Saint Irénée de Lyon
Évêque et martyr (+ v. 201)
Irénée venait d'Asie Mineure comme beaucoup d'autres
dans cette vallée du Rhône. Dans sa jeunesse, il avait été disciple de saint
Polycarpe de Smyrne qui avait été lui-même un disciple de saint Jean l'Apôtre.
C'est peut-être ce qui lui donna le sens aigu de la tradition dans l'Église:
transmission d'homme à homme du dépôt de la foi. On le retrouve à Lyon. On ne
sait pourquoi, car il ne s'est pas expliqué sur les raisons de son voyage. On
ne sait pas non plus comment il échappe à la grande persécution qui décime les
Églises de Lyon et de Vienne. Etait-il en mission à Rome comme on l'a dit? En
tous cas, il succède à saint Pothin l'évêque de Lyon , mort martyr pendant
cette persécution. Il ne cesse de se dépenser au service de la paix des
Églises. Un grand danger le préoccupe: les doctrines gnostiques qui se
répandent dangereusement. Elles nient l'Incarnation du Fils de Dieu et mettent
en péril l'intégrité de la foi. Saint Irénée les étudie très minutieusement,
enquête, interroge, lit. Armé par cette connaissance approfondie de
l'adversaire, il rédige un important traité "Contre les hérésies"
pour réfuter ces doctrines ésotériques. En même temps, il intervient auprès du
pape pour l'empêcher d'exclure de la communion de l'Église les communautés qui
fêtent Pâques à une autre date que l'Église romaine. Il n'oubliait pas que son
nom signifie: "le pacifique". L'intelligence, la charité et le sens
de la Tradition apostolique resplendissent dans ses œuvres. Il fut le premier
grand théologien de l'Église d'Occident et mourut peut-être martyr.
(...)
...Selon son enseignement, la foi de l’Église doit
être transmise de manière à apparaître telle qu'elle doit être, c'est-à-dire
"publique", "unique", "pneumatique",
"spirituelle"... (Saint Irénée de Lyon - Benoît XVI - audience du 28
mars 2007)
(...)
Eusèbe de Césarée ... reprend des éléments d’écrits
d’Irénée en partie perdus. Il le présente comme 'presbytre de la communauté de
Lyon' (paroikia) quand la persécution éclate en 177. Il succède à Pothin
l’évêque martyr.
Mémoire de saint Irénée, évêque et martyr, vers l’an
200. Comme l’écrit saint Jérôme, il fut, dans sa jeunesse, disciple de saint
Polycarpe de Smyrne et conserva fidèlement la mémoire du temps des apôtres. Il
était prêtre de Lyon quand il succéda à l’évêque saint Pothin et on pense qu’il
a été aussi couronné de la gloire du martyre. Il a exposé sans relâche la
Tradition apostolique et publié un ouvrage célèbre en cinq livres contre les
hérésies pour défendre la foi catholique.
Martyrologe romain
Il est meilleur et plus utile d’être ignorant et de
peu de savoir, mais de s’approcher de Dieu par l’amour, que de se croire savant
et habile au point de se trouver blasphémateur à l’égard de son Seigneur pour
avoir imaginé un autre Dieu et Père que Lui.
Saint Irénée - Contre les hérésies II.26
Saint Irénée de Lyon
déclaré « Docteur de l’Église »
Avec le titre de
« docteur de l’unité »
JANVIER 21, 2022 00:05ANITA BOURDINCAUSES DES SAINTS
Saint Irénée de Lyon,
évêque et martyr, a été proclamé « Docteur de l’Église » par le pape
François par un décret de ce vendredi 21 janvier 2022, publié en italien par le
Saint-Siège.
Le pape lui confère le
titre de « docteur de l’unité, en pleine semaine de prière pour l’unité
des chrétiens et alors que des protestants de France se sont joints aux évêques
et organismes catholiques ayant demandé au pape cette proclamation.
Le pape François avait
annoncé lui-même, le 7 octobre 2021, qu’il nommerait « sous peu »
Irénée de Lyon (v.120-208) docteur de l’Église, avec le titre de « docteur
de l’unité ».
Le décret dit ceci:
« Saint Irénée de Lyon, venu d’Orient, a exercé son ministère épiscopal en
Occident : il a été un pont spirituel et théologique entre les chrétiens
d’Orient et d’Occident. Son nom, Irénée, exprime cette paix qui vient du
Seigneur et qui réconcilie, réintègre dans l’unité. Pour ces raisons, après avoir
reçu l’avis de la Congrégation pour les Causes des Saints, avec mon Autorité
Apostolique,
JE le DÉCLARE
Docteur de l’Église avec le titre de Doctor unitatis.
Puisse la doctrine d’un
si grand Maître encourager de plus en plus le chemin de tous les disciples du
Seigneur vers la pleine communion. »
Le cardinal Marcello
Semeraro, préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints a pour sa part
été reçu en audience par le pape François jeudi matin, 20 janvier.
Le cardinal italien a
présenté au pape François « l’avis positif » de la session plénière
des cardinaux et des évêques membres de la Congrégation, en vue de
l’attribution de ce titre.
Saint Irénée de Lyon
Né entre 130 et 140
probablement à Smyrne (actuellement en Turquie), et arrivé en Gaule vers 175,
Irénée a été le deuxième évêque de Lyon, entre 177 et 202, à la mort de saint
Pothin.
Ses reliques sont
conservées depuis le 5e siècle dans l’église Saint-Irénée, auprès
d’autres martyrs de Lyon.
Il est l’un des
« Pères de l’Église » et le premier théologien et évêque occidental à
élaborer une œuvre de théologie systématique. Il a notamment réfuté le
gnosticisme, dans sa Réfutation de la prétendue gnose au nom menteur connue
sous le titre de Contre les hérésies (Adversus hæreses).
Il est mort martyr, au
temps de la persécution de l’empereur romain Septime Sévère.
Vénéré comme saint par
tous les chrétiens, il est fêté le 28 juin dans l’Église catholique
et le 23 août dans l’Église orthodoxe.
Aux côtés des diocèses
catholiques et des Conférences épiscopales qui se sont prononcé en faveur de ce
« doctorat », apparaît aussi la Fédération protestante de France.
Le titre de
« docteur de l’Église »
L’Église catholique a
attribué le titre de « docteur de l’Église » à 32 saints, et à 4
saintes:
Thérèse d’Avila (1515-1582)
et Catherine de Sienne (1347-1380), proclamées en 1970 par S. Paul
VI;
Thérèse de Lisieux (1873-1897),
proclamée par S. Jean-Paul II en 1997;
et Hildegarde de
Bingen (1098-1179), proclamée par Benoît XVI en 2015.
Parmi eux, quatre
Français, le premier proclamé par Pie VIII, en 1830, Bernard de Clairvaux (1090-1153);
proclamés par le Bx pape
Pie IX, en 1851, Hilaire de Poitiers (v.315-367); puis François
de Sales (1567-1622) en 1877;
et proclamée par
Jean-Paul II, Thérèse de Lisieux (1873-1897).
Biographie
de saint Irénée, publiée en italien par la Congrégation pour les causes des
saints:
Saint Irénée est né entre
130 et 140 probablement à Smyrne (Turquie), où il passa sa jeunesse. C’était un
disciple de saint Polycarpe, qui à son tour avait été formé à l’école des
Apôtres et avait été installé sur la chaire épiscopale de Smyrne par saint
Jean, apôtre et évangéliste. Parallèlement à sa formation religieuse, saint
Irénée a acquis une bonne culture classique et philosophique. Ni le moment ni
les raisons pour lesquelles Irénée a été envoyé à Lyon ne sont connus avec
certitude, là où, dans la première moitié du IIe siècle, il y avait une forte
présence chrétienne au sein d’une population émigrée d’Asie Mineure.
En 177, le vieil évêque
de Lyon Pothin chargea saint Irénée de se rendre à Rome pour remettre au pape
Éleutère des lettres sur la situation de l’Église lyonnaise, alors exposée non
seulement à la persécution de l’empereur Marc-Aurèle, mais aussi à
l’infiltration hétérodoxe des disciples de Montan. Le voyage à Rome sauva
Irénée des persécutions qui firent quarante-huit victimes à Lyon, dont l’évêque
Pothin, alors âgé de quatre-vingt-dix ans, qui mourut des suites de mauvais
traitements en prison. Irénée est désigné comme son successeur qui, en peu de
temps, par sa prédication, christianisera toute la ville de Lyon.
Vers l’an 190, saint
Irénée intervient dans la polémique sur la date de Pâques, célébrée dans
certaines communautés d’Orient le 14 nīsān, alors que dans toutes les autres
églises le dimanche suivant.
Il meurt en 202, mais son
martyre n’est pas sûr. Au IVe siècle, saint Jérôme, et deux siècles plus tard,
Grégoire de Tours déclarent qu’Irénée « termina sa vie par le
martyre », ce qui se serait produit lors d’une persécution sanglante, très
probablement celle de Septime Sévère, qui éclata entre les années 202- 203
Cause du
« doctorat » (même source):
Au cours des siècles, le
titre de docteur de l’Église a souvent été attribué à saint Irénée. Dans un
synoxaire arménien du XIIIe siècle, il était défini comme « un prélat
revêtu de Dieu et docteur de l’Église ». Dans un missel de 1737, il est
présenté non seulement comme patron du diocèse de Lyon, mais aussi comme
« Docteur de l’Église éminent ». Dans les années suivantes, même à
proximité du Concile Vatican II, le titre qui lui est normalement attribué est
celui de « Docteur », titre également repris dans le Propre
liturgique du diocèse, approuvé le 7 août 1975, où il parle clairement de «
Saint Irénée, évêque de Lyon et docteur de l’Église ». Les documents officiels
de l’Église lyonnaise ont toujours présenté son Évêque comme « doctor
eximius, maximus, praeclarus ».
Le 28 juin 2017, le
cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, a demandé au Saint-Père que
saint Irénée reçoive le titre de docteur de l’Église universelle. Par la suite,
de nombreux représentants de la hiérarchie ecclésiastique et des institutions
culturelles ont adressé des pétitions similaires au pape. Il s’agit notamment
du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, du patriarche
de Babylone des chaldéens, de l’Université catholique de Lyon, de l’Institut
catholique de Paris, de l’Université catholique de Lille, de l’Université
catholique de Pernambuco (Brésil), des Conférences épiscopales de France,
d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne, du Canada et des États-Unis, de la Fédération
protestante de France.
Répondant à ces demandes,
le 21 février 2018, le pape a autorisé la Congrégation pour les causes des
saints à entamer le processus canonique relatif. Interrogée par ce dicastère,
la Congrégation pour la doctrine de la foi, par lettre du 1er juin 2021, a
communiqué l’avis positif concernant la doctrina eminens de saint
Irénée.
Saint Irénée était avant
tout un homme de foi et un pasteur. Il avait du Bon Pasteur le sens des
proportions, la richesse de la doctrine et le zèle missionnaire. En tant
qu’écrivain, il poursuivait un double objectif : défendre la vraie doctrine
contre les assauts des hérétiques et exposer clairement les vérités de la foi.
Deux de ses ouvrages nous
sont parvenus : La fausse gnose démasquée et réfutée, plus connu sous le
nom d’Adversus haereses, et Démonstration de la prédication apostolique,
texte redécouvert entre 570 et 590. Ce second ouvrage, divisé en une centaine
de courts chapitres, est un sorte de catéchisme qui présente la foi catholique
de manière populaire. D’autres ouvrages sont perdus : Lettres à Florinus, Dieu
n’est pas l’auteur du mal et Sur l’Ogdoade (de la gnose
valentinienne, ndlr); le Traité de Pâques; divers traités; Lettre
à Blastus, Sur le schisme ; le Traité de la connaissance.
D’autres travaux lui ont également été erronément attribués.
Le désir de protéger
l’unité de l’Église et l’amour de la Vérité caractérisent l’œuvre pastorale et
théologique de saint Irénée. Il n’a pas procédé à une simple réfutation des
doctrines gnostiques, mais pà une exposition systématique des vérités de la
foi. Il a vécu la diversité de deux mondes, asiatique et occidental, comme une
composition des différences dans l’unicité de la foi, ancrée à la doctrine de
l’Église, guidée par l’Écriture et la Tradition apostolique. Convaincu que
l’unité de la foi est une convergence dynamique, il a développé une méthode
théologique par laquelle l’unité progresse en évitant les juxtapositions (ou –
ou) et en privilégiant la dynamique unitive (et – et). Le principe dynamique
d’unité nous pousse à rechercher avant tout la cohérence globale de la foi, à
reconnaître les kairòi qui rythment l’économie du salut, à savoir
composer la polyphonie comme éducation de l’humain et à repenser le sens de
l’histoire. La pertinence de cette approche est mise en évidence par
l’utilisation continue de la théologie de saint Irénée au cours des siècles et
aujourd’hui elle acquiert une importance supplémentaire même dans les questions
délicates qui affectent la vision de l’homme et de la création dans le scénario
culturel, économique et scientifique.
Dans différents documents,
le Concile Vatican II se réfère fondamentalement à saint Irénée. A plusieurs
reprises, le magistère post-conciliaire puise dans ses écrits et sa valeur de
témoignage, tant dans le contenu que dans la méthode théologique.
SOURCE : https://fr.zenit.org/2022/01/21/saint-irenee-de-lyon-bientot-docteur-de-leglise/
Saint Irenaeus (c. 130-202), bishop of Lugdunum in Gaul (now Lyon, France).
SAINT IRÉNÉE
Évêque et Martyr
(120-202)
Saint Irénée naquit en Asie Mineure et y passa ses
premières années. Il eut le bonheur insigne d'être, jeune encore, disciple de
l'admirable évêque de Smyrne, Polycarpe. Irénée conçut une telle vénération
pour son saint maître, que, non content de se pénétrer de sa doctrine et de son
esprit, il modelait sur lui ses actions et jusqu'à son pas et sa démarche. Il
fut bientôt fort instruit dans les Saintes Écritures et dans les traditions
apostoliques, et déjà l'on pouvait prévoir en lui l'auteur futur de tant de
saints ouvrages et surtout de ce travail si remarquable contre les Hérésies, où
devaient puiser, comme à une source riche et sûre, tous les savants de
l'avenir.
Irénée était l'enfant chéri de Polycarpe; mais il
était aussi l'espoir et la joie de toute la chrétienté. Jamais diacre ne
s'acquitta de toutes ses fonctions avec tant de zèle. L'ardeur du jeune apôtre
s'enflammait de plus en plus à la vue des missionnaires que Polycarpe envoyait
dans les Gaules; aussi bientôt il reçut de son maître l'ordre impatiemment
désiré d'aller au secours du vieil évêque de Lyon, saint Pothin.
Polycarpe fit, au jour de la séparation, un grand
sacrifice; mais il fit aussi une oeuvre féconde. Le bonheur du vénérable évêque
des Gaules dépassa toutes ses espérances, quand il reconnut tout le mérite de
son jeune auxiliaire. Avec Irénée, l'avenir de l'Église occidentale était
sauvé.
Une terrible persécution fit disparaître saint Pothin
et un grand nombre de fidèles; les païens avaient cru noyer l'Église lyonnaise
dans le sang de ses enfants; mais Irénée restait encore, et, par l'ordre du
Pape Éleuthère, il montait bientôt sur le siège épiscopal de Lyon. Ses prières,
ses prédications, ses exhortations, ses réprimandes, eurent bientôt reconstitué
cette Église dévastée. La paix toutefois n'était que précaire, et la
persécution fit couler de nouveau le sang des martyrs. Le temps d'Irénée
n'était pas encore venu, son oeuvre n'était que commencée, et Dieu voulait lui
donner le temps de l'accomplir.
Quand, en 202, les horreurs de la persécution
éclatèrent encore, l'Église de Lyon, toujours en vue, était prête à subir le
choc. Irénée, plus que jamais, ranimait la foi de ses enfants et leur montrait
le Ciel. Il fut au nombre des premières victimes; c'était la juste récompense
due à ses longs travaux. Parmi tous les éloges que lui ont donnés les Saints,
citons les titres glorieux de Zélateur du Nouveau Testament, Flambeau de la
foi, homme versé dans toutes les sciences.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours
de l'année, Tours, Mame, 1950.
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/saint_irenee.html
Le Chemin, la Vérité et
la Vie
Le Père, tout invisible
et illimité qu’il soit en comparaison de nous, est connu de son propre Verbe
et, tout inexprimable qu’il soit, est exprimé par lui. Ceux qui osent prêcher
un Dieu inconnaissable ne prennent même pas garde à ce qu’ils disent : car
comment peut-il être inconnaissable, s’ils le connaissent ? Ce qui est
connu, fût-ce de quelques-uns, n’est pas inconnaissable. Au reste, le Seigneur
n’a pas annoncé que le Père et le Fils ne pouvaient d’aucune façon être connus,
sans quoi sa venue eût été sans objet. Pourquoi fût-il venu ? Simplement
pour nous dire : « Ne cherchez pas Dieu, car il est inconnaissable et
vous ne le trouverez pas » ? C’est une ineptie. Ce que nous enseigne
le Seigneur, le voici : personne ne peut connaître Dieu à moins que Dieu
ne l’enseigne, autrement dit nous ne pouvons sans l’aide de Dieu connaître
Dieu ; mais, que nous le connaissions, c’est la volonté même du Père,
puisque ceux-là le connaîtront auxquels le Fils le révélera.
Sans le bon plaisir du
Père comme sans le ministère du Fils, personne ne connaîtra Dieu. C’est
pourquoi le Seigneur disait à ses disciples : « Je suis la Voie,
la Vérité et la Vie, et personne ne vient au Père que par moi. Si vous m’avez
connu, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès à présent vous l’avez connu et vous
l’avez vu » (Jn 14, 6-7). D’où il ressort clairement que c’est
par le Fils, c’est-à-dire par le Verbe, qu’on le connaît.
St Irénée de Lyon
Saint Irénée († v. 200),
évêque de Lyon, Père de l’Église grecque, est considéré comme le premier des
grands théologiens du christianisme. / Contre les hérésies IV, 6, 3-4 ; 7, 3,
trad. A. Rousseau, Paris, Cerf, 1984, p. 419-420, 424-425.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/vendredi-13-mai/meditation-de-ce-jour-1/
L’essentiel, c’est l’amour
L’essentiel de la Loi, c’est l’amour envers Dieu. Que
cet amour soit en effet le premier et le plus grand commandement, et que le
second soit l’amour envers le prochain, c’est ce que le Seigneur a enseigné, en
disant que toute la Loi et les prophètes se rattachent à ces
commandements (cf. Mt 22, 36-40). Et lui-même n’a pas apporté de
commandement plus grand que celui-là, mais il a renouvelé ce commandement même,
en enjoignant à ses disciples d’aimer Dieu de tout leur cœur et leur prochain
comme eux-mêmes. Paul dit aussi que le plein accomplissement de la Loi,
c’est l’amour ; tout le reste étant aboli, seules demeurent la foi,
l’espérance et la charité, mais la plus grande de toutes, c’est la charité (1
Co 13, 13) ; sans la charité envers Dieu, ni la connaissance n’a
d’utilité, ni la compréhension des mystères, ni la foi, ni la
prophétie, mais tout est vain et superflu sans la charité (1 Co 13, 2) ;
la charité, elle, rend l’homme parfait, et celui qui aime est parfait dans le
siècle présent et dans le siècle futur : car jamais nous ne cesserons
d’aimer Dieu, mais, plus nous le contemplerons, plus nous l’aimerons.
St Irénée de Lyon
Saint Irénée († v. 200), évêque de Lyon, Père de
l’Église grecque, est considéré comme le premier des grands théologiens du
christianisme. / Contre les hérésies IV, 12, 1-2, trad. A. Rousseau, Paris, Cerf,
1984, p. 438-439.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/mercredi-3-novembre/meditation-de-ce-jour-1/
Irenæus af Lyon,
Carl Rohl Smith, 1883-84, Frederikskirken, København
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 28 mars 2007
Saint Irénée de Lyon
Chers frères et sœurs!
Dans les catéchèses sur les grandes figures de
l'Eglise des premiers siècles, nous arrivons aujourd'hui à l'éminente
personnalité de saint Irénée de Lyon. Les informations biographiques à son
sujet proviennent de son propre témoignage, qui nous est parvenu à travers
Eusèbe, dans le livre V de l'Histoire ecclésiastique. Irénée naquit selon toute
probabilité à Smyrne (aujourd'hui Izmir, en Turquie), vers 135-140, où, encore
jeune, il alla à l'école de l'Evêque Polycarpe, lui-même disciple de l'Apôtre
Jean. Nous ne savons pas quand il se rendit d'Asie mineure en Gaule, mais son
transfert dut coïncider avec les premiers développements de la communauté
chrétienne de Lyon: c'est là que, en 177, nous trouvons Irénée au nombre du
collège des prêtres. C'est précisément cette année qu'il fut envoyé à Rome,
porteur d'une lettre de la communauté de Lyon au Pape Eleuthère. La mission
romaine qui permit à Irénée d'échapper à la persécution de Marc-Aurèle, dans
laquelle au moins 48 martyrs trouvèrent la mort, parmi lesquels l'Evêque de
Lyon lui-même, Pothin, âgé de 90 ans, mort des suites de mauvais traitements en
prison. Ainsi, à son retour, Irénée fut élu Evêque de la ville. Le nouveau
Pasteur se consacra entièrement au ministère épiscopal, qui se conclut vers
202-203, peut-être par le martyre.
Irénée est avant tout un homme de foi et un Pasteur.
Du bon Pasteur, il possède le sens de la mesure, la richesse de la doctrine,
l'ardeur missionnaire. En tant qu'écrivain, il poursuit un double objectif:
défendre la véritable doctrine des attaques des hérétiques, et exposer avec
clarté les vérités de la foi. Les deux œuvres qui nous sont parvenues de lui
correspondent exactement à ces objectifs: les cinq livres Contre les hérésies,
et l'Exposition de la prédication apostolique (que l'on peut également appeler
le plus ancien "catéchisme de la doctrine chrétienne"). En
définitive, Irénée est le champion de la lutte contre les hérésies. L'Eglise du
II siècle était menacée par ce que l'on appelle la gnose, une doctrine qui
affirmait que la foi enseignée dans l'Eglise ne serait qu'un symbolisme destiné
aux personnes simples, qui ne sont pas en mesure de comprendre les choses
difficiles; au contraire, les initiés, les intellectuels, - on les appelait les
gnostiques - auraient compris ce qui se cache derrière ces symboles, et
auraient formé un christianisme élitiste, intellectuel. Bien sûr, ce
christianisme intellectuel se fragmentait toujours plus en divers courants de
pensées souvent étranges et extravagants, mais qui attiraient de nombreuses
personnes. Un élément commun de ces divers courants était le dualisme,
c'est-à-dire que l'on niait la foi dans l'unique Dieu, Père de tous, Créateur
et Sauveur de l'homme et du monde. Pour expliquer le mal dans le monde, ils
affirmaient l'existence, auprès de Dieu bon, d'un principe négatif. Ce principe
négatif aurait produit les choses matérielles, la matière.
En s'enracinant solidement dans la doctrine biblique
de la création, Irénée réfute le dualisme et le pessimisme gnostique qui
sous-évaluaient les réalités corporelles. Il revendiquait fermement la sainteté
originelle de la matière, du corps, de la chair, ainsi que de l'esprit. Mais
son œuvre va bien au-delà du rejet de l'hérésie: on peut dire, en effet, qu'il
se présente comme le premier grand théologien de l'Eglise, qui a créé la
théologie systématique; lui-même parle du système de la théologie, c'est-à-dire
de la cohérence interne de toute la foi. Au centre de sa doctrine réside la
question de la "règle de la foi" et de sa transmission. Pour Irénée,
la "règle de la foi" coïncide en pratique avec le Credo des Apôtres
et nous donne la clé pour interpréter l'Evangile, pour interpréter le Credo à
la lumière de l'Evangile. Le symbole apostolique, qui est une sorte de synthèse
de l'Evangile, nous aide à comprendre ce qu'il veut dire, et la façon dont nous
devons lire l'Evangile lui-même.
En effet, l'Evangile prêché par Irénée est celui qu'il
a reçu de Polycarpe, Evêque de Smyrne, et l'Evangile de Polycarpe remonte à
l'Apôtre Jean, dont Polycarpe était le disciple. Et ainsi, le véritable
enseignement n'est pas celui inventé par les intellectuels au-delà de la foi
simple de l'Eglise. Le véritable Evangile est celui enseigné par les Evêques
qui l'ont reçu des Apôtres à travers une chaîne ininterrompue. Ceux-ci n'ont
rien enseigné d'autre que précisément cette foi simple, qui est également la
véritable profondeur de la révélation de Dieu. Ainsi - nous dit Irénée - il
n'existe pas de doctrine secrète derrière le Credo commun de l'Eglise. Il
n'existe pas de christianisme supérieur pour les intellectuels. La foi
publiquement confessée par l'Eglise est la foi commune de tous. Seule cette foi
est apostolique, elle vient des Apôtres, c'est-à-dire de Jésus et de Dieu. En
adhérant à cette foi transmise publiquement par les Apôtres à leurs
successeurs, les chrétiens doivent observer ce que les Evêques disent, ils
doivent suivre en particulier l'enseignement de l'Eglise de Rome, prééminente et
très ancienne. Cette Eglise, en raison de son origine antique, possède un
caractère apostolique suprême; en effet, elle tire son origine des piliers du
Collège apostolique, Pierre et Paul. Toutes les Eglises doivent être en accord
avec l'Eglise de Rome, en reconnaissant en elle la mesure de la véritable
tradition apostolique, de l'unique foi commune de l'Eglise. A travers ces
arguments, ici brièvement résumés, Irénée réfute à leur racine même les
prétentions de ces gnostiques, de ces intellectuels: avant tout, ils ne
possèdent pas une vérité qui serait supérieure à celle de la foi commune, car
ce qu'ils disent n'est pas d'origine apostolique, mais est inventé par eux; en
second lieu, la vérité et le salut ne sont pas le privilège et le monopole de
quelques personnes, mais tous peuvent y parvenir à travers la prédication des
successeurs des Apôtres, et surtout de l'Evêque de Rome. En particulier -
toujours en remettant en question le caractère "secret" de la
tradition gnostique, et en soulignant ses effets multiples et contradictoires
entre eux - Irénée se préoccupe d'illustrer le concept authentique de Tradition
apostolique, que nous pouvons résumer en trois points.
a) La Tradition apostolique est "publique",
et non pas privée ou secrète. Pour Irénée, il ne fait aucun doute que le
contenu de la foi transmise par l'Eglise est celui reçu par les Apôtres et par
Jésus, par le Fils de Dieu. Il n'existe pas d'autre enseignement que celui-ci.
C'est pourquoi, celui qui veut connaître la véritable doctrine doit uniquement
connaître "la Tradition qui vient des Apôtres et la foi annoncée aux
hommes": tradition et foi qui "sont parvenues jusqu'à nous à travers
la succession des évêques" (Adv. Haer. 3, 3, 3-4). Ainsi, succession des
Evêques, principe personnel et Tradition apostolique, de même que principe
doctrinal coïncident.
b) La Tradition apostolique est "unique". En
effet, tandis que le gnosticisme est sous-divisé en de multiples sectes, la
Tradition de l'Eglise est unique dans ses contenus fondamentaux que - comme
nous l'avons vu - Irénée appelle précisément regula fidei ou veritatis: et
parce qu'elle est unique, elle crée ainsi une unité à travers les peuples, à
travers les diverses cultures, à travers les différents peuples; il s'agit d'un
contenu commun comme la vérité, en dépit de la diversité des langues et des
cultures. Il y a une phrase très précieuse de saint Irénée dans le livre Contre
les hérésies: "L'Eglise, bien que disséminée dans le monde entier,
préserve avec soin [la foi des Apôtres], comme si elle n'habitait qu'une seule
maison; de la même façon, elle croit dans ces vérités, comme si elle n'avait
qu'une seule âme et un même cœur; elle proclame, enseigne et transmet en plein
accord ces vérités, comme si elle n'avait qu'une seule bouche. Les langues du
monde sont différentes, mais la force de la tradition est unique et la même:
les Eglises fondées dans les Germanies n'ont pas reçu ni ne transmettent de foi
différente, pas plus que celles fondées dans les Espagnes, ou encore parmi les
Celtes ou dans les régions orientales, ou en Egypte ou en Libye ou dans le
centre du monde" (1, 10, 1-2). On voit déjà à cette époque, nous sommes en
l'an 200, l'universalité de l'Eglise, sa catholicité et la force unificatrice
de la vérité, qui unit ces réalités si différentes, de la Germanie à l'Espagne,
à l'Italie, à l'Egypte, à la Libye, dans la vérité commune qui nous a été
révélée par le Christ.
c) Enfin, la Tradition apostolique est, comme il le
dit dans la langue grecque dans laquelle il a écrit son livre, "pneumatique",
c'est-à-dire spirituelle, guidée par l'Esprit Saint: en grec Esprit se dit
pneuma. Il ne s'agit pas, en effet, d'une transmission confiée à l'habileté
d'hommes plus ou moins savants, mais à l'Esprit de Dieu, qui garantit la
fidélité de la transmission de la foi. Telle est la "vie" de
l'Eglise, ce qui rend l'Eglise toujours fraîche et jeune, c'est-à-dire féconde
de multiples charismes. Pour Irénée, Eglise et Esprit sont inséparables:
"Cette foi", lisons-nous encore dans le troisième livre Contre les hérésies,
"nous l'avons reçue de l'Eglise et nous la conservons: la foi, par l'œuvre
de l'Esprit de Dieu, comme un dépôt précieux conservé dans un vase de valeur
rajeunit toujours et fait rajeunir également le vase qui la contient. Là où est
l'Eglise se trouve l'Esprit de Dieu; et là où est l'Esprit de Dieu, se trouve
l'Eglise et toute grâce" (3, 24, 1).
Comme on le voit, saint Irénée ne se limite pas à
définir le concept de Tradition. Sa tradition, la tradition ininterrompue,
n'est pas traditionalisme, car cette Tradition est toujours intérieurement
vivifiée par l'Esprit Saint, qui la fait à nouveau vivre, qui la fait être
interprétée et comprise dans la vitalité de l'Eglise. Selon son enseignement,
la foi de l'Eglise doit être transmise de manière à apparaître telle qu'elle
doit être, c'est-à-dire "publique", "unique",
"pneumatique", "spirituelle". A partir de chacune de ces
caractéristiques, on peut conduire un discernement fructueux à propos de
l'authentique transmission de la foi dans l'aujourd'hui de l'Eglise. De manière
plus générale, dans la doctrine d'Irénée la dignité de l'homme, corps et âme,
est solidement ancrée dans la création divine, dans l'image du Christ et dans
l'œuvre permanente de sanctification de l'Esprit. Cette doctrine est comme une "voie
maîtresse" pour éclaircir avec toutes les personnes de bonne volonté
l'objet et les limites du dialogue sur les valeurs, et pour donner un élan
toujours nouveau à l'action missionnaire de l'Eglise, à la force de la vérité
qui est la source de toutes les véritables valeurs du monde.
* * *
Je salue cordialement les pèlerins francophones
présents ce matin, en particulier tous les groupes de jeunes. Puisse saint
Irénée vous inviter à approfondir toujours davantage votre foi, dans la joie de
témoigner du Christ aujourd’hui, avec la force que donne l’Esprit Saint !
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana
Saint Irénée de Lyon :
Vie, Œuvre et martyr
Publié le 25/1/24
« Tout se tient » : ce pourrait être la devise de celui que le pape François a proclamé Docteur de l’Unité et qui porte bien son nom grec "Irénée" : "la paix". En fournissant les critères de la vérité et la première grande synthèse théologique il mérite bien aussi le titre de « père de la théologie catholique ».
Qui sont réellement les
Pères de l'Église, ces défenseurs ardents de la foi chrétienne dont l'influence
perdure encore aujourd'hui ? Dans cette série, explorons avec le père Guillaume
de Menthière les figures emblématiques des premiers temps du christianisme, de
Saint Ignace à Saint Grégoire le Grand, en passant par Saint Irénée.
Saint Irénée de Lyon,
initialement originaire de Smyrne en Turquie actuelle, est une figure marquante
de l'Église primitive. Formé par Polycarpe qui avait lui-même connu l'apôtre
Jean, Irénée représente un lien direct avec les premières générations
chrétiennes, épousant ainsi une foi profondément enracinée dans les
enseignements apostoliques. Après la persécution de Lyon en 177 qui vit le
martyre de l'évêque Pothin, Irénée lui succéda, devenant le primat des Gaules.
Bien que sa date exacte de mort ne soit pas clairement établie, on pense qu'il
est décédé vers l'an 202. L'Église le célèbre le 28 juin et l'honore du titre
de martyr, principalement sur la base des écrits de saint Jérôme. Cet article
va explorer sa vie, son œuvre, et sa signification durable pour le
christianisme.
Irénée est un tournant.
Dans l’espace il se situe au carrefour de l’Église d’Orient et de l’Église
d’Occident. Mais dans le temps il est aussi le point de basculement entre les
premières générations chrétiennes qui vivent du témoignage direct des apôtres et
les générations ultérieures qui s’appuient sur l’Écriture et la Tradition
apostolique.
Biographie de Saint
Irénée
Date de naissance et de
décès :
Saint Irénée est né
probablement vers 130 et est décédé autour de l'an 202, bien que les dates
précises restent incertaines.
Origine et contexte
familial :
Originaire de Smyrne, une
ville de l'Asie Mineure (aujourd'hui Izmir en Turquie), Irénée a grandi dans un
contexte culturel riche, influencé par les traditions grecques et les premières
communautés chrétiennes. Il a été formé par Polycarpe de Smyrne, qui avait été
disciple de l'apôtre Jean, ce qui lui a permis d'avoir un accès direct aux
enseignements apostoliques.
Moments clés de sa vie :
Formation et Influence de
Polycarpe : La formation sous Polycarpe a ancré chez Irénée une profonde
compréhension de la foi chrétienne et une fidélité aux enseignements des
apôtres.
Martyre de Pothin et
succession : En 177, lors de la persécution des chrétiens à Lyon, Irénée a
été témoin du martyre de nombreux chrétiens, y compris celui de l'évêque
Pothin. Suite à ces événements, Irénée a été choisi pour lui succéder comme
évêque de Lyon, témoignant de la confiance et du respect que la communauté
chrétienne lui portait.
Défense de la foi et
écrits théologiques : Face aux hérésies gnostiques, Irénée a rédigé
plusieurs œuvres majeures pour défendre la doctrine chrétienne orthodoxe et
réfuter les interprétations erronées.
L'influence d'Irénée
s'étend bien au-delà de son rôle d'évêque. Il est souvent vu comme un pont
entre les générations apostoliques et les époques où la foi chrétienne a
commencé à être formalisée à travers les Écritures et la tradition, assurant
ainsi la continuité et l'intégrité du message chrétien dans un monde en
évolution.
Contributions et Œuvres
de Saint Irénée
Description des
contributions majeures : Saint Irénée de Lyon a joué un rôle crucial dans
la consolidation de la doctrine chrétienne à une époque marquée par de
nombreuses controverses théologiques. Sa principale contribution fut de lutter
contre les hérésies gnostiques, qui menaçaient l'unité et la pureté de la foi
chrétienne. Il a articulé une théologie robuste qui mettait l'accent sur la
tradition apostolique et l'autorité des Écritures, affirmant la nécessité d'une
interprétation cohérente et unifiée au sein de la communauté chrétienne.
Œuvres ou écrits
importants :
L'Adversus Haereses
(Contre les Hérésies) : Cet ouvrage majeur est composé de cinq livres et
constitue une réfutation détaillée des doctrines gnostiques. Écrit en grec, il
ne nous est parvenu que dans sa traduction latine. Irénée y utilise la
"règle de foi" pour discerner l'authenticité chrétienne, en
s'appuyant sur les enseignements reçus directement des apôtres par les évêques.
La Démonstration de la
Prédication Apostolique (Epideixis) : Cet écrit est souvent considéré
comme le plus ancien catéchisme de la doctrine chrétienne. Il résume la foi
chrétienne en utilisant les Écritures pour montrer que Jésus Christ est central
à toute l'histoire du salut, préfiguré dans l'Ancien Testament et accompli dans
le Nouveau.
Les écrits d'Irénée
restent fondamentaux pour comprendre les premières luttes doctrinales au sein
du christianisme et leur résolution. En insistant sur la nécessité d'une foi
transmise par une succession apostolique ininterrompue et une interprétation
des Écritures guidée par l'Église, Irénée a aidé à façonner une vision de
l'orthodoxie qui perdure dans de nombreuses traditions chrétiennes jusqu'à
aujourd'hui.
La prière « Ce n'est
pas toi qui fait Dieu mais Dieu qui te fait » de Saint Irénée de Lyon :
« Ce n'est pas toi qui
fais Dieu mais Dieu qui te fait. Si tu es l'ouvrage de Dieu, attends tout de sa
main : livre-toi à Celui qui peut te modeler et qui fais bien toutes choses en
temps opportun et reçois en toi la forme que le Maître Ouvrier veux te donner.
Garde en toi cette humilité qui vient de la Grâce, de peur que ta rudesse
n'empêche le Seigneur d'imprimer en toi la marque de son doigt. C'est en
recevant cette empreinte que tu deviendras parfait, et seul le Seigneur pourra
faire une oeuvre d'art avec cette pauvre argile que tu es. En effet, faire est
le propre de la bonté de Dieu et Le laisser faire, c'est le rôle qui convient à
ta nature d'homme. Amen ! »
Canonisation de Saint
Irénée
Processus de canonisation :
Comme pour de nombreux saints des premiers siècles de l'Église, il n'y a pas eu
de processus formel de canonisation pour Saint Irénée. Sa reconnaissance comme
saint s'est effectuée de manière organique au sein de l'Église primitive,
principalement en raison de son rôle de défenseur de la foi et de son martyre,
tel qu'attesté par les écrits postérieurs, notamment ceux de Saint Jérôme. Il
est honoré comme martyr bien que les détails précis de sa mort ne soient pas
clairement documentés.
Célébration de Saint
Irénée
Date de la fête :
Saint Irénée est célébré le 28 juin. Cette date marque l'occasion pour l'Église
de commémorer son œuvre et son dévouement en tant que défenseur de la foi
chrétienne et comme évêque de Lyon.
Pour aller plus loin,
sur les pères de l’Église :
Qu'est-ce
qu'un Père de L'Église ?
Découvrez
l’audience de Benoit XVI sur Saint Irénée de Lyon
Lyon 5e - Rue des Farges - Église Saint Just - Façade
- Bas-relief du martyre de saint Irénée
Saint Irénée de Lyon bientôt déclaré docteur de
l’Église
La rédaction d'Aleteia - avec I.Media - Publié
le 07/10/21 - Mis à jour le 08/10/21
Le pape François a annoncé, jeudi 7 octobre, qu’il
déclarerait prochainement saint Irénée de Lyon "docteur de l’Église avec
le titre de Doctor unitatis [docteur de l’unité, en latin]"
Le pape François a annoncé qu’il déclarerait
prochainement saint Irénée de Lyon « docteur de l’Église avec
le titre de Doctor unitatis [docteur de l’unité, en latin] »
lors d’un discours lu devant un groupe de théologiens catholiques et orthodoxes
portant le nom du Père de l’Église, le 7 octobre 2021. Le pontife recevait le
Groupe mixte de travail orthodoxe-catholique Saint Irénée au Vatican à
l’occasion de leur session annuelle, organisée pour la première fois à Rome. Il
les a remercié pour leur travail théologique « au service de la communion
entre catholiques et orthodoxes ».
Le pape François a donné le saint d’Orient venu
exercer son ministère en Occident comme exemple de « pont spirituel et théologique ».
Le second évêque de Lyon, a-t-il souligné, porte dans son nom même
« l’empreinte du mot paix » – εἰρήνη / eirênê en grec signifie “paix”.
Cette paix « n’est pas une paix “négociée”, fruit d’accords pour protéger
des intérêts », a averti le pontife, mais une paix qui « rétablit
l’unité », celle « de Jésus ».
