En la solennité de l’Epiphanie, l’Eglise continue à contempler et à célébrer le mystère de la naissance de Jésus sauveur. La fête d’aujourd’hui souligne en particulier la destination et la signification universelles de cette naissance. Se faisant homme dans le sein de Marie, le Fils de Dieu est venu non seulement pour le peuple d’Israël, représenté par les pasteurs de Bethléem, mais également pour l’humanité tout entière, représentée par les Mages. Et c’est précisément sur les Mages et sur leur chemin à la recherche du Messie (cf. Mt 2, 1-12) que l’Eglise nous invite aujourd’hui à méditer et à prier. Dans l’Evangile, nous avons entendu que ces derniers, arrivés de l’Orient à Jérusalem, demandent: «Où est le roi des juifs qui vient de naître? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui» (v. 2). Quel genre de personnes étaient-ils et de quelle sorte d’étoile s’agissait-il? C’était probablement des sages qui scrutaient le ciel, mais non pour chercher à «lire» l’avenir dans les astres, ou éventuellement pour en tirer un profit; c’était plutôt des hommes «à la recherche» de quelque chose de plus, à la recherche de la véritable lumière, qui soit en mesure d’indiquer la voie à parcourir dans la vie. C’était des personnes assurées que dans la création, il existe ce que nous pourrions définir la «signature» de Dieu, une signature que l’homme peut et doit tenter de découvrir et déchiffrer. La manière de mieux connaître ces Mages et de comprendre leur désir de se laisser guider par les signes de Dieu est peut-être de s’arrêter pour analyser ce qu’ils trouvent, sur leur chemin, dans la grande ville de Jérusalem.
Ils rencontrèrent tout d’abord le roi Hérode. Il était certainement intéressé par l’enfant dont parlaient les Mages; mais pas dans le but de l’adorer, comme il veut le laisser croire en mentant, mais pour le supprimer. Hérode était un homme de pouvoir, qui ne voyait dans l’autre qu’un rival à combattre. Au fond, si nous réfléchissons bien, Dieu aussi lui apparaît comme un rival, et même un rival particulièrement dangereux, qui voudrait priver les hommes de leur espace vital, de leur autonomie, de leur pouvoir; un rival qui indique la route à parcourir dans la vie et qui empêche ainsi de faire tout ce que l’on veut. Hérode entend de ses experts en Ecritures Saintes les paroles du prophète Michée (5, 1), mais son unique pensée est le trône. Alors, Dieu lui-même doit être voilé et les personnes doivent se réduire à être de simples pions à déplacer sur le grand échiquier du pouvoir. Hérode est un personnage qui ne nous est pas sympathique et que nous jugeons instinctivement de façon négative en raison de sa brutalité. Mais nous devrions nous demander: peut-être existe-t-il quelque chose d’Hérode en nous? Peut-être nous aussi, parfois, voyons-nous Dieu comme une sorte de rival? Peut-être nous aussi sommes-nous aveugles devant ses signes, sourds à ses paroles, parce que nous pensons qu’il pose des limites à notre vie et ne nous permet pas de disposer de notre existence à notre gré? Chers frères et soeurs, quand nous voyons Dieu de cette manière, nous finissons par être insatisfaits et mécontents, car nous ne nous laissons pas guider par Celui qui est à la base de toutes les choses. Nous devons ôter de notre esprit et de notre coeur l’idée de la rivalité, l’idée que laisser place à Dieu constitue une limite pour nous-mêmes; nous devons nous ouvrir à la certitude que Dieu est l’amour tout-puissant qui n’ôte rien, qui ne menace pas, et qui est au contraire l’Unique capable de nous offrir la possibilité de vivre en plénitude, d’éprouver la vraie joie.
Les Mages rencontrent ensuite les savants, les théologiens, les experts qui savent tout sur les Saintes Ecritures, qui en connaissent les interprétations possibles, qui sont capables d’en citer par cœur chaque passage et qui sont donc une aide précieuse pour ceux qui veulent parcourir la voie de Dieu. Toutefois, affirme saint Augustin, ils aiment être des guides pour les autres, ils indiquent la voie, mais ils ne marchent pas, ils restent immobiles. Pour eux, les Saintes Ecritures deviennent une sorte d’atlas à lire avec curiosité, un ensemble de paroles et de concepts à examiner et sur lesquels discuter doctement. Mais nous pouvons à nouveau nous demander: n’existe-t-il pas aussi en nous la tentation de considérer les Saintes Ecriture, ce trésor très riche et vital pour la foi de l’Eglise, davantage comme un objet d’étude et de discussion des spécialistes, que comme le Livre qui indique la juste voie pour parvenir à la vie? Je pense que, comme je l’ai exposé dans l’exhortation apostolique Verbum Domini, devrait toujours à nouveau naître en nous la profonde disposition à voir la parole de la Bible, lue dans la Tradition vivante de l’Eglise (n. 18), comme la vérité qui nous dit ce qu’est l’homme et comment il peut se réaliser pleinement, la vérité qui est la voie à parcourir quotidiennement, avec les autres, si nous voulons construire notre existence sur le roc et non sur le sable.
Et nous en venons ainsi à l’étoile. Quel type d’étoile était celle que les Mages ont vue et suivie? Au cours des siècles, cette question a été l’objet de discussion entre les astronomes. Kepler, par exemple, considérait qu’ils s’agissait d’une «nova» ou d’une «supernova», c’est-à-dire de l’une de ces étoiles qui normalement diffusent une faible lumière, mais qui peuvent à l’improviste connaître une violente explosion interne qui produit une lumière exceptionnelle. Ce sont assurément des choses intéressantes, mais qui ne nous conduisent pas à ce qui est essentiel pour comprendre cette étoile. Nous devons revenir au fait que ces hommes cherchaient les traces de Dieu; ils cherchaient à lire sa «signature» dans la création; ils savaient que «les cieux proclament la gloire de Dieu» (Ps 19, 2); c’est-à-dire qu’ils étaient certains que Dieu peut être entrevu dans la création. Mais, en hommes sages, ils savaient également que ce n’est pas avec un télescope quelconque, mais avec l’acuité des yeux de la raison à la recherche du sens ultime de la réalité et avec le désir de Dieu animé par la foi, qu’il est possible de le rencontrer, ou mieux qu’il devient possible que Dieu s’approche de nous. L’univers n’est pas le résultat du hasard, comme certains veulent nous le faire croire. En le contemplant, nous sommes invités à y lire quelque chose de profond: la sagesse du Créateur, l’inépuisable imagination de Dieu, son amour infini pour nous. Nous ne devrions pas permettre que notre esprit soit limité par des théories qui n’arrivent toujours qu’à un certain point et qui — à tout bien considérer — ne sont pas du tout en opposition avec la foi, mais ne réussissent pas à expliquer le sens ultime de la réalité. Dans la beauté du monde, dans son mystère, dans sa grandeur et dans sa rationalité, nous ne pouvons que lire la rationalité extérieure, et nous ne pouvons manquer de nous laisser guider par celle-ci jusqu’à l’unique Dieu, créateur du ciel et de la terre. Si nous avons ce regard, nous verrons que Celui qui a créé le monde et celui qui est né dans une grotte à Bethléem et qui continue à habiter parmi nous dans l’Eucharistie, sont le même Dieu vivant, qui nous interpelle, qui nous aime, qui veut nous conduire à la vie éternelle.
Hérode, les experts en Ecritures, l’étoile. Mais suivons le chemin des Mages qui parviennent à Jérusalem. Au dessus de la grande ville, l’étoile disparaît, on ne la voit plus. Qu’est-ce que cela signifie? Dans ce cas aussi, nous devons lire le signe en profondeur. Pour ces hommes, il était logique de chercher le nouveau roi dans le palais royal, où se trouvaient les sages conseillers de la cour. Mais, probablement à leur grand étonnement, ils durent constater que ce nouveau-né ne se trouvait pas dans les lieux du pouvoir et de la culture, même si dans ces lieux leur étaient offertes de précieuses informations sur lui. Ils se rendirent compte en revanche que, parfois, le pouvoir, même celui de la connaissance, barre la route à la rencontre avec cet Enfant. L’étoile les guida alors à Bethléem, une petite ville; elle les guida parmi les pauvres, parmi les humbles, pour trouver le Roi du monde. Les critères de Dieu sont différents de ceux des hommes; Dieu ne se manifeste pas dans la puissance de ce monde, mais dans l’humilité de son amour, cet amour qui demande à notre liberté d’être accueilli pour nous transformer et nous permettre d’arriver à Celui qui est l’Amour. Mais pour nous aussi les choses ne sont pas si différentes que ce qu’elles étaient pour les Mages. Si on nous demandait notre avis sur la façon dont Dieu aurait dû sauver le monde, peut-être répondrions-nous qu’il aurait dû manifester tout son pouvoir pour donner au monde un système économique plus juste, dans lequel chacun puisse avoir tout ce qu’il veut. En réalité, cela serait une sorte de violence sur l’homme, car cela le priverait d’éléments fondamentaux qui le caractérisent. En effet, il ne serait fait appel ni à notre liberté, ni à notre amour. La puissance de Dieu se manifeste de manière complètement différente: à Bethléem, où nous rencontrons l’apparente impuissance de son amour. Et c’est là que nous devons aller, et c’est là que nous retrouvons l’étoile de Dieu.
Ainsi nous apparaît très clairement un dernier élément important de l’épisode des Mages: le langage de la création nous permet de parcourir un bon bout de chemin vers Dieu, mais il ne nous donne pas la lumière définitive. A la fin, pour les Mages, il a été indispensable d’écouter la voix des Saintes Ecritures: seules celles-ci pouvaient leur indiquer la voie. La Parole de Dieu est la véritable étoile qui, dans l’incertitude des discours humains, nous offre l’immense splendeur de la vérité divine. Chers frères et sœurs, laissons-nous guider par l’étoile, qui est la Parole de Dieu, suivons-la dans notre vie, en marchant avec l’Eglise, où la Parole a planté sa tente. Notre route sera toujours illuminée par une lumière qu’aucun autre signe ne peut nous donner. Et nous pourrons nous aussi devenir des étoiles pour les autres, reflet de cette lumière que le Christ a fait resplendir sur nous. Amen.
1 Jésus étant né à Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode, voici que des mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem,
2 disant : " Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Car nous avons vu son étoile à l'orient et nous sommes venus l'adorer. "
3 Ce que le roi Hérode ayant appris, il fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.
4 Il assembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple, et il s'enquit auprès d'eux où devait naître le Christ. Ils lui dirent :
5 " A Bethléem de Judée, car ainsi a-t-il été écrit par le prophète :
6 Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n'es pas la moindre parmi les principales villes de Juda, car de toi sortira un chef qui paîtra Israël, mon peuple. "
7 Alors Hérode, ayant fait venir secrètement les mages, s'enquit avec soin auprès d'eux du temps où l'étoile était apparue.
8 Et il les envoya à Bethléem en disant : " Allez, informez-vous exactement au sujet de l'enfant,
et lorsque vous l'aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que moi aussi j'aille l'adorer. "
9 Ayant entendu les paroles du roi, ils partirent. Et voilà que l'étoile qu'ils avaient vue à l'orient allait devant eux, jusqu'à ce que, venant au-dessus du lieu où était l'enfant, elle s'arrêta.
10 A la vue de l'étoile, ils eurent une très grande joie.
11 Ils entrèrent dans la maison, trouvèrent l'enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils l'adorèrent; puis, ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent des présents : de l'or, de l'encens et de la myrrhe.
12 Et ayant été avertis en songe de ne point retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
1 Lève-toi, et resplendis ! Car ta lumière paraît, et la gloire de Yahweh s'est levée sur toi.
2 Voici que les ténèbres couvrent la terre, et une sombre obscurité les peuples; mais sur toi Yahweh se lève, et sa gloire se manifeste sur toi.
3 Les nations marchent vers ta lumière, et les rois vers la clarté de ton lever.
4 Lève tes regards autour de toi, et vois: Tous se rassemblent, ils viennent à toi ; tes fils viennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras.
5 Tu le verras alors, et tu seras radieuse; ton coeur tressaillira et se dilatera ; car les richesses de la mer se dirigeront vers toi, les trésors des nations viendront à toi.
6 Des multitudes de chameaux te couvriront, les dromadaires de Madian et d'Epha; tous ceux de Saba viendront, ils apporteront de l'or et de l'encens, et publieront les louanges de Yahweh.
1 A cause de cela, moi Paul, le prisonnier du Christ pour vous, païens…
2 puisque vous avez appris la dispensation de la grâce de Dieu qui m'a été donnée pour vous,
3 comment c'est par révélation que j'ai eu connaissance du mystère que je viens d'exposer en peu de mots.
4 Vous pouvez, en les lisant, reconnaître l'intelligence que j'ai du mystère du Christ.
5 Il n'a pas été manifesté aux hommes dans les âges antérieurs, comme il a été révélé de nos jours par l'Esprit aux saints apôtres et prophètes de Jésus-Christ.
6 Ce mystère, c'est que les Gentils sont héritiers avec les Juifs, et membres du même corps et qu'ils participent à la promesse de Dieu en Jésus-Christ par l'Evangile,
7 dont je suis devenu ministre selon le don de la grâce de Dieu qui m'a été accordée par son opération toute-puissante.
8 C'est à moi, le moindre de tous les saints, qu'a été accordée cette grâce d'annoncer parmi les Gentils la richesse incompréhensible du Christ,
9 et de mettre en lumière, aux yeux de tous, l'économie du mystère qui avait été caché depuis le commencement en Dieu, le Créateur de toutes choses,
10 afin que les principautés et les puissances dans les cieux connaissent aujourd'hui, à la vue de l'Eglise, la sagesse infiniment variée de Dieu,
11 selon le dessein éternel qu'il a réalisé par Jésus-Christ Notre-Seigneur,
12 en qui nous avons, par la foi en lui, la hardiesse de nous approcher de Dieu avec confiance.
13 C'est pourquoi je vous prie de ne pas vous laisser décourager à cause des afflictions que j'endure pour vous : elles sont votre gloire.
Lettre de saint PAUL Apôtre aux Éphésiens, III : 1-13
Le mot Épiphanie veut dire manifestation. C'est qu'en effet, le 6 janvier, l'Église célèbre une triple manifestation de Jésus-Christ, qui, d'après certaines traditions, aurait eu lieu le même jour, quoique à différentes années.
La fête de l'Épiphanie a donc trois objets: 1° la manifestation de la divinité du Sauveur aux Mages par l'étoile miraculeuse qui les conduisit à l'étable de Bethléem; 2o la manifestation de la divinité du Christ aux Juifs pendant Son baptême, sur les bords du Jourdain; 3ola manifestation de cette même divinité aux noces de Cana, où Jésus changea l'eau en vin. Toutefois, l'objet principal de cette fête, c'est bien la manifestation de la divinité de Jésus aux Mages et la vocation des peuples à la foi chrétienne.
L'Évangile nous apprend comment les Mages, guidés par une étoile merveilleuse et plus encore poussés par l'Esprit de Dieu, entreprirent un long et pénible voyage à la recherche d'un roi nouveau-né; il nous apprend aussi le trouble de la ville de Jérusalem à cette nouvelle, les craintes et les projets perfides d'Hérode; il nous montre enfin les heureux voyageurs prosternés dans l'étable de Bethléem, aux pieds d'un Enfant qu'ils regardent comme un Être extraordinaire, qu'ils saluent comme un Roi, qu'ils adorent comme un Dieu, et auquel ils offrent des présents symboliques: l'or, l'encens et la myrrhe.
Élevons nos âmes au-dessus du fait historique et perçons les voiles du mystère. C'est aujourd'hui l'appel de tous les peuples à la foi chrétienne. L'Église a bien lieu de chanter: "Lève-toi, Jérusalem, brille dans toute ta splendeur. Voici la Lumière du monde qui paraît; la gloire du Seigneur s'est levée sur ton enceinte; lève les yeux, regarde, dilate ton sein, tout l'univers vient à toi!" Allons avec les Mages au berceau du Sauveur, et offrons-Lui l'or de l'amour, l'encens de la prière et la myrrhe du sacrifice!
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950
Les mages virent l’enfant avec Marie sa mère,
c’est-à-dire le Fils de Dieu, notre Seigneur, dans son Église. Et, tombant à ses pieds, ils se
prosternèrent devant lui : ils savaient qu’il était venu dans un corps
pour les hommes. Ils ouvrirent leurs
coffrets et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la
myrrhe : ils lui offrirent de l’or comme signe de royauté, de l’encens
en tant que Dieu, de la myrrhe parce qu’il devait souffrir et être enseveli
pour le salut des hommes. C’est pourquoi, puisque les mages figurent les
croyants issus des nations, leurs présents figurent ceux que nous pouvons
offrir à notre tour. Les croyants issus des nations ont ainsi subi le martyre,
qui, comme l’or, est éprouvé par le feu. Selon nous, ceux qui s’offrent
eux-mêmes en sacrifice à Dieu et, comme l’encens, deviennent la bonne odeur qui conduit à la vie (2
Co 2, 15.16), obtiennent la grâce et la dignité d’un ensevelissement avec la
myrrhe, car ils se livrent de bon gré à la mort au nom du Fils de Dieu.
Avertis
en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un
autre chemin. Ceux qui croient au Fils de Dieu, se
détournant du chemin du monde, repartiront par un autre chemin, celui des
commandements du Fils de Dieu. Car il a dit lui-même : « Je suis le Chemin et la Vérité » (Jn
14, 6). Celui qui se sera résolument avancé sur ce chemin parviendra facilement
à son pays. Et le pays de ceux qui croient au Fils de Dieu, c’est le Paradis.
Fortunatien d’Aquilée
Fortunatien, né en
Afrique du Nord, était évêque d’Aquilée, en Italie, vers le milieu du ive siècle.
/ Commentaire des Évangiles, f.
16r-17v, trad. G. Bady, Dominicat, années A, B et C, Paris, Cerf/Magnificat,
2020, p. 93.
Épiphanie, représentation dans le retrochoir de la
Cathédrale de Sainte Marie de la Regla, León, depuis le Chemin, province de
León, Castille-et-Leon, Royaume d’Espagne
LES ROIS MAGES
« Surge, illuminare, Jérusalem ;
quia
venit lumen tuum. »
« Lève-toi, illumine-toi, ô Jérusalem ;
car
ton astre s'est levé. »
Les siècles avaient passé
sur les flammes d’Isaïe sans les éteindre. L’écho de ses cris retentissait
encore, au moins dans le coeur de la Vierge. L’attente vague et sourde du genre
humain se précisa, se localisa dans trois souverains d’Orient. Les Mages
étaient les principaux personnages de l’Orient. Il ne faut pas se laisser tromper
par leurs noms et les prendre pour des magiciens. C’étaient des savants, et
c’étaient des rois ; car en Orient les savants étaient rois La haute science de
la haute antiquité, telle que l’Orient la concevait, portait le sceptre et la
couronne.
Ils furent avertis par
une étoile ; car ils étaient astronomes. J ai déjà constaté cette loi, en vertu
de laquelle les élus sont élus selon leur nature et appelés suivant leur caractère
propre. Chaque vision, chaque apparition, chaque parole divine intérieure ou extérieure
prend, dans une certaine mesure, la ressemblance de celui qui doit la voir ou
l’entendre. Elle se proportionne et se détermine suivant le nom que porte, dans
le monde invisible, le contemplateur choisi pour elle. C’est pourquoi les rois
d'Orient, les rois savants, les dépositaires des antiques traditions relatives
à Balaam, les rois astronomes, les rois occupés des choses du ciel, les rois
qui avaient entendu l’écho mystérieux de l’antique tradition murmurer à leur
oreille : Orietur stella, « Il se lèvera
une étoile », les rois élus et sacrés, qui représentèrent à eux trois la
vocation des peuples, furent appelés par une voix digne de leur grandeur : íls
furent appelés par une étoile.
Melchior représentait la
race de Sem ; Gaspard, la race de Cham ; Balthazar, la race de Japhet.
Voilà Cham réconcilié. Et
la Chananéenne verra la face de Celui que l’étoile annonce et triomphera de lui
par une prière.
Jamais la peinture ne me
paraît avoir représenté cette scène avec la grandeur qui lui appartiendrait.
Le déluge était fini; les
eaux s’étaient retirées. Les trois branches de la famille humaine étaient
présentes près de Noé, dans la personne de leurs pères. Noé les sépare ; Noé
bénit et maudit. La puissance séculaire de sa bénédiction et de sa malédiction
divise la race humaine ; elle courbe le front de Cham sous le joug de Sem et de
Japhet.
Près de la crèche de
Bethléem, près de Jésus-Christ, dont Noé était la figure, voici les trois branches
réunies. Gaspard, fils de Cham, accompagne Melchior, fils de Sem, et Balthazar,
fils de Japhet. Aucune infériorité connue ne pèse sur Gaspard : la place qui
lui est donnée est la même qui est donnée aux autres. Les nations sont
présentes dans la personne de leurs représentants; aucune d’elles ne porte envie
aux autres. Toutes sont appelées par la même étoile. Le même attrait, également
célesle pour elles toutes, également majestueux, les réunit et les incline dans
une même adoration.
Les trois branches de la
famille humaine ont en- tendu avec la même clarté retentir à leurs oreilles l’écho
du psaume LXXI :
« Les rois de la Tarse et
des îles offriront des présents. Les rois d’Arabie et de Saba apporteront leurs
dons. Tous les rois de la terre l’adoreront, et toutes les nations le
serviront. »
D’où venaient-ils ? On ne
le sait pas précisément ; mais tout porte à croire que c’était de l’Arabie
Heureuse. Ce pays, dont le nom est étrange, fut habité par les enfants
qu’Abraham eut de Cétura, sa seconde femme ; par Jecran, père de Saba; et par
Madian, père d’Epha.
La nature des présents
offerts favorise cette pensée : l’or, l’encens et la myrrhe sont nés en Arabie.
Quel drame que leur
voyage ! Imaginons-nous des rois qui tout à coup, sur la foi d’une étoile,
abandonnent leur palais, leur trône, leur pays ! Quelle foi dans ce départ ! et
quelle jeunesse ! quelle ardeur! quelle recherche de la lumière ! Ils devaient
être bien libres de toute attache extéríeure, de toute habitude, de toute
étiquette et de tout préjugé, ces hommes qui, au premier signal, quittent le
repos oriental et la tranquillité de leur demeure souveraine pour les fatigues
et les dangers d’un énorme voyage, et abordent, sans hésiter, tout l’inconnu
qui est devant eux !
Ils ne reculent pas ; ils
ne disent pas : « Demain » ; ils partent aujourd’hui. Les chameaux portent
leurs lourdes charges à travers ces espaces peu remplis et presque inconnus ;
car les voyages devaient être aussi rares que difficiles dans ce temps et dans
ce lieu. L’étoile seule disait la route. Elle était la seule compagne,
silencieuse et mystérieuse. Le voyage lui-même dut être silencieux. L'étoile était
l’image de la lumière intérieure qui brillait et conduisait. L’Epiphanie était
leur lumière. L’Epíphanie! quel mot ! la manifestation ! Arrivés dans la
capitale de la Judée, ils ne demandent pas si réellement le Roi des Juifs était
né, mais en quel lieu il était né. Leur confiance était absolue. Le fait est
certain. Nous avons vu son étoile, disaient-ils, et nous sommes venus l’adorer.
Leur question ne porte que sur le lieu de sa naissance.
Ils n’ont ni peur ni
respect humain. Ils disent la chose comme ils la savent, sans ménager rien ni personne.
Ils ne se demandent pas s’il est prudent de parler à Hérode du Roi des Juifs,
s’il est étrange de venir de loin, ayant cru à une étoile. Ils ne se demandent
rien ; ils parlent tout haut comme ils pensent ; et cependant c’est à Hérode
qu’ils parlent, à Hérode qui a fait mourir sa première femme Mariamme, à Hérode
qui s’est débarrassé de trois de ses fils parce qu’ils excitaient ses soupçons.
Mais les trois Mages
étaient assez grands pour être simples. Ils partent parce qu’ils croient. Ils
parlent parce qu’ils croient. Ils trouvent parce qu’ils croient ; et pendant
que leur foi naïve rencontre Celui qu’elle cherche, Hérode, l’habile homme, le
malin, le calculateur, le fin politique, égorge tous les enfants qu’il ne tient
pas à égorger, et laisse vivre uniquement Celui qu’il veut faire mourir.
Il ruse, il trompe, il fourni
taux Mages des renseignements ; il leur en demande aussi. Il joue au plus fin
avec la grandeur naïve de la haute science orientale. Quand vous l’aurez trouvé,
avertissez-moi, dit-il, afin que j’aille l’adorer aussi.
Et il se prend dans ses
filets: et il ne perd que lui-même. Et il sera seul victime de la ruse qu’il combine
et dont il se félicite probablement comme d’une partie très bien jouée. Comme
il dut se moquer des trois Mages, quand il vit leur confiance ! Et comme les
rois mages durent s’indigner, quand ils virent que les Juifs ne daignaient pas
chercher au milieu d’eux Celui que l’Orient venait chercher de si loin.
Et comme cette
épouvantable vérité : « Nul n’est prophète en son pays dut éclater à leurs yeux
! Quel effet dut produire sur eux le lieu où ils trouvèrent l’Enfant ! Ils
venaient de l’Arabie pour l’adorer, et ils étaient rois.
Cependant Celui qu’ils
venaient adorer, chassé avant sa naissance, n’avait pas trouvé pour naître de
place à l’hôtellerie. Toutes les chambres étaient pleines ; Marie et Joseph
n’avaient pas trouvé de place.
La simplicité terrible du
récit de l’Évangile n’insiste pas sur cette chose qui dépasse la pensée. Elle
constate tranquillement qu’il n’y avait pas de place à l’hôtellerie.
La magnificence orientale
étalant l’or, l’encens et la myrrhe, apportant les rois et leurs chameaux avec
leur suite et leurs présents, cette magnifi-cence volontaire et lointaine,
enthousiaste et étrangère, fait ressortir avec éclat la conduite des gens d’à
côté, des gens du pays qui remplirent l’hôtellerie sans laisser une place pour
Celui qui se refugie entre un boeuf et un âne, parce qu’il est dans son pays et
que l’étoile le dénonce à l’Orient.
Que se passa-t-il dans la
crèche ? Quelle forme prit l'adoration vivante et jeune de ces hommes savants et
forts?
Quel peintre que celui
qui donnerait à chacun des trois rois la physionomie de la branche représentée
par lui ; qui écrirait sur leur front le nom de Sem, de Cham et de Japhet ; qui
annoncerait leur adoration suivant l’esprit de leur famille ; qui étalerait la
splendeur orientale dans la crèche de Bethléem avec pompe et sans effort ! et quel
peintre surtout que celui qui mettrait sur la face de Joseph et sur celle de
Marie la conscience de ce qui se passe !
Les Mages reçurent
l’ordre de ne pas aller trouver Hérode et revinrent dans leur pays par un autre
chemin. Le chemin qui sert pour aller à la crèche ne sert plus pour y revenir.
Le religieux Cyrille,
dans la Vie de saint Théodose, raconte qu’ils fuyaient les grands chemins et les
lieux fréquentés et se retiraient la nuit dans les cavernes, recherchant la
solitude. Qui peut mesurer la profondeur de l’impression qu’ils avaient reçue ?
Qui peut savoir quelle empreinte sur des âmes, ainsi préparées, avait laissée
la face de Celui qu’ils avaient cherché et trouvé ?
Etant revenus chez eux
par un autre chemin, ils vécurent certainement chez eux une autre vie. Ils
gardèrent fídèlement le dépôt du souvenir. Ils vivaient encore longtemps après
lamort et la résurrection de Jésus-Christ.
Ils vivaient encore, quand
saint Thomas arriva dans leur pays. Saint Thomas, qui avait vu Jésus-Christ
ressuscité, baptisa ceux qui avaient vu Jésus-Christ dans la crèche. Peut-être
une parenté mystérieuse unit-elle saint Thomas aux rois Mages.
Quelques jours avant l’Epiphanie,
il y avait eu des adorateurs appelés du dehors ; et c’étaient des bergers, des
bergers qui passaient la nuittour à tour, gardant leurs troupeaux. Les premiers
adorateurs appelés du dehors furent des rois et des bergers. Ces deux titres,
placés maintenant aux deux extrémités de l’échelle sociale, étaient autrefois
des mots presque synonymes. D’après le langage et le sentiment de la haute
antiquité, les rois étaient les pasteurs des peuples. Partout ceux qui commandent
étaient appelés bergers ; ceux qui obéissent étaient appelés brebis. Je disais qu’une parenté
mystérieuse et surnaturelle unissait peut-être saint Thomas aux rois Mages. Une
autre parenté mystérieuse, mais naturelle, unit probablement les rois et les
bergers. Les rois Mages étaient savants; les bergers qui veillaient la nuit
tour à tour près de Bethléem, étaient simples.
Les rois virent une
étoile parce qu’ils étaient astronomes. Les bergers virent un ange, apparemment
parce qu’ils étaient simples.
Les bergers reçurent une
indication qui se rapportait à leur caractère : Vous trouverez l’Enfant enveloppé
de langes et couché dans une crèche.
Et une nombreuse troupe
d’esprits célestes se joignit à l’ange chantant dans la nuit sainte :
Gloria
in Excelsis Deo et in terra pax hominibus bonoe voluntatis !
La bonne volonté, cette
chose simple aussi, et qui n’a guère de place dans le langage vulgairement appelé poétique, éclate
dans le chant des anges, après la gloire, à côté de la gloire ; et les deux
mots rapprochés produisent un effet sublime.
Le caractère distinctif
des bergers fut probablement la simplicité.
Celui des rois fut
peut-être la magnificence et la générosité. Je ne parle pas seulement de la générosité
dans les présents, dans l’or, dans l’encens, dans la myrrhe, mais de la
générosité dans la foi, dans l’adoration, dans l’entreprise, dans le voyage. Je
ne parle pas seulement de la générosité qui donne. Je parle aussi de la
générosité qui se donne.
Leurs reliques furent
transportées de Perse à Constantinople. Sainte Hélène les fit déposer avec
magnificence dans la basilique de Sainte-Sophie. L’évêque Eustache, du temps de
l’évêque Emmanuel, les apporta à Milan. Quand Frédéric Barberousse prit et saccagea
cette ville, les reliques des rois Mages reçurent à Cologne une dernière
hospitalité.
On s’est beaucoup demandé
ce qu’était l’étoile des Mages. Les uns ont cru que c’était une étoile absolument
miraculeuse, surgissant tout à coup en dehors des lois naturelles et n’ayant
rien à démêler avec l’astronomie.
D’autres ont dit : Une
étoile ordinaire ne pourrait jamais indiquer une maison en particulier; elle
pourrait bien indiquer un pays en général, mais elle ne marquerait pas d’une
façon précise une certaine étable ; il fallait donc que ce fût un météore situé
près de la terre.
D’autres enfin ont eu
recours à une troisième explication, longuement développée dans les pe-tits
Bollandistes.
D’après une hypothése
astronomique, adoptée par le docteur Sepp, une nouvelle étoile peut tout à coup
apparaître, grâce à la conjonction de trois planètes. En 1604, la conjonction
des trois planètes, Saturne, Jupiter et Mars, fut observée par les astronomes.
Une nouvelle étoile apparut tout à coup entre Mars et Saturne, au pied du
Serpentaire. Cette étoile brillait d’un éclat extraordinaire et répandait autour
d’elle une lumière coloríée.
On a calculé qu’une
conjonction analogue, pouvant produire un effet analogue, se produit tous les
800 ans. Car Saturne et Jupiter mettent environ 800 ans à parcourir le
zodiaque.
Sept périodes de 800 ans
environ se sont écoulées depuis la création du monde, périodes qui pourraient
apparaître comme les jours climatériques de l’humanité :
D’Adam à Enoch ;
D’Enoch au déluge;
Du déluge à Moïse ;
De Moïse à Isaïe ;
D’Isaïe à Jésus-Christ ;
De Jésus-Christ à
Charlemagne;
De Charlemagne au temps moderne,
marqué par la découverte de l’imprimerie.
Le septième jour serait
le nôtre.
L’étoile des Mages
est-elle le résultat d’une combinaison astronomique ou une étoile directement
miraculeuse ?
Nul ne le sait. Quoi
qu’il en soit, Dieu ayant fait l’ordre naturel comme l’ordre surnaturel, son
action est également sensible, également manifesté, également providentielle
dans ces deux cas. L’or, qui est la puissance ; l’encens, qui est l’adoration ;
la myrrhe, qui est la pénitence, furent offerts à Jésus-Christ par la volonté
expresse de Dieu, manifestée par une étoile et témoignée par les rois.
Les mages auraient été qualifiés du titre de roi dès le IIIe siècle, mais c'est
seulement au XIIe que cette royauté des mages est reconnue par la liturgie et
l'iconographie. Considérés comme saints, leurs reliques arrivèrent au XIIe à la
cathédrale de Cologne. Au VIe siècle l'Église donne des noms aux rois mages
Gaspard, Melchior et Balthazar, avec ces noms, ils sont devenus des personnages
légendaires, et en même temps presque vivants. Les crèches les représentent en
magnifiques costumes imaginés orientaux, avec des chameaux et des serviteurs.
D'abord Arabes ou Persans, ils sont ensuite représentés comme appartenant à
trois peuples différents ou aux trois continents alors connus, l'Asie, l'Europe
et l'Afrique. Ils représentent maintenant toute l'humanité.
JMJ Cologne (dossier de presse, fiche 1) rencontre
mondiale de la jeunesse à Cologne en 2005 sur le thème: "Nous sommes venus
l'adorer".
Le choix de ce thème s'explique par une "pieuse tradition" selon
laquelle des reliques des rois mages se trouvent dans la cathédrale de Cologne.
Celle-ci attire, depuis le XIIe siècle, des pèlerins du monde entier. Comme les
rois mages, comme ces pèlerins qui les ont précédés, les jeunes sont invités à
venir rencontrer et adorer Jésus Christ.
L'adoration est réservée à Dieu. C'est ce dont témoignent les mages en offrant
à Jésus nouveau-né de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Ils font le don de
leur vie, de leurs prières et de leur gratitude.
S'en retournant de Bethléem, les mages repartent par un autre chemin, libérés
des conventions du monde. Cette nouvelle voie qu'ils empruntent est signe de
conversion.
Dans la magnifique cathédrale de cette ville, au cœur de l'Allemagne et de
l'Europe, on vénère les reliques des saints Rois Mages, qui sont donc devenus
en un certain sens vos guides vers ce rendez-vous. Ils vinrent de l'Orient pour
rendre hommage à Jésus et déclarèrent: "Nous sommes venus
l'adorer" (Mt 2, 2). Ces paroles, si riches de signification, constituent
le thème de votre itinéraire spirituel et catéchétique vers la Journée mondiale
de la Jeunesse.
Le 6 janvier 2010 en la solennité de l'Épiphanie, Benoît XVI commentant à
l'homélie un passage du Livre d'Isaïe et un passage de l'Évangile de Matthieu,
a dit que les Mages sont les premiers d'une longue procession de ceux qui,
"tout au long de l'histoire, ont reconnu le signe de l'étoile et suivi les
voies de l'Écriture pour rencontrer celui qui malgré son apparente fragilité
offre au cœur de l'homme la plus haute félicité". Dans l'Enfant Jésus
"Dieu démontre qu'il nous connaît et qu'il nous est proche, que sa
grandeur n'est pas dans la logique du monde mais dans celle de l'enfant sans
défense, dont la seule force est l'amour donné. A chaque période, les personnes
éclairées par l'étoile trouvent le chemin qui y conduit, vivant ainsi
l'expérience même des Mages".
Puis, à l'angélus, il a rappelé cette grande fête de "la manifestation du
Seigneur aux peuples représentés par les mages venus d'orient pour adorer le
Roi des Juifs". La lumière de l'étoile et celle de l'Écriture guidèrent
ces chercheurs de la vérité... C'était des hommes de savoir, qui observaient le
ciel comme un livre rempli de signes et de messages divins adressés à l'homme.
Loin de s'en contenter, leur science était ouverte aux révélations et aux
appels divins".
L'Epiphanie du Seigneur est célèbre par quatre miracles, ce qui lui a fait donner quatre noms différents. En effet, aujourd'hui, les Mages adorent J.-C., Jean-Baptiste le Sauveur, J.-C. change l’eau en vin et il nourrit cinq mille hommes avec cinq pains. Jésus avait treize jours, lorsque, conduits par l’étoile, les Mages vinrent le trouver, d'où vient le nom de Epiphanie, epi, au-dessus, phanos, apparition, ou bien parce que l’étoile apparut d'en haut, ou bien parce que J.-C. lui-même a été montré aux Mages, comme le vrai Dieu, par une étoile vue dans les airs. Le même jour, après vingt-neuf ans révolus, alors qu'il atteignait trente ans, parce qu'il avait vingt-neuf ans et treize jours ; Jésus, dit saint Luc, avait alors environ trente ans commencés, ou bien, d'après Bède, il avait trente ans accomplis, ce qui est aussi la croyance de l’Eglise romaine; alors, dis-je, il fut baptisé dans le Jourdain, et de là vient le nom de Théophanie, de Theos, Dieu et phanos apparition, parce que en ce moment la Trinité se manifesta: le Père dans la voix qui se fit entendre, le Fils dans la chair et le Saint-Esprit sous l’apparence d'une colombe. Le même jour, un an après, alors qu'il avait trente ou trente et un ans, il changea l’eau en vin: d'où vient le nom de Bethanie, de beth, maison, parce que, par un miracle opéré dans une maison, il apparut vrai Dieu. En ce même jour encore, un an après, comme il avait trente et un ou trente-deux ans et treize jours, il rassasia cinq mille hommes avec cinq pains, d'après Bède, et cette hymne qu'on chante en beaucoup, d'églises et qui commence par ces mots : Illuminans altissimum (Bréviaire mozarabe). De là vient le nom de Phagiphanie de phagé manger, bouchée. Il y a doute si ce quatrième miracle a été opéré en ce jour, tant parce qu'on ne le trouve pas ainsi en l’original de Bède, tant parce qu'en saint Jean (VI) au lieu où il parle de ce prodige, il dit : « Or, le jour de Pâques était proche. » Cette quadruple apparition eut donc lieu aujourd'hui. La première par l’étoile sur la crèche ; la seconde par la voix du Père sur le fleuve du Jourdain ; la troisième par le changement de l’eau en vin au repas et la quatrième par la multiplication des pains dans le désert. Mais c'est principalement la première apparition que l’on célèbre aujourd'hui, ainsi nous allons en exposer l’histoire.
