Saint Hilaire de Poitiers
Évêque de Poitiers, Docteur
de l'Église (+ 367)
Né dans une noble et
riche famille païenne d'Aquitaine, ce jeune homme était doué pour les études,
mais la question du sens de la vie le tourmentait. Où se trouve le bonheur pour
l'homme? A quoi sert d'exister si l'on doit mourir? Y a-t-il un dieu? Déçu dans
ses lectures, il découvre un jour ce passage de la Bible "Je suis celui
qui est" et s'enthousiasme. Mais la mort reste une idée insupportable. Il
trouvera le plein rassasiement de sa faim spirituelle dans l'Évangile de saint
Jean, l'évangile de l'Incarnation et de la Résurrection. A trente ans, il
demande le baptême. Son envergure le désigne à l'attention des fidèles. Il est
élu évêque de Poitiers, rencontre saint
Athanase d'Alexandrie, alors en exil en Gaule à cause de l'hérésie arienne.
Combattant à son tour cette hérésie, il est exilé en Phrygie (*) et
découvre la théologie grecque. De retour en Gaule, il fera triompher à la fois
l'orthodoxie et la paix religieuse. En accueillant saint
Martin, pour fonder le monastère de Ligugé, il favorisa l'instauration du
monachisme en Gaule. Dans son magistral "Traité sur la Trinité", il a
le premier fait entrer, dans la langue latine, les subtilités et les
délicatesse de la langue grecque. De tous les Pères Latins, il est celui dont
la pensée est la plus proche des Pères Grecs.
(*) d'où est
originaire Sainte
Florence qu'il avait convertie et qui le suivit à son retour.
Hilaire fut, au milieu du
IVe siècle, le premier évêque de Poitiers connu avec certitude et l'un des
grands auteurs chrétiens. Exilé pour avoir défendu la foi trinitaire dans une
Gaule acquise à l'arianisme, il rédige son ouvrage le plus connu, le De
Trinitate, et revient d'Orient pour finir ses jours à Poitiers en 367 ou 368.
(diocèse de Poitiers- quelques saints du Poitou et d'ailleurs)
Janvier 2015: ouverture
des festivités autour de saint Hilaire, né il y a 1700 ans, un des premiers
évêques de Poitiers.
Probablement né païen en
310, dans une famille aristocratique locale, il se convertit à l'issue d'un
processus de recherche de la vérité. Elu évêque de sa ville natale en 353, il
s'opposa à l'arianisme qui niait la nature divine de Jésus-Christ, ce qui lui
valut trois ans plus tard d'être exilé en Phrygie sur ordre de l'empereur
Constance. Ce dernier avait embrassé les décisions du synode de Béziers majoritairement
composé d'ariens. L'empereur étant mort, Hilaire put rentrer à Poitiers en 361,
où il mourut six ans plus tard.
Dans son œuvre
principale, De Trinitate, Hilaire expose son "cheminement personnel vers
la connaissance de Dieu et démontre que l'Écriture atteste avec clarté la
divinité du Fils, sa ressemblance au Père dans l'Évangile comme dans l'Ancien
Testament qui dévoile le mystère du Christ". Le Saint-Père a ensuite
rappelé que le saint évêque "a développé sa théologie trinitaire à partir
de la formule baptismale même donnée par le Père: au nom du Père, du Fils et de
l'Esprit".
Saint Hilaire offre aussi
des règles de lecture de l'Évangile, écrivant aussi, a précisé le Pape, que
"certaines pages de l'Écriture annoncent Jésus comme étant Dieu, tandis que
d'autres soulignent son humanité... Des passages montrent sa préexistence
aux côtés du Père..., rapportent son incarnation et jusqu'à sa mort...et sa
résurrection".
"Malgré sa ferme
opposition aux ariens -a précisé le Pape- Hilaire était conciliant avec ceux
qui acceptaient de confesser que le Fils était à l'image du Père en essence,
tout en s'efforçant de les ramener à la foi véritable: non seulement
ressemblance mais égalité...dans la nature divine".
"Dans un esprit de
conciliation -a-t-il ajouté- il cherchait à comprendre ceux qui ne parvenaient
pas" à la vérité, "et il les aidait avec patience et intelligence
théologique à atteindre la foi authentique en la divinité de Jésus".
"Étant tout amour,
Dieu est en mesure de communiquer sa pleine divinité au Fils", a conclu
Benoît XVI. "En assumant la nature humaine, le Fils s'est uni à tout
homme... ce pour quoi la voie vers le Christ est ouverte à chacun de nous...
s'il y a conversion personnelle".
La première
évangélisation fut l’œuvre de St Hilaire (+ 368), évêque de Poitiers, et de
St Philbert de
Noirmoutier (+ 685), fondateur de monastères. St Louis-Marie
Grignion de Montfort (1673-1716) fut le missionnaire des campagnes et
fonda une famille religieuse importante et diversifiée. (diocèse de Luçon en Vendée)
Saint Hilaire, évêque de
Poitiers, mort en 368, que l'Église de Luçon considère comme son premier
apôtre... (liste
des Saints et Bienheureux du Diocèse de Luçon)
Mémoire de saint Hilaire,
évêque et docteur de l'Église. Élevé au siège épiscopal de Poitiers sous
l'empereur Constance attaché à l'hérésie arienne, il défendit courageusement
par ses écrits la foi de Nicée sur la Trinité et la divinité du Christ, ce qui
lui valut d'être exilé quatre ans en Phrygie. Il composa également des
commentaires célèbres sur les psaumes et sur l'Évangile de Matthieu et mourut
en 368.
Martyrologe romain
Je t'en prie, conserve
intacte la ferveur de ma foi et jusqu'à mon dernier souffle donne-moi de
conformer ma voix à ma conviction profonde. Oui, que je garde toujours ce que
j'ai affirmé dans le symbole proclamé lors de ma nouvelle naissance, lorsque
j'ai été baptisé dans le Père, le Fils et l'Esprit Saint !
Saint Hilaire - Traité de
la Trinité III, 57
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/421/Saint-Hilaire-de-Poitiers.html
Jean Fouquet (1420–). Saint Hilaire au concile, miniature extraite des Heures d’Étienne Chevalier, circa 1452-1460, illumination on parchment, Condé Museum
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 10 octobre 2007
Saint Hilaire de Poitiers
Chers frères et sœurs,
Aujourd'hui, je voudrais
parler d'un grand Père de l'Église d'Occident, saint Hilaire de Poitiers, l'une
des grandes figures d'Evêques qui ont marqué le IV siècle. Au cours de la
confrontation avec les ariens, qui considéraient le Fils de Dieu Jésus comme
une créature, certes éminente, mais toutefois uniquement comme une créature,
Hilaire a consacré toute sa vie à la défense de la foi dans la divinité de
Jésus Christ, Fils de Dieu et Dieu comme le Père, qui l'a engendré de toute
éternité.
Nous ne disposons pas
d'informations certaines sur la plus grande partie de la vie d'Hilaire. Les
sources antiques disent qu'il naquit à Poitiers, probablement vers l'année 310.
Issu d'une famille aisée, il reçut une solide formation littéraire, bien
évidente dans ses écrits. Il ne semble pas qu'il ait grandi dans un milieu
chrétien. Lui-même nous parle d'un chemin de recherche de la vérité, qui le
conduisit peu à peu à la reconnaissance de Dieu créateur et du Dieu incarné,
mort pour nous donner la vie éternelle. Baptisé vers 345, il fut élu Evêque de
sa ville natale autour de 353-354. Au cours des années suivantes, Hilaire
écrivit sa première œuvre, le Commentaire à l'Evangile de Matthieu. Il s'agit
du plus ancien commentaire en langue latine qui nous soit parvenu de cet
Evangile. En 356, Hilaire assiste comme Evêque au Synode de Béziers, dans le
sud de la France, le "synode des faux Apôtres", comme il l'appelle
lui-même, car la réunion fut dominée par des Evêques philo-ariens, qui niaient
la divinité de Jésus Christ. Ces "faux apôtres" demandèrent à
l'empereur Constance la condamnation à l'exil de l'Evêque de Poitiers. Hilaire
fut ainsi obligé de quitter la Gaule au cours de l'été 356.
Exilé en Phrygie, dans
l'actuelle Turquie, Hilaire se trouva au contact d'un milieu religieux
totalement dominé par l'arianisme. Là aussi, sa sollicitude de pasteur le
poussa à travailler sans relâche pour le rétablissement de l'unité de l'Eglise,
sur la base de la juste foi, formulée par le Concile de Nicée. C'est dans ce
but qu'il commença la rédaction de son œuvre dogmatique la plus importante et
la plus connue: le De Trinitate (Sur la Trinité). Dans celle-ci, Hilaire expose
son chemin personnel vers la connaissance de Dieu, et se préoccupe de montrer
que l'Ecriture atteste clairement la divinité du Fils et son égalité avec le
Père, non seulement dans le Nouveau Testament, mais également dans un grand
nombre de pages de l'Ancien Testament, dans lequel apparaît déjà le mystère du
Christ. Face aux ariens, il insiste sur la vérité des noms de Père et de Fils
et développe toute sa théologie trinitaire à partir de la formule du Baptême
qui nous a été donnée par le Seigneur lui-même: "Au nom du Père, du Fils
et du Saint-Esprit".
Le Père et le Fils sont
de la même nature. Et si certains passages du Nouveau Testament pourraient
faire penser que le Fils est inférieur au Père, Hilaire offre des règles
précises pour éviter des interprétations erronées: certains textes de
l'Ecriture parlent de Jésus comme de Dieu, d'autres mettent, en revanche, en
évidence son humanité. Certains se réfèrent à Lui dans sa préexistence auprès
du Père; d'autres prennent en considération l'état d'abaissement (kenosi), sa
descente jusqu'à la mort; d'autres, enfin, le contemplent dans la gloire de la
résurrection. Au cours des années de son exil, il écrivit également le Livre
des Synodes, dans lequel il reproduit et commente pour ses confrères Evêques de
Gaule les confessions de foi et d'autres documents des synodes réunis en Orient
autour de la moitié du IV siècle. Toujours ferme dans son opposition aux ariens
radicaux, saint Hilaire montre un esprit conciliant à l'égard de ceux qui
acceptaient de confesser que le Fils était ressemblant au Père dans son
essence, naturellement en cherchant à les conduire vers la plénitude de la foi
de Nicée, selon laquelle il n'y a pas seulement une ressemblance, mais une
véritable égalité du Père et du Fils dans la divinité. Cela aussi me semble
caractéristique: l'esprit de conciliation qui cherche à comprendre ceux qui n'y
sont pas encore arrivés et qui les aide, avec une grande intelligence
théologique, à parvenir à la plénitude de la foi, dans la divinité véritable du
Seigneur Jésus Christ.
En 360 ou en 361, Hilaire
put finalement revenir dans sa patrie après son exil, et il reprit immédiatement
l'activité pastorale dans son Eglise, mais l'influence de son magistère
s'étendit de fait bien au-delà des frontières de celle-ci. Un synode tenu à
Paris en 360 ou en 361 reprend le langage du Concile de Nicée. Certains auteurs
antiques pensent que ce tournant anti-arien de l'épiscopat de la Gaule a été en
grande partie dû à la fermeté et à la mansuétude de l'Evêque de Poitiers. Tel
était précisément son don: conjuguer la fermeté dans la foi et la douceur dans
les relations interpersonnelles. Au cours des dernières années de sa vie, il
rédigea encore les Traités sur les Psaumes, un commentaire de cinquante-huit
Psaumes, interprétés selon le principe souligné dans l'introduction de l'œuvre:
"Il ne fait aucun doute que toutes les choses qui se disent dans les
Psaumes doivent être comprises selon l'annonce évangélique, de façon à ce que,
quelle que soit la voix avec laquelle l'esprit prophétique a parlé, tout soit
cependant rattaché à la connaissance de la venue de Notre Seigneur Jésus
Christ, incarnation, passion et royaume, et à la gloire et puissance de notre
résurrection" (Instructio Psalmorum 5). Il voit dans tous les psaumes
cette compréhension du mystère du Christ et de son Corps, qui est l'Eglise. En
diverses occasions, Hilaire rencontra saint Martin: précisément près de
Poitiers, le futur Evêque de Tours fonda un monastère, qui existe encore
aujourd'hui. Hilaire mourut en 367. Sa mémoire liturgique est célébrée le 13
janvier. En 1851, le bienheureux Pie IX le proclama Docteur de l'Eglise.
Pour résumer l'essentiel
de sa doctrine, je voudrais dire qu'Hilaire trouve le point de départ de sa
réflexion théologique dans la foi baptismale. Dans le De Trinitate, Hilaire
écrit: Jésus "a commandé de baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint
Esprit (cf. Mt 28, 19), c'est-à-dire dans la confession de l'Auteur, du Fils
unique et du Don. Il n'y a qu'un seul Auteur de toutes les choses, car Dieu le
Père est un seul, dont tout procède. Et Notre Seigneur Jésus Christ est un
seul, à travers lequel tout fut fait (1 Co 8, 6), et l'Esprit est un seul (Ep
4, 4), don en tous... En rien on ne pourra trouver qu'il manque quelque chose à
une plénitude aussi grande, dans laquelle convergent dans le Père, dans le Fils
et dans le Saint-Esprit l'immensité de l'Eternel, la révélation dans l'Image,
la joie dans le Don" (De Trinitate 2, 1). Dieu le Père, étant entièrement
amour, est capable de communiquer en plénitude sa divinité au Fils. Je trouve
particulièrement belle la formule suivante de saint Hilaire: "Dieu ne sait
rien être d'autre qu'amour, il ne sait rien être d'autre que le Père. Et celui
qui l'aime n'est pas envieux, et celui qui est le Père l'est dans sa totalité.
Ce nom n'admet pas de compromis, comme si Dieu pouvait être le Père sur
certains aspects, mais ne l'était pas sur d'autres" (ibid. 9, 61).
C'est pourquoi, le Fils
est pleinement Dieu sans aucun manque ni diminution: "Celui qui vient de
la perfection est parfait, car celui qui a tout, lui a tout donné" (ibid.
2, 8). Ce n'est que dans le Christ, Fils de Dieu et Fils de l'homme, que
l'humanité trouve son salut. En assumant la nature humaine, Il a uni chaque
homme à lui, "il s'est fait notre chair à tous" (Tractatus in Psalmos
54, 9); "il a assumé en lui la nature de toute chair, et au moyen de
celle-ci il est devenu la vraie vie, il possède en lui les racines de chaque
sarment" (ibid. 51, 16). C'est précisément pour cette raison que le chemin
vers le Christ est ouvert à tous, - car il a attiré chacun dans sa nature
d'homme - même si la conversion personnelle est toujours demandée: "A
travers la relation avec sa chair, l'accès au Christ est ouvert à tous, à
condition qu'ils se dépouillent du vieil homme (cf. Ep 4, 22) et qu'ils le
clouent sur sa croix (cf. Col 2, 14); à condition qu'ils abandonnent les oeuvres
de jadis et qu'ils se convertissent, pour être ensevelis avec lui dans son
baptême, en vue de la vie (cf. Col 1, 12; Rm 6, 4)" (ibid. 91, 9).
La fidélité à Dieu est un
don de sa grâce. C'est pourquoi saint Hilaire demande, à la fin de son Traité
sur la Trinité, de pouvoir rester toujours fidèle à la foi du baptême. C'est
une caractéristique de ce livre: la réflexion se transforme en prière et la
prière redevient réflexion. Tout le livre est un dialogue avec Dieu. Je
voudrais conclure la catéchèse d'aujourd'hui par l'une de ces prières, qui
devient ainsi également notre prière: "Fais, ô Seigneur - récite saint
Hilaire de manière inspirée - que je reste toujours fidèle à ce que j'ai
professé dans le symbole de ma régénération, lorsque j'ai été baptisé dans le Père,
dans le Fils et dans l'Esprit Saint. Fais que je t'adore, notre Père, et en
même temps que toi, que j'adore ton Fils; fais que je mérite ton Esprit Saint,
qui procède de toi à travers ton Fils unique... Amen" (De Trinitate 12,
57).
* * *
Je suis heureux
d'accueillir ce matin les pèlerins francophones, en particulier le groupe du
journal Pèlerin, accompagné par le Cardinal Panafieu, à l'occasion du cent
vingt-cinquième anniversaire des pèlerinages en Terre Sainte organisés par les
Pères Assomptionnistes. Je salue aussi les pèlerins de Lyon, avec leur
archevêque, le Cardinal Barbarin, et son auxiliaire Mgr Giraud, ainsi que les
missionnaires brésiliens accompagnés par Mgr Rey, Évêque de Fréjus-Toulon. Je
souhaite que, suivant l'enseignement de saint Hilaire de Poitiers, vous
puissiez toujours vivre dans la fidélité à la foi de votre Baptême. Avec ma
Bénédiction apostolique.
Appel
Ces jours-ci se déroule à
Ravenne la dixième Session plénière de la Commission mixte internationale pour
le dialogue théologique entre l'Eglise catholique et l'Eglise orthodoxe dans
son ensemble, qui affronte un thème théologique d'un intérêt oecuménique
particulier: "Conséquences ecclésiologiques et canoniques de la nature
sacramentelle de l'Eglise - Communion ecclésiale, conciliarité et
autorité". Je vous demande de vous unir à ma prière afin que cette
importante rencontre nous aide à marcher vers la pleine communion entre les
catholiques et les orthodoxes, et que l'on puisse parvenir au plus tôt à
partager le même Calice du Seigneur.
SOURCE : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20071010_fr.html
Les lumières de la ville
« Une ville sur une
montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre
sous le boisseau. » Le Seigneur
appelle « ville » la chair qu’il avait assumée, parce que,
comme une ville consiste en une variété et un grand nombre d’habitants, ainsi
en lui, la nature du corps qu’il avait pris contient en quelque sorte le
rassemblement de tout le genre humain. Et c’est ainsi que notre rassemblement
en lui fait qu’il est une ville et que nous, par l’union à sa chair, nous sommes
les habitants de la ville. Il ne peut donc être caché, car, comme il est placé
sur la hauteur de l’élévation de Dieu, l’admiration suscitée par ses œuvres le
présente à la contemplation et à l’intelligence de tous.
La lampe du Christ,
suspendue au bois de la Passion, doit offrir la lumière éternelle à ceux qui
habitent dans l’Église. D’une lumière semblable à leur tour les Apôtres sont
invités à briller, pour qu’admirant leurs œuvres, on en attribue à Dieu le
mérite, non qu’il faille chercher la gloire auprès des hommes – car tout doit
être fait en l’honneur de Dieu –, mais pour que notre action, même si nous n’y
faisons pas attention, brille devant ceux au milieu desquels nous vivons.
St Hilaire de Poitiers
Saint Hilaire († 367),
évêque de Poitiers, est l’un des premiers commentateurs latins de l’Évangile
selon Matthieu. / Sur Matthieu, 4, 10-13, trad. J. Doignon, Paris, Cerf,
1978, Sources Chrétiennes 254, p. 131-133.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/mardi-13-juin-2/meditation-de-ce-jour-1/
Bleiglasfenster
in der katholischn Pfarrkirche Saint-Amand in Thomery im Département Seine-et-Marne (Île-de-France), Darstellung: hl. Hilario
SAINT HILAIRE *
Hilaire vient d'hilarité,
parce qu'il servit Dieu avec un coeur plein de joie. Ou bien Hilaire vient de
altus, haut, élevé, et arès vertu, parce qu'il fut élevé en science et en
vertu, durant sa vie. Hilaire viendrait encore de hylè, qui veut dire matière
primordiale, qui fut obscure, et en effet, dans ses oeuvres, il y a grande
obscurité et profondeur.
Hilaire, évêque de
Poitiers, originaire du pays d'Aquitaine, brilla, comme Lucifer, entre les
astres. Tout d'abord il fut marié et eut une fille; mais il menait la vie d'un
moine sous des habits laïcs; il était avancé en âge et en science, quand il fut
élu, évêque. Or, comme le bienheureux Hilaire préservait, non seulement sa
ville, mais toute la France, contre les hérétiques, à la suggestion de deux
évêques qui s'étaient laissé gâter par l’hérésie, il fut relégué en exil, avec
saint Eusèbe, évêque de Verceil, par l’empereur fauteur des hérétiques. Enfin,
comme l’arianisme jetait partout des racines, et que liberté avait été donnée
par l’empereur aux évêques, de se réunir et de discuter sur les vérités de la
foi, saint Hilaire étant venu, à la requête des susdits évêques qui ne
pouvaient supporter son éloquence, il fut forcé de revenir à Poitiers.
Or, avant abordé à file
de Gallinarie (Isolotta d'Arbenga, petite île de la mer de Gênes), qui était
pleine de serpents, dès en y descendant, il mit par son regard, ces reptiles en
fuite : il planta un pieu au milieu de l’île, et ils ne purent le franchir,
comme si cette partie d'île eût été une mer et non la terre. A Poitiers, par
ses prières, il rendit la vie à un enfant mort sans baptême. En effet il resta
prosterné sur la poussière jusqu'à l’instant où l’un et l’autre se levèrent, le
vieillard de sa prière et l’enfant des bras de 1a mort. Apia, sa fille, voulant
se marier, Hilaire, son père, l’instruisit et l’affermit dans le dessein de
sauvegarder sa virginité. Au moment où il la vit bien résolue, craignant
qu'elle ne variât dans sa conduite, il pria le Seigneur avec grande instance de
la retirer à lui de la vie de ce monde : et il en fut ainsi, car peu de jours
après, elle trépassa dans le Seigneur. Il l’ensevelit de ses propres mains; en
voyant cela, la mère d'Apia pria l’évêque de lui obtenir ce qu'il avait obtenu
pour sa fille, il le f i encore, car, par sa prière, il l’envoya par avance
dans le royaume du ciel.
En ce temps-là, le pape
Léon, corrompu par la perfidie des hérétiques, convoqua un concile de tous lés
évêques, moins saint Hilaire qui y vint pourtant. Le pape, l’ayant su, ordonna
que, à son arrivée, personne ne se lèverait, ni ne lui ferait place. Quand il
fut entré, le pape lui dit: « Vous êtes Hilaire, Gaulois. » « Je ne suis pas
Gaulois, répondit Hilaire, mais de la Gaule; c'est-à-dire je ne suis pas né
dans la Gaule, mais je suis évêque dans la Gaule. » Le pape reprit : « Eh bien
! si vous êtes Hilaire de la Gaule, je suis, moi, Léon, le juge et
l’apostolique du siège de Rome. » Hilaire dit: « Quand bien même vous seriez
Léon, vous n'êtes pas le lion de la tribu de Juda, et si vous siégez en qualité
de juge, ce n'est pas sur le siège de la majesté (Jean Béleth rapporte ce
propos dans son Rationale divinorum officiorum, ch. CXXII). » Alors le pape se
leva plein d'indignation en disant : « Attendez un instant, je vais rentrer et
je vous dirai ce que vous méritez. » Hilaire reprit. « Si vous ne rentrez pas,
qui me répondra à votre place ? » Le pape dit: « Je vais rentrer aussitôt, et
j'humilierai ton orgueil. » Puis étant allé où les besoins de la nature
l’appelaient, il fut attaqué de la dyssenterie et il mourut misérablement en
rejetant tous ses intestins. Pendant ce temps, Hilaire voyant que personne ne
se levait pour lui faire place, s'assit avec calme et patience par terre en
disant les mots du Psautier : Domini est terra, « la terre est au Seigneur, »
et tout aussitôt, par la permission de Dieu, la terre sur laquelle il était
assis s'exhaussa jusqu'à ce qu'il eût été aussi haut placé que les autres
évêques. Quand l’on eut connu la mort misérable du pape, Hilaire se leva et
confirma tous les évêques dans la foi catholique, et il les renvoya pleins de
fermeté en leur pays. Mais ce miracle touchant la mort du pape Léon est
douteux, car l’Histoire ecclésiastique et l’Histoire tripartite n'en font pas
mention : d'ailleurs la chronique ne place pas:un pape de ce nom à cette époque
; de plus saint Jérôme dit : que la sainte Eglise Romaine est toujours restée
immaculée et restera toujours sans être souillée par un hérétique. On pourrait
cependant dire qu'il y a eu alors un pape de ce nom, mais qu'il n'a pas été
canoniquement élu, et qu'il était tyranniquement intrus; ou même que c'était le
pape Libère, fauteur de l’hérétique Constantin, qu'on aurait appelé Léon. Enfin
après avoir fait une multitude de miracles, saint Hilaire, se sentant affaibli
et connaissant que sa mort était prochaine, appela auprès de lui le prêtre
Léonce qu'il chérissait tendrement; et vers le déclin du jour, il le pria de
sortir, en lui recommandant, s'il entendait quelque chose, de l’en instruire.
Celui-ci obéit et revint annoncer qu'il avait entendu des cris tumultueux dans
la ville. Comme Léonce veillait en attendant son dernier soupir, à minuit
Hilaire lui commanda encore de sortir et de lui rapporter ce qu'il entendrait.
Ayant dit qu'il n'avait rien entendu, tout à coup une clarté extraordinaire,
telle que le prêtre ne la pouvait supporter, éclata auprès d'Hilaire, et comme
elle s'affaiblissait insensiblement, le saint rendit l’esprit au Seigneur. Il
fleurit vers l’an 360, sous Constantin. La fête de ce saint tombe à l’octave de
l’Epiphanie. Deux marchands possédaient en, commun une certaine quantité de
cire : l’un d'eux avait offert sa part à l’autel de saint Hilaire, l’autre ne
voulant pas, offrir la sienne. Aussitôt la cire se partagea; une moitié resta
au saint et l’autre revint à celui qui l’avait refusée.
* Bréviaire, sa vie
La Légende dorée de
Jacques de Voragine nouvellement traduite en français avec introduction,
notices, notes et recherches sur les sources par l'abbé J.-B. M. Roze, chanoine
honoraire de la Cathédrale d'Amiens, Édouard Rouveyre, éditeur, 76, rue de
Seine, 76, Paris mdccccii
SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome01/020.htm
Initial I und Miniatur des hl. Hilarius, ein totes Kind zum Leben erweckend; aus dem Weißenauer Passionale; Fondation Bodmer, Coligny, Switzerland; Cod. Bodmer 127, fol. 144r, circa 1170 and 1200. http://www.e-codices.unifr.ch/en/list/one/cb/0127
Illumination from the Passionary of Weissenau (Weißenauer
Passionale); 1170-1200. Fondation Bodmer, Coligny, Switzerland; Cod. Bodmer
127, fol. 144r, circa 1170 and 1200
Initial I und Miniatur des hl. Hilarius, ein totes Kind zum Leben erweckend;
aus dem Weißenauer Passionale; Fondation Bodmer, Coligny, Switzerland;
Cod. Bodmer 127, fol. 144r, circa 1170 and 1200. http://www.e-codices.unifr.ch/en/list/one/cb/0127
SAINT HILAIRE
Leçons des Matines avant 1960
AU DEUXIÈME NOCTURNE.
Quatrième leçon. Hilaire, né en Aquitaine de famille noble, excella en doctrine
et en éloquence. Engagé d’abord dans le mariage, il y mena une vie presque
monastique ; créé ensuite Évêque de Poitiers à cause de ses rares vertus, il
s’acquitta de la charge épiscopale de façon à mériter les plus grandes louanges
de la part des fidèles. C’était à l’époque où l’empereur Constance persécutait
les Catholiques, employant la terreur, la spoliation des biens, l’exil, et
toutes sortes de cruautés, s’ils ne voulaient pas passer au parti des Ariens ;
Hilaire, s’opposant aux efforts de l’Arianisme comme un mur inébranlable,
attira sur lui toute la fureur des hérétiques. Aussi beaucoup de pièges lui
furent tendus, et enfin, par les artifices de Saturnin, Évêque d’Arles, il se
vit exilé par le synode de Béziers et relégué en Phrygie. Dans son exil, il
ressuscita un mort et écrivit contre les Ariens ses douze livres sur la
Trinité.
Cinquième leçon. Quatre ans après, un concile ayant été rassemblé à Séleucie, ville
d’Isaurie. Hilaire fut contraint d’y assister. Il partit ensuite pour
Constantinople où il remarqua l’extrême péril de la foi, et demanda, par trois
requêtes publiques, audience à l’empereur, afin de disputer devant lui de la
foi avec ses adversaires. Mais comme Ursace et Valens, Évêques ariens
qu’Hilaire avait réfutés dans ses écrits, craignaient la présence d’un homme si
savant, ils persuadèrent à Constance de le rétablir dans son évêché, comme pour
lui faire honneur. Ce fut alors que l’Église des Gaules, selon l’expression de
saint Jérôme, embrassa Hilaire revenant de ses combats contre les hérétiques.
Saint Martin le suivit jusqu’à sa ville épiscopale, et fut depuis élevé au
gouvernement de l’Église de Tours ; la sainteté de sa vie montra dans la suite
combien il avait profité des leçons d’un tel maître.
Sixième leçon. Depuis lors, Hilaire gouverna l’Église de Poitiers dans une
grande tranquillité. Il amena la Gaule entière à condamner l’impiété des
Ariens. Il écrivit plusieurs livres d’une admirable érudition. Saint Jérôme,
dans sa lettre à Læta, atteste qu’ils peuvent tous être lus sans’ crainte d’y
rencontrer l’erreur. « On peut, dit-il, lire sans aucun risque les livres
d’Hilaire. » II s’en alla au ciel le jour des ides de janvier, sous les empereurs
Valentinien et Valens, l’an de la naissance de Jésus-Christ trois cent
soixante-neuf. Un grand nombre de Pères et plusieurs conciles ont donné à
Hilaire le nom de Docteur insigne de l’Église, et dans quelques diocèses il
était honoré sous ce titre : enfin, sur les instances du synode de Bordeaux, le
souverain Pontife Pie IX, après avoir pris l’avis de la sacrée Congrégation des
Rites, a déclaré et confirmé saint Hilaire Docteur de l’Église universelle, et
ordonné qu’au jour de sa fête, il fût partout honoré de ce titre à la Messe et
à l’Office.
Église
Saint-Hilaire, Saint-Hilaire-du-Harcouët
Dom Guéranger, l’Année Liturgique
Après avoir consacré à la gloire de l’Emmanuel manifesté à la terre la radieuse
Octave de l’Épiphanie, la sainte Église, toujours occupée du divin Enfant et de
son auguste Mère, jusqu’au jour où Marie portera dans ses bras ce fruit béni de
ses entrailles au Temple où il doit être offert ; la sainte Église,
disons-nous, admet sur son glorieux Cycle de nombreux amis de Dieu, qui nous
tracent au ciel, comme autant d’astres étincelants, la voie qui conduit des
joies de la Nativité au sacré mystère de la Purification.
Tout d’abord, éclate d’une gloire sans pareille, dès le lendemain du jour
consacré à la mémoire du Baptême du Christ, le fidèle et courageux Hilaire,
honneur immortel de l’Église des Gaules, le frère d’Athanase et d’Eusèbe de
Verceil dans les combats qu’il soutint pour la divinité de l’Emmanuel. Le
lendemain des persécutions sanglantes du paganisme, commence cette lutte
affreuse de l’Arianisme, qui avait juré d’enlever au Christ vainqueur, par ses
Martyrs, de la violence et de la politique des Césars, la gloire et les
honneurs de la divinité. L’Église, affranchie par son propre sang, ne fit point
défaut sur ce nouveau champ de bataille ; de nombreux Martyrs scellèrent encore
de leur sang, versé par .des princes désormais chrétiens, mais hérétiques, la
divinité du Seigneur immortel qui a daigné apparaître dans la faiblesse delà
chair ; mais à côté de ces généreux athlètes, brillèrent, martyrs eux-mêmes de
désir, d’illustres Docteurs qui vengèrent, par leur savoir et leur éloquence,
cette foi de Nicée qui avait été celle des Apôtres. Au premier rang, et tout
couvert des palmes d’une glorieuse confession, apparaît Hilaire, élevé, comme
dit saint Jérôme, sur le cothurne gaulois et paré des fleurs de la Grèce, le
Rhône de l’éloquence latine, et l’insigne Docteur des Églises, selon saint
Augustin.
Sublime par son génie, profond dans sa doctrine, Hilaire est plus grand encore
dans son amour pour le Verbe incarné, dans son zèle pour la liberté de l’Église
; toujours dévoré de la soif du martyre, toujours invincible à cette époque
désolante où la foi, victorieuse des tyrans, sembla un jour au moment
d’expirer, par l’astuce des princes, et parla lâche défection de tant de
pasteurs.
L’ancienne Église Gallicane, dans ses livres liturgiques dont quelques
fragments sont venus jusqu’à nous, consacre les éloges suivants au plus
illustre de ses Pontifes. Nous donnerons d’abord cette Allocution au peuple
fidèle, extraite d’un antique Sacramentaire.
ALLOCUTION.
Supplions, ô peuples, l’adorable Seigneur, dans l’abondance de nos vœux, en ce
retour solennel de la fête du très heureux pontife Hilaire, dont la bouche a
tonné au milieu du monde, pour l’égalité des trois divines personnes, avec tant
de force, que ce soldat du Christ a renversé le Prince de ce siècle, et est
entré vainqueur au palais du Roi céleste. Demandons à Celui qui l’a rendu chef
vigilant de ses armées, et calme au milieu des combats, qu’il daigne nous faire
la grâce d’obtenir, par le suffrage d’Hilaire, ce que nous sollicitons en son
honneur.
Cette Préface, qui célèbre les vertus et les prodiges de saint Hilaire, s’est
conservée dans l’Église des Gaules, même après l’introduction de la Liturgie
Romaine :
PRÉFACE.
Il est vraiment digne et juste de vous rendre grâces , de vous offrir des vœux,
de vous consacrer ces dons, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel,
qui avez élu le bienheureux Hilaire votre Confesseur pour le Pontife de votre
confession sacrée : cet homme tout éclatant d’une lumière immense, orné d’une
si grande douceur de mœurs, enflammé des ardeurs de la foi, source impétueuse
d’éloquence ; lui dont la gloire paraît dans le concours des peuples à son
tombeau, dans la guérison des possédés, dans le soulagement de ceux qui
languissent, dans les signes des plus merveilleux prodiges. Selon la nature, il
a quitté notre séjour ; mais les mérites de ce Pontife survivent au delà du
tombeau, en la présence du Sauveur Jésus-Christ, notre Seigneur.
L’Oraison suivante a été recueillie de plusieurs anciens Missels manuscrits :
ORAISON.
O Dieu, dont la miséricorde change les pécheurs pour le pardon, et transfère
les justes pour les couronner ; vous qui, habitant dans le cœur du bienheureux
Pontife Hilaire, y avez donné les réponses de la foi, comme du sein de votre
sanctuaire ; vous qui avez donné à cet illustre Confesseur de ne pas craindre
César : daignez, par son intercession, défendre votre peuple suppliant contre
son ennemi spirituel, et faire qu’il soit protégé par la fidèle prière de celui
dont il célèbre avec transport la solennité.
L’Église de Poitiers, toujours fidèle à la mémoire de son héroïque Pontife,
célèbre sa fête avec une religion filiale. Pour honorer avec plus d’éclat le
témoignage rendu par le grand Docteur des Gaules, au mystère qui fait la base
du Christianisme tout entier, elle chante en ce jour, à la Messe, la Préface de
la Sainte Trinité. Nous donnerons ici quelques pièces liturgiques empruntées
aux anciens livres de cette illustre Église. Les Répons suivants sont tirés en
partie de la Légende du Saint, rédigée par saint Venance Fortunat, l’un de ses
plus illustres successeurs.
R/. Le bienheureux Hilaire, distingué au-dessus de tous par l’honneur de la
naissance, plus éclatant encore par la pureté de son cœur, * Brillant comme
l’étoile du matin, a paru au milieu des astres, V/. Le bienheureux Hilaire,
Évêque de la ville de Poitiers, sorti de la région d’Aquitaine, * Brillant
comme l’étoile.
R/. Oh ! Qu’il fut parfait dans l’état de laïque ! Les prêtres mêmes eussent
désiré être ses imitateurs. * L’occupation de sa vie n’était autre que de
craindre avec amour le Christ, que de l’aimer avec crainte, V/. Ceux qui
marchent sur ses traces, courent à la gloire ; ceux qui s’en écartent,
encourent la peine : au croyant la récompense ; à l’incrédule, les supplices. *
L’occupation de sa vie.
R/. Le très saint Hilaire fut donc exilé dans la Phrygie, contrée d’Asie, pour
l’accroissement de sa vertu ; * Car plus il s’éloignait, pour l’amour du
Christ, du pays de sa naissance, plus il méritait de s’approcher du ciel. V/.
Étant arrivé au lieu de ses désirs, nous devons célébrer les faveurs qui lui
furent accordées. * Car plus il s’éloignait.
R/. De retour de son exil, le saint Pontife Hilaire rentra dans Poitiers, au
milieu de la joie et des applaudissements de tout son peuple ; * Car l’Église
recouvrait son Pontife, et le troupeau son Pasteur. V/. La perle des Prélats,
il est rentré dans son héritage ; louons le Seigneur, et que le chœur des Anges
aussi se réjouisse. * Car l’Église.
De nos jours, l’Église de Poitiers chante en l’honneur de son grand Évêque ces
deux Hymnes composées par le pieux Simon Gourdan, chanoine régulier de cette
même abbaye de Saint-Victor de Paris, tant illustrée par les Séquences de son
immortel Adam.
HYMNE.
Depuis le jour où l’Église, mère féconde de tant d’hommes illustres, réunit les
Gaulois à son immense troupeau, quel homme parmi eux a été comparable à Hilaire
? Quel docteur a vengé avec plus de courage le Fils engendré par le Père ?
Célèbre, ô peuple fidèle, les titres de gloire qui le recommandent, la dignité
de son élocution, les qualités nombreuses qui brillèrent en lui ; mais son
suprême honneur, c’est la foi, par laquelle il proclame hautement le Fils de
Dieu.
La mitre qui brille sur son auguste front n’a pas été teinte de son sang ; mais
sa vie a été en proie à mille épreuves ; ses fatigues incessantes ont compense
pour lui l’honneur du martyre.
La foi de Nicée resplendit par les efforts d’un tel vengeur ; en vain la fureur
des enfers s’efforce d’en renverser le Symbole ; Hilaire lance les éclairs de
sa parole semblable à un glaive d’or ; il chasse les loups dévastateurs.
Avec quel transport le fidèle troupeau reçoit, à son retour, le Pontife exilé I
Après ses longs combats, que de lauriers Hilaire moissonne ! O Martin ! c’est
alors qu’il t’enseigne à marcher d’un pas ferme dans le sentier des vertus.
Louange suprême au Père ; honneur égal au Fils que le Père engendre de son sein
fécond : au Fils, égal au Principe, semblable en divinité ; louange pareille à
l’Esprit divin !
Amen.
HYMNE.
Ni la fraude, ni la faveur des princes, ni leurs menaces, n’ébranlent l’athlète
magnanime ; Pasteur, il est contraint par un ordre tyrannique de quitter son
troupeau. Qui désormais repoussera la fureur des loups ?
