jeudi 27 décembre 2012

Saint JEAN, APÔTRE et ÉVANGÉLISTE

Saint Jean l'évangéliste

Apôtre et évangéliste ( 101)

Un homme avait deux fils, comme lui pêcheurs sur le lac de Tibériade. Jacques et Jean, les fils de Zébédée, ne manquaient pas de personnalité: on les appelait "fils du tonnerre". Grande était leur soif spirituelle. C'est pourquoi ils s'attachèrent à l'enseignement de Jean le Baptiste: "Celui qui vient derrière moi est plus grand que moi." Aussi, quand le Baptiste dit un matin, en leur montrant Jésus de Nazareth: "Voici l'agneau de Dieu." Jean suivit cet homme. Jacques dut hésiter encore. Lorsque quelques jours après, Jésus dit aux deux frères qui maillaient leurs filets: "Venez avec moi." Jacques et Jean suivirent le Maître.

Jean était jeune. Il avait un grand amour du Christ. Il pensait que celui du Christ était plus grand encore. Alors il s'appela: "le disciple que Jésus aimait." Il fera partie du petit groupe des fidèles d'entre les fidèles. Il est sur le Mont Thabor lors de la Transfiguration, à la Cène, tout contre Jésus et au Calvaire, le seul parmi les apôtres, au pied de la croix. C'est là que Jésus lui confie Marie, sa mère.
Selon la tradition de l'Église catholique, c'est toute l'Église qui est confiée à la Mère de Dieu. Au matin de Pâques, il court et précède Pierre au tombeau: "Il voit, il croit."

Une tradition ancienne veut que Jean vécut ensuite à Éphèse avec Marie. Qu'il y écrivit le quatrième évangile. Qu'un séjour à Patmos fut l'occasion d'une révélation qui devint l'Apocalypse. Qu'enfin, lorsqu'il fut vieux, il ne sut que répéter sans cesse l'essentiel de ce que le Christ lui avait enseigné et donné de découvrir: "Dieu est amour. Aimez-vous les uns les autres."

Selon la tradition, saint Jean aurait été amené d'Éphèse à Rome, chargé de fers, sous l'empereur Domitien. Il fut condamné par le sénat à être jeté dans l'huile bouillante. Cette condamnation fut exécutée devant l'actuelle Porte Latine. Il en sortit plus frais et plus jeune qu'il n'y était entré. Le fait n'est pas prouvé, mais il fallait bien que saint Jean soit venu à Rome, comme Pierre et Paul.
Qui est Saint Jean l'Evangéliste? Paroisse catholique Saint-Jean de Montmartre

Ancienne fête le 6 mai, solennité du martyre de saint Jean.

Fête de saint Jean, Apôtre et Évangéliste. Fils de Zébédée, un des premiers appelés par le Seigneur, il fut, avec son frère Jacques et avec Pierre, témoin de sa transfiguration et de sa passion, et il reçut de lui, au pied de la croix, Marie pour mère. Dans l'Évangile et les lettres qui portent son nom, il se présente comme le théologien qui a pu contempler la gloire du Verbe incarné et qui annonce ce qu'il a vu.
Martyrologe romain



Saint Jean

Apôtre et Évangéliste

(† 103)

Dans l'Évangile et au sein du collège apostolique, saint Jean occupe une place de choix. Représentant l'amour, il marche à côté de Pierre, qui symbolise la doctrine. Jésus semble avoir réservé à cet Apôtre les plus tendres effusions de Son Coeur. Plus que tout autre, en effet, Jean, dont l'âme était pure et virginale, pouvait rendre amour pour amour au divin Maître. Le Sauveur prit plaisir à multiplier les occasions de témoigner envers Son cher disciple une prédilection singulière: il le fit témoin de la résurrection de la fille de Jaïre; il lui montra Sa gloire sur le Thabor, au jour de Sa transfiguration merveilleuse; mais surtout la veille de Sa Passion, à la dernière cène, Il lui permit de reposer doucement la tête sur Son Coeur divin, où il puisa cette charité et cette science des choses de Dieu, qu'il répandit dans ses écrits et au sein des peuples auxquels il porta le flambeau de l'Évangile.

Une des gloires de saint Jean fut d'être le seul, parmi les Apôtres, fidèle à Jésus dans Ses souffrances; il Le suivit dans l'agonie du Calvaire; il accompagna dans ces douloureux instants la Mère du Sauveur. Jésus, ayant vu Sa Mère au pied de la Croix, abîmée dans Sa tristesse, et près d'Elle saint Jean, Il dit à Marie: "Femme, voilà Votre fils!" Ensuite Il dit au disciple: "Voilà votre Mère!". L'Apôtre, en cette circonstance, nous disent les saints docteurs représentait l'humanité tout entière; en ce moment solennel Marie devenait la Mère de tous les hommes, et les hommes recevaient le droit de s'appeler les enfants de Marie.

Il était juste que saint Jean, ayant participé aux souffrances de la Passion, goûtât l'un des premiers les joies pures de la Résurrection. Le jour où le Sauveur apparut sur le rivage du lac de Génésareth, pendant que les disciples étaient à la pêche, saint Jean fut le seul à Le reconnaître. "C'est le Seigneur," dit-il à saint Pierre. Jean était donc bien, tout l'Évangile le prouve, le disciple que Jésus aimait, et Il l'aimait parce qu'il était vierge. Après l'Ascension et la Pentecôte, il ne s'éloigna pas de Jérusalem aussi promptement que les autres Apôtres; il vivait dans sa maison du mont Sion, en compagnie de Marie, célébrait devant Elle le Saint Sacrifice et Lui donnait chaque matin la Sainte Communion.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950

SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/saint_jean.html



BENOÎT XVI


AUDIENCE GÉNÉRALE


Mercredi 5 juillet 2006

Jean, fils de Zébédée


Chers frères et soeurs,

Nous consacrons notre rencontre d'aujourd'hui au souvenir d'un autre membre très important du collège apostolique: Jean, fils de Zébédée et frère de Jacques. Son nom, typiquement juif, signifie "le Seigneur a fait grâce". Il était en train de réparer les filets sur la rive du lac de Tibériade, quand Jésus l'appela avec son frère (cf. Mt 4, 21; Mc 1, 19). Jean appartient lui aussi au petit groupe que Jésus emmène avec lui en des occasions particulières. Il se trouve avec Pierre et Jacques quand Jésus, à Capharnaüm, entre dans la maison de Pierre pour guérir sa belle-mère (cf. Mc 1, 29); avec les deux autres, il suit le Maître dans la maison du chef de la synagogue Jaïre, dont la fille sera rendue à la vie (cf. Mc 5, 37); il le suit lorsqu'il gravit la montagne pour être transfiguré (cf. Mc 9, 2); il est à ses côtés sur le Mont des Oliviers lorsque, devant l'aspect imposant du Temple de Jérusalem, Jésus prononce le discours sur la fin de la ville et du monde (cf. Mc 13, 3); et, enfin, il est proche de lui quand, dans le jardin de Gethsémani, il s'isole pour prier le Père avant la Passion (cf. Mc 14, 33). Peu avant Pâques, lorsque Jésus choisit deux disciples pour les envoyer préparer la salle pour la Cène, c'est à lui et à Pierre qu'il confie cette tâche (cf. 22, 8).

Cette position importante dans le groupe des Douze rend d'une certaine façon compréhensible l'initiative prise un jour par sa mère: elle s'approcha de Jésus pour lui demander que ses deux fils, Jean précisément et Jacques, puissent s'asseoir l'un à sa droite et l'autre à sa gauche dans le Royaume (cf. Mt 20, 20-21). Comme nous le savons, Jésus répondit en posant à son tour une question: il demanda s'ils étaient disposés à boire la coupe qu'il allait lui-même boire (cf. Mt 20, 22). L'intention qui se trouvait derrière ces paroles était d'ouvrir les yeux des deux disciples, de les introduire à la connaissance du mystère de sa personne et de leur laisser entrevoir l'appel futur à être ses témoins jusqu'à l'épreuve suprême du sang. Peu après, en effet, Jésus précisa qu'il n'était pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa propre vie en rançon pour une multitude (cf. Mt 20, 28). Les jours qui suivent la résurrection, nous retrouvons "les fils de Zébédée" travaillant avec Pierre et plusieurs autres disciples au cours d'une nuit infructueuse, à laquelle suit, grâce à l'intervention du Ressuscité, la pêche miraculeuse: ce sera "le disciple que Jésus aimait" qui reconnaîtra en premier "le Seigneur" et l'indiquera à Pierre (cf. Jn 21, 1-13).

Au sein de l'Eglise de Jérusalem, Jean occupa une place importante dans la direction du premier regroupement de chrétiens. En effet, Paul le compte au nombre de ceux qu'il appelle les "colonnes" de cette communauté (cf. Ga 2, 9). En réalité, Luc le présente avec Pierre dans les Actes, alors qu'ils vont prier dans le Temple (cf. Ac 3, 1-4.11) ou bien apparaissent devant le Sanhédrin pour témoigner de leur foi en Jésus Christ (cf. Ac 4, 13.19). Avec Pierre, il est envoyé par l'Eglise de Jérusalem pour confirmer ceux qui ont accueilli l'Evangile en Samarie, en priant pour eux afin qu'ils reçoivent l'Esprit Saint (cf. Ac 8, 14-15). Il faut en particulier rappeler ce qu'il affirme, avec Pierre, devant le Sanhédrin qui fait leur procès: "Quant à nous, il nous est impossible de ne pas dire ce que nous avons vu et entendu" (Ac 4, 20). Cette franchise à confesser sa propre foi est précisément un exemple et une invitation pour nous tous à être toujours prêts à déclarer de manière décidée notre adhésion inébranlable au Christ, en plaçant la foi avant tout calcul ou intérêt humain.

Selon la tradition, Jean est "le disciple bien-aimé" qui, dans le Quatrième Evangile, pose sa tête sur la poitrine du Maître au cours de la Dernière Cène (cf. Jn 13, 21), qui se trouve au pied de la Croix avec la Mère de Jésus (cf. Jn 19, 25) et, enfin, qui est le témoin de la Tombe vide, ainsi que de la présence même du Ressuscité (cf. Jn 20, 2; 21, 7). Nous savons que cette identification est aujourd'hui débattue par les chercheurs, certains d'entre eux voyant simplement en lui le prototype du disciple de Jésus. En laissant les exégètes résoudre la question, nous nous contentons ici de tirer une leçon importante pour notre vie: le Seigneur désire faire de chacun de nous un disciple qui vit une amitié personnelle avec Lui. Pour y parvenir, il ne suffit pas de le suivre et de l'écouter extérieurement; il faut aussi vivre avec Lui et comme Lui. Cela n'est possible que dans le contexte d'une relation de grande familiarité, imprégnée par la chaleur d'une confiance totale. C'est ce qui se passe entre des amis; c'est pourquoi Jésus dit un jour: "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis... Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que veut faire son maître; maintenant je vous appelle mes amis, car tout ce que j'ai appris de mon Père, je vous l'ai fait connaître" (Jn 15, 13, 15).

Dans les Actes de Jean apocryphes, l'Apôtre est présenté non pas comme le fondateur d'Eglises, ni même à la tête de communautés déjà constituées, mais dans un pèlerinage permanent en tant que communicateur de la foi dans la rencontre avec des "âmes capables d'espérer et d'être sauvées" (18, 10; 23, 8). Tout cela est animé par l'intention paradoxale de faire voir l'invisible. Et, en effet, il est simplement appelé "le Théologien" par l'Eglise orientale, c'est-à-dire celui qui est capable de parler en termes accessibles des choses divines, en révélant un accès mystérieux à Dieu à travers l'adhésion à Jésus.

Le culte de Jean apôtre s'affirma à partir de la ville d'Ephèse, où, selon une antique tradition, il oeuvra long-temps, y mourant à la fin à un âge extraordinairement avancé, sous l'empereur Trajan. A Ephèse, l'empereur Justinien, au VI siècle, fit construire en son honneur une grande basilique, dont il reste aujourd'hui encore des ruines imposantes. Précisément en Orient, il a joui et jouit encore d'une grande vénération. Dans l'iconographie byzantine, il est souvent représenté très âgé - selon la tradition il mourut sous l'empereur Trajan - et dans l'acte d'une intense contemplation, presque dans l'attitude de quelqu'un qui invite au silence.

En effet, sans un recueillement approprié, il n'est pas possible de s'approcher du mystère suprême de Dieu et de sa révélation. Cela explique pourquoi, il y a des années, le Patriarche oecuménique de Constantinople, Athénagoras, celui que le Pape Paul VI embrassa lors d'une mémorable rencontre, affirma: "Jean est à l'origine de notre plus haute spiritualité. Comme lui, les "silencieux" connaissent ce mystérieux échange de coeurs, invoquent la présence de Jean et leur coeur s'enflamme" (O. Clément, Dialogues avec Athénagoras, Turin 1972, p. 159). Que le Seigneur nous aide à nous mettre à l'école de Jean pour apprendre la grande leçon de l'amour de manière à nous sentir aimés par le Christ "jusqu'au bout" (Jn 13, 1) et donner notre vie pour lui.

* * *

J’accueille avec joie les pèlerins de langue française, en particulier les séminaristes du diocèse d’Avignon et leur Archevêque, Mgr Jean-Pierre Cattenoz, ainsi que le groupe de jeunes du diocèse de Blois et leur Évêque, Mgr Maurice de Germiny. Que le temps des vacances vous permette de revenir à l’essentiel et de vous mettre à l’écoute du Christ qui est la source de tout amour !

© Copyright 2006 - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060705_fr.html



BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 9 août 2006

Jean, le théologien



Chers frères et soeurs,

Avant les vacances, j'avais commencé de brefs portraits des douze Apôtres. Les Apôtres étaient les compagnons de route de Jésus, les amis de Jésus et leur chemin avec Jésus n'était pas seulement un chemin extérieur, de la Galilée à Jérusalem, mais un chemin intérieur, dans lequel ils ont appris la foi en Jésus Christ, non sans difficulté, car ils étaient des hommes comme nous. Mais c'est précisément pour cela, parce qu'ils étaient compagnons de route de Jésus, des amis de Jésus qui ont appris la foi sur un chemin difficile, qu'ils sont aussi des guides pour nous, qui nous aident à connaître Jésus Christ, à l'aimer et avoir foi en Lui. J'ai déjà parlé de quatre des douze Apôtres:  Simon Pierre, son frère André, Jacques, le frère de saint Jean, et l'autre Jacques, dit "le Mineur", qui a écrit une Lettre que nous trouvons dans le Nouveau Testament. Et j'avais commencé à parler de Jean l'évangéliste, en recueillant dans la dernière catéchèse avant les vacances les informations essentielles qui définissent la physionomie de cet Apôtre. Je voudrais à présent concentrer l'attention sur le contenu de son enseignement. Les écrits qui feront l'objet de notre intérêt aujourd'hui sont donc l'Evangile et les Lettres qui portent son nom.

S'il est un thème caractéristique qui ressort des écrits de Jean, c'est l'amour. Ce n'est pas par hasard que j'ai voulu commencer ma première Lettre encyclique par les paroles de cet Apôtre:  "Dieu est amour (Deus caritas est); celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui" (1 Jn 4, 16). Il est très difficile de trouver des textes de ce genre dans d'autres religions. Et ces expressions nous placent donc face à un concept très particulier du christianisme. Assurément, Jean n'est pas l'unique auteur des origines chrétiennes à parler de l'amour. Etant donné qu'il s'agit d'un élément constitutif essentiel du christianisme, tous les écrivains du Nouveau Testament en parlent, bien qu'avec des accents divers. Si nous nous arrêtons à présent pour réfléchir sur ce thème chez Jean, c'est parce qu'il nous en a tracé avec insistance et de façon incisive les lignes principales. Nous nous en remettons donc à ses paroles. Une chose est certaine:  il ne traite pas de façon abstraite, philosophique ou même théologique de ce qu'est l'amour. Non, ce n'est pas un théoricien. En effet, de par sa nature, le véritable amour n'est jamais purement spéculatif, mais exprime une référence directe, concrète et vérifiable à des personnes réelles. Et Jean, en tant qu'apôtre et ami de Jésus, nous fait voir quels sont les éléments, ou mieux, les étapes de l'amour chrétien, un mouvement caractérisé par trois moments.

Le premier concerne la Source même de l'amour, que l'Apôtre situe en Dieu, en allant jusqu'à affirmer, comme nous l'avons entendu, que "Dieu est Amour" (1 Jn 4, 8.16). Jean est l'unique auteur de Nouveau Testament à nous donner une sorte de définition de Dieu. Il dit par exemple que "Dieu est esprit" (Jn 4, 24) ou que "Dieu est Lumière" (1 Jn 1, 5). Ici, il proclame avec une intuition fulgurante que "Dieu est amour". Que l'on remarque bien:  il n'est pas affirmé simplement que "Dieu aime" ou encore moins que "l'amour est Dieu"! En d'autres termes:  Jean ne se limite pas à décrire l'action divine, mais va jusqu'à ses racines. En outre, il ne veut pas attribuer une qualité divine à un amour générique ou même impersonnel; il ne remonte pas de l'amour vers Dieu, mais se tourne directement vers Dieu pour définir sa nature à travers la dimension infinie de l'amour. Par cela, Jean veut dire que l'élément constitutif essentiel de Dieu est l'amour et donc toute l'activité de Dieu naît de l'amour et elle est marquée par l'amour:  tout ce que Dieu fait, il le fait par amour et avec amour, même si nous ne pouvons pas immédiatement comprendre que cela est amour, le véritable amour.

Mais, à ce point, il est indispensable de faire un pas en avant et de préciser que Dieu a démontré de façon concrète son amour en entrant dans l'histoire humaine à travers la personne de Jésus Christ incarné, mort et ressuscité pour nous. Cela est le second moment constitutif de l'amour de Dieu. Il ne s'est pas limité à des déclarations verbales, mais, pouvons-nous dire, il s'est véritablement engagé et il a "payé" en personne. Comme l'écrit précisément Jean, "Dieu a tant aimé le monde (c'est-à-dire nous tous), qu'il a donné son Fils unique" (Jn 3, 16). Désormais, l'amour de Dieu pour les hommes se concrétise et se manifeste dans l'amour de Jésus lui-même. Jean écrit encore:  Jésus "ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin" (Jn 13, 1). En vertu de cet amour oblatif et total, nous sommes radicalement rachetés du péché, comme l'écrit encore saint Jean:  "Petits enfants [...] si quelqu'un vient à pécher, nous avons comme avocat auprès du Père Jésus Christ, le Juste. C'est lui qui est victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier" (1 Jn 2, 1-2; cf. 1 Jn 1, 7). Voilà jusqu'où est arrivé l'amour de Jésus pour nous:  jusqu'à l'effusion de son sang pour notre salut! Le chrétien, en s'arrêtant en contemplation devant cet "excès" d'amour, ne peut pas ne pas se demander quelle est la réponse juste. Et je pense que chacun de nous doit toujours et à nouveau se le demander.

Cette question nous introduit au troisième moment du mouvement de l'amour:  de destinataires qui recevons un amour qui nous précède et nous dépasse, nous sommes appelés à l'engagement d'une réponse active qui, pour être adéquate, ne peut être qu'une réponse d'amour. Jean parle d'un "commandement". Il rapporte en effet ces paroles de Jésus:  "Je vous donne un commandement nouveau:  vous aimer les  uns les autres; comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres" (Jn 13, 34). Où se trouve la nouveauté dont parle Jésus? Elle réside dans le fait qu'il ne se contente pas de répéter ce qui était déjà exigé dans l'Ancien Testament, et que nous lisons également dans les autres Evangiles:  "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Lv 19, 18; cf. Mt 22, 37-39; Mc 12, 29-31; Lc 10 27). Dans l'ancien précepte, le critère normatif était tiré de l'homme ("comme toi-même"), tandis que dans le précepte rapporté par Jean, Jésus présente comme motif et norme de notre amour sa personne même:  "Comme je vous ai aimés". C'est ainsi que l'amour devient véritablement chrétien, en portant en lui la nouveauté du christianisme:  à la fois dans le sens où il doit s'adresser à tous, sans distinc-tion, et surtout dans le sens où il doit parvenir jusqu'aux conséquences extrêmes, n'ayant d'autre mesure que d'être sans mesure. Ces paroles de Jésus, "comme je vous ai aimés", nous interpellent et nous préoccupent à la fois; elles représentent un objectif christologique qui peut apparaître impossible à atteindre, mais dans le même temps, elles représentent un encouragement qui ne nous permet pas de nous reposer sur ce que nous avons pu réaliser. Il ne nous permet pas d'être contents de ce que nous sommes, mais nous pousse à demeurer en chemin vers cet objectif.

Le précieux texte de spiritualité qu'est le petit livre datant de la fin du Moyen-Age intitulé Imitation du Christ, écrit à ce sujet:  "Le noble amour de Jésus nous pousse à faire de grandes choses et nous incite à désirer des choses toujours plus parfaites. L'amour veut demeurer élevé et n'être retenu par aucune bassesse. L'amour veut être libre et détaché de tout sentiment terrestre... En effet, l'amour est né de Dieu et ne peut reposer qu'en Dieu, par-delà toutes les choses créées. Celui qui aime vole, court, et se réjouit, il est libre, rien ne le retient. Il donne tout à tous et a tout en toute chose, car il trouve son repos dans l'Unique puissant qui s'élève par-dessus toutes les choses, dont jaillit et découle tout bien" (Livre III, chap. 5). Quel meilleur commentaire du "commandement nouveau" énoncé par Jean? Prions le Père de pouvoir le vivre, même de façon imparfaite, si intensément, au point de contaminer tous ceux que nous rencontrons sur notre chemin.

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J’accueille avec joie les pèlerins de langue française. Chers amis, puisse votre pèlerinage à Rome faire grandir votre foi; que ce temps de vacances soit pour chacun l’occasion d’un vrai repos et le moment favorable pour refaire vos forces physiques et spirituelles!


Appel du Pape pour la paix au Moyen-Orient

Chers frères et soeurs,

ma pensée implorante se tourne une fois de plus vers la bien-aimée région du Moyen-Orient. En me référant au tragique conflit en cours, je repropose les paroles de Paul VI à l'ONU, en octobre 1965. Il dit à cette occasion:  "Jamais plus les uns contre les autres, jamais, plus jamais!... Si vous voulez être frères, laissez tomber les armes de vos mains". Face aux efforts en cours pour parvenir enfin au cessez-le-feu et à une solution juste et durable du conflit, je répète, avec mon prédécesseur immédiat, le grand Pape Jean-Paul II, qu'il est possible de changer le cours des événements dès lors que prévalent la raison, la bonne volonté, la confiance en l'autre, la mise en oeuvre des engagements pris et la coopération entre partenaires responsables (cf. Discours au Corps diplomatique, 13 janvier 2003). Telles sont les paroles de Jean-Paul II et ce qui a été dit alors est encore valable aujourd'hui, pour tous. Je renouvelle à chacun l'exhortation à intensifier sa prière pour obtenir le don tant désiré de la paix.

© Copyright 2006 - Libreria Editrice Vaticana






BENOÎT XVI



AUDIENCE GÉNÉRALE



Mercredi 23 août 2006



Jean, le Voyant de Patmos


Chers frères et soeurs,

Dans la dernière catéchèse, nous étions arrivés à la méditation sur la figure de l'Apôtre Jean. Nous avions tout d'abord cherché à voir ce que l'on peut savoir de sa vie. Puis, dans une deuxième catéchèse, nous avions médité le contenu central de son Evangile, de ses Lettres: la charité, l'amour. Et aujourd'hui, nous revenons encore une fois sur la figure de l'Apôtre Jean, en prenant cette fois en considération le Voyant de l'Apocalypse. Et nous faisons immédiatement une observation: alors que ni le Quatrième Evangile, ni les Lettres attribuées à l'Apôtre ne portent jamais son nom, l'Apocalypse fait référence au nom de Jean, à quatre reprises (cf. 1, 1.4.9; 22, 8). Il est évident que l'Auteur, d'une part, n'avait aucun motif pour taire son propre nom et, de l'autre, savait que ses premiers lecteurs pouvaient l'identifier avec précision. Nous savons par ailleurs que, déjà au III siècle, les chercheurs discutaient sur la véritable identité anagraphique du Jean de l'Apocalypse. Quoi qu'il en soit, nous pourrions également l'appeler "le Voyant de Patmos", car sa figure est liée au nom de cette île de la Mer Egée, où, selon son propre témoignage autobiographique, il se trouvait en déportation "à cause de la Parole de Dieu et du témoignage pour Jésus" (Ap 1, 9). C'est précisément à Patmos, "le jour du Seigneur... inspiré par l'Esprit" (Ap 1, 10), que Jean eut des visions grandioses et entendit des messages extraordinaires, qui influencèrent profondément l'histoire de l'Eglise et la culture occidentale tout entière. C'est par exemple à partir du titre de son livre - Apocalypse, Révélation - que furent introduites dans notre langage les paroles "apocalypse, apocalyptique", qui évoquent, bien que de manière inappropriée, l'idée d'une catastrophe imminente.

Le livre doit être compris dans le cadre de l'expérience dramatique des sept Eglises d'Asie (Ephèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie, Laodicée), qui vers la fin du I siècle durent affronter des difficultés importantes - des persécutions et également des tensions internes - dans leur témoignage au Christ. Jean s'adresse à elles en faisant preuve d'une vive sensibilité pastorale à l'égard des chrétiens persécutés, qu'il exhorte à rester solides dans la foi et à ne pas s'identifier au monde païen si fort. Son objet est constitué en définitive par la révélation, à partir de la mort et de la résurrection du Christ, du sens de l'histoire humaine. La première vision fondamentale de Jean, en effet, concerne la figure de l'Agneau, qui est égorgé et pourtant se tient debout (cf. Ap 5, 6), placé au milieu du trône où Dieu lui-même est déjà assis. A travers cela, Jean veut tout d'abord nous dire deux choses: la première est que Jésus, bien que tué par un acte de violence, au lieu de s'effondrer au sol, se tient paradoxalement bien fermement sur ses pieds, car à travers la résurrection, il a définitivement vaincu la mort; l'autre est que Jésus, précisément en tant que mort et ressuscité, participe désormais pleinement au pouvoir royal et salvifique du Père. Telle est la vision fondamentale. Jésus, le Fils de Dieu, est sur cette terre un agneau sans défense, blessé, mort. Toutefois, il se tient droit, il est debout, il se tient devant le trône de Dieu et participe du pouvoir divin. Il a entre ses mains l'histoire du monde. Et ainsi, le Voyant veut nous dire: Ayez confiance en Jésus, n'ayez pas peur des pouvoirs opposés, de la persécution! L'Agneau blessé et mort vainc! Suivez l'Agneau Jésus, confiez-vous à Jésus, prenez sa route! Même si dans ce monde, ce n'est qu'un Agneau qui apparaît faible, c'est Lui le vainqueur!