Lors de la naissance du Seigneur, trois mages vinrent à Jérusalem. Leur nom latin c'est Appellius, Amérius, Damascus ; en hébreu on les nomme Galgalat, Malgalat et Sarathin ; en grec, Caspar, Balthasar, Melchior. Mais qu'étaient ces, mages ? Il y a là-dessus trois sentiments, selon les trois significations du mot mage. En effet, mage veut dire trompeur, magicien et sage. Quelques-uns prétendent que, en effet, ces rois ont été appelés mages, c'est-à-dire trompeurs, de ce qu'ils trompèrent Hérode en ne revenant point chez lui. Il est dit dans l’Evangile, au sujet d'Hérode « Voyant qu'il avait été trompé par les mages. » Mage veut encore dire magicien. Les magiciens de Pharaon sont appelés mages, et saint Chrysostome dit qu'ils tirent leur nom de là. D'après lui, ils seraient des magiciens qui se seraient convertis et auxquels le Seigneur a voulu révéler sa naissance, les attirer à lui, et par là donner aux pécheurs l’espoir du pardon. Mage est encore la même chose que sage. Car mage en hébreu signifie scribe, en grec philosophe, en latin sage. Ils sont donc nommés mages, c'est-à-dire savants, comme si on disait merveilleusement sages. Or, ces trois sages et rois vinrent à Jérusalem avec une grande suite. Mais on demande pourquoi les mages vinrent à Jérusalem, puisque le Seigneur n'y était point né. Remigius (Moine d'Auxerre en 890, Bibliothèque des Pères, Homé1. VII) en donne quatre raisons: La première, c'est que les mages ont bien su le temps de la naissance de J.-C., mais ils n'en ont pas connu le lieu or, Jérusalem étant une cité royale et possédant un souverain sacerdoce, ils soupçonnèrent qu'un enfant si distingué ne devait naître nulle part ailleurs si ce n'est dans une cité royale. La deuxième, c'était pour connaître plus tôt le lieu de la naissance, puisqu'il y avait là des docteurs dans la loi et des scribes. La troisième, pour que les Juifs restassent inexcusables ; ils auraient pu dire en effet : « Nous avons bien connu le lieu de la naissance, mais nous en avons ignoré le temps et c'est le motif pour lequel nous ne croyons point. » Or, les Mages désignèrent aux Juifs le temps et les Juifs indiquèrent le lieu aux Mages. La quatrième, afin que l’empressement des Mages devînt la condamnation de l’indolence des Juifs : car les Mages crurent à un seul prophète et les Juifs refusèrent de croire au plus grand nombre. Les Mages cherchent un roi étranger, les Juifs ne cherchent pas celui qui est le leur propre : les uns vinrent de loin, les autres restèrent dans le voisinage. Ils ont été rois et les successeurs de Balaam ils sont venus eu voyant l’étoile, d'après la prophétie de leur père : « Une étoile se lèvera sur Jacob et un homme sortira d'Israël. » Un autre motif de leur venue est donné par saint Chrysostome dans son original sur saint Mathieu. Des auteurs s'accordent à dire que, certains investigateurs de secrets choisirent douze d'entre eux, et si l’un venait à mourir, son fils ou l’un de ses proches le remplaçait. Or, ceux-ci, tous les ans, après un mois écoulé, montaient sur la montagne de la Victoire, y restaient trois jours, se lavaient et priaient Dieu de leur montrer l’étoile prédite par Balaam. Une fois, c'était le jour de la naissance du Seigneur, pendant qu'ils étaient là, vint vers eux sur la montagne une étoile singulière : elle avait la forme d'un magnifique enfant, sur la tête duquel brillait une croix, et elle adressa ces paroles aux Mages : « Hâtez-vous d'aller dans la terre de Juda, vous chercherez un roi nouveau-né, et vous l’y trouverez. » Ils se mirent aussitôt en chemin. Mais comment, en si peu de temps, comment, en treize jours, avoir pu parcourir un si long chemin, c'est-à-dire de l’Orient à Jérusalem, qui est censée occuper le centre du monde? On peut dire, avec Remigius, que cet enfant vers lequel ils allaient,, a bien pu les conduire si vite, ou bien l’on peut croire, avec saint Jérôme, qu'ils vinrent sur des dromadaires, espèce d'animaux très alertes, qui font en une journée le chemin qu'un cheval met trois jours à parcourir. Voilà pourquoi on l’appelle dromadaire, dromos course, arès courage. Arrivés à Jérusalem, ils demandèrent : « Où est celui qui est né roi des Juifs ? » Ils ne demandent pas s'il est né, ils le croyaient, mais ils demandent où il est né. Et comme si quelqu'un leur avait dit : « D'où savez-vous que ce roi est né? » Ils répondent : « Nous avons vu son étoile dans l’Orient et nous sommes venus l’adorer; » ce qui veut dire : « Nous qui restons en Orient, nous avons vu une étoile indiquant sa naissance; nous l’avons vue, dis-je, posée sur la Judée. Ou bien : nous qui demeurons dans notre pays, nous avons vu son étoile dans l’Orient, c'est-à-dire dans la partie orientale. » Par ces paroles, comme le dit Remigius, dans son original, ils confessèrent un vrai homme, un vrai roi et un vrai Dieu. Un vrai homme, quand ils dirent : « Où est celui qui est né ? » Un vrai roi en disant : « Roi des Juifs; » un vrai Dieu en ajoutant: « Vous sommes venus l’adorer. » Il a été en effet ordonné de n'adorer aucun autre que Dieu seul. Mais Hérode qui entendit cela fut troublé et Jérusalem tout entière avec lui. Le roi est troublé pour trois motifs: 1° dans la crainte que les Juifs ne reçussent comme leur roi ce nouveau-né, et ne le chassassent lui-même comme étranger. Ce qui fait dire à saint Chrysostome : « De même qu'un rameau placé en haut d'un arbre est agité par un léger souffle, de même les hommes élevés au faîte des dignités sont tourmentés même par un léger bruit. » 2° Dans la crainte qu'il ne soit inculpé par, les Romains, si quelqu'un était appelé roi sans avoir été institué par Auguste. Les Romains avaient en effet ordonné que ni dieu ni roi ne fût reconnu que par leur ordre et avec leur permission. 3° Parce que, dit saint Grégoire, le roi du ciel étant né, le roi de la terre a été troublé. En effet, la grandeur terrestre est abaissée, quand la grandeur céleste est dévoilée. — Tout Jérusalem fut troublée avec lui pour trois raisons : 1° parce que les impies ne sauraient se réjouir de la venue du Juste ; 2° pour flatter Je roi troublé, en se montrant troublés eux-mêmes; 3° parce que comme le choc des vents agite l’eau, ainsi les rois se battant l’un contre l’autre, le peuple est troublé, et c'est pour cela qu'ils craignirent être enveloppés dans la lutte entre le roi de fait et le prétendant. » C'est la raison que donne saint Chrysostome.
Alors Hérode convoqua tous les prêtres et les scribes pour leur demander où naîtrait le Christ. Quand il en eut appris que c'était à Bethléem de Juda, il appela les mages en secret et s'informa auprès d'eux de l’instant auquel l’étoile leur était apparue, pour savoir ce qu'il avait à faire, si les mages ne revenaient pas ; et il leur recommanda qu'après avoir trouvé l’enfant, ils revinssent le lui dire, en simulant vouloir adorer celui qu'il voulait tuer. Or, remarquez qu'aussitôt les mages entrés à Jérusalem, l’étoile cesse de les conduire, et cela pour trois raisons. La 1re pour qu'ils soient forcés de s'enquérir du lieu de la naissance de J.-C. ; afin par là d'être assurés de cette naissance, tant à cause de l’apparition de l’étoile qu'à cause de l’assertion de la prophétie : ce qui eut lieu. La 2e parce que en cherchant un secours des hommes, ils méritèrent justement de perdre celui de Dieu. La 3e parce que les signes ont été, d'après l’apôtre, donnés aux infidèles, et la prophétie aux fidèles : c'est pour cela qu'un signe fut donné aux Mages, alors qu'ils étaient infidèles ; mais ce signe ne devait plus paraître dès lors qu'ils se trouvaient chez les juifs qui étaient fidèles. La glose entrevoit ces trois raisons. Mais lorsqu'ils furent sortis de Jérusalem, l’étoile les précédait, jusqu'à ce qu'arrivée au-dessus du lieu où était l’enfant, elle s'arrêta. De quelle nature était cette étoile ? Il y a trois opinions, rapportées par Remilus en son original. Quelques-uns avancent que c'était le saint Esprit, afin que, devant descendre plus tard surale Seigneur après son baptême, sous la forme d'une colombe, il apparût aussi aux Mages sous la forme d'une étoile. D'autres disent, avec saint Chrysostome, que ce fut l’ange qui apparut aux bergers, et ensuite aux Mages aux bergers eu leur qualité de juifs et raisonnables, elle apparut sous une forme raisonnable, mais aux gentils qui étaient, pour ainsi dire, irraisonnables, elle prit une forme matérielle. Les autres, et c'est le sentiment le plus vrai, assurent que ce fut une étoile nouvellement créée, et qu'après avoir accompli son ministère, elle revint à son état primitif. Or, cette étoile, selon Fulgence, différait des autres en trois manières, 1° en situation, parce qu'elle n'était pas située positivement dans le firmament, mais elle se trouvait suspendue dans un milieu d'air voisin de la terre ; 2° en éclat, parce qu'elle était plus brillante que les autres; cela est évident, puisque le soleil ne pouvait pas en diminuer l’éclat ; loin de là, elle paraissait en plein midi ; 3° en mouvement, parce qu'elle allait en avant des Mages, comme ferait un voyageur ; elle n'avait donc point un mouvement circulaire, mais une espèce de mouvement animale( progressif. La glose en touche trois autres raisons à ces mots sur le 2e chapitre de saint Mathieu: « Cette étoile de la naissance du Seigneur, etc. » La 1re elle différait dans son origine, puisque les autres avaient été créées au commencement du monde, et que celle-ci venait de l’être. La 2e dans sa destination, les autres avaient été faites pour indiquer des temps et des saisons, comme il est dit dans la Genèse (I, 14) et celle-ci pour montrer le chemin aux Mages ; la 3e dans sa durée, les autres sont perpétuelles, celle-ci, après avoir accompli son ministère, revint à son état primitif.
Or, lorsqu'ils virent l’étoile, ils ressentirent une très grande joie. Observez que cette étoile aperçue par les Mages est quintuple ; c'est une étoile matérielle, une étoile spirituelle, une étoile intellectuelle, une étoile raisonnable, et une étoile supersubstantielle. La première, la matérielle, ils la- virent en Orient; la seconde, la spirituelle qui est la foi, ils la virent dans leur coeur, car si cette étoile, c'est-à-dire, la foi, n'avait pas projeté ses rayons dans leur coeur, jamais ils ne fussent parvenus à voir la première. Or, ils eurent la foi en l’humanité du Sauveur, puisqu'ils dirent : « Où est celui qui est né? » Ils eurent la foi en sa dignité royale, quand ils dirent: « Roi des juifs. » Ils eurent la foi en sa divinité puisqu'ils ajoutèrent : « Nous sommes venus l’adorer. » La troisième, l’étoile intellectuelle, qui est l’ange, ils la virent dans le sommeil, quand ils furent avertis par l’ange de ne pas revenir vers Hérode. Mais d'après une glose particulière, ce ne fut pas un ange, mais le Seigneur lui-même qui leur apparut. La quatrième, la raisonnable, ce fut la Sainte Vierge, ils la virent dans l’hôtellerie. La cinquième, la supersubstantielle, ce fut J.-C., qu'ils virent dans la crèche ; c'est de ces deux dernières qu'il est dit : « En entrant dans la maison, ils trouvèrent l’enfant avec Marie, sa mère... » etc. Et chacune d'elles est appelée étoile : la 1re par le Psaume : « La lune et les étoiles que vous avez créées. » La 2e dans l’Ecclésiastique (XLIII, 10) : « La beauté du ciel, c'est-à-dire de l’homme céleste, c'est l’éclat des étoiles, c'est-à-dire des vertus. » La 3e dans Baruch (III, 31) : « Les étoiles ont répandu leur lumière chacune en sa place, et elles ont été dans la j oie. » La ie par la Liturgie : « Salut, étoile de la mer. » La 5e dans l’Apocalypse (XXII, 16) : « Je suis le rejeton et le fils de David, l’étoile brillante, et l’étoile du matin. » En voyant la première et la seconde, les Mages se sont réjouis ; en voyant la troisième, ils se sont réjouis de joie; en voyant la quatrième ils se sont réjouis d'une joie grande ; en voyant la cinquième, ils se sont réjouis d'une très grande joie. Ou bien ainsi que dit la glose: « Celui-là se réjouit de joie qui se réjouit de Dieu, qui est la véritable joie, et il ajoute « grande », car rien n'est plus grand que Dieu ; et il met « très » grande, parce qu'on peut se réjouir plus ou moins de grande joie. Ou bien par l’exagération de ces expressions, l’évangéliste a voulu montrer que les hommes se réjouissent plus des choses perdues qu'ils ont retrouvées que de celles qu'ils ont toujours possédées.
Après être entrés dans la chaumière, et avoir trouvé l’enfant avec sa mère, ils fléchirent les genoux et chacun offrit ces présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Ici saint Augustin s'écrie : « O enfance extraordinaire, à laquelle les astres sont soumis. Quelle grandeur ! Quelle gloire immense dans celui devant les langes duquel les anges se prosternent, les astres assistent, les rois tremblent, et les partisans de la sagesse se mettent à genoux ! O bienheureuse chaumière ! Ô trône de Dieu, le second après le ciel, où ce n'est pas une lumière qui éclaire, mais une étoile! ô céleste palais dans lequel habite non pas un roi couvert de pierreries, mais un Dieu qui a pris un corps, qui a pour couche délicate une dure crèche, pour plafond doré, un toit de chaume tout noir, mais décoré par l’obéissance d'unie étoile! Je suis saisi quand je vois les lampes et que je regarde les cieux; je suis enflammé, quand je vois dans une crèche un mendiant plus éclatant encore que les astres.» Et saint Bernard : « Que faites-vous ? Vous adorez un enfant à la mamelle dans une vile étable? Est-ce que c'est un Dieu? Que faites-vous? Vous lui offrez de l’or? Est-ce donc un Roi ? Où donc est sa cour, où est son trône, où sont les courtisans de ce roi? Est-ce que la cour, c'est l’étable? Le trône la crèche, les courtisans de ce roi, Joseph et Marie Ils sont devenus insensés, pour devenir sensés. » Voici ce que dit encore à ce sujet saint Hilaire dans le second livre de la Trinité : « Une vierge enfante, mais celui qui est enfanté vient de Dieu. L'enfant vagit, on entend des anges le louer, les langes sont sales, Dieu est adoré. C'est pourquoi la dignité de la puissance n'est pas perdue, puisque l’humilité de la chair est adoptée. Et voici comment dans Jésus enfant on rencontre des humiliations, des infirmités, mais aussi des sublimités, et l’excellence de la divinité. » A ce propos encore saint Jérôme dit, sur l’épître aux Hébreux : « Regardez le berceau de J.-C., voyez en même temps le ciel ; vous apercevez un enfant pleurant dans une crèche, mais en même temps faites attention aux cantiques des anges. Hérode persécute, mais les Mages adorent; les Pharisiens ne le connaissent point, mais l’étoile le proclame ; il est baptisé par un serviteur, mais on entend la voix de Dieu qui tonne d'en haut: il est plongé dans l’eau, mais la colombe descend ; il y a plus encore, c'est le Saint-Esprit dans la colombe. »
Pourquoi maintenant les Mages offrent-ils des présents de cette nature! On en peut signaler une foule de raisons. 1° C'était une tradition ancienne, dit Remigius, que personne ne s'approcherait d'un dieu ou d'un roi, les mains vides. Les Perses et les Chaldéens avaient coutume d'offrir de pareils présents. Or, les Mages, ainsi qu'il est dit en l’Histoire scholastique, vinrent des confins de la Perse et de la Chaldée, où coule le fleuve de Saba, d'où vient le nom de Sabée que porte leur pays. 2° La seconde est de saint Bernard: « Ils offrirent de l’or à la sainte Vierge pour soulager sa détresse, de l’encens, pour chasser la puanteur de l’étable, de la myrrhe pour fortifier les membres de l’enfant et pour expulser de hideux insectes. 3° Parce que avec l’or se paie le tribut, l’encens sert au sacrifice et la myrrhe à ensevelir les morts. Par ces trois présents, on reconnaît, dans le Christ la puissance royale, la majesté divine, et la mortalité humaine. 4° Parce que l’or signifie l’amour, l’encens la prière, la myrrhe, la mortification de la chair: Et nous devons les offrir tous trois à J.-C. 5° Parce que par ces trois présents sont signifiées trois qualités de J.-C. : une divinité très précieuse, une âme toute dévouée, et une chair intègre et incorruptible. Les offrandes étaient encore prédites par ce qui se trouvait dans l’arche d'alliance. Dans la verge qui fleurit, nous trouvons la chair de J.-C. qui est ressuscitée; au Psaume: « Ma chair a refleuri »; dans les tables où étaient gravés les commandements, l’âme dans laquelle sont cachés tous les trésors de la science et de la sagesse de Dieu; dans la manne, la divinité qui a toute saveur et toute suavité. Par l’or, donc, qui est le plus précieux des métaux, on entend la divinité très précieuse; par l’encens, l’âme très dévouée, parce que l’encens signifie dévotion et prière (Ps.) : « Que ma prière monte comme l’encens.» Par la myrrhe qui est un préservatif de corruption, la chair qui ne fut pas corrompue. Les Mages, avertis en songe de ne pas revenir chez Hérode, retournèrent par un autre chemin en leur pays. Voici comment partirent les Mages : Ils vinrent sous la direction de l’étoile; ils furent instruits par des hommes, mieux encore par dés prophètes; ils retournèrent sous la conduite de l’ange, et moururent dans le Seigneur. Leurs corps reposaient à Milan dans une église de notre ordre, c'est-à-dire des frères prêcheurs, mais ils reposent maintenant à Cologne. Car ces corps, d'abord enlevés par Hélène, mère de Constantin, puis transportés à Constantinople, furent transférés ensuite par saint Eustorge, évêque de Milan; mais l’empereur Henri les transporta de Milan à Cologne sur le Rhin, où ils sont l’objet de la dévotion et des hommages du peuple.
La Légende dorée de Jacques de Voragine nouvellement traduite en français avec introduction, notices, notes et recherches sur les sources par l'abbé J.-B. M. Roze, chanoine honoraire de la Cathédrale d'Amiens, Édouard Rouveyre, éditeur, 76, rue de Seine, 76, Paris mdccccii
PREMIER SERMON POUR LE JOUR DE L'ÉPIPHANIE DE NOTRE-SEIGNEUR.
Sur ces paroles de l'Apôtre : " La bonté de Dieu notre Sauveur et son humanité ont paru dans le monde (Tit. III, 4) : " et sur les trois apparitions de Jésus-Christ.
1. La bonté de Dieu notre Sauveur et son humanité ont paru dans le monde (Tit. III, 14). ".Grâces soient rendues à Dieu par qui nous recevons une si abondante consolation dans notre voyage, au sein de l'exil et au milieu de nos misères. Car nous avons soin de vous rappeler bien souvent, afin que vous ne l'oubliiez pas, que nous sommes des voyageurs sur la terre, des exilés de la patrie, des hommes dépouillés de leur héritage; car quiconque n'a point gémi sur son sort ne sera jamais consolé. Quiconque ne sent point la nécessité d'être consolé ne saurait espérer la grâce de Dieu (a). Aussi, les gens du monde, absorbés tout entiers par une multitude d'affaires et dé désordres, ne s'aperçoivent point de leur misère et ne recherchent point la miséricorde. Mais vous, à qui il n'a pas été dit en vain : " Arrêtez-vous et voyez que je suis le Seigneur de toutes douceurs (Psal. XLV, 11), " vous, à qui le même Prophète disait encore : " Le Seigneur fera connaître à son peuple la puissance de ses oeuvres (Psal. CX, 6) : " vous, dis-je, que les occupations du siècle ne captivent plus, remarquez combien est grande la consolation spirituelle. Vous, qui n'ignorez point que vous êtes en exil, apprenez que le secours vient du ciel, " car la bonté de Dieu notre Sauveur et son humanité ont paru dans ce monde. " Tant que son humanité ne parut point, sa bonté demeura cachée, attendu que celle-ci existait avant celle-là puisque la miséricorde du Seigneur est éternelle. Mais comment pouvait-elle être connue dans toute sa grandeur ? Elle était promise mais on ne le sentait point encore, et voilà pourquoi tant d'hommes en doutaient. Dieu avait parlé autrefois en diverses occasions et en diverses manières par la bouche des prophètes (Hebr. I, 1), il avait dit : " Mes pensées sont des pensées de paix, non d'affliction (Jerem. XXIX, 11). " Que répondait l'homme qui né ressentait que son affliction et ignorait les douceurs de la paix ? Il disait à Dieu jusques à quand nous direz-vous : " La paix, la paix, lorsqu'il n'y a point de paix (Ezech. XIII, 10)? " Aussi les anges de paix versaient-ils des larmes amères en s'écriant : " Seigneur, qui est-ce qui croira nos paroles (Isa. XXXIII, 7) ? " Mais que les hommes en croient du moins leurs propres yeux maintenant, car " les témoignages de Dieu sont très-dignes de créance (Psal. XCII, 5). " Et, afin qu'elle ne pût échapper à ses regards, " Dieu a dressé sa tente en plein soleil (Psal. XVII, 5). "
2. Or, voici maintenant la paix non plus promise simplement, mais envoyée; non plus différée, mais donnée; non plus prophétisée, mais présentée. Voici que Dieu a envoyé sur la terre comme le trésor même de sa miséricorde, ce trésor, dis-je, dont la passion doit briser l'enveloppe, pour en répandre le pria de notre salut qui y est caché;
a Saint Bernard vent dire que ceux qui ne sentent point leur misère ne recevront point la grâce de Dieu, parce qu'il ne la donne qu'à ceux qui la demandent; de plus elle ne se conserve que dans ceux qui craignent de la perdre. (Voir plus loin le premier sermon de saint Bernard pour le jour de l'octave de l'Epiphanie, n. 5, et le deuxième sermon pour le même jour, n. 8.) On peut consulter aussi le premier sermon sur la psaume quatre-vingt-dixième, n. 1, ainsi que le cinquième sermon pour le jour de la race de l'Eglise, n. 8, où notre saint s'exprime ainsi : " Ne point voir sa propre est un obstacle à la miséricorde, et la grâce ne se répand point là où on présume de son mérite. " (Voir encore la livre I de la Vie de saint Bernard, n. 36 et 37.)
pour être, peu volumineux, il n'en est pas moins rempli, car si ce n'est qu'un tout petit enfant qui nous a été donné, en lui habite toute la plénitude de la divinité. Dans la plénitude des temps est donc venue la plénitude, de la divinité. Elle est venue dans la chair afin d'être visible par des yeux de chair, et, afin qu'à la vue de son humanité, on reconnût sa bonté; car si ce dès que l'humanité de Dieu apparaît, il n'est plus possible de doutes de sa bonté. Comment, en effet, aurait-il pu nous mieux signaler sa bonté, qu'en prenant notre chair, notre chair, dis-je, non point celle qu’Adam eut, avant son péché? Est-il rien qui prouve mieux sa miséricorde que de voir qu'il a pris, notre misère? Enfin où trouver un amour plus plein, que dans le fait du Verbe même de Dieu se faisant pain pour nous ? " Seigneur, qu’ est-ce que l'homme pour faire tant de cas de lui, et pour que votre cœur, s'attache à lui (Job. VII, 17) ? " Que l’homme apprenne, par là, quel soin Dieu prend de lui, quel bien il lui rend dans sa pensée, et quels sentiments il nourrit à son égard. Ne te demande point, ô homme, ce que tu souffres, mais ce qu'il, a souffert. Reconnais quel cas il fait de toi, par ce qu'il est devenu pour toi afin que tu pusses, en voyant son humanité, te convaincre de sa bonté. En effet, plus il s'est fait petit en se faisant homme, plus il s'est montré grand en amour, et, plus il s'est fait humble pour moi, plus il est digne de mon amour. " La bonté de Dieu notre Sauveur et son humanité nous ont apparu, " disait l'Apôtre. Oui elles ont apparu, mais immenses, mais manifestes ! ce qui a rendu la preuve de sa bonté plus grande encore, c'est le nom de Dieu qu’il a voulu ajouter à son humanité.
3. Car l’ange Gabriel, qui fut envoyé à Marie, lui parle du fils de Dieu, mais ne le nomme point. Dieu. Béni donc soit Dieu qui a trouvé parmi nous, et pour nous, un ange de notre race qui suppléât ce que l'ange du ciel avait omis, Car le nôtre avait aussi l'esprit de Dieu, et c'est dans cet esprit qu'il nous a annoncé :ce qu'il nous importait tant de savoir. Est-il, en effet, quelque chose qui fonde la foi, fortifie l'espérance et enflamme la charité comme l'humanité de pieu? Mais ce que les autres anges n'ont point dit, c'est le notre qui devait le dire. Il ne convenait point que tous les anges annonçassent toutes choses, car, il fallait que nous eussions le plaisir, d'apprendre une chose des uns et une autre des autres, et que nous eussions des actions de grâces à rendre à chacun. Pourtant, il y a un nom que les anges et l'Apôtre s'accordent à lui donner, c'est celui de Sauveur. En s'adressant à Marie qui était plus complètement instruite que lui par le Saint-Esprit, Gabriel se contente de lui indiquer le nom du Sauveur; " vous lui donnerez le nom de Jésus (Luc. I, 31). " Mais lorsqu'il s'adresse à Joseph, il lui explique la signification de ce nom : " Vous lui donnerez le nom de Jésus, parce que ce sera lui qui sauvera son peuple (Matth. I, 21). " De même aux, bergers, la grande nouvelle qui leur est annoncée, c'est qu'il leur est né un Sauveur, le Seigneur Christ. Saint Paul s'exprime à peu près de la même manière quand il dit : " La bonté et l'humanité du Sauveur notre Dieu ont paru (Tit. III, 6). " C'est un nom d'une grande douceur, et nul n'a négligé de le prononcer, attendu qu'il m'était bien nécessaire de l'entendre. Autrement qu'aurai-je fait en apprenant que le Seigneur venait? Ne me serais-je point enfui, comme Adam qui voulait éviter sa présence et ne put y réussir ? Ne tomberais-je point dans le désespoir, en apprenant l'arrivée de celui dont j'ai si souvent violé la loi, de la patience. de qui j'ai tant abusé, dont j'ai si mal reconnu les bienfaits? Quelle plus grande consolation pourrait-il y avoir pour moi que d'entendre un nom plein de douceur et de consolation? Aussi entendez-le lui-même dire que " le Fils n'est pas venu pour juger le monde, mais, pour que le monde fût sauvé par lui (Joan. III, 17). " Alors je m’approche avec confiance, je prie, l'espérance dans l’âme. En effet, que craindrais-je quand celui qui vient dans ma demeure est le Sauveur? Je n'ai péché que contre lui, s'il me pardonne tout sera oublié, d'autant plus qu'il peut faire tout ce qu'il lui plait il est Dieu, s’il me justifie, qui est-ce qui me condamnera? Qui est-ce qui osera élever la voix contre les élus de Dieu (Rom. VIII, 33)? Il faut donc nous réjouir de ce qu'il est venu chez nous, car il se montrera facile à pardonner.
4. Après tout il est tout petit enfant, il sera donc bien facile de l'apaiser: Qui ne sait que les enfants pardonnent aisément? Et s'il n'est pas venu à nous pour peu de chose, cependant il faut bien peu de chose pour nous réconcilier avec lui ; mais si peu que ce soit de ne saurait pourtant pas être moins que la pénitence, après tout n'est-ce que notre pénitence, sinon infiniment peu de chose? Nous sommes pauvres, nous ne pouvons donner que peu; mais ce peu, si nous le voulons, suffit pour nous réconcilier. Tout ce que je puis donner, c'est ce misérable corps, mais si je le donne, il suffit; sinon j'ajoute son propre corps au mien, en effet il est du même sang que moi, il est à moi. Car cet " enfant est né pour nous, ce fils a été donné à nous (Is. IX, 6). " Seigneur, je supplée par vous à ce qui me manque. O réconciliation d'une incomparable douceur ! O satisfaction infiniment agréable ! O réconciliation vraiment facile mais infiniment utile ; satisfaction vraiment petite mais non de peu de prix ! Mais plus elle est facile aujourd'hui, plus elle sera difficile demain, et si maintenant il n'est personne qui ne puisse se réconcilier, bientôt il n'y aura plus personne qui le pourra, car, de même que la bonté du Sauveur s'est montrée au delà de toute espérance, au delà de tout ce que les hommes pouvaient imaginer, ainsi pouvons-nous nous attendre à un jugement dune sévérité pareille à ce que fut sa bonté. Gardez-vous donc bien de mépriser la miséricorde de Dieu si vous ne voulez point ressentir sa justice, ou plutôt sa colère, son indignation, sa violence ou sa fureur. Seigneur, ne me reprenez point dans votre fureur, et ne me châtiez pas dans votre colère (Psal. VI, 1). Pour que vous n'ignoriez point quelle sera la sévérité du jugement futur, il a commencé par vous en donner une idée dans la grandeur de sa miséricorde qui, le précède; jugez donc de la grandeur de la vengeance par la grandeur de l'indulgence. Dieu est immense, sa justice comme sa miséricorde est infinie, il est riche en pardon, riche en vengeance ; mais la miséricorde a. pris le devant, afin que, si nous le voulons, la sévérité du jugement n'ait plus le motif de sévir. Il a donc donné le pas à sa bonté, afin que réconciliés par elle, nous pussions considérer sans crainte sa sévérité. Voilà pourquoi il voulut non-seulement descendre sur la terre, mais s'y faire connaître; non-seulement y naître, mais y être connu.
5. Après tout, c'est à cause de cette manifestation que ce jour est célèbre pour nous, sous le nom de jour de l'apparition. En effet, c'est aujourd'hui que les Mages sont venus de l'Orient à la recherche du soleil de justice qui venait de se lever, de celui dont il est écrit : " Voilà l'homme qui a pour nom Orient (Zach. VI, 12). " C'est aujourd'hui qu'ils ont adoré l'enfantement nouveau d'une vierge, après avoir suivi la route que leur indiquait un astre nouveau. N'y a-t-il point là encore pour nous une grande consolation, de même que dans le mot de l’Apôtre dont je vous ai entretenus ? Celui-ci la nommé Dieu; et ceux-là lui donnent le même titre sinon de bouche, du moins par leurs actions. Que faites-vous, ô Mages, que fais-vous? Vous adorez un enfant à la mamelle, dans une vile étable, et caché sous de vils langes? Est-ce que vous voyez Dieu en lui ? Si c'était un Dieu ne serait-il point dans son temple; le Seigneur, mais c'est dans les cieux qu'il habite : et vous venez, le chercher, dans une vile étable, sur le sein d'une mère? Que faites-vous, encore une fois, et pourquoi lui offrez-vous de l’or ? Est-il donc roi aussi ? Mais où est sa cour royale, où est son trône, où est la foule de ses courtisans ? Faut-il prendre une étable pour la cour d'un roi, une crèche pour son trône, Joseph et Marie pour tous courtisans? Comment des hommes aussi, sages ont-ils pu perdre le sens au point d'adresser leurs adorations à un tout petit enfant, que son âge et la pauvreté de ses parents contribuent à rendre méprisable? Ils ont perdu le. sens, c'est vrai, mais c'est pour le recouvrer, et le Saint-Esprit leur a appris avant tout autre ce que l'Apôtre n'a annoncé que plus tard, c'est, que : " Si quelqu'un parmi vous veut être sage, qu'il devienne insensé et il deviendra sage (I Cor. I, 21). " N'y avait-il pas lieu de craindre, mes frères, que ces hommes ne se scandalisassent et ne se crussent mystifiés en voyant tant de choses indignes d'un Dieu et d'un roi? De la capitale d'un royaume où ils présumaient qu'ils devaient chercher le roi, ils sont envoyés à Bethléem, dans une misérable petite bourgade ; ils entrent dans une étable et y trouvent un enfant enveloppé de langes. Cette étable ne les choque point, ces langes ne les offusquent point, et cet enfant à la mamelle ne les scandalise point; ils se prosternent, ils le saluent comme un roi, et l'adorent comme un Dieu; sans douté c'est que celui qui les a conduits là les a instruits en même temps; sans doute celui qui les a avertis extérieurement par une étoile, les a aussi intérieurement éclairés. Le Seigneur en se manifestant ce jour-là l'a donc rendu céleste; et les Mages, parleurs respect leur dévotion, en ont fait un jour de dévotion et de respects.
6. Mais nous ne célébrons point que cette manifestation aujourd'hui il en est encore une autre que nous avons appris de nos pères à célébrer encore. Bien qu'elle soit séparée par un long laps de temps de la première, cependant on croit qu'elle eut lieu le même jour. Jésus ayant accompli sa trentième année dans la chair (car en tant que Dieu il est toujours le même et ses années ne marchent point vers leur déclin), il se présenta au baptême de Jean au milieu d'un grand concours d'hommes de sa nation. Il y vint comme un homme du peuple, lui qui seul était sans péché. Qui l'aurait pris alors pour le Fils de Dieu ? Qui aurait pensé qu'il était le Seigneur de majesté ? O Seigneur, comme vous vous humiliez profondément! Vous vous cachez bien bas, mais vous ne pouvez demeurer inconnu à Jean. N'est-ce pas lui qui du fond du sein maternel, avant même d'avoir vu le jour, vous reconnut, bien que vous ne fussiez pas encore né non plus? N'est-ce pas lui qui vous reconnut à travers la double enveloppe du sein de sa mère et du sein de la vôtre? Comme il ne pouvait alors s'adresser à la foule, il instruisait du moins sa mère de votre présence par un tressaillement de joie. Mais aujourd'hui que se passe-t-il? l'Evangéliste nous le dit : " Jean le vit venir et il dit : voici l'Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les pêches du monde ( Joan. II, 29). " Oui, c'est bien un agneau , c'est bien lui plein d'humilité, lui plein de douceur. " Voici, dit-il, l'Agneau de Dieu, celui qui ôte les péchés du monde. " C'est-à-dire voici celui qui ;va effacer nos iniquités et purifier notre cloaque. Mais nonobstant ce témoignage il veut être baptisé de la main de Jean. Celui-ci n'ose céder à ses voeux, qui peut s'en étonner? Oui, qu'y a-t-il d'étonnant qu'un homme tremble et n'ose point toucher au chef saint d'un Dieu, à cette tête que les Anges adorent, que les puissances vénèrent, que les principautés ne considèrent qu'avec crainte? Eh quoi, Seigneur Jésus, vous- voulez être baptisé? Pourquoi cela, Seigneur, et quel besoin avez-vous du baptême? Est-ce que l'homme qui est en bonne santé a besoin de médecin, et celui qui est pur a-t-il besoin de se purifier encore ? D'où vous viendrait donc le péché pour avoir besoin du baptême? Est-ce de votre père? Vous en avez un, je le sais, mais ce père est Dieu, vous lui êtes égal, car vous êtes Dieu de Dieu, lumière de lumière. Or, qui ne sait que le péché ne peut se trouver en Dieu ? Est-ce de votre mère, car vous avez aussi une mère, mais cette mère est vierge. Je me demande quel péché vous pouvez tenir d'elle, puisqu'elle vous a conçu sans péché et vous a mis au monde sans perdre sa virginité? Quelle tâche peut se trouver dans l'Agneau immaculé? " C'est moi plutôt, dit Jean, qui dois être baptisé par vous, et vous venez à moi (Matth,. III, 14) ! " Des deux côtés l'humilité est grande, mais il n'y a pas de comparaison entre celle de l'un et celle de l'autre. En effet, le moyen pour un homme de ne point s'humilier en présence d'un Dieu qui est humble ? " Laissez-moi faire pour le moment, dit le Seigneur, car c'est ainsi qu'il convient que nous accomplissions toute justice (Matth. III, 15). " Jean céda et obéit; il baptisa l’Agneau de Dieu, il purifia l’eau. C'est nous qui avons été lavés, ce n'est pas lui, car nous savons que c'est pour nous purifier, que les eaux ont été purifiées elles-mêmes.
7. Mais peut être ne vous en rapporterez-vous point entièrement au témoignage de Jean, attendu qu'après tout, il est homme et par conséquent sujet à caution, d’autant plus qu'il est proche parent de celui à qui il rend témoignage. Eh, bien! voilà un témoignage plus imposant, que celui, de Jean, c'est le témoignage de la colombe qui vient se reposer sur Jésus-Christ. Or ce n'est pas sans raison que pour désigner l'Agneau de Dieu, c'est une colombe qui arrive attendu qu'il n'est point d'être qui convienne mieux à l'agneau que la colombe. Ce qu'est l'agneau parmi les animaux, la colombe l’est parmi les oiseaux. L'un et l'autre sont d'une parfaite innocence , d'une très-grande douceur et d’une extrême simplicité. Est-il rien de plus éloigné de toute malice qu’un agneau et qu'une colombe? Ils ne sauraient nuire à personne, ils ne savent point ce que c'est que de faire du mal. N'allez pas croire que tout cela s’est passé par hasard , le témoignage de Dieu le Père vous détromperait: Le Dieu de toute majesté fit retentir son tonnerre, le Seigneur s'est fait entendre sur les grandes eaux (Psal. XXVIII, 3). " Au même instant on entendit une voix du ciel qui dit: celui-ci est : mon Fils bien-aimé en qui j'ai. mis toutes mes complaisances (Matth. III, 17). " En effet, Jésus est bien celui en qui rien ne déplaît au Père, rien ne choque les regards de sa majesté. Aussi dit-il lui-même : " Je fais toujours ce qui lui plaît. Ecoutez-le (Joan. VIII, 29), " dit-il. A vous maintenant, Seigneur Jésus, à vous de parler. Jusques à quand ferez-vous comme si vous n'entendiez point? Vous ne vous êtes tu que trop longtemps, oui trop longtemps; mais à présent votre Père vous permet de parler. Combien de temps vertu, sagesse de Dieu, demeurerez-vous cachée dans la foule comme un homme faible et dépourvu de sagesse? Combien de temps encore, noble Roi, Roi du ciel, souffrirez-vous qu'on vous croie et qu'on vous. appelle le ils du charpentier? Car saint Luc nous apprend qu'alors encore il passait pour être le fils de Joseph (Luc. III, 23). " O humilité, vertu du Christ, ô sublime humilité ! Comme vous confondez notre orgueil et notre vanité ! J'ai une ombre de savoir à peine, ou plutôt je me figure que je l'ai, et je ne puis plus me taire, je me produis et me fais valoir avec autant d'imprudence que d'impudence, j'ai hâte de parler, je suis aussi avide d'instruire les autres que lent à les écouter. Est-ce que Jésus, quand il gardait si longtemps le silence et se tenait caché, redoutait la vaine gloire? Pourquoi aurait-il appréhendé la vaine gloire lui qui est la vraie gloire du Père? Et pourtant il la craignait, mais non pour lui. Il la craignait pour nous, à qui il savait qu'elle était redoutable. C’est nous qu'il voulait prémunir, nous encore qu'il voulait instruire. Il gardait le silence des lèvres, mais il nous parlait par ses oeuvres, et, ce qu’il nous apprit plus tard par ses leçons, en disant : apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur (Matth. XI, 29), " il nous l'enseignait dès lors par ses exemples. En effet, nous ne savons que peu de choses de son enfance, et, depuis son enfance jusqu'à l’âge de trente ans, il n'est plus parlé de lui. Mais à présent il ne peut plus demeurer caché, car son Père fa trop clairement montré à tous les yeux. Mais dans sa première manifestation même il voulut se montrer en la société de la Vierge Marie parce que la virginité de sa mère est encore une leçon de réserve.
8. Nous trouvons dans l'Evangile sa troisième manifestation dont nous célébrons également aujourd'hui le souvenir. Il était invité aux noces de Cana; là, le vin étant venu à manquer, il compatit à l'embarras des époux et changea l'eau en vin: "Ce fut, dit l’Evangéliste, le premier de ses miracles (Joan. II, 11). " Ainsi dans la première manifestation, il montre le vieil homme en lui, car c'est sous la forme d'un enfant suspendu aux mamelles de sa mère qu'il a apparu : dans la seconde, le témoignage de son Père montre en lui le vrai Fils de Dieu; et dans la troisième, il se montre lui-même vraiment Dieu en changeant la nature à son gré. Ce sont là, autant de preuves qui confirment aujourd'hui notre foi, autant de démonstrations qui fortifient notre espérance, autant de motifs qui enflamment notre amour.
DEUXIÈME SERMON POUR LE JOUR DE L'ÉPIPHANIE DE NOTRE-SEIGNEUR.
Sur les Mages, à l'occasion de ce passage du Cantique des cantiques " Sortez de vos demeures, filles de Sion, et voyez le roi Salomon (Cant. III, 10). "
1. Nous lisons que le Seigneur s'est manifesté trois fois le même jour, sinon à la même époque. La seconde et la troisième fois il le fit d'une manière admirable, mais sa première manifestation est la plus admirable de toutes. Je trouve admirable le changement de l'eau en vin, admirable encore le témoignage de Jean, de la colombe et du Père; mais ce qui m'inspire plus d'admiration encore, c'est qu'il fut reconnu par les Mages. Or, ils l'ont reconnu, la preuve en est qu'ils l’adorèrent et lui offrirent de l’encens. Non-seulement ils reconnurent en lui un Dieu, mais aussi un roi, comme le prouve for qu'ils lui présentèrent. Toutes ces offrandes cachent pour eux un grand mystère de charité, aussi lui offrent-ils de la myrrhe pour indiquer sa mort. Les Mages adorent donc un enfant à la mamelle et lui offrent des présents. Mais, ô Mages, où donc voyez-vous la pourpre royale autour de cet enfant ? Est-ce dans ces pauvres langes dont il est enveloppé ? Si cet enfant est roi, où donc est son diadème? Pour vous, vous le voyez effectivement avec le diadème dont sa mère l'a couronné, je veux parler de cette- enveloppe mortelle dont il dit lui-même en ressuscitant : " Vous avez déchiré le sac dont j'étais vêtu, et vous m'avez environné de joie (Psal. XXIX, 12). " Sortez donc de vos demeures, filles de Jérusalem, et venez voir le roi Salomon qui parait avec le diadème dont sa mère l'a couronné, etc. (Cant. III, 10). " Oui sortez, vertus angéliques, habitants de la Jérusalem céleste, voici votre roi, mais paré de notre couronne, du diadème dont sa mère lui a ceint le front. Mais vous avez jusqu'à ce jour ignoré ces délices, jusqu'à ce jour vous n'avez point goûté ce bonheur. Vous connaissez bien sa grandeur, vous avez maintenant son abaissement sous les yeux; sortez donc de vos demeures et venez voir votre roi Salomon qui paraît avec, le diadème .dont sa mère l'a couronné.
