Saint
Augustin Schoeffler
Martyr au Tonkin (✝ 1851)
Voir sa biographie sur le site
des Missions étrangères de Paris.
Augustin Schoeffler, né le 22 novembre 1822 à Mittelbronn, fit ses études à Pont-à-Mousson, puis à Nancy. Il entra dans la congrégation des prêtres des Missions étrangères de Paris. En 1847, il partit pour la mission du Tonkin occidental, travailla plusieurs années et fut décapité pour la foi à Son Tay, le 1er mai 1851. Il a été béatifié le 27 mai 1900 et canonisé le 19 juin 1988.
Le saint patron du Grand Séminaire de Lorraine est un jeune prêtre missionnaire originaire de Mittelbronn, dans l'Est lorrain, qui fut martyrisé au Tonkin en 1851: Saint Augustin Schoeffler. C'est une belle figure dans l'histoire de notre Eglise, qui représente certainement un exemple à imiter pour les séminaristes. (diocèse de Metz)
Des internautes nous signalent:
- au diocèse de Metz, depuis quelques années, Saint Augustin Schoeffler et ses compagnons sont fêtés le 25 novembre.
-Missionnaire Lazariste né 22-11-1822 Mittelbronn (57) décédé 01-05-1851 Son-Tay (tête tranchée pour la foi Catholique) déclaré Vénérable 24-09-1857 par Pie IX déclaré Bienheureux 07-05-1900 par Léon XII déclaré Saint 19-06-1988 par Jean-Paul II.
Au 1er mai au martyrologe romain:
À Son-Tay au Tonkin, en 1851, saint Augustin Schoeffler, prêtre de la Société des Missions étrangères de Paris et martyr. Né à Mittelbronn en Lorraine, il fut envoyé dans la mission du Tonkin occidental, et, après trois ans de ministère, il fut fait prisonnier, puis, sur l'ordre de l'empereur Tu Duc, il fut décapité au champ dit des Cinq arpents, recevant ainsi la grâce du martyre qu'il avait demandé à Dieu.
Martyrologe romain
«Les chrétiens ne détrônent pas les rois, même dans les
temps de persécution. Vous apprendrez ce qu'est leur fidélité si vous régnez un
jour»
Louis Stienne. Statue d'Augustin
Schoeffler église Notre-Dame de l'Assomption à Phalsbourg
Saint Augustin Schœffler, Martyr
Né le 22
novembre 1822, Augustin Schoeffler était l’aîné de six enfants d’un instituteur
de Mittelbronn, alors dans le diocèse de Nancy. À cette époque, l’instituteur
était, en même temps, secrétaire de mairie et chantre à l’église. Comme il
semblait doué pour les études, son père le mit en pension chez son oncle, curé
d’Arraye, où il fit sa première communion. De là, il entra au petit séminaire
de Pont-à-Mousson, car, s’il envisageait volontiers d’imiter son oncle, il lui
fallait encore apprendre le français ; de fait, sa langue maternelle était
l’allemand. Cependant, il termina ses études au collège de Phalsbourg, ville
natale de son père.
Augustin entra au grand séminaire de Nancy, en
novembre 1842, où il fut nommé « préfet de chœur ». Puis il rentre au
Séminaire des Missions Étrangères. Il fut ordonné prêtre le 29 mai 1847 et
reçut sa mission pour le Tonkin. Le 18 novembre, il embarqua à Anvers à
destination de la procure des missions d’Extrême-Orient. Juste avant le départ,
il reçut des nouvelles concernant sa mission : la persécution venait de
reprendre en Cochinchine et au Tonkin.
Dans ce contexte, Schoeffler pénétra
clandestinement dans sa mission du Tonkin. Il fallut d’abord se déguiser en
Chinois : la moitié du crâne rasé, une queue de cheveux postiches, une
longue robe de toile grise fendue de chaque côté. Le jeune missionnaire était
heureux de découvrir sa seconde patrie et s’émerveillait de la foi des
chrétiens, et des risques qu’ils prenaient pour y demeurer fidèles. Il assimila
rapidement la langue et, au bout de six mois, fut capable d’entendre les
confessions et de prononcer quelques courtes instructions. Ainsi put-il
accompagner son évêque dans sa tournée pastorale. Il était stupéfait de
l’ampleur des foules qui se rassemblaient pour la circonstance. Il donna
ensuite de ses nouvelles au supérieur du grand séminaire de Nancy :
« Depuis que le roi Tu Duc est monté sur le trône de ses ancêtres, notre
sainte religion a vu ses jours s’améliorer. Nous nous tenons à moitié cachés, à
moitié à découvert. Les mandarins connaissent la présence d’Européens dans leur
préfecture, mais ils semblent fermer les yeux. On dirait que l’on voudrait
donner la liberté de religion et que l’on n’ose encore ».
L’évêque l’envoya dans la province de Son Tây,
au nord-ouest de la mission, c’est là que Jean-Charles Cornay avait subi le
martyre quatorze ans plus tôt. Schoeffler arriva dans son nouveau district
début 1851. Il était le seul Européen avec huit confrères vietnamiens et quinze
mille chrétiens. Dans les montagnes, il y avait des populations aborigènes qui
n’avaient jamais entendu parler de l’Evangile. « C’est ici que j’espère
mourir », écrivit-il à l’abbé Stricher, un ami de Lorraine.
Mais les édits du nouvel empereur sont
clairs : « Les prêtres européens seront jetés dans les abîmes de la
mer ou des fleuves. Les prêtres vietnamiens, qu’ils foulent ou non la croix,
seront coupés par le milieu du corps. Quiconque dénoncera un prêtre européen
recevra huit taëls d’argent. Ceux qui auront caché un prêtre européen seront coupés
par le milieu des reins et jetés au fleuve ».
Dès son arrivée au Tonkin, Schoeffler avait
écrit : « Le petit coup de sabre serait-il réservé à quelqu’un
d’entre nous ? Quelle grâce ! Jusqu’ici je n’ai osé la
demander ; mais maintenant, chaque jour au saint Sacrifice, j’offre mon
sang à Jésus pour celui qu’il a versé pour moi ».
Dénoncé au chef de canton, Schoeffler fut arrêté
en mars 1851, lors de la proclamation de l’édit impérial.
Schoeffler comparut devant le gouverneur de la
province de Son Tây, comme Cornay quatorze ans auparavant. Il subit un
interrogatoire au sujet de son identité et le motif de sa présence au Vietnam.
On lui demanda s’il savait qu’il était interdit d’y prêcher le christianisme
sous peine de mort. Il répondit qu’il le savait. On lui enjoignit de marcher
sur la croix. Il refusa. Un deuxième interrogatoire n’apporta rien de plus. Le
gouverneur n’avait plus qu’à adresser son rapport à l’empereur. Schoeffler fut
donc enfermé, chargé de la cangue, dans la prison des condamnés à mort.
Le 11 avril, la sentence impériale revint de la
capitale : « Les lois de l’empire défendent très sévèrement la
religion de Jésus. Cependant le sieur Augustin, prêtre de cette religion, a osé
pénétrer clandestinement dans Nos États pour la prêcher en secret, séduire et
tromper le peuple. Arrêté, il a reconnu la vérité du fait, il a tout avoué. Que
le sieur Augustin ait la tête tranchée sur-le-champ et jetée dans le
fleuve ».
Le 1er mai 1851, le martyr, entouré de
l’imposante force armée et de la foule, s’agenouilla et pria un moment. À la
demande du bourreau, qui semblait plus ému que lui, il se dénuda le torse et se
laissa lier les mains dans le dos. Il leva les yeux au ciel et dit :
« Ce que vous avez à faire, faites-le vite ». Quand cymbales et
tambours retentirent, le bourreau abattit son sabre.
Après le départ des soldats, on revit ce qui
s’était passé treize ans plus tôt après l’exécution de Jean-Charles
Cornay : de nombreuses personnes – chrétiennes ou non – s’approchèrent
pour tremper des morceaux de coton dans le sang du martyr. On vit même un
mandarin récupérer une tunique blanche éclaboussée de sang : elle avait
été placée par ses soins sur le lieu de l’exécution. Il reçut plusieurs coups
de rotin en châtiment de cette manifestation indigne d’un fonctionnaire de
l’empire, mais il emporta chez lui la tunique.
En exécution de la sentence, des soldats
jetèrent la tête du martyr dans le fleuve Rouge. Elle ne fut jamais retrouvée.
Le corps fut inhumé sur place, selon la loi, dans un cercueil que les chrétiens
avaient préparé. Deux jours plus tard, ils l’exhumaient discrètement et
allaient le réinhumer dans un village chrétien.
Augustin Schoeffler mourut à l’âge de 29 ans,
trois ans après son arrivée dans sa mission du Tonkin. Il fut le premier
missionnaire victime de la deuxième vague de persécution du Vietnam, menée par
l’empereur Tu Duc, qui fera encore plus de victimes que la première, celle de
Minh Mang.
Le décret d’introduction pour sa cause de
Béatification est daté du 24 septembre 1857. Le bref de Béatification est signé
parle pape Léon XIII le 7 mai 1900, et les solennités furent célébrées le 27 du
même mois, à Saint-Pierre de Rome. Sa fête a été transférée du 20 juin au 6 mai
en 1960.
Augustin Schoeffler, patron des séminaristes du
diocèse de Nancy depuis 1900, a été canonisé le 16 juin 1988 par le pape
Jean-Paul II. Il est aussi le patron du séminaire interdiocésain de Lorraine.
die 6 maii
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ante CR 1960 : die 20 iunii
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SANCTI AUGUSTINI SCHÆFFLER
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Martyris
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Duplex (CR 1960 : III classis)
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Ant. ad Introitum. Is. 18, 2 et 3
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Ite, Angeli velóces, ad gentem convúlsam, ad pópulum terríbilem :
omnes inhabitatóres orbis, cum elevátum fúerit signum in móntibus, vidébitis. (T.P. Allelúia, allelúia.)
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Ps. 46, 2.
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Omnes gentes, pláudite mánibus : jubiláte Deo in voce
exsultatiónis.
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V/.Glória Patri.
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Oratio.
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Beáti Mártyris tui Augustíni nos, Dómine, præclára fídei exempla in
tuo servítio ita confírment : ut fidéles usque ad mortem inveníri
mereámur.
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Lectio Isaíæ Prophetæ.
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66, 18-20
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Hæc dicit Dóminus : Vénio ut cóngregem, cum ómnibus gentibus et
linguis, et vénient, et vidébunt glóriam meam. Et ponam in eis signum, et
mittam ex eis qui salváti fúerint, ad gentes in mare, in Africam, et Lýdiam,
tendéntes sagíttam ; in Itáliam et Grǽciam, ad ínsulas longe, ad eos qui
non audiérunt de me, et non vidérunt glóriam meam. Et annuntiábunt glóriam
meam géntibus : et addúcent omnes fratres vestros de cunctis géntibus
donum Dómino, ad montem sanctum meum Jerúsalem.
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Graduale. Zach. 1, 10
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Isti sunt, quos misit Dóminus, ut perámbulent terram.
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V/. Luc. 9, 6 Egréssi circuíbant, evangelizántes et
curántes ubíque.
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Allelúia, allelúia. V/. Is. 26, 2. Aperíte portas, et
ingrediátur gens justa, custódiens veritátem.
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Post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu
sequenti, dicitur
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Tractus. Ps. 20, 3-4
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Desidérium ánimæ eius tribuísti ei : et voluntáte labiórum eius
non fraudásti eum.
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V/. Quóniam prævenísti eum in benedictiónibus dulcédinis.
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V/. Posuísti in cápite eius corónam de lápide pretióso.
