Michelangelo Merisi, dit « Caravage » ou « Le
Caravage », La Conversion de Saint Paul, circa 1600, Huile sur bois de cyprès, 237 x 189, chapelle Cerasi, église Santa Maria del Popolo, Rome.
Conversion de Saint Paul
Six ans après
l'Ascension, l'Église reçoit du Christ une grâce particulière qui sera
déterminante pour l'avenir. Sur le chemin de Damas, le pharisien Saul de Tarse,
qui avait obtenu des lettres de mission pour persécuter les sectateurs du
charpentier de Nazareth, est jeté à bas de son cheval par un éblouissement de
lumière. Toute la doctrine de saint Paul découlera de l'extraordinaire dialogue
qui s'en suivit. L'Église et le Christ ne font qu'un et c'est ce Corps Mystique
qui sera l'une des bases de l'ecclésiologie de saint Paul. C'est la
résurrection qui s'affirme à lui comme une réalité incontournable. C'est un
vivant qui lui parle et l'humanité du Christ s'établit dans la gloire de la
divinité. L'Évangile s'impose avec une telle intensité qu'il en est aveuglé et
terrassé jusqu'au moment où la lumière baptismale lui révèlera le mystère.
Cité du Vatican, le
25 janvier 2009 - Le saint-Père a consacré l'angélus dominical à la
conversion de Paul célébrée aujourd'hui, et à la semaine de prière pour l'unité
des chrétiens qui se termine aussi. Commentant le récit de Marc, où le Christ
invite à la conversion et à croire en l'Évangile, il a expliqué aux fidèles
réunis Place St.Pierre que, dans le cas de Paul, "certains préfèrent ne
pas utiliser le terme conversion. Ils soutiennent qu'il était déjà croyant, et
même un juif fervent. Parce qu'il n'est pas passé de l'absence de foi à la foi,
des idoles à Dieu, et qu'il n'a pas dû abandonner la foi juive pour adhérer au
Christ. En réalité, l'expérience de l'Apôtre peut servir de modèle pour chaque
véritable conversion chrétienne".
"Saul -a-t-il
poursuivi- s'est converti parce que, grâce à la lumière divine, il a cru en
l'Évangile. C'est en cela que consiste sa conversion et la nôtre: croire en
Jésus mort et ressuscité et s'ouvrir à l'éclairage de sa grâce divine. A ce
moment, Saul a compris que son salut ne dépendait pas des bonnes œuvres
accomplies selon la loi, mais du fait que Jésus était mort pour lui aussi, le
persécuteur, et qu'il était et est ressuscité. Cette vérité qui, grâce au
baptême, éclaire l'existence de chaque chrétien, rejaillit complètement sur
notre façon de vivre". Se confier à la puissance du pardon du Christ
signifie "pouvoir sortir des sables mouvants de l'orgueil et du péché, du
mensonge et de la tristesse, de l'égoïsme et de toute sécurité illusoire, pour
connaître et vivre la richesse de son amour".
"Cette invitation à
la conversion, avalisée par le témoignage de saint Paul, résonne aujourd'hui en
conclusion de la semaine de prière pour l'unité des chrétiens, particulièrement
importante aussi au plan œcuménique. L'apôtre nous indique l'attitude
spirituelle adéquate pour progresser dans la voie de la communion. "Je
n'en ai sûrement pas encore fait la moitié, écrit-il aux Philippiens; je ne suis
pas arrivé à la perfection, mais je m'efforce de courir pour l'atteindre parce
que moi aussi j'ai été atteint par Jésus-Christ. Certes, nous, chrétiens, nous
n'avons pas encore atteint l'objectif de la pleine unité, mais en nous laissant
continuellement convertir par le Seigneur Jésus, nous y arriverons
sûrement".
(Source: VIS 090126 -
380)
Fête de la Conversion de
saint Paul, Apôtre. Quand il faisait route vers Damas, animé d'une rage
meurtrière contre les disciples du Seigneur, Jésus en personne se révéla à lui
dans sa gloire et le choisit pour que, rempli de l'Esprit Saint, il annonce
parmi les nations l'Évangile du salut, en souffrant beaucoup pour le nom du
Christ.
Martyrologe romain
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/500/Conversion-de-Saint-Paul.html
Fra Angelico (vers 1395-1455).
Miniatura con Conversione di San Paolo, circa 1430
LA CONVERSION DE SAINT
PAUL
1 Cependant Saul,
respirant encore la menace et le meurtre contre les disciples du Seigneur,
alla trouver le grand prêtre
2 et lui demanda des
lettres pour Damas, à l'adresse des synagogues, afin que s'il trouvait des
gens de la secte, hommes et femmes, il les amenât enchaînés à Jérusalem.
3 Or, comme il était en
chemin, alors qu'il approchait de Damas, tout à coup une lumière (venant)
du ciel resplendit autour de lui.
4 Il tomba à terre et
entendit une voix qui lui disait : " Saul, Saul, pourquoi me
persécutes-tu? "
5 Il dit : " Qui
êtes-vous, Seigneur? " Et lui : " Je suis Jésus que
tu persécutes.
6 Mais lève-toi et entre
dans la ville, et on te dira ce que tu dois faire. "
7 Or les hommes qui
faisaient route avec lui étaient demeurés saisis de stupeur, entendant
bien la voix, mais ne voyant personne.
8 Saul se releva de terre
et, bien que ses yeux fussent ouverts, il ne voyait rien. En le conduisant
par la main, on le fit entrer à Damas.
9 Et il fut trois jours
sans voir et sans prendre ni nourriture ni boisson.
10 Or il y avait à Damas
un disciple nommé Ananie, et le Seigneur lui dit dans une vision : "
Ananie ! " Il dit : " Me voici, Seigneur. "
11 Et le Seigneur lui
(dit) : " Lève-toi, va dans la rue qu'on appelle la Droite, et
cherche dans la maison de Judas un nommé Saul de Tarse. Car le voilà
qui prie,
12 et il a vu dans une
vision un homme nommé Ananie, qui entrait et lui imposait les mains afin
qu'il recouvrât la vue. "
13 Ananie répondit :
" Seigneur, j'ai appris de plusieurs sur cet homme combien de mal il
a fait à vos saints dans Jérusalem.
14 Et il a ici, de la
part des grands prêtres, plein pouvoir pour enchaîner tous ceux qui
invoquent votre nom. "
15 Mais le Seigneur lui
dit : " Va, car cet homme est un instrument que j'ai choisi pour
porter mon nom devant les nations, les rois et les enfants d'Israël;
16 je lui montrerai en
effet tout ce qu'il doit souffrir pour mon nom. "
17 Ananie s'en alla,
entra dans la maison, lui imposa les mains et dit : " Saul, mon
frère, le Seigneur Jésus qui t'est apparu sur le chemin par lequel tu venais,
m'a envoyé pour que tu recouvres la vue et que tu sois rempli
de l'Esprit-Saint. "
18 Et aussitôt il lui
tomba des yeux comme des écailles, et il recouvra la vue. Il se leva et
fut baptisé;
19 et après qu'il eut
pris de la nourriture, il reprit force. Il passa quelques jours avec les
disciples qui étaient à Damas;
20 et aussitôt il
prêchait dans les synagogues que Jésus est le Fils de Dieu.
21 Tous ceux qui
(l')entendaient étaient stupéfaits et disaient : " N'est-ce pas lui
qui pourchassait à Jérusalem ceux qui invoquent ce nom, et n'est-il
pas venu ici pour les conduire enchaînés aux grands prêtres? "
22 Cependant Saul se
fortifiait de plus en plus (dans la foi) et il confondait es Juifs qui
habitaient à Damas, (leur) démontrant que (Jésus) était le Christ.
23 Après un temps assez
considérable, les Juifs se concertèrent pour le tuer,
24 mais leur complot
parvint à la connaissance de Saul. Ils gardaient aussi les portes jour et
nuit, afin de la tuer.
25 Mais ses disciples le
prirent de nuit et le firent descendre par la muraille dans une corbeille.
26 Or, arrivé à
Jérusalem, il cherchait à se joindre aux disciples, et tous
le redoutaient, ne croyant pas qu'il fût un disciple.
27 Mais Barnabé, l'ayant
pris, le mena aux apôtres et leur raconta comment sur le chemin (Saul)
avait vu le Seigneur et qu'il lui avait parlé, et comment, à Damas, il
avait parlé avec assurance au nom de Jésus.
28 Et (Saul) était avec
eux, allant et venant dans Jérusalem, et il parlait avec assurance au nom
du Seigneur.
29 Il s'adressait aussi
aux Hellénistes, disputant avec (eux); mais ceux-ci cherchaient à le
mettre à mort.
30 Les frères, l'ayant
appris, l'emmenèrent à Césarée et le firent partir pour Tarse.
31 L'Eglise était en paix
par toute la Judée, la Galilée et la Samarie, s'édifiant et marchant dans
la crainte du Seigneur, et elle croissait par l'assistance du
Saint-Esprit.
ACTES DES APÔTRES, IX : 1-31
Luca di Tommè. Conversión de Saulo. Seattle Art Museum.
1 " Frères et pères,
écoutez ce que j'ai maintenant à vous dire pour ma défense. "
2 Entendant qu'il leur
adressait la parole en langue hébraïque, ils firent encore plus silence.
Et il dit :
3 " Je suis Juif, né
à Tarse de Cilicie; mais j'ai été élevé dans cette ville-ci et instruit
aux pieds de Gamaliel exactement selon la Loi de nos pères, zélateur de
Dieu comme vous l'êtes tous aujourd'hui.
4 J'ai persécuté cette
secte jusqu'à la mort, chargeant de chaînes et jetant en prison hommes et
femmes,
5 comme le grand prêtre même
m'en rend témoignage, ainsi que tout le collège des Anciens. Ayant même
reçu d'eux des lettres pour les frères, je m'en allais à Damas pour amener
aussi enchaînés à Jérusalem ceux qui se trouvaient là, afin qu'ils fussent
punis.
6 Or, il m'arriva, comme
j'étais en chemin et que j'approchais de Damas, que tout à coup, vers
midi, une vive lumière venant du ciel resplendit autour de moi.
7 Je tombai sur le sol et
j'entendis une voix qui me disait : " Saul, Saul, pourquoi me
persécutes-tu? "
8 Je répondis : "
Qui êtes-vous, Seigneur? " Et il me dit : " Je suis Jésus
de Nazareth, que tu persécutes. "
9 Ceux qui étaient avec
moi virent bien la lumière, mais ils n'entendirent pas la voix de celui
qui me parlait.
10 Alors je dis : "
Qu'ai-je à faire, Seigneur? " Et le Seigneur me dit : "
Lève-toi, va à Damas, et là on te dira tout ce qu'il t'est prescrit de faire.
"
11 Et comme par suite de
l'éclat de cette lumière je ne voyais plus, ceux qui étaient avec moi me
conduisirent par la main, et j'arrivai à Damas.
12 Or un certain Ananie,
homme pieux selon la Loi, à qui tous les Juifs habitant (Damas) rendaient
bon témoignage,
13 vint à moi et, se
tenant près de moi, me dit : " Saul, mon frère, recouvre la vue.
" Et au même instant je le regardai.
14 Et il dit : " Le
Dieu de nos pères t'a prédestiné à connaître sa volonté, à voir le Juste
et entendre les paroles de sa bouche,
15 parce que pour lui tu
seras témoin, auprès de tous les hommes, des choses que tu as vues et
entendues.
16 Et maintenant pourquoi
tarder ? Lève-toi, fais-toi baptiser et purifie-toi de tes péchés en
invoquant son nom. "
17 De retour à Jérusalem,
comme je priais dans le temple, il m'arriva d'être en extase,
18 et je vis (le
Seigneur) qui me disait : " Hâte-toi et sors au plus tôt
de Jérusalem, parce qu'on n'y recevra pas ton témoignage sur moi. "
19 Et je dis : "
Seigneur, ils savent eux-mêmes que je faisais mettre en prison et battre
de verges dans les synagogues ceux qui croyaient en vous;
20 et lorsqu'on répandit
le sang d'Etienne, votre témoin, j'étais moi-même présent, approuvant et
gardant les vêtements de ceux qui le tuaient. "
21 Et il me dit : "
Va, parce que c'est aux nations lointaines que je vais t'envoyer. "
22 (Les Juifs) l'avaient
écouté jusqu'à ces mots; mais ils élevèrent la voix, disant : " Ote
de la terre un pareil (homme), car il n'est pas digne de vivre. "
23 Et comme ils
poussaient de grands cris, jetaient leurs manteaux et lançaient de la
poussière en l'air,
24 le tribun ordonna de
le faire entrer dans la forteresse et dit de lui donner la question par le
fouet, afin de savoir pour quel motif ils criaient ainsi contre lui.
25 Mais comme on
l'étendait pour la flagellation, Paul dit au centurion qui était là :
" Vous est-il permis d'appliquer le fouet à un citoyen romain,
qui n'est pas même condamné? "
26 Ayant entendu cela, le
centurion alla le rapporter au tribun, disant : " Que vas-tu faire?
Car cet homme est Romain. "
27 Le tribun vin et dit à
Paul : " Dis-moi, es-tu Romain? " Et il dit : " Oui. "
28 Et le tribun repris :
" Moi, j'ai acheté bien cher ce droit de cité. " Et Paul dit :
" Mais moi, je l'ai de naissance. "
29 Aussitôt donc ceux qui
allaient lui donner la question se retirèrent d'auprès de lui, et le
tribun aussi eut peur, quand il sut qu'il était Romain, parce qu'il
l'avait fait lier.
30 Le lendemain, voulant
savoir exactement de quoi les Juifs l'accusaient (le tribun) lui fit ôter
ses liens, et il donna l'ordre aux grands prêtres et à tout le Sanhédrin
de se réunir; puis, ayant fait descendre Paul, il le plaça au
milieu d'eux.
ACTES DES APÔTRES, XXII :
1-30
Spinello Aretino (1350–1410), La conversion de Paul. Circa 1391, 30,2 x 29,5, Metropolitan Museum of Art
01 Alors Agrippa
s’adressa à Paul : « Tu es autorisé à plaider ta cause. » Après
avoir levé la main, Paul présenta sa défense :
02 « Sur tous
les points dont je suis accusé par les Juifs, je m’estime heureux, roi Agrippa,
d’avoir à présenter ma défense aujourd’hui devant toi,
03 d’autant plus que
tu es un connaisseur de toutes les coutumes des Juifs et de tous leurs débats.
Voilà pourquoi je te prie de m’écouter avec patience.
04 Ce qu’a été ma
vie depuis ma jeunesse, comment dès le début j’ai vécu parmi mon peuple et à
Jérusalem, cela, tous les Juifs le savent.
05 Ils me
connaissent depuis longtemps, et ils témoigneront, s’ils le veulent bien, que
j’ai vécu en pharisien, c’est-à-dire dans le groupe le plus strict quant à
notre pratique religieuse.
06 Et maintenant, si
je suis là en jugement, c’est parce que je mets mon espérance en la promesse
faite par Dieu à nos pères,
07 promesse dont nos
douze tribus espèrent l’accomplissement, elles qui rendent un culte à Dieu jour
et nuit avec persévérance. C’est pour cette espérance, ô roi, que je suis
accusé par les Juifs.
08 Pourquoi, chez
vous, juge-t-on incroyable que Dieu ressuscite les morts ?
09 Pour moi, j’ai
pensé qu’il fallait combattre très activement le nom de Jésus le Nazaréen.
10 C’est ce que j’ai
fait à Jérusalem : j’ai moi-même emprisonné beaucoup de fidèles, en vertu
des pouvoirs reçus des grands prêtres ; et quand on les mettait à mort,
j’avais apporté mon suffrage.
11 Souvent, je
passais de synagogue en synagogue et je les forçais à blasphémer en leur
faisant subir des sévices ; au comble de la fureur, je les persécutais
jusque dans les villes hors de Judée.
12 C’est ainsi que
j’allais à Damas muni d’un pouvoir et d’une procuration des grands
prêtres ;
13 en plein midi,
sur la route, ô roi, j’ai vu, venant du ciel, une lumière plus éclatante que le
soleil, qui m’enveloppa, moi et ceux qui m’accompagnaient.
14 Tous, nous sommes
tombés à terre, et j’ai entendu une voix qui me disait en araméen : “Saul,
Saul, pourquoi me persécuter ? Il est dur pour toi de résister à
l’aiguillon.”
15 Et moi je
dis : “Qui es-tu, Seigneur ?” Le Seigneur répondit : “Je suis
Jésus, celui que tu persécutes.
16 Mais relève-toi,
et tiens-toi debout ; voici pourquoi je te suis apparu : c’est pour
te destiner à être serviteur et témoin de ce moment où tu m’as vu, et des
moments où je t’apparaîtrai encore,
17 pour te délivrer
de ton peuple et des non-Juifs. Moi, je t’envoie vers eux,
18 pour leur ouvrir
les yeux, pour les ramener des ténèbres vers la lumière et du pouvoir de Satan
vers Dieu, afin qu’ils reçoivent, par la foi en moi, le pardon des péchés et
une part d’héritage avec ceux qui ont été sanctifiés.”
19 Dès lors, roi
Agrippa, je n’ai pas désobéi à cette vision céleste,
20 mais j’ai parlé
d’abord aux gens de Damas et à ceux de Jérusalem, puis à tout le pays de Judée
et aux nations païennes ; je les exhortais à se convertir et à se tourner
vers Dieu, en adoptant un comportement accordé à leur conversion.
21 Voilà pourquoi
les Juifs se sont emparés de moi dans le Temple, pour essayer d’en finir avec
moi.
22 Fort du secours
que j’ai reçu de Dieu, j’ai tenu bon jusqu’à ce jour pour rendre témoignage
devant petits et grands. Je n’ai rien dit en dehors de ce que les prophètes et
Moïse avaient prédit,
23 à savoir que le
Christ, exposé à la souffrance et premier ressuscité d’entre les morts, devait
annoncer la lumière à notre peuple et aux nations. »
24 Il en était là de
sa défense, quand Festus s’écria : « Tu délires, Paul ! Ta
grande érudition te fait délirer ! »
25 Mais Paul
répliqua : « Je ne délire pas, Très excellent Festus ! Mais je
parle un langage de vérité et de bon sens.
26 Le roi, à qui je
m’adresse avec assurance, est au courant de ces événements ; je suis
convaincu qu’aucun d’eux ne lui a échappé, car ce n’est pas dans un coin perdu
que cela s’est fait.
27 Roi Agrippa,
crois-tu aux prophètes ? Je sais bien que tu y crois. »
28 Agrippa dit alors
à Paul : « Encore un peu, et tu me persuades de me faire
chrétien ! »
29 Paul
répliqua : « Plaise à Dieu que, tôt ou tard, non seulement toi, mais
encore tous ceux qui m’écoutent aujourd’hui, vous deveniez tel que je suis –
sauf les chaînes que voici ! »
30 Le roi se leva,
puis le gouverneur, ainsi que Bérénice et ceux qui étaient assis avec eux.
31 S’étant retirés,
ils se disaient entre eux : « Cet homme ne fait rien qui mérite la
mort ou la prison. »
32 Et Agrippa dit à
Festus : « Cet homme aurait pu être relâché, s’il n’en avait pas
appelé à l’empereur. »
ACTES DES APÔTRES, XXVI : 1-32
Nawrócenie św. Pawła - kwatera z ołtarza św. Trójcy, 1467, tempera sur bois, 103 x 83.5, ou cathédrale du Wawel, basilique-cathédrale Saints-Stanislas-et-Venceslas de Cracovie
1 Je vous rappelle,
frères, l'Evangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel
vous avez persévéré,
2 et par lequel aussi
vous êtes sauvés, si vous le retenez tel que je vous l'ai annoncé; à moins
que vous n'ayez cru en vain.
3 Je vous ai enseigné
avant tout, comme je l'ai appris moi-même, que le Christ est mort pour nos
péchés, conformément aux Ecritures;
4 qu'il a été enseveli et
qu'il est ressuscité le troisième jour, conformément aux Ecritures;
5 et qu'il est apparu à
Céphas, puis aux Douze.
6 Après cela, il est
apparu en une seule fois à plus de cinq cents frères, dont la plupart sont
encore vivants, et quelques-uns se sont endormis.
7 Ensuite il est apparu à
Jacques, puis à tous les apôtres.
8 Après eux tous, il
m'est aussi apparu à moi, comme à l'avorton.
9 Car je suis le moindre
des Apôtres, moi qui ne suis pas digne d'être appelé apôtre, parce que
j'ai persécuté l'Eglise de Dieu.
10 C'est par la grâce de
Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce envers moi n'a pas été vaine;
loin de là, j'ai travaillé plus qu'eux tous, non pas moi pourtant, mais la
grâce de Dieu qui est avec moi.
11 Ainsi donc, soit moi,
soit eux, voilà ce que nous prêchons, et voilà ce que vous avez cru.
Saint PAUL, Première
épitre aux Corinthiens, XV : 1-11
Gaspare Diziani (1689–1767), La
Conversion de saint Paul, basilique Sainte-Justine, Abbazia
di Santa Giustina, Padoue
11 Je vous le déclare, en
effet, frères, l'Evangile que j'ai prêché n'est pas de l'homme;
12 car ce n'est pas d'un
homme que je l'ai reçu ni appris, mais par une révélation de Jésus-Christ.
13 Vous avez, en effet,
entendu parler de ma conduite, quand j'étais dans le judaïsme; comment je
persécutais à outrance et ravageais l'Eglise de Dieu,
14 et comment je
surpassais dans le judaïsme beaucoup de ceux de mon âge et de ma nation,
étant à l'excès partisan jaloux des traditions de mes pères.
15 Mais, lorsqu'il plut à
celui qui m'avait mis à part dès le sein de ma mère, et qui m'a appelé par
sa grâce,
16 de révéler en moi son
Fils, afin que je l'annonce parmi les Gentils, sur-le-champ, sans
consulter ni la chair ni le sang,
17 sans monter à
Jérusalem vers ceux qui étaient apôtres avant moi, je partis pour
l'Arabie; puis je revins encore à Damas.
Saint PAUL, Épitre
aux Galates, I : 1-17
Conversion de Saint
Paul, Apôtre
Six ans après
l'Ascension, l'Eglise reçoit du Christ une grâce particulière qui sera
déterminante pour l'avenir. Sur le chemin de Damas, le pharisien Saul de Tarse,
qui avait obtenu des lettres de mission pour persécuter les sectateurs du
Christ, est jeté à bas de son cheval par un éblouissement de lumière. Toute la
doctrine de saint Paul découlera de l'extraordinaire dialogue qui s'en suivit.
L'Eglise et le Christ ne font qu'un et c'est ce Corps Mystique qui sera l'une
des bases de l'ecclésiologie de saint Paul. C'est la résurrection qui s'affirme
à lui comme une réalité incontournable. C'est un vivant qui lui parle et
l'humanité du Christ s'établit dans la gloire de la divinité. L'Evangile
s'impose avec une telle intensité qu'il en est aveuglé et terrassé jusqu'au
moment où la lumière baptismale lui révèlera le mystère.
Maître du Cardinal de Bourbon (fl. de 1470 à 1500 ). Conversion de saint Paul sur le chemin de Damas - Rencontre à Damas de saint Paul et Ananias - Baptême de saint Paul. Miniature extraite d'un manuscrit des Epîtres de saint Paul, vers 1470-1500, miniature sur parchemin, 15,5 × 10,5, bibliothèque Laurentienne, Plut.23.06 folio 36 verso
La Conversion de saint
Paul
34 ou 35
Saint Paul était Juif, de
la tribu de Benjamin; il naquit à Tarse, en Cilicie, dont les habitants étaient
considérés comme citoyens romains. Il reçut une instruction fort soignée et
devint, jeune encore, l'un des membres les plus distingués de la secte des
Pharisiens. Son attachement aux traditions de ses pères, sa haine contre les
chrétiens, sa présence au supplice de saint Étienne, son acharnement à
poursuivre les disciples de Jésus-Christ, à les traîner en prison, à les battre
de verges, ont poussé les interprètes de l'Écriture à voir en lui la
réalisation de la prophétie de Jacob, concernant son fils Benjamin:
"Benjamin est un loup ravisseur." Mais une hymne chrétienne a
heureusement complété l'application de la prophétie, en disant: "Le loup
ravisseur s'est changé en agneau."
Saul (c'était le premier
nom du grand Apôtre) approchait de Damas, où il allait persécuter les
chrétiens, accompagné de soldats et d'émissaires de la synagogue de Jérusalem,
quand tout à coup il est renversé de son cheval et couché à terre par une force
invisible. Une éblouissante clarté l'environne et une voix lui dit: "Saul,
pourquoi Me persécutez-vous? - Qui êtes-Vous, Seigneur? -- Je suis Jésus, que
vous persécutez. -- Seigneur, que voulez-Vous que je fasse? -- Levez-vous,
entrez dans la ville, et là vous apprendrez ce que vous devez faire."
Saul était devenu
aveugle; ses compagnons le conduisirent à Damas. Un serviteur de Dieu, nommé
Ananias, averti en songe, alla le trouver, lui rendit la vue et lui conféra le
baptême. Dès lors, Saul, devenu Paul, n'est pas seulement un converti, un
chrétien, c'est un apôtre, c'est l'Apôtre par excellence, qui étonnera le monde
et fera l'admiration des siècles par ses écrits sublimes et inspirés, par ses
saintes audaces, ses travaux, les merveilles de son apostolat et la gloire de
son martyre.
Que de leçons dans cette
conversion étrange et foudroyante! Nous y voyons la puissance toute divine de
la grâce à laquelle rien ne résiste; la sagesse de Dieu qui se plaît à
confondre la fausse sagesse du monde; la miséricorde inénarrable du Seigneur,
qui ne rebute personne et peut faire du plus grand des pécheurs le plus insigne
des saints. Ne désespérons jamais du salut de personne, tout est possible à la
prière et à la grâce. Nous ne comprendrons bien qu'au Ciel quelle a été
l'influence de la prière dans le monde et combien de pécheurs devront leur
salut à l'intercession des justes. Saint Augustin a dit fort justement:
"Si Étienne n'avait pas prié, nous n'aurions pas saint Paul!"
