lundi 28 janvier 2013

Saint PIERRE NOLASQUE (PEDRO NOLASCO), prêtre, fondateur de l'Ordre de Notre-Dame de la Merci et confesseur



Saint Pierre Nolasque

Fondateur de l'ordre de Notre-Dame-de-la-Merci (+ 1258)

Prêtre originaire du diocèse de Carcassonne, il fonda avec saint Raymond de Penyafort l'ordre de Notre-Dame-de-la-Merci, pour le rachat des captifs chrétiens, ses religieux se constituant eux-mêmes prisonniers à la place de leurs frères, quand ils n'avaient pas l'argent nécessaire pour les racheter.

'Saint Pierre Nolasque est toujours représenté vêtu de blanc, avec l’épée au côté, et tenant dans sa main une chaîne dont un maillon est ouvert, agenouillé à ses pieds, l’esclave libéré le remercie les mains jointes.'

les figures de la miséricorde dans l'Aude, diocèse de Carcassonne et Narbonne

À Barcelone en Catalogne, l'an 1256 ou 1258, saint Pierre Nolasque, prêtre. Avec saint Raymond de Penyafort et le roi d'Aragon Jacques Ier, il fonda l'ordre de Notre-Dame-de-la-Merci pour la rédemption des captifs, et dépensa avec énergie son activité et son zèle, au temps du pouvoir des infidèles, pour soulager les chrétiens du joug de l'esclavage.

Martyrologe romain

SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/522/Saint-Pierre-Nolasque.html

Saint Peter Nolasco. La Merced, Murcia.


Saint Pierre Nolasque

Prêtre, confesseur,

Cofondateur de l'Ordre de la Merci

(1189-1256)

Saint Pierre Nolasque naquit d'une illustre famille, près de Carcassonne, en France, à la fin du XIIe siècle. Il excella, toute sa vie, dans la pratique de la charité à l'égard du prochain. On raconte qu'en présage de cette vertu, lorsqu'il était encore au berceau, un essaim d'abeilles vint construire un rayon de miel dans sa main droite. Dès son adolescence il perdit ses parents.

L'hérésie des Albigeois ravageait alors le Midi de la France. Pour s'y soustraire, il vendit son patrimoine, et se retira en Espagne, où il était appelé par le roi Jacques d'Aragon. Il se rendit ensuite à Barcelone, et y consacra toute sa fortune au rachat des captifs enlevés sur mer par les Sarrasins. Mais le sacrifice de ses biens ne suffisait pas à sa charité. Il voulait encore se vendre lui-même pour délivrer ses frères et se charger de leurs chaînes. Dieu lui fit connaître combien ce désir Lui était agréable. Une nuit qu'il priait en songeant à la délivrance des captifs, la Sainte Vierge lui apparut et lui recommanda d'établir, en Son honneur, un Ordre religieux consacré à cette oeuvre de charité. Il s'empressa d'obéir à cet avertissement céleste, d'autant plus que le roi et Raymond de Pennafort avaient reçu en même temps la même révélation.

Il fonda l'Ordre de Notre-Dame de la Merci pour la Rédemption des Captifs. Le caractère particulier de cet Ordre, c'est qu'il joignait aux trois voeux ordinaires de Religion un quatrième voeu : celui de se livrer en gage aux païens, s'il en était besoin, pour la délivrance des chrétiens.

A cet exemple héroïque de charité il joignait celui de toutes les vertus. Favorisé du don de prophétie, il prédit au roi d'Aragon la conquête du royaume de Valence sur les Maures. Il était soutenu par de fréquentes apparitions de son Ange Gardien et de la Vierge Mère de Dieu.

Enfin, accablé par l'âge, le travail et la pénitence, il reçut l'avertissement de sa mort prochaine. Lorsqu'on lui eut administré les derniers sacrements, il exhorta encore ses frères à la charité envers les captifs. Puis, en disant ces paroles: "Le Seigneur a envoyé la Rédemption à Son peuple," il rendit son âme à Dieu, au milieu de la nuit de Noël, l'an 1256.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950

SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/saint_pierre_nolasque.html


Saint Pierre de Nolasque

À Barcelone, en Espagne, saint Pierre Nolasque, confesseur, qui s'endormit dans le Seigneur, le 25 de décembre. 1256.

Titre : Fondateur de l’Ordre de Notre-Dame de la Merci

Date : 1189-1259

Pape : Clément III ; Alexandre IV

Empereur : Henri VI ; Otton IV ; Frédéric II

En outre il se sentit si vivement touché de compassion pour les pauvres chrétiens qui, étant tombés par quelque mal­heur entre les mains des infidèles, gémissaient sous une si misérable servi­tude, qu’il se fût de bon cœur rendu de lui-même esclave pour en délivrer quelqu’un. Mais saint Raymond de Pennafort lui ayant fait modérer cette grande ferveur, il crut devoir au moins contribuer autant qu’il pourrait par ses biens et par des quêtes auprès de ses meilleurs amis, à un dessein si reli­gieux. Dans le but d’y mieux réussir, il engagea quelques personnes de sa connaissance à faire une sainte alliance sous le nom de Congrégation de la sainte Vierge, pour travailler à la rédemption des esclaves et à former un fonds d’aumônes qui serviraient à cet usage.

La Vie des Saints : Saint Pierre de Nolasque

Hagiographie

C’est ici un de ces illustres fondateurs de congrégation que la France a donné à l’Église. Il naquit au pays du Lauraguais, diocèse de Saint-Papoul, en un lieu appelé le Mas des Saintes Puelles, près de Castelnaudary, aujour­d’hui diocèse de Carcassonne, d’une des plus illustres familles de toute cette province. Le lieu appelé aujourd’hui Le Mas-Saintes-Puelles s’appelait Recaud avant que trois jeunes filles de Toulouse, fuyant la persécution, vins­sent s’y réfugier. Aussi a-t-on chanté jusqu’à l’introduction du rite romain (1854) au Mas-Saintes-Puelles, ces paroles d’un office approuvé spécialement pour cette paroisse par J. B. Marie de Maillé de la Tour Landry, dernier évêque de Saint-Papoul :

« Élève jusqu’aux cieux tes cantiques de fête, 0 peuple de Récaud ! »

Ses vertus précoces

N’est-il pas bien juste, en effet, de se réjouir, et l’Église tout entière ne se réjouit-elle pas en ce jour où elle célèbre le triomphe de l’un de ces hom­mes que l’Écriture appelle des hommes de miséricorde ? Jeune encore, Pierre Nolasque fit toujours paraître qu’il était né pour la miséricorde, et que cette vertu lui avait été donnée pour compagne dès le premier instant de son existence ; à peine pouvait-il regarder un pauvre sans verser des larmes de compassion. Son père, qui s’appelait Nolasque, étant décédé, il demeura, âgé de quinze ans, sous la conduite de sa mère. Elle eût bien souhaité, pour le soulagement de sa vieillesse, de lui voir vendre un parti sortable à sa condition. Mais Dieu, qui l’appelait à des choses plus grandes, lui mit dans l’esprit une forte pensée de ne s’attacher jamais à aucune créature mor­telle.

Il est chargé de l’éducation d’un prince espagnol

Cependant, le jeune Pierre s’engagea à la suite de Simon, comte de Montfort, général de la croisade catholique contre les Albigeois. Simon de Montfort gagna la fameuse bataille de Muret, contre les comtes de Tou­louse, de Foix, de Comminge, et Pierre, roi d’Aragon ; ce dernier y fut tué, et son fils Jacques fait prisonnier. Le vainqueur, qui avait été l’ami de Pierre d’Aragon, fut touché du malheur de son fils, âgé de six ans ; il en eut le plus grand soin, confia son éducation à Pierre Nolasque, et les envoya tous deux en Espagne.

Le Saint n’avait alors que vingt-cinq ans ; il vécut à la cour d’Aragon, à Barcelone, avec toute la régularité d’un religieux. Il s’acquitta de ses nobles fonctions avec le plus grand zèle, inspirant au jeune roi la piété envers Dieu et son Église, l’amour de la justice et de la vérité.

Sa sainte vie

Pour lui, loin des plaisirs de la cour, il vivait retiré dans un hôtel que le roi lui avait donné, sur la paroisse de Saint-Paul, après l’avoir naturalisé et incorporé à la noblesse de Catalogne. Il donnait à la prière, à l’étude des saintes Écritures et aux exer­cices de la pénitence, le temps qu’il n’était point obligé d’employer auprès de la personne du roi. Il avait quatre heures d’oraison marquées, savoir : deux le jour et deux la nuit.

Congrégation pour le rachat des captifs

En outre il se sentit si vivement touché de compassion pour les pauvres chrétiens qui, étant tombés par quelque mal­heur entre les mains des infidèles, gémissaient sous une si misérable servi­tude, qu’il se fût de bon cœur rendu de lui-même esclave pour en délivrer quelqu’un. Mais saint Raymond de Pennafort lui ayant fait modérer cette grande ferveur, il crut devoir au moins contribuer autant qu’il pourrait par ses biens et par des quêtes auprès de ses meilleurs amis, à un dessein si reli­gieux. Dans le but d’y mieux réussir, il engagea quelques personnes de sa connaissance à faire une sainte alliance sous le nom de Congrégation de la sainte Vierge, pour travailler à la rédemption des esclaves et à former un fonds d’aumônes qui serviraient à cet usage. Cependant, de si heureux com­mencements ne furent pas exempts des médisances du monde, qui a cou­tume de traverser les plus saintes entreprises des serviteurs de Dieu.

Visions Célestes

Mais celui qui en avait donné la première pensée au généreux Pierre, l’y voulut encore affermir par une vision céleste qu’il eut durant la prière ; car il lui sembla voir un olivier chargé de fleurs et de fruits au milieu de la cour d’une maison royale, et deux vénérables vieillards qui lui commandaient de s’as­seoir au pied de cet arbre afin de le garder. Il crut que cela se rapportait à la petite congrégation qu’il avait déjà érigée dans la cour du roi et qu’il dési­rait étendre par toute la chrétienté. Aussi, était-ce la vraie interprétation de cette vision.

ZurbaranLa Vision de la Vierge Marie, 1628-1634


Apparition de la Sainte Vierge

Une autre fois, le jour de la fête de Saint-Pierre-aux-Liens, la Sainte Vierge Marie lui apparut durant la nuit et dans la plus grande ferveur de son oraison, pour lui dire que c’était le bon plaisir de Dieu qu’il travaillât à l’établissement d’une congrégation, qui serait employée à la délivrance des captifs, sous le titre de Notre-Dame-de-la-Miséricorde, et qui ferait profession de retirer les fidèles, esclaves, des mains des barbares. Pierre, étonné de cette vision, prit la hardiesse de parler à Celle qu’il voyait et de lui dire :

« Qui êtes-vous, pour savoir si bien les secrets de Dieu ? Et qui suis-je, moi, pour remplir une si grande mission ? »

La Vierge lui répondit :

« Je suis Made, Mère de Dieu, qui ai porté le premier Rédempteur du monde, et qui veux avoir parmi les chrétiens une nouvelle famille qui fasse en quelque façon le même office pour l’amour de mon Fils en faveur de leurs frères captifs ».

Aussitôt Pierre, tout transporté de joie, s’en alla au palais pour informer le roi de ce qui s’était passé ; mais il fut encore plus consolé quand il apprit que ce prince avait été favorisé à la même heure d’une semblable vision, ainsi que saint Raymond de Pennafort, de l’Ordre de Saint-Dominique.

Pierre reçoit l'habit religieux

Le roi ayant fait appeler Bérenger de La Palu, évêque de Barcelone, et les principaux de son conseil, il fut arrêté que le jour de Saint-Laurent, l’habit de religieux serait donné à Nolasque, afin qu’il fût comme la première pierre de ce grand édifice. Ce fut donc en ce jour prescrit que le roi, suivi de saint Raymond, de notre Saint, de toute la cour et des échevins de la ville, se rendit en l’église de Sainte-Croix-de-Jérusalem, cathédrale de Bar­celone, où l’évêque avec le clergé le reçut à la porte, en chantant le Te Deum, et célébra la messe pontificale. Après l’Évangile, saint Raymond monta en chaire, et fit savoir au peuple la volonté de Dieu, révélée au roi, à Nolasque et à lui, touchant l’institution de l’Ordre de Notre-Dame-de-la­ Merci pour le rachat des captifs ; et après l’offrande, le roi et saint Raymond présentèrent le nouveau fondateur à l’évêque, qui, ayant béni la robe blanche, le scapulaire et les autres parties du nouvel habit religieux, en revêtit le bienheureux Pierre en présence de tout le peuple, et avec lui deux seigneurs de ceux qui avaient été ses premiers associés pour recueilli les aumônes destinées aux esclaves.

Caractère de ce nouvel institut

Ils firent les vœux solennels de religion et en ajoutèrent un quatrième, par lequel ils s’obligèrent d’engager leurs biens et leurs propres personnes, quand il serait nécessaire, pour la délivrance des prisonniers ; et c’est ce qui distingue cet Ordre des autres. Le roi, en témoignage de sa bienveillance, lui fit présent de ses armes, qui sont d’or à quatre pas de gueules, et l’évêque à son tour demanda qu’on lui permît d’y ajouter celles de l’église cathédrale, qui sont une croix d’argent de Saint-­Jean-de-Jérusalem, en champ de gueules ; afin que les armes royales étant, par ce moyen, unies à celles de la religion, fussent plus conformes à l’esprit de l’Institut, A l’issue de la messe, le roi prit le nouveau religieux et ses deux compagnons, et, suivi de l’évêque, de saint Raymond, de la noblesse et des échevins de la ville, il les conduisit en son palais, où il les mit en possession d’une partie des bâtiments qui devaient leur servir de premier logement : leurs successeurs en jouirent depuis.

Dieu, continuant de verser ses bénédictions sur ce nouvel Ordre, y atti­rait de jour en jour plusieurs personnes notables, qui, d’esclaves du monde, devenaient rédempteurs des captifs : et, comme le nombre des religieux commençait à croître, le bienheureux Pierre demanda au roi permission de choisir quelque place dans la ville pour bâtir un monastère ; l’église de Sainte-Eulalie, sur le bord de la mer, fut le lieu le plus convenable que l’on pût trouver.

Relation de Pierre avec le roi d'Aragon

Cependant, le roi d’Aragon ne diminuant rien de l’affection qu’il avait toujours eue pour son gouverneur, se fit faire un appartement auprès du couvent de la Merci, qui lui servirait de résidence ordinaire. Ainsi la vertu de ce bon religieux fut plus puissante pour attirer le roi de son palais au monastère, que le crédit du roi pour faire venir le religieux du cloître à la cour. Quoique ce prince, en effet, désirât qu’il lui tînt compagnie dans le voyage qu’il devait faire pour aller célébrer ses noces en la ville d’Agréda, il ne fut pas possible de lui faire abandonner sa cellule. Mais on remarque que ce qu’il avait refusé par modestie, il l’accepta une autre fois par cha­rité : des querelles entre Dom Nugier Sanchez, cousin germain du roi, et Dom Guillaume de Moncada, vicomte de Béarn, avaient tellement divisé l’Aragon et allumé une si grande guerre, que, le roi même, qui devait être juge de ces différends, était en danger de sa personne par l’artifice et par la violence des deux partis. Comme chacun d’eux voulait avoir le Saint de son côté, il vint vers le roi ; et, ayant reçu commission de Sa Majesté, il alla trouver les chefs des deux factions et négocia si prudemment cette affaire, qu’il contenta tout le monde et pourvut en même temps au soulagement du peuple. De plus, le roi étant comme prisonnier depuis trois semaines dans le château de Saragosse, le bienheureux Pierre s’y rendit, et, après avoir longtemps sollicité Dieu par ses prières, il traita l’affaire avec tant d’adresse, que le roi reçut la satisfaction qu’il désirait et eut moyen de retourner à Barcelone.

Pèlerinage à Manrèse

Après avoir donné ces preuves d’attachement à son prince, il en prit congé, pour aller en pèlerinage à Notre-Dame de Montserrat ; et, afin de satisfaire plus secrètement sa dévotion, il alla à Manrèse, comme s’il n’eût pas eu dessein de passer à Barcelone ; et, étant là, il se mit en l’état qu’il désirait et fit le voyage les pieds nus, après quoi il retourna en son monastère. Dès qu’il y fut arrivé, il assembla ses religieux et leur représenta que ce n’était pas assez pour la perfection de leur Ordre de racheter quelques captifs, comme ils faisaient, sans sortir des terres sujettes aux princes chrétiens, mais qu’il fallait aussi se transporter dans les pays infidèles, afin de retirer les agneaux de la gueule des loups et de délivrer les chrétiens leurs frères de la main de leurs ennemis. Comme ils n’y pouvaient aller tous ensemble, ils procédèrent à l’élection de ceux qui feraient les premiers ce voyage, et qui, pour ce sujet, furent appelés Rédempteurs.

Pierre à leur tête

Il fut lui-même nommé, afin, pour ainsi dire, qu’il rompît la glace et frayât le chemin aux autres. Et, regardant cette élection comme un com­mandement du ciel, il s’y disposa avec la diligence et la dévotion que l’on peut imaginer. Il entreprit donc ce voyage dans la résolution de n’employer pas seulement à la rédemption des fidèles les deniers qu’on avait amassés, mais aussi son sang et sa vie.

Ses rachats dans les royaumes de Valence

Il alla premièrement au royaume de Valence, occupé pour lors par les Sarrasins : bien loin d’y trouver le mépris que son humilité lui avait fait espérer, il n’y reçut que de l’honneur ; c’est pourquoi, après avoir exécuté son dessein avec presque tout l’avantage et toute la facilité qu’il pouvait désirer, il revint aussitôt à Barcelone, ramenant dans un humble triomphe un grand nombre de pauvres innocents, que le malheur avait réduits en servitude. Il ne fut pas plus tôt de retour, qu’il fit une nouvelle quête et partit une seconde fois pour aller au royaume de Grenade. Il retira des mains des infidèles, dans ces deux expéditions, environ quatre cents esclaves. Si sa cha­rité remplit les captifs de consolation, elle ne causa pas moins d’étonne­ment aux Barbares à qui il prêchait généreusement les vérités chrétiennes et les mystères de notre religion. C’est sans doute à cause de ce grand zèle que Dieu donna une telle bénédiction à ses travaux, qu’il acheva avec une merveilleuse facilitée tout ce qu’il entreprit.

Nolasque aurait bien souhaité de continuer ses charitables fonctions ; mais, comme le roi d’Aragon avait entrepris la conquête de Valence sur les Sarrasins, après leur avoir enlevé l’île de Majorque, l’an 1228, l’interdiction du commerce et les actes d’hostilité de part et d’autre contraignirent les Pères d’interrompre ce pieux-exercice durant quelques années.

Cependant, cela ne laissa pas d’être avantageux à la rédemption des captifs, soit par les victoires fréquentes et signalées que le roi d’Aragon remporta sur les infidèles, soit par la fondation de plusieurs monastères de la Merci qu’il érigea dans les terres conquises sur les ennemis. Le plus célèbre de tous fut fondé lorsque ayant gagné sur Zaen, roi des Maures de Valence, une grande victoire d’où suivit la prise de la montagne d’Unéza, le roi manda au bienheureux Pierre, qui était à Barcelone, de le venir trouver en diligence.

Monastère d’Unéza

Et, dès qu’il fut arrivé, il donna à son Ordre le château d’Unéza, en reconnaissance de la victoire qu’il avait plu à Dieu de lui faire remporter sur ces infidèles, et y fit bâtir un monastère et une église à l’honneur de Notre-Dame : en effet, devant le succès de ses armes à l’intercession de Marie, il était juste qu’il lui consacrât la gloire de ses conquêtes en lui érigeant ces illustres trophées.

