Carlo Dolci (1616–1686). Mater dolorosa, vers 1650, 67 X 82,5, National Museum of Western Art, Tokyo
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/notre-dame_des_sept-douleurs.html
Beata Vergine Maria Addolorata. Statua conservata a Castellaneta, provincia di Taranto, in Puglia.
Notre-Dame des sept Douleurs
Mémoire liturgique
Martyrologe romain
On a tué le fils et la mère, les transperçant de dure
mort. On trouvera la mère et le fils, embrassés sur une même croix.
Poème attribué à Jacopone de Todi, auteur du
"Stabat Mater"
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/1857/Notre-Dame-des-sept-Douleurs.html
Adriaen Isenbrant (vers
1485 –1551). Notre-Dame des Sept Douleurs, 1521, huile sur panneau de bois, 144 x 133, Musées royaux des
Beaux-Arts de Belgique
Les sept grâces à recueillir des sept douleurs de
Notre-Dame
Jean-Michel
Castaing - Publié le 14/09/21
La fête de Notre-Dame des Douleurs, le 15 septembre,
nous invite à méditer les sept douleurs de la Vierge et les fruits que nous
pouvons tirer de chacune d'entre elles.
Au lendemain de la fête de la Croix glorieuse,
l’Église célèbre la compassion de Marie au pied de la croix : Notre
Dame des sept douleurs. Marie ne souffrit pas seulement avec son fils crucifié,
mais tout au long de sa vie, elle s’unit avec lui à la peine des hommes pour
leur rédemption. Les « sept douleurs » font référence à sept
événements particuliers, relatés dans les évangiles, qui firent souffrir
la mère de Jésus.
1- La prophétie de Syméon : le courage
Le jour de la présentation de Jésus au temple de
Jérusalem, le vieillard qui le reçut dans ses bras prophétisa à sa mère :
« Vois ! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand
nombre en Israël ; il doit être un signe en butte à la contradiction — et
toi même, un glaive te transpercera l’âme ! » Par cette première
douleur, le chrétien demande à Dieu la force de regarder la réalité en face
sans perdre courage et de conserver la paix de l’âme dans les moments
critiques.
2- La fuite en Égypte : le désir du Ciel
Marie et Joseph sont obligés de s’exiler en toute hâte
pour échapper aux tueurs d’Hérode qui recherchent l’Enfant. Le fruit à demander
à l’Esprit, par cette seconde douleur, est de comprendre que nous n’avons pas
ici-bas de demeure permanente et que notre patrie définitive est aux cieux (Ph
3,20).
Lire aussi :Prier comme un enfant la Mère des Douleurs
3- La perte de Jésus au Temple : la consolation
Jésus est resté à Jérusalem lors de la fête de Pâques,
tandis que ses parents rentraient à Nazareth. S’apercevant de son absence dans
le caravansérail des pèlerins, ils se mettent à le chercher avec une angoisse
mortelle. La grâce liée à cette troisième douleur consiste dans le réconfort à
demander à Marie quand notre âme est désolée de ne plus sentir la présence de
Jésus en elle. La Vierge nous enseigne alors que la nuit de la foi n’est pas la
perte de la grâce.
4- La rencontre de Jésus sur le chemin du
Calvaire : la patience dans les épreuves
Le fruit de cette douleur est la patience dans les
épreuves, ainsi que la pleine compréhension de notre coopération à la
Rédemption du monde lorsque nous portons nos croix, grandes ou petites,
héroïques ou plus ternes, en union avec Jésus.
5- La mort de Jésus : le renoncement au péché
Sur le Calvaire, Marie est clouée spirituellement à la
croix avec Jésus. En la contemplant dans cet état, le croyant est appelé à
s’ausculter lui-même afin de renoncer au péché qui a conduit à ce résultat
paradoxal : les deux êtres les plus aimants qui parurent jamais sur terre
furent aussi ceux qui souffrirent le plus de la main des hommes ! Et de
cet effet pitoyable, nul ne peut se déclarer quitte.
Lire aussi :Notre Dame des Sept Douleurs : et si vous méditiez avec saint
Alphonse de Liguori ?
6- Le coup de lance et la descente de la croix :
l’entrée dans le cœur de Jésus
Jésus est mort. C’est donc sa mère qui reçoit le coup
de lance du soldat qui ouvre le cœur de son Fils. La douleur est pour elle.
Puis, elle recueille le corps inerte de son Fils supplicié. Par cette douleur,
la grâce à demander à la Vierge est de pouvoir entrer dans le Cœur de Jésus que
la lance a ouvert, mais aussi la résolution de ne plus la faire souffrir par
nos péchés, causes de la mort de Celui qu’elle aime plus qu’elle-même. À cet
égard, on se souviendra avec profit que le Père ne refuse aucune prière
formulée par la mère de son Fils au nom des douleurs qu’elle endura durant la
Passion.
7- L’ensevelissement de Jésus : la force de
pardonner
Jésus était toute la vie de Marie. Elle le perd. La
grâce à demander par cette ultime douleur est de quitter les fausses lumières
du monde pour être caché avec le Christ en Dieu. Accompagnée de Jean, Marie
rentre chez elle. Là, tout lui parle de Jésus. Cependant, elle n’a pas renoncé
à aimer les hommes. Dans la septième douleur, le croyant puise la foi dans le
pardon de ses fautes de la part de Dieu, mais aussi la force de pardonner à son
tour comme le Fils et la Mère pardonnèrent aux bourreaux du Golgotha, la force
de rendre le bien pour le mal. Et enfin la certitude que la Vierge l’invite
dorénavant à se confier à elle pour le conduire à son Fils, comme saint Jean la
reçut pour sa mère et confidente au Calvaire.
Vergine Addolorata venerata a Pozzallo
15 septembre
Saint Notre-Dame des douleurs
Sommaire :
Addolorata della proprietà della Confraternita del Carmine, Gallipoli (Italia)
On trouve les premières traces de la dévotion aux
douleurs de la Vierge, à la fin du XI° siècle, particulièrement dans les écrits
de saint Pierre Damien (+1072), de saint Anselme (+ 1109), d’Eadmer de
Cantorbéry (+ 1124), de saint Bernard (+ 1153) et de moines bénédictins et
cisterciens qui méditent le passage de l'Evangile qui montre Marie et Jean au
pied de la Croix.[1]
Saint Anselme[2] écrit : Votre peine, Vierge
sacrée, a été la plus grande qu'une pure créature ait jamais endurée ; car
toutes les cruautés que nous lisons que l'on a fait subir aux martyrs, ont été
légères et comme rien en comparaison de votre douleur. Elle a été si grande et
si immense, qu'elle a crucifié toutes vos entrailles et a pénétré jusque dans
les plus secrets replis de votre cœur. Pour moi, ma très pieuse Maîtresse, je
suis persuadé que vous n'auriez jamais pu en souffrir la violence sans mourir,
si l'esprit de vie de votre aimable Fils, pour lequel vous souffriez de si
grands tourments, ne vous avait soutenue et fortifiée par sa puissance infinie.
La Compassion de la Vierge au pied de la
Croix alimenta la piété des fidèles jusqu'au XV° siècle et l'on connaît bien
des morceaux composés sur ce thème, qui n'ont rien perdu de leur fraîcheur,
quoique la plupart soient bien oubliés, puisque la dévotion privée ne
s'alimente plus de prières latines. Jacopone de Todi nous a laissé le chef
d'œuvre du genre dans le Stabat Mater, poème de l'amour qui souffre sans
désespérer, du contrit qui s'attache au Christ et à Marie, et qui goûte la joie
surnaturelle retrouvée par son union aux douleurs du Fils et de la Mère. La
messe de Notre-Dame des douleurs comprend ce poème de
compassion.
Les XIII° et XIV° siècles ne contemplent que la
douleur de Marie au pied de la Croix, comme en témoignent les écrits
franciscains[3] de saint Bonaventure ou de saint
Bernardin de Sienne (1380-1444), et les écrits dominicains de Jean Tauler
(1294-1361)du bienheureux Henri Suso (1295-1366) ou de saint Antonin
(1389-1459) ; c’est encore l’objet unique de l’office de la
Compassion de la bienheureuse Vierge Marie instituée par le concile de
Cologne (1423), comme de celui que les Annonciades4 célébraient, au début du XV° siècle, le
lundi de la semaine de la Passion. A cette époque, le culte de Marie sous le
titre de Mater Dolorosa prend une extension considérable,
singulièrement dans les Flandres où abondent les livres liturgiques, les
monuments d’art religieux et les opuscules de piété.
Il faut attendre le XIV° siècle pour que l'on parle
communément des sept douleurs (sept glaives) de la Vierge :
la prophétie du vieillard Siméon, le massacre des Innocents et la fuite en
Egypte, la perte de Jésus au Temple de Jérusalem, l'arrestation et les
jugements du Christ, la mise en croix et la mort du Christ, la déposition de la
croix et la mise au tombeau.
Au cours des temps, comme elle l’avait déjà fait pour
ses joies, la piété populaire étendit la compassion de la Vierge à toute sa
vie, mais il est assez difficile d'en suivre l'évolution. Peut-être a-t-on commencé
à opposer aux cinq joies de la Vierge ses cinq douleurs : la prophétie de
Siméon, la perte de Notre-Seigneur à Jérusalem, l'arrestation, la Passion et la
mort du Christ. Rapidement, le nombre augmenta : on a des séries de dix, de
quinze, voire de cent cinquante[5]. Le nombre sept allait bientôt l'emporter,
sans doute en rapport avec la célébration des sept joies de la Mère de Dieu que
les fondateurs de l’Ordre des Servites[6] célébraient chaque samedi et que saint
Louis d’Anjou, franciscain et archevêque de Toulouse[7] (+ 1297) offrait après les Complies.
Signalons quelques schémas.
Les sept heures sont une méditation des peines de la
Vierge pendant la Passion : à matines, l'arrestation et les moqueries ; à
prime, la comparution devant Pilate ; à tierce, la condamnation ; à sexte, la
mise en croix ; à none, la mort ; à vêpres, la descente de croix ; à complies,
la mise au tombeau.
Les sept glaives s'étendent à toute la vie de la
Vierge : le premier glaive est la prophétie de Siméon à qui la métaphore est
empruntée (Vois, cet enfant est fait pour la chute et le relèvement d'un grand
nombre en Israël ; il doit être un signe en but à la contradiction, et
toi-même, un glaive te transpercera l'âme, afin que se révèlent les pensées de
bien des cœurs) ; le second glaive est le massacre des Innocents ; le troisième,
la perte de Jésus à Jérusalem ; le quatrième, l'arrestation et les jugements du
Christ ; le cinquième, la mise en croix entre deux larrons et la mort ; le
sixième, la déposition de croix ; le septième, la mise au tombeau.
Les sept tristesses de la Vierge forment une série un
peu différente : la prophétie de Siméon, la fuite en Egypte, la perte de Jésus
au Temple, son arrestation et sa condamnation, sa mise en croix et sa mort, sa
descente de croix, enfin la tristesse de la Vierge restant sur la terre après
l'Ascension.
Le chiffre de sept, si aimé des symbolistes chrétiens,
imposait un choix parmi les épisodes de la vie de la Vierge et l'on s'explique
assez les fluctuations des auteurs ; la série suivante finit par
l'emporter : la prophétie de Siméon, la fuite en Egypte, la perte de Jésus
à Jérusalem, la rencontre de Jésus sur le chemin du Calvaire, le crucifiement,
la descente de croix, la mise au tombeau.
Ces sept douleurs furent pour la première fois
exprimées d’une façon formelle, par Jean de Coudenberghe, doyen de Saint-Gilles
d’Abbenbroeck, curé de Saint-Pierre-Saint-Paul de Reimerswal, et de
Saint-Sauveur de Bruges : pendant la guerre civile qui suivit la mort de
Marie d’Autriche, duchesse de Bourgogne[8], il fit placer dans ses églises une image de
la Vierge avec une inscription mentionnant ses sept douleurs, pour qu’on la
vénérât en lui demandant la cessation des fléaux. Là, en 1492, il se forma une
confrérie de Notre-Dame des Sept Douleurs, favorisée par le duc de
Bourgogne, Philippe le Beau[9], dont le confesseur, le dominicain Michel
François de Lille, avait composé un ouvrage sur les douleurs de Marie
(1495) ; cette confrérie qui célébrait la fête de Notre-Dame des Sept
Douleurs le dimanche dans l’octave de l’Ascension, fut approuvée par le
pape Alexandre VI Borgia (1495). C’est encore à cette confrérie, dans un livre
de miracles (1510), que l’on doit la première représentation de la Vierge avec
les sept glaives. En action de grâce pour les miracles on établit une fête à
Delft (1° octobre) et à Bruges (13 novembre) où Marguerite d’Autriche[10] fonda un couvent en l’honneur de Notre-Dame
des sept douleurs.
Les artistes devaient bientôt choisir et traiter avec
prédilection le plus douloureux épisode de la vie de la Vierge, quand le corps
de son fils, détaché de la croix, est déposé sur ses genoux. Les Pieta, et
les Mater Dolorosa abondent et si certains artistes modernes ont eu
plus de virtuosité, ils n'ont jamais atteint à ce degré d'émotion ; assez
souvent, avec une audace que les Primitifs peuvent seuls se permettre, les
sculpteurs ont ramené le corps du Christ aux proportions de celui d'un enfant,
pour montrer que, de la Crèche au Crucifiement, nous célébrons un profond et
même mystère. A la Vierge, soutenue par saint Jean, personnage central des
mises au tombeau monumentales, les artistes ont su donner une expression de
douleur calme, bien loin du conventionnel.
La dévotion ne fit que croître. Saint Ignace de Loyola
avait un culte particulier à l’image connue sous le nom de Notre-Dame du
Cœur ; de 1603 à 1881, sans compter les traités, les panégyrique et les
méditations, les Jésuites ne publièrent pas moins de quatre-vingt-douze
ouvrages sur cette dévotion aux douleurs de Marie. En 1617, Antoinette
d’Orléans[11], aidée par le P. Joseph, fonda les
Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire (les Filles du Calvaire).
La fête de la Compassion, de Notre-Dame des
Douleurs ou de Notre-Dame de Pitié, ou encore de la Transfixion[12] de Notre-Dame, est instituée au
concile de Cologne (1423) contre les Hussites[13] qui désolent les églises et détruisent
les saintes images et fixée au vendredi après le dimanche de la
Passion : afin d’honorer l’angoisse et la douleur qu’éprouva Marie
lorsque, les bras étendus sur l’autel de la Croix, notre Rédempteur
Jésus-Christ s’immola pour nous et recommanda cette Mère bénie à saint Jean
(...) surtout afin que soit réprimée la perfidie des impies hérétiques
Hussites. Cette fête est célébrée pour la première fois à Bruges en 1494,
puis ailleurs ; elle entre en France par Paris, Angers et Poitiers. et
Benoît XIII l'étendit à toute l'Eglise latine (22 avril 1727) elle a été
inscrite au martyrologe par Sixte IV (1471-1484).
Après avoir été fixée à des dates différentes (on l'a
connue en France au 17 mars, au lundi de la Passion et à la veille des
Rameaux), elle est définitivement marquée au vendredi de la première semaine de
la Passion, avec le titre des Sept Douleurs. Benoît XIII l’étend à
toute l'Eglise latine (22 avril 1727).
La fête de Notre-Dame des douleurs qui a
subsisté dans la liturgie postérieure à Vatican II, vient des Servites qui
l'obtinrent de Clément IX. Depuis 1668 l’Ordre des Servites commémorait
les Sept Douleurs au troisième dimanche de septembre, ce qu’Innocent
XI leur confirma comme un privilège propre. Adoptée par le Saint-Empire (1672)
elle fut enrichie d'indulgences pour les fidèles par Clément XI (1704). Rendu à
la liberté, Pie VII étendit cette fête à l'Eglise universelle (18 septembre
1814) ; lors de la réforme du bréviaire Pie X la fixa au jour octave de la
Nativité de Notre-Dame, le 15 septembre (1908). Dans le calendrier festif de
Paul VI, la première fête, celle du vendredi après le dimanche de la
Passion, la plus ancienne, disparut, mais l’on conserva la seconde, celle du 15
septembre[14].
