jeudi 2 février 2012

LA PRÉSENTATION DE JÉSUS AU TEMPLE ET LA PURIFICATION DE MARIE



Lc 2:22-
Et lorsque furent accomplis les jours pour leur purification, selon la Loi de Moïse, ils l'emmenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur,
Lc 2:23-
selon qu'il est écrit dans la Loi du Seigneur : Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur,
Lc 2:24-
et pour offrir en sacrifice, suivant ce qui est dit dans la Loi du Seigneur, un couple de tourterelles ou deux jeunes colombes.
Lc 2:25-
Et voici qu'il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon. Cet homme était juste et pieux ; il attendait la consolation d'Israël et l'Esprit Saint reposait sur lui.
Lc 2:26-
Et il avait été divinement averti par l'Esprit Saint qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Christ du Seigneur.
Lc 2:27-
Il vint donc au Temple, poussé par l'Esprit, et quand les parents apportèrent le petit enfant Jésus pour accomplir les prescriptions de la Loi à son égard,
Lc 2:28-
il le reçut dans ses bras, bénit Dieu et dit :
Lc 2:29-
" Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s'en aller en paix ;
Lc 2:30-
car mes yeux ont vu ton salut,
Lc 2:31-
que tu as préparé à la face de tous les peuples,
Lc 2:32-
lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël. "
Lc 2:33-
Son père et sa mère étaient dans l'étonnement de ce qui se disait de lui.
Lc 2:34-
Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère : " Vois ! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en butte à la contradiction -
Lc 2:35-
et toi-même, une épée te transpercera l'âme ! - afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœurs. "
Lc 2:36-
Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanouel, de la tribu d'Aser. Elle était fort avancée en âge. Après avoir, depuis sa virginité, vécu sept ans avec son mari,
Lc 2:37-
elle était restée veuve ; parvenue à l'âge de quatre-vingt-quatre ans, elle ne quittait pas le Temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière.
Lc 2:38-
Survenant à cette heure même, elle louait Dieu et parlait de l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
Lc 2:39-
Et quand ils eurent accompli tout ce qui était conforme à la Loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville.
Lc 2:40-
Cependant l'enfant grandissait, se fortifiait et se remplissait de sagesse. Et la grâce de Dieu était sur lui.

Évangile selon saint LUC, II : 22-40


He 2:12-
quand il dit : J'annoncerai ton nom à mes frères. Je te chanterai au milieu de l'assemblée. Et encore :
He 2:13-
Pour moi j'aurai confiance en lui. Et encore : Nous voici, moi et les enfants que Dieu m'a donnés.
He 2:14-
Puis donc que les enfants avaient en commun le sang et la chair, lui aussi y participa pareillement afin de réduire à l'impuissance, par sa mort, celui qui a la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable,
He 2:15-
et d'affranchir tous ceux qui, leur vie entière, étaient tenus en esclavage par la crainte de la mort.
He 2:16-
Car ce n'est certes pas des anges qu'il se charge, mais c'est de la descendance d'Abraham qu'il se charge.
He 2:17-
En conséquence, il a dû devenir en tout semblable à ses frères, afin de devenir dans leurs rapports avec Dieu un grand prêtre miséricordieux et fidèle, pour expier les péchés du peuple.
He 2:18-
Car du fait qu'il a lui-même souffert par l'épreuve, il est capable de venir en aide à ceux qui sont éprouvés.

Lettre aux Hébreux, II : 14-18


La Présentation de Jésus au Temple et la Purification de Marie

La fête de ce jour a un double objet, célébrer la Purification de Marie et la Présentation de Jésus au Temple selon la loi de Moïse. Cette loi fixait le temps où les mères devaient se présenter avec leurs nouveau-nés devant les autels, et elle exigeait une offrande pour le rachat des enfants mâles. Ni Marie, toute pure dans sa maternité, ni Jésus, Fils de Dieu, n'étaient obligés à cette cérémonie; cependant par humilité, et pour donner aux hommes un éclatant exemple d'obéissance aux lois divines, Marie, accompagnée de Joseph et portant Jésus en Ses bras, Se rendit au Temple de Jérusalem.

La fête chrétienne qui nous conserve le souvenir de cette cérémonie porte, dans le langage populaire, le nom de la Chandeleur, à cause de la procession qui se fait ce jour-là dans nos églises avec des cierges allumés.

Les cierges symbolisent Notre-Seigneur Jésus-Christ, Lumière du monde; la procession représente le passage de la sainte Famille dans le Temple et la rencontre des deux vieillards Siméon et Anne. Saint Anselme, développant ce mystère, nous dit qu'il y a trois choses à considérer dans le cierge: la cire, la mèche et la flamme. La cire, ouvrage de l'abeille virginale, est la Chair du Christ; la mèche, qui est intérieure, est Son Âme; la flamme, qui brille en la partie supérieure est Sa Divinité.

La procession de la Chandeleur nous apparaît comme la marche du peuple chrétien à la lumière du Christ, figuré par les cierges que porte le clergé, la portion choisie de l'Église, comme Jésus même était porté entre les bras de Marie, entre ceux du saint vieillard Siméon et du pontife qui L'offrit au Seigneur.

Les cierges de la Chandeleur sont bénits avec une solennité toute particulière et avec l'emploi des prières les plus touchantes. Conservés dans la maison des chrétiens, ils sont un gage de la protection divine. Il est dans l'esprit de l'Église d'allumer les cierges de la Chandeleur pour repousser les esprits de ténèbres, dans les dangers corporels et spirituels, au lit des mourants, pour éloigner d'eux l'ennemi des hommes, qui fait alors son suprême effort afin d'arracher les âmes à Dieu. C'est bien alors surtout, en effet, que l'homme a besoin du recours du Rédempteur, vraie lumière des âmes, pour illuminer les derniers instants de sa vie.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950


Présentation du Seigneur au Temple

Présentation du Seigneur au Temple, Rencontre du Christ et de son peuple dans la personne du vieillard Syméon, Purification rituelle de Marie, Chandeleur ou fête de la lumière, tels sont les thèmes multiples de la célébration qui, quarante jours après Noël, clôture les solennités de la Manifestation de Dieu aux hommes en son Verbe fait chair.

SOURCE : http://www.paroisse-saint-aygulf.fr/index.php/prieres-et-liturgie/saints-par-mois/icalrepeat.detail/2015/02/02/4126/-/presentation-du-seigneur-au-temple



Le Quarantième jour après Noël-Épiphanie était célébré à Jérusalem dès 386, la procession des cierges y fut ajouté en 450. Au VIe siècle, la fête est reçue à Constantinople sous le nom d’Hypapantê, ou Rencontre du vieillard Siméon et du Sauveur.

La fête est accueillie à Rome au milieu du VIIe siècle, sous le nom d’Hypapantê ou ‘Obviatio’ (Rencontre), ou de ‘jour de St Siméon’. Au milieu du VIIIe siècle, une nouvelle appellation se fit jour en pays francs, celle de purificatio Sanctae Mariae. Aux IXe et Xe siècles, les deux titres se concurrencèrent, puis le second prévalut.

Seul le martyrologe de la basilique Saint-Pierre indique le nom de Présentation : Ypapanti Domini, id est obviatio seu appresentatio Domini nostri Iesu Christi secundum carnem.

AUX PREMIÈRES VÊPRES.

Ant. 1 O commerce admirable *. Le Créateur du genre humain prenant un corps et une âme, a daigné naître de la Vierge, et, devenu homme sans le concours de l’homme, il nous a fait part de sa divinité.

Ant. 2 Quand vous naquîtes * ineffablement d’une Vierge, alors s’accomplirent les Écritures. Comme la rosée sur la toison, vous descendîtes pour sauver le genre humain. Nous vous louons, ô notre Dieu !

Ant. 3 En ce buisson que vit Moïse * et qui brûlait sans se consumer, nous voyons l’image de votre glorieuse virginité : Mère de Dieu, intercédez pour nous.

Ant. 4 La tige de Jessé a fleuri ; * l’étoile est sortie de Jacob ; la Vierge a enfanté le Sauveur. Nous vous louons, ô notre Dieu !

Ant. 5 Voici que Marie nous a enfanté * le Sauveur, à la vue duquel Jean s’est écrié : Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde, alléluia.

Capitule. Malach. 3, 1. Voici que moi j’envoie-mon Ange, et il préparera la voie devant ma face. Et aussitôt viendra dans son temple le Dominateur que vous cherchez, et l’Ange de l’Alliance que vous désirez.

Hymnus

Ave, maris stella,

Dei Mater alma,

Atque semper Virgo,

Felix cæli porta.

Sumens illud Ave

Gabriélis ore,

Funda nos in pace,

Mutans Hevæ nomen.

Solve vincla reis,

Profer lumen cæcis,

Mala nostra pelle,

Bona cuncta posce.

Monstra te esse matrem,

Sumat per te preces,

Qui pro nobis natus

Tulit esse tuus.

Virgo singuláris,

Inter omnes mitis,

Nos, culpis solútos,

Mites fac et castos.

Vitam præsta puram,

Iter para tutum,

Ut, vidéntes Iesum,

Semper collætémur.

Hymne

Salut, astre des mers,

Mère de Dieu féconde,

Salut, ô toujours Vierge,

Porte heureuse du ciel !

Vous qui de Gabriel

Avez reçu l’Ave,

Fondez-nous dans la paix,

Changeant le nom d’Eva.

Délivrez les captifs,

Éclairez les aveugles,

Chassez loin tous nos maux,

Demandez tous les biens.

Montrez en vous la Mère,

Vous-même offrez nos vœux

Au Dieu qui, né pour nous,

Voulut naître de vous.

O Vierge incomparable,

Vierge douce entre toutes !

Affranchis du péché,

Rendez-nous doux et chastes

Donnez vie innocente,

Et sûr pèlerinage,

Pour qu’un jour soit Jésus

Notre liesse à tous.

Louange à Dieu le Père,

Gloire au Christ souverain ;

Louange au Saint-Esprit ;

Aux trois un seul hommage.

Amen.

V/. Siméon fut averti par l’Esprit-Saint.

R/. Qu’il ne verrait point la mort, qu’il n’eût vu le Christ du Seigneur.

Ant.au Magnificat Le vieillard * portait l’enfant ; mais l’enfant dirigeait le vieillard. La Vierge a adoré celui qu’elle a enfanté : vierge elle l’a mis au monde, et vierge elle est demeurée après l’enfantement.

A MATINES.

Invitatoire. Voici que le Seigneur Dominateur vient à son saint temple : * Sion, sois dans la joie et l’allégresse, allant au-devant de ton Dieu.

Au premier nocturne.

Du Livre de l’Exode. Cap. 13, 1-3, 11-13.

Première leçon. Le Seigneur parla à Moïse, disant : Consacre-moi tout premier-né parmi les enfants d’Israël, tant d’entre les hommes que d’entre les bêtes, car à moi sont toutes choses. Et Moïse dit au peuple : Quand le Seigneur t’aura introduit dans la terre du Chananéen, comme il l’a juré à toi et à tes pères, et qu’il te l’aura donnée, tu sépareras pour le Seigneur tout ce qui ouvre un sein, et ce qui est primitif dans tes troupeaux tout ce que tu auras du sexe masculin, tu le consacreras au Seigneur. Tu échangeras le premier-né de l’âne pour une brebis : que si tu ne le rachètes point, tu le tueras. Mais tout premier-né de l’homme d’entre tes fils, c’est avec de l’argent que tu le rachèteras.

R/. Décore ta chambre nuptiale, ô Sion ! et reçois le Christ Roi : * Qu’une vierge a conçu, qu’une vierge a mis au monde ; vierge après l’enfantement, elle a adoré celui qui est né d’elle. V/. Siméon, prenant l’enfant entre ses bras, bénit le Seigneur avec actions de grâces. * Qu’une.

Du livre du Lévitique. Cap. 12, 1-8.

Deuxième leçon. Le Seigneur parla à Moïse, disant : Parle aux enfants d’Israël et tu leur diras : Si une femme, après avoir conçu, enfante un enfant mâle, elle sera impure pendant sept jours, et au huitième jour le petit enfant sera circoncis : mais elle demeurera elle-même pendant trente-trois jours dans sa purification. Elle ne touchera aucune chose sainte, et elle n’entrera pas dans le sanctuaire, jusqu’à ce que soient accomplis les jours de sa purification. Que si elle enfante une fille, elle sera impure pendant deux semaines, et pendant soixante-six jours, elle demeurera dans sa purification.

R/. Après que les jours de la purification de Marie furent accomplis, selon la loi de Moïse, ils portèrent Jésus à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur ; * Comme il est écrit dans la loi du Seigneur Tout mâle premier-né sera appelé consacré au Seigneur. V/. Ils offrirent pour lui au Seigneur une couple de tourterelles, ou deux petits de colombes. * Comme.

Troisième leçon. Et lorsque seront accomplis les jours de sa purification pour un fils ou pour une tille, elle portera un agneau d’un an pour l’holocauste, et le petit d’une colombe ou bien une tourterelle pour le péché, à la porte du tabernacle de témoignage, et elle les donnera au prêtre, qui les offrira devant le Seigneur et priera pouf elle, et c’est ainsi qu’elle sera purifiée. Telle est la loi de celle qui enfante un enfant maie ou une fille. Que si sa main ne trouve et ne peut offrir un agneau, elle prendra deux tourterelles ou deux petits de colombes, l’un pour l’holocauste et l’autre pour le péché : et le prêtre priera pour elle, et c’est ainsi qu’elle sera purifiée.

R/. Ils offrirent pour lui au Seigneur une couple de tourterelles ou deux petits de colombes ; * Comme il est écrit dans la loi du Seigneur. V/. Après que les jours de la purification de Marie furent accomplis, selon la loi de Moïse, ils le portèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur. * Comme. Gloire au Père. * Comme.

Au deuxième nocturne.

Sermon de saint Augustin, Évêque.

Quatrième leçon. C’est ainsi qu’autrefois il a été prophétisé : Un homme appelle Sion du nom de mère : « Car il a été fait homme en elle, et c’est le Très-Haut lui-même qui l’a fondée ». O toute-puissance d’un enfant qui naît ! ô magnificence d’un Dieu qui vient du ciel en terre ! Il était encore au sein qui l’avait conçu, et Jean-Baptiste le saluait déjà du sein d’Élisabeth. On le présentait dans le temple, et il était reconnu par Siméon, vieillard aussi vénéré pour sa réputation que pour son âge, d’une vertu éprouvée, couronné de mérites. C’est alors que ce saint homme le reconnut et l’adora, et c’est alors qu’il dit : « Maintenant Seigneur, vous laissez partir en paix votre serviteur, parce que mes yeux ont contemplé votre Salut ».

R/. Siméon, homme juste et craignant Dieu, attendait la rédemption d’Israël. * Et l’Esprit-Saint était en lui. V/. Siméon fut averti par l’Esprit Saint qu’il ne verrait point la mort, qu’il n’eût vu le Christ du Seigneur. * Et.

Cinquième leçon. Dieu avait différé de le retirer du monde pour qu’il pût voir, né parmi nous, celui qui a fait le monde. Le vieillard reconnut l’enfant, et avec lui devint enfant, la piété dont il était rempli lui donnant une seconde jeunesse. Le vieux Siméon portait le Christ enfant, et Jésus guidait la vieillesse de Siméon. Dieu avait promis au saint vieillard de ne pas le laisser mourir, qu’il n’eût contemplé l’Oint du Seigneur, né parmi les hommes. Le Christ naquit donc, et le désir du vieillard fut accompli dans la vieillesse du monde. Parce qu’il trouve le monde dans la vieillesse du péché, le Christ est venu à un homme avancé en âge.

R/. Siméon fut averti par l’Esprit-Saint qu’il ne verrai point la mort, qu’il n’eût vu le Christ du Seigneur ; * Et il bénit Dieu et dit : Maintenant, Seigneur, laissez votre serviteur s’en aller en paix puisque mes yeux ont vu le Sauveur qui vient de vous. V/. Comme les parents de l’enfant Jésus l’apportaient dans le temple, afin de faire pour lui selon la coutume prescrit par la loi, il le prit entre ses bras. * Et.

