Abbé
(640-720)
Saint Gilles était d'Athènes. Son éducation fut brillante, comme elle devait être pour un jeune homme de race royale. On lui a attribué de remarquables ouvrages de médecine et de poésie; mais sa science était surtout celle des Saints.
Un jour qu'il se rendait à l'église, il rencontre un pauvre mendiant malade et presque nu, qui lui demande l'aumône. Ému de compassion, Gilles se dépouille de sa riche tunique et la lui donne: à peine le malheureux en est-il revêtu, qu'il se trouve en parfaite santé. Le jeune homme comprit, à ce miracle, combien l'aumône est agréable à Dieu. Peu de temps après, à la mort de ses parents, il distribua tous ses biens aux pauvres et se voua lui-même à la pauvreté, à la souffrance et à l'humilité. Mais Jésus-Christ ne Se laissa pas vaincre en générosité, et les miracles se multiplièrent tellement sous les pas du saint jeune homme, qu'il en fut effrayé lui-même et se résolut à quitter son pays et à faire voile pour l'Occident. Pendant la traversée, il calma par ses prières une effroyable tempête et débarqua bientôt à Marseille, où il guérit la fille de son hôtesse.
Mais il lui fallait la solitude; il la trouva dans une grotte sauvage, où, dégagé de toute préoccupation terrestre, il ne vécut que pour Dieu. Ses jours, ses nuits presque entières s'écoulaient dans une prière continuelle, dans l'adoration et la contemplation. Il jeûnait tous les jours; le lait d'une biche de la forêt, que Dieu lui envoyait, suffisait à son entretien.
Depuis trois ans, Gilles habitait ce lieu solitaire, quand un jour Wamba, roi des Visigoths d'Espagne, vint chasser jusque dans les forêts voisines avec une suite nombreuse. La biche qui nourrissait le saint ermite, poursuivie par les chiens allait succomber; enfin, exténuée de fatigue, elle vint se jeter aux pieds de son maître. Gilles, ému jusqu'aux larmes, pria le Seigneur de protéger la vie de l'innocent animal. Une flèche, lancée par un chasseur, vint frapper la main de l'homme de Dieu et lui fit une blessure qui ne devait jamais guérir. La biche était sauvée, car le roi, plein d'admiration pour cet homme qui lui apparaissait avec l'auréole de la sainteté sur le front, donna ordre de cesser la poursuite. Il fit même, à la demande de Gilles, bâtir là un monastère. Après avoir dirigé quelques temps ce monastère, Gilles chercha de nouveau la solitude, et revint enfin terminer ses jours parmi ses chers religieux.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/saint_gilles_ou_egide.html
Scènes de la vie de Saint Gilles :
La chasse du roi où le saint ermite et sa biche sont
blessés ;
saint Gilles devient abbé du monastère édifié par le
roi.
SAINT GILLES
Aegidius vient de e, sans, geos, terre, et dyan, illustre ou divin. II fut sans terre en méprisant les choses terrestres, illustre par l’éclat de sa science, divin par l’amour qui assimile l’amant avec l’objet aimé.