L'une des principales visions de l'Apocalypse a pour objet cet Agneau en train d'ouvrir un livre, auparavant fermé par sept sceaux que personne n'était en mesure de rompre. Jean est même présenté alors qu'il pleure, car l'on ne trouvait personne digne d'ouvrir le livre et de le lire (cf. Ap 5, 4). L'histoire reste indéchiffrable, incompréhensible. Personne ne peut la lire. Ces pleurs de Jean devant le mystère de l'histoire si obscur expriment peut-être le sentiment des Eglises asiatiques déconcertées par le silence de Dieu face aux persécutions auxquelles elles étaient exposées à cette époque. C'est un trouble dans lequel peut bien se refléter notre effroi face aux graves difficultés, incompréhensions et hostilités dont souffre également l'Eglise aujourd'hui dans diverses parties du monde. Ce sont des souffrances que l'Eglise ne mérite certainement pas, de même que Jésus ne mérita pas son supplice. Celles-ci révèlent cependant la méchanceté de l'homme, lorsqu'il s'abandonne à l'influence du mal, ainsi que le gouvernement supérieur des événements de la part de Dieu. Eh bien, seul l'Agneau immolé est en mesure d'ouvrir le livre scellé et d'en révéler le contenu, de donner un sens à cette histoire apparemment si souvent absurde. Lui seul peut en tirer les indications et les enseignements pour la vie des chrétiens, auxquels sa victoire sur la mort apporte l'annonce et la garantie de la victoire qu'ils obtiendront eux aussi sans aucun doute. Tout le langage fortement imagé que Jean utilise vise à offrir ce réconfort.

Au centre des visions que l'Apocalypse présente, se trouvent également celles très significatives de la Femme qui accouche d'un Fils, et la vision complémentaire du Dragon désormais tombé des cieux, mais encore très puissant. Cette Femme représente Marie, la Mère du Rédempteur, mais elle représente dans le même temps toute l'Eglise, le Peuple de Dieu de tous les temps, l'Eglise qui, à toutes les époques, avec une grande douleur, donne toujours à nouveau le jour au Christ. Et elle est toujours menacée par le pouvoir du Dragon. Elle apparaît sans défense, faible. Mais alors qu'elle est menacée, persécutée par le Dragon, elle est également protégée par le réconfort de Dieu. Et à la fin, cette Femme l'emporte. Ce n'est pas le Dragon qui gagne. Voilà la grande prophétie de ce livre qui nous donne confiance. La Femme qui souffre dans l'histoire, l'Eglise qui est persécutée, apparaît à la fin comme une Epouse splendide, figure de la nouvelle Jérusalem, où il n'y a plus de larmes, ni de pleurs, image du monde transformé, du nouveau monde, dont la lumière est Dieu lui-même, dont la lampe est l'Agneau.

C'est pour cette raison que l'Apocalypse de Jean, bien qu'imprégnée par des références continues aux souffrances, aux tribulations et aux pleurs - la face obscure de l'histoire -, est tout autant imprégnée par de fréquents chants de louange, qui représentent comme la face lumineuse de l'histoire. C'est ainsi, par exemple, que l'on lit la description d'une foule immense, qui chante presque en criant: "Alléluia! le Seigneur notre Dieu a pris possession de sa royauté, lui, le Tout-Puissant. Soyons dans la joie, exultons, rendons-lui gloire, car voici les noces de l'Agneau. Son épouse a revêtu ses parures" (Ap 19, 6-7). Nous nous trouvons ici face au paradoxe chrétien typique, selon lequel la souffrance n'est jamais perçue comme le dernier mot, mais considérée comme un point de passage vers le bonheur, étant déjà même mystérieusement imprégnée par la joie qui naît de l'espérance. C'est précisément pour cela que Jean, le Voyant de Patmos, peut terminer son livre par une ultime aspiration, vibrant d'une attente fervente. Il invoque la venue définitive du Seigneur: "Viens, Seigneur Jésus!" (Ap 22, 20). C'est l'une des prières centrales de la chrétienté naissante, également traduite par saint Paul dans la langue araméenne: "Marana tha". Et cette prière, "Notre Seigneur, viens!" (1 Co 16, 22), possède plusieurs dimensions. Naturellement, elle est tout d'abord l'attente de la victoire définitive du Seigneur, de la nouvelle Jérusalem, du Seigneur qui vient et qui transforme le monde. Mais, dans le même temps, elle est également une prière eucharistique: "Viens Jésus, maintenant!". Et Jésus vient, il anticipe son arrivée définitive. Ainsi, nous disons avec joie au même moment: "Viens maintenant, et viens de manière définitive!". Cette prière possède également une troisième signification: "Tu es déjà venu, Seigneur! Nous sommes certains de ta présence parmi nous. C'est pour nous une expérience joyeuse. Mais viens de manière définitive!". Et ainsi, avec saint Paul, avec le Voyant de Patmos, avec la chrétienté naissante, nous prions nous aussi: "Viens, Jésus! Viens, et transforme le monde! Viens dès aujourd'hui et que la paix l'emporte!". Amen!

* * *

Je salue cordialement les pèlerins francophones présents ce matin, en particulier le groupe de jeunes pèlerins cyclistes. Que le Christ, vainqueur du mal et de la mort, soutienne votre foi et ravive votre espérance, afin que vous soyez des témoins joyeux de l’Évangile au milieu des difficultés de ce monde!

© Copyright 2006 - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060823_fr.html



Saint JEAN

On commença dans les premiers siècles à fêter les deux frères saint Jean et saint Jacques ensemble le 27/12. Il en est ainsi toujours chez les Arméniens, et encore en Gaul au VIIe siècle. L’Espagne fêtait Jacques le 28, l’Assomption de St Jean le 29.

Le martyrologe Hiéronymien indique pour le 27 : Adsumptio sancti Iohannis evangelistae apud Ephesum et ordination episcopatus sancti Iacobi fratris Domini.

A Rome on fêtait dès le VIe siècle le 27 décembre comme natale sancti Iohannis Evangelistae.

Le culte de St Jean fut introduit à Rome par le pape Hilaire (461-468) qui s’était réfugié près de sa tombe lors du brigandage d’Éphèse en 449. Il fit construire un oratoire au Latran sous le patronage de St Jean, Liberatori suo beato Iohanni Evangelistae Hilarius episcopus famulus Xti.



Giotto, Assunzione di Giovanni. 1320, Fresque, Santa Croce, Cappella Peruzzi


AUX PREMIÈRES VÊPRES. avant 1960

Ant.au Magnificat Celui-ci est Jean, * qui se reposa pendant la cène sur la poitrine du Seigneur : bienheureux Apôtre, à qui furent révélés de célestes secrets !

V/. Le bienheureux Jean est digne d’un grand honneur.

R/. Lui qui reposa, pendant la cène, sur la poitrine du Seigneur.

A MATINES.

Au premier nocturne.

Commencement de la première Épître de l’Apôtre S. Jean. Cap. 1, 1-10 ; 2, 1-5.

Première leçon. Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et touché par nos mains, du Verbe de la vie (car la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, nous l’attestons, et nous vous l’annonçons, cette vie éternelle qui était dans le Père et nous est apparue) ; ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous entriez vous-mêmes en société avec nous ; et que notre société soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. Et nous vous écrivons ceci, afin que vous vous réjouissiez, et que votre joie soit complète. Or ce que nous vous annonçons, après l’avoir entendu de lui, c’est que Dieu est lumière, et qu’il n’y a point en lui de ténèbres.

R/. Il est vraiment digne d’un grand honneur le bienheureux Jean qui, durant la cène, reposa sur la poitrine du Seigneur : * Disciple vierge auquel le Christ, sur la croix, recommanda sa Mère vierge. V/. Vierge, il fut choisi par le Seigneur, et entre les autres disciples, il fut le plus aimé [1]. * Disciple.

Deuxième leçon. Si nous disons que nous sommes en société avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne suivons pas la vérité. Mais si nous marchons dans la lumière, comme lui-même est dans la lumière, nous sommes ensemble dans la même société, et le sang de Jésus-Christ, son Fils, nous purifie de tout péché. Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous trompons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous remettre nos péchés et pour nous purifier de toute iniquité. Si nous disons que nous n’avons point péché, nous le faisons menteur [2], et sa parole n’est point en nous.

R/. C’est ce même disciple qui rend témoignage de ces choses, et qui les a écrites : * Et nous savons que son témoignage est vrai. V/. Il a puisé les eaux vives de l’Évangile à la source sacrée du cœur du Seigneur. * Et.

Troisième leçon. Mes petits enfants, je vous écris ceci pour que vous ne péchiez point. Cependant, si quelqu’un pèche, nous avons pour avocat auprès du Père, Jésus-Christ le Juste2. Et il est lui-même propitiation pour nos péchés ; non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux de tout le monde. Or, ce qui nous assure que nous le connaissons, c’est si nous gardons ses commandements. Celui qui dit le connaître et ne garde pas ses commandements est un menteur, et la vérité n’est pas en lui. Mais celui qui garde sa parole a vraiment en lui l’amour parfait de Dieu.

R/. Celui-ci est le très heureux Jean, Évangéliste et Apôtre, * Qui a mérité d’être honoré plus que les autres par le Seigneur, du privilège d’un amour particulier. V/. C’est ce disciple que Jésus aimait, et qui, pendant la cène, reposa sur sa poitrine. * Qui. Gloire au Père. * Qui.

Au deuxième nocturne.

Du livre de saint Jérôme, Prêtre : des Écrivains Ecclésiastiques.

Quatrième leçon. Jean, l’Apôtre bien-aimé de Jésus, fils de Zébédée et frère de l’Apôtre Jacques, qu’Hérode fit décapiter après la passion du Seigneur, entreprit le dernier d’écrire l’Évangile. Il le fit à la demande des évêques d’Asie, pour combattre Cérinthe et les autres hérétiques, et surtout la doctrine commençant alors à surgir des Ébionites, qui prétendent que le Christ n’a pas existé avant Marie. Cela le détermina à nous faire connaître sa génération divine.

R/. Celui qui aura vaincu, j’en ferai, dit le Seigneur, une colonne de mon temple. * Et j’écrirai sur lui mon nom, et le nom de la nouvelle cité, Jérusalem. V/. Au vainqueur je donnerai à manger du fruit de l’arbre de vie, qui est dans le paradis de mon Dieu. * Et.

Cinquième leçon. La quatorzième année de Domitien, dans la persécution excitée par ce prince, la seconde après celle de Néron, saint Jean fut relégué dans l’île de Pathmos, où il composa l’Apocalypse, qui fut interprétée par saint Justin, martyr, et saint Irénée. Après la mort de Domitien, le sénat s’empressa d’annuler les actes de ce prince, marqués au coin d’une trop grande cruauté. Aussi, sous Nerva, saint Jean put-il revenir à Éphèse, et y demeurer jusqu’au règne de Trajan. Il fonda et gouverna toutes les Églises de l’Asie [3] ; enfin, accablé de vieillesse, il mourut soixante-huit ans après la passion du Sauveur et il fut enseveli dans la même ville d’Éphèse.

R/. Jésus l’aimait, car le privilège spécial de la chasteté l’avait rendu digne d’un plus grand amour : * Élu vierge par le Christ, il demeura toujours vierge. V/. Enfin, Jésus, au moment de mourir sur la croix recommanda sa mère vierge à ce disciple vierge. * Élu.

Des Commentaires du même Saint sur l’Épître aux Galates.

Sixième leçon. Saint Jean l’Évangéliste demeura à Éphèse jusqu’à sa dernière vieillesse. Comme il pouvait à peine être porté à l’église par les disciples, et qu’il lui était impossible de leur faire un discours suivi, il ne leur adressait à chaque réunion que ces mots : Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres. Enfin ses disciples et les fidèles présents, fatigués d’entendre toujours la même chose, lui dirent : Maître, pourquoi donc nous faire toujours cette recommandation ? Alors il leur fit cette réponse digne de Jean : Parce que c’est le précepte du Seigneur ; et si vous accomplissez ce seul commandement, cela suffit.

R/. Au milieu de l’Église, il a ouvert sa bouche : * Et le Seigneur l’a rempli de l’esprit de sagesse et d’intelligence. V/. Il amassera un trésor de joie et d’exultation sur lui. * Et. Gloire au Père. * Et.

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Jean.

En ce temps-là : Jésus dit à Pierre : "Suis-moi". Pierre, s’étant retourné, vit venir derrière lui, le disciple que Jésus aimait. Et le reste.

Homélie de saint Augustin, évêque.

Septième leçon. L’Église sait qu’il existe deux vies, parce que Dieu lui en a parlé et les lui a fait connaître : l’une qui consiste dans la foi, l’autre dans la vue ; l’une qui s’écoule en ce pèlerinage temporaire, l’autre qui demeurera pendant l’éternité : l’une qui se passe dans la peine et l’effort, l’autre où l’on se reposera ; l’une qui est propre à notre voyage ici-bas, l’autre dont on jouira dans la patrie ; l’une occupée par le travail, l’autre récompensée parla contemplation de Dieu. Dan ? l’une on évite le mal et on fait le bien ; dans l’autre il n’y a aucun mal à éviter et l’on jouit d’un bonheur sans limites : l’une nous donne de lutter contre l’ennemi, l’autre de régner sans rencontrer d’adversaire.

R/. En ce jour-là, je me chargerai de toi comme de mon serviteur, et je te poserai comme un sceau devant moi : * Car moi, je t’ai choisi, dit le Seigneur. V/. Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie. * Car.

Huitième leçon. Dans l’une, on vient au secours des indigents ; dans le séjour de l’autre, on ne trouve aucun infortuné ; ici, l’on pardonne au prochain ses péchés, afin d’obtenir de l’indulgence pour les siens ; là, on ne souffre de rien qui soit à pardonner, on ne fait rien qui exige l’indulgence d’autrui. Dans l’une, on est accablé de maux, pour que la prospérité n’engendre point l’orgueil ; dans l’autre, on est comblé d’une telle abondance de grâces qu’on est à l’abri de tout mal, et qu’on s’attache au souverain bien, sans éprouver la moindre tentation d’orgueil.

R/. Celui-ci est Jean, qui se reposa sur la poitrine du Seigneur, durant la cène : * Heureux Apôtre, à qui furent révélés des secrets célestes ! V/. Il a puisé les eaux vives de l’Évangile à la source sacrée du cœur du Seigneur. * Heureux. Gloire au Père. * Heureux.

Neuvième leçon. L’une est donc bonne, mais encore pleine de misères : l’autre est meilleure et bienheureuse. La première a été signifiée par l’Apôtre Pierre, la seconde par Jean. L’une s’écoule tout entière ici-bas, elle s’étendra jusqu’à la fin des temps et y trouvera son terme ; l’autre ne recevra sa perfection qu’à la consommation des siècles, mais dans le siècle futur, elle n’aura pas de fin ; aussi dit-on à celui-ci :« Suis-moi » ; mais de l’autre : « Si je veux qu’il demeure ainsi jusqu’à ce que je vienne ; que t’importe ? suis-moi. » Que veulent dire ces paroles ? Autant que j’en puis juger, quel sens peuvent-elles avoir si ce n’est celui-ci : Suis-moi en m’imitant, en supportant comme moi les épreuves de la vie ; pour lui, qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne donner les biens éternels.

A LAUDES

Ant. 1 Il est vraiment digne d’honneur *, le bienheureux Jean, qui se reposa durant la cène sur la poitrine du Seigneur.

Ant. 2 C’est ce même disciple * qui rend témoignage de ces choses, et qui les a écrites, et nous savons que son témoignage est vrai.

Ant. 3 Celui-ci est mon disciple * : je veux qu’il demeure ainsi jusqu’à ce que je vienne [4].

Ant. 4 Il y en a quelques-uns ici présents *, qui ne goûteront pas de la mort jusqu’à ce qu’ils voient le Fils de l’homme dans son royaume [5].

Ant. 5 Voici mon serviteur * choisi, que j’ai élu ; j’ai répandu mon esprit sur lui.

Capitule. Celui qui craint Dieu fera le bien, et celui qui garde la justice possédera la sagesse ; et elle viendra au-devant de lui comme une mère honorée.

V/. C’est ce même disciple qui rend témoignage de ces choses.

R/. Et nous savons que ;on témoignage est vrai.

Ant. au Bénédictus Celui-ci est Jean *, qui se reposa durant "a cène sur la poitrine du Seigneur : heureux Apôtre à qui furent révélés des secrets célestes !

AUX DEUXIÈMES VÊPRES.

Ant. au Magnificat Le bruit courut * parmi les frères que ce disciple ne mourrait point. Cependant, Jésus n’avait pas dit : II ne mourra point ; mais : Je veux qu’il demeure ainsi, jusqu’à ce que je vienne.

[1] La fête d’aujourd’hui ne célèbre pas en saint Jean le martyre de l’apôtre, comme dans la plupart des autres Apôtres ; elle chante le « disciple que Jésus aimait ». Et la tradition trouve le motif de cette prédilection du Christ pour saint Jean dans sa virginité. Parce qu’il était vierge, Jésus l’aima plus que les autres apôtres, lui confia sa mère vierge, lui permit de se reposer sur son Cœur divin : et c’est là que l’Évangéliste puisa cet amour et cette onction qui caractérisent ses écrits.

[2] Puisque nous soutenons le contraire de ce que l’Écriture enseigne, savoir, que nul n’est sans péché.

[3] Il s’agit de l’Asie proconsulaire, la province romaine d’Asie, en Asie-Mineure ; capitale Éphèse.

[4] La plupart des Docteurs ne voient dans ce passage que la différence des vocations de Pierre et de Jean ; le premier suivra son Dieu sur la croix ; le second verra, après une longue vieillesse, son Maître venir le chercher par une mort tranquille.

[5] « Six jours après avoir prononcé ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean et fut transfiguré devant eux. Ces disciples étaient ceux dont il avait dit qu’ils ne goûteraient point la mort, qu’ils n’aient vu le Fils de l’homme dans son royaume. N. S. appelle son royaume, ce que souvent il nomme le royaume des cieux ; mais le royaume des cieux est le royaume des Saints. » (S. Augustin). « Or, dans la Transfiguration, le Fils de l’homme se manifesta à ces trois Apôtres, tel qu’il doit venir plus tard »(S .Jérôme).



Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Après Étienne, le premier des Martyrs, Jean, l’Apôtre et l’Évangéliste, assiste le plus près à la crèche du Seigneur. Il était juste que la première place fût réservée à celui qui a aimé l’Emmanuel jusqu’à verser son sang pour son service ; car, comme le dit le Sauveur lui-même, il n’est point de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime [6] ; et le Martyre a toujours été considéré par l’Église comme le dernier effort de la charité, ayant même la vertu de justifier le pécheur dans un second Baptême. Mais après le sacrifice du sang, le plus noble, le plus courageux, celui qui gagne par-dessus tout le cœur de l’Époux des âmes, c’est le sacrifice de la virginité. Or, de même que saint Étienne est reconnu pour le type des Martyrs, saint Jean nous apparaît comme le Prince des Vierges. Le Martyre a valu à Étienne la couronne et la palme ; la Virginité a mérité à Jean des prérogatives sublimes, qui, en même temps qu’elles démontrent le prix de la chasteté, placent aussi ce Disciple parmi les principaux membres de l’humanité.

Jean eut l’honneur de naître du sang de David, dans la famille même de la très pure Marie ; il fut donc parent de notre Seigneur, selon la chair. Un tel honneur lui fut commun avec saint Jacques le Majeur, son frère, fils de Zébédée comme lui ; avec saint Jacques le Mineur et saint Jude, fils d’Alphée ; mais, dans la fleur de sa jeunesse, Jean laissa, non seulement sa barque et ses filets, non seulement son père, mais sa fiancée, au moment de célébrer de chastes noces. Il suivit le Christ et ne regarda pas en arrière ; c’est pourquoi la tendresse particulière du cœur de Jésus lui fut acquise ; et tandis que les autres étaient Disciples et Apôtres, il fut l’Ami du Fils de Dieu. La raison de cette rare prédilection fut donc, ainsi que le proclame l’Église, le sacrifice de virginité que Jean offrit à l’Homme-Dieu. Or, il convient de relever ici, au jour de sa fête, les grâces et les prérogatives qui ont découlé pour lui de l’heureux avantage de cette amitié céleste.

Ce seul mot du saint Évangile : Le Disciple que Jésus aimait, en dit plus, dans son admirable concision, que tous les commentaires. Pierre, sans doute, a été choisi pour être le Chef des autres Apôtres et le fondement de l’Église ; il a été plus honoré ; mais Jean a été plus aimé. Pierre a reçu l’ordre d’aimer plus que les autres ; il a pu répondre au Christ, par trois fois, qu’il en était ainsi ; cependant, Jean a été plus aimé du Christ que Pierre lui-même, parce qu’il convenait que la virginité fût honorée.

La chasteté des sens et du cœur a la vertu d’approcher de Dieu l’homme qui la conserve, et d’attirer Dieu vers lui ; c’est pourquoi, dans le moment solennel de la dernière Cène, de cette Cène féconde qui devait se renouveler sur l’autel jusqu’à la fin des temps, pour ranimer la vie dans les âmes et guérir leurs blessures, Jean fut placé auprès de Jésus lui-même, et non seulement il eut cet honneur insigne, mais dans ces derniers épanchements de l’amour du Rédempteur, ce fils de sa tendresse osa reposer sa tête sur la poitrine de l’Homme-Dieu. Ce fut alors qu’il puisa, à leur source divine, la lumière et l’amour ; et cette faveur, qui était déjà une récompense, devint le principe de deux grâces signalées qui recommandent spécialement saint Jean à l’admiration de toute l’Église.

En effet, la Sagesse divine ayant voulu manifester le mystère du Verbe, et confier à l’écriture des secrets que jusqu’alors aucune plume humaine n’avait été appelée à raconter, Jean fut choisi pour ce grand œuvre. Pierre était mort sur la croix, Paul avait livré sa tête au glaive, les autres Apôtres avaient successivement scellé leur témoignage de leur sang ; Jean restait seul debout, au milieu de l’Église ; et déjà l’hérésie, blasphémant l’enseignement apostolique, cherchait à anéantir le Verbe divin, et ne voulait plus le reconnaître pour le Fils de Dieu, consubstantiel au Père. Jean fut invité par les Églises à parler, et il le fit dans un langage tout du ciel. Son divin Maître lui avait réservé, à lui, pur de toute souillure, d’écrire de sa main mortelle des mystères que ses frères n’avaient été appelés qu’à enseigner : le Verbe, Dieu éternel, et ce même Verbe fait chair pour le salut de l’homme. Par là il s’éleva, comme l’Aigle, jusqu’au divin Soleil ; il le contempla sans en être ébloui, parce que la pureté de son âme et de ses sens l’avait rendu digne d’entrer en rapport avec la Lumière incréée. Si Moïse, après avoir conversé avec le Seigneur dans la nuée, se retira de ces divins entretiens le font orné de merveilleux rayons, combien radieuse devait être la face vénérable de Jean, qui s’était appuyée sur le Cœur même de Jésus, où, comme parle l’Apôtre, sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science [7] ! combien lumineux ses écrits ! combien divin son enseignement ! Aussi, ce type sublime de l’Aigle montré par Ezéchiel, et confirmé par saint Jean lui-même dans sa Révélation, lui a-t-il été appliqué par l’Église, avec le beau nom de Théologien que lui donne toute la tradition.

A cette première récompense qui consiste dans la pénétration des mystères, le Sauveur joignit pour son bien-aimé Disciple une effusion d’amour inaccoutumée, parce que la chasteté, en désintéressant l’homme des affections grossières et égoïstes, l’élève à un amour plus pur et plus généreux. Jean avait recueilli dans son cœur les discours de Jésus : il en fit part à l’Église, et surtout il révéla le divin Sermon de la Cène, où s’épanche l’âme du Rédempteur, qui, ayant aimé les siens, les aima jusqu’à la fin [8]. Il écrivit des Épîtres, et ce fut pour dire aux hommes que Dieu est amour [9] ; que celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu [10] ; que la charité bannit la crainte [11]. Jusqu’à la fin de sa vie, jusque dans les jours de son extrême vieillesse, il insista sur l’amour que les hommes se doivent les uns aux autres, à l’exemple du Dieu qui les a aimés ; et de même qu’il avait annoncé plus clairement que les autres la divinité et la splendeur du Verbe, ainsi plus que les autres se montra-t-il l’Apôtre de cette infinie charité que l’Emmanuel est venu allumer sur la terre.

Mais le Seigneur lui réservait un don véritablement digne du Disciple vierge et bien-aimé. En mourant sur la croix, Jésus laissait Marie sur la terre ; déjà, depuis plusieurs années, Joseph avait rendu son âme au Seigneur. Qui veillerait donc sur un si sacré dépôt ? qui serait digne de le recevoir ? Jésus enverrait-il ses Anges pour garder et consoler sa Mère : car quel homme sur la terre mériterait un tel honneur ? Du haut de sa croix, le Sauveur aperçoit le disciple vierge : tout est fixé. Jean sera un fils pour Marie, Marie sera une mère pour Jean ; la chasteté du disciple Ta rendu digne de recevoir un legs si glorieux. Ainsi, suivant la belle remarque de saint Pierre Damien, Pierre recevra en dépôt l’Église, Mère des hommes ; mais Jean recevra Marie, Mère de Dieu. Il la gardera comme son bien, il remplacera auprès d’elle son divin Ami ; il l’aimera comme sa propre mère ; il en sera aimé comme un fils.