Une demande du cardinal Barbarin
Le pape François a insisté sur le rôle de la
synodalité, structurelle dans les Églises orthodoxes, qui selon lui permet une
« approche fructueuse de la primauté » de Rome sur les autres
diocèses. Il s’est d’ailleurs dit convaincu que le synode qu’il va inaugurer le
10 septembre prochain sera « l’occasion d’approfondir également cet aspect
important » pour l’Église catholique. En janvier 2018, le cardinal Philippe Barbarin, primat des
Gaules, en déplacement à Rome, avait demandé au pape François de faire de saint
Irénée un docteur de l’Église.
Lire aussi :Ce qui a décidé saint Irénée à écrire le premier catéchisme de
l’Histoire
Un combattant des hérésies
Deuxième évêque de Lyon, entre 177 et 202, saint
Irénée s’est illustré par sa dénonciation de l’hérésie dualiste qui affirmait
que les êtres humains sont des âmes divines emprisonnées dans un monde
matériel. Soucieux de l’unité de l’Église, saint Irénée est en revanche
intervenu auprès du pape pour empêcher d’excommunier les communautés qui
fêtaient Pâques à une autre date que l’Église romaine.
L’Église attribue officiellement le titre de docteur à
des théologiens auxquels elle reconnaît une autorité particulière de témoins de
la doctrine, en raison de la sûreté de leur pensée, de la sainteté de leur vie,
de l’importance de leur œuvre. Actuellement, l’Église compte 36 docteurs de
l’Église dont quatre Français : saint Bernard de Clairvaux, Hilaire de Poitiers, François de Sales, Thérèse de Lisieux. Seul Grégoire de Narek (954
environ-1010 environ), poète et philosophe d’Arménie, a été proclamé par le
pape François, en 2015.
Mgr Barbarin : « Tous les chrétiens peuvent
considérer Irénée comme leur père »
Marzena
Devoud - Publié le 08/10/21
Le pape François a confié le 7 octobre à un groupe de
théologiens catholiques et orthodoxes, qu’il déclarerait prochainement saint
Irénée de Lyon docteur de l’Église. Une immense joie pour le cardinal Barbarin
qui avait fait cette demande auprès du pontife. Il s'est confié à Aleteia sur
les coulisses de cette annonce.
Archevêque émérite de Lyon, désormais aumônier des
Petites Sœurs des Pauvres à Saint-Pern, le cardinal Philippe Barbarin peut se
réjouir. C’est grâce à sa requête que saint Irénée de Lyon sera prochainement
proclamé par le pape François docteur de l’Église et rejoindra ainsi le cortège
des 36 docteurs de l’Église dont quatre français : saint Bernard de Clairvaux,
Hilaire de Poitiers, François de Sales et Thérèse de Lisieux. Il confie à Aleteia les coulisses de
cette annonce qui est un « beau signal envoyé au monde ».
Aleteia :En janvier 2018, alors en déplacement à Rome, vous avez demandé au pape François de faire de saint Irénée un docteur de l’Église. L’annonce a été faite ce 7 octobre. Une belle surprise pour vous ?
Cardinal Philippe Barbarin : En réalité, je savais depuis samedi dernier
que la bonne nouvelle approchait : J’étais venu rencontrer le pape
François avec plusieurs personnes de la fondation Saint Irénée. A ma question à
ce sujet, il m’a répondu « ça approche ». Et il a ajouté qu’il
« signerait avant la fin du mois ». Et hier, à ma grande joie, il l’a
confirmé lors de sa rencontre avec les théologiens catholiques et
orthodoxes !
Archevêque de Lyon, vous aviez alors compris toute l’importance du rayonnement de saint Irénée…
Quand j’étais à Lyon, je remarquais que tous les représentants des différentes
Églises chrétiennes – dès qu’ils venaient me rencontrer – voulaient d’abord
aller prier sur sa tombe. C’est là que j’ai compris qu’il est la figure pivot
du point de vue de l’œcuménisme et de la théologie. Il est celui qui réfute
toutes les hérésies, c’est le point de départ de la théologie orientale comme
occidentale. Avant la division. Saint Irénée est le tronc commun, lui qui est
un oriental et qui est devenu l’évêque de Lyon. Tous les chrétiens peuvent
ainsi considérer saint Irénée comme leur père.
Personnellement, qu’est-ce qu’il a représenté pour vous, son successeur à l’archevêché de Lyon pendant 17 ans ?
Aujourd’hui, le bureau de l’évêque de Lyon est tout près de son tombeau dans la
Maison Saint-Irénée. Cela donne l’impression d’être son successeur et son
voisin à la fois. Symboliquement, c’est formidable. Irénée, c’est le deuxième
évêque de Lyon. C’est le tout début de l’Église en Gaule ! Ce sont nos racines
chrétiennes, qui poussent quasiment jusqu’aux apôtres ! Quand je pense
qu’Irénée avait connu Polycarpe qui avait lui-même connu l’apôtre Jean ! Il a
touché celui qui avait touché le Christ ! Il est le point d’ancrage commun
le plus ancien, avec le martyre de Pierre et Paul à Rome.
Lire aussi :Saint Irénée, le “découvreur” des quatre évangiles
Vous aviez fait cette demande auprès de Benoît XVI il y a plus de dix ans…
Oui, j’en avais parlé avec Benoît XVI. Je lui avais demandé qu’Irénée soit
docteur de l’Église et que cela puisse être proclamé non seulement par l’Église
catholique, mais aussi par le Patriarche de Constantinople, les Chrétiens
d’Arménie, les Coptes d’Égypte, les responsables protestants de Genève… Parce
que partout dans le monde, saint Irénée est très aimé et très respecté. Il
symbolise l’unité d’avant les divisions !
A l’époque Benoît XVI avait fait la remarque qu’on ne pouvait pas proclamer docteur de l’Eglise celui qui était déjà proclamé martyr. Pourquoi ?
Parce que le statut de martyr c’est,
du point de vue doctrinal, le sommet. Mais ensuite, lors de notre conversation,
Benoît XVI avait dit que nous ne savions rien sur lui à partir de 198, juste
qu’il était mort en 202. « On l’a décrété martyr au Vème ou VIème siècle
mais en réalité on ne sait pas s’il a vraiment été martyr », a-t-il conclu.
Et en le constatant, il avait alors décidé de soumettre cette question à la
Congrégation pour la Doctrine de la Foi qui a finalement donné son accord pour
qu’il soit proclamé docteur de l’Eglise.
Docteur de l’Église, mais aussi Docteur de l’Unité…
J’en suis très ému et très heureux car cette déclaration du pape François
manifeste le désir d’unité avec tous les chrétiens. Un beau signal envoyé au
monde.
Statue de Saint-Irénée. Colonnade de l'église de
la Madeleine. Façade est.
28 juin
Saint Irénée, évêque de Lyon et martyr
Au 2 juin, nous fêtions les martyrs de Lyon, immolés
en 177. Les survivants, émus du trouble que suscitait le mouvement prophétique
montaniste[1], né en Asie Mineure, envoyèrent des lettres aux Eglises d'Asie et
de Phrygie[2], et au pape Eleuthère[3]. Ils demandèrent à Irénée d’être leur
ambassadeur auprès du Pape ; Irénée était muni de cette recommandation : « Nous
avons chargé de te remettre cette lettre notre frère et compagnon, Irénée, et
nous te prions de lui faire bon accueil, comme à un zélateur du testament du
Christ. Si nous pensions que le rang crée la justice, nous le présenterions
d'abord comme prêtre d'Eglise, car il est cela. » Le nom d'Irénée dérive du mot
grec qui veut dire « paix. » Irénée recevait une mission de paix. Il serait
toujours agent de liaison, d'union, de paix. A son retour, le vieil évêque
Pothin était mort martyr[4], et Irénée fut élu pour lui succéder.
Irénée était né en Asie Mineure, peut-être à Smyrne,
vers 130-135. Dans sa jeunesse, il avait connu le saint Evêque Polycarpe[5]. Au
prêtre Florinus qui était tombé dans l’hérésie gnostique, Irénée écrivit : « Je
t’ai vu, quand j'étais encore enfant, dans l'Asie inférieure, auprès de
Polycarpe ; tu avais une situation brillante à la cour impériale et tu
cherchais à te faire bien voir de lui. Car j’ai meilleur souvenir de ces jours
d'autrefois que des événenents récents. Ce que l'on a appris dès l'enfance, en
effet, se développe en même temps que l'âme, en ne faisant qu'un avec elle. Si
bien que je puis dire le lieu où s'asseyait pour nous entretenir le bienheureux
Polycarpe, ses allées et venues, le caractère de sa vie et l'aspect de son
corps, les discours qu'il tenait à la foule, et comment il racontait ses
relations avec Jean, et avec les autres qui avaient vu le Seigneur, et comment
il rapportait leurs paroles, et ce qu'il tenait d'eux au sujet du Seigneur, de
ses miracles, de son enseignement, en un mot comment Polycarpe avait reçu la
tradition de ceux qui avaient vu de leurs yeux le Verbe de vie, il était dans
tout ce qu'il rapportait d'accord avec les Ecritures. J'écoutais cela
attentivement, par la faveur que Dieu a bien voulu me faire, et je le notais
non sur du papier, mais en mon cœur, et, par la grâce de Dieu, je ne cesse de
le ruminer fidèlement. Je puis témoigner devant Dieu que si le bienheureux
vieillard, l'homme apostolique, avait entendu quelque chose de pareil (les
doctrines gnostiques), il se serait récrié, il aurait bouché ses oreilles, il
aurait dit comme à son ordinaire : O bon Dieu, pour quels temps m'as-tu
réservé, faut-il que je supporte de telles choses ! et il aurait fui loin du
lieu où, assis ou debout, il aurait entendu de pareils discours.[6] »
L’esprit d’Irénée, formé à l'admiration « des témoins
du Verbe de vie », avait donc reçu à un haut degré le culte de la tradition. On
comprend que les nouveautés gnostiques aient trouvé en lui un adversaire
décidé. La gnose (ce mot grec signifie science, connaissance) prétendait offrir
à une élite des connaissances supérieures sur Dieu et l'univers. Le passage
difficile de l'infini au fini se faisait dans ce système grâce à des émanations
d'êtres intermédiaires, les éons, dont les accouplements étranges faisaient
revivre les théogonies mythologiques.
Saint Irénée écrivit contre la gnose[7] « La
réfutation de la fausse science » qu'on appelle aussi « Adversus hœreses »
(Contre les hérésies). Il s'excusait de son mauvais style grec : « Nous vivons
chez les Celtes, et dans notre action auprès d'eux, usons souvent de la langue
barbare. » Mais le contact avec ces barbares, qui portaient, gravé dans leur
cœur par l'esprit, le message du salut, était salutaire. Pour vaincre les
novateurs, il suffisait presque de révéler leurs doctrines. L'emploi de
l'ironie, à propos de tous ces enfantements d'éons, eût été facile. Mais Irénée
cherchait surtout à convertir les gnostiques : « De toute notre âme, nous leur
tendons la main, et nous ne nous lasserons pas de le faire. » En face des
rêveries morbides de ses adversaires, comme sa théologie apparaît simple, saine
et optimiste : « Le Verbe de Dieu, poussé par l'immense amour qu'il vous
portait, s'est fait ce que nous sommes afin de nous faire ce qu'il est
lui-même. »
Sans négliger la théologie rationnelle, Irénée a
exposé avec bonheur l'argument de la tradition : « La tradition des apôtres est
manifeste dans le monde entier : il n'y a qu'à la contempler dans toute église,
pour quiconque veut voir la vérité. Nous pouvons énumérer les évêques qui ont
été institués par les apôtres, et leurs successeurs jusqu'à nous : ils n'ont
rien enseigné, rien connu qui ressemblât à ces folies. Car si les apôtres
avaient connu des mystères cachés dont ils auraient instruit les parfaits, en
dehors et à l'insu du reste (des chrétiens), c'est surtout à ceux auxquels ils
confiaient les Églises qu'ils les auraient communiqués. Ils exigeaient la
perfection absolue, irréprochable, de ceux qui leur succédaient et auxquels ils
confiaient, à leur place, la charge d'enseigner... Il serait trop long...
d'énumérer les successeurs des apôtres dans toutes les Églises ; nous ne nous
occuperons que de la plus grande et la plus ancienne, connue de tous, de
l'Église fondée et constituée à Rome par les deux très glorieux apôtres Pierre
et Paul ; nous montrerons que la tradition qu'elle tient des apôtres et la foi
qu'elle a annoncée aux hommes sont parvenues jusqu'à nous, par des successions
régulières d'évêques... C'est avec cette Église (romaine), en raison de
l'autorité de son origine, que doit être d'accord toute Eglise, c'est-à-dire
tous les fidèles venus de partout ; et c'est en elle que tous ces fidèles ont
conservé la tradition apostolique.[8] »
Irénée a écrit aussi un petit livre, « Démonstration
de la prédication apostolique. » Il était perdu. On l'a découvert en 1904, dans
une traduction arménienne. Dans la controverse sur la date de Pâques, Irénée
penchait pour l'usage de l'Asie, qui fêtait la résurrection du Christ le
dimanche, et non un autre jour. Mais il tenait aussi à sauvegarder la charité,
la tolérance. Il essayait de retenir le pape Victor sur le point d'excommunier
les dissidents. Il avait écrit : « Il n'y a pas de Dieu sans bonté. »
Est-il mort martyr ? Il y a dans ce sens une
indication du martyrologe hiéronymien, une autre de saint Jérôme et une autre
de saint Grégoire de Tours. Les anciens bollandistes (Tillemont, Ruinart)
opinaient dans ce sens. Mais on ne peut rien affirmer. Saint Irénée, d'après
saint Grégoire de Tours, fut enterré dans la crypte de la basilique Saint-Jean,
sous l'autel. A cette basilique, succéda une église Saint-Irénée, qui a donné
son nom à un quartier de Lyon (rive droite de la Saône, sud-ouest de l'ancienne
cité). En 1562, les calvinistes dispersèrent les reliques du saint. Un antique
calendrier de marbre, retrouvé à Naples, marque la passion d'Irénée au 27 juin.
[1] Montan, prêtre païen converti, qui se mit à
prophétiser la fin du monde et à prêcher la pénitence, vers 172, aux confins de
la Mysie et de la Phrygie, et envoya des missionnaires dans toute l'Asie
Mineure. Il en vint à prétendre être le Paraclet lui-même, venu compléter la
révélation du Christ. Montan était mort avant 179. Le Montanisme est donc un
mouvement de prophétisme et d'ascétisme. Il conservait à l'origine la foi
commune, les Ecritures, l'attachement à l’Eglise, mais sa prétention à incarner
la seule véritable Eglise de l'Esprit, comme son prophétisme incontrôlé,
amenèrent une vive réaction de l'épiscopat, qui eut pour conséquence la
séparation de Montan et de ses partisans d'avec l'Eglise. La propagande
montaniste s'étendit dès le deuxième siècle jusqu’en Occident ; en Afrique au
troisième siècle, elle entraîna Tertullien. La secte qui survécut plusieurs
siècles, n’avait pas encore entièrement disparu au neuvième siècle.
[2] « Lettre des serviteurs du Christ qui habitent
Vienne et Lyon, en Gaule, aux frères qui sont en Asie et en Phrygie, ayant la
même foi et la même espérance de la rédemption. »
[3] Saint Eleuthère, grec, originaire de Nicopolis en
Epire, est le douzième successeur de saint Pierre (174-189). Selon Hégésippe,
qui était à Rome pendant les années 160, il était diacre du pape Anicet.
Agbard, aussi appelé Lucius, roi d'Edesse, lui écrivit pour demander à devenir
chrétien, ce qu’il fit ultérieurement. En 177, lorsque le pape Eleuthère reçut
la visite d'Irénée de Lyon, la Nouvelle Prophétie, qui avait débuté peu avant
en Phrygie et faisait l'objet de discussions assidues. L’attitude du pape
Eleuthère au sujet du montanisme est incertaine, mais il n’y vit manifestement
pas un danger et ne se prononça pas sur ses prétentions prophétiques. Son règne
(quinze ans et trois mois) fut paisible. Il mourut dans la dixième année de
l’empereur Commode (180-192), soit en 189. Mentionné pour la première fois
comme martyr dans le martyrologe d’Adon de Vienne, il est fêté le 26 mai.
[4] Le vénérable évêque de Lyon, Pothin, âgé de plus
de quatre-vingt-dix ans, avait dû être porté jusqu'au tribunal où, interrogé
par le légat sur ce qu'était le Dieu des chrétiens, il répondait : « Tu le
connaîtras, si tu en es digne. » Cette réponse lui valut d'être accablé
d'injures, de coups de pieds et de coups de pierres, puis il fut de nouveau
jeté en prison où il rendit l'âme quarante-huit heures plus tard.
[5] Saint Polycarpe appartient au groupe des Pères
apostoliques qui sont disciples immédiats des apôtres. Il naquit sous Vespasien
(vers 70), et fut converti au christianisme dès l’enfance. Attaché à l'Eglise
de Smyrne, il fut un disciple de saint Jean. Son biographe, Pionius, dit
qu’originaire du Levant, il fut amené à Smyrne par des marchands qui le vendirent
à la noble Callisto. Cette généreuse chrétienne l'éleva dans la crainte du
Seigneur, lui confia le soin de sa maison. Héritier des biens de Callisto,
Polycarpe n'en aurait usé que pour se perfectionner dans la connaissance des
Ecritures, s'avancer dans la pratique de la piété, et aurait reçu le diaconat
des mains de l'évêque de Smyrne, Bucolus, qui l'attacha à son Eglise.
Cependant, des autorités, comme celle de saint Irénée nous apprennent que
Polycarpe suivit les leçons de Jean, l'apôtre bien-aimé de Jésus. Ce fut par
les apôtres eux-mêmes que Polycarpe fut établi évêque de Smyrne. L'épiscopat de
Polycarpe fut assez tranquille sous le règne de Trajan, alors que la
persécution agitait l'église dans les autres provinces de l'empire. L'évêque de
Smyrne alla à Rome et y séjourna ; il devait entretenir le Pape de divers
sujets, défense des vérités de la foi, union et paix des fidèles, observances
de discipline. L'accord n'existait pas entre Rome et les Eglises d'Asie pour la
célébration de la Pâque. Anicet et Polycarpe estimèrent que le plus sage, sur
ce dernier point, était de laisser jusqu'à nouvel ordre l'Orient et l'Occident
suivre leur coutume respective. Le séjour de Polycarpe à Rome fut encore utile
à beaucoup de personnes qui s'étaient laissé infecter du venin de l'hérésie ;
l'évêque rendit un public témoignage à la vérité orthodoxe, fit rentrer dans le
sein de l'Eglise des âmes séduites par les erreurs de Valentin et de Marcion.
Rentré dans son Eglise de Smyrne, Polycarpe n'y jouit pas longtemps du calme et
de la tranquillité. alors s'éleva une grande persécution contre les chrétiens
où Polycarpe fut martyrisé (22 février 155).
[6] Eusèbe de Césarée : Histoire ecclésiastique, V 20.
[7] La gnose (d'un mot grec signifiant connaissance)
est une doctrine ésotérique, proposant à ses initiés une voie vers le salut par
la connaissance de certaines vérités cachées sur Dieu, le monde et l'homme.
Dans ces théories, l’homme est un être divin, qui par suite d'un événement
tragique, est tombé sur terre d'où il peut se relever pour retourner à son état
premier par la Révélation. Dès les temps apostoliques, l’Eglise s'opposa à la
gnose pour les raisons suivantes : bien que reconnaissant le Christ comme
porteur de la Révélation, elle en niait la réalité historique (docétisme) ;
elle niait la création comme œuvre de Dieu lui-même et refusait l'Ancien
Testament ; elle évacuait l'attente chrétienne de l'accomplissement
eschatologique..
[8] Saint Irénée : Adversus hœreses, III, III, 1-2.
SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/06/28.php
Statue de Saint-Irénée. Colonnade de l'église de
la Madeleine. Façade est.
Irénée de Lyon saint
Père de l'Église grecque, évêque et premier théologien
du christianisme.
« Saint Irénée est né en Asie Mineure entre 120 et
140; on ne sait pas avec sûreté comment ni quand il est mort. Auditeur de
Polycarpe et des presbytres, homme d'une culture remarquable, il vint en Gaule
avec des missionnaires, y répandre la foi catholique. Il fut ordonné par saint
Pothin, évêque de l'Église de Lyon.
Les évêques d'Asie ayant condamné les Montanistes,
Irénée fut député auprès du Pape Éleuthère, pour demander qu'on soit indulgent
à leur endroit. Ce voyage lui évita, par ailleurs, d'être victime de la
terrible persécution dont furent alors victimes les chrétiens de Lyon
(177-178). Une seconde visite à Rome, beaucoup plus tard, le verra jouer de
nouveau un rôle de pacificateur, quand il tentera d'empêcher le pape Victor de
sévir contre les évêques d'Asie Mineure qui célébrent la Pâque le 14 nisan,
comme les Juifs, au lieu de la célébrer le dimanche suivant, comme on faisait à
Rome.
La plus grande oeuvre de sa vie cependant fut son
apostolat contre les Gnostiques de la secte de Ptolémée (disciple de Valentin),
contre lesquels il écrivit son livre, intitulé: Dénonciation et réfutation de
la gnose au nom menteur, qui, en plus d'une réfutation, est une synthèse des
données fondamentales de la théologie chrétienne. Sa doctrine de la Trinité,
confond les mythes gnostiques; sa doctrine de la Rédemption montre comment
Jésus-Christ est le chef (la Tête) de l'humanité régénérée; il montre, de plus,
comment l'Esprit-Saint, par la grâce, rend à l'homme la ressemblance perdue
avec Dieu; il est enfin le grand théologien de la Vierge Marie, montrant que,
par son obéissance, elle a réparé la désobéissance d'Ève.
Irénée est le premier auteur d'une Somme de théologie
chrétienne, sûre de ses principes et capable d'en donner une démonstration
impeccable dans un des cas les plus difficiles qui soient: celui de la
confrontation avec la Gnose. Pour lui, toute spéculation chrétienne doit se
régler sur le credo baptismal, tel qu'il a été conservé et transmis dans
l'Église depuis les origines. Or, sur ce point, comme l'église de Rome rapporte
la tradition des deux plus grands apôtres, Pierre et Paul, c'est sur cette
église surtout que doit s'appuyer tout penseur chrétien:
Là, où est l'Église, là est aussi l'Esprit de Dieu; et
là où est l'Esprit de Dieu, là est l'Église et toute grâce: et l'Esprit est
vérité. C'est pourquoi ceux qui s'excluent de l'Esprit ne se nourrissent pas
aux mamelles de leur Mère pour puiser à la source limpide qui coule du corps du
Christ, mais se creusent des citernes crevassées (Jérémie 2, 13)... et boivent
l'eau fétide d'un bourbier: ils fuient la foi de l'Église de crainte d'être
démasqués, et ils rejettent l'Esprit, pour n'être pas instruits (Dénonciation
etc. III 24, 1). »
Edmond Robillard, Saintes et saints de la liturgie
canadienne et quelques Éphémérides de notre Histoire, Montréal, Maxime, 1999,
p. 125.
Oeuvres
Traductions françaises
Contre les hérésies. Dénonciation et réfutation de la
gnose au nom menteur (dès l'Antiquité, ce livre fut désigné sous le titre
plus bref de Adversus Haereses, i.e. Contre les hérésies). Traduit par Adelin
Rousseau. Paris, Cerf, 1984, 1 vol. Cette traduction est d'abord parue dans la
collection « Sources Chrétiennes », en cinq forts volumes, accompagnée des
textes latins et grecs, d'introductions et de notes explicatives.
Démonstration de la prédication apostolique. Nouvelle
traduction de l'arménien avec introduction et notes par L. M. Froidevaux.
Paris, Cerf, 1959. Coll. « Sources Chrétiennes » # 62. Nouvelle édition revue
et augmentée par A. Rousseau. Paris, Cerf, 1995. Coll. « Sources Chrétiennes »
# 406.
Éditions anciennes
Patrologie grecque, t. 7: Adversus Haereses L. I-V.
Édité par Migne (texte de R. Massuet, 1734).
St Irenaei Lib. quinque adversus Haereses, t. I et II.
Édité par W. Wigan Harvey. Cambridge, 1857.
Documentation
Audet, Thomas-André. Orientations théologiques
chez saint Irénée. Le contexte mental d'une "gnosis alethes". Faculty
of Theology of the Catholic University of America, Washington D.C., 1942.
Balthasar, Hans Urs von. La Gloire et la croix.
Les aspects esthétiques de la Révélation. II. Styles, 1. D'Irénée à Dante.
Paris, Aubier, 1968, pp. 27-84.
Comby, J. Aux origines de l'Église de Lyon:
Irénée. Lyon, Profac, 1977.
Daniélou, Jean. «Saint Irénée et les origines de la
théologie de l'histoire», Recherches de science religieuse, no 34, 1947,
pp. 227-231.
Fantino, J. L'homme image de Dieu chez saint
Irénée de Lyon. Paris, Thèses/Cerf, 1986.
Houssiau, A. La christologie de saint Irénée.
Gembloux, Duculot, 1955.
Sesboüé, Bernard. Tout récapituler dans le
Christ. Christologie et sotériologie d'Irénée de Lyon. Paris, Desclée, 2000.
Coll. « Jésus et Jésus-Christ » # 80
SOURCE : http://agora.qc.ca/Dossiers/saint_Irenee_de_Lyon
Lyon 5e - Rue des Farges - Église Saint Just - Façade
- Statue de saint Irénée
Irénée de Lyon, un legs spirituel insoupçonné
Agnès
Bastit-Kalinowska | 27 juin 2019
Le diocèse de Lyon ouvre ce 28 juin les festivités de
l’année Saint Irénée 2020. Deuxième évêque de Lyon, Irénée serait mort martyr
en 202. Premier théologien de l’Église, « inventeur » de la Bible, penseur de
la cohérence, le message intellectuel et spirituel de ce géant du christianisme
primitif est toujours actuel.
Le diocèse de Lyon est riche en grandes figures
chrétiennes, qui lui ont transmis un abondant patrimoine spirituel,
depuis Blandine jusqu’à
l’abbé Couturier, en passant par Pauline
Jaricot et Antoine Chevrier. Irénée est le premier saint de cette
Église à avoir laissé une œuvre écrite, importante aussi bien en quantité que
par son contenu. Avec cette œuvre, l’évêque de la communauté lyonnaise
s’adressait, au cours du dernier quart du IIe siècle, à des amis chrétiens
de langue grecque et, en réalité, à tous les chrétiens contemporains désireux
de fortifier leur foi face au défi d’une pensée excessivement spiritualiste (la
« gnose »), qui rejetait aussi bien la création par Dieu du monde
matériel que la nature authentiquement humaine de Jésus, l’exigence de
l’Évangile et le caractère réaliste des sacrements, tenus pour de purs
symboles.
« L'inventeur de la Bible »
À l’occasion de l’année Irénée qui s’ouvre à Lyon en
cette fin de mois de juin, il est bon de rappeler l’intérêt du message
spirituel légué par ce premier auteur chrétien du diocèse, qui a été aussi le
premier théologien de l’Église. Auparavant, il importe déjà d’être conscients
que, si les générations du IIe siècle après Jésus-Christ ont peu à peu
pris la mesure du trésor qu’elles possédaient, non seulement avec la Loi et les
prophètes de la Bible juive (qui deviendront pour eux l’« Ancien Testament »),
mais aussi avec les Lettres de Paul et surtout avec les évangiles, c’est à
Irénée qu’on doit d’avoir « inventé » la Bible, c’est-à-dire d’avoir le premier
présenté comme une unité où s’exprime la même intention miséricordieuse de Dieu
ces trois ensembles : la Bible des juifs, les évangiles et les écrits des
Apôtres, dont il a mis en lumière la cohérence et l’articulation autour de
Jésus, envoyé et Parole de Dieu.
Lire aussi :
Quand
la liturgie instruisait, l’exemple de saint Irénée
Penseur de la cohérence
Irénée a pu inventer la Bible, ce regroupement de
livres si divers, parce qu’il était un penseur de la cohérence : cohérence
de l’univers dans son ensemble et de l’univers physique avec l’intelligence
divine (mais aussi avec l’intelligence humaine), cohérence du témoignage de ce
que nous constatons — la complexité merveilleusement efficace du système
physique et de l’organisation du vivant — avec ce que disent les textes de la révélation
faite par Dieu, cohérence en l’homme du corps, de l’âme qui le fait vivre et
sentir et de l’esprit grâce auquel il peut s’approcher de Dieu, cohérence de la
foi en Dieu, en Jésus-Christ et en l’Esprit saint vivificateur, foi
intériorisée et proclamée aussi bien par des intellectuels formés au
raisonnement que par les fidèles illettrés qui constituaient sans doute le gros
de la communauté chrétienne lyonnaise de l’époque, cohérence enfin entre la
pensée, les convictions et les choix concrets posés par les chrétiens. C’est le
sens aussi de la présentation catéchétique de l’essentiel de la foi chrétienne
qu’Irénée a rédigé sur le tard en l’adressant, semble-t-il, à un chrétien de
Lyon, Marcianus, et en le chargeant de transmettre à son tour ce patrimoine
spirituel.
Le goût de la Création dans la vie de Jésus
Il semble qu’il ait puisé son attitude positive, qui
suppose une profonde confiance dans le réel comme lieu où Dieu se montre et se
laisse atteindre, dans une méditation profonde de l’attitude de Jésus et de la
proclamation des Apôtres. Jésus aimait les choses et les gens qui
l’entouraient, il aimait le bon vin, les repas et les moments avec ses amis,
les marches à travers la campagne palestinienne, il aimait guérir les corps
handicapés ou malades et rendre confiance aux âmes blessées, complexées comme
celles de la Samaritaine ou de Zachée, il aimait l’eau qui rafraîchit, l’huile
réparatrice diffusant l’odeur des essences naturelles et, comme le Créateur
dont parle le récit qui ouvre la Bible juive, il trouvait tout cela bon. Irénée
n’en finit pas de magnifier ce goût de la création qui s’exprime dans la vie de
Jésus et, au-delà de sa mort, dans les sacrements où l’Église le rencontre à
travers l’eau, le pain, le vin et l’huile.
Le message de la vérité
Mais il y a plus : ce qui frappe Irénée, c’est à quel
point Jésus est resté fidèle à lui-même, à son propre enseignement de patience,
de calme vis-à-vis de ses agresseurs, de confiance en Dieu dépassant toute
mesure imaginable. Irénée répète après saint Jean : « Il était la vérité », et
il ajoute, pour insister sur le caractère très concret de ce témoignage sur
Jésus : « Tout ce qu’il a dit, il l’a fait », en particulier aimer ses ennemis
et vouloir le bien de ceux qui vous font du mal. Ce n’était pas un maître de
belles paroles, c’était le cri de la vérité jusque dans son silence. Et les
Apôtres ? Ils ont hérité de cette exigence inconfortable, celle de dire aux
juifs : vous êtes sauvés par la miséricorde de votre Dieu, soyez justes et
saints, mais la source du salut n’est pas en vous-mêmes. Celle aussi de dire
aux nations non juives de l’empire romain et au-delà : le Dieu du ciel, la
puissance qui mène tout n’est pas jalouse de l’homme et de son autonomie, au
contraire elle aime l’homme au point de s’en être approchée, de s’être livrée
pour lui et de lui communiquer une puissance de vie qui va bien au-delà de la
réussite immédiate, économique ou politique, de l’exploitation de la nature,
des plaisirs du sexe et de la table, des loisirs superficiels. Ni avec les uns
ni avec les autres ils n’ont transigé sur le message de la vérité dont Jésus
avait témoigné. Les Apôtres ont eu aussi à lutter contre le tribalisme, à faire
l’unité de communautés où coexistaient de nombreuses traditions religieuses et
culturelles, comme cela sera le cas dans l’Église de Lyon où il y avait des
grecs, des sémites, des romains de diverse provenance, des gaulois et sans
doute aussi quelques germains ou émigrés venus de la péninsule hispanique ou
d’Afrique du nord.
Les armes de l'intelligence
Irénée a inscrit sa propre attitude dans le
prolongement de cette méditation de la vie de Jésus et de l’action des Apôtres.
Il déteste ceux qui parlent et condamnent avant de s’être informés à fond de la
question débattue. Pour discuter avec les gnostiques qui refusent la création
et l’humanité de Jésus, il ne se contente pas de belles déclarations
d’intention, de redire la foi en Jésus-Christ, il prend la peine de rassembler
de la documentation sur cette pensée, de rencontrer les maîtres de ces groupes,
d’analyser leurs textes et de les approfondir, en entrant autant qu’il est
possible dans leur logique interne, et il reproche amicalement au destinataire
de son ouvrage de ne pas être prêt à faire l’effort intellectuel, certes
exigeant mais, à ses yeux, indispensable, pour aborder l’adversaire avec une
attitude honnête et réellement féconde. Il faut que la discussion soit vraie et
fondée sur des arguments solides, sinon elle n’est au mieux que bonne volonté,
au pire que bonne conscience idéologique.
Lire aussi :
10
versets bibliques pour avoir toujours confiance en Dieu
« Il a lutté pour »
Au-delà, Irénée épouse l’attitude de Paul, son modèle,
qui souffre pour ses frères dont il est séparé par leurs convictions
réfractaires au message de Jésus. Comme Paul, Irénée est pressé par l’amour de
ses frères séparés comme lui, il désire leur retour à la pleine vérité de Jésus
et à l’unité de l’Église. Il espère au moins mettre en garde les autres
fidèles, pour qu’ils ne s’égarent pas du côté de ce spiritualisme artificiel,
mais séduisant, qui prétend qu’il n’y a de vrai que l’âme et que l’esprit, et
que l’homme peut faire ce qu’il veut de la matière et de son corps. Il déploie
des efforts disproportionnés, dans l’espoir d’en sauver au moins quelques-uns :
c’est là la force et la fécondité d’Irénée : il n’a pas lutté contre, il a
lutté pour, s’attachant sans relâche à admirer l’unité de l’œuvre de Dieu
pour lui faire correspondre la cohérence et la cohésion de la réponse humaine.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/2019/06/27/limmense-patrimoine-spirituel-laisse-par-irenee-de-lyon/
Saint Irénée, le « découvreur » des quatre évangiles
Agnès
Bastit-Kalinowska | 28 juin 2020
Pourquoi y a-t-il quatre évangiles ? Quel est le cœur
du message de chaque évangéliste ? C’est saint Irénée qui nous l’apprend. Au
cœur de l’Année saint Irénée, redécouvrons l’enseignement de ce Père de
l’Église qui fut le premier théologien à parler des évangiles. Agnès
Bastit-Kalinowska vient de faire paraître « l’Évangile selon
Irénée », aux Presses de la Fondation St-Irénée.
Une de mes amies, jadis vendeuse dans une librairie,
m’avait raconté cet échange avec un client : « Je voudrais les trois Évangiles.
— Mais… on les vend par quatre ! — Alors mettez m’en quatre. » De fait,
pourquoi quatre évangiles ? Pour un début de réponse à cette question, il faut
se tourner vers l’œuvre d’Irénée
de Lyon. Ce Grec qui écrivait vers 180 de notre ère fut évêque de Lyon.
L’Église d’Occident le fête le 28 juin, même si en 2020, « Année
saint Irénée » pour les Lyonnais, cette fête est occultée par le
dimanche.
De la méthode des apôtres aux évangiles
Irénée, dans son grand ouvrage Contre les
hérésies, est en effet le tout premier auteur chrétien à parler des « Évangiles
» et à s’interroger sur leur nombre. Avant lui, saint Paul, puis Ignace
d’Antioche évoquent « l’Évangile », la proclamation du salut en Jésus-Christ,
et saint Justin, vers le milieu du IIe siècle, décrit les assemblées
chrétiennes comme comportant la lecture des prophètes et des « mémoires des
apôtres », c’est-à-dire très probablement des Évangiles, à propos desquels
Irénée donnera davantage de précisions une vingtaine d’années plus tard.
Partant de la constatation que quatre Évangiles bien caractérisés font partie
du patrimoine de l’Église, il les présente d’abord en relation avec leur
auteur, en évoquant rapidement les circonstances de leur rédaction :
« Matthieu d’abord, qui prêchait aux juifs dans leur
propre langue, édita une version écrite de son Évangile, dans les années où
Pierre et Paul annonçaient l’Évangile à Rome et fondaient l’Église. Après leur
mort, Marc, disciple et interprète de Pierre, nous transmit aussi par écrit la
prédication de Pierre. Quant à Luc, le compagnon de Paul, il consigna aussi
dans un livre l’Évangile que celui-ci prêchait. Jean enfin, le disciple du
Seigneur, celui également qui a reposé sur sa poitrine, a lui aussi donné
l’évangile, à l’époque où il séjournait à Éphèse en Asie » (Irénée, Contre les
hérésies, Livre III, 1, 1).
De Matthieu à Jean, de la première prédication
palestinienne à Éphèse, la capitale cultivée de la province d’Asie, en passant
par la mise par écrit des prédications de Pierre et de Paul (respectivement par
Marc et Luc), les Évangiles s’ajoutent ainsi les uns aux autres, jusqu’à
constituer un ensemble de quatre témoignages. Donc, il y en a quatre parce
qu’en réalité ils sont quatre, pas plus, pas moins.
Lire aussi :
Pourquoi
y-a-t-il douze apôtres mais seulement quatre évangélistes ?
Les quatre face du Verbe divin
Un peu plus loin, Irénée évoque deux dangers liés aux
groupes chrétiens déviants, dits « gnostiques », contre lesquels il polémique :
d’une part la prolifération, dans certaines de ces communautés, d’autres «
Évangiles », à tonalité très spirituelle (L’Évangile de vérité, l’Évangile de
Philippe, etc.), de l’autre, la réduction à un seul Évangile, en particulier
celui proposé par Marcion, qui s’en tient au seul texte de Luc (à cause de son
lien avec Paul), et encore, pas en entier. Les « Évangiles » marginaux ne font
pas illusion, et Irénée semble redouter surtout l’appauvrissement du patrimoine
évangélique par réduction. Sa pensée tourne alors à la méditation, on pourrait
même dire à la contemplation du don de Dieu dans son action de révélation.
« Les « Évangiles » marginaux ne font pas
illusion, et Irénée semble redouter surtout l’appauvrissement du patrimoine
évangélique par réduction. »
Pourquoi l’Église reconnaît-elle quatre Évangiles et
quelle est la portée de ce nombre plein et équilibré ? Il se laisse ici guider
par deux grandes visions bibliques, où transparait la continuité profonde entre
l’ancien et le nouveau Testament : celle qui ouvre le livre du prophète
Ezechiel où, avec un puissant dynamisme, la gloire de Dieu apparaît au milieu
de vivants à quatre faces, et celle du quatrième chapitre de l’Apocalypse, qui
décrit le trône de Dieu entouré de quatre vivants. Le mot que l’on traduit
ordinairement par « vivant », comme je viens de la faire, est simplement en
grec le mot « animal » ou « être animé », l’homme en faisant partie. Sur la
base de ces images bibliques, il est clair pour Irénée qu’il s’agit là d’une
manifestation du Fils de Dieu fait homme, du Verbe divin se révélant par quatre
« faces » de lui-même, qu’il dévoile à travers ces « vivants » qui
l’accompagnent et l’entourent, en clair que ces visions ne sont autre chose
qu’une prophétie du Christ au cœur des quatre Évangiles de l’Église. Et comme
celle-ci est missionnaire et que l’Évangile a vocation à être porté aux quatre
coins du monde, cette image montre aussi comment un unique Seigneur
Jésus-Christ apporte le salut à tous.
Lire aussi :
Comment
reconnaître un évangéliste ?
Le message de chaque Évangile
Laissant de côté Ezechiel, Irénée se centre sur la
vision de l’Apocalypse, qui énumère « une apparence de lion, une apparence de
veau (ou jeune taureau), une apparence d’homme et une apparence d’aigle » (Ap.
4, 7) pour décrire ces quatre vivants. Justement, le Fils de Dieu fait
homme est d’abord uni au Père et détenteur avec lui de la puissance divines (le
« lion »), mais il est aussi le grand-prêtre, l’intercesseur unique qui a
offert le vrai sacrifice pour le salut du monde (le « veau » ou « jeune taureau
» des sacrifices d’expiation du culte juif), naturellement, il est aussi «
homme » s’étant fait l’un de nous et, comme il nous entraîne vers le ciel et nous
envoie l’Esprit, il ressemble à un aigle en vol. À partir de là, sur la base
peut-être de traditions orales antérieures, Irénée tente d’appliquer cette
intuition aux quatre Évangiles concrets reçus par les Églises.