(Aegidius), Gilles, né à Athènes, de lignée royale, fut, n'es son enfance, instruit dans les belles lettres. Un jour qu'il se rendait à l’église, il donna sa tunique à un malade gisant sur la place et demandant l’aumône : le malade s'en revêtit et fut aussitôt guéri. Après quoi, son père et sa mère étant morts dans le Seigneur, il fit J.-C. héritier de son patrimoine. Une fois, en revenant de l’église, il rencontra un homme qui avait été mordu par un serpent. Saint Gilles alla au-devant de lui, fit une prière et expulsa le venin. Il y avait dans (église un démoniaque qui troublait les fidèles par ses clameurs, saint Gilles chassa le démon et rendit cet homme à la santé. Or, comme le saint redoutait le danger de la faveur humaine, il s'en alla en cachette sur le rivage de la mer, où ayant vu des matelots luttant contre la tempête, il fit une prière et calma les flots. Les matelots abordèrent et ayant appris que Gilles allait à Rome, ils le remercièrent de sa bienfaisance et lui promirent de. le transporter sans frais. Après être arrivé à Arles, où il resta deux ans avec saint Césaire, évêque de cette ville, il y guérit un homme attaqué de la fièvre depuis trois ans mais conservant toujours le goût du désert, il s'en alla secrètement et demeura longtemps avec un ermite d'une sainteté remarquable, appelé Vérédôme : et il mérita de faire cesser la stérilité de la terre. Partout ses miracles le rendant illustre, il craignit donc, le danger dans lequel l’entraînerait la louange des hommes. Il quitta Vérédôme et s'enfonça dans un désert où trouvant un antre avec une petite fontaine, il rencontra une biche sans doute disposée par Dieu pour lui servir de nourrice, elle venait à des heures fixes l’alimenter de son lait. Les gens du roi vinrent chasser en cet endroit; dès qu'ils virent cette biche, ils laissèrent les autres bêtes et se mirent à la poursuivre avec leurs chiens : comme elle était serrée de près, elle se réfugia aux pieds de celui qu'elle nourrissait. Gilles étonné de ce que la biche bramait contre son habitude, sortit, et quand il eut entendu les chasseurs, il pria le Seigneur de lui conserver celle qu'il lui avait donnée pour nourrice. Or, pas un des chiens n'eut la hardiesse d'approcher de lui plus près que d'un jet de pierre, mais tous revenaient sur les chasseurs en poussant de grands hurlements. La nuit étant survenue, les chasseurs rentrèrent chez eux, et le lendemain, ils revinrent- au même endroit, et furent (6) encore obligés de retourner après s'être fatigués en vain. Le roi, instruit de cela, soupçonna ce qu'il y avait et s'empressa de venir avec l’évêque et une multitude de chasseurs. Mais comme les chiens n'osaient pas s'approcher plus qu'auparavant, et qu'ils revenaient tous en hurlant, on entoura cet endroit que les ronces rendaient inaccessible. Or, un archer, pour débusquer la biche, décocha à la volée un trait qui fit une blessure grave à saint Gilles en prière pour la bête ; après quoi les soldats, s'étant ouvert un passage avec leurs épées, parvinrent à la caverne où ils aperçurent un vieillard en habits de moine, vénérable par ses cheveux blancs et par son âge, et à ses genoux la biche couchée. L'évêque seul et le roi ayant mis pied à terre, allèrent le trouver, après avoir fait rester leur suite en arrière. Ils lui demandèrent qui il était, d'où il était venu, pourquoi encore il s'était enfoncé dans la profondeur de ce vaste désert, et enfin quel était l’audacieux qui l’avait blessé d'une manière aussi grave. Gilles répondit à chacune de leurs questions ; alors ils lui demandèrent humblement pardon, promirent de lui envoyer des médecins pour guérir sa plaie et lui offrirent beaucoup de présents. Mais il ne voulut pas employer les médecins, ne daigna pas même regarder les présents qu'on lui offrait; bien au contraire, convaincu que la vertu se perfectionne dans l’infirmité, il pria le Seigneur de ne pas lui rendre la santé tant qu'il vivrait. Mais comme le roi en lui faisant de fréquentes visites en recevait la nourriture du salut, il lui offrit d'immenses richesses, (lue le saint refusa d'accepter, donnant conseil au roi (7) d'en fonder un- monastère où la discipline de l’ordre monastique serait en vigueur. Et quand le roi l’eut fait, saint Gilles, vaincu par les larmes et les prières du roi, se chargea après bien des résistances, de la direction de ce monastère.
