dimanche 14 avril 2019

BENOÎT XVI. « L'Église et le scandale des abus sexuels », 10 avril 2019


Papa Ratzinger: la Chiesa e lo scandalo degli abusi sessuali | English | Deutsch

Pour le pape émérite Benoît XVI, la crise de la foi se situe à l’origine des abus sexuels

OSSERVATORE ROMANO | AFP

Arthur Herlin | 11 avril 2019

Alors qu’on ne le soupçonnait pas, le pape émérite Benoît XVI a publié une longue tribune particulièrement forte sur la question des abus sexuels et plus largement sur la crise de la foi dans l’Église.

C’est peut-être l’un des textes les plus forts livrés par Benoît XVI depuis sa renonciation au pontificat. Dans une longue tribune publiée dans le mensuel du clergé bavarois Klerusblattle pape émérite de 91 ans sort de son silence pour réagir à la crise des abus sexuels dans l’Église et ainsi « contribuer » à son « nouveau départ ». Il livre ainsi un témoignage sans équivoque sur ces années où il était encore pasteur de l’Église, afin de dénoncer la racine de la crise et proposer quelques remèdes. Aleteia a travaillé à partir de la traduction proposée par la Catholic News Agency afin de la décrypter à ses lecteurs.
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Sans mâcher ses mots, l’ancien pontife revient ainsi sur les années 1970 et 1980 au cours desquelles, l’enseignement moral dans l’Église a été, selon lui, réduit à néant. Cela a eu pour effet, dénonce-t-il, « l’apparition d’une tentative de développer une espèce de nouvelles catholicité moderne ». On a alors assisté, dans certains séminaires, raconte-t-il encore sans détour, à la formation de « cliques homosexuelles » mais aussi à la projection de films pornographiques. Et ce, dans l’intention de rendre les séminaristes « capables de résister contre un comportement contraire à la foi ». Dans le même temps, les livres du cardinal Ratzinger d’alors étaient tout simplement bannis, et ceux qui les lisaient étaient « considérés comme non-adaptés au sacerdoce ».
Pour lui, aucun doute possible, cette situation découle de façon directe de la « libération sexuelle tous azimuts » amorcée à la fin des années 1960 dans toute la société. Période pendant laquelle, en seulement deux décennies, « les standards normatifs précédents au sujet de la sexualité se sont entièrement effondrés ». À l’époque, rappelle-t-il, même la pédophilie était « diagnostiquée comme permise et appropriée ». Une « époque très difficile » pour beaucoup dans l’Église et en dehors, se souvient l’ancien pape.
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S’abandonner à l’Amour du Christ, « l’antidote au mal »

Ainsi, remarque-t-il, la tentative de créer une nouvelle Église a totalement échoué. À la question : « Que devons-nous donc faire désormais ? », l’allemand répond : remettre Dieu dans la société afin de retrouver les repères du bien et du mal. « Seul l’amour et l’obéissance à notre Seigneur Jésus Christ peuvent nous indiquer la voie juste », estime-t-il. « L’antidote au mal qui nous menace, et au-delà le monde entier, ne peut que consister dans le fait que nous nous abandonnions à cet amour », considère-t-il.
À défaut de changer l’Église, peut-être pourra-t-elle alors redevenir ce qu’elle est vraiment. Aujourd’hui encore, s’indigne le pape émérite, «  l’Église n’est généralement perçue que comme une sorte d’appareil politique ». « La crise provoquée par de nombreux cas d’abus commis par des prêtres nous amène à considérer l’Église comme une chose misérable que nous devons absolument prendre en main et former différemment. Mais une Église faite par nous ne peut représenter aucun espoir ».
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Des propos qui font écho à ceux tenus encore récemment par le cardinal Robert Sarah estimant que la situation actuelle rappelle aux chrétiens que si l’Église « choisit de s’humaniser, de s’enfuir dans le monde, elle pourrira (…) Si au contraire, elle descend dans les bas-fonds du péché en portant le Christ avec elle, alors elle purifiera et divinisera l’humanité ».
À l’instar du cardinal qui exhortait à « retrouver Dieu, se concentrer sur Lui et se confier en la puissance de sa grâce », le pape allemand appelle à « recommencer à vivre de Dieu, tourné vers lui et lui obéissant ».

L’Église est « indestructible »

Benoît XVI va plus loin. Pour lui, il faut également « tout faire pour protéger de l’abus le don de la sainte Eucharistie ». « Notre relation avec l’Eucharistie ne peut que susciter l’inquiétude » selon lui. Si certains placent le sacrement de la présence du corps et du sang du Christ au centre de la vie chrétienne, pour d’autres l’Eucharistie est ramenée au rang de « geste cérémonial ». Un procédé qui « détruit la grandeur du mystère », notamment quand il est considéré évident que toutes les personnes présentes peuvent communier indépendamment de leur situation personnelle et spirituelle.
Oui, le péché et le mal existent bien dans l’Église, reconnaît le pape allemand. Mais la sainte Église n’en reste pas moins « indestructible ». Beaucoup d’hommes qui croient humblement, souffrent et aiment en Dieu, en sont la manifestation. Le pape émérite pense en premier lieu à la petite communauté qui partage sa résidence de Mater Ecclesiae au Vatican. Voir et trouver l’Église à ce point vivante, écrit-il est « une tâche merveilleuse » qui nous « renforce et qui nous fait toujours nous réjouir dans la foi ».
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Document : l’intégralité du texte du pape émérite Benoît XVI sur les abus sexuels

La rédaction d'Aleteia | 12 avril 2019

Retrouvez l'intégralité du texte de Benoît XVI sur les abus sexuels. Écrit en allemand, Aleteia vous propose une traduction.

