from evil to good.” The proconsul
said: “If you contemn the beasts, I will cause you to be burnt to ashes.”
Polycarp answered: “You threaten me with a fire which burns for a short time,
and then goes out; but are yourself ignorant of the judgment to come, and of
the fire of everlasting torments, which is prepared for the wicked. Why do you
delay? Bring against me what you please.” Whilst he said this and many other
things, he appeared in a transport of joy and confidence and his countenance
shone with a certain heavenly grace, and pleasant cheerfulness, insomuch, that
the proconsul himself was struck with admiration. However, he ordered a crier
to make public proclamation three times in the middle of the Stadium (as was
the Roman custom in capital cases): “Polycarp hath confessed himself a
Christian.” 12 At this proclamation the whole
multitude of Jews and Gentiles gave a great shout, the latter crying out: “This
is the great teacher of Asia; the father of the Christians; the destroyer of
our gods, who preaches to men not to sacrifice to or adore them.” They applied
to Philip the Asiarch, 13 to let loose a lion upon
Polycarp. He told them that it was not in his power, because those shows had
been closed. Then they unanimously demanded, that he should be burnt alive.
Their request was no sooner granted, but every one ran with all speed, to fetch
wood from the baths and shops. The Jews were particularly active and busy on this
occasion. The pile being prepared, Polycarp put off his garments, untied his
girdle, and began to take off his shoes; an office he had not been accustomed
to, the Christians having always striven who should do these things for him,
regarding it as a happiness to be admitted to touch him. The wood and other
combustibles were heaped all round him. The executioners would have nailed him
to the stake; but he said to them: “Suffer me to be as I am. He who gives me
grace to undergo this fire, will enable me to stand still without that
precaution.” They therefore contented themselves with tying his hands behind
his back, and in this posture looking up towards heaven, he prayed as follows:
“O Almighty Lord God, Father of thy beloved and blessed Son Jesus Christ, by
whom we have received the knowledge of thee, God of angels, powers, and every
creature, and of all the race of the just that live in thy presence! I bless
thee for having been pleased in thy goodness to bring me to this hour, that I
may receive my portion in the number of thy martyrs, and partake of the chalice
of thy Christ, for the resurrection to eternal life, in the incorruptibleness
of the Holy Spirit. Amongst whom grant me to be received this day as a pleasing
sacrifice, such a one as thou thyself hast prepared, that so thou mayest
accomplish what thou, O true and faithful God! hast foreshown. Wherefore, for
all things I praise, bless, and glorify thee, through the eternal high priest
Jesus Christ thy beloved Son, with whom, to Thee and the Holy Ghost be glory
now and for ever. Amen.” He had scarcely said Amen, when fire was set to the
pile, which increased to a mighty flame. But behold a wonder, say the authors
of these acts, seen by us reserved to attest it to others; the flames forming
themselves into an arch, like the sails of a ship swelled with the wind, gently
encircled the body of the martyr; which stood in the middle, resembling not
roasted flesh, but purified gold or silver, appearing bright through the
flames; and his body sending forth such a fragrancy, that we seemed to smell
precious spices. The blind infidels were only exasperated to see that his body
could not be consumed, and ordered a spearman to pierce him through, which he
did, and such a quantity of blood issued out of his left side as to quench the
fire. 14 The malice of the devil ended
not here: he endeavoured to obstruct the relics of the martyr being carried off
by the Christians; for many desired to do it, to show their respect to his
body. Therefore, by the suggestion of Satan, Nicetes advised the proconsul not
to bestow it on the Christians, lest, said he, abandoning the crucified man,
they should adore Polycarp: the Jews suggested this, “Not knowing,” say the
authors of the acts, “that we can never forsake Christ, nor adore any other,
though we love the martyrs, as his disciples and imitators, for the great love
they bore their king and master.” The centurion, seeing a contest raised by the
Jews, placed the body in the middle, and burnt it to ashes. “We afterwards took
up the bones,” say they, “more precious than the richest jewels or gold, and
deposited them decently in a place at which may God grant us to assemble with
joy, to celebrate the birth-day of the martyr.” Thus these disciples and
eye-witnesses. It was at two o’clock in the afternoon, which the authors of the
acts call the eighth hour, in the year 166, that St. Polycarp received his
crown, according to Tillemont; but in 169, according to Basnage. 15 His tomb is still shown with
great veneration at Smyrna, in a small chapel. St. Irenæus speaks of St.
Polycarp as being of an uncommon age.
The
epistle of St. Polycarp to the Philippians, which is the only one among those
which he wrote that has been preserved, is, even in the dead letter, a standing
proof of the apostolic spirit with which he was animated, and of that profound
humility, perfect meekness, burning charity, and holy zeal, of which his life
was so admirable an example. The beginning is an effusion of the spiritual joy
and charity with which he was transported at the happiness of their conversion
to God, and their fervour in divine love. His extreme abhorrence of heresy
makes him immediately fall upon that of the Docætae, against which he arms the
faithful, by clearly demonstrating that Christ was truly made man, died, and
rose again: in which his terms admirably express his most humble and
affectionate devotion to our divine Redeemer, under these great mysteries of
love. Besides walking in truth, he takes notice, that to be raised with Christ
in glory, we must also do his will, keep all his commandments, and love
whatever he loves; refraining from all fraud, avarice, detraction, and rash
judgment; repaying evil with good, forgiving and showing mercy to others that
we ourselves may find mercy, “These things,” says he, “I write to you on
justice, because you incited me; for neither I, nor any other like me, can
attain to the wisdom of the blessed and glorious Paul, into whose epistles if
you look, you may raise your spiritual fabric by strengthening faith, which is
our mother, hope following, and charity towards God, Christ, and our neighbour
preceding us. He who has charity is far from all sin.” The saint gives short
instructions to every particular state, then adds: “Every one who hath not
confessed that Jesus Christ is come to the flesh, is antichrist; 16 and who hath not confessed the
suffering of the cross, is of the devil; and who hath drawn the oracles of the
Lord to his passions, and hath said that there is no resurrection nor judgment,
he is the oldest son of Satan.” He exhorts to watching always in prayer, lest
we he led into temptation: to be constant in fasting, persevering, joyful in
hope, and in the pledge of our justice, which is Christ Jesus, imitating his
patience; for, by suffering for his name, we glorify him. To encourage them to suffer,
he reminds them of those who had suffered before our eyes: Ignatius, Zozimus,
and Rufus, and some of their own congregation, 17 “who are now,” says our saint,
“in the place which is due to them with the Lord, with whom they also
suffered.”