2. Mais il n'est pas nécessaire que nous les y invitions , ils ressentent eux-mêmes le désir de le contempler. Car plus sa grandeur leur est connue, plus son abaissement leur semble aimable et précieux; voilà pourquoi, bien que nous ayons encore plus de sujets qu'eux de nous réjouir puisque c'est pour nous qu'il est né, et à nous qu'il est donné, ce sont eux cependant nous préviennent et nous exhortent à le voir. J'en vois la preuve dans le fait de l'ange qui annonce la bonne et grande nouvelle aux bergers, et dans les chants de l'armée céleste qui était avec lui (Luc. III, 16). C'est: donc à vous, âmes mondaines, que je m'adresse quand je dis filles de Sion; 'est,à vous qui êtes des filles délicates et faibles plutôt que des fils, car la force vous manque et vous n'avez rien de viril en vous, que je dis : " Sortez de votre demeure, filles de Sion. " Sortez de vos sentiments charnels pour vous élever vers l'intelligence de l’esprit, de la servitude, de la concupiscence de la chair, pour rester dans la liberté de l'intelligence de l'esprit. Sortez de votre pays, de votre parenté et de la demeure de votre père " et venez voir votre roi Salomon. "D'ailleurs il ne serait pas sûr pour vous de voir en lui l'Ecclésiaste, car qui dit Salomon, dit pacifique. Or il est Salomon dans l'exil (a); mais qui dit Ecclésiaste dit harangueur de la foule, or il le sera au jugement dernier; qui dit Idite, dit ami du Seigneur, il ne le sera que dans son royaume. Dans l'exil il est doux et aimable; au jugement dernier il sera juste et terrible, et dans le royaume, il sera glorieux et admirable. Sortez donc de vos demeures, et venez voir votre roi Salomon, car partout il porte sa royauté. Son royaume n'est pas de ce, monde, il est vrai, mais il n'en est pas moins roi dans ce monde. En effet, quand on lui dit : "Vous êtes donc roi? Je le suis, répondit-il, et c'est- pour cela que je suis né et que je suis venu dans le monde (Joan. XVIII, 37). " Maintenant donc il règle nos moeurs, au jugement dernier il discernera nos mérites, et dans son royaume il les récompensera.
3. Sortez donc de vos demeures, filles de Sion, et venez voir votre roi Salomon qui parait avec le diadème dont sa mère l'a couronné, le diadème de la pauvreté, la couronne de la misère. Car il a reçu de
a. Depuis cet endroit jusqu'à ta fin. du paragraphe, saint Bernard continue dans-les mêmes termes qu'il s'exprimera dans le cinquantième de ses sermons divers.
sa marâtre une couronne d'épines, une couronne de misère. Mais il en recevra une de justice de la main des siens, le jour où les anges iront arracher tous les scandales du milieu de son royaume, alors qu'il viendra pour juger avec les anciens de son peuple, et que l'univers entier se déclarera pour lui contre les insensés. Son Père le gratifie d'une couronne de gloire, selon ce mot du Psalmiste : " Vous lui avez donné une couronne de gloire et d'honneur (Psal. VIII, 6). " Venez donc le contempler, filles de Sion, sous le diadème dont l'a couronné sa mère. Prenez la couronne de votre roi devenu petit enfant pour vous, et, avec les Mages, adorez son abaissement; car leur foi et leur dévotion vous sont aujourd'hui proposées en exemple. A qui, en effet, comparerons-nous, à qui assimilerons-nous ces hommes aujourd'hui? Si je considère la foi du bon larron et la confession du centurion, il me semble que les Mages l'emportent sur tous les deux, attendu que pour ceux-ci déjà il avait fait bien des miracles, déjà il avait été annoncé par bien des bouches, déjà même il avait reçu les adorations de bien des gens. Remarquons néanmoins quel fut le langage de ces deux hommes. Le bon larron s'écriait du haut de la croix : " Seigneur, souvenez-vous de moi, lorsque vous serez arrivé dans votre royaume (Luc. XXII, 42). " Le supplice de la, croix serait-il la voie qui le conduit à son royaume? Qui donc t'a appris qu'il fallait que le Christ souffrit pour entrer dans sa gloire? Et toi, centurion, où as-tu appris à le connaître? L'Évangéliste nous dit que : " En voyant qu'il avait expiré en jetant ce grand cri, il s'écria : certainement cet homme était le Fils de Dieu (Marc, XV, 39). " Chose étrange et bien digne d'admiration!
4. Aussi vous dirai-je, voyez et remarquez quels yeux perçants, quels yeux de lynx a la foi. Elle voit le Fils de Dieu dans un enfant à la mamelle, elle le voit dans un homme attaché à la croix, enfin elle le voit dans un mourant En preuve, c'est que le centurion le reconnut sur la croix et les mages dans une étable: l'un le reconnaît malgré ses clous; les autres, malgré ses langes; celui-là reconnaît la Vie dans la mort, ceux-ci la vertu de Dieu dans le faible corps d'un nouveau-né; le premier, l'Esprit suprême dans un dernier soupir; les seconds, le Verbe de Dieu dans un muet enfant; car ce que l'un confesse par ses paroles, les autres le confessent par leurs présents. Le bon larron confesse le roi, et le centurion, le Fils de Dieu et de l'homme en même temps. Mais que signifient les trois présents des Mages? Leur encens ne montre-t-il point qu'ils reconnaissent en Jésus non moins un Dieu que le fils de Dieu? Aussi, mes frères bien-aimés, je demande à Dieu que l'immense charité que le Dieu de toute majesté nous a témoignée, vous profite, ainsi que le profond abaissement auquel il s'est soumis, et l'immense bonté que le Christ nous a montrée par son abaissement. Rendons grâce au Rédempteur, notre médiateur, qui nous a fait connaître l'extrême bonne volonté de Dieu le Père à notre égard; car nous savons si bien quelles sont ses dispositions à notre égard, que nous pouvons dire avec raison : " Nous courrons, mais non pas au hasard (I Cor. IX, 26). " Nous ne pouvons douter, en effet, que le coeur de Dieu le Père ne soit à notre égard dans les dispositions où nous l'a montré celui même qui est sorti de son coeur.
TROISIÈME SERMON POUR LE JOUR DE L'ÉPIPHANIE DE NOTRE SEIGNEUR.
Sur ce passage de l’Évangile : " Où est le roi des Juifs qui est nouvellement né ( Matt. II, 2) ? "
1 Mes frères, je crois nécessaire de vous exposer, selon ce que j'ai coutume de faire les autres jours de fête le sens de la solennité d'aujourd'hui. Quelquefois je parle contre les vices, ce genre de sermons est très utiles mais il me paraît mieux convenir aux autres jours qu'à celui-ci. Les jours de fête et surtout dans nos plus grandes solennités, il vaut mieux s’appliquer dans les sermons à instruire et à toucher. Comment, en effet, pourriez-vous célébrer ce que vous ne connaîtriez point, et comment connaîtriez-vous ce dont on ne vous parle point? Que ceux donc qui sont versés dans la connaissance de la loi, nous permettent de nous mettre à la portée de ceux qui le sont peu, comme l'exige la loi de la charité. D'ailleurs je ne bois pas qu'ils soient privés de nourriture , parce qu'ils voudront bien servir des mets un peu moins recherchés aux âmes un peu moins instruites, comme on pourrait le faire pour le simple peuple. Or, c'est ce qu'ils feront si dans , une pensée de charité fraternelle, ils se contentent de ce que réclament les personnes moins instruites, quoique peut-être ce ne soit pas aussi nécessaire pour eux. Ils pourront ensuite ramasser les restes, et repasser dans leur esprit avec attention et ruminer comme font les animaux purs, tout ce qui aura pu échapper, à cause de sa subtilité, aux esprits peu cultivés.
2. La solennité de ce jour tire donc son nom d'un mot qui signifie manifestation, car ce mot épiphanie n'a pas d'autre sens. C'est donc aujourd'hui la manifestation de Notre-Seigneur, non pas d'une seule, mais d'une triple manifestation, selon ce que nos pères nous ont appris En effet, c'est aujourd'hui que notre Roi, encore tout petit enfant, s'est manifesté peu de jours après sa naissance, aux premiers des, gentils, qu'une étoile avait amenés jusqu'à lui. C'est également en ce jour, que Jésus ayant accompli sa trentième année dans la chair, car en tant que Dieu, il est toujours le même et ses années ne marchent point vers leur déclin, il vint au Jourdain, confondu dans la foule des gens de sa nation pour être baptisé, et que le témoignage de Dieu, son Père, le fit connaître aux hommes. C'est également aujourd'hui que, se trouvant, avec ses disciples, invité à des noces où le vin a manqué, il a changé l'eau en vin par un miracle admirable de sa puissance. Mais je préfère considérer plus particulièrement la manifestation qui s'est faite dit Sauveur pendant les premiers jours de son enfance, parce qu'elle est remplie d'une très grande douceur, et que d'ailleurs c'est celle qui est le principal objet de cette fête.
3. C'est donc aujourd'hui, comme nous l'avons vu dans l'Evangile, que les Mages vinrent à Jérusalem du fond de l'Orient. Il est bien juste sans , doute que ceux qui viennent nous apprendre le lever du Soleil de justice, et remplir le monde entier de l'annonce de l'heureuse nouvelle, nous arrivent de l'Orient. Par malheur la Judée infortunée qui haïssait la lumière, se voile la face à l'éclat de cette clarté nouvelle et voit ses yeux malades se fermer au lieu de s'ouvrir aux brillants rayons du Soleil éternel. Mais écoutons le langage des mages arrivés de l'Orient: "Où est le Roi des Juifs nouvellement né (Matt. II, 2 ) ? "Quelle foi assurée, quelle absence d'hésitation et de doute! Ils ne s'inquiètent point s'il est né, mais pleins d'une complète certitude et tout à fait étrangers au doute, ils demandent où est le Roi des Juifs qui vient de naître. A ce mot de roi, Hérode se figure qu'il va avoir un successeur et il est saisi de crainte. Ne nous étonnons point de son trouble, mais étonnons-nous bien plutôt de voir Jérusalem, la cité de Dieu, dont le nom signifie la vision de la paix, partager le trouble d'Hérode. Voyez, mes frères, quel mal peut faire un pouvoir unique, comment un chef ;impie fait partager son impiété à ses sujets. O la malheureuse ville que celle où règne Hérode ; elle ne saurait demeurer étrangère à, la malice d'Hérode, et ne point partager le trouble qu'il éprouva à la nouvelle de la naissance du Sauveur. J'espère bien, avec la grâce de Dieu, qu'il ne régnera jamais sur nous, ce dont Dieu nous préserve. C'est partager la malice d'Hérode et la cruauté de Babylone, que de vouloir étouffer un ordre naissant et briser contre la pierre les jeunes enfants d'Isaac. Il est évident, en effet, que lorsqu'il parait quelque chose qui peut aider au salut, ou t quelque ordre nouveau, quiconque y' fait de l'opposition, et le combat, est du nombre de ces Egyptiens qui voulaient éteindre la race d'Israël, je dis plus, c'est un allié d'Hérode qui persécute le Sauveur naissant. Mais revenons à notre histoire, car je suis convaincu que s'il y a quelqu'un qui se, trouve dans ce cas, il veillera désormais sur lui-même avec le plus grand soin, détestant du fond de l’âme les sentiments d'Hérode, afin de, ne point partager son sort.
4. Comme les Mages s'informaient du Roi des Juifs, et comme Hérode de son côté s'informait auprès des scribes du lieu où devait naître le Seigneur, ceux-ci lui firent connaître le nom de la ville qu'avait indiquée le Prophète. Lorsque les plages se furent éloignés, après avoir quitté les Juifs, " voilà que l'étoile qu'ils avaient vue en Orient, marchait devant eux. " Ces paroles nous donnent assez clairement à entendre qu'ils cessèrent d'avoir Dieu pour guide tant qu'ils s'enquirent auprès des hommes; car le signe céleste leur fit défaut dès l'instant qu'ils se mirent en quêté de renseignements humains. Mais à peine ont-ils quitté Hérode qu'ils sont remplis d'une grande joie, car l’étoile leur apparut marchant devant eux jusqu'à ce qu'étant arrivée au dessus de l’endroit , où était l'enfant, elle s'arrêta: " Entrant alors dans la maison, ils trouvèrent l'Enfant avec Marie sa mère, et, se prosternant, ils l'adorèrent (Matt. II, 11). " O étrangers, d'ou vient que vous agissez ainsi ? Nous n'avons point vu de foi pareille dans Israël. Ainsi la triste apparence de cette étable ne vous offusque point, non plus que la vue de ce pauvre berceau fait d'une crèche ? La présence de cette mère pauvre ni cet enfant à la mamelle, ne vous scandalisent donc point?
5. Alors, dit l'Evangéliste " Ils ouvrent leurs trésors et ils lui offrent en présents, de l'or, de l'encens et de la myrrhe (Ibid.) " S'ils ne lui avaient offert que de l'or, peut-être auraient-ils paru avoir eu la pensée de venir en aide à la pauvreté de la mère, et lui donner les moyens d'élever son enfant. Mais comme ils lui offrent en même temps de l'or, de l'encens et de là myrrhe, il est évident que leurs offrandes ont un sens spirituel. En effet, l'or passe pour ce qu'il y a de plus précieux parmi les richesses des hommes; c'est ce que, avec la grâce du Sauveur, nous lui offrons dévotement lorsque, pour son nom, nous renonçons entièrement aux biens de ce monde. Mais à présent il ne nous reste plus, après avoir si complètement foulé aux pieds les choses de la terre, qu'à rechercher avec une plus vive ardeur celles des cieux. Car c'est ainsi que nous pourrons lui offrir la bonne odeur de l'encens qui, selon saint Jean, comme nous le voyons dans son Apocalypse (Apoc. V, 3), représente les prières des saints. Voilà ce qui faisait dire au Psalmiste : " Que ma prière s'élève vers vous comme la fumée de l'encens (Psal. CXL, 2) : " et à l'Ecclésiastique : "La prière du juste perce les nues: " La prière, dis-je, non de quiconque, mais du juste ( Eccles. XXXV, 21), car la prière de quiconque détourne l'oreille pour ne point écouter, la loi de Dieu, est exécrable (Prov. XXVIII, 9). "
6. Si donc vous voulez être juste et ne point détourner l'oreille des commandements de Dieu, pour que lui-même ne détourne pas la sienne de vos prières, il faut non-seulement que vous méprisiez le siècle présent, mais encore que vous châtiez votre chair et la réduisiez en servitude. Car celui qui a dit: "Quiconque ne renonce pas à tout ce qu'il possède, ne peut être mon disciple (Luc. XVI, 32), " et encore "Si vous voulez être parfaits, allez, vendez tout ce que vous avez et donnez-le aux pauvres, puis revenez vous mettre à ma suite (Matt. XIX, 21), est le même qui a dit dans un autre endroit : " Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il porte sa croix et me suive (Luc. IX, 23)." L'Apôtre voulant expliquer le sens de ces paroles, disait ; "Ceux qui sont à Jésus-Christ, ont crucifié leur chair avec toutes ses passions et ses désirs déréglés (Gal. V, 24). " La prière doit donc avoir deux ailes, le mépris du monde et la mortification de la chair, et avec elles il n'est pas douteux qu'elle puisse pénétrer les cieux et s'élever en présence de Dieu comme la fumée de l'encens. Pour que notre sacrifice soit agréable et que notre offrande mérite d'être accueillie, il faut qu'à l'or et à l'encens s'ajoute encore la myrrhe, car bien qu'elle soit amère, elle n'en est pas moins fort utile, elle conserve le corps qui est mort à cause du péché et l'empêche de tomber en pourriture en tombant dans le vice. Qu'il suffise de ce peu de mots pour nous engager à imiter les offrandes des Mages.
7. Mais comme nous avons parlé de manifestation, il est bien que nous recherchions qu'est-ce qui se manifeste à nous dans cette fête. L'Apôtre se charge de nous l'apprendre en nous disant : " Ce qui a paru, c'est la bonté et l'humanité du Sauveur notre Dieu (Tit. III, 4). " Et, en effet, nous avons entendu l'Evangéliste nous dire que "étant entrés dans la maison, les Mages y trouvèrent l'Enfant avec Marie sa mère (Matt. II, 41). " Or dans ce corps d'enfant qu'une mère réchauffait contre son sein virginal, qu'est-ce qui apparaît sinon le vérité de la chair qu'il a prise? Dans la seconde manifestation, ne vous semble-t-il point qu'il est manifestement proclamé Fils de Dieu de la bouche même de. son Père? En effet, les cieux s'entr'ouvrirent au-dessus de sa tète, le Saint-Esprit en descendit sur lui sous la forme corporelle d'une colombe, et en même temps la voix du Père fit entendre ces paroles : " Celui-ci est mon Fils bien aimé en qui j'ai mis toutes mes complaisances (Matt. III, 17). " Certes, il est assez manifeste après cela, il est suez évident et assez indubitable que le Fils de Dieu ne peut être que Dieu lui-même. Personne, en effet, ne révoque en doute que les enfants des hommes soient des hommes aussi, ni que les petits des animaux soient de la même espèce que ceux dont ils sont nés. Toutefois, pour qu'il n'y ait plus place pour une erreur sacrilège, celui qui, dans la première manifestation, fut reconnu pour vrai homme et fils d'homme, et qui dans la seconde, n'en est pas moins déclaré Fils de Dieu, se montre dans la troisième vrai Dieu et véritable auteur de la nature qu'il change à son gré. Pour nous, par conséquent, mes bien-aimés, aimons Jésus-Christ comme étant véritablement homme et notre frère; honorons-le comme Fils de Dieu, et adorons-le comme Dieu. Croyons avec une entière sécurité en lui, et confions-nous à lui avec la même sécurité, mes frères, car le pouvoir de nous sauver ne lui manque point, puisqu'il est vraiment Dieu, et Fils de Dieu; non plus que la bonne volonté, attendu qu'il est comme l'un de nous un homme véritable et fils de l'homme. Comment pourrait-il se montrer inexorable à notre égard, quand il s'est fait, pour nous, semblable à nous et sujet à la douleur?
8. Si vous désirez maintenant que je vous dise sur ces trois manifestations quelques mots qui aient rapport à la pratique, je vous prie de remarquer avant tout que le Christ se montre enfant avec une Vierge pour mère, afin de nous apprendre à rechercher par dessus tout, la simplicité et la modestie. La simplicité est, en effet, le partage de l'enfance, de même que la modestie est l'apanage des vierges. Par conséquent, nous tous, qui que nous soyons, il est deux vertus surtout que nous devons acquérir dès le principe même de notre conversion, c'est une humble simplicité, et une gravité pleine de modestie. Dans la seconde manifestation, le Sauveur vient aux eaux du baptême, non pour être purifié, mais plutôt pour recevoir le témoignage de son Père. Tout cela représente les larmes de la dévotion dans lesquelles on recherche bien moins à obtenir le pardon de ses fautes, qu'à complaire à Dieu le Père, lorsque l'esprit des enfants d'adoption descend sur nous pour rendre témoignage à notre propre esprit, que nous sommes les enfants de Dieu, en sorte qu'il nous semble entendre du haut du ciel une voix douce comme le miel qui nous assure que Dieu le Père se complaît véritablement en nous. Or, il y a une grande différence entre ces larmes de la dévotion et de l'âge viril, et celles que le premier âge laissait couler su milieu des vagissements de l'enfance et qui n'étaient que les larmes de la pénitence et de la confession. Toutefois, il en est d'autres qui sont bien supérieures aux premières, ce sont celles qui prennent le goût du vin; car on peut dire avec vérité que les, larmes de la compassion fraternelle qui s'échappent dans l’ardeur de la charité, sont véritablement changées en vin, attendu que, par la charité, il semble qu'on s'oublie soi-même un instant comme par l'effet d'une ivresse pleine de sobriété.
Oeuvres Complètes de Saint BERNARD. Traduction par M. l'Abbé Charpentier. Vivès, Paris 1866
Ant. 1 Engendré avant l’aurore * et avant les siècles : le Seigneur, notre Sauveur, apparaît aujourd’hui au monde.
Ant. 2 Ta lumière a brillé, * 0 Jérusalem, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi ; et les Nations marcheront à ta lumière, alléluia.
Ant. 3 Ouvrant leurs trésors, * les Mages, offrirent au Seigneur, l’or, l’encens et la myrrhe, alléluia.
Ant. 4 Mers et fleuves, * bénissez le Seigneur ; fontaines, chantez un hymne au Seigneur, alléluia.
Ant. 5 Cette étoile * brille comme une flamme, et manifeste le Dieu, Roi des rois ; les Mages l’ont vue et sont venus offrir leurs présents au grand Roi.
Capitule. Is. 60, 1. Lève-toi, sois éclairée, Jérusalem, parce qu’est venue ta lumière et que la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
V/. Les rois de Tharsis et les îles lui offriront des présents.
R/. Des rois de l’Arabie et de Saba lui apporteront des dons.
Ant.au Magnificat Les Mages,* voyant l’étoile, se dirent l’un à l’autre : Voici le signe du grand Roi ; allons et cherchons-le ; offrons-lui en présent, l’or, l’encens et la myrrhe, alléluia.
A MATINES.
L’Invitatoire et l’Hymne sont omis le jour de l’Épiphanie. [1]
Au premier nocturne.
Ant. 1 Apportez (des présents) au Seigneur,* enfants de Dieu ; adorez le Seigneur dans son saint temple
Ant. 2 Le cours d’un fleuve abondant * réjouit, alléluia, la cité de Dieu, alléluia.
Première leçon. Vous tous qui avez soif, venez vers les eaux : et (vous) qui n’avez pas d’argent, hâtez-vous, achetez et mangez ; venez, achetez sans argent et sans aucun échange, du vin et du lait. Pourquoi dépensez-vous de l’argent à ce qui n’est pas du pain et votre travail à ce qui ne peut vous rassasier ? Écoutez-moi avec une grande attention [2], et mangez une bonne nourriture, et votre âme se délectera en s’engraissant. Inclinez votre oreille, et venez à moi ; écoute ?, et votre âme vivra et je ferai avec vous un pacte éternel (qui montrera) véritables les miséricordes (promises) à David. Voilà que je l’ai donné pour témoin aux peuples, pour chef et pour maître aux Nations.
R/. En ce jour [3], quand le Seigneur eut été baptisé dans le Jourdain, les cieux s’ouvrirent, le Saint-Esprit se reposa sur lui comme une colombe, et la voix du Père se fit entendre : * Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis mes complaisances. V/. L’Esprit-Saint descendit sur lui, sous la forme sensible d’une colombe, et une voix vint du Ciel. * Celui-ci. Rubrique avant 1955 : Ce Verset se dit seulement aujourd’hui, le Dimanche dans l’Octave même s’il est anticipé, et au jour Octave ; mais les autres jours dans l’Octave au lieu de ce Répons, on dit le Répons propre aux jours dans l’Octave, indiqué en son lieu.
Deuxième leçon. Lève-toi, sois éclairée, Jérusalem, parce qu’est venue ta lumière, et que la gloire du Seigneur sur toi s’est levée. Parce que voilà que les ténèbres couvriront la terre, et une obscurité, les peuples ; mais sur toi se lèvera le Seigneur, et sa gloire en toi se verra [4]. Et des Nations marcheront à ta lumière, et des rois à la splendeur de ton lever [5]. Lève autour de toi, tes yeux, et vois [6] ; tous ceux-ci se sont rassemblés, ils sont venus à toi ; tes fils de loin viendront, et tes filles à ton côté se lèveront. Alors tu verras, et tu seras dans l’abondance ; ton cœur admirera et se dilatera, quand se sera tournée vers toi la richesse de la mer, et que la force des Nations sera venue à toi. Une inondation de chameaux te couvrira, des dromadaires de Madian et d’Epha ; tous viendront de Saba, apportant de l’or et de l’encens, et publiant des louanges en l’honneur du Seigneur.
R/. On vit le Saint-Esprit sous la forme d’une colombe, et on entendit la voix du Père : * Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances. V/. Les cieux lui furent ouverts et la voix du Père se fit entendre. * Celui-ci.
Troisième leçon. Me réjouissant, je me réjouirai dans le Seigneur, mon âme exultera en mon Dieu ; parce qu’il m’a revêtu des vêtements du salut, et du manteau de la justice [7] ; il m’a enveloppé, comme l’époux paré d’une couronne, et comme l’épouse ornée de ses colliers. Car comme la terre produit son germe, et comme un jardin fait germer sa semence, ainsi le Seigneur Dieu fera germer la justice et la louange devant toutes les Nations. A cause de Sion, je ne me tairai pas, et à cause de Jérusalem je ne me reposerai pas, jusqu’à ce que paraisse son juste comme une éclatante lumière, et que son sauveur, comme un flambeau, répande sa clarté.
R/. Les rois de Tharsis [8] et les îles lui offriront des présents ; * Des rois de l’Arabie et de Saba lui apporteront des dons. V/. Tous viendront de Saba. apportant de t’or et de l’encens. * Des rois. Gloire au Père. * Des rois.
Au deuxième nocturne.
Ant. 1 Que toute la terre vous adore * et vous chante, qu’elle dise un psaume à votre nom, Seigneur.
Ant. 2 Les rois de Tharsis * et les îles offriront des présents au Seigneur Roi.
Ant. 3 Toutes les Nations * que vous avez faites viendront, et adoreront devant vous, Seigneur.
V/. Les rois de Tharsis et les îles lui offriront des présents.
R/. Des rois de l’Arabie et de Saba lui apporteront des dons.
Sermon de saint Léon, Pape.
Quatrième leçon. « Réjouissez-vous dans le Seigneur, mes bien-aimés, je le dis encore, réjouissez-vous » ; puisque peu de temps après la solennité de la Nativité de Jésus-Christ, la fête de sa manifestation brille à son tour : et celui que la Vierge a enfanté le vingt-cinq décembre, le monde l’a reconnu aujourd’hui. Le Verbe fait chair a disposé son entrée dans le monde de telle manière que l’enfant Jésus fut manifesté aux fidèles et caché à ses persécuteurs. Alors déjà « les cieux racontèrent la gloire de Dieu, et le bruit de la vérité se répandit dans toute la terre, » quand une armée d’Anges apparut aux pasteurs pour leur annoncer la naissance du Sauveur, et qu’une étoile servit de guide aux Mages pour le venir adorer. L’avènement du véritable Roi fut ainsi manifesté avec éclat du levant au couchant, car les royaumes de l’Orient apprirent des Mages les éléments de la foi, et ils ne restèrent pas cachés à l’empire romain.
R/. Reçois la lumière, reçois la lumière, Jérusalem, car ta lumière est venue : * Et la gloire du Seigneur sur toi s’est levée V/. Et des Nations marcheront à ta lumière, et des rois à la splendeur de ton lever. * Et.
Cinquième leçon. La cruauté d’Hérode, voulant étouffer dans le berceau le Roi qui lui était suspect, servait, à son insu, à cette diffusion de la foi. Tandis qu’il s’appliquait à faire réussir un crime détestable, et qu’il cherchait à envelopper dans un massacre général l’enfant qui lui restait inconnu, le bruit de ce massacre divulguait en tous lieux la naissance du maître du ciel. La nouvelle s’en répandit d’autant plus promptement et d’autant mieux, que le prodige d’un signe dans le ciel était plus nouveau, et l’impiété du persécuteur plus cruelle. Alors aussi le Sauveur fut porté en Égypte, pour que ce peuple attaché à d’anciennes erreurs fût préparé, par une grâce secrète, à recevoir son prochain salut, et afin qu’avant même d’avoir banni ses vieilles superstitions, ce pays reçût pour hôte la vérité même.
R/. Tous viendront de Saba apportant de l’or et de l’encens, et publiant des louanges en l’honneur du Seigneur. * Alléluia, alléluia, alléluia. V/. Les rois de Tharsis et les îles lui offriront des présents ; des rois de l’Arabie et de Saba lui apporteront des dons. * Alléluia, alléluia, alléluia
Sixième leçon. Reconnaissons donc, mes bien-aimés, dans les Mages adorateurs du Christ, les prémices de notre vocation et de notre foi, et célébrons avec des cœurs pleins de joie les débuts de cette heureuse espérance. Car dès ce moment nous avons commencé à entrer dans l’héritage céleste ; depuis lors les passages mystérieux des saintes Écritures qui se rapportaient au Christ ont été découverts pour nous, et la vérité que l’aveuglement des Juifs n’accepte pas, a répandu sa lumière dans toutes les Nations. Honorons donc ce très saint jour en lequel l’Auteur de notre salut s’est fait connaître, et Celui que les Mages ont adoré petit enfant dans une crèche, adorons-le, tout-puissant dans les Cieux. Et, comme les Rois firent de leurs trésors des offrandes mystiques au Seigneur, cherchons de même à trouver dans nos cœurs des dons qui méritent d’être offerts à Dieu.
R/. Des Mages vinrent de l’Orient à Jérusalem cherchant et disant : Où est celui qui est né et dont nous avons vu l’étoile ? * Et nous sommes venus adorer le Seigneur. V/. Nous avons vu son étoile en Orient. * Et. Gloire au Père. * Et.
Au troisième nocturne.
Ant. 1 Cette antienne est répétée dans le psaume comme indiqué.Venez, adorons-le, car lui-même est le Seigneur notre Dieu.
Psaume 94
Venez, réjouissons-nous devant le Seigneur ; * poussons des cris de joie vers Dieu, notre Sauveur.
Allons au-devant de Lui avec des louanges, * et chantons des cantiques à Sa gloire.
Ant. Venez, adorons-le, car lui-même est le Seigneur notre Dieu.
Car le Seigneur est le grand Dieu, * et le grand Roi au-dessus de tous les dieux.
Dans Sa main sont tous les confins de la terre, * et les sommets des montagnes Lui appartiennent.
Ant. Venez, adorons-le, car lui-même est le Seigneur notre Dieu.
A Lui est la mer, et c’est Lui qui l’a faite, * et Ses mains ont formé le continent.
Ant. Venez, adorons-le, car lui-même est le Seigneur notre Dieu.
car Il est le Seigneur notre Dieu, * et nous, nous sommes le peuple de Son pâturage, et les brebis de Sa main.
Aujourd’hui, si vous entendez Sa voix, * gardez-vous d’endurcir vos cœurs,
comme lorsqu’ils excitèrent Ma colère, au jour de la tentation dans le désert, * où vos pères M’ont tenté, M’ont mis à l’épreuve, et ont vu Mes œuvres.
Ant. Venez, adorons-le, car lui-même est le Seigneur notre Dieu.
Pendant quarante ans Je fus irrité contre cette génération ; * et Je dis : Leur cœur ne cesse de s’égarer.
Et ils n’ont point connu Mes voies ; * de sorte que J’ai juré dans Ma colère : Ils n’entreront point dans Mon repos.
Ant. Venez, adorons-le, car lui-même est le Seigneur notre Dieu.
Gloire au Père…
Ant. Venez, adorons-le, car lui-même est le Seigneur notre Dieu.
Cette Antienne avec son psaume est dite seulement la nuit de l’Épiphanie : pendant l’Octave, on dit à sa place l’Antienne suivante : Un homme est né dans elle, et lui-même, le Très-Haut, ta fondée.
Ant. 2 Adorez le Seigneur * alléluia ; dans son saint temple, alléluia.
Ant. 3 Adorez Dieu, * alléluia, tous, ses Anges, alléluia.
V/. Adorez le Seigneur, alléluia.
R/. Dans son saint temple, alléluia.
Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu. Cap. 2, 1-12.
En ce temps-là : Jésus étant né à Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode, voici que des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem, disant : "Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?". Et le reste.
Homélie de saint Grégoire, Pape.
Septième leçon. Comme vous l’avez entendu, mes très chers frères, dans la lecture de l’Évangile, un roi de la terre se troubla à la naissance du Roi des Cieux : c’est parce que les grandeurs terrestres sont confondues, lorsque celles du Ciel viennent à paraître. Mais nous devons chercher pour quel motif, à la naissance du Rédempteur, un Ange apparut aux pasteurs dans la Judée, tandis que ce ne fut pas un Ange, mais une étoile, qui servit de guide aux Mages de l’Orient, pour venir l’adorer. Ce fut, sans doute, parce que les Juifs, usant de la raison pour connaître le vrai Dieu, il était juste qu’un Ange, c’est-à-dire une créature raisonnable, leur annonçât la nativité du Sauveur ; quant aux Gentils, qui ne savaient pas se servir de leur raison, ils sont amenés à connaître le Seigneur, non par une voix, mais par des signes matériels. C’est pourquoi saint Paul a dit : « .Les prophéties sont données aux fidèles, non aux infidèles ; mais les signes sont pour les infidèles, non pour les fidèles. » Aussi les prophéties ont-elles été annoncées aux pasteurs qui étaient Juifs, comme à des fidèles, et les signes ont-ils été donnés aux Mages, comme à des infidèles et non comme à des fidèles.
R/. L’étoile que les Mages avaient vue en Orient les précédait, jusqu’à ce qu’ils fussent arrivés au lieu où se trouvait l’enfant. * Or, voyant l’étoile, ils se réjouirent d’une grande joie. V/. Et, entrant dans la maison, ils trouvèrent l’enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils l’adorèrent. * Or.
Huitième leçon. Il faut remarquer que lorsque notre Rédempteur aura atteint l’âge d’homme parfait, les Apôtres le prêcheront à ces mêmes Gentils, tandis que lorsqu’il est enfant, et ne se sert pas encore pour parler de ses organes corporels, c’est une étoile qui l’annonce à la Gentilité. L’ordre de la raison voulait sans doute que ce fussent des prédicateurs qui parlassent pour nous faire connaître le Seigneur quand lui-même eut parlé, et que des éléments muets l’annonçassent lorsqu’il ne parlait pas encore. Mais nous devons considérer, au souvenir de tous les prodiges qui ont paru, et à la naissance et à la mort du Seigneur, quelle fut la dureté de cœur de ceux des Juifs qui ne le reconnurent, ni au don de prophétie ni à ses miracles.
R/. Les Mages, voyant l’étoile, se réjouirent d’une grande joie. * Et, entrant dans la maison, ils trouvèrent l’enfant avec Marie, sa mère, et se prosternant, ils l’adorèrent : * Puis ayant ouvert leurs trésors, ils lui offrirent des présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. V/. L’étoile que les Mages avaient vue en Orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vînt s’arrêter au-dessus du lieu où était l’enfant. * Et, entrant. Gloire au Père. * Puis.
Neuvième leçon. Tous les éléments ont rendu témoignage à la venue de leur Auteur. Et, pour en parler selon le langage usité parmi les hommes, les cieux ont reconnu qu’il était Dieu, puisqu’aussitôt ils ont envoyé l’étoile. La mer l’a reconnu, car elle s’est affermie sous ses pas. La terre l’a reconnu, puisqu’elle a tremblé, quand il expirait. Le soleil l’a reconnu puisqu’alors il a caché les rayons de sa lumière. Les rochers et les murailles l’ont reconnu, puisqu’au moment de sa mort, ils se sont fendus. L’enfer l’a reconnu, car il a rendu à la liberté les morts qu’il renfermait. Et cependant, celui que tous les éléments insensibles ont reconnu pour leur Seigneur, les cœurs des Juifs infidèles ne l’ont pas reconnu comme Dieu, et plus durs que les rochers ils n’ont pas voulu s’ouvrir à la pénitence.
toi à qui revient l’honneur d’engendrer l’Auteur de notre salut,
descendu du Ciel, et revêtu d’un corps mortel.
Une étoile dont la beauté et l’éclat
surpassent le soleil,
annonce que c’est un Dieu, revêtu d’une chair terrestre,
qui est venu sur la terre.
Les Mages l’ayant vu, lui présentent
des dons apportés d’Orient :
se prosternant, ils lui offrent avec leurs vœux,
l’encens, la myrrhe, et l’or des rois.
Le métal précieux et l’odeur suave de l’encens de Saba
attestent sa royauté et sa divinité ;
et la poudre de myrrhe
nous prédit son ensevelissement au tombeau.
O Jésus, qui vous êtes révélé aux Gentils,
gloire à vous,
ainsi qu’au Père et à l’Esprit divin
dans les siècles éternels. Amen.
V/. Adorez Dieu, alléluia.
R/. Tous ses Anges, alléluia.
Ant. au Bénédictus Aujourd’hui, * l’Église s’unit au céleste Époux, car ses péchés sont lavés par le Christ dans le Jourdain ; les Mages accourent aux noces royales, apportant des présents ; l’eau est changée en vin, et les convives du festin sont dans la joie, alléluia.
AUX DEUXIÈMES VÊPRES.
Comme aux 1ères Vêpres, sauf :
Ant. au Magnificat Trois prodiges * ont marqué ce jour que nous honorons. Aujourd’hui l’étoile a conduit les Mages à la crèche ; aujourd’hui l’eau a été changée en vin au festin nuptial ; aujourd’hui le Christ a voulu être baptisé par Jean dans le Jourdain, pour notre salut, alléluia.
[1] On ne dit pas aujourd’hui l’invitatoire au commencement de Matines : d’abord pour ne pas rappeler l’invitation qu’Hérode adressa aux Scribes de lui faire connaître les prophéties qui regardaient Jésus-Christ : invitation exécrable qui était inspirée par le désir de faire mourir le Sauveur. Ensuite pour nous engager à imiter les Mages, qui vinrent en toute hâte adorer notre Seigneur, sans qu’ils y fussent invités par personne, si ce n’est par un messager muet ; c’est en même temps pour faire rougir ceux qui sont lents à croire, quoiqu’ils aient une multitude de prédicateurs. Mais il est placé au troisième Nocturne, parce que le troisième Nocturne représente la loi de grâce, dans laquelle la voix des Apôtres et de leurs successeurs fait des invitations à louer Dieu plus pressantes et plus nombreuses que dans la loi de nature ou dans la loi mosaïque. On ne chante pas non plus d’Hymne à Matines, parce qu’il n’appartient qu’aux parfaits de chanter des Hymnes ; or la conversion des Gentils dans la personne des Mages seuls, n’était pas encore parfaite.
[2] « C’est aux oreilles de l’âme et non à celles du corps que s’adresse le texte sacré, car cène sont point les biens matériels, mais les biens de l’âme, qu’il promet. Méprisons ce qui ne peut nous servir à acheter les eaux du Seigneur, pour nous hâter d’aller à Celui qui cria dans le temple : • Qui conque a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive » (Sain ! Jean, 7, 37) ; et qui, plus tard, tenant le calice sacré, disait à ses disciples : • Prenez et buvez,ceci est mon sang, qui sera répandu pour vous. » (Saint Matth., 26, 27). (Saint Jérôme).
[3] Ce premier Répons se dit le jour même de l’Épiphanie, parce que le Sauveur aurait, selon une ancienne tradition, été baptisé le 6 janvier. On le dit aussi le Dimanche dans l’Octave, parce que, dit saint Augustin, le jour où notre Seigneur fut baptisé était un Dimanche ; on le dit enfin au jour Octave parce qu’autrefois l’Office entier de l’Octave était du baptême de J.-C. ; aujourd’hui il n’en reste plus que l’Évangile.
[4] Ces paroles s’adressent à Jérusalem ou à l’Église, car c’est en ce grand jour de l’Épiphanie que commence le mouvement des Nations vers l’Église, la vraie Jérusalem. « Tandis que des ténèbres couvriront la terre, c’est-à-dire ceux qui ont le goût des biens terrestres, et que l’obscurité enveloppera les peuples, ou, d’après le texte hébreu, les tribus, ce qui a trait aux Juifs, on verra éclater en elle la gloire du Seigneur. « (Saint Jérôme).
