dimanche 20 janvier 2013

Saint EUTHYME le GRAND, anachorète, abbé et fondateur



Saint EUTHYME le GRAND

Comme Saint Antoine pour l'Egypte, notre Saint Père Euthyme fut, quelques années plus tard, le fondateur et le père du grand mouvement monastique qui allait remplir le désert de Palestine. Accordé par Dieu à ses parents, longtemps restés sans enfants, comme fruit de leurs prières, il naquit en 378 à Mélitène, en Petite-Arménie, en signe précurseur de la période de joie et de paix qui allait bientôt s'ouvrir pour l'Eglise, troublée depuis quarante ans par la persécution arienne1. Quand il perdit son père, à l'âge de trois ans, sa mère le confia à l'évêque Otréios qui, discernant la faveur de Dieu sur l'enfant, le baptisa et le consacra aussitôt Lecteur de son église. Elevé dans la maison épiscopale dans la vertu, la tempérance et l'application aux Saintes Ecritures, Euthyme apprit très tôt à accomplir l'Office Divin aux temps fixés avec crainte de Dieu et à prier d'un coeur non distrait. Il ne sortait guère que pour rendre visite aux moines des alentours et, à chaque carême, de la Théophanie à Pâques, il s'enfonçait dans le désert pour y vivre dans le silence et la solitude, à l'imitation du Saint Prophète Elie et de Saint Jean Baptiste. Brillant ainsi de telles vertus, il fut ordonné Prêtre dès l'âge de dix-neuf ans et nommé aussitôt supérieur de tous les monastères du diocèse. Il s'acquitta de cette charge pendant une dizaine d'années, puis voyant dans ces honneurs un obstacle à la vertu, il s'enfuit vers Jérusalem, avec le désir d'imiter la conduite de Notre Seigneur Jésus-Christ au désert, et s'établit un peu en dehors de la Laure de Pharan, fondée plus d'un siècle plus tôt par Saint Chariton (mémoire le 28 septembre), dans une cellule de solitaire où, libéré de tout autre souci que de plaire à Dieu par les prières et par les jeûnes, il s'occupait à tresser des cordes, afin de n'être à la charge de personne. Il se lia alors d'une si étroite amitié spirituelle avec son voisin Théoctiste (mémoire le 3 sept.) que l'un et l'autre avaient tout en commun, pensée et manière de vivre, comme s'ils n'étaient qu'une âme en deux corps. Euthyme l'emportait cependant par la douceur et l'humilité; c'est pourquoi Dieu lui accordait plus manifestement sa faveur et lui donnait l'initiative en toute chose.

Comme chaque année les deux ascètes allaient passer tout le Carême dans le grand désert de Koutila, vers la Mer Morte, ils furent un jour conduits par Dieu, jusqu'à une grotte admirable, située sur le flanc d'un précipice, qu'ils élurent aussitôt comme demeure et qu'ils transformèrent en église de Dieu par la vertu sanctifiante de leurs hymnes et de leurs prières. Après avoir passé quelque temps, inconnus de tous, en ne vivant que des herbes qui poussaient là, ils furent découverts par des bergers des environs. Dès lors les habitants du village le plus proche se firent un honneur de pourvoir à la subsistance de ces hommes de Dieu, et des moines de Pharan commencèrent à les visiter et à se joindre à eux en nombre croissant.

Comme Euthyme désirait rester libre de tout attachement, et le lieu étant trop exigu pour y mener la vie érémitique d'une laure, il fonda au pied de la falaise un cénobion dirigé par Théoctiste. Quant à lui, il demeurait en solitaire toute la semaine dans la grotte transformée en oratoire, et assurait la direction spirituelle et l'enseignement des frères, le samedi et le dimanche, quand tous se réunissaient pour la Vigile et la Divine Liturgie.

Le vénérable Euthyme progressait ainsi sans cesse dans la conversation intime avec Dieu, et il acquit en retour le pouvoir de faire des Miracles. Un jour de l'an 420, il guérit d'un signe de Croix le fils du chef d'une bande de Sarrasins, venu le trouver à la suite d'une vision. Les barbares, émerveillés à la vue du Miracle, se jetèrent alors à ses pieds en lui demandant de leur enseigner la Doctrine qui donne à l'homme la victoire sur la mort et de les illuminer par le Saint Baptême. Certains d'entre eux se joignirent aux disciples d'Euthyme, et leur chef, ayant reçu le nom de Pierre, se fit ardent missionnaire auprès des groupes nomades de Sarrasins essaimés en Palestine.

