dimanche 30 juin 2013

Saint PAUL, APÔTRE (II)

Attavante degli Attavanti  (1452–). Bréviaire de Mathias Corvin : miniature du sermon de saint Paul, devant le roi Mathias Corvin, sa femme Béatrice et son fils Jean. / A vatikáni Corvin-Breviarium díszlapja, Szent Pál prédikál, előtte trónján Hunyadi Mátyás Magyarország királya és Beatrix királynő, vers 1487-1492, 27, x 39,7, bibliothèque apostolique vaticane , Urb.Lat.112, f.8r



Saint Paul

Apôtre des Gentils

(An 65 ou 66)

La fête de la Conversion de saint Paul (25 janvier) nous a donné lieu de connaître l'histoire de la conversion merveilleuse de ce grand Apôtre. Il faudrait rappeler ici les courses de son apostolat, le succès de ses prédications, les enseignements sublimes de ses épîtres, ses emprisonnements, ses souffrances, son martyre. Qui mieux que lui a résumé tout cela dans cette belle page de sa deuxième épître aux Corinthiens, où il venge sa mission divine attaquée par de faux frères?

"Pour Jésus-Christ, j'ai supporté de nombreux travaux, subi souvent la prison, souffert les coups de mes ennemis, couru fréquemment le danger de mort; j'ai reçu des Juifs, à cinq différentes fois, trente-neuf coups de fouets; j'ai été battu trois fois de verges par les impies; j'ai été lapidé une fois, j'ai fait trois fois naufrage; j'ai passé un jour et une nuit au fond de la mer; j'ai multiplié mes rudes et fatigants voyages; j'ai failli bien des fois périr sur les rivières, ou de la main des voleurs, ou devenir victime, tantôt de la haine des Juifs, tantôt de la fureur des Gentils; j'ai trouvé des dangers au milieu des villes; dans les déserts, sur la mer, ou auprès de faux frères; j'ai passé bien des années dans les labeurs, dans les tristesses, dans les veilles, dans la faim et la soif, dans les jeûnes, le froid, la nudité. Outre ces maux extérieurs, que de peines m'a causées ma sollicitude quotidienne de tant d'Églises que j'ai fondées? Qui souffre sans que je souffre avec lui? Qui menace de se perdre sans que je me consume de douleur?"

Si Paul est admirable dans ses travaux apostoliques, il ne l'est pas moins dans ses Épîtres, où nous apparaît, avec la substance du christianisme, la grande âme de cet Apôtre incomparable.

"Saint Paul, nous dit l'historien Nicéphore, d'après une tradition authentique, était petit de taille; son visage pâle, sa longue barbe blanchissante, son crâne presque chauve, l'eussent fait croire plus vieux qu'il ne l'était en réalité." Sous cette frêle enveloppe se cachait une âme vaillante, un esprit magnanime, un coeur invincible que le danger n'étonnait ni n'épouvantait jamais. Vrai modèle de l'apôtre, il se fit tout à tous, sut se plier aux circonstances, acquit une influence étonnante sur les peuples auxquels il prêcha; sa personne et sa vie rappelleront toujours les plus grandes merveilles que la Providence ait opérées pour l'extension de l'Évangile.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950


BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 2 juillet 2008
         
L'Apôtre Paul, un maître pour notre temps

Chers frères et sœurs,

Je voudrais entamer aujourd'hui un nouveau cycle de catéchèses, dédié au grand Apôtre saint Paul. C'est à lui, comme vous le savez, qu'est consacrée cette année qui s'étend de la fête liturgique des saints Pierre et Paul du 29 juin 2008 jusqu'à la même fête de 2009. L'apôtre Paul, figure extraordinaire et presque inimitable, mais pourtant stimulante, se présente à nous comme un exemple de dévouement total au Seigneur et à son Eglise, ainsi que de grande ouverture à l'humanité et à ses cultures. Il est donc juste que nous lui réservions une place particulière, non seulement dans notre vénération, mais également dans l'effort de comprendre ce qu'il a à nous dire à nous aussi, chrétiens d'aujourd'hui. Au cours de cette première rencontre, nous voulons nous arrêter pour prendre en considération le milieu dans lequel il vécut et œuvra. Un thème de ce genre semblerait nous conduire loin de notre époque, vu que nous devons nous replacer dans le monde d'il y a deux mille ans. Mais toutefois cela n'est vrai qu'en apparence et seulement en partie, car nous pourrons constater que, sous divers aspects, le contexte socio-culturel d'aujourd'hui ne diffère pas beaucoup de celui de l'époque.

Un facteur primordial et fondamental qu'il faut garder à l'esprit est le rapport entre le milieu dans lequel Paul naît et se développe et le contexte global dans lequel il s'inscrit par la suite. Il provient d'une culture bien précise et circonscrite, certainement minoritaire, qui est celle du peuple d'Israël et de sa tradition. Dans le monde antique et particulièrement au sein de l'empire romain, comme nous l'enseignent les spécialistes en la matière, les juifs devaient correspondre à environ 10% de la population totale; mais ici à Rome, vers la moitié du I siècle, leur nombre était encore plus faible, atteignant au maximum 3% des habitants de la ville. Leurs croyances et leur style de vie, comme cela arrive encore aujourd'hui, les différenciaient nettement du milieu environnant; et cela pouvait avoir deux résultats:  ou la dérision, qui pouvait conduire à l'intolérance, ou bien l'admiration, qui s'exprimait sous diverses formes de sympathie comme dans le cas des "craignants Dieu" ou des "prosélytes", païens qui s'associaient  à la Synanogue et partageaient la foi dans le Dieu d'Israël. Comme exemples concrets de cette double attitude nous pouvons citer, d'une part, le jugement lapidaire d'un orateur tel que Cicéron, qui méprisait leur religion et même la ville de Jérusalem (cf. Pro Flacco, 66-69) et, de l'autre, l'attitude de la femme de Néron, Popée, qui est rappelée par Flavius Josèphe comme "sympathisante" des Juifs (cf. Antiquités juives 20, 195.252; Vie 16), sans oublier que Jules César leur avait déjà officiellement reconnu des droits particuliers qui nous ont été transmis par l'historien juif Flavius Josèphe (cf. ibid. 4, 200-216). Il est certain que le nombre de juifs, comme du reste c'est le cas aujourd'hui, était beaucoup plus important en dehors de la terre d'Israël, c'est-à-dire dans la diaspora, que sur le territoire que les autres appelaient Palestine.

Il n'est donc pas étonnant que Paul lui-même ait été l'objet de la double évaluation, opposée, que nous avons évoquée. Une chose est certaine:  le particularisme de la culture et de la religion juive trouvait sans difficulté place au sein d'une institution aussi omniprésente que l'était l'empire romain. Plus difficile et plus compliquée sera la position du groupe de ceux, juifs ou païens, qui adhéreront avec foi à la personne de Jésus de Nazareth, dans la mesure où ceux-ci se distingueront aussi bien du judaïsme que du paganisme régnant. Quoi qu'il en soit, deux facteurs favorisèrent l'engagement de Paul. Le premier fut la culture grecque ou plutôt hellénistique, qui après Alexandre le Grand était devenue le patrimoine commun de l'ouest méditerranéen et du Moyen-Orient, tout en intégrant en elle de nombreux éléments des cultures de peuples traditionnellement jugés barbares. A cet égard, l'un des écrivains de l'époque affirme qu'Alexandre "ordonna que tous considèrent comme patrie l'œkoumène tout entier... et que le Grec et le Barbare ne se différencient plus" (Plutarque De Alexandri Magni fortuna aut virtute, 6.8). Le deuxième facteur fut la structure politique et administrative de l'empire romain, qui garantissait la paix et la stabilité de la Britannia jusqu'à l'Egypte du sud, unifiant un territoire aux dimensions jamais vues auparavant. Dans cet espace, il était possible de se déplacer avec une liberté et une sécurité suffisantes, en profitant, entre autres, d'un système routier extraordinaire, et en trouvant en chaque lieu d'arrivée des caractéristiques culturelles de base qui, sans aller au détriment des valeurs locales, représentaient cependant un tissu commun d'unification vraiment super partes, si bien que le philosophe juif Philon d'Alexandrie, contemporain de Paul, loue l'empereur Auguste car "il a composé en harmonie tous les peuples sauvages... en se faisant le gardien de la paix" (Legatio ad Caium, 146-147).

La vision universaliste typique de la personnalité de saint Paul, tout au moins du Paul chrétien après l'événement du chemin de Damas, doit certainement son impulsion de base à la foi en Jésus Christ, dans la mesure où la figure du Ressuscité se place désormais au-delà de toute limitation particulariste; en effet, pour l'apôtre "il n'y a plus ni juif ni païen, il n'y a plus esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et la femme, car tous vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus" (Ga 3, 28). Toutefois, la situation historique et culturelle de son époque et de son milieu ne peut elle aussi qu'avoir influencé ses choix et son engagement. Certains ont défini Paul comme l'"homme des trois cultures", en tenant compte de son origine juive, de sa langue grecque, et de sa prérogative de "civis romanus", comme l'atteste également le nom d'origine latine. Il faut en particulier rappeler la philosophie stoïcienne, qui dominait à l'époque  de  Paul  et  qui influença, même si c'est de manière marginale, également le christianisme. A ce propos, nous ne pouvons manquer de citer plusieurs noms de philosophes stoïciens comme Zénon et Cléanthe, et ensuite ceux chronologiquement plus proches de Paul comme Sénèque, Musonius et Epictète:  on trouve chez eux des valeurs très élevées d'humanité et de sagesse, qui seront naturellement accueillies par le christianisme. Comme l'écrit très justement un chercheur dans ce domaine, "la Stoa... annonça un nouvel idéal, qui imposait en effet des devoirs à l'homme envers ses semblables, mais qui dans le même temps le libérait de tous les liens physiques et nationaux et en faisait un être purement spirituel" (M. Pohlenz, La Stoa, I, Florence 1978, pp. 565sq). Que l'on pense, par exemple, à la doctrine de l'univers entendu comme un unique grand corps harmonieux, et en conséquence à la doctrine de l'égalité entre tous les hommes sans distinctions sociales, à l'équivalence tout au moins de principe entre l'homme et la femme, et ensuite à l'idéal de la frugalité, de la juste mesure et de la maîtrise de soi pour éviter tout excès. Lorsque Paul écrit aux Philippiens:  "Tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d'être aimé et honoré, tout ce qui s'appelle vertu et qui mérite des éloges,  tout  cela, prenez-le à votre compte" (Ph 4, 8), il ne fait que reprendre une conception typiquement humaniste propre à cette sagesse philosophique.

A l'époque de saint Paul, était également en cours une crise de la religion traditionnelle, tout au moins dans ses aspects mythologiques et également civiques. Après que Lucrèce, déjà un siècle auparavant, avait de manière polémique affirmé que "la religion a conduit à tant de méfaits" (De rerum natura, 1, 101), un philosophe comme Sénèque, en allant bien au-delà de tout ritualisme extérieur, enseignait que "Dieu est proche de toi, il est avec toi, il est en toi" (Lettres à Lucilius, 41, 1). De même, quand Paul s'adresse à un auditoire de philosophes épicuriens et stoïciens dans l'Aréopage d'Athènes, il dit textuellement que "Dieu... n'habite pas les temples construits par l'homme... En effet, c'est en lui qu'il nous est donné de vivre, de nous mouvoir, d'exister" (Ac 17, 24.28). Avec ces termes, il fait certainement écho à la foi juive dans un Dieu qui n'est pas représentable en termes anthropomorphiques, mais il se place également sur une longueur d'onde religieuse que ses auditeurs connaissaient bien. Nous devons, en outre, tenir compte du fait que de nombreux cultes païens n'utilisaient pas les temples officiels de la ville, et se déroulaient dans des lieux privés qui favorisaient l'initiation des adeptes. Cela ne constituait donc pas un motif d'étonnement si les réunions chrétiennes (les ekklesíai), comme nous l'attestent en particulier les lettres pauliniennes, avaient lieu dans des maisons privées. A cette époque, du reste, il n'existait encore aucun édifice public. Les réunions des chrétiens devaient donc apparaître aux contemporains comme une simple variante de leur pratique religieuse plus intime. Les différences entre les cultes païens et le culte chrétien ne sont pourtant pas de moindre importance et concernent aussi bien la conscience de l'identité des participants que la participation en commun d'hommes et de femmes, la célébration de la "cène du Seigneur" et la lecture des Écritures.

En conclusion, de cette rapide vue d'ensemble du milieu culturel du premier siècle de l'ère chrétienne il ressort qu'il n'est pas possible de comprendre comme il se doit saint Paul sans le placer sur la toile de fond, aussi bien juive que païenne, de son temps. De cette manière, sa figure acquiert une force historique et idéale, en révélant à la fois les points communs et l'originalité par rapport au milieu. Mais cela vaut également pour la christianisme en général, dont l'apôtre Paul est un paradigme de premier ordre, dont nous avons encore tous beaucoup à apprendre. Tel est l'objectif de l'Année paulinienne:  apprendre de saint Paul, apprendre la foi, apprendre le Christ, apprendre enfin la route d'une vie juste.

* * *

Je salue cordialement les pèlerins francophones présents à cette audience, en particulier ceux de l’École Notre Dame de Lourdes de Paris et du Collège Saint François de Sales de Dijon, et les membres de l’Association Charles de Foucauld de la Principauté de Monaco. Avec ma Bénédiction apostolique.


© Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080702_fr.html


Saint Paul. Napoli. Chiesa dei S.S. Severino e Sossio

PAUL, apôtre, s'appelait Saul avant de s'adjoindre aux douze apôtres. Il était de la tribu de Benjamin et il naquit à Giscale en Judée. Cette ville ayant été prise par les Romains, il émigra à Tharse en Cilicie avec sa famille. Ses parents l'envoyèrent ensuite à Jérusalem pour y étudier les lois. Là il suivit les leçons de Gamaliel, homme très érudit dont Luc fait mention. Après avoir assisté et contribué à la mort d'Étienne, il accepta du grand-prêtre la mission de persécuter les chrétiens. Il se rendait à Damas dans ce dessein, quand il fut ramené à la foi par cette révélation dont on peut voir le récit dans les Actes des apôtres, et de persécuteur qu'il était, il devint un vase d'élection. Le premier à qui sa prédication fit embrasser 1a vraie croyance fut Paul Sergius, proconsul de Chypre; et ce dernier, reconnaissait de lui devoir sa conversion, donna son nom à l'apôtre. S'étant adjoint Barnabé, il parcourut plusieurs villes ; puis il revint à Jérusalem , où Pierre, Jacques et Jean lui conférèrent l'apostolat.

Nous ajouterons peu de choses au récit détaillé que les Actes des apôtres font de sa vie. La vingt-deuxième année après la Passion de Jésus-Christ, c'est-à-dire la deuxième du règne de Néron, à l'époque où Festus succéda à Félix dans le gouvernement de la Judée, Paul fut conduit à Rome chargé de fers. Il y resta deux ans sous la surveillance seulement d'un gardien , et il employa ce temps en controverses avec les Juifs sur l'arrivée du Messie. Il fut mis en liberté par Néron, dont la domination n'était pas affermie, et qui ne s'était pas encore livré à ces crimes effrénés que l'histoire lui reproche. Si Paul échappa à cette première persécution, ce fut pour qu'il pût prêcher l'Évangile dans les pays d'Occident, comme il le déclare lui-même dans l'épître qu'il écrivit du fond de sa prison à Timothée, Vannée de sa mort : « Lors de ma première persécution , personne ne me vint en aide, mais tous m'abandonnèrent ; que le ciel le leur pardonne ! mais le Seigneur me secourut et me rendit ma force, afin que par moi son nom fût annoncé en tous lieux et que toutes les nations l'entendissent. J'ai été délivré de la gueule du lion. » Ces derniers mots font évidemment allusion à Néron, dont ils peignent la férocité. Il ajoute plus loin « Dieu m'a délivré de toute embûche et m'a sauvé dans son céleste royaume. » On voit qu'il sentait approcher son martyre: il avait dit plus haut dans la même épître : « Je suis une victime déjà sacrifiée, et l’heure de ma mort est arrivée. »

Paul reçut le martyre le même jour que Pierre : il eut la tète tranchée à Rome, fan trente-sept de la Passion de Jésus-Christ; on l'enterra sur la voie d'Ostie. Il a laissé neuf épîtres adressées aux sept Eglises de Rome, de Corinthe, de Galatie, d'Ephèse, de Philippes, de Colosses et de Thessalonique; il en a en outre composé quatre autres pour ses disciples Timothée , Tite et Philémon. Quant à l'épître aux Hébreux, l'authenticité en est contestée à cause de la discordance du style et des idées. Tertullien l'attribue à Barnabé; suivant d'autres, elle serait l'ouvrage de Luc l'évangéliste, ou bien de Clément, depuis évêque de Rome, qui passe pour s'être approprié les pensées de Paul et les avoir mises en ordre et revêtues de son style. On peut supposer encore que Paul est l'auteur de cette épître, et qu'il a retranché au commencement la formule de salut à cause de la haine que les Juifs avaient vouée à son nom. Hébreu lui-même et écrivant à des Hébreux, il employa la langue nationale avec tant d'élégance que les beautés de l'original passèrent dans la traduction grecque. Voilà d'où provient la différence qui semble exister entre cette épître et les antres ouvrages de Paul. Quelques auteurs ont mis sous son nom une épître aux Laodicéens, mais elle est généralement rejetée.


SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/jerome/002.htm



SAINT PAUL, APÔTRE.

Paul signifie bouche de trompette, ou bouche de ceux, ou élu admirable, ou miracle d'élection. Paul vient encore de pausa, qui veut dire repos en hébreu, et en latin modique. Par quoi l’on connaît les six prérogatives particulières à saint Paul. La Ire est une langue fructueuse, car il prêcha l’Évangile depuis l’Illyrie jusqu'à Jérusalem, de là le nom de bouche de trompette. La 2e est un amour de mère, qui lui fait dire : « Qui est faible, sans que je m’affaiblisse avec lui? (II, Cor., XI) » C'est pour cela que son nom veut dire bouche de ceux, ou bouche de coeur, ainsi qu'il le dit lui-même (II, Cor., VI). « O Corinthiens, ma bouche s'ouvre, et mon coeur s'étend par l’affection que je vous porte. » La 3e est une conversion miraculeuse, c'est pour cela qu'il est appelé élu admirable, parce qu'il fut élu et converti merveilleusement. La 4° est le travail des mains,, et voilà pourquoi il est nommé miracle (195) d'élection : ce fut un grand miracle en lui que, de préférer gagner ce qui lui était nécessaire pour vivre et prêcher sans cesse. La 5e fut une contemplation délicieuse, parce qu'il fut élevé jusqu'au troisième ciel; de là le nom de repos du Seigneur; car dans la contemplation, repos d'esprit est requis. La 6e est son humilité, de là le nom de modique. Il y a trois opinions au sujet du nom de Paul. Origène veut qu'il ait toujours eu deux noms et qu'il ait été indifféremment appelé Saul et. Paul ; Raban veut qu'avant sa conversion il eut le nom de Saut, du roi orgueilleux Saül, mais qu'après il fut nommé Paul, qui veut dire petit, en esprit et en humilité : et il donne lui-même l’interprétation de son nom quand il dit : «Je suis le plus petit des apôtres. » Bède enfin veut qu'il ait été appelé Paul, de Sergius Paulus, proconsul, converti par lui à la foi. Le martyre de saint Paul fut écrit par saint Lin, pape.