Environné de tant de lumière, réchauffé par tant d’amour, nous étonnerons-nous que Jean soit devenu l’ornement de la terre, la gloire de l’Église ? Aussi, comptez, si vous pouvez, ses titres ; énumérez ses qualités. Parent du Christ par Marie, Apôtre, Vierge, Ami de l’Époux, Aigle divin, Théologien sacré, Docteur de la Charité, fils de Marie, il est encore Évangéliste par le récit qu’il nous a laissé de la vie de son Maître et Ami ; Écrivain sacré par ses trois Épîtres inspirées de l’Esprit-Saint ; Prophète par sa mystérieuse Apocalypse, qui renferme les secrets du temps et de l’éternité. Que lui a-t-il donc manqué ? la palme du Martyre ? On ne le saurait dire ; car, s’il n’a pas consommé son sacrifice, il a néanmoins bu le calice de son Maître lorsque, après une cruelle flagellation, il fut plongé dans l’huile bouillante, devant la Porte-Latine, à Rome. Jean fut donc Martyr de désir et d’intention, sinon d’effet ; et si le Seigneur, qui le voulait conserver dans son Église comme un monument de son estime pour la chasteté et des honneurs qu’il réserve à cette vertUj arrêta miraculeusement l’effet d’un affreux supplice, le cœur de Jean n’en avait pas moins accepté le Martyre dans toute son étendue.

Tel est le compagnon d’Étienne, près du berceau dans lequel nous honorons l’Enfant divin. Si le Protomartyr éclate par la pourpre de son sang, la blancheur virginale du fils adoptif de Marie n’est-elle pas éblouissante au-dessus de celle de la neige ? Les lis de Jean ne peuvent-ils pas marier leur innocent éclat à la vermeille splendeur des roses de la couronne d’Étienne ? Chantons donc gloire au Roi nouveau-né, dont la cour brille de si riantes et de si fraîches couleurs. Cette céleste compagnie s’est formée sous nos yeux. D’abord nous avons vu Marie et Joseph seuls dans l’étable auprès de la crèche ; l’armée des Anges a bientôt paru avec ses mélodieuses cohortes ; les bergers sont venus ensuite avec leurs cœurs humbles et simples ; puis, voici Étienne le Couronné, Jean le Disciple chéri ; et en attendant les Mages, d’autres viendront bientôt accroître l’éclat de la pompe, et réjouir de plus en plus nos cœurs. Quelle Naissance que celle de notre Dieu ! Si humble qu’elle paraisse, combien elle est divine ! et quel Roi de la terre, quel Empereur a jamais eu autour de son splendide berceau des honneurs pareils à ceux de l’Enfant de Bethléhem ? Unissons nos hommages à ceux qu’il reçoit de tous ces heureux membres de sa cour ; et si nous avons hier ranimé notre foi, à la vue des palmes sanglantes d’Étienne, aujourd’hui réveillons en nous l’amour de la chasteté, à l’odeur des célestes parfums que nous envoient les fleurs de la virginale couronne de l’Ami du Christ.

A LA MESSE.

La sainte Église ouvre les chants du divin Sacrifice par les paroles du livre de l’Ecclésiastique qu’elle applique à saint Jean. Le Seigneur a placé son disciple bien-aimé sur la chaire de son Église, pour lui faire proclamer les mystères. Dans ses sublimes entretiens, il l’a rempli d’une sagesse infinie ; il l’a revêtu d’une robe éclatante de blancheur, afin d’honorer sa virginité.

Dans la Collecte, l’Église demande le don de la Lumière qui est le Verbe de Dieu, et dont saint Jean a été le dispensateur par ses divins écrits. Elle aspire à posséder à jamais cet Emmanuel qui est venu illuminer la terre, et qui a révélé à son disciple les secrets célestes.

ÉPÎTRE

Cette suprême Sagesse est le Verbe divin, qui est venu au-devant de saint Jean, en l’appelant à l’apostolat. Ce Pain de vie dont elle l’a nourri est le Pain immortel de la dernière Cène ; cette Eau d’une doctrine salutaire, c’est celle que le Sauveur promettait à la Samaritaine, et dont il a été donné à Jean de se désaltérer à longs traits dans sa source même, quand il reposa sur le Cœur de Jésus. Cette force inébranlable est celle qu’il a fait paraître dans la garde vigilante et courageuse de la chasteté, et dans la confession du Fils de Dieu en présence des ministres de Domitien. Ce trésor que la divine Sagesse a amassé pour lui, c’est cet ensemble de glorieuses prérogatives que nous avons énumérées. Enfin, ce nom éternel est celui de Jean le Disciple bien-aimé.

ÉVANGILE.

Ce passage de l’Évangile a beaucoup occupé les Pères et les commentateurs. On a cru y voir la confirmation du sentiment de ceux qui ont prétendu que saint Jean a été exempté de la mort corporelle, et qu’il attend encore, dans la chair, la venue du Juge des vivants et des morts. Il n’y faut voir cependant, avec la plupart des saints docteurs, que la différence des deux vocations de saint Pierre et de saint Jean. Le premier suivra son Maître, en mourant, comme lui, sur la croix ; le second sera réservé ; il atteindra une heureuse vieillesse ; et il verra venir à lui son Maître qui l’enlèvera de ce monde par une mort tranquille.

Pendant l’Offrande, l’Église célèbre les palmes fleuries du Disciple bien-aimé ; elle nous montre autour de lui les générations de fidèles qu’il a enfantées, les Églises qu’il a fondées, et qui se multipliaient autour de lui, comme les jeunes cèdres, sous l’ombrage de leurs pères majestueux qui s’élèvent sur le Liban.

Les mystérieuses paroles que nous avons lues, il y a peu d’instants, dans l’Évangile, reviennent ici, en ce moment où le Prêtre et le peuple communient à la Victime du salut, comme une assurance que celui qui mange de ce Pain, s’il meurt selon le corps, n’en vivra pas moins pour attendre la venue du juge et rémunérateur suprême.

A VÊPRES.

On chante d’abord, comme au jour de saint Étienne, les Antiennes et les Psaumes de Noël, après quoi, l’Office de saint Jean reprend son cours.

Entendons maintenant les diverses Églises proclamer la gloire de saint Jean, dans leurs éloges liturgiques. Nous’ commencerons par la sainte Église Romaine, à qui nous emprunterons cette belle Préface du Sacramentaire Léonien.

PRÉFACE.

C’est une chose digne et juste, équitable et salutaire, de vous rendre grâces, Père tout-puissant, en ce jour où nous vénérons la naissance de votre bienheureux Apôtre, Jean l’Évangéliste. Ayant été appelé par notre Seigneur Jésus-Christ, votre Fils, il laissa un père terrestre pour trouver un Père céleste. Il jeta loin de lui les filets du siècle dans lesquels il était embarrassé, pour rechercher d’un cœur affranchi les biens de l’éternité ; il abandonna sa barque agitée par les flots, pour goûter la tranquillité dans le gouvernement de l’Église ; il renonça à la pêche des poissons, pour retirer, par la ligne de la doctrine du salut, les âmes plongées dans les abîmes du monde ; il cessa de sonder les profondeurs de la mer, pour devenir le scrutateur des secrets divins. Il s’est élevé jusqu’à reposer sur la poitrine du Sauveur lui-même, au festin sacré de la Cène mystique. Le Seigneur, attaché à la Croix, le subrogea en sa place pour être le fils de la Vierge-Mère ; et Jean prêcha avec plus de lumière que les autres écrivains sacrés, le Verbe qui, au commencement, était Dieu en Dieu.

L’Église de Milan, dans son Missel Ambrosien, chante ainsi la gloire du Disciple bien-aimé :

C’est une chose digne et juste, équitable et salutaire, de vous rendre grâces, Dieu éternel, quand nous honorons les mérites du bienheureux Jean l’Evangéliste. Notre Seigneur Jésus-Christ, non seulement le favorisa toujours d’une particulière distinction ; mais comme il était sur la croix, il le substitua à soi-même, dans sa tendresse, pour être le fils de Marie, qu’il lui légua en héritage. Lai divine bonté l’éleva jusqu’à ce degré d’honneur , que. de pêcheur, elle le fit disciple, et, surpassant pour lui la mesure des mystères du salut de l’homme, le rendit capable de contempler, par son intelligence, et de proclamer par sa voix, plus que les autres Apôtres, la Divinité éternelle de votre Verbe.

Le Missel Mozarabe consacre à notre saint Apôtre et Evangéliste l’Oraison suivante

ORAISON.

Fils engendré du Dieu souverain et non engendré, qui avez ouvert à votre bien-aimé Apôtre Jean les divins secrets de votre cœur, lorsque, reposant sur votre poitrine, il lui fut permis d’y puiser les eaux, vives de son Évangile : daignez nous regarder favorablement, afin que, par vous, nous connaissions les choses secrètes, et que, par vous, nous accomplissions le bien qui nous est manifesté. Dévoilez-nous les mystères cachés dans votre sein, afin que nous puissions comprendre l’infirmité de notre condition, et parvenir à la connaissance de votre divinité. Manifestez-nous sur vous-même ce que nous devons aimer ; et indiquez-nous, sur nous-mêmes, ce que nous devons corriger. Par le suffrage de ce disciple bien-aimé, que nos mœurs deviennent plus pures, que la peste soit éloignée, que les maladies soient dissipées, que le glaive soit repoussé. Que tout ce qui est contraire à la foi chrétienne soit détruit ; que tout ce qui lui est favorable prenne de l’accroissement. Que la famine s’éloigne, que les discussions s’apaisent, que les fauteurs de l’hérésie soient confondus. Que la terre soit féconde en moissons ; que nos âmes soient ornées de vertus ; enfin que l’ensemble de tous les biens nous advienne ; en sorte que, fidèlement attachés a votre service, ô notre Dieu ! Nous usions de vos dons sans péché, et, après cette vie, nous jouissions des délices de votre éternelle possession. Amen.

L’Hymne de la Liturgie de Milan, que nous donnons ci-après, est attribuée à saint Ambroise ; elle en est digne par la majesté de la diction et la grandeur des pensées.

HYMNE.

Illustre par l’amour que lui porta le Christ, Jean, l’enfant du Tonnerre, révéla, de sa bouche sacrée, les secrets de Dieu.

D’abord, il nourrit la vieillesse de son père par la pêche du poisson ; un jour qu’il voguait sur l’onde agitée, la foi vint lui donner l’immutabilité.

Il a lancé sa ligne dans les profondeurs, il a retiré le Verbe même de Dieu ; il a jeté ses filets dans les ondes éternelles, il a levé Celui qui est la vie de tous.

La Foi pieuse est le poisson véritable qui surnage sur la mer du monde ; elle s’appuie sur le sein du Christ, et parle ainsi dans l’Esprit-Saint :

« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commence cernent en Dieu.

« Toutes choses par lui ont été faites. » Que la louange de Jean retentisse, qu’on lui offre les lauriers de l’Esprit-Saint ; qu’il soit couronné pour ses divins écrits.

Le martyre a été commun à un grand nombre de fidèles ; cette effusion du sang lave le péché ; mais il est quelque chose au-dessus de la mort des Martyrs, c’est d’avoir révélé ce qui fait les Martyrs.

Toutefois il fut lié un jour par les impies,et plongé dans l’huile bouillante. Ce bain enleva la poussière du monde, et Jean demeura vainqueur de l’ennemi.

Gloire à vous, Seigneur, qui êtes né de la Vierge ; gloire au Père et au Saint-Esprit, dans les siècles éternels.

Amen.

Nous donnerons maintenant quelques strophes des Cantiques que l’Église grecque, dans son langage pompeux, consacre à la louange de saint Jean, dont elle célèbre la fête le 26 septembre.

Venez, Fidèles, couronnons aujourd’hui de cantiques divins l’abîme de la Sagesse, l’écrivain des dogmes orthodoxes, Jean le glorieux, le bien-aimé ; car c’est lui qui a tonné : Le Verbe était au commencement. C’est pourquoi il a paru comme une voix de tonnerre, illuminant le monde par son Évangile, illustre maître de la sagesse.

Tu as paru vraiment, aux yeux de tous, le grand ami de cœur du Christ maître : car tu t’es appuyé sur sa poitrine, et là, tu as puisé les dogmes de sagesse dont, ô divin prêcheur de Dieu, tu as enrichi toute la terre, laquelle l’aimable Église du Christ possède, et orne maintenant avec allégresse.

Réjouis-toi, ô vrai théologue ! réjouis-toi, fils très aimable de la Mère du Seigneur ; car, debout au pied delà croix du Christ, tu as entendu la voix divine du Maître qui te criait : Voici maintenant ta mère. C’est pourquoi nous te rendons de dignes louanges, comme au bien-aimé et grand Apôtre du Christ.

Le contemplateur des révélations ineffables, l’interprète des sublimes mystères de Dieu, le fils de Zébédée, écrivant pour nous l’Évangile du Christ, nous a appris à discourir théologiquement sur le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

Lyre aux célestes cantiques, touchée par Dieu lui-même, écrivain mystique, bouche aux paroles divines, il chante avec douceur le Cantique des cantiques, et prie pour notre salut.

Exaltons par de nombreuses acclamations, ô race des mortels, célébrons le Fils du tonnerre, le fondement des divines paroles, le guide sacré de la théologie, le premier prêcheur de la vraie sagesse, Jean le bien-aimé, le disciple vierge.

Les fleuves de la théologie jaillirent de ta bouche vénérable, ô Apôtre ! et l’Église de Dieu, qui s’y désaltère, adore, ô orthodoxe, la Trinité consubstantielle ; et maintenant, ô Jean le théologue, fais par tes prières que nos âmes soient affermies et qu’elles soient sauvées.

Le noble rejeton de la pureté, le parfum d’agréable odeur, nous est apparu en la présente solennité ; crions-lui donc : O toi qui as reposé sur la poitrine du Seigneur ! toi qui as comme fait distiller sur le monde le Verbe divin, ô Jean, Apôtre ! toi qui as gardé la Vierge comme la prunelle de l’œil, demande pour nous au Christ une grande miséricorde.

La sommité des Apôtres, la trompette de la théologie, le guide spirituel qui a soumis à Dieu l’univers, venez, fidèles, célébrons son bonheur : c’est le très illustre Jean, transporté de la terre et non enlevé à la terre ; mais vivant et attendant le second et terrible avènement du Seigneur, auquel, pour assister sans reproches, nous qui célébrons ta mémoire, daigne nous recommander, ô ami mystique du Christ, toi qui amoureusement reposas sur sa poitrine.

Nous terminerons, suivant notre usage, cet ensemble de louanges à la gloire de saint Jean, par une Séquence du moyen âge des Églises d’Occident, que nous emprunterons au recueil de l’abbaye de Saint-Gall. Elle est de la composition de Notker, et a été, pendant de longs siècles, en usage dans nos Missels Romains-Français.

SÉQUENCE.

Jean, disciple vierge, tant aimé de Jésus !

C’est toi qui, par son amour, as laissé dans ta barque ton père selon la chair ;

Toi qui, pour suivre le Messie, as dédaigné le cœur d’une jeune épouse ;

Toi qui méritas de goûter les eaux sacrées qui jaillissent du cœur de ce Messie ;

Toi qui, sur cette terre, as contemplé la gloire du Fils de Dieu :

Cette gloire qu’il n’est donné de voir, et nous le croyons ainsi, qu’aux seuls Saints dans la vie éternelle.

C’est toi que le Christ, sur sa croix triomphale, donna pour gardien à sa Mère.

Vierge, tu reçus sous ta garde la Vierge ; et elle fut commise à tes soins.

Captif dans un cachot, brisé par les fouets, tu t’es réjoui de rendre témoignage au Christ.

C’est encore toi qui ressuscitas les morts, et qui, par le nom de Jésus, as vaincu le poison.

A toi, le Père suprême révèle son Verbe caché, plus qu’aux autres mortels.

Toi donc, par d’assidues prières, recommande-nous tous à Dieu,

O Jean, cher au Christ ! Amen.

Disciple chéri de l’Enfant qui nous est né, combien votre félicité est grande ! combien admirable est la récompense de votre amour et de votre virginité ! En vous s’est accomplie la parole du Maître : Heureux ceux dont le cœur est pur, car ils verront Dieu. Et non seulement vous l’avez vu, ce Dieu-Homme, mais vous avez été son Ami, vous avez reposé sur son cœur. Jean-Baptiste tremble d’étendre sa main pour plonger dans le Jourdain sa tête divine ; Madeleine, assurée par lui-même d’un pardon immense comme son amour, n’ose lever la tête, et s’arrête à ses pieds ; Thomas attend son ordre pour oser mettre son doigt dans les cicatrices de ses plaies : et vous, en présence de tout le Collège Apostolique, vous prenez auprès de lui la place d’honneur, vous appuyez votre tête mortelle sur son sein. Et non seulement vous jouissez de la vue et delà possession de ce Fils de Dieu dans la chair ; mais, parce que votre cœur est pur, vous volez avec la rapidité de l’aigle, et vous fixez d’un regard assuré le Soleil de Justice, au sein même de cette lumière inaccessible qu’il habite éternellement avec le Père et l’Esprit-Saint.

Tel est donc le prix de la fidélité que vous lui avez montrée en conservant pour lui, pur de toute atteinte, le précieux trésor de la chasteté. Souvenez-vous de nous, ô vous le favori du grand Roi ! Aujourd’hui, nous confessons la divinité de ce Verbe immortel que vous nous avez fait connaître ; mais nous voudrions aussi approcher de lui, dans ces jours où il se montre si accessible, si humble, si plein d’amour, sous les livrées de l’enfance et de la pauvreté. Hélas ! nos péchés nous retiennent ; notre cœur n’est pas pur, comme le vôtre ; nous avons besoin d’un protecteur qui nous introduise à la crèche de notre Maître [12]. Pour jouir de ce bonheur, ô bien-aimé de l’Emmanuel, nous espérons en vous. Vous nous avez dévoilé la divinité du Verbe dans le sein du Père ; conduisez-nous en présence du Verbe fait chair. Que par vous nous puissions entrer dans l’étable, nous arrêter auprès de la crèche, voir de nos yeux, toucher de nos mains le doux fruit de la vie éternelle. Qu’il nous soit donné de contempler les traits si pleins de charmes de Celui qui est notre Sauveur et votre Ami, d’entendre les battements de ce cœur qui vous a aimé et qui nous aime ; de ce cœur qui, sous vos yeux, fut ouvert parle fer delà lance, sur la croix. Obtenez que nous demeurions près de ce berceau, que nous ayons part aux faveurs du céleste Enfant, que nous imitions comme vous sa simplicité.

Enfin, ô vous qui êtes le fils et le gardien de Marie, présentez-nous à votre Mère qui est aussi la nôtre. Qu’elle daigne, à votre prière, nous communiquer quelque chose de cette tendresse avec laquelle elle veille près du berceau de son divin Fils ; qu’elle voie en nous les frères de ce Jésus que ses flancs ont porté, qu’elle nous associe à l’affection maternelle qu’elle a ressentie pour vous, heureux dépositaire des secrets et des affections de l’Homme-Dieu.

Nous vous recommandons aussi l’Église de Dieu, ô saint Apôtre ! Vous l’avez plantée, vous l’avez arrosée, vous l’avez embaumée de la céleste odeur de vos vertus, vous l’avez illuminée de vos divins enseignements ; priez maintenant que toutes ces grâces qui sont venues par vous, fructifient jusqu’au dernier jour ; que la foi brille d’un nouvel éclat, que l’amour du Christ se ranime dans les cœurs, que les mœurs chrétiennes s’épurent et refleurissent, et que le Sauveur des hommes, quand il nous dit, par les paroles de votre Évangile : Vous n’êtes plus mes serviteurs, mais mes amis, entende sortir de nos bouches et de nos cœurs une réponse d’amour et de courage qui l’assure que nous le suivrons partout, comme vous l’avez suivi.

[6] Johan. XV, 13.

[7] Col. II, 3.

[8] Johan. XIII, 1.

[9] I Johan. IV, 8.

[10] Ibid.

[11] Ibid. 18.

[12] Isai. I, 3.


Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Station à Sainte-Marie-Majeure.

De toutes les fêtes d’Apôtres qui faisaient anciennement partie du cycle de Noël, la seule qui soit demeurée est celle de saint Jean, jadis unie, en Orient, à celle de saint Jacques, premier évêque de Jérusalem. La station a lieu dans la basilique Libérienne, parce que l’église du Latran est dédiée au Sauveur. En effet, à saint Jean évangéliste et à saint Jean-Baptiste, étaient dédiés seulement deux petits oratoires, à droite et à gauche du baptistère ; le pape Hilaire les avait érigés en mémoire du péril auquel il échappa quand il se déroba par la fuite aux violences des partisans de Dioscure, lors du latrocinium Ephesinum. La basilique de Saint-Jean devant la porte Latine est d’origine postérieure et ne fut comprise que très tardivement dans la liste des églises stationnales ; restait donc le temple Libérien qui, soit à cause de la Crèche du Sauveur, soit en raison des mosaïques de Sixte III commémorant le Concile d’Éphèse, tenu précisément près du sépulcre de l’Évangéliste, semblait le plus adapté pour la célébration de la station en l’honneur de saint Jean.

Dans la suite, l’oratoire du Latran dédié à l’Évangéliste acquit une grande importance, et il n’est pas impossible que les deux messes marquées pour ce jour dans le Sacramentaire léonien ne se réfèrent vraiment à deux stations distinctes, l’une à Sainte-Marie-Majeure, et l’autre au baptistère du Latran.

Jusqu’au XIe siècle, les stations romaines se déroulèrent régulièrement avec leurs solennels rites traditionnels ; mais après cette époque les schismes et les luttes des factions ayant empêché les papes d’y prendre part en personne, les Ordines postérieurs prescrivent que la fête de saint Jean, comme beaucoup d’autres, soit célébrée simplement dans la chapelle papale. Un cardinal chantait la messe, et l’un des procureurs des nouveaux ordres mendiants prononçait l’homélie en présence du Pontife qui revêtait le pluvial écarlate et la mitre. Aux secondes vêpres—admises fort tard à Rome, tandis qu’à l’origine les vêpres étaient le prélude de l’office de vigile, précédant, et non pas suivant, les grandes solennités — intervenaient le clergé palatin, les commensaux du Pape, les auditeurs de palais, les sous-diacres, les acolytes et les chapelains.

L’introït de la messe reflète l’usage des orientaux, qui attribuent à Jean le titre de « théologien » parce qu’il pénétra plus profondément que tout autre mortel les mystères de la Divinité. Jean fut le disciple de prédilection de Jésus, et, en conséquence, le divin Maître n’eut pour lui aucun secret : la vie intime et ineffable de l’auguste Trinité, les battements d’amour du Cœur du Verbe incarné, l’histoire future de l’Église et les destinées finales du monde, la liturgie de l’Église triomphante, l’Aigle de Pathmos contempla tout cela dans la lumière divine, vrai « fils du tonnerre » qui, dans les courtes pages de son Évangile et de l’Apocalypse, nous a laissé un traité théologique achevé, une histoire de l’éternelle Divinité. C’est donc avec raison que l’Église répète aujourd’hui dans l’introït, à la louange de Jean, ces paroles de l’Ecclésiastique (xv, 5) : « II ouvrit ses lèvres en présence de l’Assemblée, parce que le Seigneur l’avait rempli de l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’ornant de gloire comme d’un manteau. » Le psaume 91 vient ensuite, où l’on parle de la félicité de ceux qui célèbrent Yahweh et chantent ses louanges sur le psaltérion.

La collecte implore du Seigneur une plus grande abondance de lumière intérieure, afin que, en approfondissant les enseignements du bienheureux apôtre Jean, on obtienne la grâce de l’éternelle béatitude. Le lectionnaire de Würzbourg indique pour aujourd’hui, comme pour les plus grandes solennités de l’année, aux deux messes de la fête de saint Jean évangéliste, une double leçon avant l’Évangile [13]. A la première messe, la lecture de l’Ancien Testament est identique à celle que nous faisons dans le missel actuel, tandis que la lecture du Nouveau est tirée de la lettre de saint Paul aux Éphésiens (I, 3-8). A la seconde messe, que le Léonien nous a conservée, — avec ses magnifiques oraisons et sa splendide préface, — la péricope de l’Ancien Testament est empruntée au livre de la Sagesse (ch. X) tandis que la seconde lecture provient de l’épître aux Éphésiens (II, 19-22) ; cette insistance n’est peut-être pas sans motif, quand on pense aux relations qui existent entre Éphèse, saint Jean et la basilique Libérienne, souvenir votif, à Rome, du grand Concile réuni en Asie près de la tombe de l’Évangéliste.

La lecture de l’Ecclésiastique (XV, 1-6) de ce jour — on attribue en général, dans le missel, au livre de la Sagesse, tous les écrits sapientiaux, tels que l’Ecclésiastique, les Proverbes, le Cantique des cantiques, etc. — nous fait l’éloge du vrai sage qui, élevant son édifice spirituel sur le fondement inébranlable de la sainte crainte de Dieu, opère le bien et pratique la justice. Alors la grâce se déverse librement sur cette âme, si bien disposée. Le Seigneur va au-devant du juste et se l’unit comme l’époux à l’épouse, il éclaire son intelligence, lui confère le don de la vraie sagesse, en sorte qu’il illumine des,, rayons de sa doctrine l’Église tout entière.

Le répons-graduel est tiré de l’Évangile de saint Jean (XXI, 23) là où est rapportée la croyance populaire de cette première génération chrétienne d’Asie, qui ne voulait pas que le disciple bien-aimé de Jésus mourût avant la Parousie. D’autre part, le grand âge de l’apôtre semblait accréditer cette opinion, aussi Jean, dans le dernier chapitre de son évangile, comme en une ultime addition, voulut rectifier cette interprétation erronée des paroles du Sauveur : « Si je voulais qu’il demeurât ainsi jusqu’à ce que je vienne, que t’importerait ? » Jésus les avait prononcées comme une simple hypothèse : « Si je voulais » ; mais dans les diverses relations orales de cet épisode, la particule conditionnelle et hypothétique « si » fut facilement négligée, en sorte que Jean se trouva dans la nécessité de rectifier l’équivoque, remettant les choses au point.