Note
1. Ch.
ii. v. 9. [back]
Note 2. Eus. Hist. l. 5. c. 20. p.
188. [back]
Note
3. Cat.
vir. illustr. c. 17. [back]
Note 4. See also 1 John ii. 18. 22. and 2
John 10. [back]
Note
5. St.
Ignatius begins his letter to the faithful at Smyrna, by glorifying God for
their great spiritual wisdom, saying, he knew them to be perfect in their
unshaken faith, as men crucified with our Lord Jesus in flesh, and in spirit,
and deeply grounded in charity by the blood of Christ. He then solidly confutes
the Docætæ, heretics who imagined that Christ was not incarnate, and died only
in appearance; whom he calls demoniacs. He adds: “I give you this caution,
knowing that you hold the true faith, but that you may stand upon your guard
against these wild beasts in human shape, whom you ought not to receive under
your roof, nor even meet if possible; and be content only to pray for them that
they may be converted, if it be possible; for it is very difficult; though it
is the power of Jesus Christ our true life. If Jesus Christ did all this in
appearance only, then I am only chained in imagination; and why have I
delivered myself up to death, to fire, to the sword, to beasts? But who is near
the sword is near God: he who is among beasts is with God. I suffer all things
only in the name of Jesus Christ, that I may suffer with him, he giving me
strength, who was made perfectly man. What does it avail me to be commended by
any one, if he blaspheme our Lord, not confessing him to have flesh? The whole
consists in faith and charity; nothing can take place before these. Now
consider those who maintain a false opinion of the grace of Jesus Christ, how
they also oppose charity; they take no care of the widow, or orphan, or him who
is afflicted, or pining with hunger or thirst. They abstain from the
Eucharist and prayer, (says he) because they confess not the
Eucharist to be the flesh of our Saviour Jesus Christ, which was crucified for
our sins, and which the Father, by his goodness raised again. It is
advisable for you to separate yourselves from them, and neither to speak to
them in public or in private. Shun schisms and all discord, as the source of
evils. Follow your bishop as Christ his Father, and the college of priests as
the apostles; respect the deacons as the precept of God. Let no one do any
thing that belongs to the church without the bishop. Let that Eucharist be
regarded as lawful which is celebrated by the bishop or one commissioned by
him. Wherever the bishop makes his appearance, there let the people be
assembled, as wherever Christ Jesus is, there is the Catholic church. It is not
lawful to baptize or celebrate the Agape without the bishop or his authority.
What he approves of is acceptable to God. He who does any thing without the
bishop’s knowledge, serves the devil.” The saint most affectionately thanks
them for the kindness they had shown him and his followers; begs they will
depute some person to his church in Syria, to congratulate with his flock for
the peace which God had restored to them, adding that he was unworthy to be
called a member of that church of which he was the last. He asks the succour of
their prayers, that by them he might enjoy God. “Seeing,” says he, “that you
are perfect, entertain perfect sentiments of virtue: for God is ready to bestow
on you who desire to do well.” After the most tender salutations of many in
particular, and of all in general, especially the virgins who were called
widows, (i. e. the deaconesses, who were called widows, because they were
often such, though these were virgins,) he closes his letter by praying for
their advancement in all charity, grace, mercy, peace, and patience. Saint Ign.
ep. ad Smyrnæos, p. 872. ed. Cotel.
The apostolic St. Ignatius writes as
follows, in his letter to St. Polycarp: “Thy resolution in God, founded as it
were upon an unshaken rock, I exceedingly commend, having been made worthy of
thy holy face, which I pray I may enjoy in God. I conjure thee in the grace
with which thou art enriched, to encrease the stock in thy course, and to
exhort all that they may be saved. Have great care of unity and concord, than
which nothing is better. Bear with all men that God may bear with thee: bear
all men by charity, as thou dost apply thyself to prayer without interruption.
Ask more perfect understanding than thou hast. Watch, seeing that the spirit
which sleepeth not, dwelleth within thee. Speak to every one according to the
grace which God giveth thee. Bear the weakness and distempers of all as a stout
champion. Where the labour is greater, the gain is exceedingly great. If thou
lovest the disciples who are good, thou deservest not thanks; strive rather to
subdue the wicked by meekness. Every wound is not healed by the same plaster;
assuage inflammations by lenitives. Be not intimidated by those who seem worthy
of faith, yet teach things that are foreign. Stand firm, as an anvil which is
beaten: it is the property of a true champion to be struck and to conquer. Let
not the widows be neglected. Let religious assemblies be most frequent. Seek
out every one in them by name. Despise not the slaves, neither suffer them to
be puffed up; but to the glory of God let them serve with greater diligence
that they may obtain of God a better liberty. Let them not desire that their
liberty be purchased or procured for them by the congregation, lest they fall
under the slavery of their own passions. Fly evil artifices; let them not be so
much as named. Engage my sisters to love the Lord, and never entertain a
thought of any man but their husbands. In like manner enjoin my brethren, in
the name of Jesus Christ, to love their wives as Christ loveth his church. If
any one be able to remain in a state of continency, in honour of our Lord’s
flesh, let him be constantly humble: if he boast, or is puffed up, he is lost.