D'aucuns auraient bien voulu profiter des bouleversements que nous savons pour rejeter la Mater Dolorosa, sous prétexte que saint Ambroise affirme : Je lis qu'elle se tenait debout, je ne lis pas qu'elle pleurât. L'objection n'est pas nouvelle et Benoît XIV y répondait déjà, au milieu du XVIII° siècle : Plusieurs autres écrivains ne craignent point de la dépeindre arrosée de pleurs. Les larmes et les sanglots ne sont point toujours l'indice d'un courage abattu. Les larmes de Jésus sur Jérusalem, devant le tombeau de Lazare ou à l’Agonie, seraient-elles le signe de la faiblesse du Rédempteur ? Au siècle précédent, le franciscain Ambroise Saxius soulignait : Qu'on admette le premiers mouvements de la nature, quelques gémissements modérés et quelques larmes : l'amour ne souffre aucune atteinte, et la magnanimité conserve toute son énergie ; saint Antonin avait dit qu'elle se tenait debout, pleurant sans doute et noyée dans la douleur, mais calme, modeste, pleine d'un réserve virginale.
[1] Ce
passage de l’évangile de saint Jean (XIX 25-27) a été retenu pour la messe mais
l’on peut aujourd’hui le remplacer par la prophétie du vieillard Siméon :
« Syméon les bénit, puis il dit à Marie, sa mère : Vois, ton
fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il
sera un signe de division. - Et toi-même, ton cœur sera transpercé par une
épée. - Ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d'un grand nombre. »
(évangile selon saint Luc II 33-35)
[2] Saint
Anselme : De l'exercice de la Vierge, I 5.
[3] Les
Franciscains de Terre Sainte font faire de nuit, aux pèlerins de Jérusalem, une
rapide excursion (la maison de Pilate, la pierre où Marie s’évanouit, le
Calvaire et le Sépulcre) qui est à la base du Chemin de Croix (voir au Vendredi
Saint).
[4] Ordre
fondé à Bourges par sainte Jeanne de France au début du XV° siècle : voir
au 4 février.
[5] Le
bienheureux Alain de La Roche (+ 1475) à qui est due en grande partie la
dévotion du Rosaire, n’en compte en effet pas moins de cent cinquante.
[6] Les
saints fondateurs de l’Ordre des Servites : voir au 17 février.
[7] Saint
Louis d’Anjou : voir au 19 août.
[8] Fille
unique de Charles le Téméraire et d’Isabelle de Bourbon, née à Bruxelles en
1457, morte à Bruges en 1482, d’une chute de cheval. En 1477, pour conserver
l’héritage de son père, menacé par Louis XI qui encourageait la révolte de
ses sujets, elle épousa l’archiduc Maximilien d’Autriche (fils de l’empereur
Frédéric III). Les Etats de Bourgogne passèrent ainsi à la Maison
d’Autriche. Du mariage de Marie de Bourgogne et de Maximlien de Habsbourg
(devenu empereur en 1493) naquit Philippe le Beau qui épousa Jeanne la Folle,
fille de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle la Catholique, d’où naquit Charles
Quint (1500-1558).
[9]Fils
de Marie de Bourgogne et de Maximilien de Habsbourg, archiduc d’Autriche et roi
de Castille, né en 1478, mort en 1506. Il épousa Jeanne la Folle dont lui
naquit le futur Charles Quint.
[10] Fille
de Marie de Bourgogne et de Maximilien de Habsbourg, née en 1480, morte en
1530. D’abord fiancée à Louis XI, elle épousa Jean (fils de Ferdinand
d’Aragon et d’Isabelle la Catholique) qui mourut aussitôt (1493) ; elle se
maria avec Philippe II le Beau, duc de Savoie (1501) qui mourut trois ans
plus tard et à qui elle fit élever un magnifique mausolée à Broue. Son père lui
donna le gouvernement des Pays-Bas (1506) où elle fit merveille.
[11] Antoinette
d’Orléans, fille de Léonor d’Orléans, duc de Longueville, et de Marie de
Bourbon, duchesse d’Estouville, née au château de Trie en 1572, morte à
Poitiers en 1618. Veuve de Charles de Gondi, marquis de Belle-Isle (1596), elle
entre au monastère des Feuillantines de Toulouse où elle reçoit l'habit de
novice (1599) et fait profession (1601) sous le nom de Sœur Antoinette de
Sainte-Scholastique ; elle est élue prieure (1604). Henri IV l'en
tire (bref du pape de1605) pour entreprendre la réforme de l'ordre de
Fontevraud et être coadjutrice de l'abbesse de Fontevraud, Éléonore de Bourbon,
sa tante, avec future succession. Elle y entre à Fontevraud mais ne veut
prendre que la charge de grande-vicaire. Une bulle lui commande d'accepter et
d'exercer la coadjuterie du gouvernement et de l'administration de l'Ordre avec
future succession à la charge et à la dignité d'abbesse (1607). Après la mort
de l'abbesse (1611) elle refuse de lui succéder et se retire au prieuré de
Lencloître, tout en conservant la coadjuterie de Fontevraud. Le pape PauI V
l'autorise à se séparer de Fontevraud (1617) et à fonder à Poitiers une
nouvelle congrégation, nommée du Calvaire, ordre de Saint-Benoît, où elle entre
(1617) et où elle meurt (25 avril 1618). Elle est inhumée aux Feuillantines de
Toulouse ; en 1792, sa dépouille est transportée à l’église Saint-Nicolas
puis, en 1818, chez les Bénédictines du Saint-Sacrement d’où elle est déposée
au Calvaire de Machecoul.
[12] Transfixion :
du latin transfigere qui signifie transpercer. En français, cela
signifie traverser d’un seul coup.
[13] Les Hussites,
disciples de l’hérétique Jean Hus qui fut brûlé au concile de Constance (6
juillet 1415), se divisaient en deux groupes principaux : les calixtins ou utraquistes qui
réclamaient la communion sous les deux espèces, et les taborites qui
rejetaient la doctrine du Purgatoire et le culte des saints. Jean Hus
professait que l'Eglise est un corps mystique dont Jésus-Christ est le chef et
dont les justes et les prédestinés sont les membres exclusifs. Les pécheurs et
les réprouvés n'en font point partie. Les justes ne peuvent être séparés de
l'Église et l'excommunication ne prévaut pas contre eux. Enfin, quand il n'y
aurait ni pape ni évêques, l'Eglise n'en subsisterait pas moins par ses élus.
Ces prémisses posées, Hus en venait au problème de l'autorité civile et
ecclésiastique que le péché mortel annule. Quand, par le péché, cette autorité
est perdue, la révolte des fidèles est licite. Car, en réalité, seul le Christ
a le droit de lier ou de délier ; seul il a le pouvoir d'absoudre, la
responsabilité de l'autorité ecclésiastique se limitant à entériner le pardon.
L'Écriture enfin est l'unique règle de foi et de conduite. Tout ce qui n’est
pas strictement dans l'Ecriture est condamnable et ne mérite ni respect ni
obéissance.
[14] A
Paris, c'est la fête de la confrérie Notre-Dame de la Compassion, érigée
par Léon XIII, le 23 août 1897, pour la conversion de l'Angleterre, dans
l'église Saint-Sulpice.
Beata Vergine Maria Addolorata. Chiesa di San Nicola, Cattedrale di Castellaneta (TA)
Voyez ce qu'ajoutait à ses plaies, dans la Passion de
Jésus, la compassion de sa Mère. Il la voyait, le cœur tout broyé, les mains
serrées par la douleur, les yeux ruisselants de larmes, le visage crispé, la
voix plaintive, mais tout le corps dressé, virile et debout auprés de son
gilbet. Je la devine, la tête voilée sans doute, tant sa modestie demeurait
virginale, tant sa douleur passait toute mesure. Que de gémissements dut-elle
pousser, pleurant son Fils et répétant : « Jésus, mon Fils Jésus, qui
me donnera de mourir avec toi et pour toi, mon Fils, mon très doux
Jésus ? » Que de fois dut-elle lever respectueusement les yeux vers
ces blessures sauvages, si même elle put les en détourner un instant, ou si, du
moins, à travers le flot de ses larmes, elle pouvait encore les
contempler !
Comment croire qu’elle eût pu ne pas défaillir de
l’immensité de la douleur imposée à son cœur, alors que je demeure stupéfait
qu'elle n’en ait pas reçu la mort ? Vivante, elle partage sa mort, la vie
faisant peser sur elle une douleur plus cruelle que la mort.
« Regardez et voyez s'il y a douleur pareille
à ma douleur ? » Ecoutons cette lamentation de Marie, la Vierge
Mère. Contemplons cette douleur poignante et nous le verrons : il n'est
pas de douleur pareille à sa douleur, si ce n'est la douleur de ce Fils où la
sienne se modèle ; puisque, ô surprise à peine croyable, c'est une vraie
compassion qui l’étreint, et que les mots d’une langue humaine ne sauraient
exprimer. Car faisant rejaillir sur soi les douleurs, les blessures, les
outrages de son Fils, elle les subissait dans sa propre personne, ressentant ce
qui se trouvait dans le Christ Jésus. En son âme, debout près du Christ, elle
partageait son martyre ; blessée de sa blessure, crucifiée au crucifix,
percée du même glaive. Car son âme fut transpercée par le glaive de la passion
du Christ.
Saint Bonaventure
Maria Addolorata. Statua conservata a Zeitun, Malta.
L'auteur présumé, mais probable, du Stabat
Mater est un assez curieux personnage surtout connu pour cent deux petits
poèmes en dialecte ombrien, rythmés comme des chansons, tour à tour doctrinaux,
hagiographiques, liturgiques et mystiques, encore que les plus célèbres sont
des satires terribles.
Jacome de' Benedetti, que nous connaissons
généralement sous le nom de Jacopone de Todi, naquit, vers 1236, d'une bonne
famille bourgeoise de Todi, dans la province ombrienne de Pérouse, où, après de
solides études de droit à l'université de Bologne, il remplit avec succès les
fonctions de procureur légal et notarial.
La tradition veut qu'il mena une vie frivole et bien
peu chrétienne jusqu'à ce que sa jeune épouse, la belle Vanna di Bernardino di
Guidone, issue de la famille des puissants comtes de Coldimezzo, mourût écrasée
sous le plancher d'une salle de bal (1268). Veuf inconsolable qui avait trouvé
un cilice sur le corps de sa femme, il resta dans le siècle où, après avoir
distribué ses biens aux pauvres, il vécut en pénitent pendant dix ans.
Incroyablement original, il se plaisait, par toutes sortes de farces
grossières, à dénoncer les vanités du monde ; en même temps, il prêchait au
petit peuple des campagnes pour l'éveiller aux merveilles de l'amour de Dieu :
0 Amour, Amour divin, Amour qui n'est pas aimé ! D'abord admis dans le
Tiers-Ordre franciscain, il finit par être accepté comme frère convers par le
gardien du couvent des Franciscains de San Fortunato, de Todi (1278), mais,
malgré ses désirs, il dut, par obéissance, accepter l'ordination sacerdotale.
Lorsque le pape Boniface VIII revint, au profit des Franciscains conventuels, sur les privilèges que son prédécesseur, Célestin V, avait accordé aux Franciscains spirituels, Jacopone de Todi se lança dans la bataille avec toute l'ardeur que l'on imagine. Les Franciscains spirituels, rejetant tous les autres textes, fussent-ils pontificaux, entendaient rester fidèles à la première règle de saint François d'Assise et à son testament dans une intégrale pauvreté ; il étaient opposés à la vie conventuelle des villes au profit d'une vie érémitique dans la nature et rejetaient les études au profit de l'humilité : Paris a détruit Assise, écrivit Jacopone de Todi. En 1294, Célestin V sépara les Spirituels de l'Ordre franciscain et leur permit de former une congrégation nouvelle, appelée les pauvres ermites du pape Célestin, qu'il mit sous la protection du cardinal Napoléon Orsini et de l'abbé général des Célestins. Lorsque que Célestin eut abdiqué (1294), son successeur, Boniface VIII, abolit ses prescriptions et, les Spirituels, privés d'existence légale, entrèrent d'autant mieux en opposition avec le Pape que leur cardinal protecteur en était l'ennemi ; Jacopone de Todi signa le manifeste des cardinaux Colonna qui exigeaient la déposition de Boniface VIII dont ils contestaient la légitimité (10 mai 1297). Jacopone de Todi fit tant et si bien, par des vers fougueux et irrévérencieux, que Boniface VIII, l'ayant en son pouvoir après la prise de Palestrina, le fit enfermer dans un cachot et l'excommunia pour qu'il fût privé des sacrements (septembre 1298). Un jour, dit-on, que Boniface VIII visitant ses prisons lui demanda : Quand sortiras-tu de là ? Jacopone répondit : Quand tu me remplaceras ! Jacopone eut beau faire amende honorable dans des vers admirables d'humilité, il ne fut libéré qu'après la mort du terrible pontife (1303) ; il fut l'objet de la sollicitude des Clarisses de San Lorenzo a Collazzone, près de Todi, où il mourut saintement le jour de Noël 1306. Longtemps après, en 1433, son corps fut transporté au couvent des Franciscains de San Fortunato qui, en 1596, le placèrent dans leur crypte avec l'inscription suivante : Reliques du bienheureux Jacopone de Benedictis, de Todi, frère de l'ordre des Mineurs. Sa folie pour le Christ fut une ruse inédite pour piper le monde et ravir le ciel.
High altar with "Seven swords" in the baptistry of the parish church Holy Stephanus, municipality Grafenstein, district Klagenfurt Land, Carinthia, Austria
Quis non posset contristari,
La Madonna Addolorata di Bisceglie. Bisceglie. Festa
della Madonna Addolorata. La statua lignea, realizzata verso la metà del
Settecento, è opera dell'artista Nicola Antonio Brudaglio, mentre l'abito sacro
della Madonna, fatto con cento ricami, è stato realizzato dalla stilista
biscegliese Maria Napoletano.
La compassion de la sainte Vierge
Stabat autem juxta crucem Jesu mater ejus. (S. Jean XIX 25)
Marie, mère de Jésus, était debout au pied de sa croix.
Il n'est point de spectacle plus touchant que celui
d'une vertu affligée, lorsque dans une extrême douleur elle sait retenir toute
sa force, et qu'elle se soutient par son propre poids contre tout l'effort de
la tempête ; sa constance lui donne un nouvel éclat, qui, augmentant la
vénération que l'on a pour elle, fait qu'on s'intéresse plus dans ses
maux : on se croit plus obligé de la plaindre, en cela même qu'elle se
plaint moins ; et on compatit à ses peines avec une pitié d'autant plus
tendre, que la fermeté qu'elle montre la fait juger digne d'une condition plus
tranquille. Mais si ces deux choses concourant ensemble ont jamais dû émouvoir
les hommes, je ne crains point de vous assurer que c'est dans le mystère que
nous honorons. Quand je voie l'âme de la sainte Vierge blessée si vivement au
pied de la croix des souffrances de son Fils unique, je sens déjà à la vérité
que la nôtre doit être attendrie. Mais quand je considère d'une même vue et la
blessure du cœur et la sérénité du visage, il me semble que ce respect mêlé de
tendresse, qu'inspire une tristesse si majestueuse, doit produire des émotions
beaucoup plus sensibles, et qu'il n'y a qu'une extrême dureté qui puisse
s'empêcher de donner des larmes. Approchez donc, mes frères, avec pleurs et
gémissements, de cette Mère également ferme et affligée : et ne vous
persuadez pas que sa constance diminue le sentiment qu'elle a de son mal. Il
faut qu'elle soit semblable à son Fils : comme lui elle surmonte toutes
les douleurs ; mais comme lui elle les sent dans toute leur force et dans
toute leur étendue ; et Jésus-Christ, qui veut faire en sa sainte Mère une
vive image de sa passion, ne manque pas d'en imprimer tous les traits sur elle.
C'est à ce spectacle que je vous invite : vous verrez bientôt Jésus en la croix ;
attendant ce grand jour, l'Église vous invite aujourd'hui à en voir la peinture
en la sainte Vierge. Peut-être, messieurs, arrivera-t-il que, de même que les
rayons du soleil redoublent leur ardeur étant réfléchis, ainsi les douleurs du
Fils réfléchies sur le cœur de la Mère auront plus de force pour toucher les
nôtre. C'est la grâce que je vous demande, ô Esprit divin, par l'intercession
de la sainte Vierge.