Dès que le roi Charles eut été informé de la réputation du saint, il le sollicita de venir le trouver, et le reçut avec respect. Pendant qu'ils s'entretenaient des choses du salut, le roi lui demanda en grâce de vouloir bien prier pour lui, parce qu'il avait commis un crime énorme qu'il n'oserait confesser à personne, pas même au saint lui-même. Le dimanche suivant, pendant que saint Gilles, en célébrant la messe, priait pour le roi, un ange du Seigneur qui lui apparut mit sur l’autel une cédule sur laquelle était écrit à la suite d'abord le péché du roi, et enfin la rémission qu'en avait obtenue le saint par ses prières, à condition toutefois que le roi s'en repentirait, s'en confesserait et ne le commettrait plus. Il était ajouté à la fin que quiconque invoquerait saint Gilles pour n'importe quel péché, s'il cessait de le commettre, il aurait la certitude d'en recevoir la rémission par ses mérites. La cédule fut présentée au roi qui, ayant reconnu son péché, en demanda humblement pardon. Saint Gilles revint comblé d'honneurs, et en passant par la ville de Nîmes, il ressuscita le fils du prince qui venait de mourir. Très peu de temps après, saint Gilles annonça par avance que son monastère allait être bientôt détruit par les ennemis, puis il alla à Rome. Il obtint un privilège pour son église et à sa demande le pape lui accorda encore deux portes en bois de cyprès sur (8) lesquelles étaient sculptées les figures des apôtres. Il les jeta dans le Tibre en les confiant à la conduite de Dieu. Comme il revenait, il rendit l’usage de ses jambes à un paralytique auprès de Tyberon. Arrivé à son monastère, il trouva, dans le port, les portes dont il vient d'être parlé, et après avoir rendu des actions de grâces à Dieu de ce qu'il les avait conservées entières au milieu des périls de la mer, il les plaça à l’entrée de son église pour en faire l’ornement et pour être un témoignage de son union avec le siège de Rome. Enfin le Seigneur lui révéla en esprit que le jour de sa mort approchait. Il en fit part à ses frères en réclamant leurs prières, et s'endormit heureusement dans le Seigneur. Beaucoup de personnes assurèrent avoir entendu les choeurs des anges qui portaient son âme au ciel. Il vécut vers l’an 700 du Seigneur.
Jacques de Voragine. La Légende dorée
SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome03/131.htm
Fête depuis le XIIème siècle (sous Urbain IV), son introduction au calendrier a réduit la fête des 12 Saints Martyrs de Bénévent à une simple commémoraison.
Leçon des Matines (avant 1960)
Troisième leçon. Gilles, d’Athènes, et de sang royal, se livra dès sa jeunesse avec tant d’ardeur à l’étude des saintes lettres et aux œuvres de charité, qu’il semblait indifférent à tout le reste. Aussi, à la mort de ses parents, distribua-t-il aux pauvres tout son patrimoine, se dépouillant même de sa tunique, pour en revêtir un malade indigent qui fut guéri à ce simple contact. Plusieurs autres miracles ayant augmenté sa réputation, Gilles, craignant de voir son nom devenir célèbre, se rendit auprès de saint Césaire, à Arles. Il le quitta deux ans après, pour se retirer dans un désert, où il vécut longtemps dans une sainteté admirable, n’ayant pour nourriture que des racines et le lait d’une biche qui venait à lui à des heures réglées. Un jour qu’elle était poursuivie par la meute royale, cette biche se réfugia dans la grotte de Gilles, où le roi de France étant arrivé, pressa vivement le Saint de consentir à la construction d’un monastère en ce lieu. Le saint ermite, sur les instances du roi, prit à regret la direction du monastère, et après une administration pieuse et prudente de quelques années, s’endormit doucement dans le Seigneur.
SOURCE : http://www.introibo.fr/01-09-St-Gilles-abbe
Saint Gilles
Ermite près de
Narbonne, en Septimanie (✝ 720)
D'origine grecque, Gilles
(Aegidius) vécut en Ermite dans les forêts près de Nîmes dans le Gard où il
fonda une Abbaye qui prit son nom: 30800 Saint Gilles du Gard.
Sa popularité lui vint de ce que le Monastère, construit dès le VIe siècle, se
trouvait sur l'un des itinéraires de Rome à Compostelle. Les pèlerins s'y
arrêtaient et chantaient les louanges de Saint Gilles à leur retour dans leur
pays.
"Reconnaissable à sa coule Bénédictine et à sa biche, on l'invoque contre
la panique, le mal caduc, la folie ou les frayeurs nocturnes"
Saint Gilles, dont le culte est florissant depuis le Moyen Age, à cause de
l'Abbaye gardienne de ses reliques, est un Ermite dont l'histoire s'est souvent
effacée au profit de la légende.