Sixième leçon. Siméon voulait pas rester long temps en ce monde ; il désirait y voir le Christ, et répétait ces paroles du Prophète : « Seigneur, manifestez-nous votre miséricorde, et donnez-nous votre Salut ». Et pour que vous sachiez que c’était là sa consolation et sa joie, il dit à la fin : « Maintenant, vous laissez partir en paix votre serviteur, parce que mes yeux ont contemplé votre Salut ». Les Prophètes avaient annoncé que le Créateur du ciel et de la terre habiterait sur terre avec les hommes. Un Ange apporta la nouvelle que le Créateur de la chair et de l’esprit allait se revêtir d’un corps. Du sein d’Élisabeth, Jean-Baptiste a salué le Sauveur dans le sein de Marie. Enfin le vieillard Siméon reconnaît pour Dieu cet enfant.

R/. Comme les parents de l’enfant Jésus l’apportaient dans le temple, afin de faire pour lui selon la coutume prescrite par la loi, Siméon le prit entre ses bras, et bénit Dieu, disant : * Maintenant, Seigneur, laissez votre serviteur s’en aller en paix. V/. Siméon, recevant l’enfant entre ses mains, s’écria. * Maintenant. Gloire au Père. * Maintenant.

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 2, 22-33.

En ce temps-là : Quand furent accomplis les jours de la purification de Marie, selon la loi de Moïse, ils le portèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur, selon qu’il est prescrit dans la loi du Seigneur. Et le reste.

Homélie de saint Ambroise, Évêque.

Septième leçon. « Or il y avait à Jérusalem un homme appelé Siméon, et cet homme était juste et craignant Dieu, attendant la consolation d’Israël ». Non seulement les Anges, les Prophètes et les bergers, mais encore les vieillards et les justes, rendent témoignage à la naissance du Seigneur. Des personnes de tout âge et de tout sexe, des événements miraculeux en confirment la vérité. Une vierge enfante, une femme stérile devient féconde, un muet parle, Élisabeth est inspirée, les Mages viennent adorer, un enfant tressaille dans le sein de sa mère, une veuve loue et bénit, un juste est dans l’attente.

R/. Recevant Jésus entre ses bras, Siméon s’écria : * Vous êtes la vraie lumière qui éclairera les Nations, et la gloire d’Israël votre peuple. V/. Comme les parents de l’enfant Jésus l’apportaient dans le temple, il le prit entre ses bras, bénit Dieu et dit. * Vous êtes.

Huitième leçon. Et certes il mérite bien d’être appelé juste, ce vieillard qui avait moins en vue son avantage que celui de la nation. Car tout en désirant d’être dégagé des liens d’tm corps fragile, il ne perdit pas l’espoir de contempler le Sauveur promis, estimant heureux les yeux qui le verraient. Il le prit lui-même entre ses bras, et bénissant Dieu, il dit : « C’est maintenant, Seigneur, que, selon votre parole, vous laissez votre serviteur s’en aller en paix ». Vois comme ce juste pour qui la masse de son corps est une prison, souhaite d’en être délivré, afin de pouvoir commencer d’être avec Jésus-Christ ; car se voir dégagé des liens du corps et être avec Jésus-Christ est beaucoup plus avantageux.

R/. Le vieillard portait l’enfant, mais l’enfant dirigeait le vieillard. * La Vierge a adoré celui qu’elle a enfanté, vierge elle l’a mis au monde, et vierge elle est demeurée après l’enfantement. V/. Siméon, prenant t’entant entre ses mains, bénit Dieu en rendant grâces. * La Vierge. Gloire au Père. * La Vierge.

Neuvième leçon. Mais celui qui veut partir ainsi doit venir au temple, venir à Jérusalem, attendre l’Oint du Seigneur, recevoir dans ses mains le Verbe de Dieu, l’embrasser par es bonnes œuvres qui sont comme les bras de la foi. Alors il s’en ira paisiblement, et ne verra point la mort éternelle, puisqu’il aura vu la Vie. Tu vois que la naissance du Seigneur répand la grâce avec abondance sur toute sorte de personnes, et que le don de prophétie est refusé aux incrédules, mais non aux justes. Voici donc Siméon prophétisant que le Seigneur Jésus-Christ est venu pour la ruine et pour la résurrection d’un grand nombre, pour discerner ce que méritent les bons et les méchants, et pour décerner, juge infaillible, juge équitable, des supplices ou des récompenses, selon la qualité de nos actes.

A LAUDES

Ant. 1 Siméon, homme juste * et craignant Dieu, attendait la rédemption d’Israël, et l’Esprit-Saint était en lui.

Ant. 2 Siméon fut averti * par l’Esprit-Saint qu’il ne verrait point là mort qu’il n’eût vu le Seigneur.

Ant. 3 Siméon, prenant * l’enfant entre ses mains, bénit Dieu, rendant grâces.

Ant. 4 Il sera la lumière qui éclairera les Nations, * et la gloire d’Israël, votre peuple.

Ant. 5 Ils offrirent pour lui au Seigneur une couple de tourterelles et deux petits de colombes.

Capitule. Malach. 3, 1.Voici que moi j’envoie-mon Ange, et il préparera la voie devant ma face. Et aussitôt viendra dans son temple le Dominateur que vous cherchez, et l’Ange de l’Alliance que vous désirez.

Ant. au Bénédictus Comme les parents * de l’enfant Jésus l’apportaient, Siméon le prit entre ses bras, et bénit Dieu, disant : Maintenant, laissez votre serviteur s’en aller en paix.

AUX DEUXIÈMES VÊPRES.

V/. Siméon fut averti par l’Esprit-Saint.

R/. Qu’il ne verrait point la mort, qu’il n’eût vu le Christ du Seigneur.

Ant. au Magnificat Aujourd’hui, * la bienheureuse Vierge Marie présenta l’enfant Jésus dans le temple, et Siméon, rempli de l’Esprit-Saint, le prit entre ses bras, et bénit Dieu à jamais


Dom Lefebvre, Missel

La fête de la Purification vient clore le Cycle sanctoral du Temps après l’Epiphanie. C’est une des plus anciennes solennités de la Vierge et qui occupait à Rome, au VIIe siècle, le second rang après l’Assomption. Cette fête ce célèbre au 2 février, parce que, voulant se soumettre à la loi mosaïque, Marie devait aller à Jérusalem, 40 jours après la naissance de Jésus (25 décembre-2 février) pour y offrir le sacrifice prescrit. Les mères devaient donner un agneau, ou, si leurs moyens ne le leur permettaient pas, « deux tourterelles ou deux jeunes pigeons ». La Sainte Vierge amena avec elle à Jérusalem l’enfant Jésus, et la procession de la Chandeleur rappelle le voyage de Marie et de Joseph montant au temple, pour y présenter « l’Ange de l’Alliance » (Epître, Introït), comme l’avait prédit Malachie. Les messes de l’Annonciation, de l’Assomption, de la Nativité de Marie, de l’Exaltation de la Sainte Croix et de la Chandeleur avaient autrefois leur procession. Cette dernière seule reste. « La cire des cierges signifie la chair virginale du divin enfant, dit S. Anselme, la mèche figure son âme et la flamme sa divinité ». La Purification, à laquelle la mère du Sauveur n’était pas astreinte, car elle enfanta en dehors des lois ordinaires, passe au second plan dans la liturgie et c’est la Présentation de Jésus qui est l’objet principal de cette fête. Si l’on rattache cette solennité au Temps de Noël, on y voit Jésus manifesté par Siméon, comme le Dieu qui « illuminera de sa lumière les Gentils et sera la gloire du peuple d’Israël » (Évangile) ; et si on la considère comme appartenant au Temps après l’Epiphanie, on adore Jésus dans l’accomplissement de cette prophétie, soit aux noces de Cana où il commence à manifester sa gloire . (Êv. 2ème Dim. Après l’Epiphanie), soit au milieu des foules, lorsqu’il répand la lumière de sa doctrine (Èv des 5ème et 6ème Dim.). Relisons la 4ème oraison de la bénédiction des cierges, afin de comprendre le symbolisme de la lampe du sanctuaire et des cierges bénits en ce jour, et de bien savoir l’usage qu’il faut en faire au lit des mourants, dans les orages et dans les périls que peuvent courir « notre corps et notre âme sur terre et sur les eaux ». (1ère Oraison de ta benédiction des cierges). [1].

[1] Missel dit de Dom Lefebvre, 1934

Lorenzo Lotto  (1480–1556). La Présentation au Temple, 1554-1555, 170 x 157, Loreto, Palazzo Apostolico



Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Enfin les quarante jours de la Purification de Marie sont écoulés, et le moment est venu où elle doit monter au Temple du Seigneur pour y présenter Jésus. Avant de suivre le Fils et la Mère dans ce voyage mystérieux à Jérusalem, arrêtons-nous encore un instant à Bethléhem, et pénétrons avec amour et docilité les mystères qui vont s’accomplir.

La Loi du Seigneur ordonnait aux femmes d’Israël, après leur enfantement, de demeurer quarante jours sans approcher du tabernacle ; après l’expiration de ce terme, elles devaient, pour être purifiées, offrir un sacrifice. Ce sacrifice consistait en un agneau, pour être consumé en holocauste ; on devait y joindre une tourterelle ou une colombe, destinées à être offertes selon le rite du sacrifice pour le péché. Que si la mère était trop pauvre pour fournir l’agneau, le Seigneur avait permis de le remplacer par une autre tourterelle, ou une autre colombe.

Un second commandement divin déclarait tous les premiers-nés propriété du Seigneur, et prescrivait la manière de les racheter. Le prix de ce rachat était de cinq sicles, qui, au poids du sanctuaire, représentaient chacun vingt oboles. Marie, fille d’Israël, avait enfanté ; Jésus était son premier-né. Le respect dû à un tel enfantement, à un tel premier-né, permettait-il l’accomplissement de la loi ?

Si Marie considérait les raisons qui avaient porté le Seigneur à obliger les mères à la purification, elle voyait clairement que cette loi n’avait point été faite pour elle. Quel rapport pouvait avoir avec les épouses des hommes, celle qui était le très pur sanctuaire de l’Esprit-Saint, Vierge dans la conception de son Fils, Vierge dans son ineffable enfantement ; toujours chaste, mais plus chaste encore après avoir porté dans son sein et mis au monde le Dieu de toute sainteté ? Si elle considérait la qualité sublime de son Fils, cette majesté du Créateur et du souverain Seigneur de toutes choses, qui avait daigné prendre naissance en elle, comment aurait-elle pu penser qu’un tel Fils était soumis à l’humiliation du rachat, comme un esclave qui ne s’appartient pas à lui-même ?

Cependant, l’Esprit qui résidait en Marie lui révèle qu’elle doit accomplir cette double loi. Malgré son auguste qualité de Mère de Dieu, il faut qu’elle se mêle à la foule des mères des hommes, qui se rendent de toutes parts au Temple, pour y recouvrer, par un sacrifice, la pureté qu’elles ont perdue. En outre, ce Fils de Dieu et Fils de l’Homme doit être considéré en toutes choses comme un serviteur ; il faut qu’il soit racheté en cette humble qualité comme le dernier des enfants d’Israël. Marie adore profondément cette volonté suprême, et s’y soumet de toute la plénitude de son cœur.

Les conseils du Très-Haut avaient arrêté que le Fils de Dieu ne serait déclaré à son peuple que par degrés. Après trente années de vie cachée à Nazareth, où, comme le dit l’Évangéliste, il était réputé le fils de Joseph, un grand Prophète devait l’annoncer mystérieusement aux Juifs accourus au Jourdain, pour y recevoir le baptême de la pénitence. Bientôt ses propres œuvres, ses éclatants miracles, rendraient témoignage de lui. Après les ignominies de sa Passion, il ressusciterait glorieux, confirmant ainsi la vérité de ses prophéties, l’efficacité de son Sacrifice, enfin sa divinité. Jusque-là presque tous les hommes ignoreraient que la terre possédait son Sauveur et son Dieu. Les bergers de Bethléhem n’avaient point reçu l’ordre, comme plus tard les pêcheurs de Génésareth, d’aller porter la Parole jusqu’aux extrémités du monde ; les Mages, qui avaient paru tout à coup au milieu de Jérusalem, étaient retournés dans l’Orient, sans revoir cette ville qui s’était émue un instant de leur arrivée. Ces prodiges, d’une si sublime portée aux yeux de l’Église, depuis l’accomplissement de la mission de son divin Roi, n’avaient trouvé d’écho et de mémoire fidèle que dans le cœur de quelques vrais Israélites qui attendaient le salut d’un Messie humble et pauvre ; la naissance même de Jésus à Bethléhem devait demeurer ignorée du plus grand nombre des Juifs ; car les Prophètes avaient prédit qu’il serait appelé Nazaréen.

Le même plan divin qui avait exigé que Marie fût l’épouse de Joseph, pour protéger, aux yeux du peuple, sa virginité féconde, demandait donc que cette très chaste Mère vînt comme les autres femmes d’Israël offrir le sacrifice de purification, pour la naissance du Fils qu’elle avait conçu par l’opération de l’Esprit-Saint, mais qui devait être présenté au temple comme le fils de Marie, épouse de Joseph. Ainsi, la souveraine Sagesse aime à montrer que ses pensées ne sont point nos pensées, à déconcerter nos faibles conceptions, en attendant le jour où elle déchire les voiles et se montre à découvert à nos yeux éblouis.

La volonté divine fut chère à Marie, en cette circonstance comme en toutes les autres. La Vierge ne pensa point agir contre l’honneur de son fils, ni contre le mérite glorieux de sa propre intégrité, en venant chercher une purification extérieure dont elle n’avait nul besoin. Elle fut, au Temple, la servante du Seigneur, comme elle l’avait été dans la maison de Nazareth, lors de la visite de l’Ange. Elle obéit à la loi, parce que les apparences la déclaraient sujette à la loi. Son Dieu et son Fils se soumettait au rachat comme le dernier des hommes ; il avait obéi à l’édit d’Auguste pour le dénombrement universel ; il devait « être obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » : la Mère et l’Enfant s’humilièrent ensemble ; et l’orgueil de l’homme reçut en ce jour une des plus grandes leçons qui lui aient jamais été données.

Quel admirable voyage que celui de Marie et de Joseph allant de Bethléhem à Jérusalem ! L’Enfant divin est dans les bras de sa mère ; elle le tient sur son cœur durant tout le cours de cette route fortunée. Le ciel, la terre, la nature tout entière, sont sanctifiés par la douce présence de leur miséricordieux créateur. Les hommes au milieu desquels passe cette mère chargée de son tendre fruit la considèrent, les uns avec indifférence, les autres avec intérêt ; mais nul d’entre eux ne pénètre encore le mystère qui doit les sauver tous.

Joseph est porteur de l’humble offrande que la mère doit présenter au prêtre. Leur pauvreté ne leur permet pas d’acheter un agneau ; et d’ailleurs n’est-il pas l’Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde, ce céleste Enfant que Marie tient dans ses bras ? La loi a désigné la tourterelle ou la colombe pour suppléer l’offrande qu’une mère indigente ne pourrait présenter : innocents oiseaux, dont le premier figure la chasteté et la fidélité, et dont le second est le symbole de la simplicité et de l’innocence. Joseph porte aussi les cinq sicles, prix du rachat du premier-né ; car il est vraiment le Premier-né, cet unique fils de Marie, qui a daigné faire de nous ses frères, et nous rendre participants de la nature divine, en adoptant la nôtre.

Enfin, cette sainte et sublime famille est entrée dans Jérusalem. Le nom de cette ville sacrée signifie vision de paix ; et le Sauveur vient par sa présence lui offrir la paix. Admirons une magnifique progression dans les noms des trois villes auxquelles se rattache la vie mortelle du Rédempteur. Il est conçu à Nazareth, qui signifie la fleur ; car il est, comme il le dit au Cantique, la fleur des champs et le lis des vallons ; et sa divine odeur nous réjouit. Il naît à Bethléhem, la maison du pain, afin d’être la nourriture de nos âmes. Il est offert en sacrifice sur la croix à Jérusalem, et par son sang, il rétablit la paix entre le ciel et la terre, la paix entre les hommes, la paix dans nos âmes. Dans cette journée, comme nous le verrons bientôt, il va donner les arrhes de cette paix.