Paul, apôtre, après sa conversion, souffrit beaucoup de persécutions énumérées en ces termes par saint Hilaire : « Paul est fouetté de verges à Philippes; il est mis en prison ; il est attaché par les pieds à un poteau ; il est lapidé à Lystra; il est poursuivi d'Icone et de Thessalonique par les méchants; à Ephése, il est livré aux bêtes ; à Damas, on le descend du haut d'un mur dans une corbeille ; à Jérusalem, il est arrêté, battu, enchaîné, on lui tend. des embûches; à Césarée, il est emprisonné et incriminé: Il est en péril sur mer, dans son voyage en Italie; arrivé à Rome, il est jugé et meurt tué sous Néron. » Il reçut l’apostolat en faveur des gentils ; il redressa un perclus à Lystra; il ressuscita un jeune homme qui, tombé d'une fenêtre, avait rendu le dernier soupir, et fit grand nombre d'autres miracles. Dans l’île de Malte, une vipère lui saisit la main, mais l’ayant secouée dans le feu, il n'en reçut aucune atteinte. On rapporte que tous les descendants de celui qui donna l’hospitalité à saint Paul ne ressentent aucun mal des bêtes venimeuses; et quand ils viennent au monde, le père met des serpents dans leur berceau pour s'assurer s'ils sont vraiment sa lignée. On trouve encore quelquefois que saint Paul est tantôt inférieur à saint Pierre, tantôt plus grand, tantôt égal ; mais en réalité, il lui est inférieur en dignité, supérieur dans la prédication et égal, en sainteté. Haymon rapporte que saint Paul se livrait au travail des mains depuis le chant des poussins jusqu'à la cinquième heure ; ensuite il vaquait à la prédication, de telle sorte que le plus souvent, il prolongeait son discours jusqu'à la nuit: le reste du temps lui suffisait pour ses repas, son sommeil et son oraison. Quand il vint à Rome, Néron, qui n'était point encore confirmé empereur, apprit qu'il s'était élevé une dispute entre Paul et les Juifs au sujet de la loi judaïque et de la foi dés chrétiens : il ne s'en mit pas beaucoup en peine, de sorte que saint Paul allait et prêchait librement où il voulait. Saint Jérôme, en son livre des Hommes illustres, dit que, « 25 ans après la Passion du Seigneur, c'est-à-dire la 2e du règne de Néron, saint Paul fut envoyé à Rome chargé de chaînes, et que pendant deux ans il demeura libre sous une garde; qu'il disputait contre des Juifs, et que relâché ensuite par Néron,il prêcha l’Evangile dans l’Occident. L'an 14 de Héron, il fut décapité la même année et le même jour' que saint Pierre fut crucifié. » Sa sagesse, et sa religion étaient partout en renom et on le regardait généralement comme un homme admirable. Il se fit beaucoup d'amis dans, la maison de l’empereur, et il les convertit à la foi de J.-C. Quelques-uns de ses écrits furent lus devant le César ; tout le monde en fit grand éloge; le Sénat lui-même avait beaucoup d'estime pour sa personne. Une fois que saint Paul prêchait, vers le soir, sur une terrasse, un jeune homme nommé Patrocle, échanson favori de Néron, monta à une fenêtre pour entendre plus commodément le saint apôtre, à cause de la foule, et s'y étant légèrement endormi, il tomba et se tua. Néron à cette nouvelle eut beaucoup de chagrin de sa mort et aussitôt il pourvut à son remplacement. Mais saint Paul, qui en fut instruit par révélation, dit aux assistants d'aller et de lui rapporter le cadavre de Patrocle, L'ami du César. On le lui apporta et saint Paul le ressuscita, ensuite il l’envoya à César avec ses compagnons. Comme Néron se lamentait sur la perte de son favori, voilà qu'on lui annonce que Patrocle vivant était à la porte. Néron informé que celui qu'il avait cru mort tout à l’heure était en vie, fut extraordinairement effrayé et refusa de le laisser entrer auprès de lui; mais enfin à la persuasion de ses amis, il permit ; qu'on l’introduisît. Néron lui dit: « Patrocle; tu vis? » Et Patrocle répondit: « César; je vis. » Et Néron dit « Oui t'a fait vivre? » Patrocle reprit : « C'est Jésus-Christ, le roi de tous les siècles. » Héron se mit en Colère et dit : « Alors celui-ci régnera sur les siècles et détruira donc les royaumes du monde ? » Patrocle lui répliqua: « Oui, César. » Néron lui donna un soufflet eu disant: « Donc tu es au service de ce roi? » « Oui, répondit Patrocle, je suis à son service, parce qu'il m'a ressuscité d'entre les morts. » Alors cinq des officiers de l’empereur qui l’accompagnaient constamment lui dirent : « Empereur, pourquoi frapper ce jeune homme plein de prudence et qui répond la vérité ? Et nous aussi nous sommes au service de ce roi invincible. » Néron, à ces mots, les fit enfermer en prison, afin de tourmenter cruellement ceux qu'il avait aimés jusqu'alors extraordinairement. Il fit en même temps rechercher tous les chrétiens et il les fit punir tous sans forme de procès : Paul fut conduit, chargé de chaînes, avec les autres, par devant Néron qui lui dit: « O homme, le serviteur du grand roi, mais cependant mon prisonnier, pourquoi m’enlèves-tu mes soldats et les prends-tu pour toi? » « Ce n'est pas seulement, répondit saint Paul, dans le coin de la terre où tu vis que j'ai levé des soldats, mais j'en ai enrôlé de l’univers entier: notre Roi leur accordera des récompenses qui, loin de leur manquer jamais, les mettront à l’abri du besoin. Toi, si tu veux lui être soumis, tu seras sauvé. Sa puissance est si grande qu'il viendra juger tous les hommes et qu'il dissoudra par le feu la figure de ce monde. » Quand Néron, enflammé de colère, eut entendu dire à saint Paul que le feu devait dissoudre la figure du monde, il ordonna qu'on fît brûler tous les soldats de J.-C. et de couper la tête à saint Paul, comme coupable de lèse-majesté. Or, la foule de chrétiens qui furent tués était si grande que le peuple romain se porta avec violence au palais et se disposait à exciter une sédition contre Néron, en, criant tout haut : « Arrête, César, suspends le carnage et l’exécution de tes ordres. Ceux que tu fais périr sont nos concitoyens; ce sont les soutiens de l’empire romain. » Néron eut peur et modifia son édit en ce sens que personne ne mettrait la main sur les chrétiens qu'autant que l’empereur' mieux informé les eût jugés. C'est pourquoi Paul fut ramené et présenté de nouveau à Néron. Il ne l’eut pas plutôt vu qu'il s'écria avec violence : « Emmenez ce malfaiteur, décapitez cet imposteur ; ne laissez pas vivre ce criminel ; défaites-vous de cet homme qui égare les intelligences ; ôtez de dessus la terre ce séducteur des esprits. » Saint Paul lui dit : « Néron, je souffrirai l’espace d'un instant, mais je vivrai éternellement en Notre-Seigneur J.-C. » Néron dit : «Tranchez-lui la tête afin qu'il apprenne que je suis plus puissant que son roi, moi qui l’ai vaincu; et nous verrons s'il pourra toujours vivre. » Saint Paul reprit: « Afin que tu saches qu'après la mort de mon corps, je vis éternellement, quand ma tête aura été coupée,: je t'apparaîtrai vivant, et tu pourras connaître alors que J.-C. est le Dieu de la vie et non de la mort. » Ayant parlé ainsi, il fut mené au lieu du supplice. Dans le trajet, trois soldats qui le conduisaient lui dirent : « Dis-nous, Paul, quel est celui que tu appelles votre roi, que vous aimez au point de préférer mourir pour lui plutôt que de vivre; et quelle récompense vous recevrez de tout cela? » Alors saint Paul, leur parla du royaume de Dieu et des peines de l’enfer de manière qu'il les convertit à la foi. Ils le prièrent d'aller en liberté où il voudrait, mais il leur dit : « A Dieu ne plaise, mes frères, que je prenne la fuite ; je ne suis pas un transfuge, mais un véritable soldat de J.-C. : car je sais que cette vie qui passe me conduira à une vie éternelle; tout à l’heure, quand j'aurai été décapité, des hommes fidèles enlèveront mon corps. Quant à vous, remarquez bien la place, et venez-y demain matin : vous trouverez auprès de mon sépulcre deux hommes en prières, ce sera Tite et Luc ; quand vous leur aurez dit pour quel motif je vous ai adressés à eux, ils vous baptiseront et vous feront participants et héritiers du royaume du ciel. » Il parlait encore quand Néron envoya deux soldats pour voir s'il n'était pas, encore exécuté; et comme saint Paul voulait les convertir, ils dirent: « Lorsque tu seras mort et ressuscité, alors nous croirons ce que tu dis; pour le moment viens vite et reçois ce que tu as mérité. » Amené au lieu du supplice, à la porte d'Ostie, il rencontra une, matrone nommée Plantille ou Lémobie, d'après saint Denys (peut-être elle avait deux noms). Cette dame se mit à pleurer et à se recommander aux prières de saint Paul qui lui dit : « Va, Plantille, fille du salut éternel, porte-moi le voile dont tu te couvres la tête, je m’en banderai les yeux et ensuite je te le remettrai. » Et comme elle le lui donnait, les bourreaux se moquaient d'elle en disant: « Qu'as-tu besoin de donner à cet imposteur et à ce magicien un voile si précieux que tu perdras ? » Paul étant donc venu au lieu de l’exécution, se tourna vers l’Orient et pria très longtemps dans sa langue maternelle, les mains étendues vers le ciel et en versant des larmes, il rendît grâces. Ensuite, ayant dit adieu aux frères, il se banda les yeux avec le voile de Plantille; puis ayant fléchi les deux genoux en terre, il présenta le cou et fut ainsi décollé. Au moment où sa tête fut détachée du corps, il prononça distinctement en hébreu: « Jésus-Christ » ; nom qui avait été d'une grande douceur pour lui dans sa vie et qu'il avait répété si souvent. On dit en effet que, dans ses Epitres, il répéta Christ, ou Jésus, ou l’un et l’autre ensemble cinq cents fois. Du lait jaillit du corps mutilé jusque sur les habits d'un soldat (Ce fait est rapporté par Grégoire de Tours); ensuite le sang coula : une lumière immense brilla dans l’air et une odeur des plus suaves émana de son corps.

Saint Denys dans son épître à Timothée s'exprime ainsi sur la mort de saint Paul : « A cette heure pleine de tristesse, mon frère chéri, quand le bourreau dit à saint Paul : « Prépare ton cou », alors le bienheureux apôtre leva les yeux au ciel, se munit le front et la poitrine du signe de la croix et dit : « Mon Seigneur J.-C., je remets mon esprit entre vos mains.» : et alors sans tristesse et sans contrainte, il présenta le cou et reçut la couronne. » Au moment où le bourreau frappait et tranchait la tête de Paul, ce bienheureux, en recevant le coup, détacha le voile, et reçut son propre sang dans ce voile, le lia, le plia et le rendit à cette femme. Et quand le bourreau fut revenu, Lémobie lui dit : « Où as-tu laissé mon maître Paul? » Le soldat répondit : « Il est étendu là-bas avec son compagnon, dans la vallée du Pugilat, hors de la ville ; et sa figure est couverte de ton voile. » Or, Lémobie répondit : « Voici que Pierre et Paul viennent d'entrer à l’instant, revêtus d'habits éclatants, portant sur la tête des couronnes brillantes et rayonnantes de lumière. » Alors elle leur montra le voile tout ensanglanté : ce qui donna lieu à, plusieurs de croire au Seigneur et de se faire chrétiens (saint Denys). Héron, ayant appris ce qui était arrivé, eut une violente peur et s'entretint de tout cela avec les philosophes et avec ses favoris. 0r, pendant la conversation saint Paul vint les portes fermées; et, debout devant César, il lui dit : «César, voici Paul, le soldat du roi éternel et invincible ; crois au moins maintenant que je né suis pas mort, mais que je vis et toi, misérable, tu mourras d'une mort éternelle, parce que tu tues injustement les saints de Dieu. » Ayant parlé ainsi, il disparut. Alors Néron devint comme fou tant il avait été effrayé; il ne savait ce qu'il faisait. Par le conseil de ses amis, il délivra Patrocle et Barnabé avec les autres chrétiens et leur permit d'aller librement où ils voudraient. Quant aux soldats qui avaient conduit Paul au supplice, savoir Longin, chef des soldats, et Acceste, ils vinrent le matin au tombeau de saint Paul et ils y virent deux hommes, Tite et Luc en prières, et Paul debout au milieu d'eux. Tite et Luc, en voyant les soldats, furent fort effrayés et prirent la fuite ; alors Paul disparut. Mais Longin et Acceste leur crièrent : « Non, ce n'est pas vous que nous poursuivons, ainsi que vous le paraissez croire, mais nous voulons recevoir le baptême de vos mains, comme nous l’a dit Paul que nous venons de voir prier avec vous. » A ces mots, Tite et Luc revinrent et les baptisèrent avec grande joie. Or, la tête de Paul fut jetée dans une vallée, et comme il y en avait beaucoup qui avaient été tués et qu'on avait jetés au même endroit, on ne put la retrouver. Mais on lit dans la même épître de saint Denys, qu'un jour où l’on curait une fosse, on jeta la tête de saint Paul avec les autres immondices. Un berger la prit avec sa houlette et l’attacha sur la bergerie. Pendant trois nuits consécutives, son maître et lui virent une lumière ineffable sur cette tête; on en fit part à l’évêque, et on dit : « Vraiment, c'est la tête de saint Paul. » L'évêque vint avec toute l’assemblée des fidèles; ils prirent cette tête, l’emportèrent et ils la mirent sur une table d'or, ensuite ils essayaient de la réunir au corps. Le patriarche leur dit : «Nous savons que beaucoup de fidèles ont été tués et que leurs têtes furent dispersées ; c'est pourquoi je n'oserais mettre celle-ci sur le corps de saint Paul ; mais plaçons-la aux pieds du corps et demandons au Dieu tout puissant, que si c'est sa tête, le corps se tourne et se joigne à la tête. » Du consentement général, on plaça cette même tête aux pieds du corps de saint Paul, et comme tout le monde était en prière, on fut saisi de voir le corps se tourner et se joindre exactement à la tête. Alors on bénit Dieu et on connut que c'était bien là véritablement le chef de saint Paul (saint Denys). »

Saint Grégoire de Tours, qui vécut du temps de Justin le jeune, rapporte (Mirac., lib. I, c. XXIX) qu'un homme au désespoir préparait un lacet pour se pendre, sans pourtant cesser d'invoquer le nom de saint Paul, en disant: « Venez à mon secours, saint Paul. » Alors lui apparut une ombre dégoûtante qui l’encourageait en disant : « Allons, bon homme, fais ce que tu as à faire, ne perds pas de temps. » Mais il disait toujours, en apprêtant son lacet : « Bienheureux Paul, venez à mon secours. » Quand le lacet fut achevé, une autre ombre lui apparut; elle avait une forme humaine, et elle dit à l’ombre qui encourageait cet homme: « Fuis, misérable, car il a appelé saint Paul et le voilà qui vient. » Alors l’ombre dégoûtante s'évanouit et le malheureux rentrant en lui-même jeta son lacet et fit une pénitence convenable. » Il se fait grand nombre de miracles avec les chaînes de saint Paul, et quand beaucoup de personnes en demandent un peu de limaille, un prêtre en détache avec une lime quelques parcelles si vite que cela est fait à l’instant. Cependant il arrive que d'autres personnes, qui en demandent, n'en peuvent obtenir, car c'est inutilement que l’on passe la lime; elle n'en peut rien détacher. — Dans la même épître citée plus haut, saint Denys pleure la mort de saint Paul; son maître, avec des expressions touchantes : « Qui donnera de l’eau à mes yeux, et à mes paupières une fontaine de larmes afin de pleurer, le jour et la nuit, la lumière des Eglises qui vient' de s'éteindre? Qui est-ce qui ne pleurera. et ne gémira pas? Quel est celui qui ne prendra pas des habits de deuil et ne restera pas muet d'effroi? Voici- en effet que Pierre, le fondement des Eglises, la gloire des saints apôtres, s'est retiré de nous et nous a laissés orphelins; Paul aussi, cet ami des gentils, le consolateur des pauvres, nous l’ait défaut, et il a disparu pour toujours celui qui fut le père des pères, le docteur des docteurs, le pasteur des pasteurs. Cet abîme de sagesse, cette trompette retentissante, ce prédicateur infatigable de la vérité, en un mot, c'est de Paul le plus illustre des apôtres que je parlé. Cet ange de la terre, cet homme du ciel, cette image de la divinité, cet esprit divin nous a délaissés tous, nous dis-je, misérables et indignes, qu milieu de ce monde qui ne mérite que mépris et qui est rempli de malice. Il est avec Dieu son maître et son ami hélas! mon frère Timothée, le chéri de mon coeur, où est ton père, ton maître et ton ami ? Il ne t'adressera donc plus de salut? Voilà que tu es devenu orphelin, et que tu es resté set-il; il ne t'écrira plus, de sa très sainte main, ces douces paroles: «Très cher fils; viens, mon frère Timothée. » Que s'est-il passé ici de triste, d'affreux, de pernicieux pour que nous soyons devenus orphelins? Tu ne recevras plus de ses lettres où tu pouvais lire ces paroles : « Paul, petit serviteur de J.-C. » Il n'écrira plus désormais de toi aux cités « Recevez mon fils chéri: » Ferme; mon frère, les livres des prophètes; mets-y un sceau, parce que nous n'avons plus personne pour nous en expliquer les paraboles, les comparaisons et le texte. Le prophète David pleurait son fils en s'écriant : «Malheur à moi, mon fils; malheur à moi! » Et moi je m’écrie: Malheur à moi, mon maître, oui, malheur à moi ! Depuis lors a cessé tout à fait cette affluence de tes disciples qui venaient à Rome et qui, demandaient à nous voir. Personne ne dira plus : Allons trouver, nos docteurs, et interrogeons-les sur la direction à imprimer aux Eglises qui nous sont confiées, et ils nous expliqueront les paroles de Notre-Seigneur J.-C. et celles des prophètes. Malheur, malheur à ces enfants, mon. frère, parce qu'ils sont privés de leurs pères spirituels, parce que le troupeau est abandonné! Malheur à nous aussi, frère, parce que nous sommes privés de nos maîtres spirituels qui possédaient l’intelligence et la science de l’ancienne et de la nouvelle loi fondues dans leurs épîtres ! Où sont les courses de Paul et les vestiges de ses saints pieds ? où est cette bouche éloquente, cette langue qui donnait des avis si prudents ; cet esprit toujours en paix avec son Dieu ? Qui est-ce qui ne pleurera pas et ne fera pas retentir l’air de cris ? Car ceux qui ont mérité de recevoir de Dieu gloire et Honneur sont traînés à la mort comme des malfaiteurs. Malheur à moi qui ai vu à cette heure ce corps saint tout couvert d'un sang innocent ! Ah ! quel malheur pour moi ! mon père, mon maître et mon docteur, vous ne méritiez pas de mourir ainsi. Et maintenant donc, où irai-je vous chercher, vous la gloire des chrétiens, l’honneur des fidèles ? qui a fait taire votre voix, vous qui faisiez entendre dans les églises des paroles qui avaient la douceur de la flûte, et la sonorité d'un instrument à dix cordes ? Voilà que vous êtes auprès du Seigneur votre Dieu que vous avez désiré de posséder et après lequel vous avez soupiré de tout votre coeur. Jérusalem et Rome, vous vous êtes associées et unies pour faire le mal, Jérusalem a crucifié Notre-Seigneur J.-C., et Rome a tué ses apôtres. Cependant Jérusalem a obéi à celui qu'elle avait crucifié, comme Rome; a établi une solennité pour glorifier celui qu'elle a tué. Et maintenant, mon frère Timothée, ceux que vous; aimiez et que vous regrettiez de tout coeur, je parlé du roi Saul, et de Jonathas, ils n'ont été séparés ni dans la vie, ni dans la mort, et moi je ne fus séparé de mon seigneur et maître que quand des hommes aussi méchants qu'injustes nous ont séparés. Or, l’heure de cette séparation n'aura qu'un temps : son urne connaît ses amis, sans que ceux-ci lui parlent, et bien qu'ils soient loin d'elle ; mais au jour de la résurrection, ce serait un bien grand dommage d'en être séparé. » Saint Jean Chrysostome, dans son livre de l’Eloge de saint Paul, ne tarit pas quand il parle de ce glorieux apôtre. Voici ses paroles : « Celui-là ne s'est pas trompé qui a appelé l’âme de saint Paul un champ magnifique de vertus et un paradis spirituel. Où trouver une langue digue de le louer, lui dont l’âme possède à elle seule tous les biens qui se peuvent rencontrer dans tous les hommes, et qui réunit non seulement chacune des vertus humaines, mais, ce qui vaut mieux encore, les vertus angéliques ? Loin de nous arrêter, cette considération nous encouragea parler. C'est faire le plus grand éloge d'un héros que d'avouer que sa vertu et sa grandeur sont au-dessus de tout ce qu'on en peut dire. Il est glorieux pour un vainqueur d'être ainsi vaincu. Par quoi donc pouvons-nous mieux commencer ce discours qu'en disant qu'il a possédé tous les biens ? »

On loue Abel d'un sacrifice qu'il a offert à Dieu mais si nous montrons toutes les victimes de Paul, il l’emportera de toute la hauteur qui sépare le ciel de la terre; puisque, chaque jour il s'immolait lui-même par un double sacrifice, celui de la mortification du coeur et celui du corps. Ce n'étaient ni des brebis, ni des boeufs qu'il offrait, c'était lui-même qui s'immolait doublement. Ce n'est pas encore assez au gré de ses désirs; il voulut offrir l’univers en holocauste, la terre, la mer, les Grecs, les barbares, tous les pays éclairés par le soleil,, qu'il parcourt avec la rapidité du vol, où il trouve des hommes, ou, pour mieux dire, des démons, qu'il élève à la dignité des anges. Oit rencontrer une hostie comparable à celle que Paul a immolée avec le glaive de l’Esprit-Saint, et qu'il a offerte sur un autel placé au-dessus du ciel ? Abel a péri sous les coups d'un frère, Paul a été tué par ceux qu'il souhaitait arracher à d'innombrables maux. Voulez-vous que je vous compte tous les genres de morts de Paul, autant vaut compter les jours qu'il a vécu? Noé se sauva dans l’arche lui et ses enfants : saint Paul construisit une arche pour sauver d'un déluge bien autrement affreux, non pas en assemblant des pièces de bois ; mais en composant ses épîtres, il a délivré le monde en danger au milieu des flots. Or, cette arche n'est pas portée sur des vagues qui battent un seul rivage, elle va sur tout le globe. Ses tablettes ne sont enduites ni de poix ni de bitume, elles sont imprégnées du parfum du. Saint-Esprit : Il les écrit et par elles, de ceux qui étaient, pour ainsi dire, plus insensés que les êtres sans raison, il en fait les imitateurs des anges. Il l’emporte encore sur l’arche qui reçut le corbeau et ne rendit que le corbeau, qui avait renfermé le loup sans lui faire perdre son naturel farouche : tandis que Paul prend les vautours et les milans pour en faire des colombes, pour inoculer la mansuétude de l’esprit dans des coeurs féroces. On admire Abraham qui, par l’ordre de Dieu, abandonna sa patrie et ses parents ; mais comment l’égaler à Paul. Il n'a pas seulement (209) quitté son pays, ses parents, c'est le monde lui-même; c'est plus encore; c'est le ciel, le ciel es cieux; il méprise tout cela afin de servir J.-C., ne se réservant à la place, qu'une seule chose, la charité de Jésus. « Ni les choses présentes, dit-il, ni celles qui sont à venir, ni tout ce qu'il y a de plus haut ou de plus profond, nulle créature enfin ne me pourra jamais séparer de l’amour de Dieu qui est fondé en J.-C. N.-S. » Abraham s'expose au danger pour délivrer de ses ennemis le fils de son frère, mais Paul, afin d'arracher l’univers à la puissance des démons, a affronté des périls sans nombre et a mérité aux autres une pleine sécurité par la mort qu'il souffrait tous les jours. Abraham encore a voulu immoler son fils. Paul s'est immolé lui-même des milliers de fois. Il s'en trouve qui admirent la patience d'Isaac laissant combler le puits creusé par ses mains; mais ce n'étaient pas des puits que Paul laissait couvrir de pierres, c'était son corps à lui, et ceux qui l’écrasaient, il cherchait à les élever jusqu'au ciel. Et plus cette fontaine était comblée, plus haut elle jaillissait, plus elle débordait, au point de donner naissance à plusieurs fleuves. L'écriture parle avec admiration de la longanimité et de la patience de Jacob; eh bien ! trouvez une âme à la trempe de diamant qui atteigne à la patience de Paul. Ce n'est pas pendant. sept ans, mais toute sa vie qu'il s'enchaîne à l’esclavage pour l’épouse de J.-C. Ce n'est pas seulement la chaleur du jour ni le froid des nuits. Ce sont mille épreuves qui l’assaillent. Tantôt battu de verges, tantôt accablé et broyé sous une grêle de pierres, toujours il se relève pour arracher les brebis de la gueule des démons. Joseph est illustre par sa pureté; mais j'aurais à craindre de tomber ici dans le ridicule en voulant louer saint Paul, lui qui se crucifiait lui-même, voyait toute la beauté du corps humain et tout ce qui paraît brillant du même oeil que nous regardons de la fumée et de la cendre, semblable à un mort qui reste immobile à côté d'un cadavre. Tout le monde est effrayé de la conduite de Job. C'était en effet un merveilleux athlète. Mais Paul n'eut pas à soutenir des combats de quelques mois, son agonie dure des années. Sans être réduit à racler ses plaies avec des morceaux de vase, il sort éclatant de la gueule du lion qui, dans la personne de Néron, s'est jeté sur lui coup sur coup : et après des combats et des épreuves innombrables, il avait l’éclat de la pierre la mieux polie. Ce n'était pas de trois ou quatre amis, mais de tous les infidèles, de ses frères même, qu'il eut à endurer les opprobres ; il fut conspué et maudit de tous: Il exerçait cependant largement l’hospitalité; il était plein de sollicitude à l’égard des pauvres; mais l’intérêt qu'il portait aux infirmes, il l’étendait aux âmes souffrantes. La maison de Job était ouverte à tout venant; l’âme de Paul renfermait le monde. Job possédait d'immenses troupeaux de boeufs et de brebis, il était libéral envers les indigents : Paul ne possède rien que son corps et il se partage en faveur des pauvres. « Ces mains, dit-il; ont pourvu à m’es besoins propres, comme aux besoins de ceux, qui étaient avec moi. » Job rongé par les vers souffrait d'atroces douleurs; Irais comptez les coups reçus par Paul, calculez à quelles angoisses l’ont réduit la faim; les chaînes et les périls qu'il a subis de la part de ses familiers, comme des étrangers, de l’univers entier, en un mot voyez la sollicitude qui le dévore pour toutes les Églises, le feu qui le brûle quand il sait quelqu'un scandalisé, et vous comprendrez que son âme était plus dure que la pierre, plus forte que le fer et que le diamant.