Let all marriages be made by the authority of the bishop, that they may be made
in the Lord, not by the passions of men. Let all things be done to the honour
of God.” Then addressing himself to all the faithful at Smyrna, he writes:
“Listen to your bishop, that God may also hearken to you. With joy I would lay
down my life for those who are subject to the bishop, priests, and deacons. May
my portion be with them in God. Let all things be in common among you; your
labour, your warfare, your sufferings, your rest, and your watching, as becomes
the dispensers, the assessors, and the servants of God. Please him in whose
service you fight, and from whom you receive your salary. Let your baptism be
always your weapons, faith your helmet, charity your spear, and patience your
complete armour. Let your good works be the treasure which you lay up, that you
may receive the fruit which is worthy. Bear with each other in all meekness, as
God bears with you. I pray that I may always enjoy and rejoice in you. Because
the church of Antioch by your prayers now enjoys peace, I am in mind secure in
God; provided still that by suffering I may go to God, and be found in the
resurrection your servant. You will do well, O Polycarp, most blessed in God,
to hold an assembly, and choose a very dear person fit for despatch in a
journey, who may be styled the divine messenger; him honour with a commission
to go to Antioch, and there hear witness of the fervour of your charity. A
christian lives not for himself alone, but belongs to God.” The holy martyr
concludes by desiring St. Polycarp to write for him to the other churches of
Asia, he being that moment called on board by his guards to sail from Troas to
Naples. [back]
Note 6. St. Iren. b. 3. c. 3. Euseb. b. 5. c.
24. S. Hieron. c. 17. [back]
Note
7. N.
1. and 4. [back]
Note 8. [Greek]. Frigidus ipsis videbatur
immanium carnificum ignis. n. 2. p. 1020. [back]
Note
9. Dr.
Middleton pretends, that this voice was only heard by some few: but the acts in
Ruinart say, by those that were present, [Greek]: Eusebius says, [Greek]:
Rufinus plurimi, very many. A voice from heaven must certainly be
sensibly discerned to be more than human, and manifest itself sufficiently, to
be perceived that it could not come from the crowd. [back]
Note 10. L. 71. [back]
Note
11. Or.
20, 21, 22. 41. [back]
Note 12. The great council of Asia seems to
have been held at that time at Smyrna, instead of Ephesus, which the Arundelian
marbles show sometimes to have been done. [back]
Note
13. Or president of
tie public games, chosen yearly by the common-council of Asia. [back]
Note 14. Dr. Middleton ridicules the mention
of a dove issuing out of the wound of the side; but this is only found in some
modern MSS. by the blunder of a transcriber: it is not in Eusebius, Rufinus,
Nicephorus, or the Greek Menæa: though the two last would have magnified a
prodigy if they had found the least authority for any. According to Le Moyne,
(Proleg. ad varia. sacra.) Ceillier, &c. the true reading is [Greek], on
the left side; which some transcriber blundered into [Greek], a dove. As to the
foregoing miracle, that a wind should naturally divest the fire of its property
of burning, and form it into an arch about the body, is a much more wonderful
supposition of the doctor’s than any miracle. [back]
Note
15. St. Polycarp says himself, “That he
had served Christ eighty-six years.” Basnage thinks he had been bishop so long,
and was a hundred and twenty years old when he suffered: but it is far more
probable that this is the term he had been a Christian, having been converted
in his youth, and dying about one hundred years old or upwards, as Tillemont
understands it. [back]
Note
17. Some of the Philippians had seen St.
Ignatius in chains, and perhaps at Rome. The primitive martyrs, Zozimus and
Rufus, are commemorated in the Martyrologies on the 18th of December. [back]
Rev. Alban Butler (1711–73). Volume
I: January. The Lives of the Saints. 1866.
SOURCE : https://www.bartleby.com/210/1/261.html
Chapelle
Saint-Mathurin de Quistinic (56). Baie 03. Fournier Lux (maître-verrier à
Tours). 1892. Saint-Polycarpe instruit et cathéchise Saint-Mathurin de Larchant
du diocèse de Sens.
Polycarp: The Apostolic Legacy
Polycarp of Smyrna holds a very special and perhaps even unique position in the
history of the Christian church. He was personally taught
by the apostle John and therefore is important to the continuity of beliefs
from the time of Christ through the apostolic age and beyond.
Polycarp is believed to have been born around the year 69 or 70. Not many
details of his early life are known. According to Maxwell Staniforth’s Early
Christian Writings, he is thought to have been a native and lifelong resident
of the Roman proconsular province of Asia, which became a new center for the
Christian world after the fall of Jerusalem in 70. Many followers of Christ,
possibly including Polycarp’s family, left Judea to settle in the cities of
Asia. In particular, writes Staniforth, the last surviving apostle, John, “had
made his home in Ephesus, and his name and influence had become a magnet for
all that was most vital in Christendom. The young Polycarp himself was one of
his disciples, and in later life was fond of recalling his precious memories of
the saint.”
Polycarp served as bishop of Smyrna for some six decades, from the closing
years of the first century to the mid-second century. The early-third-century
theologian Tertullian writes in chapter 32 of his Prescription Against Heretics
that, according to “original records,” it was the apostle John himself who
ordained Polycarp to that office.
His later years as bishop saw major changes begin to occur within the church.
W.H.C. Frend, a prominent 20th-century church historian, describes the period
from 135–193 as a period of “acute hellenization” of the church. It was a time
noted for the “rise of orthodoxy.” As a link to the apostolic age, Polycarp
vigorously sought to prevent both of these developments.
Irenaeus, a second-century theologian and student of Polycarp, recorded his
memories of his mentor. The theologian wrote to a heretic known as Florinus
about Polycarp’s dedication to passing on the teachings of the apostles.
Although Irenaeus’s original account is lost to history, church historian
Eusebius quoted a portion of it, including the following, in book 5 of his
Ecclesiastical History: “While I was still a boy I saw you [Florinus] in Lower
Asia in Polycarp’s company. . . . I can describe the place where blessed Polycarp
sat and talked, his goings out and comings in, the character of his life, his
personal appearance, his addresses to crowded congregations. I remember how he
spoke of his intercourse with John and with the others who had seen the Lord;
how he repeated their words from memory; and how the things that he had heard
them say about the Lord, His miracles and His teaching, things that he had
heard direct from the eye-witnesses of the Word of Life, were proclaimed by
Polycarp in complete harmony with Scripture.”
Documenting this line of scriptural teaching through Polycarp to the apostles
had become increasingly critical through the course of the second century. The
final years of Polycarp’s life were already dominated by problems within the
church over doctrinal changes and external persecution. Polycarp’s inestimable
value to the church was that, unlike those around him, he appears to have
remained totally faithful to the teachings of the apostles. Hence Irenaeus was
able to write of Polycarp’s dedication to what he had learned:
“But Polycarp also was not only instructed by apostles, and conversed with many
who had seen Christ, but was also, by apostles in Asia, appointed bishop of the
Church in Smyrna, whom I also saw in my early youth, for he tarried [on earth]
a very long time, and, when a very old man, gloriously and most nobly suffering
martyrdom, departed this life, having always taught the things which he had
learned from the apostles, and which the Church has handed down, and which
alone are true” (Against Heresies 3.3.4).