Pendant que Marie portant son divin fardeau monte, Arche vivante, les degrés du Temple, soyons attentifs ; car une des plus fameuses prophéties s’accomplit, un des principaux caractères du Messie se déclare. Conçu d’une Vierge, né en Bethléhem, ainsi qu’il était prédit, Jésus, en franchissant le seuil du Temple, acquiert un nouveau titre à nos adorations. Cet édifice n’est plus le célèbre Temple de Salomon, qui devint la proie des flammes aux jours de la captivité de Juda. C’est le second Temple bâti au retour de Babylone, et dont la splendeur n’a point atteint la magnificence de l’ancien. Avant la fin du siècle, il doit être renversé pour la seconde fois ; et la parole du Seigneur sera engagée à ce qu’il n’y demeure pas pierre sur pierre. Or, le Prophète Aggée, pour consoler les Juifs revenus de l’exil, qui se lamentaient sur leur impuissance à élever au Seigneur une maison comparable à celle qu’avait édifiée Salomon, leur a dit ces paroles, et elles doivent servir à fixer l’époque de la venue du Messie : « Prends courage, Zorobabel, dit le Seigneur ; prends courage, Jésus, fils de Josedec, souverain Prêtre ; prends courage, peuple de cette contrée ; car voici ce que dit le Seigneur : Encore un peu de temps et j’ébranlerai le ciel et la terre, et j’ébranlerai toutes les nations ; et le Désiré de toutes les nations viendra ; et je remplirai de gloire cette maison. La gloire de cette seconde maison sera plus grande que ne le fut celle de la première ; et dans ce lieu je donnerai la paix, dit le Seigneur des armées. »

L’heure est arrivée de l’accomplissement de cet oracle. L’Emmanuel est sorti de son repos de Bethléhem, il s’est produit au grand jour, il est venu prendre possession de sa maison terrestre ; et par sa seule présence dans l’enceinte du second Temple, il en élève tout d’un coup la gloire au-dessus de la gloire dont avait paru environné celui de Salomon. Il doit le visiter plusieurs fois encore ; mais cette entrée qu’il y fait aujourd’hui, porté sur les bras de sa mère, suffit à accomplir la prophétie ; dès maintenant, les ombres et les figures que renfermait ce Temple commencent à s’évanouir aux rayons du Soleil de la vérité et de la justice. Le sang des victimes teindra encore, quelques années, les cornes de l’autel ; mais au milieu de toutes ces victimes égorgées, hosties impuissantes, s’avance déjà l’Enfant qui porte dans ses veines le sang de la Rédemption du monde. Parmi ce concours de sacrificateurs, au sein de cette foule d’enfants d’Israël qui se presse dans les diverses enceintes du Temple, plusieurs attendent le Libérateur, et savent que l’heure de sa manifestation approche ; mais aucun d’eux ne sait encore qu’en ce moment même le Messie attendu vient d’entrer dans la maison de Dieu.

Cependant un si grand événement ne devait pas s’accomplir sans que l’Eternel opérât une nouvelle merveille. Les bergers avaient été appelés par l’Ange, l’étoile avait attiré les Mages d’Orient en Bethléhem ; l’Esprit-Saint suscite lui-même à l’Enfant divin un témoignage nouveau et inattendu.

Un vieillard vivait à Jérusalem, et sa vie touchait au dernier terme ; mais cet homme de désirs, nommé Siméon, n’avait point laissé languir dans son cœur l’attente du Messie. Il sentait que les temps étaient accomplis ; et pour prix de son espérance, l’Esprit-Saint lui avait fait connaître que ses yeux ne se fermeraient pas avant qu’ils eussent vu la Lumière divine se lever sur le monde. Au moment où Marie et Joseph montaient les degrés du Temple, portant vers l’autel l’Enfant de la promesse, Siméon se sent poussé intérieurement par la force irrésistible de l’Esprit divin ; il sort de sa maison, il dirige vers la demeure sacrée ses pas chancelants, mais soutenus par l’ardeur de ses désirs. Sur le seuil de la maison de Dieu, parmi les mères qui s’y pressent chargées de leurs enfants, ses yeux inspirés ont bientôt reconnu la Vierge féconde prophétisée par Isaïe ; et son cœur vole vers l’Enfant qu’elle tient dans ses bras.

Marie, instruite par le même Esprit, laisse approcher le vieillard ; elle dépose dans ses bras tremblants le cher objet de son amour, l’espoir du salut de la terre. Heureux Siméon, figure de l’ancien monde vieilli dans l’attente et près de succomber ! A peine a-t-il reçu le doux fruit de la vie, que sa jeunesse se renouvelle comme celle de l’aigle ; en lui s’accomplit la transformation qui doit se réaliser dans la race humaine. Sa bouche s’ouvre, sa voix retentit, il rend témoignage comme les bergers dans la région de Bethléhem, comme les Mages au sein de l’Orient. « O Dieu ! dit-il, mes yeux ont donc vu le Sauveur que vous prépariez ! Elle luit enfin, cette Lumière qui doit éclairer les Gentils, et faire la gloire de votre peuple d’Israël. »

Tout à coup survient, attirée aussi par le mouvement du divin Esprit, la pieuse Anne, fille de Phanuel, illustre par sa piété et vénérable à tout le peuple par son grand âge. Les deux vieillards, représentants de la société antique, unissent leurs voix, et célèbrent l’avènement fortuné de l’Enfant qui vient renouveler la face de la terre, et la miséricorde de Jéhovah qui, selon la prophétie d’Aggée, dans ce lieu, au sein même du second Temple, donne enfin la paix au monde.

C’est dans cette paix tant désirée que va s’endormir Siméon. Vous laisserez donc partir dans la paix votre serviteur, selon votre parole, Seigneur ! dit le vieillard ; et bientôt son âme, dégagée des liens du corps, va porter aux élus qui reposent dans le sein d’Abraham la nouvelle de la paix qui apparaît sur la terre, et leur ouvrira bientôt les cieux. Anne survivra quelques jours encore à cette grande scène ; elle doit, comme nous l’apprend l’Évangéliste, annoncer l’accomplissement des promesses aux Juifs spirituels qui attendaient la Rédemption d’Israël. Une semence devait être confiée à la terre ; les bergers, les Mages, Siméon, Anne, l’ont jetée ; elle lèvera en son temps : et quand les années d’obscurité que le Messie doit passer dans Nazareth seront écoulées, quand il viendra pour la moisson, il dira à ses disciples : Voyez comme le froment blanchit à maturité sur les guérets : priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour la récolte.

Le fortuné vieillard rend donc aux bras de la très pure Mère le Fils qu’elle va offrir au Seigneur. Les oiseaux mystérieux sont présentés au prêtre qui les sacrifie sur l’autel, le prix du rachat est versé, l’obéissance parfaite est accomplie ; et après avoir rendu ses hommages au Seigneur dans cet asile sacré à l’ombre duquel s’écoulèrent ses premières années, Marie toujours Vierge, pressant sur son cœur le divin Emmanuel, et accompagnée de son fidèle époux, descend les degrés du Temple.

Tel est le mystère du quarantième jour, qui ferme la série des jours du Temps de Noël, par cette admirable fête de la Purification de la très sainte Vierge. De savants hommes, au nombre desquels on compte le docte Henschenius, dont Benoît XIV partage le sentiment, inclinent à donner une origine apostolique à cette solennité ; il est certain du moins qu’elle était déjà ancienne au cinquième siècle.

L’Église Grecque et l’Église de Milan mettent cette fête au nombre des solennités de Notre-Seigneur ; mais l’Église Romaine l’a toujours comptée entre les fêtes de la sainte Vierge. Sans doute, l’Enfant Jésus est offert aujourd’hui dans le Temple et racheté ; mais c’est à l’occasion de la Purification de Marie, dont cette offrande et ce rachat sont comme la conséquence. Les plus anciens Martyrologes et Calendriers de l’Occident donnent cette fête sous le titre qu’elle conserve aujourd’hui ; et la gloire du Fils, loin d’être obscurcie par les honneurs que l’Église rend à la Mère, en reçoit un nouvel accroissement, puisque lui seul est le principe de toutes les grandeurs que nous révérons en elle.



LES PREMIÈRES VÊPRES DE LA PURIFICATION.

La sainte Église chante dans cet Office, pour la dernière fois, les célèbres Antiennes de l’Octave de Noël, qui célèbrent le grand Mystère de l’Incarnation du Verbe et la fécondité de la Vierge.

Le Capitule est la prophétie de Malachie annonçant la venue du souverain Seigneur, de l’Ange de l’Alliance, qui vient visiter son Temple, oracle qui s’accomplit aujourd’hui.

LA BÉNÉDICTION DES CIERGES.

Après l’Office de Tierce, l’Église pratique, en ce jour, la bénédiction solennelle des Cierges, que l’on compte pour une des trois principales qui ont lieu dans le cours de l’année : les deux autres sont celle des Cendres et celle des Rameaux. L’intention de cette cérémonie se rapporte au jour même de la Purification de la sainte Vierge ; en sorte que si l’un des Dimanches de Septuagésime, de Sexagésime, ou de Quinquagésime, tombe le deux février, la fête est remise au lendemain ; mais la bénédiction des Cierges, et la Procession qui en est le complément, demeurent fixes au deux février.

Afin de réunir sous un même rite les trois grandes Bénédictions dont nous parlons, l’Église a ordonné, pour celle des Cierges, l’usage de la même couleur violette qu’elle emploie dans la bénédiction des Cendres et dans celle des Rameaux ; en sorte que cette solennelle fonction, qui sert à marquer d’une manière inviolable le jour auquel s’est accomplie la Purification de Marie, doit s’exécuter tous les ans, le deux février, sans qu’il soit dérogé à la couleur prescrite pour les trois Dimanches dont nous venons de parler.

L’origine de cette cérémonie est assez difficile à assigner d’une manière précise. Selon Baronius, Thomassin, Baillet, etc., elle aurait été instituée, vers la fin du V° siècle, par le Pape saint Gélase, pour donner un sens chrétien aux restes de l’antique fête des Lupercales, dont le peuple de Rome avait encore retenu quelques usages superstitieux. Il est du moins certain que saint Gélase abolit, à cette époque, les derniers vestiges de la fête des Lupercales qui, comme l’on sait, était célébrée au mois de février, dans les siècles du paganisme. Innocent III, dans un de ses Sermons sur la fête de la Purification, enseigne que l’attribution de la cérémonie des Cierges au deux février est due à la sagesse des Pontifes romains, lesquels auraient appliqué au culte de la sainte Vierge les restes d’un usage religieux des anciens Romains, qui allumaient des flambeaux en mémoire des torches à la lueur desquelles Cérès avait, selon la fable, parcouru les sommets de l’Etna, cherchant sa fille Proserpine enlevée par Pluton ; mais on ne trouve pas de fête en l’honneur de Cérès, au mois de février, sur le Calendrier des anciens Romains. Il nous semble donc plus exact d’adopter le sentiment de D. Hugues Ménard, Rocca, Henschenius et Benoît XIV, qui tiennent que la fête antique connue en février sous le nom d’Amburbalia, et dans laquelle les païens parcouraient la ville en portant des flambeaux, a donné occasion aux Souverains Pontifes de lui substituer un rite chrétien qu’ils ont uni à la célébration de la fête dans laquelle le Christ, Lumière du monde, est présenté au Temple par la Vierge-mère.

Le mystère de cette cérémonie a été fréquemment expliqué par les liturgistes depuis le VIIe siècle. Selon saint Ives de Chartres, dans son deuxième Sermon sur la fête d’aujourd’hui, la cire des cierges, formée du suc des fleurs par les abeilles, que l’antiquité a toujours considérées comme un type de la virginité, signifie la chair virginale du divin Enfant, lequel n’a point altéré, dans sa conception ni dans sa naissance, l’intégrité de Marie. Dans la flamme du cierge, le saint Évêque nous apprend à voir le symbole du Christ qui est venu illuminer nos ténèbres. Saint Anselme, dans ses Enarrations sur saint Luc, développant le même mystère, nous dit qu’il y a trois choses à considérer dans le Cierge : la cire, la mèche et la flamme. La cire, dit-il, ouvrage de l’abeille virginale, est la chair du Christ ; la mèche, qui est intérieure, est l’âme ; la flamme, qui brille en la partie supérieure, est la divinité.

Autrefois, les fidèles s’empressaient d’apporter eux-mêmes des cierges à l’Église, le jour de la Purification, afin qu’ils fussent bénis avec ceux que les prêtres et les ministres portent à la Procession ; cet usage est encore observé en beaucoup de lieux. Il est à désirer que les Pasteurs des âmes recommandent fortement cette coutume, et qu’ils la rétablissent ou la soutiennent partout où il est besoin. Tant d’efforts que l’on a faits pour ruiner, ou du moins pour appauvrir le culte extérieur, ont amené insensiblement le plus triste affaiblissement du sentiment religieux, dont l’Église possède seule la source dans la Liturgie. Il est nécessaire aussi que les fidèles sachent que les cierges bénis au jour de la Chandeleur, car tel est le nom populaire de la fête de la Purification, emprunté à la cérémonie même dont nous parlons ; que ces cierges, disons-nous, sont bénis, non seulement pour servir à la Procession, mais encore pour l’usage des chrétiens qui, en les gardant avec respect dans leurs maisons, en les portant avec eux, tant sur la terre que sur les eaux, comme dit l’Église, attirent des bénédictions particulières du ciel. On doit allumer aussi ces cierges de la Chandeleur auprès du lit des mourants, comme un souvenir de l’immortalité que le Christ nous a méritée, et comme un signe de la protection de Marie.

Tout étant préparé, le prêtre procède à la cérémonie de la Bénédiction des Cierges.

Après les Oraisons, le Célébrant asperge d’eau bénite et encense les Cierges ; on procède ensuite à leur distribution. A ce moment, l’Église, émue à la vue des symboles glorieux qui lui rappellent les caractères de l’Emmanuel, s’unit aux transports du vieillard Siméon, qui, tenant en ses bras l’Enfant de la Vierge, le proclama la Lumière des nations. Elle emprunte son beau Cantique, répétant après chaque Verset une Antienne formée des dernières paroles dont il se compose.

LA PROCESSION DES CIERGES.

Remplie d’allégresse, illuminée de ces feux mystérieux, entraînée, comme Siméon, par le mouvement de l’Esprit-Saint, la sainte Église se met en marche pour aller à la rencontre de l’Emmanuel. C’est cette rencontre sublime que l’Église Grecque, dans sa Liturgie, désigne sous le nom d’Hypapante, et dont elle a fait l’appellation de la fête d’aujourd’hui. L’Église veut imiter la merveilleuse procession qui eut lieu en ce moment même dans le Temple de Jérusalem, et que saint Bernard célèbre ainsi, dans son premier Sermon pour la Fête de la Purification de Notre-Dame : « Aujourd’hui la Vierge-mère introduit le Seigneur du Temple dans le Temple du Seigneur ; Joseph présente au Seigneur, non un fils qui soit le sien, mais le Fils bien-aimé du Seigneur, dans lequel il a mis ses complaisances. Le juste reconnaît Celui qu’il attendait ; la veuve-Anne l’exalte dans ses louanges. Ces quatre personnes ont célébré pour la première fois la Procession d’aujourd’hui, qui, dans la suite, devait être solennisée dans l’allégresse de la terre entière, en tous lieux, et par toutes les nations. Ne nous a étonnons pas que cette Procession ait été si petite ; car Celui qu’on y recevait s’était fait petit. Aucun pécheur n’y parut : tous étaient justes, saints et parfaits. »

Marchons néanmoins sur leurs traces. Allons au-devant de l’Époux, comme les Vierges sages, portant dans nos mains des lampes allumées au feu de la charité. Souvenons-nous du conseil que nous donne le Sauveur lui-même : « Que vos reins soient ceints comme ceux des voyageurs ; tenez dans vos mains des flambeaux allumés et soyez semblables à ceux qui attendent leur Seigneur. » (Luc. XII, 35). Conduits par la foi, éclairés par l’amour, nous le rencontrerons, nous le reconnaîtrons, et il se donnera à nous.

