mercredi 17 avril 2019

Bienheureux LUCIEN BOTOVASOA, père de famille, tertiaire franciscain et martyr



Bienheureux Lucien Botovasoa

Martyr à Madagascar ( 1947)

Cinq nouveaux bienheureux et sept vénérables, 4 mai 2017, promulgation de plusieurs décrets (en italien) dont celui concernant le martyre de Lucien Botovasoa, père de famille et franciscain séculier, mort décapité le 14 avril 1947 pendant l'insurrection liée à l'indépendance de Madagascar. Béatification le 15 avril 2018 à Vohipeno. 

A Madagascar la figure de Lucien Botovasoa, père de famille malgache mort en donnant sa vie pour les autres à l'exemple du Christ qu'il a toujours voulu imiter reste un exemple pour toute la population de la grande île.  

- le Père François Noiret, jésuite et anthropologue français travaillant à Madagascar, dresse son portrait. (Lucien Botovasoa martyr à Madagascar- P. François Noiret, sj)

Chrétien convaincu, franciscain séculier ardent, mis à mort pour avoir gardé sa foi,
document en pdf, introduction par Mgr Benjamin Ramaroson, c.m., évêque de Farafangana


Lucien Botovasoa, père de famille, instituteur et bienheureux ?
Par Mgr Benjamin Ramaroson

Propos recueillis par Anita Bourdin
ROME, mercredi 6 juin 2012 (ZENIT.org) – « Roi, tu mourras chrétien ; ce sera très dur pour toi, mais ne crains pas, je serai là à côté de toi et tu seras baptisé » : une prophétie faite au roi malgacheTsimihonopar Lucien Botovasoa (1908-1947), père de famille, « martyr de la foi et de la charité » dont le procès diocésain pourrait être clos à la fin de l’année. Il était Tertiaire franciscain.
Mgr Benjamin Ramaroson, évêque de Farafangana, à Madagascar, que nous avions rencontré à Rome à l’occasion du synode des évêques pour l’Afrique évoque pour les lecteurs de Zenitce fils de sa terre.Voic la première partie de notre entretien avec l’évêque malgache.
Zenit – Excellence, qui était Lucien Botovasoa?

Mgr Benjamin Ramaroson – Lucien Botovasoa est né en 1908 d’un père baptisé en 1902, l’un des tout premiers chrétiens, puisque les missionnaires catholiques n’étaient arrivés à Vohipeno qu’en 1899. Elève de l’école publique, puis de l’école catholique, il sera baptisé en 1922. Sa mère ne sera baptisée qu’après lui, en 1925. Il est l’aîné de neuf enfants. Elève brillant, il est envoyé se former chez les jésuites de Fianarantsoa ; il en revient comme instituteur paroissial en 1928. Il se marie en 1930 avec Suzanne Soazana, illettrée, dont il aura huit enfants ; cinq seulement vécurent (deux sont encore en vie).


Instituteur modèle, excellent pédagogue, sportif, musicien, chanteur, souriant et enjoué – nul ne le vit jamais en colère – il est aussi un modèle de vie chrétienne, dévoué à tous, soucieux de plus grand bien de ses élèves. Dès 1928, les baptêmes se multiplient dans le bourg d’Ambohimanarivo d’où il est originaire, qui s’étale en bas de la ville de Vohipeno, le long du fleuve Matitanana

Il lit beaucoup ; il apprend, outre le malgache classique, le français et le latin, l’allemand, le chinois (avec les commerçants du coin), l’anglais ; il lit les textes arabo-malgaches. Musicien hors pair, il joue du clairon, tient l’harmonium en virtuose et dirige le chant à l’église. Sa réussite personnelle suscite de sourdes jalousies dans le milieu traditionnel qui l’entoure ; il paraît intouchable cependant, revêtu d’une aura extraordinaire.

Lucien appartient aux associations de jeunes chrétiens de l’époque et les anime ; mais il veut davantage : il cherche une forme de vie où vivre la sainteté des religieux dans le mariage. Il découvre le Manuel des Tertiaires franciscains et forme une première fraternité avec quelques chrétiens convaincus, en particulier une femme de fonctionnaire, de 18 ans son aînée, qui l’a amené au baptême et a préparé son mariage : Marguerite Kembarakala. A partir de 1940, il anime cette fraternité qu’il réunit chaque semaine ; il prend la vêture le 8 décembre 1944. Dès ce jour il devient d’une pauvreté et d’une piété extraordinaire ; directeur de l’école, toujours tiré à quatre épingles, il abandonne ses beaux vêtements et se contente désormais de sandales, de la chemisette et du pantalon kaki, au grand dam de sa femme. Il a la corde aux reins, à même la peau. Il jeûne tous les mercredis et vendredis, se lève chaque nuit à minuit pour prier à genoux, puis se rend à l’église à 4 heures pour prier devant le Saint Sacrement jusqu’à l’heure de la messe. Il devient franciscain dans l’âme, soigne les oiseaux blessés, ne supporte pas qu’on coupe le cou à ses volailles ; son chapelet pendu à sa ceinture, il prie sans cesse, en chemin, aux champs, en allant à l’école et il sait y entraîner les autres, toujours allégrement ; il fait des tournées d’évangélisation dans les campagnes environnantes le samedi ou le dimanche. A la fin de sa vie, il porte sous sa chemisette une haire en toile de sac, sans ostentation, mais non plus sans le cacher à ses élèves qui lui demandent pourquoi : « Pour se maîtriser et ne pas se laisser aller à ses caprices », leur répond-il. Il a pour devise l’Ad Majorem Dei Gloriam des jésuites et il l’explique à ses élèves.

Sa femme, qui a bien du mal à le suivre, ne l’entend pas de cette oreille, et proteste avec véhémence contre ce qu’elle considère comme folie. D’un caractère difficile, elle le houspille souvent et publiquement ; toujours il répond avec douceur et sourire, et finit par la faire rire avec lui. Il l’encourage à soigner le menu familial quand il jeûne ; il lui fait poser des dents en or ; il fait des heures supplémentaires pour qu’elle soit un peu plus à l’aise ; car, en réalité, la vie est dure, le salaire très maigre, le curé, exigeant (le Père Garric, colérique, est alcoolique, et chaque soir, Lucien qui ne boit jamais, le ramène du bistrot  au presbytère, avec l’aide du chauffeur ; il dirige parfois la prière du matin quand le curé est hors d’état de dire la messe ; pourtant il lui voue une obéissance totale).

Lucien devient pour ses concitoyens un modèle de réussite humaine – de son village d’Ambohimanarivo, il est le seul à avoir étudié – et chrétienne ; sa parole et son exemple ont un poids considérable dans la vie sociale. Sa probité est proverbiale ; jusqu’à ce jour, on dit à Vohipeno : « Faire comme Botovasoa qui trouve de l’argent et le rend à son propriétaire ».
Comment est-il mort ?

Après la seconde guerre mondiale, un vent d’indépendance souffle sur les colonies françaises. Fin 1946, un des beaux-frères de Lucien, Joseph Manjakafeno, dit Mbododo, devient l’un des acteurs du mouvement indépendantiste sous la responsabilité de son frère aîné, Tsimihono : or Tsimihono est aussi le « roi » ou chef clanique qui règne sur le bourg d’Ambohimanarivo. A ce titre il a droit de vie ou de mort, et nul ne peut s’opposer à ses décisions. Très vite les choses s’enveniment ; Lucien, devenu directeur de l’école, habite maintenant à côté de l’église et du presbytère, au bourg du haut ; il est le bras droit du curé, lequel a partie liée avec les colons et l’administration coloniale. L’administrateur Dumont et le curé Garric favorisent ouvertement le parti anti-indépendantiste. Lucien interdit à ses frères d’entrer en politique : « Cela finira dans le sang » dit-il. De sordides histoires de jalousies se cachent sous les rivalités politiques. De plus, Mbododo, revenu de France glorieux ancien combattant et résistant, n’a pas daigné reprendre la vie conjugale avec la sœur de Lucien et se conduit très mal. Pourtant Garric ordonne à Lucien de rejoindre le parti pro-français sous peine de le renvoyer de son poste d’instituteur ; Lucien obtempère, mais refuse de participer aux réunions ; quand on veut le présenter pour les élections provinciales, il refuse obstinément et se fait insulter et chasser publiquement par l’administrateur ; Garric ne le protège pas ; Lucien est mis pourtant sur la liste noire des ennemis du peuple par les indépendantistes. Depuis des mois, il prédit sa mort à sa femme, à ses parents et amis et prépare les siens à tenir bon dans la foi : il sent venir la persécution et le drame.