Polycarp’s adherence to the teachings of the apostles became especially evident
during his visit to Rome, most likely in 154 or 155. The heretic Marcion had
led many astray by his efforts to separate the church from its Jewish roots
(see “Is Christianity Off Base?”). Polycarp, by his persuasive teaching, turned
a large number of the Marcionites from their errors.
The bishop’s steadfastness failed, however, to prevent the church at Rome from
adopting an unscriptural practice: the church there had introduced a new means
of celebrating the death and resurrection of Jesus, known today as the Good
Friday–Easter Sunday tradition, in place of the Passover service. Disagreement
over this change, referred to as the Quartodeciman Controversy, caused a huge
rift in the church. Polycarp urged Anicetus, then the bishop of Rome, to return
to the observance of the festival on the 14th day of the first month in the
Hebrew calendar, as the apostles had taught. Polycarp wished to remain true to
the teachings he had received and to observe this festival in the manner he had
learned from the apostle John in his youth.
Anicetus refused to change his position, however, claiming that he was
following his own immediate predecessors. The ensuing split in the church
notwithstanding, the two men apparently remained on friendly terms and agreed
to disagree.
In His message to the seven churches of Asia, Jesus Christ had prophesied of
Smyrna that “the devil is about to throw some of you into prison, that you may
be tested. . . . Be faithful until death, and I will give you the crown of
life” (Revelation 2:10). Polycarp, as bishop of Smyrna, held true to this
standard when he was arrested around 155 and tried for refusing to sacrifice to
Caesar or renounce his allegiance to Christ. The bishop was summarily burned
alive as a martyr for his beliefs. At the time of his death, he spoke of
himself as having served Christ for 86 years.
During those years, Polycarp took the precious knowledge handed down to him
from Jesus Christ through the apostle John and passed it on to his own
disciples. He embodied those teachings and stood firm in his beliefs, even
though it meant death. Polycarp truly lived according to the following words
from his only extant work, his epistle to the Philippians: “Stand fast,
therefore, in these things, and follow the example of the Lord, being firm and
unchangeable in the faith, loving the brotherhood, and being attached to one
another, joined together in the truth, exhibiting the meekness of the Lord in
your intercourse with one another, and despising no one.”
IVOR C. FLETCHER and PETER NATHAN
SOURCE : http://www.vision.org/visionmedia/article.aspx?id=534
Chapelle
Saint-Mathurin de Quistinic (56). Baie 01. Fournier Lux (maître-verrier à
Tours). 1892. Saint-Polycarpe instruit et baptise le père et la mère de
Saint-Mathurin.
Golden Legend
– Life of Saint Polycarp
Here followeth the Life
of Saint Polycarp, martyr.
Saint Polycarp was
disciple of Saint John the Evangelist, and Saint John ordained him bishop of
Smyrna. And there were at Rome then two heretics, that one was called Marcian
and that other Valentine, the which had deceived much people by their false
doctrine. Then Saint Polycarp went to Rome on Easter-day, and there by his
predication he brought again to the faith them that they had deceived. He wrote
to the Philippians a much fair epistle, and much profitable, the which is yet
read in Asia unto this day. It happened that in the time that Marcus Antoninus
and Marcus Aurelius reigned, which was the year of grace one hundred and
sixty-two, was made the fourth persecution on christian people, after the
Emperor Nero, through all Asia.
Saint Polycarp heard how
the people cried and was moved, he therefore was never moved, but abode without
dread. And he was gracious and courteous in manners and pleasant in regard, and
tarried always in the city as an hardy champion of God. He was so much required
of the people that he departed from the city with their familiar friends, that
he went to the field nigh unto the city, and there he prayed all the night for
the peace of all holy church. And thereof had he a custom all the days of his
life. It happed that three days before that he was taken, as he prayed in a
night he had a vision, that seemed that his hair was burnt, and when he awoke
he told to them that were with him the vision, and expounded it to them, saying
that: For certain he should be burnt for love of God. When he saw that they
approached him that would have taken him, he went to meet them and right gladly
received them, whereof they were much abashed that they were commanded to take
so good a man. And anon he laid the table to his enemies, and made to them as
good cheer as they had been his friends, and gave to them largely wine and
meat, and get of them leave to pray an hour, and all that hour he prayed much
devoutly for all the state of holy church. When the hour was passed he mounted
upon an ass, and was brought into the city, and as they led him, Herod came,
which wwas provost of the country, and his father with him, and they took him
into a chariot with them, and said to him much sweetly: Wherefore do ye not
sacrifice as the others do? What harm is it to call Cæsar his lord, and to do
sacrifice to the gods for to live surely? And when they saw that it availed
not, and that always he was firm and constant in the law of God, they were much
wroth with him and did to him much harm in the chariot, and as he approached
the city a great multitude of people began to murmur against him. Anon a voice
descended from heaven saying unto him: Polycarp be strong and constant. That
voice was heard of many but none saw it. Then anon it was told to the provost
all openly, that Polycarp had three times confessed to be christian. When these
tidings were heard all the people of the city of Smyrna, paynims and Jews,
began to cry in great ire: This is the master and doctor of all the christian
people that be in Asia, and hath destroyed all our gods, we require that he be
burnt all quick. Then the people assembled much wood and brought him to a
stake. And when they brought him to the stake they would have bound him
thereto, and nailed the bonds with great nails. Then he said to them: Let me
alone, for he that hath ordained me to suffer this torment of fire shall give
to me virtue of patience, without moving me from this place, for to endure and
suffer the flame of the fire.
Then the tyrants left the
nails, and bound him with cords to the stake, and his hands bound behind him.
