Saint Jean de Brébeuf
Martyr au Canada (+ 1649)
Fête en France le 19
octobre
Au Canada, solennité le
26 septembre. (4 février ailleurs)
Né en 1593 à
Condé-sur-Vire, Jean de Brébeuf désira très tôt devenir missionnaire, au
Canada. Il entra dans la Compagnie de Jésus et fut envoyé en pays Huron, où il
fonda une mission. Mais en 1649, les Iroquois, entrés en guerre contre les
Hurons, pillèrent et envahirent les villages de la mission. Jean de Brébeuf fut
torturé deux jours complets, sans cesser de soutenir les siens et de prier pour
ses bourreaux. Pleins d'admiration, ces derniers lui arrachèrent le cœur et le
dévorèrent pour hériter de son courage...
Source: Liturgie
des heures du diocèse de Coutances et Avranches 1993.
Jean de Brébeuf, Gabriel Lalemant, Charles Garnier, Antoine
Daniel, Noël
Chabanel, Isaac
Jogues, René Goupil, Jean de La Lande, canonisés
en 1930, patrons secondaires du Canada depuis 1940, ils sont devenus des
figures nationales proposées en exemples à l'Église universelle. Avec nos
découvreurs et nos fondateurs, ils sont nos architectes: leurs courses ont
tracé nos routes d'eau et de fer; ils ont fixé le site de maintes de nos cités
et donné leurs noms à d'innombrables institutions (hôpitaux, universités,
collèges, écoles), à des villages, des paroisses, des routes et des rues du
Québec. Davantage, c'est jusqu'au cœur même du sol qu'ils ont pénétré par leur
sang répandu. (Les
saints martyrs canadiens - diocèse d'Edmundston)
Au 16 mars au martyrologe
romain: Chez les Hurons au Canada, en 1649, la passion de saint Jean de
Brébeuf, prêtre de la Compagnie de Jésus, qui fut envoyé de France dans la
mission chez les Hurons et, après bien des travaux apostoliques, fut massacré
par quelques païens du lieu et succomba pour le Christ, ayant fait le vœu de ne
jamais fuir l’occasion du martyre. Sa mémoire est célébrée avec ses compagnons
le 19 octobre.
Martyrologe romain
SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/816/Saint-Jean-de-Brebeuf.html
Sépultures
de deux des saints martyrs canadiens Jean de Brébeuf et Gabriel Lalemant,
église Saint-Joseph, Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons.
Saint Jean de
Brébeuf, martyr
Chez les Hurons au
Canada, en 1649, fut martyrisé saint Jean de Brébeuf, prêtre de la Compagnie de
Jésus, qui avait été envoyé de France comme missionnaire auprès de ce peuple et
qui, après bien des travaux apostoliques, fut massacré par quelques païens du
lieu et succomba pour le Christ, ayant fait le vœu de ne jamais fuir l’occasion
du martyre.
Зображення
Жана де Брабефа з індіанцем Джозефом Чіватенгва на вітражі в Святині Мучеників
у Мідленді, Онтаріо
Saint
Jean de Brébeuf with the Huron (Stained glass) in Martyr`s Shrine in Midland,
Ontario
Jésus Christ est notre vraie grandeur ; c’est Lui seul et sa Croix qu’on doit chercher courant après ces peuples, car si vous prétendez autre chose, vous ne trouverez qu’affliction de corps et d’esprit.
C’est en Dieu seul que repose mon cœur, et hors de Lui tout m’est rien, sinon pour Lui.
Mon Sauveur Jésus, je vous fait vœu de ne jamais manquer à la grâce du martyre, si par votre infinie miséricorde vous me le présentez quelque jour… Je vous offre dès aujourd’hui, dans les sentiments que j’en ai, et mon sang, et mon corps, et ma vie, afin que je meure que pour vous, puisque vous avez bien daigné mourir pour moi.
Mon Dieu, que n’êtes vous connu ! Que ce pays n’est-il tout converti à vous ! Que le péché n’en soit aboli ! Que n’êtes-vous aimé ! Oui, mon Dieu, si tous les tourments que les captifs peuvent endurer en ce pays devaient tomber sur moi, je m’y offre de tout mon cœur.
Dieu nous a donné le jour
pour être au service du prochain, et la nuit pour converser avec Lui.
Nous sommes peut-être sur
le point de répandre notre sang et d’immoler nos vies pour le bon Maître Jésus
Christ. C’est une faveur singulière que sa bonté nous fait de nous faire
endurer quelque chose pour son amour… S’Il veut que, dès cette heure, nous
mourrions, à la bonne heure pour nous ! S’Il veut nous réserver pour d’autres
travaux, qu’Il soit béni !
Si dans la vue des peines et des
croix qui nous sont préparées, quelqu’un se sent si fortifié d’en haut que de
pouvoir dire que c’est trop peu, ou comme saint François-Xavier :
davantage, j’espère que Notre Seigneur tirera aussi de sa bouche au milieu des
consolations qu.il lui donnera, qu’il n’en pourra plus : assez, Seigneur,
c’est assez.
Saint Jean de Brébeuf
Statue
of St Jean de Brébeuf (Parc Brébeuf) in Gatineau, Québec
Saint Jean de
Brébeuf
Prêtre s.j. et martyr
Né le 25 mars 1593 à
Condé-sur-Vire en Normandie, Jean de Brébeuf est un des premiers pères jésuites
à aller en Nouvelle-France. Il arrive à Québec en juin 1625, s'installe chez
les Montagnais et plus tard, chez les Hurons.
Dans ses mémoires, il
relate de façon admirable le mode de vie et les mœurs de ces peuples. Ces notes
furent par la suite reproduites dans les « Relations des Jésuites »
et sont aujourd'hui des sources d'information précieuses pour nous aider à
comprendre la vie des Hurons avant les guerres et les épidémies qui décimeront
leurs populations.
Il traduit un catéchisme
et plusieurs prières dans la langue des Hurons et entreprend même la rédaction
d'un dictionnaire et d'une grammaire. Brébeuf établit plusieurs missions en
Huronie dont celle de Ihonatiria (Saint-Joseph). Peu après l'arrivée des
Européens, les Hurons sont victimes de plusieurs épidémies de variole, de
grippe et de dysenterie.
Le travail de conversion
de Brébeuf est difficile et peu efficace. Lors d'une émeute en 1640, Brébeuf et
d'autres Jésuites sont battus et la chapelle est détruite. C'est en 1642 que
les vrais problèmes commencent. Soutenus par les Anglais dans leur entreprise,
les Iroquois amorcent une vaste offensive contre leurs anciens ennemis les
Hurons et leurs alliés français. Ils bloquent les routes commerciales en
multipliant les pillages et les massacres sanglants. En 1647, la menace
iroquoise est devenue telle que les Hurons refusent d'entreprendre des voyages
vers Québec.
Le 4 juillet 1648, alors
que les guerriers hurons sont absents, les Iroquois attaquent les missions de
Saint-Joseph et Saint-Michel en Huronie. Plusieurs habitants sont massacrés
dont le père Antoine Daniel qui sera criblé de flèches. Les Iroquois prennent
700 prisonniers.
Le 16 mars 1649, plus de
1000 Iroquois attaquent les missions de Saint-Ignace et de Saint-Louis où se
trouvent alors les pères Brébeuf et Lalemant. Les deux hommes sont faits
prisonniers et emmenés dans un village dans l'actuelle région de Midland, en
Ontario.
Le père Jean de Brébeuf
subit alors une des plus atroces tortures. Ces actes furent rapportés par
Christophe Regnault qui put observer le cadavre. Le corps a été sauvagement
battu et a reçu au moins 200 coups de bâtons. On avait arraché la chair des
bras et des jambes de Brébeuf jusqu'aux os et on l'avait aspergé d'eau
bouillante pour ridiculiser le sacre du baptême. Les Iroquois avaient également
placé un collier de haches incandescentes autour de son cou et de son ventre et
lui avaient arraché les lèvres pour qu'il cesse de parler de Dieu. Son crâne
avait été scalpé et son cœur, arraché. Il est possible que les Iroquois l'aient
dévoré, croyant ainsi absorber les qualités de leurs ennemis.
La nation huronne entière
est bientôt décimée. Quelques survivants se réfugient chez des nations alliées
du nord ou encore près de Québec où leurs descendants vivent toujours. Brébeuf
fut proclamé Saint Patron du Canada en 1940.
Jean de Brébeuf, et
ses compagnons martyrs (mémoire 19 octobre) ont été béatifiés le 21
juin 1925, par le « Pape des Missions » Pie XI (Ambrogio Damiano
Achille Ratti, 1922-1939) et canonisés, par le même pape, le 29 juin
1930.
Source principale :
echo.franco.ca (« Rév. x gpm »).
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SOURCE : http://levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&id=14794&fd=0
BRÉBEUF, JEAN DE (surnommé Échon par
les Hurons), prêtre, jésuite, fondateur de la mission huronne, né à Condé-sur-Vire,
en Basse-Normandie, le 25 mars 1593, mort martyr le 16 mars 1649 au bourg
Saint-Ignace, en Huronie (région de Midland, Ontario), canonisé le 29 juin 1930
par Pie XI et proclamé, avec ses sept compagnons martyrs, patron du Canada, le
16 octobre 1940, par Pie XII.
Il y aurait, parmi les
ancêtres de Jean de Brébeuf, des compagnons d'armes de Guillaume le Conquérant
et du roi saint Louis, et sa famille, dit-on, serait alliée aux comtes anglais
d'Arundel. De ses parents immédiats, nous ne savons rien. L'histoire a cependant
retenu le nom de deux de ses neveux : Georges de Brébeuf (1617–1661),
poète mineur du xviie siècle, et Nicolas de Brébeuf (1631–1691),
prieur de Saint-Gerbold, dans la banlieue de Caen.
À 24 ans, Brébeuf entra
au noviciat des Jésuites de Rouen. Après deux années (1617–1619) sous la
direction du père Lancelot Marin, il fut nommé professeur de sixième
(1619–1620) au collège de Rouen, puis de cinquième (1620–1621). Au cours de
cette seconde année d'enseignement, la maladie l'immobilisa, lui laissant cependant
assez de force pour se préparer au sacerdoce, qu'il reçut à Pontoise en 1622.
De 1622 à 1625, il demeura au collège de Rouen, où il remplit la charge
d'économe. Il fut ensuite désigné par le provincial de France, le père Pierre
Coton, pour les missions de la Nouvelle-France. Parti de Dieppe en avril 1625,
il débarqua à Québec en juin, en compagnie des pères Charles
Lalemant, Énemond Massé et
de deux frères coadjuteurs, François Charton et Gilbert Burel.
Cinq mois de vie errante
(20 octobre 1625–27 mars 1626) avec un groupe de Montagnais, voisins de Québec,
dans le froid et la neige, constituèrent son apprentissage à la vie
missionnaire. Il était à peine initié à la langue et aux coutumes algonquines
que son supérieur, cette même année 1626, le désignait, avec le père Anne
de Nouë,
pour le pays des Hurons. En juillet, pour la première fois, Brébeuf franchit en
canot les 800 milles qui séparaient Québec de la Huronie. Les pages qu'il
écrivit plus tard sur les conditions de ce voyage font de lui, avec Champlain, Sagard, Chaumonot et Allouez,
l'un des principaux chroniqueurs de cette grande route de l'Ouest que suivirent
longtemps missionnaires, trafiquants et explorateurs. Cette route conduisait
les voyageurs, par le Saint-Laurent, l'Outaouais (Ottawa), la Mattawa, la
rivière à la Vase, le lac des Népissingues (Nipissing) et la rivière des
Français, jusqu'à la baie Georgienne et aux Grands Lacs. Voyage de 20 à 30
jours que rendaient souvent épuisant les nombreux portages, la marche dans les
forêts, le fléau des moustiques, les difficultés du ravitaillement, l'absence
d'hygiène des Amérindiens, etc.
Des liens déjà anciens,
datant des premières explorations de Champlain, unissaient Hurons et Français.
Dans une colonie dont l'existence et le développement reposaient principalement
sur le commerce des fourrures, les Hurons constituaient de précieux alliés.
Champlain l'avait compris. Les Hurons, en effet, formaient un groupe compact,
sédentaire, agricole, doué d'un réel génie commercial. Leur économie,
relativement équilibrée, fondée sur la culture du sol, avec l'apport saisonnier
de la cueillette en été, de la pêche et de la chasse en automne, leur conférait
une incontestable supériorité sur les tribus avoisinantes. Dès leurs premiers
contacts avec les Français, les Hurons comprirent que ceux-ci cherchaient
d'abord des fourrures. Ils élargirent aussitôt leur commerce. Profitant de leur
situation, économiquement et géographiquement privilégiée, ils jouèrent un rôle
d'intermédiaires entre des populations au type d'économie différent. Ils
concentraient chez eux d'énormes quantités de fourrures qu'ils achetaient aux
nomades chasseurs de la Népissingue, du Témiscamingue, de l'Outaouais, du
Saint-Maurice et même des territoires de la baie d'Hudson ; en retour, ils
offraient à ces derniers maïs, farine, tabac, citrouilles, filets, qu'ils
trouvaient chez eux ou chez les tribus du Sud et de l'Ouest appelées Neutres,
Pétuns, Chats (Ériés), Puants (Népissingues), Cheveux-Relevés (Outaouais), etc.
Les Hurons devinrent ainsi les grands trafiquants de l'époque. Dès que les
semailles étaient achevées, ils chargeaient leurs canots et partaient pour la
traite avec les Français, dont ils obtenaient en retour des marchandises
européennes : fers de flèche, chaudières, haches, aiguilles, hameçons,
couteaux, couvertures et surtout porcelaine, matière plus précieuse que l'or
aux yeux des Amérindiens.
L'alliance avec les
Hurons offrait d'autres avantages : facilité d'exploration à l'intérieur
du pays, établissement de postes de colonisation dans le bassin du
Saint-Laurent et, avant tout, évangélisation des Amérindiens. Pour les
missionnaires, l'évangélisation de populations sédentaires et amies était
incontestablement plus prometteuse que celle des nomades Algonquins. Cette
alliance, toutefois, avait sa contrepartie qui, avec les années, apparaîtrait
redoutable : en s'unissant aux Hurons, les Français s'engageaient à les
soutenir militairement contre les Iroquois, leurs ennemis héréditaires. Pendant
des années, le commerce des fourrures, le développement de la colonie et l'évangélisation
dépendraient de l'assistance que la France donnerait à la coalition
laurentienne (Algonquins, Montagnais et Hurons) contre les Iroquois. Pour le
moment, cette alliance décuplait le commerce des fourrures et facilitait
l'entreprise missionnaire.
À son arrivée chez les
Hurons, Brébeuf s'établit à Toanché I, dans la tribu de l'Ours, la plus
importante des quatre grandes familles de la confédération huronne (tribus de
l'Ours, de la Corde, de la Pierre et du Cerf). De ce premier séjour en Huronie (1626–1629),
le plus grand profit, pour Brébeuf, fut sans doute, avec l'apprentissage de la
langue, une meilleure connaissance du milieu huron. Sur le plan de
l'évangélisation, aucun succès apparent. En 1629, Brébeuf était rappelé
d'urgence à Québec. Il assista à la prise du poste par les Kirke,
en juillet, et dut ensuite repasser en France avec les autres missionnaires du
pays. Nommé à Rouen, il fut affecté au service de l'église en qualité de
prédicateur et de confesseur. C'est à ce moment (janvier 1630) qu'il prononça
ses derniers vœux de jésuite. De 1631 à 1633, nous le trouvons, au collège
d'Eu, économe, ministre et confesseur à la fois. Brébeuf revint en Nouvelle-France
en 1633 et, dès l'année suivante, accompagné des pères Antoine
Daniel et Ambroise Davost,
il remontait en Huronie.
Cette fois, il était
chargé par le père Paul
Le Jeune, son supérieur, de fonder et d'organiser une véritable mission.
Dès le début, les Jésuites de la Nouvelle-France mirent dans cette mission le
plus vif de leurs espoirs. Aux yeux de Le Jeune, elle représentait un terrain
d'essai privilégié pour l'évangélisation des Amérindiens, et devait constituer
une sorte de prototype dont il entendait s'inspirer pour les autres missions.
Le premier acte de Brébeuf, comme supérieur, fut de choisir un centre de
rayonnement pour la mission. Après mûres réflexions, il se fixa, le 19
septembre 1634, à lhonatiria (Saint-Joseph I), bourg voisin de Toanché, où il
avait séjourné de 1626 à 1629. Jusqu'au 9 juin 1637, la mission huronne était
confinée dans cette seule résidence. Le travail d'évangélisation, après une
phase assez réconfortante, rencontra bientôt, chez les Hurons, une résistance
obstinée et croissante. Brébeuf attribue cette résistance à trois
facteurs : l'immoralité des Hurons, leur attachement à la coutume du pays,
c'est-à-dire à tout ce qui jusque-là constituait leur univers de croyances et
de plaisirs, et enfin les épidémies qui ravagèrent le pays.
Ce dernier facteur,
notamment, retarda beaucoup le mouvement des conversions. Les épidémies de 1634
(petite vérole accompagnée de dysenterie), de 1636 (grippe maligne) et de 1639
(petite vérole) firent tomber à 12 000 une population que Sagard, Brébeuf et
Champlain estimaient à 30 000 âmes. Le contact avec les Européens a été funeste
aux Amérindiens, pris au dépourvu par les virus apportés d'Europe. À cet égard,
les Iroquois ont été mieux protégés que les Hurons. Les colons hollandais et
anglais se mêlaient peu aux Iroquois et se contentaient de les attendre
derrière leurs comptoirs. En Huronie, ces fléaux répétés rendirent odieuse la
présence des missionnaires. L'épidémie de 1636–1637 souleva toute la nation contre
Brébeuf et ses compagnons. Ce fut, durant des mois, dirigé par les sorciers, un
jeu savant d'insinuations hypocrites, puis de menaces ouvertes et brutales
accompagnées de tentatives de meurtre. À l'automne de 1637, toute la mission
faillit sauter. Brébeuf, en cette circonstance, adressa au père Le Jeune une
sorte de lettre-testament dans laquelle il annonçait le massacre possible de
tous les missionnaires.
Après avoir fondé un
troisième poste, à Téanaostaiaé (Saint-Joseph II), Brébeuf remit, à la fin d'août
1638, le gouvernement de la mission aux mains du père Jérôme
Lalemant, récemment débarqué de France. Lui-même devint supérieur de la
résidence qu'il venait de fonder. C'est dans ce ministère que Brébeuf eut à
subir les plus dures persécutions de sa carrière. À la suite d'une épidémie de
petite vérole, le drame de 1637 se renouvela, mais avec une mise en scène plus
tapageuse encore : croix abattues, jets de pierres sur la chapelle,
bastonnades, menaces de haches et de tisons enflammés. Brébeuf, au cours de cet
orage, vit même une partie de son troupeau déserter la foi qu'il venait
d'embrasser. En avril 1640, une sédition s'éleva au cours de laquelle Pierre Boucher* fut
blessé au bras, tandis que Brébeuf et Chaumonot étaient battus de coups. Au
mois de mai, l'agitation des Amérindiens décida Lalemant à abandonner la résidence.
À l'automne de 1640, les
missionnaires, après s'être concertés, jugèrent bon de commencer deux nouvelles
missions : l'une chez les Algonquins, l'autre chez les Neutres. Brébeuf et
Chaumonot furent désignés pour cette dernière. Précédés par des agents secrets
hurons qui représentaient les missionnaires comme les plus maléfiques des
sorciers, tous deux circulèrent à travers une région violemment hostile,
partout repoussés, outragés, injuriés. Ce furent cinq mois de travail stérile
(novembre 1640–mars 1641). Pour comble de malheur, au retour de cette mission,
Brébeuf, en traversant un lac gelé, tomba sur la glace et se brisa la clavicule
gauche. Le père Lalemant jugea qu'il était de son devoir de renvoyer Brébeuf à
Québec et de le confier aux soins d'un médecin ; il pourrait en même temps
y remplir la charge de procureur de la mission qu'occupait le père Ragueneau.
Au printemps de 1642, Brébeuf arrivait à Québec après sept années consécutives
chez les Hurons.
La fonction de procureur
de la mission huronne consistait à pourvoir les missionnaires de tout ce qui
pouvait leur manquer (livres, papier, objets de culte, etc.) et à organiser
pour eux des convois de marchandises. Pénible épreuve pour Brébeuf : à
deux reprises, en 1642 et en 1643, les convois préparés par lui furent saisis
par les Iroquois et complètement perdus. Outre cette fonction, Brébeuf, durant
son séjour à Québec, eut à s'occuper de l'instruction de six jeunes Hurons
confiés à ses soins (septembre 1642–juin 1643). Il remplit aussi, auprès des
Ursulines et des Hospitalières, les offices de confesseur, de directeur
spirituel et de conseiller. Enfin, les dimanches et jours de fête, il prêcha et
entendit les confessions des Français de Québec.