La sainte Église ouvre les chants de cette Procession par l’Antienne suivante, qui se trouve mot à mot dans la Liturgie Grecque, en cette même Fête : « Décore ta chambre nuptiale, ô Sion ! et reçois le Christ Roi : accueille avec amour Marie, qui est la porte du ciel ; car elle tient dans ses bras le Roi de gloire, Celui qui est la Lumière nouvelle. La Vierge s’arrête, présentant son Fils engendré avant l’aurore ; Siméon le reçoit dans ses bras, et annonce aux peuples qu’il est le maître de la vie et de la mort, et le Sauveur du monde. »

On ajoute l’Antienne suivante, tirée de l’Évangile, et dans laquelle est racontée la mystérieuse rencontre du vieillard Siméon : « Siméon avait appris de l’Esprit-Saint qu’il ne mourrait pas sans voir le Christ du Seigneur ; et au moment où l’Enfant était introduit dans le Temple, il le prit dans ses bras, et bénissant Dieu, il dit : C’est maintenant, Seigneur, que vous laisserez aller en paix votre serviteur. »

La Procession étant terminée, le Célébrant et les ministres déposent les ornements violets, et en revêtent de blancs pour la Messe solennelle de la Purification de Notre-Dame. Si cependant on était à l’un des trois Dimanches de Septuagésime, de Sexagésime ou de Quinquagésime, la Messe de la fête serait, comme nous l’avons dit, remise au lendemain.

A LA MESSE.

Dans l’Introït, l’Église chante la gloire du Temple visité aujourd’hui par l’Emmanuel. Aujourd’hui, le Seigneur est grand dans la Cité de David, sur la montagne de Sion. Siméon, figure du genre humain, reçoit dans ses bras Celui qui est la miséricorde que Dieu nous envoie.

Dans la Collecte, l’Église demande pour ses enfants la grâce d’être présentés eux-mêmes au Seigneur, comme l’a été l’Emmanuel ; mais, afin qu’ils soient reçus favorablement par sa Majesté toute sainte, elle implore pour eux la pureté du cœur.

ÉPÎTRE.

Tous les Mystères de l’Homme-Dieu ont pour objet la purification de nos cœurs. Il envoie son Ange, son Précurseur, devant sa face, pour préparer la voie ; et Jean nous criait du fond du désert : Abaissez les collines, comblez les vallées. Il vient enfin lui-même, l’Ange, l’Envoyé par excellence, sceller l’alliance avec nous ; il vient à son Temple ; et ce temple est notre cœur. Mais il est semblable à un feu ardent qui fond et épure les métaux. Il veut nous renouveler, en nous rendant purs, afin que nous devenions dignes de lui être offerts, et d’être offerts avec lui, dans un Sacrifice parfait. Nous ne devons donc pas nous contenter d’admirer de si hautes merveilles, mais comprendre qu’elles ne nous sont montrées que pour opérer en nous la destruction de l’homme ancien, et la création de l’homme nouveau. Nous avons dû naître avec Jésus-Christ ; cette nouvelle naissance est déjà à son quarantième jour. Aujourd’hui il nous faut être présentés avec lui par Marie, qui est aussi notre Mère, à la Majesté divine. L’instant du Sacrifice approche ; préparons une dernière fois nos âmes.

Dans le Graduel, l’Église célèbre de nouveau la Miséricorde qui a apparu dans le Temple de Jérusalem, et qui va bientôt se manifester avec plus de plénitude encore dans l’offrande du grand Sacrifice.

Si l’on est déjà dans le temps de la Septuagésime, l’Église chante, en place de l’Alléluia, le Trait composé tout entier des paroles du vieillard Siméon.

ÉVANGILE.

L’esprit divin nous a conduits au Temple comme Siméon ; et nous y contemplons en ce moment la Vierge-mère, présentant à l’autel le Fils de Dieu et le sien. Nous admirons cette fidélité à la Loi dans le Fils et dans la Mère, et nous sentons au fond de nos coeurs le désir d’être présentés à notre tour au grand Dieu qui acceptera notre hommage, comme il a reçu celui de son Fils. Hâtons-nous donc de mettre nos sentiments en rapport avec ceux du Cœur de Jésus, avec ceux qui s’élèvent du Cœur de Marie. Le salut du monde a fait un pas dans cette grande journée ; que l’œuvre de notre sanctification avance donc aussi. Désormais, le mystère du Dieu Enfant ne nous sera plus offert par l’Église comme l’objet spécial de notre religion ; la douce quarantaine de Noël touche à son terme ; il nous faut suivre maintenant l’Emmanuel dans ses luttes contre nos ennemis. Attachons-nous à ses pas ; courons à sa suite comme Siméon, et marchons sans relâche sur les traces de Celui qui est notre Lumière ; aimons cette Lumière, et obtenons par notre fidélité empressée qu’elle luise toujours sur nous.

Pendant l’Offrande, la sainte Église célèbre la grâce que le Seigneur a mise sur les lèvres de Marie, et les faveurs répandues sur celle que l’Ange a appelée Bénie entre toutes les femmes.

En distribuant le Pain de vie, le fruit de Bethléhem qui a été présenté sur l’autel, et a racheté toutes nos iniquités, la sainte Église rappelle encore aux fidèles les sentiments du pieux vieillard. Mais, dans le Mystère d’amour, nous ne recevons pas seulement entre nos bras, comme Siméon, Celui qui est la consolation d’Israël ; c’est notre cœur même qu’il visite, et dans lequel il vient prendre son habitation.

Demandons avec l’Église, dans la Postcommunion, que le remède céleste de notre régénération ne produise pas seulement un secours passager dans nos âmes, mais que, par notre fidélité, ses fruits s’étendent jusqu’à la vie éternelle.

AUX SECONDES VÊPRES.

Les secondes Vêpres de la solennité se composent des Psaumes employés dans l’Office de la Sainte Vierge ; et on les chante sur des Antiennes tirées de l’Évangile. Nous avons déjà exposé ailleurs l’intention de l’Église, en appliquant à Marie les cinq Psaumes qui reparaissent dans toutes ses fêtes. L’Hymne est la même qu’aux premières Vêpres, l’Ave maris Stella, toujours chère à la piété des peuples, et douce au cœur de notre grande Reine. Nous chanterons le Magnificat, en union avec les sentiments dont elle était remplie, quand elle le chanta elle-même, par l’inspiration de l’Esprit-Saint.

Réunissons maintenant la voix des diverses Églises, pour célébrer le mystère d’aujourd’hui. Nous emprunterons d’abord au Bréviaire Mozarabe les cinq Oraisons suivantes, dans lesquelles l’Église Gothique d’Espagne présente à Dieu les sentiments que lui inspire l’exemple du saint vieillard Siméon.

ORATIO.

Dieu tout-puissant, Père et Seigneur, donnez la paix au peuple de vos croyants, afin que nous puissions voir votre Salut dans votre temple : ce Sauveur que le juste Siméon a reçu dans ses bras ; faites que Celui qui a été la Lumière pour éclairer les Gentils, se tasse sentir comme Celui qui remet les péchés à ceux qui croient. Amen.

ORATIO.

Vous êtes, salut, et Seigneur, le salut est à vous ; nous nous réjouissons de nous le voir octroyer ; daignez nous le donner jusqu’à la fin ; répandez, s’il vous plaît, votre bénédiction sur votre peuple, afin que la malédiction de la peine disparaisse, et que la justice fructifie en nous abondamment. Amen.

ORATIO.

Faites retentir en nous, Seigneur, l’heureuse voix du juste Siméon, nous donnant une piété semblable à la sienne, en sorte que nous aussi qui avons vu votre Salut, et qui avons cru en lui, nous allions en paix, quand vous l’ordonnerez ; que nous ne soyons point renvoyés par vous à la fin de notre vie ; mais plutôt que nous possédions, absous par vous de nos dettes, la paix éternelle à jamais. Amen.

ORATIO.

Nous avons vu, Seigneur, votre gloire comme celle du Fils unique du Père, Fils unique en divinité, premier-né en grâces : au ciel Fils unique du Père, sur la terre le principal entre ses frères ; au ciel une même substance avec le Père, sur la terre le premier de ses frères ; au ciel égal en nature et habitant au sein du Père, sur la terre n’abandonnant point ceux auxquels il s’est fait semblable. Rendez donc participants de votre royaume ceux dont vous avez été la propitiation en ce monde ; et soyez, au siècle à venir, le rémunérateur de ceux vers lesquels vous êtes venu d’abord comme rédempteur. Amen.

ORATIO.

O Dieu, qui, pour la purification des mères, avez commandé qu’on vous offrit deux tourterelles ou deux petits de colombes, préparez-nous pour être une hostie vivante, vous qui vous êtes fait notre hostie ; vous qui êtes venu accomplir la Loi, et non la détruire, daignez développer en nous, dans toute sa richesse, la grâce de l’Évangile. Amen.

L’antiquité liturgique a produit peu d’Hymnes sur la Purification de la Sainte Vierge. Nous donnerons la suivante, qui ne manque pas de grandeur, et qui est de saint Paulin, Patriarche d’Aquilée.

HYMNE.

Le quarantième jour de la jeune Mère étant arrivé, selon la Loi du Seigneur, Marie, cette Vierge, présenta au Temple, sur ses bras sacrés, le saint Enfant Jésus, Fils unique de la majesté du Père.

L’heureuse Mère portait sur ses chastes épaules un Dieu couvert du voile de la chair ; ses lèvres avaient imprimé de doux baisers sur le visage de ce Dieu, homme véritable, par l’ordre duquel tout fut créé.

Les parents portèrent deux blanches et tendres colombes, au plumage pur comme le lait ; ils offrirent pour lui au Temple deux tourterelles ; elles furent consumées dans un sacrifice, comme le prescrivait la Loi.

Un Prêtre de Dieu, homme humble et doux, était dans la ville, un vieillard vénérable, l’heureux Siméon ; rempli de l’Esprit-Saint aux influences célestes, il arrive dans la sainte Maison, poussé par un mouvement divin.

Car dès longtemps l’Esprit-Saint lui avait répondu que la puissance de la mort ne viendrait pas le séparer de son corps qu’il n’eût vu, de son vivant, le Christ du Seigneur, envoyé par le Père du haut des cieux.

Il prit donc l’Enfant dans ses bras, il rendit grâces au Père céleste ; pressant sur sa poitrine ce nouveau-né, il bénit le Seigneur ; dans le transport de son amour, au milieu des douceurs dont son cœur était inondé, il s’exprima ainsi à haute voix :

« Laissez maintenant, Seigneur, aller en paix votre serviteur ; car j’ai pu voir de mes yeux le Sauveur que vous envoyez, Celui que votre suprême bonté a préparé à la face de tous les peuples.

« Il est la Lumière qui brille aux yeux des nations, la gloire du peuple d’Israël ; il est placé pour être la pierre sur laquelle plusieurs se heurteront à leur ruine ; pour être le salut de ceux qui sont la fidèle race de Jacob, au jour où les secrets des cœurs se révéleront.

« Mais un glaive, ô sainte Mère, transpercera ton âme. » Et Marie conservait dans son cœur de si hauts mystères, et, fidèle à croire les oracles célestes, elle repassait constamment ces paroles en elle-même.

Gloire au Père de Jésus, dans sa majesté souveraine ; gloire à toi, Fils unique du Père, Dieu, puissance, vertu, plus haut que les cieux ; au saint Paraclet louange infinie, honneur et empire à jamais ! Amen.

Les Séquences pour la Purification sont aussi rares que les Hymnes dans les anciens livres liturgiques. Celle qui suit est de la composition de Notker, et elle est tirée de l’ancien Séquential de l’Abbaye de Saint-Gall.

SÉQUENCE

Ce peuple n’a qu’une voix pour te célébrer, ô Marie ! Tous ces cœurs pieux te vénèrent.

De l’illustre Abraham tu es la fille auguste, issue de la race royale de David.

Très sainte dans ton corps, très chaste dans ta vie, la plus belle de toutes, Vierge des vierges.

Mère et Vierge glorieuse, réjouis-toi : docile à l’oracle de l’Archange Gabriel, toujours intacte tu as enfanté un Fils ;

Un Fils dont le sang très sacré purifie la race perdue tout entière, comme Dieu l’a promis à Abraham.

C’est toi, ô Marie, que figure la Verge d’Aaron desséchée, puis tout à coup ornée d’une belle fleur ; il est la fleur, ce Fils que tu as enfanté contre les lois de la nature.

Tu es la Porte toujours fermée que célèbre la voix d’Ézéchiel : tu n’es accessible qu’à Dieu seul, ô Marie !

Mais, aujourd’hui, voulant nous donner un exemple digne de la mère des vertus, tu t’es présentée pour l’expiation imposée aux mères que leur enfantement avait souillées.

Tu portas au Temple pour être purifié avec toi, le Dieu-Homme dont la naissance a ajouté à ta pureté, ô Mère immaculée !

Réjouis-toi, ô sainte Marie ! toi que Celui qui sonde les reins et les cœurs a trouvée la seule demeure digne de lui.

Tressaille, ô Marie ! car il te sourit enfant, Celui qui seul donne à tous les êtres de se réjouir et d’exister.

Donc, nous qui célébrons la fête du Christ, Enfant pour nous, et de Marie sa tendre Mère,

Si notre faiblesse ne nous permet pas d’atteindre à une si profonde humilité d’un Dieu, que du moins sa Mère soit notre modèle.

Louange au Père de gloire, qui, révélant son Fils aux Gentils et à son peuple, daigne nous associer à Israël.

Louange à son Fils, qui, nous réconciliant au Père par son sang, nous associe aux habitants des cieux.

Louange aussi à l’Esprit-Saint à jamais.

Amen.

L’admirable Prose que nous donnons ci-après est d’Adam de Saint-Victor. Elle était demeurée inédite jusqu’à la publication qu’en a faite M. Léon Gautier, dans sa précieuse édition des œuvres poétiques de notre grand lyrique. Cette Séquence est cependant une des plus belles de son auteur, et l’un des plus gracieux hommages que le moyen âge ait offerts à la Vierge-Mère.

SÉQUENCE.

Ornons le temple intérieur ; dans un cœur nouveau, renouvelons la joie nouvelle du saint vieillard, qui, prenant sur ses bras l’Enfant divin, satisfait enfin les désirs qui le firent soupirer tant d’années.

Il est l’étendard qui ralliera les peuples, cet Enfant dont la présence illumine le Temple, inspire de si beaux cantiques, émeut les cœurs d’un si noble transport ; aujourd’hui c’est un enfant que l’on présente ; plus tard, sur la croix, ce sera un homme offert comme hostie du péché.

Là le Sauveur, ici Marie : saint Enfant, sainte Mère, quels objets d’allégresse mais portons en nous avec amour l’œuvre de lumière que représentent nos cierges allumés.

Le Verbe du Père est la lumière, la chair formée par la Vierge est la cire ; le cierge étincelant est le Christ lui-même ; c’est lui qui éclaire nos cœurs de la vraie sagesse ; par sa grâce, celui qui était le jouet de l’erreur et du vice s’élance dans le chemin de la vertu.

Celui qui par l’amour tient le Christ dans ses bras, porte vraiment le flambeau de cire allumé, et remplit pleinement le rite de la fête ; de même que le vieillard dont le cœur portait déjà le Verbe du Père, serra dans ses bras ce même Verbe fait chair que lui confiait l’auguste Mère.

Mère d’un tel Fils, réjouis-toi ; pure au dedans, chaste au dehors, sans tache ni ride ; femme que son Bien-Aimé a choisie d’avance, que l’amour d’un Dieu a chérie avant les siècles.