And as in his passion he praised and blessed our Lord, and the fire was burning
and a great flame shining, a much notable miracle was showed right there to
much people, which God showed to the end that it should be showed unto all
other. And the miracle was this, that the flame departed all about him in
manner of a chamber by virtue of a sweet wind that came from heaven, and the
body of the martyr was
not as flesh burnt in the flame, but as fair as it had been purified in a
furnace, and they that were about him felt an odour so sweet as it had been
incense or precious ointment. When the tyrants saw that the fire might not
consume the body of the glorious martyr, they made the ministers to approach
and did them to smite him through the body with a spear, and then issued out of
his glorious body so great abundance of blood that it quenched the fire. And
when the people saw the miracle they departed, having much marvel that they did
so much cruelty to the friends of God. And with this glorious martyr were
twelve other martyrs martyred, for to get the joy of heaven. The which grant us
the Father, the Son, and the Holy Ghost. Amen.
SOURCE : https://catholicsaints.info/golden-legend-life-of-saint-polycarp/
Chapelle
Saint-Mathurin de Quistinic (56). Baie 05. Fournier Lux (maître-verrier à
Tours). 1892. Saint-Mathruin est ordonné prêtre par Saint-Polycarpe.
Lives
of Illustrious Men – Polycarp the bishop
Polycarp disciple of the
apostle John and by him ordained bishop of Smyrna was chief of all Asia, where
he saw and had as teachers some of the apostles and of those who had seen the
Lord. He, on account of certain questions concerning the day of the Passover,
went to Rome in the time of the emperor Antoninus Pins while Anicetus ruled the
church in that city. There he led back to the faith many of the believers who
had been deceived through the persuasion of Marcion and Valentinus, and when.
Marcion met him by chance and said, “Do you know us?” He replied, “I know the
firstborn of the devil.” Afterwards during the reign of Marcus Antoninus and
Lucius Aurelius Commodus in the fourth persecution after Nero, in the presence
of the proconsul holding court at Smyrna and all the people crying out against
him in the Amphitheater, he was burned. He wrote a very valuable Epistle to the
Philippians which is read to the present day in the meetings in Asia.
MLA
Citation
Saint Jerome.
“Polycarp the bishop”. Lives of Illustrious Men,
translated by Ernest Cushing Richardson. CatholicSaints.Info. 19 November
2014. Web. 24 February 2023.
<https://catholicsaints.info/lives-of-illustrious-men-polycarp-the-bishop/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/lives-of-illustrious-men-polycarp-the-bishop/
Exterior
of the Saint Polycarp Bishop and Martyr Parish Church of Cabuyao List of Barangays in Cabuyao Barangay Poblacion I, Cabuyao, Cabuyao Barangay Uno
Exterior
of the Saint Polycarp Bishop and Martyr Parish Church of Cabuyao List of Barangays in Cabuyao Barangay Poblacion I, Cabuyao, Cabuyao Barangay Uno
Exterior
of the Saint Polycarp Bishop and Martyr Parish Church of Cabuyao List of Barangays in Cabuyao Barangay Poblacion I, Cabuyao, Cabuyao Barangay Uno
The
Martyrdom of Saint Polycarp, Bishop of Smyrna
1:1 We have written unto
you, brethren, the things respecting those who were martyred, and concerning
the blessed Polycarp, who made the persecution to cease, having as it were set
his seal to it by his testimony. For almost all the things that went before
happened in order that the Lord might show us from above the testimony that is
according to the gospel; 1:2 for he endured to be betrayed, even as did the
Lord, that we might become imitators of him, not as considering the things that
concern ourselves only, but also the things that concern our neighbours; for it
belongeth to true and firm love not only to desire to be saved itself, but also
that all the brethren should be saved.
CHAPTER 2
2:1 Blessed, therefore,
and noble are all the testimonies that happened according to the will of God,
for it is right that we should be the more careful, and should ascribe unto God
the authority over all things. 2:2 For who would not admire their nobility and
endurance and obedience? who, though they were torn with stripes so that the
internal arrangement of their flesh became evident even as far as the veins and
arteries within, endured it, so that even the bystanders compassionated them
and bemoaned them; and that others even arrived at such a pitch of nobility
that none of them would either sob or groan, showing all of us that in that
hour the martyrs of Christ departed being tortured in the flesh, or rather that
the Lord, standing by, associated himself with them. 2:3 And applying
themselves to the grace of Christ, they despised the torture of this world,
purchasing by the endurance of a single hour remission from eternal punishment;
and the fire of their harsh tormentors was cold to them, for they had before
their eyes to escape the eternal and never-quenched fire; and with the eyes of
their heart they looked up to the good things that are reserved for those that
endure, which neither hath ear heard, nor eye seen, nor hath it entered into
the heart of man; but which were shown by the Lord unto them, who were no
longer men, but already angels. 2:4 And in like manner they who had been
condemned to the wild beasts endured dreadful punishments, lying upon beds of
prickles, and punished with various other tortures, in order that, if it were
possible, the tyrant might turn them by assiduous punishment to a denial of the
faith.
CHAPTER 3
3:1 For the devil
contrived many things against them, but thanks be unto God, for he prevailed
not against all. For the most noble Germanicus strengthened their cowardice
through the patience that was in him, who also in a notable way fought against
wild beasts. For when the proconsul would have persuaded him, charging him to
have compassion on his youth, he drew upon himself the wild beast by force,
wishing to be the sooner freed from their unjust and lawless life. 3:2 From
this, therefore, all the multitude, wondering at the nobleness of the
God-loving and God-fearing race of Christians, called out, Away with the
Atheists; let Polycarp be sought for.
CHAPTER 4
4:1 But a certain man
named Quintus, a Phrygian, who had newly come from Phrygia, when he saw the
wild beasts, became afraid. This was he who constrained himself and others to
come in of their own accord. This man, the proconsul, with much importunity,
persuaded to swear and to sacrifice. On this account, brethren, we praise not
them that give themselves up, since the gospel doth not so teach.
CHAPTER 5
5:1 But the most
admirable Polycarp at the first, when he heard these things, was not disturbed,
but desired to remain in the city. But the majority persuaded him to withdraw
secretly; and he departed secretly to a villa not far from the city, and
remained there with a few men, doing no other thing either by night or day but
pray concerning all men, and for the churches that are in the world, as was his
custom; 5:2 and as he prayed he fell into a trance three days before he was
taken, and saw his pillow burning with fire, and he turned and said prophetically
to those who were with him, I must be burned alive.