Église de Sainte-Marie del Puche

Tandis que l’on travaillait aux fondements de cette nouvelle église que l’on nomme en Espagne Sainte-Marie del Puche, à cause du lieu, il arriva une chose digne de remarque : pendant quatre samedis, on vit paraître la nuit sept lumières brillantes comme des étoiles, qui, descendant du ciel à sept diverses fois, allaient se cacher sous la terre à l’endroit même où l’on creusait les fondations.

ZurbaranSaint Peter Nolasco Recovering the Image of the Virgin (Saint Pierre Nolasque et Jacques Ier de Castille), 1630, Cincinnati Art Museum


Image miraculeuse

On y prit garde et, en creusant plus avant, on trouva une cloche d’une prodigieuse grosseur, dans laquelle il y avait une très-belle image de Notre-Dame. Le bienheureux Pierre la reçut entre ses bras comme un riche don du ciel et lui fit dresser un autel au même endroit où elle fut trouvée ; et Dieu y a opéré, dès ce temps-là, de nombreux miracles.

Siège de Valence

Cette faveur céleste donna sujet au saint homme d’exhorter le roi à la poursuite du siège de Valence ; et, quoique le conseil fût d’avis contraire, néanmoins le prince se confia aux paroles de Nolasque, qui lui promettait le succès de la part de Dieu. Il continua le siège et emporta enfin la ville avec le secours du ciel et des armes de la noblesse française qui vint, sans être mandée, lui faire offre de ses services en une si sainte entreprise, où il y allait de la gloire de Dieu et de l’intérêt de la religion chrétienne.

Nouveau monastère

La première action du roi, après son entrée dans la ville, fut de faire consacrer, par l’évêque de Narbonne, la grande mosquée en église cathé­drale, sous le titre de Saint-André, et de donner aux religieux de la Merci une autre mosquée, où fut l’église et le monastère de l’Ordre. Notre Saint disposa cette maison et, après l’avoir remise entre les mains de quelques reli­gieux, il retourna à Barcelone ; il n’y fut pas longtemps sans faire les prépa­ratifs d’un troisième voyage pour une nouvelle rédemption.

Voyage à Alger

Comme il avait trouvé chez les Maures de Grenade et de Valence plus de douceur qu’il n’en désirait pour contenter son humilité, il résolut de tirer vers l’Afrique, et alla aborder à Alger, côte depuis longtemps oubliée des matelots européens, mais depuis fort fréquentée par les Pères de la Merci.

Il allait chercher les fidèles captifs dans les basses-fosses des Turcs, avec plus de soin et d’allégresse que les plus avares ne recherchent l’or dans les entrailles de la terre ou les perles dans le fond de la mer. Mais, tandis qu’il travaillait à délivrer les esclaves, les Turcs s’efforçaient de faire prisonniers ceux qui étaient libres. Un pirate, revenant de faire sa course, arriva à Alger avec une frégate remplie de chrétiens passagers, parmi lesquels il y avait une dame catalane nommée Thérèse de Vibaure : c’était une personne de haute qualité, accompagnée d’un de ses frères avec qui elle revenait de Rome recevoir de Sa Sainteté la conclusion d’un différend qu’elle avait avec le roi d’Aragon.

Lorsque le pirate arriva au port, les hurlements extraordi­naires de ces loups affamés firent bien juger au Père qu’ils avaient fait quel­que nouvelle prise : c’est pourquoi il s’y rendit promptement, et, décou­vrant ces pauvres prisonniers, il s’approcha d’eux afin de mêler ses larmes avec leurs soupirs et d’adoucir leur douleur en leur témoignant le chagrin qu’il en avait, et en offrant à chacun d’eux sa liberté et sa vie pour leur délivrance. Mais quand il aperçut Thérèse, qu’il avait vue peu d’années auparavant dans la prospérité, il lui promit toute sorte d’assistance, et alla aussitôt traiter du rachat de tous ces captifs avec le pirate qui les avait amenés. Celui-ci ne sachant pas les qualités de ses esclaves, les laissa à un prix médiocre et, en ayant reçu le paiement, il les mit entre les mains du Père. Un matelot ayant découvert la qualité de cette dame et de son frère, le chef des pirates se saisit de nouveau de leurs personnes ; et, comme s’il avait été trompé par le Père, il le traita injurieusement et le menaça même de le faire mourir. Saint Pierre, pour arrêter le bruit, augmenta la rançon ; et parce qu’il n’avait pas de quoi payer, il obtint du temps pour envoyer en Espagne chercher la somme nécessaire, à condition que les esclaves seraient mis en lieu de sûreté et qu’il aurait la liberté de les visiter. Il écrivit au roi d’Aragon, et les captifs écrivirent aussi à leurs parents ; mais la lon­gueur qu’on apporta à faire réponse et les incommodités de la servitude, insupportables à des personnes délicates, les portèrent à chercher leur liberté à l’insu du Père ; et un juif du pays les enleva secrètement une nuit et les fit passer quelques jours après en Espagne.

Le lendemain, les pirates, ne trouvant plus le meilleur de leur butin, se saisirent du bienheureux Père, sans autre information, le chargèrent d’in­jures et de coups, le mirent dans une basse-fosse et le firent comparaître en justice comme un voleur, un séducteur, un faussaire et le seul auteur de la fuite des esclaves. Le cadi ou juge, ne trouvant aucune preuve contre lui, n’osa le condamner ; mais lui, désirant souffrir et craignant que l’on ne fît quelque mauvais traitement aux autres captifs, s’offrit pour être esclave à la place des fugitifs ou de ceux qu’on voudrait, pendant que le religieux qui était en sa compagnie irait en chercher la rançon en Espagne.

Le pirate, avare et artificieux, voulant avoir de l’argent et se venger, aima mieux rete­nir en gage le religieux que le Père destinait à ce voyage et voulut que lui­-même se mît en mer pour aller chercher la rançon des autres. Il fit mettre sur mer deux barques nommées tartanes : dans l’une, qui faisait eau de tous côtés, il fit embarquer le Père, avec ordre aux matelots, dès qu’ils seraient en pleine mer, de l’abandonner sans voiles ni gouvernail, et qu’au retour ils feignissent que la tempête avait perdu le vaisseau où était le chrétien.

Traversée miraculeuse

Son ordre fut exécuté, mais non pas avec le succès qu’il prétendait, parce que Dieu voulut garantir du naufrage celui qui n’allait que sous la conduite de sa grâce. L’orage que les Turcs avaient choisi pour exercer leur fureur cessa : le calme revint. Dieu même servit de guide à la tartane, et le Père, faisant mât de son corps et voile de son manteau, à la faveur d’un vent pro­pice, traversa la mer et se rendit en peu d’heures aux côtes et enfin au port de Valence, au grand étonnement d’une infinité de monde qui le vit aborder. Dès qu’il fut débarqué, il alla rendre grâces à Dieu en l’église de Notre-­Dame del Puche, dont nous avons parlé ci-dessus ; il y fut suivi de tout le peuple, qui donna mille louanges à Dieu pour la merveille de ce succès et qui fit, sur l’heure, de grandes aumônes pour dégager au plus tôt le religieux et le reste des chrétiens captifs à Alger ; ils furent bientôt rachetés et amenés à Valence, où ce bienheureux Père les attendit et les reçut avec des ten­dresses que l’on ne peut exprimer par des paroles. Les religieux de Barce­lone, ayant appris l’admirable retour de leur saint Père, l’envoyèrent sup­plier de les venir consoler par sa présence qui leur était très-nécessaire : il y alla ; mais, s’il leur donna cette consolation, il en reçut aussi beaucoup de voir le zèle qu’ils avaient pour se sacrifier entièrement aux œuvres de cha­rité et chercher l’occasion du martyre. Quelque temps après, il assembla les principaux de l’Ordre pour se démettre de l’office de rédempteur, qu’on lui avait imposé, et procéder à l’élection d’un autre qui s’acquittât dignement de cette fonction : le sort tomba sur le P. Guillaume Bas.

Pierre cherche à vivre en simple religieux

Il voulut en même temps renoncer aussi à la charge de général pour vivre le reste de ses jours en simple religieux ; mais, quelque raison qu’il alléguât pour faire agréer son dessein, personne n’y voulut consentir. Tout ce qu’il put faire par ses prières et par ses larmes, ce fut d’obtenir enfin l’élection d’un vicaire général qui le soulagerait en ses visites et dans les autres fatigues de l’Ordre ; et ce fut le P. Pierre d’Amour. Ainsi Nolasque, se voyant un peu plus libre, s’appliqua avec un nouveau zèle aux plus humbles ministères de la communauté et reprit les premiers exercices du noviciat. Entre autres choses, il se plaisait extrêmement à distribuer les aumônes aux pauvres, à la porte du monastère, parce que, durant ce temps, il avait le moyen de leur faire part de l’aumône spirituelle et de les exhorter à la patience et à l’amour de Dieu.

Des visions lui apprennent les progrès de son ordre

Il était souvent favorisé de visions célestes par lesquelles Notre-Seigneur lui faisait connaître les progrès de son Ordre et la meilleure manière de conduire ses religieux. Un samedi, qu’il assistait avec les autres au salut qui se chante le soir dans l’église, il considérait tous ses religieux, et comme il lui semblait que le nombre en était petit, tout ravi, hors de lui, il dit d’une voix intelligible et accompagnée de soupirs et de larmes :

« Comment ! Sei­gneur, est-ce que vous serez avare envers votre mère, étant si libéral envers toutes vos créatures ? O Seigneur, si c’est mon insuffisance qui fait tarir la source de vos grâces, effacez du livre de vie ce serviteur inutile et donnez des enfants à la divine Marie ».

Alors, on entendit dans l’église une voix qui prononça ces paroles :

« Ne craignez pas, petit troupeau, parce qu’il a plu à votre Père de vous donner son royaume ».

Ces paroles remplirent les assis­tants d’étonnement et le Saint d’allégresse, et il eut bientôt la consolation de voir cette promesse accomplie par l’augmentation des religieux et des monastères qui furent fondés en plusieurs endroits de la chrétienté.

Francisco de Zurbarán  (1598–1664) , San Pietro apostolo appare a san Pietro Nolasco (prima metà del XVII secolo, 1629), olio su tela; 179 x 223, Madrid, Museo del Prado ; L'Apparition de saint Pierre à saint Pierre Nolasque (par Zurbaran).


L’apôtre saint Pierre apparaît à notre saint

Il avait toujours eu un extrême désir de faire le voyage de Rome pour y rendre ses vœux au sépulcre de saint Pierre, le prince des Apôtres, auquel il était très-dévot, parce qu’il en portait le nom. Cette dévotion se renouvela et même augmenta après l’établissement de son Ordre, et il résolu de faire le chemin les pieds nus. Un jour donc qu’il méditait sur cette entreprise, il entendit une voix qui lui dit par trois fois :

« Pierre, puisque tu n’es pas venu me voir, je te viens visiter ».

Et aussitôt il aperçut le prince des Apôtres au même état qu’il était quand il fut crucifié, qui lui dit : « Pierre, tous les bons désirs des justes ne doivent pas être accomplis en cette vie : j’ai voulu avoir la tête en bas à ma mort, pour faire connaître que les supérieurs doivent porter leur esprit et leur pensée aux nécessités de leurs infé­rieurs, à l’imitation de mon maître, qui, avant de mourir, porta sa tête à mes pieds afin de les laver ».

Pratique de mortifications

Depuis cette vision, il ne passait point de jour sans faire quelque dévo­tion particulière à saint Pierre ; ainsi il commandait à un religieux de le lier à une croix qui était au chevet de son lit, et passait des heures entières en la même posture qu’il avait vu cet apôtre. Ce qu’il pratiqua longtemps, jusqu’à ce que son père spirituel, s’apercevant que cette mortification portait un préjudice notable à sa santé, lui défendit de la continuer. Il avait une forte inclination pour la solitude ; c’est pourquoi il eût bien voulu passer le reste de ses jours au désert de Montserrat avec les autres ermites qui y vivaient, mais il en fut détourné par saint Raymond, son confesseur ; qui l’assura que Dieu l’appelait à autre chose : ce conseil de son père spirituel fut confirmé par une voix qui lui disait :

« Pierre, lève les yeux et regarde » ; et il vit des personnes de toutes sortes de conditions qui entraient en paradis.  

Il était si humble

Il était si humble qu’il s’appelait au bas de ses lettres tantôt Pierre de Nolasque, serviteur inutile ; quelquefois les balayures du monde ; d’autres fois le vrai néant. Et comme on lui remontra que ces titres semblaient ridicules, ou du moins peu décents à sa dignité, il répondit que les signatures étant inventées pour exprimer qui nous sommes, il se qualifiait tel qu’il voulait être estimé des autres.

Don de prophétie

Dieu l’avait favorisé de l’esprit de prophétie pour connaître les choses à venir, pelles qui étaient présentes et cachées ; car il prédit, ainsi que nous l’avons vu, l’heureux succès du siège de Valence à dom Jacques, roi d’Ara­gon, et il reconnut que deux hommes, qui se présentaient à lui sous prétexte de lui demander l’habit de son Ordre, étaient des assassins qui venaient avec le dessein de lui ôter la vie.

Pierre honoré par les princes

Il ne fut pas seulement honoré des rois d’Aragon et d’Espagne, mais aussi du grand saint Louis, roi de France, qui, entendant parler de ses actions miraculeuses et de sa vie exemplaire, eut envie de le voir et lui fit savoir son désir. Le Saint prit occasion de lui venir baiser les mains ; lorsque ce prince, pour arrêter les progrès de Raymond, dernier comte de Toulouse, fit un voyage en Languedoc environ l’an 1243. Le roi le reçut avec de grandes démonstrations de joie et le retint quelque temps en sa cour, où il lui communiqua les desseins qu’il avait pour le service de Dieu et particu­lièrement touchant la liberté des chrétiens qui souffraient en la Terre Sainte sous le joug des infidèles. Il contracta même avec lui une amitié particu­lière, et l’entretint depuis par des lettres qu’il lui écrivait souvent, recom­mandant ses Etats et sa personne à ses prières et à celles des religieux de son Ordre. Enfin, ce très-saint roi faisait tant d’estime des vertus et des mérites de saint Pierre Nolasque, que, se voyant sur le point de passer avec ses armées sur les terres des infidèles, il le pria, pour l’amour de Dieu, de vouloir être de la partie et de le suivre en la conquête qu’il espérait faire de la Palestine.

Projet d’aller en Palestine

Notre Saint était déjà fort âgé et très-incommodé : néanmoins, comme si la pensée de cette entreprise qu’il croyait devoir être très-glorieuse lui eût donné de nouvelles forces, il sortit du lit et commença à se disposer à seul voyage, mettant l’ordre nécessaire aux affaires de son monastère durant son absence. Mais les efforts de la vieillesse ne peuvent être de longue durée, surtout dans un corps que les grandes austérités n’ont pas moins cassé que l’âge. Son zèle et son extrême ardeur ne servirent qu’à le faire tomber en une plus grande faiblesse ; de sorte que, se sentant diminuer tous las jours, il se vit contraint avec douleur de se remettre au lit et se contenta de faire savoir au roi de France sa bonne volonté et le peu de forces qu’il avait pour la mettre à exécution.

Maladie mortelle

Le jour de la naissance du Sauveur approchant, lorsque les fidèles con­çoivent le plus de sentiments d’allégresse, les douleurs de sa maladie redou­blèrent : il en fit paraître une joie particulière, étant ravi de prendre part aux souffrances de Jésus enfant couché dans la crèche. Et, quoique les médecins ne fussent pas d’avis qu’il sortît de sa cellule pour aller à l’église, il ne laissa pourtant pas de se trouver à sa place dans le chœur, sans savoir de quelle manière il y avait été porté. Le service achevé, il se leva tout seul et s’en alla en sa cellule comme si jamais il n’eût eu d’incommodités ; mais, aussitôt qu’il y fut, ses convulsions le reprirent, et les religieux, l’ayant remis sur son lit, le prièrent de leur dire comment il avait été transporté ; il fit réponse qu’il en fallait louer Dieu, Père de miséricorde et de toute consola­tion, et sa sainte Mère, protectrice de l’Ordre, et que c’était tout ce qu’il en pouvait dire.

Derniers moments

L’incommodité qu’il ressentit cette nuit de Noël avança beaucoup le dernier jour de sa vie. Reconnaissant donc que sa fin était proche, il supplia qu’on lui donnât le saint Viatique. Quand il vit qu’on le lui apportait, la dévotion lui fournit de nouvelles forces ; et, sautant de son lit, il sortit de sa chambre, se traîna à genoux jusqu’à ce qu’il arrivât aux pieds de celui qui tenait le Saint-Sacrement à la main ; et là, répétant souvent ces piroles avec un grand transport de ferveur :

« D’où me vient cet honneur que mon Seigneur vienne à moi ? »

Il tomba de faiblesse. Les religieux, le prenant sur leurs bras, le remirent dans son lit, où il reçut avec d’admirables témoi­gnages de douceur et de consolation intérieure le corps précieux de son Dieu.

Dernières volontés

Puis, faisant appeler tous les frères, il leur dit qu’il avait deux grâces à leur demander : l’une, de lui pardonner le mauvais exemple qu’il leur avait donné et sa négligence dans le gouvernement de l’Ordre ; l’autre qu’ils élussent en sa place un général, afin qu’il pût mourir avec le mérite de l’obéissance. Les religieux, préférant en cette extrémité sa consolation à la coutume des Ordres réguliers, consentirent à son désir, persuadés qu’il nommerait celui qu’il jugerait le plus propre à soutenir cette charge ; alors il déclara et assura que frère Guillaume Bas était celui que le ciel destinait pour là conduite de l’Ordre.

Les religieux, déférant à la nomination de leur saint patriarche, rendirent aussitôt au nouveau général les premiers actes d’obéissance. Lorsque le Saint se vit déchargé de ce fardeau et qu’il n’eut plus qu’à penser à l’affaire de son salut, il s’appliqua entièrement aux exercices de la dévotion ; tantôt il s’entretenait avec Dieu et avec la très-sainte Vierge ; tantôt il parlait au prince des Apôtres, d’autres fois à son ange gardien, et ses colloques étaient accompagnés des larmes d’une parfaite contrition et suivis d’extases qui le faisaient paraître comme s’il eût rendu l’âme. Une fois ; entre autres récitant le psaume L, Miserere mei Deus, etc., étant arrivé à ces mots :

Asperges me, Domine – « Oui, Seigneur, votre miséricorde me lavera dans le bain salu­taire de votre sang, et je deviendrai plus blanc que la neige »

Il demeura si longtemps hors de lui, qu’il fut tenu pour mort, jusqu’à ce qu’enfin il reprit sa prière et continua les mouvements de sa ferveur. Le roi d’Aragon lui écrivit des lettres en cette dernière maladie, et l’évêque de Barcelone le vint voir et lui donna sa bénédiction pastorale. Ensuite le bon père, regardant ses enfants autour de son lit, et levant les yeux et les mains au ciel, leur donna la sienne, laquelle fut suivie d’une agréable odeur qui parfuma toute la chambre.

Culte et reliques

Enfin, se munissant du signe salutaire de la sainte croix, il expira en leur présence, la nuit de Noël de l’an 1256, âgé de cinquante-neuf ans, ou de soixante-six, selon divers auteurs. Son corps fut inhumé dans la sépulture ordinaire des religieux, comme il l’avait ordonné ; mais, quatre­-vingt-sept ans après l’an 1343, il en fut levé par ordre du Pape et transporté dans une chapelle dédiée au Très-Saint Sacrement de l’autel, où le peuple chrétien, en honorant ses précieuses dépouilles, a souvent reçu de Dieu des grâces extraordinaires qui ont été tenues pour des miracles.

En 1628, le pape Urbain VIII permit aux religieux de la Merci de solenniser sa fête le 29 jan­vier, en récitant l’office divin et en célébrant la messe en son honneur. Par suite de cette permission, plusieurs églises cathédrales d’Espagne l’insérèrent dans leur calendrier, et en ordonnèrent l’office et la messe solennelle. Depuis, le pape Alexandre VII l’a fait mettre avec beaucoup d’éloges dans le martyrologe romain, et en a étendu l’office et la solennité à toute l’Église. Et Clément X, en étant supplié par la reine de France Marie-Thérèse d’Autriche, a commandé que cet office fût double. Il a été transféré du 29 au 31 janvier, qui est à présent son propre jour.