Le 7 septembre 1644,
Brébeuf est de retour en Huronie, définitivement cette fois. Il reprend son
poste au moment même où commence l'agonie de la Huronie. En effet, le conflit
depuis longtemps engagé entre Iroquois et Hurons est sur le point de se
dénouer. En 1628, la victoire des Agniers sur les Loups (Mohicans) a fait des
Iroquois les fournisseurs en pelleteries des Hollandais de Fort Orange.
Désormais, les Iroquois commencent à bénéficier des avantages de la traite avec
les Européens. Leur convoitise s'allume. Ils empêchent les autres tribus de
traverser leur pays pour échanger des fourrures avec Fort Orange. Ils
ambitionnent de jouer auprès des Hollandais le rôle des Hurons auprès des
Français. Mais voici que les fourrures, sur leur territoire, se font plus
rares. Les Iroquois songent alors à capturer les riches convois des Hurons. À
partir de l'année 1637, les Agniers deviennent les pirates de la pelleterie.
Pour progresser dans leur lutte, ils demandent aux traiteurs hollandais et
réussissent à obtenir des armes à feu. En 1641, ils disposent de 39
mousquets ; en 1643, de 300. Naturellement agressifs, ils sont encore
stimulés par la faiblesse de leurs adversaires dont les effectifs, de 1634 à
1640, ont été réduits des deux tiers par l'épidémie. Les Iroquois rêvent donc
d'exterminer les Hurons. Cette politique reçoit l'appui de la
Nouvelle-Hollande, consciente que la ruine des Hurons signifie celle du
commerce français et, du même coup, de la Nouvelle-France. « On nous a
escrit de France, note le père Vimont,
que le dessein des Hollandois est de faire tellement harceler les François par
les Iroquois, qu'ils les contraignent de quitter & abandonner tout, &
mesme la conversion des Sauvages ».
En 1641, l'insécurité
devient telle en Nouvelle-France et sur la route de la Huronie que le père
Vimont, à la demande du gouverneur, M. Huault de
Montmagny, et des habitants, charge le père Le Jeune d'aller en France exposer
la situation au roi et à Richelieu. En 1642, commencent les désastres qui vont
aller se multipliant chaque année. Agniers et Tsonnontouans déclenchent une
vaste offensive qui s'étend de la Nouvelle-France à la Huronie. Divisés en
petites bandes, ils bloquent systématiquement les avenues du Richelieu, de
l'Outaouais et du Saint-Laurent. La colonie française est faible : elle
n'a que 400 habitants et ne dispose que de 100 soldats. Les Relations,
auparavant gonflées de faits relatifs aux conversions et aux épidémies, ne
parlent plus que de massacres et de pillages. L'année 1642, qui voit la
fondation de Ville-Marie, est marquée aussi par la prise d'Isaac Jogues,
de René Goupil et
de Guillaume Couture*.
En deux ans (1642–1643), les convois de la mission sont pris par trois fois, en
montant ou en descendant. En 1644, le père Bressani est
capturé et mis à la torture. Le traité de 1645 ne constitue, dans ce cauchemar,
qu'une trêve éphémère puisque, en octobre 1646, Jogues est assassiné. Durant
l'été de 1647, la crainte des Iroquois est si vive que les Hurons ne descendent
pas à Québec.
Les années 1647–1648
marquent le commencement de l'extermination de la Huronie. Jusque-là, les
Iroquois s'étaient contentés de surprendre les convois de traiteurs sur les
routes du Saint-Laurent et de l'Outaouais. Maintenant, ils sont au cœur de la
Huronie. En 1647, ils massacrent un village des Neutres. Le 4 juillet 1648,
profitant de ce que les Hurons sont partis pour la traite, une troupe
d'Iroquois se jette sur les villages de Saint-Joseph et de Saint-Michel et fait
700 prisonniers. Le père Antoine Daniel tombe le corps percé de flèches. Le
bourg de Saint-Joseph II (Téanaostaiaé) formait, avec Ossossané (La Conception)
et Sainte-Marie, le triangle de la résistance huronne. Le 16 mars de l'année
suivante (1649), plus de 1000 Iroquois attaquent Saint-Ignace (Taenhatentaron),
puis Saint-Louis, où travaillent Brébeuf et Gabriel
Lalemant. Ceux-ci, faits prisonniers et conduits à Saint-Ignace, y
subissent l'un des martyres les plus atroces des annales du christianisme. Ce
que fut le supplice de Brébeuf, le donné Christophe Regnault, spectateur de ses
restes, nous l'a dit avec une émouvante simplicité :
« Le Père de Brebœuf
avoit les jambes, les cuisses et les bras tous decharnez jusqu'aux os ;
Jay veu et touché quantité de grosses ampoules qu'il avoit en plusieurs
endroits de son corps ; de l'eau boüillante que ces barbares lui avoient versé
en dérision du St Baptesme. Jay veu et touché la plaie d'une ceinture d'écorce
toute plaine de poix et de raisine qui grilla tout son corps. Jay veu et touché
les bruleures du Collier des haches quon luy mist sur les épaulles et sur
l'estomach ; Jay veu et touché ses deux levres quon luy avoit couppées à
cause qu'il parloit tousjours de Dieu pendant qu'on le faisoit souffrir.
« Jay veu et touché
tous les endroits de son corps, qui avoit receu plus de deux cents coups de
baston Jay veu et touché le dessus de sa teste ecorché Jay veu et touché
louverture que ces barbares luy firent pour luy arracher le cœur.
« Enfin, jay veu et
touché toutes les playes de son corps, comme les sauvages nous l'avoient dit et
assuré ».
Devant l'assaut iroquois,
les Hurons, au lieu de se ressaisir, furent pris de panique. La tribu de
l'Ours, presque au complet, s'enfuit chez les Pétuns. D'autres demandèrent
asile aux Neutres, aux Ériés, aux Algonquins, ou s'enfuirent dans les îles
voisines. La confédération huronne se disloqua toute. La résidence de
Sainte-Marie-des-Hurons ne disposant que de 8 soldats, 22 donnés et 7
domestiques, les Jésuites décidèrent de l'abandonner. Le 14 juin 1649, ils
livrèrent aux flammes la construction et se transportèrent, avec quelques
centaines de Hurons, à l'île Saint-Joseph (Christian Island), située à quelques
milles de là, dans le lac Huron. Le nouvel établissement était à peine terminé
qu'un nouveau malheur s'ajoutait aux précédents : en décembre, le village
de Saint-Jean, chez les Pétuns, était attaqué et saccagé. À l'île Saint-Joseph,
la situation devint bientôt désespérée. La famine, les maladies contagieuses,
de nouvelles attaques de la part des Iroquois contraignirent missionnaires et
Amérindiens au départ. Le 10 juin 1650, 300 Hurons, accompagnés des Jésuites et
de leurs domestiques, s'embarquèrent pour Québec. Au printemps de 1651, ces
débris de la nation huronne s'établirent dans l'île d'Orléans ; ils furent
bientôt 600, sous la direction du père Chaumonot.
L'apostolat de Brébeuf en
Huronie dura 15 ans. La mission huronne s'éteignit avec celui qui l'avait
commencée. Mais, par un contraste saisissant, en même temps que s'accomplissait
l'écrasement de la nation, s'opérait sa régénération spirituelle. Les Relations qui,
longtemps, ne purent compter les conversions que par unités, parlent des
centaines et même des milliers de baptêmes des dernières années. Pour la seule
année 1649–1650, le père Ragueneau donne le chiffre de 3 000 baptêmes. La
dispersion de la nation huronne a eu pour effet de répandre la foi chrétienne
parmi les nations du bassin des Grands Lacs et sur les bords de la rivière des
Hollandais (Mohawk). Ces convertis formeront les éléments des chrétientés que
les Jésuites iront fonder chez les Iroquois et chez les nations de l'Ouest.
Ce que nous connaissons
de Brébeuf nous vient des Relations des Jésuites et surtout de ses
propres écrits. Ces écrits, de nature fort différente, couvrent une période de
18 ans, soit de 1630 à 1648. On y trouve deux Relations (celles de
1635 et 1636), un journal spirituel composé de 44 fragments, 15 lettres
adressées au supérieur majeur de la Compagnie de Jésus ou à des supérieurs
locaux, des instructions ou catéchismes, un dictionnaire, une grammaire, et
même deux textes hurons. Plusieurs de ces écrits sont perdus. Ce qui en reste,
une vingtaine, totalisant quelque 300 pages, nous permet de reconnaître en
Brébeuf le fondateur de mission, l'ethnographe, le mystique et l'écrivain.
La nécessité, pour
Brébeuf, de bien comprendre le milieu qu'il cherchait à évangéliser, a été
l'occasion d'une précieuse contribution à l'ethnographie amérindienne ; 15
ans de vie chez les Hurons lui ont permis de connaître, mieux que personne,
leurs mœurs et leurs coutumes. Avec Champlain et Sagard, Brébeuf reste le
témoin le plus important de la période de contact. Pour sa part, il insiste sur
la vie sociale, politique et religieuse des Hurons ; en cela il complète
Champlain et enrichit Sagard. Sur ces trois aspects, la Relation de
1636 demeure un document unique, cité en première place dans toutes les
monographies concernant les Hurons. Le témoignage de Brébeuf est d'autant plus
précieux, du point de vue de l'ethnologie, qu'il fixe le portrait des Hurons au
moment où ils sont encore eux-mêmes, avant que des épidémies successives, la guerre
et les massacres ne les aient réduits à l'état de débris humains ; son
témoignage a tout l'intérêt et l'intensité d'une sorte d'instantané.
Comme fondateur de la
mission huronne, Brébeuf se trouvait appelé à lui donner sa première
orientation. Son gouvernement fut consacré à diverses tâches. Premièrement, à
l'établissement des premières résidences. Durant sa supériorité, il fonda
Saint-Joseph I à Ihonatiria (19 ou 20 septembre 1634), puis la résidence de
l'Immaculée-Conception (9 juin 1637) à Ossossané et enfin celle de Saint-Joseph
II, à Téanaostaiaé (25 juin 1638). Ces postes, situés au cœur des deux
principales tribus (celles de l'Ours et de la Corde), lui permirent de
s'intégrer profondément au milieu huron. Deuxièmement, il s'appliqua à la
conquête de la langue. Une première fois, en 1626, Brébeuf avait été choisi
comme apôtre de la Huronie, par le père Charles Lalemant, à cause de son talent
pour les langues. Après un premier séjour de trois ans, Brébeuf savait assez de
huron pour traduire le catéchisme du jésuite Ledesma. Lorsqu'il revint en
Nouvelle-France, en 1633, Brébeuf se constitua professeur des pères Daniel et
Davost. Une fois en Huronie, en 1634, l'initiation se poursuivit, l'équipe se
complétant des pères François Le
Mercier, Pierre Pijart,
Pierre Chastellain,
Charles Garnier et
Isaac Jogues, tous travaillant sous la direction de Brébeuf à la compilation
d'un dictionnaire et à l'élaboration d'une grammaire. En 1639, la conquête de
la langue était chose accomplie. Cette étude, représentant huit ou neuf ans de
labeur austère et assidu, fut surtout l’œuvre de Brébeuf. Troisièmement, initié
au milieu huron et maître de la langue, Brébeuf entreprit l’œuvre capitale de
l'évangélisation. Après avoir d'abord travaillé auprès des enfants, il comprit
bientôt que la partie allait se jouer avec les adultes, notamment avec les
capitaines et les anciens, en qui résidait la vraie source d'influence. L'œuvre
des conversions progressa au début à un rythme très lent. La première
conversion d'un adulte en santé eut lieu en 1637. Quatre années plus tard, en
1641, il n'y avait encore que 60 chrétiens.
La correspondance de
Brébeuf et, plus encore, son journal spirituel, nous révèlent une âme
manifestement engagée dans les voies de l'oraison supérieure et depuis
longtemps familière des communications divines. Trois engagements importants
marquent l'ascension spirituelle de Brébeuf : en 1631, la promesse de
servir le Christ jusqu'au sacrifice de sa vie ; en 1637–1639, le vœu de ne
jamais refuser la grâce du martyre ; en 1645, le vœu du plus parfait.
Plusieurs textes du journal spirituel manifestent que Brébeuf, comme Jogues,
fut gratifié d'une vocation spéciale à la croix. De 1636 à 1641, insulté,
battu, lapidé, bafoué, meurtri dans sa chair, Brébeuf a été en Huronie, comme
saint Paul, la « balayure » du monde. Engagé dans l'action
apostolique, il a été purifié dans l'action et par l'action. Si, en 1645,
quatre ans avant son martyre, il a pu prononcer le vœu du plus parfait, c'est
que depuis longtemps déjà son âme était toute docilité à Dieu. Le couronnement
de cette sainteté vint à Brébeuf par le martyre. Parmi les influences qui ont
contribué à former l'âme de Brébeuf, il faut souligner en premier lieu
les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola, le livre de l’Imitation
de Jésus-Christ, les lettres de saint Paul ; puis l'influence probable du
père Louis Lallemant, grand spirituel français du xviie siècle.
Enfin, Brébeuf se révèle
un écrivain sans prétention, mais bien doué. Les deux Relations,
notamment, où Brébeuf a consigné ses observations de voyageur, d'ethnographe et
de missionnaire, sont écrites dans une langue très ferme, d'une étonnante
vitalité, riche de mots et d'images, que n'a pas encore touchée l'influence
épuratrice, mais appauvrissante, des salons français. Cette langue évoque la
saveur et le sourire de Montaigne. Rien de plus délicieusement observé, ni de
plus coloré que les chapitres où Brébeuf décrit les conditions de vie en
Huronie, les mœurs des Hurons, la grande fête des morts. Rien de plus hautement
lyrique que l’Avertissement d’importance adressé aux jeunes religieux de
France. La langue de Brébeuf n'a pas vieilli. Plus humbles, mais combien
précieuses les quelques notes qui nous restent de son journal intime : ces
fragments constituent les toutes premières pages de la littérature mystique du
Canada.
Dans le groupe des
missionnaires de l'époque, la personnalité de Brébeuf se détache comme l'une
des plus hautes en couleur. Toutefois, si Brébeuf s'impose, ce n'est pas
d'abord par les dons de l'intelligence, bien qu'ils soient en lui remarquables.
Tous ceux qui l'ont approché reconnaissent en effet qu'il était d'un jugement
excellent. Sa correspondance en particulier et ses deux Relations révèlent
un observateur très fin, pratiquant volontiers une certaine forme d'humour. Ses
lettres aux supérieurs de la Compagnie de Jésus restent des modèles de clarté,
de composition et de sagesse pratique. Mais on ne trouve pas chez lui de ces
conceptions hardies à la manière de Lalemant, ou de ces initiatives toujours
rebondissantes à la manière de Le Jeune. Brébeuf se distingue plutôt par un
bons sens très robuste, par une sorte d'empirisme surnaturel : il unit
toujours en ses entreprises prudence humaine et sagesse d'en haut. Ses dons
magnifiques restent ceux du cœur et de la volonté. Il n'y a point de petitesses
en cet homme, point de mesquinerie. On chercherait en vain dans ses écrits
l'indice d'une rancœur, d'un jugement amer, d'une jalousie secrète. Sa douceur
résiste à tous les mépris. L'audace, qui signe quelques-unes de ses démarches,
est moins un trait de son caractère qu'une forme de son zèle apostolique. Deux
extrêmes s'harmonisent en lui : d'une part, l'homme réaliste, ami de la
tradition, qui apparaît dans l'économe de collège, l'organisateur de mission,
l'humble religieux, et, d'autre part, l'apôtre ardent, énergique, s'offrant à
tous les martyres et à toutes les folies de la croix. Tel fut celui qu'on a
surnommé « le géant des missions huronnes », et, plus récemment,
« l'apôtre au cœur mangé ».
ACSM, Mémoires touchant
la mort et les vertus des pères Isaac Jogues, etc. (Ragueneau), repr. RAPQ,
1924–25 : 3–70 passim.— JR (Thwaites), VIII, X.— Positio
causæ.— Desrosiers, Iroquoisie.— Jésuites de la N.-F. (Roustang).— A.
E. Jones, "ȣendake Ehen" or Old Huronia, PAO Annual Report, V
(1908).— R. Latourelle, Étude sur les écrits de saint Jean de Brébeuf, (2
vol., Montréal, 1952, 1953).— Félix Martin, Hurons et Iroquois. Le P. Jean
de Brébeuf, sa vie, ses travaux, son martyre (Paris, 1877).—
Pouliot, Étude sur les Relations des Jésuites.— J. Robinne, L’Apôtre
au cœur mangé, Jean de Brébeuf : étude sur l’époque et sur l’homme (Paris,
1949).— Rochemonteix, Les Jésuites et la N.-F. au XVIIe siècle.— Francis
Xavier Talbot, Saint among the Hurons : the life of Jean de Brébeuf (New
York, 1949).— André Vachon, L'Eau-de-vie dans la société indienne, CHA
Report, 1960 : 22–32 ; Mgr de Laval et la Menace iroquoise, BRH,
LXVII (1961) :36–46.
© 1966–2015 Université
Laval/University of Toronto
SOURCE : http://www.biographi.ca/fr/bio.php?BioId=34214
Bressani,
Francesco Giuseppe (1612-1672). Cartouche sur la carte de la
Nouvelle-France Novae Franciae accurata delineatio. (détail), 1er janvier
1657
Les saints martyrs
canadiens
L’ALLIANCE DOIT ÊTRE
SCELLÉE
Àla suite de Jacques
Cartier et de Samuel de Champlain, les Français sont venus en terre canadienne
pour y planter la Croix afin que « soient illuminées les âmes qui gisent
dans les ténèbres ». En cela, ils correspondent à un dessein particulier
de Dieu, dessein manifesté à maintes reprises, nous l’avons vu, par des
vocations exceptionnelles. Ces interventions divines fondent une alliance qui
doit être encore scellée et doit engager Dieu et son peuple élu par un acte
solennel et sacré. Cet acte est l’immolation de victimes pures, aussi parfaites
que possible, offertes par le peuple à l’agrément de Dieu. Le mémorial ou
souvenir de cet événement rappelle à tout le peuple son élection et ses
devoirs.
C’est le sacrifice des
saints martyrs canadiens qui tient lieu, dans notre Histoire sainte du Canada,
de solennel sceau de l’alliance divine. On en trouve la confirmation sous la
plume du P. Le Jeune, supérieur des jésuites du Canada lorsqu’il écrit en 1637
: « Le grand prêtre n’entrait point jadis dans le Saint des saints
qu’après l’effusion du sang de quelque victime. J’ai bien de la peine à me
persuader que ces peuples entrent en l’Église sans sacrifice, je veux dire,
sans que quelqu’un de ceux qui les instruiront soit mis à mort ».
Le P. Le Jeune exprime
bien ainsi comment la mission canadienne s’intègre dans la grande mystique de
la Rédemption, celle de l’Alliance éternelle scellée dans le Précieux Sang de
Notre-Seigneur par le Sacrifice du Calvaire. Nous allons voir les saints
martyrs canadiens s’affirmer tout à fait conscients et enthousiastes d’avoir
reçu cette vocation.
LA COMPAGNIE DE JÉSUS
Dès sa fondation, la chrétienté
canadienne a des liens très étroits avec les Pères jésuites. À l’époque précise
où Champlain pose les bases de l’installation française au Canada, la Compagnie
de Jésus connaît un remarquable essor. Ses quinze mille membres se montrent
parmi les plus zélés propagateurs des réformes du Concile de Trente et du
renouveau mystique qui en est issu. En 1622, la double canonisation de saint
Ignace de Loyola, le fondateur, et de saint François Xavier, l’apôtre, a fait
resplendir tout l’ordre d’une gloire bien méritée. C’est le Très Révérend Père
Mutius Vitelleschi, général de la Compagnie de 1617 à 1647, qui anime la
ferveur de tous en accordant plus d’importance à l’oraison et aux progrès
spirituels des Pères qu’à leurs succès apostoliques.
La province de Paris est
illustrée par des Pères de grand renom. Citons le P. Coton, longtemps
provincial et qui manifeste un grand zèle pour le Canada. Il conserve
filialement la spiritualité des premiers jésuites, une spiritualité reçue au
noviciat de Rome où il fut condisciple de saint Louis de Gonzague et élève de
saint Robert Bellarmin. Un autre jésuite célèbre est le Père Louis Lalemant. Il
forme à sa haute spiritualité plusieurs missionnaires du Canada, entre autres
les PP. Ragueneau, Jogues, Daniel et Le Jeune. C’est donc la province de Paris
qui a pris en charge les missions de Nouvelle-France.
LES JÉSUITES AU CANADA
Au Canada, les bons Pères
travaillent beaucoup, d’abord en Acadie, puis, à partir de 1625, sur les rives
du Saint-Laurent. Non seulement ils construisent leurs habitations et
défrichent des terres, mais ils se sont aussi mis à l’étude des langues indiennes.
Ainsi ils peuvent commencer la prédication auprès des tribus nomades et
envoyer, dès 1626, saint Jean de Brébeuf en mission chez les Hurons.