Du 21 au 24 février 2019, à l’invitation du pape François, les présidents des conférences épiscopales du monde entier se sont réunis au Vatican pour réfléchir ensemble à la crise actuelle de la foi et de l’Église ; une crise vécue dans le monde entier après des révélations choquantes sur les abus commis par des religieux sur des mineurs. 
L’ampleur et la gravité des épisodes rapportés ont profondément secoué les prêtres, tout comme les laïcs, et ont amené plus d’une minorité à remettre en cause la foi même de l’Église. Il était nécessaire d’envoyer un signal fort et de se remettre en chemin, pour redonner à l’Église une vraie crédibilité en tant que lumière parmi les peuples et en tant que force contribuant à la lutte contre les puissances destructrices.
Ayant moi-même occupé un poste de responsabilité, comme pasteur de l’Église, au moment de l’explosion publique de la crise, et au cours de la période qui a précédé celle-ci, je ne pouvais que me demander — bien que je n’ai plus aucune responsabilité directe comme Émérite — comment je pourrais contribuer à un nouveau départ. Ainsi, après l’annonce de la réunion des présidents des conférences épiscopales, j’ai préparé quelques notes pour faire une ou deux remarques qui pourraient être utiles dans cette heure difficile. Après avoir contacté le secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin et le Saint-Père lui-même, il a semblé approprié de publier ce texte dans Klerusblatt [un périodique mensuel destiné au clergé dans la plupart des diocèses bavarois].
Mon travail est divisé en trois parties. Dans la première partie, je souhaite présenter brièvement de manière générale le contexte social de la question, sans lequel le problème ne peut être compris. J’essaie de montrer comment s’est déroulé un processus sans précédent dans les années 1960. On peut affirmer que, dans les deux décennies entre 1960 et 1980, les critères qui prévalaient sur la sexualité se sont complètement effondrées et qu’il en est résulté une absence de normes auxquelles on a tenté de remédier. Dans la deuxième partie, je souhaite souligner les conséquences de cette situation sur la formation des prêtres et sur leur vie. Enfin, dans la troisième partie, je voudrais développer quelques perspectives pour une réponse appropriée de la part de l’Église.
I.
(1) L’affaire a commencé avec l’initiation, décrétée et appuyée par l’État, des enfants et des jeunes à la sexualité. En Allemagne, madame Käte Strobel, alors Ministre de la Santé, a fait tourner un film, dans lequel tout ce qui auparavant ne pouvait pas être montré publiquement, y compris les rapports sexuels, était projeté. Ce qui à l’origine était uniquement destiné à informer les jeunes, a été ensuite largement accepté comme une option réalisable. 
Le « Sexkoffer » [une « valise » controversée, avec du matériel d’éducation sexuelle, utilisée dans les écoles autrichiennes à la fin des années 1980] édité par le gouvernement autrichien a produit des effets similaires. Les films sexuels et pornographiques sont devenus courants, au point d’être projetés dans les cinémas des gares [Bahnhofskinos]. Je me souviens encore qu’un jour, alors que je marchais dans la ville de Ratisbonne, une foule de gens faisait la queue devant un grand cinéma. Chose que nous n’avions vue auparavant qu’en temps de guerre, quand il fallait espérer une distribution extraordinaire. Je me souviens aussi, à mon arrivée dans la ville le Vendredi saint en 1970, avoir vu tous les panneaux publicitaires couverts d’affiches qui présentaient deux personnes complètement nues, se serrant dans leurs bras.  
Parmi les libertés que la révolution de 1968 a voulu conquérir, il y avait aussi cette liberté sexuelle totale, liberté qui ne tolérait plus aucune norme. 
La propension à la violence qui a caractérisé ces années est étroitement liée à cet effondrement spirituel. C’est pourquoi la projection de films sexuels n’a finalement plus été autorisée dans les avions car elle créait de la violence parmi les passagers. Et comme les vêtements de cette époque provoquaient également l’agressivité, les directeurs des écoles ont essayé d’introduire des uniformes pour créer un climat favorable à l’apprentissage.  
Le fait que la pédophilie ait également été diagnostiquée comme étant autorisée et appropriée fait partie de la physionomie de la révolution de 1968.   
Pour les jeunes de l’Église, mais pas seulement pour eux, ce fut à bien des égards une période très difficile. Je me suis toujours demandé comment, dans cette situation, les jeunes pouvaient aller vers le sacerdoce et l’accepter, avec toutes ses conséquences. L’effondrement considérable des vocations sacerdotales au cours de ces années-là et le nombre très élevé de prêtres réduits à l’état laïc étaient une conséquence de cette situation.
(2) À la même époque, indépendamment de cette évolution, la théologie morale catholique a connu un effondrement qui a rendu l’Église sans défense face à ces changements dans la société. Je vais essayer de décrire brièvement la trajectoire de ce développement.
Jusqu’au Concile Vatican II, la théologie morale catholique était largement fondée sur la loi naturelle, tandis que les saintes Écritures n’étaient citées qu’en arrière-plan ou comme support. Dans l’effort mené par le Concile pour une nouvelle compréhension de la Révélation, l’option de la loi naturelle a été en grande partie abandonnée et une théologie morale entièrement basée sur la Bible s’est imposée.  
Je me souviens encore de la façon dont la faculté jésuite de Francfort avait formé un jeune père très doué (Bruno Schüller) pour développer une morale entièrement basée sur les saintes Écritures. La belle thèse du père Schüller montre le premier pas dans l’élaboration d’une morale basée sur les saintes Écritures. Le père Schüller fut ensuite envoyé aux États-Unis pour des études plus approfondies et revint avec la conviction qu’il n’était pas possible d’élaborer systématiquement une morale à partir de la Bible. Il a ensuite tenté d’élaborer une théologie morale plus pragmatique, sans pouvoir apporter de réponse à la crise de la morale.  
En fin de compte, la thèse selon laquelle la morale ne devait être définie qu’en fonction des finalités de l’action humaine a été largement affirmée. L’ancienne expression « la fin justifie les moyens » n’a pas été reprise sous cette forme brute, et pourtant cette façon de penser était devenue définitive. Par conséquent, il ne pouvait plus y avoir quelque chose qui représente le bien en soi, ni quelque chose de fondamentalement mauvais, mais seulement des jugements relatifs. Il n’y avait plus le bien [en soi], mais seulement ce qui est relativement meilleur, en fonction du moment et des circonstances.
À la fin des années 1980 et 1990, la crise des fondements et la présentation de la morale catholique ont pris des proportions dramatiques. Le 5 janvier 1989, la « Déclaration de Cologne », signée par quinze professeurs de théologie catholiques, a été publiée. Cette déclaration s’est concentrée sur plusieurs points critiques de la relation entre le magistère épiscopal et le travail théologique. Ce texte, qui au début n’allait pas au-delà du niveau habituel de révolte, a grandi très rapidement jusqu’à devenir une protestation contre le magistère de l’Église, ressemblant de manière audible et visible au potentiel d’opposition mondial contre les textes doctrinaux attendus de Jean Paul II (cf. D. Mieth, Kölner Erklärung, LThK, VI3, p. 196) 
Le pape Jean Paul II, qui connaissait très bien la situation de la théologie morale et la suivait de près, a commandé une encyclique pour remettre les choses dans l’ordre. Ce travail a été publié sous le titre Veritatis splendor, le 6 août 1993, et a provoqué de vives réactions de la part de théologiens moraux. Avant cela, le « Catéchisme de l’Église catholique » avait déjà présenté de manière convaincante la morale proclamée par l’Église.
Je n’oublierai jamais comment Franz Böckle — parmi les principaux théologiens allemands de l’époque, qui après avoir été nommé professeur émérite, s’était retiré dans sa terre natale suisse — a annoncé, à la lumière des décisions possibles envisagées par l’encyclique Veritatis splendor, que si l’encyclique déterminait qu’il y a des actions qui doivent toujours être considérées comme mauvaises, et en toutes circonstances, il la combattrait de toutes ses forces.
Le Seigneur, plein de miséricorde, lui a épargné de mettre en pratique sa résolution. En effet, Böckle meurt le 8 juillet 1991. L’encyclique a été publiée le 6 août 1993 et affirme en effet qu’il y existe des actions qui ne peuvent jamais devenir bonnes.  
Le pape était pleinement conscient de l’importance de cette décision à ce moment-là et, précisément pour cette partie de son texte, il avait de nouveau consulté des spécialistes éminents qui n’avaient pas participé à la rédaction de l’encyclique. Il savait qu’il ne devait laisser aucun doute sur le fait que la morale fondée sur le principe de l’arbitrage entre différents biens recherchés et différents maux à éviter doit avoir une limite. Il y a des biens qui ne peuvent jamais faire l’objet de compromis.  
Il y a des valeurs qui ne doivent jamais être abandonnées pour une valeur plus grande et qui vont même au-delà de la préservation de la vie physique. Il y a le martyre. Dieu est encore plus grand que la simple survie physique. Une vie qui serait achetée par la négation de Dieu, une vie qui repose sur un dernier mensonge, est une non-vie.  
Le martyre est une catégorie fondamentale de l’existence chrétienne. Dans la théorie soutenue par Böckle et par nombreux d’autres, le martyre n’est plus moralement nécessaire. C’est alors l’essence même du christianisme qui est en jeu.
Dans la théologie morale, entre-temps, une autre question était devenue urgente. La thèse selon laquelle le Magistère de l’Église ne devrait avoir la compétence ultime et définitive [l’infaillibilité] que sur les questions de foi avait été largement acceptée. (De ce point de vue), les questions concernant la morale n’entrent pas dans le champ des décisions infaillibles du Magistère de l’Église. Il y a probablement quelque chose de juste dans cette thèse qui mérite une discussion plus approfondie. Mais il existe un minimum moral qui est indissolublement lié au principe fondateur de la foi et qui doit être défendu si nous ne voulons pas réduire la foi à une théorie et reconnaître au contraire qu’elle s’incarne dans la vie concrète.  
Tout cela montre à quel point l’autorité de l’Église dans le domaine moral est fondamentalement remise en cause. Ceux qui nient à l’Église une compétence finale dans ce domaine l’obligent à garder le silence précisément là où la frontière entre vérité et mensonge est en jeu.  
Indépendamment de cette question, dans de nombreux domaines de théologie morale, on a développé la thèse selon laquelle l’Église n’a pas et ne peut avoir sa propre morale. L’argument étant que toutes les affirmations morales auraient des équivalents dans d’autres religions et que donc une appropriation chrétienne de la morale ne pourrait exister. Mais la question du caractère unique d’une morale biblique n’est pas résolue par le fait que pour chaque phrase, quelque part, un équivalent peut être trouvé dans d’autres religions. Il s’agit plutôt de l’ensemble de la morale biblique qui, en tant que telle, est nouvelle et différente de ses parties individuelles.  
La particularité de l’enseignement moral des Saintes Écritures repose en définitive dans son attachement à l’image de Dieu, dans la foi en l’unique Dieu qui s’est manifesté en Jésus-Christ et qui a vécu en tant qu’homme. Le Décalogue est une application à la vie humaine de la foi biblique en Dieu. L’image de Dieu et la morale vont de pair, et entraînent ainsi un changement particulier de l’attitude chrétienne envers le monde et la vie humaine. De plus, le christianisme a été décrit dès l’origine par le mot grec hodós (« la route », souvent utilisé dans le Nouveau Testament pour indiquer un chemin de progrès).
La foi est un chemin et un mode de vie. Dans l’Église ancienne, le catéchuménat s’est établi comme un lieu de vie dans lequel une culture nouvelle et spécifique au mode de vie chrétien était enseignée, préservée du mode de vie commun. Je pense qu’aujourd’hui encore, des communautés catéchuménales sont nécessaires pour que la vie chrétienne puisse s’affirmer dans sa particularité.
II
Premières réactions ecclésiales
(1) Comme j’ai essayé de le montrer, le processus de dissolution de la conception chrétienne de la morale, préparé depuis longtemps et en cours de réalisation, a connu une radicalité sans précédent dans les années 1960. Cette dissolution de l’autorité de l’Église en matière de morale devait nécessairement avoir des conséquences sur les différents domaines de l’Église. Dans le cadre de la réunion des présidents des conférences épiscopales du monde entier, avec le pape François, la question de la vie sacerdotale, ainsi que celle des séminaires, a revêtu un intérêt particulier. En ce qui concerne le problème de la préparation au ministère sacerdotal dans les séminaires, on constate un effondrement de la forme précédente.
Dans divers séminaires, des clubs homosexuels ont été mis en place, qui ont agi plus ou moins ouvertement et qui ont considérablement modifié le climat dans les séminaires. Dans un séminaire situé dans le sud de l’Allemagne, des candidats au sacerdoce et à la présidence du ministère laïc vivaient ensemble. Les séminaristes partageaient les repas communs avec des partenaires pastoraux mariés, eux-mêmes parfois accompagnés de leurs épouses et de leurs enfants, et dans certains cas, de leurs petites amies. Le climat dans le séminaire n’aidait pas à préparer les vocations sacerdotales. Le Saint-Siège était au courant de ces problèmes sans en être informé dans le détail. Dans un premier temps, une visite apostolique a été organisée dans les séminaires aux États-Unis.
Puisqu’après le Concile Vatican II, les critères de sélection et de nomination des évêques avaient été modifiés, la relation des évêques avec leurs séminaires étaient également très différente. Avant tout, pour la nomination des nouveaux évêques, on appliquait le critère de la « conciliarité », ce qui, bien entendu, pouvait signifier des orientations assez différentes.
En effet, dans de nombreuses parties de l’Église, l’attitude conciliaire était comprise comme une attitude critique ou négative à l’égard de la tradition jusqu’alors en vigueur, qui devait maintenant être remplacée par une nouvelle relation radicalement ouverte avec le monde. Un évêque, qui avait précédemment été recteur d’un séminaire, avait montré des films pornographiques aux séminaristes avec l’objectif présumé de les rendre résistants à des comportements contraires à la foi.
Des évêques — et pas seulement aux États-Unis — ont rejeté la tradition catholique dans son ensemble et ont cherché à instaurer une sorte de nouvelle « catholicité » moderne dans leurs diocèses. Il convient peut-être de mentionner que, dans de nombreux séminaires, les étudiants surpris en train de lire mes livres étaient considérés comme inaptes au sacerdoce. Mes livres étaient cachés, comme de la mauvaise littérature, et on ne les lisait que sous la table.
Quand une visite [canonique] s’ensuivait, elle n’apportait aucune nouvelle constatation, apparemment parce que diverses puissances s’étaient coalisées pour dissimuler la véritable situation. Et quand une deuxième visite était organisée, elle apportait beaucoup plus d’informations, mais dans l’ensemble, elle n’aboutissait à aucun résultat concret. Néanmoins, depuis les années 1970, la situation dans les séminaires s’est généralement améliorée. Et pourtant, de manière sporadique, les vocations se sont renforcées car, dans l’ensemble, la situation s’est développée différemment.
(2) Si je me souviens bien, le problème de la pédophilie n’est devenu un sujet d’actualité que dans la seconde moitié des années 80. Aux États-Unis, la pédophilie était déjà un problème public. Alors, les évêques ont demandé de l’aide à Rome, car le droit canonique, tel qu’il est écrit dans le Code de 1983, ne semblait pas suffisant pour prendre les mesures nécessaires. Au début, Rome et les canonistes romains ont eu des difficultés avec cette demande. À leur avis, la suspension temporaire de la charge sacerdotale était suffisante pour obtenir purification et clarification. Cela ne pouvait pas être accepté par les évêques américains, car les prêtres restaient ainsi au service de l’évêque et pouvaient donc être considérés comme étant [encore] directement associés à lui. Ce n’est que lentement que le droit pénal, délibérément mal structuré dans le nouveau Code, a commencé à se renouveler et à s’approfondir. 
À cela s’est ajouté un problème de fond, concernant la conception du droit pénal. À présent, seul le soi-disant garant, [une sorte de protectionnisme procédural], était considéré comme « conciliaire ». Cela signifie que les droits de l’accusé devaient avant tout être garantis, au point d’exclure en fait une condamnation. En contrepoids aux options de défense, souvent insuffisantes, des théologiens accusés, le droit de la défense s’est tellement accru que des peines devenaient presque impossibles.
Permettez-moi à ce stade un bref excursus. À la lumière de l’ampleur de l’inconduite pédophile, un mot de Jésus attire mon attention :  » Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer » (Mc 9,42).
L’expression « ces petits » dans le langage de Jésus désigne les croyants ordinaires, qui peuvent être ébranlés dans leur foi par l’orgueil intellectuel de ceux qui se pensent intelligents. Donc, Jésus protège le dépôt de la foi par une menace de punition pour ceux qui lui portent atteinte.
L’utilisation moderne de ces mots n’est pas erronée en elle-même, mais elle ne doit pas occulter le sens originel. Dans ce contexte, il devient évident que ce n’est pas seulement le droit de l’accusé qui est important et doit être protégé. Les biens précieux comme la foi sont tout aussi importants. 