« Sur la base peut-être de traditions orales
antérieures, Irénée tente d’appliquer cette intuition aux quatre Évangiles
concrets reçus par les Églises. »
L’Évangile de Jean, déjà par son prologue, manifeste
particulièrement la grandeur et la majesté divine du Verbe, y compris en tant
qu’homme. L’évangile de Luc s’ouvre sur une scène de culte sacrificiel dans le
temple de Jérusalem, et surtout il montre en son centre, à travers la parabole
du fils prodigue, le « veau gras » que le Père a sacrifié « pour le retour du
fils perdu » (Lc
15, 23). Chez Matthieu, le Christ apparaît vraiment homme, par sa
généalogie, par l’attachement qu’il montre à son peuple et à sa loi, par sa
patience aussi, lui qui revendique d’être « doux et humble de cœur »
(Mt
11, 29). Marc enfin s’ouvre sur le choc de l’Esprit se saisissant de
Jean-Baptiste et faisant de lui « la voix de Dieu dans le désert »
(Mc 1, 3) et se referme sur Jésus « enlevé au ciel et assis à la droite du
Père » ainsi que sur la prédication inspirée des apôtres qui portent la
parole « de tous côtés » (Mc
16, 19-20), il s’agit donc d’un évangile qui manifeste l’action de
l’Esprit, visualisée par le vol de l’aigle.
L'image des animaux
À ce point, on sera peut-être surpris de ces
identifications des faces ou images de vivants. La tradition dont témoigne
Irénée et qui est attestée dans diverses Églises jusqu’à la fin du IVe siècle
associe en effet Jean au lion et Marc à l’aigle, comme on vient de le voir. Or
l’attribution des animaux devenue courante en Occident n’est pas celle-là, car
si Matthieu est toujours lié à la figure d’homme et Luc à celle du veau, les
animaux associés à Marc et à Jean ont été intervertis par le bibliste saint
Jérôme, qui préférait partir de la vision d’Ezechiel et de son ordre homme,
lion, veau, aigle (Ez
1, 10), qu’il superposait à l’ordre de rédaction des Évangiles tel qu’il le
trouvait chez Origène et qui est encore celui de nos éditions : Matthieu, Marc,
Luc et Jean.
Quoi qu’il en soit de cette permutation, l’idée-force
d’Irénée est toujours perceptible sur les tympans ou les vitraux des églises
médiévales (et auparavant sur des mosaïques d’absides) : un unique Verbe
de Dieu, le Seigneur Jésus-Christ se donne à connaître à travers les quatre
dimensions principales de son œuvre de salut, dans le trésor qu’est à jamais
pour l’Église le recueil des quatre évangiles, ni plus, ni moins.
Citation de saint Irénée. Lyon 2e - Chapelle Saint
Irénée
St Irénée, évêque et martyr
La fête de St Irénée ne fut inscrite au calendrier
universel qu’en 1921 [1], mais à la date du 28 juin, déplaçant la seconde fête
de St Léon le Grand au 3 juillet [2].
La réhabilitation de la vigile des saints Apôtres dans
le calendrier de 1960 a entraîné le déplacement de la fête de St Irénée au 3
juillet, supprimant la commémoraison de St Léon II.
[1] « L’office de saint Irénée de Lyon fut inséré dans
le calendrier universel ces dernières années seulement. D’ailleurs Irénée
méritait bien cet honneur, tant pour sa qualité de disciple de saint Polycarpe,
disciple lui-même de saint Jean Évangéliste, que pour son autorité de docteur
de l’Église naissante, pour son martyre, pour ses relations avec l’Église
romaine, et enfin pour la place spéciale qu’il revendique dans l’histoire
ecclésiastique du IIe siècle. », Bhx Card. Schuster, Liber Sacramentorum
[2] Autrefois, on célébrait le 28 juin la translation
des reliques de st Léon Ier à l’église Saint-Pierre ; la fête était désignée
sous la rubrique S. Leonis secundo (St Léon pour la deuxième fois) ; de cette
dénomination, on passa dans la suite par une confusion avec saint Léon II
Leçons des Matines avant 1960
Quatrième leçon. Irénée, né dans l’Asie proconsulaire
non loin de la ville de Smyrne se mit dès son enfance sous la conduite de saint
Polycarpe, disciple de saint Jean l’Évangéliste et Évêque de cette Église de
Smyrne. Grâce à la direction de cet excellent maître, ses progrès dans la
connaissance et la pratique de la religion chrétienne furent remarquables.
Quand Polycarpe lui eut été enlevé pour le ciel par un glorieux martyre,
Irénée, bien qu’admirablement instruit des saintes Écritures, brûlait cependant
encore du plus ardent désir d’étudier au lieu même où elles avaient été
confiées à leur garde, les traditions que d’autres pouvaient avoir reçues quant
à l’enseignement et aux institutions apostoliques. Il put rencontrer plusieurs
disciples des Apôtres ; ce qu’il apprit d’eux, il le grava dans sa mémoire, et
il devait dans la suite opposer fort à propos ce qu’il en avait recueilli, aux
hérésies qu’il voyait s’étendre chaque jour davantage non sans grand péril pour
le peuple chrétien, et qu’il se proposait de combattre avec soin et abondance
de preuves. S’étant rendu dans les Gaules, Irénée fut ordonné prêtre de
l’Église de Lyon par l’Évêque Pothin. Il remplit les devoirs de son ministère
avec tant d’assiduité pour la prédication et tant de science qu’au témoignage
de saints Martyrs qui combattirent courageusement pour la vraie religion sous
l’empereur Marc-Aurèle, il se montra le zélateur du testament du Christ.
Cinquième leçon. Comme les Confesseurs de la foi
eux-mêmes et le clergé de Lyon étaient au plus haut point préoccupés de la paix
des Églises d’Asie que troublait la faction des Montanistes, ils s’adressèrent
à Irénée qu’ils proclamaient être l’homme le plus capable d’obtenir gain de
cause, et le choisirent avec grande unanimité pour aller prier le Pape
Éleuthère de condamner les nouveaux sectaires par l’autorité du Siège
apostolique et de supprimer ainsi la cause des discordes. Déjà l’Évêque Pothin
était mort martyr, Irénée lui ayant succédé s’acquitta de la charge épiscopale
avec tant de succès, par sa sagesse, sa prière et son exemple, qu’en peu de
temps il vit non seulement tous les habitants de Lyon, mais ceux de beaucoup
d’autres cités gauloises, rejeter l’erreur et la superstition et s’inscrire
dans la milice chrétienne. Tandis qu’il se livrait à ces labeurs apostoliques
une discussion s’était élevée au sujet du jour auquel il convenait de célébrer
la fête de Pâques et, le Pontife romain Victor voyant les Évêques d’Asie se
séparer presque tous de leurs frères dans l’épiscopat quant au jour de cette
célébration, les traitait avec rigueur ou menaçait de les excommunier. Irénée,
ami de la paix, intervint respectueusement auprès du Pape et, faisant valoir
l’exemple des Pontifes précédents, il l’amena à ne pas souffrir que tant
d’Églises se séparassent de l’unité catholique à propos d’un rite qu’elles
affirmaient avoir reçu par tradition.
Sixième leçon. Irénée composa de nombreux ouvrages
qu’ont cité Eusèbe de Césarée et saint Jérôme ; mais dont une grande partie a
disparu par le malheur des temps. On a encore de lui cinq livres contre les
hérésies, écrits vers l’année cent quatre vingt, quand Éleuthère régissait
encore la chrétienté. Dans le troisième de ces livres, l’homme de Dieu,
instruit par ceux qu’il déclare avoir ouï l’enseignement direct des Apôtres,
dit au sujet de l’Église romaine et de sa succession de Pontifes, que son
témoignage est le plus grand et le plus éclatant parce qu’elle a la garde
fidèle perpétuelle et très sûre de la tradition divine. Aussi, ajoute-t-il,
est-il nécessaire qu’avec cette Église, en raison de sa puissante primauté,
s’accorde toute Église, c’est-à-dire les fidèles de tous les lieux. En même
temps que d’innombrables chrétiens qui lui devaient le bonheur d’être parvenus
à la vraie foi, Irénée obtint enfin la couronne du martyre et partit pour le
ciel l’an du salut deux cent deux, alors que Septime Sévère avait ordonné de
vouer à la torture et à la mort tous ceux qui voudraient persévérer avec
constance dans la pratique de la religion chrétienne. Le Souverain Pontife
Benoît XV a ordonné d’étendre la fête de saint Irénée à l’Église universelle. »
Dom Guéranger, l’Année Liturgique
L’Année Liturgique est écrite avant que la fête de St
Irénée ne soit inscrite au calendrier universel en 1921, d’abord à la date du
28 juin, ce qui entraîna le déplacement de celle de Léon ‘II’ au 3 juillet,
puis à la date du 3 juillet en 1960, avec la suppression de Léon ‘II’.
Quoique la fête de saint Léon II eût suffi par
elle-même à compléter les enseignements de cette journée, l’Église de Lyon
présente à la reconnaissante admiration du monde, en ce même jour, son grand
docteur, le pacifique et vaillant Irénée, lumière de l’Occident [3]. A cette
date qui le vit confirmer dans son sang la doctrine qu’il avait prêchée, il est
bon de l’écouter rendant à l’Église-mère le témoignage célèbre qui, jusqu’à nos
temps, a désespéré l’hérésie et confondu l’enfer ; c’est pour une instruction
si propre à préparer nos cœurs aux gloires du lendemain, que l’éternelle
Sagesse a voulu fixer aujourd’hui son triomphe. Entendons l’élève de Polycarpe,
l’auditeur zélé des disciples des Apôtres, celui que sa science et ses
pérégrinations, depuis la brillante Ionie jusqu’au pays des Celtes, ont rendu
le témoin le plus autorisé de la foi des Églises au second siècle. Toutes ces
Églises, nous dit l’évêque de Lyon, s’inclinent devant Rome la maîtresse et la
mère. « Car c’est avec elle, à cause de sa principauté supérieure, qu’il faut
que s’accordent les autres ; c’est en elle que les fidèles qui sont en tous
lieux, gardent toujours pure la foi qui leur fut prêchée. Grande et vénérable
par son antiquité entre toutes, connue de tous, fondée par Pierre et Paul les
deux plus glorieux des Apôtres, ses évêques sont, par leur succession, le canal
qui transmet jusqu’à nous dans son intégrité la tradition apostolique : de
telle sorte que quiconque diffère d’elle en sa croyance, est confondu par le
seul fait » [4].
La pierre qui porte l’Église était dès lors
inébranlable aux efforts de la fausse science. Et pourtant ce n’était pas une
attaque sans périls que celle de la Gnose, hérésie multiple, aux trames
ourdies, dans un étrange accord, par les puissances les plus opposées de
l’abîme. On eût dit que, pour éprouver le fondement qu’il avait posé, le Christ
avait permis à l’enfer d’essayer contre lui l’assaut simultané de toutes les
erreurs qui se divisaient alors le monde, ou même devaient plus tard se
partager les siècles. Simon le Mage, engagé par Satan dans les filets des
sciences occultes, fut choisi pour lieutenant du prince des ténèbres dans cette
entreprise. Démasqué à Samarie par le vicaire de l’Homme-Dieu, il avait
commencé, contre Simon Pierre, une lutte jalouse qui ne se termina point à la
mort tragique du père des hérésies, mais continua plus vive encore dans le
siècle suivant, grâce aux disciples qu’il s’était formés. Saturnin, Basilide,
Valentin ne firent qu’appliquer les données du maître, en les diversifiant
selon les instincts que faisait naître autour d’eux la corruption de l’esprit
ou du cœur. Procédé d’autant plus avouable, que la prétention du Mage avait été
de sceller l’alliance des philosophies, des religions, des aspirations les plus
contradictoires de l’humanité. Il n’était point d’aberrations, depuis le
dualisme persan, l’idéalisme hindou, jusqu’à la cabale juive et au polythéisme
grec, qui ne se donnassent la main dans le sanctuaire réservé de la Gnose ; là,
déjà, se voyaient formulées les hétérodoxes conceptions d’Arius et d’Eutychès ;
là par avance prenaient mouvement et vie, dans un roman panthéistique étrange,
les plus bizarres des rêves creux de la métaphysique allemande. Dieu abîme,
roulant de chute en chute jusqu’à la matière, pour prendre conscience de
lui-même dans l’humanité et retourner par l’anéantissement au silence éternel :
c’était tout le dogme de la Gnose, engendrant pour morale un composé de
mystique transcendante et de pratiques impures, posant en politique les bases
du communisme et du nihilisme modernes.
Combien ce spectacle de la Babel gnostique, élevant
ses matériaux incohérents sur les eaux de l’orgueil ou des passions immondes,
était de nature à faire ressortir l’admirable unité présidant aux
accroissements de la cité sainte ! Saint Irénée, choisi de Dieu pour opposer à
la Gnose les arguments de sa puissante logique et rétablir contre elle le sens
véritable des Écritures, excellait plus encore, quand, en face des mille sectes
portant si ouvertement la marque du père de la division et du mensonge, il
montrait l’Église gardant pieusement dans l’univers entier la tradition reçue
des Apôtres. La foi à la Trinité sainte gouvernant ce monde qui est son
ouvrage, au mystère de justice et de miséricorde qui, délaissant les anges
tombés, a relevé jusqu’à notre chair en Jésus le bien-aimé, fils de Marie,
notre Dieu, notre Sauveur et Roi : tel était le dépôt que Pierre et Paul, que
les Apôtres et leurs disciples avaient confié au monde [5]. « L’Église donc,
constate saint Irénée dans son pieux et docte enthousiasme, l’Église ayant reçu
cette foi la garde diligemment, faisant comme une maison unique de la terre où
elle vit dispersée : ensemble elle croit, d’une seule âme, d’un seul cœur ;
d’une même voix elle prêche, enseigne, transmet la doctrine, comme n’ayant
qu’une seule bouche. Car, encore bien que dans le monde les idiomes soient
divers, cela pourtant n’empêche point que la tradition demeure une en sa sève.
Les églises fondées dans la Germanie, chez les Ibères ou les Celtes, ne croient
point autrement, n’enseignent point autrement que les églises de l’Orient, de
l’Égypte, de la Libye, ou celles qui sont établies au centre du monde. Mais
comme le soleil, créature de Dieu, est le même et demeure un dans l’univers
entier : ainsi l’enseignement de la vérité resplendit, illuminant tout homme
qui veut parvenir à la connaissance du vrai. Que les chefs des églises soient
inégaux dans l’art de bien dire, la tradition n’en est point modifiée : celui
qui l’expose éloquemment ne saurait l’accroître ; celui qui parle avec moins
d’abondance ne la diminue pas » [6].
Unité sainte, foi précieuse déposée comme un ferment
d’éternelle jeunesse en nos cœurs, ceux-là ne vous connaissent point qui se
détournent de l’Église. S’éloignant d’elle, ils perdent Jésus et tous ses dons.
« Car où est l’Église, là est l’Esprit de Dieu ; et où se trouve l’Esprit de
Dieu, là est l’Église et toute grâce. Infortunés qui s’en séparent, ils ne
puisent point la vie aux mamelles nourrissantes où les appelait leur mère, ils
n’étanchent point leur soif à la très pure fontaine du corps du Sauveur ; mais,
loin de la pierre unique, ils s’abreuvent à la boue des citernes creusées dans
le limon fétide où ne séjourne point l’eau de la vérité » [7]. Sophistes pleins
de formules et vides du vrai, que leur servira leur science ? « Oh ! combien,
s’écrie l’évêque de Lyon dans un élan dont l’auteur de l’Imitation semblera
s’inspirer plus tard [8] combien meilleur il est d’être ignorant ou de peu de
science, et d’approcher de Dieu par l’amour ! Quelle utilité de savoir, de
passer pour avoir beaucoup appris, et d’être ennemi de son Seigneur ? Et c’est
pourquoi Paul s’écriait : La science enfle, mais la charité édifie [9]. Non
qu’il réprouvât la vraie science de Dieu : autrement, il se fût condamné
lui-même le premier ; mais il voyait que quelques-uns, s’élevant sous prétexte
de science, ne savaient plus aimer. Oui certes, pourtant : mieux vaut ne rien
du tout savoir, ignorer les raisons des choses, et croire à Dieu et posséder la
charité. Évitons la vaine enflure qui nous ferait déchoir de l’amour, vie de
nos âmes ; que Jésus-Christ, le Fils de Dieu, crucifié pour nous, soit toute
notre science » [10].
Plutôt que de relever ici, à la suite d’illustres
auteurs, le génie de l’éminent controversiste du second siècle, il nous plaît
de citer de ces traits qui nous font entrer dans sa grande âme, et nous
révèlent sa sainteté si aimante et si douce. « Quand viendra l’Époux, dit-il
encore des malheureux qu’il voudrait ramener, ce n’est pas leur science qui
tiendra leur lampe allumée, et ils se trouveront exclus de la chambre nuptiale »
[11].
En maints endroits, au milieu de l’argumentation la
plus serrée, celui qu’on pourrait appeler le petit-fils du disciple bien-aimé
trahit son cœur ; il montre sur les traces d’Abraham la voie qui conduit à
l’Époux : sa bouche alors redit sans fin le nom qui remplit ses pensées. Nous
reconnaîtrons, dans ces paroles émues, l’apôtre qui avait quitté famille et
patrie pour avancer le règne du Verbe en notre terre des Gaules : « Abraham fit
bien d’abandonner sa parenté terrestre pour suivre le Verbe de Dieu, de
s’exiler avec le Verbe pour vivre avec lui. Les Apôtres rirent bien, pour
suivre le Verbe de Dieu, d’abandonner leur barque et leur père. Nous aussi, qui
avons la même foi qu’Abraham, nous faisons bien, portant la croix comme Isaac
le bois, de marcher à sa suite. En Abraham l’humanité connut qu’elle pouvait
suivre le Verbe de Dieu, et elle affermit ses pas dans cette voie bienheureuse
[12]. Le Verbe, lui, cependant, disposait l’homme aux mystères divins par des
figures éclairant l’avenir [13]. Moïse épousait l’Éthiopienne, rendue ainsi
fille d’Israël : et par ces noces de Moïse les noces du Verbe étaient montrées,
et par cette Éthiopienne était signifiée l’Église sortie des gentils [14] ; en
attendant le jour où le Verbe lui-même viendrait laver de ses mains, au banquet
de la Cène, les souillures des filles de Sion [15]. Car il faut que le temple
soit pur, où l’Époux et l’Épouse goûteront les délices de l’Esprit de Dieu ; et
comme l’Épouse ne peut elle-même prendre un Époux, mais doit attendre qu’elle soit
recherchée : ainsi cette chair ne peut monter seule à la magnificence du trône
divin ; mais quand l’Époux viendra, il l’élèvera, elle le possédera moins
qu’elle ne sera possédée par lui [16]. Le Verbe fait chair se l’assimilera
pleinement, et la rendra précieuse au Père par cette conformité avec son Verbe
visible [17]. Et alors se consommera l’union à Dieu dans l’amour. L’union
divine est vie et lumière ; elle donne la jouissance de tous les biens qui sont
à Dieu ; elle est éternelle de soi, comme ces biens eux-mêmes. Malheur à ceux
qui s’en éloignent : leur châtiment vient moins de Dieu que d’eux-mêmes et du
libre choix par lequel, se détournant de Dieu, ils ont perdu tous les biens »
[18].
La perte de la foi étant, de toutes les causes de
l’éloignement de Dieu, la plus radicale et la plus profonde, on ne doit pas
s’étonner de l’horreur qu’inspirait l’hérésie, dans ces temps où l’union à Dieu
était le trésor qu’ambitionnaient toutes les conditions et tous les âges. Le
nom d’Irénée signifie la paix ; et, justifiant ce beau nom, sa condescendante
charité amena un jour le Pontife Romain à déposer ses foudres dans la question,
pourtant si grave, de la célébration de la Pâque. Néanmoins, c’est Irénée qui
nous rapporte de Polycarpe son maître, qu’ayant rencontré Marcion l’hérétique,
sur sa demande s’il le connaissait, il lui répondit : « Je te reconnais pour le
premier-né de Satan » [19]. C’est lui encore de qui nous tenons que l’apôtre
saint Jean s’enfuit précipitamment d’un édifice public, à la vue de Cérinthe
qui s’y trouvait, de peur, disait-il, que la présence de cet ennemi de la
vérité ne fît écrouler les murailles : « tant, remarque l’évêque de Lyon, les
Apôtres et leurs disciples avaient crainte de communiquer, même en parole, avec
quelqu’un de ceux qui altéraient la vérité » [20]. Celui que les compagnons de
Pothin et de Blandine nommaient dans leur prison le zélateur du Testament du
Christ [21], était, sur ce point comme en tous les autres, le digne héritier de
Jean et de Polycarpe. Loin d’en souffrir, son cœur, comme celui de ses maîtres
vénérés, puisait dans cette pureté de l’intelligence la tendresse infinie dont
il faisait preuve envers les égarés qu’il espérait sauver encore. Quoi de plus
touchant que la lettre écrite par Irénée à l’un de ces malheureux, que le
mirage des nouvelles doctrines entraînait au gouffre : « O Florinus, cet
enseignement n’est point celui que vous ont transmis nos anciens, les disciples
des Apôtres. Je vous ai vu autrefois près de Polycarpe ; vous brilliez à la
cour, et n’en cherchiez pas moins à lui plaire. Je n’étais qu’un enfant, mais
je me souviens mieux des choses d’alors que des événements arrivés hier ; les
souvenirs de l’enfance font comme partie de l’âme, en effet ; ils grandissent
avec elle. Je pourrais dire encore l’endroit où le bienheureux Polycarpe
s’asseyait pour nous entretenir, sa démarche, son abord, son genre de vie, tous
ses traits, les discours enfin qu’il faisait à la multitude. Vous vous rappelez
comment il nous racontait ses relations avec Jean et les autres qui avaient vu
le Seigneur, avec quelle fidélité de mémoire il redisait leurs paroles ; ce
qu’il en avait appris touchant le Seigneur, ses miracles, sa doctrine,
Polycarpe nous le transmettait comme le tenant de ceux-là mêmes qui avaient vu
de leurs yeux le Verbe de vie ; et tout, dans ce qu’il nous disait, était
conforme aux Écritures. Quelle grâce de Dieu que ces entretiens ! J’écoutais
avidement, transcrivant tout, non sur le parchemin, mais dans mon cœur ; et à
l’heure qu’il est, parla même grâce de Dieu, j’en vis toujours. Aussi puis-je
l’attester devant Dieu : si le bienheureux, l’apostolique vieillard, eût
entendu des discours tels que les vôtres, il eût poussé un grand cri, et se
serait bouché les oreilles, en disant selon sa coutume : O Dieu très bon, à
quels temps m’avez-vous réservé ! Et il se fût levé aussitôt pour fuir ce lieu
de blasphème » [22].
Mais il est temps de donner le récit liturgique
concernant l’histoire du grand évêque et martyr [23].
Irénée naquit en Asie proconsulaire, non loin de la
ville de Smyrne. Il s’était mis dès son enfance à l’école de Polycarpe,
disciple de saint Jean l’Évangéliste et évêque de Smyrne. Sous un si excellent
maître, il fit des progrès merveilleux dans la science de la religion et la
pratique des vertus chrétiennes. Il était embrasé d’un incroyable désir
d’apprendre les doctrines qu’avaient reçues en dépôt tous les disciples des
Apôtres ; aussi, quoique déjà maître dans les saintes Lettres, lorsque
Polycarpe eut été enlevé au ciel dans la gloire du martyre, il entreprit de
visiter le plus grand nombre qu’il put de ces anciens, tenant bonne mémoire de
tous leurs discours. C’est ainsi que, par la suite, il lui fut possible de les
opposer avec avantage aux hérésies. Celles-ci, en effet, s’étendant toujours
plus chaque jour, au grand dommage du peuple chrétien, il avait conçu la pensée
d’en faire une réfutation soignée et approfondie.
Venu dans les Gaules, il fut attaché comme prêtre à
l’église de Lyon par l’évêque saint Pothin, et brilla dans cette charge par le
zèle, la parole et la science. Vrai zélateur du testament du Christ, au
témoignage des saints martyrs qui combattirent vaillamment pour la foi sous
l’empereur Marc-Aurèle, ces généreux athlètes et le clergé de Lyon ne crurent
pouvoir remettre en meilleures mains qu’en les siennes l’affaire de la
pacification des églises d’Asie, que l’hérésie de Montan avait troublées ; dans
cette cause donc qui leur tenait à cœur, ils choisirent Irénée entre tous comme
le plus digne, et l’envoyèrent au Pape Éleuthère pour le prier de condamner par
sentence Apostolique les nouveaux sectaires, et de mettre ainsi fin aux
dissensions.
L’évêque Pothin était mort martyr. Irénée lui fut
donné pour successeur. Son épiscopat fut si heureux, grâce à la sagesse dont il
fit preuve, à sa prière, à ses exemples, qu’on vit bientôt, non seulement la
ville de Lyon tout entière, mais encore un grand nombre d’habitants d’autres
cités gauloises, renoncer à l’erreur de leurs superstitions et donner leur nom
à la milice chrétienne. Cependant une contestation s’était élevée au sujet du
jour où l’on devait célébrer la Pâque ; les évêques d’Asie étaient en désaccord
avec presque tous leurs autres collègues, et le Pontife Romain, Victor, les
avait déjà séparés de la communion des saints ou menaçait de le faire, lorsque
Irénée se fit près de lui le respectueux apôtre de la paix : s’appuyant de la
conduite des pontifes précédents, il l’amena à ne pas souffrir que tant
d’églises fussent arrachées à l’unité catholique, pour un rit qu’elles disaient
avoir reçu de leurs pères.
Il écrivit de nombreux ouvrages, qui sont mentionnes
par Eusèbe de Césarée et saint Jérôme. Une grande partie a péri par injure des
temps. Mais nous avons toujours ses cinq livres contre les hérésies, composés
environ l’an cent quatre-vingt, lorsqu’Éleuthère gouvernait encore l’Église. Au
troisième livre, l’homme de Dieu, instruit par ceux qui furent sans conteste
les disciples des Apôtres, rend à l’église Romaine et à la succession de ses évêques
un témoignage éclatant et grave entre tous : elle est pour lui la fidèle,
perpétuelle et très sûre gardienne de la divine tradition. Et c’est, dit-il,
avec cette église qu’il faut que toute église, c’est-à-dire les fidèles qui
sont en tous lieux, se tiennent d’accord à cause de sa principauté supérieure.
Enfin il fut couronné du martyre, avec une multitude presque innombrable
d’autres qu’il avait amenés lui-même a la connaissance et pratique de la vraie
foi ; son passage au ciel eut lieu l’an deux cent deux ; en ce temps-là,
Septime Sévère Auguste avait ordonné de condamner aux plus cruels supplices et
à la mort, tous ceux qui voudraient persévérer avec constance dans la pratique
de la religion chrétienne.
Quelle couronne est la vôtre, illustre Pontife ! Les
hommes s’avouent impuissants à compter les perles sans prix dont elle est
ornée. Car dans l’arène où vous l’avez conquise, un peuple entier luttait avec
vous ; et chaque martyr, s’élevant au ciel, proclamait qu’il vous devait sa
gloire. Versé vingt-cinq années auparavant, le sang de Blandine et de ses
quarante-six compagnons a produit, grâce à vous, plus que le centuple. Votre
labeur fit germer du sol empourpré la semence féconde reçue aux premiers jours,
et bientôt la petite chrétienté perdue dans la grande ville était devenue la
cité même. L’amphithéâtre avait suffi naguère à l’effusion du sang des martyrs
; aujourd’hui le torrent sacré parcourt les rues et les places : jour glorieux,
qui fait de Lyon l’émule de Rome et la ville sainte des Gaules !
Rome et Lyon, la mère et la fille, garderont bonne
mémoire de l’enseignement qui prépara ce triomphe : c’est aux doctrines
appuyées par vous sur la fermeté de la pierre apostolique, que pasteur et
troupeau rendent aujourd’hui le grand témoignage. Le temps doit venir, où une
assemblée d’évêques courtisans voudra persuader au monde que l’antique terre
des Gaules n’a point reçu vos dogmes ; mais le sang versé à flots en ce jour
confondra la prétentieuse lâcheté de ces faux témoins. Dieu suscitera la
tempête, et elle renversera le boisseau sous lequel, faute de pouvoir
l’éteindre, on aura dissimulé pour un temps la lumière ; et cette lumière, que
vous aviez placée sur le chandelier, illuminera tous ceux qui habitent la
maison [24].
Les fils de ceux qui moururent avec vous sont demeurés
fidèles à Jésus-Christ ; avec Marie dont vous exposiez si pleinement le rôle à
leurs pères [25], avec le Précurseur de l’Homme-Dieu qui partage aussi leur
amour, protégez-les contre tout fléau du corps et de l’âme. Épargnez à la France,
repoussez d’elle, une seconde fois, l’invasion de la fausse philosophie qui a
tenté de rajeunir en nos jours les données de la Gnose. Faites de nouveau
briller la vérité aux yeux de tant d’hommes que l’hérésie, sous ses formes
multiples, tient séparés de l’unique bercail. O Irénée, maintenez les chrétiens
dans la seule paix digne de ce nom : gardez purs les intelligences et les cœurs
de ceux que l’erreur n’a point encore souillés. En ce moment, préparez-nous
tous à célébrer comme il convient les deux glorieux Apôtres Pierre et Paul, et
la puissante principauté de la mère des Églises.
[3] Theodoret.
Haeretic. fabul. I, 5.
[4] Cont. Haeres.
III, III, 2.
[5] Cont. Haeres.
I, X, 1.
[6] Cont. Haeres.
I, X, 2.
[7] Cont. Haeres.
III, XXIV, 1-2.
[8] De Imitatione Christi, L. 1, cap. 1-5.
[9] I Cor. VIII,
1.
[10] Cont. Haeres.
II, XXVI, 1.
[11] Ibid. XXVII,
2.
[12] Cont. Haeres.
IV, V, 3, 4.
[13] Ibid. XX, II.
[14] Ibid. 12.
[15] Ibid. XXII,
1.
[16] Cont. Haeres.
V, IX, 4.
[17] Ibid. XVI, 2.
[18] Ibid. XXVII,
2.
[19] Ibid. III,
III, 4.
[20] Cont. Hœres.
III, III,4.
[21] Ep. Martyr.
Lugdun. et Vienn. ad Eleuther. Pap.
[22] Ep. ad
Florinum.
[23] L’Année Liturgique donne ici une légende qui ne
sera pas celle reprise par le bréviaire Romain
[24] Matth. V, 15.
[25] Cont. Haeres.
V, XIX.
Saint Vincent Abraham, saint Jean-Marie Vianney, saint
Théophane Venard, saint Sixte, saint Irénée,
basilique Sainte Clotilde, Reims, détail du dôme
Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum
Les liturgistes soumettent humblement à l’autorité
compétente le vœu de ne pas voir altérer les périodes liturgiques les plus
importantes, telles que la préparation à la solennité des Princes des Apôtres,
par des changements de rubriques ou par des offices nouveaux. Que saint Irénée
soit donc fêté un autre jour, et qu’au 28 juin revienne saint Léon le Grand,
dont Serge Ier fit précisément coïncider la translation avec la vigile des saints
Apôtres, afin de mieux mettre en relief le lien qui existe entre les deux
solennités. Renvoyer saint Léon au 3 juillet, comme dans le Missel actuel,
c’est dépouiller cette commémoration de son sens historique spécial, et aller à
l’encontre d’une tradition liturgique vieille d’au moins onze siècles.
L’office de saint Irénée de Lyon fut inséré dans le
calendrier universel ces dernières années seulement. D’ailleurs Irénée méritait
bien cet honneur, tant pour sa qualité de disciple de saint Polycarpe, disciple
lui-même de saint Jean Évangéliste, que pour son autorité de docteur de
l’Église naissante, pour son martyre, pour ses relations avec l’Église romaine,
et enfin pour la place spéciale qu’il revendique dans l’histoire ecclésiastique
du IIe siècle.
Irénée vint une première fois à Rome vers 177 ou 178 ;
il apportait au pape Éleuthère une lettre du clergé de Lyon et de Vienne, dont
la majeure partie était en prison pour la foi. Dès lors, le disciple de
Polycarpe est loué par ces courageux confesseurs comme zélé pour le testament
du Christ. Revenu à Lyon, Irénée succéda dans l’épiscopat au martyr Pothin et
consacra toute son activité doctrinale à combattre la fausse gnose. Quand
s’aggrava la discussion relative à la date de Pâques sous Victor Ier, ce Pape
voulant excommunier tous les Asiatiques qui, sur ce point, s’écartaient de
l’usage romain, Irénée, avec tout le crédit de son autorité, entra dans le
débat comme médiateur de paix (εἰρηνηποιός), faisant honneur à son nom d’Εἰρηναῖος.
Une tradition, rapportée pour la première fois par saint Jérôme, vent qu’Irénée
ait souffert le martyre sous Septime Sévère.
La messe a tous les mérites et tous les défauts des
compositions liturgiques modernes. Le rédacteur joue sur le sens du nom
d’Irénée, et il ne peut pas se départir du souvenir de sa médiation de paix au
temps du pape Victor.
L’antienne d’introït est tirée de Malachie (II, 6) : «
Sur ses lèvres fut la loi de vérité, et on ne put jamais trouver de faute dans
ses paroles. Il marcha avec moi dans la paix et la vérité et détourna du péché
un grand nombre d’hommes ». Suit le verset du psaume 77 : « Écoute ma loi, ô
mon peuple ; incline ton oreille pour écouter les paroles de mes lèvres ». Pour
écouter la voix de Dieu, il faut d’abord incliner l’oreille, car le Seigneur
nous parle ordinairement par l’intermédiaire d’autres hommes, des supérieurs,
que seule une foi humble nous fait reconnaître comme les hérauts de la volonté
de Dieu.
Voici la collecte : « Seigneur, qui, par la vérité de
la doctrine avez accordé à votre bienheureux martyr et pontife Irénée de
détruire l’hérésie et d’affermir la paix de l’Église ; donnez à votre peuple la
constance dans le service divin et accordez la paix à nos temps agités ».
Une partie de la première lecture de ce jour
appartient au Commun des Docteurs (II Tim. III, 14-17 ; IV, 1-5). Saint Paul y
rappelle à Timothée l’avantage que retire le prédicateur évangélique d’une
connaissance profonde de la sainte Écriture. On doit expliquer assidûment
celle-ci aux fidèles, car elle est le pain divin qui procède des lèvres du
Seigneur pour nourrir les âmes. Les Apôtres prévirent que les hérésies ne
tenteraient que trop de souiller ces sources de la révélation divine. Il leur
suffit donc d’avoir mis en garde les pasteurs de l’Église pour que, comme le
van épure le grain, l’épreuve sépare les vrais fidèles de ceux qui n’en ont que
le nom.
Le répons est formé du huitième verset du psaume 121
et du trente-septième du psaume 36, appliqués à la médiation de saint Irénée en
faveur des Églises d’Asie, pour que le pape Victor ne les excommuniât pas
malgré la différence de leur discipline pascale. Ps. 121 : « Pour l’amour de
mes frères et de mes compagnons, je vous souhaite la paix ». — Ps. 36 : «
Gardez l’innocence et observez la justice, parce que l’avenir est pour l’homme
pacifique ».
A ceux qui sont doux, c’est-à-dire à ceux qui, par
leur humilité, auront la force de pénétrer dans les cœurs et de se les gagner,
l’Évangile promet lui aussi ces cœurs en héritage.
Le verset alléluiatique est tiré de l’Ecclésiastique
(VI, 35) et fait allusion au caractère spécial de saint Irénée qui, à l’école
de Polycarpe et de Pothin, s’est fait l’écho de la tradition des anciens
prêtres formés directement par les Apôtres. « Tiens-toi au milieu des
vieillards sages et attache-toi à leur expérience, afin que tu puisses
apprendre profondément la science de Dieu ».
La lecture évangélique est tirée de saint Matthieu, X,
28-33, et nous l’avions déjà trouvée en grande partie dans le Missel pour la
fête de saint Saturnin le 29 novembre. Le Seigneur, pour écarter de nous la
crainte des persécuteurs de la foi, emploie un double argument. D’abord la
confiance en Lui, sans la permission de qui un cheveu ne pourra jamais tomber
de notre tête ; puis une crainte salutaire : celui qui reniera le Christ devant
les hommes sera à son tour renié par le Seigneur devant les anges du ciel.
Le verset pour l’offertoire est tiré de
l’Ecclésiastique (XXIV, 44) : « Comme l’aurore, j’apporte à tous la lumière par
ma doctrine que je répandrai dans les régions les plus lointaines ». La science
du Seigneur, dans l’Église catholique, est soumise au même développement que
toutes les choses vraiment vivantes ; développement intrinsèque, et non
évolution extrinsèque. Or, la période de la théologie patristique peut se
comparer à la lumière d’une splendide aurore, annonciatrice d’un jour radieux.
Les dogmes sont déjà tous affirmés comme un héritage transmis à l’Église par
les Apôtres, mais le temps a fait défaut pour que, de ces vérités comparées
entre elles, les docteurs aient pu déjà tirer toutes les déductions possibles,
les coordonnant comme un système avec une terminologie bien fixée et reçue de
tous. Ce travail sera confié au génie du catholicisme durant les vingt siècles
de son histoire.
Les deux collectes qui suivent sont empruntées à
l’ancienne messe « pro pace ».
Sur les offrandes : « Seigneur, qui ne laissez pas
abattre par la terreur les peuples qui se confient en vous ; recevez l’oblation
et la prière de vos fidèles, afin que la paix accordée par vous garde en toute
sécurité le territoire de la chrétienté entière ». Au moyen âge, époque où
cette prière fut composée, le mot chrétienté désignait tous les états civilisés
auxquels une même foi et une identique législation catholique, sous l’autorité
du suprême pasteur de Rome, conféraient, dans la multiplicité des dynasties
royales, la note caractéristique de l’unité. L’Europe, quoique divisée en de
nombreux États, constituait alors un tout unique, et ce tout avait un nom très
significatif, c’était la chrétienté. Maintenant il en reste à peine le nom dans
l’histoire, et la chose elle-même est si bien en voie de disparaître que,
depuis trois lustres déjà, l’Europe est en état de guerre intestine et les
congrès de ses diplomates n’arrivent pas à substituer une paix à celle que le
Christ seul peut donner.
L’antienne pour la Communion est tirée de
l’Ecclésiastique (XXIV, 47) : « Considérez que je n’ai pas travaillé pour moi
seul, mais pour tous ceux qui cherchent la vérité ».
Tel est le prix de la vertu et de la sagesse
chrétienne : elle n’est pas seulement un bien individuel, elle est un trésor
social, qui par le mérite, l’exemple et l’enseignement, profite à l’avantage
commun des fidèles.
Voici la collecte après la Communion : « O Dieu qui
aimez la paix et qui en êtes l’auteur, vous connaître, c’est vivre, vous
servir, c’est régner ; défendez vos fidèles contre toutes sortes d’adversaires,
afin que, par l’intercession du bienheureux Irénée, votre Pontife et Martyr,
nous tous qui nous confions en votre protection, nous n’ayons jamais à craindre
les armes d’aucun ennemi ».
Retenons les paroles par lesquelles Irénée, pour
convaincre d’erreur tout ce qui s’écarte de l’enseignement de l’Église, en
appelle simplement à la tradition catholique gardée sans altération dans
l’Église de Rome : — Elle est l’Église la plus grande et la plus ancienne,
connue de tous, fondée et constituée à Rome par les très glorieux apôtres
Pierre et Paul. — Puis il ajoute : Il faut que l’Église tout entière,
c’est-à-dire les fidèles répandus dans l’univers, s’accordent avec cette Église
à cause de sa primauté, — potiorem principalitatem, — car en elle fut toujours
gardée la tradition apostolique.
Dom Pius Parsch, Le Guide dans l’année
liturgique
Le saint qui a affirmé d’une manière si nette la
primauté de l’Église romaine.