Le diocèse de Carcassonne célèbre cette fête sous le rite double majeur, et le Mas-Saintes-Puelles, privé depuis les jours néfastes de la Révolution française d’une communauté de l’Ordre de la-Merci, n’en célèbre pas moins tous les ans, le 31 janvier, avec toute la pompe possible, la solennité de celui que l’office particulier à cette paroisse appelait Saint Pierre Nolasque, fils de l’église du Mas-Saintes-Puelles et la population entière visite pins spécialement en ce jour les ruines du château de notre bienheureux. Enfin, comme pour marcher sur les traces du pape Clément VI, en 1343, Mgr de la Bouillerie, évêque de Carcassonne, a voulu que le 31 janvier, la paroisse du Mas-Saintes-Puelles célébrât en même temps la fête de l’Adoration perpétuelle du Très-Saint Sacrement, et celle de saint Pierre Nolasque.

Le R. P. François Zumel, général de l’Ordre de la Merci, et très-savant théologien, a écrit en latin la vie de ce saint fondateur. Ensuite d’autres l’ont composée en français, en italien et en espagnol ; et ceux qui ont écrit l’histoire de l’Église de son temps en ont parlé avec beaucoup d’honneur. Le martyrologe d’Espagne en rapporte des choses très-dignes d’être lues par les savants. Pour en finir, j’ajoute qu’il est vrai que l’on a douté fort longtemps si saint Pierre Nolasque avait été prêtre ; mais les raisons rapportées par le R. P. Marc Salomon, général de cet Ordre et nommé à un évêché, sont entièrement convaincantes pour persuader qu’il l’a été, et qu’il célébra sa pre­mière messe dans la ville de Murcie, lorsque le roi dom Jacques en eut chassé les Mahométans.

Son Ordre s’est étendu dans toutes les provinces d’Espagne et est établi dans les meilleures villes d’Italie. Il y en a eu peu de maisons en France. Ces religieux sont les premiers prêtres qui aient passé dans l’ile de Saint-Dominique, au Pérou et dans le lexique ; ils ont été des plus zélés à annoncer l’Évangile et à travailler à la conversion des Indiens ; outre les couvents qu’ils possè­dent dans le Brésil, ils ont eu jusqu’à huit florissantes provinces dans les autres parties de l’Amé­rique, avec un grand nombres de cures. On ne peut dire le nombre de captifs que ces saints ré­dempteurs ont tirés des fers, de chrétiens ébranlés qu’ils ont soutenus, fortifiés et animés au mar­tyre, d’idolâtres qu’ils ont éclairés de la lumière de l’Évangile, et de pécheurs qu’ils ont convertis, Comme leur institut les obligeait continuellement à se mettre à la merci des Turcs et des Barbares, il y en a beaucoup qui ont souffert de grands tourments et même qui ont été martyrisés pour le nom de Jésus-Christ. Plusieurs aussi se sont rendus illustres par leur doctrine, et ont été élevés à des prélatures très-considérables. Enfin, ce même Ordre s’est notablement augmenté au XVe siècle par l’érection d’une congrégation de Déchussés de l’un et de l’autre sexe, qui, dans un grand nombre de couvents, en Espagne, en. Italie et en Sicile, ont eu pour but, comme les Pères de la Merci, de racheter les chrétiens esclaves.

Iconographie

Voici comment on a représenté saint Pierre Nolasque : des Anges le portent au chœur pour qu’il puisse assister à l’office avec ses frères ; cela suppose que le Saint était vieux ; On place à côté de lui, comme du reste à côté de tous les saints de l’Ordre de la Merci, les armoiries d’Aragon ou plutôt de Cata­logne, que les Espagnols appellent les quatre barres sanglantes a Aragon : ces quatre barres sont surmontées de la croix blanche de l’Ordre. À propos des quatre barres sanglantes d’Aragon, certains héraldistes prétendent qu’après une grande bataille un de nos empereurs carolingiens vint trouver le marquis français de Catalogne blessé grièvement dans l’action, et que trem­pant sa main dans le sang du guerrier, il traça sur le bouclier quatre lignes rouges, disant : Ce seront désormais vos armes. Quant à la concession du bla­son aragonais faite aux religieux de la Merci, elle s’explique par l’affection de Jayme Ier dont saint Pierre avait été le précepteur ; – On lui met entré les mains une branche d’olivier, symbole de sa mission de paix entre chrétiens et Musulmans : il faut avouer toutefois que cet attribut n’est point suffisam­ment caractéristique ; – On le peint souvent accompagné de prisonniers délivrés par lui : cachots et noires poternes, chaînes et galères peuvent figu­rer ici ; – A ses pieds est une cloche dans laquelle on voit une image de Notre-Dame, et sur laquelle descend une traînée lumineuse semée de sept étoiles : cela rappelle la fondation de Notre-Dame de la Merci près de Valence. Nous avons raconté le fait dans la vie du Saint ; – il tient à la main une croix à longue hampe : cette croix se donne assez souvent aux fonda­teurs d’Ordres religieux qui, n’étant pas abbés, n’ont pas le droit de porter crosse ; – A ce même titre de fondateur d’Ordre, on peut lui mettre le crucifix dans une main et un drapeau dans l’autre, ce dernier étant le symbole du recrutement ; – La sainte Vierge remet à Pierre Nolasque le sca­pulaire de Notre-Dame de la Merci.- Saint Pierre Nolasque est naturellement le patron de son Ordre : il est particulièrement honoré à Barcelone.

SOURCE : https://www.laviedessaints.com/saint-pierre-de-nolasque/

ZurbaranLa Vision de la Jérusalem céleste (Visión de San Pedro Nolasco), 1629, 179 x 223, Museo del Prado


Leçons des Matines avant 1960

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Quatrième leçon. Pierre Nolasque, né d’une famille noble à Recaud, près de Carcassonne, en France, se distingua par une charité singulière envers le prochain. Un présage de cette vertu se produisit un jour que Pierre, étant encore enfant, pleurait dans son berceau : un essaim d’abeilles vola vers lui, et construisit un rayon de miel dans sa main droite. Privé de ses parents dans son adolescence, et détestant l’hérésie des Albigeois qui exerçait alors ses ravages en France, il vendit son patrimoine, se retira en Espagne, et accomplit à Notre-Dame de Mont-Serrat un vœu par lequel il s’était lié. Il se dirigea ensuite vers Barcelone, et après y avoir employé tout l’argent qu’il possédait à racheter les fidèles du Christ, de la servitude des ennemis, il disait souvent qu’il désirait se vendre lui-même pour les délivrer, ou être chargé de leurs chaînes.

Cinquième leçon. L’événement suivant montra combien le désir du Saint plaisait à Dieu. Une nuit qu’il priait et roulait dans son esprit beaucoup de projets pour venir en aide aux Chrétiens vivant dans la captivité, la bienheureuse Vierge, lui apparaissant, lui fit entendre qu’il serait très agréable à son Fils et à elle qu’il instituât en son honneur un Ordre religieux, dont le soin principal serait de délivrer les captifs de la tyrannie des infidèles. Obéissant aussitôt à cet avertissement céleste, il institua l’Ordre de Notre-Dame de la Merci pour la rédemption des captifs, de concert avec saint Raymond de Pegnafort et Jacques 1er, roi d’Aragon, qui avaient reçu de la Mère de Dieu, en la même nuit, une révélation semblable. Les confrères de cet Ordre s’engagent, par un quatrième vœu, à demeurer en otage au pouvoir des païens, si cela est nécessaire pour la délivrance des Chrétiens.

Sixième leçon. Ayant fait vœu de virginité, il conserva toujours une chasteté sans tache. Il brilla d’une manière admirable par sa patience, son humilité, son abstinence et par toutes les autres vertus. Illustre par le don de prophétie, il annonça plusieurs événements futurs, parmi lesquels le plus célèbre est que le roi Jacques reprit Valence, occupée par les Maures, après avoir reçu du Saint l’assurance d’obtenir cette victoire. Il était consolé par de fréquentes apparitions de son Ange gardien et de ta Vierge Mère de Dieu. Enfin, accablé de vieillesse, instruit de l’imminence de sa mort, il tomba malade ; et, après avoir été fortifié par les sacrements, il exhorta ses frères à la charité envers les captifs. Puis, récitant avec grande dévotion le Psaume : « Je vous louerai, Seigneur, de tout mon cœur », étant arrivé à ces paroles :» Le Seigneur a envoyé la rédemption à son peuple », il rendit son esprit à Dieu, au milieu de la nuit de la Vigile de la Nativité du Seigneur, l’an mil deux cent cinquante-six. Alexandre VII a ordonné de célébrer sa fête le trente et unième jour de janvier [1].

[1] Après l’ajout de la fête de St Jean Bosco au calendrier et le déplacement de St Pierre Nolasque au 28 janvier, texte modifié ainsi : … étendit sa fête à l’Église universelle.

Fundación Cajasol. San Pedro Nolasco es ayudado por dos ángeles para acudir al coro y rezar. Pintura, óleo sobre lienzo en tabla (1636), de Francisco de Zurbarán para un retablo del Convento de la Merced, Sevilla.


Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Le Rédempteur des captifs, Pierre Nolasque, vient s’associer aujourd’hui sur le Cycle à son maître Raymond de Pegnafort ; et tous deux présentent pour hommage au Rédempteur universel les milliers de chrétiens qu’ils ont rachetés de l’esclavage, par la vertu de cette charité, qui, partie de Bethléhem, a trouvé asile en leurs cœurs.

Né en France, dans notre Languedoc, Pierre a choisi pour seconde patrie l’Espagne, parce qu’elle offrait à son zèle une terre de dévouement et de sacrifices. Comme le Médiateur descendu du ciel, il s’est voué au rachat de ses frères ; il a renoncé à sa liberté pour procurer la leur ; et afin de leur rendre une patrie, il est resté en otage sous les liens de la servitude. Son dévouement a été fécond ; par ses efforts, un nouvel Ordre religieux s’est élevé dans l’Église, composé tout entier d’hommes généreux, qui, durant six siècles, n’ont prié, travaillé, vécu, que pour procurer le bienfait de la liberté à d’innombrables captifs, qui, sans eux, languissaient dans les fers, au péril de leurs âmes.

Gloire à Marie, qui a suscité ces Rédempteurs mortels ! Gloire l’Église catholique, qui les a produits de son sein toujours fécond ! Mais par-dessus tout, gloire à l’Emmanuel, qui dit, en entrant dans ce monde : « O Père ! les holocaustes pour le péché de l’homme ne vous ont point apaisé ; suspendez vos coups ; me voici. Vous m’avez donné un corps ; je viens, je m’immole ! » [2]. Le dévouement du divin Enfant ne pouvait demeurer stérile. Il a daigné nous appeler ses frères, et s’offrir en notre place ; quel cœur d’homme pourrait désormais être insensible aux maux et aux dangers de ses frères ?

L’Emmanuel a récompensé Pierre Nolasque, en l’appelant à lui à l’heure même où, douze siècles plus tôt, il naissait à Bethléhem. C’est du milieu des joies de la nuit de Noël que le Rédempteur mortel est parti pour aller rejoindre l’immortel Rédempteur. Au dernier moment, les lèvres défaillantes de Pierre murmuraient leur dernier cantique de la terre ; et quand il fut arrivé à ces paroles : Le Seigneur a envoyé la Rédemption à son peuple ; il a scellé avec lui son alliance pour jamais, son âme bienheureuse s’envola libre au ciel.

La sainte Église a dû assigner à la mémoire de Pierre un autre anniversaire que celui de son heureux trépas, puisque ce jour appartient tout entier à l’Emmanuel ; mais il était juste que l’élu marqué par une si haute faveur que de naître au ciel à l’heure où Jésus naît à la terre, reçût une place sur le Cycle avant la fin des quarante jours consacrés à la Naissance du divin libérateur.

Vous êtes venu apporter du ciel un feu sur la terre, ô Emmanuel, et vous nous dites que votre plus ardent désir est de le voir s’enflammer. Votre désir a été comblé dans le cœur de Pierre Nolasque, et dans celui de ses enfants. C’est ainsi que vous daignez associer des hommes à vos desseins d’amour et de miséricorde, et qu’en rétablissant l’harmonie entre Dieu et nous, vous resserrez l’union primitive entre nous et nos frères. Nous ne pouvons vous aimer, ô céleste Enfant, sans aimer tous les hommes ; et si vous venez à nous comme notre rançon et notre victime, vous voulez que nous soyons prêts aussi à nous sacrifier les uns aux autres.

O Pierre ! Vous avez été l’apôtre et le modèle de cette charité ; c’est pour cela que le Seigneur a voulu vous glorifier en vous appelant à la cour de son Fils, au jour anniversaire de la Naissance de ce Sauveur. Ce doux mystère qui, tant de fois, soutint votre courage, ranima vos dévouements, vous est apparu dans toute sa grandeur ; mais vos yeux ne voient plus seulement, comme nous, le tendre Enfant qui sourit dans son berceau ; c’est le Roi vainqueur, le Fils de Jéhovah dans sa splendeur divine, qui éblouit vos regards. Marie ne vous apparaît plus, comme à nous, pauvre et humblement penchée sur la crèche qui contient tout son amour ; à vos yeux, elle brille éclatante sur son trône de Reine, et resplendit d’un éclat qui ne le cède qu’à celui de la majesté divine. Et votre cœur n’est point troublé de cette gloire ; car, au ciel, vous êtes dans votre patrie. Le ciel est le temple et le palais de la charité ; et la charité, dès ici-bas, remplissait votre cœur ; elle était le principe de tous ses mouvements.

Priez, afin que nous connaissions davantage ce véritable amour de Dieu et des hommes qui nous rend semblables à Dieu. Il est écrit que celui qui demeure dans la charité, demeure en Dieu et Dieu en lui [3]. ; faites donc que le mystère de charité que nous célébrons nous transforme en Celui qui fait l’objet de tous nos sentiments, dans ce temps de grâces et de merveilles. Donnez-nous d’aimer nos frères comme nous-mêmes, de les supporter, de les excuser, de nous oublier pour leur être utiles. Que nos exemples les soutiennent, que nos paroles les édifient ; que leurs âmes soient gagnées et consolées par notre affection ; que leurs corps soient soulagés par nos largesses.

Priez pour la France, votre patrie, ô Pierre ! Secourez l’Espagne, au sein de laquelle vous avez fondé votre sublime Institut. Protégez les restes précieux de cet Ordre par lequel vous avez opéré tant de miracles de charité. Consolez et délivrez les captifs que la main des hommes retient dans les prisons ou dans l’esclavage. Obtenez pour nous tous cette sainte liberté des enfants de Dieu dont parle l’Apôtre, et qui consiste dans l’obéissance à la loi de Dieu. Quand cette liberté régnera dans les cœurs, elle affranchira les corps. En vain l’homme extérieur cherche à être libre, si l’homme intérieur est asservi. Faites, ô Rédempteur de vos frères, que les liens de l’erreur et du péché cessent d’enchaîner nos sociétés ; c’est alors que vous les aurez rendues à la vraie liberté, qui produit et règle toutes les autres.

[2] Psalm. XXXIX, 8.

[3] I Johan. IV

Alonso Vázquez  (1564–1608). San Pedro Nolasco, el fundador de la Orden de la Merced, despidiéndose de Jaime I de Aragón el Conquistado, vers 1600-1602, 208 x 250, Museo de Bellas Artes de Sevilla


Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Le Seigneur a envoyé la Rédemption à son peuple (Ps. 110).

Saint Pierre. — Jour de mort : 25 décembre 1256. Tombeau : à Barcelone (Espagne). Image : on le représente en vêtements blancs, avec, sur la poitrine, un écusson aux armes d’Aragon, et entouré de chrétiens délivrés de l’esclavage. Sa vie : Saint Pierre Nolasque fonda l’Ordre de la Merci pour le rachat des captifs. Un jour qu’il priait, la sainte Vierge lui apparut (1228) et lui déclara qu’il serait très agréable à son divin Fils et à elle, qu’il fondât un Ordre en son honneur pour le rachat des chrétiens, de l’esclavage des infidèles. Saint Pierre obéit et fonda avec saint Raymond de Pegnafort et Jacques 1, roi d’Aragon, l’Ordre de Notre-Dame de la Merci pour le rachat des captifs. On imposa aux membres de cet Ordre un quatrième vœu, celui de rester eux-mêmes captifs des païens si le rachat des chrétiens l’exigeait. Pierre mourut avec ces paroles du psaume sur les lèvres : « Il a envoyé la rédemption à son peuple. »

La messe (Justus ut palma). — La messe reflète la vie de notre saint. Saint Pierre a tout abandonné pour acquérir le trésor éternel ; sa vie fut vraiment un spectacle pour les anges et les hommes. A l’Offertoire, nous apportons ce grand renoncement du saint sur l’autel et, à la communion, nous participons à sa gloire. La messe est toute pénétrée de la pensée de l’imitation du Christ, dans la pauvreté et la faiblesse. Dans l’Épître, il semble que saint Pierre oppose à notre fierté, à notre vie confortable, sa pauvreté et ses opprobres.

L’Oraison. — La collecte résume brièvement la vie du saint et nous indique les conclusions que nous devons tirer. Nous trouvons quatre belles pensées :

1° La charité héroïque de notre saint, qui le porta à racheter les chrétiens, n’est qu’une émanation de l’amour de Dieu (« Dieu a tant aimé le monde... »). Et même, somme toute, c’est un acte d’amour de la part de Dieu d’envoyer au monde des saints qui, dans leur vie, sont le reflet de ses perfections.

2° Le nouvel Ordre a donné à l’Église de nouveaux enfants dont saint Pierre, en tant que fondateur d’Ordre, est le père. C’est là une pensée qui a de profondes racines dans la liturgie : saint Paul se déclare le père des Corinthiens : « Alors même que vous auriez des milliers de pédagogues dans le Christ, vous n’avez pas plusieurs pères, car je vous ai engendrés dans le Christ Jésus par l’Évangile. » Par conséquent, quand le prêtre, dans les cérémonies liturgiques ou les relations ordinaires, est appelé : Pater, Père, cette dénomination a un sens profond. Nous pouvons, nous aussi, avoir part à cette a dignité paternelle en donnant, par l’apostolat, de nouveaux enfants à l’Église.

3° La délivrance des chrétiens captifs est une image de la délivrance des chaînes du démon, de l’« esclavage du péché » (Jean VIII, 34). Assurément le baptême nous a délivrés de l’empire du démon (rappelons-nous les nombreux exorcismes que comporte le rite du baptême), cependant, tant que nous vivons, nous portons des chaînes spirituelles par notre attachement au péché et notre inclination au mal.

4° La véritable liberté ne se trouvera que dans la patrie céleste. Quel bonheur ce dut être, pour les pauvres chrétiens captifs, de revoir leur patrie et de recouvrer la liberté tant désirée, après avoir désespéré déjà de sortir d’esclavage. Il en est de même pour nous : ce n’est que lorsque nous serons arrivés dans notre patrie céleste, que nous jouirons de la pleine liberté. Cette « liberté des enfants de Dieu » nous devons nous efforcer de la conquérir de plus en plus, en nous rendant maîtres de l’homme inférieur : l’esprit doit dominer sur la chair. « La vérité vous rendra libres. ».

Ignacio Chacón. Lactation of Saint Pedro Nolasco (detail), Oil on canvas, 17th century (1663?), Monastry La Merced in Cuzco/Peru, 1663


Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Pierre Nolasque, confesseur. Celte fête fut d’abord introduite par Alexandre VII dans le Missel romain avec le rite semi-double. Puis Clément X l’éleva au rite double. Quoique saint Pierre. Nolasque soit mort le jour de Noël 1256, sa commémoration se célèbre aujourd’hui, premier jour libre de tout autre office de saint. Sauf la première collecte, la messe est celle du Commun des confesseurs non pontifes.

