mardi 30 avril 2019

Saint AUGUSTIN SCHOEFFLER, prêtres de la Société des Missions étrangères et martyr


Saint Augustin Schoeffler

Martyr au Tonkin ( 1851)

Voir sa biographie sur le site des Missions étrangères de Paris.

Augustin Schoeffler, né le 22 novembre 1822 à Mittelbronn, fit ses études à Pont-à-Mousson, puis à Nancy. Il entra dans la congrégation des prêtres des Missions étrangères de Paris. En 1847, il partit pour la mission du Tonkin occidental, travailla plusieurs années et fut décapité pour la foi à Son Tay, le 1er mai 1851. Il a été béatifié le 27 mai 1900 et canonisé le 19 juin 1988. 

Le saint patron du Grand Séminaire de Lorraine est un jeune prêtre missionnaire originaire de Mittelbronn, dans l'Est lorrain, qui fut martyrisé au Tonkin en 1851: Saint Augustin Schoeffler. C'est une belle figure dans l'histoire de notre Eglise, qui représente certainement un exemple à imiter pour les séminaristes. (diocèse de Metz)

Des internautes nous signalent:

- au diocèse de Metz, depuis quelques années, Saint Augustin Schoeffler et ses compagnons sont fêtés le 25 novembre.

-Missionnaire Lazariste né 22-11-1822 Mittelbronn (57) décédé 01-05-1851 Son-Tay (tête tranchée pour la foi Catholique) déclaré Vénérable 24-09-1857 par Pie IX déclaré Bienheureux 07-05-1900 par Léon XII déclaré Saint 19-06-1988 par Jean-Paul II.

Au 1er mai au martyrologe romain:

À Son-Tay au Tonkin, en 1851, saint Augustin Schoeffler, prêtre de la Société des Missions étrangères de Paris et martyr. Né à Mittelbronn en Lorraine, il fut envoyé dans la mission du Tonkin occidental, et, après trois ans de ministère, il fut fait prisonnier, puis, sur l'ordre de l'empereur Tu Duc, il fut décapité au champ dit des Cinq arpents, recevant ainsi la grâce du martyre qu'il avait demandé à Dieu.
Martyrologe romain
«Les chrétiens ne détrônent pas les rois, même dans les temps de persécution. Vous apprendrez ce qu'est leur fidélité si vous régnez un jour»



Louis Stienne. Statue d'Augustin Schoeffler église Notre-Dame de l'Assomption à Phalsbourg


Saint Augustin Schœffler, Martyr

Né le 22 novembre 1822, Augustin Schoeffler était l’aîné de six enfants d’un instituteur de Mittelbronn, alors dans le diocèse de Nancy. À cette époque, l’instituteur était, en même temps, secrétaire de mairie et chantre à l’église. Comme il semblait doué pour les études, son père le mit en pension chez son oncle, curé d’Arraye, où il fit sa première communion. De là, il entra au petit séminaire de Pont-à-Mousson, car, s’il envisageait volontiers d’imiter son oncle, il lui fallait encore apprendre le français ; de fait, sa langue maternelle était l’allemand. Cependant, il termina ses études au collège de Phalsbourg, ville natale de son père.

Augustin entra au grand séminaire de Nancy, en novembre 1842, où il fut nommé « préfet de chœur ». Puis il rentre au Séminaire des Missions Étrangères. Il fut ordonné prêtre le 29 mai 1847 et reçut sa mission pour le Tonkin. Le 18 novembre, il embarqua à Anvers à destination de la procure des missions d’Extrême-Orient. Juste avant le départ, il reçut des nouvelles concernant sa mission : la persécution venait de reprendre en Cochinchine et au Tonkin.

Dans ce contexte, Schoeffler pénétra clandestinement dans sa mission du Tonkin. Il fallut d’abord se déguiser en Chinois : la moitié du crâne rasé, une queue de cheveux postiches, une longue robe de toile grise fendue de chaque côté. Le jeune missionnaire était heureux de découvrir sa seconde patrie et s’émerveillait de la foi des chrétiens, et des risques qu’ils prenaient pour y demeurer fidèles. Il assimila rapidement la langue et, au bout de six mois, fut capable d’entendre les confessions et de prononcer quelques courtes instructions. Ainsi put-il accompagner son évêque dans sa tournée pastorale. Il était stupéfait de l’ampleur des foules qui se rassemblaient pour la circonstance. Il donna ensuite de ses nouvelles au supérieur du grand séminaire de Nancy : « Depuis que le roi Tu Duc est monté sur le trône de ses ancêtres, notre sainte religion a vu ses jours s’améliorer. Nous nous tenons à moitié cachés, à moitié à découvert. Les mandarins connaissent la présence d’Européens dans leur préfecture, mais ils semblent fermer les yeux. On dirait que l’on voudrait donner la liberté de religion et que l’on n’ose encore ».

L’évêque l’envoya dans la province de Son Tây, au nord-ouest de la mission, c’est là que Jean-Charles Cornay avait subi le martyre quatorze ans plus tôt. Schoeffler arriva dans son nouveau district début 1851. Il était le seul Européen avec huit confrères vietnamiens et quinze mille chrétiens. Dans les montagnes, il y avait des populations aborigènes qui n’avaient jamais entendu parler de l’Evangile. « C’est ici que j’espère mourir », écrivit-il à l’abbé Stricher, un ami de Lorraine.

Mais les édits du nouvel empereur sont clairs : « Les prêtres européens seront jetés dans les abîmes de la mer ou des fleuves. Les prêtres vietnamiens, qu’ils foulent ou non la croix, seront coupés par le milieu du corps. Quiconque dénoncera un prêtre européen recevra huit taëls d’argent. Ceux qui auront caché un prêtre européen seront coupés par le milieu des reins et jetés au fleuve ».

Dès son arrivée au Tonkin, Schoeffler avait écrit : « Le petit coup de sabre serait-il réservé à quelqu’un d’entre nous ? Quelle grâce ! Jusqu’ici je n’ai osé la demander ; mais maintenant, chaque jour au saint Sacrifice, j’offre mon sang à Jésus pour celui qu’il a versé pour moi ».

Dénoncé au chef de canton, Schoeffler fut arrêté en mars 1851, lors de la proclamation de l’édit impérial.

Schoeffler comparut devant le gouverneur de la province de Son Tây, comme Cornay quatorze ans auparavant. Il subit un interrogatoire au sujet de son identité et le motif de sa présence au Vietnam. On lui demanda s’il savait qu’il était interdit d’y prêcher le christianisme sous peine de mort. Il répondit qu’il le savait. On lui enjoignit de marcher sur la croix. Il refusa. Un deuxième interrogatoire n’apporta rien de plus. Le gouverneur n’avait plus qu’à adresser son rapport à l’empereur. Schoeffler fut donc enfermé, chargé de la cangue, dans la prison des condamnés à mort.

Le 11 avril, la sentence impériale revint de la capitale : « Les lois de l’empire défendent très sévèrement la religion de Jésus. Cependant le sieur Augustin, prêtre de cette religion, a osé pénétrer clandestinement dans Nos États pour la prêcher en secret, séduire et tromper le peuple. Arrêté, il a reconnu la vérité du fait, il a tout avoué. Que le sieur Augustin ait la tête tranchée sur-le-champ et jetée dans le fleuve ».

Le 1er mai 1851, le martyr, entouré de l’imposante force armée et de la foule, s’agenouilla et pria un moment. À la demande du bourreau, qui semblait plus ému que lui, il se dénuda le torse et se laissa lier les mains dans le dos. Il leva les yeux au ciel et dit : « Ce que vous avez à faire, faites-le vite ». Quand cymbales et tambours retentirent, le bourreau abattit son sabre.

Après le départ des soldats, on revit ce qui s’était passé treize ans plus tôt après l’exécution de Jean-Charles Cornay : de nombreuses personnes – chrétiennes ou non – s’approchèrent pour tremper des morceaux de coton dans le sang du martyr. On vit même un mandarin récupérer une tunique blanche éclaboussée de sang : elle avait été placée par ses soins sur le lieu de l’exécution. Il reçut plusieurs coups de rotin en châtiment de cette manifestation indigne d’un fonctionnaire de l’empire, mais il emporta chez lui la tunique.

En exécution de la sentence, des soldats jetèrent la tête du martyr dans le fleuve Rouge. Elle ne fut jamais retrouvée. Le corps fut inhumé sur place, selon la loi, dans un cercueil que les chrétiens avaient préparé. Deux jours plus tard, ils l’exhumaient discrètement et allaient le réinhumer dans un village chrétien.

Augustin Schoeffler mourut à l’âge de 29 ans, trois ans après son arrivée dans sa mission du Tonkin. Il fut le premier missionnaire victime de la deuxième vague de persécution du Vietnam, menée par l’empereur Tu Duc, qui fera encore plus de victimes que la première, celle de Minh Mang.

Le décret d’introduction pour sa cause de Béatification est daté du 24 septembre 1857. Le bref de Béatification est signé parle pape Léon XIII le 7 mai 1900, et les solennités furent célébrées le 27 du même mois, à Saint-Pierre de Rome. Sa fête a été transférée du 20 juin au 6 mai en 1960.

Augustin Schoeffler, patron des séminaristes du diocèse de Nancy depuis 1900, a été canonisé le 16 juin 1988 par le pape Jean-Paul II. Il est aussi le patron du séminaire interdiocésain de Lorraine.

[1] Béatifié sous Léon XIII en 1900, canonisé par Jean-Paul II en 1988

die 6 maii
ante CR 1960 : die 20 iunii
SANCTI AUGUSTINI SCHÆFFLER
Martyris
Duplex (CR 1960 : III classis)

Ant. ad Introitum. Is. 18, 2 et 3

Ite, Angeli velóces, ad gentem convúlsam, ad pópulum terríbilem : omnes inhabitatóres orbis, cum elevátum fúerit signum in móntibus, vidébitis. (T.P. Allelúia, allelúia.)

Ps. 46, 2.
Omnes gentes, pláudite mánibus : jubiláte Deo in voce exsultatiónis.
V/.Glória Patri.
Oratio.

Beáti Mártyris tui Augustíni nos, Dómine, præclára fídei exempla in tuo servítio ita confírment : ut fidéles usque ad mortem inveníri mereámur.
Lectio Isaíæ Prophetæ.
66, 18-20

Hæc dicit Dóminus : Vénio ut cóngregem, cum ómnibus gentibus et linguis, et vénient, et vidébunt glóriam meam. Et ponam in eis signum, et mittam ex eis qui salváti fúerint, ad gentes in mare, in Africam, et Lýdiam, tendéntes sagíttam ; in Itáliam et Grǽciam, ad ínsulas longe, ad eos qui non audiérunt de me, et non vidérunt glóriam meam. Et annuntiábunt glóriam meam géntibus : et addúcent omnes fratres vestros de cunctis géntibus donum Dómino, ad montem sanctum meum Jerúsalem.
Graduale. Zach. 1, 10

Isti sunt, quos misit Dóminus, ut perámbulent terram.

V/. Luc. 9, 6 Egréssi circuíbant, evangelizántes et curántes ubíque.
Allelúia, allelúia. V/. Is. 26, 2. Aperíte portas, et ingrediátur gens justa, custódiens veritátem.
Post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, dicitur
Tractus. Ps. 20, 3-4

Desidérium ánimæ eius tribuísti ei : et voluntáte labiórum eius non fraudásti eum.