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In missis tempore paschali omittitur graduale, et eius loco
dicitur :
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Allelúia, allelúia. V/. Is. 26, 2. Aperíte portas, et
ingrediátur gens justa, custódiens veritátem.
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Allelúia. V/. Is. 52, 10. Vidérunt omnes fines terræ salutáre
Dei nostri. Allelúia.
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+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum.
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10, 34-42.
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In illo tempore : Dixit Jesus discípulis suis : Nolíte
arbitrári quia pacem vénerim míttere in terram ; non veni pacem míttere,
sed gládium. Veni enim separáre hóminem advérsus patrem suum, et fíliam
advérsus matrem suam, et nurum advérsus socrum suam : et inimíci
hóminis, domestici ejus. Qui amat patrem aut matrem plus quam me, non est me
dignus. Et qui amat fí-lium aut fíliam super me, non est me dignus. Et qui
non áccipit crucem suam, et séquitur me, non est me dignus. Qui invénit
ánimam suam, perdet illam ; et qui perdíderit ánimam suam propter me,
invéniet eam. Qui récipit vos, me récipit : et qui me récipit, récipit
eum qui me misit. Qui récipit Prophétam in nómine Prophétæ, mercédem Prophétæ
accípiet ; et qui récipit justum in nómine justi, mercédem justi
accípiet. Et quicúmque potum déderit uni ex mínimis istis cálicem aquæ
frígidæ tantum in nómine discípuli : amen dico vobis, non perdet
mercédem suam.
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Ant. ad Offertorium. Ps. 53, 8, 9
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Voluntárie sacrificábo tibi : et confitébor nómini tuo,
Dómine : quóniam ex omni tribulatióne eripuísti me. (T.P. Allelúia.)
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Secreta.
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Beáti Mártyris tui, Augustíni intercessióne, quǽsumus, Dómine,
Ecclésiæ tuæ commendétur oblátio ; cujus et prædicatiónibus et exémplis
illustrátur.
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Ant. ad Communionem. Apoc. 22, 1 et 2
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Ostendit mihi Angelus flúvium aquæ vitæ, procedéntem de sede Dei et
Agni, et lignum vitæ áfferens fructus duódecim, ad sanitátem géntium.(T.P. Allelúia.)
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Postcommunio.
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Per sacrifícium, Dómine, quod in honórem beáti Mártyris tui Augustíni
majestáti tuæ obtúlimus, præcónes evangélicos multíplica et confírma :
ut vera fides ubíque lúceat ; et magnificetur in géntibus nomen tuum.
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le 6 mai
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avant 1960 : le 20 juin
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SAINT [1] AUGUSTIN SCHŒFFLER
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Martyr
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Double (1960 : IIIème classe)
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Introït
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Allez, rapides messagers, vers le peuple révolté, vers le peuple
terrible. Vous tous qui peuplez la terre, quand on élèvera le signe du salut
sur la Montagne, regardez ! (T.P. Alléluia, alléluia.)
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Peuples de l’univers, faites éclater vos applaudissements, acclamez
Dieu par vos cris de joie.
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Collecte
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Seigneur, que le merveilleux exemple de fidélité à votre service que
nous donne le bienheureux Martyr Augustin, nous aide à demeurer fidèles
jusqu’à la mort.
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Lecture du Livre d’Isaïe le Prophète.
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Voici la parole du Seigneur : Je viens pour réunir les hommes de
toute race et de toute langue ; ils viendront et ils verront ma gloire.
Et je les marquerai d’un signe et j’enverrai certains de ceux qui seront
sauvés vers les païens du littoral, vers les tireurs d’arc d’Afrique et de Lybie,
en Italie, en Grèce, vers les îles lointaines, vers ceux qui n’ont pas
entendu parler de moi et n’ont point vu ma gloire. Et ces messagers
annonceront ma gloire aux païens et ils amèneront des frères venus de toute
la terre, comme un don au Seigneur, vers ma Montagne sainte, Jérusalem.
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Graduel
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Voici ceux que le Seigneur a envoyés pour parcourir la terre.
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V/. Ils s’en allèrent marchant, prêchant la bonne nouvelle et opérant
partout des guérisons.
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Allelúia, allelúia. V/. Ouvrez les portes pour laisser entrer
le peuple saint qui garde la vérité.
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Après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset
et on dit :
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Trait
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Vous lui avez accordé le désir de son cœur et vous ne l’avez point
frustré de la demande de ses lèvres.
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V/. Car vous l’avez prévenu des plus douces bénédictions.
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V/. Vous avez mis sur sa tête une couronne de pierres précieuses.
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Aux messes pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place
on dit :
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Allelúia, allelúia. V/. Ouvrez les portes pour laisser entrer
le peuple saint qui garde la vérité.
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Alléluia. V/. Tous les confins de la terre verront le salut de notre Dieu.
Alléluia !
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Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu.
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En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Ne croyez pas que je
sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter
la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la
fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis
les gens de sa propre maison. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi
n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que
moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me
suit pas n’est pas digne de moi. Qui veut garder sa vie pour soi la
perdra ; qui perdra sa vie à cause de moi la gardera. Qui vous accueille
m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. Qui
accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de
prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité d’homme juste
recevra une récompense d’homme juste. Et celui qui donnera à boire, même un
simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple,
amen, je vous le dis : il ne perdra pas sa récompense.
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Offertoire
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De grand cœur je t’offrirai un sacrifice et je rendrai grâces à ton
Nom, Seigneur, car tu m’as délivré de toutes mes épreuves. (T.P. Alléluia.)
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Secrète
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Nous vous prions, Seigneur, d’agréer l’offrande de votre Église, grâce
aux prières du bienheureux Martyr Augustin, qui l’a illustrée par sa
prédication et ses exemples.
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Communion
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L’Ange me montra le fleuve d’eau vive sortant du trône de Dieu et de
l’Agneau, et l’arbre de vie qui donne douze fois du fruit pour la guérison
des païens. (T.P. Alléluia.)
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Postcommunion
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Seigneur, par le sacrifice que nous avons offert à votre divine
Majesté, en l’honneur du bienheureux Augustin, multipliez et fortifiez les
missionnaires de l’Évangile, afin que la vraie foi rayonne en tout lieu et
que votre Nom soit loué par tous les peuples.
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Louis Stienne. Statue d'Augustin
Schoeffler église Notre-Dame de l'Assomption à Phalsbourg.
Photographie de G.Garitan
PARCOURS DE ST AUGUSTIN SCHOEFFLER
Augustin
SCHOEFFLER né le 22 11 1822 à MITTELBRONN, décédé le 01 05 1851 à SON TÂY .
Béatifié en mai 1900, Augustin SCHOEFFLER a été déclaré « Saint » le 19 juin 1988 par le pape Jean- Paul II.
Augustin
SCHOEFFLER est né le 22 novembre 1822 à MITTELBRONN, village de Lorraine.
Il
est fils d’Antoine SCHOEFFLER né en 1799 à
PHALSBOURG et de Madeleine HEIMROTH.
Son père, d’abord instituteur à,
s’installe en 1844 à Phalsbourg où il prend en gérance une auberge fréquentée
par les ouvriers du Chemin de Fer. Il meurt le 22 mai 1847, âgé de 49 ans au
moment de l’ordination à Paris de son fils Augustin.
Madeleine,
la mère d’Augustin
revient alors à MITTELBRONN où elle meurt le 17 février 1864 à l’âge de 63 ans.
Augustin
est germanophone, dès l’âge de 6 ans, il est confié à son oncle Charles
SCHOEFFLER, prêtre, qui lui apprend le français.
Au
cours de sa jeunesse, il séjourne à ARRAYE ET HAN, à BETTBRONN et St LOUIS où
son oncle est successivement curé.
Augustin
a entre 11 et 19 ans et c’est durant ces années que s’éveille sa vocation sacerdotale et missionnaire.
Augustin fait sa première
communion le 13 avril 1834 à BETTBRONN.
En 1837, il commence ses études
au Petit Séminaire de Pont à Mousson.
Le 4 novembre 1842,
Augustin entre au Grand Séminaire de Nancy.
Le décès de son oncle Charles
SCHOEFFLER survenu le 3 mars 1843 affecte fortement Augustin.
Le 1er juin 1844, Augustin est
tonsuré au Grand Séminaire de Nancy avec 23 autres séminaristes, il est
sous-diacre le 6 mars 1846 et reçoit le diaconat le 6 juin de la
même année.
Après cette ordination diaconale,
Augustin ne peut obtenir de ses parents l’autorisation de partir pour les
missions. Devant ce refus inflexion, une grave décision s’impose au
séminariste.
Début octobre 1846, le jeune
diacre fait ses adieux à sa famille comme s’il se rendait au Grand
Séminaire de Nancy pour la dernière année de préparation à la prêtrise, il
charge alors un ami prêtre de prévenir ses parents qu’ils ne le reverraient
plus parce qu’il part pour les missions.
Ce n’est que trois semaines
plus tard, dans une lettre adressée à ses parents qu’Augustin explique sa
décision (lettre 24-18 octobre 1846) mais sa famille ne répond plus à ses
lettres.
Augustin est maintenant au
Séminaire des Missions Etrangères, 120 rue du Bac à Paris. Il manque d’argent.
Dans une lettre à sa tante Elise il écrit : « je vous dirai
franchement que je suis pauvre, 30 sous font toute ma fortune mais j’aime cette
pauvreté car ce doit être ma vie » ( lettre 32- 29 décembre 1846)
Augustin est ordonné prêtre le 29
mai 1847. Il célèbre sa première messe le dimanche de la Sainte Trinité en
l’église St François Xavier des Missions Etrangères. « Le plus beau jour
de ma vie » écrit-il.
Le 18 septembre 1847, il quitte
Paris pour Anvers et embarque à bord de l’Emmanuel pour une mission à TONKIN.
Le naufrage du navire en rade d’Anvers reporte le départ pour l’Asie au 18
novembre 1847.
Quatre mois plus tard, Augustin
arrive à SINGAPOUR ou il séjourne une quinzaine de jours avant d’embarquer sur
le Prince Albert pour HONG KONG (mai 1848) puis MACAO. Une barque chinoise va
le transporter à LA-FOU et de là au TONKIN où il arrive au mis de juillet 1848.
Après un temps consacré à
l’apprentissage de la langue annamite, Augustin parcourt l’ANNAM et le TONKIN
pour visiter les communautés chrétiennes qui lui sont confiées. Le
vicariat très étendu compte 120000 chrétiens. La mission s’étend sur sept
provinces dans lesquelles œuvrent six missionnaires et cinquante prêtres
indigènes.
Augustin est très vite épuisé par
le surcroît de travail, le peu de sommeil, le régime alimentaire et le climat
auquel il n’est pas habitué. Sa santé est mauvaise et Cô-Dong , ainsi
baptisé par ses frères tonkinois, a souvent recours à la médecine annamite.
Dans le même temps la
répression contre les chrétiens s’amplifie et un édit du mandarin met à prix la
tête des missionnaires.
En 1849, au cours d’une tournée
pastorale avec son évêque, Mgr Pierre RETORD, Augustin échappe de peu aux
soldats du mandarin.
En 1850, une épidémie de choléra
fait de nombreux morts dans la province où se trouve Augustin,
il est atteint par la maladie
mais guérit.
En février 1851, un édit interdit
aux missionnaires européens de prêcher la religion chrétienne.
Après avoir échappé plusieurs
fois à la capture, au mois de mars 1851, sur dénonciation, Augustin est arrêté
par les soldats du mandarin de SON TÂY.