Ce que Job souffrait dans ses membres, Paul le souffrit en son âme. Les chutes de chacun de ses frères lui causaient des chagrins plus vifs que toutes les douleurs; aussi coulait-il de ses yeux, le jour comme la nuit, des fontaines de larmes. C'étaient les étreintes d'une femme en travail: «Vies petits enfants, s'écriait-il, je sens de nouveau pour vous les douleurs de l’enfantement. » Moïse, pour le salut des Juifs, s'offrit à être effacé du livre de vie : Moïse donc s'offrit à mourir avec les autres, mais Paul voulait mourir pour les autres, non pas avec ceux qui devaient périr, mais pour obtenir le salut d'autrui, il engageait son salut éternel. Moïse résistait à Pharaon ; Paul luttait tous les jours avec le démon; le premier combattait pour une nation, le second pour l’univers, non pas jusqu'à la sueur de son front, mais jusqu'à donner son sang. Jean se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage, Paul au milieu du tourbillon du monde comme le précurseur au milieu du désert, n'avait pas même de sauterelles ni de miel. Il se contentait de mets moins recherchés encore. Sa nourriture était le feu de la prédication. Toutefois devant. Néron, Jean fit preuve d'un grand courage, mais ce ne fut pas un, ni deux, ni trois, mais des tyrans sans nombre, aussi haut placés et plus cruels encore que Paul eut à reprendre.

Il me reste à comparer Paul avec les anges; sa part n'est pas moins brillante, puisqu'il n'eut souci que d'obéir à Dieu. Quand David s'écriait transporté d'admiration : « Bénissez le Seigneur, vous tous qui êtes ses anges, qui êtes puissants et remplis de force pour faire ce qu'il vous: dit, pour obéir à sa voix et à ses ordres. Mon Dieu, dit-il ailleurs, vous rendez vos anges légers comme le vent et vos ministres actifs comme des flammes ardentes. » Mais nous pouvons trouver ces qualités dans Paul. Semblable à la flamme et au vent il a parcouru l’univers, et, dans sa course, il l’a purifié. Toutefois il n'était pas encore participant de la béatitude céleste; et c'est là le prodige qu'il ait tant fait n'étant encore revêtu que d'une chair mortelle. Quel sujet de condamnation pour nous de n'avoir point à coeur d'imiter la moindre des qualités qui se trouvent réunies dans un seul homme! Sans avoir reçu ni une autre nature ni une autre âme que nous, sans avoir habité un autre monde, mais placé sur la même terre et dans les mêmes régions, élevé sous l’empire des mêmes lois et des mêmes usages, il a surpassé tous les hommes de son siècle et ceux du siècle à venir. Ce que je trouve d'admirable en lui, c'est que non seulement dans l’ardeur de son zèle, il ne sentait pas les peines qu'il essuyait pour 1a vertu, mais qu'il embrassa ce noble parti sans attendre aucune récompense. L'attrait d'une rétribution ne nous engage point à entrer dans la lice où saint Paul courait avec empressement, sans qu'aucun prix vînt animer son courage et son amour ; et il acquérait chaque jour plus de force, il montrait une ardeur toujours nouvelle au milieu des périls. Menacé de la mort, il invitait les peuples à partager la joie dont il était pénétré : « Réjouissez-vous, leur disait-il, et félicitez-moi. » Il courait au-devant des affronts et des outrages que lui attirait la prédication, beaucoup plus que nous ne cherchons la gloire et les honneurs ; il désirait la mort beaucoup plus que nous n'aimons la vie ; il chérissait beaucoup plus la pauvreté que nous n'ambitionnons les richesses ; il embrassait les travaux et les peines avec beaucoup plus d'ardeur que nous ne désirons les voluptés et le repos après les fatigues; il s'affligeait plus volontiers que les autres ne se réjouissent; il priait pour ses ennemis avec plus de zèle que les autres ne s'emportent contre eux en imprécations. La seule chose devant laquelle il reculait avec; horreur, c'était d'offenser Dieu ; mais ce qu'il désirait surtout, c'était de lui plaire. Aucun des biens présents, je dis même aucun des biens futurs, ne lui semblait désirable ; car ne me parlez pas de villes, de nations, d'armées, de provinces, de richesses, de puissante ; tout cela n'était à ses yeux que des toiles d'araignée; mais considérez le bonheur qui nous est promis dans le ciel, et alors vous verrez tout l’excès de son amour pour Jésus. La dignité des anges et des archanges, toute la splendeur céleste n'étaient rien pour lui en comparaison de la douceur de cet amour ; l’amour de Jésus était pour lui plus que tout le reste. Avec cet amour, il se regardait comme le plus heureux de tous les êtres ; il n'aurait pas voulu, sans cet amour, habiter au milieu des Thrônes et des Dominations, il aurait mieux aimé, avec la charité de Jésus, être le dernier de la nature, se voir condamné aux plus grandes peines, que, sans elle, en être le premier et obtenir les plus magnifiques récompenses. Être privé de cette charité était pour lui le seul supplice, 1e seul tourment, le seul enfer, le comble de tous les maux ; posséder cette même charité était pour lui la seule jouissance ; c'était la vie, le monde, les anges, les choses présentes et futures, c'était le royaume, c'étaient les promesses, c'était le comble de tous lesbiens; tous les objets visibles, il les méprisait comme une herbe desséchée. Les tyrans, les peuples furieux; ne lui paraissaient que des insectes importuns ; la mort, les supplices, tous les tourments imaginables, ne lui semblaient que des jeux d'enfants, à moins qu'il ne fallût les souffrir pour l’amour de J.-C., car alors il les embrassait avec joie, et il se glorifiait de ses chaînes plus que Néron du diadème qui décorait son front. Sa prison, c'était pour lui le ciel même ; les coups de fouet et les blessures lui semblaient préférables à la couronne de l’athlète vainqueur. Il ne chérissait pas moins la récompense que le travail qu'il regardait comme une récompense; aussi l’appelait-il, une grâce; puisque ce qui cause en nous de la tristesse lui procurait: une satisfaction abondante. Il gémissait sous le poids d'une peine continuelle, et il disait : « Qui est scandalisé, sans que je brille ? » A moins qu'on ne dise que cette peine était assaisonnée d'un certain plaisir. Ainsi, blessée du coup qui a tué son fils, une mère éprouve quelque consolation à se trouver seule avec sa douleur, tandis que son coeur est plus oppressé lorsqu'elle ne peut donner un libre cours à ses larmes. De même saint Paul recevait un soulagement de pleurer nuit et jour; car jamais personne ne déplora ses propres maux aussi vivement que cet apôtre déplorait les maux d'autrui. Quelle était, croyez-vous, sa douleur en voyant que c'en était fait des Juifs, lui qui demandait d'être déchu de la gloire céleste, pourvu qu'ils fussent sauvés ? A quoi donc pourrait-on le comparer ? à quelle nature de fer ? à quelle nature de diamant ? de quoi dirons-nous qu'était composée son âme? de diamant ou d'or? elle était plus ferme que le plus dur diamant, plus précieuse que l’or et que les pierreries. du plus grand prix. A quoi donc pourra-t-on comparer cette âme ? à rien de ce qui existe. Il y aurait peut-être une comparaison possible, si, par une heureuse alliance, on donnait à l’or la force du diamant ou au diamant l’éclat de l’or. Mais pourquoi le comparer à l’or et au diamant? mettez le inonde entier dans la balance, et vous verrez que l’âme de Paul l’emportera. Le monde et tout ce qu'il y a dans le monde ne valent pas Paul. Mais si le monde ne le vaut pas, qu'est-ce qui le vaudra? peut-être le ciel. Mais le ciel lui-même n'est rien en comparaison de Paul ; car s'il a préféré lui-même l’amour de Dieu au ciel et à tout ce qu'il renferme, comment le Seigneur, dont la bonté surpasse autant celle de Paul que la bonté même surpasse la malice, ne le préférerait-il pas à tous les cieux ? Dieu, oui, Dieu nous aime bien plus que nous ne l’aimons, et son amour surpasse le nôtre plus qu'il n'est possible de l’exprimer. Il l’a ravi dans le paradis, jusqu'au troisième ciel: Et cette faveur lui était due, puisqu'il marchait sur la terre comme s'il eût conversé avec les anges, puisque, enchaîné à un corps mortel, il imitait leur pureté ; puisque, sujet à mille besoins et à mille faiblesses, il s'efforçait de ne passe montrer inférieur aux puissances célestes. Il a parcouru toute la terre comme s'il eût eu des ailes; il était au-dessus des travaux et des périls, comme si déjà il eût pris possession du ciel; il était éveillé et attentif comme s'il n'eût point eu de corps ; et méprisait les choses de la terre comme s'il eût habité au milieu des puissances incorporelles. Des nations diverses ont été souvent confiées au soin des anges; mais aucun d'eux n'a dirigé la nation remise à sa garde comme Paul a dirigé toute la terre. Comme nu père qui voyant son enfant égaré par la frénésie serait d'autant plus touché de son état, et verserait d'autant plus de larmes que, dans les violences de ses transports, il lui épargnerait moins les outrages et les coups ; ainsi le grand apôtre prodiguait à ceux qui le maltraitaient tous les soins d'une piété ardente. Souvent il gémissait sur le sort de ceux qui l’avaient battu de verges cinq fois, qui étaient altérés de son sang, il s'affligeait et priait pour eux en disant : « Il est vrai, mes frères, que je sens dans mon coeur une grande affection pour le salut d'Israël et que je le demande à Dieu par mes prières. » En voyant leur réprobation, il était pénétré d'une douleur excessive. Et comme le fer jeté dans le feu devient feu tout entier,, de même Paul, enflammé du feu de la charité, était devenu tout charité. Comme s'il eût été le père commun de toute la terre, il imita, ou plutôt il surpassa tous les pères, quels qu'ils fussent, pour les soins temporels et spirituels: Car c'était chacun des hommes qu'il souhaitait présenter à Dieu, comme si lui seul eût engendré le monde entier; de telle sorte qu'il avait hâte d'en introduire tous les habitants dans le royaume de Dieu, se donnant corps et âme pour eux qu'il chérissait. Cet homme ignoble, cet artisan qui préparait des peaux acquit un tel courage qu'en trente ans à peine, il soumit au joug de la vérité les Romains et les Perses, les Parthes avec les Mèdes, les Indiens et les Scythes, les Ethiopiens et les Sarmates, les Sarrasins, enfin toutes les races humaines, et semblable à du feu jeté dans la paille et le foin, il dévorait toutes les oeuvres des démons. Au son de sa voix, tout disparaissait comme dans le, plus violent incendie, tout cédait, et culte des idoles, et menaces des tyrans, et embûches des faux frères. Comme au premier rayon du soleil les ténèbres fuient, les adultères et les voleurs disparaissent, les homicides se cachent dans les antres, le grand jour brille, tout est éclairé de l’éclat de sa présence, de même et mieux encore, partout où Paul sème la bonne nouvelle, l’erreur était chassée, la vérité renaissait, les adultères et autres abominations disparaissaient, ainsi que la paillé jetée au feu. Brillante comme la flamme, la vérité s'élevait resplendissante jusqu'à la hauteur des cieux, soulevée, pour ainsi dire, par ceux qui semblaient l’étouffer ; les périls et les violences ne savent en arrêter la marche. Telle est l’erreur qui, si elle ne rencontre pas d'obstacles, s'use ou disparaît insensiblement, telle au contraire est la vérité, qui, sous les attaques de nombreux adversaires, renaît et s'étend. Or, puisque Dieu nous a tellement ennoblis que par nos efforts nous pouvons parvenir à devenir semblables à lui, afin de nous ôter le prétexte que pourrait suggérer notre faiblesse, nous avons en commun avec lui le corps, l’âme, les aliments, le même créateur, et de plus son Dieu c'est notre Dieu. Voulez-vous connaître les dons que le Seigneur lui a départis ? Ses vêtements étaient la terreur des démons. Un prodige plus merveilleux encore, c'est que quand, il bravait les périls, on ne pouvait le taxer de témérité; ni lui reprocher de la timidité lorsqu'ils surgissaient. C'était pour avoir le temps d'instruire qu'il aimait la vie présente, tandis qu'elle ne restait qu'un sujet de mépris dès lors que par la sagesse qui l’éclairait, il entrevoyait combien le monde est vil. Enfin voyez-vous Paul s'échapper au péril? gardez-vous de l’en admirer mains que quand il a le plaisir de s'y exposer. Cette conduite annonce autant de fermeté d'une part, que de sagesse de l’autre. L'entendez-vous parler de lui avec quelque satisfaction? vous pouvez l’admirer autant que lorsque vous le voyez se mépriser. Ici c'est de la grandeur d'âme, là de l’humilité. C'était un plus grand mérite à lui de parler de soi que de taire ses louanges; car s'il ne les avait dites, il eût été plus coupable que ceux qui se vantent à tout propos; en effet s'il n'eût pas été glorifié, il eût entraîné dans la ruine ceux qui lui avaient été confiés, tandis qu'en s'humiliant, il les élevait. Paul a mérité plus en se glorifiant qu'un autre qui aurait caché ce qui le distingue : celui-ci, par l’humilité qui lui fait cacher ses mérites, gagne moins que celui-là en les manifestant. C'est un grand défaut de se vanter, c'est le fait d'un extravagant de vouloir accaparer les louanges dès lors qu'il n'y a aucune nécessité. Il est évident que Dieu n'est pas là et que c'est folie ; quand bien même on l’aurait gagnée à la sueur de son front, on perd sa récompense. S'élever au-dessus des autres dans ses propos, se vanter avec ostentation n'appartient qu'à un arrogant ; mais rapporter ce qui est d'essentielle nécessité, c'est le propre d'un homme qui aime le bien, qui cherche à se rendre utile. Telle fut la conduite de Paul, qui, pris pour un fourbe, se crut obligé de donner des preuves manifestes de sa dignité; toutefois, il s'abstient de dévoiler bien des choses et de celles qui étaient de nature à l’honorer le plus. «J'en viendrai maintenant, dit-il, aux visions et aux révélations du Seigneur », et il ajoute : « Mais je me retiens. » Pas un prophète, pas un apôtre n'eut aussi souvent que Paul des entretiens avec Dieu, et c'est ce qui le fait s'humilier davantage. Il parut redouter les coups afin de vous apprendre qu'il y avait en lui deux éléments sa volonté ne l’élevait pas seulement au-dessus du commun des hommes; mais elle en faisait un ange. Redouter les coups n'est pas un crime, c'est de commettre une indignité par la peur qu'ils inspirent. Dès lors qu'en les craignant,, il sort victorieux de la lutte, il est bien autrement admirable que celui que la peur n'atteint pas ; comme ce n'est as une faute de se plaindre mais de dire ou de faire par faiblesse ce qui déplaît à Dieu. Nous voyons par là ce que fut Paul; avec les infirmités de la nature, il s'éleva au-dessus de la nature, et s'il redouta la mort, il ne refusa pas de la subir. Être l’esclave des infirmités : c'est un crime, mais ce n'est pas d'être revêtu d'une nature qui y est sujette ; de telle sorte que c'est un titre de gloire pour lui d'avoir, par force de volonté, surmonté la faiblesse de la nature ; ainsi il se laissa enlever Paul surnommé Marc. Ce fut ce qui l’anima dans tout le cours de sa prédication, car ce ministère ne s'exerce pas avec mollesse et irrésolution, mais bien avec une force et un courage constamment égaux qui s'engage dans cette fonction sublime doit être disposé à s'offrir mille fois à la mort et aux dangers. S'il n'est pas animé par cette pensée, son exemple perdra un bien grand nombre de fidèles ; mieux vaudrait qu'il s'abstînt et qu'il s'occupât uniquement de soi-même. Un pilote, un gladiateur, un homme qui combat les bêtes féroces, personne enfin n'est obligé d'avoir le coeur disposé au danger et à la mort, comme celui qui s'est chargé d'annoncer la parole de Dieu; car celui-ci a à courir de bien plus grands périls, et il doit combattre des adversaires plus violents et d'une toute autre condition ; c'est avoir: le ciel pour récompense ou l’enfer pour son supplice.' Si entre quelqu'un d'eux, il surgit une contestation, ne regardez pas cela comme un crime, il n'y a faute que quand la querelle est sans prétexte et sans juste motif. Il faut y voir l’action de la Providence qui veut, réveiller de l’engourdissement et de l’inertie les âmes endormies et découragées. Comme l’épée a son tranchant, l’âme aussi a reçu le tranchant de la colère dont elle doit user au besoin. La douceur est bonne en tout temps; cependant il faut l’employer selon les circonstances, autrement elle devient un défaut. Aussi Paul l’a mise en pratique et dans sa colère il valait mieux que ceux dont le langage ne respirait pas la modestie. Le merveilleux en lui était que, chargé, de chaînes, couvert de coups et de blessures, il fut plus brillant que ceux qui sont ornés de l’éclat de là pourpre et du diadème. Alors qu'il était traîné chargé de chaînes à travers des mers immenses, sa joie était aussi vive que si on l’eût mené prendre possession d'un grand royaume. A peine est-il entré dans Rome qu'il cherche à en sortir pour parcourir l’Espagne. Il ne prend pas même un jour de repos; le feu est moins actif que son zèle à évangéliser; les périls, il les brave, les moqueries, il ne sait en rougir.

Ce qui met le comble à mon admiration, c'est qu'avec une pareille audace, quand il était constamment armé pour le combat, lorsqu'il ne respirait qu'une ardeur toute guerrière, il restait calme et prêt à tout. Il vient de sévir, ou plutôt sa colère vient d'éclater quand on lui commande d'aller à Tharse ; et il y va. On lui dit qu'il faut descendre par la muraille dans une corbeille, il se laisse faire. Et pourquoi? pour évangéliser encore et traîner à sa suite vers J. C. une multitude de croyants. Il ne redoutait qu'un malheur, c'était de quitter la terre et de ne pas avoir sauvé le plus grand nombre. Quand des soldats voient leur général couvert de blessures, ruisselant de sang, sans que toutefois il cesse de tenir tête a l’ennemi, mais que toujours il brandit sa lance, jonche le sol des cadavres qui sont tombés sous ses coups, et qu'il ne compte pour rien sa propre douleur, un pareil sang-froid les électrise. Il en advint ainsi à Paul. Quand on le voyait chargé de chaînes et prêchant néanmoins dans sa prison, quand on le voyait blessé et convertissant ceux qui le frappaient, il y avait certes de quoi puiser une grande confiance. Il veut le faire entendre alors qu'il dit que plusieurs de ses frères en Notre-Seigneur, se rassurant par cet heureux succès de ses liens, ont conçu une hardiesse nouvelle pour annoncer la parole de Dieu sans aucune crainte. Il en concevait lui-même une joie plus ferme, et son courage contre ses adversaires s'en augmentait d'autant. Comme du feu tombant sur une grande sorte de matières se nourrit et s'étend, de même le langage de Paul attire tous ceux qui l’écoutent. Ses adversaires deviennent la pâture de ce feu, puisque, par eux, la flamme de l’Evangile augmentait de plus en plus (saint Jean Chrysostome).

La Légende dorée de Jacques de Voragine nouvellement traduite en français avec introduction, notices, notes et recherches sur les sources par l'abbé J.-B. M. Roze, chanoine honoraire de la Cathédrale d'Amiens, Édouard Rouveyre, éditeur, 76, rue de Seine, 76, Paris mdcccci


Commémoraison de Saint Paul, apôtre

Dom Lefebvre, Missel :

« Le Tibre, à son entrée dans Rome, écrit un poète ancien, salue la basilique de Saint-Pierre, et à sa sortie, celle de Saint-Paul. Le portier céleste a fixé sa demeure sacrée aux portes de la ville éternelle qui est une image du ciel. De l’autre côté, les remparts de la ville sont protégés par le portique de Paul : Rome est entre les deux ». A Pierre, le nouveau Moïse, conducteur du nouvel Israël, vient s’associer Paul, le nouvel Aaron, plus éloquent que le premier, choisi dès le sein de sa mère pour annoncer les richesses de la grâce du Christ aux Gentils (Or., Grad., Ep.).


Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Les Grecs unissent aujourd’hui dans une même solennité la mémoire des illustres saints, les douze Apôtres, dignes de toute louange [51]. Rome, tout absorbée hier par le triomphe que le Vicaire de l’Homme-Dieu remportait dans ses murs, voit le successeur de Pierre et sa noble cour aller porter au Docteur des nations, couché d’hier, lui aussi, en sa tombe glorieuse, l’hommage reconnaissant de la Ville et du monde. Suivons par la pensée le peuple romain qui, plus heureux que nous, accompagne le Pontife et fait retentir de ses chants de victoire la splendide Basilique de la voie d’Ostie.

Au vingt-cinq janvier, nous vîmes l’Enfant-Dieu, par le concours d’Etienne le Protomartyr, amener à sa crèche, terrassé et dompté, le loup de Benjamin [52] qui, dans la matinée de sa jeunesse fougueuse, avait rempli de larmes et de sang l’Église de Dieu. Le soir était venu, comme l’avait vu Jacob, où Saul le persécuteur allait plus que tous ses devanciers dans le Christ accroître le bercail, et nourrir le troupeau de l’aliment de sa céleste doctrine [53].

Par un privilège qui n’a pas eu de semblable, le Sauveur déjà assis à la droite du Père dans les cieux, daigna instruire directement ce néophyte, afin qu’il fût un jour compté au nombre de ses Apôtres. Mais les voies de Dieu n’étant jamais opposées entre elles, cette création d’un nouvel Apôtre ne pouvait contredire la constitution divinement donnée à l’Église chrétienne par le Fils de Dieu. Paul, au sortir des contemplations sublimes durant lesquelles le dogme chrétien était versé dans son âme, dut se rendre à Jérusalem, afin de « voir Pierre », comme il le raconta lui-même à ses disciples de Galatie. Il dut, selon l’expression de Bossuet, « conférer son propre Évangile avec celui du prince des Apôtres » [54]. Agréé dès lors pour coopérateur à la prédication de l’Évangile, nous le soyons, au livre des Actes, associé à Barnabé, se présenter avec celui-ci dans Antioche après la conversion de Cornélius, et l’ouverture de l’Église aux gentils par la déclaration de Pierre. Il passe dans cette ville une année entière signalée par une abondante moisson. Après la prison de Pierre à Jérusalem et son départ pour Rome, un avertissement d’en haut manifeste aux ministres des choses saintes qui présidaient à l’Église d’Antioche, que le moment est venu d’imposer les mains aux deux missionnaires, et on leur confère le caractère sacré de l’ordination.

A partir de ce moment, Paul grandit de toute la hauteur d’un Apôtre, et l’on sent que la mission pour laquelle il avait été préparé est enfin ouverte. Tout aussitôt, dans le récit de saint Luc, Barnabé s’efface et n’a plus qu’une destination secondaire. Le nouvel Apôtre a ses disciples à lui, et il entreprend, comme chef désormais, une longue suite de pérégrinations marquées par autant de conquêtes. Son premier pas est en Chypre, et c’est là qu’il vient sceller avec l’ancienne Rome une alliance qui est comme la sœur de celle que Pierre avait contractée à Césarée. En l’année 43, où Paul aborda en Chypre, l’île avait pour proconsul Sergius Paulus, recommandable par ses aïeux, mais plus digne d’estime encore pour la sagesse de son gouvernement. Il désira entendre Paul et Barnabé. Un miracle de Paul, opéré sous ses yeux, le convainquit de la vérité de l’enseignement des deux Apôtres, et l’Église chrétienne compta, ce jour-là, dans son sein un héritier nouveau du nom et de la gloire des plus illustres familles romaines. Un échange touchant eut lieu à ce moment. Le patricien romain était affranchi du joug de la gentilité par le juif, et en retour, le juif, qu’on appelait Saul jusqu’alors, reçut et adopta désormais le nom Paul, comme un trophée digne de l’Apôtre des gentils.