CHAPTER 6
6:1 And when those who
sought him continued in the pursuit, he departed unto another villa, and
straightway they who sought him came up. And when they found him not, they
apprehended two lads, of whom the one, when put to the torture, confessed. 6:2
For it was impossible for him to escape their notice, since they who betrayed
him were of his own household. For the Eirenarchus, which is the same office as
Cleronomus, Herodes by name, hasted to bring him into the arena, that he indeed
might fulfil his proper lot, by becoming a partaker of Christ, and that they
who betrayed him might undergo the same punishment as Judas.
CHAPTER 7
7:1 Having, therefore,
with them the lad, on the day of the preparation, at the hour of dinner, there
came out pursuers and horsemen, with their accustomed arms, as though going out
against a thief. And having departed together late in the evening, they found
him lying in a certain house, in an upper chamber. And he might have departed
from thence unto another place, but was unwilling, saying, The will of the Lord
be done. 7:2 And when he heard that they were present, he descended and talked
with them. And they who were present wondered at the vigour of his age and his
soundness of body, and that they had had to use so much trouble to capture so
old a man. He straightway commanded that meat and drink should be set before
them at that hour, as much as they wished, and asked them to grant him an hour
to pray without molestation. 7:3 And when they suffered him, he stood and
prayed, being full of the grace of God, so that he could not be silent for two
hours, and they that heard him were astonished, and many repented that they had
come against so divine an old man.
CHAPTER 8
8:1 And when he had
finished his prayer, having made mention of all who had at any time come into
contact with him, both small and great, noble and ignoble, and of the whole
Catholic Church throughout the world, when the hour of his departure had come,
having seated him on an ass, they led him into the city, it being the great
Sabbath. 8:2 And the Eirenarch Herodes and his father Nicetes met him in a
chariot, who, having transferred him into their car, seating themselves beside
him, would have persuaded him, saying, What is the harm to say, Caesar, Caesar,
and to sacrifice, and to do such like things, and thus to be saved? But he at
the first did not answer them; but when they persisted, he said, I will not do
that which ye advise me. 8:3 But they, when they had failed to persuade him,
said unto him dreadful words, and thrust him with such haste from the chariot
that in descending from the car he grazed his shin. And paying no attention to
it, as though he had suffered nothing, he proceeded zealously and with
eagerness, being led to the arena, there being such a noise in the arena that
no one could even be heard.
CHAPTER 9
9:1 But to Polycarp, as
he entered the arena, there came a voice from heaven, saying, Be strong, and
play the man, O Polycarp. And the speaker no man saw; but the voice those of
our people who were present heard. And when he was brought in there was a great
tumult, when men heard that Polycarp was apprehended. 9:2 Then, when he had
been brought in, the proconsul asked him if he was Polycarp. And when he
confessed, he would have persuaded him to deny, saying, Have respect unto thine
age, and other things like these, as is their custom to say: Swear by the
fortunes of Caesar; Repent; Say, Away with the Atheists. But Polycarp, when he
had looked with a grave face at all the multitude of lawless heathen in the
arena, having beckoned unto them with his hand, sighed, and looking up unto
heaven, said, Away with the Atheists! 9:3 And when the proconsul pressed him,
and said, Swear, and I will release thee, revile Christ; Polycarp said, Eighty
and six years have I served him, and in nothing hath he wronged me; and how,
then, can I blaspheme my King, who saved me?
CHAPTER 10
10:1 But when he again
persisted, and said, Swear by the fortune of Caesar, he answered, If thou art
vainly confident that I shall swear by the fortune of Caesar, as thou
suggestest, and pretendest to be ignorant of me who I am, hear distinctly, I am
a Christian. But if thou desirest to learn the scheme of Christianity, give me
a day to speak, and hearken unto me. 10:2 The proconsul said, Persuade the
people. But Polycarp said, I have thought thee indeed worthy to receive
explanation, for we have been taught to render such honour as is fitting, and
as does not injure us, to the powers and authorities ordained by God; but those
I consider not worthy that I should make my defence before them.
CHAPTER 11
11:1 But the proconsul
said unto him, I have wild beasts; I will deliver thee unto them, unless thou
repentest. But he said, Call them, for repentance from the better to the worse
is impossible for us; but it is a good thing to change from evil deeds to just
ones. 11:2 But he said again unto him, I will cause thee to be consumed by fire
if thou despisest the wild beasts, unless thou repentest. But Polycarp said,
Thou threatenest me with fire that burneth but for a season, and is soon
quenched. For thou art ignorant of the fire of the judgment to come, and of the
eternal punishment reserved for the wicked. But why delayest thou? Bring
whatever thou wishest.
CHAPTER 12
12:1 While he was saying
these and more things, he was filled with courage and joy, and his face was
filled with grace; so that he not only was not troubled and confused by the
things said unto him, but, on the contrary, the proconsul was astonished, and
sent his herald into the midst of the arena to proclaim a third time: Polycarp
has confessed himself to be a Christian. 12:2 When this had been said by the
herald, the whole multitude, both of Gentiles and Jews, that inhabit Smyrna,
with irrestrainable anger and a loud voice, called out, This is the teacher of
impiety, the father of the Christians, the destroyer of your gods, who teacheth
many neither to sacrifice nor to worship the gods. Saying these things, they
shouted out, and asked the Asiarch Philip to let loose a lion at Polycarp. But
Philip replied that it was not lawful for him to do so, since he had finished
the exhibition of wild beasts. 12:3 Then it seemed good unto them to shout with
one voice that Polycarp should be burnt alive; for it was necessary that the
vision that appeared unto him on his pillow should be fulfilled, when seeing it
burning, he prayed, and said prophetically, turning to the faithful who were
with him, I must be burnt alive.
CHAPTER 13
13:1 These things,
therefore, happened with so great rapidity, that they took less time than the
narration, the multitude quickly collecting logs and brushwood from the
workshops and baths, the Jews especially lending their services zealously for
this purpose, as is their custom. 13:2 But when the pyre was ready, having put
off all his garments, and having loosed his girdle, he essayed to take off his
shoes; not being in the habit of doing this previously, because each of the
faithful used to strive which should be the first to touch his body, for, on
account of his good conversation, he was, even before his martyrdom, adorned
with every good gift. 13:3 Straightway, therefore, there were put around him
the implements prepared for the pyre. And when they were about besides to nail
him to it, he said, Suffer me thus, for he who gave me to abide the fire will
also allow me, without the security of your nails, to remain on the pyre
without moving.