V/. Quóniam prævenísti eum in benedictiónibus dulcédinis.

V/. Posuísti in cápite eius corónam de lápide pretióso.
In missis tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur :

Allelúia, allelúia. V/. Is. 26, 2. Aperíte portas, et ingrediátur gens justa, custódiens veritátem.
Allelúia. V/. Is. 52, 10. Vidérunt omnes fines terræ salutáre Dei nostri. Allelúia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum.

10, 34-42.

In illo tempore : Dixit Jesus discípulis suis : Nolíte arbitrári quia pacem vénerim míttere in terram ; non veni pacem míttere, sed gládium. Veni enim separáre hóminem advérsus patrem suum, et fíliam advérsus matrem suam, et nurum advérsus socrum suam : et inimíci hóminis, domestici ejus. Qui amat patrem aut matrem plus quam me, non est me dignus. Et qui amat fí-lium aut fíliam super me, non est me dignus. Et qui non áccipit crucem suam, et séquitur me, non est me dignus. Qui invénit ánimam suam, perdet illam ; et qui perdíderit ánimam suam propter me, invéniet eam. Qui récipit vos, me récipit : et qui me récipit, récipit eum qui me misit. Qui récipit Prophétam in nómine Prophétæ, mercédem Prophétæ accípiet ; et qui récipit justum in nómine justi, mercédem justi accípiet. Et quicúmque potum déderit uni ex mínimis istis cálicem aquæ frígidæ tantum in nómine discípuli : amen dico vobis, non perdet mercédem suam.
Ant. ad Offertorium. Ps. 53, 8, 9

Voluntárie sacrificábo tibi : et confitébor nómini tuo, Dómine : quóniam ex omni tribulatióne eripuísti me. (T.P. Allelúia.)
Secreta.

Beáti Mártyris tui, Augustíni intercessióne, quǽsumus, Dómine, Ecclésiæ tuæ commendétur oblátio ; cujus et prædicatiónibus et exémplis illustrátur.
Ant. ad Communionem. Apoc. 22, 1 et 2

Ostendit mihi Angelus flúvium aquæ vitæ, procedéntem de sede Dei et Agni, et lignum vitæ áfferens fructus duódecim, ad sanitátem géntium.(T.P. Allelúia.)
Postcommunio.

Per sacrifícium, Dómine, quod in honórem beáti Mártyris tui Augustíni majestáti tuæ obtúlimus, præcónes evangélicos multíplica et confírma : ut vera fides ubíque lúceat ; et magnificetur in géntibus nomen tuum.


le 6 mai
avant 1960 : le 20 juin
SAINT [1] AUGUSTIN SCHŒFFLER
Martyr
Double (1960 : IIIème classe)

Introït
Allez, rapides messagers, vers le peuple révolté, vers le peuple terrible. Vous tous qui peuplez la terre, quand on élèvera le signe du salut sur la Montagne, regardez ! (T.P. Alléluia, alléluia.)
Peuples de l’univers, faites éclater vos applaudissements, acclamez Dieu par vos cris de joie.
Collecte
Seigneur, que le merveilleux exemple de fidélité à votre service que nous donne le bienheureux Martyr Augustin, nous aide à demeurer fidèles jusqu’à la mort.
Lecture du Livre d’Isaïe le Prophète.
Voici la parole du Seigneur : Je viens pour réunir les hommes de toute race et de toute langue ; ils viendront et ils verront ma gloire. Et je les marquerai d’un signe et j’enverrai certains de ceux qui seront sauvés vers les païens du littoral, vers les tireurs d’arc d’Afrique et de Lybie, en Italie, en Grèce, vers les îles lointaines, vers ceux qui n’ont pas entendu parler de moi et n’ont point vu ma gloire. Et ces messagers annonceront ma gloire aux païens et ils amèneront des frères venus de toute la terre, comme un don au Seigneur, vers ma Montagne sainte, Jérusalem.
Graduel

Voici ceux que le Seigneur a envoyés pour parcourir la terre.
V/. Ils s’en allèrent marchant, prêchant la bonne nouvelle et opérant partout des guérisons.
Allelúia, allelúia. V/. Ouvrez les portes pour laisser entrer le peuple saint qui garde la vérité.
Après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit :
Trait
Vous lui avez accordé le désir de son cœur et vous ne l’avez point frustré de la demande de ses lèvres.
V/. Car vous l’avez prévenu des plus douces bénédictions.
V/. Vous avez mis sur sa tête une couronne de pierres précieuses.
Aux messes pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit :

Allelúia, allelúia. V/. Ouvrez les portes pour laisser entrer le peuple saint qui garde la vérité.
Alléluia. V/. Tous les confins de la terre verront le salut de notre Dieu. Alléluia !
Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu.
En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. Qui veut garder sa vie pour soi la perdra ; qui perdra sa vie à cause de moi la gardera. Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité d’homme juste recevra une récompense d’homme juste. Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : il ne perdra pas sa récompense.
Offertoire

De grand cœur je t’offrirai un sacrifice et je rendrai grâces à ton Nom, Seigneur, car tu m’as délivré de toutes mes épreuves. (T.P. Alléluia.)
Secrète

Nous vous prions, Seigneur, d’agréer l’offrande de votre Église, grâce aux prières du bienheureux Martyr Augustin, qui l’a illustrée par sa prédication et ses exemples.
Communion

L’Ange me montra le fleuve d’eau vive sortant du trône de Dieu et de l’Agneau, et l’arbre de vie qui donne douze fois du fruit pour la guérison des païens. (T.P. Alléluia.)
Postcommunion

Seigneur, par le sacrifice que nous avons offert à votre divine Majesté, en l’honneur du bienheureux Augustin, multipliez et fortifiez les missionnaires de l’Évangile, afin que la vraie foi rayonne en tout lieu et que votre Nom soit loué par tous les peuples.



Louis Stienne. Statue d'Augustin Schoeffler église Notre-Dame de l'Assomption à Phalsbourg
Photographie de G.Garitan

PARCOURS DE ST AUGUSTIN SCHOEFFLER

Augustin SCHOEFFLER né le 22 11 1822 à MITTELBRONN, décédé le 01 05 1851 à SON TÂY .

Béatifié en mai 1900, Augustin SCHOEFFLER a été déclaré « Saint » le 19 juin 1988 par le pape Jean- Paul II.


Augustin SCHOEFFLER  est né le 22 novembre 1822 à MITTELBRONN, village de Lorraine.

Il  est fils d’Antoine SCHOEFFLER né en 1799 à PHALSBOURG et de Madeleine HEIMROTH.
Son père, d’abord instituteur à, s’installe en 1844 à Phalsbourg où il prend en gérance une auberge fréquentée par les ouvriers du Chemin de Fer. Il meurt le 22 mai 1847, âgé de 49 ans au moment de l’ordination à Paris de son fils Augustin.
Madeleine, la mère d’Augustin revient alors à MITTELBRONN où elle meurt le 17 février 1864 à l’âge de 63 ans.

Augustin est germanophone, dès l’âge de 6 ans, il est confié à son oncle Charles SCHOEFFLER, prêtre, qui lui apprend le français.

Au cours de sa jeunesse, il séjourne à ARRAYE ET HAN, à BETTBRONN et St LOUIS où son oncle est successivement curé.

Augustin a entre 11 et 19 ans et c’est durant ces années que s’éveille sa vocation sacerdotale et missionnaire.

Augustin fait sa première communion  le 13 avril 1834 à BETTBRONN.

En 1837, il commence ses études au Petit Séminaire de Pont à Mousson.

 Le 4 novembre 1842, Augustin entre au Grand  Séminaire de Nancy.

Le décès de son oncle Charles SCHOEFFLER survenu le 3 mars 1843 affecte fortement Augustin.

Le 1er juin 1844, Augustin est tonsuré au Grand Séminaire de Nancy avec 23 autres séminaristes, il est   sous-diacre le 6 mars 1846 et reçoit le diaconat le 6 juin de la même année.

Après cette ordination diaconale, Augustin ne peut obtenir de ses parents l’autorisation de partir pour  les missions. Devant  ce refus inflexion,  une grave décision s’impose au séminariste.

Début octobre 1846, le jeune diacre fait ses adieux à sa famille comme s’il se rendait au Grand  Séminaire de Nancy pour la dernière année de préparation à la prêtrise, il charge alors un ami prêtre de prévenir ses parents qu’ils ne le reverraient plus parce qu’il part pour les missions.

Ce n’est  que trois semaines plus tard, dans une lettre adressée à ses  parents qu’Augustin explique sa décision (lettre 24-18 octobre 1846) mais sa famille ne répond plus à ses lettres.

Augustin est maintenant au Séminaire des Missions Etrangères, 120 rue du Bac à Paris. Il manque d’argent. Dans une lettre à sa tante Elise il écrit : « je vous dirai franchement que je suis pauvre, 30 sous font toute ma fortune mais j’aime cette pauvreté car ce doit être ma vie » ( lettre 32- 29 décembre 1846)

Augustin est ordonné prêtre le 29 mai 1847. Il célèbre sa première messe le dimanche de la Sainte Trinité en l’église St François Xavier des Missions Etrangères. « Le plus beau jour de ma vie » écrit-il.

Le 18 septembre 1847, il quitte Paris pour Anvers et embarque à bord de l’Emmanuel pour une mission à TONKIN. Le naufrage du navire en rade d’Anvers reporte le départ pour l’Asie au 18 novembre 1847.

Quatre mois plus tard, Augustin arrive à SINGAPOUR ou il séjourne une quinzaine de jours avant d’embarquer sur le Prince Albert pour HONG KONG (mai 1848) puis MACAO. Une barque chinoise va le transporter à LA-FOU et de là au TONKIN où il arrive au mis de juillet 1848.

Après un temps consacré à l’apprentissage de la langue annamite, Augustin parcourt l’ANNAM et le TONKIN  pour visiter les communautés chrétiennes qui lui sont confiées. Le vicariat très étendu compte 120000 chrétiens. La mission s’étend sur sept provinces dans lesquelles œuvrent six missionnaires et cinquante prêtres indigènes.

Augustin est très vite épuisé par le surcroît de travail, le peu de sommeil, le régime alimentaire et le climat auquel  il n’est pas habitué. Sa santé est mauvaise et Cô-Dong , ainsi baptisé par ses frères tonkinois, a souvent recours à la médecine annamite.

Dans le même temps  la répression contre les chrétiens s’amplifie et un édit du mandarin met à prix la tête des missionnaires.

En 1849, au cours d’une tournée pastorale avec son évêque, Mgr Pierre RETORD, Augustin échappe de peu aux soldats du mandarin.

En 1850, une épidémie de choléra fait de nombreux morts dans la province où se trouve Augustin,
il est atteint par la maladie mais guérit.

En février 1851, un édit interdit aux missionnaires européens de prêcher la religion chrétienne.

Après avoir échappé plusieurs fois à la capture, au mois de mars 1851, sur dénonciation, Augustin est arrêté par les soldats du mandarin de SON TÂY.

 Reconnu coupable de « parcourir le royaume pour y prêcher la religion, séduire et tromper le peuple », il est décapité au sabre le 1er mai 1851 devant les soldats et le peuple assemblés.

Augustin est alors âgé de 29 ans.