De Chypre, Paul se rend successivement en Cilicie, dans la Pamphylie, dans la Pisidie, dans la Lycaonie. Partout il évangélise, et partout il fonde des chrétientés. Il revient ensuite à Antioche, en l’année 47, et il trouve l’Église de cette ville dans l’agitation. Un parti de Juifs sortis des rangs du pharisaïsme consentait à l’admission des gentils dans l’Église, mais seulement à la condition qu’ils seraient assujettis aux pratiques mosaïques, c’est-à-dire à la circoncision, à la distinction des viandes, etc. Les chrétiens sortis de la gentilité répugnaient à cette servitude à laquelle Pierre ne les avait pas astreints, et la controverse devint si vive que Paul jugea nécessaire d’entreprendre le voyage de Jérusalem, où Pierre fugitif de Rome venait d’arriver. Il partit donc avec Barnabé, apportant la question à résoudre aux représentants de la loi nouvelle réunis dans la ville de David. Outre Jacques qui résidait habituellement à Jérusalem comme évêque, Pierre, ainsi que nous l’avons dit, et Jean, y représentèrent en cette circonstance tout le collège apostolique. Un décret fut formulé où toute exigence à l’égard des gentils relativement aux rites judaïques était interdite, et cette disposition était prise au nom et sous l’influence de l’Esprit-Saint. Ce fut dans cette réunion de Jérusalem que Paul fut accueilli par les trois grands Apôtres comme devant exercer spécialement l’apostolat des gentils. Il reçut de la part de ceux qu’il appelle les colonnes, une confirmation de cet apostolat surajouté à celui des douze. Par ce ministère extraordinaire qui surgissait en faveur de ceux qui avaient été appelés les derniers, le christianisme affirmait définitivement son indépendance à l’égard du judaïsme, et la gentilité allait se précipiter en foule dans l’Église.

Paul reprit le cours de ses excursions apostoliques à travers les provinces qu’il avait déjà évangélisées, afin d’y confirmer les Églises. De là, traversant la Phrygie, il vit la Macédoine, s’arrêta un moment à Athènes, d’où il se rendit à Corinthe, où il séjourna un an et demi. A son départ, il laissait dans cette ville une Église florissante, non sans avoir excité contre lui la fureur des Juifs. De Corinthe, Paul se rendit à Éphèse, qui le retint plus de deux ans. Il y obtint un tel succès auprès des gentils, que le culte de Diane en éprouva un affaiblissement sensible. Une émeute violente s’ensuivit, et Paul jugea que le moment était venu de sortir d’Éphèse. Durant son séjour dans cette ville, il avait révélé à ses disciples la pensée qui l’occupait déjà depuis longtemps : « Il faut, leur dit-il, que je voie Rome ». La capitale de la gentilité appelait l’Apôtre des gentils.

L’accroissement rapide du christianisme dans la capitale de l’Empire avait mis en présence, d’une manière plus frappante qu’ailleurs, les deux éléments hétérogènes dont l’Église d’alors était formée. L’unité d’une même foi réunissait dans le même bercail les anciens juifs et les anciens païens. Il s’en rencontra quelques-uns dans chacune de ces deux races qui, oubliant trop promptement la gratuité de leur commune vocation, se laissèrent aller au mépris de leurs frères, les réputant moins dignes qu’eux-mêmes du baptême qui les avait tous faits égaux dans le Christ. Certains juifs dédaignaient les gentils, se rappelant le polythéisme qui avait souillé leur vie passée de tous les vices qu’il entraînait à sa suite. Certains gentils méprisaient les juifs, comme issus d’un peuple ingrat et aveugle, qui, abusant des secours que Dieu lui avait prodigués, n’avait su que crucifier le Messie.

En l’année 53, Paul, qui fut à même de connaître ces débats, profita d’un second séjour à Corinthe pour écrire aux fidèles de l’Église romaine la célèbre Épître dans laquelle il s’attache à établir la gratuité du don de la foi, juifs et gentils étant indignes de l’adoption divine et n’ayant été appelés que par une pure miséricorde ; juifs et gentils, oubliant leur passé, n’avaient qu’à s’embrasser dans la fraternité d’une même foi, et à témoigner leur reconnaissance à Dieu qui les avait prévenus par sa grâce les uns et les autres. Sa qualité d’Apôtre reconnu donnait à Paul le droit d’intervenir en cette manière, au sein même d’une chrétienté qu’il n’avait pas fondée. En attendant qu’il pût contempler de ses yeux l’Église reine que Pierre avait établie sur les sept collines, l’Apôtre voulut accomplir encore une fois le pèlerinage de la cité de David. Mais la rage des Juifs de Jérusalem se déchaîna à cette occasion jusqu’au dernier excès. Leur orgueil en voulait surtout à cet ancien disciple de Gamaliel, à ce complice du meurtre d’Etienne, qui maintenant conviait les gentils à s’unir aux fils d’Abraham sous la loi de Jésus de Nazareth. Le tribun Lysias l’arracha des mains de ces acharnés qui allaient le mettre en pièces. La nuit suivante, le Christ apparut à Paul et lui dit : « Sois ferme ; car il te faudra rendre de moi à Rome le même témoignage que tu me rends en ce moment à Jérusalem ».

Ce ne fut pourtant qu’après une captivité de plus de deux années que Paul, en ayant appelé à l’empereur, aborda l’Italie au commencement de l’année 56. Enfin l’Apôtre des gentils fit son entrée dans Rome. L’appareil d’un triomphateur ne l’entourait pas : c’était un humble prisonnier juif que l’on conduisait au dépôt où s’entassaient les prévenus qui avaient appelé à César. Mais Paul était ce Juif qui avait eu le Christ lui-même pour conquérant sur le chemin de Damas. Il n’était plus Saul le Benjamite ; il se présentait sous le nom romain de Paul, et ce nom n’était pas un larcin chez celui qui, après Pierre, devait être la seconde gloire de Rome et le second gage de son immortalité. Il n’apportait pas avec lui, comme Pierre, la primauté que le Christ n’avait confiée qu’à un seul ; mais il venait rattacher au centre même de l’évangélisation des gentils, la délégation divine qu’il avait reçue en leur faveur, comme un affluent verse ses eaux dans le cours du fleuve qui les confond avec les siennes et les entraîne à l’océan.

Paul ne devait pas avoir de successeur dans sa mission extraordinaire ; mais l’élément qu’il venait déposer dans l’Église mère et maîtresse représentait une telle valeur que, dans tous les siècles, on entendra les pontifes romains, héritiers du pouvoir monarchique de Pierre, faire appel encore à un autre souvenir, et commander au nom des « bienheureux Apôtres Pierre et Paul ».

Au lieu d’attendre en prison le jour où sa cause serait appelée, Paul eut la liberté de se choisir un logement dans la ville, obligé seulement d’avoir jour et nuit la compagnie d’un soldat représentant la force publique, et auquel, selon l’usage en pareil cas, il était lié par une chaîne qui l’empêchait de fuir, mais laissait libres tous ses mouvements. L’Apôtre continuait ainsi de pouvoir annoncer la parole de Dieu. Vers la fin de l’année 57, on accorda enfin à Paul l’audience à laquelle lui donnait droit l’appel qu’il avait interjeté à César. Il comparut au prétoire, et le succès de son plaidoyer amena l’acquittement.

Paul, devenu libre, voulut revoir l’Orient. Il visita de nouveau Éphèse, où il établit évoque son disciple Timothée. Il évangélisa la Crète, où il laissa Tite pour pasteur. Mais il ne quittait pas pour toujours cette Église romaine qu’il avait illustrée par son séjour, accrue et fortifiée par sa prédication ; il devait revenir pour l’illuminer des derniers rayons de son apostolat, et l’empourprer de son sang glorieux.

L’Apôtre avait achevé ses courses évangéliques dans l’Orient ; il avait confirmé les Églises fondées par sa parole, et les épreuves, pas plus que les consolations, n’avaient manqué sur sa route. Tout à coup un avertissement céleste, semblable à celui que Pierre lui-même devait recevoir bientôt, lui enjoint de se rendre à Rome où le martyre l’attend. C’est saint Athanase [55] qui nous instruit de ce fait, rapporté aussi par saint Astère d’Amasée. Ce dernier nous dépeint l’Apôtre entrant de nouveau dans Rome, « afin d’enseigner les maîtres du monde, de s’en faire des disciples, et par eux de lutter avec le reste du genre humain. Là, dit encore l’éloquent évêque du quatrième siècle, Paul retrouve Pierre vaquant au même travail. Il s’attèle avec lui au char divin, et se met à instruire dans les synagogues les enfants de la loi, et au dehors les gentils » [56].

Rome possède donc enfin réunis ses deux princes : l’un assis sur la Chaire éternelle, et tenant en mains les clefs du royaume des cieux ; l’autre entouré des gerbes qu’il a cueillies dans le champ de la gentilité. Ils ne se sépareront plus, même dans la mort, comme le chante l’Église. Le moment qui les vit rapprochés fut rapide ; car ils devaient avoir rendu à leur Maître le témoignage du sang, avant que le monde romain fût affranchi de l’odieux tyran qui l’opprimait. Leur supplice fut comme le dernier crime, après lequel Néron s’affaissa, laissant le monde épouvanté de sa fin aussi honteuse qu’elle fut tragique.

C’était en l’année 65 que Paul était rentré dans Rome. Il y signala de nouveau sa présence par toutes les œuvres de l’apostolat. Dès son premier séjour, sa parole avait produit des chrétiens jusque dans le palais de César. De retour sur le grand théâtre de son zèle, il retrouva ses entrées dans la demeure impériale. Une femme qui vivait dans un commerce coupable avec Néron, se sentit ébranlée par cette parole à laquelle il était dur de résister. Un échanson du palais fut pris aussi dans les filets de l’Apôtre. Néron s’indigna de cette influence d’un étranger jusque dans sa maison, et la perte de Paul fut résolue. Jeté en prison, l’Apôtre ne laissa pas refroidir son zèle, et continua d’annoncer Jésus-Christ. La maîtresse de l’empereur et son échanson abjurèrent, avec l’erreur païenne, la vie qu’ils avaient menée, et leur double conversion hâta le martyre de Paul. Il le sentait, et on s’en rend compte en lisant ces lignes qu’il écrit à Timothée : « Je travaille, dit-il, jusqu’à porter les fers, comme un méchant ouvrier ; mais la parole de Dieu n’est pas enchaînée : à cause des élus, je supporte tout. Me voici à cette heure comme la victime déjà arrosée de l’eau lustrale, et le temps de mon trépas est proche. J’ai vaillamment combattu, j’ai achevé ma course, j’ai été le gardien de la foi ; la couronne de justice m’est réservée, et le Seigneur, juge équitable, me la donnera » [57].

Le 29 juin de l’année 67, tandis que Pierre traversait le Tibre sur le pont Triomphal et se dirigeait vers la croix dressée dans la plaine Vaticane, un autre martyre se consommait sur la rive gauche du fleuve. Paul, entraîné le long de la voie d’Ostie, était suivi aussi par un groupe de fidèles qui s’étaient joints à l’escorte du condamné. La sentence rendue contre lui portait qu’il aurait la tête tranchée aux Eaux Salviennes. Après avoir suivi environ deux milles la voie d’Ostie, les soldats conduisirent Paul par un sentier qui se dirigeait vers l’Orient, et bientôt on arriva sur le lieu désigné pour le martyre du Docteur des gentils. Paul se mit à genoux et adressa à Dieu sa dernière prière ; puis, s’étant bandé les yeux, il attendit le coup de la mort. Un soldat brandit son glaive, et la tête de l’Apôtre, détachée du tronc, fit trois bonds sur la terre. Trois fontaines jaillirent aussitôt aux endroits qu’elle avait touchés. Telle est la tradition gardée sur le lieu du martyre, où l’on voit trois fontaines sur chacune desquelles s’élève un autel.

Unissons nos hommages à ceux des siècles qui nous ont précédés, pour honorer le vase d’élection d’où la grâce du salut découla si abondamment sur le monde. Les formules adoptées par la sainte Église romaine dans l’Office de ce jour constituent un ensemble gracieux, auquel nous emprunterons tout d’abord les deux Répons qui suivent.

R/. Tu es vas electiónis, sancte Paule Apóstole, prædicátor veritátis in univérso mundo, * Per quem omnes Gentes cognovérunt grátiam Dei.

V/. Intercéde pro nobis ad Deum, qui te elégit.

* Per quem omnes Gentes cognovérunt grátiam Dei.

R/. Grátia Dei sum id quod sum : * Et grátia eius in me vácua non fuit, sed semper in me manet.

V/. Qui operátus est Petro in apostolátum, operátus est et mihi inter Gentes.

R/. Vous êtes un vase d’élection, saint Apôtre Paul, prédicateur de la vérité dans tout l’univers : * Vous par qui toutes les nations ont connu la grâce de Dieu.

V/. Intercédez pour nous auprès de Dieu qui vous a choisi,

* Vous par qui toutes les nations ont connu la grâce de Dieu.

R/. C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis : * Et sa grâce en moi n’a pas été vaine, mais elle demeure toujours avec moi.

V/. Celui qui par sa puissance a fait de Pierre un Apôtre, a fait de même pour moi parmi les nations.

* Et sa grâce en moi n’a pas été vaine, mais elle demeure toujours avec moi.

En la fête de la conversion du grand Apôtre, Adam de Saint-Victor nous a fourni le thème de nos chants dans une admirable Séquence. Le Missel de Liège de l’an 1527 nous donnera aujourd’hui la suivante, dont la simplicité ne manque ni de charmes, ni de profondeur.




SÉQUENCE.

Doctori gentium

Gentes applaudite :

Votaque mentium

Voce depromite.

Pastori gregibus

Curam impendere :

Pastorem ovibus

Incumbit colere.

Electum vasculum,

Honoris ferculum

Tumoris vacuum

Jure percolitis,

Qui veri quæritis

Fontis irriguum.

Exempli gratiam,

Laudis materiam

In hoc exilio

Confert et gaudium,

Doctoris gentium

Sacra conversio.

Rapax mane,

Sero munificus :

Non inane

Benjamin typicus

Tulit auspicium.

Parit mater

Doloris filium :

Vocat pater

Dextræ suffragium,

Doctus mysterium.

Quod Saulus rapuit,

Paulus distribuit :

Divisit spolia

Legis in gratia.

Quem Annas statuit

Ducem malitiæ,

Christus exhibuit

Ministrum gratiæ.

Dum vacat cædibus,

Cæcatus corruit :

Lapsa de nubibus

Vox eum arguit.

Cur me persequeris,

Saule, nec sequeris :

Cur in aculeum

Vertis calcaneum ?

Cum me persequens,

Præstare crederis

Mihi obsequium :

In meis fratribus

Cruentis manibus

Versando gladium.

Excessit littera,

Cesserunt vetera :

Præconem gratiæ

Te nunc constituo :

Surge continuo,

Locum de veniæ.

O plena gratia,

De cujus cumulo

Arenti copia

Redundat sæculo.

Felix vocatio,

Non propter meritum :

Larga donatio,

Sed præter debitum.

Per aquæ medium,

Per ignem Spiritus,

Ad refrigerium

Transit divinitus.

Mutato nomine,

Mutatur moribus :

Secundus ordine,

Primus laboribus.

Par est apostolis

Vocatis primitus :

Præest epistolis,

Vocatus cœlitus.

Ter virgis cæditur,

Semel lapidibus :

Ter mari mergitur,

Nec perit fluctibus.

Ad cœlum tertium

Raptus in spiritu,

Dei mysterium

Mentis intuitu

Intuetur,

Nec loquitur,

Quia nec loqui sinitur.




Au Docteur des nations,

nations, applaudissez,

et, de la voix,

publiez vos vœux.

Au pasteur appartient

de conduire le troupeau ;

aux brebis

d’honorer le pasteur.

Vase d’élection,

rempli d’honneur,

sans vaine enflure,

à bon droit recherché

de quiconque se plaît au pâturage

qu’arrosent les eaux de la vraie fontaine !

Du Docteur des nations

la conversion sainte

donne la joie en cet exil :

exemple à suivre,

objet de louange.

Au matin, ravisseur ;

sur le soir, magnifique :

ce ne fut pas en vain

que de Benjamin la figure

nous fournit un présage.

La mère enfante

un fils de douleur ;

le père l’appelle

l’élu de la droite,

pénétrant le mystère.

Ce que Saul a ravi,

Paul en fait le partage ;

il distribue les dépouilles

de la loi sous la grâce.

Celui qu’Anne établit

chef de perversité,

le Christ en fait

un ministre de la grâce.

Il ne rêve que carnage,

et tombe aveuglé ;

une voix le reprend,

descendant des nues :

« Pourquoi persécuter celui

que tu dois suivre ?

Pourquoi, Saul,

regimber contre l’aiguillon ?

Tu me poursuis,

et l’on croit

que tu me rends hommage !

Et c’est contre mes frères

que tes sanglantes mains

tournent le glaive !

C’en est fait de la lettre ;

les figures ont cessé :

dès cette heure,

je te fais le héraut de ma grâce ;

lève-toi maintenant, je te pardonne ».

O grâce vraiment pleine,

dont l’abondance

déborde à flots

sur le monde desséché !

Fortunée vocation,

non provenue du mérite ;

largesse immense,

nullement due !

Par le chemin de l’eau,

par le feu de l’Esprit,

il passe de ses ardeurs fiévreuses

à la divine fraîcheur.

Son nom change,

et ses mœurs ont changé :

deuxième en dignité,

premier pour le labeur.

Égal aux Apôtres

appelés d’abord,

lui dont l’appel est venu des cieux

prévaut par ses Épitres.

Trois fois il est battu de verges,

une fois lapidé ;

trois fois la mer l’engloutit,

sans qu’il meure dans ses flots.

Au troisième ciel

son esprit est ravi :

du regard de l’âme

il contemple le mystère de Dieu,

mais, empêché de parler,

ne sait le redire.

O Pasteur illustre,

des Pasteurs la gloire,

par un heureux sentier,

tes troupeaux,

amène,

conduis,

établis-les

au lieu du pâturage éternel.

Amen.

Saint Pierre Damien a consacré les accents de son énergique piété au Docteur des nations dans cette Hymne.

HYMNE.

Paule, doctor egregie,

Tuba clangens Ecclesiæ,

Nubes volans ac tonitrum

Per amplum mundi circulum.


Dum Verbi spargit semina,

Seges surgit uberrima :

Sic cœli replent horreum

Bonorum fruges operum.

O magnum Pauli meritum,

Cœlum conscendit tertium,

Audit verba mysterii

Quæ nullis audet eloqui.

Micantis more lampadis,

Perfundit orbem radiis :

Fugat errorum tenebras,

Ut sola regnet veritas.


Paul, docteur incomparable

trompette éclatante de l’Église,

nuée qui voles et promènes le tonnerre

par tout l’immense circuit des cieux :

Tonne en nos âmes avec puissance ;

inonde les champs de notre cœur :

que toute sécheresse reverdisse

sous le déluge de la céleste grâce.

Il sème le Verbe en tous lieux ;

la moisson se lève abondante ;

le grenier du ciel se remplit

des fruits des bonnes œuvres.

Oh ! Combien grand est le mérite de Paul !

Il monte au troisième ciel :

il entend des paroles mystérieuses

qu’il n’ose redire à personne.

Comme une lampe au vif éclat,

il illumine de ses rayons l’univers ;

il chasse les ténèbres de l’erreur,

pour que règne seule la vérité.

Louange soit au Père non engendré ;

gloire soit au Fils unique ;

à l’Esprit qui les égale tous deux

soit grandeur souveraine !

Amen.

Enfin, pour nous conformer à la tradition liturgique, qui ne veut pas qu’on célèbre jamais l’un des princes des Apôtres, sans faire aussi mémoire de son glorieux compagnon : nous donnerons ici, dégagée des retouches survenues plus tard, l’œuvre entière d’Elpis, à laquelle l’Hymne des Vêpres d’hier n’empruntait que les deux premières strophes. La troisième est employée par l’Église aux autres fêtes de saint Pierre, la quatrième à celles de saint Paul ; les deux réunies formaient hier l’Hymne des Laudes.

HYMNE.

Aurea luce et decore roseo,

Lux lucis, omne perfudisti sæculum :

Decorans cœlos inclyto martyrio,

Hac sacra die quæ dat reis veniam.

Janitor cœli, Doctor orbis pariter,

Judices sæcli,vera mundi lumina :

Per crucem alter, alter ense triumphans,

Vitæ senatum laureati possident.

Jam, bone Pastor Petre, clemens accipe

Vota precantum, et peccati vincula

Resolve, tibi potestate tradita,

Qua cunctis cœlum verbo claudis, aperis.

Doctor egregie, Paule, mores instrue,

Et mente polum nos transferre satage :

Donec perfectum largiatur plenius,

Evacuato quod ex parte gerimus.

Olivæ binæ pietatis unicæ,

Fide devotos, spe robustos, maxime

Fonte repletos charitatis geminæ,

Post mortem carnis impetrate vivere.


De lumière d’or, de rayons empourprés,

vous baignez le monde, ô Lumière de lumière,

embellissant les cieux par un glorieux martyre

en ce jour sacré qui donne aux coupables la grâce.

Le portier du ciel, le docteur de l’univers,

juges du siècle et vraies lumières du monde,

triomphent ensemble, l’un par la croix, l’autre par le glaive ;

ceints du laurier de la victoire, ils font leur entrée au sénat de la vie.

Bon Pasteur, ô Pierre, reçois maintenant avec clémence

les vœux de ceux qui t’implorent ;

dénoue les liens du péché par cette puissance à toi confiée,

qui pour tous ouvre ou ferme les cieux.

Docteur illustre, ô Paul, forme nos mœurs,

élève nos pensées par tes soins jusqu’au ciel,

en attendant le jour où, le bien dans sa plénitude étant devenu

notre partage, tout l’imparfait disparaîtra.

Double olivier où coule la sève d’un unique amour,

tous deux rendez-nous dévoués à la foi, fermes dans l’espérance,

et, sur toutes choses, pleins de la double charité découlant de sa source ;

après la mort de cette chair, obtenez-nous de vivre.

Soit à la Trinité gloire éternelle,

honneur, puissance et joie,

en l’Unité qui garde l’empire,

depuis lors et maintenant, dans les siècles sans fin.

Amen.



O Paul, à vous aujourd’hui nos vœux ! Établis heureusement sur la pierre qui porte l’Église, pourrions-nous oublier celui dont les travaux, plus que ceux d’aucun autre [58], ont amené les Gentils nos pères à composer la cité sainte ? Sion, la bien-aimée des premiers jours, a rejeté la pierre, et s’est brisée contre elle [59] : quel est le mystère de cette autre Jérusalem descendue des cieux [60], dont cependant tous les matériaux furent tirés des abîmes ? Leurs inébranlables assises proclament la gloire de l’architecte sage [61] qui les posa sur la pierre d’angle : elles-mêmes pierres sans prix, et dont l’éclat dépasse incomparablement la splendeur des parures de la fille de Sion. Qui vaut à la nouvelle venue cette beauté, ces honneurs d’Épouse [62] ? comment les fils de la délaissée sont-ils sortis des retraites impures où leur mère habitait, en la compagnie des dragons et des léopards [63] ? La voix de l’Époux s’est fait entendre, et elle disait : « Viens, ma fiancée, viens du Liban ; descends des sommets d’Amana, des hauteurs de Sanir et d’Hermon » [64]. Pourtant, de sa personne sacrée, l’Époux, quand il vivait, ne quitta point l’antique terre des promesses, et sa voix mortelle ne pouvait parvenir à celle qui habitait au delà des confins de Jacob. O Paul, vous l’avez dit : comment donc invoquer, comment croire celui qu’on n’a pas entendu [65] ? Mais, à qui sait votre amour de l’Époux, il suffit, pour enlever toute crainte, que vous-même, ô Apôtre, ayez signalé le problème.