Son tombeau fut un lieu de pèlerinage extrêmement fréquenté au Moyen Age,
sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle.
Un grand nombre de lieux de culte lui sont dédiés tant en France qu'à
l'étranger. (Source: Les Saints du diocèse de Nîmes)
- Languedoc roman - Saint-Gilles-du-Gard - église
romane
Au pays de Nîmes dans la province de Narbonne, au VIe ou VIIe siècle, Saint
Gilles, dont le nom a été donné à la ville qui s’est formée ensuite dans la
vallée Flavienne, où lui-même aurait érigé un Monastère et terminé sa vie.
Martyrologe romain
Même si la route te paraît vide, longue et fastidieuse, elle t’entraîne à
entrer en toi-même. Ne ferme pas cette porte.
Tu y trouveras un jour ou l’autre Dieu qui est en toi, tu découvriras sa
vérité. Il te donnera sa vie. Car il est le Chemin, la Vérité, la Vie.
Guide du pèlerin de Saint Gilles.
La légende de Saint Gilles, d’après Guillaume de
Berneville
Depuis trois ans qu'il était au désert, ne faisant
qu'adorer Dieu, croire en lui et le servir, Gilles n'avait jamais vu un homme
et n'en avait entendu.
Il n'avait plus mangé depuis quelque mille jours ni
pain, ni viande, ni poisson, ne vivant que de racines et, par gourmandise peut-être,
de cresson.
Mais tant vont les choses pour ceux qui se
mortifient, qu'à la fin la santé défaille, les forces disparaissent et la
maladie guette : à ce point en était donc Gilles, qui ne se sentait guère
bien portant.
Or, écoutez le joli miracle que Dieu fit pour son
serviteur. Un jour qu'il était dans sa cabane de feuillages, priant selon
1'ordinaire, l'Ermite entendit du bruit dans les fourrés et il vit devant lui
paraître une biche sauvage qui, sans crainte, s'avançait vers lui.
Elle était étrangement belle, beige clair et le
regard d'une exquise douceur. Ses pis étaient pleins de lait.
Comme Gilles, en silence, la regardait approcher,
la biche entra dans la logette et se coucha à ses pieds, comme pour lui
signifier qu'elle s'offrait à le servir.
Et Gilles, à qui les intentions du Seigneur étaient
toujours assez claires, comprit que Dieu la lui envoyait.
Et voici comment la biche miraculeuse servit
l'Ermite affaibli. Pour lui rendre des forces, fallait-il mieux que le
lait ?
Chaque jour, elle courait la campagne paissant les
prés : quand venait l'heure de dîner point n'était besoin que Gilles
l'appelât, car elle savait parfaitement l'heure et rentrait d'elle-même auprès
de son ami.
Gilles lui avait fait une logette de feuillages
près de la sienne afin qu'elle fût protégée du froid de la nuit.
Et cela dura de longs mois, peut-être des années,
sans que quiconque d'humain connût cette histoire, hormis le Seigneur, qui
connaît tout.
Or, en ce temps-là, le maître du pays était
Flovent, duc de Provence et de Gascogne, prince puissant, qui était soumis au
Grand Charles, alors roi de France.
C'était un homme fort courtois, élevé à la
française, honnête Chrétien et bon chevalier. II n'avait qu'une passion au
monde, la chasse, et son équipage était des plus beaux.
C'était merveille de voir ses éperviers, ses
vautours, ses gerfauts, et les chiens de sa meute, limiers, mâtins et lévriers.
Il n'était point d'exemple que cette meute, une
fois lancée, eût abandonné la poursuite, et 1'on ne comptait plus les cerfs,
les daims, les chevreuils et les biches qui avaient été mangés à sa table, sans
compter maintes autres bêtes sauvages.
Ses terres allaient jusqu'au bord du Rhône, à
l'endroit où il est le plus large, non loin de la vieille ville d'Arles, où le
grand Saint Césaire enseigna.