Le verset alléluiatique (Joan., XXI, 24) est la continuation du texte précédent. Les Églises d’Asie qui avaient prié et jeûné pour que l’Évangéliste composât son livre inspiré, s’associent maintenant à lui et le présentent au monde comme le véritable auteur du quatrième évangile. C’est le démenti anticipé, donné à tous ces systèmes imaginés par l’exégèse rationaliste actuelle, qui prétend soustraire à saint Jean la paternité du saint Évangile, ou lui dénier une base historique sérieuse.

La lecture évangélique (Ioan., XXI, 20-24) est aujourd’hui comme préparée par les chants qui suivent l’Épître. Pierre et Jean sont liés entre eux par une affection toute particulière, et, malgré la diversité de leurs caractères, ils ont de nombreux points de ressemblance. C’est pourquoi l’Évangile nous les montre presque toujours ensemble, dans les voyages apostoliques, lors de la préparation du banquet pascal, dans la maison du Pontife, à la pêche sur la mer de Tibériade, à la prière vespérale au temple, etc. Maintenant Jésus, après le repas sur les rives du lac de Génésareth, prend Pierre à part pour lui annoncer son sort final ; Jean, par délicatesse, n’ose interrompre importunément leur colloque et se tient à l’écart ; mais son compagnon, qui comprend son désir, lui rend à présent l’échange du bon service qu’il lui a prêté à la dernière Cène, quand, au moyen du disciple bien-aimé, il interrogea le Seigneur pour savoir qui était le traître. « Seigneur, dit Pierre, et de celui-ci qu’en sera-t-il ? » Le divin Maître répondit en faisant allusion à la diversité des vocations, des fonctions et des grâces dans l’Église : « Si je veux qu’il demeure ainsi jusqu’à ma venue, que t’importe ? Toi, suis-moi. » Il voulait dire que les obligations et les vertus d’autrui ne doivent pas nous distraire de l’application aux devoirs de notre charge et de notre état. C’est cela que ile Seigneur veut de nous, et non pas ce que les autres peuvent faire.

Le verset de l’offertoire provient du psaume 21 et compare le juste à un palmier en fleurs et au cèdre gigantesque, qui couronne les sommets du Liban.

Dans la collecte sur les oblations nous prions le Seigneur de les accueillir favorablement, en la solennité d’un si puissant intercesseur, en qui nous mettons toute notre espérance.

Le verset de la Communion revient à l’équivoque des premiers fidèles, à savoir que le disciple bien-aimé ne mourrait pas. Non, tel n’est pas le sens de la promesse de Jésus aux âmes aimantes, et surtout à celles qui se nourrissent de son Sacrement eucharistique. La mort exercera ses droits passagers sur leur corps, mais la grâce nourrira l’esprit en vue de la vie immortelle, et cette vie immortelle mondera un jour si puissamment l’âme, qu’elle arrachera la dépouille périssable aux lacets de la mort, pour la rendre participante de son état bienheureux.

Le passage évangélique de la messe de ce jour contient une preuve importante de l’authenticité du quatrième Évangile, aujourd’hui en butte à la critique rationaliste ; il est opportun de toujours mieux faire valoir cette preuve. Si Jean doit demeurer toujours jeune et robuste, jusqu’à la seconde venue de Jésus, — ainsi raisonnaient les fidèles des dix dernières années du Ier siècle, — cela veut dire que le jour de la Parousie le trouvera encore vivant. Or une semblable équivoque n’était pas possible avant la mort de tous les autres apôtres, qui ne pouvaient certes pas s’être mépris sur le sens des paroles du Maître, et en auraient rectifié l’interprétation, ni après la mort de Jean, qui aurait ruiné tout le crédit de cette croyance. Il ne reste donc, comme période de formation de cette interprétation étrange, que le dernier quart du Ier siècle, temps auquel saint Jean pouvait encore avoir intérêt à dénoncer l’équivoque. Donec veniam se rapporte donc à la parousie seulement en un sens conditionnel, c’est-à-dire si Jésus en avait ainsi décidé.

La robuste vieillesse de l’Évangéliste convenait d’ailleurs fort bien à sa virginité sans tache. Si, en effet, l’état conjugal est destiné à assurer la conservation de l’espèce contre l’infirmité de la chair qui tend à tomber en poussière, la virginité, au contraire, exprime l’état des saints dans la gloire éternelle, alors que, n’étant plus sujets à la faiblesse et à aucune corruption corporelle, ils sont exempts de la nécessité de contracter aucun lien conjugal : In resurrectione autem non nubent neque nubentur, sed erunt sicut Angeli Dei in cœlo...

[13] 9 : IN NAT SCI IOHANNIS EUAG lec lib sapientiae salomonis. Qui timet dm faciet bona et qui contentus est iustitiae adpraehendit illam usq. et nomine aeterno hereditauit illam.

10 : IN NAT SCI IOHANNIS EUANG lec lib sapientiae salomonis. Iustum deducit per uias rectas usq. et dedit illi claritaem aeternam dns ds nr.

11 : IN NAT SCI IOHANNIS EUANG lec epist beati pauli apost ad ephess. FF benedictus ds et pater dni ni ihu xpi usq. habundauit in nobis per ihm xpm dnm nm.

12 : UNDE SUPRA lec epist beati pauli apost ad ephessios FF iam non estis hospites et aduenae usq. habitaculum di in spu sco..


Albrecht Dürer. Saint Jean et Saint Pierre, 1526


Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

« C’est ce Jean qui, à la dernière Cène, reposa sur la poitrine du Seigneur, heureux l’Apôtre auquel les secrets célestes ont été révélés » (Ant. Magn. et Ben.).

1. Saint Jean. — C’est le virginal ami du Christ qui, à la dernière Cène, reposa sur la poitrine de son Maître et y puisa l’amour et la connaissance des plus sublimes mystères, ce qui lui valut une place si brillante dans l’Église ! Au pied de la Croix, il reçut, comme legs précieux de son Maître, sa virginale Mère. Il a donné à l’Église son merveilleux évangile, dans lequel, semblable à l’aigle (son symbole), il s’élève jusqu’aux hauteurs sublimes de la divinité. Combien précieux sont, par exemple, les discours d’adieu du Seigneur à la dernière Cène ! Il nous a laissé le seul livre prophétique du Nouveau Testament, l’Apocalypse, le livre du Jugement dernier. Nous y voyons, dans des images impressionnantes, une série nettement déterminée de châtiments successifs que Dieu fait tomber sur le monde. Ces châtiments avec la catastrophe finale s’unissent pour former une grandiose image du jugement de Dieu. Jean est le seul Apôtre qui soit mort de mort naturelle. Il fut cependant martyr par la volonté et la profession de foi. A la fin de sa vie (vers l’an 100 après J.-C.), il fut jeté dans l’huile bouillante (cf. 6 mai) et « but le calice du Seigneur ».

« Comme le saint évangéliste qui vivait à Éphèse, dans son âge très avancé, était porté à l’église par ses disciples et ne pouvait plus faire de longs discours, il avait coutume, dans les réunions, de répéter toujours les paroles suivantes : Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres. Enfin, les disciples et les frères qui étaient présents, ennuyés de l’entendre toujours répéter le même discours, lui dirent : Maître, pourquoi répètes-tu toujours la même chose ? Alors il leur fit la réponse suivante, bien digne de saint Jean : « parce que c’est le précepte du Seigneur et si vous observez seulement cela, cela suffit. » « Soixante-huit ans après la Passion de son Maître, il mourut dans un âge avancé. Dans le voisinage de la ville qu’on vient de nommer il trouva son dernier repos » (Martyrologe).

2. L’Office, d’une beauté et d’une délicatesse extrêmes, respire l’amour et l’innocence. Les répons de la fête chantent les divers aspects de la personnalité de saint Jean : le bien-aimé du Seigneur, l’Évangéliste, l’auteur de l’Apocalypse, l’apôtre virginal, le docteur de l’Église, l’Apôtre reposant sur la poitrine du Seigneur. Dans les leçons : « Jésus aimait ce disciple, car le privilège spécial de la virginité le rendait digne d’un plus haut amour. Dans l’innocence virginale, il fut choisi comme disciple par le Seigneur et il garda cette innocence jusqu’à la mort. Suspendu à la croix, proche de la mort, le Seigneur lui confia sa Mère, sa Mère Vierge au disciple vierge » (Rép.).

« Vénérable est saint Jean qui pendant la Cène reposa sur la poitrine du Seigneur, A lui, sur la Croix, le Christ a confié sa Mère, sa Mère vierge au disciple vierge. Lui, le disciple vierge, le Seigneur l’a choisi et l’a aimé de préférence à tous les autres disciples. » (Rép.).

Dans les leçons du premier Nocturne nous entendons le commencement de la première Épître de saint Jean, dans laquelle l’Apôtre bien-aimé nous laisse entrevoir son âme remplie d’amour (le commencement vaut pour l’ensemble). Dans le troisième Nocturne, saint Augustin voit dans les deux Apôtres Pierre et Jean les symboles de l’Église de la terre et de l’Église du ciel : « L’Église connaît une double vie qui lui est prêchée et recommandée par Dieu ; de ces deux vies, l’une est dans la foi, l’autre dans la contemplation ; l’une dans le temps de pèlerinage, l’autre dans l’éternité de la demeure ; l’une dans le travail, l’autre dans le repos ; l’une dans la voie, l’autre dans la patrie ; l’une dans l’occupation active, l’autre dans la récompense de la contemplation ; l’une se détourne du mal et fait le bien, l’autre n’a pas de mal dont elle doive se défendre, elle ne connaît qu’un grand bien pour en jouir ; l’une combat contre l’ennemi, l’autre règne sans ennemi... L’une est bonne, mais encore malheureuse, l’autre est meilleure et heureuse. La première est représentée par l’Apôtre Pierre, l’autre par Jean... ».

3. La messe (In medio). — La liturgie de la messe est un peu âpre. Après la poésie de Noël et celle de la prière des Heures, nous désirerions plus de sentiments. Cependant, sous l’écorce amère, on découvre un noyau succulent, L’église de station est Sainte-Marie Majeure. Le choix de cette église se comprend, puisque saint Jean fut donné comme fils à la Sainte Vierge. Introït (qui est celui du commun des docteurs) convient en premier lieu à saint Jean. Par ses écrits, saint Jean est pour tous les temps le grand docteur de l’Église. Songeons seulement combien de fois saint Jean nous parle dans la liturgie. Ici encore, considérons la liturgie sous son aspect dramatique. En la personne du prêtre, saint Jean s’avance à travers le milieu de l’église, vers l’autel. L’Oraison prie aujourd’hui pour l’Église : « Éclairée par la doctrine de notre saint, puisse-t-elle parvenir aux dons éternels. » (C’est là une vraie oraison liturgique qui ne considère pas les particuliers, mais le grand ensemble, le corps mystique de Jésus-Christ). Il faut également entendre la leçon d’une manière plus profonde : la Mère honorable (la Sagesse) est de nouveau l’Église qui rencontre ses enfants, en ce moment, à la messe et les nourrit du pain de vie et de l’eau de la sagesse dans l’Eucharistie. (Nous sommes à Sainte-Marie Majeure. La Mère de Dieu rencontre son fils saint Jean. Marie est le symbole de l’Église et saint Jean le symbole des fidèles). La leçon nous fait mieux comprendre l’Introït. On y applique à tous les élèves de la Sagesse, c’est-à-dire aux disciples de l’Église, ce qui, dans l’Introït, a été dit de saint Jean. Nous voyons une fois de plus que saint Jean est notre symbole et notre modèle. L’Évangile aussi nous étonne un peu : nous aurions peut-être attendu un autre épisode de la vie de l’Apôtre. Cependant le Graduel et la Communion nous apprennent quelle pensée a dirigé la liturgie dans son choix, c’est la parole du Christ : « Je veux qu’il reste ainsi jusqu’à ce que je revienne (donec venio). C’est le leitmotiv de la messe. Rappelons-nous que pendant tout l’Avent nous avons attendu le Roi « à venir » et qu’à Noël nous avons chanté plein de joie : « il est venu » (Off. I. Messe). En la personne du virginal saint Jean, l’Église va au-devant du Roi qui est venu. — Aujourd’hui, dans certaines régions, on bénit et on fait boire le vin de saint Jean : (« Bois l’amour de saint Jean »).

SOURCE : http://www.introibo.fr/St-Jean-27-decembre#nh13



JEAN, l'apôtre que Jésus-Christ aimait le plus, était fils de Zébédée et frère de Jacques, apôtre, à qui Hérode fit trancher la tête après la Passion du Seigneur. A la demande des évêques d'Asie, il écrivit le dernier son évangile, pour combattre Cerinthus et la secte naissante des ébionites, qui soutenait que le Christ n'existait pas avant Marie. Ce fut le motif qui le détermina à proclamer hautement la naissance divine du Sauveur. Quelques auteurs expliquent différemment la cause de cet ouvrage : selon eux, Jean, ayant lu les trois évangiles de Mathieu, de Marc et de Luc, approuva le fond de leur récit et reconnut qu'ils avaient toujours respecté la vérité; mais il observa qu'ils n'avaient guère relaté que les faits accomplis l’année de la Passion de Jésus-Christ, c'est-à-dire postérieurement à l'emprisonnement de Jean-Baptiste. Quant à lui, omettant l'année dont ses trois prédécesseurs avaient fait l'histoire, il s’attacha surtout à raconter les événements antérieurs à l'emprisonnement de Jean le précurseur. On peut s'en convaincre en lisant attentivement les quatre évangiles. Cette explication sauvé les discordances qui existent entre Jean et les autres évangélistes. Cet apôtre a aussi écrit une épître qui commence ainsi: « La parole de vie qui fut dès le commencement, que nous avons ouïe, que nous avons contemplée, que nous avons vue de nos yeux et touchée de nos mains. » Cet ouvrage est reconnu par toutes les Eglises et par tous les gens instruits. Quant aux deux autres épîtres qui commencent, la première par ces mots: « L'ancien à la femme élue et à ses fils, » et la seconde par ceux-ci: « L'ancien à son cher et bien-aimé Caïus, » on les attribue au prêtre Jean, dont on voit encore le tombeau à Ephèse. Plusieurs savants ont prétendu que ce tombeau était un double monument élevé à la mémoire de ce dernier et à celle de Jean l'évangéliste : nous examinerons ce point quand nous en serons arrivés à Pappias, son disciple. La persécution commencée par Néron ayant été renouvelée la quatorzième année du règne de Domitien, Jean fut relégué dans l'île de Pathmos, et il v écrivit son Apocalypse, qui fut commenté depuis par Justin le martyr et par Irénée A la mort de Domitien, le sénat annula, a cause de leur excessive cruauté, les actes qui émanaient du tyran.

Jean revint sous Nerva à Ephèse, où il demeura jusqu'au règne de Trajan. Il employa ce temps à fonder et à diriger les Eglises d'Asie. Ce saint apôtre mourut, accablé de vieillesse, l'an 78 après la Passion de Jésus-Christ, et fut enterré près d'Ephèse.

Saint JÉRÔME. Tableau des écrivains ecclésiastiques, ou Livre des hommes illustres.

SOURCE : http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/jerome/002.htm



SAINT JEAN, APÔTRE ET ÉVANGÉLISTE

Jean veut dire grâce de Dieu, ou en qui est la grâce, ou auquel la grâce a été donnée, ou auquel un don a été fait de la part de Dieu. De là quatre privilèges de saint Jean. Le premier fut l’amitié particulière de J.-C. En effet, le Sauveur aima saint Jean plus que les autres apôtres et lui donna de plus grandes marques d'affection et de familiarité. Il veut donc dire grâce. de Dieu parce qu'il fut gracieux à Dieu. Il paraît même qu'il a été aimé plus que Pierre. Mais il y a amour de coeur et démonstration de cet amour. On trouve deux sortes de démonstrations d'amour : l’une qui consiste dans la démonstration de la familiarité, et l’autre dans les bienfaits accordés. Il aima Jean et Pierre également. Mais quant à l’amour de démonstration, il aima mieux saint Jean, et quant aux bienfaits donnés, il préféra Pierre. Le second privilège est la parole de la chair; en effet, saint Jean a été choisi vierge par le Seigneur ; alors en lui est la grâce, c'est-à-dire la grâce de la pureté virginale, puisqu'il voulait se marier quand J.-C. l’appela ) C'est l’opinion de Bède, Sermon des Jean; — de Rupert, — Sur Saint Jean, ch. I; — de saint Thomas d'Aquin, t. II, p. 186; — de sainte Gertrude en ses Révélations, liv. IV, c. IV). Le troisième privilège, c'est la révélation des mystères: en effet, il lui a été donné de connaître beaucoup de mystères, par exemple, ce qui concerne la divinité du Verbe et la fin du monde. Le quatrième privilège,, c'est d'avoir été chargé du soin de la mère de Dieu : alors on, peut dire qu'il a reçu un don de Dieu. Et c'était le plus grand présent que le Seigneur put faire que de lui confier le soin de sa mère. Sa vie a été écrite par Miletus (Le livre de Miletus a été publié en dernier lieu à Leipsig, par Heine, 1848. Il est reproduit ici en majeure partie), évêque de Laodicée, et abrégée par Isidore dans son livre De la naissance, de la vie et de la mort des Saints Pères.

Jean, apôtre et évangéliste, le bien-aimé du Seigneur, avait été élu alors qu'il était encore vierge. Après la Pentecôte, et quand les apôtres se furent séparés, il partit pour l’Asie, où il fonda un grand nombre d'églises. L'empereur Domitien, qui entendit parler de lui, le fit venir et jeter dans une cuve d'huile bouillante, à la porte Latine. Il en sortit sain et entier, parce qu'il avait vécu affranchi de la corruption de la chair (Tertullien, Prescriptions, ch. XXXVI; — Saint Jérôme, Sur Saint Jean, liv. I, c. XIV). L'empereur ayant su que Jean n'en continuait pas moins à prêcher, le relégua en exil dans l’île inhabitée de Pathmos et où le saint écrivit l’Apocalypse. Cette année-là, l’empereur fut tué en haine de sa grande cruauté et tous ses actes furent annulés par le sénat; en sorte que saint Jean, qui avait été bien injustement déporté dans cette île, revint à Ephèse, où il fut reçu avec grand honneur par tous les fidèles qui se pressèrent au-devant de lui en disant : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. » Il entrait dans la ville, comme on portait en terre Drusiane qui l’aimait beaucoup et qui aspirait ardemment son arrivée. Les parents, les veuves et les orphelins lui dirent: « Saint Jean, c'est Drusiane que nous allons inhumer; toujours elle souscrivait à vos avis, et nous nourrissait tous ; elle souhaitait vivement votre arrivée, en disant « O si j'avais le bonheur de voir l’apôtre de Dieu avant « de mourir! » Voici que vous arrivez et elle n'a pu vous voir. » Alors Jean ordonna de déposer le brancard et de délier le cadavre: « Drusiane, dit-il, que mon Seigneur J.-C. te ressuscite, lève-toi, va dans ta maison et me prépare de la nourriture. » Elle se leva aussitôt, et s'empressa d'exécuter l’ordre de l’apôtre, tellement qu'il lui semblait qu'il l’avait réveillée et non pas ressuscitée.

Le lendemain, Craton le philosophe convoqua le peuple sur la place, pour lui apprendre comment on devait mépriser ce monde. Il avait fait acheter à deux frères très riches, du produit de leur patrimoine, des pierres précieuses qu'il fit briser en présence de l’assemblée. L'apôtre vint à passer par là et appelant le philosophe auprès de lui, il condamna cette manière de mépriser le monde par trois raisons : 1° il est loué par les hommes, mais il est réprouvé par le jugement de Dieu; 2° ce mépris ne guérit pas le vice ; il est donc inutile, comme est inutile le médicament qui ne guérit point le malade ; 3° ce mépris est méritoire pour celui qui donne ses biens aux pauvres. Comme le Seigneur dit au jeune homme: «Allez vendre tout ce que vous avez et le donnez aux pauvres. » Craton lui dit: « Si vraiment ton Dieu est le maître, et qu'il veuille que le prix de ces pierreries soit donné aux pauvres, fais qu'elles redeviennent entières, afin que, de ta part, cette oeuvre tourne à sa gloire, comme j'ai agi pour obtenir de la renommée auprès des hommes, » Alors saint Jean, rassemblant dans sa main les fragments de ces pierres, fit une prière, et elles redevinrent entières comme devant. Aussitôt le philosophe ainsi que les deux jeunes gens crurent, et vendirent les pierreries, dont ils distribuèrent le prix aux pauvres.

Deux, autres jeunes tiens d'une famille honorable imitèrent l’exemple des précédents, vendirent tout ce qu'ils avaient, et après l’avoir donné aux pauvres, ils suivirent l’apôtre. Mais un jour qu'ils voyaient leurs serviteurs revêtus de riches et brillants vêtements, tandis qu'il ne leur restait qu'un seul habit, ils furent pris de tristesse. Saint Jean, qui s'en aperçut à leur physionomie, envoya chercher sur le bord de la mer des bâtons et des cailloux qu'il changea en or et en pierres fines. Par l’ordre de l’apôtre, ils les montrèrent pendant sept jours à tous les orfèvres et à tous les lapidaires ; à leur retour ils racontèrent que ceux-ci n'avaient jamais vu d'or plus pur ni des, pierreries si précieuses ; et il leur élit : « Allez racheter vos terres que vous avez vendues, parce que vous avez perdu les richesses du ciel; brillez comme des fleurs afin de vous faner comme elles; soyez riches dans le temps pour que vous soyez mendiants dans l’éternité. » Alors l’apôtre parla plus souvent encore contre les richesses, et montra que pour six raisons, nous devions être préservés de l’appétit immodéré de la fortune. La première tirée de l’Ecriture, dans le récit du riche en sa table que Dieu réprouva, et du pauvre Lazare que Dieu élut; la seconde puisée dans la nature, qui nous fait venir pauvres et nus, et mourir sans richesses; la troisième prise de la créature : le soleil, la lune, les astres, la pluie, l’air étant communs à tous et partagés entre tous sans préférence, tous les biens devraient donc être en commun chez les hommes ; la quatrième, est la fortune. Il dit alors que le riche devient l’esclave de l’argent et du diable ; de l’argent, parce qu'il ne possède pas les richesses, mais que ce sont elles qui le possèdent; du diable, parce que, d'après l’évangile, celui qui aime l’argent est l’esclave de Mammon. La cinquième est l’inquiétude : ceux qui possèdent ont jour et nuit des soucis, soit pour acquérir, soit pour conserver. La sixième, ce sont les risques et périls auxquels sont exposées les richesses ; d'où résultent deux sortes de maux: ici-bas, l’orgueil ; dans l’éternité, la damnation éternelle : perte de deux sortes de biens : ceux de la grâce, dans la vie présente ceux de la gloire éternelle, dans la vie future. Au milieu de cette discussion contre les richesses, voici, qu'on portait en terre un jeune homme mort trente jours après son mariage. Sa mère, sa veuve et les autres qui le pleuraient, vinrent se jeter aux pieds de l’apôtre et le prier de le ressusciter comme Drusiane au nom du Seigneur. Après avoir pleuré beaucoup et avoir prié, Jean ressuscitas l’instant le jeune homme auquel il ordonna de raconter à ces deux disciples quel châtiment ils avaient encouru et quelle gloire ils avaient perdue. Celui-ci raconta alors bien des faits, qu'il, avait vus sur la gloire du paradis, et sur les peines de l’enfer. Et il ajouta : « Malheureux que vous êtes, j'ai vu vos anges dans les pleurs et les démons dans la joie; puis il leur dit, qu'ils' avaient perdu les palais éternels construits des pierreries brillantes, resplendissant d'une clarté merveilleuse, remplis de banquets copieux, pleins de délices, et d'une joie, d'une gloire interminables. Il raconta huit peines de l’enfer qui sont renfermées dans ces deux vers :
Vers et ténèbres, tourment, froid et feu,

Présence du démon, foule de criminels, pleurs.

Alors celui qui avait été ressuscité; se joignit aux deux disciples qui se prosternèrent aux pieds de l’apôtre et le conjurèrent de leur faire miséricorde. L'apôtre leur dit : « Faites pénitence trente jours, pendant lesquels. priez que ces bâtons et ces pierres reviennent dans leur état naturel. » Quand ils eurent exécuté cet ordre, il leur dit : « Allez porter ces bâtons et ces pierres où vous les avez pris. »

Ils le firent ; les bâtons et les pierres redevinrent alors ce qu'ils étaient, et les jeunes gens recouvrèrent la grâce de toutes les vertus, qu'ils avaient possédées auparavant.