Abbé L. Jaud, Vie
des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/la_conversion_de_saint_paul.html
Girolamo Mazzola Bedoli, Conversione di san Paolo, circa 1560, Collections of Palazzo
Ducale, Mantua
Conversion de St Paul
Sur la route de Damas, à
la tête d’une troupe de fanatiques, chemine un homme de trente ans, qu’on
appelle alors Saul (plus exactement Shaoul). Juif de race, grec de
fréquentation, et politiquement romain, il a bénéficié de trois cultures, il
connaît le grec, l'araméen et l’hébreu. Il revendique une double citoyenneté,
celle de Tarse1 et celle de Rome. A Tarse, sa ville natale, il n’a fréquenté
que les écoles de grammaire, puis il est allé chercher à Jérusalem sa culture
supérieure à l’école de Gamaliel2. Moins tolérant que son maître il s’est vite
mué en persécuteur des chrétiens. On le voit garder les vêtements de ceux qui
lapident Etienne, ravager l’Eglise de Jérusalem et obtenir un mandat officiel
pour engager des poursuites contre les chrétiens de Damas.
Avant de parvenir à
Damas, Saul rencontre le Christ et sa destinée en est toute changée. De ce
grand événement, nous possédons trois récits inspirés : saint Paul rapporte
lui-même les faits dans son discours apologétique aux Juifs de Jérusalem et
dans son éloquente plaidoirie devant le roi Agrippa ; saint Luc raconte cet
épisode au début des Actes des Apôtres.
Ainsi, Saul voit
apparaître dans la gloire le Christ ressuscité. Saul n’est pas un incroyant qui
découvre Dieu, ni un pécheur qui veut se libérer de ses fautes, de ses
négligences ou de son indifférence. S'il se convertit, c’est plus par un
dépassement de sa foi première que par une répudiation de ses erreurs, qu’un
retour à l'innocence perdue. Il croyait à la Loi et aux prophètes, il croyait
que les promesses divines se réaliseraient et que le Messie viendrait. Dans sa
conversion, il apprend et accepte, pour en faire la règle de sa vie, que Alais
il ne croyait pas en Jésus! Il n'avait pas saisi que Jésus est le véritable
accomplissement des prophéties, le propre Fils de Dieu, le Sauveur du monde, le
ressuscité du matin de Pâques. Passer du judaïsme au christianisme n’était donc
pas renier le passé religieux d’Israël mais le retrouver transfiguré dans ses
providentiels achèvements.
On ne saurait trop
insister sur le caractère personnel de ce brusque face à face. Saul signale la
soudaine irruption d'une lumière qui dépasse l'éclat du plein midi et qui
l’enveloppe ainsi que son escorte. Un choc violent les renverse tous à terre,
tandis qu'ils entendent le son d'une voix. Mais la lumière et le langage
demeurent indistincts pour son entourage. Lui seul voit quelqu’un dans la
gloire et perçoit nettement le message qui lui est exclusivement destiné. Celui
qui interpelle si familièrement son adversaire montre qu'il a pénétré jusqu’à
ses intentions les plus secrètes : c’est le Christ qu’il poursuit et qu’il
atteint dans les chrétiens : « Je suis Jésus, celui que tu persécutes. »
La formulation de
l'identité s'accompagne d'une invitation à la docilité : il est temps de mettre
fin aux égarements d'une âme que vient stimuler l'aiguillon de la grâce. Saul
n’hésitera pas à se livrer sur-le-champ en s'écriant : « Seigneur, que
voulez-vous que je fasse? »
Trois faits semblent
avoir particulièrement impressionné l'âme de saint Paul au chemin de Damas : la
vie du Christ dans la gloire, sa présence mystérieuse dans ses fidèles, et son
retour anticipé. Le Christ est donc simultanément le personnage transcendant du
ciel, de l'histoire et de l’apocalypse. Sous l’effet de la lumière intérieure
qui l’éclaire soudain sur la portée des Écritures, Saul voit dans le Christ
l’aboutissement de l’Ancien Testament et la réalisation des prophéties. Saul
sait maintenant que les longues préparations sont terminées : l’humanité se
trouve désormais engagée dans cette période qu’il désignera par « la plénitude
des temps »
1 Tarse (l’actuelle
Tarsus en Turquie) est une ville de Cilicie plane. Située sur les rives du
Cydnos, près d'un lac relié à la mer par un canal, Tarse fut, au deuxième
millénaire, la capitale du royaume de Kizzuwatna ; dominée par les Hittites,
puis annexée à l'empire assyrien au VIII° siècle, elle fut ruinée par
Sennachérib en 696 à la suite d'une révolte. Après la conquête d'Alexandre,
Tarse fit partie de l'empire séleucide. On sait qu’elle se révolta, en même temps
que Mallos, parce qu'Antiochus IV Epiphane en avait donné les revenus à sa
concubine Antiochis (II Maccabées, IV 30). A l'époque romaine, Tarse qui est la
métropole de la province de Cilicie, abritait une importante communauté juive.
2 Gamaliel était un
pharisien très influent, « docteur de la Loi, respecté de tout le peuple »
(Actes des Apôtres, V 34). Chef d'une école rabbinique, il fut le maître de
saint Paul (Actes des Apôtres, XXII 3). Gamaliel était partisan de
l'enseignement de Hillel qui représentait dans l'interprétation de la Loi le
courant le plus libéral ; ainsi autorisait-il à épouser une femme sur l'avis de
décès du mari rapporté par un seul témoin. Gamaliel était membre du Sanhédrin
lors de l'arrestation des Apôtres (Actes des Apôtres, V 34), et c’est grâce à
son intervention prudente et lucide, qu'ils échappèrent à la condamnation
capitale. Il mourut en 70.
SOURCE http://missel.free.fr/Sanctoral/01/25.php
LA CONVERSION DE SAINT
PAUL, APÔTRE
La conversion de saint
Paul eut lieu l’année même que J.-C fut crucifié et que saint Etienne fut
lapidé, non pas dans l’année, selon la manière ordinaire de compter, mais dans
l’intervalle d'une année; car J.-C. fut crucifié le 8 avant les calendes d'avril
(25 mars), saint Étienne fut lapidé le 3 août de la même année et saint Paul
fut converti le 8 avant les calendes de février (25 janvier). Maintenant
pourquoi célèbre-t-on sa conversion plutôt que celle des autres saints : on en
assigne ordinairement trois raisons. La première pour l’exemple ; afin que
personne, quelque grand pécheur qu'il soit, ne désespère de son pardon, quand
il verra celui qui a été si coupable dans sa faute, devenir dans la suite si
grand parla grâce. La seconde pour la joie; car autant l’Église à ressenti de
tristesse à cause de sa persécution, autant elle reçoit d'allégresse à cause de
sa conversion. La troisième pour le miracle que le Seigneur manifesta en lui;
quand du plus barbare persécuteur il fit le plus fidèle prédicateur. En effet,
sa conversion fut miraculeuse du côté de celui qui l’a faite, du côté de ce qui
l’y a disposé, et du côté de celui qui en est le sujet. Celui qui fit cette
conversion, c'est J.-C. ; en cela il montra: 1° son admirable puissance, quand
il lui dit: « Il vous est dur de regimber contre l’aiguillon; » et quand il le
changea si subitement, ce qui lui fit alors répondre: «Seigneur, que
voulez-vous que je fasse? » Sur ces paroles saint Augustin s'écrie : «L'agneau
tué par les loups a changé le loup en agneau, déjà il se prépare à obéir, celui
qui auparavant était rempli de la fureur de persécuter; » 2° il manifesta en
cela son admirable sagesse ; car il abattit l’enflure de son orgueil, en lui
inspirant les bassesses de l’humilité, mais non les splendeurs de la majesté. «
C'est moi, dit-il qui suis ce Jésus de Nazareth que tu persécutés. » La glose
ajoute : « Il ne dit pas qu'il est Dieu, ou même le Fils de Dieu, mais :
accepte les bassesses de mon humilité et dépouille-toi des écailles dont te
couvre ton orgueil. » 3° Il lui témoigne une clémence extraordinaire; ce qui
est évident puisque, au moment où Paul était dans l’acte et dans la volonté de
persécuter, Dieu opère sa conversion. En effet, quoique avec une affection
désordonnée; puisqu'il ne respirait que menaces et carnage, quoique se livrant
à des essais criminels, puisqu'il vint trouver le grand' prêtre, comme s'il
s'immisçait de lui-même en cela, quoique dans le fait même d'un acte coupable,
puisqu'il allait chercher les prisonniers pour les amener à Jérusalem, et
qu'ainsi le but de sa démarche fut détestable, cependant ce pécheur-là même est
converti par la divine miséricorde. Secondement, cette conversion fut
miraculeuse du côté de ce qui l’y disposa, savoir, la lumière. En effet, cette
lumière fut subite, immense, et venant du ciel : « Et il fut tout d'un coup
environné d'une lumière qui venait du ciel, » dit l’Ecriture (Actes, IX). Car
Paul avait en lui trois vices : le premier, c'était l’audace; ces paroles des
Actes en font foi : « Il vint trouver le grand prêtre » et la glose porte: «
Personne ne l’y avait engagé, c'est de lui-même, c'est son zèle qui le pousse.
» Le second, c'est l’orgueil ; et on en a la preuve par ces paroles: « Il ne
respirait que menaces et carnage. » Le troisième, c'était l’intelligence
charnelle qu'il avait de la loi. Ce qui fait dire à la glose sur ces paroles :
« Je suis Jésus. Je suis le Dieu du ciel ; c'est ce Dieu qui te parle, ce Dieu
que tu crois, comme les juifs, avoir éprouvé la mort. » Donc cette lumière
divine fut subite, pour frapper d'épouvante cet audacieux; elle fut immense,
pour abîmer ce hautain, ce superbe, dans les profondeurs de l’humilité : elle
vint du ciel pour rendre céleste cette intelligence charnelle. Ou bien encore,
trois moyens disposèrent ce prodige : 1° la voix qui appelle; 2° la lumière qui
brille et 3° la force toute puissante. Troisièmement, cette conversion fut
miraculeuse du côté de celui qui en est le sujet, c'est-à-dire, du côté de Paul
lui-même qui fut converti. Dans sa personne, il y eut trois miracles: opérés
extérieurement son renversement, et son aveuglement, et son jeûne de: trois
jours, car il est renversé, pour être relevé de cet état d'infirmité où il
gisait. Saint Augustin dit : « Paul fut renversé pour être aveugle; il fut
aveuglé pour être changé ;,il fut changé pour être envoyé ; il fut envoyé pour
que la vérité se fît jour.» Le même père dit encore : « Le cruel fut écrasé et
devint croyant ; le loup fut abattu et il se releva agneau le persécuteur fut
renversé et il devint prédicateur; le fils de perdition fut brisé et il est
changé en un vase d'élection. Il est aveuglé pour être éclairé, dans son
intelligence pleine de ténèbres. » Aussi est-il dit que, pendant ces trois
jours, il resta aveugle, parce qu'il fut instruit de l’Evangile. En effet il
n'a pas reçu l’Evangile de la bouche d'un homme, ni par le moyen de l’homme; il
l’assure lui-même; mais il l’a reçu de J.-C. même qui le lui révéla. Augustin
dit ailleurs : « Paul, je te proclame le véritable athlète de J.-C. qui l’a instruit,
qui l'a oint de sa substance avec lequel il a été crucifié; et qui se glorifie
en lui. II eut sa chair meurtrie, pour que cette même chair fût disposée à
embrasser les généreux desseins: En effet, dans la suite, son corps fut
parfaitement apte à toutes sortes de bonnes oeuvres; car il savait vivre et
dans la pénurie et dans, l’abondance; il avait éprouvé de tout, et il
supportait volontiers toutes les adversités. Saint Chrysostome dit: « Il
regardait comme des moucherons les tyrans et les peuples qui ne respiraient que
la fureur; la mort, les tourments, et des milliers de supplices, il les prenait
pour jeux d'enfants. Il les accueillait de son plein gré, et il retirait plus
de gloire des chaînes dont il était lié, que s'il eût été couronné de précieux diadèmes.
Il recevait les blessures avec plus de bonne grâce que les autres ne reçoivent
les présents. » Ou bien encore ces trois états peuvent être opposés aux trois
autres états de notre premier père. Celui-ci se leva contre Dieu; saint Paul au
contraire fut renversé par terre. Les yeux d'Adam furent ouverts; saint Paul au
contraire devint aveugle. Adam mangea du fruit défendu, saint Paul s'abstint de
manger une nourriture légale.
La Légende dorée de
Jacques de Voragine nouvellement traduite en français avec introduction,
notices, notes et recherches sur les sources par l'abbé J.-B. M. Roze, chanoine
honoraire de la Cathédrale d'Amiens, Édouard Rouveyre, éditeur, 76, rue de
Seine, 76, Paris mdccccii
SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome01/031.htm
Pieter Brueghel l'Ancien (1526/1530–1569),
La Conversion de saint Paul, 1567, huile sur panneau de bois, 108 x 156, musée d'Histoire de l'art de
Vienne
CONVERSION DE SAINT PAUL.
En général, l’Église ne
célèbre la fête d’un saint qu’au jour de sa mort, qui est pour elle le jour de
sa naissance. Elle célèbre cependant la naissance de saint Jean-Baptiste, parce
qu’il naquit sanctifié. Elle célèbre rarement un des épisodes de la vie des
saints ; car il est rare qu’un épisode soit assez décisif pour mériter une
consécration annuelle et solennelle.
Elle célèbre la
conversion de saint Paul.
Cet événement présente en
effet un caractère ou plutôt plusieurs caractères particuliers.
La conversion de saint
Paul est subite, totale, définitive, magnifique.
Elle est rapide comme la
foudre et immortelle comme la joie des élus. Elle a le charme de la rapidité,
le charme de la plénitude et le charme de la durée.
L’âme humaine a le
besoin, l’amour, la passion des changements rapides. L’instantanéité, s’il est
permis de prononcer ce mot, est un de nos plus profonds désirs.
Imaginez un homme qui
obtienne petit à petit, lentement, les unes après les autres, toutes les
qualités, toutes les vertus, toutes les grâces spirituelles et temporelles
qu’il a désirées ; cet homme n’a pas eu la chose du monde qu’il désirait le
plus : c’était la rapidité.
C’est qu’un des plus
grands désirs de l’homme qui demande, c’est le désir de voir la main qui donne;
et la rapidité montre cette main.
L’homme qui désire une
grâce quelconque désire cette grâce pour elle-même ; puis il désire en même
temps sentir l’acte du don et voir la main qui donne. La lenteur dissimule
cette main et cet acte; la rapidité les découvre. Et le principal désir de
l’homme qui désire, ce n’est pas d’avoir le don, c’est de le recevoir des mains
de la foudre.
Saint Paul sacré dans le
centre de sa fureur, précipité de cheval, aveuglé par la lumière et étonné à
jamais, saint Paul changé en un autre homme et changé en un instant, répond à
l’un de nos cris les plus profonds.
Il est changé en un
instant et il est changé pour toujours. C’est encore là une des qualités que
nous réclamons du changement.
Nous désirons qu’il soit
instantané et qu’il soit immortel ! Nous voulons que le coup de foudre qui
retentit subitement retentisse à jamais. Nous voulons encore quelque chose.
Avec la rapidité de la cause nous voulons la plénitude de l’effet. Nous voulons
que le changement de la personne ou de la chose changée soit aussi complet que
rapide et aussi durable que soudain.
Et c’est parce que saint
Paul nous offre ces caractères, que nous lui savons gré des procédés dont Dieu
a usé envers lui. Nous lui savons gré de ne pas nous faire languir dans les
à-peu-près. Aussi le chemin de Damas est resté dans la mémoire des hommes,
non-seulement comme un lieu historique, mais comme une locution proverbiale. Et
c’est là un grand signe : trouver son chemin de Damas, c’est être frappé,
averti, converti, foudroyé. Quand un fait a envahi le langage humain sous la
forme du proverbe, c’est qu’il a répondu à quelqu'un des désirs intimes de
l’homme.
Tout près de Damas, à dix
minutes de la porte du Midi, on voit encore une douzaine de tronçons de
colonnes, tous couchés dans le même sens. Ce lieu, qui est un peu élevé,
ressemble á un monticule de décombres. C’est là que saint Paul fut renversé.
Les chrétiens s’y rendent tous les ans en procession le 25 janvier. De là saint
Paul entra dans la ville et prit la rue qu’on appelle la rue Droite ; la porte
de saint Paul est appelée par les habitants porte Orientale. L’ancienne porte,
dit Mgr Mislin, est encore très reconnaissable. Elle a trois arcs, qui
reposaient sur des piliers très forts. Au-dessus s’élevait une tour.
Saint Paul sur le chemin
de Damas était bien, en apparence, dans les plus mauvaises dispositions
possibles pour être converti. Il respirait la menace et le meurtre. Il avait
soif du sang des chrétiens. Le sang de saint Étienne était sur lui ; saint
Étienne, l’innocent jeune homme qui ne semblait fait pour inspirer aucune
antipathie ; saint Étienne, son camarade d’enfance, son parent ; saint Étienne
avait été lapidé sous ses yeux, de son consentement, avec son aide. Paul
gardait les vêtements des bourreaux. Qui sait même si l’envie, cette chose
hideuse, n’avait pas armé sa main ? Qui sait si le dépit de n’avoir pu répondre
à saint Étienne, avec qui il avait discuté, n'était pas pour quelque chose dans
la haine de Paul ? Paul était pharisien. De quoi les pharisiens ne sont-ils pas
capables ?
Paul appartenait à la
secte maudite contre laquelle s’éleva l’indignation directe et spéciale de
Jésus-Christ. Quand les bourreaux de saint Étienne déposèrent leurs habits aux
pieds de Paul, ils voulurent par là témoigner publiquement que c’était de lui,
comme représentant du conseil, qu’ils tenaient le droit de lapider le martyr.
Ils jetaient sur Paul la responsabilité solennelle et officielle de
l’exécution. D’après une tradition rapportée par saint Jérôme, ce fut dans
cette contrée que Caïn tua son frère. Le premier homme qui fut tué par un homme
et le premier martyr chrétien qui fut tué par un Juif périrent au même endroit.
La mort de saint Étienne emprunte à ce rapprochement un caractère particulier,
et le voisinage de Caïn assombrit encore la figure de Paul.
Avec la haine, Paul avait
l’orgueil, et quel orgueil ! L’orgueil pharisaïque ! l’orgueil qui s’oppose si
directement et si spécialement á la grâce ; l’orgueil qu’on pourrait appeler
l’ennemi personnel de la lumière. A peine instruit dans l’Écriture, saint Paul
était entré spontanément dans la secte des pharisiens. L’orgueil était entré,
dès sa jeunesse, dans la moelle de ses os; avec l’orgueil et la haine il
portait le blasphème sur ses épaules. Il était blasphémateur et instigateur du
blasphème et persécuteur de la vérité. Toutes ces choses étaient entretenues et
exaspérées en lui par un souffle de fureur ardent, féroce, implacable. Ce
n’était pas la fureur qui se satisfait quand elle crie; c’était une fureur
sanguinaire, qui avait bu du sang et qui voulait en boire encore. C’était la
rage inexorable d’un orgueilleux à la fois lettré et féroce, en qui les passions
humaines soufflent, pour l’exciter, sur un fanatisme sans pardon.
Et voilà l’homme choisi.
Faut-il s’en étonner ?
Pas le moins du monde. Dieu vomit les tièdes ; saint Paul n’était pas tiède. Il
y avait dans cette nature ardente et fougueuse une proie précieuse pour
quiconque s’emparerait de lui. A travers les réalités hideuses et féroces,
l’oeil de Dieu distingua dans Paul les possibilités qui dormaient
leur sommeil, mais qui pouvaient se réveiller. Dieu, qui voyait de quoi Paul
était coupable, voyait du même regard de quoi saint Paul était capable. Les
grandes natures ont de grandes ressources : elles changent comme elles sont ;
elles sont entières ; elles changent entièrement. La grâce, qui se greffe sur
elles, s’empare de leurs qualités natives ; et l’action surnaturelle, comme je
l’ai déjà remarqué, prend toujours une certaine ressemblance avec la nature sur
laquelle elle s’applique. Le caractère de saint Paul nous est révélé par le
caractère de la foudre qui est tombée sur lui. La foudre n’est pas tombée de la
même manière sur saint Augustin. Mais aussi saint Augustin n’était pas saint
Paul. La faiblesse et la force sont traitées diversement. La foudre n’a pas dit
à saint Paul : « Prends et lis ». Elle l’a jeté par terre et l’a aveuglé. Dans
tout ce qui concerne saint Paul, c’est le tout à coup qui est la note
dominante. Saint Augustin est attiré par un livre ; les Mages par une étoile ;
saint Paul par la foudre. Le soleil venait de se coucher quand un sommeil
profond et une horreur ténébreuse ont envahi Abraham ; la voix du ciel lui
parla dans la nuit. Saint Paul est pris en plein jour, en plein midi, non pas
seul, mais devant témoins. Cet homme éminemment actif et public est saisi dans
une action, dans un voyage, entouré de ses amis. Lui, l’homme du bras, on
dirait qu’il est sacré par le bras. Pas de longs discours, pas d’hésitations.
La voix d’en haut débute par un reproche sévère et court.
- Paul, Paul, pourquoi me
persécutes-tu ?
- Qui êtes-vous, Seigneur
? demanda Paul, les yeux fixés sur l’apparition glorieuse ; car Jésus-Christ
lui apparut dans sa majesté.
- Je suis Jésus de
Nazareth, que tu persécutes.
- Seigneur, que
voulez-vous que je fasse ?
Comme voilà l’homme
d’action ! Saisi, surpris, renversé, ébloui, foudroyé, il ne perd pas une seconde.
Non seulement il ne la perd pas, mais il ne la passe pas en réflexion, ni en
méditation, ni même en contemplation seulement intérieure. Saint Jean, en
pareil cas, n’eût pas perdu la première minute ; mais son activité se fût
probablement arrêtée dans le domaine de l’esprit au moins une seconde. Saint
Paul est tellement l’homme de l’action et de toutes les actions, qu’il lui faut
tout de suite, hic et nunc, une vocation pratique, extérieure. Il ne
persécutera plus Jésus de Nazareth. Alors que fera-t-il ? Cette question
s’impose à lui subitement. Avant de la faire, il ne se donne pas seulement le
temps d’être ébloui. Il va droit au fait extérieur. Puisqu’il ne persécute
plus, il faut qu’il fasse autre chose ; et il veut immédiatement savoir quoi.
Il est aveugle pour le
moment ; il ne donne pas à ses yeux le temps de se rouvrir ! Il lui faut dans
le premier moment connaître sa voie nouvelle. Ses compagnons de voyage avaient
perçu une lumière sans avoir aperçu Jésus-Christ. Saul devenu Paul vit seul la
vision ; seul il comprit la parole, qui fut prononcée en langue
syro-chaldaïque. Ses compagnons étaient des Juifs hellénistes.
Quand Paul se releva, il
était aveugle. Il fallut le prendre par la main et le conduire. Cette arrivée à
Damas ressemblait peu à celle qu’il avait méditée.
Il fut aveugle trois
jours. Il passa ces trois jours d’obscurité dans une prière profonde.
Cependant Ananie reçut
l’ordre d’aller rendre à Paul la vue. - Comment ! Paul, celui qui a fait tant
de mal à vos saints ! celui qui a la puissance d’enchaîner ceux qui prononcent
votre nom !
-Il est pour moi un vase
d’élection ; il portera mon Nom aux nations, et aux rois, et aux enfants
d’Israël. Vase d’élection! voilà le mot prononcé. - Paul voit en lui-même
l’effet de la prédestination avant de saisir les secrets terribles qu'il
connaîtra plus tard, quand il sera ravi au troisième ciel, pour entendre les
paroles cachées qu’il n’est pas permis á l'homme de redire. C’est alors qu’il
s’écriera : « O profondeur ! » Mais nous sommes encore à Damas ; et voici
Ananie qui vient dans la rue Droite. Il frappa à la porte d’un Juif nommé Jude,
chez qui Saul était logé.
-Saul, mon frère, dit-il
en entrant, le Seigneur Jésus, qui vous est apparu sur le chemin, m’a envoyé
vers vous pour vous rendre la vue et vous donner le Saint-Esprit.
Et Ananie imposa les
mains à Saul, et les écailles tombèrent des yeux de celui-ci. Et Saul se leva,
et il reçut le baptême.
Le récit est simple, la
grandeur des choses dispense les mots du travail.
Nous retrouvons ici,
comme dans la résurrection de Lazare, la part de Dieu et celle de l’homme.
Écartez la pierre, avait
dit Jésus-Christ, avant de ressusciter le mort, et un instant après, déliez-le
; car il lui restait des bandelettes.
Il fait ce que lui seul
peut faire et laisse les hommes travailler dans la sphère de leur action.
Jésus-Christ aurait pu,
ayant terrassé Paul, lui tout dire par lui-même, mais il lui envoya Ananie.
C’est Ananie qui répondra à la question de la première minute : « Seigneur, que
faut-il que je fasse ? »
Jésus-Christ avait
aveuglé Paul lui-même ; mais il se sert des mains d’Ananie pour lui rendre la
vue.
Comparée à la première
chose, la seconde, quoique miraculeuse, semblait humaine.
Recevoir la lumière
devait sembler à Paul quelque chose d’humain quand il comparait cette lumière à
l’obscurité des trois jours.
Le soleil dut lui
paraître quelque chose de terne auprès de la grande ténèbre.
Jésus-Christ s'était
réservé à lui-même le don de l’obscurité, qu’il lui fit sans intermédiaire,
Mais pour le don de la
lumière, il se servit de quelqu’un.
Les rues, à Damas,
gardent longtemps leur nom,
En janvier 1874, la rue
Droite s’appelle la rue Droite comme du temps de saint Paul. La maison d’Ananie
est remplacée par un sanctuaire ; mais celle de Jude par une mosquée.
A dater de ce jour, tout
fut fini. Si jamais converti ayant mis la main à la charrue ne regarda pas en
arrière, ce fut saint Paul. Sa conversion fut radicale dans le sens
étymologique du mot. Sa personne fut prise tout entière. Le coeur, qui était
pharisien, cessa de l’être absolument. Toutes les pensées, tous les sentiments,
tous les actes intérieurs et extérieurs furent déracinés de leur ancienne terre
et implantés dans la terre nouvelle. Cet homme, qui avait persécuté, jeta un
défi solennel à tous les persécuteurs. Il déclara que rien ne le séparerait de
Jésus-Christ ; et il tint parole. Toutes les tempêtes de la création se
déchaînèrent à la fois contre lui. Sa conversion fut le signal de l’universelle
fureur des hommes et des choses.
A peine rendu à la
lumière du jour par les mains d’Ananie, il voit ses anciens amis, changés en
ennemis mortels, préparer sa captivité et sa mort. On garde les portes de la
ville pour lui en interdire la sortie. Les fidèles de Damas le descendent
pendant la nuit dans une corbeille, par-dessus les remparts.