A qui contemple ta beauté, toute autre beauté n’est que ténèbres et difformité qui repousse ; à qui goûte ta saveur délicieuse, toute autre saveur n’est qu’amertume et objet de dégoût.

A qui respire tes parfums, toute autre senteur est nulle ou désagréable ; en celui qui cultive ton amour, tout autre amour s’efface, ou n’obtient plus que le second rang.

De la mer brillante Etoile, honneur éternel de toutes les mères, ô Mère véritable de la Vérité, de la Voie, de la Vie, de l’Amour, remède de ce monde languissant, canal de ce vin délicieux qui est la source de vie dont tous doivent éprouver la soif ; dont le breuvage est doux à celui qui est sain comme à celui qui est malade : rends la force et la santé à celui qui défaille.

Fontaine scellée, verse tes ruisseaux de sainteté ; fontaine des jardins spirituels, arrose de tes eaux nos âmes desséchées.

Fontaine abondante, inonde-nous, lave nos cœurs coupables. Fontaine limpide, source toujours pure, daigne purifier des souillures du monde, par ta pureté, le cœur de ton peuple. Amen.

L’Église Grecque vient à son tour nous prêter ses accents mélodieux, dans les strophes suivantes que nous empruntons à ses Menées.

Hans Holbein l'Ancien  (1465–1524), Présentation de Jésus au Temple, 1500-1501, bois d'épicéa, Kunsthalle de Hambourg



IN HYPAPANTE DOMINI.

Aujourd’hui Siméon reçoit dans ses bras le Seigneur de gloire que Moïse, sous la nuée, contempla jadis sur le Sinaï visible, où il lui donna la Loi. C’est le Seigneur qui parle dans les Prophètes, l’auteur de la Loi, c’est lui qu’annonça David, c’est le Dieu terrible ; et c’est aussi Celui qui possède une grande et très riche miséricorde.

O trésor des siècles, vie universelle ! toi qui autrefois as gravé la Loi sur des tables au Sinaï, tu t’es fait enfant, tu t’es placé sous la Loi pour nous arracher tous à l’antique servitude de cette Loi ; gloire à ta miséricorde, ô Sauveur ! gloire à ton règne ; gloire à ton divin conseil, ô seul ami des hommes !

Marie, Mère de Dieu, pure de tout commerce humain, porte dans ses bras Celui qui est assis sur les Chérubins comme sur un char, et qui est célébré dans les cantiques des Séraphins, Celui qui a pris chair en elle, le législateur qui accomplit le précepte de la Loi ; elle le remet aux mains du prêtre vénérable par son grand âge. Siméon, portant ainsi la Vie, implorait la grâce de ne plus vivre : « Seigneur, disait-il, laisse-moi partir maintenant ; laisse-moi annoncer à Adam que j’ai vu, sous les traits d’un enfant, le Dieu immuable, qui est avant les siècles, le Sauveur du monde. »

Prosterné, et suivant en esprit les pas de la Vierge et Mère de Dieu, le vieillard disait : « C’est un feu que tu portes, ô très pure ! Tu soutiens sur tes bras tremblants le Dieu de la lumière sans couchant, le Seigneur de la paix. »

« Isaïe est purifié par le Séraphin qui touche ses lèvres d’un charbon de feu, disait le vieillard à la Mère de Dieu ; mais toi, en me donnant de tes mains, comme d’un instrument, ce feu, tu m’embrases par Celui que tu portes, et qui est le Seigneur de la lumière éternelle et de la paix. »

Hommes de bonne volonté, courons à la Mère de Dieu pour voir son Fils qu’elle conduit vers Siméon. C’est Celui que les Esprits célestes, dans leur étonnement, contemplent du haut du ciel, disant : « Nous voyons en ce moment des choses merveilleuses qu’on n’eût pu croire, et qu’on ne saurait comprendre. Celui qui autrefois forma Adam est porté comme un enfant ; Celui qui ne connaît pas l’espace est déposé sur les bras d’un vieillard ; Celui qui habite au sein ineffable du Père daigne connaître les limites dans la chair, lui qui n’en connaît pas dans sa divinité : il est l’unique ami des hommes ».

O Emmanuel ! en ce jour où vous faites votre entrée dans le Temple de votre Majesté, porté sur les bras de Marie, votre ineffable Mère, recevez l’hommage de nos adorations et de notre reconnaissance. C’est afin de vous offrir pour nous que vous venez dans le Temple ; c’est comme prélude de notre rachat, que vous daignez payer la rançon du premier-né ; c’est pour abolir bientôt les sacrifices imparfaits, que vous venez offrir un sacrifice légal. Aujourd’hui vous paraissez dans cette ville qui doit être un jour le terme de votre course, et le lieu de votre immolation. Le mystère de notre salut a fait un pas ; car il ne vous a pas suffi de naître pour nous ; votre amour nous réserve pour l’avenir un plus éclatant témoignage.

Consolation d’Israël, vous sur qui les Anges aiment tant à arrêter leurs regards, vous entrez dans le Temple ; et les cœurs qui vous attendaient s’ouvrent et s’élèvent vers vous. Oh ! qui nous donnera une part de l’amour que ressentit le vieillard, lorsqu’il vous tint dans ses bras et vous serra contre son cœur ? Il ne demandait qu’à vous voir, ô divin Enfant, objet de tant de désirs ardents, et il était heureux de mourir. Après vous avoir vu un seul instant, il s’endormait délicieusement dans la paix. Quel sera donc le bonheur de vous posséder éternellement, si des moments si courts ont suffi à combler l’attente d’une vie entière ! Mais, ô Sauveur de nos âmes, si le vieillard est au comble de ses vœux pour vous avoir vu seulement une fois, dans cette offrande que vous daignez faire de vous-même pour nous au Temple ; quels doivent être nos sentiments, à nous qui avons vu la consommation de votre sacrifice ! Le ! jour viendra, ô Emmanuel, où, pour nous servir des expressions de votre dévot serviteur Bernard, vous serez offert non plus dans le Temple et sur les bras de Siméon, mais hors la ville, et sur les bras de la croix. Alors, on n’offrira point pour vous un sang étranger ; mais vous-même offrirez votre propre sang. Aujourd’hui a lieu le sacrifice du matin : alors s’offrira le sacrifice du soir.

Aujourd’hui vous êtes à l’âge de l’enfance ; alors vous aurez la plénitude de l’âge d’homme ; et, nous ayant aimés dès le commencement, vous nous aimerez jusqu’à la fin.

Que vous rendrons-nous, ô divin Enfant, qui portez déjà, dans cette première offrande pour nous, tout l’amour qui consommera la seconde ? Pouvons-nous faire moins que nous offrir à vous pour jamais, dès ce jour ? Vous vous donnez à nous dans votre Sacrement, avec plus de plénitude que vous ne le fîtes à l’égard de Siméon ; nous vous recevons non plus entre nos bras, mais dans notre cœur. Déliez-nous aussi, ô Emmanuel ; rompez nos chaînes ; donnez-nous la Paix que vous apportez aujourd’hui ; ouvrez-nous, comme au vieillard, une vie nouvelle. Pour imiter vos exemples, et nous unir à vous, nous avons, pendant cette quarantaine, travaillé à établir en nous cette humilité et cette simplicité de l’enfance que vous nous recommandez ; soutenez-nous maintenant dans les développements de notre vie spirituelle, afin que nous croissions comme vous en âge et en sagesse, devant Dieu et devant les hommes.

O la plus pure des vierges et la plus heureuse des mères ! Marie, fille des Rois, que vos pas sont gracieux, que vos démarches sont belles [2], au moment où vous montez les degrés du Temple, chargée de notre Emmanuel ! que votre cœur maternel est joyeux, et en même temps qu’il est humble, en ce moment où vous allez offrir à l’Eternel son Fils et le vôtre ! A la vue de ces mères d’Israël qui apportent aussi leurs enfants au Seigneur, vous vous réjouissez en songeant que cette nouvelle génération verra de ses yeux le Sauveur que vous lui apportez. Quelle bénédiction pour ces nouveau-nés d’être offerts avec Jésus ! Quel bonheur pour ces mères d’être purifiées en votre sainte compagnie ! Si le Temple tressaille de voir entrer dans son enceinte le Dieu en l’honneur duquel il est bâti, sa joie est grande aussi de sentir dans ses murs la plus parfaite des créatures, la seule fille d’Ève qui n’ait point connu le péché, la Vierge féconde, la Mère de Dieu.

Mais pendant que vous gardez fidèlement, ô Marie, les secrets de l’Eternel, confondue dans la foule des filles de Juda, le saint vieillard accourt vers vous ; et votre cœur a compris que l’Esprit-Saint lui a tout révélé. Avec quelle émotion vous déposez pour un moment entre ses bras le Dieu qui porte la nature entière, et qui veut bien être la consolation d’Israël ! Avec quelle grâce vous accueillez la pieuse Anne ! Peut-être, dans vos jeunes années, avez-vous reçu ses soins, dans cette demeure sacrée qui vous revoit aujourd’hui, Vierge encore et cependant Mère du Messie. Les paroles des deux vieillards qui exaltent la fidélité du Seigneur à ses promesses, la grandeur de Celui qui est né de vous, la Lumière qui va se répandre par ce divin Soleil sur toutes les nations, font tressaillir délicieusement votre cœur. Le bonheur d’entendre glorifier le Dieu que vous appelez votre Fils, et qui l’est en effet, vous émeut de joie et de reconnaissance ; mais, ô Marie, quelles paroles a prononcées le vieillard, en vous rendant votre Fils ! quel froid subit et terrible vient tout à coup glacer votre cœur ! La lame du glaive l’a traversé tout entier. Cet Enfant que vos yeux contemplaient avec une joie si douce, vous ne le verrez plus qu’à travers des larmes. Il sera en butte à la contradiction, et les blessures qu’il recevra transperceront votre âme. O Marie ! ce sang des victimes qui inonde le Temple cessera un jour de couler ; mais il faut qu’il soit remplacé par le sang de l’Enfant que vous tenez entre vos bras. Nous sommes pécheurs, ô Mère naguère si heureuse, et maintenant si désolée ! Ce sont nos péchés qui ont ainsi tout d’un coup changé votre allégresse en douleur. Pardonnez-nous, ô Mère ! Laissez-nous vous accompagner à la descente des degrés du Temple. Nous savons que vous ne nous maudissez pas ; nous savons que vous nous aimez, car votre Fils nous aime. Oh ! Aimez-nous toujours, Marie ! Intercédez pour nous auprès de l’Emmanuel. Obtenez-nous de conserver les fruits de cette précieuse quarantaine. Les grâces de votre divin Enfant nous ont attirés vers lui ; nous nous sommes permis d’approcher de son berceau ; votre sourire maternel nous y invitait. Faites, ô Marie, que nous ne quittions plus cet Enfant qui bientôt sera un homme ; que nous soyons dociles à ce Docteur de nos âmes, attachés, comme de vrais disciples, à ce Maître si plein d’amour, fidèles à le suivre partout comme vous, jusqu’au pied de cette croix qui vous apparaît aujourd’hui.

[2] Cant. VII, 1.


Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Il faut chercher les origines de cette fête à Jérusalem, où, d’après la Peregrinatio Etheriae, nous la trouvons célébrée dès la fin du IVe siècle, sous le nom de Quadragesima de Epiphania, — Le jour de l’Épiphanie, les Orientaux célèbrent aussi la première apparition du Verbe de Dieu dans la chair humaine.

En 542, un édit de Justinien l’introduisit à Constantinople, d’où ensuite elle se répandit dans tout l’Orient et arriva à Rome. Dans la liste des Évangiles du manuscrit de Würzbourg [3], la fête, die II mensis februarii, n’a aucun titre, et ne figure pas à la place qu’elle devrait régulièrement occuper ; cela indique qu’elle avait été introduite à Rome depuis peu. Mais vers la fin du VIIe siècle, Serge Ier, Grec d’origine, en accrut beaucoup la splendeur, en ordonnant de la faire précéder d’une procession de pénitence à la basilique libérienne, comme les trois autres grandes fêtes de la sainte Vierge [4]. Par là fut mieux fixé le caractère éminemment marial de cette solennité, qui, chez les Orientaux, était plutôt considérée auparavant comme une fête du Seigneur.

L’antique dénomination Hypapantê ou occursus Domini, a laissé cependant dans l’office actuel des traces profondes ; en sorte que l’invitatoire des vigiles nocturnes, les lectures, la collecte, les antiennes et la préface de Noël célèbrent encore la rencontre de l’Enfant Jésus avec Siméon dans le temple, laissant plutôt dans l’ombre la purificatio de la Vierge sa Mère. Ce nom même ne paraît pas non plus dans le Liber Pontificalis, où l’on parle du statut du pape Serge relativement au dies sancti Simeonis ; et pour le trouver pour la première fois dans les documents liturgiques romains, il faut recourir au Sacramentaire Gélasien, où la dénomination de purificatio trahit toutefois une origine gallicane.

La procession stationnale était trop bien entrée dans les usages liturgiques de Rome pour que le silence du Gélasien sur ce point nous autorise à conclure qu’elle n’existait pas quand il fut rédigé. Le pape Serge dut certainement s’appuyer sur des précédents. Le Sacramentaire Grégorien du temps d’Hadrien Ier la mentionne indubitablement ; bien plus, dans un Ordo Romanus du manuscrit de Saint-Amand édité par Mgr Duchesne, nous avons encore une précieuse description du rite selon lequel elle se déroulait vers l’an 800.

A l’aurore du 2 février, des différents titres et diaconies de la Ville, partaient autant de processions paroissiales, qui se dirigeaient vers l’église de Saint-Adrien au Forum romain. Pour dissiper les ténèbres de la nuit dans ces voies encombrées par les ruines des anciens édifices de la Rome impériale, les fidèles portaient des cierges allumés, tandis que le clergé psalmodiait et chantait des antiennes, auxquelles le peuple répondait par l’exclamation habituelle : Kyrie eleison. A peine le Pape était-il arrivé avec ses diacres à la basilique du martyr Adrien, qu’il entrait dans le secretarium, et, en signe de pénitence, il prenait la chasuble noire ; ses assistants faisaient de même. Puis le clergé et les diverses scholae cantorum étaient admis en présence du Pontife, pour recevoir de sa main le cierge. Cette distribution terminée, les chantres entonnaient l’antienne d’introït : Exsurge, Domine, conservée dans notre Missel actuel [5], et le Pape faisait son entrée solennelle dans le temple de Saint-Adrien.

Après l’introït venait le chant du Kyrie, comme dans toutes les autres messes, suivi de la collecte — aujourd’hui conservée seulement par le Sacramentaire Grégorien — et le défilé de la procession commençait. Le souvenir de l’ancienne litania septiformis survivait encore à ce point dans l’usage liturgique de Rome, que le peuple, même au IXe siècle, se divisait en sept groupes, chacun étant précédé de sa croix. Plus tard, c’est-à-dire dans le bas moyen âge, nous savons qu’aux croix s’étaient substituées dix-huit images du Sauveur et de la Vierge, parmi les plus vénérées de la Ville. Le Pape marchait pieds nus, et il était précédé par deux acolytes avec des cierges allumés à la main, tandis qu’il avait à ses côtés le sous-diacre balançant l’encensoir fumant. Deux clercs portaient chacun une croix devant le Pontife, et ils étaient suivis par les scholae des chantres psalmodiant et rangées en bon ordre. La procession, à travers les Forums de Nerva et de Trajan, se dirigeait vers l’Esquilin, laissant à droite le Titre d’Eudoxie, puis descendait la colline près de Sainte-Lucie in Silice ; derrière l’abside du Titre d’Aequitius elle remontait derechef la légère surélévation de la colline, où se dresse le Titre de Praxède, et de là elle se dirigeait en ligne droite vers la basilique Libérienne. Les scholae exécutaient des antiennes et des répons grecs traduits en latin, conservés encore dans le Missel ; le clergé chantait des psaumes et des répons acrostiches, jusqu’à ce que, dans le voisinage de Sainte-Marie-Majeure, l’on entonnât la litanie ternaire, ainsi nommée parce que chaque invocation y était répétée trois fois.