Ne croyez pas, mes frères, que la sainte Mère de notre
Sauveur soit appelée au pied de sa croix pour y assister seulement au supplice
de son Fils unique, et pour y avoir le cœur déchiré par cet horrible spectacle.
Il y a des desseins plus hauts de la Providence divine sur cette mère
affligée . et il nous faut entendre aujourd'hui qu'elle est conduite
auprès de son Fils, dans cet état d'abandon, parce que c'est la volonté du Père
éternel qu'elle soit non seulement immolée avec cette victime innocente, et attachée
à la croix du Sauveur par les mêmes clous qui le percent, mais encore associée
à tout le mystère qui s'y accomplit par sa mort. Mais comme cette vérité
importante doit faire le sujet de cet entretien, donnez-moi vos attentions
pendant que je poserai les principes sur lesquels elle est établie.
Pour y procéder avec ordre, remarquez, s'il vous
plaît, messieurs, que trois choses concourent ensemble au sacrifice de notre
Sauveur, et en font la perfection. Il y a premièrement les souffrances par
lesquelles son humanité est toute brisée : il y a secondement la
résignation par laquelle il se soumet humblement à la volonté de son
Père : il y a troisièmement la fécondité par laquelle il nous engendre à
la grâce, et nous donne la vie en mourant. Il souffre comme la victime qui doit
être détruite et froissée de coups : il se soumet comme le prêtre qui doit
sacrifier volontairement : Voluntarie sacrificabo tibi : enfin
il nous engendre en souffrant, comme le père d'un peuple nouveau qu'il enfante
par ses blessures : et voilà les trois grandes choses que le Fils de Dieu
achève en la croix. Les souffrances regardent son humanité ; elle a voulu
se charger des crimes, elle s'est donc exposé à la vengeance. La soumission
regarde son Père ; la désobéissance l'a irrité, il faut que l'obéissance
l'apaise. La fécondité nous regarde ; un malheureux plaisir, que notre
père criminel a voulu goûter, nous a donné le coup de la mort : ah !
les choses vont être changées, et les douleurs d'un innocent nous rendront la
vie.
Paraissez maintenant, Vierge incomparable, venez
prendre part au mystère : joignez vous à votre Fils, et à votre
Dieu ; et approchez-vous de sa croix, pour y recevoir de plus près les
impressions de ces trois sacrés caractères par lesquels le Saint-Esprit veut
former en vous une image vive et naturelle de Jésus-Christ crucifié. C'est ce
que nous verrons bientôt accompli, sans sortir de notre évangile ; car,
mes frères, ne voyez-vous pas comme elle se met auprès de la croix, et de quels
yeux elle y regarde son Fils tout sanglant, tout couvert de plaies, et qui n'a
plus de figure d'homme ? Cette vue lui donne la mort : si elle
s'approche de cet autel, c'est qu'elle y veut être immolée ; et c'est là
en effet qu'elle sent le coup du glaive tranchant, qui, selon la prophétie du
bon Siméon, devait déchirer ses entrailles, et ouvrir son cœur maternel par de
si cruelles blessures. Elle est donc auprès de son Fils ; non tant par le
voisinage du corps, que par la société des douleurs : Stabat juxta
crucem : Elle se tient vraiment auprès de la croix, parce que la Mère
porte la croix de son Fils avec une douleur plus grande que celle dont tous les
autres sont pénétrés.
Mais suivons l'histoire de notre évangile, et voyons
en quelle posture elle se présente à son Fils. La douleur l'a-t-elle abattue,
a-t-elle été jetée à terre par la défaillance ? Au contraire, ne
voyez-vous pas qu'elle est droite, qu'elle est assurée ? Stabat juxta
crucem : Elle est debout auprès de la croix. Non, le glaive qui a
percé son cœur n'a pu diminuer ses forces : la constance et l'affliction
vont d'un pas égal ; et elle témoigne par sa contenance, qu'elle n'est pas
moins soumise qu'elle est affligée. Que reste-t-il donc, Chrétiens, sinon que
son Fils bien-aimé, qui lui voit sentir ses souffrances et imiter sa
résignation, lui communique encore sa fécondité ? C'est aussi dans cette
pensée qu'il lui donne saint Jean pour son Fils : Femme, dit-il, voilà
votre fils. O femme qui souffrez avec moi, soyez aussi féconde avec
moi ; soyez la mère de mes enfants, que je vous donne tous sans réserve en
la personne de ce seul disciple ; je les enfante par mes douleurs ;
comme vous en goûtez l'amertume, vous en aurez aussi l'efficace, et votre
affliction vous rendra féconde. Voilà, mes frères, en peu de mots, tout le
mystère de cette journée ; et je vous ai dit en peu de paroles ce que
j'expliquerai par tout ce discours avec le secours de la grâce. Marie est
auprès de la croix, et elle en ressent les douleurs ; elle s'y tient
debout, et elle en supporte constamment le poids ; elle y devient féconde,
et elle en reçoit la vertu. Ecoutez attentivement ; et surtout ne résistez
pas si vous sentez attendrir vos cœurs.
Mater Dolorosa, illustrazione della statua della Madonna Addolorata che si conserva nella Chiesa rettoria di San Rocco ad Aversa
PREMIER POINT
Il faut donc vous entretenir des afflictions de
Marie ; il faut que j'expose à vos yeux cette sanglante blessure qui perce
son cœur, et que vous voyiez, s'il se peut, encore saigner cette plaie. Je sais
bien qu'il est difficile d'exprimer la douleur d'une mère : on ne trouve
pas aisément des traits qui nous représentent au vif des émotions si violentes ;
et si la peinture y a de la peine, l'éloquence ne s'y trouve pas moins
empêchée. Aussi, mes frères, ne prétends-je pas que mes paroles fassent cet
effet : c'est à vous de méditer en vous-mêmes quel était l'excès de son
déplaisir. Ah ! si vous y voulez seulement penser avec une attention
sérieuse, votre cœur parlera pour moi, et vos propres conceptions vous endiront
plus que tous mes discours. Mais afin de vous occuper en cette pensée, rappelez
en votre mémoire ce qu'on vous a prêché tant de fois ; que comme toute la
joie de la sainte Vierge, c'est d'être mère de Jésus-Christ, c'est aussi de là
que vient son martyre, et que son amour a fait son supplice.
Non il ne faut point allumer de feux ; il ne faut
point armer les mains des bourreaux, ni animer la rage des persécuteurs, pour
associer cette mère aux souffrances de Jésus-Christ. Il est vrai que les saints
leur fallait des roues et des chevalets ; il leur fallait des ongles de
fer pour marquer leurs corps de ces traits sanglants qui les rendaient semblables
à Jésus-Christ crucifié. Mais si cet horrible appareil était nécessaire pour
les autres saints, il n'en est pas ainsi de Marie ; et c'est peu connaître
quel est son amour, que de croire qu'il ne suffit pas pour son martyre :
il ne faut qu'une même croix pour son bien-aimé et pour elle. Voulez-vous, ô
Père éternel, qu'elle soit couverte de plaies : faites qu'elle voie celles
de son Fils, conduisez-la seulement au pied de la croix, et laissez ensuite
agir son amour.
Pour bien entendre cette vérité, il importe que nous
fassions tous ensemble quelque réflexion sur l'amour des mères ; et ce
fondement étant supposé, comme celui de la sainte Vierge passe de bien loin
toute la nature, nous porterons aussi plus haut nos pensées. Mais voyons
auparavant quelque ébauche de ce que la grâce a fait dans son cœur, en
remarquant les traits merveilleux que la nature a formés dans les autres mères.
On ne peut assez admirer les moyens dont elle se sert pour unir les mères avec
leurs enfants : car c'est le but auquel elle vise, et elle tâche de n'en
faire qu'une même chose ; il est aisé de le remarquer dans tout l'ordre de
ses ouvrages. Et n'est-ce pas pour cette raison que le premier soin de la
nature, c'est d'attacher les enfants au sein de leurs mères ? Elle veut que
leur nourriture et leur vie passent par les mêmes canaux ; ils courent
ensemble les mêmes périls ; ce n'est qu'une même personne. Voilà une
liaison bien étroite ; mais peut-être pourrait-on se persuader que les
enfants en venant au monde rompent le nœud de cette union. Non,
messieurs ; ne le croyez pas ; nulle force ne peut diviser ce que la
nature a si bien lié ; sa conduite sage et prévoyante y a pourvu par
d'autres moyens. Quand cette première union finit, elle en fait naître une
autre en sa place ; elle forme d'autres liens qui sont ceux de l'amour et
de la tendresse, la mère porte ses enfants d'une autre façon : et ils ne
sont pas plutôt sortis des entrailles, qu'ils commencent à tenir plus au cœur.
Telle est la conduite de la nature, ou plutôt de celui qui la gouverne ;
voilà l'adresse dont elle se sert pour unir les mères avec leurs enfants, et
empêcher qu'elles s'en détachent : l'âme les reprend par l'affection en
même temps que le corps les quitte ; rien ne les leur peut arracher du
cœur : la liaison est toujours si ferme, qu'aussitôt que les enfants sont
agités, les entrailles des mères sont encore émues, et elle sentent tous leurs
mouvement d'une manière si vive et si pénétrante qu'à peine leur permet-elle de
s'apercevoir que leurs entrailles en soient déchargées.
En effet considérez, Chrétiens, car un exemple vous en
dira plus que tous les discours, considérez les empressements d'une mère que
l'Évangile nous représente. J'entends parler de la Chananée, dont la fille est
tourmentée du démon : regardez-la aux pieds du Sauveur ; voyez ses
pleurs, entendez ses cris, et voyez si vous pourrez distinguer qui souffre le
plus de sa fille ou d'elle : Ayez pitié de moi, ô fils de
David ; ma fille est travaillée du démon. Remarquez qu'elle ne dit
pas : Seigneur, ayez pitié de ma fille. Ayez, dit-elle, pitié de moi. Mais
si elle veut qu'on ait pitié d'elle, qu'elle parle donc de ses maux. Non, je
parle, dit-elle, de ceux de ma fille. Pourquoi exagérer mes douleurs ?
n'est-ce pas assez des maux de ma fille pour me rendre digne de pitié ? Il
me semble que je la porte toujours en mon sein ; puisqu'aussitôt qu'elle
est agitée, toutes mes entrailles sont encore émues : In illa vim
patior ; c'est ainsi que la fait parler saint Basile de
Séleucie : Je suis tourmentée en sa personne ; si elle pâtit,
j'en sens la douleur, ejus est passio, meus vero dolor : le démon la
frappe, et la nature me frappe moi-même : hanc dœmon, me natura vexat :
tous les coups tombent sur mon cœur ; et les traits de la fureur de Satan
passent par elle jusque sur mon âme : hanc dœmon, me natura vexat ;
et ictus quos infligit, per illam ad me usque pervadunt.Vous soyez dans ce bel
exemple une peinture bien vive de l'amour des mères ; vous voyez la
merveilleuse communication par laquelle il les lie avec leurs enfants, et c'est
assez pour vous faire entendre que les douleurs de Marie sont inexplicables.
Mais, mes frères, je vous ai promis d'élever plus haut
vos pensées ; il est temps de tenir parole, et de vous montrer des choses
bien plus admirables.
Tout ce que vous avez vu dans la Chananée n'est qu'une
ombre très imparfaite de ce qu'il faut croire en la sainte Vierge. Son amour
plus fort sans comparaison fait une correspondance beaucoup plus
parfaite : et encore qu'il soit impossible d'en comprendre toute l'étendue ;
toutefois vous en prendrez quelque idée, si vous en cherchez le principe en
suivant ce raisonnement ; que l'amour de la sainte Vierge, par lequel il
aime son Fils est né en elle de la même source d'où lui est venue sa fécondité.
La raison en est évidente : tout ce qui produit aime son ouvrage ; il
n'est rien de plus naturel : le même principe qui nous fait agir, nous
fait aimer ce que nous faisons ; tellement que la cause qui rend les mères
fécondes pour produire, les rend aussi tendres pour aimer. Voulons-nous savoir,
Chrétiens, quelle cause a formé l'amour maternel qui unit Marie avec
Jésus-Christ ? voyons d'où lui vient sa fécondité.
Dites-le-nous, ô divine Vierge, dites-nous par quelle
vertu vous êtes féconde ; est-ce par votre vertu naturelle ? Non, mes
frères, cela est impossible. Au contraire, me voyez-vous pas qu'elle se
condamne elle-même à une stérilité bienheureuse, par cette ferme résolution de
garder sa pureté virginale ? Comment cela se pourra-t-il faire ? Puis-je
bien concevoir un fils, moi qui ai résolu de demeurer vierge ? Si elle
confesse sa stérilité, de quelle sorte devient-elle mère ? Ecoutez ce que
lui dit l'ange : La vertu du Très-haut vous couvrira toute. Il
paraît donc manifestement que sa fécondité vient d'en haut, et c'est de là par
conséquent que vient son amour.
En effet, il est aisé de comprendre que la nature ne
peut rien en cette rencontre. Car figurez-vous, Chrétiens, qu'elle entreprenne
de former en la sainte vierge l'amour qu'elle doit avoir pour son Fils ;
dites-moi, quels sentiments inspirera-t-elle ? Pour aimer dignement un
Dieu, il faut un principe surnaturel : sera-ce du respect ou de la
tendresse, des caresses ou des adorations ; des soumissions d'une
créature, ou des embrassements d'une mère ? Marie aimera-t-elle
Jésus-Christ comme homme, ou bien comme un homme-Dieu ? De quelle sorte
embrassera-t-elle en la personne de Jésus-Christ la divinité et la chair que le
Saint-Esprit a si bien liées ? La nature ne les peut unir, et la foi ne
permet pas de les séparer : que peut donc ici la nature ? Elle presse
Marie à aimer ; parmi tant de mouvements qu'elle cause, elle ne peut pas
en trouver un seul qui convienne au Fils de Marie.
Que reste-t-il donc, ô Père éternel, sinon que votre
grâce s'en mêle, et qu'elle vienne prêter la main à la nature
impuissante ? C'est vous qui, communiquant à Marie votre divine fécondité,
la rendez Mère de votre Fils, il faut que vous acheviez votre ouvrage ; et
que, l'ayant associée en quelque façon à la chaste génération éternelle par
laquelle vous produisez votre Verbe, vous fassiez couler dans son sien quelque
étincelle de cet amour infini que vous avez pour ce Bien-Aimé qui est la
splendeur de votre gloire et la vive image de votre substance. Voilà d'où vient
l'amour de Marie : amour qui passe toute la nature ; amour tendre,
amour unissant, parce qu'il naît du principe de l'unité même ; amour qui
fait une entière communication entre Jésus-Christ et la sainte Vierge, comme il
y en a une très parfaite entre Jésus-Christ et son Père.
Vous étonnez-vous, Chrétiens, si je dis que son
affliction n'a point d'exemple, et qu'elle opère des effets en elle que l'on ne
peut voir nulle part ailleurs ; il n'est rien qui puisse produire des
effets semblables ? Le Père et le Fils partagent dans l'éternité une même
gloire, la Mère et le Fils partagent dans le temps les mêmes souffrances ;
le Père et le Fils une même source de plaisirs, la Mère et le Fils un même
torrent d'amertume ; le Père et le Fils un même trône, la Mère et le Fils
une même croix. Si on perce sa tête d'épines, Marie est déchirée de toutes
leurs pointes ; si on lui présente du fiel et du vinaigre, Marie en boit
toute l'amertume ; si on étend son corps sur une croix, Marie en souffre
toute la violence. Qui fait cela, sinon son amour ? et ne peut-elle pas
dire dans ce triste état, en un autre sens que saint Augustin : Mon
amour est mon poids ? Car, ô amour, que vous lui pesez ! ô
amour, que vous pressez son cœur maternel !