Reconnu coupable de
« parcourir le royaume pour y prêcher la religion, séduire et tromper le
peuple », il est décapité au sabre le 1er mai 1851 devant les soldats et
le peuple assemblés.
Augustin est alors âgé de 29 ans.
Des soucis matériels, familiaux ajoutés aux
nombreux deuils qu’a connus Augustin donnent une tonalité parfois amère à
ses lettres mais elles expriment la vie, les préoccupations, les idées, les
préjugés et les projets d’un jeune homme marqué par sa terre natale, sa
famille, l’Eglise et la société de son temps, à la recherche de Dieu et de sa
vocation.
Augustin Schoeffler
Prêtre, Martyr, Saint
1822-1851
« Les chrétiens ne détrônent pas
les rois, même dans les temps de persécution. Vous apprendrez ce qu’est leur
fidélité si vous régnez un jour »
Né le 22 novembre 1822, Augustin
Schoeffler était l’aîné de six enfants d’un instituteur de Mittelbronn, enMoselle.
À cette époque, l’instituteur était, en même temps, secrétaire de mairie et
chantre à l’église. À l’école, le jeune Augustin a laissé le souvenir
d’un garçon doux et réaliste. Comme il semblait doué pour les études, son
père le mit en pension chez son oncle, curé d’Arraye, où il fit sa première
communion. De là, il entra au petit séminaire de Pont-à-Mousson, car,
s’il envisageait volontiers d’imiter son oncle, il lui fallait encore apprendre
le français ; de fait, sa langue maternelle était l’allemand. Cependant,
il termina ses études au collège de Phalsbourg, ville natale de son père, où
celui-ci était revenu, et assurait la comptabilité de plusieurs
commerces. Progressivement, la douceur d’Augustin laissa place « à
une attitude fière reflétant plutôt une énergie non exempte d’une certaine
rudesse ». Après un discernement, dans le but de savoir s’il devait
être militaire ou prêtre, il déclara à sa sœur : « Quand je
serai curé, tu viendras gouverner ma maison ».
C’est ainsi qu’Augustin entra au grand
séminaire de Nancy, en novembre 1842, où il fut nommé « préfet de
chœur » et dirigea son affaire d’une main de maître, toutefois sa douceur
d’enfant réapparaissait lorsqu’il s’agissait de soutenir des séminaristes en
difficulté.
En mars 1846, il écrivit à l’un de ses
anciens condisciples devenu vicaire à Phalsbourg : « Très
cher ami, vous m’avez dit que mon père avait l’intention de m’écrire sa façon
de penser, et j’attendais toujours cette lettre afin de vous en faire
part. J’ai beau attendre, elle ne vient pas… J’ai bien d’autres
souffrances à attendre, et même je suis heureux d’avoir ce retard de la part de
mes parents, car cela ne fera que fortifier de plus en plus ma vocation.
Veuillez donc passer encore une fois chez nous, et après avoir de nouveau un
peu sondé le terrain, donnez-moi des nouvelles le plus tôt qu’il vous sera
possible ».
Alors que le supérieur du séminaire
avait formulé un avis positif quant à sa requête, l’évêque, ainsi que les Pères
du Séminaire des Missions Étrangères tardaient à répondre,
c’est pourquoi il poursuivit : « Je n’ai pas encore reçu non
plus de réponse de Paris, je ne sais pourquoi on tarde si
longtemps : voilà déjà plus de quinze jours que M. le supérieur a
écrit cependant… ».
Finalement, le Conseil des Pères de
Paris et l’évêque de Nancy finirent par donner leur accord. Il dut alors
faire face à un refus familial. Augustin retourna à Phalsbourg après
avoir été ordonné diacre le 9 octobre 1846, il y prononça un sermon remarqué.
Il dit ensuite à ses parents qu’il allait à Mittelbronn faire un pèlerinage à
l’église où il avait été baptisé et partit pour Paris, laissant à un ami prêtre
la mission d’informer sa famille de ses projets.
Au séminaire des Missions
Étrangères, il apprit que deux de ses tantes avaient entrepris des
démarches auprès du supérieur pour le retenir en France. Ce à quoi
il répondit : « Je ne me sens nul goût pour le ministère de
notre France : il est trop mort, et, au bout de deux ans, je serai
un homme perdu à jamais. Mon caractère veut de l’activité ».
Puis, il s’adressa à son ancien
directeur de Nancy : « Généralement on désire plus les missions où il
y a encore quelque persécution à craindre, par conséquent la Chine sourit plus
que l’Inde ; mais pourvu que l’on soit là où le bon Dieu vous
appelle, c’est l’unique chose nécessaire ».
Il fut ordonné prêtre le 29 mai 1847 et
reçut sa mission pour le Tonkin. Le 18 novembre, il embarqua à Anvers à
destination de la procure des missions d’Extrême-Orient. Juste avant le
départ, il reçut des nouvelles concernant sa mission : la
persécution venait de reprendre en Cochinchine et au Tonkin.
D’UN EMPEREUR À L’AUTRE
La traversée de L’Emmanuel commença par
une tempête, et se poursuivit heureusement jusqu’au détroit de la Sonde, à
partir duquel on veilla à éviter les rencontres de pirates malais, pour
s’achever à Singapour après cent dix-neuf jours de navigation. En ce
lieu, on le transborda sur Le Prince Albert à destination de Hongkong, où
Schoeffler et ses six compagnons débarquèrent fin avril 1848. La procure
des missions venait d’être transféré de Macao vers la jeune colonie britannique
toute proche.
Après la mort de l’empereur Minh Mang,
en 1840, l’Église du Vietnam ― l’empire issu de la réunion des
royaumes de Cochinchine et du Tonkin – connaissait un répit relatif
sous le règne de Thiêu Tri. Aucun des édits contre les chrétiens n’avait
été abrogé, mais le nouvel empereur mit moins de zèle à les faire appliquer.
Lorsqu’en 1843, le capitaine de corvette Favin-Lévêque se présenta à Tourane
(Danang) afin de négocier les bases d’un traité commercial entre la France et
le Vietnam, il fut prévenu que cinq missionnaires français étaient détenus à
Huê, depuis deux ans, et condamnés « à mort avec sursis ».
Avant d’engager les négociations, il exigea leur libération, « ne
pouvant traiter qu’avec un souverain ami ». Les cinq rescapés lui
furent donc remis à condition qu’il les emmenât. En 1847, de nouvelles
négociations eurent lieu, qui furent menées par le commandant Lapierre. Averti
que ses deux corvettes devaient êtres coulés pendant les conversations à terre,
il prit les devants, tira sur les jonques de guerre qui le cernaient déjà, et
hissa les voiles avant de se retirer. C’était plus qu’il n’en fallait pour que
la persécution plus ou moins assoupie ne reprenne avec la même violence que
sous le règne de Minh Mang. On promit trente barres d’argent à quiconque
apporterait aux autorités la tête d’un étranger. Et comme il n’y avait pas
d’autres étrangers au Vietnam que les missionnaires français et dominicains
espagnols, de nombreux mandarins s’inquiétèrent : tout cela ne pourrait
qu’amener de nouveaux malheurs. En 1848, l’empereur Thiêu Tri mourut. La
succession posa problème et révéla l’existence de clans à la Cour de Huê, car
c’est le second fils de l’empereur défunt qui fut reconnu comme héritier, au
préjudice de l’aîné. Le nouvel empereur, Tu Duc, était un jeune homme de
dix-neuf ans. On ignorait tout des intrigues qui l’avaient porté sur le trône.
C’est dans ce contexte que Schoeffler pénétra clandestinement dans sa mission
du Tonkin.
Il fallut d’abord se déguiser en
Chinois : la moitié du crâne rasé, une queue de cheveux postiches, une
longue robe de toile grise fendue de chaque côté ; ensuite, embarquement
sur une jonque de contrebandiers chinois, cabotage tout au long de la côte du
Guandong jusqu’à Lafou, village chrétien tout proche de la frontière
tonkinoise. En ce lieu, changement de costume, pour revêtir un turban, une
tunique fendue de calicot noir et un large pantalon de toile blanche.
Schoeffler écrivit alors à ses anciens supérieurs :
« Me voici arrivé à la terre
promise : je suis au comble de mes vœux. Ce n’est pas cependant sans avoir
traversé bien des difficultés. J’ai dû me dérober aux espions des
mandarins, fuir les pirates chinois, essuyer de telles tempêtes que je me suis
cru plus d’une fois sur le point de dire adieu au monde : ce sont là
autant de tribulations par lesquelles la Providence a voulu me faire passer
avant de me montrer le lieu de paix et de bonheur ».
Augustin se trouvait alors en face de
son évêque, Mgr Retord, avec lequel il trouva un bon terrain d’entente. Le
jeune missionnaire était heureux de découvrir sa seconde patrie et
s’émerveillait de la foi des chrétiens, et des risques qu’ils prenaient pour y
demeurer fidèles. Il assimila rapidement la langue et, au bout de six mois, fut
capable d’entendre les confessions et de prononcer quelques courtes
instructions. Ainsi put-il accompagner son évêque dans sa tournée
pastorale. Il était stupéfait de l’ampleur des foules qui se
rassemblaient pour la circonstance. Il donna ensuite de ses nouvelles au
supérieur du grand séminaire de Nancy :
« Depuis que le roi Tu Duc est
monté sur le trône de ses ancêtres, notre sainte religion a vu ses jours
s’améliorer. Nous nous tenons à moitié cachés, à moitié à découvert. Les mandarins
connaissent la présence d’Européens dans leur préfecture, mais ils semblent
fermer les yeux. On dirait que l’on voudrait donner la liberté de religion et
que l’on n’ose encore ».
Le jeune empereur, pour marquer son
avènement, avait procédé à une amnistie générale, sauf pour les condamnés à
mort ferme ; d’où la libération de nombreux chrétiens, y compris plusieurs
condamnés « à mort avec sursis ». Le souverain s’était
fait lire les annales de l’Empire où étaient rapportés les services rendus à
son arrière-grand-père Gia Long par Mgr Pigneau de Béhaine, l’illustre « évêque
d’Adran », et les autres missionnaires français, à l’époque de la
création du Vietnam. Reconnaissant pour les services rendus, il n’abrogea
pourtant pas les édits contre le christianisme promulgués par son grand-père
Minh Mang et reconduits par son père Thiêu Tri. De sorte qu’officiellement, on
en était encore à la persécution. Dans ces conditions, Mgr Retord souhaitait
voir augmenter le nombre de chrétiens pour « habituer » fidèles, non-chrétiens
et autorités au « fait » chrétien. À cette époque, la famine et les
maladies telle que la peste se développaient. Schoeffler, à son tour, fut
atteint du choléra à la fin de sa tournée avec l’évêque. Mgr Retord lui
administra les sacrements et le prépara à la mort. Mais Schoeffler se remit
rapidement et acheva la tournée en reprenant confessions et célébration des
sacrements pour les malades. Après cela, l’évêque estima qu’il pouvait laisser
son jeune missionnaire voler de ses propres ailes. Il l’envoya dans la
province de Son Tây, au nord-ouest de la mission, là où le fleuve Rouge, avant
d’entrer dans son delta, reçoit ses deux grands affluents : la rivière
Noire à droite et la rivière Claire à gauche.
C’est là que Jean-Charles
Cornay avait subi le martyre quatorze ans plus tôt. Schoeffler
arriva dans son nouveau district début 1851. Il était le seul Européen
avec huit confrères vietnamiens et quinze mille chrétiens. Dans les
montagnes, il y avait des populations aborigènes qui n’avaient jamais entendu
parler de l’Evangile. « C’est ici que j’espère mourir »,
écrivit-il à l’abbé Stricher, un ami de Lorraine. Mais il oubliait que
les montagnes étaient un repaire de brigands, ce qui rendait les mandarins
vigilants.