L’évêque Irénée était disciple de saint Polycarpe, qui
était lui-même un disciple des Apôtres. Ce fut un écrivain ecclésiastique d’une
grande valeur. Son nom lui-même fut un programme de vie : Irénée veut dire : le
« Pacifique ». Né à Smyrne, vers 149, il fit de grands progrès sous la
direction de l’évêque saint Polycarpe. Il se rendit plus tard en Gaule et
devint évêque de Lyon. Pendant la querelle pascale (entre les évêques
asiatiques et le pape Victor Ier) il joua le rôle de médiateur et de
pacificateur. De ses nombreux écrits, nous avons conservé ses « cinq livres
contre les hérésies ». Dans le troisième livre (III, 3,2), le saint, instruit
par les disciples des Apôtres, rend un témoignage important et magnifique à
l’Église romaine qui est la gardienne fidèle, perpétuelle et très sûre de la
tradition divine ; il rend également témoignage à la succession de ses évêques.
Le passage célèbre est celui-ci : « A cause de la prééminence particulière de
l’Église romaine, chaque Église doit se diriger vers elle, et cela vaut pour
tous les fidèles ». Saint Irénée mourut martyr en 202.
La messe a presque uniquement des textes propres qui
illustrent la vie de notre saint. C’est intentionnellement que, dans les
oraisons et les chants, est répété le mot Paix. On veut utiliser le sens
étymologique du mot Irénée. « Dans la paix et la justice, il marche avec moi »
(Introït). « Avec ceux qui haïssaient la paix, j’étais pacifique » (Ps. CXIX,
7). Dans l’oraison, on trouve deux fois le mot paix. Il en est de même du
Graduel, de la Secrète et de la Postcommunion (ces deux dernières sont tirées
de l’antique messe : pro pace). L’Épître, qui contient les conseils de saint
Paul à son disciple Timothée, expose, pour ainsi dire, ici, les exhortations du
disciple des Apôtres, saint Polycarpe, à son fidèle disciple. L’Évangile
(Math., X, 28-33), qui est tiré du discours du Seigneur au moment de l’envoi
des Apôtres, a été réalisé par notre saint. Il n’a pas eu peur de ses ennemis
et a confessé le nom du Seigneur.
SOURCE : http://www.introibo.fr/03-07-St-Irenee-eveque-et-martyr
Portrait de saint Irénée. Lyon 2e - Chapelle Saint Irénée
Écriture et Tradition chez saint Irénée de Lyon
La théologie de la Tradition et son rapport à
l’Écriture chez saint Irénée de Lyon
Un article de notre rédaction, christus.fr.
Introduction
Nous nous proposons d’étudier ici un aspect de la
théologie de saint Irénée : sa conception de la Tradition dans le rapport que
celle-ci entretient avec l’Écriture. Dans ce domaine les études sur l’Adversus
Hæreses avaient rencontré des difficultés, les historiens étant arrivés à des
résultats contradictoires [1]. Ces problèmes se sont retrouvés dans la
traduction du texte en français [2], il fallut beaucoup de travail pour dégager
une approche communément admise.
L’histoire doit tendre à retrouver la démarche
profonde et existentielle d’un auteur en cherchant à apprécier la valeur qu’il
accorde aux différents matériaux dont il use et à retrouver pourquoi il les a
agencés comme il l’a fait » [3].
Aujourd’hui la pensée d’Irénée semble bien dégagée,
tout au moins en ce qui concerne notre sujet. Dans le corps de cet exposé nous
verrons comment notre auteur articule les concepts d’Écriture et de Tradition
entre eux. Nous conclurons par la façon dont l’influence d’Irénée est parvenue
jusqu’à nous à travers la constitution dogmatique Dei Verbum.
1. Présentation d’Irénée et contexte d’élaboration de
l’Adversus Hæreses
1.1. Irénée : un lion en Gaule
Nous ne nous attarderons pas sur la présentation de ce
célèbre Père de l’Église, les seuls éléments que nous avons sur lui proviennent
de ses œuvres, les autres sources étant des reprises [4]. Rappelons simplement
qu’Irénée (v. 135-202), originaire de Smyrne, a bien connu Polycarpe (v.
81-167), qui lui même fut un disciple de St Jean (?-105) [5], ce qui le place
très en avant dans la Tradition de l’Église. Après un séjour à Rome, Irénée est
signalé à Lyon en 177 où l’on sait qu’il est « presbytre » à ce moment-là. Il
sera le successeur de Potin sur le siège épiscopal lyonnais suite au martyr de
ce dernier, faisant ainsi de lui le deuxième évêque de Lyon. On sait qu’il
intervint auprès de l’évêque de Rome Victor Ier (189-198) en faveur des évêques
d’Asie à propos d’un différend sur la datation de la célébration pascale [6].
Un écrit tardif le présente martyr [7]. Deux ouvrages nous sont parvenus de lui
: l’Adversus Hæreses, auquel nous allons recourir, qui est un ouvrage dénonçant
la gnose et contre laquelle Irénée propose la doctrine sûre de l’Église, et la
Démonstration de la prédication apostolique [8], qui est un bref résumé de la
foi chrétienne.
1.2. Quelques traits de la théologie d’Irénée
Irénée est un familier des Écritures, « puisque les
Écritures contiennent la révélation du mystère du salut, c’est à elle que va
recourir celui qui réfléchit sur la foi » [9]. Il a peu de conceptions
philosophiques, sa théologie est donc moins précise mais avec une portée plus
symbolique. Tout comme ses prédécesseurs, comme Justin qu’il a lu, il utilise
les Testimonia [10] et hérite d’eux sa façon d’interpréter les Écritures. Le
cœur de sa pensée est très christologique [11] :
[...] un seul Jésus, notre Seigneur, qui est passé à
travers toutes les ‘économies’ et qui a tout récapitulé en lui même. AH III,
16, 6. [12]
Dans la controverse contre les gnostiques, Irénée
donnera une place à un aspect relativement important pour nous aujourd’hui : la
création matérielle et son devenir, notamment la corporéité [13]. En cela
l’évêque de Lyon se situe aussi à contre courant des Pères influencés par le
néoplatonisme et pour qui le corps est méprisable. Irénée fut un auteur très lu
par les Pères, mais ses écrits seront surtout utilisés par les Pères
postérieurs comme citations d’autorité, sa théologie étant délaissée. Au
contraire, son œuvre est très d’actualité aujourd’hui, certains auteurs
n’hésitant pas à faire de lui le « Père de la théologie chrétienne » [14]. Nous
verrons de quelle manière ce Père de l’Église a influencé la rédaction de Dei
Verbum pour ce qui est de l’articulation entre Écriture et Tradition.
1.3. Irénée et le défi de la « gnose au nom menteur »
La théologie d’Irénée se développe dans son œuvre
maîtresse : l’Adversus Hæreses, ouvrage en cinq volumes composé en réaction aux
gnostiques, notamment les valentiniens et les marcionites. Son souci est de
défendre la foi de l’Église et son autorité contre les interprétations
illégitimes des gnoses chrétiennes, interprétations qui peuvent s’infiltrer dans
l’Église et menacer son unité. Face à ce phénomène, Irénée va exposer la
manière chrétienne d’approcher les Écritures et la Tradition. Les trois
derniers livres de l’Adversus Hæreses développent la manière Traditionnelle
d’aborder l’Écriture par l’exemple du Seigneur et des apôtres. Pour défendre la
Tradition de l’Église, l’apologète lyonnais a donc recours à l’Écriture, mais
celle-ci est elle-même attaquée par les gnostiques. Irénée aura alors à nouveau
recours à la Tradition pour qu’elle défende à son tour l’Écriture. La section
préliminaire du troisième livre (AH III, Pr. – 5, 3) défendra ce point de vue
d’une manière plus explicite. L’Écriture et la Tradition se couvrent donc
mutuellement dans la stratégie d’Irénée.
Les gnostiques se targuent d’avoir une connaissance
(gnosis) vraie de Dieu et c’est cette connaissance en elle-même qui permet,
selon eux, d’accéder au Salut en retrouvant la lumière originelle. L’évêque
lyonnais ne conteste pas que l’on puisse avoir une connaissance sur Dieu, mais
à la « gnose au nom menteur » il oppose la légitimité de la « gnose vraie »
[15] de l’Église. L’illégitimité de la tradition gnostique conduisant à la
falsification des Écritures, il faut démontrer l’unité et la cohérence des
Écritures pour prendre en défaut les gnostiques qui mettent en doute
l’authenticité de passages entiers. Ceux-ci vont même jusqu’à dissocier
l’Ancien et le nouveau Testament en opposant le démiurge créateur de l’Ancien
Testament et le vrai Dieu sauveur néotestamentaire. Une des tâches de l’Adversus
Hæreses [16] sera de montrer l’unité des deux Testaments par leur annonce d’un
unique et même Dieu, source inspiratrice des Écrits sacrés et fin de toutes
choses :
Ce qui les a jetés dans toutes ces aberrations, c’est
leur ignorance des Écritures et de l’économie de Dieu. Pour nous, dans la suite
de notre traité, nous exposerons le pourquoi de la différence entre les
Testaments en même temps que leur unité et leur harmonie. AH III, 12, 12.
1.4. Plan de l’Adversus Hæreses
Si les cinq livres de Saint Irénée ont reçu leur titre
assez tôt dans l’histoire sous la dénomination Adversus Hæreses, le titre
original était : Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur [17].
L’ouvrage a été écrit en grec mais ne nous est parvenu sous sa forme complète
que dans une traduction latine du IVème siècle. Les comparaisons avec les
vestiges de fragments grecs ont permis de vérifier la qualité de la traduction
latine qui s’est avérée très fidèle. Les livres IV et V nous sont aussi parvenus
en arménien. Il existe aussi beaucoup de fragments en syriaque.
Le plan de l’ouvrage se découpe traditionnellement
comme suit : le premier livre dresse une présentation des systèmes gnostiques
connus et de leurs variantes, le livre II critique la cohérence interne de ces
systèmes par la raison [18], les livres III à V réfutent ces systèmes par les
Écritures, avec une approche positive de la doctrine de l’Église, les systèmes
gnostiques étant rejetés par défaut [19].
Le premier contient leurs doctrines à tous, révèle
leurs usages et les particularités de leur comportement ; le second réfute
leurs enseignements pervers, les mets à nu, les fait apparaître tel qu’ils
sont. Dans ce troisième livre, nous ajouterons des preuves tirées des
Écritures. AH III, Pr.
Irénée pensait achever son argumentation avec le livre
III, mais l’ampleur de la tache l’amena à composer les livres IV et V [20].
La construction de l’Adversus Hæreses est importante à
prendre en compte pour le sujet que nous traitons : le principe d’Irénée est
d’appuyer son argumentation sur les prophètes par les commentaires des
autorités que sont le Seigneur et les apôtres. Il s’inscrit ainsi lui-même dans
cette interprétation de l’Écriture qu’il démontre comme normative. Le livre III
est donc une argumentation partant majoritairement des Actes des Apôtres, le
livre IV partira des paroles du Seigneur et le livre V se basera sur un
complément du Seigneur, des Épîtres de Paul et de l’Apocalypse. Nous avons là
une triade « Prophètes, Seigneur, Apôtres » à la base de la réfutation
d’Irénée. « Il semble que l’on puisse conclure de cet examen que le dessein
d’Irénée, dans son Adversus Hæreses, est de réfuter la gnose par l’Écriture, et
donc qu’en conséquence l’Écriture soit pour lui la norme doctrinale fondamentale
et essentielle » [21].
2. L’articulation entre Écriture et Tradition chez St
Irénée de Lyon
2.1. Rôle de l’Écriture chez St Irénée
Pour comprendre cette articulation entre Écriture et
Tradition, nous allons essayer de déterminer l’importance du rôle que joue
l’Écriture chez St Irénée. Après avoir fait un relevé statistique de termes
clefs [22], André Benoît constate « une disproportion flagrante entre l’emploi
des termes Écriture et Tradition. Irénée insiste beaucoup plus sur l’Écriture
que sur la Tradition. La première apparaît comme l’autorité essentielle sur
laquelle Irénée s’appuie sans cesse et à laquelle il revient toujours. La
seconde n’est qu’une autorité occasionnelle, à laquelle Irénée se réfère moins
souvent » [23]. L’Écriture est la norme de toute vérité, cette vérité est
connue dans les Évangiles sous deux formes : l’une prêchée, l’autre écrite. «
Il y a donc deux canaux par lesquels se transmet la vérité : d’une part la
Tradition, de l’autre les écrits des apôtres. Et ces deux canaux peuvent
prétendre à une égale autorité : le premier par la succession apostolique, le
second par la rédaction apostolique » [24]. Contre les gnostiques accusant les
Écritures d’êtres corrompues, de manquer de concordance ou d’être apocryphes,
Irénée dira :
Cet Évangile, [les apôtres] l’ont d’abord prêché ;
ensuite, par la volonté de Dieu, ils nous l’ont transmis dans les Écritures,
pour qu’il soit le fondement et la colonne de notre foi. AH III, 1, 1.
Pour l’évêque de Lyon, il est clair en effet que les
écrits néotestamentaires se sont formés dans une tradition apostolique, et donc
que la Tradition précède chronologiquement l’Écriture [25]. « La distinction de
ces deux temps est capitale, car elle montre que la tradition vivante enveloppe
l’Écriture » [26]. Cette Tradition, née de la forme prêchée, s’appuie sur la
forme écrite, comme le montrera la réfutation par les Écritures des livres III
à V de l’Adversus Hæreses.
Au temps d’Irénée, le canon des écrits qui composera
le Nouveau Testament n’est pas encore défini. Chez lui, le terme « Écriture »
désigne principalement l’Ancien Testament. Mais il ne fait pas de doute pour
lui que les écrits néotestamentaires jouissent de la même autorité que l’Ancien
Testament. C’est lui le premier qui définira l’évangile tétramorphe [27]. Dans
sa controverse avec les gnostiques, il aura recours à la presque totalité des
livres qui constitueront le futur canon. Par l’autorité qu’il reconnaît à ces
livres, il sera un témoin incontournable du processus de canonisation [28].
2.2. L’Écriture est-elle soumise à la Tradition ?
Mais puisque Irénée se propose de réfuter les
gnostiques à partir de l’Écriture, il lui faut démontrer maintenant la véracité
de cette dernière par son unité et sa cohérence, car ses adversaires plient
l’Écriture au besoin de leur doctrine (υποτἑσις ; argumentum), et la soumettent
à leur tradition :
Telle est leur doctrine, que ni les prophètes n’ont
prêchée, ni le Seigneur n’a enseignée, ni les apôtres n’ont transmise, et ils
se vantent d’avoir reçu la connaissance plus excellemment que tous les autres
hommes. Tout en alléguant des textes étrangers aux Écritures et tout en
s’employant, comme on dit, à tresser des cordes avec du sable, ils ne s’en
efforcent pas moins d’accommoder à leurs dires, d’une manière plausible, tantôt
des paraboles du Seigneur, tantôt des oracles de prophètes, tantôt des paroles
d’apôtres, afin que leur fiction ne paraisse pas dépourvue de témoignage. Ils
bouleversent l’ordonnance et l’enchaînement des Écritures et, autant qu’il
dépend d’eux, ils disloquent les membres de la vérité. AH I, 8, 1.
Les gnostiques se permettent même de retrancher des
textes de l’Écriture au nom de leur tradition :
Lorsqu’ils [les hérétiques] se voient convaincus à
partir des Écritures, ils se mettent à accuser les Écritures elles-mêmes :
elles ne sont ni correctes ni propres à faire autorité, leur langage est
équivoque, et l’on ne peut trouver la vérité à partir d’elles si l’on ignore la
Tradition. AH III, 2, 1.
Ainsi donc, pour les gnostiques, la Tradition est au
dessus des Écritures. Mais arrivé à ce stade, en lisant certains passages de
l’Adversus Hæreses, on est en droit de se demander si l’Écriture est suffisante
pour défendre la foi traditionnelle même chez saint Irénée – certains
patrologues soutenaient cette thèse [29]. Le primat des Gaules partagerait
alors sur ce point la pensée des gnostiques :
Et à supposer même que les apôtres ne nous eussent pas
laissé d’Écritures, ne faudrait-il pas alors suivre l’ordre de la Tradition
qu’ils ont transmise à ceux à qui ils confiaient ces Églises ? AH III, 4, 1.
[30]
Mais ces exemples sont des cas limites cherchant à
mettre en valeur la « Tradition de la vérité » [31] malmenée par les
hérétiques, car elle seule est apte à défendre l’Écriture. Les deux passages
que l’on vient d’évoquer se trouvent dans le préliminaire du livre III de
l’Adversus Hæreses [32], et le but de ce préliminaire est de démontrer la
vérité des Écritures par la Tradition [33]. Cette vérité des Écritures est la
base de toute la réfutation d’Irénée pour les exposés qui suivront ce
préliminaire jusqu’à la fin de son œuvre. C’est pour démontrer la vérité des
Écritures qu’Irénée va avoir recours à la Tradition reçue des apôtres.
Telle étant la force de ces preuves, il ne faut donc
plus chercher auprès d’autres la vérité qu’il est facile de recevoir de
l’Église, car les apôtres, comme un riche cellier, ont amassé en elle, de la
façon la plus plénière, tout ce qui a trait à la vérité, afin que quiconque le
désire y puise le breuvage de la vie. AH III, 4, 1.
2.3. Traditions gnostiques ou Tradition de l’Église ?
Pour les gnostiques comme pour St Irénée, la Tradition
est garante des Écritures, le problème est de démontrer que la Tradition de
l’Église est la seule légitime. Les gnostiques prétendent que les apôtres ont
eu la pleine révélation des mystères divins après avoir composé les Écritures
et la Tradition ecclésiale [34], et c’est comme cela qu’ils justifient une
supériorité de la tradition gnostique sur l’Écriture et la Tradition de
l’Église :
Mais lorsqu’à notre tour nous en appelons à la
Tradition qui vient des apôtres et qui, grâce aux successions des presbytres,
se garde dans les Églises, ils [les gnostiques] s’opposent à cette Tradition :
plus sages que les presbytres et même que les apôtres, ils ont, assurent-ils,
trouvé la vérité pure, car les apôtres ont mêlé des prescriptions de la Loi aux
paroles du Sauveur ; et non seulement les apôtres, mais le Seigneur lui-même a
prononcé des paroles venant tantôt du Démiurge, tantôt de l’intermédiaire,
tantôt de la Suprême puissance ; quant à eux, c’est sans le moindre doute et à
l’état pur qu’ils connaissent le mystère secret. AH III, 2, 2.
Irénée ne conteste pas l’utilité de la Tradition mais
il oppose la Tradition de l’Église aux traditions gnostiques qu’il considère
illégitimes. Il « ne s’oppose pas aux gnostiques parce qu’ils ont élaboré une
doctrine, un système, mais parce qu’ils ne l’ont pas fait en conformité avec la
doctrine de l’Église » [35]. Dans cette dernière citation d’Irénée que nous
venons d’évoquer, nous voyons une allusion à une succession apostolique. La
succession apostolique sera l’argument majeur d’Irénée pour établir la seule
autorité légitime de la Tradition ecclésiale [36] :
Et nous pourrions énumérer les évêques qui furent
établis par les apôtres dans les Églises, et leurs successeurs jusqu’à nous.
[...] Car ils voulaient que fussent parfais et en tout point irréprochables
ceux qu’ils laissaient pour successeurs et à qui ils transmettaient leur propre
mission d’enseignement. AH III, 3, 1. [37]
Il va s’agir pour lui de démontrer la succession
ininterrompue des évêques successeurs des apôtres et seuls agréés pour la
transmission fidèle de la vérité [38]. Le successeur de Potin suit en cela le
modèle de succession des empereurs considérés à l’époque comme de droit divin,
ce modèle de succession avait force de loi. C’est donc aux apôtres, piliers de
la Tradition de l’Église, que l’on doit la transmission de la Tradition dans la
succession presbytérale. Cette idée est une constante tout au long du livre
III. Remarquons que pour conforter l’autorité de ses propos, Irénée se situe
lui-même dans cette Tradition ecclésiale en faisant référence à son lien avec
Polycarpe :
Voilà par quelle suite et quelle succession la
Tradition se trouvant dans l’Église à partir des apôtres et la prédication de
la vérité sont parvenues jusqu’à nous. Et c’est là une preuve très complète
qu’elle est une et identique à elle-même, cette foi vivifiante qui, dans l’Église,
depuis les apôtres jusqu’à maintenant, s’est conservée et transmise dans la
vérité. Mais on peut nommer également Polycarpe. Non seulement il fut le
disciple des apôtres et vécut avec beaucoup de gens qui avaient vu le Seigneur,
mais c’est encore par les apôtres qu’il fut établi, pour l’Asie, comme évêque
dans l’Église de Smyrne. Nous même l’avons vu dans notre jeunesse. AH III, 3,
3-4. [39]
Face à la Tradition de l’Église, Irénée met en lumière
la fragilité des traditions gnostiques par la manifestation tardive de leurs
doctrines, traduisant ainsi leur illégitimité :
Inventions mensongères, certes, car il n’y eut chez
ces derniers ni groupement ni enseignement dûment institués : avant Valentin il
n’y eut pas de disciples de Valentin, avant Marcion il n’y eut pas de disciples
de Marcion, et aucun des autres tenants d’opinions fausses que nous avons
catalogués précédemment n’exista avant que n’apparussent les mystagogues et les
inventeurs de leurs perversités [...]. C’est à une époque fort tardive, au moment
où les temps de l’Église atteignaient déjà leur milieu, que tous ces gens-là se
sont dressés dans leur apostasie. AH III, 4, 2-3.
En face de l’unique Tradition de l’Église, Irénée
montre la pluralité des traditions gnostiques et constitue « un montage hérésiologique
échafaudé dans le but de mettre en évidence le manque d’originalité, et de
valeur, de la pensée gnostique » [40]. L’évêque de Lyon jette ainsi un
discrédit sur les « sources » et les « racines » [41] des traditions
gnostiques.
À l’inverse, la doctrine de l’Église n’est pas liée à
une personne à forte notoriété ou à un enseignement reçu, mais cette doctrine
se transmet à partir de l’Église, héritière en droit de la tradition
apostolique. Si la tradition gnostique est illégitime, l’interprétation qu’elle
fait de l’Écriture l’est également. « La Tradition, malgré la place seconde que
lui accorde Irénée, joue un rôle théologique important et capital, puisque,
dans une certaine mesure, c’est elle qui justifie l’usage de l’Écriture. Elle
apparaît comme ‘l’a priori’, le principe pré-théologique qui permet
l’élaboration théologique à partir de l’Écriture » [42]. Ce n’est pas Irénée
qui élabore le principe de preuve par l’Écriture, l’évêque de Lyon ne fait que
reprendre et développer ce que les évangélistes, les apôtres et le Seigneur ont
eux-mêmes mis en œuvre : la preuve scripturaire par une exégèse christologique
des prophètes. Et c’est ce qu’Irénée s’ingéniera à démontrer dans les livres
III à V [43] :
Telle étant donc la manière dont la Tradition issue
des apôtres se présente dans l’Église et perdure au milieu de nous, revenons à
la preuve tirée des Écritures qui nous vient de ceux d’entre les apôtres qui
ont mis par écrit l’Évangile ; à partir de ces Écritures ils ont exposé la
doctrine sur Dieu. AH III, 5, 1. [44]
2.4. Vérité de la Tradition
Dans l’œuvre d’Irénée, le thème de la vérité tient une
place importante. Comment démontrer l’origine vraie de ces normes que sont
l’Écriture et la Tradition ? La vérité est présente dès les origines de
l’humanité en se faisant d’abord connaître aux prophètes par le Verbe qui lui
donnera sa pleine manifestation lors de son incarnation. La vérité nous
provient donc du Christ qui est la vérité incarnée [45]. Les apôtres, «
disciples de la Vérité » [46], la répandront dans le monde entier. « Ainsi pour
connaître la vérité, il faut nécessairement passer par les apôtres » [47] :
Tu lutteras contre [les gnostiques] avec assurance et
détermination pour la seule foi vraie et vivifiante, que l’Église a reçue des
apôtres et qu’elle transmet à ses enfants. Le Seigneur de toutes choses a en
effet donné à ses apôtres le pouvoir d’annoncer l’Évangile, et c’est par eux
que nous avons connu la vérité, c’est-à-dire l’enseignement du fils de Dieu. AH
III, Pr.
C’est en effet la succession apostolique qui nous
transmet ce qu’Irénée appellera « le charisme de la vérité » :
C’est pourquoi il faut écouter les presbytres qui sont
dans l’Église : ils sont les successeurs des apôtres [48], ainsi que nous
l’avons montré, et, avec la succession dans l’épiscopat, ils ont reçu le sûr
charisme de la vérité selon le bon plaisir du Père. AH IV, 26, 2. [49]
Ce charisme de la vérité découle donc des apôtres en
prenant corps dans la succession épiscopale. C’est grâce à lui que la Tradition
peut avoir une juste interprétation des Écritures. La notion de charisme
empêche aussi d’être tenté par une approche « juridique » de la foi où tout
aurait été donné par Dieu dans les temps apostoliques, avec ensuite une
institution ecclésiale sans assistance providentielle et permanente de l’Esprit
Saint.
D’autre part, dans le livre III, Irénée fustige les
gnostiques à propos d’une transgression de leur part de la « règle de vérité ».
Il semble évident que pour lui cette règle soit implicitement admise dans la
Tradition apostolique :
Chacun d’eux est si foncièrement perverti que,
corrompant la règle de vérité, il ne rougit pas de se prêcher lui-même. AH III,
2, 1.
De quoi est-il question ici ? Il faut revenir au
premier livre de l’Adversus Hæreses où nous est présentée cette règle pour
comprendre ce qui est en jeu :
Pour nous, nous gardons la règle de vérité, selon
laquelle « il existe un seul Dieu » tout puissant « qui a tout créé » par son
Verbe, « a tout organisé et a fait de rien toutes choses pour qu’elles soient »
(…). En gardant cette règle, nous pouvons sans peine, quelque variés et
abondants que soient les dires des hérétiques, prouver qu’ils se sont écartés
de la vérité. AH I, 22, 1.
Tout le paragraphe se découvre comme un symbole
trinitaire et il semble bien que pour Irénée ce symbole soit une norme
incontournable de la foi reçue des apôtres pour élaborer une doctrine ou
vérifier son authenticité. Ces symboles sont nombreux dans l’Adversus Hæreses
[50]. De même que l’on a reçu par la Tradition la manière d’interpréter
l’Écriture, c’est encore par elle que l’on reçoit la règle de la vérité,
ancêtre de notre credo. Alors que pour Justin la référence aux apôtres est
vague, Irénée sera le premier Père à donner une importance essentielle à la
Tradition apostolique dont le symbole en sera comme un résumé.
Conclusion :
Et aujourd’hui ? Irénée et Dei Verbum
La constitution dogmatique Dei Verbum sur la
révélation divine de Vatican II semble avoir fortement été influencée par
Irénée dont la doctrine bénéficiait à ce moment là d’un regain d’intérêt depuis
le XIXème siècle. En sortie de cet exposé, nous allons essayer de reconnaître
les interactions entre l’Adversus Hæreses et Dei Verbum concernant les thèmes
que nous avons abordés.
L’unité de l’Écriture
Dans une formulation augustinienne, dont l’idée de
fond peut aussi être partagée avec celle de St Irénée, le concile Vatican II
sanctionnera l’unité des deux Testaments en réaffirmant la nécessité d’une
unique source provenant de Dieu, comme dans la controverse avec les gnostiques
:
Dieu donc, inspirateur et auteur des livres des deux
Testaments, s’y est pris si sagement que le Nouveau Testament était caché dans
l’Ancien, et que l’Ancien devenait clair dans le Nouveau. DV 16. [51]
Mais surtout, le concile insistera sur le fondement de
la prédication apostolique sur l’Ancien Testament, et donc du rapport intime
entre Ancien et Nouveau Testament, puisque cette prédication apostolique a été
mise par écrit. Nous avons là une référence explicite à une conception
irénéenne de la part de Dei Verbum :
Les livres entiers de l’Ancien Testament utilisés dans
la prédication évangélique acquièrent et présentent dans le Nouveau Testament
leur signification complète, et réciproquement l’éclairent et l’expliquent. DV
16.
Irénée et la théorie des deux sources
La formulation d’un décret du concile de Trente de
1546, le Décret sur la réception des livres saints et des traditions [52],
laissa une ouverture à une interprétation erronée qui prendra le nom de «
théorie des deux sources » : les théologiens soutenant cette théorie
percevaient les Écritures et la Tradition comme deux principes dissociés. Cette
théorie divisa fortement les théologiens entre eux et il faudra attendre le
concile Vatican II avec Dei Verbum pour mettre un terme à cette dispute. À la
suite de St Irénée qui avait promulgué l’idée d’un unique Dieu auteur des deux
testaments, une des réponses apportées à la problématique fut l’affirmation
d’une unique source divine que nous qualifierons « d’ontologique » [53] pour
ces deux sources « normatives » que sont la Tradition et l’Écriture :
La Tradition sacrée et la Sainte Écriture possèdent
donc d’étroites liaisons et communications entre elles. Toutes deux, en effet,
découlant de la même source divine, se réunissent, peut-on dire, en un seul
courant, et tendent à une même fin. DV 9.
Le texte du concile Vatican II ne peut ainsi plus être
interprété de manière à rendre la Tradition indépendante de l’Écriture, comme
on a pu le faire pour les textes des conciles de Trente ou de Vatican I. Il est
clair désormais que la Tradition possède une base scripturaire provenant des
Écritures saintes et que les Écritures ne peuvent êtres comprises que par la
Tradition dans laquelle elles ont été rédigées [54] :
Il est donc évident que la Tradition sacrée, la sainte
Écriture et le Magistère de l’Église sont entre eux, selon le sage dessin de
Dieu, tellement liés et associés, qu’aucun d’eux n’a de consistance sans les
autres. DV 10.
La succession apostolique et le charisme de la vérité
Enfin, pour Dei Verbum comme pour l’Adversus Hæreses
on conserve le thème de « charisme de la vérité », associé nécessairement à
celui de « succession épiscopale » [55]. Seul ce charisme, découlant de
l’assistance permanente de l’Esprit Saint, garantit une juste et féconde
interprétation des Écritures :
Cette tradition qui vient des Apôtres se développe
dans l’Église sous l’assistance du Saint-Esprit : grandit en effet la
perception des choses et des paroles transmises, par la contemplation et
l’étude qu’en font les croyants qui les gardent dans leur cœur, par la
proclamation qu’en font ceux qui avec la succession épiscopale ont reçu un
charisme assuré de la vérité. DV 8.
Un Père pour la postérité
Nous le voyons, la théologie profondément scripturaire
d’Irénée n’a pas été sans influence sur nous dans une approche renouvelée de
l’Écriture et de la Tradition, ce qui fera dire encore très récemment à Benoît
XVI à qui nous laisserons le dernier mot :
La Tradition apostolique est ainsi appelée car elle
est née du témoignage des Apôtres et de la communauté des disciples au temps
des origines, elle a été consignée sous la direction de l’Esprit Saint dans les
écrits du Nouveau Testament et dans la vie sacramentelle, dans la vie de foi,
et c’est à elle – à cette Tradition, qui est toute la réalité toujours actuelle
du don de Jésus – que l’Église se réfère constamment comme étant son fondement
et sa norme, à travers la succession ininterrompue du ministère apostolique.
[...] Celle-ci n’est pas la simple transmission matérielle de ce qui fut donné
au début aux apôtres, mais la présence efficace du Seigneur Jésus, crucifié et
ressuscité, qui accompagne et guide dans l’Esprit la communauté qu’il a
rassemblée. [56]
Notes
[1] Cf. André BENOÎT, « Écriture et Tradition chez
Saint Irénée » in Revue d’histoire et de philosophie religieuse n°
40, Paris, 1960, p. 32.
[2] Cf. une étude très intéressante parue dans un
article de : Bernard Sesboüé, « La preuve par les Écritures chez saint Irénée,
À propos d’un texte difficile d’AH III » in Nouvelle revue théologique n°
103, Paris, 1981, p. 872-887.
[3] André BENOÎT, « Écriture et Tradition chez Saint
Irénée », art. cit., p. 32.
[4] Cf. Eusèbe de Césarée, Histoire
Ecclésiastique, livres V – VII, trad. fr. Gustave BARDY, Sources Chrétiennes n°
41, Cerf, Paris, 1955, V.
[5] Une polémique existe sur la date de la mort de St
Jean : certains historiens font remonter la mort de St Jean en 66, faisant de
lui un martyr de Jérusalem, ce qui rendrait donc caduc le témoignage de
Polycarpe.
[6] Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique,
op. cit., V, 24.
[7] A. ORBE, « Irénée » in Angelo Di Bernardino, dir.,
adaptation fr. François Vial, dir., Dictionnaire Encyclopédique du
Christianisme Ancien, 2 tomes, Cerf, Belgique, 1990, p. 1231.
[8] Irénée de Lyon, Démonstration de la
prédication apostolique, trad. fr. L. FROIDEVAUX, Sources Chrétiennes n° 62,
Cerf, Paris, 1974.
[9] Jacques FANTINO, o. p., La théologie
d’Irénée, Cogitatio fidei, Cerf, Paris, 1994, p. 28.
[10] « Testimonia » : Ces écrits judéo-chrétiens,
aujourd’hui disparus, servaient à l’interprétation de l’Écriture avant même la
composition du N. T. Les recueils étaient composés de citations bibliques et
midrash classés par thèmes ou mots clefs. Des tentatives de recomposition de
ces recueils sont en cours grâce à une critique textuelle poussée des écrits apostoliques
et apologétiques.
[11] Cf. l’ouvrage de Bernard Sesboüé, Tout
récapituler dans le Christ, Christologie et sotériologie d’Irénée de Lyon,
Desclée, Paris, 2000.
[12] Sauf mention contraire, la traduction de l’Adversus
Hæreses utilisée pour les citations est la suivante : Irénée de Lyon,
Contre les hérésies, Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur,
nouvelle édition, trad. fr. Adelin Rousseau, moine de l’abbaye d’Orval,
Sagesses Chrétiennes, Cerf, Paris, 2001. Cette traduction est une révision
(légère) de l’édition dont elle est directement inspirée : Irénée de
Lyon, Contre les hérésies, Dénonciation et réfutation de la gnose au nom
menteur, livre III, t. 1, Texte et traduction, trad. fr. Adelin Rousseau, moine
de l’abbaye d’Orval, et Louis Doutreleau, s. j., Sources Chrétiennes n°211,
Cerf, Paris, 1974.
[13] Contre les gnostiques qui divisent l’humanité en
trois catégories d’hommes (les charnels, les psychiques et les pneumatiques),
Irénée opposera une conception tripartite de l’homme corps, âme et esprit, pour
montrer à ses adversaires que le corps fait partie intégrante de l’homme et que
l’on ne peut le mépriser. Cf. Bernard Sesboüé, Tout récapituler dans le
Christ, Christologie et sotériologie d’Irénée de Lyon, Desclée, Paris, 2000, p.
93s.
[14] L. Regnault cité par Jacques Fantino, o.
p., La théologie d’Irénée, op. cit., p. 8-9. Cf. aussi Jacques Fantino, o.
p., in Irénée de Lyon, Connaissance des Pères de l’Église n° 82,
Nouvelle Cité, Mortagne-au-Perche, 2001, p. 9-10.
[15] AH IV, 33, 8 : « C’est une connaissance vraie,
comportant : l’enseignement des apôtres ; l’organisme originel de l’Église
répandu à travers le monde entier ; la marque distinctive du corps du Christ,
consistant dans la succession des évêques auxquels les apôtres remirent chaque
Église locale ». Cf. AH III, 5, 1.
[16] Cf. AH IV, 1, 1 – 5, 19, 3.
[17] Titre en grec : « Ελεγκοη και ανατροφ θη υευδωνυ
μου γνωσεωη ». AH IV, Pr. 1. Comparer avec Jacques FANTINO, o. p., Irénée de
Lyon, op. cit., p. 3.
[18] AH II, Pr. 2 : « Dans ce présent livre, nous
traiterons seulement de ce qui nous est utile, selon que le temps le permettra,
et nous réfuterons, sur ses points fondamentaux, l’ensemble de leur système. »
[19] Jacques Fantino donne une variante intéressante
du plan traditionnel de l’Adversus Hæreses : hormis quelques réfutations
rationnelles, le livre II tendrait plutôt à démontrer le fondement des systèmes
gnostiques sur les Écritures seules. À partir de là, les livres III à V
effectuant une tentative de réfutation à partir des Écritures, les systèmes
gnostiques s’écrouleraient sans recours. Cf. : Jacques FANTINO « Irénée de Lyon
(vers 140-200) sa vie son œuvre » in Irénée de Lyon, op. cit., p. 4-5.
[20] AH III, 25, 7 : « Nous remettons au prochain livre
le soin d’apporter les paroles du Seigneur pour compléter ce qui vient d’être
dit ».
[21] André BENOÎT, « Écriture et Tradition chez Saint
Irénée », art. cit., p. 35.
[22] Termes clefs : « paradosis, paradidonai,
traditio, tradere, graphè, scriptura ».
[23] André BENOÎT, « Écriture et Tradition chez Saint
Irénée » art. cit., p. 34.
[24] Ibid, p. 39.
[25] Cf. Gilbert NARCISSE, o. p., Premier pas en
théologie, Parole et Silence, Toulouse, 2005, p. 330.
[26] Bernard SESBOÜÉ, Tout récapituler dans le
Christ, Christologie et sotériologie d’Irénée de Lyon, Desclée, Paris, 2000, p.
44.
[27] Cf. AH III, 11, 8.
[28] Cf. André BENOÎT, « Écriture et Tradition chez
Saint Irénée », art. cit., p. 18.
[29] Cf. Van den Eynde, E. Flesseman, cité par André
Benoît, « Écriture et Tradition chez Saint Irénée », art. cit., p. 32, n. 1.
[30] AH III, 4, 2 : « [Les barbares] possèdent le
salut, écrit sans papier ni encre par l’Esprit dans leurs cœurs, et ils gardent
scrupuleusement l’antique Tradition. […] Ainsi, grâce à l’antique tradition des
apôtres, rejettent-ils jusqu’à la pensée de l’une quelconque des inventions
mensongères des hérétiques ».
[31] Cf. AH III, 4, 1.
[32] Cf. Ibid, Pr. – 5, 3.
[33] Remarquons ici que le titre ajouté dans la
traduction des Sources Chrétiennes concernant le préliminaire du livre III
était auparavant intitulé : « La tradition des apôtres » (cf. F. Sagnard, o.
p., Sources Chrétiennes, Cerf, Paris, 1952). Dans une édition critique plus
récente du texte, ce titre sera avantageusement remplacé par : « La vérité des
Écritures » (cf. Irénée de Lyon, Contre les hérésies, Dénonciation et
réfutation de la gnose au nom menteur, livre III, t. 1, Texte et traduction,
trad. fr. Adelin Rousseau, moine de l’abbaye d’Orval, et Louis Doutreleau, s.
j., Sources Chrétiennes n°211, Cerf, Paris, 1974). Cf. Bernard SESBOÜÉ, « La
preuve par les Écritures chez saint Irénée, À propos d’un texte difficile d’AH
III », art. cit., p. 872-887.
[34] AH 1, 1 : « Il n’est pas non plus permis de dire
qu’ils [les apôtres] ont prêché avant d’avoir reçu la connaissance parfaite,
comme osent le prétendre certains, qui se targuent d’être les correcteurs des
apôtres ».
[35] Jacques FANTINO, o. p., La théologie d’Irénée,
op. cit., p. 17, n. 20.
[36] Cf. AH III, 3, 1-3. A propos de la succession
apostolique, André Benoît (« Résumé des discutions », d’après les notes prises
par B. Keller et J.-M. Hornus, in Revue d’histoire et de philosophie religieuse
n° 40, Paris, 1960, p. 44) fait une distinction entre Tradition et Succession
chez St Irénée. Pour lui la Tradition garde le dépôt de la foi mais
l’institution humaine aurait tendance à surajouter au cours du temps des
éléments contraires à la foi. Nous voyons bien toute l’importance que ce débat
peu prendre dans les forums de discutions œcuméniques.
[37] Notons aussi dans ce même texte qu’Irénée
reconnaît la légitimité d’une tradition ecclésiale par son attachement à
l’Église de Rome : « avec cette Église, en raison de son origine plus
excellente, doit nécessairement s’accorder toute Église ». Ibid, 3, 2.