Des soucis matériels, familiaux ajoutés aux nombreux deuils qu’a connus Augustin  donnent une tonalité parfois amère à ses lettres mais elles expriment la vie, les préoccupations, les idées, les préjugés et les projets d’un jeune homme marqué par sa terre natale, sa famille, l’Eglise et la société de son temps, à la recherche de Dieu et de sa vocation.




Augustin Schoeffler

Prêtre, Martyr, Saint


1822-1851

« Les chrétiens ne détrônent pas les rois, même dans les temps de persécution. Vous apprendrez ce qu’est leur fidélité si vous régnez un jour »
Né le 22 novembre 1822, Augustin Schoeffler était l’aîné de six enfants d’un instituteur de Mittelbronn, enMoselle.  À cette époque, l’instituteur était, en même temps, secrétaire de mairie et chantre à l’église.  À l’école, le jeune Augustin a laissé le souvenir d’un garçon doux et réaliste.  Comme il semblait doué pour les études, son père le mit en pension chez son oncle, curé d’Arraye, où il fit sa première communion.  De là, il entra au petit séminaire de Pont-à-Mousson, car, s’il envisageait volontiers d’imiter son oncle, il lui fallait encore apprendre le français ; de fait, sa langue maternelle était l’allemand. Cependant, il termina ses études au collège de Phalsbourg, ville natale de son père, où celui-ci était revenu, et assurait la comptabilité de plusieurs commerces.  Progressivement, la douceur d’Augustin laissa place « à une attitude fière reflétant plutôt une énergie non exempte d’une certaine rudesse ». Après un discernement, dans le but de savoir s’il devait être militaire ou prêtre, il déclara à sa sœur : « Quand je serai curé, tu viendras gouverner ma maison ».
C’est ainsi qu’Augustin entra au grand séminaire de Nancy, en novembre 1842, où il fut nommé « préfet de chœur » et dirigea son affaire d’une main de maître, toutefois sa douceur d’enfant réapparaissait lorsqu’il s’agissait de soutenir des séminaristes en difficulté.
En mars 1846, il écrivit à l’un de ses anciens condisciples devenu vicaire à Phalsbourg : « Très cher ami, vous m’avez dit que mon père avait l’intention de m’écrire sa façon de penser, et j’attendais toujours cette lettre afin de vous en faire part.  J’ai beau attendre, elle ne vient pas…  J’ai bien d’autres souffrances à attendre, et même je suis heureux d’avoir ce retard de la part de mes parents, car cela ne fera que fortifier de plus en plus ma vocation.  Veuillez donc passer encore une fois chez nous, et après avoir de nouveau un peu sondé le terrain, donnez-moi des nouvelles le plus tôt qu’il vous sera possible ».
Alors que le supérieur du séminaire avait formulé un avis positif quant à sa requête, l’évêque, ainsi que les Pères du Séminaire des Missions Étrangères tardaient à répondre, c’est pourquoi il poursuivit : « Je n’ai pas encore reçu non plus de réponse de Paris, je ne sais pourquoi on tarde si longtemps :  voilà déjà plus de quinze jours que M. le supérieur a écrit cependant… ».
Finalement, le Conseil des Pères de Paris et l’évêque de Nancy finirent par donner leur accord.  Il dut alors faire face à un refus familial.  Augustin retourna à Phalsbourg après avoir été ordonné diacre le 9 octobre 1846, il y prononça un sermon remarqué. Il dit ensuite à ses parents qu’il allait à Mittelbronn faire un pèlerinage à l’église où il avait été baptisé et partit pour Paris, laissant à un ami prêtre la mission d’informer sa famille de ses projets. 
Au séminaire des Missions Étrangères, il apprit que deux de ses tantes avaient entrepris des démarches auprès du supérieur pour le  retenir en France.  Ce à quoi il répondit : « Je ne me sens nul goût pour le ministère de notre France :  il est trop mort, et, au bout de deux ans, je serai un homme perdu à jamais.  Mon caractère veut de l’activité ».
Puis, il s’adressa  à son ancien directeur de Nancy : « Généralement on désire plus les missions où il y a encore quelque persécution à craindre, par conséquent la Chine sourit plus que l’Inde ; mais pourvu que l’on soit là où le bon Dieu vous appelle, c’est l’unique chose nécessaire ».
Il fut ordonné prêtre le 29 mai 1847 et reçut sa mission pour le Tonkin.  Le 18 novembre, il embarqua à Anvers à destination de la procure des missions d’Extrême-Orient.  Juste avant le départ, il reçut des nouvelles concernant sa mission :  la persécution venait de reprendre en Cochinchine et au Tonkin.
D’UN EMPEREUR À L’AUTRE
La traversée de L’Emmanuel commença par une tempête, et se poursuivit heureusement jusqu’au détroit de la Sonde, à partir duquel on veilla à éviter les rencontres de pirates malais, pour s’achever à Singapour après cent dix-neuf jours de navigation.  En ce lieu, on le transborda sur Le Prince Albert à destination de Hongkong, où Schoeffler et ses six compagnons débarquèrent fin avril 1848.  La procure des missions venait d’être transféré de Macao vers la jeune colonie britannique toute proche.
Après la mort de l’empereur Minh Mang, en 1840, l’Église du Vietnam ― l’empire issu de la réunion des royaumes de Cochinchine et du Tonkin – connaissait un répit relatif sous le règne de Thiêu Tri.  Aucun des édits contre les chrétiens n’avait été abrogé, mais le nouvel empereur mit moins de zèle à les faire appliquer.  Lorsqu’en 1843, le capitaine de corvette Favin-Lévêque se présenta à Tourane (Danang) afin de négocier les bases d’un traité commercial entre la France et le Vietnam, il fut prévenu que cinq missionnaires français étaient détenus à Huê, depuis deux ans, et condamnés « à mort avec sursis ». Avant d’engager les négociations, il exigea leur libération, « ne pouvant traiter qu’avec un souverain ami ». Les cinq rescapés lui furent donc remis à condition qu’il les emmenât.  En 1847, de nouvelles négociations eurent lieu, qui furent menées par le commandant Lapierre. Averti que ses deux corvettes devaient êtres coulés pendant les conversations à terre, il prit les devants, tira sur les jonques de guerre qui le cernaient déjà, et hissa les voiles avant de se retirer. C’était plus qu’il n’en fallait pour que la persécution plus ou moins assoupie ne reprenne avec la même violence que sous le règne de Minh Mang. On promit trente barres d’argent à quiconque apporterait aux autorités la tête d’un étranger. Et comme il n’y avait pas d’autres étrangers au Vietnam que les missionnaires français et dominicains espagnols, de nombreux mandarins s’inquiétèrent : tout cela ne pourrait qu’amener de nouveaux malheurs. En 1848, l’empereur Thiêu Tri mourut. La succession posa problème et révéla l’existence de clans à la Cour de Huê, car c’est le second fils de l’empereur défunt qui fut reconnu comme héritier, au préjudice de l’aîné. Le nouvel empereur, Tu Duc, était un jeune homme de dix-neuf ans. On ignorait tout des intrigues qui l’avaient porté sur le trône. C’est dans ce contexte que Schoeffler pénétra clandestinement dans sa mission du Tonkin.
Il fallut d’abord se déguiser en Chinois : la moitié du crâne rasé, une queue de cheveux postiches, une longue robe de toile grise fendue de chaque côté ; ensuite, embarquement sur une jonque de contrebandiers chinois, cabotage tout au long de la côte du Guandong jusqu’à Lafou, village chrétien tout proche de la frontière tonkinoise. En ce lieu, changement de costume, pour revêtir un turban, une tunique fendue de calicot noir et un large pantalon de toile blanche. Schoeffler écrivit alors à ses anciens supérieurs :
« Me voici arrivé à la terre promise : je suis au comble de mes vœux. Ce n’est pas cependant sans avoir traversé bien des difficultés.  J’ai dû me dérober aux espions des mandarins, fuir les pirates chinois, essuyer de telles tempêtes que je me suis cru plus d’une fois sur le point de dire adieu au monde :  ce sont là autant de tribulations par lesquelles la Providence a voulu me faire passer avant de me montrer le lieu de paix et de bonheur ».
Augustin se trouvait alors en face de son évêque, Mgr Retord, avec lequel il trouva un bon terrain d’entente. Le jeune missionnaire était heureux de découvrir sa seconde patrie et s’émerveillait de la foi des chrétiens, et des risques qu’ils prenaient pour y demeurer fidèles. Il assimila rapidement la langue et, au bout de six mois, fut capable d’entendre les confessions et de prononcer quelques courtes instructions. Ainsi put-il accompagner son évêque dans sa tournée pastorale.  Il était stupéfait de l’ampleur des foules qui se rassemblaient pour la circonstance. Il donna ensuite de ses nouvelles au supérieur du grand séminaire de Nancy :
« Depuis que le roi Tu Duc est monté sur le trône de ses ancêtres, notre sainte religion a vu ses jours s’améliorer. Nous nous tenons à moitié cachés, à moitié à découvert. Les mandarins connaissent la présence d’Européens dans leur préfecture, mais ils semblent fermer les yeux. On dirait que l’on voudrait donner la liberté de religion et que l’on n’ose encore ».
Le jeune empereur, pour marquer son avènement, avait procédé à une amnistie générale, sauf pour les condamnés à mort ferme ; d’où la libération de nombreux chrétiens, y compris plusieurs condamnés « à mort avec sursis ». Le souverain s’était fait lire les annales de l’Empire où étaient rapportés les services rendus à son arrière-grand-père Gia Long par Mgr Pigneau de Béhaine, l’illustre « évêque d’Adran », et les autres missionnaires français, à l’époque de la création du Vietnam. Reconnaissant pour les services rendus, il n’abrogea pourtant pas les édits contre le christianisme promulgués par son grand-père Minh Mang et reconduits par son père Thiêu Tri. De sorte qu’officiellement, on en était encore à la persécution. Dans ces conditions, Mgr Retord souhaitait voir augmenter le nombre de chrétiens pour « habituer » fidèles, non-chrétiens et autorités au « fait » chrétien. À cette époque, la famine et les maladies telle que la peste se développaient. Schoeffler, à son tour, fut atteint du choléra à la fin de sa tournée avec l’évêque. Mgr Retord lui administra les sacrements et le prépara à la mort. Mais Schoeffler se remit rapidement et acheva la tournée en reprenant confessions et célébration des sacrements pour les malades. Après cela, l’évêque estima qu’il pouvait laisser son jeune missionnaire voler de ses propres ailes.  Il l’envoya dans la province de Son Tây, au nord-ouest de la mission, là où le fleuve Rouge, avant d’entrer dans son delta, reçoit ses deux grands affluents : la rivière Noire à droite et la rivière Claire à gauche.
C’est là que Jean-Charles Cornay avait subi le martyre quatorze ans plus tôt. Schoeffler arriva dans son nouveau district début 1851. Il était le seul Européen  avec huit confrères vietnamiens et quinze mille chrétiens.  Dans les montagnes, il y avait des populations aborigènes qui n’avaient jamais entendu parler de l’Evangile. « C’est ici que j’espère mourir », écrivit-il à l’abbé Stricher, un ami de Lorraine.  Mais il oubliait que les montagnes étaient un repaire de brigands, ce qui rendait les mandarins vigilants.
VOUS APPRENDREZ CE QU’EST LA FIDÉLITÉ DES CHRETIENS
Nous avons vu que l’éviction du fils aîné de l’empereur Thiêu Tri au profit de son cadet Tu Duc prouvait l’existence de clans à la Cour du Vietnam. De fait, le prince dépossédé, Hoàng Bao, ne s’y résignait nullement et commençait à intriguer pour étoffer son parti.  Il fit même contacter l’évêque de la Cochinchine septentrionale, Mgr Pellerin, lui promettant la liberté religieuse, lui laissant même espérer sa conversion au christianisme.  Ce à quoi l’évêque répondit que « les chrétiens ne détrônent pas les rois, même dans les temps de persécution.  Vous apprendrez ce qu’est leur fidélité si vous régnez un jour ». La conspiration de Hoàng Bao fut découverte, les conjurés les plus influents furent décapités, et le prince, condamné à la prison à vie, s’étrangla. Le Premier mandarin accusa les chrétiens d’avoir participé au complot, et le résultat ne se fit pas attendre : les édits de Minh Mang furent reconduits et même aggravés : « Les prêtres européens seront jetés dans les abîmes de la mer ou des fleuves. Les prêtres vietnamiens, qu’ils foulent ou non la croix, seront coupés par le milieu du corps. Quiconque dénoncera un prêtre européen recevra huit taëls d’argent. Ceux qui auront caché un prêtre européen seront coupés par le milieu des reins et jetés au fleuve ».
Dès son arrivée au Tonkin, Schoeffler avait écrit : « Le petit coup de sabre serait-il réservé à quelqu’un d’entre nous ? Quelle grâce ! Jusqu’ici je n’ai osé la demander ; mais maintenant, chaque jour au saint Sacrifice, j’offre mon sang à Jésus pour celui qu’il a versé pour moi ».
Dénoncé au chef de canton, Schoeffler fut arrêté en mars 1851, lors de la proclamation de l’édit impérial.  Un prêtre vietnamien, arrêté en même temps que lui, avec un catéchiste et quelques fidèles, demandèrent de pouvoir le racheter.  Le chef des soldats proposa une grosse somme d’or et d’argent. « Je ne dispose pas d’une pareille somme, dit Schoeffler, mais mes disciples arriveront peut-être à la réunir ». Cette solution trouva l’approbation du chef des soldats, qui laissa partir les compagnons du prisonnier.  Quand Schoeffler estima qu’ils étaient assez loin et hors de danger, il pressa l’officier de le mener sans plus tarder aux mandarins.  Il avait réussi à sauver ses compagnons.
Schoeffler comparut devant le gouverneur de la province de Son Tây, comme Cornay quatorze ans auparavant. Il subit un interrogatoire au sujet de son identité et le motif de sa présence au Vietnam. On lui demanda s’il savait qu’il était interdit d’y prêcher le christianisme sous peine de mort.  Il répondit qu’il le savait. On lui enjoignit de marcher sur la croix. Il refusa. Un deuxième interrogatoire n’apporta rien de plus. Le gouverneur n’avait plus qu’à adresser son rapport à l’empereur. Schoeffler fut donc enfermé, chargé de la cangue, dans la prison des condamnés à mort. « Il ne s’est jamais plaint », observèrent ses compagnons. Un envoyé de Mgr Retord, porteur de quelques barres d’argent, lui fit passer une lettre, et obtint qu’il fût détenu dans une pièce du logement du gardien-chef ; mais il ne put lui adresser la parole : ils se regardèrent seulement. La captivité de Schoeffler s’était donc bien adoucie depuis le transfert de local, mais il restait très étroitement surveillé. Un prêtre vietnamien toutefois, prenant tous les risques, parvint à le voir, et entendit sa confession.
Le 11 avril, la sentence impériale revint de la capitale : « Les lois de l’empire défendent très sévèrement la religion de Jésus. Cependant le sieur Augustin, prêtre de cette religion, a osé pénétrer clandestinement dans Nos États pour la prêcher en secret, séduire et tromper le peuple. Arrêté, il a reconnu la vérité du fait, il a tout avoué. Que le sieur Augustin ait la tête tranchée sur-le-champ et jetée dans le fleuve ».
L’EXECUTION
Le 1er mai 1851, le gouverneur convoqua deux régiments. Toute la ville pensa à une expédition contre les brigands. En fait, il s’agissait de l’exécution d’Augustin Schoeffler. Le gouverneur voulait ainsi décourager toute tentative d’aide de la part des chrétiens. Quand on vint le chercher, le martyr manifesta une grande joie. Il jeta au loin ses sandales et emboîta le pas pieds nus à ses gardiens, tenant d’une main sa chaîne relevée pour marcher plus facilement.  Les personnes présentes manifestaient leur admiration : « C’est un héros : il va à la mort comme à une fête !  Quel bel homme, quel air de bonté !  Comment le roi peut-il faire tuer de tels hommes ! ».
Arrivé au lieu du supplice, près des murs de la citadelle, le martyr, entouré de l’imposante force armée et de la foule, s’agenouilla et pria un moment. À la demande du bourreau, qui semblait plus ému que lui, il se dénuda le torse et se laissa lier les mains dans le dos. Il leva les yeux au ciel et dit : « Ce que vous avez à faire, faites-le vite ». Quand cymbales et tambours retentirent, le bourreau abattit son sabre.
Après le départ des soldats, on revit ce qui s’était passé treize ans plus tôt après l’exécution de Jean-Charles Cornay : de nombreuses personnes ― chrétiennes ou non ― s’approchèrent pour tremper des morceaux de coton dans le sang du martyr. On vit même un mandarin récupérer une tunique blanche éclaboussée de sang : elle avait été placée par ses soins sur le lieu de l’exécution. Il reçut plusieurs coups de rotin en châtiment de cette manifestation indigne d’un fonctionnaire de l’empire, mais il emporta chez lui la tunique.
En exécution de la sentence, des soldats jetèrent la tête du martyr dans le fleuve Rouge. Elle ne fut jamais retrouvée. Le corps fut inhumé sur place, selon la loi, dans un cercueil que les chrétiens avaient préparé. Deux jours plus tard, ils l’exhumaient discrètement et allaient le réinhumer dans un village chrétien.
Augustin Schoeffler mourut à l’âge de 29 ans, trois ans après son arrivée dans sa mission du Tonkin. Il fut le premier missionnaire victime de la deuxième vague de persécution du Vietnam, menée par l’empereur Tu Duc, qui fera encore plus de victimes que la première, celle de Minh Mang.
Le décret d'introduction pour sa cause de Béatification est daté du 24 septembre 1857. Le bref de Béatification est signé par le pape Léon XIII le 7 mai 1900, et les solennités furent célébrées le 27 du même mois, à Saint-Pierre de Rome.
Augustin Schoeffler, désormais saint patron du Séminaire de Metz, a été canonisé le 16 juin 1988 par le pape Jean-Paul II. Les saints martyrs du Vietnam sont honorés le 24 novembre.