Tu pars, ô Pontife ! Mais tandis que ton grand cœur se soumet à l’exil, la
Gaule est baignée dans les larmes ; et la terre de Phrygie, qui reçoit en toi
un père, va se réjouir de posséder en toi le vengeur du Verbe.
Puissant Docteur, il illumine du flambeau d’une lumière nouvelle les ténèbres
sous lesquelles se cachait l’erreur ; ses eaux vives nettoient les pâturages
souillés d’un impur limon ; il éclaire des nations que l’infidélité rendait
encore féroces.
Il confirme dans la foi des pasteurs chancelants : on voit revenir vers leurs
troupeaux les gardiens timides que l’audace de l’hérésie en avait éloignés ; la
voix d’Hilaire est pour eux la voix d’un père.
Sublime Pontife, qui, au plus haut des cieux, contemples de près le Soleil de
justice, obtiens qu’il daigne nous éclairer, ce Verbe dont tu nous as fait
connaître l’essence.
Qu’ils tremblent en présence du prince de ce monde ceux qui ne goûtent que les
choses terrestres ; pour Hilaire, il dédaigne les fureurs d’un César irrité ;
il n’affirme qu’avec plus de liberté la pure foi du Christ.
Louange suprême au Père ; honneur égal au Fils que le Père engendre de son sein
fécond : au Fils, égal au Principe, semblable en divinité ; louange pareille à
l’Esprit divin. Amen.
Ainsi a mérité d’être glorifié le saint Pontife Hilaire, pour avoir conservé,
par ses courageux efforts, et jusqu’à exposer sa tête, la foi dans le premier
des mystères. Une autre gloire que Dieu lui a donnée est d’avoir fécondé, par
sa vigueur, le grand principe de la Liberté de l’Église, principe sans lequel
l’Épouse de Jésus-Christ est menacée de perdre, du même coup, la fécondité et
la vie. Naguère, nous avons honoré la mémoire du saint Martyr de Cantorbéry ;
aujourd’hui, nous célébrons la fête d’un des plus illustres Confesseurs dont
l’exemple l’éclaira et l’encouragea dans la lutte. L’un et l’autre
s’inspiraient des leçons qu’avaient données aux ministres du Christ les Apôtres
eux-mêmes, lorsqu’ils parurent pour la première fois devant les tribunaux de ce
monde et prononcèrent cette grande parole, qu’il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux
hommes. (Act. V, 29.) Mais les uns et les autres n’étaient si forts contre la
chair et le sang, que parce qu’ils étaient détachés des biens terrestres, et
avaient compris que la vraie richesse du chrétien et du Pontife est dans
l’humilité et le dénuement de la crèche, la seule force victorieuse dans la
simplicité et la faiblesse de l’Enfant qui nous est né. Ils avaient tous goûté
les leçons de l’école de Bethlehem, et voilà pourquoi aucune promesse
d’honneurs, de richesses, de paix même, ne put les séduire.
Avec quelle dignité cette nouvelle famille de héros du Christ se lève au sein
de l’Église ! Si la politique des tyrans qui veulent paraître chrétiens, malgré
le christianisme, leur refuse avec obstination la gloire du martyre, de quelle
voix tonnante ne proclament-ils pas la liberté due à l’Emmanuel et à ses
ministres ! D’abord, ils savent dire aux princes, avec notre grand Évêque de
Poitiers, dans son premier Mémoire à Constance : « Glorieux Auguste, votre
sagesse singulière comprend qu’il ne convient pas, qu’il n’est pas possible de
contraindre violemment des hommes qui y répugnent de toutes leurs forces, à se
soumettre, et à s’unir à ceux qui ne cessent de répandre les semences
corrompues d’une doctrine adultère. L’unique but de vos travaux, de vos
desseins, de votre gouvernement, de vos veilles, doit être de faire jouir des
douceurs de la liberté tous ceux à qui vous commandez. Pas d’autre moyen
d’apaiser les troubles, de réunir ce qui a été disjoint avec violence, que de
rendre chacun exempt de la servitude, et maître de sa vie. Laissez donc
parvenir aux oreilles de votre mansuétude toutes ces voix qui crient : Je suis
Catholique, je ne veux pas être hérétique ; je suis Chrétien, je ne suis pas
Arien : je préfère mourir en ce monde, plutôt que de laisser corrompre par la
domination d’un homme la pureté virginale de la vérité. »
Et lorsque l’on faisait retentir aux oreilles d’Hilaire le nom profané de la
Loi pour justifier la trahison dont l’Église était l’objet de la part de ceux
qui préféraient les bonnes grâces de César au service de Jésus-Christ, le saint
Pontife, dans son Livre contre Auxence, rappelait avec courage à ses collègues
l’origine de l’Église, qui n’a pu s’établir qu’à rencontre des lois humaines,
et qui se fait gloire d’enfreindre toutes celles qui entraveraient sa
conservation, ses développements et son action.
« Quelle pitié nous inspire toute cette peine qu’on se donne de notre temps, et
combien il nous faut gémir en considérant les folles opinions de ce siècle,
quand on rencontre des hommes qui pensent que les choses humaines peuvent
protéger Dieu, et qui travaillent à défendre l’Église du Christ par les moyens
de l’ambition séculière ! Je vous le demande, à vous, Évêques, de quel appui
les Apôtres se sont-ils servis dans la publication de l’Évangile ? Quelles sont
les puissances qui les ont aidés à prêcher le Christ, à faire passer presque
toutes les nations du culte des idoles à celui de Dieu ? Obtenaient-ils
quelques dignités de la cour, eux qui chantaient des hymnes à Dieu dans les
prisons, sous les chaînes, et après avoir été flagellés ? Était-ce par les
édits du prince, que Paul rassemblait l’Église du Christ ? Sans doute qu’il
agissait sous le patronage d’un Néron, d’un Vespasien, ou d’un Décius, de ces
princes dont la haine a fait fleurir la prédication divine ! Ces Apôtres, qui
vivaient du travail de leurs mains, qui tenaient leurs assemblées dans des
lieux secrets, qui parcouraient les villages, les villes, les nations, par
terre et par mer, en dépit des Sénatus-Consultes et des Édits royaux, ils
n’avaient sans doute pas les clefs du Royaume des Cieux ! Ou bien encore, ce
n’est pas la vertu de Dieu qui triomphait des passions humaines, dans ces temps
où la prédication du Christ s’étendait en proportion des défenses dont elle
était l’objet ! »
Mais quand le moment est arrivé de s’adresser à l’Empereur lui-même, et de
protester en face contre la servitude de l’Église, Hilaire, le plus doux des
hommes, revêt cette indignation divine dont le Christ lui-même parut animé
contre les violateurs du Temple ; et son zèle apostolique brave tous les
dangers pour signaler les périls du système que Constance a inventé pour
étouffer l’Église du Christ, après l’avoir flétrie.
« Le temps de parler est venu ; car le temps de se taire est passé. Il nous
faut attendre le Christ ; car le règne de l’Antéchrist a commencé. Que les
pasteurs poussent des cris ; car les mercenaires ont pris la fuite. Donnons nos
vies pour nos brebis ; car les voleurs sont entrés, et le a lion furieux tourne
autour de nous. Allons au-devant du martyre ; car l’ange de Satan est
transformé en ange de lumière.
« Pourquoi, Dieu tout-puissant, ne m’avez-vous pas fait naître, et remplir mon
ministère au temps des Néron et des Décius ? Plein du feu de l’Esprit-Saint, je
n’eusse pas craint le chevalet, au souvenir d’Isaïe scié en deux ; le feu ne
m’eût pas épouvanté, à la pensée des Enfants Hébreux chantant au milieu des
flammes ; ni la croix, ni le brisement des membres ne m’eussent effrayé, en me
rappelant le larron transféré dans le Paradis après un semblable supplice ; les
abîmes de la mer, la fureur des vagues n’eussent point affaibli mon courage ;
car l’exemple de Jonas et de Paul aurait été là pour m’apprendre que vos
fidèles peuvent vivre sous les flots.
« Contre vos ennemis avoués, j’aurais combattu avec bonheur ; car je n’aurais
pas eu de doute qu’ils ne fussent de vrais persécuteurs, ceux qui m’auraient
voulu contraindre par les supplices, le fer et le feu, à renier votre Nom ;
pour vous rendre témoignage, notre mort seule aurait suffi. Nous eussions
combattu ouvertement et avec confiance contre ceux qui vous renient, contre des
bourreaux, contre des meurtriers ; et nos peuples, avertis par la publicité de
la persécution, nous eussent suivis comme leurs chefs, dans le sacrifice qui
vous rend témoignage.
« Mais aujourd’hui nous avons à combattre contre un persécuteur déguisé, contre
un ennemi qui nous flatte, contre Constance l’Antéchrist, qui a pour nous, non
des coups, mais des caresses ; qui ne proscrit pas ses victimes pour leur
donner la vie véritable, mais les comble de richesses pour leur donner la mort
; qui ne leur octroie pas la liberté des cachots, mais leur donne une servitude
d’honneurs dans ses palais ; qui ne déchire pas les flancs, mais envahit les
cœurs ; qui ne tranche pas la tête avec le glaive, mais tue l’âme avec son or ;
qui ne publie pas d’édits pour condamner au feu, mais allume, pour chacun, le
feu de l’enfer. Il ne dispute pas, dans la crainte d’être vaincu ; mais il
flatte pour dominer ; il confesse le Christ, pour le renier ; il procure une
fausse unité, afin qu’il n’y ait pas de paix ; il sévit contre certaines
erreurs, pour mieux détruire la doctrine du Christ ; il honore les Évêques,
afin qu’ils cessent d’être Évêques ; il bâtit des églises, tout en ruinant la
foi.
« Qu’on cesse de m’accuser de médisance, de calomnie ; le devoir des ministres
de la vérité est de ne dire que des choses véritables. Si nous disons des choses
fausses, nous consentons à ce que nos paroles soient réputées infâmes ; mais si
nous faisons voir que tout ce que nous disons est manifeste, nous n’avons pas
dépassé la liberté et la modestie des Apôtres, nous qui n’accusons qu’après un
long silence.
« Je te dis hautement, Constance, ce que j’aurais dit à Néron, ce que Décius et
Maximien auraient entendu de ma bouche : Tu combats contre Dieu, tu sévis
contre l’Église, tu persécutes les saints, tu hais les prédicateurs du Christ,
tu enlèves la religion ; tu es un tyran, sinon dans les choses humaines, du
moins dans les choses divines. Voilà ce que j’aurais dit en commun, à toi et à
eux ; maintenant, écoute ce qui t’est propre. Sous le masque d’un chrétien, tu
es un nouvel ennemi du Christ ; précurseur de l’Antéchrist, tu opères déjà ses
odieux mystères. Vivant contre la foi, tu t’ingères à en dresser des formules ;
tu distribues les évêchés à tes créatures ; tu remplaces les bons par des
méchants. Par un nouveau triomphe de la politique, tu trouves le moyen de
persécuter sans faire de martyrs. « _ Combien plus nous fûmes redevables à
votre cruauté, Néron, Décius, Maximien ! Par vous, nous avons vaincu le diable.
La piété a recueilli en tous lieux le sang des martyrs ; et leurs ossements
vénérés rendent témoignage de toutes parts. Mais toi, plus cruel que tous les
tyrans, tu nous attaques avec un plus grand péril pour nous, et tu nous laisses
moins d’espoir pour le pardon. A ceux qui auraient eu le malheur d’être
faibles, il ne reste même pas l’excuse de pouvoir montrer à l’éternel Juge la
trace des tortures et les cicatrices de leurs corps déchirés, pour se faire
pardonner la faiblesse, en considération de la nécessité. O le plus scélérat
des a hommes ! tu tempères les maux de la persécution de telle sorte que tu
enlèves l’indulgence à la faute, et le martyre à la confession.
« Nous te reconnaissons sous tes vêtements de brebis, loup ravissant ! Avec
l’or de l’État, tu décores le sanctuaire de Dieu ; tu lui offres ce que tu
enlèves aux temples des Gentils, ce que tu extorques par tes édits et tes
exactions. Tu reçois les Évêques par le même baiser dont le Christ a été trahi.
Tu abaisses ta tête sous la bénédiction, et tu foules aux pieds la foi ; tu
fais remise des impôts aux clercs, pour en faire des chrétiens renégats ; tu
relâches de tes droits, dans le but de faire perdre à Dieu les siens. »
Telle était la vigueur du saint évêque en face d’un prince qui finit par faire
des martyrs ; mais Hilaire n’eut pas seulement à lutter contre César. A toutes
les époques, l’Église a renfermé dans son sein des demi-fidèles que
l’éducation, une certaine bienséance, quelques succès d’influence et de talent,
retiennent parmi les catholiques, mais que l’esprit du monde a pervertis. Ils
se sont fait une Église humaine, parce que le naturalisme ayant faussé leur
esprit, ils sont devenus incapables de saisir l’essence surnaturelle de la
véritable Église. Accoutumés aux variations de la politique, aux tours habiles
à l’aide desquels les hommes d’État arrivent à maintenir un équilibre passager
à travers les crises, il leur semble que l’Église, dans la déclaration même des
dogmes, doit compter avec ses ennemis, qu’elle pourrait se méprendre sur
l’opportunité de ses résolutions, en un mot que sa précipitation peut attirer
sur elle, et sur ceux qu’elle compromettra avec elle, une défaveur funeste.
Arbres déracinés, dit un apôtre ; car en effet leurs racines ne plongent plus
dans le sol qui les eût nourris et rendus féconds. Les promesses formelles de
Jésus-Christ, la direction immédiate de l’Esprit-Saint sur l’Église,
l’aspiration du vrai fidèle à entendre proclamer dans son complément la vérité
qui nourrit la foi, en attendant la vision, la soumission passive due
préalablement à toute définition qui émane et émanera de l’Église jusqu’à la
consommation du monde : tout cela pour eux n’appartient point à l’ordre
pratique. Dans l’enivrement de leur politique mondaine et des encouragements
qu’elle leur vaut de la part de ceux qui haïssent l’Église, ils se
compromettent devant Dieu et devant l’histoire par les efforts désespérés
qu’ils osent faire pour arrêter la promulgation de la vérité révélée.
Hilaire devait aussi les rencontrer sur son chemin, ces hommes qu’effrayait le
consubstantiel, comme d’autres se sont effarouchés de la transsubstantiation et
de l’infaillibilité. Il s’opposa comme un mur d’airain à leurs pusillanimités
et à leurs vulgaires calculs. Écoutons-le lui-même commenté par le plus
éloquent de ses successeurs : « La paix, me dites-vous ? N’allez-vous pas
troubler la paix, troubler l’union ? » — C’est un beau nom que celui de la paix
; c’est aussi une belle chose que l’idée d’unité ; mais qui donc ignore que,
pour l’Église et pour l’Évangile, il n’y a pas d’autre unité et d’autre paix
que l’unité et la paix de Jésus-Christ ? » — Mais, lui objectait-on encore, ne
savez-vous pas avec qui vous vous mesurez, et n’avez-vous pas peur ? » — « Oui,
vraiment j’ai peur : j’ai peur des dangers que court le monde ; j’ai peur de la
terrible responsabilité qui pèserait sur moi par la connivence, par la
complicité de mon silence. J’ai peur enfin du jugement de Dieu, j’en ai peur
pour mes frères sortis de la voie de la vérité, j’en ai peur pour moi, dont
c’est le devoir de les y ramener. » On ajoutait : « Mais n’y a-t-il pas des
réticences permises, des ménagements nécessaires ? » Hilaire répondait que
l’Église n’a vraiment pas besoin qu’on lui fasse la leçon, et qu’elle ne peut
oublier sa mission essentielle. Or, cette mission, la voici : « Ministres de la
vérité, il nous appartient de déclarer ce qui est vrai. Ministros veritatis
decet vera proferre [1]. »
C’était donc avec raison, glorieux Hilaire, que l’Église de Poitiers vous
adressait, dès les temps anciens, ce magnifique éloge que l’Église Romaine
consacre à votre illustre disciple Martin : « O bienheureux Pontife ! Qui
aimait de toutes ses entrailles le Christ Roi, et qui ne ployait pas sous le
faix du commandement ! O âme très sainte ! Que le glaive du persécuteur n’a
point séparée du corps, et qui cependant n’a pas perdu la palme du martyre ! »
Si la palme vous a manqué, du moins n’avez-vous pas manqué à la palme ; et la
couronne de Martyr, qui ceint le front de votre illustre frère Eusèbe, ne
convient pas moins à votre tête sacrée qu’entoure déjà l’auréole de Docteur.
Tant de gloire est due à votre courage dans la confession de ce Verbe divin
dont nous honorons, en ces jours, les abaissements et l’ineffable enfance.
Comme les Mages, vous n’avez point tremblé en présence d’Hérode ; et si les
ordres de César vous exilèrent sur la terre étrangère, votre cœur se consola en
songeant à l’exil de Jésus enfant, dans la terre d’Égypte. Obtenez-nous la
grâce de comprendre, à notre tour, ces divins mystères.
Veillez aussi sur la foi des Églises ; et par votre suffrage puissant,
conservez-y la connaissance et l’amour du divin Emmanuel. Souvenez-vous de
celle que vous avez gouvernée, et qui se glorifie encore d’être votre fille ;
mais puisque l’ardeur de votre zèle embrassait la Gaule tout entière dont vous
fûtes l’invincible boulevard, protégez aujourd’hui la France chrétienne.
Qu’elle garde toujours le don de la foi ; que ses Evêques soient les athlètes
courageux de la liberté ecclésiastique ; formez dans son sein des prélats
puissants en œuvres et en paroles, comme Martin et comme vous, profonds dans la
doctrine, et fidèles dans la garde du dépôt.
[1] Œuvres du Cardinal Pie, évêque de Poitiers, tome VI. Discours prononcé à
Rome, dans l’Église de Saint-André della Valle, le 14 janvier 1870.
Pierre-Floréal Crémière. Saint Hilaire, 1846, Église Saint-Hilaire du Martray, Loudun
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum
Selon Grégoire de Tours, cette fête était déjà célébrée le 13 janvier dans
cette cité épiscopale dès la fin du Ve siècle, c’est-à-dire sous le
gouvernement de saint Perpétue. Mais ce ne fut que de nombreux siècles plus
tard, sous Pie IX, qu’elle fut insérée dans le calendrier romain. Toutefois le
13 janvier étant le jour octave de l’Épiphanie, l’office de saint Hilaire fut
remis au lendemain.
La messe est celle du Commun des Docteurs, semblable, en grande partie, à celle
de la fête de saint Ambroise le 7 décembre. On y trouve seulement quelques
variantes.
Le répons pour la messe des Docteurs est tiré du psaume 36 : « Les lèvres du
juste proféreront des oracles de sagesse, et sa langue prononcera ce qui est
juste. » — Voilà la magnifique louange que le Saint-Esprit fait de celui qui
instruit les fidèles dans la voie de la vertu. Il ajoute toutefois
immédiatement ce qui est exigé du prédicateur sacré, pour que sa parole puisse
être vraiment fructueuse : « La loi de Dieu remplit son cœur, en sorte qu’il ne
vacillera pas dans sa marche. »
Le verset alléluiatique s’inspire de l’Ecclésiastique (XLV, 9) : « Le Seigneur
l’a aimé et l’a orné d’un manteau de gloire. » Toute grâce est un don de
l’amour.
Le verset pour la communion est tiré de l’Évangile selon saint Luc (XII, 42) :
« Voici le serviteur fidèle et prudent que le Seigneur a placé à la tête de sa
famille. » — La prudence est le don le plus nécessaire aux supérieurs
ecclésiastiques. Toutefois pour que cette prudence ne soit pas celle de la
chair qui, selon l’Apôtre, est ennemie de Dieu, il faut qu’elle s’inspire de la
foi, et c’est pourquoi le saint Évangile nous parle ici du serviteur non
seulement prudent, mais aussi fidèle.
La collecte d’action de grâces est la même que pour la fête de saint Pierre
Chrysologue.
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique
Saint Hilaire. — Jour de mort : 13 janvier 367. Tombeau : dans la cathédrale de
Parme (Italie). Image : On le représente en évêque, avec le livre des docteurs
; à ses pieds des serpents ou des dragons, symboles des erreurs qu’il a
combattues. Sa vie : Saint Hilaire est un de ces héros qui, pour la foi à la
divinité du Christ, ont éprouvé de grandes souffrances et accompli de grandes
œuvres. A peine le temps des persécutions sanglantes était-il passé, que
s’éleva un autre ennemi terrible dans le sein de l’Église : l’arianisme. Cette
hérésie niait la divinité du Christ et n’était, sous le masque de la foi
chrétienne, qu’une forme de paganisme. En très peu de temps, se déchaîna un
conflit qui s’étendit sur toute l’Église, avec d’autant plus de rapidité que
les empereurs soi-disant chrétiens favorisèrent puissamment l’hérésie. Il
fallut encore que de nombreux martyrs scellassent, de leur sang, la foi à la
divinité du Christ. Les évêques orthodoxes qui s’opposaient à l’hérésie furent
envoyés en exil où ils souffrirent toutes sortes de privations.
Au premier rang des défenseurs de la foi se trouvait saint Hilaire. Il était
issu d’une famille distinguée et avait reçu une éducation soignée. Bien que
marié, il fut nommé, à cause de sa vie vertueuse, évêque de Poitiers ; bientôt,
à cause de sa défense de la vraie foi, il fut exilé en Phrygie. C’est là qu’il
composa son ouvrage principal sur la Sainte-Trinité (en douze livres) où il
défend avec enthousiasme la foi de l’Église qui triomphe quand elle est
combattue ». Enfin il put revenir dans sa patrie. Par sa sage douceur, il
arriva à débarrasser les Gaules de l’hérésie d’Arius. Comme écrivain
ecclésiastique, il eut aussi une influence heureuse ; c’est pourquoi l’Église
l’a élevé à la dignité de docteur de l’Église.
Pratique. Depuis le Baptême, notre plus grand bien est la Sainte-Trinité, mais
aussi notre adhésion à la Trinité par le Christ. Toutes nos prières, tous nos
travaux et tous nos sacrifices sont un culte rendu à la Trinité. Avec quel zèle
ne devrions-nous pas nous acquitter de nos prières à la Sainte Trinité depuis
le signe de la Croix et Gloria Patri jusqu’au Gloria in excelsis, au Te Deum,
au Credo. Depuis le Baptême nous sommes la propriété de la Sainte Trinité. Puissions-nous
l’être consciemment dans notre intelligence, notre volonté, notre cœur, notre
âme tout entière. Saint Hilaire peut être notre guide.
La messe du commun des docteurs (In medio) est très plastique. L’Église voit
dans le prêtre célébrant notre saint docteur (cette conception rend les chants
plus intelligibles). Quand le prêtre (autrefois l’Évêque) s’avance vers
l’autel, nous chantons : « Au milieu de l’Église, Dieu lui ouvre la bouc e, le
Seigneur le remplit de l’esprit de sagesse et d’intelligence ; il l’a revêtu de
la robe de gloire » (Intr.). Le docteur de l’Église nous adresse en tout temps
la parole, dans l’Église de Dieu. C’est dans la personne du prêtre qu’il nous
parle aujourd’hui, le vêtement sacerdotal est l’image de la stola gloriae, de la
robe de gloire. Dans le psaume 91, nous louons Dieu dans ses saints.
L’Oraison mérite elle aussi d’être méditée : le docteur de l’Église est pour
nous, sur la terre, un doctor vitae — un maître de vie (c’est-à-dire de la
sagesse de vie mais aussi de la vie divine) et en même temps un intercesseur au
ciel.
Dans l’Épître, nous voyons le saint marcher sur les traces de saint Paul : il a
été un combattant et un prédicateur sans peur et infatigable du royaume de Dieu
— « opportunément ou importunément » — , il a fait œuvre d’évangéliste (nous ne
voyons la facilité d’adaptation du texte de la messe que lorsque nous
connaissons, d’une certaine manière, la vie du saint). Aujourd’hui est le jour
de sa mort, le jour du retour du Seigneur pour lui, où il peut dire : « J’ai
combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, maintenant est réservée pour moi
la couronne de justice que me donnera en ce jour le Seigneur le juste Juge. »
Et nous pouvons aujourd’hui, à la messe, assister avec le saint au retour du
Seigneur.
Le saint docteur est le sel de la terre, une lumière de l’Église, une ville sur
la montagne (songeons à l’Évêque assis sur un trône élevé), une lumière dans la
maison du Seigneur, placée sur le chandelier, lumière à laquelle nous pouvons
allumer notre petite lumière ; il est appelé grand, car il a fait et enseigné
de grandes choses (Év.).
Quand nous approchons de l’autel, pour offrir nos dons, le saint « se multiplie
» en nous comme « se multiplie le palmier ou le cèdre » ; nous lui devenons
semblables. (Off). Au moment de la communion, nous voyons encore dans le prêtre
qui nous la distribue, le docteur de l’Église. Nous voyons en esprit l’Évêque
de la primitive Église, dans ses fonctions liturgiques de prédicateur et de
prêtre. Dans l’avant-messe, nous entendons son enseignement ; au
Saint-Sacrifice, nous le voyons dans l’administration de la communion. La
doctrine et l’Eucharistie sont le froment divin que l’administrateur de la
famille de Dieu distribue « prudemment et fidèlement ». Aujourd’hui encore le prêtre
qui célèbre nous distribue le même froment des élus dans l’esprit de saint
Hilaire.
SOURCE : http://www.introibo.fr/14-01-St-Hilaire-eveque-confesseur#nh1
Kirche St. Hilarius in Poitiers.
Kirche St. Hilarius in Poitiers.
Église Saint-Hilaire le Grand, Poitiers
Charpentier et fils de
charpentier
Le Seigneur est méprisé
par les siens. Bien que la sagesse de son enseignement et la puissance de son
action soulèvent l’admiration, leur incrédulité n’a pas admis le jugement de la
vérité. Ils ne croient pas que Dieu dans un homme accomplisse ces choses. Bien
mieux, ils nomment son père, sa mère, ses frères, et ils prennent pour cible en
manière d’outrage le métier de son père. Il est vrai qu’il
était le fils du charpentier, qui dompte le fer par la flamme, anéantit
au feu du jugement toute puissance de ce monde et donne une forme à une masse
en vue d’œuvrer en tout à l’intérêt de l’homme, autrement dit façonne la
matière informe de nos corps en vue des fonctions différentes de nos membres et
pour toutes les œuvres de la vie éternelle.
Tels sont les faits dont
ils se scandalisaient tous et, au milieu de tant d’actions si magnifiques,
c’est la vue de son corps qui les troublait.
St Hilaire de Poitiers
Saint Hilaire († 367),
père de famille devenu évêque de Poitiers vers 350, apôtre de la Gaule, est
l’un des grands défenseurs de la Trinité au ive siècle. / Sur
Matthieu 14, 2, trad. J. Doignon, Paris, Cerf, Sources chrétiennes 258, 1979,
p. 11-13.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/vendredi-30-juillet/meditation-de-ce-jour-1/
Saint Hilary stained glass window inside Holy Trinity parish church which is located in the village of West Runton, Norfolk, England.
Hilaire de Poitiers
Commentaires sur les
Psaumes
Instruction préalable sur
les Psaumes
Voici la traduction de
l’ « Instruction préalable sur les Psaumes » qui figure au
commencement des « Commentaires sur les Psaumes » de saint Hilaire de
Poitiers. par Claude Rigolot (frère Irénée)
1. NOUS AVONS CONSTATÉ, à
partir des livres mêmes qu’ils ont laissés, que chez beaucoup, à propos du
Livre des Psaumes, les opinions divergent. En effet, parmi les hébreux, les uns
veulent que les psaumes soient répartis en cinq livres ; qu’ainsi, le premier
livre aille jusqu’au psaume 40, que le second aille du psaume 41 au psaume 70,
que de là jusqu’au psaume 88 on ait le troisième livre, qu’ensuite on ait le
quatrième livre jusqu’au psaume 105 - ce qui justifierait cette répartition
serait que chacun des psaumes concluant chaque livre porte en finale fiat,
fiat, « que cela soit, que cela soit » - ; le cinquième livre se terminerait au
psaume 150. D’autres cependant ont estimé que les Psaumes devaient être
intitulés Psaumes de David, titre par lequel ils veulent entendre que tous ont
été composés par David. Mais nous, en nous appuyant sur l’autorité de l’Apôtre,
nous disons et nous écrivons : Livre des Psaumes. Car dans les Actes des
Apôtres, nous nous rappelons qu’il est dit : Ainsi est-il écrit au Livre des
Psaumes : ’Que sa maison soit déserte et qu’un autre prenne sa fonction
d’épiscope’ (Ac 1, 20). Ce n’est donc ni de cinq livres qu’il s’agit - comme
l’entendent certains hébreux -, ni de Psaumes de David - selon la naïveté de
beaucoup -, mais on doit, selon l’autorité de l’Apôtre, reconnaître ce livre
comme le Livre des Psaumes.
2. Plusieurs auteurs ont
écrit ces psaumes. En effet, dès l’en-tête de plusieurs d’entre eux, il est
mentionné que David en est l’auteur ; pour d’autres que c’est Salomon, pour
d’autres Asaph ou Idithus ; pour d’autres encore, que ce sont les fils de Choré
; comme en-tête d’un autre, il est dit que Moïse en est l’auteur. Il ressort de
cela qu’il est absurde de les dire indistinctement Psaumes de David alors que
tant d’auteurs sont désignés par les titres mêmes des inscriptions initiales.
Il est donc plus exact de parler de Livre des Psaumes : psaumes relatifs à
diverses prophéties d’époques et d’auteurs différents ayant été rassemblées en
un seul volume. Cependant, pour quelques-uns, on constate que les noms de
Jérémie, d’Aggée et de Zacharie figurent dans les suscriptions qui introduisent
ces psaumes-là, alors que rien de tel ne se constate dans l’édition des livres
authentiques des Soixante-Dix traducteurs (LXX), d’autant que, dans plusieurs
manuscrits grecs et latins, les titres non altérés de nombreux psaumes se
présentent sans leurs noms.
3. Pour ce qui est des
psaumes qui, sans nom d’auteur, sont placés sous des suscriptions différentes,
la tradition reçue des anciens est que, à partir du psaume dont l’auteur est
indiqué dans la suscription, ceux qui viennent après sans suscription
mentionnant leurs auteurs doivent être considérés comme étant de celui qui est
donné comme auteur du psaume précédent jusqu’au psaume où le nom d’un autre
auteur est mentionné dans l’en-tête, de sorte que, si la suscription initiale
du psaume mentionne « Psaume de David », ceux qui suivent sans titre soient
tenus pour être de David, cela jusqu’à ce que le nom d’un autre prophète soit
placé en tête d’une nouvelle suscription. Et, partant de celui-ci jusqu’à un
autre prophète nouvellement mentionné, les psaumes qui, sans nom d’auteur, se
trouvent entre les deux, sont attribués à l’auteur qui figure dans la suscription
du psaume antérieur.
4. Si d’aventure il se
trouve quelqu’un pour déprécier le bon droit de cette manière d’interpréter en
se basant sur le fait que, dans les psaumes qui suivent immédiatement celui
dont l’auteur est présenté comme étant Moïse, il est écrit - comme dans le
psaume 98 - : Moïse et Aaron parmi ses prêtres, et Samuel parmi ceux qui
invoquent son nom…, et que cela ne peut avoir été prophétisé par Moïse puisque
le nom de Samuel, né longtemps après Moïse, figure dans le psaume, que celui-là
(le « dépréciateur ») se rappelle qu’il n’est ni extraordinaire, ni difficile
d’admettre qu’un aussi grand prophète ait pu révéler le nom d’un autre grand
prophète des temps futurs même s’il est venu après lui. C’est ainsi qu’au
premier Livre des Rois figure le nom de Josias, prophétisé bien avant qu’il fût
né, lorsque le prophète dit : Autel, autel, ainsi parle le Seigneur : voici
qu’il naîtra un fils à David, nommé Josias (1 R 13, 2). Il n’est donc pas
invraisemblable de penser qu’il convienne de croire que Samuel ait été prédit
par Moïse. Bien plus, lorsque, selon Jérémie, il est dit : Pas même si Moïse ou
Samuel se tenaient devant ma face (Jr 15, 1), Samuel est nommé et comparé à
Moïse eu égard au mérite de sa sainteté. Quant à la tradition venant d’Esdras
qui aurait rassemblé, croit-on, les psaumes en un seul livre après la
Captivité, il appartient à ceux qui suspectent les auteurs de ces psaumes de
démontrer si l’on doit la considérer comme fausse ou invraisemblable. Il est
absolument clair en effet, qu’ils ne peuvent l’avoir été que si, comme
prophéties, ils ont été prophétisés prophétiquement (nisi prophetis
prophetantibus prophetari).
5. Pas d’ambiguïté possible
: ce qui est dit dans les psaumes, c’est selon la prédication évangélique qu’il
convient de le comprendre, en sorte que, quelle que soit la personne par
laquelle l’Esprit prophétique a parlé, tout ce qui y est dit vise la
connaissance de l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, de son
incorporation (corporatio), de sa Passion, de son règne, de la gloire et de la
puissance de notre résurrection. Cependant, toutes les prophéties ont été
fermées et scellées pour l’esprit mondain et pour la prudence du siècle, selon
ce que dit Isaïe : Toutes ces paroles deviendront pour vous comme les mots d’un
livre scellé. Et si on les donne à quelqu’un qui sait lire en lui disant : ’Lis
cela’, il répondra : ’Je ne le peux pas, car le livre est scellé’. Et si on remet
le livre entre les mains de quelqu’un qui ignore les lettres en lui disant :
’Lis cela’, il répondra : ’Je ne sais pas lire’ (Is 29, 11-12).
L’incapacité de lire et
de comprendre le livre de la prophétie est démontrée au moyen de ces deux
hommes ; lorsque l’intelligence de l’homme formé à la lecture n’a pas d’accès
au sceau du mystère resté fermé, elle est mise sur le même plan que l’ignorance
de l’homme inculte, du fait pour l’un et l’autre de leur commune indigence à
comprendre. Tout est en effet entrelacé de significations allégoriques et
typologiques par lesquelles tous les mystères sont dévoilés, ceux du Fils de
Dieu Unique-Engendré naissant dans un corps, souffrant, mourant, ressuscitant
et régnant dans l’éternité, glorifiant avec lui ceux qui auront cru en lui, et
jugeant les autres. Et, parce que les scribes et les pharisiens qui
n’admettaient pas le fait que le Fils de Dieu fût né dans un corps, refusaient
à tous d’accéder à l’intelligence prophétique, le Seigneur, en les menaçant
d’un châtiment, les accuse en ces termes : Malheur à vous, Docteurs de la Loi,
qui avez enlevé la clef de la science ; vous-mêmes n’êtes pas entrés, et ceux
qui voulaient entrer, vous ne leur avez pas permis de le faire (Lc 11, 52). Car
en niant le Christ dont l’avènement est l’œuvre des prophètes, ils ont enlevé
la clef de la science ; le refus de la foi en l’avènement corporel ferme en
effet l’accès à la connaissance de la Loi qui annonçait cet événement corporel
du Seigneur.
6. Assurément, il faut
comprendre que c’est de tout genre d’écrits prophétiques qu’il a été dit que,
s’il n’a pas été compris et reconnu comme relatif à l’avènement du Seigneur
engendré homme à partir d’une vierge, son intelligibilité reste scellée et
fermée. Cependant, que le Livre des Psaumes ne puisse être compris d’aucune
manière si ce n’est par le moyen de la foi en l’avènement du Seigneur, nous en
sommes instruits par l’Apocalypse du bienheureux Jean : A l’ange de l’Église de
Philadelphie, écris : "Ainsi parle le Saint, le Vrai, qui possède la clef
de David ; s’il ouvre, personne ne fermera ; s’il ferme, personne n’ouvrira. Il
possède donc la clef de David, car lui-même, par les sept sceaux dont parle
prophétiquement David dans les Psaumes à propos de sa nature corporelle
(corporalitas), de sa passion, de sa mort, de sa résurrection, de sa gloire, de
son règne, et de son jugement, il accomplit en ouvrant ce que personne ne
fermera, et il ferme ce que personne n’ouvrira. Par la clef de la prophétie qui
s’est accomplie en lui, il ouvrira ce que personne n’interdira et, au
contraire, si l’on refuse de donner sa foi à la prophétie qui a été accomplie
en lui, il fermera ce que personne ne pourra ouvrir. En effet, personne d’autre
que celui en qui ces événements ont été annoncés et réalisés ne donnera la clef
de leur intelligibilité. De fait, c’est bien ce qu’il a enseigné à la suite de
ce texte de l’Apocalypse quand Jean dit : Et je vis dans la main droite de
Celui qui siège sur le trône un livre écrit au recto et au verso, scellé de
sept sceaux ; et je vis un ange puissant proclamant à haute voix : ’Qui est
digne d’ouvrir le livre et d’en briser les sceaux ?’ Et personne ne put ni dans
le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ouvrir le livre et le lire. Et moi
je pleurais car personne ne fut jugé digne d’ouvrir le livre et de le lire.
L’un des vieillards me dit : ’Ne pleurs pas. Voici qu’il a remporté la victoire
le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David ; il pourra ouvrir le livre
aux sept sceaux’ (Ap 5, 1-6). [1] Ce livre-là qui contient les événements
passés et futurs écrits à l’intérieur et à l’extérieur, personne n’est digne de
l’ouvrir ; les pleurs de l’Apôtre proviennent de son désir de comprendre et de
la douleur provoquée par la difficulté d’y accéder. Mais il a remporté la
victoire le lion de la tribu de Juda, et le rejeton de David peut ouvrir le
livre aux sept sceaux, car seul, il a brisé, par le sacrement de son
incorporation (sacramentum corporationis) et de sa divinité, les sept sceaux
dont nous avons parlé plus haut par lesquels le livre restait fermé. De cela
même, le Seigneur a témoigné après sa résurrection lorsqu’il dit : Il fallait
donc que tout s’accomplisse de ce qui fur écrit de moi dans la Loi de Moïse,
les Prophètes et les Psaumes (Lc 24, 44). Voilà donc ce par quoi tout livre
prophétique est scellé et fermé puisque, quand on aura cru à ce qui a été
accompli par le Seigneur, tout ce qui est scellé et fermé sera ouvert et délié.
8. Il ne faut pas ignorer
d’autre part, que chez les hébreux, le nombre des psaumes est indistinct, et
qu’ils sont répertoriés sans numéros d’ordre. Les psaumes ne sont pas numérotés
en tête premier, second, troisième ; pas de cinquantième ou de centième qui
soit annoncé ; sans aucun repère d’ordre ou de nombre, ils sont mélangés. En
effet, comme le rapportent les antiques traditions, Esdras les rassembla et les
transmit en un seul volume alors qu’ils étaient en désordre et dispersés en
raison de la diversité des auteurs et des époques de composition. Mais les
soixante-dix anciens qui, selon la tradition de Moïse, demeuraient dans la
synagogue pour garder la Loi et la droite doctrine, après que leur eut été
confié par le roi Ptolémée le soin de traduire de l’hébreu en grec le contenu
de toute la Loi, ils comprirent sous l’effet d’une science spirituelle et
céleste la portée de chaque psaume, les numérotèrent et les remirent en ordre,
attribuant à chaque numéro, qui tire sa perfection de son ’efficace’ [em], la
place qui revient aux psaumes parfaits en tant que dotés d’une réelle
efficience.