[5] Jérusalem est comparée à un astre. Ce verset ne peut s’expliquer que de la venue de Jésus-Christ. N’est-ce-pas de Jérusalem que s’est levé sur nous le jour du salut ?
[6] « Cet ordre est le même que celui que le divin Maître donna aux Apôtres en ces termes : Levez les yeux et voyez que les champs blanchissent déjà pour la moisson. (Saint Jean, 4, 35). C’est nous qui sommes les fils venus de loin vers le Seigneur ; nous, voyageurs autrefois loin du testament de Dieu et de ses promesses. » (Saint Jérôme).
[7] « Nous tous, qui sommes baptisés en Jésus-Christ, nous sommes revê tus de J-C., en qui nous portons la tunique de la justice, puisqu’il est devenu pour nous la sainteté, la justice et la rédemption. « (Galat., 1). (.Saint Jérôme).
[8] La tradition nous enseigne que les Mages étaient rois, et c’était alors l’usage en prient d’élever à la royauté les personnages les plus illustres par leur érudition, et l’astronomie surtout y était estimée une science digne des souverains. On croit aussi qu’ils étaient prêtres, et au nombre de trois, sans compter leur suite, savoir : Gaspar, Balthazar et Melchior. La prédiction de Balaam, annonçant l’étoile de Jacob, leur était connue, aussi abandonnèrent-ils généreusement leurs états et leurs biens aux soins de la divine Providence, pour aller adorer le Messie. Leur patrie semble avoir été l’Arabie heureuse. Après avoir quitté l’Enfant-Dieu, ils s’illustrèrent par de nombreux travaux évangéliques, et moururent dans une vieillesse
Dom Guéranger, l’Année Liturgique
La Fête de l’Épiphanie est la suite du mystère de Noël ; mais elle se présente, sur le Cycle chrétien, avec une grandeur qui lui est propre. Son nom qui signifie Manifestation, indique assez qu’elle est destinée à honorer l’apparition d’un Dieu au milieu des hommes !
Ce jour, en effet, fut consacré durant plusieurs siècles à fêter la Naissance du Sauveur ; et lorsque, vers l’an 376, les décrets du Saint-Siège obligèrent toutes les Églises à célébrer désormais, avec Rome, le mystère de la Nativité au 25 décembre, le 6 janvier ne fut pas entièrement déshérité de son antique gloire. Le nom d’Épiphanie lui resta avec la glorieuse mémoire du Baptême de Jésus-Christ, dont une tradition fixe l’anniversaire à ce jour.
L’Église Grecque donne à cette Fête le vénérable et mystérieux nom de Théophanie, si célèbre dans l’antiquité pour signifier une Apparition divine. On trouve ce nom dans Eusèbe, dans saint Grégoire de Nazianze, dans saint Isidore de Péluse ; il est le propre titre de la Fête dans les livres liturgiques de l’Église Grecque.
Les Orientaux appellent encore cette solennité les saintes Lumières, à cause du Baptême que l’on conférait autrefois en ce jour, en mémoire du Baptême de Jésus-Christ dans le Jourdain. On sait que le Baptême est appelé dans les Pères illumination, et ceux qui l’ont reçu illuminés.
Enfin, nous nommons familièrement, en France, cette fête la Fête des Rois, en souvenance des Mages, dont la venue à Bethléhem est particulièrement solennisée aujourd’hui.
L’Épiphanie partage avec les Fêtes de Noël, de Pâques, de l’Ascension et de la Pentecôte, l’honneur d’être qualifiée de jour très saint, au Canon de la Messe ; et on la range parmi les fêtes cardinales, c’est-à-dire parmi les solennités sur lesquelles repose l’économie de l’Année liturgique. Une série de six Dimanches emprunte d’elle son nom, comme d’autres successions dominicales se présentent sous le titre de Dimanches après Pâques, Dimanches après la Pentecôte.
Par suite de la Convention faite en 1801 entre Pie VII et le Gouvernement français, le légat Caprara procéda à une réduction des fêtes, et la piété des fidèles en vit, à regret, supprimer un grand nombre. Il y eut des solennités qui ne furent pas supprimées, mais dont la célébration fut remise au Dimanche suivant. L’Épiphanie est de celles qui subirent ce sort ; et toutes les fois que le 6 janvier n’est pas un Dimanche, nos Églises voient retarder jusqu’au Dimanche suivant les pompes qui accompagnent un si grand jour dans tout l’univers catholique. Espérons que des jours meilleurs luiront enfin sur notre Église, et qu’un avenir plus heureux nous rendra les joies dont la sage condescendance du Saint-Siège nous a sevrés pour un temps.
Ce jour de l’Épiphanie du Seigneur est donc véritablement un grand jour ; et l’allégresse dans laquelle nous a plongés la Nativité du divin Enfant doit s’épanouir, tout de nouveau, dans cette solennité. En effet, ce second rayonnement de la Fête de Noël nous montre la gloire du Verbe incarné dans une splendeur nouvelle ; et sans nous faire perdre de vue les charmes ineffables du divin Enfant, il manifeste dans tout l’éclat de sa divinité le Sauveur qui nous a apparu dans son amour. Ce ne sont plus seulement les bergers qui sont appelés par les Anges à reconnaître le VERBE FAIT CHAIR, c’est le genre humain, c’est la nature entière que la voix de Dieu même convie à l’adorer et à l’écouter.
Or, dans les mystères de sa divine Épiphanie, trois rayons du Soleil de justice descendent jusqu’à nous. Ce sixième jour de janvier, sur le cycle de Rome païenne, fut assigné à la célébration du triple triomphe d’Auguste, auteur et pacificateur de l’Empire ; mais lorsque notre Roi pacifique, dont l’empire est sans limites et pour jamais, eut décidé, par le sang de ses martyrs, la victoire de son Église, cette Église jugea, dans la sagesse du ciel qui l’assiste, qu’un triple triomphe de l’Empereur immortel devait remplacer, sur le Cycle régénéré, les trois triomphes du fils adoptif de César.
Le six janvier restitua donc au vingt-cinq décembre la mémoire de la Naissance du Fils de Dieu ; mais, en retour, trois manifestations de la gloire du Christ vinrent s’y réunir dans une même Épiphanie : le mystère des Mages, venus d’Orient sous la conduite de l’Etoile, pour honorer la Royauté divine de l’Enfant de Bethléhem ; le mystère du Baptême du Christ, proclamé Fils de Dieu, dans les eaux du Jourdain, par la voix même du Père céleste ; enfin le mystère de la puissance divine de ce même Christ, transformant l’eau en vin, au festin symbolique des Noces de Cana. Le jour consacré à la mémoire de ces trois prodiges est-il en même temps l’anniversaire de leur accomplissement ? Cette question est débattue entre les savants. Dans ce livre, où notre but n’est autre que de favoriser la piété des fidèles, nous n’entrerons point dans ces discussions purement critiques ; nous nous contenterons de dire que l’adoration des Mages a eu lieu en ce jour même, d’après le sentiment si grave de Baronius, de Suarez, de Théophile Raynaud, d’Honoré de Sainte-Marie, du cardinal Gotti, de Sandini, et d’une infinité d’autres, à l’opinion desquels se joint expressément le suffrage éclairé de Benoît XIV. Le Baptême du Christ, au six janvier, est un fait reconnu par les critiques les plus exigeants, par Tillemont lui-même, et qui n’a été contesté que par une imperceptible minorité d’écrivains. Quant au miracle des Noces de Cana, la certitude du jour précis de son accomplissement est moins grande, bien qu’il soit impossible de démontrer que ce prodige n’ait pas eu lieu le six janvier. Mais il suffit aux enfants de l’Église que leur Mère ait fixé la mémoire de ces trois manifestations dans la Fête d’aujourd’hui, pour que leurs cœurs applaudissent aux triomphes du divin Fils de Marie.
Si nous considérons maintenant en détail le multiple objet de la solennité, nous remarquons d’abord que l’adoration des Mages est celui des trois mystères que la sainte Église Romaine honore aujourd’hui avec le plus de complaisance. La majeure partie des chants de l’Office et de la Messe est employée à le célébrer ; et les deux grands Docteurs du Siège Apostolique, saint Léon et saint Grégoire, ont paru vouloir y insister presque uniquement, dans leurs Homélies sur cette fête, quoiqu’ils confessent avec saint Augustin, saint Paulin de Nole, saint Maxime de Turin, saint Pierre Chrysologue, saint Hilaire d’Arles, et saint Isidore de Séville, la triplicité du mystère de l’Épiphanie. La raison de la préférence de l’Église Romaine pour le mystère de la Vocation des Gentils, vient de ce que ce grand mystère est souverainement glorieux à Rome, qui, de chef de la gentilité qu’elle était jusqu’alors, est devenue le chef de l’Église chrétienne et de l’humanité, par la vocation céleste qui appelle en ce jour tous les peuples à l’admirable lumière de la foi, en la personne des Mages.
L’Église Grecque ne fait point aujourd’hui une mention spéciale de l’adoration des Mages ; elle a réuni ce mystère à celui de la Naissance du Sauveur dans ses Offices pour le jour de Noël. Toutes ses louanges, dans la présente solennité, ont pour objet unique le Baptême de Jésus-Christ.
Ce second mystère de l’Épiphanie est célébré en commun avec les deux autres par l’Église latine, au six janvier. Il en est fait plusieurs fois mention dans l’Office d’aujourd’hui ; mais la venue des Mages au berceau du Roi nouveau-né attirant surtout l’attention de Rome chrétienne en cette journée, il a été nécessaire, pour que le mystère de la sanctification des eaux fût dignement honoré, d’en attacher la mémoire à un autre jour. L’Octave de l’Épiphanie a été choisie par l’Église d’Occident pour honorer spécialement le Baptême du Sauveur.
Le troisième mystère de l’Épiphanie étant aussi un peu offusqué par l’éclat du premier, quoiqu’il soit plusieurs fois rappelé dans les chants de la Fête, sa célébration spéciale a été pareillement remise à un autre jour, savoir au deuxième Dimanche après l’Épiphanie.
Plusieurs Églises ont réuni au mystère du changement de l’eau en vin celui de la multiplication des pains, qui renferme en effet plusieurs analogies avec le premier, et dans lequel le Sauveur manifesta pareillement sa puissance divine ; mais l’Église Romaine, en tolérant cet usage dans les rites Ambrosien et Mozarabe, ne l’a jamais reçu, pour ne pas déroger au nombre de trois qui doit marquer sur le Cycle les triomphes du Christ, au six janvier ; et aussi parce que saint Jean nous apprend, dans son Évangile, que le miracle de la multiplication des pains eut lieu aux approches de la Fête de Pâques : ce qui ne pourrait convenir en aucune façon à l’époque de l’année où l’on célèbre l’Épiphanie.
Pour la disposition des matières, dans cette solennité, nous garderons l’ordre suivant. Aujourd’hui, nous honorerons avec l’Église les trois mystères à la fois ; dans le cours de l’Octave, nous contemplerons le mystère de la venue des Mages ; nous vénérerons le Baptême du Sauveur, au jour même de l’Octave ; et nous traiterons le mystère des Noces de Cana, au deuxième Dimanche après la fête, jour auquel l’Église a réuni, dans ces derniers temps, avec une parfaite harmonie, la solennité du très saint Nom de Jésus.
Livrons-nous donc tout entiers à l’allégresse d’un si beau jour ; et dans cette fête delà Théophanie, des saintes Lumières, des Rois Mages, considérons avec amour l’éblouissante lumière de notre divin Soleil qui monte à pas de géant, comme dit le Psalmiste [9], et qui verse sur nous les flots d’une lumière aussi douce qu’éclatante. Déjà les bergers accourus à la voix de l’Ange ont vu renforcer leur troupe fidèle ; le prince des Martyrs, le Disciple Bien-Aimé, la blanche cohorte des Innocents, le glorieux Thomas, Silvestre, le Patriarche de la paix, ne sont plus seuls à veiller sur le berceau de l’Emmanuel ; leurs rangs s’ouvrent pour laisser passer les Rois de l’Orient, porteurs des vœux et des adorations de l’humanité entière. L’humble étable est devenue trop étroite pour un tel concours ; et Bethléhem apparaît vaste comme l’univers. Marie, le Trône de la divine Sagesse, accueille tous les membres de cette cour avec son gracieux sourire de Mère et de Reine ; elle présente son Fils aux adorations de la terre et aux complaisances du ciel. Dieu se manifeste aux hommes, parce qu’il est grand ; mais il se manifeste par Marie, parce qu’il est miséricordieux.
Nous trouvons dans les premiers siècles de l’Église deux événements remarquables qui ont signalé la grande journée qui nous rassemble aux pieds du Roi pacifique. Le six janvier 361, le César Julien, déjà apostat dans son cœur, à la veille de monter sur le trône impérial que bientôt la mort de Constance allait laisser vacant, se trouvait à Vienne dans les Gaules. 11 avait besoin encore de l’appui de cette Église chrétienne dans laquelle on disait même qu’il avait reçu le degré de Lecteur, et que cependant il se préparait à attaquer avec toute la souplesse et toute la férocité du tigre Nouvel Hérode, artificieux comme l’ancien, il voulut aussi, dans ce jour de l’Épiphanie, aller adorer le Roi nouveau-né. Au rapport de son panégyriste Ammien Marcellin, on vit le philosophe couronné sortir de l’impie sanctuaire où il consultait en secret les aruspices, puis s’avancer sous les portiques de l’église, et au milieu de l’assemblée des fidèles, offrir au Dieu des chrétiens un hommage aussi solennel que sacrilège.
Onze ans plus tard, en 372, un autre Empereur pénétrait aussi dans l’église, en cette même solennité de l’Épiphanie. C’était Valens, chrétien par le Baptême comme Julien, mais persécuteur, au nom de l’Arianisme, de cette même Église que Julien poursuivait au nom de ses dieux impuissants et de sa stérile philosophie. La liberté évangélique d’un saint Évêque abattit Valens aux pieds du Christ Roi, en ce même jour où la politique avait contraint Julien de s’incliner devant la divinité du Galiléen.
Saint Basile sortait à peine de son célèbre entretien avec le préfet Modestus, dans lequel il avait vaincu toute la force du siècle par la liberté de son âme épiscopale. Valens arrive à Césarée, et, l’impiété arienne dans le cœur, il se rend à la basilique où le Pontife célébrait avec son peuple la glorieuse Théophanie. « Mais, comme le dit éloquemment saint Grégoire de Nazianze, à peine l’Empereur a-t-il franchi le seuil de l’enceinte sacrée, que le chant des psaumes retentit à ses oreilles comme un tonnerre. Il contemple avec saisissement la multitude du peuple fidèle, semblable à une mer. L’ordre, la pompe du sanctuaire éclatent à ses yeux d’une majesté plus angélique qu’humaine. Mais ce qui l’émeut plus que tout le reste, c’est cet Archevêque debout en présence de son peuple, le corps, les yeux, l’esprit aussi fermes que si rien de nouveau ne se fût passé ; tout entier à Dieu et à l’autel. Valens considère aussi les ministres sacrés, immobiles dans le recueillement, remplis de la sainte frayeur des Mystères. Jamais l’Empereur n’avait assisté à un spectacle si auguste ; sa vue s’obscurcit, sa tête tourne, son âme est saisie d’étonnement et d’horreur. »
Le Roi des siècles, Fils de Dieu et Fils de Marie, avait vaincu. Valens sentit s’évanouir ses projets de violence contre le saint Évêque ; et si, dans ce moment, il n’adora pas le Verbe consubstantiel au Père, du moins il confondit ses hommages extérieurs avec ceux du troupeau de Basile. Au moment de l’offrande, il s’avança vers la barrière sacrée, et présenta ses dons au Christ en la personne de son Pontife. La crainte que Basile ne les voulût pas recevoir agitait si violemment le prince, que la main des ministres du sanctuaire dut le soutenir pour qu’il ne tombât pas, dans son trouble, au pied même de l’autel.
Ainsi, dans cette grande solennité, la Royauté du Sauveur nouveau-né a-t-elle été honorée par les puissants de ce monde qu’on a vus, selon la prophétie du Psaume, abattus, et léchant la terre à ses pieds [10].
Mais de nouvelles générations d’empereurs et de rois devaient venir qui fléchiraient les genoux, et présenteraient au Christ-Seigneur l’hommage d’un cœur dévoué et orthodoxe. Théodose, Charlemagne, Alfred le Grand, Etienne de Hongrie, Édouard le Confesseur, Henri II l’Empereur, Ferdinand de Castille, Louis IX de France, tinrent ce jour en grande dévotion ; et leur ambition fut de se présenter avec les Rois Mages aux pieds du divin Enfant, et de lui ouvrir comme eux leurs trésors. L’usage s’était même conservé à la cour de France jusqu’à l’an 1378 et au delà, comme en fait foi le continuateur de Guillaume de Nangis, que le Roi très chrétien, venant à l’offrande, présentât de l’or, de l’encens et delà myrrhe, comme un tribut à l’Emmanuel.
Mais cette représentation des trois mystiques présents des Mages n’était pas seulement usitée à la cour des rois : la piété des fidèles au moyen âge présentait aussi au Prêtre pour qu’il les bénît, en la Fête de l’Épiphanie, de l’or, de l’encens et de la myrrhe ; et l’on conservait en l’honneur des trois Rois ces signes touchants de leur dévotion envers le Fils de Marie, comme un gage de bénédiction pour les maisons et pour les familles. Cet usage s’est conservé encore en quelques diocèses d’Allemagne, et il n’a disparu du Rituel Romain que dans l’édition de Paul V, qui crut devoir supprimer plusieurs bénédictions, que la piété des fidèles ne réclamait plus que rarement.
Un autre usage a subsisté plus longtemps, inspiré aussi par la piété naïve des âges de foi. Pour honorer la royauté des Mages venus de l’Orient vers l’Enfant de Bethléhem, on élisait au sort, dans chaque famille, un Roi pour cette fête de l’Épiphanie. Dans un festin animé d’une joie pure, et qui rappelait celui des Noces de Galilée, on rompait un gâteau ; et l’une des parts servait à désigner le convive auquel était échue cette royauté d’un moment. Deux portions du gâteau étaient détachées pour être offertes à l’Enfant Jésus et à Marie, en la personne des pauvres, qui se réjouissaient aussi en ce jour du triomphe du Roi humble et pauvre. Les joies de la famille se confondaient encore une fois avec celles de la Religion ; les liens de la nature, de l’amitié, du voisinage, se resserraient autour de cette table des Rois ; et si la faiblesse humaine pouvait apparaître quelquefois dans l’abandon d’un festin, l’idée chrétienne n’était pas loin, et veillait au fond des cœurs.
Heureuses encore aujourd’hui les familles au sein desquelles la fête des Rois se célèbre avec une pensée chrétienne ! Longtemps, un faux zèle a déclamé contre ces usages naïfs dans lesquels la gravité des pensées de la foi s’unissait aux épanchements de la vie domestique ; on a attaqué ces traditions de famille sous le prétexte du danger de l’intempérance , comme si un festin dépourvu de toute idée religieuse était moins sujet aux excès. Par une découverte assez difficile, peut-être, à justifier, on est allé jusqu’à prétendre que le gâteau de l’Épiphanie, et la royauté innocente qui l’accompagne, n’étaient qu’une imitation des Saturnales païennes : comme si c’était la première fois que les anciennes fêtes païennes auraient eu à subir une transformation chrétienne. Le résultat de ces poursuites imprudentes devait être et a été, en effet, sur ce point comme sur tant d’autres, d’isoler de l’Église les mœurs de la famille, d’expulser de nos traditions une manifestation religieuse, d’aider à ce qu’on appelle la sécularisation de la société. Dans une grande partie de la France, le festin des Rois est resté ; et l’intempérance a seule désormais la charge d’y présider.
Mais retournons contempler le triomphe du royal Enfant dont la gloire resplendit en ce jour avec tant d’éclat. La sainte Église va nous initier elle-même aux mystères que nous avons à célébrer. Revêtons-nous de la foi et de l’obéissance des Mages ; adorons, avec le Précurseur, le divin Agneau au-dessus duquel s’ouvrent les cieux ; prenons place au mystique festin de Cana, auquel préside notre Roi trois fois manifesté, et trois fois glorieux. Mais, dans les deux derniers prodiges, ne perdons pas de vue l’Enfant de Bethléhem, ne cessons pas non plus de voir le grand Dieu du Jourdain, et le maître des éléments.
LES PREMIÈRES VÊPRES.
L’Église prélude à la solennité de l’Épiphanie par le chant des premières Vêpres.
La sainte Église, après avoir ainsi célébré par les psaumes des Vêpres, la puissance donnée au divin Enfant sur les rois, dont il brisera la tête, au jour de sa colère ; son alliance avec les nations qu’il donnera en héritage à son Église ; sa lumière qui s’est levée au milieu des ténèbres ; son Nom proclamé de l’aurore au couchant ; après avoir, en ce jour de la Vocation des Gentils, invité toutes les nations, tous les peuples, à louer la miséricorde et la Vérité éternelles, s’adresse à Jérusalem, figure de l’Église, et l’appelle dans le capitule, par la bouche d’Isaïe, à jouir de la Lumière qui se lève aujourd’hui sur la race humaine tout entière : Lève-toi, Jérusalem ! sois illuminée ; car ta lumière est venue, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
L’Hymne vient ensuite ; et c’est ce beau cantique de Sédulius dont nous avons chanté les premières strophes dans les Laudes de Noël. L’Église y célèbre les trois Épiphanies. Bethléhem, le Jourdain et Cana témoignent tour à tour de la gloire du grand Roi Jésus.
HYMNE.
Cruel Hérode, que crains-tu de l’arrivée d’un Dieu qui vient régner ? Il ne ravit pas les sceptres mortels, lui qui donne les royaumes célestes.
Les Mages s’avançaient, suivant l’étoile qu’ils avaient vue et qui marchait devant eux : la lumière les conduit à la Lumière ; leurs présents proclament un Dieu.
Le céleste Agneau a touché l’onde du lavoir de pureté ; dans un bain mystique, il lave en nous des péchés qu’il n’a point commis.
Nouveau prodige de puissance ! L’eau rougit dans les vases du festin ; docile, et changeant sa nature, elle s’écoule en flots de vin.
O Jésus ! qui vous révélez aux Gentils, gloire à vous, avec le Père et l’Esprit divin, dans les siècles éternels !
Amen.
Les Mages, voyant l’étoile, se dirent l’un à l’autre : Voici le signe du grand Roi ; allons à sa recherche, et offrons-lui en présent l’or, l’encens et la myrrhe. Alléluia.
Les chants de l’Église en l’honneur de l’auguste Théophanie sont commencés. Demain, l’offrande du grand Sacrifice viendra réunir tous les vœux ; achevons cette journée dans le recueillement et l’allégresse.
L’Office des Matines (voir plus bas, n.d.w.) est d’une grande magnificence ; mais comme il n’est pas fréquenté par les fidèles, nous nous abstiendrons d’en reproduire ici les particularités. Dans l’Église de Milan, les Matines de l’Épiphanie sont célébrées la nuit comme celles de Noël, et se composent pareillement de trois Nocturnes, contre l’usage de la Liturgie Ambrosienne qui n’a ordinairement qu’un seul Nocturne à Matines. Le peuple y assiste avec un grand concours : et cette sainte Veille est presque aussi fréquentée que celle de la Naissance du Sauveur.
Le jour des Mages, le jour du Baptême, le jour du Festin nuptial est enfin arrivé ; les trois puissants rayons du Soleil de justice luisent sur nous. Les ténèbres matérielles sont aussi moins épaisses ; la nuit a déjà perdu de son empire, la lumière progresse de jour en jour. Dans son humble berceau, les membres sacrés du divin Enfant prennent accroissement et force. Aux Bergers, Marie le fit voir étendu dans la crèche ; aux Mages, elle va le présenter sur ses bras maternels. Les présents que nous avons à lui offrir doivent être préparés : suivons donc nous aussi l’étoile, et mettons-nous en marche pour Bethléhem, la Maison du Pain de vie.
A LA MESSE.
A Rome, la Station est à Saint-Pierre, au Vatican, près de la tombe du Prince des Apôtres, à qui toutes les nations ont été données en héritage dans le Christ.
L’Église ouvre les chants de la Messe solennelle en proclamant l’arrivée du grand Roi que la terre attendait, et sur la naissance duquel les Mages sont venus consulter les oracles prophétiques, en Jérusalem.
Après le Cantique des Anges, la sainte Église, toute réjouie des splendeurs de l’étoile qui conduit la Gentilité au berceau du divin Roi, implore, dans la Collecte, la grâce de contempler cette Lumière vivante pour laquelle la foi nous prépare, et dont la splendeur nous illuminera éternellement.
ÉPÎTRE.
O gloire infinie de ce grand jour, dans lequel commence le mouvement des nations vers l’Église, la vraie Jérusalem ! O miséricorde du Père céleste qui s’est souvenu de tous ces peuples ensevelis dans les ombres de la mort et du crime ! Voici que la gloire du Seigneur s’est levée sur la Cité sainte ; et les Rois se mettent en marche pour l’aller contempler. L’étroite Jérusalem ne peut plus contenir ces flots des nations ; une autre ville sainte est inaugurée ; et c’est vers elle que va se diriger cette inondation des peuples gentils de Madian et d’Epha. Dilate ton sein, dans ta joie maternelle, ô Rome ! Tes armes t’avaient assujetti des esclaves ; aujourd’hui ce sont des enfants qui arrivent en foule à tes portes ; lève les yeux, et vois : tout cela est à toi ; l’humanité tout entière vient prendre dans ton sein une nouvelle naissance. Ouvre tes bras maternels ; et accueille-nous, nous tous qui venons du Midi et de l’Aquilon, apportant l’encens et l’or à Celui qui est ton Roi et le nôtre.
ÉVANGILE.
Les Mages, prémices de la Gentilité, ont été introduits auprès du grand Roi qu’ils cherchaient, et nous les avons suivis. L’Enfant nous a souri comme à eux. Toutes les fatigues de ce long voyage qui mène à Dieu sont oubliées ; l’Emmanuel reste avec nous, et nous avec lui. Bethléhem, qui nous a reçus, nous garde à jamais ; car à Bethléhem nous possédons l’Enfant et Marie sa Mère. En quel lieu du monde trouverions-nous des biens aussi précieux ? Supplions celte Mère incomparable de nous présenter elle-même ce Fils qui est notre lumière, notre amour, notre Pain de vie, au moment où nous allons approcher de l’autel vers lequel nous conduit l’Etoile de la foi. Dès ce moment ouvrons nos trésors ; tenons à la main notre or, notre encens et notre myrrhe, pour le nouveau-né. Il agréera ces dons avec bonté ; il ne demeurera point en retard avec nous. Quand nous nous retirerons comme les Mages, comme eux aussi nous laisserons nos cœurs sous le domaine du divin Roi ; et ce sera aussi par un autre chemin, par une voie toute nouvelle, que nous rentrerons dans cette patrie mortelle qui doit nous retenir encore, jusqu’au jour où la vie et la lumière éternelle viendront absorber en nous tout ce qui est de l’ombre et du temps.
Dans les églises cathédrales et autres insignes, après le chant de l’Évangile, on annonce au peuple avec pompe le jour de la prochaine fête de Pâques. Cet usage, qui remonte aux premiers siècles de l’Église, rappelle le lien mystérieux qui unit les grandes solennités de l’Année liturgique, et aussi l’importance que les fidèles doivent mettre à la célébration de celle de Pâques qui est la plus grande de toutes, et le centre de la Religion tout entière. Après avoir honoré le Roi des nations dans l’Épiphanie, il nous restera donc à célébrer, au temps marqué, le triomphateur de la mort. Voici la forme en laquelle se fait cette annonce solennelle :
L’ANNONCE DE LA PÂQUE.
Sachez, bien-aimés Frères, que, par la miséricorde de Dieu, de même que nous avons goûté l’allégresse de la Nativité de notre Seigneur Jésus-Christ, ainsi nous vous annonçons aujourd’hui les joies prochaines de la Résurrection de ce même Dieu et Sauveur. Le........... sera le Dimanche de la Septuagésime.
Le......... sera le jour des Cendres, et l’ouverture du jeûne de la très sainte Quarantaine. Le.... nous célébrerons avec transport la sainte Pâque de notre Seigneur Jésus-Christ. Le second Dimanche après Pâques, on tiendra le Synode diocésain. Le.... on célébrera l’Ascension de notre Seigneur Jésus-Christ. _ Le.... la fête de la Pentecôte. Le.... la fête du très saint Corps du Christ. Le...... sera le premier Dimanche de l’Avent de notre Seigneur Jésus-Christ, à qui est honneur et gloire dans les siècles des siècles. Amen.
Durant l’Offertoire, la sainte Église, en présentant à Dieu le pain et le vin, emprunte les paroles du Psalmiste, et célèbre les Rois de Tharsis, d’Arabie et de Saba, tous les rois de la terre et tous les peuples, accourus pour offrir leurs présents au nouveau-né.
La Préface de la Messe de l’Épiphanie est particulière à la Fête et à son Octave. L’Église y célèbre la lumière immortelle apparaissant à travers les voiles de l’humanité sous laquelle le Verbe divin est venu, par amour, cacher sa gloire.
Pendant la Communion, la sainte Église, unie à Celui qui est son Roi et son Époux, chante l’Etoile messagère d’un tel bonheur, et se félicite d’avoir marché à sa lumière ; car elle a trouvé Celui qu’elle cherchait.
De si hautes faveurs exigent de nous une rare fidélité ; l’Église la demande dans la Postcommunion, et implore le don d’intelligence et la pureté que réclame un si ineffable mystère.
LES SECONDES VÊPRES DE L’ÉPIPHANIE.
Les secondes Vêpres de notre grande fête sont presque semblables aux premières. Les mêmes Antiennes expriment la Théophanie, la divine Apparition ici-bas de ce Verbe éternel engendré avant l’aurore, et descendu pour être notre Sauveur ; la gloire du Seigneur qui se lève sur Jérusalem, et les nations marchant à sa lumière ; les Mages ouvrant leurs trésors, et déposant leurs mystiques présents aux pieds du royal Enfant ; les mers, les fleuves et les fontaines sanctifiés dans le baptême de l’Homme-Dieu ; la splendeur merveilleuse de l’Etoile qui nous indique le Roi des rois.
Le cinquième Psaume n’est plus celui que nous avons chanté hier, et qui conviait toutes les nations à louer le Seigneur. L’Église lui substitue aujourd’hui le CXIIIe, In exitu Israel de Aegypto, dans lequel, après avoir célébré la délivrance d’Israël, David flétrit les idoles des nations, ouvrage de la main des hommes, et qui doivent tomber en présence de l’Emmanuel. Tous les peuples sont associés à l’adoption de Jacob. Dieu va bénir, non plus seulement la maison d’Israël et la maison d’Aaron, mais encore tous ceux qui craignent le Seigneur, de quelque race, de quelque nation qu’ils soient.
Dans l’Antienne du Cantique de Marie, la sainte Église résume encore une fois le triple mystère de la solennité : « Nous honorons un jour marqué par trois prodiges : aujourd’hui, l’étoile a conduit les Mages à la crèche ; aujourd’hui, l’eau a été changée en vin au festin nuptial ; aujourd’hui, le Christ a voulu être baptisé par Jean dans le Jourdain, pour notre salut. Alléluia. »
Durant tout le cours de l’Octave, nous placerons à chaque jour quelques pièces empruntées aux anciennes Liturgies et employées par les diverses Églises à célébrer, les unes le triple mystère de l’Épiphanie, d’autres la venue des Mages, ou le Baptême du Christ ; quelques-unes enfin la Naissance du Dieu Enfant, ou la divine Maternité de la Vierge.
Nous commencerons aujourd’hui par cette Hymne de saint Ambroise, que chante l’Église de Milan :
HYMNE.
Dieu Très-Haut, qui allumez l’éclatant flambeau des sphères célestes, Jésus ! paix, vie, lumière, vérité, soyez propice à nos prières.
Soit que, par votre baptême mystique, vous rendiez ce jour à jamais sacré, sanctifiant les flots du Jourdain qui jadis remonta trois fois vers sa source ;
Soit que vous annonciez au ciel l’enfantement de la Vierge par une étoile étincelante, et conduisiez en ce jour les Mages à la crèche, pour vous adorer ;
Soit que vous donniez la saveur du vin aux amphores remplies d’eau, et fassiez goûter au serviteur la liqueur qu’il n’y avait pas versée :
Gloire à vous, ô Seigneur, qui avez apparu aujourd’hui ; gloire à vous avec le Père et l’Esprit divin, dans les siècles éternels. Amen.
La Préface suivante est empruntée au Sacramentaire de saint Gélase :
PRÉFACE.
Il est vraiment digne et juste, équitable et salutaire de vous louer, Seigneur, qui êtes admirable dans toutes vos œuvres, au moyen desquelles vous avez révélé les mystères de votre royaume. Une étoile messagère de l’enfantement virginal a annoncé la solennité présente, faisant connaître aux Mages étonnés que le Seigneur du ciel était né sur la terre. Ainsi le Dieu qui devait être manifesté au monde, est déclaré par un indice céleste, et Celui qui devait connaître une naissance temporelle, est manifesté au moyen des signes qui règlent le temps.
Le livre des Séquences de l’Abbaye de Saint-Gall nous a fourni celle que nous donnons ci-après, composée au IX° siècle par le célèbre Notker.
SÉQUENCE.
Que la chrétienté tout entière célèbre les solennités du Christ.
Elles sont éclatantes de merveilles, vénérables à tous les peuples.
Elles honorent l’avènement du maître de toutes choses et la vocation des Gentils.
Quand le Christ fut né, une étoile parut aux yeux des Mages.
Les Mages ont compris que l’astre ne brille pas en vain d’un tel éclat.
Ils portent des présents, pour les offrir, comme à un Roi céleste, à l’enfant que leur annonce l’étoile.
Ils dédaignent, en passant, le lit cou vert d’or d’un prince superbe : c’est la crèche du Christ qu’ils recherchent.
La colère du farouche Hérode s’allume ; il est envieux du Roi nouveau-né.
Il ordonne d’immoler, par un glaive cruel, les enfants de Bethlehem.
O Christ ! Quelle armée tu formeras pour ton Père, à l’âge où, devenu homme, apte à de plus grands combats, tu prêcheras ta doctrine au peuple, si aujourd’hui, encore à la mamelle, tu lui envoies de si nombreux bataillons.
A trente ans, à l’âge d’homme, le grand Dieu s’inclina sous la main d’un illustre serviteur, rendant sacré ce baptême qui devait remettre nos crimes.
L’Esprit-Saint, sous la forme d’un innocent oiseau, le visite, pour opérer en lui cette onction qui surpasse celle de tous les saints ; il habitera à jamais son cœur avec délices.
La voix pleine de tendresse du Père retentit ; le Père a oublié cette parole qu’il prononça jadis : « Je me repens d’avoir créé l’homme ».
Elle dit : « Tu es vraiment mon Fils, l’objet de mes complaisances ; aujourd’hui, je t’ai engendré, mon Fils. »
Peuples, écoutez tous ce Docteur.
Ame
Les Menées de l’Église Grecque, au jour de la Nativité du Sauveur, nous donnent les belles strophes suivantes :
IN NATALI DOMINI.
Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! C’est le cri des Anges en Bethléhem ; sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté. Le sein de la Vierge est plus vaste que le ciel ; une lumière s’est levée sur ceux qui étaient assis dans les ténèbres. Cette lumière a exalté les humbles et ceux qui chantent avec les Anges : Gloire à Dieu au plus haut des cieux !
Réjouis-toi, Israël ; chantez la louange, vous tous qui aimez Sion. Le lien de la damnation d’Adam a été brisé ; le Paradis nous a été ouvert, et le Serpent a perdu sa force. Celle qu’il avait trompée au commencement, il la voit maintenant Mère du Créateur. O abîme des richesses de la sagesse et de la science de Dieu ! Celle qui avait introduit en toute chair la mort, ouvrage du péché, est devenue, par une Mère de Dieu, le principe du salut. Car le petit enfant qui naît d’elle est le Dieu très parfait : dans sa naissance même, il maintient le sceau de la virginité ; par ses langes il délie les liens du péché, et, par son enfance, il apporte le remède aux douleurs d’Eve qui n’enfantait qu’avec tristesse. Que toute créature mène le chœur, et se réjouisse ; car le Christ est venu la rappeler à la vie et sauver nos âmes.
Ta naissance, ô notre Dieu, a apporté au monde la lumière de la science ; par elle, ceux qui adoraient les astres apprennent d’un astre à t’adorer, Soleil de justice ; à te reconnaître, céleste Orient : gloire à toi, Seigneur !
Justes, réjouissez-vous ; cieux, tressaillez ; montagnes, bondissez : le Christ est né. La Vierge est assise ; semblable aux Chérubins, elle porte sur ses genoux, comme sur un trône, le Dieu Verbe fait chair. Les bergers glorifient le nouveau-né ; les Mages offrent des présents au Seigneur ; les Anges chantent ce cantique : Seigneur incompréhensible, gloire à toi !
Pour honorer la pure et glorieuse Mère de notre divin Roi, empruntons cette Séquence au pieux moine Herman Contract :
SÉQUENCE.
Salut, glorieuse Etoile de la mer ; votre lever divin, ô Marie, présage la lumière aux nations.
Salut, Porte céleste, fermée à tout autre qu’à Dieu ! Vous introduisez en ce monde la Lumière de vérité, le Soleil de justice, revêtu de notre chair.
Vierge, beauté du monde, Reine du ciel, brillante comme le soleil, belle comme l’éclat de la lune, jetez les yeux sur tous ceux qui vous aiment.
Dans leur foi vive, les anciens Pères et les Prophètes vous désirèrent sous l’emblème de ce rameau qui devait naître sur l’arbre fécond de Jessé.
Gabriel vous désigna comme l’arbre de vie qui devait produire, par la rosée de l’Esprit-Saint, l’amandier à la divine fleur.
C’est vous qui avez conduit l’Agneau-Roi, le Dominateur de la terre, de la pierre du désert de Moab à la montagne de la fille de Sion.
Vous avez écrasé Léviathan, malgré ses fureurs, et brisé les anneaux de ce tortueux serpent, en délivrant le monde du crime qui causa sa damnation.
Nous donc, restes des nations, pour honorer votre mémoire, nous appelons sur l’autel, pour l’immoler mystérieusement, l’Agneau de propitiation, Roi éternel des cieux, le fruit de votre enfantement merveilleux.
Les voiles étant abaissés, il nous est donné à nous, vrais Israélites, heureux fils du véritable Abraham, de contempler, dans notre admiration, la manne véritable que figurait le type mosaïque : priez, ô Vierge, que nous soyons rendus dignes du Pain du ciel.
Donnez-nous de nous désaltérer, avec une foi sincère, à cette douce fontaine représentée par celle qui sortit de la pierre du désert ; que nos reins soient ceints de la ceinture mystérieuse ; que nous traversions heureusement la mer, et qu’il nous soit donné de contempler sur la croix le serpent d’airain.
Les pieds mystérieusement dégagés de leurs chaussures, les lèvres pures, le cœur sanctifié, donnez-nous d’approcher du feu saint, le Verbe du Père, que vous avez porté, comme le buisson porta la flamme, ô Vierge devenue mère !
Écoutez-nous ; car votre Fils aime à vous honorer en vous exauçant toujours.
Sauvez-nous, ô Jésus ! Nous pour qui la Vierge-Mère vous supplie.
Donnez-nous de contempler la source de tout bien, d’arrêter sur vous les yeux purifiés de notre âme.
Que notre âme, désaltérée aux sources de la Sagesse, puisse aussi percevoir la saveur de la vraie Vie.
Qu’elle orne par les œuvres la foi chrétienne qui habite en elle, et que, par une heureuse fin, elle passe de cet exil vers vous, Auteur du monde. Amen.
Nous venons à notre tour vous adorer, ô Christ, dans cette royale Épiphanie qui rassemble aujourd’hui à vos pieds toutes les nations. Nous nous pressons sur les pas des Mages ; car, nous aussi, nous avons vu l’étoile, et nous sommes accourus. Gloire à vous, notre Roi ! à vous qui dites dans le Cantique de votre aïeul David : « C’est moi qui ai été établi Roi sur Sion, sur la montagne sainte, pour annoncer la loi du Seigneur. Le Seigneur m’a dit qu’il me donnerait les nations pour héritage, et l’empire jusqu’aux confins de la terre. Maintenant donc, ô rois, comprenez ; instruisez-vous, arbitres du monde ! » [11].