[38] Irénée ne parle pas des différentes formes de
successions épiscopales antérieures au IIème siècle comme la succession sous
forme collégiale. Il semble que pour lui la succession épiscopale sous sa forme
individuelle remonte aux apôtres (Cf. Jacques Fantino « Irénée de Lyon (vers
140-200) sa vie son œuvre » in Irénée de Lyon, op. cit., p. 6. Pour avoir
un aperçu des problématiques posées sur la succession épiscopale).
[39] Cf. AH IV, Pr.
[40] Madeleine SCOPELLO « Irénée et les Gnostiques »
in Irénée de Lyon, Connaissance des Pères de l’Église n° 82, Nouvelle
Cité, Mortagne-au-Perche, 2001, p. 15. Cf. AH III, 4, 3.
[41] Cf. AH I, 22, 2.
[42] André BENOÎT, « Écriture et Tradition chez Saint
Irénée », art. cit., p. 37.
[43] Cf. Bernard SESBOÜÉ, « La preuve par les
Écritures chez saint Irénée, À propos d’un texte difficile d’AH III », art.
cit., p. 886.
[44] Pour ce passage nous avons préféré la trad. fr.
de B. Sesboüé, différente essentiellement sur ce point de celle de A. Rousseau
: « … qui ont mis par écrit l’Évangile, Écritures dans lesquelles ils ont
consigné leur pensée sur Dieu ». Pour la critique textuelle cf. Ibid, p.
872-873.
[45] AH III, 5, 1 : « [Les apôtres] ont exposé la
doctrine sur Dieu. Or ils y ont bien fait voir que notre Seigneur Jésus-Christ
est la Vérité et qu’il n’y a pas de mensonge en lui », trad. fr. Bernard
Sesboüé, « La preuve par les Écritures chez saint Irénée, À propos d’un texte
difficile d’AH III », art. cit., p. 873.
[46] AH III, 5, 1.
[47] André BENOÎT, « Écriture et Tradition chez Saint
Irénée », art. cit., p. 38.
[48] Comparer avec la trad. fr. de Jacques Fantino, o.
p., La théologie d’Irénée, op. cit., p. 35 : « ils possèdent la succession
à partir des apôtres. » Texte lat. : « his qui successionem habent ab apostolis
».
[49] Suite du texte : « Quant à tous les autres, qui
se séparent de la succession originelle, quelle que soit la façon dont ils
tiennent leurs conventicules, il faut les regarder comme suspects : ce sont des
hérétiques à l’esprit faussé, ou des schismatiques pleins d’orgueil et de
suffisance, ou encore des hypocrites n’agissant que pour le lucre et la vaine
gloire. Tous ces gens se sont égarés loin de la vérité ».
[50] Citons un exemple particulièrement intéressant
par rapport au Symbole des Apôtres tel que nous le connaissons aujourd’hui : «
Et ils [les barbares] gardent scrupuleusement l’antique Tradition, croyant en
un seul Dieu, Créateur du ciel et de la terre et de tout ce qu’il renferme, et
au Christ Jésus, le Fils de Dieu, qui, à cause de son surabondant amour pour
l’ouvrage par lui modelé, a consenti à être engendré de la Vierge pour unir
lui-même par lui-même l’homme à Dieu, qui a souffert sous Ponce Pilate, est
ressuscité et a été enlevé dans la gloire comme Sauveur de ceux qui seront
sauvés et Juge de ceux qui seront jugés… ». AH III, 4, 2.
[51] La traduction de Dei Verbum utilisée
pour les citations est la suivante : Concile Vatican II, Dei Verbum, trad.
fr. M. le chanoine G. Blond et R. P. Y. Congar, o. p., in Vatican II, Les
seize documents conciliaires, Fides, Canada, 2001.
[52] Concile de Trente, 4ème session, « Décret sur la
réception des livres saints et des traditions », in Denzinger, Symbole et
définition de la foi catholique, Cerf, Paris, 1996, n° 1501. Cf. Gilbert
Narcisse, o. p., Premier pas en théologie, Parole et Silence, Toulouse,
2005, p. 325-326.
[53] J’ai opéré une distinction entre « sources
ontologiques » et « sources normatives » pour mettre en évidence les débats
postconciliaires à Vatican II sur la définition du mot « source ». Henri DE
LUBAC, s. j., La révélation divine, Traditions chrétiennes, Cerf, Paris,
1983, p. 177 : « Or, par un contresens apparemment incroyable, on a opposé ici
Vatican II à Trente, en disant que Vatican II n’admet plus qu’une seule source
là où Trente en reconnaissait deux, et de surcroît, que cette unique source,
c’est l’Écriture. Ce sont là deux erreurs ». H. de Lubac précisera qu’au sens
ontologique du terme, il ne peut y avoir qu’une seule source, Ibid p. 177 : «
La révélation vient de Dieu, manifesté et agissant dans le Christ ».
[54] Henri DE LUBAC, s. j., La révélation divine,
Traditions chrétiennes, Cerf, Paris, 1983, p. 173 : « La Tradition est toujours
mentionnée avant l’Écriture, afin de respecter l’ordre chronologique, puisque,
à l’origine de tout, il y a ‘cette Tradition qui vient des apôtres’, et puisque
c’est déjà au sein d’une communauté déjà constituée que les Livres saints ont
été composés ou reçus ».
[55] DV 8 : « Pour que l’Évangile fut gardé à jamais
intact et vivant dans l’Église, les Apôtres ont laissé comme successeurs les
évêques, auxquels ‘ils ont transmis leur propre charge d’enseignement’ ». Ce
texte fait explicitement référence à AH III 3, 1.
[56] BENOÎT XVI, Audience générale du mercredi 26
avril 2006, texte intégral de la catéchèse, trad. fr. Zenit, Liberia Editrice
Vaticana, 2006.
Bibliographie
Voici les références complètes des documents utilisés
pour ce texte. Dans les notes, l’Adversus Hæreses et Dei Verbum sont
référencés respectivement par AH et DV. La citation par défaut de l’Adversus
Hæreses est celle de la collection Sagesse Chrétienne de 2001 qui diffère
légèrement de l’édition de 1974 en Source Chrétienne du même traducteur.
Sources
• Irénée de Lyon, Contre les hérésies,
Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur, nouvelle édition, trad.
fr. Adelin Rousseau, moine de l’abbaye d’Orval, Sagesses Chrétiennes, Cerf,
Paris, 2001.
• Irénée de Lyon, Contre les hérésies,
Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur, livre III, t. 1, Texte
et traduction, trad. fr. Adelin Rousseau, moine de l’abbaye d’Orval, et Louis
Doutreleau, s. j., Sources Chrétiennes n°211, Cerf, Paris, 1974.
• Irénée de Lyon, Démonstration de la prédication
apostolique, trad. fr. L. Froidevaux, Sources Chrétiennes n° 62, Cerf, Paris,
1974.
• Clément de Rome, Épître aux Corinthiens, trad.
fr. Annie Jaubert, Sources Chrétiennes n° 167, Cerf, Paris, 1971.
• Hippolyte de Rome, La Tradition apostolique,
trad. fr. B. Botte, o. s. b., Sources Chrétiennes n° 11 bis, Cerf, Paris, 1968.
• Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique,
livres V – VII, trad. fr. Gustave Bardy, Sources Chrétiennes n° 41, Cerf,
Paris, 1955.
• Concile Vatican II, Dei Verbum, trad. fr. M. le
chanoine G. Blond et R. P. Y. Congar, o. p., in Vatican II, Les seize
documents conciliaires, Fides, Canada, 2001.
Commentaires
• André BENOÎT, « Écriture et Tradition chez Saint
Irénée » in Revue d’histoire et de philosophie religieuse n° 40,
Paris, 1960, p. 32-43.
• BENOÎT XVI, Audience générale du mercredi 26
avril 2006, texte intégral de la catéchèse, trad. fr. Zenit, Liberia Editrice
Vaticana, 2006.
• Henri DE LUBAC, s. j., La révélation divine,
Traditions chrétiennes, Cerf, Paris, 1983.
• Angelo DI BERNARDINO, dir., adaptation fr. François
Vial, dir., Dictionnaire Encyclopédique du Christianisme Ancien, 2 tomes,
Cerf, Belgique, 1990.
• Jacques FANTINO, o. p., La théologie d’Irénée,
Cogitatio fidei n°180, Cerf, Paris, 1994.
• Gilbert NARCISSE, o. p., Premier pas en
théologie, Parole et Silence, Toulouse, 2005.
• Adelin ROUSSEAU, moine de l’abbaye d’Orval, et Louis
Doutreleau, s. j., Contre les hérésies, livre III, t. 1, Introduction,
notes justificatives et tables, Sources Chrétiennes n° 210, Cerf, Paris, 1997.
• Bernard SESBOÜÉ, Tout récapituler dans le
Christ, Christologie et sotériologie d’Irénée de Lyon, Desclée, Paris, 2000.
• Bernard SESBOÜÉ, « La preuve par les Écritures chez
saint Irénée, À propos d’un texte difficile d’AH III » in Nouvelle revue
théologique n° 103, Paris, 1981, p. 872-887.
• Collectif, Irénée de Lyon, Connaissance
des Pères de l’Église, n. 82, Nouvelle Cité, Mortagne-au-Perche, 2001.
SOURCE : http://christus.fr/ecriture-et-tradition-chez-saint-irenee-de-lyon/
Église Saint-Irénée de Lyon
Irénée de Lyon : La prédication des apôtres
Traduction parue aux Éditions A.I.M.
par Luc Fritz
Au deuxième siècle, les chrétiens sont confrontés à
une multitude de sectes qui prétendent enseigner la foi chrétienne. Ces sectes,
que l’on appelle gnostiques (du grec gnôsis qui veut dire connaissance) parce
qu’elles proclament que le salut s’obtient par la connaissance et non par la
foi, déroutaient nombre de chrétiens. Dans l’Exposé de la prédication
apostolique, Irénée de Lyon explique à son ami Marcien quelle est la foi
véritablement conforme à l’enseignement du Christ et des Apôtres.
Irénée de Lyon : un homme de paix au service de
l’Église
IRENEE est né vers 135-145, à Smyrne (Izmir) en Asie
Mineure. Il est vraisemblable qu’il quitta sa ville natale à l’adolescence pour
compléter sa formation à Rome. En 177, Irénée arrive à Lyon, la capitale des
Gaules. Des chrétiens de Vienne et de Lyon, prisonniers en raison des
persécutions, l’invitent à transmettre un message au pape Éleuthère (175 ? -
189). Ils y expriment leur sentiment sur le montanisme, un mouvement
prophétique qui commence à se répandre en Phrygie. Irénée se rend donc à Rome
avec cette lettre qui est le document écrit le plus ancien de l’Église des
Gaules. Peut-être ce voyage lui épargna-t-il d’être lui-même victime de la
persécution qui s’abat alors sur cette communauté chrétienne. De retour à Lyon,
Irénée est nommé évêque de la cité gauloise en remplacement de l’évêque Pothin
décédé des suites des mauvais traitements dont il avait été victime.
Sous le pontificat de Victor (189-198), Irénée (dont
le nom signifie la paix) agit en véritable homme de paix. Alors que les
communautés chrétiennes de Rome et d’Asie mineure célébraient Pâques à des
dates différentes, Victor, soucieux peut-être d’éviter un retour aux pratiques
juives, cherchait à imposer la coutume romaine à l’ensemble des Églises. Mais
les autres Églises résistèrent et invoquèrent le fait que leurs coutumes
n’étaient pas moins vénérables que celles de Rome. Le Pape voulut les exclure
de la communion mais Irénée et quelques autres évêques lui écrivent pour
l’inviter à la modération.
Aucun document ne nous informe sur la mort de saint
Irénée. Compte-tenu de la stature d’Irénée, il est peu probable que sa mort
soit passée inaperçue s’il avait succombé au cours d’une persécution. On admet
généralement qu’il est mort au tournant du deuxième et du troisième siècle.
Pourquoi Irénée a-t-il jugé bon d’exposer la
prédication des apôtres ?
Le livre que saint Irénée dédie à son ami Marcien est
une sorte de résumé de tout ce qu’il faut croire. Irénée souhaite que son
correspondant découvre la cohérence de la foi chrétienne et que cette
découverte l’amène à détruire les idées fausses que certains répandent. La
visée de l’ouvrage est à la fois apologétique (au sens où Irénée veut défendre
la foi chrétienne menacée par les sectes gnostiques) et catéchétique.
Dans une première partie, Irénée expose le contenu de
la foi des baptisés. On l’appelle aussi : Règle de foi ou Règle de vérité.
C’est la foi au Dieu qui est Père, Fils, Esprit Saint. Irénée démontre ensuite
que cette foi est vraie. Il reprend toute l’histoire du salut décrite dans les
Écritures, depuis la création jusqu’à la venue de Jésus, puis il expose comment
le Fils de Dieu est devenu homme pour tout récapituler en lui.
Dans une seconde partie, il montre comment la Loi de
Moïse et les Prophètes prouvent que le témoignage des apôtres dans l’Évangile
est vrai. Le Nouveau Testament est l’accomplissement de l’Ancien Testament.
Dans son enseignement, Irénée insiste particulièrement
sur plusieurs points qui font problème en raison des thèses gnostiques. Ceux-ci
disent en effet qu’il y a deux dieux : celui de l’Ancien Testament, mauvais,
qui est le créateur, et un autre dieu plus grand et bon, le Père. Irénée
affirme le contraire, il n’y qu’un seul et même Dieu. Les gnostiques enseignent
également que le Fils de Dieu n’est pas devenu vraiment homme. Mais pour
Irénée, Jésus est à la fois Dieu et homme.
Pourquoi lire aujourd’hui l’Exposé de la
prédication des apôtres ?
Comme Marcien au deuxième siècle, les chrétiens
d’aujourd’hui ont besoin d’affermir et d’approfondir leur foi. Dans ce livre,
nous apprenons à mieux connaître l’essentiel de notre foi. Dans notre vie de
chrétiens, nous risquons de ne pas savoir faire la différence entre ce qui est
fondamental dans la doctrine chrétienne et ce qui est moins important.
Ce que l’Église enseigne depuis Jésus Christ,
l’enseignement des apôtres et des premiers disciples, c’est-à-dire la
Tradition, voilà ce qui est fondamental. Ce sont là les racines de notre vie de
foi et de prière, de notre vie tout entière. Il ne suffit pas de croire au
Christ, il faut pouvoir dire pourquoi on est chrétien. Ce livre d’Irénée nous
aide à réfléchir avec notre intelligence et notre cœur sur notre foi et à mieux
comprendre les Écritures.
Aujourd’hui, certaines sectes répandent les mêmes
erreurs sur le Christ et sur Écritures que les gnostiques du temps d’Irénée.
Elles prétendent faire connaître des vérités encore inconnues. Irénée nous
apprend que Dieu s’est complètement révélé en Jésus-Christ. En lui toutes les
Écritures ont été accomplies.
(...)
SOURCE : http://www.patristique.org/Irenee-de-Lyon-La-predication-des-apotres.html
Saint Iréné de Lyon, Saint Grégoire Dialogos, Saint
Grégoire le théologien, Saint Basile le grand, Saint Jean Chrysostome
Holy Ascension Orthodox Church
Saint Irénée a connu personnellement saint Polycarpe
qui avait, personnellement, connu saint Jean ; saint Irénée a recueilli l'écho
de la prédication des derniers Apôtres et des derniers contemporains de Jésus ;
et l'étendue de son esprit égale la profondeur de sa foi. De là
l'exceptionnelle importance que présente l'étude de sa pensée. Son volumineux
ouvrage nous fait, mieux qu'aucun autre, comprendre l'esprit du Christianisme
primitif; mieux qu'aucun autre, il convainc d'erreur les théologiens suivant
lesquels l'Eglise aurait falsifié la pensée du Christ.
I. Gnosticisme et Christianisme
La christianisation du monde gréco-romain était
merveilleusement préparée par la transformation du Paganisme, le développement
du Judaïsme, l'apparition d'un syncrétisme judéo-païen. Durant les trois
siècles qui précèdent et les deux siècles qui suivent la naissance de Jésus,
les Païens renient le Paganisme. Leur conscience lentement transformée se
libère à la fin de l’erreur irréligieuse : elle retrouve peu à peu le sentiment
de la fraternité humaine, et, par là, le sentiment de la paternité divine, en
même temps qu'elle reprend connaissance de son insuffisance radicale et ressent
à nouveau le besoin de Dieu. Elle accueille avec faveur les religions
orientales (Isisme, Mithriacisme), elle se forge une religion à elle propre :
la matière, conçue comme un principe de déchéance, est séparée par un abîme
infini de Dieu, absolument transcendant ; l'homme misérable doit tâcher à
remonter de l'une à l'autre, de la mort à la vie ; il peut compter sur l'aide
de médiateurs bienfaisants (les démons de Plutarque et d'Apulée).
En même temps, le Judaïsme se concentre dans le
Messianisme : il attend avec ferveur la revanche de Jahvé, la ruine des nations
perverses qui l’ont écrasé ; et si, pour beaucoup, cette espérance est surtout patriotique
et nationale, elle devient, pour beaucoup aussi, morale et religieuse. Aux yeux
des Juifs qui, à la suite des Prophètes, approfondissent l'idée de la justice
de Dieu, le règne attendu de Jahvé et de son peuple prend un caractère
universel : ils conçoivent qu'un jugement est la condition préalable du règne
de Dieu ; ils croient que ce règne marquera le triomphe de la justice dans le
monde entier grâce aux souffrances et à la mort d'un Juste qui méritera le
salut pour ses frères.
Enfin les Juifs exercent une certaine action sur les
Païens, et les Païens exercent une grande influence sur les Juifs : la Bible
est traduite en grec, le livre de la Sagesse s'efforce de limiter les progrès
de l’idolâtrie en Israël, les Apocalypses mystérieuses veulent raffermir sa foi
en lui dépeignant la venue et les triomphes du Messie ; toute une religion se
fonde qui tente d'accorder à la sagesse hellénique la sagesse juive ou
chrétienne : on la désigne par le terme de Gnosticisme.
Toute Eglise, toute philosophie gnostique présente,
dans des proportions très variables du reste, le mélange d'éléments juifs ou
chrétiens ; — de théories philosophiques grecques ; — de croyances ou de
pratiques empruntées à la religion hellénique et aux cultes orientaux. Toutes
retiennent quelque chose de l'amour qu'ont toujours eu les Grecs pour la
spéculation pure ; mais — et ceci est le trait essentiel — toutes obéissent à
un esprit sincèrement religieux[1] et sentent profondément la grandeur
transcendante de Dieu, la misère infinie de l'homme, et que l'homme a besoin de
Dieu; toutes relient l'homme déchu au Dieu inaccessible et tout-puissant par
des intermédiaires, êtres ou idées, communément appelés Eons (αἰῶνες) ; toutes
attribuent la création de notre monde à ces intermédiaires et rangent parmi
leur troupe Jahvé et Jésus-Christ. D'un mot, le Gnosticisme est ce syncrétisme
imparfait qui est appelé à disparaître devant ce syncrétisme providentiel
qu'est le Christianisme.
Le principe de son imperfection est son invincible
tendance à volatiliser l'histoire. Les Gnostiques ne comprennent pas que Dieu
parle à l'homme dans les faits de l'histoire aussi bien que dans les
révélations de la conscience ; ils ne comprennent pas que l'histoire d'Israël
signifie une doctrine;[2] ils ne peuvent donc pas la comprendre, non plus que
celle de l'Eglise, le nouvel Israël, Et, parce qu'ils ne comprennent pas ces
faits, ils tendent à s'en débarrasser : ils acceptent Jésus, mais ils le
coupent, si j'ose ainsi dire, de l'Eglise et d'Israël ; leurs âmes
transfigurées lui rendent un émouvant hommage, mais leurs pensées, toujours
indociles, l'expliquent selon leurs traditions intellectuelles : ils adorent en
lui le Révélateur qui fait connaître le Dieu transcendant et ineffable, et qui
sauve les hommes par cette connaissance qu'il leur donne ; ils forgent de
merveilleux poèmes métaphysiques où s'expriment leur amour et leur foi ; mais
ils méconnaissent le continuateur des Prophètes, le Messie d'Israël, le second
Adam, le Verbe incarné ; ils méconnaissent donc le Père, et le Fils et l'Esprit
; ils méconnaissent la vérité.
Le Gnosticisme primitif est très mal connu. Il est
antérieur au Christianisme puisque la religion révélée n'a pas commencé avec
Jésus et que la religion hellénique lui est également antérieure. Il est né,
sans doute, du culte des Anges.[3] La foi juive entoure Jahvé d'une cour
d'êtres célestes, exécuteurs de ses volontés ; la religion hellénique imagine
des intermédiaires entre Dieu et l'homme ; les deux, croyances devaient se
combiner, elles se combinèrent en effet. — L'activité de ces Anges ne laisse
pas de place à aucune activité de Dieu ; ce sont eux que les hommes connaissent,
eux qui les secourent, eux-mêmes, ou l'un d'entre eux, qui créent le monde : on
les appelle les « Trônes », les « Dominations », etc. — Afin de mériter leur
protection, les hommes doivent pratiquer l'ascétisme, s'abstenir de certains
aliments, parfois même s'abstenir du mariage : la matière est souillure,
l'homme doit en éviter l'usage et le contact, à l'exemple de Dieu ; la
résurrection de la chair est formellement rejetée. — Enfin, les docteurs qui
répandent ces enseignements les présentent comme une science supérieure (ἐπίγνωσις),
la seule vraie science qui procure le salut (γνῶσις). — Sur un seul point, ils
semblent être en grave désaccord : les uns n'accordent aucune valeur aux
sacrifices et aux cérémonies prescrites par la Loi (les Esséniens) ; les autres
maintiennent le sabbat, la circoncision, les observances rituelles (les maîtres
de Cérinthe). — Le plus illustre, le plus grand sans doute de ces croyants et
de ces penseurs est un contemporain de Jésus-Christ : l'alexandrin Philon, Juif
de race et tout imprégné de science grecque, se propose expressément d'attirer
les Païens au vrai Dieu, le Dieu de Moïse, Jahvé ; il organise un vaste système
spéculatif, il insiste sur les intermédiaires qui relient Dieu au monde, mais
il s'attache surtout à montrer que la science n'est rien auprès de l'amour. De
ce courant gnostique juif s'est détachée la Gnose judéo-chrétienne, en même
temps que du Judaïsme le Christianisme naissait : aux théories qu'on a vues
elle ajoutait une théorie du Christ en qui elle montrait un Ange descendu du
ciel. Son docteur le plus fameux est Cérinthe, ou Mérinthe : pour lui, Jésus
n'est qu'un homme sur lequel, au moment du baptême, est descendu un éon appelé
le Christ, qui l'a abandonné avant la passion. — D'autres docteurs, très mal
connus, mettaient en relief le rôle de Jean-Baptiste et insistaient sur
l'importance d'un éon appelé la Sagesse (Sophia).[4]— Les Ebionites Esséniens
se servaient d'un Evangile des XII Apôtres apparenté à l’Evangile des
Cérinthiens ; mais ils condamnaient les sacrifices sanglants et l'usage de la
viande ; ils pratiquaient l'ascétisme ; ils rejetaient le Pentateuque et les
Prophètes et prétendaient restaurer dans sa pureté primitive l'œuvre d'Adam, de
Moïse et de Jésus — trois incarnations d'un même Ange, — diversement mais
également défigurée par les Patriarches, par Israël et par l'Eglise. Un roman
historique racontait les aventures de Clément de Rome en quête de la vérité
(les Homélies Clémentines) : il leur servait à propager leur doctrine. — Les
Sampséens, ou Elcésaïtes, rejetaient à la fois les Prophètes et les Apôtres ;
ils interprétaient deux Apocalypses rédigées par leurs fondateurs,
contemporains de Cérinthe et de Trajan (98-117), Elxaï et Jexeos ; ils
accouplaient au Christ un être femelle, le Saint-Esprit ; ils usaient de
formules magiques et de pratiques astrologiques.
La Gnose chrétienne s'épanouit avec autant de force.
Simon le Magicien, originaire de Giddon, en Samarie, avait voulu acheter de
saint Pierre le pouvoir de conférer l'Esprit-Saint et de faire les mêmes
miracles que le diacre Philippe (Actes, VII. 9) ; rejeté avec dédain, il avait
imaginé d'imiter Jésus: il avait recouru à la magie afin d'opérer les mêmes
miracles, il s'était présenté comme Dieu, comme le Dieu suprême. Hélène sa compagne,
ses disciples Cleobios et Dosithée, son successeur Ménandre d'Antioche avaient
étendu son église : et le disciple de Ménandre, Saturnin (ou Satornil), en
avait affermi les progrès. Les Chrétiens n'étaient pas restés sans répondre.
Dans l’Epitre aux Colossiens, saint Paul réfute les docteurs du Gnosticisme :
tandis que ceux-ci rapprochent le Christ des créatures par une chaîne d'êtres
célestes émanés de Dieu comme lui, il sépare absolument le Christ du monde
créé, non seulement parce qu'il voit en lui le Fils de Dieu envoyé sur terre
pour racheter de son sang les hommes esclaves du péché, mais encore parce qu'il
adore en lui « l'image » éternelle de Dieu, antérieure à toute création et par
qui tout a été fait, c'est-à-dire la Sagesse de Dieu. De même saint Jean : il
dirige contre la Gnose le Quatrième Evangile. Le Christ n'est pas un éon
quelconque descendu sur Jésus ; il est plus grand que Jean-Baptiste ; il a
accompli les prophéties ; il est le Messie ; il est Dieu même. Le Verbe de
Dieu, par qui Dieu se révèle, existait avant la création ; il était pour Dieu,
près de lui, πρὸς τὸν θεὸν, uni à lui et distinct de lui. C'est par lui qu'a
été créé le monde ; et c'est lui encore qui est venu sur terre apporter la vie
et la lumière aux hommes: Jésus-Christ est le Verbe fait chair.
Les Gnostiques ne s'avouèrent pas vaincus : dans la
patrie de Philon, ils relevèrent la tête. Basilide d'Alexandrie (vers 133-140?)
reprit et développa le système de Simon le Magicien; mais il trouva bientôt de
redoutables émules en Valentin de Rome (vers 135-160) et en Marcion de Sinope
(vers 144-150), qui veulent réfuter, en les utilisant, et saint Jean et saint
Paul. Imagination féconde, Valentin conçoit en poète le problème métaphysique
et se meut avec une souple aisance au milieu des complications du drame sacré
qu'il imagine. Pensée vigoureuse toute pénétrée de platonisme, s'il emprunte à
l'Egypte ses couples divins, femelles et mâles (syzygies), il les transforme en
abstractions pures ; il réagit contre le dualisme où aboutissent Basilide et
Simon ; il voit dans le monde matériel et passager, le Kénome, une imparfaite
image du monde éternel et spirituel, le Plérôme. Chrétien convaincu, disciple
de Jean, il a un sentiment très vif du péché, il fait de Jésus le centre de son
système et l'instrument du salut et il garde un souvenir encore vivant de sa
réalité historique. Plus profondément chrétien que Valentin même, Marcion
combine la Gnose avec la doctrine de saint Paul. Le Dieu juste et jaloux de
l'Ancien Testament, identique au Créateur du monde, est radicalement distinct
du Dieu Suprême, révélé par le Christ de l'Evangile dans l'apparence humaine de
Jésus et qui est tout miséricorde et tout amour. La rédemption est un acte
incompréhensible de la miséricorde divine ; tout ce que le chrétien possède, il
le doit uniquement au Christ. Si les Apôtres ont méconnu la pensée du Christ,
le Dieu de l'Evangile a envoyé saint Paul combattre après Jésus le dieu Jahvé
et Marcion restaurer l'œuvre ébranlée de Paul.
Il faut que l'Eglise riposte afin de sauver « la
tradition de la didascalie bénie des Apôtres ». On oppose à Basilide, à
Valentin et à Marcion les souvenirs des vieux presbytres « qui ont vu les
Apôtres » ; et, comme ils n'ont rien écrit, des hommes de bonne volonté
rédigent les traditions qui se rattachent à eux : tel, l'évêque d'Hiérapolis
Papias († 160) qui recueille dans les cinq livres de ses Explications des
paroles du Seigneur (Λογίων κυριακῶν ἐξηγήσεις) les leçons qu'on leur attribue
; tel encore le palestinien Hégésippe († vers 190) dont les cinq livres de
Mémoires (Ὑπομνήματα) « exposent la sûre tradition de l'enseignement catholique
». Mais c'est en vain qu'ils écrivent ; bien que leurs démonstrations soient
appuyées par d'autres livres encore, composés, soit par des évêques, comme
Apollinaire d'Hiérapolis, Méliton de Sardes et Théophile d'Antioche, soit par
des philosophes comme saint Justin (Traité contre toutes les hérésies), le
Gnosticisme s'épanouit avec une incomparable puissance. L'église marcionite
rayonne partout. Ptolémée, Héracléon, Marcus, d'autres encore systématisent et
affermissent la théologie valentinienne. Beaucoup de chrétiens qui haïssent la
Gnose subissent pourtant son influence : Hermas la déteste, et lui emprunte
l'idée d'entourer Dieu de six Anges supérieurs dont le Fils de Dieu, identique
à l'archange Michel, n'est que le chef (le Pasteur, vers 150); un des plus
brillants élèves de saint Justin, Tatien, abandonne l'Eglise (vers 172) ; Celse
confond continuellement le Gnosticisme et le Christianisme (vers 180).
On juge par là de la puissance de séduction de la
Gnose : il semble qu'elle doive dérober à l'Église l'héritage que lui réserve
Dieu. Ce sera le rôle de saint Irénée de la tuer. Ce sera sa gloire de
continuer la lutte et de partager la victoire de saint Paul et de saint Jean.
II. Saint Irénée
Saint Irénée était, à la fin du second siècle, évêque
de Lyon, la métropole des Gaules. Non moins que cette situation ecclésiastique,
son origine asiatique, sa valeur intellectuelle et morale faisaient de lui l'un
des représentants les plus autorisés du Christianisme de ce temps.
Lorsque saint Pothin est mort (177) dans cette
affreuse tragédie où sont morts en même temps Blandine et Sanctus, Attale et
Alexandre le Phrygien, et tant d'autres, Irénée a été choisi pour, gouverner à
sa place l'église décimée.[5] Nous savons que les martyrs faisaient de lui le
plus grand cas : c'est lui qu'ils envoient au pape Eleuthère (175-189)
lorsqu'ils apprennent les prophéties montanistes et que l'attitude de certains
évêques implique le désaveu des prophètes ; Irénée est chargé de recommander à
Eleuthère « la paix et l'union des églises ». En même temps que son influence
religieuse, cette mission atteste, semble-t-il, ses sympathies pour le
Montanisme : s'il est chargé de le défendre à Rome, n'est-ce pas qu'il le
défend à Lyon?
Durant une vingtaine d'années — on ignore la date de
sa mort — il dirige l'église lyonnaise. L'exaltation de la foi dans les âmes
était alors très grande. On gardait pieusement le souvenir des martyrs de 177.
Les phénomènes surnaturels dont parle saint Paul étaient très fréquents :
visions, extases, prophéties, guérisons miraculeuses, tremblements de crainte
ou de joie, les fidèles d'Irénée connaissent — c'est Irénée lui-même qui
l'atteste — toutes ces manifestations de l'Esprit. Une inscription trouvée à
Autun, et qui date vraisemblablement du temps d'Irénée, nous fait toucher du
doigt la foi ardente de ses ouailles : on y retrouve ce symbolisme cher aux
premiers chrétiens qui voient dans l'image du poisson l'image même du Christ.
Il serait étrange que l'espérance sacrée qui provoqua la crise montaniste n'eût
pas fait frémir le pasteur qui guidait ces âmes.
Au temps du pape Victor (189-199), la controverse
pascale menace de dégénérer en un schisme scandaleux. Les Asiatiques célèbrent
la fête de Pâque le 14 nisan, les Romains le dimanche suivant; pour faire
cesser cette dissidence, Victor convoque un peu partout des conciles régionaux,
et, soutenu par eux, il somme les évêques d'Asie, présidés par saint Polycrate
d'Ephèse, de se conformer à l'usage commun ou de renoncer à la communion
ecclésiastique. Polycrate résiste, Victor se fâche ; tout est à craindre,
lorsqu'intervient Irénée. Irénée soutient que le mystère de la résurrection
doit être célébré le dimanche ; mais il avertit respectueusement Victor de ne
pas excommunier des églises fidèles à la vieille tradition qu'elles ont reçue.
La voix de l'évêque apaise la crise, conjure le schisme. On devine quel respect
les vieilles traditions lui inspirent et qu'il chérit d'un même amour l'église
de Rome et l'église d'Ephèse.[6]
Il ne semble pas s'être attaché particulièrement à
aucun évêque. Peut-être a-t-il voyagé de ville en ville, comme faisait
Hégésippe, comme feront bientôt Clément d'Alexandrie, Julius Africanus et
Origène, en quête des souvenirs qu'avaient laissés les Apôtres, saint Pierre, saint
Paul, surtout saint Jean.
Quelques presbytres, quelques vieux évêques les
avaient directement et personnellement connus, Polycarpe par exemple. Polycarpe
est cet évêque de Smyrne qui mourut martyr en 155 et qui était né au plus tard
en 69 : il avait connu dans sa jeunesse les derniers contemporains des Apôtres
et de Jésus-Christ, et c'est lui dont saint Irénée gardait, jusque dans sa
vieillesse, l'image nette et vivante. « Je pourrais encore, dit-il à un de ses
anciens amis, te dire le lieu où était assis le bienheureux Polycarpe lorsqu'il
prêchait la parole de Dieu. Je le vois entrer et sortir : sa démarche, son
extérieur, son genre de vie, les discours qu'il adressait à son peuple, tout
est gravé dans mon cœur. Il me semble encore l'entendre nous raconter de quelle
manière il avait conversé avec Jean et avec les autres qui avaient vu le
Seigneur, nous rapporter leurs paroles et tout ce qu'ils avaient appris touchant
Jésus-Christ, ses miracles et sa doctrine. »
A sept reprises, Irénée parle d'un autre presbytre
qui, s'il n'a pas été le disciple direct des Apôtres, « a entendu les
enseignements de ceux qui les ont vus et qui ont été instruits par eux ». Ce
presbytre dont il ne dit pas le nom, et qui était sans doute plus jeune que
Polycarpe, combattait comme celui-ci les assertions de la Gnose.
Il est d'autres presbytres dont Irénée allègue encore
le témoignage, sans jamais les nommer : il faut, sans doute, chercher en Asie,
à Rome et à Lyon quelques-uns d'entre eux ; mais on peut affirmer sans crainte
d'erreur qu'il puise souvent, en pareil cas, au livre de Papias dont on a parlé
plus haut. Papias était d'une crédulité sans bornes ; il avait recueilli des
fables insensées parmi les traditions qu'il attribuait au Seigneur. Par
bonheur, Irénée a plus de critique : c'est tout au plus si nous trouvons chez
lui deux ou trois histoires qui rappellent, par leur couleur, les fables du bon
évêque d'Hiérapolis.
Le soin que met Irénée à recueillir les traditions ne
lui fait pas dédaigner les livres. Irénée est un grand liseur ; la littérature
biblique et la littérature grecque ont formé son esprit.
Irénée connaît les deux Testaments comme saint Paul
connaît l'Ancien ; c'est par la Bible qu'il pense, à travers la Bible qu'il
sent : toute idée, toute image qui naît en lui semble d'abord éveiller tout un
monde de souvenirs qui viennent directement de la Bible. Le nombre des
citations bibliques qui se rencontrent dans son œuvre est très considérable; et
l'on s'aperçoit que les écrits de saint Paul et de saint Jean lui sont
particulièrement familiers. Il est clair que la Bible lui fournit la substance
et la forme de sa pensée ; sa doctrine n'est que l'explication de sa foi. — On ne
doit pas oublier, du reste, afin de s'expliquer l'étendue de cette influence et
aussi d'en mieux comprendre la nature, qu'Irénée pratique la même méthode
allégorique que tous ses contemporains : il est accoutumé à chercher dans les
faits de l'histoire sacrée des figures plus ou moins transparentes de tous les
événements humains.
Mais ce grand ami des Livres Saints n'est pas brouillé
avec la littérature grecque. Il cite volontiers Homère et Hésiode, Pindare et
Stésichore, Sophocle et Esope. Il connaît les philosophes, Thaïes, Anaximandre,
Anaxagore, Démocrite et Epicure, les Stoïciens et les Pythagoriciens ; surtout
il connaît Platon et sa doctrine du monde sensible, image et reflet du monde
éternel. S'il ne parle pas d'Aristote, et si le seul mot qu'il dise du
Péripatétisme ne marque pas qu'il en ait compris l'importance et apprécié la
grandeur, c'est qu'il obéit aux mêmes tendances que ses contemporains :
l'éclipse de l'Aristotélisme commencera seulement de cesser lorsque paraîtra,
bientôt du reste, Alexandre d'Aphrodisias.
Naturellement Irénée a lu ces philosophes chrétiens
qui s'appellent Justin et Théophile, et peut-être Méliton. Il connaît avec
précision l'histoire de la pensée grecque dans la mesure où elle intéresse le
mouvement de la pensée contemporaine.
Irénée se méfie de la spéculation abstraite, comme
beaucoup de ses contemporains : au temps de la « révolution religieuse » qui
prépare l'œuvre du Christ, l'Hellénisme lui-même se détourne de la pensée
discursive ' et renonce à chercher la vérité. Sextus Empiricus est un
contemporain d'Irénée. — Mais le Grec qu'il est et qu'il reste se reconnaît à
son savoureux bon sens, à son amour du fait concret, du détail précis, à son
horreur des songes creux. Tel passage, où il se moque des Gnostiques, rappelle
les railleries qu'aux Sophistes lançait Socrate; et il nous donne de bonnes
preuves de perspicacité, de méthode et de sens critique.
Si c'est un esprit grec, c'est aussi une âme
profondément chrétienne. Il y a quelque chose qui le caractérise mieux que son
horreur des songe-creux, c'est la profondeur de sa foi ; il est possible que, à
la différence de saint Justin, il ait sucé cette foi avec le lait. Cette foi
profonde, mère de ces vertus qui l'ont fait distinguer des Lyonnais, suscite en
lui, lorsqu'il est devenu évêque, un sentiment très vif de sa responsabilité
sacerdotale : s'il écrit contre les Gnostiques, c'est crainte que « les brebis
soient déchirées par les loups. » Seulement, cette vigilance que les hérétiques
commandent n'empêche pas leur adversaire de les aimer, comme fera Augustin, et
de prier pour eux. On croit parfois saisir chez saint Irénée comme un reflet de
cet amour qui embrasait saint Paul ; c'est lui qui disait un jour cette parole
exquise et profonde, digne de l'Apôtre : « Il n'y a pas de Dieu sans bonté, Deus
non est cui bonitas desit. »
La profondeur de cette foi chrétienne, les tendances
positives de cet esprit grec expliquent, comme l'origine asiatique d'Irénée,
ses tendances montanistes. Le Montanisme dérive des vieilles traditions
apocalyptiques des Juifs et des jeunes traditions eschatologiques des
Chrétiens. L'attente du Roi-Messie qui dompte les nations s'est combinée avec
l'espérance qui soutenait les amis de Jésus : l'Eglise est le nouvel Israël où
Dieu agit aujourd'hui, comme il agissait autrefois, et qui prépare, dans la
pénitence et la prière et l'apostolat, le retour triomphant du Christ et
l'avènement de la Jérusalem céleste; les faits miraculeux du passé sont un sûr
garant des faits merveilleux que va déployer l'avenir. Comme le Gnosticisme
s'absorbe dans l'idée, le Montanisme s'absorbe dans l'histoire : c'est la
spéculation abstraite qui anime l'un, ce sont des souvenirs passionnément
revécus qui soulèvent l'autre : l'un est la contradiction vivante de l'autre.
Parce que saint Irénée inclinait au Montanisme, il était prédestiné à combattre
le Gnosticisme.
III. La doctrine de saint Irénée
La doctrine que saint Irénée oppose aux Gnostiques
nous est imparfaitement connue parce que, de ses nombreux ouvrages, un seul
nous est parvenu, la Fausse Gnose démasquée et réfutée.[7] On peut néanmoins
indiquer le principe de sa critique négative et les fondements de sa théologie.