Puis il se retire en
Arabie; et après une prière profonde comme l’obscurité des trois jours, après
une retraite digne de sa mission, il se lance dans cette guerre pacifique où il
devait à la fois vaincre et mourir. Le monde pharisien, le monde romain,
l’enfer et la nature entrèrent contre lui dans la même conspiration, réalisant
la parole de Jésus-Christ à Ananie : « Je lui montrerai quelles souffrances il
lui faudra supporter en mon nom. » Dix ans avant sa mort, Paul avait déjà été
flagellé cinq fois par les Juifs. Malgré son titre de citoyen romain, il fut
trois fois battu de verges. A Lystres, le peuple, qui avait voulu l’adorer,
tout à coup le lapida et le laissa pour mort. Dans ses voyages à travers le
monde, il fit naufrage trois fois ; soutenu sur un débris de navire, il lui
arriva de rester un jour et une nuit au milieu de l’Océan. Les flots firent de
lui, pendant vingt-quatre heures, en apparence, tout ce qu’ils voulurent. Il
fut enchaîné; sept fois il fut jeté en prison. Et sur sa tête pesait, au milieu
de toutes les angoisses physiques et morales, la sollicitude de toutes les
Églises. Il écrivait, soutenait, consolait, fortifiait, nourrissait,
encourageait et enflammait les Romains, les Corinthiens, les Éphésiens, les
Galates, les Hébreux. Cet homme eut vraiment le droit de déclarer qu’il avait combattu
un bon combat ; et quand sa tête tomba sous le glaive de Néron, ce dut être un
moment solennel sur la terre comme dans les cieux.
Ernest HELLO. Physionomies
de saints.
SOURCE : https://archive.org/stream/PhysionomiesDeSaintsParErnestHello/physionomies%20de%20saints_djvu.txt
Luca Giordano. La conversion de Saint Paul sur
le chemin de Damas, vers 1690,
Musée
des Beaux-Arts de Nancy.
Peindre l’expérience
divine de Paul
La conversion de Paul,
telle que racontée dans le Nouveau Testament, est très représentative de
l’expérience de Dieu en ce sens que l’histoire de Paul reflète à la fois la
dimension saisissante et transformatrice d’un tel face à face. Paul est non
seulement changé, il est interpelé. Il doit et désire agir autrement. Cette
expérience passée continue d’être vivante tout au long de sa vie. Une telle
expérience se veut toujours inépuisable et permet de multiples relectures sous
différents angles, mais toujours nourries de la même essence.
Prenons la peinture de la
Conversion de saint Paul (1690) par Luca Giordano. Seule, l’image ne précise
pas le contexte. Les hommes étaient-ils partis à la chasse? La lumière du ciel
était-elle une foudre? Plusieurs éléments du tableau, sans indice ni contexte,
laissent place à de multiples interprétations.
Or, le titre de cette
toile nous dirige vers la culture chrétienne et plus particulièrement, le récit
de la conversion de Paul. D’abord, les versions relatées dans les Actes des
Apôtres (Ac
9,1-9; 22,3-11 et 26,9-18)
viennent préciser plusieurs éléments du tableau. Premièrement, Paul est en
route vers Damas avec ses compagnons. Un événement survient. La lumière arrive
du ciel, Paul est saisi. La lumière se dirige vers lui et son bras se dirige
vers le ciel en signe d’acquiescement. L’influence de la conversion de Paul
décrite en Ac 26,9-18 apparaît
prépondérante dans ce tableau. Ses compagnons sont non seulement témoins de
l’événement; ils sont aussi saisis. La lumière les enveloppe tous, mais rien ne
laisse croire à un dérangement auditif (propre à Ac 22,3-11)
ni pour Paul d’ailleurs (propre à Ac 9,1-9).
Toutefois, le visage de Paul, l’orientation de son torse, de son visage, de ses
yeux et l’ouverture de sa bouche laissent envisager un dialogue avec la lumière
et un engagement de sa part.
Bien que l’influence
des versets 9
à 18 (Ac 26) soit très importante dans ce tableau, l’artiste
dépasse le récit et présente une compréhension plus large de l’événement.
L’illustration de la lumière, sans représentation humaine de Jésus, invite à
comprendre que la conversion de Paul est une expérience de Dieu au sens large.
Bien que le dialogue du texte précise que cette lumière est Jésus, l’artiste a
préféré n’illustrer que la luminosité et ainsi, accentuer les dimensions
éblouissantes et transformatrices de cette expérience. Cela est très bien
exprimé par l’importance de la lumière sur les corps de Paul et ses compagnons.
Cette lumière est plus qu’image; elle touche et convertit. À cet égard, on peut
y reconnaître ce que Paul exprime de sa propre conversion en 1 Co 15,6-9.
Cette lumière est identifiée à une apparition de Jésus ressuscité, mais
l’insistance est sur la grâce. La luminosité générale de la toile sur les
hommes permet de percevoir un avenir porteur, peut-être les fruits de cette
grâce que Paul exprime en 1 Co 15,6-9.
La connaissance de la
conversion de Paul et de ses quatre récits dans le Nouveau Testament permet non
seulement de situer et de comprendre la scène de cette peinture, mais aussi d’y
percevoir l’influence plus importante de certains passages par rapport à d’autres,
de sa conception de cette expérience de Paul et de l’interprétation que
l’artiste en fait.
SOURCE : http://www.interbible.org/interBible/source/culture/2018/culture_20180108.html
Denis Calvaert (vers 1540-1619), De bekering van Sint Paulus, circa 1556, 92,4 x 133,4
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 3 septembre 2008
La conversion de Paul
Chers frères et sœurs,
La catéchèse
d'aujourd'hui sera consacrée à l'expérience que saint Paul fit sur le chemin de
Damas et donc sur ce que l'on appelle communément sa conversion. C'est
précisément sur le chemin de Damas, au début des années 30 du i siècle, et
après une période où il avait persécuté l'Eglise, qu'eut lieu le moment décisif
de la vie de Paul. On a beaucoup écrit à son propos et naturellement de
différents points de vue. Il est certain qu'un tournant eut lieu là, et même un
renversement de perspective. Alors, de manière inattendue, il commença à
considérer "perte" et "balayures" tout ce qui auparavant
constituait pour lui l'idéal le plus élevé, presque la raison d'être de son
existence (cf. Ph 3, 7-8). Que s'était-il passé?
Nous avons à ce propos
deux types de sources. Le premier type, le plus connu, est constitué par des
récits dus à la plume de Luc, qui à trois reprises raconte l'événement dans les
Actes des Apôtres (cf. 9, 1-19; 22, 3-21; 26, 4-23). Le lecteur moyen est
peut-être tenté de trop s'arrêter sur certains détails, comme la lumière du
ciel, la chute à terre, la voix qui appelle, la nouvelle condition de cécité,
la guérison comme si des écailles lui étaient tombées des yeux et le jeûne.
Mais tous ces détails se réfèrent au centre de l'événement: le Christ
ressuscité apparaît comme une lumière splendide et parle à Saul, il transforme
sa pensée et sa vie elle-même. La splendeur du Ressuscité le rend aveugle: il
apparaît ainsi extérieurement ce qui était sa réalité intérieure, sa cécité à
l'égard de la vérité, de la lumière qu'est le Christ. Et ensuite son
"oui" définitif au Christ dans le baptême ouvre à nouveau ses yeux,
le fait réellement voir.
Dans l'Eglise antique le
baptême était également appelé "illumination", car ce sacrement donne
la lumière, fait voir réellement. Ce qui est ainsi indiqué théologiquement, se
réalise également physiquement chez Paul: guéri de sa cécité intérieure, il
voit bien. Saint Paul a donc été transformé, non par une pensée, mais par un
événement, par la présence irrésistible du Ressuscité, de laquelle il ne pourra
jamais douter par la suite tant l'évidence de l'événement, de cette rencontre,
avait été forte. Elle changea fondamentalement la vie de Paul; en ce sens on
peut et on doit parler d'une conversion. Cette rencontre est le centre du récit
de saint Luc, qui a sans doute utilisé un récit qui est probablement né dans la
communauté de Damas. La couleur locale donnée par la présence d'Ananie et par
les noms des rues, ainsi que du propriétaire de la maison dans laquelle Paul séjourna
(cf. Ac 9, 11) le laisse penser.
Le deuxième type de
sources sur la conversion est constitué par les Lettres de saint Paul lui-même.
Il n'a jamais parlé en détail de cet événement, je pense que c'est parce qu'il
pouvait supposer que tous connaissaient l'essentiel de cette histoire, que tous
savaient que de persécuteur il avait été transformé en apôtre fervent du
Christ. Et cela avait eu lieu non à la suite d'une réflexion personnelle, mais
d'un événement fort, d'une rencontre avec le Ressuscité. Bien que ne
mentionnant pas de détails, il mentionne plusieurs fois ce fait très important,
c'est-à-dire que lui aussi est témoin de la résurrection de Jésus, de laquelle
il a reçu directement de Jésus lui-même la révélation, avec la mission
d'apôtre. Le texte le plus clair sur ce point se trouve dans son récit sur ce
qui constitue le centre de l'histoire du salut: la mort et la résurrection de
Jésus et les apparitions aux témoins (cf. 1 Co 15). Avec les paroles de la très
ancienne tradition, que lui aussi a reçues de l'Eglise de Jérusalem, il dit que
Jésus mort crucifié, enseveli, ressuscité, apparut, après la résurrection, tous
d'abord à Céphas, c'est-à-dire à Pierre, puis aux Douze, puis à cinq cents
frères qui vivaient encore en grande partie à cette époque, puis à Jacques,
puis à tous les Apôtres. Et à ce récit reçu de la tradition, il ajoute:
"Et en tout dernier lieu, il est même apparu à l'avorton que je suis"
(1 Co 15, 8). Il fait ainsi comprendre que cela est le fondement de son
apostolat et de sa nouvelle vie. Il existe également d'autres textes dans
lesquels la même chose apparaît: "Nous avons reçu par lui [Jésus] grâce et
mission d'Apôtre" (cf. Rm 1, 5); et encore: "N'ai-je pas vu Jésus
notre Seigneur?" (1 Co 9, 1), des paroles avec lesquelles il fait allusion
à une chose que tous savent. Et finalement le texte le plus diffusé peut être
trouvé dans Ga 1, 15-17: "Mais Dieu m'avait mis à part dès le sein de ma
mère, dans sa grâce il m'avait appelé, et, un jour, il a trouvé bon de mettre
en moi la révélation de son Fils, pour que moi, je l'annonce parmi les nations
païennes. Aussitôt, sans prendre l'avis de personne, sans même monter à
Jérusalem pour y rencontrer ceux qui étaient les Apôtres avant moi, je suis
parti pour l'Arabie; de là, je suis revenu à Damas". Dans cette
"auto-apologie" il souligne de manière décidée qu'il est lui aussi un
véritable témoin du Ressuscité, qu'il a une mission reçue directement du
Ressuscité.
Nous pouvons ainsi voir
que les deux sources, les Actes des Apôtres et les Lettres de saint Paul,
convergent et s'accordent sur un point fondamental: le Ressuscité a parlé à
Paul, il l'a appelé à l'apostolat, il a fait de lui un véritable apôtre, témoin
de la résurrection, avec la charge spécifique d'annoncer l'Evangile aux païens,
au monde gréco-romain. Et dans le même temps, Paul a appris que, malgré le
caractère direct de sa relation avec le Ressuscité, il doit entrer dans la
communion de l'Eglise, il doit se faire baptiser, il doit vivre en harmonie
avec les autres apôtres. Ce n'est que dans cette communion avec tous qu'il
pourra être un véritable apôtre, ainsi qu'il l'écrit explicitement dans la
première Epître aux Corinthiens: "Eux ou moi, voilà ce que nous prêchons.
Et voilà ce que vous avez cru" (15, 11). Il n'y a qu'une seule annonce du
Ressuscité car le Christ est un.
Comme on peut le voir,
dans tous ces passages Paul n'interprète jamais ce moment comme un fait de
conversion. Pourquoi? Il y a beaucoup d'hypothèses, mais selon moi le motif
était tout à fait évident. Ce tournant dans sa vie, cette transformation de
tout son être ne fut pas le fruit d'un processus psychologique, d'une
maturation ou d'une évolution intellectuelle et morale, mais il vint de
l'extérieur: ce ne fut pas le fruit de sa pensée, mais de la rencontre avec
Jésus Christ. En ce sens, ce ne fut pas simplement une conversion, une
maturation de son "moi", mais ce fut une mort et une résurrection
pour lui-même: il mourut à sa vie et naquit à une autre vie nouvelle avec le
Christ ressuscité. D'aucune autre manière on ne peut expliquer ce renouveau de
Paul. Toutes les analyses psychologiques ne peuvent pas éclairer et résoudre le
problème. Seul l'événement, la rencontre forte avec le Christ, est la clé pour
comprendre ce qui était arrivé; mort et résurrection, renouveau de la part de
Celui qui s'était montré et avait parlé avec lui. En ce sens plus profond, nous
pouvons et nous devons parler de conversion. Cette rencontre est un réel
renouveau qui a changé tous ses paramètres. Maintenant il peut dire que ce qui
auparavant était pour lui essentiel et fondamental, est devenu pour lui
"balayures"; ce n'est plus un "gain", mais une perte, parce
que désormais seul compte la vie dans le Christ.
Nous ne devons toutefois
pas penser que Paul ait été ainsi enfermé dans un événement aveugle. Le
contraire est vrai, parce que le Christ ressuscité est la lumière de la vérité,
la lumière de Dieu lui-même. Cela a élargi son cœur, l'a ouvert à tous. En cet
instant il n'a pas perdu ce qu'il y avait de bon et de vrai dans sa vie, dans
son héritage, mais il a compris de manière nouvelle la sagesse, la vérité, la
profondeur de la loi et des prophètes, il se l'est réapproprié de manière
nouvelle. Dans le même temps, sa raison s'est ouverte à la sagesse des païens;
s'étant ouvert au Christ de tout son cœur, il est devenu capable d'un large
dialogue avec tous, il est devenu capable de se faire tout pour tous. C'est
ainsi qu'il pouvait réellement devenir l'apôtre des païens.
Si l'on en revient à
présent à nous-mêmes, nous nous demandons: qu'est-ce que tout cela veut dire
pour nous? Cela veut dire que pour nous aussi le christianisme n'est pas une
nouvelle philosophie ou une nouvelle morale. Nous ne sommes chrétiens que si
nous rencontrons le Christ. Assurément, il ne se montre pas à nous de manière
irrésistible, lumineuse, comme il l'a fait avec Paul pour en faire l'apôtre de
toutes les nations. Mais nous aussi nous pouvons rencontrer le Christ, dans la
lecture de l'Ecriture Sainte, dans la prière, dans la vie liturgique de
l'Eglise. Nous pouvons toucher le cœur du Christ et sentir qu'il touche le
nôtre. C'est seulement dans cette relation personnelle avec le Christ,
seulement dans cette rencontre avec le Ressuscité que nous devenons réellement
chrétiens. Et ainsi s'ouvre notre raison, s'ouvre toute la sagesse du Christ et
toute la richesse de la vérité. Prions donc le Seigneur de nous éclairer, de
nous offrir dans notre monde de rencontrer sa présence: et qu'ainsi il nous
donne une foi vivace, un cœur ouvert, une grande charité pour tous, capable de
renouveler le monde.
* * *
Je suis heureux de vous
accueillir chers pèlerins francophones. A l’exemple de saint Paul laissez-vous
saisir par le Christ. C’est en lui que se trouve le sens ultime de votre vie.
Vous aussi, soyez des témoins ardents du Sauveur des hommes, parmi vos frères
et vos sœurs. Que Dieu vous bénisse !
© Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana
École
de Véronèse, La Conversion de saint Paul, basilique Sainte-Justine,
Abbazia di Santa Giustina, Padoue
CÉLÉBRATION DES VÊPRES EN
CONCLUSION
DE LA SEMAINE DE PRIÈRE
POUR L'UNITÉ DES
CHRÉTIENS
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT
XVI
Fête de la Conversion de
saint Paul Apôtre
Basilique
Saint-Paul-hors-les-murs
Mercredi 25 janvier 2012
Chers frères et sœurs !
C’est avec une grande
joie que j’adresse mes salutations chaleureuses à vous tous qui êtes réunis
dans cette Basilique en la fête liturgique de la conversion de saint Paul, pour
conclure la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, en cette année au
cours de laquelle nous célébrerons le cinquantième anniversaire de l’ouverture
du Concile Vatican II, que le bienheureux Jean XXIII annonça précisément dans
cette basilique le 25 janvier 1959. Le thème offert à notre méditation au cours
de la Semaine de prière que nous concluons aujourd’hui est : « Tous, nous
serons transformés par la victoire de Jésus Christ, notre Seigneur » (cf. 1 Co
15, 51-58).
La signification de cette
mystérieuse transformation, dont nous parle la seconde lecture brève de ce
soir, nous est merveilleusement indiquée par l’expérience personnelle de saint
Paul. Suite à l’événement extraordinaire sur le chemin de Damas, Saul, qui se
distinguait par le zèle avec lequel il persécutait l’Eglise naissante, fut
transformé en un inlassable apôtre de l’Evangile de Jésus Christ. Dans
l’expérience de cet extraordinaire évangélisateur apparaît clairement que cette
transformation n’est pas le résultat d’une longue réflexion intérieure ni même
le fruit d’un effort personnel. Elle est avant tout l’œuvre de la grâce de Dieu
qui a agi selon ses voies impénétrables. C’est pour cette raison que Paul, en
écrivant à la communauté de Corinthe quelques années après sa conversion,
affirme, comme nous l’avons entendu lors de la première lecture de ces Vêpres :
« C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce à mon
égard n’a pas été stérile » (1 Cor 15, 10). Par ailleurs, si l’on considère
attentivement l’expérience de saint Paul, on comprend que la transformation
qu’il a connue dans son existence ne se limite pas au plan éthique — comme
conversion de l’immoralité à la moralité —, ni au plan intellectuel — comme
changement de sa façon de comprendre la réalité —, mais il s’agit plutôt d’un
renouveau radical de son être, semblable par bien des aspects à une
renaissance. Une telle transformation trouve son fondement dans la
participation au mystère de la Mort et de la Résurrection de Jésus Christ, et
se présente comme un chemin graduel de configuration à Lui. A la lumière de
cette conscience, saint Paul, lorsque par la suite, il sera appelé à défendre
la légitimité de sa vocation apostolique et de l’Evangile qu’il annonce, dira :
« Et ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente
dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est
livré pour moi » (Ga 2, 20).
L’expérience personnelle
vécue par saint Paul lui permet d’attendre avec une espérance fondée l’accomplissement
de ce mystère de transformation, qui concernera tous ceux qui ont cru en Jésus
Christ ainsi que toute l’humanité et la création tout entière. Dans la seconde
brève lecture qui a été proclamée ce soir, saint Paul, après avoir développé
une longue argumentation destinée à renforcer chez les fidèles l’espérance de
la résurrection, en utilisant les images traditionnelles de la littérature
apocalyptique de son époque, décrit en quelques lignes le grand jour du
jugement dernier, où s’accomplit le destin de l’humanité : « En un instant, en
un clin d’œil, au son de la trompette finale... les morts ressusciteront
incorruptibles, et nous, nous serons transformés » (1 Co 15, 52). Ce jour-là,
tous les croyants seront rendus conformes au Christ et tout ce qui est
corruptible sera transformé par sa gloire : « Il faut, en effet — dit saint
Paul —, que cet être corruptible revête l’incorruptibilité, que cet être mortel
revête l’immortalité » (v. 53). Alors le triomphe du Christ sera finalement
complet, parce que, nous dit encore saint Paul en montrant que les anciennes
prophéties des Ecritures se réalisent, la mort sera vaincue définitivement et,
avec elle, le péché qui l’a faite entrer dans le monde et la Loi qui fixe le
péché sans donner la force de le vaincre : « La mort a été engloutie dans la
victoire. / Où est-elle, ô mort, ta victoire ? / Où est-il, ô mort, ton
aiguillon ? / L’aiguillon de la mort, c’est le péché, et la force du péché,
c’est la Loi » (vv. 54-56). Saint Paul nous dit donc que chaque homme, à travers
le baptême dans la mort et la résurrection du Christ, participe à la victoire
de Celui qui le premier a vaincu la mort, en entamant un chemin de
transformation qui se manifeste dès lors dans une nouveauté de vie et qui
atteindra sa plénitude à la fin des temps.
Il est très significatif
que le texte se conclue par une action de grâce : « Mais grâces soient à Dieu,
qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ ! » (v. 57). Le
chant de victoire sur la mort se transforme en chant de gratitude élevé au
Vainqueur. Nous aussi ce soir, en célébrant les louanges vespérales de Dieu,
nous voulons unir nos voix, nos esprits et nos cœurs à cet hymne d’action de
grâce pour ce que la grâce divine a opéré dans l’Apôtre des nations et pour le
merveilleux dessein salvifique que Dieu le Père accomplit en nous au moyen du
Seigneur Jésus Christ. Tandis que nous élevons notre prière, nous sommes
convaincus que nous serons transformés nous aussi et configurés à l’image du
Christ. Cela est particulièrement vrai dans la prière pour l’unité des
chrétiens. En effet, lorsque nous implorons le don de l’unité des disciples du
Christ, nous faisons nôtre le souhait exprimé par Jésus Christ à la veille de
sa passion et de sa mort dans la prière adressée au Père : « Afin que tous
soient un » (Jn 17, 21). C’est pour cette raison que la prière pour l’unité des
chrétiens n’est rien d’autre que la participation à la réalisation du projet
divin pour l’Eglise, et l’engagement actif pour le rétablissement de l’unité
est un devoir et une grande responsabilité pour tous.
Bien que faisant
l’expérience à notre époque de la situation douloureuse de la division, nous
chrétiens pouvons et devons regarder vers l’avenir avec espérance, car la
victoire du Christ signifie le dépassement de tout ce qui nous empêche de
partager la plénitude de la vie avec Lui et avec les autres. La résurrection de
Jésus Christ confirme que la bonté de Dieu l’emporte sur le mal, l’amour va
au-delà de la mort. Il nous accompagne dans la lutte contre la force destructrice
du péché qui entâche l’humanité et la création de Dieu tout entière. La
présence du Christ ressuscité nous appelle tous, en tant que chrétiens, à agir
ensemble pour la cause du bien. Unis dans le Christ, nous sommes appelés à
partager sa mission, qui est celle d’apporter l’espérance là où dominent
l’injustice, la haine et le désespoir. Nos divisions rendent notre témoignage
au Christ moins lumineux. L’objectif de la pleine unité que nous attendons dans
une espérance active et pour laquelle nous prions avec confiance, n’est pas une
victoire secondaire, mais elle est importante pour la famille humaine.
Dans la culture
aujourd’hui dominante, l’idée de victoire est souvent associée à un succès
immédiat. Dans l’optique chrétienne, en revanche, la victoire est un long
processus de transformation et de croissance dans le bien qui, à nos yeux
d’hommes, n’apparaît pas toujours linéaire. Celle-ci arrive selon les temps de
Dieu, et non les nôtres, et exige de nous une foi profonde et une persévérance
patiente. Bien que le Royaume de Dieu fasse définitivement irruption dans
l’histoire avec la résurrection de Jésus, celui-ci n’est pas encore pleinement
réalisé. La victoire finale adviendra uniquement avec la seconde venue du
Seigneur, que nous attendons avec une espérance patiente. Notre attente pour
l’unité visible de l’Eglise doit elle aussi être patiente et confiante. C’est
uniquement dans de telles dispositions que trouvent tout leur sens notre prière
et notre engagement quotidien pour l’unité des chrétiens. L’attitude d’attente
patiente ne signifie pas passivité ou résignation, mais une réponse prompte et
attentive à toute possibilité de communion et de fraternité, que le Seigneur
nous donne.
Dans ce climat spirituel,
je voudrais adresser des saluts particuliers, en premier lieu au cardinal
Monterisi, archiprêtre de cette basilique, à l’abbé et à la communauté des
moines bénédictins qui nous accueillent. Je salue le cardinal Koch, président
du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, et tous les
collaborateurs de ce dicastère. J’adresse mes salutations cordiales et
fraternelles à Son Eminence le métropolite Gennadios, représentant le
patriarcat œcuménique, et au révérend chanoine Richardson, représentant
personnel à Rome de l’archevêque de Canterbury, et à tous les représentants des
diverses Eglises et communautés ecclésiales, réunis ici ce soir. En outre, je
suis particulièrement heureux de saluer plusieurs membres du Groupe de travail
composé de représentants de diverses Eglises et communautés ecclésiales
présentes en Pologne, qui ont préparé les documents de travail pour la Semaine
de prière de cette année, auxquels je voudrais exprimer ma gratitude et mes
meilleurs vœux en vue de poursuivre sur le chemin de la réconciliation et d’une
fructueuse collaboration, ainsi que les membres du Global Christian Forum qui
sont à Rome ces jours-ci pour réfléchir sur l’élargissement de la participation
au mouvement œcuménique de nouveaux sujets. Et je salue aussi le groupe
d’étudiants de l’Institut œcuménique de Bossey du Conseil œcuménique des
Eglises.
Je souhaite confier à
l’intercession de saint Paul tous ceux qui, par leur prière et leur engagement,
travaillent pour la cause de l’unité des chrétiens. Même si on peut parfois
avoir l’impression que le chemin vers le plein rétablissement de la communion
est encore très long et pavé d’obstacles, j’invite tous à renouveler leur
détermination à poursuivre, avec courage et générosité, l’unité qui est volonté
de Dieu, en suivant l’exemple de saint Paul qui, devant les difficultés en tout
genre, a conservé toujours ferme la confiance en Dieu qui conduit à l’accomplissement
de son œuvre. D’ailleurs, sur ce chemin, ne manquent pas les signes positifs
d’une fraternité renouvelée et d’un sens partagé de responsabilité face aux
grandes problématiques qui affligent notre monde. Tout cela est un motif de
joie et de grande espérance et doit nous encourager à poursuivre notre
engagement pour parvenir tous ensemble à l’objectif final, en sachant que nos
efforts ne sont pas vains dans le Seigneur (cf. 1 Co 15, 58). Amen.
© Copyright 2012 -
Libreria Editrice Vaticana
Sante
Peranda (1566–1638), Conversione di Saulo, 1612, 280 x 192, Museo civico di Mirandola
LA CONVERSION DE SAINT
PAUL, APÔTRE
Fête originaire de Gaule
où elle est attestée au Vie siècle. Elle apparaît à Rome au XIe siècle. On peut
sans nul doute la considérer comme le jour octave de la fête de la Chaire de St
Pierre qui n’était célébrée en Gaule que le 18 janvier (et non le 22 février,
date romaine).