CHAPTER 14
14:1 They, therefore, did
not nail him, but bound him. But he, having placed his hands behind him, and
being bound, like a notable ram appointed for offering out of a great flock,
prepared as a whole burnt-offering acceptable unto God, having looked up unto
heaven, said, O Lord God Almighty, Father of thy beloved and blessed Son Jesus
Christ, through whom we have received our knowledge concerning thee, the God of
angels and powers, and of the whole creation, and of all the race of the just
who lived before thee, 14:2 I thank thee that thou hast deemed me worthy of
this day and hour, that I should have my portion in the number of the martyrs,
in the cup of thy Christ, unto the resurrection of eternal life, both of the
soul and body, in the incorruptibility of the Holy Spirit. Among these may I be
received before thee this day as a rich and acceptable sacrifice, even as thou
hast prepared and made manifest beforehand, and hast fulfilled, thou who art
the unerring and true God. 14:3 On this account, and concerning all things, I
praise thee, I bless thee, I glorify thee, together with the eternal and
heavenly Jesus Christ thy beloved Son, with whom to thee and the Holy Spirit be
glory both now and for ever. Amen.
CHAPTER 15
15:1 And when he had
uttered the Amen, and had finished his prayer, the men who superintended the
fire kindled it. And a great flame breaking out, we, to whom it was given to
see, saw a great wonder; for to this end also were we preserved, that we might
announce what happened to the rest of mankind. 15:2 For the fire, assuming the
form of a vault, like the sail of a vessel filled with the wind, defended the
body of the martyr roundabout; and it was in the midst of the flame not like
flesh burning, but like bread being baked, or like gold and silver glowing in
the furnace. And we perceived such a sweet-smelling savour, as though from the
breath of incense, or some other precious perfume.
CHAPTER 16
16:1 At last these wicked
men, perceiving that his body could not be consumed by the fire, commanded the
slaughterer to come near and plunge in a sword. And when he had done this,
there came out a dove and an abundance of blood, so that it quenched the fire,
and all the multitude wondered that there was such a difference between the
unbelievers and the elect. 16:2 Of whom this most admirable martyr Polycarp was
one, having been in our time an apostolic and prophetic teacher, and bishop of
the Catholic church which is in Smyrna. For every word which he uttered from
his mouth both hath been fulfilled, and shall be fulfilled.
CHAPTER 17
17:1 But the evil one,
who is the opponent and envier, who is the enemy to the race of men, beholding
both the greatness of his testimony and his conversation blameless from the
beginning, how he was crowned with a crown of immortality, and how he carried
off a prize that could not be spoken against, contrived that not even a relic
of him should be taken by us, though many desired to do this, and to communicate
with his holy flesh. 17:2 He suborned, therefore, Nicetes, the father of
Herodes, and the brother of Alce, to make interest with the governor so as not
to give his body to the tomb, Lest, said he, they abandon the crucified and
begin to worship this man. And these things they said at the suggestion and
instance of the Jews, who also kept watch when we were about to take the body
from the fire, not knowing that we shall never be able to abandon Christ, who
suffered for the salvation of the whole world of those who are saved, the
blameless on behalf of sinners, nor to worship any one else. 17:3 Him we adore
as the Son of God; but the martyrs, as the disciples and imitators of the Lord,
we love according to their deserts, on account of their incomparable love for
their King and Teacher, with whom may it be our lot to be partners and
fellow-disciples.
CHAPTER 18
18:1 Therefore, the
centurion, seeing the strife that had risen among the Jews, placed the body in
the midst of the fire and burned it. 18:2 Thus we, having afterwards taken up
his bones, more valuable than precious stones, laid them where it was suitable.
18:3 There, so far as is allowed us, when we are gathered together in
exultation and joy, the Lord will enable us to celebrate the birthday of the
martyrs, both for the memory of those who have contended, and for the exercise
and preparation of those to come.
CHAPTER 19
19:1 Such were the things
that happened to the blessed Polycarp, who together with those from
Philadelphia was the twelfth who suffered martyrdom in Smyrna; but he alone is
held in memory by all, so that he is spoken of in every place even by the
Gentiles; not only being a distinguished teacher, but also an eminent martyr,
whose testimony we desire to imitate, since it happened according to the Gospel
of Christ. 19:2 For having overcome by patience the unjust governor, and so
having received the crown of immortality, rejoicing together with the apostles
and all the just, he glorifieth God and the Father, and blesseth our Lord Jesus
Christ the Saviour of our souls, and the pilot of our bodies, and the shepherd
of the Catholic Church throughout the world.
CHAPTER 20
20:1 Ye therefore desired
that the things that had happened should be shown unto you more at length; but
we for the present have related them unto you briefly by means of our brother
Marcus. Now do ye, when ye have read these things, send on the letter to the
brethren who are further off, that they also may glorify the Lord, who is
making a selection from among his own servants. 20:2 To him who is able to
bring us all in, by his grace and gift, into his eternal kingdom, through his
only-begotten Son Jesus Christ; to him be the glory, honour, strength, majesty
for ever. Amen. Salute all the saints. They who are with us salute you, and Evarestus
who wrote these things, and all his house.
CHAPTER 21
21:1 Now the blessed
Polycarp was martyred on the second day of the month Xanthicus, on the
twenty-fifth of April, on the great Sabbath, at the eighth hour. But he was
apprehended by Herodes, when Philip of Tralles was high priest, Statius
Quadratus being proconsul, and Jesus Christ king for ever, to whom be glory,
honour, majesty, and eternal throne, from generation to generation. Amen.