Nous chantions, au jour de l’Ascension triomphante, et c’était la réponse : Quand la beauté du Seigneur s’élèvera par delà les cieux, il montera sur la nue, et l’aile des vents sera son coursier rapide, et, vêtu de lumière, d’un pôle à l’autre il parcourra les cieux, faisant ses dons aux fils des hommes [66]. La nuée, l’aile des vents portant aux nations le message de l’Époux, c’était vous, ô Paul, choisi d’en haut plus spécialement que Pierre lui-même pour instruire les gentils, ainsi qu’il fut reconnu, et par Pierre, et par Jacques et Jean, ces colonnes de l’Église [67]. Qu’ils furent beaux vos pieds, quand, sortant de Sion, vous apparûtes sur nos montagnes, et dîtes à la gentilité : « Ton Dieu va régner » [68]. Qu’elle fut douce votre voix, murmurant à l’oreille de la pauvre abandonnée le céleste appel : « Écoute, ô ma fille, et vois, et incline l’oreille de ton cœur » [69].

Quelle tendre pitié vous témoigniez à celle qui, si longtemps, vécut étrangère à l’alliance, sans promesse, sans Dieu dans ce monde [70] ! Et cependant elle était loin [71], celle qu’il fallait amener si près du Seigneur Jésus, qu’elle ne formât plus avec lui qu’un seul corps [72] ! Vous connûtes, en cette œuvre immense, et les douleurs de l’enfantement [73], et les soins de la mère allaitant son nouveau-né [74] ; vous dûtes porter les longs délais de la croissance de l’Épouse [75], éloigner d’elle toute tache [76], l’illuminer progressivement des clartés de l’Époux [77] : jusqu’à ce qu’enfin, affermie dans l’amour [78], et parvenue à la mesure du Christ même [79], elle fût vraiment sa gloire [80], et pût par lui être remplie de toute la plénitude de Dieu [81]. Que de labeurs pour conduire cette nouvelle création, du limon primitif [82], au trône de l’Adam céleste, à la droite du Père [83] ! Souvent, repoussé, trahi, mis aux fers [84], méconnu dans les sentiments les plus délicats de votre cœur d’Apôtre [85], vous n’eûtes pour salaire que d’indicibles angoisses et des souffrances sans nom. Mais la fatigue, les veilles, la faim, le froid, le dénuement, l’abandon, violences ouvertes, attaques perfides, dangers de toutes sortes [86], loin de l’abattre, excitaient votre zèle [87] ; la joie surabondait en vous [88] ; car ces souffrances étaient le complément de celles mêmes que Jésus avait endurées [89], pour acheter l’alliance que depuis si longtemps l’éternelle Sagesse ambitionnait de conclure [90]. Comme elle vous n’aviez qu’un but, où passaient toute votre force et votre douceur [91] : sur le pavé poudreux des voies romaines, au fond des mers où vous jetait la tempête, à la ville, au désert, au troisième ciel où vous portait l’extase, sous les fouets des Juifs ou le glaive de Néron [92], gérant partout l’ambassade du Christ [93], vous jetiez à la vie comme au trépas, à toutes les puissances de la terre et des cieux, le défi d’arrêter la puissance du Seigneur [94], ou son amour [95] qui vous soutenait dans la grande entreprise. Et, comme sentant le besoin d’aller au-devant des étonnements que pouvait susciter l’enthousiasme de votre grande âme, vous lanciez aux nations ce cri sublime : « Taxez-moi de folie, mais, par pitié, supportez-moi : je suis jaloux de vous, jaloux pour Dieu ! C’est qu’en effet, je vous ai fiancées à l’unique Époux : laissez-moi faire que vous soyez pour lui une vierge très pure [96] ! »

Hier, ô Paul, s’est consommée votre œuvre : ayant tout donné, vous vous êtes donné par surcroît vous-même [97]. Le glaive, abattant votre tête sacrée, achève, comme vous l’aviez prédit, le triomphe du Christ [98]. La mort de Pierre fixe en son lieu prédestiné le trône de l’Époux ; mais c’est à vous surtout que la gentilité, prenant place comme Épouse à sa droite [99],doit de pouvoir dire en se tournant vers la Synagogue sa rivale : « Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jérusalem ; c’est pourquoi le Roi m’a aimée, et m’a choisie pour reine [100] ».

Louange donc à vous, ô Apôtre, et maintenant et toujours ! L’éternité ne saurait épuiser notre reconnaissance à nous, nations. Achevez votre œuvre en chacun de nous pour ces siècles sans fin ; ne permettez pas que, par la défection d’aucun de ceux qu’appelait le Seigneur à compléter son corps mystique, l’Épouse soit privée d’un seul des accroissements sur lesquels elle pouvait compter. Soutenez contre le découragement les prédicateurs de la parole sainte, tous ceux qui, par la plume ou à un titre quelconque, poursuivent votre œuvre de lumière ; multipliez les vaillants apôtres qui reculent sans fin les limites de la région des ténèbres sur notre globe. Vous promîtes autrefois de rester avec nous, de veiller toujours au progrès de la foi dans nos âmes, d’y faire germer sans fin les très pures délices de l’union divine [101]. Tenez votre promesse ; en allant à Jésus, vous n’en laissez pas moins votre parole engagée à tous ceux qui, comme nous, ne purent ici-bas vous connaître [102]. Car c’est à eux que, par l’une de vos Épîtres immortelles, vous laissiez l’assurance de pourvoira « consoler leurs cœurs, les ordonnant dans l’amour, versant en eux dans sa plénitude et ses richesses immenses la connaissance du mystère de Dieu le Père et du Christ Jésus, en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science » [103].

Dans cette saison du Cycle où règne l’Esprit qui fait les saints [104], faites comprendre aux chrétiens de bonne volonté que leur seul baptême suffit à les investir de cette vocation sublime, où trop souvent ils ne voient que la part du petit nombre. Puissent-ils pénétrer la grande, et pourtant si simple notion, que vous leur donnez du mystère où réside le principe le plus universel, le plus absolu de toute vie chrétienne [105] : ensevelis avec Jésus sous les eaux, incorporés à lui par le seul fait, comment n’auraient-ils pas tout droit, tout devoir, d’être saints, de prétendre s’unir à Jésus dans sa vie comme ils l’ont fait dans sa mort ? « Vous Êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu [106] », disiez-vous à nos pères. Ce que vous proclamiez pour tous alors sans distinction, répétez-le à tous, ô grand Apôtre ! Docteur des nations, ne laissez pas dévier en elles la lumière, au grand détriment du Seigneur et de l’Épouse.

[51] Menées, 30 juin.

[52] Gen. XLIX, 27.

[53] De nouveau, nous ne saurions mieux faire que d’emprunter les traits qui suivent à notre Père et Maître, en son ouvrage : Sainte Cécile et la société romaine aux deux premiers siècles.

[54] Sermon sur l’unité.

[55] De fuga sua, XVIII.

[56] Homil. VIII.

[57] II Tim.

[58] I Cor. XV, 10.

[59] Rom. IX, 32.

[60] Apoc. XXI, 2.

[61] I Cor. III, 10.

[62] Apoc. XXI, 2.

[63] Cant. IV, 8.

[64] Ibid.

[65] Rom. X, 14.

[66] Répons des Mat. de l’Asc.

[67] Gal. II, 7-9.

[68] Isai. LII, 7.

[69] Psalm. XLIV, 11.

[70] Eph. II, 12.

[71] Ibid. 13.

[72] Ibid. I, 23.

[73] Gal. IV, 19.

[74] I Cor. III, 1-2.

[75] Eph. IV, 11.

[76] Ibid. V, 27.

[77] II Cor. III, 18.

[78] Eph. III, 17.

[79] Ibid. IV, 13.

[80] Ibid. V, 23 ; I Cor. XI, 7.

[81] Eph. III, 19.

[82] [[Gen. II, 7.

[83] I Cor XV, 45-50 ; Eph. I, 20 ; II, 6.

[84] II Tim. II, 9.

[85] I Cor. IV, IX ; II Cor. I, II, VI, X, XII, 11-21 ; Gal. IV, 11-20 ; Philipp. L, 15-18 ; II Tim. IV, 9-16 ; etc.

[86] II Cor. XI.

[87] Ibid. XII, 10.

[88] Ibid. VII, 4.

[89] Col. I, 24 ; Eph. V, 25.

[90] Eph. III, 8-10.

[91] Sap. VIII, 1.

[92] II Cor. XI, XII.

[93] Ibid. VI, 20 : Eph. VI, 20.

[94] II Cor. XIII, 3.

[95] Rom. VIII, 35-38.

[96] II Cor.II, XI, 1-2.

[97] Ibid. XII, 15.

[98] Philipp. I, 20.

[99] Psalm. XLIV, 10.

[100] Cant I, 4 ; IV, 8.

[101] Philipp. I, 25-26.

[102] Col. II, 1.

[103] Ibid. 2-3.

[104] Rom. VIII.

[105] Rom. VI.

[106] Col. III. 3.



Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Le Bhx Schuster a commenté la fête de ce jour dans son commentaire général sur le 29 juin, qu’on trouvera ici. Nous donnons ici le court commentaire qu’il place au 30 juin, et nous redonnons le commentaire de la messe.

La commémoration de l’apôtre saint Paul.

Station à la basilique de Saint-Paul.

Le Missel romain donne aujourd’hui la messe de saint Paul, qui pourtant, selon l’antique tradition romaine, se référait à la seconde station d’hier. Au lieu donc du bifestus dies de Prudence, nous avons à présent un bidui festus, puisque la foule des fidèles se presse à nouveau dans la basilique Ostienne pour assister à la chapelle papale que, en l’absence du Pape, célèbre aujourd’hui le collège des patriarches et des évêques assistants au trône. L’un d’eux a le privilège d’offrir le sacrifice solennel sur l’autel papal qui recouvre les ossements sacrés de l’Apôtre, privilège accordé par Benoît XIV, parce que l’abbé de Saint-Paul, depuis plusieurs siècles déjà, jouissait du même honneur le jour de la fête de la conversion de l’Apôtre le 25 janvier.

Du 29 juin : La Messe.

La messe du 29 juin sur le tombeau de saint Paul est presque identique à celle que nous avons déjà donnée le 25 janvier. Les différences sont peu nombreuses, et nous les noterons.

La première collecte est la même, sauf que, au lieu de parler de sa conversion, on parle de son dies natalis : cuius Natalitia colimus. Cette prière spéciale à saint Paul, que nous trouvons aujourd’hui pour la première fois dans le Gélasien, remplace une collecte plus ancienne, commune aux deux apôtres, et qui nous est rapportée par le Léonien. La voici :

Item ad sanctum Paulum.

Apostolico, Domine, quæsumus, beatorum Petri et Pauli patrocinio nos tuere, et eosdem quorum tribuisti solemnia celebrare, securos fac nostros semper esse custodes [107].

Dans notre missel actuel, la première lecture est celle que le Comes de Würzbourg assigne, comme nous l’avons dit, à la messe vigiliale (Gal. I, 11-20). Paul, pour défendre devant les Galates l’authenticité de son apostolat, narre sa propre histoire et démontre que, n’ayant jamais été à l’école d’aucun apôtre et ayant reçu directement de Dieu la révélation évangélique, il était apôtre à l’égal des Douze, et choisi par celui-là même qui avait élu les Douze. Il n’est donc pas admissible, comme le prétendaient ceux des Galates qui étaient judaïsants, qu’il y ait quelque divergence ou rivalité entre Paul et les apôtres. Identique est leur esprit, identique leur mission. Paul, quelques années auparavant, s’est même rendu à Jérusalem, et s’est entretenu quinze jours durant avec le Chef visible de l’Église, comme pour soumettre publiquement son enseignement à son contrôle.

Remarquons ces paroles : Cum autem placuit... ut revelaret Filium suum in me, ut evangelizarem illum in gentibus. La grâce, avant de pousser Paul à prêcher le Christ, le transforme lui-même dans le Christ, et ainsi révèle celui-ci au monde d’abord dans la vie, puis dans les paroles de l’apôtre.

Selon le Comes que nous avons déjà cité, in Nat. S. Pauli la lecture était la même que le 25 janvier ; son sujet était la conversion du Docteur des Nations sur le chemin de Damas.

Le répons-graduel est aussi le même que le 25 janvier. Le verset alléluiatique est le suivant : « Paul, Apôtre saint, prédicateur de vérité et Docteur des gentils, intercédez pour nous ».

Pourquoi Paul, tout en n’appartenant pas au chœur des Douze, a-t-il mérité d’être préféré aux autres, et même de partager avec Pierre le titre de Prince des Apôtres ? Saint Léon le Grand répond que ce privilège est dû à l’élection divine. Le Seigneur a voulu que Paul fût le trophée le plus insigne de sa miséricorde ; le persécuteur devait devenir l’Apôtre par excellence, et celui qui, au commencement, avait nui plus que les autres aux débuts de l’Église, devait travailler plus que tous les autres apôtres à la diffusion du saint Évangile : Abundantius illis laboravi. Le Seigneur en a donc ainsi disposé : tandis que nous ne savons que peu de choses des faits et gestes des Douze, les Actes et les Épîtres nous documentent suffisamment sur la vie de saint Paul, car elle constitue à elle seule la règle et le modèle de toute vie vraiment pastorale et apostolique.

Et ce n’est pas le seul privilège dont Dieu ait honoré son grand « Ouvrier ». Comme Pierre vit et gouverne dans ses successeurs, ainsi Paul continue chaque jour dans le monde entier sa prédication au moyen de ses écrits que l’Église lit presque quotidiennement à la messe.

Après sa mort, Paul a joui encore d’autres privilèges. Le culte de sa splendide basilique sépulcrale est confié depuis plus de quatorze siècles aux disciples du patriarche du Mont-Cassin, qui, jour et nuit, la font retentir des chants de l’Office divin, exécuté avec toute cette splendeur si pieuse dont les Bénédictins ont conservé la tradition. Les soixante abbayes qui autrefois desservaient les Basiliques romaines ont presque toutes disparu, celle de la voie d’Ostie survit encore vigoureuse, elle que, par égard pour saint Paul, les pontifes nomment sans plus, dans leurs Bulles : sacratissimum monasterium in quo tuum Venerabile Corpus celebri memoria requiescit. En ce lieu sacré les moines, guidés par la Règle de Saint Benoît, continuent dans la pauvreté évangélique, dans l’obéissance et dans la chasteté, cette vie religieuse qui, ayant été inaugurée par les saints apôtres, fut appelée, durant le haut moyen âge, apostolique. Et, très à propos, la divine Providence ouvrit, à l’ombre de la Basilique de Saint-Paul, une dominici schola servitii, comme saint Benoît appelle son monastère, pour que, à la garde du tombeau du Docteur universel — les cubilares de saint Léon — fût député, non pas un autre ordre religieux avec ses traditions ascétiques, ses saints, ses systèmes doctrinaux, ses objectifs particuliers, quelque vénérables et saints qu’ils soient, mais l’Ordre bénédictin qui, au dire de saint Bernard, existant avant tous les autres, et étant né à l’époque patristique, vit purement et simplement de la vie catholique de l’Église et, sans particularismes doctrinaux, prêche et enseigne avec elle, par l’intermédiaire de ses Docteurs, Grégoire le Grand, Bédé le Vénérable, saint Pierre Damien, saint Anselme, saint Bernard, etc., nourrissant sa piété aux sources mêmes de la piété de l’Église, grâce à la sainte liturgie.

La lecture évangélique est commune à la fête de l’ancien compagnon de Paul dans l’apostolat, saint Barnabé, le 11 juin. Cependant le Lectionnaire de Würzbourg assigne à cette seconde station dans la basilique Ostienne la même péricope évangélique que nous avons déjà rapportée le 25 janvier.

Tout le reste de la messe, dans le Missel actuel, est commun à fête de la Conversion de saint Paul. Dans le Léonien, la collecte sur les oblations est au contraire la suivante : Munera supplices, Domine, tuis altaribus adhibemus, quantum de nostro merita formidantes, tantum beati Petri et Pauli, pro quorum solemnibus offeruntur, intercessionibus confisi [108]. — Toujours les deux apôtres apparaissent ensemble, même pour la station (natalis) sur la voie d’Ostie.

La préface est la même que celle rapportée ci-dessus.

Dans le Léonien manque une prière spéciale pour l’action de grâces. Dans le Grégorien, nous trouvons celle-ci, qui d’ailleurs est importante, parce que, conformément à l’antique tradition, elle aussi se rapporte non seulement à Paul, comme dans le Missel actuel, mais aux deux apôtres : Perceptis, Domine, Sacramentis, beatis Apostolis intervenientibus deprecamur, ut quæ pro illorum celebrata sunt gloria, nobis proficiant ad medelam [109].

Nous empruntons au Sacramentaire Léonien cette autre collecte encore toute vibrante du style et du génie du grand saint Léon : Omnipotens, sempiterne Deus, qui ineffabili sacramento ius Apostolici principatus in Romani nominis arce posuisti, unde se Evangelica veritas per tota mundi regna diffunderet ; præsta ut quod in orbem terrarum Eorum prædicatione manavit, Christianæ devotionis sequatur universitas [110].

[107] Protégez-nous, Seigneur, nous vous en prions, par le patronage appostolique des bienheureux Pierre et Paul, et que ceux dont vous nous donnez de célébrer les solennités soient toujours nos gardiens.

[108] Nous apportons les dons sur vos autels, Seigneur, et autant nous craignons pour nos mérites, autant nous nous confions aux intercessions des bienheureux Pierre et Paul en les solennités desquels ils sont offerts.

[109] Après avoir reçu les Sacrements, Seigneur, nous prions par l’intercession des bienheureux Apôtres, pour que ce qui est célébré pour leur gloire devienne pour nous un remède.

[110] Dieu éternel et tout puissant, vous avez posé par un ineffable sacrement le droit du pouvoir apostolique dans la citadelle du nom Romain, afin qu’elle répande dans tous les royaumes du monde la vérité évangélique ; faites que ce qui fut répandu sur toute la terre par leur prédication, entraîne l’universalité de la foi chrétienne.


Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce ne fut pas vaine en moi.

Nous pouvons résumer dans cette phrase toute la vie de ce grand homme. Nous voyons dans sa vie la primauté de la grâce et aussi la coopération de la volonté humaine. Dieu l’a appelé sans aucun mérite de sa part. Paul a répondu à l’appel et a consacré à sa vocation toutes ses forces humaines. La fête d’aujourd’hui est le cantique des cantiques de la grâce.

1. Saint Paul. — Les amis de la liturgie devraient connaître et étudier les écrits du grand Apôtre. Paul, appelé avant sa conversion Saul (Paul est son nom romanisé), naquit à Tarse, dans la province romaine de Cilicie (environ deux ou trois ans avant la naissance de Jésus). Ses parents étaient Juifs, de la tribu de Benjamin. Il fut élevé dans la doctrine étroite du parti à la fois religieux et national des Pharisiens. Il possédait le privilège appréciable d’être citoyen romain. Ce privilège lui fut plusieurs fois utile. Jeune homme, il se rendit à Jérusalem pour s’instruire afin de devenir docteur de la Loi. Son maître fut le célèbre Gamaliel. Il apprit le métier de fabricant de tentes qu’il exerça même devenu Apôtre. Au temps du ministère public de Jésus, il n’était plus à Jérusalem. Il n’a jamais vu Seigneur durant sa vie mortelle. A son retour à Jérusalem, il trouva une communauté chrétienne florissante. Il en fut immédiatement l’adversaire. Et même lorsqu’Étienne attaqua la Loi et le temple, il joua un rôle de premier plan dans sa lapidation. Désormais cet homme passionné fut le chef des persécuteurs des chrétiens. Le point culminant de sa rage persécutrice fut l’expédition de Damas qui amène sa conversion (vers 34 après J.-C.) (v. Conversion de saint Paul, 25 janvier). Après son baptême et ses premiers essais de prédication, il se rendit dans le désert d’Arabie (environ 34-37) où il se prépara à sa grande mission. Pendant ce temps il fut favorisé de grandes révélations et de relations intimes avec le Christ. De retour à Damas, il s’adonna à la Prédication. Les Juifs complotèrent sa mort et il n’échappa à leurs projets que par la fuite. Il se rendit alors à Jérusalem (1er voyage) « pour voir Pierre ». Barnabé l’introduisit dans la communauté chrétienne. La haine des Juifs l’obligea bientôt à fuir. Il passa les années suivantes (38-42) à Tarse. C’est là que Barnabé alla le chercher pour l’amener dans l’Église des Gentils nouvellement fondée à Antioche (42). Ils y travaillèrent tous les deux pendant un an à l’évangélisation des âmes. En 44, Paul fit son deuxième voyage à Jérusalem pour y porter les aumônes destinées à la communauté nécessiteuse. Après son retour, il entreprit avec Barnabé le premier voyage missionnaire (45-48) Ils passèrent par Chypre et la Pamphylie (Asie Mineure) (Act. Ap., chap. 13-14). Le concile des Apôtres appelle Paul pour la troisième fois à Jérusalem (50). Affermi par les décisions du Concile, il reprend avec un nouveau zèle la mission chez les païens. Il commence son 2e voyage (51-53). Il passe par l’Asie Mineure, puis ensuite se rend en Europe : Philippes, Thessalonique (sa communauté préférée), Bérée, Athènes et Corinthe. A Corinthe, il reste près de deux ans et fonde une de ses communautés les plus importantes. En 54, il est pour la quatrième fois à Jérusalem. Son troisième voyage missionnaire le mena à Éphèse où il travailla avec succès pendant trois ans. Après avoir visité les communautés européennes, il se rendit pour la cinquième fois à Jérusalem (Pentecôte 58). Il y fut arrêté et accusé par les Juifs de violation de la Loi. Il demeura deux ans en prison préventive, à Césarée. Finalement, pour éviter d’être livré aux Juifs, il en appela à l’empereur et, en 60, il s’embarqua pour Rome. Après un naufrage à Malte, il arriva finalement à Rome au printemps de 61. Il y resta jusqu’en 63, dans une captivité assez douce, demeurant dans une maison de louage. Son appel à l’empereur se termina par un acquittement. Les dernières années de sa vie sont occupées par des voyages missionnaires en Espagne et dans ses premières communautés. En 66, il vient une seconde fois à Rome. Il y est arrêté et, en 67, il y subit le martyre par l’épée. Ses 14 Épîtres sont pour nous un legs précieux. Elles nous permettent de pénétrer dans les secrets de sa grande âme. Il est vraiment « grand dans le royaume du ciel ».