Un droit canonique équilibré, qui correspond au message de Jésus dans son intégralité, ne doit donc pas seulement fournir une garantie à l’accusé, dont le respect est un bien juridique. Il doit également protéger la Foi, qui est également un atout juridique important. Un droit canon construit correctement doit donc comporter une double garantie : la protection juridique de l’accusé, et la protection juridique du bien en cause. Si aujourd’hui on met en avant ce concept intrinsèquement clair, nous nous heurtons en général à la surdité et à l’indifférence sur la question de la protection juridique de la Foi. Dans la conscience juridique commune, la foi ne semble plus avoir le rang d’un bien à protéger. C’est une situation préoccupante à laquelle les pasteurs de l’Église doivent réfléchir et réfléchir sérieusement.
Aux brèves références sur la situation de la formation sacerdotale au moment de l’explosion publique de la crise, j’aimerais maintenant ajouter quelques remarques concernant l’évolution du droit canonique sur cette question.   
En principe, la Congrégation pour le clergé est responsable pour juger des crimes commis par les prêtres. Cependant, comme à cette époque le garantisme dominait largement la situation, j’ai convenu avec le pape Jean Paul II qu’il était approprié d’attribuer la compétence pour ces infractions à la Congrégation pour la doctrine de la foi, sous le titre Delicta maiora contra fidem.
Avec cette attribution, la peine maximale était également possible, c’est-à-dire la réduction à l’état laïc, qui, en revanche, n’aurait pas été applicable à d’autres titres légaux. Ce n’était pas une astuce pour pouvoir imposer la peine maximale, mais une conséquence de l’importance de la Foi pour l’Église. En fait, il est important de garder à l’esprit qu’une telle inconduite de la part des clercs corrompt la foi. 
Ce n’est que lorsque la foi ne détermine plus les actes de l’homme que de tels crimes sont possibles. 
Cependant, la sévérité de la peine suppose également une preuve claire du crime commis : c’est le contenu de la garantie qui reste en vigueur. 
En d’autres termes, afin d’imposer légalement la peine maximale, un véritable processus pénal est nécessaire. Mais les diocèses et le Saint-Siège ont été submergés par une telle exigence. Nous avons donc formulé un minimum de procédures pénales et laissé ouverte la possibilité que le Saint-Siège assume lui-même le processus, si le diocèse ou la métropole n’était pas en mesure de le faire. Dans tous les cas, le procès devait être vérifié par la Congrégation pour la Doctrine de la foi afin de garantir les droits de l’accusé. À la fin, cependant, dans la Feria IV (c’est-à-dire l’assemblée des membres de la Congrégation), nous avons mis en place une instance d’appel, afin de prévoir la possibilité d’un recours contre le procès.   
Puisque tout cela dépassait les capacités de la Congrégation pour la doctrine de la Foi et que des retards devaient être évités en raison de la nature du problème, le pape François a entrepris d’autres réformes.
III
(1) Que devons-nous faire ? Peut-être devrions-nous susciter une autre Église en réponse à ces problèmes ? C’est quelque chose qui a été déjà expérimentée, et qui a échoué. Seuls l’obéissance et l’amour envers notre Seigneur Jésus-Christ peuvent nous montrer la voie à suivre. Commençons donc par essayer de comprendre à nouveau, et de l’intérieur, ce que le Seigneur a voulu et veut avec nous.
Voici ce que je dirais en premier lieu : si nous voulions synthétiser au maximum le contenu de la foi tel qu’il est présenté dans la Bible, nous pourrions dire que le Seigneur a initié une histoire d’amour avec nous et souhaite y associer toute la création. Le contrepoids contre le mal, qui nous menace et menace le monde entier, ne peut consister qu’en notre abandon à cet amour. Il est le vrai contrepoids au mal. La puissance du mal naît de notre refus d’aimer Dieu. Celui qui met sa foi dans l’amour de Dieu est racheté. Le fait que nous ne soyons pas rachetés est une conséquence de notre incapacité à aimer Dieu. Apprendre à aimer Dieu est donc la voie de la rédemption pour l’humanité.
Essayons maintenant de déployer un peu plus ce contenu essentiel de la révélation divine. Nous pourrions alors dire que le premier don fondamental que nous offre la foi est la certitude que Dieu existe. Un monde sans Dieu ne peut être qu’un monde dépourvu de sens. Car sinon, d’où vient tout ce qui est ? En tous cas, il n’y aurait pas de fondement spirituel. C’est simplement là, sans véritable but ni sens. Il n’y a alors pas de notion de bien ou de mal. Celui qui est plus fort que l’autre s’impose. Le pouvoir est alors l’unique principe. La vérité ne compte pas, elle n’existe d’ailleurs pas. C’est seulement quand les choses ont un fondement spirituel, qu’elles sont voulues et pensées — seulement quand il y a un Dieu créateur qui est bon et qui veut le Bien — que la vie de l’homme peut également avoir un sens.
Que Dieu, créateur et mesure de toute chose, existe, est une nécessité fondamentale. Mais un Dieu qui ne s’exprimerait pas, qui ne révélerait pas sa présence, demeurerait une hypothèse et ne pourrait déterminer la structure de notre vie. Pour que Dieu soit aussi vraiment Dieu dans cette création qui a été pensée par Lui, nous devons nous attendre à ce qu’Il s’exprime d’une manière ou d’une autre. Il l’a fait de nombreuses façons, de manière décisive cependant dans l’appel adressé à Abraham et qui a donné aux hommes cherchant Dieu l’orientation qui mène au-delà de toute attente : Dieu Lui-même devient créature, et parle comme un homme avec nous autres humains.  
Alors la phrase « Dieu est » devient in fine un message de joie, précisément parce qu’Il dépasse toute compréhension, parce qu’Il crée et est l’amour. Faire en sorte que les hommes reprennent conscience de ce message est la tâche première et fondamentale que le Seigneur nous confie.
Une société sans Dieu — une société qui ne Le connaît pas et qui Le considère comme inexistant — est une société qui perd son équilibre. Notre époque a vu l’émergence de la formule coup de poing annonçant la mort de Dieu. Quand Dieu meurt dans une société, elle devient libre, nous assurait-on. En réalité, la mort de Dieu dans une société signifie aussi la mort de la liberté, parce que ce qui meurt, c’est le sens, qui donne son orientation à la société. Et parce que la boussole qui nous oriente dans la bonne direction en nous apprenant à distinguer le bien du mal disparaît. La société occidentale est une société dans laquelle Dieu est absent de la sphère publique et n’a plus rien à y dire. Et c’est pour cela que c’est une société dans laquelle l’équilibre de l’humain est de plus en plus remis en cause.
Sur des points précis, il apparaît alors soudainement comme une évidence que certaines choses sont mauvaises et détruisent l’humain. C’est notamment le cas de la pédophilie. La théorie voulait, encore assez récemment, qu’elle soit considérée comme une pratique autorisée, et elle n’a cessé de se répandre. Et nous découvrons désormais avec effroi que nos enfants et nos adolescents subissent des choses qui menacent de les détruire. Que ces pratiques aient aussi pu survenir au sein de l’Église et parmi les prêtres doit nous bousculer au plus haut point.
Comment la pédophilie a-t-elle pu atteindre de telles proportions ? En fin de compte, la raison principale réside dans l’absence de Dieu. Nous aussi, chrétiens et prêtres, préférons ne pas parler de Dieu, car ce discours apparaît comme inconfortable. En Allemagne, après le bouleversement de la deuxième guerre mondiale, la mention expresse dans notre constitution de notre responsabilité devant Dieu était un principe fondamental. Un demi-siècle plus tard, il n’a pas été possible d’inclure la responsabilité devant Dieu comme principe dans la constitution européenne. Dieu est perçu comme l’affaire d’un parti ou d’un petit groupe, et ne peut plus être considéré comme un curseur pour l’ensemble de la communauté. Ce parti pris reflète la situation en Occident, où Dieu est devenu une affaire privée concernant une minorité.
L’une des premières tâches qui doivent découler des bouleversements moraux que connaît notre époque, consiste à ce que nous nous remettions à vivre de Dieu et ancrés en Lui. Nous devons avant toute chose réapprendre à reconnaître Dieu comme le fondement de nos vies et non à le laisser de côté comme une parole creuse. Je garde en mémoire cet avertissement que m’adressa un jour Hans Urs von Balthasar dans l’une de ses cartes : « Ne pas faire du Dieu trinitaire, Père, Fils et Esprit un postulat, mais une priorité. » Il se trouve que dans la théologie aussi, Dieu est souvent traité comme un présupposé indiscutable, mais dans les faits, personne ne traite avec lui. La thématique de Dieu semble si irréelle, si éloignée des choses qui nous concernent. Et pourtant, tout est différent si l’on privilégie Dieu plutôt que si l’on en fait un postulat ; si on ne le relègue pas en arrière-plan, mais qu’on le reconnaît comme le centre de nos pensées, de nos paroles et de nos actions.
(2) Dieu s’est fait homme pour nous. Sa créature humaine est si chère à son cœur qu’il s’est unifié à elle et s’est ainsi intégré dans son histoire de manière très concrète. Il parle avec nous, il vit avec nous, il souffre avec nous et il a pris la mort sur lui pour nous sauver. Il est vrai que ceci est évoqué en détail dans la théologie, avec des mots et des pensées savantes. Mais c’est précisément ainsi que nous courons le risque de devenir des maîtres de la foi au lieu de nous laisser renouveler et gouverner par la foi.  
Considérons cela en regard d’une problématique centrale, la célébration de la sainte Eucharistie. Notre rapport à l’Eucharistie ne peut que susciter l’inquiétude. Le concile Vatican II avait, à juste titre, pour objectif de replacer ce sacrement de la présence réelle du corps et du sang du Christ, de la présence de sa personne, de sa Passion, sa mort et sa Résurrection, au centre de la vie chrétienne et de l’existence même de l’Église. Ceci s’est en partie avéré, et nous pouvons, en cela, être vraiment reconnaissants envers le Seigneur.
Mais c’est une autre attitude qui domine largement. Ce n’est pas un respect renouvelé pour la présence de la mort et de la Résurrection du Christ qui prévaut, mais une façon de se comporter avec lui qui détruit la grandeur de ce mystère. Le déclin de la participation à la célébration de l’Eucharistie le dimanche montre combien nous, chrétiens d’aujourd’hui, ne savons plus apprécier la grandeur du don que constitue sa présence réelle. L’Eucharistie est ramenée au rang de geste de cérémonie lorsqu’il devient communément admis qu’elle soit distribuée par politesse, à l’occasion de fêtes familiales ou de célébrations telles que des mariages ou des enterrements, à tous ceux qui sont présents parce qu’ils font partie de la famille. L’usage appliqué à certains endroits de distribuer la sainte communion à toutes les personnes présentes montre que nous ne voyons dans l’Eucharistie plus qu’un geste purement cérémoniel. C’est pourquoi, quand nous réfléchissons aux mesures qui sont à entreprendre, il apparaît clairement que ce n’est pas d’une nouvelle Église inventée par nos soins dont nous avons besoin, mais bien plus d’un renouvellement de la foi en la réalité de Jésus-Christ qui nous est offerte dans le Saint Sacrement.
Au cours de conversations avec des victimes de la pédophilie, cette nécessité m’est apparue avec toujours plus de vigueur. Une jeune femme, ancienne servante d’autel, m’a confié que l’aumônier, qui avait en charge les servants d’autel, introduisait toujours ses attouchements sexuels par la phrase : « Ceci est mon corps, livré pour vous. » Il est bien évident que cette femme ne peut plus entendre les paroles de la consécration sans revivre à nouveau la terrible souffrance de ces abus. Oui, nous devons urgemment implorer le Seigneur de nous pardonner, et le supplier, lui demander qu’il nous ré-apprenne à comprendre la grandeur de ses souffrances et de son sacrifice. Et nous devons tout faire pour préserver le don de l’Eucharistie de possibles abus.
(3) Et enfin, il y a le mystère de l’Église. La phrase avec laquelle Romano Guardini a exprimé, il y a presque 100 ans, la joyeuse espérance qui s’était emparée de lui et de tant d’autres, est restée dans les mémoires : « Un événement d’une portée incommensurable a débuté. L’Église s’éveille dans les âmes. »
Il voulait dire par là que l’Église n’était plus seulement vécue et ressentie comme un système, une forme d’autorité pénétrant dans nos vies, mais qu’elle commençait à être ressentie dans le cœur même des gens — comme quelque chose qui n’était plus uniquement extérieur, mais qui pouvait nous toucher de l’intérieur. Près d’un siècle plus tard, en repensant à ce processus et au regard de ce qui venait de se passer, j’ai été tenté d’inverser la phrase : « L’Église se meurt dans les âmes. » Effectivement, l’Église n’est plus aujourd’hui considérée que comme une espèce d’appareil politique. On parle d’elle en évoquant presque exclusivement des catégories politiques, et cela vaut jusqu’aux évêques mêmes, qui formulent leur vision de l’Église de demain en ne parlant qu’en termes politiques. La crise provoquée par les nombreux cas d’abus perpétrés par des prêtres force à regarder l’Église comme une entité qui a mal tourné, qu’il nous revient désormais de reprendre en main et de repenser. Mais une Église faite par nous ne peut être synonyme d’espoir.
Jésus lui-même a comparé l’Église à un filet de pêche contenant des poissons bons et mauvais, qui à la fin sont séparés par Dieu. Il y aussi la parabole où l’Église est un champ sur lequel pousse le bon grain que Dieu a lui-même semé, mais également l’ivraie qu’ »un ennemi » a semée en cachette. Effectivement, l’ivraie est particulièrement visible dans le champ de Dieu, l’Église, et les mauvais poissons dans le filet montrent aussi leur force. Mais le champ reste le champ de Dieu, et le filet, le filet de Dieu. Le fait d’insister sur ces deux réalités ne constitue pas une fausse forme d’apologétique, mais un service nécessaire à la Vérité.
Dans ce contexte, il est nécessaire de faire référence à un texte important de l’Apocalypse de saint Jean. Le diable y est identifié comme l’accusateur qui accuse nos frères devant Dieu jour et nuit (Ap 12,10). L’Apocalypse reprend là une pensée qui est au centre de la narration du livre de Job (Jb 1 et 2,10 ; 42,7-16). Il y est raconté comment le diable essaie, devant Dieu, de faire passer Job pour un homme qui n’est juste que de l’extérieur. Et l’Apocalypse nous dit précisément la même chose : le diable veut prouver que les hommes justes n’existent pas. Que la vertu des hommes n’est qu’un artifice extérieur. Et que si l’on y regardait de plus près, les masques de vertu auraient tôt fait de tomber. Le récit commence par une dispute entre Dieu et le diable, au cours de laquelle Dieu avait décrit Job comme un homme véritablement juste. Il sera désormais l’exemple permettant de prouver qui a raison. Qu’on lui retire tout ce qu’il possède, et il ne restera rien de sa piété, avance le diable. Dieu lui accorde cette tentative, dont Job ressort vainqueur. Alors le diable insiste : « Peau pour peau ! L’homme donne tout ce qu’il a pour sauver sa vie. Mais étends la main, touche à ses os et à sa chair, je parie qu’il te maudira en face ! » (Jb 2,4) Dieu accorde un deuxième essai au diable. Il a également le droit de toucher la peau de Job. Seul celui de le tuer ne lui est pas accordé. Pour les chrétiens il est clair que Job, qui se tient devant Dieu comme un exemple pour toute l’humanité, c’est Jésus-Christ. Dans l’Apocalypse, le drame de l’humanité nous est présenté dans toute son ampleur. Le Dieu créateur est confronté au diable qui dit du mal de l’ensemble de l’humanité et de la création. Il proclame, non seulement à Dieu mais avant tout aux hommes : regardez ce que ce Dieu a fait. Une création soi-disant bonne, mais en réalité misérable et répugnante. Cette façon de dénigrer la création est en réalité une façon de dénigrer Dieu. Elle veut nous prouver que Dieu lui-même n’est pas bon, et ainsi nous détourner de Lui.
L’actualité de ce que nous rapporte l’Apocalypse est évidente. Aujourd’hui, l’accusation contre Dieu consiste principalement à dénigrer purement et simplement son Église dans le but de nous en éloigner. L’idée d’une meilleure Église créée de nos mains est en fait une suggestion du diable, par laquelle il veut nous détourner du Dieu vivant dans une logique mensongère, qui nous dupe trop facilement. Non, l’Église n’est pas uniquement constituée, même actuellement, de mauvais poissons et d’ivraie. Aujourd’hui, l’Église de Dieu existe également, et c’est justement aujourd’hui qu’elle est l’instrument par lequel Dieu nous sauve.
Il est très important d’opposer aux mensonges et aux semi-vérités du diable l’entière vérité. Oui, il y a des péchés dans l’Église, et du mal. Mais même aujourd’hui, il y a la sainte Église, qui est indestructible. Aujourd’hui il y a de nombreuses personnes qui croient humblement, qui souffrent et qui aiment, à travers lesquelles se manifeste le vrai Dieu, le Dieu d’amour. Aujourd’hui aussi Dieu a ses témoins (« martyrs ») dans le monde. Il nous faut juste être attentifs pour les voir et les entendre.
Le mot « martyr » est tiré du droit procédural. Dans le procès contre le diable, Jésus est le premier et le véritable témoin pour Dieu, le premier martyr, à qui tant d’autres ont depuis emboîté le pas. L’Église d’aujourd’hui est plus que jamais une Église des martyrs, et ainsi un témoin du Dieu vivant. Si nous regardons et écoutons autour de nous avec un cœur attentif, nous trouverons des témoins partout aujourd’hui, particulièrement parmi les gens ordinaires, mais aussi dans les hauts rangs de l’Église, prêts à prendre position pour Dieu par leur vie et leurs souffrances. C’est une inertie du cœur qui fait qu’on ne les reconnaît pas pour ce qu’ils sont. L’une de nos principales missions, dans notre œuvre d’évangélisation, consiste, dans la mesure du possible, à créer des habitats de la foi. Mais avant tout, il s’agit de trouver ceux qui existent et à les reconnaître comme tels.
Je vis dans une maison, dans une petite communauté de gens qui découvrent sans cesse de tels témoins du Dieu vivant dans la vie de tous les jours et qui me le signalent avec joie. Voir et trouver l’Église vivante est une magnifique mission, qui nous fortifie et renouvelle notre joie de la foi.
Au terme de mes réflexions, je tiens à remercier le pape François pour tout ce qu’il fait afin de nous montrer, encore et toujours, la lumière de Dieu, qui n’a pas disparu, même aujourd’hui. Merci, Saint-Père !
Benoît XVI