Aussi quand, poursuivis par les chiens, les animaux
étaient arrêtés par le fleuve, bien rares étaient ceux qui avaient chance
d'échapper.
C'est au temps de l’Avent que vient la saison de
chasser la biche. Flovent était à Montpellier, et, pour distraire ses vassaux
et leur plaire, il les invita tous à une grande chasse, les plus petits comme
les plus hauts.
Levé de bon matin, il partit donc avec deux meutes
et toute la vaste cavalcade de ses hôtes. Des deux meutes la moins bonne prit
deux cerfs et la meilleure en a pris quatre.
Mais c'était une biche que voulait le
duc Flovent et de n'en point trouver il commençait à se mettre en colère quand
son veneur lui signala la plus belle, la plus élégante
des biches que jamais la Camargue eût vues... Et tout l'équipage de courir
après elle.
Cris des veneurs ! abois des chiens ! Par
le bois et par la plaine, on galope à plein étrier. Mais où est la biche ?
Plus de biche ! Les uns croient 1'avoir vue qui s'engageait dans une
petite combe à l'impénétrable fourré, mais sa disparition a été si rapide que
les autres opinent qu'elle a bien pu s'envoler au ciel.
Qui est bien marri ? Le veneur. Nombreuse est
l'assistance au château ; les beaux valets vêtus de vair, d'hermine, de
ciglaton et de pourpre servent un magnifique repas.
« Ah, veneur, s'écrie le duc en se moquant,
vous chassez donc la biche de nuit que vous rentrez si tard ?
Et sans prise, n'est-ce pas ? Je le vois à
votre mine ! »
« Sire, répond le chasseur, que demain Dieu me
damne si je ne rapporte pas la tête de cette bête ! »
Mais le lendemain, à grands sons de cor, quand la
chasse fut repartie, quand les chiens eurent repris le vent de la biche, quand
on l'eut encore trois grandes heures pourchassée, ne voilà-t-il pas que le même
mystère recommence !
Elle était là, la jolie tête blonde, et
brusquement, elle n'est plus là. Où donc est-elle ? Sorcellerie ?
En rentrant à la nuit lourde, les chasseurs
n'étaient pas loin de le croire. Et quand ils rentrèrent à Montpellier, le duc
ne les reçut guère avec honneur.
Ce fut le troisième jour, triste jour, jour de
misère, que le drame se produisit. Elle broutait paisiblement, la biche, dans
un pré dégagé quand le duc reparut, avec ses archers à l'affût, ses cavaliers
et ses cent quarante chiens qu'il lança tous à la fois.
Comme elle eut peur, la pauvrette, comme elle crut
venu son dernier jour ! Tout le bois retentissait de cris horribles.
Il ne lui fallut rien de moins que toute sa vigueur
et son courage pour s'échapper une fois encore. Si elle n'avait été si agile,
d'elle c'en eût été fait.
Mais au moment où elle bondissait sur la sente qui
menait à son cher ermitage, un chien la suivit, et derrière le chien un archer
basque, preste et prompt presque autant qu'elle. Il la vit disparaître dans le
fourré et c'est alors qu'il fit un bien mauvais coup. Il lâcha la corde de son
arc et le trait s'envola...
L'homme écouta, n'entendit rien. Peut-être un sourd
gémissement... pas davantage. Et il repartit en hâte crier au duc :
« Seigneur, Seigneur, je sais où est cachée la
biche. C'est à peine si un homme peut passer. Venez vite, peut-être y est-elle
encore ! »
Quand Flovent eut fait dégager les broussailles et
ouvrir la sente à son passage, il arriva avec les siens dans une combe
ravissante, dont la beauté leur fut à merveille.
C'était comme un verger planté d'arbres à fruits,
partout pêches, figues et amandes, qui répandaient une odeur exquise.
Sans trop comprendre que ces merveilles puissent
mûrir en temps d'Avent, ils approchèrent ses compagnons et lui, vers une cabane
de feuillages qui se dressait dans la clairière.