2. La messe (Scio cui crédidi). — Aujourd’hui nous nous rendons en esprit dans l’église où se trouve le tombeau du grand Apôtre des Gentils, à « Saint-Paul hors les murs ». Cette église magnifique nous réunit souvent au cours de l’année pour un office de station. Plusieurs générations de chrétiens ont reçu près de ce tombeau grâce et force. — Comme toujours, nous comprendrons mieux la messe si nous nous représentons saint Paul présent devant nous et offrant avec nous le Saint-Sacrifice. En même temps nous entrons dans une union mystique avec lui. Sa parole devient notre parole. Déjà dans l’Introït c’est lui qui parle et chacun de nous avec lui. « J’ai confiance en celui qui garde mon dépôt pour ce jour-là ». Le psaume 138 me donne la joyeuse espérance que j’ai été choisi de toute éternité avec saint Paul. Dans l’Épître, Paul raconte lui-même sa vocation à l’apostolat. Après avoir été un persécuteur des chrétiens, il fut choisi pour être un disciple et le docteur des nations. Dans l’Évangile, le Seigneur prédit aux disciples les persécutions, les flagellations, la trahison de la part de leurs concitoyens, et le martyre. Et cela se réalisa dans la vie de Paul (nous nous trouvons auprès de son tombeau). A l’Offertoire, nous allons, sous la conduite de saint Paul, offrir à l’autel le sacrifice de notre vie ; et nous recevons avec lui une partie de la récompense au centuple dans la communion. Il nous est donc permis, à la messe, près du tombeau de l’Apôtre, de participer à ses souffrances et à sa glorification. Tel est, croyons-nous, le sens le plus profond d’une fête, de martyr et, en général, d’une fête de saint : nous participons aux mérites et à la récompense du martyr ou du saint.



St. Paul

St. Paul, the indefatigable Apostle of the Gentiles, was converted from Judaism on the road to Damascus. He remained some days in Damascus after his Baptism, and then went to Arabia, possibly for a year or two to prepare himself for his future missionary activity. Having returned to Damascus, he stayed there for a time, preaching in the synagogues that Jesus is the Christ, the Son of God. For this he incurred the hatred of the Jews and had to flee from the city. He then went to Jerusalem to see Peter and pay his homage to the head of the Church.

Later he went back to his native Tarsus, where he began to evangelize his own province until called by Barnabus to Antioch. After one year, on the occasion of a famine, both Barnabus and Paul were sent with alms to the poor Christian community at Jerusalem. Having fulfilled their mission they returned to Antioch.

Soon after this, Paul and Barnabus made the first missionary journey, visiting the island of Cypress, then Pamphylia, Pisidia, and Lycaonia, all in Asia Minor, and establishing churches at Pisidian Antioch, Iconium, Lystra, and Derbe.

After the Apostolic Council of Jerusalem Paul, accompanied by Silas and later also by Timothy and Luke, made his second missionary journey, first revisiting the churches previously established by him in Asia Minor, and then passing through Galatia. At Troas a vision of a Macedonian was had by Paul, which impressed him as a call from God to evangelize in Macedonia. He accordingly sailed for Europe, and preached the Gospel in Philippi. Thessalonica, Beroea, Athens, and Corinth. Then he returned to Antioch by way of Ephesus and Jerusalem.

On his third missionary journey, Paul visited nearly the same regions as on the second trip, but made Ephesus where he remained nearly three years, the center of his missionary activity. He laid plans also for another missionary journey, intending to leave Jerusalem for Rome and Spain. Persecutions by the Jews hindered him from accomplishing his purpose. After two years of imprisonment at Caesarea he finally reached Rome, where he was kept another two years in chains.

The Acts of the Apostles gives us no further information on the life of the Apostle. We gather, however, from the Pastoral Epistles and from tradition that at the end of the two years St. Paul was released from his Roman imprisonment, and then traveled to Spain, later to the East again, and then back to Rome, where he was imprisoned a second time and in the year 67, was beheaded.

St. Paul untiring interest in and paternal affection for the churches established by him have given us fourteen canonical Epistles. It is, however, quite certain that he wrote other letters which are no longer extant. In his Epistles, St. Paul shows himself to be a profound religious thinker and he has had an enduring formative influence in the development of Christianity. The centuries only make more apparent his greatness of mind and spirit. His feast day is June 29th.

SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/saint-paul-2/


Statue de Saint-Paul à Bab Kissan, Damas, Syrie

St. Paul

Preliminary questions

Apocryphal Acts of St. Paul

Professor Schmidt has published a photographic copy, a transcription, a German translation, and a commentary of a Coptic papyrus composed of about 2000 fragments, which he has classified, juxtaposed, and deciphered at a cost of infinite labour ("Acta Pauli aus der Heidelberger koptischen Papyrushandschrift Nr. 1", Leipzig, 1904, and "Zusatze" etc., Leipzig, 1905). Most critics, whether Catholic (Duchesne, Bardenhewer, Ehrhard etc.), orProtestant (Zahn, Harnack, Corssen etc.), believe that these are real "Acta Pauli", although the text edited by Schmidt, with its very numerous gaps, represents but a small portion of the original work. This discovery modified the generally accepted ideas concerning the origin, contents, and value of these apocryphal Acts, and warrants the conclusion that three ancient compositions which have reached us formed an integral part of the "Acta Pauli" viz. the "Acta Pauli et Theclae", of which the best edition is that of Lipsius, ("Acta Apostolorum apocrypha", Leipzig, 1891, 235-72), a "Martyrium Pauli" preserved in Greek and a fragment of which also exists in Latin (op. cit., 104-17), and a letter from the Corinthians to Paul with the latter's reply, the Armenian text of which was preserved (cf. Zahn, "Gesch. des neutest. Kanons", II, 592-611), and the Latin discovered by Berger in 1891 (d. Harnack, "Die apokryphen Briefe des Paulus an die Laodicener und Korinther", Bonn, 1905). With great sagacity Zahn anticipated this result with regard to the last two documents, and the manner in which St. Jerome speaks of the periodoi Pauli et Theclae (Illustrious Men 7) might have permitted the same surmise with regard to the first.

Another consequence of Schmidt's discovery is no less interesting. Lipsius maintained — and this was hitherto the common opinion — that besides the Catholic "Acts" there formerly existed Gnostic "Acts of Paul", but now everything tends to prove that the latter never existed. In fact Origen quotes the "Acta Pauli" twice as an estimable writing (Commentary on John XX.12; De Principiis II.1.3); Eusebius (Church History III.3.5 andIII.25.4) places them among the books in dispute, such as the "Shepherd" of Hermas, the "Apocalypse of Peter", the "Epistle of Barnabas", and the "Teaching of the Apostles". The stichometry of the "Codex Claromontanus" (photograph in Vigouroux, "Dict. de la Bible", II, 147) places them after the canonical books. Tertullian and St. Jerome, while pointing out the legendary character of this writing, do not attack its orthodoxy. The precise purpose of St. Paul's correspondence with the Corinthians which formed part of the "Acts", was to oppose theGnostics, Simon and Cleobius. But there is no reason to admit the existence of heretical "Acts" which have since been hopelessly lost, for all the details given by ancient authors are verified in the "Acts" which have been recovered or tally well with them.

The following is the explanation of the confusion: The Manicheans and Priscillianists had circulated a collection of five apocryphal "Acts", four of which were tainted with heresy, and the fifth were the "Acts of Paul". The "Acta Pauli", owing to this unfortunate association, are suspected of heterodoxy by the more recent authors such asPhilastrius (De haeres., 88) and Photius (Cod., 114). Tertullian (On Baptism 17) and St. Jerome (Illustrious Men7) denounce the fabulous character of the apocryphal "Acts" of Paul, and this severe judgment is amply confirmed by the examination of the fragments published by Schmidt. It is a purely imaginative work in which improbability vies with absurdity. The author, who was acquainted with the canonical Acts of the Apostles, locates the scene in the places really visited by St. Paul (Antioch, Iconium, Myra, Perge, Sidon, Tyre, Ephesus, Corinth,Philippi, Rome), but for the rest he gives his fancy free rein. His chronology is absolutely impossible. Of the sixty-five persons he names, very few are known and the part played by these is irreconcilable with the statements of the canonical "Acts". Briefly, if the canonical "Acts" are true the apocryphal "Acts" are false. This, however, does not imply that none of the details have historical foundation, but they must be confirmed by an independent authority.

If we admit according to the almost unanimous opinion of exegetes that Acts 15 and Galatians 2:1-10, relate to the same fact it will be seen that an interval of seventeen years — or at least sixteen, counting incomplete years as accomplished — elapsed between the conversion of Paul and the Apostolic council, for Paul visited Jerusalemthree years after his conversion (Galatians 1:18) and returned after fourteen years for the meeting held with regard to legal observances (Galatians 2:1: "Epeita dia dekatessaron eton"). It is true that some authors include the three years prior to the first visit in the total of fourteen, but this explanation seems forced. On the other hand, twelve or thirteen years elapsed between the Apostolic council and the end of the captivity, for the captivity lasted nearly five years (more than two years at Caesarea, Acts 24:27, six months travelling, including the sojourn at Malta, and two years at Rome, Acts 28:30); the third mission lasted not less than four years and a half (three of which were spent at Ephesus, Acts 20:31, and one between the departure from Ephesus and the arrival at Jerusalem, 1 Corinthians 16:8; Acts 20:16, and six months at the very least for the journey to Galatia, Acts 18:23); while the second mission lasted not less than three years (eighteen months for Corinth, Acts 18:11, and the remainder for the evangelization of Galatia, Macedonia, and Athens, Acts 15:36-17:34). Thus from theconversion to the end of the first captivity we have a total of about twenty-nine years.


Now if we could find a fixed point that is a synchronism between a fact in the life of Paul and a certainly datedevent in profane history, it would be easy to reconstruct the Pauline chronology. Unfortunately this much wished-for mark has not yet been indicated with certainty, despite the numerous attempts made by scholars, especially in recent times. It is of interest to note even the abortive attempts, because the discovery of an inscription or of acoin may any day transform an approximate date into an absolutely fixed point. These are
All these events, as far as they may be assigned approximate dates, agree with the Apostle's general chronologybut give no precise results. Three synchronisms, however, appear to afford a firmer basis:

(1) The occupation of Damascus by the ethnarch of King Aretas and the escape of the Apostle three years after his conversion (2 Corinthians 11:32-33; Acts 9:23-26). — Damascene coins bearing the effigy of Tiberius to the year 34 are extant, proving that at that time the city belonged to the Romans. It is impossible to assume that Aretas had received it as a gift from Tiberius, for the latter, especially in his last years, was hostile to the King of the Nabataeans whom Vitellius, Governor of Syria, was ordered to attack (Joseph., "Ant.", XVIII, v, 13); neither could Aretas have possessed himself of it by force for, besides the unlikelihood of a direct aggression against the Romans, the expedition of Vitellius was at first directed not against Damascus but against Petra. It has therefore been somewhat plausibly conjectured that Caligula, subject as he was to such whims, had ceded it to him at the time of his accession (10 March, 37). As a matter of fact nothing is known of imperial coins of Damascus dating from either Caligula or Claudius. According to this hypothesis St. Paul's conversion was not prior to 34, nor his escape from Damascus and his first visit to Jerusalem, to 37.

(2) Death of Agrippa, famine in Judea, mission of Paul and Barnabas to Jerusalem to bring thither the alms from the Church of Antioch (Acts 11:27-12:25). — Agrippa died shortly after the Pasch (Acts 12:3, 12:19), when he was celebrating in Caesarea solemn festivals in honour of Claudius's recent return from Britain, in the third year of his reign, which had begun in 41 (Josephus, "Ant.", XIX, vii, 2). These combined facts bring us to the year 44, and it is precisely in this year that Orosius (Hist., vii, 6) places the great famine which desolated Judea. Josephusmentions it somewhat later, under the procurator Tiberius Alexander (about 46), but it is well known that the whole of Claudius's reign was characterized by poor harvests (Suet., "Claudius", 18) and a general famine was usually preceded by a more or less prolonged period of scarcity. It is also possible that the relief sent in anticipation of the famine foretold by Agabus (Acts 11:28-29) preceded the appearance of the scourge or coincided with the first symptoms of want. On the other hand, the synchronism between the death of Herod and the mission of Paul can only be approximate, for although the two facts are closely connected in the Acts, the account of the death of Agrippa may be a mere episode intended to shed light on the situation of the Church ofJerusalem about the time of the arrival of the delegates from Antioch. In any case, 45 seems to be the most satisfactory date.

(3) Replacing of Felix by Festus two years after the arrest to Paul (Acts 24:27). — Until recently chronologists commonly fixed this important event, in the year 60-61. Harnack, O. Holtzmann, and McGiffert suggest advancing it four or five years for the following reasons:

(1) In his "Chronicon", Eusebius places the arrival of Festus in the second year of Nero (October, 55-October, 56, or if, as is asserted, Eusebius makes the reigns of the emperors begin with the September after their accession, September, 56-September, 57). But it must be borne in mind that the chroniclers being always obliged to give definite dates, were likely to guess at them, and it may be that Eusebius for lack of definite information divided into two equal parts the entire duration of the government of Felix and Festus.

(2) Josephus states (Ant., XX, viii, 9) that Felix having been recalled to Rome and accused by the Jews to Nero, owed his safety only to his brother Pallas who was then high in favour. But according to Tacitus (Annal., XIII, xiv-xv), Pallas was dismissed shortly before Britannicus celebrated his fourteenth anniversary, that is, in January, 55. These two statements are irreconcilable; for if Pallas was dismissed three months after Nero's accession (13 October, 54) he could not have been at the summit of his power when his brother Felix, recalled from Palestine at the command of Nero about the time of Pentecost, arrived at Rome. Possibly Pallas, who after his dismissal retained his wealth and a portion of his influence, since he stipulated that his administration should not be subjected to an investigation, was able to be of assistance to his brother until 62 when Nero, to obtain possession of his goods, Nero had him poisoned.

The advocates of a later date bring forward the following reasons:

(1) Two years before the recall of Felix, Paul reminded him that he had been for many years judge over theJewish nation (Acts 24:10-27). This can scarcely mean less than six or seven years, and as, according toJosephus who agrees with Tacitus, Felix was named procurator of Judea in 52, the beginning of the captivity would fall in 58 or 59. It is true that the argument loses its strength if it be admitted with several critics that Felix before being procurator had held a subordinate position in Palestine.

(2) Josephus (Ant., XX, viii, 5-8) places under Nero everything that pertains to the government of Felix, and although this long series of events does not necessarily require many years it is evident that Josephus regarded the government of Felix as coinciding for the most part with the reign of Nero, which began on 13 October, 54.

In fixing as follows the chief dates in the life of Paul all certain or probable data seem to be satisfactorily taken into account: Conversion, 35; first visit to Jerusalem, 37; sojourn at Tarsus, 37-43; apostolate at Antioch, 43-44; second visit to Jerusalem, 44 or 45; first mission, 45-49; third visit to Jerusalem, 49 or 50; second mission, 50-53; (1 and 2 Thessalonians), 52; fourth visit to Jerusalem, 53; third mission, 53-57; (1 and 2 Corinthians;Galatians), 56; (Romans), 57; fifth visit to Jerusalem, arrest, 57; arrival of Festus, departure for Rome, 59; captivity at Rome, 60-62; (Philemon; Colossians; Ephesians; Philippians), 61; second period of activity, 62-66; (1 Timothy; Titus), second arrest, 66; (2 Timothy), martyrdom, 67. (See Turner, "Chronology of the New Testament" in Hastings, "Dict. of the Bible" Hönicke, "Die Chronologie des Lebens des Ap. Paulus", Leipzig, 1903. 


Saint Paul de Tarse, Place Saint-Pierre, Cité du Vatican

Life and work of Paul

From St. Paul himself we know that he was born at Tarsus in Cilicia (Acts 21:39), of a father who was a Roman citizen (Acts 22:26-28; cf. 16:37), of a family in which piety was hereditary (2 Timothy 1:3) and which was much attached to Pharisaic traditions and observances (Philippians 3:5-6).

St. Jerome relates, on what ground is not known, that his parents were natives of Gischala, a small town ofGalilee and that they brought him to Tarsus when Gischala was captured by the Romans (Illustrious Men 5; "In epist. ad Phil.", 23). This last detail is certainly an anachronism, but the Galilean origin of the family is not at all improbable.

As he belonged to the tribe of Benjamin he was given at the time of his circumcision the name of Saul, which must have been common in that tribe in memory of the first king of the Jews (Philippians 3:5). As a Roman citizen he also bore the Latin name of Paul. It was quite usual for the Jews of that time to have two names, oneHebrew, the other Latin or Greek, between which there was often a certain assonance and which were joined together exactly in the manner made use of by St. Luke (Acts 13:9: Saulos ho kai Paulos). See on this point Deissmann, "Bible Studies" (Edinburgh, 1903, 313-17.) It was natural that in inaugurating his apostolate among the Gentiles Paul should have adopted his Roman name, especially as the name Saul had a ludicrous meaning in Greek.

As every respectable Jew had to teach his son a trade, young Saul learned how to make tents (Acts 18:3) or rather to make the mohair of which tents were made (cf. Lewin, "Life of St. Paul", I, London, 1874, 8-9). He was still very young when sent to Jerusalem to receive his education at the school of Gamaliel (Acts 22:3). Possibly some of his family resided in the holy city; later there is mention of the presence of one of his sisters whose son saved his life (Acts 23:16).

From that time it is absolutely impossible to follow him until he takes an active part in the martyrdom of St. Stephen (Acts 7:58-60; 22:20). He was then qualified as a young man (neanias), but this was very elastic appellation and might be applied to a man between twenty and forty.

Conversion and early labours

We read in the Acts of the Apostles three accounts of the conversion of St. Paul (9:1-19; 22:3-21; 26:9-23) presenting some slight differences, which it is not difficult to harmonize and which do not affect the basis of the narrative, which is perfectly identical in substance. See J. Massie, "The Conversion of St. Paul" in "The Expositor", 3rd series, X, 1889, 241-62. Sabatier, agreeing with most independent critics, has well said (L'Apotre Paul, 1896, 42):

These differences cannot in any way alter the reality of the fact; their bearing on the narrative is extremely remote; they do not deal even with the circumstances accompanying the miracle but with the subjective impressions which the companions of St. Paul received of these circumstances. . . . To base a denial of the historical character of the account upon these differences would seem therefore aviolent and arbitrary proceeding.

All efforts hitherto made to explain without a miracle the apparition of Jesus to Paul have failed. Naturalisticexplanations are reduced to two: either Paul believed that he really saw Christ, but was the victim of an hallucination, or he believed that he saw Him only through a spiritual vision, which tradition, recorded in the Acts of the Apostles, later erroneously materialized. Renan explained everything by hallucination due to disease brought on by a combination of moral causes such as doubt, remorse, fear, and of physical causes such as ophthalmia, fatigue, fever, the sudden transition from the torrid desert to the fresh gardens of Damascus, perhaps a sudden storm accompanied by lightning and thunder. All this combined, according to Renan's theory, to produce a cerebral commotion, a passing delirium which Paul took in good faith for an apparition of the risenChrist.

The other partisans of a natural explanation while avoiding the word hallucination, eventually fall back on the system of Renan which they merely endeavour to render a little less complicated. Thus Holsten, for whom thevision of Christ is only the conclusion of a series of syllogisms by which Paul persuaded himself that Christ was truly risen. So also Pfleiderer, who however, causes the imagination to play a more influential part:

An excitable, nervous temperament; a soul that had been violently agitated and torn by the most terrible doubts; a most vivid phantasy, occupied with the awful scenes of persecution on the one hand and on the other by the ideal image of the celestial Christ; in addition the nearness of Damascus with the urgency of a decision, the lonely stillness, the scorching and blinding heat of the desert — in fact everything combined to produce one of those ecstatic states in which the soul believes that it sees those images and conceptions which violently agitate it as if they were phenomena proceeding from the outward world (Lectures on the influence of the Apostle Paul on the development of Christianity, 1897, 43).
We have quoted Pfleiderer's words at length because his "psychological" explanation is considered the best ever devised. It will readily be seen that it is insufficient and as much opposed to the account in the Acts as to the express testimony of St. Paul himself.
All explanations, psychological or otherwise, are worthless in face of these definite assertions, for all suppose that it was Paul's faith in Christ which engendered the vision, whereas according to the concordant testimony of theActs and the Epistles it was the actual vision of Christ which engendered faith.

After his conversion, his baptism, and his miraculous cure Paul set about preaching to the Jews (Acts 9:19-20). He afterwards withdrew to Arabia — probably to the region south of Damascus (Galatians 1:17), doubtless less to preach than to meditate on the Scriptures. On his return to Damascus the intrigues of the Jews forced him to flee by night (2 Corinthians 11:32-33; Acts 9:23-25). He went to Jerusalem to see Peter (Galatians 1:18), but remained only fifteen days, for the snares of the Greeks threatened his life. He then left for Tarsus and is lost to sight for five or six years (Acts 9:29-30; Galatians 1:21). Barnabas went in search of him and brought him toAntioch where for a year they worked together and their apostolate was most fruitful (Acts 11:25-26). Together also they were sent to Jerusalem to carry alms to the brethren on the occasion of the famine predicted by Agabus(Acts 11:27-30). They do not seem to have found the Apostles there; these had been scattered by thepersecution of Herod.

Apostolic career of Paul

This period of twelve years (45-57) was the most active and fruitful of his life. It comprises three great Apostolicexpeditions of which Antioch was in each instance the starting-point and which invariably ended in a visit toJerusalem.

First mission (Acts 13:1-14:27)

Set apart by command of the Holy Ghost for the special evangelization of the Gentiles, Barnabas and Saul embark for Cyprus, preach in the synagogue of Salamina, cross the island from east to west doubtless following the southern coast, and reach Paphos, the residence of the proconsul Sergius Paulus, where a sudden change takes place. After the conversion of the Roman proconsul, Saul, suddenly become Paul, is invariably mentioned before Barnabas by St. Luke and manifestly assumes the leadership of the mission which Barnabas has hitherto directed.

The results of this change are soon evident. Paul, doubtless concluding that Cyprus, the natural dependency ofSyria and Cilicia, would embrace the faith of Christ when these two countries should be Christian, chose Asia Minor as the field of his apostolate and sailed for Perge in Pamphylia, eighty miles above the mouth of the Cestrus. It was then that John Mark, cousin of Barnabas, dismayed perhaps by the daring projects of the Apostle, abandoned the expedition and returned to Jerusalem, while Paul and Barnabas laboured alone among the rough mountains of Pisidia, which were infested by brigands and crossed by frightful precipices. Their destination was the Roman colony of Antioch, situated a seven day's journey from Perge. Here Paul spoke on the vocation ofIsrael and the providential sending of the Messias, a discourse which St. Luke reproduces in substance as an example of his preaching in the synagogues (Acts 13:16-41). The sojourn of the two missionaries in Antioch was long enough for the word of the Lord to be published throughout the whole country (Acts 13:49).

When by their intrigues the Jews had obtained against them a decree of banishment, they went to Iconium, three or four days distant, where they met with the same persecution from the Jews and the same eager welcome from the Gentiles. The hostility of the Jews forced them to take refuge in the Roman colony of Lystra, eighteen miles distant. Here the Jews from Antioch and Iconium laid snares for Paul and having stoned him left him for dead, but again he succeeded in escaping and this time sought refuge in Derbe, situated about forty miles away on the frontier of the Province of Galatia. Their circuit completed, the missionaries retraced their steps in order to visit their neophytes, ordained priests in each Church founded by them at such great cost, and thus reached Pergewhere they halted to preach the Gospel, perhaps while awaiting an opportunity to embark for Attalia, a port twelve miles distant. On their return to Antioch in Syria after an absence of at least three years, they were received with transports of joy and thanksgiving, for God had opened the door of faith to the Gentiles.

The problem of the status of the Gentiles in the Church now made itself felt with all its acuteness. Some Judeo-Christians coming down from Jerusalem claimed that the Gentiles must be submitted to circumcision and treated as the Jews treated proselytes. Against this Paul and Barnabas protested and it was decided that a meeting should be held at Jerusalem in order to solve the question. At this assembly Paul and Barnabas represented the community of Antioch. Peter pleaded the freedom of the Gentiles; James upheld him, at the same time demanding that the Gentiles should abstain from certain things which especially shocked the Jews.