Bientôt vous direz, ô Emmanuel, de votre propre bouche : « Toute puissance m’a été donnée au ciel et sur la terre » [12] ; et, quelques années plus tard, l’univers entier sera sous vos lois. Déjà Jérusalem s’émeut ; Hérode tremble sur son trône ; mais l’heure approche où les hérauts de votre avènement iront annoncer à la terre entière que Celui qui était l’attente des nations est arrivé. La parole qui doit vous soumettre le monde partira ; elle s’étendra au loin comme un vaste incendie. En vain les puissants de la terre tenteront de l’arrêter dans son cours. Un Empereur, pour en finir, proposera au Sénat de vous inscrire solennellement au rang de ces dieux que vous venez renverser ; d’autres croiront qu’il est possible de refouler votre domination par le carnage de vos soldats. Vains efforts ! le jour viendra où le signe de votre puissance ornera les enseignes prétoriennes, où les Empereurs vaincus déposeront leur diadème à vos pieds, où cette Rome si fière cessera d’être la capitale de l’empire de la force, pour devenir à jamais le centre de votre empire pacifique et universel.
Ce jour merveilleux, nous en voyons poindre l’aurore ; vos conquêtes commencent aujourd’hui, ô Roi des siècles ! Du fond de l’Orient infidèle, vous appelez les prémices de cette gentilité que vous aviez délaissée, et qui va désormais former votre héritage. Plus de distinction de Juif ni de Grec, de Scythe ni de barbare. Vous avez aimé l’homme plus que l’Ange, puisque vous relevez l’un, et laissez l’autre dans sa chute. Mais si, durant de longs siècles, votre prédilection fut accordée à la race d’Abraham, désormais votre préférence est pour nous Gentils. Israël ne fut qu’un peuple, et nous sommes nombreux comme les sables de la mer, comme les étoiles du firmament. Israël fut placé sous la loi de crainte ; vous avez réservé pour nous la loi d’amour.
Dès aujourd’hui vous commencez, ô divin Roi, à éloigner de vous la Synagogue qui dédaigne votre amour ; aujourd’hui vous acceptez pour Épouse la Gentilité, dans la personne des Mages. Bientôt votre union avec elle sera proclamée sur la croix, du haut de laquelle, tournant le dos à l’ingrate Jérusalem, vous étendrez les bras vers la multitude des peuples. O joie ineffable de votre Naissance ! mais joie plus ineffable encore de votre Épiphanie, dans laquelle il nous est donné à nous, déshérités jusqu’ici, d’approcher de vous, de vous offrir nos dons, et de les voir agréés par votre miséricorde, ô Emmanuel !
Grâces vous soient donc rendues, Enfant tout-puissant, « pour l’inénarrable don de la foi » [13] qui nous transfère de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière ! Mais donnez-nous de comprendre toujours toute l’étendue d’un si magnifique présent, et la sainteté de ce grand jour où vous formez alliance avec la race humaine tout entière, pour arriver avec elle à ce mariage sublime dont parle votre éloquent Vicaire, Innocent III : « mariage, dit-il, qui fut promis au patriarche Abraham, juré au roi David, accompli en Marie devenue Mère, et aujourd’hui consommé, confirmé et déclaré : consommé dans l’adoration des Mages, confirmé dans le baptême du Jourdain, déclaré dans le miracle de l’eau changée en vin. » Dans cette fête nuptiale où l’Église votre Épouse, née à peine, reçoit déjà les honneurs de Reine, nous chanterons, ô Christ, dans tout l’enthousiasme de nos cœurs, cette sublime Antienne des Laudes, où les trois mystères se fondent si merveilleusement en un seul, celui de votre Alliance avec nous : « Aujourd’hui l’Église s’unit au céleste Époux : ses péchés sont lavés par le Christ dans le Jourdain ; les Mages accourent aux Noces royales, apportant des présents ; l’eau est changée en vin, et les convives du festin sont dans la joie. Alléluia. »
Épiphanie veut dire apparition, et, à l’origine, cette fête avait, chez les Orientaux, la même signification que celle de Noël à Rome. C’était la fête du Verbe éternel se révélant, revêtu de chair, à l’humanité. On vénérait en particulier trois circonstances différentes de cette révélation historique, l’adoration des Mages à Bethléhem, la conversion de l’eau en vin aux noces de Cana et le baptême de Jésus dans le Jourdain.
Chez les Orientaux, la scène du Jourdain, où l’Esprit Saint, sous la forme d’une colombe, couvrit de son ombre le Sauveur que le Père éternel, du haut du ciel, proclama son Fils bien-aimé, est la plus saillante. Dès l’époque de saint Jean, la gnose hérétique attribuait à cette scène une importance capitale pour sa christologie, soutenant qu’alors seulement la divinité s’était unie à l’humanité de Jésus, pour s’en séparer ensuite au moment de son crucifiement. Ce baptême était donc la vraie naissance divine de Jésus, et pour cela les gnostiques le célébraient avec toute la pompe possible. Contre cette doctrine, saint Jean écrivit dans sa première épître : hic (Jésus Christ) venit per aquam et sanguinem, non in aqua solum, sed in aqua et sanguine [14], c’est-à-dire Jésus vint au monde en qualité de Sauveur et de Fils de Dieu, non seulement dans les eaux du Jourdain, mais dès son incarnation, où il prit corps et sang humains. Il est probable que les catholiques, à l’exemple de l’Évangéliste, ont voulu dès la première heure opposer à l’épiphanie gnostique du baptême, celle de la naissance temporelle à Bethléhem, en sorte que cette fête eut un sens très complexe, en tant qu’elle voulut aussi retenir les dates évangéliques du baptême et des noces de Cana, les reléguant toutefois au second plan, comme autant de révélations solennelles et authentiques de la divinité de Jésus. A Rome, dans un milieu très positif et tout à fait étranger à l’exaltation mystique des Orientaux, la fête historique de la Nativité de Jésus acquit toutefois une telle popularité, qu’aujourd’hui encore elle est l’idée dominante de toute la liturgie de cette période. Il y eut, il est vrai, quelque incertitude quant à la date, et un dédoublement s’ensuivit. La solennité du 6 janvier fut avancée, sur les bords du Tibre, de deux semaines, en faveur exclusivement de Noël, mais l’antique théophanie demeura à sa place, quoique appauvrie dans sa conception, puisque la crèche de Bethléhem, comme par attraction, donna un plus grand éclat à l’adoration des Mages, aux dépens de la signification originaire du baptême dans le Jourdain.
Il est probable qu’au IIIe siècle, Rome suivait encore fidèlement la tradition orientale primitive, administrant pour cette raison le baptême solennel le jour de la Théophanie. En effet, Hippolyte fit un sermon aux néophytes ‘en la sainte Théophanie’ précisément comme dans le très ancien calendrier copte, où là fête de ce jour est appelée dies baptismi sanctificati. A l’époque où vivait saint Grégoire de Nazianze, les Grecs l’intitulaient la solennité des saintes lumières, — In Sancta Lumina, — en tant que le baptême est l’illumination surnaturelle de l’âme.
Le troisième souvenir annexé à la solennité d’aujourd’hui est le premier miracle accompli par le Sauveur aux noces de Cana. Il est compté parmi les théophanies christologiques, puisque les prodiges évangéliques fournissent la preuve extérieure de la divinité de Jésus. Saint Paulin de Nole [15] et saint Maxime de Turin [16] relèvent le triple aspect de la fête de l’Épiphanie, en termes tout à fait semblables à ceux qu’emploie l’Église romaine dans la splendide antienne de l’office de l’aurore. Hodie caelesti Sponso iuncta est ecclesia. — noces mystiques symbolisées par celles de Cana — quoniam in Iordane lavit Christus eius crimina — baptême des péchés — currunt cum muneribus magi ad regales nuptias — adoration du divin Nouveau-Né — et ex aqua facto vino laetantur convivae — miracle de Cana.
Ce qui surprend, c’est que ces éléments primitifs de la solennité orientale de la Théophanie se retrouvent, mélangés plus ou moins à Rome dans la fête même du 25 décembre ; cela est si vrai que, dans le discours qu’il prononça à Saint-Pierre le jour de Noël, lorsque Marcelline, sœur de saint Ambroise, reçut de ses mains le voile des vierges, le pape Libère lui dit entre autres choses : « O ma fille, tu as désiré une excellente union. Vois quelle foule de peuple est accourue au Natale de ton Époux, et personne ne s’en retourne sans être rassasié. C’est Lui, en effet, qui, invité à des noces, changea l’eau en vin, et, avec cinq pains et deux poissons, nourrit dans le désert quatre mille hommes. »
Le choix de la basilique de Saint-Pierre pour la station s’inspire du même concept qu’au jour de Noël. A Rome, les grandes solennités, sauf celles du baptême pascal, trop prolongées, se célèbrent chez le Pastor Ecclesiae, dont la basilique est le bercail du troupeau romain. Jusqu’au XIIIe siècle, les Ordines Romani prescrivaient que, après la messe, le pape ceignît la tiare et retournât à cheval au Latran. Plus tard cependant, les Pontifes préférèrent rester au Vatican jusqu’aux secondes vêpres, auxquelles ils assistaient avec le pluvial d’écarlate et la mitre dorée. L’usage qui voulait que le pape lui-même célébrât aujourd’hui la messe stationnale, nous est attesté jusqu’à la fin du XIVe siècle dans l’ordo de l’évêque Pierre Amelius de Sinigallia, qui fait une exception seulement pour le cas où une infirmité du Pontife, ou la rigueur du froid, l’en empêcheraient.
L’introït s’inspire librement de Malachie (III, 1) et fut chanté par les Byzantins quand ils vinrent à la rencontre du pape Jean Ier. Il est adopté aussi comme verset responsorial au second dimanche de l’Avent, mais on ne retrouve pas la source directe d’où il provient. « Voici qu’arrivé le Seigneur et Dominateur, qui porte en main le règne, la puissance et le commandement. »
Le psaume est celui de la fête, le 71e, où sont annoncés les rois qui offriront leurs dons au Christ. — II faut toutefois remarquer, et nous le verrons avec évidence au canon, que, dans la liturgie romaine, toute cette fête de l’Épiphanie conserve encore quelque chose de sa signification orientale primitive, en sorte que, faisant presque abstraction de Noël, le mystère principal qu’elle a en vue semble être la première manifestation du Verbe de Dieu revêtu de chair mortelle.
Dans la collecte, nous prions le Seigneur, qui, aujourd’hui, révéla par la splendeur d’une étoile son Fils unique aux gentils, de permettre que nous, qui le connaissons déjà par la foi, arrivions à contempler la lumière de l’essence divine.
La lecture est tirée d’Isaïe (LX, 1-6) et traite de la vocation des gentils à la foi et de leur droit de cité dans le royaume messianique. Les ténèbres du péché couvrent la terre, mais dans l’Église resplendit bien vive la lumière divine, vers laquelle tous les peuples dirigeront leurs regards. Les nations s’efforceront à l’envi d’entrer dans la grande famille catholique, et la louange du Seigneur retentira dans tout l’univers.
Le verset graduel est tiré du même passage d’Isaïe, et montre les nations qui accourent au berceau du Messie, apportant l’or et l’encens. La strophe alléluiatique, au contraire, provient de saint Matthieu (II), là où les Mages disent être venus adorer le Messie après l’apparition de l’étoile. C’est toujours la foi qui illumine notre route vers Dieu, en sorte qu’on ne peut Lui plaire sans elle.
La lecture évangélique est prise en saint Matthieu (II, 1-12), là où il narre l’arrivée des Mages à Jérusalem, le trouble d’Hérode et du Sanhédrin, et finalement l’offrande des dons à Jésus assis sur les genoux de Marie. Il est remarquable que l’Évangéliste ne parle pas de saint Joseph, comme s’il s’agissait d’un personnage entièrement étranger à la scène. Le saint patriarche dut certainement se trouver là, et même, en sa qualité de pater familias, exerça-t-il à cette occasion un rôle très important. Pourtant le silence de saint Matthieu et la précision constante avec laquelle il n’envisage que la maternité de la Sainte Vierge, nous montrent qu’ici, mieux qu’une relation uniquement historique, nous avons une profonde représentation dogmatique du Verbe de Dieu fait homme, reconnu et adoré par les grands du monde, sur les genoux de sa Mère. Saint Joseph n’a aucune part essentielle en ce mystère, Marie en a une. C’est pourquoi l’Évangéliste nous a tracé son merveilleux tableau théophanique, excluant tous ces personnages accessoires qui, n’étant pas requis par la scène, en auraient troublé ou affaibli le concept essentiel.
L’offertoire rappelle cette prédiction du psaume 71, où il est dit que les rois de Tharsis et des îles porteront des présents, les rois de Scheba et de Seba offriront des tributs au Monarque universel du monde.
Le rôle primitif de la collecte sur les oblations est différent dans la liturgie romaine et dans les liturgies gallicanes. Dans la première, elle sert d’introduction à l’anaphore eucharistique, tandis que dans les autres elle clôt la lecture des diptyques portant les noms des donateurs. Or, de même que, en quelques endroits, la récitation de ces noms a pris place après la consécration, ainsi certaines formules de « secrètes » romaines ont pénétré dans la liturgie gallicane post mysterium. Dans le rit romain, la collecte qui sert de préambule à l’anaphore eucharistique est en quelque sorte une anticipation de la commendatio oblationum, et, par suite, elle prend une signification pour ainsi dire parallèle à celle de l’oratio post nomina des liturgies franques.
Le texte de la collecte de la fête de ce jour se retrouve, plus ou moins modifié, en diverses liturgies. La leçon du Sacramentaire grégorien, et du missel romain actuel, est celle-ci : « Regardez favorablement, Seigneur, les offrandes de votre Église, puisqu’elle ne vous présente point l’or, l’encens et la myrrhe, mais qu’est immolé et pris en nourriture celui qui était jadis symbolisé par ces dons, c’est-à-dire Jésus-Christ notre Sauveur. »
L’incise spéciale qui, selon la lettre du pape Vigile à Profuturus de Braga, est insérée dans le texte de l’hymne eucharistique (= préface), est celle-ci : « parce que, votre Fils unique étant apparu dans la substance de l’humanité, il nous remit dans la voie du salut par la splendeur de son immortalité ».
Dans le protocole de la prière appelée par les Grecs la grande intercession et qui, dans le rit romain, encadre les diptyques épiscopaux de la Chaire apostolique, on fait une seconde fois mention expresse de la solennité de la Théophanie, de telle sorte qu’il apparaît clairement qu’à l’origine cette fête n’en faisait qu’une avec celle de Noël. Il y est dit en effet : « vénérant le jour très sacré où votre Fils unique, qui vous est coéternel dans la gloire, apparut parmi nous avec un corps visible, égal au nôtre ».
L’antienne durant la Communion répète le verset alléluiatique.
La collecte eucharistique demande la réalisation pour nous du mystère de ce jour, fêté par l’Église avec des rites si profonds et si solennels ; en d’autres termes, la théophanie de Jésus apparaissant à l’âme.
La vie intérieure du chrétien est une reproduction de la vie de Jésus ; aussi le but de l’Église en nous proposant le cycle annuel des fêtes, n’est-il pas simplement commémorer les grandes époques historiques de la Rédemption humaine, mais encore d’en renouveler l’effet spirituel dans nos âmes. C’est pourquoi, dans l’office nocturne d’aujourd’hui, nous ne chantons pas seulement que le Christ est apparu aux Mages il y a vingt siècles, mais aussi qu’il s’est révélé à nous-mêmes.
En un mot, ce n’est pas la simple Épiphanie historique que nous voulons célébrer, mais nous y associons aussi cette autre épiphanie subjective qui se vérifie en tout croyant, à qui Jésus apparaît au moyen de la sainte Foi.
« Voici qu’est arrivé (advenit) le Souverain, le Seigneur, dans sa main se trouve la dignité royale, la puissance et l’empire du monde » (Introït). L’Église nous indique par là que notre fête est l’accomplissement suprême de l’Avent. L’Épiphanie est le point culminant du cycle de Noël.
« Réjouissez-vous dans le Seigneur, mes très chers, je vous le dis encore, réjouissez-vous, car peu de temps après la solennité de la naissance du Christ, brille à nos yeux la fête de sa Manifestation. Celui qui, à Noël. est né de la Vierge, le monde l’a reconnu aujourd’hui » (Mat. Homélie de saint Léon I).
1. Pensées de la fête. — La liturgie atteint le second sommet du cycle de Noël, dans la fête de l’Épiphanie. Noël est la fête intime, la fête de famille des chrétiens, l’Épiphanie est la fête mondiale de l’Église catholique. La pensée de la fête, comme nous l’avons déjà dit, est moins un événement de l’enfance de Jésus que la manifestation du Fils de Dieu au monde. Cette pensée est illustrée par trois images tirées de la vie de Notre Seigneur : l’adoration des Mages, le Baptême de Jésus et son premier miracle aux noces de Cana. Alors que les chrétiens orientaux mettent au premier plan la seconde image et appellent cette fête, la fête du Jourdain, l’Église Occidentale préfère la première image, l’adoration des Mages et appelle volontiers cette fête, la fête des Rois.
Pour avoir une intelligence plus profonde de la fête, considérons deux manières de voir des Orientaux. Quand, en Orient, un souverain visitait une ville, il était reçu solennellement au milieu des illuminations, lui-même faisait son entrée dans toute sa splendeur royale, il offrait aux habitants de la ville un repas somptueux et concédait des privilèges. On appelait cette visite solennelle théophanie, épiphanie « apparition d’un dieu », comme si Dieu lui-même était venu sur la terre. Cette apparition de Dieu se réalise véritablement dans la personne du Christ. Le divin Roi est « apparu » dans sa ville, l’Église. Il déploie toute sa magnificence, les habitants de la ville le reçoivent avec de grandes manifestations de joie et il leur prépare le festin de l’Eucharistie.
La seconde manière de voir se rattache à l’usage des noces en Orient. Ces noces revêtaient une solennité extraordinaire et duraient plusieurs jours, si bien que les Orientaux se représentaient la vie heureuse sous l’aspect des noces. L’image des noces est une vraie image biblique, c’est aussi une image liturgique : le Christ vient comme un Époux dans le monde, par la Rédemption. Il célèbre ses noces avec l’Église, l’Eucharistie est son banquet nuptial. Ces deux images s’unissent dans la fête de l’Épiphanie. Le Christ, le divin Roi, fait son entrée dans sa ville et célèbre ses noces avec son Épouse l’Église ; quant à nous, les enfants de Dieu, nous sommes invités à prendre part au festin nuptial.
Cette image se dessine avec une grande beauté dans l’antienne de Benedictus, à Laudes, et les trois images signalées plus haut se fondent harmonieusement en une trame merveilleuse. Elle est rythmée et provient d’une hymne, c’est vraisemblablement une libre adaptation d’un modèle grec versifié.
Hodie caelesti Sponso
Juncta est Ecclesia
Quoniam in Jordane lavit
Christus ejus crimina ;
Currunt cum muneribus
Magi ad regales nuptias
Et ex aqua facto vino
Laetentur convivae
Alléluia.
Aujourd’hui à son céleste Époux
A été unie l’Église
Parce que dans le Jourdain ont été lavés
Par le Christ ses péchés ;
On voit courir avec des présents
Les Mages aux noces royales
Et du vin provenant de l’eau
Les convives se réjouissent.
Alléluia.
Dans cet admirable tableau de noces est dessinée toute la vie sacramentelle de l’Église : le Baptême, l’Offrande, la Communion. Par le Baptême, le Christ s’est fait de chaque âme chrétienne une épouse immaculée et il célèbre ses noces avec l’Église dans le banquet eucharistique. Les dons spirituels, que nous apportons à l’Offertoire dans le symbole de l’Offrande, sont de véritables dons royaux, des présents de noces. A la Communion, nous recevons de nouveau ces dons et nous constatons avec admiration que l’eau a été changée en vin. Ainsi les deux grandes fêtes du cycle d’hiver nous représentent la Rédemption en deux tableaux progressifs : la Naissance et les Noces : Noël, la naissance du Christ et notre renaissance en Lui ; Épiphanie, le mariage du Christ avec l’Église et l’âme. L’idée de lumière est aussi nettement accentuée dans les deux fêtes (de là l’insistance de l’Église sur l’étoile des Mages, de. là aussi la belle leçon à la messe de la fête : Illumine-toi, Jérusalem).
Bien que, le jour de la fête, les trois mystères se présentent tour à tour à nous (au bréviaire), l’Église, en les traitant successivement, s’en tient à la suite historique. Le jour même de la fête, elle célèbre l’adoration des Mages ; au jour Octave, le Baptême dans le Jourdain ; le deuxième dimanche après l’Épiphanie. les noces de Cana, Entre temps, le dimanche dans l’Octave, elle introduit l’incident de Jésus à douze ans, ce qui constitue une transition entre l’Enfance et la vie publique de Jésus.
2. L’Office des Heures. — Dans une si grande fête, les laïcs eux-mêmes devraient prendre part à la prière des Heures de l’Église, Le jour de l’Épiphanie, spécialement, la prière des Heures est une adoration du Fils de Dieu sous la conduite des Mages, On s’en rend compte immédiatement, en constatant que, dans les antiennes, revient avec prédilection le mot adorare, adorer. Les Matines de la fête n’ont pas d’invitatoire. A sa place on emploie le psaume d’adoration lui-même, le ps. 94, au cours des Matines (avec répétition fréquente du verset principal). Les âmes pieuses feront bien, au cours de cette semaine, de méditer le ps. 71 qui est le cantique directeur de la fête, L’Église distingue encore ses très grandes fêtes en chantant, dans les répons brefs des petites heures, l’Alléluia comme à Pâques. C’est le cas aujourd’hui.
3. Annonce des fêtes mobiles de l’année. — Aujourd’hui, dans les Églises cathédrales et abbatiales et aussi dans les communautés où on cultive la liturgie, les fêtes mobiles de l’année sont annoncées solennellement après l’Évangile de la grand messe :
Sachez, mes très chers frères, que, de même que nous nous sommes réjouis de la Nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, nous vous annonçons, aussi par la miséricorde de Dieu, la joie de la Résurrection de Notre-Seigneur : Le 17 février sera le dimanche de la Septuagésime. Le 6 mars le jour des Cendres et le commencement du jeûne de la sainte quarantaine. Le 21 avril nous célébrerons la sainte Pâque de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la joie. Le 30 mai est l’Ascension de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Le 9 juin est la fête de la Pentecôte. Le 20 juin est la fête du Très saint Corps du Christ. Le 1er décembre est le premier dimanche de l’Avent de Notre-Seigneur Jésus-Christ à qui soit honneur et gloire dans les siècles des siècles. Amen .
Remarquons le sens profond de cette annonce. Au point culminant du cycle de Noël, l’Église nous fait déjà à entrevoir le point culminant du cycle de Pâques.
4. La messe (Ecce advenit). — La prière des Heures était une adoration, la messe est une Offrande, sous la conduite des Mages. Cette fête étant la fête de l’Église des Gentils, de l’Église catholique, nous célébrons le Saint-Sacrifice dans la basilique de Saint-Pierre, où tous les peuples sont rassemblés en esprit. A l’entrée du Pape et du clergé, nous saluons le divin Roi qui paraît dans sa ville, car aujourd’hui est le point culminant et l’accomplissement de l’Avent. « Voici que s’avance (advenit) le Souverain. » Et nous chantons immédiatement le psaume 71, le psaume des Rois qui retentit à travers toute la messe. La belle Oraison nous explique le mystère des Rois : nous sommes comme les Mages, conduits par l’étoile de la foi, à travers le désert de la vie ; à travers les persécutions d’Hérode (du démon), nous marchons vers le Christ, non pas vers l’Enfant, mais vers le Roi qui revient dans tout l’éclat de sa Majesté. Ce retour se réalise déjà à la messe, extérieurement semblable à ce que virent les Mages, l’Hostie rappelant le petit Enfant.
L’Oraison a déjà fait ressortir le thème de la lumière. Dans la leçon il apparaît dans toute sa splendeur. Le Prophète montre à nos regards une vision de la royauté du Messie sur le monde. La ville de Dieu est illuminée, car le Roi y fait sa visite royale, sa « Parousie ». La ville étincelle alors de la lumière de Dieu pendant que l’obscurité recouvre toute la terre. Alors les peuples païens accourent vers la lumière divine pour marcher ensuite dans son rayonnement. Ils viennent avec des présents dans les mains, des présents royaux, de l’or et de l’encens. — Avec intention, le Graduel répète comme un écho de la leçon, les deux pensées dominantes : la lumière et les présents ; l’Alléluia emprunte à l’Évangile son verset principal qui contient les deux mêmes idées. (Les deux chants constituent ainsi une transition entre les deux lectures, ce sont deux morceaux classiques).
La vision prophétique qui domine les temps trouve dans l’histoire des Mages (Évang.) une première réalisation et une illustration. Mais nous, ne nous arrêtons pas à l’image ; déjà à l’Évangile, en faisant la génuflexion à ces mots : « et ils tombèrent à genoux et ils l’adorèrent » nous montrons que nous ne nous contentons pas d’entendre l’histoire des Mages mais que nous nous associons à eux. Au Saint-Sacrifice, l’image devient réalité. La procession de l’Offrande commence, nous nous avançons avec les Mages vers l’autel, nous sommes nous-mêmes les Mages, nous sommes des Rois et nos dons d’aujourd’hui sont des présents royaux. Mais nous sommes aussi les représentants des Gentils qui ont rendu hommage au divin Roi (le texte développé répète trois fois : toutes les nations le serviront). Remarquons encore une fois comme l’Offertoire est bien choisi pour accompagner la procession de l’Offrande. La secrète explique au sens spirituel les dons des Mages.
Les présents royaux sont les offrandes de l’Église et celles-ci sont beaucoup plus précieuses que l’or, l’encens et la myrrhe, elles sont le Christ lui-même qui à l’Offertoire est offert avec une dévotion pure comme l’or, au Sacrifice est immolé comme l’encens et, à la communion, est déposé comme la myrrhe, dans le tombeau de notre âme. A la Communion, nous sommes enfin, avec les Mages, au terme de notre voyage, nous voyons briller l’étoile du Seigneur, la lumière de sa venue dans notre cœur. Maintenant nous adorons le Seigneur (nous chantons encore le ps. 71, le psaume des Rois qu’il faudrait chanter en entier).
Les courtes indications que nous avons données nous montrent que presque chaque prière et chaque chant sont à leur vraie place. Les chants sont nettement destinés à accompagner les diverses processions et les symbolisent merveilleusement. Ainsi l’Introït marque l’entrée du divin Roi ; l’Offrande, le voyage des Mages pour offrir leurs présents ; la procession de la Commu. nion, l’arrivée des Mages à Bethléem. Il y a aussi entre les deux lectures un beau parallélisme, l’une est prophétie, l’autre l’accomplissement. Le Graduel et l’Alléluia marquent la relation entre les deux lectures. Enfin les deux oraisons expriment avec concision et magnificence le drame de la fête. On peut appeler la Messe des Rois un modèle classique du formulaire de messe.
A la messe d’aujourd’hui nous apprenons à apprécier l’ancienne procession de l’Offrande qui malheureusement est tombée en désuétude. A l’offrande, nous entrons dans le Sacrifice du Christ ; l’offrande se rapporte à notre propre personne, c’est nous-mêmes que nous offrons. Mais aujourd’hui nous devons nous mettre davantage en frais et faire une offrande pour toute l’année. Nous devons apporter des présents précieux comme l’or, saints comme l’encens, marquant notre dévouement absolu comme la myrrhe amère. Dans les communautés qui aiment la liturgie, on pourrait organiser une offrande spéciale : des pièces d’or et d’argent pour les pauvres, de l’encens pour les besoins de l’année et quelques remèdes pour les malades nécessiteux.
5. Pieux usages à l’occasion de l’Épiphanie. — Les Grecs faisaient, à l’occasion de cette fête, une bénédiction très solennelle de l’eau avec procession au fleuve. En Occident, dans certaines régions, on bénit ce jour-là de l’eau appelée l’eau des Rois, et les fidèles emportent cette eau bénite chez eux. Cette eau bénite est un sacramental destiné à la sanctification, à la purification et à la protection des chrétiens. Mais sa signification la plus profonde est de rappeler l’eau du Baptême. Dans certaines églises on bénit aussi de l’or, de l’encens et de la myrrhe. C’est une sainte et louable coutume de bénir les maisons le jour de l’Épiphanie. La formule rituelle employée pour cette bénédiction est pleine de sens. « Bénis, Seigneur, Dieu Tout-Puissant, cette maison afin que demeurent en elle la santé, la chasteté, la vertu victorieuse, l’humilité, la bonté, la douceur, l’accomplissement de la loi et la reconnaissance envers Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Et que cette bénédiction demeure sur cette maison et ses habitants, par le Christ Notre Seigneur. Ainsi soit-il.
Jour de l'année où
les français tirent les rois. Jour ou l'église fête les rois mages. L’Épiphanie
a de nombreuses origines et interprétations.
Étymologie
D'origine grecque (Epiphaneia), il
signifie "manifestation" ou "apparition". Le
terme épiphanie semble antérieur au christianisme puisque le terme d' épiphanes
désigne les divinités qui apparaissent aux hommes.
Pourquoi le 6
janvier?
Soit 12 jours après Noel, un chiffre
représentant la Totalité (12 mois, 12 tribus d’Israël, 12 apôtres...)
Cette date correspond aussi à la fête
païenne des saturnales qui duraient sept jours pendant lesquels la hiérarchie
et l'ordre social étaient parodiées, ainsi le maitre devenait esclave et
réciproquement, les soldats tiraient au sort avec une fève un condamné à mort
qui se voyait sacré roi pendant 7 jours (avant d’être exécuté....).
LA fête chrétienne:
En effet, jusqu'à la fin du IVe siècle,
L'Épiphanie a été la grande et unique fête célébrant la manifestation de
Jésus à la face du monde. Jean Chrysostome avait influencé la tradition pour
commémorer le même jour trois évènement pour célébrer la théophanie
(littéralement manifestation de Dieu): l'adoration des mages, le baptême dans
le Jourdain et les noces de Cana.
L'appellation "jour des rois"
ne date que du XIXe siècle même si la Tradition a surtout retenu les rois
mages.
Qui sont les trois
rois mages?
L'évangile de Saint Matthieu nous
apprend que des mages sont venus vénérer Jésus. La Bible ne parle donc que de
savants venus d'Orient. La tradition de leur ascendance royale viendrait de
Tertullien (IIIe siècle). Leurs noms (Gaspard, Melchior et Baltazhar) viendrait
d'un document sous forme d'une chronique universelle datant du Ve siècle
appelée "Excerpta latina barbari" (Extraits latins d'un
barbare).
C'est Origène dans ses Homélies sur la
Genèse qui induit l'idée qu'ils étaient trois (sans doute à cause des trois
présents: or, encens et myrrhe).
Symbolique des
trois présents:
Les pères de l’Église ont donné cette
explication: l'or pour la royauté du Christ, l'encens pour sa dimension
sacerdotale et sa divinité et la myrrhe pour son humanité (cet aromate servait
à embaumer les corps post mortem).
Pourquoi une galette?
En France la coutume veut que l'on tire
les rois. Si la majorité utilise une galette à la frangipane, le sud-est et le
sud-ouest privilégient la brioche au sucre et aux fruits confits. Aux origines,
on partageait la galette en autant de parts qu'il y avait de convives plus une
pour le pauvre. On tirait les rois même à la table de Louis XIV.
En perdant l’étoile qui les guide vers la crèche de
Bethléem, les mages venus d’Orient vont découvrir qui est leur guide véritable.
La solennité de l’Épiphanie est le jour où l’Église
commémore la révélation du Messie à toutes les nations, représentées par les
mages. L’Épiphanie (mot d’origine grecque signifiant
« manifestation ») constitue la fête de l’universalité du salut dans
le Christ.
L’astre du Messie joue à cache-cache
Le récit évangélique illustre cette universalité par
la recherche des mages venus d’Orient. Ceux-ci ont vu l’astre du roi nouveau-né
des juifs à son ascendance (c’est-à-dire à son lever), et sont venus se
prosterner devant lui. Manifestement, l’étoile a guidé ces fins astrologues de
leur terre natale jusqu’en Judée.
Mais pour quelle raison sont-ils passés par Jérusalem
? L’astre a-t-il subitement disparu, tandis qu’ils cheminaient ? Il semblerait
que l’étoile se soit en effet éclipsée, puisqu’elle réapparaîtra après leur
passage à Jérusalem, en les précédant de nouveau jusqu’au domicile où réside
l’enfant recherché. Pourquoi un tel jeu de cache-cache, un tel caprice de la
part de l’astre du Messie annoncé ?
L’astrologie est une aliénation
La première raison qui vient à l’esprit est que les
mages sont introduits ainsi dans une religion qui a toujours tenu l’astrologie
en suspicion. Celle-ci est condamnée dans le judaïsme (dont la Judée est
l’épicentre théologique), qui y voit une atteinte à la liberté de l’homme. La
Bible rejette les pratiques de divination : « Il ne se trouvera personne
chez toi pour recourir à la divination » (Dt
18, 10-11).
Ces précisions sont importantes, surtout lorsqu’on
sait qu’un Français sur quatre lit (de façon plus ou moins sérieuse,
certes) son
horoscope le matin! De son temps, saint Thomas d’Aquin n’y allait pas avec
le dos de la cuillère : « L’astrologie peut conduire à une aliénation de
la liberté des individus qui, au lieu d’assumer leurs responsabilités devant
les événements, s’en remettent à des prédictions hasardeuses ! »
Ainsi, les mages venus d’Orient sont-ils obligés de reconnaître qu’en pénétrant
en Israël, ils doivent relativiser leur science prédictive qu’ils tiennent de
leurs observations savantes du ciel.
Une révélation d’amour
Mais la condamnation de l’astrologie n’est pas le
motif principal de l’éclipse momentanée de l’astre du Messie. Si l’étoile a
disparu du ciel, c’est surtout afin que les mages passent par la case
Jérusalem, où résidaient des savants versés dans l’Écriture. La prophétie du
Livre saint leur fait saisir que la Révélation n’est pas une affaire
d’astronomie ou d’astrologie, qu’elle n’est pas donnée par la Nature, mais par
Dieu lui-même et sa Parole. Les mages comprennent ainsi que la révélation dont
Dieu a gratifié son peuple est d’abord une révélation d’amour avant d’être une
manifestation de sa puissance.
Si Dieu n’avait voulu ne faire connaître à Israël que
sa toute-puissance, ou son unicité, Il lui aurait parlé intérieurement, en lui
demandant de lever les yeux sur le spectacle du monde. L’univers aurait alors
instruit l’homme sur l’omniscience et l’omnipotence de la divinité. Mais Dieu
est Amour. Il n’a pas envie d’être adoré d’abord en tant que tout-puissant ou
Sagesse suprême, mais en tant que partenaire d’une Alliance. En tant que
Dieu-Amour.
Le Messie, fruit d’une déclaration d’amour
Or l’amour doit se dire, se déclarer. Voilà pourquoi
Dieu a parlé par les prophètes dans la Bible. Le livre qui scelle
spirituellement les Écritures, le quatrième évangile, porte à son
accomplissement la Révélation dans l’épisode du flanc transpercé de Jésus sur
la Croix. Là, le Cœur de Dieu s’ouvre sous le coup de lance du soldat romain,
pour nous manifester que toute la Révélation biblique est une déclaration
d’amour de Dieu à l’homme (Jn 19, 34). Le Catéchisme de l’Église catholique
affirme : « L’Écriture est une en raison de l’unité du dessein de Dieu,
dont le Christ est le centre et le cœur, ouvert depuis la Pâque » (CEC
112).
Voilà pourquoi les mages sont obligés d’aller
consulter les savants versés dans l’Écriture sainte à Jérusalem. Le Messie a
été annoncé par une parole d’amour, qui court tout au long de la Bible, avant
de l’être par une étoile dans le ciel.
Limbourg brothers (fl. 1402–1416).
Très Riches Heures du duc de
Berry, Folio 51, verso: The Meeting of the Magi, between 1411 and 1416,
29 X 21. Chaque roi dirige un cortège. Les trois groupes prennent la direction
d'un édicule situé au centre, appelé aussi « montjoye », surmonté de
l'étoile. Les rois mages représentent les trois âges de la vie :
l'adolescent, l'homme et le vieillard. Gaspard, le jeune en haut à droite, est
suivi de deux personnages noirs. Balthasar, l'homme, est placé à gauche et
Melchior, le vieillard (ici à l'image de l'empereur byzantin Manuel II
Paleologue), en bas à droite. Par ailleurs, divers animaux sauvages sont peints :
des guépards, un lion, un lézard ainsi qu'un ours, symbole du duc de Berry. Condé Museum, Ms.65, f.51. Raymond Cazelles et
Johannes Rathofer (préf. Umberto Eco), Les Très Riches Heures du Duc de
Berry, Tournai, La Renaissance du Livre, 2001 (1re éd. 1988), 238 p.
La gloire des Mages dans les Très riches Heures
du duc de Berry
« En ce temps de l’Épiphanie, on continue à “tirer les
rois” pour se parer de leurs couronnes. Pendant près de deux millénaires, les
artistes ont illustré avec amour cette histoire légendaire et l’ont ancrée dans
la mémoire de nos imaginaires et de nos cœurs, où se respire leur vérité. »
La gloire des Mages aux pieds du Roi des rois.
L’Épiphanie est le déploiement du Jour de Dieu. Le Rédempteur, sans rien
abandonner de son humilité extrême, y resplendit en sa gloire. Pour nous, fils
de l’Occident, c’est le jour où les Mages, venus d’Orient, vont déposer aux
pieds du Sauveur l’or de sa royauté, l’encens de sa divinité, la myrrhe de son
ensevelissement. Ces Mages, nous dit-on, de manière à mon sens lourdement
insistante, ne sont pas des rois, mais des savants, consulteurs des astres.
C’est vrai, assurément, mais cette insistance idéologique à leur refuser la
royauté fait litière de ce que des siècles de piété, de beauté, ont perçu de
leur gloire, ainsi d’ailleurs que de textes scripturaires splendides, tels que
la Parole de Dieu dans les écrits prophétiques, ceux d’Isaïe en
particulier au
chapitre 60, et des psaumes qui, tel le
psaume 72, soulignent que les rois viendront, de Tharsis et des îles, de
Cheba et de Seba, mais au vrai du monde entier, apporter au Roi des rois leurs
trésors.
C’est en ce jour non seulement la science du monde,
mais aussi ses éphémères royautés, qui, par leurs représentants, viennent
adorer le Roi des rois, dont « le royaume n’est pas de ce monde »,
comme il le dira dans trente ans au préfet romain qui le juge et le livre en
pâture à la haine des siens.
En ce temps de l’Épiphanie, même si l’on ne sait plus
bien ce que l’on fait, on continue à « tirer les rois », à se parer
de leurs couronnes. Pendant près de deux millénaires, les artistes — presque
tous en vérité ! — ont illustré avec amour cette histoire légendaire et
l’ont de ce fait ancrée dans la mémoire de nos imaginaires et de nos
cœurs, où se respire leur vérité. Benozzo Gozzoli, à la chapelle des Mages de
Florence, le Tintoret, à la Scuola di San Rocco de Venise, pour ne citer que
deux îles dans l’immense archipel du génie, l’a chantée. Puissiez-vous,
lecteur, vous en émerveiller de nouveau par le regard.
Le point de ralliement
J’ai retenu ici, pour vous, un double exemple
illustrant dans l’art la gloire des Mages ; il appartient aux Très
riches Heures du duc de Berry. Le premier est celui de leur rencontre, le
second celui de leur adoration. Voici d’abord La Rencontre des Mages.
Au seuil de la cabane à claire-voie, au toit percé où
elle demeure avec Joseph, couvert d’une coiffe jaune comme un Juif de son
temps, devant les dames de sa Cour et, plus loin, les bergers, assise,
enveloppée d’azur, elle leur présente son Fils, qu’ils adorent, le plus vieux,
à genoux, baisant ses pieds et recevant sa gracieuse bénédiction, le second
prostré devant lui, le troisième, genou fléchi, lui offrant l’encens de sa
divinité et le regardant sans nulle crainte. Les escortes, derrière les trois
rois découronnés, demeurent immobiles, d’autres bergers gardent leurs moutons
dans les prés, l’insigne cathédrale de Bourges et la fameuse tour de la cité
s’inscrivent sur le ciel à l’horizon. Au sommet de l’azur, parmi les anges
d’or, musiciens et chanteurs, qui forment une corolle à l’étoile dont les
rayons transpercent la chaumière divine, la Paix promise au monde paisiblement
respire.