SOURCE : https://fr.zenit.org/articles/lucien-botovasoa-pere-de-famille-instituteur-et-bienheureux/

Lucien Botovasoa, instituteur et maître de la Réconciliation »


Par Mgr Benjamin Ramaroson
Propos recueillis par Anita Bourdin
ROME, jeudi 7 juin 2012 (ZENIT.org) – Les témoins qui ont connu Lucien Botovasoa (1908-1947), père de famille, « martyr de la foi et de la charité », parlent très souvent de son don de « réconciliation », jusqu’à l’appeler: « Ramosen’ny Fampihavanana, Maître de la Réconciliation ».
Son procès diocésain en vue de la béatification pourrait être clos à la fin de l’année. Il était Tertiaire franciscain.
Mgr Benjamin Ramaroson, évêque de Farafangana, à Madagascar, évoque pour les lecteurs de Zenit ce fils de sa terre.
Voici la deuxième partie de notre entretien avec l’évêque malgache. Le premier volet a été publié, hier, 6 juin, et la troisième et dernière partie sera publiée demain, 8 juin.
Zenit – Excellence, comment s’est consommé le martyre de Lucien Botovasoa ?
Mgr Benjamin Ramaroson – Le jour des Rameaux, 30 mars 1947, après la messe, la nouvelle que l’Insurrection a éclaté à Manakara (à 40km) sème la panique dans Vohipeno. Les gens fuient dans la forêt ; le père de Lucien ordonne à son fils de les rejoindre sur une petite concession qu’ils ont, non loin, dans un coin de forêt profonde ; Lucien obéit, à contre cœur. La Semaine Sainte se passe dans les massacres ; colons et fonctionnaires malgaches sont tués sans sommation ; ceux qui échappent s’enfuient sous protection militaire avec le curé et les religieuses. Dans toute la région les églises sont brûlées. A Vatomasina, la population, qui est catholique, limite les dégâts : à la Mission, l’église est fermée, les portes sont clouées, l’école est gardée, seul le presbytère est pillé. Lucien dans la forêt prie au pied d’un arbre et fait prier sa famille. Il a échappé au massacre, mais sait que les chrétiens sont abandonnés.
Le mercredi 9 avril, son frère André Mahazo lui apporte la parole du roi Tsimihono : « Que le Maître remonte ; nous lui donnerons la carte du parti ; mais si vous ne le sortez pas, nous tuerons toute votre famille. » Le père de Lucien pleure, et toute sa famille. Lucien, qui sait à quoi s’en tenir, leur dit : « Restez ici et laissez-moi y aller seul ». Il remonte en ville avec son frère. Un calme précaire y règne. Le dimanche de Quasimodo, il rassemble les derniers chrétiens, catholiques et protestants, à l’école des sœurs et dirige la prière : « Sa dernière messe », disent les gens. Ils ont fleuri une table avec nappe blanche, croix et cierges. Il prêche : « Nous vivons la Pâque du Seigneur ; préparez-vous, nos ennemis vont venir ; tenez bon », et l’on chante.
Mais il tente encore quelque chose ; sa famille revient de la forêt le mardi 15; le mercredi 16, le catéchiste et lui envisagent de prendre la carte du parti pour pouvoir rouvrir l’église et l’école. Or, le soir même, à la maison clanique, le roi décide sa mise à mort, ainsi que celle de six autres petits fonctionnaires qui ont survécu. Prévenu, il refuse de s’enfuir la nuit. Le lendemain matin, il appelle son frère André et lui dit : « Je vais mourir ce soir ; c’est à toi que je confie ma femme et mes enfants. » Sa femme alertée le presse de se cacher ; il refuse, sachant que c’est elle et tous les siens qui seraient tués. Il mange calmement ; il lui dit : « J’attends ce moment depuis longtemps, je suis prêt ; je ne crains pas la mort, je la désire même, c’est la béatitude ; mais tu ne peux comprendre cela ; je crains seulement le moment où le coupe-coupe s’abat ; ma seule peine, c’est de te laisser seule avec les enfants. »  Puis il lève la main au-dessus d’elle et lui promet de toujours veiller sur elle et ses enfants ; il lui fait ses recommandations, et se met en prière jusqu’au soir.
Vers 21heures, son frère André et deux cousins, eux-mêmes envoyés sous peine de mort, viennent l’arrêter. Lucien est prêt, il se vêt d’un grand drap noir et part en tête, à pas rapides, sans un mot ; il traverse la foule pétrifiée; il entre  dans la maison clanique et prononce à voix forte : « Je sais que vous allez me tuer ; si ma vie peut en sauver beaucoup d’autres, n’hésitez pas. Je vous demande seulement d’épargner mes frères. » On le presse alors de devenir leur secrétaire; il refuse : « Vous brûlez les églises, vous tuez… » On l’envoie à la mort. Sur le seuil de la porte, il se retourne et prophétise au roi : « Roi, tu mourras chrétien ; ce sera très dur pour toi, mais ne crains pas, je serai là à côté de toi et tu seras baptisé. »
En chemin, Lucien console les gens : « Dites à ma famille de ne pas pleurer ; je suis heureux ; c’est Dieu qui m’emporte. » Arrivé à l’abattoir, près du fleuve, il demande à prier. A genoux, il répète : « Mon Dieu, pardonne à mes frères : ils ont un dur devoir à remplir envers moi. Que mon sang répandu à terre le soit pour le salut de ma patrie. » Il refuse d’être attaché : « Ne me liez pas ; je me lie moi-même », puis croise ses mains devant lui. Celui qui va le décapiter tremble, le coupe-coupe s’agite, puis lui échappe. Lucien se redresse et  dit à ceux qui vont le tuer  : « Cessez d’agiter votre coupe-coupe, tâchez de me couper le cou proprement, en une seule fois » et il mime le geste. Le coupe-coupe s’abat ; on l’achève, et on jette son corps au fleuve avec son chapelet. Il sera vu à l’embouchure avec plusieurs autres, quelques jours après, toujours vêtu de sa tenue de tertiaire.
Quels ont été les fruits de ce sacrifice ?
Le soir du « sacrifice », dit-on, le ciel était rouge sang. Alors une voix prononça, comme une accusation: « C’est la lumière et le flambeau de cette ville qu’on vient d’éteindre! » Cette parole frappa tellement les esprits qu’elle pesa longtemps sur Ambohimanarivo comme une malédiction. Mais très vite les gens parlent d’apparitions de Lucien, et plusieurs guérisons lui sont attribuées. Les anciens entretiennent le lieu du martyre de Lucien. En 1964, mourant et abandonné de tous, le roi Tsimihono demande et reçoit le baptême, comme Lucien le lui avait prédit juste avant qu’on ne l’emmène à la mort.
En mars 2006, en tant que nouvel évêque du diocèse, je me suis attelé à sa cause. La première commémoration, grave, est vécue comme une délivrance: c’est la réconciliation. La mort de Lucien, qui a voulu épar­gner les autres, est ressentie maintenant comme une bénédiction, et les anniversaires suivants sont joyeux, surtout le centenaire de sa naissance en 2008.
En 2010, les chefs des maisons claniques demandent qu’on bâtisse une chapelle sur le lieu du martyre. Les jeunes n’hésitent pas à jouer l’histoire devant leurs propres parents et grands-parents. Seul le bourreau refusera de venir, niant jusqu’à la fin avoir tué Lucien, tout en confessant pourtant: « Si mon beau frire n’avait pas livré sa vie, c’est toute la ville qui aurait disparu. Ce qu’il voulait, c’était être le dernier à mourir pour empêcher les gens de s’entre-tuer ». Il a emporté avec lui le secret car il est décédé l’année dernière.
D’après les merveilleux « fioretti » que nous avons pu récolter jusqu’à maintenant, la plupart sinon tous parlent surtout de « réconciliation ». Beaucoup n’hésitent pas alors à appeler le Serviteur de Dieu : « Ramosen’ny Fampihavanana, Maître de la Réconciliation ».


Lucien Botovasoa, père de famille, instituteur et bienheureux ? (III et fin)