Full text of Benedict XVI essay: 'The Church and the scandal of sexual abuse'


Vatican City, Apr 10, 2019 / 04:23 pm (CNA).- The following is a previously unpublished essay from Pope emeritus Benedict XVI:
On February 21 to 24, at the invitation of Pope Francis, the presidents of the world's bishops' conferences gathered at the Vatican to discuss the current crisis of the faith and of the Church; a crisis experienced throughout the world after shocking revelations of clerical abuse perpetrated against minors.
The extent and gravity of the reported incidents has deeply distressed priests as well as laity, and has caused more than a few to call into question the very Faith of the Church. It was necessary to send out a strong message, and seek out a new beginning, so to make the Church again truly credible as a light among peoples and as a force in service against the powers of destruction.
Since I myself had served in a position of responsibility as shepherd of the Church at the time of the public outbreak of the crisis, and during the run-up to it, I had to ask myself - even though, as emeritus, I am no longer directly responsible - what I could contribute to a new beginning.
Thus, after the meeting of the presidents of the bishops' conferences was announced, I compiled some notes by which I might contribute one or two remarks to assist in this difficult hour.
Having contacted the Secretary of State, Cardinal [Pietro] Parolin and the Holy Father [Pope Francis] himself, it seemed appropriate to publish this text in the Klerusblatt [ a monthly periodical for clergy in mostly Bavarian dioceses].
My work is divided into three parts.
In the first part, I aim to present briefly the wider social context of the question, without which the problem cannot be understood. I try to show that in the 1960s an egregious event occurred, on a scale unprecedented in history. It could be said that in the 20 years from 1960 to 1980, the previously normative standards regarding sexuality collapsed entirely, and a new normalcy arose that has by now been the subject of laborious attempts at disruption.
In the second part, I aim to point out the effects of this situation on the formation of priests and on the lives of priests.
Finally, in the third part, I would like to develop some perspectives for a proper response on the part of the Church.
I.

(1) The matter begins with the state-prescribed and supported introduction of children and youths into the nature of sexuality. In Germany, the then-Minister of Health, Ms. (Käte) Strobel, had a film made in which everything that had previously not been allowed to be shown publicly, including sexual intercourse, was now shown for the purpose of education. What at first was only intended for the sexual education of young people consequently was widely accepted as a feasible option.

Similar effects were achieved by the "Sexkoffer" published by the Austrian government [A controversial 'suitcase' of sex education materials used in Austrian schools in the late 1980s]. Sexual and pornographic movies then became a common occurrence, to the point that they were screened at newsreel theaters [Bahnhofskinos]. I still remember seeing, as I was walking through the city of Regensburg one day, crowds of people lining up in front of a large cinema, something we had previously only seen in times of war, when some special allocation was to be hoped for. I also remember arriving in the city on Good Friday in the year 1970 and seeing all the billboards plastered up with a large poster of two completely naked people in a close embrace.
Among the freedoms that the Revolution of 1968 sought to fight for was this all-out sexual freedom, one which no longer conceded any norms.
The mental collapse was also linked to a propensity for violence. That is why sex films were no longer allowed on airplanes because violence would break out among the small community of passengers. And since the clothing of that time equally provoked aggression, school principals also made attempts at introducing school uniforms with a view to facilitating a climate of learning.
Part of the physiognomy of the Revolution of ‘68 was that pedophilia was then also diagnosed as allowed and appropriate.
For the young people in the Church, but not only for them, this was in many ways a very difficult time. I have always wondered how young people in this situation could approach the priesthood and accept it, with all its ramifications. The extensive collapse of the next generation of priests in those years and the very high number of laicizations were a consequence of all these developments.
(2) At the same time, independently of this development, Catholic moral theology suffered a collapse that rendered the Church defenseless against these changes in society. I will try to outline briefly the trajectory of this development.
Until the Second Vatican Council, Catholic moral theology was largely founded on natural law, while Sacred Scripture was only cited for background or substantiation. In the Council's struggle for a new understanding of Revelation, the natural law option was largely abandoned, and a moral theology based entirely on the Bible was demanded.
I still remember how the Jesuit faculty in Frankfurt trained a highly gifted young Father (Bruno Schüller) with the purpose of developing a morality based entirely on Scripture. Father Schüller's beautiful dissertation shows a first step towards building a morality based on Scripture. Father Schüller was then sent to America for further studies and came back with the realization that from the Bible alone morality could not be expressed systematically. He then attempted a more pragmatic moral theology, without being able to provide an answer to the crisis of morality.
In the end, it was chiefly the hypothesis that morality was to be exclusively determined by the purposes of human action that prevailed. While the old phrase "the end justifies the means" was not confirmed in this crude form, its way of thinking had become definitive. Consequently, there could no longer be anything that constituted an absolute good, any more than anything fundamentally evil; (there could be) only relative value judgments. There no longer was the (absolute) good, but only the relatively better, contingent on the moment and on circumstances.
The crisis of the justification and presentation of Catholic morality reached dramatic proportions in the late ‘80s and ‘90s. On January 5, 1989, the "Cologne Declaration", signed by 15 Catholic professors of theology, was published. It focused on various crisis points in the relationship between the episcopal magisterium and the task of theology. (Reactions to) this text, which at first did not extend beyond the usual level of protests, very rapidly grew into an outcry against the Magisterium of the Church and mustered, audibly and visibly, the global protest potential against the expected doctrinal texts of John Paul II (cf. D. Mieth, Kölner Erklärung, LThK, VI3, p. 196) [LTHK is the Lexikon für Theologie und Kirche, a German-language "Lexicon of Theology and the Church", whose editors included Karl Rahner and Cardinal Walter Kasper.]
Pope John Paul II, who knew very well the situation of moral theology and followed it closely, commissioned work on an encyclical that would set these things right again. It was published under the title Veritatis splendor on August 6, 1993, and it triggered vehement backlashes on the part of moral theologians. Before it, the "Catechism of the Catholic Church" already had persuasively presented, in a systematic fashion, morality as proclaimed by the Church.
I shall never forget how then-leading German moral theologian Franz Böckle, who, having returned to his native Switzerland after his retirement, announced in view of the possible decisions of the encyclical Veritatis splendor that if the encyclical should determine that there were actions which were always and under all circumstances to be classified as evil, he would challenge it with all the resources at his disposal.
It was God, the Merciful, that spared him from having to put his resolution into practice; Böckle died on July 8, 1991. The encyclical was published on August 6, 1993 and did indeed include the determination that there were actions that can never become good.
The pope was fully aware of the importance of this decision at that moment and for this part of his text, he had once again consulted leading specialists who did not take part in the editing of the encyclical. He knew that he must leave no doubt about the fact that the moral calculus involved in balancing goods must respect a final limit. There are goods that are never subject to trade-offs.
There are values which must never be abandoned for a greater value and even surpass the preservation of physical life. There is martyrdom. God is (about) more than mere physical survival. A life that would be bought by the denial of God, a life that is based on a final lie, is a non-life.
Martyrdom is a basic category of Christian existence. The fact that martyrdom is no longer morally necessary in the theory advocated by Böckle and many others shows that the very essence of Christianity is at stake here.
In moral theology, however, another question had meanwhile become pressing: The hypothesis that the Magisterium of the Church should have final competence [infallibility] only in matters concerning the faith itself gained widespread acceptance; (in this view) questions concerning morality should not fall within the scope of infallible decisions of the Magisterium of the Church. There is probably something right about this hypothesis that warrants further discussion. But there is a minimum set of morals which is indissolubly linked to the foundational principle of faith and which must be defended if faith is not to be reduced to a theory but rather to be recognized in its claim to concrete life.
All this makes apparent just how fundamentally the authority of the Church in matters of morality is called into question. Those who deny the Church a final teaching competence in this area force her to remain silent precisely where the boundary between truth and lies is at stake.
Independently of this question, in many circles of moral theology the hypothesis was expounded that the Church does not and cannot have her own morality. The argument being that all moral hypotheses would also know parallels in other religions and therefore a Christian property of morality could not exist. But the question of the unique nature of a biblical morality is not answered by the fact that for every single sentence somewhere, a parallel can also be found in other religions. Rather, it is about the whole of biblical morality, which as such is new and different from its individual parts.
The moral doctrine of Holy Scripture has its uniqueness ultimately predicated in its cleaving to the image of God, in faith in the one God who showed himself in Jesus Christ and who lived as a human being. The Decalogue is an application of the biblical faith in God to human life. The image of God and morality belong together and thus result in the particular change of the Christian attitude towards the world and human life. Moreover, Christianity has been described from the beginning with the word hodós [Greek for a road, in the New Testament often used in the sense of a path of progress].
Faith is a journey and a way of life. In the old Church, the catechumenate was created as a habitat against an increasingly demoralized culture, in which the distinctive and fresh aspects of the Christian way of life were practiced and at the same time protected from the common way of life. I think that even today something like catechumenal communities are necessary so that Christian life can assert itself in its own way.
II.
Initial Ecclesial Reactions


(1) The long-prepared and ongoing process of dissolution of the Christian concept of morality was, as I have tried to show, marked by an unprecedented radicalism in the 1960s. This dissolution of the moral teaching authority of the Church necessarily had to have an effect on the diverse areas of the Church. In the context of the meeting of the presidents of the episcopal conferences from all over the world with Pope Francis, the question of priestly life, as well as that of seminaries, is of particular interest. As regards the problem of preparation for priestly ministry in seminaries, there is in fact a far-reaching breakdown of the previous form of this preparation.