Malheureusement, la prise
de Québec en 1629, les chasse du pays avant même d’avoir pu récolter les
premiers fruits de cet apostolat. Le Canada ne sort pourtant ni du cœur ni de
la pensée des premiers missionnaires. Saint Jean de Brébeuf, convaincu que ses
péchés sont la cause de la défaite, est poussé à faire en 1630 le vœu suivant :
« Seigneur Jésus-Christ, mon Rédempteur, je promets de te servir toute ma
vie dans la Compagnie de Jésus et de ne servir nul autre si ce n’est toi ou à
cause de toi ; je signe cela de mon sang et de ma main, prêt à répandre ma vie
aussi volontiers que cette goutte. » De son côté le Père Ennemond Massé se
mortifie pour mériter la grâce de retourner au Canada : « Une vocation si
sublime, en un mot le Canada et ses délices qui sont la Croix, dit-il, ne se
peut obtenir que par des dispositions conformes à la Croix. »
Après la signature du
traité de Saint-Germain et la restitution du Canada, les candidatures affluent
pour les missions de la Nouvelle-France. Parmi elles il faut citer celles du
bienheureux Julien Maunoir, le futur apôtre de la Bretagne, et de saint
François Régis qui écrit deux lettres au Père général pour demander le Canada.
La généreuse ardeur qui soulève ces candidats apparaît dans la lettre de l’un
d’eux à sa mère : « Nous sommes poussés, écrit saint Isaac Jogues, à
demander avec importunité d’être envoyés dans ces contrées où, comme il y a
plus à souffrir, on témoigne aussi à Dieu plus sincèrement l’amour qu’on a pour
lui. »
Mais, si beaucoup se
sentent appelés, peu sont élus. Ils commencent à revenir au Canada à partir de
1632, sous la direction du P. Le Jeune. En 1633, les Pères de Brébeuf et Massé
voient leurs vœux exaucés.
L’ŒUVRE MISSIONNAIRE SUR
LES BORDS DU SAINT-LAURENT
Le P. Paul Le Jeune doit
reprendre toute l’œuvre si difficilement commencée et si rapidement ruinée.
Mais ce protestant excellemment converti est un génie de l’organisation et un
apôtre au zèle débordant. Nous avons déjà dit comment il avait ouvert un séminaire
pour jeunes garçons et fondé la réduction de Sillery. Il en a conçu l’idée
après avoir suivi quelques familles indiennes tout un hiver dans les bois et la
neige sans autre résultat que de revenir très malade.
Cela lui a fait
comprendre qu’« on ne doit pas espérer grand-chose des sauvages tant
qu’ils seront errants ». Il veut donc organiser des villages indigènes sur
le modèle des réductions d’Amérique du Sud dont l’efficacité apostolique fait
alors merveille. Quand les Indiens seront fixés en un lieu bien choisi, on
pourra leur enseigner les vérités de la foi en même temps qu’on leur apprendra
à vivre de la culture de la terre ; sinon « vous les instruisez
aujourd’hui, demain la faim vous enlèvera vos auditeurs », et alors,
« ils sont tellement occupés à quêter leur vie parmi ces bois qu’ils n’ont
pas le loisir de se sauver, pour ainsi dire ».
Le projet du P. Le Jeune
vise donc à assurer aux Indiens la vie surnaturelle et la prospérité
temporelle. Ainsi naît le village de Sillery, aux portes de Québec. En 1637,
deux familles algonquines, soit vingt personnes, viennent s’y établir et en
1641 on y peut compter trente familles. Sillery devient un important foyer de
conversion : les Indiens qui sont venus vendre des fourrures à Québec vont
visiter les néophytes avant de retourner dans leurs montagnes. En 1645, les
registres comptent déjà 167 baptêmes.
Les Attikamègues, nomades
de la vallée du Saint-Maurice ont aussi réclamé des missionnaires. Dès 1634,
Champlain y a envoyé le sieur Laviolette édifier les fortifications d’une place
qu’on nomme Trois-Rivières. C’est là que le P. Buteux va se dévouer.
La nouvelle résidence est
placée sous le patronage de l’Immaculée Conception en exécution d’un vœu
solennel fait le 8 septembre 1635 par les jésuites : « Nous reconnaissons
évidemment qu’il faut que ce soit le Ciel qui convertisse la terre de
Nouvelle-France. C’est pourquoi nous avons tous été d’avis de recourir à la
Très Sainte Vierge, Mère de Dieu, par laquelle Dieu a coutume de faire ce qui
ne peut se faire et convertir les cœurs les plus abandonnés. Nous promettons et
faisons vœu de célébrer douze fois, dans les douze mois suivants, le sacrifice
de la sainte messe pour ceux qui sont prêtres et pour les autres de réciter
douze fois le chapelet de la Vierge en l’honneur et en action de grâces de son
Immaculée Conception, promettant en outre que si on érige quelque église ou
chapelle stable dans ces pays, dans le cours de ce temps limité, nous la ferons
dédier à Dieu sous le titre de l’Immaculée Conception. »
Le P. Buteux va passer
dans cette région plus de quinze années d’apostolat et remonter très loin le
long du Saint-Maurice afin d’évangéliser les tribus nomades. Plusieurs familles
indiennes se fixent autour de la résidence des Pères ; par la suite, cette
réduction sera transportée au cap de la Madeleine qui est concédé en fief aux
jésuites. Le Père Buteux sera tué par des Iroquois alors qu’il remontait encore
une fois la vallée du Saint-Maurice.
La veille de ce dernier
départ, cet intrépide Picard écrit : « Dieu veuille qu’enfin nous partions
une bonne fois et que le Ciel soit le terme de notre voyage. Je pars accompagné
de mes misères, j'ai grand besoin de prières. Le cœur me dit que le temps de
mon bonheur approche. »
Le Saint-Maurice est son
tombeau, son corps ayant été jeté dans la rivière, probablement à proximité de
l’actuelle Shawinigan.
Il y a également une
réduction à Tadoussac, mais les grands espoirs que le P. Le Jeune plaçait dans
ces établissements sont souvent déçus. Les Indiens les quittent, attirés par la
vie nomade moins monotone et astreignante que la culture. Puis la terreur des
Iroquois achève de vider ces réductions. Elles sont pourtant d’excellents
instruments de prédication et la piété qui y règne fait l’admiration de tous.
« Il semble que la ferveur de la primitive Église soit passée dans la
Nouvelle-France et qu’elle embrase les cœurs de nos bons néophytes »,
écrit Marie de l’Incarnation après avoir visité Sillery.
LA MISSION CHEZ LES
HURONS
Ces différents
établissements ne font pas oublier au P. Le Jeune l’apostolat auprès des
Hurons. Ainsi saint Jean de Brébeuf est envoyé, peu après son arrivée,
reprendre la mission entreprise, à plus de trois cents lieues de Québec, sur
les bords de la baie Georgienne, vaste prolongement oriental du lac Huron.
Bientôt d’autres Pères arrivent en renfort et sont répartis par le P. de
Brébeuf dans différentes bourgades.
Les Hurons, au total dix
mille âmes à cette époque, exercent une grande influence sur toutes les
autres nations indiennes de la région ; par un système d’alliances,
ils sont parvenus à monopoliser le commerce avec les Français. Leur vie à la
fois nomade, pour la chasse et la pêche, et sédentaire, pour la culture
du blé d’inde (ou maïs) et des citrouilles, leur confère une
stabilité propice à l’évangélisation. Ils habitent une vingtaine de bourgades
réparties entre la baie Georgienne, à l’ouest, et le lac Simcoe, à l’est. Plus
loin, au sud, le lac Ontario les sépare des cinq nations iroquoises,
leurs redoutables ennemis héréditaires.
Pour accéder au pays des
Hurons, le voyage est harassant et dure généralement un mois. Après avoir
remonté le Saint-Laurent jusqu’à l’île de Montréal, il faut emprunter la
rivière des Outaouais afin d’éviter le territoire des Iroquois. Chaque rapide,
et ils sont nombreux sur cette rivière, oblige à faire un portage.
« Vous êtes en danger cinquante fois le jour de verser ou de briser sur
les roches. Vous montez quelquefois cinq ou six sauts en un jour et n’avez le
soir pour tout réconfort qu’un peu de blé battu entre deux pierres et cuit avec
de la belle eau claire. Pour lit la terre et bien souvent des roches inégales
et raboteuses. »
Les Hurons acceptent les
Robes noires, plus pour bénéficier de la protection française que par désir de
conversion. Les débuts sont très difficiles et même décevants. En trois ans,
les Pères ne peuvent compter qu’un seul baptême d’adulte, mis à part ceux
donnés aux mourants. En 1637, le P. de Brébeuf prévient de ces difficultés les
jésuites qui, en France, demandent la mission canadienne : « Jésus-Christ
est notre vraie grandeur, c’est lui seul et sa croix qu’on doit chercher,
courant après ces peuples. Mais ayant trouvé Jésus-Christ en sa croix, vous
avez trouvé les roses dans les épines, et la douceur dans l’amertume, le tout
dans le néant. »
Cela incite le P. Le
Jeune à être exigeant : « Je demande les meilleurs ouvriers que je peux,
parce qu’il faut ici, en vérité, des esprits qui viennent à la croix et non aux
conversions et qui soient extrêmement souples et dociles, autrement il n’y a
plus de paix et par conséquent point de fruit. » Une profonde vie mystique
est donc nécessaire pour endurer des conditions de vie tout à fait héroïques :
« Les cinq ou six mois de l’hiver se passent dans ces incommodités presque
continuelles, les froidures excessives, la fumée et l’importunité des sauvages.
Nous avons bâti une cabane bâtie de simples écorces, mais si bien jointes que
nous n’avons que faire de sortir dehors pour savoir quel temps il fait. »
Comme toujours, les
sorciers sont les ennemis les plus acharnés des missionnaires qui dénoncent
leurs mascarades. Alors, utilisant l’immense crédulité superstitieuse des
Hurons, ils font croire que les Européens sont la cause des calamités. Il n’y a
donc nulle sécurité pour nos apôtres. « Il faut s’attendre journellement à
mourir de leur main, si la fantaisie leur en prend, si un songe les y porte, si
nous ne leur donnons la pluie et le beau temps à commandement. » Quelques
événements malheureux vont aider les sorciers à détourner des missionnaires
tous les Hurons, même les catéchumènes : ce sont les épidémies meurtrières.
Généralement, les auteurs
affirment que les Européens portent des maladies contre lesquelles les Indiens
ne disposent d’aucune immunité naturelle héréditaire. Cependant, dans son
savant ouvrage : “ La mission des jésuites chez les Hurons ”, le P. Lucien
Campeau prouve par une étude exhaustive qu’aucune des plus violentes épidémies
n’a eu comme foyer la petite colonie française. Néanmoins, lors de la grave
épidémie de 1637, la calomnie l’emporte et suffit à faire décréter par les
délégués de tous les villages, la mise à mort des missionnaires afin de
conjurer les mauvais sorts. Les jésuites l’apprennent et chargent le P. de
Brébeuf d’écrire à leurs supérieurs de Québec et de France qu’ils sont prêts à
verser leur sang :
« C’est une faveur
singulière que Notre-Seigneur nous fait de nous faire endurer quelque chose
pour son amour. C’est maintenant que nous estimons vraiment être de sa
Compagnie. Qu’il soit béni à jamais de nous avoir, entre plusieurs autres
meilleurs que nous, destinés en ce pays pour lui aider à porter sa Croix. S’il
veut que dès cette heure nous mourions, ô la bonne heure pour nous ! S’il veut
nous réserver à d’autres travaux, qu’il soit béni ! »
Dans un danger si
extrême, ils se recommandent à saint Joseph et lui promettent chacun une
neuvaine de messes en son honneur. La neuvaine n’est pas achevée qu’il se
produit parmi les Hurons un revirement inattendu. Non seulement on cesse de
parler de mise à mort, mais bien plus, des jeunes gens viennent demander aux
Pères de les instruire des mystères de la foi. Le changement, obtenu par saint
Joseph, dans l’attitude des anciens, fait « espérer qu’un jour, le grand
Patron de nos Infidèles fera paraître des effets encore plus admirables dans le
changement de leurs cœurs. »
La résidence de
Sainte-Marie (1639-1649) comprenait trois sections, séparées par des
palissades : celle des Français (Pères et Frères, “ donnés ”, employés
salariés, jeunes garçons, quelques soldats) ; celle des Hurons chrétiens, qui y
venaient prier, s'y faire catéchiser ou soigner ; celle des Hurons païens,
attirés là par les nécessités de la vie et la charité de l'accueil. À
Sainte-Marie se faisait la retraite annuelle des missionnaires, se discutait
l'orientation de la pastorale, se rédigeaient lettres et relations.
LA MISSION SAINTE-MARIE-DES-HURONS
En 1638, le P. Jérôme
Lalemant est envoyé comme nouveau supérieur des missionnaires. Avec lui, la
mission huronne va prendre un autre visage. Le P. Lalemant est un homme de
grande envergure. Effrayé par la misère où vivent les Pères et par leur
dépendance constante des Indiens qui envahissent leur cabane, il décide de
créer une mission stable, Sainte-Marie-des-Hurons, d’où les jésuites pourront
rayonner. Établie en dehors des villages, elle comprendra une maison et une
chapelle assez vastes pour regrouper tous les Pères et leurs auxiliaires, un
hôpital et une hospitalité pour les catéchumènes et néophytes indiens. Puis
viendront s’y adjoindre une maison pour les catéchismes, une réserve de vivres
et un atelier de forgeron.
À l’écart, on trouvera
encore une maison d’hospitalité pour les païens qui ont besoin de quelque
secours, le tout entouré d’une palissade de pieux, flanquée de quatre bastions
surmontés d’une grande croix chacun. Cela constitue un bon refuge pour les
Pères et les Hurons en cas d’attaque iroquoise. Des fouilles récentes ont mis
au jour les fondations de cet établissement modèle, découvrant de belles voûtes
en maçonnerie ainsi qu’un canal à quatre écluses, d’une conception ingénieuse,
probablement due à saint Charles Garnier. Ces écluses permettent le
déchargement à l’intérieur des palissades et au niveau de la mission des canots
arrivant par la rivière proche. L’ensemble, entièrement reconstitué sur une
surface de 9000 m2, donne une idée de l’œuvre qu’ont pu accomplir les missionnaires
et leurs auxiliaires malgré l’éloignement.
LES DONNÉS
Pour assister les Pères
et s’occuper des tâches multiples, les frères jésuites ne suffisent pas. Aussi,
après de nombreuses démarches, le P. Lalemant obtient des supérieurs français
et romains l’autorisation de créer une nouvelle catégorie d’auxiliaires :
les donnés. Ces pieux laïcs désireux de servir l’œuvre des missions se
donnent à l’Ordre comme bénévoles et la Compagnie de Jésus s’engage à les
nourrir. Ils ne prononcent pas de vœux mais sont pour ainsi dire tenus au
célibat. Ils rendent possibles la vie et l’apostolat des missionnaires en les
aidant dans tous leurs travaux : culture du blé d’inde, soin du bétail, courses
à Québec, conduite des canots et pêche sur les lacs ; ils sont surtout précieux
pour la chasse, car les religieux ont l’interdiction de porter des armes.
Dans les lettres des
missionnaires on ne relève jamais de critiques contre les donnés, jamais
occasion de scandales. C’est qu’ils entrent parfaitement dans l’esprit des missionnaires
et partagent d’une manière cachée et périlleuse leurs ardeurs apostoliques.
Libérés de leurs engagements, certains fonderont des familles exemplaires, tels
Guillaume Couture et Eustache Lambert. Mais la plupart entrent dans la vie
religieuse ou restent donnés. Deux donnés ont reçu la palme du martyre : saint
René Goupil et saint Jean de la Lande.
Il y a enfin à la mission
quelques jeunes garçons confiés par leur famille aux jésuites afin d’apprendre
les langues indigènes et de devenir interprètes. Deux d’entre eux joueront un
grand rôle dans la vie canadienne : Pierre Boucher, futur gouverneur de
Trois-Rivières et fondateur de Boucherville, et Charles Le Moyne qui fondera
Longueuil et dont les fils s’illustreront dans la défense du pays.
LA VIE À LA MISSION
Sainte-Marie-des-Hurons
est avant tout une maison religieuse, un foyer pour les missionnaires. La
mission est placée sous le patronage de Notre-Dame de la Conception. L’église
des indigènes est consacrée à saint Joseph, patron du pays, « pour ne pas
séparer ceux que Dieu a unis si étroitement », explique la Relation de
1640. Malgré les rudes conditions de vie, la discipline religieuse est
grandement à l’honneur parmi les Pères. D'ailleurs, le Père Jérôme Lalemant y
veille.
Sa précision coutumière
se retrouve dans l’horaire : lever à 4 heures, messes et dévotions jusqu’à 8
heures, visite des cabanes jusqu’à midi. Leçon de catéchisme au son de la
cloche et, à 5 heures, conférence spirituelle pour y faire le point des travaux
et étudier les progrès à obtenir. Un tel cadre suppose une ardente vie de
communauté qui transparaît dans les lettres et les écrits laissés par les
missionnaires. Nous ne pourrons en citer que quelques extraits mais ils nous
feront déjà entrer un peu dans l’intimité de ces âmes d’élite marchant vers les
sommets de la sainteté.
LA VIE SPIRITUELLE DES
MISSIONNAIRES
C’est avant tout la
dévotion à la sainte Eucharistie qui fournit à ces jésuites la force nécessaire
dans toutes leurs difficultés. Le P. Buteux a écrit son édification d’avoir vu
saint Isaac Jogues faire son action de grâces « comme d’une âme collée,
s’il faut ainsi dire, au Saint-Sacrement ». « Il est la source de
toute douceur et tout le soutien de notre cœur », s’exclame saint Charles
Garnier. Dans la misère des cabanes, Jésus-Hostie est le réconfort de tous.
« N’est-ce pas être en Paradis jour et nuit, dit saint Jean de Brébeuf, de
n’être séparé de ce Bien-Aimé des nations que de quelque écorce ou branche
d’arbre ? »
C’est devant le
tabernacle que ce saint missionnaire reçoit le plus de grâces mystiques :
« Il semble que Dieu, suppléant à ce qui nous manque, comme en récompense
de lui avoir trouvé place dans ces pauvres cabanes, nous veuille combler de
bénédictions. » Et de fait, Notre-Seigneur lui apparaît souvent “ sans
forme ni beauté ”, ou crucifié. Mort à lui-même, saint Jean de Brébeuf est orné
de dons précieux : la douceur à l’égard de tous, l’indifférence à tous les
événements et la patience pour supporter l’adversité.
CONSOLATIONS ET COMBATS
SPIRITUELS
Tous les Pères reçoivent
la direction spirituelle du P. Chastelain. Certains jouissent de fortes
consolations spirituelles. Ainsi, le P. Chaumonot écrit à la fin de sa vie :
« Depuis cinquante-cinq ans au moins, je n’ai éprouvé ni sécheresse, ni
ennui, ni dégoût dans mes oraisons. La divine bonté montre plus de tendresse au
plus petit et au plus faible de ses enfants. Ce n’est pas qu’elle l’aime plus
mais elle connaît que, sans ce secours, il ne ferait que languir. » Tout
autre est la vie spirituelle d’un jeune missionnaire de la Province de
Toulouse, le P. Noël Chabanel.
Le P. Ragueneau écrit de
lui : « Son humeur était si éloignée des façons d’agir des sauvages qu’il
ne pouvait quasi rien agréer en eux ; leur vue lui était onéreuse, leur
entretien rebutant, et il ne pouvait se faire aux vivres du pays. » En
plus de ces épreuves matérielles, Dieu se cache, le laissant en proie au dégoût.
Tenté violemment par le désir de revoir la France, « jamais pour tout cela
il n’a voulu se détacher de la croix où Dieu l’avait mis ; au contraire, il
s’obligea par vœu d’y demeurer jusqu’à la mort afin de mourir en la
croix. » Il prononce son « vœu de perpétuelle stabilité en cette
mission des Hurons », le jour de la Fête-Dieu de l’an 1647, se disposant
au sacrifice suprême.
L’AMOUR DE LA CROIX
C’est par l’amour de
Jésus, et de Jésus crucifié, que tous les Pères se ressemblent. Sans cesse
revient dans leurs textes le désir d’être attachés avec Jésus à la croix pour
le salut des âmes. Dès son arrivée, saint Charles Garnier soupire : « Si
j’eusse eu assez de cœur et de courage, je ne doute point que Notre-Seigneur ne
m’eût donné un bout de sa croix à porter », « car c’est un témoignage
assuré que Dieu nous aime, que de nous faire porter la croix de son
Fils ». Il écrit encore à son frère : « Si le Canada est pour moi un
temple saint, le pays des Hurons en est le Saint des saints : on y doit jouir
des chastes embrassements de l’Époux sacré, et tout ensemble on y est attaché à
la croix car Jésus et la croix sont inséparablement unis. »
LE DÉSIR DU MARTYRE
Cette croix tant aimée
prend corps davantage chaque jour et se dresse sur l’horizon, du côté des
Iroquois, comme la voit apparaître dans le ciel saint Jean de Brébeuf.