AUX PREMIÈRES VÊPRES.
avant 1960
Ant.au Magnificat Va,
Ananie, * et cherche Saul ; car il est en prières : cet homme m’est un vase
d’élection, pour porter mon nom devant les Gentils, les rois et les enfants
d’Israël.
A MATINES. avant 1960
Invitatoire. Louons notre
Dieu, * En célébrant la conversion du Docteur des Gentils.
Au premier nocturne.
Ant. 1 Celui qui a opéré
* en Pierre pour l’apostolat, a opéré en moi aussi parmi les Gentils ; et ils
ont connu la grâce qui m’a été donnée par le Christ, le Seigneur.
Ant. 2 Je sais à qui je
me suis confié, * et je suis sûr qu’il est puissant pour garder mon dépôt
jusqu’à ce jour, en juste juge.
Ant. 3 Pour moi, vivre
c’est le Christ, * et mourir un gain ; il faut que je me glorifie dans la croix
de notre Seigneur Jésus-Christ.
Des Actes des Apôtres.
Première leçon. Saul,
respirant encore menaces et meurtre contre les disciples du Seigneur, vint
auprès du prince des prêtres, et lui demanda des lettres pour les synagogues de
Damas, afin que, s’il y trouvait des hommes et des femmes de cette voie, il les
conduisît enchaînés à Jérusalem. Comme il était en chemin, et qu’il approchait
de Damas, tout à coup une lumière du ciel brilla autour de lui. Et, tombant à
terre, il entendit une voix qui lui disait : Saul, Saul, pourquoi me
persécutes-tu ? Il dit : Qui êtes-vous, Seigneur ? Et le Seigneur : Je suis
Jésus que tu persécutes ; il t’est dur de regimber contre l’aiguillon.
R/. Celui qui a opéré en
Pierre pour l’apostolat a opéré en moi aussi parmi les Gentils : * Et ils ont
connu la grâce de Dieu qui m’a été donnée. V/. La grâce de Dieu n’a pas été
stérile en moi, mais sa grâce demeure toujours avec moi. * Et.
Deuxième leçon. Alors,
tremblant et frappé de stupeur, il dit : Seigneur, que voulez-vous que je fasse
? Et le Seigneur lui répondit Lève-toi, entre dans la ville ; car c’est là que
te sera dit ce qu’il faut que tu fasses. Or les hommes qui l’accompagnaient
demeuraient tout étonnés, entendant bien la voix, mais ne voyant personne. Saul
se leva donc de terre, et, les yeux ouverts, il ne voyait rien. Ainsi, le
conduisant par la main, ils le firent entrer dans Damas. Et il y fut trois
jours ne voyant point ; et il ne but ni ne mangea.
R/. J’ai combattu le bon
combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé ma foi : * C’est pourquoi la couronne
de justice m’est réservée. V/. Je sais à quoi je me suis confié, et je suis sûr
qu’il est puissant pour garder mon dépôt jusqu’à ce jour. * C’est.
Troisième leçon. Or il y
avait un certain disciple à Damas, du nom d’Ananie ; et le Seigneur lui dit en
vision : Ananie. Et il dit : Me voici, Seigneur. Et le Seigneur lui dit :
Lève-toi, et va dans la rue qu’on appelle Droite, et cherche dans la maison de
Judas un nommé Saul de Tarse ; car il est en prières. (Saul vit aussi un homme
du nom d’Ananie, entrant et lui imposant les mains, pour qu’il recouvrât la
vue). Ananie répondit : Seigneur, j’ai appris d’un grand nombre de personnes
combien cet homme a fait de maux à vos saints dans Jérusalem ; ici même, il a
le pouvoir des princes des prêtres, pour charger de liens ceux qui invoquent
votre nom. Mais le Seigneur lui repartit : Va, car cet homme m’est un vase
d’élection, pour porter mon nom devant les Gentils, les rois et les enfants
d’Israël. Aussi je lui montrerai combien il faut qu’il souffre pour mon nom.
R/. La couronne de
justice m’est réservée : * Le Seigneur juste juge, me la rendra en ce jour-là.
V/. Je sais à qui je me suis confié, et je suis sûr qu’il est puissant pour
garder mon dépôt jusqu’à ce jour. * Le. Gloire au Père. * Le.
Au deuxième nocturne.
Ant. 4 Vous êtes un vase
d’élection, * ô saint Apôtre Paul, prédicateur de la vérité dans le monde
entier.
Ant. 5 Le grand saint
Paul * était un vase d’élection ; il est vraiment digne d’être glorifié, lui
qui mérita de posséder le même trône que les douze.
Ant. 6 J’ai combattu le
bon * combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé ma foi.
Sermon de saint Augustin,
évêque.
Quatrième leçon. On nous
a lu aujourd’hui le passage des Actes des Apôtres ou l’on rapporte que l’Apôtre
Paul devint, de persécuteur des Chrétiens, prédicateur du Christ. Le Christ, en
effet, a renversé un persécuteur pour en faire un docteur de l’Église ; le
frappant et le guérissant, lui donnant à la fois la mort et la vie. Agneau
immolé par des loups, il change les loups en agneaux. Dans la célèbre prophétie
où nous voyons le patriarche Jacob bénir ses enfants (la main étendue sur ceux
qui étaient présents et les yeux fixés sur l’avenir), se trouve prédit ce qui
s’est accompli dans Paul. Paul était, comme il l’atteste lui-même, de la tribu
de Benjamin. Or, lorsqu’en bénissant ses fils, Jacob fut arrivé à bénir
Benjamin, il dit de lui : « Benjamin, loup ravissant. »
R/. Vous êtes un vase
d’élection, saint Apôtre Paul, prédicateur de la vérité dans le monde entier *
Vous par qui toutes les Nations ont connu la grâce de Dieu. V/. Intercédez pour
nous auprès de Dieu, qui vous a choisi. * Vous.
Cinquième leçon. Quoi ?
Sera-t-il toujours loup ravisseur ? Nullement ; mais « celui qui, le matin,
ravit la proie, partage le soir les aliments. » Voilà ce .qui s’est accompli
dans l’Apôtre saint Paul, que cette prédiction concernait. Considérons-le
maintenant, si vous le voulez bien, ravissant le matin, et partageant le soir
les dépouilles. Matin et soir sont mis ici pour d’abord et ensuite. Nous
entendrons donc ainsi cette proposition : il ravira d’abord, et ensuite il
partagera les aliments. Voyez le ravisseur : Saul, disent les Actes, ayant reçu
les lettres des princes des prêtres, allait (à Damas) afin que partout où il
trouverait des Chrétiens, il les entraînât et les amenât aux prêtres pour être
châtiés.
R/. C’est par la grâce de
Dieu que je suis ce que je suis : * Et sa grâce n’a pas été stérile en moi,
mais elle demeure toujours en moi. V/. Celui qui a opéré en Pierre pour
l’apostolat, a opéré en moi aussi parmi les Gentils. * Et.
Sixième leçon. Il allait,
respirant et exhalant le meurtre ; c’est-à-dire, ravissant le matin. Aussi
quand Etienne, le premier Martyr, fut lapidé pour le nom du Christ, Paul
était-il très manifestement présent, et il assistait même au supplice d’Etienne
avec des sentiments si hostiles que, pour lui, ce n’était pas assez de le
lapider de ses propres mains : afin de se trouver en quelque sorte dans toutes
les mains qui lançaient des pierres, il gardait les vêtements de tous les
bourreaux, exerçant mieux sa fureur en les secondant tous, que s’il l’eût
lapidé de ses propres mains. Nous comprenons la première partie de la prophétie
: « Il ravira le matin. » Voyons de quelle manière il partage les aliments le
soir. Du ciel la voix du Christ le terrasse, il reçoit d’en haut l’ordre de ne
plus sévir, et il tombe la face contre terre : il devait être abattu d’abord,
puis relevé ; d’abord frappé, puis guéri.
R/. Saul, qui est le même
que Paul, grand prédicateur, * Affermi par Dieu, se fortifiait et confondait
les Juifs. V/. Montrant que Jésus est le Christ, Fils de Dieu. * Affermi.
Gloire au Père. * Affermi.
Au troisième nocturne.
Ant. 7 Saul, * qui est le
même que Paul, grand prédicateur, affermi par Dieu, se fortifiait et confondait
les Juifs.
Ant. 8 De peur que la
grandeur * des révélations ne m’élève, il m’a été donné un aiguillon dans ma
chair, un ange de Satan pour me donner des soufflets ; c’est pourquoi j’ai prié
trois fois le Seigneur de s’éloigner de moi ; et le Seigneur m’a dit : Paul, ma
grâce te suffit.
Ant. 9 Il m’est réservé *
la couronne de justice, que le Seigneur, juste juge, me rendra en ce jour-là.
Lecture du saint Évangile
selon saint Matthieu.
En ce temps-là : Pierre
dit à Jésus : "Voici que nous avons tout quitté pour vous suivre ; qu’en
sera-t-il donc pour nous ?" Et le reste.
Homélie de saint Béde le
Vénérable, Prêtre. Les leçons sont du commun des Apôtres 2, les répons propres
à la fête.
Septième leçon. Celui-là
est parfait, qui vend tout ce qu’il possède, en donne le prix aux pauvres, et
vient se mettre à la suite de Jésus-Christ : aussi aura-t-il dans les cieux un
trésor inépuisable. C’est pourquoi, lorsque Pierre l’interrogea, Jésus répondit
(en s’adressant à tous ceux qui agissent ainsi) : « En vérité, je vous dis que
vous qui m’avez suivi, lorsqu’à la régénération, le Fils de l’homme sera assis
sur le trône de sa gloire, vous aussi, vous serez assis sur douze trônes, jugeant
les douze tribus d’Israël ». Par ces paroles, il apprit à ceux qui travaillent
et souffrent en cette vie pour son nom, à espérer une récompense en l’autre,
c’est-à-dire en la régénération, lorsqu’on ressuscitant nous aurons obtenu de
renaître pour une vis immortelle, nous qui avions été engendrés dans la
condition mortelle pour une vie fragile.
R/. Saint Apôtre Paul,
prédicateur de la vérité, et Docteur des Nations, * Intercédez pour nous auprès
de Dieu qui vous a choisi, afin que nous soyons rendus dignes de la grâce de
Dieu. V/. Vous êtes un vase d’élection, saint Apôtre Paul, prédicateur de la
vérité. * Intercédez.
Huitième leçon. Et c’est
une récompense bien juste, que ceux qui auront ici-bas méprisé la gloire de
toute élévation humaine soient là-haut particulièrement glorifiés par le
Christ, et assis auprès de lui à titre de juges, ces hommes qu’aucune
considération n’a pu empêcher de suivre les traces de notre Seigneur. Mais que
personne ne s’imagine que les Apôtres qui sont au nombre de douze, parce que
Mathias fut élu à la place de Judas le prévaricateur, doivent être seuls à
juger le monde ; les douze tribus d’Israël ne seront pas non plus seules à
subir le jugement, autrement la tribu de Lévi qui est la treizième resterait
non jugée.
R/. A Damas, le
gouverneur du pays, établi par le roi Arétas, voulut me prendre : * Et des
frères me descendirent le long du mur dans une corbeille, * Et c’est ainsi que
j’échappai de ses mains au nom du Seigneur. V/. Le Dieu et Père de notre
Seigneur Jésus-Christ sait que je ne mens pas. * Et. Gloire au Père. * Et.
Neuvième leçon. Et Paul,
qui est le treizième Apôtre, se verra-t-il privé du privilège de juger, alors
qu’il dit lui-même : « Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? Combien
plus les choses du siècle ? » Or il faut savoir que tous ceux qui, à l’exemple
des Apôtres, ont laissé tout ce qu’ils possédaient et suivi le Christ, doivent
venir avec lui comme juges, de même que tout le genre humain sera jugé. Dans
l’Écriture le nombre douze indique souvent l’universalité, et c’est pourquoi
les douze trônes des Apôtres désignent tous ceux qui jugeront, et les douze
tribus d’Israël, l’universalité de ceux qui doivent être jugés.
A LAUDES
Ant. 1 Moi, j’ai planté,
* Apollo a arrosé ; mais Dieu a donné la croissance. (Alléluia).
Ant. 2 Volontiers je me
glorifierai * dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en
moi.
Ant. 3 La grâce de Dieu *
n’a pas été stérile en moi, mais sa grâce demeure toujours en moi.
Ant. 4 A Damas, le
gouverneur * du pays, établi par le roi Arétas, voulut me prendre : je fus
descendu par des frères le long du mur dans une corbeille, et c’est ainsi que
j’échappai de ses mains, au nom du Seigneur.
Ant. 5 J’ai été trois
fois déchiré de verges, * j’ai été lapidé une fois, j’ai fait naufrage trois
fois pour le nom du Christ.
Capitule. Saul, respirant
encore menaces et meurtre contre les disciples du Seigneur, vint auprès du
prince des prêtres, et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas,
afin que, s’il y trouvait des hommes et des femmes de cette voie, il les
conduisît enchaînés à Jérusalem.
V/..Vous êtes un vase
d’élection, ô saint Apôtre Paul.
R/. Prédicateur de la
vérité dans le monde entier.
Ant. au Bénédictus Vous qui
m’avez suivi, * vous serez assis sur des trônes jugeant les douze tribus
d’Israël, dit le Seigneur.
AUX DEUXIÈMES VÊPRES.
Hymnus
Egrégie Doctor, Paule
mores ínstrue,
Et nostra tecum péctora
in cælum trahe :
Veláta dum merídiem
cernat fides,
Et solis instar sola
regnet cáritas.
Hymne
Illustre Docteur, ô Paul,
réglez notre vie et attirez à votre suite nos cœurs au ciel : et tandis que la
foi découvre la pleine lumière à travers un voile, faites que la charité,
semblable au soleil, règne seule parmi nous.
A la Trinité, qui
gouverne toutes choses dans l’unité, soit gloire éternelle, honneur puissance
et jubilation, pendant tous les siècles et l’éternité.
Amen.
Ant. au Magnificat Saint
Apôtre Paul, * prédicateur de la vérité et Docteur des Nations, intercédez pour
nous auprès de Dieu, qui vous a choisi.
Dom Guéranger, l’Année
Liturgique
Nous avons vu la
Gentilité, représentée aux pieds de l’Emmanuel par les Rois Mages, offrir ses
mystiques présents, et recevoir en retour les dons précieux de la foi, de
l’espérance et de la charité. La moisson des peuples est mûre ; il est temps
que le moissonneur y mette la faucille. Mais quel sera-t-il, cet ouvrier de
Dieu ? Les Apôtres du Christ vivent encore à l’ombre de la montagne de Sion.
Tous ont reçu la mission d’annoncer le salut jusqu’aux extrémités du monde ;
mais nul d’entre eux n’a reçu encore le caractère spécial d’Apôtre des Gentils.
Pierre, l’Apôtre de la Circoncision, est destiné particulièrement, comme le
Christ, aux brebis perdues de la maison d’Israël [1]. Toutefois, comme il est
le Chef et le fondement, c’est à lui d’ouvrir la porte de l’Église aux Gentils.
Il le fait avec solennité, en conférant le Baptême au centurion romain
Cornélius.
Cependant, l’Église est
en travail ; le sang du Martyr Etienne, sa dernière prière, vont enfanter un
nouvel Apôtre, l’Apôtre des nations. Saul, citoyen de Tarse, n’a pas vu le
Christ dans sa vie mortelle ; et le Christ seul peut faire un Apôtre. Du haut
des cieux où il règne impassible et glorifié, Jésus appellera Saul à son école,
comme il appelait, durant les années de sa prédication, à suivre ses pas et à
écouter sa doctrine, les pêcheurs du lac de Génésareth. Le Fils de Dieu
enlèvera Saul jusqu’au troisième ciel, il lui révélera tous ses mystères ; et
quand Saul, revenu sur la terre, aura été, comme il le raconte, voir Pierre [2]
et comparer son Évangile avec le sien, il pourra dire : « Je ne suis pas moins
Apôtre que les autres Apôtres. »
C’est dans ce glorieux
jour de la Conversion de Saul, qui bientôt s’appellera Paul, que ce grand œuvre
commence. C’est aujourd’hui que retentit cette voix qui brise les cèdres du
Liban [3], et dont la force souveraine fait d’abord un chrétien du Juif
persécuteur, qui bientôt sera un Apôtre. Cette admirable transformation avait
été prophétisée par Jacob, lorsque, sur sa couche funèbre, il dévoilait
l’avenir de chacun de ses enfants, dans la tribu qui devait sortir d’eux. Juda
eut les premiers honneurs : de sa race royale, le Rédempteur, l’attente des
nations, devait naître. Benjamin fut annoncé, à son tour, sous des traits plus
humbles, mais néanmoins glorieux : il sera l’aïeul de Paul, et Paul, l’Apôtre
des nations.
Le vieillard avait dit :
« Benjamin est un loup ravisseur : le matin, il enlève la proie ; mais le soir,
il distribue la nourriture. » [4]. Celui qui, dans la matinée fougueuse de son
adolescence, se lance comme un loup respirant la menace et le carnage, à la
poursuite des brebis du Christ, n’est-ce pas, comme le dit un antique Docteur,
Saul sur la route de Damas, porteur et exécuteur des ordres des pontifes du
temple maudit, et tout couvert du sang d’Etienne qu’il a lapidé par les mains
de tous ceux dont il gardait les vêtements ? Celui qui, sur le soir, ne ravit
plus la dépouille du juste, mais, d’une main charitable et pacifique, distribue
à ceux qui ont faim la nourriture qui leur donne la vie, n’est-ce pas Paul,
Apôtre de Jésus-Christ, embrasé de l’amour de ses frères, et se faisant tout à
tous, jusqu’à désirer d’être anathème pour eux ?
Telle est la force
victorieuse de notre Emmanuel, toujours croissante et à laquelle rien ne
résiste. S’il veut pour premier hommage la visite des bergers, il les fait
convier par ses Anges, dont les doux accords ont suffi pour amener ces cœurs
simples à la crèche où repose sous de pauvres langes l’espoir d’Israël. S’il
désire l’hommage des princes de la Gentilité, il fait lever au ciel une étoile
symbolique, dont l’apparition, aidée du mouvement intérieur de l’Esprit-Saint,
détermine ces hommes de désirs à venir, du fond de l’Orient, déposer aux pieds
d’un humble enfant leurs dons et leurs cœurs. Quand le moment est venu de
former le Collège Apostolique, il s’avance sur les bords de la mer de
Tibériade, et cette seule parole : Suivez-moi, a suffi pour attacher à ses pas
les hommes qu’il a choisis. Au milieu des humiliations de sa Passion, un regard
de sa part change le cœur du Disciple infidèle. Aujourd’hui, du haut du Ciel,
tous les mystères accomplis, voulant montrer que lui seul est maître de
l’Apostolat, et que son alliance avec les Gentils est consommée, il tonne sur
la tête de ce Pharisien fougueux qui croit courir à la ruine de l’Église ; il
brise ce cœur de Juif, et il crée par sa grâce ce nouveau cœur d’Apôtre, ce
vase d’élection, ce Paul qui dira désormais : « Je vis, mais ce n’est pas moi,
c’est le Christ qui vit en moi. » [5].
Mais il était juste que
la commémoration de ce grand événement vînt se placer non loin du jour où
l’Église célèbre le triomphe du premier des Martyrs. Paul est la conquête
d’Etienne. Si l’anniversaire de son martyre se rencontre sous les feux du
solstice d’été, il ne pouvait manquer d’apparaître auprès du berceau de
l’Emmanuel, comme le plus brillant trophée du Proto-martyr ; les Mages le
réclamaient aussi comme le conquérant de cette Gentilité dont ils ont été les
prémices.
Enfin, pour compléter la
cour de notre grand Roi, il convenait que les deux puissantes colonnes de
l’Église, l’Apôtre des Juifs et l’Apôtre des Gentils, s’élevassent aux côtés de
la crèche mystique : Pierre, avec ses clefs ; Paul, avec son glaive. C’est alors
que Bethléhem nous semble, de plus en plus, la figure de l’Église, et les
richesses du Cycle en cette saison plus éblouissantes que jamais.
Célébrons, par les chants
des anciennes Liturgies, cette journée consacrée par la conquête d’un si grand
Apôtre. La prose suivante, qui appartient au dixième siècle, se trouve de bonne
heure dans les anciens Missels des Églises d’Allemagne. Elle est empreinte d’un
caractère mystérieux qui ne manque pas de grandeur.
SÉQUENCE.
Le Seigneur a dit : Je le
convertirai du sein de Basan (la région de stérilité) ; je le mènerai jusqu’au
fond des abîmes de la foi, profonds comme la mer.
Ce qu’il a dit il l’a
fait, renversant Saul et relevant Paul,
Par son Verbe incarné, en
qui il a fait les siècles.
S’élançant à la poursuite
de ce Verbe, le Juif a entendu : Saul, Saul, pourquoi me persécuter ?
Je suis le Christ ; il
t’est dur de regimber contre l’aiguillon.
A la face du Seigneur, la
terre a été émue ; elle a tremblé ; mais bientôt elle s’est reposée.
Paul a reconnu le
Seigneur, il a cru, il a cessé de persécuter les Chrétiens.
Sorti des rangs ennemis,
pour revenir à vous, ô Dieu, il est devenu la langue de vos chiens fidèles.
C’est Paul qui, par la
bouche de vos Pontifes, proclame vos commandements.
Il enseigne que le
crucifié n’est autre que le Christ-Dieu,
Qui règne avec le Père et
le Saint-Esprit, Celui dont Paul est le témoin.
Par lui la langue des
Pontifes, parcourant et humectant les deux molaires delà Loi et de l’Évangile,
a fait broyer,
A préparé ces remèdes
divers qui sont la santé des blessés, la nourriture de ceux qui ont faim.
Par les prières de Paul,
regardez-nous, ô Christ ! et vivifiez les pécheurs ;
Vous qui avez converti,
pour la conversion des autres, Paul le vase d’élection.
Quand il prêchait Dieu,
la mer le vit et s’enfuit, le Jourdain a reculé vers sa source.
La multitude des nations
remontant des profondeurs de l’abîme des vices, à la confusion de Og, roi de
Basan.
N’adore plus que vous
seul, ô Christ Créateur, qu’elle confesse être venu, comme Rédempteur, dans la
chair. Amen.
Les Missels
Romains-Français nous donnent cette belle Prose d’Adam de Saint-Victor :
SÉQUENCE.
Du cœur et de la voix
fais retentir les cieux, entonne le chant du triomphe, ô Église des Gentils !
Paul, le Docteur des
nations, a parcouru sa carrière triomphant et glorieux.
C’est le jeune Benjamin,
loup ravisseur qui dévore sa proie ; des fidèles c’est l’ennemi.
Loup à l’aurore, agneau
sur le soir ; après les ténèbres, l’astre s’est levé. Paul annonce l’Évangile.
Il s’est lancé dans le
chemin de la mort ; mais celui qui est la Voie de la vie, l’arrête sur la route
de Damas.
Il respirait la menace ;
mais il cède enfin : renversé, il obéit ; on l’entraîne comme un prisonnier.
On le mène à Ananie : le
loup est conduit à la brebis ; sa rage tombe apaisée.
Il descend dans la
fontaine sacrée ; l’eau salutaire change en parfum les poisons de son âme.
Vase sacré, vase divin,
vase qui épanche le doux vin de la doctrine et de la grâce,
Il parcourt les
synagogues, il établit la foi du Christ sur la série des Prophètes.
Il prêche la doctrine de
la croix ; pour la croix il est tourmenté, il meurt de mille morts.
Mais il survit toujours
comme une hostie vivante, et son invincible constance triomphe de tous les
supplices.
Choisi pour leur Apôtre,
il instruit les. Gentils, il triomphe des sages du monde par la sagesse de
Dieu.
Ravi au troisième ciel, il
voit le Père et le Fils en une seule substance.
Rome la puissante et la
savante Grèce courbent la tête, s’instruisent des mystères ; la foi du Christ
se propage.
La croix triomphe, Néron
sévit, et le glaive moissonne Paul, dont la parole a fait croître la foi.
Ainsi, déposant le
fardeau de la chair, Paul contemple le vrai Soleil, le Fils unique du Père.
Dans la lumière, il voit
cette lumière, dont la puissance daigne nous garder de l’infernal gémissement.
Amen.
Les anciens
Sacramentaires ne nous fournissent rien sur la Conversion de saint Paul ; nous
empruntons l’Oraison et la Préface suivantes au Missel Gallican donné par D.
Mabillon, sous le titre de Missale Gothicum.
ORATIO.
O Dieu , qui avez changé
le cœur et le nom de votre Apôtre Paul, en ce jour de sa Vocation, et l’avez
frappé de terreur par une voix céleste, au moment où il poursuivait à outrance
la piété du nom Chrétien, en sorte que l’Église, qui d’abord redoutait en lui
un persécuteur, se félicite, aujourd’hui, de l’avoir pour Docteur des
commandements célestes ; vous qui l’avez aveuglé au dehors, pour le rendre
voyant au dedans, et qui, après avoir dissipé en lui les ténèbres de la
cruauté, lui avez conféré la science de la loi divine, pour la vocation des
Gentils ; vous qui, après trois naufrages, qu’il souffrit pour cette foi qu’il
avait combattue, avez conservé sa vie sous l’élément liquide qui devait
l’anéantir : nous vous supplions, nous qui célébrons sa transformation et sa
foi, de nous accorder, après nous avoir guéris de l’aveuglement de nos péchés,
la grâce de vous voir dans les cieux, comme vous avez illuminé Paul sur la
terre.
PRAEFATIO.
Il est digne et juste,
équitable et raisonnable, que nous vous rendions grâces. Seigneur saint, Père
tout-puissant, Dieu éternel, qui, voulant montrer votre désir de pardonner les
péchés de tous, avez gagné le persécuteur de votre Église, par cette seule parole
dont vous l’appeliez, et en avez fait, tout à coup, notre Docteur, de notre
persécuteur qu’il était. Il avait reçu les lettres d’autrui pour marcher à la
destruction des Églises, et bientôt il s’est mis à écrire ses propres Lettres
pour les rétablir. Afin de nous faire voir que de Saul il est devenu Paul, en
architecte sage, il a tout aussitôt posé l’unique fondement ; en sorte que
votre sainte Église Catholique se réjouissait de se voir édifiée par celui qui
la dévastait auparavant, et de ce qu’il était devenu pour elle un si puissant
défenseur, qu’il ne craignait plus ni les supplices, ni la mort du corps. Lui
qui avait brisé les membres de l’Église, devenu l’un des chefs de cette Église,
il a livré sa tête pour être uni, dans tous ses membres, au Christ Chef, par la
miséricorde duquel il a mérité d’être un vase d’élection, et de recevoir, dans
le sanctuaire de son cœur, ce même Jésus-Christ, votre Fils, notre Seigneur.