In various seminaries homosexual cliques were established, which acted more or less openly and significantly changed the climate in the seminaries. In one seminary in southern Germany, candidates for the priesthood and candidates for the lay ministry of the pastoral specialist [Pastoralreferent] lived together. At the common meals, seminarians and pastoral specialists ate together, the married among the laymen sometimes accompanied by their wives and children, and on occasion by their girlfriends. The climate in this seminary could not provide support for preparation to the priestly vocation. The Holy See knew of such problems, without being informed precisely. As a first step, an Apostolic Visitation was arranged of seminaries in the United States.
As the criteria for the selection and appointment of bishops had also been changed after the Second Vatican Council, the relationship of bishops to their seminaries was very different, too. Above all, a criterion for the appointment of new bishops was now their "conciliarity," which of course could be understood to mean rather different things.
Indeed, in many parts of the Church, conciliar attitudes were understood to mean having a critical or negative attitude towards the hitherto existing tradition, which was now to be replaced by a new, radically open relationship with the world. One bishop, who had previously been seminary rector, had arranged for the seminarians to be shown pornographic films, allegedly with the intention of thus making them resistant to behavior contrary to the faith.
There were — not only in the United States of America — individual bishops who rejected the Catholic tradition as a whole and sought to bring about a kind of new, modern "Catholicity" in their dioceses. Perhaps it is worth mentioning that in not a few seminaries, students caught reading my books were considered unsuitable for the priesthood. My books were hidden away, like bad literature, and only read under the desk.
The Visitation that now took place brought no new insights, apparently because various powers had joined forces to conceal the true situation. A second Visitation was ordered and brought considerably more insights, but on the whole failed to achieve any outcomes. Nonetheless, since the 1970s the situation in seminaries has generally improved. And yet, only isolated cases of a new strengthening of priestly vocations came about as the overall situation had taken a different turn.
(2) The question of pedophilia, as I recall, did not become acute until the second half of the 1980s. In the meantime, it had already become a public issue in the U.S., such that the bishops in Rome sought help, since canon law, as it is written in the new (1983) Code, did not seem sufficient for taking the necessary measures.
Rome and the Roman canonists at first had difficulty with these concerns; in their opinion the temporary suspension from priestly office had to be sufficient to bring about purification and clarification. This could not be accepted by the American bishops, because the priests thus remained in the service of the bishop, and thereby could be taken to be [still] directly associated with him. Only slowly, a renewal and deepening of the deliberately loosely constructed criminal law of the new Code began to take shape.
In addition, however, there was a fundamental problem in the perception of criminal law. Only so-called guarantorism,  [a kind of procedural protectionism], was still regarded as "conciliar." This means that above all the rights of the accused had to be guaranteed, to an extent that factually excluded any conviction at all. As a counterweight against the often-inadequate defense options available to accused theologians, their right to defense by way of guarantorism was extended to such an extent that convictions were hardly possible.
Allow me a brief excursus at this point. In light of the scale of pedophilic misconduct, a word of Jesus has again come to attention which says: "Whoever causes one of these little ones who believe in me to sin, it would be better for him if a great millstone were hung round his neck and he were thrown into the sea" (Mark 9:42).
The phrase "the little ones" in the language of Jesus means the common believers who can be confounded in their faith by the intellectual arrogance of those who think they are clever. So here Jesus protects the deposit of the faith with an emphatic threat of punishment to those who do it harm.
The modern use of the sentence is not in itself wrong, but it must not obscure the original meaning. In that meaning, it becomes clear, contrary to any guarantorism, that it is not only the right of the accused that is important and requires a guarantee. Great goods such as the Faith are equally important.
A balanced canon law that corresponds to the whole of Jesus' message must therefore not only provide a guarantee for the accused, the respect for whom is a legal good. It must also protect the Faith, which is also an important legal asset. A properly formed canon law must therefore contain a double guarantee — legal protection of the accused, legal protection of the good at stake. If today one puts forward this inherently clear conception, one generally falls on deaf ears when it comes to the question of the protection of the Faith as a legal good. In the general awareness of the law, the Faith no longer appears to have the rank of a good requiring protection. This is an alarming situation which must be considered and taken seriously by the pastors of the Church.
I would now like to add, to the brief notes on the situation of priestly formation at the time of the public outbreak of the crisis, a few remarks regarding the development of canon law in this matter.
In principle, the Congregation of the Clergy is responsible for dealing with crimes committed by priests. But since guarantorism dominated the situation to a large extent at the time, I agreed with Pope John Paul II that it was appropriate to assign the competence for these offences to the Congregation for the Doctrine of the Faith, under the title Delicta maiora contra fidem.
This arrangement also made it possible to impose the maximum penalty, i.e., expulsion from the clergy, which could not have been imposed under other legal provisions. This was not a trick to be able to impose the maximum penalty, but is a consequence of the importance of the Faith for the Church. In fact, it is important to see that such misconduct by clerics ultimately damages the Faith.
Only where faith no longer determines the actions of man are such offenses possible.
The severity of the punishment, however, also presupposes a clear proof of the offense — this aspect of guarantorism remains in force.
 
In other words, in order to impose the maximum penalty lawfully, a genuine criminal process is required. But both the dioceses and the Holy See were overwhelmed by such a requirement. We therefore formulated a minimum level of criminal proceedings and left open the possibility that the Holy See itself would take over the trial where the diocese or the metropolitan administration is unable to do so. In each case, the trial would have to be reviewed by the Congregation for the Doctrine of the Faith in order to guarantee the rights of the accused. Finally, in the Feria IV (i.e., the assembly of the members of the Congregation), we established an appeal instance in order to provide for the possibility of an appeal.

Because all of this actually went beyond the capacities of the Congregation for the Doctrine of the Faith, and because delays arose which had to be prevented owing to the nature of the matter, Pope Francis has undertaken further reforms.
III.
(1) What must be done? Perhaps we should create another Church for things to work out? Well, that experiment has already been undertaken and has already failed. Only obedience and love for our Lord Jesus Christ can point the way. So let us first try to understand anew and from within [ourselves] what the Lord wants, and has wanted with us.

First, I would suggest the following: If we really wanted to summarize very briefly the content of the Faith as laid down in the Bible, we might do so by saying that the Lord has initiated a narrative of love with us and wants to subsume all creation in it. The counterforce against evil, which threatens us and the whole world, can ultimately only consist in our entering into this love. It is the real counterforce against evil. The power of evil arises from our refusal to love God. He who entrusts himself to the love of God is redeemed. Our being not redeemed is a consequence of our inability to love God. Learning to love God is therefore the path of human redemption.
Let us now try to unpack this essential content of God's revelation a little more. We might then say that the first fundamental gift that Faith offers us is the certainty that God exists.
A world without God can only be a world without meaning. For where, then, does everything that is come from? In any case, it has no spiritual purpose. It is somehow simply there and has neither any goal nor any sense. Then there are no standards of good or evil. Then only what is stronger than the other can assert itself. Power is then the only principle. Truth does not count, it actually does not exist. Only if things have a spiritual reason, are intended and conceived — only if there is a Creator God who is good and wants the good — can the life of man also have meaning.
That there is God as creator and as the measure of all things is first and foremost a primordial need.
But a God who would not express Himself at all, who would not make Himself known, would remain a presumption and could thus not determine the form [Gestalt] of our life. For God to be really God in this deliberate creation, we must look to Him to express Himself in some way. He has done so in many ways, but decisively in the call that went to Abraham and gave people in search of God the orientation that leads beyond all expectation: God Himself becomes creature, speaks as man with us human beings.
In this way the sentence "God is" ultimately turns into a truly joyous message, precisely because He is more than understanding, because He creates - and is - love. To once more make people aware of this is the first and fundamental task entrusted to us by the Lord.
A society without God — a society that does not know Him and treats Him as non-existent — is a society that loses its measure. In our day, the catchphrase of God's death was coined. When God does die in a society, it becomes free, we were assured. In reality, the death of God in a society also means the end of freedom, because what dies is the purpose that provides orientation. And because the compass disappears that points us in the right direction by teaching us to distinguish good from evil. Western society is a society in which God is absent in the public sphere and has nothing left to offer it. And that is why it is a society in which the measure of humanity is increasingly lost. At individual points it becomes suddenly apparent that what is evil and destroys man has become a matter of course.
That is the case with pedophilia. It was theorized only a short time ago as quite legitimate, but it has spread further and further. And now we realize with shock that things are happening to our children and young people that threaten to destroy them. The fact that this could also spread in the Church and among priests ought to disturb us in particular.
Why did pedophilia reach such proportions? Ultimately, the reason is the absence of God. We Christians and priests also prefer not to talk about God, because this speech does not seem to be practical. After the upheaval of the Second World War, we in Germany had still expressly placed our Constitution under the responsibility to God as a guiding principle. Half a century later, it was no longer possible to include responsibility to God as a guiding principle in the European constitution. God is regarded as the party concern of a small group and can no longer stand as the guiding principle for the community as a whole. This decision reflects the situation in the West, where God has become the private affair of a minority.
A paramount task, which must result from the moral upheavals of our time, is that we ourselves once again begin to live by God and unto Him. Above all, we ourselves must learn again to recognize God as the foundation of our life instead of leaving Him aside as a somehow ineffective phrase. I will never forget the warning that the great theologian Hans Urs von Balthasar once wrote to me on one of his letter cards. "Do not presuppose the triune God, Father, Son and Holy Spirit, but present them!”
Indeed, in theology God is often taken for granted as a matter of course, but concretely one does not deal with Him. The theme of God seems so unreal, so far removed from the things that concern us. And yet everything becomes different if one does not presuppose but present God. Not somehow leaving Him in the background, but recognizing Him as the center of our thoughts, words and actions.
(2) God became man for us. Man as His creature is so close to His heart that He has united himself with him and has thus entered human history in a very practical way. He speaks with us, He lives with us, He suffers with us and He took death upon Himself for us. We talk about this in detail in theology, with learned words and thoughts. But it is precisely in this way that we run the risk of becoming masters of faith instead of being renewed and mastered by the Faith.
Let us consider this with regard to a central issue, the celebration of the Holy Eucharist. Our handling of the Eucharist can only arouse concern. The Second Vatican Council was rightly focused on returning this sacrament of the Presence of the Body and Blood of Christ, of the Presence of His Person, of His Passion, Death and Resurrection, to the center of Christian life and the very existence of the Church. In part, this really has come about, and we should be most grateful to the Lord for it.
And yet a rather different attitude is prevalent. What predominates is not a new reverence for the presence of Christ's death and resurrection, but a way of dealing with Him that destroys the greatness of the Mystery. The declining participation in the Sunday Eucharistic celebration shows how little we Christians of today still know about appreciating the greatness of the gift that consists in His Real Presence. The Eucharist is devalued into a mere ceremonial gesture when it is taken for granted that courtesy requires Him to be offered at family celebrations or on occasions such as weddings and funerals to all those invited for family reasons.
The way people often simply receive the Holy Sacrament in communion as a matter of course shows that many see communion as a purely ceremonial gesture. Therefore, when thinking about what action is required first and foremost, it is rather obvious that we do not need another Church of our own design. Rather, what is required first and foremost is the renewal of the Faith in the Reality of Jesus Christ given to us in the Blessed Sacrament.
In conversations with victims of pedophilia, I have been made acutely aware of this first and foremost requirement. A young woman who was a [former] altar server told me that the chaplain, her superior as an altar server, always introduced the sexual abuse he was committing against her with the words: "This is my body which will be given up for you."
It is obvious that this woman can no longer hear the very words of consecration without experiencing again all the horrific distress of her abuse. Yes, we must urgently implore the Lord for forgiveness, and first and foremost we must swear by Him and ask Him to teach us all anew to understand the greatness of His suffering, His sacrifice. And we must do all we can to protect the gift of the Holy Eucharist from abuse.
(3) And finally, there is the Mystery of the Church. The sentence with which Romano Guardini, almost 100 years ago, expressed the joyful hope that was instilled in him and many others, remains unforgotten: "An event of incalculable importance has begun; the Church is awakening in souls."
He meant to say that no longer was the Church experienced and perceived as merely an external system entering our lives, as a kind of authority, but rather it began to be perceived as being present within people's hearts — as something not merely external, but internally moving us. About half a century later, in reconsidering this process and looking at what had been happening, I felt tempted to reverse the sentence: "The Church is dying in souls."
Indeed, the Church today is widely regarded as just some kind of political apparatus. One speaks of it almost exclusively in political categories, and this applies even to bishops, who formulate their conception of the church of tomorrow almost exclusively in political terms. The crisis, caused by the many cases of clerical abuse, urges us to regard the Church as something almost unacceptable, which we must now take into our own hands and redesign. But a self-made Church cannot constitute hope.
Jesus Himself compared the Church to a fishing net in which good and bad fish are ultimately separated by God Himself. There is also the parable of the Church as a field on which the good grain that God Himself has sown grows, but also the weeds that "an enemy" secretly sown onto it. Indeed, the weeds in God's field, the Church, are excessively visible, and the evil fish in the net also show their strength. Nevertheless, the field is still God's field and the net is God's fishing net. And at all times, there are not only the weeds and the evil fish, but also the crops of God and the good fish. To proclaim both with emphasis is not a false form of apologetics, but a necessary service to the Truth.
In this context it is necessary to refer to an important text in the Revelation of St. John. The devil is identified as the accuser who accuses our brothers before God day and night (Revelation 12:10). St. John’s Apocalypse thus takes up a thought from the center of the framing narrative in the Book of Job (Job 1 and 2, 10; 42:7-16). In that book, the devil sought to talk down the righteousness of Job before God as being merely external. And exactly this is what the Apocalypse has to say: The devil wants to prove that there are no righteous people; that all righteousness of people is only displayed on the outside. If one could hew closer to a person, then the appearance of his justice would quickly fall away.
The narrative in Job begins with a dispute between God and the devil, in which God had referred to Job as a truly righteous man. He is now to be used as an example to test who is right. Take away his possessions and you will see that nothing remains of his piety, the devil argues. God allows him this attempt, from which Job emerges positively. Now the devil pushes on and he says: "Skin for skin! All that a man has he will give for his life. But put forth thy hand now, and touch his bone and his flesh, and he will curse thee to thy face." (Job 2:4f)
God grants the devil a second turn. He may also touch the skin of Job. Only killing Job is denied to him. For Christians it is clear that this Job, who stands before God as an example for all mankind, is Jesus Christ. In St. John’s Apocalypse the drama of humanity is presented to us in all its breadth.
The Creator God is confronted with the devil who speaks ill of all mankind and all creation. He says, not only to God but above all to people: Look at what this God has done. Supposedly a good creation, but in reality full of misery and disgust. That disparagement of creation is really a disparagement of God. It wants to prove that God Himself is not good, and thus to turn us away from Him.
The timeliness of what the Apocalypse is telling us here is obvious. Today, the accusation against God is, above all, about characterizing His Church as entirely bad, and thus dissuading us from it. The idea of a better Church, created by ourselves, is in fact a proposal of the devil, with which he wants to lead us away from the living God, through a deceitful logic by which we are too easily duped. No, even today the Church is not just made up of bad fish and weeds. The Church of God also exists today, and today it is the very instrument through which God saves us.
It is very important to oppose the lies and half-truths of the devil with the whole truth: Yes, there is sin in the Church and evil. But even today there is the Holy Church, which is indestructible. Today there are many people who humbly believe, suffer and love, in whom the real God, the loving God, shows Himself to us. Today God also has His witnesses (martyres) in the world. We just have to be vigilant in order to see and hear them.
The word martyr is taken from procedural law. In the trial against the devil, Jesus Christ is the first and actual witness for God, the first martyr, who has since been followed by countless others.
Today's Church is more than ever a "Church of the Martyrs" and thus a witness to the living God. If we look around and listen with an attentive heart, we can find witnesses everywhere today, especially among ordinary people, but also in the high ranks of the Church, who stand up for God with their life and suffering. It is an inertia of the heart that leads us to not wish to recognize them. One of the great and essential tasks of our evangelization is, as far as we can, to establish habitats of Faith and, above all, to find and recognize them.
I live in a house, in a small community of people who discover such witnesses of the living God again and again in everyday life and who joyfully point this out to me as well. To see and find the living Church is a wonderful task which strengthens us and makes us joyful in our Faith time and again.
At the end of my reflections I would like to thank Pope Francis for everything he does to show us, again and again, the light of God, which has not disappeared, even today. Thank you, Holy Father!
--Benedict XVI