« Cette croix était assez grande pour y attacher tous les Pères »,
elle signifie le martyre. Tous s’y préparent depuis le moment où ils ont
demandé d’être envoyés dans cette mission. Dès 1639, saint Jean de Brébeuf
prononce ce vœu sublime : « Oui, mon Seigneur Jésus, je fais vœu de ne
jamais manquer la grâce du martyre si, dans votre miséricorde, Vous l’offrez à
votre indigne serviteur (...). Je vous offre donc dès aujourd’hui et de grand
cœur, ô mon Seigneur Jésus, et mon sang et ma vie, afin que si vous m’en
accordez la grâce, je meure pour vous qui avez daigné mourir pour moi. Faites
que je vive de manière à accepter ce genre de mort. Ainsi, Seigneur Jésus, je
prendrai votre calice et j’invoquerai votre nom, Jésus, Jésus, Jésus. »
À cette vocation de
victime pour l’extension de la foi au Canada, chacun se livre de grand cœur.
« Ô mon cher frère, écrit saint Charles Garnier, bénissez Dieu de ce qu’il
m’a donné des frères martyrs et des saints qui aspirent tous les jours à cette
couronne. Je me regarde dorénavant comme une hostie qui est à immoler. »
Et saint Noël Chabanel, que nous avons vu si tourmenté par la nature, n’est pas
en reste : « Hélas, il faut une vertu d’une autre trempe que la mienne
pour mériter l’honneur du martyre. Ce sera quand il plaira à la divine bonté
pourvu que de mon côté je tâche de me faire martyr dans l’ombre, d’un martyre
sans effusion de sang. Souvenez-vous de moi au saint autel comme d’une victime
destinée peut-être au feu des Iroquois. » Il obtiendra, lui aussi, la
palme du martyre.
LA PRÉDICATION CHEZ LES
HURONS
Fortifiés spirituellement
par leur vie de communauté à Sainte-Marie, les missionnaires sont prêts à
affronter toutes les peines. Après le retour des hommes de la chasse, le P.
Lalemant envoie ses prédicateurs, le plus souvent deux par deux, dans les
différents villages hurons. On signale qu’à l’arrivée des PP. Garnier et Le
Moyne à Teanaustaie, la principale bourgade, se produisent plusieurs guérisons
extraordinaires, ce qui facilite les débuts.
Mais ce fait est
exceptionnel et le véritable miracle, selon le jugement de leur supérieur, est
la vie même des missionnaires. « Quand je les vois embrasser la croix avec
plaisir, les souffrances avec joie et les mépris avec amour, étant
continuellement exposés à mille dangers de la mort, il me vient en pensée que
Dieu voulait qu’une vertu si forte suppléât au défaut de miracles. »
Les différents villages
sont placés sous le patronage de grands saints chers à nos jésuites : outre
l’Immaculée Conception (Ossossané) et saint Joseph (Teanaustaïe), il y a saint
Ignace, saint Michel, saint Louis, saint Jean-Baptiste. Lorsqu’ils y arrivent,
les Pères doivent trouver l’hospitalité d’une cabane qui sera également le
cadre de la prédication.
La cabane huronne, comme
celle des Iroquois, se présente comme une voûte allongée que forment des
perches jointes au sommet. Les cabanes les plus importantes peuvent atteindre
60 mètres de longueur. Sur l’allée centrale, qui court d’un bout à l’autre,
s’alignent des feux, chacun servant pour deux ménages établis de part et
d’autre de l’allée. Des écorces recouvrent l’armature de perches, laissant le
sommet découvert pour qu’entrent l’air et la lumière et sorte la fumée quand le
vent ne la refoule pas.
À l’intérieur, ce que
découvrent les missionnaires est plutôt différent de l’imagerie romantique
maintenant popularisée : « Si vous les allez trouver dans leurs cabanes,
vous y trouverez une petite image de l’enfer, n’y voyant pour l’ordinaire que
feu et fumée et des corps nus de çà et de là, noirs et à demi rôtis, pêle-mêle
avec des chiens qui sont aussi chéris que les enfants de la maison, dans une
communauté de lit, de plat et de nourriture avec leurs maîtres. » Les
Hurons sont difficiles à convertir. Ils se vantent de leurs impudicités et
beaucoup s’éloignent quand on leur parle de “ crucifier leur chair ”, selon
l’expression du P. de Brébeuf.
Malgré les difficultés
rencontrées par les missionnaires jésuites dans leur prédication chez les
Hurons, plusieurs âmes droites se convertissent, même parmi les capitaines les
plus réputés. Leur exemple produit alors plus d’effet que beaucoup d’efforts
des prédicateurs.
Les Relations ont
conservé le portrait de plusieurs de ces convertis exemplaires. Il faut évoquer
d’abord ce Joseph Chiouatenhoua qui est le premier Huron à suivre les Exercices
de Saint-Ignace en huit jours. Son confesseur, le P. Lemercier, a
heureusement consigné une méditation du néophyte : « Seigneur Dieu, je me
réjouis de te connaître enfin. Tu as fait le ciel et la terre. Tu nous as
créés, les hommes. Tu es notre maître comme nous le sommes du canot et de la
cabane que nous avons faits (...). Oui, tu nous aimes. Je me consacre à toi. Tu
es mon seul maître. Fais de moi ce que tu voudras. C’est en ta parole que
j’espère. On ne doit plus craindre la souffrance dans la vie. Car nous en
retirerons un accroissement de joie dans le Ciel et plus de courage dans
l’affliction. Vraiment la mort n’est pas à craindre car c’est précisément ce
qui nous ouvre le bonheur du Ciel. »
Ce bon chrétien se porte
souvent au secours des Pères, et il décide un jour d’agrandir sa cabane afin
qu’une chapelle assez décente pour son Dieu puisse y trouver place. En ayant
reçu la garde, il s’écrie : « Hélas, mon Dieu, il faut un saint pour
garder les choses saintes. J’ai soin de votre temple, ayez soin de mon âme, mon
Dieu c’est à vous de me sanctifier. »
Joseph est le seul
baptisé qui reste ouvertement fidèle durant la tempête provoquée par l’épidémie
de 1639. Chose rare parmi les Hurons, il tient à s’instruire et passe même un
hiver entier à Sainte-Marie pour apprendre à lire et à écrire. Un jour de 1640,
il succombe dans son champ sous les coups de deux Iroquois embusqués, mais son
frère Teondechoren se fait alors baptiser et perpétue ses vertus et son exemple.
Étienne Totihri, lui, est
un ancien. À la mission Saint-Joseph, il rassemble les chrétiens dans sa cabane
pour le catéchisme et pour la prière du matin et du soir. Il avoue recevoir des
grâces mystiques. « Ce n’est point un mensonge que Jésus-Christ soit en
l’Hostie : je l’y sentis le jour de Noël après avoir communié. » Il aime
passer plusieurs jours de suite à Sainte-Marie pour prier. Un jour, une grâce
intime le pousse à aller prêcher la nation des Neutres, tribus païennes qui ont
repoussé les missionnaires. Il y reste plus d’un mois, gardant toujours son
chapelet bien visible autour du cou, ce qui attire les questions des indigènes
et lui permet de prêcher la foi avec succès.
Dans les villages, les
convertis doivent souvent affronter les païens de leur entourage et certains
sont même obligés de partir, chassés par le parti des sorciers. Quelquefois les
missionnaires ont la douleur de voir des néophytes apostasier et devenir parmi
les plus acharnés persécuteurs. Mais dans l’ensemble, la persécution fortifie
plutôt la foi des chrétiens. La plupart ont pris l’habitude de se confesser une
fois par semaine et ceux qui sont admis à communier s’y préparent plusieurs
jours à l’avance. Vers midi, ils s’assemblent au son de la cloche pour le
sermon ou le catéchisme, et ensuite récitent le chapelet.
Les baptêmes ont
généralement lieu très solennellement à la mission Sainte-Marie ; c’est là
aussi que les chrétiens affluent un dimanche sur deux, lorsque les chemins sont
libres ; ils s’édifient alors mutuellement entre convertis des différents
villages et nourrissent leur piété et leur admiration de l’Église en de
grandioses cérémonies. À partir de 1646, grâce aux progrès du christianisme un
peu partout dans le pays, des missions stables sont créées dans chaque village.
Les baptêmes se multiplient : 164 en 1646, 525 en 1647.
La moisson commence à
lever. Mais, parallèlement, les Iroquois accroissent leur menace et resserrent
leur étreinte.
LES PRÉMICES DU
SACRIFICE : SAINT ISAAC JOGUES ET SES COMPAGNONS
LA GUERRE IROQUOISE
Les Iroquois, établis au
sud du lac Ontario et le long de la rivière Mohawk, pratiquent le commerce des
fourrures avec la colonie hollandaise qui s’étend le long de la rivière Hudson,
depuis Fort-Orange (maintenant Albany) jusqu’à la Nouvelle-Amsterdam (aujourd’hui
New York). Ce ne sont pas seulement des intérêts économiques qui poussent les
Iroquois à la guerre contre toutes les autres nations voisines, mais aussi de
vieilles revanches à prendre. Aussi, devenus maîtres de la voie du
Saint-Laurent, se soucient-ils moins d’exploiter cet important réseau de traite
à leur profit que d’exterminer les nations qu’ils n’ont pu encore atteindre :
Algonquins, Outaouais, Pétuns, Neutres, Ériés...
Jusqu’en 1639, il n’y a
pas de vrai vainqueur. La guerre, perpétuelle, consiste surtout à utiliser
contre les hommes les techniques de la chasse. Or à cette date, les états
généraux de Hollande décident d’établir dans leur colonie américaine la liberté
du commerce. Les trafiquants anglais et hollandais affluent alors, venant
s’installer près des Iroquois. Ils accumulent de gros profits en échangeant les
peaux de castor contre de l’eau-de-vie et des armes à feu, ce que les colons
français s’interdisaient de pratiquer.
Dès ce moment, dans les
guerres indiennes la lutte est déséquilibrée ; les Hurons, comme toutes les
nations avoisinantes, sont menacés. Ce n'est qu'à partir de 1641 que le
gouverneur français Montmagny va autoriser la vente des armes à feu aux Hurons
chrétiens uniquement. Il offre lui-même une arquebuse à son filleul Charles
Sondatsaa. Mais il est déjà trop tard : pour s'approvisionner, les Hurons
doivent franchir les lignes iroquoises, ce qui est bientôt une impossibilité.
Car en peu de temps, la
tribu des Agniers, la plus proche de la Nouvelle-Hollande, est équipée de
quatre cents arquebuses. Forts de cet armement, ses guerriers descendent la
rivière Richelieu, ou “ Rivière des Iroquois ”, pour barrer le passage du
Saint-Laurent. Cette voie de communication est vitale, non seulement pour les
Hurons et leurs missionnaires, mais aussi pour toute la colonie française. Il
faut se rappeler que les bénéfices tirés du commerce des fourrures constituent
l’unique contrepartie des immenses capitaux engagés par la compagnie des
Cent-Associés dans l’œuvre colonisatrice et que seuls ils justifient l’armement
chaque année des navires pour le Canada.
PRISONNIERS DES IROQUOIS
En 1642, une vingtaine de
Hurons parmi les meilleurs chrétiens décident de forcer le passage et de porter
les peaux à Québec. Ils y parviennent sans encombre, mais au retour, le 2 août,
près de Trois-Rivières, ils sont capturés par les Iroquois. Le P. Jogues qui
les accompagne réussit à se cacher au milieu des roseaux. Mais, pour ne pas
abandonner ses chrétiens ni le donné René Goupil, il se livre et baptise
aussitôt un vieillard qui sera tué quelques heures plus tard sur le lieu même
de son baptême. Le jeune et agile Guillaume Couture avait lui aussi réussi à
s’échapper en compagnie de quelques Hurons. Mais pour ne pas laisser « son
Père », il revient sur ses pas et se constitue prisonnier à son tour.
Comme tous les autres, il ne tarde pas à subir les supplices rituels que les
Iroquois réservent à leurs prisonniers : ongles arrachés, doigts broyés sous
les dents des vainqueurs et, lorsqu’on arrive en territoire iroquois,
bastonnade dans chaque village. Et ce n’est qu’un début d’horribles récits dont
la lecture remplit d’admiration pour ces Indiens chrétiens.
Voici Eustache
Ahatsistari, le plus vaillant chef de guerre huron, dont le baptême a été
déterminant pour le progrès de la foi en Huronie. Tandis qu’on le brûle avec
des raffinements de cruauté, il pardonne à ses bourreaux, attitude tout à fait
nouvelle dans ces contrées. Tous les Hurons prisonniers sont baptisés ou
confessés par le P. Jogues qui donne l’exemple de la sainteté. Quand on lui
coupe un pouce, le jésuite le ramasse de l’autre main et l’offre à Dieu en
sacrifice ; mais ce n'est pas son seul supplice comme le montre son récit :
« Ils me suspendirent au milieu de la cabane par le haut des bras avec des
écorces. Pour m’apprendre que, si jusqu’alors j’avais supporté quelque chose
avec courage ou avec patience, cela venait non de moi, mais de celui “ qui
donne la force à qui est fatigué ”, voici que dans ce supplice, comme si
j’étais rendu à moi-même, je gémis et, à cause de la violente douleur, je priai
mes bourreaux de relâcher un peu mes liens. Mais, avec raison, Dieu faisait
que, plus je les priais, plus ils les resserraient. Après un quart d’heure
environ passé en cette posture, j’aurais bientôt rendu l’âme s’ils n’eussent
défait mes liens. » Et le futur martyr tire de cette faiblesse une
admirable méditation : « Je vous rends grâce, Seigneur Jésus, de ce que
j’ai appris par cette légère épreuve combien vous avez daigné souffrir pour moi
sur la Croix, alors que le poids de tout votre corps très saint était suspendu
non par des cordes mais par vos mains et par vos pieds cruellement percés de
clous. » L’Indien qui a eu pitié de lui est un étranger de passage. Or, un
an plus tard, à plus de trois cents kilomètres, le P. Jogues, devenu esclave,
le retrouve moribond. Il peut le baptiser et assister à sa mort paisible.
Le missionnaire ainsi que
les deux donnés et quelques autres Hurons ont eu en effet la vie
sauve. Mais c’est pour connaître le long martyre de l’esclavage, « une vie
plus cruelle que toute mort », dit-il lui-même. Cinq mois après les
premiers supplices, leurs doigts ne sont pas encore cicatrisés et l’hiver est
terrible, « surtout la nuit lorsque j’étais contraint de coucher nu sur la
terre nue ou sur de dures écorces d’arbres ». Par haine, on veille à ce
qu’il n’ait pas à son usage de couverture en peau d’orignal. Ce qui ne
l’empêche pas de continuer à réconforter, dès qu’il le peut, ses pauvres compagnons
de captivité.
René Goupil, de son côté,
supporte avec grand amour tous les mauvais traitements. Il demande au
missionnaire de pouvoir prononcer les vœux de religion des frères jésuites. Le
P. Jogues le lui permet. Quelques jours plus tard, ils venaient de réciter
ensemble le chapelet, quand un Iroquois furieux le frappe mortellement pour le
châtier d’avoir tracé le signe de la Croix sur un enfant. L’humble Frère
devient ainsi le premier martyr de l’Église canadienne.
À partir de ce jour, le
P. Jogues n’a plus la possibilité d’exercer le moindre ministère. Après seize
mois de captivité, n’ayant plus d’utilité au milieu des Iroquois, il accepte de
s’échapper grâce aux Hollandais qui, sur les instances de la régente de France,
Anne d’Autriche, payent rançon pour sa libération. Il rentre en France pour
Noël 1643, portant les stigmates de sa captivité. Le pape Urbain VIII lui
octroie un indult particulier afin de pouvoir célébrer la messe malgré ses
mains mutilées : « Il serait indigne, affirme le Souverain Pontife, qu’un
martyr de Jésus-Christ ne pût pas boire le sang de Jésus-Christ. » Mais
Isaac Jogues n’aspire qu’à retrouver le champ d’apostolat canadien ; ses
confrères le voient « aussi gai comme s’il n’avait rien souffert et aussi
zélé pour retourner aux Hurons aller secourir ces pauvres peuples et achever le
sacrifice commencé ». Et il ne tarde pas à recevoir la permission de
regagner “ le pays des croix ”.
En 1645, il se trouve à
Ville-Marie où il fait l’édification de toute la colonie naissante : « Il
restait une grande partie de ses jours devant le Saint-Sacrement et assistait à
autant de messes qu’il pouvait et à son dire il n’avait aucune dévotion mais il
voulait compenser le temps qu’il n’avait pu offrir ce divin Sacrifice et
prévenir celui auquel il serait privé de ce bonheur. »
Au printemps 1646, on
apprend que les Iroquois veulent faire la paix. Le gouverneur Montmagny décide
alors l’envoi au pays iroquois d’une ambassade française composée de
l’ingénieur de la colonie, Jean Bourdon et du P. Jogues. Celui-ci écrit à
son supérieur : « Mon cœur au commencement a été comme saisi de crainte
que ce que souhaite et doit extrêmement priser mon esprit n’arrivât. La pauvre
nature qui se souvient du passé a tremblé. Oui, mon Père, je veux tout ce que Notre-Seigneur
veut, et je le veux au prix de mille vies ; car c’est beaucoup d’être au milieu
d’une nation pervertie, seul et sans messe. » L’ambassade pacifique
revient au bout de deux mois : le Père a baptisé des enfants mourants et
confessé des chrétiens hurons, jetant ainsi les bases d’une future Chrétienté.
On note également que ce
grand mystique a collaboré à l’établissement d’une carte très précise de cette
contrée. Il envoie même au gouverneur une description historique, géographique
et militaire minutieuse de la colonie hollandaise. On y lit l’état des
fortifications, la navigabilité des rivières, le nombre des défenseurs et même
la marque des canons : « cinq pièces de canon de Breteuil et autant de
pierriers ». Ces renseignements pourraient être utiles le jour où l’on
déciderait de mater les Iroquois en empruntant le chemin le plus court, celui
de l’Océan, et d’empêcher les Hollandais de leur fournir des arquebuses. Dans
ce but, le P. Le Jeune a déjà présenté en France un plan audacieux d’attaque de
la colonie de l’Hudson pour couper le mal à sa racine. Il n’aura aucune suite ;
après les guerres espagnoles, la France connaît les ravages de la guerre
civile, c’est la Fronde.
Les supérieurs jésuites
décident pendant ce temps que, dès le mois de septembre 1646, le P. Jogues
retournera avec le donné Jean de la Lande consolider ce qu’on appelle
déjà la mission des martyrs. « J’irai et ne reviendrai pas,
écrit une dernière fois saint Isaac Jogues, mais je serais heureux si
Notre-Seigneur voulait achever le sacrifice là où il l’a commencé. Ce peuple-là
est pour moi “ un époux de sang ”, je l’ai épousé par mon sang. À Dieu mon cher
Père, priez-le qu’il m’unisse inséparablement à lui. » Le 18 octobre 1646,
trois semaines seulement après son retour en pays iroquois, le missionnaire
tombe, à Ossernenon, sous la hache d’un Indien de la tribu de l’Ours, la seule
de la nation des Agniers (ou Mohawks) qui voulait poursuivre la guerre. Jean de
la Lande, lui, est livré toute la nuit à la férocité de la jeunesse du village,
et un coup de hache scelle le lendemain son martyre.
L’effet immédiat de ces
trois premiers martyres est de multiplier les conversions chez les Hurons.
C’est au tour du P. Bressani de s’y montrer un ardent apôtre. Ancien prisonnier
des Iroquois, il conserve lui aussi la marque de leurs sévices. Le P. Lalemant
rapporte que « ses mains mutilées, ses doigts coupés l’ont rendu meilleur
prédicateur que nous ne sommes », car les Hurons disent : « Tes
doigts que je vois tronçonnés sont la réponse à tous mes doutes » ou
« Montre-nous seulement tes plaies, elles nous disent plus efficacement
que tu ne pourras faire quand tu sauras entièrement parler notre langue. »
C’est ainsi que lève la
moisson au pays huron : 732 baptêmes sont administrés en 1648 et 1700 dans les
premiers mois de 1649. Mais l’holocauste ne fait pourtant que commencer.
LA CONSOMMATION DE
L’HOLOCAUSTE
LE MARTYRE DU PÈRE DANIEL
Au cours de l’été 1648,
les Iroquois reprennent leurs attaques contre les Hurons en commençant par les
villages de la frontière. Le 4 Juillet, Saint-Joseph est investi. Le P. Daniel,
missionnaire en Huronie depuis quatorze ans, encourage tout le monde avec des
accents si touchants que des païens qui étaient demeurés jusque-là parmi les
plus rebelles viennent lui demander le baptême. Ils sont si nombreux qu’il doit
recourir au baptême par aspersion. Puis il donne une dernière absolution à ses
chrétiens en leur annonçant : « Mes frères, nous serons aujourd’hui dans
le Ciel. » Il sort alors du côté par où arrivent les ennemis qui s’arrêtent
d’étonnement et reculent même. Mais, s’étant ressaisis, ils le transpercent de
flèches. Le P. Daniel tombe en prononçant le nom de Jésus. Comme le bon
Pasteur, il donne ainsi sa vie pour ses brebis dont plusieurs prennent la fuite
tandis que les Iroquois s’acharnent sur le corps du missionnaire avant de le
jeter dans l’église en flamme où est consommé l’holocauste.
