Giotto (1266–1337),
La Pr.sentation de Jésus au Temple, fresco,
1303, 200 x 185, Scrovegni Chapel
Présentation du Seigneur
au Temple
Présentation du Seigneur
au Temple, Rencontre du Christ et de son peuple dans la personne du vieillard
Syméon, Purification rituelle de Marie, Chandeleur ou fête de la lumière, tels
sont les thèmes multiples de la célébration qui, quarante jours après Noël,
clôture les solennités de la Manifestation de Dieu aux hommes en son Verbe fait
chair.
La Présentation de Jésus au Temple, une des huit scènes de la vie de Jésus, tempera et or sur bois, 3e quart du XIIIe siècle par un peintre anonyme romain. Collection Alana (Newark, États-Unis).
Présentation de Jésus au
Temple
Rencontre du Seigneur
Jésus avec le vieillard Syméon
Célébrée dès le IVe siècle à Jérusalem, cette fête eut d'abord pour objet la rencontre du Seigneur Jésus avec le vieillard Syméon. En proclamant que cet enfant était la lumière du monde et serait un signe de contradiction, le vieillard achevait de manifester que Jésus était le Messie, Sauveur du monde. Au VIIe siècle, cette fête commence à être célébrée à Rome et s'accompagne d'une procession de pénitence qui, commencée à l'aurore, se faisait à la lumière des cierges, pour témoigner que dans la nuit du monde, Jésus était cette lumière tant attendue. La bénédiction des cierges ne date que du Xe siècle. En Gaule, la fête devint mariale, reprenant la Purification exigée des jeunes mères juives qui se faisait quarante jours après la naissance, d'où la date de la fête qui se rattache encore au mystère de Noël.
La Purification de la Vierge Marie eut lieu quarante jours après la Nativité du Seigneur. Cette fête a été nommée ordinairement de trois manières, la Purification, Hypapante ou rencontre, et la Chandeleur... Cette fête a reçu le nom d'Hypapante, ce qui est la même chose que Présentation, parce que Jésus a été présenté au temple: Hypapante veut encore dire rencontre*, parce que Siméon et Anne se rencontrèrent avec le Seigneur, qu'on offrait dans le temple. (Abbaye saint Benoît.)
Vidéos: - Que fête-t-on à la Chandeleur? diocèse de Moulins. Le 2 février, c'est la chandeleur, mais c'est aussi la commémoration de la présentation de Jésus au Temple et la journée de la vie consacrée ! Mais quel est le lien entre les trois ? La réponse en vidéo !
- présentation de Jésus au Temple Fraternités monastiques de Jérusalem.
*De hypa, qui veut dire aller, et ante, au-devant; voir aussi sur le site du service national de la pastorale liturgique et sacramentelle.
Un internaute nous écrit: l'Église grecque melkite catholique (Liban , Syrie etc..) célèbre cette fête le 2 février, d'autres penchent pour le 3.
Fête de la Présentation du Seigneur, que les Grecs appellent Hypapante, la
Rencontre. Quarante jours après sa Naissance, Jésus fut présenté au Temple par
Marie et Joseph - selon les apparences, il accomplissait la Loi de Moïse - en
réalité, il venait au devant de son peuple croyant et exultant, lumière pour
éclairer les nations païennes et gloire d'Israël son peuple.
Martyrologe romain
O divin Esprit, je veux
être devant vous comme une plume légère, afin que votre souffle m'emporte où il
veut et que je n'y apporte jamais la moindre résistance.
François-Marie
Libermann - Commentaire de l'évangile selon saint Jean
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/549/Pr%C3%A9sentation-de-J%C3%A9sus-au-Temple.html
Guido da Siena (1230–1290), La Présentation de Jésus au Temple,
Dossale
di Badia Ardenga, vers 1275-1280, tempera et or sur bois, 34,5 x
48,5, musée du Louvre, Peintures italiennes, salle 4 : salle
des Sept-Mètres. Denon, 1er étage. Cet objet est rattaché
au département des Peintures du
Musée du Louvre
22 Quand fut
accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les
parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur,
23 selon ce qui est
écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au
Seigneur.
24 Ils venaient
aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de
tourterelles ou deux petites colombes.
25 Or, il y avait à
Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui
attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui.
26 Il avait reçu de
l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le
Christ, le Messie du Seigneur.
27 Sous l’action de
l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l’enfant
Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait,
28 Syméon reçut
l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :
29 « Maintenant,
ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta
parole.
30 Car mes yeux ont
vu le salut
31 que tu préparais
à la face des peuples :
32 lumière qui se
révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »
33 Le père et la
mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui.
34 Syméon les bénit,
puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la
chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction
35 – et toi, ton âme
sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui
viennent du cœur d’un grand nombre. »
36 Il y avait aussi
une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très
avancée en âge ; après sept ans de mariage,
37 demeurée veuve,
elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas
du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.
38 Survenant à cette
heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous
ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
39 Lorsqu’ils eurent
achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée,
dans leur ville de Nazareth.
40 L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.
Évangile selon saint LUC, II : 22-40
SOURCE : https://www.aelf.org/bible/Lc/2
Giotto (1266–1337), La Présentation de Jésus au Temple,
Seven panels with scenes from the Life of
Christ, vers 1320, 44 x 43, musée Isabella-Stewart-Gardner
La Présentation de Jésus
au Temple et la Purification de Marie
La fête de ce jour a un
double objet, célébrer la Purification de Marie et la Présentation de Jésus au
Temple selon la loi de Moïse. Cette loi fixait le temps où les mères devaient
se présenter avec leurs nouveau-nés devant les autels, et elle exigeait une
offrande pour le rachat des enfants mâles. Ni Marie, toute pure dans sa
maternité, ni Jésus, Fils de Dieu, n'étaient obligés à cette cérémonie;
cependant par humilité, et pour donner aux hommes un éclatant exemple
d'obéissance aux lois divines, Marie, accompagnée de Joseph et portant Jésus en
Ses bras, Se rendit au Temple de Jérusalem.
La fête chrétienne qui
nous conserve le souvenir de cette cérémonie porte, dans le langage populaire,
le nom de la Chandeleur, à cause de la procession qui se fait ce jour-là dans
nos églises avec des cierges allumés.
Les cierges symbolisent
Notre-Seigneur Jésus-Christ, Lumière du monde; la procession représente le
passage de la sainte Famille dans le Temple et la rencontre des deux vieillards
Siméon et Anne. Saint Anselme, développant ce mystère, nous dit qu'il y a trois
choses à considérer dans le cierge: la cire, la mèche et la flamme. La cire,
ouvrage de l'abeille virginale, est la Chair du Christ; la mèche, qui est
intérieure, est Son Âme; la flamme, qui brille en la partie supérieure est Sa
Divinité.
La procession de la
Chandeleur nous apparaît comme la marche du peuple chrétien à la lumière du
Christ, figuré par les cierges que porte le clergé, la portion choisie de
l'Église, comme Jésus même était porté entre les bras de Marie, entre ceux du
saint vieillard Siméon et du pontife qui L'offrit au Seigneur.
Les cierges de la
Chandeleur sont bénits avec une solennité toute particulière et avec l'emploi
des prières les plus touchantes. Conservés dans la maison des chrétiens, ils
sont un gage de la protection divine. Il est dans l'esprit de l'Église
d'allumer les cierges de la Chandeleur pour repousser les esprits de ténèbres,
dans les dangers corporels et spirituels, au lit des mourants, pour éloigner
d'eux l'ennemi des hommes, qui fait alors son suprême effort afin d'arracher
les âmes à Dieu. C'est bien alors surtout, en effet, que l'homme a besoin du
recours du Rédempteur, vraie lumière des âmes, pour illuminer les derniers
instants de sa vie.
Abbé L. Jaud, Vie
des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/la_presentation_de_jesus_au_temple.html
La présentation de Jésus au Temple
Le Quarantième jour après
Noël-Épiphanie était célébré à Jérusalem dès 386, la procession des cierges y
fut ajouté en 450. Au VIe siècle, la fête est reçue à Constantinople sous le
nom d’Hypapantê, ou Rencontre du vieillard Siméon et du Sauveur.
La fête est accueillie à
Rome au milieu du VIIe siècle, sous le nom d’Hypapantê ou ‘Obviatio’
(Rencontre), ou de ‘jour de St Siméon’. Au milieu du VIIIe siècle, une nouvelle
appellation se fit jour en pays francs, celle de purificatio Sanctae
Mariae. Aux IXe et Xe siècles, les deux titres se concurrencèrent, puis le
second prévalut.
Seul le martyrologe de la
basilique Saint-Pierre indique le nom de Présentation : Ypapanti
Domini, id est obviatio seu appresentatio Domini nostri Iesu Christi secundum
carnem.
AUX PREMIÈRES VÊPRES.
Ant. 1 O commerce
admirable *. Le Créateur du genre humain prenant un corps et une âme, a daigné
naître de la Vierge, et, devenu homme sans le concours de l’homme, il nous a
fait part de sa divinité.
Ant. 2 Quand vous
naquîtes * ineffablement d’une Vierge, alors s’accomplirent les Écritures.
Comme la rosée sur la toison, vous descendîtes pour sauver le genre humain. Nous
vous louons, ô notre Dieu !
Ant. 3 En ce buisson que
vit Moïse * et qui brûlait sans se consumer, nous voyons l’image de votre
glorieuse virginité : Mère de Dieu, intercédez pour nous.
Ant. 4 La tige de Jessé a
fleuri ; * l’étoile est sortie de Jacob ; la Vierge a enfanté le Sauveur. Nous
vous louons, ô notre Dieu !
Ant. 5 Voici que Marie nous
a enfanté * le Sauveur, à la vue duquel Jean s’est écrié : Voici l’Agneau de
Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde, alléluia.
Capitule. Malach. 3, 1.
Voici que moi j’envoie-mon Ange, et il préparera la voie devant ma face. Et
aussitôt viendra dans son temple le Dominateur que vous cherchez, et l’Ange de
l’Alliance que vous désirez.
Hans Holbein l'Ancien (1465–1524), La Présentation
de Jésus au Temple, 1500-1501, bois d'épicéa, Kunsthalle de Hambourg
Hymnus
Ave,
maris stella,
Dei Mater alma,
Atque semper Virgo,
Felix cæli porta.
Sumens illud Ave
Gabriélis ore,
Funda nos in pace,
Mutans Hevæ nomen.
Solve vincla reis,
Profer lumen cæcis,
Mala nostra pelle,
Bona cuncta posce.
Monstra te esse matrem,
Sumat per te preces,
Qui pro nobis natus
Tulit esse tuus.
Virgo singuláris,
Inter omnes mitis,
Nos, culpis solútos,
Mites fac et castos.
Vitam præsta puram,
Iter para tutum,
Ut, vidéntes Iesum,
Semper collætémur.
Hymne
Salut,
astre des mers,
Mère de Dieu féconde,
Salut, ô toujours Vierge,
Porte heureuse du ciel !
Vous qui de Gabriel
Avez reçu l’Ave,
Fondez-nous dans la paix,
Changeant le nom d’Eva.
Délivrez les captifs,
Éclairez les aveugles,
Chassez loin tous nos
maux,
Demandez tous les biens.
Montrez en vous la Mère,
Vous-même offrez nos vœux
Au Dieu qui, né pour
nous,
Voulut naître de vous.
O Vierge incomparable,
Vierge douce entre toutes
!
Affranchis du péché,
Rendez-nous doux et
chastes
Donnez vie innocente,
Et sûr pèlerinage,
Pour qu’un jour soit
Jésus
Notre liesse à tous.
Louange à Dieu le Père,
Gloire au Christ
souverain ;
Louange au Saint-Esprit ;
Aux trois un seul
hommage.
Amen.
V/. Siméon fut averti par
l’Esprit-Saint.
R/. Qu’il ne verrait
point la mort, qu’il n’eût vu le Christ du Seigneur.
Ant.au Magnificat Le
vieillard * portait l’enfant ; mais l’enfant dirigeait le vieillard. La Vierge
a adoré celui qu’elle a enfanté : vierge elle l’a mis au monde, et vierge elle
est demeurée après l’enfantement.
A MATINES.
Invitatoire. Voici que le
Seigneur Dominateur vient à son saint temple : * Sion, sois dans la joie et
l’allégresse, allant au-devant de ton Dieu.
Au premier nocturne.
Du Livre de l’Exode. Cap.
13, 1-3, 11-13.
Première leçon. Le
Seigneur parla à Moïse, disant : Consacre-moi tout premier-né parmi les enfants
d’Israël, tant d’entre les hommes que d’entre les bêtes, car à moi sont toutes
choses. Et Moïse dit au peuple : Quand le Seigneur t’aura introduit dans la
terre du Chananéen, comme il l’a juré à toi et à tes pères, et qu’il te l’aura
donnée, tu sépareras pour le Seigneur tout ce qui ouvre un sein, et ce qui est
primitif dans tes troupeaux tout ce que tu auras du sexe masculin, tu le
consacreras au Seigneur. Tu échangeras le premier-né de l’âne pour une brebis :
que si tu ne le rachètes point, tu le tueras. Mais tout premier-né de l’homme
d’entre tes fils, c’est avec de l’argent que tu le rachèteras.
R/. Décore ta chambre
nuptiale, ô Sion ! et reçois le Christ Roi : * Qu’une vierge a conçu, qu’une
vierge a mis au monde ; vierge après l’enfantement, elle a adoré celui qui est
né d’elle. V/. Siméon, prenant l’enfant entre ses bras, bénit le Seigneur avec
actions de grâces. * Qu’une.
Du livre du Lévitique.
Cap. 12, 1-8.
Deuxième leçon. Le
Seigneur parla à Moïse, disant : Parle aux enfants d’Israël et tu leur diras :
Si une femme, après avoir conçu, enfante un enfant mâle, elle sera impure
pendant sept jours, et au huitième jour le petit enfant sera circoncis : mais
elle demeurera elle-même pendant trente-trois jours dans sa purification. Elle
ne touchera aucune chose sainte, et elle n’entrera pas dans le sanctuaire,
jusqu’à ce que soient accomplis les jours de sa purification. Que si elle
enfante une fille, elle sera impure pendant deux semaines, et pendant
soixante-six jours, elle demeurera dans sa purification.
R/. Après que les jours
de la purification de Marie furent accomplis, selon la loi de Moïse, ils
portèrent Jésus à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur ; * Comme il est
écrit dans la loi du Seigneur Tout mâle premier-né sera appelé consacré au
Seigneur. V/. Ils offrirent pour lui au Seigneur une couple de tourterelles, ou
deux petits de colombes. * Comme.
Troisième leçon. Et
lorsque seront accomplis les jours de sa purification pour un fils ou pour une
tille, elle portera un agneau d’un an pour l’holocauste, et le petit d’une
colombe ou bien une tourterelle pour le péché, à la porte du tabernacle de
témoignage, et elle les donnera au prêtre, qui les offrira devant le Seigneur
et priera pouf elle, et c’est ainsi qu’elle sera purifiée. Telle est la loi de
celle qui enfante un enfant maie ou une fille. Que si sa main ne trouve et ne
peut offrir un agneau, elle prendra deux tourterelles ou deux petits de
colombes, l’un pour l’holocauste et l’autre pour le péché : et le prêtre priera
pour elle, et c’est ainsi qu’elle sera purifiée.
R/. Ils offrirent pour
lui au Seigneur une couple de tourterelles ou deux petits de colombes ; * Comme
il est écrit dans la loi du Seigneur. V/. Après que les jours de la
purification de Marie furent accomplis, selon la loi de Moïse, ils le portèrent
à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur. * Comme. Gloire au Père. * Comme.
Au deuxième nocturne.
Sermon de saint Augustin,
Évêque.
Quatrième leçon. C’est
ainsi qu’autrefois il a été prophétisé : Un homme appelle Sion du nom de mère :
« Car il a été fait homme en elle, et c’est le Très-Haut lui-même qui l’a
fondée ». O toute-puissance d’un enfant qui naît ! ô magnificence d’un Dieu qui
vient du ciel en terre ! Il était encore au sein qui l’avait conçu, et
Jean-Baptiste le saluait déjà du sein d’Élisabeth. On le présentait dans le
temple, et il était reconnu par Siméon, vieillard aussi vénéré pour sa
réputation que pour son âge, d’une vertu éprouvée, couronné de mérites. C’est
alors que ce saint homme le reconnut et l’adora, et c’est alors qu’il dit : «
Maintenant Seigneur, vous laissez partir en paix votre serviteur, parce que mes
yeux ont contemplé votre Salut ».
R/. Siméon, homme juste
et craignant Dieu, attendait la rédemption d’Israël. * Et l’Esprit-Saint était
en lui. V/. Siméon fut averti par l’Esprit Saint qu’il ne verrait point la
mort, qu’il n’eût vu le Christ du Seigneur. * Et.
Cinquième leçon. Dieu
avait différé de le retirer du monde pour qu’il pût voir, né parmi nous, celui
qui a fait le monde. Le vieillard reconnut l’enfant, et avec lui devint enfant,
la piété dont il était rempli lui donnant une seconde jeunesse. Le vieux Siméon
portait le Christ enfant, et Jésus guidait la vieillesse de Siméon. Dieu avait
promis au saint vieillard de ne pas le laisser mourir, qu’il n’eût contemplé
l’Oint du Seigneur, né parmi les hommes. Le Christ naquit donc, et le désir du
vieillard fut accompli dans la vieillesse du monde. Parce qu’il trouve le monde
dans la vieillesse du péché, le Christ est venu à un homme avancé en âge.
R/. Siméon fut averti par
l’Esprit-Saint qu’il ne verrai point la mort, qu’il n’eût vu le Christ du
Seigneur ; * Et il bénit Dieu et dit : Maintenant, Seigneur, laissez votre
serviteur s’en aller en paix puisque mes yeux ont vu le Sauveur qui vient de
vous. V/. Comme les parents de l’enfant Jésus l’apportaient dans le temple,
afin de faire pour lui selon la coutume prescrit par la loi, il le prit entre
ses bras. * Et.
Sixième leçon. Siméon
voulait pas rester long temps en ce monde ; il désirait y voir le Christ, et
répétait ces paroles du Prophète : « Seigneur, manifestez-nous votre
miséricorde, et donnez-nous votre Salut ». Et pour que vous sachiez que c’était
là sa consolation et sa joie, il dit à la fin : « Maintenant, vous laissez
partir en paix votre serviteur, parce que mes yeux ont contemplé votre Salut ».
Les Prophètes avaient annoncé que le Créateur du ciel et de la terre habiterait
sur terre avec les hommes. Un Ange apporta la nouvelle que le Créateur de la
chair et de l’esprit allait se revêtir d’un corps. Du sein d’Élisabeth,
Jean-Baptiste a salué le Sauveur dans le sein de Marie. Enfin le vieillard
Siméon reconnaît pour Dieu cet enfant.
R/. Comme les parents de
l’enfant Jésus l’apportaient dans le temple, afin de faire pour lui selon la
coutume prescrite par la loi, Siméon le prit entre ses bras, et bénit Dieu,
disant : * Maintenant, Seigneur, laissez votre serviteur s’en aller en paix.
V/. Siméon, recevant l’enfant entre ses mains, s’écria. * Maintenant. Gloire au
Père. * Maintenant.
Au troisième nocturne.
Lecture du saint Évangile
selon saint Luc. Cap. 2, 22-33.
En ce temps-là : Quand furent
accomplis les jours de la purification de Marie, selon la loi de Moïse, ils le
portèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur, selon qu’il est prescrit
dans la loi du Seigneur. Et le reste.
Homélie de saint
Ambroise, Évêque.
Septième leçon. « Or il y
avait à Jérusalem un homme appelé Siméon, et cet homme était juste et craignant
Dieu, attendant la consolation d’Israël ». Non seulement les Anges, les
Prophètes et les bergers, mais encore les vieillards et les justes, rendent
témoignage à la naissance du Seigneur. Des personnes de tout âge et de tout
sexe, des événements miraculeux en confirment la vérité. Une vierge enfante,
une femme stérile devient féconde, un muet parle, Élisabeth est inspirée, les
Mages viennent adorer, un enfant tressaille dans le sein de sa mère, une veuve
loue et bénit, un juste est dans l’attente.
R/. Recevant Jésus entre
ses bras, Siméon s’écria : * Vous êtes la vraie lumière qui éclairera les
Nations, et la gloire d’Israël votre peuple. V/. Comme les parents de l’enfant
Jésus l’apportaient dans le temple, il le prit entre ses bras, bénit Dieu et
dit. * Vous êtes.
Huitième leçon. Et certes
il mérite bien d’être appelé juste, ce vieillard qui avait moins en vue son
avantage que celui de la nation. Car tout en désirant d’être dégagé des liens
d’tm corps fragile, il ne perdit pas l’espoir de contempler le Sauveur promis,
estimant heureux les yeux qui le verraient. Il le prit lui-même entre ses bras,
et bénissant Dieu, il dit : « C’est maintenant, Seigneur, que, selon votre parole,
vous laissez votre serviteur s’en aller en paix ». Vois comme ce juste pour qui
la masse de son corps est une prison, souhaite d’en être délivré, afin de
pouvoir commencer d’être avec Jésus-Christ ; car se voir dégagé des liens du
corps et être avec Jésus-Christ est beaucoup plus avantageux.
R/. Le vieillard portait
l’enfant, mais l’enfant dirigeait le vieillard. * La Vierge a adoré celui
qu’elle a enfanté, vierge elle l’a mis au monde, et vierge elle est demeurée
après l’enfantement. V/. Siméon, prenant t’entant entre ses mains, bénit Dieu
en rendant grâces. * La Vierge. Gloire au Père. * La Vierge.
Neuvième leçon. Mais
celui qui veut partir ainsi doit venir au temple, venir à Jérusalem, attendre
l’Oint du Seigneur, recevoir dans ses mains le Verbe de Dieu, l’embrasser par
es bonnes œuvres qui sont comme les bras de la foi. Alors il s’en ira
paisiblement, et ne verra point la mort éternelle, puisqu’il aura vu la Vie. Tu
vois que la naissance du Seigneur répand la grâce avec abondance sur toute sorte
de personnes, et que le don de prophétie est refusé aux incrédules, mais non
aux justes. Voici donc Siméon prophétisant que le Seigneur Jésus-Christ est
venu pour la ruine et pour la résurrection d’un grand nombre, pour discerner ce
que méritent les bons et les méchants, et pour décerner, juge infaillible, juge
équitable, des supplices ou des récompenses, selon la qualité de nos actes.
A LAUDES
Ant. 1 Siméon, homme
juste * et craignant Dieu, attendait la rédemption d’Israël, et l’Esprit-Saint
était en lui.
Ant. 2 Siméon fut averti
* par l’Esprit-Saint qu’il ne verrait point là mort qu’il n’eût vu le Seigneur.
Ant. 3 Siméon, prenant *
l’enfant entre ses mains, bénit Dieu, rendant grâces.
Ant. 4 Il sera la lumière
qui éclairera les Nations, * et la gloire d’Israël, votre peuple.
Ant. 5 Ils offrirent pour
lui au Seigneur une couple de tourterelles et deux petits de colombes.
Capitule. Malach. 3,
1.Voici que moi j’envoie-mon Ange, et il préparera la voie devant ma face. Et
aussitôt viendra dans son temple le Dominateur que vous cherchez, et l’Ange de
l’Alliance que vous désirez.
Ant. au Bénédictus Comme
les parents * de l’enfant Jésus l’apportaient, Siméon le prit entre ses bras,
et bénit Dieu, disant : Maintenant, laissez votre serviteur s’en aller en paix.
AUX DEUXIÈMES VÊPRES.
V/. Siméon fut averti par
l’Esprit-Saint.
R/. Qu’il ne verrait
point la mort, qu’il n’eût vu le Christ du Seigneur.
Ant. au Magnificat
Aujourd’hui, * la bienheureuse Vierge Marie présenta l’enfant Jésus dans le
temple, et Siméon, rempli de l’Esprit-Saint, le prit entre ses bras, et bénit
Dieu à jamais
Simone
di Filippo detto dei Crocefissi, Episodio della vita della Madonna, 1396-1398
circa, da Polittico Cospi in S. Petronio, Pinacoteca Nazionale di Bologna
Dom Lefebvre, Missel
La fête de la
Purification vient clore le Cycle sanctoral du Temps après l’Epiphanie. C’est
une des plus anciennes solennités de la Vierge et qui occupait à Rome, au VIIe
siècle, le second rang après l’Assomption. Cette fête ce célèbre au 2 février,
parce que, voulant se soumettre à la loi mosaïque, Marie devait aller à
Jérusalem, 40 jours après la naissance de Jésus (25 décembre-2 février) pour y
offrir le sacrifice prescrit. Les mères devaient donner un agneau, ou, si leurs
moyens ne le leur permettaient pas, « deux tourterelles ou deux jeunes pigeons
». La Sainte Vierge amena avec elle à Jérusalem l’enfant Jésus, et la
procession de la Chandeleur rappelle le voyage de Marie et de Joseph montant au
temple, pour y présenter « l’Ange de l’Alliance » (Epître, Introït), comme
l’avait prédit Malachie. Les messes de l’Annonciation, de l’Assomption, de la
Nativité de Marie, de l’Exaltation de la Sainte Croix et de la Chandeleur
avaient autrefois leur procession. Cette dernière seule reste. « La cire des
cierges signifie la chair virginale du divin enfant, dit S. Anselme, la mèche
figure son âme et la flamme sa divinité ». La Purification, à laquelle la mère
du Sauveur n’était pas astreinte, car elle enfanta en dehors des lois
ordinaires, passe au second plan dans la liturgie et c’est la Présentation de
Jésus qui est l’objet principal de cette fête. Si l’on rattache cette solennité
au Temps de Noël, on y voit Jésus manifesté par Siméon, comme le Dieu qui «
illuminera de sa lumière les Gentils et sera la gloire du peuple d’Israël »
(Évangile) ; et si on la considère comme appartenant au Temps après
l’Epiphanie, on adore Jésus dans l’accomplissement de cette prophétie, soit aux
noces de Cana où il commence à manifester sa gloire . (Êv. 2ème Dim. Après
l’Epiphanie), soit au milieu des foules, lorsqu’il répand la lumière de sa
doctrine (Èv des 5ème et 6ème Dim.). Relisons la 4ème oraison de la bénédiction
des cierges, afin de comprendre le symbolisme de la lampe du sanctuaire et des
cierges bénits en ce jour, et de bien savoir l’usage qu’il faut en faire au lit
des mourants, dans les orages et dans les périls que peuvent courir « notre
corps et notre âme sur terre et sur les eaux ». (1ère Oraison de ta benédiction
des cierges). [1].