La collecte rappelle l’œuvre du saint dans la fondation d’un institut de religieux sous le titre de la Vierge de la Miséricorde, ou, comme on disait alors, de la Merci.

Rien n’indique mieux la vitalité de l’Église catholique que cette fondation et cette succession continuelle d’ordres nouveaux, répondant aux conditions particulières et aux besoins spéciaux de chaque époque. La vie religieuse une, perpétuelle et immobile dans ses principes essentiels, est cependant dotée d’une merveilleuse faculté d’adaptation, qui lui permet de savoir s’accommoder à toutes les exigences de la société chrétienne, en tous temps et en tous lieux. Cette faculté d’adaptation est si suave qu’elle reflète celle du Saint-Esprit dans la motion interne des âmes, et elle révèle un principe vital indéfectible.

Prière. « O Dieu qui, à l’exemple de votre amour, avez instruit divinement saint Pierre pour qu’il enrichît votre Église d’une nouvelle famille destinée au rachat des fidèles ; par son intercession accordez-nous la grâce d’être affranchis des liens du péché, et de jouir d’une éternelle liberté dans la céleste patrie. Par notre Seigneur, etc. »

La lecture est tirée de la Ire épître aux Corinthiens (IV, 9-14), là où saint Paul, jetant le ridicule sur l’extrême délicatesse de ses correspondants trop orgueilleux pour se croire des défauts, et aveuglés par la passion, décrit les humiliations, les difficultés et les labeurs de son ministère apostolique. Souffrir et être méprisé pour le Christ, voilà la grâce du vrai disciple de Jésus.

Le répons est celui de la messe des docteurs. Le verset alléluiatique est tiré du psaume 111. "Bienheureux l’homme qui craint le Seigneur ; et qui non seulement le craint, mais l’aime aussi dans l’observance de ses saints préceptes. »

La lecture évangélique est empruntée à saint Luc (XII, 32-34) là où Jésus promet à la pauvreté volontaire pour l’amour du saint Évangile, non seulement les richesses célestes, mais aussi un soin particulier de la Providence divine qui lui prépare même le regnum en ce monde, spirituel d’abord, mais pourvu des conditions matérielles nécessaires au caractère de société visible qu’est l’Église catholique.

L’antienne pour la communion est prise de l’Évangile selon saint Matthieu (XIX, 28) où Jésus promet le centuple en ce monde, et la vie éternelle dans l’autre, à celui qui pour Lui qui est tout, laisse tout, ou plutôt laisse cette infinie vanité du tout, selon la mélancolique expression d’un poète.

SOURCE : http://www.introibo.fr/28-01-St-Pierre-Nolasque#nh1

Francisco Ignacio Ruiz de la Iglesia  (1649–1704). San Pedro Nolasco, Segunda mitad del siglo XVII, 100 x 82, musée Lazaro Galdiano


PANÉGYRIQUE DE SAINT PIERRE NOLASQUE (a).

Dedit semetipsum pro nobis.

Il s'est donné lui-même pour nous. Tit., II, 14.

C'est un plus grand bonheur, dit le Fils de Dieu, de donner que de recevoir. Cette parole était digne de celui qui a tout donné jusqu'à son sang, et qui se serait épuisé lui-même, si ses trésors n'étaient infinis aussi bien que ses largesses. Saint Paul, qui a recueilli ce beau sentiment de la bouche de notre Sauveur, le pose à tous les fidèles pour servir de loi à leur charité. « Souvenez-vous, leur dit-il, de cette parole du Seigneur Jésus, qu'il vaut mieux donner que de recevoir (Act., XX, 35), » parce que le bien que vous recevez est une consolation de votre indigence, et celui que vous répandez est la marque d'une plénitude qui s'étend à soulager les besoins des autres.

Jamais il n'y a eu sur la terre un homme plus libéral que le grand saint Pierre Nolasque, fondateur de l'ordre sacré de Notre-Dame de la Merci, dont nous honorons aujourd'hui la bienheureuse mémoire ; car il ne s'est rien proposé de moins que l'immense profusion d'un Dieu, qui s'est prodigué lui-même, et de là il a conçu le dessein de dévouer sa personne et de consacrer tout son ordre aux nécessités des misérables.

Tous les fidèles serviteurs de Dieu ont imité quelques traits du Sauveur des âmes : celui-ci a cette grâce particulière, de l'avoir fidèlement copié dans le caractère par lequel il est établi notre Rédempteur. Pour entendre un si grand dessein et imiter un si grand exemple, demandons l'assistance, etc. Ave.

La manière la plus excellente d'honorer les choses divines, c'est, Messieurs, de les imiter. Dieu nous ayant fait cet honneur de nous former à sa ressemblance, le plus grand hommage que nous puissions rendre à la souveraine vérité de Dieu, c'est de nous conformer à ce qu'il est ; car alors nous célébrons ses grandeurs, non point par nos paroles, ni par nos pensées, ni par quelques sentiments de notre cœur, mais ce qui est bien plus relevé, par toute la suite de nos actions et partout l'état de notre personne.

Nous pouvons donc honorer en deux façons les mystères de Jésus- Christ, ou par des actes particuliers de nos volontés, ou par tout l'état de notre vie. Nous les honorons par des actes, en les adorant par foi, en les ressentant par reconnaissance, en nous y attachant par amour ; mais voici que je vous montre avec l'Apôtre une voie bien plus excellente : Excellentiorem viam vobis demonstro (II Cor., XII, 30); c'est d'honorer ces divins mystères par quelque chose de plus profond, en nous dévouant saintement à Dieu, non-seulement pour les aimer et pour les connaître, mais encore pour les imiter, pour en porter sur nous-mêmes l'impression et le caractère, pour en recevoir en nous-mêmes la bénédiction et la grâce.

C'est en cette sorte, mes Frères, que saint Pierre Nolasque a été choisi pour honorer le mystère de la Rédemption. Il l'a honoré véritablement, entrant dans les devoirs, dans la gratitude, dans toutes les dépendances d'une créature rachetée. Mais afin qu'il fût lié plus intimement à la grâce de ce mystère, il a plu au Saint-Esprit qu'il se dévouât volontairement à l'imitation de cette immense charité par laquelle « Jésus-Christ a donné son âme pour être, comme il le dit lui-même (Matth., XX, 28), la rédemption de plusieurs (Var. : A donné son âme pour la vie, pour la liberté, pour la rédemption de notre nature). »

S'il y a quelque chose au monde, quelque servitude capable de représenter à nos yeux la misère extrême de la captivité horrible de l'homme sous la tyrannie des démons, c'est l'état d'un chrétien captif sous la tyrannie des mahométans (C'est de voir un chrétien captif sous celle des mahométans). Car et le corps et l'esprit y souffrent une égale violence, et l'on n'est pas moins en péril de son salut que de sa vie. C'est donc au soulagement de cet état misérable qu'est appliqué saint Pierre Nolasque, pour honorer les bontés de Jésus délivrant les hommes de la tyrannie de Satan. Il se donne de tout son cœur à ces malheureux esclaves, et il s'y donne dans le même esprit que Jésus s'est donné aux hommes captifs, pour les affranchir de leur servitude : Dedit semetipsum pro nobis.

Jésus-Christ a donné aux hommes et à l'œuvre de la rédemption, premièrement ses soins paternels, secondement sa propre personne, troisièmement ses disciples. Il nous a donné ses soins, parce qu'il a toujours eu l'esprit occupé de la pensée de notre salut (Parce qu'il a toujours pensé à notre salut); il nous a donné sa propre personne, parce qu'il s'est immolé pour nous ; il nous a donné ses disciples, qui étant la plus noble partie du peuple qu'il a racheté, est appliquée par lui-même et entièrement dévouée à coopérer par sa charité à la délivrance de tous les autres. C'est ainsi que le Fils de Dieu a consommé l'œuvre de notre rédemption, et c'est par les mêmes voies que le Saint que nous révérons a imité son amour et honoré son mystère. Fidèle imitateur du Sauveur des âmes, il a été touché aussi bien que lui des cruelles extrémités où sont réduits les captifs; il leur a donné aussi bien que lui, premièrement tous ses soins, secondement toute sa personne, troisièmement tous ses disciples et l'Ordre religieux qu'il a établi dans l'Eglise. C'est ce que nous aurons à considérer dans les trois points de ce discours.


PREMIER POINT.

L'une des raisons principales qui a rendu les infidèles si fortin-crédules au mystère du Verbe incarné, c'est qu'ils n'ont pu se persuader que Dieu eût tant d'amour pour le genre humain que les chrétiens le publiaient. Celse dans cet écrit si envenimé qu'il a fait contre l'Evangile, auquel le docte Origène a si fortement répondu l, se moque des chrétiens de ce qu'ils osaient présumer que Dieu même était descendu du ciel pour venir à leur secours. Ils trouvoient indigne de Dieu d'avoir un soin si particulier des choses humaines; et c'est pourquoi l'Ecriture sainte pour établir dans les cœurs la croyance d'un si grand mystère, ne cesse de publier la bonté de Dieu et son amour pour les hommes (Orig., cont. Cels., lib. V, tom. I, p. 578 et seq). C'est aussi ce qui a obligé l'apôtre saint Jean à confesser en ces termes la foi de la rédemption : « Pour nous, nous croyons, dit-il (I Joan. IV 16), à la charité que Dieu a eue pour les hommes. » Voilà une belle profession de foi, et conçue d'une façon bien singulière, mais absolument nécessaire pour combattre et déraciner l'incrédulité. Car c'est de même que s'il disait : Les Juifs et les gentils ne veulent pas croire que Dieu ait si fort aimé la nature humaine, que de s'en revêtir pour la racheter. Mais pour nous, dit ce saint apôtre, nous n'ignorons pas ses bontés; et connaissant comme nous faisons ses miséricordes et ses entrailles paternelles, nous croyons facilement cet amour immense qu'il a témoigné aux hommes en se livrant lui-même pour eux : Et nos cognovimus et credidimus charitati quam habet Deus in nobis.

Elevons donc nos voix, mes Frères, et confessons hautement que nous croyons à la charité que le Fils de Dieu a eue pour nous. Nous croyons qu'il s'est fait homme pour notre salut. Nous croyons qu'il n'a vécu sur la terre que pour travailler à ce grand ouvrage. Il nous a toujours portés dans son cœur, dans sa naissance et dans sa mort, dans son travail et dans son repos, dans ses conversations et dans ses retraites, dans les villes et dans le désert, dans la gloire et clans les opprobres, dans ses humiliations et dans ses miracles. Il n'a rien fait que pour nous durant tout le cours de sa vie mortelle ; et maintenant qu'il est dans le ciel à la droite de la majesté de Dieu son Père, dans les lieux très-hauts (Hebr., I, 3), il ne nous a pas oubliés. Au contraire, dit le saint Apôtre, il y est monté pour y être notre avocat, notre ambassadeur et notre pontife ; il traite nos affaires auprès de son Père, « toujours vivant, dit le même Apôtre, afin d'intercéder pour nous : » Semper vivens ad interpellandum pro nobis (Ibid., VII, 23) ; comme s'il n'avait ni de vie, ni de félicité, ni de gloire que pour l'avantage et le bien des hommes.

Ce n'est pas assez, chrétiens. Si nous croyons véritablement que Dieu nous a aimés avec tant d'excès, il faut qu'un si grand amour, qui s'est étendu sur nous avec tant de profusion, nous fasse aussi dilater nos cœurs sur les besoins de nos frères. « Si Dieu, dit saint Jean (I Joan., IV, 11), nous a tant aimés, nous devons nous aimer les uns les autres ; » nous devons reconnaître ses soins paternels, en nous revêtant à son exemple de soins charitables; et nous ne pouvons mieux confesser la miséricorde que nous recevons, qu'en l'exerçant sur les autres en simplicité de cœur : Estote misericordes (Luc., VI, 36).

Le Saint que nous honorons était pénétré de ces sentiments. Il avait toujours devant les yeux les charités infinies d'un Dieu rédempteur ; et pour se rendre semblable à lui, il se laissait percer par les mêmes traits, (Note marg. : Il avait sucé cet esprit dans les plaies de Jésus-Christ, dans la source même des miséricordes) Il pouvait dire avec Job que « la tendresse , la compassion, la miséricorde était crue avec lui dès son enfance (Job., XXXI, 18) ; » et c'était par de telles victimes qu'il croyait devoir honorer les bontés inexprimables d'un Dieu rédempteur.

Et en effet, chrétiens, pour rendre le souverain culte à la souveraine majesté de Dieu, il me semble que nous lui devons deux sortes de sacrifices. Je remarque dans les Ecritures qu'il y a un sacrifice qui tue, et un sacrifice qui donne la vie. Le sacrifice qui tue est assez connu, témoin le sang de tant de victimes et le massacre de tant d'animaux. Mais outre ce sacrifice qui détruit, je vois dans les saintes Lettres un sacrifice qui sauve. Car, comme dit le sage Ecclésiastique, « celui-là offre un sacrifice qui exerce la miséricorde : « Qui facit misericordiam, offert sacrificium (Eccli., XXXV, 4). D'où vient cette différence, si ce n'est que l'un de ces sacrifices a été divinement établi pour honorer la bonté de Dieu, et l'autre pour apaiser (Var. : Reconnaître) sa sainte justice? La justice divine poursuit les pécheurs à main armée, elle lave ses mains dans leur sang, elle les perd et les extermine, elle veut qu'ils soient dissipés devant sa face comme la cire fondue devant le feu : Pereant peccatores a facie Dei (Psal. LXVII, 3). Au contraire la miséricorde, toujours douce, toujours bienfaisante, ne veut pas que personne périsse : elle attend les pécheurs avec patience : « Elle pense, dit l'Ecriture, des pensées de paix et non des pensées d'affliction : » Ego cogito cogitationes pacis, et non afflictionis (Jerem., XXIX, 11).

Voilà une grande opposition : aussi honore-t-on ces deux attributs par des sacrifices bien opposés. A cette justice rigoureuse qui tonne, qui fulmine, qui rompt et qui brise, qui renverse les montagnes 'et arrache les cèdres du Liban, c'est-à-dire qui extermine les pécheurs superbes, il lui faut des sacrifices sanglants et des victimes égorgées, pour marquer la peine qui est due au crime, (Note marg. : Il faut que l'autel nage dans le sang; donnez un couteau; allumez du feu; que je consume cette victime) Mais pour cette miséricorde toujours bienfaisante, qui guérit ce qui est blessé, qui affermit ce qui est faible, qui vivifie ce qui est mort, il faut présenter en sacrifice non des victimes détruites, mais des victimes conservées, c'est-à-dire des pauvres soulagés, des infirmes soutenus, des morts ressuscites dans les pécheurs convertis. Telles sont les véritables hosties qui honorent la miséricorde divine.

Ainsi saint Pierre Nolasque étant toujours occupé des soins, des compassions, des bontés de Jésus pour le genre humain, et sentant son cœur empressé dans le désir de les reconnaître, il s'écrie avec le Psalmiste : Quid retribuant Domino pro omnibus quœ retribuit mihi (Psal. CXV, 3) ? « Que rendrai-je au Seigneur pour tous les biens qu'il m'a faits,» et à toute la nature humaine? Quelle victime, quel sacrifice lui offrirai-je en actions de grâces? Ah ! poursuit-il avec le Prophète, calicem salutaris accipiam (Ibid., 4) « : je prendrai le calice du Sauveur, » je boirai le même breuvage que Jésus a bu, je me remplirai, je m'enivrerai de sa charité par laquelle il a tant aimé la nature humaine. Je dilaterai mon cœur, comme il a dilaté le sien ; j'offrirai, à ce Dieu amateur et conservateur des hommes, des victimes qui lui plaisent, des hommes sauvés et délivrés.

Il cherche donc dans toute l'Eglise tous les infirmes, tous les malheureux, résolu de leur consacrer ses affections et ses soins. Dieu lui fait arrêter les yeux sur ces misérables captifs, qui gémissent sous la tyrannie des mahométans. Il voit leur corps dans l'oppression, leur esprit dans l'angoisse, leur cœur dans le désespoir, leur foi même dans un péril évident. Il offre a Dieu leurs cris, leurs gémissements, les larmes de leurs amis, la désolation de leur famille. Peut-être ne le font-ils pas, peut-être sont-ils de ceux qui s'élèvent contre Dieu même sous les coups de sa main puissante; serviteurs rebelles et opiniâtres, châtiés et non corrigés, frappés et non convertis, abattus et non humiliés, atterrés, comme dit David, sans être touchés de componction : Dissipat sunt, non compuncti (Psal. XXXIV, 16). C'est ce qui afflige son cœur. Quoiqu'il pense toujours à eux avec un empressement charitable, néanmoins deux fois le jour et deux fois la nuit il se présente pour eux devant la face de Dieu, et cherche aux yeux d'un Père si tendre les moyens de soulager ses enfants captifs.

Mes Frères, cet objet lugubre d'un chrétien captif dans les prisons des mahométans, me jette dans une profonde considération des grands et épouvantables progrès de cette religion monstrueuse. O Dieu, que le genre humain est crédule aux impostures de Satan! O que l'esprit de séduction et d'erreur a d'ascendant sur notre raison! Que nous portons en nous-mêmes, au fond de nos cœurs, une étrange opposition à la vérité, dans nos aveuglements, dans nos ignorances, dans nos préoccupations opiniâtres. Voyez comme l'ennemi du genre humain n'a rien oublié pour nous perdre, et pour nous faire embrasser des erreurs damnables. Avant la venue du Sauveur, il se faisait adorer par toute la terre sous les noms de ces fameuses idoles devant lesquelles tremblaient tous les peuples; il travaillait de toute sa force à étouffer le nom du vrai Dieu. Jésus-Christ et ses martyrs l'ont fait retentir si haut depuis le levant jusqu'au couchant, qu'il n'y a plus moyen de l'éteindre ni de l'obscurcir. Les peuples qui ne le connaissaient pas, y sont attirés en foule par la croix de Jésus-Christ; et voici que cet ancien imposteur, qui dès l'origine du monde est en possession de tromper les hommes, ne pouvant plus abolir le saint nom de Dieu, frémissant contre Jésus-Christ qui l'a fait connaître à tout l'univers, tourne toute sa furie contre lui et contre son Evangile : et trouvant encore le nom de Jésus trop bien établi dans le monde par tant de martyrs et tant de miracles, il lui déclare la guerre en faisant semblant de le révérer, et il inspire à Mahomet, en l'appelant un prophète, de faire passer sa doctrine pour une imposture; et cette religion monstrueuse, qui se dément elle-même, a pour toute raison son ignorance, pour toute persuasion sa violence et sa tyrannie, pour tout miracle ses armes, armes redoutables et victorieuses, qui font trembler tout le monde, et rétablissent par force l'empire de Satan dans tout l'univers.

O Jésus, Seigneur des seigneurs, Arbitre de tous les empires et Prince des rois de la terre, jusqu'à quand endurerez-vous que votre ennemi déclaré, assis sur le trône du grand Constantin, soutienne avec tant d'armées les blasphèmes de son Mahomet, abatte votre croix sous son croissant, et diminue tous les jours la chrétienté par des armes si fortunées? Est-ce que vous réservez cette redoutable puissance , pour faire souffrir à votre Eglise cette dernière et effroyable persécution que vous lui avez dénoncée? Est-ce que pour entretenir votre Eglise dans le mépris des grandeurs, comme elle y a été élevée, en même temps que vous lui donnez la gloire d'avoir des rois pour enfants, vous abandonnez d'un autre côté à votre ennemi capital, comme un présent de peu d'importance , le plus redoutable empire qui soit éclairé par le soleil ? Ou bien est-ce qu'il ne vous plait pas que votre Eglise nourrie dans les alarmes, fortifiée par les persécutions et par les terreurs, jouisse dans la paix même d'une tranquillité assurée ? Et c'est pour cette raison que vous lui mettez comme sur sa tête cette puissance redoutable, qui ne cesse de la menacer de la dernière désolation.