Nous vous rendons grâces,
ô Jésus, qui avez aujourd’hui terrassé votre ennemi par votre puissance, et
l’avez relevé par votre miséricorde. Vous êtes véritablement le Dieu fort ; et
vous méritez que toute créature célèbre vos victoires. Qu’ils sont merveilleux,
vos plans pour le salut du monde ! Vous associez des hommes à l’œuvre de la
prédication de votre parole, à la dispensation de vos Mystères ; et, pour
rendre Paul digne d’un tel honneur, vous employez toutes les ressources de
votre grâce vous vous plaisez à faire du meurtrier d’Etienne un Apôtre, afin
que votre puissance souveraine éclate à tous les yeux, afin que votre amour
pour les âmes apparaisse dans sa plus gratuite générosité, afin que la grâce
surabonde où le péché avait abondé. Visitez-nous souvent, ô Emmanuel, par cette
grâce qui change les cœurs ; car nous désirons une vie abondante, et nous
sentons que son principe est souvent près de nous échapper. Convertissez-nous,
comme vous avez converti l’Apôtre ; après nous avoir convertis, assistez-nous ;
car sans vous nous ne pouvons rien faire. Prévenez-nous, suivez-nous, accompagnez-nous,
ne nous quittez jamais, et de même que vous nous avez donné le commencement,
assurez-nous la persévérance jusqu’à la fin. Donnez-nous de reconnaître, avec
crainte et avec amour, ce don mystérieux de la grâce que nulle créature ne
saurait mériter, et auquel cependant une volonté créée peut mettre obstacle.
Nous sommes des captifs : vous seul possédez l’instrument à l’aide duquel nous
pouvons briser nos chaînes ; vous le placez dans nos mains, en nous engageant à
en user : de sorte que notre délivrance est votre ouvrage et non le nôtre ; et
que notre captivité, si elle persévère, ne peut être attribuée qu’à notre
négligence et à notre lâcheté. Donnez-nous, Seigneur, cette grâce ; et daignez
recevoir la promesse que nous vous faisons d’y joindre humblement notre
coopération.
Aidez-nous, ô grand Paul,
à répondre aux desseins de la miséricorde de Dieu sur nous ; obtenez que nous
soyons subjugués par la douceur du Dieu enfant. Sa voix ne retentit pas ; il
n’éblouit pas nos yeux par sa lumière ; mais il se plaint que trop souvent nous
le persécutons. Inspirez à nos cœurs de lui dire comme vous : « Seigneur, que
voulez-vous que je fasse ? » Il nous répondra d’être simples et enfants comme
lui, de reconnaître enfin son amour qui apparaît dans ce mystère, de rompre
avec le péché, de combattre les mauvaises inclinations, d’avancer dans la
sainteté en suivant ses exemples. Vous avez dit, ô Apôtre : « Que celui qui
n’aime pas notre Seigneur Jésus-Christ soit anathème ! » Faites-le-nous
connaître de plus en plus, afin que nous l’aimions, et que de si doux mystères
ne deviennent pas, par notre ingratitude, la cause de notre réprobation.
Vase d’élection,
convertissez les pécheurs qui ne pensent point à Dieu. Sur la terre, vous vous
êtes dépensé tout entier pour le salut des âmes ; au ciel où vous régnez,
continuez votre ministère, et demandez au Seigneur, pour ceux qui persécutent
Jésus, ces grâces qui triomphent des plus rebelles. Apôtre des Gentils, jetez
les yeux sur tant de peuples assis encore dans l’ombre de la mort. Autrefois
vous étiez partagé entre deux ardents désirs : celui d’être avec Jésus-Christ,
et celui de rester sur la terre pour travailler au salut des peuples.
Maintenant, vous êtes pour jamais avec ce Sauveur que vous avez prêché ;
n’oubliez pas ceux qui ne le connaissent point encore. Suscitez des hommes
apostoliques pour continuer vos travaux. Rendez féconds leurs sueurs et leur
sang. Veillez sur le Siège de Pierre, votre frère et votre chef ; soutenez
l’autorité de cette Église Romaine qui a hérité de vos pouvoirs, et qui vous
regarde comme son second appui. Vengez-la partout où elle est méconnue ;
détruisez les schismes et les hérésies ; remplissez tous les pasteurs de votre
esprit, afin que, comme vous, ils ne se cherchent point eux-mêmes, mais
uniquement et toujours les intérêts de Jésus-Christ.
[1] Matth. XV, 24.
[2] Gal. I, 18.
[3] Psalm. XXVIII, 5.
[4] Gen. XLIX, 27.
[5] Gal. XI, 20.
Abraham van Diepenbeeck (1596–1675). La
Conversion de saint Paul, vers 1640, 47,4 x 29,4, Collection de peintures de
l'État de Bavière
Bhx Cardinal
Schuster, Liber Sacramentorum
Station à Saint-Paul.
Cette commémoration, qui,
dans le martyrologe hiéronymien, porte le simple titre de Romae translatio
sancti Pauli, manque complètement dans les anciens sacramentaires et
capitulaires romains, et semble être entrée dans l’usage de la cour papale vers
le Xe siècle seulement, par suite de l’influence franque. En effet, la messe in
conversione sancti Pauli apostoli se trouve précisément dans le Missel
gothique, où elle fait suite à celle de la Chaire de saint Pierre,
rapprochement assez significatif pour écarter l’hypothèse de l’anniversaire de
la conversion du grand Apôtre des Nations sur la voie de Damas.
Il n’est pas facile de
déterminer la genèse et l’évolution de cette fête. Il est possible toutefois
que dans les martyrologes la translatio sancti Pauli se rapporte à l’une des hypothèses
suivantes :
a) La translation du
saint Corps de l’Apôtre, de la cachette ad catacumbas sur la voie Appienne à sa
tombe primitive sur la voie d’Ostie, après que Gallien eut restitué aux
chrétiens leurs cimetières ;
b) la réédification de sa
basilique sépulcrale sur la voie d’Ostie, commencée par Théodose, poursuivie
par Valentinien et Honorius et enfin achevée par saint Léon Ier ;
c) une translation
occasionnelle de sa statio (natalis) en raison de quelque empêchement survenu —
comme il advint une certaine année où le pape Léon Ier étant absent, les
Romains attendirent son retour pour célébrer la fête de saint Pierre et de
saint Paul ;
d) enfin, et cela est
plus probable, une translation quelconque dans les Gaules de voiles appliqués à
la tombe de saint Paul, et de limaille de ses chaînes. Ces objets de dévotion
étaient improprement appelés reliques et le fait de les déposer dans les autels
prenait le titre de translatio, qu’on insérait jusque dans les martyrologes
locaux ; grâce à une sorte de fictio iuris ces reliques constituaient comme une
annexe, une extension du sépulcre même de l’Apôtre à Rome. L’indication Romae
aurait pénétré dans le Laterculus par l’ignorance du copiste qui, lisant une
translatio sancti Pauli aurait pensé qu’elle ne pouvait convenir qu’à Rome au
lieu de la référer à une Église quelconque, Autun, Arles ou toute autre.
Qu’elle soit ou non
d’origine romaine, cette fête hivernale de saint Paul se trouva, dans les
Gaules, rapprochée de celle de la Chaire de saint Pierre, et cela à une époque
où Rome ne les célébrait point— si toutefois le siège apostolique célébra
jamais la translatio de saint Paul. Peu à peu néanmoins l’orientation
historique se déplaça, et au concept d’une translation matérielle des reliques
de saint Paul, se substitua celui d’une translation ou changement psychologique
et spirituel survenu en lui sur le chemin de Damas. Ainsi, de la translatio
physique on passa à la conversio mystique de l’Apôtre.
La fête de la conversion
de saint Paul est notée en ce jour dans le Laterculus de Berne du martyrologe
hiéronymien : Translatio et conversio sancti Pauli in Damasco. Dans l’Ordo de
Pierre Amelius (XIVe siècle), on attribue à cette solennité la préséance sur
l’office dominical lui-même.
Dans la basilique
patriarcale de Saint-Paul a lieu en ce jour une station très solennelle, et, en
l’absence du Souverain Pontife, en vertu d’une antique tradition, les abbés de
ce sacratissimum monastère, qui a donné à l’Église saint Grégoire VII, célèbrent
dans le rite pontifical le divin Sacrifice sur l’autel papal lui-même qui
recouvre, aujourd’hui encore, la chambre funéraire de l’Apôtre.
L’introït est celui du
dies natalis de saint Paul le 30 juin, et il exprime la certitude de l’Apôtre
que Dieu, juste estimateur du mérite, lui donnera la récompense de ses travaux.
Pour mieux expliquer cette pensée à Timothée, saint Paul, proche du martyre, se
sert d’une gracieuse image. Ses bonnes œuvres sont comme un dépôt, qu’il confie
à Dieu pour qu’il le lui garde jusqu’au jour de la parousie. L’Apôtre a toute
confiance dans le Seigneur, qu’il dit bien connaître. Celui qui confie ses
trésors aux coffres-forts ou les cache sous terre, s’expose au péril de se les
voir ravir par les voleurs ou ronger par les vers. Dieu, au contraire, est
juste et immuable, et au grand jour du jugement, le jour par excellence au dire
de saint Paul, il rendra le dépôt avec la récompense méritée.
La mélodie grégorienne
qui revêt cet introït semble avoir été créée par l’artiste tout exprès pour la
station dans la vaste basilique de Saint-Paul. Elle est solennelle et d’un
effet incomparable.
La première prière est
presque semblable à celle que nous avons rapportée plus haut (le 18 janvier). «
O Dieu qui, au moyen de la prédication du bienheureux apôtre Paul, avez
enseigné tout l’univers, en ce jour où nous célébrons sa conversion
accordez-nous de venir à vous en imitant ses exemples. » On ajoute la
commémoraison de saint Pierre comme le 18 janvier.
Suit la lecture des Actes
des Apôtres avec le récit de la conversion de saint Paul. En celle-ci le
triomphe de la grâce ne pouvait être plus splendide. A Jérusalem, Paul était le
plus redoutable ennemi de l’Église naissante ; cependant Jésus non seulement
anéantit ses plans, mais il fait de l’adversaire d’hier l’apôtre de demain et
le docteur de la vérité dans le monde entier. Sans diminuer aucunement le
mérite des douze apôtres, Paul deviendra toutefois l’Apôtre, parce
qu’auparavant il avait été l’adversaire le plus redoutable. Il devra donc tirer
le char triomphal du Christ plus avant que tous les autres, de l’Arabie
jusqu’aux colonnes d’Hercule ; à ce point que, sous l’inspiration du Paraclet,
il pourra écrire un jour pour l’édification des églises : plus omnibus
laboravi. Cet apostolat universel de Paul fut jadis relevé en un distique que
les anciens compilateurs de recueils épigraphiques romains transcrivirent sur
le sépulcre du grand Apôtre :
HIC • POSITVS • CAELI •
TRANSCENDIT • CVLMINA • PAVLVS
CVI • DEBET • TOTVS •
QVOD • CHRISTO • CREDIDIT • ORBIS
Paul, enseveli ici,
franchit les sommets du ciel,
Lui à qui l’univers doit
d’avoir cru au Christ.
La tardive composition de
cette messe se révèle à première vue par le graduel et par le trait. Il semble
que le rédacteur ait oublié que leur origine remonte à l’usage des psaumes
prescrit par la liturgie juive, et il a enchaîné tant bien que mal quelques versets
des épîtres de saint Paul, fort beaux et choisis avec assez de goût, mais hors
de place. La mélodie y supplée, par bonheur, car elle est passionnée et d’une
élégance classique. Galat., II, 8. « Celui qui opéra au moyen de Pierre dans
l’apostolat des circoncis, opéra en moi parmi les gentils ; et l’on reconnut la
grâce que Dieu m’avait donnée. V/. La grâce de Dieu en moi ne fut pas stérile,
mais sa grâce m’assiste toujours. » « Alléluia. Grand est saint Paul,
sanctuaire choisi (de la grâce), vraiment digne d’être glorifié, lui qui mérita
aussi de posséder le douzième trône. »
Après la Septuagésime, le
verset alléluiatique étant omis, on chante le trait suivant : « V/. O saint
apôtre Paul, vous êtes un sanctuaire élu (de la divine grâce), et vraiment vous
êtes digne d’être glorifié. V/. Prédicateur de la vérité et Docteur des gentils
dans la foi et dans la vérité, y. Par vous tous les peuples ont connu la divine
grâce, V/. Intercédez pour nous près de Dieu qui vous a choisi. » C’est là la
plus grande grâce accordée à l’Apôtre, celle non seulement d’avoir porté le nom
de Jésus devant les rois et les peuples des nations les plus diverses durant sa
vie, mais aussi, après sa mort, de continuer son ministère évangélique au moyen
de ses divines épîtres, que la sainte liturgie n’omet jamais de réciter durant
le saint office et à la messe.
L’Évangile est celui de
la messe du Commun des abbés, comme le 5 décembre, et il s’adapte fort bien à
l’Apôtre qui, dans sa conversion, non seulement renonça à ses biens et à sa
famille, mais, pour gagner Jésus-Christ, abdiqua aussi les avantages que sa
condition d’Israélite de la tribu de Benjamin et disciple de Rabbi Gamaliel
pouvait lui procurer au sein de la communauté juive. Tout cela, dit l’Apôtre,
quae mihi fuerunt lucra, haec arbitratus sum ut stercora, ut Christum
lucrifaciam (Philip., III, 7-8).
L’antienne pour
l’offrande est comme le jour de saint André, le 30 novembre. Les prières avant
l’anaphore eucharistique et après la communion sont identiques à celles du 18
janvier. La préface est celle des apôtres. Le verset pour la communion du
peuple est tiré de l’Évangile de ce jour. « Je vous assure que vous qui avez
tout laissé pour me suivre, vous recevrez cent fois autant, et la vie
éternelle. »
La pauvreté que, à
l’imitation des apôtres, les religieux professent par vœu, est un acte
perpétuel de louange à la divine Providence, à qui ils se confient. L’histoire
de près de vingt siècles est là pour le démontrer : Dieu, de son côté, n’a
jamais fait défaut à leurs espérances. C’est précisément ce qu’assurait déjà le
Psalmiste, en appelant à sa propre expérience : Iunior fui etenim senui, et non
vidi iustum derelictum, nec semen eius quaerens panem [6].
Cette fête de la
conversion de saint Paul était très solennelle dans la liturgie médiévale. Le
Pape lui-même allait célébrer la messe stationnale sur la tombe de l’Apôtre,
tradition dont il est demeuré une trace dans la liturgie. Tandis que dans les
autres basiliques patriarcales de Rome, le Pape ne concède point ordinairement
la permission aux respectifs cardinaux archiprêtres de célébrer la messe à
l’autel papal, exception est faite pour Saint-Paul, où, chaque année en ce
jour, l’Abbé de ce monastère jouit du privilège papal de célébrer la messe
pontificale sur l’autel qui recouvre la tombe de l’Apôtre. Le motif d’une si
grande importance attribuée par la liturgie à la conversion de saint Paul sur
le chemin de Damas doit être recherché dans l’efficace apologétique qui ressort
d’un tel changement imprévu ; en sorte qu’après le miracle de la résurrection
du Christ, aucun autre prodige de l’histoire de l’Église primitive, si l’on
tient compte de toutes les circonstances, ne démontre mieux la divinité du
christianisme que celui de la conversion de Saul.
Le pape Damase a célébré
ce prodige par les vers suivants :
Iamdudum Saulus, procerum
praecepta secutus,
Cum Domino patrias vellet
praeponere leges,
Abnueret sanctos Christum
laudasse prophetas,
Caedibus adsiduis cuperet
discerpere plebem,
Cum lacerat sanctae matris
pia foedera coecus,
Post tenebras verum
meruit cognoscere lumen,
Temptatus sensit possit
quid gloria, Christi.
Auribus ut Domini vocem
lucemque recepit,
Composuit mores Christi
praecepta secutus.
Mutato placuit postquam
de nomine Paulus,
Mira fides rerum ; subito
trans aethera vectus,
Noscere promeruit possent
quid praemia vitae.
Conscendit raptus martyr
penetralia Christi,
Tertio, lux caeli tenuit
paradisus euntem ;
Conloquiis Domini
fruitur, secreta reservat,
Gentibus ac populis
iussus praedicere vera,
Profundum penetrare maris
noctemque diemque
Visere, cui magnum satis
est vixisse latentem.
Verbera, vincla, famem,
lapides, rabiemque ferarum,
Carceris inluviem,
virgas, tormenta, catenas,
Naufragium, lachrymas,
serpentis dira venena,
Stigmata non timuit
portare in corpore Christi.
Credentes docuit possent
quo vincere mortem.
Dignus amore Dei, vivit
per saecla magister,
Versibus his breviter,
fateor, sanctissime Doctor
Jadis Saul, fidèle aux
maximes des anciens.
Préférant au Seigneur les
lois de sa nation.
Méconnaissant le
témoignage des saints prophètes au Christ.
S’acharnait à poursuivre
et détruire son peuple.
Déchirant, l’aveugle, la
douce unité de notre sainte Mère.
Au sortir des ténèbres,
il a connu la vraie lumière :
Il a su par expérience ce
que peut la gloire du Christ.
Ayant entendu la voix du
Seigneur et reçu la clarté,
Il a réformé sa vie,
docile aux préceptes du Christ.
Changé même en son nom,
Paul lui fut agréable.
Chose admirable et vraie
: élevé au-dessus des cieux,
Il lui fut donné de
savoir ce qu’est la récompense de vie.
Le futur martyr est
enlevé jusqu’au sanctuaire du Christ,
Il atteint dans le
paradis les splendeurs du troisième ciel,
Admis aux entretiens du
Seigneur, il en garde le secret.
Aux nations, aux peuples,
il reçoit l’ordre de prêcher la vérité.
Il pénètre au fond des
mers, y passe une nuit et un jour :
Mais il lui suffisait
d’avoir vu Celui qui est caché.
Coups, chaînes, faim,
lapidation, fureur des bêtes,
Horreur des prisons,
verges, tourments et fers,
Naufrage, pleurs, serpent
au venin redouté,
Il n’a pas craint de
porter tous ces stigmates du Christ,
Enseignant aux croyants
l’art de vaincre la mort.
Digne de l’amour de Dieu,
le Maître vit à jamais.
En ces vers j’ai
brièvement, c’est vrai, très saint Docteur,
O Paul, j’ai voulu, moi
Damase, célébrer tes triomphes.
[6] Ps. xxxvi, 25.
Attribué
à Juan Antonio de Frías y
Escalante (1633–1669), La Conversion de Saint Paul, circa 1660,
162 x 176, Museo Cerralbo. Madrid
Dom Pius Parsch, le Guide
dans l’année liturgique
Cette fête n’avait pas
pour objet, originairement, la conversion de saint Paul, mais une translation
de ses reliques, et elle était en relation, par le temps, avec la fête de la
Chaire de Saint-Pierre (huit jours plus tard). Cependant peu à peu on oublia ce
rapport historique et, à la place d’une translation de reliques, on célébra la
Conversion de l’Apôtre.
Conversion de saint Paul.
— L’Église célèbre la conversion de l’Apôtre des Gentils à cause de l’importance
de cet événement pour toute la chrétienté. La conversion eut lieu environ cinq
ans (le martyrologe dit deux) après la mort du Sauveur ; elle fut soudaine,
indépendante de l’action de saint Paul ; ce fut une œuvre de la grâce. L’Apôtre
en parle souvent dans ses Épîtres, mais toujours avec un sentiment de
saisissement et une reconnaissance profonde (la Sainte Écriture rapporte trois
fois en détail cet événement capital dans la vie de l’Apôtre des nations, Act.
IX, 1-22, XXII, 3-21, XXVI, 9-18). La conversion de saint Paul est en effet un
événement décisif dans le développement du royaume de Dieu sur la terre. Grâce
à saint Paul, l’Église fut délivrée des chaînes du judaïsme et se tourna vers
les Gentils. Il apporta l’Évangile en Europe et jusqu’à Rome. Grâce à lui,
l’Église fut une Église universelle, une Église catholique. Par conséquent,
nous sommes même redevables à l’Apôtre des nations de notre christianisme.
C’est pourquoi nous célébrons avec reconnaissance le grand événement de la
conversion de saint Paul, dans laquelle la grâce triompha si visiblement de la
nature et de la volonté humaines. Sans doute la volonté de saint Paul ne resta
pas passive. La grâce s’unit à sa volonté : « La grâce de Dieu ne fut pas vaine
en moi. »
La messe (Scio cui). — A
l’Introït, saint Paul dit qu’il s’abandonne entièrement à la main de Dieu et
qu’il espère, en retour, le bien qui lui est réservé, au jour de l’avènement du
Christ. Cet Introït, nous pouvons le faire nôtre et, dans la communion, nous
recevons le gage du bien promis. Le ps. 138, que nous réciterons en entier,
nous donne la joyeuse certitude que nous avons été choisis de toute éternité
avec saint Paul. Puisse notre conversion être complète aussi (Or.). La Leçon
décrit, d’une manière vivante, l’événement de la fête.
A l’Évangile, nous
entendons les promesses de Notre-Seigneur à ceux qui le suivent : « Quand Fils
de l’Homme sera assis sur le trône de sa majesté vous serez assis vous aussi
sur douze trônes... » Ceci s’est réalisé pour saint Paul à sa mort, et la
sainte messe nous donne une participation à sa gloire.
A l’Offrande que chacun
de nous « abandonne » ce que la grâce lui inspire de sacrifier ; au banquet
eucharistique, nous recevrons le gage du « centuple » promis (Comm.).
Notre conversion. — Ce
grand événement n’a-t-il pas, dans notre vie, son pendant ? Oui. Le premier
jour de notre conversion fut notre baptême, ce fut l’intervention du Christ
dans notre vie. Ce fut un jour de pure grâce, sans le moindre mérite de not
part. Il est vrai que nous n’en eûmes pas conscience dans un certain sens,
c’est dommage. Quelle action puissante exerçait le baptême, dans la primitive
Église sur les baptisés adultes ! C’était, dans le plein sens mot, une
conversion, un redressement de toute la vie Pensons, par exemple, à saint
Augustin. Pour nous, qui sommes baptisés les premiers jours de notre enfance,
nous avons souvent besoin d’une seconde conversion qui nous fait passer d’une
vie tiède ou peut-être pécheresse, en tout cas d’un christianisme inconscient à
une vie chrétienne zélée et consciente, qui comporte un renouvellement de la
grâce et des promesses baptismales. Ce jour devrait être consacré à la pensée
reconnaissante de ces deux conversions : la conversion inconsciente et la
conversion consciente.
Il y a encore une autre
heure de Damas, dans notre vie, c’est la messe. Là le Christ vient à notre
rencontre, sa grâce se rattache à la première grâce qu’il nous donna et veut
achever ce qu’elle commença alors. Elle veut maintenir en nous le sentiment de
la conversion, ce sentiment que nous admirons dans la vie de saint Paul. Vingt
ans, trente ans après sa conversion, il est encore ému jusqu’aux larmes, quand
il pense au chemin de Damas. C’est là la marque d’un homme vraiment grand,
quand une impression décisive ne s’affaiblit pas en lui. Car la conversion
seule ne suffit pas, il faut qu’elle soit durable et l’heure de Damas de la
messe nous aide à la rendre telle. A chaque messe se produit une conversion,
une transsubstantiation. J’apporte à l’autel ma misère humaine et je reçois en
échange la vie divine : j’apporte du pain terrestre (à l’Offrande) et je reçois
en retour le pain divin (à la Communion). C’est un Saul qui vient à la messe,
c’est un Paul qui s’en retourne.
SOURCE : http://www.introibo.fr/25-01-Conversion-de-St-Paul-apotre#nh6
Parmigianino (1503–1540), La conversion de Paul, circa 1527, 177.5 x
128.5, musée d'Histoire de l'art de
Vienne
La conversion de saint
Paul en images
"La conversion de
saint Paul en images" par Sylvie Bethmont-Gallerand, conférence le 28 mai
2008 à 15h30, Ecole Cathédrale, 8 rue Massillon, Paris 4e.
Au début de notre ère,
pour certains, la foi est une histoire pleine de bruit et de fureur ; Saül de Tarse,
avant de devenir notre saint Paul, est de ceux-là. « Ne respirant toujours que
menaces et carnages », il partage les vues de ceux qui voient l’histoire de
Jésus s’arrêter au pied de la croix (Actes 9, 1-22). Pour lui Etienne est un
blasphémateur, un traître à la foi juive, dont la lapidation est la juste
sanction, accomplie au nom de la Loi de Moïse (Actes 8, 1). Prenant une part
active à la persécution qui fond sur les premiers chrétiens rassemblés à
Jérusalem, il « ravage l’Eglise » (Actes 8, 2-3). C’est un acharné, puisant sa
légitimité auprès du grand prêtre lui-même, auquel il demande des « lettres
pour la synagogue de Damas » afin de poursuivre les hommes et les femmes
adeptes du Christ. Des hommes et des femmes formant la primitive Eglise que l’on
nomme alors « la Voie ». (Actes 9, 1-2).
C’est dans cet élan,
c’est sur un chemin, celui de Damas, que cette Voie-là le rattrape un beau
jour. Il est alors renversé, mis à terre, réduit à rien, aveuglé par la
présence du Christ, afin d’être relevé par son Sauveur et rendu à la vue, puis
à la vie par le baptême. Cette conversion n’est pas celle d’un païen, mais bien
celle d’un croyant qui doit revoir toutes ses certitudes à la lumière nouvelle
de la Résurrection. Comme tous les apôtres, lui, le dernier, « l’avorton »,
reçoit la présence de Jésus ressuscité et cela le renverse (1 Co 15). « A cause
du Christ mon Seigneur, j’ai tout perdu et je considère ce que j’ai perdu comme
ordure, afin de gagner le Christ ». De la Loi Paul ne connaîtra plus désormais qu’un
commandement, celui de l’Amour, un amour qui « excuse tout, croit tout, espère
tout, supporte tout » (1 Co, 13, 1-5).
Lorsque les peintres des
temps modernes (à partir du XVe siècle), s’emploient à représenter cette
conversion de Paul, ils nous dépeignent cette furie anéantie, une lumière
aveuglante, la solitude de la foi. Ainsi le Parmesan (de son vrai nom,
Francesco Mazzola, 1503-1540) a-t-il peint cette conversion de saint Paul vers
1527, aux lendemains du sac de Rome.