Les escarmouches se
poursuivent jusqu’à l’hiver, et les Relations décrivent à l’envi la ferveur qui
règne parmi les Hurons. La grâce transforme ces natures autrefois si barbares.
Quelle joie de voir le zèle de tous les chrétiens à s’assembler pour les
prières communes, le matin avant le lever du soleil et le soir au retour des
travaux. Et les enfants ne sont pas les derniers pour prier : on voit des
fillettes aller couper du bois dans la forêt en récitant ensemble le chapelet.
À la Conception, tous les anciens se sont groupés pour demander au
missionnaire de réformer leurs coutumes selon la loi chrétienne, si bien que
les villages voisins en parlent maintenant comme le village des chrétiens.
LE MARTYRE DU PÈRE DE
BRÉBEUF
L’accalmie due à l’hiver
est de courte durée. Dès mars 1649, l’attaque générale est menée. Un millier
d’Iroquois armés d’arquebuses hollandaises montent au petit matin à l’assaut du
village de Saint-Ignace : ils y massacrent la plupart des habitants et se
dirigent vers Saint-Louis distant d’une heure de marche. Là se trouve le P.
Jean de Brébeuf assisté du P. Gabriel Lalemant.
Le frêle neveu du P.
Jérôme est arrivé à la mission huronne depuis six mois à peine. Sa faible
complexion est compensée par l’ardeur qui l’a poussé à demander ce poste
dangereux : « Sus donc mon âme, perdons-nous saintement pour donner ce
contentement au Cœur Sacré de Jésus-Christ ; il le mérite et tu ne peux t’en
dispenser si tu ne voulais vivre ingrate à son amour. » Le village de
Saint-Louis a été alerté par des rescapés de Saint-Ignace ; seuls y demeurent
les guerriers et les Pères pour assister ceux qui vont mourir : « Nos
armes sont les sacrements », disent-ils.
Sous les assauts répétés,
les quatre-vingts défenseurs sont irrésistiblement submergés et les survivants,
dont les Pères, sont emmenés captifs à Saint-Ignace. Là commencent, dès le
soir, les supplices, spécialement pour les missionnaires qui sont brûlés avec
des tisons et des haches rougies au feu ; scalpés, ils sont ensuite ondoyés
d’eau bouillante en dérision du saint baptême ; on leur coupe des morceaux de
chair qui sont grillés et mangés sous leurs yeux.
Au milieu des tourments,
saint Jean de Brébeuf exhorte ses chrétiens : « Mes enfants,
souvenons-nous que Dieu est le témoin de nos souffrances et en sera bientôt
notre trop grande récompense. Soutenez avec courage le peu qui reste de
tourments : ils finiront avec nos vies ; la gloire qui les suit n’aura jamais
de fin. » « Père, répondent les Hurons, notre esprit sera dans le
Ciel lorsque nos corps souffriront en terre. Prie Dieu pour nous qu’il nous
fasse miséricorde, nous l’invoquerons jusqu’à la mort. » Le P. de Brébeuf
souffre “ comme un rocher ” et son silence étonne ses bourreaux eux-mêmes. Au
bout de trois heures, ils lui arrachent le cœur tout vivant pour se nourrir à
la source même de ce courage inouï. De son côté saint Gabriel Lalemant endure
jusqu’au lendemain matin un martyre de quinze heures, levant les yeux au Ciel,
joignant les mains, jetant des soupirs à Dieu qu’il invoque à son secours.
L’ABANDON DE LA MISSION
SAINTE-MARIE
L’objectif suivant des
Iroquois est la mission Sainte-Marie, à une heure de marche de Saint-Louis.
Elle abrite beaucoup de réfugiés venus de tous les villages ; de plus, les
missionnaires sont responsables de toute une maisonnée de donnés et
de pensionnaires. Le Père Ragueneau, leur supérieur, raconte : « Nous
voyant à la veille de la fête du glorieux Saint Joseph, patron de ce pays, nous
nous sentîmes obligés d’avoir recours à un protecteur si puissant. » Tous
font un vœu à Saint Joseph et, le lendemain, jour de sa fête, les Iroquois,
pourtant vainqueurs, prennent la fuite, pris d’une panique subite dont on n’a pas
d’explication convaincante. Ce providentiel salut de la résidence Sainte-Marie
n’empêche pas cependant les Hurons affolés de fuir la région.
Puisque les missionnaires
ont été envoyés pour la conversion de ces Indiens, le P. Ragueneau choisit de
suivre son troupeau. La mort dans l’âme, il décide l’abandon de la mission
Sainte-Marie. On en retire donc tout ce qui peut être emporté, après quoi les
flammes auxquelles on la livre anéantissent en quelques instants le labeur de
dix rudes années.
Pour les Hurons, les
missionnaires sont devenus de vrais pères et doivent déterminer leur avenir.
Une assemblée représentant tous les Hurons a déclaré, en 1648, au P.
Ragueneau : « Mon frère, nous ne sommes plus qu’une poignée de gens ;
c’est toi seul qui soutiens ce pays et le portes entre tes mains. Si tu cessais
de le soutenir, nous tomberions dans l’abîme. » Le supérieur de
l’ex-mission Sainte-Marie décide donc de regrouper tous ceux qui n’ont pas fui
et le fait sur l’île Saint-Joseph (appelée depuis l’île des Chrétiens) située
dans le lac Huron.
Là, les jésuites et leurs
auxiliaires bâtissent un fort « qui ne craignait point ni le feu ni la
sape, ni l’escalade des Iroquois », et ils fortifient également le village
huron qui abrite maintenant six mille âmes. Cette île inculte connaît une
famine effroyable au cours d’un hiver terrible, sous trois ou quatre pieds de
neige.
LE MARTYRE DE SAINT
CHARLES GARNIER
Les Iroquois continuent
de rôder et tuent tous ceux qui sortent de l’île. Ils se déterminent d’abord à
attaquer au sud de la baie Georgienne, du côté des montagnes Bleues, la nation
des Pétuns, ainsi que les Hurons qui s’y sont réfugiés. Les Pétuns, trop confiants,
étaient en embuscade alors que les rusés Iroquois arrivent par un autre chemin
et fondent sur le principal village, dégarni de guerriers. C’est un vrai
carnage. Saint Charles Garnier se précipite à la chapelle et encourage les
chrétiens en ces termes : « Nous sommes morts, mes frères ; priez, prenez
la fuite. Portez votre foi avec vous le reste de vos vies et que la mort vous
trouve songeant à Dieu. » Lui veut rester pour baptiser quelques
catéchumènes. Il est abattu et on le voit, avant de mourir, ramper encore vers
un agonisant pour l’assister. On est aux premières vêpres du 8 décembre, jour
où l’Église va fêter l’Immaculée Conception, pour laquelle tous les jésuites,
et particulièrement saint Charles Garnier, ont une grande dévotion. Ce même 8
décembre 1649 saint Noël Chabanel tombe à terre à son tour, d’un “ martyre dans
l’ombre ”, selon sa propre expression : un Pétun apostat le tue, alors que le
missionnaire se mettait en route pour rejoindre l’île Saint-Joseph.
LA FUITE À QUÉBEC
Les débris du peuple
huron rassemblé sur cette île ne pensent qu’à fuir au plus loin des Iroquois.
Le Père Ragueneau doit bientôt prendre la douloureuse décision de rapatrier la
mission jésuite à Québec. Trois cents Hurons chrétiens demandent à suivre. Le long
du chemin, ce ne sont plus que ruines et désolation : Outaouais et Algonquins
ont été, eux aussi, vaincus et dispersés. À Québec, toute la population,
notamment les communautés religieuses, se sacrifie pour héberger et nourrir ces
frères dans le besoin. Plus tard, les jésuites les installeront dans un domaine
loué sur l’île d’Orléans et trois cents autres Hurons viendront rejoindre, les
premiers réfugiés.
ÉCHEC HUMAIN, VICTOIRE
MYSTIQUE
À vues humaines, c’est
l’échec. Mais aux yeux de la foi, de cette foi ardente qui anime la jeune
colonie, les vœux les plus chers des saints missionnaires sont maintenant
réalisés : l’Alliance est scellée, l’Église au Canada peut vraiment naître et
se développer désormais.
Les prémices en sont les
Hurons. Par des calculs très précis, le Père Campeau a répertorié 9421 baptêmes
administrés par les missionnaires de Huronie. Ainsi cette nation, qui comptait
environ 10 000 âmes lors du recensement organisé en 1640 par le Père Jérôme
Lalemant a presque été totalement gagnée au Christ.
La Renaissance catholique
au Canada. Histoire sainte du Canada
Joseph Légaré (1795–1855) , Le
Martyre des Pères Brébeuf et Lalemant, 1838-1848, National Gallery of Canada
Also
known as
Jean
19 October as
one of the Martyrs
of North America
Profile
French Jesuit. He
wanted to enter the priesthood from
an early age, but his health was so bad there were doubts he could make it. His
posting as a missionary to
frontier Canada at
age 32, however, was a literal god-send. He spent the rest of his life there,
and the harsh and hearty climate so agreed with him that the Natives,
surprised at his endurance, called him Echon, which meant load bearer,
and his massive size made them think twice about sharing a canoe with him for
fear it would sink. Brebeuf had great difficulty learning the Huron language.
“You may have been a famous professor or theologian in France,”
he wrote in a letter home, “but here you will merely be a student,
and with what teachers!
The Huron language
will be your Aristla crosse.” However, he eventually wrote a catechism in Huron,
and a French–Huron dictionary
for use by other missionaries.
According to histories of
the game, it was John de Brebeuf who named the present day version of the Indian game lacrosse because
the stick used reminded him of a bishop‘s crosier (la
crosse).
Saint John
was martyred in 1649, tortured to death by
the Iroquois.
By 1650 the Huron nation
was exterminated, and the laboriously built mission was abandoned. But it
proved to be “one of the triumphant failures that are commonplace in the Church‘s
history.” These martyrdoms created
a wave of vocations and missionary fervor
in France,
and it gave new heart to the missionaries in New
France.
Born
Additional
Information
Memoir
of Father John de Brébeuf, S.J.
books
Book of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Catholic
Almanac, 2005, edited by
Matthew Bunson
Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
other
sites in english
images
video
webseiten
auf deutsch
sitios
en español
Martirologio Romano, 2001 edición
fonti
in italiano
Martirologio Romano, 2005 edition
Readings
Brebeuf’s Instructions to
the Missionaries:
In 1637, Father Brebeuf
drew up a list of instructions for Jesuit missionaries
destined to work among the Huron. They reflect his own experience, and a
genuine sensitivity toward the native people.
You must love these
Hurons, ransomed by the blood of the Son of God, as brothers.
You must never keep the
Indians waiting at the time of embarking.
Carry a tinder-box or a
piece of burning-glass, or both, to make fire for them during the day for
smoking, and in the evening when it is necessary to camp; these little services
win their hearts.
Try to eat the little
food they offer you, and eat all you can, for you may not eat again for hours.
Eat as soon as day
breaks, for Indians when on the road, eat only at the rising and the setting of
the sun.
Be prompt in embarking
and disembarking and do not carry any water or sand into the canoe.
Be the least troublesome
to the Indians.
Do not ask many
questions; silence is golden.
Bear with their
imperfections, and you must try always to appear cheerful.
Carry with you a
half-gross of awls, two or
three dozen little folding knives, and some plain and fancy beads with which to
buy fish or other commodities from the nations you meet, in order to feast your
Indian companions, and be sure to tell them from the outset that here is
something with which to buy fish.
Always carry something
during the portages.
Do not be ceremonious
with the Indians.
Do not begin to paddle
unless you intend always to paddle.
The Indians will keep
later that opinion of you which they have formed during the trip.
Always show any other
Indians you meet on the way a cheerful face and show that you readily accept
the fatigues of the journey.
MLA
Citation
“Saint John de
Brébeuf“. CatholicSaints.Info. 8 April 2020. Web. 8 April 2022.
<https://catholicsaints.info/saint-john-de-brebeuf/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-john-de-brebeuf/
Petite
église Saint-Jean de Brébeuf de Manawan, 1942
Jean de Brébeuf
Jesuit missionary,
born at Condé-sur-Vire in Normandy,
25 March, 1593; died in Canada,
near Georgian Bay, 16 March, 1649. His desire was to become a lay
brother, but he finally entered the Society
of Jesus as a scholastic, 8 November, 1617. According to Ragueneau it
was 5 October. Though of unusual physical strength, his health gave way
completely when he was twenty-eight, which interfered with his studies and
permitted only what was strictly necessary,
so that he never acquired any extensive theological knowledge.
On 19 June, 1625, he arrived in Quebec, with the Recollect, Joseph de la Roche
d' Aillon, and in spite of the threat which the Calvinist captain
of the ship made to carry him back to France,
he remained in the colony. He overcame the dislike of the colonists for Jesuits and
secured a site for a residence on the St. Charles, the exact location of a
former landing of Jacques Cartier. He immediately took up his abode in the Indian
wigwams, and has left us an account of his five months' experience there in the
dead of winter. In the spring he set out with the Indians on a journey to Lake
Huron in a canoe, during the course of which his life was in constant danger.
With him was Father de Noüe, and they established their first mission near
Georgian Bay, at Ihonatiria, but after a short time his companion was recalled,
and he was left alone.
Brébeuf met with no
success. He was summoned to Quebec because of the danger of extinction to which
the entire colony was then exposed, and arrived there after an absence of two
years, 17 July, 1628. On 19 July, 1629, Champlain surrendered
to the English, and the missionaries returned to France.
Four years afterwards the colony was restored to France,
and on 23 March, 1633, Brébeuf again set out for Canada.
While in France he
had pronounced his solemn vows as
spiritual coadjutor. As soon as he arrived, viz., May, 1633, he attempted to
return to Lake Huron. The Indians refused to take him, but during the following
year he succeeded in reaching his old mission along with Father Daniel. It
meant a journey of thirty days and constant danger of death. The next sixteen
years of uninterrupted labours among these savages were a continual series of
privations and sufferings which he used to say were only roses in comparison
with what the end was to be. The details may be found in the "Jesuit
Relations".
In 1640 he set out
with Father
Chaumonot to evangelize the Neutres, a tribe that lived north of Lake
Erie, but after a winter of incredible hardship the missionaries returned
unsuccessful. In 1642 he was sent down to Quebec, where he was given the care
of the Indians in the Reservation at Sillery. About the time the war was
at its height between the Hurons and
the Iroquois, Jogues and Bressani had
been captured in an effort to reach the Huron country,
and Brébeuf was appointed to make a third attempt. He succeeded. With him on
this journey were Chabanel and
Garreau, both of whom were afterwards murdered.
They reached St. Mary's on the Wye, which was the central station of the Huron Mission.
By 1647 the Iroquois had
made peace with the French, but kept up their war with
the Hurons,
and in 1648 fresh disasters befell the work of the missionaries — their
establishments were burned and the missionaries slaughtered. On 16 March, 1649,
the enemy attacked St. Louis and seized Brébeuf and Lallemant, who could have
escaped but rejected the offer made to them and remained with their flock. The
two priests were
dragged to St. Ignace, which the Iroquois had
already captured.
On entering the village,
they were met with a shower of stones, cruelly beaten with clubs, and then tied
to posts to be burned to death. Brébeuf is said to have kissed the
stake to which he was bound. The fire was lighted under them, and their bodies
slashed with knives. Brébeuf had scalding water poured on his head in mockery
of baptism,
a collar of red-hot tomahawk-heads placed around his neck, a red-hot iron
thrust down his throat, and when he expired his heart was cut out and eaten.
Through all the torture he never uttered a groan. The Iroquois withdrew
when they had finished their work. The remains of the victims were gathered up
subsequently, and the head of Brébeuf is still kept as a relic at
the Hôtel-Dieu, Quebec.
His memory is cherished
in Canada more
than that of all the other early missionaries. Although their names appear with
his in letters of gold on the grand staircase of the public buildings, there is
a vacant niche on the façade,
with his name under it, awaiting his statue.
His heroic
virtues, manifested in such a remarkable degree at every stage of his
missionary career, his almost incomprehensible endurance of privations and
suffering, and the conviction that the reason of his death was not his
association with the Hurons,
but hatred of Christianity,
has set on foot a movement for his canonization as
a saint and martyr.
An ecclesiastical
court sat in 1904 for an entire year to examine his life and virtues
and the cause of his death, and the result of the inquiry was forwarded
to Rome.
[He was canonized in
1930. –Ed
Campbell, Thomas.
"Jean de Brébeuf." The Catholic Encyclopedia. Vol. 2. New York:
Robert Appleton Company, 1907. 14 Mar. 2015
<http://www.newadvent.org/cathen/02751b.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Joseph P. Thomas.
Ecclesiastical approbation. Nihil
Obstat. 1907. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John M.
Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2021 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/02751b.htm
St. John de Brébeuf, SJ (1593-1649)
By Bert Ghezzi From Voices of the Saints
How I grieve, my
God, that you are not known, that this savage country is not yet wholly
converted to faith in you, that sin is not yet blotted out!—John de BrébeufSome
saints I feel I know a little better because I have met someone like them. But
I have never met anyone like St. John de Brébeuf, the Jesuit missionary and
martyr. Large and handsome, his presence commanded attention. A brilliant
student, gifted linguist, and competent manager, he could make things happen. I
have met others like that, but none like this saint who was willing to endure
anything if only he could thank Christ by giving his life for the salvation of
others.Even though weakened by tuberculosis, John joined the Canada mission in
1625. For a quarter of a century with only a four-year interlude, he
evangelized the Hurons in Quebec. He lived with them, embraced their customs,
mastered their language, and wrote a catechism for them.At first he had little
success because the odds were stacked against him. The Indians viewed him as
member of a conquering race. They also blamed him for rampant diseases and
everything else that went wrong. But John persevered with the good humor you
see in this letter inviting other Jesuits to join the mission:When you reach
the Hurons, you will find us with hearts full of love. We shall receive you in
a hut, so mean that I have scarcely found in France one wretched enough to
compare it with. Fatigued as you will be, we shall be able to give you nothing
but a poor mat for a bed. Besides you will arrive when fleas will keep you
awake most of the night.Instead of being a great theologian as you may be in
France, you must reckon on being here a humble scholar, and then good God! with
what masters—exposed to the laughter of all the savages. The Huron language
will be your St. Thomas and your Aristotle. Glib as you are, you must decide
for a long time to be mute among the barbarians.Without exaggeration, you will
pass the six months of winter in almost continual discomforts—excessive cold,
smoke, the annoyance of the savages who surround our fireplace from morning
until evening looking for food.For the rest, thus far we have had only roses.
As we have Christians in almost every village, we must expect to make rounds
throughout the year. Add to all this that our lives depend upon a single
thread. Your cabin might burn down at any moment or a malcontent may cleave
your head open because you cannot make it rain.Here we have nothing that
incites toward good. We are among peoples who are astonished when you speak to
them of God.In 1649, the Iroquois attacked the Huron village where John was
living. They brutally martyred him, Gabriel Lalement, his companion, and their
converts. Their suffering is indescribable: bludgeoned, burned with red-hot
hatchets, baptized with boiling water, mutilated, flesh stripped off and eaten,
hearts plucked out and devoured. But John de Brébeuf had his prayer answered.
He traded his life for the seven thousand souls he had converted and
baptized.My God and my savior Jesus, what return can I make to you for all the
benefits you have conferred on me? I make a vow to you never to fail, on my
side, in the grace of martyrdom, if by your infinite mercy you offer it to me
some day.
—John de Brébeuf. Excerpt
from Voices of the Saints by Bert Ghezzi.
- See more at: http://www.ignatianspirituality.com/ignatian-voices/16th-and-17th-century-ignatian-voices/st-john-de-brebeuf-sj/#sthash.t24xPzVK.dpuf
BRÉBEUF, JEAN DE (called Échon by
the Hurons), priest, Jesuit, founder of the Huron mission;
b. 25 March 1593 at Condé-sur-Vire in Lower Normandy; martyred
16 March 1649 at the village of Saint-Ignace in the Huron country (in
the region of Midland, Ontario), canonized 29 June 1930 by
Pius XI and proclaimed by Pius XII on 16 Oct. 1940 patron
saint of Canada along with his seven martyred companions.
Among Jean de Brébeuf’s
ancestors are said to have been companions-in-arms of William the Conqueror and
of St. Louis, king of France, and his family, it is said, may be related
to the English earls of Arundel. We know nothing of his immediate family.
History has, however, preserved the names of two of his nephews: Georges de
Brébeuf (1617–61), a minor poet of the 17th century, and Nicolas de Brébeuf
(1631–91), prior of Saint-Gerbold, on the outskirts of Caen.