Et en effet, chrétiens, c'a été le conseil de Dieu que l'Eglise fût établie au milieu des flots, qui frémissent impétueusement autour d'elle et menacent de l'engloutir. C'est pourquoi saint Augustin, expliquant ces paroles du sacré Psalmiste : Lœtentur insulœ multœ (In Psal. XCVI, n. 4), dit que ces îles vraiment fortunées , qui doivent se réjouir du règne de Dieu, sont les églises chrétiennes environnées de toutes parts d'une mer irritée, qui menace de les engloutir et de les couvrir sous ses ondes. Tel est le conseil de Dieu; et je regarde la puissance mahométane comme un océan indomptable, toujours prêt à inonder toute l'Eglise, sa furie n'étant arrêtée que par des digues entr'ouvertes : ce sont les puissances chrétiennes , toujours cruellement divisées. Et n'étaient-ce pas ces divisions qui avoient ouvert autrefois aux sultans, successeurs de Mahomet , une entrée si large , que du temps de Pierre Nolasque les Espagnes mêmes étaient entièrement inondées ?

C'est ce qui lui perce le cœur. Il est nuit et jour persécuté des cris des captifs; il faut qu'il coure à leur délivrance. Ne lui dites pas que la noblesse de. son extraction et le crédit qu'il a auprès du roi d'Arragon , dont il a été précepteur, l'appelle à des emplois plus illustres : il court après ses captifs. Il fallait qu'il descendit de bien haut à l'humiliation d'un emploi si bas (Var. : De bien haut à la bassesse), selon l'estime du monde, pour mieux imiter celui qui est descendu du ciel en la terre. Imiter un Dieu rédempteur, c'est toute la gloire qu'il se propose. Par mille traverses, par mille périls, il va délivrer ses frères, etc.

Induite vos ergo sicut electi Dei, sancti et dilecti, viscera misericordiœ, benignitatem, humilitatem, modestiam, patientiam (Coloss., III, 12). Dieu commence, imitez. Un combat entre nous et la miséricorde divine. Dieu commence, imitez. Estote misericordes, sicut Pater tester cœlestis misericors est. Dieu revient à la charge ; il vous imite à son tour : Beati misericordes, quoniam ipsi misericordiam consequentur (Luc., VI, 30). Un flux et reflux de miséricorde. Dieu qui aime un tel sacrifice, multiplie ses dons. Allant ainsi en augmentant, après avoir donné vos soins, vous donnerez à la fin votre propre personne, comme saint Pierre Nolasque.


SECOND POINT.

Ce fut, Messieurs, un grand spectacle, lorsqu'on vit sur le Calvaire le Fils uniquement agréable se mettre en la place des ennemis; l'innocent, le juste, la sainteté même se donner en échange pour les malfaiteurs; celui qui était infiniment riche se constituer caution, et se livrer tout entier pour les insolvables.

Vous savez assez, chrétiens, quelle dette le genre humain avait contractée envers Dieu et envers sa sainte justice. Nous sommes naturellement débiteurs à ses lois suprêmes. Et qu'est-ce que nous leur devons? Une obéissance fidèle. Mais lorsque nous manquons volontairement à lui payer cette dette, nous entrons dans une autre obligation : nous devons notre tête à ses vengeances, nous ne pouvons plus le payer que par notre mort et notre supplice.

En vain les hommes effrayés par le sentiment de leurs crimes, cherchent des victimes et des holocaustes pour les subroger en leur place. Dussent-ils massacrer tous leurs troupeaux et les immoler à Dieu devant ses autels, il n'est pas possible que la vie des bêtes paie pour la vie des hommes; la compensation n'est pas suffisante : Impossibile enim est sanguine taurorum et hircorum auferri peccata (Hebr., X, 4). De sorte que ceux qui offraient de tels sacrifices faisaient bien, à la vérité, une reconnaissance publique de ce qu'ils devaient à la justice divine; mais ils n'a voient pus pour cela le paiement de leurs dettes. Il fallait qu'un homme payât poulies hommes, et c'est pour cela qu'un Dieu s'est fait homme.

Ce Dieu-Homme, avide de nous racheter, livre à l'abandon sa propre personne à la justice de Dieu, à l'injustice des hommes, à la furie des démons. Dieu, les hommes, les démons exercent sur lui toute leur puissance. Il s'engage, il se prodigue de tous côtés; et il ne lui importe pas comment il se donne, pourvu qu'il paie notre prix, et qu'il nous rende notre liberté et notre franchise.

Je ne puis vous dire, mes Frères, dans quels excès nous doit jeter la contemplation de ce mystère. Jésus-Christ se donnant pour moi et devenant ma rançon m'apprend deux choses contraires : il m'apprend à m'estimer, il m'apprend à me mépriser, et l'un et l'autre jusqu'à l'infini. Mon cœur incertain et irrésolu, ne sait à quoi se déterminer au milieu de telles contraintes. M'estimerai-je , me mépriserai-je, ou joindrai-je l'un et l'autre ensemble, puisque mon Sauveur m'apprend l'un et l'autre?

Oui, chrétiens, mon Sauveur m'apprend à m'estimer jusqu'à l'infini. Car la règle d'estimer les choses, c'est de connaître le prix qu'elles coûtent. Ecoutez maintenant l'Apôtre (I Petr. I, 18, 19), qui vous dit que vous avez été rachetés, non par or ni par argent, ni par des richesses corruptibles, mais par la vie d'un Dieu , mais par le sang d'un Dieu, parla personne d'un Dieu immolé pour vous. O âme, dit saint Augustin (In Psal. CII, n. 6), apprends à t'estimer par cette rançon (Var. : Par ce prix) ; voilà le prix que tu vaux : O anima, erige te, tanti vales. O homme ! celui qui t'a fait s'est livré pour toi, celui dont la sagesse infinie sait donner si justement la valeur aux choses a mis ton âme à ce prix. Qu'est-ce donc que la terre, qu'est-ce que le ciel, qu'est-ce que toute la nature ensemble à comparaison de ma dignité (De ce que je suis)?

Mais ce qui m'apprend à m'estimer, m'apprend à me mépriser jusqu'à l'excès. Car quand je vois un Dieu qui se ravilit jusqu'à vouloir se donner lui-même pour racheter ses esclaves, que dis-je ses esclaves? cette qualité est trop honorable, les esclaves du démon et du péché, il me semble qu'il se rabaisse, non plus qu'au néant, mais infiniment au-dessous. Et en effet, chrétiens, se rendre semblable aux hommes, c'est se ravaler jusqu'au néant; mais se livrer pour les hommes, mourir pour les hommes, créature si vile par son extraction et si ravilie par son crime, c'est plus que s'anéantir, puisque c'est mettre le néant au-dessus de soi (Var. : Puisque c'est se mépriser pour le néant même).

Après l'exemple d'un Dieu à qui l'excès de sa charité rend sa propre vie méprisable, pourvu qu'il puisse à ce prix racheter les âmes, y a-t-il quelque esclave assez malheureux pour lequel nous devions craindre de nous prodiguer? Saint Paul aussi ne sait plus que faire : Ego autem impendam. Ce n'est pas assez , il faut inventer un terme nouveau pour exprimer une ardeur nouvelle : Et superimpendar ipse pro animabas vestris (II Cor., XII, 15). Un martyre, c'est la privation du martyre, le vrai néant. C'est ce qui touche saint Pierre Nolasque; sa personne ne lui est plus rien, quand il voit un Dieu se donner lui-même. Il n'y a point de cachots dans lesquels il n'aille chercher de pauvres captifs, pour leur rendre leur liberté aux dépens de sa propre vie.

Le voyez-vous, Messieurs, traitant avec ce barbare de la délivrance de ce chrétien. S'il manque quelque chose au prix, il offre un supplément admirable : il est prêt à donner sa propre personne; il consent d'entrer dans la même prison, de se charger des mêmes fers, de subir les mêmes travaux et de rendre les mêmes services. O grâce de la rédemption, que vous opérez dans son âme ! Il a un cœur de Jésus, qui n'a ni de vie ni de liberté que pour la rédemption de ses frères. C'est l'esprit d'un Dieu rédempteur qui le rend capable de ces sentiments. Car admirez la suite de cette action. Prisonnier entre les mains des pirates pour ses frères qu'il a délivrés, il préfère son cachot à tous les palais et ses chaînes à tous les trésors. Il n'y a rien qui puisse égaler sa joie ; et je ne m'en étonne pas. La liberté plait à la nature la captivité à la grâce; et saint Pierre Nolasque goûte l'une et l'autre, portant en lui-même la captivité et possédant la liberté dans ses frères, qu'il a heureusement affranchis d'une misérable servitude. Il est satisfait, puisque ses frères le sont; et pour ce qui regarde sa liberté propre, il la méprise si fort, qu'il est toujours prêt de l'abandonner pour le moindre des chrétiens captifs, ne désirant d'être libre que pour s'engager de nouveau en faveur des autres esclaves. Voyez ce que lui apprend un Dieu rédempteur : on veut l'engager à la Cour dans les liens de la fortune, il le refuse et il court pour se charger d'autres liens ; ce sont les liens de Jésus-Christ.

Je ne sais si je pourrai vous faire comprendre ce que Dieu me met dans l'esprit, pour exprimer les transports de la charité de ce grand homme. Il me semble en vérité, chrétiens, qu'il goûte mieux dans les autres la douceur de la liberté qu'il ne le ferait en lui-même. Car le plaisir d'être libre quand il s'attache à nous-mêmes , étant un fruit de notre amour-propre, le chrétien doit craindre de s'abandonner à cette douceur trop sensible. Quand est-ce donc qu'un homme de Dieu goûtera le plaisir de la liberté dans toute son étendue? Quand il ne la goûtera que dans ses frères affranchis. Telles sont les délices de Pierre Nolasque. Pendant qu'il est dans les fers, il ressent tout le plaisir et toute la joie des chrétiens qu'il a délivrés (Var. : De ceux qu'il a délivrés) ; et il le ressent d'autant plus que cette joie ne le flatte qu'en le dépouillant de lui-même, pour lui faire trouver son repos dans le repos de ses frères.

Telle est la joie du Dieu rédempteur. Ecoutez le divin Apôtre : Proposito sibi gaudio sustinuit crucem (Hebr., XII, 2) : « Il a enduré la croix s'étant proposé une grande joie. » Quelle joie pouvait goûter ce divin Sauveur dans cette langueur, dans cette tristesse, dans cet ennui accablant dans lequel sa sainte âme était abîmée? Quelle joie, dis-je, pouvait-il goûter, qui ait fait dire à l'Apôtre : Proposito sibi gaudio ? Joie divine, joie toute céleste et digne d'un Dieu sauveur, la joie d'affranchir les hommes captifs en donnant son âme pour eux.

Pour tirer quelque utilité d'un si grand exemple, faisons cette observation, que nous devons honorer la charité d'un Dieu rédempteur en deux manières différentes. Nous la devons honorer par une généreuse indépendance, nous la devons honorer par une extrême sujétion. Car ainsi que nous avons dit, un Dieu se prodiguant pour les âmes nous apprend également à nous estimer et à nous mépriser nous-mêmes. L'estime que nous devons avoir de nous-mêmes nous rend libres et indépendants; le mépris que nous devons faire de nous-mêmes nous doit rendre esclaves volontaires, pour honorer la charité de celui qui étant libre et indépendant, s'est assujetti pour notre salut à des extrémités si cruelles.

Saint Paul parle ainsi aux fidèles : « Vous avez été achetés d'un prix infini, ne vous rendez pas esclaves des hommes » (I Cor., VII, 23). Rachetés d'une si grande rançon, ne ravilissez pas votre dignité; vous qu'un Dieu a daigné payer au prix de son sang, ne soyez pas dépendants des hommes mortels; ne prodiguez pas une liberté qui a tant coûté à votre Sauveur. Tel est le précepte de l'Apôtre ; et il semble que Pierre Nolasque agit au contraire; et je vois que pour imiter un Dieu rédempteur, il se rend esclave des hommes, et des hommes ennemis de Dieu. Entendons le sens de l'Apôtre : « Vous qui êtes rachetés par un si grand prix, ne vous rendez pas, dit-il, serviteurs des hommes. » Ne vous rendez pas les esclaves de leurs vanités, mais rendez-vous esclaves de leurs besoins. Ne vous rendez pas leurs esclaves en adhérant à leurs erreurs, mais rendez-vous leurs esclaves en soulageant leurs nécessités; ne vous rendez pas leurs esclaves par une vaine complaisance, mais rendez-vous leurs esclaves par une chanté sincère et compatissante : Per charitatem servite invicem (Galat., V, 13).

Entrons dans le détail de cette morale. Un de vos amis vous aborde, un de ces amis mondains qui vous aiment pour le siècle et les vanités; il vous veut donner un sage conseil; comme il vous honore et qu'il vous estime, il désire votre avancement. C'est pourquoi il vous exhorte de vous embarquer dans cette intrigue peut-être malicieuse, d'engager ce grand dans vos intérêts peut-être au préjudice de votre conscience. Prenez garde soigneusement, et ne vous rendez pas esclaves des hommes. Entrez en considération de ce que vous êtes, pensez ce qu'un Dieu a donné pour vous. Quand on vous représente ce que vous valez pour vous engager dans des desseins ambitieux : — Vous ne me connaissez pas tout entier, je vaux infiniment davantage. — Ne vous mettez pas tout seul dans la balance : « Pesez-vous, dit saint Augustin, avec votre prix : » Appende te cum pretio tuo (Enar. II, in Psal. XXXII, n. 4) ; et si vous savez estimer votre âme, vous verrez qu'aucune chose n'est digne de vous, qui ne soit digne premièrement de Jésus-Christ même. — Vous êtes digne de cet emploi. — Mais est-il digue de ce que je suis?— Ne soyons donc pas si vils à nous-mêmes, nous qui sommes si précieux au Dieu Rédempteur, que nous nous rendions esclaves des hommes et des complaisances mondaines. C'est ainsi que nous devons estimer notre âme, pour laquelle Jésus-Christ a donné la sienne.

Mais apprenons aussi à nous mépriser, et à dire avec l'Apôtre : « Mon âme ne m'est pas précieuse (Act., XX, 24). » Si nos frères ont besoin de notre secours, quelque indignes qu'ils nous paraissent de cette assistance, ne craignons pas de nous prodiguer pour les secourir. Car Jésus n'a pas dédaigné de prodiguer et sa vie et sa divine personne pour le salut des pécheurs. Méprisons donc saintement notre âme, ayons-la toujours en nos mains pour la prodiguer au premier venu : Anima mea in manibus meis semper (Psal. CXVIII, 109). O sainte charité, rendez-moi captif des nécessités des misérables; disposez en leur faveur, non-seulement de mes biens, mais de ma vie et de ma personne. C'est ici qu'il faut pratiquer toutes ces contrariétés évangéliques, de perdre son âme pour la conserver, de la gagner en la prodiguant, de la rendre estimable par le mépris même.

Car en effet, chrétiens, quelle gloire, quelle grandeur, quelle dignité dans ce mépris! Saint Pierre Nolasque ne s'estime rien, il s'appelle un vrai néant, et préfère la liberté du moindre esclave à la sienne. Et vous voyez qu'en se méprisant, il participe à la dignité du Sauveur des âmes, qui s'est montré non-seulement le Sauveur, mais encore le maître et le Dieu de tous, en se donnant volontairement pour tous.

Ah! le zèle de Dieu me presse. Je ne veux plus que mon âme soit à moi-même. Venez, pauvres; venez, misérables; faites de moi ce qu'il vous plaira; je suis à vous, je suis votre esclave. Ce n'est pas moi, Messieurs, en particulier qui vous parle ainsi ; mais je vous exprime, comme je peux, les sentiments d'un vrai chrétien. O Dieu, qui nous donnera que des âmes de cette sorte, libres par leur servitude, dégagées et indépendantes par leur dépendance, travaillent au salut des hommes! L'Eglise aurait bientôt conquis tout le monde. Car telle est la règle de l'Evangile : il faut que nous nous donnions à ceux que nous voulons gagner à Jésus-Christ. Voulons-nous les assujettir, il faut nous assujettir à leur service, et nous devons pour ainsi dire être leur conquête pour les rendre capables d'être la nôtre. Pourquoi est-ce qu'un Paul, un Céphas, un Apollo et tant d'autres ouvriers fidèles ont conquis tant d’âmes à notre Sauveur? C'est à cause qu'ils se donnaient sans retenue aux âmes : Omnia vestra sunt ; « Tout est à vous, dit l'Apôtre (I Cor., III, 22), et Paul et Céphas et Apollo; » tout est à vous encore une fois. C'est pourquoi tout était à eux, parce qu'ils étaient à tous sans réserve.

Et Dieu nous a fait connaître, en la vie de notre grand saint, l'efficace de cette charité si bienfaisante. On a vu un mahométan, astrologue, médecin, parent du roi maure d'Andalousie, c'est-à-dire si nous l'entendons, un homme dans lequel tout combattait contre l'Evangile, la religion, la science, la curiosité, la fortune, qui baissa néanmoins la tête sous le joug aimable de Jésus-Christ, convaincu par le seul miracle de la charité de saint Pierre Nolasque. Il voyait un homme qui se donnait pour des inconnus ; l'image du mystère de la rédemption lui fit adorer l'original : il crut à la charité que Dieu a eue pour les hommes, en voyant celle que ce même Dieu inspirait aux hommes pour leurs semblables. Il n'eut point de peine à comprendre que ce grand œuvre de la rédemption, que les chrétiens vantaient avec tant de force, était réel et véritable, puisque l'esprit en durait encore, et.se déclarait à ses yeux avec une telle efficace dans cet illustre disciple de la croix. Il se jette donc entre ses bras; et non content de recevoir de lui le baptême, il lui demande l'habit de son ordre, avide de pratiquer ce qui l'avait gagné à l'Eglise : Si comprehendam in quo et comprehensus sum à Christo Jesu (Philip., III, 22). Ha! si l'on voyait reluire en l'Eglise cette charité désintéressée, toute la terre se convertirait. Car qu'y aurait-il de plus efficace, pour faire adorer un Dieu se livrant pour tous, que d'imiter son exemple? Hoc enim sentite in vobis quod et in Christo Jesu (Ibid., II, 5) : « Soyez dans la même disposition où a été Jésus-Christ. » Renonçons donc à nous-mêmes pour gagner nos frères ; c'est à quoi nous invite saint Pierre Nolasque. Il y invite les autres ; mais, mes Pères, il vous a dévoués : c'est le sujet de ma troisième partie.

(a) Prêché le 31 janvier 1665, dans l'église des Pères de la Merci, à Paris. Pierre Nolasque, né en 1189 dans le midi de la France, fonda en Espagne l'ordre de la Merci, qui se dévouait au rachat des captifs. Ami de saint Louis, puis précepteur du fds du roi d'Aragon, il fut canonisé en 1659 sur les prières de Louis XIV, et de ce moment les orateurs sacrés firent retentir son éloge du haut de la chaire chrétienne.Bossuet prononça son panégyrique dans l'église de la Merci ; car il dit à la fin du deuxième point : « Renonçons à nous-mêmes pour gagner nos frères : c'est à quoi nous invite saint Pierre Nolasque. Il y invite les autres, mais, mes Pères, il vous y a dévoués. »

Le prédicateur devait nécessairement, dans l'éloge de Pierre Nolasque, parler de la puissance musulmane. Aussi Bossuet s'écria-t-il : « O Jésus, Seigneur «les seigneurs, arbitre de tous les empires et prince des rois de la terre, jusqu'à quand endurerez-vous que votre ennemi déclaré, assis sur le trône du grand Constantin, soutienne avec tant d'armées les blasphèmes de son Mahomet, abatte votre croix sous son croissant, et diminue tous les jours la chrétienté par des armes si fortunées? » etc. Bossuet tint a peu près le même langage l'année suivante devant Louis XIV. Pour montrer que la puissance, les sceptres et les couronnes n'ont aucun prix devant Dieu : «... Quand je vois, dit-il, cet ennemi déclaré du nom chrétien soutenir avec tant d'armées les blasphèmes de Mahomet contre l'Evangile, abattre sous son croissant la croix de Jésus-Christ notre Sauveur, diminuer tous les jours la chrétienté par des armes si fortunées; et que je considère d'ailleurs que tout déclaré qu'il est contre Jésus-Christ, ce sage distributeur des couronnes le voit du plus haut des cieux assis sur le trône du grand Constantin, et ne craint pas de lui abandonner un si grand empire comme un présent de peu d'importance : ah ! qu'il m'est aisé de comprendre qu'il fait peu d état de telles faveurs et de tous les biens qu'il donne pour la vie présente ! » etc. (Vol. IX, p. 174.)