Après la procession venait la messe, à laquelle, selon l’ancien rite stationnal, on ne récitait ni le Kyrie ni le Gloria.

Les anciens documents liturgiques romains ne mentionnent point de bénédiction spéciale des cierges ; — ceux-ci, d’ailleurs, étaient distribués à Rome pour toutes les autres processions nocturnes, et cela ne constituait aucune caractéristique particulière de la fête de l’Hypapante. Il faut descendre jusqu’au Xe siècle pour trouver décrit le rite de cette bénédiction des cierges dans un Sacramentaire de Corbie attribué à l’abbé Ratold (+ 986).

A Rome, la première mention de la bénédiction des cierges se trouve dans YOrdo du chanoine Benoît, qui est de la première moitié du XIIe siècle ; mais même alors cette bénédiction n’était pas exclusivement propre à la fête de la « Chandeleur » ; car dans les trois autres processions mariales on parle également de cierges bénits.

Cencius Camerarius raconte que de son temps le Pape, au matin de ce jour, se rendait avec les cardinaux à Sainte-Martine, et là, ayant chanté l’office de tierce, il distribuait les cierges, du haut d un trône érigé en plein air, sur la Voie Sacrée, devant la porte de la basilique ; ces cierges avaient été bénits auparavant par le plus jeune des prêtres cardinaux. On chantait sexte dans la basilique voisine de Saint-Adrien, où, des différents Titres de Rome, se rassemblaient, avec les images et les croix, le clergé paroissial et le peuple. Quand tous étaient réunis, la procession défilait. Au lieu de ses chaussures habituelles, le Pape employait pour la route des sandales qu’il enlevait toutefois à la porte de Sainte-Marie-Majeure, où il faisait son entrée nu-pieds ; raison pour laquelle, avant de célébrer la messe stationnale, il se retirait dans le sacrarium où ses cubicularii avaient préparé de l’eau chaude pour lui laver les pieds.

BÉNÉDICTION DES CIERGES.

Synaxe à Sainte-Martine.

La basilique de Sainte-Martine sur le Forum n’est autre que l’antique secretarium Senatus. Les oraisons et tout le rite de la bénédiction des cierges qui, dans les Ordines plus récents précèdent l’antique introït Exsurge, en raison même de la place différente qu’ils occupent, trahissent leur tardive introduction dans le rit romain. A la fin du moyen âge, la bénédiction des cierges s’accomplissait encore à Rome dans la basilique de Sainte-Martine.

A l’origine ces formules, et d’autres semblables, pour la bénédiction des cierges, des rameaux, de l’encens, etc., servaient probablement à tour de rôle ; maintenant, au contraire, on les récite toutes, telles qu’elles sont dans le Missel.

Les collectes récitées, les cierges sont aspergés d’eau bénite et encensés ; puis on les distribue au clergé et au peuple. Pendant, ce temps l’on chante le Cantique de Siméon suivant l’ancien usage, c’est-à-dire en faisant alterner l’antienne avec chaque verset.

« Lumière pour illuminer les nations, et gloire de votre peuple d’Israël. » : La mission du Messie, annoncée ici par le vieux Prophète, est double, puisqu’elle regarde tant les Gentils que le peuple d’Abraham. La première se réalise depuis vingt siècles, grâce à la conversion du monde idolâtre à la foi ; la seconde au contraire recevra son entier accomplissement à la fin du monde, quand la grande foule des Gentils étant déjà entrée dans l’Église, Israël lui aussi, pour être sauvé, bénira Celui qui vient au nom du Seigneur.

Collecte à Saint-Adrien.

La basilique de Saint-Adrien n’est autre que l’antique salle du Sénat romain, consacrée au culte chrétien sous Honorius Ier. Elle fut dédiée au célèbre martyr de Nicomédie, Adrien, dont quelques reliques furent apportées de Byzance à Rome et déposées en cette église. Saint Adrien fut, avec son épouse sainte Nathalie, en grande vénération au moyen âge, non seulement chez les Orientaux mais aussi chez les Latins. Le Régeste de Farfa conserve la mention d’un monastère à eux dédiés sur le territoire de Tivoli. Mais sans sortir de la Ville, nous y trouvons, sur l’Esquilin, un monastère dédié aux martyrs Adrien et Laurent, et qu’Hadrien Ier fit restaurer es l’honneur de son patron et protecteur.

La bénédiction des cierges (qui est d’origine étrangère) étant terminée, la partie vraiment romaine de la cérémonie lui succède. Tout est prêt désormais pour la procession ; les cierges sont distribués, les croix stationnales sont toutes arrivées à Saint-Adrien au Forum, où, avec le clergé en sombres paenulae de pénitence, se trouve pressée une multitude de peuple. Tandis que le Pape, pieds nus, sort du Secretarium, c’est-à-dire de Sainte-Martine, et traversant le petit portique élevé entre cette église et celle de Saint-Adrien, fait son entrée dans le temple, la schola chante l’introït, tiré du psaume 43 : « Levez-vous, Seigneur, et aidez-nous ; délivrez-nous par votre nom. y. O Dieu, nous avons entendu de nos oreilles, nos pères nous ont raconté (vos anciens prodiges). J. Gloire. — Levez-vous, etc. »

Si, à cause de la Septuagésime, est déjà passé le temps des saintes joies de Noël, et si la fête ne tombe pas un dimanche, le prêtre ou le diacre invite l’assemblée à se prosterner à terre pour prier en silence.

V/. « Fléchissons les genoux. »

L’assemblée se prosternait et chacun priait pour son compte. Après quelques instants, le diacre — maintenant c’est le sous-diacre — faisait signe de se lever.

V/. « Levez-vous. »

Le Pontife résumait en une brève formule liturgique les vœux de tous, et ainsi unis — d’où précisément le nom de collecte — il les présentait à Dieu.

Le célébrant met dans l’encensoir l’encens bénit ; le diacre donne l’ordre de commencer la procession stationnale.

V/. « Acheminons-nous en paix. »

R/ « Au nom du Christ. Amen. »

Le long du chemin, la schola exécute divers chants, empruntés sous Serge Ier à la liturgie byzantine. Le dernier répons se chante actuellement au retour de la procession dans l’église. A l’origine au contraire, quand on approchait de Sainte-Marie-Majeure, on entonnait la traditionnelle litanie ternaire.

A la messe.

Station à Sainte-Marie-Majeure.

La miséricorde obtenue par l’humanité au milieu du temple, et dont il est question aujourd’hui dans l’introït, c’est Jésus, rencontré dans le temple par Siméon, figure d’Israël et de tous les croyants.

La prophétie de Malachie (III, 1-4), qu’on lit à la messe, trouve enfin aujourd’hui son plein accomplissement. Israël dit depuis de longs siècles qu’il attend le Messie ; et pourtant, quand l’Ange du Nouveau Testament vient pour la première fois dans son temple, il y entre absolument inaperçu, en sorte que seul le vieillard Siméon le salue comme son Sauveur. Mais à dater de ce jour, le temple et le sacerdoce sont purifiés. Jésus lui-même réside dans le sanctuaire comme purificateur de la hiérarchie nouvelle laquelle, à la place du sang des taureaux, offre à Dieu des hosties agréables et acceptées, symbolisées jadis, dans les années anciennes, comme dit Malachie, par les offrandes d’Abel, d’Abraham et de Melchisédech.

Le concept de l’Hypapante grec domine aujourd’hui toute la messe. C’est pourquoi le répons-graduel est tiré lui aussi du même psaume qui a fourni l’antienne d’introït. Dieu a été fidèle à ses promesses, et nous avons trouvé dans le temple saint de Jérusalem ce que les Prophètes, au nom du Seigneur, nous avaient fait espérer.

Le verset alléluiatique joue gracieusement sur le sens que, dans le latin de la décadence, assumaient les deux verbes portabat et regebat. Il est probable que ce verset s’inspire d’un sermon jadis attribué à saint Augustin mais qui, dans sa forme actuelle, n’est autre qu’un centon, assemblé probablement par saint Ambroise Autpert, abbé de Saint-Vincent à Vulturne (+ 19 juillet 778).

Après la septuagésime, au lieu du verset alléluiatique, on récite le cantique de Siméon, mais sans faire alterner l’antienne avec les versets. — La caractéristique du psaume in directum ou trait réside justement en ceci, qu’on l’exécute sans interruption, n’intercalant entre les versets aucune antienne ou rien qui fasse fonction de refrain.

La péricope évangélique de la présentation de Jésus au temple (Luc., II, 22-32) est assignée à l’Octave de Noël dans la liste d’Évangiles du manuscrit de Würzbourg ; cela nous donne à penser que, quand cette liste fut rédigée, la fête du 2 février n’avait pas encore été introduite à Rome. Cela nous est confirmé par le fait que la suite du récit de saint Luc assigné à ce jour se lit encore, par anticipation, dès le dimanche qui suit immédiatement Noël.

Aujourd’hui Jésus s’offre solennellement à Dieu le Père, par les mains de Marie et de Joseph, pour être, au sens le plus absolu et le plus complet, le Christ de Dieu : Christus autem Dei. C’est pourquoi il n’aura qu’une mission à accomplir en ce monde, celle de rendre à Dieu l’hommage de sa parfaite adoration en esprit et en vérité, faisant sa nourriture de l’accomplissement de la volonté de son Père.

Tous les Patriarches et les justes de l’Ancien Testament avaient ardemment souhaité de voir l’aube de ce grand jour. Siméon les représente tous aujourd’hui. Bienheureuse donc cette âme qui se confie au Seigneur et qui attend, avec grande foi et patience, son secours. Siméon attendit toute sa vie, et il ne fut pas trompé dans ses espérances, parce qu’à la fin le Seigneur lui donna plus encore qu’il ne lui avait promis. Il l’avait en effet assuré qu’il lui ferait voir le Messie avant de mourir, et aujourd’hui non seulement il le lui fait voir, mais il le lui donne dans ses bras pour qu’il le presse contre son sein.

Dans l’offertoire, le Psalmiste célèbre la beauté du Messie et la plénitude de la grâce qui réside en lui. L’antienne est tirée du psaume XLIVe qui est éminemment messianique : « La grâce est répandue sur vos lèvres, c’est pourquoi Dieu vous a béni éternellement et pour tous les siècles. »

La prière sur l’oblation a un caractère général. L’oblation eucharistique de ce jour continue à travers les siècles celle, irrévocable et définitive, que Jésus fit de soi-même dans le temple, quand, entre les bras de Marie et de Joseph, il y entra pour la première fois, pour commencer la liturgie de notre rédemption.

La préface est celle du jour de Noël, ce qui montre à nouveau le caractère primitif de cette fête, maintenant comptée communément parmi les solennités mariales.

Le verset pour la communion est tiré de la lecture évangélique de ce jour (Luc., II, 26).

Toute la messe, comme nous l’avons observé jusqu’ici, a un caractère christologique bien net ; seule la collecte après la communion tend à s’orienter vers Marie, ce qui, par la suite, prévalut, grâce surtout au pape Serge Ier : « Nous vous prions, ô Seigneur notre Dieu, afin que par l’intercession de la bienheureuse Marie toujours Vierge, les mystères sacrosaints que vous venez de nous donner pour rendre plus sûre notre rédemption, soient un remède pour la vie présente et un gage de la vie future. Par notre Seigneur, etc. »

Les anciens sacramentaires romains, après la collecte de la communion, en assignent ordinairement une autre super populum, qui, dans le Missel actuel, n’est demeurée qu’aux fériés du Carême. C’était comme une bénédiction solennelle, que donnait le célébrant avant de congédier le peuple et qui remplaçait l’actuel Benedicat vos omnipotens Deus, etc., réservé à l’origine au Pape quand il passait entre deux rangées serrées de fidèles, pour sortir de l’église. La bénédiction prescrite pour ce jour par le Sacramentaire Grégorien est là suivante :

Le diacre, V/. Humiliez vos têtes devant Dieu. Diac. V/. Humiliate oapita vestra Deo.

Et le prêtre, les bras étendus, et soutenus en certains lieux par deux diacres, tourné vers le peuple, récitait cette prière :

Super populum.

Perfice in nobis, quaesumus, Domine, gratiam tuam, qui iusti Simeonis expectationem implesti ; ut sicut ille mortem non vidit priusquam Christum Dominum videre mereretur, ita et nos vitam obtineamus aeternam.

Achevez en nous, nous vous le demandons. Seigneur, l’effet de votre grâce, vous qui avez comblé l’attente du juste Siméon ; et de même que celui-ci n’a pas vu la mort avant d’avoir mérité de voir le Christ Seigneur, accordez-nous aussi la vie éternelle.

Il nous est agréable de rapporter ici la gracieuse épigraphe par laquelle Sixte III dédia ses mosaïques dans la basilique esquiline où se célèbre aujourd’hui la station :

VIRGO • MARIA • TIBI • XYSTVS • NOVA • TECTA • DICAVI

DIGNA • SALVTIFERO • MVNERA • VENTRE • TVO

TE • GENITRIX • IGNARA • VIRI • TE • DENIQVE • FOETA

VISCERIBVS - SALVIS • EDITA • NOSTRA • SALVS

ECCE • TVI • TESTES • VTERI • SIBI • PRAEMIA • PORTANT

SVB • PEDIBVS • IACET • PASSIO • CVIQVE • SVA

FERRVM • FLAMMA • FERAE • FLVVIVS • SAEVVMQVE • VENENVM

TOT•TAMEN• HAS • MORTES • VNA•CORONA• MANET

[3] DIE II MENS. FEB. lec. sci. eu. sec. Luc. K. III Postquam conpleti sunt dies purifcationis eius usq. et gloriam plebis tuae Israhel.

« Remarquer le caractère lacuneux de ce titre : nous avons ici, évidemment, une fête d’institution récente, qu’on aura insérée après coup, dans le proto type de notre Capitulare, au premier espace libre entre la première partie de l’année liturgique et le dimanche de la Septuagésime. Il reste encore une trace de cette division dans notre codex : quelques caractères, probablement en rouge, mais à présent illisibles, qui doivent correspondre au titre de la section suivante : Incip. lectiones euang. a LXXma usq. in Pascha.. Et la première lettre de Die (Domenico) indique aussi, par sa grandeur insolite, le commencement d’une nouvelle série. » Dom Morin, Liturgie et basiliques de Rome au milieu du VIIe siècle d’après les listes d’évangiles de Würzburg, Revue Bénédictine, XXVIII, 1911, p. 301-302, n. 4.

[4] c.-à-d. Nativité, Annonciation, Dormition-Assomption.

[5] Avant 1960.

Diego Valentín Díaz  (1586–1660), Presentación de Jesús en el Templo, Primera mitad del siglo XVII, 218 x 160, musée national de la sculpture /Museo Nacional de Escultura), Valladolid (Espagne).



Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

L’Épouse prépare sa chambre nuptiale.

La Chandeleur est la dernière fête du cycle de Noël. Les pensées de la fête sont une transition entre Noël et Pâques. Nous voyons encore le divin Enfant dans les bras de sa Mère, mais elle l’offre déjà en sacrifice.

1. La fête. — L’Église chante : « Aujourd’hui la bienheureuse Vierge Marie présenta l’Enfant Jésus au temple et Siméon rempli de l’Esprit-Saint le prit dans ses bras et bénit Dieu pour l’éternité. » La fête est célébrée exactement quarante jours après Noël. L’Église romaine célèbre de préférence ses fêtes d’après la chronologie de l’Écriture (par exemple : la Circoncision, l’Annonciation, l’Ascension, la Pentecôte, la naissance de saint Jean-Baptiste).