It was decided, first, that the Gentiles were exempt from the Mosaic law. Secondly, that those of Syria and Cilicia must abstain from things sacrificed to idols, from blood, from things strangled, and from fornication. Thirdly, that this injunction was laid upon them, not in virtue of the Mosaic law, but in the name of the Holy Ghost. This meant the complete triumph of Paul's ideas.

The restriction imposed on the Gentile converts of Syria and Cilicia did not concern his Churches, and Titus, his companion, was not compelled to be circumcised, despite the loud protests of the Judaizers (Galatians 2:3-4). Here it is to be assumed that Galatians 2 and Acts 15 relate to the same fact, for the actors are the same, Paul and Barnabas on the one hand, Peter and James on the other; the discussion is the same, the question of thecircumcision of the Gentiles; the scenes are the same, Antioch and Jerusalem; the date is the same, about A.D. 50; and the result is the same, Paul's victory over the Judaizers.

However, the decision of Jerusalem did not do away with all difficulties. The question did not concern only theGentiles, and while exempting them from the Mosaic law, it was not declared that it would not have been countedmeritorious and more perfect for them to observe it, as the decree seemed to liken them to Jewish proselytes of the second class. Furthermore the Judeo-Christians, not having been included in the verdict, were still free to consider themselves bound to the observance of the law. This was the origin of the dispute which shortly afterwards arose at Antioch between Peter and Paul. The latter taught openly that the law was abolished for theJews themselves. Peter did not think otherwise, but he considered it wise to avoid giving offence to the Judaizersand to refrain from eating with the Gentiles who did not observe all the prescriptions of the law. As he thus morally influenced the Gentiles to live as the Jews did, Paul demonstrated to him that this dissimulation or opportuneness prepared the way for future misunderstandings and conflicts and even then had regrettable consequences. His manner of relating this incident leaves no room for doubt that Peter was persuaded by his arguments (Galatians 2:11-20).

Second mission (Acts 15:36-18:22)

The beginning of the second mission was marked by a rather sharp discussion concerning Mark, whom St. Paul this time refused to accept as travelling companion. Consequently Barnabas set out with Mark for Cyprus and Paul chose Silas or Silvanus, a Roman citizen like himself, and an influential member of the Church of Jerusalem, and sent by it to Antioch to deliver the decrees of the Apostolic council. The two missionaries first went fromAntioch to Tarsus, stopping on the way in order to promulgate the decisions of the Council of Jerusalem; then they went from Tarsus to Derbe, through the Cilician Gates, the defiles of Tarsus, and the plains of Lycaonia. The visitation of the Churches founded during his first mission passed without notable incidents except the choice ofTimothy, whom the Apostle while in Lystra persuaded to accompany him, and whom he caused to be circumcisedin order to facilitate his access to the Jews who were numerous in those places.

It was probably at Antioch of Pisidia, although the Acts do not mention that city, that the itinerary of the mission was altered by the intervention of the Holy Ghost. Paul thought to enter the Province of Asia by the valley of Meander which separated it by only three day's journey, but they passed through Phrygia and the country of Galatia, having been forbidden by the Holy Ghost to preach the word of God in Asia (Acts 16:6). These words (ten phrygian kai Galatiken choran) are variously interpreted, according as we take them to mean the Galatians of the north or of the south (see GALATIANS). Whatever the hypothesis, the missionaries had to travel northwards in that portion of Galatia properly so called of which Pessinonte was the capital, and the only question is as to whether or not they preached there. They did not intend to do so, but as is known the evangelization of the Galatians was due to an accident, namely the illness of Paul (Galatians 4:13); this fits very well for Galatians in the north. In any case the missionaries having reached the upper part of Mysia (kata Mysian), attempted to enter the rich Province of Bithynia, which lay before them, but the Holy Ghost prevented them (Acts 16:7). Therefore, passing through Mysia without stopping to preach (parelthontes) they reached Alexandria of Troas, where God's will was again made known to them in the vision of a Macedonian who called them to come and help his country (Acts 16:9-10).

Paul continued to follow on European soil the method of preaching he had employed from the beginning. As far as possible he concentrated his efforts in a metropolis from which the Faith would spread to cities of second rank and to the country districts. Wherever there was a synagogue he first took his stand there and preached to theJews and proselytes who would consent to listen to him. When the rupture with the Jews was irreparable, which always happened sooner or later, he founded a new Church with his neophytes as a nucleus. He remained in the same city until persecution, generally aroused by the intrigues of the Jews, forced him to retire. There were, however, variations of this plan. At Philippi, where there was no synagogue, the first preaching took place in the uncovered oratory called the proseuche, which the Gentiles made a reason for stirring up the persecution. Paul and Silas, charged with disturbing public order, were beaten with rods, imprisoned, and finally exiled. But atThessalonica and Berea, whither they successively repaired after leaving Philippi, things turned out almost as they had planned.

The apostolate of Athens was quite exceptional. Here there was no question of Jews or synagogue, Paul, contrary to his custom, was alone (1 Thessalonians 3:1), and he delivered before the areopagus a specially framed discourse, a synopsis of which has been preserved by Acts 17:23-31 as a specimen of its kind. He seems to have left the city of his own accord, without being forced to do so by persecution. The mission to Corinth on the other hand may be considered typical. Paul preached in the synagogue every Sabbath day, and when the violentopposition of the Jews denied him entrance there he withdrew to an adjoining house which was the property of aproselyte named Titus Justus. He carried on his apostolate in this manner for eighteen months, while the Jewsvainly stormed against him; he was able to withstand them owing to the impartial, if not actually favourable, attitude of the proconsul, Gallio. Finally he decided to go to Jerusalem in fulfillment of a vow made perhaps in a moment of danger. From Jerusalem, according to his custom, he returned to Antioch. The two Epistles to the Thessalonians were written during the early months of his sojourn at Corinth. For occasion, circumstances, andanalysis of these letters see THESSALONIANS.

Third mission (Acts 18:23-21:26)

Paul's destination in his third journey was obviously Ephesus. There Aquila and Priscilla were awaiting him, he had promised the Ephesians to return and evangelize them if it were the will of God (Acts 18:19-21), and the Holy Ghost no longer opposed his entry into Asia. Therefore, after a brief rest at Antioch he went through the countries of Galatia and Phrygia (Acts 18:23) and passing through "the upper regions" of Central Asia he reached Ephesus(19:1). His method remained the same. In order to earn his living and not be a burden to the faithful he toiled every day for many hours at making tents, but this did not prevent him from preaching the Gospel. As usual he began with the synagogue where he succeeded in remaining for three months. At the end of this time he taught every day in a classroom placed at his disposal by a certain Tyrannus "from the fifth hour to the tenth" (from eleven in the morning till four in the afternoon), according to the interesting addition of the "Codex Bezae" (Acts 19:9). This lasted two years, so that all the inhabitants of Asia, Jews and Greeks, heard the word of the Lord(Acts 19:20).

Naturally there were trials to be endured and obstacles to be overcome. Some of these obstacles arose from thejealousy of the Jews, who vainly endeavoured to imitate Paul's exorcisms, others from the superstition of thepagans, which was especially rife at Ephesus. So effectually did he triumph over it, however, that books ofsuperstition were burned to the value of 50,000 pieces of silver (each piece about a day's wage). This time thepersecution was due to the Gentiles and inspired by a motive of self-interest. The progress of Christianity having ruined the sale of the little facsimiles of the temple of Diana and statuettes of the goddess, which devout pilgrimshad been wont to purchase, a certain Demetrius, at the head of the guild of silversmiths, stirred up the crowd against Paul. The scene which then transpired in the theatre is described by St. Luke with memorable vividness and pathos (Acts 19:23-40). The Apostle had to yield to the storm. After a stay at Ephesus of two years and a half, perhaps more (Acts 20:31: trietian), he departed for Macedonia and thence for Corinth, where he spent the winter. It was his intention in the following spring to go by sea to Jerusalem, doubtless for the Pasch; but learning that the Jews had planned his destruction, he did not wish, by going to sea, to afford them an opportunity to attempt his life. Therefore he returned by way of Macedonia. Numerous disciples divided into two groups, accompanied him or awaited him at Troas. These were Sopater of Berea, Aristarchus and Secundus ofThessalonica, Gaius of Derbe, Timothy, Tychicus and Trophimus of Asia, and finally Luke, the historian of theActs, who gives us minutely all the stages of the voyage: Philippi, Troas, Assos, Mitylene, Chios, Samos, Miletus, Cos, Rhodes, Patara, Tyre, Ptolemais, Caesarea, Jerusalem.
Three more remarkable facts should be noted in passing. At Troas Paul resuscitated the young Eutychus, who had fallen from a third-story window while Paul was preaching late into the night. At Miletus he pronounced before the ancients of Ephesus the touching farewell discourse which drew many tears (Acts 20:18-38). At Caesarea theHoly Ghost by the mouth of Agabus, predicted his coming arrest, but did not dissuade him from going to Jerusalem.

St. Paul's four great Epistles were written during this third mission: the first to the Corinthians from Ephesus, about the time of the Pasch prior to his departure from that city; the second to the Corinthians from Macedonia, during the summer or autumn of the same year; that to the Romans from Corinth, in the following spring; thedate of the Epistle to the Galatians is disputed. On the many questions occasioned by the despatch and the language of these letters, or the situation assumed either on the side of the Apostle or his correspondents, seeEPISTLES TO THE CORINTHIANS; EPISTLE TO THE GALATIANS; EPISTLE TO THE ROMANS.

Captivity (Acts 21:27-28:31)

Falsely accused by the Jews of having brought Gentiles into the Temple, Paul was ill-treated by the populace and led in chains to the fortress Antonia by the tribune Lysias. The latter having learned that the Jews had conspired treacherously to slay the prisoner sent him under strong escort to Caesarea, which was the residence of theprocurator Felix. Paul had little difficulty in confounding his accusers, but as he refused to purchase his liberty. Felix kept him in chains for two years and even left him in prison in order to please the Jews, until the arrival of his successor, Festus. The new governor wished to send the prisoner to Jerusalem there to be tried in the presence of his accusers; but Paul, who was acquainted with the snares of his enemies, appealed to Caesar. Thenceforth his cause could be tried only at Rome. This first period of captivity is characterized by five discourses of the Apostle: The first was delivered in Hebrew on the steps of the Antonia before the threatening crowd; herein Paul relates his conversion and vocation to the Apostolate, but he was interrupted by the hostile shouts of the multitude (Acts 22:1-22). In the second, delivered the next day, before the Sanhedrin assembled at the command of Lysias, the Apostle skillfully embroiled the Pharisees with the Sadducees and no accusation could be brought. In the third, Paul, answering his accuser Tertullus in the presence of the Governor Felix, makes knownthe facts which had been distorted and proves his innocence (Acts 24:10-21). The fourth discourse is merely an explanatory summary of the Christian Faith delivered before Felix and his wife Drusilla (Acts 24:24-25). The fifth, pronounced before the Governor Festus, King Agrippa, and his wife Berenice, again relates the history of Paul'sconversion, and is left unfinished owing to the sarcastic interruptions of the governor and the embarrassed attitude of the king (Acts 26).

The journey of the captive Paul from Caesarea to Rome is described by St. Luke with an exactness and vividness of colours which leave nothing to be desired. For commentaries see Smith, "Voyage and Shipwreck of St. Paul" (1866); Ramsay, "St. Paul the Traveller and Roman Citizen" (London, 1908). The centurion Julius had shipped Paul and his fellow-prisoners on a merchant vessel on board which Luke and Aristarchus were able to take passage. As the season was advanced the voyage was slow and difficult. They skirted the coasts of Syria, Cilicia, and Pamphylia. At Myra in Lycia the prisoners were transferred to an Alexandrian vessel bound for Italy, but the winds being persistently contrary a place in Crete called Goodhavens was reached with great difficulty and Paul advised that they should spend the winter there, but his advice was not followed, and the vessel driven by the tempest drifted aimlessly for fourteen whole days, being finally wrecked on the coast of Malta. The three months during which navigation was considered most dangerous were spent there, but with the first days of spring all haste was made to resume the voyage. Paul must have reached Rome some time in March. "He remained two whole years in his own hired lodging . . . preaching the kingdom of God and teaching the things which concern the Lord Jesus Christ, with all confidence, without prohibition" (Acts 28:30-31). With these words the Acts of the Apostles conclude.

There is no doubt that Paul's trial terminated in a sentence of acquittal, for

Last years

This period is wrapped in deep obscurity for, lacking the account of the Acts, we have no guide save an often uncertain tradition and the brief references of the Pastoral epistles. Paul had long cherished the desire to go toSpain (Romans 15:24, 28) and there is no evidence that he was led to change his plan. When towards the end of his captivity he announces his coming to Philemon (22) and to the Philippians (2:23-24), he does not seem to regard this visit as immediate since he promises the Philippians to send them a messenger as soon as he learns the issue of his trial; he therefore plans another journey before his return to the East. Finally, not to mention the later testimony of St. Cyril of Jerusalem, St. Epiphanius, St. Jerome, St. Chrysostom, and Theodoret, the well-known text of St. Clement of Rome, the witness of the "Muratorian Canon", and of the "Acta Pauli" render probable Paul's journey to Spain. In any case he can not have remained there long, for he was in haste to revisit his Churches in the East. He may have returned from Spain through southern Gaul if it was thither, as someFathers have thought, and not to Galatia, that Crescens was sent later (2 Timothy 4:10). We may readily believethat he afterwards kept the promise made to his friend Philemon and that on this occasion he visited the churchesof the valley of Lycus, Laodicea, Colossus, and Hierapolis.

The itinerary now becomes very uncertain, but the following facts seem indicated by the Pastorals: Paul remained in Crete exactly long enough to found there new churches, the care and organization of which he confided to his fellow-worker Titus (Titus 1:5). He then went to Ephesus, and besought Timothy, who was already there, to remain until his return while he proceeded to Macedonia (1 Timothy 1:3). On this occasion he paid his promised visit to the Philippians (Philippians 2:24), and naturally also saw the Thessalonians. The letter to Titus and theFirst Epistle to Timothy must date from this period; they seem to have been written about the same time and shortly after the departure from Ephesus. The question is whether they were sent from Macedonia or, which seems more probable, from Corinth. The Apostle instructs Titus to join him at Nicopolis of Epirus where he intends to spend the winter (Titus 3:12). In the following spring he must have carried out his plan to return toAsia (1 Timothy 3:14-15). Here occurred the obscure episode of his arrest, which probably took place at Troas; this would explain his having left with Carpus a cloak and books which he needed (2 Timothy 4:13). He was taken from there to Ephesus, capital of the Province of Asia, where he was deserted by all those on whom he thought he could rely (2 Timothy 1:15). Being sent to Rome for trial he left Trophimus sick at Miletus, and Erastus, another of his companions, remained at Corinth, for what reason is not clear (2 Timothy 4:20). When Paul wrote his Second Epistle to Timothy from Rome he felt that all human hope was lost (4:6); he begs his disciple to rejoin him as quickly as possible, for he is alone with Luke. We do not know if Timothy was able to reach Rome before the death of the Apostle.

Ancient tradition makes it possible to establish the following points:
  • Paul suffered martyrdom near Rome at a place called Aquae Salviae (now Tre Fontane), somewhat east of the Ostian Way, about two miles from the splendid Basilica of San Paolo fuori le mura which marks his burialplace.
  • The martyrdom took place towards the end of the reign of Nero, in the twelfth year (St. Epiphanius), the thirteenth (Euthalius), or the fourteenth (St. Jerome).
  • According to the most common opinion, Paul suffered in the same year and on the same day as Peter; several Latin Fathers contend that it was on the same day but not in the same year; the oldest witness, St. Dionysius the Corinthian, says only kata ton auton kairon, which may be translated "at the same time" or "about the same time".
  • From time immemorial the solemnity of the Apostles Peter and Paul has been celebrated on 29 June, which is the anniversary either of their death or of the translation of their relics.
Formerly the pope, after having pontificated in the Basilica of St. Peter, went with his attendants to that of St. Paul, but the distance between the two basilicas (about five miles) rendered the double ceremony too exhausting, especially at that season of the year. Thus arose the prevailing custom of transferring to the next day (30 June) the Commemoration of St. Paul. The feast of the Conversion of St. Paul (25 January) is of comparatively recent origin. There is reason for believing that the day was first observed to mark the translation of the relics of St. Paul at Rome, for so it appears in the Hieronymian Martyrology. It is unknown to the Greek Church (Dowden, "The Church Year and Kalendar", Cambridge, 1910, 69; cf. Duchesne, "Origines du culte chrétien", Paris, 1898, 265-72; McClure, "Christian Worship", London, 1903, 277-81).

Physical and moral portrait of St. Paul

We know from Eusebius (Church History VII.18) that even in his time there existed paintings representing Christand the Apostles Peter and Paul. Paul's features have been preserved in three ancient monuments:
  • A diptych which dates from not later than the fourth century (Lewin, "The Life and Epistles of St. Paul", 1874, frontispiece of Vol. I and Vol. II, 210).
  • A large medallion found in the cemetery of Domitilla, representing the Apostles Peter and Paul (Op. cit., II, 411).
  • A glass dish in the British Museum, depicting the same Apostles (Farrara, "Life and Work of St. Paul", 1891, 896).
We have also the concordant descriptions of the "Acta Pauli et Theclae", of Pseudo-Lucian in Philopatris, ofMalalas (Chronogr., x), and of Nicephorus (Hist. eccl., III, 37).
Paul was short of stature; the Pseudo-Chrysostom calls him "the man of three cubits" (anthropos tripechys); he was broad-shouldered, somewhat bald, with slightly aquiline nose, closely-knit eyebrows, thick, greyish beard, fair complexion, and a pleasing and affable manner. He was afflicted with a malady which is difficult to diagnose (cf. Menzies, "St. Paul's Infirmity" in the "Expository Times", July and Sept., 1904), but despite this painful and humiliating infirmity (2 Corinthians 12:7-9; Galatians 4:13-14) and although his bearing was not impressive (2 Corinthians 10:10), Paul must undoubtedly have been possessed of great physical strength to have sustained so long such superhuman labours (2 Corinthians 11:23-29). Pseudo-Chrysostom, "In princip. apostol. Petrum et Paulum" (in P.G., LIX, 494-95), considers that he died at the age of sixty-eight after having served the Lord for thirty-five years.


The moral portrait is more difficult to draw because it is full of contrasts. Its elements will be found: in Lewin, op. cit., II, xi, 410-35 (Paul's Person and Character); in Farrar, op. cit., Appendix, Excursus I; and especially inNewman, "Sermons preached on Various Occasions", vii, viii.


Theology of St. Paul

Paul and Christ

This question has passed through two distinct phases. According to the principal followers of the Tübingen School, the Apostle had but a vague knowledge of the life and teaching of the historical Christ and even disdained suchknowledge as inferior and useless. Their only support is the misinterpreted text: "Et si cognovimus secundum carnem Christum, sed nunc jam novimus" (2 Corinthians 5:16). The opposition noted in this text is not between the historical and the glorified Christ, but between the Messias such as the unbelieving Jews represented Him, such perhaps as he was preached by certain Judaizers, and the Messias as He manifested Himself in His death and Resurrection, as He had been confessed by the converted Paul. It is neither admissible nor probable that Paul would be uninterested in the life and preaching of Him, Whom he loved passionately, Whom he constantly held up for the imitation of his neophytes, and Whose spirit he boasted of having. It is incredible that he would not question on this subject eyewitnesses, such as Barnabas, Silas, or the future historians of Christ, Sts. Mark andLuke, with whom he was so long associated. Careful examination of this subject has brought out the three following conclusions concerning which there is now general agreement:
  • There are in St. Paul more allusions to the life and teachings of Christ than would be suspected at first sight, and the casual way in which they are made shows that the Apostle knew more on the subject than he had the occasion, or the wish to tell.
  • These allusions are more frequent in St. Paul than the Gospels.
  • From Apostolic times there existed a catechesis, treating among other things the life and teachings of Christ, and as all neophytes were supposed to possess a copy it was not necessary to refer thereto save occasionally and in passing.
The second phase of the question is closely connected with the first. The same theologians, who maintain that Paul was indifferent to the earthly life and teaching of Christ, deliberately exaggerate his originality and influence. According to them Paul was the creator of theology, the founder of the Church, the preacher of asceticism, the defender of the sacraments and of the ecclesiastical system, the opponent of the religion of love and liberty whichChrist came to announce to the world. If, to do him honour, he is called the second founder of Christianity, this must be a degenerate and altered Christianity since it was at least partially opposed to the primitive Christianity. Paul is thus made responsible for every antipathy to modern thought in traditional Christianity.

This is to a great extent the origin of the "Back to Christ" movement, the strange wanderings of which we are now witnessing. The chief reason for returning to Christ is to escape Paul, the originator of dogma, the theologianof the faith. The cry "Zuruck zu Jesu" which has resounded in Germany for thirty years, is inspired by the ulterior motive, "Los von Paulus". The problem is: Was Paul's relation to Christ that of a disciple to his master? or was he absolutely autodidactic, independent alike of the Gospel of Christ and the preaching of the Twelve? It must be admitted that most of the papers published shed little light on the subject. However, the discussions have not been useless, for they have shown that the most characteristic Pauline doctrines, such as justifying faith, theredeeming death of Christ, the universality of salvation, are in accord with the writings of the first Apostles, from which they were derived. Julicher in particular has pointed out that Paul's Christology, which is more exalted than that of his companions in the apostolate, was never the object of controversy, and that Paul was not conscious of being singular in this respect from the other heralds of the Gospel. Cf. Morgan, "Back to Christ" in "Dict. of Christ and the Gospels", I, 61-67; Sanday, "Paul", loc. cit., II, 886-92; Feine, "Jesus Christus und Paulus" (1902); Goguel, "L'apôtre Paul et Jésus-Christ" (Paris, 1904); Julicher, "Paulus und Jesus" (1907).

The root idea of St. Paul's theology

Several modern authors consider that theodicy is at the base, centre, and summit of Pauline theology. "Theapostle's doctrine is theocentric, not in reality anthropocentric. What is styled his 'metaphysics' holds for Paul the immediate and sovereign fact of the universe; God, as he conceives Him, is all in all to his reason and heart alike" (Findlay in Hastings, "Dict. of the Bible", III, 718). Stevens begins the exposition of his "Pauline Theology" with a chapter entitled "The doctrine of God". Sabatier (L'apotre Paul, 1896, 297) also considers that "the last word of Pauline theology is: "God all in all", and he makes the idea of God the crown of Paul's theological edifice. But these authors have not reflected that though the idea of God occupies so large a place in the teaching of theApostle, whose thought is deeply religious like that of all his compatriots, it is not characteristic of him, nor does it distinguish him from his companions in the apostolate nor even from contemporary Jews.