9. Bien que cela puisse
être compris à partir de la valeur de chaque psaume, nous l’apprenons cependant
de la façon la plus manifeste dans le récit historique des actions et des
époques : la place des psaumes est déterminée par l’efficace des nombres
parfaits. Ainsi, le psaume 3 est postérieur, selon la lettre, au psaume 50 ;
les deux titres sont séparés par un long intervalle de temps et de générations
; le second (Ps 50), expose les faits relatifs à Urie et à David ; le premier
(Ps 3) rapporte la fuite de David poursuivi par son fils Absalon. La puissance
et le mystère du nombre ont fait que l’un et l’autre soient placés en fonction
des nombres qui leur sont appropriés et leur conviennent.
10. Le titre du psaume 50
est, selon l’histoire, postérieur à celui du psaume 51. Mais la puissance
(uirtus) du nombre 50 réclamait qu’il fût placé avant le cinquante-et-unième ;
et Doeg, implacable dans sa haine à l’égard de David, exigeait d’être reporté
après le cinquantième, en sorte que la rémission des péchés soit associée au
nombre cinquante, et que la peine de la perfidie, excédant le nombre de la
rémission prévue, fût privée de pardon du fait que le temps et le chiffre de la
pénitence aient été outrepassés. En effet, puisque selon la préfiguration de
l’année jubilaire, la rémission des péchés a été instituée sous le signe du
nombre cinquante en qui se trouve le sabbat des sabbats, il était normal que le
psaume dans lequel, après s’être soumis à la pénitence, on demande le pardon
des péchés, fût placé au rang correspondant à ce nombre.
11. Le Livre des Psaumes
est constitué de trois fois cinquante psaumes ; cela tient à l’organisation et
à l’ordonnancement de notre bienheureuse attente. Car si l’on considère
attentivement la totalité que représente la première cinquantaine, la deuxième
cinquantaine qui vient ensuite et la troisième cinquantaine qui vient encore
après en marquant la fin du livre, on comprendra que l’intention qui se
manifeste dans la répartition des psaumes suivant cet ordre est adaptée à
l’économie de notre salut. En effet, comme il y a, pour atteindre le salut, un
premier degré : renaître en homme nouveau après la remise des péchés, comme
après l’aveu du repentir arrive le Règne du Seigneur qui sera conservé jusqu’au
temps de la Cité sainte et de la Jérusalem céleste, comme ensuite, une fois
achevée en nous la gloire céleste, nous avançons par le règne du Fils jusqu’au
règne de Dieu le Père, où toute la foule des esprits bienheureux proclamera
devant Dieu les louanges qui lui sont dues, il nous sera facile de comprendre
que dans la puissance (in uirtutibus) de chaque psaume placé sous le nombre de
cinquante se trouve contenu un sens relatif au mystère qu’il doit à cette
répartition par cinquantaine.
12. Cependant, le nombre
sept compté sept fois de façon à obtenir son septuple montre qu’il s’agit du
sabbat des sabbats ; néanmoins, il est porté à sa perfection par le nombre huit
- le premier jour étant aussi le huitième -, ajouté à l’ultime sabbat, selon la
plénitude évangélique. Le sabbat des sabbats a été observé par les Apôtres
selon un rite prescrivant que durant ces jours de la cinquantaine, nul ne
ferait sa prière d’adoration le corps étendu sur la terre, ni n’entraverait par
le jeûne l’allégresse de ce bonheur spirituel ; la même chose a été également
établie concernant les jours du Seigneur qui, au-delà du nombre du sabbat,
viennent s’ajouter par la plénitude de la prédication évangélique. En effet,
bien que dans le septième jour, le nom et l’observance du sabbat aient été
établis, cependant, quant à nous, c’est au huitième jour - qui en fait est le
premier -, que nous nous réjouissons dans l’allégresse du parfait sabbat.
13. Il convient de
considérer aussi dans le psaume qui est à la huitième place la perfection de
l’ogdoade, perfection qu’elle doit aux mystères célestes dans le psaume qui se
trouve le huitième ; il lui est adjoint le titre : Pour les pressoirs, les
pressoirs étant des récipients préparés pour recevoir les fruits nouveaux et la
chaleur du moût qui fermente. Et ce nombre huit est destiné à percevoir les
fruits évangéliques, une fois réformés les récipients éphémères de nos corps,
selon l’ogdoade évangélique. La teneur même des paroles de ce même psaume huit
l’atteste. La puissance (uirtus) de cette ogdoade est aussi comme contenue dans
la puissance (uirtus) du psaume 6 et de son chiffre, où l’on prie pour
l’octave. C’est la signification du nombre qui a fait qu’au psaume 6 se
trouvait une prière pour l’octave, et qu’au psaume 8 fut ajouté le titre pour
les pressoirs. Mais cette suscription des pressoirs se trouve par trois fois
reprise. En effet, les psaumes huitième, quatre-vingtième et
quatre-vingt-troisième ont ce titre pour que l’ordonnance (ordo) de cette
parfaite béatitude se fondât sur des nombres parfaits ; il fallait cependant
que le mystère de la Triade - qui pour nous se nomme Trinité -, fût enclos dans
l’ogdoade simple et la décade de l’ogdoade.
14. Qui plus est, nous
pouvons encore reconnaître cette perfection de l’ogdoade dans le psaume cent
dix-huitième. En effet, chaque lettre de l’alphabet hébreu est répétée huit
fois, en tête de huit versets. Mais la puissance (uirtus) même du psaume montre
le sens relatif au mystère (sacramentum) de l’ogdoade. Or, dans ce psaume, il y
a vingt-deux ogdoades. De fait, à chaque groupe de huit versets est assignée en
tête une des lettres (hébraïques) ; la raison en est la suivante : comme le
psaume conduit l’homme parfait à son achèvement, selon la doctrine évangélique,
il fallait que nous fussions formés en suivant les vingt-deux lettres de l’alphabet
hébreu, sous le signe sacré de l’ogdoade.
15. La raison pour
laquelle la Loi de l’ancien Testament est répartie en vingt-deux livres est que
ce nombre correspondait à celui des lettres de l’alphabet hébreu. Selon les
traditions des Anciens, ces vingt-deux livres se répartissent ainsi : cinq
livres de Moïse, Iesus Navé (Josué) comme sixième livre, les Juges et Ruth
comme septième ; premier et second Livre des Rois comme huitième ; les
troisième et quatrième Livres des Rois comme neuvième ; les deux Livres des
Paralipomènes (Chroniques) comme dixième livre ; les paroles rapportées par
Esdras comme onzième ; le Livre des Psaumes comme douzième ; les Proverbes de
Salomon, l’Ecclésiaste et le Cantique des cantiques comme treizième,
quatorzième et quinzième livres ; les douze (petits) Prophètes comme seizième
livre ; Isaïe, Jérémie avec les Lamentations et la Lettre (cf. Bar. 6), Daniel,
Ezéchiel, Job et Esther portant le total à vingt-deux livres. À ces livres
cependant, certains ont jugé bon, en ajoutant les livres de Tobie et de Judith,
d’en compter vingt-quatre, selon le nombre des lettres de l’alphabet grec, la
langue des Romains se situant entre celles des Hébreux et des Grecs ; c’est en
effet surtout par ces trois langues qu’est annoncé le mystère de la volonté de
Dieu et l’attente du bienheureux Règne. De là ce que fit Pilate : il écrivit
dans ces trois langues que le Seigneur Jésus-Christ était le Roi des Juifs.
Bien que nombre de peuples barbares aient acquis une connaissance de Dieu
conforme à la prédication des Apôtres et qu’ils aient embrassé la foi des
Églises qui aujourd’hui trouvent place (chez ces peuples barbares),
l’enseignement de l’Évangile a son assise cependant de manière spéciale dans
l’Empire Romain, sous l’égide duquel sont tenus ensemble Hébreux et Grecs.
16. D’autre part, il est
normal qu’à la suite de ce nombre multiple de huit, produit de vingt-deux
ogdoades (celles du Ps 118), on considère le nombre qui le suit dans les quinze
cantiques des Psaumes des degrés (Ps 119-133). Il fallait que ce « Cantique des
degrés » constitue un ensemble de quinze psaumes obtenu à partir de deux
nombres parfaits, à savoir l’hebdomade et l’ogdoade, c’est-à-dire les nombres
sept et huit. Car, par l’observance de la Loi qui est fondée sur la septaine, et
le progrès évangélique qui se trouve accompli dans le culte présent et dans
l’attente espérée de l’ogdoade, on s’élève par ce Cantique des degrés aux
choses célestes et éternelles. En effet, dans le Temple aussi, les princes des
prêtres montaient dans le « Saint des saints » par ce nombre de degrés, de
sorte que celui qui aurait parfaitement cru à la perfection et à la vérité de
ce nombre de l’hebdomade et de l’ogdoade présent dans le Cantique des degrés,
se verrait placé dans la perfection et la béatitude du « Saint des saints »,
puisque ni l’hebdomade de la Loi sans l’ogdoade des évangiles, ni l’ogdoade des
évangiles sans l’hebdomade de la Loi, ne peuvent conduire l’homme à sa
perfection.
17. Bien que ces réalités
aient été dites par nous d’après les nombres relatifs à l’observance de la Loi
et répartis dans le mystère évangélique, cependant, de façon évidente, nous
comprendrons la puissance (uirtus) de chaque nombre à partir des suscriptions
des psaumes et de l’intelligence des termes mêmes qui y sont employés ; les
titres de toutes ces suscriptions sont différents. En effet, hormis ceux qui
portent le nom de leurs auteurs ou des indications de motifs ou de temps, il
s’en trouve d’autres dont le titre porte : pour la fin, d’autres Psaume d’un
Cantique seulement, ou Cantique d’un Psaume ; il y a nécessairement diversité
de motifs quand il y a diversité de suscriptions. Car ce n’est pas sans raison,
du fait de la très grande diversité des sujets traités, qu’est modifié l’ordre
des titres, de sorte que l’on trouve en tête pour caractériser le psaume placé
sous le titre tantôt pour la fin, tantôt Psaume, tantôt Cantique, tantôt
Cantique du Psaume, tantôt Psaume du Cantique ; et quoique nous nous efforcions
à propos de chaque psaume de rendre compte de chacun des intitulés, cependant,
ce n’est que sous forme de résumé permettant d’en saisir le sens que nous
rassemblerons en un bref exposé la signification des diverses suscriptions.
18. Il y a toute une
suite de psaumes dont la cause est la fin ; mais le psaume lui-même répond de
sa propre motivation, et nul autre à sa place. La fin est ce en vue de quoi
tout le reste existe ; mais elle n’est elle-même à l’origine de rien d’autre.
En effet, tout est tourné vers la fin, mais il n’y a rien après elle. Ainsi, la
fin est l’accomplissement des antécédents, et, comme elle ne tend vers rien
d’autre, ce qu’elle a en propre est en elle-même sa propre possession. Il faut
donc comprendre que les psaumes où se trouve inscrit pour la fin, doivent être
compris de telle sorte qu’ils tiennent leur existence des espérances et des
enseignements parfaits et achevés des biens éternels. Car la course de notre
foi a pour objectif les biens qui seront mentionnés dans ces psaumes, et que,
dans ces biens, du fait qu’elle ne se prolonge pas au-delà, la fin même d’une
béatitude souhaitée et obtenue trouve son repos.
19. Dans les arts
musicaux, il y a une multiplicité de fonctions et de genres. Il s’agira d’un
psaume lorsque la voix faisant silence, seul l’impact de l’instrument
d’accompagnement est entendu. On parlera de cantique lorsque le chœur des
chantres, usant de sa libre interprétation, n’étant pas astreinte aux règles
strictes de l’accompagnement d’un instrument, prend son essor dans un hymne qui
met seulement en œuvre une voix harmonieuse. On parle de cantique d’un psaume
lorsqu’après l’intonation par un instrument, on entend la voix du chœur qui
chante, imitant par les modulations de la voix le rythme du psaltérion. Quant
au psaume du cantique, on en parle lorsque, le chœur chantant le premier, le
jeu de l’instrument qui l’accompagne s’adapte à l’hymne du chant humain, et que
le psaltérion joue en mesure avec un charme égal en suivant les modulations de
la voix qui chante en premier. À ces quatre genres d’art musical s’appliquent
donc les suscriptions adaptées à chaque psaume ; cependant, la raison d’être de
chaque suscription apparaît dans la signification des psaumes et dans la
diversité même du genre musical qu’il convient d’adopter.
20. En effet, dans tel
psaume, répertorié comme psaume, se trouvent contenus l’enseignement et la
confession des œuvres des fidèles et des actes des saints, tandis qu’en
rappelant ce qu’il a fait, le prophète (le psalmiste) nous forme à la science
(doctrina) d’actes similaires, les mouvements de notre instrument corporel
(notre corps) étant adaptés à une pieuse mise en pratique de nos devoirs.
Lorsque, dans son titre, le psaume est précédé de la mention cantique, la
science spirituelle et l’intelligence du mystère céleste se trouvent contenus
en lui, science et intelligence que l’on atteint par la connaissance de la
sagesse quand, sans mention des œuvres de la foi, on manifeste que l’on a
seulement appris la parfaite connaissance de Dieu. Car il ne s’en suit pas
pourtant que toute la science ne puisse consister dans une œuvre bonne, et
inversement, qu’une œuvre bonne ne puisse donner automatiquement accès à la
science véritable. Il en résulte que l’on trouve un troisième genre de
suscription dit cantique du psaume, quand la connaissance de la science est associée
à l’efficacité des œuvres bonnes ; c’est en effet d’abord dans les œuvres
bonnes que l’on doit vivre pour que puisse être parfaite cette connaissance du
mystère divin qui vient ensuite, selon ce que dit le Siracide : Tu as désiré la
sagesse ? Observe les commandements et le Seigneur te la prodiguera (Sir 1, 33
vulg.). Le Seigneur accorde donc la sagesse à ceux qui, par le mérite des
œuvres, poursuivent la grâce de l’intelligence (spirituelle). C’est à partir de
ces applications aux œuvres et à la doctrine (l’enseignement de la foi) que se
révèlera le motif de l’inscription en tête du psaume : cantique de psaume. Mais
où se trouve inscrit : psaume de cantique, il est traité de la réalisation
d’une œuvre bonne grâce à la science d’une connaissance préalablement acquise
de Dieu, connaissance qui prodiguera l’efficacité aux œuvres de la foi que nous
désirons accomplir.
21. C’est pourquoi cette
quadruple diversification de l’art musical des psaumes est appropriée à leur
diversité, de telle sorte que le psaume soit, par la motion de l’instrument
corporel, orienté vers le mémorial des actes accomplis, que le cantique
possède, par la connaissance de la sagesse, la science de la doctrine ; il y a
cantique de psaume quand la connaissance de la science est prodiguée au mérite
antécédent des actes ; puis il y a psaume de cantique quand, par la
connaissance de la science acquise, commencent à s’accomplir et se réalisent
par des actes les œuvres des croyants. Il conviendra donc, grâce aux propriétés
des en-têtes, de rechercher la compréhension des psaumes, puisque chaque genre
d’harmonie musicale est adapté à chaque genre de prophétie dans le contenu
propre des titres. Quant aux psaumes qui se présentent sans aucune inscription
orientant vers leur signification - comme c’est le cas du premier, du second,
et de plusieurs autres -, il convient de les comprendre comme ayant été chantés
à partir de l’enseignement de l’Esprit-Saint en vue d’une connaissance
spirituelle de science générale, afin que chacun atteigne, à partir de ces
psaumes sans suscription, la raison de l’intelligence spirituelle selon la
sincérité de sa foi.
22. Quant aux autres
en-têtes qui, ou bien renvoient à la réalité de faits qui relèvent de
l’histoire, ou bien ont inclus des époques ou des jours ou quelque autre
réalité, elles montrent soit à partir de l’interprétation des noms, soit à
partir d’un rapprochement entre des faits, soit à partir de la prise en compte
d’éléments de même ordre - toutes choses qui constituent la matière du psaume
-, que là où il y a pour le jour du sabbat ou pour les mystères du fils ou pour
le huitième jour, il faut comprendre qu’à travers la signification littérale
des suscriptions, on est en présence d’un psaume spirituel (orientant vers la
compréhension ou la contemplation du mystère de notre foi) De même, quand dans
un titre, à l’occasion d’un rappel historique, on lit d’abord de David ou pour
David ou Absalon ou Saül ou Doeg, alors la nature des cas - à savoir de David
ou pour David -, ou bien la signification des noms - par exemple Absalon, Saül,
Doeg -, nous engagent à atteindre la prophétie contenue dans le psaume.
23. Quant à diapsalma,
qui se trouve inséré dans plusieurs psaumes, il faut y voir le commencement
d’un changement, soit de personne, soit de sens moyennant une modification de
mode musical, de sorte que, là où est inséré un diapsalma, il faut comprendre
ou bien que quelque chose d’autre est dit, ou même est dit par quelqu’un
d’autre, ou bien est chanté sur un autre mode musical. Concernant les personnes
et le sens, quand nous remarquerons qu’intervient un diapsalma, nous essaierons
d’en rendre compte ; par contre, la traduction grecque et latine n’a pu
conserver la règle du mode musical. Telles sont les remarques qu’un rapide
exposé préalable à l’explication proprement dite des psaumes a rassemblées en
une brève synthèse.
24. Mais il faut
appliquer à l’explication de chaque psaume un jugement attentif et réfléchi,
afin que l’on sache par quelle clef chacun d’entre eux s’ouvre à
l’intelligence. En effet, tout le Livre des Psaumes est semblable à une grande
et belle cité en laquelle se trouvent de nombreux et variés petits temples dont
les portes sont fermées par diverses clefs appropriées à chacun, clefs qui se
trouvent amassées et entremêlées en un seul lieu. D’où une difficulté majeure
pour l’ignorant qui veut ouvrir chacun de ces petits temples : trouver la clef
de chacun. Pour cela il faut ou une connaissance intime permettant de
reconnaître la clef et de la choisir rapidement dans la masse de toutes les clefs
mises ensemble, ou un énorme travail pour trouver la clef adaptée et appropriée
à l’ouverture de chaque entrée. En effet, la raison comme la nature des choses
(ratio et qualitas) ne permettent pas que les clefs appropriées à chaque entrée
s’adaptent à des serrures différentes. Aussi, au moment où nous nous apprêtons,
avec la miséricorde du Seigneur, à trouver la clef pour ouvrir chaque psaume,
commençons par donner accès au psaume premier avec la clef adaptée qui
convient.
Sources : Traduction
effectuée à partir de l’édition du CCSL LXI de Brepols, 1997.
[1] À la suite d’Origène
(cf. Philocalie sur l’Écriture, SC 302, p. 251 et svt), Hilaire voit dans les
sept sceaux de l’Apocalypse (Ap 3, 7), sceaux ouverts successivement et donnant
accès à la lecture du Livre des destinées humaines dans le Dessein de Dieu, les
événements successifs des actes sauveurs du Christ : l’incarnation
(corporatio), la passion, la mort, la résurrection, la glorification,
l’établissement du Règne et le jugement. Le Christ se révèle en cela la Clef de
David (cf. Is 22, 22 ; Ap 3, 7). Hilaire trouve un confirmatur évangélique dans
la citation de Lc 24, 44. L’incarnation du Verbe de Dieu est donc révélatrice
du dessein de Dieu, à savoir, le salut de l’humanité, et, à travers elle, celui
du cosmos tout entier. Le Livre des Psaumes en recèle la prophétie.
[em] Efficientia, cf. De
Trin. III, 25 ; SC 443, p. 384, l. 13)
SOURCE : http://www.patristique.org/Hilaire-de-Poitiers-Instruction.html
Église
Notre-Dame de Châteauroux (Indre, France)
Our
Lady church of Châteauroux (Indre, France)
Hilaire de Poitiers :
Commentaire sur le Psaume 1
par Claude Rigolot (frère
Irénée)
Voici une traduction
inédite du Commentaire du psaume 1. Pour vous guider dans votre lecture vous
pouvez lire l’introduction générale parue sur patristique.org ou consulter
les explicitations propres à ce psaume.
Psaume I
1. La compréhension
essentielle du sens des psaumes implique de pouvoir discerner quel est le
locuteur et à quelle personne il convient d’attribuer ce qui est rapporté. Ce
n’est pas, en effet, un schéma uniforme et non diversifié qu’empruntent les
auteurs, avec une expression formulée en des catégories diverses, vis-à-vis de
ces personnes. Nous trouvons en effet fréquemment dans les psaumes que la personne
de Dieu le Père est habituellement mise en avant, comme dans le Ps 88,
lorsqu’il est dit : « J’ai exalté un élu du milieu de mon peuple. J’ai trouvé
David, mon serviteur ; je l’ai oint de l’huile sainte. Lui-même m’invoquera :
’Tu es mon Père, Toi, le protecteur et le soutien de mon salut’. Et moi, je
ferai de lui le Premier-né, le plus élevé des rois de la terre » (Ps 88, 20-21
; 27-28). En fait, c’est la personne du Fils qui est d’ordinaire introduite en
plusieurs psaumes, comme dans le Ps 17 : « Un peuple que je ne connaissais pas
m’est asservi » (Ps 17, 45). Et au Ps 21 : « Ils se sont partagé entre eux mes
vêtements, et, ma tunique, ils l’ont tirée au sort » (Ps 21, 19). Cependant,
ici, dans le Ps 1, la réalité même des paroles qui suivent, enseigne clairement
qu’on ne peut la comprendre comme venant de la personne du Père ou de la
personne du Fils : « Mais il prend son plaisir dans la Loi du Seigneur et
médite cette Loi jour et nuit » (Ps 1, 2). Car, dans le Ps 88 où - nous venons
de le dire - la personne du Père est désignée, c’est à celui-ci en effet que
sont rapportées des paroles qui lui sont propres, lorsqu’il est dit : «
Lui-même m’a invoqué en disant :’ Tu es mon Père, mon Dieu et le soutien de mon
salut’ ». Et dans cet autre psaume - le Ps 17 -, dans lequel le Fils est sensé
parler, lui-même se montre bien l’auteur des paroles parmi celles qu’il
rappelle, disant : « Un peuple que je ne connaissais pas, s’est fait mon
serviteur » (Ps 17, 45). En effet, tandis que le Père dit : « Lui-même m’a invoqué
», et que le Fils parle ainsi : « Un peuple s’est fait mon serviteur » (Ps 17,
45), ceux qui parlent là se désignent eux-mêmes. Par contre, lorsqu’il est dit
: « Mais il prend son plaisir dans la Loi du Seigneur », d’aucune manière, à
partir de ce qui est dit, la personne du Seigneur n’est désignée, mais, bien
plutôt, il s’agit de la béatitude d’un autre, à savoir de cet homme dont il est
annoncé qu’il trouve son plaisir dans la Loi du Seigneur. C’est pourquoi la
personne du Prophète, par la bouche duquel l’Esprit-Saint a parlé, doit être
maintenant reconnue pour nous instruire par le ministère de sa bouche, et nous
porter à la connaissance du mystère spirituel.
2. Puisqu’il est parlé de
réalités spirituelles, nous devons chercher, pour en comprendre la teneur, de
quel homme parle le psalmiste. Il dit en effet : « Heureux l’homme qui ne va
pas au conseil des impies et ne s’asseoit pas sur le siège pestilentiel ; mais
qui prend plaisir à suivre la Loi du Seigneur, et à méditer cette Loi jour et
nuit. Il sera comme un arbre planté aux bords des eaux qui donne son fruit en
son temps et dont le feuillage ne sèche pas. Tout ce qu’il entreprend réussira
» (Ps 1, 1-3).Au sujet de ce psaume, beaucoup, soit en partant de cette parole
ci-dessus exprimée, soit à partir des lettres et écrits qu’ils ont trouvés,
prirent conscience que dans ce psaume, c’est notre Seigneur Jésus-Christ qui
devait être compris, lui dont la béatitude était pré-annoncée par ce dont il
était question ici. Mais de cela, ils n’enseignèrent ni de quelle manière, ni
par quel argument cela devait être affirmé, même si, poussé par le sentiment
d’une haute opinion, ils estimaient que toute prophétie des psaumes, devait lui
être rapportée ; mais où et quand se réfère la parole de cette prophétie le concernant,
cela doit être discerné avec exactitude en usant de la connaissance
rationnelle.
3. Cependant, ce qui a
été présenté dans l’exorde du psaume, ne convient pas du tout à la personne du
Christ et à sa dignité ; et, ce qui s’y trouve affirmé, contredit cette
imprudente facilité d’interpréter à la légère ce que le psaume contient. En
effet, lorsqu’il est dit : « Et il met son plaisir (sa uoluntas) dans la Loi du
Seigneur », puisque la Loi a été apportée par le Fils de Dieu, comment la
béatitude peut-elle être rapportée, à cause de cela, à celui dont le plaisir
aura été d’accomplir la Loi du Seigneur, alors que lui-même est le Seigneur de
la Loi ? Qu’elle soit sa Loi, lui-même en témoigne dans le Ps 77, où il dit : «
Écoute, ô mon peuple ma Loi ; incline ton oreille aux paroles de ma bouche. Je
vais ouvrir ma bouche pour parler en paraboles » (Ps 77, 1-2). L’évangéliste
Matthieu confirme d’ailleurs que ces paroles concernant le Seigneur ont bien
été prononcées par lui, lorsqu’il dit : « C’est pourquoi il parlait en
paraboles pour que s’accomplisse ce qui avait été dit : ’J’ouvrirai ma bouche
pour parler en paraboles’ » (Mt 13, 35). Par ces faits, le Seigneur accomplit
donc sa prophétie. En effet, à travers les événements dont il parlera, il
s’annoncera lui-même, en parlant en paraboles. Mais, ce qu’il dit là, dans le
psaume : « Et il sera comme un arbre planté au bord des eaux », en quoi cela
pourrait-il être ajusté à sa personne, puisqu’il est montré, par une métaphore,
que la béatitude progresse d’intensité, comme l’arbre planté au bord des eaux ;
cet arbre se révélerait alors plus heureux que le Fils de Dieu, puisque lui,
pour atteindre la perfection de la béatitude, devrait progresser pour accéder à
la béatitude de l’arbre. Par conséquent, comme il est, selon la Sagesse et
l’Apôtre, « le Premier-né de toute créature, avant les siècles et les temps
éternels » (cf. Tt 1, 2), et qu’ « en lui et par lui toutes choses ont été
créées » (cf. Col 1, 15-16), comment pourrait-il être heureux à condition
d’être fait semblable à ces choses qui par lui ont été jetées dans l’existence,
alors que ni la puissance du Créateur ne lui manque pour atteindre, par rapport
aux créatures, la perfection de sa béatitude, ni l’antiquité de « Premier-né ».
L’expression « il sera comme un arbre » admet donc un temps de comparaison,
mais dans un ordre inversé. Le « qui sera » - cela suppose un temps d’attente
-, devra donc être compris comme s’il y avait « il aura été », ou bien comme se
référant à un état de possession par nature. Quoi qu’il en soit, il est déjà «
bienheureux », et il ne manque pas à sa béatitude quelque dilatation du temps ;
ainsi, ce qui sera est commencé en lui, parce que par l’antiquité de sa sortie
dans l’être, il perdure dans l’être-même.
4. C’est pourquoi, du
fait que ces notations ont été comprises comme étrangères à la divinité de
l’Unique Engendré, le Fils de Dieu, notre Seigneur Jésus Christ, cet homme -
mentionné par le psaume et comme doit le penser le Prophète (c’est à dire le
Psalmiste) - qui a été proclamé « bienheureux », c’est celui-là même qui, par
ce corps que le Seigneur a assumé et dans lequel il est né homme, fera valoir
sa conformité de nature par la recherche studieuse de l’équité et par la
perfection de toute justice. Il convient donc de le comprendre ainsi, comme la
suite du commentaire du psaume le montrera.
5. Mais l’Esprit-Saint a
entrepris ce très spécifique et très digne exorde en tête du Psautier, afin que
soit encouragée l’humaine faiblesse par l’espérance de la béatitude dans la
pratique sans fard de la religion, pour que soit enseigné le mystère du Dieu
ayant pris un corps, pour que soit annoncée la communion de la gloire céleste,
pour avertir de la peine du jugement, pour montrer la Providence de Dieu dans
l’effective rétribution. C’est qu’en effet, l’Esprit-Saint commence la
présentation ordonnée d’une si grande prophétie par un raisonnement très
logique et une réflexion consommée, afin que l’espérance oriente la faiblesse
de l’homme heureux vers la ferveur de la foi, que la béatitude comparée à
l’arbre donne sa garantie à une espérance bienheureuse, que la sévérité
ouvertement déclarée aux impies corrige l’insolence de leur impiété en leur
inspirant de craindre, que le respect de l’ordre du rang social aide à
discerner la diversité des mérites dans l’assemblée des saints, et que l’équité
établie démontre la magnificence de Dieu manifestée dans « les chemins
empruntés par les justes et que Dieu connaît » (cf. Ps 1, 5). Mais de ces
réalités elles-mêmes et de leur expression verbale, nous en traiterons plus
loin.
6. « Heureux l’homme qui
ne va pas au conseil des impies, qui ne se tient pas sur le chemin des
pécheurs, et qui ne s’assied pas sur le siège pestilentiel des moqueurs, mais
prend son plaisir (uoluntas) dans la Loi du Seigneur, et médite cette Loi jour
et nuit » (Ps 1, 1-2). Le Prophète rappelle que pour l’homme heureux, le
fondement de sa vie repose sur une observance en cinq points : d’abord, « ne
pas aller au conseil des impies » ; ensuite, « ne pas s’engager sur le chemin des
pécheurs » ; en troisième lieu, « ne pas s’asseoir sur le siège pestilentiel
des moqueurs » ; ensuite, « placer tout son désir d’aimer dans la Loi du
Seigneur » ; finalement, « faire de cette Loi l’objet de sa méditation, jour et
nuit ». Il est donc nécessaire de distinguer l’impie du pécheur, le pécheur de
la pestilence, et, précisément, de faire la distinction entre « le conseil des
impies », « le chemin des pécheurs », « le siège pestilentiel des moqueurs » ;
ensuite, distinguer entre le fait d’être allé au conseil des impies plus que de
s’y être établi, entre le fait de s’être tenu sur le chemin des pécheurs plus
que d’y être allé. Afin que nous puissions comprendre le pourquoi de ces
expressions, il nous faut discerner combien diffère le pécheur de l’impie, pour
que, par là, puisse être saisi la raison pour laquelle il est assigné un chemin
au pécheur, et un conseil à l’impie. Ensuite, il faudra se demander pourquoi on
parle de « se tenir sur le chemin » et « d’aller au conseil » quand la coutume
parle plutôt de « se tenir au conseil » et « d’aller sur le chemin ». Tout
pécheur n’est pas nécessairement impie, mais l’impie, par contre, ne peut pas
ne pas être également pécheur. Prenons un exemple tiré de la conscience commune
: les fils peuvent aimer leurs pères quoique ceux-ci soient portés au vin,
lascifs et prodigues ; et malgré ces vices qu’ils entretiennent, ils demeurent
sans impiété, eux qui pourtant ne sont pas sans reproche. Bien que les impies
soient en quelque sorte portés aux vertus de continence et de tempérance, ils
considèreront comme une faute tout ce qui sera autre que l’impiété, et ils le
transgresseront en le tenant pour irrespectueux envers leurs parents.
7. Ainsi, d’après
l’exemple ci-dessus proposé, il ne fait pas de doute que l’impie est distingué
du pécheur. La nature même du bon sens commun montre, en vérité, que les impies
sont ceux qui dédaignent rechercher la connaissance de Dieu, qui présument,
sous l’effet d’une irreligieuse opinion, que nul Créateur du monde n’existe,
que le monde - rappellent-ils -, dans sa manière d’être et son ornementation, a
été constitué pour des motifs fortuits de peur de devoir laisser au Créateur
d’opérer le jugement de discernement entre une vie correctement vécue et un
comportement déviant ; ils voudraient être nés par l’effet d’une nécessité de
nature et devoir, sous l’effet de cette même nécessité, être dissous dans la
mort. Donc, tout conseil flottant dans l’hésitation et provenant d’eux est
incertain et vague ; il est à écarter pour les mêmes raisons, du fait de son
absence totale de constance : il ne s’appuie sur aucune détermination précise.
Dans leur discours, ils osent enseigner qu’il n’y a pas de Créateur du monde -
et pourtant, hors de lui, comment trouver réponse lorsque tu cherches pourquoi
le monde existe, et quand, et comment, et si c’est le monde pour l’homme ou
l’homme pour le monde, et pourquoi la mort -, et où, et jusqu’où -, et quelle
mort ? Autour d’eux, les conseils de leur impiété vont et viennent, sans
trouver de lieu où se poser.
8. Il y a d’autres «
conseils des impies », à savoir les « conseils » de ceux qui sont tombés dans
l’hérésie et qui ne s’en tiennent ni aux lois du Nouveau, ni aux lois de
l’Ancien Testament. Leur parole est proférée, se disant et se contredisant,
circulant sans cesse dans le monde en s’infléchissant dans l’erreur, ne
s’attachant à rien de solide : toute la consistance de cette parole tient dans
un discours imprécis. Le Dieu de leur impiété est non pas le Dieu qui atteste
par lui-même qu’il est « de Dieu », mais qui est mesuré à l’étalon de la
volonté de leur propre conseil (arbitrium), ignorant que ce n’est pas une
moindre impiété de parler d’un Dieu façonné que de totalement le nier. Lorsque
tu requiers d’eux de signifier par quelle espérance et par quelle foi ils
adhèrent à l’espoir d’une issue heureuse de leur sort final, ils deviennent
confus ; perturbés, ils dissimulent, tournent autour de la question et de
l’enjeu de la recherche ; ils évitent d’en discuter. « Bienheureux », donc, «
est l’homme qui ne va pas en ce conseil des impies », c’est-à-dire qui ne
consentira pas à y aller, car c’est une faute d’adhérer aux impiétés comme ç’en
est déjà une d’y avoir seulement pensé.
9. Fait alors suite que «
celui qui ne va pas au conseil des impies, n’aille pas non plus sur le chemin
des pécheurs ». En effet, nombreux sont ceux qui, bien qu’ils aient, par leur
confession de foi en Dieu, renoncé à croire en l’impiété, ils ne sont cependant
pas pour autant libérés du péché. Ils demeurent, il est vrai, dans l’Église,
mais ils ne se maintiennent pas dans la discipline de l’Église, en tant
qu’avares, adonnés à la boisson, querelleurs, insolents, orgueilleux,
simulateurs, menteurs, rapaces. En vérité, d’instinct, notre nature nous pousse
vers ces vices, mais le chemin qui nous conduira à couper court et à ne pas
nous engager dans cette manière de vivre est utile, puisque descendre par
habitude dans ces vices, ne permet pas le retour de qui demeure insouciant. A
cause de cela, « heureux est l’homme qui ne se tient pas sur le chemin des
pécheurs », car si notre nature nous porte vers ce chemin, la vertu de religion
nous fait échapper, par la foi, à cette voie.
10. Le troisième point de
la disposition à l’obtention de la béatitude est de « ne pas s’asseoir sur le
siège pestilentiel des moqueurs ». Les docteurs pharisiens se sont assis sur le
siège de Moïse. Il s’est assis à son tribunal, Pilate. De quel siège
estimons-nous que l’usage est malsain ? Ce n’est pas indistinctement envers
Moïse que le Seigneur désapprouve davantage ceux qui sont assis que la session
sur le siège, lorsqu’il dit : « Les Scribes et les Pharisiens sont assis sur le
siège de Moïse ; tout ce qu’ils vous disent, faites-le ; mais ce qu’ils font,
ne le faites pas » (Mt 23, 2). La session sur le siège des docteurs n’est pas
pestilentielle en soi : l’obédience en est prescrite par l’autorité même du
Seigneur. La session qui sera donc pestilentielle, sera celle que Pilate voulut
éviter en se lavant les mains. En effet, nombreux encore sont atteints de corruption
par l’ambition des honneurs du siècle, et veulent jusqu’à substituer aux lois
de l’Église, des lois qui lui sont étrangères. Mais bien qu’à ces services que
nos docteurs accomplissent, ils apportent avec eux bienveillance et tempérance,
il est cependant inévitable que ceux sur qui sont déversées ces charges, soient
comme pollués par le contact malsain contracté en leurs rapports.
L’administration des affaires d’utilité publique, ne permet pas, même à ceux
qui le veulent, de demeurer dans la sainteté des lois ecclésiastiques. Et
quoique résolument déterminés à conserver leur propos religieux, ils sont
contraints cependant, par la pression exercée à partir du siège qu’ils
occupent, tantôt à l’outrage, tantôt à l’injure, tantôt à devoir infliger des
peines - bien que leur désir profond résistât -, et les voilà rendus
participants de cette même nécessité, imprégnés qu’ils sont comme d’une
corruption morbide. Aussi, le Prophète dénomme-t-il ce siège qui est leur, «
siège pestilentiel », car il pénètre même, par contagion, la disposition amoureuse
de l’esprit religieux.
11. Mais le Prophète ne
résume pas toute la béatitude de l’homme dans le seul fait de n’être pas allé «
au conseil des impies » ou de ne pas s’être tenu « sur le chemin des pécheurs
», ou encore de ne pas s’être assis « sur le siège pestilentiel des moqueurs ».
En effet, ces manières de vivre peuvent se trouver chez un homme du siècle, de
telle sorte qu’il affirme que Dieu est le Créateur du monde, qu’il fasse
référence, par sa ferveur à s’éloigner du péché, à la modestie de l’innocence,
qu’il fasse aussi passer avant les dignités honorifiques le loisir d’une vie
tranquille et retirée. Mais maintenant ici-bas, le Prophète fait ressembler
l’homme parfait selon Dieu, et qu’il se représente d’après les grands exemples
de l’éternelle béatitude, non pas comme celui qui se conforme à ce
qu’enseignent les vertus communes, mais, comme celui qui se consume, pour être
bienheureux, dans les vertus énoncées ensuite : qu’il prenne son plaisir dans
la Loi du Seigneur. La suppression des qualités précédentes n’y fait rien,
pourvu que l’intention soit effectivement appliquée, à savoir que « dans la Loi
du Seigneur, il mette tout son plaisir ». Le Prophète n’attend pas que cet
homme soit parfait dans la crainte de Dieu. Beaucoup tiennent pour de la
crainte ce qui est dans la Loi, mais peu font consister la Loi dans une
application heureuse de la volonté, car ce qui appartient à la crainte n’est
pas d’oser négliger de devoir craindre, mais c’est une religion (une pratique
religieuse) parfaite que de se soumettre à ce qui est prescrit. Il s’en suit
donc, qu’est bienheureux celui qui, vis à vis de la Loi du Seigneur, n’en
éprouve pas de crainte, mais trouve en elle son plaisir (cf. Jn 14, 15 ; 15, 10
etc).