Après que Jean eut prêché par toute l’Asie, les adorateurs de Jules excitèrent une sédition parmi le peuple et traînèrent le saint à un temple de Diane pour le forcer à sacrifier. Jean leur proposa cette alternative ou qu'en invoquant Diane, ils fissent crouler l’église de J.-C., et qu'alors il sacrifierait aux idoles ; ou qu'après avoir lui-même invoqué J.-C., il renverserait le temple de Diane et alors eux-mêmes crussent en J.-C. La majorité accueillit la proposition tous sortirent du temple ; l’apôtre fit sa prière, le temple: croula jusque dans ses fondations et l’image de Diane fut réduite en pièces. Mais le pontife des idoles, Aristodème, excita une affreuse sédition dans le peuple ; une partie se préparait à se ruer contre l’autre. L'apôtre lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour te fléchir? » « Si tu veux, répondit Aristodème, que je croie en ton Dieu, je te donnerai du poison à boire, et si tu n'en ressens pas les atteintes, ton Seigneur sera évidemment le vrai Dieu. » L'apôtre reprit : « Fais ce que tu voudras. » « Je veux, dit Aristodème, que tu en voies mourir d'autres auparavant afin que ta crainte augmente. » Aristodème alla demander au proconsul deux condamnés à mort, auxquels, en présence de tous, il donna du poison. A peine l’eurent-ils pris qu'ils rendirent l’âme. Alors l’apôtre prit la coupe et se fortifiant du signe de la croix, il avala tout le poison sans éprouver aucun mal, ce qui porta tous les assistants à louer Dieu. Aristodème dit encore : « Il me reste un doute, mais si tu ressuscites ceux qui sont morts du poison, je croirai indubitablement. » Alors l’apôtre lui donna sa tunique. « Pourquoi, lui dit-il, m’as-tu donné ta tunique? » « C'est, lui répondit saint Jean, afin que tu sois tellement confus que tu brises avec ton infidélité. » « Est-ce que ta tunique me fera croire? » dit Aristodème. « Va, dit l’apôtre, la mettre sur les corps de ceux qui sont morts et dis : «L'apôtre de J.-C. m’a envoyé vers vous polir vous ressusciter « au nom de J.-C. » Il l’eut à peine fait que sur-le-champ ils ressuscitèrent. Alors l’apôtre baptisa au nom de J.-C. le pontife et le proconsul qui crurent, eux et toute leur famille; ils élevèrent ensuite une église en l’honneur de saint Jean. Saint Clément d'Alexandrie rapporte, dans le IVe livre de l’Histoire ecclésiastique (Clément d'Alexandrie, Quis dives, ch. XLII; — Eusèbe, l. III, ch. XXIII; — Saint Chrysostome, ad Theodos lapsum, liv. I, ch. II), que l’apôtre convertit un jeune homme beau, mais fier, et le confia à un évêque à titre de dépôt. Peu de temps après, le jeune homme abandonne l’évêque et se met à la-tête d'une bande de voleurs. Or quand l’apôtre revint, il réclama son dépôt à l’évêque. Celui-ci croit qu'il est question d'argent et reste assez étonné. L'apôtre lui dit : « C'est ce jeune homme que je vous réclame; c'est celui que je vous avais recommandé d'une manière si pressante. » « Père saint, répondit l’évêque, il est mort quant à l’âme et il reste sur une telle montagne avec des larrons dont il est lui-même le chef. »

En entendant ces paroles, saint Jean déchiré ses vêtements, se frappe la tête avec les poings. « J'ai trouvé là un bon gardien de l’âme d'un frère, ajouta-t-il ! » Il se fait aussitôt préparer un cheval et court avec intrépidité vers la montagne. Le jeune homme, l’ayant reconnu, fut couvert de honte et s'enfuit aussitôt sur son cheval. L'apôtre oublie son âge, pique son coursier de ses éperons- et crie après le fuyard : « Bien-aimé fils, qu'as-tu à fuir devant un père et un vieillard sans défense? Ne crains pas, mon fils ; je rendrai compte de toi à J.-C., et bien certainement je mourrai volontiers pour toi comme J.-C. est mort pour nous. Reviens, mon fils, reviens; c'est le Seigneur qui m’envoie. » En entendant cela, le brigand fut tout contrit, revint et pleura à chaudes larmes. L'apôtre se jeta à ses pieds et se mit à embrasser sa main comme si elle eût déjà été purifiée par la pénitence : il jeûna et pria pour lui, obtint sa grâce et par la suite il l’ordonna évêque. On lit encore dans l’Histoire ecclésiastique (Eusèbe, liv. IV, ch. XIV; — Saint Irénée, Advers. Haeres, liv. III, ch. III ; — Théodor., liv. II) et dans la glose sur la seconde épître canonique de saint Jean, que ce saint étant entré à Ephèse pour prendre un bain, il y vit Cérinthe l’hérétique et qu'il se retira vite en disant « Fuyons d'ici, de peur que l’établissement ne croule sur nous ; Cérinthe, l’ennemi de la vérité, s'y baigne. »

Cassien (XXIVe conférence, ch. XXI), au livre de ses conférences, raconte qu'un homme apporta une perdrix vivante à saint. Jean. Le saint la caressait et la flattait pour l’apprivoiser. Un enfant témoin de cela dit en riant à ses camarades : « Voyez comme ce vieillard joue avec un petit oiseau comme ferait un enfant. » Saint Jean devina ce qui se passait, appela l’enfant qui lui dit «'est donc vous qui êtes Jean qui faites cela et qu'on dit si saint?» Jean lui demanda ce qu'il tenait à la main. Il lui, répondit qu'il avait un arc. « Et qu'en fais-tu ? , » « C'est pour tuer des oiseaux et des bêtes, lui dit l’enfant. » « Comment ? lui dit l’apôtre. » Alors l’enfant banda son arc et le tint ainsi à la main. Comme l’apôtre ne lui disait rien, le jeune homme débanda son arc. « Pourquoi donc, mon fils, lui dit Jean, as-tu débandé ton arc? » « C'est, répondit-il; que si je le tenais plus longtemps tendu, il deviendrait trop mou pour lancer les flèches.» Alors l’apôtre dit : « Il en est de même de l’infirmité humaine, elle s'affaiblirait dans la contemplation, si en restant toujours fermement occupée, sa fragilité ne prenait pas quelques instants de relâche. Vois l’aigle; il vole plus haut que tous les oiseaux; il regarde fixement le soleil, et cependant, par la nécessité de sa nature, il descend sur la terre. Ainsi l’esprit de l’homme, qui se relâche un peu de la contemplation, se porté avec plus d'ardeur vers les choses célestes, en renouvelant souvent ses essais. » Saint Jérôme (Sur l’épître aux Galates) assure que saint Jean vécut à Ephèse jusqu'à une extrême vieillesse; c'était avec, difficulté que ses disciples le portaient à bras à l’église; il ne pouvait dire que quelques mots, et à chaque pause il répétait : « Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres. » Enfin étonnés de ce qu’il disait toujours la même chose, les frères qui étaient avec lui, lui demandèrent : « Maître, pourquoi répétez-vous toujours les mêmes paroles ? » Il leur répondit : que c'était le commandement du Seigneur; et que si on l’observait, cela suffisait. Hélinaud rapporte (Il est probable que J. de Voragine possédait le commencement de la chronique d'Hélinand, dans les ouvrages, duquel nous n'avons pas rencontré trace de ce fait. On sait qu'il ne nous reste de son histoire qu'à partir de l’année 634, au livre XLV) aussi que quand saint Jean l’évangéliste entreprit d'écrire son évangile, il indiqua un jeûne par avance, afin de demander dans la prière d'écrire que son livre soit digne du sujet. Il se retira, dit-on, dans un lieu solitaire pour écrire la parole de Dieu, et qu'il pria que tandis qu'il vaquerait à ce travail, il ne fût gêné ni par la pluie ni par le vent. Les éléments, dit-on, respectent encore aujourd'hui, en ce lieu, les prières de l’apôtre. A l’âge de quatre-vingt-dix-huit ans et l’an soixante-sept, selon Isidore (De ortu et obitu Patrum, ch. LXXII), après la passion du Seigneur, J.-C. lui apparut avec ses disciples et lui dit : « Viens avec moi, mon bien-aimé, il est temps de t'asseoir à ma table avec tes frères. » Jean se leva et voulut marcher. Le seigneur lui dit : « Tu viendras auprès de moi dimanche. » Or le dimanche arrivé; tout le peuple se réunit à l’Eglise qui avait été dédiée en son nom. Dès le chant des oiseaux, il se mit à prêcher, exhorta les chrétiens à être fermes dans la foi et fervents à pratiquer les commandements de Dieu. Puis il fit creuser une fosse carrée vis-à-vis l’autel et en jeter la terre hors de l’église. Il descendit dans la fosse, et les bras étendus, il dit à Dieu : « Seigneur J.-C., vous m’avez invité à votre festin; je viens vous remercier de l’honneur; que vous m’avez fait; je sais que c'est de tout coeur, que j'ai soupiré après vous. » Sa prière finie, il fut environné d'une si grande lumière que personne ne put le regarder. Quand la lumière eut disparu, on trouva la fosse pleine de manne, et jusqu'aujourd'hui il se forme de la manne en ce lieu, de telle sorte qu'au fond de la fosse, il paraît sourdre un sable fin comme on voit l’eau jaillir d'une fontaine (Saint Augustin, Saint Jean, homélie 424; — Grégoire de Tours, Gloria M., liv. I, ch. XXX; — Itinerarium Willebaudi, en l’an 745). Saint Edmond, roi d'Angleterre, n'a jamais rien refusé à quelqu'un qui lui adressait une demande au nom de saint Jean l’évangéliste. Un pèlerin lui demanda donc un jour l’aumône avec importunité au nom de saint Jean l’évangéliste; alors que son camérier était absent. Le roi; qui n'avait rien sous la main qu'un anneau de prix le lui donna. Plusieurs jours après, un soldat anglais, qui était outre-mer, fut chargé de remettre au roi l’anneau de la part du même pèlerin qui lui dit : « Celui à qui et pour l’amour duquel vous avez donné cet anneau, vous le renvoie. » On vit clairement par là que c'était saint Jean qui lui était apparu sous la figure d'un pèlerin. Isidore, dans son livre De la naissance, de la vie: et de la mort des Saints Pères, dit ces mots : «Jean a changé en or les branches d'arbres des forêts; les pierres du rivage en pierreries; des fragments de perles cassées redevinrent entières; à son ordre une veuve fut ressuscitée; il fit rappeler l’âme dans le corps d'un jeune homme; il but un poison mortel et échappa au danger, enfin il rendit à la vie ceux qui avaient bu de ce poison et qui cri avaient été tués. »

La Légende dorée de Jacques de Voragine nouvellement traduite en français avec introduction, notices, notes et recherches sur les sources par l'abbé J.-B. M. Roze, chanoine honoraire de la Cathédrale d'Amiens, Édouard Rouveyre, éditeur, 76, rue de Seine, 76, Paris mdccccii

SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome01/012.htm



Saint Jean, l’apôtre du témoignage par excellence

Margot Giraud | 26 décembre 2018

« Je suis chargée de témoigner, pas de vous faire croire », déclare Bernadette Moriau, 70e miraculée de Lourdes. N’est-ce pas la meilleure façon d’évoquer la foi ? Fêté le 27 décembre, saint Jean nous le montre dans son évangile, ses lettres et dans l’Apocalypse, où le mot apparaît près de cinquante fois.

L’Évangile de saint Jean, le plus tardif et le plus original des quatre, comporte un leitmotiv : la notion de témoignage, qui nous ramène à l’essence même de la foi chrétienne. Jugez plutôt. Dès les premières lignes, il fait de Jean Baptiste le premier témoin du Christ :

« Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean.

Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.

Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière. » (Jn 1, 6-8)
Témoigner revient ainsi à annoncer la venue du Christ, cette « vraie Lumière » qui brille dans les ténèbres et éclaire les hommes. Auprès de la délégation de prêtres juifs envoyés par Jérusalem pour savoir qui il est, il rend ce « témoignage » : il n’est pas le Christ, mais une « voix qui crie dans le désert » pour « redresser le chemin du Seigneur » (1Jn 19-23).
Pour saint Jean Baptiste, témoigner est enfin révéler qui est le Christ quand il lui apparaît, le désignant comme le fils de Dieu :
« Alors Jean rendit ce témoignage : “J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui.
Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : ‘Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint.’
Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu.“ » (Jn 1, 32-34)

Le Père et le Fils, témoins mutuels

Si les hommes ont pu recevoir le témoignage du prophète, le Christ a pour lui un témoignage plus solide encore : « Moi, ce n’est pas d’un homme que je reçois le témoignage, mais j’ai pour moi un témoignage plus grand que celui de Jean », dit-il aux pharisiens qui l’interrogent. Les vérités qu’il proclame lui viennent de Dieu dont il rend témoignage, tout comme Dieu rend témoignage au Christ : ce témoignage, « ce sont les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir ; les œuvres mêmes que je fais témoignent que le Père m’a envoyé ». (Jn 5)
« Tu te rends témoignage à toi-même, ce n’est donc pas un vrai témoignage », lui rétorquent encore les Juifs endurcis dans leur scepticisme. Refusant de voir en Jésus le fils de Dieu, il ne peuvent comprendre en quoi ils peuvent être des témoins mutuels. C’est ce qu’explique le Christ dans sa réponse :
« Oui, moi, je me rends témoignage à moi-même, et pourtant mon témoignage est vrai, car je sais d’où je suis venu, et où je vais ; mais vous, vous ne savez ni d’où je viens, ni où je vais. (…) il est écrit dans votre Loi que, s’il y a deux témoins, c’est un vrai témoignage. Moi, je suis à moi-même mon propre témoin, et le Père, qui m’a envoyé, témoigne aussi pour moi. »
Lire aussi : 

Rendre témoignage, c’est annoncer

Mais tous ne furent pas incrédules comme les pharisiens et parlèrent du Christ autour d’eux, lui rendant témoignage. C’est encore en ces termes que Jean l’évangéliste rapporte l’épisode de la rencontre entre Jésus et une Samaritaine qui le reconnait comme le Christ : « Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : “Il m’a dit tout ce que j’ai fait.“ » (Jn, 4-39) L’expression revient encore une fois lors du récit de la résurrection de Lazare, miracle dont la nouvelle est vite colportée : « La foule rendait témoignage, elle qui était avec lui quand il avait appelé Lazare hors du tombeau et l’avait réveillé d’entre les morts. » (Jn 12, 17)
Rendre témoignage ne se limite pas à raconter les miracles, mais à annoncer la Bonne Nouvelle dans sa totalité, faisant le récit de l’évènement de la venue du Christ parmi les hommes. C’est à quoi sont appelés tous les apôtres, à qui Jésus dit « vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement »(Jn 15, 27). Pour cette raison, les disciples connaîtront le martyr, mot grec qui signifie « témoin ».
Cette mission, saint Jean l’accomplit en écrivant son Évangile, et, parlant de lui à la troisième personne, s’adresse directement au lecteur : « Celui qui a vu rend témoignage, et son témoignage est véridique ; et celui-là sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez. » (Jn 19, 35)

Croire, c’est recevoir le témoignage

L’évangéliste nous invite donc à croire, c’est-à-dire à recevoir le témoignage du Christ par les Écritures, car « celui qui reçoit son témoignage certifie par là que Dieu est vrai » (Jn 3, 33). Cet acte volontaire d’adhésion au témoignage ne peut être imposé, et c’est pourquoi tout chrétien, comme le dit Bernadette Moriau comme sous l’égide de saint Jean, ne peut pas « faire croire », mais seulement « témoigner ». C’est bien là l’essentiel.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/2018/12/26/saint-jean-lapotre-du-temoignage-par-excellence/?utm_campaign=NL_fr&utm_source=daily_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr



Burnand, Jean et Pierre courant au tombeau le jour de la Résurrection de Jésus. 1898


« Il vit et il crut » : pourquoi saint Jean a-t-il cru sans hésiter ?


Jean-Michel Castaing | 12 avril 2020

Saint Jean a été le premier à croire à la Résurrection de Jésus parce qu’il était à la fois le plus aimant des disciples, le plus contemplatif et le plus proche de la Vierge.

« Il vit et il crut » (Jn 20, 8). Jean constate, après Pierre, que le tombeau est vide et, instantanément, il croit que Jésus est ressuscité. Comment expliquer pareille promptitude à dépasser les apparences et à deviner l’inouï — signalons que du temps de Jésus, la résurrection n’était pas une affaire individuelle, mais devait se réaliser collectivement à la fin des temps ?

L’école de l’amour

Il faut chercher la cause d’une telle qualité de foi dans trois directions. Première explication : l’amour que Jésus portait à son disciple. L’amour dilate en l’homme la connaissance. Celui qui aime, qui est aimé et qui est conscient de l’être, perçoit des signes que les autres ne voient pas ou ne comprennent pas. Entre les amoureux, il existe tout un langage dont ils sont les seuls à connaître les codes. Telle était la relation entre Jésus et Jean. Signalons au passage que cet amour ne relevait pas d’un ésotérisme réservé à quelques-uns. Jean désire au contraire partager son expérience : c’est la raison pour laquelle il a écrit son évangile !
De plus, l’amour recèle en lui comme une promesse et une réalité d’immortalité. Jean, qui est celui qui a le mieux perçu l’amour incomparable de Jésus pour ses disciples, nourrissait en lui-même, peut-être inconsciemment, cette conviction que l’Amour ne pouvait pas avoir disparu dans la tombe où Jésus avait été enseveli. « L’amour est fort comme la mort » dit le Cantique des cantiques. Jean, en se souvenant des paroles de Jésus lors du repas d’adieux, comprit sur-le-champ qu’il était même plus fort qu’elle !

Voir l’invisible

La deuxième raison de la rapidité avec laquelle saint Jean crut que Jésus était ressuscité, réside dans sa présence au pied de la Croix le Vendredi saint. Là, avec les saintes femmes et Marie, il a expérimenté que tout était signe dans la vie et la mort de Jésus. Autrement dit, son attachement à son Maître l’a persuadé qu’il était nécessaire d’aller au-delà des apparences afin de percer son mystère. Le regard contemplatif de Jean a converti les réalités objectives en leur véritable signification.  C’est ainsi que la Croix, d’instrument de mort et de déchéance, est devenue cause de la Vie et trône royal pour Jésus. 
La foi n’est pas opposée à la connaissance. Au contraire, par elle, l’esprit dépasse la surface des choses pour atteindre leur profondeur et leur vérité essentielle. Le Samedi saint, en réfléchissant à la Passion de la veille, saint Jean comprit qu’au sein des événements visibles se cachaient des mystères qui étaient tout aussi réels que les faits objectifs — mieux, les mystères divins étaient contenus dans les événements. Par exemple, le sang et l’eau, jaillis du Cœur transpercé de Jésus, désignaient une réalité incommensurable à la simple observation extérieure, réalité que seul un regard contemplatif, ancré en Dieu, pouvait appréhender. Le sang et l’eau étaient en effet la réalité des sacrements du baptême et de l’Eucharistie. De même, devant le tombeau vide, saint Jean n’en resta pas à l’observation factuelle, mais devina la réalité invisible à laquelle le sépulcre inoccupé renvoyait et faisait signe.

L’influence discrète de la Vierge Marie

Enfin, il existe une troisième cause à la vivacité de la foi du disciple bien-aimé. Ayant hébergé la Vierge chez lui, comme Jésus le lui avait demandé, saint Jean ne tarda pas à bénéficier de l’influence de la mère du Messie, la plus grande croyante de tous les temps. Marie ne fut pas pour rien dans l’éducation de celui dont Jésus avait fait le fils de sa propre mère du haut de la Croix avec les paroles : « Femme, voici ton fils. » À l’école de la Vierge du Samedi saint, Jean vécut déjà dans l’anticipation de la Résurrection.
Pour lui, comme pour Marie, l’affaire Jésus n’était pas finie. Les liens très forts que tous deux avaient noués avec le Messie, entretenaient dans leurs esprits la flamme de la foi. Sitôt que la nouvelle du tombeau vide se répandit le matin du premier jour de la semaine, cette flamme se transforma aussitôt en flambeau, flambeau qui passerait de main en main, comme le cierge de la vigile pascale, pour le plus grand bonheur de ceux qui croiraient à ce témoignage.  « Il vit et il crut » : merci au disciple bien-aimé !

SOURCE : https://fr.aleteia.org/2020/04/12/il-vit-et-il-crut-pourquoi-saint-jean-a-t-il-cru-sans-hesiter/?utm_campaign=NL_fr&utm_source=daily_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr



St. John the Evangelist

New Testament accounts

John was the son of Zebedee and Salome, and the brother of James the Greater. In the Gospels the two brothers are often called after their father "the sons of Zebedee" and received from Christ the honourable title of Boanerges, i.e. "sons of thunder" (Mark 3:17). Originally they were fishermen and fished with their father in the Lake of Genesareth. According to the usual and entirely probable explanation they became, however, for a time disciples of John the Baptist, and were called by Christ from the circle of John's followers, together with Peter and Andrew, to become His disciples (John 1:35-42). The first disciples returned with their new Master from the Jordan to Galilee and apparently both John and the others remained for some time with Jesus (cf. John ii, 12, 22; iv, 2, 8, 27 sqq.). Yet after the second return from Judea, John and his companions went back again to their trade of fishing until he and they were called by Christ to definitive discipleship (Matthew 4:18-22; Mark 1:16-20). In the lists of the Apostles John has the second place (Acts 1:13), the third (Mark 3:17), and the fourth (Matthew 10:3; Luke 6:14), yet always after James with the exception of a few passages (Luke 8:51; 9:28 in the Greek text; Acts 1:13).

From James being thus placed first, the conclusion is drawn that John was the younger of the two brothers. In any case John had a prominent position in the Apostolic body. Peter, James, and he were the only witnesses of the raising of Jairus's daughter (Mark 5:37), of the Transfiguration (Matthew 17:1), and of the Agony in Gethsemani (Matthew 26:37). Only he and Peter were sent into the city to make the preparation for the Last Supper (Luke 22:8). At the Supper itself his place was next to Christ on Whose breast he leaned (John 13:23, 25). According to the general interpretation John was also that "other disciple" who with Peter followed Christ after the arrest into the palace of the high-priest (John 18:15). John alone remained near his beloved Master at the foot of the Cross on Calvary with the Mother of Jesus and the pious women, and took the desolate Mother into his care as the last legacy of Christ (John 19:25-27). After the Resurrection John with Peter was the first of the disciples to hasten to the grave and he was the first to believe that Christ had truly risen (John 20:2-10). When later Christ appeared at the Lake of Genesareth John was also the first of the seven disciples present who recognized his Master standing on the shore (John 21:7). The Fourth Evangelist has shown us most clearly how close the relationship was in which he always stood to his Lord and Master by the title with which he is accustomed to indicate himself without giving his name: "the disciple whom Jesus loved". After Christ's Ascension and the Descent of the Holy Spirit, John took, together with Peter, a prominent part in the founding and guidance of the Church. We see him in the company of Peter at the healing of the lame man in the Temple (Acts 3:1 sqq.). With Peter he is also thrown into prison (Acts 4:3). Again, we find him with the prince of the Apostles visiting the newly converted in Samaria (Acts 8:14).

We have no positive information concerning the duration of this activity in Palestine. Apparently John in common with the other Apostles remained some twelve years in this first field of labour, until the persecution of Herod Agrippa I led to the scattering of the Apostles through the various provinces of the Roman Empire (cf. Acts 12:1-17). Notwithstanding the opinion to the contrary of many writers, it does not appear improbable that John then went for the first time to Asia Minor and exercised his Apostolic office in various provinces there. In any case a Christian community was already in existence at Ephesus before Paul's first labours there (cf. "the brethren", Acts 18:27, in addition to Priscilla and Aquila), and it is easy to connect a sojourn of John in these provinces with the fact that the Holy Ghost did not permit the Apostle Paul on his second missionary journey to proclaim the Gospel in Asia, Mysia, and Bithynia (Acts 16:6 sq.). There is just as little against such an acceptation in the later account in Acts of St. Paul's third missionary journey. But in any case such a sojourn by John in Asia in this first period was neither long nor uninterrupted. He returned with the other disciples to Jerusalem for the Apostolic Council (about A.D. 51). St. Paul in opposing his enemies in Galatia names John explicitly along with Peter and James the Less as a "pillar of the Church", and refers to the recognition which his Apostolic preaching of a Gospel free from the law received from these three, the most prominent men of the old Mother-Church at Jerusalem (Galatians 2:9). When Paul came again to Jerusalem after the second and after the third journey (Acts 18:22; 21:17 sq.) he seems no longer to have met John there. Some wish to draw the conclusion from this that John left Palestine between the years 52 and 55.

Of the other New-Testament writings, it is only from the three Epistles of John and the Apocalypse that anything further is learned concerning the person of the Apostle. We may be permitted here to take as proven the unity of the author of these three writings handed down under the name of John and his identity with the Evangelist. Both the Epistles and the Apocalypse, however, presuppose that their author John belonged to the multitude of personal eyewitnesses of the life and work of Christ (cf. especially 1 John 1:1-5; 4:14), that he had lived for a long time in Asia Minor, was thoroughly acquainted with the conditions existing in the various Christian communities there, and that he had a position of authority recognized by all Christian communities as leader of this part of the Church. Moreover, the Apocalypse tells us that its author was on the island of Patmos "for the word of God and for the testimony of Jesus", when he was honoured with the heavenly Revelation contained in the Apocalypse (Revelation 1:9).

The alleged presbyter John

The author of the Second and Third Epistles of John designates himself in the superscription of each by the name (ho presbyteros), "the ancient", "the old". Papias, Bishop of Hierapolis, also uses the same name to designate the "Presbyter John" as in addition to Aristion, his particular authority, directly after he has named the presbyters Andrew, Peter, Philip, Thomas, James, John, and Matthew (in Eusebius, Church History III.39.4). Eusebius was the first to draw, on account of these words of Papias, the distinction between a Presbyter John and the Apostle John, and this distinction was also spread in Western Europe by St. Jerome on the authority of Eusebius. The opinion of Eusebius has been frequently revived by modern writers, chiefly to support the denial of the Apostolic origin of the Fourth Gospel. The distinction, however, has no historical basis. First, the testimony of Eusebius in this matter is not worthy of belief. He contradicts himself, as in his "Chronicle" he expressly calls the Apostle John the teacher of Papias ("ad annum Abrah 2114"), as does Jerome also in Ep. lxxv, "Ad Theodoram", iii, and in Illustrious Men 18. Eusebius was also influenced by his erroneous doctrinal opinions as he denied the Apostolic origin of the Apocalypse and ascribed this writing to an author differing from St. John but of the same name. St. Irenæus also positively designates the Apostle and Evangelist John as the teacher of Papias, and neither he nor any other writer before Eusebius had any idea of a second John in Asia (Against Heresies V.33.4). In what Papias himself says the connection plainly shows that in this passage by the word presbyters only Apostles can be understood. If John is mentioned twice the explanation lies in the peculiar relationship in which Papias stood to this, his most eminent teacher. By inquiring of others he had learned some things indirectly from John, just as he had from the other Apostles referred to. In addition he had received information concerning the teachings and acts of Jesus directly, without the intervention of others, from the still living "Presbyter John", as he also had from Aristion. Thus the teaching of Papias casts absolutely no doubt upon what the New-Testament writings presuppose and expressly mention concerning the residence of the Evangelist John in Asia.