Les portraits d'Augustin

A quoi ressemblait Augustin Schoeffler ? Un débat existe à ce sujet depuis longtemps. Or il est attesté qu'il a posé pour un daguerréotype avant son départ en mission à l'automne 1847. Il écrit d'Anvers à sa tante Elise Schoeffler et à mademoiselle Klein, le 14 octobre 1847 : "Avez-vous reçu le portrait [1que je vous ai envoyé ?" Par ailleurs, des témoins affirment que l'abbé Stricher a reçu, lui-aussi, un portrait d'Augustin, sans doute à la même époque.

Cette technique inventée par Louis Daguerre, en 1837, connut une vogue rapide. Ce n'était pas encore la photographie telle que nous la connaissons : cela ne pouvait se faire qu'en studio et il fallait, au début, poser une demi-heure immobile !

Ces portraits ont été reproduits et ... retouchés après le martyre d'Augustin. Ce n'était plus un souvenir de famille, le cliché était devenu objet de vénération et il devait correspondre au goût et à l'attente du public. C'est la période d'essor, dans l'art religieux, de ce qui est désigné sous le qualificatif peu élogieux de "sulpicien". Si l'on compare le portrait d'Augustin [2], réalisé en 1847, avec celui du populaire Théophane Vénard, réalisé en 1851, on réalise pourquoi il "fallait" retoucher celui d'Augustin. La prise de vue a été faite en légère contre plongée (du bas vers le haut), ce qui donne une impression de froideur. Théophane a la tête un peu baissée et il regarde l'objectif, Augustin a les yeux tournés vers sa droite. Rapidement les retouches vont corriger la froideur en ajoutant un très léger sourire, corriger ce regard en le tournant vers le ciel.

Pour connaître le vrai visage d'Augustin, la chance est avec nous. Il n'existe pas un cliché non retouché, mais certainement au moins deux : en effet, Augustin Schoeffler a posé avec deux de ses condisciples du Séminaire des Missions Etrangères de Paris [3]. Et c'est son profil que nous voyons dans l'album des missionnaires, cliché reproduit ici. Aucun trucage, aucune retouche.

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Lorsque le chanoine Mangenot prépare sa biographie sur Augustin, il envoie à l'abbé Martin, curé de Phalsbourg, un véritable questionnaire[ 4]. On y trouve ceci :

"La photographie faite à Phalsbourg par Zanover [5reproduit-elle exactement les dimensions du daguerréotype ?

- Le portrait, la photographie faite à Phalsbourg n'a pas été faite d'après le daguerréotype, mais d'après une autre photographie : M. l'abbé Ehalt [6], qui a parfaitement connu le bienheureux, trouve que cette photographie est très ressemblante [7]. [...]

Monsieur Stricher [8avait le daguerréotype en question, mais on ne sait pas ce qu'il est devenu."

Il y a un certain flottement... Et la tante Elise n'est plus là pour donner son avis, elle est décédée à Lunéville en 1883. Le chanoine Mangenot poursuit ses recherches, sa patience s'illustrera plus tard dans l'édition du fameux Dictionnaire de Théologie Catholique. L'abbé V. F. Schoeffler, curé de Willerwald et cousin d'Augustin, lui écrit, le 16 novembre 1900 : " J'ai l'honneur de vous adresser la reproduction du Daguerréotype représentant le Bienheureux Augustin Schoeffler avec le costume annamite [9]. Le Bienheureux l'avait envoyé de Paris à Mr. l'abbé Stricher, alors vicaire à Phalsbourg. A la mort de Mr. Stricher, j'ai prié sa soeur de me céder ce daguerréotype. A trois reprises différentes, elle me l'a refusé, et au 3e refus, elle a ajouté qu'elle l'avait donné à son frère, employé dans la Savoie. Mais ce n'était que le cadre qu'elle avait donné. Par une Providence particulière, le beau-frère de Mr. Stricher, Joseph Meyer, a détaché du cadre le portrait du Bienheureux, ainsi que celui de Mr. Krick [10], et les a remis à Mr. l'abbé Marchal, curé d'Archeviller, voulant, disait-il, sauver ces deux figures. Au mois d'août de cette année, me trouvant chez Mr. l'abbé Marchal, on parlait des deux portraits du Bienheureux (l'autre était dans la possession de sa tante Elise) et je déplorais la perte de celui qui appartenait à Mr. l'abbé Stricher, tout en en faisant la description ; tout à coup, Mr. Marchal dit : Je crois que je l'ai. Il me le remit après m'avoir raconté comment il l'avait reçu.