Translated by Anian Christoph Wimmer.

Quotes from Scripture use Revised Standard Version Catholic Edition (RSVCE).




BENEDETTO XVI: ECCO LA SUA TESTIMONIANZA INEDITA SULLA CRISI DRAMMATICA DELLA CHIESA.

11 Aprile 2019 

Marco Tosatti

Cari Stilumcuriali, grazie alla cortesia di un commentatore abituale del nostro sito pubblichiamo il documento che Benedetto XVI ha pubblicato – previa consultazione con il Segretario di Stato, card. Pietro Parolin, e con il Pontefice regnante, su un giornale bavarese. È un testo di grande forza e drammaticità, che sottolinea, con la delicatezza e la fermezza caratteristiche di Joseph Ratzinger, lo stato di devastazione in cui si trova la Chiesa, e con esso i suoi fedeli. Buona lettura.

Dal 21 al 24 febbraio 2019, su invito di Papa Francesco, si sono riuniti in Vaticano i presidenti di tutte le conferenze episcopali del mondo per riflettere insieme sulla crisi della fede e della Chiesa avvertita in tutto il mondo a seguito della diffusione delle sconvolgenti notizie di abusi commessi da chierici su minori. La mole e la gravità delle informazioni su tali episodi hanno profondamente scosso sacerdoti e laici e non pochi di loro hanno determinato la messa in discussione della fede della Chiesa come tale. Si doveva dare un segnale forte e si doveva provare a ripartire per rendere di nuovo credibile la Chiesa come luce delle genti e come forza che aiuta nella lotta contro le potenze distruttrici.
Avendo io stesso operato, al momento del deflagrare pubblico della crisi e durante il suo progressivo sviluppo, in posizione di responsabilità come pastore nella Chiesa, non potevo non chiedermi – pur non avendo più da Emerito alcuna diretta responsabilità – come a partire da uno sguardo retrospettivo, potessi contribuire a questa ripresa. E così, nel lasso di tempo che va dall’annuncio dell’incontro dei presidenti delle conferenze episcopali al syo vero e proprio inizio, ho messo insieme degli appunti con i quali fornire qualche indicazione che potesse essere di aiuto in questo mo­mento difficile. A seguito di contatti con il Segretario di Stato, cardinale Pietro Parolin, e con lo stesso Santo Padre, ritengo giusto pubblicare su “Klerusblatt” il testo così concepito.
Il mio lavoro è suddiviso in tre parti. In un primo punto tento molto breve­ mente di delineare in generale il contesto sociale della questione, in mancanza del quale il problema risulta incomprensibile. Cerco di mostrare come negli anni ‘60 si sia verificato un processo inaudito, di un ordine di grandezza che nella storia è quasi senza precedenti. Si può affermare che nel ventennio 1960-1980 i criteri validi sino a quel momento in tema di sessualità sono venuti meno completamente e ne è risultata un’assenza di norme alla quale nel frattempo ci si è sforzati di rimediare.
In un secondo punto provo ad accennare alle conseguenze di questa si­tuazione nella formazione e nella vita dei sacerdoti.
Infine, in una terza parte, svilupperò alcune prospettive per una giusta ri­ sposta da parte della Chiesa.
I
Il processo iniziato negli anni ’60 e la teologia morale
1. La situazione ebbe inizio con l’introduzione, decretata e sostenuta dallo Stato, dei bambini e della gioventù alla natura della sessualità. In Ger­ mania Kate Strobel, la Ministra della salute di allora, fece produrre un film a scopo informativo nel quale veniva rappresentato tutto quello che sino a quel momento non poteva essere mostrato pubblicamente, rap­ porti sessuali inclusi. Quello che in un primo tempo era pensato solo per informare i giovani, in seguito, come fosse ovvio, è stato accettato come possibilità generale.
Sortì effetti simili anche la «Sexkoffer» (valigia del sesso) curata dal governo austriaco. Film a sfondo sessuale e pornografici divennero una realtà, sino al punto da essere proiettati anche nei cinema delle stazioni. Ricordo ancora come un giorno, andando per Ratisbona, vidi che attendeva te va di fronte a un grande cinema una massa di persone come sino ad allora si era vista solo in tempo di guerra quando si sperava in qual­ che distribuzione straordinaria. Mi è rimasto anche impresso nella memoria quando il Venerdì Santo del 1970 arrivai in città e vidi tutte le colonnine della pubblicità tappezzate di manifesti pubblicitari che presentavano in grande formato due persone completamente nude abbracciate strettamente.
Tra le libertà che la Rivoluzione del 1968 voleva conquistare c’era anche la completa libertà sessuale, che non tollerava più alcuna norma. La tita la proiezione di film a sfondo sessuale, giacché nella piccola comu­ nità di passeggeri scoppiava la violenza. Poiché anche gli eccessi nel ve­ stire provocavano aggressività, i presidi cercarono di introdurre un ab­bigliamento scolastico che potesse consentire un clima di studio.
Della fisionomia della Rivoluzione del 1968 fa parte anche il fatto che la pedofilia sia stata diagnosticata come permessa e conveniente. Quantomeno per i giovani nella Chiesa, ma non solo per loro, questo fu per molti versi un tempo molto difficile. Mi sono sempre chiesto come in questa situazione i giovani potessero andare verso il sacerdozio e accet­tarlo con tutte le sue conseguenze. Il diffuso collasso delle vocazioni sa­cerdotali in quegli anni e l’enorme numero di dimissioni dallo stato cle­ricale furono una conseguenza di tutti questi processi.
2. Indipendentemente da questo sviluppo, nello stesso periodo si è verifica­to un collasso della teologia morale cattolica che reso inerme la Chiesa di fronte a quei processi nella società. Cerco di delineare molto brevemente lo svolgimento di questa dinamica. Sino al Vaticano II la teologia morale cattolica veniva largamente fondata giusnaturalistica­ mente, mentre la Sacra Scrittura veniva addotta solo come sfondo o a supporto. Nella lotta ingaggiata dal Concilio per una nuova compren­sione della Rivelazione, l’opzione giusnaturalistica venne quasi comple­tamente abbandonata e si esigette una teologia morale completamente fondata sulla Bibbia. Ricordo ancora come la Facoltà dei gesuiti di Francoforte preparò un giovane padre molto dotato (Bruno Schüller) per l’elaborazione di una morale completamente fondata sulla Scrittura. La bella dissertazione di padre Schüller mostra il primo passo dell’elaborazione di una morale fondata sulla Scrittura. Padre Schüller venne poi mandato negli Stati Uniti d’America per proseguire gli studi e tornò con la consapevolezza che non era possibile elaborare sistemati­camente una morale solo a partire dalla Bibbia. Egli tentò successiva­ mente di elaborare una teologia morale che procedesse in modo più pragmatico, senza però con ciò riuscire a fornire una risposta alla crisi della morale.
Infine si affermò ampiamente la tesi per cui la morale dovesse essere de­ finita solo in base agli scopi dell’agire umano. Il vecchio adagio «il fine giustifica i mezzi» non veniva ribadito in questa forma così rozza, e tut­tavia la concezione che esso esprimeva era divenuta decisiva. Perciò non poteva esserci nemmeno qualcosa dì assolutamente buono né tantome­no qualcosa dì sempre malvagio, ma solo valutazioni relative. Non c’era più il bene, ma solo ciò che sul momento e a seconda delle circostanze è relativamente meglio.
Sul finire degli anni ’80 e negli anni ’90 la crisi dei fondamenti e della presentazione della morale cattolica raggiunse forme drammatiche. Il 5 gennaio 1989 fu pubblicata la «Dichiarazione di Colonia» firmata da 15 professori di teologia cattolici che si concentrava su diversi punti critici del rapporto fra magistero episcopale e compito della teologia. Questo testo, che inizialmente non andava oltre il livello consueto delle rimo­ stranze, crebbe tuttavia molto velocemente sino a trasformarsi in grido di protesta contro il magistero della Chiesa, raccogliendo in modo ben visibile e udibile il potenziale dì opposizione che in tutto il mondo anda­ va montando contro gli attesi testi magisteriali di Giovanni Paolo II (cfr. D. Mieth, Kölner Erklärung, LThK, VI3,196).
Papa Giovanni Paolo II, che conosceva molto bene la situazione della teologia morale e la seguiva con attenzione, dispose che s’iniziasse a la­vorare a un’enciclica che potesse rimettere a posto queste cose. Fu pubblicata con il titolo Veritatis splendor il 6 agosto 1993 suscitando violente reazioni contrarie da parte dei teologi morali. In precedenza già c’era stato il Catechismo della Chiesa cattolica che aveva sistematica­ mente esposto in maniera convincente la morale insegnata dalla Chiesa.
Non posso dimenticare che Franz Böckle – allora fra i principali teologi morali di lingua tedesca, che dopo essere stato nominato professore emerito si era ritirato nella sua patria svizzera -, in vista delle possibili decisioni di Veritatis splendor, dichiarò che se l’Enciclica avesse deciso che ci sono azioni che sempre e in ogni circostanza vanno considerate malvagie, contro questo egli avrebbe alzato la sua voce con tutta la forza che aveva. Il buon Dio gli risparmiò la realizzazione del suo proposito; Böckle morì l’8 luglio 1991. L’Enciclica fu pubblicata il 6 agosto 1993 e in effetti conteneva l’affermazione che ci sono azioni che non possono mai diventare buone. Il Papa era pienamente consapevole de peso di quella decisione in quel momento e, proprio per questa parte del suo scritto, aveva consultato ancora una volta esperti di assoluto livello che di per sé non avevano partecipato alla redazione dell’Enciclica. Non ci poteva e non ci doveva essere alcun dubbio che la morale fondata sul principio del bilanciamento di beni deve rispettare un ultimo limite. Ci sono beni che sono indisponibili. Ci sono valori che non è mai lecito sacrificare in nome di un valore ancora più alto e che stanno al di sopra anche della conservazione della vita fisica. Dio è di più anche della sopravvivenza fisica. Una vita che fosse acquistata a prezzo del rinnegamento di Dio, una vita basata su un’ultima menzogna, è una non-vita. Il martirio è una categoria fondamentale dell’esistenza cristiana. Che esso in fondo, nella teoria sostenuta da Böckle e da molti altri, non sia più moralmente necessario, mostra che qu1 ne va dell’essenza stessa del cristianesimo.
Nella teologia morale, nel frattempo, era peraltro divenuta pressante un’altra questione: si era ampiamente affermata la tesi che al magistero della Chiesa spetti la competenza ultima e definitiva («infallibilità») solo sulle questioni di fede, mentre le questioni della morale non potrebbero divenire oggetto di decisioni infallibili del magistero ecclesiale. In questa tesi c’è senz’altro qualcosa di giusto che merita di essere ulteriormente discusso e approfondito. E tuttavia c’è un minimum morale che è inscindibilmente connesso con la decisione fondamentale di fede e che deve essere difeso, se non si vuole ridurre la fede a una teoria e si riconosce, al contrario, la pretesa che essa avanza rispetto alla vita concreta. Da tutto ciò emerge come sia messa radicalmente in discussione l’autorità della Chiesa in campo morale. Chi in quest’ambito nega alla Chiesa un’ultima competenza dottrinale, la costringe al silenzio proprio dove è in gioco il confine fra verità e menzogna.
Indipendentemente da tale questione, in ampi settori della teologia mo­rale si sviluppò la tesi che la Chiesa non abbia né possa avere una propria morale. Nell’affermare questo si sottolinea come tutte le affermazioni morali avrebbero degli equivalenti anche nelle altre religioni e che dunque non potrebbe esistere un proprium cristiano. Ma alla questione del proprium di una morale biblica, non si risponde affermando che, per ogni singola frase, si può trovare da qualche parte un’equivalente in al­ tre religioni. È invece l’insieme della morale biblica che come tale è nuo­vo e diverso rispetto alle singole parti. La peculiarità dell’insegnamento morale della Sacra Scrittura risiede ultimamente nel suo ancoraggio all’immagine di Dio, nella fede nell’unico Dio che si è mostrato in Gesù Cristo e che ha vissuto come uomo. Il Decalogo è un’applicazione alla vi­ta umana della fede biblica in Dio. Immagine di Dio e morale vanno in­sieme e producono così quello che è specificamente nuovo dell’atteggiamento cristiano verso il mondo e la vita umana. Del resto, sin dall’inizio il cristianesimo è stato descritto con la parola hodòs. La fede è un cammino, un modo di vivere. Nella Chiesa antica, rispetto a una cultura sempre più depravata, fu istituito il catecumenato come spazio di esistenza nel quale quel che era specifico e nuovo del modo di vivere cristiano veniva insegnato e anche salvaguardato rispetto al modo di vivere comune. Penso che anche oggi sia necessario qualcosa di simi­ le a comunità catecumenali affinché la vita cristiana possa affermarsi nella sua peculiarità.