CHAPTER 22
22:1 We pray, brethren,
that you may fare well, walking by the word of the gospel of Jesus Christ, with
whom be glory to God and the Father, and the Holy Spirit, for the salvation of
the holy elect, even as the blessed Polycarp hath born witness, in whose steps
may we be found in the kingdom of Jesus Christ. 22:2 These things have been
transcribed by Gaius, from the manuscripts of Irenaeus, the disciple of
Polycarp, who also was a fellow-citizen to Irenaeus. But I, Socrates, made a
copy in Corinth from the copies of Gaius. Grace be with you all. 22:3 But I,
Pionius, afterwards copied them from the above written, having sought them out,
after that the blessed Polycarp had made them manifest to me by a revelation,
as I will show in what follows; having gathered them together, when they had
already become almost obliterated by time, in order that the Lord Jesus Christ
may gather me also together with his elect, unto his heavenly kingdom, to whom
be glory with the Father and the Holy Spirit, world without end. Amen.
translated by Charles H.
Hoole, 1885
SOURCE : https://catholicsaints.info/the-martyrdom-of-saint-polycarp-bishop-of-smyrna/
San Policarpo Vescovo
e martire
Smirne (attuale Turchia),
anno 69 - 23 febbraio 155
Nato a Smirne nell'anno
69 «fu dagli Apostoli stessi posto vescovo per l'Asia nella Chiesa di Smirne».
Così scrive di lui Ireneo, suo discepolo e vescovo di Lione in Gallia.
Policarpo viene messo a capo dei cristiani del luogo verso il 100. Nel 107 è
testimone del passaggio per Smirne di Ignazio, vescovo di Antiochia, che va
sotto scorta a Roma dove subirà il martirio. Policarpo lo ospita e più tardi
Ignazio gli scriverà una lettera divenuta poi famosa. Nel 154 Policarpo va a
Roma per discutere con papa Aniceto sulla data della Pasqua. Dopo il suo
ritorno a Smirne scoppia una persecuzione. L'anziano vescovo (ha 86 anni) viene
portato nello stadio, perché il governatore romano Quadrato lo condanni.
Policarpo rifiuta di difendersi davanti al governatore, che vuole risparmiarlo,
e alla folla, dichiarandosi cristiano. Verrà ucciso con la spada. Sono circa le
due del pomeriggio del 23 febbraio 155. (Avvenire)
Etimologia: Policarpo
= che dà molti frutti, dal greco
Emblema: Bastone
pastorale, Palma
Martirologio
Romano: Memoria di san Policarpo, vescovo e martire, che è venerato come
discepolo del beato apostolo Giovanni e ultimo testimone dell’epoca apostolica;
sotto gli imperatori Marco Antonino e Lucio Aurelio Commodo, a Smirne in Asia,
nell’odierna Turchia, nell’anfiteatro al cospetto del proconsole e di tutto il
popolo, quasi nonagenario, fu dato al rogo, mentre rendeva grazie a Dio Padre
per averlo ritenuto degno di essere annoverato tra i martiri e di prendere
parte al calice di Cristo.
E’ stato istruito nella fede da "molti che avevano visto il Signore", e "fu dagli Apostoli stessi posto vescovo per l’Asia nella Chiesa di Smirne". Così scrive di lui Ireneo, suo discepolo e vescovo di Lione in Gallia. Policarpo, nato da una famiglia benestante di Smirne, viene messo a capo dei cristiani del luogo verso l’anno 100. Nel 107 è testimone di un evento straordinario: il passaggio per Smirne di Ignazio, vescovo di Antiochia, che va sotto scorta a Roma dove subirà il martirio, decretato in una persecuzione locale. Policarpo lo ospita durante la sosta, e più tardi Ignazio gli scrive una lettera che tutte le generazioni cristiane conosceranno, lodandolo come buon pastore e combattente per la causa di Cristo.
Nel 154 Policarpo dall’Asia Minore va a Roma in tutta tranquillità, per discutere con papa Aniceto (di origine probabilmente siriana) sulla data della Pasqua. E da Lione un altro figlio dell’Asia Minore, Ireneo, li esorta a non rompere la pace fra i cristiani su questo problema. Roma celebra la Pasqua sempre di domenica, e gli orientali sempre il 14 del mese ebraico di Nisan, in qualunque giorno della settimana cada. Aniceto e Policarpo non riescono a mettersi d’accordo, ma trattano e si separano in amicizia.
Periodi di piena tranquillità per i cristiani sono a volte interrotti da persecuzioni anticristiane, per lo più di carattere locale. Come quella che appunto scoppia a Smirne, dopo il ritorno di Policarpo da Roma, regnando l’imperatore Antonino Pio. Undici cristiani sono già stati uccisi nello stadio quando un gruppo di facinorosi vi porta anche il vecchio vescovo (ha 86 anni), perché il governatore romano Quadrato lo condanni. Quadrato vuole invece risparmiarlo e gli chiede di dichiararsi non cristiano, fingendo di non conoscerlo. Ma Policarpo gli risponde tranquillo: "Tu fingi di ignorare chi io sia. Ebbene, ascolta francamente: io sono cristiano". Rifiuta poi di difendersi di fronte alla folla, e si arrampica da solo sulla catasta pronta per il rogo. Non vuole che lo leghino. Verrà poi ucciso con la spada. E’ il 23 febbraio 155, verso le due del pomeriggio. Lo sappiamo dal Martyrium Polycarpi, scritto da un testimone oculare in quello stesso anno. E’ la prima opera cristiana dedicata unicamente al racconto del supplizio di un martire. E anzi è la prima a chiamare “martire” (testimone) chi muore per la fede.
Tra le lettere di Policarpo alle comunità cristiane vicine alla sua, si conserverà quella indirizzata ai Filippesi, in cui il vescovo ricorda la Passione di Cristo: "Egli sofferse per noi, affinché noi vivessimo in Lui. Dobbiamo quindi imitare la sua pazienza... Egli ci ha lasciato un modello nella sua persona". Policarpo quella pazienza l’ha imitata. Ed ha accolto e realizzato pure l’esortazione di Ignazio, che nella sua lettera prima del martirio gli scriveva: "Sta’ saldo come incudine sotto i colpi".
Autore: Domenico Agasso
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/22900
Voir aussi : http://www.fministry.com/2009/02/st-polycarp-link-in-chain.html
De saint Polycarpe, évêque de Smyrne et saint martyr. Lettre aux
Philippiens : http://www.patristique.org/sites/patristique.org/IMG/pdf/polycarpe_philippiens.pdf
Polycarp to the Philippians : http://www.earlychristianwritings.com/polycarp.html