Et là, ils trouvèrent un homme exsangue, le visage aussi pâle que les poils de
sa barbe, qui avait encore un grand trait d'arc planté dans la poitrine et qui
les regardait doucement. A ses pieds était étendue la biche, et il la caressait
de la main.
Alors, l’Évêque de Montpellier, qui était de la
suite du prince, s'écria :
« Ah, Duc, ne nous étonnons plus que par deux fois,
votre meute ait été bien mise en défaut ! Cette biche est sous la
protection de Dieu et de Gilles, qui est le meilleur de ses serviteurs !
Ce serait grand péché que d'y toucher dans la main même de celui à qui elle a
été donnée ! »
Aussitôt, s'agenouillant, Flovent s’écria :
« Saint Ermite Gilles, homme de Dieu, nous ne te voulions aucun mal, à
toi ! »
« A moi, peut-être, répondit l'ermite, mais à cette
douce bête que voici ?
Et crois-tu donc que, sur la terre, tu n'aies qu'à
pourchasser les bêtes et à leur donner la mort ? Seigneur duc, je te le
demande, ne viens plus chasser par ici, ni poursuivre celle qui me
nourrit ! »
A ces mots, Flovent fit retour sur lui-même. En
entendant le Nom de Dieu prononcé par les lèvres d'un Saint, il se mit à
pleurer.
N'était-il pas vrai qu'il ne pensait guère au
Seigneur, tout occupé à chasser les bêtes ? Et, ayant fait soigner
l'Ermite, il s'en retourna tout pensif.
Mais il revint souvent. Le soir, en secret, tout
seul, il arrivait le long de la sente silencieuse jusqu'au petit vallon.
Chaque fois il apportait quelque présent, que
Gilles, doucement, l’obligeait à reprendre. « Que voulez-vous donc,
Ermite ? qu'attendez-vous de moi ? »
« Tous ces trésors qui ne vous servent de rien
pour le Salut de votre âme, donnez-les au Christ et c'est Lui qui vous les
rendra un jour ! »
Et le soir où Gilles lui tint ce langage, le duc
s'en retourna encore plus pensif. Mais les paroles du Saint remuaient son âme
et elles y faisaient leur chemin.
« Que devrai-je donc faire, Saint Ermite, pour que
Dieu accepte une offrande ? »
« Avec toutes tes terres, et tes bijoux, et
ton or, fais construire une Abbaye afin qu’un peuple de Moines y prie nuit et
jour pour toi, tes sujets et la paix de la Chrétienté ! »
« Je l'accepte, à une condition, que tu sois
Abbé de ce Couvent, auquel je donnerai tout le nécessaire, dortoir, chapitre et
bon cellier, hôtellerie et réfectoire, le tout construit en pierre blanche, la
meilleure qu'on pourra trouver. »
Il ne fallut pas qu'un soir pour décider l'Ermite
Gilles. Le souci d'innombrables âmes, comme le porte le Père Abbé, lui
paraissait si lourd, si lourd !
Mais tandis qu'il hésitait encore et que, dans sa
chère solitude, il se demandait ce que Dieu attendait de lui, voici qu’il
sentit sur sa main la douce langue de sa biche.
Elle le regarda longuement, puis elle se leva en
étirant les pattes et, à pas lents elle s'en alla. A trois reprises le Saint
1'appela, mais elle ne tourna même pas la tête.
Et c'est ainsi que l'Ermite comprit que le temps de
la solitude était pour lui achevé. Et c'est ainsi qu'il accepta l'offre du duc
Flovent.
Et c'est ainsi que sortit de terre cette Abbaye
que, sur le moment, on nomma Saint-Pierre, mais qu'aujourd'hui nous appelons
Saint-Gilles, en mémoire de l'Ermite à la biche et de sa douceur.
Sant' Egidio Abate
sec. VI-VII
L'epoca
in cui visse l'abate Egidio (in francese Gilles) non si conosce con precisione.