Du martyre à Africae Munus, par Mgr Benjamin Ramaroson
Propos recueillis par Anita Bourdin
ROME, vendredi 8 juin 2012 (ZENIT.org) –  « Roi, tu mourras chrétien ; ce sera très dur pour toi, mais ne crains pas, je serai là à côté de toi et tu seras baptisé » : une prophétie faite au roi malgache Tsimihono par Lucien Botovasoa (1908-1947), père de famille, « martyr de la foi et de la charité » dont le procès diocésain pourrait être clos à la fin de l’année. Il était Tertiaire franciscain.
Mgr Benjamin Ramaroson, évêque de Farafangana, à Madagascar, évoque pour les lecteurs de Zenit ce fils de sa terre. Voici la troisième et dernière partie de notre entretien avec l’évêque malgache.
Zenit – Excellence, quel sont les témoins de la vie du futur bienheureux encore en vie aujourd’hui?
Mgr Benjamin Ramaroson – De sa famille, il y a encore son frère André Mahazo et sa sœur qui sont encore vivant, de ses enfants également. Il y a aussi ces anciens très nombreux qui ont voulu témoigner des vertus de leur maître. En tout il y a plus de 40 personnes qui ont connu le Serviteur qui sont encore vivantes mais comme elles étaient trop jeunes au moment des évènements, elles se souviennent très peu du martyr mais de l’homme voici ce qu’on peut retenir de leur déclaration :  tous trouvent en lui à la fois un témoin de la réconciliation et de ce fait toujours proche de ceux qui luttent pour la justice et la paix, , et un maître qui fait entrer, par la foi, dans le mystère de Dieu, et conduit à la sainteté dans la vie de famille à travers l’oraison, la pénitence, l’apostolat, les mouvements catholiques…
Sa figure ne cesse d’attirer de nouveaux fidèles : ce sont eux qui demandent la béatification ?
Ayant su l’histoire édifiante de Lucien Botovasoa qui tout de suite après son martyre a dépassé les frontières du diocèse. Le Premier Evêque, Mgr Camille Chilouet a demandé au P. Louis Deguise de commencer les études sur la brève vie du Serviteur de Dieu. Malheureusement le décès rapide de Mgr Chilouet n’a pas permis au Père d’approfondir ses investigations. Ensuite le contexte du martyre de Lucien Botovasoa n’a pas poussé ses successeurs à continuer. En effet parler de la rébellion de 1947 a été, pendant des années, un sujet « tabou ». Par contre, sans que je le demande, beaucoup de circonstances se sont précipitées et ont contribué pour ne pas dire m’ont poussé à reprendre le processus. En tout cas tout cela est providentiel en cette année où le diocèse entre dans son deuxième cinquantenaire. L’image de Lucien Botovasoa est vraiment édifiante, pour chaque baptisé, prêtres, consacrés, laïcs…. C’est pour cela que le diocèse n’a pas hésité de donner le nom du Centre de formation des catéchistes – le Centre polyvalent Lucien Botovasoa –  dans le but de donner aux catéchistes un modèle dans leur vocation et dans leur mission de « sel et lumière dans le monde »
Ce qui est merveilleux dans tout cela c’est que le lieu de la mise à mort presque tout suite après le martyre de Lucien fut acquis par sa famille, protégé et entretenu. Une procession descendait de l’église chaque année au 1ernovembre pour y prier à sa mémoire, jusqu’à ces dernières années. Ce lieu est unique en son genre : aucune autre des 260 victimes de l’insurrection de Vohipeno ne reçoit cet honneur. Lui seul fut tué à cet endroit et la mémoire collective a conservé la trace du lieu exact de sa décapitation : à égale distance entre les deux arbres qui se trouvaient là. Une petite croix de bois y fut plantée depuis les origines et a été remplacée régulièrement. Elle était et est toujours entourée d’un enclos fait d’une plante sacrée nommée hasina (littéralement : sainteté), qui sert dans les rituels malgaches à donner les bénédictions.
Pourquoi une chapelle ?
En 2010, les chefs des maisons claniques demandent qu’on bâtisse une chapelle sur le lieu du martyre. Ils souhaitent que le lieu devienne un lieu de réconciliation et de communion. Beaucoup de pèlerins affluent et prient en ce lieu
Comment avance la cause de béatification où en est-elle ? Quelles sont les prochaines étapes ?
Pour nous ce qui nous fait rendre grâce est que les vertus du Serviteur de Dieu sont connues partout à travers l’île et maintenant à l’étranger. Beaucoup demandent des livres pour le connaître un peu plus. C’est l’étape principale pour nous. La Conférence à travers la lettre de son Président nous encourage à aller de l’avant. Maintenant l’étape est presque finie. Comme l’Instruction Sanctorum Mater it de la Congrégation pour les causes des saints rappelle, l’étape diocésaine est très importante dans toutes les démarches, nous ne sommes pas pressés conclure. Ce sera vers la fin de l’année. Nous profitons aussi de l’année de la foi car Lucien est martyr de la foi et de la charité.
Comment les bienheureux peuvent aider à célébrer cette année de la foi ?
Sans savoir que cette année débute l’année de la foi avec la célébration du jubilé d’or du commencement du Concile, avec l’ouverture du procès diocésain de la cause du Serviteur de Dieu, nous cheminons vers un synode dont le thème est : « Je suis Chrétien… Quel  en est le sens dans la vie quotidienne » ? La vie de Lucien Martyr de la Foi et de la Charité sera prise comme modèle. Ce sera aussi alors l’occasion de mieux connaître les autres bienheureux notamment Victoire Rasoamanrivo. Il ne faut pas oublier aussi Jacques Berthieu qui va être canonisé le 21 octobre prochain pendant le synode sur la « nouvelle évangélisation ».
Vous avez participé au synode pour l’Afrique. Quel lien voyez vous entre la vie de Lucien et l’exhortation apostolique de Benoît XVI, qui a recueilli les travaux des évêques : « Africae Munus » ?
Vu la situation en Afrique et plus particulièrement à Madagascar, Lucien Botovasoa peut être considéré comme parmi les témoins et modèles dont relève deux fois le Pape aux n° 34 : « Pour réussir une véritable réconciliation, et mettre en œuvre la spiritualité de communion par la réconciliation, l’Église a besoin de témoins qui soient profondément enracinés dans le Christ et qui se nourrissent de sa Parole et des sacrements. Ainsi, tendus vers la sainteté, ces témoins sont capables de s’investir dans l’œuvre de communion de la Famille de Dieu en communiquant au monde, au besoin jusqu’au martyre, l’esprit de réconciliation, de justice et de paix, à l’exemple du Christ » et au n° 158 : Pour de telles célébrations, il sera utile de suivre le conseil des Pères synodaux : « Que la mémoire des grands témoins qui ont donné leur vie au service de l’Évangile et du bien commun ou pour la défense de la vérité et des droits humains soit gardée et fidèlement rappelée ». À cet égard, les saints sont les véritables étoiles de notre vie, eux « qui ont su vivre dans la droiture. Ils sont des lumières d’espérance. Certes, Jésus-Christ est la lumière par antonomase, le soleil qui se lève sur toutes les ténèbres de l’histoire. Mais pour arriver jusqu’à lui nous avons besoin aussi de lumières proches – de personnes qui donnent une lumière en la tirant de sa lumière et qui offrent ainsi une orientation pour notre traversée »

Madagascar: le pape François salue la béatification du martyr Lucien Botovasoa

Un père de famille, apôtre de la réconciliation

Le pape François salue la béatification à Madagascar, à Vohipeno, du martyr Lucien Botovasoa, « père de famille, témoin cohérent du Christ jusqu’au don héroïque de sa vie ».
Après la prière du Regina Caeli, place Saint-Pierre, ce dimanche 15 avril 2018, le pape a souligné que Ramose Lucien Botovasoa a été « arrêté et tué pour avoir manifesté sa volonté de rester fidèle au Seigneur et à l’Église, il représente pour nous tous un exemple de charité et de force dans la foi ».
La béatification a été présidée par cardinal Maurice Piat, Évêque du diocèse de Port-Louis de l’Île Maurice, en remplacement du cardinal Angelo Amato SDB, préfet de la Congrégation pour les causes des saints.
Lucien Botovasoa (1908-1947), laïc et père de famille, tertiaire franciscain, tué en haine de la foi à Vohipeno (Madagascar).  Les témoins qui ont connu Lucien Botovasoa parlent souvent de son don de « réconciliation », jusqu’à l’appeler: « Maître de la Réconciliation ».
Lucien Botovasoa est né en 1908. Baptisé en 1922, il est l’aîné de neuf enfants. Élève brillant, il est envoyé se former chez les jésuites de Fianarantsoa ; il en revient comme instituteur paroissial en 1928. Il se marie en 1930 avec Suzanne Soazana. Ils auront huit enfants.
Excellent pédagogue, sportif et musicien, il est aussi un modèle de vie chrétienne, dévoué à tous, soucieux de ses élèves.
À partir de 1940, il anime la fraternité des Tertiaires franciscains. « Il prend la vêture le 8 décembre 1944, a confié dans une interview de 2012 à Zenit de Mgr Ramaroson. Dès ce jour il devient d’une pauvreté et d’une piété extraordinaire, … il abandonne ses beaux vêtements et se contente désormais de sandales, de la chemisette et du pantalon kaki… Il a la corde aux reins, à même la peau. Il jeûne tous les mercredis et vendredis, se lève chaque nuit à minuit pour prier à genoux, puis se rend à l’église à 4 heures pour prier devant le Saint Sacrement jusqu’à l’heure de la messe. Il devient franciscain dans l’âme, soigne les oiseaux blessés, ne supporte pas qu’on coupe le cou à ses volailles ; son chapelet pendu à sa ceinture, il prie sans cesse…il fait des tournées d’évangélisation dans les campagnes environnantes le samedi ou le dimanche. »
Après la Seconde Guerre mondiale, la lutte pour l’indépendance commence à Madagascar. Les beaux-frères de Lucien y participent, mais lui-même craint que « cela » finisse « dans le sang ». Il est mis donc sur la liste noire des ennemis du peuple par les indépendantistes. « Depuis des mois, raconte Mgr Benjamin Ramaroson, il prédit sa mort à sa femme, à ses parents et amis et prépare les siens à tenir bon dans la foi. »
En mars 1947, l’insurrection éclate à Manakara (à 40km du village de Lucien).  Plusieurs colons et fonctionnaires malgaches sont tués, dans toute la région les églises sont brûlées.
Le 16 mars, le roi  Tsimihono, qui règne sur le bourg où vit Lucien, décide sa mise à mort ainsi que celle de six autres personnes. Prévenu, Lucien refuse de s’enfuir.
Il meurt décapité, à l’abattoir du village. Avant la mort il répète : « Mon Dieu, pardonne à mes frères… Que mon sang répandu à terre soit pour le salut de ma patrie. »
SOURCE : https://fr.zenit.org/articles/madagascar-le-pape-francois-salue-la-beatification-du-martyr-lucien-botovasoa/

Madagascar : bienheureux Lucien Botovasoa, « un homme heureux qui rendait les autres heureux »

Homélie du cardinal Maurice E. Piat à la béatification
MAI 02, 2018 14:59RÉDACTION ROMESAINTS, BIENHEUREUX