[1] Missel dit de Dom
Lefebvre, 1934
Pintura de la escena bíblica de la Presentación de Jesús en el Templo en la Biblia moralizada de Nápoles (ca. 1340-1350), Biblioteca Nacional de Francia.
Dom
Guéranger, l’Année Liturgique
Enfin les quarante jours
de la Purification de Marie sont écoulés, et le moment est venu où elle doit
monter au Temple du Seigneur pour y présenter Jésus. Avant de suivre le Fils et
la Mère dans ce voyage mystérieux à Jérusalem, arrêtons-nous encore un instant
à Bethléhem, et pénétrons avec amour et docilité les mystères qui vont
s’accomplir.
La Loi du Seigneur
ordonnait aux femmes d’Israël, après leur enfantement, de demeurer quarante
jours sans approcher du tabernacle ; après l’expiration de ce terme, elles
devaient, pour être purifiées, offrir un sacrifice. Ce sacrifice consistait en
un agneau, pour être consumé en holocauste ; on devait y joindre une
tourterelle ou une colombe, destinées à être offertes selon le rite du
sacrifice pour le péché. Que si la mère était trop pauvre pour fournir
l’agneau, le Seigneur avait permis de le remplacer par une autre tourterelle,
ou une autre colombe.
Un second commandement
divin déclarait tous les premiers-nés propriété du Seigneur, et prescrivait la
manière de les racheter. Le prix de ce rachat était de cinq sicles, qui, au
poids du sanctuaire, représentaient chacun vingt oboles. Marie, fille d’Israël,
avait enfanté ; Jésus était son premier-né. Le respect dû à un tel enfantement,
à un tel premier-né, permettait-il l’accomplissement de la loi ?
Si Marie considérait les
raisons qui avaient porté le Seigneur à obliger les mères à la purification, elle
voyait clairement que cette loi n’avait point été faite pour elle. Quel rapport
pouvait avoir avec les épouses des hommes, celle qui était le très pur
sanctuaire de l’Esprit-Saint, Vierge dans la conception de son Fils, Vierge
dans son ineffable enfantement ; toujours chaste, mais plus chaste encore après
avoir porté dans son sein et mis au monde le Dieu de toute sainteté ? Si elle
considérait la qualité sublime de son Fils, cette majesté du Créateur et du
souverain Seigneur de toutes choses, qui avait daigné prendre naissance en
elle, comment aurait-elle pu penser qu’un tel Fils était soumis à l’humiliation
du rachat, comme un esclave qui ne s’appartient pas à lui-même ?
Cependant, l’Esprit qui
résidait en Marie lui révèle qu’elle doit accomplir cette double loi. Malgré
son auguste qualité de Mère de Dieu, il faut qu’elle se mêle à la foule des
mères des hommes, qui se rendent de toutes parts au Temple, pour y recouvrer,
par un sacrifice, la pureté qu’elles ont perdue. En outre, ce Fils de Dieu et
Fils de l’Homme doit être considéré en toutes choses comme un serviteur ; il
faut qu’il soit racheté en cette humble qualité comme le dernier des enfants
d’Israël. Marie adore profondément cette volonté suprême, et s’y soumet de toute
la plénitude de son cœur.
Les conseils du Très-Haut
avaient arrêté que le Fils de Dieu ne serait déclaré à son peuple que par
degrés. Après trente années de vie cachée à Nazareth, où, comme le dit
l’Évangéliste, il était réputé le fils de Joseph, un grand Prophète devait
l’annoncer mystérieusement aux Juifs accourus au Jourdain, pour y recevoir le
baptême de la pénitence. Bientôt ses propres œuvres, ses éclatants miracles,
rendraient témoignage de lui. Après les ignominies de sa Passion, il
ressusciterait glorieux, confirmant ainsi la vérité de ses prophéties,
l’efficacité de son Sacrifice, enfin sa divinité. Jusque-là presque tous les
hommes ignoreraient que la terre possédait son Sauveur et son Dieu. Les bergers
de Bethléhem n’avaient point reçu l’ordre, comme plus tard les pêcheurs de
Génésareth, d’aller porter la Parole jusqu’aux extrémités du monde ; les Mages,
qui avaient paru tout à coup au milieu de Jérusalem, étaient retournés dans
l’Orient, sans revoir cette ville qui s’était émue un instant de leur arrivée.
Ces prodiges, d’une si sublime portée aux yeux de l’Église, depuis
l’accomplissement de la mission de son divin Roi, n’avaient trouvé d’écho et de
mémoire fidèle que dans le cœur de quelques vrais Israélites qui attendaient le
salut d’un Messie humble et pauvre ; la naissance même de Jésus à Bethléhem
devait demeurer ignorée du plus grand nombre des Juifs ; car les Prophètes
avaient prédit qu’il serait appelé Nazaréen.
Le même plan divin qui
avait exigé que Marie fût l’épouse de Joseph, pour protéger, aux yeux du
peuple, sa virginité féconde, demandait donc que cette très chaste Mère vînt
comme les autres femmes d’Israël offrir le sacrifice de purification, pour la
naissance du Fils qu’elle avait conçu par l’opération de l’Esprit-Saint, mais
qui devait être présenté au temple comme le fils de Marie, épouse de Joseph.
Ainsi, la souveraine Sagesse aime à montrer que ses pensées ne sont point nos
pensées, à déconcerter nos faibles conceptions, en attendant le jour où elle
déchire les voiles et se montre à découvert à nos yeux éblouis.
La volonté divine fut
chère à Marie, en cette circonstance comme en toutes les autres. La Vierge ne
pensa point agir contre l’honneur de son fils, ni contre le mérite glorieux de
sa propre intégrité, en venant chercher une purification extérieure dont elle
n’avait nul besoin. Elle fut, au Temple, la servante du Seigneur, comme elle
l’avait été dans la maison de Nazareth, lors de la visite de l’Ange. Elle obéit
à la loi, parce que les apparences la déclaraient sujette à la loi. Son Dieu et
son Fils se soumettait au rachat comme le dernier des hommes ; il avait obéi à
l’édit d’Auguste pour le dénombrement universel ; il devait « être obéissant
jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » : la Mère et l’Enfant s’humilièrent
ensemble ; et l’orgueil de l’homme reçut en ce jour une des plus grandes leçons
qui lui aient jamais été données.
Quel admirable voyage que
celui de Marie et de Joseph allant de Bethléhem à Jérusalem ! L’Enfant divin
est dans les bras de sa mère ; elle le tient sur son cœur durant tout le cours
de cette route fortunée. Le ciel, la terre, la nature tout entière, sont
sanctifiés par la douce présence de leur miséricordieux créateur. Les hommes au
milieu desquels passe cette mère chargée de son tendre fruit la considèrent,
les uns avec indifférence, les autres avec intérêt ; mais nul d’entre eux ne
pénètre encore le mystère qui doit les sauver tous.
Joseph est porteur de
l’humble offrande que la mère doit présenter au prêtre. Leur pauvreté ne leur
permet pas d’acheter un agneau ; et d’ailleurs n’est-il pas l’Agneau de Dieu
qui efface les péchés du monde, ce céleste Enfant que Marie tient dans ses bras
? La loi a désigné la tourterelle ou la colombe pour suppléer l’offrande qu’une
mère indigente ne pourrait présenter : innocents oiseaux, dont le premier
figure la chasteté et la fidélité, et dont le second est le symbole de la
simplicité et de l’innocence. Joseph porte aussi les cinq sicles, prix du
rachat du premier-né ; car il est vraiment le Premier-né, cet unique fils de
Marie, qui a daigné faire de nous ses frères, et nous rendre participants de la
nature divine, en adoptant la nôtre.
Enfin, cette sainte et
sublime famille est entrée dans Jérusalem. Le nom de cette ville sacrée
signifie vision de paix ; et le Sauveur vient par sa présence lui offrir la
paix. Admirons une magnifique progression dans les noms des trois villes
auxquelles se rattache la vie mortelle du Rédempteur. Il est conçu à Nazareth,
qui signifie la fleur ; car il est, comme il le dit au Cantique, la fleur des
champs et le lis des vallons ; et sa divine odeur nous réjouit. Il naît à
Bethléhem, la maison du pain, afin d’être la nourriture de nos âmes. Il est
offert en sacrifice sur la croix à Jérusalem, et par son sang, il rétablit la
paix entre le ciel et la terre, la paix entre les hommes, la paix dans nos
âmes. Dans cette journée, comme nous le verrons bientôt, il va donner les
arrhes de cette paix.
Pendant que Marie portant
son divin fardeau monte, Arche vivante, les degrés du Temple, soyons attentifs
; car une des plus fameuses prophéties s’accomplit, un des principaux
caractères du Messie se déclare. Conçu d’une Vierge, né en Bethléhem, ainsi
qu’il était prédit, Jésus, en franchissant le seuil du Temple, acquiert un
nouveau titre à nos adorations. Cet édifice n’est plus le célèbre Temple de
Salomon, qui devint la proie des flammes aux jours de la captivité de Juda.
C’est le second Temple bâti au retour de Babylone, et dont la splendeur n’a
point atteint la magnificence de l’ancien. Avant la fin du siècle, il doit être
renversé pour la seconde fois ; et la parole du Seigneur sera engagée à ce
qu’il n’y demeure pas pierre sur pierre. Or, le Prophète Aggée, pour consoler
les Juifs revenus de l’exil, qui se lamentaient sur leur impuissance à élever
au Seigneur une maison comparable à celle qu’avait édifiée Salomon, leur a dit
ces paroles, et elles doivent servir à fixer l’époque de la venue du Messie : «
Prends courage, Zorobabel, dit le Seigneur ; prends courage, Jésus, fils de
Josedec, souverain Prêtre ; prends courage, peuple de cette contrée ; car voici
ce que dit le Seigneur : Encore un peu de temps et j’ébranlerai le ciel et la
terre, et j’ébranlerai toutes les nations ; et le Désiré de toutes les nations
viendra ; et je remplirai de gloire cette maison. La gloire de cette seconde
maison sera plus grande que ne le fut celle de la première ; et dans ce lieu je
donnerai la paix, dit le Seigneur des armées. »
L’heure est arrivée de
l’accomplissement de cet oracle. L’Emmanuel est sorti de son repos de
Bethléhem, il s’est produit au grand jour, il est venu prendre possession de sa
maison terrestre ; et par sa seule présence dans l’enceinte du second Temple,
il en élève tout d’un coup la gloire au-dessus de la gloire dont avait paru
environné celui de Salomon. Il doit le visiter plusieurs fois encore ; mais
cette entrée qu’il y fait aujourd’hui, porté sur les bras de sa mère, suffit à
accomplir la prophétie ; dès maintenant, les ombres et les figures que
renfermait ce Temple commencent à s’évanouir aux rayons du Soleil de la vérité
et de la justice. Le sang des victimes teindra encore, quelques années, les
cornes de l’autel ; mais au milieu de toutes ces victimes égorgées, hosties
impuissantes, s’avance déjà l’Enfant qui porte dans ses veines le sang de la
Rédemption du monde. Parmi ce concours de sacrificateurs, au sein de cette
foule d’enfants d’Israël qui se presse dans les diverses enceintes du Temple,
plusieurs attendent le Libérateur, et savent que l’heure de sa manifestation
approche ; mais aucun d’eux ne sait encore qu’en ce moment même le Messie
attendu vient d’entrer dans la maison de Dieu.
Cependant un si grand
événement ne devait pas s’accomplir sans que l’Eternel opérât une nouvelle
merveille. Les bergers avaient été appelés par l’Ange, l’étoile avait attiré
les Mages d’Orient en Bethléhem ; l’Esprit-Saint suscite lui-même à l’Enfant
divin un témoignage nouveau et inattendu.
Un vieillard vivait à
Jérusalem, et sa vie touchait au dernier terme ; mais cet homme de désirs,
nommé Siméon, n’avait point laissé languir dans son cœur l’attente du Messie.
Il sentait que les temps étaient accomplis ; et pour prix de son espérance,
l’Esprit-Saint lui avait fait connaître que ses yeux ne se fermeraient pas
avant qu’ils eussent vu la Lumière divine se lever sur le monde. Au moment où
Marie et Joseph montaient les degrés du Temple, portant vers l’autel l’Enfant
de la promesse, Siméon se sent poussé intérieurement par la force irrésistible
de l’Esprit divin ; il sort de sa maison, il dirige vers la demeure sacrée ses
pas chancelants, mais soutenus par l’ardeur de ses désirs. Sur le seuil de la
maison de Dieu, parmi les mères qui s’y pressent chargées de leurs enfants, ses
yeux inspirés ont bientôt reconnu la Vierge féconde prophétisée par Isaïe ; et
son cœur vole vers l’Enfant qu’elle tient dans ses bras.
Marie, instruite par le
même Esprit, laisse approcher le vieillard ; elle dépose dans ses bras
tremblants le cher objet de son amour, l’espoir du salut de la terre. Heureux
Siméon, figure de l’ancien monde vieilli dans l’attente et près de succomber !
A peine a-t-il reçu le doux fruit de la vie, que sa jeunesse se renouvelle
comme celle de l’aigle ; en lui s’accomplit la transformation qui doit se
réaliser dans la race humaine. Sa bouche s’ouvre, sa voix retentit, il rend
témoignage comme les bergers dans la région de Bethléhem, comme les Mages au
sein de l’Orient. « O Dieu ! dit-il, mes yeux ont donc vu le Sauveur que vous
prépariez ! Elle luit enfin, cette Lumière qui doit éclairer les Gentils, et
faire la gloire de votre peuple d’Israël. »
Tout à coup survient,
attirée aussi par le mouvement du divin Esprit, la pieuse Anne, fille de
Phanuel, illustre par sa piété et vénérable à tout le peuple par son grand âge.
Les deux vieillards, représentants de la société antique, unissent leurs voix,
et célèbrent l’avènement fortuné de l’Enfant qui vient renouveler la face de la
terre, et la miséricorde de Jéhovah qui, selon la prophétie d’Aggée, dans ce
lieu, au sein même du second Temple, donne enfin la paix au monde.
C’est dans cette paix
tant désirée que va s’endormir Siméon. Vous laisserez donc partir dans la paix
votre serviteur, selon votre parole, Seigneur ! dit le vieillard ; et bientôt
son âme, dégagée des liens du corps, va porter aux élus qui reposent dans le
sein d’Abraham la nouvelle de la paix qui apparaît sur la terre, et leur
ouvrira bientôt les cieux. Anne survivra quelques jours encore à cette grande
scène ; elle doit, comme nous l’apprend l’Évangéliste, annoncer
l’accomplissement des promesses aux Juifs spirituels qui attendaient la
Rédemption d’Israël. Une semence devait être confiée à la terre ; les bergers,
les Mages, Siméon, Anne, l’ont jetée ; elle lèvera en son temps : et quand les
années d’obscurité que le Messie doit passer dans Nazareth seront écoulées,
quand il viendra pour la moisson, il dira à ses disciples : Voyez comme le
froment blanchit à maturité sur les guérets : priez donc le maître de la
moisson d’envoyer des ouvriers pour la récolte.
Le fortuné vieillard rend
donc aux bras de la très pure Mère le Fils qu’elle va offrir au Seigneur. Les
oiseaux mystérieux sont présentés au prêtre qui les sacrifie sur l’autel, le
prix du rachat est versé, l’obéissance parfaite est accomplie ; et après avoir
rendu ses hommages au Seigneur dans cet asile sacré à l’ombre duquel
s’écoulèrent ses premières années, Marie toujours Vierge, pressant sur son cœur
le divin Emmanuel, et accompagnée de son fidèle époux, descend les degrés du
Temple.
Tel est le mystère du
quarantième jour, qui ferme la série des jours du Temps de Noël, par cette
admirable fête de la Purification de la très sainte Vierge. De savants hommes,
au nombre desquels on compte le docte Henschenius, dont Benoît XIV partage le
sentiment, inclinent à donner une origine apostolique à cette solennité ; il
est certain du moins qu’elle était déjà ancienne au cinquième siècle.
L’Église Grecque et
l’Église de Milan mettent cette fête au nombre des solennités de Notre-Seigneur
; mais l’Église Romaine l’a toujours comptée entre les fêtes de la sainte
Vierge. Sans doute, l’Enfant Jésus est offert aujourd’hui dans le Temple et
racheté ; mais c’est à l’occasion de la Purification de Marie, dont cette
offrande et ce rachat sont comme la conséquence. Les plus anciens Martyrologes
et Calendriers de l’Occident donnent cette fête sous le titre qu’elle conserve
aujourd’hui ; et la gloire du Fils, loin d’être obscurcie par les honneurs que
l’Église rend à la Mère, en reçoit un nouvel accroissement, puisque lui seul
est le principe de toutes les grandeurs que nous révérons en elle.
LES PREMIÈRES VÊPRES DE
LA PURIFICATION.
La sainte Église chante
dans cet Office, pour la dernière fois, les célèbres Antiennes de l’Octave de
Noël, qui célèbrent le grand Mystère de l’Incarnation du Verbe et la fécondité
de la Vierge.
Le Capitule est la prophétie
de Malachie annonçant la venue du souverain Seigneur, de l’Ange de l’Alliance,
qui vient visiter son Temple, oracle qui s’accomplit aujourd’hui.
LA BÉNÉDICTION DES
CIERGES.
Après l’Office de Tierce,
l’Église pratique, en ce jour, la bénédiction solennelle des Cierges, que l’on
compte pour une des trois principales qui ont lieu dans le cours de l’année :
les deux autres sont celle des Cendres et celle des Rameaux. L’intention de
cette cérémonie se rapporte au jour même de la Purification de la sainte Vierge
; en sorte que si l’un des Dimanches de Septuagésime, de Sexagésime, ou de
Quinquagésime, tombe le deux février, la fête est remise au lendemain ; mais la
bénédiction des Cierges, et la Procession qui en est le complément, demeurent
fixes au deux février.
Afin de réunir sous un
même rite les trois grandes Bénédictions dont nous parlons, l’Église a ordonné,
pour celle des Cierges, l’usage de la même couleur violette qu’elle emploie
dans la bénédiction des Cendres et dans celle des Rameaux ; en sorte que cette
solennelle fonction, qui sert à marquer d’une manière inviolable le jour auquel
s’est accomplie la Purification de Marie, doit s’exécuter tous les ans, le deux
février, sans qu’il soit dérogé à la couleur prescrite pour les trois Dimanches
dont nous venons de parler.
L’origine de cette
cérémonie est assez difficile à assigner d’une manière précise. Selon Baronius,
Thomassin, Baillet, etc., elle aurait été instituée, vers la fin du V° siècle,
par le Pape saint Gélase, pour donner un sens chrétien aux restes de l’antique
fête des Lupercales, dont le peuple de Rome avait encore retenu quelques usages
superstitieux. Il est du moins certain que saint Gélase abolit, à cette époque,
les derniers vestiges de la fête des Lupercales qui, comme l’on sait, était
célébrée au mois de février, dans les siècles du paganisme. Innocent III, dans
un de ses Sermons sur la fête de la Purification, enseigne que l’attribution de
la cérémonie des Cierges au deux février est due à la sagesse des Pontifes
romains, lesquels auraient appliqué au culte de la sainte Vierge les restes
d’un usage religieux des anciens Romains, qui allumaient des flambeaux en
mémoire des torches à la lueur desquelles Cérès avait, selon la fable, parcouru
les sommets de l’Etna, cherchant sa fille Proserpine enlevée par Pluton ; mais
on ne trouve pas de fête en l’honneur de Cérès, au mois de février, sur le
Calendrier des anciens Romains. Il nous semble donc plus exact d’adopter le
sentiment de D. Hugues Ménard, Rocca, Henschenius et Benoît XIV, qui tiennent
que la fête antique connue en février sous le nom d’Amburbalia, et dans
laquelle les païens parcouraient la ville en portant des flambeaux, a donné
occasion aux Souverains Pontifes de lui substituer un rite chrétien qu’ils ont
uni à la célébration de la fête dans laquelle le Christ, Lumière du monde, est
présenté au Temple par la Vierge-mère.
Le mystère de cette
cérémonie a été fréquemment expliqué par les liturgistes depuis le VIIe siècle.
Selon saint Ives de Chartres, dans son deuxième Sermon sur la fête
d’aujourd’hui, la cire des cierges, formée du suc des fleurs par les abeilles,
que l’antiquité a toujours considérées comme un type de la virginité, signifie
la chair virginale du divin Enfant, lequel n’a point altéré, dans sa conception
ni dans sa naissance, l’intégrité de Marie. Dans la flamme du cierge, le saint
Évêque nous apprend à voir le symbole du Christ qui est venu illuminer nos
ténèbres. Saint Anselme, dans ses Enarrations sur saint Luc, développant le
même mystère, nous dit qu’il y a trois choses à considérer dans le Cierge : la
cire, la mèche et la flamme. La cire, dit-il, ouvrage de l’abeille virginale,
est la chair du Christ ; la mèche, qui est intérieure, est l’âme ; la flamme,
qui brille en la partie supérieure, est la divinité.
Autrefois, les fidèles
s’empressaient d’apporter eux-mêmes des cierges à l’Église, le jour de la
Purification, afin qu’ils fussent bénis avec ceux que les prêtres et les
ministres portent à la Procession ; cet usage est encore observé en beaucoup de
lieux. Il est à désirer que les Pasteurs des âmes recommandent fortement cette
coutume, et qu’ils la rétablissent ou la soutiennent partout où il est besoin.
Tant d’efforts que l’on a faits pour ruiner, ou du moins pour appauvrir le
culte extérieur, ont amené insensiblement le plus triste affaiblissement du
sentiment religieux, dont l’Église possède seule la source dans la Liturgie. Il
est nécessaire aussi que les fidèles sachent que les cierges bénis au jour de
la Chandeleur, car tel est le nom populaire de la fête de la Purification,
emprunté à la cérémonie même dont nous parlons ; que ces cierges, disons-nous,
sont bénis, non seulement pour servir à la Procession, mais encore pour l’usage
des chrétiens qui, en les gardant avec respect dans leurs maisons, en les portant
avec eux, tant sur la terre que sur les eaux, comme dit l’Église, attirent des
bénédictions particulières du ciel. On doit allumer aussi ces cierges de la
Chandeleur auprès du lit des mourants, comme un souvenir de l’immortalité que
le Christ nous a méritée, et comme un signe de la protection de Marie.
Tout étant préparé, le
prêtre procède à la cérémonie de la Bénédiction des Cierges.
Après les Oraisons, le
Célébrant asperge d’eau bénite et encense les Cierges ; on procède ensuite à
leur distribution. A ce moment, l’Église, émue à la vue des symboles glorieux
qui lui rappellent les caractères de l’Emmanuel, s’unit aux transports du
vieillard Siméon, qui, tenant en ses bras l’Enfant de la Vierge, le proclama la
Lumière des nations. Elle emprunte son beau Cantique, répétant après chaque
Verset une Antienne formée des dernières paroles dont il se compose.
LA PROCESSION DES
CIERGES.
Remplie d’allégresse,
illuminée de ces feux mystérieux, entraînée, comme Siméon, par le mouvement de
l’Esprit-Saint, la sainte Église se met en marche pour aller à la rencontre de
l’Emmanuel. C’est cette rencontre sublime que l’Église Grecque, dans sa
Liturgie, désigne sous le nom d’Hypapante, et dont elle a fait l’appellation de
la fête d’aujourd’hui. L’Église veut imiter la merveilleuse procession qui eut
lieu en ce moment même dans le Temple de Jérusalem, et que saint Bernard
célèbre ainsi, dans son premier Sermon pour la Fête de la Purification de
Notre-Dame : « Aujourd’hui la Vierge-mère introduit le Seigneur du Temple dans
le Temple du Seigneur ; Joseph présente au Seigneur, non un fils qui soit le
sien, mais le Fils bien-aimé du Seigneur, dans lequel il a mis ses
complaisances. Le juste reconnaît Celui qu’il attendait ; la veuve-Anne
l’exalte dans ses louanges. Ces quatre personnes ont célébré pour la première
fois la Procession d’aujourd’hui, qui, dans la suite, devait être solennisée
dans l’allégresse de la terre entière, en tous lieux, et par toutes les
nations. Ne nous a étonnons pas que cette Procession ait été si petite ; car
Celui qu’on y recevait s’était fait petit. Aucun pécheur n’y parut : tous
étaient justes, saints et parfaits. »
Marchons néanmoins sur
leurs traces. Allons au-devant de l’Époux, comme les Vierges sages, portant
dans nos mains des lampes allumées au feu de la charité. Souvenons-nous du
conseil que nous donne le Sauveur lui-même : « Que vos reins soient ceints
comme ceux des voyageurs ; tenez dans vos mains des flambeaux allumés et soyez
semblables à ceux qui attendent leur Seigneur. » (Luc. XII, 35). Conduits par
la foi, éclairés par l’amour, nous le rencontrerons, nous le reconnaîtrons, et
il se donnera à nous.
La sainte Église ouvre
les chants de cette Procession par l’Antienne suivante, qui se trouve mot à mot
dans la Liturgie Grecque, en cette même Fête : « Décore ta chambre nuptiale, ô
Sion ! et reçois le Christ Roi : accueille avec amour Marie, qui est la porte
du ciel ; car elle tient dans ses bras le Roi de gloire, Celui qui est la
Lumière nouvelle. La Vierge s’arrête, présentant son Fils engendré avant
l’aurore ; Siméon le reçoit dans ses bras, et annonce aux peuples qu’il est le
maître de la vie et de la mort, et le Sauveur du monde. »
On ajoute l’Antienne
suivante, tirée de l’Évangile, et dans laquelle est racontée la mystérieuse
rencontre du vieillard Siméon : « Siméon avait appris de l’Esprit-Saint qu’il
ne mourrait pas sans voir le Christ du Seigneur ; et au moment où l’Enfant
était introduit dans le Temple, il le prit dans ses bras, et bénissant Dieu, il
dit : C’est maintenant, Seigneur, que vous laisserez aller en paix votre
serviteur. »
La Procession étant
terminée, le Célébrant et les ministres déposent les ornements violets, et en
revêtent de blancs pour la Messe solennelle de la Purification de Notre-Dame.