"Avant de vous servir de cette reproduction, je vous prierai d'attendre encore quelques semaines, car j'ai fait remettre l'original à un photographe de Saverne pour la faire reproduire, et établir une comparaison. Je vous enverrai la 2e épreuve avec l'original qui sera conservé dans la bibliothèque du grand séminaire de Nancy [11].

"Quant au 1er portrait authentique que le Bienheureux avait envoyé à sa tante, je ne sais où le trouver, n'étant plus en relations avec ses nièces. Mais je l'ai fait reproduire, comme vous avez pu le voir dans la 2e édition de Mr. le chanoine Finot.

"En Lorraine, surtout à Phalsbourg, cette reproduction a été renouvelée maintes fois, et il me semble que chaque photographe y introduit un changement, presque imperceptible, il est vrai, mais ce n'est plus tout à fait le même regard inspiré de la 1ère épreuve. J'ai heureusement gardé le numéro du cliché du photographe Odinot [12], c'est le n° 32493. Si Mr. Odinot l'a conservé, vous trouverez-là le véritable portrait du Bienheureux, et je vous permets et je vous prie de le faire reproduire pour la gloire du Bienheureux.

"La ressemblance la plus frappante se trouve dans le portrait avec le costume annamite a déclaré Mr. Ehalt, son condisciple et son ami. L'autre portrait ne déclare pas assez franchement la figure osseuse [13que possédait le Bienheureux."


Ce précieux témoignage éclaire quelque peu notre problème, sans toutefois lever toutes les ambiguïtés. Il semble bien qu'Augustin ait fait parvenir, de Paris, au moins deux portraits : l'un à sa tante Elise, l'autre à l'abbé Stricher. Par contre, il est tout à fait invraisemblable qu' Augustin ait posé, à Paris, en costume annamite. Une autre lettre de l'abbé V. F. Schoeffler, datée du 29 juillet 1903, indique ceci : " Je vous envoie ci-joint un portrait du Bienh. avec costume chinois. (Le costume annamite doit être le même, suivant le dire d'un missionnaire.) C'est le P. Victor Laroche, neveu de Mr. l'archiprêtre de Sarralbe, revenu de Chine pour cause de maladie, qui m'a donné son portrait fait en Chine. Le photographe a adapté au buste la tête du martyr, et ainsi l'on a à peu près sa tenue de missionnaire, moins la barbe, la tête rasée et la mèche de cheveux [14].

"L'autre portrait avec turban [15], dont je vous ai envoyé un exemplaire, n'a d'autre valeur que celle de reproduire plus fidèlement les traits de la figure, surtout de la bouche et du menton, suivant le témoignage de son ami Mr. l'abbé Ehalt."

Nous trouvons encore un autre témoignage dans la documentation réunie par M. le chanoine Mangenot. Il s'agit d'une carte de visite, non datée, de l'abbé Ch. Pernot, vicaire à St Fiacre de Nancy qui " retourne à M. Mangenot la photographie du Bx Schoeffler. Monsieur le Curé [16a donné la même appréciation ; il y a quelque chose qui rappelle la figure du Bx, mais selon lui elle est idéalisée. Il est tenté de croire que la photographie de M. le Curé de Phalsbourg a été faite non pas directement mais d'après un dessin plus ou moins fidèle."

Nous ne pourrons pas conclure ce dossier définitivement : nous ne possédons pas le portrait avec turban, il existe des documents qui dorment dans des malles ou de vieux albums de photographies. Si cet article pouvait aider à les retrouver... Dans l'état actuel de la documentation, nous pouvons retenir :
- le premier cliché où Augustin est en compagnie de deux autres séminaristes des Missions Etrangères (il est à gauche, de profil). Voir également l'agrandissement... même s'il est de mauvaise qualité.

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- le deuxième est également indiscutable. Augustin a les mains dans les manches de sa soutane, il est sérieux, tendu, déterminé. L'épaule gauche est plus haute que la droite. Il pourrait s'agir du daguerréotype envoyé à la tante Elise ?

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- le 3e, sur carte postale, montre d'importantes différences :les épaules sont à la même hauteur, la tête est très légèrement relevée, le visage est arrondi, Augustin semble plus serein ; le tracé de la mâchoire est adouci. C'est ce cliché que l'on trouve dans la deuxième édition de la biographie par l'abbé Finot. Il n'est pas impossible qu'il s'agisse d'un autre daguerréotype ou plutôt d'un cliché retouché (mâchoire) à partir d'un autre daguerréotype. Ce serait celui envoyé à Stricher ? C'est ce cliché qui semble être à l'origine de ceux qui suivent et même du visage d'Augustin tel qu'il figure sur le tableau du martyre [17], tableau réalisé peu de temps après, au Vietnam, ce qui laisserait penser que le peintre avait un cliché... en effet, le jour du martyre, Augustin avait la barbe et ses cheveux étaient très courts comme l'indique le rapport de son évêque.

- le 4e est une image gravée avec légende en allemand reproduisant le 3e avec retouche "imperceptible". C'est la dernière avec le rabat.

- le 5e, image de piété imprimée entre 1857 et 1900 (il est "Vénérable"), gravure représentant Augustin en costume "chinois" ? : le visage est à nouveau retouché, notamment la bouche où l'on a comme un sourire obtenu en accentuant les plis de chaque côté de la bouche ; les yeux sont nettement plus tournés vers le haut ; en arrière fond des constructions orientales que l'on retrouve dans les deux clichés suivants ; attitude pieuse, avant-bras croisés sur la poitrine, main droite tenant la croix. Augustin n'a jamais ressemblé à ce portrait lorsqu'il était au Tonkin: il portait la barbe, avait la tête rasée, sauf une mèche à l'arrière du crâne...

- le 6e, image de piété, gravure imprimée à partir de 1900 ("bienheureux"), reprend le précédent avec d'importantes retouches au visage : Augustin a pris un coup de jeune.

- le 7e cliché n'a de commun avec les trois précédents que le costume ; le cliché a été retourné ; il est parent des précédents avec d'énormes retouches... c'est presque quelqu'un d'autre. On retrouve la mèche relevée et la position des cheveux autour de l'oreille. C'est une image imprimée par l'Oeuvre de la Ste Enfance : l'absence de mention "vénérable" pourrait indiquer une impression très tôt, entre 1852 et 1857.

- le 8e cliché a été imprimé avant 1900, puis l'image a été actualisée par un collage "le bienheureux" au dessus de la mention "le vénérable". La parenté est nette avec le 8e : le sens, tourné vers la droite ; le costume, avec cependant moins de plis et un col montant plus important. Le visage n'a plus qu'un lointain rapport avec les premiers clichés.

- le 9e cliché s'inspire manifestement du précédent au niveau du visage encore retouché... mais aussi de la série 5,6,7 (avant-bras croisés et arrière-fonds reprenant de façon très floue les deux bâtiments). Il s'agit d'une image plus récente que les précédentes, elle reproduit un tableau qui se trouve aux Missions Etrangères de Paris.

En résumé, mis à part le cliché de groupe (n° 1), on se trouve devant un premier ensemble (2,3,4) avec rabat, Augustin a les yeux légèrement tournés vers sa droite, mais la position des épaules indique qu'il y a deux clichés différents (2 et 3) ; puis un deuxième ensemble (5,6,), dérivant du cliché n° 3, en costume étranger, avec les bras croisés et la croix, les yeux sont davantage tournés vers le haut et un certain sourire ; le troisième ensemble (7,8) se caractérise par le renversement du cliché, le costume s'apparente à celui du 2e ensemble, mais le décor en arrière fond a disparu, l'attitude se rapproche du 1er ensemble, cependant les bras, dont on ne distingue que le haut, ne sont pas croisés. Enfin, le cliché n° 9 qui reprend un peu de chacun des autres sauf du n° 2.

Pardonnez-moi : vous avez peut-être une indigestion de détails. Essayez de vous faire une opinion par vous-mêmes en comparant les reproductions. Il ne s'agit pas d'imposer un portrait - on peut aimer les portraits idéalisés - mais d'essayer de retrouver à quoi ressemblait véritablement le jeune Augustin Schoeffler à la veille de son départ en Mission. Et il n'y a pas d'hésitation possible : seuls les clichés 1 et 2 nous donnent l'image "historique" de ce jeune homme de 25 ans. C'est effectivement un visage anguleux et non poupin, volontaire.

Ne serait-il pas judicieux de privilégier le véritable visage d'Augustin si nous voulons le rendre proche de notre temps qui apprécie de moins en moins les retouches qui trahissent en idéalisant. Osons donc retrouver - par delà les pieuses retouches - la vérité d'un homme qui part en Mission sans avoir pu faire ses adieux à ses parents, opposés à sa vocation, qui connaît, jusqu'aux derniers jours avant son départ, des manoeuvres destinées à le dissuader de partir et même des problèmes d'argent. Il n'a pas encore le sourire d'un bienheureux même s'il est très heureux de s'embarquer vers une terre connue pour être celle des martyrs.


Livres disponibles dans les bibliothèques :
  • - Abbé FINOT. - Vie et mort du Bienheureux Augustin Schoeffler : un martyr lorrain en Extrême-Orient. Metz, 1900, 2e éd., 157 p. avec un portrait.
  • - Abbé E. MANGENOT. - Le Bienheureux Augustin Schoeffler. Nancy, 1900, 105 p.
  • Disponible à l'association St Martin (Mittelbronn ; adresse p. 8)
  • - Abbé NOBLET & abbé BERLOCHER.- Un aventurier de Dieu : Augustin Schoeffler 1822-1851. Plaquette illustrée de 32 p., 1988 (2 éditions).
  • St Augustin Schoeffler : 19 juin 1988 Rome - 28 août 1988 Mittelbronn. C'était hier, souvenez-vous aujourd'hui... Plaquette illustrée, 60 p., 1988.
  • - Cassette vidéo, cartes postales, médailles...
  • - Visite de la maison natale et du musée.

  •  [1]Unique usage de ce mot dans les lettres connues à ce jour.
·       [2]Voir la première page du Bulletin des Amis de la Bibliothèque (1ère page de couverture).
·       [3]Voir la dernière page du Bulletin des Amis de la Bibliothèque (4e de couverture).
·   [4]La réponse est datée du 6 juin 1900. Archives de la Bibliothèque diocésaine de Nancy, dossiers Schoeffler.
·       [5]L'orthographe n'est pas sûre !
·       [6]Condisciple au séminaire de Nancy, il a -selon Finot p. 49-50 - reçu au moins une lettre d'Augustin. Il y a probablement une correspondance adressée à Ehalt dans les archives de l'évêché de Metz...
·       [7]Ce qualificatif est étrange. S'il s'agissait vraiment d'une photographie, la question de la ressemblance ne devrait pas se poser. On utilise ce terme pour une gravure ou un portrait robot reconstitué...
·       [8]1818-1884. Né à Arzviller de parents pauvres, ordonné prêtre à Nancy en 1846, il est nommé vicaire à Phalsbourg où il sera précieux pour essayer d'arranger les relations familiales difficiles. Il est mort en 1884, chapelain du pèlerinage qu'Augustin connaissait et aimait, celui de Bonne Fontaine. Nous connaissons onze lettres d'Augustin adressées à Stricher.
·       [9]Il ne peut s'agir que d'une adaptation et non d'un véritable cliché.
·       [10]Autre martyr, né à Lixheim, en 1819, missionnaire au Thibet où il a été assassiné en 1854. Qui pourrait retrouver ce cliché de l'abbé Krick ?
·       [11]Malheureusement ces documents ne sont pas à la bibliothèque diocésaine de Nancy.
·       [12]Célèbre photographe, rue St Dizier à Nancy ?
·       [13]C'est nous qui soulignons.
·       [14]C'est nous qui soulignons. Ce cliché est un montage.
·       [15]Publié dans la brochure en allemand d’après le livre de Finot : Ein Märtyrer aus Lothringen, Leben und Tod des seligen Augustin Schöffler, Metz, 1900, 128 p..
·       [16]L'abbé Auguste-Jean-Christophe Barbier, né en 1825, ordonné prêtre en 1849, nommé à St Fiacre en 1869. Il est un peu plus jeune qu'Augustin, mais il l'a connu au séminaire de Nancy.
·       [17]Voir la couverture du numéro 2 du Bulletin des Amis de la Bibliothèque Diocésaine (avril 1994).