« Lucien a été un homme heureux et qui rendait les autres heureux », a affirmé le cardinal Maurice E. Piat, lors de la béatification de Lucien Botovasoa (1908-1947), le 15 avril 2018 à Madagascar. Le laïc et père de famille, tertiaire franciscain, a été tué en haine de la foi à Vohipeno (Madagascar).
Homélie Béatification Lucien Botovasoa
Introduction
a) Je suis très reconnaissant envers l’Eglise de Madagascar de nous avoir donné un 3Bienheureux Lucien Botovasoa après Bienheureux Victoire Rasoamanarivo et Bienheureux Raphaël Rafizinga. C’est le signe que l’Eglise de Madagascar est comme une branche vivante de l’arbre de vie, comme un sarment bien attaché au tronc de la vigne puisqu’il porte de si beaux fruits.
b) Comme vous savez le Pape François a écrit récemment une belle lettre aux fidèles catholiques pour nous inviter à vivre la sainteté. Plusieurs choses qu’il dit dans cette lettre s’éclairent quand je lis et je médite le récit de la vie de Lucien. Et cela m’a beaucoup touché personnellement, beaucoup éclairé, comme si j’avais besoin de Lucien pour bien comprendre et bien réagir à la lettre du Pape François.
1. Par exemple, le Pape François dit que la sainteté
a) N’est pas réservée aux religieux, aux prêtres, aux moines ; mais que la sainteté peut se vivre dans la vie ordinaire de chrétiens ordinaires qu’on rencontre au marché, dans la rue, au travail. « La sainteté de la porte d’à côté ».
Voyez la simplicité de Jésus sur la route d’Emmaüs, il marche avec les 2 disciples découragés, il les écoute, les éclaire, il reste avec eux pour le repas.
b) Or, Lucien a vécu une belle, une grande sainteté dans une vie ordinaire
·       dans sa vie d’étudiant, en étant appliqué, régulier, en faisant de ses études non pas un moyen de se glorifier socialement mais un moyen de servir ses frères ;
·       dans sa vie de fils – en allant régulièrement aider son père dans ses plantations ;
·       dans sa vie d’époux fidèle, attentionné ;
·       dans sa vie de père de famille, très présent, qui transmet la foi à ses enfants ;
·       dans sa vie d’enseignant qui se donnait totalement à ses élèves ;
·       dans sa vie de citoyen – intègre – refusant toute corruption, artisan de paix, – refusant toute vengeance.
  1. Le Pape nous dit aussi dans sa lettre : a) La sainteté c’est un bonheur, une joie qui illumine notre vie. C’est pourquoi Jésus, dans son enseignement nous dit
Heureux les pauvres de cœur
Heureux les doux
Heureux les miséricordieux
Heureux les artisans de paix
La sainteté nous rend heureux
b) Lucien a été un homme heureux et qui rendait les autres heureux
·       à l’école
·       dans sa famille avec son épouse/ses enfants
·       dans son village
Il rayonnait d’un bonheur simple
·       il n’avait pas besoin de grandes richesses pour être heureux
·       il n’avait pas besoin d’honneur pour être heureux
·       il n’avait pas besoin de pouvoir pour être heureux
mais il vivait un bonheur qui s’exprimait dans une vie de service humble, une vie toute donnée à sa famille, à ses élèves, à son village
3.              La sainteté nous dit encore Pape François, c’est l’amour
·       C’est se laisser aimer par Jésus qui nous aime malgré nos faiblesses, nos péchés. C’est faire confiance à cet amour qui veut nous relever, nous guérir
·       La sainteté c’est aussi aimer ce Jésus à son tour, lui donner notre vie.
·       Lucien a découvert la bonne nouvelle de l’amour du Christ grâce à une dame catéchiste Marguerite Kembarakala.
·       Lucien a fait confiance à la miséricorde de Jésus, à ce Jésus qui lui disait dans le silence de son cœur « Ne crains pas, je suis avec toi. Tu comptes pour moi ».
·       Lucien a découvert le bonheur d’aimer son prochain gratuitement, le bonheur de pardonner, le bonheur de faire la paix, le bonheur d’aimer avec patience, sans chercher de récompense, le bonheur d’aimer et de prier pour ses ennemis.
·       Lucien a vécu la « Béatitude »
·       « Heureux les miséricordieux »
·       « Heureux les artisans de paix
·       « Heureux les doux ».
4.     La sainteté est aussi un combat spirituel nous dit Pape François.

Jésus lui-même a mené ce combat en résistant aux tentations du diable au désert, et aussi à l’agonie lorsqu’il en renonçait, à faire sa volonté pour faire la volonté du Père.
Lucien aussi a résisté aux tentations de ceux qui voulaient l’utiliser à des fins politiques. Il a résisté à ceux qui voulaient le corrompre, le faire agir contre sa conscience.
Lucien a vu que la volonté de Dieu était qu’il donne sa vie pour sauver la vie de beaucoup de ses frères et Lucien a renoncer à se sauver pour sauver ses frères, sa famille.
Lucien a suivi Jésus avec confiance jusqu’au don de sa vie.
C’est pourquoi aujourd’hui nous nous rappelons de lui et nous rendons grâce à Dieu pour le témoignage qu’il a donné jusqu’au martyr.
5.              La sainteté, c’est aussi une force d’attraction, quelque chose qui nous attire
Quand un homme nous aime jusqu’à donner sa vie pour nous, nous sentons qu’il y a là une source de vie, un chemin de vie.
Jésus a dit « Quand je serai élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi » et aujourd’hui encore il nous attire, il nous rassemble, il nous donne du courage, de la joie.
Lucien, de par sa manière de vivre et de parler de sa foi a attiré beaucoup de gens
·       Il a attiré ses élèves à qui il enseignait le catéchisme
·       Il a attiré ses propres enfants à qui il transmettait la foi, le bonheur de faire confiance à Jésus
·       Il a attiré ses voisins, ses concitoyens par son intégrité – son refus de voler de l’argent, par sa manière de faire la paix – son refus de vengeance
·       Il a même attiré ses ennemis à qui il a pardonné
·       Il a attiré le roi qui l’avait condamné et qui s’est converti

Conclusion
Aujourd’hui la vie et le martyr de Lucien sont comme une semence de vie qui va porter du fruit.
Jésus a dit « si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas il reste seul, s’il meurt, il porte beaucoup de fruits ».
Rendons grâce à Dieu d’avoir suscité à Vohipeno un si bel exemple de sainteté simple, joyeuse, humble, patiente qui rayonne – qui attire.
Et demandons au Seigneur pour chacun de nous la grâce de nous laisser attirer par Jésus et par son martyr Lucien. Et cela portera beaucoup de fruits dans la vie de famille, dans la vie sociale et politique.
Lucien nous a ouvert un chemin de vérité et de vie, un chemin de lumière et de joie.
Laissons-nous entraîner nous aussi à aimer nos frères et sœurs humblement, simplement. A aimer gratuitement, sans chercher notre avantage, sans chercher des honneurs, mais simplement pour servir et donner notre vie.
MAI 02, 2018 14:59 ROMESAINTS, BIENHEUREUX



LUCIEN BOTOVASOA, TERTIAIRE FRANCISCAIN : BIENHEUREUX

Le 2 mai 2017, la session ordinaire des cardinaux et évêques de la Congrégation pour les causes des saints a reconnu le martyr de Lucien Botovasoa (1908-1947), laïc et père de famille, maître d’école. Avec une sérénité évangélique et après avoir rassuré sa femme et ses enfants, alors qu’il priait pour ses persécuteurs, il se conforma au Christ par l’effusion de son sang.
Deux jours plus tard, soit le 4 mai, le pape François, a autorisé la signature du décret ouvrant les portes à la béatification qui pourrait être célébrée à Madagascar en novembre 2017.
Lucien Botovasoa naquit en 1908 à Vohipeno, une commune rurale du sud-est de Madagascar, dans la province de Fianarantsoa.
En 1918, il commence à étudier à l’école publique pour entrer, en 1920, au Collège Saint-Joseph d’Ambozontany dirigé par la Compagnie de Jésus. C’est en l’an 1928, à la fin de ses études, qu’il obtient le diplôme d’enseignant et, en octobre, débute l’enseignement à l’école paroissiale de Vohipeno. Il fait sienne la devise de la Compagnie de Jésus : Ad maiorem Dei gloriam. Deux ans plus tard, le 10 octobre 1930, il épouse Suzanne Soazana à l’église paroissiale. Le 2 septembre de l’année suivante naît Vincent de Paul Hermann, le premier de leurs huit enfants dont seulement cinq survivront. Le Serviteur de Dieu est non seulement l’enseignant du village, mais il est aussi engagé dans la paroisse. C’est un excellent éducateur connaissant, outre le malgache, le français, le latin, l’anglais, l’allemand et le chinois. Musicien exceptionnel et chanteur apprécié, il sera aussi le responsable de la chorale paroissiale. De plus, cet athlète est décrit comme toujours souriant et joyeux, généreux, disponible et répondant aux besoins des gens.
En 1940, le Serviteur de Dieu découvre la Règle du Tiers-Ordre franciscain qui devient dès lors son texte d’étude et de méditation. Ce qui le pousse à entreprendre ce chemin de sequela Christi, avec la vêture de l’habit du Tiers-Ordre franciscain le 8 décembre 1944. Il commence ainsi à mener une vie pauvre, dans la spiritualité franciscaine, caractérisée par une profonde piété et d’un ardent désir de propager partout l’Évangile.  
Après la Seconde Guerre mondiale, en 1946 et 1947, le désir d’indépendance vis-à-vis de la France, grandit à Madagascar. Dans la région où vivait Lucien, depuis 1946 était devenu roi (Mpanjaka) du Clan Ambohimanarivo Tsimihoño, lui qui soutenait les groupes indépendantistes. Même à Vohipeno les deux factions opposées posèrent des gestes de violence. En 1947 éclate l’insurrection à Madagascar et, le 30 mars, le Dimanche des Rameaux de cette année-là, les églises sont la proie des flammes et commence une chasse aux chrétiens
Le roi Tsimihoño, considérant le respect que les habitants de Vohipeno, catholiques et non catholiques, portaient au « maître chrétien » Lucien Botovasoa, projeta de le capturer en le faisant revenir au village. Pour ce faire, il menaça, s’il n’obtempérait pas à son ordre, de massacrer sa famille. Le Serviteur de Dieu, sachant bien ce qui allait se passer, confia sa femme et ses enfants à un de ses frères et retourna à Vohipieno. Le 17 avril 1947, vers 21 heures, son frère, André, et deux cousins, sous la menace de mort, furent chargés de l’arrêter. Il est conduit à la maison du roi Tsimihoño où, sans aucune forme de procès, il fut condamné à mort. Parvenu au lieu de son exécution, il s’agenouilla et fut décapité alors qu’il priait pour ses meurtriers. Son corps fut jeté dans le fleuve.