Alcuni storici lo identificano con l'Egidio inviato a Roma da S. Cesario di
Arles all'inizio del secolo VI; altri lo collocano un secolo e mezzo più tardi,
e altri ancora datano la sua morte tra il 720 e il 740. La leggenda in questo
caso non ci viene in aiuto, poiché tra i vari episodi della vita del santo
annovera anche quello che viene illustrato da due vetrate e da una scultura del
portale della cattedrale di Chartres, in cui è raffigurato Sant'Egidio mentre
celebra la Messa e ottiene il perdono di un peccato che l'imperatore Carlo
Magno non aveva osato confessare a nessun sacerdote. La tomba del santo,
venerata in un'abbazia della regione di Nimes, risaliva probabilmente all'epoca
merovingica, anche se l'iscrizione non era anteriore al secolo X, data in cui
fu anche composta la Vita del santo abate, intessuta di prodigi sul tipo delle
pie leggende raccontate a scopo di edificazione. Numerose sono le testimonianze del suo culto in
Francia, Belgio e Olanda. (Avvenire)
Patronato: Eremiti, Madri, Cavalli
Etimologia: Egidio = figlio di Egeo, nato
sull'Egeo, dal greco
Emblema: Bastone pastorale, Cerva
Martirologio
Romano: Nel territorio di Nîmes
nella Gallia narbonense, ora in Francia meridionale, sant’Egidio, da cui poi
prese il nome la cittadina fiorita nella regione della Camargue, dove si
tramanda che egli costruì un monastero e pose termine al corso della sua vita
mortale.
Nella famiglia
francescana il nome di Egidio è molto caro, per essere stato onorato da vari
beati, il più noto dei quali, celebrato il 23 aprile, è il terzo compagno di S.
Francesco, quel candido frate Egidio che della sua origine contadinesca aveva serbato
l'operosità e la saggezza, costantemente pervaso da "perfetta
letizia" e dal dono dell'arguzia. Ma il santo odierno, assai popolare in
Francia, non appartiene alla famiglia francescana, essendo vissuto molti anni
prima di S. Francesco. L'epoca in cui visse l'abate Egidio (in francese Gilles)
non si conosce con precisione. Alcuni storici lo identificano con l'Egidio
inviato a Roma da S. Cesario di Arles all'inizio del secolo VI; altri lo
collocano un secolo e mezzo più tardi, e altri ancora datano la sua morte tra
il 720 e il 740.
La leggenda in questo caso non ci viene in aiuto, poiché tra i vari episodi
della vita del santo annovera anche quello che viene illustrato da due vetrate
e da una scultura del portale della cattedrale di Chartres, in cui è raffigurato
S. Egidio mentre celebra la Messa e ottiene il perdono di un peccato che
l'imperatore Carlo Magno (768-814) non aveva osato confessare a nessun
sacerdote. La tomba del santo, venerata in un'abbazia della regione di Nimes,
risaliva probabilmente all'epoca merovingica, anche se l'iscrizione non era
anteriore al secolo X, data in cui fu anche composta la Vita del santo abate,
intessuta di prodigi sul tipo delle pie leggende raccontate a scopo di
edificazione.
Tra le narrazioni che più hanno contribuito alla popolarità del santo vi è
quella della cerva inviata da Dio per recare il latte al pio eremita, che
viveva da anni rintanato in un bosco, lontano dal consorzio umano. Un giorno la
benefica cerva incappò in una battuta di caccia condotta dal re in persona. Il
regale cacciatore inseguì la preda, ma al momento di scoccare la freccia non si
accorse che l'animale spaurito era già ai piedi dell'eremita. Così il colpo
destinato al mansueto quadrupede ferì, seppur di striscio, il pio anacoreta.
L'incidente ebbe un seguito facilmente intuibile: il re, divenuto amico di
Egidio, si fece perdonare facendogli omaggio dell'intero territorio, sul quale
più tardi sorse una grande abbazia. Qui il buon eremita, in cambio della
solitudine irrimediabilmente perduta, ebbe il conforto di veder prosperare
un'attiva comunità di monaci, di cui Egidio fu l'abbas, cioè il padre. Numerose
sono le testimonianze del suo culto in Francia, Belgio e Olanda, in cui viene
invocato contro il delirio della febbre, la paura e la follia.
Autore: Piero Bargellini