Cette guérison rendit le nom d'Euthyme célèbre dans tout le pays. Les malades accouraient de partout en foule, en troublant fort sa retraite, aussi décida-t-il de s'enfuir, malgré les instances de Théoctiste et des autres frères, vers le désert plus profond de Rouba, en compagnie du seul Domitien2 originaire lui aussi de Mélitène. Il passa ainsi quelques années dans divers endroits où, ses miracles ayant attiré de nouveaux disciples, il fonda des monastères; puis il retourna finalement à proximité de Saint Théoctiste et s'installa avec Domitien dans une grotte située sur une petite colline, au milieu d'une vaste plaine désertique (le Sahel). Au bout de peu de temps, Pierre lui amena une foule de Sarrasins qui demandaient le Baptême. Ces loups du désert ayant été transformés en troupeau spirituel du Christ, ils ne voulurent plus quitter le Saint et installèrent leur campement permanent à proximité, campement qui devint par la suite un Evêché avec Pierre pour Pasteur. Euthyme continuait à envoyer à Théoctiste ceux qui voulaient vivre sous sa direction; jusqu'au moment où Dieu lui ordonna, dans une vision, de commencer à recevoir lui-même des disciples et de fonder une laure, organisée sur le modèle de Pharan. Les ermites y vivaient retirés toute la semaine, non plus dans des grottes mais dans des cellules construites par Pierre et les Sarrasins, et se réunissaient pour la Vigile dominicale autour de leur Prêtre et père spirituel dans l'église consacrée en 428 par l'Archevêque Saint Juvénal (mémoire le 2 juillet). Lorsque Saint Euthyme célébrait la Divine Liturgie un feu venu du ciel se déployait audessus de l'Autel et les recouvrait, lui et son Diacre Domitien, comme un voile. L'œil de l'intelligence illuminé par la Grâce, il pouvait distinguer clairement ceux qui s'approchaient dignement de la Sainte Communion et ceux qui, l'âme chargée de péchés, communiaient pour leur condamnation ; il discernait les secrets des cœurs et prophétisait l'avenir.

Malgré la grande pauvreté de la Laure, le Saint se montrait hospitalier et généreux envers tous ceux qui venaient les visiter. Un jour, il fit, par sa prière, se remplir de pains le cellier vide, en quantité suffisante pour nourrir les quatre cents pèlerins venus d'Arménie rendre visite à leur compatriote, et pendant trois mois la réserve ne se désemplit pas. Aux nombreux Miracles que l'homme-de-Dieu accomplissait, il joignait toujours l'enseignement sur l'obéissance, sur la persévérance dans la condition où Dieu nous a placée et sur la pénitence; si bien que la Grâce qu'il déversait sur ses disciples et sur le peuple était toujours pour leur édification et leur progrès dans la vertu.