Le mystère de la théophanie
Permettez-moi, lecteur, avant de vous quitter, de vous
dire encore un mot, le plus beau peut-être, sur le mystère de l’Épiphanie. Nos
frères d’Orient ne l’appellent pas ainsi. Ils la nomment la
« Théophanie ».
La manifestation de Dieu ! Ils choisissent pour
la fêter le moment où le ciel s’entrouvre lors du Baptême de son Fils, et où la
voix du Père retentit. « Voici, dit-il, mon Fils, mon bien-aimé !
Écoutez-le ! » Avec Piero della Francesca, lors d’une tentative de
réunir enfin les deux Églises d’Orient et d’Occident, lors du Concile de
Florence, sous les ailes déployées de l’Esprit-Saint planant dans le Ciel
apaisé, écoutons-Le !
Écoutons-Le enfin, après l’adoration des Mages et le
Baptême du Christ, dans le troisième aspect de la manifestation épiphanique,
théophanique de sa munificence divine, en suivant le conseil de sa propre Mère
et la nôtre, apparemment éconduite (« Femme, que me veux-tu ? Mon
Heure n’est pas encore venue »). Elle nous dit, à nous aussi, en son Nom à
Lui : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Demandons au
Giotto des Noces de Cana de nous faire entendre, écouter, suivre le
conseil de Marie.
Chaque pays a des traditions qui lui sont propres pour
les fêtes religieuses. En Pologne, le jour de la fête des rois mages, on bénit
les maisons à la craie.
Quand la France du nord et celle du sud
s’écharpent depuis des lustres pour savoir qui de la galette (gâteau
fourré à la frangipane) ou de la couronne (brioche aux fruits confits)
gagnera lors de l’Épiphanie,
un peu plus à l’Est, à la même période, les Polonais perpétuent une tradition
intéressante.
En Pologne, le 6 janvier est férié. Ce jour-là, outre
les traditionnels défilés qui mettent en scène la visite des rois venus
d’Orient, il existe la tradition de la craie bénite. À la fin de la messe de
l’Épiphanie, un morceau de craie bénite est distribué aux fidèles. Dans
certaines paroisses, il est accompagné d’un petit paquet d’encens à brûler chez
soi qui rappelle qu’il est important de rendre grâce à Dieu. Cette tradition
repose sur un véritable rituel. Il existe même une formule de bénédiction de la
craie qui est la suivante : « Bénissez, ô Seigneur notre Dieu, cette
craie, votre créature, afin qu’elle devienne salutaire au genre humain, et accordez
par l’invocation de votre nom très saint que tous ceux qui l’emporteront ou qui
écriront avec elle sur leurs portes les noms de vos saints Gaspard, Melchior et
Balthazar, reçoivent par leur intercession et leurs mérites la santé du corps
et la protection de l’âme ».
Les prêtres partent ensuite rendre visite à leurs
paroissiens à domicile afin de porter chez eux la bonne parole et distribuer
des images pieuses. Ceux-ci peuvent profiter de l’occasion pour les inviter à
casser la croûte et leur glisser une mała koperta (petite enveloppe).
En partant, les pasteurs tracent à la craie en haut de la porte d’entrée
« K+M+B » ou « C+M+B », ainsi que les chiffres de l’année
qui vient de commencer (« 2019 », donc, pour cette année), divisés en
deux afin d’encadrer les lettres. Lesquelles reprennent les initiales de
Kasper, Melchior et Baltazar et représentent également les initiales de la
locution latine Christus Mansionem Benedicat, qui signifie « Que le
Christ bénisse cette maison ».
Remettre sa maison dans la main de Dieu
Cette tradition permet de bénir les maisons et de
souhaiter le meilleur à leurs habitants pour l’année qui vient. De surcroît, ce
signe extérieur montre que des chrétiens vivent là. Ce rite est présent dans
d’autres pays comme la République tchèque ou encore le Canada. Une autre
tradition polonaise, plus récente, est celle des reconstitutions du périple des
mages. Ces cortèges se multiplient dans tout le pays et rencontrent un fort
essor. À Varsovie, le défilé des rois mages réunit chaque année des dizaines de
milliers de personnes.
Feast commemorating the
manifestation of the glory of Christ to the Gentiles in the person of the Magi,
as well as His Baptism and first miracle at Cana. Originating in
the Eastern Church in the 3rd century, it soon spread to the
West, where it is now commemorated especially for the apparition to the Magi.
In England and many European countries it is
popularly known as Twelfth Night (after Christmas) and is the occasion
for the revival of numerous quaint customs. The feast is a holy day of
obligation in England, Scotland, and Ireland. The office of the day
is one of special beauty.
Known also
under the following names: (1)ta epiphania, orhe epiphanios, sc.hemera(rarelyhe epiphaneia: though, e.g. inAthanasius,he somatike epiphaneiaoccurs);theophaneia:dies epiphaniarum;festivitasdeclarationis,manifestationis; apparitio;
acceptio.
(2)hemera ton photon:diesluminum; dies lavacri. (3)phagiphania,Bethphania; etc. (4)Festum trium regum: whence theDutchDrie-koningendagDanishHellig-tre-kongersdag, etc. (5) Twelfth Day,SwedishTrettondedag;, etc. — The meaning of these names will be explained below. Thefeastwas called among theSyriansdenho(up-going), a name to be connected with the notion of
rising light expressed inLuke.
I, 78. The nameEpiphaniasurvives in
Befana, the great fair held at that season in Rome;
it is difficult to say how closely the practice then observed of buying all
sorts of earthenware images, combined with whistles, and representing sometypeofRomanlife, is to be connected with the
rather similarcustomin vogue
during the Decemberfeastof theSaturnalia. For the earthenware orpastrysigillariathen sold all overRome,
see Macrobius; s. I, x, xxiv; II, xlix; andBrand,
"Pop. Ant.", 180, 183.
History
As its name suggests, theEpiphany had its origin in theEastern
Church. There exists indeed ahomilyofHippolytusto which (in onemanuscriptonly) is affixed the lemma ieis ta hagiatheophaneia[notepiphaneia:Kellner]; it is
throughout addressed to one about to bebaptized,
and deals only with theSacrament
of Baptism. It was edited byBonwetschand Achelis (Leipzig, 1897); Achelis
and others consider it spurious. The first reference about which we can feelcertainis inClement(StromataI.21.45),
who writes: "There are those, too, who over-curiously assign to theBirthofOur
Saviournot only its
year but its day, which they say to be on 25Pachon(20 May) in the twenty-eighth year ofAugustus.
But the followers ofBasilidescelebrate the day of HisBaptismtoo, spending the previous night in
readings. And they say that it was the 15th of the monthTybiof
the 15th year ofTiberius
Caesar. And some say that it was observed the 11th of the same
month." Now, 11 and 15Tybiare
6 and 10 January, respectively. The question at once arises; did theseBasilidianscelebrateChrist's
Nativityand also HisBaptismon 6 and 10 January, or did they
merely keep HisBaptismon these days, as well as HisNativityon anotherdate? The evidence, if notClement'sactualwords, suggests the former. It iscertainthat
theEpiphanyfestivalin theEastvery
early admitted a more or less marked commemoration of theNativity, or at least of theAngeli ad
Pastores, the most striking
"manifestation" ofChrist'sgloryon that occasion. Moreover, the firstactualreference to theecclesiasticalfeastof theEpiphany (AmmianusMarcellinus, XXI, ii), in 361, appears
to be doubled inZonaras(XIII, xi) by a reference to the samefestivalas that ofChrist's
Nativity. Moreover,Epiphanius(Haer., li, 27, in P.G., XLI, 936)
says that the sixth of January ishemera genethlion toutestin epiphanion,Christ'sBirthday, i.e. HisEpiphany. Indeed, he assigns theBaptismto 12Athyr, i.e. 6 November. Again inchaptersxxviii and xxix (P.G., XLI, 940 sq.)
he asserts thatChrist'sBirth, i.e. Theophany, occurred on 6
January, as did themiracleatCana,
in consequence of which water, in various places (Cibyra, for instance), was
then yearly by amiracleturned intowine, of which he had himselfdrunk. It will be noticed, first,
ifClementdoes not expressly deny
that theChurchcelebrated theEpiphany in his time atAlexandria, he at least implies that
she did not. Still less can we think that 6 January was then observed by theChurchasholy.
Moreover,Origen,
in his list offestivals(Against CelsusVIII.22),
makes no mention of it.
Owing nodoubtto the vagueness of the nameEpiphany, very different manifestations ofChrist'sgloryandDivinitywere celebrated in thisfeastquite early in itshistory, especially theBaptism, themiracleatCana,
theNativity, and the visit of theMagi.
But we cannot for a moment suppose that in the first instance afestivalof manifestations in general was
established, into which popular localdevotionread specified meaning as
circumstances dictated. It seems fairly clear that theBaptismwas the event predominantly
commemorated. TheApostolic Constitutions(VIII,
xxxiii; cf. V, xii) mention it.Kellnerquotes (cf.Selden, de Synedriis, III, xv, 204,
220) the oldestCopticCalendarfor the nameDies
baptismi sanctificati, and the later for
that ofImmersio Dominias applied to
thisfeast.Gregory
of Nazianzusidentifies,
indeed,ta theophaniawithhe hagia
tou Christou gennesis, but thissermon(Orat. xxxviii in P.G., XXXVI. 312)
was probably preached 25 Dec., 380; and after referring toChrist'sBirth, he assures his hearers (P.G.,
329) that they shall shortlyseeChristbaptized.
On 6 and 7 Jan., he preached orations xxxix and xl (P.G., loc. cit.) and there
declared (col. 349) that theBirthofChristand
the leading of theMagiby a star having been already
celebrated, the commemoration of HisBaptismwould now take place. The first of
these twosermonsis headedeis ta
hagia phota, referring to thelightscarried on that day tosymbolizethespiritualillumination ofbaptism,
and the day must carefully be distinguished from theFeastof thePurification, also calledFestum
luminumfor a wholly differentreason.Chrysostom,
however, in 386 (see CHRISTMAS) preached "Hom. vi in B:
Philogonium" where (P.G., XLVIII, 752) he calls theNativitytheparentoffestivals, for, had notChristbeen born, neither would He have beenbaptized,hoper esti
ta theophania. This shows how loosely
this title was used. (Cf.Chrys.,
"Hom. inBapt. Chr.",
c. ii, in P.G., XLIX, 363; A.D. 387).Cassian(Coll.,
X, 2, in P.L., XLIX; 820) says that even in histime(418-427)
theEgyptianmonasteriesstill celebrated theNativityandBaptismon 6 January.
AtJerusalemthefeasthad a special reference to theNativityowing to the neighbourhood ofBethlehem. The account left to us by
Etheria (Silvia) is mutilated at the beginning. The title of the subsequentfeast,Quadragesimae deEpiphania(Perigrin.Silviae,
ed. Geyer, c.xxvi), leaves us, however, in nodoubtas to what she is describing. On thevigilof thefeast(5 Jan.) aprocessionleftJerusalemforBethlehemand returned the following morning. At
the second hour the services were held in the splendidly decoratedGolgothachurch, after which that of the
Anastasis was visited. On the second and third days thisceremonywas repeated; on the fourth the
service wasofferedonMount
Olivet; on the fifth at the grave ofLazarusatBethany;
on the sixth onSion; on the
seventh in thechurchof theAnastasia, on the eighth in that of
theHoly Cross. TheprocessiontoBethlehemwas
nightly repeated. It will be seen, accordingly, that thisEpiphanyoctavehad throughout so strong aNativitycolouring as to lead to the
exclusion of the commemoration of theBaptismin the year 385 at any rate. It is,
however, by way ofactualbaptismon this day that theWestseems
to enter into connection with theEast.St. Chrysostom(Hom. inBapt. Chr. in P.G., XLIX, 363) tells
us how theAntiochiansused to take homebaptismalwaterconsecratedon the night of thefestival, and that it remained for a
year without corruption. To this day, theblessingof the waters by the dipping into
river, sea, or lake of acrucifix,
and by other complicatedritual,
is a most popularceremony.
A vivid account is quoted byNeale("HolyEastern Church", Introduction, p.
754; cf. theGreek,Syriac,Coptic, andRussianversions, edited or translated from
the original texts byJohn,
Marquess of Bute, and A. Wallis Budge). The people consider that all
ailments,spiritualand physical, can be cured by the
application of theblessedwater. Thecustomwould seem, however, to be originally
connected rather with themiracleofCanathan
with theBaptism. Thatbaptismon this day was quite usual in theWestisproved,
however, by the complaint ofBishop
HimeriusofTarragonatoPope
Damasus(d. 384), thatbaptismswere being celebrated on thefeastof theEpiphany.Pope
Siricius, who answered him (P.L., XIII, 1134) identifies thefeastsofNatalitia
Christiand of hisApparitio, and is very
indignant at theextensionof the period forbaptismsbeyond that ofEasterand that ofPentecost.Pope Leo
I("Ep. xvi ad
Sicil. episcopos", c. i, in P.L., LIV, 701; cf. 696)denouncesthe practice as anirrationabilis
novitas; yet theCouncilofGerona(can. iv) condemned it in 517,
andVictor Vitensisalludes to it
as the regular practice of the (Roman-)AfricanChurch(De Persec.Vandal., II, xvii, in P.L., LVIII,
216).St.
Gregory of Tours, moreover (De gloriâ martyrum in P.L., LXXI, 783;
cf. cc. xvii, xix), relates that those who lived near theJordanbathed in it that day, and thatmiracleswere then wont to take place.St.
Jerome(Comm. inEz., I, i, on verse 3 in P.L., XXV,
18) definitely asserts that it is for thebaptismand opening of the heavens that thedies
Epiphaniorumis still
venerable and not for theNativityofChristin the flesh, for thenabsconditus est, et non apparuit— "He was hidden, and did not appear."
That theEpiphany was of later introduction in
theWestthan theChristmasfestivalof 25 December, has been made clear in
the articleCHRISTMAS.
It is not contained in thePhilocalianCalendar, while it seems most likely
that 25 December was celebrated atRomebefore thesermonofPope
Liberius(inSt.
Ambrose, De virg., iii, I, in P.L., XVI, 231) which many assign to
25 Dec., 354.St.
Augustineclearly
observesOrientalassociations in theEpiphanyfeasts: "Rightly", says he
(Serm. ccii, 2, in Epiph. Domini, 4, in P, L., XXXVIII, 1033), "have
refused to celebrate this day with us; for neither do theyloveunity, nor are they in communion with
theEastern
Church, where at last the star appeared."St.
Philastrius(Haer., c.
cxl, in P.L., XII, 1273) adds thatcertainhereticsrefuse to celebrate theEpiphany, regarding it, apparently, as
a needless duplication of theNativityfeast, though, adds thesaint,
it was only after twelve days thatChrist"appeared to theMagiin theTemple". Thedies
epiphaniorum, he says (P.L., XII, 1274),
is by some thought to be "the day of theBaptism,
or of theTransformationwhich occurred on the mountain".
Finally, an unknownSyrianannotator ofBarsalibi (Assemani, Bibl. Orient.,
II, 163) boldly writes: "TheLordwas born in the month of January on
the same day on which we celebrate theEpiphany;
for of old thefeastsof theNativityandEpiphany
were kept on one and the same day, because on the same day He was born andbaptized.
The reason why our fathers changed thesolemnitycelebrated on 6 January, and
transferred it to 25 December follows: it was thecustomof theheathensto celebrate the birthday of the sun
on this very day, 25 December, and on it they litlightson account of thefeast. In thesesolemnitiesandfestivitiestheChristianstoo participated. When, therefore, the
teachers observed that theChristianswere inclined to thisfestival, they
took counsel and decided that thetruebirth-feastbe kept on this day, and on 6 Jan.,
thefeastof theEpiphanies. Simultaneously, therefore,
with this appointment thecustomprevailed of burninglightsuntil the sixth day."
It is simpler to say that, about
thetimeof the diffusion of the December
celebration in the East, theWesttook up theOrientalJanuaryfeast, retaining all its chief
characteristics, though attaching overwhelming importance, astimewent
on, to theapparitionof theMagi.Epiphaniusindeed had said (loc. cit.) that not
only did water in many places turn intowineon 6 Jan., but that whole rivers, and
probably the Nile, experienced a similarmiracle;
nothing of this sort is noted in theWest.
The LeonineSacramentaryis defective here; butLeo'seighthomilieson theTheophania(in P.L., LIV, Serm. xxxi, col. 234, to Serm. xxxviii, col.
263) bear almost wholly on theMagi,
while in Serm. xxxv, col. 249, he definitely asserts their visit to be the
commemoration for which thefeastwas instituted.Fulgentius(Serm. iv in P.L., LXV, 732) speaks
only of theMagiand theInnocents.Augustine'ssermons(cxcix-cciv in P.L., XXXVIII) deal
almost exclusively with this manifestation; and the GelasianSacramentary(P.L., LXXIV, 1062) exclusively, both
on thevigiland thefeast. TheGregorianSacramentarymakes great use ofPsalm
72:10and mentions the
three greatapparitionsin theCanononly. TheAmbrosian, however, refers to all
three manifestations in the vigil-preface, and in the feast-preface tobaptismalone. The "Missale
Vesontiense" (Neale andForbes,
TheAnc.Liturgiesof theGallicanChurch, p. 228) speaks, in theprayer,
ofIlluminatio, Manifestatio, Declaratio,and compares itsGospelofMatthew
3:13-17;Luke
3:22; andJohn 2:1-11, where theBaptismandCanaare dwelt upon. TheMagiare referred to on theCircumcision. TheGothicMissal(Neale andForbes, op. cit., p. 52) mentions theMagion thevigil, saying that theNativity,Baptism, andCanamakeChrist'sIllustratio. All the manifestations are, however, referred to,
including (casually) the feeding of the 5000, a popular allusion in the East,
whence the namephagiphania.Augustine(Serm. suppl. cxxxvi, 1, in P.L.,
XXXIX, 2013) speaks of the raising ofLazarus(cf. day 5 of theJerusalemritual) as on an equality with the
other manifestations, whence in theEastthe nameBethphaniaoccurs.Maximus
of Turinadmits the
day to be of threemiracles,
and speculates (Hom. vii, in epiph., in P.L., LVII, 273) on thehistoricalconnection ofdateand
events.PolemiusSilvanus,Paulinus
of Nola(Poem. xxvii;Natal., v, 47, in P.L., LXI)
andSedulius(in P.L., LXXII) all
insist on the three manifestations. TheMozarabicMissalrefers mainly to theMagi,
using of their welcome byChristthe wordAcceptio, a term of "initiation" common toMithraistsandChristians.
In 381, theCouncilofSargossa(can. iv), read together with theMozarabicMissal'sMassin jejunio epiphaniae, makes
it clear that afastat this season was not uncommon even
among theorthodox.
"Cod. Theod." (II, viii, 20; XXV, v, 2) forbids the circus on this
day in the year 400; "Cod.Justi."
(III, xii, 6) makes it a day ofobligation.
In 380 it is already marked by cessation oflegalbusiness inSpain;
in Thrace (if we can trust the "Passio S.Philippi" in Ruinart,
"Acta", 440, 2) it was kept as early as 304.Kellnerquotes the "Testamentum Jesu
Christi" (Mainz, 1899) as citing it twice (I, 28; IV, 67, 101) as a highfestivaltogether withEasterandPentecost.
In
the presentOffice,Crudelis Herodesalludes to the three manifestations; inNocturni, the first response for the day, theoctave,
and theSundaywithin theoctave, deals with theBaptism, as does the second response;
the third response, as all those ofNocturnsi and iii, is on theMagi. Theantiphonto theBenedictusruns: "Today the Churchis joined to her celestial spouse, because inJordanChristdoth wash hersins; theMagihasten withgiftsto the
royal marriage-feast, and the guests exult in the water turned towine."O Solarefers to theMagionly. TheMagnificatantiphonof SecondVespersreads: "We keep ourHolyDayadoredwith threemiracles: today a star led theMagito thecrib, todaywinewas
made from water at themarriage,
today inJordanChristwilled to bebaptizedbyJohntosaveus." On theEpiphany it was a very generalcustomto announce thedateofEaster, and even of otherfestivals, a practice ordered by manycouncils, e.g. that ofOrléansin 541 (can. i);Auxerrein 578 and 585 (can. ii), and still
observed (Kellner) atTurin, etc.Gelasiusfinally tells us (Ep. ad episc.Lucan., c. xii, in P.L., LIX, 52) that
thededicationofvirginsoccurred especially on that day.
Origin
The
reason for the fixing of thisdateit is impossible to discover. The only
tolerable solution is that of Mgr. Duchesne (Orig. Chr., 262), who explains
simultaneously the celebration of 6 January and of 25 December by a backward
reckoning from 6 April and 25 March respectively. The Pepyzitae, orPhrygianMontanists, says Sozomen(Church HistoryVII.18), keptEasteron 6 April; hence (reckoning an exact number of years to the Divinelife)Christ'sbirthday would have fallen on 6 January. But, it may be urged, the first
notice we have of the observance of thisdate,
refers toChrist'sBaptism. But this (if we mayassumetheBasilidians, too, to have argued
from 6 April) will have fallen on the exact anniversary of the Birth. But why
preeminently celebrate theBaptism? Can it be that the celebration started with
those, of whateversect, who held that at theBaptismthe Godheaddescended uponChrist? On
this uncertain territory we had better risk no footstep till fresh evidence, if
such there be, be furnished us. Nor is this the place to discuss thelegendsof the ThreeKings, which will be found in the
articleMAGI.Kellner,Heortologie(Freiburg im Br., 1906);FunkinKraus,Real-Encyclopädie, s.v.Feste;Bingham,Antiquities of theChristianChurch(London, 1708-22), Bk. XX, c. iv;
Usener,Religionsgeschichtliche
Untersuchungen(Bonn, 1889).
I.Cyril Martindale.
Martindale, Cyril Charles."Epiphany."The Catholic Encyclopedia.Vol. 5.New York: Robert Appleton Company,1909.6 Jan. 2016<http://www.newadvent.org/cathen/05504c.htm>. Transcription.This
article was transcribed for New Advent by Robert H. Sarkissian.
Ecclesiastical approbation.Nihil
Obstat. May 1, 1909. Remy Lafort, Censor.Imprimatur. +John M. Farley, Archbishop of New York.
Epiphany is a solemnity or major feast celebrated
on 6th January, though - since the reform of the liturgical calendar – it is
now marked by many Catholic churches on the Sunday between the 2nd and 8th
January, where 6th January is not a holy day of obligation. Patrick Duffy looks
at the origins and different themes of this feast in the Eastern and Western
Churches.
Difference in West and East
Nowadays in the West the feast goes by the name
Epiphany and celebrates the visit of the Magi and while in the East it is
called Theophany and celebrates the appearance of God at the Baptism of Jesus.
The word epiphany
The word epiphany was used in Greek religion to indicate the
appearance or manifestation of a god or goddess in human form along with the
suggestion that the person or persons who had the epiphany would be delivered
from danger and/or their enemies defeated. Theophany is a less
frequently used word meaning the same thing. In the New Testament epiphany
is used to refer to both the first and the final comings of Jesus (Titus 2:11,
13). The word then came to be used of the miracles of Jesus as manifesting
divine power.
Origin in the East: a
plurality of themes
As a Christian celebration on 6th January the feast
is first mentioned by Clement of Alexandria around 215 AD. He mentions the
Basilidians, a gnostic Christian group, commemorating the baptism of Jesus on
that day (PG 8:885).
A pagan feast of the sun-god was already celebrated
in Egypt for the winter solstice on 6th January. On the previous night, the
pagans of Alexandria commemorated the birth of their god Aeon, supposedly born
of a virgin. They also believed that on this night the waters of rivers,
especially the Nile, acquired miraculous powers and even turned into wine. It
is possible that such beliefs could have prompted the addition of the themes of
the birth of Jesus and the miracle of Cana to the Christian feast.
But by the fourth century AD the feast in the East
had acquired a combination of four themes – Jesus’ birth, his baptism, the
miracle of Cana and the coming of the Magi. St Epiphanius, bishop of Salamis in
Cyprus (315-402) says that 6th January is “the day of Jesus’ birth, that is, of
his epiphany” (PG 41:935-940), but he also mentions the miracle of Cana and the
Magi. Probably because of the multivalency of the term “epiphany”, it easily
gathered a multiplicity of themes.
At Antioch in Syria St John Chrysostom is witness
that the narratives of the epiphany feast there included the birth, the Magi,
and the baptism (PG 46:363). The Apostolic Constitutions, which may also
reflect Antiochene usage, say “slaves should not work on the festival of
Epiphany because on it came to pass the manifestation of the divinity of Christ
– at the baptism”(8:33.7).
One visitor from the West, the monk John
Cassian tells us that at the time of his travels in Egypt (418-427) the
monasteries there celebrated both the nativity and the baptism on 6th January
(PL 49:820).
A second visitor from the West, the aristocratic
lady Egeria, who describes the Jerusalem liturgy around 385 AD, tells of a
celebration of 6th January and its octave. This involves a procession of
people, monks and the bishop going from Jerusalem to Bethlehem and although a
folio is missing there is no mention either of the baptism or of Cana (Itinerarium,
25). So this procession from Jerusalem to Bethlehem indicates a feast devoted
exclusively to the birth of Jesus on 6th January.
Epiphany in the West: the
visit of the Magi
The Jesuit writer Cyril Martindale was probably
quite accurate when writing of Epiphany in the West, he says:
…about the time of the diffusion of the December
celebration (of Christmas) in the East, the West took up the Oriental January
feast (of Epiphany), retaining all its chief characteristics, though attaching
overwhelming importance, as time went on, to the apparition to the Magi”
(“Epiphany” in The Catholic Encyclopedia [1909] 5:506).
A plurality of themes in the West early on seems to
have given way to concentration on the single theme of the Magi. This is
evident from Bishop Philastrius of Brescia (d. 397) writing his Catalogue of
Heresies around 383.
He says that certain heretics:
refuse to celebrate the Epiphany regarding it
as a needless duplication of the Natitivity feast, and
think this dies epiphaniorum (=
"day of epiphanies" - note the plural) is "the day of the
baptism or of the transformation which occurred on the mountain".
He goes on to lay down the law for orthodox belief
- that there is only one proper narrative for the feast, namely, the visit of
the Magi.
The sermons of St Augustine (PL 38:1026-39) and
Pope St Leo I (PL 54:234-263) show that by the middle of the fifth century in
North Africa and in the West, with 25th December accepted as the birth of
Christ in both East and West, the Epiphany feast had been pared down to a
single theme - the visit of the Magi as narrated in Matthew 2:1-12.
Epiphany liturgy and
spirituality today: The Mass
The Mass texts for the Epiphany in the Roman Missal today remain
focused on the visit of the Magi. The Opening Prayer highlights the
imagery of the light and the star.
Let us pray
[that we will be guided by the light of faith].
Father,
you revealed your Son to the nations by the guidance of a star.
Lead us to your glory in heaven by the light of faith.
The first reading Isaiah 60:1-6 with its mention of
"bringing gold and incense" and the responsorial psalm (71:11):
"All nations shall fall prostrate before you, O Lord" are Old
Testament texts seen as fulfilled in the adoration of the Magi. Indeed, while
the emphasis is on the Magi, some also see a strongly missionary ("all
nations") thrust to the choice of texts.
Epiphany liturgy and spirituality
today: The Liturgy of the Hours
However, a plurality of themes, reminiscent of the
feast's oriental and baptismal origins, is quite strongly asserted in the
Liturgy of the Hours of Epiphany. In the Antiphon for the Canticle at Morning
Prayer (Benedictus), the theme of the marriage feast of Cana is
elaborated into the espousals of Christ and his Church to which the Magi bring
gifts.
Today the bridegroom claims his bride, the Church,
since Christ has washed away her sins in Jordan’s waters;
the Magi hasten with their gifts to the royal wedding;
and the wedding guests rejoice, for Christ has changed water into wine,
alleluia.
In the Antiphon for the Canticle for Evening Prayer
(Magnificat), three themes - the Magi, the baptism and the Cana miracle
- are also interwoven:
Three mysteries mark this holy day:
today the star leads the Magi to the infant Christ;
today water is turned into wine for the wedding feast;
today Christ is baptised by John in the river Jordan to bring us salvation.
Popular customs related to
Epiphany: In the East
Eastern Churches all seem to have a blessing of
water ritual associated with their Epiphany/Theophany feast and today Orthodox
Christians who follow the Gregorian or an updated Julian calendar all seem to
follow this tradition. Those who follow the original Julian calendar, like the
Russian Orthodox, have the Nativity on 7th January and the Baptism of the Lord
twelve days later, 19th January.
Antonius of Piacenza (c.570 AD) in his Itinerarium
11-12 (PL 72:903-4) tells us of a blessing of the Jordan river, at which there
seem to have been baptisms, a blessing of boats as well as a general plunge of
all the participants in the river at the end. This blessing continues to the
present day.
Popular customs related to
Epiphany: In the West
The West tried to make some connection with the
Eastern and baptismal origins of the feast when in 1969 the Roman Liturgical
Calendar was revised. The Feast of the Baptism of the Lord was brought in on
the Sunday after the Epiphany and is supposed to close the season of Christmastide
(General Norms for the Liturgical Year and the Calendar 14-2-1969.
no. 38). But it can hardly be said to find a suitable cultural
context here at this time of year.
However, many countries in the West have popular
celebrations of “The Three Kings”. A Christian tradition in the West said
to derive from an early 6th century Greek manuscript in Alexandria gives them
the names of Casper, Melchior and Balthasar. Another tradition holds that their
relics are in Cologne where they are called the three kings of Cologne. The
story is that their bodies were brought to Constantinople by St Helen, mother
of the Emperor Constantine, and from there to Milan and finally to Cologne in
1162 by Frederick Barbarossa.
In Germany and central Europe a custom of
house-blessing takes place. It begins on the evening of 5th January when dried
herbs are burnt and their scent fills the building. Doorways are sprinkled with
holy water and the master of the house writes with chalk above the house and
barn doors the initials of the three kings enclosed within the year (20
C M B 07). According to the ritual he says: "Caspar,
Melchior, Balthasar, protect us again this year from the dangers of fire and
water.") Church officials, however, say it stands for "Christus
Mansionem Benedicat" (May Christ bless this home).
In Spanish-speaking countries, "The Three
Kings" receive wish-letters from children and magically bring them gifts
on the night before the Epiphany travelling more or less like a Santa Claus.
And children prepare drinks for them, much as children in north Europe do for
Santa Claus.
Similar customs surround the feast in Italy where La
Befana is the kindly old witch who brings children toys on the night of 5th
January. According to the legend, the Three Wise Men stopped at the Befana's
hut to ask directions on their way to Bethlehem and invited her to join them.
She refused, and later a shepherd asked her to join him in paying respect to
the Christ Child. Again she refused, and when night fell she saw a great light
in the skies. La Befana thought perhaps she should have gone with the
Three Wise Men, so she gathered some toys that had belonged to her own child,
who had died, and ran to find the kings and the shepherd. But la Befana could
not find them or the stable. Now, each year she looks for the Christ Child.
Since she cannot find him, she leaves gifts for the children of Italy and
pieces of coal (nowadays carbone dolce, a rock candy that looks
remarkably like coal) for the bad ones.
Franco-Flemish Master. The Adoration of the Magi with
Saint Anthony Abbot, tra il 1390 e il 1410 circa, Oil and tempera on panel. Getty
Center
Solemnity of the Epiphany of Our Lord
Like many of the most ancient Christian feasts, Epiphany was first celebrated in the East, where it has been held from the beginning almost universally on January 6. Today, among both Eastern Catholics and Eastern Orthodox, the feast is known as Theophany—the revelation of God to man. In the United States it is celebrated on the Sunday between January 1 and January 6. (in 2011 on January 2)
Epiphany originally celebrated four different events, in the following order of importance: the Baptism of Christ; Christ’s first miracle, the changing of water into wine at the wedding in Cana; the Nativity of Christ; and the visitation of the Wise Men or Magi. Each of these is a revelation of God to man: At Christ’s Baptism, the Holy Spirit descends and the voice of God the Father is heard, declaring that Jesus is His Son; at the wedding in Cana, the miracle reveals Christ’s divinity; at the Nativity, the angels bear witness to Christ, and the shepherds, representing the people of Israel, bow down before Him; and at the visitation of the Magi, Christ’s divinity is revealed to the Gentiles—the other nations of the earth.
Eventually, the celebration of the Nativity was separated out, in the West, into Christmas; and shortly thereafter, Western Christians adopted the Eastern feast of the Epiphany, still celebrating the Baptism, the first miracle, and the visit from the Wise Men. Thus, Epiphany came to mark the end of Christmastide—the twelve days of Christmas, which began with the revelation of Christ to Israel in His Birth and ended with the revelation of Christ to the Gentiles at Epiphany.
Over the centuries, the various celebrations were further separated in the West, and now the Baptism of the Lord is celebrated on the Sunday after January 6, and the wedding at Cana is commemorated on the Sunday after the Baptism of the Lord.
In many parts of Europe, the celebration of Epiphany is at least as important as the celebration of Christmas. In Italy and other Mediterranean countries, Christians exchange gifts on Epiphany—the day on which the Wise Men brought their gifts to the Christ Child—while in Northern Europe, it’s not unusual to give gifts on both Christmas and Epiphany (often with smaller gifts on each of the twelve days of Christmas in between).
When Jesus was born in
Bethlehem of Judea, in the days of King Herod, behold, magi from the east arrived
in Jerusalem, saying, “Where is the newborn king of the Jews? We saw his star
at its rising and have come to do him homage.”
When King Herod heard
this, he was greatly troubled, and all Jerusalem with him. Assembling all the
chief priests and the scribes of the people, he inquired of them where the
Messiah was to be born. They said to him, “In Bethlehem of Judea, for thus it
has been written through the prophet:
‘And you, Bethlehem,
land of Judah,
are by no means least among the rulers of Judah;
since from you shall come a ruler,
who is to shepherd my people Israel.'”
Then Herod called the
magi secretly and ascertained from them the time of the star’s appearance. He
sent them to Bethlehem and said, “Go and search diligently for the child. When
you have found him, bring me word, that I too may go and do him homage.”
After their audience
with the king they set out. And behold, the star that they had seen at its
rising preceded them, until it came and stopped over the place where the child
was. They were overjoyed at seeing the star, and on entering the house they saw
the child with Mary his mother. They prostrated themselves and did him homage.
Then they opened their treasures and offered him gifts of gold, frankincense,
and myrrh. And having been warned in a dream not to return to Herod, they
departed for their country by another way.
Q. Who was this Herod
under whose government Christ was born?
A. He was the oldest son
of Antipater, the Idumian from the city of Ascalon, who was appointed king of
the Jews by the Roman Senate at the recommendation of Mark Antony. He was the
father of Herod Antipas, who ordered the beheading of Saint John the Baptist,
and grandfather of Herod Agrippa, who caused Saint James to be put to death and
the same who imprisoned Saint Peter. Saint Matthew informs us that Herod ruled
in the time of the birth of Christ, fulfilling the prophecy of Jacob, who
foretold the coming of Christ when the sceptre had passed into the hands of
strangers. This prophecy was verified when the Roman Senate appointed Herod, of
Idumian origin, king of the Jews.
Q. Who were these Magi
of whom the Evangelist speaks?
A. They were men
distinguished for their knowledge, particularly of astronomy, and according to
some Fathers and Doctors they were petty kings of the East who came, as was
foretold in the seventy-first psalm, from Arabia and from Saba to offer their
gifts and adoration to the Messias.
Q. In what way were they
invited?
A. They saw the star
which according to prophetic prediction was to appear when the promised Saviour
was born, and by the interior operation of grace they recognized it as the sign
of His birth and hastened to follow its course. According to the opinion of the
Fathers, they were the first of the Gentiles who were called to enter into the
Church of Christ.
Q. What is worthy of
remark in the conduct of the Magi?
A. We must admire their
promptness in corresponding to the invitation of grace. Immediately on the
appearance of the star they, giving no heed to the suggestions of human prudence,
the difficulties of the way, and the uncertainties of success, left their homes
and set out in search of the Child; and while thus seeking in obedience to the
voice of heaven, they teach us with what disregard of human interests, with
what solicitude and courage, we should always follow divine inspiration and the
call of heaven.
Q. But why were the Magi
directed to Jerusalem?
A. We must here remember
that a prophet had called Jerusalem the queen of the world and the joy of all
the earth. In Jerusalem alone was the temple dedicated to the true God; to
Jerusalem came worshippers from all parts of the world; there were preserved
the holy books, and there were found the great teachers of the law. For this
reason the Magi directed their steps to the capital of the nation, reasonably
hoping to find there a most certain guide who could conduct them to the desired
place. We learn from this to have recourse to those who by reason of their
sacred character, office, learning, and prudence may direct our steps when we
feel impelled by some interior call of heaven.
Q. What are we to think
of the question of the Magi when in Jerusalem in reference to the new-born King
of the Jews?
A. Their questionings
left without excuse the people of Jerusalem who did not recognize and strive to
know the Saviour. The coming of the Magi and their seeking for the new-born
King of the Jews should have attracted the attention of all in the city, and
the answers which the Doctors of the Law, after consulting the books of the
prophets, gave to them and to Herod, by whom they were consulted, should have
attracted the attention of every citizen to what had happened in full
conformity with the expectations of their fathers, with the desires of the
people, and with the circumstances in which all the prophecies culminated. It
would be unfortunate for us if we, like the non-believers of the time, should
attribute to accident or fate that which is God’s work.
Q. What are we to say of
the promise of Herod?
A. The cries of the
children brutally slaughtered by his command give the answer. His zealous
devotion to the new-born King of the Jews was hypocritically assumed in order
to deceive the Magi and get the divine Infant into his power that he might put
Him to death. His deceit failing of its object, he commanded all the male
infants to be put to death that in the general slaughter the infant Jesus might
be included. Alas, not all those who make a show of zeal for the truth,
justice, and glory of the Eternal Father are lovers of Jesus Christ.
Q. What is to be said of
the Magi who, after departing from Jerusalem, again saw the star which had led
them from the East?
A. We should comfort
ourselves with the reflection that when, like the Magi, we sincerely seek to
know the divine will, and seek in the proper manner by consulting learned and
enlightened teachers, we will be led to the desired end. God is faithful. Let
us submit ourselves to His guidance and He will send us His light to direct us.
Q. How did the Magi
recognize the infant Messias Whom they sought?
A. From the words of the
Sacred Text it is to be inferred that the star stopped over the place where the
Child Jesus reposed, and this wonderful event attracted the attention of the
Magi and caused them to enter. It is not difficult to imagine the impression
the presence of the God-man made on them and the grace it wrought in them. He
Who when grown up knew how to call His apostles after Him, could as a child
make Himself known to the Magi, and make them His worshippers.
Q. What did the Magi
offer Him, and with what intention?
A. The Gospel tells us
they offered Him gold, frankincense, and myrrh. By the gold, says Saint
Gregory, they recognized Him as king, by the incense they acknowledged Him as
God, and by the myrrh they indicated His human nature. They, says Saint Leo,
proclaimed by the nature of their gifts the faith that was in their hearts, and
with full knowledge they venerated in His person two natures, the divine and
human of Jesus Christ.
Q. What are we to learn
from this Gospel?
A. We should learn to
recognize in the Magi the first-fruits of our vocation to the faith, and to
thank God that we have been made Christians. We should learn also to follow the
divine call and to offer to Jesus Christ the gold of charity, the incense of
prayer, and the myrrh of holy mortification and Christian penance.
– text taken from Analysis of the Gospels
of The Sundays of the Year, by Angelo Cagnola and Father L A
Lambert, Benziger Brothers, 1892; it has the Imprimatur of Archbishop Michael
Augustine Corrigan, Archdiocese of New York, 1892
Here followeth the Feast
of the Epiphany of our Lord and of the three kings.