Cet amour fait un poids de fer sur sa poitrine,
qui la serre et l'oppresse si violemment, qu'il y étouffe jusqu'aux
sanglots : il amasse sur sa tête une pesanteur en cela plus insupportable,
que la tristesse ne lui permet pas de s'en décharger par des larmes : il
pèse incroyablement sur tout son corps par une langueur qui l'accable, et dont
tous ses membres sont presque rompus. Mais surtout cet amour est un poids,
parce qu'il pèse sur Jésus-Christ même : car Jésus n'est pas le seul, en
cette rencontre, qui fasse sentir ses douleurs. Marie est contrainte
malheureusement de le faire souffrir à sont tour : ils se percent tous
deux de coups mutuels : il est de ce Fils et de cette Mère comme de deux
miroirs opposés, qui se renvoyant réciproquement tout ce qu'ils reçoivent par
une espèce d'émulation, multiplient les objets jusqu'à l'infini. Ainsi leur
douleur s'accroît sans mesure, pendant que les flots qu'elle élève se
repoussent les uns sur les autres par un flux et reflux continuel : si
bien que l'amour de la sainte Vierge est en cela plus infortuné, qu'il compatit
avec Jésus-Christ et ne le console pas, qu'il partage avec lui ses douleurs et
ne le diminue pas : au contraire il se voit forcé de redoubler les peines
du Fils, en les communiquant à la Mère.
Mais arrêtons ici nos pensées ; n'entreprenons
pas de représenter quelles sont les douleurs de Marie, ni de comprendre une
chose incompréhensible. Méditons l'excès de son déplaisir, mais tâchons de
l'imiter plutôt que de l'entendre ; et, à nous tellement le cœur de la
passion de son Fils, pendant le cours de cette semaine où nous en célébrons le
mystère, que l'abondance de cette douleur ferme à jamais la porte à la joie du
monde. Ah ! Marie ne peut plus supporter la vie ; depuis la mort de
son Bien-Aimé, rien n'est plus capable de plaire à ses yeux. Ce n'est pas pour
elle, ô Père éternel, qu'il faut faire éclipser votre soleil, ni éteindre tous
les feux du ciel ; ils n'ont déjà plus de lumière pour cette Vierge :
il n'est pas nécessaire que vous ébranliez les fondements de la terre, ni que
vous couvriez d'horreur toute la nature, ni que vous menaciez tous les éléments
de les envelopper dans leur premier chaos ; après la mort de son Fils,
tout lui paraît déjà couvert de ténèbres ; la figure de ce monde est
passée pour elle ; et, de quelque côté qu'elle tourne les yeux, elle ne
découvre partout qu'une ombre de mort : Quidquid aspiciebam, mors
erat.
C'est ce que doit faire en nous la croix de Jésus. Si
nous ressentons ses douleurs, le monde ne peut plus avoir de douceurs pour
nous : les épines du Fils de Dieu doivent avoir arraché ses fleurs ;
et l'amertume qu'il nous donne à boire doit avoir rendu fade le goût des
plaisirs. Heureux mille fois, ô divin Sauveur, heureux ceux que vous abreuvez
de votre fiel ; heureux ceux à qui votre ignominie a rendu les vanités
ridicules, et que vos clous ont tellement attachés à votre croix, qu'ils ne
peuvent plus élever leurs mains ni étendre leurs bras qu'au ciel ! Ce
sont, mes frères, les sentiments qu'il nous faut concevoir durant ces saints
jours à la vue de la croix de Jésus. C'est là qu'il nous faut puiser dans ses
plaies une salutaire tristesse ; tristesse vraiment sainte, vraiment
fructueuse, qui détruise en nous tout l'amour du monde, qui en fasse évanouir
tout l'éclat, qui nous fasse porter un deuil éternel de nos vanités passées,
dans les regrets amers de la pénitence. Mais peut-être que cette tristesse vous
paraît trop sombre, cet état vous semble trop dur : vous ne pouvez vous
accoutumer aux souffrances. Jetez donc les yeux sur Marie ; sa constance
vous inspirera de la fermeté ; et sa résignation va vous faire voire que
ses déplaisirs ne sont pas sans joie : c'est ma deuxième partie.
Statua della Madonna Addolorata di Sambiase, Lamezia Terme (CZ): ha il cuore trafitto da sette spade, uno dei più ricorrenti simboli nella classica iconografia dell'Addolorata.
SECOND POINT
Pour entendre solidement jusqu'où va la résignation de
la bienheureuse Marie, il importe que vous remarquiez attentivement qu'on peut
surmonter les afflictions en trois manières très considérables, et que vous
devez peser attentivement. On surmonte premièrement les afflictions, lorsqu'on
dissipe toute sa tristesse et qu'on en perd tout le sentiment : la douleur
est tout apaisée, et l'on est parfaitement consolé. On les surmonte
secondement, lorsque l'âme, encore agitée et troublée du mal qu'elle sent, ne
laisse pas de le supporter avec patience : elle se résout, mais elle est
troublée. On les surmonte en troisième lieu, lorsqu'on ressent toute la douleur,
et qu'on n'en ressent aucun trouble : c'est ce qu'il faut mettre dans un
plus grand jour.
Au premier de ces trois états, toute la douleur est
passée, et l'on jouit d'un parfait repos. Je suis rempli de consolation,
je nage dans la joie, dit saint Paul ; au milieu des afflictions, une
joie divine et surabondante semble m'en avoir ôté tout le sentiment. Au second,
l'on combat la douleur avec patience ; mais dans un combat si opiniâtre,
quoique l'âme soit victorieuse, elle ne peut pas être sans agitation. Au
contraire, dit Tertullien, elle s'agite elle-même par le grand effort
qu'elle fait pour ne se pas agiter, et quoique la faiblesse ne l'abatte pas,
elle s'agite par sa grande résistance, et sa fermeté même l'ébranle par sa
propre contention. Mais il y a encore un troisième état, où l'on n'arrive
point sans un grand miracle ; où Dieu donne une telle force contre la
douleur, qu'on en souffre la violence sans que la tranquillité soit troublée.
Si bien que dans le premier de ces trois états il y a tranquillité, qui bannit
toute la douleur ; dans le second, douleur qui empêche la
tranquillité ; mais le troisième les unit tous deux, et joint une extrême
douleur avec une tranquillité souveraine.
Mais tout ceci peut-être est confus, et il faut le
proposer si distinctement, que tout le monde puisse le comprendre. Cette
comparaison vous l'éclaircira, et je l'ai prise dans les Écritures. C'est avec
beaucoup de raison qu'elles comparent ordinairement la douleur à une mer
agitée. En effet, la douleur a ses eaux amères, qu'elle fait entrer jusqu'au
fond de l'âme ; elle a ses vagues impétueuses, qu'elle pousse avec
violence ; elle s'élève par ondes, ainsi que la mer ; et lorsqu'on la
croit apaisée, elle s'irrite souvent avec une nouvelle furie. Comme donc elle ressemble
à la mer, je remarque aussi, Chrétiens, que Dieu réprime la douleur par les
trois manières dont je vois dans l'histoire sainte que Jésus-Christ a dompté
les eaux.
Tantôt il commande aux eaux et aux vents, il leur
ordonne de s'apaiser ; et de là s'ensuit, dit l'évangéliste, une grande
tranquillité. Ainsi, répandant son esprit sur une âme agitée par l'affliction,
il calme, quand il lui plaît, tous les flots ; et, apaisant toutes les
tempêtes, il ramène la sérénité. Nous n'avons eu aucune relâche selon la
chair, dit saint Paul : vous voyez les flots qui
l'agitent ; mais Dieu, qui console les humbles et les affligés, nous
a consolés : voilà Dieu, qui, calmant les flots, leur rend la
tranquillité qu'ils n'avaient pas. Tantôt il laisse murmurer les eaux, il
permet que les vagues s'élèvent avec une furieuse impétuosité : le
vaisseau, poussé avec violence, est menacé d'un prochain naufrage. Pierre qui
est porté sur les eaux appréhende d'être enseveli dans leurs abîmes, cependant
Jésus-Christ conduit le vaisseau et donne la main à Pierre tremblant de
frayeur, pour le soutenir. Ainsi, dans les douleurs violentes, l'âme paraît
tellement troublée, qu'il semble qu'elle va être bientôt engloutie : La
pesanteur des maux dont nous nous sommes trouvés accablés a été excessive, et
au-dessus de nos forces. Néanmoins Jésus-Christ la soutient si bien, que
les vents ni les tempêtes ne l'emportent pas ; c'est la seconde manière.
Enfin la dernière façon dont Jésus-Christ a dompté la mer, la plus noble, la
plus glorieuse, c'est qu'il lâche la bride aux tempêtes, il permet aux vents
d'agiter les ondes, et de pousser leurs flots jusque au ciel, cependant il
n'est pas ému de cet orage ; au contraire il marche dessus avec une
merveilleuse assurance, et, foulant aux pieds les flots irrités, il semble
qu'il se glorifie de braver cet élément indomptable, même dans sa grande furie.
Ainsi il lâche la bride à sa douleur, il la laisse agir dans toute sa
force : afin que nous ne mettions point notre confiance en nous-mêmes,
mais en Dieu qui ressuscite les morts.
Cependant la constance, toujours assurée au milieu de
ce bruit et de ce tumulte, marche d'un pas égal et tranquille sur ces flots
vraiment émus : qui la touchent sans l'ébranler et sont contraints, contre
leur nature, de lui servir de soutien : et c'est la troisième manière dont
Jésus-Christ surmonte les afflictions.
Représentez-vous, Chrétiens, que vous avez vu une
image de ce qui se passe en la sainte Vierge, quand elle regarde Jésus-Christ
mourant. Il est vrai que la tristesse élève avec une effroyable impétuosité ses
flots, qui semblent tantôt menacer le ciel en attaquant la constance de cette
vierge-mère par tout ce que la douleur a de plus terrible : elle creuse
tantôt les abîmes, lorsqu'elle ne découvre à ses yeux que les horreurs de la mort ;
mais ne croyez pas qu'elle en soit troublée. Marie ne veut point voir cesser
ses douleurs, parce qu'elles la rendent semblable à son Fils : elle ne
donne point de bornes à son affliction, parce qu'elle ne peut contraindre son
amour : elle ne veut point être consolée, parce que son Fils ne trouve
point de consolateur ; elle ne vous demande pas, ô Père éternel, que vous
modériez sa tristesse ; elle n'a garde de demander ce secours dans le
moment qu'elle voit votre colère si fort déclarée contre votre Fils, qu'elle le
contraint de se plaindre que vous-même le délaissez. Non, elle ne prétend pas
d'être mieux traitée : il faut qu'elle dise, avec Jésus-Christ, que tous
vos flots ont passé sur elle ; elle n'en veut pas perdre une goutte, et
elle serait fâchée de ne pas sentir tous les maux de son Bien-Aimé. Donc, mes
frères, que ses douleurs s'élèvent, s'il se peut, jusqu'à l'infini ; il
est juste de les laisser croître : le Saint-Esprit ne permettra pas ni que
son temple soit ébranlé : il en a posé les fondements sur le haut des
saintes montagnes : Fundamenta ejus in montibus sanctis, les flots
n'arriveront pas jusque-là ; ni que cette fontaine si pure, qu'il a
conservée avec tant de soin des ordures de la convoitise, devienne trouble et
mêlée par le torrent des afflictions. Cette haute partie de l'âme, en laquelle
il a mis son siège, gardera toujours sa sérénité, malgré les tempêtes qui
grondent au-dessous.
Que si vous en voulez savoir la raison, permettez que
je vous découvre en peu de paroles un mystère que vous pourrez méditer à loisir
durant ces saints jours. Le docte et éloquent saint Jean Chrysostôme,
considérant le Fils de Dieu prêt à rendre l'âme, ne se lasse point d'admirer
comme il se possède dans son agonie : et méditant profondément cette
vérité, il fait cette belle observation. La veille de sa mort, dit ce saint
évêque, il sue, il tremble, il frémit, tant l'image de son supplice lui paraît terrible ;
et dans le fort des douleurs il paraît changé tout à coup, et les tourments ne
lui sont plus rien. Il s'entretient avec ce bienheureux larron d'un sens
rassis, et sans s'émouvoir ; il considère et reconnaît distinctement ceux
des siens qui sont auprès de sa croix, il leur parle et il les console ;
après il lit dans les prophètes qu'on lui prépare encore un breuvage amer, il
élève la voix pour le demander, il le goûte sans s'émouvoir ; et enfin,
ayant remarqué que tout ce qu'il avait à faire était accompli, il rend son âme
à son Père ; et le fait avec une action si libre, si paisible, si
préméditée, qu'il est bien aisé à juger que personne ne la lui ravit, mais
qu'il la donne lui-même de son plein gré : Nemo tollit eam a me, sed ego
pono eam a me ipso.
Qu'est-ce à dire ceci, Chrétiens ? Comment est-ce
que l'appréhension du mal l'afflige si fort, puisqu'il semble que le mal même
ne le touche pas ? Je sais bien qu'on pourrait répondre que l'économie de
notre salut est un ouvrage de force et d'infirmité. Ainsi il voulait montrer,
par sa crainte, qu'il était comme nous sensible aux douleurs, et faire voir,
par sa constance, qu'il savait bien modérer tous ses mouvements, et les faire
céder comme il lui plaisait à la volonté de son Père. Cette raison sans doute est
solide ; mais si nous savons pénétrer au fond du mystère, nous verrons
quelque chose de plus relevé dans cette conduite de notre Sauveur. Je dis donc
que la cause la plus apparente de ce que le Calvaire le voit si paisible, lui
que le mont des Olives a vu si troublé, c'est qu'à la croix et sur le Calvaire
il est dans l'action même de son sacrifice, et aucune action ne doit être faite
avec un esprit plus tranquille. Toi qui, assistant au saint sacrifice, laisse
inconsidérément errer ton esprit, suivant que le pousse deçà et delà la
curiosité ou la passion, arrête le cours de ces mouvements. Ah ! tu n'as pas
encore assez entendu ce que c'est que le sacrifice.
Le sacrifice est une action par laquelle tu rends à
Dieu tes hommages : or qui ne sait, par expérience, que toutes les actions
de respect demandent une contenance remise et posée ? c'est le caractère
du respect. Dieu donc, qui pénètre jusqu'au fond des cœurs, croit qu'on manque
de respect pour sa majesté, si l'âme ne se compose elle-même, en réglant tous
ses mouvements. Par conséquent il n'est donc rien de plus véritable que le
pontife doit sacrifier d'un esprit tranquille ; et cette huile, dont on le
sacre, dans le Lévitique, ce symbole sacré de la paix qu'on répand abondamment
sur sa tête, l'avertit qu'il doit avoir la paix dans l'esprit, en éloignant
toutes les pensées qui en détournent l'application, et qu'il la doit aussi
avoir dans le cœur, en calmant tous les mouvements qui en troublent la
sérénité. O Jésus, mon divin pontife, c'est sans doute pour cette raison que
vous vous montrez si tranquille dans votre agonie. Il est vrai qu'il paraît
troublé au mont des Olives ; mais c'est un trouble volontaire, dit
saint Augustin, qu'il lui plaisait d'exciter lui-même. Pour quelle raison,
Chrétiens ? c'est qu'il se considérait comme la victime ; il voulait
agir comme victime ; il prenait, si l'on peut parler de la sorte, l'action
et la posture d'une victime, et il la laissait traîner à l'autel avec frayeur
et tremblement. Mais aussitôt qu'il est à l'autel, et qu'il commence à faire la
fonction de prêtre ; aussitôt qu'il a eu élevé ses mains innocentes pour
présenter la victime au ciel irrité, il ne veut plus sentir aucun trouble, il
ne fait plus paraître de crainte ; parce qu'elle semble marquer quelque
répugnance : et encore que ses mouvements dépendent tellement de sa
volonté ; que la paix de son âme n'en est point troublée, il ne veut plus
souffrir la moindre apparence de trouble ; afin, mes frères, que vous
entendiez que c'est un pontife miséricordieux, qui, sans force et sans
violence, d'un esprit tranquille et d'un sens rassis, s'immole lui-même
volontairement, poussé par l'amour de notre salut. De là cette action remise et
paisible qui fait qu'au milieu de tant de douleurs il meurt plus
doucement, dit saint Augustin, que nous n'avons accoutumé de nous
endormir.