The later accounts of John

The Christian writers of the second and third centuries testify to us as a tradition universally recognized and doubted by no one that the Apostle and Evangelist John lived in Asia Minor in the last decades of the first century and from Ephesus had guided the Churches of that province. In his "Dialogue with Tryphon" (Chapter 81) St. Justin Martyr refers to "John, one of the Apostles of Christ" as a witness who had lived "with us", that is, at Ephesus. St. Irenæus speaks in very many places of the Apostle John and his residence in Asia and expressly declares that he wrote his Gospel at Ephesus (Against Heresies III.1.1), and that he had lived there until the reign of Trajan (loc. cit., II, xxii, 5). With Eusebius (Church History III.13.1) and others we are obliged to place the Apostle's banishment to Patmos in the reign of the Emperor Domitian (81-96). Previous to this, according to Tertullian's testimony (De praescript., xxxvi), John had been thrown into a cauldron of boiling oil before the Porta Latina at Rome without suffering injury. After Domitian's death the Apostle returned to Ephesus during the reign of Trajan, and at Ephesus he died about A.D. 100 at a great age. Tradition reports many beautiful traits of the last years of his life: that he refused to remain under the same roof with Cerinthus (Irenaeus "Ad. haer.", III, iii, 4); his touching anxiety about a youth who had become a robber (Clemens Alex., "Quis dives salvetur", xiii); his constantly repeated words of exhortation at the end of his life, "Little children, love one another" (Jerome, "Comm. in ep. ad. Gal.", vi, 10). On the other hand the stories told in the apocryphal Acts of John, which appeared as early as the second century, are unhistorical invention.

Feasts of St. John

St. John is commemorated on 27 December, which he originally shared with St. James the Greater. At Rome the feast was reserved to St. John alone at an early date, though both names are found in the Carthage Calendar, the Hieronymian Martyrology, and the Gallican liturgical books. The "departure" or "assumption" of the Apostle is noted in the Menology of Constantinople and the Calendar of Naples (26 September), which seems to have been regarded as the date of his death. The feast of St. John before the Latin Gate, supposed to commemorate the dedication of the church near the Porta Latina, is first mentioned in the Sacramentary of Adrian I (772-95).

St. John in Christian art

Early Christian art usually represents St. John with an eagle, symbolizing the heights to which he rises in the first chapter of his Gospel. The chalice as symbolic of St. John, which, according to some authorities, was not adopted until the thirteenth century, is sometimes interpreted with reference to the Last Supper, again as connected with the legend according to which St. John was handed a cup of poisoned wine, from which, at his blessing, the poison rose in the shape of a serpent. Perhaps the most natural explanation is to be found in the words of Christ to John and James "My chalice indeed you shall drink" (Matthew 20:23).


Fonck, Leopold. "St. John the Evangelist." The Catholic Encyclopedia. Vol. 8. New York: Robert Appleton Company, 1910.26 Dec. 2015 <http://www.newadvent.org/cathen/08492a.htm>.


Transcription. This article was transcribed for New Advent by Michael Little.


Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. October 1, 1910. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.

SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/08492a.htm



St. John

It is God who calls ; human beings answer. The vocation of John and his brother James is stated very simply in the Gospels, along with that of Peter and his brother Andrew: Jesus called them; they followed. The absoluteness of their response is indicated by the account. James and John “were in a boat, with their father Zebedee, mending their nets. He called them, and immediately they left their boat and their father and followed him” (Matthew 4:21b-22).

For the three former fishermen—Peter, James and John—that faith was to be rewarded by a special friendship with Jesus. They alone were privileged to be present at the Transfiguration, the raising of the daughter of Jairus and the agony in Gethsemane. But John’s friendship was even more special. Tradition assigns to him the Fourth Gospel, although most modern Scripture scholars think it unlikely that the apostle and the evangelist are the same person.

John’s own Gospel refers to him as “the disciple whom Jesus loved” (see John 13:23; 19:26; 20:2), the one who reclined next to Jesus at the Last Supper, and the one to whom he gave the exquisite honor, as he stood beneath the cross, of caring for his mother. “Woman, behold your son….Behold, your mother” (John 19:26b, 27b).

Because of the depth of his Gospel, John is usually thought of as the eagle of theology, soaring in high regions that other writers did not enter. But the ever-frank Gospels reveal some very human traits. Jesus gave James and John the nickname, “sons of thunder.” While it is difficult to know exactly what this meant, a clue is given in two incidents.

In the first, as Matthew tells it, their mother asked that they might sit in the places of honor in Jesus’ kingdom—one on his right hand, one on his left. When Jesus asked them if they could drink the cup he would drink and be baptized with his baptism of pain, they blithely answered, “We can!” Jesus said that they would indeed share his cup, but that sitting at his right hand was not his to give. It was for those to whom it had been reserved by the Father. The other apostles were indignant at the mistaken ambition of the brothers, and Jesus took the occasion to teach them the true nature of authority: “…[W]hoever wishes to be first among you shall be your slave. Just so, the Son of Man did not come to be served but to serve and to give his life as a ransom for many” (Matthew 20:27-28).

On another occasion the “sons of thunder” asked Jesus if they should not call down fire from heaven upon the inhospitable Samaritans, who would not welcome Jesus because he was on his way to Jerusalem. But Jesus “turned and rebuked them” (see Luke 9:51-55).

On the first Easter, Mary Magdalene “ran and went to Simon Peter and to the other disciple whom Jesus loved, and told them, ‘They have taken the Lord from the tomb, and we don’t know where they put him’” (John 20:2). John recalls, perhaps with a smile, that he and Peter ran side by side, but then “the other disciple ran faster than Peter and arrived at the tomb first” (John 20:4b). He did not enter, but waited for Peter and let him go in first. “Then the other disciple also went in, the one who had arrived at the tomb first, and he saw and believed” (John 20:8).

John was with Peter when the first great miracle after the Resurrection took place—the cure of the man crippled from birth—which led to their spending the night in jail together. The mysterious experience of the Resurrection is perhaps best contained in the words of Acts: “Observing the boldness of Peter and John and perceiving them to be uneducated, ordinary men, they [the questioners] were amazed, and they recognized them as the companions of Jesus” (Acts 4:13).

The Apostle John is traditionally considered the author of the Fourth Gospel, three New Testament letters and the Book of Revelation. His Gospel is a very personal account. He sees the glorious and divine Jesus already in the incidents of his mortal life. At the Last Supper, John’s Jesus speaks as if he were already in heaven. It is the Gospel of Jesus’ glory.

SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/saint-john/


Portrait de Saint Jean, Book of Kells, Folio 291v. Dublin, Trinity College


John the Divine, Apostle and Evangelist (RM)

Born in Galilee, c. 6 AD; died c. 104; feast day in the Eastern Church is September 26.



John, the "beloved disciple" of our Lord (John 13:23; 19:26; 20:2ff; 21:7; 21:24), is said to have written the Book of Revelation, the last book of the Bible, while exiled on the island of Patmos off the coast of modern Turkey. His book is a superb conclusion to the Holy Scripture. The book of Genesis begins the account of man's spiritual odyssey by describing our expulsion from the Garden of Eden. The Book of Revelation is a vision of encouragement to await our restoration to Paradise.

John was the son of Zebedee and Salome, and the younger brother of James the Great. These two brothers earned their livelihood as fishermen on Lake Genesareth until they were called by Jesus to be fishers of men (Matt. 4:21-22; Mark 1:19-20). The youngest of the Apostles (estimated at about 25 at the time of his call), John, seems to have been a follower of John the Baptist, so particularly does he relate all the circumstances of the precursor's life, yet through modesty conceals his own name, as in other parts of the Gospel bearing his name.

Christ gave James and John the surname of "Boanerges"--The Sons of Thunder (Mark 3:17)--to express their passionate natures. They wanted to call down fire from Heaven on the Samaritans who rejected Christ (Luke 9:54-56) and they said they were willing to suffer as witnesses to Jesus' suffering (Mark 10:35-41). This holy boldness would benefit the faith by allowing them to make the law of God known without fearing the power of men.

Why was John beloved of Christ? First, the love that John bore Him, then his general meekness and peaceable disposition that made him very much like Our Lord himself, and his singular privilege of chastity, his virginal purity rendered him worthy of this more particular love.

Saint Augustine says, "He was chosen by our Lord, a virgin, and he always remained such." Augustine also wrote, "Christ was pleased to choose a virgin for his mother, a virgin for his precursor, and a virgin for his favorite disciple. His church suffers only those who live perfectly chaste to serve Him in His priesthood, where they daily touch and offer His virginal flesh upon the altar."

That John was one of those closest to Jesus is demonstrated by the fact that only he, Peter, and James were present at such events as the Transfiguration (Matt. 17:1; Mark 9:2; Luke 9:28), the healing of Peter's mother-in-law (Mark 1:29-31), the raising of Jairus's daughter from the dead (Mark 5:22-43; Luke 8:40-56), and the agony in the Garden of Gethsemane (Matt. 26:37ff; Mark 14:33ff). For this reason, Saint Paul names John, Peter, and James as "these leaders, these pillars" of the Church in Jerusalem (Gal. 2:9).

He and Peter were sent to prepare the Passover (Luke 22:8ff) and were the first Apostles at the tomb of the Risen Christ (John 20:3- 8). At the Last Supper, he leaned upon his Master's breast. John was the only Apostle at the Crucifixion, where Jesus entrusted His mother to the care of His friend (John 19:25-27).

He was at the court because he was known to the high-priest, and, as he tells us, he managed to get Saint Peter admitted by the servants into the Court of Caiaphas (John 18:15-16).

Later, when Christ appeared to them on the lake and ate with them upon the shore John, by instinct, knew who it was and gave word to Peter (John 21:7). Together they walked along the edge of the lake. Seeing John following, Peter being solicitous for his friend asked our Lord what would now become of him, thinking perhaps He would show him some special favor. "What is that to thee?" our Lord asked: "So I will have him to remain until I come; follow thou me." The supposition arose among the disciples that John would not die, but he himself took care to tell us that no such thing was meant (John 21:20-23).

He lived for about 70 years after the death of Jesus. For much of that time John continued to be associated with the chief of the Apostles, Saint Peter. The two are together when the lame man is healed at the Beautiful Gate (Acts 3:1-11). He was imprisoned with Peter and appeared before the Sanhedrin (Acts 4:1-21). He accompanied Peter to Samaria (Acts 8:14) to transmit the Holy Spirit to the new converts. John must have remained in Jerusalem a number of years after Jesus' Ascension, though he sometimes preached abroad, for Saint Paul some years after his conversion met him there and John confirmed him in his mission to the Gentiles. He probably assisted at the Council of Jerusalem c. 49-51.

Tradition says that his apostolic labors were first to the Jews in the provinces of Parthia, where he planted the Christian faith. In all probability, John was present at the passing of Mary. He came again to Jerusalem in the year 62, to confer with the other apostles who were still living. After this he went to Ephesus and made Lesser Asia his peculiar care, where he established churches and governed the congregations.

His apostolic authority was universal, for though Saint Timothy remained Bishop of Ephesus, until his martyrdom in 97, there was no difference between them on account of jurisdiction. It is probable that he put bishops in all the churches in Asia, for while the apostles lived, they supplied the churches by their own appointments, in virtue of their commission from Christ himself.

A beautiful story about John is handed down to us by Saint Clement of Alexandria. Near the end of his life, having returned to Ephesus from Patmos, at one place Saint John chose a young man for the priesthood, whom he was much taken with. He left him in charge of a tutor, to be instructed, baptized, and confirmed. On his return to the same place some time afterward he said to the tutor: "Restore to me the trust which Jesus Christ and I committed to you in the presence of your congregation." "Alas," they said, "he is dead." "Dead? Of what did he die?" inquired the saint. "He is dead to God," they replied.

After his instruction and baptism he fell into bad company, sank from one degree of wickedness to another, forsook the Church, even became the leader of a robber-band. John pursued him in his mountain fastness and coming up with him implored him, saying, "There is yet room for repentance; your salvation is not irrecoverable. I will answer for you to Jesus Christ. I am ready most willingly to lay down my life for you, as Jesus laid down his life for all men. Stay, believe me, I am sent by Christ."

The young neophyte stood still, his eyes cast upon the ground and he burst into tears. He embraced his tender father and implored forgiveness. He found a second baptism in his tears. The saint kissed him affectionately and restored him by the holy Sacraments to God and to the Church. This great vein of charity runs through the whole life and writings of Saint John; it is the great and peculiar law of the Christian faith, without which all pretensions to a divine religion would be vain and worthless.
Another story tells of the shock of some visitors finding John playing with his disciples. He told one of the visitors, who was carrying a bow, to shoot an arrow. The visitor complied by shooting several. John then asked him if he could do that without stopping. No, the other answered, the bow would break. That's the way our spirit is, the blessed one concluded: it would break if one did not sometimes relax the tension. In daily life, games and pranks allow the spirit to rest. One must know how to pause: that is the role of games (Saint Thomas Aquinas, Question 169, Article 10, Summa Theologica).

Other anecdotes are recorded, such as John's fear that the baths at which the heretic Cerinthus was bathing would fall down because he was in them. Other traditions have influenced artistic representations of the saint.

In the year 95, during the second general persecution under Emperor Domitian, John was apprehended in Asia and sent to Rome as a prisoner, where he miraculously escaped martyrdom. Tertullian says that he emerged unscathed from a cauldron of boiling oil. His persecutors attributed the miracle to sorcery and he was exiled to the island of Patmos. Until its removal from the Roman calendar in 1960, this event used to be commemorated liturgically in the Western Church on May 6, as the Feast of Saint John before the Latin Gate (ante Portam Latinam). On account of this trial he is given also the title martyr, although he was the only Apostle who did not suffer martyrdom. He did, however, thus fulfill what Christ had foretold that he should drink of his chalice of suffering.

In the following year he was banished to the island of Patmos, where in this retirement, in his extreme old age, he was favored with the heavenly vision recorded in the Book of Revelation (this is the legend, folks). His exile was not of long duration, for at the death of Domitian, all his edicts were declared void by the senate because of his excessive cruelty.

John was free to return and he reached Ephesus again in 97. Some think that he wrote his Gospel on his return, when he was 92 years old. The tradition that identifies John as the author of the Fourth Gospel goes back to the 2nd century. It is certain, thanks to the discovery of the Chester-Beatty fragment, that it was committed to writing by the beginning of the 2nd century, or earlier. Though his authorship is disputed, it is strongly supported by internal and external reasons. There seems to be no compelling reason for rejecting the identification of John with the beloved disciple of the Gospel who was a witness to the events described. Written later than the Synoptic Gospels, the Gospel of John is highly theological and stresses the divinity of Christ, possibly as a counter to the Docetist heresy.

The Book of Revelation, also ascribed to him, is so different in thought, style, and content from the genuine Johannine writings that it seems more likely to have been the product of John's followers.

When weakness grew upon him and he was no longer able to preach, he would be carried into the assembly of the faithful. Constantly he was heard to say: "My dear children, love one another"--and when asked why he so often repeated the same words, he said, "Because it is the precept of the Lord and if you comply with it you do enough." Saint Jerome says: "These words ought to be engraved in characters of gold and written in the heart of every Christian." Saint John died at Ephesus when he was over 90 years old (Attwater, Benedictines, Bentley, Delaney, Encyclopedia, Farmer, Green-Armytage, Lawrie, Murray, White).

Saint John is generally represented as a young and beautiful man; when he is shown as a patriarch, he still looks as though he is capable of playing with children.

When portrayed as a young man at times he is shown (1) in scenes from the Gospel and Passion of Christ, or Acts of the Apostles as in ; (2) writing the Book of Revelation on the island of Patmos (sometimes the devil flies away with his inkpot) as in these works by Hieronymus Bosch, Hans Burgkmair the Elder, Hans Memling, and Nicolas Poussin; (3) with an eagle (representing the soaring majesty of his Gospel) and the book of the Gospel; (4) with a chalice from which a serpent or little dragon emerges (see the legend below under patronage); (5) boiled in oil at the Latin Gate, but unharmed.

When he is shown in old age, he is either (1) reading, writing, or holding his epistle, (2) raising Drusilla from the dead, or (3) carried to heaven (Correggio: Passing Away of St. John) (Roeder).

During the medieval period, John's statue appeared on the rood beam in churches (White).

Saint John is the patron of art dealers, bookbinders, booksellers, compositors, engravers, lithographers, painters, printers, publishers, papermakers, sculptors, writers (Roeder), and Asiatic Turkey (White). He is invoked for protection against poison, which originates from the legend that he was offered a poisoned cut by the high priest of Diana, and he drank without incurring harm as per Jesus' prophecy (Mark 16:18) (White).




Le Maître de Rohan. Lamentation de la Vierge Marie, Heures de la Croix (f. 135, Pl. 57), 1435


St. John the Apostle and Evangelist

See Tillemont, t. 1, p. 330. Calmet, t. 7 et 8. Ceillier, t. 1, p. 364. Reading, &c.


ST. JOHN THE EVANGELIST, who is styled in the gospel, The beloved disciple of Christ, and is called by the Greeks The Divine, was a Galilean, the son of Zebedee and Salome, and younger brother to St. James the Great, with whom he was brought up to the trade of fishing. From his acquaintance with the high-priest Caiphas, St. Jerom infers that he was a gentleman by birth; but the meanness of his father’s trade, and the privacy of his fortune sufficiently prove that his birth could not much distinguish him in the world, neither could his education give him any tincture of secular learning. His acquaintance with the high-priest may be placed to some other account. Nicephorus Calixtius, a modern Greek historian of the fourteenth century, (in whom, amidst much rubbish, several curious anecdotes are found,) says, we know not upon what authority, that St. John had sold a paternal estate to Annas, father-in-law to Caiphas, a little before the death of our Lord. Before his coming to Christ he seems to have been a disciple to John the Baptist, several thinking him to have been that other disciple that was with St. Andrew, when they left the Baptist to follow our Saviour; 1 so particularly does our Evangelist relate all the circumstances, through modesty concealing his own name, as in other parts of his gospel. He was properly called to be a disciple of our Lord, with his brother James, as they were mending their nets, 2 on the same day, and soon after Jesus had called Peter and Andrew. These two brothers continued still to follow their profession, but upon seeing the miraculous draught of fishes, they left all things to attach themselves more closely to him. 3 Christ gave them the surname of Boanerges, or sons of thunder, 4 to express the strength and activity of their faith in publishing the law of God, without fearing the power of man. This epithet has been particularly applied to St. John, who was truly a voice of thunder in proclaiming aloud the most sublime mysteries of the divinity of Christ. He is said to have been the youngest of all the apostles, probably about twenty-five years of age, when he was called by Christ; for he lived seventy years after the suffering of his divine master. Piety, wisdom, and prudence equalled him in his youth to those who with their grey hairs had been long exercised in the practice and experience of virtue; and, by a pure and blameless life he was honourable in the world. Our divine Redeemer had a particular affection for him above the rest of the apostles; insomuch, that when St. John speaks of himself, he saith, that he was The disciple whom Jesus loved; and frequently he mentions himself by this only characteristic; which he did not out of pride to distinguish himself, but out of gratitude and tender love for his blessed Master. Humility suffered him not to mention any of his other great privileges; but tenderness and love made him never forget, but on every occasion to repeat this title which was the strongest motive to inflame his own love of his Saviour, who, without any merit on his side, had prevented him by such distinguishing love. If we inquire into the causes of this particular love of Christ towards him, which was not blind or unreasonable, the first was doubtless, as St. Austin observes, the love which this disciple bore him: secondly, his meekness and peaceable disposition, by which he was extremely like Christ himself: thirdly, his virginal purity. For St. Austin tell us 5 that, “The singular privilege of his chastity rendered him worthy of the more particular love of Christ, because being chosen by him a virgin, he always remained such.” St. Jerome scruples not to call all his other privileges and graces the recompence of his chastity, especially that which our Lord did him by recommending in his last moments his virgin mother to the care of this virgin disciple. 6 SS. Ambrose, Chrysostom, Epiphanius, and other fathers frequently make the same reflection. Christ was pleased to choose a virgin for his mother, a virgin for his precursor, and a virgin for his favourite disciple: and his church suffers only those who live perfectly chaste to serve him in his priesthood, where they daily touch and offer his virginal flesh on his holy altar. In heaven virgins follow the spotless Lamb wherever he goes. 7 Who then can doubt but purity is the darling virtue of Jesus? who feeds amongst the lilies 8 of untarnished chastity. For he who loves purity of heart, will have the king his friend. 9 Another motive of the preference which Jesus gave to this apostle in his intimacy and predilection, was his perfect innocence and simplicity without guile in his youth. Virtue in that age has peculiar charms to Christ, and is always a seed of extraordinary graces and blessings.

The love which Jesus bears is never barren. Of this his sufferings and death are the strongest proof. As St. John had the happiness to be distinguished by Christ in his holy love, so was he also in its glorious effects. Though these principally consisted in the treasure of interior graces and virtues, exterior tokens, helps, and comforts were not wanting. This appears from the familiarity and intimacy with which his divine master favoured him above the rest of the apostles. Christ would have him with Peter and James privy to his Transfiguration, and to his agony in the garden; and he showed St. John particular instances of kindness and affection above all the rest. Witness this apostle lying in our Saviour’s bosom at the last supper; it being then the custom among the Jews often to lie along upon couches at meals, so that one might lean his head upon the bosom of him that lay before him; which honour Christ allowed St. John. 10 No tongue certainly can express the sweetness and ardour of the holy love which our saint on that occasion drew from the divine breast of our Lord, which was the true furnace of pure and holy love. St. John repeats this circumstance several times in his gospel to show its importance, and his grateful remembrance. Every devout person in some sense is admitted to a like favour, when in heavenly contemplation he shuts his corporeal eyes to all visible things, and opens those of his soul to the invisible. When his exterior senses remain, as it were asleep and dead, his interior powers are awakened and quickened, he contemplates the bottomless abyss of the divine love, and drinks plentifully of that fountain of life. We discover in the holy scriptures a close particular friendship between St. John and St. Peter, which was doubtless founded in the ardour of their love and zeal for their divine Master. When St. Peter durst not, as it seems, says St. Jerom, propound the question to our Lord, who it was that should betray him, he by signs desired St. John to do it, whose familiarity with Christ allowed him more easily such a liberty: and our Lord gave him to understand that Judas was the wretch, though, at least, except St. John, none that were present seemed to have understood his answer, which was only given by the signal of the traitor’s dipping a morsel of bread with him in the dish. St. Chrysostom says, that when our Lord was apprehended, and the other apostles fled, St. John never forsook him. Several other ancients believe that he was that young man who followed Jesus with a linen cloth cast about his naked body; by the looseness of which he disengaged himself from the officers who otherwise would have laid hold of him, had he not made his escape by flying away naked. Some interpreters suppose this linen garment to have been a night vest which it might be customary to wear at supper, and in the night, it being then night. However, if this was St. John, he soon followed Christ again; and many imagine that he was the disciple who being known to the high-priest, got Peter admitted by the servants into the court of Caiphas.

Our saint seems to have accompanied Christ through all his sufferings; at least he attended him during his crucifixion, standing under his cross, owning him in the midst of arms and guards, and in the thickest crowds of his implacable enemies. Here it was that our Lord declared the assurance he had of this disciple’s affection and fidelity, by recommending with his dying words, his holy mother to his care; giving him the charge to love, honour, comfort, and provide for her with that dutifulness and attention which the character of the best and most indulgent mother challenges from an obedient and loving son. What more honourable testimony could Christ have given him of his confidence, regard, and affection, than this charge? Accordingly St. John took her to his home, and ever after made her a principal part of his care. Christ had at the same time given her to St. John for his mother, saying to her: Woman, behold thy son. Our Lord disdained not to call us all brethren, as St. Paul observes. And he recommended us all as such to the maternal care of his own mother: but amongst these adoptive sons St. John is the first-born. To him alone was given this special privilege of being treated by her as if she had been his natural mother, and of reciprocally treating her as such by respectfully honouring, serving, and assisting her in person. This was the recompence of his constancy and fervour in his divine Master’s service and love. This holy apostle though full of inexpressible grief for the death of his divine Master, yet left not the cross, and saw his side opened with a spear; was attentive to the whole mystery, and saw the blood and water issue from the wound, of which he bore record. It is believed that he was present at the taking down of our Lord’s body from the cross, and helped to present it to his most blessed mother, and afterwards to lay it in the sepulchre, watering it with abundance of tears, and kissing it with extraordinary devotion and tenderness. He may be said to have left his heart with it; for his soul was more where it loved than where it lived.

