Cathédrale de Chartres, groupes sculptés du Tour du chœur : scène n° 11, 1a Circoncision de Jésus. Attribué à Jehan Soulas.
Cathédrale de Chartres, groupes sculptés du Tour du chœur : scène n° 11, 1a Circoncision de Jésus. Attribué à Jehan Soulas.
La Circoncision du
Sauveur
C'est dans ce jour béni
que la terre voit couler les prémices du Sang divin qui doit purifier et sauver
l'humanité déchue; Jésus, le huitième jour après Sa naissance, Se soumet à la
Circoncision, et commence à souffrir pour nous. -- La Circoncision était le
signe de l'alliance faite autrefois par le Seigneur avec Abraham; et le peuple
juif, descendant de ce grand patriarche, avait toujours été fidèle à cette
pratique sacrée, considérée comme l'initiation au service du vrai Dieu.
L'enfant, dans la loi ancienne, devenait enfant de Dieu par la Circoncision,
comme il devient, d'une manière plus parfaite, enfant de Dieu dans la loi
nouvelle par le Baptême. Jésus, Fils de Dieu et la Sainteté même, n'avait nul
besoin de Se soumettre à une loi dure et humiliante, faite pour les hommes
pécheurs. Mais le double but de Sa venue sur la terre Lui fait accepter de
grand coeur ce premier sacrifice; Il Se montre, en ce jour, à la fois, notre
Sauveur et notre Modèle: Sauveur, Il inaugure l'oeuvre de notre rédemption;
Modèle, Il nous apprend à aimer la loi de Dieu, à la garder fidèlement, à ne
point chercher de vains prétextes pour excuser notre lâcheté et nos
désobéissances, et à guérir notre orgueil par la pratique de l'humilité. -- La
Circoncision corporelle cache, du reste, pour le chrétien, un beau et grand
mystère, car elle est l'image de la Circoncision spirituelle qui consiste à
circoncire notre coeur de toutes ses coupables affections, à détruire en nous
le péché et les passions mauvaises et à vivre d'une vie surnaturelle.
L'Apôtre saint Paul a
creusé à fond le sens spirituel de la Circoncision charnelle; les Pères et les
auteurs spirituels n'ont eu qu'à commenter les textes si suggestifs de ses
Épîtres: "La vraie Circoncision, dit-il (Rom. II, 28), n'est pas celle qui
paraît dans la chair; la circoncision est celle du coeur, dans l'esprit, et non
dans la lettre." -- "Dans le Christ Jésus, ni circoncision, ni
incirconcision n'ont de valeur, mais bien la foi, qui est agissante par la
charité. Ce qui est tout, c'est d'être une nouvelle créature (Gal. V, 6; VI,
15)." -- "En Jésus-Christ vous avez été circoncis d'une circoncision
non faite de main d'homme, de la circoncision du Christ, par le dépouillement
de ce corps de chair (Col. II, 11)." Toute la doctrine du grand Apôtre se
résume à montrer que l'Ancienne loi n'était qu'une figure et une préparation de
la Loi du Christ, que toute la vie chrétienne consiste à renoncer à la chair
avec ses convoitises pour vivre intérieurement de la vie de l'esprit, et que
ceux-là seuls sont vraiment au Christ qui le suivent dans la voie du sacrifice.
C'est tout l'Évangile lui-même.
Abbé L. Jaud, Vie
des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/la_circoncision_du_sauveur.html
Maestro
della predella dell'Ashmolean Museum, Circoncisione 1380-1385
Octave de la Nativité
(1er janvier, Circoncision du Seigneur)
La réforme de 1960 a
changé le degré de l’Octave (de 2ème classe à 1ère classe) et le nom de la fête
devenu ‘Octave de la Nativité du Seigneur’ au lieu de ‘Circoncision du Seigneur
et Octave de la Nativité’. La fête de la circoncision, déjà célébrée au VIe
siècle en Gaule (Concile de Tours de 567) ne rentre dans le calendrier romain
qu’à partir du XIe siècles. [*]
Communicántes, et diem
sacratíssimum celebrántes, quo beátæ Maríæ intemeráta Virgínitas huic mundo
édidit Salvatórem, sed et memóriam venerántes, in primis eiúsdem gloriósæ
semper Vírginis Maríæ, Genitrícis Dei et Dómini nostri Iesu Christi :
Unis dans une même
communion et célébrant le jour très saint où la bienheureuse Marie gardant sa
virginité sans tâche mit au monde le Sauveur, et honorant la mémoire tout
d’abord de la glorieuse Marie toujours Vierge, Mère du même Jésus-Christ notre
Dieu et Seigneur...
[...]
Office
AUX PREMIÈRES VÊPRES.
Ant. 1 O commerce
admirable *. Le Créateur du genre humain prenant un corps et une âme, a daigné
naître de la Vierge, et, devenu homme sans le concours de l’homme, il nous a
fait part de sa divinité.
Ant. 2 Quand vous
naquîtes * ineffablement d’une Vierge, alors s’accomplirent les Écritures.
Comme la rosée sur la toison, vous descendîtes pour sauver le genre humain.
Nous vous louons, ô notre Dieu !
Ant. 3 En ce buisson que
vit Moïse * et qui brûlait sans se consumer, nous voyons l’image de votre
glorieuse virginité : Mère de Dieu, intercédez pour nous.
Ant. 4 La tige de Jessé a
fleuri ; * l’étoile est sortie de Jacob ; la Vierge a enfanté le Sauveur. Nous
vous louons, ô notre Dieu !
Ant. 5 Voici que Marie
nous a enfanté * le Sauveur, à la vue duquel Jean s’est écrié : Voici l’Agneau
de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde, alléluia.
Capitule. Tit. 2, 11-12.
La grâce de Dieu notre Sauveur est apparue à tous les hommes, nous enseignant à
renoncer à l’impiété et aux désirs du siècle, et à vivre sobrement, justement
et pieusement dans ce monde.
Hymnus
Iesu, Redémptor ómnium,
Quem lucis ante oríginem
Parem patérnæ glóriæ
Pater suprémus édidit.
Tu lumen, et splendor
Patris,
Tu spes perénnis ómnium,
Inténde quas fundunt
preces
Tui per orbem sérvuli.
Meménto, rerum Cónditor,
Nostri quod olim
córporis,
Sacráta ab alvo Vírginis
Nascéndo, formam
súmpseris.
Testátur hoc præsens
dies,
Currens per anni
círculum,
Quod solus e sinu Patris
Mundi salus advéneris.
Hunc astra, tellus,
æquora,
Hunc omne, quod cælo
subest,
Salútis auctórem novæ
Novo salútat cántico.
Et nos, beáta quos sacri
Rigávit unda sánguinis,
Natális ob diem tui
Hymni tribútum sólvimus.
Hymne
O Jésus, Rédempteur de tous les hommes,
vous qu’avant la première aurore,
en sa Paternité suprême,
le Père engendra semblable à sa gloire.
Vous, lumière et splendeur du Père,
vous, l’éternelle espérance de tous,
écoutez ces prières que vos serviteurs
vous adressent par toute la terre.
Souvenez-vous, ô Créateur du monde,
que vous avez un jour,
en naissant d’une Vierge toute pure,
pris un corps semblable au nôtre.
Le jour présent, ce jour
que ramène l’année dans son cours,
atteste que, seul descendu du sein du Père,
vous êtes venu sauver le monde.
Le ciel, la terre, la mer
et tout ce qu’ils renferment,
saluent par un nouveau cantique
l’avènement de l’Auteur d’un salut nouveau.
Et nous, qui avons été lavés
par l’effusion de votre sang divin,
nous vous offrons, ô Christ, le tribut
de cette hymne à la gloire de votre jour natal.
Gloire soit à vous, ô Jésus !
qui êtes né de la Vierge :
gloire au Père et à l’Esprit-Saint,
dans les siècles éternels. Ainsi soit-il
V/..Le Verbe s’est fait chair, alléluia.
R/. Et il a habité parmi nous, alléluia.
Ant.au Magnificat Par le grand * amour dont Dieu nous a aimés, il a envoyé son Fils dans une chair semblable à celle du péché, alléluia.
A MATINES.
Invitatoire. Le Christ nous est né, * Venez, adorons-le.
Au premier nocturne.
Ant. 1 Le Seigneur m’a dit : * Vous êtes mon Fils, c’est moi qui aujourd’hui vous ai engendré.
Ant. 2 Dans le soleil [1], il a placé * sa tente, et lui-même est comme un époux qui sort de son lit nuptial.
Ant. 3 Élevez-vous, * portes éternelles, et le Roi de la gloire entrera.
V/. Le Seigneur vient.
R/. Comme un époux qui sort de son lit nuptial.
De l’Épître aux Romains. Cap. 4, 1-17.
Première leçon. Quel avantage dirons- nous donc qu’Abraham, notre père, a eu selon la chair ? Car si Abraham a été justifié par les œuvres, il a de quoi se glorifier, mais non devant Dieu. En effet, que dit l’Écriture ? Abraham crut à Dieu, et ce lui fut imputé à justice. Or à celui qui travaille, le salaire n’est point imputé comme une grâce, mais comme une dette. Au fait pas les œuvres, mais qui croit en celui qui justifie l’impie, sa foi est imputée à justice, selon le décret de la grâce de Dieu. C’est ainsi que David appelle heureux l’homme à qui Dieu impute la justice sans les œuvres : Bienheureux ceux dont les iniquités ont été remises, et dont les péchés ont été couverts. Bienheureux l’homme à qui le Seigneur n’a pas imputé de péché.
R/. Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde, voici celui de qui je disais : Celui qui vient après moi, a été fait avant moi : * Je ne suis pas digne de délier la courroie de sa chaussure. V/. Celui qui est de la terre, parle de la terre ; celui qui vient du Ciel, est au-dessus de tous. * Je.
Deuxième leçon. Or cette béatitude est-elle seulement pour les circoncis ? N’est-elle pas aussi pour les incirconcis ? Car nous venons de dire que la foi d’Abraham lui a été imputée à justice. Quand donc lui a-t-elle été imputée ? Est-ce après la circoncision, ou avant la circoncision ? Ce n’est point après la circoncision, mais avant la circoncision. Et il ne reçut la marque de la circoncision que comme sceau de la justice qu’il avait déjà acquise par la foi, étant encore incirconcis, et pour être Je père de tous les croyants incirconcis, afin que la foi leur fut aussi imputée à justice, et pour être père de la circoncision, non seulement des circoncis mais aussi de ceux qui suivent les traces de la foi qui était en notre père Abraham, encore incirconcis.
R/. Un jour sanctifié luit pour nous : venez, Nations, et adorez le Seigneur. * Parce qu’une grande lumière est descendue aujourd’hui sur la terre. V/. oici le jour qu’a fait le Seigneur ; réjouissons-nous et tressaillons d’allégresse en ce jour. * Parce que.
Troisième leçon. Car ce n’est pas en vertu de la loi qu’a été faite à Abraham ou à sa postérité la promesse d’avoir le monde pour héritage, mais c’est en vertu de la justice de la foi. Et si ceux qui ont reçu la loi sont héritiers, la loi devient vaine, et la promesse est abolie ; attendu que la loi opère la colère ; car où il n’y a point de loi, il n’y a point de prévarication. Ainsi c’est à la foi qu’est attachée la promesse, afin qu’elle soit gratuite et assurée à toute la postérité d’Abraham, non seulement à celle qui a reçu la loi mais encore à celle qui suit la foi d’Abraham, qui est le père de nous tous, (selon qu’il est écrit : Je t’ai établi père d’une multitude de nations) devant Dieu à qui il a cru, qui vivifie les morts, et appelle les choses qui ne sont pas, comme celles qui sont.
R/. Béni celui qui vient au nom du Seigneur ! Le Seigneur est Dieu et il a fait luire sa lumière sur nous : * Alléluia. Alléluia. V/. Voici le jour qu’a fait le Seigneur ; réjouissons-nous et tressaillons d’allégresse en ce jour. * Alléluia, alléluia. Gloire au Père. * Alléluia, alléluia.
Au deuxième nocturne.
Ant. 1 Vous êtes plus brillant de beauté * que les enfants des hommes, la grâce est répandue sur vos lèvres.
Ant. 2 Un homme est né * en elle, et lui-même, le Très- Haut, l’a fondée [2].
Ant. 3 Ils exulteront, tous les arbres * des forêts devant la face du Seigneur, parce qu’il vient [3].
V/. Vous êtes plus brillant de beauté que les enfants des hommes.
R/. La grâce est répandue sur vos lèvres.
Sermon de saint Léon, Pape.
Quatrième leçon. Le mystère de la fête de ce jour, mes bien-aimés, nul ne l’honore en vérité et ne le célèbre avec piété, s’il ne se garde de toute erreur quant à l’incarnation du Seigneur, et de toute pensée indigne de la Divinité. On commet la même faute, on s’expose au même péril, en niant que le Christ ait une nature semblable à la nôtre et en ne lui reconnaissant pas une gloire égale à celle de son Père. Lorsque nous cherchons à obtenir l’intelligence du mystère de la nativité du Christ, venant à nous du sein d’une mère vierge, écartons donc bien au loin les ténèbres des raisonnements terrestres, et que la fumée de la sagesse mondaine se retire de l’œil illuminé par la foi.
R/. Félicitez-moi, vous tous qui aimez le Seigneur : * Parce que, tandis que j’étais petite, j’ai plu au Très-Haut, et de mon sein j’ai engendré un Homme-Dieu. V/. Toutes les nations m’appelleront bienheureuse, parce que Dieu a regardé son humble servante. * Parce que.
Cinquième leçon. Car c’est sur l’autorité divine qu’est appuyée notre foi, et c’est une doctrine divine que professons. Soit que nous prêtions l’oreille de notre âme au témoignage de la loi, ou aux oracles des Prophètes, ou à l’éclatante prédication de l’Évangile, elles restent vraies, ces paroles que Jean, rempli du Saint-Esprit, a fait retentir : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu. C’est lui qui au commencement était en Dieu. Toutes choses ont été faites par lui ; et sans lui rien n’a été fait de ce qui a été fait. » Et ce que le même prédicateur ajoute est également vrai : « Le Verbe a été fait chair, et il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, comme la gloire du Fils unique du Père. »
R/. Le cœur de la Vierge a été fortifié ; à la parole de l’Ange elle a conçu les mystères divins ; alors, dans ses chastes entrailles, elle a reçu le plus beau des enfants des hommes * Et, bénie à jamais, elle nous a donné celui qui est Dieu et homme. V/. La demeure d’un sein pudique devient soudain le temple de Dieu ; la Vierge, intacte et pure, conçoit un Fils à la parole de l’Ange. * Et.
Sixième leçon. Dans l’une et l’autre nature, le Fils de Dieu est donc le même ; prenant ce qui est de nous, sans rien perdre de ce qui lui est propre ; renouvelant l’homme dans l’homme, et restant en lui-même immuable. La divinité qui lui est commune avec le Père ne perd rien de sa toute-puissance, et la nature du serviteur ne déshonore pas en lui la nature de Dieu ; parce que l’Essence souveraine et éternelle, qui s’est inclinée pour le salut du genre humain, nous a élevés à la participation de sa gloire : mais elle n’a pas cessé d’être ce qu’elle était. C’est pourquoi, lorsque le Fils unique de Dieu confesse qu’il est inférieur à son père, auquel il se dit égal, il montre qu’il a véritablement en lui l’une et l’autre nature, car par l’inégalité dont il parle, il prouve qu’il a la nature humaine ; et par l’égalité qu’il affirme, ii déclare posséder la nature divine.
R/. Vous êtes bénie et digne de tout respect, Vierge Marie, qui, sans rien perdre de votre pureté, vous êtes trouvée ta Mère du Sauveur : * Il était couché dans la crèche, et il brillait dans le Ciel. V/. Seigneur, j’ai entendu votre parole et j’ai craint ; j’ai considéré vos œuvres et j’ai été saisi de frayeur : entre deux animaux. * Il était couché. Gloire au Père. * Il était couché.
Au troisième nocturne.
Ant. 1 Au commencement * et avant les siècles le Verbe était Dieu, et lui-même est né aujourd’hui pour être le Sauveur du monde.
Ant. 2 Engendré avant l’aurore * et avant les siècles, le Seigneur notre Sauveur a daigné naître aujourd’hui.
Ant. 3 Le Seigneur étant né. * le chœur des Anges chantait, disant : Salut à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l’Agneau.
V/. Le Seigneur a fait connaître, alléluia
R/. Son salut, alléluia.
Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Luc, 2, 21.
En ce temps-là : le huitième jour, auquel l’enfant devait être circoncis, étant arrivé, on lui donna le nom de Jésus. Et le reste.
Homélie de saint Ambroise, Évêque.
Septième leçon. L’enfant est donc circoncis Quel est cet enfant, sinon celui dont il a été dit : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné ? » Il s’est assujetti à la loi, pour gagner ceux qui étaient sous la loi. « (Ils le portèrent à Jérusalem) pour le présenter au Seigneur. » Je dirais ici ce que c’est qu’être présenté au Seigneur dans Jérusalem, si je ne l’avais déjà expliqué dans mes Commentaires sur Isaïe. Celui qui est circoncis spirituellement par le retranchement de ses vices, est jugé digne du regard du Seigneur ; parce que « les yeux du Seigneur sont fixés sur les justes. » Vous voyez que toute la suite de la loi ancienne a été l’image de l’avenir ; car la circoncision signifie l’expiation des péchés.
R/. Sainte et immaculée Virginité, je ne sais par quelles louanges vous exalter : * Car vous avez renfermé dans votre sein celui que les cieux ne peuvent contenir. V/. Bénie êtes-vous entre les femmes, et béni est le fruit de votre sein. * Car.
Huitième leçon. Mais parce que la fragilité de la chair et de l’esprit de l’homme l’emporte, par une pente naturelle de cupidité, vers le mal, et l’embarrasse ici-bas dans des vices inextricables, le huitième jour de la circoncision est la figure du temps de la résurrection, et de notre future délivrance de tout péché. C’est en effet le sens des paroles suivantes : « Tout mâle premier-né sera appelé, consacré au Seigneur. » Les termes de la loi expriment la promesse du fruit de la Vierge, fruit vraiment saint, car il est immaculé. Que ce soit là le fruit désigné par la loi, les paroles de l’Ange nous l’assurent : « La chose sainte, dit-il, qui naîtra de vous, sera appelée le Fils de Dieu. »
R/. Une vierge-mère a enfanté sans douleur. * Le Sauveur des siècles, le Roi des Anges ; et seule la Vierge l’allaitait de sa mamelle que le ciel remplissait. V/. La demeure d’un sein pudique devient soudain le temple de Dieu ; la Vierge, toujours intacte et pure, conçoit un Fils à la parole de l’Ange. * Le. Gloire au Père. * Le.
Neuvième leçon. Car parmi il tous ceux qui sont nés de la femme, seul, le Seigneur Jésus est absolument saint ; lui qui, par la nouveauté d’un enfantement immaculé, n’a pas ressenti la contagion de la corruption terrestre, et l’a éloignée de lui par sa majesté céleste. Si nous nous en tenions à la lettre, comment tout enfant mâle serait-il saint ; puisqu’il est manifeste qu’il y en a eu beaucoup de très criminels ? Achab aurait-il été saint ? Seraient-ils saints ces faux prophètes que le feu, vengeur de l’injure faite au ciel, consuma à la prière d’Élie ? Mais il est saint celui que les pieux préceptes de la loi divine nous représentaient dans les figures du mystère à venir ; et c’est par lui seul que l’Église, qui est sainte et vierge, a le secret d’engendrer, dans son immaculée fécondité, les peuples Je Dieu.
A LAUDES
Antiennes comme aux 1ères Vêpres
Hymnus
A solis ortus cárdine
Ad usque terræ límitem,
Christum canámus Príncipem,
Natum María Vírgine.
Beátus auctor sǽculi
Servíle corpus índuit :
Ut carne carnem líberans,
Ne pérderet quos cóndidit.
Castæ Paréntis víscera
Cæléstis intrat grátia :
Venter Puéllæ báiulat
Secréta, quæ non nóverat.
Domus pudíci péctoris
Templum repénte fit Dei :
Intácta nésciens virum,
Concépit alvo Fílium.
Enítitur puérpera,
Quem Gábriel prædíxerat,
Quem ventre Matris géstiens,
Baptísta clausum sénserat.
Fœno iacére pértulit :
Præsépe non abhórruit :
Et lacte módico pastus est,
Per quem nec ales ésurit.
Gaudet chorus cæléstium,
Et Angeli canunt Deo ;
Palámque fit pastóribus
Pastor, Creátor ómnium.
Hymne
Du point où le soleil se lève
jusqu’aux limites de ta terre,
chantons le Christ Roi,
né de la Vierge Marie.
Le bienheureux Auteur du monde
revêt un corps d’esclave,
afin que, délivrant la chair par la chair,
il sauve de leur perte, ceux qu’il a créés.
Au sein d’une chaste Mère
descend la grâce céleste,
les flancs d’une Vierge portent
un mystère qu’elle ne connaissait pas.
La demeure d’un sein pudique
devient soudain le temple de Dieu ;
la Vierge, intacte et toujours pure,
conçoit un Fils dans ses entrailles.
Cette jeune mère enfante
celui qu’annonça Gabriel ;
celui dont Jean, captif encore au sein maternel,
reconnut la présence.
Il a souffert de reposer sur du foin ;
il n’a pas eu horreur de la crèche ;
il s’est nourri d’un peu de lait,
lui qui rassasie jusqu’au petit oiseau.
Le chœur des Esprits célestes se réjouit,
et les Anges chantent à Dieu ;
il se manifeste aux bergers,
le Pasteur, le Créateur de tous.
Gloire soit à vous, ô Jésus !
qui êtes né de la Vierge :
gloire au Père et à l’Esprit-Saint,
dans les siècles éternels. Ainsi soit-il
V/..Le Verbe s’est fait chair, alléluia.
R/. Et il a habité parmi nous, alléluia.
Ant. au Bénédictus Un mystère admirable * se manifeste aujourd’hui : les deux natures s’unissent dans un prodige nouveau : Dieu se fait homme ; il reste ce qu’il était, il prend ce qu’il n’était pas, sans souffrir ni mélange ni division.
AUX DEUXIÈMES VÊPRES.
Tout aux 1ères Vêpres, sauf :
V/. Le Seigneur a fait
connaître, alléluia
R/. Son salut, alléluia.
Ant. au Magnificat O
grand * mystère de l’hérédité divine ! Le sein d’une vierge est devenu le
temple de Dieu ; celui qui d’elle a pris chair n’a contracté aucune souillure ;
toutes les nations viendront et diront : Gloire A vous, Seigneur.
[1] « Le Seigneur est le
Soleil de justice. (Malach., 4, 2). Ce Soleil a inondé de ses clartés l’étoile
de la mer, c’est-à-dire Marie, afin qu’elle fût comme le soleil. Il a donc
placé sa tente dans le soleil, lorsqu’il a pris un corps dans son sein. »
(Saint Jérôme). « Jésus-Christ a aussi établi son tabernacle dans le soleil, en
mettant son Église dans l’évidence et au grand jour. » (Saint Augustin).
[2] « Le Seigneur a fondé
la ville où il devait naître, quand il a créé celle qui devait être sa mère. »
(Saint Augustin).
[3] « Ces bois des forêts sont les païens. Pourquoi seront-ils dans la joie ? Parce qu’ils ont été retranchés de l’olivier sauvage pour être entés sur l’olivier franc (Rom., 11, 17). Les arbres des forêts seront dans la joie, parce qu’on y a coupé de grands arbres, des cèdres, des cyprès, d’autres bois incorruptibles pour les l’aire entrer dans l’édifice de l’Église ; bois des forêts avant d’entrer dans l’édifice, bois des forêts, mais avant de porter l’olive. » (Saint Augustin.)
La
circoncision de Jésus, Armadio degli Argenti, tempera sur panneau, circa
1450, 38,5 x 37, musée national San Marco
Dom Guéranger, l’Année
Liturgique
Le huitième jour de la
Naissance du Sauveur est arrivé ; l’étoile qui conduit les Mages approche de
BethlChem ; encore cinq jours, et elle s’arrêtera sur le lieu où repose
l’Enfant divin. Aujourd’hui, ce Fils de l’Homme doit être circoncis, et
marquer, par ce premier sacrifice de sa chair innocente, le huitième jour de sa
vie mortelle. Aujourd’hui, un nom va lui être donné ; et ce nom sera celui de
Jésus, qui veut dire Sauveur. Les mystères se pressent dans cette grande
journée ; recueillons-les tous, et honorons-les dans toute la religion et toute
la tendresse de nos cœurs.
Mais ce jour n’est pas
seulement consacré à honorer la Circoncision de Jésus ; le mystère de cette
Circoncision fait partie d’un plus grand encore, celui de l’Incarnation et de
l’Enfance du Sauveur ; mystère qui ne cesse d’occuper l’Église, non seulement
durant cette Octave, mais pendant les quarante jours du Temps de Noël. D’autre
part, l’imposition du nom de Jésus doit être glorifiée par une solennité
particulière, que nous célébrerons demain (ou le dimanche entre le 2 et le 5
janvier). Cette grande journée offre place encore à un autre objet digne
d’émouvoir la piété des fidèles. Cet objet est Marie, Mère de Dieu.
Aujourd’hui, l’Église célèbre spécialement l’auguste prérogative de cette
divine Maternité, conférée à une simple créature, coopératrice du grand ouvrage
du salut des hommes.
Autrefois la sainte Église
Romaine célébrait deux Messes au premier janvier : l’une pour l’Octave de Noël,
l’autre en l’honneur de Marie. Depuis, elle les a réunies en une seule, de même
qu’elle a mélangé dans le reste de l’Office de ce jour les témoignages de son
adoration envers le Fils, aux expression- de son admiration et de sa tendre
confiance envers la Mère.
Pour payer son tribut
d’hommages à celle qui nous adonné l’Emmanuel, l’Église Grecque n’attend pas le
huitième jour de la Naissance de ce Verbe fait chair. Dans son impatience, elle
consacre à Marie le propre lendemain de Noël, le 26 décembre, sous le titre de
Synaxe de la Mère de Dieu, réunissant ces deux solennités en une seule, en
sorte qu’elle n’honore saint Étienne que le 27 décembre.
Pour nous, fils aînés de la
sainte Église Romaine, épanchons aujourd’hui tout l’amour de nos cœurs envers
la Vierge-Mère, et conjouissons-nous à la félicité qu’elle éprouve d’avoir
enfanté son Seigneur et le nôtre. Durant le saint Temps de l’Avent, nous
l’avons considérée enceinte du salut du monde ; nous avons proclamé la
souveraine dignité de cette Arche de la nouvelle alliance qui offrait dans ses
chastes flancs comme un autre ciel à la Majesté du Roi des siècles. Maintenant,
elle l’a mis au jour, ce Dieu enfant ; elle l’adore ; mais elle est sa Mère.
Elle a le droit de l’appeler son Fils ; et lui, tout Dieu qu’il est, la nomme
en toute vérité sa Mère.
Ne nous étonnons donc
plus que l’Église exalte avec tant d’enthousiasme Marie et ses grandeurs.
Comprenons au contraire que tous les éloges qu’elle peut lui donner, tous les
hommages qu’elle peut lui offrir dans son culte, demeurent toujours beaucoup
au-dessous de ce qui est dû à la Mère du Dieu incarné. Personne sur la terre
n’arrivera jamais à décrire, pas même à comprendre tout ce que cette sublime
prérogative renferme de gloire. En effet, la dignité de Marie provenant de ce
qu’elle est Mère d’un Dieu, il serait nécessaire, pour la mesurer dans son
étendue, de comprendre préalablement la Divinité elle-même. C’est à un Dieu que
Marie a donné la nature humaine ; c’est un Dieu qu’elle a eu pour Fils ; c’est
un Dieu qui s’est fait gloire de lui être soumis, selon l’humanité ; la valeur
d’une si haute dignité dans une simple créature ne peut donc être estimée qu’en
la rapprochant de la souveraine perfection du grand Dieu qui daigne ainsi se
constituer sous sa dépendance. Anéantissons-nous donc en présence de la Majesté
du Seigneur ; et humilions-nous devant la souveraine dignité de celle qu’il
s’est choisie pour Mère.