Voilà, Chrétiens, ce grand mystère que j'avais promis
de vous découvrir ; mais ne croyez pas qu'il soit achevé en la personne de
Jésus-Christ : il inspire ce sentiment à sa sainte Mère, parce qu'elle
doit avoir part à ce sacrifice ; elle doit aussi immoler ce Fils :
c'est pourquoi elle se compose aussi bien que lui, elle se tient droite au pied
de la croix, pour marquer une action plus délibérée ; et, malgré toute sa
douleur, elle l'offre de tout son cœur au Père éternel, pour être la victime de
sa vengeance. Mes frères, réveillez vos attentions, venez apprendre de cette
Vierge à sacrifier à Dieu constamment tout ce que vous avez de plus cher. Voilà
Marie au pied de la croix, qui s'arrache le cœur, pour livrer son Fils unique à
la mort : elle l'offre, non pas une fois, elle n'a cessé de l'offrir
depuis que le bon Siméon lui eut prédit, par l'ordre de Dieu, les étranges
contradictions qu'il devait souffrir. Depuis ce temps-là, Chrétiens, elle l'offre
tous les moments de sa vie ; elle en achève l'oblation à la croix. Avec
quelle résignation ? c'est ce qu'il n'est pas possible que je vous
explique : jugez-en vous-mêmes par l'Évangile, et par la suite de ses
actions.
Ah ! votre Fils, lui dit Siméon, sera mis en
butte aux contradictions ; et votre âme, ô mère, sera percée d'un
glaive ! Parole effroyable pour une mère. Il est vrai que le bon
vieillard ne lui dit rien en particulier des persécutions de son Fils ;
mais ne croyez pas, Chrétiens, qu'il veuille épargner sa douleur : non,
non, Chrétiens, ne le croyez pas ; c'est ce qui l'afflige le plus, en ce
que, ne lui disant rien en particulier, il lui laisse appréhender toutes
choses. Car est-il rien de plus rude et de plus affreux que cette cruelle suspension
d'une âme menacée de quelque grand mal, et qui ne peut savoir ce que
c'est ? Ah ! cette pauvre âme, confuse, étonnée, qui se voit menacée de
toutes parts, qui ne voit de toutes parts que des glaives pendants sur sa tête,
qui ne sait de quel côté elle se doit mettre en garde, meurt en un moment de
mille morts. C'est là que sa crainte, toujours ingénieuse pour la tourmenter,
ne pouvant savoir son destin, ni le mal qu'on lui prépare, va parcourant tous
les maux les uns après les autres, pour faire son supplice de tous ; si
bien qu'elle souffre toute la douleur que donne une prévoyance assurée, avec
toute cette inquiétude importune, toute l'angoisse et l'anxiété qu'apporte une
crainte douteuse.
Dans cette cruelle incertitude, c'est une espèce
de repos que de savoir de quel coup il faudra mourir ; et saint Augustin a
raison de dire qu'il est moins dur sans comparaison de souffrir une seule
mort, que de les appréhender toutes.
C'est ainsi qu'on traite la divine Vierge. O
Dieu ! qu'on ménage peu sa douleur ! Pourquoi la frappez-vous de tant
de côtés ? Qu'elle sache du moins à quoi se résoudre : ou ne lui
dites rien de son mal, pour ne la point tourmenter par la prévoyance ; ou
dites-lui tout son mal, pour lui en ôter du moins la surprise. Chrétiens, il
n'en sera pas de la sorte, on la veut éprouver : on le lui prédira, afin
qu'elle le sente longtemps ; on ne lui dira pas ce que c'est, pour ne pas
ôter à la douleur la secousse que la surprise y ajoute. O prévoyance ! ô
surprise ! ô ciel ! ô ciel ! ô terre ! ô mortels ! étonnez-vous
de cette constance ! Obstupescite ! Ce qu'on lui prédit lui fait tout
craindre, ce qu'on exécute lui fait tout sentir. Voyez cependant sa
tranquillité ; là elle ne demande point : qu'arrivera-t-il ?
quoi qu'il arrive (ici elle ne murmure pas de ce qui est arrivé : Dieu l'a
voulu, il faut le vouloir). La crainte n'est pas curieuse : la douleur
n'est pas impatiente : la première ne s'informe pas de l'avenir ;
quoi qu'il arrive, il faut s'y soumettre : la seconde ne se plaint pas du
présent : Dieu l'a voulu, il faut se résoudre. Voilà les deux actes de
résignation ; se préparer à tout ce qu'il veut, se résoudre à tout ce
qu'il fait.
Marie alarmée dans sa prévoyance, regarde déjà son
Fils comme une victime : elle le voit déjà tout couvert de plaies ;
elle le voit dans ses langes comme enseveli ; il lui est, dit-elle, un
faisceau de myrrhe, qui repose entre ses mamelles. C'est, dit-elle, un
faisceau de myrrhe, à cause de sa mort, qui est toujours présente à ses yeux.
Spectacle horrible pour une mère ! O Dieu il est à vous ; je consens
à tout, faites-en votre volonté ; elle lui voit donner le coup à la croix.
Achevez, ô Père éternel ! ne faut-il plus que mon consentement pour livrer
mon Fils à la mort ? je le donne, puisqu'il vous plaît ; je suis ici
pour souscrire à tout ; mon action vous fait voir que je suis prête :
déchargez sur lui toute votre colère : ne vous contentez pas de frapper
sur lui ; prenez votre glaive pour percer mon âme, déchirez toutes mes
entrailles, arrachez-moi le cœur , en m'ôtant ce Fils bien-aimé.
Ah ! mes frères, je n'en puis plus. Je voulais vous
exhorter ; c'est Marie qui vous parlera ; c'est elle qui vous dira
que vous ne sortiez point de ce lieu, sans donner à Dieu tout ce que vous avez
de plus cher. Est-ce un mari, est-ce un fils ? ah ! vous ne le
perdrez pas pour le déposer entre ses mains ; il rendra le tout au
centuple. Marie reçoit plus qu'elle ne lui donne. Dieu lui rendra bientôt ce
Fils bien-aimé, et en attendant, Chrétiens, en le lui ôtant pour trois jours il
lui donne pour la consoler tous les chrétiens pour enfants : c'est par où
je m'en vais conclure.
TROISIEME POINT
C'est au disciple bien-aimé de notre Sauveur, c'est au
cher fils de la sainte Vierge et au premier-né des enfants que Jésus-Christ son
Fils lui donne à la croix, de vous représenter le mystère de cette fécondité
merveilleuse : et il le fait aussi dans l'Apocalypse par une excellente
figure. Il parut, dit-il, un grand signe au ciel ; une femme
environnée du soleil, qui avait la lune à ses pieds et la tête couronnée
d'étoiles, et elle faisait de grands cris dans le travail de
l'enfantement. Saint Augustin nous assure que cette femme, c'est la sainte
Vierge ; et il serait aisé de le faire voir par plusieurs raisons
convaincantes.
Mais de quelle sorte expliquerons-nous cet enfantement
douloureux ? Ne savons-nous pas, Chrétiens, puisque c'est la foi de
l'Église, que Marie a été exempte de cette commune malédiction de toutes les
mères, et qu'elle a enfanté sans douleur, comme elle a conçu sans corruption ?
Comment donc démêlerons-nous ces contrariétés apparentes ?
C'est ici qu'il nous fait entendre deux enfantements
de Marie : elle a enfanté Jésus-Christ, elle a enfanté les fidèles ;
c'est-à-dire elle a enfanté l'innocent, elle a enfanté les pécheurs : elle
enfante l'innocent sans peine : mais il fallait qu'elle enfantât les
pécheurs parmi les douleurs et les cris : et vous en serez convaincus, si
vous considérez attentivement à quel prix elle les achète. Il faut qu'il lui en
coûte son Fils unique ; elle ne peut être mère des chrétiens, qu'elle ne
donne son Bien-Aimé à la mort : ô fécondité douloureuse ! Mais il
faut, messieurs, vous la faire entendre, en rappelant à votre mémoire cette
vérité importante que c'était la volonté du Père éternel de faire naître les
enfants adoptifs par la mort du Fils véritable. Ah ! qui pourrait ne pas
s'attendrir à la vue d'un si beau spectacle !
Il est vrai qu'on ne peut pas admirer cette immense
charité de Dieu, par laquelle il nous a choisis pour enfants. Il a engendré
dans l'éternité un fils qui est égal à lui-même, qui fait des délices de son
cœur, qui contente entièrement son amour, comme il épuise sa fécondité ;
et néanmoins, ô bonté ! ô miséricorde ! ce Père, ayant un Fils si
parfait, ne laisse pas d'en adopter d'autres : cette charité qu'il a pour
les hommes, cet amour inépuisable et surabondant fait qu'il donne des frères à
ce premier-né, des compagnons à cet unique, et enfin des cohéritiers à ce
bien-aimé de son cœur : il fait quelque chose de plus, et vous le verrez
bientôt au Calvaire. Non seulement il joint à son propre Fils des enfants qu'il
adopte par miséricorde, mais ce qui passe toute créance, il livre son propre
Fils à la mort, pour faire naître les adoptifs. Qui voudrait adopter à ce prix,
et donner un fils pour des étrangers ? C'est néanmoins ce que fait le Père
éternel.
Et ce n'est pas moi qui le dis, c'est Jésus qui nous
enseigne dans son Évangile. Dieu a tant aimé le monde ; écoutez,
hommes mortels, voilà l'amour de Dieu, qui paraît sur nous, c'est le principe
de notre adoption : qu'il a donné son Fils unique : ah !
voilà le Fils unique livré à la mort, paraissez maintenant, enfants
adoptifs ; afin que ceux qui croient ne périssent pas, mais qu'ils
aient la vie éternelle. Ne voyez-vous pas manifestement qu'il donne son
propre fils à la mort, pour faire naître les enfants d'adoption, et que cette
même charité du Père qui le livre, qui l'abandonne, qui le sacrifie, nous
adopte, nous vivifie et nous régénère comme si le Père éternel ayant vu que
l'on n'adopte des enfants que lorsqu'on n'en a point de véritables, son amour
et inventif et ingénieux lui avait heureusement inspiré pour nous ce dessein de
miséricorde, de perdre en quelque sorte son Fils pour donner lieu à l'adoption,
et de faire mourir l'unique héritier pour nous faire entrer en ses droits. Par
conséquent, enfants d'adoption, que vous coûtez donc au Père éternel !
Mais ne vous persuadez pas que Marie en soit quitte à
meilleur marché : elle est l'Ève de la nouvelle alliance, et la mère
commune de tous les fidèles ; mais il faut qu'il lui en coûte la mort de
son premier-né, il faut qu'elle se joigne au Père éternel, et qu'ils livrent
leur commun Fils d'un commun accord au supplice. C'est pour cela que la
Providence l'a appelée au pied de la croix ; elle y vient immoler son Fils
véritable : qu'il meure, afin que les hommes vivent. Elle y vient immoler
son Fils véritable : qu'il meure, afin que les hommes vivent. Elle y vient
recevoir de nouveaux enfants : Femme, dit Jésus, voilà votre
fils. O enfantement vraiment douloureux ! ô fécondité qui lui est à
charge ! car quels furent ses sentiments, lorsqu'elle entendit cette voix
mourante du dernier adieu de son fils ! Non, je ne crains point de vous
assurer que de tous les traits qui percent son âme, celui-ci est sans doute le
plus douloureux.
Je me souviens ici, Chrétiens, que saint Paulin,
évêque de Nole, parlant de sa parente, sainte Mélanie, à qui d'une nombreuse
famille il ne restait plus qu'un petit enfant, nous peint sa douleur par ces
mots : Elle était, dit-il, avec cet enfant, reste malheureux d'une
grande ruine, qui bien loin de la consoler, ne faisait qu'aigrir ses douleurs,
et semblait lui être laissé pour la faire ressouvenir de son deuil, plutôt que
pour réparer son dommage.
Ne vous semble-t-il pas, mes frères, que ces paroles
ont été faites pour représenter les douleurs de la divine Marie ? Femme,
dit Jésus, voilà votre fils. Ah ! c'est ici, dit-elle, le dernier
adieu : mon Fils, c'est à ce coup que vous me quittez : mais,
hélas ! quel fils me donnez-vous en votre place ? et faut-il que Jean
me coûte si cher ? Quoi, un homme mortel pour un homme-Dieu !
Ah ! cruel et funeste échange ! triste et malheureuse
consolation !
Je le vois bien, ô divin Sauveur, vous n'avez pas tant
dessein de la consoler, que de rendre ses regrets immortels. Son amour
accoutumé à un Dieu, ne rencontrant en sa place qu'un homme mortel, en sentira
beaucoup mieux ce qui lui manque ; et ce fils que vous lui donnez semble
paraître toujours à ses yeux, plutôt pour lui reprocher son malheur que pour
réparer son dommage. Ainsi cette parole la tue, et cette parole la rend
féconde : elle devient mère des Chrétiens, parmi l'effort d'une affliction
sans mesure. On tire de ses entrailles ces nouveaux enfants avec le glaive et
le fer, et on entrouvre son cœur avec une violence incroyable, pour y entrer
cet amour de mère qu'elle doit avoir pour tous les fidèles.
Chrétiens, enfants de Marie, mais enfants de ses
déplaisirs, enfants de sang et de douleurs, pouvez-vous écouter sans larmes les
maux que vous avez faits à votre Mère ? pouvez-vous oublier ses cris,
parmi lesquels elle vous enfante ? L'Ecclésiastique disait
autrefois : N'oublie pas les gémissements de ta mère. Chrétien,
enfant de la croix, c'est à toi que ces paroles s'adressent : quand le
monde t'attire par ses voluptés ; pour détourner l'imagination de ses
délices pernicieuses, souviens-toi des pleurs de Marie, et n'oublie jamais les
gémissements de cette Mère si charitable. Dans les tentations violentes,
lorsque tes forces sont presque abattues, que tes pieds chancellent dans la
droite voie, que l'occasion, le mauvais exemple, ou l'ardeur de la jeunesse te
presse, n'oublie pas les gémissements de ta Mère. Souviens-toi des pleurs
de Marie, souviens-toi des douleurs cruelles dont tu as déchiré son cœur au
Calvaire, laisse-toi émouvoir au cri d'une Mère. Misérable, quelle est ta
pensée ? veux-tu élever une autre croix pour y attacher
Jésus-Christ ? veux-tu faire voir à Marie son Fils crucifié encore une fois ?
veux-tu couronner sa tête d'épines, fouler aux pieds à ses yeux le sang du
Nouveau Testament, et par un si horrible spectacle rouvrir encore toutes les
blessures de son amour maternel ? A Dieu ne plaise, mes frères, que nous
soyons si dénaturés ! laissons-nous émouvoir aux cris d'une Mère.
Mes enfants, dit-elle, jusque ici je n'ai rien
souffert, je compte pour rien toutes les douleurs qui m'ont affligée à la
croix ; le coup que vous me donnez par vos crimes, c'est là véritablement
celui qui me blesse. J'ai vu mourir mon Fils bien-aimé ; mais comme il
souffrait pour votre salut, j'ai bien voulu l'immoler moi-même ; j'ai bu
cette amertume avec joie. Mes enfants, croyez-en mon amour ! il me semble
n'avoir pas senti cette plaie, quand je la compare aux douleurs que me donne
votre impénitence. Mais quand je vous vois sacrifier vos âmes à la fureur de
Satan ; quand je vous vois perdre le sang de mon Fils en rendant sa grâce
inutile, faire un jouet de sa croix par la profanation de ses sentiments,
outrager sa miséricorde en abusant si longtemps de sa patience ; quand je
vois que vous ajoutez l'insolence au crime, qu'au milieu de tant de péchés vous
méprisez le remède de la pénitence, ou que vous le tournez en posons par vos
rechutes continuelles, amassant sur vous des trésors de haine et de fureur
éternelle par vos cœurs, endurcis et impénitents ; c'est alors que je me
sens frappée jusqu'au vif ; c'est là, mes enfants, ce qui me perce le
cœur, c'est ce qui m'arrache les entrailles.