II
Prime reazioni ecclesiali
1. Il processo di dissoluzione della concezione cristiana della morale, da lungo tempo preparato e che è in corso, negli anni ‘60, come ho cercato di mostrare, ha conosciuto una radicalità come mai c’era stata prima di allora. Questa dissoluzione dell’autorità dottrinale della Chiesa in materia morale doveva necessariamente ripercuotersi anche nei diversi spazi di vita della Chiesa. Nell’ambito dell’incontro dei presidenti delle Conferenze episcopali di tutto il mondo, interessa soprattutto la questione della vita sacerdotale e inoltre quella dei seminari. Riguardo al problema della preparazione al ministero sacerdotale nei seminari, si constata in effetti un ampio collasso della forma vigente sino a quel momento di questa preparazione.
In diversi seminari si formarono club omosessuali che agivano più o meno apertamente e che chiaramente trasformarono il clima nei seminari. In un seminario nella Germania meridionale i candidati al sacerdozio e i candidati all’ufficio laicale di referente pastorale vivevano in­sieme. Durante i pasti comuni, i seminaristi stavano insieme ai referenti pastorali coniugati in parte accompagnati da moglie e figlio e in qualche caso dalle loro fidanzate. Il clima nel seminario non poteva aiutare la formazione sacerdotale. La Santa Sede sapeva di questi problemi, senza esserne in formata nel dettaglio. Come primo passo fu disposta una Visita apostolica nei seminari degli Stati Uniti.
Poiché dopo il Concilio Vaticano II erano stati cambiati pure i criteri per la scelta e la nomina dei vescovi, anche il rapporto dei vescovi con i loro seminari era differente. Come criterio per la nomina di nuovi vescovi va­ leva ora soprattutto la loro «conciliarità», potendo intendersi natural­ mente con questo termine le cose più diverse. In molte parti della Chie­sa, il sentire conciliare venne di fatto inteso come un atteggiamento cri­ tico o negativo nei confronti della tradizione vigente fino a quel momen­ to, che ora doveva essere sostituita da un nuovo rapporto, radicalmente aperto, con il mondo. Un vescovo, che in precedenza era stato rettore, aveva mostrato ai seminaristi film pornografici, presumibilmente con l’intento di renderli in tal modo capaci di resistere contro un comportamento contrario alla fede. Vi furono singoli vescovi – e non solo negli Stati Uniti d’America – che rifiutarono la tradizione cattolica nel suo complesso mirando nelle loro diocesi a sviluppare una specie di nuova, moderna «cattolicità». Forse vale la pena accennare al fatto che, in non pochi seminari, studenti sorpresi a leggere i miei libri venivano considerati non idonei al sacerdozio. I miei libri venivano nascosti come letteratura dannosa e venivano per così dire letti sottobanco.
La Visita che seguì non portò nuove informazioni, perché evidentemente diverse forze si erano coalizzate al fine di occultare la situazione reale. Venne disposta una seconda Visita che portò assai più informazioni, ma nel complesso non ebbe conseguenze. Ciononostante, a partire dagli anni ‘70, la situazione nei seminari in generale si è consolidata. E tutta­via solo sporadicamente si è verificato un rafforzamento delle vocazioni, perché nel complesso la situazione si era sviluppata diversamente.
2. La questione della pedofilia è, per quanto ricordi, divenuta scottante solo nella seconda metà degli anni‘80. Negli Stati Uniti nel frattempo era già cresciuta, divenendo un problema pubblico. Così i vescovi chiesero aiuto a Roma perché il diritto canonico, così come fissato nel Nuovo Co­dice, non appariva sufficiente per adottare le misure necessarie. In un primo momento Roma e i canonisti romani ebbero delle difficoltà con questa richiesta; a loro avviso, per ottenere purificazione e chiarimento sarebbe dovuta bastare la sospensione temporanea dal ministero sacerdotale. Questo non poteva essere accettato dai vescovi americani perché in questo modo i sacerdoti restavano al servizio del vescovo venendo così ritenuti come figure direttamente a lui legate. Un rinnovamento e un approfondimento del diritto penale, intenzionalmente costruito m modo blando nel Nuovo Codice, poté farsi strada solo lentamente.
A questo si aggiunse un problema di fondo che riguardava la concezione del diritto penale. Ormai era considerato «conciliare» solo il così detto «garantismo». Significa che dovevano essere garantiti soprattutto i diritti degli accusati e questo fino al punto da escludere di fatto una condanna. Come contrappeso alla possibilità spesso insufficiente di difendersi da parte di teologi accusati, il loro diritto alla difesa venne talmente esteso nel senso del garantismo che le condanne divennero quasi impossibili.
Mi sia consentito a questo punto un breve excursus. Di fronte all’estensione delle colpe di pedofilia, viene in mente una parola di Gesù che dice: «Chi scandalizza uno di questi piccoli che credono, è meglio per lui che gli si metta una macina da asino al collo e venga gettato nel mare» (Mc 9,42). Nel suo significato originario questa parola non parla dell’adescamento di bambini a scopo sessuale. Il termine «i piccoli» nel linguaggio di Gesù designa i credenti semplici, che potrebbero essere scossi nella loro fede dalla superbia intellettuale di quelli che si credono intelligenti. Gesù qui allora protegge il bene della fede con una perentoria minaccia di pena per coloro che le recano offesa. Il moderno utilizzo di quelle parole in sé non è sbagliato, ma non deve occultare il loro sen­ so originario. In esso, contro ogni garantismo, viene chiaramente in luce che è importante e abbisogna di garanzia non solo il diritto dell’accusato. Sono altrettanto importanti beni preziosi come la fede. Un diritto canonico equilibrato, che corrisponda al messaggio di Gesù nella sua interezza, non deve dunque essere garantista solo a favore dell’accusato, il cui rispetto è un bene protetto dalla legge. Deve proteg­gere anche la fede, che del pari è un bene importante protetto dalla legge.Un diritto canonico costruito nel modo giusto deve dunque contenere una duplice garanzia: protezione giuridica dell’accusato e protezione giuridica del bene che è in gioco. Quando oggi si espone questa concezione in sé chiara, in genere ci si scontra con sordità e indifferenza sulla questione della protezione giuridica della fede. Nella coscienza giuridica comune la fede non sembra più avere il rango di un bene da proteggere. È una situazione preoccupante, sulla quale i pastori della Chiesa devo­no riflettere e considerare seriamente.
Ai brevi accenni sulla situazione della formazione sacerdotale al mo­mento del deflagrare pubblico della crisi, vorrei ora aggiungere alcune indicazioni sull’evoluzione del diritto canonico in questa questione. In sé, per i delitti commessi dai sacerdoti è responsabile la Congregazione per il clero. Poiché tuttavia in essa il garantismo allora dominava am­ piamente la situazione, concordammo con papa Giovanni Paolo II sull’ opportunità di attribuire la competenza su questi delitti alla Con­gregazione per la Dottrina della Fede, con la titolatura «Delicta maiora contra fidem». Con questa attribuzione diveniva possibile anche la pena massima, vale a dire la riduzione allo stato laicale, che invece non sa­rebbe stata comminabile con altre titolature giuridiche. Non si trattava di un escamotage per poter comminare la pena massima, ma una con­ seguenza del peso della fede per la Chiesa. In effetti è importante tener presente che, in simili colpe di chierici, ultimamente viene danneggiata la fede: solo dove la fede non determina più l’agire degli uomini sono possibili tali delitti. La gravità della pena presuppone tuttavia anche una chiara prova del delitto commesso: è il contenuto del garantismo che rimane in vigore. In altri termini: per poter legittimamente comminare la pena massima è necessario un vero processo penale. E tuttavia, in questo modo si chiedeva troppo sia alle diocesi che alla Santa Sede. E così stabilimmo una forma minima di processo penale e lasciammo aperta la possibilità che la stessa Santa Sede avocasse a sé il processo nel caso che la diocesi o la metropolia non fossero in grado di svolgerlo. In ogni caso il processo doveva essere verificato dalla Congregazione per la Dottrina della Fede per garantire i diritti dell’accusato. Alla fine, però, nella Feria IV (vale a dire la riunione di tutti i membri della Congrega­zione), creammo un’istanza d’appello, per avere anche la possibilità di un ricorso contro il processo. Poiché tutto questo in realtà andava al di là delle forze della Congregazione per la Dottrina della Fede e si verifica­ vano dei ritardi che invece, a motivo della materia, dovevano essere evi­tati, papa Francesco ha intrapreso ulteriori riforme.
III
Alcune prospettive
1. Cosa dobbiamo fare? Dobbiamo creare un’altra Chiesa affinché le cose possano aggiustarsi? Questo esperimento già è stato fatto ed è già falli­ to. Solo l’amore e l’obbedienza a nostro Signore Gesù Cristo possono in­dicarci la via giusta. Proviamo perciò innanzitutto a comprendere in modo nuovo e in profondità cosa il Signore abbia voluto e voglia da noi.
In primo luogo direi che, se volessimo veramente sintetizzare al massi­mo il contenuto della fede fondata nella Bibbia, potremmo dire: il Signo­re ha iniziato con noi una storia d’amore e vuole riassumere in essa l’intera creazione. L’antidoto al male che minaccia noi e il mondo intero ultimamente non può che consistere nel fatto che ci abbandoniamo a questo amore. Questo è il vero antidoto al male. La forza del male nasce dal nostro rifiuto dell’amore a Dio. È redento chi si affida all’amore di Dio. Il nostro non essere redenti poggia sull’incapacità di amare Dio. Imparare ad amare Dio è dunque la strada per la redenzione degli uo­mini.
Se ora proviamo a svolgere un po’ più ampiamente questo contenuto es­ senziale della Rivelazione di Dio, potremmo dire: il primo fondamentale dono che la fede ci offre consiste nella certezza che Dio esiste. Un mon­ do senza Dio non può essere altro che un mondo senza senso. Infatti, da dove proviene tutto quello che è? In ogni caso sarebbe privo di un fondamento spirituale. In qualche modo ci sarebbe e basta, e sarebbe privo di qualsiasi fine e di qualsiasi senso. Non vi sarebbero più criteri del bene e del male. Dunque avrebbe valore unicamente ciò che è più forte. Il potere diviene allora l’unico principio. La verità non conta, anzi in realtà non esiste. Solo se le cose hanno un fondamento spirituale, so­ lo se sono volute e pensate – solo se c’è un Dio creatore che è buono e vuole il bene- anche la vita dell’uomo può avere un senso.
Che Dio ci sia come creatore e misura di tutte le cose, è innanzitutto un’esigenza originaria. Ma un Dio che non si manifestasse affatto, che non si facesse riconoscere, resterebbe un’ipotesi e perciò non potrebbe determinare la forma della nostra vita. Affinché Dio sia realmente Dio nella creazione consapevole, dobbiamo attenderci che egli si manifesti in una qualche forma. Egli lo ha fatto in molti modi, e in modo decisivo nella chiamata che fu rivolta ad Abramo e diede all’uomo quell’orientamento, nella ricerca di Dio, che supera ogni attesa: Dio di­ viene creatura egli stesso, parla a noi uomini come uomo.
Così finalmente la frase «Dio è» diviene davvero una lieta novella, pro­prio perché è più che conoscenza, perché genera amore ed è amore. Rendere gli uomini nuovamente consapevoli di questo, rappresenta il primo e fondamentale compito che il Signore ci assegna.