Le manuscrit original du panégyrique de Pierre Nolasque se trouve à la bibliothèque du séminaire de Meaux. Le premier point n'est qu'esquissé vers la fin, et le troisième manque entièrement.

Oeuvres complètes de Bossuet. F. Lachat. Paris, Librairie de Louis Vivès Éditeur, rue Delambre 5, 1862

SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/bossuet/volume012/006.htm

Jusepe Martínez  (1600–1682). San Pedro Nolasco, XVIIe siècle, musée de Saragosse


Saint Peter Nolasco

Also known as

Peter Nolascus

Pedro

Pietro

Memorial

25 December

6 May (Mercedarians)

formerly 28 January (from 1969 to 2001)

formerly 31 January (prior to 1969)

Profile

Born to the French nobility. Grew up a pious youth. His father died when Peter was fifteen, and he inherited a substantial fortune. When he came of age, he gave away his possessions and moved to BarcelonaSpain to avoid the Albigensian heretics. He later took part in the Crusades against the Albigensians in southern FranceTutor to King James I of Aragon. Settled in Barcelona. Friend of Saint Raymond Penyafort. He used his large inheritance to ransom Christians held prisoner by the Moors. Founded the Order of Our Lady of Mercy (Mercedarians) beginning in 1218, an order devoted to ransoming Christians; the Order received papal approval in 1230. Peter twice served as a captive in Africa, winning the release of over 400 captives. In 1249, Peter retired from the Order to spend his remaining days in quiet prayer.

Born

1182 at Mas-des-Saintes-Puelles, near Castelnaudary, Languedoc, France

Died

25 December 1258 of natural causes

Canonized

30 September 1628 by Pope Urban VIII (cultus confirmation)

Additional Information

Book of Saints, by the Monks of Ramsgate

Catholic Encyclopedia: Mercedarians

Catholic Encyclopedia: Peter Nolasco

Lives of the Saints, by Father Alban Butler

New Catholic Dictionary: Mercedarians

New Catholic Dictionary: Saint Peter Nolasco

Pictorial Lives of the Saints

Roman Martyrology1914 edition

Saints and Saintly Dominicans, by Blessed Hyacinthe-Marie CormierO.P.

Saints of the Day, by Katherine Rabenstein

Short Lives of the Saints, by Eleanor Cecilia Donnelly

books

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“Saint Peter Nolasco“. CatholicSaints.Info. 21 April 2022. Web. 6 May 2022. <https://catholicsaints.info/saint-peter-nolasco/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-peter-nolasco/

Iglesia y Ex Convento de la Merced (Tarazona)


St. Peter Nolasco

Born at Mas-des-Saintes-Puelles, near Castelnaudary, France, in 1189 (or 1182); died at Barcelona, on Christmas Day, 1256 (or 1259). He was of a noble family and from his youth was noted for his pietyalmsgiving, andcharity. Having given all his possessions to the poor, he took a vow of virginity and, to avoid communication with the Albigenses, went to Barcelona.

At that time the Moors were masters of a great part of the Iberian peninsula, and many Christians were detained there and cruelly persecuted on account of the Faith. Peter ransomed many of these and in doing so consumed all his patrimony. After mature deliberation, moved also by a heavenly vision, he resolved to found a religiousorder (1218), similar to that established a few years before by St. John de Matha and St. Felix de Valois, whose chief object would be the redemption of Christian slaves. In this he was encouraged by St. Raymond Penafortand James I, King of Aragon, who, it seems, had been favoured with the same inspiration. The institute was called Mercedarians and was solemnly approved by Gregory IX, in 1230. Its members were bound by a specialvow to employ all their substance for the redemption of captive Christians, and if necessary, to remain incaptivity in their stead. At first most of these religious were laymen as was Peter himself. But Clement V decreedthat the master general of the order should always be a priest. His feast is celebrated on the thirty-first of January.

[With the reform of the general Roman calendar in 1969, the feast of St. Peter Nolasco on 31 January was suppressed; he is commemorated in the Roman Martyrology and in local and particular liturgical calendars on 28 January.]

Sources

Acta SS.; DE VARGAS, Chronica sancti et militaris ordinis B. M. de Mercede (Palermo, 1619); GARI Y SIUMELL, Bibliotheca Mercedaria (Barcelona, 1875); MARIN, Histoire de l'Église (Paris, 1909).

Allaria, Anthony. "St. Peter Nolasco." The Catholic Encyclopedia. Vol. 11. New York: Robert Appleton Company, 1911. 28 Jan. 2016 <http://www.newadvent.org/cathen/11770b.htm>.

Transcription. This article was transcribed for New Advent by Herman F. Holbrook. Our Lady of Ransom and Saint Peter, pray for us.

Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. February 1, 1911. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.

Copyright © 2020 by Kevin Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.

SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/11770b.htm


Peter Nolasco, Founder (RM)

Born at Mas-des-Saintes Puelles (Languedoc), France, (or Barcelona, Spain?) c. 1189; died in Barcelona, Spain, December 25, 1258; canonized in 1628; feast extended to the universal Church in 1664; feast day formerly on January 31. Peter Nolasco's family was either mercantile or a distinguished one, possessing great estates, all of which Peter inherited at age 15 upon the death of his father. It is said that he consecrated himself to a life of celibacy and service to the poor when he was still quite young. At his father's death he went to Barcelona, Spain, and quickly exhausted his entire estate paying ransoms to the Moors of Spain for the release of Christian prisoners. (Tabor relates that he was one of the converts of Saint John of Matha.)

In response to a vision (which according to legend was experienced also by Saint Raymond of Peñafort and King James of Aragon), Peter decided to found a religious congregation dedicated to ransoming Christian slaves from the ruling Moors. The Order of Our Lady of Ransom (the Mercedarians) developed from the decision, with the help of Saint Raymond, Peter's spiritual director, who is considered the cofounder of the order. With the approval of Bishop Berengarius of Barcelona, Peter more actively encouraged others to contribute large sums to this same charity. Confirmation of its foundation and rule was given by Pope Gregory IX in 1235.

The exact year of the founding of the order is unknown (sometime between 1218 and 1234) and there is very little available on the life of this founder because there are so many spurious documents on his life.

In addition to the three traditional religious vows, the Mercedarians took a fourth--to give themselves if necessary in exchange for a slave. Otherwise, the rule followed that of the Augustinians. Peter travelled to Moorish-dominated Spain several times and to Algeria, where he was imprisoned for a while. It is claimed that he redeemed 400 Christians during one trip to Valencia and Granada. He resigned his position as master general in 1249-- several years before his own death (Attwater, Benedictines, Delaney, Encyclopedia, Farmer, Tabor).

In art, Saint Peter is an old man dressed in the white Mercedarian habit with the arms of Aragon on the breast (Roeder, Tabor) , holding a bell on which is the image of the Blessed Virgin. Sometimes he may be shown (1) with the king watching the large bell being dug up with the image of the Virgin; (2) as the Virgin gives him as scapular; (3) holding a chain or surrounded by captives; (4) wearing a large pilgrim's hat, in a boat with boatmen; (5) witnessing a vision of heaven shown to him by an angel; (6) having a vision of Saint Peter, crucified upside-down; (7) as two angels carry him to the altar; or (8) with a banner bearing a red cross (Roeder).

He is especially venerated in Barcelona (Roeder). A series of paintings on Saint Peter by Zurbarán can be found in the Prado Museum of Madrid (Farmer).

SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0128.shtml

San Pedro Nolasco, fundador de la Orden de la Merced (1218).


Pictorial Lives of the Saints – Blessed Virgin Mary of Mercy

Saint Peter, of the noble family of Nolasco, was born in Languedoc, about 1189. At the age of twenty-five he took avow of chastity, and made over his vast estates to the Church. Some time after, he conceived the idea of establishing an order for the redemption of captives. The divine will was soon manifested. The Blessed Virgin appeared on the same night to Peter, to Raymund of Pennafort, his confessor, and to James, King of Arragon, his ward, and bade them prosecute without fear their holy designs. After great opposition, the Order was solemnly established, and approved by Pope Gregory IX, under the name of Our Lady of Mercy. By the grace of God, and under the protection of His Virgin-Mother, the Order spread rapidly, its growth being increased by the charity and piety of its members, who devoted themselves not only to collecting alms for the ransom of the Christians, but even gave themselves up to voluntary slavery to aid the good work. It is to return thanks to God and the Blessed Virgin that a feast was instituted which was observed in the Order of Mercy, then in Spain and France, and at last extended to the whole Church by Pope Innocent XII, and the 24th September named as the day on which it is to be observed.

Reflection – Saint Peter Nolasco and his knights were laymen, not priests, and yet they considered the salvation of their neighbor intrusted to them. We can each of us by counsel, by prayer, but above all by holy example, assist the salvation of our brethren, and thus secure our own.

SOURCE : https://catholicsaints.info/pictorial-lives-of-the-saints-the-blessed-virgin-mary-of-mercy/

Jerónimo Jacinto Espinosa  (1600–1667). San Pedro Nolasco intercediendo por sus frailes enfermos / Sant Pere Nolasc intercedint pels seus frares malalts, vers 1651-1652, 181 x 119,5, musée des beaux-arts de Valence


St. Peter Nolasco, Confessor

From Chronica Sacri et Militaris Ordinis B. M. de Mercede, per Bern. de Vargas, ej. Ord. 2 vol. in fol. Panormi, 1622, and by John de Latomis, in 12mo. in 1621, and especially the Spanish history of the same by Alonso Roman, 2 vol. fol. at Madrid, in 1618, and the life of the saint compiled in Italian by F. Francis Olihano, in 4to. 1688. See also Baillet, and Hist. des Ordres Relig. par. Helyot, and Hist. de l’Ordre de Notre Dame de la Merci, par les RR Pères de la Merci, de la Congrégation de Paris, fol. printed at Amiens, in 1685

A.D. 1258.

[Founder of the Order of Our Lady for the Redemption of Captives.]  PETER, of the noble family of Nolasco, in Languedoc, was born in the diocess of St. Papoul, about the year 1189. His parents were very rich, but far more illustrious for their virtue. Peter, whilst an infant, cried at the sight of a poor man, till something was given him to bestow on the object of his compassion. In his childhood he gave to the poor whatever he received for his own use. He was exceeding comely and beautiful; but innocence and virtue were his greatest ornaments. It was his pious custom to give a very large alms to the first poor man he met every morning, without being asked. He arose at midnight, and assisted at matins in the church, as then the more devout part of the laity used to do together with all the clergy. At the age of fifteen he lost his father, who left him heir to a great estate; and he remained at home under the government of his pious mother, who brought him up in extraordinary sentiments and practices of virtue. Being solicited to marry, he betook himself to the serious consideration of the vanity of all earthly things; and rising one night full of those thoughts, prostrated himself in fervent prayer, which he continued till morning, most ardently devoting himself to God in the state of celibacy, and dedicating his whole patrimony to the promoting of his divine honour. He followed Simon of Montfort, general of the holy war against the Albigenses, an heretical sect, which had filled Languedoc with great cruelties, and overspread it with universal desolation. The count vanquished them, and in the battle of Muret defeated and killed Peter, king of Arragon, and took his son James prisoner, a child of six years old. The conqueror having the most tender regard and compassion for the prince his prisoner, appointed Peter Nolasco, then twenty-five years old, his tutor, and sent them both together into Spain. Peter in the midst of the court of the king at Barcelona, 1 where the kings of Arragon resided, led the life of a recluse, practising the austerities of a cloister. He gave no part of his time to amusements, but spent all the moments which the instruction of his pupil left free, in holy prayer, meditation and pious reading. The Moors at that time were possessed of a considerable part of Spain, and great numbers of Christians groaned under their tyranny in a miserable slavery both there and in Africa. Compassion for the poor had always been the distinguishing virtue of Peter. The sight of so many moving objects in captivity, and the consideration of the spiritual dangers to which their faith and virtue stood exposed under their Mahometan masters, touched his heart to the quick, and he soon spent his whole estate in redeeming as many as he could. Whenever he saw any poor Christian slaves, he used to say: “Behold eternal treasures which never fail.” By his discourses he moved others to contribute large alms towards this charity, and at last formed a project for instituting a religious Order for a constant supply of men and means whereby to carry on so charitable an undertaking. This design met with great obstacles in the execution: but the Blessed Virgin, the true mother of mercy, appearing to St. Peter, the king, and saint Raymund of Pennofort, in distinct visions the same night, encouraged them to prosecute the holy scheme under the assurance of her patronage and protection. St. Raymund was the spiritual director both of St. Peter and of the king, and a zealous promoter of this charitable work.

The king declared himself the protector of the Order, and assigned them a large quarter of his own palace for their abode. All things being settled for laying the foundation of it, on the feast of St. Laurence, in the year 1223, the king and Saint Raymund conducted St. Peter to the church and presented him to Berengarius, the bishop of Barcelona, who received his three solemn religious vows, to which the saint added a fourth to devote his whole substance and his very liberty, if necessary, to the ransoming of slaves; the like vow he required of all his followers. St. Raymund made an edifying discourse on the occasion, and declared from the pulpit, in the presence of this august assembly, that it had pleased Almighty God to reveal to the king, to Peter Nolasco, and to himself, his will for the institution of an Order for the redemption of the faithful, detained in bondage among the infidels. This was received by the people with the greatest acclamations of joy, happy presages of the future success of the holy institute. 2 After this discourse, St. Peter received the new habit (as Mariana and Pope Clement VIII. in his bull say) from St. Raymund, who established him first general of this new Order, and drew up for it certain rules and constitutions. Two other gentlemen were professed at the same time with St. Peter. When St. Raymund went to Rome, he obtained from Pope Gregory IX. in the year 1225, the confirmation of this Order, and of the rule and constitutions he had drawn up. He wrote an account of this from Rome to St. Peter, informing him how well pleased his Holiness was with the wisdom and piety of the institute. The religious chose a white habit, to put them continually in mind of innocence; they wear a scapular, which is likewise white: but the king would oblige them, for his sake, to bear the royal arms of Arragon, which are interwoven on their habit upon the breast. Their numbers increasing very fast, the saint petitioned the king for another house; who, on this occasion, built for them, in 1232, a magnificent convent at Barcelona. 3

King James having conquered the kingdom of Valentia, founded in it several rich convents; one was in the city of Valentia, which was taken by the aid of the prayers of St. Peter, when the soldiers had despaired of success, tired out by the obstinacy of the beseiged and strength of the place. In thanksgiving for this victory, the king built the rich monastery in the royal palace of Uneza, near the same city, on a spot where an image of our Lady was dug up, which is still preserved in the church of this convent, and is famous for pilgrimages. It is called the monastery of our Lady of mercy del Puche. 4 That prince attributed to the prayers of St. Peter thirty great victories which he obtained over the infidels, and the entire conquest of the two kingdoms of Valencia and Murcia. St. Peter, after his religious profession, renounced all his business at court, and no entreaties of the king could ever after prevail with him to appear there but once and this was upon a motive of charity to reconcile two powerful noblemen, who by their dissension had divided the whole kingdom, and kindled a civil war. The saint ordained that two members of the Order should be sent together amongst the infidels to treat about the ransom of Christian slaves, and they are hence called Ransomers. One of the two first employed in this pious work was our saint; and the kingdom of Valencia was the first place that was blessed with his labours: the second was that of Granada. He not only comforted and ransomed a great number of captives, but by his charity and other rare virtues, was the happy instrument of inducing many of the Mahometans to embrace the faith of Christ. He made several other journeys to the coasts of Spain, besides a voyage to Algiers, where, among other sufferings, he underwent imprisonment for the faith. But the most terrifying dangers could never make him desist from his pious endeavours for the conversion of the infidels, burning with a holy desire of martyrdom. He begged earnestly of his Order to be released from the burden of his generalship: but by his tears could only obtain the grant of a vicar to assist him in the discharge of it. He employed himself in the meanest offices of his convent, and coveted above all things to have the distribution of the daily alms at the gate of the monastery: he at the same time instructed the poor in the knowledge of God and in virtue. St. Lewis IX. of France wrote frequently to him, and desired much to see him. The saint waited on him in Languedoc, in the year 1243, and the king, who tenderly embraced him, requested him to accompany him in his expedition to recover the holy Land. St. Peter earnestly desired it, but was hindered by sickness, with which he was continually afflicted during the last years of his life, the effect of his fatigues and austerities, and he bore it with incomparable patience. In 1249, he resigned the offices of Ransomer and General, which was six or seven years before his death. This happened on Christmas-day, in 1256. In his agony, he tenderly exhorted his religious to perseverance, and concluded with those words of the psalmist: Our Lord hath sent redemption to his people; he hath commanded his covenant for ever. 5 He then recommended his soul to God by that charity with which Christ came from heaven to redeem us from the captivity of the devil, and melting into tears of compunction and divine love, he expired, being in the sixty-seventh year of his age. His relics are honoured by many miracles. He was canonized by Pope Urban VIII. His festival was appointed by Clement VIII. to be kept on the 31st of January.