VOUS APPRENDREZ CE QU’EST LA FIDÉLITÉ DES CHRETIENS
Nous avons vu que l’éviction du fils
aîné de l’empereur Thiêu Tri au profit de son cadet Tu Duc prouvait l’existence
de clans à la Cour du Vietnam. De fait, le prince dépossédé, Hoàng Bao, ne s’y
résignait nullement et commençait à intriguer pour étoffer son parti. Il
fit même contacter l’évêque de la Cochinchine septentrionale, Mgr Pellerin, lui
promettant la liberté religieuse, lui laissant même espérer sa conversion au
christianisme. Ce à quoi l’évêque répondit que « les
chrétiens ne détrônent pas les rois, même dans les temps de persécution.
Vous apprendrez ce qu’est leur fidélité si vous régnez un jour ». La
conspiration de Hoàng Bao fut découverte, les conjurés les plus influents
furent décapités, et le prince, condamné à la prison à vie, s’étrangla. Le
Premier mandarin accusa les chrétiens d’avoir participé au complot, et le
résultat ne se fit pas attendre : les édits de Minh Mang furent reconduits
et même aggravés : « Les prêtres européens seront jetés dans
les abîmes de la mer ou des fleuves. Les prêtres vietnamiens, qu’ils foulent ou
non la croix, seront coupés par le milieu du corps. Quiconque dénoncera un
prêtre européen recevra huit taëls d’argent. Ceux qui auront caché un prêtre
européen seront coupés par le milieu des reins et jetés au fleuve ».
Dès son arrivée au Tonkin, Schoeffler
avait écrit : « Le petit coup de sabre serait-il réservé à
quelqu’un d’entre nous ? Quelle grâce ! Jusqu’ici je n’ai osé la
demander ; mais maintenant, chaque jour au saint Sacrifice, j’offre mon
sang à Jésus pour celui qu’il a versé pour moi ».
Dénoncé au chef de canton, Schoeffler
fut arrêté en mars 1851, lors de la proclamation de l’édit impérial. Un
prêtre vietnamien, arrêté en même temps que lui, avec un catéchiste et quelques
fidèles, demandèrent de pouvoir le racheter. Le chef des soldats proposa
une grosse somme d’or et d’argent. « Je ne dispose pas d’une
pareille somme, dit Schoeffler, mais mes disciples arriveront peut-être à la
réunir ». Cette solution trouva l’approbation du chef des soldats, qui
laissa partir les compagnons du prisonnier. Quand Schoeffler estima
qu’ils étaient assez loin et hors de danger, il pressa l’officier de le mener
sans plus tarder aux mandarins. Il avait réussi à sauver ses compagnons.
Schoeffler comparut devant le
gouverneur de la province de Son Tây, comme Cornay quatorze ans auparavant. Il
subit un interrogatoire au sujet de son identité et le motif de sa présence au
Vietnam. On lui demanda s’il savait qu’il était interdit d’y prêcher le
christianisme sous peine de mort. Il répondit qu’il le savait. On lui
enjoignit de marcher sur la croix. Il refusa. Un deuxième interrogatoire
n’apporta rien de plus. Le gouverneur n’avait plus qu’à adresser son rapport à
l’empereur. Schoeffler fut donc enfermé, chargé de la cangue, dans la prison
des condamnés à mort. « Il ne s’est jamais plaint »,
observèrent ses compagnons. Un envoyé de Mgr Retord, porteur de quelques barres
d’argent, lui fit passer une lettre, et obtint qu’il fût détenu dans une pièce
du logement du gardien-chef ; mais il ne put lui adresser la parole :
ils se regardèrent seulement. La captivité de Schoeffler s’était donc bien
adoucie depuis le transfert de local, mais il restait très étroitement
surveillé. Un prêtre vietnamien toutefois, prenant tous les risques, parvint à
le voir, et entendit sa confession.
Le 11 avril, la sentence impériale
revint de la capitale : « Les lois de l’empire défendent très
sévèrement la religion de Jésus. Cependant le sieur Augustin, prêtre de cette
religion, a osé pénétrer clandestinement dans Nos États pour la prêcher en
secret, séduire et tromper le peuple. Arrêté, il a reconnu la vérité du fait,
il a tout avoué. Que le sieur Augustin ait la tête tranchée sur-le-champ et
jetée dans le fleuve ».
L’EXECUTION
Le 1er mai 1851, le gouverneur convoqua
deux régiments. Toute la ville pensa à une expédition contre les brigands. En
fait, il s’agissait de l’exécution d’Augustin Schoeffler. Le gouverneur voulait
ainsi décourager toute tentative d’aide de la part des chrétiens. Quand on vint
le chercher, le martyr manifesta une grande joie. Il jeta au loin ses sandales
et emboîta le pas pieds nus à ses gardiens, tenant d’une main sa chaîne relevée
pour marcher plus facilement. Les personnes présentes manifestaient leur
admiration : « C’est un héros : il va à la mort comme à
une fête ! Quel bel homme, quel air de bonté ! Comment le
roi peut-il faire tuer de tels hommes ! ».
Arrivé au lieu du supplice, près des
murs de la citadelle, le martyr, entouré de l’imposante force armée et de la
foule, s’agenouilla et pria un moment. À la demande du bourreau, qui semblait
plus ému que lui, il se dénuda le torse et se laissa lier les mains dans le
dos. Il leva les yeux au ciel et dit : « Ce que vous avez à
faire, faites-le vite ». Quand cymbales et tambours retentirent, le
bourreau abattit son sabre.
Après le départ des soldats, on revit
ce qui s’était passé treize ans plus tôt après l’exécution de Jean-Charles
Cornay : de nombreuses personnes ― chrétiennes ou
non ― s’approchèrent pour tremper des morceaux de coton dans le sang
du martyr. On vit même un mandarin récupérer une tunique blanche éclaboussée de
sang : elle avait été placée par ses soins sur le lieu de l’exécution. Il
reçut plusieurs coups de rotin en châtiment de cette manifestation indigne d’un
fonctionnaire de l’empire, mais il emporta chez lui la tunique.
En exécution de la sentence, des
soldats jetèrent la tête du martyr dans le fleuve Rouge. Elle ne fut jamais
retrouvée. Le corps fut inhumé sur place, selon la loi, dans un cercueil que
les chrétiens avaient préparé. Deux jours plus tard, ils l’exhumaient
discrètement et allaient le réinhumer dans un village chrétien.
Augustin Schoeffler mourut à l’âge de
29 ans, trois ans après son arrivée dans sa mission du Tonkin. Il fut le
premier missionnaire victime de la deuxième vague de persécution du Vietnam,
menée par l’empereur Tu Duc, qui fera encore plus de victimes que la première,
celle de Minh Mang.
Le décret d'introduction pour sa cause
de Béatification est daté du 24 septembre 1857. Le bref de Béatification est
signé par le pape Léon XIII le
7 mai 1900, et les solennités furent célébrées le 27 du même mois, à Saint-Pierre
de Rome.
Augustin Schoeffler, désormais saint
patron du Séminaire de Metz, a été canonisé le 16 juin 1988 par le pape Jean-Paul II.
Les saints martyrs du Vietnam sont honorés le 24 novembre.
SOURCE : http://archivesmep.mepasie.org
Les
portraits d'Augustin
A quoi ressemblait Augustin
Schoeffler ? Un débat existe à ce sujet depuis longtemps. Or il est attesté
qu'il a posé pour un daguerréotype avant son départ en mission à l'automne
1847. Il écrit d'Anvers à sa tante Elise Schoeffler et à mademoiselle Klein, le
14 octobre 1847 : "Avez-vous reçu le portrait [1] que je vous ai envoyé ?" Par ailleurs, des témoins affirment que l'abbé
Stricher a reçu, lui-aussi, un portrait d'Augustin, sans doute à la même époque.
Cette technique inventée par Louis Daguerre, en 1837, connut une vogue
rapide. Ce n'était pas encore la photographie telle que nous la connaissons :
cela ne pouvait se faire qu'en studio et il fallait, au début, poser une
demi-heure immobile !
Ces portraits ont été reproduits et ... retouchés après le martyre
d'Augustin. Ce n'était plus un souvenir de famille, le cliché était devenu
objet de vénération et il devait correspondre au goût et à l'attente du public.
C'est la période d'essor, dans l'art religieux, de ce qui est désigné sous le
qualificatif peu élogieux de "sulpicien". Si l'on compare le portrait
d'Augustin [2], réalisé en 1847, avec celui du
populaire Théophane Vénard, réalisé en 1851, on réalise pourquoi il
"fallait" retoucher celui d'Augustin. La prise de vue a été faite en
légère contre plongée (du bas vers le haut), ce qui donne une impression de
froideur. Théophane a la tête un peu baissée et il regarde l'objectif, Augustin
a les yeux tournés vers sa droite. Rapidement les retouches vont corriger la
froideur en ajoutant un très léger sourire, corriger ce regard en le tournant
vers le ciel.
Pour connaître le vrai visage d'Augustin, la chance est avec nous. Il
n'existe pas un cliché non retouché, mais certainement au moins deux : en
effet, Augustin Schoeffler a posé avec deux de ses condisciples du Séminaire
des Missions Etrangères de Paris [3].
Et c'est son profil que nous voyons dans l'album des missionnaires, cliché
reproduit ici. Aucun trucage, aucune retouche.
********
Lorsque le chanoine Mangenot prépare sa biographie sur Augustin, il envoie
à l'abbé Martin, curé de Phalsbourg, un véritable questionnaire[ 4].
On y trouve ceci :
"La photographie faite à Phalsbourg par Zanover [5] reproduit-elle
exactement les dimensions du daguerréotype ?
- Le portrait, la photographie faite à Phalsbourg n'a pas été faite
d'après le daguerréotype, mais d'après une autre photographie : M. l'abbé Ehalt [6],
qui a parfaitement connu le bienheureux, trouve que cette photographie est très
ressemblante [7]. [...]
Monsieur Stricher [8] avait
le daguerréotype en question, mais on ne sait pas ce qu'il est devenu."
Il y a un certain flottement... Et la tante Elise n'est plus là pour
donner son avis, elle est décédée à Lunéville en 1883. Le chanoine Mangenot
poursuit ses recherches, sa patience s'illustrera plus tard dans l'édition du
fameux Dictionnaire de Théologie Catholique. L'abbé V. F.
Schoeffler, curé de Willerwald et cousin d'Augustin, lui écrit, le 16 novembre
1900 : " J'ai l'honneur de vous adresser la reproduction du
Daguerréotype représentant le Bienheureux Augustin Schoeffler avec le costume
annamite [9]. Le Bienheureux l'avait envoyé
de Paris à Mr. l'abbé Stricher, alors vicaire à Phalsbourg. A la mort de Mr.
Stricher, j'ai prié sa soeur de me céder ce daguerréotype. A trois reprises
différentes, elle me l'a refusé, et au 3e refus, elle a ajouté qu'elle l'avait
donné à son frère, employé dans la Savoie. Mais ce n'était que le cadre qu'elle
avait donné. Par une Providence particulière, le beau-frère de Mr. Stricher,
Joseph Meyer, a détaché du cadre le portrait du Bienheureux, ainsi que celui de
Mr. Krick [10], et les a remis à Mr. l'abbé
Marchal, curé d'Archeviller, voulant, disait-il, sauver ces deux figures. Au
mois d'août de cette année, me trouvant chez Mr. l'abbé Marchal, on parlait des
deux portraits du Bienheureux (l'autre était dans la possession de sa tante
Elise) et je déplorais la perte de celui qui appartenait à Mr. l'abbé Stricher,
tout en en faisant la description ; tout à coup, Mr. Marchal dit : Je crois que
je l'ai. Il me le remit après m'avoir raconté comment il l'avait reçu.