Si cependant on était à l’un des trois Dimanches de Septuagésime, de Sexagésime
ou de Quinquagésime, la Messe de la fête serait, comme nous l’avons dit, remise
au lendemain.
Gentile da Fabriano (1370–1427), La Présentation de Jésus au Temple,1423,
26,5 x 66, musée du Louvre
A LA MESSE.
Dans l’Introït, l’Église
chante la gloire du Temple visité aujourd’hui par l’Emmanuel. Aujourd’hui, le
Seigneur est grand dans la Cité de David, sur la montagne de Sion. Siméon,
figure du genre humain, reçoit dans ses bras Celui qui est la miséricorde que
Dieu nous envoie.
Dans la Collecte,
l’Église demande pour ses enfants la grâce d’être présentés eux-mêmes au
Seigneur, comme l’a été l’Emmanuel ; mais, afin qu’ils soient reçus
favorablement par sa Majesté toute sainte, elle implore pour eux la pureté du
cœur.
ÉPÎTRE.
Tous les Mystères de
l’Homme-Dieu ont pour objet la purification de nos cœurs. Il envoie son Ange,
son Précurseur, devant sa face, pour préparer la voie ; et Jean nous criait du
fond du désert : Abaissez les collines, comblez les vallées. Il vient enfin
lui-même, l’Ange, l’Envoyé par excellence, sceller l’alliance avec nous ; il
vient à son Temple ; et ce temple est notre cœur. Mais il est semblable à un
feu ardent qui fond et épure les métaux. Il veut nous renouveler, en nous
rendant purs, afin que nous devenions dignes de lui être offerts, et d’être
offerts avec lui, dans un Sacrifice parfait. Nous ne devons donc pas nous
contenter d’admirer de si hautes merveilles, mais comprendre qu’elles ne nous
sont montrées que pour opérer en nous la destruction de l’homme ancien, et la
création de l’homme nouveau. Nous avons dû naître avec Jésus-Christ ; cette
nouvelle naissance est déjà à son quarantième jour. Aujourd’hui il nous faut
être présentés avec lui par Marie, qui est aussi notre Mère, à la Majesté
divine. L’instant du Sacrifice approche ; préparons une dernière fois nos âmes.
Dans le Graduel, l’Église
célèbre de nouveau la Miséricorde qui a apparu dans le Temple de Jérusalem, et
qui va bientôt se manifester avec plus de plénitude encore dans l’offrande du
grand Sacrifice.
Si l’on est déjà dans le
temps de la Septuagésime, l’Église chante, en place de l’Alléluia, le Trait
composé tout entier des paroles du vieillard Siméon.
ÉVANGILE.
L’esprit divin nous a
conduits au Temple comme Siméon ; et nous y contemplons en ce moment la
Vierge-mère, présentant à l’autel le Fils de Dieu et le sien. Nous admirons
cette fidélité à la Loi dans le Fils et dans la Mère, et nous sentons au fond
de nos coeurs le désir d’être présentés à notre tour au grand Dieu qui
acceptera notre hommage, comme il a reçu celui de son Fils. Hâtons-nous donc de
mettre nos sentiments en rapport avec ceux du Cœur de Jésus, avec ceux qui
s’élèvent du Cœur de Marie. Le salut du monde a fait un pas dans cette grande
journée ; que l’œuvre de notre sanctification avance donc aussi. Désormais, le
mystère du Dieu Enfant ne nous sera plus offert par l’Église comme l’objet
spécial de notre religion ; la douce quarantaine de Noël touche à son terme ;
il nous faut suivre maintenant l’Emmanuel dans ses luttes contre nos ennemis.
Attachons-nous à ses pas ; courons à sa suite comme Siméon, et marchons sans
relâche sur les traces de Celui qui est notre Lumière ; aimons cette Lumière,
et obtenons par notre fidélité empressée qu’elle luise toujours sur nous.
Pendant l’Offrande, la
sainte Église célèbre la grâce que le Seigneur a mise sur les lèvres de Marie,
et les faveurs répandues sur celle que l’Ange a appelée Bénie entre toutes les
femmes.
En distribuant le Pain de
vie, le fruit de Bethléhem qui a été présenté sur l’autel, et a racheté toutes
nos iniquités, la sainte Église rappelle encore aux fidèles les sentiments du
pieux vieillard. Mais, dans le Mystère d’amour, nous ne recevons pas seulement
entre nos bras, comme Siméon, Celui qui est la consolation d’Israël ; c’est
notre cœur même qu’il visite, et dans lequel il vient prendre son habitation.
Demandons avec l’Église,
dans la Postcommunion, que le remède céleste de notre régénération ne produise
pas seulement un secours passager dans nos âmes, mais que, par notre fidélité,
ses fruits s’étendent jusqu’à la vie éternelle.
AUX SECONDES VÊPRES.
Les secondes Vêpres de la
solennité se composent des Psaumes employés dans l’Office de la Sainte Vierge ;
et on les chante sur des Antiennes tirées de l’Évangile. Nous avons déjà exposé
ailleurs l’intention de l’Église, en appliquant à Marie les cinq Psaumes qui
reparaissent dans toutes ses fêtes. L’Hymne est la même qu’aux premières
Vêpres, l’Ave maris Stella, toujours chère à la piété des peuples, et douce au
cœur de notre grande Reine. Nous chanterons le Magnificat, en union avec les sentiments
dont elle était remplie, quand elle le chanta elle-même, par l’inspiration de
l’Esprit-Saint.
Réunissons maintenant la
voix des diverses Églises, pour célébrer le mystère d’aujourd’hui. Nous
emprunterons d’abord au Bréviaire Mozarabe les cinq Oraisons suivantes, dans
lesquelles l’Église Gothique d’Espagne présente à Dieu les sentiments que lui
inspire l’exemple du saint vieillard Siméon.
ORATIO.
Dieu tout-puissant, Père
et Seigneur, donnez la paix au peuple de vos croyants, afin que nous puissions
voir votre Salut dans votre temple : ce Sauveur que le juste Siméon a reçu dans
ses bras ; faites que Celui qui a été la Lumière pour éclairer les Gentils, se
tasse sentir comme Celui qui remet les péchés à ceux qui croient. Amen.
ORATIO.
Vous êtes, salut, et
Seigneur, le salut est à vous ; nous nous réjouissons de nous le voir octroyer
; daignez nous le donner jusqu’à la fin ; répandez, s’il vous plaît, votre
bénédiction sur votre peuple, afin que la malédiction de la peine disparaisse,
et que la justice fructifie en nous abondamment. Amen.
ORATIO.
Faites retentir en nous,
Seigneur, l’heureuse voix du juste Siméon, nous donnant une piété semblable à
la sienne, en sorte que nous aussi qui avons vu votre Salut, et qui avons cru
en lui, nous allions en paix, quand vous l’ordonnerez ; que nous ne soyons
point renvoyés par vous à la fin de notre vie ; mais plutôt que nous
possédions, absous par vous de nos dettes, la paix éternelle à jamais. Amen.
ORATIO.
Nous avons vu, Seigneur,
votre gloire comme celle du Fils unique du Père, Fils unique en divinité,
premier-né en grâces : au ciel Fils unique du Père, sur la terre le principal
entre ses frères ; au ciel une même substance avec le Père, sur la terre le
premier de ses frères ; au ciel égal en nature et habitant au sein du Père, sur
la terre n’abandonnant point ceux auxquels il s’est fait semblable. Rendez donc
participants de votre royaume ceux dont vous avez été la propitiation en ce
monde ; et soyez, au siècle à venir, le rémunérateur de ceux vers lesquels vous
êtes venu d’abord comme rédempteur. Amen.
ORATIO.
O Dieu, qui, pour la
purification des mères, avez commandé qu’on vous offrit deux tourterelles ou
deux petits de colombes, préparez-nous pour être une hostie vivante, vous qui
vous êtes fait notre hostie ; vous qui êtes venu accomplir la Loi, et non la
détruire, daignez développer en nous, dans toute sa richesse, la grâce de
l’Évangile. Amen.
L’antiquité liturgique a
produit peu d’Hymnes sur la Purification de la Sainte Vierge. Nous donnerons la
suivante, qui ne manque pas de grandeur, et qui est de saint Paulin, Patriarche
d’Aquilée.
HYMNE.
Le quarantième jour de la
jeune Mère étant arrivé, selon la Loi du Seigneur, Marie, cette Vierge,
présenta au Temple, sur ses bras sacrés, le saint Enfant Jésus, Fils unique de
la majesté du Père.
L’heureuse Mère portait
sur ses chastes épaules un Dieu couvert du voile de la chair ; ses lèvres
avaient imprimé de doux baisers sur le visage de ce Dieu, homme véritable, par
l’ordre duquel tout fut créé.
Les parents portèrent
deux blanches et tendres colombes, au plumage pur comme le lait ; ils offrirent
pour lui au Temple deux tourterelles ; elles furent consumées dans un sacrifice,
comme le prescrivait la Loi.
Un Prêtre de Dieu, homme
humble et doux, était dans la ville, un vieillard vénérable, l’heureux Siméon ;
rempli de l’Esprit-Saint aux influences célestes, il arrive dans la sainte
Maison, poussé par un mouvement divin.
Car dès longtemps
l’Esprit-Saint lui avait répondu que la puissance de la mort ne viendrait pas
le séparer de son corps qu’il n’eût vu, de son vivant, le Christ du Seigneur,
envoyé par le Père du haut des cieux.
Il prit donc l’Enfant
dans ses bras, il rendit grâces au Père céleste ; pressant sur sa poitrine ce
nouveau-né, il bénit le Seigneur ; dans le transport de son amour, au milieu
des douceurs dont son cœur était inondé, il s’exprima ainsi à haute voix :
« Laissez maintenant,
Seigneur, aller en paix votre serviteur ; car j’ai pu voir de mes yeux le
Sauveur que vous envoyez, Celui que votre suprême bonté a préparé à la face de
tous les peuples.
« Il est la Lumière qui
brille aux yeux des nations, la gloire du peuple d’Israël ; il est placé pour
être la pierre sur laquelle plusieurs se heurteront à leur ruine ; pour être le
salut de ceux qui sont la fidèle race de Jacob, au jour où les secrets des
cœurs se révéleront.
« Mais un glaive, ô
sainte Mère, transpercera ton âme. » Et Marie conservait dans son cœur de si
hauts mystères, et, fidèle à croire les oracles célestes, elle repassait constamment
ces paroles en elle-même.
Gloire au Père de Jésus,
dans sa majesté souveraine ; gloire à toi, Fils unique du Père, Dieu,
puissance, vertu, plus haut que les cieux ; au saint Paraclet louange infinie,
honneur et empire à jamais ! Amen.
Les Séquences pour la
Purification sont aussi rares que les Hymnes dans les anciens livres
liturgiques. Celle qui suit est de la composition de Notker, et elle est tirée
de l’ancien Séquential de l’Abbaye de Saint-Gall.
SÉQUENCE
Ce peuple n’a qu’une voix
pour te célébrer, ô Marie ! Tous ces cœurs pieux te vénèrent.
De l’illustre Abraham tu
es la fille auguste, issue de la race royale de David.
Très sainte dans ton
corps, très chaste dans ta vie, la plus belle de toutes, Vierge des vierges.
Mère et Vierge glorieuse,
réjouis-toi : docile à l’oracle de l’Archange Gabriel, toujours intacte tu as enfanté
un Fils ;
Un Fils dont le sang très
sacré purifie la race perdue tout entière, comme Dieu l’a promis à Abraham.
C’est toi, ô Marie, que
figure la Verge d’Aaron desséchée, puis tout à coup ornée d’une belle fleur ;
il est la fleur, ce Fils que tu as enfanté contre les lois de la nature.
Tu es la Porte toujours
fermée que célèbre la voix d’Ézéchiel : tu n’es accessible qu’à Dieu seul, ô
Marie !
Mais, aujourd’hui, voulant
nous donner un exemple digne de la mère des vertus, tu t’es présentée pour
l’expiation imposée aux mères que leur enfantement avait souillées.
Tu portas au Temple pour
être purifié avec toi, le Dieu-Homme dont la naissance a ajouté à ta pureté, ô
Mère immaculée !
Réjouis-toi, ô sainte
Marie ! toi que Celui qui sonde les reins et les cœurs a trouvée la seule
demeure digne de lui.
Tressaille, ô Marie ! car
il te sourit enfant, Celui qui seul donne à tous les êtres de se réjouir et
d’exister.
Donc, nous qui célébrons
la fête du Christ, Enfant pour nous, et de Marie sa tendre Mère,
Si notre faiblesse ne
nous permet pas d’atteindre à une si profonde humilité d’un Dieu, que du moins
sa Mère soit notre modèle.
Louange au Père de
gloire, qui, révélant son Fils aux Gentils et à son peuple, daigne nous
associer à Israël.
Louange à son Fils, qui,
nous réconciliant au Père par son sang, nous associe aux habitants des cieux.
Louange aussi à
l’Esprit-Saint à jamais.
Amen.
L’admirable Prose que
nous donnons ci-après est d’Adam de Saint-Victor. Elle était demeurée inédite
jusqu’à la publication qu’en a faite M. Léon Gautier, dans sa précieuse édition
des œuvres poétiques de notre grand lyrique. Cette Séquence est cependant une
des plus belles de son auteur, et l’un des plus gracieux hommages que le moyen
âge ait offerts à la Vierge-Mère.
SÉQUENCE.
Ornons le temple
intérieur ; dans un cœur nouveau, renouvelons la joie nouvelle du saint
vieillard, qui, prenant sur ses bras l’Enfant divin, satisfait enfin les désirs
qui le firent soupirer tant d’années.
Il est l’étendard qui
ralliera les peuples, cet Enfant dont la présence illumine le Temple, inspire
de si beaux cantiques, émeut les cœurs d’un si noble transport ; aujourd’hui
c’est un enfant que l’on présente ; plus tard, sur la croix, ce sera un homme
offert comme hostie du péché.
Là le Sauveur, ici Marie
: saint Enfant, sainte Mère, quels objets d’allégresse mais portons en nous
avec amour l’œuvre de lumière que représentent nos cierges allumés.
Le Verbe du Père est la
lumière, la chair formée par la Vierge est la cire ; le cierge étincelant est
le Christ lui-même ; c’est lui qui éclaire nos cœurs de la vraie sagesse ; par
sa grâce, celui qui était le jouet de l’erreur et du vice s’élance dans le
chemin de la vertu.
Celui qui par l’amour
tient le Christ dans ses bras, porte vraiment le flambeau de cire allumé, et
remplit pleinement le rite de la fête ; de même que le vieillard dont le cœur
portait déjà le Verbe du Père, serra dans ses bras ce même Verbe fait chair que
lui confiait l’auguste Mère.
Mère d’un tel Fils,
réjouis-toi ; pure au dedans, chaste au dehors, sans tache ni ride ; femme que
son Bien-Aimé a choisie d’avance, que l’amour d’un Dieu a chérie avant les
siècles.
A qui contemple ta
beauté, toute autre beauté n’est que ténèbres et difformité qui repousse ; à
qui goûte ta saveur délicieuse, toute autre saveur n’est qu’amertume et objet
de dégoût.
A qui respire tes
parfums, toute autre senteur est nulle ou désagréable ; en celui qui cultive
ton amour, tout autre amour s’efface, ou n’obtient plus que le second rang.
De la mer brillante
Etoile, honneur éternel de toutes les mères, ô Mère véritable de la Vérité, de
la Voie, de la Vie, de l’Amour, remède de ce monde languissant, canal de ce vin
délicieux qui est la source de vie dont tous doivent éprouver la soif ; dont le
breuvage est doux à celui qui est sain comme à celui qui est malade : rends la
force et la santé à celui qui défaille.
Fontaine scellée, verse
tes ruisseaux de sainteté ; fontaine des jardins spirituels, arrose de tes eaux
nos âmes desséchées.
Fontaine abondante,
inonde-nous, lave nos cœurs coupables. Fontaine limpide, source toujours pure,
daigne purifier des souillures du monde, par ta pureté, le cœur de ton peuple.
Amen.
L’Église Grecque vient à
son tour nous prêter ses accents mélodieux, dans les strophes suivantes que
nous empruntons à ses Menées.
IN HYPAPANTE DOMINI.
Aujourd’hui Siméon reçoit
dans ses bras le Seigneur de gloire que Moïse, sous la nuée, contempla jadis
sur le Sinaï visible, où il lui donna la Loi. C’est le Seigneur qui parle dans
les Prophètes, l’auteur de la Loi, c’est lui qu’annonça David, c’est le Dieu
terrible ; et c’est aussi Celui qui possède une grande et très riche
miséricorde.
O trésor des siècles, vie
universelle ! toi qui autrefois as gravé la Loi sur des tables au Sinaï, tu
t’es fait enfant, tu t’es placé sous la Loi pour nous arracher tous à l’antique
servitude de cette Loi ; gloire à ta miséricorde, ô Sauveur ! gloire à ton
règne ; gloire à ton divin conseil, ô seul ami des hommes !
Marie, Mère de Dieu, pure
de tout commerce humain, porte dans ses bras Celui qui est assis sur les
Chérubins comme sur un char, et qui est célébré dans les cantiques des
Séraphins, Celui qui a pris chair en elle, le législateur qui accomplit le
précepte de la Loi ; elle le remet aux mains du prêtre vénérable par son grand
âge. Siméon, portant ainsi la Vie, implorait la grâce de ne plus vivre : «
Seigneur, disait-il, laisse-moi partir maintenant ; laisse-moi annoncer à Adam
que j’ai vu, sous les traits d’un enfant, le Dieu immuable, qui est avant les siècles,
le Sauveur du monde. »
Prosterné, et suivant en
esprit les pas de la Vierge et Mère de Dieu, le vieillard disait : « C’est un
feu que tu portes, ô très pure ! Tu soutiens sur tes bras tremblants le Dieu de
la lumière sans couchant, le Seigneur de la paix. »
« Isaïe est purifié par
le Séraphin qui touche ses lèvres d’un charbon de feu, disait le vieillard à la
Mère de Dieu ; mais toi, en me donnant de tes mains, comme d’un instrument, ce
feu, tu m’embrases par Celui que tu portes, et qui est le Seigneur de la lumière
éternelle et de la paix. »
Hommes de bonne volonté,
courons à la Mère de Dieu pour voir son Fils qu’elle conduit vers Siméon. C’est
Celui que les Esprits célestes, dans leur étonnement, contemplent du haut du
ciel, disant : « Nous voyons en ce moment des choses merveilleuses qu’on n’eût
pu croire, et qu’on ne saurait comprendre. Celui qui autrefois forma Adam est
porté comme un enfant ; Celui qui ne connaît pas l’espace est déposé sur les
bras d’un vieillard ; Celui qui habite au sein ineffable du Père daigne
connaître les limites dans la chair, lui qui n’en connaît pas dans sa divinité
: il est l’unique ami des hommes ».
O Emmanuel ! en ce jour
où vous faites votre entrée dans le Temple de votre Majesté, porté sur les bras
de Marie, votre ineffable Mère, recevez l’hommage de nos adorations et de notre
reconnaissance. C’est afin de vous offrir pour nous que vous venez dans le
Temple ; c’est comme prélude de notre rachat, que vous daignez payer la rançon
du premier-né ; c’est pour abolir bientôt les sacrifices imparfaits, que vous
venez offrir un sacrifice légal. Aujourd’hui vous paraissez dans cette ville
qui doit être un jour le terme de votre course, et le lieu de votre immolation.
Le mystère de notre salut a fait un pas ; car il ne vous a pas suffi de naître
pour nous ; votre amour nous réserve pour l’avenir un plus éclatant témoignage.
Consolation d’Israël,
vous sur qui les Anges aiment tant à arrêter leurs regards, vous entrez dans le
Temple ; et les cœurs qui vous attendaient s’ouvrent et s’élèvent vers vous. Oh
! qui nous donnera une part de l’amour que ressentit le vieillard, lorsqu’il
vous tint dans ses bras et vous serra contre son cœur ? Il ne demandait qu’à
vous voir, ô divin Enfant, objet de tant de désirs ardents, et il était heureux
de mourir. Après vous avoir vu un seul instant, il s’endormait délicieusement
dans la paix. Quel sera donc le bonheur de vous posséder éternellement, si des
moments si courts ont suffi à combler l’attente d’une vie entière ! Mais, ô
Sauveur de nos âmes, si le vieillard est au comble de ses vœux pour vous avoir
vu seulement une fois, dans cette offrande que vous daignez faire de vous-même
pour nous au Temple ; quels doivent être nos sentiments, à nous qui avons vu la
consommation de votre sacrifice ! Le ! jour viendra, ô Emmanuel, où, pour nous
servir des expressions de votre dévot serviteur Bernard, vous serez offert non
plus dans le Temple et sur les bras de Siméon, mais hors la ville, et sur les
bras de la croix. Alors, on n’offrira point pour vous un sang étranger ; mais
vous-même offrirez votre propre sang. Aujourd’hui a lieu le sacrifice du matin
: alors s’offrira le sacrifice du soir.
Aujourd’hui vous êtes à
l’âge de l’enfance ; alors vous aurez la plénitude de l’âge d’homme ; et, nous
ayant aimés dès le commencement, vous nous aimerez jusqu’à la fin.
Que vous rendrons-nous, ô
divin Enfant, qui portez déjà, dans cette première offrande pour nous, tout
l’amour qui consommera la seconde ? Pouvons-nous faire moins que nous offrir à
vous pour jamais, dès ce jour ? Vous vous donnez à nous dans votre Sacrement,
avec plus de plénitude que vous ne le fîtes à l’égard de Siméon ; nous vous
recevons non plus entre nos bras, mais dans notre cœur. Déliez-nous aussi, ô
Emmanuel ; rompez nos chaînes ; donnez-nous la Paix que vous apportez
aujourd’hui ; ouvrez-nous, comme au vieillard, une vie nouvelle. Pour imiter
vos exemples, et nous unir à vous, nous avons, pendant cette quarantaine, travaillé
à établir en nous cette humilité et cette simplicité de l’enfance que vous nous
recommandez ; soutenez-nous maintenant dans les développements de notre vie
spirituelle, afin que nous croissions comme vous en âge et en sagesse, devant
Dieu et devant les hommes.
O la plus pure des
vierges et la plus heureuse des mères ! Marie, fille des Rois, que vos pas sont
gracieux, que vos démarches sont belles [2], au moment où vous montez les
degrés du Temple, chargée de notre Emmanuel ! que votre cœur maternel est
joyeux, et en même temps qu’il est humble, en ce moment où vous allez offrir à
l’Eternel son Fils et le vôtre ! A la vue de ces mères d’Israël qui apportent
aussi leurs enfants au Seigneur, vous vous réjouissez en songeant que cette
nouvelle génération verra de ses yeux le Sauveur que vous lui apportez. Quelle
bénédiction pour ces nouveau-nés d’être offerts avec Jésus ! Quel bonheur pour
ces mères d’être purifiées en votre sainte compagnie ! Si le Temple tressaille
de voir entrer dans son enceinte le Dieu en l’honneur duquel il est bâti, sa
joie est grande aussi de sentir dans ses murs la plus parfaite des créatures,
la seule fille d’Ève qui n’ait point connu le péché, la Vierge féconde, la Mère
de Dieu.
Mais pendant que vous
gardez fidèlement, ô Marie, les secrets de l’Eternel, confondue dans la foule
des filles de Juda, le saint vieillard accourt vers vous ; et votre cœur a
compris que l’Esprit-Saint lui a tout révélé. Avec quelle émotion vous déposez
pour un moment entre ses bras le Dieu qui porte la nature entière, et qui veut
bien être la consolation d’Israël ! Avec quelle grâce vous accueillez la pieuse
Anne ! Peut-être, dans vos jeunes années, avez-vous reçu ses soins, dans cette
demeure sacrée qui vous revoit aujourd’hui, Vierge encore et cependant Mère du
Messie. Les paroles des deux vieillards qui exaltent la fidélité du Seigneur à
ses promesses, la grandeur de Celui qui est né de vous, la Lumière qui va se
répandre par ce divin Soleil sur toutes les nations, font tressaillir
délicieusement votre cœur. Le bonheur d’entendre glorifier le Dieu que vous
appelez votre Fils, et qui l’est en effet, vous émeut de joie et de
reconnaissance ; mais, ô Marie, quelles paroles a prononcées le vieillard, en
vous rendant votre Fils ! quel froid subit et terrible vient tout à coup glacer
votre cœur ! La lame du glaive l’a traversé tout entier. Cet Enfant que vos
yeux contemplaient avec une joie si douce, vous ne le verrez plus qu’à travers
des larmes. Il sera en butte à la contradiction, et les blessures qu’il recevra
transperceront votre âme. O Marie ! ce sang des victimes qui inonde le Temple
cessera un jour de couler ; mais il faut qu’il soit remplacé par le sang de
l’Enfant que vous tenez entre vos bras. Nous sommes pécheurs, ô Mère naguère si
heureuse, et maintenant si désolée ! Ce sont nos péchés qui ont ainsi tout d’un
coup changé votre allégresse en douleur. Pardonnez-nous, ô Mère ! Laissez-nous
vous accompagner à la descente des degrés du Temple. Nous savons que vous ne
nous maudissez pas ; nous savons que vous nous aimez, car votre Fils nous aime.
Oh ! Aimez-nous toujours, Marie ! Intercédez pour nous auprès de l’Emmanuel.
Obtenez-nous de conserver les fruits de cette précieuse quarantaine. Les grâces
de votre divin Enfant nous ont attirés vers lui ; nous nous sommes permis
d’approcher de son berceau ; votre sourire maternel nous y invitait. Faites, ô
Marie, que nous ne quittions plus cet Enfant qui bientôt sera un homme ; que
nous soyons dociles à ce Docteur de nos âmes, attachés, comme de vrais disciples,
à ce Maître si plein d’amour, fidèles à le suivre partout comme vous, jusqu’au
pied de cette croix qui vous apparaît aujourd’hui.
[2] Cant. VII, 1.
Jacopo di Casentino (–1358), Presentation of the Christ Child in the Temple, 1330, Nelson-Atkins Museum of Art, Kansas City, Missouri, USA
Bhx Cardinal
Schuster, Liber Sacramentorum
Il faut chercher les
origines de cette fête à Jérusalem, où, d’après la Peregrinatio Etheriae, nous
la trouvons célébrée dès la fin du IVe siècle, sous le nom de Quadragesima de
Epiphania, — Le jour de l’Épiphanie, les Orientaux célèbrent aussi la première
apparition du Verbe de Dieu dans la chair humaine.