Loin d’illustrer mot à mot
un récit, le Parmesan évacue tout contexte comme les protagonistes, l’anecdote,
le superflu pour nous placer face à face avec Saül, le converti. Comme Moïse
devant le buisson ardent, Saül entend une voix et comme à Moïse, pour se
désigner, Dieu dit : « Je suis ». La personne du Christ n’est pas représentée
ici ; seul signe de la divinité, la lumière vient du ciel, révèle et rend
aveugle. Elle se déverse alors que vient l’Esprit, comme le fera l’eau du
baptême, sur la tête et les épaules de Saül devenu Paul. Pour nous, comme pour
Etienne, comme pour Saül-Paul, et bien d’autres visionnaires qui jalonnent la
Bible, « le ciel s’ouvre » et la voie est tracée.
Est-ce que ce cheval
blanc de lumière, ce cheval dressé qui nous regarde et fait corps avec Saül,
est sa monture ? Ou bien est-ce le signe que la furieuse cavalcade est
terminée, qu’il est temps de rendre les armes, l’épée étant jetée à terre ? Les
prophètes Isaïe et Michée n’ont-ils pas annoncé que les épées seront forgées en
« socs de charrue » alors que vient le temps de l’Amour, de la lumière et de la
grâce ? Dans le livre de l’Apocalypse, le « ciel s’ouvre » et Jean voit un
autre cheval blanc monté par un cavalier, qui part en vainqueur. Un cavalier
dont le nom est « le Verbe de Dieu » (Ap 6, 2 et 19, 13). Paul aveuglé est déjà
redressé. Son corps et celui du cheval ouvrent comme un éventail sur le paysage
baigné de lumière, sur la ville au loin, la terre qui reverdit, autant
d’annonces des missions à venir de Paul et de notre propre mission à « suivre
le Christ ».
Sylvie Bethmont-Gallerand
SOURCE : http://www.paris.catholique.fr/661-La-conversion-de-saint-Paul-en.html
Éclairage sur la
conversion de Saint Paul
D'après le récit des
Actes des Apôtres (Ac 9), c'est alors qu'il se rendait de Jérusalem à Damas
pour sévir contre les disciples de Jésus dans les synagogues de cette ville,
que Saul, le persécuteur, a été subitement terrassé par une apparition du
Christ, qui lui dit : "Je suis Jésus que tu persécutes".
Aveuglé par cette lumière
céleste, il est alors conduit chez un disciple de Damas, Ananie, qui, malgré
ses craintes, l'accueille et le baptise.
Ce récit doit émaner de
la communauté de Damas : elle cherchait à dire comment elle l'avait échappé
belle grâce à l'intervention de dernière minute de son Seigneur, qui avait
retourné le persécuteur en apôtre.
Quand c'est Paul qui
parle de Paul ...
Ce récit n'est pas sans
intérêt ni vérité. Mais les quelques 1 allusions que Paul a faites lui-même à
l'événement qui a bouleversé sa vie nous sont encore beaucoup plus précieuses.
Il en parle très
sobrement. Il met surtout en valeur ce qui l'a précédé et ce qui l'a suivi.
Il ne dit pratiquement
rien du processus lui-même. C'est tout juste s'il nous apprend indirectement
que cela s'est passé à Damas (Ga 1, 17). Mais il met en lumière ce que cette
rencontre du Christ a changé dans sa vie. Il le voit encore plus nettement après
des années de ministère apostolique.
Il y fait référence quand
des contestations l'obligent à justifier sa qualité d'apôtre du Christ et sa
manière de comprendre l'Evangile.
Il relit alors
l'événement de sa vocation, à partir de ce qui s'est passé à ce moment-là, mais
aussi à la lumière de l'histoire qu'elle a engendrée.
L'interroger à partir de
ces quelques allusions, ce n'est pas pure curiosité historienne :
"dis-nous, Paul, ce qui t'est arrivé". C'est une manière d'entrer
dans sa théologie à partir de ce qu'il a vécu lui-même, sur le moment et par la
suite.
1 Ces allusions se
trouvent en quatre passages des épîtres 1 Co 9,1-2 ; 15, 9-11 ; Ga 1, 11-24 ;
Ph 3, 2-16
L'avorton devenu apôtre
En deux passages (1Co 9
et 1Co 15), Paul attribue sa qualification d'apôtre du Christ au fait que lui
aussi, même lui, a bénéficié d'une apparition pascale : "Ne suis-je pas
apôtre ? n'ai-je pas vu Jésus notre Seigneur ?" (1Co 9,1) ; "en tout
dernier lieu il m'est apparu à moi aussi comme à l'avorton" (1Co 15,9).
Dans le second il insiste
sur la puissance de la grâce. Lui, le dernier de liste, l'indigne persécuteur,
"l'avorton", non viable, mort-né, est devenu, par la grâce de Dieu,
l'apôtre le plus efficace de tous.
Paul parlera constamment
de son ministère apostolique en termes de "grâce de Dieu" qui lui a
été faite.
Cela s'enracine dans
l'expérience fondatrice qui a été la sienne.
Celle-ci n'est sûrement
pas étrangère à son insistance, plus tard, sur le fait que nous devenons justes
aux yeux de Dieu sans l'avoir mérité, en vertu de sa seule grâce.
Un changement de regard
Nous allons maintenant
nous arrêter aux deux autres passages où Paul relit l'événement de Damas :
celui de l'épître aux Galates (1, 11-24) et celui de l'épître aux Philippiens
(3, 2-16) qui méritent encore davantage de retenir notre attention.
Ces deux textes
s'expliquent par la controverse engagée avec ces judéo-chrétiens que nous
appelons des « judaïsants » : des croyants de Jésus-Christ continuaient de
donner une telle importance à la Loi juive comme institution de salut, qu'ils
ne pensaient pas pouvoir dispenser les nouveaux croyants venus des nations de
s'intégrer à la pratique du judaïsme.
Le Christ Jésus était
encore pour eux au service de la Loi.
A leurs yeux il n'était
pas encore devenu, à lui seul, le centre et le cœur de tout le dessein de salut
de Dieu.
Pour Paul au contraire,
désormais tout nous est donné en la personne du Christ. C'est Lui, le don
définitif de Dieu ; ouvrir tout son être au Christ par la foi est la seule
manière pour tout homme de s'ajuster au dessein de Dieu.
Dans l'épître aux
Galates, Paul relit l'événement de Damas pour fonder sa manière d'annoncer
l'Evangile parmi les Nations, c'est-à-dire sans inféodation à la Loi, au
Judaïsme.
Dans l'épître aux
Philippiens, il relit l'événement de Damas comme lieu de révélation de la vraie
« justice », de la vraie sainteté, que Dieu attend de l'homme : la communion au
Christ pascal, sans avoir à passer par la Loi.
Ces deux relectures sont
liées.
Conversion ? Vocation ?
Le terme de « conversion
» est ambigu dans notre langage actuel pour exprimer le changement dont Paul
fait état.
Il ne s'est pas converti
du péché à la sainteté, à la manière par exemple d'un Charles de Foucauld ; il
ne s'est pas converti d'une fausse religion à la vraie : Paul n'a jamais eu
conscience d'abandonner sa foi juive au moment où il adhérait au Christ Jésus,
bien au contraire.
Mais il a changé
radicalement de regard sur la personne de Jésus : le Crucifié du Vendredi saint
n'était plus à ses yeux le maudit de Dieu, mais son Fils glorifié en raison de
son obéissance à son amour. En ce sens on peut parler de « conversion », de «
retournement » complet.
En même temps il faut
souligner que Paul exprime sa conscience d'avoir vécu cette « conversion »
comme un « appel » à l'apostolat, au sens fort du terme : la vocation d'être
apôtre du Christ ressuscité pour annoncer l'Evangile et fonder des Eglises.
Source : diocèse de
Marseille
Die
Bekehrung des Apostels Paulus von Otto Kappeler seitlich der Freitreppe
vor der Pauluskirche in Zürich Unterstrass
Commentaire : Luc raconte
Paul
Aux portes de Damas
Le récit autobiographique
de Paul dans la lettre aux Galates est assez elliptique et fortement
théologique. En racontant le parcours de Paul, l'auteur des Actes des Apôtres
donne plus de détails. Mais, nouvelle étrangeté : la conversion de Paul est si
importante qu'elle est racontée trois fois… de manière différente !
Dans le livre des Actes
des Apôtres il y a trois récits de la conversion de Paul. Le premier (Ac 9) est
fait par le narrateur, les deux autres (Ac 22 et 26) par Paul lui-même. Ces
trois récits relatent la même intervention de Dieu sur le chemin de Damas, mais
comportent un certain nombre de divergences. Que disent ces trois récits ? Leur
répétition montre tout d'abord l'importance que l'auteur accorde à la
conversion de Paul. Leurs divergences sont autant de clins d'œil adressés au
lecteur et d'invitations à en chercher le sens. Avec son génie de conteur, Luc
nous invite à entrer progressivement dans le mystère de la conversion de Paul.
À l'approche de Damas
Le premier récit de
conversion (Ac 9) relate l'aller-retour de Saul (le nom de Paul au début du
récit) de Jérusalem à Damas. Mandaté par le grand prêtre, Saul arrive devant
Damas en persécuteur sanguinaire. Mais, aux portes de la ville le Seigneur
l'attend. Le lieu a une certaine importance. Il est en effet un endroit
symbolique, un lieu de passage mais aussi de jugement. Les rois grecs, quand
ils visitaient leur royaume, s'arrêtaient aux portes des villes pour écouter
les doléances de leurs sujets et leur rendre justice. Ce n'est pas pour rien
que, dans l'œuvre de Luc, beaucoup de choses se passent aux portes des villes.
Jésus ressuscite un jeune homme aux portes de Naïn, il guérit un aveugle aux
portes de Jéricho, il pleure sur Jérusalem à l'approche de la ville...
L'épisode de la porte de
Damas est bien une scène de jugement. Saul en effet rencontre le Seigneur, qui
est à la fois le juge et la victime et qui lui demande des comptes.
L'interrogatoire est bref et la sentence immédiate. Elle révèle la vraie nature
du persécuteur : il est aveugle. Cependant elle n'écrase pas le condamné. Elle
le relève au contraire et lui indique le chemin de la conversion. Saul doit
faire confiance à une communauté : ''On te dira ce que tu dois faire''. Les
témoins de la scène ne voient personne mais entendent la voix. Saul, lui,
a-t-il vu le ressuscité ? Pour le moment nous ne le savons pas.
Terrassé par le Seigneur
et aveuglé par sa lumière, Saul entre maintenant dans la ville, conduit par la
main de ses compagnons. Il en sortira ballotté dans un panier le long des
remparts de la ville.
Il est l'instrument
choisi
La deuxième intervention
divine se passe chez un disciple de Jésus, Ananie, à qui le Seigneur communique
son projet sur Saul : ''Cet homme est l'instrument que je me suis choisi pour
répondre de mon Nom devant les nations païennes, les rois et les Israélites.''
Nous lecteurs, nous assistons à cette scène et nous savons maintenant à quoi
Saul est destiné. Mais comment Saul va-t-il le savoir ? Par Ananie, en
principe, qui devrait logiquement lui communiquer le message divin. Mais Ananie
ne le fait pas.
Observons bien ce qui se
passe. Ananie va trouver Saul dans la maison de Judas. Il lui impose les mains
et le guérit, mais il ne transmet pas le message reçu. Nous sommes donc dans
une situation étrange : les lecteurs savent quelque chose que le héros principal
de cette histoire ignore. Cet effet littéraire n'est pas gratuit. Il montre que
Saul n'est pas une simple marionnette entre les mains de Dieu. Ce dernier a un
projet sur Saul, mais il ne lui impose pas. Il lui laisse du temps pour qu'il
le découvre par lui-même.
Il a vu le Seigneur
Saul se rend maintenant à
Jérusalem. Il quitte le groupe de disciples qui l'ont accueilli pour la
première fois pour rencontrer le groupe des apôtres. Une boucle est bouclée.
Paul est revenu à son point de départ, mais il ne fréquente plus les mêmes
personnes. De l'entourage du grand prêtre, il est passé dans le cercle des
chrétiens.
Quand il se présente à
Jérusalem Barnabas dit aux apôtres que Saul ''a vu le Seigneur qui lui a
parlé''. Le narrateur de cette histoire s'efface donc devant un membre de la
communauté chrétienne et lui laisse le soin d'interpréter l'événement du chemin
de Damas et de révéler aux apôtres, et aussi à nous les lecteurs, que Saul a
bien vu le Seigneur ressuscité. Les apparitions du Seigneur ne sont pas d'abord
un fait observable par un historien. Ils sont d'abord l'objet d'un témoignage
de croyant.
Mettez-moi Saul à part
pour une œuvre
Au chapitre 13 des Actes,
Saul est à Antioche. L'Esprit Saint demande à la communauté de le mettre à
part, avec Barnabé, pour ''une œuvre'' qu'il ne définit pas. Nous avons le même
phénomène littéraire que plus haut. Nous, lecteurs, savons à quoi Saul est
destiné, mais Saul ne le sait toujours pas. Il va donc de synagogue en
synagogue annoncer Jésus ressuscité. Devant l'opposition des Juifs, il décide
de se tourner vers les païens. Apparemment il a décidé cela par lui-même, en
accord avec Barnabas. Il a enfin découvert ce à quoi il était destiné. L'Esprit
Saint lui a laissé le temps. Au retour de mission il rend compte à la
communauté de ''l'œuvre'' qu'il vient d'accomplir : ''Ouvrir aux païens les
portes de la foi'' (Ac 14,27).
Sous la forme du récit
Luc vient de nous montrer comment Dieu avait un projet sur Paul mais n'a pas
tiré les ficelles. Il l'a laissé trouver par lui-même son chemin. Initiative
humaine et plan de Dieu peuvent faire bon ménage.
Deuxième récit de
conversion
Le deuxième récit de
conversion (Ac 22) est fait par Paul lui-même dans le Temple de Jérusalem.
Devant la foule juive, il raconte les événements du chemin de Damas. À part
quelques variantes secondaires, Paul reprend les mêmes éléments que nous avons
déjà entendus. Mais il apporte deux précisions. Ananie d'abord transmet le
message à Paul qui doit être témoin du Christ ''devant tous les hommes'', donc
également devant les païens. Et Paul raconte ensuite qu'il a eu une vision dans
le Temple de Jérusalem au cours de laquelle le Seigneur lui a dit : ''Va, c'est
au loin, vers les nations païennes, que je vais, moi, t'envoyer .''
Le lecteur apprend donc
par la bouche de Paul des choses qu'il ne savait pas. Ainsi Paul n'a pas décidé
par lui-même de passer aux païens. Il a été encouragé par le Seigneur en
personne. Et cette vision s'est déroulée au Temple. On remarque la portée
symbolique de ce lieu.
Troisième récit de
conversion
Alors qu'il est en
captivité à Césarée, la ville païenne, Paul raconte une troisième fois sa
conversion. Ses interlocuteurs sont des descendants d'Hérode le Grand ainsi que
le gouverneur romain Festus. Il y a de nouvelles variantes. Cette fois-ci il
n'est plus question de la cécité temporaire de Paul ni du rôle d'Ananie. Plus
question non plus de l'extase du Temple. Mais Paul parle de la rencontre avec
le Nom de Jésus. Paul qui combattait ce Nom par tous les moyens l'a rencontré
sur sa route, en travers de son chemin. Le Seigneur a parlé à Paul et lui dit :
''Je t'ai destiné à être
serviteur et témoin de la vision où tu viens de me voir ....Je t'envoie vers le
peuple et les nations païennes pour leur ouvrir les yeux, les détourner des
ténèbres vers la lumière... afin qu'ils reçoivent le pardon des péchés et une
part d'héritage avec les sanctifiés, par la foi en moi'' (Ac 26,14-18).
Maintenant tout est dit.
Le narrateur du livre des Actes des Apôtres a laissé Paul faire lui-même le
bilan de sa vie. La conversion et la vocation de l'ancien persécuteur forment un
tout. Appartenant tout entier au Christ, il témoigne devant les Juifs et les
païens. Ce que le Seigneur a annoncé à Ananie s'est accompli : ''Cet homme est
un instrument que je me suis choisi pour répondre de mon nom devant les nations
païennes, les rois et les Israélites'' (Ac 9,15).
© Joseph STRICHER.
Article paru dans Les Dossiers de la Bible n° 73 ''La conversion de Paul'', p.
12-14
© 2010 S.B.E.V. et
ISCAM-production
Les textes, les cartes,
dessins et images sont la propriété du Service Biblique catholique Evangile et
Vie (S.B.E.V.), 8, rue Jean Bart - 75006 Paris, tél. 01 42 22 03 89.
La reproduction est
autorisée à des fins non commerciales et à la condition de citer l'auteur (le
cas échéant), le propriétaire (Service Biblique catholique Evangile et Vie) et
le site (bible-service.net).
SOURCE : http://www.bible-service.net/site/495.html
Benjamin
West (1738–1820), The Conversion of Saint Paul, 1786, musée d'Art de Dallas
BENEDICT XVI
GENERAL AUDIENCE
Paul VI Audience Hall
Wednesday, 3 September
2008
Saint Paul (3)
St Paul's
"Conversion".
Dear Brothers and
Sisters,
Today's Catechesis is
dedicated to the experience that Paul had on his way to Damascus, and therefore
on what is commonly known as his conversion. It was precisely on the road to
Damascus, at the beginning of the 30s in the first century and after a period
in which he had persecuted the Church that the decisive moment in Paul's life
occurred. Much has been written about it and naturally from different points of
view. It is certain that he reached a turning point there, indeed a reversal of
perspective. And so he began, unexpectedly, to consider as "loss" and
"refuse" all that had earlier constituted his greatest ideal, as it
were the raison d'être of his life (cf. Phil 3: 7-8). What had
happened?
In this regard we have
two types of source. The first kind, the best known, consists of the accounts
we owe to the pen of Luke, who tells of the event at least three times in the
Acts of the Apostles (cf. 9: 1-19; 22: 3-21; 26: 4-23). The average reader may
be tempted to linger too long on certain details, such as the light in the sky,
falling to the ground, the voice that called him, his new condition of
blindness, his healing like scales falling from his eyes and the fast that he
made. But all these details refer to the heart of the event: the Risen Christ
appears as a brilliant light and speaks to Saul, transforms his thinking and
his entire life. The dazzling radiance of the Risen Christ blinds him; thus
what was his inner reality is also outwardly apparent, his blindness to the
truth, to the light that is Christ. And then his definitive "yes" to
Christ in Baptism restores his sight and makes him really see.
In the ancient Church
Baptism was also called "illumination", because this Sacrament gives
light; it truly makes one see. In Paul what is pointed out theologically was
also brought about physically: healed of his inner blindness, he sees clearly.
Thus St Paul was not transformed by a thought but by an event, by the
irresistible presence of the Risen One whom subsequently he would never be able
to doubt, so powerful had been the evidence of the event, of this encounter. It
radically changed Paul's life in a fundamental way; in this sense one can and
must speak of a conversion. This encounter is the centre St Luke's account for
which it is very probable that he used an account that may well have originated
in the community of Damascus. This is suggested by the local colour, provided
by Ananias' presence and by the names, of both the street and the owner of the
house in which Paul stayed (Acts 9: 11).
The second type of source
concerning the conversion consists in St Paul's actual Letters. He never spoke
of this event in detail, I think because he presumed that everyone knew the
essentials of his story: everyone knew that from being a persecutor he had been
transformed into a fervent apostle of Christ. And this had not happened after
his own reflection, but after a powerful event, an encounter with the Risen
One. Even without speaking in detail, he speaks on various occasions of this
most important event, that, in other words he too is a witness of the
Resurrection of Jesus, the revelation of which he received directly from Jesus,
together with his apostolic mission. The clearest text found is in his
narrative of what constitutes the centre of salvation history: the death and
Resurrection of Jesus and his appearances to witnesses (cf. 1 Cor 15). In the
words of the ancient tradition, which he too received from the Church of
Jerusalem, he says that Jesus died on the Cross, was buried and after the
Resurrection appeared risen first to Cephas, that is Peter, then to the Twelve,
then to 500 brethren, most of whom were still alive at Paul's time, then to
James and then to all the Apostles. And to this account handed down by
tradition he adds, "Last of all... he appeared also to me" (1 Cor 15:
8). Thus he makes it clear that this is the foundation of his apostolate and of
his new life. There are also other texts in which the same thing appears:
"Jesus Christ our Lord, through whom we have received grace and apostleship"
(cf. Rm 1: 4-5); and further: "Have I not seen Jesus Our Lord?" (1
Cor 9: 1), words with which he alludes to something that everyone knows. And
lastly, the most widely known text is read in Galatians: "But when he who
had set me apart before I was born, and had called me through his grace, was
pleased to reveal his Son to me, in order that I might preach him among the
Gentiles, I did not confer with flesh and blood, nor did I go up to Jerusalem
to those who were Apostles before me, but I went away into Arabia; and again I
returned to Damascus" (1: 15-17). In this "self-apology" he
definitely stresses that he is a true witness of the Risen One, that he has
received his own mission directly from the Risen One.
Thus we can see that the
two sources, the Acts of the Apostles and the Letters of St Paul, converge and
agree on the fundamental point: the Risen One spoke to Paul, called him to the
apostolate and made him a true Apostle, a witness of the Resurrection, with the
specific task of proclaiming the Gospel to the Gentiles, to the Greco-Roman
world. And at the same time, Paul learned that despite the immediacy of his
relationship with the Risen One, he had to enter into communion with the
Church, he himself had to be baptized, he had to live in harmony with the other
Apostles. Only in such communion with everyone could he have been a true
apostle, as he wrote explicitly in the First Letter to the Corinthians:
"Whether then it was I or they, so we preach and so you believed"
(15: 11). There is only one proclamation of the Risen One, because Christ is
only one.
As can be seen, in all
these passages Paul never once interprets this moment as an event of
conversion. Why? There are many hypotheses, but for me the reason is very
clear. This turning point in his life, this transformation of his whole being
was not the fruit of a psychological process, of a maturation or intellectual
and moral development. Rather it came from the outside: it was not the fruit of
his thought but of his encounter with Jesus Christ. In this sense it was not
simply a conversion, a development of his "ego", but rather a death
and a resurrection for Paul himself. One existence died and another, new one
was born with the Risen Christ. There is no other way in which to explain this
renewal of Paul. None of the psychological analyses can clarify or solve the
problem. This event alone, this powerful encounter with Christ, is the key to
understanding what had happened: death and resurrection, renewal on the part of
the One who had shown himself and had spoken to him. In this deeper sense we
can and we must speak of conversion. This encounter is a real renewal that
changed all his parameters. Now he could say that what had been essential and
fundamental for him earlier had become "refuse" for him; it was no
longer "gain" but loss, because henceforth the only thing that
counted for him was life in Christ.
Nevertheless we must not
think that Paul was thus closed in a blind event. The contrary is true because
the Risen Christ is the light of truth, the light of God himself. This expanded
his heart and made it open to all. At this moment he did not lose all that was
good and true in his life, in his heritage, but he understood wisdom, truth,
the depth of the law and of the prophets in a new way and in a new way made them
his own. At the same time, his reasoning was open to pagan wisdom. Being open
to Christ with all his heart, he had become capable of an ample dialogue with
everyone, he had become capable of making himself everything to everyone. Thus
he could truly be the Apostle to the Gentiles.
Turning now to ourselves,
let us ask what this means for us. It means that for us too Christianity is not
a new philosophy or a new morality. We are only Christians if we encounter
Christ. Of course, he does not show himself to us in this overwhelming,
luminous way, as he did to Paul to make him the Apostle to all peoples. But we
too can encounter Christ in reading Sacred Scripture, in prayer, in the
liturgical life of the Church. We can touch Christ's Heart and feel him touching
ours. Only in this personal relationship with Christ, only in this encounter
with the Risen One do we truly become Christians. And in this way our reason
opens, all Christ's wisdom opens as do all the riches of truth.
Therefore let us pray the
Lord to illumine us, to grant us an encounter with his presence in our world,
and thus to grant us a lively faith, an open heart and great love for all,
which is capable of renewing the world.
To special groups
Dear Brothers and
Sisters,
I welcome all the
English-speaking visitors present at today's Audience including the Missionary
Sisters Servants of the Holy Spirit and a group of Maltese altar boys currently
serving in Saint Peter's Basilica. May your visit to Rome strengthen your commitment
to share the Good News of Jesus Christ. Upon all of you, I invoke God's
abundant blessings of joy and peace.
Lastly I greet
the young people, the sick and
the newlyweds. Dear young people, in resuming your usual
daily activities after the holidays, may you return to the regular pace of your
intimate dialogue with God, diffusing his light around you. You, dear sick
people, may you find support and comfort in Jesus, who continues his work
of redemption in every person's life. And you, dear newlyweds, may
you strive to keep constantly in touch with the Lord who gives salvation to all
and to draw on his love so that your own may be ever more sound and lasting.
© Copyright 2008 -
Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/en/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080903.html
Statue
de la conversion de Saint-Paul à Bab Kissan, Damas, Syrie
Pictorial
Lives of the Saints – Conversion of Saint Paul
Article
The great Apostle Paul,
named Saul at his circumcision, was born at Tarsus, the capital of Cilicia, and
was by privilege a Roman citizen, to which quality a great distinction and
several exemptions were granted by the laws of the empire. He was early
instructed in the strict observance of the Mosaic law, and lived up to it in
the most scrupulous manner. In his zeal for the Jewish law, which he thought
the cause of God, he became a violent persecutor of the Christians. He was one
of those who combined to murder Saint Stephen, and in the violent persecution
of the faithful, which followed the martyrdom of the holy deacon, Saul signalized
himself above others. By virtue of the power he had received from the high
priest, he dragged the Christians out of their houses, loaded them with chains
and thrust them into prison. In the fury of his zeal he applied for a
commission to take up all Jews at Damascus who confessed Jesus Christ, and
bring them bound to Jerusalem, that they might serve as examples for the
others. But God was pleased to show forth in him His patience and mercy. While
on his way to Damascus, he and his party were surrounded by a light from
heaven, brighter than the sun, and suddenly struck to the ground. And then a
voice was heard saying, “Saul, Saul, why dost thou persecute me?” And Saul
answered, “Who art thou, Lord?” and the voice replied, “I am Jesus whom thou
dost persecute.” This mild expostulation of our Redeemer, accompanied with a
powerful interior grace, cured Saul’s pride, assuaged his rage, and wrought at
once a total change in him. Wherefore, trembling and astonished, he cried out,
“Lord, what wilt Thou have me to do?” Our Lord ordered him to arise and to
proceed on his way to the city, where he should be informed of what was
expected from him. Saul, arising from the ground, found that though his eyes
were open, he saw nothing. He was led by hand into Damascus, where he was
lodged in the house of a Jew named Judas. To this house came by divine
appointment a holy man named Ananias, who, laying his hands on Saul, said,
“Brother Saul, the Lord Jesus who appeared to thee on thy journey, hath sent me
that thou mayest receive thy sight, and be filled with the Holy Ghost.”