Voilà, mes frères, si vous l'entendez, ce que vous dit
Marie au Calvaire. C'est de ces cris, c'est de ces paroles que vous entendrez
retentir tous les coins de cette montagne, si vous y allez durant ces saints
jours. C'est en ce lieu que je vous invite, durant ce temps sacré de la passion :
c'est là que le sang et les larmes, les douleurs cruelles du Fils, la
compassion de la Mère, la rage des ennemis, la consternation des disciples, les
cris des femmes pieuses, la voix des blasphèmes que vomissent les juifs, celle
du larron qui demande pardon, celle du sang qui sollicite miséricorde, celle de
vos péchés qui provoque la justice, feront sur vos cœurs des impressions
propres à vous faire entrer dans tous les sentiments qu'exigent de vous les
grands mystères qui s'opèrent pour votre rédemption ; et après en avoir
recueilli le fruit et les avoir accomplis en vous, vous en recevrez la
consommation dans la gloire, que je vous souhaite.
Jacques-Bénigne Bossuet
SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/09/15.php
Ton âme sera traversée
d’un glaive
Ils ont grand tort, ceux
qui pensent que la Vierge Marie fut tellement percée de douleur qu’elle en
demeura pâmée ; car, sans doute, cela ne fut point, mais elle demeura
ferme et constante, bien que son affliction fût la plus grande que jamais femme
ait ressentie pour la mort de son enfant, parce qu’il ne s’en est jamais trouvé
qui ait eu autant d’amour qu’elle en avait pour Notre Seigneur, non seulement
parce qu’il était son Dieu, mais aussi parce qu’il était son fils très cher et
très aimable.
L’amour de Notre Dame
était vraiment plus fort et plus tendre qu’il ne se peut dire, et par
conséquent sa douleur plus véhémente que toute autre en la mort et passion de
Jésus Christ ; mais comme cet amour était selon l’esprit, conduit et
gouverné par la raison, il ne produisit point de mouvement déréglé en
l’affliction qu’elle ressentit se voyant privée de son fils, qui lui causait
une consolation incomparable. Elle demeura donc, cette très glorieuse Mère,
ferme, constante et parfaitement soumise au bon plaisir de Dieu, qui avait
décrété que Notre Seigneur mourrait pour le salut et la rédemption des hommes.
St François de Sales
Évêque de Genève, exilé à
Annecy, François de Sales († 1622) est le fondateur, avec sainte
Jeanne-Françoise de Chantal, de l’ordre de la Visitation. Auteur de nombreux
écrits, il est le patron des journalistes. / Tome X, Sermon du 2 février 1620,
Annecy, Niérat, 1898.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/jeudi-2-fevrier/meditation-de-ce-jour-1/
En septembre, dix façons d’alléger ses peines grâce à
Notre-Dame des Douleurs
Annabelle
Moseley | 14 septembre 2020
Dans les moments difficiles, s’en remettre à la
dévotion de la Sainte Vierge peut être d’un grand secours. Elle-même a traversé
de nombreuses épreuves douloureuses avec grâce.
Traditionnellement, le mois de septembre est consacré
à Notre-Dame des Douleurs. Cette année, dans ce contexte de pandémie qui vient
perturber les vies personnelles et professionnelles de chacun, ainsi que la
rentrée à l’école, puiser de la force dans cette dévotion semble
particulièrement à propos. En cette période difficile, la Vierge apporte la
meilleure consolation possible.
Tournez vos yeux incessamment vers la Vierge Marie,
elle qui est Mère de douleurs mais aussi Mère de consolation.
Entre le mois d’août, marqué par la dévotion au Cœur
Immaculé et le mois d’octobre, consacré à Notre-Dame du Rosaire, septembre est
le moment idéal pour renforcer sa relation à Marie. Et communier à ses douleurs
est un bon moyen pour y parvenir.
« Tournez vos yeux incessamment vers la Vierge
Marie, elle qui est Mère de douleurs mais aussi Mère de consolation. Elle peut
vous comprendre pleinement et vous aider. En regardant vers elle, en la priant,
votre torpeur deviendra sérénité, votre angoisse se transformera en espérance,
votre deuil en amour », disait saint Jean Paul II.
En ce mois de septembre, il est recommandé d’unir ses
peines à celles de Marie. Aussi étonnant que cela puisse paraître, cela peut
remplir le coeur de joie. Voici dix façons de le faire :
DONNER DU SENS À SA SOUFFRANCE
Prenez les souffrances que vous endurez et offrez-les
pour la réparation du Cœur Immaculé de Marie. Faire quelque chose de sa peine
permet de ne pas conserver un cœur tiède, mais au contraire de se laisser
enflammer par la dévotion et l’amour, en contemplant les douleurs de Marie et
en offrant des sacrifices et des actes de réparation tels que la dévotion du
premier samedi du mois. Donner du sens à sa souffrance à travers ces actes est
une démarche qui guérit à la fois l’esprit et le cœur.
CULTIVER LA JOIE
En ce mois des douleurs de Marie, essayez de moins
vous attarder sur vos problèmes mais au contraire de cultiver la joie en
pensant à la merveilleuse bienheureuse mère que nous avons au ciel. Vous n’avez
pas le moral ? Dites tout de suite un Je vous salue Marie. Vous pouvez
aussi noter vos peines dans un carnet et écrire une prière pour demander à la
Vierge de vous aider à les soulager.
SOULAGER LA PEINE DE QUELQU’UN D’AUTRE
Aidez quelqu’un d’autre à porter sa croix un moment, à
l’image de Simon de Cyrène. Il existe de nombreuses manières de le faire :
en envoyant une carte, en prêtant une oreille attentive à quelqu’un qui a
besoin de confier un souci, une souffrance, un deuil ; en dégageant du
temps et en tenant compagnie à une personne qui se sent seule. On peut aussi
envoyer un bouquet à une personne qui traverse une période difficile, avec des
roses ou des lis pour rappeler la Vierge ! Cuisiner un bon plat pour quelqu’un
qui souffre est une autre manière d’apporter du réconfort et de rendre
service.
Lire aussi :
Le pape François invite à prier Notre-Dame des Douleurs
La dévotion des sept douleurs consiste à dire sept Je
vous salue Marie, en méditant à chaque fois sur l’une des douleurs de la
Vierge, à savoir :
La prophétie de Siméon
La fuite en Égypte
La disparition de l’enfant Jésus au temple pendant
trois jours
La rencontre entre Jésus et Marie sur le chemin de
croix
La crucifixion et la mort de Jésus
La descente du corps de Jésus de la croix et la remise
à sa Mère
La mise au tombeau
Le chapelet des sept douleurs, quant à lui, consiste à
méditer chaque douleur comme on le ferait pour un mystère, en disant sept Je
vous salue Marie au lieu de dix. Commencer à chaque fois par un Notre
Père.
PRIER LE ROSAIRE, PARTICULIÈREMENT LES MYSTÈRES
DOULOUREUX
Alors que vous contemplez l’agonie de Jésus, la
flagellation, le couronnement d’épines, le portement de la croix et la
crucifixion, imaginez-vous marchant aux côtés de Marie, lui offrant votre
présence aimante et votre soutien, refusant de la quitter alors qu’elle assiste
aux souffrances de son Fils bien-aimé.
FAIRE UN DON, MÊME MODESTE
Donnez ce que vous pouvez à une association qui en a
besoin.
PRIER EN COMMUNION AVEC QUELQU'UN
Priez quotidiennement pour une personne qui en a
besoin, et dites-lui que vous vous associez à elle dans la prière afin qu’elle
se sente moins seule. Ce mois-ci, vous pouvez dire cette prière écrite pour la
fête de Notre-Dame des Douleurs le 15 septembre : Ô Dieu, dont la
Passion perça d’un glaive de douleur la si précieuse âme de la glorieuse Vierge
Marie, comme l’avait prédit Siméon, permets que nous qui commémorons pieusement
ses douleurs, recevions les grâces issues de Ta Passion. Toi qui vis et règnes dans
l’unité du Saint-Esprit pour les siècles des siècles, Amen.
CRÉER UN PETIT AUTEL À NOTRE-DAME DES DOULEURS DANS
SON COIN PRIÈRE
Choisissez une carte, une statue ou une œuvre d’art
représentant la Vierge et accompagnez-la d’un bouquet de fleurs que vous
entretiendrez tous les jours en signe de tendresse. Vous pouvez aussi
agrémenter le coin de bougies à allumer pendant le temps de prière. Enfin,
mettez une petite boîte et demandez à chaque membre de la famille d’écrire un
acte de charité ou de miséricorde qu’il/elle s’engagera à effectuer au cours du
mois de septembre pour la consolation des douleurs de la Vierge. Cela peut
aussi être une intention pour laquelle ils souhaitent prier. Demandez à la
Vierge de vous faire la grâce d’un peu de sa foi et de son courage ! Cette
petite boîte est une bonne idée de projet à faire avec les enfants.
CONTEMPLER UNE REPRÉSENTATION DE NOTRE-DAME DES
DOULEURS
Admirez sa beauté poignante et nourrissez-en votre
prière. Prêtez une attention particulière aux larmes qui coulent sur ses joues.
Elles ressemblent à des perles et nous rappellent que, de même que les huîtres
transforment le sable en perles, nos peines peuvent être transformées par
l’intermédiaire de Jésus et de Marie.
ÉCOUTER DES CHANTS À LA VIERGE
Écouter un Ave Maria ou tout autre chant consacré à la
Vierge est une autre façon d’entrer en communion avec elle et de nous confier
plus spécialement à son intercession pendant ce mois de septembre.
Our Lady of Sorrows
Also known as
- Beata
Maria Virgo Perdolens
- Beata
Vergine Addolorata
- Dolorosa
- Maria
Santissima Addolorata
- Mater
Dolorosa
- Mother
of Sorrows
- Our Lady of the Seven
Dolours
- Our Lady of the Seven
Sorrows
- Sorrowful
Mother
Profile
Names by which the Blessed Virgin Mary is referred to in
relation to sorrows in her life
- The Prophecy of Simeon
over the Infant Jesus (Luke 2:34)
- The Flight into Egypt of
the Holy Family (Matthew 2:13)
- The Loss of the Child
Jesus for Three Days (Luke 2:43)
- The Meeting of Jesus and
Mary along the Way of the Cross (Luke 23:26)
- The Crucifixion, where
Mary stands at the foot of the cross (John 19:25)
- The Descent from the
Cross, where Mary receives the dead body of Jesus in her arms (Matthew
27:57)
- The Burial of Jesus (John
19:40)
- Archconfraternity of Christian Mothers
- Congregation of the Holy Cross
- Slovakia
- in Brazil
- Alfenas
- Bias Fortes
- Boa Esperança
- Camacho
- Campo Florido
- Capela Nova
- Dona Eusébia
- Dores de Campos
- Dores de Guanhães
- Dores do Indaiá
- Dores do Turvo
- Doresópolis
- Gonçalves
- Guaxupé
- Ibiraci Itaguara
- Januária
- Joaquim Felício
- Lima Duarte
- Marliéria
- Piedade do Rio Grande
- Presidente Kubitschek
- Santa Juliana
- São Domingos das Dores
- in Italy
- Abbiategrasso
- Bitetto
- Bosco Chiesanuova
- Brivio
- Castellazzo Bormida
- Costigliole d’Asti
- Mola di Bari
- Molise
- Pettorazza Grimani
- Postua
- San Giorgio di Nogaro
- Tornimparte
- in
the Philippines
- Dolores, Quezon
- San Andres, Catanduanes
- San Fernando, Pampanga
- in
the United States
- heart surrounded by a wreath of roses and transfixed by a sword
- heart with seven swords, emblematic of the Seven Sorrows
- Gallery of Images of Our Lady of Sorrows
SOURCE : https://catholicsaints.info/our-lady-of-sorrows/
Memorial of Our Lady of Sorrows
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/lady-of-sorrows/
Our Lady’s Feasts – Our Lady of Sorrows
“O all ye that pass by
the way, attend, and see, if there be any sorrow like to my sorrow.”
In accepting the angel’s
message at the Annunciation, Mary knew that her path was marked for suffering.
She did not need to wait for holy Simeon to tell her at the Presentation that a
sword would pierce her heart. All devout Jews knew the prophecies relating to
the Messiah. Without knowing exactly how God’s Will would be worked out in the
Redeemer’s sufferings, Mary was nevertheless well aware that He must suffer and
die to save His people. By the bond of nature which makes any mother suffer
with every sorrow of her children’s lives, Mary would be bound to suffer when
she saw her Son die upon the cross. But more than the great love of earthly
mothers did she bear to this perfect Son; for He had Himself made her more
capable of love than others, since, unspotted by sin, she could understand more
clearly the beauty of God. This meant that Mary must suffer, more than had any
other woman on earth.
Christ the Redeemer had
to die, to be “lifted up,” that the whole world might be drawn to Him. Why God
arranged it that His Mother should suffer too is something we do not
understand, but in His infinite wisdom He saw it as an essential part of the
scheme of redemption. It is certain that whatever its first purpose, Mary’s
presence on Calvary gave to all of us a much-needed lesson of love and courage.
“Love” is a word that is
much battered about in an age of materialism. Looking at Mary, we know that
love is not the selfish and grasping thing that the world would have us
believe: love does not take, it gives. And to give means sacrifice – a word we
do not like, because it means to give up something we want for ourselves. To be
able to give it up at all, we must love someone else better than ourselves. Our
very Christian way of life commands us to love God “above all things,” but few
of us are brave enough to take the command literally. Some are, and we call
them saints. Some people on the other extreme build about their hearts a shell
of selfishness, not leaving room for the God Who made them. They are almost
incapable of love. But because of Mary, because of her Divine Son Who
sacrificed even His life for us, the world still has also many generous souls.
They have learned that nothing is valuable unless it costs a great deal – not
in money, but in tears, or in pain, or in silent disappointment. Sacrifice is
not a word to make them afraid, because they remember that day of supreme
sacrifice. They are brave enough to say – and mean:
“Holy Mother, this
impart.
Deeply print upon my heart
All the wounds my Saviour bore.
Let me share His pains
with thee.
Who so tenderly for me
Deigned His sacred blood to pour.”
There was enough to
frighten any woman on Calvary that first Good Friday afternoon. Terrified
apostles had fled, all but John. No one knew what the mob’s next move might be.
Rough soldiers, shouting and cursing, pushed back the crowds that pressed
hooting about the top of the hill, shouting:
“…come down from that
cross, if thou art the Son of God.”
When Jesus gave up His
spirit, the earth rocked in a frightful quake. Graves opened, the dead walked
in the eerie noonday darkness. The mob that had demanded His death milled about
the mount where He hung between earth and heaven. At that moment, when even
strong men fled in terror, Calvary was no place for a gentle woman. But Mary,
her heart fixed on her only One, stood steadfast by the cross of her Son,
regardless of what the mob might do. As His Mother, that was her place, and
there she remained, with no thought of personal danger such as might have
troubled a less courageous heart.
There is a sweetness to
sacrifice that small hearts never know, a sweetness that Mary tasted to its
depths on Calvary when she lost herself in Christ. It is a joy to suffer for
someone we love. That is a secret that only the courageous ever find out, and
it has to be learned the hard way, by experience. For inspiration our eyes turn
back to a windy hill on which three crosses are stark against the sky and where
there stands a woman unafraid in the terrible darkness because her love is so
much greater than all human fear.
“Let thy heart take
courage and be brave for the Lord.”
Perhaps more today than
at any time in the world’s history do women need to be courageous. The age is
past when great physical courage is demanded of them as it was of our pioneer
ancestors: moral courage was never more needed than now. Sacrifice is a word
that has been put on the shelf (until war or disaster brings it once more into
use) because people would so much rather be comfortable than brave. But those
who shrink from making a sacrifice, for fear it will hurt too much, never taste
the joy of that real love which Mary knew.
We have a special claim
on the love of Mary because she is our very own. On that bitter afternoon when
the Son of God hung dying on the throne man had built for Him, He made a last
will and testament leaving to us His dearest possession – His Mother. “Behold
thy Mother” was said to each of us in the person of Saint John, who stood then
grieving beneath the cross, where sooner or later each of us must stand.
None of us will ever be
called upon to stand, as Mary stood, beneath a cross where a Son dearer than
life itself hangs dying. Even martyrdom, and all the pains of all the martyrs
of the last nineteen hundred years, cannot measure up to the sorrows of Mary.