En 542, un édit de
Justinien l’introduisit à Constantinople, d’où ensuite elle se répandit dans
tout l’Orient et arriva à Rome. Dans la liste des Évangiles du manuscrit de
Würzbourg [3], la fête, die II mensis februarii, n’a aucun titre, et ne figure
pas à la place qu’elle devrait régulièrement occuper ; cela indique qu’elle
avait été introduite à Rome depuis peu. Mais vers la fin du VIIe siècle, Serge
Ier, Grec d’origine, en accrut beaucoup la splendeur, en ordonnant de la faire
précéder d’une procession de pénitence à la basilique libérienne, comme les
trois autres grandes fêtes de la sainte Vierge [4]. Par là fut mieux fixé le
caractère éminemment marial de cette solennité, qui, chez les Orientaux, était
plutôt considérée auparavant comme une fête du Seigneur.
L’antique dénomination
Hypapantê ou occursus Domini, a laissé cependant dans l’office actuel des
traces profondes ; en sorte que l’invitatoire des vigiles nocturnes, les
lectures, la collecte, les antiennes et la préface de Noël célèbrent encore la
rencontre de l’Enfant Jésus avec Siméon dans le temple, laissant plutôt dans
l’ombre la purificatio de la Vierge sa Mère. Ce nom même ne paraît pas non plus
dans le Liber Pontificalis, où l’on parle du statut du pape Serge relativement
au dies sancti Simeonis ; et pour le trouver pour la première fois dans les
documents liturgiques romains, il faut recourir au Sacramentaire Gélasien, où
la dénomination de purificatio trahit toutefois une origine gallicane.
La procession stationnale
était trop bien entrée dans les usages liturgiques de Rome pour que le silence
du Gélasien sur ce point nous autorise à conclure qu’elle n’existait pas quand
il fut rédigé. Le pape Serge dut certainement s’appuyer sur des précédents. Le
Sacramentaire Grégorien du temps d’Hadrien Ier la mentionne indubitablement ;
bien plus, dans un Ordo Romanus du manuscrit de Saint-Amand édité par Mgr
Duchesne, nous avons encore une précieuse description du rite selon lequel elle
se déroulait vers l’an 800.
A l’aurore du 2 février,
des différents titres et diaconies de la Ville, partaient autant de processions
paroissiales, qui se dirigeaient vers l’église de Saint-Adrien au Forum romain.
Pour dissiper les ténèbres de la nuit dans ces voies encombrées par les ruines
des anciens édifices de la Rome impériale, les fidèles portaient des cierges
allumés, tandis que le clergé psalmodiait et chantait des antiennes, auxquelles
le peuple répondait par l’exclamation habituelle : Kyrie eleison. A peine le
Pape était-il arrivé avec ses diacres à la basilique du martyr Adrien, qu’il
entrait dans le secretarium, et, en signe de pénitence, il prenait la chasuble
noire ; ses assistants faisaient de même. Puis le clergé et les diverses
scholae cantorum étaient admis en présence du Pontife, pour recevoir de sa main
le cierge. Cette distribution terminée, les chantres entonnaient l’antienne
d’introït : Exsurge, Domine, conservée dans notre Missel actuel [5], et le Pape
faisait son entrée solennelle dans le temple de Saint-Adrien.
Après l’introït venait le
chant du Kyrie, comme dans toutes les autres messes, suivi de la collecte —
aujourd’hui conservée seulement par le Sacramentaire Grégorien — et le défilé
de la procession commençait. Le souvenir de l’ancienne litania septiformis
survivait encore à ce point dans l’usage liturgique de Rome, que le peuple,
même au IXe siècle, se divisait en sept groupes, chacun étant précédé de sa
croix. Plus tard, c’est-à-dire dans le bas moyen âge, nous savons qu’aux croix
s’étaient substituées dix-huit images du Sauveur et de la Vierge, parmi les
plus vénérées de la Ville. Le Pape marchait pieds nus, et il était précédé par
deux acolytes avec des cierges allumés à la main, tandis qu’il avait à ses
côtés le sous-diacre balançant l’encensoir fumant. Deux clercs portaient chacun
une croix devant le Pontife, et ils étaient suivis par les scholae des chantres
psalmodiant et rangées en bon ordre. La procession, à travers les Forums de
Nerva et de Trajan, se dirigeait vers l’Esquilin, laissant à droite le Titre
d’Eudoxie, puis descendait la colline près de Sainte-Lucie in Silice ; derrière
l’abside du Titre d’Aequitius elle remontait derechef la légère surélévation de
la colline, où se dresse le Titre de Praxède, et de là elle se dirigeait en
ligne droite vers la basilique Libérienne. Les scholae exécutaient des
antiennes et des répons grecs traduits en latin, conservés encore dans le
Missel ; le clergé chantait des psaumes et des répons acrostiches, jusqu’à ce
que, dans le voisinage de Sainte-Marie-Majeure, l’on entonnât la litanie
ternaire, ainsi nommée parce que chaque invocation y était répétée trois fois.
Après la procession
venait la messe, à laquelle, selon l’ancien rite stationnal, on ne récitait ni
le Kyrie ni le Gloria.
Les anciens documents
liturgiques romains ne mentionnent point de bénédiction spéciale des cierges ;
— ceux-ci, d’ailleurs, étaient distribués à Rome pour toutes les autres
processions nocturnes, et cela ne constituait aucune caractéristique
particulière de la fête de l’Hypapante. Il faut descendre jusqu’au Xe siècle
pour trouver décrit le rite de cette bénédiction des cierges dans un
Sacramentaire de Corbie attribué à l’abbé Ratold (+ 986).
A Rome, la première
mention de la bénédiction des cierges se trouve dans YOrdo du chanoine Benoît,
qui est de la première moitié du XIIe siècle ; mais même alors cette
bénédiction n’était pas exclusivement propre à la fête de la « Chandeleur » ;
car dans les trois autres processions mariales on parle également de cierges
bénits.
Cencius Camerarius
raconte que de son temps le Pape, au matin de ce jour, se rendait avec les
cardinaux à Sainte-Martine, et là, ayant chanté l’office de tierce, il
distribuait les cierges, du haut d un trône érigé en plein air, sur la Voie
Sacrée, devant la porte de la basilique ; ces cierges avaient été bénits auparavant
par le plus jeune des prêtres cardinaux. On chantait sexte dans la basilique
voisine de Saint-Adrien, où, des différents Titres de Rome, se rassemblaient,
avec les images et les croix, le clergé paroissial et le peuple. Quand tous
étaient réunis, la procession défilait. Au lieu de ses chaussures habituelles,
le Pape employait pour la route des sandales qu’il enlevait toutefois à la
porte de Sainte-Marie-Majeure, où il faisait son entrée nu-pieds ; raison pour
laquelle, avant de célébrer la messe stationnale, il se retirait dans le
sacrarium où ses cubicularii avaient préparé de l’eau chaude pour lui laver les
pieds.
BÉNÉDICTION DES CIERGES.
Synaxe à Sainte-Martine.
La basilique de
Sainte-Martine sur le Forum n’est autre que l’antique secretarium Senatus. Les
oraisons et tout le rite de la bénédiction des cierges qui, dans les Ordines
plus récents précèdent l’antique introït Exsurge, en raison même de la place
différente qu’ils occupent, trahissent leur tardive introduction dans le rit
romain. A la fin du moyen âge, la bénédiction des cierges s’accomplissait
encore à Rome dans la basilique de Sainte-Martine.
A l’origine ces formules,
et d’autres semblables, pour la bénédiction des cierges, des rameaux, de
l’encens, etc., servaient probablement à tour de rôle ; maintenant, au
contraire, on les récite toutes, telles qu’elles sont dans le Missel.
Les collectes récitées,
les cierges sont aspergés d’eau bénite et encensés ; puis on les distribue au
clergé et au peuple. Pendant, ce temps l’on chante le Cantique de Siméon
suivant l’ancien usage, c’est-à-dire en faisant alterner l’antienne avec chaque
verset.
« Lumière pour illuminer
les nations, et gloire de votre peuple d’Israël. » : La mission du Messie,
annoncée ici par le vieux Prophète, est double, puisqu’elle regarde tant les
Gentils que le peuple d’Abraham. La première se réalise depuis vingt siècles,
grâce à la conversion du monde idolâtre à la foi ; la seconde au contraire
recevra son entier accomplissement à la fin du monde, quand la grande foule des
Gentils étant déjà entrée dans l’Église, Israël lui aussi, pour être sauvé,
bénira Celui qui vient au nom du Seigneur.
Collecte à Saint-Adrien.
La basilique de
Saint-Adrien n’est autre que l’antique salle du Sénat romain, consacrée au
culte chrétien sous Honorius Ier. Elle fut dédiée au célèbre martyr de
Nicomédie, Adrien, dont quelques reliques furent apportées de Byzance à Rome et
déposées en cette église. Saint Adrien fut, avec son épouse sainte Nathalie, en
grande vénération au moyen âge, non seulement chez les Orientaux mais aussi
chez les Latins. Le Régeste de Farfa conserve la mention d’un monastère à eux
dédiés sur le territoire de Tivoli. Mais sans sortir de la Ville, nous y
trouvons, sur l’Esquilin, un monastère dédié aux martyrs Adrien et Laurent, et
qu’Hadrien Ier fit restaurer es l’honneur de son patron et protecteur.
La bénédiction des
cierges (qui est d’origine étrangère) étant terminée, la partie vraiment
romaine de la cérémonie lui succède. Tout est prêt désormais pour la procession
; les cierges sont distribués, les croix stationnales sont toutes arrivées à
Saint-Adrien au Forum, où, avec le clergé en sombres paenulae de pénitence, se
trouve pressée une multitude de peuple. Tandis que le Pape, pieds nus, sort du
Secretarium, c’est-à-dire de Sainte-Martine, et traversant le petit portique
élevé entre cette église et celle de Saint-Adrien, fait son entrée dans le
temple, la schola chante l’introït, tiré du psaume 43 : « Levez-vous, Seigneur,
et aidez-nous ; délivrez-nous par votre nom. y. O Dieu, nous avons entendu de
nos oreilles, nos pères nous ont raconté (vos anciens prodiges). J. Gloire. —
Levez-vous, etc. »
Si, à cause de la
Septuagésime, est déjà passé le temps des saintes joies de Noël, et si la fête
ne tombe pas un dimanche, le prêtre ou le diacre invite l’assemblée à se
prosterner à terre pour prier en silence.
V/. « Fléchissons les
genoux. »
L’assemblée se
prosternait et chacun priait pour son compte. Après quelques instants, le
diacre — maintenant c’est le sous-diacre — faisait signe de se lever.
V/. « Levez-vous. »
Le Pontife résumait en
une brève formule liturgique les vœux de tous, et ainsi unis — d’où précisément
le nom de collecte — il les présentait à Dieu.
Le célébrant met dans
l’encensoir l’encens bénit ; le diacre donne l’ordre de commencer la procession
stationnale.
V/. « Acheminons-nous en
paix. »
R/ « Au nom du Christ.
Amen. »
Le long du chemin, la
schola exécute divers chants, empruntés sous Serge Ier à la liturgie byzantine.
Le dernier répons se chante actuellement au retour de la procession dans
l’église. A l’origine au contraire, quand on approchait de
Sainte-Marie-Majeure, on entonnait la traditionnelle litanie ternaire.
A la messe.
Station à
Sainte-Marie-Majeure.
La miséricorde obtenue
par l’humanité au milieu du temple, et dont il est question aujourd’hui dans
l’introït, c’est Jésus, rencontré dans le temple par Siméon, figure d’Israël et
de tous les croyants.
La prophétie de Malachie
(III, 1-4), qu’on lit à la messe, trouve enfin aujourd’hui son plein
accomplissement. Israël dit depuis de longs siècles qu’il attend le Messie ; et
pourtant, quand l’Ange du Nouveau Testament vient pour la première fois dans
son temple, il y entre absolument inaperçu, en sorte que seul le vieillard
Siméon le salue comme son Sauveur. Mais à dater de ce jour, le temple et le
sacerdoce sont purifiés. Jésus lui-même réside dans le sanctuaire comme
purificateur de la hiérarchie nouvelle laquelle, à la place du sang des
taureaux, offre à Dieu des hosties agréables et acceptées, symbolisées jadis,
dans les années anciennes, comme dit Malachie, par les offrandes d’Abel,
d’Abraham et de Melchisédech.
Le concept de l’Hypapante
grec domine aujourd’hui toute la messe. C’est pourquoi le répons-graduel est
tiré lui aussi du même psaume qui a fourni l’antienne d’introït. Dieu a été
fidèle à ses promesses, et nous avons trouvé dans le temple saint de Jérusalem
ce que les Prophètes, au nom du Seigneur, nous avaient fait espérer.
Le verset alléluiatique
joue gracieusement sur le sens que, dans le latin de la décadence, assumaient
les deux verbes portabat et regebat. Il est probable que ce verset s’inspire
d’un sermon jadis attribué à saint Augustin mais qui, dans sa forme actuelle,
n’est autre qu’un centon, assemblé probablement par saint Ambroise Autpert,
abbé de Saint-Vincent à Vulturne (+ 19 juillet 778).
Après la septuagésime, au
lieu du verset alléluiatique, on récite le cantique de Siméon, mais sans faire
alterner l’antienne avec les versets. — La caractéristique du psaume in
directum ou trait réside justement en ceci, qu’on l’exécute sans interruption,
n’intercalant entre les versets aucune antienne ou rien qui fasse fonction de
refrain.
La péricope évangélique
de la présentation de Jésus au temple (Luc., II, 22-32) est assignée à l’Octave
de Noël dans la liste d’Évangiles du manuscrit de Würzbourg ; cela nous donne à
penser que, quand cette liste fut rédigée, la fête du 2 février n’avait pas
encore été introduite à Rome. Cela nous est confirmé par le fait que la suite
du récit de saint Luc assigné à ce jour se lit encore, par anticipation, dès le
dimanche qui suit immédiatement Noël.
Aujourd’hui Jésus s’offre
solennellement à Dieu le Père, par les mains de Marie et de Joseph, pour être,
au sens le plus absolu et le plus complet, le Christ de Dieu : Christus autem
Dei. C’est pourquoi il n’aura qu’une mission à accomplir en ce monde, celle de
rendre à Dieu l’hommage de sa parfaite adoration en esprit et en vérité,
faisant sa nourriture de l’accomplissement de la volonté de son Père.
Tous les Patriarches et
les justes de l’Ancien Testament avaient ardemment souhaité de voir l’aube de
ce grand jour. Siméon les représente tous aujourd’hui. Bienheureuse donc cette
âme qui se confie au Seigneur et qui attend, avec grande foi et patience, son secours.
Siméon attendit toute sa vie, et il ne fut pas trompé dans ses espérances,
parce qu’à la fin le Seigneur lui donna plus encore qu’il ne lui avait promis.
Il l’avait en effet assuré qu’il lui ferait voir le Messie avant de mourir, et
aujourd’hui non seulement il le lui fait voir, mais il le lui donne dans ses
bras pour qu’il le presse contre son sein.
Dans l’offertoire, le
Psalmiste célèbre la beauté du Messie et la plénitude de la grâce qui réside en
lui. L’antienne est tirée du psaume XLIVe qui est éminemment messianique : « La
grâce est répandue sur vos lèvres, c’est pourquoi Dieu vous a béni
éternellement et pour tous les siècles. »
La prière sur l’oblation
a un caractère général. L’oblation eucharistique de ce jour continue à travers
les siècles celle, irrévocable et définitive, que Jésus fit de soi-même dans le
temple, quand, entre les bras de Marie et de Joseph, il y entra pour la
première fois, pour commencer la liturgie de notre rédemption.
La préface est celle du
jour de Noël, ce qui montre à nouveau le caractère primitif de cette fête,
maintenant comptée communément parmi les solennités mariales.
Le verset pour la
communion est tiré de la lecture évangélique de ce jour (Luc., II, 26).
Toute la messe, comme
nous l’avons observé jusqu’ici, a un caractère christologique bien net ; seule
la collecte après la communion tend à s’orienter vers Marie, ce qui, par la
suite, prévalut, grâce surtout au pape Serge Ier : « Nous vous prions, ô
Seigneur notre Dieu, afin que par l’intercession de la bienheureuse Marie
toujours Vierge, les mystères sacrosaints que vous venez de nous donner pour
rendre plus sûre notre rédemption, soient un remède pour la vie présente et un
gage de la vie future. Par notre Seigneur, etc. »
Les anciens
sacramentaires romains, après la collecte de la communion, en assignent
ordinairement une autre super populum, qui, dans le Missel actuel, n’est
demeurée qu’aux fériés du Carême. C’était comme une bénédiction solennelle, que
donnait le célébrant avant de congédier le peuple et qui remplaçait l’actuel
Benedicat vos omnipotens Deus, etc., réservé à l’origine au Pape quand il
passait entre deux rangées serrées de fidèles, pour sortir de l’église. La
bénédiction prescrite pour ce jour par le Sacramentaire Grégorien est là
suivante :
Le diacre, V/. Humiliez
vos têtes devant Dieu. Diac. V/. Humiliate oapita vestra Deo.
Et le prêtre, les bras
étendus, et soutenus en certains lieux par deux diacres, tourné vers le peuple,
récitait cette prière :
Super populum.
Perfice in nobis,
quaesumus, Domine, gratiam tuam, qui iusti Simeonis expectationem implesti ; ut
sicut ille mortem non vidit priusquam Christum Dominum videre mereretur, ita et
nos vitam obtineamus aeternam.
Achevez en nous, nous
vous le demandons. Seigneur, l’effet de votre grâce, vous qui avez comblé
l’attente du juste Siméon ; et de même que celui-ci n’a pas vu la mort avant
d’avoir mérité de voir le Christ Seigneur, accordez-nous aussi la vie
éternelle.
Il nous est agréable de
rapporter ici la gracieuse épigraphe par laquelle Sixte III dédia ses mosaïques
dans la basilique esquiline où se célèbre aujourd’hui la station :
VIRGO • MARIA • TIBI •
XYSTVS • NOVA • TECTA • DICAVI
DIGNA • SALVTIFERO •
MVNERA • VENTRE • TVO
TE • GENITRIX • IGNARA •
VIRI • TE • DENIQVE • FOETA
VISCERIBVS - SALVIS •
EDITA • NOSTRA • SALVS
ECCE • TVI • TESTES •
VTERI • SIBI • PRAEMIA • PORTANT
SVB • PEDIBVS • IACET •
PASSIO • CVIQVE • SVA
FERRVM • FLAMMA • FERAE •
FLVVIVS • SAEVVMQVE • VENENVM
TOT•TAMEN• HAS • MORTES •
VNA•CORONA• MANET
[3] DIE II MENS. FEB.
lec. sci. eu. sec. Luc. K. III Postquam conpleti sunt dies purifcationis eius
usq. et gloriam plebis tuae Israhel.
« Remarquer le caractère
lacuneux de ce titre : nous avons ici, évidemment, une fête d’institution
récente, qu’on aura insérée après coup, dans le proto type de notre Capitulare,
au premier espace libre entre la première partie de l’année liturgique et le
dimanche de la Septuagésime. Il reste encore une trace de cette division dans
notre codex : quelques caractères, probablement en rouge, mais à présent
illisibles, qui doivent correspondre au titre de la section suivante : Incip.
lectiones euang. a LXXma usq. in Pascha.. Et la première lettre de Die
(Domenico) indique aussi, par sa grandeur insolite, le commencement d’une
nouvelle série. » Dom Morin, Liturgie et basiliques de Rome au milieu du VIIe
siècle d’après les listes d’évangiles de Würzburg, Revue Bénédictine, XXVIII,
1911, p. 301-302, n. 4.
[4] c.-à-d. Nativité,
Annonciation, Dormition-Assomption.
[5] Avant 1960.
Ambrogio Lorenzetti (1290–1348), Presentazione di Gesù al tempio / Présentation de Jésus au Temple, 1342, huile sur panneau de bois, 257 x 168, Galleria degli Uffizi / galerie des Offices
Presentazione di
Gesù al Tempio (Ambrogio Lorenzetti)
Dom Pius Parsch,
le Guide dans l’année liturgique
L’Épouse prépare sa
chambre nuptiale.
La Chandeleur est la
dernière fête du cycle de Noël. Les pensées de la fête sont une transition
entre Noël et Pâques. Nous voyons encore le divin Enfant dans les bras de sa
Mère, mais elle l’offre déjà en sacrifice.
1. La fête. —
L’Église chante : « Aujourd’hui la bienheureuse Vierge Marie présenta l’Enfant
Jésus au temple et Siméon rempli de l’Esprit-Saint le prit dans ses bras et
bénit Dieu pour l’éternité. » La fête est célébrée exactement quarante jours
après Noël. L’Église romaine célèbre de préférence ses fêtes d’après la
chronologie de l’Écriture (par exemple : la Circoncision, l’Annonciation,
l’Ascension, la Pentecôte, la naissance de saint Jean-Baptiste).
La fête d’aujourd’hui
est, en premier lieu, une fête de Notre Seigneur et, en second lieu, une fête
de la Sainte Vierge. Pour bien comprendre cette fête, il faut la situer dans la
série des grandes fêtes du cycle de Noël : Noël, l’Épiphanie et la Chandeleur
sont les points dominants du cycle d’hiver. Nous pouvons même remarquer une
belle progression, tant dans le symbole de la lumière que dans la participation
de l’humanité à la manifestation de Dieu. A Noël, la lumière « brille dans les
ténèbres » et bien peu nombreux sont ceux qui « la reçoivent » (la Mère de
Dieu, les bergers à la Crèche). A l’Épiphanie, la « lumière » rayonne sur
Jérusalem (l’Église), « la gloire du Seigneur s’est levée sur Jérusalem » et le
monde païen « afflue » des ténèbres vers la ville de lumière. Aujourd’hui, à la
Chandeleur, la lumière est dans nos mains, nous la portons en procession et à
la messe ; la lumière fait aujourd’hui partie essentielle de la liturgie. Mais,
aujourd’hui aussi, l’Église s’avance comme une Épouse au-devant du Seigneur et
« reçoit avec amour la miséricorde (faite Homme) dans ses bras » (Intr.). C’est
précisément cette progression qui donne toute sa beauté à cette fête. A Noël,
l’Église est encore à l’arrière-plan, le divin Roi qui vient de naître domine
toute la liturgie ; à l’Épiphanie, l’Église apparaît déjà comme l’Épouse «
ornée du vêtement du salut comme une Épouse, parée de joyaux ». La liturgie
célèbre ses noces. Aujourd’hui, la fête marque donc un progrès important :
l’Épouse orne sa chambre nuptiale et va au-devant de l’Époux, c’est pourquoi
nous chantons le cantique nuptial :
« Pare ta chambre
nuptiale, Sion,
Reçois le Christ, le Roi,
Entoure Marie, la Porte
du ciel,
Car elle porte le Roi de
gloire, la nouvelle lumière.
Là se tient debout la
Vierge, elle porte dans ses mains son Fils
Engendré avant l’étoile
du matin,
Siméon le reçoit dans ses
mains et annonce aux peuples
Qu’il est le Maître de la
vie et de la mort, le Sauveur du monde.
C’est justement dans
cette participation de l’humanité que se trouve le sens principal de la fête.
C’est pourquoi les Grecs l’appellent d’une manière très significative, « la
Rencontre ». L’humanité rencontre le Seigneur dans le temple (dans l’Église).
L’Invitatoire de Matines (qui d’ordinaire exprime d’une manière très concise le
sens de la fête) nous dit : « Voici que vient dans son saint temple le
Souverain Seigneur ; Sion, va au-devant de ton Dieu, pleine de joie et
d’allégresse. » De même, pendant la messe, nous nous tenons les bras tendus
prêts à recevoir l’Époux, c’est pourquoi nous chantons trois fois le psaume 47
avec le verset : « Nous avons reçu ta miséricorde au milieu de ton temple... »
Ainsi donc le thème de la rencontre domine la fête. Le médiateur de cette
rencontre est le vieillard Siméon, c’est pourquoi la liturgie aime à s’arrêter
aujourd’hui devant cette figure vénérable.
Un second thème important
de cette fête, c’est la lumière. Nous connaissons déjà le haut symbolisme de la
lumière. Elle signifie le Christ et la vie divine du Christ en nous. Les
paroles du vieillard Siméon : « la lumière qui éclaire les nations » donnent à
l’Église l’occasion de célébrer une véritable fête de lumière. (Notre fête fut
instituée pour remplacer les Lupercales païennes, fêtes dévergondées qui
consistaient dans des processions nocturnes aux flambeaux, c’est pour cette
raison que le célébrant et ses ministres portent, à la bénédiction des cierges
et à la procession, des ornements violets). L’Église bénit aujourd’hui des
cierges pour son usage liturgique, mais elle met aussi des cierges dans les
mains des fidèles. Ils doivent faire brûler ces cierges chez eux, dans leurs
cérémonies domestiques, au moment de l’orage et du péril, et, spécialement, au
moment du Saint-Viatique et de l’Extrême-Onction. L’Église veut nous faire
souvenir en même temps de notre cierge de Baptême, signe de notre titre
d’enfants de Dieu et du ministère sacerdotal constant des fidèles. Tous les
ans, nous recevons de nouveau le cierge du Baptême, afin que nous puissions
aller en hâte « avec une lampe allumée » au-devant de l’Époux quand il viendra
pour les noces.
Qu’il est beau ce
symbolisme de la lumière ! Nous recevons les cierges des mains de l’Église. (Il
faudrait que les prêtres de paroisse, conformément aux prescriptions
liturgiques, remettent vraiment les cierges aux fidèles). Quel est le sens de
ce rite ? L’Église nous donne sans cesse le Christ et la vie divine. Nous
portons aujourd’hui, en procession, la lumière allumée, c’est le symbole de la
vie chrétienne ; ainsi devons-nous porter le Christ en nous. Avec la lumière
dans nos mains, nous rentrons, après la procession, dans l’église ; c’est la
maison de Dieu, symbole du ciel. Ainsi marchons-nous avec le Christ à travers
la vie en nous dirigeant vers le ciel. Il est particulièrement beau et
significatif de voir les fidèles, pendant le chant de l’Évangile et pendant le
Canon jusqu’à la Communion, tenir leurs cierges allumés à la main. Quel est le
sens de cette cérémonie ? A l’Évangile et au Canon, le Christ est présent parmi
nous. C’est pourquoi, à la grand’messe, on porte à ces deux moments les cierges
et l’encens. Mais aujourd’hui, l’Église nous dit : il faudrait qu’à chaque
messe, vous portiez des cierges à la main ; d’ordinaire, les acolytes vous
remplacent, mais aujourd’hui vous remplirez ce ministère du sacerdoce général.