Immediately something like scales fell from Saul’s eyes, and he recovered his
eyesight. Then he arose, and was baptized; he stayed some few days with the
disciples at Damascus, and began immediately to preach in the synagogues that
Jesus was the Son of God. Thus a blasphemer and a persecutor was made an
apostle, and chosen as one of God’s principal instruments in the conversion of
the world.
Reflection – Listen to
the words of the “Imitation of Christ,” and let them sink into your heart: “He
who would keep the grace of God, let him be grateful for grace when it is
given, and patient when it is taken away. Let him pray that it may be given
back to him, and be careful and humble, lest he lose it.”
Additional
Information
CatholicSaints.Info:
Saint Paul the Apostle
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Saints
and Saintly Dominicans, by Blessed Hyacinthe-Marie
Cormier, O.P.
Saints
of the Day, by Katherine Rabenstein
Short
Lives of the Saints, by Eleanor Cecilia Donnelly
other
sites in english
Jimmy Akin: 8 Things You Need to Know About Saint Paul and
His Conversion
images
audio
sitios
en español
Martirologio Romano, 2001 edición
fonti
in italiano
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Readings
Paul addressed the people
in these words: “I am a Jew, born in Tarsus in Cilicia, but brought up in this
city. At the feet of Gamaliel I was educated strictly in our ancestral law and
was zealous for God, just as all of you are today. I persecuted this Way to
death, binding both men and women and delivering them to prison. Even the high
priest and the whole council of elders can testify on my behalf. For from them
I even received letters to the brothers and set out for Damascus to bring back
to Jerusalem in chains for punishment those there as well.
“On that journey as I
drew near to Damascus, about noon a great light from the sky suddenly shone
around me. I fell to the ground and heard a voice saying to me, ‘Saul, Saul,
why are you persecuting me?’ I replied, ‘Who are you, sir?’ And he said to me, ‘I
am Jesus the Nazorean whom you are persecuting.’ My companions saw the light
but did not hear the voice of the one who spoke to me. I asked, ‘What shall I
do, sir?’ The Lord answered me, ‘Get up and go into Damascus, and there you
will be told about everything appointed for you to do.’ Since I could see
nothing because of the brightness of that light, I was led by hand by my
companions and entered Damascus.
“A certain Ananias, a
devout observer of the law, and highly spoken of by all the Jews who lived there,
came to me and stood there and said, ‘Saul, my brother, regain your sight.’ And
at that very moment I regained my sight and saw him. Then he said, ‘The God of
our ancestors designated you to know his will, to see the Righteous One, and to
hear the sound of his voice; for you will be his witness before all to what you
have seen and heard. Now, why delay? Get up and have yourself baptized and your
sins washed away, calling upon his name.'” – Acts 22:3-16
If Saint Paul’s Day be
fair and clear.
It doth betide a happy year;
But if it chance to snow or rain,
Then will be dear all kinds of grain;
If clouds or mist do dark the skie,
Great store of birds and beasts shall die;
And if the winds do flie aloft.
Then war shall vexe the kingdom oft. – verse from an old folk tradition of
predicting the weather for a season based on the weather the day of the feast
MLA
Citation
John Dawson Gilmary Shea.
“Conversion of Saint Paul”. Pictorial Lives of the
Saints, 1889. CatholicSaints.Info.
20 February 2022. Web. 4 May 2024.
<https://catholicsaints.info/pictorial-lives-of-the-saints-the-conversion-of-saint-paul/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/pictorial-lives-of-the-saints-the-conversion-of-saint-paul/
Laurent
Delvaux. Conversion de Saint Paul, Cathedral Sainte-Gertrude, Nivelles
The great apostle was a
Jew of the tribe of Benjamin. He surpassed all his peers in zeal for the Jewish
law and their traditions, which he thought to be the cause of God, became one
of the most fierce enemies and persecutors of Christians. He was one of the
conspiritors in the martyrdom of St. Stephan.
After the martyrdom of
the holy deacon, the priests and magistrates of the Jews raised a violent
persecution against the church at Jerusalem, in which Saul placed himself above
the others.
In the fury of his zeal,
he appealed to the high priest and Sanhedrim for a commission to take up all
Jews at Damascus who confessed Jesus Christ, and bring them bound to Jerusalem,
that they might serve as public examples to incite terror into others.
But God was pleased to
show forth in Saul his patience and mercy: Saul was almost at the end of his
journey to Damascus, when, around noon, he and his company were surrounded by a
great light from heaven and, fell to the ground. Then Saul heard a voice, which
to him was articulate and distinct, but not understood by the rest :"Saul,
Saul, why dost thou persecute me? Christ said not: Why dost thou persecute my
disciples, but me: for it is he, their head, who is chiefly persecuted in his
servants." Saul answered: "Who art thou, Lord?" Christ said:
"Jesus of Nazareth, whom thou persecute. It is hard for thee to kick
against the goad: - to contend with one so much mightier than thyself."
There was a Christian of
distinction in Damascus, Ananius, greatly respected by the Jews for his
irreproachable life and great virtue. Christ appeared to this holy disciple,
and commanded him to go to Saul, who was at that moment in the house of Judas
at prayer. Ananias trembled at the name of Saul, being familiar with the
misdeeds he had done in Jerusalem and the errand for which he set out to
Damascus. But our Redeemer overruled his fears, and charged him a second time
to go, saying: "Go, for he is a vessel of election to carry my name before
Gentiles and kings, and the children of Israel: and I will show him how much he
has to suffer for my name. For tribulation is the test and portion of all the
true servants of Christ."
Thus a blasphemer and a
persecutor was made an apostle, and chosen to be one of the principal
instruments of God in the conversion of the world.
St. Paul never recalled
his wonderful conversion, from which have poured forth may blessings, without
raptures of gratitude and praise to the Divine and His mercy. The Church, in
thanksgiving to God for such a miracle of his grace, to commemorate so
miraculous an instance of his almighty power and to propose to penitents a
perfect model of a true conversion, has instituted this feast, which we find
mentioned in several calendars and missals of the eighth and ninth centuries,
and which Pope Innocent III commanded to be observed with great solemnity.
SOURCE : http://www.catholicnewsagency.com/saint.php?n=127
St.
Petrus und Paulus (Augsburg-Inningen) vorderes Langhaus-Deckenfresko
Golden
Legend – Conversion of Saint Paul
Article
Of the Conversion of
Saint Paul and of the name of conversion.
Conversion is said
of convertor, I am turned, or is as much as together turned from sins and
evils. He is not converted that shriveth him to the priest of
one sin and hideth another. It is said conversion, for Saint Paul this day was
converted to the faith leaving his vices. Why he is said Paul, it shall be said
afterward.
Of the Conversion of
Saint Paul.
The conversion of Saint
Paul was made the same year that Christ suffered his passion, and Saint Stephen
was stoned also, not in the year natural, but appearing. For our Lord suffered
death the eighth calends of April, and Saint Stephen suffered death the same
year, the third day of August and was stoned. And Saint Paul was converted the
eighth calends of February. And three reasons been assigned wherefore the
conversion of Saint Paul is hallowed more than of other saints.
First for the ensample,
because that no sinner, whatsomever he be, should despair of pardon when he
seeth him that was in so great sin to be in so great joy. Secondly for the joy,
for like as the church had great sorrow in this persecution, so had she great
joy in his conversion. Thirdly, for the miracle that our Lord showed when of
one so cruel a persecutor was made so true a preacher. The conversion of him
was marvellous by reason of him that made him, and of him that ordained him,
and of the patient that suffered it. By reason of him that made him to be
converted, that was Jesu Christ, which showed there his marvellous puissance in
that he said: It is hard for thee to strive against the alle or pricks; and in
that he changed him so suddenly, for anon as he was changed he said: Lord what
wilt thou that I do? Upon this word saith Saint Austin: The lambs slain of the
wolves have made of a wolf a lamb, for he was ready for to obey, that tofore
was wood for to persecute. Secondly, he showed his marvellous wisdom. His
marvellous wisdom was in that he took from him the swelling of pride in
offering to him the inward things of humility and not the height of majesty.
For he said I am Jesus of Nazareth, and he called not himself God ne the son of
God, but he said to him, take thine infirmities of humanity and cast away the
squames of pride. Thirdly, he showed his pitiful debonairty and mercy, which is
signified in that that he that was in deed and in will to persecute, he
converted, how be it he had evil will, as he that desired all the menaces and
threatenings, and had evil purpose; as he that went to the prince of priests;
as he that had a joy in his evil works that he led the christian men bound to
Jerusalem. And therefore his journey and voyage was right evil, and yet
nevertheless by the mercy of God was he converted. Secondly the conversion was
marvellous of him that ordained it, that is of the light that he ordained in
his conversion. And it is said that this light was dispositive, sudden, and
celestial, and this light of heaven advironed him suddenly. Paul had in him
these vices. The first was hardiness, which is noted when it is said that he
went to the prince of the priests,
and as the gloss saith, not called, but by his own will and envy that enticed
him. The second was pride, and that is signified by that he desired and sighed
the menaces and threatenings. The third was the intent carnal, and the
understanding that he had in the law, whereof the gloss saith upon that word: I
am Jesus, etc. I God of heaven speak, the which thou supposest to be dead by
the consent of the Jews. And this light divine was sudden, it was great, and
out of measure, for to throw down him that was high and proud, into the ditch
or pit of humanity; it was celestial, because it turned and changed his fleshly
understanding into celestial, or it may be said that this ordinance or
disposition was in three things; that is to wit in the voice crying, in the
light shining, and in the virtue of puissance. Thirdly, it was marvellous by
the virtue of the suffering of the patient, that is of Paul in whom the
conversion was made. For these three things were made in him withoutforth
marvellously, that it is to wit, that he was beaten to the earth, he was blind
and fasted three days, and was smitten down to the ground for to be raised. And
Saint Austin saith that he was smitten down for to be blind, for to be changed,
and for to be sent; he was sent to suffer death for truth. And yet saith Saint
Austin, he that was out of the faith was hurt for to be made believe, the
persecutor was hurt for to be made a preacher, the son of perdition was hurt
for to be made the vessel of election, and was made blind for to be illumined,
and this was as touching his dark understanding.
Then in the three days
that he abode thus blind, he was learned and informed in the gospel, for he
learned it never of man ne by man, as he himself witnesseth, but by the
revelation of Jesu Christ. And Saint Austin saith thus: I say that Saint Paul
was the very champion of Jesu Christ, taught of him, redressed of him,
crucified with him, and glorious in him. He was made lean in his flesh that his
flesh should be disposed to the effect of good operation, and from forthon his
body was established and disposed to all good. He could well suffer hunger and
abundance, and was informed and instructed in all things, and all adversities
he gladly suffered. Chrysostom saith: He overcame tormentors, tyrants, and
people full of woodness, like as flies; and the death, the torments and all the
pains that might be done to him, he counted them but as the play of children.
All them he embraced with a good will, and he was ennobled in himself to be
bound in a strong chain more than to be crowned with a crown, and received more
gladly strokes and wounds than other gifts. And it is read that in him were
three things against the three that were in our foremost father Adam, for Adam
erected and addressed him against God our Lord. and in Saint Paul was contrary
for he was thrown down to the earth. In Adam was the opening of his eyes, and
Paul was on the contrary made blind, and Adam ate of the fruit defended, and
Saint Paul contrary was abstinent of convenable meat.
SOURCE : https://catholicsaints.info/golden-legend-conversion-of-saint-paul/
Baciccio (1639-1709). La Conversion
de saint Paul, circa 1660, 41,5 x 36,5, musée des Augustins de Toulouse
The great Apostle Paul,
named Saul at his circumcision, was born at Tarsus, the capital of Cilicia, and
was by privilege a Roman citizen, to which quality a great distinction and
several exemptions were granted by the laws of the empire. He was early
instructed in the strict observance of the Mosaic law, and lived up to it in
the most scrupulous manner. In his zeal for the Jewish law, which he thought
the cause of God, he became a violent persecutor of the Christians. He was one
of those who combined to murder Saint Stephen, and in the violent persecution
of the faithful, which followed the martyrdom of the holy deacon, Saul
signalized himself above others. By virtue of the power he had received from
the high priest, he dragged the Christians out of their houses, loaded them
with chains and thrust them into prison. In the fury of his zeal he applied for
a commission to take up all Jews at Damascus who confessed Jesus Christ, and
bring them bound to Jerusalem, that they might serve as examples for the
others. But God was pleased to show forth in him His patience and mercy. While
on his way to Damascus, he and his party were surrounded by a light from
heaven, brighter than the sun, and suddenly struck to the ground. And then a
voice was heard saying, “Saul, Saul, why dost thou persecute me?” And Saul
answered, “Who art thou, Lord?” and the voice replied, “I am Jesus whom thou dost
persecute.” This mild expostulation of our Redeemer, accompanied with a
powerful interior grace, cured Saul’s pride, assuaged his rage, and wrought at
once a total change in him. Wherefore, trembling and astonished, he cried out,
“Lord, what wilt Thou have me to do?” Our Lord ordered him to arise and to
proceed on his way to the city, where he should be informed of what was
expected from him. Saul, arising from the ground, found that though his eyes
were open, he saw nothing. He was led by hand into Damascus, where he was
lodged in the house of a Jew named Judas. To this house came by divine
appointment a holy man named Ananias, who, laying his hands on Saul, said, ”
Brother Saul, the Lord Jesus who appeared to thee on thy journey, hath sent me
that thou mayest receive thy sight, and be filled with the Holy Ghost.”
Immediately something like scales fell from Saul’s eyes, and he recovered his
eyesight. Then he arose, and was baptized; he stayed some few days with the
disciples at Damascus, and began immediately to preach in the synagogues that
Jesus was the Son of God. Thus a blasphemer and a persecutor was made an
apostle, and chosen as one of God’s principal instruments in the conversion of
the world.
Reflection – Listen to
the words of the “Imitation of Christ,” and let them sink into your heart: “He
who would keep the grace of God, let him be grateful for grace when it is
given, and patient when it is taken away. Let him pray that it may be given
back to him, and be careful and humble, lest he lose it.”
SOURCE : http://saints.sqpn.com/pictorial-lives-of-the-saints-the-conversion-of-saint-paul/
Atelier
de Michael Willmann (1630-1706), Conversion
de Saint Paul, quatrième quart du XVIIe siècle, 101 x 132, Kozłówka Palace
Feast of the Conversion
of St. Paul
St. Paul’s entire life can be explained in terms of one experience—his meeting
with Jesus on the road to Damascus. In an instant, he saw that all the zeal of
his dynamic personality was being wasted, like the strength of a boxer swinging
wildly. Perhaps he had never seen Jesus, who was only a few years older. But he
had acquired a zealot’s hatred of all Jesus stood for, as he began to harass
the Church: “…entering house after house and dragging out men and women, he
handed them over for imprisonment” (Acts 8:3b). Now he himself was “entered,”
possessed, all his energy harnessed to one goal—being a slave of Christ in the
ministry of reconciliation, an instrument to help others experience the one
Savior.
One sentence determined his theology: “I am Jesus, whom you are persecuting”
(Acts 9:5b). Jesus was mysteriously identified with people—the loving group of
people Saul had been running down like criminals. Jesus, he saw, was the
mysterious fulfillment of all he had been blindly pursuing.
From then on, his only work was to “present everyone perfect in Christ. For
this I labor and struggle, in accord with the exercise of his power working
within me” (Colossians 1:28b-29). “For our gospel did not come to you in word
alone, but also in power and in the Holy Spirit and [with] much conviction” (1
Thessalonians 1:5a).
Paul’s life became a tireless proclaiming and living out of the message of the
cross: Christians die baptismally to sin and are buried with Christ; they are
dead to all that is sinful and unredeemed in the world. They are made into a
new creation, already sharing Christ’s victory and someday to rise from the
dead like him. Through this risen Christ the Father pours out the Spirit on
them, making them completely new.
So Paul’s great message to the world was: You are saved entirely by God, not by
anything you can do. Saving faith is the gift of total, free, personal and
loving commitment to Christ, a commitment that then bears fruit in more “works”
than the Law could ever contemplate.
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/conversion-of-saint-paul/
Antonio Leoni (1701-1716), Bekehrung des heiligen Paulus, Elfenbein, Bayerisches
Nationalmuseum, München
Conversion of Saint Paul,
Apostle
What an unfortunate word 'conversion' is, in pious utterances, to express one
of the most important interventions of God in history! For the conversion of
Saint Paul was, indeed, one of the most important events in the history of the
Christian Church. Neither the Indian religions nor Islam include in their most
beautiful lives of the saints or prophets or teachers the concept of such a
sudden burst of grace (with perhaps a shadow seen in the story of Siddhartha).
The Conversion on the Way
to Damascus
By Caravaggio, Santa
Maria del Popolo, Rome When Peguy spoke about the terrible bite of God that
tears like a tiger on its prey, doubtless he was thinking of Saint Paul:
"When God wants to have a soul, he has it." And he does not let loose
of it. He throws it upon the ground, blinds it with light, and defies it to
resist his spur. But he does that only with beings whose passions burn because
of rage or hatred, overwhelming that passion with its complement. Perhaps this
is why Christ says, "So, because you are lukewarm, neither hot nor cold, I
will spit you out of my mouth. For you say, 'I am rich and affluent and have no
need of anything,' and yet do not realize that you are wretched, pitiable,
poor, blind, and naked" (Rev. 3:16-17). Only the passionate can recognize
their need for God; He cannot touch the self-satisfied. And that, my friends,
is why spiritual ennui is so dangerous.
Saul of Tarsus is
passionate: first for the Law, and later for Jesus Christ. He was about 25, a
disciple of the Pharisees who arranged for Jesus' death. Like them he hated the
impostor who insulted the synagogue, cursed God in proclaiming himself the
Messiah, seduced the common people, and preached the scorn of ancestors.
But Saul was not
satisfied with bitter polemics. For him it is a battle to the death; prison and
torture are the only means of exterminating the hateful race of followers of
The Way. He relished the murder of Stephen (Acts 6:8-8:1). He is given complete
authority; not satisfied with complaints and delays, he personally pursues all
those already labeled with the infamous name of Jesus. One would say he was
burning up with the curse of God. He went farther even than the wickedness of
those who delivered Jesus to the Romans.
But the inconceivable
triumph of God, seeking the man who would be capable of confronting at the same
time the synagogue, Greek wisdom, and the power of Rome, tears him from the
heart of the enemy and places His own heart within him.
The accounts by Luke
(Acts 9 and 26) and Paul himself (Acts 22) bear witness that it is in thunder
and lightning that God takes possession of Saul on his hatred-march to
Damascus. He knocks him over, blinds him, and in a heart-rending voice says:
"Saul, Saul, why do you persecute me?" The reply: "But who are
you?" And the mysterious voice which instills both fear and love: "It
is I, Jesus, whom you pursue. And you cannot resist my spurs." Saul is
hurt. In fact, he cannot resist. Saul says: "Lord, what do you want me to
do?" And Jesus replies: "Arise, go into the city and there you will
be told what to do."
Paul's conversion was
remarkable considering he had been Christianity's bitterest critic and most
formidable opponent.
"You have heard of
my manner of life," he says, "how that beyond measure I persecuted
the Church of God, and made havoc of it." Through all his life he must
have been haunted by the look in the eyes of the dying Stephen for whose death
he had been primarily responsible. Paul gave the infant Church leadership and
direction, planned its strategy, dispatched its missionaries across the
frontiers, and consolidated the work of our Lord. Confronted with growing
numbers and widely scattered and unorganized groups, he gave it shape and
coherence, without which its work and witness might never have survived.
In the Acts of the
Apostles we have the story of the expansion of Christianity under his vigorous
and brilliant leadership. It is the story of the march of the early Church on
Rome, the heart of the Empire, and from Rome to the ends of the earth. And
though Saint Paul entered Rome in chains, it was a triumphal march, for from
that hour Christianity never looked back, and became the faith of the Western
world.
An aristocrat by nature,
with a trained and powerful intellect, claiming the birthright of a Roman
citizen (Acts 22:28) yet brought up in the strictest tradition of Judaism (Acts
26:5; 22:3), Paul, with his composite background and character, brought to his
new life a rich and versatile contribution. He had tremendous moral passion,
spiritual drive, and earnestness, and was a man of profound conviction and with
a strong sense of destiny. Christianity could not have found a more devoted or
gifted advocate than this converted Jew, but his power and personality were far
too formidable for the authorities and he was brought to Rome like a lion in
chains.
So we come to his last
letter, written to Timothy, his younger lieutenant, with its appeal to stand
fast in the faith, and its grim reminder of his approaching fate. He knew that
Nero, that soulless monster, would have no mercy. And he was right; for the
Emperor, to divert attention from his own corrupt and unpopular follies, later
fell upon the Christians who became the victims of his fury, smearing them with
pitch, burning them as torches, feeding them to the lions.
"For I am already
being offered and the time of my departure has come. I have fought the good
fight, I have finished the course, I have kept the faith. The Lord will deliver
me from every evil work and will save me unto his heavenly kingdom, to whom be
the glory for ever and ever."
In his loneliness he longed
for the company of Timothy. "Do your best to come quickly." But it is
doubtful if Timothy ever reached him, for the end came all too quickly, and
there was no reprieve. In the early morning he was led out of the city, an
ambassador still in chains, and by the roadside, hemmed in by Roman soldiers,
he paid the penalty of his faith, the greatest Roman of them all (Attwater,
Bentley, Butler, Encyclopedia, Gill).
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0125.shtml
Conversion de Saint Paul, bas relief dans le tympan de l’Église Saint-Paul de Lyon, XIXème siècle
Conversion
de Saint Paul, bas relief dans le tympan de l’Église Saint-Paul de Lyon, XIXème
siècle
THIS great apostle was a Jew, of the tribe of Benjamin. At his circumcision, on the eighth day after his birth, he received the name of Saul. His father was by sect a Pharisee, and a denizen of Tarsus, the capital of Cilicia: which city had shown a particular regard for the cause of the Cæsars; on which account Cassius deprived it of its privileges and lands; but Augustus, when conqueror, made it ample amends by honouring it with many new privileges, and with the freedom of Rome, as we read in the two Dions and Appian. Hence St. Paul, being born at Tarsus, was by privilege a Roman citizen, to which quality a great distinction and several exemptions were granted by the laws of the empire. 1 His parents sent him young to Jerusalem, where he was educated and instructed in the strictest observance of the law of Moses, by Gamaliel, 2 a learned and noble Jew, and probably a member of the Sanhedrim; and was a most scrupulous observer of it in every point. He appeals even to his enemies to bear evidence how conformable to it his life had been in every respect. 3 He embraced the sect of the Pharisees, which was of all others the most severe, though by its pride the most opposite to the humility of the gospel. 4 It was a rule among the Jews that all their children were to learn some trade with their studies, were it but to avoid idleness, and to exercise the body, as well as the mind, in something serious. 5 It is therefore probable that Saul learned in his youth the trade which he exercised even after his apostleship, of making tents. 6
Saul, surpassing all his equals in zeal for the Jewish law and their traditions, which he thought the cause of God, became thereby a blasphemer, a persecutor, and the most outrageous enemy of Christ. 7 He was one of those who combined to murder St. Stephen, and by keeping the garments of all who stoned that holy martyr, he is said by St. Austin to have stoned him by the hands of all the rest; 8 to whose prayers for his enemies he ascribes the conversion of St. Paul: 9 “If Stephen,” said he, “had not prayed, the church would never have had St. Paul.”
After the martyrdom of the holy deacon, the priests and magistrates of the Jews raised a violent persecution against the church at Jerusalem, in which Saul signalized himself above others. By virtue of the power he had received from the high priest, he dragged the Christians out of their houses, loaded them with chains, and thrust them into prison. 10 He procured them to be scourged in the synagogues, and endeavoured by torments to compel them to blaspheme the name of Christ. And as our Saviour had always been represented by the leading men of the Jews as an enemy to their law, it was no wonder that this rigorous Pharisee fully persuaded himself that he ought to do many things contrary to the name of Jesus of Nazareth. 11 By the violences he committed, his name became every where a terror to the faithful. The persecutors not only raged against their persons, but also seized their estates and what they possessed in common, 12 and left them in such extreme necessity, that the remotest churches afterwards thought it incumbent on them to join in charitable contributions to their relief. All this could not satisfy the fury of Saul, he breathed nothing but threats and the slaughter of the other disciples. 13 Wherefore, in the fury of his zeal, he applied to the high priest and Sanhedrim for a commission to take up all Jews at Damascus who confessed Jesus Christ, and bring them bound to Jerusalem, that they might serve as public examples for the terror of others. But God was pleased to show forth in him his patience and mercy; and, moved by the prayers of St. Stephen and his other persecuted servants, for their enemies, changed him, in the very heat of his fury, into a vessel of election, and made him a greater man in his church by the grace of the apostleship, than St. Stephen had ever been, and a more illustrious instrument of his glory. He was almost at the end of his journey to Damascus, when, about noon, he and his company were on a sudden surrounded by a great light from heaven, brighter than the sun. 14 They all saw the light, and being struck with amazement fell to the ground. Then Saul heard a voice, which to him was articulate and distinct; but not understood, 15 though heard by the rest: Saul, Saul, why dost thou persecute me? Christ said not: Why dost thou persecute my disciples, but me: for it is he, their head, who is chiefly persecuted in his servants. Saul answered: Who art thou, Lord? Christ said: Jesus of Nazareth, whom thou persecutest. It is hard for thee to kick against the goad: “to contend with one so much mightier than thyself. By persecuting my church you make it flourish, and only prick and hurt yourself.” This mild expostulation of our Redeemer, accompanied with a powerful interior grace, strongly affecting his soul, cured his pride, assuaged his rage, and wrought at once a total change in him. Wherefore, trembling and astonished, he cried out: Lord, what wilt thou have me to do? What to repair the past? What to promote your glory? I make a joyful oblation of myself to execute your will in every thing, and to suffer for your sake afflictions, disgraces, persecutions, torments, and every sort of death. The true convert expressed this, not in a bare form of words, nor with faint languid desires, nor with any exception lurking in the secret recesses of his heart; but with an entire sacrifice of himself, and an heroic victory over the world with its frowns and charms, over the devils with their snares and threats, and over himself and all inclinations of self-love; devoting himself totally to God. A perfect model of a true conversion, the greatest work of almighty grace! Christ ordered him to arise and proceed on his journey to the city, where he should be informed of what he expected from him. Christ would not instruct him immediately by himself, but, St. Austin observes, 16 sent him to the ministry 17 which he had established in his church, to be directed in the way of salvation by those whom he had appointed for that purpose. He would not finish the conversion and instruction of this great apostle, whom he was pleased to call in so wonderful a manner, but by remitting him to the guidance of his ministers; showing us thereby that his holy providence has so ordered it, that all who desire to serve him, should seek his will by listening to those whom he has commanded us to hear, and whom he has sent in his own name and appointed to be our guides. So perfectly would he abolish in his servants all self-confidence and presumption, the source of error and illusion. The convert, rising from the ground, found that, though his eyes were open, he saw nothing. Providence sent this corporal blindness to be an emblem of the spiritual blindness in which he had lived, and to signify to him that he was henceforward to die to the world, and learn to apply his mind totally to the contemplation of heavenly things.