Charity towards all mankind was a distinguishing feature in the character of the saints. This benevolent virtue so entirely possessed their hearts, that they were constantly disposed to sacrifice even their lives for the relief and assistance of others. Zealously employed in removing their temporal necessities, they laboured with redoubled vigour to succour their spiritual wants, by rooting out from their souls the dominion of sin, and substituting in its room the kingdom of God’s grace. Ingratitude and ill-treatment, which was the return they frequently met with for their charitable endeavours, were not able to allay their ardent zeal: they considered men on these occasions as patients under the pressure of diseases, more properly the object of compassion than of resentment. They recommended them to God in their private devotions, and earnestly besought his mercy in their favour. This conduct of the saints, extraordinary as it is, ceases to appear surprising when we recollect the powerful arguments our Blessed Saviour makes use of to excite us to the love of our neighbour. But how shall we justify our unfeeling hard-heartedness, that seeks every trifling pretence to exempt us from the duty of succouring the unfortunate? Have we forgotten that Jesus Christ our Redeemer, who alone hath bestowed on us whatever we possess, hath made charity towards our fellow-creatures, but especially towards the needy, an indispensable precept? Do we not know that he bids us consider the suffering poor as members of the same head, heirs of the same promises, as our brethren and his children who represent him on earth? He declares, that whatever we bestow upon them he will esteem as given to himself; and pledges his sacred word that he will reward our alms with an eternity of bliss. Such motives, says St Chrysostom, would be sufficient to touch a heart of stone: but there is something still more cogent, continues the same holy father, which is, that the same Jesus Christ, whom we refuse to nourish in the persons of the poor, feeds our souls with his precious body and blood. If such considerations move not our hearts to commiserate and assist the indigent, what share of mercy and relief can we hope for in the hour of need? O incomprehensible blindness! We perhaps, prepare for ourselves an eternal abyss, by those very means which, properly applied, would secure us the conquest of a kingdom which will never have an end. 6

Note 1. A century before, the counts of Barcelona were become kings of Arragon by a female title, and had joined Catalonia to Arragon, making Barcelona their chief residence and capital. [back]

Note 2. F. Touron, in the life of St. Raymund, p. 20. quotes an original letter of St. Raymund, which mentions this revelation. The authenticity of this letter cannot he called in question, being proved by F. Bremond, Bullar. Ord. Præd. T. 1. not in Constit. 36. Greg. X. The same revelation is inserted in the bull of the saint’s canonization, in the Histories of Zumel, Vargas, Penia, &c. Benedict XIV. also mentions it, Canoniz. SS. l. 1. c. 41. and proves that it cannot reasonably be contested. [back]

Note 3. This Order consisted at first of some knights, who were dressed like seculars, wearing only a scarf or scapular; and of friars who were in holy orders, and attended the choir. The knights were to guard the coasts against the Saracens, but were obliged to choir when not on duty. St. Peter himself was never ordained priest; and the first seven generals or commanders were chosen out of the knights, though the friars were always more numerous. Raymond Albert, in 1317, was the first priest who was raised to that dignity; and the popes Clement V. and John XXII. ordered that the general should be always a priest: after which, the knights were incorporated into other military orders, or were rarely renewed. It is styled, “The royal military religious Order of our Lady of Mercy for the redemption of Captives.” It is divided into commanderies, which in Spain are very rich. It has eight provinces in America, three in Spain, and one, the poorest, in the southern parts of France, called the province of Guienne. Whereas this order is not bound to many extraordinary domestic austerities, a reformation, obliging the members to go barefoot, was established amongst them in the sixteenth century, and approved by Pope Clement VIII. It observes the strictest poverty, recollection, solitude, and abstinence, and has two provinces in Spain, and one in Sicily, besides several nunneries. It was erected by F. John Baptist Gonzales, or of the holy sacrament, who died in the year 1618, and is said to have been honoured with miracles. [back]

Note 4. Podoniensis. [back]

Note 5. Ps. cx. 9. [back]

Note 6. S. Chrys. Hom. in illud: Vidua eligatur, &c. T. 3. p. 327. Ed. Ben. [back]

Rev. Alban Butler (1711–73).  Volume I: January. The Lives of the Saints.  1866.

SOURCE : https://www.bartleby.com/210/1/311.html


San Pietro Nolasco Fondatore dei Mercedari

6 maggio

Carcassona, Francia, 1182-9 circa – Barcellona, Spagna, 13 maggio 1249

Era di nobile famiglia e, a Barcellona, commosso dalla condizione degli schiavi dei Mori, ne riscattò centinaia con il proprio denaro, coinvolgendo in quest'opera molte altre persone. Aiutato anche da re Giacomo I e dal vescovo di Barcellona, fondò poi l'Ordine di santa Maria della Misericordia o della Mercede che aveva come scopo la liberazione e la redenzione degli schiavi. Adottò la regola agostiniana con un quarto voto, quello di offrirsi prigionieri al posto di un cristiano in pericolo d'iapostasia. Così, ad Algeri, dove venivano tradotti coloro che erano catturati dai Saraceni durante le scorrerie, fu Pietro stesso ad offrirsi come ostaggio, soffrendo torture e prigionia. L'Ordine da lui fondato, dopo un secolo di vita, aveva già liberato 26.000 prigionieri.

Etimologia: Pietro = pietra, sasso squadrato, dal latino

Martirologio Romano: A Barcellona in Spagna, san Pietro Nolasco, sacerdote, che, insieme a san Raimondo di Penyafort e a Giacomo I re di Aragona, si ritiene abbia fondato l’Ordine della Beata Maria della Mercede per il riscatto degli schiavi; durante la dominazione degli infedeli si adoperò alacremente con fatica e dedizione per ristabilire la pace e liberare i cristiani dal giogo della schiavitù.

Il fondatore dei Mercedari nacque verso il 1182-1189 a Mas-Saintes-Puelles, nella Linguadoca, da una nobile famiglia. In quel periodo, nel sud della Francia imperversava l’eresia degli Albigesi e probabilmente per sottrarsi all’influsso di quella sètta, sui vent’anni dopo la morte dei genitori Pietro vendette i suoi beni e si trasferì a Barcellona. Allora circa la metà della penisola iberica era sotto il dominio degli arabi musulmani, che durante gli scontri armati catturavano i cristiani per farne degli schiavi. Il santo, trasformatosi in mercante per insinuarsi facilmente tra i maomettani, decise di dedicarsi al riscatto di quei poveri prigionieri. Prima di iniziare questa missione si recò in pellegrinaggio al celebre santuario mariano di Montserrat, in Catalogna, e dopo qualche tempo partì per Valencia, allora sotto dominio arabo, dove riuscì col suo denaro a liberare più di trecento schiavi. Esaurite le sue disponibilità finanziarie, riuscì a raccogliere attorno a sé, sensibilizzandoli al problema, altri giovani della nobiltà per chiedere offerte con cui riprendere e intensificare i riscatti. A confermarlo nella sua decisione contribuì un’apparizione della Vergine, la quale gli disse che suo Figlio desiderava la fondazione di un ordine religioso che si occupasse della redenzione degli schiavi. Col consenso del vescovo di Barcellona, il santo formò col gruppo dei suoi amici e discepoli una confraternita che, sotto la guida del domenicano san Raimondo di Peñafort e l’aiuto economico del re d’Aragona Giacomo I, si consolidò ricevendo nel 1228 l’approvazione orale di papa Onorio III. Il vescovo nella cattedrale di Barcellona vestì Pietro e i suoi dodici compagni dell’abito di lana bianca (in segno di omaggio alla purezza della Vergine Maria), mentre il re Giacomo I donò loro per distintivo lo scudo del suo regno, dando così all’Ordine un carattere militare, e l’ospedale di Santa Eulalia, attiguo alla reggia, che servì loro come primo convento e come casa di accoglienza degli schiavi riscattati e di assistenza ai poveri e ai malati. Nasceva così l’Ordine di Santa Maria della Mercede, i cui membri si sarebbero chiamati Mercedari. Ma poche volte, e soltanto con alcuni cavalieri, essi presero parte ad azioni di guerra contro i Mori, perché il fondatore mirava più alla salvezza delle anime che a fini politici. Ebbero invece l’incarico di presidiare vari castelli di confine per proteggere la popolazione dalle incursioni degli arabi.

I Mercedari adottarono la regola di S. Agostino, cui aggiunsero alcune semplici costituzioni. Nel frattempo Raimondo di Peñafort, che era stato chiamato presso la Curia romana, ottenne la solenne conferma dell’Ordine da parte di papa Gregorio IX con la bolla Devotionis Vestrae del 17 gennaio 1235. I laici sempre più numerosi che aiutavano il Nolasco nella raccolta delle elemosine furono poi inquadrati nella Confraternita e Terz’Ordine della Mercede. Il Fondatore aveva stabilito non solo che tutti i beni e le attività dei religiosi fossero destinati alla liberazione e alla rieducazione morale degli schiavi, ma che «tutti i membri dell’Ordine, come figli della vera obbedienza, fossero lietamente disposti in ogni tempo a dare, se necessario, la propria vita, come Cristo la dette per noi», e che ciascuno si obbligasse con il “voto di redenzione” a rimanere egli stesso schiavo per liberare coloro che correvano pericolo di perdere la fede. All’inizio i membri erano tutti laici, come era e rimase lo stesso Pietro, ma poi Clemente V decretò che il Maestro Generale dovesse essere sempre un sacerdote.

Nel 1244, in occasione del Capitolo generale che si teneva ogni anno per la festa della “Croce di maggio”, il santo chiese a Innocenzo IV di porre sotto la protezione di S. Pietro e sua personale l’Ordine e le Confraternite: il pontefice accolse la richiesta con la bolla Religiosam vitam che fu detta aurea perché portava il sigillo d’oro essendo stata emanata nel concilio di Lione, firmata dal papa e dai dodici cardinali presenti. Merito del santo non è solo quello di aver fondato l’Ordine, ma di avergli dato una base stabile e continuativa con un’adeguata organizzazione; tra l’altro stabilì che i cristiani liberati, prima di tornare in famiglia, accompagnassero i religiosi questuanti per testimoniare le sofferenze subite in prigionia; inoltre, volle che in ogni suo convento vi fosse un ospedale o un’infermeria per curare gli infermi, alloggiare i pellegrini, istruire e confermare nella fede i reduci dalla schiavitù. Nel 1245, durante un viaggio ad Algeri per un’altra serie di riscatti, avendo esaurito il denaro, egli si offrì come ostaggio per liberare atri prigionieri e poiché tardava ad arrivare il prezzo del suo riscatto, venne frustato a sangue dai musulmani, quindi caricato su una barca danneggiata in precedenza e abbandonato in mare. Per intervento soprannaturale riuscì a raggiungere sano e salvo la Spagna. Una sorte analoga era toccata, sempre in Algeria, a san Raimondo Nonnato, che era entrato nell’Ordine dei Mercedari nel 1224: catturato e tenuto per diversi mesi come ostaggio, era stato sottoposto a crudeli sevizie, e per impedirgli di predicare, i suoi aguzzini gli avevano serrato la bocca con un lucchetto dopo avergli perforato le labbra con un ferro rovente. Ma lui continuò ugualmente a fare coraggio agli schiavi esortandoli e perseverare nella fede.

Nel 1238, avendo assistito alla liberazione di Valencia, il Nolasco ricevette in dono da Giacomo I la collina del Puig dove edificò una chiesa e un convento e dieci anni dopo, quando i Mori furono scacciati da Siviglia, il santo ebbe in dono in quella città dal re Ferdinando III (a sua volta canonizzato) un convento e una moschea da trasformare in chiesa. Debilitato anche a causa dei molti viaggi intrapresi attraverso tutta la Spagna e il sud della Francia, rinunciò alla carica di Maestro generale e nominò suo successore Guglielmo de Bas. Il presagio della prossima fine lo ebbe in forma prodigiosa da S. Raimondo Nonnato, di cui era andato a visitare la tomba a Portel. Colpito dalla malaria nel 1249 a Barcellona, dopo aver ricevuto gli ultimi sacramenti circondato dai suoi religiosi, morì il 13 maggio di quello stesso anno. Fu sepolto nella chiesa del convento ma, per quante ricerche si facessero ripetutamente dal 1400 al 1800, anche nella cattedrale della città, le sue spoglie non vennero più trovate. Alla sua morte l’Ordine era già diffuso non soltanto in tutta la Spagna e in Francia, ma anche in America Latina e in Italia. Il suo culto, estesosi rapidamente insieme all’Ordine Mercedario, fu confermato con regolare processo dalla Congregazione dei Riti nel 1628 e successivamente esteso a tutta la Chiesa nel 1664. Messina e Palermo lo venerano come loro patrono.

Autore: Angelo Montonati

SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/32550

Iglesia de Nuestra Señora del Rosario, en San Ildefonso (Segovia)


SAN PEDRO NOLASCO

Fundador de la Orden de la Madre de Dios de la Merced (los Mercedarios)

1189-1258

Fiesta: 29 de Enero

Nace en Barcelona, España, 1189.

A los 15 años sufre la muerte de su padre y se dispone a repartir santamente sus muchos bienes a lo que su madre asiente.

Años mas tarde, estando en edad de casarse, peregrina a Monserrat. Allí, a los pies de la Virgen, pudo comprender mejor el vacío de las vanidades mundanas y el tesoro que es la vida eterna. Prometió entonces a la Virgen mantenerse puro y dedicarse a su servicio.

Eran tiempos en que los musulmanes saqueaban las costas y llevaban a los cristianos como esclavos al Africa. La horrenda condición de estas víctimas era indescriptible. Muchos por eso perdían la fe pensando que Dios les había abandonado. Pedro Nolasco era comerciante. Decidió dedicar su fortuna a la liberación de el mayor número posible de esclavos. Recordaba la frase del evangelio: "No almacenen su fortuna en esta tierra donde los ladrones la roban y la polilla la devora y el moho la corroe. Almacenen su fortuna en el cielo, donde no hay ladrones que roben, ni polilla que devore ni óxido que las dañe" Mt 6,20.

En 1203 el laico San Pedro Nolasco iniciaba en Valencia la redención de cautivos, redimiendo con su propio patrimonio a 300 cautivos. Forma un grupo dispuesto a poner en común sus bienes y organiza expediciones para negociar redenciones. Su condición de comerciantes les facilita la obra. Comerciaban para rescatar esclavos. Cuando se les acabó el dinero forman grupos -cofradías- para recaudar la "limosna para los cautivos". Pero llega un momento en que la ayuda se agota. Pedro Nolasco se plantea entrar en alguna orden religiosa o retirarse al desierto. Entra en una etapa de reflexión y oración profunda.

Intervención de la Virgen para la fundación

La noche del 1 al 2 de agosto del año 1218, la Virgen se le apareció a Pedro Nolasco. Según una tradición dudosa, también se apareció la Virgen a San Raimundo de Peñafort, y al rey Jaime I de Aragón, y les comunicó a los tres por separado su deseo de fundar una orden para redimir cautivos.

El hecho es que la Virgen María movió profundamente el corazón de Pedro Nolasco para fundar la orden de la Merced y formalizar el trabajo que el y sus compañeros hacían ya por 15 años. El 10 de agosto de 1218 en el altar mayor de la Catedral de Barcelona, en presencia del rey Jaime I de Aragón y del obispo Berenguer de Palou, se crea la nueva institución. Pedro y sus compañeros vistieron el hábito y recibieron el escudo con las cuatro barras rojas sobre un fondo amarillo de la corona de Aragón y la cruz blanca sobre fondo rojo, titular de la catedral de Barcelona. Pedro Nolasco reconoció siempre a María Santísima como la auténtica fundadora de la orden mercedaria. Su patrona es La Virgen de la Merced. "Merced" significa "misericordia".(Mas sobre La Virgen de la Merced y San Nolasco).

La nueva orden fue laica en los primeros tiempos. Su primera ubicación fue el hospital de Santa Eulalia, junto al palacio real. Allí recogían a indigentes y a cautivos que regresaban de tierras de moros y no tenían donde ir. Seguían la labor que ya antes hacían de crear conciencia sobre los cautivos y recaudar dinero para liberarlos. Eran acompañados con frecuencia de ex-cautivos, ya que, cuando uno era rescatado, tenía obligación de participar durante algún tiempo en este servicio. Normalmente iban cada año en expediciones redentoras. San Pedro continuó sus viajes personalmente en busca de esclavos cristianos. En Argelia, Africa, lo hicieron prisionero pero logró conseguir su libertad. Aprovechando sus dones de comerciante, organizó con éxito por muchas ciudades colectas para los esclavos.

Los frailes hacían, además de los tres votos de la vida religiosa, pobreza, castidad y obediencia, un cuarto: dedicar su vida a liberar esclavos. Al entrar en la orden los miembros se comprometían a quedarse en lugar de algún cautivo que estuviese en peligro de perder la fe, en caso que el dinero no alcanzara a pagar su redención. Entre los que se quedaron como esclavos está San Pedro Ermengol, un noble que entró en la orden tras una juventud disoluta. Este cuarto voto distinguió a la nueva comunidad de mercedarios.

El Papa Gregorio Nono aprobó la comunidad y San Pedro Nolasco fue nombrado Superior General.

El rey Jaime decía que si había logrado conquistar la ciudad de Valencia, ello se debía a las oraciones de Pedro Nolasco. Cada vez que obtenía algún triunfo lo atribuía a las oraciones de este santo.

Antes de morir, a los 77 años, pronunció el Salmo 76: "Tú, oh Dios, haciendo maravillas, mostraste tu poder a los pueblos y con tu brazo has rescatado a los que estaban cautivos y esclavizados".

Su intercesión logró muchos milagros y el Sumo Pontífice lo declaró santo en 1628.

La misión redentora la continúa hoy la familia mercedaria a través de sus institutos religiosos y asociaciones de laicos. Es también la misión de todo buen cristiano.

¿Cuándo te vimos enfermo o en la cárcel, y fuimos a verte?" Y el Rey les dirá: "En verdad os digo que cuanto hicisteis a unos de estos hermanos míos más pequeños, a mí me lo hicisteis." Mateo 25:39-40

SOURCE : http://www.corazones.org/santos/pedro_nolasco.htm

Das Chorgestühl in der Klosterkirche des ehemaligen Kartäuserklosters Buxheim: Petrus Nolascus


Den hellige Peter Nolasco (~1182-1256)

Minnedag: 28. januar

Den hellige Peter Nolasco (fr: Pierre Nolasque; sp: Pedro Nolasco; kat: Pere Nolasc) ble født rundt 1182 (1189?), ifølge tradisjonen i den gamle provinsen Languedoc i Sør-Frankrike, muligens i Saint-Papoul eller i Mas-des-Saintes-Puelles ved Carcassonne. Han ble imidlertid trolig født i Barcelona i Catalonia i Spania. Men svært mye er uklart om hans livsløp på grunn av legender og falske dokumenter fra 1600-tallet, som ble skrevet for å fremme hans helligkåringssak.

Legenden forteller i alle fall at han kom fra en sørfransk ridderslekt, og det sies at han viet seg til et liv i sølibat og tjeneste for de fattige mens han ennå var svært ung. Hans far døde da Peter var femten år gammel, og han arvet da en stor formue. Hans fromme mor oppmuntret ham i hans beslutning om å vie sitt liv i Guds tjeneste. Det hevdes at han femten år gammel sluttet seg til grev Simon IV av Montforts hær som utkjempet et korstog mot albigenserne. Andre versjoner sier at han var i Barcelona som tenåring og at han deltok i en hær som kjempet mot maurerne på Den iberiske halvøy.

I korstoget mot albigenserne invaderte Simon IV av Montfort Toulouse og forviste grev Raimund VI. Greven søkte hjelp fra sin svoger, kong Peter II av Aragón (1196-1213), som også var greve av Barcelona og følte seg truet av Montforts erobringer i Languedoc. Han bestemte seg for å krysse Pyreneene og kjempe mot grev Simon. Men i slaget ved Muret nær Toulouse den 12. september 1213 seiret Simon av Montfort. Kong Peter II ble drept og hans femårige sønn Jakob ble tatt til fange. Montfort ville med glede ha brukt unge Jakob som et middel til å utvide sin egen makt om det ikke hadde vært for at aragoneserne og katalanerne appellerte til pave Innocent III (1198-1216), som insisterte på at Montfort overga den unge kongen, som hadde overtatt tronen etter sin fars død som kong Jakob I av Aragón (1213-76). Jakob ble utlevert i Carcassonne i mai eller juni 1214 til den pavelige legaten Peter av Benevento. Det heter at Simon de Montfort utnevnte Peter til den unge kong Jakobs lærer og sendte ham med kongen til Spania. Alternativet er at han allerede oppholdt seg i Barcelona da den unge kongen ble sendt tilbake dit.

Kong Jakob II (f. 1208) skulle bli en av de store spanske statsmenn som konge av Aragón, greve av Barcelona og hersker over Montpellier, som han arvet fra sin mor Maria av Montpellier. Han kalles Jakob Erobreren (Jaime el Conquistador), for i hans lange regjeringstid (1213-76) ekspanderte Aragón til alle kanter: inn i Valencia i sør, Languedoc i nord og Balearene i øst. Gjennom en avtale med den hellige kong Ludvig IX av Frankrike (1226-70) løsnet han grevskapet Barcelona fra nominelt fransk overherredømme og integrerte det i sitt eget kongerike. Hans rolle i Reconquista (den spanske gjenerobringen fra maurerne) var den samme i Middelhavs-Spania som hans samtidige, den hellige kong Ferdinand III av Castilla (1217-52) og León (1230-52) i Andalucía. Som lovgiver og administrator har Jakob en høy stilling blant de spanske kongene. I 1221 ble han giftet bort med Eleanor, datter av kong Alfons VIII av Castilla (1158-1214) og Leonora av England. Kong Ferdinand III var dattersønn av kong Alfons VIII.