Ainsi la messe d’aujourd’hui est une véritable messe de « Chandeleur » presque
la seule de l’année. (Aux messes des morts, les fidèles portent souvent aussi
des cierges à la main, mais c’est pour une autre raison).
2. La messe.
a) La bénédiction des
cierges et la procession. La couleur violette et l’Exurge, comme aux Rogations,
nous étonnent un peu. Une fête de lumière et un cortège nuptial avec cette
ombre de tristesse ! Si cette procession fut jadis une protestation contre les
débordements païens, elle est aujourd’hui un acte expiatoire pour ceux aux yeux
de qui n’a pas brillé « la lumière pour la révélation des nations ». Hélas !
Cette révélation est loin d’être complète. Suivons attentivement, pendant la
procession, le magnifique chant nuptial.
b) La messe elle-même
(Suscepimus). Nous nous tenons comme Siméon et nous avons, en esprit, les bras
tendus pour recevoir le Fils de Dieu, c’est l’attitude qui convient pendant
l’avant-messe (Intr. Grad.). Considérons que, dans chaque messe, il y a une
double « Rencontre » : dans l’avant-messe, la parole humaine se rencontre avec
la parole divine et, dans le sacrifice, le Pain terrestre se rencontre avec le
Pain divin. Dans la Leçon, le dernier Prophète, Malachie, prédit que le Messie
paraîtra dans le temple. A l’Évangile, nous assistons à la réalisation de cette
prophétie. D’une manière plus haute, cette prophétie se réalise au
Saint-Sacrifice : le « Souverain, le Messager de l’Alliance » paraît sur
l’autel. Il vient, aujourd’hui encore, comme le « Roi de la nouvelle lumière »,
si brillant qu’aucun regard humain ne peut soutenir son éclat, si ardent qu’il
purifie notre or (Leçon). A l’Offrande, nous nous approchons de l’autel avec
Marie qui offre des tourterelles, mais aussi le Fils de Dieu (cf. le dernier
chant de la procession, au moment de l’entrée dans l’église). A la Communion,
nous sommes semblables au vieillard Siméon qui put contempler l’Oint du
Seigneur, « la lumière » (c’est pourquoi nous portons un cierge allumé à la
main). La maison de Dieu est aujourd’hui le temple de Jérusalem (c’est
pourquoi, dans la messe, il est si souvent question du temple) où le Christ
paraît au Saint-Sacrifice.
3. Pensées de
fête. — Recueillons encore quelques pensées de la fête.
a) Aujourd’hui se
réalisent les prophéties de quelques Prophètes qui avaient annoncé que le
temple de Jérusalem serait illustré par le fait que le Messie y paraîtrait et
s’y manifesterait comme tel. Jésus entre aujourd’hui, pour la première fois,
dans la maison de son Père, comme il l’appelait, dans le temple, il s’y manifestera
encore souvent comme Messie et Fils de Dieu. Cette pensée domine en grande
partie la messe de la fête, elle apparaît dans l’Introït, le Graduel et la
Leçon. Le temple est le type de l’Église.
b) Aujourd’hui le Christ
est offert dans le temple en sacrifice à Dieu le Père. D’après la Loi, tout
premier-né était consacré à Dieu, il devait être présenté au temple et racheté.
Mais, pour Notre Seigneur, la Présentation avait un sens plus profond : Dieu ne
Il libère pas son Fils, la Présentation par les mains de Il Marie est, pour
ainsi dire, l’Offertoire de sa vie. Si nous comparons la vie rédemptrice de
Jésus avec le Sacrifice de la messe, sa Présentation dans le temple est
l’Offertoire, et sa mort sur la Croix la Consécration et l’Élévation sanglante.
Aujourd’hui, le divin Agneau est en quelque sorte placé sur la patène et
présenté à son Père ; dans trente-trois ans, il achèvera son Sacrifice sur la
Croix. Oui, c’était l’Offertoire de toute la Rédemption et la volonté de
sacrifice de tous les fidèles y était unie.
c) Aujourd’hui, la sainte
Vierge offre un sacrifice de Purification. D’après la loi, toute mère devait,
après la naissance d’un enfant, se purifier des souillures lévitiques, car, à
tout enfant, s’appliquait la parole du psaume (psaume 50) : « dans l’injustice
j’ai été conçu, et dans les péchés m’a conçu ma mère. » — A la vérité, Marie
n’était pas tenue à cette prescription, car elle était la plus pure des
vierges, et son enfant, l’Agneau immaculé de Dieu. Néanmoins, avec humilité et
en esprit d’immolation, elle offre le sacrifice des pauvres : un couple de
tourterelles.
En imitation et en
souvenir de la Purification de Marie, il y a, dans l’Église, un bel usage,
malheureusement trop délaissé : dès qu’une mère, après la naissance d’un
enfant, peut quitter la maison, sa première visite est pour l’église. Là, elle
remercie Dieu de son heureuse délivrance, elle offre son cher enfant au
Seigneur et le prêtre la bénit, elle et son enfant. C’est la cérémonie
liturgique des relevailles. Cette cérémonie ne consiste pas, comme dans
l’Ancien Testament, en une purification de la mère, chez les chrétiens, il
n’est pas besoin de purification après la naissance, — mais, dans cette
cérémonie, la jeune mère imite l’acte d’humilité de Marie : elle se tient
auprès de la porte de l’église et est conduite par le prêtre à l’autel.
d) D’une beauté émouvante
est la figure du vieillard Siméon. Dans un ardent désir, il a, toute sa vie,
attendu le Sauveur. Avec sa foi enfantine, dans le pauvre fils d’ouvriers, il
adore le Fils de Dieu ; avec son amour ardent, il sent son cœur rajeuni, quand,
dans ses bras de vieillard, il tient l’Enfant Jésus. Désormais il ne demande
plus rien à la terre, il a vu le Sauveur et, plein de reconnaissance, il chante
la prière du soir de sa vie : « Maintenant, tu laisses partir ton serviteur,
Seigneur... »
De ce beau chant,
l’Église a fait la prière du soir et la prière de remerciement pour les
bénédictions et les grâces du jour de, Rédemption. A Complies, nous trouvons ce
chant à la fin. Nous voyons devant nous le vieillard Siméon, il tient dans ses
bras l’Enfant Jésus et, le cœur rempli de reconnaissance, il achève le service
de Dieu. Quand nous prions, nous sommes dans une situation semblable. Nous
sommes tous, nous aussi, au service de Dieu. Maintenant, aux heures de la
soirée, nous tenons en esprit le Sauveur dans nos bras, le Sauveur que nous
possédons par la foi, par la grâce, par les sacrements ; nous remercions, du
fond du cœur, Dieu de tous ses bienfaits et nous sommes prêts, si telle est sa
volonté, à quitter la terre : Maintenant, laisse partir ton serviteur, les yeux
de ma foi ont vu aujourd’hui et dans ma vie passée le Sauveur Jésus-Christ,
j’appartiens moi aussi à la troupe des élus, il est mon salut, ma lumière qui a
éclairé les ténèbres de mon intelligence et de mon cœur, il est ma gloire, ma
récompense éternelle. Ah si nous pouvions toujours terminer nos journées sur de
telles pensées ! Il n’est pas de pensées plus ferventes pour une prière du
soir. — Et quelle beauté n’a pas cette prière dans la bouche d’un chrétien
mourant, comme prière du soir de sa vie !
SOURCE : http://www.introibo.fr/La-Purification-de-la-Sainte
Duccio di Buoninsegna (1255–1319), Maestà, Altarretabel des Sieneser Doms, Vorderseite, Predella mit Szenen aus der Kindheit Jesu und Propheten, Szene: Präsentation Christi im Tempel, 1308-1311, tempera sur bois, 42,5 x 43, Museo dell'Opera Metropolitana del Duomo, Sienne
Présentation de Jésus au
temple
Les diverses cérémonies
que l'Eglise accomplit au jour de la Présentation du Seigneur au Temple sont
comme un commentaire vivant de l'évangile lu à la messe ; les liturgistes du
Moyen-Age en ont tiré des leçons édifiantes et salutaires. Pour Yves de
Chartres, la cire des cierges signifie et représente la chair virginale de
Jésus qui n'a point altéré, ni par sa conception ni par sa naissance,
l'intégrité de Marie ; la flamme des cierges symbolise le Christ, lumière qui
est venue illuminer nos ténèbres. Durand de Mende dit que « nous portons des
cierges allumés en procession pour faire écho à la parole de Siméon qui salue
en Jésus la lumière du monde, pour signifier l'humanité et la divinité du
Christ, pour proclamer la pureté inaltérable de Marie, pour imiter les vierges
sages qui accompagnent le céleste époux jusqu'au temple de la gloire. »
Invocations au Père des lumières et à Jésus-Christ, lumière du monde, les
prières de la bénédiction des cierges rappellent les touchantes circonstances
des mystères de ce jour. L'usage de ces cierges bénits devra, selon les
intentions de l'Eglise, procurer aux fidèles la santé de l'âme et du corps, les
délivrer des ténèbres de l'erreur et du vice, leur montrer ce qui est agréable
à Dieu et leur mériter l'entrée dans le séjour de l'éternelle lumière.
Bartolo di Fredi (1330–1410), La Présentation de Jésus au Temple,
1388, tempera et or sur panneau de
peuplier, 190 x 125, musée du Louvre
Prière lue par Sainte
Gertrude et adoptée pour le jour de la Purification de Notre Dame
O mon Seigneur
Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, donnez-moi d'aspirer vers vous, de tout mon
cœur, avec les brûlants désirs d'une âme altérée ; donnez-moi de respirer en
vous, ô très suave et très doux ami ; que mon esprit, que tout mon être
haletant soupire après vous, ô seule vraie Béatitude. O Sauveur dont la
clémence est infinie, daignez, par votre Sang précieux, imprimer dans mon cœur
vos plaies sacrées afin qu'en elles je lise à chaque instant, et vos douleurs,
et votre Charité pour moi.
Faites que le souvenir de
vos divines blessures, demeure enseveli toujours au plus intime de mon être
afin d'y exciter une juste compassion à toutes vos souffrances, et d'y allumer
le feu consumant de votre amour. Accordez-moi aussi de connaître le néant de la
créature, diminuez sa valeur devant mes yeux, et soyez, Vous seul, ô Jésus, la
douceur et la joie de mon âme.
Gertrude aimait cette
prière et la récitait tous les jours. Ses demandes agréées du Sauveur : Je
connus d'une manière spirituelle, que vous aviez imprimé sur des places très
réelles de mon cœur les stigmates sacrés de vos plaies adorables ; au moyen de
ces blessures, vous avez guéri les ulcères de mon âme et vous m'avez enivrée
d'un nectar délicieux.
Stefan Lochner (vers 1400/1410–1451), Presentation of Christ in the Temple, vers 1447, musée Calouste-Gulbenkian
Lumière est venue dans le
monde
Allons à la rencontre du
Christ, nous tous qui honorons et vénérons son mystère avec tant de ferveur,
avançons vers lui dans l'enthousiasme. Que tous sans exception participent à
cette rencontre, que tous sans exception y portent leurs lumières. Si nos
cierges procurent un tel éclat, c'est d'abord pour montrer la splendeur divine
de celui qui vient, qui fait resplendir l'univers et l'inonde de lumière éternelle
en repoussant les ténèbres mauvaises ; c'est aussi et surtout pour manifester
avec quelle splendeur de notre âme, nous-mêmes devons aller à la rencontre du
Christ.
De même, en effet, que la
Mère de Dieu, la Vierge très pure, a porté dans ses bras la véritable lumière à
la rencontre de ceux qui gisaient dans les ténèbres ; de même nous, illuminés
par ses rayons et tenant en mains une lumière visible pour tous, hâtons-nous
vers celui qui est vraiment la lumière.
C'est évident : puisque
la lumière est venue dans le monde et l'a illuminé alors qu'il baignait dans
les ténèbres, puisque le Soleil levant qui vient d'en haut nous a visités, ce
mystère est le nôtre. C'est pour cela que nous avançons en tenant des cierges,
que nous accourons en portant des lumières, afin de signifier la lumière qui a
brillé pour nous, mais aussi afin d'évoquer la splendeur que cette lumière nous
donnera. Courons donc ensemble, allons tous à la rencontre de Dieu. Cette
lumière véritable, qui éclaire tout homme venant en ce monde, voici qu'elle
vient. Soyons-en tous illuminés, mes frères, soyons-en tous resplendissants.
Que nul d'entre nous ne
demeure, comme un étranger, à l'écart de cette lumière; que nul, alors qu'il en
est inondé, ne s'obstine à rester plongé dans la nuit. Avançons tous dans la
lumière, tous ensemble, illuminés, marchons à sa rencontre, avec le vieillard
Siméon, accueillons cette lumière glorieuse et éternelle. Avec lui, exultons de
tout notre cœur et chantons un hymne d'action de grâce à Dieu, Père de la lumière,
qui nous a envoyé la clarté véritable pour chasser les ténèbres et nous rendre
resplendissants.
Le salut que Dieu a
préparé à la face de tous les peuples et qu'il a manifesté pour la gloire du
nouvel Israël que nous sommes, voilà que nous l'avons vu à notre tour, grâce au
Christ ; nous avons été aussitôt délivrés de la nuit de l'antique péché, comme
Siméon le fut des liens de la vie présente, en voyant le Christ.
Nous aussi, en embrassant
par la foi le Christ venu de Bethléem à notre rencontre, nous qui venions des
nations païennes, nous sommes devenus le peuple de Dieu, car c'est le Christ
qui est le salut de Dieu le Père. Nous avons vu de nos yeux Dieu qui s'est fait
chair. Maintenant que la présence de Dieu s'est montrée et que nous l'avons
accueillie dans notre âme, nous sommes appelés le nouvel Israël ; et nous
célébrons sa venue par une fête annuelle pour ne jamais risque de l'oublier.
Saint Sophrone de
Jérusalem
Le silence de Marie
C'est le partage de la
Vierge, en ce saint temps d'être en silence. C'est son état, c'est sa voie,
c'est sa vie. Sa vie est une vie de silence qui adore la parole Éternelle. En
voyant devant ses yeux, en son sein, en ses bras cette même Parole, la Parole
substantielle du Père, être muette et réduite au silence par l'état de son
enfance elle rentre en un nouveau silence et y est transformée à l'exemple du
Verbe Incarné qui est son Fils, son Dieu et son unique amour. Et sa vie se
passe ainsi de silence en silence d'adoration en silence de transformation ;
son esprit et ses sens conspirant également à former et perpétrer en elle cette
vie de silence ; et toutefois un sujet si grand, si présent et si propre à elle
serait bien digne de ses paroles et de ses louanges. A qui Dieu appartient-il
de plus près qu'à Marie qui est sa mère, et ce qui ne convient qu'à elle, elle
est sa Mère en la terre sans Père, comme Dieu est son Père au ciel sans Mère ?
Qui a donc plus de droit de parler de lui, qu'elle qui lui tient lieu de père
et de mère tout ensemble, et ne partage avec aucun la substance nouvelle dont
il l'a revêtue ? Qui connaît mieux l'état, les grandeurs, les bassesses de
Jésus que Marie, en laquelle il a reposé neuf mois, et de laquelle il a pris ce
petit corps qui couvre la splendeur de la divinité, comme une nuée légère qui
cache un soleil, et comme un voile délié qui nous cache le vrai sanctuaire ?
Qui parlerait plus dignement, plus hautement, plus divinement de choses si
grandes, si profondes, si divines, que celle qui est la Mère du Verbe Éternel,
et en laquelle et par laquelle ces choses-là même ont été accomplies et qui est
la seule personne que la Trinité a choisie et jointe à soi pour opérer ces
merveilles ? Et toutefois elle est en silence, ravie par le silence de son Fils
Jésus. Et c'est un des effets sacrés et divins du silence de Jésus, de mettre
la très sainte mère de Jésus en une vie de silence ; silence humble, profond et
adorant plus saintement et plus disertement la sapience incarnée, que les
paroles ni des hommes ni des anges. Ce silence de la Vierge n'est pas un
silence de bégaiement et d'impuissance, c'est un silence de ravissement, c'est
un silence plus éloquent dans les louanges de Jésus que l'éloquence même. C'est
un effet puissant et divin dans l'ordre de la grâce, c'est-à-dire un silence
opéré par un silence de Jésus, qui imprime ce divin effet en sa mère, et qui la
tire à soi dans son propre silence, et qui absorbe en sa divinité toute parole
et pensée de sa créature. Aussi est-ce une merveille de voir qu'en cet état de
silence et d'enfance de Jésus tout le monde parle, et Marie ne parle point, le
silence de Jésus ayant plus de puissance de la tenir en un sacré silence que
les paroles ni des anges ni des saints n'ont de force à la mettre en propos et
la faire parler de choses si dignes de louanges et que le ciel et la terre
unanimement célèbrent et adorent. Les anges en parlent et entre eux-mêmes et
aux pasteurs, et Marie est en silence. Les pasteurs courent et parlent, et
Marie est en silence. Les rois arrivent, parlent et font parler toute la ville,
tout l'Etat et tout le sacré synode de Judée, et Marie est en retraite et en
silence. Tout l'Etat est ému et chacun s'étonne et parle du nouveau roi
recherché par les rois, et Marie est en son repos et sacré silence. Siméon
parle au Temple et Anne la Prophétesse, et tous ceux qui attendent le salut
d'Israël, et Marie offre, donne, reçoit et rapporte son Fils en silence, tant
le silence de Jésus a de puissance et d'impression secrète sur l'esprit et le
coeur de la Vierge, et la tient puissamment et divinement occupée et ravie en
silence. Car aussi durant tout le temps de son enfance, nous n'avons que ces
paroles qui nous soient rapportées de la conduite de la Vierge et de sa piété
au regard de son Fils, et des choses qui sont dites de lui et accomplies par en
lui : « Maria autem conservabat omnia verba haec conferens in corde suo. »
Le cardinal Pierre de
Bérulle - Opuscules de piété
Beato
Fra Angelico (vers 1395–1455) ,
Annunciazione di San Giovanni Valdarno, 1432 ca., predella 04 Presentazione di Gesù al Tempio, Centro Storico di San Giovanni Valdarno
Le vieillard Siméon et la
prophétesse Anne
N'admirez-vous pas que
tous ceux qui paraissent dans notre Evangile nous y sont représentés par le
Saint-Esprit dans un état d'immolation ? Siméon, ce vénérable vieillard, désire
être déchargé de ce corps mortel ; Anne, victime de la pénitence, paraît toute
exténuée par ses abstinences et par ses veilles ; mais surtout la bienheureuse
Marie, apprenant du bon Siméon qu'un glaive tranchant percera son âme, ne
semble-t-elle pas être sous le couteau du sacrificateur ? Et, comme elle se
soumet en tout aux ordres et aux lois de Dieu avec une obéissance profonde,
n'entre-t-elle pas aussi dans la véritable disposition d'une victime immolée ?
Quelle est la cause que tant de personnes concourent à se dévouer à Dieu, comme
des hosties, si ce n'est que son Fils unique, pontife et hostie tout ensemble
de la nouvelle alliance, commençant en cette journée à s'offrir lui-même à son
Père, attire tous ses fidèles à son sentiment et répand, si je puis parler de
la sorte, cet esprit d'immolation sur tous ceux qui ont part à ce mystère ?
C'est donc l'esprit de ce
mystère de faire entendre aux fidèles qu'ils doivent se sacrifier avec
Jésus-Christ.
Mais il faut aussi qu'ils
apprennent par quel genre de sacrifice ils pourront se rendre agréables.
C'est pourquoi Dieu agit
de telle manière dans ces trois personnes sacrées qui paraissent aujourd'hui
dans le Temple avec le Sauveur, que faisant toutes, pour ainsi dire, leur
oblation à part, nous pouvons recevoir de chacune d'elles une leçon
particulière : Siméon, détaché du siècle, immole l'amour de la vie ; Anne,
pénitente et mortifiée, détruit devant Dieu le repos des sens ; Marie, soumise
et obéissante, sacrifie la liberté de l'esprit. Par où nous devons apprendre à
nous immoler avec Jésus-Christ par trois genres de sacrifices : par un
sacrifice de détachement en méprisant notre vie ; par un sacrifice de pénitence
en mortifiant nos appétits sensuels ; par un sacrifice de soumission en
captivant notre volonté.
Bossuet - Premier
sermon pour la purification
Fra
Angelico (vers 1395–1455), La Présentation au Temple, fresque, tempera et plâtre, circa
1439, 183 x 116, musée national San Marco (Fresques de
Fra Angelico au couvent de San Marco)
Syméon, le dernier et le
premier des justes
« Les justes vivent pour
toujours ; leur récompense est dans le Seigneur et le Très-Haut prend soin
d'eux » (Sagesse V 15 ). Le temps me manque pour pouvoir rappeler les vertus de
tous les saints. Je traiterai donc du dernier des justes de l'Ancien Testament.
Et qui est-il ? Syméon, dont l'évangile de saint Luc nous rapporte le nom. Il
est à la fois le premier et le dernier. Le dernier à avoir vécu sous le régime
de la Loi, le premier sous celui de la grâce. Juif soumis aux observances, il
était chrétien par son action de grâce. Sa formation en avait fait un légiste,
sa connaissance de Dieu en fit son messager.
Syméon, dont l'histoire
nous a été lue récemment, avait été retiré de l'impiété pharisaïque, comme une
rose cueillie parmi les épines. Pour avoir été favorisé du don de la grâce, il
avait acquis la réputation d'être le premier. Syméon était parvenu à un si haut
degré de justice que pendant sa vie corporelle, Dieu lui fit cette révélation :
« Il n'achèverait pas cette vie temporelle avant d'avoir serré dans ses bras de
chair la Vie éternelle, Jésus Christ notre Seigneur ».
Le juste Syméon, qui dès
avant l'Incarnation aspirait à voir le Seigneur, l'a donc vu dans son
Incarnation, il l'a reconnu et l'a pris dans ses bras. Et il a supplié le
Maître de l'univers, devenu enfant en la condition de serviteur, d'être délivré
de la prison de son corps, en disant à haute voix ces paroles que tu as
entendues récemment : « Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur
s'en aller dans la paix, selon ta parole, car mes yeux ont vu ton salut ». Je
l'ai vu, laissez-moi m'en aller, ne me gardez pas ici ; permettez-moi de m'en
aller dans la paix, ne me laissez pas dans la tristesse. Je l'ai vu,
permettez-moi de partir. J'ai vu votre gloire, les anges danser, les archanges
vous glorifier, la création exulter. J'ai vu le passage unique reliant le ciel
à la terre. Maintenant, permettez-moi de m'en aller, ne me gardez pas ici.
Ne me laissez pas voir
l'insolence de mes compagnons juifs envers vous, la couronne d'épines que l'on
tresse, l'esclave qui vous gifle, la lance qui s'approche de vous. Ne me
laissez pas voir le soleil s'obscurcir, la lune décroître, les éléments
s'altérer. Ne me laissez pas vous voir brisé sur la croix. Ne me laissez pas
voir les rochers se fendre, le voile du Temple se déchirer. Car les éléments
mêmes ne seront pas capables de supporter ce défi et ils prendront part aux
souffrances du Seigneur.
Timothée de Jérusalem
- « Discours sur Syméon »
SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/02/02.php
Simon
Vouet, La Présentation de Jésus au Temple,
circa 1640-1641, 393 x 250,
musée du Louvre.
[VIDÉO] Les détails édifiants de la
Présentation au Temple de Simon Vouet
Mélina
de Courcy - Anthony
Cormy - publié le 01/02/24
La Présentation de Jésus
au Temple est un moment important qui instaure Jésus comme étant pleinement
homme car il suit la Tradition concernant les nouveau-nés d'Israël. Mélina de
Courcy décrypte ici le tableau de Simon Vouet, qui montre à quel point ce
moment est fondamental.
Il est la lumière pour
éclairer les nations!
Simon Vouet peint cette «
Présentation de Jésus au
Temple » en 1640, aujourd’hui conservée au Louvre. En effet, dans le monde
juif, tout premier-né masculin est consacré au Seigneur, au temple de
Jérusalem.
Simon Vouet nous donne 4 indices pour comprendre la scène.
Regardez bien!
-Premièrement, tout juste
rentré d’Italie, il représente le Temple avec une colonnade semblable à celles
vues à Rome. Elles expriment la solidité de l’Église catholique.
-deuxièmement, en haut de
quelques marches, Marie et Joseph, qui porte des colombes pour l’offrande,
présentent l’enfant à Siméon. Ce vieillard reconnaît Dieu en ce petit enfant
pas comme les autres. Il est la lumière du monde. Depuis, les chrétiens font
des processions aux chandelles le 2 février, ce qui a donné la fête de la
chandeleur.
-Troisièmement, la
colonnade du temple semble faire une rotation vers la gauche pour laisser voir
un deuxième décor, derrière : c’est l’avènement du nouveau règne de Dieu sur la
terre, apporté par le Christ.
-Quatrièmement, les anges
dans la coupole attestent que nous sommes bien en présence de Dieu, raison pour
laquelle la lumière baigne la scène d’une teinte dorée.
En ce jour de la chandeleur, demandons à cette lumière de nous éclairer, et de
chasser nos ténèbres intérieurs, car Dieu est présent au milieu de nous!
Lire aussi :[VIDÉO]
Quand le Caravage fait chuter saint Paul
Lire aussi :[VIDÉO]
Les mages de Botticelli adorent l’Enfant Jésus !
Ambrogio Borgognone (1453–), La Présentation de Jésus au Temple, circa 1490, huile sur toile , 89 x 76, musée du Louvre
PURIFICATION DE LA
BIENHEUREUSE VIERGE MARIE.