"Avant de vous servir de cette
reproduction, je vous prierai d'attendre encore quelques semaines, car j'ai
fait remettre l'original à un photographe de Saverne pour la faire reproduire,
et établir une comparaison. Je vous enverrai la 2e épreuve avec l'original qui
sera conservé dans la bibliothèque du grand séminaire de Nancy [11].
"Quant au 1er portrait authentique que le Bienheureux avait envoyé
à sa tante, je ne sais où le trouver, n'étant plus en relations avec ses
nièces. Mais je l'ai fait reproduire, comme vous avez pu le voir dans la 2e
édition de Mr. le chanoine Finot.
"En Lorraine, surtout à Phalsbourg, cette reproduction a été renouvelée
maintes fois, et il me semble que chaque photographe y introduit un
changement, presque imperceptible, il est vrai, mais ce n'est plus tout à fait
le même regard inspiré de la 1ère épreuve. J'ai heureusement gardé le
numéro du cliché du photographe Odinot [12],
c'est le n° 32493. Si Mr. Odinot l'a conservé, vous trouverez-là le véritable
portrait du Bienheureux, et je vous permets et je vous prie de le faire
reproduire pour la gloire du Bienheureux.
"La ressemblance la plus frappante se trouve dans le portrait avec
le costume annamite a déclaré Mr. Ehalt, son condisciple et son ami. L'autre
portrait ne déclare pas assez franchement la figure osseuse [13] que
possédait le Bienheureux."
Ce précieux témoignage éclaire quelque peu notre
problème, sans toutefois lever toutes les ambiguïtés. Il semble bien
qu'Augustin ait fait parvenir, de Paris, au moins deux portraits : l'un à sa
tante Elise, l'autre à l'abbé Stricher. Par contre, il est tout à fait
invraisemblable qu' Augustin ait posé, à Paris, en costume annamite. Une autre
lettre de l'abbé V. F. Schoeffler, datée du 29 juillet 1903, indique ceci :
" Je vous envoie ci-joint un portrait du Bienh. avec costume
chinois. (Le costume annamite doit être le même, suivant le dire d'un
missionnaire.) C'est le P. Victor Laroche, neveu de Mr. l'archiprêtre de
Sarralbe, revenu de Chine pour cause de maladie, qui m'a donné son portrait
fait en Chine. Le photographe a adapté au buste la tête du martyr, et
ainsi l'on a à peu près sa tenue de missionnaire, moins la barbe, la tête rasée
et la mèche de cheveux [14].
"L'autre portrait avec turban [15],
dont je vous ai envoyé un exemplaire, n'a d'autre valeur que celle de
reproduire plus fidèlement les traits de la figure, surtout de la bouche et du
menton, suivant le témoignage de son ami Mr. l'abbé Ehalt."
Nous trouvons encore un autre témoignage dans la documentation réunie par
M. le chanoine Mangenot. Il s'agit d'une carte de visite, non datée, de l'abbé
Ch. Pernot, vicaire à St Fiacre de Nancy qui " retourne à M.
Mangenot la photographie du Bx Schoeffler. Monsieur le Curé [16] a
donné la même appréciation ; il y a quelque chose qui rappelle la figure du Bx,
mais selon lui elle est idéalisée. Il est tenté de croire que la
photographie de M. le Curé de Phalsbourg a été faite non pas directement mais
d'après un dessin plus ou moins fidèle."
Nous ne pourrons pas conclure ce dossier définitivement : nous ne
possédons pas le portrait avec turban, il existe des documents qui dorment dans
des malles ou de vieux albums de photographies. Si cet article pouvait aider à
les retrouver... Dans l'état actuel de la documentation, nous pouvons retenir :
- le premier cliché où Augustin est en compagnie de deux autres
séminaristes des Missions Etrangères (il est à gauche, de profil). Voir
également l'agrandissement... même s'il est de mauvaise qualité.
********
- le deuxième est également indiscutable. Augustin a les mains dans les
manches de sa soutane, il est sérieux, tendu, déterminé. L'épaule
gauche est plus haute que la droite. Il pourrait s'agir du daguerréotype
envoyé à la tante Elise ?
********
- le 3e, sur carte postale, montre d'importantes différences :les
épaules sont à la même hauteur, la tête est très légèrement relevée, le visage
est arrondi, Augustin semble plus serein ; le tracé de la mâchoire est adouci.
C'est ce cliché que l'on trouve dans la deuxième édition de la biographie par
l'abbé Finot. Il n'est pas impossible qu'il s'agisse d'un autre daguerréotype
ou plutôt d'un cliché retouché (mâchoire) à partir d'un autre daguerréotype. Ce
serait celui envoyé à Stricher ? C'est ce cliché qui semble être à l'origine de
ceux qui suivent et même du visage d'Augustin tel qu'il figure sur le tableau
du martyre [17], tableau réalisé peu de temps après, au
Vietnam, ce qui laisserait penser que le peintre avait un cliché... en effet,
le jour du martyre, Augustin avait la barbe et ses cheveux étaient très courts
comme l'indique le rapport de son évêque.
- le 4e est une image gravée avec légende en allemand reproduisant le 3e
avec retouche "imperceptible". C'est la dernière avec le rabat.
- le 5e, image de piété imprimée entre 1857 et 1900 (il est
"Vénérable"), gravure représentant Augustin en costume
"chinois" ? : le visage est à nouveau retouché, notamment la bouche
où l'on a comme un sourire obtenu en accentuant les plis de chaque côté de la
bouche ; les yeux sont nettement plus tournés vers le haut ; en arrière fond
des constructions orientales que l'on retrouve dans les deux clichés suivants ;
attitude pieuse, avant-bras croisés sur la poitrine, main droite tenant la
croix. Augustin n'a jamais ressemblé à ce portrait lorsqu'il était au Tonkin:
il portait la barbe, avait la tête rasée, sauf une mèche à l'arrière du
crâne...
- le 6e, image de piété, gravure imprimée à partir de 1900
("bienheureux"), reprend le précédent avec d'importantes retouches au
visage : Augustin a pris un coup de jeune.
- le 7e cliché n'a de commun avec les trois précédents que le costume ; le
cliché a été retourné ; il est parent des précédents avec d'énormes
retouches... c'est presque quelqu'un d'autre. On retrouve la mèche relevée et
la position des cheveux autour de l'oreille. C'est une image imprimée par
l'Oeuvre de la Ste Enfance : l'absence de mention "vénérable"
pourrait indiquer une impression très tôt, entre 1852 et 1857.
- le 8e cliché a été imprimé avant 1900, puis l'image a été actualisée par
un collage "le bienheureux" au dessus de la mention "le
vénérable". La parenté est nette avec le 8e : le sens, tourné vers la
droite ; le costume, avec cependant moins de plis et un col montant plus important.
Le visage n'a plus qu'un lointain rapport avec les premiers clichés.
- le 9e cliché s'inspire manifestement du précédent au niveau du visage
encore retouché... mais aussi de la série 5,6,7 (avant-bras croisés et
arrière-fonds reprenant de façon très floue les deux bâtiments). Il s'agit
d'une image plus récente que les précédentes, elle reproduit un tableau qui se
trouve aux Missions Etrangères de Paris.
En résumé, mis à part le cliché de groupe (n° 1), on se trouve devant un
premier ensemble (2,3,4) avec rabat, Augustin a les yeux légèrement tournés
vers sa droite, mais la position des épaules indique qu'il y a deux clichés
différents (2 et 3) ; puis un deuxième ensemble (5,6,), dérivant du cliché n°
3, en costume étranger, avec les bras croisés et la croix, les yeux sont davantage
tournés vers le haut et un certain sourire ; le troisième ensemble (7,8) se
caractérise par le renversement du cliché, le costume s'apparente à celui du 2e
ensemble, mais le décor en arrière fond a disparu, l'attitude se rapproche du
1er ensemble, cependant les bras, dont on ne distingue que le haut, ne sont pas
croisés. Enfin, le cliché n° 9 qui reprend un peu de chacun des autres sauf du
n° 2.
Pardonnez-moi : vous avez peut-être une indigestion de détails. Essayez de
vous faire une opinion par vous-mêmes en comparant les reproductions. Il ne
s'agit pas d'imposer un portrait - on peut aimer les portraits idéalisés - mais
d'essayer de retrouver à quoi ressemblait véritablement le jeune Augustin
Schoeffler à la veille de son départ en Mission. Et il n'y a pas d'hésitation
possible : seuls les clichés 1 et 2 nous donnent l'image "historique"
de ce jeune homme de 25 ans. C'est effectivement un visage anguleux et non
poupin, volontaire.
Ne serait-il pas judicieux de privilégier le véritable visage d'Augustin
si nous voulons le rendre proche de notre temps qui apprécie de moins en moins
les retouches qui trahissent en idéalisant. Osons donc retrouver - par delà les
pieuses retouches - la vérité d'un homme qui part en Mission sans avoir pu
faire ses adieux à ses parents, opposés à sa vocation, qui connaît, jusqu'aux
derniers jours avant son départ, des manoeuvres destinées à le dissuader de
partir et même des problèmes d'argent. Il n'a pas encore le sourire d'un
bienheureux même s'il est très heureux de s'embarquer vers une terre connue
pour être celle des martyrs.
Livres disponibles dans les bibliothèques :
- - Abbé FINOT. - Vie et mort du Bienheureux Augustin Schoeffler : un martyr lorrain en Extrême-Orient. Metz, 1900, 2e éd., 157 p. avec un portrait.
- -
Abbé E. MANGENOT. - Le Bienheureux Augustin Schoeffler. Nancy,
1900, 105 p.
- Disponible
à l'association St Martin (Mittelbronn ; adresse p. 8)
- -
Abbé NOBLET & abbé BERLOCHER.- Un aventurier de Dieu :
Augustin Schoeffler 1822-1851. Plaquette illustrée de 32 p., 1988 (2
éditions).
- - St Augustin Schoeffler : 19 juin 1988 Rome - 28 août 1988 Mittelbronn. C'était hier, souvenez-vous aujourd'hui... Plaquette illustrée, 60 p., 1988.
- -
Cassette vidéo, cartes postales, médailles...
- - Visite de la maison natale et du musée.
- [1]Unique usage de ce mot dans les lettres connues à ce jour.
·
[2]Voir la première page du Bulletin des
Amis de la Bibliothèque (1ère page de couverture).
·
[3]Voir la dernière page du Bulletin des
Amis de la Bibliothèque (4e de couverture).
· [4]La
réponse est datée du 6 juin 1900. Archives de la Bibliothèque diocésaine de
Nancy, dossiers Schoeffler.
·
[5]L'orthographe n'est pas sûre !
·
[6]Condisciple au séminaire de Nancy, il a
-selon Finot p. 49-50 - reçu au moins une lettre d'Augustin. Il y a
probablement une correspondance adressée à Ehalt dans les archives de l'évêché
de Metz...
·
[7]Ce qualificatif est étrange. S'il s'agissait
vraiment d'une photographie, la question de la ressemblance ne devrait pas se
poser. On utilise ce terme pour une gravure ou un portrait robot reconstitué...
·
[8]1818-1884. Né à Arzviller de parents pauvres,
ordonné prêtre à Nancy en 1846, il est nommé vicaire à Phalsbourg où il sera
précieux pour essayer d'arranger les relations familiales difficiles. Il est
mort en 1884, chapelain du pèlerinage qu'Augustin connaissait et aimait, celui
de Bonne Fontaine. Nous connaissons onze lettres d'Augustin adressées à
Stricher.