The Feast of the
Epiphany of our Lord is adorned of four miracles, and after them it hath
four names. On this day the kings worshiped Jesu
Christ, and SaintJohn Baptistbaptized him. And Jesu
Christ changed this day water into wine, and he fed five thousand men with five
loaves of bread. When Jesu Christ was in the age of thirteen days the three
kings came to him the way like as the star led them, and therefore this day is
called Epiphany, or the thiephanye in common language. And
is said of this term epi, which is as much as to say as above, and of this term
phanes which is as much to say as apparition. For then the star appeared above
them in the air, where the same Jesus by the star that was seen above them
showed him to the kings. And that day twenty-nine years passed, that was at the
entry of thirty years, for he had twenty-nine years and thirteen days, and
began the thirtieth year as saith Saint Luke. Or after this that Bede saith, he
had thirty years complete, as the Church of Rome holdeth. And then he was
baptized in the flood or river of Jordan, and therefore it is called the
thiephanie said of Theos, which is as much to say as God, and phanes
apparition. For then God, that is the Trinity, appeared, God the Father in
voice, God the Son in flesh human, God the Holy Ghost in likeness of a dove.
After this, that same day a year, when he was thirty-one year old and thirteen
days, he turned water into wine, and therefore it is called Bethania, said of
beth, that is to say an house, and phanes, that is apparition. And this miracle
was done of the wine in an house by which he showed him very God. And this same
day a year after that was thirty-two years, he fed five thousand men with five
loaves, like as Bede saith. And is also sung in an hymn which beginneth:
Illuminans altissimus. And therefore it is called phagiphania, of phage, that
is to say meat. And of this fourth miracle some doubt if it were done on this
day, for it is not written of Bede expressly, and because that in the gospel of
Saint John is read that it was done nigh unto Pasque. Therefore the four
apparitions were set on this day. The first by the star unto the crib or racke;
the second by the voice of the Father on flom Jordan; the third of the water
into wine at the house of Archedeclyn; the fourth by the multiplication of five
loaves in desert. Of the first apparition we make solemnity on this day
principally, and therefore pursue we the history such as it is.
When our Lord was born,
the three kings came into Jerusalem, of whom the names be written in Hebrew,
that is to wit Galgalath, Magalath, and Tharath. And in Greek Appelius, Amerius,
and Damascus. And in Latin Jaspar, Melchior, and Balthasar. And it is to wit
that this name Magus hath three significations. It is said illuser or deceiver,
enchanter, and wise. They been illusers or deceivers because they deceived
Herod. For they returned not by him when they departed from the place where
they had honoured and offered to Jesus, but returned by another way into their
country. Magus also is said enchanter. And hereof be said the enchanters of
Pharaoh, Magi, which by their malefice made their marvels by the enchanting of
the craft of the devil. And Saint John Chrysostom calleth these kings Magos, as
wicked and evil-doers. For first they were full of malefices, but after they
were converted. To whom God would show his Nativity, and bring them to him to
the end that to sinners he would do pardon. Item, Magus in same wise. For Magus
in Hebrew is said doctor, in Greek, philosopher, and in Latin, wise, whereof
they be said Magi, that is to say great in wisdom. And these three came into
Jerusalem with a great company and great estate. But wherefore came they to
Jerusalem when the child was not born there? Saint Remigius assigneth four
reasons. The first reason is that, the kings had knowledge of the nativity of
the Child that was born of the Virgin Mary, but not of the place. And because
that Jerusalem was the most city royal and there was the see of the
sovereign priest, they thought that so
noble a child, so nobly showed ought to be born in the most noble city that was
royal. The second cause was, for in Jerusalem were the doctors and the wise men
by whom they might know where the said child was born. The third cause was to
the end that the Jews should have none excusation. For they might have said
that they had knowledge of the place where he should be born, but the time knew
they not, and therefore they might say, we believe it not. And the kings showed
to them the time, and the Jews showed the place. The fourth to the doubt of the
Jews and their curiosity, for these kings believed one only prophet, and the
Jews believed not many. They sought a strange king, and the Jews sought not
their own king. These kings came from far countries, and the Jews were
neighbours fast by. These kings were successors of Balaam, and came at the
vision and sight of the star, by the prophecy of their father, which said that
a star shall be born or spring out of Jacob, and a man shall arise of the
lineage of Israel. That other cause that moveth them to come to Jerusalem
putteth Saint John Chrysostom, which saith that there were some that affirmed
for truth that, there were great clerks that curiously studied to know the
secrets of heaven; and after, they chose twelve of them to take heed. And if
any of them died, his son or next kinsman shall be set in his place. And these
twelve every year ascended upon a mountain which was called Victorial, and
three days they abode there, and washed them clean, and prayed our Lord that he
would show to them the star that Balaam had said and prophesied before.
Now it happened on a
time that they were there the day of the Nativity of Jesu Christ, and a star
came over them upon this mountain which had the form of a right fair child, and
under his head was a shining cross, which spake to these three kings saying: Go
ye hastily into the land of Judea, and there ye shall find the king that ye
seek, which is born of a virgin. Another cause putteth Saint Austin; for it
might well be that the angel of heaven appeared to them which said: the star
that ye see is Jesu Christ, go ye anon and worship him. Another cause putteth
Saint Leo, that by the star which appeared to them, which was more resplendent
and shining than the other, that it showed the sovereign king to be born on the
earth. Then anon departed they for to come to that place. Now may it be
demanded how, in so little space of thirteen days they might come from so far
as from the East unto Jerusalem, which is in the middle of the world, which is
a great space and a long way. Thereto answereth Saint Remigius the doctor, and
saith that, the child to whom they went, might well make them to go so much way
in that while. Or after this that Saint Jerome saith, that they came upon
dromedaries, which be beasts that may go as much in one day as an horse in
three days. And when they came into Jerusalem, they demanded in what place the
King of Jews was born. And they demanded not if he was born, for they believed
it firmly that he was born. And if any had demanded of them: Whereby know ye
that he is born? They would have answered: We have seen his star in the Orient,
and therefore we come to worship him. This is to understand, we being in the
Orient saw his star that showed that he was born in Judea, and we be come to
worship him. And therefore saith this doctor Remigius, that they confessed this
child very man, very King, and very God. Very man when they said where is he
that is born? very King when they said King of Jews; very God when they said we
be come to worship him. For there was a commandment that none should be
worshipped but God. And thus as saith Saint John Chrysostom: They confessed the
child very God by word, by deed, and by gifts of their treasures that they
offered to him. And when Herod had heard this he was much troubled, and all
Jerusalem with him. Herod was troubled for three causes, first, because he
dreaded that the Jews would receive the child born for their King, and refuse
he would worship also him, and thought that he would go slay him. And it is to
wit that as soon as they were entered into Jerusalem, the sight of the star was
taken from them and for three causes: First, that they should be constrained to
seek that place of his nativity like as they were certified by the appearing of
the star and by the prophecy of the place of his birth, and so it was done.
Secondly, that they that sought the help and the world, had deserved to lose
the aid divine. The third because that the signs be given to miscreants, and
prophecies to them that believe well like, as the apostle saith. And therefore
the sign which was given to the three kings, which yet were paynims ought not
to appear to them as long as they were with the Jews. And when they were issued
of Jerusalem, the star appeared to them, which went before them, and brought
them till it came above the place where the Child was. And ye ought to know
that there be three opinions of this star, which Remigius the doctor putteth,
saying that: Some say that it was the Holy Ghost which appeared to the three
kings in the form of a star, which after appeared upon the head of Jesu Christ
in the likeness of a dove. Others say, like to Saint John Chrysostom, that it
was an angel that appeared to the shepherds, and after appeared to the kings,
but to the shepherds, Jews, as to them that use reason in form of a reasonable
creature, and to the paynims as unreasonable, that is to say of a star. Others
say more reasonably and more veritably that it was a star new created, and made
of God, the which when he had done his office was brought again into the matter
whereof it was first formed. And this star was this that Fulgentius saith: It
differenced from the other stars in three things. First, in situation, for it
was not fixed in the firmament, but it hung in the air nigh to the earth.
Secondly, in clearness, for it was shining more than the others. It appeared so
that the clearness of the sun might not hurt nor appale her light, but at plain
mid-day it had right great light and clearness. Thirdly, in moving, for it went
alway before the kings in manner of one going in the way, ne it had none
turning as a circle turneth, but in such manner as a person goeth in the way.
And when the kings were issued out of Jerusalem, and set in their way, they saw
the star whereof they had lost the sight, and were greatly enjoyed.
And we ought to note
that there be five manners of stars that these kings saw. The first is
material, the second spiritual, the third intellectual, the fourth reasonable,
the fifth substantial. The first, that is material, they saw in the East; the
second, that is spiritual, they saw in heart, and that is in the faith. For if
this faith had not been in their hearts that had lighted them, they had never
seen the star material. They had faith of the humanity when they said: Where is
he that is born? and of his royal dignity when they called him King of Jews,
and of his deity when they said they went to worship him. The third
intellectual, which is, that the angel that they saw in vision, when it was by
the angel showed to them that they should not return by Herod, how be it that
after one gloss it was our Lord that warned them. The fourth, that was
reasonable, that was the Virgin Mary whom they saw in the stable holding her
child. The fifth, that is substantial, that is to say that he had substance
above all other singular. And that was Jesu Christ whom they saw in the crib.
And hereof is it said in the gospel that they entered into the house and found
the child with Mary his mother, and then they worshipped him. And when they
were entered into the house secretly and had found the child, they kneeled and
offered to him these three gifts, that is to wit gold, incense, and myrrh. And
this saith Saint Austin: O infantia, cui astra subduntur, etc. O infancy or
childhood, to whom the stars be subject, to whose clothes angels bow, the stars
give virtue, the kings joy, and the followers of wisdom bow their knees. O
blessed tigury or little house, O holy seat of God. And Saint Jerome saith:
This is an heaven where is no light but the star. O palace celestial in which
thou dwellest, not as King adorned with precious stones, but incorporate. To
whom, for a soft bed was duresse and hard crib, for curtains of gold and silk,
the fume and stench of dung, but the star of heaven was clearly embellished. I
am abashed when I behold these clothes and see the heaven. The heart burneth me
for hete when I see him in the crib, a poor mendicant, and over him the stars.
I see him right clear, right noble, and right rich. O ye kings, what do ye? Ye
worship the child in a little foul house wrapped in foul clouts. Is he then not
God? Ye offer to him gold, and whereof is he King, and where is his royal hall?
Where is his throne? Where is his court royal, frequented and used with nobles?
The stable is that not his hall? And his throne the rack or crib? They that
frequent this court, is it not Joseph and Mary? they be as unwitting, to the
end that they become wise. Of whom saith Hilary in his second book that he made
of the Trinity: The Virgin hath borne a child, but this that she hath childed
is of God; the child is Iying in the rack, and the angels be heard singing and
praising him, the clothes be foul, and God is worshipped. The dignity of his
puissance is not taken away though the humility of his flesh is declared. Lo,
how in this child Jesus were not only the humble and small things, but also the
rich, and the noble, and the high things. And hereof saith Saint Jerome upon
the Epistle ad Hebreos: Thou beholdest the rack of Jesu Christ; see also the
heaven. Thou seest also the child Iying in the crib, but take heed also how the
angels sing and praise God. Herod is persecuted and the kings worship the
child. The pharisees knew him not, but the star showed him. He is baptized of
his servant, but the voice of the Father is heard above thundering. He is
plunged in the water, but the Holy Ghost The descended upon him in likeness of
a dove.
And of the cause
wherefore these kings offered these gifts, many reasons be assigned. One of the
causes is, as saith Remigius the doctor, that the ancient ordinance was that no
man should come to God ne to the king with a void hand, but that he brought him
some gift. And they of Chaldea were accustomed to offer such gifts. They, as
Scholastica Historia saith, came from the end of Persia, from the Chaldeans
whereas is the flood of Saba, of which flood the region of Saba is named. The
second reason is of Saint Bernard: For they offered to Mary, the mother of the
child, gold for to relieve her poverty, incense against the stench of the
stable and evil air, myrrh for to comfort the tender members of the child and
to put away vermin. The third reason was that they offered gold for to pay the
tribute, the incense for to make sacrifice, the myrrh for the sepulture of dead
men. The fourth for the gold signifieth dilection or love; the incense, orison
or prayer; the myrrh, of the flesh mortification. And these three things ought
we offer to God. The fifth because by these three be signified three things
that be in Jesu Christ: The precious deity, the soul full of holiness, and the
entire flesh all pure and without corruption. And these three things be
signified that were in the ark of Moses. The rod which flourished, that was the
flesh of Jesu Christ that rose from death to life; the tables wherein the
commandments were written, that is the soul, wherein be all the treasures of
sapience and science of godhead. The manna signifieth the godhead, which hath
all sweetness of suavity. By the gold which is most precious of all metals is
understood the Deity; by the incense the soul right devout, for the incense
signifieth devotion and orison; by the myrrh which preserveth from corruption,
is understood the flesh which was without corruption. And the kings when they
were admonished and warned by revelation in their sleep that they should not
return by Herod, and by another way they should return into their country, lo
hear then how they came and went in their journey. For they came to adore and
worship the King of kings in their proper persons, by the star that led them,
and by the prophet that enseigned and taught them. And by the warning of the
angel returned and rested at their death in Jesu Christ. Of whom the bodies
were brought to Milan, where as now is the convent of the friars preachers, and
now be at Cologne in Saint Peter’s
Church, which is the Cathedral and See of the
Archbishop. Then let us pray unto Almighty God that this day showed him to
these kings and at his baptism, where the voice of the Father was heard and the
Holy Ghost seen, and at the feast turned water into wine, and fed five thousand
men, besides women and children, with five loaves and two fishes, that at the
reverence of this high and great feast he forgive us our trespasses and sins,
and after this short life we may come to his everlasting bliss in heaven. Amen.
Here followeth the
manner and form of seeking and offering; and also of the burying and translations
of the three Holy and Worshipful Kings of Cologne: Jaspar, Melchior, and
Balthazar.
Now when the Children of
Israel were gone out of Egypt and had won and made subject to them Jerusalem
and all the land lying about, so that no man durst set against them in all that
country for dread that they had of them; then was there a little hill called
Vaws, which was also called the Hill of Victory, and on this hill the ward of
them of Ind was ordained and kept by divers sentinels by night and by day
against the Children of Israel, and afterward against the Romans; so that if
any people at any time purposed with strong hand to enter into the country of
the Kingdom of Ind, anon, sentinels of other hills about, through tokens,
warned the keepers on the hill of Vaws. And by night they made a great fire and
by day they made a great smoke, for that hill Vaws passeth the height of all
other hills in all the East. Wherefore, when any such token was seen, then all
manner of men made ready to defend themselves from the enemy that approached.
Now in the time when
Balaam prophesied of the Star that should betoken the coming of Christ, all the
great lords and all the other people of Ind and in the East desired greatly to
see the Star of which he spake, and gave gifts to the keepers of the hill of
Vaws, and moreover hired them with great rewards, that, if it so were, they saw
by day or by night, far or near, any light or any star in the air other than
was seen beforetime, anon they should show and send them word. And thus was it
that for so long a time the fame of this Star was borne through all the lands
of the East; until, of the name of the hill of Vaws, arose up a worshipful and
a great kindred in Ind, which is called the progeny of Vaws even unto this day;
and there is not a more mighty kindred in all the kingdoms of the East; for
this worshipful kindred came first from the King’s blood that was named
Melchior, that offered gold to our Lord, as ye shall hereafter learn.
In the year of our Lord
1200, when the city of Acon, that in this country is called Akers, flourished
and stood in virtue, joy, and prosperity, and was inhabited richly with
worshipful princes, and lords, and divers orders of men of religion, and all
manner of men of all nations and tongues, so that there was no city like unto
it in nobility and might; then, because of its great name and of the marvels
that were there, the greatest of birth that were of the progeny of Vaws came
out of Ind unto Acon; and when they saw there all things more wonderful than in
Ind; then, because of delight, they abode there and made a fair and strong
castle for any king or lord. And they brought with them out of the East many
rich and wonderful ornaments and jewels. And among all other jewels, they
brought a diadem of gold arrayed with precious stones and pearls, and about its
edge stood letters of Chaldaic, and a star made like after the Star that
appeared to the Three Kings of the East when they sought God, with a sign of
the cross, beside. And that diadem was Melchior’s, the king of Nubia and of
Araby, that offered gold to the Babe in the manger. And afterward the master of
the Order of Templars received this same diadem of gold and many other precious
jewels; but when that Order was destroyed the diadem and precious ornaments were
lost, and have never been found unto this day. Wherefore there was great sorrow
made in all the country for a long time after.
But these same princes
of Vaws brought with them out of Ind books written in Hebrew and Chaldaic,
concerning the life and deeds of these three blessed Kings, which books were
afterward translated into the French tongue: and so, from these books, and from
hearsay, and sight, and also from sermons and homilies out of divers other
works, the story here written hath been brought together into one book.
And you shall understand
that the old kindred of Vaws beareth always in its banner, unto this day, a
star with a sign of the cross, made after the same manner as it appeared to the
three blessed Kings.
Now it so happened that
after Balaam had prophesied of this Star, the more it was sought for the more
its fame increased through the land of Ind and Chaldee, and all the people
desired to see it.
So they ordained twelve
of the wisest and greatest clerks of astronomy that were in all that country
about, and gave them great hire to keep watch upon this hill of Vaws for the
Star that was prophesied of Balaam. And the cause that there were ordained
twelve men was, that if one man died another should be put in his stead; and
also that some should keep watch at one time and some another—nevertheless the
people looked not only after the Star, but after the Man who was betokened by
the Star, the which Man should be Lord of all folk.
And they of Ind and
Chaldee who came often into Jerusalem because of merchandise and also for
disport—the which, for the most part, be learned in astronomy—said that in Ind
were many stars in the firmament that might not be seen by night in Jerusalem;
but, specially on this hill of Vaws in clear weather, were seen many and divers
strange stars that at the foot of the hill were not seen. Yet this hill of Vaws
hath no more breadth than a little chapel is made upon, the which the three
worshipful kings did build of stone and timber. And there be about this hill
many steps upon which men go up to the chapel on high, and also there grew many
good trees and herbs and divers spices all about the hill—for else men might
not well go upon this hill because it is so high and so narrow. There is also a
pillar of stone made above this chapel, of wondrous height, and in the head of
the pillar standeth a great star, well made of gilt, and which turneth with the
wind as a vane: and through the light of the sun by day, and of the moon by
night, this star gives light a great way about the country. And many other
marvels are spoken of this hill of Vaws, the which were long to tell.
Now when the time of
grace was come, that God would have mercy on all mankind, in which time the
Father of Heaven sent down his Son to take flesh and blood and to be born a man
for salvation of all the world: in that time Octavianus, that was Emperor of
Rome, sent out a commandment that all the people within his empire should be
counted and taxed; and every man went forth from his dwelling-place into his
native country. Then came Joseph up from Nazareth unto Bethlehem the city of
David, because he was of the household and race of King David, and with him
came Mary that was his wife, and also great with child.
And you shall understand
that Bethlehem was never of much reputation, neither a place of great quantity.
It hath a good site and good ground, for there be many caves and dens under the
earth thereabout; and it is distant from Jerusalem but two little miles; and it
is but a castle, but is called a city because King David was born there. And in
that town was sometime a house which belonged to Isai, the father of David,
where David was born and anointed into the kingdom of Israel by Samuel the
prophet. And in this same dwelling was the Son of Heaven born of Mary.
And this same house was
at the end of a street that was in that time called the Covered Street,
because, to keep out the great heat and burning of the sun, this street was
canopied above with black cloths and other things,—for such is the use in that
country always. And here was wont to be great bargaining, or a fair once a week
of old clothes; and specially of trees or timber, by the little house which
stood before a den under the earth, made and shaped like a little cellar, where
Isai and others that dwelt there after him put certain necessaries that
belonged to the household, against the heat of the sun. It is also the manner
in all that country that there be certain houses, the which be called there
alchan, that we call hostelries, and in these houses be mules, horses, asses,
and camels always ready, that, if so that any merchant or any man that
travelled by the way, be it far or near, need any beast for himself, or for his
merchandise, then he goeth to such a house and there he may hire a horse, or
what beast that he will, for a certain price. And when he hath such a beast
then he goeth from that city to another, where to abide and rest him for a
time. Then he dischargeth his beast of his burden, and so sendeth him to a
house called there also alchan; and the master of the house giveth his beast
meat, and, when he may, he sendeth it home to the same place that it came from.
And such a house was,
before the birth of Christ, in the place where Christ was born; but, about the
time of the Nativity, that house was all destroyed, insomuch that there was
nothing left but broken walls on every side, and a little cave under earth, and
a little unthrifty house before the cave: and there men sold bread on the same
ground; for it is the usage in all that country that all the bread that is sold
shall be brought unto a certain place.
Now when Octavianus had
sent out a commandment as it is aforesaid, then went Joseph and Mary riding on
an ass, late in the eventide, toward the city of Bethlehem, and because they
came so late, and all places were occupied with pilgrims and other men, and
also because they came in poor array and went about the city, none would
receive them, and specially, men say, because that Mary, a young woman, sitting
upon an ass, heavy and sorry, and full weary of the way, was near to the time
of bearing of her child. Then Joseph led his wife into this shed that none took
keep of, down into the little dark house, and there our Lord, Jesus Christ, the
same night was born of the Virgin, without any disease or sorrow of her body,
for salvation of all mankind.
And in that house,
before the cave of old time, was left a manger of the length of a fathom, made
in the wall; and to that same manger was an ox of a poor man tied, that none
might harbor. And beside that ox Joseph tied his ass, and in that same manger
Mary wrapped her blessed Son in cloths and laid Him on high before the ass and
the ox,—for there was none other place.
And shepherds were fast
by in the same country keeping their sheep in the night, and an angel of Heaven
came and stood beside them with a great light, wherefore they were in much
dread. And the angel said to them, “Be not afraid, for I tell you a great joy
that shall be to all people, for this day is born to us our Lord, Christ, in
the city of David, and this shall be to you a token: Ye shall find a young
child wrapped in cloths and put in a manger.” And then suddenly there came a
great multitude of angels of Heaven praising God, who said: “Joy be to God on
high and peace in earth to men of good will.”
Now the place where the
angel appeared to the shepherds that night when Christ was born is but half a
mile from Bethlehem, and in that same place David, when he was a child, fed
sheep and kept them from the bear and the lion.
Some books say that the
shepherds in that country, twice in the year, are wont to keep their sheep in
the night, and, therein, times be when the day and the night are both of one
length. And you shall understand that the land about Bethlehem is all
mountainous for the most part, so that in some places a man shall not well know
winter from summer, and in some places it is right cold, and some it is both
winter and summer at one time, and sometimes on the mountains, in parts of the
East, men shall find snow in the month of August, and that snow is gathered by
them that dwell about, and put in caves, and afterward it is borne to the
market, where the great lords of the country will buy it, and take it to their
houses, and set it in a basin upon their board to make their drink cold.
In September and
October, when the sun cometh a little low in that country, then seeds and all
manner of herbs commonly begin to wax in the fields, as in this country herbs
begin to grow in March and April; also in some parts of the East they reap corn
in April and in March, but most in May, as in some places the ground is higher,
in some places lower; but beside Bethlehem are many more places of good pasture
and of flat ground than elsewhere: insomuch that at Christmas-tide barley
beginneth to ear and to wax ripe; and then men send thither, from divers
countries, their horses and mules, to make them fat: and that time we call
among us Christmas, they call, in their language, the time of herbage. And
forasmuch as when Christ was born, peace was in all the world, and betwixt
Bethlehem and that place where the angel appeared to the shepherds was but half
a mile and a little way more, and also there was no great cold thereabout,
therefore the shepherds, all that winter night and day, now in one place, now
in another, dwelled there with their sheep, and so they do yet to this day.
Now when Christ was born
of the Virgin Mary for salvation of all mankind, then His Star, that was
prophesied of Balaam and long awaited and looked for by the twelve astronomers
on the hill of Vaws, at that same night and at that same hour, began to arise
in the manner of a sun, bright shining; and so after, in the form of an eagle,
it ascended above the hill of Vaws. And all that day in highest air it abode
without moving, insomuch that when the sun was most hot and most high there was
no difference in shining betwixt them.
But when the day of the
Nativity was passed, the Star ascended up into the firmament, and it was
nothing like to stars that be painted in divers places, for it had right many
long streaks and beams, more burning and lighter than a brand of fire; and, as
an eagle flying and beating the air with his wings, right so the streaks and
beams of the Star stirred it about. And it had in itself the form and likeness
of a young child, and above him a sign of the holy cross, and a voice was heard
in the Star, saying: “This day is born to us the King of Jews that folk have
awaited, and Lord is of them. Go and seek Him and do Him worship!”
Then all the people,
both man and woman, of all the country about, when they saw this wonderful and
marvellous Star and also heard the voice out of the Star, were greatly aghast
and had wonder thereof; but yet they knew well that it was the Star that was
prophesied by Balaam, and long time was desired of all the people in that
country.
Now when the three
worshipful Kings who in that time reigned in Ind, Chaldee, and Persia were
informed, by the astronomers, of this Star, they were right glad that they had
grace to see the Star in their days. Wherefore these three worshipful Kings,
though each of them was far from the other, and none knew of the other’s
purpose, yet in the same hour the Star appeared to all three, and then they
ordained and purposed them, with great and rich gifts and many rich and diverse
ornaments that belong to a king’s array, and also with mules and camels and
horses charged with treasure, and with a great multitude of people, to go seek
and worship the Lord and King of the Jews that was new born, as the voice of
the Star had commanded. And furthermore they arrayed themselves the much more
honestly and worshipfully, because they knew well that he was a worthier King
than any of them was.
And you shall understand
that there be three Indias, of which these three lords were kings; and all the lands
for the most part are islands, and there are also there great waters and
wildernesses full of wild and perilous beasts and horrible serpents, and there
grow also reeds so high and so great that men make thereof houses and ships.
And these isles are divided every one by itself far from the others, so that
only with great travail shall a man pass from one kingdom to another.
Now, in the first Ind
was the land of Nubia, and therein reigned King Melchior, in the time that
Christ was born. Therein also is the land of Araby, in which is the hill Sinai:
and a man may lightly sail by the Red Sea out of Egypt and Syria into Ind. In
this land is found gold wonderfully red, like thin and small roots, and that
gold is the best that is in the world. Herein is also a hill called Bena, where
is found a precious stone, called smaragd.
In the second Ind was
the kingdom of Godolia, of which Balthazar was king when Christ was born; and
this Balthazar offered incense to the Babe; for in this land many more good
spices grow than in all the countries of the East, and especially incense, more
than in all places of the world; and it droppeth down out of certain trees in
the manner of gum.
In the third Ind was the
kingdom of Thaars. Of that kingdom was Jaspar king at the birth of Christ. And
Jaspar offered myrrh to the young Child, and in this land is the isle of
Egrisoulla, where groweth myrrh more plentifully than in any place of the
world, and it waxeth like ears of corn that are burnt with the weather, and
right thick; and when it is ripe it is so soft that it cleaveth to men’s
clothes as they go by the way.
Now when these three
worshipful Kings were passed forth out of their kingdoms, the Star evenly went
before each King and his people, and when they stood still and rested the Star
stood still, and when they went forward again the Star always went before them
in virtue and strength, and gave light all the way. And, as it is written
before, in the time that Christ was born there was peace in all the world,
wherefore in all the cities and towns which they went through there was no gate
shut neither by night nor by day; and all men of the cities and towns that
these worthy Kings went through in the night were wonderfully aghast and
passingly marvelled thereof, for they saw kings and vast multitudes go by in
great haste; but they knew not what they were, nor whence they came, nor
whither they should go. On the morrow the way was greatly befouled with horses’
hoofs, whereof they were in much doubt what it might mean, and great altercation
was among them for a long time.
Furthermore, these Kings
rode forth over hills, waters, valleys, plains, and other divers and perilous
places without hindrance or disease, for all the way seemed to them plain and
even, and they never took shelter by night nor by day; nor ever rested; nor did
their horses or other beasts ever eat or drink till they had come to Bethlehem;
and all this time seemed to them but a day.
And thus, through the
mercy of God and the leading of the Star, they came unto Jerusalem and
Bethlehem the thirteenth day after Christ was born, at the uprising of the sun,
whereof is no doubt: for they found Mary and her son in the same place where
the Child was born, and laid in the manger.
But when the three
blessed Kings, with their host and company were almost come to Jerusalem,
saving but two miles, then a great and dark cloud held all the earth, and in
that dark cloud they lost the Star. And Melchior with his people was come fast
by Jerusalem beside the hill of Calvary, where Christ was afterward crucified;
and there the King abode in a cloud of fog and in darkness.
At that time the hill of
Calvary was a rock of twelve degrees high, where thieves and other men for
divers trespasses were put to death; and there was beside this hill a place
where three highways met together. But because of the darkness of the cloud,
and also because they knew not the way, they abode there, and went no further
at that time.
And next came Balthazar,
and he abode under the same cloud, beside the Mount of Olives in a little town
that is called Galilee.
Then, when the two Kings
were come to these places, the cloud began to ascend and wax clear, yet the
Star appeared not. But when they saw that they were near to the city of
Jerusalem, knowing not each other, they took their way thither with all their
folk; and when they came where the three ways met, then also appeared King
Jaspar with all his host. And so these three glorious Kings, each with his host
and burdens and beasts, met together in the highway beside the Hill of Calvary.
And, notwithstanding that none of them ever before had seen the other, nor knew
him, nor had heard of his coming, yet, at their meeting, each one with
reverence and joy kissed the other. And they were of diverse language, yet all,
seeming, used the same tongue.
So, afterward, when they
had spoken together and each had told his purpose and the cause of his journey,
and the cause of all was learned to be the same, then they were much more glad
and more fervent. And so they rode forth, and suddenly, at the uprising of the
sun, they came into the city of Jerusalem. And when they knew that this was the
city which the Chaldeans of old time had besieged and destroyed, they were
right glad, expecting to have found the King born in that city. But Herod and
all his people were greatly disturbed at their sudden coming, for their company
and beasts of burden were of so great a number that the city might not receive
them, but for the most part they lay without the gates all about, whereof
Isaias prophesied: “The strength of folk cometh to thee—that is to say, to the
City of Jerusalem—great plenty of camels shall do thee service, and dromedaries
of Madyan and Effa shall come to thee. All men shall come from Saba, bringing
gold and incense and showing praise to God.”
So, these three
worshipful Kings, when they were come into the city, asked of the people
concerning the Child that was born; and, when Herod heard this, he was troubled
and all Jerusalem with him, and he gathered together all his princes and priests
and asked them where Christ should be born, and they said: “In Bethlehem of
Judea.” Then Herod privily summoned to him these three Kings, and learned of
them the time that the Star appeared, and so sent them forth unto Bethlehem,
saying: “Go and inquire busily of this Child, and when you have found Him, come
and tell me, that I may go and do Him worship.”
Now when these three
Kings were informed of the birth of Christ and of the place where He was born,
and so were passed out of Jerusalem, then the Star appeared to them again as it
did erst, and went before them till they came to Bethlehem. And fast by that
place were the shepherds to whom the angel appeared with great light, showing
them the birth of Christ. And the three Kings spake with them, and when the
shepherds saw the Star they run together and told how the angel had appeared to
them, and furthermore all that the angel had spoken to them. And the Kings were
wondrous glad, and with good cheer heard and took consideration of the
shepherds’ words; and so from witness, and from the words of the shepherds and
from the voice of the angel that was heard out of the Star, they had no doubt
of the thing. Then anon, when they knew that they were come to Bethlehem, they
got down from their horses and changed all their array, and clothed themselves
in the best and richest that they had, as kings should be clothed—and always
the Star went forth before them.
Now the nearer the Kings
came to the place where Christ was born the brighter shined the Star, and they
entered Bethlehem the sixth hour of the day. And then they rode through the
covered street till they came before that little house. And there the Star
stood still, and then descended and shone with so great a light that the little
house and the cave within were full of radiance, till anon the Star again went
upward into the air, and stood still always above the same place, yet the light
ever remained in the house where Christ and Mary were. So as it is said in the
Gospel: “They went into the house and found the Child, and fell down and
worshipped Him, and offered to Him gifts of gold, myrrh, and incense.”
Of this example came
afterward a usage, that in all the countries of the East no man should go into
the presence of the Sultan, but he brought gold or silver or somewhat else in
his hands; and, also, ere he spoke to the Sultan he should kiss the ground, and
this is a custom which is used in all the countries of the East to this day.
But the Franciscan friars, when they approached the Sultan, offered to him only
pears or apples, for they might not touch gold nor silver; and these offerings
were received by the Sultan with all reverence and meekness.
Now on the day that the
three Kings sought Christ and worshipped Him, He was a little child of thirteen
days old, and He was somewhat fat, and lay wrapped in poor clothes in the hay
of the manger up to His arms. And Mary, His Mother, as it is written in divers
books, was, in person, fleshy and somewhat brown. In the presence of the three
Kings she was covered with a poor white mantle, which she held close before her
with her left hand. Her head was concealed altogether, save her face, with a
linen cloth; and she sat upon the manger and with her right hand held up the
young Child’s head. And the Kings worshipped Him and kissed His hand devoutly
and laid their gifts beside His head.
But what was done with
these gifts, ye shall learn hereafter.
Now Melchior, that
offered gold to the Holy Child, was the least in stature and person of the
three Kings. Balthazar, that offered incense, was of a medium stature; and
Jaspar, that offered myrrh, was most in person; whereof is no doubt, for the
prophet saith: “Before Him shall fall down Ethiops, and His enemies shall lick
the earth. They shall come to Thee that betrayed Thee, and they shall worship
the steps of Thy feet.” And having regard to the stature of men of that time
these Kings were right little of person, insomuch that all manner of people
marvelled at them. And this showed well that they were come from far out of the
East, for the nearer toward the uprising of the sun that men be born, the less
they be of stature and be feebler and more tender.
And you shall understand
that these three Kings brought out of their lands many gifts and rich ornaments
which King Alexander left in Ind, in Chaldee, and in Persia; and all the
ornaments which Queen Saba found in Solomon’s temple, and divers vessels that
were of the king’s house and the Temple of God in Jerusalem, which, in the time
of its destruction, were borne into their countries by the Persians and
Chaldeans, and many other jewels, both gold and silver, and precious stones,
brought they with them to offer to Christ. But when they found our Lord laid on
high in the manger and in poor cloths, and the Star that gave so great light in
all the place, that it seemed as though they stood in a furnace of fire, then
these Kings were so sore afraid that, of all the rich jewels and ornaments they
brought with them, they chose nothing, when their treasury was opened, but what
came first to their hands, for Melchior took a round apple of gold, as much as
a man might hold in his hand, and thirty gilt pennies, and these he offered to
our Lord. Balthazar took out of his treasury incense; and Jaspar took out
myrrh, as it came first, and that he offered, with weeping and tears.
And the Kings were so
aghast and so devout and fervent in their oblations, that to all the words that
Mary said they gave but little consideration, save only that to every King as
he offered his gifts she bowed down her head meekly, and said, “Deo gracias:”
that is to say, “I thank God.”
When these three Kings
had thus performed their way and will, and done all things that they came for,
then, as mankind asketh and would, they and all their men and beasts began to
eat, and drink, and sleep, and betook them to rest and sport all that day in
Bethlehem. For, as is said before, they had neither eaten nor drunk during
thirteen days. And then they meekly told to all men in that city how
wonderfully the Star had brought them thither from the furthest part of the
world.
Now, as the Evangelist
saith: A command came to these Kings in their sleep that they should not return
again to Herod, and so, by another way, they went home to their kingdoms. But
the Star that went before them, appeared no more. And so these three Kings,
that suddenly met together at the Mount of Calvary, rode home together with
great joy and honor, and rested by the way as men should do.
And they rode through
the provinces that Holofernes of old time had traversed with all his hosts, and
the people supposed that Holofernes had come again, for as they journeyed into
any town they were meekly and worshipfully received, and evermore they told
what they had seen, done, and heard, so that their name and praise were never
after forgot. But the way that before had taken only thirteen days, through
leading of the Star, they found now to take two years, which was ordained, that
all men should know what difference is between God’s working and man’s.
Now, when Herod and the
scribes heard that the Kings were gone home again, and came not to him as he
had bade them, then, of much envy and malice, he pursued them a great way; and
always he found the people bless them, and praise them, and tell of their
nobility. Wherefore Herod burnt and destroyed all the land that was under his
power where the Kings had ridden, and especially Tharsis and Cilicia, for he
charged them that they had suffered the three Kings privily to pass across the
sea in their ships. And Herod’s envy was great when he heard how marvellously
the Kings had come out of their lands in thirteen days through leading of the
Star, and how, afterward, they went home again, without the Star, through
guides and interpreters,—yet no man could tell, for wonder, how night and day
they passed by; and for this reason the paynims, who had no knowledge of Holy
Writ, nor of the birth of Christ, called these three Kings Magos; that is to
say, Wise Men of the East.
Now, when the Kings were
come with great travail to the Hill of Vaws, they made there, as is aforesaid,
a fair chapel in worship of the Child they had sought. Also they made a
covenant to meet together at the same place once in the year; and there they
ordained their burial. Then all the princes and lords and worshipful knights of
their kingdoms, hearing of the return of these three Kings, anon rode forth to
them with great, solemnity and met them at the place aforesaid, and with
meekness and humility received them. And when they heard how wonderfully God
had wrought for their Kings, they held them in more reverence, love, and dread
forever after.
So, when the Kings had
done what they would, they took leave of each other, and each one, with his
people, rode home to his own land with great joy.
And when they were come
into their own realms, they preached to all the people what they had seen and
done on their journey; and they made in their temples a star after the likeness
of that which appeared to them, wherefore many paynims left their errors and
worshipped the Holy Child.
And thus these three
worshipful Kings dwelt in their kingdoms in honest and devout conversation
until the coming of Saint Thomas, the apostle.
Now, after the three
Kings had gone forth from Bethlehem, there began to wax, all about, a great
fame for Mary and her Child, and for the Kings of the East. Wherefore, Mary, in
dread of persecution, fled out of the little house where Christ was born, and
went to another dark cave and there abode; and divers men and women loved her
and ministered to her all manner of necessaries. But when she went out of the
little house, Mary forgot and left behind her her smock and the clothes in
which Christ was wrapped, folded together and laid in the manger; and there
they were, whole and fresh, in the same place to the time when Saint Helen, the
mother of Emperor Constantine, came thither, long after.
Anon so great was grown
Mary’s fame that she durst not abide longer there for dread of Herod and the
Jews, and an angel appeared to Joseph, saying: “Arise, and take the Child and
His mother and flee into Egypt, and tarry there till I summon thee, for it is
to come that Herod shall seek the Child to slay Him.” Then Joseph arose and
took the Child and His mother and went into Egypt in the night, and there he
remained until Herod died. And Mary and her Son dwelt in Egypt seven years.
And it is told that by
the road which Mary journeyed thither and came back again, grew roses, which
are called the Roses of Jericho, and they grow in no other place. The shepherds
of that country, in following their sheep, gather these roses in their season,
and sell them to pilgrims, and thus they be borne into divers lands. And the
place where Mary dwelt is now a garden where groweth balm, and to every bush a
Christian man, among the Sultan’s prisoners, is assigned to protect it and keep
it clean; for when a paynim keepeth them, anon the bushes wax dry and grow no
more. And this balm hath many virtues the which were long to tell; but all men
in the East believe truly that the place bears such a virtue of growing balm because
Mary dwelt there seven years, and washed and bathed her Son in its wells of
water.
And as to the gifts
which the three Kings gave to Christ: the thirty gilt pennies of Melchior were
made of old by Thara, father of Abraham, and Abraham bare them with him when he
went on pilgrimage out of the land of Chaldee into Ebron, which was then called
Arabia, and there he bought with them a burial-place for himself, his wife, and
his children, Isaac and Jacob. In exchange for the same thirty pieces Joseph
was sold by his brethren to merchants of Egypt. Afterward, when Jacob died,
they were sent to the land of Sheba to buy divers spices and ornaments for his
sepulture, and so they were put into the king’s treasury of that land. Then by
process of time, in Solomon’s reign, the Queen of Sheba offered these thirty
gilt pennies, with many rich jewels, in the Temple at Jerusalem; but in the
time of Roboam, King Solomon’s son, when Jerusalem was destroyed and the Temple
despoiled, they were carried to the King of Arabia, and were put into his
treasury with other spoils from the Temple.