La Purification de la
Vierge Marie eut lieu quarante jours après la Nativité du Seigneur. Cette fêté
a été nommée ordinairement de trois manières, la Purification, Hypopante ou
rencontre, et la Chandeleur. On la nomme Purification parce que, quarante jours
après la naissance du Seigneur, la Vierge vint au Temple se purifier, selon la
coutume introduite par la loi, quoique cette loi ne l’obligeât point. En effet
au Lévitique (XII), la loi ordonnait que là femme qui, ayant usé du mariage,
enfanterait un fils, serait impure pendant sept jours, impure au point de
s'abstenir de toute espèce de commerce avec les hommes, et de l’entrée du
temple:
Mais après les sept
jours; elle redevenait pure ; en sorte qu'elle pouvait se trouver avec les
hommes mais elle avait encore trente trois jours a passer avant de pouvoir
entrer' dans le temple à raison de son impureté. Enfin après quarante jours,
elle entrait dans le temple et offrait son enfant avec des présents. Que si
elle avait enfanté une femme, les jours étaient doublés pour ses rapports avec
les hommes et pour l’entrée du temple. Pourquoi donc le Seigneur a-t-il ordonné
que, au 40e jour, l’enfant fût offert dans le temple ? on peut en donner trois
raisons. La première afin que l’on, comprenne par là que comme l’enfant est
introduit au 40e jour dans le temple matériel, de même 40 jours après sa
conception, pour le plus souvent, son âme est infuse dans le corps comme dans
son temple. Ceci est rapporté dans l’Histoire scholastique (ch. XVIII. C'est
l’œuvre de Pierre Comestor, auteur du XIIe siècle, qui eut une vogue immense a
peu près égale à celle de la Légende dorée), quoique les physiciens (médecins)
disent que le corps est perfectionné en 46 jours. La seconde, que comme l’âme
infuse au 40e jour dans le corps, est souillée par le corps lui-même, de même
au 40e jour, en entrant dans le temple, l’âme est désormais lavée de cette
tache par les offrandes. La troisième, pour donner à comprendre que; ceux-là
mériteront d'entrer dans le temple céleste qui auront voulu observer les dix
commandements avec la, foi aux quatre Évangiles. Pour celle qui enfantait une
femme, ces jours sont doubles, quant à l’entrée dans le temple, comme ils sont
doublés pour la formation de son corps : car ainsi que le corps d'un homme est
organisé et rendu parfait en 40 jours. et que pour le plus souvent, l’âme est
infuse au 40e jour, ainsi le corps d'une femme est achevé en 80 jours et au 80e
jour, pour le plus souvent, l’âme anime son corps. Pourquoi donc le corps d'une
femme met-il plus de temps à se parfaire et l’âme à l’animer que le corps d'un
homme ? Sans parler des raisons prises de la nature, on peut en assigner trois
autres. La première, c'est que J.-C.; devant prendre chair dans le sexe viril,
afin d'honorer, ce sexe et lui octroyer une plus grande grâce, il voulut que
l’enfant fût formé plus tôt et que la femme fût purifiée plus vite. La seconde,
que la femme ayant plus péché que l’homme, ses infirmités fussent doubles des
infirmités de l’homme extérieurement en ce mondé, de même alors, elles ont dû
être doublées intérieurement dans le sein. La troisième, pour donner à
comprendre par là que la femme a été d'une certaine manière plus à charge à
Dieu que l’homme, puisqu'elle a failli davantage. En effet Dieu est en quelque
sorte fatigué par nos actions mauvaises, ce qui lui fait dire dans Isaïe
(XLIII) : «Vous m’avez rendu comme votre esclave par vos péchés. » Et ailleurs
il dit encore par Jérémie (VI) : « J'ai travaillé avec grand effort. » La
bienheureuse Vierge n'était donc pas tenue à cette loi de la purification,
puisqu'elle n'a pas conçu en usant du mariage, mais par un souffle mystique.
Aussi Moïse a ajouté : « en usant du mariage, » ce qui n'était pas nécessaire
par rapport aux autres femmes qui conçoivent toutes , de cette manière, mais
Moïse a ajouté ces mots, dit saint Bernard, parce qu'il venait de faire injure
à la mère du Seigneur. Cependant elle voulut se soumettre à la loi pour quatre
raisons. La première, pour donner l’exemple de l’humilité. Ce qui fait dire à
saint Bernard : «O Vierge vraiment bienheureuse, vous n'aviez aucun motif ni
aucun besoin de vous purifier ; mais est-ce que votre Fils avait besoin de la
circoncision? Soyez au milieu des femmes comme l’une d'elles, car vôtre fils
aussi se rend semblable aux autres enfants. » Or, cette humilité ne vint pas
seulement de la mère, mais encore du Fils, qui voulut ici, comme elle, se
soumettre à la loi. En effet, dans sa naissance, il se posa en homme pauvre,
dans sa circoncision en homme pauvre et pécheur, mais aujourd'hui il se traite
en homme pauvre, et pécheur et esclave; en pauvre, puisqu'il choisit l’offrande
des pauvres; en pécheur, puisqu'il veut être purifié avec sa mère; en esclave,
puisqu'il a voulu être racheté, et même peu après il voulut être baptisé, non
pour effacer en sondes fautes, mais pour offrir au monde l’exemple de la plus
grande humilité, et pour donner des preuves que ces remèdes ont été bons au
temps où on les employait.. Car cinq remèdes furent institués, dans une
certaine succession de temps, contre le péché originel. Trois d'entre eux,
selon Hugues de Saint-Victor, ont été institués sous la' loi ancienne les
oblations, les dîmes et les immolations des sacrifices, qui signifiaient
merveilleusement l’œuvre de notre rédemption. Car le mode de rachat était
exprimé par l’oblation; le prix lui-même de l’oblation, par le sacrifice, où il
y avait effusion de sang; celui-là même, qui était racheté, par la dîme, parce
que l’homme est figuré par la dixième dragme : Le premier remède fut l’offrande
: ainsi l’on voit Caïn offrir à Dieu des présents de ses fruits, et Abel, de
ses troupeaux. Le second fut la dîme, comme dans Abraham qui offre la dîme au
prêtre. Melchisédech : car selon saint Augustin, on dîmait sur tout ce dont on
prenait soin. Le troisième fut l’immolation des sacrifices : car, d'après saint
Grégoire, les sacrifices étaient établis contre le péché originel. Mais parce
qu'il était de rigueur, eût au moins l’un ou l’autre des parents eût la foi et
qu'il pouvait se faire quelquefois que tous les deux fussent infidèles, alors
vint le quatrième remède, savoir : la circoncision qui avait sa valeur, soit que
les parents fussent fidèles, soit qu'ils ne le fussent point. Mais ce remède ne
pouvant convenir seulement qu'aux mâles, et ne pouvant pas ouvrir les portes du
paradis, alors à la circoncision succéda comme cinquième remède le baptême qui
est commun à tous et qui ouvre la porte du ciel. J.-C. donc paraît avoir reçu,
en quelque manière, le premier remède quand il fut offert dans le temple par
ses parents; le second, quand il jeûna 40 jours et 40 nuits, parce que n'ayant
point de biens avec quoi il pût payer la dîme, il offrit du moins à Dieu la
dîme de ses jours. J.-C., s'est appliqué le troisième remède, quand sa mère
offrit pour lui une paire de tourterelles, ou deux petits de colombes pour en
faire un sacrifice, ou bien encore, quand il s'offrit lui-même en sacrifice sur
la croix. Le quatrième, quand il se laissa circoncire, et le cinquième en
recevant le baptême de saint Jean. — La seconde raison était d'accomplir la
loi. Le Seigneur en effet n'était pas venu pour détruire la loi mais pour
l’accomplir : car si en cela il se fût exempté de la loi, les Juifs auraient pu
apporter cette excuse : « Nous ne recevons pas votre doctrine puisque vous
n'êtes pas semblable à nos pères et que vous n'observez pas les traditions de
la loi. » Mais aujourd'hui J.-C. et la Vierge se soumettent à une triple loi :
1° à la loi de la purification comme des modèles de vertu, afin que nous,
disions, après, avoir fait le bien, en tout, que nous sommes dès serviteurs
inutiles ; 2° à la loi de la rédemption, pour donner un exemple d'humilité ; 3°
à la loi de l’offrande, pour servir de modèle de pauvreté. — La troisième
raison est pour mettre fin à la loi de la purification ; car comme au premier
rayon de la lumière, les ténèbres disparaissent et que, au lever du soleil,
l’ombre s'enfuit; de même, après la véritable purification, a cessé la
purification figurative. Or, ici a en lieu la véritable purification dans J.-C.
qui est réellement appelé la purification par excellence, puisqu'il nous
purifie par la foi, selon qu'il est dit (Act., XV) : « Dieu purifie nos coeurs
par la foi. » De là encore il sait que désormais les pères ne sont pas tenus à
l’accomplissement de cette loi, ni les mères à la purification ou à l’entrée du
temple, ni les enfants à ce rachat. — La quatrième raison, c'est pour nous
apprendre à nous purifier. Selon le droit, il y a cinq manières de se purger
dès l’enfance, quoiqu'il n'y en ait que trois de prescrites; et nous devons les
employer savoir, par le jurement, qui marque le renoncement au péché; par l’eau
qui indique l’ablution baptismale; par le feu, qui désigne l’infusion de la'
grâce spirituelle; parles témoins, qui montrent la multitude des bonnes
oeuvres; parla guerre, qui signifie la tentation. Or, la sainte Vierge, en
venant au temple a offert son fils et l’a racheté avec cinq sicles. Il faut
aussi remarquer que certains premiers-nés étaient rachetés comme les
premiers-nés des onze tribus moyennant cinq sicles; quelques autres ne
pouvaient être rachetés, par exemple, les premiers-nés des lévites, qui jamais
n'étaient rachetables;- mais, parvenus à l’âge des adultes; ils servaient
constamment le Seigneur dans le temple; de même encore les premiers-nés des
animaux purs ils pouvaient être rachetés; mais ils étaient offerts au Seigneur.
Quelques autres devaient être échangés, comme le premier-né de l’âne qui était
remplacé par une brebis; d'autres étaient tués, par exemple, le premier-né du
chien. Or, puisque J.-C. était de la tribu de Juda, l’une des douze, il est
clair qu'il a dû être racheté. « Et ils offrirent pour lui au Seigneur une
paire de tourterelles ou deux petits de colombes. » C'était l’offrande des
pauvres, tandis que l’agneau était celle des riches. L'Écriture ne dit pas des
petits de tourterelles, mais des petits de colombes, parce qu'on trouve toujours
des petits de colombes, mais qu'on ne trouve pas toujours des petits de
tourterelles, bien que l’on trouve toujours des tourterelles ; on ne dit pas
non plus une paire de colombes, comme on dit une paire de tourterelles, parce
que la colombe est un oiseau voluptueux, et pour cela Dieu n'a pas voulu qu'il
lui en fût offert en sacrifice, mais la tourterelle est un oiseau pudique. —
Cependant la Sainte Vierge Marie n'avait-elle pas, peu auparavant, reçu des
mages une grosse somme d'or ? il est évident donc qu'elle a bien pu acheter un
agneau. A cela on répond, qu'il n'est pas douteux, comme le dit saint Bernard,
que les mages aient offert une grosse somme d'or, parce qu'il n'est pas
vraisemblable, que des rois de cette importance aient offert à un tel Enfant de
maigres présents; toutefois, d'après une opinion, elle ne garda pas cet or pour
soi, mais elle le distribua de suite aux pauvres, ou bien peut-être, elle le
garda pour pourvoir aux frais de son voyage de sept ans en Égypte ; ou encore,
les mages n'offrirent pas une grande quantité d'or, car leur offrande avait une
signification mystique. — On distingue trois offrandes touchant le Seigneur :
La première quand ses parents l’offrirent; la seconde quand on offrit pour lui
des oiseaux; il fit lui-même la troisième pour les hommes sur la croix. La
première montre son humilité, puisque le maître de la loi se soumet à la foi;
la seconde, sa pauvreté, puisqu'il a choisi l’offrande des pauvres ; la
troisième, sa charité, puisqu'il s'est livré pour les pécheurs. Voici les
propriétés de la tourterelle : son vol est élevé ; ses chants sont dés
gémissements; elle annonce le printemps; elle vit chastement; elle reste
isolée; la nuit elle réchauffe ses petits elle s'éloigne des cadavres. Voici
les propriétés de la colombe :
Elle ramasse le grain ;
elle vole en troupe ; elle évite les cadavres ; elle n'a pas de fiel ; elle
gémit elle caresse son compagnon de ses baisers ; la pierre lui fournit un nid;
elle fuit son ennemi qu'elle a vu sur le fleuve ; elle ne blesse pas avec son
bec; elle nourrit ses deux petits avec soin.
Secondement; cette fête a
reçu le nom d'Hypapante, ce qui est la même chose que Présentation, parce que
J.-C. a été présenté au temple: Hypapante veut encore dire rencontre (De hypa,
qui veut dire aller, et anti, contre)*, parce que Siméon et Anne se
rencontrèrent avec le Seigneur, qu'on offrait dans le temple. Alors donc Siméon
le prit dans ses bras. Notons ici trois sortes d'ombres, trois anéantissements
de notre Sauveur: 1° l’anéantissement de la vérité : car celui qui est. la
vérité, par laquelle l’homme est conduit, qui est aussi la voie, laquelle
conduit l’homme à Dieu qui est la vie, a permis que d'autres, le conduisissent
aujourd'hui : « Alors, dit-il, qu'ils introduisaient Jésus enfant. » 2° L'anéantissement
de la bonté, puisque lui qui est le seul bon, le seul saint, a voulu être
purifié avec sa mère, comme un homme immonde. 3° C'est l’anéantissement de sa
majesté, puisque celui qui porte tout par la parole de sa force; s'est laissé
prendre et porter entre lés bras d'un vieillard, qui cependant portait celui
qui le portait lui-même;, d'après cette parole de la liturgie : « Le vieillard
portait l’enfant, mais l’enfant dirigeait le vieillard. » Alors Siméon le bénit
en disant : « Vous laisserez maintenant, Seigneur, aller votre serviteur en
paix, etc. » Et Siméon lui donne trois noms, savoir : le salut, la lumière et
la gloire du peuple d'Israël. On peut entendre ces trois noms de quatre
manières : 1° comme notre justification; et il est appelé sauveur, en remettant
la faute, parce que Jésus veut dire sauveur, par cela qu'il sauvera le peuple
de ses péchés; lumière, en donnant sa grâce.; gloire, il la donne à son peuple;
2° comme notre régénération, car 1° l’enfant est exorcisé et baptisé, et il est
ainsi purifié du péché; 2° on lui donne un cierge allumé ; 3° il est présenté à
l’autel; 4° la procession qui se fait en ce jour, car 1° les cierges sont
bénits et exorcisés ; 2° ils sont allumés et distribués entre lés mains des
fidèles; 3° on entre à l’église, en chantant, des cantiques ; 4° à cause du
triple nom de la fête : on 1'appelle.Purifrcation, et c'est parce que la faute
est purifiée, que Siméon appelle Jésus le salut. On l’appelle chandeleur, pour
l’illumination de la grâce ; de là le nom de lumière. On l’appelle Hypapante,
pour la collation de la gloire: de là le nom de gloire du peuple d'Israël. «
Alors en effet nous viendrons au-devant de J.-C. dans les airs » (saint Paul).
On petit dire encore que par ce cantique de Siméon, J.-C. est loué comme paix,
comme salut, comme lumière, comme gloire. Comme paix, car il est médiateur;
comme salut, car il est rédempteur; comme lumière, car il est docteur; comme
gloire, car il est récompense.
Troisièmement cette fête
a reçu le nom de Chandeleur, parce qu'on porte à la main des chandelles
allumées. Pourquoi l’Église a-t-elle établi qu'on porterait à la main des
chandelles allumées ? On en peut assigner quatre raisons : 1° pour détruire une
coutume mauvaise. En effet, autrefois, aux calendes de février, en l’honneur de
Februa, mère de Mars; dieu de la guerre, les Romains illuminaient la ville de
cinq en cinq ans avec des cierges et des flambeaux pendant toute la nuit, afin
que Mars leur accordât la victoire sur leurs ennemis, en raison des honneurs
qu'ils rendaient à sa mère ; et cet espace de temps était un lustre. Au mois de
février encore les Romains offraient des sacrifices à Febvrius c'est-à-dire à
Pluton et aux autres dieux infernaux, pour les âmes de leurs ancêtres : afin
donc qu'ils eussent pitié d'eux, ils leur offraient des victimes solennelles,
et toute la nuit ils veillaient en chantant leurs louanges et tenaient des
cierges et des torches allumées. Le pape Innocent dit encore que les femmes
romaines célébraient en ce jour la fête des lumières, dont l’origine est tirée
des fables des poètes. Ceux-ci rapportent que Proserpine était si belle que
Pluton, dieu des enfers, en devint épris, qu'il l’enleva et en fit une déesse.
Ses parents la cherchèrent longtemps dans les forêts, et les bois avec des torches
et des flambeaux, et c'est ce souvenir que rappelaient les femmes de Rome. Or,
parce qu'il est difficile d'abandonner une coutume, les chrétiens nouvellement
convertis a la foi ne savaient pas s'y résoudre alors le pape Sergius lui donna
un but meilleur, en ordonnant aux chrétiens de célébrer, chaque année, à pareil
jour, par tout, l’univers, une fête en l’honneur de la sainte Mère du Seigneur,
avec cierges allumes et chandelles bénites. De cette manière la solennité
restait, mais la fin était toute autre. 2° Pour montrer la pureté de la Vierge.
En entendant que la Vierge s'était purifiée, quelques personnes pourraient
penser qu'elle avait besoin de purification : afin donc de montrer que toute sa
personne fut très pure et toute brillante, l’Église nous a ordonné de porter
des flambeaux allumés, comme si. par le fait elle disait : « O bienheureuse
Vierge, vous n'avez pas besoin de purification, mais vous êtes toute brillante,
toute resplendissante. » De vrai, elle n'avait pas besoin de purification, elle
qui avait conçu, sans user du mariage, elle qui avait été purifiée d'une
manière très parfaite, et qui avait été sanctifiée dans le sein de sa mère. Or,
elle avait tellement été glorifiée et purifiée dans le sein de sa mère et dans
la venue du Saint-Esprit que, nom seulement il ne resta en elle aucune
inclination au péché; mais l’effet de sa sainteté se communiquait et
s'épanchait dans les autres, en sorte qu'elle éteignait tous les mouvements de
charnelle concupiscence en tous. Ce qui fait dire aux Juifs que quoique Marie
ait été d'une extrême beauté, elle ne put cependant jamais être convoitée par
personne; et la raison en est que la vertu de sa chasteté pénétrait tous ceux
qui la regardaient et écartait d'eux toute concupiscence. Ce qui l’a fait
comparer au cidre dont l’odeur fait mourir les serpents ; sa sainteté projetait
comme des rayons sur les autres, de manière à étouffer tous les mouvements qui
se glissaient en la chair. On la compare encore à la myrrhe; car de même que la
myrrhe fait périr les vers, de même aussi sa sainteté détruisait toute
concupiscence charnelle ; et elle jouit de cette prérogative dans un degré plus
éminent que ceux qui ont été sanctifiés dès le sein de leur mère, ou qui sont
restés vierges; dont la sainteté et la chasteté ne se transmettaient pas aux
autres, ni n'éteignait en eux les mouvements de la chair, tandis que la force
de la chasteté de la Vierge pénétrait jusqu'au fond même du coeur des
impudiques et qu'elle les rendait tout aussitôt chastes à son égard. 3° A cause
de la procession qui eut lieu à pareil jour : car Marie, Joseph, Siméon et Anne
firent aujourd'hui une procession digne d'honneur, et présentèrent l’enfant
Jésus au temple. De même encore, nous faisons la procession et portons à la
main un cierge allumé, figure de Jésus-Christ, et nous le tenons jusque dans
les églises. Il y a trois choses dans le cierge, savoir, la cire, la mèche et
le feu, qui sont la figure des trois substances qui existèrent en J.-C. : la
cire est la figure de sa chair qui est née de la Vierge Marie sans la
corruption de la chair, comme les abeilles composent la cire sans mélange ; la
mèche cachée dans le cierge est la figure de son âme très candide cachée dans
sa chair; et le feu ou la lumière est la figure de la divinité, parce que notre
Dieu est un feu qui consume. Ce qui a fait dire à un poète : « Cette chandelle,
je la porte en l’honneur de la pieuse Marie. Par la cire voyez une chair
véritable née d'une Vierge ; par la lumière, la divinité et l’excellence de la
majesté ; la mèche, c'est somme infiniment riche se cachant dans la chair. » 4°
Pour notre instruction. Tout nous instruit : que si nous voulons être purs et
nets, nous devons avoir en nous trois dispositions, savoir : une foi véritable,
une conduite sainte, et une intention droite. La chandelle allumée à la main,
c'est la foi avec les bonnes œuvres; et de même que la chandelle sans lumière
est réputée morte, et que la lumière par elle-même ne brille pas sans
chandelle, mais paraît être morte, de même les œuvres sans la foi et la foi
sans les bonnes œuvres sont appelées mortes. Quant à la mèche enfermée dans la
cire, c'est l’intention droite; ce qui fait dire à saint Grégoire : « L'action
se fait devant le public, mais l’intention reste cachée dans le secret. »
Une noble dame avait une
très' grande dévotion envers la sainte Vierge. Ayant fait construire une
chapelle auprès de sa maison, elle y entretenait un chapelain, et voulait
entendre chaque jour une messe de la Bienheureuse Vierge. Alors que la fête de
la Purification de la Sainte Vierge était proche, le prêtre fit un voyage au
loin pour une affaire particulière, et la dame ne put avoir une messe ce
jour-là; ou bien, comme on le lit autre part, elle avait donné tout ce qu'elle
avait jusqu'à ses vêtements pour l’amour de la Vierge; or, comme elle avait
donné sa robe et qu'elle ne pouvait aller à l’église il lui fallait rester sans
messe en ce jour. Sous l’impression d'une vive douleur elle entra dans son
oratoire ou sa chambre et se prosterna devant un autel de la Sainte Vierge. Tout
à coup elle fut transportée hors d'elle-même, et il lui semblait être dans une
église magnifique et toute resplendissante ; alors elle vit, entrer une foule
extraordinaire de vierges, que, précédait une Vierge d'une admirable beauté,
dont la tête était couronnée d'un diadème. Après que toutes se furent assises,
voici venir une autre foule de jeunes gens qui prirent place chacun selon son
rang. Alors quelqu'un qui portait une grande quantité de cierges, en donna
d'abord un à la vierge qui avait le pas sur les autres; il en distribua ensuite
aux autres vierges ut aux jeunes gens, enfin il vint auprès de la dame et lui
offrit un cierge qu'elle accepta volontiers. Elle tourna alors les yeux vers le
chœur et vit deux céroféraires, un sous-diacre, un diacre et un prêtre revêtus
de leurs ornements sacrés s'avancer vers l’autel comme pour célébrer une messe
solennelle. Il lui semblait que les acolytes étaient saint Vincent et saint
Laurent; que le diacre. et le sous-diacre étaient deux anges; quant au prêtre,
c'était J.-C. Après la confession, deux jeunes gens d'une rare beauté allèrent
au milieu du chœur, commencèrent à haute voix et fort dévotement l’office de
la, messe, que poursuivirent ceux qui étaient dans le tuteur. Quand on fut à
l’offrande, la reine dés Vierges et toutes les vierges avec ceux qui étaient
dans le chœur, vinrent offrir, comme de coutume, leurs cierges au prêtre en
fléchissant les genoux. Or, comme le prêtre attendait que la dame vînt lui
offrir son cierge, et que celle-ci ne le voulait pas faire, la reine des
vierges lui envoya dire par un exprès qu'elle manquait de savoir-vivre, en
faisant attendre le prêtre si longtemps. Elle répondit que le prêtre continuât
sa messe parce qu'elle -ne lui offrirait pas son cierge. Alors la reine lui
envoya encore un autre exprès à qui la dame répondit qu'elle ne donnerait à
personne. le cierge qu'elle avait reçu, mais qu'elle le garderait par dévotion.
Toutefois la reine des vierges donna cet ordre à l’exprès: « Allez la prier de
nouveau d'offrir son cierge, sinon vous le lui enlèverez par force, de ses
mains. » Le messager étant venu et la dame refusant d'accéder à sa prière, il
dit qu'il avait ordre de le lui arracher de force. Alors il saisit le cierge
avec une grande violence et s'efforça de l’enlever. La dame le tenait plus
fortement. encore et se défendait comme un homme. Le débat traînait en
longueur, le cierge était tiré avec force deçà, de-là, quand tout à coup le
cierge se cassa, une moitié restant entre les mains du messager, l’autre moitié
danses mains de la dame. Au moment où le cierge se brisa avec bruit, elle
revint tout aussitôt à elle et se trouva devant l’autel, où elle s'était
placée, avec le cierge brisé à la main. Elle en fut dans l’admiration et rendit
d'immenses actions de grâces à la Sainte Vierge qui n'avait pas permis qu'elle
restât sans messe en ce jour, mais qui l’avait fait assister à un tel office.
Elle eut grand soin de son cierge et le garda comme les plus précieuses
reliques. On dit que tous ceux qui en étaient touchés étaient aussitôt guéris
des infirmités qui ses tourmentaient. — Une autre dame enceinte vit en songe
qu'elle portait un étendard teint de couleur sanguine. En s'éveillant elle
perdit de suite les sens : le démon se jouait tellement d'elle qu'il lui
semblait qu'elle portait entre ses mamelles la foi chrétienne à laquelle elle
avait été jusque-là fort attachée, et qu'elle la perdait à chaque instant. Rien
ne la pouvant guérir, elle passa dans une église de la Sainte Vierge la nuit de
la Purification et fut guérie parfaitement.
La Légende dorée de
Jacques de Voragine nouvellement traduite en français avec introduction,
notices, notes et recherches sur les sources par l'abbé J.-B. M. Roze, chanoine
honoraire de la Cathédrale d'Amiens, Édouard Rouveyre, éditeur, 76, rue de Seine,
76, Paris mdccccii
SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome01/039.htm
Rembrandt (1606–1669),
Simeon und Hanna im Tempel, huile sur chêne, 1627,
56 x 44, Kunsthalle de Hambourg
SIMÉON ET ANNE LA
PROPHÉTESSE.
L’Écriture dit brièvement
les choses. Quand elle veut confier le nom d’un homme à l’admiration des
siècles, il lui arrive de dire que cet homme est juste et craignant Dieu.
Joseph était juste. Siméon était juste.
Et, comme il était juste,
il attendait la consolation d’Israël. Et le Saint-Esprit était en lui.
Et il avait reçu la
promesse de ne pas mourir avant d’avoir vu le Christ du Seigneur.
Et il attendait.