La fête d’aujourd’hui est, en premier lieu, une fête de Notre Seigneur et, en second lieu, une fête de la Sainte Vierge. Pour bien comprendre cette fête, il faut la situer dans la série des grandes fêtes du cycle de Noël : Noël, l’Épiphanie et la Chandeleur sont les points dominants du cycle d’hiver. Nous pouvons même remarquer une belle progression, tant dans le symbole de la lumière que dans la participation de l’humanité à la manifestation de Dieu. A Noël, la lumière « brille dans les ténèbres » et bien peu nombreux sont ceux qui « la reçoivent » (la Mère de Dieu, les bergers à la Crèche). A l’Épiphanie, la « lumière » rayonne sur Jérusalem (l’Église), « la gloire du Seigneur s’est levée sur Jérusalem » et le monde païen « afflue » des ténèbres vers la ville de lumière. Aujourd’hui, à la Chandeleur, la lumière est dans nos mains, nous la portons en procession et à la messe ; la lumière fait aujourd’hui partie essentielle de la liturgie. Mais, aujourd’hui aussi, l’Église s’avance comme une Épouse au-devant du Seigneur et « reçoit avec amour la miséricorde (faite Homme) dans ses bras » (Intr.). C’est précisément cette progression qui donne toute sa beauté à cette fête. A Noël, l’Église est encore à l’arrière-plan, le divin Roi qui vient de naître domine toute la liturgie ; à l’Épiphanie, l’Église apparaît déjà comme l’Épouse « ornée du vêtement du salut comme une Épouse, parée de joyaux ». La liturgie célèbre ses noces. Aujourd’hui, la fête marque donc un progrès important : l’Épouse orne sa chambre nuptiale et va au-devant de l’Époux, c’est pourquoi nous chantons le cantique nuptial :

« Pare ta chambre nuptiale, Sion,

Reçois le Christ, le Roi,

Entoure Marie, la Porte du ciel,

Car elle porte le Roi de gloire, la nouvelle lumière.

Là se tient debout la Vierge, elle porte dans ses mains son Fils

Engendré avant l’étoile du matin,

Siméon le reçoit dans ses mains et annonce aux peuples

Qu’il est le Maître de la vie et de la mort, le Sauveur du monde.

C’est justement dans cette participation de l’humanité que se trouve le sens principal de la fête. C’est pourquoi les Grecs l’appellent d’une manière très significative, « la Rencontre ». L’humanité rencontre le Seigneur dans le temple (dans l’Église). L’Invitatoire de Matines (qui d’ordinaire exprime d’une manière très concise le sens de la fête) nous dit : « Voici que vient dans son saint temple le Souverain Seigneur ; Sion, va au-devant de ton Dieu, pleine de joie et d’allégresse. » De même, pendant la messe, nous nous tenons les bras tendus prêts à recevoir l’Époux, c’est pourquoi nous chantons trois fois le psaume 47 avec le verset : « Nous avons reçu ta miséricorde au milieu de ton temple... » Ainsi donc le thème de la rencontre domine la fête. Le médiateur de cette rencontre est le vieillard Siméon, c’est pourquoi la liturgie aime à s’arrêter aujourd’hui devant cette figure vénérable.

Un second thème important de cette fête, c’est la lumière. Nous connaissons déjà le haut symbolisme de la lumière. Elle signifie le Christ et la vie divine du Christ en nous. Les paroles du vieillard Siméon : « la lumière qui éclaire les nations » donnent à l’Église l’occasion de célébrer une véritable fête de lumière. (Notre fête fut instituée pour remplacer les Lupercales païennes, fêtes dévergondées qui consistaient dans des processions nocturnes aux flambeaux, c’est pour cette raison que le célébrant et ses ministres portent, à la bénédiction des cierges et à la procession, des ornements violets). L’Église bénit aujourd’hui des cierges pour son usage liturgique, mais elle met aussi des cierges dans les mains des fidèles. Ils doivent faire brûler ces cierges chez eux, dans leurs cérémonies domestiques, au moment de l’orage et du péril, et, spécialement, au moment du Saint-Viatique et de l’Extrême-Onction. L’Église veut nous faire souvenir en même temps de notre cierge de Baptême, signe de notre titre d’enfants de Dieu et du ministère sacerdotal constant des fidèles. Tous les ans, nous recevons de nouveau le cierge du Baptême, afin que nous puissions aller en hâte « avec une lampe allumée » au-devant de l’Époux quand il viendra pour les noces.

Qu’il est beau ce symbolisme de la lumière ! Nous recevons les cierges des mains de l’Église. (Il faudrait que les prêtres de paroisse, conformément aux prescriptions liturgiques, remettent vraiment les cierges aux fidèles). Quel est le sens de ce rite ? L’Église nous donne sans cesse le Christ et la vie divine. Nous portons aujourd’hui, en procession, la lumière allumée, c’est le symbole de la vie chrétienne ; ainsi devons-nous porter le Christ en nous. Avec la lumière dans nos mains, nous rentrons, après la procession, dans l’église ; c’est la maison de Dieu, symbole du ciel. Ainsi marchons-nous avec le Christ à travers la vie en nous dirigeant vers le ciel. Il est particulièrement beau et significatif de voir les fidèles, pendant le chant de l’Évangile et pendant le Canon jusqu’à la Communion, tenir leurs cierges allumés à la main. Quel est le sens de cette cérémonie ? A l’Évangile et au Canon, le Christ est présent parmi nous. C’est pourquoi, à la grand’messe, on porte à ces deux moments les cierges et l’encens. Mais aujourd’hui, l’Église nous dit : il faudrait qu’à chaque messe, vous portiez des cierges à la main ; d’ordinaire, les acolytes vous remplacent, mais aujourd’hui vous remplirez ce ministère du sacerdoce général. Ainsi la messe d’aujourd’hui est une véritable messe de « Chandeleur » presque la seule de l’année. (Aux messes des morts, les fidèles portent souvent aussi des cierges à la main, mais c’est pour une autre raison).

2. La messe.

a) La bénédiction des cierges et la procession. La couleur violette et l’Exurge, comme aux Rogations, nous étonnent un peu. Une fête de lumière et un cortège nuptial avec cette ombre de tristesse ! Si cette procession fut jadis une protestation contre les débordements païens, elle est aujourd’hui un acte expiatoire pour ceux aux yeux de qui n’a pas brillé « la lumière pour la révélation des nations ». Hélas ! Cette révélation est loin d’être complète. Suivons attentivement, pendant la procession, le magnifique chant nuptial.

b) La messe elle-même (Suscepimus). Nous nous tenons comme Siméon et nous avons, en esprit, les bras tendus pour recevoir le Fils de Dieu, c’est l’attitude qui convient pendant l’avant-messe (Intr. Grad.). Considérons que, dans chaque messe, il y a une double « Rencontre » : dans l’avant-messe, la parole humaine se rencontre avec la parole divine et, dans le sacrifice, le Pain terrestre se rencontre avec le Pain divin. Dans la Leçon, le dernier Prophète, Malachie, prédit que le Messie paraîtra dans le temple. A l’Évangile, nous assistons à la réalisation de cette prophétie. D’une manière plus haute, cette prophétie se réalise au Saint-Sacrifice : le « Souverain, le Messager de l’Alliance » paraît sur l’autel. Il vient, aujourd’hui encore, comme le « Roi de la nouvelle lumière », si brillant qu’aucun regard humain ne peut soutenir son éclat, si ardent qu’il purifie notre or (Leçon). A l’Offrande, nous nous approchons de l’autel avec Marie qui offre des tourterelles, mais aussi le Fils de Dieu (cf. le dernier chant de la procession, au moment de l’entrée dans l’église). A la Communion, nous sommes semblables au vieillard Siméon qui put contempler l’Oint du Seigneur, « la lumière » (c’est pourquoi nous portons un cierge allumé à la main). La maison de Dieu est aujourd’hui le temple de Jérusalem (c’est pourquoi, dans la messe, il est si souvent question du temple) où le Christ paraît au Saint-Sacrifice.


3. Pensées de fête. — Recueillons encore quelques pensées de la fête.

a) Aujourd’hui se réalisent les prophéties de quelques Prophètes qui avaient annoncé que le temple de Jérusalem serait illustré par le fait que le Messie y paraîtrait et s’y manifesterait comme tel. Jésus entre aujourd’hui, pour la première fois, dans la maison de son Père, comme il l’appelait, dans le temple, il s’y manifestera encore souvent comme Messie et Fils de Dieu. Cette pensée domine en grande partie la messe de la fête, elle apparaît dans l’Introït, le Graduel et la Leçon. Le temple est le type de l’Église.

b) Aujourd’hui le Christ est offert dans le temple en sacrifice à Dieu le Père. D’après la Loi, tout premier-né était consacré à Dieu, il devait être présenté au temple et racheté. Mais, pour Notre Seigneur, la Présentation avait un sens plus profond : Dieu ne Il libère pas son Fils, la Présentation par les mains de Il Marie est, pour ainsi dire, l’Offertoire de sa vie. Si nous comparons la vie rédemptrice de Jésus avec le Sacrifice de la messe, sa Présentation dans le temple est l’Offertoire, et sa mort sur la Croix la Consécration et l’Élévation sanglante. Aujourd’hui, le divin Agneau est en quelque sorte placé sur la patène et présenté à son Père ; dans trente-trois ans, il achèvera son Sacrifice sur la Croix. Oui, c’était l’Offertoire de toute la Rédemption et la volonté de sacrifice de tous les fidèles y était unie.

c) Aujourd’hui, la sainte Vierge offre un sacrifice de Purification. D’après la loi, toute mère devait, après la naissance d’un enfant, se purifier des souillures lévitiques, car, à tout enfant, s’appliquait la parole du psaume (psaume 50) : « dans l’injustice j’ai été conçu, et dans les péchés m’a conçu ma mère. » — A la vérité, Marie n’était pas tenue à cette prescription, car elle était la plus pure des vierges, et son enfant, l’Agneau immaculé de Dieu. Néanmoins, avec humilité et en esprit d’immolation, elle offre le sacrifice des pauvres : un couple de tourterelles.

En imitation et en souvenir de la Purification de Marie, il y a, dans l’Église, un bel usage, malheureusement trop délaissé : dès qu’une mère, après la naissance d’un enfant, peut quitter la maison, sa première visite est pour l’église. Là, elle remercie Dieu de son heureuse délivrance, elle offre son cher enfant au Seigneur et le prêtre la bénit, elle et son enfant. C’est la cérémonie liturgique des relevailles. Cette cérémonie ne consiste pas, comme dans l’Ancien Testament, en une purification de la mère, chez les chrétiens, il n’est pas besoin de purification après la naissance, — mais, dans cette cérémonie, la jeune mère imite l’acte d’humilité de Marie : elle se tient auprès de la porte de l’église et est conduite par le prêtre à l’autel.

d) D’une beauté émouvante est la figure du vieillard Siméon. Dans un ardent désir, il a, toute sa vie, attendu le Sauveur. Avec sa foi enfantine, dans le pauvre fils d’ouvriers, il adore le Fils de Dieu ; avec son amour ardent, il sent son cœur rajeuni, quand, dans ses bras de vieillard, il tient l’Enfant Jésus. Désormais il ne demande plus rien à la terre, il a vu le Sauveur et, plein de reconnaissance, il chante la prière du soir de sa vie : « Maintenant, tu laisses partir ton serviteur, Seigneur... »

De ce beau chant, l’Église a fait la prière du soir et la prière de remerciement pour les bénédictions et les grâces du jour de, Rédemption. A Complies, nous trouvons ce chant à la fin. Nous voyons devant nous le vieillard Siméon, il tient dans ses bras l’Enfant Jésus et, le cœur rempli de reconnaissance, il achève le service de Dieu. Quand nous prions, nous sommes dans une situation semblable. Nous sommes tous, nous aussi, au service de Dieu. Maintenant, aux heures de la soirée, nous tenons en esprit le Sauveur dans nos bras, le Sauveur que nous possédons par la foi, par la grâce, par les sacrements ; nous remercions, du fond du cœur, Dieu de tous ses bienfaits et nous sommes prêts, si telle est sa volonté, à quitter la terre : Maintenant, laisse partir ton serviteur, les yeux de ma foi ont vu aujourd’hui et dans ma vie passée le Sauveur Jésus-Christ, j’appartiens moi aussi à la troupe des élus, il est mon salut, ma lumière qui a éclairé les ténèbres de mon intelligence et de mon cœur, il est ma gloire, ma récompense éternelle. Ah si nous pouvions toujours terminer nos journées sur de telles pensées ! Il n’est pas de pensées plus ferventes pour une prière du soir. — Et quelle beauté n’a pas cette prière dans la bouche d’un chrétien mourant, comme prière du soir de sa vie !




Présentation de Jésus au temple

Les diverses cérémonies que l'Eglise accomplit au jour de la Présentation du Seigneur au Temple sont comme un commentaire vivant de l'évangile lu à la messe ; les liturgistes du Moyen-Age en ont tiré des leçons édifiantes et salutaires. Pour Yves de Chartres, la cire des cierges signifie et représente la chair virginale de Jésus qui n'a point altéré, ni par sa conception ni par sa naissance, l'intégrité de Marie ; la flamme des cierges symbolise le Christ, lumière qui est venue illuminer nos ténèbres. Durand de Mende dit que « nous portons des cierges allumés en procession pour faire écho à la parole de Siméon qui salue en Jésus la lumière du monde, pour signifier l'humanité et la divinité du Christ, pour proclamer la pureté inaltérable de Marie, pour imiter les vierges sages qui accompagnent le céleste époux jusqu'au temple de la gloire. » Invocations au Père des lumières et à Jésus-Christ, lumière du monde, les prières de la bénédiction des cierges rappellent les touchantes circonstances des mystères de ce jour. L'usage de ces cierges bénits devra, selon les intentions de l'Eglise, procurer aux fidèles la santé de l'âme et du corps, les délivrer des ténèbres de l'erreur et du vice, leur montrer ce qui est agréable à Dieu et leur mériter l'entrée dans le séjour de l'éternelle lumière.


Prière lue par Sainte Gertrude et adoptée pour le jour de la Purification de Notre Dame

O mon Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, donnez-moi d'aspirer vers vous, de tout mon cœur, avec les brûlants désirs d'une âme altérée ; donnez-moi de respirer en vous, ô très suave et très doux ami ; que mon esprit, que tout mon être haletant soupire après vous, ô seule vraie Béatitude. O Sauveur dont la clémence est infinie, daignez, par votre Sang précieux, imprimer dans mon cœur vos plaies sacrées afin qu'en elles je lise à chaque instant, et vos douleurs, et votre Charité pour moi.

Faites que le souvenir de vos divines blessures, demeure enseveli toujours au plus intime de mon être afin d'y exciter une juste compassion à toutes vos souffrances, et d'y allumer le feu consumant de votre amour. Accordez-moi aussi de connaître le néant de la créature, diminuez sa valeur devant mes yeux, et soyez, Vous seul, ô Jésus, la douceur et la joie de mon âme.

Gertrude aimait cette prière et la récitait tous les jours. Ses demandes agréées du Sauveur : Je connus d'une manière spirituelle, que vous aviez imprimé sur des places très réelles de mon cœur les stigmates sacrés de vos plaies adorables ; au moyen de ces blessures, vous avez guéri les ulcères de mon âme et vous m'avez enivrée d'un nectar délicieux.

Lumière est venue dans le monde

Allons à la rencontre du Christ, nous tous qui honorons et vénérons son mystère avec tant de ferveur, avançons vers lui dans l'enthousiasme. Que tous sans exception participent à cette rencontre, que tous sans exception y portent leurs lumières. Si nos cierges procurent un tel éclat, c'est d'abord pour montrer la splendeur divine de celui qui vient, qui fait resplendir l'univers et l'inonde de lumière éternelle en repoussant les ténèbres mauvaises ; c'est aussi et surtout pour manifester avec quelle splendeur de notre âme, nous-mêmes devons aller à la rencontre du Christ.

De même, en effet, que la Mère de Dieu, la Vierge très pure, a porté dans ses bras la véritable lumière à la rencontre de ceux qui gisaient dans les ténèbres ; de même nous, illuminés par ses rayons et tenant en mains une lumière visible pour tous, hâtons-nous vers celui qui est vraiment la lumière.