Que si nous considérons
maintenant les sentiments qu’une telle situation inspirait à Marie à l’égard de
son divin Fils, nous demeurons encore confondus par la sublimité du mystère. Ce
Fils, qu’elle allaite, qu’elle tient dans ses bras, qu’elle presse contre son
cœur, elle l’aime, parce qu’il est le fruit de ses entrailles ; elle l’aime,
parce qu’elle est mère, et que la mère aime son fils comme elle-même et plus
qu’elle-même ; mais si elle vient à considérer la majesté infinie de Celui qui
se confie ainsi à son amour et à ses caresses, elle tremble et se sent près de
défaillir, jusqu’à ce que son cœur de Mère la rassure au souvenir des neuf mois
que cet Enfant a passés dans son sein, et du sourire filial avec lequel il lui
sourit au moment où elle l’enfanta. Ces deux grands sentiments de la religion
et de la maternité se confondent dans ce cœur sur ce seul et divin objet. Se
peut-il imaginer quelque chose de plus sublime que cet état de Mère de Dieu ;
et n’avions-nous pas raison de dire que, pour le comprendre tel qu’il est en
réalité, il nous faudrait comprendre Dieu lui-même, qui seul pouvait le
concevoir dans son infinie sagesse, et seul le réaliser dans sa puissance sans
bornes ?
Une Mère de Dieu ! Tel
est le mystère pour la réalisation duquel le monde était dans l’attente depuis
tant de siècles ; l’œuvre qui, aux yeux de Dieu, dépassait à l’infini, comme
importance, la création d’un million de mondes. Une création n’est rien pour sa
puissance ; il dit, et toutes choses sont faites. Au contraire, pour qu’une
créature devienne Mère de Dieu, il a dû non seulement intervertir toutes les
lois de la nature en rendant féconde la virginité, mais se placer divinement
lui-même dans des relations de dépendance, dans des relations filiales, à
l’égard de l’heureuse créature qu’il a choisie. Il a dû lui conférer des droits
sur lui-même, accepter des devoirs envers elle ; en un mot, en faire sa Mère et
être son Fils.
Il suit de là que les
bienfaits de cette Incarnation que nous devons à l’amour du Verbe divin, nous
pourrons et nous devrons, avec justice, les rapporter dans un sens véritable,
quoique inférieur, à Marie elle-même. Si elle est Mère de Dieu, c’est qu’elle a
consenti à l’être. Dieu a daigné non seulement attendre ce consentement, mais
en faire dépendre la venue de son Fils dans la chair. Comme ce Verbe éternel
prononça sur le chaos ce mot FIAT, et la création sortit du néant pour lui
répondre ; ainsi, Dieu étant attentif, Marie prononça aussi ce mot FIAT, qu’il
me soit fait selon votre parole, et le propre Fils de Dieu descendit dans son
chaste sein. Nous devons donc notre Emmanuel, après Dieu, à Marie, sa glorieuse
Mère.
Cette nécessité
indispensable d’une Mère de Dieu, dans le plan sublime du salut du monde,
devait déconcerter les artifices de l’hérésie qui avait résolu de ravir la
gloire du Fils de Dieu. Selon Nestorius, Jésus n’eût été qu’un homme ; sa Mère
n’était donc que la mère d’un homme : le mystère de l’Incarnation était
anéanti. De là, l’antipathie de la société chrétienne contre un si odieux
système. D’une seule voix, l’Orient et l’Occident proclamèrent le Verbe fait
chair, en unité de personne, et Marie véritablement Mère de Dieu, Deipara,
Theotocos, puisqu’elle a enfanté Jésus-Christ. Il était donc bien juste qu’en
mémoire de cette grande victoire remportée au concile d’Ephèse, et pour
témoigner de la tendre vénération des chrétiens envers la Mère de Dieu, des
monuments solennels s’élevassent qui attesteraient aux siècles futurs cette
suprême manifestation. Ce fut alors que commença dans les Églises grecque et
latine le pieux usage de joindre, dans la solennité de Noël, la mémoire de la
Mère au culte du Fils. Les jours assignés à cette commémoration furent
différents ; mais la pensée de religion était la même.
A Rome, le saint Pape
Sixte III fit décorer l’arc triomphal de l’Église de Sainte-Marie ad Praesepe,
de l’admirable Basilique de Sainte-Marie-Majeure, par une immense mosaïque à la
gloire de la Mère de Dieu. Ce précieux témoignage delà foi du cinquième siècle
est arrivé jusqu’à nous ; et au milieu du vaste ensemble sur lequel figurent,
dans leur mystérieuse naïveté, les événements racontés par les saintes
Écritures et les plus vénérables symboles, on peut lire encore la noble
inscription par laquelle le saint Pontife dédiait ce témoignage de sa
vénération envers Marie, Mère de Dieu, au peuple fidèle : XISTUS EPISCOPUS
PLEBI DEI.
Des chants spéciaux
furent composés aussi à Rome pour célébrer le grand mystère du Verbe fait homme
par Marie. De sublimes Répons, de magnifiques Antiennes, ornés d’un chant grave
et mélodieux, vinrent servir d’expression à la piété de l’Église et des
peuples, et ils ont porté cette expression à travers tous les siècles. Entre
ces pièces liturgiques, il est des Antiennes que l’Église Grecque chante avec
nous, dans sa langue, en ces mêmes jours, et qui attestent l’unité de la foi en
même temps que la communauté des sentiments, en présence du grand mystère du Verbe
incarné.
AUX PREMIÈRES VÊPRES.
Les premières Vêpres de
la Circoncision sont rendues plus solennelles par le chant de cinq des
vénérables Antiennes dont nous parlions tout à l’heure ; l’Office se compose en
outre des Psaumes assignés, pendant toute l’année, aux Vêpres de la sainte
Vierge.
Le premier de ces
Psaumes, en célébrant la Royauté, le Sacerdoce et la suprême Judicature de
l’Emmanuel, révèle en même temps la haute dignité de celle qui l’a enfanté. Le
second renferme la louange du Dieu qui élève les humbles et qui rend féconde la
stérilité ; il annonce magnifiquement les grandeurs et la fécondité de Marie,
Mère de Dieu et Mère des hommes. Les trois derniers Psaumes contiennent l’éloge
de Jérusalem, Cité de Dieu et symbole de Marie.
A LA MESSE.
La Station est à
Sainte-Marie au delà du Tibre. Il était bien juste de glorifier cette Basilique
à jamais vénérable entre celles que la piété catholique a consacrées à Marie.
La plus ancienne des Églises de Rome dédiées à la sainte Vierge, elle lui fut
consacrée par saint Calliste, dès le troisième siècle, dans l’ancienne Taberna
Meritoria, lieu célèbre chez les auteurs païens eux-mêmes par cette fontaine
d’huile qui en sortit, sous le règne d’Auguste, et coula jusqu’au Tibre. La
piété des peuples s’est plu à voir, dans cet événement, un symbole du Christ
(unctus) qui devait bientôt naître ; et la Basilique porte encore aujourd’hui
le titre de Fons olei.
L’Introït, comme la
plupart des autres pièces chantées de cette Messe, est celui de Noël, à la Messe
du Jour. Il célèbre la Naissance de l’Enfant qui nous est né, et qui compte
aujourd’hui son huitième jour.
Dans la Collecte,
l’Église célèbre la virginité féconde de la Mère de Dieu, et nous montre Marie
comme la source dont Dieu s’est servi pour répandre le bienfait de
l’Incarnation sur le genre humain. Elle représente à Dieu lui-même les
espérances que nous fondons sur l’intercession de cette créature privilégiée.
ÉPÎTRE.
En ce jour où nous
plaçons maintenant le renouvellement de notre année civile, les conseils du
grand Apôtre viennent à propos pour avertir les fidèles de l’obligation où ils
sont de sanctifier le temps qui leur est donné. Renonçons donc aux désirs du
siècle ; vivons avec sobriété, justice et piété ; et que rien ne nous distraie
de l’attente de cette béatitude que nous espérons. Le grand Dieu et sauveur
Jésus-Christ, qui apparaît en ces jours dans sa miséricorde, pour nous
enseigner, reviendra dans sa gloire, pour nous récompenser. Le mouvement du
temps nous avertit que ce jour approche ; purifions-nous, et devenons un peuple
agréable aux yeux du Rédempteur, un peuple appliqué aux bonnes œuvres.
Le Graduel chante la
venue du divin Enfant, et invite toutes les nations à le glorifier, lui et son
Père qui l’avait promis et qui nous l’envoie.
ÉVANGILE.
L’enfant est circoncis ;
il n’appartient plus seulement à la nature humaine ; il devient, par ce
symbole, membre du peuple choisi et voué au service de Dieu. Il se soumet à
cette cérémonie douloureuse, à ce signe de servitude, pour accomplir toute
justice. Il reçoit en retour le nom de Jésus ; et ce nom veut dire Sauveur ; il
nous sauvera donc, mais c’est par son sang qu’il nous sauvera. Telle est la
volonté divine, acceptée par lui. La présence du Verbe incarné sur la terre a
pour but un Sacrifice, et ce Sacrifice commence déjà. Il pourrait être plein et
parfait par cette seule effusion du sang d’un Dieu-Homme ; mais l’insensibilité
du pécheur, dont l’Emmanuel est venu conquérir l’âme, est si profonde, que ses
yeux contempleront trop souvent, sans l’émouvoir, les torrents du sang divin
qui a ruisselé sur la croix. Les quelques gouttes du sang de la circoncision
auraient suffi à la justice du Père ; elles ne suffisent pas à la misère de
l’homme ; et le cœur du divin Enfant veut par-dessus tout guérir cette misère.
C’est pour cela qu’il vient ; et il aimera les hommes jusqu’à l’excès ; car il
ne veut point porter en vain le nom de Jésus.
L’Offertoire célèbre la puissance
de l’Emmanuel. En ce moment où il nous apparaît blessé par le couteau de la
circoncision, exaltons d’autant plus sa puissance, sa richesse et son
indépendance. Célébrons aussi son amour ; car s’il vient partager nos plaies,
c’est pour les guérir.
Pendant la Communion,
l’Église se réjouit dans le nom du Sauveur qui vient, et qui remplit toute
l’étendue de ce nom, en rachetant tous les habitants de la terre. Elle demande
ensuite, par l’entremise de Marie, que le divin remède de la Communion soit, pour
nos cœurs, la guérison du péché, afin que nous puissions offrir à Dieu
l’hommage de cette circoncision spirituelle dont parle l’Apôtre.
L’Église Grecque, au 26
Décembre, jour consacré par elle à la Mère de Dieu, prodigue de pompeuses
louanges à Marie. Nous empruntons à ses Menées les deux seules strophes qui
suivent, dont la première est en même temps l’Antienne de Benedictus du jour de
la Circoncision, au Bréviaire Romain.
Un mystère admirable se
manifeste aujourd’hui : les deux natures s’unissent dans un prodige nouveau ;
Dieu se fait homme ; il reste ce qu’il était, il prend ce qu’il n’était pas,
sans souffrir ni mélange ni division.
La vigne mystique, après
avoir produit sans culture la céleste grappe, la soutenait sur ses bras, comme
sur ses rameaux : Tu es mon fruit, disait-elle, tu es ma vie ; je sais de
toi-même que je suis encore ce que j’étais, ô mon Dieu ! car le sceau de ma
virginité n’a point été brisé : c’est pourquoi je te proclame immuable et Verbe
fait chair. Je n’ai point connu l’homme, mais je te reconnais pour le
libérateur de la commune perdition ; je suis toujours chaste, même après ta
naissance. Tel tu trouvas mon sein, tel tu l’as laissé : c’est pourquoi toute
créature me chante et s’écrie : « Réjouis-toi, ô pleine de grâce ! »
Considérons, en ce
huitième jour de la Naissance du divin Enfant, le grand mystère de la
Circoncision qui s’opère dans sa chair. C’est aujourd’hui que la terre voit
couler les prémices du sang qui doit la racheter ; aujourd’hui que le céleste
Agneau, qui doit expier nos péchés, commence à souffrir pour nous. Compatissons
à notre Emmanuel, qui s’offre avec tant de douceur à l’instrument qui doit lui
imprimer une marque de servitude.
Marie, qui a veillé sur
lui dans une si tendre sollicitude, a vu venir cette heure des premières
souffrances de son Fils, avec un douloureux serrement de son cœur maternel.
Elle sent que la justice de Dieu pourrait ne pas exiger ce premier sacrifice,
ou encore se contenter du prix infini qu’il renferme pour le salut du monde ;
et cependant, il faut que la chair innocente de son Fils soit déjà déchirée, et
que son sang coule déjà sur ses membres délicats.
Elle voit avec désolation
les apprêts de cette dure cérémonie ; elle ne peut ni fuir, ni considérer son
Fils dans les angoisses de cette première douleur. Il faut qu’elle entende ses
soupirs, son gémissement plaintif, qu’elle voie des larmes descendre sur ses
tendres joues. « Mais lui pleurant, dit saint Bonaventure, crois-tu que sa Mère
pût contenir ses larmes ? Elle pleura donc quant et quant elle-même. La voyant
ainsi pleurer, son Fils, qui se tenait debout sur le giron d’icelle, mettait sa
petite main à la bouche et au visage de sa Mère, comme la priant par signe de
ne pas pleurer ; car celle qu’il aimait si tendrement, il la voulait voir
cesser de pleurer. Semblablement de son côté, cette douce Mère, de qui les
entrailles étaient totalement émues par la douleur et les larmes de son Enfant,
le consolait parle geste et les paroles. Et de vrai, comme elle était moult
prudente, elle entendait bien la volonté d’icelui, jaçoit qu’il ne parlât
encore. Et elle disait : Mon Fils, si vous me voulez voir cesser de pleurer,
cessez vous-même ; car je ne puis, vous pleurant, ne point pleurer aussi. Et
lors, par compassion pour sa Mère, le petit Fils désistait de sangloter. La
Mère lui essuyait alors les yeux, et aussi les siens à elle, et puis elle
appliquait son visage sur le visage de son Enfant, l’allaitait et le consolait
de toutes les manières qu’elle pouvait [4]. »
Maintenant, que
rendrons-nous au Sauveur de nos âmes, pour la Circoncision qu’il a daigné
souffrir, afin de nous montrer son amour ? Nous devrons suivre le conseil de
l’Apôtre [5], et circoncire notre cœur de toutes ses mauvaises affections, en
retrancher le péché et ses convoitises, vivre enfin de cette nouvelle vie dont
Jésus enfant nous apporte du ciel le simple et sublime modèle. Travaillons à le
consoler de cette première douleur ; et rendons-nous de plus en plus attentifs
aux exemples qu’il nous donne.
A la louange du Dieu
circoncis, nous chanterons cette belle Séquence empruntée aux anciens Missels
de l’Église de Paris.
SÉQUENCE.
Aujourd’hui, est apparue
la merveilleuse vertu de la grâce, dans la Circoncision d’un Dieu.
Un Nom céleste, un Nom de
salut, le Nom de Jésus lui est donné.
C’est le Nom qui sauve
l’homme, le Nom que la bouche du Seigneur a prononcé dès l’éternité.
Dès longtemps, à la Mère
de Dieu, dès longtemps, à l’époux de la Vierge, un Ange l’a révélé.
Nom sacré, tu triomphes
de la rage de Satan et de l’iniquité du siècle.
Jésus, notre rançon,
Jésus, espoir des affligés, guérissez nos âmes malades.
A tout ce qui manque à
l’homme suppléez par votre Nom, qui porte avec lui le salut.
Que votre Circoncision
épure notre cœur, cautérise ses plaies.
Que votre sang répandu
lave nos souillures, rafraîchisse notre aridité, qu’il console nos afflictions.
En ce commencement
d’année, pour étrennes fortunées, préparez notre récompense, ô Jésus ! Amen.
Adam de Saint-Victor nous
offre, pour louer dignement la Mère de Dieu, cette gracieuse composition
liturgique qui a été longtemps un des plus beaux ornements des anciens Missels
Romains-Français.
SÉQUENCE.
Salut ! Ô Mère du Sauveur
! Vase élu, vase d’honneur, vase de céleste grâce.
Vase prédestiné
éternellement, vase insigne, vase richement ciselé par la main de la Sagesse.
Salut ! Mère sacrée du
Verbe, fleur sortie des épines, fleur sans épines ; fleur, la gloire du
buisson.
Le buisson, c’est nous ;
nous déchirés par les épines du péché ; mais vous, vous n’avez pas connu
d’épines.
Porte fermée, fontaine
des jardins, trésor des parfums, trésor des aromates,
Vous surpassez en suave
odeur la branche du cinnamome, la myrrhe, l’encens et le baume.
Salut ! La gloire des
vierges, la Médiatrice des hommes, la mère du salut.
Myrte de tempérance, rose
de patience, nard odoriférant.
Vallée d’humilité, terre
respectée par le soc, et abondante en moissons.
La fleur des champs, le
beau lis des vallons, le Christ est sorti de vous.
Paradis céleste, cèdre
que le fer n’a point touché, répandant sa douce vapeur.
En vous est la plénitude
de l’éclat et de la beauté, de la douceur et des parfums.
Trône de Salomon, à qui
nul trône n’est semblable, pour l’art et la matière.
En ce trône, l’ivoire par
sa blancheur figure le mystère de chasteté, et l’or par son éclat signifie la
charité.
Votre palme est à vous
seule, et vous demeurez sans égale sur la terre et au palais du ciel.
Gloire du genre humain,
en vous sont les privilèges des vertus, au-dessus de tous.
Le soleil brille plus que
la lune, et la lune plus que les étoiles ; ainsi Marie éclate entre toutes les
créatures.
La lumière sans éclipse,
c’est la chasteté de la Vierge ; le feu qui jamais ne s’éteint, c’est sa
charité immortelle.
Salut ! Mère de
miséricorde, et de toute la Trinité l’auguste habitation.
Mais à la majesté du
Verbe incarné vous avez offert un sanctuaire spécial.
O Marie ! Étoile de la
mer, dans votre dignité suprême, vous dominez sur tous les ordres de la céleste
hiérarchie.
Sur votre trône élevé du
ciel, recommandez-nous à votre Fils ; obtenez que les terreurs ou les
tromperies de nos ennemis ne triomphent pas de notre faiblesse.
Dans la lutte que nous
soutenons, défendez-nous par votre appui ; que la violence de notre ennemi
plein d’audace et de fourberie cède à votre force souveraine ; sa ruse, à votre
prévoyance.
Jésus ! Verbe du Père souverain,
gardez les serviteurs de votre Mère ; déliez les pécheurs, sauvez-les par votre
grâce, et imprimez sur nous les traits de votre clarté glorieuse. Amen.
[4] Méditations sur la
Vie de Jésus-Christ, par saint Bonaventure. Tome Ier, page 51.
[5] Coloss. II, 11.
Friedrich Herlin, Beschneidung Christi, 1446, St. Jakob (Rothenburg ob der Tauber), Hochaltar
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum
OCTAVE DU SEIGNEUR
Sainte-Marie au
Transtévère.
Tel était, dans les
calendriers romains, le titre primitif de la synaxe de ce jour, jusqu’à ce que,
sous l’influence des liturgies gallicanes, on lui ait ajouté celui de la
circoncision du Seigneur. D’ailleurs, dans les premiers temps après la paix de
l’Église, les fêtes païennes du premier de l’an et les danses désordonnées qui
l’accompagnaient avaient dissuadé les Papes de célébrer une station en ce jour
; d’autant plus que toute la quinzaine qui va de Noël à l’Épiphanie était
considérée comme la fête ininterrompue de la théophanie du Divin Enfant, et
que, d’autre part, l’octave était un privilège spécial de la solennité de
Pâques. Mais quand, vers la fin du VIe siècle, on voulut réagir contre les
derniers efforts de la religion païenne, qui se débattait désespérément dans
son agonie, alors que dans les pays de rit gallican on institua la fête de la
circoncision du divin Enfant, à Rome on préféra solenniser le huitième jour de
la naissance du Seigneur. Il ne s’agissait pas à proprement parler d’une octave
comme celle de Pâques, et, plus tard, de celle de la Pentecôte, qui se
terminaient l’une et l’autre le samedi suivant, et ce jour devint une fête d’un
caractère quelque peu vague et tout à fait spécial, qui tombait presque au
milieu du cycle de Noël, comme la solennité du mediante die festo, que
célébraient les grecs au milieu du temps pascal. Nous ne savons rien de la
basilique stationnale primitive ; dans le lectionnaire de Würzbourg est
indiquée Sainte-Marie ad Martyres dans le Panthéon d’Agrippa, mais après que
Grégoire IV eût érigé, à l’imitation de la Libérienne, une crèche à
Sainte-Marie du Transtévère, la station fut transférée en cette basilique,
sorte de cathédrale transtévérine.
Au XIVe siècle, la messe
papale avait lieu à Saint-Pierre, et le pape se présentait au peuple avec le
pluvial blanc et mitre en tête. En cas d’empêchement, il était remplacé par un
des cardinaux, et alors la bulle de délégation était suspendue toute la journée
à la grille qui entourait la confession de la basilique vaticane.
La messe et l’office de
la fête de ce jour révèlent un caractère mixte et sans grande originalité. Au
début, il s’agissait d’une simple octave du Seigneur ; puis, en relation avec
la basilique mariale où se faisait la station, on y inséra une commémoration
particulière de la virginale maternité de Marie. Plus tard, on y ajouta la
circoncision et la présentation de Jésus au temple, bien que ce dernier
souvenir, certainement par l’influence des Byzantins, dût par la suite être
détaché de l’office du 1er janvier, pour être célébré le 2 février.
L’introït est celui de la
troisième messe de Noël, mais la collecte est différente : « O Dieu, qui, au
moyen de la virginité féconde de la Bienheureuse Marie, avec concédé au genre
humain la grâce du salut éternel, accordez-nous d’expérimenter l’efficacité de
l’intercession de Celle par qui nous avons mérité de recevoir parmi nous
l’auteur même de la vie, Jésus-Christ, votre Fils et notre Seigneur. »
La lecture de l’Apôtre
est identique à celle de la nuit de Noël, et aussi le psaume du graduel. Le
verset alléluiatique, au contraire, s’accorde avec la lecture de la troisième
messe de Noël et il est probablement hors de place : « Dieu parla souvent, et de
plusieurs manières, à nos Pères, par l’intermédiaire des prophètes ; en dernier
lieu il nous a parlé au moyen de son propre Fils. » La dignité du Nouveau
Testament surpasse incomparablement celle de l’Ancien. Dans celui-ci, Dieu, au
moyen d’hommes inspirés et par la voie de symboles et de figures typiques, a
daigné révéler aux patriarches quelques-unes seulement des vérités relatives à
l’œuvre de notre Rédemption ; dans le Nouveau, ce ne sont plus quelques jets de
lumière, mais le soleil de justice lui-même qui rayonne sur l’Église, initiée
dès lors à la vérité éternelle tout entière, non plus par la voie indirecte des
symboles, mais par le Fils de Dieu fait Homme et par le Saint-Esprit, qui
continue, accomplit et donne la dernière perfection à l’œuvre de notre salut
éternel.
Le passage suivant de
saint Luc (II, 21) comprenait autrefois en outre le récit de la présentation de
l’Enfant Jésus au temple (22-32) ; c’était avant que Rome n’accueillît la fête
byzantine de l’Hypapante du Seigneur. Sous le nom symbolique de Jésus, imposé
aujourd’hui au Sauveur par Joseph et par Marie, — chacun pour son compte,
celui-là en vertu de la patria potestas qu’il exerçait au nom du Père éternel,
celle-ci en raison de ses droits maternels, — un profond mystère est caché. Il
signifie tout un programme gratuit de salut universel, et il est le suprême
titre de gloire pour le Verbe incarné, à qui Dieu donne nomen quod est super
omne nomen. C’est pourquoi le Rédempteur prend, très à propos, ce nom le jour
de sa circoncision où, en versant les premières gouttes de- son sang précieux,
il commence son sacrifice de Rédemption.
L’antienne de
l’offertoire est la même qu’à la troisième messe de Noël, dont ce jour est
l’octave.
Dans l’oraison sur les
oblations, nous supplions le Seigneur afin que, accueillant nos offrandes et
nos prières, il nous purifie au moyen des divins mystères et qu’il accueille
nos vœux.
L’antienne durant la
Communion est semblable à celle de la troisième messe de Noël.
La splendide collecte
eucharistique, si concise et si expressive, mais pourtant si riche de rythme et
de proportion, implore, par l’intercession de Marie, la purification du péché
et l’obtention de la suprême félicité.
Jésus dans le ciel siège
à la droite du Père, au sein des splendeurs essentielles de sa gloire ; mais
ici-bas, sur la terre, son trône de grâce et de miséricorde le plus approprié
est le sein de la Vierge, qui le soutient, petit Enfant, entre ses bras.
Beschneidung
Christi, circa 1430, 81 x 69, Germanisches Nationalmuseum, Vienne
Dom Pius Parsch, le Guide
dans l’année liturgique
Le Roi offre les prémices
de son sang rédempteur.
Aujourd’hui la liturgie
commémore la Circoncision du Seigneur.
« Quand huit jours furent
passés et que l’Enfant dut être circoncis, on lui donna le nom de Jésus. Ainsi
l’avait déjà nommé l’ange avant qu’il fût conçu dans le sein de sa Mère »
(Év.).
1. La fête a quatre
thèmes principaux : a) la nouvelle année, b) l’Octave de Noël, c) la
Circoncision du Seigneur, d) Marie Mère de Dieu.
a) Aujourd’hui est le
premier jour de l’année civile. L’Église en tient compte, elle a fait de ce
jour une fête d’obligation (dans l’Église universelle). L’Église veut qu’au
seuil de l’année civile, nous apportions à Dieu le tribut de nos hommages. Dieu
est le Maître du temps. Puissions-nous employer tout le temps précieux de
l’année nouvelle selon les vues de la divine Providence, comme une voie qui
nous mène à l’éternité.
b) Nous fêtons aussi
aujourd’hui l’Octave de la fête de Noël. Dans l’esprit de l’Église, les grandes
fêtes ne doivent pas durer un jour seulement, mais se prolonger pendant huit
jours. L’Église est psychologue et sait comment est fait notre esprit. Le
premier jour, notre âme admire, incapable de pénétrer plus avant dans le sens
du mystère ; les jours suivants, elle médite le mystère sous toutes ses faces,
avec son intelligence et son cœur, et le huitième jour elle réunit toutes ses
impressions dans une vue d’ensemble. Pour la fête de Noël, il n’en est pas
entièrement ainsi : l’âme ne peut pas s’attarder tranquillement à la méditation
des pensées de Noël, parce que, pendant l’Octave, on célèbre d’autre fêtes. Le
jour Octave n’en a que plus d’importance. L’Église nous conduit pour la
dernière fois devant l’Enfant divin.
c) Cependant, à côté de
ces pensées générales de Noël, il y a dans la liturgie, un progrès : la
Circoncision du Seigneur. C’est la pensée spéciale du jour. Huit jours après sa
naissance, l’Enfant fut circoncis selon la loi de Moïse et on lui donna le nom
de Jésus qui lui avait déjà été attribué par l’ange, avant sa conception. Ce
mystère de la fête peut être considéré d’un double point de vue, par rapport au
Seigneur et par rapport à nous ; ces deux considérations ont leur fondement
dans la liturgie. Le Christ est venu sur la terre pour nous sauver ; il aurait
pu accomplir la Rédemption par une parole ou par un acte. Mais il voulut
accomplir l’œuvre rédemptrice. par une série d’actes particuliers et les
couronner enfin par un grand acte, sa mort et sa résurrection. Ces actes
particuliers sont accomplis à cause de nous, pour nous faire reconnaître
l’importance et l’efficacité de la Rédemption. A ces phases de l’œuvre
rédemptrice appartient la Circoncision. Aujourd’hui coulent les premières
gouttelettes du sang rédempteur. C’est le premier sacrifice, le sacrifice du
matin que suivra, un jour, le sacrifice du soir (sacrificium vespertinum) sur
la Croix ; aujourd’hui une goutte de sang et dans trente-trois ans, tout le
sang jusqu’à la dernière goutte. La fête d’aujourd’hui est donc un
intermédiaire entre Noël et Pâques, entre la Crèche et la Croix : l’enfant est
encore couché dans sa Crèche et déjà il verse son sang pour l’humanité.