·
[9]Il ne peut s'agir que d'une adaptation et non
d'un véritable cliché.
·
[10]Autre martyr, né à Lixheim, en 1819,
missionnaire au Thibet où il a été assassiné en 1854. Qui pourrait retrouver ce
cliché de l'abbé Krick ?
·
[11]Malheureusement ces documents ne sont pas à
la bibliothèque diocésaine de Nancy.
·
[12]Célèbre photographe, rue St Dizier à Nancy ?
·
[13]C'est nous qui soulignons.
·
[14]C'est nous qui soulignons. Ce cliché est un
montage.
·
[15]Publié dans la brochure en allemand d’après
le livre de Finot : Ein Märtyrer aus Lothringen, Leben und Tod des
seligen Augustin Schöffler, Metz, 1900, 128 p..
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[16]L'abbé Auguste-Jean-Christophe Barbier, né
en 1825, ordonné prêtre en 1849, nommé à St Fiacre en 1869. Il est un peu plus
jeune qu'Augustin, mais il l'a connu au séminaire de Nancy.
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[17]Voir la couverture du numéro 2 du Bulletin
des Amis de la Bibliothèque Diocésaine (avril 1994).
Bernard Stelly
Reliquie Augustin Schoeffler.
Église
Notre-Dame-de-l'Assomption de Phalsbourg
Saint Augustin
Schoeffler
Né le 22 novembre
1822, Augustin Schoeffler était
l’aîné de six enfants d’un instituteur de Mittelbronn,
en Moselle. À cette époque, l’instituteur était, en même temps, secrétaire de
mairie et chantre à l’église. À l’école, le jeune Augustin a laissé le souvenir d’un
garçon doux et réaliste.
Comme il semblait doué pour les études, son père le mit en pension chez son
oncle, curé d’Arraye, où il fit sa première communion. De là, il entra au petit séminaire de Pont-à-Mousson,
car, s’il envisageait volontiers d’imiter son oncle, il lui fallait encore
apprendre le français ; de fait, sa langue maternelle était l’allemand.
Cependant, il termina ses études au collège de Phalsbourg,
ville natale de son père, où celui-ci était revenu, et assurait la comptabilité
de plusieurs commerces. Progressivement, la douceur d’Augustin laissa
place « à une attitude fière reflétant plutôt une énergie non exempte d’une
certaine rudesse ». Après un discernement, dans le but de savoir s’il devait
être militaire ou prêtre, il déclara à sa soeur : « Quand je serai curé, tu
viendras gouverner ma maison ».
C’est ainsi qu’Augustin entra
au grand séminaire de Nancy,
en novembre 1842, où il
fut nommé « préfet de chœur » et dirigea son affaire d’une main de maître,
toutefois sa douceur d’enfant réapparaissait lorsqu’il s’agissait de soutenir
des séminaristes en difficulté.
En mars 1846, il écrivit
à l’un de ses anciens condisciples devenu vicaire à Phalsbourg : « Très cher ami, vous
m’avez dit que mon père avait l’intention de m’écrire sa façon de penser, et
j’attendais toujours cette lettre afin de vous en faire part. J’ai beau
attendre, elle ne vient pas… J’ai bien d’autres souffrances à attendre, et même
je suis heureux d’avoir ce retard de la part de mes parents, car cela ne fera
que fortifier de plus en plus ma vocation. Veuillez donc passer encore une fois
chez nous, et après avoir de nouveau un peu sondé le terrain, donnez-moi des
nouvelles le plus tôt qu’il vous sera possible ».
Alors que le supérieur du séminaire avait formulé un avis positif quant à
sa requête, l’évêque, ainsi que les Pères du Séminaire des Missions Étrangères
tardaient à répondre, c’est pourquoi il poursuivit : « Je n’ai pas encore reçu
non plus de réponse de Paris, je ne sais pourquoi on tarde si longtemps : voilà
déjà plus de quinze jours que M. le supérieur a écrit cependant… ».
Finalement, le Conseil des Pères de Paris et l’évêque de Nancy finirent
par donner leur accord. Il dut alors faire face à un refus familial. Augustin
retourna à Phalsbourg après avoir été ordonné diacre le 9 octobre 1846, il y
prononça un sermon remarqué. Il dit ensuite à ses parents qu’il allait à
Mittelbronn faire un pèlerinage à l’église où il avait été baptisé et partit
pour Paris, laissant à un ami prêtre la mission d’informer sa famille de ses
projets.
Au séminaire des Missions
Étrangères, il apprit que deux de ses tantes avaient entrepris des
démarches auprès du supérieur pour le retenir en France. Ce à quoi il répondit
: « Je ne me sens nul goût pour le ministère de notre France : il est trop
mort, et, au bout de deux ans, je serai un homme perdu à jamais. Mon caractère
veut de l’activité ».
Puis, il s’adressa à son ancien directeur de Nancy : « Généralement on
désire plus les missions où il y a encore quelque persécution à craindre, par
conséquent la Chine sourit plus que l’Inde ; mais pourvu que l’on soit là où le bon Dieu vous
appelle, c’est l’unique chose nécessaire ».
Il fut ordonné prêtre le 29 mai
1847 et reçut sa mission pour
le Tonkin. Le 18 novembre,
il embarqua à Anvers à destination de la procure des missions d’Extrême-Orient.
Juste avant le départ, il reçut des nouvelles concernant sa mission : la
persécution venait de reprendre en Cochinchine et au Tonkin.
La traversée de L’Emmanuel commença par une tempête, et se poursuivit
heureusement jusqu’au détroit de la Sonde, à partir duquel on veilla à éviter
les rencontres de pirates malais, pour s’achever à Singapour après cent dix-neuf
jours de navigation. En ce lieu, on le transborda sur Le Prince Albert à
destination de Hongkong,
où Schoeffler et ses
six compagnons débarquèrent fin
avril 1848. La procure des missions venait d’être transféré de Macao vers la jeune colonie
britannique toute proche.
Après la mort de l’empereur Minh
Mang, en 1840, l’Église du Vietnam –
l’empire issu de la réunion des royaumes de Cochinchine et
du Tonkin –
connaissait un répit relatif sous le règne de Thiêu
Tri. Aucun des édits contre les chrétiens n’avait été abrogé,
mais le nouvel empereur mit moins de zèle à les faire appliquer. Lorsqu’en 1843, le capitaine de corvette Favin-Lévêque se présenta à Tourane (Danang) afin de négocier
les bases d’un traité commercial entre la France et le Vietnam, il fut prévenu
que cinq missionnaires français étaient détenus à Huê, depuis deux ans, et condamnés « à
mort avec sursis ». Avant d’engager les négociations, il exigea leur
libération, « ne pouvant traiter qu’avec un souverain ami ». Les cinq rescapés
lui furent donc remis à condition qu’il les emmenât. En 1847, de nouvelles
négociations eurent lieu, qui furent menées par le commandant Lapierre. Averti que ses deux corvettes
devaient êtres coulés pendant les conversations à terre, il prit les devants,
tira sur les jonques de guerre qui le cernaient déjà, et hissa les voiles avant
de se retirer. C’était plus qu’il n’en fallait pour que la persécution plus ou
moins assoupie ne reprenne avec la même violence que sous le règne de Minh Mang. On promit trente barres
d’argent à quiconque apporterait aux autorités la tête d’un étranger. Et comme
il n’y avait pas d’autres étrangers au Vietnam que les missionnaires français
et dominicains espagnols, de nombreux mandarins s’inquiétèrent : tout cela ne
pourrait qu’amener de nouveaux malheurs. En 1848,
l’empereur Thiêu Tri mourut.
La succession posa problème et révéla l’existence de clans à la Cour de Huê, car c’est le second fils de
l’empereur défunt qui fut reconnu comme héritier, au préjudice de l’aîné. Le
nouvel empereur, Tu Duc,
était un jeune homme de dix-neuf ans. On ignorait tout des intrigues qui
l’avaient porté sur le trône. C’est dans ce contexte queSchoeffler pénétra clandestinement dans sa mission du Tonkin.
Il fallut d’abord se déguiser en Chinois : la moitié du crâne rasé, une
queue de cheveux postiches, une longue robe de toile grise fendue de chaque
côté ; ensuite, embarquement sur une jonque de contrebandiers chinois, cabotage
tout au long de la côte du Guandong jusqu’à Lafou, village chrétien tout proche de
la frontière tonkinoise. En ce lieu, changement de costume, pour revêtir un
turban, une tunique fendue de calicot noir et un large pantalon de toile
blanche. Schoeffler écrivit alors à ses anciens supérieurs :
« Me voici arrivé à la terre promise : je suis au comble de mes vœux. Ce
n’est pas cependant sans avoir traversé bien des difficultés. J’ai dû me
dérober aux espions des mandarins, fuir les pirates chinois, essuyer de telles
tempêtes que je me suis cru plus d’une fois sur le point de dire adieu au monde
: ce sont là autant de tribulations par lesquelles la Providence a voulu me
faire passer avant de me montrer le lieu de paix et de bonheur ».
Augustin se trouvait
alors en face de son évêque, Mgr Retord,
avec lequel il trouva un bon terrain d’entente. Le jeune missionnaire était
heureux de découvrir sa seconde patrie et s’émerveillait de la foi des
chrétiens, et des risques qu’ils prenaient pour y demeurer fidèles. Il assimila
rapidement la langue et, au bout de six mois, fut capable d’entendre les
confessions et de prononcer quelques courtes instructions. Ainsi put-il
accompagner son évêque dans sa tournée pastorale. Il était stupéfait de
l’ampleur des foules qui se rassemblaient pour la circonstance. Il donna
ensuite de ses nouvelles au supérieur du grand séminaire de Nancy :
« Depuis que le roi Tu
Duc est monté sur le trône de ses ancêtres, notre sainte religion
a vu ses jours s’améliorer. Nous nous tenons à moitié cachés, à moitié à
découvert. Les mandarins connaissent la présence d’Européens dans leur
préfecture, mais ils semblent fermer les yeux. On dirait que l’on voudrait
donner la liberté de religion et que l’on n’ose encore ».
Le jeune empereur, pour marquer son avènement, avait procédé à une amnistie
générale, sauf pour les condamnés à mort ferme ; d’où la libération de nombreux
chrétiens, y compris plusieurs condamnés « à mort avec sursis ». Le souverain
s’était fait lire les annales de l’Empire où étaient rapportés les services
rendus à son arrière-grand-père Gia
Long par Mgr Pigneau
de Béhaine, l’illustre « évêque d’Adran », et les autres missionnaires
français, à l’époque de la création du Vietnam.
Reconnaissant pour les services rendus, il n’abrogea pourtant pas les édits
contre le christianisme promulgués par son grand-père Minh Mang et reconduits par son
père Thiêu Tri. De sorte
qu’officiellement, on en était encore à la persécution.
Dans ces conditions, Mgr Retord souhaitait
voir augmenter le nombre de chrétiens pour « habituer » fidèles, non-chrétiens
et autorités au « fait » chrétien. À cette époque, la famine et les maladies
telle que la peste se développaient. Schoeffler,
à son tour, fut atteint du choléra à
la fin de sa tournée avec l’évêque. Mgr
Retord lui administra les sacrements et le prépara à la mort.
Mais Schoeffler se remit rapidement et
acheva la tournée en reprenant confessions et célébration des sacrements pour
les malades. Après cela, l’évêque estima qu’il pouvait laisser son jeune
missionnaire voler de ses propres ailes. Il l’envoya dans la province de Son Tây, au nord-ouest de la mission,
là où le fleuve Rouge, avant d’entrer dans son delta, reçoit ses deux grands
affluents : la rivière Noire à droite et la rivière Claire à gauche.