Bernard Stelly



Reliquie Augustin Schoeffler
Église Notre-Dame-de-l'Assomption de Phalsbourg

Saint Augustin Schoeffler


Né le 22 novembre 1822Augustin Schoeffler était l’aîné de six enfants d’un instituteur de Mittelbronn, en Moselle. À cette époque, l’instituteur était, en même temps, secrétaire de mairie et chantre à l’église. À l’école, le jeune Augustin a laissé le souvenir d’un garçon doux et réaliste. Comme il semblait doué pour les études, son père le mit en pension chez son oncle, curé d’Arraye, où il fit sa première communion. De là, il entra au petit séminaire de Pont-à-Mousson, car, s’il envisageait volontiers d’imiter son oncle, il lui fallait encore apprendre le français ; de fait, sa langue maternelle était l’allemand. Cependant, il termina ses études au collège de Phalsbourg, ville natale de son père, où celui-ci était revenu, et assurait la comptabilité de plusieurs commerces. Progressivement, la douceur d’Augustin laissa place « à une attitude fière reflétant plutôt une énergie non exempte d’une certaine rudesse ». Après un discernement, dans le but de savoir s’il devait être militaire ou prêtre, il déclara à sa soeur : « Quand je serai curé, tu viendras gouverner ma maison ».
C’est ainsi qu’Augustin entra au grand séminaire de Nancy, en novembre 1842, où il fut nommé « préfet de chœur » et dirigea son affaire d’une main de maître, toutefois sa douceur d’enfant réapparaissait lorsqu’il s’agissait de soutenir des séminaristes en difficulté.
En mars 1846, il écrivit à l’un de ses anciens condisciples devenu vicaire à Phalsbourg : « Très cher ami, vous m’avez dit que mon père avait l’intention de m’écrire sa façon de penser, et j’attendais toujours cette lettre afin de vous en faire part. J’ai beau attendre, elle ne vient pas… J’ai bien d’autres souffrances à attendre, et même je suis heureux d’avoir ce retard de la part de mes parents, car cela ne fera que fortifier de plus en plus ma vocation. Veuillez donc passer encore une fois chez nous, et après avoir de nouveau un peu sondé le terrain, donnez-moi des nouvelles le plus tôt qu’il vous sera possible ».
Alors que le supérieur du séminaire avait formulé un avis positif quant à sa requête, l’évêque, ainsi que les Pères du Séminaire des Missions Étrangères tardaient à répondre, c’est pourquoi il poursuivit : « Je n’ai pas encore reçu non plus de réponse de Paris, je ne sais pourquoi on tarde si longtemps : voilà déjà plus de quinze jours que M. le supérieur a écrit cependant… ».
Finalement, le Conseil des Pères de Paris et l’évêque de Nancy finirent par donner leur accord. Il dut alors faire face à un refus familial. Augustin retourna à Phalsbourg après avoir été ordonné diacre le 9 octobre 1846, il y prononça un sermon remarqué. Il dit ensuite à ses parents qu’il allait à Mittelbronn faire un pèlerinage à l’église où il avait été baptisé et partit pour Paris, laissant à un ami prêtre la mission d’informer sa famille de ses projets.
Au séminaire des Missions Étrangères, il apprit que deux de ses tantes avaient entrepris des démarches auprès du supérieur pour le retenir en France. Ce à quoi il répondit : « Je ne me sens nul goût pour le ministère de notre France : il est trop mort, et, au bout de deux ans, je serai un homme perdu à jamais. Mon caractère veut de l’activité ».
Puis, il s’adressa à son ancien directeur de Nancy : « Généralement on désire plus les missions où il y a encore quelque persécution à craindre, par conséquent la Chine sourit plus que l’Inde ; mais pourvu que l’on soit là où le bon Dieu vous appelle, c’est l’unique chose nécessaire ».
Il fut ordonné prêtre le 29 mai 1847 et reçut sa mission pour le Tonkin. Le 18 novembre, il embarqua à Anvers à destination de la procure des missions d’Extrême-Orient. Juste avant le départ, il reçut des nouvelles concernant sa mission : la persécution venait de reprendre en Cochinchine et au Tonkin.
La traversée de L’Emmanuel commença par une tempête, et se poursuivit heureusement jusqu’au détroit de la Sonde, à partir duquel on veilla à éviter les rencontres de pirates malais, pour s’achever à Singapour après cent dix-neuf jours de navigation. En ce lieu, on le transborda sur Le Prince Albert à destination de Hongkong, où Schoeffler et ses six compagnons débarquèrent fin avril 1848. La procure des missions venait d’être transféré de Macao vers la jeune colonie britannique toute proche.
Après la mort de l’empereur Minh Mang, en 1840, l’Église du Vietnam – l’empire issu de la réunion des royaumes de Cochinchine et du Tonkin – connaissait un répit relatif sous le règne de Thiêu Tri. Aucun des édits contre les chrétiens n’avait été abrogé, mais le nouvel empereur mit moins de zèle à les faire appliquer. Lorsqu’en 1843, le capitaine de corvette Favin-Lévêque se présenta à Tourane (Danang) afin de négocier les bases d’un traité commercial entre la France et le Vietnam, il fut prévenu que cinq missionnaires français étaient détenus à Huê, depuis deux ans, et condamnés « à mort avec sursis ». Avant d’engager les négociations, il exigea leur libération, « ne pouvant traiter qu’avec un souverain ami ». Les cinq rescapés lui furent donc remis à condition qu’il les emmenât. En 1847, de nouvelles négociations eurent lieu, qui furent menées par le commandant Lapierre. Averti que ses deux corvettes devaient êtres coulés pendant les conversations à terre, il prit les devants, tira sur les jonques de guerre qui le cernaient déjà, et hissa les voiles avant de se retirer. C’était plus qu’il n’en fallait pour que la persécution plus ou moins assoupie ne reprenne avec la même violence que sous le règne de Minh Mang. On promit trente barres d’argent à quiconque apporterait aux autorités la tête d’un étranger. Et comme il n’y avait pas d’autres étrangers au Vietnam que les missionnaires français et dominicains espagnols, de nombreux mandarins s’inquiétèrent : tout cela ne pourrait qu’amener de nouveaux malheurs. En 1848, l’empereur Thiêu Tri mourut. La succession posa problème et révéla l’existence de clans à la Cour de Huê, car c’est le second fils de l’empereur défunt qui fut reconnu comme héritier, au préjudice de l’aîné. Le nouvel empereur, Tu Duc, était un jeune homme de dix-neuf ans. On ignorait tout des intrigues qui l’avaient porté sur le trône. C’est dans ce contexte queSchoeffler pénétra clandestinement dans sa mission du Tonkin.
Il fallut d’abord se déguiser en Chinois : la moitié du crâne rasé, une queue de cheveux postiches, une longue robe de toile grise fendue de chaque côté ; ensuite, embarquement sur une jonque de contrebandiers chinois, cabotage tout au long de la côte du Guandong jusqu’à Lafou, village chrétien tout proche de la frontière tonkinoise. En ce lieu, changement de costume, pour revêtir un turban, une tunique fendue de calicot noir et un large pantalon de toile blanche. Schoeffler écrivit alors à ses anciens supérieurs :
« Me voici arrivé à la terre promise : je suis au comble de mes vœux. Ce n’est pas cependant sans avoir traversé bien des difficultés. J’ai dû me dérober aux espions des mandarins, fuir les pirates chinois, essuyer de telles tempêtes que je me suis cru plus d’une fois sur le point de dire adieu au monde : ce sont là autant de tribulations par lesquelles la Providence a voulu me faire passer avant de me montrer le lieu de paix et de bonheur ».
Augustin se trouvait alors en face de son évêque, Mgr Retord, avec lequel il trouva un bon terrain d’entente. Le jeune missionnaire était heureux de découvrir sa seconde patrie et s’émerveillait de la foi des chrétiens, et des risques qu’ils prenaient pour y demeurer fidèles. Il assimila rapidement la langue et, au bout de six mois, fut capable d’entendre les confessions et de prononcer quelques courtes instructions. Ainsi put-il accompagner son évêque dans sa tournée pastorale. Il était stupéfait de l’ampleur des foules qui se rassemblaient pour la circonstance. Il donna ensuite de ses nouvelles au supérieur du grand séminaire de Nancy :
« Depuis que le roi Tu Duc est monté sur le trône de ses ancêtres, notre sainte religion a vu ses jours s’améliorer. Nous nous tenons à moitié cachés, à moitié à découvert. Les mandarins connaissent la présence d’Européens dans leur préfecture, mais ils semblent fermer les yeux. On dirait que l’on voudrait donner la liberté de religion et que l’on n’ose encore ».
Le jeune empereur, pour marquer son avènement, avait procédé à une amnistie générale, sauf pour les condamnés à mort ferme ; d’où la libération de nombreux chrétiens, y compris plusieurs condamnés « à mort avec sursis ». Le souverain s’était fait lire les annales de l’Empire où étaient rapportés les services rendus à son arrière-grand-père Gia Long par Mgr Pigneau de Béhaine, l’illustre « évêque d’Adran », et les autres missionnaires français, à l’époque de la création du Vietnam. Reconnaissant pour les services rendus, il n’abrogea pourtant pas les édits contre le christianisme promulgués par son grand-père Minh Mang et reconduits par son père Thiêu Tri. De sorte qu’officiellement, on en était encore à la persécution. Dans ces conditions, Mgr Retord souhaitait voir augmenter le nombre de chrétiens pour « habituer » fidèles, non-chrétiens et autorités au « fait » chrétien. À cette époque, la famine et les maladies telle que la peste se développaient. Schoeffler, à son tour, fut atteint du choléra à la fin de sa tournée avec l’évêque. Mgr Retord lui administra les sacrements et le prépara à la mort. Mais Schoeffler se remit rapidement et acheva la tournée en reprenant confessions et célébration des sacrements pour les malades. Après cela, l’évêque estima qu’il pouvait laisser son jeune missionnaire voler de ses propres ailes. Il l’envoya dans la province de Son Tây, au nord-ouest de la mission, là où le fleuve Rouge, avant d’entrer dans son delta, reçoit ses deux grands affluents : la rivière Noire à droite et la rivière Claire à gauche.
C’est là que Jean-Charles Cornay avait subi le martyre quatorze ans plus tôt. Schoeffler arriva dans son nouveau district début 1851. Il était le seul Européen avec huit confrères vietnamiens et quinze mille chrétiens. Dans les montagnes, il y avait des populations aborigènes qui n’avaient jamais entendu parler de l’Evangile. « C’est ici que j’espère mourir », écrivit-il à l’abbé Stricher, un ami de Lorraine. Mais il oubliait que les montagnes étaient un repaire de brigands, ce qui rendait les mandarins vigilants.
Nous avons vu que l’éviction du fils aîné de l’empereur Thiêu Tri au profit de son cadet Tu Duc prouvait l’existence de clans à la Cour du Vietnam. De fait, le prince dépossédé, Hoàng Bao, ne s’y résignait nullement et commençait à intriguer pour étoffer son parti. Il fit même contacter l’évêque de la Cochinchineseptentrionale, Mgr Pellerin, lui promettant la liberté religieuse, lui laissant même espérer sa conversion au christianisme. Ce à quoi l’évêque répondit que « Les chrétiens ne détrônent pas les rois, même dans les temps de persécution. Vous apprendrez ce qu’est leur fidélité si vous régnez un jour ». La conspiration de Hoàng Bao fut découverte, les conjurés les plus influents furent décapités, et le prince, condamné à la prison à vie, s’étrangla. Le Premier mandarin accusa les chrétiens d’avoir participé au complot, et le résultat ne se fit pas attendre : les édits de Minh Mang furent reconduits et même aggravés : « Les prêtres européens seront jetés dans les abîmes de la mer ou des fleuves. Les prêtres vietnamiens, qu’ils foulent ou non la croix, seront coupés par le milieu du corps. Quiconque dénoncera un prêtre européen recevra huit taëls d’argent. Ceux qui auront caché un prêtre européen seront coupés par le milieu des reins et jetés au fleuve ».
Dès son arrivée au Tonkin, Schoeffler avait écrit : « Le petit coup de sabre serait-il réservé à quelqu’un d’entre nous ? Quelle grâce ! Jusqu’ici je n’ai osé la demander ; mais maintenant, chaque jour au saint Sacrifice, j’offre mon sang à Jésus pour celui qu’il a versé pour moi ».
Dénoncé au chef de canton, Schoeffler fut arrêté en mars 1851, lors de la proclamation de l’édit impérial. Un prêtre vietnamien, arrêté en même temps que lui, avec un catéchiste et quelques fidèles, demandèrent de pouvoir le racheter. Le chef des soldats proposa une grosse somme d’or et d’argent. « Je ne dispose pas d’une pareille somme, dit Schoeffler, mais mes disciples arriveront peut-être à la réunir ». Cette solution trouva l’approbation du chef des soldats, qui laissa partir les compagnons du prisonnier. Quand Schoeffler estima qu’ils étaient assez loin et hors de danger, il pressa l’officier de le mener sans plus tarder aux mandarins. Il avait réussi à sauver ses compagnons.
Schoeffler comparut devant le gouverneur de la province de Son Tây, comme Cornay quatorze ans auparavant. Il subit un interrogatoire au sujet de son identité et le motif de sa présence au Vietnam. On lui demanda s’il savait qu’il était interdit d’y prêcher le christianisme sous peine de mort. Il répondit qu’il le savait. On lui enjoignit de marcher sur la croix. Il refusa. Un deuxième interrogatoire n’apporta rien de plus. Le gouverneur n’avait plus qu’à adresser son rapport à l’empereur. Schoeffler fut donc enfermé, chargé de la cangue, dans la prison des condamnés à mort. « Il ne s’est jamais plaint », observèrent ses compagnons. Un envoyé de Mgr Retord, porteur de quelques barres d’argent, lui fit passer une lettre, et obtint qu’il fût détenu dans une pièce du logement du gardien-chef ; mais il ne put lui adresser la parole : ils se regardèrent seulement. La captivité de Schoeffler s’était donc bien adoucie depuis le transfert de local, mais il restait très étroitement surveillé. Un prêtre vietnamien toutefois, prenant tous les risques, parvint à le voir, et entendit sa confession.
Le 11 avril, la sentence impériale revint de la capitale : « Les lois de l’empire défendent très sévèrement la religion de Jésus. Cependant le sieur Augustin, prêtre de cette religion, a osé pénétrer clandestinement dans Nos États pour la prêcher en secret, séduire et tromper le peuple. Arrêté, il a reconnu la vérité du fait, il a tout avoué. Que le sieur Augustin ait la tête tranchée sur-le-champ et jetée dans le fleuve ».
Le 1er mai 1851, le gouverneur convoqua deux régiments. Toute la ville pensa à une expédition contre les brigands. En fait, il s’agissait de l’exécution d’Augustin Schoeffler. Le gouverneur voulait ainsi décourager toute tentative d’aide de la part des chrétiens. Quand on vint le chercher, le martyr manifesta une grande joie. Il jeta au loin ses sandales et emboîta le pas pieds nus à ses gardiens, tenant d’une main sa chaîne relevée pour marcher plus facilement. Les personnes présentes manifestaient leur admiration : « C’est un héros : il va à la mort comme à une fête ! Quel bel homme, quel air de bonté ! Comment le roi peut-il faire tuer de tels hommes ! ».
Arrivé au lieu du supplice, près des murs de la citadelle, le Martyr, entouré de l’imposante force armée et de la foule, s’agenouilla et pria un moment. À la demande du bourreau, qui semblait plus ému que lui, il se dénuda le torse et se laissa lier les mains dans le dos. Il leva les yeux au ciel et dit : « Ce que vous avez à faire, faites-le vite ». Quand cymbales et tambours retentirent, le bourreau abattit son sabre.
Après le départ des soldats, on revit ce qui s’était passé treize ans plus tôt après l’exécution de Jean-Charles Cornay : de nombreuses personnes – chrétiennes ou non – s’approchèrent pour tremper des morceaux de coton dans le sang du martyr. On vit même un mandarin récupérer une tunique blanche éclaboussée de sang : elle avait été placée par ses soins sur le lieu de l’exécution. Il reçut plusieurs coups de rotin en châtiment de cette manifestation indigne d’un fonctionnaire de l’empire, mais il emporta chez lui la tunique.
En exécution de la sentence, des soldats jetèrent la tête du martyr dans le fleuve Rouge. Elle ne fut jamais retrouvée. Le corps fut inhumé sur place, selon la loi, dans un cercueil que les chrétiens avaient préparé. Deux jours plus tard, ils l’exhumaient discrètement et allaient le réinhumer dans un village chrétien.
Augustin Schoeffler mourut à l’âge de 29 ans, trois ans après son arrivée dans sa mission du Tonkin. Il fut le premier missionnaire victime de la deuxième vague de persécution du Vietnam, menée par l’empereur Tu Duc, qui fera encore plus de victimes que la première, celle de Minh Mang.
Le décret d’introduction pour sa cause de Béatification est daté du 24 septembre 1857. Le bref de Béatification est signé par le pape Léon XIII le 7 mai 1900, et les solennités furent célébrées le 27 du même mois, à Saint-Pierre de Rome.
Augustin Schoeffler, désormais saint patron du Séminaire de Metz, a été canonisé le 16 juin 1988 par le pape Jean-Paul II. Les saints martyrs du Vietnam sont honorés le 24 novembre.