Lucien Botovasoa : Voici le message du Pape Francois au peuple Malagasy



La béatification de Lucien Botovasoa a fait la Une des journaux malagasy ce week-end. Cette célébration a réuni non seulement des milliers de fidèles, mais aussi plusieurs fonctionnaires d’état. Mada-actus.info vous propose de découvrir la biographie de ce nouveau bienheureux qui fait aujourd’hui la fierté des catholiques !
À noter que Lucien Botovosoa est le troisième bienheureux malagasy après Victoire Rasoamanarivo et Raphaël-Louis Rafiringa.
Le 15 avril 2017, le pape François a salué la béatification du martyr Lucien Botovasoa à Vohipeno. Voici son discours adressé au peuple Malagasy !

Qui est Lucien Botovasoa ?

Lucien Botovasoa est un militant catholique, né en 1908 et décédé en 1947. Originaire du sud-est de Madagascar, ce fidèle chrétien fut baptisé en 1922.
Aîné de 9 enfants, Lucien Botovasoa est un brillant étudiant qui parvient à réussir dans la vie. Il poursuit ses études à l’institution jésuite de Fianarantsoa et exerce par la suite le métier d’instituteur. Il se lance également dans la musique, devient entraineur de sport et catéchiste. En 1940, il devient directeur de l’école St Joseph, Vohipeno, d’où l’appellation «  Ramose Lucien Botovasoa ».
En 1930, il épouse Suzanne Soazanana avec laquelle il a eu 9 enfants. Bien que sa femme ait souvent vu d’un mauvais œil son dévouement total à la religion, cela n’a pas empêché Lucien Botovasoa d’avoir un dévouement absolu et une foi sans limites en Dieu.
Cette personnalité est morte très jeune, à l’âge de 39 ans. En 1947, lors de l’insurrection de Madagascar, Lucien Botovasoa se fait décapiter par les indépendantistes malagasy. Puisqu’il entretenait d’étroites relations avec les clergés français, il fut accusé d’être un complice des colonisateurs. Quelques mois avant sa mort, ce bienheureux avait déjà prophétisé à sa femme et à ses amis son futur martyre. Le 4 mai 2017, le pape François signe le décret de béatification.

Un martyr de la religion catholique

En 1940, il décide de fonder une communauté franciscaine à Madagascar tout en étant un exemple de la vie sainte dans le mariage et un père de famille modèle. Malgré le fait qu’il soit directeur d’école, ce bienheureux s’est donné pour objectif de vivre dans la piété et la pauvreté. Son principe était de mourir en donnant la vie aux autres, à l’exemple du Christ.
Durant sa vie, Lucien Botovasoa a accordé une importance particulière à la mortification et à la religiosité. Il a consacré une bonne partie de sa vie dans les tournées d’évangélisation en milieu rural et en province. D’ailleurs, il s’est engagé dans la vie paroissiale en aidant son curé.

Une éventuelle canonisation ?

Dimanche dernier, le 15 avril, la béatification de Lucien Botovosoa a eu lieu à Vohipeno sous la présidence du cardinal Maurice Piat, archevêque du diocèse de Maurice.
La béatification est un acte de l’autorité pontificale par lequel une personne défunte est mise au rang de bienheureux. En principe, cette cérémonie est une des étapes à franchir avant une canonisation, un processus défini par l’Église catholique amenant à la reconnaissance officielle d’une personne comme « sainte ».


Lucien Botovasoa

Lucien Botovasoa was born in Vohipeno (Madagascar) in 1908, the first of nine brothers and sisters. He started studying at the public school, then he attended the Fathers (Priests) School when it was opened. He was then baptized and received First Communion when he was 14 years old. He completed his studies at the St. Giuseppe (Joseph) di Fianaratsoa School and became an instructor at the Fathers’ School.

His teaching did not satisfy him if it did not coincide with the Christian education of the children. Each day, after lessons, he read the Lives of Saints to the pupils who wanted to hear about them. He added little comments and brief encouragement. But it was the story of the martyrs that captured his heart and moved the hearts of the students.

On October 10, 1930, he married Suzanna Soazana, who was then 16 years old. They had five children. Another child was on the way when Lucien was killed at the age of 39. Thinking of the extraordinary Christian qualities that the teacher had, a nun once told him: "Oh! Master/Teacher, you are so pious, you have studied at the School of Fathers. If only you had gone to the seminary, you would have become a priest. Do you not regret having married?” Lucien answered without a shadow of hesitation: "I do not have the slightest regret at all. On the contrary, I am very happy about my state because God called me for this: to be a layman, married, a teacher. This way, I live with the people of the village and to attract them, I can do what you, Fathers and Sisters, cannot do because most of them are still pagan and I can show them a Christian character that is accessible to them because I am not a stranger among them.” Well before the Council's encouragement, Lucien Botovasoa understood perfectly the rights and duties of lay people in the Church, and the complementarity role they play between them and that of the priest.

So the master's/teacher’s desire was to be a perfect layman. When the group of the Crusaders of the Heart of Jesus was formed in Vihipeno, he was among the first to enter. He was received on August 18, 1935. In 1936, he was elected secretary and treasurer and fulfilled this task until his death. But this did not satisfy his thirst and he continued to seek a path of superior perfection. He was married and could not become a religious. So he went looking for a way of perfection within marriage. He began searching in a book on the lives of the saints who were married; but to no avail. But he, who wanted to be truly a "lay religious", ended up finding what he was looking for. He found the Handbook of the Third Order Franciscans. At that time, this public association of the faithful was still unknown in the southern region. So, married people could be consecrated to the service of the Kingdom like the religious! There were in the Church associations especially for them!

This was a great joy for Lucien Botovasoa! However, a tree does not a forest make. How to become a Secular Franciscan without having a fraternity? Nothing is impossible for a brave soul. The master/teacher then spoke discretely to men and women who, from his point of view, should have understood the benefits of the Third Order. Alas! All were already in one or another association. They refused, saying that it was a novelty in the diocese and that too few people would want it, and that it did not have a chance of succeeding. Besides, all of them already had too much to do in the associations where they had already entered and to help the parish...

Lucien Botovasoa was not discouraged. He could not convince anyone, and so he began to pray. Finally, a worthy mother agreed to become a Secular Franciscan. The master/teacher and she found some companions and created a fraternity. What a fervor by Lucien, who was discovering what it meant to be a Secular Franciscan while teaching it to others! The zeal of the first associates is an authentic "bubbling over." At each meeting on Wednesday, Lucien provided ardent encouragement. His companions could not forget how their heart would beat when he would talk about the happiness of the Christian who lives in self-sacrifice, especially if this can lead to the death of the martyr!

The wife of Botovasoa was Christian. With his help she also entered the Daughters of Mary, but she did not understand what it meant to live by striving to serve God according to the precepts of the Gospel. She did not understand much of her husband's nightly prayers. She did not understand his fasting, his way of dressing. She could not stand the sight of St. Francis's image, followed by his wolf, which Lucien hung on the wall of the house. "He’s the one,” she would say, “that makes you crazy!" She feared that the teacher would go to become a religious and abandon his wife and children. When Lucien heard this, he burst out laughing, then gently told his wife that he was far from thinking of such things. Indeed, for him, who is married, it would be a grave sin to abandon his wife and children. He would never do such a thing! He also explained to her why he fasted… that it only had to do with him and not the family members. They could eat whatever they wanted. In fact, he encouraged her to cook well for herself and for the children.

As for the clothing he wore, the master/teacher wanted to wear only a trouser and a khaki shirt both on Sundays and weekdays. ("It's the color of the clothes that tertiaries wear," he would say). His wife would often reproach him because he should have been wearing black trousers, like all his fellow teachers, at least on Sundays. Lucien would refuse gently, but encouraged his wife to wear the clothes she wanted. "If I do extra hours at school," he would say, "it's so that you can be comfortable." But his wife would protest even more: "You force me to have an unbearable life with your work that never ends. Never a moment of rest, and even at the night, how many times you get up! With your skills you could become a bookkeeper, have a good salary, and we would live comfortably, instead of always being in discomfort like now." "Come on!” Lucien would say with great sweetness. “even if we had enough money to fill this house, we would not have the wealth we have now, the one that will never rust!"