But to each of us, some day, sorrow will come, and death will take away those
we love. In that day we shall need to remember Mary’s love, her courage, her
Faith. More than that do we need her help to make us courageous in the crosses
of every day, so that we may stand unafraid before a jeering world and do what
we know to be right, whatever the mob might think.
“O holy Mary, most
compassionate of all the compassionate, and holiest of all the holy, make
intercession for us. Through thee, O Virgin, may He receive our prayers. Who,
born for us of thee, reigneth above the skies; that so, by His loving-kindness,
our sins may be cleansed away.”
SOURCE : https://catholicsaints.info/our-ladys-feasts-our-lady-of-sorrows/
Church of the Holy Sepulchre, Jerusalem כנסיית הקבר הקדוש ירושלים ישראל
The Queen of the Seven Swords, by Venerable Fulton Sheen, 30 March 1934
Dedicated to Mary
Immaculate Mother of God, Advocate of Sinners at the Triune Throne, Daughter of
the Father, Mother of the Son, Spouse of the Holy Spirit.
1. The Prophecy of
Simeon
Forty days had passed
since the angels sang their Gloria to the white chalked hills of Bethlehem. It
was now the second day of February. According to Jewish Law, every mother after
giving birth to a male child was to present herself at the Temple of Jerusalem
to be purified, and to offer her child to God in testimony that all gifts come
from Him. And thus it was that the Lord of the Temple was brought to the Temple
of the Lord.
The priest at the Temple
on that day was Simeon, a devout Israelite already bent with the burden of
years, but happy in the divine intimation that he would not die until he had
seen the Messias.
When Our Blessed Mother
laid the Divine Child in his arms, it was the moment of union of the Old and
New Testaments, or better, the passage from the Old to the New.
Once Simeon’s weary arms
bore the weight of the Eternal and yet refused to break; once aged Simeon
embraced Youth Who was before all ages; he could now take his leave, close the
book of prophecies and bid adieu to his own life. And so in that age when old
men cease to sing, Simeon opened the vents of song, and in the silence of the
Temple, there arose like sweet-smelling incense, the sweet strains of the Nunc
Dimittis. It was the compline of his life, as it is now the daily compline of
the Church, the song the Church will sing in her old age when the Lord comes in
the clouds of heaven on the day of the sunset of the world.
But all the light which
flooded Mary’s soul was soon obscured, as a black cloud sometimes hides from us
the face of the sun. Simeon’s words of joy turned into sorrow, as he spoke of
the part Mother and Son were to play in the Redemption of the world: “Behold
this child is set for the fall, and for the resurrection of many in Israel, and
for a sign which shall be contradicted; And thy own soul a sword shall pierce.”
It was a solemn
announcement that she was to guard the Victim until the Hour of Sacrifice and
be the Shepherdess until the Lamb should be led to slaughter on the sign of
contradiction, which is the cross. It was an echo back to the Garden of Eden,
where a tree brought the ruin of the first Adam, and at whose gates stood an
angel with a flaming sword to guard the gates until the appointed hour of
salvation. Simeon was now saying that the hour had come. The tree of Paradise
that brought ruin would be transplanted to Calvary and be His cross; the sword
of the angel would be lifted from his hands and driven into Mary’s heart, as a
first witness that only those who are pierced through and through with the
sword of sacrificial love shall enter the everlasting Eden of heaven.
“A sign of
contradiction”! Mary did not need to wait for Calvary’s cross! She saw now that
He Who is Love, would be hated; that He Who is Peace, would be a pretext for
war; that He Who is Life, would be an occasion for death; that He Who is Truth,
would be the theme of all errors and heresies until the end of time; that He Who
is Light would drive souls away by the very splendor of His Light; that He Who
came to save the world, would be contradicted and crucified by the world; that
He would be the touchstone of all hearts that from now on men would have to
take sides; that there would be no more one-fisted battles, no more halfdrawn
swords, no more divided loyalties; that souls would either gather with Him, or
they would scatter, and that their contradiction of Mercy would make their
rejection the more fatal and merciless.
As Mary left the Temple
that day she understood as she never understood before why the Magi brought
with their joyous gifts of gold and incense, the bitter, sad, and sorrowful
gift of myrrh.
Prayer
Mary, if thou hadst been
separated from thy Divine Son, like a quiet peaceful garden with the sun
playing on it, far away from the storm-enveloped glory of Calvary, thou wouldst
never have been really our Mother. How terrible the sea of human sorrows would
be were not thy moonlight shining upon it! But now that thou art called to
suffer with Our Redeemer, thou dost become the Mother of the afflicted! Wipe
away our tears, for thou understandest sorrow; mend our broken hearts, for
thine was broken. Draw out all swords, for the hilt is in thy hand. Mary, thou
art the Mother of Sorrows, but if thou were not, then thou couldst never be the
Cause of Our Joy.
2. The Flight Into Egypt
Centuries and centuries
ago, the people of Israel in Egyptian bondage made their Exodus to the Promised
Land. History now reverses itself. The Exodus is toward Egypt, and the leader
is not Moses but the Infant Saviour. The occasion which prompted it was the
order of Herod the Great, that all male children under two years of age in
Bethlehem should be put to death by the sword. Herod heard from the Wise Men
that they sought a Child Who was to be a King, and he was fearful of His power,
as if He Who brought the golden Kingship of heaven would ever think of taking
away the tinsel kingship of earth. It was not hard for Herod to order a
slaughter of the babes, for their blood was but a drop in the crimson river of
crime. It was hard on the poor mothers of Bethlehem whose cries mingled with
Rachel who would not be consoled, but it was harder still on Mary, whose only
crime was that she bore in her arms a Child Who sheathed the beautiful grandeur
of the Godhead in the scabbard of an infant’s flesh.
On a dark night when
poor mothers who denied her a home on Christmas eve wandered homeless through
the streets, an angel appeared and bade Joseph take Mary and the Child and flee
into Egypt. Mary had no treasures to gather up, but only the Treasure which she
bore in her arms. The wilderness, the desert, heathendom confronted her. And as
the night winds stirred, and the moon, which was one day to be pictured beneath
her feet, now shone upon her head, she stole out of Bethlehem into the sands.
This exile of the
Creator from His chosen creatures was the second sword to pierce the heart of
Mary. It was all the more keen, because her Child was hated!
Why should any one hate
a Babe? What had He done to a king that he should be so unkingly? Jesus was
hated!
The bitterness of this
sorrow was that it seemed – I say only seemed – to be so much outside the order
of Divine Providence. We all can easily bear the sorrows which come to us
directly from God; His very fingers which reach tiny crosses to us seem to
lighten them by His touch. A sickness we can bear, or even a death, because
they too come directly from God. But the injustice and ingratitude of men! That
is the more terrible, because we never know when it will end! God is more
merciful. Thus when David, because of his sin of pride, was offered a choice of
punishment, the injustice of men or a pestilence, he cried out: “It is better
that I should fall into the hands of the Lord (for his mercies are many) than
into the hands of men.” And so he chose the
pestilence.
Mary’s sorrow was of
that more bitter kind – it came from the wickedness of men! From the injustice
of a pagan! It therefore seemed all the more terrible because God did not seem
to have a hand in it. But added to it all, was the tragedy that this sad note
had to be struck far down in the scale of sorrows – in a stranger’s land, away
from home.
Prayer
Mary, by this thy second
dolor teach us that God’s ways are hidden in everything, even in those things
that seem as far away as Egypt. Often during our life, when we are bidden to
leave the peace and quiet of religious contemplation where we are so much at
home, to take up those duties and tasks of a workaday world, which seem in
comparison like an Egyptian exile, remind us that there is nothing in life that
cannot be spiritualized and turned into a prayer,provided we do it in union
with thy Son! Mary, I am slow to learn, tardy to understand, reluctant to dare,
but do thou impress me with the great truth that we can make a Holy Land out of
the pagan Egypt of our daily toil, provided we bring with us thy Infant Child.
3. The Three Days’ Loss
The only time artists
ever represent Our Blessed Mother without her Child is when she is joyfully
looking up to heaven, as in the Immaculate Conception. But there was one time
when she was childless and did not look up, and that was when she looked down
to the desert in the sorrowful quest of her Child. Our Blessed Lord was then
twelve years of age.
In that year, He went up
to Jerusalem at the Pasch with Mary and Joseph.
When the Feast was over,
the throngs departed, the men by one gate, the women by the other, to be
reunited at the resting place for the night. The children went either with the
father or the mother. Each suspecting the Divine Child was with the other, it
was not until nightfall that His loss was discovered. Never before were there
two such lonely hearts in all the world, not even when Adam and Eve were driven
from the Garden of Pleasure. For three days they searched and finally found Him
in the Temple expounding the Law to the Doctors and astounding them with His
wisdom.
But Mary and Joseph must
have searched for Him in the Temple the first day. Where was He then, and during
the nights? We can only conjecture, but I love to think that He probably
visited the future scenes of His Passion; stopped outside the Fortress of
Antonia where Pilate would later try to wash His Blood from his hands; gazed in
at the house of Annas who would later charge Him with blasphemy; made His way
outside the city walls to a little hill where the world would erect a Cross and
call it His Throne; and, finally, spent a night in the Garden of Gethsemane
under the full Paschal moon where twenty-one years later His Apostles would
sleep as He drank the bitter dregs from the Chalice of man’s sin.
But wherever He was
until the third day, in this third dolor Mary’s soul was plunged into the
densest darkness, for she had lost her God! It was in this dolor that the
Mother Immaculate became in a more true sense the Refuge of Sinners. It strikes
us first as a bit incongruous that she who was sinless should be the harbor of
the sinful. How could she who never had remorse of conscience be a refuge for
those whose conscience is full of bitterness? How could she who never lost her
God know the pangs of a soul that through sin lost its God?
The answer is this. What
is sin? Sin is separation from God. Now in these three days’ loss Mary was
physically separated from her Child, and she too had lost her God! The physical
separation from her Child was but a symbol of the spiritual separation of men
from God. The third dolor makes it possible for her to divine the feelings of
sinners and still keep her soul inviolate. Thus she was suffering in atonement
then for all minds who once had faith, and lost it; for all those souls who
once loved God, and then forgot Him; for all those hearts who once prayed, and
then abandoned Him. All the spiritual homesickness for Divinity, all the
nostalgia for Heaven, and all the emptiness of hearts who emptied them of God,
Mary felt as if it were her own – for now she was without the Redeemer. If an
earthly mother weeps at the physical death of one of her children, what must
have been Mary’s grief at the spiritual death of millions of men whose Mother
she was called to be by God!
Prayer
Mary, by this thy third dolor, teach us that if we should be so unfortunate as to lose God, we must not seek Him in new faiths, new cults, and new fads, for He can be found only where we lost Him – in the Temple, in prayer, in His Church. Those other times when our soul is as arid as a desert, our hearts seem cold, and we find it hard to pray, and even begin to believe that perhaps God has forgotten us, because He seems to be so far away, whisper gently to us the sweet reminder that even when we seem to have lost Him, He is still about His Father’s business.
4. Mary Meets Jesus
Carrying the Cross
Twenty-one years have
whirled away into space since the third dolor. During that time, eighteen years
were passed in the calm and quiet of a Nazarene home. Mary’s life was an
endless ascension in love of her role as the Co-Redemptrix of the world. Each
hour was like a novitiate in which she learned more deeply her share of the
Cross.
It is simply impossible
to describe what it means to spend eighteen years mothering God and still being
fathered by Him; eighteen years of receiving obedience from Him, and still
being His sweet slave of love! If God were not Love, we could never use that
word to describe the ecstatic life of Mary!
After those eighteen
years she parted with Him. He was now thirty, and He must be about His Father’s
business. He had His thirty years of obeying; He would now have His three years
of teaching; and then His three hours of Redeeming. The three years quickly
passed, and He Who came to give Testimony of the Truth saw Pilate, standing
between the pillars of his Judgment seat, wash his hands of Truth. The world
had succeeded in contradicting Him, and in symbol of their triumph they gave
Him the Cross. The procession began: There was the centurion leading; following
were the heralds bearing the sign that would be nailed over the cross, the two
thieves with their crosses, and the Scribes and Pharisees who sent Him to death
in the name of loyalty to Caesar – but the irony of that procession was, that
it moved over a road scattered with withered palm branches. Mary followed,
treading on the very Blood which she worshipped. She saw every drop of it; she
saw the glittering spears, too, which looked like palms; she saw the thieves;
she saw the weeping women; and yet she saw only one thing: Jesus bearing Eden’s
transplanted tree as she was wearing the angel’s transported sword.
This new dolor of Mary’s
was a revelation of her Son’s words, that if we are to be His Disciples we must
take up our cross and follow Him. Every life must climb to Calvary, not alone
and unburdened with hands white and empty, but bearing the very instruments of
crucifixion, the very elements of the sacrifice itself. As Isaac carried the
wood of sacrifice, as Jesus carried His cross, as the priest carries bread and
wine to the altar, so Mary carries a cross in her own heart. The cross need not
always be on one’s shoulders : the sick in bed with burning fevers, the mother
with her arms embracing children, the father at his daily toil, have no
shoulders free for a cross, but they have a heart free for it, as Mary did. The
spirit must go on even doing that which the flesh cannot do, for every act in
the heart will be accounted equivalent to the work done. Simon for a moment
relieved the shoulders of Jesus of His cross, but He did not relieve His Will
to suffer. The crowd saw at the moment but one cross, and that was on the
shoulders of the Cyrenian. There really were two, both hidden in the hearts of
Mother and Son carrying their burden to the altar of Sacrifice.
Prayer
Mary, by this new
sorrow, impress thy poor children with the lesson of cross-bearing. Remind me
that I am not free to accept His cross or to leave it. The choice is not
between going through life with a cross, or going through life without it. I
must take it. The choice is whether I shall accept it like thee, or have it
thrust upon me like Simon. Shall I be impelled to embrace it, or shall I be
compelled to take it? Mary, let me see that the only real cross is the refusal
to take it, and that by embracing it through love like thee, it ceases to be a
cross and becomes a scaffolding leading me on to the Kingdom of God.
5. The Crucifixion
Christ is now on His
Cross. And as that great Chalice of all common miseries dripped silently,
slowly, and mysteriously the red drops of salvation, the hungry earth at its
quaking opened its mouth to receive them, as if groaning more for redemption
than the thirsty souls of men. The Seven Words rang from the Cross like seven
swords into Mary’s soul. It seemed that she was listening to Him sing His Own
funeral dirge. Any mother’s heart would have broken at the sight of that Great
Sanctuary Lamp of Life and Truth and Love emitting not red rays over Calvary,
but dropping red beads in a rosary of redemption. Any mother would have
collapsed at the vision of the beautiful wick of His Soul flickering in death
as the wax of His Body and Blood burned itself away. Not all mother hearts have
the same capacity for suffering; they vary with tenderness. The more delicate
and tender the heart, the keener the suffering. But no mother in all the world
has a heart as tender as the Mother of Motherhood. She was as delicate as a
rose-leaf, responsive to the gentlest breath of the evening breeze; hence her
sorrow was so deep that even the greatest of martyrs have saluted her as their
Queen. It was all the more bitter because there was nothing she could do to
ease her suffering Son. Grief must always be doing something, even if it is
only stroking a fever stricken brow, for the very wants of the one who suffers
are the luxuries of the one who consoles. And yet what could Mary do? The
pillow of the crown of thorns could not be smoothed; the bed of the cross could
not be freshened; the nails which folded in His hands and feet could not be
taken away; even when He cried, “I thirst,” there was nothing she could offer
but her tears. Magdalene collapsed at His feet – it seemed she was always there
in an attitude of penance. But Mary would not give way. The Evangelist who was
at the cross tells us that she stood. If Eve stood at the foot of the tree,
she, the new Eve, would stand at the foot of the Cross – gazing upon a
Crucifix.