Mais la Circoncision a
aussi des conséquences pour nous. Nous avons pu dire à Noël : le Christ est né,
nous sommes nés avec lui (nous le prions à la Postcommunion comme l’auteur de
notre naissance divine) ; de même nous pouvons dire aujourd’hui : le Christ a
été circoncis, nous prenons part à sa Circoncision. Telle est la tâche de notre
Rédemption, il faut que nos passions mauvaises soient mortifiées. Bien que nous
ayons été sanctifiés au Baptême, nous portons toujours notre nature corrompue
avec nous, nous avons besoin d’une « circoncision du cœur » continuelle. Cela
se fait intérieurement par la participation aux saints mystères, extérieurement
par la poursuite personnelle de la perfection.
d) Aujourd’hui est aussi
une fête de la Sainte Vierge, peut-être la plus ancienne des fêtes de Marie.
L’Église est reconnaissante à Marie à cause de la grande part qu’elle a prise à
l’Incarnation de Notre-Seigneur. Comment la liturgie considère-t-elle
aujourd’hui Marie ? Comme Mère de Dieu et comme Vierge. Il faut citer en
premier lieu les antiennes de Vêpres qui sont tout à fait sur le modèle occidental.
Elles sont riches de pensées et parcourent tout l’Ancien Testament pour lui
emprunter ses prophéties : Gédéon et la toison, le buisson ardent, la racine de
Jessé, l’étoile de Jacob. La liturgie ne s’abandonne pas à des discussions
sentimentales, elle ne se demande pas si, au moment de la circoncision, Marie a
souffert ou pleuré. Non, Marie est la Vierge-prêtre ; joyeuse et grave, elle
offre avec Notre-Seigneur les prémices de son sacrifice. Marie est aussi le
modèle de l’Église et nous indique sa part et notre part dans l’œuvre de la
Rédemption. Aujourd’hui et dans tous le$ temps, notre Mère virginale, l’Église,
est là Elle fait couler par les mains de ses prêtres le sang rédempteur dans le
cœur de ses enfants. Mais notre âme aussi peut et doit prendre la place de
Marie et faire couler à la messe le sang du Sauveur pour elle-même et pour les
âmes de ses frères et de ses sœurs.
2. La messe (Puer natus)
est en grande partie empruntée aux messes de Noël : les chants sont de la
troisième, l’Épître est de la première. Une importance particulière s’attache à
la phrase : « il s’est livré pour nous, afin de nous sauver. » Les oraisons
sont mariales, une preuve que Marie est aujourd’hui au premier plan. L’Évangile
seul est propre, c’est le plus court de l’année. L’église de Station est
actuellement Sainte-Marie au-delà du Tibre (Santa Maria in Transtevere), mais
primitivement c’était la vénérable église de Sainte-Marie des Martyrs,
l’antique Panthéon. Ce choix d’une église de la Vierge est très significatif : la
première effusion de sang de Jésus fait songer à la dernière effusion sur la
Croix. Dans les deux cas, Marie « était là, debout ». — Le sang précieux qui
brille sur l’autel dans le calice est le sang que Notre Seigneur versa pour la
première fois, c’est le sang de la Vierge Marie.
3. Lecture de l’Écriture
(Rom. Chap. IV). Il se trouve aujourd’hui que l’Écriture occurrente concorde
avec les pensées de la fête. Le lien c’est la circoncision. Saint Paul a montré
que la justification ne se produit que par la foi au Christ. Il doit alors
répondre de nouveau à une objection des Juifs : la loi et la circoncision n’ont
donc aucune valeur ? Il répond : non, la loi n’est qu’un pédagogue dont le rôle
est de nous conduire au Christ, elle nous adresse au Christ. « Supprimons-nous
la loi par la foi ? Jamais, mais nous confirmons la loi. » De cela saint Paul
donne une double preuve, en s’appuyant d’abord sur l’histoire d’Abraham (IV,
1-12) puis sur les promesses de Dieu à Abraham (13-25). Dans la première
partie, saint Paul montre que la foi d’Abraham s’affirma avant sa circoncision.
Il est par conséquent le père de tous les Juifs, circoncis comme des païens
incirconcis. « Si Abraham a été justifié par les œuvres, il a une raison de se
glorifier mais pas devant Dieu. Que dit, en effet, l’Écriture ? Abraham crut à
Dieu et cela lui fut imputé à justice... De quelle manière cela lui fut-il
imputé ? Quand il était déjà circoncis ou bien avant d’être circoncis ? Ce
n’est pas en tant que circoncis mais en tant qu’incirconcis. Il reçut le sceau
de la circoncision comme signe de la justification de la foi qu’il avait reçue
comme incirconcis, afin qu’il fût le père de tous les croyants qui sont
incirconcis, afin aussi que la foi leur soit imputée à justice, et le père des
circoncis, de ceux qui sont non seulement circoncis mais encore ont imité notre
père Abraham dans la foi qu’il avait comme incirconcis. »
Dans la seconde partie,
saint Paul prouve la foi d’Abraham par la promesse que Dieu lui fit qu’il
serait le père de beaucoup de peuples. Cette foi est d’autant plus brillante
chez lui que cette promesse lui fut faite avant la naissance d’Isaac. « Il est
écrit : je l’ai établi père de nombreux peuples, car il a cru à Dieu qui
réveille les morts à la vie et appelle à l’existence ceux qui ne sont pas.
Contre toute espérance, il a eu une foi pleine d’espérance qu’il serait le père
de nombreux peuples d’après la parole : Ainsi sera ta descendance. Et il ne fut
pas faible dans la foi en considérant son corps déjà mort — il avait pourtant
près de cent ans — et le sein déjà mort de Sara. Aux promesses de Dieu, il
n’opposa pas le doute et l’incrédulité, mais il fut fort dans la foi, rendant
honneur à Dieu. Il était persuadé que Dieu est assez fort pour accomplir ses
promesses. C’est pourquoi cela lui fut imputé à justice. »
4. Les noms du Seigneur.
Le Sauveur a plusieurs noms ; comment se distinguent-ils ? Le prophète Isaïe le
nomme Emmanuel. Cependant ce n’est pas à proprement parler un nom de Notre
Seigneur, on ne l’appelle jamais ainsi. Le Prophète voulait simplement dire que
Jésus habiterait parmi nous comme Dieu. Mais Notre Seigneur a encore un autre
nom en plus de Jésus, il s’appelle aussi Christ. Christ veut dire : l’oint, le
Messie, le Rédempteur. Ce n’était donc pas à l’origine un nom, mais seulement
un titre désignant le ministère de Notre Seigneur. C’est pourquoi dans saint
Paul le mot Christ est placé le premier : Christus Jesus, c’est-à-dire le
Messie Jésus. Cependant peu à peu ce titre est devenu le second nom de Notre
Seigneur et nous disons de préférence : Jésus-Christ. Nous employons aussi ces
deux noms séparément. Il y a entre les deux une nuance délicate qui, pour nous,
les amis de la liturgie, est d’importance. Jésus est le nom personnel de Notre
Seigneur, le nom qu’emploie de préférence la piété personnelle et subjective.
Par conséquent, quand nous sommes au pied du tabernacle et que nous nous
entretenons familièrement avec Notre Seigneur, le nom de Jésus vient
naturellement sur nos lèvres. Les trois derniers siècles ont été surtout des
siècles de piété subjective, c’est pourquoi on aimait tant à employer le nom de
Jésus. La fête d’aujourd’hui en est une preuve. Mais « Christ » est par
excellence le nom ministériel de Notre Seigneur, c’est le nom qu’aime employer
la liturgie, la piété objective. C’est pourquoi les anciens textes liturgiques
emploient plus souvent le nom de Christ que le nom de Jésus ; par exemple :
dans le Canon nous trouvons cinq oraisons qui se terminent ainsi : par le
Christ Notre Seigneur. Le nom de Jésus se trouve très rarement seul dans la
liturgie, il est presque toujours uni à Christ . Nous comprenons maintenant le
contenu des deux noms saints. Quand nous disons le « Christ », nous voyons
apparaître devant nos regards le divin Grand-Prêtre qui renouvelle son
sacrifice sur l’autel ou bien le divin Roi qui est assis sur le trône de Dieu
et qui reviendra au dernier jour ; en un mot Dieu fait Homme. Mais quand nous
disons : « Jésus », nous voyons l’Homme qui a parcouru les chemins de Judée,
nous le voyons avec son Cœur si bon, sa douceur et son amour, nous voyons ses
souffrances ; nous avons devant nous toute sa vie, c’est l’Homme-Dieu, Jésus.
C’est pourquoi la liturgie nous prescrit d’incliner la tête au nom de Jésus et
non à celui de Christ.
SOURCE : http://www.introibo.fr/Octave-de-la-Nativite-1er-janvier#nh4
Circoncisione del Signore (Solennità)
Fra Filippo Lippi (1406–1469), Circoncisione,
circa 1460, 188 x 164, Church Spirito Santo
LA CIRCONCISION DU
SEIGNEUR
Quatre circonstances
rendent la Circoncision du Seigneur célèbre et solennelle : la première est
l’octave de Noël ; la seconde, l’imposition d'un nom nouveau et annonçant le
salut; la troisième, l’effusion du sang, et la quatrième le signe de la
Circoncision.
Premièrement, c'est
l’octave de la Nativité du Seigneur. Si les octaves des autres saints sont
solennelles, à plus forte raison le sera l’octave du Saint des saints. Mais il
ne semble pas que la naissance du Seigneur doive avoir une octave, parce que sa
naissance menait à la mort. Or, les morts des saints ont des octaves, parce
qu'alors ils naissent pour arriver à une vie éternelle, et pour ressusciter
ensuite dans des corps glorieux. Par la même raison, il semble qu'il ne doive
pas y avoir d'octave à la Nativité de la bienheureuse Vierge et de saint
Jean-Baptiste, pas plus qu'à la résurrection du Seigneur, puisque cette
résurrection a eu lieu réellement. Mais il faut observer, d'après le Prépositif
(Ou Maître Prévost, chancelier de Paris, qui vivait en 1217; il a laissé une
Somme Théologique qui n'a pas été imprimée), qu'il y a des octaves de
surérogation, comme est l’octave du Seigneur, dans laquelle nous suppléons à ce
qui n'a pas été convenablement fait dans la fête, savoir, l’office de celle qui
met au monde. Aussi autrefois c'était la coutume de chanter la messe Vultum
tuum, etc., en l’honneur de la sainte Vierge. Il v a encore des octaves de
vénération, comme à Pâques, à la Pentecôte, pour la sainte Vierge, et pour
saint Jean-Baptiste ; d'autres de dévotion, comme il peut s'en trouver pour
chaque saint; d'autres enfin qui sont symboliques, comme sont les octaves
instituées en l’honneur des saints et qui signifient l’octave de la
résurrection.
Secondement, c'est
l’imposition d'un nom nouveau et salutaire. Aujourd'hui en effet il fut imposé
au Sauveur un nom nouveau que la bouche du Seigneur a donné : « Aucun autre nom
sous le ciel n'a été donné aux hommes, par lequel nous dévions être sauvés. » «
C'est un nom, dit saint Bernard, qui est un miel à la bouche, une mélodie à
l’oreille, une jubilation au cœur. » « C'est un nom, dit encore le même Père,
qui, comme l’huile, brille aussitôt qu'on l’emploie, nourrit, quand on le
médite ; il oint et il adoucit les maux à l’instant qu'on l’invoque. » Or,
J.-C. a eu trois noms, comme l’évangile le dit, savoir, Fils de Dieu, Christ et
Jésus. Il est appelé Fils de Dieu, en tant qu'il est Dieu de Dieu; Christ, en
tant qu'il est homme dont la personne divine a pris lia nature humaine; Jésus,
en tant qu'il est Dieu uni à l’humanité. Au sujet de ces trois noms, écoutons
saint Bernard: « Vous qui êtes dans la poussière, réveillez-vous et chantez les
louanges de Dieu. Voici que le Seigneur vient avec le salut; il vient avec des
parfums, il vient avec gloire. En effet Jésus ne vient pas sans sauver, ni le
Christ sans oindre. Le fils de Dieu ne vient pas sans gloire, puisqu'il est
lui-même le salut ; il est lui-même le parfum, lui-même la gloire. » Mais il
n'était pas connu parfaitement sous ce nom avant la passion. Quant au premier
en effet, il n'était connu de quelques-uns que par conjecturé, par exemple, des
démons qui le disaient Fils de Dieu; quant au second, il n'était connu qu'en
particulier, c'est-à-dire de quelques-uns, mais en petit nombre, comme étant le
Christ. Quant au troisième, il n'était connu que quant au mot, Jésus n'était pas
compris d'après sa véritable signification qui est sauveur. Mais après la
résurrection, ce triple nom fut clairement manifesté : le premier par
certitude, le second par diffusion, le troisième par signification. Or, le
premier nom c'est Fils de Dieu. Et pour prouver que ce nom lui convient à bon
droit, voici ce que dit saint Hilaire en son livre de la Trinité : « On connut
de plusieurs manières que le Fils unique de Dieu est N.-S. J.-C. Le Père
l’atteste ; il s'en avantage, lui-même; les apôtres le prêchent; les hommes
religieux le croient ; les démons l’avouent ; les juifs le nient ; les gentils
l’apprennent dans sa passion. » Le même père dit encore : « Nous connaissons
N.-S. J.-C., de ces différentes manières, par le nom, par la naissance, par la
nature, par la puissance et par la- manifestation. » Le second nom c'est
Christ, qui signifie oint. En effet, il fut oint d'une huile de joie au-dessus
de tous ceux qui participeront à sa gloire » (saint Paul aux Hébr.). En le
disant oint, on insinue qu'il fut prophète, athlète, prêtre et roi. Or, ces
quatre sortes de personnes recevaient autrefois des onctions. Il fut prophète
dans l’enseignement de la doctrine, athlète en déformant le diable, Prêtre en
réconciliant les hommes avec son père, roi en rétribuant des récompenses. C'est
de ce second nom que vient le nôtre. Nous sommes appelés chrétiens de Christ.
Voici ce que saint Augustin dit de ce nom: « Chrétien, c'est un nom de justice,
de bonté, d'intégrité, de patience, de chasteté, de pudeur, d'humanité, d'innocence,
de piété. Et toi, comment le revendiques-tu ? comment te l’appropries-tu; quand
c'est à peine s'il te reste quelques-unes de ces qualités? Celui-là est
chrétien qui ne l’est pas seulement par le nom, mais encore par les oeuvres »
(saint Augustin). Le troisième nom c'est Jésus. Or, ce nom de Jésus, d'après
saint Bernard, veut dire nourriture, fontaine, remède et lumière. Mais ici la
nourriture a des effets multiples; c'est une nourriture confortable, elle
engraisse, elle endurcit et elle donne la vigueur. Ecoutons saint Bernard sur
ces qualités : «C'est une nourriture que ce nom de Jésus. Est-ce que vous ne
vous sentez pas fortifiés, toutes les fois que vous vous en souvenez? Qu'y
a-t-il qui nourrisse tant l’esprit de celui qui y pense? quoi de plus
substantiel pour réparer les sens fatigués, rendre les vertus plus mâles,
fomenter les bonnes moeurs, entretenir les affections chastes? » Secondement;
c'est une fontaine. Saint Bernard en donne la raison. « Jésus est la fontaine
scellée de la vie, qui se répand dans les plaines par quatre ruisseaux, qui
sont pour nous sagesse, justice, sanctification, et rédemption : sagesse dans
la prédication, justice dans l’absolution des péchés, sanctification dans la
conversation ou la conversion, rédemption, dans la passion. » En un autre
endroit ce père dit encore : « Trois ruisseaux émanèrent de Jésus : la parole
de douleur, c'est la confession ; le sang de l’aspersion, c'est l’affliction;
l’eau de purification, c'est la componction. » Troisièmement c'est un remède.
Voici ce que le même Bernard dit : « Ce nom de Jésus est encore un remède. En
effet rien comme lui ne calme l’impétuosité de la colère, ne déprime l’enflure
de l’orgueil, ne guérit les plaies de l’envie, ne repousse les assauts de la
luxure, n'éteint la flamme de la convoitise, n'apaise la soif de l’avarice et
ne bannit tous les désirs honteux et déréglés. » Quatrièmement, c'est une
lumière, dit-il: « D'où croyez-vous qu'ait éclaté sur l’univers entier la si
grande et si subite lumière de la foi, si ce n'est de la prédication du nom de
Jésus ? C'est ce nom que Paul portait devant les nations et les rois comme un
flambeau sur un candélabre. » En outre ce nom est d'une bien brande suavité. «
Si vous écrivez un livre, dit saint Bernard, je ne suis pas content si je n'y
lis Jésus ; si vous discutez, si vous conférez, je ne suis pas content, si je
n'entends nommer Jésus. » Et Richard de Saint-Victor : « Jésus, dit-il; est un
nom suave, un nom délectable, un nom qui 'conforte le pécheur, et un nom d'un
bon espoir. Eh bien donc, Jésus, soyez-moi Jésus. » Secondement c'est nu nom
d'une grande vertu. Voici les paroles de Pierre de Ravesne : « Vous lui
imposerez le nom de Jésus, c'est-à-dire, le nom qui a donné aux aveugles la
vue, aux sourds l’ouïe, aux boiteux le marcher; aux muets la parole, aux morts
la vie, et la vertu de ce nom a mis en fuite toute la puissance du diable sur
les corps obsédés. » Troisièmement, il. est d'une haute excellence et
sublimité. Saint Bernard : « C'est le nom de mon Sauveur, de mon frère, de ma
chair, de mon sang; c'est le nom caché au siècle, mais qui a été révélé à 1a
fin des siècles: nom admirable, nom ineffable, nom inestimable, et d'autant
plus admirable qu'il est inestimable, d'autant plus gracieux qu'il est gratuit.
» Ce nom de Jésus lui a été imposé par l’Eternel, par l’ange, par Joseph, son
père putatif. En effet Jésus signifie Sauveur. Or, Sauveur se dit de trois
manières : de la puissance de sauver, de l’aptitude à sauver, de l’action de
sauver.
Quant à la puissance, ce
nom lui convient de toute éternité; à l’aptitude de sauver, il lui fut imposé
ainsi par l’ange et il lui convient dès le principe de sa conception; à
l’action de sauver, Joseph le lui imposa en raison de sa passion future, et la
glose sur ces paroles, « vous l’appellerez Jésus », dit : Vous imposerez un nom
qui a été imposé par l’ange ou par l’Eternel ; et la glose touche ici la triple
dénomination qu'on vient d'établir. Quand on dit : vous imposerez le nom, on
veut faire entendre la dénomination par Joseph ; quand on dit: qui a été imposé
par l’ange ou par l’Eternel, on veut faire entendre les deux autres. Donc c'est
à bon droit qu'au jour qui commence l’année, selon la constitution de Rome, la
capitale du monde, au jour qui est marqué de la lettre capitale de l’alphabet
(Dans le calendrier, chaque jour de la semaine est distingué par une des sept
premières lettres de l’alphabet, et le premier jour est marqué de l’A capitale
ou majuscule) ; le Christ, le chef de l’Eglise est circoncis, qu'un nom lui est
donné et qu'on célèbre le jour de l’octave de sa naissance.
Troisièmement, l’effusion
du sang de J.-C. C'est aujourd'hui en effet que la première fois, pour nous, il
a commencé à verser son sang, lui qui plus tard a voulu le répandre plus d'une
fois. Car il a versé pour nous son sang à cinq reprises différentes : 1° dans
la circoncision, et ce fut le commencement de notre rédemption ; 2° dans la
prière (du jardin) où il manifesta son désir de notre rédemption; 3° dans la
flagellation, et cette effusion fut le mérite de notre rédemption, parce que
nous avons été guéris par sa lividité; 4° dans la crucifixion, et ce fut le
prix de notre rédemption, car il a payé alors ce qu'il n'a pas pris (Ps.
LXVIII, 5); 5° dans l’ouverture de son côté, et ce fut le sacrement de notre
rédemption. En effet, il en est sorti du sang et; de l’eau, ce qui figurait due
nous devions être purifiés par l’eau du baptême, lequel devait tirer toute son
efficacité du sang de J.-C.
Quatrièmement enfin, le
signe de la circoncision que J.-C. a daigné recevoir aujourd'hui. Or, le
Seigneur voulut être circoncis pour beaucoup de motifs. 1° Pour lui-même, afin
de montrer qu'il avait pris véritablement une chair d'homme. Il savait du resté
qu'on devait soutenir qu'il avait pris non pas un vrai corps, mais un corps
fantastique, et c'est pour confondre cette erreur qu'il a voulu être circoncis
et répandre alors de son sang ; en effet un corps fantastique ne jette pas de
sang. 2° Pour nous-mêmes, afin de nous montrer l’obligation de nous circoncire
spirituellement. Selon saint Bernard, « il y a deux sortes de circoncision qui
doivent être faites par nous, l’extérieure dans la chair et l’intérieure dans
l’esprit. La circoncision extérieure consiste en trois choses : dans notre
manière d'être, afin qu'elle ne soit pas singulière; dans nos actions, pour
qu'elles ne soient pas répréhensibles ; dans nos discours, afin qu'ils
n'encourent pas le mépris. Semblablement, l’intérieure consiste en trois choses
: savoir, dans la pensée, pour qu'elle soit sainte, dans l’affection pure, dans
l’intention » (Saint Bernard). Par un autre motif, il a voulu être circoncis
pour nous sauver. De même en effet que l’on cautérise un membre afin de guérir
tout le corps, de même J.-C. a voulu supporter 1a cautérisation de la circoncision
pour que tout le corps mystique fût sauvé (Coloss., II). « Vous avez été
circoncis d'une circoncision qui n'est pas faite de main d'homme, mais qui
consiste dans le dépouillement du corps charnel, c'est-à-dire de la
circoncision de J.-C. ; » la glose ajoute, dans le dépouillement des vices,
comme par une pierre très aiguë, «or, la pierre était 1è Christ. » Dans l’Exode
(IV, 25) on lit : « Séphora prit aussitôt une pierre très aiguë, et circoncit
le prépuce de son fils. » Sur quoi la glose donne deux explications. La
première : vous avez été circoncis, dis-je, d'une circoncision qui n'est pas
faite de main d'homme, c'est-à-dire que ce n'est pas couvre d'homme, mais
couvre de Dieu, c'est-à-dire circoncision spirituelle. Cette circoncision se
fait par le dépouillement du corps charnel, savoir, le dépouillement de la
chair de l’homme, c'est-à-dire des vices et des désirs charnels, d'après le
sens qu'on attribue au mot chair, dans ce passage de saint Paul (1 Corinth.,
VIII) : « La chair et le sang ne posséderont pas le royaume de Dieu, etc... »
Vous êtes, dis-je, circoncis d'une circoncision qui n'est pas faite par la
main, mais d'une circoncision spirituelle. La deuxième explication de la glose
est celle-ci : vous avez été circoncis, dis-je, en J.-C., et cela d'une,circoncision
qui n'est pas faite par la main, c'est-à-dire d'une circoncision légale : cette
circoncision qui vient de la main, se fait dans le dépouillement du corps
charnel, savoir, du corps qui est chair, c'est-à-dire de la peau de la chair
qui est enlevée dans la circoncision légale. Vous n'êtes pas, dis-je, circoncis
de cette circoncision, mais de la circoncision" de J.-C., c'est-à-dire
spirituelle, dans laquelle tous les vices sont retranchés. Aussi on lit dans
saint Paul aux Romains (II, 28) : « Le juif n'est pas celui qui l’est au
dehors, et la véritable circoncision n'est pas celle qui se fait dans la chair
et qui n'est qu'extérieure; mais le juif est celui qui l’est intérieurement ;
et la circoncision du coeur se fait par l’esprit et non selon la lettre de la
loi ; et ce juif tire sa louange, non des hommes, mais de Dieu. Vous avez été
circoncis d'une circoncision qui n'est pas faite de main d'homme par le
dépouillement du corps charnel, mais de la circoncision de J.-C. » 3° J.-C. a
voulu être circoncis par rapport aux Juifs, afin qu'ils fussent inexcusables.
Car s'il n'avait pas été circoncis, les Juifs auraient pu s'excuser et dire :
Ce pourquoi nous ne vous recevons pas, c'est que vous n'êtes pas semblable à
nos pères. 4° Par rapport aux démons, afin qu'ils ne connussent pas le mystère
de l’incarnation. En effet, comme la circoncision était faite contre le péché
originel, le diable crut que J.-C., qui était circoncis lui-même, était un
pécheur semblable aux autres, puisqu'il avait besoin du remède de la
circoncision. C'est pour cela aussi qu'il a voulu que sa mère fût mariée,
quoiqu'elle soit toujours restée vierge. 5° Pour accomplir toute justice. Car,
de même qu'il a voulu être baptisé pour accomplir toute justice, c'est-à-dire
toute humilité, laquelle consiste à se soumettre à moindre :que soi, de même
aussi il a voulu être circoncis afin de nous offrir un modèle d'humilité,
puisque lui, l’auteur et le maître de la loi, a voulu se soumettre à la loi. 6°
Pour approuver la loi mosaïque qui était bonne et sainte, et qui devait être
accomplie, parce qu'il n'était pas venu détruire la loi, mais l’accomplir. Et
saint Paul a dit aux Romains (XV, 8) : « Je vous déclaré que J.-C. a été le
ministre des circoncis afin que Dieu fût reconnu véritable. par l’accomplissement
des promesses faites à leurs pères. »
Quant aux raisons pour
lesquelles la circoncision se faisait le huitième jour, on peut en assigner un
grand nombre. 1° Selon le sens historique ou littéral. D'après le rabbin Moïse,
profond philosophe et théologien, quoique juif, l’enfant, dans les sept jours
qui suivent sa naissance, a les chairs aussi molles qu'il les avait dans le
sein de sa mère, mais à huit jours il s'est fortifié et affermi, et c'est pour
cela, ajoute-t-il, que le Seigneur n'a pas voulu que les petits enfants fussent
circoncis, de peur qu'à cause de cette trop grande mollesse, ils ne fussent par
trop blessés ; et il n'a pas voulu que la circoncision eût lieu plus tard que
le huitième jour, pour trois causes que ce philosophe énumère : 1° afin
d'éviter le péril de mourir auquel aurait, pu être exposé l’enfant, si on
l’avait différée davantage ; 2° pour épargner la douleur à l’enfant : dans la
circoncision, en effet, cette douleur est très vive ; aussi le Seigneur a-t-il
voulu que la circoncision se fit alors que l’imagination des enfants est peu
développée pour qu'ils en ressentissent une moindre douleur ; 3° pour épargner
du chagrin aux parents, car comme la plupart des petits enfants mouraient de la
circoncision, s'ils avaient été circoncis quand ils seraient devenus grands et
qu'ils en fussent morts, le chagrin des parents eût été plus grand que s'ils
eussent succombé à huit jours seulement. 2° Selon le sens anagogique ou,
céleste. La circoncision avait lieu au huitième jour pour donner à comprendre
que dans l’octave de la résurrection, nous serions circoncis de toute peine et
misère. Et d'après cela, ces huit jours seront les huit âges : le 1er d'Adam à
Noë , le 2e de Noë à Abraham ; le 3e d'Abraham à Moïse ; le 4e de Moïse à
David; le 5e de David à J.-C. ; le 6e de J.-C. à la fin du monde ; le 7e de la
mort; le 8e de la résurrection. Ou bien encore par les huit jours, on entend
les huit qualités que nous posséderons dans la vie éternelle et que saint
Augustin énumère ainsi : « Je serai leur Dieu, c'est-à-dire, je serai ce qui
les rassasiera. Je serai tout ce qu'on peut honnêtement désirer : vie, salut,
force, abondance, gloire, honneur, paix et tout bien. Par les sept jours, on
entend encore l’homme composé du corps et de l’âme. Il y a quatre jours qui
sont les quatre éléments dont se compose le corps, et les trois jours sont les
trois puissances de l’âme qui sont le concupiscible, l’irascible et le
rationnel. L'homme donc qui maintenant a les sept jours, dès lors qu'il sera
conjoint avec l’unité clé l’éternelle incommutabilité, aura alors huit jours,
et dans ce huitième jour, il sera circoncis et délivré de toute peine et de
toute coulpe. 3° Selon le sens tropologique ou moral, d'après lequel les huit
jours peuvent être expliqués de diverses manières. Le premier peut être la
connaissance du péché, d'après le Psalmiste : « Voici que je connais mon
iniquité » (Ps. L). Le second c'est le bon propos de quitter le mal et de faire
le bien; il est indiqué par l’enfant prodigue qui dit : «Je me lèverai et
j'irai à mon père. » Le troisième c'est la honte du péché, sur quoi l’apôtre
dit : « Quel fruit avez-vous donc retiré de ce qui vous fait maintenant rougir.