C’est là que Jean-Charles
Cornay avait subi le martyre quatorze ans plus tôt. Schoeffler arriva dans son nouveau
district début 1851. Il était le seul Européen avec huit confrères vietnamiens
et quinze mille chrétiens. Dans les montagnes, il y avait des populations
aborigènes qui n’avaient jamais entendu parler de l’Evangile.
« C’est ici que j’espère
mourir », écrivit-il à l’abbé Stricher,
un ami de Lorraine. Mais il oubliait que les montagnes étaient un repaire de
brigands, ce qui rendait les mandarins vigilants.
Nous avons vu que l’éviction du fils aîné de l’empereur Thiêu Tri au profit de son cadet Tu Duc prouvait l’existence de
clans à la Cour du Vietnam.
De fait, le prince dépossédé, Hoàng
Bao, ne s’y résignait nullement et commençait à intriguer pour étoffer
son parti. Il fit même contacter l’évêque de la Cochinchineseptentrionale, Mgr Pellerin, lui promettant la liberté
religieuse, lui laissant même espérer sa conversion au christianisme. Ce à quoi
l’évêque répondit que « Les chrétiens ne détrônent pas les rois, même dans les
temps de persécution. Vous apprendrez ce qu’est leur fidélité si vous régnez un
jour ». La conspiration de Hoàng
Bao fut découverte, les conjurés les plus influents furent
décapités, et le prince, condamné à la prison à vie, s’étrangla. Le Premier
mandarin accusa les chrétiens d’avoir participé au complot, et le résultat ne
se fit pas attendre : les édits de Minh
Mang furent reconduits et même aggravés : « Les prêtres européens
seront jetés dans les abîmes de la mer ou des fleuves. Les prêtres vietnamiens,
qu’ils foulent ou non la croix, seront coupés par le milieu du corps. Quiconque
dénoncera un prêtre européen recevra huit taëls d’argent. Ceux qui auront caché
un prêtre européen seront coupés par le milieu des reins et jetés au fleuve ».
Dès son arrivée au Tonkin, Schoeffler avait
écrit : « Le petit coup de sabre serait-il réservé à quelqu’un d’entre nous ?
Quelle grâce ! Jusqu’ici je n’ai osé la demander ; mais maintenant, chaque jour
au saint Sacrifice, j’offre mon sang à Jésus pour
celui qu’il a versé pour moi ».
Dénoncé au chef de canton, Schoeffler fut
arrêté en mars 1851, lors de la proclamation de l’édit impérial. Un prêtre
vietnamien, arrêté en même temps que lui, avec un catéchiste et quelques
fidèles, demandèrent de pouvoir le racheter. Le chef des soldats proposa une
grosse somme d’or et d’argent. « Je ne dispose pas d’une pareille somme, dit Schoeffler, mais mes disciples
arriveront peut-être à la réunir ». Cette solution trouva l’approbation du chef
des soldats, qui laissa partir les compagnons du prisonnier. Quand Schoeffler estima qu’ils étaient
assez loin et hors de danger, il pressa l’officier de le mener sans plus tarder
aux mandarins. Il avait réussi à
sauver ses compagnons.
Schoeffler comparut
devant le gouverneur de la province de Son
Tây, comme Cornay quatorze
ans auparavant. Il subit un interrogatoire au sujet de son identité et le motif
de sa présence au Vietnam.
On lui demanda s’il savait qu’il était interdit d’y prêcher le christianisme
sous peine de mort. Il répondit qu’il le savait. On lui enjoignit de marcher
sur la croix. Il refusa. Un deuxième interrogatoire n’apporta rien de plus. Le
gouverneur n’avait plus qu’à adresser son rapport à l’empereur. Schoeffler fut donc enfermé,
chargé de la cangue, dans la prison des condamnés à mort. « Il ne s’est jamais plaint »,
observèrent ses compagnons. Un envoyé de Mgr
Retord, porteur de quelques barres d’argent, lui fit passer une
lettre, et obtint qu’il fût détenu dans une pièce du logement du gardien-chef ;
mais il ne put lui adresser la parole : ils se regardèrent seulement. La
captivité de Schoeffler s’était
donc bien adoucie depuis le transfert de local, mais il restait très
étroitement surveillé. Un prêtre vietnamien toutefois, prenant tous les
risques, parvint à le voir, et entendit sa confession.
Le 11 avril, la sentence impériale revint de la capitale : « Les lois de
l’empire défendent très sévèrement la religion de Jésus. Cependant le sieur Augustin, prêtre de cette religion, a
osé pénétrer clandestinement dans Nos États pour la prêcher en secret, séduire
et tromper le peuple. Arrêté, il a reconnu la vérité du fait, il a tout avoué. Que le sieur Augustin ait la tête tranchée
sur-le-champ et jetée dans le fleuve ».
Le 1er mai 1851, le
gouverneur convoqua deux régiments. Toute la ville pensa à une expédition
contre les brigands. En fait, il s’agissait de l’exécution d’Augustin Schoeffler. Le gouverneur
voulait ainsi décourager toute tentative d’aide de la part des chrétiens. Quand
on vint le chercher, le martyr
manifesta une grande joie. Il jeta au loin ses sandales et emboîta le
pas pieds nus à ses gardiens, tenant d’une main sa chaîne relevée pour marcher
plus facilement. Les personnes présentes manifestaient leur admiration : « C’est un héros : il va à la mort comme à
une fête ! Quel bel homme, quel air de bonté ! Comment le roi
peut-il faire tuer de tels hommes ! ».
Arrivé au lieu du supplice, près des murs de la citadelle, le Martyr, entouré de l’imposante force
armée et de la foule, s’agenouilla et pria un moment. À la demande du bourreau,
qui semblait plus ému que lui, il se dénuda le torse et se laissa lier les
mains dans le dos. Il leva les yeux au ciel et dit : « Ce que vous avez à faire, faites-le vite ».
Quand cymbales et tambours retentirent, le bourreau abattit son sabre.
Après le départ des soldats, on revit ce qui s’était passé treize ans plus
tôt après l’exécution de Jean-Charles
Cornay : de nombreuses personnes – chrétiennes ou non –
s’approchèrent pour tremper des morceaux de coton dans le sang du martyr. On vit même un mandarin récupérer une tunique
blanche éclaboussée de sang : elle avait été placée par ses soins sur
le lieu de l’exécution. Il reçut plusieurs coups de rotin en châtiment de cette
manifestation indigne d’un fonctionnaire de l’empire, mais il emporta chez lui
la tunique.
En exécution de la sentence, des soldats jetèrent la tête du martyr dans
le fleuve Rouge. Elle ne fut jamais retrouvée. Le corps fut inhumé sur place,
selon la loi, dans un cercueil que les chrétiens avaient préparé. Deux jours plus tard, ils l’exhumaient
discrètement et allaient le réinhumer dans un village chrétien.
Augustin Schoeffler mourut à l’âge
de 29 ans, trois ans après son arrivée dans sa mission du Tonkin. Il
fut le premier missionnaire victime de la deuxième vague de persécution du
Vietnam, menée par l’empereur Tu
Duc, qui fera encore plus de victimes que la première, celle de Minh Mang.
Le décret d’introduction pour sa cause de Béatification est daté du 24
septembre 1857. Le bref de Béatification est
signé par le pape Léon XIII le
7 mai 1900, et les solennités furent célébrées le 27 du même mois, à
Saint-Pierre de Rome.
Augustin Schoeffler,
désormais saint patron du Séminaire de Metz, a été canonisé le 16 juin 1988 par le
pape Jean-Paul II. Les
saints martyrs du Vietnam sont honorés le 24 novembre.
Vitrail représentant le martyre
d'Augustin Schoeffler,
Église Saint-Barthélémy de Sarrebourg, Moselle
Saint Augustine
Schoffler - Martyr
Saint Augustine Schoffler,
Pray for us !
Saint of the Day : May 1
Other Names : Augustus Schoffler • Agostino
Schoeffler
Memorials :
• 1 May
• 2 May (France)
• 24 November as one of the Martyrs of Vietnam
Born : 22 November 1822 at Mittelbronn, Moselle,
France
Died : Beheaded on 1 May 1852 at
Son-tai, Tonkin, Vietnam • His head was thrown into the Song-Ka
River, his body buried in a nearby village
Augustin Schoeffler (1822–1851) was a French saint
and martyr in the Roman Catholic Church and a member of the Paris Foreign Missions
Society. He was a priest in Lorraine who joined the Foreign Missions of Paris.
He worked as a missionary to Indochina and was one of two French missionaries
killed in northern Vietnam between 1847 and 1851. At the time, it was illegal
to proselytize in Vietnam.
His feast day is May 1 (May 2 locally in France).
In May of 1851 in Tonkin (today northern Vietnam) a
29 year old priest of the Paris Foreign Missions Society walked gleefully
towards his execution. Proselytization was illegal, and Augustin Schoeffler had
been ambushed, caught red-handed and arrested. After contriving to allow some
of his fellow priests to escape on the excuse that they would collect a pretend
ransom, Schoeffler freely confessed to proselytization. When asked if he had
been aware of the criminal nature of his activities he replied “that he knew
very well, even before he left France, that the Catholic religion was strictly
prohibited in that kingdom [Tonkin], but that that was the principal reason of
his coming to it rather than to any other.”
And Schoeffler had certainly been busy. According
to the accounting of the Vicar Apostolic, in the previous year Schoeffler had
performed “two hundred baptisms of children of unbelievers, forty-one of
children of Christians, and twenty-three of adults; four thousand seven hundred
and seven confessions; three thousand three hundred and fifty-one communions;
fifty-two administrations of the holy Viaticum; and one hundred and twenty-five
of extreme unction.” [That’s actually not that many extreme unctions. I
did more than that before breakfast this morning.] Two examinations of the
priest in front of the local Mandarin provided more free confession of faith,
but little useful information for the authorities intent on ferreting out his
network.
He spent the next month in prison. On the 4th of
May he was led from the prison by “Eight soldiers, sabre in hand…preceded by
two companies of fifty armed men each, half lancers and half fusiliers, who
walked alternately in two lines, and two elephants formed the
rear-guard.” In front of the smiling priest and his guards as he walked
to the place of execution a placard was carried which read: “He preached truly
the whole charge of preaching the religion of Jesus. His crime is patent. Let
Mr. Augustin be beheaded, and cast into a stream.” His kneeling request for a quick
execution was denied by the mandarin who was determined to observe some
formalities. Finally, at the third crash of the cymbals, the executioner swung
the sword at Schoeffler‘s bare neck but “the hand of the executioner trembled.
He struck three blows of his sabre on the neck of his victim, and was at length
obliged to cut the flesh with a knife, in order to detach the head from the
body.” [You call that gore? Yeah, me, too.] The head was tossed into the
river and several accounts indicate that there was a scrambling afterwards by
native Christians to obtain anything soaked with his blood as relics.
On September 24, 1857, Augustin Schoeffler was
declared Venerable by Pope Pius IX. He was beatified by Pope Leo XIII on May 7,
1900. He was made a saint by Pope John Paul II on June 19, 1988.
The Rue St Augustin Schoeffler is located in
Mittelbronn.
As of May 10, 2009 a relic of Augustin Schoeffler
can be found at the Assumption Grotto Church in Detroit, Michigan. Descendants
of Schoeffler's family live in the area and attend the church.
Saint Augustin V.
Schoeffler Collection
1846-1849.
Extent : .5 linear inch.