Vitrail représentant le martyre d'Augustin Schoeffler, 
Église Saint-Barthélémy de Sarrebourg, Moselle


Saint Augustine Schoffler - Martyr

Saint Augustine Schoffler,

Pray for us !

Saint of the Day : May 1

Other Names : Augustus Schoffler • Agostino Schoeffler

Memorials :
• 1 May
• 2 May (France)
• 24 November as one of the Martyrs of Vietnam

Born : 22 November 1822 at Mittelbronn, Moselle, France

Died : Beheaded on 1 May 1852 at Son-tai, Tonkin, Vietnam • His head was thrown into the Song-Ka River, his body buried in a nearby village

Augustin Schoeffler (1822–1851) was a French saint and martyr in the Roman Catholic Church and a member of the Paris Foreign Missions Society. He was a priest in Lorraine who joined the Foreign Missions of Paris. He worked as a missionary to Indochina and was one of two French missionaries killed in northern Vietnam between 1847 and 1851. At the time, it was illegal to proselytize in Vietnam.

His feast day is May 1 (May 2 locally in France).

In May of 1851 in Tonkin (today northern Vietnam) a 29 year old priest of the Paris Foreign Missions Society walked gleefully towards his execution. Proselytization was illegal, and Augustin Schoeffler had been ambushed, caught red-handed and arrested. After contriving to allow some of his fellow priests to escape on the excuse that they would collect a pretend ransom, Schoeffler freely confessed to proselytization. When asked if he had been aware of the criminal nature of his activities he replied “that he knew very well, even before he left France, that the Catholic religion was strictly prohibited in that kingdom [Tonkin], but that that was the principal reason of his coming to it rather than to any other.”

And Schoeffler had certainly been busy. According to the accounting of the Vicar Apostolic, in the previous year Schoeffler had performed “two hundred baptisms of children of unbelievers, forty-one of children of Christians, and twenty-three of adults; four thousand seven hundred and seven confessions; three thousand three hundred and fifty-one communions; fifty-two administrations of the holy Viaticum; and one hundred and twenty-five of extreme unction.” [That’s actually not that many extreme unctions.  I did more than that before breakfast this morning.] Two examinations of the priest in front of the local Mandarin provided more free confession of faith, but little useful information for the authorities intent on ferreting out his network.

He spent the next month in prison. On the 4th of May he was led from the prison by “Eight soldiers, sabre in hand…preceded by two companies of fifty armed men each, half lancers and half fusiliers, who walked alternately in two lines, and two elephants formed the rear-guard.”  In front of the smiling priest and his guards as he walked to the place of execution a placard was carried which read: “He preached truly the whole charge of preaching the religion of Jesus. His crime is patent. Let Mr. Augustin be beheaded, and cast into a stream.” His kneeling request for a quick execution was denied by the mandarin who was determined to observe some formalities. Finally, at the third crash of the cymbals, the executioner swung the sword at Schoeffler‘s bare neck but “the hand of the executioner trembled. He struck three blows of his sabre on the neck of his victim, and was at length obliged to cut the flesh with a knife, in order to detach the head from the body.” [You call that gore?  Yeah, me, too.] The head was tossed into the river and several accounts indicate that there was a scrambling afterwards by native Christians to obtain anything soaked with his blood as relics.

On September 24, 1857, Augustin Schoeffler was declared Venerable by Pope Pius IX. He was beatified by Pope Leo XIII on May 7, 1900. He was made a saint by Pope John Paul II on June 19, 1988. 

The Rue St Augustin Schoeffler is located in Mittelbronn.

As of May 10, 2009 a relic of Augustin Schoeffler can be found at the Assumption Grotto Church in Detroit, Michigan. Descendants of Schoeffler's family live in the area and attend the church. 

Saint Augustin V. Schoeffler Collection

1846-1849.

Extent : .5 linear inch. 