Le Gnosticisme tendait à couper Jésus de l'histoire ;
l'effort d'Irénée ira naturellement à l'y réintégrer. Encore que la discussion
dialectique l'amuse, et qu'il prenne un évident plaisir à suivre les
conséquences des thèses panthéistes et dualistes et à les réfuter par là, il a
hâte de descendre sur le terrain des faits et de confronter avec les témoignages
des Apôtres et les textes de l'Ecriture les assertions de la Gnose. Le lecteur
de ce volume pourra s'en convaincre tout à l'aise. Qu'il suffise ici de
signaler le fait.
Les mêmes tendances positives apparaissent encore dans
l'organisation de la théologie d'Irénée, qu'on en considère la méthode, l'idée
centrale ou les théories secondaires.
Irénée reconnaît à la raison le pouvoir de découvrir
l'existence de Dieu ; mais il se méfie d'elle et commente avec amour le mot de
l'Apôtre : Scientia inflat, charitas autem œdificat. Aussi tend-il d'instinct,
si je puis dire, à organiser une méthode si ferme et si positive qu'elle rende
impossibles ces écarts d'imagination et de pensée qui ont perdu les Valentin et
les Basilide; de là, sa théorie du Mystère, sa théorie de l'Ecriture, sa
théorie de la Tradition.
Le mystère borne la pensée de l'homme. Parce que, dans
l'ordre de l'être, celui qui a été fait est inférieur à celui qui n'a pas été
fait et qui subsiste toujours le même, une infériorité du même genre subordonne
encore l'homme, dans l'ordre de la science, à celui qui n'a pas été fait, et
elle l'empêche de scruter toutes les causes. « Ce n'est pas de toi que tu tiens
ton être, ô homme! Tu ne coexistais pas toujours avec Dieu comme son propre
Verbe... Laisse donc ta science à sa place... ; n'empiète pas sur Dieu, tu ne
pourrais pas passer... : ton créateur est indéterminable... »
Comment s'en étonner, du reste? Que de choses ne
comprenons-nous pas! « Que dire, en effet, si nous voulons donner la cause des
crues du Nil? » Il faut recourir à l'Ecriture afin d'acquérir une idée un peu
moins imprécise de Dieu. « Les deux Testaments ont été produits par un seul et
même père de famille, le Verbe de Dieu, Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui a
parlé à Abraham et à Moïse et qui, dernièrement, nous a rendu la liberté. »
L'Ecriture a Dieu pour auteur. — Par Ecriture, il entend le Pentateuque, Josué,
les Juges, les quatre Livres des Rois, les Psaumes, les Proverbes de Salomon,
Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Daniel, Osée, Joël, Amos, Jonas, Michée, Habacuc,
Zacharie, Malachie, Baruch, la Sagesse de Salomon ; les quatre Evangiles, les
Actes, les treize Epîtres de saint Paul, les Epîtres de saint Jacques et de
saint Pierre, l'Apocalypse et les Epîtres de saint Jean, le Pasteur d'Hermas. —
Il définit avec décision le rapport mutuel des diverses parties de la Bible.
L'Ancien Testament est une ample, prophétie annonçant d'avance l'œuvre du
Christ. L'Ecriture tout entière est l'histoire du relèvement progressif de
l'humanité arrachée par Dieu au péché, et, par lui, attirée à lui : « Il n'y a
qu'un salut, dit-il, comme il n'y a qu'un Dieu ; mais nombreux sont les
préceptes qui forment l'homme, et nombreux sont les degrés qui le font monter
jusqu'à Dieu. » Adam, Moïse et Jésus marquent les trois grandes étapes de cette
bienfaisante histoire : Jésus couronne et achève l'œuvre de Moïse; tous les
Apôtres sont, au même titre que saint Paul, les fidèles missionnaires de Jésus.
En même temps qu'à l'Ecriture, Irénée recourt à la
Tradition : ses adversaires, du reste, font de même. La tradition orale de
l'enseignement de Jésus est indépendante des textes qui en décrivent tel ou tel
aspect ; elle leur est antérieure : il est donc légitime de l'interroger pour
les compléter ou les éclairer. — On peut consulter cette tradition auprès de
l'Eglise, c'est-à-dire, plus précisément, auprès des évêques successeurs des
Apôtres, et, plus rapidement, auprès de l'évêque de Rome, successeur de saint
Pierre. « C'est aux prêtres qui sont dans l'Eglise qu'il faut obéir, à ceux qui
sont les successeurs des Apôtres... » — C'est cette tradition vivante qui
répand et maintient l'unité de foi ; c'est par elle que se manifeste l'action
toujours présente du Saint-Esprit dans l'Eglise. « Où est l'Eglise, là est
l'Esprit de Dieu, et là où est l'Esprit de Dieu, là est l'Eglise, et avec elle
toute grâce; et l'Esprit, c'est la vérité. »
Cette méthode positive n'accorde à la philosophie
qu'un rôle très secondaire, mais elle ne rompt pas avec elle. Irénée voit que
la philosophie grecque est une source de la Gnose, mais il se souvient de saint
Justin ; Hellène, il hésite à répudier l'héritage de l'Hellénisme : il ne lance
pas l'anathème. — Tertullien ne saura pas garder la même réserve.
Les tendances positives de l'esprit d'Irénée déterminent
l'ordonnance et le contenu de sa doctrine aussi bien que le caractère général
et les règles diverses de sa méthode. L'objet même de la foi est le principe et
comme le ferment d'où jaillit son système ; le symbole ecclésiastique est le
point de départ de sa spéculation.
Dieu s'est fait homme afin que l’homme se fasse dieu.
« Le Verbe de Dieu, Jésus-Christ Notre-Seigneur, poussé par l'immense amour
qu'il nous portait, s'est fait ce que nous sommes, afin de nous faire (devenir)
ce qu'il est lui-même. » Voilà le cœur de la foi chrétienne, et voilà le centre
de la doctrine d'Irénée.
Jésus est d'abord, comme le veulent les Gnostiques, le
Docteur céleste qui révèle enfin toute la splendeur de la vérité,
imparfaitement connue jusque là. — Jésus est encore, comme le veut saint Paul,
le Rédempteur qui nous a rachetés de son sang et nous a, par sa mort,
réconciliés avec le Père ; c'est le second Adam qui rend à l'humanité ce que
lui a fait perdre le premier homme, je veux dire la ressemblance avec Dieu et
l'immortalité : la désobéissance commise sur l'arbre du Paradis a été détruite
par l'obéissance sur l'arbre de la Croix. Le Christ a payé notre rançon, il a
détruit l'empire du péché ; il a répandu l'Esprit du Père afin de réunir et de
faire communier Dieu et l'homme. — Car Jésus, enfin, est le déificateur qui
nous fait participer à la vie du Père céleste : la déification est la raison
dernière de l'Incarnation.
Il y a donc en Jésus-Christ deux natures et une
personne. Jésus est homme ; il devait être homme, puisque c'est l'homme qu'il
fallait sauver et qui devait expier. Jésus est né d'une femme ; l'obéissance de
Marie compense la désobéissance d'Eve ; « comme le genre humain fut entraîné à
la mort par une vierge, c'est par une vierge aussi qu'il est sauvé ». L'humanité
de Jésus est identique à la nôtre ; « sinon, il ne serait pas alimenté ; il
n'aurait pas éprouvé la faim après ses quarante jours de jeûne... » — Mais
Jésus est aussi Dieu ; il devait être Dieu puisque c'était la vie divine qu'il
fallait procurer à l'homme et que, seul, le sacrifice infini d'un Dieu pouvait
effacer le crime de l'humanité. Jésus est né de Dieu : sa mère était vierge. La
preuve qu'il est Dieu, c'est qu'il remet les péchés: il est donc celui que nos
péchés atteignent. Jésus est le Fils unique du Père, le Verbe par qui il a créé
toutes choses. — La dualité de la nature de Jésus ne compromet en rien l'unité
de sa mystérieuse personne. Cette unité est absolument nécessaire pour assurer
la communion de l'humanité déchue et de la divinité rédemptrice ; c'est
l'indispensable condition du salut des hommes.
A l'incarnation de Dieu, qui est tout ensemble
révélation, rédemption et déification répond la restauration de l'homme en
Dieu, c'est-à-dire la vertu, la délivrance du péché d'Adam, l'adoption par
l’Esprit-Saint.
C'est d'abord par la perfection de sa vie que l'homme
doit collaborer à l'œuvre du Verbe et s'élever à Dieu. « Il a été dit aux
Anciens : tu ne forniqueras pas ; et moi je vous dis que quiconque regarde une
femme avec convoitise a déjà commis l'adultère avec elle dans son cœur... » —
L'homme doit pratiquer la vertu parce qu'il peut le faire, parce que le Christ
tue en nous le péché et brise le pouvoir que Satan a sur nous. Comme la
faiblesse d'Adam nous a soumis au démon et a implanté le péché dans nos cœurs,
la résistance de Jésus, lorsqu'il a été vainement tenté au désert, a détruit
l'empire et arraché la racine du péché. — Enfin, le Verbe restaure l'acte par
lequel Dieu nous a adoptés pour ses enfants. Puisque le Verbe est le Fils unique
de Dieu, et que le Verbe s'est fait homme, et que, par conséquent, l'homme
communie avec le Verbe, l'homme participe à sa dignité de fils et reçoit par là
l'adoption divine. Voilà pourquoi il a dit : « Vous êtes des dieux et les fils
du Très-Haut. » L'homme recouvre la ressemblance divine, parce que, dans le
Verbe fait homme, Dieu s'est mêlé à l'homme ; l'homme devient le temple de
Dieu, parce que l'Esprit du Père lui apporte quelque chose de Dieu, le prépare
à la vie éternelle et incorruptible, l'habitue à recevoir peu à peu et à porter
Dieu.
La restauration de l'homme en Dieu s'opère
pratiquement par la grâce, par l'Eglise, par l'Eucharistie. Conformément à la
tradition juive de l'absolue maîtrise de Dieu sur le monde et aux plus clairs
enseignements de Jésus, conformément au bon sens, du reste, Irénée croit que la
vie de Dieu ne peut être donnée à l'homme que par Dieu lui-même. Il insiste
avec force sur la nécessité de la grâce et du baptême. — Ce don de Dieu est, à
ses yeux, une propriété de l'Église qui a reçu l'Esprit et qui doit réduire à
l'unité la multitude des hommes. € C'est à l'Église qu'a été confié le don de
Dieu,... afin que tous ses membres le reçoivent et soient justifiés par là ;
c'est là qu'a été déposé le moyen de communier avec le Christ, c'est-à-dire
l’Esprit-Saint, gage d'incorruptibilité, échelle qui nous fait monter vers
Dieu. » On a vu plus haut ce qu'il entend précisément par Église. —
L'Eucharistie est d'abord un sacrifice véritable, action de grâces pour les
bienfaits de la création, consécration de la nature à Dieu, immolation de
Jésus-Christ; c'est ensuite la nourriture appropriée par laquelle Dieu fait
homme transporte Dieu en l'homme et l'homme en Dieu : c'est le sceau divin de
l'œuvre de restauration accomplie par le Verbe.
Cette profonde et enchanteresse doctrine de la
déification de l'homme par l'incarnation de Dieu se couronne et s'achève par
une théorie merveilleuse des fins dernières de l'homme; si l'Église en a
modifié quelques détails, elle en a soigneusement gardé la substance. Les
Gnostiques enseignaient que la matière était l'essence même du mal. Irénée
proteste : si le Verbe s'est fait chair, c'est donc que notre chair est, si
j'ose ainsi dire, capable de Dieu. Irénée enseigne la glorification du corps
matériel.
Sans doute, il prétend que le grand jugement sera
précédé d'une résurrection partielle réservée aux justes, et que ceux-ci
passeront mille ans à Jérusalem dans l'abondance de tous les biens. — L'Église
a rejeté, à la suite d'Eusèbe, cette erreur, le Millénarisme; mais elle
enseigne, à la suite d'Irénée, que les corps ressusciteront à la fin des temps.
Puisque le Verbe a pris le corps et l'âme d'un homme, le corps et l'âme de l'homme
seront également sauvés.
Irénée passe plus rapidement sur la théorie de Dieu et
sur la théorie de l'homme.
La réalité de Dieu est, pour lui, un fait attesté par
la nature et par l'histoire : il ne s'attarde pas à en rendre compte. Dieu est
cause de soi (ce qui le distingue de l'homme), il est l'Absolu, il est
l'Infini. Dieu est tout Verbe, toute pensée. Dieu est tout-puissant, il prévoit
l'avenir, il gouverne la nature et l'histoire. Mais il est aussi tout justice,
tout bonté, tout amour : Dieu, c'est le Père de tout et de tous. S'il est
l'Absolu, le Dieu d'Irénée est aussi le Dieu vivant: c'est une Personne. —
Simple et un dans sa nature et son essence, Dieu est trois Personnes, le Père,
le Verbe et l'Esprit. C'est par le Verbe et l'Esprit que Dieu a tout créé,
comme par ses mains. Le Père commande, le Fils exécute, l'Esprit achève et
perfectionne. Mais le Père, le Fils et l'Esprit n'en sont pas moins égaux entre
eux, comme ils sont coéternels l'un à l'autre.
Dieu a créé, par un acte d’absolue liberté, le monde,
la matière, toutes choses; et de cette création, l'homme est le but et le roi.
Ce qui caractérise l'homme, c'est que, comme Dieu n'a besoin de rien, l’homme a
besoin de Dieu. L'homme est un mélange d'âme et de chair. L'âme est principe de
vie, elle anime et meut le corps; elle est incorporelle par rapport au corps, mais,
de fait, se compose d'une substance infiniment ténue; elle est immortelle, non
par nature, mais par la volonté de Dieu, qui continue de lui procurer l'être à
travers les temps; elle est créée par Dieu, semble-t-il, chaque fois qu'un
corps est formé. Les âmes des justes, en qui vit l'Esprit, ont en elles un
principe sanctifiant et informant (le πνεῦμα) qui ne se retrouve pas dans les
autres âmes. — L'homme est libre et responsable. Irénée prouve la réalité du
libre arbitre par les peines et les récompenses, les éloges et les blâmes
distribués par les hommes, les ordres donnés par Dieu. Il prouve encore la
liberté par l'idée même de la vi » éternelle : le prix de cette vie divine
tient à ce que nous en sommes par nous-mêmes les artisans. Nous ne pouvions pas
la recevoir dès l'origine : c'est notre nature créée qui veut que nous nous
développions peu à peu et que nous mûrissions lentement pour la vie éternelle!
IV La place de saint Irénée dans l'histoire de la
pensée chrétienne
Saint Irénée occupe une très grande place dans l'histoire
de la pensée chrétienne : il a tué le Gnosticisme, il a fondé la théologie
chrétienne.
A la fin du IIe siècle, le rayonnement du
Valentinianisme s'atténue sensiblement, en même temps que sa doctrine évolue
(Héracléon). Le Marcionisme se transforme (Apelle). L'Ophitisme traverse une
semblable crise d'où il sort rajeuni et fortifié : c'est contre les diverses
formes de l’Ophitisme que saint Hippolyte dirige ses Philosophoumena et l’on
devine qu'elles dérivent toutes de l'enseignement d'un maître gnostique.
Mais en même temps que le Valentinianisme décline et
que le Marcionisme, l'Ophitisme et sans doute d'autres Ecoles et d'autres
Eglises encore se transforment dans une très notable mesure, il est
incontestable que le Gnosticisme lui-même perd du terrain. Non qu'il
disparaisse tout à fait : plusieurs textes nous attestent sa survie au milieu
du IIIe et même du IVe siècles. Mais, s'il est vivant, il n'occupe plus le
devant de la scène; c'est le Mithriacisme, ce sont les cultes orientaux, c'est
surtout le Néo-platonisme qui concurrencent, si j'ose ainsi dire, le plus
dangereusement le Christianisme. C'est au temps de Commode (180-192) que
commence de s'épanouir le Mithriacisme en Occident. C'est au temps d'Alexandre
Sévère († 235) que le culte d'Isis, qu'il protège spécialement, atteint sa plus
grande extension. C'est au début du IIIe siècle, enfin, qu'apparaît le
Néo-Platonisme. Compatriote d'Origène et de vingt ans plus jeune que lui,
Plotin (205-270) ne tend qu'à déchristianiser son système : dans sa synthèse,
la théorie de la purification complète la théorie de l'émanation, comme dans la
synthèse d'Origène la doctrine de la rédemption prolonge la doctrine de la
création. Si le Gnosticisme est vivant encore au IIIe siècle, ce n'est plus lui
qui est le grand souci des chrétiens.
Je soupçonne que saint Irénée est la principale cause
de cette transformation, de cette éclipse du Gnosticisme. La chronologie nous
invite à le croire; Irénée écrivait vers 180-190, et c'est peu de temps avant
200 que fleurissent Héracléon, Apelle et le rénovateur de l’Ophitisme. — Nous
savons d'autre part que le livre d'Irénée fut traduit en latin, en syriaque et
en arménien, et qu'il parut livre par livre (sauf les livres I et II) : ce nous
est une preuve de l'intérêt qu'il excitait, du retentissement qu'il eut, de
l'influence qu'il exerça. Longtemps désarmée, réduite à la défensive, réfugiée
derrière l'armature protectrice de l'épiscopat, l'Église prenait enfin
l’offensive ; elle tenait enfin une réfutation copieuse et péremptoire de
l'hérésie. On se précipita sur le traité de l’évêque de Lyon : ses relations
avec Polycarpe, son origine asiatique, l'illustration de son église, les
traités gnostiques, si jalousement cachés et qu'il s'était procurés cependant,
tout concourait à éveiller la curiosité des fidèles, de ceux surtout qui
avaient mission, comme les évêques, de réfuter l’hérésie.
Le Gnosticisme était gravement atteint, ses doctrines
mystérieuses étalées au grand jour, son dualisme réfuté de mille manières, son
docétisme réfuté de même et audacieusement provoqué. Il fallait répondre. De là
l'effort d'Héracléon, d'Apelle, des Ophites. Il est vraisemblable que saint
Irénée a directement provoqué cet ébranlement où le Gnosticisme est mort, d'où
le Néo-Gnosticisme et le Néo-platonisme sont nés.
Saint Irénée a encore posé les bases de la théologie
chrétienne.
Il a étroitement rattaché sa synthèse spéculative au
symbole qu'enseignait l'Eglise et que récitaient les humbles; par là, l'unité
de la foi et de la vie chrétiennes a été pour jamais fondée.
Il a éclairé l'enseignement donné dans l’Ecriture par
l'enseignement contenu dans la tradition des églises apostoliques et
particulièrement de l'église romaine; par là, la substance de la foi fut sauvée
des manipulations gnostiques, et par là fut écarté pour l'avenir tout danger
d'incohérence dans le développement doctrinal.
Il a discerné avec une sûreté merveilleuse la croyance
où doivent converger, comme des rayons à leur foyer, toutes les idées
chrétiennes; et cette croyance, il l’a formulée dans une phrase radieuse : Dieu
s'est fait homme afin que l'homme devienne dieu, Il a montré pour jamais que
l'incarnation et la déification sont les dogmes essentiels et caractéristiques
de la religion chrétienne. — Il a marqué à la théologie chrétienne son point de
départ, sa méthode, son centre.
L'importance de son rôle théologique apparaît en
pleine lumière aux heures de crise : on recourt à lui, on s'inspire du principe
lumineux qu'il a su dégager. Au lendemain de sa mort, lors de la grande
évolution de l'Eglise, son influence s'exerce par l'intermédiaire de trois
personnes, saint Hippolyte, Tertullien, l'église romaine.
L'idée de l'incarnation est dangereusement attaquée
par les Monarchiens qui protestent, plus fortement encore qu'Irénée, contre la
pluralité infinie des Personnes divines enseignée par le Gnosticisme. Les deux
Théodote prétendent que Jésus n'est qu'un homme: le pape Victor († 199)
excommunie Théodote le corroyeur, et saint Hippolyte démontre par l'Écriture, à
la suite d'Irénée, la divinité de Jésus. Noetos, Praxeas et Cléomène,
identifiant le Fils avec le Père et supprimant la personnalité de l'Esprit,
enseignent que Jésus est le Dieu suprême, tout un, temporairement incarné.
Saint Hippolyte reprend la plume et réfute Noetos. Tertullien attaque Praxeas,
approfondit la doctrine de la seconde Personne et défend le concept de la
Trinité. Zéphyrin et Calliste affirment simultanément la diversité du Père et
du Fils et l'unité essentielle de Dieu. La grande théorie d'Irénée est sauve.
Origène et saint Athanase l'enrichiront et
l’affermiront. Si Clément d'Alexandrie († après 215) s'en écarte, néglige
d'asseoir sa théologie sur le symbole et tend, quoi qu'il en ait, à donner à
l'élite chrétienne une foi différente de celle de la foule (les petits enfants,
νήπιοι), Origène (185-254) retrouve les principes fondamentaux qui ont guidé
Irénée : la méthode allégorique, dont il use comme Irénée, le met à même
d'accorder l'Écriture avec la science de son temps; pour lui aussi, le symbole
est le guide qu'il faut étroitement suivre et le cadre que la spéculation doit
remplir; le Christ est à la fois, pour lui aussi, le Révélateur, le Rédempteur
et le Déificateur ; les idées de création et de liberté sont, pour lui encore,
les points cardinaux delà théologie rationnelle. Modérant l'instinctive
méfiance d'Irénée pour la philosophie, parce que le péril gnostique est passé,
il intègre la philosophie dans la foi, et, par son souple traditionalisme, il
assure au Christianisme l'héritage de l'Hellénisme.[8] Après qu'il a accompli
son œuvre, voici que paraît saint Athanase († 373) qui raffermit sur son centre
cette pensée enrichie et un peu embarrassée de ses richesses nouvelles : grâce
à lui, la doctrine de l'Incarnation continue d'être le centre de la religion
chrétienne. Athanase ne se lasse pas de montrer aux Ariens que la négation de
la divinité du Christ annihilé l'œuvre de la Rédemption, puisque Dieu seul peut
reformer en nous l'image primitive détruite par le péché et nous faire enfants
de Dieu. Le Verbe de Dieu « ne se serait pas fait homme, si le besoin des
hommes ne l'y avait forcé » : homme, il paye la rançon due par l'homme ; Dieu,
il reforme en l'homme l'image de Dieu, il le déifie. Αὐτὸς γὰρ ἐνηνθρώπησεν ἵνα
ἡμεῖς θεοποιηθῶμεν.
Pour apprécier toute l'importance d'Irénée, il faut
ajouter encore un mot. S'il prépare les synthèses de l'avenir, [9] il est aussi
le dernier élève des propres disciples des Apôtres : il a recueilli les
derniers échos de leur enseignement direct et il a conservé leur esprit; son
œuvre est l'anneau d'or qui unit à la révélation biblique la théologie
chrétienne. L'attente du retour glorieux du Seigneur est aussi vive et
impatiente chez lui que chez les Douze, et c'est des deux grandes doctrines, où
s'est exprimée leur foi, que procède toute sa pensée. La doctrine paulinienne
du second Adam et la doctrine johannique du Verbe fait chair et de l'Esprit de
Dieu ne se sont jamais plus étroitement associées et plus intimement confondues
que dans l'âme et dans l'esprit de saint Irénée.
[1] On se trompe lorsqu'on voit dans le Gnosticisme
une pure philosophie.
[2] C'est bien une religion, qui tâche de procurer à l’homme
le salut, au moyen de rites, de sacrements.
[3] Sur les autres racines de la Gnose juive, cf.
Friedlander : Der vorchristliche judische Gnosticismus, Göttingen, 1898. —
Lorsque je dis que le Gnosticisme est antérieur au Christianisme, je parle de
ces tendances syncrétistes qui ont trouvé leur expression la plus connue dans
les systèmes religieux de Philon et de Valentin.
[4] Le mot sophia ne se rencontre pas une fois dans le
quatrième Evangile ; la Sagesse de Jahvé était conçue comme une personnalité
divine par beaucoup de Juifs, et les Chrétiens, à la suite de saint Paul,
commençaient à l'identifier avec le Christ (Avenir du Christianisme. I. p.
71-73 et 168-169); la Sagesse joue un certain rôle chez Basilide, la Pensée
chez Simon. Ces faits nous poussent à admettre que, à la fin du premier siècle,
un contemporain de Cérinthe, intermédiaire peut-être entre Simon et Basilide, a
élaboré une doctrine, ou un mythe, de Sophia.
[5] Sur ce point comme sur d'autres, je me permets de
renvoyer le lecteur à mon étude sur Saint Irénée, Paris, Lecoffre, 1904, in-12.
[6] L'origine asiatique de saint Irénée ajoute encore
à l'importance que lui donne sa haute situation ecclésiastique et explique les
sympathies qu'il témoigne aux églises d'Asie et aux prophètes d'Asie. La
province romaine d'Asie forme avec Rome, au Ier et au IIe siècles, les deux
pôles du monde chrétien; et c'est là que le Montanisme s'est propagé le plus
rapidement, et c'est là qu'Irénée a vu le jour, sans doute aux environs de l'an
125.
[7] Ouvrage écrit au temps du pape Eleuthère 175-189,
et qui nous est parvenu dans une vieille traduction latine. Sur ses origines,
cf. op. cit., p. 71-81. Irénée utilise les traditions des presbytres qui ont
connu les Apôtres, tel saint Polycarpe ; celles des presbytres qui sont les
élèves de leurs disciples ; celles qu'a recueillies Papias, vers 150; — il
utilise certains ouvrages de Justin, de Méliton, et d'autres apologistes du
Christianisme ; — il utilise enfin les traités gnostiques qu'il a pu se
procurer.
[8] C'est sur la question de la matière que l'on
constate les seules divergences profondes qui séparent Origène de saint Irénée.
[9] L'influence d'Irénée s'est particulièrement fait
sentir sur Méthode d'Olympe (Bonvetsch ; Die Theologie des Methodius von
Olympus. Berlin, Weidmann, 1903) et sur Marcel d'Ancyre (Loofs, dans notre
Saint Irénée. Lecoffre p. 192). Il serait intéressant de déterminer exactement
quelle action il a exercée sur saint Anselme (le Cur Deus homo. Cf. Avenir du
Christianisme, I, 2e éd., 503-504).
Albert DUFOURCQ. « Introduction », SAINT IRÉNÉE.
Paris. Librairie Bloud & Cie. 1905
SOURCE : http://remacle.org/bloodwolf/eglise/irenee/gnose.htm#_ftn9
Statue
St. Irenäus, St. Bartholomäus (Buir)
Also known as
Ireneo
Doctor unitatis
Doctor of Unity
28 June (Western
Church)
23 August (Eastern
Church)
Profile
Disciple of Saint Polycarp
of Smyrna. Ordained in 177. Bishop of
Lugdunum, Gaul (modern
Lyons, France).
Worked and wrote against Gnosticism,
basing his arguments on the works of Saint John
the Apostle, whose Gospel is often cited by Gnostics.
Dispatched evangelists,
including Saint Ferreolus
of Besançon and Saint Ferrutio
of Besançon. Considered the first great Western ecclesiastical writer and theologian,
he emphasized the unity of the Old and New Testaments, and of Christ’s
simultaneous human and divine nature, and the value of tradition. A Father
of the Church. Martyr.
Born
c.130 in
Smyrna, Asia
Minor (modern Izmir, Turkey)
martyred in 202 in
Lyons, France
tomb and relics were
destroyed by Calvinists in 1562
head in Saint John’s church, Lyons, France
–
Mobile, Alabama, archdiocese of
Additional Information
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Catholic
Encyclopedia, by Albert Poncelet
Lives
of Illustrious Men, by Saint Jerome
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Pope
Benedict XVI, General Audience, 28 March 2007
Roman
Martyrology, 1914 edition
Short
Lives of the Saints, by Eleanor Cecilia Donnelly
books
Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
other sites in english
Catholic Book Blogger: Saint Irenaeus: Study Our Faith
Catholic Book Blogger: Saint Irenaeus: We Are God’s Image
Patron Saints and Their Feast Days, by the Australian Catholic
Truth Society
images
e-books
Library of Fathers of the Holy Catholic Church, v42,
by Saint Irenaeus
of Lyon
video
sitios en español
Martirologio Romano, 2001 edición
sites en français
Abbé Christian-Philippe Chanut
fonti in italiano
Martirologio Romano, 2005 edition
Readings
For this is why the Word became man, and the Son of
God became the Son of man: so that man, by entering into communion with the
Word and thus receiving divine sonship, might become a son of God. – Saint Irenaeus
The Word Himself, born of Mary who was still a Virgin,
rightly received in birth the recapitulation of Adam, thereby recapitulating
Adam Himself. – Saint Irenaeus,
Against Heresies
The glory of God gives life; those who see God receive
life. Men will therefore see God if they are to live; through the vision of God
they become immortal and attain to God himself. God is the source of all
activity throughout creation. He cannot be seen or described in his own nature
and in all his greatness by any of his creatures. Yet he is certainly not
unknown. Through his Word the whole creation learns that there is one God the
Father, who holds all things together and gives them their being. As it is written
in the Gospel, “No man has ever seen God, except the only-begotten Son, who is
in the bosom of the Father; he has revealed him.” From the beginning the Son is
the one who teacher us about the Father; he is with the Father from the
beginning. The Word revealed God to men and presented men to God. Life in man
is the glory of God; the life of man is the vision of God. If the revelation of
God through creation gives life to all who live upon the earth, much more does
the manifestation of the Father through the Word give life to those who see
God. – from Against the Heresies by Saint Irenaeus
MLA Citation
“Saint Irenaeus of Lyons“. CatholicSaints.Info. 7
October 2021. Web. 8 October 2021.
<https://catholicsaints.info/saint-irenaeus-of-lyons/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-irenaeus-of-lyons/
Église Saint-Irénée de Briennon
Lives
of Illustrious Men – Irenaeus the bishop
Irenaeus, a presbyter trader Pothinus the bishop who
ruled the church of Lyons in Gaul, being sent to Rome as legate by the martyrs
of Ibis place, on account of certain ecclesiastical questions, presented to
Bishop Eleutherius certain letters under his own name which are worthy of
honour. Afterwards when Pothinus, nearly ninety years of age, received the
crown of martyrdom for Christ, he was put in his place. It is certain too that
he was a disciple of Poly-carp, the priest and martyr, whom we mentioned above.
He wrote five books Against heresies and a short volume, Against
the nations and another On discipline, a letter to Marcianus his
brother On apostolical preaching, a book of Various treatises; also to
Blastus, On schism, to Florinus On monarchy or That God is not
the author of evil, also an excellent Commentary on the Ogdoad at the end of
which indicating that he was near the apostolic period he wrote
“I adjure thee whosoever shall transcribe this book,
by our Lord Jesus Christ and by his glorious advent at which He shall judge the
quick and the dead, that you diligently compare, after you have transcribed,
and amend it according to the copy from which you have transcribed it and also
that you shall similarly transcribe this adjuration as you find it in your
pattern.”
Other works of his are in circulation to wit: to
Victor the Roman bishop On the Paschal controversy in which he warns him not
lightly to break the unity of the fraternity, if indeed Victor believed that
the many bishops of Asia and the East, who with the Jews celebrated the
passover, on the fourteenth day of the new moon, were to be condemned. But even
those who differed from them did not support Victor in his opinion. He
flourished chiefly in the reign of the Emperor Commodus, who succeeded Marcus
Antoninus Verus in power.
MLA Citation
Saint Jerome.
“Irenaeus the bishop”. Lives of Illustrious Men,
translated by Ernest Cushing Richardson. CatholicSaints.Info. 5 September
2013. Web. 9 October 2021.
<https://catholicsaints.info/lives-of-illustrious-men-irenaeus-the-bishop/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/lives-of-illustrious-men-irenaeus-the-bishop/
BENEDICT XVI
GENERAL AUDIENCE
St Peter's Square
Wednesday, 28 March 2007
Saint Irenaeus of Lyons
Dear Brothers and Sisters,
In the Catechesis on the prominent figures of the
early Church, today we come to the eminent personality of St Irenaeus of Lyons.
The biographical information on him comes from his own testimony, handed down
to us by Eusebius in his fifth book on Church History.
Irenaeus was in all probability born in Smyrna (today,
Izmir in Turkey) in about 135-140, where in his youth, he attended the school
of Bishop Polycarp, a disciple in his turn of the Apostle John. We do not know
when he moved from Asia Minor to Gaul, but his move must have coincided with
the first development of the Christian community in Lyons: here, in 177, we
find Irenaeus listed in the college of presbyters. In that very year, he was
sent to Rome bearing a letter from the community in Lyons to Pope Eleutherius.
His mission to Rome saved Irenaeus from the persecution of Marcus Aurelius
which took a toll of at least 48 martyrs, including the 90-year old Bishop
Pontinus of Lyons, who died from ill-treatment in prison. Thus, on his return
Irenaeus was appointed Bishop of the city. The new Pastor devoted himself
without reserve to his episcopal ministry which ended in about 202-203, perhaps
with martyrdom.
Irenaeus was first and foremost a man of faith and a
Pastor. Like a good Pastor, he had a good sense of proportion, a wealth of
doctrine, and missionary enthusiasm. As a writer, he pursued a twofold aim: to
defend true doctrine from the attacks of heretics, and to explain the truth of
the faith clearly. His two extant works - the five books of The Detection and
Overthrow of the False Gnosis and Demonstration of the Apostolic Teaching
(which can also be called the oldest "catechism of Christian
doctrine") - exactly corresponded with these aims. In short, Irenaeus can
be defined as the champion in the fight against heresies. The second-century
Church was threatened by the so-called Gnosis, a doctrine which affirmed that
the faith taught in the Church was merely a symbolism for the simple who were
unable to grasp difficult concepts; instead, the initiates, the intellectuals -
Gnostics, they were called - claimed to understand what was behind these
symbols and thus formed an elitist and intellectualist Christianity. Obviously,
this intellectual Christianity became increasingly fragmented, splitting into
different currents with ideas that were often bizarre and extravagant, yet
attractive to many. One element these different currents had in common was
"dualism": they denied faith in the one God and Father of all, Creator
and Saviour of man and of the world. To explain evil in the world, they
affirmed the existence, besides the Good God, of a negative principle. This
negative principle was supposed to have produced material things, matter.
Firmly rooted in the biblical doctrine of creation,
Irenaeus refuted the Gnostic dualism and pessimism which debased corporeal
realities. He decisively claimed the original holiness of matter, of the body,
of the flesh no less than of the spirit. But his work went far beyond the
confutation of heresy: in fact, one can say that he emerges as the first great
Church theologian who created systematic theology; he himself speaks of the
system of theology, that is, of the internal coherence of all faith. At the
heart of his doctrine is the question of the "rule of faith" and its
transmission. For Irenaeus, the "rule of faith" coincided in practice
with the Apostles' Creed, which gives us the key for interpreting the Gospel,
for interpreting the Creed in light of the Gospel. The Creed, which is a sort of
Gospel synthesis, helps us understand what it means and how we should read the
Gospel itself.
In fact, the Gospel preached by Irenaeus is the one he
was taught by Polycarp, Bishop of Smyrna, and Polycarp's Gospel dates back to
the Apostle John, whose disciple Polycarp was.
The true teaching, therefore, is not that invented by
intellectuals which goes beyond the Church's simple faith. The true Gospel is
the one imparted by the Bishops who received it in an uninterrupted line from
the Apostles. They taught nothing except this simple faith, which is also the
true depth of God's revelation. Thus, Irenaeus tells us, there is no secret
doctrine concealed in the Church's common Creed. There is no superior
Christianity for intellectuals. The faith publicly confessed by the Church is
the common faith of all. This faith alone is apostolic, it is handed down from
the Apostles, that is, from Jesus and from God. In adhering to this faith,
publicly transmitted by the Apostles to their successors, Christians must observe
what their Bishops say and must give special consideration to the teaching of
the Church of Rome, pre-eminent and very ancient. It is because of her
antiquity that this Church has the greatest apostolicity; in fact, she
originated in Peter and Paul, pillars of the Apostolic College. All Churches
must agree with the Church of Rome, recognizing in her the measure of the true
Apostolic Tradition, the Church's one common faith. With these arguments,
summed up very briefly here, Irenaeus refuted the claims of these Gnostics,
these intellectuals, from the start. First of all, they possessed no truth
superior to that of the ordinary faith, because what they said was not of
apostolic origin, it was invented by them. Secondly, truth and salvation are
not the privilege or monopoly of the few, but are available to all through the
preaching of the Successors of the Apostles, especially of the Bishop of Rome.
In particular - once again disputing the "secret" character of the
Gnostic tradition and noting its multiple and contradictory results - Irenaeus
was concerned to describe the genuine concept of the Apostolic Tradition which
we can sum up here in three points.
a) Apostolic Tradition is "public", not
private or secret. Irenaeus did not doubt that the content of the faith
transmitted by the Church is that received from the Apostles and from Jesus,
the Son of God. There is no other teaching than this. Therefore, for anyone who
wishes to know true doctrine, it suffices to know "the Tradition passed
down by the Apostles and the faith proclaimed to men": a tradition and
faith that "have come down to us through the succession of Bishops"
(Adversus Haereses, 3, 3, 3-4). Hence, the succession of Bishops, the personal
principle, and Apostolic Tradition, the doctrinal principle, coincide.
b) Apostolic Tradition is "one". Indeed,
whereas Gnosticism was divided into multiple sects, Church Tradition is one in
its fundamental content, which - as we have seen - Irenaeus calls precisely
regula fidei or veritatis: and thus, because it is one, it creates unity
through the peoples, through the different cultures, through the different
peoples; it is a common content like the truth, despite the diversity of
languages and cultures. A very precious saying of St Irenaeus is found in his
book Adversus Haereses: "The Church, though dispersed throughout the
world... having received [this faith from the Apostles]... as if occupying but
one house, carefully preserves it. She also believes these points [of doctrine]
just as if she had but one soul and one and the same heart, and she proclaims
them, and teaches them and hands them down with perfect harmony as if she
possessed only one mouth. For, although the languages of the world are
dissimilar, yet the import of the tradition is one and the same. For the
Churches which have been planted in Germany do not believe or hand down
anything different, nor do those in Spain, nor those in Gaul, nor those in the
East, nor those in Egypt, nor those in Libya, nor those which have been
established in the central regions of the world" (1, 10, 1-2). Already at
that time - we are in the year 200 - it was possible to perceive the Church's
universality, her catholicity and the unifying power of the truth that unites
these very different realities, from Germany, to Spain, to Italy, to Egypt, to
Libya, in the common truth revealed to us by Christ.
c) Lastly, the Apostolic Tradition, as he says in the
Greek language in which he wrote his book, is "pneumatic", in other
words, spiritual, guided by the Holy Spirit: in Greek, the word for
"spirit" is "pneuma". Indeed, it is not a question of a
transmission entrusted to the ability of more or less learned people, but to
God's Spirit who guarantees fidelity to the transmission of the faith.
This is the "life" of the Church, what makes
the Church ever young and fresh, fruitful with multiple charisms.
For Irenaeus, Church and Spirit were inseparable:
"This faith", we read again in the third book of Adversus Haereses,
"which, having been received from the Church, we do preserve, and which
always, by the Spirit of God, renewing its youth as if it were some precious
deposit in an excellent vessel, causes the vessel itself containing it to renew
its youth also.... For where the Church is, there is the Spirit of God; and
where the Spirit of God is, there is the Church and every kind of grace"
(3, 24, 1). As can be seen, Irenaeus did not stop at defining the concept of Tradition.
His tradition, uninterrupted Tradition, is not traditionalism, because this
Tradition is always enlivened from within by the Holy Spirit, who makes it live
anew, causes it to be interpreted and understood in the vitality of the Church.
Adhering to her teaching, the Church should transmit the faith in such a way
that it must be what it appears, that is, "public", "one",
"pneumatic", "spiritual". Starting with each one of these
characteristics, a fruitful discernment can be made of the authentic transmission
of the faith in the today of the Church. More generally, in Irenaeus' teaching,
the dignity of man, body and soul, is firmly anchored in divine creation, in
the image of Christ and in the Spirit's permanent work of sanctification. This
doctrine is like a "high road" in order to discern together with all
people of good will the object and boundaries of the dialogue of values, and to
give an ever new impetus to the Church's missionary action, to the force of the
truth which is the source of all true values in the world.
* * *
I am pleased to welcome the many English-speaking
pilgrims present. In a special way, I offer cordial greetings to the priests
from the Institute for Continuing Theological Education and to the students of
the NATO Defense College. Upon all of you I invoke God’s blessings of peace and
joy.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana
Saint Bernard de Clairvaux, Saint Irénée de Lyon,
Saint Bénigne de Dijon, Saint Hilaire de Poitiers.