12. Mais il manque
parfois quelque chose à la volonté. Le seul vouloir n’obtient pas la parfaite
béatitude, à moins que le passage à l’acte ne suive la décision volontaire.
D’où ce qui suit : « Et dans la Loi du Seigneur médite jour et nuit ». La
méditation continuelle et sans relâche de la Loi, porte à son achèvement la
béatitude de cet homme ; mais peut-être que cela n’est pas bien accepté de la
nature humaine dans sa faiblesse, nature qui a besoin de se reposer, de dormir,
de vaquer à sa nourriture. Devant de tels impératifs - ceux d’une nécessité de
nature -, c’est dans l’espérance de la béatitude qui doit suivre la méditation
de la Loi, que nous déciderons que soit interrompu un travail corporel pour
cette méditation diurne et nocturne. D’une manière semblable à cette parole du
psaume, l’Apôtre dit : « Priez sans cesse » (1 Th 5, 17). Il n’est pas possible
de ne pas s’occuper des nécessités de notre nature, et de ne pas tenir compte
du temps pour effectivement toujours prier. C’est pourquoi, la méditation de la
Loi doit non seulement se faire par la lecture de paroles, mais encore dans une
relation à Dieu par les œuvres, de sorte que nous repassions dans notre esprit
non seulement livres et écrits, mais que nous méditions les gestes et les
réalités contenues dans ces livres et écrits, mettant en pratique les œuvres
diurnes et nocturnes, expressives de la Loi. Cela, l’Apôtre le dit : « Tout ce
que vous faites, faites-le pour la gloire de Dieu, soit que vous mangiez, soit
que vous buviez, quoi que vous fassiez » (1 Co 10, 31). C’est ainsi, en effet,
que s’accomplit la prière ininterrompue, de telle sorte que, par les œuvres qui
plaisent à Dieu et qui sont toujours exécutées pour sa gloire, toute la vie de
cet homme soit une prière. Vivant ainsi jour et nuit selon la Loi, même la vie
nocturne appartiendra à la Loi, tandis que la méditation sera diurne.
13. Mais par la
réalisation de la béatitude de cet homme qui s’abstient des conseils des
impies, des chemins des pécheurs, et du siège pestilentiel des moqueurs, qui
veut méditer jour et nuit la Loi de Dieu, nous est enseigné quel fruit cette
béatitude acquise lui procurera dans le futur. Vouloir être heureux, en effet,
provient de l’attente de cette même béatitude ; ce que montre la suite : « Et
il sera comme un arbre planté auprès du cours des eaux qui donne son fruit en
son temps, et dont jamais le feuillage ne sèche » (Ps 1, 3). Peut-être,
pensera-t-on que cette comparaison est ridicule et inepte pour parler de la
béatitude. En vérité, ces éléments de comparaison ne sont peut-être pas très
ajustés aux hommes de ce siècle. Mais, selon l’enseignement prophétique, nous
voyons combien, dans ces réalités naturelles et ces paroles, se trouve établie
la gloire de la béatitude.
14. Dans le livre de la
Genèse, où le Législateur (Moïse) nous montre un jardin (paradisum) planté par
Dieu, il montre aussi que tout arbre est beau à voir et son produit bon à
manger. Il expose aussi qu’au milieu du Paradis se trouve l’arbre de vie et
l’arbre de la connaissance du bien et du mal ; il poursuit, disant que le
Paradis est irrigué par un fleuve qui se divise, hors de sa source, en quatre
bras. Ce qu’était cet arbre de vie, le prophète Salomon l’enseigne, à propos de
son exhortation à la Sagesse, en disant : « Elle est un arbre de vie pour ceux
qui la saisissent et qui s’y attachent » (Pr 3, 18). Donc, cet arbre de vie
n’est pas seulement vivant, mais aussi rationnel ; rationnel en tant qu’il
donne du fruit, et qu’il le donne vraiment, non pas de manière confuse, non pas
inopportunément, mais « en son temps ». Et cet arbre est planté « près du cours
des eaux », à savoir en possession du Règne de Dieu, dans le Paradis, d’où sort
un fleuve qui se divise en quatre bras. Il ne dit pas, en effet, « après le
cours des eaux », mais « près du cours des eaux », donc avant que le cours des
eaux ne se divise et ne se partage en quatre bras. En effet, cet arbre est
planté là où le Seigneur, qui est la Sagesse, introduit le fameux larron qui le
confessait « Seigneur », disant : « Amen, je te le dis, aujourd’hui tu seras
avec moi dans le Paradis » (Lc 23, 43). Et nous apprenons de l’autorité
prophétique que la Sagesse - qui est le Christ -, est appelée « arbre de vie »
en vue du mystère de l’Incorporation (l’Incarnation) et de la Passion, et que,
même le caractère particulier de cette interprétation doit être attribué aux
évangiles. Le Seigneur, en effet, s’est lui-même comparé à un arbre, lorsque
les juifs disaient de lui que c’était par Béelzéboul qu’il expulsait les démons
: « Ou vous faites que l’arbre soit bon et bon aussi son fruit, ou vous faites
que l’arbre soit mauvais et mauvais aussi son fruit. C’est à son fruit que l’on
reconnaît l’arbre » (Mt 12, 33). Car, alors que son fruit se révélait le
meilleur pour chasser les démons, Béelzéboul, dont les fruits sont exécrables,
était aussi désigné par des fruits détestables. Il ne dédaigna pas non plus
d’enseigner en lui-même la vertu de ce bon arbre, lorsque, marchant vers la
croix, il dit : « S’ils en font ainsi du bois vert, qu’en sera-t-il du bois sec
? » (Lc 23, 31). Par l’image du bois vert, il signifiait qu’en lui, rien
n’était servile et bas jusque dans l’aridité même de la mort.
15. C’est pourquoi, ce
bienheureux homme est rendu semblable à cet arbre, alors que, transféré à la
manière du Larron dans le Paradis, il est lui-même planté « selon le cours des
eaux », et cette nouvelle plantation est, elle aussi, bienheureuse, ne devant
pas être arrachée. C’est d’elle dont parle le Seigneur dans les évangiles
lorsqu’il se plaint au sujet de la plantation étrangère, disant : « Toute
plantation que mon Père n’a pas plantée, il l’arrache » (Mt 15, 13). Cet arbre
donnera donc ses fruits. Cependant, partout où la parole divine indique quelque
chose au sujet des fruits des arbres, elle rappelle qu’il s’agit plutôt de
faire du fruit que d’en donner ; ainsi dit-elle : « Un arbre bon ne peut faire
de mauvais fruits » (Mt 7, 18). Et, lors de la querelle à propos de la vigne,
selon Isaïe : « J’étais en attente, dit le Seigneur par son Prophète, de ce
qu’elle fasse du raisin, mais elle a produit des épines » (Is 5, 2). Mais cet
arbre-ci donnera ses fruits par la tempérance que lui donneront sa capacité de
discernement et sa raison. Il produira en effet du fruit « en son temps » ;
mais, en quel temps finalement ? Eh bien, en ce temps dont parle le bienheureux
Apôtre lorsqu’il dit : « …nous faisant connaître le mystère de sa volonté,
selon son bon plaisir, tel qu’il l’avait librement conçu dans le Christ, pour
le réaliser à la plénitude du temps » (Eph 1, 9). Donc, ce temps de l’ «
économie » (dispensatio), où l’opportunité de recevoir et de donner est réglée,
une fois arrivé à son terme, s’ouvrira l’ère de l’accueil par Dieu de ceux
auxquels il donnera accès. Cependant, le délai du temps, dépend de « la
plénitude du temps ». En effet, l’ « économie » consistant à donner les fruits
récoltés, est conservée jusqu’à la plénitude des temps. Et qui sera en fin de
compte le dispensateur du fruit ? Assurément, celui de qui le même Apôtre se
souvient, lorsqu’il dit : « Et il transformera notre corps de misère pour le
rendre conforme à son corps de gloire » (Ph 3, 21). Il nous donnera donc ces
fruits que déjà, en celui qu’il assuma et qui est signifié par l’arbre, il
amena pour l’homme à sa maturité parfaite, et qu’il transvasa, en absorbant la
mortalité dans la nature même de son immortalité. Ainsi, sera-t-il comme cet
arbre l’homme bienheureux du psaume, lorsque lui-même sera rendu conforme à son
Seigneur, dans la gloire de Dieu.
16. En outre, le
feuillage de cet arbre ne se flétrit pas (v.3). Rien d’étonnant si les feuilles
de cet arbre ne sèchent pas puisque ses fruits sont offerts sur les branches,
et non pas tombés à terre, non pas écartés de l’arbre par leur maturité, non
pas tombés par terre sous l’effet d’une force extérieure qui les aurait
secoués, mais en proportion de l’ « économie » d’un devoir rationnel
bienfaisant. Partant d’une comparaison avec les éléments corporels de la nature
sensible, ce qui est signifié dans les feuilles est manifeste. En effet, si
nous considérons attentivement ce qu’est la nature des feuilles, nous voyons
qu’elle est de se précipiter autour des fruits pour les entourer de leur
protection, afin de protéger, comme d’une sorte de rempart, la tendre fragilité
commençante des fruits. Ainsi, l’enseignement des paroles de Dieu qui recouvre
comme d’un vêtement protecteur les fruits qui nous sont promis, c’est cela même
qui est signifié par les feuilles. En effet, par ces paroles de Dieu, notre
espérance est protégée d’ombre pour que les fruits soient dérobés à la vue des
tempêtes de ce monde et protégés comme par un abri. Donc, les feuilles,
c’est-à-dire les paroles de Dieu, ne dépérissent pas, puisqu’il fut dit par le
Seigneur que « le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas
». Ainsi, rien de ce que le Seigneur a dit, ne se dispersera, ni ne tombera
pour sa perte.
17. Que les feuilles de
cet arbre ne soient pas inutiles mais salutaires pour les Gentils, saint Jean
en témoigne dans l’Apocalypse lorsqu’il dit : « Puis il (l’Ange) me montra le
fleuve de l’eau de la vie, brillant comme du cristal, qui jaillissait du trône
de Dieu et de l’Agneau ; au milieu de la place de la Cité et entre les deux
rives du fleuve, est l’arbre de vie qui porte douze fois des fruits, les
donnant une fois par mois, et dont les feuilles servent pour la guérison des
nations païennes ». Le mystère céleste est ainsi présenté sous des formes
corporelles pour que ces réalités corporelles elles-mêmes, quoiqu’elles ne
puissent pas rendent compte, étant incorporées, de toute la réalité,
n’affaiblissent cependant pas l’intelligence spirituelle du texte du psaume. Il
aurait convenu, en effet, qu’il fût dit, dans l’Apocalypse, que de l’un et
l’autre côtés du fleuve se trouvaient plantés des arbres, et non seulement un
seul arbre. Mais parce que, dans le sacrement du baptême, l’arbre de vie se
trouve en tout lieu pour apporter le fruit de la prédication apostolique à ceux
qui, de toute part, s’en approchent, pour cette raison, un seul arbre de vie se
tient de part et d’autre du fleuve - car un seul Agneau est contemplé sur le
trône de Dieu, et un seul fleuve, et un seul arbre de vie : toutes ces réalités
contemplées contiennent en elles-mêmes tous les mystères de l’Incorporation du
Seigneur, de son Baptême et de sa Passion, arbre dont les feuilles, qui ne
tombent pas et représentent les paroles de la prédication, communiquent en
partage aux païens le salut, par l’enseignement de la foi.
18. « Et tout ce qu’il
entreprend réussit » (v. 3). Ce n’est pas comme en Adam où le don qui lui fut
fait et les conditions de son établissement dans la justice furent perturbées,
pour avoir perdu par lui-même, en péchant par transgression de la Loi, la
béatitude dans l’état d’immortalité. Mais, par la rédemption de l’Arbre de vie,
c’est-à-dire par la Passion seigneuriale, déjà, alors que nous lui serons
rendus semblables par ce même arbre de vie, tout ce qu’il réalise en nous,
c’est de l’éternel ; un « éternel » à entendre au sens de béatitude. « Tout ce
qu’il fait réussi ». Tous ceux-là (les rachetés par l’Arbre de vie) réussissent
ce qu’ils entreprennent, non par une transformation incertaine, non dans une
nature affaiblie, mais lorsque l’incorruptibilité aura absorbé la corruption,
et l’éternité, la faiblesse, et la forme de Dieu, la forme de la chair de cette
terre. D’où ce qui suit : cet homme sera semblable à un arbre planté donnant
ses fruits en temps opportun ; lui aussi sera planté en Paradis, de sorte qu’en
ce lieu où toutes choses créées par Dieu sont implantées pour prospérer, la
plantation de Dieu ne souffre aucun arrachement, et qu’ensuite, elle ne soit
déracinée sous l’effet de quelque transformation ou de notre condition de
faiblesse, ou de durée.
19. Par la béatitude
reconnue parfaite de cet homme, dont parle le psaume, était montré, en
conséquence, que le châtiment demeurait effectif pour les impies. Le psaume
poursuit, en effet : « Il n’en va pas de même pour les impies, non, pas de même
; il en va pour eux comme de la poussière emportée par le souffle du vent » (v.
4) ». Il ne reste pas d’espérance d’entrer pour les impies, dans cette
béatitude, présentée ici sous forme de comparaisons, mais ils demeurent
errants, écrasés, emportés à tous vents, dispersés et sans repos, de sorte qu’à
partir de cette image de la solide fermeté du corporel, ils soient dispersés
pour le châtiment, comme la poussière d’un objet battu, et cependant non
retourné dans le néant ; cela, pour que le motif pénal soit maintenu, mais que,
abattus dans une terre desséchée, poussiéreuse et sans consistance, ils soient
jetés dehors pour subir leur peine dans une mobilité de dérision. De cette
peine, le même Prophète se souvient, dans un autre endroit, lorsqu’il dit (de
la part du Seigneur) : « Je les ai broyés comme la poussière livrée au vent, je
les ai écrasés comme la boue des places publiques » (Ps 17, 43). C’est pourquoi
un parallèle est ainsi tracé entre la béatitude et la peine. En effet, que ce
ne soit aucun travail difficile pour le vent de dissiper la poussière, et que
ceux qui foulent la boue des places ne s’en aperçoivent même pas, cette
évidence rappelle qu’il est aisé, pour cette peine d’en-bas, de broyer et de
disperser ceux que le rapport au péché a dissouts dans la boue et transformés
en poussière, pour être réduits en une substance sans solidité, comme le sont
la poussière et la boue ; les voici donc passés dans une nature substantiellement
vouée aux supplices.
20. Parce que, par ce
changement d’une substance solide à l’inconsistance de la poussière, ils ne
participeront pas à ce bien qui est donné à l’homme heureux, à partir du fruit
de l’arbre produit en temps opportun ; aussi le Psalmiste ajoute-t-il : « C’est
pourquoi, ils ne se dresseront pas debout, les impies, au jour du jugement ».
Ce n’est pas une destruction sans exception qui sera déclarée pour ceux qui
giseront dans la poussière, par le fait qu’ils ne se dresseront pas debout ;
mais, la résurrection pour le jugement leur sera refusée. Ce n’est pas, en
effet, parce qu’ils ne seront pas - au sens de devoir manquer le jugement -,
que ferait l’économie de la peine ce qui ne subsisterait pas pour subir le
châtiment. Mais ils ont encore assez d’être pour subsister, puisqu’ils sont
poussière. À la vérité, devenir poussière soit par l’aridité, soit pour avoir
été broyé, ce n’est pas avoir perdu la nature de ce qui doit subsister, mais
c’est subsister en une autre nature. Par le fait aussi qu’au jugement ils ne se
dresseront pas, est prouvé que ce n’est pas à leur nature qu’ils doivent de ne
pouvoir se dresser, mais au fait d’avoir perdu la disposition leur permettant
de se mettre debout pour le jugement. Cette disposition nécessaire à la
résurrection et au jugement doit être comprise selon ce que montre le Seigneur
dans les évangiles, lorsqu’il dit : « Qui croit en moi, n’est pas jugé
(condamné) ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé (condamné) ; et voici
pourquoi : la lumière est venue en ce monde, et les hommes ont préféré les
ténèbres à la lumière » (Jn 3, 18-19).
21. L’énoncé de la parole
du Seigneur trouble fortement à la fois l’indifférente disposition des
auditeurs et l’incurie des lecteurs. Lorsqu’il dit en effet : « Qui croit en
moi ne sera pas jugé », cela exclut du jugement les fidèles ; et lorsqu’il dit
plus loin : « Mais qui ne croit pas en moi est déjà condamné », cette parole
n’admet pas au jugement les infidèles. Donc, si les croyants sont exclus et les
infidèles rejetés, comment, par cette sorte de présentation du jugement,
estimer convenable dans toute sa réalité cette troisième parole : « Et voici le
jugement : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les
ténèbres à la lumière » ? Il ne peut y avoir de place pour le jugement lorsque
ni infidèles, ni fidèles, ne sont en capacité d’être jugés. À la vérité, cela
apparaît ainsi aux auditeurs négligents et aux lecteurs peu perspicaces ; mais
en fait, la vigueur même des mots en eux-mêmes contient la qualité propre qui
leur appartient et leur compréhension.
22. « Qui croit en moi ne
sera pas jugé (d’un jugement de condamnation) ». Quelle nécessité en effet de
juger le croyant ? Le jugement se justifie pour dénouer des affaires ambiguës ;
et lorsque l’ambiguïté est levée, l’examen de la situation ne requiert plus de
jugement. De cela il ressort que, de peur que les infidèles ne soient pas
nécessairement jugés - parce que l’ambiguïté ne subsiste pas lorsqu’il s’avère
qu’ils ne sont pas infidèles -, mais que le jugement soit enlevé pour les
croyants et pour les non-croyants, le Seigneur ajoute un motif de jugement pour
ceux qui le produisent et doivent nécessairement être jugés. En effet, il y en
a quelques-uns parmi les justes et les impies, qui se trouvent au milieu, mêlés
aux uns et aux autres et pourtant, à leur manière propre, ni l’un ni l’autre ;
en cela même ils dépendent les uns des autres, ne se mêlant pas à la foi car il
y a en eux quelque chose qui participe à l’infidélité, ni s’estimant devoir
pactiser avec l’infidélité car ils possèdent quelque chose de la foi.
Plusieurs, en effet, conservent dans l’Église la crainte de Dieu, quoique les
agréments du siècle les attirent vers les vices mondains. Ils prient, parce
qu’ils craignent. Ils pèchent, parce qu’ils le veulent bien. Ils se nomment
chrétiens, parce que l’espérance de l’éternité leur est bonne. Ils agissent
comme des païens, parce que leur agréable présence leur agrée. Impies, ils ne
se maintiennent pas, car pour eux le nom de Dieu est en honneur ; gens pieux,
ils ne le sont pas vraiment, car ce qui est du domaine de la piété, ils le
jugent étranger à leurs pratiques. Il leur est nécessaire d’aimer plus ces biens
étrangers par lesquels le nom qu’ils redoutent (celui de chrétien) ne peut être
réel selon l’amour qu’il requiert et que dément leur peu d’empressement pour
les œuvres de l’amour. D’où ce qu’a ajouté le Seigneur, après qu’il ait parlé
des croyants qui n’ont pas été jugés, et des non-croyants qu’il a dit avoir été
déjà jugés : « Voici en quoi consiste le jugement : la lumière est venue dans
le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière ». Pour ceux-ci,
il y a bien un jugement qui déjà, dans les incrédules, est à l’œuvre, et qui,
pour les croyants, n’est pas nécessaire. Pour les premiers, s’ils ont aimé les
ténèbres plus que la lumière, ce n’est pas qu’ils n’aient pas aimé du tout la
lumière, mais parce que leur amour se sera davantage incliné vers les ténèbres.
En effet, comme il est de coutume, l’amour est une préférence par rapport à une
autre chose qui pourrait aussi être aimée. De là, le jugement : tout en ayant
aimé le Christ, ils lui ont préféré les ténèbres. Ils seront donc jugés, eux
qui, ni comme gens pieux auraient à l’être, ni comme impies auraient dû l’être,
mais d’un jugement s’effectuant à partir de leur préférence d’un amour sur
l’autre.
23. Il est vrai, le
Prophète montre bien qu’il détient la raison de cette disposition évangélique,
lorsqu’il dit : « C’est pourquoi, les impies ne se lèveront pas lors du
jugement, ni les pécheurs au conseil des justes » (v. 5). Le jugement pour les
impies ne se maintient pas, car ils sont déjà jugés. Cependant, pour les
pécheurs, dont nous avons dit plus haut qu’ils devaient être distingués des
impies, le conseil (l’assemblée) des justes les réfutera, car ils doivent être
jugés. En effet, l’impiété les juge avant le temps, eux que le péché tient
effectivement éloignés pour être jugés. C’est pourquoi, ni l’impiété qui est
déjà jugée et tolérée en vue du jugement des pécheurs, ni les pécheurs qui
devront être jugés, ne mériteront la dignité de figurer au conseil des justes
qui seuls ne seront pas jugés.
24. D’où la
différenciation procédant de cette diversité d’état : « Le Seigneur connaît le
chemin des justes, et le chemin des impies se perdra » (v. 6). Les pécheurs ne
vont pas au conseil des justes, car le Seigneur connaît le chemin des justes.
Cependant, il ne connaît pas d’une science faite d’ignorance, mais par une
condescendance qui implique connaissance. En effet, ce n’est pas cette mutation
permanente des passions humaines qui est en Dieu, de telle sorte qu’il
connaîtrait ou ignorerait. Le bienheureux apôtre Paul expose pour quelle raison
nous serons connus de Dieu, lorsqu’il dit : « Si quelqu’un croit être prophète
ou inspiré par l’Esprit, qu’il reconnaisse que ce que je vous écris vient de
Dieu ; mais si quelqu’un le méconnaît, c’est qu’il n’est pas connu » (1 Co 14,
37-38). Il montre donc que ceux-là sont connus de Dieu qui ont reconnu les
choses de Dieu (les réalités révélées). Alors, devant être connus comme ils ont
eux-mêmes connu, ils sont accordés à la dignité de connaître par le mérite de
la religion révélée offerte à la connaissance, de sorte que ce qui est connu
n’est pas compris comme un progrès venant de l’ignorant, mais venant de celui
qui est connu. Aussi, le Seigneur montra-t-il de manière précise en Adam et en
Abraham que les pécheurs s’ignorent, et que les fidèles se connaissent. En
effet, après son péché, il est dit à Adam : « Où es-tu, Adam ? » non que Dieu
qui avait jusqu’ici mis Adam en Paradis ignorât où était Adam, mais tandis que
Dieu l’interrogeait sur le lieu, Adam se montrait, du fait qu’il avait péché,
indigne d’une connaissance de Dieu. Ainsi, pendant un temps, Abraham fut
ignoré, jusqu’à ce qu’à soixante-dix ans la parole de Dieu lui fut adressée,
tandis que par l’oblation d’Isaac, il prouva sa fidélité au Seigneur ; alors il
fut reçu avec honneur dans la divine familiarité : « Maintenant, j’ai reconnu
que tu crains le Seigneur ton Dieu et que tu n’as pas épargné ton fils
bien-aimé à cause de moi » (Gn 22, 12). Il n’ignorait pas entièrement la foi
d’Abraham qui le porta à croire en l’engendrement d’Isaac, et, pour ce motif,
le considéra comme un homme juste, car, en offrant son fils, il donnait un
grand témoignage de sa crainte envers Dieu. Dès lors, il était connu ; dès
lors, il avait été mis à l’épreuve ; dès lors, il était digne, lui qui n’était
plus ignoré. Ainsi, Dieu connaît et ignore, lorsque Adam pécheur est ignoré et
qu’Abraham, le fidèle, est connu. Est digne, celui qui de Dieu est connu, lui
qui n’ignore absolument rien. Le chemin des justes est donc connu de Dieu, eux
qui ne seront pas jugés (pour être condamnés). Et, pour cette raison, les
pécheurs qui devront être jugés, seront écartés du conseil des justes, tandis
que les impies ne se lèveront pas au jugement puisque leur chemin s’est perdu ;
déjà, ils sont jugés par celui qui a dit : « Le Père ne juge personne ; mais,
tout le jugement, il l’a remis au Fils » (Jn 5, 22), notre Seigneur
Jésus-Christ, qui est béni dans les siècles des siècles. Amen.
SOURCE : http://www.patristique.org/Hilaire-de-Poitiers-Commentaire.html
Nous baserons l’essentiel
de notre recherche sur l’introduction faite par Jean Doignon à son édition
des Tractatus super Psalmos d’Hilaire, dans le CCSL LXI, Brepols
1997. Nous y adjoindrons plusieurs traductions inédites (Instr. Psalmorum, Tract.
1-2, 51, 61, 138, 148-150).
1- Situation
chronologique du Commentaire
Hilaire remarque en Com.
Ps 67, 15 : « À ces erreurs (christologiques), il a été répondu ailleurs avec
plus d’ampleur et d’abondance ». Il renvoie ici à son traité sur la Trinité
VII, 7, où sont plus explicitement mentionnées les trois erreurs
christologiques soutenues par Arius, Sabellius et Photin (aliasHébion).
La réflexion d’Hilaire,
commentateur des psaumes et exégète, s’appuie souvent sur des considérations
qu’il a approfondies dans les livres VIII à XII de son traité sur la Trinité :
• in Ps 2, 25-27 ; 53,7
(rapports du Père et du Fils, sans altérité de nature).
• in Ps 122, 7 ; 138, 17
(dualité sans différence de nature).
• in Ps 138, 2. 5. 15.
19. 23 ; 143, 7 (opposition et rapport réciproque entre la forme d’esclave et
la forme de Dieu [1].
• in Ps 53, 12 ; 68, 17
(rapport du Fils au temps, à la souffrance, à la glorification).
On pourrait comparer
aussi le prologue du traité sur la Trinité I, 1-14 et l’in Ps 61.
Le mode de présentation
des problèmes théologiques diffèrent dans les deux ouvrages car dans les
Tractatus, la perspective est intentionnellement plus pédagogique et vise à la
vulgarisation. Mais le contenu est bien le même que celui du traité sur la
Trinité qui a donc précédé les Tractatus super Psalmos. Ces derniers sont
contemporains des Traités sur les Mystères (Tractatus Mysteriorum) rédigés
entre 364 et 366, selon H. Lindemann, et du Contre Constance qui date lui de
360-361.
2. Le genre littéraire
des Tractatus : homélies ou lectiones ?
L’aspect lectio semble
prépondérant, si l’on entend par là une lecture sur « une tranche de texte
propice à l’instruction » (J. Doignon) ; cf. Hilaire, Instr. XI ; in Ps. 64, 8
où sont cités Mi 1, 2-5 et Ps 17, 8-10 : Toi dont la force affermit les
montagnes, qui te ceins de puissance ; Toi qui altères le grondement des mers
et le fracas de leur flots. Hilaire commente ainsi :
• Ce discours ne convient
pas à la nature des montagnes terrestres ; elles sont fermes en effet, non
apprêtées. Mais la préparation de la future opération est un commencement.
Ensuite, il est parlé de la préparation des montagnes par Celui qui se revêt de
puissance et se ceint de force. Cependant toute terre est jetée dans
l’existence à partir de rien, et la réalité de sa puissance n’a pas manqué de
ceindre Celui dont dépendait que le fait soit aisément commandé. Il est
cependant utile de connaître en quels lieux il est fait mention des montagnes
dans les Écritures. Le Prophète dit en effet : Écoutez, tous les peuples, sois
attentive, terre, et tous tes habitants. Que le Seigneur Dieu vienne en
témoignage contre vous, le Seigneur de son temple saint. C’est pourquoi, unique
le Seigneur sort de son temple saint ; Il descend sur les hauteurs de la terre
; les montagnes fondent sous lui, les vallées se liquéfient comme cire en face
du feu. Tout cela à cause de l’impiété de Jacob et à cause du péché de la
maison d’Israël (Mi 1, 2-5). Et ensuite : Et la terre trembla, s’ébranla, les
assises des montagnes frémirent et furent commotionnées, car Dieu fut irrité
envers eux. Une fumée montait de ses narines et, sortant de sa face, un feu
dévorant, produisant des charbons embrasés. Il inclina les cieux et descendit,
une nuée sous les pieds (Ps 17, 8-10). En conséquence, Il envoya ses flèches et
les dispersa ; Il lança des éclairs et les mis en déroute (Ps 17, 15).
Par les faits dont cette
lectio nous instruit, l’Esprit-Saint nous montre, par le Prophète, la descente
du Seigneur depuis le ciel, la crainte de la terre, le tremblement des
montagnes : cela provenant de la colère du Seigneur, de la fumée sortie de sa
fureur, et par le feu ; ensuite, devant sa face, une fumée montait, est-il dit
(Ps 17, 9). C’est la réalité du temps passé. Un feu sortait de sa bouche
(ibidem), cela recèle la signification des temps futurs. Ensuite, de peur que
ne soit interprétée la parole comme provenant d’une nature figée et immobile,
ces montagnes sont dispersées par des tirs de flèches, et commotionnées par une
multitude d’éclairs (fin du § 8 du Com. Ps 64).
Que veut montrer Hilaire
par cette tranche de texte, avec ces deux citations de Michée et du Ps 17, pour
éclairer le verset 8 du Ps 64 ? Assurément, que Dieu est toute puissance, et que
cette puissance se manifeste aussi bien dans le solide enracinement des
montagnes que dans leur mise en branle sous l’effet de sa colère. Il en est le
Créateur et Maître, et s’Il en vient à modifier les lois de la nature par
quelque soudain cataclysme, cela ne vise qu’à provoquer le retournement du cœur
rebelle de l’homme, dont la nature, créée bonne, s’est pervertie.
Dans l’in Ps 118, Hilaire
présente la lectio diuina comme une « méditation de la Loi » dont nous
entretient surabondamment le Prophète (cf. in Ps 118, 10, 15). L’auditeur et le
lecteur ne sont pas dissociés. Cela ne correspond donc pas à une lecture faite
dans un cadre liturgique où la proclamation de la Parole implique une dissociation
entre lecteur et auditeur.
Quand Hilaire fait
référence « aux psaumes qu’on a lus » (cf. in Ps 13 et 14), rien n’indique
qu’une lecture publique ait été faite devant l’assemblée.
Les doxologies finales
des Tractatus ne sont pas davantage un gage d’appartenance des Tractatus à un
milieu homilétique. Origène parsème son Traité des Principes de telles
doxologies… Et pourtant, le De Principiis est loin de ressembler à une
collection d’homélies !
Conclusion
Rien ne porte à penser
qu’il s’agit, dans les Tractatus, d’exhortations orales émises au cours
d’homélies. C’est cependant l’opinion de Ph. Henne, dans son récent livre
Initiation à Hilaire de Poitiers, Cerf, 2006, où l’auteur affirment que «
certains indices,… permettent de supposer que ces explications (sur les
psaumes) furent tout d’abord données sous la forme d’homélies et qu’ensuite
l’auteur reprit toute cette matière et l’organisa en un grand ouvrage » (cf. p.
118). Cette opinion valorise l’aspect pastoral de la personnalité d’Hilaire,
laissée en demi-teinte par Jean Doignon, mais qu’aussitôt Ph. Henne minimise en
ajoutant (p. 123) qu’« en dogmatique comme en exégèse, Hilaire reste un homme
de dossiers ». Pourtant la prédication (praedicatio) d’Hilaire n’implique pas
nécessairement une proclamation orale qui aurait précédée une version écrite
affinée par la suite. La finalité des Tractatus est didactique. Le public est
supposé cultivé : public de clercs, probablement, comme celui de l’In
Matthaeum, praesbyterium de l’évêque vraissemlablement, réuni dans l’église
cathédrale pour entendre et lire l’Ecriture [2]. Hilaire entend former ses
clercs.
3 - Peut-on néanmoins
parler d’homilétique contemporaine en ce siècle d’Hilaire ?
Les sources d’Hilaire
sont principalement Origène, par la médiation d’autres auteurs origéniens comme
Eusèbe de Césarée qui reprend Origène ; pour le Ps 1, c’est patent.
En amont des Tractatus,
une multitudes d’interprétations des Écritures se lisaient dans une tradition
africano-alexandrine, à laquelle Hilaire ne cesse de puiser pour l’instruction
de son clergé et des co-évêques ses frères (cf. in Ps 118, 4,1 ; 4, 6 ; 138,
39).
Si l’intention est donc
de vulgarisation - alors que celle du De Trin. était plus didactique et plus
scientifique -, il n’en reste pas moins vrai que le public (uulgus) sera
nécessairement « lettré ». Hilaire ne sait pas abaisser le niveau de
l’enseignement au point le plus bas, c’est-à-dire où, par abréviation ou
réduction, il ne reste rien de l’Évangile, ou presque. S’il est un « lettré » -
ce que nul conteste -, il est aussi « pasteur d’âmes », d’une autre manière que
ne le sera Augustin, mais très réellement. Aurait-il autrement séduit Martin ?
4 - Le titre du Traité
Le titre retenu par les
éditeurs depuis le XVIIe s. (Coustant, Maffei, Migne, Zingerle) est : Tractatus
super psalmos. C’est celui qui convient le mieux.
Jérôme ne parle que de
très généraux in psalmos commentarii, donc de Commentaires sur les Psaumes (cf.
De uiris illustribus 100). Il a l’intéressante mention Psalmorum interpretatio
dans sa Lettre 61, 2 où il marque la source origénienne de cette interpretatio
: « Hilaire, dit-il, qui traduisit l’interprétation des psaumes et les homélies
sur Job à partir des livres d’Origène, du grec en latin ».
Augustin fait référence
dans son contra Julianum Pelagianum à l’expositio, c’est-à-dire au Commentaire
et à la présentation critique du premier psaume par Hilaire (expositio primi
psalmi ; cf. Contr. Iul. 2, 8, 28).
Le terme de Tractatus
vise « une mise en lumière d’un texte scripturaire abscond » (J. Doignon) ;
l’obscurité de ce texte demandant une explication interprétative. En fait, ce
nom latin traduit le terme homiliai par lequel Origène désignait ses
commentaires exégétiques présentés à un auditoire, si bien que Jérôme et Rufin
traduiront homiliai par tractatus.
5 - Combien de Tractatus
Hilaire a-t-il composés ?
58 selon la tradition
manuscrite dans son extension la plus grande.
Jérôme ne connaissait pas
le groupe des Tractatus 63 à 69, ni l’Instruction Psalmorum du début des
Commentaires…
L’éditeur mauriste
Coustant pensait qu’Hilaire avait commenté tout le Psautier. Marc Milhau a démontré
qu’il n’en était rien.
6 - Les considérations
d’Hilaire sur la constitution du Psautier en trois cinquantaines
Le schéma de base est
présenté dans l’Instructio Psalmorum. On trouvera aussi des indications relatives
à cette structure dans l’in Ps. 150.
Trois degrés sont à
considérer, dit Hilaire :
• première cinquantaine :
renoncement au péché et naissance de l’homme nouveau (poenitentia confessio).
• deuxième cinquantaine :
prise de conscience d’une vie d’innocence dans le Royaume de Dieu (uita
innocens), ce Royaume étant entendu au sens de « ceux que le Christ remettra à
son Père, nous qui sommes devenus royaume par la glorification de son corps »
(cf. Tr. Trin. XI, 39-42).
• troisième cinquantaine
: établissement dans la gloire et consommation de la Cité céleste (Gaudium in
nouitate spiritus). Ici, on pourra se référer à l’in Ps 11 et à l’in Ps 150, 1.
La vertu de la
cinquantaine (cf. Instr. Psalm. 12) est empruntée à Origène (cf. in Mt 10, 24 à
propos de la tri-partition de l’homme en corps, âme et esprit). Cet emprunt à
Origène est déjà une réponse à Ph. Henne qui se demande pourquoi Hilaire n’a
jamais dit « ce qui lui permettait d’affirmer que chacune des trois
cinquantaines annonçait une étape de la vie chrétienne » (o. c., p. 121). Si
toute l’Écriture retrace l’histoire du salut, il n’est pas surprenant de lire
dans le Psautier qui brosse l’immense Prophétie du Christ, Créateur et
Rédempteur de l’homme dans l’univers, ce « schéma spirituel ascendant », qui
part de la condamnation des péchés, passe par l’effective œuvre de miséricorde,
pour aboutir à la glorification. Hilaire n’a pas à s’en expliquer. Il s’inscrit
dans la Tradition vivante de l’Eglise qui ne peut lire l’Ecriture autrement que
comme « Histoire de Salut ».
7 - L’intérêt porté par
Hilaire sur les titulus psalmorum (titres des psaumes) est significatif
Comme tous les anciens
auteurs, il y discerne quelque « mystère » dont l’interprétation pourra se
réaliser par une interprétation allégorique, c’est à dire spirituelle.
Le « titre » in finem,
remarque-t-il, couvre le cycle des psaumes 51 à 69, et se retrouve avec les Ps
138 et 139. Ce sont des Psaumes très en lien avec l’histoire de David. «
L’ordre historique », dit-il encore, « est souvent mis au jour dans les
’titres’ ». La prophétie se détache sur fond d’histoire. Le ’titre’ du Ps 51 :
in finem ; intellectus illi David cum uenit Doec Edumaeus… , doit être compris
comme s’agissant d’événements relatifs à David, en vue d’une fin, quand Doec,
l’Iduméen, vint annoncer à Saül cette nouvelle : David est arrivé sur la terre
d’Abimélech. Et « la fin c’est comme nous le montrons fréquemment, là où toutes
choses sont conclues, pour la cause de laquelle (fin) les autres choses
existent, vers laquelle (fin) toutes les œuvres se pressent, œuvres
universelles d’espérance, de choses à réaliser, d’échanges ».
Ailleurs, le titulus est
accompagné de la mention ’Psaume du Cantique’, ou ’Cantique du Psaume’ ; et
dans l’Instructio Psalmorum (voir notre traduction), Hilaire rapporte que cette
indication signifie la manière dont, dans un psaume, la réflexion conduit à
l’action, ou, inversement, l’action conduit à la réflexion (cf. Instr. Psalm.
21)
Il est intéressant de
voir que la double série des Ps 51-69 et 138-139, convie à une lecture continue
qui ouvre, par delà les événements vécus par le David de l’histoire, aux
attitudes du Christ, nouveau David, priant son Père dans l’humilité de
l’Incarnation (in Ps 53), affirmant son égalité avec Lui au cœur de sa condition
humaine de Serviteur (in Ps 138), affrontant l’hostilité de son peuple (in Ps
51), dans les souffrances de la Passion (in Ps 68) où il s’est dépouillé de
tout pour nous (in Ps 139), nous arrachant aux puissances du mal (in Ps 58)
pour nous éléver jusqu’à la gloire (in Ps 60), par la résurrection (in Ps 67),
en vue de fonder l’Eglise, son Corps (in Ps 138).