And because she stood
ready to serve, there came to her from the cross her second Annunciation, not
from the lips of an angel, but from the very mouth of God. Looking down from
His Throne, Jesus saw her and John, His beloved disciple, and “He saith to His
mother: ‘Woman, behold thy son’: After that, He saith to the disciple: ‘Behold
thy mother.'” He called her not ‘Mother,’ but ‘Woman,’ to denote that she was
now to become the universal mother of the human race which John symbolized. It
was seemingly a poor exchange: a disciple for a Master; a creature for a
Creator; a fisherman for a King; a son of Zebedee for the Son of God – and yet
Mary accepted it gladly. She saw that just as at Bethlehem she became the
Mother of God, she was now on Calvary to become the Mother of Men, and that
just as at the Crib she begot the Captain of Salvation, so now at the cross she
would bring forth His soldiers. She saw too that this could not be done without
suffering, for although she brought forth the Innocent without pain, she could not
bring forth sinners without sorrow. It would cost her her own Divine Son to
become the Mother of Men but she would pay the price.
And thus her title as
Mother of Men became hers not by mere external proclamation, but by the right
of birth. She loved Him, because He was God; but she loved us, because it was
God’s will to save us. The first love was her martyrdom; the other her
sacrifice. The one was like a tempest on the ocean, but the other was like its
calm. Even in sorrow, peace was hers, for she was joined to an Eternal Father
in the offering of a common Son.
Prayer
Mary, in thy fourth
dolor thou didst show us how we are to carry our cross, and in this, the fifth,
thou dost show us how to stand by it. Thy Son has told us that only those who
persevere until the end will be saved. But perseverance is sometimes so
difficult. Few of us are, like thee, willing to stand by the Cross for three
full hours until the Crucifixion is ended. Most of us are deserters from
Calvary, half-crucified souls. Many of us have high resolve in the dawn ; but
few sustain it through the day. Thy own soul did not falter, because thy Son’s
did not. He kept till evening the promise He had made to the morning sun rising
red like blood. He had finished the work given Him to do. Beg for us the grace
then, like thee, to remain three full hours on Golgotha, so that when the lease
on our life has ended, we can pray with Him and thee: “I have finished the
work. Now God, take me down, and lift me up into everlasting union with Thee.”
6. The Taking Down From
the Cross
And after three hours
Christ died of thirst – not of a thirst for the pure water of Galilean brooks,
nor the refreshing draughts of Jacob’s well, nor the heart-warming wine of the
Last Supper, but of a thirst for love, which came nearest to being quenched,
not as a Roman reached him vinegar and gall, but as an obscure thief reeling in
the darkness of death gave Him the love of his bleeding heart. Christ was dead!
The last chord of the Divine Harp snapped – it was the rupture of a heart
through the rapture of love.
There now came to the
hill of sorrow two notable citizens of Jerusalem and the Sanhedrin: Joseph of
Arimathea and Nicodemus – the twilight companions who before wanted to be
friends of Christ and yet not appear as such. With gentle hands and adoring
hearts the King Who staggered to His throne is now lifted from it in seeming
defeat. Each nail is extracted from hands that even then might have lifted the
portals of all the kingdoms of earth from their hinges. One wonders as the
Nails, the Crown of Thorns, and the Cross came into Mary’s hands if all Nature
did not respond. The very iron in the dark womb of earth must have shuddered,
because it had nailed its God. Every thorn must for the moment have hidden
itself for shame under the petals of every red rose. Every tree must have shook
in sorrow, because it bore the burden of the Crucified, and lifted its leafy
arms in prayer that henceforth it would be cut by a sacrificial ax to become a
cross beckoning hearts back again to God.
Finally the Body of the
Saviour was taken down and given to His Mother. It was like a red rose
withering on her knee. The Prodigal Son was coming home again!
Mothers live on last
looks, and Mary must now take hers. As she looked, the sun setting in the golden
tabernacle of the west threw on the hill the lengthening shadow of the Cross,
as sorrow was now throwing its lengthening cross upon the heart of the Mother
of the world. When she delivered her Son over for burial, she came as close to
priesthood as any woman ever came, for was she not equivalently offering on the
paten of her arms, the Immaculate Host of the Bread of Life. It was a great
sorrow to give Him up; it seemed the world had Him so long, and she had Him so
little – but that was because she loved Him so much more. To her, sorrow is
God’s revelation; it is the wounded hand of Christ pushing aside the clouds
which curtain His throne where all sorrow is turned to joy.
Prayer
Mary, most of us in
moments of sorrow dispense ourselves from duties, refrain from work in the hour
or our grieving, and look to human sympathy to ease our aching heart. But thou,
O sorrowful Mother, during this sixth dolor, sought out no human consolation,
in order to remind us that God loves most to come to lonely hearts which no
other love can fill. Neither didst thou make thy grief a burden to any one;
thou didst help lay the Host on the Immaculate Corporal of thy lap; thy heart
was broken, but no one knew it. By thy calm resignation, dear Mother, teach us
that our sorrow must never be in the way; that every cross we carry must be a
cross only to ourselves; that heaven most consoles the inconsolables of earth,
and that a broken heart, like thine own, is the favorite sanctuary of God.
7. The Burial of Jesus
The night had now come
when Mary became the sower of seed, for was she not bearing the Eternal Word to
the grave where in three days He would break the bonds of death and rise forth
to everlasting life? She had borne her Son in many sorrowful journeys before,
once through Bethlehem to a stranger’s cave; now over Golgotha to a stranger’s
grave – an eloquent reminder, indeed, that human birth and human death were
equally foreign to Him. There was only one sacrifice left for Mary to make;
only one rich consolation which she could put off to be utterly poor, and that
was to leave her Son in the rocks under the guard of Roman soldiers. She would
keep for herself only one thing – a pierced heart as Simeon’s last sword found
in it its scabbard. By that token Mary would be the consolation of all those
who have lost dear ones; of all mothers who mourn over sons; and of all loved
ones who grieve over spouses. She understands sorrows, because she lost more
than any one else. Some have lost a mother; others a son; others a spouse; but
Mary lost everything, for she lost God.
Mary now leans on John,
a symbol of the poor compensation we all are to her and steals a glance at the
cross – the first one ever to see hope in it. Tens of thousands of hearts,
under her sweet inspiration, have looked on it since, and were glad their
hearts were broken by it, that through the rent God’s love might enter.
Mary retraces her
morning pilgrimage, making for the second time the way of the Cross, from the
fourteenth station to the first. This time it seemed more terrible than the
first, because of the very nature of sorrow. All love tends to unify, and in a
love such as that of Jesus and Mary, their two hearts were but as one. No power
but death could dare render asunder so exquisite a union – and yet death did
it. The result was that when she left Him her heart was rent in two; now that
she is left alone, the stream of her life can hardly flow; it is not merely
that half her life and love is gone. It is something more than that. It is as
if her own fountain had run dry like a summer stream. Their lives were one;
their deaths are also one. Her sorrow then was deeper than any sorrow on the
earth before; it made her weep not just because she lost Him, but because she
loved Him. Hers was a love bent wholly on Jesus; a love greater than all
mothers’ love, even if they might compact their myriad loves into one
intensest, nameless act; a love that could bear anything, because what was
within her was stronger than anything without ; in a word, a love so ecstatic
and heavenly that if she could have had her will she would have built all her
Thabors on Calvary. With such a love in her heart, who then can doubt that as
she tramped over the bloodstained streets of Jerusalem she once more, in tones
more enraptured than ever, chanted the Magnificat?
Prayer
Mary, Mother of Sorrows,
thy Seven Dolors are like a Holy Mass. In thy first dolor, thou wert appointed
sacristan by Simeon to keep the Host until the Hour of sacrifice; in thy second
dolor, thou didst leave the sacristy to serve the altar as thy Son’s visit
sanctified Egypt; in the third dolor, thou didst recite the Confiteor at the
foot of the altar as thy Son recited His Confiteor to the Doctors of the Law;
thy fourth Dolor was the Offertory as thou didst make the oblation of His Body
and Blood on the way to Calvary; thy fifth dolor was the Consecration in which
thou didst offer thine own body and blood in union with thy Son’s for the
redemption of the world; thy sixth dolor was the Communion when thou didst receive
the body of thy Son from the altar of the Cross; and thy seventh dolor was the
Ite Missa est, as thou didst end thy sorrow with an adieu to the tomb.
Mary, thy Heart is
everything to us; it is a living altar-stone on which the sacrifice is offered;
it is the sanctuary lamp which jumps with joy before its God; it is the server,
the beatings of which are like the responses of the liturgy; it is the Paschal
candle which lights the sanctuary of our souls by the sacrifice of self; it is
the thurible which gives the sweet odor of incense as it burns in love for us;
it is a whole angelic choir singing voiceless songs into ravished ears of the
bleeding Host, Our Lord and Saviour Jesus Christ.
Mary, sacristan of souls
as thou wert the sacristan of Jesus, a good life is worth nothing if it be not
crowned with a happy death. We shall spend our whole life therefore asking this
of thee, if it be only to gain it at the end. Thy Divine Son said He would not
leave us orphans. But Mary, we shall be orphans unless thou art our Mother.
– text from the booklet The Queen of the
Seven Sword, by Venerable Fulton Sheen, 30 March 1934; Impratur by
Bishop John Francis Noll, Diocese of Fort Wayne, Indiana; published by Our
Sunday Visitor Press
SOURCE : https://catholicsaints.info/the-queen-of-the-seven-swords-by-venerable-fulton-sheen-30-march-1934/
Roman Martyrology, September 15th
This Day, the Fifteenth
Day of September
The Octave of the
Nativity and the Feast of the Seven Dolors of the Blessed Virgin Mary.
At Rome, on the Nomentan
road, the birthday of blessed Nicomedes, priest and martyr. As he said to those
who would compel him to sacrifice: “I sacrifice only to the Omnipotent God who
reigns in Heaven”, he was for a long time scourged with leaded whips, and thus
went to our Lord.
In the diocese of
Chalons, Saint Valerian, martyr, who was suspended on high by the governor
Priscus, and tortured with iron hooks. Remaining immovable in the confession of
Christ, and continuing joyfully to praise Him, he was struck with the sword by
order of the same magistrate.
At Marcianopolis, in
Thrace, Saint Melitina, a martyr, in the time of the emperor Antoninus and the
governor Antiochus. She was twice led to the temples of the Gentiles, and as
the idols fell to the ground each time, she was hanged and torn, and finally
decapitated.
At Adrianople, the holy
martyrs Maximus, Theodore, and Asclepiodotus, who were crowned under the
emperor Maximian.
Also, Saint Porphyrius,
a comedian, who, in the presence of Julian the Apostate, being baptized in
jest, and suddenly converted by the power of God, declared himself a Christian.
Forthwith, by order of the emperor, he was struck with an axe, and thus crowned
with martyrdom.
The same day, Saint
Nicetas, a Goth, who was burned alive for the Catholic faith, by order of king
Athanaric.
At Cordova, the holy
martyrs Emilas, deacon, and Jeremias, who ended their martyrdom in the
persecution of the Arabs by being beheaded, after a long detention in prison.
At Toul, in France,
Saint Aper, bishop.
Also, Saint Leobinus,
bishop of Chartres.
At Lyons, Saint Albinus,
bishop.
The same day, the
decease of Saint Aichard, abbot.
In France, Saint
Eutropia, widow.
And elsewhere in divers
places, many other holy martyrs, confessors, and
holy virgins.
V: All ye Holy Martyrs, pray for us
R: Thanks be to God
– Roman Martyrology, 1914, revised edition with the imprimatur of Cardinal James Gibbons
SOURCE : https://catholicsaints.info/roman-martyrology-september-15th/
The Feast of the Seven Dolors, by Father B Rohner, OSB
Something more than four
hundred years ago, in the kingdom of Bohemia, a wicked, if not demented, monk,
by the name of John Huss, fell into heresy and founded a sect. His wild
followers, who were known as Hussites, made themselves notorious by various
atrocities, one of which was to break and destroy most maliciously the images
of the crucified Redeemer and of His blessed Mother. Naturally this conduct
incensed the Catholics very much. Among those whose hearts were deeply
lacerated by the insults offered to the pictures, and indirectly to the persons
of Our Lord and His blessed Mother, was Theodoric, archbishop of Cologne, and
this prelate, eager to make amends for these outrages on religion, consulted
the other bishops of his province. A council was called at Cologne in 1412, at
which it was resolved to commemorate every year on a Friday in Lent the seven
sorrows of our blessed Mother. In the wording of their decree are beautifully
expressed the sentiments that animated their hearts. The festival was to be
celebrated “to honor the holy and immaculate Mother of God, Mary, who prayed
with such confidence and fortitude at the foot of the cross for poor sinners,
and whose praises cannot be sufficiently lauded, even if all the sands on the
seashore had tongues to sing them.” It also further decreed that the feast
shall contribute “to commemorate and honor the pain and anguish which the
sorrowing Mother suffered when Our Saviour, Jesus Christ, hanging with
outstretched arms on the cross. commended her to the care of the holy
evangelist, Saint John.” Finally, the bishops desired the feast to be observed
in order that “Our Lord, Jesus Christ, being thus appeased, might lift the
cloud of error from the eyes and hearts of the Hussites, bring them back to the
Catholic faith, and preserve the faithful from the evils of heresy.” From
Germany the observance of this feast spread into other lands. This was the more
easily effected inasmuch as, by the zealous efforts of the Order of the
Servites, or, as they were also called, the Servants of Mary Sorrowing, this
pious devotion was well known and well beloved in the Church. Although the
festival of the Seven Sorrows of the Blessed Virgin is not a holy day of
obligation in the Church, yet, on the Friday preceding Palm Sunday, the
Christian faithful frequent in large numbers those churches and chapels in
which are found the venerated pictures or statues of Our Lady of Sorrows. Such
places of pilgrimage are very numerous, especially in Catholic countries. In
order to foster this devotion among her children the Church has generously
opened her treasury and poured out bountifully her treasures of graces and
enriched the various exercises of devotion to the Mother of Sorrows with many
indulgences. Thus, for example, we can gain an indulgence of a hundred days as often
as we recite piously the beautiful hymn, “Stabat Mater,” in the tender words of
which we can best learn the meaning of this festival. (Pope Innocent XI,
September 1681)
Holy Mother! pierce me
through,
In my heart each wound renew
Of my Saviour crucified;
Let me share with thee His pain,
Who for all my sins was slain,
Who for me in torments died.
Prayer of Holy Church
O God, at whose
sufferings the tender soul of the glorious Virgin Mother Mary was, according to
the prophecy of the venerable Simeon, pierced by a sword of grief, mercifully
grant that we, who solemnly honor her sad martyrdom, may, through her glorious
merits, and by the prayers of all the saints who persevered under the cross in
fidelity, be made sharers in the precious fruit of Thy Passion and death.
O Lord Jesus Christ, in
humble supplication we bring Thee our petitions and other offerings, while
meditating affectionately on the sorrows of Thy Mother’s gentle heart. Amen.
– text taken from Veneration of the Blessed
Virgin Mary, Her Feasts, Prayers, Religious Orders, and Sodalities,
by Father B Rohner, OSB, adapted by Father Richard Brennan, LLD, published in
1898 by Benziger Brothers; it has the Imprimatur of Archbishop Michael
Augustine, Archdiocese of New York, New York, 22 June 1898
SOURCE : https://catholicsaints.info/the-feast-of-the-seven-dolors-by-father-b-rohner-osb/
Beata Vergine Maria Addolorata
La
memoria della Vergine Addolorata ci chiama a rivivere il momento decisivo della
storia della salvezza e a venerare la Madre associata alla passione del figlio
e vicina a lui innalzato sulla croce. La sua maternità assume sul calvario
dimensioni universali. Questa memoria di origine devozionale fu introdotta nel
calendario romano dal papa Pio VII (1814). (Mess. Rom.)
Etimologia: Maria
= amata da Dio, dall'egiziano; signora, dall'ebraico
Martirologio
Romano: Memoria della beata Maria Vergine Addolorata, che, ai piedi della
croce di Gesù, fu associata intimamente e fedelmente alla passione salvifica
del Figlio e si presentò come la nuova Eva, perché, come la disobbedienza della
prima donna portò alla morte, così la sua mirabile obbedienza porti alla vita.
Autore: Padre Liborio Siniscalchi
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/24450
Voir aussi : http://leblogdumesnil.unblog.fr/2010/03/26/le-chapelet-des-sept-douleurs-de-notre-dame/