Saint Euthyrne était en tout un modèle parfait de conduite évangélique, et dans les temps troublés qui s'écoulèrent entre, le Concile d'Ephèse (431) et le Concile de Chalcédoine (451), il fut pour les fidèles un critère sûr de vérité et une colonne d'Orthodoxie. Il envoya des disciples à l'un et l'autre des Conciles, et ceux-ci y jouèrent un rôle notable. A l'issue du Concile de Chalcédoine, un imposteur, Théodose, réussit à s'emparer pendant vingt mois du trône de Jérusalem et à entraîner dans le parti monophysite une grande partie des moines de Palestine, pour qui la subtile terminologie théologique du Concile était peu compréhensible. Euthyme et ses disciples restèrent seuls à soutenir la Foi Orthodoxe, malgré toutes les menaces et les accusations de nestorianisme. Comme Saint Antoine, l'éclat de sa sainteté était la preuve de la vérité de sa doctrine; aussi, peu à peu, les moines les plus pieux se rangèrent-ils derrière lui. L'impératrice Eudocie, veuve de Théodose II, établie en Palestine, s'était elle aussi laissée attirer par les monophysites; mais frappée par les malheurs advenus à sa famille lors de la prise de Rome, elle réalisa son égarement et, cherchant à rentrer dans la communion de l'Eglise, elle envoya des émissaires auprès de Saint Syméon le Stylite, près d'Antioche (voir le 1er sept.). Celui-ci l'exhorta à revenir en hâte à l'Orthodoxie et lui fit dire: «Pourquoi chercher au loin à puiser l'eau, alors que tu as près de toi la source. Tu as l'homme-de-Dieu Euthyme, suis ses enseignements et tu seras sauvée! » Elle se fit alors construire une tour près de la laure et y reçut les instructions d'Euthyme. comme si elles sortaient de la bouche même de Dieu. Elle prit ensuite fermement la défense de la Foi et couvrit la Palestine de généreuses donations: églises, monastères, hospices. Le vénérable ascète, chargé de jours mais animé de toute la ferveur que donne l'Esprit Saint, guidait vers le Royaume des Cieux quantité de disciples, parmi lesquels on compte les plus grandes figures monastiques de l'époque: Saints Sabas (5 déc.), Cyriaque (29 sept.), Gérasime (4 mars), et nombre d'Evêques. A l'âge de 90 ans, il descendit visiter Théoctiste, juste à temps pour assister à ses derniers moments, célébrer ses funérailles et désigner un nouvel Higoumène.

Dieu lui accorda aussi de connaître à l'avance le jour de sa mort, mais il n'en dit rien jusqu'au jour où, selon sa coutume et malgré son grand âge, il devait partir passer le Carême au désert. Pendant la vigile de Saint Antoine, il réunit ses disciples et leur donna son ultime enseignement: «Gardez toujours, comme principe et comme fin de toute bonne activité, la charité sincère, qui est le lien de toute perfection. Toute vertu se fortifie par la charité et l'humilité, avec l'aide de l'expérience, du temps et de la grâce. Mais la charité l'emporte sur l'humilité, car c'est par charité que Le Verbe de Dieu s'est humilié en se faisant pareil à nous». Il leur recommanda aussi de rendre grâce à Dieu en tout temps, pour les avoir retirés de la confusion du monde et les avoir placés dans cette condition sainte, à l'imitation des Anges; puis il leur fit élire son successeur, leur annonça la mort prochaine de Domitien et la transformation de la laure en cénobion. Il leur indiqua l'endroit où devaient être construits l'église et les bâtiments, les exhorta à ne pas négliger l'hospitalité, à consoler et stimuler les frères éprouvés par les tentations et à accomplir avec dévotion tous les Services Divins. Après être demeuré trois jours seul dans le Sanctuaire, il s'endormit en paix, le 20 juin 473, le visage serein et tout blanc, plus angélique que terrestre; et il fut suivi quelques jours plus tard par Domitien, son fidèle disciple depuis 50 ans. Une foule immense de moines, de Clercs et de laïcs se rassembla pour les funérailles de ce Père du Désert. Un grand nombre de Miracles s'accomplit alors et continua longtemps de s'accomplir sur son tombeau, placé à remplacement de sa grotte. Toute l'Eglise commença aussitôt à vénérer Saint Euthyme comme un de ses Pères parmi les plus grands, car, ayant mené toute sa vie dans la solitude, il n'avait néanmoins jamais cessé d'être le soutien de la Foi, le missionnaire, le législateur de la vie communautaire et l'économe de la Grâce de Dieu.

1. Euthymia signifie: «bonne humeur», «confiance», «joie».

2. Distinct de Dométien, Evêque de Mélitène, commémoré le 10 janvier, il est ignoré des synaxaires byzantins, mais il était commémoré dans l'ancien calendrier de Jérusalem (Kanonarion), le 5 novembre.


Saint Euthyme le Grand

Anachorète dans le désert de Juda (+ 473)

Il est le père et le fondateur du grand mouvement monastique qui allait remplir le désert de Palestine. Originaire de la Petite-Arménie, il reçut son éducation auprès de l'évêque de sa ville. Grandes étaient son humilité et sa douceur. Ermite sur les bords de la mer Morte, il fut reconnu par les bergers . Malgré les habitants qui venaient l'entendre, il sut préserver sa solitude et fonda une «laure» où se retrouvaient beaucoup de ses disciples, dont l'un des plus célèbres est saint Sabas. A la veille de sa mort, il leur résumait ainsi sa spiritualité: "Gardez toujours comme principe et comme fin de toute activité, la charité sincère qui est le lien de toute perfection. Toute vertu se fortifie par la charité et l'humilité, mais la charité l'emporte avec l'aide de l'expérience, du temps et de la grâce. C'est par charité que le Verbe de Dieu s'est humilié en se faisant pareil à nous."