Le titre « Cantique des
montées » (Canticum graduum) est pour Hilaire comme une épitaphe « continue et
égalisatrice » (cf. in Ps 119, 1) qui rassemble l’intelligence de tous les
Psaumes 119 à 133, sous le signe de la montée vers la connaissance du mystère
céleste (in Ps 133,1). L’intelligence de cette série de Psaumes est liée au
symbole des 15 degrés qui conduisait au Temple (7 = le sabbat ; 8 = l’ogdoade
qui ajoute l’unité au chiffre 7 du sabbat et qui figure l’Evangile : 7+8=15 ;
cf. Instr. Psalm. 16).
Le titre « Alleluia ! »
concerne les psaumes 134/135 et le groupe des trois psaumes de louange 145,
146, 147 (cf. Introd. CCSL, LXI, p.XXIX).
8 - Cohérence donnée par
Hilaire au Livre des Psaumes
Il est remarquable que ce
Pasteur qui a soif de sens pour en abreuver ses collaborateurs dans le
ministère presbytéral, cherche à donner à l’ensemble du Livre des Psaumes une
cohérence. Il s’inscrit là dans la ligne des grands herméneutes des IVe et Ve
siècles, tant Alexandrins qu’Antiochiens ou Cappadociens. Il cherche une
logique dans l’organisation interne de chaque psaume, ce qu’a aussi remarqué
Ph. Henne : « Une dimension importante de l’analyse exégétique d’Hilaire est
sans nul doute la cohérence générale du psautier » (o.c., p.120).
Le diapsalma, la pause
(cf. in Ps 65, 16), peut indiquer un renversement des perspectives, mais, comme
le prévoit l’Institution oratoire de Quintillien (VII, 1, 1), il y a passage
successif d’un élément du discours à un autre, ici, d’un verset à un autre. Les
questions traditionnelles (quid, qui, cur, unde) sont suivies (cf. in Ps 64, 10
; 11 ; 12 par exemple).
Des attitudes
spirituelles se dégagent d’un ensemble de versets : confession (in Ps 123, 6) ;
louange (in Ps 145, 2) ; ordre de la prière (in Ps 141,2). Exceptionnellement
traitée - sans doute parce l’atteindre est rarement réalisée -, la formation à
la Sagesse véritable est annoncée dès l’exorde de l’in Ps 118 comme l’idée
directrice de l’exégèse de ce psaume que B. Pascal appellera « l’échelle de
l’amour divin ». La structure abécédaire, reposant sur les 22 lettres de
l’alphabet hébreu, servait manifestement ce dessein : chaque verset de la
strophe de huit versets, commençant par la même lettre. Cohérence donc, jusque
dans la structure même du Psaume.
Quelques notations de
Grégoire de Nysse sur les Titres des Psaumes
Une remarque initiale :
le traité de Grégoire Sur les titres des Psaumes est très original. Il n’a pas
son pareil dans la littérature patristique. Peut-on le dater ? Dans la belle
édition de Jean Reynard (SC 466, Cerf 2002), une introduction incline à fixer
la date de composition aux années qui suivent immédiatement la mort de Basile,
frère de Grégoire, soit vers 380 [3]. Il est évident qu’Hilaire n’a pu lui
emprunter ; mais, par ce que l’on sait d’Origène, et l’intérêt qu’il portait
aux titres des Psaumes, il est très légitime de penser que l’Alexandrin est la
source essentielle et commune d’Hilaire et de Grégoire.
Nous avons vu
précédemment combien Hilaire s’interroge pour décrypter le sens du titre « in
finem ». Nous trouvons la même préoccupation chez Grégoire, lorsqu’il lit le
titre du Ps 51 (voir §§ 63-64, SC 466, p.415) : « Pour la fin, d’intelligence
en l’honneur de David, lorsque Doek, l’Iduméen, est venu annoncer à Saül et lui
dire : David est venu dans la maison d’Abimélech » (Ps 51, 1-2).
« J’apprends par là,
poursuit Grégoire, que la situation qui conduit à la victoire finale, est celle
où l’intelligence dirige la vie à la ressemblance du grand David, et que
j’attriste particulièrement Doek, le tyran de mon salut, quand je me trouve
dans la maison du prêtre, et quand, serviteur de mules, il n’a plus la force de
m’attaquer de face, mais prépare en cachette une machination contre moi, en
dénonçant, à celui qui veut ma mort, ma présence auprès du prêtre ». Retenons
donc déjà que « pour la fin » équivaut, selon Grégoire, « pour la victoire
finale sur le mal ».
Et Grégoire poursuit son
commentaire allégorique avec cohérence. « Les mules que commande cet Iduméen,
c’est la nature stérile en qui la bénédiction de Dieu n’a pas trouvé place,
elle qui, d’emblée, a prescrit à la création de se multiplier par ces mots :
Croissez et multipliez-vous (Gn 1, 28). Car la multiplication en mal ne procède
pas de Dieu, comme la succession de l’espèce de mules ne procède pas non plus
de leur croisement »… Quel est le but que vise la parole se demande notre
herméneute ? « L’histoire (le sens littéral) donne le nom de mule à la malice.
Elle ne tient pas de Dieu son existence. Et qui s’adonne au mal, ressemble à la
nature des quadrupèdes sans raison »… L’irrationnalité est donc bestiale,
asinienne…
« Doek, qui se fit auprès
de Saül le porteur d’un message hostile à David, Doek, le berger stérile des
mules, ne peut-il être autre que le méchant messager qui attire, grâce aux
passions diverses du péché, l’âme humaine vers le mal ? Chaque fois que l’âme
humaine se trouve dans la maison du prêtre véritable (Abimélech signifie « mon
Père est roi » ; il est un type du Christ), et que Doek est incapable de la
frapper par les ruades de ses mules, alors il dénonce au prince de méchanceté «
l’esprit qui agit sur les fils de la désobéissance » (cf. Eph 2, 2). Mais celui
qui est enraciné « comme un bel olivier et porte des fruits dans la Maison de
Dieu » (Ps 51, 10), compose contre le tyran ces paroles que nous entendons dans
le Psaume, disant : Pourquoi te glorifier, toi, le puissant en malice, de ton
iniquité ? (v.3), toi dont la langue est un rasoir effilé (ibidem), elle qui
dépouille ceux contre lesquels elle est appliquée, et qui, de leur belle
chevelure, coupe les sept tresses de boucles (cf. Jg 16, 13-14.19 : histoire de
Samson, amputé de ses cheveux dont il tirait sa force ; les sept tresses de
boucles sont interprétées par Grégoire comme les sept dons du Saint Esprit,
d’après Is 11, 2).
Au §64 qui fait suite,
Grégoire parle de l’enracinement dans la foi suggéré par le psaume et son
titulus. Il poursuit en fait son commentaire de l’ensemble du psaume, à partir
du « titre ».
Ce puissant en malice,
dénoncé par l’âme fidèle s’entend dire que Dieu le détruira (v.7), l’exclura de
la tente et de la terre des vivants. Par là, dit Grégoire, « est réalisé
l’affermissement de ceux qui, selon les paroles du divin Apôtre sont enracinés
dans la foi » (cf. Col 2, 7), « ceux qui se confient dans la grâce de Dieu
toujours et à jamais » (v.10). Celui-là se confie dans « la miséricorde dont
l’infini est la mesure, c’est-à-dire les siècles des siècles ». Et son action
de grâce sera sans fin (cf. v. 11). Grégoire conclut : « Oui, vraiment c’est
être fou que de dire en son cœur : Il n’y a pas de Dieu » (v. 2).
On voit, par cette
manière de faire, que Grégoire est fidèle à son grand principe d’interprétation
: la recherche du sens de l’enchaînement - qu’il appelle l’akolouthia, et que
Mariette Canévet à mis en relief dans son article du Dictionnaire de
Spiritualité sur Grégoire de Nysse -, enchaînement suivi, aussi bien dans la
structure du texte que dans l’ordre des mots. Cohérence, donc, avant tout
(akolouthia), et liberté (parrhèsia).
Il convient d’ajouter
que, de cette seule mention de l’in finem, Grégoire va tirer toute son
interprétation du Psaume en se reportant, d’une part à l’histoire de l’Iduméen
Doek rapportée en 1 Sam 21,8 et 22, ss., d’autre part à la signification de in
finem dont il a précisé le sens précédemment en II, 2, 31 et que nous rappelons
brièvement :
« Puisque la plupart des
psaumes ont pour titre l’expression ’pour la fin’ (eis to télos), il faut,
selon moi, connaître à ce propos les éclaircissements qu’apporte la pensée des
autres traducteurs de la même Écriture. L’un dit, en effet, au lieu de ’pour la
fin’, ’à celui qui rend victorieux’, un autre ’chant de victoire’, au autre
’pour la victoire’. Donc, puisque la fin de tout combat, c’est la victoire, sur
laquelle ont les yeux tournés ceux qui se dévêtent en vue des combats pour se
livrer à la lutte, le texte, me semble-t-il, par le mot ’fin’, grâce à une
expression brève, excite et encourage ceux qui luttent par les vertus sur le
stade de la vie, de sorte que, les yeux tournés vers la fin, c’est-à-dire la
victoire, ils trouvent, dans l’espoir d’être couronnés, un soulagement à la souffrance
de leurs luttes » [4].
Notre commentateur tire
de cela une conséquence sur l’importance et la valeur du contenu du message des
psaumes : « L’enseignement des psaumes…écarte de la malice et tire vers la
vertu » [5].
Ainsi, de ces prémices,
nous pouvons conclure, après cette considération de la démarche de Grégoire de
Nysse sur l’interprétation des « titres » des Psaumes qui synthétise et
coordonne la réflexion origénienne - réflexion qu’a connue Hilaire durant son
exil (356-360) et qu’il empruntera à son tour -, que les titres des psaumes
sont « des paroles athlétiques » (sic) qui invitent au combat spirituel pour
remporter in finem, la victoire.
Commentaire de
l’Instruction préalable au Commentaire sur les Psaumes
Principaux points traités
• Paragraphe 1
• Répartition des psaumes
en cinq livres (1-40 ; 41-70 ; 71-88 ; 89-105 ; 106-150).
• L’appellation
d’ensemble : Psaumes de David, est contestée.
• Recours à l’autorité de
l’Apôtre Paul pour préférer l’appellation Livre des Psaumes.
• Paragraphe 2
• Diversité d’auteurs :
David, Salomon, Asaph, Idithus, les fils de Chorée, Moïse…
• Identité : un recueil
de prophéties regroupées en un seul volume.
• Rôle des suscriptions :
elles aident à déterminer l’auteur du psaume, mais les LXX ne les rapportent
pas tous (Jérémie, Aggée, Zacharie, ne figurent que dans les suscriptions
hébraïques).
• Paragraphe 3
Des psaumes se présentent
sans nom d’auteur : ils sont alors à mettre sous la paternité de l’auteur nommé
dans le psaume précédent (ex. : le psaume 32 doit se rattacher à la longue série
précédente de psaumes atribués à David).
• Paragraphe 4
Le caractère prophétique
des psaumes : qu’un psaume attribué à Moïse contienne le nom de Samuel, venu
1200 ans après Moïse, ne doit pas surprendre : « il n’est pas invraissemblable
que Moïse ait prédit Samuel ».
C’est à Esdras (vers 400
avant J.C.) qu’est attribué le regroupement des psaumes éparpillés en un seul
livre. « C’est comme prophétie que les Psaumes ont été prophétiquement
prophétisés ».
• Paragraphes 5 et 6
Ces paragraphes
contiennent la forte et sereine affirmation - qui tient lieu pour Hilaire de
principe exégétique et herméneutique fondamental -, que, « selon la prédication
évangélique, … tout ce qui est dit dans les Psaumes, quelle que soit la
personne par laquelle l’Esprit-Saint a parlé, vise la connaissance de
l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, de son Incorporation (corporatio),
de sa Passion, de son Règne, de la gloire et de la puissance de notre
Résurrection. » Mais pour lire ainsi les Psaumes, il faut - dit Hilaire -,
recevoir la grâce de comprendre, par la foi au Christ, « les significations
allégoriques et typologiques par lesquelles tous les mystères sont dévoilés »,
concernant le Fils de Dieu Unique-Engendré naissant corporellement, souffrant,
mourant, ressuscitant et régnant dans l’éternité, glorifiant avec lui ceux qui
auront cru en lui, et jugeant les autres.
Sous-jacent à ces
affirmations se trouve énoncé la doctrine apostolique, qu’Augustin mettra
bientôt si parfaitement en lumière, mais qu’Hilaire professe déjà
implicitement, le mystère du Christ total, Tête et membres, ou mystère de
l’Église Corps mystique du Christ.
De manière que l’on
pourrait penser originale mais qui vient d’Origène [6], Hilaire voit aussi dans
les sept sceaux de l’Apocalypse (Ap 3, 7), sceaux ouverts successivement et
donnant accès à la lecture du Livre des destinées humaines dans le Dessein de
Dieu, les événements successifs des actes sauveurs du Christ : « incorporation
(corporatio), passion, mort, résurrection, glorification, établissement du
Règne, jugement. » Le Christ se révèle en cela la Clef de David [7]. Hilaire
trouve un confirmatur évangélique dans la citation de Lc 24, 44 ; et de
conclure : « Le rejeton de David peut ouvrir le Livre car il a brisé, par le
sacrement de son incorporation (corporatio) et de sa divinité, les sept sceaux
dont nous avons parlé » …
L’Incarnation du Verbe de
Dieu est donc révélatrice du Dessein de Dieu, à savoir, le salut de l’humanité,
et, à travers elle, celui du cosmos tout entier. Le Livre des Psaumes en recèle
la prophétie.
• Paragraphe 7
Le ’psaltérion’ (la nabla
hébraïque) est « l’instrument de la prophétie ». Il est « dans la forme du
corps du Seigneur » en qui a parlé l’Esprit céleste, comme pour le psaltérion,
de forme simple, dont les accords musicaux viennent d’en-haut.
• Paragraphe 8
Rassemblés par Esdras en
un seul livre, les Psaumes furent numérotés par les traducteurs grecs (LXX) et
remis en ordre, attribuant à chaque numéro une « efficace » particulière (la
puissance des nombres était très fortement tenue par les sages de l’Antiquité).
• Paragraphes 9 à 12
Ces paragraphes traitent
en effet de la puissance (uirtus) du nombre. Hilaire s’efforce de démontrer la
justesse de la numérotation des psaumes 3, 50 (7x7+1), 51…
• Paragraphes 13 à 15
Ici, Hilaire évoque avec
enthousiasme le « mystère de l’ogdoade », c’est à dire du chiffre 8 qui,
faisant suite au chiffre 7 (symbole du ’sabbat’ juif), fait entrer dans l’ère
chrétienne et le ’repos’ du 8e jour (7+1). Les Ps 8, 80 et 83 illustrent ce
mystère ; mais le Ps 118, l’explicite parfaitement.
Le rapport entre les 22
lettres de l’alphabet hébreu et les 22 strophes du Ps 118, introduit une
réflexion sur le contenu de la Bible hébraïque en 22 livres qu’Hilaire énonce
nommément. Il souligne, en contraste, la présentation de la Septante grecque
(LXX) en 24 Livres, en correspondance avec les 24 lettres de l’alphabet grec.
L’alphabet latin et ses 23 lettres, se situe donc entre les deux, si bien que
finalement hébreu, grec et latin constituent les trois langues de l’expression
du mystère du Seigneur Jésus Christ, le Roi des Juifs (cf. Jn 19, 19-20).
• Paragraphe 16
Après les 22 ogdoades du
Ps 118, Hilaire constate la cohérence de la suite : les 15 Cantiques des
Psaumes des degrés (Ps 119-133). Ces quinze degrés correspondent aux quinze
marches d’accès au saint des saints, dans le Temple, où seul le Grand-Prêtre
pouvait pénétrer. Hilaire commente : « la béatitude de la perfection dans le
’saint des saints’ ne s’obtient que par la pénétration dans l’hebdomade de la
Loi (chiffre 7) portée à son accomplissement par l’adjonction de l’ogdoade
(chiffre 8) des évangiles (7+8 = 15). »
• Paragraphes 17-20
Les suscriptions des
psaumes sont un chemin d’accès vers leur intelligibilité. Hilaire remarque que sont
distingués, dans les suscriptions, quatre modes ou genres musicaux auxquels,
pensant rejoindre la tradition antérieure, il assigne un rôle particulier. Ce
sont « psaume », « cantique », « cantique de psaume » et « psaume de cantique
». Les explications d’Hilaire restent assez confuses du fait de l’emploi d’un
vocabulaire manquant d’une technicité à laquelle les documents anciens ne
donnent plus accès. Tentons cependant de résumer la pensée d’Hilaire :
• le psaume, répertorié
comme psaume, est porteur d’un message valorisant les œuvres et les actes des
sanctifiés (les justes) : la perfection est donc dans la doctrine chrétienne du
comportement moral qui oriente vers la prière d’un cœur purifié, uni à Dieu.
• le cantique, lui,
privilégie la science spirituelle, la contemplation, qui orientera le priant
vers la pratique des œuvres bonnes.
• Paragraphe 21
Les deux démarches
explicitement présentes dans les Psaumes, se conjuguent sous la double forme du
cantique de psaume et de psaume de cantique, liant dans un rapport inter-actif
et inter-dépendant, ascèse et contemplation, practikè et théôria. L’une
doit-elle nécessairement précéder l’autre ? Hilaire ne tranche pas. Quant aux
psaumes privés de suscription, ils ne sont qualifiés ni de psaume, ni de cantique
; pourtant - dit Hilaire -, ils ont été chantés sous l’inspiration de l’Esprit
en vue de transmettre une connaissance de science spirituelle, permettant à
chacun, selon la véracité de sa foi, d’en comprendre le sens spirituel. La foi
droite ouvre donc à l’intelligence spirituelle du texte biblique… « Si vous ne
croyez pas, vous ne comprendrez pas » : c’est la traduction d’Augustin d’Is 7, 9.
Hilaire le pressentait déjà.
• Paragraphe 22
Les mentions du type :
pour le jour du sabbat, pour les mystères du fils, pour le huitième jour,
invitent à passer du sens littéral du texte du psaume, au sens spirituel. Les
mentions plus historiques, renvoyant à des personnes (David, Saül, Doeg,
Absalon…) invitent, par contre, à lire ces notations comme prophétie, comme
annonce d’événements futurs ; la lecture doit donc se faire ici dans un sens
typologique.
• Paragraphe 23
Quant au diapsalma
(pause), placé en cours de psaume, il faut y voir, pense Hilaire, l’indication
d’un changement qui va s’effectuer, soit au sujet de personnes, soit concernant
le sens à donner dès lors au psaume.
• Paragraphe 24
Pour clore ce qu’Hilaire
appelle cette « brève synthèse », il reprend d’Origène la parabole des clefs
amassées toutes ensembles et dont chacune est spécifiquement destinée à ouvrir
la porte d’un petit temple (lieu de prière et de contemplation du mystère de
Dieu [8]. Mais pour trouver la clef, qui convient à chaque temple (entendons, à
chaque psaume), deux méthodes sont envisageables : ou bien, acquérir une
connaissance intime de la science spirituelle qui permet de discerner la clef
idoine pour interpréter le psaume en question ; ou bien, faire le tri de l’amas
des clefs pour tenter de reconnaître celle qui convient à chaque serrure… ;
mais là, « le travail est énorme », reconnaît notre commentateur.
Manifestement, son choix l’oriente vers la première méthode pour laquelle il
était expérimenté du fait de l’acquis charismatique reçu dans l’officium de la
charge épiscopale.
Selon cette méthode du
don spirituel préalablement reçu et entretenu, Hilaire va ouvrir, par la clef
appropriée, le psaume premier.
Commentaire du Psaume 1
• Composition
Les cinq premiers
paragraphes sont introductifs et généraux. Ils traitent de la détermination
préalable et nécessaire de la personne du locuteur (la personne qui parle),
d’autant qu’elle varie au cours d’un même psaume. Pas d’a priori à ce sujet,
mais il convient de mener une recherche objective et rationnelle (cf. §§ 1-5).
Le commentaire cursif, verset par verset, commence au § 6, et Hilaire parle
lui-même des cinq premiers paragraphes comme d’un « exorde » : « Mais
l’Esprit-Saint a entrepris ce très spécifique et très digne exorde, en tête du
Psautier, afin que soit encouragée l’humaine faiblesse par l’espérance de la
béatitude dans une pratique sans fard de la religion »… (Ps 1, § 5).
À partir du § 6, Hilaire
va montrer que la clef du bonheur réside dans ce que les Stoïciens appelaient
la pratique de la vertu, et que lui-même nomme « une observance » (c’est-à-dire
une pratique) que le psaume décrit comme se résumant en cinq points : ne pas
aller au conseil des impies (l’explication suivra aux §§ 7-8), ne pas s’engager
sur le chemin des pécheurs (cf. § 9), ne pas s’asseoir sur le siège
pestilentiel des moqueurs (cf. §§ 10-11), ensuite placer tout son désir d’aimer
dans la Loi du Seigneur (qui sera commenté au § 12), finalement, faire de cette
Loi l’objet de sa méditation, jour et nuit. C’est ensuite, au § 13, qu’Hilaire
va méditer sur le fruit de cette pratique, en rapprochant analogiquement ce
bonheur de celui que le premier homme, demeurant soumis à Dieu, devait tirer de
l’arbre de vie (cf. Gn 2-3). Toute cette réflexion occupera les §§ 14 à 18, et
les derniers versets, relatifs à la position antinomique des impies, des
pécheurs et des justes, face au jugement, retiendra l’exégète dans les derniers
paragraphes (§§ 19-24).
• Style et méthode
Ce qui frappe, d’abord,
c’est la recherche de cohérence dont fait preuve Hilaire tout au long de son
commentaire. Cela est mis en évidence par le suivi, verset par verset, du
psaume, montrant ainsi que le sens s’éclaire au fur et à mesure de la « lecture
» du texte ; il s’agit donc bien là comme du « porche d’entrée » du Psautier,
où se lit, en filigrane, tout le drame du salut. Hilaire se veut logique (les
arguments de raison sont préférés aux arguments d’autorité, bien que l’Écriture
soit souvent sollicitée). Tout en développant une exégèse allégorique, par
l’exploitation de comparaisons et métaphores, il use à bon escient de l’outil
rationnel. Comme il le dit à la fin du § 2, il entend « discerner le sens de la
Parole, en usant de la connaissance rationnelle ». Il se veut donc cohérent.
Rappelons que ce sera ce même principe de cohérence qui guidera Grégoire de
Nysse dans ses commentaires Sur les titres des Psaumes.
Le style proprement dit
d’Hilaire est caractéristique. Il s’exprime en de longues périodes ; elles sont
souvent « la croix des traducteurs » et nécessitent une fragmentation pour plus
d’intelligibilité et de clarté dans une lecture cursive.
• Théologie
Elle est bien sûre
trinitaire. Le De Trinitate a déjà été écrit et publié à l’époque de la
rédaction des Tractatus in Psalmos. Les §§ 4 et 5 en apportent une intéressante
illustration. La christologie est affinée, sans avoir encore la précision
chalcédonienne, mais n’allons pas trop vite ; disons seulement que la théologie
d’Hilaire - doctrine trinitaire et christologie -, est totalement nicéenne mais
ouverte, sans engouement excessif pour le « consubstantiel » (homoousios), très
christocentrée, puisque les psaumes sont lus comme « prophétiques » (cf. finale
du § 2).
• Vocabulaire, usage
sémantique
Relevons quelques mots,
chargés d’un poids théologique spécifique, qu’Hilaire emploie habituellement
dans ses Traités et Commentaires. Tous ces termes trouvent leur sens véritable
dans le Traité sur la Trinité (on pourra consulter l’Index Théologique des mots
latins du De Trinitate d’Hilaire de Poitiers :
. Doctrina : c’est
l’expression du discours chrétien formulant fidèlement le « dépôt » de la foi
reçu des Apôtres et conservé dans et par l’Église.
• Dispensatio : une
simple traduction de l’oikonomia des Pères grecs, c’est-à-dire la manière dont
Dieu réalise, dans l’histoire, le salut de l’homme et de l’univers.
. Ordo : un mot très
intéressant, et difficile à traduire dans de nombreux cas. Il est synonyme de
ratio spiritualis, de mise en ordre logique des arguments présentés, ou des
formules (ici des versets psalmiques) ; on pourrait traduire par le néologisme
« ordonnancement » ; il y a bien une logique dans la présentation d’un «
discours chrétien », ce qui échappe aux hérétiques.
. Il y a aussi tout le
vocabulaire antithétique que l’on trouve dès l’ouverture du Psautier, et qui
sera omniprésent dans la Bible : impietas, impius, auxquels s’opposent pietas
et pius ; impius distingué par Hilaire de peccator, et iustus qui qualifie
celui qui cultive la vertu de religion et pratique le justice envers le
prochain.
. Mysterium et
sacramentum qui, depuis l’usage consacré par Tertullien, sont équivalents [9].
Cependant, pour Hilaire qui, contemporainement aux Tractatus sur les Psaumes,
écrira un Traité des Mystères (De Mysteriis), le mysterium de l’Écriture, c’est
sa lecture au sens spirituel (allégorique ou mystique), dans sa plénitude de
sens, c’est-à-dire se rapportant au Christ et à l’Église dans le lien nuptial
qui les unit.
. Voluntas, si proche
d’amor et de libertas ; intelligentia et ratio qui s’entrecroisent souvent.
. Il y a aussi tout le
vocabulaire du « jugement » (retributio, iudicium), si présent dans le
Psautier.
. Enfin, la prophetia :
c’est tout le Mystère de Dieu sauvant le monde, et progressivement annoncé dans
l’histoire. La « prophétie » se résout en s’accomplissant dans le Mystère du
Christ, le « Juste » par excellence, le Beatus uir.
• Des formules bien
frappées
Nous en donnons deux, à
titre d’exemple :
• « Qui sera, en fin de
compte, le dispensateur (l’oikonomos) du fruit ? Assurément, celui de qui le
même Apôtre (Paul) se souvient lorsqu’il dit : Et il transformera notre corps
de misère pour le rendre conforme à son corps de gloire (Ph 3, 21). Il nous
donnera donc ces fruits que déjà, en celui qu’il assuma et qui est signifié par
l’arbre, il amena pour l’homme à sa maturité parfaite, et qu’il transvasa en
absorbant notre mortalité dans la nature même de son immortalité. Ainsi
sera-t-il comme cet arbre, l’homme bienheureux du psaume, lorsque lui-même sera
rendu conforme à son Seigneur, dans la gloire de Dieu » (Tract. In Ps 1, finale
§ 15).
• « Le mystère céleste
(caeleste sacramentum) est… présenté sous des formes corporelles, pour que ces
réalités corporelles elles-mêmes, quoiqu’elles ne puissent pas rendre compte -
étant incorporées -, de toute la réalité, n’affaiblissent cependant pas
l’intelligence spirituelle (rationem spiritalem) du texte du psaume » (Tract.
In Ps 1, § 17, l. 6 à 10).
SOURCE : http://www.patristique.org/Introduction-aux-Commentaires-des-Psaumes-d-Hilaire-de.html#psaume1
Saint Hilaire, un ardent
défenseur de la divinité de Jésus
La
rédaction d'Aleteia - Publié le 11/01/19
Docteur de l'Église,
saint Hilaire de Poitiers, fêté le 13 janvier dans l'Église catholique, est
considéré comme l'un des grand Pères de l'Église d'Occident. Il a consacré sa
vie à défendre la divinité de Jésus-Christ.
Originaire d’une famille
païenne noble d’Aquitaine du IVe siècle après J.-C., le jeune Hilaire est
bourré de talents et doué
pour les études. Ce qui ne l’empêche pas, comme nombre de jeunes
contemporains, d’être taraudé par de nombreuses questions sur le sens de la vie
telles que « Dieu existe-t-il ? », « où trouver le bonheur
? », « pourquoi vivre pour mourir ensuite ? ». La lecture des
Évangiles, et en particulier de celui de saint Jean, l’apaise et apporte une
réponse à ses interrogations. Hilaire reçoit le baptême à l’âge de 30 ans.
Lire aussi :
Les
monastères d’Europe, témoins de l’invisible
Un combattant de
l’arianisme
« Hilaire a consacré
toute sa vie à la défense de la foi dans la divinité de Jésus Christ, Fils de
Dieu et Dieu comme le Père, qui l’a engendré de toute éternité », dit de
lui le pape Benoît XVI lors de l’audience
générale du 10 octobre 2007.
Élu évêque de Poitiers,
le jeune prélat combat l’hérésie arienne (une doctrine fondée
sur la négation de la divinité de Jésus) au côté de saint
Athanase d’Alexandrie, ce qui lui vaut d’être exilé quelque temps en
Phrygie (l’actuelle Turquie). Il y découvre la théologie grecque et écrit son
œuvre principale, De Trinitate, dans laquelle il montre que les Écritures
affirment clairement « la divinité du Fils et son égalité avec le
Père ». Son œuvre porte l’empreinte de sa connaissance de la pensée grecque.
Rentré en Gaule, il reprend son activité pastorale et participe aux débuts du
monachisme, notamment en aidant saint Martin à fonder l’abbaye
de Ligugé. Son influence s’étend bien au-delà de la Gaule. Dans son
œuvre, dit Benoît XVI, « la réflexion se transforme en prière et la prière
redevient réflexion. Tout le livre est un dialogue avec Dieu ». En voici
un extrait :
Fais, ô Seigneur, que je
reste toujours fidèle à ce que j’ai professé dans le symbole de ma
régénération, lorsque j’ai été baptisé dans le Père, dans le Fils et dans
l’Esprit saint. Fais que je t’adore, notre Père, et en même temps que toi, que
j’adore ton Fils ; fais que je mérite ton Esprit Saint, qui procède de toi à
travers ton Fils unique. Amen De Trinitate 12, 57
Saint Hilaire de Poitiers
Évêque de Poitiers et défenseur de la Foi,
(315 - 368)
Fêté le 13 janvier
ORIGINE ET CONVERSION
Fils d'un sénateur patricien poitevin, HILAIRE, surnommé par saint JEROME, le
"Rhône de l'éloquence latine et la trompette des Latins face aux
Ariens" est un des plus grands théologiens du haut Moyen-Age. Il est aussi
un des premiers écrivains de l'Eglise occidentale. Il naquit à Poitiers en 315,
dans une famille gauloise non chrétienne. D'après Hilaire lui-même les familles
patriciennes étaient soucieuses de culture et de bien-être. Leur idéal était
bien souvent "d'être riche et de ne rien faire ".
Nous savons très peu de choses sur lui avant que Dieu le prenne en main. Mais
il cultiva certainement sa vive intelligence en étudiant la rhétorique et la
philosophie et développa sa sensibilité au contact des beautés de la nature. Il
devint un orateur, se maria et eu une fille appelée Abra (Abram, Afra, ou Apra)
\ Mais cela ne pouvait suffire à son bonheur, son but étant la recherche de la
Vérité. Un soir en lisant la Bible il fut frappé par le Témoignage que Dieu y
rend de Lui-même dans l'exode : "Je suis celui qui est".
Conquis par cette définition parfaite, ce fut pour lui un tournant dans sa
recherche, une véritable conversion. La transcendance de Dieu qu'il commençait
à connaître augmentait jour après jour. C'est en lisant le prologue de
l'Evangile de saint Jean qu'il trouva le Vrai Visage du Seigneur et il comprit
que le Verbe descendu des cieux donnait, en s'incarnant, à chaque homme, le
pouvoir de devenir enfant de Dieu. Et il écrit cette merveilleuse phrase,
véritable profession de Foi : "Mon âme accueillit dans la joie la
révélation de ce divin mystère. Car par la chair je m'approchais de Dieu, et
par la foi j'étais appelé à une nouvelle naissance. Il était en mon pouvoir
d'obtenir la régénération d'en haut".
Il dut se faire inscrire parmi les catéchumènes, reçut le baptême vers 350 et
continua en apparence, à mener la même vie, tout en méditant l'Evangile. A
partir de ce moment, il mena une vie totalement consacrée à Dieu, ne pensant
plus qu'à exhorter les hommes à devenir des Saints. Sa femme et sa fille la
future sainte ABRA se convertirent à la même époque.
L'EGLISE DE POITIERS
L'évangélisation du Poitou, terre qui accueillera Hilaire comme Evêque est peu
connue et reste obscure par manque de documents. Les étapes en auraient été :
au premier siècle la mission de saint Martial, disciple de l'apôtre Pierre.
C'est vers 290 que les Pictons reçurent leur autonomie religieuse avec
Nectarius leur premier évêque. D'autres témoignages existent ; tels que la
présence de martyrs, avec le sacrifice de Simplicien ; D'autre part des rangs
de l'Eglise Pictave serait sorti Maximin de Trêves qui a accueilli Athanase
d'Alexandrie grand défenseur de l'orthodoxie nicéenne, lors de son exil, à
Trêves.1
HILAIRE DEVIENT ÉVÊQUE
Vers 351-352, l'évêque Paixent de l'Eglise de Poitiers meurt. Hilaire qui
jouissait d'un grand prestige car on le savait remarquable théologien fut
choisi par acclamations comme successeur. Il accepta dans un esprit de service
ses nouvelles responsabilités. Et il appliquera dans sa vie ses propres paroles
: "L'évêque est placé à la tête de la maison pour veiller aux besoins et
aux intérêts du peuple qui lui est confié" et "L'évêque ne remplit
son ministère que s'il fortifie ce qui est faible par un enseignement à la fois
authentique et adapté, s'il consolide ce qui tombe en ruine, s'il redresse
celui qui s'égare, s'il dispense le verbe de vie à la famille qu'il a à nourrir
de la nourriture éternelle". Il fut un évêque aimé se consacrant en
premier lieu à la prédication et à la méditation de la Bible. Il rédigea le
"Commentaire sur l'évangile de saint Matthieu" (353-356) et accueilli
vers 356 le futur saint Martin.
Celui-ci s'attacha à l'évêque Hilaire comme "un converti d'Egypte auprès
d'un "ancien" du delta ou du désert" et reçut de lui une
formation ascétique. Mais rapidement l'Eglise se trouva en pleine crise dont la
cause était l'hérésie arienne (355). Cette hérésie qui nie la consubstantialité
du Père avec le Fils au sein de la Trinité fut combattue par une majorité
d'évêques occidentaux mais aussi par d'autres d'Orient, comme Basile, Athanase
d'Alexandrie, Grégoire de Nysse, Grégoire de Naziance. Devant la volonté de l'évêque
d'Arles Saturnin, qui voulait imposer l'Arianisme à toute l'Eglise de Gaule,
Hilaire entra en lisse et organisa la résistance. Dès ce moment et à l'instar
de saint Athanase dAlexandrie, on le surnommera l'Athanase d'Occident. Ce qui
lui valut en 356, au concile de Béziers d'être condamné pour sa Foi Orthodoxe
et persistant dans son attitude antiarienne, il fut déposé, puis exilé en
Phrygie (centre de la Turquie). Banni, il s'écria : "On peut bien exiler
les évêques, mais peut-on exiler la vérité?".
L'EXIL
Du fond de la Phrygie, le grand exilé écrivit inlassablement, car dit-il
"on ne peut retenir captive la parole de Dieu". En douze livres, il
établit son traité "sur la Trinité". Au coeur de la trame du traité
saint Hilaire nous fait découvrir le "mystère du Christ vrai Dieu et vrai
homme". Il présente et réfute avec vigueur les thèses de l'hérésie arienne
sur la nature créée du Fils et démontre à partir de l'Ecriture son unité
d'essence, de gloire et d'action avec le Père. Pour les évêques de Gaules, il
écrivit aussi un traité "sur les synodes", recueil de multiples
formules de foi solennelle du Concile de Nicée2. Pendant son exil, il étudia
les Pères grecs et surtout Origène et servira de pont entre les deux moitiés de
l'Eglise universelle. C'est aussi suite à la réaction anti-arienne menée par
Basile, qu'Hilaire tentera d'unir l'Occident et l'Orient chrétien dans la Foi
Nicéenne. Son exil en Phrygie aura eu un effet salutaire sur sa propre
formation et sur l'information de l'épiscopat occidental quant au véritable
enjeu de la crise aérienne : le salut de l'homme en sa plénitude 3.
LE RETOUR EN GAULE.
Vers la fin de l'année 360 il revient en Gaule, car les Ariens en Orient
redoutaient son influence grandissante. On le surnomma d'ailleurs "le
perturbateur de l'Orient"4. Sa présence, au concile de Séleucie (359) où
il avait demandé une séance publique pour confondre les évêques hérétiques,
avait été pour eux un coup terrible. Après son passage à Constantinople (360)
passant par Rome, Hilaire rentra en Gaule. Son retour à Poitiers fut un
triomphe. Il y retrouva son siège épiscopal grâce à l'empereur Julien. Par ses
talents d'homme d'action et d'écrivain, par la situation politique du moment il
put travailler à y restaurer l'Orthodoxie en éliminant l'hérésie arienne de
l'Eglise. Il obtint l'excommunication (Synode de Paris -361) de deux leaders de
l'arianisme en Gaule, les évêques d'Arles et de Périgueux et il s'appliquera
avec fermeté mais aussi avec la douceur qui le caractérise, à regagner les
évêques qui avaient faillis5 mais qui reconnaissaient leurs erreurs. Ce fut le
salut de la Gaule chrétienne. "Tout le monde reconnut, écrit Sulpice
Sévère, que notre Gaule fut débarrassée de l'hé résie criminelle par le zèle
d'Hilaire de Poitiers."
Plusieurs miracles enthousiasmèrent le peuple ainsi que sa grande charité. Il
retrouva aussi Martin qui initié à la vie monastique, s'établira dans un
ermitage à Ligugé (Premier monastère de la Gaule). De nombreux disciples
viendront rejoindre Martin. Plus tard celui-ci deviendra lui-même Evêque de
Tours et sera pour l'histoire l'un des premiers représentants de la vie
monastique en Gaule. Mais saint Hilaire continua à souffrir des ravages fait
par l'hérésie arienne, il rassembla des conciles, et ira jusqu'à Milan pour la
combattre. Epuisé, il revient à Poitiers, rédigea son "contre
Auxence" où il dénonça avec force les empiétements du pouvoir impérial sur
les affaires religieuses et où il précisa les conditions réelles de l'unité des
chrétiens : il aimait dire : "Les oreilles du peuple chrétien sont plus
saintes que le coeur de leurs évêques".
Les dernières années de St Hilaire furent empreintes d'une tranquillité qui
n'était pas le reflet de son caractère, ni de la paix de l'Eglise. Il préféra
se consacrer à l'enseignement de ses fidèles et rédigea alors le
"commentaire sur les psaumes", le "Traité des mystères" et
de nombreux "Hymnes" pour la vie liturgique. Aux clercs de son
Presbyterium, il dispensait une "théologie biblique" qui était avant
tout un commentaire suivi de l'Ecriture; se voulant fidèle à une exégèse
ecclésiale et à une lectio ancrée dans les réalités du magistère épiscopal afin
que la Parole soit reçue dans toute sa réalité et sa profondeur. Si l'oeuvre de
St Hilaire, n'eut qu'une influence restreinte en Orient, ses écrits permirent à
faire connaître en Occident quelques aspects de la théologie grecque auxquels
se référait encore au 12ème siècle un de ses successeurs sur le siège de
l'Eglise de Poitiers, Gilbert de La Porée.