Repository : University of Notre Dame Archives
Address : Notre Dame, Indiana 46556
Preferred Citation
Saint Augustin V. Schoeffler Collection (ZBL),
University of Notre Dame Archives (UNDA), Notre Dame, IN 46556
Scope and
Content
Four letters written by Augustin Schoeffler to
another priest, Louis Hoffer: an undated autograph letter; an autograph letter
written in Paris, 12 November 1846; an autograph letter written in Paris, 8
September 1847, and a manuscript copy of a letter written in Hong Kong, 24 May
1848. One letter written by Abbé Nicolas Krick to an unidentified woman, 26
January 1849. One purple pouch embroidered with the monogram "VAS"
(Venerable Augustin Schoeffler) in which all five letters had been kept.
Also an edition of 74 of Schoeffler's letters
(January 1993) which developed into an edition of 88 letters and other
works, Saint Augustin Schoeffler: lettres d'un lorrain martyr au Tonkin
(1822-1851) (Paris: Missions Etrangères), edited and annotated by Bernard
Stelly.
In French.
Background
Born 22 November 1822 in Mittelbronn, Lorraine,
France (department 57), Augustin Schoeffler became a priest of the Diocese of
Nancy. Sent to the Kingdom of Tonkin by the Paris Foreign Mission Society, he
was beheaded by the Vietnamese on the first of May 1851. He was canonized in
1988.
Nicolas Krick, another missionary priest, was
martyred in Tibet in 1854. Abbé Bernard Stelly is director of the Diocesan
Library of Nancy.
Maison natale et statue Saint Augustin
Schoeffler à Mittelbronn en Moselle.
Photographie
de Havang(nl)
Sant' Agostino Schoeffler Sacerdote
e martire
Mittelbonn, Francia, 22 novembre 1822 - Sơn-Tâi, Vietnam, 1
maggio 1851
Etimologia: Agostino
= piccolo venerabile, dal latino
Martirologio
Romano: Presso la rocca di Sơn-Tâi nel Tonchino, ora Viet Nam,
sant’Agostino Schoeffler, sacerdote della Società per le Missioni Estere di
Parigi e martire, che, gettato in carcere dopo aver esercitato per tre anni il
suo ministero, su ordine dell’imperatore Tự Đức, nel campo di Năm Mẫu ottenne
con la decapitazione la grazia del martirio, che ogni giorno aveva chiesto a
Dio.
Di tutti i cristiani e
missionari martirizzati nel Tonchino e nella Cocincina (Vietnam), Leone XIII ne
beatificò 77 il 7-5-1900; S. Pio X 8 il 15-4-1906 e 34 l'11-4-1909; Pio XII 25
il 29-4-1951. Di costoro 117 furono canonizzati da Giovanni Paolo II nel 1988.
Non sappiamo con certezza quando il cristianesimo fu introdotto in quei paesi
la cui evangelizzazione regolare e sistematica fu iniziata nel 1627 dal P.
Alessandro de Rodhes SJ. Con l'aiuto di un confratello in 3 anni egli riuscì a
battezzare circa 3.000 infedeli. Per istigazione di un bonzo fu esiliato dal
re, ma nel 1631 altri gesuiti riuscirono a entrare occultamente nel regno e,
con l'aiuto di alcuni missionari di altri Ordini religiosi, in meno di
trent'anni a convertire alla fede 200.000 pagani.
Primo Vicario Apostolico del Tonchino (Vietnam) fu Mons. Francesco Pallu, e primo vicario Apostolico della Cocincina Mons. Pietro de La Motte Lambert. Per provvedere di missionari quelle terre pagane essi si adoperarono per fondare a Parigi il seminario delle Missioni estere. Sono molti i martiri che vi furono formati e che i papi canonizzarono. Tra loro figura anche il P. Agostino Schoefner. Egli nacque il 22-11-1822 a Mittelbonn in Lorena (Francia), e compì gli studi ecclesiastici nel seminario diocesano di Nancy durante i quali volle iscriversi al Terz'Ordine Domenicano. Non senza opposizione dei parenti, nel 1846 passò in quello delle Missioni estere di Parigi per assecondare la sua vocazione missionaria.
Per quanto fosse disposto a recarsi in qualsiasi terra di missione, non nascose la sua preferenza per il Tonchino (Vietnam) in cui infuriava la persecuzione scatenata dal re Minh-Manh (1820-1840) e continuata da suo figlio, il re Thiéu-Tri (1840-1847). Nelle lettere che di lui ancora si conservano appare manifesto con quanto ardore bramasse di dare la vita per la fede. In una di esse si legge: "II buon Dio mi accorderà la grazia del martirio; gliela domando ogni giorno". E in un'altra: "Soffro molto, ma ai piedi della croce... Che cosa può esserci di più dolce?".
Il 1-8-1847 il santo lasciò Parigi per Anversa. Raggiunse Hong-Kong dopo cinque mesi di navigazione. Il suo campo di lavoro fu la cristianità di La-Fou che raggiunse dopo essere riuscito a superare la frontiera settentrionale del Tonchino tra pericoli di ogni genere. Trascorse i primi mesi in quel paese studiando la lingua e cercando di adattarsi agli usi e costumi degli indigeni. Poté in seguito darsi con tutto l'ardore giovanile al sacro ministero. Nel 1849 fu di grande aiuto a Mons. Retord, ordinario del luogo, nella visita pastorale che fece a Ke-Bang. In seguito fu trasferito al distretto di Xu-Doai dove, disseminati per montagne e foreste, 16.000 cristiani attendevano ansiosi l'opera di un missionario.
Nonostante la malferma salute raccolse tra loro abbondanti frutti di vita spirituale, tanto che il suo nome presso quei cristiani restò in benedizione.
Il desiderio del martirio cresceva nel santo di mano in mano che, prendendosi cura delle anime, capiva che non c'è amore più grande di colui che da la vita per i fratelli. La pubblicazione dell'editto di persecuzione contro i cristiani del re Tu-Dùc (1847-1883), secondogenito di Thiéu-Tri, ravvivò le sue speranze. I mandarini erano incitati a far catturare i missionari europei perché erano ritenuti "come falsari, seduttori, barbari, tonti, sciocchi, vili..." e, per conseguire più facilmente lo scopo, venivano offerte trecento once d'argento a chi ne avesse denunciato uno. Lo stesso re il 13-2-1851 fece spedire a tutti i mandarini una circolare segreta in cui prescriveva che i missionari europei fossero annegati con una pietra al collo, e i sacerdoti annamiti segati vivi.
In quel tempo la cristianità di Bau-Nò, nel Tonchino occidentale, era infestata da bande di briganti e di ribelli. Per opporsi alle loro scorrerie, i mandarini del distretto avevano costituito una milizia di volontari i quali, facendo finta di dare la caccia ai briganti, taglieggiavano i poveri cittadini. Il 1-3-1851 la strada tortuosa che dalle colline scendeva verso il villaggio era infestata da guardie. Pareva che attendessero al varco qualche squadra di briganti, invece, ad un segnale convenuto, essi sbucarono fuori dai cespugli per arrestare prima un sacerdote indigeno che camminava discorrendo con due giovani, quindi P. Agostino, che lo seguiva a poca distanza con allievi e catechisti. Nel mettere le mani addosso al bianco che li guardava maestoso e tranquillo, le guardie furono prese da timore e riverenza. Allora il comandante gridò loro: "Che fate? Date mano alle verghe e battete". Il missionario, che era stato tradito da una delle guide, lo interruppe, dicendo: "E perché? Io non ho mosso un passo per resistere alla vostra violenza". Dopo che fu legato, mentre le guardie si disponevano alla partenza, il loro capo si rivolse ai prigionieri e disse: "Potrei consegnarvi ai mandarini; datemi una verga d'oro, cento verghe d'argento e vi lascerò tutti liberi".
Alla mente di P. Agostino balenò immediatamente un generoso disegno. Difatti gli rispose: "Ebbene, se volete una così grande somma per il nostro riscatto, lasciate che questi miei discepoli vadano a cercarla; io resterò in ostaggio".
Il pagano, accecato dalla cupidigia dell'oro, rilasciò il sacerdote indigeno con gli allievi e i catechisti, ma il denaro pattuito non riuscì ad averlo perché non fu potuto trovare. Il missionario, lieto di aver salvato gli altri con il suo sacrificio, si lasciò condurre a Son-Tay non senza aver prima assicurato i fedeli che nessuno da parte sua sarebbe stato denunciato o compromesso. A Son-Tay, dopo le solite domande, il mandarino chiese al prigioniero: "Quando eravate ancora in Europa, sapevate che la vostra religione era proibita nel regno?". "Si che lo sapevo, ma volli venirvi appunto per questo", "Ditemi i luoghi in cui siete stato affinchè possa fare il mio rapporto e rimandarvi in Europa". "Mi trovo nel regno da quattro anni; sono stato in molti luoghi di cui non ricordo il nome e vado in tutti i villaggi in cui sono desiderato dagli abitanti". I mandarini, presi da insolito rispetto per il giovane sacerdote, non insistettero. Il giorno dopo provarono a indurlo all'apostasia, ma il martire fu così risoluto nel rifiuto che i giudici, considerando inutile ogni ulteriore insistenza, chiusero gli atti e ne inviarono il rapporto alla capitale.
Tra l'altro la sentenza diceva: "Il signor Agostino è un europeo che ha avuto l'audacia di venire, malgrado il divieto che ne fanno le leggi, a percorrere le contrade di questo regno per predicarvi la religione, sedurre e ingannare il popolo: della qual cosa fu pienamente convinto nell'esame della sua causa. Secondo il decreto del re, ad Agostino si deve tagliare la testa e gettarla nelle acque del mare o dei fiumi a esempio e ritegno del popolo".
Il capitano delle guardie riuscì ad ottenere dal mandarino che, il missionario, fosse tolto dal carcere duro e detenuto nella casa del direttore delle prigioni. Il santo poté riavere anche il denaro che gli era stato sequestrato al momento dell'arresto, e con esso provvide al suo sostentamento. Così il martire trascorreva nella meditazione e nella preghiera giorni tranquilli. Pur essendo strettamente vigilato, qualche catechista poté introdursi fino a lui e consegnargli le lettere che gli scrivevano altri missionari e gli amici d'Europa. Il sacerdote Phuong riuscì ad avvicinarlo, travestito da mercante di occhiali, confessarlo e dargli la comunione. Il santo era tanto acceso di zelo che neppure in carcere tralasciò di esercitare l'apostolato, parlando della bellezza della fede ai soldati di guardia ed esortandoli ad abbracciarla. Diceva loro: "Io mi ricorderò di voi dopo la mia morte, ma se desiderate essere felici, cercate un villaggio abitato da cristiani e convertitevi".
Il 1-5-1851 fu condotto al luogo del supplizio scortato da un buon nerbo di soldati. Giulivo in volto, camminava con passo sicuro, salmeggiando. Appena vi giunse s'inginocchio per terra, baciò il crocifisso, si sbottonò la veste e presentò il collo al carnefice dicendo: "Sbrigatevi a fare il vostro dovere". La testa del martire fu gettata nel fiume dove non fu più possibile ripescarla. Il corpo, che era stato seppellito nel luogo stesso dell'esecuzione capitale, il giorno dopo fu trasportato di nascosto nella vicina città di Bach-Loc dove un fervente cristiano gli diede onorata sepoltura presso la propria casa. Leone XIII beatificò il martire il 7-5-1900 e Giovanni Paolo II lo canonizzò nel 1988 con altri 116 testimoni della fede nel Vietnam.
Autore: Guido Pettinati
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aussi : http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/33953/ANM_2005_89.pdf?sequence=1