Église Saint-Martin, Seurre, Côte-d’Or.
St. Irenaeus
Bishop of Lyons,
and Father
of the Church.
Information as to his life is scarce, and in some
measure inexact. He was born in Proconsular Asia,
or at least in some province bordering thereon, in the first half of
the second century; the exact date is
controverted, between the years 115 and 125, according to some, or, according
to others, between 130 and 142. It is certain that,
while still very young, Irenaeus had seen and heard
the holy Bishop Polycarp (d.
155) at Smyrna.
During the persecution of Marcus
Aurelius, Irenaeus was a priest of
the Church
of Lyons. The clergy of
that city, many of whom were suffering imprisonment for
the Faith, sent him (177 or 178) to Rome with
a letter to Pope
Eleutherius concerning Montanism,
and on that occasion bore emphatic testimony to his merits. Returning
to Gaul, Irenaeus
succeeded the martyr Saint Pothinus as Bishop of Lyons.
During the religious peace which followed the persecution of Marcus
Aurelius, the new bishop divided
his activities between the duties of
a pastor and
of a missionary (as to which we have but brief data, late and not
very certain) and his writings, almost all of which were directed
against Gnosticism,
the heresy then
spreading in Gaul and
elsewhere. In 190 or 191 he interceded with Pope
Victor to lift the sentence of excommunication laid
by that pontiff upon the Christian communities
of Asia
Minor which persevered in the practice of
the Quartodecimans in regard to the celebration of Easter.
Nothing is known of
the date of
his death, which must have occurred at the end of the second or the beginning
of the third century. In spite of some isolated and later testimony to that
effect, it is not very probable that he ended his career with martyrdom.
His feast is
celebrated on 28 June in the Latin
Church, and on 23 August in the Greek.
Irenaeus wrote in Greek many works which
have secured for him an exceptional place in Christian literature,
because in controverted religious questions of capital importance
they exhibit the testimony of a contemporary of the heroic age of the Church,
of one who had heard St.
Polycarp, the disciple of St. John, and who, in a manner,
belonged to the Apostolic Age.
None of these writings has come down to us in the original text, though a great
many fragments of them are extant as citations in later writers (Hippolytus, Eusebius,
etc.). Two of these works, however, have reached us in their entirety in
a Latin version:
A treatise in five books, commonly entitled Adversus
haereses, and devoted, according to its true title,
to the "Detection and Overthrow of the False Knowledge" (see GNOSTICISM,
sub-title Refutation of Gnosticism). Of this work we possess a very
ancient Latin translation, the scrupulous fidelity of which
is beyond doubt.
It is the chief work of Irenaeus and truly of the highest importance; it
contains a profound exposition not only of Gnosticism under
its different forms, but also of the principal heresies which
had sprung up in the various Christian communities,
and thus constitutes an invaluable source of information on the most
ancient ecclesiastical literature from
its beginnings to the end of the second century. In refuting
the heterodox systems Irenaeus often opposes to them the true doctrine of
the Church,
and in this way furnishes positive and very early evidence of high importance.
Suffice it to mention the passages, so often and so
fully commented upon by theologians and
polemical writers, concerning the origin of the Gospel according
to St. John (see GOSPEL
OF SAINT JOHN), the Holy
Eucharist, and the primacy of the Roman
Church.
Of a second work, written after the "Adversus
Haereses", an ancient literal translation in the Armenian language.
This is the "Proof of the Apostolic Preaching." The
author's aim here is not to confute heretics,
but to confirm the faithful by
expounding the Christian
doctrine to them, and notably by demonstrating the truth of
the Gospel by means of the Old
Testament prophecies. Although it contains fundamentally, so to speak,
nothing that has not already been expounded in the "Adversus
Haereses", it is a document of the highest interest, and a
magnificent testimony of the deep and lively faith of Irenaeus.
Of his other works only scattered
fragments exist; many, indeed, are known only through the
mention made of them by later writers, not even fragments of the works
themselves having come down to us. These are
a treatise against the Greeks entitled
"On the Subject of Knowledge" (mentioned by Eusebius);
a writing addressed to the Roman priest Florinus "On
the Monarchy, or How God is not the Cause of Evil" (fragment in Eusebius);
a work "On the Ogdoad", probably against the
Ogdoad of Valentinus
the Gnostic, written for the same priest Florinus,
who had gone over to the sect of
the Valentinians (fragment in Eusebius);
a treatise on schism,
addressed to Blastus (mentioned by Eusebius);
a letter to Pope Victor against
the Roman priest Florinus (fragment
preserved in Syriac);
another letter to the same on
the Paschal controversies (extracts in Eusebius);
other letters to various correspondents on the same
subject (mentioned by Eusebius,
a fragment preserved in Syriac);
a book of divers discourses, probably a collection
of homilies (mentioned
by Eusebius);
and
other minor works for which we have less clear or
less certain attestations.
The four fragments which Pfaff published in 1715,
ostensibly from a Turin manuscript,
have been proven by Funk to be apocryphal,
and Harnack has established the fact that Pfaff himself fabricated them.
Poncelet, Albert. "St. Irenaeus." The Catholic
Encyclopedia. Vol. 8. New York: Robert Appleton
Company, 1910. 27 Jun.
2016 <http://www.newadvent.org/cathen/08130b.htm>.
Transcription. This article was transcribed for New Advent by Sean
Hyland. Dedicated to John O'Brien and Jackie Sheehan.
Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. October
1, 1910. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal
Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/08130b.htm
Église Saint-Irénée, 3044, Montréal, rue Delisle / 560,
avenue Atwater, façade latérale
JUNE 28.—ST. IRENAEUS, BISHOP, MARTYR.
THIS Saint was born about the year 120. He was a
Grecian, probably a native of Lesser Asia. His parents, who were Christians,
placed him under the care of the great St. Polycarp, Bishop of Smyrna. It was
in so holy a school that he learned that sacred science which rendered him
afterward a great ornament of the Church and the terror of her enemies. St.
Polycarp cultivated his rising genius, and formed his mind to piety by precepts
and example; and the zealous scholar was careful to reap all the advantages
which were offered him by the happiness of such a master. Such was his
veneration for his tutor's sanctity that he observed every action and whatever
he saw in that holy man, the better to copy his example and learn his spirit.
He listened to his instructions with an insatiable ardor, and so deeply did he
engrave them on his heart that the impressions remained most lively even to his
old age. In order to confute the heresies of his age, this father made himself
acquainted with the most absurd conceits of their philosophers, by which means
he was qualified to trace up every error to its sources and set it in its full
light. St. Polycarp sent St. Irenaeus into Gaul, in company with some priest;
he was himself ordained priest of the Church of Lyons by St. Pothinus. St.
Pothinus having glorified God by his happy death, in the year 177, our Saint
was chosen the second Bishop of Lyons. By his preaching, he in a short time
converted almost that whole country to the faith. He wrote several works
against heresy, and at last, with many others, suffered martyrdom about the year
202, under the Emperor Severus, at Lyons.
REFLECTION.—Fathers and mothers, and heads of
families, spiritual and temporal, should bear in mind that inferiors "will
not be corrected by words" alone, but that example is likewise needful.
SOURCE : http://www.jesus-passion.com/st_irenieus_bishop_martyr.htm
Église Saint-Irénée, Bessenay, Rhône
June 28
St. Irenæus, Bishop of Lyons, Martyr
See Tillemont, t. 3; Ceillier, t. 2, p. 135; Orsi, t.
2; F. Colonia, Hist. Littéraire de la Ville de Lyon, Sæc. 3, p. 133, and
Dom Massuit, in his edition of this father’s works.
A.D. 202.
THIS saint is himself our voucher that he was born
near the times of Domitian, 1 consequently not in the close, as Dupin
conjectures, but in the beginning of Adrian’s reign, about the year 120. He was
a Grecian, probably a native of Lesser Asia. His parents who were Christians,
placed him under the care of the great St. Polycarp, bishop of Smyrna. It was
in so holy a school, that he learned that sacred science which rendered him
afterwards a great ornament of the Church in the days of her splendour, and the
terror of her enemies. St. Polycarp cultivated his rising genius, and formed
his mind to piety by precepts and example; and the zealous scholar was careful
to reap all the advantages which were offered him by the happiness of such a
master. Such was his veneration for his sanctity, that he observed every action
and whatever he saw in that holy man, the better to copy his example, and learn
his spirit. He listened to his instructions with an insatiable ardour, and so
deeply did he engrave them in his heart, that the impressions remained most
lively even to his old age, as he declares in his letter to Florinus, quoted by
Eusebius. 2 St. Jerom informs us, that St. Irenæus was also a scholar of
Papias, another disciple of the apostles. In order to confute the heresies of
that age which, in the three first centuries, were generally a confused medley
drawn from the most extravagant systems of the heathens and their philosophers,
joined with Christianity, this father studied diligently the mythology of the
Pagans, and made himself acquainted with the most absurd conceits of their
philosophers, by which means he was qualified to trace up every error to its
source, and set it in its full light. On this account he is styled by
Tertullian, 3 “The most diligent searcher of all doctrines.” St. Jerom often
appeals to his authority. Eusebius commends his exactness. St. Epiphanius calls
him “A most learned and eloquent man, endowed with all the gifts of the Holy
Ghost.” Theodoret styles him, “The light of the western Gauls.” 1
The great commerce between Marseilles and the ports of
Lesser Asia, especially Smyrna, made the intercourse between those places very
open. The faith of Christ was propagated in that part of Gaul in the times of
the apostles; and from thence soon reached Vienne and Lyons, this latter town
being then by the advantage of the Rhone no less famous a mart than it is at
this day. While the desire of wealth encouraged many to hazard their persons,
amidst the dangers of the seas and robbers, in the way of trade, a zeal for the
divine honour and the salvation of souls was a more noble and more powerful
motive with others to face every danger and surmount every difficulty for so
glorious an achievement. Among the Greeks and Orientals, whom we find crowned
with martyrdom with others at Lyons and Vienne, several doubtless had travelled
into those parts with a view only to carry thither the light of the gospel. St.
Gregory of Tours informs us, that St. Polycarp himself sent St. Irenæus into
Gaul, perhaps in company with some priest. He was himself ordained priest of
the church of Lyons by St. Pothinus; and in 177, he was sent deputy, in the
name of that church, to Pope Eleutherius to entreat him not to cut off from the
communion of the Church the Orientals, on account of their difference about the
celebration of Easter, as Eusebius 4 and St. Jerom 5 take notice. The multitude
and zeal of the faithful at Lyons stirred up the rage of the heathens, and gave
occasion to a tumultuary and most bloody persecution, of which an account has
been given June 2d. St. Irenæus gave great proofs of his zeal in those times of
trial; but survived the storm, during the first part of which he had been
absent in his journey to Rome. St. Pothinus having glorified God by his happy
death in the year 177, our saint upon his return was chosen the second bishop
of Lyons, in the heat of the persecution. By his preaching, he in a short time
converted almost that whole country to the faith, as St. Gregory of Tours
testifies. Eusebius tells us that he governed the churches of Gaul; but the
faith was not generally planted in the more remote provinces from Marseilles
and Lyons before the arrival of St. Dionysius and his companions in the
following century.
Commodus succeeding his father Marcus Aurelius in the
empire in 180, though an effeminate debauched prince, restored peace to the
Church. But it was disturbed by an execrable spawn of heresies, particularly of
the Gnostics and Valentinians. St. Irenæus wrote chiefly against these last,
his five books against heresies. The original Greek text of this work was most
elegant, as St. Jerome testifies. But, except some few Greek passages which
have been preserved, only a Latin translation is extant, in which the style is
embarrassed, diffusive, and unpolished. It seems to have been made in the
life-time of St. Irenæus, and to be the same that was made use of by
Tertullian, as Dom Massuet shows. 6 This Valentinus was a good scholar, and
preached with applause, first in Egypt, and afterwards at Rome. We learn from
Tertullian, 7 that he fell by pride and jealousy, because another was preferred
before him in an election to a bishopric in Egypt. He first broached his heresy
in Cyprus, but afterwards propagated it in Italy and Gaul. 8 When Florinus who
had been his fellow-disciple under St. Polycarp, and was afterwards a priest of
the Church of Rome, blasphemously affirmed that God is the author of sin, and
was on that account deposed from the priesthood, St. Irenæus wrote him a letter
entitled, “On the Monarchy or Unity of God, and that God is not the author of
sin,” which is now lost. Eusebius quotes from it a passage in which the holy
father in the most tender manner reminds him with what horror their common
master St. Polycarp, had he been living, would have heard such impieties.
Florinus was by this letter reclaimed from his error, but being of a turbulent
proud spirit, he soon after fell into the Valentinian heresy. On which occasion
St. Irenæus wrote his Ogdoade, or Confutation of Valentinus’s eight principal Æônes,
by whom that heresiarch pretended that the world was created and governed. In
the end of this book, the saint added the following adjuration, preserved by
Eusebius: “I conjure you who transcribe this book, by our Lord Jesus Christ,
and by his glorious coming to judge the living and the dead, that you
diligently compare your copy, and correct it by the original. By this
precaution, we may judge of the extreme care of the fathers in this respect,
and how great their abhorrence was of the impudent practice of some heretics in
adulterating writings. One Blastus, a priest at Rome, formed a schism, by
keeping Easter on the 14th day of the first moon, and to this schism added
heresy, teaching this to be a divine precept. 9 He was deposed from the
priesthood, and St. Irenæus wrote against him his treatise on schism. The
dispute about Easter being renewed, Pope Victor threatened to excommunicate the
Asiatics; but was prevailed upon to tolerate for some time that practice of
discipline by a letter of St. Irenæus, who entreated and advised that,
considering the circumstances, a difference of practice might be allowed, in
like manner, as the faithful did not all observe in the same manner the fast of
Superposition, or of one or more days without taking any sustenance in holy
week, but some kept it of one, others of two, others of more days. 10 Thus the
pope’s severity prevented these false teachers who pretended the legal
ceremonies to be of precept, from drawing any advantage from this practice of
the Orientals; and the moderation of St. Irenæus preserved some from a
temptation of sinning by obstinacy and disobedience, till a uniformity in that
important point of discipline could be more easily established. 3
The peace which the Church at that time enjoyed,
afforded our saint leisure to exert his zeal, and employ his pen to great
advantage. Commodus began his reign with extraordinary moderation; and though
he afterwards sunk into debauchery and cruelty, yet he never persecuted the
Christians. He was poisoned and strangled in 192, being thirty-one years old,
of which he had reigned twelve. Pertinax, an old man, was made emperor by
compulsion, but reigned only eighty-seven days, always trembling for his own
safety. Being esteemed too frugal and rigorous, he was slain; and the prætorian
guards, who had often made and unmade emperors at pleasure, whom the
never-gainsaying senate confirmed, on that occasion debased to the last degree
the dignity of the Roman empire by exposing it to sale by public auction.
Didius Julianus and Sulpicianus having several times outbid each other, when
the latter had offered five thousand drachms, Julianus at once rose to six
thousand two hundred and fifty drachms, which he promised to give every
soldier; for which price he carried the empire. The senate confirmed the
election, but the purchaser being embarrassed to find money to acquit himself
of his engagement, was murdered sixty-six days after; having dearly bought the
honour of wearing the purple, and of having his name placed among the emperors.
Severus was next advanced to the throne by a part of the troops, and
acknowledged emperor by the senate. Niger and Albinus were proclaimed by
different armies; but Severus defeated the first by his generals in 194, and
the latter himself near Lyons in Gaul, in 197. The Christians had no share in
these public broils. Tertullian at that time much extols the fidelity of the
Christians to their princes, and says, none of them were ever found in armies
of rebels, and particularly, that none of them were ever engaged in the party,
either of Niger or of Albinus. 11 It is evident from the whole series of the
history of the Roman emperors, that the people, from the days of Augustus,
never looked upon that dignity as strictly hereditary. 12 The confirmation of the
senate in the name of the whole Roman people, seems to have been regarded as
the solemn act of the state, by which the emperor was legally invested with
that supreme dignity; on this account the Christians every where acknowledged
and faithfully obeyed Severus. He had also other obligations to them.
Tertullian tells us, 13 that a Christian, called Proculus, cured him of a
certain distemper, for which benefit the emperor was for some time favourable
to the Christians, and kept Proculus as long as he lived in his palace. This
Proculus was the steward of Euhodus, who was a freed man of the emperor
Severus, and by him appointed to educate his son Caracalla. Tertullian mentions
this cure as miraculous, and joins it to the history of devils cast out. This
cure is confirmed by pagan writers. 14 Yet the clamours of the heathens at
length moved this ungrateful emperor, who was naturally inclined to severity,
to raise the fifth persecution against the Church; for he was haughty, cruel,
stubborn, and unrelenting. 15 He published his bloody edicts against the
Christians about the tenth year of his reign, of Christ 202. Having formerly
been governor of Lyons, and eye-witness to the nourishing state of that church,
he seems to have given particular instructions that the Christians there should
be proceeded against with extraordinary severity; unless this persecution was
owing to the fury of the particular magistrates and of the mob. For the general
massacre of the Christians at Lyons seems to have been attended with a popular
commotion of the whole country against them, whilst the pagans were celebrating
the decennial games in honour of Severus. It seems to have been stirred up,
because the Christians refused to join the idolaters in their sacrifices.
Whence Tertullian says in his Apology: “Is it thus that your public rejoicings
are consecrated by public infamy?” 16 Ado, in his chronicle, says, St. Irenæus
suffered martyrdom with an exceeding great multitude. An ancient epitaph, in
leonine verses, inscribed on a curious mosaic pavement in the great church of
St. Irenæus at Lyons, says, the martyrs who died with him amounted to the
number of nineteen thousand. 17 St. Gregory of Tours writes, that St. Irenæus
had in a short time converted to the faith almost the whole city of Lyons; and
that with him were butchered almost all the Christians of that populous town;
insomuch, that the streets ran with streams of blood. 18 Most place the
martyrdom of these saints in 202, the beginning of the persecution, though some
defer it to the year 208, when Severus passed through Lyons in his expedition
into Britain. The precious remains of St. Irenæus were buried by his priest
Zachary, between the bodies of the holy martyrs SS. Epipodius and Alexander.
They were kept with honour in the subterraneous chapel in the church of St.
John, till in 1562, they were scattered by the Calvinists, and a great part
thrown into the river. The head they kicked about in the streets, then cast it
into a little brook; but it was found by a Catholic and restored to St. John’s
church. 19 The Greeks honour his memory on the 23rd of August; the Latins on
the 28th of June. The former say he was beheaded. 4
It was not for want of strength or courage, that the
primitive Christians sat still and suffered the most grievous torments,
insults, and death; but from a principle of religion which taught them the
interest of faith does not exempt men from the duty which they owe to the civil
authority of government, and they rather chose to be killed than to sin against
God, as Tertullian often takes notice. Writing at this very time, he tells the
Pagans, that the Maurs, Marcomans, and Parthians, were not so numerous as the
Christians, who knew no other bounds than the limits of the world. “We are but
of yesterday,” 20 says he, “and by to-day we are grown up, and overspread your
empire; your cities, your islands, your forts, towns, assemblies, and your very
camps, wards, companies, palace, senate, forum, all swarm with Christians. Your
temples are the only places which you can find without Christians. What war are
not we equal to? 21 And supposing us unequal in strength, yet considering our
usage, what should we not attempt? we whom you see so ready to meet death in
all its forms of cruelty. Were the numerous hosts of Christians but to retire
from the empire, the loss of so many men of all ranks would leave a hideous
gap, and the very evacuation would be abundant revenge. You would stand aghast
at your desolation, and be struck dumb at the general silence and horror of
nature, as if the whole world was departed.” He writes that the Christians not
only suffered with patience and joy every persecution and insult, but loved and
prayed for their enemies, and by their prayers protected the state, and often
delivered the persecutors from many dangers of soul and body, and from the
incursions of their invisible enemies the devils. He says: “When we come to the
public service of God, we come as it were in a formidable body to do violence
to him, and to storm heaven by prayer; and this violence is most grateful to
God. When this holy army of supplicants is met, we all send up our prayers for
the life of the emperors, for their ministers, for magistrates, for the good of
the state, and for the peace of the empire.” 22 And in another place: 23 “To
this Almighty Maker and Disposer of all things it is, that we Christians offer
up our prayers, with eyes lifted up to heaven; and without a prompter, we pray
with our hearts rather than with our tongues; and in all our prayers are ever
mindful of all our emperors and kings wheresoever we live, beseeching God for
every one of them, that he would bless them with length of days, and a quiet
reign, a well established family, a valiant army, a faithful senate, an honest
people, and a peaceful world, with whatever else either prince or people can
wish for. Thus while we are stretching forth our hands to God, let your
tormenting irons harrow our flesh, let your gibbets exalt us, or your fires
consume our bodies, or let your swords cut off our heads, or your beasts tread
us to the earth. For a Christian, upon his knees to his God, is in a posture of
defence against all the evils you can crowd upon him. Consider this, O you
impartial judges, and go on with your justice; rack out the soul of a
Christian, which is pouring out herself to God for the life of the emperor.” 24
He says, indeed, that there are some Christians, who do not live up to their
profession; but then they have not the reputation of Christians among those who
are truly such; and no Christian had then ever been guilty of rebellion; though
even philosophers among the heathens were often stained with that and other
crimes. Hippias was killed whilst he was engaged in arms against his country;
whereas no Christian had ever recourse to arms or violence, even for the
deliverance of his brethren, though under the most provoking and barbarous
usage. 25
Note 1. L. 5, c. 30.
Note 2. L. 5, c. 20. See St. Polycarp’s life.
Note 3. L. contra Valent. c. 5.
Note 4. Eus. l. 5, c. 4.
Note 5. St. Hier. catal. c. 29.
Note 6. In op. S. Irenæi Diss. 2, p. 101.
Note 7. L. contra Valent. c. 4.
Note 8. St. Irenæus in his first book gives us in
detail the ridiculous dreams of Valentinus concerning the progeny of thirty
Æônes, an imaginary kind of inferior deities, which this heretic pretended to
be produced by the eternal, invisible, and incomprehensible God, called Bathos
or Depth, and his wife Ennoia or Thought, otherwise called Sige or Silence.
These chimeras he forged from Hesiod’s book of the generation of the heathen
gods, and some notions of Plato, and some truths he borrowed from the gospel of
St. John. St. Irenæus refutes him by the holy scriptures, by the Creed, of
which he mentions almost all the articles, and by the unanimity of all churches
in the same faith, to which he opposes the disagreement of the heretics among
themselves; for there was not a disciple of Valentinus who did not correct or
change his master’s doctrine. He mentions several of their variations, and
describes at length the superstitions and impostures of the heresiarch Mark,
who, in consecrating chalices filled with water and wine, according to the
Christian rite, made the chalices appear filled with a certain red liquor,
which he called blood, and who allowed women to consecrate the holy mysteries.
The saint gives also a history of the other first heretics. In his second book
he shows that God created the universe, and refutes the system of Æônes. He
testifies (l. 2, c. 57, ed. Ben. olim c. 32,) that Christians wrought miracles
in the name of the Son of God. “Some,” says he, “cast out devils truly and most
powerfully, so that they who have been delivered, most frequently have turned
believers; others have the foreknowledge of future events, visions, and
prophetic sayings; others cure the sick of any disease by the imposition of
hands. Some persons who were dead have been raised again, and have continued
among us many years. Nor can we sum up the miraculous works which the church,
by the gift of God, performs every day over the whole world in the name of
Christ Jesus.” And in the preceding chapter, speaking of the disciples of Simon
Magus, who pretended to miracles, or magical delusions, he writes: “They cannot
give sight to the blind, nor hearing to the deaf, nor cast out all devils, but
only such as they themselves have sent in. So far are they from raising the
dead, as our Lord raised them, and as the apostles did by prayer, and as in the
brotherhood oftentimes is done, when the whole church of the place hath begged
it with much fasting and prayer, the spirit of the dead man hath returned, and
the man hath been given back to the prayers of the saints,” &c. Thus he
assigns the gift of miracles as a mark of the true church. See this first
testimony quoted by Eusebius, (Hist. l. 5, c. 7,) who assures us himself that
some remains of the miraculous powers continued in his time, in the fourth
century. (Demonst. Evangel. l. 3, p. 109 and 132.) The same author speaking of
the successors of the apostles at the end of the first, and beginning of the
second age, says, “They went about with God’s co-operating grace; for even then
the divine Spirit performed very many miracles by them.” [Greek]. In the middle
of the second century St. Justin Martyr writes: “There are prophetic gifts
among us even till now.” [Greek]. And among these gifts he reckons up
miraculous powers, as healing the sick, casting out devils, &c. (pp. 315,
330.) The testimonies of St. Theophilus, and all other writers of those times
are no less full and express.
St. Irenæus in his third book complains, that when the
heretics are pressed by scripture, they elude it by pretending to fly to
tradition; but that when tradition is urged against them, they abandon it to
appeal to the scriptures alone: whereas both scripture and tradition confute
them. He observes, that the apostles certainly delivered the truth and all the
mysteries of our faith, to their successors the pastors: to these therefore we
ought to have recourse to learn them, especially “to the greatest church, the
most ancient and known to all, founded at Rome by the two most glorious
apostles, Peter and Paul, which retains the tradition which it received from
them, and which is derived through a succession of bishops down to us. Showing
which, we confound all who, any way out of self-conceit, love of applause,
blindness, or false persuasions, embrace what ought not to be advanced; for to
this church (of Rome,) on account of its chiefer presidentship, it is necessary
that every church, that is, the faithful everywhere, address themselves, in
which church the tradition from the apostles is everywhere preserved.” To show
this succession in the Roman Church, he names its bishops, saying, that SS.
Peter and Paul chose Linus to govern it after them; who was succeeded by
Anacletus, Clemens, Evaristus, Alexander, Sixtus, Telesphorus, Hyginus, Pius,
Anicetus, Soter, and Eleutherius, who is now the twelfth bishop of Rome, says
he. St. Irenæus adds, (chap. 4,) “What should we have done if the apostles had
left us no writings? We should certainly have followed this channel of
tradition. As many barbarous nations possess the faith without the use of
writing; who would stop their ears were they to hear the blasphemies of the
heretics, who, on the contrary, have nothing but the novelty of their doctrine
to show: for the Valentinians were not before Valentinus, nor the Marcionites
before Marcion. All these arose much too late.” In his fourth book he proves
the unity of the Godhead, and teaches (c. 17, 18,) that Christ abolishing the
ancient sacrifices instituted the clean oblation of his body and blood to be
offered everywhere, as is foretold in Malachi. He gives the multitude of
martyrs as a mark of the true church, saying the heretics cannot boast the like
advantage, though some few of them have been mingled with our martyrs. (l. 4,
c. 33.) In the fifth book he proves our redemption by Christ, and the
resurrection of the dead; and again (c. 6,) mentions the prophetic gifts and
other miraculous powers as then subsisting in the church. He makes a
recapitulation of the heresies he had confuted, and says that their novelty
alone suffices to confound them. He adds some remarks on the coming of
Antichrist, and from a mistaken interpretation of a passage of the Apocalypse
received from his master Papias, he infers the millenarian reign of Christ on
earth with his elect, before the last judgment, in spiritual pleasures, (not in
carnal delights, which was the heresy of Cerinthus and others.) This opinion
was soon after exploded by consulting the tradition of the church, according to
the rule of St. Irenæus; though the millenarian system has been revived by
several Lutherans in Germany, and among the English Protestants by Dr. Wells,
(Notes on the Apoc.) and some others.
The works of St. Irenæus were published by F. Erasmus,
then by F. Feuardent, and, in 1702, by Grabe, though this last editor often
made too bold with the text, and his heterodox notes disfigure his work, in
which he turns everything topsy-turvy to favour the idol of his new religion,
especially his fond new idea of the great eucharistic sacrifice of bread and
wine. Dom Massuet, a Benedictin Maurist monk, gave us the most correct edition
in 1710. Psaff, a Lutheran, in 1715, published from a manuscript in the library
of Turin, four other fragments of this father. The second fragment is a
remarkable proof of the eucharistic sacrifice.
Note 9. Tert. Præscr. c. 53. Eus. Hist. l. 5, c. 25.
Note 10. Apud. Eus. l. 5, c. 24.
Note 11. Nunquam Albiniani nec Nigriani nec Cassiani
inveniri potuerunt Christiani. Tert. ad Scap. c. 2. ]
Note 12. This point Dr. Hicks might have taken for
granted, and have spared himself the pains he was at to prove it in his Jovian.
The senate, from the time that it first was compelled to choose a master, could
no more oppose an election of an emperor made by the armies than it could
withstand the will of an emperor. So weak had it become, that when some of that
body complained, that it was deprived of all cognizance of state affairs,
Domitian paid it a mock compliment, by vouchsafing to consult it what was the
best way of dressing a huge turbot, which had been sent him for a present.
Which grave deliberation, with the flatteries of the senators to the tyrant
upon that occasion, as portending victories and triumphs, is facetiously
described by Juvenal. But nothing shows more notoriously the slavery of the
senate, than the most abject flatteries which it bestowed on Caligula, Nero,
and Heliogabalus for their most outrageous acts of madness and inhuman tyranny.
Notwithstanding its dependence, the decree of this supreme court was at least a
solemn enregistration, and the definitive ceremony in the most important acts
of state.
Note 13. L. de Scapul. c. 4.
Note 14. See Tillem. Hist. des Emp. t. 3, p. 89, and
Hist. Eccl. t. 3, p. 111, and Fabricius, Bibl. Gr. t. 8, p. 460.
Note 15. Vere pertinax, vere severus, as the common
people used to say of them, alluding to his names, Pertinax, Severus.
Note 16. “Siccine exprimitur publicum gaudium per
publicum dedecus!” Tert. Apol.
Note 17. “Millia dena novemque fuerunt sub duce
tanto,” &c. See F. Colonia.
Note 18. “Modici temporis spatio prædicatione suâ
maximè, in integro civitatem reddidit Christianam. Tanta multitudo
Christianorum est jugulata, ut per plateas flumina currerent de sanguine
Christiano, quorum nec numerum nec nomina colligere potuerimus. B. Irenæum carnifex
Domino per martyrium dedicavit.” S. Greg. Turon. Hist. Francor. l. 1, c. 29.
See St. Gregory the Great, ep. 50, ad Etherium Lugdun. St. Justin vel alius
Resp. ad quæstion. ad Orthodox. Bede, Ado, and Usuard in Martyrol. and the
Greek Menæa.
Note 19. Gallia Christ, nova, t. 4, p. 12.
Note 20. Apolog. c. 37.
Note 21. Cui bello non idonei?
Note 22. Apolog. c. 30.
Note 23. Oramus etiam pro imperatoribus, pro
ministris, &c. Apol. c. 39.
Note 24. Hoc agite, boni præsides, extorquete animam
Deo supplicantem pro imperatore. Apol. c. 30.
Note 25. Hippias dum civitati insidias disponit,
occiditur; hoc pro suis omni attrocitate dissipatis nemo unquam Christianus
tentavit. Apol. c. 46. Hippias, a celebrated Grecian philosopher, having
deserted to Darius Hystaspis the Persian, before the battle of Marathon, was
slain fighting against his country.
Rev. Alban Butler (1711–73). Volume VI: June. The Lives of the Saints. 1866
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/6/281.html
Église Saint-Irénée de Châtillon -la-Palud
St. Irenaeus
The writings of St. Irenaeus entitle him to a high
place among the fathers of the Church, for they not only laid the foundations
of Christian theology but, by exposing and refuting the errors of the gnostics,
they delivered the Catholic Faith from the real danger of the doctrines of
those heretics.
He was probably born about the year 125, in one of
those maritime provinces of Asia Minor where the memory of theapostles was
still cherished and where Christians were numerous. He was most influenced by
St. Polycarp who had known the apostles or their immediate disciples.
Many Asian priests and missionaries brought the gospel
to the pagan Gauls and founded a local church. To this church of Lyon, Irenaeus
came to serve as a priest under its first bishop, St. Pothinus, an oriental
like himself. In the year 177, Irenaeus was sent to Rome. This mission explains
how it was that he was not called upon to share in the martyrdom of St Pothinus
during the terrible persecution in Lyons. When he returned to Lyons it was to
occupy the vacant bishopric. By this time, the persecution was over. It was the
spread of gnosticism in Gaul, and the ravages it was making among the
Christians of his diocese, that inspired him to undertake the task of exposing
its errors. He produced a treatise in five books in which he sets forth fully
the inner doctrines of the various sects, and afterwards contrasts them with
the teaching of the Apostles and the text of the Holy Scripture. His work,
written in Greek but quickly translated to Latin, was widely circulated and
succeeded in dealing a death-blow to gnosticism. At any rate, from that time
onwards, it ceased to offer a serious menace to the Catholic faith.
The date of death of St. Irenaeus is not known, but it
is believed to be in the year 202. The bodily remains of St. Irenaeus were
buried in a crypt under the altar of what was then called the church of St.
John, but was later known by the name of St. Irenaeus himself. This tomb or
shrine was destroyed by the Calvinists in 1562, and all trace of his relics
seems to have perished.
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/saint-irenaeus-2/
St. Irenaeus Catholic Church in Oakmont, Pennsylvania
Saint Irenaeus (Ireneo) of Lyons BM (RM)
Died c. 202.
"Give perfection to beginners, O Father;
give intelligence to the little ones;
give aid to those who are running their course.
Give sorrow to the negligent;
give fervor of spirit to the lukewarm.
Give to the perfect a good consummation;
for the sake of Christ Jesus our Lord. Amen."
--Prayer of St. Irenaeus.
Irenaeus was probably born around 125. As a young man
in Smyrna (near Ephesus, in what is now western Turkey) he heard the preaching
of Polycarp, who as a young man had heard the preaching of the Apostle John.
Afterward, probably while still a young man, Polycarp moved west to Lyons in
southern France. In 177, Pothinus, the bishop of Lyons, sent him on a mission
to Rome. During his absence a severe persecution broke out in Lyons, claiming
the lives of the bishop and others. When Irenaeus returned to Lyons, he was
made bishop. He is thus an important link between the apostolic church and
later times, and also an important link between Eastern and Western
Christianity.
His principal work is the Refutation of Heresies, a
defense of orthodox Christianity against its Gnostic rivals. A shorter work is
his Proof of the Apostolic Preaching, a brief summary of Christian teaching,
largely concerned with Christ as the fulfillment of Old Testament prophecy. An
interesting bit of trivia about this latter book is that it is, as far as I
know, the first Christian writing to refer to the earth as a sphere.
One of the earliest heresies to arise in the Christian
church was Gnosticism, and Irenaeus was one of its chief early opponents. Not
all Gnostics believed exactly the same thing, but the general outlines of the
belief are fairly clear.
Gnostics were dualists, teaching that there are two
great opposing forces: good versus evil, light versus darkness, knowledge
versus ignorance, spirit versus matter. Since the world is material, and leaves
much room for improvement, they denied that God had made it. "How can the
perfect produce the imperfect, the infinite produce the finite, the spiritual
produce the material?" they asked. One solution was to say that there were
thirty beings called AEons, and that God had made the first AEon, which made
the second AEon, which made the third, and so on to the thirtieth AEon, which
made the world. (This, Gnostics pointed out to the initiate, was the true
inward spiritual meaning of the statement that Jesus was thirty years old when
he began to preach.) As Irenaeus pointed out, this did not help at all.
Assuming the Gnostic view of the matter, each of the thirty must be either
finite or infinite, material or non-material, and somewhere along the line you
would have an infinite being producing a finite one, a spiritual being
producing a material one.
The Gnostics were Docetists, from the Greek meaning
"to seem." They taught that Christ did not really have a material
body, but only seemed to have one. It was an appearance, so that he could
communicate with men, but was not really there. (If holograms had been known
then, they would certainly have said that the supposed body of Jesus was a
hologram.) They went on to say that Jesus was not really born, and did not
really suffer or die, but merely appeared to do so. It was in opposition to
early Gnostic teachers that the Apostle John wrote (1 John 4:1-3) that anyone
who denies that Jesus Christ is come in the flesh is of antiChrist.
Gnostics claimed to be Christians, but Christians with
a difference. They said that Jesus had two doctrines: one a doctrine fit for
the common man, and preached to everyone, and the other an advanced teaching,
kept secret from the multitudes, fit only for the chosen few, the spiritually
elite. They, the Gnostics, were the spiritually elite, and although the
doctrines taught in the churches were not exactly wrong, and were in fact as
close to the truth as the common man could hope to come, it was to the Gnostics
that one must turn for the real truth. They remind me very much of the
Rosicrucians. When I mention this, I often get blank stares, but not many years
ago many popular science magazines carried their advertisements, with
assertions that Shakespeare, Benjamin Franklin, Leonardo da Vinci, Plato,
Archimedes, and so on had all been members of a secret society called the
Rosicrucians, and owed their achievements largely to this fact. Was there any
evidence of this aside from the traditions of the group itself? Of course not!
They were a secret society. Why were they secret? "Because our wisdom
would be misunderstood by the common man, and so must be reserved for the tiny
handful of mankind in every generation who are spiritually advanced enough to
appreciate it. So send us twenty bucks and we'll spill our guts."
In opposition to this idea, Irenaeus maintained that
the Gospel message is for everyone. He was perhaps the first to speak of the
Church as "Catholic" (universal). In using this term, he made three
contrasts:
He contrasted the over-all church with the single
local congregation, so that one spoke of the Church in Ephesus, but also of the
Catholic Church, of which the Churches in Ephesus, Corinth, Rome, Antioch, etc.
were local branches or chapters.
He contrasted Christianity with Judaism, in that the
task of Judaism was to preserve the knowledge of the one God by establishing a
solid national base for it among a single people, but the task of Christianity
was to set out from that base to preach the Truth to all nations.
He contrasted Christianity with Gnosticism, in that
the Gnostics claimed to have a message only for the few with the right
aptitudes and temperaments, whereas the Christian Gospel was to be proclaimed
to all men everywhere. Irenaeus then went on to say: If Jesus did have a
special secret teaching, to whom would He entrust it? Clearly, to His
disciples, to the Twelve, who were with Him constantly, and to whom he spoke
without reservation (Mark 4:34). And was the teaching of the Twelve different from
that of Paul? Here the Gnostics, and others since, have tried to drive a wedge
between Paul and the original Apostles, but Peter writes of Paul in the highest
terms (2 Peter 3:15), as one whose teaching is authentic. Again, we find Paul
saying to the elders of the church at Ephesus (Acts 20:27), that he has
declared to them the whole counsel of God. Where, then, do we look for Christ's
authentic teaching? In the congregations that were founded by the apostles, who
set trustworthy men in charge of them, and charged them to pass on the teaching
unchanged to future generations through carefully chosen successors.
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0628.shtml
Sant' Ireneo di Lione Vescovo e martire
c. 130 - c. 202
Ireneo, discepolo di san Policarpo e, attraverso di lui, dell'apostolo san Giovanni, è una figura di primaria importanza nella storia della Chiesa. Originario dell'Asia, nato con molta probabilità a Smirne, approdò in Gallia e nel 177 succedette nella sede episcopale di Lione al novantenne vescovo san Potino, morto in seguito alle percosse ricevute durante la persecuzione contro i cristiani. Pochi giorni prima delle sommosse anticristiane, Ireneo era stato inviato a Roma dal suo vescovo per chiarire alcune questioni dottrinali. Tornato a Lione, appena sedata la bufera, fu chiamato a succedere al vescovo martire, in una Chiesa decimata dei suoi preti e di gran parte dei suoi fedeli. Si trovò a governare come unico vescovo la Chiesa dell'intera Gallia. Lui, greco, imparò le lingue dei barbari per evangelizzare le popolazioni celtiche e germaniche. E dove non arrivò la sua voce giunse la parola scritta. Nei suoi cinque libri Contro le eresie traspare non solo il grande apologista, ma anche il buon pastore preoccupato di qualche pecorella allo sbando che cerca di condurre all'ovile. (Avvenire)
Etimologia: Ireneo = pace, pacifico, dal greco
Emblema: Bastone pastorale, Palma
Martirologio Romano: Memoria di sant’Ireneo, vescovo, che, come attesta san Girolamo, fu, da piccolo, discepolo di san Policarpo di Smirne e custodì fedelmente la memoria dell’età apostolica; fattosi sacerdote del clero di Lione, succedette al vescovo san Potino e si tramanda che come lui sia stato coronato da glorioso martirio. Molto disputò al riguardo della tradizione apostolica e pubblicò una celebre opera contro le eresie a difesa della fede cattolica.