When Mary Magdalen and other devout women brought word that they had not found Christ’s body in the sepulchre, Peter and John ran immediately thither, and John, who was younger and more nimble, running faster, arrived first at the place. Some few days after this, St. John went a fishing in the lake of Tiberias, with other disciples; and Jesus appeared on the shore in a disguised form. St. John, directed by the instinct of love, knew him, and gave notice to Peter; they all dined with him on the shore; and when dinner was ended, Christ walked along the shore questioning Peter about the sincerity of his love, gave him the charge of his Church, and foretold his martyrdom. St. Peter seeing St. John walk behind, and being solicitous for his friend, asked Jesus what would become of him; supposing that as Christ testified a particular love for him, he would shew him some extraordinary favour. Christ checked his curiosity, by telling him that it was not his business if he should prolong John’s life till he should come; which most understand of his coming to destroy Jerusalem; an epoch which St. John survived. Some of the disciples, however, misapprehended this answer so far as to infer that St. John would remain in the body till Christ shall come to judge the world: though St. John has taken care in his gospel to tell us that no such thing was meant. After Christ’s ascension, we find these two zealous apostles going up to the temple, and miraculously healing a poor cripple. Our two apostles were imprisoned, but released again with an order no more to preach Christ, but no threats daunted their courage. 11 They were sent by the college of the apostles to confirm the converts which Philip the Deacon had made in Samaria. 12 St. John was again apprehended by the Jews with the rest of the apostles, and scourged; but they went from the council rejoicing that they were accounted worthy to suffer for the name of Jesus. 13 When St. Paul went up to Jerusalem, three years after his conversion, he saw there only St. Peter and St. James the Less, St. John being probably absent. But St. Paul going thither in the fourteenth year after his conversion, addressed himself to those who seemed to be pillars of the Church, chiefly Peter and John, who confirmed to him his mission among the infidels. 14 About that time St. John assisted at the council which the apostles held at Jerusalem in the year 51. For St. Clement of Alexandria tells us that all the apostles attended in it. That father says, that Christ at his ascension preferred St. Peter, St. James the Less, and St. John to the rest of the apostles, though there was no strife or preeminence amongst any in that sacred college, and this St. James was chosen bishop of Jerusalem. St. Clement adds, that our Lord particularly instructed these three apostles in many sacred mysteries, and that the rest of the apostles received much holy science from them. 15

St. John seems to have remained chiefly at Jerusalem for a long time, though he sometimes preached abroad. Parthia is said to have been the chief scene of his apostolical labours. St. Austin sometimes quotes his first epistle under the title of his epistle to the Parthians: 16 and by a title then prefixed to it in some copies it seems to have been addressed to the Jews that were dispersed through the provinces of the Parthian empire. Certain late missionaries in the East Indies assure us, that the inhabitants of Bassora, a city upon the mouth of the Tigris and Euphrates, on the Persian gulf, affirm, by a tradition received from their ancestors, that St. John planted the Christian faith in their country. He came to Jerusalem in the year 62 to meet the rest of the apostles who were then living, when they chose in council St. Simeon, bishop of that church after the martyrdom of St. James the Less. 17 It seems to have been after the death of the Blessed Virgin that St. John visited Lesser Asia, making those parts his peculiar care, and residing at Ephesus, the capital of that country. It is certain that he was not come thither in 64, when St. Paul left St. Timothy bishop of that city. St. Irenæus tells us, 18 that he did not settle there till after the death of SS. Peter and Paul. St. Timothy continued still bishop of Ephesus till his martyrdom in 97. But the apostolical authority of St. John was universal and superior, and the charity and humility of these two holy men prevented all differences upon account of their jurisdiction. St. John preached in other parts, and took care of all the churches of Asia, which St. Jerom 19 says he founded and governed. Tertullian adds 20 that he placed bishops in all that country; by which we are to understand that he confirmed and governed those which SS. Peter and Paul had established, and appointed others in many other churches which he founded. It is even probable that in the course of his long life he put bishops into all the churches of Asia: for while the apostles lived, they supplied the churches with bishops of their own appointing, by the guidance of the Holy Ghost, and by virtue of their commission to plant the Church.

St. John, in his extreme old age, continued often to visit the churches of Asia, and sometimes undertook journeys to assume to the sacred ministry a single person whom the Holy Ghost had marked out to him. 21 Apollonius, not the Roman senator, apologist and martyr, but a Greek father who wrote against the Montanists, and confuted their pretended prophecies step by step, about the year 192, assures us, that St. John raised a dead man to life at Ephesus. 22 A certain priest of Asia having been convicted of writing a fabulous account of the voyages of St. Paul and St. Thecla, in defence and honour of that apostle, was deposed by St. John. 23 St. Epiphanius affirms, that St. John was carried into Asia by the special direction of the Holy Ghost, to oppose the heresies of Ebion and Cerinthus. The former of these, soon after the destruction of Jerusalem, whilst the Christians who had fled from that city resided at Pella, taught at Kacerta in that neighbourhood, of which he was a native, that Christ was created like one of the angels, but greater than the rest: that he was conceived and born in the natural way, and chosen to be the Son of God by the Holy Ghost descending upon him in the form of a dove. He pretended that the legal ceremonies were necessarily to be observed with the gospel, and he mutilated the gospel of St. Matthew. 24 Cerinthus raised great disturbances in obstinately defending an obligation of circumcision, and of abstaining from unclean meats, in the New Law, and in extolling the angels, as the authors of nature, before St. Paul wrote his epistles to the Colossians, &c. About the time of the destruction of Jerusalem, he framed his heretical system so as to make it akin to that of Ebion. St. Irenæus and Tertullian inform us, that he pretended the world was not created by God, but by a certain virtue, quite distinct, without his knowledge; that the God of the Jews was only an angel; that Jesus was born of Joseph and Mary like other men, but surpassed others in virtue and wisdom; that the Holy Ghost descended upon him after his baptism in the likeness of a dove; and that he had manifested his Father to the world who was before unknown. He was the first author of the dream that Christ fled away at the time of the passion, and that Jesus alone suffered and rose again, Christ continuing always immortal and impassible. St. Irenæus 25 relates, that St. John, who ordinarily never made use of a bath, went to bathe on some extraordinary occasion, but understanding that Cerinthus was within, started back, and said to some friends that were with him: “Let us, my brethren, make haste and be gone, lest the bath, wherein is Cerinthus the enemy of the Truth, should fall upon our heads.” Dr. Conyers Middleton, in his posthumous works, pretends this anecdote must be false, because inconsistent with this apostle’s extraordinary meekness. But St. Irenæus tells us, he received this account from the very mouth of St. Polycarp, St. John’s disciple, whose behaviour to Marcion is an instance of the same spirit. This great apostle would teach his flock to beware of the conversation of those who wilfully corrupted the truth of religion, and by their ensnaring speeches endeavoured to seduce others. This maxim he inculcates in his second epistle, 26 but this precaution was restrained to the authors of the pestilential seduction. Nevertheless, the very characteristic of St. John was universal meekness and charity towards all the world. But towards himself he was always most severe, and St. Epiphanius tells us, that he never wore any clothes but a tunic and a linen garment, and never ate flesh; and that his way of living was not unlike that of St. James bishop of Jerusalem, who was remarkable for austerity and mortification. 27

In the second general persecution, in the year 95, St. John was apprehended by the proconsul of Asia, and sent to Rome, where he was miraculously preserved from death when thrown into a caldron of boiling oil. 28 On account of this trial the title of martyr is given him by the fathers, who say, that thus was fulfilled what Christ had foretold him, that he should drink of his cup. 29 The idolaters who pretended to account for such miracles by sorcery, blinded themselves to this evidence; and the tyrant Domitian banished St. John into the isle of Patmos, one of the Sporades in the Archipelago. In this retirement the apostle was favoured with those heavenly visions which he has recorded in the canonical book of the Revelations, or of the Apocalypse: they were manifested to him on a Sunday in the year 96. The first three chapters are evidently a prophetic instruction given to seven neighbouring churches of Asia Minor; and to the bishops who governed them. The three last chapters celebrate the triumph of Christ, the judgment and reward of his saints. The intermediate chapters are variously expounded, either of the immediate preludes of the last judgment, or with Abbé Chetardie of the whole intermediate time from Christ to the end of the world; or with Bossuet, Calmet, and many others, of the ten general persecutions and the Roman empire to the triumph of the church by the victory of Constantine over Licinius, upon which system whatever author is read, the masterly strokes with which Bossuet has illustrated his commentary ought not to be passed over. By these visions God gave St. John a prospect of the future state of the church. His exile was not of long continuance. For Domitian being slain in September in 96, all his edicts and public acts were declared void by a decree of the senate on account of his excessive cruelty; and his successor Nerva recalled all those whom he had banished. St. John therefore returned to Ephesus in 97, where he found that St. Timothy had been crowned with martyrdom on the preceding 22d of January. The apostle was obliged by the pressing entreaties of the whole flock to take upon him the particular government of that church, which he held till the reign of Trajan. St. John, in imitation of the high-priest of the Jews, wore a plate of gold upon his forehead, as an ensign of his Christian priesthood, as Polycrates informs us. 30 St. Epiphanius relates the same of St. James, the bishop of Jerusalem, 31 and the author of the history of the martyrdom of St. Mark the Evangelist attributes to him the same ornament. St. John celebrated the Christian Pasch on the 14th day of the moon, agreeing as to time with the Jewish passover; 32 but was so far from holding the Jewish rites of obligation in the New Law, that he condemned that heresy in the Nazarites, and in Ebion and Cerinthus. As his apostolic labours were chiefly bestowed among the Jews, he judged such a conformity, which was then allowable, conducive to their conversion.

The ancient fathers inform us, 33 that it was principally to confute the blasphemies of Ebion and Cerinthus who denied the divinity of Christ, and even his pre-existence before his temporal birth, that St. John composed his gospel. Another reason was, to supply certain omissions of the other three gospels, which he read and confirmed by his approbation. 34 He therefore principally insists on the actions of Christ from the commencing of his ministry to the death of the Baptist, wherein the others were sparing; and he largely records his discourses, mentioning fewer miracles. It being his principal aim to set forth the divinity of Christ, he begins with his eternal generation, and his creating the world; and both his subject and manner of treating it is so sublime and mysterious, that Theodoret calls his gospel, “a theology which human understanding can never fully penetrate and find out.” Hence he is compared by the ancients to an eagle, soaring aloft within the clouds, whither the weak eye of man is unable to follow him; and by the Greeks he is honoured with the title of The Divine. St. Jerom relates, 35 that, “when he was earnestly pressed by the brethren to write his gospel, he answered he would do it, if by ordering a common fast they would all put up their prayers together to God; which being ended, replenished with the clearest and fullest revelation coming from heaven, he burst forth into that preface: In the beginning was the Word, &c.” St. Chrysostom 36 and other fathers mention that the evangelist prepared himself for this divine undertaking by retirement, prayer, and contemplation. Some think he wrote his gospel in the isle of Patmos: but it is the more general opinion that he composed it after his return to Ephesus, about the year of our Lord 98, of his age ninety-two, after our Lord’s ascension sixty-four. This apostle also wrote three epistles. The first is Catholic, or addressed to all Christians, especially his converts, whom he presses to purity and holiness of manners, and he cautions them against the crafty insinuations of seducers, especially the Simonians and Cerinthians. The other two epistles are short, and directed to particular persons: the one a lady of honourable quality; called, as it seems, Electa, (though some think this rather an epithet of honour than a proper name,) the other Gaius or Caius a courteous entertainer of all indigent Christians; rather one of that name at Derbe, mentioned in the Acts of the Apostles, 37 than the Caius of Corinth of whom St. Paul speaks. 38 The style and sentiments in St. John’s gospel and in these epistles are the same; and the same inimitable spirit of charity reigns throughout all these writings.

The largest measures of this charity with which our apostle’s breast was inflamed, he expressed in the admirable zeal which he showed for the souls of men; in which service he spent himself without ever being weary in journeys, in preaching, in enduring patiently all fatigues, breaking through all difficulties and discouragements, shunning no dangers that he might rescue men from error, idolatry, or the snares of vice. A remarkable instance is recorded by Clement of Alexandria and Eusebius. 39 When St. John returned from Patmos to Ephesus, he made a visitation of the churches of Lesser Asia to correct abuses, and supply them with worthy pastors. Coming to a neighbouring city, after having made a discourse, he observed a young man in the company, of a fair stature, and pleasing aspect, and being much taken with him he presented him to the bishop, whom he had ordained for that see, saying: “In the presence of Christ, and before this congregation, I earnestly recommend this young man to your care.” The bishop took the trust upon him, and promised to discharge it with fidelity. The apostle repeated his injunction, and went back to Ephesus. The young man was lodged in the bishop’s house, instructed, kept in good discipline, and at length baptized and confirmed by him. When this was done, the bishop, as if the person had been now in a state of security, began to slacken the reins, and be less watchful over him. This was quickly perceived by a company of idle, debauched wretches, who allured the youth into their society. By bad company he soon forgot the precepts of the Christian religion, and passing from one degree of wickedness to another, at length stifled all remorse, put himself at the head of a band of robbers, and, taking to the highway, became the most cruel and profligate of the whole band. Some time after, St. John was again called to the same city, and when he had settled other affairs, said to the bishop, “Restore to me the trust which Jesus Christ and I committed to you in presence of your church.” The bishop was surprised, imagining he meant some trust of money. But the saint explained himself that he spoke of the young man, and the soul of his brother which he had entrusted to his care. Then the bishop, with sighs and tears, said: “Alas! he is dead.” “What did he die of?” said our saint. The bishop replied, “He is dead to God, is turned robber, and instead of being in the church with us, he hath seized on a mountain, where he lives with a company of wicked men like himself.” The holy apostle having heard this, rent his garments, and fetching a deep sigh, said, with tears, “Oh! what a guardian have I provided to watch over a brother’s soul!” Presently he called for a horse and a guide, and rode away to the mountain where the robber and his gang kept their rendezvous; and being made prisoner by their sentinels he did not offer to fly or beg his life, but cried out, “It is for this I am come: lead me to your captain.” They conducted the saint to him, who stood at first armed to receive him: but when he saw it was St. John, was seized with a mixture of shame and fear, and began to make off with precipitation and confusion. The apostle forgetting his feebleness and old age, pursued him full speed, and cried out after him in these words: “Child, why do you thus fly from me your father, unarmed and an old man? My son, have compassion on me. There is room for repentance: your salvation is not irrecoverable. I will answer for you to Jesus Christ. I am ready most willingly to lay down my life for you, as Jesus Christ laid down his life for all men. I will pledge my soul for yours. Stay: believe me I am sent by Christ.” At these words, the young man stood still, with his eyes fixed upon the ground; then throwing away his arms he trembled and burst into tears. When the apostle came up, the penitent, bathed in tears, embraced his tender father, imploring forgiveness, but he hid his right hand which had been sullied with many crimes. By his sighs and bitter compunction, he endeavoured to satisfy for his sins as much as he was able, and to find a second baptism, in his tears, as our author, St. Clement, emphatically expresses it. The apostle, with wonderful condescension and affection, fell on his knees before him, kissed his right hand, which the other endeavoured in confusion to conceal, gave him fresh assurances of the divine pardon, and earnestly praying for him, brought him back to the church. He continued some time in that place for his sake, praying and fasting with him and for him, and comforting and encouraging him with the most affecting passages of the holy scriptures. Nor did he leave the place till he had reconciled him to the church, that is, by absolution restored him to the participation of the sacraments.

This charity, which our great saint was penetrated with and practised himself, he constantly and most affectionately pressed upon others. It is the great vein that runs through his sacred writings, especially his epistles, where he urges it as the great and peculiar law of Christianity, without which all pretensions to this divine religion are vain and frivolous, useless and insignificant; and this was his constant practice to his dying day. St. Jerom relates, 40 that when age and weakness grew upon him at Ephesus so that he was no longer able to preach or make long discourses to the people, he used always to be carried to the assembly of the faithful by his disciples with great difficulty; and every time said to his flock only these words: “My dear children, love one another.” When his auditors, wearied with hearing constantly the same thing, asked him why he always repeated the same words, he replied, “Because it is the precept of the Lord, and if you comply with it you do enough.” An answer, says St. Jerom, worthy the great St. John, the favourite disciple of Christ, and which ought to be engraved in characters of gold, or rather to be written in the heart of every Christian. St. John died in peace at Ephesus, in the third year of Trajan, (as seems to be gathered from Eusebius’s chronicle,) that is, the hundredth of the Christian era, or the sixty-sixth from our Lord’s crucifixion, the saint being then about ninety-four years old, according to St. Epiphanius. 41 Some amongst the ancients pretend that St. John never died, but are very well confuted by St. Jerom and St. Austin. The same opinion has been revived by James Le Fevre d’Etaples 42 and Florentinius, 43 whom Tillemont has accurately refuted. 44 St. John was buried on a mountain without the town. The dust of his tomb was carried away out of devotion, and was famous for miracles, as St. Austin, 45 St. Ephreme, 46 and St. Gregory of Tours 47 mention. A stately church stood formerly over this tomb, which is at present a Turkish mosque, though Mr. Wheeler tells us that there are not at present above fifty Turkish families, and no Christian in that town, once so famous. The 26th of September is consecrated to the memory of St. John in the Greek church; and in the Latin the 27th of December.

The great love which this glorious saint bore to his God and Redeemer, and which he kindled from his master’s divine breast, inspired him with the most vehement and generous charity for his neighbour. Without the sovereign love of God no one can please him. He that loveth not, knoweth not God, for God is charity. 48 Let us therefore love God, because God first loved us. 49 This is the first maxim in a spiritual life, which this apostle most tenderly inculcates. The second is that our fidelity in shunning all sin, and in keeping all God’s commandments is the proof of our love for God, 50 but especially a sincere love for our neighbour is its great test. For he that loveth not his brother whom he seeth, how can he love God whom he seeth not? says St. John. 51 Our blessed Redeemer, in the excess of his boundless charity for all men, presses this duty upon all men, and, as an infinitely tender parent, conjures all his children to love one another even for his sake. He who most affectionately loves them all, will have them all to be one in him, and therefore commands us to bear with one another’s infirmities, and to forgive one another all debts or injuries, and, as much as in us lies, to live peaceably with all men. 52 This is the very genius and spirit of his law, without which we can have nothing of a Christian disposition, or deserve the name of his children or disciples. Neither can we hope with a peevish, passionate, or unforgiving temper ever to be heirs of heaven. Harmony, goodness, unanimity, mutual complacency, and love, will be the invariable temper of all its blessed inhabitants. No ruffling passion, no unfriendly thought will ever be found amongst them. Those happy regions are the abode of everlasting peace and love. We must learn and cultivate this temper of heaven here on earth, or we can never hope to get thither. We are all professedly travelling together towards that blessed place, where, if we are so happy as to meet, we shall thus cordially embrace each other. Does not this thought alone suffice to make us forget little uneasinesses, and to prevent our falling out by the way? St. John teaches us that to attain to this heavenly and Christian disposition, to this two-fold charity towards God and towards our neighbour for his sake, we must subdue our passions, and die to the inordinate love of the world and ourselves. His hatred and contempt of the world was equal to his love of God, and he cries out to us: My little children, love not the world, nor the things which are in the world. If any one loves the world the charity of the Father is not in him. An excessive love of the world (whether of its pleasure, interest, or vanity and preferment) is a general temptation of mankind, and if predominant or unconquered, strongly tends to extinguish in the heart all love and relish for spiritual things. When men are in a full and precipitant career after the things of this world, they first forget God, and then forsake him. A man can never lift up that heart to God which is already chained to the earth. This vice when in power is of all others the most bewitching, and inconceivably withdraws a soul from God. Those who live in the world must, by their assiduity in the private devotional exercises of reading, meditation, and prayer, keep up an acquaintance with God and their own souls; they must frequently amidst their business recall their serious thoughts, recover and strengthen the pious frames of their minds: or their charity will soon suffer shipwreck.

Note 1. John i. 37. S. Chrys. hom. 17, in Joan. S. Epiph. hær. 51. [back]

Note 2. Matt. iv. 2. [back]

Note 3. Luke v. 11. [back]

Note 4. Mark iii. 17. [back]

Note 5. S. Aug. Hom. 124, in Joan. [back]

Note 6. S. Hier. l. 1, in Jovinian. c. 14. [back]

Note 7. Apoc. xiv. 4. [back]

Note 8. Cant. [back]

Note 9. Prov. xxi. 11. [back]

Note 10. John xiii. 25. [back]

Note 11. Acts iv. 19. [back]

Note 12. Ibid. viii. 14. [back]

Note 13. Ibid. v. 41. [back]

Note 14. Gal. ii. 9. Acts xv. [back]

Note 15. Clem. Alex. ap. Eus. Hist. l. 2, c. 1, p. 44, ed. Cantab. [back]

Note 16. S. Aug. Quæst. Evang. l. 3, c. 39. [back]

Note 17. Eus. l. 3, c. 11, p. 105. [back]

Note 18. S. Iren. l. 3, c. 3. [back]

Note 19. S. Iren. l. 3, c. 3. [back]

Note 20. Tert. l. 4, cont. Marcion. c. 5. [back]

Note 21. Eus. l. 3, c. 23. [back]

Note 22. Apollon. ap. Eus. Hist. l. 5, c. 18. [back]

Note 23. Tert. de Baptismo, c. 17. S. Hier. in Catal. [back]

Note 24. See St. Irenæus, Tertullian, St. Epiphanius, St. Jerom, Fleury. l. 2, n. 42. [back]

Note 25. S. Iren. l. 3, c. 3. Eus. l. 3, c. 28, p. 123, ed. Cantabar. [back]

Note 26. 2 John 10. [back]

Note 27. S. Epiph. Hær. 30. [back]

Note 28. Tert. Præs. c. 36. S. Aug. et S. Hier. passim, &c. [back]

Note 29. Matt. xx. 23. See St. James’s Life, July 25, vol. 7. [back]

Note 30. Polycr. ap. Eus. Hist. l. 5, c. 24, p. 243, ed. Cant. See Annot. Valesii, ib. [back]

Note 31. S. Epiph. in Hær. Nazaræon et Hær. 78. [back]

Note 32. S. Irenæus, l. 3, c. 12. Polycrates, ap. Eus. l. 5. c. 24. [back]

Note 33. S. Chrys. in Gal. c. 1. Clem. Alex. ap. Eus. l. 6, c. 14. S. Hier. in Cat. et Prol. in Matt. &c. [back]

Note 34. Eus. l. 3, c. 4. S. Hier. in Cat. et Clem. Alex. ap. Eus. l. 6, c. 14. S. Epiph. &c. [back]

Note 35. S. Hier. Prolog. in Matt. t. 4, p. 3, ed. Ben. [back]

Note 36. S. Chrys. Hom. 67, &c. [back]

Note 37. Acts xx. 4. [back]

Note 38. Rom. xvi. 23. [back]

Note 39. Clem. Alex. Tr. Quis Dives salvabitur. Eus. Hist. l. 3, c. 23, p. 113, ed. Cantab. S. Chrysost. l. 1, ad Theodor. Laps. [back]

Note 40. S. Hier. in Galat. c. 6. [back]

Note 41. S. Epiph. hær. 51, c. 12. [back]

Note 42. Faber Stapul. Diss. de unâ ex tribus Mariâ, fol. 82. [back]

Note 43. Florentinius, Not. in Martyr. vetus Hieronimi. [back]

Note 44. Tillem. Vie de S. Jean Evang. t. 1, art. 10, 11, Note 15–18. See Calmet, Diss. sur la Mont, de S. Jean l’Evang. t. 7, p. 615, ed. in fol. [back]

Note 45. S. Aug. hom. 124, in Joan. [back]

Note 46. S. Ephr. Ant. ap. Phot. Cod. 229. [back]

Note 47. S. Greg. Tur. l. 1, de Glor. Mart. c. 30. [back]

Note 48. 1 John iv. 8. [back]

Note 49. Ib. i. 19. [back]

Note 50. 1 John c. iii. iv. &c. [back]

Note 51. Ib. iv. 20. [back]

Note 52. Heb. xii. 14. Rom. xii. 18[back]

Rev. Alban Butler (1711–73).  Volume XII: December. The Lives of the Saints.  1866.

SOURCE : http://www.bartleby.com/210/12/271.html




San Giovanni Apostolo ed evangelista


Betsaida Iulia, I secolo - Efeso, 104 ca.

L'autore del quarto Vangelo e dell'Apocalisse, figlio di Zebedeo e fratello di Giacomo maggiore, venne considerato dal Sinedrio un «incolto». In realtà i suoi scritti sono una vetta della teologia cristiana. La sua propensione più alla contemplazione che all'azione non deve farlo credere, però, una figura "eterea". Si pensi al soprannome con cui Gesù - di cui fu discepolo tra i Dodici - chiamò lui e il fratello: «figli del tuono». Lui si definisce semplicemente «il discepolo che Gesù amava». Assistette alla Passione con Maria. E con lei, dice la tradizione, visse a Efeso. Qui morì tra fine del I e inizio del II secolo, dopo l'esilio a Patmos. Per Paolo era una «colonna» della Chiesa, con Pietro e Giacomo.

Patronato: Scrittori, Editori, Teologi

Etimologia: Giovanni = il Signore è benefico, dono del Signore, dall'ebraico

Emblema: Aquila, Calderone d'olio bollente, Coppa

Martirologio Romano: Festa di san Giovanni, Apostolo ed Evangelista, che, figlio di Zebedeo, fu insieme al fratello Giacomo e a Pietro testimone della trasfigurazione e della passione del Signore, dal quale ricevette stando ai piedi della croce Maria come madre. Nel Vangelo e in altri scritti si dimostra teologo, che, ritenuto degno di contemplare la gloria del Verbo incarnato, annunciò ciò che vide con i propri occhi.

Gli eventi dolorosi e gloriosi della Passione e Risurrezione di Nostro Signore, che la Santa Chiesa ha da poco celebrato, presentano unite, nel dolore della morte di Gesù e nell’estremo gaudio della sua Risurrezione, due anime, testimoni oculari e privilegiate di questi eventi che inaugurano la storia della Chiesa e del Cristianesimo: Maria Santissima, la madre di Gesù, e san Giovanni, il discepolo prediletto.

Ogni cristiano, prolungando in sé misticamente la vita di Gesù, è a giusto titolo ritenuto figlio di Maria Santissima. «Tale infatti dovrà diventare – afferma Origene – chi vorrà essere un altro Giovanni, che – come Giovanni – Gesù possa dichiarare di lui che è Gesù. Se infatti nessun altro è figlio di Maria all’infuori di Gesù, e Gesù dice alla Madre: “Ecco il figlio tuo”, è come se le dicesse: “Ecco, questi è Gesù che tu hai generato”. Poiché ogni perfetto non vive più, ma è Cristo che vive in lui, di lui si dice a Maria: “Ecco Cristo, tuo figlio”».

I santi, tra i cristiani, sono coloro che realizzano più pienamente questa vita divina in loro e quindi sperimentano più pienamente la Maternità della Madonna nella loro esperienza spirituale. Tra tutti i santi san Giovanni è figlio di Maria a titolo “ufficiale”. 

Come ricorderemo dalla recente memoria della Passione, è stato proprio Gesù dall’alto della croce nel momento culminante della Redenzione a pronunciare le parole che avrebbero “consacrato” per sempre la Madre al discepolo fedele e amato e questo alla Madre, quando disse: «Donna, ecco tuo figlio», e a Giovanni: «Ecco tua Madre» (Gv 19,25-27).