When he was 24 Brébeuf
entered the Jesuit noviciate in Rouen. After two years (1617–19) under Father
Lancelot Marin’s direction he was appointed teacher of the first form in the
secondary school (1619–20), then of the second form (1620–21) at the Collège in
Rouen. During his second year of teaching he was incapacitated by illness, but
he had enough strength left to prepare for the priesthood, which he received in
1622 at Pontoise. From 1622 to 1625 he stayed at the Collège of Rouen, where he
held the office of steward. Then he was chosen for the missions in New France
by the provincial of France, Father Pierre Coton. He sailed from Dieppe in
April 1625 and landed at Quebec in June, along with Fathers Charles Lalemant and
Énemond Massé and
two lay brothers, François Charton and Gilbert Burel.
Five months of a roving
existence in the cold and the snow
(20 Oct. 1625–27 March 1626) with a group of Montagnais
Indians who lived near Quebec constituted his apprenticeship for the missionary
life. Scarcely had he been initiated in the language and custom of the
Algonkins when in the same year, 1626, his superior designated him, with Father
Anne de Nouë,
for the Huron country. In July for the first time Brébeuf travelled by canoe
the 800 miles that separated Quebec from the Huron territory. The pages that he
wrote later about conditions on this trip make of him, along with Champlain, Sagard, Chaumonot,
and Allouez,
one of the principal chroniclers of this great route to the West which
missionaries, traders, and explorers long followed. This route led the
travellers via the St. Lawrence, the Ottawa, the Mattawa, the Rivière à la
Vase, Lake Nipissing, and the French River to Georgian Bay and the Great Lakes.
This was a 20- to 30-day trip which the numerous portages, the tramping through
the forests, the plague of mosquitoes, supply difficulties, lack of hygiene
among the Indians, etc., often made exhausting.
Ties which were already
very old, dating from Champlain’s first explorations, linked the Hurons and the
French. In a colony the existence and growth of which depended principally upon
the fur trade, the Hurons were precious allies. Champlain had realized this.
Indeed, the Hurons formed a compact, sedentary, agricultural group gifted with
a real genius for trade. Their economy, which was relatively balanced and which
was based upon the cultivation of the soil, supplemented in season by picking
of fruit in summer, by fishing and hunting in the autumn, conferred upon them
an undeniable superiority over the neighbouring tribes. From the time of their
earliest contacts with the French, the Hurons realized that they were primarily
interested in obtaining furs. Immediately they increased their trade. Taking
advantage of their situation, which was economically and geographically
privileged, they played the role of middlemen between populations with
different kinds of economies. They accumulated in their villages huge
quantities of furs that they bought from the nomadic hunters of the regions of
Lake Nipissing, Lake Timiskaming, the Ottawa and St. Maurice rivers, and
even the Hudson Bay territories. In return they offered these hunters corn,
flour, tobacco, pumpkins, nets, which they obtained from their own district or
from the tribes to the south and the west – the Neutrals, the Tobacco
nation, the Eries, the Nipissings and the Ottawas. The Hurons thus became the
great traders of the period. As soon as seeding was ended, they would load
their canoes and go off to trade with the French, from whom they received
European goods in exchange: metal arrow-heads, pots, hatchets, needles,
fish-hooks, knives, blankets, and above all porcelain, a material more precious
than gold in the Indians’ eyes.
The alliance with the
Hurons presented other advantages: it facilitated exploration of the interior
of the country and permitted the establishment of settlement outposts in the
St. Lawrence basin, and above all it furthered the evangelizing of the
Indians. For the missionaries, the evangelization of fixed and friendly
populations was incontestably more promising than that of the nomadic
Algonkins. There was, however, another side to this alliance, which with the
years was to prove to be formidable: in allying themselves with the Hurons the
French were committing themselves to lend them military support against the
Iroquois, their hereditary enemies. For years the fur trade, the development of
the colony, and the evangelizing of the Indians would be dependent upon the assistance
that France would give the Laurentian coalition (Algonkins, Montagnais, and
Hurons) against the Iroquois. Initially this alliance brought about a great
increase in the trade in furs and facilitated the missionary enterprise.
Upon his arrival among
the Hurons, Brébeuf took up residence at Toanché I, among the Bear tribe, the
most important of the four great families in the Huron confederacy (the Bear,
the Cord, the Rock, and the Deer tribes). The greatest benefit that Brébeuf
derived from this first stay in the Huron country (1626–29) was no doubt, along
with his apprenticeship in the language, a better knowledge of the Huron milieu.
His efforts at evangelization met apparently with no success. In 1629 Brébeuf
was recalled in haste to Quebec. He was present when the post was captured by
the Kirkes in
July and subsequently had to return to France with the other missionaries in
the colony. He was appointed to Rouen and was assigned to serve the Church as a
preacher and confessor. It was at this time (January 1630) that he took
his final vows as a Jesuit. From 1631 to 1633 we find him at the Collège in Eu,
acting as steward, minister, and confessor all at the same time. Brébeuf
returned to New France in 1633, and the following year he went into the Huron
country again, accompanied by Fathers Antoine
Daniel and Ambroise Davost.
This time he was
entrusted by his superior, Father Paul
Le Jeune, with the task of founding and organizing a real mission. From the
outset the Jesuits of New France pinned their greatest hopes on this mission.
In Le Jeune’s eyes it represented a privileged testing-ground for the
evangelizing of the Indians and was to constitute a sort of prototype which he
intended to use as a model for the other missions. Brébeuf’s first act as
superior was to choose a centre from which the work of the mission would
radiate. After careful consideration, on 19 Sept. 1634 he settled at
Ihonatiria (Saint-Joseph I), a village near Toanché, where he had stayed from
1626 to 1629. Until 9 June 1637 the Huron mission was confined to
this one residence. After a relatively satisfying phase the work of
evangelization soon met obstinate and increasing resistance among the Hurons.
Brébeuf attributed this resistance to three factors: the immorality of the
Hurons, their attachment to the custom of the country, that is, to everything
that until then had made up their world of beliefs and pleasures, and finally
the epidemics that ravaged the country.
This last factor in
particular greatly delayed the flow of conversions. The epidemics of 1634
(smallpox combined with dysentery), 1636 (malignant influenza), and 1639
(smallpox) reduced to 12,000 a population that Sagard, Brébeuf, and Champlain
estimated at 30,000 souls. Contact with the Europeans was disastrous for the
American Indians, taken by surprise by the viruses that had been brought from
Europe. In this respect the Iroquois were better protected than the Hurons,
since the Dutch and English settlers mixed little with the Indians and were
content to wait for them in the shelter of their factories. In the Huron
country these repeated scourges made the missionaries’ presence odious. The
epidemic of 1636–37 roused the whole nation against Brébeuf and his companions.
For months on end, under the direction of the witch doctors, a clever campaign
was carried on, made up of hypocritical insinuations, then of open and violent
threats, which were accompanied by attempts at murder. In the autumn of 1637
the whole mission almost collapsed. In this emergency Brébeuf sent to Father
Le Jeune a sort of letter-testament in which he announced the possibility
that all the missionaries might be massacred.
At the end of
August 1638, after founding a third post at Teanaostaiaë
(Saint-Joseph II), Brébeuf handed direction of the mission over to
Father Jérôme
Lalemant, who had recently arrived from France. He himself became the
superior of the residence that he had just founded. It was in this ministry
that Brébeuf had to suffer the harshest persecution of his career. After a
smallpox epidemic the dramatic events of 1637 were repeated, but staged even
more riotously: crosses were torn down, stones were thrown at the chapel, there
were beatings and threats with hatchets and flaming embers. During this storm
Brébeuf even saw part of his flock desert the faith that they had just embraced.
In April 1640 an uprising broke out, in the course of which Pierre Boucher* was
wounded in the arm, while Brébeuf and Chaumonot were beaten. In the month of May
the Indians’ tumult led Lalemant to give up the residence.
In the autumn of 1640,
after taking counsel together the missionaries decided to start two new
missions: one among the Algonkins, the other among the Neutrals. Brébeuf and
Chaumonot were appointed to the latter. Preceded by secret Huron agents who
depicted the missionaries as the most maleficent of witch doctors, the two of
them travelled throughout a violently hostile region, rejected, abused, reviled
everywhere. These were five months of fruitless labour
(November 1640–March 1641). As a crowning misfortune, on the way back
from this mission Brébeuf fell on the ice while crossing a frozen lake and
broke his left clavicle. Father Lalemant felt that it was his duty to send
Brébeuf back to Quebec and entrust him to a doctor’s care; at the same time he
could fill there the post of mission procurator which Father Ragueneau held.
In the spring of 1642 Brébeuf reached Quebec, after seven consecutive years
with the Hurons.
The task of procurator of
the Huron mission consisted of supplying the missionaries with everything that
they might need (books, paper, religious objects, etc.) and of organizing
supply convoys for them. This was a painful trial for Brébeuf; twice, in
1642 and 1643, the convoys he prepared were seized by the Iroquois and were a
complete loss. In addition to this function, during his stay at Quebec Brébeuf
had to attend to the teaching of six young Hurons who had been entrusted to his
care (September 1642–June 1643). He also served as confessor,
spiritual director, and adviser to the Ursulines and Religious Hospitallers.
And finally, on Sundays and feast days he preached and heard the confessions of
the French inhabitants of Quebec.
On 7 Sept. 1644
Brébeuf was back in the Huron country, this time for good. He took up his post
again at the very moment when the death-struggle of the Huron country was
beginning. In fact, the conflict that had been going on for a long time between
the Iroquois and the Hurons was on the point of coming to an end. In 1628 the
victory of the Mohawks over the Mahicans made the Iroquois the suppliers of
pelts to the Dutch at Fort Orange. From then on the Iroquois began to enjoy the
advantage of trading with the Europeans. Their cupidity was aroused. They
prevented the other tribes from crossing their territory to exchange their furs
with Fort Orange. They aspired to play vis-à-vis the Dutch the same role that
the Hurons did with the French. But then furs began to be scarce in their
territory. Consequently, the Iroquois thought of capturing the Hurons’ rich
convoys. From the year 1637 on, the Mohawks became the pirates of the fur
trade. To help them in their struggle they asked the Dutch traders for
fire-arms, and succeeded in obtaining them. In 1641 they had at their
disposal 39 muskets; in 1643, 300. Aggressive by nature, they were spurred on
further by the weakness of their adversaries, whose numbers had from 1634 to 1640
been reduced by two-thirds as a result of epidemics. The Iroquois dreamt
therefore of exterminating the Hurons. This policy was supported by New
Holland, aware that the ruin of the Huron meant that of the French trade and by
the same token of New France. “We have had letters from France,” wrote
Father Vimont,
“that the design of the Dutch is to have the French harassed by the Iroquois,
to such an extent that they may constrain them to give up and abandon
everything – even the conversion of the Savages.”
In 1641 the insecurity in
New France and on the route to the Huron country became so great that Father
Vimont, at the request of Governor Huault de
Montmagny and of the settlers, sent Father Le Jeune to France to set forth
the situation to the king and to Richelieu. In 1642 began the disasters which
were to go on increasing each year. The Mohawks and Senecas launched a vast
offensive which extended from New France to the Huron territory. Divided into
small bands, they systematically blockaded the routes along the Richelieu, the
Ottawa, and the St. Lawrence. The French colony was weak; it had only 400
inhabitants and had available only 100 soldiers. The Relations, which
previously had been crammed with details concerning conversions and epidemics,
no longer spoke of anything but massacres and pillage. The year 1642, which saw
the founding of Ville-Marie, was marked also by the capture of Isaac Jogues,
René Goupil,
and Guillaume Couture*.
In two years (1642–43) the mission convoys were captured three times, on the
way either up or down. In 1644 Father Bressani was
captured and tortured. The treaty of 1645 constituted only a short-lived truce
in this nightmare, since Jogues was murdered in October 1646. During the
summer of 1647 fear of the Iroquois was so great that the Hurons did not go
down to Quebec.
The years 1647–48 marked
the beginning of the annihilation of the Huron nation. Until then the Iroquois
had restricted themselves to surprising the traders’ convoys on the
St. Lawrence and Ottawa routes. Now they were in the heart of the Huron
country. In 1647 they massacred the population of a Neutral village. On
4 July 1648, taking advantage of the fact that the Hurons had gone
trading, a band of Indians threw themselves upon the villages of Saint-Joseph
and Saint-Michel and took 700 prisoners. Father Antoine Daniel fell, riddled
with arrows. The village of Saint-Joseph II (Teanaostaiaë) formed with
Ossossanë (La Conception) and Sainte-Marie the triangular base of Huron
resistance. On 16 March of the following year (1649) more than 1,000
Iroquois attacked Saint-Ignace (Taenhatentaron), then Saint-Louis, where
Brébeuf and Gabriel
Lalemant were carrying on their work. They were taken prisoner and
carried off to Saint-Ignace, where they suffered one of the most atrocious
martyrdoms in the annals of Christianity. Brébeuf’s torture has been told us
with moving simplicity by the donné Christophe Regnault, who saw his
remains: “Father de Brébeuf had his legs, thighs, and arms stripped of flesh to
the very bone; I saw and touched a large number of great blisters, which he had
on several places on his body, from the boiling water which these barbarians
had poured over him in mockery of Holy Baptism. I saw and touched the
wound from a belt of bark, full of pitch and resin, which roasted his whole
body. I saw and touched the marks of burns from the Collar of hatchets placed
on his shoulders and stomach. I saw and touched his two lips, which they had
cut off because he constantly spoke of God while they made him suffer.
“I saw and touched all
parts of his body, which had received more than two hundred blows from a stick.
I saw and touched the top of his scalped head; I saw and touched the opening
which these barbarians had made to tear out his heart.
“In fine, I saw and
touched all the wounds of his body, as the savages had told and declared to us.
. . .”
In the face of the
Iroquois attack, instead of recovering themselves the Hurons were seized with
panic. Almost the entire Bear tribe took refuge with the Tobacco nation. Others
sought asylum with the Neutrals, the Eries, the Algonkins, or fled to the
nearby islands. The Huron confederacy fell completely to pieces. As the
residence at Sainte-Marie-des-Hurons had at its disposal only 8 soldiers,
22 donnés and 7 servants, the Jesuits decided to abandon it. On
14 June 1649 they set fire to the building and betook themselves with
a few hundred Hurons to the Île Saint-Joseph (Christian Island), located a few
miles from there in Lake Huron. The new establishment had scarcely been
finished when a new misfortune was added to the previous ones; in December the
village of Saint-Jean, in the territory of the Tobacco nation, was attacked and
pillaged. On the Île Saint-Joseph the situation soon became desperate. Famine,
contagious maladies, new attacks by the Iroquois, forced the missionaries and
the Indians to leave. On 10 June 1650, 300 Hurons, accompanied by the
Jesuits and their servants, set out in canoes for Quebec. In the spring of 1651
these fragments of the Huron nation settled down on the Île d’Orléans; soon
there were 600 of them, under Father Chaumonot’s direction.
Brébeuf’s apostolate in
the Huron country lasted 15 years. The Huron mission died with him who had
begun it. But by a striking contrast, at the same time as the nation was being
crushed, its spiritual regeneration was taking place. The Relations, which
for a long time could count the conversions only one by one, speak of hundreds
and even of thousands of baptisms in the latter years. For the year 1649–50
alone, Father Ragueneau gave the figure of 3,000 baptisms. The consequence of
the dispersion of the Huron nation was to spread the Christian faith among the
nations of the Great Lakes basin and on the shores of the Rivière des
Hollandais (Mohawk River). These converts were to form the elements of the
Christian communities which the Jesuits were to go to found among the Iroquois
and the nations of the west.
What we know of Brébeuf
comes to us from the Relations des Jésuites and especially from his
own writings. These writings, very varied in nature, cover a period of 18
years, that is from 1630 to 1648. Among them are two Relations (those
for 1635 and 1636), a spiritual diary composed of 44 fragments, 15 letters
addressed to the superior general of the Society of Jesus or to local
superiors, instructions or catechisms, a dictionary, a grammar, and even two
Huron texts. Several of these writings have been lost. Those that remain, about
20, amounting to some 300 pages, enable us to recognize in Brébeuf the founder
of missions, the ethnographer, the mystic, and the writer.
The necessity for Brébeuf
to understand thoroughly the milieu in which he was trying to
evangelize resulted in a precious contribution to the ethnography of the
Amerinds; 15 years of living with the Hurons allowed him to become better
acquainted with their manners and customs than anyone else. Along with
Champlain and Sagard, Brébeuf remains the most important witness of this period
of first contacts. He lays stress for his part on the social, political, and
religious life of the Hurons; in this respect he completes Champlain and
enlarges upon Sagard. On these three points the 1636 Relation remains
a unique document that is mentioned in first place in all the monographs
concerning the Hurons. Brébeuf’s testimony is all the more valuable from the
ethnological point of view in that it establishes the picture of the Hurons at
the time when they were still themselves, before successive epidemics, war, and
massacres had reduced them to the state of human wrecks; his testimony has all
the interest and the intensity of a snapshot, so to speak.
As the founder of the
Huron mission Brébeuf was called upon to give it its earliest orientation. His
administration was devoted to different tasks. First of all, there was the
setting up of the first residences. During his superiorship he founded
Saint-Joseph I at Ihonatiria (19 or 20 Sept. 1634), then the
residence of L’Immaculée-Conception (9 June 1637) at Ossossanë, and
finally that of Saint-Joseph II at Teanaostaiaë (25 June 1638).
These posts, which were situated in the midst of the two main tribes (the Bear
and the Cord), enabled him to become deeply assimilated into the Huron
environment. Secondly, he applied himself to mastering the language. Brébeuf
had been chosen the first time, in 1626, by Father Charles Lalemant to be the
apostle to the Huron country because of his talent for languages. After his
first three-year stay Brébeuf knew enough Huron to be able to translate the
catechism of the Jesuit Ledesma. When he returned to New France in 1633,
Brébeuf became Father Daniel’s and Father Davost’s teacher. As soon as they had
arrived in the Huron country in 1634, their initiation continued, the team
being completed by Fathers François Le
Mercier, Pierre Pijart,
Pierre Chastellain,
Charles Garnier,
and Isaac Jogues, all of them working under Brébeuf’s direction on the
compilation of a dictionary and the preparation of a grammar. In 1639 mastery
of the language had been achieved. This study, representing eight or nine years
of austere and assiduous toil, was above all Brébeuf’s work. As a third task,
when he had been initiated into the Huron milieu and was master of
the language, Brébeuf undertook the major work of evangelization. After first
working with the children, he soon realized that all depended upon the adults,
in particular the chieftains and elders, who were the real sources of
influence. The work of conversion advanced very slowly at first. The first
conversion of an adult in good health took place in 1637. Four years later, in
1641, there were still only 60 Christians.
Brébeuf’s correspondence
and still more his spiritual diary reveal to us a soul that had manifestly
entered upon the paths of higher prayer and that had long been familiar with
divine communications. Three important commitments mark Brébeuf’s spiritual
ascension: in 1631, the promise to serve Christ even to the sacrifice of his
life; in 1637–39, the vow never to refuse the grace of martyrdom; in 1645, the
vow of perfection. Several passages from the spiritual diary reveal that
Brébeuf, like Jogues, had been favoured with a special vocation for the cross.
From 1636 to 1641 insulted, beaten, stoned, jeered at, subjected to physical
injury, Brébeuf was in the Huron country, like St. Paul, the “sweeping” of
the world. Engaged in apostolic action, he was purified in that action and by
that action. If in 1645, four years before his martyrdom, he was able to take
the vow of perfection, it was because his soul had by that time long been
completely submissive to God’s will. The consummation of this saintliness came
to Brébeuf through martyrdom. Among the influences which contributed to
the shaping of Brébeuf’s soul one must mention especially St. Ignatius
Loyola’s Spiritual Exercises, the Imitation of Jesus Christ,
St. Paul’s letters, and then the probable influence of Father Louis
Lallemant, a great 17th-century French master of the spiritual life.
Finally, Brébeuf shows
himself a writer without any pretentions, but a very gifted one. The two Relations in
particular, in which Brébeuf recorded his observations as a traveller,
ethnographer, and missionary, are written in very firm language of astonishing
vigour, with a wealth of words and images, which had not yet been affected by
the refining but impoverishing influence of the French salons. This
language recalls the zest and the smile of Montaigne. Nowhere will one find
more delightful observation or richer colour than in the chapters in which
Brébeuf describes the conditions of life in the Huron country, the manners of
the Hurons, the great Feast of the Dead. Nothing is more nobly lyrical than
the Avertissement d’importance addressed to the young religious of
France. Brébeuf’s language has not grown old. Humbler, but how precious are the
few notes that remain to us from his private diary; these fragments represent
the earliest pages of mystical literature in Canada.
Among the missionaries of
the period Brébeuf’s personality stands out as one of the most colourful.
However, if Brébeuf stood out, it was not primarily because of his qualities of
intelligence, although they were remarkable. All those who came into contact
with him recognized indeed that his judgement was excellent. His correspondence
in particular and his two Relations reveal a very discriminating
observer, who readily indulged in a certain type of humour. His letters to the
superiors of the Society of Jesus remain models of clarity, composition, and
practical good sense. One does not, however, find in him the bold conceptions
typical of Lalemant or the constantly renewed initiatives of Le Jeune.