His heart rested on only one thing: the faith. He prayed incessantly. The rosary never left his hand, so much so that they nicknamed him "pikopiko grain" (pikopiko grains are like the rosary beads and they also make some rosaries from them). When Lucien used to go to his father's land in the countryside, far away from the city, he would invite those whom he found along the way to pray the rosary with him. His way of doing this was so captivating that even those who did not have any desire to pray were likely to accept. And many remember the way the master/teacher had to explain the mysteries of the Rosary with a heart so full of joy that he would cause people to love the prayer.

Although he was not a member of Madagascar's Disadvantaged Party (PADESM), because of his cultural level and because he enjoyed the general trust of the population, the party wanted to present him as a candidate for the election of the Provincial Assembly in January 1947. He firmly refused and there was no way of changing his mind. "Politics is totally strange to me,” he said. “You all know that I just love religious matters and that I spend the whole day on that. So I apologize to you, I ask you a thousand times for forgiveness, but I beg you, look for someone else." Who was not heated up by politics across the whole territory of Mattanana and Manakara in those days that preceded the Rebellion?

Long before the outbreak of violence, the master/teacher used to repeat to his wife: "It will not last long, but I do not care. I want to die and be happy. My only pain will be to abandon you." Even to his father he said, "My hour is near, it is probably a month." "You are in good health; There is no rumor that they will put you to death. Why do you say this?” "The only thing I'm sorry for, Father, is that I will not leave you anything." And again to his brothers: "There will be some who will be killed in our family, but we will not all die, maybe only one. So be courageous, go back to God and have confidence."

When the "tumult" of 1947 started, he said to his wife and children: "Whatever happens, whatever comes, do not ever separate yourselves from God." Lucien went toward death in a positive way. "I'm not afraid of death," he said to his wife, "I will find bliss/heaven. What I'm sorry about is abandoning you, but I'll be close to you." Everyone witnessed it: he offered to die in the place of his family, so that none of them would be killed. "If there is someone that should be killed," he said to Sr. Marie-Joseph eight days before March 29, 1947, “I will be the first." Why? "The teacher was too Christian,” many say, “he bothered those who had bad intentions, those who wanted to take advantage of the disorder to commit injustices." "Botovasoa was too well known for his impartiality toward having justice reign. For him justice was justice, periob,"said a pagan, a notable of the city.

When the "tumult" began, Botovasoa could easily have survived either by hiding or going to Manakara. He did exactly the opposite. He considered it a sacred duty to face death. He was waiting for martyrdom and would not want to miss the chance by fleeing. He accepted his father's invitation to follow him to his country home, about 4 kilometers north of the city on March 30 (Palm Sunday). But when he learned that there had been massacres in the city, he returned. It was the Wednesday after Easter. In the city he no longer found priests or nuns, because the authorities had taken them to Manakara. On the following Sunday, Botovasoa gathered the Christians still in the city for prayer. He assembled them in the nuns’ workroom because the church had been shut down.

On Thursday, April 17, Botovasoa and his family were at home when a good Christian woman came from Ambohimanarivo, Lucien's home district. "I heard rumors," she said, "that the master/teacher is about to be summoned tonight to the home of the clan." At that time and for that hour, it was a process of condemning (someone) to death. Lucien's wife began to cry, and one of the younger brothers had a bout of the fever. Only the master/teacher remained unmoved. "Yes, I know that the Chief needs me. Do not be afraid." It was lunch time and he wanted them to eat calmly. When they had finished eating, he and his wife remained alone in the room. Lucien began to speak to his wife with great sweetness: "Yes, yes, it is true, I was summoned to be judged" which, in those days meant to be condemned to death. His wife said, "Fortunately we found out about it beforehand. Go. Hide yourself, for example under the roof of the bell tower. Nobody will find you up there." The master/teacher smiled. "If they don’t find me, they will persecute you. Let me go! ... "Then he gave his wife his last recommendations for educating their children. After this conversation and until the evening, Lucien never ceased praying, sometimes reading his TOF (Third Order Franciscan) Manual, sometimes praying the rosary.

Around 9 o'clock, four young men sent by the clan chief knocked on the door. "The Chief wants you," they said. "I'm ready," Lucien said, rising immediately. He was brought to the clan's house and the Chief told him, "You are a member of the PADESM and you have to be judged." According to witnesses, Botovasoa answered in a clear voice without hesitating: "I know you are to kill me and I cannot avoid it. If my life will save the lives of many others, do not hesitate to kill me. What I ask you is not to touch my brothers." This request was granted. Although the master/teacher offered himself to death without complaints, they did not take him away immediately. He was invited to sit next to the Chief of the clan, where he remained for about half an hour before they took him away. It is difficult to know what happened in that time because the testimonies of the attendees don’t agree. It is said that the Chief of the clan wanted to hire Botovasoa to become the secretary of the MDRM (Democratic Movement for Malagasy Renewal) in the neighborhood of Ambohimanarivo, as he had done with other teachers in other villages, but he refused, saying: "You of this party persecute religion, ripping off the medals from the neck of the people, treading on the cross, closing the churches to make them self-styled ballrooms, etc. You know how religion is precious for me and it is impossible to help a party that opposes it." Despite all the smooth-talking speeches to try to convince him, Botovasoa was impossible to convince. Then the clan chief pronounced the sentence. The young delegates took the master/teacher away. It was about 10 in the evening.

They went to the slaughterhouse at the edge of the river Mattanana for the executions. Along the way, Lucien asked to stop in order to pray. He kneeled and prayed aloud. An eyewitness, who understood his prayer perfectly, reports it as follows: "My God, forgive these my brothers. It is hard for them to do the duty they now have to do against me. May my blood, scattered on the earth, be for the redemption of my country." And he adds: "Very moved, I turned to one of my companions and murmured to them, ‘You are about to kill a man like this? Are you not afraid?’ We are designated for this task. Everyone is afraid for their own lives."

When they wanted to tie his hands, the master/teacher said, "Do not tie me to kill me, I’ll tie myself," and put his hands in front of him, crossing them. At the edge of the water, he knelt down and resumed his prayer, repeating the words he had just said. See to what point this great Christian drew respect from those who were about to kill him. No one dared disturb his prayer! He remained kneeling down and leaned forward, continuing to pray while waiting to be hit. Almost all the executioners were young people whom he had taught at school. They were afraid and hesitated shaking the "cut-cut (sword)" over the head of the condemned man. Finally Lucien turned to them and said, "Please, do not pass your sword back and forth, do it in such a way so as to cut my neck with only one blow."

The chief executioner struck one great blow and beheaded Botovasoa. In succession, each of the executioners struck a blow or wet the "sword" in his blood, according to the rule. Then the body was thrown into the Mattanana waters. He was dressed in his Secular Franciscan outfit, khaki jacket and pants, and belted with the cord. The waters took his body away and they later saw him dragged toward the sea.

Explanatory note. The PADESM (more moderate and patient) and MDRM (more intransigent) were the two parties that in 1947, at the time of the revolt against French colonial domination, fought for power in Madagascar.

Blessed Lucien Botovasoa


Profile

Eldest of nine children, Lucien was baptized at age 10 in 1918, and made his First Communion at 14 in 1922. From 1922 to 1927, he studied at the Jesuit Saint Joseph College, and became a school teacher, dedicated to both religious and secular education of children; at the end of each class, he would read about the lives of the saints to the students who wanted to stay and listen. On 10 October 1930, in the dioceseof FarafanganaMadagascar, he was married to Suzanna Soazana; they were the parents of five, including the child she was carrying when he died.

Lucien joined the Crusaders of the Heart of Jesus on 18 August1935, and served as its treasurer from 1936 to 1947. He leaned to speak Chinese, German and French, had a fine singing voice, was a musician and director of his parish choir. He was a pious man so drawn to religious life that he searched for material on saints who were married in order to learn to combine the two ways of life; his wifewas afraid for a while that he was going to leave her for the monastery. He joined the Secular Franciscans in 1940 and found his spiritual home. He was enthusiastic about spreading devotion to Saint Francis of Assisi and the spiritual benefits of being a Franciscan, often fasted, and wore a khaki shirt and tan trousers instead of the traditional black ones of a teacher; the colour he chose was traditional for tertiaries.

In 1947 some of the local people wanted him to run for political office, but Lucien declined saying that he knew nothing of politics and did not want to be part of it. In the spring of 1947 a persecution of Christians broke out in his region with priests and nuns at first being imprisoned, and then Christians killed at random and in groups for their faith. On the afternoon of 14 April1947 he learned that the antiChristian forces would be coming for him; he refused to run and instead spent the rest of the day with his wife and children. He was arrested that night, judged and condemned by the local chief, and executed; his guards and executioner were men he had taught when they were school boysMartyr.