» Le quatrième, c'est la crainte du jugement futur. « J'ai craint Dieu comme
des flots suspendus au-dessus de moi » (Job). « Soit que je mange, soit que je
boive, soit que je fasse quelque autre chose, il me semble toujours entendre
résonner. à mes oreilles, cette parole : « Levez-vous; morts, et venez au
jugement » (Saint Jérôme). Le cinquième, c'est la contrition, ce qu'a dit
Jérémie (VI, 26) : « Pleurez comme une mère qui pleure son fils unique. » Le
sixième, c'est la confession (Ps. XXXI, 5) : « J'ai dit : je confesserai contre
moi-même mon injustice au Seigneur. » Le septième, c'est l’espoir du pardon.
Car quoique Judas eût confessé son péché, il ne l’a cependant pas fait avec
espoir de pardon, aussi n'a-t-il pas obtenu miséricorde. Le huitième, c'est la
satisfaction : et ce jour-là, l’homme est circoncis spirituellement, non
seulement de la coulpe, mais encore de tout châtiment. Ou bien les deux
premiers jours sont la douleur de l’action du péché et le désir de s'en
corriger : les deux suivants, de confesser le mal que nous avons fait et le
bien que nous avons omis ; les quatre autres sont la prière, l’effusion des
larmes, l’affliction du corps et les aumônes. Ces huit jours peuvent fournir
encore huit considérations sérieuses pour détruire en nous toute volonté de
pécher; en sorte qu'une seule opérera une grande abstinence. Saint Bernard en
énumère sept en disant : « Il y a sept choses qui sont de l’essence de l’homme;
s'il les considérait, il ne pécherait jamais, savoir, une matière vile, une
action honteuse, un effet déplorable, un état chancelant, une mort triste, une
dissolution misérable et une damnation détestable. La huitième peut offrir la
considération d'une gloire ineffable. » 4° Selon le sens allégorique ou
spirituel. Alors cinq jours seront les cinq livres de Moïse, qui contiennent la
loi, les deux autres seront les prophètes et les psaumes ; le huitième jour
sera la doctrine évangélique. Mais dans les sept premiers jours, il n'y avait
pas circoncision parfaite, tandis que dans le huitième, il se fait une
circoncision parfaite de toute coulpe et de toute peine; c'est maintenant
l’objet de notre espérance, mais enfin elle sera réalisée. Quels motifs a-t-on
pu avoir en circoncisant ? On en assigne six que voici : « caustique, signe,
mérite, remède, figure, exemple. »
Quant à la chair de la
circoncision du Seigneur, un ange l’apporta, dit-on, à Charlemagne qui la
déposa avec honneur à Aix-la-Chapelle dans l’église de Sainte-Marie. Il
l’aurait portée plus tard à Charroux (Histoire scholast., Ev. c. VI, note), et
elle serait maintenant à Rome dans l’église qu'on appelle le Saint des Saints,
où l’on voit cette inscription : « Ici se trouvent la chair circoncise de
J.-C., son nombril et ses sandales. » C'est ce qui fait qu'il y a une station
au Saint des Saints. Si tout cela est vrai, il faut avouer que c'est bien
admirable. Car comme la chair est vraiment de la nature humaine, nous croyons
que, J.-C. ressuscitant, elle est retournée à son lieu avec gloire. Cette
assertion serait vraie dans l’opinion de ceux qui avancent que cela appartient
seulement à la nature humaine véritable reçue d'Adam, et celle-ci ressuscitera
seule. Il ne faut pas passer sous silence qu'autrefois les païens et les
gentils se livraient en ces calendes à bon nombre de superstitions que les
saints eurent de la peine à extirper même parmi les chrétiens, et dont saint
Augustin parle en un sermon. « On croyait, dit-il, que Janus était Dieu ; on
lui rendait de grands honneurs en ce jour : il était représenté avec deux
visages, l’un derrière et l’autre par-devant, parce qu'il était le terme de
l’année passée et le commencement de la suivante. En outre, en ce premier jour,
on prenait des formes monstrueuses ; les uns se revêtaient de peaux d'animaux,
d'autres mettaient des têtes de bêtes, et ils prouvaient par là qu'ils
n'avaient pas seulement l’apparence de bêtes, mais qu'ils en avaient le fonds.
D'autres s'habillaient avec des vêtements de femmes, sans rougir de fourrer
dans les tuniques des femmes des bras accoutumés à porter l’épée. D'autres
observaient si scrupuleusement les augures, que si quelqu'un leur demandait du
feu de leur maison ou réclamait un autre service, ils ne le lui accordaient
pas. On se donne encore et on se rend mutuellement des étrennes diaboliques.
D'autres font préparer des tables splendides pendant la nuit, et les laissent
servies dans la croyance que, pendant toute l’année, leurs repas auront toujours
la même abondance. » Saint Augustin ajoute : « Celui qui veut observer en
quelque point la coutume des païens, il est à craindre que le nom de chrétien
ne lui serve à rien. Car celui qui met de la condescendance pour partager les
jeux de quelques insensés, ne doit pas douter qu'il ne participe à leur péché.
Pour vous, mes frères, qu'il ne vous suffise pas de ne pas commettre cette
faute, mais partout où vous la verrez commettre, reprenez, corrigez et châtiez.
» (Saint Augustin.)
La Légende dorée de
Jacques de Voragine nouvellement traduite en français avec introduction,
notices, notes et recherches sur les sources par l'abbé J.-B. M. Roze, chanoine
honoraire de la Cathédrale d'Amiens, Édouard Rouveyre, éditeur, 76, rue de
Seine, 76, Paris mdccccii
SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome01/016.htm
Circoncisione del Signore (Solennità)
Marco Marziale, La circoncision de Jésus. panneau, XVe
siècle, Musée Correr
SERMON SUR LA
CIRCONCISION DE JÉSUS-CHRIST.
ANALYSE.
Sujet. Lorsque le
huitième jour fut arrivé où l'enfant devait être circoncis, on le nomma Jésus,
ainsi que range l'avait marqué avant qu’il eût été conçu dans le sein de Marie,
sa mère.
Pourquoi attend-on que
l'enfant soit circoncis pour lui donner le nom de Jésus, c'est-à-dire de
Sauveur? et quel rapport le nom de Sauveur peut-il avoir avec la circoncision
du Fils de Dieu ? Importante question qui servira de fond à ce discours.
Division. Il fallait que
Jésus-Christ, pour être parfaitement Sauveur, non-seulement en fit lui-même la
fonction, mais qu'il nous apprit quelle devait être, pour l'accomplissement de
ce grand ouvrage, notre coopération. Or, dans ce mystère, il s'est
admirablement acquitté de ces deux devoirs. Il a commencé à nous sauver par
l'obéissance qu'il a rendue à la loi de l'ancienne circoncision, qui était la
circoncision de la chair : première partie; et il nous a donné un moyen sûr
pour nous aider nous-mêmes à nous sauver, par la loi qu'il a établie de la
circoncision nouvelle, qui est la circoncision du cœur : deuxième partie.
Première partie.
Jésus-Christ a commencé à nous sauver par l'obéissance qu'il a rendue à la loi
de l'ancienne circoncision : car au moment où il fut circoncis, 1° il se trouva
dans la disposition prochaine et nécessaire pour pouvoir être la victime du péché;
2° il offrit à Dieu les prémices de son sang adorable, qui devait être le
remède du péché; 3° il s'engagea à répandre ce même sang plus abondamment sur
la croix, pour la réparation entière du péché.
1° Au moment qu'il fut
circoncis, il se trouva dans la disposition prochaine et nécessaire pour
pouvoir être la victime du péché, et par conséquent pour être parfaitement
Sauveur : car, pour sauver des pécheurs et des coupables, il fallait un juste,
mais un juste, dit saint Augustin, qui pût satisfaire à Dieu dans toute la
rigueur de sa justice, et pour cela même un juste sur qui pût tomber la
malédiction que traîne après soi le péché, et le châtiment qui lui est dû. Ce
juste, c'était Jésus-Christ. Il ne devait pu être pécheur : comme pécheur, il
eût été rejeté de Dieu. Il ne suffisait pas qu'il fût juste : comme juste, il
n'aurait pu être l'objet des vengeances de Dieu. Mais en qualité de médiateur,
il devait, quoique exempt du péché et impeccable même, tenir une espèce de
milieu entre l'innocence et le péché ; et ce milieu entre l'innocence et le
péché, ajoute saint Augustin, c'était qu'il eût la marque du péché. Or, où
a-t-il pris la marque du péché? dans sa circoncision.
2° Au moment qu'il fut
circoncis, il offrit à Dieu les prémices de son sang adorable, qui devait être
le remède du péché. La moindre action du Fils de Dieu pouvait suffire pour nous
racheter : mais dans l'ordre des décrets divins, et de cette rigide
satisfaction à laquelle il s'était soumis, il fallait qu'il lui en coûtât du
sang, et c'est aujourd'hui qu'il commence à accomplir cette condition. Dion
différent des prêtres de Baal, qui, pour honorer leur dieu, se faisaient de
douloureuses incisions, jusqu'à ce qu'ils lussent tout couverts de sang, c'est
pour sauver son peuple que, tout Dieu qu'il est, il endure une sanglante
opération.
3° Au moment qu'il fut
circoncis, il s'engagea à répandre son sang plus abondamment sur la croix, pour
la réparation entière du péché. Car, selon saint Paul, tout homme qui se
faisait circoncire se chargeait d'accomplir toute la loi. Or, l'accomplissement
delà loi, dit saint Jérôme, par rapport à Jésus-Christ, c'était la mort de
Jésus-Christ même; puisqu'il était la fin de la loi, et qu'il n'en devait être
la fin que par la consommation du sacrifice de son humanité sainte.
Ce n'est donc pas sans
raison que le nom de Jésus lui est donné dans ce mystère : et le sang qu'il
verse pour nous sauver nous bit bien voir de quel prix est notre salut, et
quelle estime nous en devons faire.
Deuxième partie.
Jésus-Christ nous a donné un moyen sûr pour nous aider nous-mêmes à nous
sauver, par la loi qu'il a établie de la circoncision nouvelle. Celte nouvelle
circoncision est la circoncision du cœur: 1° il nous en fait une loi, 2° il
nous en explique le précepte, 3° il nous en facilite l'usage.
1° Il nous propose la
circoncision du cœur, et il nous en fait une loi : car il n'abolit l'ancienne
circoncision, ou plutôt l'ancienne circoncision ne finit en lui, que parce
qu'il établit la nouvelle. Circoncision du cœur, c'est-à-dire retranchements de
tous les désirs criminels et de toutes les passions déréglées. Circoncision
nécessaire pour le salut, puisque la source de tous nos péchés, ce sont nos
désirs et nos passions. Circoncision entière, qui s'étend à tout et qui
n'excepte rien : il ne faut qu'une passion pour nous damner.
2° Il nous explique le
précepte de cette circoncision nouvelle; comment? par son exemple : car dans sa
circoncision nous trouvons les quatre passions les plus dominantes et les plus
difficiles à vaincre, parfaitement sanctifiées et soumises à Dieu : celle de la
liberté, par l'obéissance qu'il rend à une loi qui ne l'obligeait point; celle
de l'intérêt, par le dépouillement et le dénuement où il veut paraître; celle
de l'honneur, par ce caractère ignominieux du péché, dont il consent à subir
toute la honte; et celle du plaisir, par cette opération douloureuse qu'il
souffre. Voilà surtout les quatre passions que nous devons nous-mêmes déraciner
de notre coeur.
3° Il nous facilite
l'usage de cette nouvelle circoncision, par où? par la vertu même du sang qu'il
commence à répandre. Ce sang divin porte avec soi une double grâce : grâce
intérieure, qui est celle du Sauveur; grâce extérieure, qui est celle de
l'exemple. Profitons-en, et entrons ainsi dans cette année, qui sera peut-être
la dernière de notre vie.
Postquam consummati sunt
dits octo, ut circumeideretur puer, vocatum est nomen ejus Jesus, quod vocalum
est ab angelo priusquam in utero conciperetur.
Lorsque le huitième jour
fut arrivé, où l'enfant devait être circoncis, on le nomma Jésus, ainsi que
l'ange l'avait marqué avant qu'il eût été conçu dans le sein de Marie, sa mère.
(Saint Luc, chap. II, 21.)
L'ange n'était que le
ministre choisi de Dieu pour apporter du ciel ce nom de Jésus ; mais Dieu même
en était l'auteur, et il n'appartenait qu'à Dieu de le pouvoir être.
C'est-à-dire que Dieu seul pouvait donner à l'enfant qui venait de naître le
nom de Sauveur, non-seulement parce qu'il fallait pour cela une autorité supérieure
à celle des anges et des hommes, mais parce qu'il n'y avait que Dieu qui pût
parfaitement comprendre tout le sens et toute l'étendue de ce saint nom : nom
divin, qui ne peut être prononcé avec respect que par un mouvement particulier
du Saint-Esprit : Nemo potest dicere Dominus Jesus, nisi in Spiritu sancto (1
Cor., XII, 24); nom vénérable qui fait fléchir tout genou et qui humilie toute
grandeur : In nomine Jesu omne genu flectatur (Philip., II, 10); nom sacré que
l'enfer redoute, et qui suffit pour mettre en fuite les démons : In nomine meo
dœmonia ejicient (Marc, XVI, 17); nom plein de force, et en vertu duquel se
sont faits les plus authentiques et les plus éclatants miracles : In nomine
Jesu Christi surge et ambula (Act., III, 6); nom salutaire dont les sacrements
de la loi nouvelle tirent toute leur efficace : His auditis baptizabantur in
nomine Domini Jesu (Act., XIX, 5); nom tout-puissant auprès de Dieu, et dont le
mérite infini engage le Père céleste à exaucer les prières des hommes : Quodcumque
petieritis Patrem in nomine meo, dabit vobis (Joan., XIV, 13); nom glorieux que
le zèle apostolique a porté aux Gentils et aux rois de la terre : Vas
electionis est mihi iste, ut portet nomen meum coram gentibus (Act., IX, 15);
nom pour la confession duquel les saints se sont fait et un honneur et un
bonheur de souffrir les plus sanglants affronts et d'être exposés à tous les
outrages : Ibant gaudentes, quoniam digni habiti sunt pro nomine Jesu
contumeliam pati (Act., V, 41); enfin nom incomparable et unique, puisqu'il n'y
en a point d'autre sous le ciel par qui nous puissions être sauvés : Nec enim
aliud nomen est sub cœlo datum hominibus, in quo nos oporteat salvos fieri
(Act., IV, 12) ; tel est le nom, mes chers auditeurs, que reçoit aujourd'hui le
Fils de Marie : Vocatum est nomen ejus Jesus. Mais pourquoi, demande saint
Bernard, ce nom si auguste est-il attaché à la circoncision, car il semble que
la circoncision convienne plutôt à celui qui doit être sauvé, qu'au Sauveur
même : Circumcisio quippe magis salvandi quam Salvatoris esse videtur. Quelle
liaison y a-t-il donc entre ces deux mystères ? Pourquoi attend-on que l'enfant
soit circoncis pour lui donner le nom de Sauveur, et quel rapport le nom du
Sauveur peut-il avoir avec la circoncision de l'enfant? C'est l'importante
question que j'entreprends de résoudre, et qui servira de fond à ce discours,
où j'ai à vous instruire des vérités du christianisme les plus essentielles.
J'ai besoin pour cela du secours d'en-haut, et je ne puis mieux l'obtenir que
par l'intercession de celle qui a reçu la plénitude de la grâce. Ave, Maria.
Pour vous faire d'abord
concevoir le mystère que nous célébrons, et pour vous en donner une juste idée,
je me représente aujourd'hui le Fils de Dieu sous deux qualités différentes que
l'Ecriture lui attribue, et qui, réunies dans sa personne, ont fait, si j'ose
m'exprimer de la sorte, tout le plan de sa religion. Car je le considère, avec
saint Paul, comme consommateur de l'ancienne loi, et comme fondateur et
instituteur de la loi nouvelle : comme consommateur de l'ancienne loi, il obéit
à la loi; et comme fondateur de la loi nouvelle, il établit et il impose la loi
: comme consommateur de l'ancienne loi, il accomplit la circoncision des Juifs,
et comme fondateur de la loi nouvelle, il vient publier une autre circoncision
bien plus parfaite, et qui est celle des vrais chrétiens : en un mot, comme
consommateur de L'ancienne loi, il est lui-même circoncis selon la chair; et
comme fondateur de la loi nouvelle, il nous apprend et il nous oblige à être
circoncis d'esprit et de cœur. Voilà, mes chers auditeurs, à quoi se réduit
tout le mystère de ce jour; mais voilà au même temps par où je réponds à la
difficulté de saint Bernard, et en quoi je découvre le rapport qu'il y a entre
la circoncision et le nom de Jésus. Comprenez-le bien, s'il vous plaît :
Circumciditur puer, et vocatur Jesus ; On circoncit l'enfant, et on le nomme
Jésus, c'est-à-dire Sauveur. Pourquoi Sauveur, au moment qu'il est circoncis?
Parce qu'il est certain que Jésus-Christ, en se soumettant à la circoncision
judaïque, commença dès lors à faire de sa part tout ce qu'un Dieu-Homme pouvait
faire pour nous sauver : c'est ma première proposition ; et parce qu'il n'est
pas moins vrai qu'en établissant la circoncision évangélique, il nous a
enseigné, comme législateur et comme maître, tout ce que nous devons faire de
notre part pour mériter nous-mêmes d'être sauvés : c'est ma seconde
proposition. Appliquez-vous à la suite et à l'ordre de ces deux pensées. Le
salut de l'homme dépendait essentiellement de deux causes ; de Dieu et de
l'homme même : de Dieu, qui en est le principal auteur, et de l'homme même, qui
en doit être le coopérateur. Car, comme dit saint Augustin, Dieu, qui nous a
créés sans nous, n'a pas voulu, quoiqu'il le pût absolument, nous sauver sans
nous. Il fallait donc que Jésus-Christ, pour être parfaitement Sauveur,
non-seulement en fît lui même la fonction, mais qu'il nous apprît qu'elle
devait être, pour l'accomplissement de ce grand ouvrage, notre coopération. Or
je prétends que dans ce mystère il s'est admirablement acquitté de ces deux
devoirs : du premier, en s'assujettissant à la circoncision de l'ancienne loi,
qui était la circoncision de la chair; et du second, en nous obligeant à la
circoncision de la loi nouvelle, qui est la circoncision du cœur. Voilà de quoi
nous lui serons éternellement redevables : il nous a sauvés, et il nous a donné
un moyen sûr pour travailler nous-mêmes à nous sauver. Si donc il ne nous sauve
pas, ou si nous ne nous sauvons pas nous-mêmes, notre perte, dit le Prophète,
ne peut venir que de nous : Perditio tua, Israël (Osée., XIII, 9); et c'est ce
que nous avons infiniment à craindre. Il a commencé à nous sauver par
l'obéissance qu'il a rendue à la loi de l'ancienne circoncision : vous le venez
dans la première partie ; et il nous a donné un moyen sûr pour nous aider
nous-mêmes à nous sauver, par la loi qu'il a établie de la circoncision
nouvelle : je vous le montrerai dans la seconde partie. C'est tout mon dessein,
pour lequel je vous demande et j'attends de vous une favorable attention.
Circoncisione del Signore (Solennità)
Giovanni Bellini (vers 1430–1516),
The Circumcision, circa 1500, 74,9 x 102,2, National Gallery
PREMIÈRE PARTIE.
Oui, Chrétiens, c'est en
se soumettant à la circoncision de l'ancienne loi, que le Fils de Dieu s'est
montré véritablement Sauveur; et c'est, à proprement parler, dans le mystère de
ce jour qu'il a commencé à en exercer l'office : écoutez-en les preuves. Car au
moment qu'il fut circoncis, il se trouva dans la disposition prochaine et
nécessaire pour pouvoir être la victime du péché. Au moment qu'il fut
circoncis, il offrit à Dieu les prémices de son sang adorable, qui devait être
le remède du péché. Au moment qu'il fut circoncis, et en vertu de sa
circoncision, il s'engagea à répandre ce même sang plus abondamment sur la
croix, pour la réparation entière du péché. Trois choses à quoi la rédemption
du monde était attachée, et dont la foi nous assure que le salut des hommes
dépendait. Trois raisons solides, que je vous prie d'approfondir avec moi, et
qui vont vous faire comprendre, mais d'une manière sensible, sur quoi est fondée
cette mystérieuse liaison qui se rencontre entre la circoncision de l'enfant et
l'imposition du nom de Jésus : Circumciditur, et vocatur Jesus.
Au moment que le Fils de
Dieu fut circoncis, il se trouva dans la disposition prochaine et nécessaire
pour pouvoir être la victime du péché, et par conséquent pour être parfaitement
Sauveur : car, pour sauver l'homme tombé dans la disgrâce de son Dieu, il
fallait satisfaire à Dieu dans toute la rigueur de la justice : Dieu le voulait
ainsi, et c'est un point de religion qui ne peut être contesté. Pour offrir à
Dieu cette satisfaction rigoureuse, il fallait un sujet capable de souffrir et
de mourir; la croix et la mort étaient les moyens choisis pour cela dans le
conseil de la Sagesse éternelle : toutes les Ecritures nous l'enseignent. Pour
être capable de souffrir et de mourir, il fallait au moins avoir la marque du
péché; la chose est évidente, et c'est sur quoi roule toute la théologie de
saint Paul. Cette marque du péché ne devait être imprimée sur la chair innocente
de Jésus-Christ que par sa sainte circoncision ; et en effet, la circoncision,
quelque sainte que nous la concevions dans la personne du Sauveur, était en
soi, et selon l'institution divine, le sacrement et le sceau de la
justification des pécheurs. Que s'ensuit-il de là? vous prévenez déjà ma pensée
: il s'ensuit qu'avant que Jésus-Christ fût circoncis, il lui manquait, pour
ainsi dire, une condition sans laquelle il ne pouvait pas encore être la
victime de ce sacrifice sanglant et douloureux que Dieu exigeait pour notre
rédemption. Cette condition, c'est-à-dire ce pouvoir prochain d'être immolé
comme victime pour nos péchés, était la suite du mystère de sa circoncision ;
et c'est ce que l'évangéliste semble nous déclarer par ces paroles : Postquam consummati
sunt dies ut circumcideretur puer, vocation est nomen ejus Jesus ; Lorsque le
temps de la circoncision de l'enfant fut venu, et qu'en effet on l'eut
circoncis, on lui donna le nom de Jésus. Comme si l'évangéliste nous disait :
Jusque-là, quelque perfection et quelque mérite qu'il eût, il ne portait pas
encore ce nom, parce qu'il n'avait pas encore tout ce qui lui était nécessaire
pour être actuellement Sauveur; mais après la circoncision il eut droit d'être
appelé Sauveur, parce qu'il ne lui manquait plus rien pour l'être. Donnons à
cette vérité plus d'étendue et plus de jour.
Pour sauver des pécheurs
et des coupables (ceci vous surprendra, Chrétiens, mais c'est votre religion
que je vous expose), pour sauver des pécheurs et des coupables, il fallait un
juste; mais un juste, dit saint Augustin, sur qui pût tomber la malédiction que
traîne après soi le péché, et le châtiment qui lui est dû. Or, ce juste,
c'était Jésus-Christ : il ne devait pas être pécheur; comme pécheur, il eût été
rejeté de Dieu : il ne suffisait pas qu'il fût juste; comme juste, il n'aurait
pu être l'objet des vengeances de Dieu : mais en qualité de médiateur, il
devait, quoique exempt de péché, et quoique impeccable même, tenir une espèce
de milieu entre l'innocence et le péché; et ce milieu entre l'innocence et le
péché, ajoute saint Augustin, c'était qu'il eût la marque du péché. Ainsi il
fallait que Jésus-Christ fût juste en vérité, et pécheur en apparence : juste
en vérité, pour pouvoir justifier les hommes; et pécheur en apparence, pour
pouvoir attirer sur soi les châtiments de Dieu. Car Dieu, tout irrité qu'il
était contre les hommes, ne pouvait s'en prendre à Jésus-Christ, tandis qu'il
ne voyait en lui que justice et que sainteté ; et cette irrépréhensible
sainteté de Jésus-Christ, quelque désir qu'il eût d'expier nos crimes, le
rendait incapable d'en subir pour nous la peine. Que fait-il donc? il prend la
forme de pécheur, et par là il se met en état d'être sacrifié pour les
pécheurs; car c'est pour cela, dit saint Paul, que Dieu l'a envoyé revêtu d'une
chair semblable à celle du péché : Deus Filium suum mittens in similitudinem
carnis peccati (Rom., VIII, 3). Expression dont les manichéens abusaient,
lorsqu'ils concluaient de là que Jésus-Christ n'avait eu qu'une chair apparente
; au lieu que les Pères se servaient du même passage pour combattre l'hérésie
des manichéens, et pour prouver contre eux la vérité et la réalité de la chair
de Jésus-Christ. En effet, comme raisonnait saint Augustin, l'Apôtre ne dit pas
précisément que Dieu a envoyé son Fils avec la ressemblance de la chair : In
similitudinem carnis; il s'ensuivrait que Jésus-Christ n'aurait pas été
vraiment homme, et cela seul saperait le fondement de tout le christianisme :
mais il dit que Dieu l'a envoyé avec une chair semblable à celle du péché : In
similitudinem carnis peccati ; pour marquer que la chair de Jésus-Christ a eu
l'apparence et la marque du péché, sans avoir jamais contracté la tache du
péché ; et c'est ce que nous faisons profession de croire. Il n'en fallait pas
davantage , reprend saint Augustin, afin que Jésus-Christ fût en état de
souffrir pour nous ; car il y a, dit ce saint docteur, entre Dieu et le péché
une telle opposition, que l'apparence seule du péché a suffi pour obliger Dieu
à n'épargner pas même le Saint des saints, et pour le déterminer à exécuter sur
la chair innocente de Jésus-Christ l'arrêt de notre condamnation. Oui, mes
Frères, parce que ce Dieu-Homme est couvert de l'ombre de nos iniquités, Dieu
le livrera à la mort, et à la mort de la croix; et parce qu'il a consenti à
paraître criminel, il sera traité comme s'il Tétait. Vous diriez, à entendre
parler l'Ecriture, que Jésus-Christ, en conséquence de ce mystère, ait été
non-seulement pécheur, mais le péché même, parce qu'il en a pris le caractère
et la marque : Eum qui non noverat peccatum, pro nobis peccatum fecit (Cor., V,
21). Ce sont les termes de saint Paul, qui, pris à la lettre, pourraient nous
scandaliser ; mais qui, dans le sens orthodoxe , expriment une des vérités les
plus chrétiennes et les plus édifiantes. Celui qui ne connaissait point le
péché, a été fait péché pour nous ; c'est-à-dire, celui qui ne connaissait
point le péché a paru devant Dieu comme s'il eût été lui-même le péché, et a
été traité de Dieu comme le péché même subsistant eût pu mériter de l'être :
Eum qui non noverat peccatum, pro nobis peccatum fecit.