Hilaire, ce grand "confesseur" dont parle saint Jérôme mourut à
Poitiers dans la tranquillité soit le 1er novembre 367 ou le 13 janvier 368. La
date précise de sa mort n'est pas connue. Rapidement au nom de
"confesseur" furent associés celui de "théologien et de saint".
Oui, Dieu avait planté en dehors du monde mais dans Son Eglise un homme juste
comparable à la beauté d'un cèdre et dont le psalmiste dit : "Le juste
pousse comme un palmier et il grandit comme un cèdre du Liban".
VÉNÉRATIONS DES RELIQUES ET DU TOMBEAU
Aujourd'hui qui veut vénérer sur les lieux les reliques de st Hilaire, doit se
rendre à l'église "St Hilaire-le-Grand" à Poitiers. Eglise construite
sur l'en: placement du tombeau du saint Evêque de Poitier-D'après la tradition,
c'est Hilaire lui-même qui aura érigé, dans une nécropole gallo-romaine,
l'oratoire où il fut inhumé : un oratoire dédié aux martyrs romains de 363,
saint Jean et saint Paul. Ceux-ci ayant refusé; d'offrir de l'encens à la
statue de Jupiter furent décapités sur l'ordre de Julien l'Apostat.
Le tombeau de saint Hilaire fut une halte recommandée aux pèlerins de saint
Jacques de Compostelle (12èmeS.).
Aujourd'hui l'église "Saint-Hilaire-le-Grand" collégial historique
est sous le patronage de l'Unesco.
Marie Louise Wiewanters de Guillen
publié dans Foi transmise et sainte tradition, revue de la Fraternité
Saint Jean Cassien
TEXTES :
Catéchèse de la foi baptismale.
« Le Christ ordonne à ses Apôtres de baptiser "au nom du Père, du Fils et
Saint Esprit", c'est-à-dire en reconnaissant l'Auteur, le Fils Unique et
le Don. L'auteur de tout est unique car "il n'y a qu'un seul Dieu, le Père
de qui tout vient", et "Un seul" Fils Unique, Jésus-Christ notre
"Seigneur par qui tout existe" (lCor8, 6) et "Un seul
Esprit" (Ep4, 4), Don répandu en tous. Tout est donc ordonné selon les
puissances et les qualités des personnes divines : un seul Etre Tout-Puissant
de qui tout vient, un seul Engendré par qui tout est, un seul Don, source de
l'espérance parfaite. Rien ne manque à une telle perfection qui embrasse dans
le Père, le Fils et le Saint Esprit, l'immensité dans l'Eternel, la vue de Dieu
dans l'Image, sa jouissance dans le don.» LA TRINITE 2/1
Dieu est partout.
« Le ciel tout entier tient dans la paume de Dieu et la terre tout entière est
enclose dans son poing. Or la parole de Dieu fait bien sûr toujours profit à
l'intelligence d'un esprit religieux; cependant elle contient encore plus de
sens lorsqu'on l'examine au-dedans par la pensée qu'au moment où on la reçoit
au-dehors par l'ouïe. De fait le ciel enclos dans la paume de Dieu est en même
temps son trône et la même terre qui tient dans son poing est l'escabeau de ses
pieds. Cela en permet pas de concevoir, sur le trône et l'escabeau, une
apparence corporelle s'étalant dans l'attitude de quelqu'un d'assis, puisque ce
qui est pour elle trône et escabeau, cette infinité puissante le prend dans sa
paume et l'enclôt en son poing. Mais grâce à cela, on saurait que Dieu,
au-dedans et au-dehors, est toujours présent à l'origine des créatures, qu'il
est à la fois transcendant et immanent, c'est-à-dire répandu autour de toutes
choses et en elles. Tenir dans la paume et le poing manifesterait donc l'être
puissant sur la nature extérieure; le trône et l'escabeau montreraient les
êtres extérieurs à lui subordonnés comme à l'être intérieur. Ces êtres
extérieurs à lui, au-dedans desquels il réside, voici qu'à l'inverse, extérieur
à eux, ce même Etre les enclôt, intérieurs à lui. C'est ainsi qu'il tient tout
entier toutes choses et du dedans et du dehors : infini qu'il est, il n'est
rien dont il soit absent et rien non plus qui ne soit en lui, qui est infini.
Or donc cette conception très religieuse de Dieu faisait les délices de mon
âme, possédée qu'elle était par l'amour du vrai. En effet, pensai-je, il n'est
rien qui soit digne de qui cherche à l'atteindre. Cela, nous le comprenions
avec respect; mais le prophète venait de rendre plus assuré et manifeste encore
en disant : "Où irais-je loin de ton esprit, ou bien où fuirais-je loin de
ta face? Si je monte dans le ciel, tu y es; si je descends dans les enfers, tu
es là aussi. Si je prends mes ailes avant l'aurore et m'en vais habiter au fin
bout de la mer, là ta main me conduira et ta droite me tiendra." (Ps. 138,
7 - 10) Aucun lieu n'est privé de Dieu; il n'en est aucun qui ne soit en lui.
Il est aux deux, il est dans les enfers, il est par-delà les mers. Au-dedans il
habite, il déborde par dehors. Ainsi tout en possédant, il est aussi possédé ;
il n'est enfermé dans rien, mais il n'est rien où il ne soit" LA TRINITE,
1,6.
Louanges et profession de Foi.
« Quant à moi, j'en ai conscience : le devoir principal de ma vie est de
m'offrir à Toi, Dieu, Père Tout-Puissant, pour que tout en moi, paroles et
pensées, parlent de Toi. Oui, la plus grande récompense que puisse m'apporter
l'usage de la parole dont tu m'as gratifié, c'est de l'employer à te servir, en
proclamant ce que Tu es, c'est-à-dire le Père de Dieu, Unique-Engendré, et en
le démontrant à un monde qu'il ignore et à l'hérétique qui le nie. Oui,
vraiment, c'est là, je le déclare, mon seul désir ! Toutefois j'ai grand besoin
d'implorer dans la prière la grâce de ton secours et de la miséricorde, pour
que le souffle de ton Esprit gonfle les voiles de notre foi, tendues pour Toi;
qu'il nous fasse avancer dans ce voyage qu'est l'enseignement que nous
commençons de donner ici (...) Accorde-nous donc de donner aux mots leur
véritable sens, prodigue la lumière à notre esprit, la beauté de l'expression à
notre style et établis note foi dans la vérité. Accorde-nous de dire ce que nous
croyons ; selon le devoir qui nous incombe, après avoir appris des prophètes et
des apôtres que Tu es un seul Dieu et qu'il y a un seul Seigneur Jésus-Christ,
donne-nous de Te célébrer, à rencontre des négations hérétiques, donne-nous de
le proclamer, Lui, Dieu et non faux Dieu» LA TRINITÉ, l, 6.
Le mystère Trinitaire et l'union Eucharistique.
« Eucharistie nourriture céleste et lien d'unité de la communauté chrétienne
avec le Christ, Nier l'unité naturelle du Père et du Fils c'est nier la réalité
de la communion eucharistique au Christ. La communion Eucharistique pour saint
Hilaire débouche dans le mystère de l'intimité trinitaire à laquelle
l'Eucharistie nous fait participer, dont elle nous révèle la vérité et dont
elle permet la confession. "Si donc le Christ a vraiment assumé la chair
de notre corps, si cet homme, né de Marie, est vraiment le Christ, nous
mangeons la chair de son corps dans le sacrement, et par-là, nous sommes un,
puisque le Père est en lui et que lui est en nous", LA TRINITE 8/16 6
TROPAIRE DE ST HILAIRE - ton 4
Saint Père et Hiérarque Hilaire, la vérité de tes œuvres t'a révélé à ton
troupeau, modèle de foi, image de douceur et maître de tempérance; C'est
pourquoi par ton humilité, tu as été élevé, par ta pauvreté tu es devenu riche,
prie le Christ Dieu de sauver nos âmes.
KONDAKION DE ST HILAIRE - ton 3
Excellent docteur de la foi, lumière de la Sainte Eglise du Christ, comme Lui
tu donnes ta vie pour tes brebis, saint évêque Hilaire, intercède pour nous
auprès du Dieu unique en trois personnes pour qu'il garde Son Eglise dans la
paix.
1 J. Doigne
1 bis. témoignage de Venance Fortunat
2 Lire les Pères de l'Eglise / sœur Gabriel Peters O.S.B
3 Le mystère de la Trinité / père Boris Bobrinskoy
4 Sulpice Sévère
5 Lire les Pères de l'Eglise / soeur Gabriel Peters O.S.B
6 Sources générales : Document du site diocésain de Poitiers, abbaye saint
Benoît, ch, éditions du Cerf, site saint Patrick, documents de la collégiale
"St Hilaire le Grand", Les Pères de l'Eglise - collection Migne,
L'Eglise de Poitiers - Beauchesne - 1988.
SOURCE : http://www.eglise-orthodoxe.eu/texte_saint_hilaire_poitiers.htm
Katholische
Kirche Saint-Romain in Saint-Romain im Département
Côte-d’Or (Bourgogne-Franche-Comté/Frankreich), Bleiglasfenster
Also
known as
Athanasius of
the West
Doctor of
the Divinity of Christ
Hammer against Arianism
Ilario di Poitiers
Malleus Arianorum
formerly 14
January
Profile
Born to wealthy
polytheistic, pagan nobility,
Hilary’s early life was uneventful as he married,
had children (including Saint Abra),
and studied on
his own. Through his studies he
came to believe in salvation through good works, then monotheism. As he studied
the Bible for the first time, he literally read himself into the faith,
and was converted by
the end of the New Testament.
Hilary lived the faith so
well he was made bishop of Poitiers, France from 353 to 368.
Hilary opposed the emperor’s attempt to run Church matters,
and was exiled;
he used the time to write works explaining the faith.
His teaching and writings converted many,
including Saint Florence
of Poitiers, and in an attempt to reduce his notoriety he was returned to
the small town of Poitiers where
his enemies hoped he would fade into obscurity. His writings continued
to convert pagans.
He introduced
Eastern theology to
the Western Church,
fought Arianism with
the help of Saint Viventius,
and was proclaimed a Doctor
of the Church in 1851.
Born
368 of
natural causes
in Italy
Additional
Information
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Lives
of Illustrious Men, by Saint Jerome
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Pope
Benedict XVI: General Audience, 10
October 2007
Roman
Martyrology, 1914 edition
Roman
Martyrology, 1914 edition
Saints
of the Day, by Katherine Rabenstein
books
Our
Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
Sacred
and Legendary Art, by Anna Jameson
other
sites in english
1001
Patron Saints and Their Feast Days, Australian Catholic Truth Society
Catholic
Book Blogger: Saint Hilary: Don’t Try to Limit God
Catholic
Fire: Heroic Defender of Faith
Catholic
Fire: Doctor of the Church
Christian
Biographies, by James Keifer
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Romano, 2001 edición
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Homilies
on the Psalms at NewAdvent
Readings
To those who wish to
stand in God’s grace, neither the guardianship of saints nor the defenses
of angels are
wanting. – Saint Hilary,
Commentary on the Psalms
When I look at your
heavens, according to my own lights, with these weak eyes of mine, I am certain
with reservation that they are your heavens. The stars circle in the heavens,
reappear year after year, each with a function and service to fulfill. And
though I do not understand them, I know that you, O God, are in them. – Saint Hilary
Lord, I pray Thee let not
my weakness distract me, but let my speech be of that alone in which the
salvation of my soul consists; and let me never break forth to that degree both
of folly and wickedness, as to wish to be a judge of Thy omnipotence, and of
Thy sacraments; and suffer me not to exalt my weak opinion above either the
divine determination of Thy infinity, or that belief of Thy eternity which has
been revealed to me. Amen. – Saint Hilary
Little children follow
and obey their father. They love their mother. They know nothing of
covetousness, ill-will, bad temper, arrogance and lying. This state of mind
opens the road to heaven. To imitate our Lord’s own humility, we must return to
the simplicity of God’s little ones. – Saint Hilary
We have been promised,
and he who made the promise is trustworthy: “Ask, and it will be given to you;
seek, and you will find; knock, and it will be opened to you.” Yes, in our
poverty we will pray for our needs. We will study the sayings of your prophets
and apostles with unflagging attention, and knock for admittance wherever the
gift of understanding is safely kept. But yours it is, Lord, to grant our
petitions, to be present when we seek you and to open when we knock. Impart to
us, then, the meaning of the words of Scripture and the light to understand it,
with reverence for the doctrine and confidence in its truth. Grant that we may
express what we believe. Through the prophets and apostles we know about you,
the one God the
Father, and the one Lord Jesus Christ. May we have the grace, the face of heretics who
deny you, to honor you as God,
who is not alone, and to proclaim this as truth. – from a sermon on the
Trinity by Saint Hilary
MLA
Citation
“Saint Hilary of
Poitiers“. CatholicSaints.Info. 26 December 2020. Web. 13 January
2021. <https://catholicsaints.info/saint-hilary-of-poitiers/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-hilary-of-poitiers/
Katholische Kirche Saint-Martin in Nieppe im Département Nord (Hauts-de-France/Frankreich), Bleiglasfenster; Darstellung: Heiliger Hilarius
BENEDICT XVI
GENERAL AUDIENCE
Saint Peter's Square
Wednesday, 10 October
2007
Saint Hilary of Poitiers
Dear Brothers and
Sisters,
Today, I would like to
talk about a great Father of the Church of the West, St Hilary of Poitiers, one
of the important Episcopal figures of the fourth century. In the controversy with
the Arians, who considered Jesus the Son of God to be an excellent human
creature but only human, Hilary devoted his whole life to defending faith in
the divinity of Jesus Christ, Son of God and God as the Father who generated
him from eternity.
We have no reliable
information on most of Hilary's life. Ancient sources say that he was born in
Poitiers, probably in about the year 310 A.D. From a wealthy family, he
received a solid literary education, which is clearly recognizable in his
writings. It does not seem that he grew up in a Christian environment. He
himself tells us of a quest for the truth which led him little by little to
recognize God the Creator and the incarnate God who died to give us eternal
life. Baptized in about 345, he was elected Bishop of his native city around
353-354. In the years that followed, Hilary wrote his first
work, Commentary on St Matthew's Gospel. It is the oldest extant
commentary in Latin on this Gospel. In 356, Hilary took part as a Bishop in the
Synod of Béziers in the South of France, the "synod of false
apostles", as he himself called it since the assembly was in the control
of Philo-Arian Bishops who denied the divinity of Jesus Christ. "These
false apostles" asked the Emperor Constantius to have the Bishop of Poitiers
sentenced to exile. Thus, in the summer of 356, Hilary was forced to leave
Gaul.
Banished to Phrygia in
present-day Turkey, Hilary found himself in contact with a religious context
totally dominated by Arianism. Here too, his concern as a Pastor impelled him
to work strenuously to re-establish the unity of the Church on the basis of
right faith as formulated by the Council of Nicea. To this end he began to
draft his own best-known and most important dogmatic work: De Trinitate
(On the Trinity). Hilary explained in it his personal journey towards knowledge
of God and took pains to show that not only in the New Testament but also in
many Old Testament passages, in which Christ's mystery already appears,
Scripture clearly testifies to the divinity of the Son and his equality with
the Father. To the Arians he insisted on the truth of the names of Father and
Son, and developed his entire Trinitarian theology based on the formula of
Baptism given to us by the Lord himself: "In the name of the Father and of
the Son and of the Holy Spirit".
The Father and the Son
are of the same nature. And although several passages in the New Testament
might make one think that the Son was inferior to the Father, Hilary offers
precise rules to avoid misleading interpretations: some Scriptural texts speak
of Jesus as God, others highlight instead his humanity. Some refer to him in
his pre-existence with the Father; others take into consideration his state of
emptying of self (kenosis), his descent to death; others, finally,
contemplate him in the glory of the Resurrection. In the years of his exile,
Hilary also wrote the Book of Synods in which, for his brother
Bishops of Gaul, he reproduced confessions of faith and commented on them and
on other documents of synods which met in the East in about the middle of the
fourth century. Ever adamant in opposing the radical Arians, St Hilary showed a
conciliatory spirit to those who agreed to confess that the Son was
essentially similar to the Father, seeking of course to lead them to
the true faith, according to which there is not only a likeness but a true
equality of the Father and of the Son in divinity. This too seems to me to be
characteristic: the spirit of reconciliation that seeks to understand those who
have not yet arrived and helps them with great theological intelligence to
reach full faith in the true divinity of the Lord Jesus Christ.
In 360 or 361, Hilary was
finally able to return home from exile and immediately resumed pastoral
activity in his Church, but the influence of his magisterium extended in fact
far beyond its boundaries. A synod celebrated in Paris in 360 or 361 borrows
the language of the Council of Nicea. Several ancient authors believe that this
anti-Arian turning point of the Gaul episcopate was largely due to the
fortitude and docility of the Bishop of Poitiers. This was precisely his gift:
to combine strength in the faith and docility in interpersonal relations. In
the last years of his life he also composed the Treatises on the Psalms, a
commentary on 58 Psalms interpreted according to the principle highlighted in
the introduction to the work: "There is no doubt that all the things that
are said in the Psalms should be understood in accordance with Gospel
proclamation, so that, whatever the voice with which the prophetic spirit has
spoken, all may be referred nevertheless to the knowledge of the coming of Our
Lord Jesus Christ, the Incarnation, Passion and Kingdom, and to the power and
glory of our resurrection" (Instructio Psalmorum, 5). He saw in all
the Psalms this transparency of the mystery of Christ and of his Body which is
the Church. Hilary met St Martin on various occasions: the future Bishop of
Tours founded a monastery right by Poitiers, which still exists today. Hilary
died in 367. His liturgical Memorial is celebrated on 13 January. In 1851
Blessed Pius IX proclaimed him a Doctor of the universal Church.
To sum up the essentials
of his doctrine, I would like to say that Hilary found the starting point for
his theological reflection in baptismal faith. In De
Trinitate, Hilary writes: Jesus "has commanded us to baptize in
the name of the Father and of the Son and of the Holy
Spirit (cf. Mt 28: 19), that is, in the confession of the
Author, of the Only-Begotten One and of the Gift. The Author of all things is
one alone, for one alone is God the Father, from whom all things
proceed. And one alone is Our Lord Jesus Christ, through whom all
things exist (cf. I Cor 8: 6), and one alone is the
Spirit (cf. Eph 4: 4), a gift in all.... In nothing can be found to be
lacking so great a fullness, in which the immensity in the Eternal One, the
revelation in the Image, joy in the Gift, converge in the Father, in the Son
and in the Holy Spirit" (De Trinitate 2, 1). God the Father, being
wholly love, is able to communicate his divinity to his Son in its fullness. I
find particularly beautiful the following formula of St Hilary: "God knows
not how to be anything other than love, he knows not how to be anyone other
than the Father. Those who love are not envious and the one who is the Father
is so in his totality. This name admits no compromise, as if God were father in
some aspects and not in others" (ibid., 9, 61).
For this reason the Son
is fully God without any gaps or diminishment. "The One who comes from the
perfect is perfect because he has all, he has given all" (ibid., 2,
8). Humanity finds salvation in Christ alone, Son of God and Son of man. In
assuming our human nature, he has united himself with every man, "he has
become the flesh of us all" (Tractatus super Psalmos 54, 9); "he
took on himself the nature of all flesh and through it became true life, he has
in himself the root of every vine shoot" (ibid., 51, 16). For this
very reason the way to Christ is open to all - because he has drawn all into
his being as a man -, even if personal conversion is always required:
"Through the relationship with his flesh, access to Christ is open to all,
on condition that they divest themselves of their former self
(cf. Eph 4: 22), nailing it to the Cross (cf. Col 2: 14);
provided we give up our former way of life and convert in order to be buried
with him in his baptism, in view of life (cf. Col 1:
12; Rom 6: 4)" (ibid., 91, 9).
Fidelity to God is a gift
of his grace. Therefore, St Hilary asks, at the end of his Treatise on the Trinity,
to be able to remain ever faithful to the baptismal faith. It is a feature of
this book: reflection is transformed into prayer and prayer returns to
reflection. The whole book is a dialogue with God.
I would like to end
today's Catechesis with one of these prayers, which thus becomes our
prayer:
"Obtain, O
Lord", St Hilary recites with inspiration, "that I may keep ever
faithful to what I have professed in the symbol of my regeneration, when I was
baptized in the Father, in the Son and in the Holy Spirit. That I may worship
you, our Father, and with you, your Son; that I may deserve your Holy Spirit,
who proceeds from you through your Only Begotten Son... Amen" (De
Trinitate 12, 57).
* * *
I welcome all the
English-speaking visitors present today, including members of the Congregation
of Holy Cross, participants in the Nato Defense College Senior Course, and the
student groups from Scotland and Denmark. May your time in Rome be one of
spiritual renewal. Upon all of you I invoke God's abundant Blessings of joy and
peace.
Lastly, I greet
the young people, the sick and
the newly-weds. Tomorrow will be the liturgical Memorial of Bl. John
XXIII. May his unforgettable Gospel testimony sustain you, dear young
people, in your commitment of daily fidelity to Christ; may it encourage
you, dear sick people, especially you, dear little friends of the
Institute for the treatment of tumours in Milan, to follow Jesus patiently on
the journey of trials and suffering; may it help you, dear newly-weds, to
make your family the place of constant encounter with the Love of God and of
the brethren.
APPEAL
The 20th Plenary Meeting
of the Joint International Commission for Theological Dialogue between the
Catholic Church and the Orthodox Church (as a whole) is taking place in
Ravenna in these days. It is addressing a theological theme of special
ecumenical interest: "Ecclesiological and canonical consequences of the
sacramental nature of the Church - Ecclesial Communion, conciliarity and
authority". I ask you to join in my prayers that this important meeting
may help the progress towards full communion between Catholics and Orthodox,
and that it will soon be possible to share the same Cup of the Lord.
© Copyright 2007 -
Libreria Editrice Vaticana
Sant'Ilario, situato in via Chiesa 4 a Sant'Ilario Baganza, piccola frazione di Felino, in provincia e diocesi di Parma; appartiene alla zona pastorale di Calestano-Felino-Sala Baganza oltre che al gruppo delle pievi parmensi
St. Hilary of Poitiers
Bishop, born in that city
at the beginning of the fourth century; died there 1 November, according to the
most accredited opinion, or according to the Roman
Breviary, on 13 January, 368. Belonging to a noble and very probably pagan family,
he was instructed in all the branches of profane learning, but, having also
taken up the study of Holy
Scripture and finding there the truth which
he sought so ardently, he renounced idolatry and
was baptized.
Thenceforth his wide learning and his zeal for
the Faith attracted such attention that he was chosen about 350 to
govern the body of the faithful which the city had possessed since
the third century. We know nothing
of the bishops who
governed this society in
the beginning. Hilary is the first concerning whom we
have authentic information, and this is due to the important part he
played in opposing heresy.
The Church was
then greatly disturbed by internal discords, the authority of the popes not
being so powerful in practice as either to prevent or to stop them. Arianism had
made frightful ravages in various regions and threatened to invade Gaul,
where it already had numerous partisans more or less secretly affiliated with
it. Saturninus, Bishop of Arles,
the most active of the latter, being exposed by Hilary, convened and
presided over a council at Béziers in 356 with
the intention of justifying himself, or rather of
establishing his false
doctrine. Here the Bishop of Poitiers courageously presented
himself to defend orthodoxy,
but the council, composed for the most part of Arians,
refused to hear him, and being shortly afterwards denounced to
the Emperor Constantius, the protector of Arianism,
he was at his command transported to the distant coasts of Phrygia.
But persecution could
not subdue the valiant champion. Instead of remaining inactive during
his exile he gave himself up to study, completed certain of his works
which he had begun, and wrote his treatise on the synods.
In this work he analysed the professions of faith uttered
by the Oriental bishops in
the Councils of Ancyra, Antioch,
and Sirmium,
and while condemning them, since they were in substance Arian,
he sought to show that sometimes the difference between
the doctrines of certain heretics and orthodox beliefs was
rather in the words than in the ideas,
which led to his counselling the bishops of
the West to be reserved in their condemnation. He was sharply
reproached for his indulgence by certain ardent Catholics,
the leader of whom was Lucifer, Bishop of Cagliari.
However, in 359, the city of Seleucia witnessed the
assembly in synod of a large number of Oriental bishops,
nearly all of whom were either Anomoeans or Semi-Arians. Hilary,
whom everyone wished to see and hear, so great was his reputation for
learning and virtue, was invited to be present at this assembly. The
governor of the province even furnished him with post horses for the
journey. In presence of the Greek fathers he set forth
the doctrines of the Gallic bishops,
and easily proved that,
contrary to the opinion current in the East, these latter were
not Sabellians. Then he took part in the violent discussions
which took place between the Semi-Arians,
who inclined toward reconciliation with the Catholics,
and the Anomoeans,
who formed as it were the extreme left of Arianism.
After the council, which had no result beyond the wider separation of
these brothers in enmity, he left for Constantinople, the stronghold
of heresy,
to continue his battle against error.
But while the Semi-Arians,
who were less numerous and less powerful, besought him to become the
intermediary in a reconciliation between themselves and the bishops of
the West, the Anomoeans,
who had the immense advantage of being upheld by the emperor, besought the
latter to send back to his own country this Gallic bishop,
who, they said, sowed discord and troubled
the Orient. Constantius acceded to their desire, and the exile
was thus enabled to set out on his journey home. In
361 Hilary re-entered Poitiers in triumph and
resumed possession of his see.
He was welcomed with the liveliest joy by
his flock and his brothers in the episcopate, and was visited
by Martin, his former disciple and subsequently Bishop of Tours.
The success he had achieved in his combat against error was
rendered more brilliant shortly afterwards by
the deposition of Saturninus, the Arian Bishop of Arles by
whom he had been persecuted.
However, as in Italy the memory still
rankled of the efforts he had made to bring about a reconciliation between the
nearly converted Semi-Arians and
the Catholics,
he went in 364 to the Bishop of Vercelli to
endeavour to overcome the intolerance of the partisans of
the Bishop Lucifer mentioned above. Almost immediately
afterwards, that it might be seen that, if he was full
of indulgence for those whom gentleness might finally win from error,
he was intractable towards those who were obstinate in their adherence to it,
he went to Milan,
there to assail openly Auxentius, the bishop of
that city, who was a firm defender of the Arian doctrines.
But the Emperor Valentinian, who protected the heretic,
ordered Hilary to depart immediately from Milan.
He then returned to his city of Poitiers,
from which he was not again to absent himself and where he was to die. This
learned and energetic bishop had
fought against error with
the pen as well as in words. The best edition of his numerous and remarkable
writings is that published by Dom Constant under the title: "Sancti
Hilarii, Pictavorum episcopi opera, ad manuscriptos codices gallicanos,
romanos, belgicos, necnon ad veteres editiones castigata" (Paris, 1693).
The Latin
Church celebrates his feast on
14 January, and Pius
IX raised him to the rank of Doctor
of the Universal Church. The Church of Puy glories in
the supposed possession of his relics,
but according to one tradition his body was borne to
the church of St-Denys near Paris,
while according to another it was taken from
the church of St-Hilaire at Poitiers and
burned by the Protestants in
1572.
Sources
BARONIUS, Ann. (1590),
355, 69-83; 358, 11-19; 360, 1-17; 362, 228-238; 369, 6-27; TILLEMONT, Mem.
pour servir a l'hist. eccles. (1700), VII, 432-469; CEILLIER, Hist.
gen. des aut. sacr. et eccles. (Paris, 1735), VI, 1-150; DUTEMS, Clergé
de France (Paris, 1774), II, 396-402; Ad. VIEHAUSER, Hilarius
Pictaviensis geschild. in seinem Kampfe gegen den Arianismus (Klagenfurt,
1860); BARBIER, Vie de S. Hilaire, évèque de Poitiers, docteur et père de
l'Église (Tours and Paris, 1882).
Clugnet, Léon. "St.
Hilary of Poitiers." The Catholic Encyclopedia. Vol. 7. New
York: Robert Appleton Company, 1910. 13 Jan.
2016 <http://www.newadvent.org/cathen/07349b.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Robert B. Olson. Offered to
Almighty God for the Holy Father, the bishops, priests, religious and laity who
are ridiculed and persecuted for proclaiming the truth.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. June 1, 1910. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin
Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/07349b.htm
Église Saint-Hilaire de Clohars-Fouesnant
St. Hilary of Poiters
Bishop of Poiters, born in that city at the beginning of the fourth century;
died there according to the Roman Breviary, on 13 January, 368. Belonging to a
noble and pagan family, he was instructed in all the branches of profane
learning, but, having also taken up the study of Holy Scripture and finding
there the truth which he sought so ardently, he renounced idolatry and was
baptized.
Thenceforth his wide learning and his zeal for the Faith attracted such
attention that he was chosen about 350 to govern the body of the faithful which
the city had possessed since the third century. We know nothing of the bishops
who governed this society in the beginning. Hilary is the first concerning whom
we have authentic information, and this is due to the important part he played
in opposing heresy.
The Church was then greatly disturbed by internal discords, the authority of
the popes not being so powerful in practice as either to prevent or to stop
them. Arianism had made frightful ravages in various regions and threatened to
invade Gaul, where it already had numerous partisans more or less secretly
affiliated with it. Saturninus, Bishop of Arles, the most active of the latter,
being exposed by Hilary, convened and presided over a council at Béziers in 356
with the intention of justifying himself, or rather of establishing his false
doctrine. Here the Bishop of Poitiers courageously presented himself to defend
orthodoxy, but the council, composed for the most part of Arians, refused to
hear him, and being shortly afterwards denounced to the Emperor Constantius,
the protector of Arianism, he was at his command transported to the distant
coasts of Phrygia.
But persecution could not subdue the valiant champion. Instead of remaining
inactive during his exile he gave himself up to study, completed certain of his
works which he had begun, and wrote his treatise on the synods. In this work he
analysed the professions of faith uttered by the Oriental bishops in the
Councils of Ancyra, Antioch, and Sirmium, and while condemning them, since they
were in substance Arian, he sought to show that sometimes the difference
between the doctrines of certain heretics and orthodox beliefs was rather in
the words than in the ideas, which led to his counselling the bishops of the
West to be reserved in their condemnation. He was sharply reproached for his
indulgence by certain ardent Catholics, the leader of whom was Lucifer, Bishop
of Cagliari.
However, in 359, the city of Seleucia witnessed the assembly in synod of a
large number of Oriental bishops, nearly all of whom were either Anomoeans or
Semi-Arians. Hilary, whom everyone wished to see and hear, so great was his
reputation for learning and virtue, was invited to be present at this assembly.
The governor of the province even furnished him with post horses for the
journey. In presence of the Greek fathers he set forth the doctrines of the
Gallic bishops, and easily proved that, contrary to the opinion current in the
East, these latter were not Sabellians. Then he took part in the violent
discussions which took place between the Semi-Arians, who inclined toward
reconciliation with the Catholics, and the Anomoeans, who formed as it were the
extreme left of Arianism.
After the council, which had no result beyond the wider separation of these
brothers in enmity, he left for Constantinople, the stronghold of heresy, to
continue his battle against error. But while the Semi-Arians, who were less
numerous and less powerful, besought him to become the intermediary in a
reconciliation between themselves and the bishops of the West, the Anomoeans,
who had the immense advantage of being upheld by the emperor, besought the
latter to send back to his own country this Gallic bishop, who, they said,
sowed discord and troubled the Orient. Constantius acceded to their desire, and
the exile was thus enabled to set out on his journey home.
In 361 Hilary re-entered Poitiers in triumph and resumed possession of his see.
He was welcomed with the liveliest joy by his flock and his brothers in the
episcopate, and was visited by Martin, his former disciple and subsequently
Bishop of Tours. The success he had achieved in his combat against error was
rendered more brilliant shortly afterwards by the deposition of Saturninus, the
Arian Bishop of Arles by whom he had been persecuted. However, as in Italy the
memory still rankled of the efforts he had made to bring about a reconciliation
between the nearly converted Semi-Arians and the Catholics, he went in 364 to
the Bishop of Vercelli to endeavour to overcome the intolerance of the
partisans of the Bishop Lucifer mentioned above. Almost immediately afterwards,
that it might be seen that, if he was full of indulgence for those whom gentleness
might finally win from error, he was intractable towards those who were
obstinate in their adherence to it, he went to Milan, there to assail openly
Auxentius, the bishop of that city, who was a firm defender of the Arian
doctrines. But the Emperor Valentinian, who protected the heretic, ordered
Hilary to depart immediately from Milan.
He then returned to his city of Poitiers, from which he was not again to absent
himself and where he was to die. This learned and energetic bishop had fought
against error with the pen as well as in words. The best edition of his
numerous and remarkable writings is that published by Dom Constant under the
title: “Sancti Hilarii, Pictavorum episcopi opera, ad manuscriptos codices
gallicanos, romanos, belgicos, necnon ad veteres editiones castigata” (Paris,
1693). The Latin Church celebrates his feast on 14 January, and Pius IX raised
him to the rank of Doctor of the Universal Church. The Church of Puy glories in
the supposed possession of his relics, but according to one tradition his body
was borne to the church of St-Denys near Paris, while according to another it
was taken from the church of St-Hilaire at Poitiers and burned by the
Protestants in 1572.
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/saint-hilary-of-poiters/
Chapelle Saint-Hilaire de Pléhérel, Fréhel, Département Côtes-d’Armor, Bretagne
Hilary of Poitiers B, Dr. (RM)
Born in Poitiers, Aquitaine, France, 315; died there c. 368 (whether on
November 1 or January 13 is now indiscernible); declared Doctor of the Divinity
of Christ by Pope Pius IX in 1851; feast day formerly on January 14.
"Little children
follow and obey their father. They love their mother. They know nothing of
covetousness, ill- will, bad temper, arrogance and lying. This state of mind
opens the road to heaven. To imitate our Lord's own humility, we must return to
the simplicity of God's little one's." --Saint Hilary of Poitiers.
Saint Hilary has been
praised by Saint Augustine, Saint Jerome, and quite generally by all the
theologians and Church historians as one of the great pillars of the Church.
Saint Augustine praises him as "the illustrious teacher of the
churches." Saint Jerome says that Hilary was "a most eloquent man,
and the trumpet of the Latins against the Arians." In another place he
writes that God transplanted "two fair cedars"--SS. Cyprian and
Hilary--"out of the world and into His Church."
For Saint Hilary, born of
wealthy, noble parents, was raised as a pagan. He himself testifies that he was
brought up on idolatry. He studied rhetoric and philosophy, became an orator,
married early in life, and had a daughter.
In his own writings he
describes how God led him in midlife (c. 350) to conversion. It involved a long
process of discovering the absurdity of polytheism by reason and meeting the
God of Moses through Biblical study. In the first chapter of John's Gospel, he
learned that the Divine Word is coeternal and consubstantial with the Father.
Hilary checked his natural curiosity, avoided intricacies, and submitted his
understanding to divine revelation. Just as we must learn to do if we are to
grow in faith, he resolved to leave what seemed incomprehensible to the
veracity and power of God, and not measure divine mystery by the capacity of
human understanding.
His study also led him to
the conviction that man is in the world to practice moral virtue that must be
rewarded in the hereafter. After his own conversion and baptism, Hilary led his
wife and daughter, Saint Abra (Abram, Afra, or Apra), to God and separated himself
from all un-Catholic company. At first he avoided all contact with Jews and
heretics, but later came to realize that their conversion depended, in part,
upon the compassion of Christians and relaxed his aversion.
His wife was still living
when he was made bishop of Poitiers around 350-353 (age 35). He resisted the
appointment, but his humility made the people even more insistent. He and his
wife had to live separately thereafter in perpetual continence. Soon after his
consecration, he wrote a commentary on the Gospel of Saint Matthew, which
survives, and which, together with Hilary's commentaries on the Psalms, Saint
Jerome commended for reading especially by virgins and the devout.
Almost at once he became
involved in the Arian controversy, and from the first, he was an outspoken
champion of orthodoxy. Emperor Constantius II had compelled the Eastern
churches to embrace Arianism, then moved for a time to Arles. At the council of
Arles in 353, which turned out badly, Hilary took the initiative to oppose the
forms and motions that he himself had translated for Constantius. The emperor
had called a synod in Milan in 355 that required all bishops to sign the
condemnation of Saint Athanasius. Those who declined were banished, including
SS. Eusebius of Vercelli and Dionysius of Milan. Hilary considered Athanasius
to be right, and refused to attend.
In response to the action
of the synod, Hilary wrote his First book to Constantius, begging him to
restore peace to the Church. At the synod of Béziers (Bitterae) in 356,
presided over by Arian Bishop Saturninus of Arles and composed mainly of Arian
bishops, Hilary was condemned for his orthodoxy. Later that year, he was exiled
by Constantius to Phrygia with Bishop Rhodanius, his friend from Toulouse.
During his banishment he
did much of his writing, including his most important and celebrated work, De
Trinitate, twelve books proving the consubstantiality of the Father, Son, and
Holy Spirit meant to refute the Arians. In 358 he wrote On Synods or On the Faith
of the Orientals to explain the terms and variations of the eastern Arians in
their synods.
In 359, the emperor,
again interfering in Church affairs, assembled a council of Arians at Seleucia
in Isauria to neutralize the decrees of the Council of Nicaea. Saint Hilary,
who had then been in Phrygia for three years, was invited by the semi-Arians to
attend. They had hoped he would be useful to their party in crushing those who
adhered strictly to the Arian doctrine. Hilary so boldly argued against all enemies
of orthodox Christianity that the Phrygians were soon begging the emperor to
send him back to Poitiers.
It seems that after
defending Nicaea at Seleucia, Hilary withdrew to Constantinople and there
presented to the emperor a request, called his Second book to Constantius, in
which he begged the emperor's permission to hold a public disputation about
religion with Saturninus, the author of his banishment. That is when the
Arians, dreading such a trial, convinced Constantius to let Hilary go back to his
see in 360.
In exile Saint Hilary
perceived that his opponents used hymns to spread their false views. He decided
that Christians should popularize their beliefs in the same way, and he became
the first Latin hymn-writer of the Church. Most of his hymns have been lost,
but three survive: one about Jesus's temptations in the wilderness; another
about Easter; and a third, on the Trinity, seventy verses long.
He was one of the most
prominent and esteemed theologians of his time. Although his writing could be
stern and uncompromising, he was a gentle, calm, pious, polite, and friendly
man. This face of Hilary can be seen in the still extant letter that his wrote
during his exile to his 13-year-old daughter in which he acquaints her with the
inestimable riches Christ wanted to bestow on her if she would forego all
earthly things, including spouse, fine garments, and riches.
Most of Hilary's writing
is difficult to read because his style is rather convoluted to the point of
obscurity. Origen, who was condemned long after his death because of the twists
some of his followers took, strongly influenced Hilary's writings. In addition
to the previously mentioned commentaries on Saint Matthew's Gospel, Homilies on
the Psalms, and De synodis, Hilary wrote Opus historicum and much on the Arian
controversy. His writings are also useful for their historical insight.