Il attendait ! Quel mot !
quelle attente que cette attente qui fut sa vie, sa fonction, sa raison d’être,
son type, sa destinée, qui fut toute sa vie et toute sa lumière jusqu’au jour
où il vit Celui qu’il attendait, qu’il avait attendu !
Quel moment pour ce
vieillard que le moment où il reçut dans ses bras Celui qui était l’Attendu
d’Israël, d’Israël dont lui-même avait représenté l’attente !
Quel moment que celui où,
après une vie consumée dans le désir, il vit de ses yeux et prit dans ses bras
l’Amen vivant de sa vie, l’Amen vivant de son désir !
Et Anne la prophétesse ?
Celle-ci avait quatre-vingt-quatre ans. Ce chiffre est bientôt écrit et bientôt
prononcé. Mais quelle somme de désirs peut-il bien représenter ? Elle ne
quittait pas le temple, priant, jeûnant et servant Dieu jour et nuit. Il n’est
peut-être pas inutile d’insister par la pensée sur la vie de Siméon et d’Anne,
cette vie pleine de mystères inconnus, cette vie qui ne fait parler d’elle qu’à
son dernier moment. Mais si ce dernier moment fut couvert d’une gloire
immortelle, c’est qu’il avait été préparé par les longues années de silence que
le silence de l’Évangile nous laisse à deviner.
Le dernier moment a été
court; mais les années ont été très longues.
Toute prière finit par un
Amen. L’Amen a été court ; mais la prière a été longue. Figurons-nous cet homme
et cette femme, ce juste et cette prophétesse, vivant et vieillissant dans
cette espérance, dans cette pensée, dans ce désir, dans cette promesse : le
Christ du Seigneur approche et son jour va venir. Celui que les prophètes ont
annoncé, le Christ du Seigneur approche et son jour va venir ! Celui que les
patriarches ont appelé, le Christ du Seigneur approche, et son jour va venir.
Probablement les siècles
écoulés passaient sous les yeux de Siméon et d’Anne, et leurs années
continuaient ces siècles, et le désir creusait en eux des abîmes d’une
profondeur inconnue, et le désir se multipliait par lui-même, et le désir
actuel s’augmentait des désirs passés, et ils montaient sur la tête des siècles
morts pour désirer de plus haut, et ils descendaient dans les abîmes qu’avaient
autrefois creusés les désirs des anciens, pour désirer plus profondément.
Peut-être leur désir prit-il à la fin des proportions qui leur indiquèrent que
le moment était venu. Siméon vint au temple en Esprit. C’était l’Esprit qui le
conduisait. La lumière intérieure guidait ses pas.
Un frémissement, inconnu
de ces deux âmes qui pourtant connaissaient tant de choses, les secouait
probablement d’une secousse pacifique et profonde qui augmentait leur sérénité.
Pendant leur attente, le
vieux monde romain avait fait des prodiges d’abomination. Les ambitions
s’étaient heurtées contre les ambitions. La terre s’était inclinée sous le
sceptre de César Auguste.
La terre ne s’était pas
doutée que ce qui se passait d’important sur elle, c’était l’attente de ceux
qui attendaient. La terre, étourdie par tous les bruits vagues et vains de ses
guerres et de ses discordes, ne s’était pas aperçue qu’une chose importante se
faisait sur sa surface : c’était le silence de ceux qui attendaient dans la
solennité profonde du désir. La terre ne savait pas ces choses ; et si c’était
à recommencer, elle ne les saurait pas mieux aujourd’hui. Elle les ignorait de
la même ignorance : elle les méprisait du même mépris, si on la forçait à les
regarder. Je dis que le silence était la chose qui se faisait à son
insu, sur sa surface. C’est qu’en effet ce silence était une action. Ce n’était
pas un silence négatif, qui aurait consisté dans l’absence des paroles. C’était
un silence positif, actif au-dessus de toute action.
Pendant qu’Octave et
Antoine se disputaient l’empire du monde, Siméon et Anne attendaient. Qui donc
parmi eux, qui donc agissait le plus ? Anne la prophétesse parla au moment
suprême, Siméon chanta. De quelle façon s’ouvrirent leurs bouches, après un tel
silence !
Peut-être dans l’instant
qui précéda l’explosion, peut-être toute leur vie se présenta-t-elle à leurs
yeux comme un point rapide et total, où cependant les désirs se distinguaient
les uns des autres, où la succession de leurs désirs se présenta à eux dans sa
longueur, dans sa profondeur ; et peut-être tremblèrent-ils d’un tremblement
inconnu durant le moment suprême qui arrivait. C’était donc à ce moment si
court, si rapide, si fugitif, que toutes les années de leur vie avaient tendu !
C'était donc vers ce moment suprême que tant de moments avaient convergé ! Et
le moment était venu !
Peut-être les siècles qui
avaient précédé leur naissance se dressaient ils dans le lointain de leurs
pensées, derrière les années de leur vie, étalant d’autres profondeurs plus
antiques, à côté des profondeurs qu’ils avaient eux-mêmes creusées ! Qui sait
de quelle grandeur dut leur paraître leur prière et toutes leurs prières
précédentes ou avoisinantes, si les choses se montrèrent à eux tout à coup dans
leur ensemble !
Car la succession de la
vie nous cache notre oeuvre totale. Mais si elle nous apparaissait tout à coup,
elle nous étonnerait. Les détails nous cachent l’ensemble. Mais il y a des
moments où le voile qui est devant notre regard tremble, comme s’il allait tout
à coup se lever. Un résumé se fait, le résumé des discours, le résumé du silence.
Et ce résumé s’exprime par le mot : Amen.
A l’âge de
quatre-vingt-quatre ans, Anne la prophétesse prononça son Amen. Elle dit des
merveilles de l’Enfant qui était là ; et Siméon chantait. Il chantait la vie et
il chantait la mort, la vie des nations, sa mort à lui; car il avait accompli
sa destinée. Il annonça solennellement que Celui qu’il tenait dans ses bras
serait exalté devant la face des peuples, lumière des nations et gloire
d’Israël. Sa vue franchit la Judée ; elle fit le tour du monde. Elle alla à
droite et à gauche. « Celui-ci, dit-il, a été posé pour la ruine et pour la
résurrection. »
Il vit la contradiction ;
il la promit. Il annonça que les vivants et les morts se grouperaient à droite
et à gauche de l’Enfant qu’il tenait dans ses bras.
Et Siméon bénit le Père
et la Mère, et il dit à celle-ci :
« Un glaive de douleur
transpercera ton âme, afin que les pensées de plusieurs soient découvertes. »
Une prophétie terrible
sort de ses lèvres, avec sa joie et son triomphe. Car tout est réuni en ce jour
que les Grecs appelaient la fête de la Rencontre, parce que les choses viennent
de loin pour se rencontrer au milieu d’elle.
Siméon rencontre Anne :
Joseph et Marie rencontrent Siméon et Anne. La grâce et la loi se rencontrent ;
la loi est observée dans sa rigueur : l’offrande due pour la naissance d’un
Premier-Né est offerte, quoiqu’ici la raison de l’offrir ne se présente pas. La
sainte Vierge et son Fils étaient exempts des cérémonies légales, puisque la
Mère n’avait pas conçu selon les lois de la nature, et que le Fils était né en
dehors d’elles. Cependant, comme le Fils n’avait pas voulu se soustraire à la
circoncision des hommes, la Mère ne voulut pas se soustraire à la purification
des femmes. La loi fut observée ; mais elle rencontra la grâce : Anne et Siméon
sont là pour l’attester. Les larmes ont rencontré la joie. L'allégresse de
Siméon a enfoncé d'avance dans le coeur de Marie le glaive qu’il lui a annoncé.
Et elle a gardé dans son coeur, nous dit l’Évangile, toutes ces choses. Toutes
ces choses renferment sans doute les menaces de Siméon. Dans cette fête des
Rencontres, ceux qui s’attendaient se sont trouvés ; et enfin Sion a rencontré
son Dieu.
Et l’Église chante le
matin :
« Voici que le Seigneur
Dominateur vient en son saint Temple ; réjouis-toi, Sion, tressaille
d’allégresse et viens au-devant de ton Dieu. »
Dans cette fête des
Rencontres, Siméon et Anne ont rencontré Jésus-Christ.
Je poserai mon arc dans
les nues, avait dit autrefois la bouche de Dieu parlant de l’arc-en-ciel.
Ici Celui qui était
l’arche d’alliance fut vu dans les bras de Marie, comme l’arc dans les nuées du
ciel; et Siméon reçut l’Amen de son attente.
Cette fête, qui est
appelée par les Grecs la Rencontre du Seigneur, est appelée aussi la
Purification de la sainte Vierge.
La purification ne
suppose ici ni aucun péché, ni aucun défaut de nature : aucune impureté morale,
légale ou matérielle ne se rencontrait dans Marie. Mais qui sait quelle
infusion inouïe de grâce nouvelle est indiquée ici par ce mot ?
Qui sait ce qui se passa
dans le coeur de Marie, quand elle offrit Jésus-Christ au Père, dans ce jour
solennel et dans ce lieu solennel ? Car cette fête s’appelle aussi la
Présentation de Jésus au Temple.
Ce fut le jour de
l’oblation.
L’oblation suprême ;
celle dont les sacrifices de l’ancienne loi n’étaient que la figure; l’oblation
divine, attendue, appelée, symbolisée par tant de cris, par tant de désirs, par
tant de prophètes, par tant de figures.
Que durent penser ces
quatre personnes, Marie, Joseph, Siméon, Anne, quand elles dirent : Voici celui
qu’on attendait. Repassèrent-elles dans leur mémoire, subitement et
instantanément, les choses, les épisodes, les sacrifices du peuple d’Israël,
dans la méditation desquelles elles avaient passé leur vie ? Le sacrifice
d’Abraham passa-t-il devant leur mémoire, et le bélier qui remplaça Isaac, et
tous les sacrifices de l’ancienne loi, toutes les prescriptions de Moïse et
toutes les scènes qui s'étaient accomplies dans ce Temple où maintenant
Jésus-Christ s’offrait à son Père? Quelle impression devait leur faire cette
loi portée au Lévitique, chap. XII, où il est dit que la femme qui aura mis au
monde un enfant, garçon ou fille, demeurera un certain temps séparée de la
compagnie des autres, comme une personne impure ?
Il lui est défendu de
toucher rien de saint, ni d’entrer dans le Temple, jusqu’à ce que soient
accomplis les jours de la purification, qui sont de quarante jours pour un
enfant mâle et de quatre-vingt pour une fille. Ce temps étant expiré, elle
devait se présenter á un prêtre et lui offrir pour son enfant un agneau d’un an
en holocauste, avec un petit pigeon ou une tourterelle, ou bien, si elle était
assez pauvre pour ne pouvoir offrir un agneau, elle devait donner deux
tourterelles et deux paires de colombes.
Quelle impression
profonde et mystérieuse devait produire le texte de cette loi sur la Vierge,
qui n’avait aucun besoin d’être purifiée et qui cependant se soumettait à
l’ordonnance faite, et qui prenait là la place du pauvre ! Celle qui possédait
le Créateur du ciel et de la terre prenait rang parmi les pauvres ; et c’était
la petite offrande qui rachetait Jésus-Christ.
Quel aspect dut prendre
aux yeux d’Anne et de Siméon l’enceinte de ce Temple où ils avaient tant prié,
qui maintenant contenait Jésus et qui allait bientôt être détruit !
Cette fête s’appelle
aussi la Chandeleur. Le pape Serge Ier ordonna de faire, le 2 février, la
procession avec les cierges. La Chandeleur est la fête des lumières. Cette
procession, qui promène la lumière physique, symbolise ce qui se passa au
temple de Jérusalem le jour où ces quatre personnes, Joseph, Marie, Siméon,
Anne, semblables à une procession, se passèrent tour à tour l’Enfant Jésus,
lumière du monde.
La Chandeleur est
peut-être le plus populaire des noms de cette fête, dont l’établissement se
perd dans la nuit des temps.
L’institution première
remonte aux premiers siècles de l’Église. Mais les premiers relâchements qui
refroidirent les chrétiens la firent tomber en quelques endroits dans l’oubli.
Cet oubli partiel et momentané se produisit peut-être vers l’an 500. Car, dans
la grande peste de 541,qui dépeupla l’Égypte et plusieurs provinces de
l’empire, l’empereur Justinien, sous le pontificat de Vigile, eut recours à la
protection de la Vierge Immaculée. L’empereur consulta le patriarche et le
clergé de Constantinople ; et sur leur avis, il interdit sous des peines
sévères la négligence que quelques-uns apportaient dans la célébration du 2
février.
La négligence cessa. La
fête de la Purification fut célébrée avec éclat. Constantinople lui rendit
toute sa solennité ; et la peste cessa à l’instant même.
Le commencement de
février était marqué chez les païens par des saturnales épouvantables, qui
s’appelaient les Lupercales.
Aux superstitions et aux
débauches qui souillaient particulièrement cette époque de l’année, le pape
Gélase opposa l’observation solennelle et fervente de la grande fête du 2
février.
Mais ce ne fut encore là
très probablement que le rétablissement, et non l’institution première, de
cette solennité. Le révérend père Combefis, de l’ordre de Saint-Dominique, dans
sa Bibliothèque des Pères, rapporte une homélie de saint Méthodius, évêque de
Tyr. Saint Méthodius vivait au IIIe siècle.
Le cardinal de Bérulle
fait, au sujet de la Présentation de Jésus au Temple, une remarque sur laquelle
j’appelle l’attention du lecteur. La fête de Noël est, selon lui, la révélation
publique de Dieu à l’humanité. La fête du 2 février est une manifestation
particulière de Dieu aux âmes privilégiées. Elle serait, d’après ce cardinal,
la fête des secrets de Dieu.
Ernest
HELLO. Physionomies de saints.
SOURCE : https://archive.org/stream/PhysionomiesDeSaintsParErnestHello/physionomies%20de%20saints_djvu.txt
Vittore Carpaccio (1465–1526), La
Présentation au Temple, 1510, Tempera sur bois, 421 x 236, Venise, Gallerie dell'Accademia
Les clefs d’une oeuvre :
« La Présentation au temple » de Carpaccio
Sophie
Roubertie | 01 février 2019
Carpaccio, peintre de la
Renaissance italienne, nous invite à la contemplation du mystère de
l'Enfant-Dieu présenté par sa mère au prêtre Syméon, selon la tradition juive.
Cette "Présentation au temple", qui date de 1510, était destinée à
une église vénitienne. Actuellement exposé à la Galerie de l'Académie de
Venise, le chef d’oeuvre vaut d’être découvert comme une véritable catéchèse,
en prenant son temps.
Marie s’avance, portant
l’Enfant Jésus dans ses bras. Le prêtre Syméon les accueille. Carpaccio nous
invite ici à contempler la scène de la présentation de Jésus au temple, telle
que saint Luc nous la rapporte dans son Évangile, « quand fut accompli le
temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification ».
Deux suivantes
accompagnent la Vierge et portent les tourterelles prévues par la loi. Deux
hommes se tiennent derrière le prêtre, tenant son vêtement. Les regards sont
graves, tout en intériorité et méditation, car il est vrai que le vieillard
annonce à Marie : « Toi-même, ton âme sera transpercée d’un
glaive. » Seul Jésus, le regard tourné vers Syméon, esquisse un sourire,
comme ignorant la portée des paroles qui viennent d’être prononcées. L’enfant
est montré nu, dans son humanité charnelle. Les visages forment un ruban qui
occupe toute la largeur du tableau.
Trois anges musiciens, en
contrebas de la scène principale, viennent compléter la composition. Le peintre
les représente sans ailes, moyen pourtant fréquent dans l’iconographie de les
identifier. Leur attitude est tout à fait détendue et tranche avec la solennité
de l’ensemble. Ils accompagnent l’événement de leurs instruments, cromorne,
luth et viole de bras, utilisés à la Renaissance. La musique adoucit la gravité
du moment.
Les étoffes s’animent
d’élégants drapés, jusque dans la nappe d’autel qui garde la marque de ses
pliures. Les couleurs lumineuses et profondes, rouges, bleus, verts orangés et
roses se juxtaposent harmonieusement. Les vêtements, robes et manteaux, restent
simples. Seule la chape de Syméon est particulièrement précieuse, brodée de
motifs floraux sur fond or, à la bordure ornée de scènes bibliques.
Ce tableau devait être
placé au-dessus d’un autel. On retrouve, en arrière-plan de la composition, une
coupole qui rappelle le caractère sacré du temple de Jérusalem dans lequel se passe
la scène décrite. L’architecture peinte reprend celle de la chapelle à laquelle
le tableau était destinée, dans l’église Saint-Giobbe à Venise. La lumière
arrive, rasante, de la droite du tableau, éclairant les visages des femmes,
créant un jeu d’ombre avec ceux des hommes. Elle met aussi en valeur la
mosaïque de la coupole, aux végétaux stylisés sur fond d’or, et le lustre de
bronze et de verre.
Lire aussi :
La
Présentation de Jésus au Temple, une rencontre intergénérationnelle
Alvaro
Pirez (fl. 1410 / 1400–1434 / 1450), La Présentation de Jésus au Temple,
circa 1430, Tempera and gold on wood, 34 x 40,3, Metropolitan Museum of Art
Also
known as
Our Lady of the Candles
Presentation of the
Infant Jesus in the Temple
Presentation of the Lord
Purification of the
Blessed Virgin
Candelas (Spanish)
Candelora (Italian)
Chandeleur (French)
Hromnice (Feast of
Candles among the Slovaks and Czechs)
Lichtmess (German)
Stretenije Gospoda (Meeting
of the Lord by the Slavs of the Eastern Rite)
Svijetlo Marijino (Light
Feast of Mary in Yugoslavia)
About
the Feast
The feast commemorates
the purifying of the Blessed
Virgin according to the Mosaic Law, 40 days after the birth of Christ,
and the presentation of the Infant Jesus in the Temple. The feast was
introduced into the Eastern Empire by Emperor Justinian I, and is mentioned in
the Western Church in the Gelasian Sacramentary of the 7th century.
Candles are blessed on that day in commemoration of the words of Holy Simeon
concerning Christ “a light to the revelation of the Gentiles” (Luke 2), and a
procession with lighted candles is held in the church to represent the entry of
Christ, the Light of the World, into the Temple of Jerusalem. “Candlemas” is
still the name in Scotland for
a legal term-day on which interest and rents are payable (2 February).
Naxos–Andros–Tinos–Mykonos, Greece, archdiocese of
in the Philippines
Additional
Information
Handbook
of Christian Feasts and Customs
Light
from the Altar: The Feast of the Purification, 2 February
Lives
of the Saints, by Father Alban Butler
Meditations
on the Gospels for Every Day in the Year, by Father Médaille
Message
of the Joyful Mysteries, by Father Aloysius
Biskupek
New Catholic Dictionary
Sacramentals
of the Holy Catholic Church: Blessed Candles
Saints
and Saintly Dominicans, by Blessed Hyacinthe-Marie
Cormier, O.P.
Saints
of the Day, by Katherine Rabenstein
Short
Lives of the Saints, by Eleanor Cecilia Donnelly
Simple
Catholic Dictionary, by Father Charles
Henry Bowden
The
Purification, by Elisabeth A Tutty
Veneration
of the Blessed Virgin Mary, by Father B
Rohner, OSB
books
Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
other
sites in english
Priestly
Fraternity of Saint Peter
images
video
sitios
en español
Martirologio Romano, 2001 edición
sites
en français
Abbé
Christian-Philippe Chanut
fonti
in italiano
websites
in nederlandse
spletne
strani v slovenšcini
MLA
Citation
“Candlemas“. CatholicSaints.Info.
20 October 2023. Web. 12 August 2024. <https://catholicsaints.info/candlemas/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/candlemas/
Candlemas
Also
called: Purification of the Blessed Virgin (Greek Hypapante), Feast
of the Presentation of Christ in the Temple. Observed 2 February in the Latin
Rite.
According to the Mosaic
law a mother who had given birth to a man-child was considered unclean for
seven days; moreover she was to remain three and thirty days "in the blood
of her purification"; for a maid-child the time which excluded
the mother from sanctuary was even doubled. When
the time (forty or eighty days) was over the mother was to
"bring to the temple a lamb for
a holocaust and
a young pigeon or turtle dove for sin";
if she was not able to offer a lamb, she was to take two
turtle doves or two pigeons; the priest prayed for
her and so she was cleansed. (Leviticus
12:2-8)
Forty days after the
birth of Christ Mary complied
with this precept of the law,
she redeemed her first-born from
the temple (Numbers
18:15), and was purified by the prayer of Simeon
the just, in the presence of Anna the prophetess (Luke
2:22 sqq.). No doubt this
event, the first solemn introduction of Christ into
the house
of God, was in the earliest times celebrated in the Church of Jerusalem.
We find it attested for the first half of the fourth century by
the pilgrim of Bordeaux, Egeria or Silvia.
The day (14 February) was solemnly kept
by aprocession to
the Constantinian basilica of the Resurrection, a homily on Luke 2:22
sqq., and the Holy
Sacrifice. But the feast then had no proper name; it was simply
called the fortieth day after Epiphany.
This latter circumstance proves that in Jerusalem Epiphany was
then the feast
of Christ's birth.
From Jerusalem the feast of
the fortieth day spread over the entire Church and
later on was kept on the 2nd of February, since within the last twenty-five
years of the fourth century the Roman feast
of Christ's nativity (25 December) was introduced.
In Antioch it is attested in 526 (Cedrenue); in the entire Eastern
Empire it was introduced by the Emperor
Justinian I (542) in thanksgiving for the cessation of the great
pestilence which had depopulated the city of Constantinople. In the Greek
Church it was called Hypapante tou Kyriou, the meeting (occursus)
of the Lord and His mother with Simeon and Anna.
The Armenians call
it: "The Coming of the Son
of God into the Temple"
and still keep it on the 14th of February (Tondini di Quaracchi, Calendrier de
la Nation Arménienne, 1906, 48); the Copts term
it "presentation of the Lord in the Temple"
(Nilles,
Kal. man., II 571, 643). Perhaps the decree of Justinian gave
occasion also to the Roman
Church (to Gregory
I?) to introduce this feast, but definite information is wanting on
this point. The feast appears in the Gelasianum (manuscript tradition of
the seventh century) under the new title of Purification of the Blessed
Virgin Mary. The precession is not mentioned. Pope
Sergius I (687-701) introduced a procession for
this day. The Gregorianum (tradition of the eighth century) does not speak of
thisprocession,
which fact proves that the procession of Sergius was
the ordinary "station", not the liturgical act of
today. The feast was certainly not introduced by Pope
Gelasius to suppress the excesses of the Lupercalia (Migne,
Missale Gothicum, 691), and it spread slowly in the West;
it is not found in the "Lectionary" of Silos (650) nor in the
"Calendar" (731-741) of Sainte-Geneviève of Paris.
In the East it was celebrated as a feast of the Lord;
in the West as
a feast of Mary;
although the "Invitatorium" (Gaude et lætare, Jerusalem,
occurrens Deo tuo), the antiphons and responsories remind
us of its original conception as a feast of the Lord. The blessing of
the candles did
not enter into common use before the eleventh century; it has nothing in common
with the procession of
the Pupercalia. In the Latin
Church this feast (Purificatio B.M.V.) is a double of the
second class. In the Middle
Ages it had an octave in the larger number of dioceses;
also today the religious orders
whose special object is the veneration of the Mother
of God (Carmelites, Servites)
and many dioceses (Loreto,
the Province of Siena,
etc.) celebrate the octave.
Blessing of candles and
procession
According to
the Roman Missal the
celebrant after Terce,
in stole and cope of purple colour, standing at
the epistle side of the altar, blesses the candles (which
must be of beeswax). Having sung or recited the five orations prescribed, he
sprinkles and incenses thecandles.
Then he distributes them to the clergy and laity,
whilst the choir sings the canticle of Simeon, "Nunc
dimittis". The antiphon"Lumen
ad revelationem gentium et gloriam plebis tuæ Israel" is repeated
after every verse, according to the medieval custom of
singing the antiphons.
During the procession which
now follows, and at which all the partakers carry lighted candles in
their hands, the choir sings the antiphon "Adorna
thalamum tuum, Sion", composed by St.
John of Damascus, one of the few pieces which, text and music, have been
borrowed by the Roman
Church from the Greeks.
The other antiphons are
of Roman origin.
The solemn procession represents
the entry of Christ,
who is the Light of the World, into the Temple
of Jerusalem. It forms an essential part of the liturgical services
of the day, and must be held in every parochial church where
the required ministers can
be had. The procession is
always kept on 2 February even when the office and Mass of
the feast is transferred to 3 February. Before the reform of
the Latin liturgy by St.
Pius V (1568), in the churches north and west of the Alps
this ceremony was
more solemn. After the fifth oration a preface was sung. The
"Adorna" was preceded by the antiphon "Ave
Maria". While now the procession in
held inside the church, during the Middle
Ages the clergy left
the church and visited the cemetery surrounding it. Upon the
return of the procession a priest,
carrying an image of the Holy Child, met it at the door and entered
the church with the clergy,
who sang the canticle of Zachary, "Benedictus
Dominus Deus Israel". At the conclusion, entering the sanctuary,
the choir sang the responsory,
"Gaude Maria Virgo" or the prose, "Inviolata" or some
other antiphon in honour of
the Blessed
Virgin.
Holweck,
Frederick. "Candlemas." The Catholic Encyclopedia. Vol.
3. New York: Robert Appleton Company, 1908. 2 Feb.
2018 <http://www.newadvent.org/cathen/03245b.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Marcia L. Bellafiore.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. November 1, 1908. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2021 by Kevin
Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/03245b.htm
Lorenzo Lotto (1480–1556). La
Présentation au Temple, 1554-1555, 170 x 157, Loreto, Palazzo Apostolico
Feast of the Presentation
of the Lord
According to the Mosaic law a mother who had given birth to a man-child was
considered unclean for seven days; moreover she was to remain three and thirty
days “in the blood of her purification”; for a maid-child the time which
excluded the mother from sanctuary was even doubled. When the time (forty or
eighty days) was over the mother was to “bring to the temple a lamb for a
holocaust and a young pigeon or turtle dove for sin”; if she was not able to
offer a lamb, she was to take two turtle doves or two pigeons; the priest
prayed for her and so she was cleansed. (Leviticus 12:2-8)
Forty days after the birth of Christ, Mary complied with this precept of the
law, she redeemed her first-born from the temple (Numbers 18:15), and was
purified by the prayer of Simeon the just, in the presence of Anna the
prophetess (Luke 2:22 sqq.). No doubt this event, the first solemn introduction
of Christ into the house of God, was in the earliest times celebrated in the
Church of Jerusalem.