Or, dans quel moment de
la vie du Sauveur cette étonnante proposition fut-elle exactement et
spécialement vérifiée, et quand peut-on dire que Jésus-Christ s'est pour la
première fois présenté aux yeux de son Père, comme s'il eût été le péché même?
Au moment de sa circoncision : je m'explique. Dès sa naissance il était homme;
mais il n'avait rien encore alors de commun avec les pécheurs. Son incarnation,
l'œuvre par excellence du Saint-Esprit, sa génération dans le sein d'une vierge
toujours vierge, son entrée miraculeuse dans le monde, tout cela l’éloignait
des moindres apparences du péché. Mais aujourd'hui, dit saint Bernard, qu'il se
soumet à la loi de la circoncision , cette loi n'ayant été faite que pour les
pécheurs, il paraît pécheur. Le voilà donc dans l'état où Dieu le voulait pour
l'immoler à sa justice. Avant qu'il subît cette loi, Dieu offensé cherchait une
victime pour se satisfaire, et il n'en trouvait point : Super quo percutiam
(Isa., I, 5) ? disait-il par un de ses prophètes : Sur qui déchargerai-je ma
colère, et sur qui dois-je frapper? Sur les coupables qui sont les pécheurs?
quand je les aurais tous anéantis, ma gloire n'en serait pas réparée. Sur ce
juste qui vient de naître dans l'obscurité d'une étable? c'est mon Fils
bien-aimé, en qui je me plais souverainement, et en qui parla même je
n'aperçois rien qui puisse mériter ma vengeance. Voilà, mon Dieu, où votre
justice en était réduite ; et jusques à l'accomplissement de ce mystère, il n'y
avait point encore de Jésus qui pût être pour nos péchés l'hostie de
propitiation que vous demandiez. Le Messie qui venait de paraître au monde,
pour être trop saint, n'était pas encore en état d'être pour nous un sujet de
malédiction : Factus pro nobis maledictum (Galat., III, 13) ; et pour être trop
digne de votre amour, il ne pouvait encore ni ressentir, ni apaiser votre juste
courroux : mais maintenant qu'il porte, comme circoncis, la marque du péché,
souffrez, Seigneur, que nous vous le disions avec confiance, nous avons enfin
un Sauveur. Vous demandez sur qui vous frapperez pour vous venger : Super quo
percutiam ? C'est sur ce divin enfant : car il a désormais tout ce qu'il faut,
et tout ce que vous pouvez désirer pour tirer de lui et pour vous donner à
vous-même une satisfaction entière. Il a la forme d'un pécheur pour éprouver la
rigueur de vos jugements, et il a la sainteté d'un Dieu pour mériter vos
miséricordes : en faut-il davantage pour nous sauver? Vengez-vous donc, ô mon
Dieu ! Pourrais-je ajouter avec respect; vengez-vous aux dépens de la chair de
cet agneau, qui devient aujourd'hui semblable à la chair du péché, et qui, par
cette ressemblance même, se trouve en état d'être la précieuse matière de ce
grand sacrifice, qui doit détruire le péché. C'est ainsi que le Fils de Dieu se
met, en voulant être circoncis, dans la disposition prochaine et nécessaire
pour sauver les hommes.
Mais en demeure-t-il là ?
Non, Chrétiens, sa charité va plus avant : il ne se contente pas d'être en état
de nous sauver; il veut dès aujourd'hui en faire l'essai, et dans sa
circoncision il en trouve le moyen. Comment cela? En offrant à Dieu les
prémices de son sang, qui devait être le prix de notre salut. Il est vrai,
disent les théologiens, que la moindre action du Fils de Dieu, eu égard à la
dignité de sa personne, pouvait suffire pour nous racheter : mais dans l'ordre
des décrets divins, et de cette rigide satisfaction à laquelle il s'était
soumis, il fallait qu'il lui en coûtât du sang. Ainsi était-il arrêté, dans le
conseil de Dieu, que ce serait lui qui pacifierait par son sang le ciel et la
terre, lui qui par son sang nous réconcilierait avec son Père : Pacificans per
sanguinem erucis cjus, sive quœ m terris, sire quœ in cœlis sunt (Coloss., I,
20); et que ce traité de paix entre Dieu et nous ne commencerait à être ratifié
que quand le sang du Rédempteur aurait commencé a couler : d'où vient que
lui-même il l'appelait le sang de la nouvelle alliance : Hic est sanguis virus
novi testamenti (Matth., XXVI, 28). Ainsi était-il ordonné que, dans la loi
même de grâce, nul péché ne serait remis sans effusion de sang, Sine sanguinis
effusione non fit remissio (Hebr., IX, 22); et que le sang de Jésus-Christ
aurait seul la vertu de nous purifier et de nous laver : Sanguis Jesu Christi
Filii ejus emundat nos ab omni peccato (Joan., J, 7). Ainsi la foi nous
apprend-elle que l'Eglise, comme épouse du Dieu Sauveur, devait lui appartenir
par droit de conquête ; mais que ce droit ne serait fondé que sur l'acquisition
qu'il en aurait faite par son sang : Ecclesiam, quam acquisivit sanguine suo
(Act., IX, 20). Or c'est ici que la condition s'exécute ; et quand je vois,
sous le couteau de la circoncision, ce Dieu naissant, je puis vous dire bien
mieux que Moïse : Hic est sanguis fœderis, quod pepigit Dominus vobiscum
(Exod., XXIV, 8) ; Voici le sang du testament et de l'alliance que Dieu a faite
en votre laveur. C'est donc proprement en ce jour que commence la rédemption du
monde, et que le Fils de Dieu prend possession de sa qualité de Sauveur,
puisque c'est en ce jour qu'il en fait les premières fonctions, et qu'il entre
dans le sanctuaire, non plus avec le sang des boucs et des taureaux , mais avec
son propre sang , en vérifiant à la lettre cette parole de l'Apôtre : Per
proprium sanguinem introivit in sancta (Hebr., IX, 12). Ah ! Mes Frères,
s'écrie saint Augustin, que cette conduite de Jésus-Christ est différente de
celle qui nous est représentée dans l'Histoire sainte, au troisième livre des
Rois ! Nous lisons que les prophètes et les prêtres de Baal, dans la célèbre
contestation qu'ils eurent avec Elie, se faisaient à eux-mêmes, par un zèle
superstitieux, et pour honorer leur Dieu, de douloureuses incisions, jusqu'à ce
qu'ils fussent couverts de leur sang : Et incidebant se juxta ritum suum
cultris et lanceolis, donec perfunderentur sanguine (3 Reg., XVIII, 28). Mais
aujourd'hui nous voyons un Dieu qui, par l'excès d'une ardente charité, se fait
circoncire pour sauver son peuple. Quelle opposition entre Jésus-Christ et
Baal, ou plutôt entre les adorateurs de Baal et ceux du vrai Dieu 1 Dans le
temple de Baal, les hommes répandaient leur sang pour leur dieu : et dans le
temple du vrai Dieu, c'est Dieu même qui verse son sang pour les hommes. Là un
peuple idolâtre déchirait sa chair pour plaire à une fausse divinité ; et ici
le Dieu incarné n'épargne pas sa propre chair pour faire un peuple fidèle. Un
sang impur offert à Baal, voilà le mystère de l'impiété ; le sang d'un Dieu qui
nous purifie, voilà le mystère de l'amour divin. Mais aussi, poursuit saint
Augustin, devons-nous reconnaître que dans cette opposition, ou dans ce
parallèle, toute la gloire est du côté de Jésus-Christ : car jamais la
superstition n'a donné à Baal, ni aux autres dieux des nations, le titre de
Sauveur ; il était réservé à Jésus-Christ seul, et ne convenait qu'à lui. Les
païens, comme le même saint docteur le montre évidemment dans son admirable
traité de la Cité de Dieu, les païens étaient plutôt les sauveurs de leurs
dieux, que leurs dieux n'étaient leurs sauveurs : mais pour nous, reprend-il,
nous adorons un Dieu, et un Dieu Sauveur ; et de ces deux qualités, l'une nous
sert pour conclure l'autre : car nous comprenons que Jésus-Christ n'a rien
épargné pour nous sauver, parce qu'il était notre Dieu ; et nous ne pouvons
plus douter qu'il ne soit notre Dieu, puisqu'au prix même de son sang il a
voulu nous sauver.
Cependant, me direz-vous,
ce n'était pas à la circoncision du Fils de Dieu, mais à sa mort, qu'était
attaché le salut du monde : j'en conviens, mes chers auditeurs; mais convenez
aussi et souvenez-vous de ce que j'ai ajouté, Bavoir, que la circoncision fut
pour le Fils de Dieu un engagement à la mort. Souvenez-vous qu'au moment qu'il
fut circoncis, il s'obligea solennellement à consommer sur la croix le
sacrifice sanglant dont il ne faisait alors que la première oblation ; et de là
reconnaissez avec moi que le salut du monde eut donc encore une connexion
essentielle avec notre mystère. Ce ne sont point ici mes propres pensées, ni
des spéculations ; c'est l'expresse doctrine de saint Paul, lorsqu'il déclarait
aux Calâtes que tout homme qui se faisait circoncire , en vertu de la
circoncision même , se chargeait d'accomplir toute la loi : Testificor omni
homini circumcidenti se, quoniam debitor est universœ legis faciendœ (Galal ,
V, 3) ; conséquence onéreuse dont le Fils de Dieu fut bien éloigné de se
dispenser, puisqu'il protesta depuis hautement qu'il était venu pour
l'accomplissement de la loi. Or l'accomplissement de la loi, dit saint Jérôme,
par rapport à Jésus-Christ, c'était la mort de Jésus-Christ même, car
Jésus-Christ était la fin de la loi : Finis enim legis Christus (Rom., X, 4) ;
et il n'en devait être la fin que par la consommation du sacrifice de son
humanité sainte. Ainsi, du moment qu'il se soumit à être circoncis, il
s'engagea, par un pacte solennel, à être crucifié et à mourir : pourquoi? parce
que son crucifiement et sa mort étaient le terme et comme le dénouement de
toute la loi dont il s'imposait le fardeau, et dont, selon l'expression de
l'Apôtre, il devenait, par sa circoncision, le débiteur universel : Debitor
universœ legis faciendœ.
Concluons, après saint
Bernard, que c'est donc avec justice que le nom de Jésus lui est donné. Ah !
dit ce Père, nous ne devons pas considérer ce Sauveur comme les autres : car
mon Jésus n'est pas semblable à ces anciens sauveurs du peuple de Dieu, et ce
n'est pas en vain qu'il porte ce nom : Neque enim ad instar priorum, meus iste
Jesus nomen vanum aut inane portat. Il n'en a pas seulement l'ombre comme
ceux-là, mais la vérité : Non est in eo magni nominis umbra, sed veritas. Quand
les princes naissent sur la terre, nous les appelons rois, monarques,
souverains ; mais ce sont des titres pour signifier ce qui doit être un jour,
et non pas ce qui est. Bien loin d'être en état de gouverner les peuples, ils
ne sont pas encore en état de se connaître ; et dans cet âge tendre et sans
expérience, leur faiblesse les réduit à se laisser conduire par leurs propres
sujets, avant qu'ils puissent les conduire eux-mêmes. Mais Jésus-Christ ne
commence à prendre la qualité de Sauveur qu'au moment qu'il commence à en faire
l'exercice ; et dès ce jour on peut dire de lui ce que l'Ecriture a dit du
brave Eléazar, au premier livre des Machabées : Dedit se ut liberaret populum
suum, et aequireret sibi nomen aeternum (Machab., VI, 44.) ; Il n'est pas
plutôt né, qu'il se livre pour le salut des siens, et pour s'acquérir un nom
immortel, qui est le nom de Jésus. N'est- ce pas pour cela, Chrétiens, que ce
nom lui a été si cher, et que, dans la pensée de saint Jérôme, il lui a tenu
lieu d'une récompense proportionnée à toutes les humiliations de sa
circoncision et à tous les travaux de sa vie? N'est-ce pas pour cela qu'il l'a
porté sur la croix comme un diadème d'honneur, et qu'ayant souffert que les
Juifs lui refusassent devant Pilate le titre de roi, il ne permit jamais qu'ils
lui contestassent le nom de Jésus? N'est-ce pas pour cela qu'il a fait publier
par toute la terre ce saint nom, ce grand nom, cet auguste nom ? N'est-ce pas,
dis-je, parce qu'il n'est rien de plus naturel que de se glorifier des noms
qu'on s'est acquis par sa vertu, plutôt que de ceux qu'on tient du hasard, ou
du bonheur de la naissance? Or l’Homme-Dieu n'a possédé le nom de Jésus que par
titre de conquête : il l'a mérité en sauvant les pécheurs, et il commença à les
sauver en voulant répandre son sang et subir la loi de la circoncision.
Mais quoi, mon Dieu, y
avait-il donc pour vous tant de gloire à racheter de vils esclaves?
Trouviez-vous tant de grandeur à vous abaisser si profondément pour eux, et des
hommes valaient-ils un sang aussi précieux que le vôtre ? Oui, mon cher
auditeur, voilà ce que valait votre âme, et ce qu'elle valait au jugement même
de votre Dieu : c'est ainsi qu'il l'a estimée ; et en donnant son sang pour
elle, il n'a pas cru trop donner; car son amour, tout libéral qu'il est, n'est
pas prodigue. Toujours dirigé par sa sagesse, il conforme les moyens à la fin ;
et puisqu'un Dieu souffre déjà pour votre salut, il faut que votre salut soit
le juste prix des souffrances d'un Dieu. Or, mes Frères, est-ce là l'estime que
vous en faites vous-mêmes? Est-ce de la sorte que vous en jugez? Saint Augustin
disait : Voyez ce que votre âme, ou plutôt ce que le salut de votre âme a coûté
au Dieu Sauveur qui s'en est fait la victime ; et par le sang qu'il a versé
vous apprendrez quel bien il a prétendu acheter : Vide quanto emit, et videbis
quid emit. Mais je dis, moi : Voyez en combien de rencontres vous l'avez
sacrifié, ce salut; en combien de rencontres vous le sacrifiez tous les jours à
un vain intérêt, à un plaisir profane, et même si abominable; et de là tirez, à
votre confusion, cette triste conséquence, que le premier de tous les biens, le
souverain bien, est de tous les biens le plus méprisé. Car si vous l'estimez,
je ne dis pas autant qu'il le mérite, puisqu'il est au-dessus de toutes nos
vues, et que Dieu seul en peut connaître tout le prix, mais du moins autant que
vous le pouvez et que vous le devez, pourquoi l'oubliez-vous, pourquoi
l'exposez-vous, pourquoi y renoncez-vous si aisément ? D'où vient que donnant
tout au monde, et faisant tout pour des affaires temporelles, vous ne faites
rien pour celle-ci ; que vous ne voulez presque jamais en entendre parler ; que
vous craignez ceux à qui le zèle inspire de vous en représenter les
conséquences, et de vous y faire penser; que toutes les pratiques chrétiennes,
la prière, la méditation des vérités éternelles, l'assiduité à la parole di!
Dieu, la lecture des bons livres, l'usage des sacrements, moyens de salut si
nécessaires, que tout cela vous fatigue, vous ennuie, vous rebute? Ah ! mes
chers auditeurs, quelle opposition entre ce Dieu circoncis et nous, et en cela
même quel aveuglement de notre part, et quel renversement! Il fait sa gloire et
son plus bel emploi de nous sauver; et nous nous faisons un jeu de nous perdre.
Lui était-il donc plus important d'être Sauveur, qu'il ne nous importe d'être
sauvés? S'il est Sauveur, est-ce pour lui? et si nous sommes sauvés, n'est-ce
pas pour nous-mêmes? Sans être Sauveur, en eût-il été moins heureux, en eût-il
été moins Dieu ? Et sans être sauvés, que pouvons-nous être, et quel anathème
doit tomber sur nous? Cependant, pour être Sauveur, rien ne lui paraît
difficile; et pour être sauvés, tout nous devient impossible. Mais ne nous y
trompons pas, et ne croyons pas qu'il veuille nous sauver sans nous. Je l'ai
dit, et je ne puis trop vous le redire, il veut bien sans nous faire les
premières avances ; il veut bien sans nous s'immoler pour nous; il veut bien,
pour satisfaire à la justice de Dieu, et pour nous mettre en état de l'apaiser
nous-mêmes, se charger de nos iniquités, et en devenir la victime ; se
présenter à son Père tout couvert de sang, et s'engager à en répandre jusqu'à
la dernière goutte : voilà ce qu'il veut, voilà ce qu'il fait, et comment, sans
nous, et par une pure miséricorde, il est Sauveur. Mais que dans la suite il
vous dispense de tout ce que vous devez contribuer au salut qu'il vous procure
; mais qu'il en fasse tous les frais, et que vous n'y mettiez rien de votre
part ; mais qu'il vous transporte et qu'il vous communique tellement tous ses
mérites, que vous soyez pleinement déchargés du soin de vous les appliquer;
mais que tout innocent qu'il est, et l'innocence même, que tout saint qu'il
est, et la sainteté même, il porte toute la peine du péché, et que les pécheurs
vivent dans les aises et les commodités de la vie, ce n'est pas là ce qu'il a
prétendu, et, si j'ose ainsi m'exprimer, le nom de Jésus entendu de la sorte
n'est qu'un fantôme. Il est vrai, disait le grand Apôtre, touché de cette
pensée, il est vrai que mon Dieu a souffert pour moi ; mais en acquittant mes
dettes, ce que je ne pouvais sans lui, il ne m'a pas dégagé de l'obligation
indispensable où je suis de les acquitter moi-même avec lui ; et c'est pour
cela que j'accomplis dans ma chair ce qui manque aux souffrances de
Jésus-Christ : Adimpleo ea quœ desunt passionum Christi (Col., 1, 34). Ainsi
parlait saint Paul, et ainsi devons-nous parler nous-mêmes. Mais qu'y a-t-il
donc à faire ? C'est, mes Frères, de coopérer avec Jésus-Christ à l'ouvrage de
notre salut : et comment? Ne sortons point de notre mystère pour l'apprendre;
car si Jésus-Christ a commencé dans ce mystère à nous sauver, par l'obéissance
qu'il a rendue à la loi de l'ancienne circoncision, il nous y donne encore un
moyen sûr pour nous aider nous-mêmes à nous sauver, par la loi qu'il a établie
de la circoncision nouvelle : c'est la seconde partie.
Circoncisione del Signore (Solennità)
Fernando Gallego (1440–1507), The Circumcision, Ciudad Rodrigo altarpiece, University of Arizona Museum of Art, Cook collection, Samuel H. Kress Collection
DEUXIÈME PARTIE.
Une circoncision qui
n'est pas seulement extérieure, mais qui pénètre, pour ainsi dire, jusque dans
les parties les plus intimes de l’âme : Non quœ inmanifesto est circimicisio
(Rom., II, 28) ; une circoncision qui n'est plus de la main des hommes, mais
qui est l'ouvrage de Dieu, et qui sanctifie l'homme devant Dieu : Circumcisio
non manu facta (Col., II, 11); une circoncision qui ne consiste plus dans le
dépouillement de la chair, mais dans le renoncement aux vices et aux
concupiscences de la chair : In expoliatione corporis carnis (Ibid); une
circoncision dont l'esprit et le cœur sont les deux principes, aussi bien que
les deux sujets : les deux principes, parce qu'elle s'exécute par eux ; et les
deux sujets, parce qu'elle s'accomplit en eux : c'est-à-dire une circoncision
de cœur, qui se fait non selon la lettre, mais dans la ferveur de l'esprit :
Circumcisio cordis in spiritu, non littera (Rom., II, 29) ; voilà, mes chers
auditeurs, les saintes mais énergiques et vives expressions dont s'est servi le
grand Apôtre pour définir ce que j'appelle la nouvelle circoncision, ou la
circoncision évangélique ; voilà l'idée qu'il en a conçue ; et par là, dit
saint Chrysostome, il nous a marqué l'essentielle différence et la perfection
infinie du culte chrétien, comparé à celui des Juifs et des païens. Car les
païens, remarque ce Père, pratiquaient un culte tout à la fois charnel et faux
; les Juifs, dans leurs cérémonies, en observaient un pareillement grossier et
charnel, mais véritable : les chrétiens seuls ont l'avantage, dans leur
religion, d'avoir tout ensemble, et un culte véritable, et un culte spirituel.
C'est donc de cette véritable circoncision qu'il s'agit maintenant de vous
parler : encore un moment d'attention, s'il vous plaît. Que fait aujourd'hui le
Fils de Dieu pour nous apprendre comment nous devons coopérer à l'œuvre de
notre salut? Il nous en propose un moyen aussi divin qu'il est indispensable et
nécessaire, savoir, cette mystérieuse mais réelle circoncision de l'esprit et
du cœur. Circoncision dont il nous fait une loi,' dont il nous explique le
précepte, dont il nous facilite l'usage: trois choses qui sont pour nous autant
de grâces, que nous n'estimerons jamais assez, et pour lesquelles nous lui
devons une éternelle reconnaissance.
Il nous propose la
circoncision du cœur, et il nous en fait une loi : car il n'abolit l'ancienne
circoncision, ou pour parler plus exactement, l'ancienne circoncision ne finit
en lui que parce qu'il établit la nouvelle ; et comme dit saint Augustin, il ne
prend l'ombre et la ligure, que parce qu'il apporte la lumière et la vérité :
Suscipit umbram, daturus lucem; suscipit figurant, daturus veritatem. Or la
lumière et la vérité, c'était que nous fussions tous circoncis de cœur, comme
les Juifs relaient selon la chair. Circoncision de cœur, c'est-à-dire
retranchement des désirs vagues et inutiles, des désirs inquiets et bizarres,
des désirs déréglés et immodérés, des désirs charnels et mondains, des désirs
criminels et illicites, qui naissent dans le cœuret qui le corrompent. Ainsi
l'a entendu saint Paul, et parce que ces pernicieux désirs sont excités en nous
par de vains objets qui nous charment, par de faux intérêts qui nous aveuglent,
par des occasions dangereuses qui nous entraînent et qui nous pervertissent,
cette circoncision du cœur doit être une séparation entière de ces objets, un
renoncement parfait à ces intérêts, un éloignement salutaire de ces occasions.
Car voilà, mes Frères, reprend saint Augustin, ce qui nous était figuré par la
circoncision judaïque ; voilà à quoi Dieu préparait le monde, quand il
obligeait Abraham et tous ses descendants à se circoncire. Comme les sacrements
de ce temps-là, ajoute le même Père, étaient non-seulement des figures, mais
des promesses, voilà ce que Dieu promettait au monde, quand il disait à ce
saint patriarche : C'est par là que tu trouveras grâce devant moi : Ut sit in
signum foederis inter me et vos (Genes., XVII, 11). Aujourd'hui la promesse
cesse : pourquoi ? Parce qu'en vertu de la circoncision de Jésus-Christ, ce qui
était alors promis est présentement exécuté ; je veux dire, parce qu'en
conséquence du mystère que nous célébrons, nous sommes, ou du moins il ne tient
qu'à nous que nous soyons circoncis en Jésus-Christ, de cette circoncision
parfaite qui nous dépouille de nous-mêmes, et qui nous rend dignes de Dieu : In
quo et circumcisi sumus. Car c'est nous, dit l'Apôtre, qui, comme chrétiens,
sommes les vrais circoncis : Nos enim sumus circumcisi (2 Philip., III, 3); et
c'est nous qui, parla profession que nous faisons de renoncer au monde, de nous
détacher du monde, de mourir et d'être crucifiés au monde, avons droit de nous
glorifier, en qualité de vrais circoncis, d'être les légitimes enfants
d'Abraham. Il est vrai ; mais aussi devons-nous reconnaître que si nous n'avons
nulle part à cette bienheureuse circoncision qui réforme l'intérieur de
l'homme, dès là, quoique extérieurement marqués du sceau de Jésus-Christ, qui
est le caractère du baptême, nous n'avons que le nom de chrétiens, nous sommes
encore juifs d'esprit et de cœur; ou plutôt nous ne sommes ni juifs, ni
chrétiens, puisque nous n'avons ni la sainteté de la loi, ni la perfection de
l'Evangile. Etat déplorable de tant de mondains qui vivent presque au milieu du
christianisme sans religion, parce qu'ils y vivent, pour me servir du tenue de
saint Paul, dans une incirconcision générale de leurs passions; et Dieu
veuille, mes chers auditeurs, que vous ne soyez point de ce nombre! c'est là,
dis-je, ce que nous prêche le Fils de Dieu dans cette auguste solennité.
Il nous propose la
circoncision spirituelle ou la circoncision du cœur, comme un moyen
indispensablement requis pour le salut; car qu'y a-t-il de plus nécessaire au
salut que d'arracher, que d'étouffer, que de mortifier, que de détruire ce qui
est en nous une source et un principe de damnation? Or, la source de damnation
est dans notre cœur; et quiconque la cherche ailleurs ne la connaît pas, et ne
se connaît pas soi-même. Car c'est du cœur, disait à ses disciples notre divin
Maître, en leur expliquant la parabole dont ils lui demandaient
l'éclaircissement, c'est du cœur que partent les mauvaises pensées, les actions
lâches, les desseins injustes et violents ; du cœur que sortent les trahisons,
les meurtres, les larcins, les faux témoignages, les médisances, les
impudicités, les adultères : c'est dans le cœur que tout cela se forme et
s'engendre, et c'est tout cela qui perd l'homme et qui le condamne : De corde
exeunt cogitationes, adulteria, furta (Matth., XV, 19). Il faut que ce cœur
soit circoncis, si nous en voulons faire un cœur chrétien, un cœur épuré de
l'iniquité du siècle, et capable de participer à la grâce de la rédemption : il
faut que tout ce qu'il y a dans ce cœur de corrompu, de malin, de vicieux, de
contagieux, soit retranché par une mortification solide, et que nous soyons
bien persuadés que sans cela c'est un cœur réprouvé de Dieu. C'est aussi, mes
chers auditeurs, ce que Jésus-Christ m'oblige à vous annoncer de sa part. Au
lieu que saint Paul, instruisant les Gentils qui se convertissaient au
christianisme, leur déclarait que, s'ils se faisaient circoncire, Jésus-Christ,
qui toutefois était venu pour les sauver, ne leur servirait de rien : Ecce ego
Paulus dico vobis, quoniam si circumcidamini, Christus vobis nihil proderit (2
Galat., V, 2); parce qu'en effet, après la publication de l'Evangile, la
circoncision de la chair était au moins pour les Gentils devenue un obstacle au
salut : moi je vous dis , au contraire, de la circoncision du cœur : Si vous ne
la pratiquez généreusement, si vous ne l'accomplissez fidèlement, ce Jésus que
vous invoquez aujourd'hui, tout Sauveur et tout Dieu qu'il est, ne vous sauvera
pas, et ne sera point Jésus pour vous : Christus vobis nihil proderit.