Many modern Protestant theologians, especially among the more or less faithful followers of the Tübingen School, maintain that Paul's doctrine is "anthropocentric", that it starts from his conception of man's inability to fulfill thelaw of God without the help of grace to such an extent that he is a slave of sin and must wage war against the flesh. But if this be the genesis of Paul's idea it is astonishing that he enunciates it only in one chapter (Romans 7), the sense of which is controverted, so that if this chapter had not been written, or it had been lost, we would have no means of recovering the key to his teaching. However, most modern theologians now agree that St. Paul's doctrine is Christocentric, that it is at base a soteriology, not from a subjective standpoint, according to the ancient prejudice of the founders of Protestantism who made justification by faith the quintessence of Paulinism, but from the objective standpoint, embracing in a wide synthesis the person and work of the Redeemer. This may be proved empirically by the statement that everything in St. Paul converges towards Jesus Christ, so much so, that abstracting from Jesus Christ it becomes, whether taken collectively or in detail, absolutely incomprehensible. This is proved also by demonstrating that what Paul calls his Gospel is the salvation of all menthrough Christ and in Christ. This is the standpoint of the following rapid analysis:

Humanity without Christ

The first three chapters of the Epistle to the Romans shows us human nature wholly under the dominion of sin. Neither Gentiles nor Jews had withstood the torrent of evil. The Mosaic Law was a futile barrier because it prescribed good without importing the strength to do it. The Apostle arrives at this mournful conclusion: "There is no distinction [between Jew and Gentile]; for all have sinned, and do need the glory of God" (Romans 3:22-23). He subsequently leads us back to the historical cause of this disorder: "By one man sin entered into this world, and by sin death; and so death passed upon all men, in whom all have sinned" (Romans 5:12). This man is obviously Adam, the sin which he brought into the world is not only his personal sin, but a predominating sinwhich entered into all men and left in them the seed of death: "All sinned when Adam sinned; all sinned in and with his sin" (Stevens, "Pauline Theology", 129).

It remains to be seen how original sin, which is our lot by natural generation, manifests itself outwardly and becomes the source of actual sins. This Paul teaches us in chapter 7, where describing the contest between theLaw assisted by reason and human nature weakened by the flesh and the tendency to evil, he represents natureas inevitably vanquished: "For I am delighted with the law of God, according to the inward man: But I see another law in my members fighting against the law of my mind, and captivating me in the law of sin" (Romans 7:22-23). This does not mean that the organism, the material substratus, is evil in itself, as some theologians of the Tübingen School have claimed, for the flesh of Christ, which was like unto ours, was exempt from sin, and theApostle wishes that our bodies, which are destined to rise again, be preserved free from stain. The relation between sin and the flesh is neither inherent nor necessary; it is accidental, determined by an historical fact, and capable of disappearing through the intervention of the Holy Ghost, but it is none the less true that it is not in our power to overcome it unaided and that fallen man had need of a Saviour.

Yet God did not abandon sinful man. He continued to manifest Himself through this visible world (Romans 1:19-20), through the light of a conscience (Romans 2:14-15), and finally through His ever active and paternally benevolent Providence (Acts 14:16; 17:26). Furthermore, in His untiring mercy, He "will have all men to besaved, and to come to the knowledge of the truth" (1 Timothy 2:4). This will is necessarily subsequent to original sin since it concerns man as he is at present. According to His merciful designs God leads man step by step tosalvation. To the Patriarchs, and especially to Abraham, He gave his free and generous promise, confirmed byoath (Romans 4:13-20; Galatians 3:15-18), which anticipated the Gospel. To Moses He gave His Law, the observation of which should be a means of salvation (Romans 7:10; 10:5), and which, even when violated, as it was in reality, was no less a guide leading to Christ (Galatians 3:24) and an instrument of mercy in the hands ofGod. The Law was a mere interlude until such time as humanity should be ripe for a complete revelation(Galatians 3:19; Romans 5:20), and thus provoked the Divine wrath (Romans 4:15). But good will arise from the excess of evil and "the Scripture hath concluded all under sin, that the promise, by the faith of Jesus Christ, might be given to them that believe" (Galatians 3:22). This would be fulfilled in the "fullness of the time" (Galatians 4:4; Ephesians 1:10), that is, at the time set by God for the execution of His merciful designs, whenman's helplessness should have been well manifested. Then "God sent his Son, made of a woman, made under the law: that he might redeem them who were under the law: that we might receive the adoption of sons" (Galatians 4:4).

The person of the Redeemer

Nearly all statements relating to the person of Jesus Christ bear either directly or indirectly on His role as aSaviour. With St. Paul Christology is a function of soteriology. However broad these outlines, they show us the faithful image of Christ in His pre-existence, in His historical existence and in His glorified life (see F. Prat, "Théologie de Saint Paul").

(1) Christ in His pre-existence

(a) Christ is of an order superior to all created beings (Ephesians 1:21); He is the Creator and Preserver of the World (Colossians 1:16-17); all is by Him, in Him, and for Him (Colossians 1:16).

(b) Christ is the image of the invisible Father (2 Corinthians 4:4; Colossians 1:15); He is the Son of God, but unlike other sons is so in an incommunicable manner; He is the Son, the own Son, the well-Beloved, and this He has always been (2 Corinthians 1:19; Romans 8:3, 8:32; Colossians 1:13; Ephesians 1:6; etc.).

(c) Christ is the object of the doxologies reserved for God (2 Timothy 4:18; Romans 16:27); He is prayed to as the equal of the Father (2 Corinthians 12:8-9; Romans 10:12; 1 Corinthians 1:2); gifts are asked of Him which it is in the power of God alone to grant, namely grace, mercy, salvation (Romans 1:7; 16:20; 1 Corinthians 1:3;16:23; etc. before Him every knee shall bow in heaven, on earth, and under the earth (Philippians 2:10), as every head inclines in adoration of the majesty of the Most High.

(d) Christ possesses all the Divine attributes; He is eternal, since He is the "first born of every creature" and exists before all ages (Colossians 1:15-17); He is immutable, since He exists "in the form of God" (Philippians 2:6); He is omnipotent, since He has the power to bring forth being from nothingness (Colossians 1:16); He is immense, since He fills all things with His plenitude (Ephesians 4:10; Colossians 2:10); He is infinite since "the fullness of the Godhead dwells in Him" (Colossians 2:9). All that is the special property of the God belongs ofright to Him; the judgment seat of God is the judgment seat of Christ (Romans 14:10; 2 Corinthians 5:10); theGospel of God is the Gospel of Christ (Romans 1:1, 1:9, 15:16, 15:19, etc.); the Church of God is the Church ofChrist (1 Corinthians 1:2 and Romans 16:16 sqq.); the Kingdom of God is the Kingdom of Christ (Ephesians 5:5), the Spirit of God is the Spirit of Christ (Romans 8:9 sqq.).

(e) Christ is the one Lord (1 Corinthians 8:6); He is identified with Jehovah of the Old Covenant (1 Corinthians 10:4, 10:9; Romans 10:13; cf. 1 Corinthians 2:16; 9:21); He is the God who has purchased the Church with his own blood" (Acts 20:28); He is our "great God and Saviour Jesus Christ" (Titus 2:13); He is the "God over all things" (Romans 9:5), effacing by His infinite transcendency the sum and substance of created things.

(2) Jesus Christ as Man

The other aspect of the figure of Christ is drawn with no less firm a hand. Jesus Christ is the second Adam(Romans 5:14; 1 Corinthians 15:45-49); "the mediator of God and men" (1 Timothy 2:5), and as such He must necessarily be man (anthropos Christos Iesous). So He is the descendant of the Patriarchs (Romans 9:5;Galatians 3:16), He is "of the seed of David, according to the flesh)" (Romans 1:3), "born of a woman" (Galatians 4:4), like all men; finally, He is known as a man by His appearance, which is exactly similar to that of men(Philippians 2:7), save for sin, which He did not and could not know (2 Corinthians 5:21). When St. Paul says that "God sent His Son in the likeness of sinful flesh" (Romans 8:3), he does not mean to deny the reality of Christ'sflesh, but excludes only sinful flesh.

Nowhere does the Apostle explain how the union of the Divine and the human natures is accomplished in Christ, being content to affirm that He who was "in the form of God" took "the form of a servant" (Philippians 2:6-7), or he states the Incarnation in this laconic formula: "For in him dwelleth all the fullness of the Godhead corporeally" (Colossians 2:9). What we see clearly is that there is in Christ a single Person to whom are attributed, often in the same sentence, qualities proper to the Divine and the human nature, to the pre-existence, the historicalexistence, and the glorified life (Colossians 1:15-19; Philippians 2:5-11; etc.). The theological explanation of themystery has given rise to numerous errors. Denial was made of one of the natures, either the human (Docetism), or the Divine (Arianism), or the two natures were considered to be united in a purely accidental manner so as to produce two persons (Nestorianism), or the two natures were merged into one (Monophysitism), or on pretext of uniting them in one person the heretics mutilated either the human nature (Apollinarianism), or the Divine, according to the strange modern heresy known as Kenosis.

The last-mentioned requires a brief treatment, as it is based on a saying of St. Paul "Being in the form of God . . . emptied himself (ekenosen eauton, hence kenosis) taking the form of a servant" (Philippians 2:6-7). Contrary to the common opinion, Luther applied these words not to the Word, but to Christ, the Incarnate Word. Moreover he understood the communicatio idiomatus as a real possession by each of the two natures of the attributes of the other. According to this the human nature of Christ would possess the Divine attributes of ubiquity, omniscience, and omnipotence. There are two systems among Lutheran theologians, one asserting that the human nature ofChrist was voluntarily stripped of these attributes (kenosis), the other that they were hidden during His mortalexistence (krypsis).

In modern times the doctrine of Kenosis, while still restricted to Lutheran theology, has completely changed its opinions. Starting with the philosophical idea that "personality" is identified with "consciousness", it is maintained that where there is only one person there can be only one consciousness; but since the consciousness of Christwas truly human consciousness, the Divine consciousness must of necessity have ceased to exist or act in Him. According to Thomasius, the theorist of the system, the Son of God was stripped, not after the Incarnation, asLuther asserted, but by the very fact of the Incarnation, and what rendered possible the union of the Logos with the humanity was the faculty possessed by the Divinity to limit itself both as to being and activity. The other partisans of the system express themselves in a similar manner. Gess, for instance, says that in Jesus Christ the Divine ego is changed into the human ego. When it is objected that God is immutable, that He can neither cease to be, nor limit Himself, nor transform Himself, they reply that this reasoning is on metaphysical hypotheses and concepts without reality. (For the various forms of Kenosis see Bruce, "The Humiliation of Christ", p. 136.)

All these systems are merely variations of Monophysitism. Unconsciously they assume that there is in Christ but a single nature as there is but a single person. According to the Catholic doctrine, on the contrary, the union of the two natures in a single person involves no change in the Divine nature and need involve no physical change of the human nature of Christ. Without doubt Christ is the Son and is morally entitled even as man to the goods of His Father, viz. the immediate vision of God, eternal beatitude, the state of glory. He is temporarily deprived of a portion of these goods in order that he may fulfill His mission as Redeemer. This is the abasement, the annihilation, of which St. Paul speaks, but it is a totally different thing from the Kenosis as described above.

The objective redemption as the work of Christ

We have seen that fallen man being unable to arise again unaided, God in His mercy sent His Son to save him. It is an elementary and often repeated doctrine of St. Paul that Jesus Christ saves us through the Cross, that we are "justified by His blood", that "we were reconciled to God by the death of his Son" (Romans 5:9-10). What endowed the blood of Christ, His death, His Cross, with this redeeming virtue? Paul never answers this question directly, but he shows us the drama of Calvary under three aspects, which there is danger in separating and which are better understood when compared:

(a) at one time the death of Christ is a sacrifice intended, like the sacrifice of the Old Law, to expiate sin and propitiate God. Cf. Sanday and Headlam, "Romans", 91-94, "The death of Christ considered as a sacrifice". "It is impossible from this passage (Romans 3:25) to get rid of the double idea: (1) of a sacrifice; (2) of a sacrificewhich is propitiatory . . . Quite apart from this passage it is not difficult to prove that these two ideas of sacrificeand propitiation lie at the root of the teaching not only of St. Paul but of the New Testament generally." The double danger of this idea is, first to wish to apply to the sacrifice of Christ all the mode of action, real or supposed, of the imperfect sacrifices of the Old Law; and second, to believe that God is appeased by a sort of magical effect, in virtue of this sacrifice, whereas on the contrary it was He Who took the initiative of mercy, instituted the sacrifice of Calvary, and endowed it with its expiatory value.

(b) At another time the death of Christ is represented as a redemption, the payment of a ransom, as the result of which man was delivered from all his past servitude (1 Corinthians 6:20; 7:23 [times egorasthete]; Galatians 3:13; 4:5 [ina tous hypo nomon exagorase]; Romans 3:24; 1 Corinthians 1:30; Ephesians 1:7, 14; Colossians 1:14 [apolytrosis]; 1 Timothy 2:6 [antilytron]; etc.) This idea, correct as it is, may have inconveniences if isolated or exaggerated. By carrying it beyond what was written, some of the Fathers put forth the strange suggestion of a ransom paid by Christ to the demon who held us in bondage. Another mistake is to regard the death of Christ as having a value in itself, independent of Christ Who offered it and God Who accepted it for the remission of our sins.
(c) Often, too, Christ seems to substitute Himself for us in order to undergo in our stead the chastisement for sin. He suffers physical death to save us from the moral death of sin and preserve us from eternal death. This idea of substitution appealed so strongly to Lutheran theologians that they admitted quantitative equality between the sufferings really endured by Christ and the penalties deserved by our sins. They even maintained that Jesusunderwent the penalty of loss (of the vision of God) and the malediction of the Father.

These are the extravagances which have cast so much discredit on the theory of subsitution. It has been rightly said that the transfer of a chastisement from one person to another is an injustice and a contradiction, for the chastisement is inseparable from the fault and an undeserved chastisement is no longer a chastisement. Besides,St. Paul never said that Christ died in our stead (anti), but only that he died for us (hyper) because of our sins.

In reality the three standpoints considered above are but three aspects of the Redemption which, far from excluding one another, should harmonize and combine, modifying if necessary all the other aspects of the problem. In the following text St. Paul assembles these various aspects with several others. We are "justifiedfreely by his grace, through the Redemption, that is in Christ Jesus, whom God hath proposed to be a propitiation, through faith in his blood, to the shewing of his [hidden] justice, for the remission of former sins, through the forbearance of God, for the shewing of his justice in this time; that of himself may be [known as] just, and the justifier of him, who is in the faith of Jesus Christ" (Romans 3:24-26). Herein are designated the part of God, of Christ, and of man:
  • God takes the initiative; it is He who offers His Son; He intends to manifest His justice, but is moved thereto by mercy. It is therefore incorrect or more or less inadequate to say that God was angry with the human race and that He was only appeased by the death of His Son.
  • Christ is our Redemption (apolytrosis), He is the instrument of expiation or propitiation (ilasterion), and is such by His Sacrifice (en to autou aimati), which does not resemble those of irrational animals; it derives its value from Christ, who offers it for us to His Father through obedience and love (Philippians 2:8; Galatians 2:20).
  • Man is not merely passive in the drama of his salvation; he must understand the lesson which God teaches, and appropriate by faith the fruit of the Redemption.

The subjective redemption

Christ having once died and risen, the Redemption is completed in law and in principle for the whole human race. Each man makes it his own in fact and in act by faith and baptism which, by uniting him with Christ, causes him to participate in His Divine life. Faith, according to St. Paul, is composed of several elements; it is the submission of the intellect to the word of God, the trusting abandonment of the believer to the Saviour Who promises him assistance; it is also an act of obedience by which man accepts the Divine will. Such an act has a moral value, for it "gives glory to God" (Romans 4:20) in the measure in which it recognizes its own helplessness. That is why "Abraham believed God, and it was reputed to him unto justice" (Romans 4:3; Galatians 3:6). The spiritual children of Abraham are likewise "justified by faith, without the works of the law" (Romans 3:28; cf. Galatians 2:16). Hence it follows:
Protestants formerly asserted that the justice of Christ is imputed to us, but now they are generally agreed that this argument is unscriptural and lacks the guaranty of Paul; but some, loth to base justification on a good work (ergon), deny a moral value to faith and claim that justification is but a forensic judgment of God which alters absolutely nothing in the justified sinner. But this theory is untenable, for:

Moral doctrine

A remarkable characteristic of Paulinism is that it connects morality with the subjective redemption orjustification. This is especially striking in chapter 6 of the Epistle to the Romans. In baptism "our old man is crucified with [Christ] that, the body of sin may be destroyed, to the end that we may serve sin no longer" (Romans 6:6). Our incorporation with the mystical Christ is not only a transformation and a metamorphosis, but a real reaction, the production of a new being, subject to new laws and consequently to new duties. To understand the extent of our obligations it is enough for us to know ourselves as Christians and to reflect on the various relations which result from our supernatural birth: that of sonship to God the Father, of consecration to the Holy Ghost, of mystical identity with our Saviour Jesus Christ, of brotherly union with the other members ofChrist. But this is not all. Paul says to the neophytes:

"Thanks be to God, that you were the servants of sin, but have obeyed from the heart unto that form ofdoctrine, into which you have been delivered. . . . But now being made free from sin, and become servants to God, you have your fruit unto sanctification, and the end life everlasting (Romans 6:17, 22).

By the act of faith and by baptism, its seal, the Christian freely makes himself the servant of God and the soldier of Christ. God's will, which he accepts in advance in the measure in which it shall be manifested, becomes thenceforth his rule of conduct. Thus Paul's moral code rests on the one hand on the positive will of God madeknown by Christ, promulgated by the Apostles, and virtually accepted by the neophyte in his first act of faith, and on the other, in baptismal regeneration and the new relations which it produces. All Paul's commands and recommendations are merely applications of these principles.

Eschatology

(1) The graphic description of the Pauline parousia (1 Thessalonians 4:16-17; 2 Thessalonians 1:7-10) has nearly all its main points in Christ's great eschatological discourse (Matthew 24, Mark 13, Luke 21). A common characteristic of all these passages is the apparent nearness of the parousia. Paul does not assert that the coming of the Saviour is at hand. In each of the five epistles, wherein he expresses the desire and the hope to witness in person the return of Christ, he at the same time considers the probability of the contrary hypothesis, proving that he had neither revelation nor certainty on the point. He knows only that the day of the lord will come unexpectedly, like a thief (1 Thessalonians 5:2-3), and he counsels the neophytes to make themselves ready without neglecting the duties of their state of life (2 Thessalonians 3:6-12). Although the coming of Christ will be sudden, it will be heralded by three signs:
A particular circumstance of St. Paul's preaching is that the just who shall be living at Christ's second advent will pass to glorious immortality without dying [1 Thessalonians 4:17; 1 Corinthians 15:51 (Greek text); 2 Corinthians 5:2-5].

(2) Owing to the doubts of the Corinthians Paul treats the resurrection of the just at some length. He does not ignore the resurrection of the sinners, which he affirmed before the Governor Felix (Acts 24:15), but he does not concern himself with it in his Epistles. When he says that "the dead who are in Christ shall rise first" (proton, 1 Thessalonians 4:16, Greek) this "first" offsets, not another resurrection of the dead, but the glorioustransformation of the living. In like manner "the evil" of which he speaks (tou telos, 1 Corinthians 15:24) is not the end of the resurrection, but of the present world and the beginning of a new order of things. All the arguments which he advances in behalf of the resurrection may be reduced to three: the mystical union of theChristian with Christ, the presence within us of the Spirit of Holiness, the interior and supernatural conviction of the faithful and the Apostles. It is evident that these arguments deal only with the glorious resurrection of the just. In short, the resurrection of the wicked does not come within his theological horizon. What is the condition of the souls of the just between death and resurrection? These souls enjoy the presence of Christ (2 Corinthians 5:8); their lot is enviable (Philippians 1:23); hence it is impossible that they should be without life, activity, orconsciousness.

(3) The judgment according to St. Paul as according to the Synoptics, is closely connected with the parousia and the resurrection. They are the three acts of the same drama which constitute the Day of the Lord (1 Corinthians 1:8; 2 Corinthians 1:14; Philippians 1:6, 10; 2:16). "For we must all be manifested before the judgment seat ofChrist, that every one may receive the proper things of the body, according as he hath done, whether it be goodor evil" (2 Corinthians 5:10).

Two conclusions are derived from this text:

(1) The judgment shall be universal, neither the good nor the wicked shall escape (Romans 14:10-12), nor even the angels (1 Corinthians 6:3); all who are brought to trial must account for the use of their liberty.

(2) The judgment shall be according to works: this is a truth frequently reiterated by St. Paul, concerning sinners(2 Corinthians 11:15), the just (2 Timothy 4:14), and men in general (Romans 2:6-9). Many Protestants marvel at this and claim that in St. Paul this doctrine is a survival of his rabbinical education (Pfleiderer), or that he could not make it harmonize with his doctrine of gratuitous justification (Reuss), or that the reward will be in proportion to the act, as the harvest is in proportion to the sowing, but that it will not be because of or with a view to the act(Weiss). These authors lose sight of the fact that St. Paul distinguishes between two justifications, the first necessarily gratuitous since man was then incapable of meriting it (Romans 3:28; Galatians 2:16), the second in conformity to his works (Romans 2:6: kata ta erga), since man, when adorned with sanctifying grace, is capable of merit as the sinner is of demerit. Hence the celestial recompense is "a crown of justice which the Lord the just judge will render" (2 Timothy 4:8) to whomsoever has legitimately gained it.


Briefly, St. Paul's eschatology is not so distinctive as it has been made to appear. Perhaps its most original characteristic is the continuity between the present and the future of the just, between grace and glory, betweensalvation begun and salvation consummated. A large number of terms, redemption, justification, salvation,kingdom, glory and especially life, are common to the two states, or rather to the two phases of the sameexistence linked by charity which "never falleth away".

Prat, Ferdinand. "St. Paul." The Catholic Encyclopedia. Vol. 11. New York: Robert Appleton Company, 1911. 27 Dec. 2015<http://www.newadvent.org/cathen/11567b.htm>.

Copyright © 2020 by Kevin Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.

SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/11567b.htm

Saints Pierre et Paul baptisant, Grandes Heures de Jean de Berry - fol. 97


JUNE 30.—ST. PAUL.

ST. PAUL was born at Tarsus, of Jewish parents, and studied at Jerusalem, at the feet of Gamaliel. While still a man, he held the clothes of those who stoned the proto-martyr Stephen ; and in his restless zeal he pressed on to Damascus, "breathing out threatenings and slaughter against the disciples of Christ." But near Damascus a light from heaven struck the earth. He heard a voice which said, "Why persecutest Me?" He saw the form of Him who had been crucified for his sins, and then for three days he saw nothing more. He awoke from his trance another man—a new creature in Jesus Christ. He left Damascus for a long retreat in Arabia, and then, at the call of God, he carried the Gospel to the uttermost limits of the world, and for years he lived and labored with no thought but the thought of Christ crucified, no desire but to spend and be spent for Him. He became the Apostle of the Gentiles, whom he had been taught to hate, and wished himself anathema for his own countrymen, who sought his life. Perils by land and sea could not damp his courage, nor toil and suffering and age dull the tenderness of his heart. At last he gave blood for blood. In his youth he had imbibed the false zeal of the Pharisees at Jerusalem, the holy city of the former dispensation. With St. Peter he consecrated Rome, our holy city, by his martyrdom, and poured into its Church all his doctrine with all his blood. He left fourteen Epistles, which have been a fountain-head of the Church's doctrine, the consolation and delight of her greatest Saints. His interior life, so far as words can tell it, lies open before us in these divine writings, the life of one who has died forever to himself and risen again in Jesus Christ. "In what," says St. Chrysostom, "in what did this blessed one gain an advantage over the other Apostles? How comes it that he lives in all men's mouths throughout the world? Is it not through the virtue of his Epistles?" Nor will his work cease while the race of man continues. Even now, like a most chivalrous knight, he stands in our midst, and takes captive every thought to the obedience of Christ.

REFLECTION. --St. Paul complains that all seek the things which are their own, and not the things which are Christ's. See if these words apply to you, and resolve to give yourself without reserve to God.

SOURCE : http://jesus-passion.com/saint_paul.htm


Rembrandt (1606–1669). Saint Paul en prison, 1627