“Irenoeo Martyri tuo atque Pontifici tribuisti, ut et veritate doctrinae expugnaret haereses, et pacem Ecclesiae feliciter confirmaret”. (Dalla preghiera della festa). Sant’Ireneo è un santo le cui origini, l’esistenza e l’azione, ci interessano particolarmente. Egli è nato a Smirne nel 130, è stato discepolo di San Policarpo, discepolo a sua volta di San Giovanni. La fede di Ireneo e il suo credo fu, quindi, tra i più puri discendendo direttamente dal verbo proferito dagli apostoli. È stato Vescovo di Lione nelle Gallie, attuale Francia. Teologo e scrittore, è restato sempre molto unito al Papa san Vittore I ed ha terminato la sua vita col martirio. La Preghiera liturgica della sua festa lo presenta, a giusto titolo, come un campione della fede e distingue tre aspetti della sua grande figura che si proietta in una luce sfavillante al di sopra dell’Oriente, di Roma e delle Gallie : la verità della sua dottrina, la sua opera evangelizzatrice, il suo martirio. La Verità della sua Dottrina è fatta dalla sua fedeltà alla Tradizione della Chiesa primitiva, della sua scienza teologica e del suo zelo di difendere “contro gli Eretici”, la fede tale come l’ha insegnata Cristo, tale come l’hanno trasmessa gli Apostoli. Questo non è un aspetto secondario dell’esistenza d’Ireneo e della storia religiosa della Francia quello della formazione cristiana del futuro Vescovo di Lione sia stata assicurata da un Policarpo, vescovo di Smirne, lui stesso discepolo dell’Apostolo Amatissimo, San Giovanni. La lunga frequentazione di Maria presso San Giovanni a Gerusalemme, dopo il Calvario, lo scambio di vedute tra la Madre di Gesù ed il suo Apostolo prediletto, danno alla figliolanza spirituale di Ireneo un aspetto d’una tradizione mariana ed evangelica d’un prezzo incomparabile. La Chiesa di Lione, il suo irradiamento sulle prime chiese di Francia saranno state marcate da delle influenze d’un carattere eccezionale.
Opera pacificatrice nella Chiesa, ecco il secondo compito della dottrina d’Ireneo, dei suoi scritti, delle sue predicazioni, di tutto il suo apostolato. La propensione dell’uomo all’errore, le sue discussioni, intorno alla fede non mancano d’impressionare il pensatore sganciato da cattive passioni. In piena persecuzione, di fronte ad una Chiesa che si sta formando in mezzo alla lotta ed alla sofferenza, alcuni spiriti sono alla ricerca di novità, d’interpretazioni strane dai testi, di opposizioni a delle tradizioni vive della Chiesa di Dio, d’indocilità evidente di fronte ai capi religiosi. San Paolo se n’era già lamentato. Verso la fine del II secolo, Ireneo non solo rifiuta le eresie ma s’avvera già un campione dell’unità della fede, il campione del Papato, del Vescovo di Roma.
Il martirio venne a perfezionare, nel 202, ai primi inizi del III secolo, questa bella vita di vescovo e di apostolo, dando alla Chiesa di Lione e, da essa, alle chiese fondate dalle cure dei suoi vescovi, un esempio magnifico della forza e della fedeltà nella fede.
Signore, vi sono nella vita di fede, così costantemente reclamata da voi, da parte dei vostri discepoli, due elementi che ne fanno il profondo e soprannaturale valore : sono la forza e la purezza. Forza della fede in una certezza ed una convinzione che escludono il dubbio, l’esitazione, la minimizzazione delle nude verità. Purezza della fede nel rigetto delle teorie sballate dottrinalmente, dei sentimenti che alterano o corrompono il contenuto divino di queste stesse verità.
La Chiesa conta, tra i più antichi santi dei suoi primi secoli, autentici
rappresentanti del suo vero spirito di fede. Sant’Ireneo è certamente uno di
questi grandi avi spirituali della Francia, ch’egli ha segnato profondamente
col suo sapere, con la sua fedeltà nella dottrina, con la sua santità di vita.
Ireneo muore il 28 giugno del 202 durante le persecuzioni che i cristiani
subirono sotto l’imperatore Settimio Severo. La Chiesa lo venera come martire
in seguito alla testimonianza lasciateci da san Girolamo che per primo nel 410
gli conferì questo titolo.
Autore: Don Marcello Stanzione
Roma, Centocelle: sant'Ireneo, facciata
Questo Padre della Chiesa occupa un posto preminente tra i teologi del II secolo. E considerato, difatti, il migliore espositore della dogmatica cattolica basata sulla scrittura. Egli nacque nell'Asia Minore, probabilmente a Smirne o nei suoi dintorni perché in gioventù vide e ascoltò S. Policarpo (+155), vescovo di quella città e discepolo di S. Giovanni, nonché altri numerosi presbiteri, discepoli immediati degli Apostoli, il che rende importantissime le sue testimonianze dottrinali.
Ignoriamo quando S. Ireneo si sia trasferito in Occidente con altri missionari desiderosi di portare o di estendere la fede cristiana. Sappiamo soltanto che nel 177 o 178, durante la persecuzione scatenata da Marco Aurelio, egli si trovava a Lione come sacerdote di quella chiesa che il vescovo S. Fotino aveva fondato. I martiri sopravvissuti alla persecuzione in parte originari dell'Asia Minore come Ireneo, informati dell'agitazione prodotta dal movimento del neofita Mentano in Frigia, scrissero una lettera ai fratelli dell'Asia e un'altra al papa Eleuterio affinchè riconducesse la pace nelle comunità turbate dall'eresia che esigeva dai suoi ardenti maggior austerità, penitenza rigorosa per i peccati commessi dopo il Battesimo, digiuni severi e prolungati, rinunzia alle seconde nozze e prontezza assoluta al martirio. S. Ireneo fu incaricato di portare la lettera a Roma, e raccomandato al papa come sacerdote "pieno di zelo per il testamento del Signore". Probabilmente durante la sua assenza morì martire, nel 178, il quasi nonagenario Potino al quale egli successe per il grande influsso che esercitava in quell'importante centro religioso e politico dell'impero.
Dell'attività del suo episcopato conosciamo soltanto la composizione degli scritti e la parte che egli svolse nella controversia della festa di Pasqua. Mentre le chiese dell'Asia la celebravano come i giudei il quattordici di Nisan (mese di marzo lunare), Roma la rimandava alla domenica seguente. La questione era già stata dibattuta senza successo nel 154 tra il papa Aniceto e S. Policarpo.La discussione riprese verso il 190 sotto il pontificato di Vittore. Quando costui lanciò la scomunica contro quei vescovi che non accettavano la data romana, S. Ireneo, il cui nome significa 'pace', intervenne in loro favore. Giudicando quella misura eccessiva, egli scrisse: "Non esiste Dio senza bontà". Più tardi anche le chiese orientali si conformarono all'uso romano.
S. Ireneo lavorò pure per estendere il cristianesimo nelle province vicine a Lione. Le chiese di Besançon e di Valence gli attribuiscono, infatti, il primo annunzio del Vangelo. Tuttavia l'opera fondamentale di lui è costituita dallo studio di tutte le eresie per combatterle e assicurare il trionfo della fede. Il suo merito principale, e quindi la sua gloria, è soprattutto la lotta da lui fatta allo gnosticismo con l'opera in cinque libri intitolata Contro le Eresie. Fu scritta in greco ed è preziosa non solo dal lato teologico in quanto mostra già formata la teoria sull'autorità dottrinale della Chiesa, ma anche dal lato storico, perché è ben documentata e porge un vivo quadro delle lotte contro le eresie pullulanti.
Secondo gli ideatori di questo gnosticismo, strano sistema, Dio è un essere inaccessibile , incapace di creare. Opposta a lui, eterna, c'è la materia, cattiva per natura. Tra Dio e la materia esiste il mondo intermedio soprasensibile abitato da coni o esseri emanati o generati da Dio, disposti a coppie. Uno degli eoni, il Demiurgo, il Dio dei Giudei, elaborò la materia nella forma attuale del mondo. Una scintilla del mondo superiore cadde un giorno nella materia (l'anima) e vi rimase a soffrire come in una prigione. Un altro degli eoni, Cristo, discese nel mondo con un corpo apparente (docetismo), e visse e morì per liberare lo spirito dalla materia. S. Ireneo avrebbe potuto facilmente far uso dell'ironia a proposito di simili fantastiche generazioni di eoni; preferì invece tendere agli erranti le mani per convertirli. "Dio, scrisse, spinto dall'immenso amore che ci portava, si è fatto ciò che noi siamo per farci ciò che Egli è".
Senza trascurare la teologia razionale, S. Ireneo confutò i diversi sistemi gnostici basandosi sulla ragione, sui detti del Signore, dei profeti e in modo speciale sull'insegnamento degli Apostoli. "La tradizione apostolica è manifesta nel mondo intero; non c'è che da contemplarla in ogni chiesa per chiunque vuole vedere la verità.
Noi possiamo enumerare i vescovi che sono stati istituiti dagli Apostoli, e i loro successori fino a noi: essi non hanno insegnato nulla, conosciuto nulla che rassomigliasse a queste follie... Essi esigevano perfezione assoluta, irreprensibile, da coloro che succedevano loro e ai quali affidavano, al loro posto, il compito d'insegnare... Sarebbe troppo lungo enumerare i successori degli Apostoli in tutte le Chiese; ci occuperemo soltanto della maggiore e più antica, conosciuta da tutti, della chiesa fondata e costituita a Roma dai due gloriosissimi Apostoli Pietro e Paolo; noi mostreremo che la tradizione che ricevette dagli Apostoli e la fede che ha annunciato agli uomini sono pervenute fino a noi per mezzo delle regolari successioni dei vescovi... E con questa Chiesa Romana, a motivo dell'autorità della sua origine, che dev'essere d'accordo tutta la Chiesa, cioè tutti i fedeli venuti da ogni parte; ed è in essa che tutti questi fedeli hanno conservato la tradizione apostolica" (Adv. Haer., 1. III, c. III, 1-2).
S. Ireneo ha scritto pure un libriccino intitolato Dimostrazione della predicazione apostolica, scoperto nel 1904 in traduzione armena. E' un'apologia delle principali verità cristiane basate sull'adempimento delle profezie dell'Antico Testamento. Tuttavia, il centro di tutto il pensiero teologico del Santo è costituito dalla dottrina della ricapitolazione della carne umana e della totalità del mondo materiale nel Cristo, prototipo dell'umanità ed esemplare iniziale della creazione.
Questa grandiosa concezione abbraccia tanto i disegni nascosti di Dio, quanto la loro realizzazione storica per mezzo dell'Incarnazione redentrice del Figlio suo. In essa si inseriscono le tesi care a S. Ireneo del Cristo nuovo Adamo, di Maria novella Eva, della divinizzazione dell'uomo totale mediante la grazia, della sua salvezza finale in un mondo materiale completamente restaurato.
Secondo la tradizione S. Ireneo avrebbe trovato la morte il 28-6-202- 203 in un massacro generale dei cristiani lionesi sotto l'imperatore Settimio Severo. La Chiesa lo onora come martire sulla testimonianza di S. Girolamo il quale, nel 410, per primo gli diede questo titolo. Le reliquie del santo vescovo furono disperse nel 1562 dai calvinisti.
Autore: Guido Pettinati
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/23500
Decreto del Santo Padre per il conferimento del titolo di Dottore della Chiesa a Sant’Ireneo di Lione, 21.01.2022
Sant’Ireneo di Lione,
venuto dall’Oriente, ha esercitato il suo ministero episcopale in Occidente:
egli è stato un ponte spirituale e teologico tra cristiani orientali e
occidentali. Il suo nome, Ireneo, esprime quella pace che viene dal Signore e
che riconcilia, reintegrando nell’unità. Per questi motivi, dopo aver avuto il
parere della Congregazione delle Cause dei Santi, con la mia Autorità
Apostolica lo
DICHIARO
Dottore della Chiesa con il titolo di Doctor unitatis.
La dottrina di così
grande Maestro possa incoraggiare sempre più il cammino di tutti i discepoli
del Signore verso la piena comunione.
Dal Vaticano, 21 gennaio
2022
FRANCESCO
[00099-IT.01] [Testo
originale: Italiano]
[B0048-XX.01]
SOURCE : https://press.vatican.va/content/salastampa/it/bollettino/pubblico/2022/01/21/0048/00099.html
Circa la Concessione del
Titolo di
Dottore della Chiesa
a Sant’Ireneo di Lione
1. Cenni biografici
Sant’Ireneo
nacque tra il 130 e il 140 probabilmente a Smirne (attuale Turchia), dove
trascorse i suoi anni giovanili. Fu discepolo di San Policarpo, il quale a sua
volta era stato formato alla scuola degli Apostoli e proprio da San Giovanni,
apostolo ed evangelista, venne insediato sulla cattedra vescovile di Smirne.
Insieme alla formazione religiosa, Sant’Ireneo acquisì una buona cultura
classica e filosofica. Non sono noti con certezza né il tempo, né i motivi per
cui Ireneo fu inviato a Lione dove, nella prima metà del II secolo, esisteva
una numerosa presenza cristiana all’interno di una popolazione emigrata
dall’Asia Minore.
Nel
177, l’anziano Vescovo di Lione Potino incaricò Sant’Ireneo di recarsi a Roma
per consegnare a Papa Eleuterio alcune lettere sulla situazione della Chiesa
lionese, allora esposta non solo alla persecuzione dell’Imperatore Marco
Aurelio, ma anche alle infiltrazioni eterodosse dei discepoli di Montano. Il
viaggio a Roma sottrasse Ireneo alla persecuzione, che causò a Lione
quarantotto vittime, tra cui il Vescovo Potino, allora novantenne, morto di
maltrattamenti in carcere. Come suo successore fu designato proprio
Ireneo che, in breve tempo, con la sua predicazione, rese cristiana tutta
la città di Lione.
Verso
l’anno 190, Sant’Ireneo intervenne in relazione alla controversia sulla data
della Pasqua, celebrata in alcune comunità in Oriente il 14 nīsān, mentre in
tutte le altre Chiese la domenica successiva.
Morì nel 202, ma non è certo il martirio. Nel secolo IV San Girolamo, e due secoli dopo Gregorio di Tours affermarono che Ireneo “terminò la sua vita con il martirio”, cosa che sarebbe avvenuta nel corso di una sanguinosa persecuzione, molto probabilmente quella di Settimio Severo, scoppiata tra gli anni 202-203.
2. Richiesta
Nel
corso dei secoli spesso fu attribuito a Sant’Ireneo il titolo di Dottore della
Chiesa. In un sinassario armeno del secolo XIII egli veniva definito “un prélat
revêtu de Dieu et docteur de l’Église”. In un messale del 1737 veniva
presentato, oltre che come patrono della Diocesi lionese, anche come “Docteur
de l’église éminent”. Negli anni successivi, anche a ridosso del Concilio
Vaticano II, la qualifica che normalmente gli viene attribuita è quella di
“Docteur”, qualifica che viene ripresa anche nel Proprio liturgico
della Diocesi, approvato il 7 agosto 1975, ove si parla chiaramente di “Saint
Irénée, évêque de Lyon et docteur de l’église”. Documenti ufficiali della
Chiesa lionese hanno sempre presentato il suo Vescovo come “doctor eximius,
maximus, praeclarus”.
Il
28 giugno 2017, il Card. Philippe Barbarin, Arcivescovo di Lione, chiese al
Santo Padre che Sant’Ireneo fosse insignito del titolo di Dottore della Chiesa
universale. Successivamente numerosi esponenti della Gerarchia Ecclesiastica e
di Istituzioni culturali indirizzarono al Papa petizioni simili. Fra questi il
Pontificio Consiglio per l’Unità dei Cristiani, il Patriarca di Babilonia dei
Caldei, l’Università Cattolica di Lione, l’Institut Catholique di Parigi,
l’Università Cattolica di Lille, l’Università Cattolica di Pernambuco
(Brasile), le Conferenze Episcopali di Francia, Germania, Italia, Spagna,
Canada e Stati Uniti d’America, la Federazione Protestante di Francia.
Venendo
incontro a tali richieste, il 21 febbraio 2018 il Papa ha autorizzato la
Congregazione delle Cause dei Santi a dare inizio al relativo iter canonico.
Interpellata da questo Dicastero, la Congregazione per la Dottrina della Fede,
con lettera del 1° giugno 2021, ha comunicato il giudizio positivo circa l’eminens
doctrina di Sant’Ireneo.
Sant’Ireneo
fu innanzitutto un uomo di fede e un Pastore. Del buon Pastore ebbe il senso
della misura, la ricchezza della dottrina e l’ardore missionario. Come
scrittore, perseguì un duplice scopo: difendere la vera dottrina dagli assalti
degli eretici, ed esporre con chiarezza le verità della fede.
Due
sue opere sono giunte a noi: Smascheramento e confutazione della falsa
gnosi, meglio conosciuta come Adversus Haereses, e Dimostrazione
della predicazione apostolica, testo riscoperto tra il 570 e il 590. Questa
seconda opera, articolata in cento brevi capitoli, è una sorta di catechismo
che presenta la fede cattolica in modo divulgativo. Altre opere risultano
perdute: Lettere a Florino, Dio non è autore del male e sull’Ogdoade;
il Trattato Sulla Pasqua; Trattati vari; Lettera a Blasto, Sullo
scisma; il Trattato Sulla conoscenza. A lui vennero attribuite anche altre
opere spurie.
Il
desiderio di tutelare l’unità della Chiesa e l’amore per la Verità caratterizzano
l’opera pastorale e teologica di Sant’Ireneo. Egli procedette non attraverso
una semplice confutazione delle dottrine gnostiche ma con un’esposizione
sistematica delle verità di fede. Visse la diversità di due mondi, asiatico e
occidentale, come composizione delle differenze nell’unicità della fede, ancorata
alla dottrina della Chiesa, guidata dalla Scrittura e dalla Tradizione
apostolica. Convinto che l’unità della fede è convergenza dinamica, elaborò un
metodo teologico attraverso il quale l’unità progredisce evitando le
giustapposizioni (aut – aut) e favorendo le dinamiche unitive (et- et). Il
principio dinamico dell’unità spinge a cercare soprattutto la coerenza globale
della fede, a riconoscere i kairòi che ritmano l’economia salvifica,
a saper comporre la polifonia come educazione dell’umano e a ridisegnare il
senso della storia. La rilevanza di questo approccio è posta in evidenza dal
continuo ricorso alla teologia di Sant’Ireneo nel corso dei secoli ed oggi
acquista ulteriore importanza anche nelle delicate questioni che toccano la
visione dell’uomo e del creato nello scenario culturale, economico e
scientifico.
Il
Concilio Vaticano II, in vari documenti, lo pone come riferimento fondativo. Il
magistero postconciliare, a più riprese, attinge ai suoi scritti e al suo
valore testimoniale, sia nei contenuti, sia nel metodo teologico.
SOURCE : http://www.causesanti.va/it/santi-e-beati/sant-ireneo-vescovo-di-lione.html
BENEDETTO XVI
UDIENZA GENERALE
Sant’Ireneo di Lione
Cari fratelli e sorelle,
nelle catechesi sulle grandi figure della Chiesa dei
primi secoli arriviamo oggi alla personalità eminente di sant’Ireneo di Lione.
Le notizie biografiche su di lui provengono dalla sua stessa testimonianza,
tramandata a noi da Eusebio nel quinto libro della Storia
Ecclesiastica. Ireneo nacque con tutta probabilità a Smirne (oggi Izmir,
in Turchia) verso il 135-140, dove ancor giovane fu alla scuola del Vescovo
Policarpo, discepolo a sua volta dell’apostolo Giovanni. Non sappiamo quando si
trasferì dall’Asia Minore in Gallia, ma lo spostamento dovette coincidere con i
primi sviluppi della comunità cristiana di Lione: qui, nel 177, troviamo Ireneo
annoverato nel collegio dei presbiteri. Proprio in quell’anno egli fu mandato a
Roma, latore di una lettera della comunità di Lione al Papa Eleuterio. La
missione romana sottrasse Ireneo alla persecuzione di Marco Aurelio, nella
quale caddero almeno quarantotto martiri, tra cui lo stesso Vescovo di Lione,
il novantenne Potino, morto di maltrattamenti in carcere. Così, al suo
ritorno, Ireneo fu eletto Vescovo della città. Il nuovo Pastore si dedicò
totalmente al ministero episcopale, che si concluse verso il 202-203, forse con
il martirio.
Ireneo è innanzitutto un uomo di fede e un Pastore.
Del buon Pastore ha il senso della misura, la ricchezza della dottrina,
l’ardore missionario. Come scrittore, persegue un duplice scopo: difendere la
vera dottrina dagli assalti degli eretici, ed esporre con chiarezza le verità
della fede. A questi fini corrispondono esattamente le due opere che di lui ci
rimangono: i cinque libri Contro le eresie, e l’Esposizione della
predicazione apostolica (che si può anche chiamare il più antico
«catechismo della dottrina cristiana»). In definitiva, Ireneo è il campione
della lotta contro le eresie. La Chiesa del II secolo era minacciata dalla
cosiddetta gnosi, una dottrina la quale affermava che la fede insegnata
nella Chiesa sarebbe solo un simbolismo per i semplici, che non sono in grado
di capire cose difficili; invece, gli iniziati, gli intellettuali – gnostici,
si chiamavano – avrebbero capito quanto sta dietro questi simboli, e così
avrebbero formato un cristianesimo elitario, intellettualista. Ovviamente
questo cristianesimo intellettualista si frammentava sempre più in diverse
correnti con pensieri spesso strani e stravaganti, ma attraenti per molti. Un
elemento comune di queste diverse correnti era il dualismo, cioè si negava la
fede nell’unico Dio Padre di tutti, Creatore e Salvatore dell’uomo e del mondo.
Per spiegare il male nel mondo, essi affermavano l’esistenza, accanto al Dio
buono, di un principio negativo. Questo principio negativo avrebbe prodotto le
cose materiali, la materia.
Radicandosi saldamente nella dottrina biblica della
creazione, Ireneo confuta il dualismo e il pessimismo gnostico che svalutavano
le realtà corporee. Egli rivendicava decisamente l’originaria santità
della materia, del corpo, della carne, non meno che dello spirito. Ma la sua
opera va ben oltre la confutazione dell’eresia: si può dire infatti che egli si
presenta come il primo grande teologo della Chiesa, che ha creato la
teologia sistematica; egli stesso parla del sistema della teologia, cioè
dell’interna coerenza di tutta la fede. Al centro della sua dottrina sta la
questione della «Regola della fede» e della sua trasmissione. Per Ireneo la
«Regola della fede» coincide in pratica con il Credo degli Apostoli,
e ci dà la chiave per interpretare il Vangelo. Il Simbolo apostolico, che è una
sorta di sintesi del Vangelo, ci aiuta a capire che cosa vuol dire, come
dobbiamo leggere il Vangelo stesso.
Di fatto il Vangelo predicato da Ireneo è quello
che egli ha ricevuto da Policarpo, Vescovo di Smirne, e il Vangelo di Policarpo
risale all’apostolo Giovanni, di cui Policarpo era discepolo. E così il vero
insegnamento non è quello inventato dagli intellettuali al di là della fede
semplice della Chiesa. Il vero Evangelo è quello impartito dai Vescovi, che lo
hanno ricevuto in una catena ininterrotta dagli Apostoli. Questi non hanno
insegnato altro che questa fede semplice, che è anche la vera profondità della
rivelazione di Dio. Così – ci dice Ireneo – non c’è una dottrina segreta dietro
il comune Credo della Chiesa. Non esiste un cristianesimo superiore
per intellettuali. La fede pubblicamente confessata dalla Chiesa è la fede
comune di tutti. Solo questa fede è apostolica, viene dagli Apostoli, cioè da
Gesù e da Dio. Aderendo a questa fede trasmessa pubblicamente dagli Apostoli ai
loro successori, i cristiani devono osservare quanto i Vescovi dicono, devono considerare
specialmente l’insegnamento della Chiesa di Roma, preminente e antichissima.
Questa Chiesa, a causa della sua antichità, ha la maggiore apostolicità,
infatti trae origine dalle colonne del Collegio apostolico, Pietro e Paolo. Con
la Chiesa di Roma devono accordarsi tutte le Chiese, riconoscendo in essa la
misura della vera tradizione apostolica, dell’unica fede comune della Chiesa.
Con tali argomenti, qui molto brevemente riassunti, Ireneo confuta dalle
fondamenta le pretese di questi gnostici, di questi intellettuali: anzitutto
essi non posseggono una verità che sarebbe superiore a quella della fede
comune, perché quanto essi dicono non è di origine apostolica, è inventato da
loro; in secondo luogo, la verità e la salvezza non sono privilegio e monopolio
di pochi, ma tutti le possono raggiungere attraverso la predicazione dei
successori degli Apostoli, e soprattutto del Vescovo di Roma. In particolare –
sempre polemizzando con il carattere «segreto» della tradizione gnostica e
notandone gli esiti molteplici e fra loro contraddittori – Ireneo si preoccupa
di illustrare il genuino concetto di Tradizione apostolica, che possiamo
riassumere in tre punti.
a) La Tradizione apostolica è «pubblica», non
privata o segreta. Per Ireneo non c’è alcun dubbio che il contenuto della fede
trasmessa dalla Chiesa è quello ricevuto dagli Apostoli e da Gesù, dal
Figlio di Dio. Non esiste altro insegnamento che questo. Pertanto chi
vuole conoscere la vera dottrina basta che conosca «la Tradizione che viene
dagli Apostoli e la fede annunciata agli uomini»: Tradizione e fede che «sono
giunte fino a noi attraverso la successione dei Vescovi» (Contro le
eresie 3,3,3-4). Così successione dei Vescovi – principio personale – e
Tradizione apostolica – principio dottrinale – coincidono.
b) La Tradizione apostolica è «unica». Mentre
infatti lo gnosticismo è suddiviso in molteplici sètte, la
Tradizione della Chiesa è unica nei suoi contenuti fondamentali, che –
come abbiamo visto – Ireneo chiama appunto regula fidei o veritatis: e
così perché è unica, crea unità attraverso i popoli, attraverso le culture
diverse, attraverso i popoli diversi; è un contenuto comune come la verità,
nonostante la diversità delle lingue e delle culture. C’è una frase molto
preziosa di sant’Ireneo nel primo libro Contro le eresie: «La Chiesa,
benché disseminata in tutto il mondo, custodisce con cura [la fede degli
Apostoli], come se abitasse una casa sola; allo stesso modo crede in queste
verità, come se avesse una sola anima e lo stesso cuore; in pieno accordo
queste verità proclama, insegna e trasmette, come se avesse una sola bocca. Le
lingue del mondo sono diverse, ma la potenza della Tradizione è unica e la
stessa: le Chiese fondate nelle Germanie non hanno ricevuto né trasmettono una
fede diversa, né quelle fondate nelle Spagne o tra i Celti o nelle regioni
orientali o in Egitto o in Libia o nel centro del mondo» (1,10,1-2). Si vede
già in questo momento, siamo intorno all’anno 200, l’universalità della Chiesa,
la sua cattolicità e la forza unificante della verità, che unisce queste realtà
così diverse, dalla Germania, alla Spagna, all’Italia, all’Egitto, alla Libia,
nella comune verità rivelataci da Cristo.
c) Infine, la Tradizione apostolica è – come lui dice
nella lingua greca nella quale ha scritto il suo libro – «pneumatica», cioè
guidata dallo Spirito Santo (in greco «spirito» si dice pneuma). Non si
tratta infatti di una trasmissione affidata all’abilità di uomini più o meno
dotti, ma allo Spirito di Dio, che garantisce la fedeltà della trasmissione
della fede. E’ questa la «vita» della Chiesa, ciò che rende la Chiesa sempre
fresca e giovane, cioè feconda di molteplici carismi. Chiesa e Spirito per
Ireneo sono inseparabili: «Questa fede», leggiamo ancora nel terzo libro Contro
le eresie, «l’abbiamo ricevuta dalla Chiesa e la custodiamo: la fede, per opera
dello Spirito di Dio, come un deposito prezioso custodito in un vaso di valore
ringiovanisce sempre e fa ringiovanire anche il vaso che la contiene ... Dove è
la Chiesa, lì è lo Spirito di Dio; e dove è lo Spirito di Dio, lì è la Chiesa e
ogni grazia» (3,24,1).
Come si vede, Ireneo non si limita a definire il
concetto di Tradizione. La Tradizione di cui egli parla, ben diversa dal
tradizionalismo, è una Tradizione sempre internamente animata dallo Spirito
Santo, che la rende viva e la fa essere rettamente compresa dalla Chiesa.
Stando al suo insegnamento, la fede della Chiesa va trasmessa in modo che
appaia quale deve essere, cioè «pubblica», «unica», «pneumatica», «spirituale».
A partire da ciascuna di queste caratteristiche si può condurre un fruttuoso
discernimento circa l'autentica trasmissione della fede nell’oggi della
Chiesa. Più in generale, nella dottrina di Ireneo la dignità dell’uomo, corpo e
anima, è saldamente ancorata nella creazione divina, nell’immagine di Cristo e
nell’opera permanente di santificazione dello Spirito. Tale dottrina è come una
«via maestra» per chiarire insieme a tutte le persone di buona volontà
l’oggetto e i confini del dialogo sui valori, e per dare slancio sempre nuovo
all’azione missionaria della Chiesa, alla forza della verità, che è la fonte di
tutti i veri valori del mondo.
Saluti:
Je salue cordialement les pèlerins francophones
présents ce matin, en particulier tous les groupes de jeunes. Puisse saint
Irénée vous inviter à approfondir toujours davantage votre foi, dans la joie de
témoigner du Christ aujourd’hui, avec la force que donne l’Esprit Saint !
I am pleased to welcome the many English-speaking
pilgrims present. In a special way, I offer cordial greetings to the priests
from the Institute for Continuing Theological Education and to the students of
the NATO Defense College. Upon all of you I invoke God’s blessings of peace and
joy.
Ganz herzlich grüße ich die Pilger und Besucher
deutscher Sprache, heute besonders die Wallfahrer aus dem Bistum Hildesheim mit
ihrem Bischof und den Weihbischöfen und Prälat Wyrwoll. Die vielfältigen
Zeugnisse des Christentums hier in Rom mögen euer Bemühen um einen
authentischen Glauben und um ein christliches Leben stärken. Der Geist Gottes
führe euch durch diese Fastenzeit und begleite euch auf allen Wegen!
Saludo cordialmente a los visitantes de lengua
española. En particular, a los fieles de diversas parroquias y a los
estudiantes llegados de España, así como al grupo de militares de la Armada
Española. Saludo con afecto también a los visitantes de México y de otros
países latinoamericanos. Os animo a adquirir una sólida formación en la fe de
los Apóstoles, y a transmitirla fielmente a los demás con vuestras
palabras y el ejemplo de vuestra vida. ¡Gracias por vuestra visita!
A todos os peregrinos de língua portuguesa,
especialmente os brasileiros do Movimento de Schoenstatt faço votos de uma
feliz estadia em Roma, com o auspício de que possam recolher junto ao túmulo de
Pedro o sentido e a esperança de união com Cristo e com a sua Igreja.
Saluto in lingua ceca:
Srdečně zdravím české poutníky a studenty Západočeské
university v Plzni! Drazí, nechť nás zbytek této postní doby dobře připraví na
slavení Velikonoc. K tomu ze srdce žehnám vám i vašim drahým! Chvála Kristu!
Traduzione italiana del saluto in lingua ceca:
Un cordiale benvenuto ai pellegrini Cechi e agli
studenti dell'Università della Boemia Occidentale, in Plzeň! Carissimi, questo
ultimo periodo di Quaresima ci disponga pienamente alla celebrazione della
Santa Pasqua. Con questi voti benedico di cuore voi e i vostri cari! Sia
lodato Gesù Cristo!
Saluto in lingua croata:
S radošću pozdravljam sve hrvatske hodočasnike, a
posebno vjernike iz Kutine i iz Ilove! Približavamo se Cvjetnici i spomenu
Gospodinova ulaska u Jeruzalem. I on se približava nama i kuca na vrata našega
života. Prepoznajmo ga i primimo kako bi nas učinio dionicima svoje pobjede na
križu. Hvaljen Isus i Marija!
Traduzione italiana del saluto in lingua croata:
Con gioia saluto i pellegrini croati, particolarmente
i fedeli di Kutina e di Ilova! Ci avviciniamo alla Domenica delle Palme e alla
memoria dell’entrata del Signore a Gerusalemme. Anche lui si avvicina a
noi e bussa alla porta della nostra vita. Riconosciamolo e accogliamolo
affinché ci renda partecipi della sua vittoria sulla croce. Siano lodati
Gesù e Maria!
Saluto in lingua polacca:
Witam polskich pielgrzymów. W przygotowaniu do
przeżywania tajemnic Wielkiego Tygodnia towarzyszy nam dziś św. Ireneusz z
Lionu. Uczy on, aby te tajemnice rozważać w świetle Ewangelii i w duchu
Tradycji Kościoła, która opera się na świadectwie Apostołów, jest jedna i
przekazywana kolejnym pokoleniom dzięki Duchowi Świętemu. Taka kontemplacja
tajemnicy Odkupienia niech zbliża nas wszystkich do chwalebnego Chrystusa.
Niech Bóg wam błogosławi!
Traduzione italiana del saluto in lingua polacca:
Saluto i pellegrini polacchi. Nella preparazione ai
misteri della Settimana Santa ci accompagna oggi Sant’Ireneo di Lione. Egli
insegna a vivere questi misteri nella luce del Vangelo e nello spirito della
Tradizione che si fonda sulla testimonianza degli Apostoli, è unica e trasmessa
alle seguenti generazioni grazie allo Spirito Santo. Tale contemplazione del
mistero della Redenzione ci avvicini a Cristo glorioso. Dio vi benedica!
Saluto in lingua slovena:
Lepo pozdravljam profesorje in dijake Škofijske
klasične gimnazije v Šentvidu! Ko se trudite za učenost, ne pozabite, da je vir
prave modrosti v Gospodu. On, vstali Kristus, je začetek in konec, alfa in
omega. Njegov blagoslov naj bo vedno z vami!
Traduzione italiana del saluto in lingua slovena:
Rivolgo un cordiale saluto ai professori ed agli
alunni del Liceo Classico Diocesano di Šentvid! Nella vostra ricerca del sapere
non dimenticate che la sorgente della vera sapienza è nel Signore. Egli, Cristo
risorto, è l’inizio e la fine, l’alfa e l’omega. Vi accompagni sempre la sua
benedizione!
Saluto in lingua ungherese:
Szeretettel köszöntöm a magyar híveket, különösen is a
budapesti csoport tagjait. A nagyböjtben életünket átalakítjuk, hogy
méltóképpen készüljünk fel a Krisztussal való találkozásra. Szívesen adom rátok
és családjaitokra apostoli áldásomat. Dicsértessék a Jézus Krisztus!
Traduzione italiana del saluto in lingua ungherese:
Saluto con affetto i fedeli ungheresi, specialmente il
gruppo arrivato da Budapest. La Quaresima è un tempo forte per trasformare
la nostra vita, per essere degni a incontrare Cristo. Volentieri benedico voi
tutti e le vostre famiglie. Sia lodato Gesù Cristo!
* * *
Saluto i pellegrini di lingua italiana. In
particolare, i Vescovi delle Diocesi della Sicilia, che in questi giorni
compiono la Visita "ad Limina Apostolorum" e i fedeli che li
accompagnano. Cari Fratelli nell'Episcopato, vorrei ripetere a voi quanto
l'Apostolo Paolo raccomandava a Timoteo: annunziate integralmente la Parola di
Dio, insistete in ogni occasione opportuna e non opportuna, ammonite,
rimproverate, esortate con ogni magnanimità e dottrina (cfr 2Tm 4,
2). Sostenete con il vostro esempio i sacerdoti, le persone consacrate e i
fedeli laici di Sicilia, perché continuino a testimoniare Cristo e il suo
Vangelo, con rinnovato slancio e fervore. Nessun timore sorprenda mai e agiti
il cuore di tutti voi, cari fratelli e sorelle. Chi segue Cristo non si
spaventa delle difficoltà; chi confida in Lui va avanti sicuro. Siate
costruttori di pace nella legalità e nell'amore, offrendo luce agli uomini del
nostro tempo, i quali pur presi dagli affanni della vita
quotidiana, avvertono il richiamo delle realtà eterne.
Pensando alla Festa dell'Annunciazione, che abbiamo
celebrato qualche giorno fa, rivolgo infine un affettuoso saluto ai giovani,
ai malati e agli sposi novelli. Il "sì" pronunciato da
Maria incoraggi voi, cari giovani, a rispondere con generosità alla
chiamata di Dio. L'umile adesione alla volontà divina della Vergine, a Nazaret
come sul Calvario, aiuti voi, cari malati, ad unirvi sempre più
profondamente al sacrificio redentore di Cristo. Colei che per prima accolse il
Verbo incarnato accompagni voi, cari sposi novelli, nel cammino matrimoniale e
vi faccia crescere ogni giorno nella fedeltà dell'amore.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/it/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070328.html
Saint Irenaeus Church, Clinton, Iowa
IRÉNÉE DE LYON : Traité Contre les hérésies,
Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur, Démonstration de
l'enseignement apostolique :
http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/StIrenee/irenee_de_lyon.html
Église Saint-Irénée de Maillat.
IRÉNÉE DE LYON († 202). La prédication des Apôtres et ses preuves ou la
foi chrétienne. Trad. J. Barthoulot, révisée par S. Voicu. Introduction,
notes, plan de travail de A.-G. Hamman, PDF 3, 1977
Version revue et corrigée pour migne.fr par G. Bady : http://www.migne.fr/irenee_de_lyon_predication.htm
[Note de G. Bady: Lisible et même élégante, la traduction de J. Barthoulot,
publiée pour la première fois en 1916 et révisée par S.J. Voicu en 1977 pour «
Les Pères dans la foi », ne peut évidemment pas prétendre être la dernière de
la Prédication d'Irénée. En 1978, en effet, ont été découverts des fragments de
la version arménienne dans le manuscrit Galata 54 ; la dernière édition dans la
collection « Sources Chrétiennes » 406, Paris, 1995, par A. Rousseau, en tient
compte. Le lecteur soucieux d'un état récent de la recherche se référera donc à
cette édition en priorité.
La présente version du volume 3 des « Pères dans la foi » a été revue et
corrigée en ce qui concerne 1°) les coquilles et autres erreurs matérielles,
2°) la normalisation des références, 3°) la lisibilité, 4°) la mise à jour de
la bibliographie. En somme, le fond lui-même n'a pas été modifié. Seuls la
table alphabétique des thèmes, p. 107-109, et l'index des citations bibliques,
p. 111-113, n'ont pas été reproduits, puisqu'ils font référence aux pages du
livre imprimé.]
SOMMAIRE
(cliquer sur "Introduction", "Traduction" ou "Pour
mieux tirer profit de ce livre" pour y accéder)
Introduction :
Irénée et l'Église de Lyon
Qu'est-ce que croire ? Irénée répond
Traduction :
Prologue
Foi et oeuvres : comment les concilier ?
I. Qu'est-ce que les Apôtres ont prêché ?
Dieu et la création
Les trois articles de la foi
Du baptême à la Trinité
La création de l'homme
L'homme encore enfant. La chute
La marche vers le salut
Histoire du peuple de Dieu
Les alliances de Dieu : avec Noé, Abraham, Moïse
Adam et le Christ
La victoire du salut
L'Esprit dans l'Église
II. Les preuves : le Christ accomplit les Écritures
Le Fils de Dieu et Abraham, Jacob, Moïse
Le Christ préexiste à sa venue
Lecture de la Bible à la lumière du Christ
La passion annoncée
De la souffrance à la gloire
III. Le Christ et la loi nouvelle : l'Évangile
La charité, loi suprême
Le Christ et l'Église
La vie dans l'Esprit
La place des païens
L'Église passe aux barbares
Pour mieux tirer profit de ce livre :
Ce qu'il faut dégager de la Prédication des Apôtres
Ce texte dans l'histoire
Bibliographie sélective (mise à jour par G. Bady)
Voir aussi : http://jesusmarie.free.fr/irenee_de_lyon.html