C'est moi qui vous le
dis, Chrétiens, et qui vous le dis avec toute l'autorité que me donne mon
ministère : mais m'en croirez-vous pour cela, et en serez-vous plus dociles à
ma parole, qui est celle de Dieu même? A combien de ceux qui m'écoutent
n'aurais-je pas droit de faire le même reproche que saint Etienne faisait aux
Juifs avec toute l'ardeur de son zèle : Dura cervice, et incircumeisis
cordibus, vos semper Spiritui, sancto resistitis (Act., VII, 51) ; Hommes durs
et inflexibles, hommes incirconcis de cœur, vous résistez toujours au
Saint-Esprit? Mais il n'était pas étonnant, reprend saint Augustin, qu'ils
résistassent alors au Saint-Esprit ; et le prodige aurait été qu'avec des cœurs
incirconcis, c'est-à-dire avec des cœurs immortifiés, avec des cœurs envenimés,
avec des cœurs passionnés, ils eussent été soumis à l'Esprit de Dieu qui leur
parlait. Aussi ne suis-je pas surpris, mes Frères, que parmi vous il y ait
encore tant de chrétiens rebelles aux vérités que je leur prêche ; tant de
chrétiens qui ne m'entendent que pour me contredire secrètement, ou tout au
plus pour satisfaire une vaine curiosité qui les attire, mais obstinés et
déterminés à ne se pas rendre : pourquoi? Ce sont des cœurs incirconcis, des
cœurs emportés, dominés, tyrannisés parleurs passions; des cœurs qui n'ont
jamais fait nulle épreuve, et qui n'ont aucun exercice de cette mortification
chrétienne, laquelle apprend à s'assujettir, à se contraindre, à se modérer; des
cœurs en qui l'amour du monde règne souverainement, et agit avec toute la
vivacité qui lui est propre. Or, à de tels cœurs rien de plus inutile, ô mon
Dieu, que votre parole, quoique sainte, quoique divine. A des cœurs ainsi
disposés, rien de plus difficile que le salut; et c'est ce que Dieu voulut
expressément nous figurer dans la conduite qu'observa Josué à l'égard des
Israélites, quand il fut sur le point de les introduire dans la Terre promise.
Que fit-il? Il les obligea tous sans exception à se faire circoncire ; et de
tant de milliers d'hommes qui l'avaient suivi dans le désert, aucun ne fut
admis dans cette terre bienheureuse, qu'il n'eût auparavant subi la rigueur de
cette loi. Cela se faisait-il sans dessein? Non, sans doute, répond saint Jérôme;
mais l'intention de Dieu était de nous faire comprendre que nul de nous ne
devait entrer dans la gloire, s'il n'avait la marque de la circoncision
évangélique, c'est-à-dire s'il ne portait en son corps, et surtout dans son
cœur, la mortification de Jésus-Christ ; et que ce vrai Josué, ce sauveur, ce
conducteur par excellence du peuple de Dieu, n'ouvrirait jamais les portes du
ciel qu'à ceux qui auraient le courage de vouloir être circoncis en lui et avec
lui ; qu'à ceux qui seraient résolus à se faire les violences nécessaires, et à
faire à Dieu les sacrifices convenables pour mériter d'être reçus dans cette
terre des vivants.
Car il faut pour cela,
ajoute saint Jérôme, et cette instruction est encore plus essentielle à mon
sujet, et plus propre à vous édifier que tout ce que je viens de dire; il faut,
pour être sauvés, une circoncision entière, une circoncision universelle, une
circoncision qui s'étende à tout et qui n'excepte rien. Et la raison, dit ce
Père, en est bien évidente ; parce qu'il n'y a point de vice en nous qui ne
puisse nous faire perdre le salut, si nous le laissons croître et se fortifier
; point d'affection déréglée, de quelque nature qu'elle soit, si elle prend
l'empire sur nous, qui ne puisse être la cause de notre ruine ; point de passion,
si nous ne la soumettons à Dieu, qui ne suffise pour nous damner. En effet, ce
n'est communément qu'une passion qui fait tout le désordre de notre âme, et qui
nous expose à la réprobation éternelle : toutes les autres, si vous voulez,
sont dans l'ordre; celle-là seule, parce que nous la négligeons, et que nous ne
travaillons pas à la réprimer, nous précipite dans l'abîme. Il faut donc que la
circoncision du cœur aille jusqu'à elle, ou plutôt il faut qu'elle commence par
elle, et qu'elle s'y attache. Et celle mortification universelle des passions,
cette modification sans réserve et sans restriction, c'est ce que j'appelle une
circoncision en Jésus-Christ : In quo et circumcisi sumus. Voilà le précepte
nouveau qu'il établit, et dont il pouvait bien nous dire dès lors ce qu'il dit
ensuite à ses apôtres, du précepte de la chanté : Mandatum novum do vobis
(Joan., XIII, 34); voilà ce qu'il avait autant de droit d'appeler son
commandement : Hoc est prœceptum meum (Ibid., XV, 12); voilà l'admirable et
sainte loi dont il devait être le législateur, cette loi de la circoncision des
cœurs. Mais il ne se contente pas de l'établir, il veut encore nous l'expliquer
par son exemple, et c'est ce qu'il fait d'une manière toute divine dans ce
mystère.
En effet, vous me demandez
à quoi se réduit cette circoncision nouvelle, et si nécessaire au salut? Pour
le bien apprendre, considérons plus en détail ce qui se passe dans la
circoncision du Sauveur. Son exemple nous fait voir ce que nous devons surtout
retrancher dans nous-mêmes, ou plutôt ce que la grâce y doit retrancher aux
dépens de la nature et des inclinations corrompues de notre cœur : car, dans la
circoncision de Jésus-Christ, nous trouvons les quatre passions les plus
dominantes et les plus difficiles à vaincre, parfaitement sacrifiées et
soumises à Dieu ; celle de la liberté, celle de l'intérêt, celle de l'honneur
et celle du plaisir : celle de la liberté, dans l'obéissance que rend ce
Dieu-Homme à une loi qui ne l'obligeait pas (prenez garde, s'il vous plaît, à cette
circonstance) ; celle de l'intérêt, dans le dépouillement et le dénuement où il
veut paraître ; celle de l'honneur, dans ce caractère ignominieux du péché,
dont il consent à subir toute la honte; enfin, celle du plaisir, dans cette
opération sanglante et douloureuse qu'il souffre. Tels sont, mes chers
auditeurs, les devoirs les plus essentiels d'une circoncision chrétienne :
comprenez-les. Pour vous, mondain, elle consiste, cette circoncision en esprit,
à retrancher de votre cœur cet amour de l'indépendance, et ce désordre d'une
volonté libertine qui ne veut s'assujettir à rien, qui ne suit que ses idées et
son caprice, à qui la régularité la plus douce devient insupportable, dès là
qu'elle est régularité; surtout à retrancher de votre conduite cette facilité
malheureuse de s'accorder des dispenses selon son gré, d'interpréter la loi en
sa faveur, de croire qu'elle est pour les autres et qu'elle n'est pas pour
nous, de s'en adoucir le joug par mille artifices que l'esprit du monde sait
bien suggérer, de lui prescrire des bornes, et de n'en vouloir observer que
l'essentiel et le nécessaire, d'en abandonner toute la perfection pour
s'attacher précisément à l'obligation; maxime la moins soutenable et la plus
pernicieuse au salut. Car, sans vous faire ici remarquer combien il est indigne
de traiter de la sorte avec Dieu, sans vous faire craindre le retour funeste à
quoi vous vous exposez, engageant Dieu par là à vous traiter vous-même dans
toute la rigueur, et à ne vous accorder que ces grâces communes que sa providence
générale ne refuse pas à ses plus grands ennemis; sans parler de la conséquence
terrible qui s'ensuivrait de cette soustraction des grâces spéciales et des
secours extraordinaires que Dieu est bien moins obligé de nous donner, que nous
ne le sommes de faire pour son service ce que nous appelons œuvres de
subrogation : sans rien dire de tout cela, je prétends, Chrétiens, que vous
permettant ainsi tout ce que la loi vous permet, vous n'éviterez jamais de vous
permettre mille choses que la loi ne vous permet pas. Pourquoi? parce que je
suis certain que, dans le discernement des choses permises et non permises,
vous vous flatterez, vous vous aveuglerez, vous vous tromperez vous-mêmes; et
parce qu'il m'est encore évident que, quand vous ne vous tromperiez pas, votre
passion vous emportera, et que vous ne serez jamais assez fermes ni assez
maîtres de vous-mêmes pour vous en tenir exactement à ce qui vous est accordé
par la loi, et pour ne pas aller plus loin. Mais c'est un commerce innocent,
c'est un entretien honnête, c'est un divertissement qui n'a rien de criminel :
il n'importe, retranchez, mon cher auditeur. Quand un habile médecin veut
guérir une plaie envenimée, il fait couper la chair vive, afin que la contagion
ne se communique pas. Or, vous ne devez pas avoir moins de soin du salut de
votre âme qu'on en a du salut et de la santé du corps.
Pour vous, avare, elle
consiste, cette sainte circoncision, à retrancher cet esprit d'intérêt qui vous
possède; cette insatiable cupidité qui vous brûle et qui vous dévore; ce désir
passionné d'avoir, cette impatience d'acquérir, qui vous fait commettre les
plus grossières injustices; cette crainte de manquer, qui vous endurcit aux
misères des pauvres ; ce soin de garder, qui vous rend odieux à ceux mêmes «pie
les sentiments de la nature devraient vous attacher d'un nœud plus étroit; ces
chagrins de perdre, qui vous désespèrent, et qui vous révoltent contre le ciel;
cette folie d'amasser, d'accumuler toujours biens sur biens, qui sortiront de
vos mains, et qui passeront à des impies ou à des ingrats. Pour vous,
ambitieux, votre circoncision doit être, selon l'Evangile, de retrancher cette
passion démesurée de vous pousser et de vous élever, à laquelle vous sacrifiez
tout; ces vues de fortune qui vous occupent uniquement, et que vous vous
flattez en vain de pouvoir accorder avec les règles d'une droite conscience,
ces empressements de parvenir à ce qu'un orgueil présomptueux s'est proposé
pour objet; cette disposition secrète à employer pour y réussir toutes sortes de
moyens, fussent-ils les plus honteux et les plus bas; ces envies du bonheur
d'autrui et de ses prospérités, dont vous vous faites un supplice ; ces
jalousies qui vont jusqu'à vous inspirer les haines et les aversions les plus
mortelles, comme si le mérite du prochain était un crime dans lui, et qu'il ne
pût, sans vous offenser, jouir des avantages dont le ciel, préférablement à
vous, l'a gratifié. Enfin, ce que vous devez retrancher, c'est, homme sensuel
et voluptueux, cet attachement opiniâtre qui vous tient depuis si longtemps
dans le plus dur et le plus vil esclavage ; ce jeu, qui, jusqu'à présent, a été
la source de tous les désordres de votre vie ; ces conversations licencieuses,
qui, d'un jour à un autre, vous font perdre insensiblement la pudeur et
l'horreur du vice; ces lectures, dont le poison subtil a commencé et fomente
encore maintenant votre libertinage; ces parties de plaisir, qui sont pour vous
de si dangereuses tentations, et qui allument le feu dans votre âme : c'est,
femme du monde, cet amour de vous-même, dont vous êtes toute remplie et comme
enivrée; cette idolâtrie de votre personne, qui attaque directement le premier
devoir de la religion ; ces soins outrés de votre santé, qui vous font si
aisément transgresser les plus inviolables et les plus saintes lois de l'Eglise
; ces dépenses excessives en habits, en ajustements, en parures, et ce luxe
dont rougirait une païenne; ces nudités immodestes, et ces désirs de plaire,
qui vous rendent complice et responsable de tant de crimes; cette vie douce,
commode, molle, qu'il est si difficile et comme impossible d'allier avec
l'innocence du cœur et la pureté des mœurs. Voilà, Chrétiens, pourquoi il faut
vous armer de ce glaive que le Sauveur du monde a lui-même apporté sur la
terre; ou, pour parler plus simplement, voilà à quoi doit s'étendre cette
circoncision dont Jésus-Christ a voulu lui-même être le modèle : sans cela
point de salut.
Mais il s'ensuit donc
que, pour se sauver, il faut mourir à soi-même. En doutez-vous, mon cher
auditeur? Le Fils de Dieu ne nous l'a-t-il pas expressément déclaré, quand il
nous a dit que, pour être son disciple et pour être digne de lui, il fallait
renoncer à tout, et porter sa croix? Saint Paul ne nous dit-il pas que, sans la
mortification chrétienne, on ne peut avoir part à l'héritage de Dieu, ni régner
avec Jésus-Christ? Et n'est-ce pas ce que nous fait admirablement entendre
saint Augustin au livre treizième de la Cité de Dieu? Les paroles de ce Père
sont remarquables. Il parle de l'obligation qu'avaient les martyrs de mourir
pour la défense de leur foi : mais ce qu'il dit convient parfaitement à mon
sujet, et peut très-naturellement s'appliquer à la mort des passions. Oui, mes
Frères (c'est ainsi que s'explique ce saint docteur), il faut mourir au monde
pour vivre à Dieu. On disait autrefois au premier homme: Tu mourras si tu
pèches; mais maintenant on dit aux fidèles : Mourez pour ne pas pécher : Olim
dictum est homini : Morieris si peccaveris; nunc dicitur christiano : Morere ne
pecces. Ce qu'il fallait craindre alors pour ne pas pécher, maintenant il faut
le désirer et le faire pour se préserver du péché : Quod timendum tunc fuerat
ut non peccaretur, nunc suscipiendum est ut non peccetur. La foi nous enseigne
que si nos premiers parents n'eussent pas péché, ils ne seraient pas morts ; et
la même foi nous apprend que les plus justes même pécheront s'ils ne meurent :
Nisi peccassent illi, non morerentur; justi autem peccabunt, nisi moriantur.
Ceux-là sont donc morts, parce qu'ils ont voulu pécher; et ceux-ci ne pèchent
point, parce qu'ils veulent bien mourir : Mortui sunt illi, quia peccaverunt;
non peccant isti, quia moriuntur. Ainsi, conclut saint Augustin, Dieu a donné
tant de bénédictions à notre foi, que la mort même, qui détruit la vie, est
devenue un moyen pour entrer dans la vie : Sic Deus tantam fidei nostrœ
prœstitit gratiam, ut mors, quam vitae constat esse contrariant, instrumentum
fieret per quod transiretur ad vitam.
Cette morale, direz-vous,
n'est propre que pour les solitaires et les religieux. Erreur, mes Frères : en
quelque état et de quelque condition que vous soyez, elle vous regarde , et
j'ose dire qu'elle vous est encore plus nécessaire dans le monde que partout
ailleurs. C'est ce que vous avez tant de peine à vous persuader, et ce qui néanmoins
est incontestablement vrai. Il faut que l'homme du monde et le religieux soient
circoncis de cœur; mais à comparer les besoins de l'un et de l'autre, cette
circoncision du cœur est encore, dans un sens, d'une obligation plus
indispensable pour l'homme du monde que pour le religieux. Pourquoi? parce que
l'homme du monde a beaucoup plus de choses à retrancher que le religieux, à qui
les vœux de sa profession ont déjà tout ôté ; parce que l'homme du monde a des
passions beaucoup plus vives que le religieux, puisqu'il a beaucoup plus
d'objets capables de les exciter; parce que l'homme du monde est beaucoup plus
exposé que le religieux, et qu'il doit par conséquent veiller beaucoup plus sur
lui-même, et faire de plus grands efforts pour se défendre et pour se soutenir.
Après le premier pas qu'a fait le religieux, après ce premier sacrifice qui l'a
dépouillé de tout, il ne lui reste plus rien, ce semble, à offrir; mais vous,
dans le monde, qu'avez-vous jusqu'à présent donné à Dieu, ou que n'avez-vous
point encore à lui sacrifier?
Je n'ignore pas, après
tout, que cette circoncision qu'on vous demande a ses peines; elle est
difficile, j'en conviens : mais comme Jésus-Christ nous en fait une loi, comme
il nous en explique le précepte, il nous en facilite l'usage ; et cela par où?
Par la vertu même du sang qu'il commence à répandre : car ce sang divin porte
avec soi une double grâce; l'une intérieure, et l'autre extérieure. Grâce
intérieure, c'est celle du Sauveur; cette grâce que le médiateur des hommes a
lui-même apportée; cette grâce qui nous éclaire l'esprit et nous fait connaître
nos devoirs, qui nous touche le cœur et nous les fait aimer; cette grâce
victorieuse et toute-puissante, qui réprimait dans saint Paul l'aiguillon de la
chair dont il était si violemment tourmenté, qui soutenait les martyrs contre
toute l'horreur des tourments, et qui seule, dans notre plus grande infirmité,
peut être pour nous l'appui le plus ferme et le plus inébranlable. Grâce
extérieure, c'est celle de ce même exemple par où Jésus-Christ nous explique sa
loi, et par où il nous encourage à l'accomplir : car, à la vue de ce sang qu'il
verse, de quel prétexte pouvons-nous colorer notre lâcheté? Que nous
demande-t-il qui égale ce qu'il a fait, et comment, dit saint Bernard, le
remède qu'il nous présente peut-il nous paraître amer, après qu'il l'a pris
lui-même avant nous et pour nous?
Il est donc temps,
Chrétiens, de nous réveiller du profond sommeil où notre foi demeure ensevelie
: c'est l'avis que nous donne l'Apôtre : Hora est jam nos de somno surgere (Rom.,
XIII, 11). Il est temps, poursuit le maître des Gentils, que, renonçant à
l'impiété et aux passions mondaines, nous vivions dans le siècle présent avec
tempérance et avec justice, en vue de cette béatitude que nous attendons, et de
ce glorieux avènement de notre Dieu, où il couronnera ses élus, marqués du
caractère de l'agneau. Nous entrons aujourd'hui dans une nouvelle année :
combien Dieu en voit-il dans cet auditoire qui la commencent, et qui ne la
finiront pas ! Si tel qui m'écoute était convaincu qu'il est de ce nombre, et
si de la part de Dieu je lui disais avec certitude : Pensez à vous, car votre
heure approche , et c'est dans le cours de cette année qu'on vous redemandera
votre âme ; c'est dans le cours de cette année que vous devez comparaître devant
le tribunal de Dieu, et y rendre compte de vos actions; si dis-je, tel à qui je
parle en était assuré, et qu'il n'en doutât point, je n'aurais alors nulle
peine à lui persuader cette circoncision du cœur dont je viens de vous
entretenir. Quelle impression ne ferait pas sur son esprit cet arrêt de mort
que je lui aurais prononcé ? Pénétré de cette pensée : Voici la dernière année
de ma vie, quelles résolutions ne formerait-il pas? Quelles mesures ne
prendrait-il pas? Avec quels sentiments de repentir et de douleur ne
sortirait-il pas de cette prédication? Quelle pénitence ne serait-il pas
disposé à entreprendre? Quel changement et quelle réforme ne verrait-on pas
dans toute sa conduite et dans ses mœurs? penserait-il à sa fortune, serait-il
occupé de ses plaisirs? Ah ! Chrétiens, sans avoir la même assurance que lui,
la seule incertitude où nous sommes ne suffit-elle pas pour produire en nous
les mêmes effets? Ayons toujours, comme le Prophète royal, notre âme dans nos
mains : Anima mea in manibus meis semper (Ps., CXVIII, 109). C'est-à-dire,
soyons toujours prêts à partir, toujours prêts à nous présenter devant Dieu ;
pourquoi? Parce que nous ne savons quand il nous appellera, et que ce sera
peut-être dès cette année. Quoi qu'il en soit, sanctifions-la, et faisons-en
une année de salut : elle passera; mais ce qui ne passera jamais, c'est la
récompense éternelle qui vous est promise, et que je vous souhaite, etc.
Oeuvres complètes de
Bourdaloue, publiées par des prêtres de l'immaculée conception de saint-dizier
(haute-marne) Tours, Cattier, librairie-éditeur, rue de la Scellerie, 1864.
Numérisation : Abbaye Saint Benoît de Port-Valais, Pâques 2007
SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/bourdaloue/vol3/003.htm
Circoncisione del Signore (Solennità)
Cosmè Tura (1430–1495), The Circumcision, polyptyque Roverella, circa 1470, 38,7 x 38,1, musée Isabella-Stewart-Gardner
Feast of the
Circumcision of the Lord
Also
known as
In Circumcisione Domini
et Octav Nativitatis
Profile
Though he was not bound
by law, Christ wanted to fulfill the law and to show His descent in the flesh
from Abraham, and so was circumcised on the eighth day of his life (Luke 2:21),
and received the name expressive of His office, Jesus, (Saviour). He was, as
Saint Paul says, “made under the law”, that is, He submitted to the Mosaic
Dispensation, “that he might redeem them who were under the law: that we might
receive the adoption of sons” (Galatians 4:4-5). “The Christ, in order to
fulfill all justice, was required to endure this humiliation, and bear in His
body the stigma of the sins which He had taken upon Himself.” The circumcision
took place, not in the Temple, though painters sometimes so represent it, but
in some private house, where the Holy
Family had found a rather late hospitality. The public ceremony in the
synagogue, which is now the usage, was introduced later.
As Christmas was
celebrated on 25
December, celebration of Circumcision fell on the first of January. In the
ages of paganism,
however, the solemnization of the feast was almost impossible due to orgies
connected with the Saturnalian festivities being celebrated at the same time.
Even in our own day the secular features of the opening of the New Year
interfere with the religious observance of the Circumcision, and tend to make a
mere holiday of that which should have the sacred character of a Holy
Day. Saint Augustine
of Hippo points out the difference between the pagan and Christian manners
of celebrating the day: pagan feasting
and excesses were to be expiated by Christian fasting and prayer.
The Feast was kept at an early date in the Gallican Rite, as is clearly
indicated in a Council of Tours in 567,
in which the Mass of the Circumcision is prescribed. The feast celebrated
at Rome in the seventh century was not the Circumcision as such, but the octave
of Christmas. The Gelasian Sacramentary gives the title “In Octabas Domini”,
and prohibits the faithful from idolatry and the profanities of the season. The
earliest Byzantine calendars (eighth and ninth centuries) give for the first of
January both the Circumcision and the anniversary of Saint Basil.
The Feast of the Circumcision was observed in Spain before
the death of Saint Isidore
in 636.
It seems, therefore, that the octave was more prominent in the early centuries,
and the Circumcision later. As paganism passed
away the religious festivities of the Circumcision became more conspicuous and
solemn; yet, even in the tenth century, Atto, Bishop of
Vercelli, rebuked those who profaned the holy season by pagan dances,
songs, and the lighting of lamps.
Additional
Information
A
Character Calendar, by Sister Mary Fidelis and Sister Mary Charitas,
S.S.N.D
An
Old English Martyrology, by George Herzfeld
Golden
Legend, by Jacobus de Voragine
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Lives
of the Saints, by Sabine Baring-Gould
Meditations
on the Gospels for Every Day in the Year, by Father Pierre
Médaille
New
Catholic Dictionary: circumcision
New
Catholic Dictionary: Feast of the Circumcision of the Lord
Pictorial
Half Hours with the Saints
Roman
Martyrology, 1914 edition
Short
Lives of the Saints, by E C Donnelly
The
Liturgical Year, by Father Prosper
Gueranger
books
The Martyrology of The Sacred Order of Friars Preachers,
translated by Father W
R Bonniwell, O.P.
other
sites in english
images
video
sitios
en español
Martirlogio Romano, 2004 edizione
websites
in nederlandse
MLA
Citation
“Feast of the
Circumcision of the Lord“. CatholicSaints.Info. 15 May 2024. Web. 3 July
2024.
<https://catholicsaints.info/feast-of-the-circumcision-of-the-lord/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/feast-of-the-circumcision-of-the-lord/
Circoncisione del Signore (Solennità)
Ludwig Schongauer (1440–1494), Circoncision du Christ, circa 1451, peinture sur panneau, 49,9 x 32,3, Provient d'un Retable de la Vierge démembré dont plusieurs panneaux sont conservés : Annonciation (coll. Sarre) ; Nativité (Philadelphie) ; Visitation et Adoration des mages (Darmstadt), département des peintures du musée du Louvre / musée Unterlinden
Feast of the Circumcision
As Christ wished
to fulfil the law and
to show His descent according to the flesh from Abraham. He, though not
bound by the law,
was circumcised on
the eighth day (Luke
2:21), and received the sublime name expressive of His office, Jesus,
i.e. Saviour. He was, as St.
Paul says, "made under the law", i.e. He submitted to
the MosaicDispensation,
"that he might redeem them who were under the law:
that we might receive the adoption of sons" (Galatians
4:4, 5). "The Christ, in order to fulfil all justice,
was required to endure this humiliation, and bear in His body the stigma of
the sins which
He had taken upon Himself" (Fouard,
A Life of Jesus, tr., I, 54). Thecircumcision took
place, not in the Temple, though painters sometimes
so represent it, but in some private house, where the Holy Family had found a
rather late hospitality. The public ceremony in
the synagogue,
which is now the usage, was introduced later. Christmas was
celebrated on 25 December, even in the early centuries, at least by the Western
Church, whence the date was soon adopted in
the East also. (See CHRISTMAS). Saint
Chrysostom credits the West with the tradition,
and St.
Augustine speaks of it as well and long established. Consequently
the Circumcision fell on the first of January. In the ages of paganism,
however, the solemnization of the feast was almost impossible, on
account of the orgies connected with the Saturnalian festivities, which
were celebrated at the same time. Even in our own day
the secular features of the opening of the New Year interfere with
the religious observance of the Circumcision, and tend to make a
mere holiday of that which should have thesacred character of
a Holy Day. St.
Augustine points out the difference between the pagan and
the Christianmanner
of celebrating the day: pagan feasting
and excesses were to be expiated by Christian fasting and prayer(P.L.,
XXXVIII, 1024 sqq.; Serm. cxcvii, cxcviii). The Feast of the Circumcision
was kept at an early date in
theGallican
Rite, as is clearly indicated in a Council of Tours (567),
in which he Mass of the Circumcision is prescribed (Con.
Tur., II., can. xvii in Labbe, V, 857). The feast celebrated
at Rome in
the seventh century was not theCircumcision as such, but
the octave of Christmas.
The Gelasian Sacramentary gives the title "In Octabas
Domini", and prohibits the faithful from idolatry and
the profanities of the season (P.L., LXXIV, 1061). The earliestByzantine calendars (eighth
and ninth centuries) give for the first of January both
the Circumcision and the anniversary of St.
Basil. The Feast of the Circumcision was observed in Spain before
the death of St.
Isidore(636), for the "Regula Monachorum", X, reads: "For it
hath pleased the Fathers to appoint a holy season from the
day of the Lord's birth to the day of His Circumcision" (P.L.,
LXXXIII, 880). It seems, therefore, that the octavewas more prominent in
the early centuries, and the Circumcision later.