Returning to Gaul, Hilary
travelled through Illyricum and Italy, strengthening the morale of weaker
Christians, and was received enthusiastically by the people of Poitiers. During
his exile, no one replaced the saint as bishop of Poitiers. The priests
preferred, instead, to pretend that he was still with them. His letters home
during his exile showed that he was afraid, had little to eat, and was
surrounded by enemies.
Upon his return to
Poitiers, he had Arianism condemned by the Senate, set about reform, preaching
and pastoral work with increased ardor. He convoked a synod in Gaul and
condemned the synod of Rimini (359). Saturninus was excommunicated and deposed.
Constantius died at Poitiers in 361, and the Arian persecution ended.
In 364, Hilary went to
Milan to engage its usurping Arian Bishop Auxentius in a public dispute. His
early training as an orator made him so successful that Auxentius's protector,
Emperor Valentinian, ordered him to leave Milan. His greatest achievement was
the re-establishment of order in the Church of his time.
All of Hilary's writings
breathe a vein of extraordinary piety. He held it as the great work of his life
to use all his faculties to evangelize and excite all men to the love of God.
He earnestly recommended the practice of beginning and ending every action and
discourse with prayer, to pray always and remember that all we do should praise
and thank the Lord.
Hilary's relics have been
moved several times. Some parts appear to be in Limousin; some burned by the
Hugenots in Poitiers; but most of his remains are in the abbey of Saint Denys,
near Paris. Venantius Fortunatus, a contemporary, related many of the miracles
wrought by Saint Hilary during his lifetime; Saint Gregory of Tours and others
recorded many that occurred at his tomb.
The spring term at the
Law Courts in England and at Oxford University are named for him--the Hilary
Term--as are three English churches (Attwater, Benedictines, Bentley, Butler,
Delaney, Encyclopedia, Farmer, Husenbeth, Walsh, White).
He is portrayed in art
holding an open book of the Gospel; or as a bishop with three books; or with a
child (sometimes in a cradle at his feet, raised to life by him); or with a pen
or stick (White). Roeder says that he is identified at a desk with books and a
child in its cradle at his feet (so he is sometimes confused with Saint
Ambrose). Sometimes he is shown with Saint Martin of Tours (because he was his
friend and spiritual director); or with a snake and dragon (Roeder).
In a picture by the
Master of Liesborn in the National Gallery of England is a Saint Hilary in
armor, with SS Ambrose and Jerome. In view of the two doctors in whose company
he is, it seems likely that this should represent the great Hilary of Poitiers,
friend and teacher of Saint Martin of Tours, who began his career as a Roman
officer. Saint Hilary, though a patrician by birth, is usually represented as a
bishop and scholar rather than a knight (Roeder).
He is the patron of
retarded children and invoked against snakes (Roeder).
SOURCE : https://catholicsaints.info/saints-of-the-day-hilary-of-poitiers-bishop-doctor/
Église Saint-Hilaire d'Asnières-sur-Vègre
St. Hilary, Bishop
From his own writings,
and the histories of that age, which furnish the most authentic memoirs of his
life. See what Dom Coutant, the Benedictin monk, has recorded of him in his
excellent edition of his works; as also Tillemont, T. 7. Cellier, T. 5. and Rivet,
Hist. Lit. T. 1. part. 2. p. 139. The two books, the one of his life, the other
of his miracles, by Fortunatus of Poictiers, 600, are inaccurate. Both the
Fortunatus’s were from Italy; and probably one was the author of the first, and
the other of the second book.
ST. AUSTIN, who often
urges the authority of St. Hilary against the Pelagians, styles him the
illustrious doctor of the churches. 1 St.
Jerom says, 2 that
he was a most eloquent man, and the trumpet of the Latins against the
Arians; and in another place, that in St. Cyprian and St.
Hilary, God had transplanted two fair cedars out of the world into his
church. 3
St. Hilary was born at
Poictiers, and his family was one of the most illustrious in Gaul. 4 He
spent his youth in the study of eloquence. He himself testifies that he was
brought up in idolatry, and gives us a particular account of the steps by which
God conducted him to the knowledge of his saving faith. 5 He
considered by the glimmering or faint light of reason, that man, who is created
a moral and free agent, is placed in this world for the exercise of patience,
temperance, and other virtues, which he saw must receive from God a recompence
after this life. He ardently set about learning what God is; and after some
researches into the nature of the Supreme Being, quickly discovered the
absurdity of polytheism, or a plurality of gods; and was convinced that there
can be only one God, and that the same is eternal, unchangeable, all-powerful,
the first cause and author of all things. Full of these reflections, he met
with the holy scriptures, and was wonderfully affected with that just and
sublime description Moses gives of God in those words, so expressive of his
self-existence, 6 I
AM WHO AM: and was no less struck with the idea of his immensity and supreme
dominion, illustrated by the most lively images in the inspired language of the
prophets. The reading of the New Testament put an end to, and completed his
inquiries; and he learned from the first chapter of St. John, that the Divine
Word, God the Son, is co-eternal and consubstantial with the Father. Here he
checked his natural curiosity, avoided subtleties, and submitted his
understanding to divine revelation, resolving what seemed incomprehensible into
the veracity and power of God; and not presuming to measure divine mysteries by
his shallow capacity. Being thus brought to the knowledge of faith, he received
the heavenly regeneration by baptism. From that time forth he so squared his
whole life by the rules of piety, and so zealous were his endeavours to confirm
others in the faith of the holy Trinity, and to encourage all to virtue, that
he seemed, though a layman, already to possess the grace of the priesthood.
He
was married before his conversion to the faith; and his wife, by whom he had a
daughter named Apra, or Abram, was yet living when he was chosen bishop of
Poictiers, about the year 353; but from the time of his ordination he lived in
perpetual continency. 7 He
omitted no endeavours to escape this promotion; but his humility only made the
people the more earnest to see him vested with that dignity; and indeed their
expectations were not frustrated in him, for his eminent virtue and capacity
shone forth with such a lustre, as soon drew upon him the attention not only of
all Gaul, but of the whole church. Soon after he was raised to the episcopal
dignity, he composed before his exile, elegant comments on the gospel of Saint
Matthew, which are still extant. Those on the Psalms he compiled after his
banishment. 8 On
these comments on the Psalms, and on St. Matthew, we are chiefly to understand
St. Jerom, when he recommends, in a particular manner, the reading of the works
of St. Hilary to virgins and devout persons. 9 From
that time the Arian controversy chiefly employed his pen. He was an excellent
orator and poet. His style is lofty and noble, beautified with rhetorical
ornaments and figures, but somewhat studied; and the length of his periods
renders him sometimes obscure to the learned, 10 as
St. Jerom takes notice. 11 It
is observed by Dr. Cave, that all his writings breathe an extraordinary vein of
piety. Saint Hilary solemnly appeals to God, 12 that
he held it as the great work of his life, to” employ all his faculties to
announce God to the world, and to excite all men to the love of him. He
earnestly recommends the practice of beginning every action and discourse by
prayer, 13 and
some act of divine praise; 14 as
also to meditate on the law of God day and night, to pray without ceasing, by
performing all our actions with a view to God their ultimate end, and to his
glory. 15 He
breathes a sincere and ardent desire of martyrdom, and discovers a soul
fearless of death and torments. He had the greatest veneration for truth,
sparing no pains in its pursuit, and dreading no dangers in its defence.
The Emperor Constantius,
having laboured for several years to compel the eastern churches to embrace
Arianism, came into the West; and after the overthrow of the tyrant Magnentius,
made some stay at Arles, whilst his Arian bishops held a council there, in
which they engaged Saturninus, the impious bishop of that city, in their party,
in 353. A bolder Arian council at Milan, in 355, held during the residence of
the emperor in that city, required all to sign the condemnation of St.
Athanasius. Such as refused to comply were banished; among whom were St.
Eusebius of Vercelli, Lucifer of Cagliari, and St. Dionysius of Milan, into
whose see Auxentius, the Arian, was intruded. St. Hilary wrote on that occasion
his first book to Constantius, in which he mildly entreated him to restore
peace to the church. He separated himself from the three Arian bishops in the
West, Ursacius, Valens, and Saturninus, and exhibited an accusation against the
last in a synod at Beziers. But the emperor, who information of the matter from
Saturninus, had sent an order to Julian, then Cæsar, and surnamed after the
apostate, who at that time commanded in Gaul, for St. Hilary’s immediate
banishment into Phrygia, together with St. Rhodanius, bishop of Toulouse. The
bishops in Gaul being almost all orthodox, remained in communion with St.
Hilary, and would not suffer the intrusion of any one into his see, which in
his absence he continued to govern by his priests. The saint went into
banishment about the middle of the year 356, with as great alacrity as another
would take a journey of pleasure, and never entertained the least disquieting
thought of hardships, dangers, or enemies, having a soul above both the smiles
and frowns of the world, and fixed only on God. He remained in exile somewhat
upwards of three years, which time he employed in composing several learned
works. The principal and most esteemed of these is that On the Trinity,
against the Arians, in twelve books. In them he proves the
consubstantiality of the Father, Son, and Holy Ghost. He teaches that the
church is one, by separating from which all heresies spring; but that by this
she is distinguished, as standing always one, always alone against them all,
and confounding them all: whereas they, by perpetual divisions, tear each other
in pieces, and so become the subject of her triumph. 16 He
proves that Arianism cannot be the faith of Christ, because not revealed to St.
Peter, upon whom the church was built and secured for ever; for whose faith
Christ prayed, that it might never fail; who received the keys of the kingdom
of heaven, and whose judiciary sentence on earth is that of heaven; 17 all
which arguments he frequently urges. 18 He
proves the divinity of Christ by the miracles wrought at the sepulchres of the
apostles and martyrs, and by their relics: for the devils themselves confess
Christ’s Godhead, and roar and flee at the presence of the venerable bones of
his servants, 19 which
he also mentions and urges in his invective against Constantius. 20 In
358, he wrote his book On Synod, or On the Faith of the
Orientals, to explain the terms and variation of the eastern Arians in
their synods.
In his exile he was
informed, that his daughter Apra, whom he had left in Gaul, had thoughts of
embracing the married state; upon which he implored Christ, with many tears, to
bestow on her the precious jewel of virginity. He sent her a letter that is
still extant, in which he acquaints her, that if she contemned all earthly
things, spouse, sumptuous garments, and riches, Christ had prepared for her,
and had shown unto him, at his prayers and tears, an inestimable never-fading
diamond, infinitely more precious than she was able to frame to herself an idea
of. He conjures her by the God of heaven, and entreats her not to make void his
anxiety for her, nor to deprive herself of so incomparable a good. Fortunatus
assures us, that the original letter was kept with veneration in the church of
Poictiers, in the sixth century, when he wrote, and that Apra followed his
advice, and died happily at his feet after his return. 21 St.
Hilary sent to her with this letter two hymns, composed by himself; one for the
evening, which does not seem to have reached our times; the other for the
morning, which is the hymn Lucis largitor splendide.
The emperor, by an unjust
usurpation in the affairs of the church, assembled a council of Arians, at
Seleucia in Isauria, to undermine the great council of Nice. St. Hilary, who
had then passed four years in banishment, in Phrygia, was invited thither by
the Semi-Arians, who hoped from his lenity that he would be useful to their
party, in crushing the staunch Arians, that is, those who adhered strictly to
the doctrine of Arius. But no human considerations could daunt his courage. He
boldly defended the decrees of Nice, till at last, tired out with hearing the
blasphemies of the heretics, he withdrew to Constantinople. The weak emperor
was the dupe sometimes of the Arians, and at other times of the Semi-Arians.
These last prevailed at Seleucia, in September 359, as the former did, in a
council held at Constantinople, in the following year, 360, where having the
advantage, they procured the banishment of the Semi-Arians, less wicked than
themselves. St. Hilary, who had withdrawn from Seleucia to Constantinople,
presented to the emperor a request, called, his second book to Constantius,
begging the liberty of holding a public disputation about religion with
Saturninus, the author of his banishment. He presses him to receive the
unchangeable apostolic faith, injured by the late innovations, and smartly
rallies the fickle humour of the heretics, who were perpetually making new
creeds, and condemning their old ones, having made four within the compass of
the foregoing year; so that faith was become that of the times, not that of the
gospels, and that there were as many faiths as men, as great a variety of
doctrine as of manners, and as many blasphemies as vices. 22 He
complains that they had their yearly and monthly faiths; that they made creeds
to condemn and repent of them; and that they formed new ones to anathematize
those that adhered to their old ones. He adds, that every one had scripture
texts, and the words Apostolic Faith, in their mouths, for no other
end than to impose on weak minds: for by attempting to change faith, which is
unchangeable, faith is lost; they correct and amend, till weary of all, they
condemn all. He therefore exhorts them to return to the haven, from which the
gusts of their party spirit and prejudice had driven them, as the only means to
be delivered out of their tempestuous and perilous confusion. The issue of this
challenge was, that the Arians, dreading such a trial, persuaded the emperor to
rid the East of a man, that never ceased to disturb its peace, by sending him
back into Gaul; which he did, but without reversing the sentence of his
banishment, in 360.
St. Hilary returned
through Illyricum and Italy to confirm the weak. He was received at Poictiers
with the greatest demonstrations of joy and triumph, where his old disciple,
St. Martin, rejoined him, to pursue the exercises of piety under his direction.
A synod in Gaul, convoked at the instance of St. Hilary, condemned that of
Rimini, which, in 359, had omitted the word Consubstantial. Saturninus
proving obstinate, was excommunicated and deposed for his heresy and other
crimes. Scandals were removed, discipline, peace, and purity of faith were
restored, and piety flourished. The death of Constantius put an end to the
Arian persecution. St. Hilary was the mildest of men, full of condescension and
affability to all; yet seeing this behaviour ineffectual, he composed an
invective against Constantius, in which he employed severity, and the harshest
terms; and for which undoubtedly he had reasons that are unknown to us. This
piece did not appear abroad till after the death of that emperor. Our saint
undertook a journey to Milan, in 364, against Auxentius, the Arian usurper of
the see, and in a public disputation obliged him to confess Christ to be true
God, of the same substance and divinity with the Father. St. Hilary indeed saw
through his hypocrisy; but this dissembling heretic imposed so far on the
emperor Valentinian, as to pass for orthodox. Our saint died at Poictiers, in
the year 368, on the thirteenth of January, or on the first of November, for his
name occurs in very ancient Martyrologies on both these days. In the Roman
breviary his office is celebrated on the fourteenth of January. The one is
probably that of some translation of his relics. The first was made at
Poictiers in the reign of Clovis I. on which see Cointe. 23 From
St. Gregory of Tours it appears, that before his time some part of St. Hilary’s
relics was honoured in a church in Limousin. 24 Alcuin
mentions the veneration of the same at Poictiers; 25 and
it is related that his relics were burned by the Hugenots at Poictiers. 26 But
this we must understand of some small portion, or of the dust remaining in his
tomb. For his remains were translated from Poictiers to the abbey of St. Denys,
near Paris, as is proved by the tradition of that abbey, a writer of the abbey
of Richenow, in the ninth century, 27 and
other monuments. 28 Many
miracles performed by St. Hilary are related by Venantius Fortunatus, bishop of
Poictiers, and are the subject of a whole book added to his life, which seems
to have been written by another Fortunatus. St. Gregory of Tours, Flodoard, and
others, have mentioned several wrought at his tomb. Dom Coutant, the most
judicious and learned Maurist monk, has given an accurate edition of his works,
in one volume in folio, at Paris, in 1693, which was reprinted at Verona by the
Marquess Scipio Maffei, in 1730, together with additional comments on several
Psalms.
St. Hilary observes, that
singleness of heart is the most necessary condition of faith and true virtue,
“For Christ teaches that only those who become again as it were little
children, and by the simplicity of that age cut off the inordinate affections of
vice, can enter the kingdom of heaven. These follow and obey their father, love
their mother; are strangers to covetousness, ill-will, hatred, arrogance, and
lying, and are inclined easily to believe what they hear. This disposition of
affections opens the way to heaven. We must therefore return to the simplicity
of little children, in which we shall bear some resemblance to our Lord’s
humility.” 29 This,
in the language of the Holy Ghost, is called the foolishness of the cross of
Christ, 30 in
which consists true wisdom. That prudence of the flesh and worldly wisdom,
which is the mother of self-sufficiency, pride, avarice, and vicious curiosity,
the source of infidelity, and the declared enemy of the spirit of Christ, is
banished by this holy simplicity; and in its stead are obtained true wisdom,
which can only be found in a heart freed from the clouds of the passions, perfect
prudence, which, as St. Thomas shows, is the fruit of the assemblage of all
virtues, and a divine light which grace fails not to infuse. The simplicity,
which is the mother of Christian discretion, is a stranger to all artifice,
design, and dissimulation, to all views or desires of self-interest, and to all
undue respect or consideration of creatures. All its desires and views are
reduced to this alone, of attaining to the perfect union with God. Unfeignedly
to desire this one thing, to belong to God alone, to arrive at his pure love,
and to do his will in all things, is that simplicity or singleness of heart of
which we speak, and which banishes all inordinate affections of the heart, from
which arise the most dangerous errors of the understanding. This is the
essential disposition of every one who sincerely desires to live by the spirit
of Christ. That divine spouse of souls, loves to communicate himself to such. 31 His
conversation (or as another version has it, his secret) is with the simple. 32 His
delight is in those who walk with simplicity. 33 This
is the characteristic of all the saints; 34 whence
the Holy Ghost cries out, “Approach him not with a double heart.” 35 That
worldly wisdom is not subject to the law of God, neither can it be. 36 Its
intoxication blinds men, and shuts their eyes to the light of divine
revelation. They arrogate to themselves the exclusive privilege of learning and
clear understanding: but the scepticism, the pitiful inconsistencies, and
monstrous extravagancies which characterise their writings and discourses, make
us blush to see so strong an alliance of ignorance and presumption; and lament
that the human mind should be capable of falling into a state of so deplorable
degeneracy. Among the fathers of the church we admire men the most learned of
their age, the most penetrating and most judicious, and at the same time, the
most holy and sincere; who, being endowed with true simplicity of heart,
discovered in the mysteries of the cross the secrets of infinite wisdom, which
they made their study, and the rule of their actions.
Note 1. L. 2. adv.
Julian, c. 8. [back]
Note 2. L. 2. adv.
Rufin. p. 415. [back]
Note 3. In Isa. c.
60. [back]
Note 4. S. Hieron.
in Catal. [back]
Note 5. L. 1. de
Trin. p. 1–10. [back]
Note 7. The contrary
is certainly a mistake in Dr. Cave: for Saint Jerom, writing against Jovinian,
says, in l. 1. p. 175, that though the church was sometimes obliged to make
choice of married men for the priesthood, because virgins, or unmarried, could
not always be found, they notwithstanding lived ever after continent. Certè
confiteris, non posse esse episcopum qui in episcopate filios faciat: alioqui
si deprehensus fuerit non quasi vir tenebitur, sed quasi adulter condemnabitur,
ib. And in his book against Vigilantius, p. 28, he observes, that in the
churches of the East, in Egypt. and in the apostolic see of Rome, those only
were made clergymen, who were virgins, or single; or if they were married, they
ceased to live as husbands. Aut virgines clericos accipiunt, aut
continentes; aut si uxores habuerint, mariti esse desinunt, p. 281. [back]
Note 8. S. Hilar. in
Ps. 53. n. 8. in Ps. 67. n. 15. and Coutant, Armon. in S. Hilar. in Psalmos, p.
165. [back]
Note 9. Ep. ad
Lætam. [back]
Note 10. On the
interpretation of certain obscure passages of the works of Saint Hilary, see
Dom Coutant, in an excellent preface to his edition of this father’s works;
also Witasse de Incarn. t. 2, &c. [back]
Note 11. Ep. 49. ad
Paulinum, T. 4. p. 567. [back]
Note 12. Lib. 1. de
Trinit. [back]
Note 13. Doubtless
his love of prayer, and the assiduous application of his mind to that holy
exercise, moved him to make the Psalms a main object of his sacred studies and
meditation. His comments are elegant; though in them he dwells much on the
literal sense, he neglects not the mystical and allegorical, every thing in
these divine oracles being prophetic, as he takes notice (in Ps. 142. n. 1.)
Often he finds the immediate literal sense clear; in other passages, he shows
Christ and his church to be pointed out. The true sense of the holy scriptures
he teaches, only to be opened to us by the spirit of assiduous prayer, (in Ps.
125. n. 2, &c.) The fatal and opposite errors, which the overweening spirit
and study of a false criticism have produced in every age, justify this general
remark of the fathers, that though the succour of reasonable criticism ought by
no means to be neglected, a spirit of prayer is the only key which can open to
us the sacred treasures of the divine truths, by the light which it obtains of
the Holy Ghost, and the spirit of simplicity, piety, and humility, which it
infuses. In this disposition the holy doctors of the church discovered in the
divine oracles that spirit of perfect virtue, which they imbibed and improved
from their assiduous meditation. Saint Hilary remarks, that the first lesson we
are to study in them is that of humility, in which “Christ has taught, that all
the titles and prizes of our faith are comprised:” In humilitate docuit omnia
fidei nomina et præmia contineri. (in Ps. 118. l. 20. n. 1. p. 358.) Whence the
royal prophet entreats God, to consider nothing in him but his lowliness of
heart, (v. 153. ibid.) This holy father hesitates not to say, humility is the
greatest work of our faith, our best sacrifice to God; (in Ps. 130. n. 1. p.
442.) but true humility is accompanied with an invincible courage, and a
firmness and constancy in virtue, which no fear of worldly power is ever able
to shake. (in Ps. xiv. p. 66.) Saint Hilary laments, that even several pastors
of the church thought it a part of piety to flatter princes. But true religion
teaches us (Matt. x.
28.) only to fear things which are justly to be feared; that is, to fear
God, to fear sin, or what can hurt our souls: for what threatens only our
bodies is to be despised, when the interest of God and our souls is concerned.
We indeed study, out of charity, to give offence to no one; (1 Cor. x.
32, 33.) but desire only to please men for God, not by contemning him. (in
Ps. 52. p. 89, 90.) Prayer is the great christian duty which this holy doctor
was particularly solicitous to inculcate, teaching, that it consists in the cry
of the heart, not in the lips, as David cried to God in his whole heart. Ps.
cxviii. v. 145. (in Ps. cxviii. l. 19. p. 352.) We are to pour forth our souls
before God, with earnestness, and with abundance of tears. (in Ps. 41. apud
Marten, t. 9. p. 71.) Amidst the dangers and evils of this life, our only
comfort ought to be in God, in the assured hope of his promises, and in prayer.
(Ib.) That prayer is despised by God, which is slothful and lukewarm,
accompanied with distrust, distracted with unprofitable thoughts, weakened by
worldly anxiety and desires of earthly goods, or fruitless, for want of the
support of good works, (in Ps. liv. p. 104.) All our actions and discourses
ought to be begun by prayer, and the divine praise, (in Ps. lxiv. p. 162.) The
day among Christians is always begun by prayer, and ended by hymns to God. (ib.
n. 12. p. 169.) By this public homage of the church, and of every faithful soul
in it, God is particularly honoured, and he delights in it. (St. Jerom. in
eund. Ps.) St. Hilary takes notice, that the night is of all others the most
proper time for prayer; as the example of Christ, David, and other saints,
demonstrates, (in Ps. cxviii. l. 8. p. 292.) He observes, that it cannot be
doubted, but among all the acts of prayer, that of the divine praise is in
general the most noble and most excellent; and that it is for his infinite
goodness and mercy, in the first place, that we are bound to praise him. (in
Ps. cxxxiv. p. 469.) Next to this, he places the duty of thanksgiving. (Ib.) To
be silent in the divine praises, he calls the greatest of all punishments; and
takes notice, that every one makes what he loves the chiefest object of his
joy: as we see in the drunkard, the covetous, or the ambitious man: thus the
prophet makes the heavenly Jerusalem the beginning of his joy; always bearing
in mind, that this is his eternal country, in which he will be associated with
the troops of angels, be received into the kingdom of God, and put in
possession of its glory; he therefore finds all other things insipid, and knows
no other comfort or joy, but in this hope, bearing always in mind, that the
glorious inhabitants of that kingdom, never cease singing the divine praises,
saying, Holy, holy, holy, &c. (in. Ps. cxxxvi. n. 11. p. 494.) In another
place he tells us, that the prophet bears not the delays of his body, (moras
corporis sui non patitur,) sighing with the apostle to be dissolved and clothed
with immortality; but earnestly praying, that he may find mercy, and be
delivered from falling into the lake of torments. (in Ps. cxlii. n. 8, 9. p.
549.) During this exile to meditate on eternity, and on the divine law and
judgments, ought to be our assiduous occupation, (in Ps. cxlii. n. 6. p. 548.)
especially in time of tribulations and temptations. (in Ps. cxviii. l. 12. n.
10. p. 313.) The world is to be shunned, at least in spirit; first, because it
is filled on every side with snares and dangers; secondly, that our souls may
more freely soar above it, always thinking on God; hence, he says, our souls
must be, as it were, spiritual birds of heaven, always raised high on the wing;
and he cries out, “Thou art instructed in heavenly science: what hast thou to
do with anxious worldly cares? thou hast renounced the world, what hast thou to
do with its superfluous concerns? Why dost thou complain if thou art taken in a
snare, by wandering in a strange land, who oughtest to restrain thy affections
from straying from home? Say rather, Who will give me wings as of a dove, and I
will fly, and will be at rest?” Ps. liv.
7. (in Ps. cxviii. l. 14. p. 328.) To build a house for God, that is, to
prepare a dwelling for him in our souls, we must begin by banishing sin, and
all earthly affections; (in Ps. xxxi. p. 73.) for Christ, who is wisdom,
sanctity, and truth, cannot establish his reign in the breast of a fool,
hypocrite, or sinner. (in Ps. xli. p. 60. ap. Marten, t. 9.) It is easy for
God, by penance, to repair his work, howsoever it may have been defaced by
vice, as a potter can restore or improve the form of a vessel, while the clay
is yet moist: (in Ps. ii. p. 47.) but he often inculcates that repentance, or
the confession of sin, is a solemn profession of sinning no more, (in Ps.
cxxxvii. p. 498. in Ps. li. and cxviii. p. 263, &c.) Every thing that is
inordinate in the affections must be cut off. “The prophet gave himself
entirely to God, according to the tenor of his consecration of himself.
Whatever lives in him, lives to God. His whole heart, his whole soul is fixed
on God alone, and occupied in him, and he never loses sight of him. In all his
works and thoughts, God is before his eyes.” Totum quod vivit, Deo vivit. (Ps.
cxviii. l. 14. n. 16. p. 327.) Upon these words, I am thy servant, Ps. cxviii. v.
125. he observes, that every Christian frequently repeats this, but most deny
by their actions what they profess in words: “It is the privilege of the
prophet to call himself the servant of God in every affection of his heart, in
every circumstance and action of his life,” &c. (in Ps. cxviii. l. 17. p.
339.) He teaches that the angels, patriarchs, and prophets are as it were
mountains protecting the church; (in Ps. cxxiv. n. 6. p. 404.) and that holy
angels attend and succour the faithful; (in Ps. cxxxvii. p. 499.) assist them
in time of combat against the devils; (in Ps. lxv. p. 178. and in Ps. cxxxiv.
p. 475.) carry up their prayers to their heavenly Father with an eager zeal;
and looking upon this ministry as an honour. (in Matt. c. 18. p. 699.) That the
church of Christ is one, out of which, as out of the ark of Noah, no one can be
saved. (in Ps. cxlvi. xiv. lxiv. cxxviii, and cxxvii. in Matt. c. 4. and 7. De
Trinit. l. 7. p. 917.) He mentions fast days of precept, the violation of which
renders a Christian a slave of the devil, a vessel of death, and fuel of hell,
(in Ps. cxviii. l. 18. p. 349.) This crime he joins with pride and fornication,
as sins at the sight of which every good Christian ought to pine away with
grief and zeal, according to the words of Ps. cxviii. v. 139. Saint Hilary
seems to have explained the whole Psalter, though only part is recovered by the
editors of his works. To the comments published by Dom Coutant at Paris, in
1693, the marquis Scipio Maffei added some others on several other Psalms, in
his edition at Verona, in 1730. Dom Martenne, in 1733, published others on
certain other Psalms, which he had discovered in a manuscript at Anchin, in his
Amplissima Monumentorum Collectio, t. 9. p. 55. These comments on the Psalms,
St. Hilary compiled after his exile, as appears from certain allusions to his
books on the Trinity, and from his frequent reflections against the Arians.
Nothing of this is found in his commentary on Saint Matthew, which Dom Coutant
shows to have been the first of his works in the order of time, composed soon
after he was raised to the episcopal dignity. He here and there borrows short
passages from Origen, but adheres closer to the literal sense, though he
sometimes has recourse to the allegorical, for the sake of some moral
instruction. St. Hilary is one of the first who published any Latin comments in
the holy scriptures. Rheticius, bishop of Autun, and St. Victorinus of Passaw,
though the latter wrote in Greek, had opened the way in the West in the
beginning of the same century. St. Hilary, in this commentary on St. Matthew,
excellently inculcates in few words the maxims of christian virtue, especially
fraternal charity and meekness, by which our souls pass to divine charity and
peace: (in Matt. c. 4. v. 18, 19. p. 626.) and the conditions of fasting and
prayer, though for the exposition of our Lord’s prayer, he refers to that of
St. Cyprian; adding that Tertullian has left us also a very suitable work upon
it; but that his subsequent error has weakened the authority of his former
writings which may deserve approbation. (in c. 5. p. 630.) The road to heaven
he shows to be exceedingly narrow, because even among Christians very few
sincerely despise the world, and labour strenuously to subdue their flesh and
all their passions, and to shun all the incentives of vice, (in c. 6. p. 368.)
St. Peter he calls the Prince of the College of the Apostles, and the Porter of
Heaven, and extols the authority of the keys conferred upon him. (in Matt. c.
7. p. 642. in c. 16. p. 690. Also l. 6. de Trin. p. 891, 903, 904.) He proves
that Christ in his bloody sweat, grieved more for the danger of his disciples
and other causes, than for his own death; because he had in his last supper
already consecrated his blood to be poured forth for the remission of sin.
Numquid pati ipse nolebat! Atquin superius fundendum in remissionem peccatorum
corporis sui sanguinem consecraverat. (S. Hilar. in Matt. c. 31. p. 743.) His
twelve books on the Trinity he compiled during his banishment in Phrygia,
between the years 356 and 359, as is clear from his own express testimony, and
that of St. Jerom. In the first book of this immortal monument of his admirable
genius and piety, he beautifully shows that man’s felicity is only to be found
in God; and that the light of reason suffices to demonstrate this, which he
illustrates by an account of his own conversion to the faith. After this he
takes notice, that we can learn only by God’s revelation, his nature, or what
he is, he being the competent witness of himself, who is known only by himself.
(n. 18. p. 777.) In the second book he explains the Trinity, which we profess
in the form of baptism, and says, that faith alone in believing, and sincerity
and devotion in adoring, this mystery ought to suffice, without disputing or
prying; and laments, that by the blasphemies of the Sabellians and Arians, who
perverted the true sense of the scriptures, he was compelled to dispute of
things ineffable and incomprehensible, which only necessity can excuse. (n.
25.) He then proves the eternal generation of the Son, the procession of the
Holy Ghost, and their consubstantiality in one nature. (l. 2. & 3.) He
checks their presumption in pretending to fathom the Trinity, by showing that
they cannot understand many miracles of Christ or corporeal things, which yet
they confess to be most certain. (l. 3. n. 19, 20, 24.) He detects and confutes
the subtleties of the Arians, in their various confessions of faith, (l. 4, 5,
6.) also of the Sabellians and Photinians; (l. 7.) and demonstrates the
divinity of Christ, from the confession of St. Peter, &c. (l. 6.) and of
the very Jews, who were more sincere than the Arians, acknowledging that Christ
called himself the natural Son of God. (John x. 31, &c. l. 7. n. 2, 3. p.
931.) The natural unity of the Father and Son, he demonstrates from that text,
“I and my Father are one,” and others, (l. 8.) and observes that both from the
testimony of Christ in the holy scriptures, and from the faith of the church,
we believe without doubting the Eucharist to be the true body and blood of
Christ. (l. 8. n. 14. p. 955, 956.) He answers several objections from
Scripture, (l. 9.) and shows, there was something in Christ (viz. the divine
person, &c.) which did not suffer in his passion. (l. 10.) Other objections
he confutes, (l. 11.) and in his last book defends the eternity of the Son of
God. Between August in 358, and May in 359, St. Hilary, after he had been three
years in banishment, and was still in Asia, published his book on Synods, to
inform the Catholics in Gaul, Britain, and Germany, what judgment they ought to
form of several synods held lately in the East, chiefly by the Arians and
Semi-Arians: a work of great use in the history of those times, and in which
St. Hilary’s prudence, humility, modesty, greatness of soul, constancy,
invincible meekness, and love of peace shine forth. In this work he mollifies
certain expressions of the Semi-Arians in their councils, because writing
before the council of Rimini, he endeavoured to gain them by this method,
whereas he at other times severely condemned the same: as did also St.
Athanasius, in his book on the same subject, and under the same title, which he
composed after the council of Rimini, and expressly to show the variations of
those heretics. (See Coutant, vit. S. Hilar. p. c. ci. et præf. in S. Hilar. de
Synodis, p. 1147.) Fifteen fragments of St. Hilary’s history of the councils of
Rimini and Seleucia furnish important materials for the history of Arianism,
particularly of the council of Rimini. In his first book to the emperor
Constantius, which he wrote in 355 or 356, he conjures that prince with tears
to restore peace to the church, and leave the decision of ecclesiastical causes
to its pastors. The excellent request, which he presented to Constantius at
Constantinople, in 360, is called his second book to that prince. The third
book ought to be styled, with Coutant, Against Constantius: for in it St.
Hilary directs it to the Catholics, (n. 2. & 12,) though he often uses an
apostrophe to Constantius. The saint wrote it five years after the council of
Milan, in 355, as he testifies; consequently in 360, after that prince had
rejected his second request; but it was only published after the death of that
emperor, in the following year, as is clear from St. Jerom. He says,
Constantius, by artifices and flattery, was a more dangerous persecutor than
Nero and Decius: he tells him, “Thou receivest the priests with a kiss, as
Christ was betrayed by one: thou bowest thy head to receive their blessing,
that thou mayest trample on their faith: thou entertainest them at thy table,
as Judas went from table to betray his master.” Fleury, l. 14. n. 26, bids us
observe in these words, with what respect emperors then treated bishops. St.
Hilary in his elegant book against Auxentius, gives the Catholics an account of
his conferences with that heretic at Milan in 364. [back]
Note 15. In Ps. 1.
p. 19, 20. [back]
Note 16. Lib. 7. de
Trinit. n. 4. p. 917. [back]
Note 17. L. 6. n.
37, 38. p. 904. [back]
Note 18. In Ps. 131.
n. 4. p. 447. in cap. 16. Matt. n. 7. p. 690. [back]
Note 19. Lib. 11. de
Trinit. n. 3. [back]
Note 20. Lib. 3.
adv. Constant. n. 8. p. 1243. Ed. Ben. [back]
Note 21. This letter
is commended by the most judicious critics, Baronius, Tillemont, Fleury, and
Coutant, a monk of the congregation of St. Maur, in his edition of the works of
St. Hilary, and others. The style is not pompous, but adapted to the capacity
of a girl of thirteen years of age. [back]
Note 22. Facta est
fides temporum, potiùs quàm evangeliorum, l. 2. ad Const. p. 1227. Tot nunc
fides existere, quot voluntates. ib. Annuas atque menstruas de Deo fides
decernimus, decretis pœnitemus, pœnitentes defendimus, defensos
anathematizamus. ib. p. 1228. [back]
Note 23. Cointe
Annal. Fr. ad ann. 538. n. 41, 42, 43. [back]
Note 24. L. de Gl.
Conf. c. 2. [back]
Note 25. Alcuin,
Hom. de S. Willibrordo. [back]
Note 26. Baillet,
Vie de S. Hilaire. [back]
Note 27. Ap. Mab.
anal. T. 4. p. 644. [back]
Note 28. Aimoin. l.
4. c. 17 and 33. Coutant, Vit. S. Hilar. p. cxxiv. cxxv. cxxxix. [back]
Note 29. S. Hilar.
in Matt. c. 18. v. i. p. 698. [back]
Note 30. 1
Cor. i.
17. and iii.
18. S. Hilar. l. 3. de Trin. n. 24, 25. p. 822, 823. [back]
Note 31. 1 Par.
xxix. 17. [back]
Note 32. Prov. iii.
32. [back]
Note 35. Eccles. i.
39. [back]
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume I: January. The Lives of the
Saints. 1866.
SOURCE : https://www.bartleby.com/lit-hub/lives-of-the-saints/volume-i-january/st-hilary-bishop
Buste
de Saint Hilaire, en l'Église Saint-Hilaire de Givet.
Lives
of Illustrious Men – Saint Hilary of Poitiers
Hilary, a bishop of Poitiers
in Aquitania, was a member of the party of Saturninus bishop of Arles. Banished
into Phrygia by the Synod of Beziers he composed twelve books including Against
the Arians and On Councils, written to the Gallican bishops,
and Commentaries on the Psalms that is on the first and second, from
the fifty-first to the sixty-second, and from the one hundred and eighteenth to
the end of the book. In this work be imitated Origen, but added also some
original matter. There is a little book of his, To Constantius, which he
presented to the emperor while he was living in Constantinople, and another On
Constantius which he wrote alter his death and a book Against Valens and
Ursacius, containing a history of the Ariminian and Selucian Councils and To
Sallust the prefect or Against Dioscurus, also a book of hymns and
mysteries, a commentary On Matthew and treatises On Job, which he translated
freely from the Greek of Origen, and another elegant little work Against
Auxentius and Epistles to different persons. They say he has written On
the Song of Songs but this work is not known to us. He died at Poictiers during
the reign of Valentinianus and Valens.
– from Lives of Illustrious Men by Saint Jerome
SOURCE : https://catholicsaints.info/lives-of-illustrious-men-saint-hilary-of-poitiers/
Église Saint-Hilaire de Saules
Pictorial
Lives of the Saints – Saint Hilary of Poitiers
Saint Hilary was a native
of Poitiers, in Aquitaine. Born and educated a pagan, it was not till near
middle age that he embraced Christianity, moved thereto mainly by the idea of
God presented to him in the Holy Scriptures. He soon converted his wife and daughter,
and separated himself rigidly from all unCatholic company. In the beginning of
his conversion, Saint Hilary would not eat with Jews, or heretics, nor salute
them by the way. But afterwards, for their sake, he relaxed this severity. He
entered Holy Orders, and in 353 was chosen bishop of his native city. Arianism,
under the protection of the Emperor Constantius, was just then in the height of
its power, and Saint Hilary found himself called upon to support the orthodox
cause in several Gallic councils, in which Arian bishops formed an overwhelming
majority. He was in consequence accused to the emperor, who banished him to
Phrygia. He spent his three years and more of exile in composing his great
works on the Trinity. In 359 he attended the Council of Seleucia, in which
Arians, semi-Arians, and Catholics contended for the mastery. With the deputies
of the council he proceeded to Constantinople, and there so dismayed the heads
of the Arian party, that they prevailed upon the emperor to let him return to
Gaul. He traversed Gaul, Italy, and Illyria, wherever he came discomfiting the
heretics, and procuring the triumph of orthodoxy. After seven or eight years of
missionary travel he returned to Poitiers, where he died in peace in 368.