He was led by the hand into Damascus, whither Christ seemed to conduct him in triumph. He was lodged in the house of a Jew named Judas, where he remained three days blind, and without eating or drinking. He, doubtless, spent his time in great bitterness of soul, not yet knowing what God required of him. With what anguish he bewailed his past blindness and false zeal against the church, we may conjecture both from his taking no nourishment during those three days, and from the manner in which he ever after remembered and spoke of his having been a blasphemer and a persecutor. Though the entire reformation of his heart was not gradual, as in ordinary conversions; but miraculous in the order of grace, and perfect in a moment; yet a time of probation and a severe interior trial (for such we cannot doubt that he went through on this occasion) was necessary to crucify the old man and all other earthly sentiments in his heart, and to prepare it to receive the extraordinary graces which God designed him. There was a Christian of distinction in Damascus, much respected by the Jews for his irreproachable life and great virtue; his name was Ananias. Christ appeared to this holy disciple, and commanded him to go to Saul who was then in the house of Judas at prayer: Ananias trembled at the name of Saul, being no stranger to the mischief he had done in Jerusalem, or to the errand on which he was set out to Damascus. But our Redeemer over-ruled his fears, and charged him a second time to go to him, saying: Go, for he is a vessel of election to carry my name before Gentiles and kings, and the children of Israel; and I will show him how much he has to suffer for my name. Tribulation is the test and portion of all the true servants of Christ. Saul in the mean time saw in a vision a man entering, and laying his hands upon him, to restore his sight. Ananias, obeying the divine order, arose, went to Saul, and laying his hands upon him, said: Brother Saul, the Lord Jesus who appeared to thee on thy journey, hath sent me that thou mayest receive thy sight, and be filled with the Holy Ghost. Immediately something like scales fell from his eyes, and he recovered his eye-sight. Ananias added: The God of our fathers hath chosen thee that thou shouldst know his will and see the just one, and shouldst hear the voice from his mouth: and thou shalt be his witness unto all men to publish what thou hast seen and heard. Arise therefore, be baptized and washed from thy sins, invoking the name of the Lord. Saul then arose, was baptized, and took some refreshment. He staid some few days with the disciples at Damascus, and began immediately to preach in the synagogues, that Jesus was the Son of God, to the great astonishment of all who heard him, who said: Is not this he who persecuted at Jerusalem, those who invoked the name of Jesus, and who is come hither to carry them away prisoners? Thus a blasphemer and a persecutor was made an apostle, and chosen to be one of the principal instruments of God in the conversion of the world.
St. Paul never recalled to mind this his wonderful conversion, without raptures of gratitude and praise to the divine mercy. The church in thanksgiving to God for such a miracle of his grace, from which it has derived such great blessings, and to commemorate so miraculous an instance of his Almighty power, and to propose to penitents a perfect model of a true conversion, has instituted this festival which we find mentioned in several calendars and missals of the eighth and ninth centuries, and which Pope Innocent III. commanded to be observed with great solemnity. It was for some time kept a holyday of obligation in most churches in the West; and we read it mentioned as such in England in the council of Oxford in 1222, in the reign of king Henry III. 18
Note 1. Acts xxi. 29. xxii. 3. [back]
Note 2. Ibid. xxii. 3. [back]
Note 3. Ibid. xxvi. 4. [back]
Note 4. Ibid. xxvi. 5. [back]
Note 5. Rabbi Juda says, “That a parent, who neglects his duty, is as criminal as if he taught his son to steal.” See Grotius and Sanctius on Acts xviii. 3. [back]
Note 6. Those tents were for the use of soldiers and mariners, and were made of skins sewn together. Some think that his business was that of making tapestry and hangings for theatres. [back]
Note 7. Gal. i. 14. [back]
Note 8. Serm. 301. [back]
Note 9. Ibid. 116. c. 4. Acts vi. [back]
Note 10. Acts viii. 3. xxii. 4. xxvi. 10. [back]
Note 11. Acts xxvi. 9. [back]
Note 12. Heb. x. 32. [back]
Note 13. Acts x. 1. [back]
Note 14. Acts ix. xxii. xxvi. [back]
Note 15. So the Greek word [Greek] is often used in scripture, as 1 Cor. xiv. 2. And thus the text is very reconcilable with Acts xxii. 9. [back]
Note 16. Qu. Evang. l. 2. c. 40. et. præf l. de doctr. Christ. p. 32. [back]
Note 17. St. Austin doubts not but Ananias was a bishop, or at least a priest. The Greeks give him a place in their calendar on the 1st of October, and style him bishop of Damascus and martyr. [back]
Note 18. Conc. Labbe, T. xi. p. 274. [back]
Rev. Alban Butler (1711–73). Volume I: January. The Lives of the Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/1/251.html
Antonio Tempesta (1555–1630), Conversione
di San Paolo, eau-forte, circa 1550, 36 x 53
Conversione di San Paolo
Apostolo
La conversione di Paolo
che siamo chiamati a celebrare e a vivere, esprime la potenza della grazia che
sovrabbonda dove abbonda il peccato. La svolta decisiva della sua vita si
compie sulla via di Damasco, dive egli scopre il mistero della passione di
Cristo che si rinnova nelle sue membra. Egli stesso perseguitato per Cristo
dirà: ‘Completo nella mia carne quello che manca ai patimenti di Cristo, a favore
del suo corpo che è la Chiesa’. Questa celebrazione, già presente in Italia nel
sec. VIII, entrò nel calendario Romano sul finire del sec. X. Conclude in modo
significativo la settimana dell’unità dei cristiani, ricordando che non c’è
vero ecumenismo senza conversione (cfr Conc. Vat. II, Decreto sull’ecumenismo
‘Unitatis redintegratio’, 7). (Mess. Rom.)
Martirologio
Romano: Festa della Conversione di san Paolo Apostolo, al quale, mentre
percorreva la via di Damasco spirando ancora minacce e stragi contro i
discepoli del Signore, Gesù in persona si manifestò glorioso lungo la strada
affinché, colmo di Spirito Santo, annunciasse il Vangelo della salvezza alle
genti, patendo molto per il nome di Cristo.
La festa liturgica della "conversiti sancti Pauli", che appare già nel VI secolo, è propria della Chiesa latina. Poiché il martirio dell'apostolo delle Genti viene commemorato a giugno, la celebrazione odierna offre l'opportunità di considerare da vicino la poliedrica figura dell'Apostolo per eccellenza, che scrisse di se stesso: "Io ho lavorato più di tutti gli altri apostoli", ma anche: "io sono il minimo fra gli apostoli, un aborto, indegno anche d'essere chiamato apostolo".
Adduce egli stesso le credenziali che gli garantiscono il buon diritto di essere considerato apostolo: egli ha visto il Signore, Cristo Risorto, ed è, perciò, testimone della risurrezione; egli pure è stato inviato direttamente da Cristo, come i Dodici: visione, vocazione, missione, tre requisiti che egli possiede, per i quali quel miracolo della grazia avvenuto sulla via di Damasco, dove Cristo lo costringe a una incondizionata capitolazione, sicché egli grida: "Signore, che vuoi che io faccia?". Nelle parole di Cristo è rivelato il segreto della sua anima: "Ti è duro ricalcitrare contro il pungolo". E’ vero che Saulo cercava "in tutte le sinagoghe di costringere i cristiani con minacce a bestemmiare", ma egli lo faceva in buona fede e quando si agisce per amore di Dio, il malinteso non può durare a lungo. Affiora l'inquietudine, cioè "il pungolo" della grazia, il guizzo della luce di verità: "Chi sei tu, Signore?"; "Io sono Gesù che tu perseguiti". Questa mistica irruzione di Cristo nella vita di Paolo è il crisma del suo apostolato e la scintilla che gli svelerà la mirabile verità della inscindibile unità di Cristo con i credenti.
Questa esperienza di Cristo alle porte di Damasco, che egli paragona con l'esperienza pasquale dei Dodici e con il fulgore della prima luce della creazione, sarà il "leit motiv" della sua predicazione orale e scritta. Le quattordici lettere che ci sono pervenute, ognuna delle quali mette a nudo la sua anima con rapide accensioni, ci fanno intravedere il miracolo della grazia operato sulla via di Damasco, incomprensibile per chi voglia cercarne una spiegazione puramente psicologica, ricorrendo magari all'estasi religiosa o, peggio, all'allucinazione.S. Paolo trarrà dalla sua esperienza questa consolante conclusione: "Gesù è venuto nel mondo per salvare i peccatori, dei quali io sono il primo. Appunto per questo ho trovato misericordia. In me specialmente ha voluto Gesù Cristo mostrare tutta la sua longanimità, affinché io sia di esempio per coloro che nella fede in Lui otterranno d'ora innanzi la vita eterna".
Autore: Piero Bargellini
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/20700
Le
Tintoret (1519–1594), The Conversion of Saul, circa 1545, National Gallery of Art, Washington
BENEDETTO XVI
UDIENZA GENERALE
Aula Paolo VI
Mercoledì, 3 settembre
2008
San Paolo (3)
La
"conversione" di San Paolo
Cari fratelli e sorelle,
la catechesi di oggi sarà
dedicata all’esperienza che san Paolo ebbe sulla via di Damasco e quindi a
quella che comunemente si chiama la sua conversione. Proprio sulla strada di
Damasco, nei primi anni 30 del secolo I°, e dopo un periodo in cui aveva
perseguitato la Chiesa, si verificò il momento decisivo della vita di Paolo. Su
di esso molto è stato scritto e naturalmente da diversi punti di vista. Certo è
che là avvenne una svolta, anzi un capovolgimento di prospettiva. Allora egli,
inaspettatamente, cominciò a considerare “perdita” e “spazzatura” tutto ciò che
prima costituiva per lui il massimo ideale, quasi la ragion d'essere della sua
esistenza (cfr Fil 3,7-8).
Che cos’era successo?
Abbiamo a questo
proposito due tipi di fonti. Il primo tipo, il più conosciuto, sono i racconti
dovuti alla penna di Luca, che per ben tre volte narra l’evento negli Atti
degli Apostoli (cfr 9,1-19; 22,3-21; 26,4-23).
Il lettore medio è forse tentato di fermarsi troppo su alcuni dettagli, come la
luce dal cielo, la caduta a terra, la voce che chiama, la nuova condizione di
cecità, la guarigione come per la caduta di squame dagli occhi e il digiuno. Ma
tutti questi dettagli si riferiscono al centro dell’avvenimento: il Cristo
risorto appare come una luce splendida e parla a Saulo, trasforma il suo
pensiero e la sua stessa vita. Lo splendore del Risorto lo rende cieco: appare
così anche esteriormente ciò che era la sua realtà interiore, la sua cecità nei
confronti della verità, della luce che è Cristo. E poi il suo definitivo “sì” a
Cristo nel battesimo riapre di nuovo i suoi occhi, lo fa realmente vedere.
Nella Chiesa antica il
battesimo era chiamato anche “illuminazione”, perché tale sacramento dà la
luce, fa vedere realmente. Quanto così si indica teologicamente, in Paolo si
realizza anche fisicamente: guarito dalla sua cecità interiore, vede bene. San
Paolo, quindi, è stato trasformato non da un pensiero ma da un evento, dalla
presenza irresistibile del Risorto, della quale mai potrà in seguito dubitare
tanto era stata forte l’evidenza dell’evento, di questo incontro. Esso cambiò
fondamentalmente la vita di Paolo; in questo senso si può e si deve parlare di
una conversione. Questo incontro è il centro del racconto di san Luca, il quale
è ben possibile che abbia utilizzato un racconto nato probabilmente nella
comunità di Damasco. Lo fa pensare il colorito locale dato dalla presenza di
Ananìa e dai nomi sia della via che del proprietario della casa in cui Paolo
soggiornò (cfr At 9,11).
Il secondo tipo di fonti
sulla conversione è costituito dalle stesse Lettere di san Paolo.
Egli non ha mai parlato in dettaglio di questo avvenimento, penso perché poteva
supporre che tutti conoscessero l’essenziale di questa sua storia, tutti
sapevano che da persecutore era stato trasformato in apostolo fervente di
Cristo. E ciò era avvenuto non in seguito ad una propria riflessione, ma ad un
evento forte, ad un incontro con il Risorto. Pur non parlando dei dettagli,
egli accenna diverse volte a questo fatto importantissimo, che cioè anche lui è
testimone della risurrezione di Gesù, della quale ha ricevuto immediatamente da
Gesù stesso la rivelazione, insieme con la missione di apostolo. Il testo più
chiaro su questo punto si trova nel suo racconto su ciò che costituisce il
centro della storia della salvezza: la morte e la risurrezione di Gesù e le
apparizioni ai testimoni (cfr. 1
Cor 15). Con parole della tradizione antichissima, che anch’egli ha
ricevuto dalla Chiesa di Gerusalemme, dice che Gesù morto crocifisso, sepolto,
risorto apparve, dopo la risurrezione, prima a Cefa, cioè a Pietro, poi ai
Dodici, poi a cinquecento fratelli che in gran parte in quel tempo vivevano
ancora, poi a Giacomo, poi a tutti gli Apostoli. E a questo racconto ricevuto
dalla tradizione aggiunge: “Ultimo fra tutti apparve anche a me” (1
Cor 15,8). Così fa capire che questo è il fondamento del suo
apostolato e della sua nuova vita. Vi sono pure altri testi nei quali appare la
stessa cosa: “Per mezzo di Gesù Cristo abbiamo ricevuto la grazia
dell'apostolato” (cfr Rm 1,5);
e ancora: “Non ho forse veduto Gesù, Signore nostro?” (1
Cor 9,1), parole con le quali egli allude ad una cosa che tutti sanno.
E finalmente il testo più diffuso si legge in Gal 1,15-17:
“Ma quando colui che mi scelse fin dal seno di mia madre e mi chiamò con la sua
grazia si compiacque di rivelare a me suo Figlio perché lo annunziassi in mezzo
ai pagani, subito, senza consultare nessun uomo, senza andare a Gerusalemme da
coloro che erano apostoli prima di me, mi recai in Arabia e poi ritornai a
Damasco”. In questa “autoapologia” sottolinea decisamente che anche lui è vero
testimone del Risorto, ha una propria missione ricevuta immediatamente dal
Risorto.
Possiamo così vedere che
le due fonti, gli Atti degli Apostoli e le Lettere di san Paolo, convergono e
convengono sul punto fondamentale: il Risorto ha parlato a Paolo, lo ha
chiamato all’apostolato, ha fatto di lui un vero apostolo, testimone della
risurrezione, con l’incarico specifico di annunciare il Vangelo ai pagani, al
mondo greco-romano. E nello stesso tempo Paolo ha imparato che, nonostante
l’immediatezza del suo rapporto con il Risorto, egli deve entrare nella
comunione della Chiesa, deve farsi battezzare, deve vivere in sintonia con gli
altri apostoli. Solo in questa comunione con tutti egli potrà essere un vero
apostolo, come scrive esplicitamente nella prima Lettera ai Corinti: “Sia io
che loro così predichiamo e così avete creduto” (15,
11). C’è solo un annuncio del Risorto, perché Cristo è uno solo.
Come si vede, in tutti
questi passi Paolo non interpreta mai questo momento come un fatto di
conversione. Perché? Ci sono tante ipotesi, ma per me il motivo è molto
evidente. Questa svolta della sua vita, questa trasformazione di tutto il suo
essere non fu frutto di un processo psicologico, di una maturazione o
evoluzione intellettuale e morale, ma venne dall’esterno: non fu il frutto del
suo pensiero, ma dell’incontro con Cristo Gesù. In questo senso non fu
semplicemente una conversione, una maturazione del suo “io”, ma fu morte e
risurrezione per lui stesso: morì una sua esistenza e un’altra nuova ne nacque
con il Cristo Risorto. In nessun altro modo si può spiegare questo rinnovamento
di Paolo. Tutte le analisi psicologiche non possono chiarire e risolvere il
problema. Solo l'avvenimento, l'incontro forte con Cristo, è la chiave per
capire che cosa era successo: morte e risurrezione, rinnovamento da parte di
Colui che si era mostrato e aveva parlato con lui. In questo senso più profondo
possiamo e dobbiamo parlare di conversione. Questo incontro è un reale
rinnovamento che ha cambiato tutti i suoi parametri. Adesso può dire che ciò
che prima era per lui essenziale e fondamentale, è diventato per lui
“spazzatura”; non è più “guadagno”, ma perdita, perché ormai conta solo la vita
in Cristo.
Non dobbiamo tuttavia
pensare che Paolo sia stato così chiuso in un avvenimento cieco. È vero il
contrario, perché il Cristo Risorto è la luce della verità, la luce di Dio
stesso. Questo ha allargato il suo cuore, lo ha reso aperto a tutti. In questo
momento non ha perso quanto c'era di bene e di vero nella sua vita, nella sua
eredità, ma ha capito in modo nuovo la saggezza, la verità, la profondità della
legge e dei profeti, se n'è riappropriato in modo nuovo. Nello stesso tempo, la
sua ragione si è aperta alla saggezza dei pagani; essendosi aperto a Cristo con
tutto il cuore, è divenuto capace di un dialogo ampio con tutti, è divenuto
capace di farsi tutto a tutti. Così realmente poteva essere l'apostolo dei pagani.
Venendo ora a noi stessi,
ci chiediamo che cosa vuol dire questo per noi? Vuol dire che anche per noi il
cristianesimo non è una nuova filosofia o una nuova morale. Cristiani siamo
soltanto se incontriamo Cristo. Certamente Egli non si mostra a noi in questo
modo irresistibile, luminoso, come ha fatto con Paolo per farne l'apostolo di
tutte le genti. Ma anche noi possiamo incontrare Cristo, nella lettura della
Sacra Scrittura, nella preghiera, nella vita liturgica della Chiesa. Possiamo
toccare il cuore di Cristo e sentire che Egli tocca il nostro. Solo in questa
relazione personale con Cristo, solo in questo incontro con il Risorto
diventiamo realmente cristiani. E così si apre la nostra ragione, si apre tutta
la saggezza di Cristo e tutta la ricchezza della verità. Quindi preghiamo il
Signore perché ci illumini, perché ci doni nel nostro mondo l'incontro con la
sua presenza: e così ci dia una fede vivace, un cuore aperto, una grande carità
per tutti, capace di rinnovare il mondo.
Saluti:
Je suis heureux de vous
accueillir chers pèlerins francophones. A l’exemple de saint Paul laissez-vous
saisir par le Christ. C’est en lui que se trouve le sens ultime de votre vie.
Vous aussi, soyez des témoins ardents du Sauveur des hommes, parmi vos frères
et vos sœurs. Que Dieu vous bénisse !
I welcome all the
English-speaking visitors present at today’s Audience including the Missionary
Sisters Servants of the Holy Spirit and a group of Maltese altar boys currently
serving in Saint Peter’s Basilica. May your visit to Rome strengthen your
commitment to share the Good News of Jesus Christ. Upon all of you, I invoke
God’s abundant blessings of joy and peace.
Ein frohes „Grüß Gott“
sage ich allen deutschsprachigen Pilgern und Besuchern, besonders den
Kirchenchören aus der Diözese Eichstätt mit ihrem Bischof. In diesem Paulusjahr
lade ich euch alle ein, den Spuren des großen Apostels nachzugehen, seine
Briefe zu lesen und zu meditieren und auch die an ihn erinnernden Orte, von
denen einige sich in Rom befinden, zu besuchen. Der Herr geleite euch auf euren
Wegen!
Ao saudar cordialmente
todos os peregrinos e visitantes de língua portuguesa, dou as boas-vindas, em
particular:
- ao grupo de Escuteiros
das Paróquias de São Pedro e Santa Maria de Óbidos, e aos visitantes vindos de
Portugal: faço votos por que a Mãe do Redentor vos ilumine e vos conforte com a
sua intercessão na caminhada da fé;
- por fim desejo muitas
felicidades, com a certeza das minhas preces, ao grupo da Inspetoria salesiana
de Manaus e a todos os visitantes que vieram do Brasil para ajoelhar-se junto
ao túmulo de São Pedro.
Possa também este Ano
Paulino estimular todos a seguirem os vestígios do Apóstolo das Gentes, na
procura constante e irrenunciável de Jesus Cristo, nosso Salvador. Com a minha
Bênção Apostólica.
Saludo a los peregrinos
de lengua española, en particular, a los fieles de la Parroquia de la
Resurrección del Señor, de Madrid, y de San Pablo Apóstol, de Managua, así como
a los profesores y alumnos del Colegio “The Mackay School”, de Viña del Mar.
Que Dios os bendiga.
Saluto in lingua polacca:
Pozdrawiam obecnych tu
Polaków. Św. Paweł u bram Damaszku przeżył spotkanie z Chrystusem. To
doświadczenie dało początek jego apostolskiej misji. Za jego wstawiennictwem
proszę Boga, abyśmy wszyscy umieli dostrzegać Chrystusa obecnego w naszym życiu
i byśmy byli Jego świadkami. Niech Bóg wam błogosławi.
Traduzione italiana:
Saluto i polacchi qui
presenti. San Paolo incontrò Cristo alle porte di Damasco. Quest’esperienza ha
dato l’inizio alla sua missione apostolica. Per la sua intercessione chiedo a
Dio che noi tutti sappiamo riconoscere il Cristo presente nella nostra vita,
diventandone suoi testimoni. Dio vi benedica.
Saluto in lingua ceca:
Srdečně vítám poutníky z
Olbramic!
Přicestovali jste do
Říma, kde se od nepaměti scházejí křesťané z celého světa, aby se jim před
Petrovým nástupcem dostalo utvrzení ve víře. Kéž Bůh osvěcuje vaši životní pouť
darem hluboké a pevné víry.
K tomu vám rád žehnám!
Chvála Kristu!
Traduzione italiana:
Un cordiale benvenuto ai
pellegrini di Olbramice.
Siete giunti qui a Roma,
dove da tempi immemorabili i cristiani di tutto il mondo vengono a
riconfermarsi nella fede davanti al Successore di Pietro. Possa Iddio
illuminare sempre il vostro pellegrinaggio della vita con il dono di una
profonda e solida fede!
Con questi voti,
volentieri vi benedico! Sia lodato Gesù Cristo!
Saluto in lingua
slovacca:
S láskou pozdravujem
slovenských pútnikov z Košíc, Bojníc a Dolných Krškan.
Bratia a sestry, v týchto
dňoch sa začína nový školský rok. Vyprosujme si od Ducha Svätého jeho vzácne
dary, predovšetkým pravú múdrosť. S týmto želaním vás žehnám.
Pochválený buď Ježiš
Kristus!
Traduzione italiana:
Saluto con affetto i
pellegrini slovacchi provenienti da Košice, Bojnice e Dolné Krškany.
Fratelli e sorelle, in questi giorni inizia il nuovo anno scolastico.
Imploriamo dallo Spirito Santo i suoi preziosi doni, specialmente la vera
sapienza. Con questo desiderio vi benedico.
Sia lodato Gesù Cristo!
Saluto in lingua
ungherese:
Isten hozta a magyar
zarándokokat, különösen is a Győri Énekkar csoportját. Szép éneketek legyen
Isten dicsőségére és az emberek örömére.
Apostoli áldásommal.
Dicsértessék a Jézus Krisztus!
Traduzione italiana:
Rivolgo un saluto ai
pellegrini ungheresi, particolarmente ai Membri del Coro della città di Győr.
Il vostro bel canto sia alla gloria di Dio ed alla gioia degli uomini.
Con la Benedizione
Apostolica. Sia lodato Gesù Cristo!
* * *
Rivolgo un cordiale
saluto ai pellegrini di lingua italiana. In particolare, ai religiosi e alle
religiose, figli spirituali di don Orione, che ricordano quest’anno
significative ricorrenze giubilari, come pure ai Missionari del Pontificio
Istituto Missioni estere. Cari fratelli e sorelle, vi accolgo volentieri ed
auspico di cuore che il vostro pellegrinaggio apporti frutti di bene a voi ed
alle vostre comunità. Saluto inoltre i fedeli del Duomo di Oderzo e quelli del
Santuario Santi Cosma e Damiano, in Eboli. Cari amici, la sosta presso la tomba
di Pietro vi rafforzi nella fede cosicché, di ritorno alle vostre case,
possiate rendere testimonianza dell’esperienza spirituale vissuta in questi
giorni.
Saluto infine
i giovani, i malati e gli sposi novelli. Cari giovani,
riprendendo dopo le vacanze le consuete attività quotidiane, tornate al ritmo
regolare del vostro intimo dialogo con Dio, diffondendo con la vostra
testimonianza la sua luce attorno a voi. Voi, cari malati, trovate
sostegno e conforto in Gesù, che continua la sua opera di redenzione nella vita
di ogni uomo. E voi, cari sposi novelli, sforzatevi di mantenere un
contatto costante con il Signore che dona la salvezza a tutti e attingete al
suo amore perché anche il vostro sia sempre più saldo e duraturo.
© Copyright 2008 -
Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/it/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080903.html
Eero Järnefelt (1863–1937). Saulin
kääntyminen, Eero Järnefeltin maalaama Helsingin Johanneksenkirkon
alttaritaulu, 1932
Voir aussi : http://bible.org/seriespage/conversion-saul-acts-91-31
http://www.americancatholic.org/features/saints/saint.aspx?id=1271
http://www.thinkingfaith.org/articles/20110125_1.htm
http://books.google.ca/books?id=iJXHWQPeUEQC&pg=PA213&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false