It is to be noted also
that the Blessed
Virgin Mary was not forgotten in the festivities of
the holy season, and theMass in her honour was
sometimes said on this day. Today, also, while in both Missal and Breviary the feastbears
the title "In Circumcisione Domini et
Octav Nativitatis", the prayers have
special reference to the Blessed
Virgin, and in the Office, the responses and antiphons set
forth her privileges and extol her wonderful prerogatives.
The psalms for Vespers are
those appointed for her feasts, and the antiphons and hymn of Laudskeep
her constantly in view. As paganism passed
away the religious festivities of
the Circumcision became more conspicuous and solemn; yet, even
in the tenth century, Atto, Bishop of Vercelli,
rebuked those who profaned theholy season by pagan dances,
songs, and the lighting of lamps (P.L. CXXXIV, 43). (See
also NEW
YEAR'S DAY.)
Sources
Acta SS., Jan., I, Sermo
Faustini (describing secular festivities and Christian fasts;
BUTLER, The Lives of the Saints, 1 Jan.; SMITH, Dict. of Christ.
Antiquities, s.v.; DUCHESNE, Les origines du culte chrét. (tr. London,
1904), 273.
Tierney, John. "Feast of the Circumcision." The Catholic
Encyclopedia. Vol. 3. New York: Robert Appleton Company, 1908.1
Jan. 2016 <http://www.newadvent.org/cathen/03779a.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Wm Stuart French, Jr. Dedicated
to Wm Stuart French, Sr.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. November 1, 1908. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2023 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/03779a.htm
Circoncisione del Signore (Solennità)
Ottaviano Nelli (1375–), Circoncision de Jésus, tempera et or sur bois de peuplier, circa 1415, 70 x 32, Pinacothèque vaticane
Circumcism of Our Lord and Solemnity of Mary, Mother of God
Jesus was subjected to the sacrament of the Old Law: Circumcism eight days
after his birth, during which he received the name announced by Gabriel to
Mary. Obviously, there was no need for Jesus to be circumcised to be marked as
one of the chosen ones of God, but He subjected Himself willingly and freely.
Many have listed reasons
for Christ's circumcision. Concisely, as our Lord identified Himself with
humanity by becoming a man, so He identified Himself with the Jews by unity of
blood and religion and suffering, thus proving Himself to be that man foretold
by the prophets.
Historically viewed, the
Feast of the Circumcism is at the same time a celebration of the Octave of
Christmas, of the Virgin Mother's special role in the Incarnation, as well as a
penitential protest against the pagan excesses of the New Year.
More recently, emphasis
has been placed on honoring Mary as the Mother of God on the first day of the
year.
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0101.shtml
Circoncisione del Signore (Solennità)
Circoncisione di Gesù (Luca
Signorelli)
Luca Signorelli (1450–1523), Circoncisione di Gesù (1490 - 1491), olio su
tavola, 259 x 180, Londra, National Gallery
January 1
The Circumcision of Our
Lord
CIRCUMCISION 1 was
a sacrament of the Old Law, and the first legal observance required by Almighty
God of that people, which he had chosen preferably to all the nations of the
earth to be the depositary of his revealed truths.—These were the descendants
of Abraham, whom he had enjoined it, under the strictest penalties, 2 several
hundred years before the giving of the law to Moses on Mount Sinai; and this on
two several accounts: First, as a distinguishing mark between them and the rest
of mankind. Secondly, as a seal to a covenant between God and that patriarch:
whereby it was stipulated on God’s part to bless Abraham and his posterity;
whilst on their part it implied a holy engagement to be his people,
by a strict conformity to his laws. It was therefore a sacrament of initiation
in the service of God, and a promise and engagement to believe and act as he
had revealed and directed. Circumcision is also looked upon by St. Austin, and
by several eminent modern divines, 3 to
have been the expedient, in the male posterity of Abraham, for removing the
guilt of original sin: which in those who did not belong to the covenant of
Abraham, nor fall under this law, was remitted by other means, probably by some
external act of faith.
This law of circumcision
continued in force till the death of Christ: hence our Saviour being born under
the law, it became him, who came to teach mankind obedience to the
laws of God, to fulfil all justice, and to submit to it. Therefore,
he was made under the law, that is, was circumcised, that he
might redeem them that were under the law, by freeing them from the
servitude of it; and that those, who were in the condition of servants before,
might be set at liberty, and receive the adoption of sons in baptism;
which by Christ’s institution, succeeded to circumcision. On the day he was
circumcised he received the name of JESUS, the same which had been appointed
him by the angel before he was conceived. 4 The
reason of his being called JESUS is mentioned in the gospel: 5 For
he shall save his people from their sins. This he effected by the greatest
sufferings and humiliations; having humbled himself, as St. Paul
says, 6 not
only unto death, but even to the death of the cross; for which
cause God hath exalted him, and hath given him a name which is above all names;
that at the name of JESUS every knee should bow: agreeably to
what Christ says of himself, 7 All
power is given unto me in heaven and in earth. 8
Christ being not only
innocent, but incapable of sin, could stand in no need of circumcision, as an
expedient then in use for the remission of sin. He was pleased, however, to
subject himself to this humbling and painful rite of the Mosaic dispensation for
several reasons: as, First, to put an end in an honourable manner to a divine,
but temporary, institution, by taking it upon his own person. Secondly, to
prove the reality of his human body; which, however evident from this and so
many other other actions and sufferings of his life, was denied by several
ancient heretics. Thirdly, to prove himself not only the son of man, but of
that man in particular of whose seed the Messiah was promised to come; thus
precluding any future objection that might be raised by the Jews against his
divine mission in quality of Messiah, under the pretence of his being an alien;
and hereby qualifying himself for free conversation with them for their own
spiritual advantage: setting us all a pattern of undergoing voluntarily several
hardships and restraints, which, though not necessary on our own account, may
be of great use to promote the good of others. Christ not being like other
Jewish children, who could not know or fear the pain of circumcision, when they
were going to suffer the operation, was perfectly sensible of it beforehand,
and with calmness and intrepidity offered himself willingly to suffer the
knife, and shed the first fruits of his sacred blood in this painful manner.
Under the smart this divine infant shed tears, but not as other children; for
by them, with the most tender love and compassion, he bewailed chiefly our
spiritual miseries, and at the same time presented with joy his blood as the
price of our redemption to his Father. Fourthly, by thus humbling himself under
this painful operation, he would give us an early pledge and earnest of his
love for us, of his compassion for our miseries, and of his utter detestation
of sin. The charity and zeal which glowed in his divine breast, impatient, as
it were, of delay, delighted themselves in these first fruits of humiliation
and suffering for our sakes, till they could fully satiate their thirst by that
superabundance of both, in his passion and death. With infinite zeal for his
Father’s honour, and charity for us sinners, with invincible patience, and the
most profound humility, he now offered himself most cheerfully to his Father to
undergo whatever he was pleased to enjoin him. Fifthly, he teaches us by the
example of voluntary obedience to a law that could not oblige him, to submit
with great punctuality and exactness to laws of divine appointment; and how
very far we ought to be from sheltering our disobedience under lame excuses and
frivolous pretexts. Sixthly, by this ceremony, he humbled himself to satisfy
for our pride, and to teach us the sincere spirit of humility. What greater
humiliation can be imagined than for Him who is the eternal Son of God, in all
things equal to his Father, to conceal these glorious titles under the
appearance of a sinner? What a subject of confusion to us, who, being
abominable criminals, are ashamed to pass for what we are, and desire to appear
and be esteemed what we are not! Shall we not learn from this example of Christ
to love humiliations, especially as we cannot but acknowledge that we deserve
every reproach and all manner of contempt from all creatures? Seventhly, by
beginning the great work of our salvation in the manner he was one day to
finish it; suffering in his own person the punishment of sin, to deliver us
from both sin and its punishment, he confounds the impenitence of sinners who
will suffer nothing for their own sins; and inculcates the necessity of a
spiritual circumcision, whereof the external was but the type and figure, as
the apostle puts us in mind. 9
It is manifest, beyond
all contradiction, from several texts of the Old Testament, 10 that
men under that dispensation ought not to have rested in the external act alone,
but should have aspired from the letter to the spirit, from the carnal to a
spiritual circumcision. These texts, at the same time that they set forth its
necessity, describe it as consisting in a readiness and willing disposition to
conform to the will of God, and submit to it when known, in every particular.
They in consequence require a retrenchment of all inordinate and superfluous
desires of the soul, the keeping a strict guard and government over ourselves,
a total abstinence from criminal, and a prudent reserve even in the lawful
gratifications of sense and appetite. If such instances of spiritual
circumcision were required of those under the Old Law, to qualify them for
acceptance with God, can any thing less than the same entitle us Christians to
the claim of spiritual kindred with faithful Abraham, and to share of that
redemption which Christ began this day to purchase for us at the expense of his
blood? We must cut off whatever inordinate or superfluous desires of riches,
honours, or pleasures reign in our hearts, and renounce whatever holds us
wedded to our senses or the world. Though this sacrifice required the last drop
of our blood, we ought cheerfully to make it. The example of Christ powerfully
excites us not to spare ourselves. A thousand irregular affections reign in our
souls, and self-love is master there. This enemy is only to be expelled by
compunction, watchfulness over ourselves, perfect obedience, humble submission
to correction, voluntary self-denials, and patience under crosses. To these
endeavours we must join earnest prayer for the necessary grace to discover, and
courageously crucify whatever opposes the reign of the pure love of God in our
affections. If we are conscious to ourselves of having taken a contrary course,
and are of the unhappy number of the uncircumcised in heart; what
more proper time to set about a thorough reformation, by cutting off whatever
is inconsistent with, or prejudicial to the true Christian spirit, than this
very day, the first of the new year? that so it may be a new year to
us in the most Christian and beneficial sense of the word. 11
Wherefore, after having
consecrated its first fruits to God, by the most sincere and fervent homage of
praise and adoration; after having paid him the just tribute of thanksgiving
for all his benefits, and in particular for the mercy by which he vouchsafes us
still time to appease his anger, and serve him; it becomes us to allot some
part of this day to tears of compunction for our past offences, and to the
diving into the source of our spiritual sloth and other irregularities, with a
view to the amendment of our lives, and the preventing of relapses: not
contenting ourselves with general purposes, which cost self-love so little, the
insufficiency of which our own experience has convinced us of; we must lay the
axe to the root, and seriously resolve to decline to the best of our power, the
particular occasions which have betrayed us into sin, and embrace the most
effectual means of reformation of life and improvement in virtue. Every year
ought to find us more fervent in charity; every day ought our soul to augment
in strength, and be decked with new flowers of virtue and good works. If the
plant ceases to grow, or the fruit to ripen, they decay of course, and are in
danger of perishing. By a rule far more sacred, the soul which makes not a
daily progress in virtue, loses ground: a dreadful symptom in the spiritual
life.
The more intense ought
our fervour to be, as we draw the nearer to the end of our course: So much
the more, says the apostle, as you perceive the day to approach, 12 the
day of retribution to each according to his works, which will be that
of our death, which may be much nearer than we are willing to imagine. Perhaps
we may not live to the end of this very year: it will be the case of thousands,
who at this time are as regardless of it as we can be. What security can we
have against a surprise, the consequences whereof are infinite and
irretrievable, except that of a sincere and speedy conversion, of being upon
our guard against temptations, of dedicating effectually this ensuing year and
the remainder of our short lives to God, our last end and only good, and
frequently imploring his grace and mercy. It is our blessed Saviour’s advice
and injunction: Watch ye therefore; praying at all times,… that you may be
accounted worthy … to stand before the Son of man. 13
The Christian’s devotion
on this day ought to consist, first, in the solemn consecration of the first
fruits of the year to God; and secondly, in honouring the mystery of the
Incarnation of the Son of God, particularly his birth and circumcision. The
church invites us on this day to unite our homages with the seraphic ardours
and transports of devotion with which the glorious Mother of God assisted at
these wonderful mysteries which we commemorate, but in which she acted herself
so great a part. With what sentiments did Mary bear in her womb, bring forth,
and serve her adorable son, who was also her God? with what love and awe did
she fix her eyes upon him, particularly at his circumcision? who can express in
what manner she was affected when she saw him subjected to this painful and
humbling ceremony? Filled with astonishment, and teeming affections of love and
gratitude, by profound adorations and praise she endeavoured to make him all
the amends in her power, and the best return and acknowledgment she was able.
In amorous complaints that he would begin, in the excess of his love, to suffer
for us in so tender an age, and to give this earnest of our redemption, she
might say to him: Truly thou art to me a spouse of blood. 14 With
the early sacrifice Christ here made of himself to his Father, she joined her
own, offering her divine son, and with and through him herself, to be an
eternal victim to his honour and love, with the most ardent desire to suffer
all things, even to blood, for the accomplishment of his will. Under her
mediation we ought to make him the tender of our homages, and with and through
this holy Redeemer, consecrate ourselves to God without reserve.
Note 1. In the
ancient Sacramentary of the Roman church, published by Cardinal Thomasius, (the
finishing of which some ascribe to Pope Gelasius I., others more probably to
Leo. I., though the ground was doubtless the work of their predecessors,) this
festival is called the Octave of our Lord’s Nativity. The same title is given
to it in the Latin calendar (or rather collection of the gospels read at Mass
throughout the year,) written above 900 years ago, presented to the public by
F. John Fronteau, regular canon of St. Genevieve’s at Paris, and by Leo
Allatius. The inference which Baillet draws from hence, that the mystery of our
Lord’s circumcision was not then commemorated in the office of this day, is a
notorious mistake. For Thomassin takes notice from Ivo of Chartres, that the
word Octave here implies the circumcision of our Lord, which was performed on
the eighth day after his birth: and in the above-mentioned Sacramentary express
mention is made of the circumcision in the Secret of the Mass. In F. Fronteau’s
calendar the gospel read on this day is the history of the circumcision given
by St. Luke. An old Vatican MS. copy of St. Gregory’s Sacramentary, and that of
Usuard’s Martyrology, kept at St. Germain-des-Près, express both the titles of
the Octave day and of the circumcision.
Durandus, in the 13th
century, (Ration, offic. l. 6. c. 15.) John Beleth, a theologian of Paris, (c.
71.) and several missals of the middle ages, prescribe two masses to be said on
this day, one on the circumcision, the other on the B. Virgin Mary. Micrologus
(c. 39.) assigns this reason, that as the B. Virgin, who had so great a share
in the birth of Christ, could not be mentioned in that solemn office, therefore
a commemoration of her is deferred to the Octave day. The second Mass is now
abolished; but in a great part of the office a regard is had to the B. Virgin.
In F. Fronteau’s Roman calendar, after the title of the Octave is added, Natale
S. Mariæ; for which Dom Martenne would have us read, S. Martinæ; but
without grounds. For, as Pope Benedict XIV. observes, (Comment. de Festis Domine,
c. 1.) the original unquestionably means a festival of the B. Virgin Mary. The
word Natale, which was used originally for the birth-day of the
Emperors, was afterwards taken for any annual feast. [back]
Note 3. Grounding
their opinion on Gen.
xvii. 14, &c. [back]
Note 6. Phil. ii.
8–10. [back]
Note 7. Matt. xxviii.
18. [back]
Note 8. The Jews
generally named their children on the day of their circumcision, but this was
not of precept. There are several instances of children named on the day of
their birth, (Gen. xxx.)
which could not be that of their circumcision by an express law requiring the
interval of eight days from their birth; the child being presumed too weak and
delicate to undergo the operation sooner, without danger of its life. It seems
to have been the practice among the Jews for children to be circumcised at
home: nor was a priest the necessary or ordinary minister, but the father,
mother, or any other person could perform the ceremony, as we see in the time
of Abraham (Gen. xvii.;
Acts vii.)
and of the Maccabees (1 Mac. 1.) St. Epiphanius (Hær. 20.) Whence F. Avala, in
his curious work entitled Pietor Christianus, printed at Madrid in
1730, shows that it is a vulgar error of painters who represent Christ
circumcised by a priest in the temple. The instrument was sometimes a sharp
stone, (Exod. iv.;
Jos. v.)
but doubtless most frequently of iron or steel. [back]
Note 10. Deut. x.
16; xxx.
6; Jer. iv.
4. [back]
Note 11. The pagan Romans celebrated the Saturnalia, or feast of Saturn, from the 17th of December during seven days: at which time slaves dined with their Masters, and were allowed an entire liberty of speech, in the superstitious remembrance of the golden age of the world, in which no distinction of ranks was yet known among men. (Macrob. l. 1. c. 10. Horat. &c.) The calends also of January were solemnized with licentious shows in honor of Janus and the goddess Strenia; and it is from those infamous diversions, that among Christians are derived the profane riots of new year’s day, twelfthtide, and shrovetide, by which many pervert these times into days of sin and intemperance. Several councils severely condemn these abuses; and the better to prevent them, some churches formerly kept the 1st of January a fast-day, as it is mentioned by St. Isidore of Seville (lib. 2. offic. c. 40.) Alcuin (lib. de div. offic.) &c. Dom Martenne observes (lib. de antiquis ritibus in celebr. div. offic. c. 13.) that on this account the second council of Tours in 567, ordered that on the calends of the circumcision the litany be sung, and high mass begun only at the eighth hour, that is, two in the afternoon, that it might be finished by three, the hour at which it was allowed to eat on the fasts of the stations. We have among the works of the fathers many severe invectives against the superstitions and excesses of this time. See St. Austin, (serm. 198. in hunc diem.) St. Peter Chrysologus, (serm. in calendas,) St. Maximus of Turin, (Hom. 5. apud Mabill. in Musæo Italico,) Faustinus the Bishop, (apud Boland. hac die. p. 3.) &c. The French name Etrennes is Pagan, from strenæ, or new year gifts, in honour of the goddess Strenia. The same in Poitou and Perche, anciently the country of the Druids, is derived from their rites. For the Poitevins for Etrennes use the word Auguislanneuf, and the Percherons, Equilans, from the ancient cry of the Druids, Au guy l’an neuf, i. e. Ad viscum, annus novus, or to the mistletoe the new year, when on new year’s day the Pagans went into the forests to seek the mistletoe on the oaks. See Chatelain, notes on the Martyr. Jan. 1. p. 7.
The ancients began the year, some from the autumnal, others from the vernal equinox. The primitive patriarchs from that of autumn, that is, from the month called by the Hebrews Tisri, which coincides with part of our September and October. Hence it seems probable that the world was created about that season; the earth, as appears from Gen. iii. 2, being then covered with trees, plants, fruits, seeds, and all other things in the state of their natural maturity and perfection. The Jews retained this commencement of the year, as a date for contracts and other civil purposes; as also for their sabbatical year and jubilee. But God commanded them to begin their ecclesiastical year, or that by which their religious festivals were regulated, from the spring equinox, or the Hebrew month Nisan, the same with part of our March and April, Exod. xii. 2. Christian nations commenced the year, some from the 25th of March, the feast of the Annunciation, and bordering upon the spring equinox; others from Christmas; others from its octave day, the first of January, in which our ancestors have often varied their practice. Europe is now agreed in fixing the first of January for this epoch.
The Julian year, so called from Julius Cæsar, from whom the Roman
calendar received its last reformation, consisted of 365 days, and six hours,
which exceed the true solar year by 11 minutes; for astronomers compute the
yearly revolution of the sun not to exceed 365 days, 5 hours, 48 minutes, and
37 seconds, according to Cassini, but according to Keil 57 seconds, or almost
49 minutes. This error, becoming daily more sensible, would have occasioned the
autumal equinox to have at length fallen on the day reckoned the solstice, and
in process of time, on that held for the vernal equinox. The Golden number, or
Grecian cycle of the lunar years, was likewise defective. To remedy both which,
Pope Gregory XIII. in 1582, established the new style. Scaliger, Tachet, and
Cassini, have demonstrated that cycles might be chosen still more exact by some
few seconds; however, this adopted by Pope Gregory, besides being the easiest
in the execution, admits of no material error, or sensible inconveniency. This
correction of the style was received by act of parliament, in Great Britain, in
1752; for the promoting of which great praise is due to the two illustrious
ornaments of the republic of letters, the Earls of Chesterfield and
Macclesfield. [back]
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume I: January. The Lives of the
Saints. 1866.
SOURCE : https://www.bartleby.com/lit-hub/lives-of-the-saints/volume-i-january/the-circumcision-of-our-lord
Circoncisione del Signore
(Solennità)
Hans Strüb /
Jakob
Strüb, Circoncisione di Gesù /
Beschneidung Christi, 76,3 x 79,1, Musée du
diocèse de Rottenburg
Golden
Legend – Of the Circumcision of Our Lord Jesus Christ
And here followeth His
Circumcision.
The day of the
circumcision of our Lord there be four things that make and show it to be holy
and solemn. The first is the utas of the Nativity. The second the imposition of
a new name bearing health. The third the effusion of his precious blood. The
fourth the signs of the circumcision. As for the first it appeareth, for the
utas of saints be solemn, by much more reason ought it to be of him that is the
saint of all saints. Now it seemeth that the Nativity of our Lord ought not to
have none utas. For the nativity tendeth to the death. And the decease of
saints have their utas because they be born of the nativity that stretcheth to
life perdurable, for to be after glorified in body. And by the same way it
seemeth that the nativity of the glorious Virgin Mary and of Saint John
Baptist, and of the Resurrection of our Lord ought not to have utas, for the
resurrection was then done. Hereto we ought to consider, like as saith a
doctor, that, in this we should fulfil such things as we accomplished not in
the principal day that our Lord was born in. Of which of ancient time men were
wont to sing at the Mass: Vultum tuum domine, etc. to the honour of our Lady
Saint Mary. The other octaves or utases as of Paske, Whitsuntide, the nativity
of our Lady and Saint John Baptist be of devotion, as of other saints that men
will honour for singular cause or affection. And they may be said the octaves
of figuration, for they signify and figure the octave of the last resurrection
perpetual, which is the eighth age. And as to the second, this day was his name
imposed to him, and was named with the new name that the mouth of God named.
This is the name of which there is none other under heaven by which we may be
saved, that is Jesus. After Saint Bernard: This is the name which in the mouth
is honey, in the ear melody, and in the heart joy; this is the name after that
he saith, it lighteth and shineth like oil. When it is preached it feedeth the
soul, when it is in the mind of the heart it is sweet, and it anointeth when it
is called. And as the evangelist saith, he had three names, that is to wit the
Son of God, Jesus, and Christus. He is called the Son of God insomuch as he is
God of God the Father; Christ insomuch as he is a man taken of a person divine
and nature human, and Jesus inasmuch as he is God united to our humanity. And
of this three manner of names, saith Saint Bernard: Ye that lie in dust and
powder arise out of your sleep and awake ye and give praising to God. Lo here
that our Lord shall come unto your health, he cometh with unction, he cometh
with glory. Jesus cometh not without health, nor Christ cometh not without
unction, nor the Son of God without glory. For he is our health, our unction
and our joy. And as touching this treble name; before his passion, he was not perfectly
known. As touching the first he was somewhat known by conjecting, as of his
enemies, which said Jesu Christ to be the Son of God. And as to the second, of
less or fewer he was known for Jesu Christ. And as to the third, vocally, for
as much as by the voice he was called Jesus. But as to the reason of the name,
he was not known. For Jesus is as much to say as Saviour, and this understood
not they. After the resurrection, this treble was clarified and declared. The
first to the certainty, the second to the publication, the third to the reason
of the name. The first name is Son of God. And that these names be appropriate
to him, Saint Hilary in his book that he made of the Trinity saith thus: Vere
filium Dei unigenitum. In divers manners this name, Son of God, is known, as it
is witnessed of God. God the Father witnesseth it that he is his son. Apostles
preach it, the religious believe it, the fiends our enemies confess it. And
therefore we know our Lord Jesu Christ in his manners, by name, by nature, by nativity,
by puissance, and by his passion. The second name is Christus, which is
interpreted unction. For he was anointed with the oil of gladness before all
them that to him were party. And by that he is said anointed, it is showed that
he was a prophet, a champion, a priest and
a king. These four persons sometime were wont to be anointed. Jesu Christ was a
prophet teaching the doctrine divine, a champion in the battle against the
devil whom he overcame, a priest in
reconciling the human lineage to God the Father, and a king in distributing and
rewarding every man. Of this second name we be all named, for of this name
Christ we be called christian men. Of which name Saint Austin saith thus: Every
christian man ought to be c puissance or might is to him perdurable, the
second, of might of habitation, is to him sith the beginning of his conception,
like as the angel showed, and after that he hath puissance of deed and work.
was imposed to him of Joseph, because of his passion that was to against
original sin, the devil weened that he that received it were a sinner, and had
need of the remedy of circumcision. And for this cause Jesu Christ would that
his mother being alway a virgin should be married, because that by the
sacrament of matrimony his Incarnati purpose is for to leave sin and take the
good, the which is showed us by the son that dispended his good follily, and
when he had perceived that he had done evil and foolishly, he advertised
himself and said: I shall depart and return to my father, and shall pray that I
may serve him, and that he may receive me to mercy, and make me as one of his
servants. The third is shame of sin, whereof saith Saint Paul to them that for
their sins be in pain and in torment: What fruit have ye founder in those sins
in your life of which now ye be ashamed? The fourth is dread of the coming
judgment and doom, whereof Job saith: I have feared and doubted God as men
dread the waves of the sea in their great rage and tempest. And Saint Jerome
saith thus: Sive comedam sive bibam, etc. As oft as I eat or drink or that I do
any other thing, alway me seemeth that I hear the sound and the voice crying:
Arise, ye dead men, and come to the doom and the judgment. The fifth is
contrition, whereof Saint Jerome saith: Give thy weeping and bitterness of that
which thou hast angered thy God by thy sin. The sixth is confession, whereof
David saith: Dixi confitebor, etc.: I have said and purposed in my heart that I
shall confess me to God and make knowledge of my sin. The seventh is hope of
pardon, for if Judas had had very repentance and hope, and had confessed his
sin, he had had forgiveness and pardon. The eighth is satisfaction and
sacrifice, and then is the man verily circumcised, not only from the sin, but
also from pain. Where the two first days be for the sorrow of sin that hath
been done and the will for to amend it, the third day we should confess the
evil that we have done and the good deeds that we have left. The other four
days be orison, effusion of tears, affliction of body, and alms given. Or
otherwise by these eight days may be understood eight things, of which the
considerati the nativity of Jesu Christ that is called the day of circumcision,
we find that Jesu Christ said by the mouth of his saints: Non veni legem
solvere sed adimplere; I came not, said Jesu Christ, to break the law, but to
fulfil it. And he was that day circumcised and named Jesus, which is as much to
say as Saviour. And at the circumcision must he cut a little of the skin at the
end of the member or yard, and that is signified and shewed that we ought to be
circumcised, and cut and taken away from us the sins and evil vices, that is to
wit pride, wrath, envy, covetousness, sloth, gluttony, and lechery, and all
sins, and purge us by confession, by contrition, by satisfaction, by almsdeeds,
and by prayers, and to give for God’s sake of the goods that he hath lent us.
For we have nothing proper, but Jesu Christ hath lent to us all that we have.
Then it is well reason that we do give for him to the poor of such goods as be
his, for we be but servants, and we ought to give to the hungry meat, to the
thirsty drink, to the naked clothing, visit the sick, and tofore all things to
love God, and after, our neighbour as ourself; and despoil ourself from sin,
and clothe us with good works and virtues, and follow the commandment of Jesu
Christ. And in this manner we shall fulfil the will of our father Jesu Christ,
if we been so purged and thus circumcised. Then let us pray unto the Lord of
heaven that saith that he came not to break the law but to fulfil it, that he
give us grace in such manner to fulfil the law and his will in this world, that
we may come into his holy bliss in heaven. Amen.