We find it attested for the first half of the fourth century by the pilgrim of
Bordeaux, Egeria or Silvia. The day (14 February) was solemnly kept by a
procession to the Constantinian basilica of the Resurrection, a homily on Luke
2:22 sqq., and the Holy Sacrifice. But the feast then had no proper name; it
was simply called the fortieth day after Epiphany. This latter circumstance
proves that in Jerusalem Epiphany was then the feast of Christ’s birth.
From Jerusalem the feast of the fortieth day spread over the entire Church and
later on was kept on the 2nd of February, since within the last twenty-five
years of the fourth century the Roman feast of Christ’s nativity (25 December)
was introduced. In Antioch it is attested in 526 (Cedrenue); in the entire
Eastern Empire it was introduced by the Emperor Justinian I (542) in
thanksgiving for the cessation of the great pestilence which had depopulated
the city of Constantinople.
In the Greek Church it was called Hypapante tou Kyriou, the meeting (occursus)
of the Lord and His mother with Simeon and Anna. The Armenians call it: “The
Coming of the Son of God into the Temple” and still keep it on the 14th of
February (Tondini di Quaracchi, Calendrier de la Nation Arménienne, 1906, 48);
the Copts term it “presentation of the Lord in the Temple” (Nilles, Kal. man.,
II 571, 643). Perhaps the decree of Justinian gave occasion also to the Roman
Church (to Gregory I?) to introduce this feast, but definite information is
wanting on this point. The feast appears in the Gelasianum (manuscript tradition
of the seventh century) under the new title of Purification of the Blessed
Virgin Mary. The precession is not mentioned. Pope Sergius I (687-701)
introduced a procession for this day.
The Gregorianum (tradition of the eighth century) does not speak of this
procession, which fact proves that the procession of Sergius was the ordinary
“station”, not the liturgical act of today. The feast was certainly not
introduced by Pope Gelasius to suppress the excesses of the Lupercalia (Migne,
Missale Gothicum, 691), and it spread slowly in the West; it is not found in
the “Lectionary” of Silos (650) nor in the “Calendar” (731-741) of
Sainte-Geneviève of Paris. In the East it was celebrated as a feast of the
Lord; in the West as a feast of Mary; although the “Invitatorium” (Gaude et
lætare, Jerusalem, occurrens Deo tuo), the antiphons and responsories remind us
of its original conception as a feast of the Lord.
The blessing of the candles did not enter into common use before the eleventh
century; it has nothing in common with the procession of the Pupercalia. In the
Latin Church this feast (Purificatio B.M.V.) is a double of the second class.
In the Middle Ages it had an octave in the larger number of dioceses; also
today the religious orders whose special object is the veneration of the Mother
of God (Carmelites, Servites) and many dioceses (Loreto, the Province of Siena,
etc.) celebrate the octave.
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/feast-of-the-presentation/
Diego Valentín Díaz (1586–1660), Presentación de Jesús en el Templo, Primera mitad del siglo XVII, 218 x 160, musée national de la sculpture /Museo Nacional de Escultura), Valladolid (Espagne)
Presentation of the Lord
"The Lord said to
Moses, 'Tell the Israelites: When a woman has conceived and gives birth to a
boy, she shall be unclean for seven days, with the same uncleanness as at her
menstrual period. On the eighth day, the flesh of the boy's foreskin shall be
circumcised, and then she shall spend thirty-three more days in becoming
purified of her blood; she shall not touch anything sacred nor enter the
sanctuary until the days of her purification are fulfilled. . . . When the days
of her purification for a son or for a daughter are fulfilled, she shall bring
to the priest at the entrance of the meeting tent a yearling lamb for a
holocaust and a pigeon or a turtledove for a sin offering. The priest shall
offer them up before the Lord to make atonement for her, and thus she shall be
clean again after her flow of blood. . . . If she cannot afford a lamb, she may
take two turtledoves or two pigeons, the one for a holocaust and the other for
a sin offering. The priest shall make atonement for her, and thus she will
again be clean'" (NAB, Lev. 12:1-8).
And so Mary and Joseph
followed the law prescribed for the Israelites and on the 33rd day (February 2)
"When the days were completed for their purification according to the law
of Moses, they took [Jesus] up to Jerusalem to present him to the Lord, just as
it is written in the law of the Lord'" (Luke 2:22-23a).
God had redeemed the
Israelites from captivity in Egypt by killing all the first-born of the
Egyptians, but he passed over the homes of the Israelites, who had marked their
lintels with the blood of the lamb. For this reason God commanded:
"Consecrate to me every first-born that opens the womb among the
Israelites, both of man and beast, for it belongs to me" (Exodus 13:2).
We, too, have been spared
by the blood of the Lamb of God. We, too, belong to the Lord. Jesus was the
first-born of many sons of the Father, and so it was appropriate that he was
consecrated to the Lord, even though he already belonged to the Godhead. Now it
is time for us to consecrate ourselves to God the Father through Christ our
Lord in the Holy Spirit.
Nevertheless it is
worthwhile contemplating the new order of creation wrought by the birth of
Jesus. Jesus, Holiness Himself, was touched many times each day before the
purification by the sanctuary of God, Mary, who sheltered the Presence of God,
Emmanuel, for nine months within her womb. Yet she followed the law of Moses.
We know that they are a
poor family, because they do not make the offering of a lamb, but of two doves.
The Holy Spirit moves many at this moment. Old Simeon is there to greet the
holy family. This is another Visitation for Mary again presents Jesus to those
awaiting His coming. Simeon knows it and in joy sings that hymn sung daily in
Night Prayer, "Lord, now you let your servant go in peace; your word has
been fulfilled: my own eyes have seen the salvation which you have prepared in
the sight of every people: a light to reveal you to the nations and the glory
of your people Israel" (Gospel Canticle). God, indeed, has shown us His
salvation!
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0202.shtml
Francisco Rizi (1614–1685), Presentación de Jesús en el
Templo, circa 1663, 206 x 290, musée du Prado depositado en
el Coruña Fine Arts Museum
The Purification of the
Blessed Virgin Mary
[Commonly called
Candlemas-Day.] THE LAW of God, given by Moses to the Jews, to
insinuate both to us and them, that by the sin of Adam man is conceived and
born in sin, and obnoxious to his wrath, ordained that a woman, after
child-birth, should continue for a certain time in a state which that law calls
unclean; during which she was not to appear in public, nor presume to touch any
thing consecrated to God. 1 This
term was of forty days upon the birth of a son, and the time was double for a
daughter: on the expiration of which, the mother was to bring to the door of
the tabernacle, or temple, a lamb of a year old, and a young pigeon or turtle
dove. The lamb was for a holocaust or burnt offering, in acknowledgment of the
sovereignty of God, and in thanksgiving for her own happy delivery; the pigeon
or turtle dove was for a sin offering. These being sacrificed to Almighty God
by the priest, the woman was cleansed of the legal impurity, and reinstated in
her former privileges.
A young pigeon, or turtle
dove, by way of a sin-offering, was required of all, whether rich or poor: but
whereas the charge of a lamb might be too burdensome on persons of narrow
circumstances, in that case, nothing more was required than two pigeons or two
turtle doves, one for a burnt, the other for a sin-offering. 2
Our Saviour having been
conceived by the Holy Ghost, and his blessed Mother remaining always a spotless
virgin, it is most evident from the terms of the law, 3 that
she was, in reality, under no obligation to it, nor within the intent of it.
She was, however within the letter of the law, in the eye of the world, who
were as strangers to her miraculous conception. And her humility making her
perfectly resigned, and even desirous to conceal her privilege and dignity, she
submitted with great punctuality and exactness to every humbling circumstance
which the law required. Pride indeed proclaims its own advantages, and seeks
honours not its due; but the humble find their delight in obscurity and abasement,
they shun all distinction and esteem, which they clearly see their own
nothingness and baseness to be most unworthy of: they give all glory to God a
one, to whom it is due. Devotion also and zeal to honour God by every
observance prescribed by his law, prompted Mary to perform this act of
religion, though evidently exempt from the precept. Being poor herself, she
made the offering appointed for the poor: accordingly is this part of the law
mentioned by St. Luke, 4 as
best agreeing with the meanness of her worldly condition. But her offering,
however mean in itself, was made with a perfect heart, which is what God
chiefly regards in all that is offered to him. The King of Glory would appear
every where in the robes of poverty, to point out to us the advantages of a
suffering and lowly state, and to repress our pride, by which, though really
poor and mean in the eyes of God, we covet to appear rich, and, though sinners,
would be deemed innocents and saints.
A second great mystery is
honoured this day, regarding more immediately the person of our
Redeemer, viz. his presentation in the temple. Besides the law which
obliged the mother to purify herself, there was another which ordered, that the
first-born son should be offered to God: 5 and
in these two laws were included several others, as, that the child, after its
presentation, should be ransomed 6 with
a certain sum of money, 7 and
peculiar sacrifices offered on the occasion.
Mary complies exactly
with all these ordinances. She obeys not only in the essential points of the
law, as in presenting herself to be purified, and in her offering her
first-born, but has strict regard to all the circumstances. She remains forty
days at home, she denies herself all this time the liberty of entering the
temple, she partakes not of things sacred, though the living temple of the God
of Israel; and on the day of her purification, she walks several miles to
Jerusalem, with the world’s Redeemer in her arms. She waits for the priest at
the gate of the temple, makes her offerings of thanksgiving and expiation,
presents her divine Son by the hands of the priest to his eternal Father, with
the most profound humility, adoration, and thanksgiving. She then redeems him
with five shekels, as the law appoints, and receives him back again as a depositum
in her special care, till the Father shall again demand him for the full
accomplishment of man’s redemption. It is clear that Christ was comprehended in
the law; “The king’s son, to whom the inheritance of the crown belongs, is
exempt from servitude:—much more Christ, who was the Redeemer both of our souls
and bodies, was not subject to any law by which he was to be himself redeemed,”
as St. Hilary observes. 8 But
he would set an example of humility, obedience, and devotion: and would renew,
in a solemn and public manner, and in the temple, the oblation of himself to
his Father for the accomplishment of his will, and the redemption of man, which
he had made privately in the first moment of his Incarnation. With what
sentiments did not the divine Infant offer himself to his Father at the same
time! the greatest homage of his honour and glory the Father could receive, and
a sacrifice of satisfaction adequate to the injuries done to the Godhead by our
sins, and sufficient to ransom our souls from everlasting death! With what
cheerfulness and charity did he not offer himself to all his torments! to be
whipped, crowned with thorns, and ignominiously put to death for us!
Let every Christian learn
hence to offer himself to God with this divine victim, through which he may be
accepted by the Father; let him devote himself with all his senses and
faculties to his service. If sloth, or any other vice, has made us neglectful
of this essential duty, we must bewail past omissions, and make a solemn and
serious consecration of ourselves this day to the divine majesty with the greater
fervour, crying out with St. Austin, in compunction of heart: “Too late have I
known thee, too late have I begun to love thee, O beauty more ancient than the
world!” But our sacrifice, if we desire it may be accepted, must not be lame
and imperfect. It would be an insult to offer to God, in union with his Christ,
a divided heart, or a heart infected with wilful sin. It must therefore first
be cleansed by tears of sincere compunction: its affections must be crucified
to the world by perfect mortification. Our offering must be sincere and
fervent, without reserve, allowing no quarter to any of our vicious passions
and inclinations, and no division in any of our affections. It must also be
universal; to suffer and to do all for the divine honour. If we give our hearts
to Christ in this manner, we shall receive him with his graces and
benedictions. He would be presented in the temple by the hands of his mother:
let us accordingly make the offering of our souls through Mary, and beg his
graces through the same channel.
The ceremony of this day
was closed by a third mystery, the meeting in the temple of the holy persons,
Simeon and Anne, with Jesus and his parents, from which this festival was
anciently called by the Greeks Hypante, the meeting. 9 Holy
Simeon, on that occasion, received into his arms the object of all his desires
and sighs, and praised God in raptures of devotion for being blessed with the
happiness of beholding the so much longed-for Messias. He foretold to Mary her
martyrdom of sorrow; and that Jesus brought redemption to those who would
accept of it on the terms it was offered them; but a heavy judgment on all
infidels who should obstinately reject it, and on Christians also whose lives
were a contradiction to his holy maxims and example. Mary hearing this terrible
prediction, did not answer one word, felt no agitation of mind from the
present, no dread for the future; but courageously and sweetly committed all to
God’s holy will. Anne also, the prophetess, who, in her widowhood, served God
with great fervour, had the happiness to acknowledge and adore in this great
mystery the world’s Redeemer. Amidst the crowd of priests and people, the
Saviour of the world is known only by Simeon and Anne. Even when he disputed
with the doctors, and when he wrought the most stupendous miracles, the
learned, the wise, and the princes did not know him. Yet here, whilst a weak,
speechless child, carried in the arms of his poor mother, he is acknowledged
and adored by Simeon and Anne. He could not hide himself from those who sought
him with fervour, humility, simplicity, and ardent love. Unless we seek him
with these dispositions he will not manifest himself, nor communicate his
graces to us. Simeon, having beheld his Saviour in the flesh, desired no longer
to see the light of this world, nor any creatures on earth. If we truly love
God our distance from him must be a continual pain: and we must sigh after that
desired moment which will free us from the danger of ever losing him by sin,
and will put us in possession of him who is the joy of the blessed, and the
infinite treasure of heaven. Let us never cease to pray that he purify our
hearts from all earthly dross, and draw them to himself; that he heal, satiate,
and inflame our souls, as he only came upon earth to kindle in all hearts the
fire of his love.
On Blessing the Candles
and the Procession.
THE PROCESSION with
lighted tapers on this day is mentioned by Pope Gelasius I., also by St.
Ildefonsus, St. Eligius, 10 St.
Sophronius, patriarch of Jerusalem, St. Cyril of Alexandria, &c. in their
sermons on this festival. Saint Bernard says: 11 “This
holy procession was first made by the virgin mother, St. Joseph, holy Simeon,
and Anne, to be afterwards performed in all places and by every nation, with
the exultation of the whole earth, to honour this mystery.” In his second
sermon on this feast he describes it thus: 12 “They
walk two and two, holding in their hands candles lighted, not from common fire,
but from that which had been first blessed in the church by the priests, 13 and
singing in the ways of the Lord, because great is his glory.” He shows that the
concurrence of many in the procession and prayer is a symbol of our union and
charity, and renders our praises the more honourable and acceptable to God.
“We walk while we sing to God, to denote that to stand still in the paths
of virtue is to go back. The lights we bear in our hands represent the divine
fire of love with which our hearts ought to be inflamed, and which we are to
offer to God without any mixture of strange fire, the fire of concupiscence,
envy, ambition, or the love of creatures. We also hold these lights in our
hands to honour Christ, and to acknowledge him as the true light, 14 whom
they represent under this character, and who is called by holy Simeon in this
mystery, a light for the enlightening of the Gentiles; 15 for
he came to dispel our spiritual darkness. The candles likewise express that by
faith his light shines in our souls: as also that we are to prepare his
way by good works, by which we are to be a light to men. 16
Lights are used by the church during the celebration of the divine mysteries, while the gospel is read, and the sacraments administered, on a motive of honour and respect. On the same account lamps burned before the Lord in the tabernacle 17 and temple. Great personages were anciently received and welcomed with lights, as was king Antiochus by Jason and others on his entering Jerusalem. 18 Lights are likewise expressive of joy, and were anciently used on this account in receiving Roman emperors, and on other public occasions, as at present. “Throughout all the churches of the East,” says St. Jerom, “when the gospel is to be read, though the sun shines, torches are used, not to chase away darkness, but for a sign of joy.” 19 The apostolic canons mention incense, and oil for the lamps, then used in the churches. 20 Many out of devotion burned lamps before the bodies of saints, as we read in Prudentius, 21 St. Paulinus, 22 &c. The corporeal creatures, which we use, are the gifts of God: it is therefore just that we should honour and glorify him by them. Besides, in our embodied state, they contribute to excite our souls to devotion; they are to our eyes, what words are to our ears, and by our organs move the affections of our hearts. 23 Though piety consists in the fervour of the soul, and is interior and spiritual, yet many sensible things concur to its aid and improvement; and we may as well condemn the use of words, which are corporeal, and affect the soul by the sense of hearing, as the use of suitable approved ceremonies. Christ made use of sensible signs in the institution of his most divine sacraments, in several miraculous cures, &c. The church always used external rites and ceremonies in the divine worship. These contribute to the majesty and dignity of religion, which in our present condition would appear naked, if destitute of all exterior. The candles are blessed previously to the use of them, because the church blesses and sanctifies by prayer, whatever is employed in the divine service. We are to hold the candles in our hands on this day, while the gospel is read or sung; also from the elevation to the communion, in the most fervent spirit of sacrifice, offering ourselves to God with our divine Redeemer, and desiring to meet in spirit this blessed company in this mystery; likewise to honour the mother of God in her purification, and still more so, with the most profound adoration and gratitude, our divine Saviour in his presentation in our flesh for us. The same lively sentiments of devotion ought to inflame our breasts on this occasion, as if we had been present with holy Simeon and the rest in the temple, whilst we carry in our hands these emblems of our spiritual joy and homage, and of the consecration of ourselves in union with our heavenly victim, through the intercession of his virgin mother.
On the Christian Rite of
Churching Women after Child-Birth.
GOD, in the old law,
declared several actions unclean, which, though innocent and faultless in
themselves, had a constant, but remote regard to sin. One of these was
child-birth, to denote the impurity of man’s origin by his being conceived and
born in sin. For the removal of legal uncleanness in general, God established
certain expiatory rites, consisting of ablutions and sacrifices, to which all
were strictly obliged who desired to be purified; that is, restored to the
privileges of their brethren, and declared duly qualified members of the
synagogue or Jewish church. It would be superstitious since the death of
Christ, and the publication of the new law, to stand in awe of legal
uncleannesses, or to have recourse to Jewish purifications on account of any of
them, whether after child-birth or in any other cases. It is not, therefore, with
that intention that Christian mothers come to the church, as Jewish women did
to the tabernacle, in order to be purified from any uncleanness they contract
by child-birth. It is not on any consideration peculiar to the Jews that this
ceremony was established in the Christian church, but on a motive common to all
mankind, the performing the duty of thanksgiving and prayer. Hence in the canon
law, Pope Innocent III. speaks of it as follows: “If women after child-bearing
desire immediately to enter the church, they commit no sin by so doing, nor are
they to be hindered. Nevertheless, if they choose to refrain out of respect for
some time, we do not think their devotion ought to be reprehended.” 24
In some diocesses this
term is limited to a certain number of days. Where this is not regulated by
custom, or by any particular statute, the party may perform this duty as soon
as she is able to go abroad. Her first visit is to be to the church: firstly,
to give God thanks for her safe delivery: secondly, to implore his blessing on
herself and her child. It ought to be her first visit, to show her readiness to
acquit herself of this duty to God, and to give him the first-fruits of her
recovery and blessing received; as the first-fruits in every thing are most
particularly due to God, and most agreeable to him, and which, in the old law,
he was most jealous in exacting of his people. The acknowledgment of a benefit
received is the least return we can make for it: the law of nature dictates the
obligation of this tribute; God strictly requires it, and this is the means to
draw down new blessings on us, the flowing of which is by nothing more
effectually obstructed than by insensibility and ingratitude: wherefore, next
to the praise and love of God, thanksgiving is the principal homage we owe him
in the sacrifice of our hearts, and is a primary act of prayer. The book of
psalms abounds with acts of thanksgiving; the apostle every where recommends
and inculcates them in the strongest terms. The primitive Christians had these
words, Thanks be to God, always in their mouths, and used them as
their ordinary form of salutation on all occasions, as Saint Austin mentions, 25 who
adds, “What better thing can we bear in our hearts, or pronounce with our
tongues, or express with our pens, than Thanks be to God?” It is the
remark of St. Gregory of Nyssa, 26 that
besides past benefits, and promises of other inestimable benefits to come, we
every instant of our lives receive from God fresh favours; and therefore we
ought, if it were possible, every moment to make him a return of thanks with
our whole hearts, and never cease from this duty. We owe a particular
thanksgiving for his more remarkable blessings. A mother regards her safe
delivery, and her happiness in being blessed with a child, as signal benefits,
and therefore she owes a particular holocaust of thanks for them. This she
comes to offer at the foot of the altar. She comes also to ask the succours of
divine grace. She stands in need of an extraordinary aid from above, both for
herself and her child. For herself, that, by her example, instructions, and
watchfulness, she may fulfil her great obligations as a mother. For her child,
that it may reap the advantage of a virtuous education, may live to God, and
become one day a citizen of the heavenly Jerusalem: otherwise, what will it
avail her to have been a mother, or the child to have been born? Now prayer is
the channel which God has appointed for the conveyance of his graces to us. The
mother, therefore, must be assiduous in begging daily of the Father of mercies
all necessary succours for these purposes: but this she should make the subject
of her most zealous petitions on the occasion of her first solemn appearance
after child-bed before his altar. She should, at the same time, make the most
perfect offering and consecration of her child to the divine Majesty. Every
mother, in imitation of the Blessed Virgin, ought to perform this triple duty
of thanksgiving, petition, and oblation, and through her hands, who, on the day
of her purification, set so perfect a pattern of this devotion.
Note 6. Exod. xiii.
13. [back]
Note 7. This, from
Levit. xxvii.
6. and Numb. iii.
47. appears to have been five shekels, each shekel weighing, according to
Prideaux, (Preface to Connexion of the Old and New Testament, p. xvii.) about
three shillings of our money; so that the five amounted to about fifteen
shillings sterling. [back]
Note 8. St. Hilar.
in Matt. c. 17. n. 11. p. 696, 697. [back]
Note 9. [Greek] from
[Greek], occurro. [back]
Note 10. Serm.
2. [back]
Note 11. Serm. de
Purif. p. 959. [back]
Note 12. Serm. 2. p.
961. [back]
Note 13. According
to the ceremonies then in use. [back]
Note 17. Exod. xxviii.
20. [back]
Note 18. 2 Macch.
iv. 22. [back]
Note 19. Adv. Vigil,
p. 304. [back]
Note 20. Can.
3. [back]
Note 21. Hymn
2. [back]
Note 22. Nat. iii.
v. 98. [back]
Note 23. See the pastoral
charge of the late Dr. Butler, bishop of Durham. [back]
Note 24. Cap. unico
de Purif. post partum. [back]
Note 25. Ep. 41.
olim. 77. [back]
Note 26. Or. l. de
precat. t. 1. p. 715. [back]
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume II: February. The Lives of the
Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/2/021.html
Guido Reni (1575–1642), La
Purification de Marie, 1635-1640, 286 x 201, musée du Louvre
Presentazione del Signore
Festa delle luci (cfr Lc
2,30-32), ebbe origine in Oriente con il nome di ‘Ipapante’, cioè ‘Incontro’.
Nel sec. VI si estese all’Occidente con sviluppi originali: a Roma con
carattere più penitenziale e in Gallia con la solenne benedizione e processione
delle candele popolarmente nota come la ‘candelora’. La presentazione del
Signore chiude le celebrazioni natalizie e con l’offerta della Vergine Madre e
la profezia di Simeone apre il cammino verso la Pasqua. (Mess. Rom.)
Martirologio
Romano: Festa della Presentazione del Signore, dai Greci chiamata
Ipapánte: quaranta giorni dopo il Natale del Signore, Gesù fu condotto da Maria
e Giuseppe al Tempio, sia per adempiere la legge mosaica, sia soprattutto per
incontrare il suo popolo credente ed esultante, luce per illuminare le genti e gloria
del suo popolo Israele.
La festività odierna, di cui abbiamo la prima testimonianza nel secolo IV a Gerusalemme, venne denominata fino alla recente riforma del calendario festa della Purificazione della SS. Vergine Maria, in ricordo del momento della storia della sacra Famiglia, narrato al capitolo 2 del Vangelo di Luca, in cui Maria, in ottemperanza alla legge, si recò al Tempio di Gerusalemme, quaranta giorni dopo la nascita di Gesù, per offrire il suo primogenito e compiere il rito legale della sua purificazione. La riforma liturgica del 1960 ha restituito alla celebrazione il titolo di "presentazione del Signore", che aveva in origine. L'offerta di Gesù al Padre, compiuta nel Tempio, prelude alla sua offerta sacrificale sulla croce.
Questo atto di obbedienza a un rito legale, al compimento del quale né Gesù né Maria erano tenuti, costituisce pure una lezione di umiltà, a coronamento dell'annuale meditazione sul grande mistero natalizio, in cui il Figlio di Dio e la sua divina Madre ci si presentano nella commovente ma mortificante cornice del presepio, vale a dire nell'estrema povertà dei baraccati, nella precaria esistenza degli sfollati e dei perseguitati, quindi degli esuli.
L'incontro del Signore con Simeone e Anna nel Tempio accentua l'aspetto sacrificale della celebrazione e la comunione personale di Maria col sacrificio di Cristo, poiché quaranta giorni dopo la sua divina maternità la profezia di Simeone le fa intravedere le prospettive della sua sofferenza: "Una spada ti trafiggerà l'anima": Maria, grazie alla sua intima unione con la persona di Cristo, viene associata al sacrificio del Figlio. Non stupisce quindi che alla festa odierna si sia dato un tempo tale risalto da indurre l'imperatore Giustiniano a decretare il 2 febbraio giorno festivo in tutto l'impero d'Oriente.
Roma adottò la festività verso la metà del VII secolo; papa Sergio I (687-701) istituì la più antica delle processioni penitenziali romane, che partiva dalla chiesa di S. Adriano al Foro e si concludeva a S. Maria Maggiore. Il rito della benedizione delle candele, di cui si ha testimonianza già nel X secolo, si ispira alle parole di Simeone: "I miei occhi han visto la tua salvezza, preparata da te davanti a tutti i popoli, luce per illuminare le genti". Da questo significativo rito è derivato il nome popolare di festa della "candelora". La notizia data già da Beda il Venerabile, secondo la quale la processione sarebbe un contrapposto alla processione dei Lupercalia dei Romani, e una riparazione alle sfrenatezza che avvenivano in tale circostanza, non trova conferma nella storia.
Autore: Piero Bargellini
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/20750
Voir aussi : http://www.crossroadsinitiative.com/library_article/19/Feast_of_the_Presentation_of_the_Lord___St_Sophronius.html