Una società nella quale Dio è assente -una società che non lo conosce più e lo tratta come se non esistesse- è una società che perde il suo cri­ terio. Nel nostro tempo è stato coniato il motto della «morte di Dio». Quando in una società Dio muore, essa diviene libera, ci è stato assicurato. In verità, la morte di Dio in una società significa anche la fine della sua libertà, perché muore il senso che offre orientamento. E perché vie­ne meno il criterio che ci indica la direzione insegnandoci a distinguere il bene dal male. La società occidentale è una società nella quale Dio nella sfera pubblica è assente e per la quale non ha più nulla da dire. E per questo è una società nella quale si perde sempre più il criterio e la misura dell’umano. In alcuni punti, allora, a volte diviene improvvisa­ mente percepibile che è divenuto addirittura ovvio quel che è male e eh distrugge l’uomo. – il caso della pedofilia. Teorizzata ancora non tempo fa come del tutto giusta, essa si è diffusa sempre più. E ora, scossi e scandalizzati, riconosciamo che sui nostri bambini e giovani si commet­tono cose che rischiano di distruggerli. Che questo potesse diffondersi anche nella Chiesa e tra i sacerdoti deve scuoterci e scandalizzarci in misura particolare.
Come ha potuto la pedofilia raggiungere una dimensione del genere? In ultima analisi il motivo sta nell’assenza di Dio. Anche noi cristiani e sacerdoti preferiamo non parlare di Dio, perché è un discorso che non sembra avere utilità pratica. Dopo gli sconvolgimenti della Seconda guerra mondiale, in Germania avevamo adottato la nostra Costituzione dichiarandoci esplicitamente responsabili davanti a Dio come criterio guida. Mezzo secolo dopo non era più possibile, nella Costituzione euro­ pea, assumere la responsabilità di fronte a Dio come criterio di misura. Dio viene visto come affare di partito di un piccolo gruppo e non può più essere assunto come criterio di misura della comunità nel suo complesso. In quest a decisione si rispecchia la situazione dell’Occidente, nel quale Dio è divenuto fatto privato di una minoranza.
Il primo compito che deve scaturire dagli sconvolgimenti morali del no­ stro tempo consiste nell’iniziare di nuovo noi stessi a vivere di Dio, rivol­ti a lui e in obbedienza a lui. Soprattutto dobbiamo noi stessi di nuovo imparare a riconoscere Dio come fondamento della nostra vita e non ac­cantonarlo come fosse una parola vuota qualsiasi. Mi resta impresso il monito che il grande teologo Hans Urs von Balthasar vergò una volta su uno dei suoi biglietti: dl Dio trino, Padre, Figlio e Spirito Santo: non presupporlo ma anteporlo!». In effetti, anche nella teologia, spesso Dio viene presupposto come fosse un’ovvietà, ma concretamente di lui non ci si occupa. Il tema “Dio” appare così irreale, così lontano dalle cose che ci occupano. E tuttavia cambia tutto se Dio non lo si presuppone, ma lo si antepone. Se non lo si lascia in qualche modo sullo sfondo ma lo si riconosce come centro del nostro pensare, parlare e agire.
2. Dio è divenuto uomo per noi. La creatura uomo gli sta talmente a cuore che egli si è unito a essa entrando concretamente nella storia. Parla con noi, vive con noi, soffre con noi e per noi ha preso su di sé la morte. Di questo certo parliamo diffusamente nella teologia con un linguaggio e con concetti dotti. Ma proprio così nasce il pericolo che ci facciamo si­gnori della fede, invece di lasciarci rinnovare e dominare dalla fede.
Consideriamo questo riflettendo su un punto centrale, la celebrazione della Santa Eucaristia. Il nostro rapporto con l’Eucaristia non può che destare preoccupazione. A ragione il Vaticano II intese mettere di nuovo al centro della vita cristiana e dell’esistenza della Chiesa questo sacra­ mento della presenza del corpo e del sangue di Cristo, della presenza della sua persona, della sua passione, morte e risurrezione. In parte questa cosa è realmente avvenuta e per questo vogliamo di cuore rin­ graziare il Signore.
Ma largamente dominante è un altro atteggiamento: non domina un nuovo profondo rispetto di fronte alla presenza della morte e risurrezio­ ne di Cristo, ma un modo di trattare con lui che distrugge la grandezza del mistero. La calante partecipazione alla celebrazione domenicale dell’Eucaristia mostra quanto poco noi cristiani di oggi siamo in grado di valutare la grandezza del dono che consiste nella Sua presenza reale. L’Eucaristia è declassata a gesto cerimoniale quando si considera ovvio che le buone maniere esigano che sia distribuita a tutti gli invitati a ra­ gione della loro appartenenza al parentado, in occasione di feste familia­ ri o eventi come matrimoni e funerali. L’ovvietà con la quale in alcuni luoghi i presenti, semplicemente perché tali, ricevono il Santissimo Sa­cramento mostra come nella Comunione si veda ormai solo un gesto cerimoniale. Se riflettiamo sul da farsi, è chiaro che non abbiamo bisogno di un’altra Chiesa inventata da noi. Quel che è necessario è invece il rinnovamento della fede nella realtà di Gesù Cristo donata a noi nel Sacramento.
Nei colloqui con le vittime della pedofilia sono divenuto consapevole con sempre maggiore forza di questa necessità. Una giovane ragazza che serviva all’altare come chierichetta mi ha raccontato che il vicario parrocchiale, che era suo superiore visto che lei era chierichetta, introduceva l’abuso sessuale che compiva su di lei con queste parole: «Questo è il mio corpo che è dato per te». È evidente che quella ragazza non può più ascoltare le parole della consacrazione senza provare terribilmente su di sé tutta la sofferenza dell’abuso subìto. Sì, dobbiamo urgentemen­te implorare il perdono del Signore e soprattutto supplicarlo e pregarlo di insegnare a noi tutti a comprendere nuovamente la grandezza della sua passione, del suo sacrificio. E dobbiamo fare di tutto per proteggere dall’abuso il dono della Santa Eucaristia.
3. Ed ecco infine il mistero della Chiesa. Restano impresse nella memoria le parole con cui ormai quasi cento anni fa Romano Guardini esprimeva la gioiosa speranza che allora si affermava in lui e in molti altri: «Un evento di incalcolabile portata è iniziato: La Chiesa si risveglia nelle anime». Con questo intendeva dire che la Chiesa non era più, come prima, semplicemente un apparato che ci si presenta dal di fuori, vissu­ta e percepita come una specie di ufficio, ma che iniziava ad essere sen­tita viva nei cuori stessi: non come qualcosa di esteriore ma che ci toc­cava dal di dentro. Circa mezzo secolo dopo, riflettendo di nuovo su quel processo e guardando a cosa era appena accaduto, fui tentato di capo­ volgere la frase: «La Chiesa muore nelle anime». In effetti oggi la Chiesa viene in gran parte vista solo come una specie di apparato politico. Di fatto, di essa si parla solo utilizzando categorie politiche e questo vale persino per dei vescovi che formulano la loro idea sulla Chiesa di domani in larga misura quasi esclusivamente in termini politici. La crisi cau­sata da molti casi di abuso ad opera di sacerdoti spinge a considerare la Chiesa addirittura come qualcosa di malriuscito che dobbiamo decisa­ mente prendere in mano noi stessi e formare in modo nuovo. Ma una Chiesa fatta da noi non può rappresentare alcuna speranza.
Gesù stesso ha paragonato la Chiesa a una rete da pesca nella quale stanno pesci buoni e cattivi, essendo Dio stesso colui che alla fine dovrà separare gli uni dagli altri. Accanto c’è la parabola della Chiesa come un campo sul quale cresce il buon grano che Dio stesso ha seminato, ma anche la zizzania che un “nemico” di nascosto ha seminato in mezzo al grano. In effetti, la zizzania nel campo di Dio, la Chiesa, salta all’occhio per la sua quantità e anche i pesci cattivi nella rete mostrano la loro forza. Ma il campo resta comunque campo di Dio e la rete rimane rete da pesca di Dio. E in tutti i tempi c’è e ci saranno non solo la zizzania e i pesci cattivi ma anche la semina di Dio e i pesci buoni. Annunciare in egual misura entrambe con forza non è falsa apologetica, ma un servizio necessario reso alla verità.
In quest’ambito è necessario rimandare a un importante testo della Apocalisse di San Giovanni. Qui il diavolo è chiamato accusatore che accusa i nostri fratelli dinanzi a Dio giorno e notte (Ap 12, 10). In questo modo l’Apocalisse riprende un pensiero che sta al centro del racconto che fa da cornice allibro di Giobbe (Gb 1 e 2, 10; 42, 7-16). Qui si narra che il diavolo tenta di screditare la rettitudine e l’integrità di Giobbe co­me puramente esteriori e superficiali. Si tratta proprio di quello di cui parla l’Apocalisse: il diavolo vuole dimostrare che non ci sono uomini giusti; che tutta la giustizia degli uomini è solo una rappresentazione esteriore. Che se la si potesse saggiare di più, ben presto l’apparenza della giustizia svanirebbe. Il racconto inizia con una disputa fra Dio e il diavolo in cui Dio indicava in Giobbe un vero giusto. Ora sarà dunque lui il banco di prova per stabilire chi ha ragione. «Togligli quanto possie­de – argomenta il diavolo – e vedrai che nulla resterà della sua devozio­ne». Dio gli permette questo tentativo dal quale Giobbe esce in modo po­sitivo. Ma il diavolo continua e dice: «Pelle per pelle; tutto quanto ha, l’uomo è pronto a darlo per la sua vita. Ma stendi un poco la mano e toccalo nell’osso e nella carne e vedrai come ti benedirà in faccia» (Gb 2, 4s). Così Dio concede al diavolo una seconda possibilità. Gli è permesso anche di stendere la mano su Giobbe. Unicamente gli è precluso ucci­derlo. Per i cristiani è chiaro che quel Giobbe che per tutta l’umanità esemplarmente sta di fronte a Dio è Gesù Cristo. Nell’Apocalisse, il dramma dell’uomo è rappresentato in tutta la sua ampiezza. Al Dio creatore si contrappone il diavolo che scredita l’intera creazione e l’intera umanità. Egli si rivolge non solo a Dio ma soprattutto agli uo­ mini dicendo: «Ma guardate cosa ha fatto questo Dio. Apparentemente una creazione buona. In realtà nel suo complesso è piena di miseria e di schifo». Il denigrare la creazione in realtà è un denigrare Dio. Il diavolo vuole dimostrare che Dio stesso non è buono e vuole allontanarci da lui.
L’attualità di quel che dice l’Apocalisse è lampante L’accusa contro Dio oggi si concentra soprattutto nello screditare la sua Chiesa nel suo complesso e così nell’allontanarci da essa. L’idea di una Chiesa migliore creata da noi stessi è in verità una proposta del diavolo con la quale vuole allontanarci dal Dio vivo, servendosi di una logica menzognera nella quale caschiamo sin troppo facilmente. No, anche oggi la Chiesa non consiste solo di pesci cattivi e di zizzania. La Chiesa di Dio c’è an­ che oggi, e proprio anche oggi essa è lo strumento con il quale Dio ci salva. È molto importante contrapporre alle menzogne e alle mezze verità del diavolo tutta la verità: sì, il peccato e il male nella Chiesa sono. Ma anche oggi c’è pure la Chiesa santa che è indistruttibile. Anche oggi ci sono molti uomini che umilmente credono, soffrono e amano e nei quali si mostra a noi il vero Dio, il Dio che ama. Anche oggi Dio ha i suoi testimoni («martyres») nel mondo. Dobbiamo solo essere vigili per vederli e ascoltarli.
Il termine martire è tratto dal diritto processuale. Nel processo contro il diavolo, Gesù Cristo è il primo e autentico testimone di Dio, il primo martire, al quale da allora innumerevoli ne sono seguiti. La Chiesa di oggi è come non mai una Chiesa di martiri e così testimone del Dio vivente. Se con cuore vigile ci guardiamo intorno e siamo in ascolto, ovunque, fra le persone semplici ma anche nelle alte gerarchie della Chiesa, possiamo trovare testimoni che con la loro vita e la loro soffe­renza si impegnano per Dio. È pigrizia del cuore non volere accorgersi di loro. Fra i compiti grandi e fondamentali del nostro annuncio c’è, nel limite delle nostre possibilità, il creare spazi di vita per la fede, e soprat­tutto il trovarli e il riconoscerli.
Vivo in una casa nella quale una piccola comunità di persone scopre di continuo, nella quotidianità, testimoni così del Dio vivo, indicandoli an­ che a me con letizia. Vedere e trovare la Chiesa viva è un compito meraviglioso che rafforza noi stessi e che sempre di nuovo ci fa essere lieti della fede.
Alla fine delle mie riflessioni vorrei ringraziare Papa Francesco per tutto quello che fa per mostrarci di continuo la luce di Dio che anche oggi non è tramontata. Grazie, Santo Padre!