Brébeuf is characterized rather by very robust good sense, by a kind of
supernatural empiricism; in his undertakings he always combined human prudence
and wisdom from above. His magnificent gifts always remained those of the heart
and the will. There was no pettiness in this man, no meanness. One would
look in vain in his writings for any sign of rancour, of bitterness in
judgement, of secret jealousy. His mildness was proof against all scorn. The
audacity which marked some of his actions was less a trait of his character
than a form of his apostolic zeal. Two extremes were blended in him: on one
hand, the realistic man, a friend of tradition, who appeared in the college
steward, the mission organizer, the humble religious, and on the other hand the
ardent, energetic apostle, courting all occasions for martyrdom and all the
irrationality of the cross. Such was he who has been called “the giant of the
Huron missions,” and more recently “the apostle whose heart was devoured.”
ACSM, “Mémoires touchant
la mort et les vertus des pères Isaac Jogues . . .” (Ragueneau),
repr. APQ Rapport, 1924–25, 3–70 passim. JR (Thwaites),
VIII, X. Positio causae. Desrosiers, Iroquoisie. Jésuites de la
N.-F. (Roustang). A. E. Jones, “‘ȣendake Ehen’ or Old Huronia,”
PAO Annual Report, V (1908). R. Latourelle, Étude sur les écrits
de saint Jean de Brébeuf (2v., Montréal, 1952, 1953). Félix Martin, Hurons
et Iroquois. Le P. Jean de Brébeuf, sa vie, ses travaux, son
martyre (Paris, 1877). Pouliot, Étude sur les Relations des Jésuites.
J. Robinne, L’Apôtre au cœur mangé, Jean de Brébeuf: étude sur l’époque
et sur l’homme (Paris, 1949). Rochemonteix, Les Jésuites et la
Nouvelle-France au XVIIe siècle. F.-X. Talbot, Saint
among the Hurons: the life of Jean de Brébeuf (New York, 1949). André
Vachon, “L’eau-de-vie dans la société indienne,” CHA Report, 1960, 22–32;
“Mgr de Laval et la menace iroquoise,” BRH, LXVII (1961), 36–46.
© 1966–2015 University
of Toronto/Université Laval
SOURCE : http://www.biographi.ca/en/bio.php?id_nbr=92
Скринька
з реліквіями в Святині Мучеників у Мідленді, Онтаріо
Reliquary
in Martyr`s Shrine in Midland, Ontario
Jean de Brebeuf /
1593-1649
By ANGUS MACDOUGALL
We know very little of the early years of Jean de Brebeuf. He was born at
Conde-sur-Vire on March 25, 1593, fifteen years before the founding of Quebec
by Samuel de Champlain in 1608. Brebeuf himself would see this Quebec on June
19, 1625.
At the age of twenty-four, Jean entered the Jesuit novitiate at Rouen, and
ill-health seemed to dog one who later would be remem-bered as the most robust
of the blackrobes. Such poor health shortened somewhat his course of studies
and brought on an early ordination to the priesthood in February 1622. Three
years later he sailed off to Canada, a land that would never forget him.
Brebeuf's initial contacts with the Indians he had come to convert to
Christianity were with the Algonkian Montagnais close to Quebec. In his first
winter in Canada, 1625-1626, he learned something about the Algonkian language
and perhaps still more about Indian ways. He was a shrewd observer and learned
quickly and well.
We know that in time this affable Norman would become an expert in the Huron
language and culture. He would also write long detailed reports that set him
apart as Canada's first serious ethnographer.
HURONIA 1626-1629
Longing to do missionary work among the promising Hurons, he left for
their country on July 25, 1626. His companions were a fellow Jesuit Anne de
None and a Recollet Father Joseph de la Roche Daillon. Anne de None was forced
to withdraw in 1627; la Roche Daillon followed suit in 1628; and Brebeuf
himself was recalled by his superior to Quebec in June 1629. The occasion was
the imminent capitulation of Quebec to the Kirke brothers fighting on behalf of
English interests.
Brebeuf left his mission field with much knowledge of the Huron language and
the Huron people but also with a heavy heart. His Huron friends were no less
downcast at his - for them - inexplicable depar-ture.
Paul
le Jeune, in his Relation of 1633 describes Brebeuf's break with his beloved
Hurons in these terms: "When Father Brebeuf was begin-ning to make himself
understood, the arrival of the English compelled him to leave these poor
people, who said to him at his departure:
'Listen, you have told us
that you have ~ Father in heaven who made all, and that he who did not obey Him
was cast into the flames. We have asked you to instruct us. When you go away,
what shall we do?'"
Most Frenchmen and all missionaries were repatriated to France in this year of
1629. Brebeuf, unaware of the future, now began a round of minor administrative
duties in Jesuit houses of Normandy. Actually, he was only marking time. Canada
would soon beckon once again!
RETURN TO HURONIA
With
the signing of the treaty of Saint-Germain-en-Laye in 1632, France regained
control of New France and the blackrobes could resume their interrupted labors.
This time Brebeuf set out with two fellow Jesuits, Anthony Daniel, the future
martyr, and Ambroise Davost. They arrived in Quebec on May 23,1633. Br6beuf had
been away four years.
These three blackrobes set out on the arduous canoe trip to Huronia in July
1634. They did not have an easy time of it, especially Davost who traveled with
a surly crew of Hurons. Brebeuf has preserved for us an excellent account of
this trip to Huronia in his Relation of 1635. The whole of this Relation which
he sent to Le Jeune at Quebec is a mine of information about the trip, the
Hurons and the land of Huronia. One simply has to marvel at the direct,
forceful and entertaining narrative skill of Brebeuf.
The trip itself from Three Rivers to Huronia covered roughly 800 miles. The route
followed by Brebeuf and his companions was the Ottawa river route, for the St.
Lawrence river and Lake Ontario pas-sage had been successfully blockaded by the
hostile Iroquois bent on destroying both the Huron fur trade and the Hurons
themselves.
THE LONG VOYAGE
Paddling their light bark canoes, for hours at a stretch, the Hurons
traveled up the St. Lawrence from Three Rivers to the point where this great
river met the Ottawa. They then ascended the Ottawa to where it joined, well to
the north, the Mattawa which took them to Mud Lake. Further along they crossed
large and, at times, rough Lake Nipissing, the region of their friendly allies
the Algonkian Nipissings. From the western end of Lake Nipissing they descended
the French River until they came to Georgian Bay, a rather large inlet of Lake
Huron.
Once they had reached Georgian Bay, the Hurons were back in home waters and at
the north-northwest boundary of Huronia.
This long trip, some 800 miles, was not a smooth one, for the rivers were full
of dangerous rapids and impassable waterfalls. These natural barriers called
for wearisome portages when canoes and equipment had to be laboriously carried
or dragged, often long distances over rugged terrain. On this trip, his second
to the upper country, Br6beuf counted the number of such portages and noted
that the party carried their things thirty-five times and dragged them at least
fifty!
As for their food on the way, Brebeuf mentioned that this usually consisted of
corn ground somewhat coarsely between two stones. By mixing it with water they
made a kind of gruel. Sometimes they ate a bit of fish caught by chance, but
usually it had to be purchased from some Indian tribe along the way.
The trip was never a pleasant one, for all had to sleep on the bare earth or on
hard rock, and this after trudging often in water, mud and through the dark,
entangled forest, where swarms of mosquitoes and black flies made life
completely miserable. At night, the missionaries had to sleep beside the exhausted
Hurons and endure the inevitable stench of sweaty and unwashed bodies.
Brebeuf also mentioned the long, tiresome silence one was reduced to,
especially when ignorant of the Indian tongue.
The paddling, of course, was grueling and prolonged, and could last from
shortly after sunrise to sunset. This and the constant portaging left the
unaccustomed European bone-weary and exhausted and scarcely made the new day a
welcome one. It was indeed a sobering introduction to the mission land of Huronia.
Brebeuf described his own experience of 1634 as follows: "To be sure, I
was at times so weary that my body could do no more. But at the same time my
soul was filled with great happiness as I realized that I was suffering this
for God. No one can know this feeling unless he has experienced it."
A REAL PSYCHOLOGIST!
A few
years later, in 1637, Brebeuf drew up a list of instructions for Jesuit
missionaries destined to work among the Hurons. These reflect his own true and
tried experience and a special sensitivity towards the Indians themselves: you
must love these Hurons, ransomed by the blood of the Son of God, as brothers;
you must never keep the Indians waiting at the time of embarking; carry a
tinder-box or a piece of burn-ing-glass, or both, to make fire for them during
the day for smoking, and in the evening when it is necessary to camp, as these
little services win their hearts; try to eat the food they offer you, and eat
all you can, for you may not eat again for hours; eat as soon as the day
breaks, for Indians, when on the road, eat only at the rising and the setting
of the sun; be prompt in embarking and disembarking and do not carry any water
or sand into the canoe; be the least troublesome to the Indians; do not ask
questions: silence is golden; bear with their imperfections, and you must try
always to be and to appear cheerful; share little gifts with them; always carry
something during the portages; do not be ceremonious with the Indians; do not
paddle unless you intend always to paddle; the Indians will keep later that
opinion of you which they have formed during the trip; always show any other
Indians you meet on the way a cheerful face and show that you readily accept
the fatigues of the journey.
Echon, the name by which Brebeuf was known among the Hurons, arrived safely in
Huronia on August 5th. He was warmly welcomed by his friends of 1626-1629, and
at first he lodged with a leading Huron, benefiting from the traditional Indian
hospitality. Later, Brebeuf de-cided it would be wiser for the missionaries and
their French domestics to build a cabin of their own. Accordingly, they erected
a simple but solid cabin, Indian style, in the village of Ihonatiria.
THE DIFFICULT YEARS
In
the years that followed, the blackrobes had to contend with all the reluctance
of the Hurons to accept new ways and especially new religious beliefs.
Illnesses that afflicted the Hurons because of their con-tacts with the whites
and because of their lack of basic hygiene com-plicated the missionaries' dealings
with the Hurons. Superstitious as a group the Hurons readily blamed the
newcomers for any disaster that occurred.
So progress and evangelization were slow. It would be only in June 1637 that
Brebeuf would succeed in making his first adult convert in good health, a
leading Huron by the name of Pierre Tsiouendaentaha. Because of this man's
example and that of the famous Joseph Chiwatenha, a convert two months later,
Christianity began to make slow but sure headway.
Yet in 1637 everything nearly ended in total disaster. Dejected by recurring
epidemics, crop failures and defeats in battle, those Hurons opposed to the
presence of the blackrobes persuaded the council to condemn them to death. The
missionaries even drew up a sort of last will and testament. But, even with
death staring them in the face, Brebeuf and the others, much to the
astonishment of the Hurons, carried on calmly and bravely and finally overcame
the crisis.
In
1638, Brebeuf was replaced as superior in Huronia by Jerome Lalemant. He moved
to the Huron village of Teanaostaiae. At first, he succeeded admirably, but
disaffection set in and Brebeuf and his com-panion Father Chaumonot were
severely beaten in an uprising.
Later, after a fruitless
mission to the distant Neutral nation, Brebeuf was sent for a respite to
Quebec; for one thing, he had a broken left clavicle as a reminder of that
dangerous and disheartening trip.
From
1641 to 1644 Brebeuf had to serve his beloved Huronia from Quebec where he
acted as provisioner for the missions of Georgian Bay. But even here he was not
spared persecution and suffering, in the form of the increasingly bold Iroquois
marauders. These "pirates of the fur trade" and of the Huron supply
convoys interrupted and pillaged a number of his precious shipments.
The great man finally
returned to Huronia in September of 1644. For him it was a moment of profound
joy.
THE GOLDEN YEARS
In a
way the next few years would be the golden years for the Christian faith in
Huronia. More and more the Hurons listened to their black-robes, followed
instructions with rapt attention and then asked for baptism. The numbers of the
baptized increased steadily and by 1647 could be counted in the thousands.
THE GATHERING STORM
In
1648 Huronia began to crumble under the incessant attacks of the well-armed
Iroquois now determined to destroy their long-standing enemy the Huron nation.
The Hurons, for all their bravery, were very negligent in maintaining vigilance
and allowed themselves time and time again to be ambushed and overrun.
We
know that in 1647 no Huron convoy dared go down to trade at Three Rivers. On
July 4, 1648 a large force of Iroquois surprised and destroyed Teanaostaiae~, a
large Huron outpost to the south. It was a crushing blow. The Iroquois swiftly
withdrew before any counter-attack could be mounted against them. On
March 16, 1649, 1200 well-armed Iroquois, escaping all notice, attacked
the village of St. Ignace at dawn and seized it and its inhabi-tants with
ridiculous ease. A few hours later they besieged the neigh-boring village of
St. Louis and, after a short hut fierce struggle, over-whelmed it too. It was
here that they laid hands on Brebeuf and his younger companion Gabriel
Lalemant. These were dragged off in great triumph to St. Ignace.
MARTYRDOM
Fastened to stakes and summarily subjected to brutal torture the two
blackrobes now faced their moment of martyrdom, and it had come suddenly and
without warning.
Brebeuf was assailed with blows to his head, face, shoulders, loins and legs.
Yet all he thought of was his beloved Hurons now fellow captives. "My
children," he said to them, "let us lift our eyes to heaven at the
height of our afflictions; let us remember that God is the witness of our
sufferings, and will soon be our exceeding great reward. Let us die in this
faith; and let us hope from his goodness the fulfillment of his promises. I
have more pity for you than for myself; but sustain with courage the few
remaining torments. They will end with our lives. The glory which follows them
will never have an end."
"Echon," these said to him, "our spirits will be in heaven when
our bodies shall be suffering on earth. Pray to God for us, that he may show us
mercy. We will invoke him even until death."
For the next few hours it was torture by fire, necklaces of red-hot hatchets,
burning-coals, mutilation, mock baptism with boiling water and scalping.
"Father Jean de Brebeuf," writes his friend Paul Ragueneau,
"suffered like a rock, insensible to the fires and the flames, with-out
uttering any cry, and keeping a profound silence, which astonished his
executioners themselves. No doubt, his heart was then reposing in his God.
Then, returning to himself, he preached to those infidels, and still more to
many Christian captives, who had compassion on him."
Death came for this stalwart blackrobe about four p.m., on that March 16, 1649.
He who could be described as an apostle, a brave adventurer, a skilled writer,
a careful ethnologist, a man of vision had now become a martyr. His goodness
was legendary with all who had known him - Champlain, his Jesuit brethren who
loved and admired him, Mere Marie de l'Incarnation and thousands of unknown
Hurons.
A MAN OF GOD
In a
tale briefly told, it is so easy to leave much unsaid. We must under-stand,
however, that this man was a real apostle and a man of "eminent
holiness." God for him was a huge, pressing reality and he longed to share
his faith and deep happiness with others, especially those who had never heard
of Him. For him, the Indians were his brothers and sisters in the Lord.
Simple
and straightforward, Brebeuf possessed a gentleness that won hearts. No one
could question his courage, his love of the cross and his dedication. He was
also one of those quiet, effective leaders among men. Yet, like all the saints,
he was so unsure of himself before God. With disarming simplicity he wrote on
one occasion: For fear that God should cut me off at the root, as a fruitless
tree, I have prayed him that he still suffer me to stand, this year; and I have
promised Him that I would yield Him better fruits than in the past."
Brebeuf died at the age of fifty-six years by the kind of death fitting for the
first apostle to the Hurons. Church authorities recognized this officially on
June 29,1930, when Jean de Brebeuf and his companions were canonized by Pope
Pius XI.
SOURCE : http://www.wyandot.org/brebeuf.htm
ST. JEAN DE BRÉBEUF (1593
- 1649)
St. Jean was born in
Condé-sur-Vire, on March 25th, 1593; and little is known about him until 1617,
when he was 24, and entered the Jesuit mission at Rouen. He devoted these two
years to prayer and reflection, and worked hard to become humble and holy. He decided
to become a lay brother in the Order, but his Superiors told him to accept
whatever position he was asked to take in the Jesuit Order.
At the end of his
novitiate, Jean taught grammar in the college at Rouen. He taught for two years
and after getting tuberculosis, he completed his priestly studies privately.
After his ordination in 1623, his health improved rapidly and he was named
bursar of the college at Rouen.
The Recollects who had
been labouring in New France (Canada) since 1615, invited the Jesuits to help
them. So in 1625, three priests, Charles Lalemant, Ennemond Massé and Jean de
Brébeuf, were chosen for the missions in New France.
Fr. Brébeuf reached
Quebec in the summer of 1625. He wanted to go to the Huron country to study
their language. But when news came, that some Hurons had killed a Recollect
priest on the route he would have to pass, Fr. Lalemant, his Superior, held
Jean back and waited for a more favourable time. Meanwhile, our saint spent the
winter of 1625-1626 among a tribe of Montagnais Indians, learning their
language and their customs.
Early in 1626, Fr.
Brébeuf and two priests set out for the Huron country. They travelled the
Ottawa River and after thirty days of painful effort they reached Otouacha, the
landing place of the Huron village. Here Jean built a shelter and his first
weeks were passed in learning the Huron tongue and writing the language down as
it sounded to his ears. In a short time Jean acquired a good knowledge of the
Huron tongue, but his two priest companions who were less gifted, returned to
Quebec a year later.
Our saint began his
lonely life by planting a large cross before his home. He visited the homes of
the Hurons and gathered them together to explain to them about God and the
truths of the Catholic faith. But the hearts and minds of the Hurons were
hardened by centuries of superstition. Fr. Brébeuf struggled on patiently
during the winters of 1627-1628 and 1628-1629, but had very little success. He
baptized a few infants in danger of death, and some sick adults. And just when
he had hopes of forming a church among his little group of converts, Fr.
Lalemant summoned him back to Quebec.
When Fr. Brébeuf reached
Quebec, he found that the people of the colony were starving. Ships carrying
goods had either sunk at sea, or had been taken by English pirates on the St.
Lawrence Seaway. In 1629, the English captured Quebec and expelled Champlain
and the French missionaries. Back in France, Jean again became bursar at Rouen
College. In 1630 he took his final vows as a Jesuit. In 1631, he made this
offering to God: "Lord Jesus my Redeemer, Thou hast saved me with Thy
Blood and precious Death. In return for this favour, I promise to serve Thee
all my life in the Society of Jesus, and never to serve anyone but Thee. I sign
this promise with my own blood, ready to sacrifice it all as willingly as I do
this drop."
England restored New
France to the French in 1632, and in 1634, Fr. Brébeuf, Fr. Daniel, and Fr.
Davost journeyed to Huronia. After many days of travel, they reached
Ihonatiria. Here Jean began to visit the Hurons, instructing adults and
baptizing children. Little gifts given to the children gave them a great desire
to learn and they learned quickly. Fr. Brébeuf also visited two other Indian
tribes and in 1635, he baptized eighty Indians. Every summer the Hurons brought
up a couple of Jesuits, who as soon as they had a little knowledge of the Huron
tongue, began to instruct and baptize in many of the hamlets throughout the
surrounding areas. The future looked promising but time would tell.
In 1637, a strange
illness caused hundreds of Hurons to die. The Huron sorcerers who feared to
lose respect among their people, blamed the illness on the "Blackrobes", as
the Indians called the missionaries. Some Hurons said that Fr. Brébeuf himself
was the most dangerous sorcerer in the country, and he was held responsible
for: the deaths of the Indians, crop failure, and poor hunting. More than once,
the Indians threatened to split Jean's head with a tomahawk. One day our saint threw
a "farewell feast", a custom of the Hurons for those who
were to die. Jean preached at the feast and warned the Indians about the crime
they were about to commit. Later he said a novena of Masses to St. Joseph, and
the Hurons had a change of heart.
Fr. Jerome Lalemant
arrived in 1638 to replace Fr. Brébeuf as Superior of the Huron mission, and
this gave our saint greater freedom to go from village to village. There were
numerous striking conversions, and sorcery and native superstition were losing
their hold on the Hurons. The devil was watching and encouraged the Iroquois to
hate the Hurons and the missionaries. So in 1639, the converted Hurons and
missionaries built Fort St. Marie to protect themselves from the dreaded
Iroquois. The work of catechizing the Hurons was progressing when suddenly
smallpox swept through a few Huron villages. As usual the Blackrobes were held
responsible for the disease and Fr. Brébeuf was again accused of being the
chief sorcerer.
In 1641, Fr. Brébeuf
broke his shoulder blade and had to return to Quebec for treatment; he did not
return to Huron country until 1644. Many changes had occurred in those three
years. The Iroquois had attacked often, and everywhere they left a trail of
blood. The terrified Hurons protected their villages as best as they could
against the Iroquois. Fearing their coming doom, they flocked around the
priests to hear the teachings of Jesus.
There were now eighteen
Jesuits working among the Hurons, one of these being Fr. Gabriel Lalemant, who
arrived in September 1648. He had been sent to live with Fr. Brébeuf at St.
Ignace, a village near Fort St. Marie.