En Palestine, l’an 473, saint Euthyme, abbé. Arménien d’origine et consacré à Dieu depuis l’enfance, il gagna Jérusalem et, après soixante-sept ans passés dans la solitude, robuste et alerte jusqu’à la fin de sa vie, il mourut célèbre par son humilité, sa charité et son observance de la règle monastique.

Martyrologe romain

SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/468/Saint-Euthyme-le-Grand.html

Euthymius the Great, Abbot (RM)

Born at Melitene, Armenia, c. 378; died in Palestine on January 20, 473. Saint Euthymius was the fruit of the fervent prayers of his wealthy parents through the intercession of a local martyr, Saint Polyeuctus. Euthymius studied under the bishop of Melitene, who ordained and appointed him supervisor of monastic settlements of the diocese. In that capacity, Euthymius often visited Saint Polyeuctus's monastery, where he would spend whole nights in prayer on a nearby mountain. From the octave of Epiphany to the end of Lent, Euthymius was continuously in prayer.


When he was about 30, his love of solitude had grown so strong that he secretly migrated to Palestine. After offering his prayers at the holy places in Jerusalem, he settled in a cell six miles distant near at the Pharan laura. He earned money for his bread and some alms for the poor by weaving baskets.

About 411, he moved 10 miles closer to Jericho, where he and a companion, named Theoctistus, lived as hermits in a cave. When a number of other hermits gravitated to him, he left them with his companion Theoctistus as superior, settled in the desolate country between Jerusalem and Jericho, and began his solitary life. He would meet with his spiritual children only on Saturdays and Sundays, and would abide for only a short time in one place, then move to another, usually in caves. Thus, he became their spiritual director without giving up his own solitary mode of life.

Saint Euthymius was one of the most revered of the early Palestinian monks. He attracted enormous crowds by his preaching, and combatted Nestorianism and Eutychianism alike. He gained influence among the Arabs by his healing of the paralytic son of an important sheikh, simply with a short prayer and the Sign of the Cross. The sheikh, who had vainly employed Persian magic arts seeking some relief for his son, immediately requested baptism.

So many Arabs followed suit that Patriarch Juvenal of Jerusalem consecrated Euthymius bishop to minister to them. In 420, Juvenal built him a laura on the road between Jerusalem and Jericho, which Euthymius ruled through vicars to whom he gave directions on Sundays. Cyril of Scythopolis relates that this was only one of many miraculous cures wrought by Euthymius, usually with the Sign of the Cross. It was in his capacity as bishop that Euthymius attended the Council of Ephesus in 431.

His humility and charity won the hearts of all who spoke to him. He seems to have surpassed even the great Saint Arsenius in the gift of perpetual tears. Empress Eudoxia, widow of Theodosius II, sought the advice of Saint Simeon Stylites regarding the frightening afflictions of her family. He referred her to Euthymius. Because Euthymius would allow no woman to enter his laura, she built a lodging and asked him to come to her there. She followed his counsel as the command of God, gave up her allegiance to the Eutychians, returned to orthodoxy in 459, and received the Council of Chalcedon.


On January 13, 473, Martyrius and Elias, both of whom Euthymius foretold would be patriarchs of Jerusalem, came with several others to visit him and accompany him to his Lenten retreat. But he said he would stay with them all that week, and leave on the next Saturday, giving them to understand that his death was near at hand. He appointed Elias as his successor, and foretold to Domitian, a beloved disciple, that he would follow him out of this world on the seventh day, which happened just as he prophesied. At the time of his death, Euthymius had spent 66-68 years in the desert. He is still highly revered throughout the East (Attwater, Benedictines, Delaney, Walsh).

Voir aussi : http://www.archive.org/stream/revuedelorientch121907pari#page/298/mode/2up