Den første skriftlige referansen til Peter Nolascos fødested finnes i manuskriptet Speculum fratrum (1445) av ordensgeneral Nadal Gaver. Der står det at Peter Nolasco kom fra «Mas de Santas Puellas» i bispedømmet «St. Paulus» nær Barcelona. Den mercedariske tradisjonen har tolket dette som Mas-des-Saintes-Puelles i bispedømmet Saint-Papoul, en landsby mellom byene Carcassonne og Toulouse i nedre Languedoc. I 1446 sa p. Pedro Cijar det samme i Opusculum tantum quinque, og p. Francisco Zumel, professor ved universitetet i Salamanca, bekreftet denne opplysningen i De vitis Patrum. Siden har alle forfattere, både mercedariske og andre som har vært opptatt av dette temaet, vært enige om dette.

I senere tid har det imidlertid blitt flere og flere som basert mer på tekstfortolkning enn på pålitelige kilder, har slått fast at Peter Nolasco ble født på en masía (gård) i nærheten av Barcelona. Selv om det ikke finnes noe eksakt fødeår, er de fleste historikere enige om at han må ha blitt født mellom 1180 og 1182. Francisco Zumel skrev at Peter hadde bodd i Barcelona siden sine tidligste år. Etter at familien Nolasco hadde slått seg ned i Barcelona, lærte Peter tidlig handelsfaget av sin far Bernardo. P. Cijar kaller Peter Mercator optimus, og p. Gaver bekrefter at han var kjøpmann før han grunnla ordenen.

På den tiden hersket de muslimske maurerne i det meste av Spania, og mange kristne ble holdt som fanger både der og i Nord-Afrika. Synet av lidelsene til de kristne slavene blant maurerne fylte Peter med gru. Fra 1192 hadde visse adelsmenn i Barcelona dannet et brorskap med formål å pleie de syke i hospitalene, men også for å berge kristne fanger fra maurerne. Det synes som om Peter Nolasco allerede var i gang med å kjøpe fri fanger i 1203. Peter Nolascos yrke som kjøpmann var svært nyttig for gruppen av løskjøpere han ledet i denne perioden, siden kjøpmenn hadde lett tilgang til muslimske land. De var kjent, og i flere århundrer var de nesten de eneste mellommennene i arrangementene for kristne fanger i mauriske land og mauriske i kristne land. Denne gruppen av Peter Nolascos ledsagere besto utelukkende av legmenn. Med beundringsverdig ungdommelig sjenerøsitet ga de fra seg sine egne midler og brukte det hele på løskjøping.

Men etter femten års forbilledlig arbeid for å kjøpe fri kristne fanger, hvor de i fem store løskjøpinger kjøpte fri tusenvis av kristne, så Peter og hans venner med bekymring på at antallet fanger slett ikke sank, i stedet økte antallet kraftig fra dag til dag. I denne situasjonen forteller tradisjonen at Peter Nolasco natten mellom 1. og 2. august 1218 fikk en åpenbaring av Guds Mor Maria, som i visjonen bar to sekker med penger, som skulle brukes til å kjøpe fri kristne som var fengslet av maurerne. Hun ba om at det skulle grunnlegges en orden under hennes egen spesielle beskyttelse for å hjelpe de kristne slavene som var falt i muslimenes hender. Neste dag gikk Peter til kongepalasset for å fortelle om dette prosjektet for den tiårige kong Jakob I og hans rådgivere, hvorav den fremste var biskop Berengar av Barcelona (don Berenguer de Palou).

Legenden forteller at også kong Jakob hadde hatt en lignende visjon av Guds Mor, og det samme skal den hellige Raimund av Peñafort (ca 1180-1275) ha hatt, men disse opplysningene ligner vel mye på hagiografiske utsmykninger. Raimund var i slekt med kongehuset og hadde akkurat kommet tilbake til Barcelona etter jusstudier i Bologna fra 1210 og doktorgrader i sivil- og kirkerett i 1216. Han ble kalt tilbake til Barcelona av biskop Berengar, som presteviet ham og i 1219 utnevnte ham til erkediakon i Barcelona (tilsvarer dagens generalvikar) med en spesiell misjon til de fattige.

I 1222 sluttet Raimund seg til dominikanerordenen, åtte måneder etter grunnleggerens død, og det hevdes at han spilte en viktig rolle i grunnleggelsen av Peter Nolascos nye orden ved å skrive ordenens regel i 1222. Han regnes derfor som ordenens medgrunnlegger, men hans deltakelse i grunnleggelsen er omstridt, og det er vanskelig å finne ut av sannheten på grunn av mangel på pålitelige dokumenter. Det mest korrekte er sannsynligvis å kreditere ham et mindre direkte ansvar. Raimund av Peñafort er nå skytshelgen for kirkerettseksperter.

Peters plan var å etablere en velstrukturert og stabil religiøs orden for frikjøping av fanger under den hellige Jomfru Marias beskyttelse, og forslaget gledet kongen og hans rådgivere. For siden kong Alfons II av Aragóns (1162-96) mislykkede forsøk med ordenen for Den hellige forløser, kunne nå det aragonske kongehuset endelig oppfylle sine ambisjoner om sin egen orden for frikjøping av fanger.

Den 10. august 1218 ble den nye ordenen offisielt og høytidelig konstituert på hovedalteret over den hellige Eulalias grav i katedralen Det hellige Kors i Barcelona, også kjent som katedralen Santa Eulalia. Biskop Berengar ga Peter Nolasco og hans ledsagere den hvite ordensdrakten. Den hvite fargen ble opprinnelig valgt fordi man mente at det ville lette adgangen til muslimsk territorium. Biskopen ga dem også den hellige Augustins regel som en norm for deres fellesliv, og han ga sin tillatelse til at katedralens emblem, Det hellige Kors, skulle finnes på ordenens drakt. Deretter mottok biskop Berengar Peters og de andre brødrenes ordensløfter.

De første medlemmene som mottok den hvite ordensdrakten sammen med Peter Nolasco var trolig alle legmenn, og Peter Nolasco var heller ikke prest. Det er imidlertid mulig at det på grunnleggelsesdagen var en prest til stede for å fungere som kapellan. Ut fra den listen på løytnanter som ble utpekt av broder Peter Nolasco, kan vi sette opp en liste over dem som ble ikledd drakten sammen med ham på grunnleggelsesdagen: Broder Pascual av Perpignan, broder Juan av Laers, broder Bernardo av Corbaria, broder Guillermo av Bas, broder Juan av Verdera, broder Bertrando, broder Bernardo av Cassoles og broder Carbó av Llagostera.

For sin del etablerte kong Jakob ordenen som en institusjon anerkjent av kongerikets sivile lover. Kongen ga dem også tillatelse til å bruke hans eget kongelige våpen, fire røde striper på en bakgrunn av gull, og sammen med katedralens kors skulle dette utgjøre ordenens eget våpen. Samme dag ga kong Jakob til ordenen, som han betraktet seg selv som grunnlegger av, hospitalet St. Eulalia, som tjente som det første klosteret for ordenen og et hus for å ta imot løskjøpte fanger. Klosteret St. Eulalia i Barcelona ble bygd i 1232. Alle kildene er enige om at ordenen ble rettslig konstituert i Barcelona av kong Jakob av Aragón en 10. august, men det skjedde muligens ikke så tidlig som i 1218. Årstallene 1222, 1223 1228 og 1234 angis også som mulige år.

Deretter begynte Peter å bygge opp en orden, som han kalte Mercedarierordenen etter den løsesummen, på spansk «merced», som de skulle samle inn og som de skulle kjøpe fri de kristne fangene for, spesielt vanlige mennesker som ikke hadde midler slik at de kunne forhandle frem en løsning som innebar at de selv betalte løsepenger. Det offisielle navnet på ordenen er «Mercedarierordenen for Frikjøping av fanger» (Ordo Beatae Mariae Virginis de Mercede redemptionis captivorum – OdeM). Medlemmene kalles også Nolascanere etter sin grunnlegger. Kongregasjonen var åpen for både prester og legmenn (riddere), og de fromme adelsmennene som hadde arbeidet for å kjøpe fri fanger, ble de første medlemmene i den nye ordenen. Den skulle være en militær orden, og brødrene bar sverd, og mercedariernes drakt, som er uendret siden de tidligste dager, er fortsatt utstyrt for å bære våpen. Korbrødrene var kledd i tunika, skapular og kappe, alle hvite, og fulgte regelen som Raimund hadde skrevet.

Ordenen lignet den som var grunnlagt noen få år tidligere (1198) av de hellige Johannes av Matha og Felix av Valois, «Ordenen av den aller helligste Treenighet for løskjøping av fanger» (Ordo Sanctissimae Trinitatis redemptionis captivorum - OST), i daglig tale Trinitarierordenen, for å befri kristne slaver fra maurerne.

Mercedarierordenen ble godkjent av pave Honorius III (1216-27) og deretter i 1230 av pave Gregor IX (1227-41). Peter Nolasco ble ordens første superior med den militære tittelen comendador, kommanderende general. Han innehadde også embetet som «løskjøper», en tittel gitt til den munken som ble sendt til landene som var underlagt maurerne for å sørge for løskjøpingen av fanger. Den hellige Raimund Nonnatus (1200-40) (San Ramón Nonato) skal ha blitt opptatt i ordenen i Barcelona av grunnleggeren Peter Nolasco og ble presteviet i 1222. Han virket utrettelig for løskjøping av kristne fanger i Spania og Afrika og overtok etter Peter som ordenens «løskjøper» og han ble sendt på en ekspedisjon til de spanske maurerne (1226), til Algerie (1229) og Tunisia (1231).

I 1235 sendte Peter Nolasco en anmodning til pave Gregor IX (1227-41) om å approbere ordenen. Den 17. januar 1235 utstedte pave Gregor IX en stadfestelsesbulle og foreskrev Augustins regel for ordenen, mens regelen skrevet av Raimund av Peñafort skulle utgjøre konstitusjonene. Paven ga også ga mercedarierne et fjerde ordensløfte om å løskjøpe kristne slaver, om nødvendig ved å tilby seg selv som gissel.

Ordenen ble ledet av ordensgeneralen som hadde den øverste myndigheten, og Peter Nolasco hadde dette embetet fra grunnleggelsen i 1218. Det er riktig at Peter foretrakk mindre pompøse titler enn «kommanderende general», for som dokumenter fra denne tiden viser, likte han å bli kalt «fullmektig for almissene til fangene», «rektor for de fattige av barmhjertigheten», «samler og vokter av almissene til fangene», «kommandør av hospitalet for fangene», «administrator for alle almissehus for fangenes brødre». Fremfor alt ønsket Peter å bli kjent som «tjener for fangenes hus».

Men likevel ga pave Gregor IX i bullen som stadfestet ordenen, Peter Nolasco tittelen som omtalte ham som den høyeste autoriteten for frikjøperordenen med en militær karakter. Peter Nolasco ordenens første broder og første ordensgeneral ba Den hellige Stol om å slå fast at etterfølgelse i lederskapet skulle skje ved valg. Den 4. april 1245 svarte pave Innocent IV (1243-54) med bullen Religiosam vitam eligentibus, hvor han beordret: «Når du, den nåværende generalen dør, (…) la ingen stå frem for å lede (…) andre enn han som brødrene ved felles beslutning eller et flertall av brødrene velger i samsvar med Gud og den hellige Augustins regel».

Peter skal ha befridd mange hundre fanger, flere ganger med fare for sitt eget liv. Han reiste flere ganger til det maurisk-dominerte Spania og til Algerie, hvor han var fengslet en tid. Under et besøk i Valencia og Granada hevdes det at han kjøpte fri 400 kristne. Ordenen spredte seg over det meste av Spania og ble nært assosiert med kong Ferdinand IIIs gjenerobring av de sørlige provinsene. Peter fikk tilnavnet El Consul de la Libertad. I hans levetid ble det grunnlagt atten hus. Etter St. Eulalia Hospital var ordenens mest berømte hus El Puig de Santa María som ble grunnlagt i 1240 av Peter Nolasco. Kong Jakob I donerte til ordenen noen få hus, et stykke land til en hage og en nylig bygd gotisk kirke. Dette var ordenens første sogn. Peter Nolasco var spesielt glad i dette huset siden det var bygd på den samme høyden (puig) hvor han i 1237 hadde oppdaget under en klokke det bysantinske bildet av Jomfru Maria som fra den tid var kjent som Vår Frue av El Puig.

De fleste kilder sier at Peter var ordensgeneral til 1249, og noen sier at han døde i embetet, mens andre sier at han trakk seg fra embetet dette året og døde i Barcelona den 25. desember 1256 (eller 1258?). Helligkåringskongregasjonens Index ac status causarum angir hans dødsdag til 13. mai 1249. Vi vet uansett så godt som ingenting om årene fra 1249 til hans død. Han ble etterfulgt som ordens general av Vilhelm av Bas (sp: Guillermo de Bas).

Ordenens egen historiebok forteller en litt annen historie.1 Den 3. mars 1245 donerte Ramón de Morella klosteret Arguines i Algar de Palància i provinsen Valencia til Peter Nolasco. Ramón de Morella ble i 1251 opptatt i ordenen, og han ga da et sykehus han hadde bygd samt gården Algar til klosteret i Arguines.

Dokumentene fra donasjonen i 1245 har blitt oppdaget i statsarkivene til kongeriket Valencia, og på bakgrunn av dem er det mulig å beregne Peters dødsdato. På grunn av donasjonens betydning og de forpliktelsene som ordenen måtte påta seg ved å akseptere den, ble donasjonsdokumentet brakt fra Valencia til Barcelona for å bli godkjent av ordenens generalkapittel, som ble holdt hvert år på festen for Det hellige kors den 3. mai. Kapitlet aksepterte donasjonen, og for å uttrykke sitt samtykke, tilføyde alle kapitteldeltakerne som var til stede, sine underskrifter på originaldokumentet for en notar, Pedro de Cardona. Dokumentet ble returnert for å bli behørig forseglet av notaren Bernardo de Locadie i Valencia, som gjorde det med ordene: «Og dette ble forseglet uten den før nevnte broder Peter Nolascos signatur, for i løpet av den tiden nærværende dokument ble brakt til Barcelona for å bli undertegnet av ham og av de andre brødrene, og som den før nevnte ordensgeneralen, broder Vilhelm av Bas, og de andre brødrene undertegnet, hadde broder Peter Nolasco selv forlatt denne verden».

Konstitusjonene av 1272 slår fast at «minnedagen for den første generalen for vår orden skal feires dagen etter Kristi Himmelfartsdag». Siden Kristi Himmelfartsdag i middelalderens Catalonia og i andre europeiske land som for eksempel Italia, ble feiret på en fast dato, nemlig 5. mai, er det logisk å slutte at grunnleggeren døde den 6. mai 1245 i Barcelona, i ordenens moderhus bygd ved sjøen av Raimundo de Plegamans.

Peter Nolasco ble gravlagt i klosterkirken i Arguines. Til stede i begravelsen til den første ordensgeneralen var brødre som hadde kommet til Barcelona for å delta i det ordinære generalkapitlet, som skulle starte som vanlig den 3. mai. Men dette året kunne det ikke finne sted på den dagen på grunn av Peter Nolascos sykdom og død. Navnene på de kapittelbrødrene som var til stede ved grunnleggerens død, var: Guillermo de Bas, Guillermo de San Julián, Juan de Laers, Bernardo Caselles, Bernardo de Corbaria, Berengario de Cassá, Pedro de Caldes, Poncio de Solans, Arnaldo de Prades, Berenguer de Tona, Ferrer de Gerona, Raimundo de Montoliú, Pedro de Huesca, Domingo de Ossó og Raimundo de Ullastret.

Den ydmyke legbroren Peter Nolasco var alltid blitt betraktet som en imitator av Kristus Forløseren og regnet som helgen. Hans kult spredte seg raskt i alle de landene hvor hans åndelige sønner var til stede. Mange mirakler ble også tilskrevet hans relikvier.

Han ble helligkåret ved at hans kult ble stadfestet den 30. september 1628 av pave Urban VIII (1623-44). Den 15. juni 1655 ble hans navn skrevet inn i Martyrologium Romanum, Missale Romanum og Breviarium Romanum av pave Alexander VII (1655-67). I 1664 ble hans minnedag utvidet til hele universalkirken. Hans minnedag var 31. januar frem til kalenderreformen i 1969, da den ble flyttet til 28. januar for å gjøre plass for den hellige Johannes Don Bosco (1815-88) den 31. januar. Samtidig ble minnedagen fjernet fra den romerske generalkalenderen og henvist til lokale og spesielle kalendere. Den alternative dødsdagen 25. desember nevnes også som en minnedag.

Peter Nolascos livsgjerning gjør ham til en naturlig skytshelgen for alle fanger. En fin serie malerier av ham av Francisco Zurbarán finnes i Prado i Madrid. Peter avbildes gjerne som gammel mann, alltid i mercedariernes hvite ordensdrakt, ofte med aragonsk våpen eller et rødt kors på brystet. Utallige scener fra hans liv fant nedslag i kunsten, slik som befrielse av fanger, Maria-visjonen, apostelen Peter på korset som åpenbarer seg for ham, leting etter og gjenfinning av Mariabildet fra El Puig, utallige visjoner og mange andre motiver.

Denne biografien er hovedpunktene i den dokumentasjonen som ble lagt frem før hans helligkåring i 1628. En jernkiste full av tidligere ukjente dokumenter syntes å ha blitt oppdaget bak en vegg i mercedariernes hus i Barcelona, mens saken ble behandlet i Roma. Det viktigste av disse dokumentene, kjent som Documento de los sellos («Dokumentet med seglene»), skal ha blitt skrevet av en notar ved navn Pedro Bages i 1260 med det uttrykte formål å overleveres til Den hellige Stol til støtte for påstandene om Peter Nolascos hellighet. Men ironisk nok var det en mercedarier, F. D. Gazulla Galve, som beviste at Pedro Bages døde før 4. februar 1259 og derfor ikke kunne ha skrevet dokumentet i 1260. Etter at p. Gazulla i 1921 holdt foredraget Al Margen de una Refutación for Det litterære akademi i Barcelona, har materialet i jernskrinet av de fleste blitt regnet som forfalskninger.

Det er i dag akseptert i ordenen at han ble født i en handelsfamilie i Barcelona. Påstanden om at han var født i Languedoc skulle forklare hans deltakelse i kjetterkorstoget mot albigenserne og hans forbindelse til den unge kongen av Aragón. Men det står fast at Peter levde og arbeidet i Barcelona, at det uansett årstall fant sted en seremoni der hvor Peter ble presentert for biskop Berengar, at Raimund var der og holdt prekenen og at Peter tok på seg det vanskelige og farlige arbeidet med å løskjøpe fanger og bygde opp ordenen. Den blomstret i Frankrike, England, Tyskland, Portugal og Spania og har hatt en lang og stolt historie som en del av den katolske tro i mange deler av verden. Den eksisterer fortsatt og har spredt seg til Afrika og Latin-Amerika. I dag har antallet medlemmer sunket, og de er for det meste engasjert i sykehusarbeid.

Den 24. september feires minnedagen for Vår Frue av Mercede, som ble innført for å minnes grunnleggelsen av mercedarierordenen.

1. The Order of Blessed Virgin Mary of Mercy (1218-1992): A Historical Synthesis (Roma: Historical Institute of the Mercedarian Order 1997)

Kilder: Attwater/John, Attwater/Cumming, Farmer, Butler (XII), Benedictines, Delaney, Bunson, Engelhart, Schauber/Schindler, Dammer/Adam, Index99, KIR, CE, CSO, Patron Saints SQPN, Infocatho, Bautz, Heiligenlexikon, santiebeati.it, en.wikipedia.org, britannica.com, orderofmercy.org - Kompilasjon og oversettelse: p. Per Einar Odden - Opprettet: 2000-05-14 14:06 - - Sist oppdatert: 2008-06-01 18:57

SOURCE : http://www.katolsk.no/biografier/historisk/nolaskus