Born
  • beheaded with a sword between 10pm and midnight on 14 April 1947 on the banks of the Mattanana River near Ambohimanarivo, Manakara, Madagascar
  • he was wearing his tertiary “uniform” – khaki shirt and trousers with a black cord for a belt
  • his body was tossed into the river


Beato Luciano Botovasoa Padre di famiglia, Terziario francescano, martire


Vohipeno, Madagascar, 1908 – Ambohimanarivo, Madagascar, 17 aprile 1947

Lucien Botovasoa, nato nel 1908 a Vohipeno, nel Madagascar, ricevette il Battesimo nel 1922. Divenne insegnante nella scuola del suo villaggio e catechista della missione di Vohipeno. Nel 1930 sposò Suzanne Soazana, che gli diede otto figli. Nel 1940 conobbe il Terz’Ordine francescano e ne fondò una Fraternità nella sua missione: da allora prese a vivere in maniera sobria e lieta, nel più puro spirito francescano, tanto da far preoccupare sua moglie. Durante i disordini che coinvolsero il Madagascar verso l’indipendenza, si rifiutò di entrare in politica, ma i capi locali lo presero di mira per la sua vicinanza ai missionari francesi. Il 16 aprile 1947 venne arrestato e ribadì di non voler sostenere un partito che aveva atteggiamenti anticlericali: durante la notte, dopo un processo sommario, fu decapitato. Il suo corpo fu gettato nel fiume sulle cui rive era avvenuta la sua esecuzione. È stato beatificato il 15 aprile 2018 a Vohipeno, sotto il pontificato di papa Francesco.

A portarlo lungo il fiume per sgozzarlo è una banda di giovanissimi “rivoluzionari”, molti dei quali sono venuti a scuola da lui: per questo, forse, hanno le mani che tremano, a cominciare da quello che tiene il coltello. «Smettete di tremare, cercate di tagliare la gola con un colpo netto», li incoraggia il martire, che non ha paura di perdere la vita, ma del momento in cui verrà decapitato sì.

La morte cruenta di questo maestro non ha nulla a che fare con le beghe politiche del momento; e lui non può essere considerato una delle tante vittime della guerra indipendentista che ha insanguinato il Madagascar a metà degli anni Quaranta: è stata soltanto la fede cristiana a decretare la sua fine e a determinare la sua decapitazione. Questo, per la Chiesa, si chiama martirio, in forza del quale è stato proclamato Beato il 15 aprile 2018.

Lucien Botovasoa nasce in un piccolo villaggio nel 1908, in una zona in cui i missionari sono arrivati da poco. Lo mandano a studiare in città, dai Gesuiti, perché si capisce a vista d’occhio che è destinato a sfondare nello studio e nella vita. Torna nel 1928, diplomato maestro e con tanta voglia di fare, con la sua prorompente vitalità, le sue doti di insegnante esperto e di musicista eccezionale. 

Oltre ad esibirsi con la tromba, il suo strumento preferito, canta, suona l’armonium, dirige il canto in chiesa. Pratica sport ed è particolarmente dotato per le lingue, tanto da destreggiarsi bene anche in francese, latino, tedesco, cinese ed inglese. È un insaziabile divoratore di libri e un pozzo di scienza che, insieme ad un carattere esuberante, gioviale e comunicativo, fanno di lui un leader indiscusso.

Nel 1930 si sposa con Suzanne Soazana, che gli darà otto figli. Non si accontenta di una vita cristiana all’acqua di rose: vent’anni prima che il Concilio rivaluti il ruolo dei laici e “apra le porte” ad una santità diffusa in tutto il popolo di Dio, Luciano si sente pienamente realizzato nel suo ministero laicale. «Sono molto contento della mia condizione, perché mi ha chiamato Dio ad essere laico, insegnante e sposato», risponde prontamente, a chi rimpiange che con tutte le sue belle doti non sia diventato prete.

Cercando nei libri modelli di sposi santi da imitare, si imbatte casualmente nella Regola dei Terziari Francescani, che gli offre la possibilità di vivere una forma di consacrazione all’interno del matrimonio. Da quel momento la sua vita spirituale riceve nuovo impulso e assume un ritmo quasi monacale: porta il cilicio, digiuna il mercoledì e il venerdì, si alza ogni notte a mezzanotte per pregare in ginocchio, poi va in chiesa alle 4 del mattino per una prolungata preghiera fino al momento della messa.

La moglie, fatta evidentemente di tutt’altra pasta, comincia seriamente a preoccuparsi che il marito un bel giorno abbandoni la famiglia per entrare in convento, così lui arrotonda lo stipendio con lavori straordinari per assicurarle un buon tenore di vita, mentre per sé sceglie la sobrietà assoluta anche nel vestire.

Un cristiano così suscita gelosie ed invidie, anche perché ha un grande ascendente nel paese, addirittura presso i protestanti. Lucien, che non si è mai voluto interessare di politica, che ha vietato ai suoi fratelli di schierarsi politicamente, che non appoggia le iniziative filo-francesi anche a costo di urtarsi con il proprio parroco, finisce comunque nell’occhio del ciclone perché la religione, di cui egli è in paese una chiara espressione, è ritenuta connivente con il colonialismo francese da cui il Madagascar vuole affrancarsi attraverso la lotta armata.

Nella settimana santa del 1947 inizia la caccia ai cristiani e si incendiano le chiese. Lucien, fuggito insieme agli altri nella foresta, è costretto però a ritornare al villaggio perché vigliaccamente ricattato dagli indipendentisti, che minacciano, se non si lascia catturare, di sterminare la sua famiglia e incendiare l’intero villaggio.

«Non temo la morte… la mia unica preoccupazione è quella di lasciare voi», dice il 16 aprile, giorno dell’arresto, che trascorre con la moglie e i figli. Dopo averli affidati al fratello (la moglie è in avanzato stato di gravidanza), viene nella notte processato per direttissima. 

«Anche voi riceverete il battesimo, ma in punto di morte», profetizza al capo clan che lo condanna a morte, e la profezia si avvererà nel 1964. Poi, sulla riva del fiume, una preghiera per i suoi assassini, prima che la corrente trasporti il suo corpo così lontano da non essere mai ritrovato.


Autore: Gianpiero Pettiti




I primi anni

Lucien Botovasoa nasce nel 1908 ad Ambohimanarivo, frazione di Vohipeno, nel sud-est del Madagascar. È il maggiore dei nove figli di Joseph Behandry e Philomene Neviantsoa. La sua famiglia è stata tra le prime, del suo villaggio, a convertirsi al cristianesimo: il padre era stato battezzato nel 1902, ma la madre lo avrebbe seguito solo nel 1925.

Lucien compie i suoi primi studi nella scuola del suo villaggio. Domenica 15 aprile 1922, giorno di Pasqua, viene battezzato nella parrocchia di Nostra Signora dell’Assunzione: ha quattordici anni. Il giorno successivo si accosta per la prima volta all’Eucaristia. Il 2 aprile dell’anno dopo, Lunedì dell’Angelo, riceve il sacramento della Cresima: da allora capisce di doversi impegnare a testimoniare il Vangelo in maniera coerente e convinta.


Maestro alla scuola dei Gesuiti

Nel 1924 viene inviato al collegio San Giuseppe di Ambozontany, una scuola di formazione per maestri retta dai padri della Compagnia di Gesù. Ne esce quattro anni dopo col diploma di maestro e, ancora di più, con una formazione solida in tutti i campi.

Già nell’ottobre del 1928 viene assegnato alla scuola parrocchiale di Vohipeno. Le persone del suo villaggio lo apprezzavano da sempre: anche in questo nuovo ruolo, gli riconoscono autorevolezza e lo ritengono un modello di credente.



Il matrimonio

Il 10 ottobre 1930, nella chiesa parrocchiale di Vohipeno, sposa Suzanne Soazana, che gli darà otto figli. Il primo, Vincent de Paul Hermann, nasce nel settembre successivo. Degli altri, solo cinque non moriranno in tenera età.

Una suora che conosce, suor Marie-Joseph, gli domanda: «Maestro, tu che sei così pio, tu avresti potuto diventare sacerdote: non rimpiangi di esserti sposato?», Lucien, senza esitazione, risponde: «Nessun rimpianto; al contrario, sono felice del mio stato, perché Dio mi ha chiamato ad essere laico, sposato e maestro di scuola. Così posso vivere in mezzo alla gente e fare quello che voi, padri e suore, non potete fare, dal momento che qui sono ancora pagani. Io posso infatti mostrare loro un aspetto del cristianesimo che riescono a comprendere, poiché non sono straniero per loro». 


La scoperta del Terz’Ordine Francescano

Nel metodo educativo attuato dal maestro Lucien hanno grande parte gli esempi dei Santi: lui li legge agli allievi dopo le lezioni, ma anche per conto proprio ne cerca di nuovi. Tuttavia, per lungo tempo non riesce a trovare storie di Santi che avessero vissuto in modo esemplare il matrimonio.

Un giorno, però, trova un manuale del Terz’Ordine francescano (oggi Ordine Francescano Secolare), arrivato chissà come nel suo villaggio. Per lui è una folgorazione: la Regola lì descritta è una via per la santificazione adatta anche alle persone sposate. Sorge un problema, però: per diventare terziario deve avere una Fraternità di riferimento, ossia un insieme di fedeli guidati da un responsabile. Inizia quindi a chiedere ad alcuni suoi conoscenti, che frequentano la sua stessa parrocchia. Dopo la prima aderente, Marguerite Kembarakaly (che era stata la sua catechista in preparazione al Battesimo), ne seguono molti altri. L’8 dicembre 1944 Lucien compie la sua vestizione.


Sobrietà e umiltà

L’adesione al Terz’Ordine cambia in modo profondo la sua vita. Inizia a vestirsi in maniera sobria e assume una sorta di divisa, composta da camicia e pantaloni color kaki: dice che quel colore gli sembra adatto ai terziari. Sotto gli abiti, intorno alla vita, porta il cordone, segno del suo impegno a seguire la spiritualità di san Francesco d’Assisi. 