Sant’Alfonso de’ Liguori osserva che col rivolgere Gesù alla Madre le parole: «Ecco tuo figlio» è come se le avesse detto: «Ecco l’uomo che, mediante l’offerta che fai della mia vita per la sua salvezza, nasce alla grazia». Con ciò il Maestro insegnava un’ultima verità: Maria Santissima, ai piedi della croce, partecipa attivamente all’opera della redenzione e quella era l’ora della generazione dolorosa di tutti i figli di Dio.
San Giovanni in quel momento fu il primo a raccogliere e beneficiare di questo speciale “testamento” del Redentore.

Da quel giorno, infatti, egli la accolse “fra le cose sue più care”. Li possiamo immaginare ripercorrere insieme la strada di ritorno dal Golgota, raccogliere e adorare insieme il Sangue del divin Redentore sparso lungo la Via Crucis, e poi a casa, dove era rimasto lui solo a proteggere e custodire la “Madre del giustiziato” che tutto il popolo all’unanimità aveva voluto crocifisso. Poi ancora, in quei tre giorni cruciali, immaginiamo san Giovanni accanto alla Vergine orante attingere dalla fermezza della fede di Lei, una nuova speranza nella Risurrezione di Gesù. E via, via – nello scorrere dei giorni e degli anni – apprendere da Lei ogni cosa, rivivere con Lei il Santo Sacrificio di Gesù nella Messa, trovare in Lei sostegno nelle fatiche, sollievo nell’apostolato, rifugio nelle persecuzioni.

Il primo incontro

La prima volta che vide Maria Santissima fu al banchetto di nozze a Cana di Galilea, ove Gesù lo aveva condotto con gli altri primi quattro discepoli che aveva da poco chiamato. L’anima ardente e verginale di san Giovanni, cui non sfuggiva nulla, dovette rimanere incantato alla vista della Madre di Gesù. Di fatti a distanza di tanti anni riportò l’episodio nel suo Vangelo, con quella stessa precisa “memoria cordis” che lo spinse a ricordare l’ora esatta in cui lasciò tutto per seguire il Maestro.

Trovò Maria intenta ad aiutare i conoscenti o i parenti nella celebrazione della loro festa nuziale, dunque la conobbe nell’esercizio della più squisita e concreta carità, attenta e vigile, come dimostra il fatto che Ella per prima si accorse della mancanza del vino.

Don Dolindo Ruotolo, nel suo commento a questo testo evangelico, affiancato da altri studiosi, ha notato in particolare che il venir meno del vino era dovuto alla presenza inaspettata degli apostoli, che dunque non erano stati calcolati per il banchetto. Gesù vi sarebbe andato quindi non principalmente per gli sposi ma per Maria, probabilmente per affidare i Suoi alla Madre. Tale filiale premura di Gesù, fu ricambiata dalla materna delicatezza di Lei che certamente usò loro particolari riguardi, non ultimo quello di servirgli il buon vino.

Questo incontro dovette rimanere particolarmente impresso nella memoria del giovane Apostolo anche per un altro motivo: fu lì che ricevette il dono preziosissimo della fede nella divinità di Gesù. Termina infatti il suo racconto dicendo: «Tale fu, a Cana di Galilea, il primo dei miracoli fatti da Gesù, ed Egli manifestò la sua gloria e i suoi discepoli credettero in lui». Anche gli occhi di Giovanni si aprirono alla luce soprannaturale della fede, «ma non senza la cooperazione di Maria, indivisibile da Cristo» come osserva il noto mariologo padre Gabriele Roschini commentando l’episodio evangelico. San Giovanni conobbe qui, anche se in modo “primitivo”, la materna mediazione di Maria, e la volle testimoniare nel suo Vangelo.

Vergine con la Vergine

Da quel primo incontro dovette instaurarsi tra il Discepolo e la Madre un’intesa particolare, rafforzata da una comune affinità e somiglianza, quella della verginità. Prerogativa che invaghiva il Cuore divino ed era oggetto di una speciale predilezione da parte del Signore, tanto che sono in molti ad affermare che Gesù affidò la Madre al discepolo proprio in virtù della sua purezza verginale.

Sembra naturale che san Giovanni accanto a Maria, di cui certamente penetrò più di altri il mistero della triplice e perpetua Verginità, imparò a stimare e custodire questo tesoro più di tutto. Furono lui e la Santa Vergine, agli inizi, i soli custodi e rappresentanti di questo speciale stato di vita, destinato a fiorire e fruttificare nella Chiesa.

Il Vangelo di Giovanni

«Il fiore di tutte le scritture è il Vangelo, e il fiore dei Vangeli è quello scritto da Giovanni, il cui significato nessuno può penetrare, se non ha riposato sul petto di Gesù e non ha ricevuto da Gesù Maria per Madre». Tale celebre detto di un antico autore cristiano sembra conferire al Vangelo di Giovanni un valore altamente mariano.

La nota mariana tuttavia non è da ricercare nella frequenza dei riferimenti a Maria Santissima – Ella vi compare solo due volte (a Cana e sul Calvario) –, ma nella particolare penetrazione che san Giovanni sembra offrire del Mistero di Cristo, la quale fa ben pensare a una speciale grazia di Colei che più di tutti conobbe il Figlio, nella sua duplice e inseparabile realtà umana e divina.

San Giovanni scrisse il suo Vangelo ad Efeso in tarda età, probabilmente nell’ultimo decennio del primo secolo, secondo la testimonianza di sant’Ireneo, ciò rende l’ipotesi di un particolare “influsso mariano” in questo Vangelo ancor più verosimile. È più che naturale supporre, infatti, che in tanti anni di convivenza, la Madre e il Discepolo abbiano potuto discorrere, in modo sublime e toccando vertici di comprensione altissima, sui misteri di Cristo e del Padre.

Apostolo della Consacrazione a Maria

San Giovanni, dopo Gesù, potrebbe esser definito il maestro della devozione mariana. Nell’ora del Calvario, quando le tenebre scendevano sulla terra, egli prese Maria “fra le cose sue più care” (Gv 19,27); è lui stesso a dirlo nel Vangelo, facendo in tal modo professione di amore intatto e totale alla Santa Vergine!

Spetta a noi ora imitare il suo esempio, professando amore e totale dedizione alla Divina Madre, per conoscere e vivere in pienezza Gesù come solo Lei può concedere. Ella è già accanto a noi, da quando ci ha generato sul Calvario e in particolare nelle acque sante del nostro Battesimo, ma ognuno di noi deve prendere accanto a Lei il posto di san Giovanni!

Autore: Rito Cascioli

Fonte: Il Settimanale di Padre Pio





Oggi la Chiesa Cattolica commemora san Giovanni Apostolo. Forse non con tutta la solennità che questa colossale colonna portante del Corpo mistico di Cristo meriterebbe. E cerco di dimostrare quanto appena affermato.

Non occorre essere teologi o santi per conoscere chi è san Giovanni Apostolo ed Evangelista. Tutti sappiamo chi è. Ma siamo certi di aver profondamente colto l’immenso e quasi insuperabile ruolo che la Provvidenza ha destinato a questo giovanetto – e poi a questo venerando centenario – all’interno dell’umanità tutta?

Eccetto la Madre di Dio, e forse san Giuseppe, chi può dire di aver avuto un ruolo più importante nell’economia della salvezza dell’umanità?
Stiamo esagerando? Proviamo a fare qualche veloce riflessione a riguardo.

Al di là del fatto che il giovanissimo fratello di san Giacomo Maggiore apostolo era già discepolo del Battista ancor prima dell’inizio dell’attività pubblica di Nostro Signore, ciò che occorre sottolineare è l’unicità del suo destino umano, fissando schematicamente l’attenzione su alcune sue eccezionali quanto uniche prerogative.

Anzitutto è un Apostolo, privilegio assoluto fra tutti gli uomini di tutti i tempi e luoghi che condivide evidentemente con altri undici uomini.

Nel collegio apostolico però egli è il più giovane di tutti. Di per sé, tale elemento potrebbe non avere particolare significato, ma occorre tener presente che il fatto presuppone con morale certezza (e del resto ciò è stato da sempre insegnato dalla tradizione ecclesiastica) la sua purezza al momento della conoscenza con Cristo, e quindi di conseguenza la sua purezza interiore ed esteriore mantenuta per tutta la vita. È l’apostolo della purezza.

Non per niente, è l’“apostolo che Gesù amava”, come egli stesso ripetutamente ci dice nel suo Vangelo. Tale specifico amore di Cristo per lui fa da contraltare all’amore per la peccatrice redenta. A parte Maria Vergine, Maria Maddalena e Giovanni sono le persone che Nostro Signore ha più amato al mondo, la donna che da corrotta diviene pura con una vita di amore e penitenza, e il giovane che mai perdette la sua purezza vivendo nel pieno amore di Cristo.

Tali privilegi meritarono loro di essere sotto la Croce. Giovanni è l’unico apostolo che non abbandona Gesù.

Inoltre, egli aveva già ricevuto un privilegio ineguagliabile: durante l’ultima cena, aveva potuto appoggiare la sua testa sul petto del Salvatore del mondo, ovvero sul Sacro Cuore! Come vuole un’antica tradizione, fu in quel momento che il Logos trasmise il Vangelo e l’Apocalisse all’ancor giovanissimo apostolo.

Tale speciale amore di Cristo per lui è confermato due giorni dopo, all’alba, quando per primo arriva al Sepolcro vuoto. Certo, per rispetto all’autorità di Pietro si ferma e lascia passare il suo capo terreno. Ma il primo (a parte Maria Maddalena) uomo a credere e correre è appunto il giovinetto puro Giovanni.

Giovanni sotto la Croce rappresenta l’umanità tutta, possiamo dire “incarna” l’intera umanità assente. Da quel momento, il numero indefinito di uomini che fino alla fine del mondo, al momento della Consacrazione durante la santa Messa o nelle loro meditazioni, si immaginano sul Calvario, non fanno altro che “prendere il posto” dell’unico uomo che veramente v’era, Giovanni.

Sotto la Croce, riceve un altro incommensurabile premio dal Signore, forse il più grande di tutti: diviene “figlio adottivo” di Maria Santissima, e in tal modo ancora una volta incarna in sé l’umanità intera.

Ma il privilegio incommensurabile non finisce ancora: Gesù gli ordina di ospitare in casa sua Madre. In qualche modo, diviene una figurazione di Gesù stesso, e per anni ogni mattina ha il privilegio di poter dire Messa alla presenza fisica dell’ancor vivente Madre di Dio. Qualcuno può immaginarsi “cosa” c’era in quella stanza durante la Messa celebrata da Giovanni alla presenza della Regina degli Angeli?

Giovanni non è solo apostolo, ma è anche evangelista.

Egli condivide questo privilegio con altri tre uomini, come sappiamo, ma il suo Vangelo non è “sinottico”, è il Vangelo del Logos. È il Vangelo dell’“aquila”, che ha visto e compreso, magari in un istante in cui ha posato il suo capo sul Sacro Cuore, ciò che nessun altro uomo aveva potuto mai vedere e comprendere.
Giovanni scrive inoltre una Lettera che è rimasta per sempre nella Rivelazione, privilegio che condivide con altri quattro.

Ma la lettera di Giovanni è per antonomasia la lettera della Carità divina. Egli non è solo l’evangelista del Logos, ma anche il testimone dell’Amore infinito di Dio, che “è amore”.

Giovanni è l’unico degli apostoli che, pur subendo il martirio, non muore. Come spiegare questo ulteriore incredibile privilegio se non tramite la sua purezza e l’amore che Cristo ha sempre provato per lui?

Giovanni, accecato e spedito in esilio, vede ciò che nessun altro uomo al mondo ha mai potuto vedere: vede la fine dei tempi, la fine della storia, il predominio momentaneo del male e quindi il trionfo eterno del Bene, di Cristo sul mondo e sul suo disperato principe. Giovanni è l’autore dell’Apocalisse.

E con la scrittura dell’Apocalisse, Giovanni, morendo, ha il privilegio ultimo e di una grandezza indefinibile: egli chiude per sempre la Rivelazione divina agli uomini. Poggiando il suo stilo dopo aver scritto l’ultima parola dell’Apocalisse, Giovanni ha simbolicamente chiuso la voce diretta dello Spirito Santo agli uomini. D’ora in poi, Dio parlerà tramite la Chiesa e lo farà fino all’Apocalisse, quando, come Giovanni ci ha detto, verrà in trionfo a chiudere la storia e a giudicare i vivi e i morti.

Chi scrive non ha né la competenza teologica né la capacità letteraria di esprimere nemmeno un’oncia del peso incommensurabile di tutto quanto ha voluto affermare. Ma lo offre, nella sua devastante pochezza, al Signore per tramite dell’uomo che Egli amò più di ogni altro, e al quale concesse i più inarrivabili privilegi.

Preghiamo san Giovanni apostolo ed evangelista di guidarci ogni giorno nella milizia al servizio di Cristo e per la strada in salita della Carità e del Logos, ciò che ci rende cristiani e figli dell’unica civiltà della storia fondata appunto sulla Carità divina e sul Logos incarnato.
Autore: Massimo Viglione




Maestro de Segorbe. Saint Jean, Prédelle de la Visitation, vers 1460, Musée de la cathédrale de Segorbe.

Il più giovane e il più longevo degli Apostoli; il discepolo più presente nei grandi avvenimenti della vita di Gesù; autore del quarto Vangelo, opera essenzialmente dottrinale e dell’Apocalisse, unico libro profetico del Nuovo Testamento.

Giovanni era originario della Galilea, di una zona sulle rive del lago di Tiberiade (forse Betsaida Iulia), figlio di Zebedeo e di Salome, fratello di Giacomo il Maggiore; la madre era nel gruppo di donne che seguivano ed assistevano Gesù salendo fino al Calvario, forse era cugina della Madonna; il padre aveva una piccola impresa di pesca sul lago anche con dipendenti.

Pur essendo benestante e con conoscenze nelle alte sfere sacerdotali, non era mai stato alla scuola dei rabbini e quindi era considerato come ‘illetterato e popolano’, tale che qualche studioso ha avanzato l’ipotesi che lui abbia solo dettato le sue opere, scritte da un suo discepolo.

Giovanni è da considerarsi in ordine temporale come il primo degli apostoli conosciuto da Gesù, come è l’ultimo degli Apostoli viventi, con cui si conclude la missione apostolica tesa ad illuminare la Rivelazione.

Infatti egli era già discepolo di s. Giovanni Battista, quando questi additò a lui ed Andrea Gesù che passava, dicendo “Ecco l’Agnello di Dio” e i due discepoli udito ciò presero a seguire Gesù, il quale accortosi di loro domandò: “Che cercate?” e loro risposero: “Rabbi dove abiti?” e Gesù li invitò a seguirlo fino al suo alloggio, dove si fermarono per quel giorno; “erano le quattro del pomeriggio”, specifica lui stesso, a conferma della forte impressione riportata da quell’incontro.

In seguito si unì agli altri apostoli, quando Gesù passando sulla riva del lago, secondo il Vangelo di Matteo, chiamò lui e il fratello Giacomo intenti a rammendare le reti, a seguirlo ed essi “subito, lasciata la barca e il padre loro, lo seguirono”.

Da allora ebbe uno speciale posto nel collegio apostolico, era il più giovane ma nell’elenco è sempre nominato fra i primi quattro, fu prediletto da Pietro, forse suo compaesano, ma soprattutto da Gesù al punto che Giovanni nel Vangelo chiama se stesso “il discepolo che Gesù amava”.

Fra i discepoli di Gesù fu infatti tra gli intimi con Pietro e il fratello Giacomo, che accompagnarono il Maestro nelle occasioni più importanti, come quando risuscitò la figlia di Giairo, nella Trasfigurazione sul Monte Tabor, nell’agonia del Getsemani.

Con Pietro si recò a preparare la cena pasquale e in questa ultima cena a Gerusalemme ebbe un posto d’onore alla destra di Gesù, e dietro richiesta di Pietro, Giovanni appoggiando con gesto di consolazione e affetto la testa sul petto di Gesù, gli chiese il nome del traditore fra loro.

Tale scena di alta drammaticità, è stata nei secoli raffigurata nell’"Ultima Cena" di tanti celebri artisti. Dopo essere scappato con tutti gli altri, quando Gesù fu catturato, lo seguì con Pietro durante il processo e unico tra gli Apostoli si trovò ai piedi della croce accanto a Maria, della quale si prese cura, avendola Gesù affidatagliela dalla croce.

Fu insieme a Pietro, il primo a ricevere l’annunzio del sepolcro vuoto da parte della Maddalena e con Pietro corse al sepolcro giungendovi per primo perché più giovane, ma per rispetto a Pietro non entrò, fermandosi all’ingresso; entrato dopo di lui poté vedere per terra i panni in cui era avvolto Gesù, la vista di ciò gli illuminò la mente e credette nella Resurrezione forse anche prima di Pietro, che se ne tornava meravigliato dell’accaduto.

Giovanni fu presente alle successive apparizioni di Gesù agli apostoli riuniti e il primo a riconoscerlo quando avvenne la pesca miracolosa sul lago di Tiberiade; assistette al conferimento del primato a Pietro; insieme ad altri apostoli ricevette da Gesù la solenne missione apostolica e la promessa dello Spirito Santo, che ricevette nella Pentecoste insieme agli altri e Maria.

Seguì quasi sempre Pietro nel suo apostolato, era con lui quando operò il primo clamoroso miracolo della guarigione dello storpio alla porta del tempio chiamata “Bella”; insieme a Pietro fu più volte arrestato dal Sinedrio a causa della loro predicazione, fu flagellato insieme al gruppo degli arrestati.

Con Pietro, narrano gli Atti degli Apostoli, fu inviato in Samaria a consolidare la fede già diffusa da Filippo.

San Paolo verso l’anno 53, lo qualificò insieme a Pietro e Giacomo il Maggiore come ‘colonne’ della nascente Chiesa.

Il fratello Giacomo fu decapitato verso il 42 da Erode Agrippa I, protomartire fra gli Apostoli; Giovanni, secondo antiche tradizioni, lasciata definitivamente Gerusalemme (nel 57 già non c’era più) prese a diffondere il cristianesimo nell’Asia Minore, reggendo la Chiesa di Efeso e altre comunità della regione.

Anche Giovanni adempì la profezia di Gesù di imitarlo nella passione; anche se non subì il martirio come il fratello e gli altri apostoli, dovette patire la persecuzione di Domiziano (51-96) la seconda contro i cristiani, che negli ultimi anni del suo impero, 95 ca., conosciuta la fama dell’apostolo, lo convocò a Roma e dopo averlo fatto rasare i capelli in segno di scherno, lo fece immergere in una caldaia di olio bollente davanti alla porta Latina; ma Giovanni ne uscì incolume.

Ancora oggi un tempietto ottagonale disegnato dal Bramante e completato dal Borromini, ricorda il leggendario miracolo.

Fu poi esiliato nell’isola di Patmos (arcipelago delle Sporadi a circa 70 km da Efeso) a causa della sua predicazione e della testimonianza di Gesù. Dopo la morte di Domiziano, salì al trono l’imperatore Nerva (96-98) tollerante verso i cristiani; quindi Giovanni poté tornare ad Efeso dove continuò ad esortare i fedeli all’amore fraterno, finché ultracentenario morì verso il 104, cosicché il più giovane degli Apostoli, il vergine perché non si sposò, visse più a lungo di tutti portando con la sua testimonianza, l’insegnamento di Cristo fino ai cristiani del II secolo.

Sulla sua tomba ad Efeso, fu edificata nei secoli V e VI una magnifica basilica. In vita la tradizione e gli antichi scritti gli attribuiscono svariati prodigi, come di essersi salvato senza danno da un avvelenamento e dopo essere stato buttato in mare; ad Efeso risuscitò anche un morto.

Alle riunioni dei suoi discepoli, ormai vecchissimo, veniva trasportato a braccia, ripetendo soltanto “Figlioli, amatevi gli uni gli altri” e a chi gli domandava perché ripeteva sempre la stessa frase, rispose: “ Perché è precetto del Signore, se questo solo si compia, basta”.

Fra tutti gli apostoli e i discepoli, Giovanni fu la figura più luminosa e più completa, dalla sua giovinezza trasse l’ardore nel seguire Gesù e dalla sua longevità la saggezza della sua dottrina e della sua guida apostolica, indicando nella Grazia la base naturale del vivere cristiano.

La sua propensione più alla contemplazione che all’azione, non deve far credere ad una figura fantasiosa e delicata, anzi fu caldo e impetuoso, tanto da essere chiamato insieme al fratello Giacomo ‘figlio del tuono’, ma sempre zelante in tutto.

Teologo altissimo, specie nel mettere in risalto la divinità di Gesù, mistico sublime fu anche storico scrupoloso, sottolineando accuratamente l’umanità di Cristo, raccontando particolari umani che gli altri evangelisti non fanno, come la cacciata dei mercanti dal tempio, il sedersi stanco, il piangere per Lazzaro, la sete sulla croce, il proclamarsi uomo, ecc.

Giovanni è chiamato giustamente l’Evangelista della carità e il teologo della verità e luce, egli poté penetrare la verità, perché si era fatto penetrare dal divino amore.

Il suo Vangelo, il quarto, ebbe a partire dal II secolo la definizione di “Vangelo spirituale” che l’ha accompagnato nei secoli; Origene nel III secolo, per la sua alta qualità teologica lo chiamò ‘il fiore dei Vangeli’.

Gli studiosi affermano che l’opera ebbe una vicenda editoriale svolta in più tappe; essa parte nell’ambiente palestinese, da una tradizione orale legata all’apostolo Giovanni, datata negli anni successivi alla morte di Cristo e prima del 70, esprimendosi in aramaico; poi si ha un edizione del vangelo in greco, destinata all’Asia Minore con centro principale la bella città di Efeso e qui collabora alla stesura un ‘evangelista’, discepolo che raccoglie il messaggio dell’apostolo e lo adatta ai nuovi lettori.

Inizialmente il vangelo si concludeva con il capitolo 20, diviso in due grandi sezioni; dai capitoli 1 a 12 chiamato “Libro dei segni”, cioè dei sette miracoli scelti da Giovanni per illustrare la figura di Gesù, Figlio di Dio e dai capitoli 13 a 20 chiamato “Libro dell’ora”, cioè del momento supremo della sua vita offerta sulla croce, che contiene i mirabili “discorsi di addio” dell’ultima Cena. Alla fine del I secolo comparvero i capitoli finali da 21 a 23, dove si allude anche alla morte dell’apostolo.

All’inizio del Vangelo di Giovanni è posto un prologo con un inno di straordinaria bellezza, divenuto una delle pagine più celebri dell’intera Bibbia e che dal XIII secolo fino all’ultimo Concilio, chiudeva la celebrazione della Messa: “In principio era il Verbo e il Verbo era presso Dio e il Verbo era Dio….”.

L’Apocalisse come già detto è l’unico libro profetico del Nuovo Testamento e conclude il ciclo dei libri sacri e canonici riconosciuti dalla Chiesa, il suo titolo in greco vuol dire ‘Rivelazione’.

Denso di simbolismi, spesso si è creduto che fosse un infausto oracolo sulla fine del mondo, invece è un messaggio concreto di speranza, rivolto alle Chiese in crisi interna e colpite dalla persecuzione di Babilonia o della bestia, cioè la Roma imperiale, affinché ritrovino coraggio nella fede, dimostrandolo con la testimonianza. 

È un’opera di grande potenza e suggestione e anche se il linguaggio e i simboli sono del genere ‘apocalittico’, corrente letteraria e teologica molto diffusa nel giudaismo, il libro si autodefinisce ‘profezia’, cioè lettura dell’azione di Dio all’interno della storia.

Colori, animali, sogni, visioni, numeri, segni cosmici, città, costellano il libro e sono gli elementi di questa interpretazione della storia alla luce della fede e della speranza.

Il libro inizia con la scena della corte divina con l’Agnello - Cristo e il libro della storia umana e alla fine dell’opera c’è il duello definitivo tra Bene e Male, cioè tra la Chiesa e la Prostituta (Roma) imperiale, con la rivelazione della Gerusalemme celeste, dove si attende la venuta finale del Cristo Salvatore. 

Di Giovanni esistono anche tre ‘Epistole’ scritte probabilmente a Efeso, che hanno lo scopo di sottolineare e difendere presso determinati gruppi di fedeli (o uno solo, con la terza) alcune verità fondamentali, che erano attaccate da dottrine gnostiche.

San Giovanni ha come simbolo l’aquila, perché come si credeva che l’aquila potesse fissare il sole, anche lui nel suo Vangelo fissò la profondità della divinità.

È il patrono della Turchia e dell’Asia Minore, patronato confermato da papa Benedetto XV il 26 ottobre 1914; giacché Gesù gli affidò la Vergine Maria, è considerato patrono delle vergini e delle vedove; per i suoi grandi scritti è patrono dei teologi, scrittori, artisti; per il suo supplizio dell'olio bollente, protegge tutti coloro che sono esposti a bruciature oppure hanno a che fare con l’olio, quindi: proprietari di frantoi, produttori di olio per lampade, armaioli; patrono degli alchimisti, è invocato contro gli avvelenamenti e le intossicazioni alimentari.

Anche i “Quattro Cavalieri dell’Apocalisse” che rappresentano conquista, guerra, fame, morte, sono un suo simbolo. In Oriente il suo culto aveva per centro principale Efeso, dove visse e l’isola di Patmos nel Dodecanneso dove fu esiliato e dove nel secolo XI s. Cristodulo fondò un monastero a lui dedicato, inglobando la grotta dove l’apostolo ricevette le rivelazioni e scrisse l’Apocalisse.

In Occidente il suo culto si diffuse in tutta Europa e templi e chiese sono a lui dedicate un po’ dappertutto, ma la chiesa principale costruita in suo onore è S. Giovanni in Laterano, la cattedrale di Roma.

Inizialmente i grandi santi del primo cristianesimo Stefano, Pietro, Paolo, Giacomo, Giovanni, erano celebrati fra il Natale e la Circoncisione (1° gennaio); poi con lo spostamento in altre date di s. Pietro, s. Paolo e s. Giacomo, rimasero solo s. Stefano il 26 dicembre e s. Giovanni apostolo ed evangelista il 27 dicembre.

Autore:
Antonio Borrelli