Reflection – Like Saint
Hilary, we, too, are called to a life-long contest with heretics; we shall
succeed in proportion as we combine hatred of heresy with compassion for its
victims.
SOURCE : https://catholicsaints.info/pictorial-lives-of-the-saints-saint-hilary-of-poitiers/
Vitrail
représentant saint Hilaire, église Saint-Hilaire, Saint-Hilaire-d'Estissac,
Dordogne, France.
Golden Legend – Life
of Hilary
Here followeth the Life
of Saint Hilary. The interpretation of his name.
Hilary is said of
joyousness, for he was joyous in the service of God. Or Hilary is said virtuous
and high, for he was high and strong in science, and virtuous in his life. Or
Hilary is said of hilum, which is to say dark matter, for he had in his dictes
great obscurity and profoundness.
Of the Life of Saint
Hilary.
Saint Hilary, which was
Bishop of Poictiers, was born in the country of Guienne. He had a wife wedded,
and a daughter, and whereas he was in habit secular he lived after the life of
a monk. He profited so much in holy life and sciences that he was chosen
Archbishop of Poictiers. A manner of an heresy reigned in his country and
through all France, which was the sect of the Arians, the which he destroyed to
his power. Nevertheless by the commandment of the emperor, which was of the
party of the heretics, by the suggestion of two bishops of that sect he was
exiled, with which two bishops he disputed, and overcame them. Afterward, for
they might not gainsay the truth of the matter, ne could not bear ne answer to
his eloquence, so that he was constrained to come again to Poictiers. And as he
passed by an isle of the sea, which was full of serpents, he chased them away
by the virtue of his commandment, and by his sight only, and pight a staff in
the middle of the isle and gave to the serpents liberty to come to that staff
and not to pass farther, and the serpents obeyed him, which part is no land now
but sea.
When Saint Hilary came to
Poictiers he met a child dead, borne for to be buried, and the child was not
baptized; which child by virtue of his prayer he raised to life, for he lay
long in the dust in prayer, and when he arose out of his prayer the child arose
from death to life.
Saint Hilary had a
daughter named Apia and she would have been married, but Saint Hilary preached
to her so much of the estate of virginity that she changed her purpose. And
when she was confirmed in this will and purpose Saint Hilary doubted that she
should change, and prayed our Lord for to take her while she was in good
purpose, and anon she died, and Saint Hilary buried her. And when her mother
the wife of Saint Hilary saw that her daughter was dead, she prayed to her
husband, that he should impetre and get for her like as he had done for his
daughter. And anon as Saint Hilary had made his orison, she died, and by this
manner he sent tofore him his wife and his daughter.
In this time the pope
Leo, which favoured heresy, called a counsel of bishops, but he sent not for
Saint Hilary that he should come thereto, notwithstanding Saint Hilary came
thither. When the pope saw him come, he commanded that no man should arise
against him, ne give him no place. Then said the pope to him: Thou art Hilary
the cock, and not the son of an hen. And Hilary answered: I am Hilary and no
cock, but a bishop in Gallia that is in France. Then said the pope, Thou art
Hilary Gallus, and I am Leo of the Papal See, Judge. To whom Hilary said: If
thou be Leo yet art thou not of the Tribe of Judah. Then the pope had great
indignation and said to him: Abide thou a little, and I shall pay to thee thine
hire; and Saint Hilary answered: And if thou come not again who shall pay me
for thee? And the pope answered: I shall come again and shall beat down thy
pride. Then the pope went down into the low chamber for to ease him, and by the
conduit of his nether part voided out all the entrails of his body, and so died
suddenly. Thus then as he abode the pope Saint Hilary found no place to sit on,
ne none would remove to make him place, and when he saw that, he said: Domini
est terra, the earth longeth to our Lord, and sat down upon the earth, and the
earth arose up by miracle by the will of our Lord, in such wise that he sat as
high as the other, and anon after, word came that the pope was dead. Then Saint
Hilary confirmed all the other bishops that were there in the faith, and so
confirmed, each went in to his country.
In the end, when Saint
Hilary had impetred of God many miracles to be showed by his prayer, he became
sick, and saw his death approach. Then he called to him one of his chaplains
whom he much loved and said to him: Go thou out and bring to me word what thou
hearest. When he had been long without, he came in and told to Saint Hilary that
he had heard a great noise in the city; and when it was midnight he sent his
chaplain again to hearken as he had done tofore; and when he came again in to
the chamber for to tell that he had heard nothing, a great clear light entered
in, that the priest might
not behold it. And when the light departed Saint Hilary died, that was the year
of grace three hundred and forty, let us pray to him that he pray for us. Amen
SOURCE : https://catholicsaints.info/golden-legend-life-of-hilary/
Sant' Ilario di Poitiers Vescovo
e dottore della Chiesa
- Memoria
Facoltativa
Poitiers, Francia, 315? –
367
Ilario, nato a Poitiers,
in Francia, intorno al 315, era un pagano che cercò il senso della vita
dapprima nelle dottrine neoplatoniche, poi - dopo la lettura della Bibbia - nel
cristianesimo. Nobile proprietario terriero, sposato e con una bimba, poco dopo
il battesimo fu acclamato vescovo di Poitiers. Combatté l'eresia ariana
attraverso le sue opere, la più famosa delle quali è il 'De Trinitate".
Approfondì gli studi anche durante sei anni di esilio. Tornato in sede ebbe
come collaboratore il futuro vescovo di Tours, san Martino. Morì nel 367. Pio
IX lo ha proclamato Dottore della Chiesa. (Avvenire)
Etimologia: Ilario =
gaio, allegro, dal latino
Emblema: Bastone
pastorale
Martirologio Romano: Sant’Ilario,
vescovo e dottore della Chiesa: elevato alla sede di Poitiers in Aquitania, in
Francia, sotto l’imperatore Costanzo seguace dell’eresia ariana, difese
strenuamente con i suoi scritti la fede nicena sulla Trinità e sulla divinità di
Cristo e fu per questo relegato per quattro anni in Frigia; compose anche
celeberrimi Commenti ai Salmi e al Vangelo di Matteo.
Ci fu un tempo nel quale la maggior parte degli uomini di Chiesa persero la Fede, pensavano di essere cattolici, ma, in realtà, seguivano gravi errori teologici, perciò il loro credo era corrotto e deviato.
Per ben due secoli, dal IV al VII, l’eresia ariana imperversò sia in Oriente che in Occidente: elaborata dal monaco e teologo Ario, questa teoria sosteneva che la natura divina di Gesù fosse sostanzialmente inferiore a quella del Padre e che il Verbo di Dio non fosse eterno e increato. Sebbene Ario fosse stato scomunicato e la sua dottrina condannata, l’arianesimo resistette a lungo, tanto da diventare religione ufficiale dell’Impero romano durante il regno di Costanzo II. «Tutto l’orbe gemette riconoscendosi con stupore ariano» scrisse san Girolamo: l’errore, come il peccato, fa sempre gemere.
Errori e peccati, oggi, sono disseminati ovunque, anche nella Chiesa; ciò non permette la quiete né nella vita naturale, né tantomeno nella vita spirituale. Come allora si negava la totale divinità di Cristo, oggi si nega che la Trinità sia l’unico vero Dio per tutte le genti, cercando di unirle non nella Chiesa cattolica, ma in un’utopica alleanza di religioni diverse.
Il 13 gennaio sarà ricordato un Santo e Dottore della Chiesa che fu essenziale, insieme ad alcuni suoi confratelli nell’episcopato, per il ristabilimento dell’ordine nel pensiero teologico e per il ritorno alla Verità: sant’Ilario di Poitiers (310ca.‒ 367), paladino della Tradizione contro l’Arianesimo. Persino papa Liberio, per accondiscendere al potere politico dell’Imperatore Costanzo, spalleggiò gli ariani. Obiettivo di Costanzo fu quello di unire l’Impero sotto il pensiero ariano, ma gli ostacoli si chiamavano Sant’Atanasio in Oriente e Sant’Ilario in Occidente: il Vescovo di Alessandria e il Vescovo di Poitiers vi si opposero con forza e determinazione, ma con la mitezza della carità e della santità.
Disse Benedetto XVI nell’udienza generale del 10 ottobre del 2007: «Alcuni autori antichi pensano che questa svolta antiariana dell’episcopato della Gallia sia stata in larga parte dovuta alla fortezza e alla mansuetudine del Vescovo di Poitiers. Questo era appunto il suo dono: coniugare fortezza nella fede e mansuetudine nel rapporto interpersonale».
Questo europeo, Padre della Chiesa, fu un Defensor fidei di immenso coraggio e di perfetta coerenza e consacrò la sua vita per proteggere e salvare la Fede nella divinità di Gesù Cristo, Figlio di Dio e Dio come il Padre, che lo ha generato fin dall’eternità. Scarne le notizie sulla sua esistenza, abbondanti le opere teologiche che ha consegnato alla Chiesa e alla storia. Di famiglia aristocratica gallo-romana e pagana, ricevette una solida formazione letteraria, si sposò ed ebbe una figlia di nome Abra. Appassionato della ricerca filosofica, scoprì il Cristianesimo e si convertì. Venne acclamato vescovo di Poitiers fra il 353 e il 354 e prese sotto la sua protezione san Martino, futuro vescovo di Tours.
Fra i suoi molteplici scritti troviamo il Commento al Vangelo di Matteo: il più antico in lingua latina. Nel 356 assistette al sinodo di Béziers, nel sud della Francia, il «sinodo dei falsi apostoli», come egli stesso lo chiamò, perché capeggiato dai vescovi filo ariani, i quali chiesero all’Imperatore la condanna all’esilio del vescovo Ilario. Nell’estate di quell’anno fu costretto a partire per la Frigia (nell’attuale Turchia), dominata dall’Arianesimo. Tuttavia egli riuscì a resistere e anche qui cercò di ristabilire l’unità della Chiesa sulla base della retta Fede formulata dal Concilio di Nicea (325).
Con questa intenzione scrisse la sua opera dogmatica più celebre: De Trinitate.
Tornato in patria (360 o 361), l’influsso del suo magistero si estese ben oltre
i confini della Gallia, in tutto l’Impero: Sant’Ilario fu un cristiano che non
si inchinò al potere del mondo, ma al Regno di Dio.
Autore: Cristina Siccardi
Sant'Ilario, Fognano, Parma
Questo Padre e Dottore della Chiesa nacque a Poitiers, nell'Aquitania, verso il 315, da una distinta famiglia pagana, che gli fece impartire una solida educazione letteraria e filosofica a base neoplatonica. S. Ilario stesso nel trattato De Trinitate l'espone come, agitato dal problema del nostro destino, non ne abbia trovato una risposta soddisfacente nella filosofia pagana, ma soltanto nel prologo del Vangelo di S. Giovanni, in cui è detto che il Verbo disceso dal cielo dona a coloro che lo ricevono il potere di diventare figli di Dio.
Ilario era adulto quando ricevette il battesimo, sposato e padre di una figlia, Abra. Non è improbabile che per la sua vita austera e ferventissima il vescovo della città lo abbia aggregato alla sua chiesa con qualche ordine sacro. È certo però che quando morì, Ilario gli successe nell'episcopato e si sforzò di praticare quanto scriverà più tardi: "La santità senza la scienza non può essere utile che a se stessa. Quando si insegna, occorre che la scienza fornisca un alimento alla parola e che la virtù serva di ornamento alla scienza" (De Trinitate, VIII, l). Attratto dalla fama di lui S. Martino, lasciata, la milizia, venne a mettersi alla scuola acconsentendo a lasciarsi ordinare esorcista.
"Il Santo pastore fu ben presto spinto dalle circostanze a lottare tanto strenuamente contro l'arianesimo da essere considerato l'Atanasio dell'Occidente". Molti vescovi non accettavano la dottrina di Nicea (325) della consustanzialità del Figlio di Dio con il Padre, preferendo insegnare che gli era soltanto simile. Costanzo, figlio di Costantino, pretendeva di fare accettare le loro idee da tutto l'impero, pena l'esilio. Per la difesa dell'ortodossia S. Ilario convocò forse a Parigi nel 355, un'assemblea che scomunicò Valente e Ursacio, ambiziosi vescovi di corte, persecutori di Atanasio, e Saturnino, primate di Arles. che aveva condiviso le loro violenze. Costui e i suoi complici, imbaldanziti dall'indifferenza con cui Giuliano, governatore della Gallia, trattava le dispute dei teologi, si riunirono a Béziers. Per ordine di Costanzo, Ilario dovette prendervi parte, ma avendo ricusato di aderire alla politica religiosa dell'imperatore, fu deportato nel 356 nella Frigia. I vescovi della Gallia, in maggioranza ortodossi, non vollero che un intruso s'impadronisse della sede di Poitiers. Durante il suo esilio S. Ilario poté, difatti, con lettere dirigere la sua chiesa.
Nell'Asia Minore non rimase ozioso. Approfittò del tempo per comporre il suo capolavoro, De Trinitate in 12 libri, per studiare a fondo i problemi dell'oriente con larghezza di vedute, e cercare di ricondurre gli erranti alla fede nicena. "Non ho considerato come un delitto, dirà più tardi, di aver avuto colloqui con loro, anzi, pur rifiutando loro la comunione, di entrare nelle loro case di preghiera e di sperare ciò che si doveva attendere da loro per il bene della pace, allorché aprivamo loro una via al riscatto dei loro errori mediante la penitenza, un ricorso a Cristo mediante l'abbandono dell'anticristo". (Adv. Costant. 2). La stessa sollecitudine per la conciliazione manifesterà nel De Synodis, libro scritto per informare i vescovi della Gallia riguardo alle varie professioni di fede degli orientali.
Il suo esilio durava da quattro anni, quando, nel 359, Costanzo convocò un concilio a Rimini per gli occidentali, e un altro a Seleucia, nell'Isauria, per gli orientali. Ilario vi fu accolto favorevolmente e poté esporre la fede nicena, ma la concordia non fu raggiunta per il malanimo di molti. Dopo il sinodo il santo si portò a Costantinopoli per ottenere da Costanzo il permesso di discutere pubblicamente con Saturnino che era stato la causa del suo esilio, e di comparire nel concilio che si teneva allora nella città imperiale per potervi difendere la fede ortodossa sull'autorità delle Sacre Scritture. Per tutta risposta Costanzo lo rimandò a Poitiers sobillato dagli ariani, i quali, per sbarazzarsi dello scomodo avversario, glielo avevano dipinto "come seminatore di discordia e perturbatore dell'oriente".
A Poitiers Ilario fu accolto in trionfo. Appena seppe del suo ritorno, S. Martino lo raggiunse dal suo ritiro nell'isola Gallinaria (Albenga), e sotto la direzione del suo maestro fondò a Ligugé il più antico monastero della Gallia onde neutralizzare in parte almeno i tristi effetti della eresia.
Ilario ogni tanto andava a visitare i cenobiti per seguire le loro regole e prendere parte ai loro canti. È risaputo che fu egli il primo compositore di inni dell'occidente nell'intento di contrapporsi all'attività poetica degli ariani.
La situazione politica intanto era notevolmente cambiata dal mese di maggio 360, quando i soldati di stanza a Parigi avevano gridato imperatore Giuliano. Ilario ne approfittò con decisione e moderazione per radunare sinodi provinciali, onde confermare nell'ortodossia i vescovi rimasti fedeli, e richiamarvi quelli che avevano sottoscritto per ignoranza o timore formule erronee o compromettenti, come quella del concilio di Rimini. La deposizione di Saturnino di Arles e di Paterno di Périgueux segnò la disfatta dell'arianesimo nell'occidente. La morte di Costanzo (+361) diede un colpo decisivo alla supremazia ariana in Oriente, perché i vescovi furono richiamati dall'esilio, e l'anno dopo S. Atanasio potè radunare ad Alessandria il celebre "concilio dei confessori" e adottare con successo la moderazione del vescovo di Poitiers.
S. Ilario insieme con S. Eusebio, vescovo di Vercelli, combatté pure per due anni l'arianesimo in Italia, e tentò di cacciare dalla sede di Milano, Aussenzio, che il concilio di Parigi del 361 aveva anatematizzato. Questi, nel 364, appellò all'imperatore Valentiniano, allegando i decreti del concilio di Rimini da lui fatti sottoscrivere da tanti vescovi, e accusando i suoi avversari di turbare la pace religiosa. Queste considerazioni impressionarono l'imperatore il quale mantenne Aussenzio nella sua sede, soddisfatto di una professione di fede equivoca che costui aveva fatto alla presenza di dieci vescovi e di alti funzionari. S. Ilario, ricevuto l'ordine di lasciare Milano, scrisse il suo Contra Auxentium per smascherare le ipocrite reticenze di lui e mantenere l'integrità della fede tra il popolo.
Ritiratesi nella sua diocesi, il santo poté dedicarsi ai suoi studi prediletti e al commento dei Salmi, finché lo colse la morte il 1-11-367. Le sue reliquie nel 1562 furono bruciate dagli ugonotti. Pio IX nel 1851 lo proclamò Dottore della Chiesa.
Autore: Don Guido Pettinati
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/25700
Franz
Anton Koch. Statue of Saint Hilaire of Poitier. Altar of Saint John (1742),
St.Michael parish church in Mondsee, Upper Austria -
Franz
Anton Koch. Statue des heiligen Hilarius von Poitier, Johannes-Altar (1742),
Pfarrkirche St.Michael in Mondsee, Oberösterreich
BENEDETTO XVI
UDIENZA GENERALE
Piazza San Pietro
Mercoledì, 10 ottobre
2007
Sant’Ilario di Poitiers
Cari fratelli e sorelle,
oggi vorrei parlare di un
grande Padre della Chiesa di Occidente, sant’Ilario di Poitiers, una delle
grandi figure di Vescovi del IV secolo. Nel confronto con gli ariani, che
consideravano il Figlio di Dio Gesù una creatura, sia pure eccellente, ma solo
creatura, Ilario ha consacrato tutta la sua vita alla difesa della fede nella
divinità di Gesù Cristo, Figlio di Dio e Dio come il Padre, che lo ha generato
fin dall’eternità.
Non disponiamo di dati
sicuri sulla maggior parte della vita di Ilario. Le fonti antiche dicono che
nacque a Poitiers, probabilmente verso l’anno 310. Di famiglia agiata,
ricevette una solida formazione letteraria, ben riconoscibile nei suoi scritti.
Non sembra che sia cresciuto in un ambiente cristiano. Egli stesso ci parla di
un cammino di ricerca della verità, che lo condusse man mano al riconoscimento
del Dio creatore e del Dio incarnato, morto per darci la vita eterna.
Battezzato verso il 345, fu eletto Vescovo della sua città natale intorno al
353-354. Negli anni successivi Ilario scrisse la sua prima opera,
il Commento al Vangelo di Matteo. Si tratta del più antico commento in
lingua latina che ci sia pervenuto di questo Vangelo. Nel 356 Ilario assiste
come Vescovo al sinodo di Béziers, nel sud della Francia, il «sinodo dei falsi
apostoli», come egli stesso lo chiama, dal momento che l’assemblea fu dominata
dai Vescovi filoariani, che negavano la divinità di Gesù Cristo. Questi «falsi
apostoli» chiesero all’imperatore Costanzo la condanna all’esilio del Vescovo
di Poitiers. Così Ilario fu costretto a lasciare la Gallia durante l’estate del
356.
Esiliato in Frigia,
nell’attuale Turchia, Ilario si trovò a contatto con un contesto religioso
totalmente dominato dall’arianesimo. Anche lì la sua sollecitudine di Pastore
lo spinse a lavorare strenuamente per il ristabilimento dell’unità della
Chiesa, sulla base della retta fede formulata dal Concilio di Nicea. A questo
scopo egli avviò la stesura della sua opera dogmatica più importante e
conosciuta: La Trinità. In essa Ilario espone il suo personale
cammino verso la conoscenza di Dio e si preoccupa di mostrare che la Scrittura
attesta chiaramente la divinità del Figlio e la sua uguaglianza con il Padre,
non soltanto nel Nuovo Testamento, ma anche in molte pagine dell’Antico, in cui
già appare il mistero di Cristo. Di fronte agli ariani egli insiste sulla
verità dei nomi di Padre e di Figlio e sviluppa tutta la sua teologia
trinitaria partendo dalla formula del Battesimo donataci dal Signore stesso:
«Nel nome del Padre e del Figlio e dello Spirito Santo».
Il Padre e il Figlio sono
della stessa natura. E se alcuni passi del Nuovo Testamento potrebbero far
pensare che il Figlio sia inferiore al Padre, Ilario offre regole precise per
evitare interpretazioni fuorvianti: alcuni testi della Scrittura parlano di
Gesù come Dio, altri invece mettono in risalto la sua umanità. Alcuni si
riferiscono a Lui nella sua preesistenza presso il Padre; altri prendono in
considerazione lo stato di abbassamento (kénosis), la sua discesa fino
alla morte; altri, infine, lo contemplano nella gloria della risurrezione.
Negli anni del suo esilio Ilario scrisse anche il Libro dei
Sinodi, nel quale riproduce e commenta per i suoi confratelli Vescovi
della Gallia le confessioni di fede e altri documenti dei sinodi riuniti in
Oriente intorno alla metà del IV secolo. Sempre fermo nell’opposizione agli
ariani radicali, sant’Ilario mostra uno spirito conciliante nei confronti di
coloro che accettavano di confessare che il Figlio era somigliante al
Padre nell’essenza, naturalmente cercando di condurli verso la piena fede,
secondo la quale non vi è soltanto una somiglianza, ma una vera uguaglianza del
Padre e del Figlio nella divinità. Anche questo mi sembra caratteristico: lo
spirito di conciliazione che cerca di comprendere quelli che ancora non sono
arrivati e li aiuta, con grande intelligenza teologica, a giungere alla piena
fede nella divinità vera del Signore Gesù Cristo.
Nel 360 o nel 361 Ilario
poté finalmente tornare dall’esilio in patria e subito riprese l’attività
pastorale nella sua Chiesa, ma l’influsso del suo magistero si estese di fatto
ben oltre i confini di essa. Un sinodo celebrato a Parigi nel 360 o nel 361
riprende il linguaggio del Concilio di Nicea. Alcuni autori antichi pensano che
questa svolta antiariana dell’episcopato della Gallia sia stata in larga parte
dovuta alla fortezza e alla mansuetudine del Vescovo di Poitiers. Questo era
appunto il suo dono: coniugare fortezza nella fede e mansuetudine nel rapporto
interpersonale. Negli ultimi anni di vita egli compose ancora i Trattati
sui Salmi, un commento a cinquantotto Salmi, interpretati secondo il principio
evidenziato nell’introduzione dell’opera: «Non c’è dubbio che tutte le cose che
si dicono nei Salmi si devono intendere secondo l’annunzio evangelico, in modo
che, qualunque sia la voce con cui lo spirito profetico ha parlato, tutto sia
comunque riferito alla conoscenza della venuta del Signore nostro Gesù Cristo,
alla sua incarnazione, passione e regno, e alla gloria e potenza della nostra
risurrezione» (Istruzione sui Salmi 5). Egli vede in tutti i Salmi questa
trasparenza del mistero di Cristo e del suo Corpo, che è la Chiesa. In diverse
occasioni Ilario si incontrò con san Martino: proprio vicino a Poitiers il
futuro Vescovo di Tours fondò un monastero, che esiste ancor oggi. Ilario morì
nel 367. La sua memoria liturgica si celebra il 13 gennaio. Nel 1851 il beato
Pio IX lo proclamò Dottore della Chiesa.
Per riassumere
l’essenziale della sua dottrina, vorrei dire che Ilario trova il punto di
partenza della sua riflessione teologica nella fede battesimale. Nel De
Trinitate Ilario scrive: Gesù «ha comandato di battezzare nel nome del
Padre e del Figlio e dello Spirito Santo (cfr Mt 28,19), cioè
nella confessione dell’Autore, dell’Unigenito e del Dono. Uno solo è l’Autore
di tutte le cose, perché uno solo è Dio Padre, dal quale tutto procede. E
uno solo il Signore nostro Gesù Cristo, mediante il quale tutto fu
fatto (1 Cor 8,6), e uno solo è lo Spirito (Ef 4,4), dono
in tutti ... In nulla potrà essere trovata mancante una pienezza così grande,
in cui convergono nel Padre, nel Figlio e nello Spirito Santo l’immensità
nell’Eterno, la rivelazione nell’Immagine, la gioia nel Dono» (2,1). Dio
Padre, essendo tutto amore, è capace di comunicare in pienezza la sua divinità
al Figlio. Trovo particolarmente bella la seguente formula di sant’Ilario: «Dio
non sa essere altro se non amore, non sa essere altro se non Padre. E chi ama
non è invidioso, e chi è Padre lo è nella sua totalità. Questo nome non ammette
compromessi, quasi che Dio sia padre in certi aspetti, e in altri non lo sia»
(ibid., 9,61).
Per questo il Figlio è
pienamente Dio senza alcuna mancanza o diminuzione: «Colui che viene dal
perfetto è perfetto, perché chi ha tutto, gli ha dato tutto» (ibid.,
2,8). Soltanto in Cristo, Figlio di Dio e Figlio dell’uomo, trova salvezza
l’umanità. Assumendo la natura umana, Egli ha unito a sé ogni uomo, «si è fatto
la carne di tutti noi» (Trattato sui Salmi 54,9); «ha assunto in sé la
natura di ogni carne e, divenuto per mezzo di essa la vite vera, ha in sé la
radice di ogni tralcio» (ibid., 51,16). Proprio per questo il cammino
verso Cristo è aperto a tutti – perché egli ha attirato tutti nel suo essere
uomo –, anche se è richiesta sempre la conversione personale: «Mediante la
relazione con la sua carne, l’accesso a Cristo è aperto a tutti, a patto che si
spoglino dell’uomo vecchio (cfr Ef 4,22) e lo inchiodino alla sua
croce (cfr Col 2,14); a patto che abbandonino le opere di prima e si
convertano, per essere sepolti con Lui nel suo Battesimo, in vista della vita
(cfr Col 1,12; Rm 6,4)» (ibid., 91,9).
La fedeltà a Dio è un
dono della sua grazia. Perciò sant’Ilario chiede, alla fine del suo trattato
sulla Trinità, di potersi mantenere sempre fedele alla fede del Battesimo. E’
una caratteristica di questo libro: la riflessione si trasforma in preghiera e
la preghiera ritorna riflessione. Tutto il libro è un dialogo con Dio.
Vorrei concludere l’odierna catechesi con una di queste preghiere, che diviene così anche preghiera nostra: «Fa’, o Signore – recita Ilario in modo ispirato – che io mi mantenga sempre fedele a ciò che ho professato nel Simbolo della mia rigenerazione, quando sono stato battezzato nel Padre, nel Figlio e nello Spirito Santo. Che io adori te, nostro Padre, e insieme con te il tuo Figlio; che io meriti il tuo Spirito Santo, il quale procede da te mediante il tuo Unigenito... Amen» (La Trinità 12,57).
Saluti:
Je suis heureux
d'accueillir ce matin les pèlerins francophones, en particulier le groupe du
journal Pèlerin,accompagné par le Cardinal Panafieu, à l'occasion du cent
vingt-cinquième anniversaire des pèlerinages en Terre Sainte organisés par les
Pères Assomptionnistes. Je salue aussi les pèlerins de Lyon, avec leur
archevêque, le Cardinal Barbarin, et son auxiliaire Mgr Giraud, ainsi que les
missionnaires brésiliens accompagnés par Mgr Rey, Évêque de Fréjus-Toulon. Je
souhaite que, suivant l'enseignement de saint Hilaire de Poitiers, vous
puissiez toujours vivre dans la fidélité à la foi de votre Baptême. Avec ma
Bénédiction apostolique.
I welcome all the English
speaking visitors present today, including members of the Congregation of Holy
Cross, participants in the Nato Defence College Senior Course, and the student
groups from Scotland and Denmark May your time in Rome be one of spiritual
renewal. Upon all of you I invoke God’s abundant blessings of joy and peace.
Mit Freude grüße ich alle
Pilger und Besucher deutscher Sprache; unter ihnen die Seminaristen des Bistums
Würzburg mit ihrem Bischof Friedhelm Hofmann, Gäste des Collegium
Germanicum et Hungaricum, die jungen Musiker von der Humboldt-Universität
Berlin mit ihren Gästen und Förderern, die anläßlich der Aufführung der
Messe Tu es Petrus nach Rom gekommen sind, sowie die Schulgemeinschaft
des Mariengymnasiums Warendorf. Liebe Freunde, der Besuch der Gräber der
Apostel hier in Rom erneuere und stärke euch im Glauben an den Dreifaltigen
Gott. Dazu schenke euch und uns allen der Herr seine Gnade.
Saludo cordialmente a los
visitantes de lengua española. En particular, a los distintos grupos venidos de
España, México, Colombia y otros países latinoamericanos. Siguiendo la
enseñanza y el ejemplo de san Hilario de Poitiers, pidamos también para
nosotros la gracia de permanecer siempre fieles a la fe recibida en el
bautismo, y testimoniar con alegría y convicción nuestro amor a Dios Padre,
Hijo y Espíritu Santo. Muchas gracias.
A minha saudação amiga
para todos os peregrinos de língua portuguesa, nomeadamente o grupo de São
Salvador da Bahia e as Irmãs de Santa Elizabete de Fortaleza: Viestes a Roma
venerar as memórias dos Apóstolos e dos Mártires meditando sobre o fim glorioso
do seu combate por Cristo, a fim de receberdes a mesma força do Espírito para
idênticas batalhas em prol do Evangelho no meio onde o Pai do Céu vos colocou.
Sobre vós, vossas famílias e comunidades, desça a minha Bênção Apostólica.
Saluto in lingua ceca:
Srdečně vítám poutníky z
Dalečína a okolí! V tomto měsíci říjnu, zasvěceném svatému růženci, vás vybízím
k novému ocenění společenství s Pannou Marií, právě prostřednictvím této
vznešené modlitby. K tomu vám rád žehnám! Chvála Kristu!
Traduzione italiana:
Do il mio cordiale
benvenuto ai pellegrini di Dalečín e dintorni! In questo mese di ottobre,
dedicato al Santo Rosario, vi esorto a riscoprire la comunione con la Vergine
Maria, per mezzo di questa nobile preghiera. Con tali voti, volentieri vi
benedico. Sia lodato Gesù Cristo!
Saluto in lingua croata:
S radošću pozdravljam sve
hrvatske hodočasnike, a posebno katedralni zbor iz Đakova, vjernike Hrvatske
Katoličke Misije u Švicarskoj te skupinu iz Mostara. Neka vas molitva svete
krunice još više učvrsti u vjeri, nadi i ljubavi. Hvaljen Isus i Marija!
Traduzione italiana:
Con gioia saluto i
pellegrini croati, particolarmente il coro della cattedrale di Đakovo, i fedeli
della Missione Cattolica Croata nella Svizzera ed il gruppo di Mostar. La
preghiera del santo rosario vi rinsaldi ancor di più nella fede, nella speranza
e nell’amore. Siano lodati Gesù e Maria!
Saluto in lingua polacca:
Witam obecnych tu
Polaków. Hilary z Poitiers wzywa nas, abyśmy umacniali się w wierze w Boga Ojca
i Syna, i Ducha Świętego. Wiara jest łaską, a ożywia ją modlitwa i świadectwo.
Ufam, że nawiedzenie grobów apostolskich będzie dla wszystkich owocnym czasem
odnawiania wiary. Niech Bóg wam błogosławi.
Traduzione italiana:
Saluto i polacchi qui
presenti. Ilario di Poitiers ci invita a fortificare la nostra fede in Dio
Padre, Figlio e Spirito Santo. La fede è una grazia, e la ravviva la preghiera
e la testimonianza. Spero che la visita alle tombe degli Apostoli sia per tutti
un fruttuoso tempo di rinnovamento della fede. Dio vi benedica.
Saluto in lingua
slovacca:
S láskou vítam
slovenských pútnikov zo Spiša. Bratia a sestry, modlitba ruženca je modlitba
spoločenstva. Vytvárajte a posilňujte aj vy toto spoločenstvo modlitby s
Kristom, jeho Matkou i medzi sebou navzájom. Matka Ružencová nech vám v tom
pomáha. S týmto želaním zo srdca žehnám vás i vašich drahých. Pochválený buď
Ježiš Kristus!
Traduzione italiana:
Con affetto do un
benvenuto ai pellegrini slovacchi provenienti da Spiš. Fratelli e sorelle, la
preghiera del Rosario è preghiera di comunione. Create e rafforzate anche voi
questa comunione della preghiera con Cristo e la sua Madre e con i fratelli. Vi
aiuti in ciò la Madonna del Rosario. Con questo augurio benedico voi ed i
vostri cari. Sia lodato Gesù Cristo!
Saluto in lingua ungherese:
Isten hozta a magyar
zarándokokat, különösen is a hercegszántói és székelyudvarhelyi híveket!
Szeretettel köszöntelek titeket! A minap ünnepeltétek Magyarok Nagyasszonya
ünnepét. Az Ő közbenjárását kérve szívesen adom rátok és családjaitokra apostoli
áldásomat. Dicsértessék a Jézus Krisztus!
Traduzione italiana:
Saluto cordialmente i
pellegrini ungheresi, in particolare quelli provenienti da Hercegszántó e
Székelyudvarhely. L’altro giorno avete celebrato la festa della Magna
Domina Hungarorum. Chiedendo la Sua intercessione, di cuore imparto a voi ed
alle vostre famiglie la benedizione apostolica! Sia lodato Gesù Cristo!
* * *
Rivolgo un cordiale
benvenuto ai pellegrini di lingua italiana. In particolare saluto
le Figlie di San Giuseppe che in questi giorni hanno celebrato il
loro Capitolo Generale. Care sorelle, sull'esempio del vostro fondatore, il
Beato Clemente Marchisio, diffondete con rinnovato ardore l'amore per
l'Eucaristia, sacramento e vincolo di perfetta carità. Saluto i rappresentanti
della Famiglia Domenicana, giunti così numerosi in occasione dell'Ottavo
centenario della fondazione del primo monastero domenicano da parte di S.
Domenico. Cari amici, formulo voti che questa significativa circostanza
contribuisca ad infondere in voi rinnovato fervore spirituale per una generosa
testimonianza cristiana. Saluto inoltre la Delegazione del Centro sportivo
Italiano e dell'Associazione Calcio Ancona e li incoraggio ad operare
affinché il gioco del calcio diventi sempre più strumento di educazione ai
valori etici e spirituali della vita. Saluto altresì i fedeli provenienti
da San Salvatore Telesino ed invoco su tutti la continua assistenza
del Signore.
Saluto infine
i giovani, i malati e gli sposi novelli. Domani ricorre la
memoria liturgica del Beato Giovanni XXIII. La sua indimenticabile
testimonianza evangelica sostenga voi, cari giovani, nell'impegno di
quotidiana fedeltà a Cristo; incoraggi voi, cari ammalati, specialmente
voi cari piccoli amici dell'Istituto per la cura dei tumori di Milano, a seguire
pazientemente Gesù nel cammino della prova e della sofferenza; aiuti voi,
cari sposi novelli, a fare della vostra famiglia il luogo del costante
incontro con l'Amore di Dio e dei fratelli.
APPELLO
E’ in corso a Ravenna in
questi giorni la decima Sessione Plenaria della Commissione Mista
Internazionale per il dialogo teologico tra la Chiesa cattolica e la Chiesa
ortodossa nel suo insieme, che affronta un tema teologico di particolare
interesse ecumenico: “Conseguenze ecclesiologiche e canoniche della natura
sacramentale della Chiesa – Comunione ecclesiale, conciliarità e autorità”. Vi
chiedo di unirvi alla mia preghiera affinché questo importante incontro aiuti a
camminare verso la piena comunione tra cattolici e ortodossi, e si possa
giungere presto a condividere lo stesso Calice del Signore.
© Copyright 2007 -
Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/it/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20071010.html
Hilarius,
Stich 17. Jh. aus:http://www.phil-fak.uni-duesseldorf.de/philo/galerie/patristik/hilarius.htm
Hilarius
von Poitiers, geboren um 315 in Poitiers, seit 350 auch dort Bischof. Er
war der führende Gegner des Arianismus im lateinischen Westen und Anhänger des
Athanasius. Kaiser Constantius verbannte ihn 356 wegen dieser Anhängerschaft
als "Hochverräter" nach Kleinasien. Dort lernte Hilarius Griechisch
und konnte so nach seiner Rückkehr 359 nach Poitiers auch dem lateinischen
Westen den "Arrianischen Streit", bei dem es um die göttliche oder
menschliche Natur Jesu ging, verständlich machen. Er schrieb 12 Bücher "De
trinitate", exegetische Schriften zum Mathäusevangelium und zu den
Psalmen, sowie Streitschriften gegen Constantius und die Arrianer. Er war auch
der erste Dichter lateinischer Hymnen in der westlichen Kirche.
Werke in:
Migne: Patrologia Series Latina, Bände 9 und 10.
SOURCE :
https://www.phil-fak.uni-duesseldorf.de/philo/galerie/patristik/hilarius.html
Saint Hilaire de
Poitiers, Père et Docteur de l'église catholique (315- 367), Traité
des Mystères :
Adam
et Ève préfigure du Christ et de l'Église ;
La
création d'Ève type de la résurrection de la chair ;
CAÏN
ET ABEL; Première
interprétation spirituelle;
Le
crime de Caïn préfigure de la Passion;
LAMECH; La
prophétie de Lamech ; Interprétation
spirituelle;
SETH; NOÉ; Prophétie
sur la naissance de Noé. ; La
préfigure du Christ.;
Deuxième
et troisième mission de la colombe. ;
L'ivresse
de Noé type de la Passion du Christ.;
ABRAHAM; Les
noms d'Abraham et de Sarra.;
ISAAC; Rébecca
figure de l'Église.;
JACOB; Le
droit d'aînesse d'Ésaü préfigure de l'élection d'Israël.;
Bénédiction
de Jacob.; Sens
spirituel.; La
préfigure du peuple chrétien.;
MOÏSE; L'imitation.; Naissance
et sauvetage de Moïse.;
Moïse
préfigure du Christ dans son enfance et son adolescence.;
Le
buisson ardent.; Les
trois signes.; Encore
l'Imitation. ;
La
figure du bois.; Les
douze sources et soixante-dix palmiers.;
La
manne. :
http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Hilaire/mystere.htm
Église Saint-Hilaire de Brigueil-le-Chantre
Gustave Bardy. « Un humaniste chrétien : saint Hilaire de Poitiers », Revue d'histoire de l'Église de France Année 1941 111 pp. 5-25 : https://www.persee.fr/doc/rhef_0300-9505_1941_num_27_111_2911