Si alza prestissimo per pregare: alle quattro del mattino è già in chiesa. Non perde occasione per recitare il Rosario, anche mentre è per strada: per questo i suoi allievi lo soprannominano «seme di pikopiko», riferendosi a una pianta i cui semi somigliano ai grani di una corona. Nel suo manuale del Terz’Ordine tiene sempre una copia, scritta di sua mano, delle «Litanie dell’umiltà» rese famose dal cardinal Rafael Merry del Val.



Contrasti con la moglie

Tuttavia, questo suo stile impensierisce la moglie: preoccupata che lui non sappia dare il giusto tempo alla famiglia, glielo fa presente a più riprese. Esasperata, la donna arriva ad accusare lo stesso san Francesco: «Lui ti ha reso pazzo», grida, indicando un quadretto che lo raffigura insieme al lupo di Gubbio. Lucien, invece, tace per dare gloria a Dio: il motto gesuita «Ad maiorem Dei gloriam» è parte di lui sin dagli anni in cui studiava per diventare maestro. 

Anche Suzanne è cattolica, ma ha paura che prima o poi il marito la lascerà per farsi religioso. Quando glielo fa presente, lui scoppia a ridere e le spiega che, invece, ama moltissimo lei e i loro figli: se digiuna due volte alla settimana, il mercoledì e il venerdì, non obbliga anche loro a fare lo stesso, anzi, invita lei a cucinare pietanze migliori, oppure dà lui stesso ai figli la propria razione di cibo. 



Un’onestà proverbiale

In un’altra occasione, la donna lo rimprovera: «Sei così intelligente! Perché non lavori come contabile, per guadagnare qualche soldo in più?». Con dolcezza, le replica: «Se anche avessimo tanti soldi da riempire questa casa, non avremmo mai la ricchezza che abbiamo ora. È una ricchezza che non sarà mai vinta dalla ruggine». 

Il suo distacco dai soldi diventa proverbiale, dopo che ha restituito un sacco di denaro a un mercante di buoi, rifiutando la ricompensa che gli sarebbe spettata. Ancora oggi, a Vohipeno, si dice in senso ironico: «Come Botovasoa che ha trovato del denaro: invece di prenderselo, lo restituisce al proprietario».

Colto e francescanamente lieto


Seppur con un regime di vita austero, Lucien mantiene il suo carattere allegro: molti testimoni hanno affermato di non averlo mai visto arrabbiato. È un abile suonatore di tromba e dell’armonium, con cui accompagna le funzioni nella chiesa di Vohipeno.

È molto portato per le lingue: sa il malgascio classico, il francese, il latino, un po’ di tedesco, l’inglese, perfino il cinese (imparato tramite i commercianti del villaggio). Padroneggia infine i testi classici arabo-malgasci del «Sorabè», ossia «Grande Scrittura», nei quali i vari clan familiari, incluso il suo, si tramandavano i loro segreti.


Una situazione difficile

Alle prove in famiglia si aggiungono, ben presto, quelle derivanti dalla situazione politica. Nel 1947, infatti, cominciano a sorgere fermenti indipendentisti. I missionari e coloro che li seguono sono accusati, a volte a torto, a volte a ragione, di sostenere i colonialisti francesi. Un uomo come il maestro Botovasoa sembra la persona giusta per diventare una guida politica: entrambe le parti in lotta se lo contendono. 

Alla porta di casa di Lucien si presenta un giorno il segretario del Padesm (sigla per “Parti des déshérités de Madagascar”, “Partito dei diseredati del Madagascar”), per chiedergli di diventarne il presidente. Lui giustifica il proprio diniego in questi termini: «La politica mi è totalmente estranea. Sapete tutti che cosa amo, sono le questioni religiose ed esse occupano tutto il mio tempo». Sempre per le sue doti intellettuali, i notabili del villaggio lo vorrebbero segretario del MDRM (“Mouvement Démocratique de la Rénovation Malgache”), il partito rivoluzionario anticoloniale.



L’ “ultima Messa”

Il pomeriggio della Domenica delle Palme, il 30 marzo, arriva la notizia che stanno arrivando i ribelli. Lucien accetta di seguire suo padre e i suoi fratelli nel bosco, in un terreno di loro proprietà. Qualche giorno dopo, viene a sapere che a Vohipeno ci sono stati dei massacri. Rientra il mercoledì della Settimana Santa, perché i rivoltosi hanno minacciato di uccidere la sua famiglia.

Nel villaggio non ci sono più né le suore né i Padri Lazzaristi che tengono la missione: il parroco, padre Pierre Garric, si è rifugiato nella città vicina, sotto il controllo dei francesi. Per giunta, le porte della chiesa sono sprangate.

La domenica dopo Pasqua, Lucien raduna nella sua scuola tutti i cristiani, cattolici e protestanti, rimasti nel villaggio. Le suore portano il loro armonium e lui suona e canta, poi commenta il Vangelo. Qualcuno dei presenti ha definito quella celebrazione come «l’ultima Messa che ha celebrato il maestro». Tecnicamente è un’affermazione impropria, ma di fatto aveva svolto una sorta di supplenza sacerdotale.



L’addio alla famiglia

Giovedì 15 aprile, insieme ai suoi familiari, è nell’abitazione riservata al maestro, vicino alla chiesa, quando una donna, trafelata, lo raggiunge: il capo del villaggio vuole convocarlo nella «Grande Casa», ossia la sua residenza. La moglie, incinta di due mesi, inizia a piangere, mentre uno dei figli è colto dalla febbre.

Lucien, invece, sembra calmo e afferma: «Ho sempre atteso questo momento, io sono pronto. Non temo la morte, anzi la desidero, perché è beatitudine. La mia unica preoccupazione è quella di lasciare voi». Affida quindi la moglie e i bambini a suo fratello André e trascorre il resto del pomeriggio pregando.



Il processo

Tsihimoño, il re o capovillaggio, interroga il maestro accusandolo di essere alleato degli stranieri e, per l’ultima volta, gli chiede di diventare presidente del partito. Per tutta risposta, Lucien afferma: «Voi uccidete, bruciate le chiese, impedite la preghiera, fate calpestare il crocifisso e volete trasformare la chiesa in una sala da ballo. So bene che mi ucciderete, e io non mi sottraggo. Se la mia vita potrà salvarne altre, non esitate a uccidermi. La sola cosa che vi domando è di non far del male ai miei fratelli». 


Queste parole gli valgono la condanna a morte. Prima di andare sul luogo dell’esecuzione, ha ancora qualche parola per il capo: «Re, prima di morire, tu sarai battezzato, tu dovrai morire cristiano. Sarà duro per te, ma non aver paura: io sarà là, non lontano da te».


Il martirio

Viene quindi portato sulla riva del fiume Matitana da alcuni giovani, compreso qualche suo ex-allievo. Un testimone oculare lo vede mentre chiede di poter pregare e lo sente sussurrare: «O Dio, perdona questi miei fratelli che hanno ora un difficile compito da assolvere nei miei confronti. Il mio sangue, versato a terra, possa essere per la salvezza della terra dei miei Antenati». Gli esecutori materiali esitano a colpirlo, ma lui li incoraggia: «Vi prego, smettetela di giocare con le vostre mannaie, e cercate di tagliarmi bene la testa, d’un sol colpo». 

Il terzo boia lo colpisce, ma non gli stacca del tutto la testa. Infine, quando tutti i carnefici hanno bagnato le loro armi nel suo sangue, spingono il suo cadavere nel fiume: s’incastra, ma lo liberano e lo lasciano portare via dalla corrente. È la notte tra il 16 e il 17 aprile 1947: Lucien ha 39 anni.

A quindici anni di distanza, nel 1964, Tsihimoño, in punto di morte, manda a chiamare un sacerdote. Padre Vincent Carme, missionario lazzarista, riceve da lui la rivelazione delle parole che aveva sentito: lo porta in ospedale, dove riceve il Battesimo e, dopo una settimana, muore. 



La causa di beatificazione

Già negli anni 1960-1965 si pensò di aprire la causa per indagare l’effettivo martirio in odio alla fede di Lucien, ma senza esiti positivi. Solo negli ultimi anni è effettivamente partita, a cura della diocesi di Farafangana (sotto cui ricade Vohipeno) e in collaborazione con l’Ordine dei Frati Minori Cappuccini. Aperta il 7 settembre 2011 (ma il nulla osta è arrivato l’11 ottobre 2011), si è conclusa il 17 aprile 2013. Gli atti dell’inchiesta sono stati convalidati il 21 marzo 2014. 

La “Positio super martyrio”, trasmessa nel 2015, è stata valutata positivamente dai Consultori storici della Congregazione delle Cause dei Santi il 4 settembre 2015, dai Consultori Teologi l’8 novembre 2016 e dai cardinali e dai vescovi membri della medesima Congregazione il 2 maggio 2017.



Il riconoscimento del martirio e la beatificazione

Il 4 maggio 2017, ricevendo in udienza il cardinal Angelo Amato, Prefetto della Congregazione delle Cause dei Santi, papa Francesco ha autorizzato la promulgazione del decreto con cui Lucien Botovasoa veniva ufficialmente dichiarato martire.

La sua beatificazione è stata celebrata il 15 aprile 2018 a Vohipeno, presieduta dal cardinal Maurice Piat, vescovo di Port-Louis, come delegato del Santo Padre.



Autore: Emilia Flocchini