On March 16, 1649, 1000
Iroquois secretly approached St. Ignace, throwing themselves without mercy on
the surprised Hurons, and murdering or making prisoners of them all. Only three
escaped and hurried to nearby St. Louis, to warn Fr. Brébeuf and the other
people. But the Iroquois rushed behind them and another massacre took place at
that village. Fr. Brébeuf and Fr. Lalemant were seized and bound, and dragged
back to St. Ignace where the Iroquois had already made preparations for their
torture and death. Some Huron Christians secretly witnessed the terrible event.
The Iroquois stripped the
two priests naked and tied each one to a pole. They tied both of their hands
together and tore the nails from their fingers; then with sticks they beat the
entire bodies of the poor missionaries. During this torture, Fr. Brébeuf did
not cease to preach about God, to encourage his fellow captives, crying out:
"My children, raise your eyes to Heaven in this affliction; remember that
God is watching your sufferings and will soon be your exceeding great reward.
Let us die together in the Faith, and hope from His goodness the fulfillment of
His promises. I pity you more than I do myself. Keep your courage up in the few
remaining torments; these will end with your lives; the glory which follows
will have no end! "
While our saint was
encouraging his people, a wretched Huron traitor who had remained a captive
with the Iroquois, and whom Fr. Brébeuf had formerly instructed and baptized,
taunted the poor priest, "…I am about to baptize thee and make thee
suffer well, in order that thou mayest go sooner to thy Paradise!" Then
the wretch took a huge kettle full of boiling water, which he poured on the
priest's head three different times! The Iroquois then heated hatchets, red
hot, and applied them to the loins and under the armpits. Then they made a
collar of six of these red-hot hatchets and hung it around the neck of the poor
priest. After that they put on Fr. Brébeuf a belt of pitch and resin, and set
fire to it, thus roasting his whole body. The priest's zeal was so great that
he preached constantly to the Iroquois during his torments, to try to convert
them. Enraged at hearing our saint constantly speaking about God, the Iroquois
cut out his tongue and cut off his lips! Burning torches were applied to Jean's
body, his eyes were gouged out, and burning coals were inserted in the empty
sockets! After three hours of this torture, seeing that the good priest would
soon die, they made him sit down and cut off his scalp. Fr. Jean de Brébeuf was
56 years old.
Later, Fr. Bonin and
several Frenchmen went to St. Ignace and gave all the bodies they found, a
Christian burial. In 1650, when the Huron missions were abandoned, the bones of
Fr. Brébeuf were taken to Quebec and held in great veneration. Brébeuf's
gentleness won all hearts and he poured out a generous courage in all his
undertakings. He was long suffering and patient, enduring everything he did for
the greater glory of God. Let us all try to follow Fr. Brébeuf by bearing our
little crosses lovingly and patiently.
St. Jean de Brébeuf Pray
for Us!
SOURCE : http://fsspx.com/EucharisticCrusade/2008_February/The_Canadian_Martyrs.htm
San Giovanni de Brebeuf Gesuita,
martire in Canada
>>>
Visualizza la Scheda del Gruppo cui appartiene
Condé-sur-Vire (Bayeux),
Francia, 25 marzo 1593 – Canada, 16 marzo 1649
Nel Seicento i paesi
europei interessati al vastissimo territorio a nord degli attuali Stati Uniti
erano l’Inghilterra e la Francia. Fu un colono francese, Samuel de Champlain, a
fondare la città di Québec nel 1608 e a dominare per alcuni decenni la scena
canadese. Per il commercio delle pellicce, Chamblain aprì le ostilità contro
gli indiani irochesi, che divennero i principali nemici della Francia, mentre
si alleò con le tribù degli uroni, degli atapaskans e degli algonchini. A
queste ultime tribù si rivolsero i primi missionari francesi del Canada. Giovanni
di Brébeuf nacque nel 1593 nella diocesi di Bayeux in Francia. Fattosi gesuita,
nel 1625 si imbarcò con un gruppetto di confratelli per il Canada.
Nell’immenso territorio
il padre si fece notare per dedizione e coraggio. In particolare visse tre anni
con gli uroni, studiandone usi e costumi e scrivendo nella loro lingua un
catechismo, importante anche come unica testimonianza di una lingua presto
scomparsa. Durante la guerra anglo-francese del 1627-29, padre Brébeuf fu
costretto a tornare in patria, ma non appena la colonia venne restituita con un
trattato di pace ai francesi ritornò tra i suoi uroni. A questo punto i suoi
tenaci tentativi cominciarono a dare dei frutti significativi. Gli irochesi,
tuttavia, armati dagli olandesi, ruppero il trattato di pace e diedero il via
ad una serie di attacchi. In una spedizione del 1649, dopo aver compiuto una
strage, presero un gran numero di prigionieri, tra i quali padre Brébeuf,
torturato e messo a morte in maniera particolarmente crudele. Egli fa parte del
gruppo di gesuiti conosciuti con il nome di martiri canadesi.
Martirologio Romano: Nel
territorio degli Uroni in Canada, passione di san Giovanni di Brébeuf,
sacerdote della Compagnia di Gesù, che, mandato dalla Francia in missione
presso gli Uroni, dopo aver compiuto molte fatiche, morì per Cristo sotto le
crudelissime torture di alcuni pagani del luogo. La sua memoria insieme a
quella dei suoi compagni si celebra il 19 ottobre.
Se nel colonizzare il Nuovo Mondo, come veniva chiamato il Continente Americano, si attivarono più o meno con interessi politici, economici e di sfruttamento coloniale, Inglesi, Francesi, Spagnoli, cioè le grandi Potenze dell’epoca, vi furono di pari passo, altri uomini appartenenti a Congregazioni religiose di antica fondazione, oppure che si costituirono negli anni successivi, che portarono la luce del Vangelo ed i principi cristiani, alle popolazioni locali.
Quindi essi costituirono l’altra faccia della colonizzazione, non portarono guerra, violenza, sfruttamento, ma solidarietà umana e spirituale, aiuti sanitari, istruzione, accoglienza per i più disagiati e deboli, che non mancano mai in ogni angolo della Terra.
E nell’America Settentrionale e precisamente in Canada, al confine con gli Stati Uniti, arrivarono come seconda generazione di Missionari, i padri Gesuiti ed i Francescani. Fra i Gesuiti vi fu un gruppo di otto sacerdoti e fratelli coadiutori, che a gruppetti o singolarmente, si spinsero nelle inesplorate e vastissime terre americane, tra immense foreste e laghi grandi come mari.
Il loro apostolato si svolse primariamente fra i “pellerossa” della zona; compito non facile, visto il loro carattere sospettoso e mutevole; i primi successi relativi, si ebbero con la tribù più vicina degli Uroni; i Gesuiti usarono il metodo di farsi “selvaggi fra i selvaggi”, cioè adottare e adattarsi agli usi e costumi locali, avvicinandosi alla mentalità degli Indiani, cercando di comprendere le loro debolezze, riti, superstizioni.
Ma dopo il 1640, la tribù degli Uroni fu attaccata ferocemente da quella degli Irochesi, per natura più combattivi e crudeli, più intelligenti e perspicaci e dotati di veloci cavalli; la guerra tribale fu violenta, portando allo sterminio quasi totale degli Uroni e annullando così l’opera dei missionari.
E nel contesto di questa guerra fra Uroni ed Irochesi, persero la vita gli otto martiri gesuiti, che in varie date testimoniarono con il loro sangue la fede in Cristo, suscitando negli stessi Irochesi, una tale ammirazione di fronte al loro coraggio, nell’affrontare le crudeli e raffinate sevizie, che usavano per torturare i loro nemici, da giungere a divorare il cuore di alcuni di loro, per poterne secondo le loro credenze, assimilare la forza d’animo ed il coraggio.
E come si diceva degli antichi martiri cristiani: “Il sangue dei martiri è seme di nuovi cristiani”, così il loro sacrificio non fu inutile, perché nei decenni successivi, la colonia cattolica riprese vigore e si affermò saldamente in quei vasti Paesi.
I martiri furono beatificati il 21 giugno 1925, dal grande ‘Papa delle Missioni’ Pio XI e dallo stesso pontefice canonizzati il 29 giugno 1930. Citiamo i loro nomi:
Sacerdoti Carlo Daniel († 1648), Giovanni De Brébeuf, Gabriele Lalemant, Carlo
Garnier, Natale Chabanel († tutti nel 1649); fratello coadiutore Renato Goupil
(† 1642), sacerdote Isacco Jogues e il fratello coadiutore Giovanni de la Lande
(† 1647). Ricorrenza liturgica per tutti al 19 ottobre.
Giovanni de Brébeuf nacque il 25 marzo 1593 nel castello feudale di
Condé-sur-Vire, nella diocesi di Bayeux in Francia; discendente di una antica
famiglia, nobile e cavalleresca. Aveva 20 anni quando l’8 novembre 1617, entrò
nel Noviziato dei Gesuiti a Rouen e dove il 25 marzo 1622 a 29 anni esatti, fu
ordinato sacerdote.
Dopo tre anni, nell’aprile 1625 s’imbarcò con altri missionari gesuiti a Duppe, per il Canada, in quell’epoca colonia francese, raggiungendo Québec il 19 giugno.
In questa immensa terra si fece notare per la sua anima eroica e generosa, tanto è vero che le Suore Orsoline di Québec, lo chiamavano “personificazione della grandezza e del coraggio”.
Per cinque mesi accompagnò gli Indiani Algonchini, attraverso le foreste nevose di quell’inverno e anche se non convertì nessun Indiano, poté apprendere la loro lingua, componendo un dizionario e una grammatica e facendosi comunque amare ed ammirare da loro.
Nel mese di marzo 1626, Giovanni de Brébeuf riuscì ad imbarcarsi su una canoa degli Uroni e con la loro flottiglia risalì il fiume San Lorenzo e da lì poi nel fiume Ottawa, raggiungendo dopo trenta giorni il territorio degli Uroni, dove risedette per tre anni in completa solitudine, sia di territorio, sia di approccio con questo popolo, a cui a stento riuscì a battezzare qualche bimbo in fin di vita.
Riuscì comunque a scrivere nella loro lingua un catechismo, che diventò un saggio raro di quel linguaggio, scomparso con l’annientamento degli Uroni qualche decennio dopo.
Per i noti motivi politici e coloniali, la città di Québec e la colonia francese, passarono agli inglesi e i missionari cattolici, a malincuore dovettero lasciare il Canada e ritornare in Francia.
Dopo il Trattato di San Germano del 29 marzo 1632, con il quale la Francia riebbe il Canada, anche i Gesuiti ripresero le loro missioni; padre Giovanni de Brébeuf ritornò fra gli Uroni a condividere quella desolata esistenza.
Alla fine del 1636 una malattia epidemica scoppiò nel villaggio, sembra proprio nella misera capanna dei missionari (i meno immunizzati naturalmente a tanta sporcizia e mancanza d’igiene), diffondendosi alle capanne vicine e poi all’intero villaggio e a quelli dei dintorni; estendendosi a macchia d’olio, seminando morti in quantità, specie bambini.
I padri Gesuiti, ancora convalescenti, presero ad aiutare tutti, dando prova ed esempio di cristiana carità; nonostante l’avversità degli stregoni, che li ritenevano responsabili dell’epidemia.
In particolare padre Giovanni de Brébeuf, anche quando rivestì la carica di Superiore della Missione, sopportava con ammirevole pazienza e con il sorriso sulle labbra, gli insulti, le offese, le lividure e le ferite, che gli Uroni gli infliggevano, sempre aizzati dagli stregoni; sempre primo a svolgere i compiti più gravosi, ad alzarsi la mattina e accendere il fuoco e l’ultimo a coricarsi.
Dal 1637 i suoi coraggiosi e tenaci tentativi di evangelizzazione cominciarono a dare i primi frutti, al punto che nel 1649, anno in cui morì, gli Uroni battezzati erano settemila.
Il 16 marzo 1649 la Missione fu invasa dalla tribù degli Irochesi, Indiani feroci armati dagli Inglesi, che uccisero una gran quantità di Uroni e facendo altri prigionieri per torturarli, compreso padre de Brébeuf, al quale strapparono le unghie, lo legarono ad un palo, con delle scuri incandescenti legate al collo, che gli bruciarono il dorso e il petto, mentre una cintura di corteccia con pece e resina incendiata, gli cingeva i fianchi.
Era tale l’odio contro il missionario, che gli Irochesi presero a trafiggerlo con aste arroventate, strappandogli brandelli di carne bruciata e divorandola davanti ai suoi occhi. Ancora più infuriati perché il martire invece di gridare dal dolore, continuava a pregare lodando Dio, gli strapparono le labbra e la lingua, gli ruppero le mascelle, ficcandogli in gola tizzoni ardenti; poi finalmente sazi di tanta crudeltà, apersero il petto dell’agonizzante ed eroico martire, gli strapparono il cuore e ne bevvero il sangue, convinti secondo le loro credenze, di assimilare così il suo coraggio.
Autore: Antonio Borrelli
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/92013
Parc
des Martyrs commémorant les saints martyrs canadiens. Voir http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=113997&type=bien#.W9YzVJNKiUk
Johannes de Brébeuf und
Gefährten
französischer Name: Jean
Gedenktag katholisch: 19. Oktober
nicht gebotener Gedenktag
gebotener Gedenktag in den USA
Todestag: 16. März
gebotener Gedenktag in Kanada: 26. September
Messe an einigen Orten: 26. September
Name bedeutet: Gott
ist gnädig (hebr.)
Ordensmann, Priester, Missionar, Märtyrer
* 25. März 1593 in Condé-sur-Vire in der Normandie in Frankreich
† 16. März 1649 in St-Ignace in
Kanada
Johannes trat 1617 in
den Jesuitenorden ein
und war ab 1625 Missionar in Kanada beim Indianerstamm der Huronen in der
Gegend um den Huron-See,
wo er die erste Missionsstation der Jesuiten aufbaute. Für die Sprache der
Huronen verfasste er ein Wörterbuch, eine Grammatik und einen Katechismus.
Die ersten Jesuiten werden
1625 in Kanada begrüßt von Rekollekten-Missionaren, die schon seit 1614 in
Kanada wirkten. Gemälde von C.W. Jefferys in den National Archives of Canada
in Ottawa
Johannes starb nach einem Überfall von Irokesen auf seine Missionsstation St-Ignace am Marterpfahl. Er wird verehrt zusammen mit den französischen Priestern und Jesuiten, die als Missionare in Kanada starben:
Antonius Daniel (französischer Name: Antoine) * 27. Mai 1601 in Dieppe, ab 1632, † 4. Juli 1648 in Huronia, der Südspitze der heutigen Provinz Ontario,
Karl Garnier (französischer Name: Charles) * Mai 1605 (?) in Paris, ab 1636 in Kanada, † 7. Dezember 1649 in St-Jean,
Gabriel Lallemant * 3. Oktober 1610 in Paris,
ab 1646 in Kanada, † 17. März 1649 in St-Louis, und
Natalis Chabanel (französischer Name: Noël) * 2. Februar 1613 in Saugues,
ab 1643 in Kanada, † 8. Dezember 1649 in St-Jean.
Kanonisation: Johannes
wurde zusammen mit seinen vier Gefährten sowie Issac
Jogues und zwei weiteren Laien des Jesuitenordens am 21.
Juni 1925 durch Papst Pius XI. selig- und am 29. Juni 1930 durch
denselben Papst heiliggesprochen.
Weihnachtskrippe,
wie sie Jean de Brébeuf zur Mission benützte: Indianerhäuptlinge verschiedener
Stämme sind als die Weisen aus dem Morgenland dargestellt, Jäger stellen die
Hirten dar; Maria hält
das Jesuskind
nach indianischer Sitte im Arm (nicht in einer Krippe), der Stall ist
ein Langhaus, wie bei den Huronen üblich.
Worte des Heiligen
Brébeuf ahnt, was auf ihn zukommt und äußert Gott gegenüber seine Bereitschaft zum Martyrium:
Zwei Tage lang spürte ich ein starkes Verlangen nach dem Martyrium und begehrte, alle Qualen zu erdulden, wie sie die Märtyrer erlitten haben. Mein Gott und mein Heiland Jesus, womit kann ich dir alle Wohltaten vergelten, mit denen du mir entgegengekommen bist? Den Kelch deiner Schmerzen will ich aus deiner Hand entgegennehmen und deinen Namen anrufen. Ich gelobe vor deinem ewigen Vater und dem Heiligen Geist, vor deiner heiligen Mutter, vor den Engeln, den Aposteln und Märtyrern, vor meinem Vater Ignatius und dem heiligen Franz Xaver - ich gelobe dir, meinem Heiland Jesus: Soweit es an mir liegt, will ich mich niemals der Gnade des Martyriums entziehen, wenn du sie mir, deinem unwürdigen Diener, in deiner unendlichen Huld jemals anbieten solltest.
Ich verpflichte mich für den ganzen Rest meines Lebens, dass es mir nicht freistehen und erlaubt sein soll, der Gelegenheit, für dich zu sterben und mein Blut zu vergießen, auszuweichen, es sei denn, ich glaubte, es sei im Augenblick für deine Ehre richtiger, anders zu handeln. Ich verpflichte mich weiter, den etwa drohenden Todesstreich aus deinen Händen mit großer Freude entgegenzunehmen. Darum also, mein geliebter Jesus, opfere ich dir in der Freude, die mich heftig bewegt, schon jetzt mein Blut, meinen Leib und mein Leben. Wenn du mir die Gnade dazu gibst, möchte ich nur für dich sterben; denn du starbst auch für mich. Gib mir die Gnade, so zu leben, dass du mir auch die große Gabe schenkst, selig für dich zu sterben. So will ich denn, mein Gott und Heiland, aus deiner Hand den Kelch entgegennehmen und deinen Namen anrufen: Jesus, Jesus, Jesus!
Mein Gott, wie sehr schmerzt es mich, dass du nicht erkannt wirst, dass diese
heidnische Gegend sich noch nicht ganz zu dir bekehrt hat und dass die Sünde
hier noch nicht ausgerottet ist! Mein Gott, so hart auch die Qualen sind,
welche die Gefangenen hierzulande erdulden müssen, so grausam auch die Wildheit
ihrer Todesstrafen ist - sollten sie alle über mich hereinbrechen, so biete ich
mich doch gerne für sie an und möchte sie alle erleiden.
Ratschläge für Missionare unter den Indianern:
Man muss die Wilden von Herzen lieben, sie ansehen als solche, die durch das Blut des Sohnes Gottes freigekauft sind, und als unsere Brüder, mit denen wir den Rest des Lebens verbringen müssen.
Man muss sich bemühen, von ihren Speisen zu essen, in der Weise, wie sie sie zubereiten, obwohl sie recht salzig und halb roh sind und schauerlich schmecken. Was die anderen sehr zahlreichen Dinge betrifft, die missfallen können, gilt: Man muss sie ertragen aus Liebe zu Gott, ohne eine Wort zu sagen und ohne dergleichen zu tun. …
Man muss ihre Unzulänglichkeiten ertragen, ohne ein Wort zu sagen und ohne es sich anmerken zu lassen. … Kurz man muss versuchen, sich immer fröhlich zu geben. …
Die größten Annehmlichkeiten sind verbunden mit ziemlich großen Unannehmlichkeiten. Sich [dabei] geziert zu verhalten beleidigt sie. …
Jesus Christus ist unser wahrer großer Meister, er allein ist es und sein
Kreuz, das man suchen muss, wenn man unter diese Völker geht. Denn wenn ihr
etwas anderes beabsichtigt, werdet ihr nichts finden als Bedrängnis für Leib
und Geist. Aber wenn ihr Jesus Christus an seinem Kreuz gefunden habt, dann
werdet ihr die Rosen zwischen den Dornen, die Süßigkeit in der Bitternis, das
Ganze im Nichts finden.
Quelle: Jean de Brébeuf: Aus den geistlichen Schriften. In: The Jesuit Relations and Allied Documents, Cleveland 1898, S. 164, 166, zitiert nach: Monastisches Lektionar zum 19. Oktober
Saint Jean de Brébeuf: Les relations de se qui s’est passé au pays des Hurons:
Publié par Th. Besterman. Genève 1957, S. 195 - 197; eigene Übersetzung
zusammengestellt von Abt em. Dr. Emmeram Kränkl OSB,
Benediktinerabtei Schäftlarn,
für die Katholische
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Quellen:
•
• Lexikon für Theologie und Kirche, begr. von Michael Buchberger. Hrsg. von
Walter Kasper, 3., völlig neu bearb. Aufl., Bd. 7., Herder, Freiburg im
Breisgau 1998
korrekt zitieren: Joachim Schäfer: Artikel Johannes de Brébeuf und Gefährten, aus dem Ökumenischen Heiligenlexikon - https://www.heiligenlexikon.de/BiographienJ/Jean_de_Brebeuf.html, abgerufen am 8. 4. 2022
Die Deutsche Nationalbibliothek verzeichnet das Ökumenische Heiligenlexikon in
der Deutschen Nationalbibliografie; detaillierte bibliografische Daten sind im
Internet über http://d-nb.info/1175439177 und http://d-nb.info/969828497 abrufbar.
SOURCE : https://www.heiligenlexikon.de/BiographienJ/Jean_de_Brebeuf.html
Voir aussi : http://www.radio-silence.org/Sons/2014/LSM/pdf/lsm20140316.pdf