Address : Notre Dame, Indiana 46556 

Preferred Citation

Saint Augustin V. Schoeffler Collection (ZBL), University of Notre Dame Archives (UNDA), Notre Dame, IN 46556

Scope and Content

Four letters written by Augustin Schoeffler to another priest, Louis Hoffer: an undated autograph letter; an autograph letter written in Paris, 12 November 1846; an autograph letter written in Paris, 8 September 1847, and a manuscript copy of a letter written in Hong Kong, 24 May 1848. One letter written by Abbé Nicolas Krick to an unidentified woman, 26 January 1849. One purple pouch embroidered with the monogram "VAS" (Venerable Augustin Schoeffler) in which all five letters had been kept.

Also an edition of 74 of Schoeffler's letters (January 1993) which developed into an edition of 88 letters and other works, Saint Augustin Schoeffler: lettres d'un lorrain martyr au Tonkin (1822-1851) (Paris: Missions Etrangères), edited and annotated by Bernard Stelly.
In French.

Background

Born 22 November 1822 in Mittelbronn, Lorraine, France (department 57), Augustin Schoeffler became a priest of the Diocese of Nancy. Sent to the Kingdom of Tonkin by the Paris Foreign Mission Society, he was beheaded by the Vietnamese on the first of May 1851. He was canonized in 1988.

Nicolas Krick, another missionary priest, was martyred in Tibet in 1854. Abbé Bernard Stelly is director of the Diocesan Library of Nancy.



Maison natale et statue Saint Augustin Schoeffler à Mittelbronn en Moselle. 
Photographie de Havang(nl)



Sant' Agostino Schoeffler Sacerdote e martire



Mittelbonn, Francia, 22 novembre 1822 - Sơn-Tâi, Vietnam, 1 maggio 1851

Etimologia: Agostino = piccolo venerabile, dal latino

Martirologio Romano: Presso la rocca di Sơn-Tâi nel Tonchino, ora Viet Nam, sant’Agostino Schoeffler, sacerdote della Società per le Missioni Estere di Parigi e martire, che, gettato in carcere dopo aver esercitato per tre anni il suo ministero, su ordine dell’imperatore Tự Đức, nel campo di Năm Mẫu ottenne con la decapitazione la grazia del martirio, che ogni giorno aveva chiesto a Dio. 

Di tutti i cristiani e missionari martirizzati nel Tonchino e nella Cocincina (Vietnam), Leone XIII ne beatificò 77 il 7-5-1900; S. Pio X 8 il 15-4-1906 e 34 l'11-4-1909; Pio XII 25 il 29-4-1951. Di costoro 117 furono canonizzati da Giovanni Paolo II nel 1988. Non sappiamo con certezza quando il cristianesimo fu introdotto in quei paesi la cui evangelizzazione regolare e sistematica fu iniziata nel 1627 dal P. Alessandro de Rodhes SJ. Con l'aiuto di un confratello in 3 anni egli riuscì a battezzare circa 3.000 infedeli. Per istigazione di un bonzo fu esiliato dal re, ma nel 1631 altri gesuiti riuscirono a entrare occultamente nel regno e, con l'aiuto di alcuni missionari di altri Ordini religiosi, in meno di trent'anni a convertire alla fede 200.000 pagani. 

Primo Vicario Apostolico del Tonchino (Vietnam) fu Mons. Francesco Pallu, e primo vicario Apostolico della Cocincina Mons. Pietro de La Motte Lambert. Per provvedere di missionari quelle terre pagane essi si adoperarono per fondare a Parigi il seminario delle Missioni estere. Sono molti i martiri che vi furono formati e che i papi canonizzarono. Tra loro figura anche il P. Agostino Schoefner. Egli nacque il 22-11-1822 a Mittelbonn in Lorena (Francia), e compì gli studi ecclesiastici nel seminario diocesano di Nancy durante i quali volle iscriversi al Terz'Ordine Domenicano. Non senza opposizione dei parenti, nel 1846 passò in quello delle Missioni estere di Parigi per assecondare la sua vocazione missionaria. 

Per quanto fosse disposto a recarsi in qualsiasi terra di missione, non nascose la sua preferenza per il Tonchino (Vietnam) in cui infuriava la persecuzione scatenata dal re Minh-Manh (1820-1840) e continuata da suo figlio, il re Thiéu-Tri (1840-1847). Nelle lettere che di lui ancora si conservano appare manifesto con quanto ardore bramasse di dare la vita per la fede. In una di esse si legge: "II buon Dio mi accorderà la grazia del martirio; gliela domando ogni giorno". E in un'altra: "Soffro molto, ma ai piedi della croce... Che cosa può esserci di più dolce?". 

Il 1-8-1847 il santo lasciò Parigi per Anversa. Raggiunse Hong-Kong dopo cinque mesi di navigazione. Il suo campo di lavoro fu la cristianità di La-Fou che raggiunse dopo essere riuscito a superare la frontiera settentrionale del Tonchino tra pericoli di ogni genere. Trascorse i primi mesi in quel paese studiando la lingua e cercando di adattarsi agli usi e costumi degli indigeni. Poté in seguito darsi con tutto l'ardore giovanile al sacro ministero. Nel 1849 fu di grande aiuto a Mons. Retord, ordinario del luogo, nella visita pastorale che fece a Ke-Bang. In seguito fu trasferito al distretto di Xu-Doai dove, disseminati per montagne e foreste, 16.000 cristiani attendevano ansiosi l'opera di un missionario. 

Nonostante la malferma salute raccolse tra loro abbondanti frutti di vita spirituale, tanto che il suo nome presso quei cristiani restò in benedizione. 

Il desiderio del martirio cresceva nel santo di mano in mano che, prendendosi cura delle anime, capiva che non c'è amore più grande di colui che da la vita per i fratelli. La pubblicazione dell'editto di persecuzione contro i cristiani del re Tu-Dùc (1847-1883), secondogenito di Thiéu-Tri, ravvivò le sue speranze. I mandarini erano incitati a far catturare i missionari europei perché erano ritenuti "come falsari, seduttori, barbari, tonti, sciocchi, vili..." e, per conseguire più facilmente lo scopo, venivano offerte trecento once d'argento a chi ne avesse denunciato uno. Lo stesso re il 13-2-1851 fece spedire a tutti i mandarini una circolare segreta in cui prescriveva che i missionari europei fossero annegati con una pietra al collo, e i sacerdoti annamiti segati vivi. 

In quel tempo la cristianità di Bau-Nò, nel Tonchino occidentale, era infestata da bande di briganti e di ribelli. Per opporsi alle loro scorrerie, i mandarini del distretto avevano costituito una milizia di volontari i quali, facendo finta di dare la caccia ai briganti, taglieggiavano i poveri cittadini. Il 1-3-1851 la strada tortuosa che dalle colline scendeva verso il villaggio era infestata da guardie. Pareva che attendessero al varco qualche squadra di briganti, invece, ad un segnale convenuto, essi sbucarono fuori dai cespugli per arrestare prima un sacerdote indigeno che camminava discorrendo con due giovani, quindi P. Agostino, che lo seguiva a poca distanza con allievi e catechisti. Nel mettere le mani addosso al bianco che li guardava maestoso e tranquillo, le guardie furono prese da timore e riverenza. Allora il comandante gridò loro: "Che fate? Date mano alle verghe e battete". Il missionario, che era stato tradito da una delle guide, lo interruppe, dicendo: "E perché? Io non ho mosso un passo per resistere alla vostra violenza". Dopo che fu legato, mentre le guardie si disponevano alla partenza, il loro capo si rivolse ai prigionieri e disse: "Potrei consegnarvi ai mandarini; datemi una verga d'oro, cento verghe d'argento e vi lascerò tutti liberi". 

Alla mente di P. Agostino balenò immediatamente un generoso disegno. Difatti gli rispose: "Ebbene, se volete una così grande somma per il nostro riscatto, lasciate che questi miei discepoli vadano a cercarla; io resterò in ostaggio". 

Il pagano, accecato dalla cupidigia dell'oro, rilasciò il sacerdote indigeno con gli allievi e i catechisti, ma il denaro pattuito non riuscì ad averlo perché non fu potuto trovare. Il missionario, lieto di aver salvato gli altri con il suo sacrificio, si lasciò condurre a Son-Tay non senza aver prima assicurato i fedeli che nessuno da parte sua sarebbe stato denunciato o compromesso. A Son-Tay, dopo le solite domande, il mandarino chiese al prigioniero: "Quando eravate ancora in Europa, sapevate che la vostra religione era proibita nel regno?". "Si che lo sapevo, ma volli venirvi appunto per questo", "Ditemi i luoghi in cui siete stato affinchè possa fare il mio rapporto e rimandarvi in Europa". "Mi trovo nel regno da quattro anni; sono stato in molti luoghi di cui non ricordo il nome e vado in tutti i villaggi in cui sono desiderato dagli abitanti". I mandarini, presi da insolito rispetto per il giovane sacerdote, non insistettero. Il giorno dopo provarono a indurlo all'apostasia, ma il martire fu così risoluto nel rifiuto che i giudici, considerando inutile ogni ulteriore insistenza, chiusero gli atti e ne inviarono il rapporto alla capitale. 

Tra l'altro la sentenza diceva: "Il signor Agostino è un europeo che ha avuto l'audacia di venire, malgrado il divieto che ne fanno le leggi, a percorrere le contrade di questo regno per predicarvi la religione, sedurre e ingannare il popolo: della qual cosa fu pienamente convinto nell'esame della sua causa. Secondo il decreto del re, ad Agostino si deve tagliare la testa e gettarla nelle acque del mare o dei fiumi a esempio e ritegno del popolo". 

Il capitano delle guardie riuscì ad ottenere dal mandarino che, il missionario, fosse tolto dal carcere duro e detenuto nella casa del direttore delle prigioni. Il santo poté riavere anche il denaro che gli era stato sequestrato al momento dell'arresto, e con esso provvide al suo sostentamento. Così il martire trascorreva nella meditazione e nella preghiera giorni tranquilli. Pur essendo strettamente vigilato, qualche catechista poté introdursi fino a lui e consegnargli le lettere che gli scrivevano altri missionari e gli amici d'Europa. Il sacerdote Phuong riuscì ad avvicinarlo, travestito da mercante di occhiali, confessarlo e dargli la comunione. Il santo era tanto acceso di zelo che neppure in carcere tralasciò di esercitare l'apostolato, parlando della bellezza della fede ai soldati di guardia ed esortandoli ad abbracciarla. Diceva loro: "Io mi ricorderò di voi dopo la mia morte, ma se desiderate essere felici, cercate un villaggio abitato da cristiani e convertitevi". 

Il 1-5-1851 fu condotto al luogo del supplizio scortato da un buon nerbo di soldati. Giulivo in volto, camminava con passo sicuro, salmeggiando. Appena vi giunse s'inginocchio per terra, baciò il crocifisso, si sbottonò la veste e presentò il collo al carnefice dicendo: "Sbrigatevi a fare il vostro dovere". La testa del martire fu gettata nel fiume dove non fu più possibile ripescarla. Il corpo, che era stato seppellito nel luogo stesso dell'esecuzione capitale, il giorno dopo fu trasportato di nascosto nella vicina città di Bach-Loc dove un fervente cristiano gli diede onorata sepoltura presso la propria casa. Leone XIII beatificò il martire il 7-5-1900 e Giovanni Paolo II lo canonizzò nel 1988 con altri 116 testimoni della fede nel Vietnam.

Autore: 
Guido Pettinati