SOURCE : https://catholicsaints.info/the-golden-legend-of-the-circumcision-of-our-lord-jesus-christ/
Circoncisione del Signore
(Solennità)
Ludovico Mazzolino (1480–1528), La circoncision de Jésus, 1526, 78,5
x 56,5, musée d'Histoire de l'art de
Vienne
The
Liturgical Year: The Circumcision of Our Lord
Our new-born King and
Saviour is eight days old today; the Star that guides the Magi is advancing
towards Bethlehem, and five days hence will be standing over the Stable where
our Jesus is being nursed by his Mother. Today, the Son of Man is to be circumcised;
this first sacrifice of his innocent Flesh must honour the eighth day of his
mortal life. Today, also, a Name is to be given him – the Name will be Jesus,
and it means Saviour. Mysteries abound on this day: let us not pass one of them
over, but honour them with all possible devotion and love.
But this Day is not
exclusively devoted to the Circumcision of Jesus. The mystery of this
Circumcision forms part of that other great mystery, the Incarnation and
Infancy of our Saviour – a mystery on which the Church fixes her heart, not
only during this Octave but during the whole forty days of Christmas-Tide.
Then, as regards our Lord’s receiving the Name of Jesus, a special Feast is set
apart in honour of it. There is another object that shares the love and devotion
of the Faithful on this great Solemnity. This object is Mary, the Mother of
God. The Church celebrates today the august prerogative of this divine
Maternity, which was conferred on a mere creature, and which made her the
co-operatrix with Jesus in the great work of man’s salvation.
The holy Church of Rome
used formerly to say two Masses on the first of January, one for the Octave of
Christmas Day, the other in honour of Mary. She now unites the two intentions
in one Sacrifice in the same manner as, in the rest of this Day’s Office, she
unites together the acts of her adoration of the Son and the expressions of her
admiration for, and confidence in, the Mother.
The Greek Church does not
wait for this Eighth Day in order to pay her tribute of homage to Her who has
given us our Emmanuel. She consecrates to Mary the first Day after Christmas,
that is, the 26th December, and calls it the Synaxis of the Mother of God,
making the two Days one continued Feast. She thus defers the Feast of Saint
Stephen to 27 December.
But it is today that we,
children of the Roman Church, pour forth all the love of our hearts for the
Virgin-Mother, and rejoice with her in the exceeding happiness she feels at
having given birth to her and our Lord. During Advent, we contemplated her as
pregnant with the world’s salvation; we proclaimed the glory of that Ark of the
New Covenant, whose chaste womb was the earthly paradise, chosen by the King of
Ages for his dwelling-place. Now she has brought him forth, the Infant-God; she
adores him, Him who is her Son. She has the right to call him, her Child; and
He, God as he is, calls her in strictest truth, his Mother.
Therefore, let us not be
surprised at the enthusiasm and profound respect wherewith the Church extols
the Blessed Virgin and her prerogatives. Let us, on the contrary, be convinced,
that all the praise the Church can give her, and all the devotion she can ever
bear towards her, are far below what is due to her as Mother of the Incarnate
God. No mortal will ever be able to describe, or even comprehend, how great a
glory accrues to her from this sublime dignity. For, as the glory of Mary comes
from her being the Mother of God, one would have first to comprehend God
himself in order to measure the greatness of her dignity. It is to God that
Mary gave our human nature; it is God, whom she had as her Child; it is God,
who gloried in rendering himself, inasmuch as he is Man, subject to her: hence,
the true value of such a dignity, possessed by a mere creature, can only be
appreciated, in proportion to our knowledge of the sovereign perfections of the
great God, who thus deigns to make himself dependent upon that favoured
creature. Let us bow down in deepest adoration before the Majesty of our God;
let us acknowledge that we cannot respect, as it deserves, the extraordinary
dignity of Her whom he chose for his Mother.
The same sublime Mystery
overpowers the mind from another point of view – what were the feelings of such
a Mother towards such a Son? The Child she holds in her arms, and presses to
her heart is the Fruit of her virginal womb, and she loves him as her own; she
loves him because she is his Mother, and a Mother loves her Child as herself,
nay, more than herself; but when she thinks upon the infinite majesty of Him,
who has thus given himself to her to be the object of her love and her fond
caresses, she trembles in her humility, and her soul has to turn in order to
bear up against the overwhelming truth, to the other thought of the nine months
she held this Babe in her womb, and of the filial smile he gave her when her
eyes first met his. These two deep-rooted feelings – of a creature that adores,
and of a Mother that loves – are in Mary’s heart. The being Mother of God
implies all this – and may we not well say, that no pure creature could be
exalted more than she? And that in order to comprehend her dignity, we should
first have to comprehend God himself? And that only God’s infinite wisdom could
plan such a work, and only his infinite power accomplish it?
A Mother of God! It is the
mystery, whose fulfillment the world, without knowing it, was awaiting for four
thousand years. It is the work, which, in God’s eyes, was incomparably greater
than that of the creation of a million new worlds, for such a creation would
cost him nothing; he has but to speak, and all whatsoever he wills is made. But
that a creature should become Mother of God, he has had, not only to suspend
the laws of nature by making a Virgin Mother, but also to put himself in a
state of dependence upon the happy creature he chose for his Mother. He had to
give her rights over himself, and contract the obligation of certain duties
towards her. He had to make Her his Mother, and Himself her Son.
It follows from all this,
that the blessings of the Incarnation, for which we are indebted to the love
wherewith the Divine Word loved us, may and ought to be referred, though in an
inferior degree, to Mary herself. If she be the Mother of God, it is because
she consented to it, for God vouchsafed, not only to ask her consent, but, moreover,
to make the coming of his Son into this world depend upon her giving it. As
this his Son, the Eternal Word, spoke his Fiat over chaos, and the
answer to his word was creation; so did Mary use the same word Fiat –
let it he done unto me, she said. God heard her word, and, immediately, the Son
of God descended into her virginal womb. After God, then, it is to Mary, his
ever Blessed Mother, that we are indebted for our Emmanuel.
The divine plan for the
world’s salvation included there being a Mother of God, and as heresy sought to
deny the mystery of the Incarnation, it equally sought to deny the glorious
prerogative of Mary. Nestorius asserted that Jesus was only man; Mary,
consequently was not Mother of God, but merely Mother of a Man, called Jesus.
This impious doctrine roused the indignation of the Catholic world. The East
and West united in proclaiming that Jesus was God and Man, in unity of Person,
and that Mary, being his Mother, was, in strict truth, “Mother of God.” This
victory over Nestorianism was won at the Council of Ephesus. It was hailed by
the Christians of those times with an enthusiasm of Faith, which not only
proved the tender love they had for the Mother of Jesus, but was sure to result
in the setting up of some solemn trophy, that would perpetuate the memory of
the victory. It was then that began, in both the Greek and Latin Churches, the
pious custom of uniting during Christmas the veneration due to the Mother with
the supreme worship given to the Son. The day assigned for the united
commemoration varied in the several countries, but the sentiment of religion,
which suggested the Feast, was one and the same throughout the entire Church.
The holy Pope Xystus III
ordered an immense Mosaic to be worked into the Chancel-Arch of the Church of
Saint Mary Major in Rome as a monument to the holy Mother of God. The Mosaic
still exists, bearing testimony as to what was the faith held in the 5th
Century. It represents the various Scriptural types of our Lady, and the
inscription of the holy Pontiff is still legible in its bold letters: Xystus
Episcopus plebi Dei, (Xystus Bishop to the People of God) for the Saint had
dedicated to the Faithful this his offering to Mary, the Mother of God.
Special Chants were also
composed at Rome for the celebration of the great mystery of the Word made Man
through Mary. Sublime Responsories and Antiphons, accompanied by appropriate
music, were written to serve the Church and her children as the expression of
their faith, and they are the ones we now use. The Greek Church makes use of
some of these very Antiphons for the Christmas Solemnity; so that, with regard
to the mystery of the Incarnation, there is not only unity of faith, there is
also oneness of devotional sentiment.
from the Epistle of Saint
Paul the Apostle to Titus
Dearly Beloved: The grace
of God, our Saviour, has appeared to all men, instructing us, that denying
ungodliness and worldly desires, we should live soberly and justly and godly in
this world, looking for the blessed hope and coming of the glory of the great
God, and our Saviour Jesus Christ: who gave himself for us, that he might
redeem us from all iniquity, and might cleanse to himself a people acceptable,
a pursuer of good works. These things speak and exhort: in Christ Jesus our
Lord.
These counsels of our
great Apostle, who warns the Faithful of the obligation they are under of
making a good use of the present life, are most appropriate to this first day
of January, which is now the beginning of the new Civil Year. Let us,
therefore, renounce all worldly desires; let us live soberly, justly, and
piously, and permit nothing to distract us from the expectation of that
blessedness, which is our hope. The great God and Saviour Jesus Christ, who
shows himself to us, in these days of his mercy, in order to instruct us – will
come to us, in a second coming, in order to give us our reward. The beginning
of a New Year tells us, plainly enough, that this last day is fast approaching
– let us cleanse ourselves from all iniquity, and become a people acceptable to
our Redeemer, a people doing good works.
from the holy Gospel
according to Luke
At that time: After eight
days were accomplished, that the Child should be circumcised, his name was
called Jesus, which was called by the Angel, before he was conceived in the
womb.
The Child is circumcised:
he is, now, not only a member of the human race, he is made, today, a member of
God’s chosen People. He subjects himself to this painful ceremony, to this
symbol of one devoted to the Divine service, in order that he may fulfill all
justice. He receives, at the same time, his Name: the Name is Jesus, and
it means a Saviour. A Saviour! Then, he is to save us? Yes, and he is to
save us by his Blood. Such is the divine appointment, and he has bowed down his
will to it. The Incarnate Word is upon the earth in order to offer a Sacrifice,
and the Sacrifice is begun today. This first shedding of the Blood of the
Man-God was sufficient to the fullness and perfection of a Sacrifice; but he is
come to win the heart of the sinner, and that heart is so hard, that all the
streams of that Precious Blood, which flow from the Cross on Calvary, will
scarcely make it yield. The drops that were shed today would have been enough
to satisfy the justice of the Eternal Father, but not to cure man’s miseries,
and the Babe’s Heart would not be satisfied to leave us uncured. He came for
man’s sake, and his love for man will go to what looks like excess – he will
carry out the whole meaning of his dear name – he will be our “Jesus,” our
Saviour.
The Greek Church, on the
26th December, the day she consecrates to the Mother of Jesus, pours forth to
Mary her praises with her wonted profusion. We take from the Menaea the two
following strophes, the former of which is also the Benedictus-Antiphon for the
Feast of the Circumcision in the Roman Breviary.
• An admirable mystery is
this day revealed: the two Natures are united in a new way, God is made Man: he
remained what he was, and he assumed what he was not, suffering neither
confusion nor division.
• When the mystic Vine
had produced, without human aid, the Grape-bunch, she carried him in her arms,
as the branches their fruit, and she said to him: You are my Fruit, you are my
Life, and I know from myself, O my God, that I am what I was: the treasure of
my virginity is preserved, and therefore do I confess you to be the Immutable
One, the Word made Flesh. Man I know not; but I acknowledge thee as the
Redeemer of lost man. Your Birth impaired not the purity you gave me, for what
I was when you did enter into my womb, that you did leave me at your Nativity.
Therefore is it that every creature sings to me saying: Rejoice, full of grace!
– from the book The Liturgical Year: Christmas, volume 1, by the
Very Reverend Dom Prosper Gueranger, Abbot of Solesmes, translated from the
French by the Revered Dom Laurence Shepherd, Monk of the English-Benedictine
Congregation, 2nd edition; published in Dublin Ireland by James Duffy, 15
Wellington-Quay, 1870
SOURCE : https://catholicsaints.info/the-liturgical-year-the-circumcision-of-our-lord/
Circoncisione del Signore
(Solennità)
Bernard van Orley (vers
1491/1492–1542), Beschneidung Christi, couleur sur
panneau de chêne, circa 1525, 115,5 x 72,5, musée d'Histoire de l'art de
Vienne
Goffine’s
Devout Instructions – New Year’s Day, the Feast of the Circumcision of Our Lord
Why do we call this New
Year’s Day?
Because the civil year
begins on this day, as the ecclesiastical does on the first Sunday in Advent.
What ought we to do on
this day?
We must dedicate the New
Year to the service of God, in order that, assisted by His grace, we may both
begin and end it to His honor, and our own sanctification.
Why do we wish each other
a happy New Year?
To renew love and
harmony, and to fulfill an obligation of charity by wishes for each other’s
happiness and prosperity.
What feast does the
Church celebrate on this day?
The circumcision of
Christ, at which He received the name of Jesus. But when the fullness of time
was come, God sent His Son, made of a woman, made under the law, that He might
redeem them that were under the law.” (Galatians 4:4,6)
Aspiration
O my Lord and Saviour
Jesus Christ, I thank You for having today shed Your blood for the first time
for me. Grant me, I beseech Thee, the grace of mortifying, circumcising for Thy
love, my eyes, ears, lips, hands, feet, and all my sensual appetites, that I
may not see, hear, speak, touch, wish, or do any evil. Amen.
Prayer
O God, Who by the
fruitful virginity of the blessed Mary hast given to mankind the rewards of
eternal salvation, grant, we beseech Thee, that we may experience her
intercession for us, through whom we have received the Author of life. Our Lord
Jesus Christ, Who lives and reigns, etc.
Gospel – Luke 2:21
At that time: After eight
days were accomplished that the child should be circumcised: His name was
called Jesus, which was called by the angel before He was conceived in the
womb.
Why was Christ
circumcised the eighth day of His birth?
1. So that by fulfilling
the Jewish law. He might teach us patience and obedience to the law of God, and
to His holy Church.
2. To show His infinite
love to us in the very first days of His life.
Who gave Him the name of
Jesus?
God Himself gave it to
Him, Who came to save the world and sanctify us, for Jesus means Saviour. It
is, therefore, that holy and powerful name, whereby alone we can be saved.
(Acts 4:12)
What power has this name?
A divine power; for in
this name the apostles cast out devils and cured the sick (Mark 16:17,18), as,
for instance, the lame man who lay at the gate of the temple. (Acts 3:2-6)
Through this name we receive from God whatever is helpful towards our salvation
(John 14:13). It is well, therefore, to call on this holy name in adversities,
in doubts, and in great temptations, particularly such as are hostile to
purity. Even when we are so unhappy as to fall into sin, the remembrance of
this holy name may bring us back to virtue, for it is as oil which enlightens,
nourishes, and heals. (Canticles 1:2,3)
How must we speak this
holy name, that its virtue may be felt?
With the greatest
devotion and veneration, and with unbounded confidence; for, as Saint Paul
says, “in the name of Jesus every knee should bow, of those who are in heaven,
on earth, and under the earth.” (Phil. 2:10) How sinful, therefore, is it in
some to speak this name almost at every word, frivolously and disrespectfully;
a habit which, in this country particularly, is so widely and fatally
prevalent.
Prayer for New Year’s Day
O Almighty God, now that
we have lived to see another year, we thank Your goodness and Your
incomprehensible mercy, that, from the moment of our birth, we have escaped so
many dangers which have threatened our health and life. Would that we had never
abused the precious time of our life to sin I but, alas! it is done, and we
therefore pray Thee, through Your Son, and through the precious blood He this
day shed in His circumcision, to look, not upon the multitude of our sins, but
upon Thy infinite mercy; we promise to be henceforth pious, just, and virtuous;
strengthen us in our weakness; increase in us faith, hope, and charity; keep
us, by Your powerful grace, from all sin, dangers, temptations, and adversities
of soul and body; enable us, we beseech Thee, to offer up to Thee, from this
day henceforth till the hour of our death, all our senses, thoughts, words, and
deeds; to subject them all to Your holy will; to oppose successfully every evil
habit, and to practice every virtue. Grant, O Father, that we, living and dying
in Your only true faith, may enjoy in Your kingdom, where one day is better
than a thousand upon earth, an everlasting New Tear of eternal happiness, and
that we may praise You with all Your angels and saints, forever and ever. Amen.
– Goffine’s Devout
Instructions
Circoncisione del Signore
(Solennità)
Twee
zijluiken van een altaarstuk met de besnijdenis (links) en de aanbidding der
herders (rechts), huile sur panneau de bois, 1570, 236 x
104, Rijksmuseum
Baring-Gould’s
Lives of the Saints – Circumcision of Our Lord
Article
This festival is
celebrated by the Church in order to commemorate the obedience of our Lord in
fulfilling all righteousness, which is one branch of the meritorious cause of
our redemption, and by thai means abrogating the severe injunctions of the
Mosaic law, and placing us under the grace of the Gospel. God gave to Abraham
the command to circumcise all male children on the eighth day after birth, and
this rite was to be the seal of covenant with Him, a token that, through
shedding of the blood of One to come, remission of the original sin inherited
from Adam could alone be obtained. It was also to point out that the Jews were
cut ofif, and separate, from the other nations. By circumcision, a Jew belonged
to the covenant, was consecrated to the service of God, and undertook to
believe the truths revealed by Him to His elect people, and to hold the
commandments to which He required obedience. Thus, this outward sign admitted
him to true worship of God, true knowledge of God, and true obedience to God’s
moral law. Circumcision looked forward to Christ, who, by His blood, remits
sin. Consequently, as a rite pointing to Him who was to come, it is abolished,
and its place is taken by baptism, which also is a sign of covenant with God,
admitting to true worship, true knowledge, and true obedience. But baptism is
more than a covenant, and therefore more than was circumcision. It is a
Sacrament; that is, a channel of grace. By baptism, supernatural power, or
grace, is given to the child, whereby it obtains that which by nature it could
not have. Circumcision admitted to covenant, but conferred no grace. Baptism
admits to covenant, and confers grace. By circumcision, a child was made a
member of God’s own peculiar people. By baptism, the same is done ; but Gods
own people is now not one nation, but the whole Catholic Church. Christ
underwent circumcision, not because He had inherited the sin of Adam, but
because He came to fulfil all righteousness, to accomplish the law, and for the
letter to give the spirit.
It was, probably, the
extravagances committed among the heathen at the kalends of January, upon which
this day fell, that hindered the Church for some ages from proposing it as an
universal set festival. The writings of the Fathers are full of invectives
against the idolatrous profanations of this day, which concluded the riotous
feasts in honor of Saturn, and was dedicated to Janus and Strena, or Strenua, a
goddess supposed to preside over those presents which were sent to, and
received from, one another on the first day of the year, and which were called
after her, strense; a name which is still preserved in the etreiines, or gifts,
which it is customary in France to make on New Year’s Day.
But, when the danger of
the heathen abuses was removed, by the establishment of Christianity in the
Roman empire, this festival began to be observed; and the mystery of our
Blessed Lord’s Circumcision is explained in several ancient homilies of the
fifth century. It was, however, spoken of in earlier times as the Octave of the
Nativity, and the earliest mention of it as the Circumcision is towards the end
of the eleventh century, shortly before the time of Saint Bernard, who also has
a sermon upon it. In the Ambrosian Missal, used at Milan, the services of the
day contain special cautions against idolatry. In a Gallican Lectionary, which
is supposed to be as old as the seventh century, are special lessons “In
Circumcisione Domini.” Ivo, of Chartres, in 1090,
speaks of the observance of this day in the French Church. The Greek Church
also has a special commemoration of the Circumcision.
MLA
Citation
Sabine Baring-Gould.
“Circumcision of Our Lord”. Lives of the Saints, 1897. CatholicSaints.Info.
23 December 2013. Web. 4 July 2024.
<https://catholicsaints.info/baring-goulds-lives-of-the-saints-circumcision-of-our-lord/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/baring-goulds-lives-of-the-saints-circumcision-of-our-lord/
Circoncisione del Signore
(Solennità)
Pierre Paul Rubens (1577–1640),
La circoncision de Jésus, 1605, 105 x 74, Académie des Beaux-Arts de
Vienne
Saints and
Saintly Dominicans – 1 January
The Circumcision.
First Lesson of the Infant Jesus. Sacrifice.
“A scribe, when beginning
a beautiful book, inscribes the title page with great care and in brilliant
letters. So the Holy Ghost, Who is about to write the life of our Lord as a
book filled with His virtues, begins by tracing in letters of blood the title of
this book, which is ‘Jesus, or Saviour’.” Such is the idea of Saint Vincent
Ferrer and he adds: “Jesus in this mystery acts towards us like a merchant,
who, wishing to buy some precious pearls, pays a sum of money on account for
them.” These pearls are our souls, the money paid on account is the first
shedding of His blood. It is a proof of the generosity of His love for us, and
a foretaste of the abundant graces He desires to shed on us during the coming
year. But it teaches us also a serious lesson regarding the courage which we
must bring to the work of our Christian perfection, if we would redeem the time
and make good use of the days of our present life. It is no use trying to
deceive ourselves, the work of our salvation begins and ends with sacrifice.
Since Jesus Himself proclaims this truth, I believe it, I accept it, I bow down
before it and I will hasten without delay to walk in this way which alone leads
to Heaven.
Prayer
O my God, shall I see the
end of this year? That depends on You, but it depends on me to begin it well.
Give me love, confidence and perseverance for this work.
Practice
Choose, with the advice
of your director, some special spiritual work to be done this year, and begin
by reciting the “Veni Creator.”
– taken from the
book Saints
and Saintly Dominicans, by Blessed Hyacinthe-Marie
Cormier, O.P.
SOURCE : https://catholicsaints.info/saints-and-saintly-dominicans-1-january/
Circoncisione del Signore
(Solennità)
Guido Reni (1575–1642), The circumcision of Jesus, circa 1635, 371,5 x 216, San Martino, Siena, Province of Siena, Tuscany, Italy
Nm 6, 22-27; Sal 66; Fil
2,5-11; Lc 2.18-21
Circoncisione del Signore
– Solennità
1 Gennaio 2019
OTTAVA DEL NATALE DEL
SIGNORE
ANNO DEL SIGNORE 2019
Lettura
Lettura del libro dei Numeri 6, 22-27
In quei giorni. Il Signore parlò a Mosè e disse: «Parla ad Aronne e ai suoi figli dicendo: “Così benedirete gli Israeliti: direte loro: Ti benedica il Signore / e ti custodisca. / Il Signore faccia risplendere per te il suo volto / e ti faccia grazia. / Il Signore rivolga a te il suo volto / e ti conceda pace”. Così porranno il mio nome sugli Israeliti e io li benedirò».
Salmo
Sal 66 (67)
® Dio ci benedica con la luce del suo volto.
Dio abbia pietà di
noi e ci benedica,
su di noi faccia splendere il suo volto;
perché si conosca sulla terra la tua via,
la tua salvezza fra tutte le genti. ®
Gioiscano le
nazioni e si rallegrino,
perché tu giudichi i popoli con rettitudine,
governi le nazioni sulla terra. ®
Ti lodino i popoli, o
Dio,
ti lodino i popoli tutti.
Ci benedica Dio, il nostro Dio,
e lo temano tutti i confini della terra. ®
Epistola
Lettera di san Paolo apostolo ai Filippesi 2, 5-11
Fratelli, abbiate in voi gli stessi sentimenti di Cristo Gesù: / egli, pur essendo nella condizione di Dio, / non ritenne un privilegio / l’essere come Dio, / ma svuotò se stesso / assumendo una condizione di servo, / diventando simile agli uomini.
Dall’aspetto riconosciuto come uomo, / umiliò se stesso / facendosi obbediente
fino alla morte / e a una morte di croce. / Per questo Dio lo esaltò / e gli
donò il nome / che è al di sopra di ogni nome, / perché nel nome di Gesù / ogni
ginocchio si pieghi / nei cieli, sulla terra e sotto terra, / e ogni lingua
proclami: / «Gesù Cristo è Signore!», / a gloria di Dio Padre.
Vangelo
Lettura del Vangelo secondo Luca 2, 18-21
In quel tempo. Tutti quelli che udivano si stupirono delle cose dette loro dai pastori. Maria, da parte sua, custodiva tutte queste cose, meditandole nel suo cuore. I pastori se ne tornarono, glorificando e lodando Dio per tutto quello che avevano udito e visto, com’era stato detto loro.
Quando furono compiuti gli otto giorni prescritti per la circoncisione, gli fu
messo nome Gesù, come era stato chiamato dall’angelo prima che fosse concepito
nel grembo.
Circoncisione del Signore
(Solennità)
Jezus.Besnijdenis; het
jaar 1
Feest 1 januari
Jezus' Besnijdenis
Naar goed Joods gebruik moesten alle mannen aan God de Heer worden toegewijd d.m.v. de besnijdenis; het is het teken van het verbond tussen God en zijn volk, dat op Abraham, de aartsvader van het geloof, teruggaat. De besnijdenis diende te geschieden op de achtste dag na de geboorte van het kind.
Bij Lukas lezen we dan ook: 'Nadat de acht dagen voorbij waren en men Hem
moest besnijden, ontving Hij de Naam Jezus, zoals Hij door de engel was
genoemd, voordat Hij in de moederschoot werd ontvangen' (Lukas 02,21).
Verering & Cultuur
Aangezien de geboorte van Jezus sinds 366 op 25 december is geplaatst, valt bij gevolg de besnijdenis op 1 januari.
Vanouds heeft de geloofsgemeenschap in dit rituele symbool een voorafbeelding gezien van Jezus' verlossend lijden, waarin Hij zijn bloed vergoot voor het heil van alle mensen.
Het schijnt, dat dit feest in de vroege middeleeuwen vanuit de Gallicaanse liturgie door de Romeinse Kerk werd overgenomen.
In de westerse kerk van de latere middeleeuwen zorgde de bijzondere devotie
voor Jezus' menselijkheid ook voor de nodige uitwassen. Zo zijn er zeker
talloze plaatsen, die zich erop beroemen in het bezit te zijn van zijn
voorhuid.
In België
De kapittelkerk in Antwerpen. De stad pretendeerde, dat zij de hele relikwie
van Jezus' voorhuid in bezit had. Een kapelaan, die destijds met Godfried
van Bouillon († 1100; feest 18 juli) ter kruistocht was getrokken, zou
hem aan de stad hebben geschonken. In 1472 werd er een 'Broederschap van de
Hoogheilige Voorhuid van onze Heer Jezus Christus' opgericht. Daarnaast in
Brugge; waarschijnlijk in verband gebracht met de relikwie van het Heilig
Bloed.
In Duitsland
De abdij van Hildesheim in Sachsen.
In Frankrijk
De abdij van Charrouw bij Poitiers; de abdij van Coulombs; en de steden
Besançon, Boulogne, Compiègne, Conques, Fécamp, Langres, Le Puy, Metz, Nancy en
Parijs.
In Italië
De bekendste relikwie van Jezus' voorhuid bevindt zich in de schatkamer, het
zogeheten Sancta Sanctorum, van de St-Pieterskerk te Rome. Ook de kerk van
St-Jan-van-Lateranen bezit er een.
Tenslotte is er nog het plaatsje Calcata, even ten noorden van Rome. Daar werd
de heilige relikwie van Jezus' voorhuid sinds de jaren 80 van de zestiende eeuw
vereerd. In januari 1984 echter werd de kostbare reliek onder geheimzinnige
omstandigheden gestolen.
In Spanje
De pelgrimskerk te Santiago de Compostela.
Sinds de
kalenderhervorming van 1969 ligt de nadruk bij 1 januari op het hoogfeest van
het moederschap van de Maagd Maria en wordt de besnijdenis niet meer als apart
feest herdacht.
[309»Calcata; 500; Dries van den Akker s.j./2007.11.26]
© A. van den Akker
s.j. / A.W. Gerritsen
SOURCE : https://heiligen-3s.nl/heiligen/01/01/01-01-0001-jezus.php
Circoncisione del Signore
(Solennità)
Federico Barocci (–1612), La circoncision, 1590, 374 x 252, musée du Louvre
Voir aussi : http://stmaterne.blogspot.ca/2008/01/dynamis-jsus-est-sauveur-circoncision.html