And Melchior offered
these same thirty pieces to Christ, because they were of the finest gold, and
the best that he had. But when Mary went into Egypt she lost all the gifts of
the three Kings by the way, bound all in one cloth together. And it happened
there was a shepherd who had so great an infirmity that no leech might heal
him, and all that he had he paid to the leeches to be whole,—yet it might not
be. But, on a time, as he went into the fields with his sheep, he found these
thirty gilt pennies, with incense and myrrh, bound all in a cloth together, and
he kept them privily to himself, until, hearing tell of a holy prophet that
healed all men of their infirmities by a word, he came to Christ and prayed Him
for grace and help; and, being healed, he offered the gold, and incense, and
myrrh to Him with good devotion. And when Christ saw the thirty gilt pennies
and precious herbs He knew them well, and bade the shepherd go into the Temple
and offer them upon the altar.
Now, when the priest saw
such oblations laid upon the altar he marvelled much, and took all three things
and put them in the common treasury. And afterward, when Judas Iscariot came
into the Temple to make covenant with the Princes of the Law to betray his
master, they gave him for his pay the same thirty pieces of gold, and for them
Judas sold his Master. And after Christ was crucified, then Judas repented, and
went to the Temple and cast down to the Princes of the Law the thirty pieces.
And with fifteen of these gilt pennies the Jews bought a field of burial for
pilgrims; and the other fifteen they gave to the knights who kept the sepulchre
of Christ.
And the reason these
thirty gilt pennies were called silver in the Gospel, notwithstanding they were
fine gold, is, that it is the common usage in that country so to call them, as
men in this country call gold from beyond the sea scutys, motouns or florins;
moreover in the East the same print is made in gold and silver and copper, and
the print on the thirty pieces is this: on one side is a king’s head crowned,
and on the other are written letters in Chaldaic, which men now cannot read.
And many marvels are told of these pieces of gold which were long to tell.
How when Our Lord was
ascended into heaven, then he sent Saint Thomas, his apostle, into Ind, to
preach there God’s word. And as Saint Thomas went about in the temples he found
a star in every one, painted after the manner of the Star that appeared to the
three Kings when Christ was born, in which Star was a sign of the Cross and a
Child above. And when Saint Thomas saw this he asked of the bishops what it
was, and they told him that such a Star of old time appeared on the Hill of
Vaws in token of a Child that was born who should be king of the Jews, as was
heard spoken out of the same Star.
And when Saint Thomas
had preached and taught the people the understanding of this Star and of the
Cross and the Child, then he went to the kingdoms of the three Kings, and he
found them whole of body and of a great age. And Saint Thomas christened these
three Kings and all their people, and the Kings began anon to preach with the
Apostle, and when they had converted the people to the law of Christ he
ordained them to be Archbishops. And after this Saint Thomas was slain, and in
all that country where he was martyred both men and women have visages shaped
like hounds, yet they be not hairy—and they are so unto this day.
Now under the Hill of
Vaws Saint Thomas and these three Kings had made a rich city and called it
Sewill, and this city is the best and richest city in all the country of Ind to
this day; and therein is the habitation of Prester John that is called lord of
Ind, and there dwelleth also the Patriarch of Ind who is called Thomas, in worship
of Saint Thomas and for an everlasting memorial. And when all things were
disposed by these three Kings they went to the city of Sewill, and there they
lived twelve years.
And a little before the
feast of Christ’s nativity, when these years were drawn to an end, there
appeared a wonderful star above this city and the Kings knew that their time
was nigh when they should pass out of this world. Then of one assent they
ordained a fair and large tomb for their burial in the church they had made in
the city; and in the feast of Christmas they did, solemnly, God’s service.
And in the feast of the
Circumcision, Melchior, King of Araby, laid him down before all his people and
without any disease yielded up his spirit, in the year of his age one hundred
and sixteen. Then in the feast of Epiphany, five days thereafter, Balthazar,
King of Godolie and Saba, died in the year of his age one hundred and twelve.
And then Jaspar the third king, the sixth day after was taken into everlasting
joy, and they were all buried in the same tomb that they had ordained; and the
Star that appeared over the city before their death, abode always till their
bodies were translated unto Cologne, as they of Ind tell.
Now after much time had
passed, Queen Helen, the mother of the glorious Emperor Constantine, began to
think greatly of the bodies of these three Kings, and she arrayed her with
certain people and went into the land of Ind. And she had much praise among the
people because of the finding of Mary’s smock and the cloths that Christ was
wound in in his childhood; and seeing that she was worshipped of all people,
the Patriarch Thomas and Prester John, took counsel of other lords and princes
and gave her the bodies of King Melchior and King Balthazar. But the Nestorines
had borne the body of the third king, King Jaspar, into the isle of Egrisoulla.
And these Nestorines were the worst heretics of the world. For the most part
they were black Ethiops, who painted Christ and His Mother Mary and the three
Kings in their churches all in black, and the Devil all white, in despite of
all other Christian men. But because Queen Helen wished not that the three
Kings should be parted, she made many prayers and gave great gifts to the chief
lords of the isle of Egrisoulla, and thus anon did she get the body of King
Jaspar.
And you shall understand
that after she had found the bodies of all these three Kings, Queen Helen put
them into one chest and arrayed it with great riches, and she brought them unto
Constantinople with joy and reverence, and laid them in a church that is called
Saint Sophia; and this church King Constantine did make—and he alone, with a
little child, set up all the pillars of marble.
Now after the death of
this worshipful King Constantine and Queen Helen aforesaid, there began a new
persecution of heresy against the Christian faith, and of death against them
that would maintain the law of Christ. The Greeks forsook the Church and chose
a Patriarch for themselves, whom they yet obey until this day.
Now in this persecution
the bodies and the relics of the three holy Kings were put at no reverence, but
utterly set at naught. For the Saracens and Turks at this time won with strong
battle the lands of Greece and Armenia, and destroyed a great part of these
lands.
Then came an Emperor of
Rome who was called Mauricius, and through the help of them of Milan he
recovered all these lands again, and, as is said among men in that country,
through counsel of this Emperor the bodies of the three Kings were carried unto
Milan, and they were there laid with all solemnity and worship in a fair church
which is called after Saint Eustorgio, because he had asked the bodies from the
Emperor, and being granted them had sent them unto Milan.
Then afterward by
process of time, it happed that the city of Milan began to rebel against the
Emperor, who was called Frederick I, and this Emperor sent to the Archbishop of
Cologne, who was called Rainald, for help. Then this Archbishop, through help
of divers lords of the land of Milan, took the city of Milan and destroyed a
great part thereof. And the chief men of the city took the bodies of the three
Kings and hid them privily in the earth.
Now among all others
there was in Milan a lord named Asso, and the Emperor hated him more than all
the rest of its people. So it happed that in the destruction of the city the
Archbishop won Asso’s palace through strong hand, and lived therein a great
while, for Asso was taken and put into prison.
Then, anon, Asso sent
privily by his keepers to the Archbishop of Cologne and prayed him that he
would come and speak with him, and it was granted that Asso should go to the
Archbishop. And when he was come to him, he prayed him that, if he would get
him grace of the Emperor and his love and the restoration of his lordship, he
would give him the bodies of the three Kings.
When the Archbishop
heard this, he went to the Emperor and prayed for Lord Asso, and got him grace
and love. And when this was done, Asso brought, secretly, the three bodies of
the Kings to the Archbishop of Cologne.
Then the Archbishop sent
the bodies forth, by private means, a great way out of the city of Milan,
whereupon he went to the Emperor anew and prayed him that he would grant him
these three bodies, and the Emperor did so with good will. Then the Archbishop
openly, with great solemnity and procession, brought the three holy Kings unto
Cologne, and there put them in the fair church of Saint Peter, worshipfully;
and all the people of the country, with all the reverence they might, received
these holy relics; and there they are kept and beholden of all manner of
nations unto this day.
Thus endeth the
translation of these Three Worshipful Kings: Melchior, Balthazar, and Jaspar.
– the text of “The Three Kings of Cologne”, by John of Hildesheim was
written in the 14th century; this version was taken from the book In The Yule Log’s Glow, 1891
EPIPHANY, which
in the original Greek signifies appearance or manifestation, as St. Austin
observes,1is a
festival principally solemnized in honour of the discovery Jesus Christ made of
himself to the Magi, or wise men; who, soon after his birth, by a particular
inspiration of Almighty God, came to adore him and bring him presents.2 Two other
manifestations of our Lord are jointly commemorated on this day in the office
of the church; that at his baptism, when the Holy Ghost descended on him in the
visible form of a dove, and a voice from heaven was heard at the same time,
saying: This is my beloved Son, in whom I am well pleased.3 The third
manifestation was that of his divine power at the performance of his first miracle,
the changing of water into wine, at the marriage of Cana,4by which he manifested his glory, and his disciples believed in him.5 Upon so many
accounts ought this festival to challenge a more than ordinary regard and
veneration; but from none more than us Gentiles, who, in the persons of the
wise men, our first fruits and forerunners, were on this day called to the
faith and worship of the true God. Nothing so much illustrates this mercy as
the wretched degeneracy into which the subjects of it were fallen. So great
this, that there was no object so despicable as not to be thought worthy of
divine honours; no vice so detestable as not to be enforced by the religion of
those times of ignorance,6 as the
scripture emphatically calls them. God had, in punishment of their apostacy
from him by idolatry, given them over to the most shameful passions, as
described at large by the apostle: Filled with all iniquity,
fornication, covetousness, maliciousness, envy, murder, contention, deceit,
whisperers, detracters, proud, haughty, disobedient, without fidelity, without
affection, without mercy, &c.7 Such were the
generality of our pagan ancestors, and such should we ourselves have been, but
for God’s gracious and effectual call to the true faith.
The call of the
Gentiles had been foretold for many ages before, in the clearest terms. David
and Isaias abound with predictions of this import; the like is found in the
other prophets; but their completion was a mercy reserved for the times of the
Messiah. It was to him, who was also the consubstantial Son of God, that the
eternal Father had made the promise of all nations for his
inheritance;8 who being born
the spiritual king of the whole world, for the salvation of all men,9 would therefore
manifest his coming both to these that were near, and those that
were afar off,10 that is, both
to Jew and Gentile. Upon his birth, angels11were
despatched ambassadors to the Jews, in the persons of the poor shepherds, and a
star12 was the divine
messenger on this important errand to the Gentiles of the East;13 conformably to
Balaam’s prophecy,14 who foretold
the coming of the Messias by that sign.
The summons of
the Gentiles to Bethlehem to pay homage to the world’s Redeemer was obeyed by
several whom the scripture mentions under the name and title of Magi,15 or wise men;
but is silent as to their number. The general opinion, supported by the
authority of St. Leo, Cæsarius, Bede, and others, declares for three.16 However, the
number was small, comparatively to those many others that saw that star, no
less than the wise men, but paid no regard to this voice of heaven: admiring,
no doubt, its uncommon brightness, but culpably ignorant of the divine call in
it, or hardening their hearts against its salutary impressions, overcome by
their passions, and the dictates of self-love. In like manner do Christians,
from the same causes, turn a deaf ear to the voice of divine grace in their
souls, and harden their hearts against it in such numbers, that,
notwithstanding their call, their graces, and the mysteries wrought in their
favour, it is to be feared, that even among them, many are called, but few are chosen. It was the case with the Jews, with the most of whom, St. Paul says, God was not well
pleased.17
How opposite was
the conduct of the wise men! Instead of being swayed by the dictates of
self-love, by the example of the crowd, and of many reputed moral men among
them, they no sooner discovered the heavenly messenger, but, without the least
demur, set out on their journey to find the Redeemer of their souls. Convinced
that they had a call from heaven by the star, which spoke to their eyes, and by
an inward grace, that spoke to their hearts, they cut off all worldly
consultations, human reasonings, and delays, and postponed every thing of this
kind to the will of God. Neither any affairs to be left unfinished, nor the
care of their provinces or families, nor the difficulties and dangers of a long
and tedious journey through deserts and mountains almost impassable, and this
in the worst season of the year, and through a country which in all ages had
been notoriously infested with robbers: nothing of all this, or the many other
false lights of worldly prudence and policy, made use of, no doubt, by their counsellors
and dependents, and magnified by the enemy of souls, could prevail with them to
set aside or defer their journey; or be thought deserving the least attention,
when God called. They well knew that so great a grace, if slighted, might
perhaps have been lost for ever. With what confusion must not this their active
and undaunted zeal cover our sloth and cowardice!
The wise men
being come, by the guidance of the star, into Jerusalem, or near it, it there
disappears: whereupon they reasonably suppose they are come to their journey’s
end, and upon the point of being blessed with the sight of the new-born king!
that, on their entering the royal city, they shall in every street and corner
hear the acclamations of a happy people, and learn with ease the way to the
royal palace, made famous to all posterity by the birth of their king and
Saviour. But to their great surprise there appears not the least sign of any
such solemnity. The court and city go quietly on in seeking their pleasure and
profit! and in this unexpected juncture what shall these weary travellers do?
Were they governed by human prudence, this disappointment is enough to make
them abandon their design, and retreat as privately as they can to screen their
reputation, and avoid the raillery of the populace, as well as to prevent the
resentment of the most jealous of tyrants, already infamous for blood. But true
virtue makes trials the matter and occasion of its most glorious triumphs.
Seeming to be forsaken by God, on their being deprived of extraordinary, they
have recourse to the ordinary means of information. Steady in the resolution of
following the divine call, and fearless of danger, they inquire in the city
with equal confidence and humility, and pursue their inquiry in the very court
of Herod himself: Where is he that is born king of the Jews? And
does not their conduct teach us, under all difficulties of the spiritual kind,
to have recourse to those God has appointed to be our spiritual guides, for
their advice and direction? To obey and be subject to them,18 that so God may
lead us to himself, as he guided the wise men to Bethlehem by the directions of
the priests of the Jewish church.
The whole nation
of the Jews, on account of Jacob’s and Daniel’s prophecies, were then in the
highest expectation of the Messiah’s appearance among them; the place of whose
birth having been also foretold, the wise men, by the interposition of Herod’s
authority, quickly learned, from the unanimous voice of the Sanhedrim, or great
council of the Jews,19that
Bethlehem was the place which was to be honoured with his birth; as having been
pointed out by the prophet Micheas,20 several ages
before. How sweet and adorable is the conduct of divine providence! He teaches
saints his will by the mouths of impious ministers, and furnishes Gentiles with
the means of admonishing and confounding the blindness of the Jews. But graces
are lost on carnal and hardened souls. Herod had then reigned upwards of thirty
years, a monster of cruelty, ambition, craft, and dissimulation; old age and
sickness had at that time exasperated his jealous mind in an unusual manner. He
dreaded nothing so much as the appearance of the Messiah, whom the generality
then expected under the notion of a temporal prince, and whom he could consider
in no other light than that of a rival and pretender to his crown; so no wonder
that he was startled at the news of his birth. All Jerusalem, likewise, instead
of rejoicing at such happy tidings, were alarmed and disturbed together with
him. We abhor their baseness; but do not we, at a distance from courts, betray
several symptoms of the baneful influence of human respects running counter to
our duty? Likewise in Herod we see how extravagantly blind and foolish ambition
is. The divine infant came not to deprive Herod of his earthly kingdom, but to
offer him one that is eternal: and to teach him a holy contempt of all worldly
pomp and grandeur. Again, how senseless and extravagant a folly was it to form
designs against those of God himself! who confounds the wisdom of the world,
baffles the vain projects of men; and laughs their policy to scorn. Are there
no Herods now a-days? Persons who are enemies to the spiritual kingdom of
Christ in their hearts?
The
tyrant, to ward off the blow he seemed threatened with, has recourse to his
usual arts of craft and dissimulation. He pretends a no less ardent desire of
paying homage to the new-born king, and covers his impious design of taking
away his life, under the spacious pretext of going himself in person to adore
him. Wherefore, after particular examination about the time when the wise men
first saw this star, and a strict charge to come back and inform him where the
child was to be found, he dismisses them to the place determined by the chief
priests and scribes. Herod was then near his death; but as a man lives, such
does he usually die. The near prospect of eternity seldom operates in so
salutary a manner on habitual sinners, as to produce in them a true and sincere
change of heart.
The wise men
readily comply with the voice of the Sanhedrim, notwithstanding the little
encouragement these Jewish leaders afford them from their own example to
persist in their search; for not one single priest or scribe is disposed to
bear them company, in seeking after, and paying due homage to, their own king.
The truths and maxims of religion depend not on the morals of those that preach
them; they spring from a higher source, the wisdom and veracity of God himself.
When therefore a message comes undoubtedly from God, the misdemeanours of him
that immediately conveys it to us can be no just plea or excuse for our failing
to comply with it. As, on the other side, an exact and ready compliance will
then be a better proof of our faith and confidence in God, and so much the more
recommend us to his special conduct and protection, as it did the wise men. For
no sooner had they left Jerusalem, but, to encourage their faith and zeal, and
to direct their travels, God was pleased to show them the star again, which
they had seen in the East, and which continued to go before them till it
conducted them to the very place where they were to see and adore their God and
Saviour. Here its ceasing to advance, and probably sinking lower in the air,
tells them in its mute language: “Here shall you find the new-born king.” The
holy men, with an unshaken and steady faith, and in transports of spiritual
joy, entered the poor cottage, rendered more glorious by this birth than the
most sumptuous stately palace in the universe, and finding the child with his
mother, they prostrate themselves, they adore him, they pour forth their souls
in his presence in the deepest sentiments of praise, thanksgiving, and a total
sacrifice of themselves. So far from being shocked at the poverty of the place,
and at his unkingly appearance, their faith rises and gathers strength on the
sight of obstacles which, humanly speaking, should extinguish it. It captivates
their understanding; it penetrates these curtains of poverty, infancy,
weakness, and abjection; it casts them on their faces as unworthy to look up to
this star, this God of Jacob: they confess him under this disguise to be the
only and eternal God: they own the excess of his goodness in becoming man, and
the excess of human misery, which requires for its relief so great a
humiliation of the Lord of glory. St. Leo thus extols their faith and devotion:
“When a star had conducted them to adore Jesus, they did not find him
commanding devils, or raising the dead, or restoring sight to the blind, or
speech to the dumb, or employed in any divine actions; but a silent babe, under
the care of a solicitous mother, giving no sign of power, but exhibiting a
miracle of humility.”21Where
shall we find such a faith in Israel—I mean among the Christians of our days?
The wise men knew by the light of faith that he came not to bestow on us
earthly riches, but to banish our love and fondness for them, and to subdue our
pride. They had already learned the maxims of Christ, and had imbibed his
spirit: whereas Christians are for the greater part such strangers to it, and
so devoted to the world, and its corrupt maxims, that they blush at poverty and
humiliation, and will give no admittance in their hearts to the humility and
the cross of Jesus Christ. Such by their actions cry out with those men in the
gospel: We will not have this man to reign over us.22 This their
opposite conduct shows what they would have thought of Christ and his humble
appearance at Bethlehem.
The Magi,
pursuant to the custom of the eastern nations, where the persons of great
princes are not to be approached without presents, present to Jesus, as a token
of homage, the richest produce their countries afforded, gold, frankincense,
and myrrh. Gold, as an acknowledgement of his regal power: incense, as a
confession of his Godhead: and myrrh, as a testimony that he was become man for
the redemption of the world. But their far more acceptable presents were the
holy sentiments and affections of their souls; their fervent charity, signified
by gold; their devotion, figured by frankincense; and the unreserved sacrifice
of themselves by mortification, represented by myrrh.23 The divine
king, no doubt, richly repaid their generosity by favours of a much greater
excellency, the spiritual gifts of his grace. It is with the like sentiments
and affections of love, praise, gratitude, compunction, and humility, that we
ought frequently, and particularly on this solemnity, to draw near, in spirit,
to the infant Jesus; making him an affectionate tender of our hearts, but first
cleansed by tears of sincere repentance.
The holy kings
being about to return home, God, who saw the hypocrisy and malicious designs of
Herod, by a particular intimation diverted them from their purpose of carrying
back word to Jerusalem, where the child was to be found. So, to complete their
fidelity and grace, they returned not to Herod’s court; but, leaving their
hearts with their infant Saviour, took another road back into their own
country. In like manner, if we would persevere in the possession of the graces
bestowed on us, we must resolve from this day to hold no correspondence with a
sinful world, the irreconcilable enemy to Jesus Christ; but to take a way that
lies at a distance from it, I mean that which is marked out to us by the saving
maxims of the gospel. And pursuing this with an unshaken confidence in his
grace and merits, we shall safely arrive at our heavenly country.
It has never
been questioned but that the holy Magi spent the rest of their lives in the
fervent service of God. The ancient author of the imperfect comment on St.
Matthew, among the works of St. Chrysostom, says, they were afterwards baptized
in Persia, by St. Thomas the apostle, and became themselves preachers of the
gospel. Their bodies were said to have been translated to Constantinople under
the first Christian emperors. From thence they were conveyed to Milan, where
the place in which they were deposited is still shown in the Dominicans’ church
of that city. The Emperor Frederick Barbarossa having taken Milan, caused them
to be translated to Cologne in Germany, in the twelfth century.
Note 1. St. Aug. Serm.
203. ol. 64. de div. [back]
Note 2. According to Papebroch, it was Pope Julius the First,
in the fourth century, by whom the celebration of these two mysteries, the
nativity and manifestation of Christ to the Magi, was first established in the
western church, on distinct days. The Greeks still keep the Epiphany with the
birth of Christ on Christmas-day, which they call Theophany, or
the manifestation of God, which is the ancient name for the Epiphany in St.
Isidore of Pelusiam, St. Gregory Nazianzen, Eusebius, &c. See Thomassi, Tr.
des Fêtes, Martenne Anecd. T. 5. p. 106. B. et in Nota, ib. [back]
Note 5. Bollandus (Pref.
Gen. c. 4.) and Ruinart (in Cal. in calce act. Mart.) quote a fragment of
Polemeus Sylvius, written in 448, in which it is said that all these three
manifestations of Christ happened on this day, though St. Maximus of Turin was
uncertain. [back]
Note 12. This phenomenon could not have been a real star, that
is, one of the fixed, the least or nearest of which is for distance too remote,
and for bulk too enormous, to point out any particular house or city like
Bethlehem, as St. Chrysostom well observes; who supposes it to have been an
angel assuming that form. If of a corporeal nature, it was a miraculous shining
meteor, resembling a star, but placed in the lower region of our atmosphere;
its motion, contrary to the ordinary course of the stars, performing likewise
the part of a guide to these travellers; accommodating itself to their
necessities, disappearing or returning as they could best or least dispense
with its guidance. See St. Thomas 3. p. quæst. 36. a. 7. Federicus Miegius
Diss. De Stellá à Magis conspectá, in Thesauro Dissertationum in
Nov. Testament. Amstelodami. An. 1702. T. 1. Benedictus XIV. de Canoniz. l. 4.
part. 1. c. 25. [back]
Note 13. What and where
this East was, is a question about which interpreters have been much divided.
The controverted places are Persia, Chaldea, Mesopotamia, and Arabia Felix. As
they lay all more or less eastward from Palestine, so, in each of these
countries, some antecedent notions of a Messias may be accounted for. In Persia
and Chaldea, by the Jewish captivity and subsequent dispersion; also the
prophecies of Daniel. In Arabia, by the proximity of situation and frequent
commerce. In Mesopotamia, besides these, the aforesaid prophecy of Balaam, a
native of that country. [back]
Note 15. In the eastern
parts, particularly in Persia, Magi was the title they gave to
their wise men and philosophers. In what veneration they were there held
appears from the most important affairs, sacred and civil, being committed to
their administration. They were deemed the oracles of the eastern countries.
These that came to Bethlehem on this solemn occasion are vulgarly called kings,
as they very likely were, at least of an inferior and subordinate rank. They
are called princes by Tertullian, (L. contra Judæos, c. 9. L. 5. contra
Marcion.) See Gretser, l. 1. de Festis, c. 30. (T. 5. Op. nup. ed. Ratisp.) Baronius ad ann. I. n. 30, and
the learned author Annot. ad. histor. vitæ Christi, Urbini, anno 1730, c. 7.
who all agree that the Magi seem to have been governors, or petty princes, such
anciently being often styled kings. See a full account of the Magi, or Magians,
in Prideaux’s Connexion, p. 1. b. 4. [back]
Note 16. St. Leo, Serm. 30, &c. St. Cæsar. Serm. 139,
&c. See Maldonat. on Saint Matt. ii. for the grounds of this opinion. Honoratus of St. Mary, Regles de la Critique, l. 3.
diss. 4. a. 2. F.
Ayala in Pictor Christian. l. 3. c. 3. and Benedict XIV. de Festis Christi. l.
1. c. 2. de Epiph. n. 7. p. 22. This last great author quotes a picture older
than St. Leo, found in an ancient Roman cemetery, of which a type was published
at Rome in a collection of such monuments printed at Rome in 1737. T. 1. Tab. 22. [back]
Note 23. Myrrh was anciently made use of in embalming dead
bodies: a fit emblem of mortification, because this virtue preserves the soul
from the corruption of sin. [back]
L'origine
orientale di questa solennità è nel suo stesso nome: "epifania", cioè
rivelazione, manifestazione; i latini usavano la denominazione "festivitas
declarationis" o "apparitio", col prevalente significato di
rivelazione della divinità di Cristo al mondo pagano attraverso l'adorazione
dei magi, ai Giudei col battesimo nelle acque del Giordano e ai discepoli col
miracolo alle nozze di Cana.
Martirologio
Romano: Solennità dell’Epifania del Signore, nella quale si venera la triplice
manifestazione del grande Dio e Signore nostro Gesù Cristo: a Betlemme, Gesù
bambino fu adorato dai magi; nel Giordano, battezzato da Giovanni, fu unto
dallo Spirito Santo e chiamato Figlio da Dio Padre; a Cana di Galilea, alla
festa di nozze, mutando l’acqua in vino nuovo, manifestò la sua gloria.
C’è un uomo, al Tempio di Gerusalemme, che da
lunghi anni attende il Messia, l’Inviato di Dio. Si chiama Simeone e, 40 giorni
dopo la sua nascita, riconosce il Messia nel Bambino Gesù che gli viene
presentato da due umili sposi, Maria e Giuseppe. Gli dice in faccia chi è: il
Salvatore atteso, la Luce per le genti (i pagani), la Gloria del suo popolo
Israele (cf. Lc 2,29-33) ma non dimentica di dirgli – di dire a sua Madre – che
sarà “la rovina e la risurrezione di molti in Israele, e segno di
contraddizione... E a te una spada trafiggerà l’anima” (cf. Lc 2,34-35). Manifestato alle genti
“Gesù, Luce per le genti”. Le genti erano già in
cammino. Alla sua nascita – scrive l’evangelista Matteo – al suo nascere,
videro una misteriosa stella: la videro alcuni Magi, studiosi di stelle, come
sovente si trovava nell’Oriente della Mesopotamia e della Persia, e si misero
in cammino, illuminati da presagi – o vaticini – che essi conoscevano, quali
uomini di cultura.
Alla nascita di Gesù arrivano i Magi, ossia i
dotti dell’Oriente. Alla sua morte-risurrezione, Gesù si manifesta ai Greci,
ossia i “filosofi dell’Occidente”. Prima che a loro, si è manifestato ai
pastori – gli ultimi del suo popolo – ma il Salmista aveva predetto che i
signori dell’Oriente sarebbero venuti a rendere omaggio all’Emmanuele: il
Dio-con-noi.
Seguendo la stella, i Magi si recano a Gerusalemme
per chiedere al re della Giudea, Erode il Grande (grande per le sue
malefatte!), dove fosse nato il Re che deve venire. «Alcuni Magi, venuti
dall’Oriente, giunsero a Gerusalemme e domandarono: “Dov’è il nato Re dei
giudei? Perché noi abbiamo visto la sua stella in Oriente e siamo venuti per
adorarlo”» (Mt 2,1-2). Erode è esterrefatto e trema a sentire parlare di un
nuovo Re, lui che ha fatto uccidere i suoi figli per la paura di perdere il
trono.
Era stata una stella a guidarli: ai pagani Dio
aveva parlato per mezzo della natura e degli studiosi; agli Ebrei attraverso i
profeti da Lui inviati. Ora il tempo era maturo per la venuta del Messia (si
compiva la profezia delle 70 settimane di anni, di Daniele 9,20-27) e il mondo
intero lo sapeva. Anche Atene e Roma, nella loro migliore élite, lo sapevano:
si vedano gli scritti di Cicerone, di Virgilio, di Tacito.
Ebbene, proprio perché astrologi, la sottile
traccia di Verità presente nella scienza delle loro stelle fece partire i Magi
alla ricerca dell’unica vera Stella, l’Inviato di Dio, l’Atteso. Sebbene
provenienti da una terra dedita al culto delle stelle, saputo da Erode e dai
dotti di Gerusalemme che il Re-Messia doveva nascere a Betlemme, si rimettono
in cammino, alla luce della misteriosa stella che ora era riapparsa, e adorano
Colui che aveva creato le stelle, l’universo, e l’uomo, con un unico fine: tutto
è stato creato per Lui, Gesù, il Cristo, l’uomo-Dio.
Matteo, il primo evangelista, che scrive per
quegli ebrei che sono diventati cristiani, continua a narrare: «Vedendo la
stella, i Magi provarono una grande gioia, ed entrati nella casa, trovarono il
bambino con Maria sua madre, e prostratisi lo adorarono. Aperti i loro scrigni,
gli offrirono in dono oro, incenso e mirra» (Mt 2,10-11). Il più grande
profeta, Isaia, circa 700 anni prima, quando Roma stava per nascere (753 a.C.)
aveva vaticinato: «Un’onda di cammelli ti coprirà (o Gerusalemme), i dromedari
di Madian e di Efa, verranno tutti quelli di Saba, recando oro e incenso e
annunziando le lodi del Signore» (Is 60,6). Ora tutto era avvenuto: l’Epifania (la
manifestazione) dell’uomo-Dio si era compiuta, anche per i pagani. Ma già
aleggia l’ombra – forse è meglio dire la luce – della Croce.
Tre doni offrono al piccolo Re neonato: l’oro per
onorare la sua regalità, l’incenso per onorare la sua divinità, la mirra per
onorare la sua umanità destinata al sacrificio, al dolore, alla morte, perché
Lui era chiamato ad essere “signum contraddicetur”, segno di contraddizione,
causa di rovina e di risurrezione a seconda di chi lo rifiuta o lo accoglie.
Per la sua sepoltura, di lì a 33 anni, si userà la mirra: anche nell’Epifania
come nel Natale, la culla e la Croce sono congiunte tra di loro, e già tutto
invita all’offerta, al sacrificio con Gesù.
Profumo di martirio
Già abbiamo scritto che Erode, alla domanda dei
Magi: «Dov’è il Nato-Re dei Giudei?», fu preso da furia mal celata, anzi presto
divampante. Erode si spaventa e, come gli uomini soltanto carnali, manca della
luce dello spirito e pensa subito che quel Re, appena nato, sia un re politico,
venuto a soppiantarlo. Saputo dai dotti del Tempio che doveva nascere a
Betlemme, trasmette la notizia ai Magi, illudendoli che anche lui sarebbe
andato ad adorarlo. Ma dentro Erode è l’omicida che è sempre stato.
«Erode, vedendo che i Magi si erano presi gioco di
lui [non erano più passati a informarlo sul Re-Bambino], andò su tutte le furie
e ordinò che in Betlemme e nei dintorni fossero uccisi tutti i bambini maschi,
dai due anni in giù, corrispondenti al tempo in cui era stato informato dai
Magi» (Mt 2,16).
Così Erode sarà nel tempo il tipo di chi indaga
sull’uomo-Dio, ma non agisce in coerenza e in base alla conoscenza che ne
riceve. Così i despoti si compiacciono nell’affermare che il Cristianesimo è
nemico dello Stato: un modo di dire che a loro stessi è nemico. Erode è il
primo dei despoti a pensarla così: a vedere in Gesù un nemico prima ancora che
compia i due anni. Ma può un bambino, nato poverissimo in una grotta, scrollare
il potere e i regni? Perché Erode ordina ai suoi soldati di impugnare la spada
contro il piccolo Gesù?
Dev’essere per questo: che coloro i quali sono
oppressi dallo spirito del mondo – un mondo che si vuole senza Dio – hanno un
odio istintivo per quel Dio che si è fatto uomo per regnare sulle anime e
legarle a sé con la sua regalità divina, che poi, dalle anime, dilaga sui
popoli e sulle nazioni, per renderli pieni della Sua dignità e liberi della
libertà dei figli di Dio. L’odio e la beffa che il secondo Erode avrebbe
dimostrato per Lui aveva avuto il suo inizio nell’odio che il padre suo, Erode
il Grande, aveva già sfogato per il Bambino Gesù.
Erode teme che Colui che era venuto a portare una
corona celeste, possa rapirgli il regno terreno; falso come Giuda, promette ai
Magi di portare i suoi doni al Re neonato, ma il suo unico dono è l’omicidio,
anzi l’infanticidio, la morte cruenta degli Innocenti. Così prima che Gesù
compia due anni, a causa sua si sparge sangue innocente. Il primo attentato
alla sua vita; al Maestro e Uomo adulto, i Giudei, colmi di rabbia, daranno,
cercheranno di dare, sassi (cf. Gv 8,59) e infine la morte più infame sulla Croce.
Così il suo popolo l’avrebbe accolto: la sua prima manifestazione (epifania) è
l’alba del Calvario.
Si applica a Lui, subito, la “legge del
sacrificio”, la stessa legge che toccherà i suoi Apostoli e tanti suoi amici,
nei secoli a venire, anche oggi, quando i cristiani sono ancora, nonostante
tutti i proclamati diritti della persona, i più numerosi a essere martirizzati.
Sono state così colpite giovanissime vite, che abbiamo commemorate nella festa
degli Innocenti (28 dicembre). Quindi una croce per Pietro, il primo degli
Apostoli, uno spintone dal pinnacolo del Tempio per Giacomo, l’altro apostolo,
un pugnale per Bartolomeo, una spada per Paolo, l’Apostolo delle Genti. Già
molte spade si erano calate sugli infanti di Betlemme.
A proposito scrive il venerbile Fulton J. Sheen,
nella sua Vita di Cristo: «“Il mondo vi odierà”, promise Gesù a tutti quelli
che recano il segno del suo sigillo. Quegli Innocenti morirono per il Re che
non avevano ancora conosciuto. Come agnellini morirono per l’Agnello immacolato,
esemplari di una lunga processione di martiri nei secoli. Come la circoncisione
era il segno dell’Antica Legge, così la persecuzione a Cristo e ai suoi amici
sarebbe stata il segno della Nuova Legge, della Nuova Alleanza sancita nel suo
sangue sulla Croce».
“In mio nome – Egli disse agli Apostoli – sarete
perseguitati”. Tutto attorno a Lui già parlava della sua morte, perché essa era
il fine della sua venuta tra noi. In vista di Lui, come sua figura in occasione
della Pasqua, avevano sanguinato gli agnelli portati al Tempio per il
sacrificio; dalla sua venuta, dalla sua prima manifestazione al mondo,
sanguinano i martiri per Lui».
All’Epifania, l’uomo-Dio si è manifestato al
mondo, ma c’è già il presagio della Croce. La Croce con il suo Sacrificio,
perpetuato sull’altare, nella Messa, è la sua più alta manifestazione al mondo.
Sacrificio, amore, offerta a livello supremo. Gesù, manifestati a noi, oggi, e
rendici partecipi del tuo Sacrificio.
I Re Magi
non giunsero a mani vuote a Betlemme, per il Re dell’Universo, che si
manifestava al mondo (Epifania), avevano preparato dei doni, che presentarono
con immenso onore: l’oro, che indica la regalità di Gesù; l’incenso, il suo
sacerdozio; la mirra, usata nella preparazione dei corpi per la sepoltura,
l’espiazione dei peccati attraverso la morte.
«Ed ecco la stella, che avevano visto nel suo sorgere, li precedeva, finché
giunse e si fermò sopra il luogo dove si trovava il bambino. Al vedere la
stella, essi provarono una grandissima gioia. Entrati nella casa, videro il
bambino con Maria sua madre, e prostratisi lo adorarono. Poi aprirono i loro
scrigni e gli offrirono in dono oro, incenso e mirra» (Mt. 2, 9-11). Come i
pastori erano stati chiamati dall’angelo a partecipare della Gloria di Dio e
della pace degli uomini, così ora i Magi, esperti astronomi, venivano guidati
dalla stella per partecipare anch’essi all’evento che ha mutato storia e
destini. Leggiamo da sant’Agostino:
«Da pochissimi giorni abbiamo celebrato il Natale del Signore, in questi giorni
celebriamo con non minore solennità la sua manifestazione, con la quale
cominciò a farsi conoscere dai pagani… Era nato colui che è la pietra angolare,
la pace fra provenienti dalla circoncisione e dalla incirconcisione, perché si
unissero in lui che è la nostra pace e che ha fatto dei due un popolo solo. Tutto questo è stato prefigurato per i Giudei nei pastori, per i pagani
nei Magi… I pastori giudei sono stati condotti a lui dall’annuncio di un angelo,
i Magi pagani dall’apparizione di una stella» (Sermone 201,1; PL 38 1031).
L’Epifania, dunque, celebra l’universalità della Chiesa: Emmanuele, «Dio con
noi», è giunto in terra per chiamare ognuno alla Verità e per indicare la
strada per raggiungerla e salvarsi. I Re Magi, che appartenevano alla casta
sacerdotale ereditaria della religione zoroastriana, hanno creduto nei segni
celesti, «i cieli narrano la gloria di Dio» (Sal. 19, 2), li hanno saputi
decifrare e con immensa gioia si sono genuflessi a Cristo Re.
Non hanno
proposto alla Madonna e a san Giuseppe di educare il Bambino Divino nella loro
religione, ma si sono sottomessi al Pargolo celeste; non hanno cercato un
dialogo, un confronto, uno scambio di opinioni; non hanno neppure portato la
loro esperienza o le loro interpretazioni, questi sapienti si sono umilmente
prostrati alla Verità, all’Amore, alla Bellezza che avevano dinnanzi.
L’Epifania perciò celebra non l’ecumenismo, bensì l’universalità della Chiesa,
ovvero la chiamata dei gentili alla Fede. E il posto della stella è stato preso
dal Vangelo, che invita ancora alla conversione di tutte le genti a Cristo,
l’Unto di Dio.
Nel 614 la Palestina fu occupata dai Persiani guidati da Re Cosroe II e
distrussero quasi tutte le chiese cristiane, risparmiando la Basilica della
Natività di Betlemme perché sulla facciata vi era un mosaico raffigurante i
Magi vestiti con l’abito tradizionale persiano.
Marco Polo afferma di aver visitato le tombe dei Magi nella città di Saba, a
sud di Teheran, intorno al 1270: «In Persia è la città ch’è chiamata Saba, da
la quale si partiro li tre re ch’andaro adorare Dio quando nacque. In quella
città son soppeliti gli tre Magi in una bella sepoltura, e sonvi ancora tutti
interi con barba e co’ capegli: l’uno ebbe nome Beltasar, l’altro Gaspar, lo
terzo Melquior. Messer Marco dimandò più volte in quella cittade di quegli III
re: niuno gliene seppe dire nulla, se non che erano III re soppelliti
anticamente» (Il Milione, cap. 30).
Nel 1162 l’imperatore Federico Barbarossa fece distruggere la chiesa di
Sant’Eustorgio a Milano, dove erano state portate le salme dei Magi (alle quali
era giunta, secondo la Tradizione, sant’Elena) e se ne impossessò. Nel 1164
l’arcicancelliere imperiale Rainaldo di Dassel, arcivescovo di Colonia, le sottrasse
e passando in Lombardia, Piemonte, Borgogna, Renania, le traslò nella
cattedrale della città tedesca, dove ancora oggi sono conservate. Milano cercò
ripetutamente di riavere le reliquie: il 3 gennaio del 1904, l’Arcivescovo
Ferrari fece collocare in Sant’Eustorgio alcuni frammenti ossei in un’urna di
bronzo con la scritta «Sepulcrum Trium Magorum». Per il 6
gennaio che cosa abbiamo preparato per il Nostro Salvatore? Imitiamo un poco i saggi
Sacerdoti venuti dall’Oriente e con semplicità adoriamo Gesù Bambino con l’oro
dei nostri sacrifici, l’incenso delle nostre preghiere, la mirra del nostro
pentimento.