C'est évident : puisque la lumière est venue dans le monde et l'a illuminé alors qu'il baignait dans les ténèbres, puisque le Soleil levant qui vient d'en haut nous a visités, ce mystère est le nôtre. C'est pour cela que nous avançons en tenant des cierges, que nous accourons en portant des lumières, afin de signifier la lumière qui a brillé pour nous, mais aussi afin d'évoquer la splendeur que cette lumière nous donnera. Courons donc ensemble, allons tous à la rencontre de Dieu. Cette lumière véritable, qui éclaire tout homme venant en ce monde, voici qu'elle vient. Soyons-en tous illuminés, mes frères, soyons-en tous resplendissants.

Que nul d'entre nous ne demeure, comme un étranger, à l'écart de cette lumière; que nul, alors qu'il en est inondé, ne s'obstine à rester plongé dans la nuit. Avançons tous dans la lumière, tous ensemble, illuminés, marchons à sa rencontre, avec le vieillard Siméon, accueillons cette lumière glorieuse et éternelle. Avec lui, exultons de tout notre cœur et chantons un hymne d'action de grâce à Dieu, Père de la lumière, qui nous a envoyé la clarté véritable pour chasser les ténèbres et nous rendre resplendissants.

Le salut que Dieu a préparé à la face de tous les peuples et qu'il a manifesté pour la gloire du nouvel Israël que nous sommes, voilà que nous l'avons vu à notre tour, grâce au Christ ; nous avons été aussitôt délivrés de la nuit de l'antique péché, comme Siméon le fut des liens de la vie présente, en voyant le Christ.

Nous aussi, en embrassant par la foi le Christ venu de Bethléem à notre rencontre, nous qui venions des nations païennes, nous sommes devenus le peuple de Dieu, car c'est le Christ qui est le salut de Dieu le Père. Nous avons vu de nos yeux Dieu qui s'est fait chair. Maintenant que la présence de Dieu s'est montrée et que nous l'avons accueillie dans notre âme, nous sommes appelés le nouvel Israël ; et nous célébrons sa venue par une fête annuelle pour ne jamais risque de l'oublier.

Saint Sophrone de Jérusalem



Le silence de Marie

C'est le partage de la Vierge, en ce saint temps d'être en silence. C'est son état, c'est sa voie, c'est sa vie. Sa vie est une vie de silence qui adore la parole Eternelle. En voyant devant ses yeux, en son sein, en ses bras cette même Parole, la Parole substantielle du Père, être muette et réduite au silence par l'état de son enfance elle rentre en un nouveau silence et y est transformée à l'exemple du Verbe Incarné qui est son Fils, son Dieu et son unique amour. Et sa vie se passe ainsi de silence en silence d'adoration en silence de transformation ; son esprit et ses sens conspirant également à former et perpétrer en elle cette vie de silence ; et toutefois un sujet si grand, si présent et si propre à elle serait bien digne de ses paroles et de ses louanges. A qui Dieu appartient-il de plus près qu'à Marie qui est sa mère, et ce qui ne convient qu'à elle, elle est sa Mère en la terre sans Père, comme Dieu est son Père au ciel sans Mère ? Qui a donc plus de droit de parler de lui, qu'elle qui lui tient lieu de père et de mère tout ensemble, et ne partage avec aucun la substance nouvelle dont il l'a revêtue ? Qui connaît mieux l'état, les grandeurs, les bassesses de Jésus que Marie, en laquelle il a reposé neuf mois, et de laquelle il a pris ce petit corps qui couvre la splendeur de la divinité, comme une nuée légère qui cache un soleil, et comme un voile délié qui nous cache le vrai sanctuaire ? Qui parlerait plus dignement, plus hautement, plus divinement de choses si grandes, si profondes, si divines, que celle qui est la Mère du Verbe Eternel, et en laquelle et par laquelle ces choses-là même ont été accomplies et qui est la seule personne que la Trinité a choisie et jointe à soi pour opérer ces merveilles ? Et toutefois elle est en silence, ravie par le silence de son Fils Jésus. Et c'est un des effets sacrés et divins du silence de Jésus, de mettre la très sainte mère de Jésus en une vie de silence ; silence humble, profond et adorant plus saintement et plus disertement la sapience incarnée, que les paroles ni des hommes ni des anges. Ce silence de la Vierge n'est pas un silence de bégaiement et d'impuissance, c'est un silence de ravissement, c'est un silence plus éloquent dans les louanges de Jésus que l'éloquence même. C'est un effet puissant et divin dans l'ordre de la grâce, c'est-à-dire un silence opéré par un silence de Jésus, qui imprime ce divin effet en sa mère, et qui la tire à soi dans son propre silence, et qui absorbe en sa divinité toute parole et pensée de sa créature. Aussi est-ce une merveille de voir qu'en cet état de silence et d'enfance de Jésus tout le monde parle, et Marie ne parle point, le silence de Jésus ayant plus de puissance de la tenir en un sacré silence que les paroles ni des anges ni des saints n'ont de force à la mettre en propos et la faire parler de choses si dignes de louanges et que le ciel et la terre unanimement célèbrent et adorent. Les anges en parlent et entre eux-mêmes et aux pasteurs, et Marie est en silence. Les pasteurs courent et parlent, et Marie est en silence. Les rois arrivent, parlent et font parler toute la ville, tout l'Etat et tout le sacré synode de Judée, et Marie est en retraite et en silence. Tout l'Etat est ému et chacun s'étonne et parle du nouveau roi recherché par les rois, et Marie est en son repos et sacré silence. Siméon parle au Temple et Anne la Prophétesse, et tous ceux qui attendent le salut d'Israël, et Marie offre, donne, reçoit et rapporte son Fils en silence, tant le silence de Jésus a de puissance et d'impression secrète sur l'esprit et le coeur de la Vierge, et la tient puissamment et divinement occupée et ravie en silence. Car aussi durant tout le temps de son enfance, nous n'avons que ces paroles qui nous soient rapportées de la conduite de la Vierge et de sa piété au regard de son Fils, et des choses qui sont dites de lui et accomplies par en lui : « Maria autem conservabat omnia verba haec conferens in corde suo. »

Le cardinal Pierre de Bérulle - Opuscules de piété

Presentation of Jesus at the Temple. Italian, end of 17th century. Oil on panel, 87 x 68



Le vieillard Siméon et la prophétesse Anne

N'admirez-vous pas que tous ceux qui paraissent dans notre Evangile nous y sont représentés par le Saint-Esprit dans un état d'immolation ? Siméon, ce vénérable vieillard, désire être déchargé de ce corps mortel ; Anne, victime de la pénitence, paraît toute exténuée par ses abstinences et par ses veilles ; mais surtout la bienheureuse Marie, apprenant du bon Siméon qu'un glaive tranchant percera son âme, ne semble-t-elle pas être sous le couteau du sacrificateur ? Et, comme elle se soumet en tout aux ordres et aux lois de Dieu avec une obéissance profonde, n'entre-t-elle pas aussi dans la véritable disposition d'une victime immolée ? Quelle est la cause que tant de personnes concourent à se dévouer à Dieu, comme des hosties, si ce n'est que son Fils unique, pontife et hostie tout ensemble de la nouvelle alliance, commençant en cette journée à s'offrir lui-même à son Père, attire tous ses fidèles à son sentiment et répand, si je puis parler de la sorte, cet esprit d'immolation sur tous ceux qui ont part à ce mystère ?

C'est donc l'esprit de ce mystère de faire entendre aux fidèles qu'ils doivent se sacrifier avec Jésus-Christ.

Mais il faut aussi qu'ils apprennent par quel genre de sacrifice ils pourront se rendre agréables.

C'est pourquoi Dieu agit de telle manière dans ces trois personnes sacrées qui paraissent aujourd'hui dans le Temple avec le Sauveur, que faisant toutes, pour ainsi dire, leur oblation à part, nous pouvons recevoir de chacune d'elles une leçon particulière : Siméon, détaché du siècle, immole l'amour de la vie ; Anne, pénitente et mortifiée, détruit devant Dieu le repos des sens ; Marie, soumise et obéissante, sacrifie la liberté de l'esprit. Par où nous devons apprendre à nous immoler avec Jésus-Christ par trois genres de sacrifices : par un sacrifice de détachement en méprisant notre vie ; par un sacrifice de pénitence en mortifiant nos appétits sensuels ; par un sacrifice de soumission en captivant notre volonté.

Bossuet - Premier sermon pour la purification

Syméon, le dernier et le premier des justes

« Les justes vivent pour toujours ; leur récompense est dans le Seigneur et le Très-Haut prend soin d'eux » (Sagesse V 15 ). Le temps me manque pour pouvoir rappeler les vertus de tous les saints. Je traiterai donc du dernier des justes de l'Ancien Testament. Et qui est-il ? Syméon, dont l'évangile de saint Luc nous rapporte le nom. Il est à la fois le premier et le dernier. Le dernier à avoir vécu sous le régime de la Loi, le premier sous celui de la grâce. Juif soumis aux observances, il était chrétien par son action de grâce. Sa formation en avait fait un légiste, sa connaissance de Dieu en fit son messager.

Syméon, dont l'histoire nous a été lue récemment, avait été retiré de l'impiété pharisaïque, comme une rose cueillie parmi les épines. Pour avoir été favorisé du don de la grâce, il avait acquis la réputation d'être le premier. Syméon était parvenu à un si haut degré de justice que pendant sa vie corporelle, Dieu lui fit cette révélation : « Il n'achèverait pas cette vie temporelle avant d'avoir serré dans ses bras de chair la Vie éternelle, Jésus Christ notre Seigneur ».

Le juste Syméon, qui dès avant l'Incarnation aspirait à voir le Seigneur, l'a donc vu dans son Incarnation, il l'a reconnu et l'a pris dans ses bras. Et il a supplié le Maître de l'univers, devenu enfant en la condition de serviteur, d'être délivré de la prison de son corps, en disant à haute voix ces paroles que tu as entendues récemment : « Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s'en aller dans la paix, selon ta parole, car mes yeux ont vu ton salut ». Je l'ai vu, laissez-moi m'en aller, ne me gardez pas ici ; permettez-moi de m'en aller dans la paix, ne me laissez pas dans la tristesse. Je l'ai vu, permettez-moi de partir. J'ai vu votre gloire, les anges danser, les archanges vous glorifier, la création exulter. J'ai vu le passage unique reliant le ciel à la terre. Maintenant, permettez-moi de m'en aller, ne me gardez pas ici.

Ne me laissez pas voir l'insolence de mes compagnons juifs envers vous, la couronne d'épines que l'on tresse, l'esclave qui vous gifle, la lance qui s'approche de vous. Ne me laissez pas voir le soleil s'obscurcir, la lune décroître, les éléments s'altérer. Ne me laissez pas vous voir brisé sur la croix. Ne me laissez pas voir les rochers se fendre, le voile du Temple se déchirer. Car les éléments mêmes ne seront pas capables de supporter ce défi et ils prendront part aux souffrances du Seigneur.

Timothée de Jérusalem - « Discours sur Syméon »



Simon Vouet, Présentation de Jésus au Temple, 1640-1641, 393 x 250, Musée du Louvre, Département des Peintures, Paris

[VIDÉO] Les détails édifiants de la Présentation au Temple de Simon Vouet

Mélina de Courcy - Anthony Cormy - publié le 01/02/24

La Présentation de Jésus au Temple est un moment important qui instaure Jésus comme étant pleinement homme car il suit la Tradition concernant les nouveau-nés d'Israël. Mélina de Courcy décrypte ici le tableau de Simon Vouet, qui montre à quel point ce moment est fondamental.

Il est la lumière pour éclairer les nations!

Simon Vouet peint cette « Présentation de Jésus au Temple » en 1640, aujourd’hui conservée au Louvre. En effet, dans le monde juif, tout premier-né masculin est consacré au Seigneur, au temple de Jérusalem.
Simon Vouet nous donne 4 indices pour comprendre la scène.
Regardez bien!

-Premièrement, tout juste rentré d’Italie, il représente le Temple avec une colonnade semblable à celles vues à Rome. Elles expriment la solidité de l’Église catholique.

-deuxièmement, en haut de quelques marches, Marie et Joseph, qui porte des colombes pour l’offrande, présentent l’enfant à Siméon. Ce vieillard reconnaît Dieu en ce petit enfant pas comme les autres. Il est la lumière du monde. Depuis, les chrétiens font des processions aux chandelles le 2 février, ce qui a donné la fête de la chandeleur.

-Troisièmement, la colonnade du temple semble faire une rotation vers la gauche pour laisser voir un deuxième décor, derrière : c’est l’avènement du nouveau règne de Dieu sur la terre, apporté par le Christ.

-Quatrièmement, les anges dans la coupole attestent que nous sommes bien en présence de Dieu, raison pour laquelle la lumière baigne la scène d’une teinte dorée.
En ce jour de la chandeleur, demandons à cette lumière de nous éclairer, et de chasser nos ténèbres intérieurs, car Dieu est présent au milieu de nous!

Lire aussi :[VIDÉO] Quand le Caravage fait chuter saint Paul

Lire aussi :[VIDÉO] Les mages de Botticelli adorent l’Enfant Jésus !

SOURCE : https://fr.aleteia.org/2024/02/01/video-simon-vouet-nous-montre-la-nouveaute-quapporte-le-christ/?utm_campaign=Web_Notifications&utm_medium=notifications&utm_source=onesignal

Francisco Rizi  (1614–1685), Presentación de Jesús en el Templo, circa1663, 206 x 290, musée du Prado  depositado en el Coruña Fine Arts Museum



PURIFICATION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE.

La Purification de la Vierge Marie eut lieu quarante jours après la Nativité du Seigneur. Cette fêté a été nommée ordinairement de trois manières, la Purification, Hypopante ou rencontre, et la Chandeleur. On la nomme Purification parce que, quarante jours après la naissance du Seigneur, la Vierge vint au Temple se purifier, selon la coutume introduite par la loi, quoique cette loi ne l’obligeât point. En effet au Lévitique (XII), la loi ordonnait que là femme qui, ayant usé du mariage, enfanterait un fils, serait impure pendant sept jours, impure au point de s'abstenir de toute espèce de commerce avec les hommes, et de l’entrée du temple:

Mais après les sept jours; elle redevenait pure ; en sorte qu'elle pouvait se trouver avec les hommes mais elle avait encore trente trois jours a passer avant de pouvoir entrer' dans le temple à raison de son impureté. Enfin après quarante jours, elle entrait dans le temple et offrait son enfant avec des présents. Que si elle avait enfanté une femme, les jours étaient doublés pour ses rapports avec les hommes et pour l’entrée du temple. Pourquoi donc le Seigneur a-t-il ordonné que, au 40e jour, l’enfant fût offert dans le temple ? on peut en donner trois raisons. La première afin que l’on, comprenne par là que comme l’enfant est introduit au 40e jour dans le temple matériel, de même 40 jours après sa conception, pour le plus souvent, son âme est infuse dans le corps comme dans son temple. Ceci est rapporté dans l’Histoire scholastique (ch. XVIII. C'est l’œuvre de Pierre Comestor, auteur du XIIe siècle, qui eut une vogue immense a peu près égale à celle de la Légende dorée), quoique les physiciens (médecins) disent que le corps est perfectionné en 46 jours. La seconde, que comme l’âme infuse au 40e jour dans le corps, est souillée par le corps lui-même, de même au 40e jour, en entrant dans le temple, l’âme est désormais lavée de cette tache par les offrandes. La troisième, pour donner à comprendre que; ceux-là mériteront d'entrer dans le temple céleste qui auront voulu observer les dix commandements avec la, foi aux quatre Evangiles. Pour celle qui enfantait une femme, ces jours sont doubles, quant à l’entrée dans le temple, comme ils sont doublés pour la formation de son corps : car ainsi que le corps d'un homme est organisé et rendu parfait en 40 jours. et que pour le plus souvent, l’âme est infuse au 40e jour, ainsi le corps d'une femme est achevé en 80 jours et au 80e jour, pour le plus souvent, l’âme anime son corps. Pourquoi donc le corps d'une femme met-il plus de temps à se parfaire et l’âme à l’animer que le corps d'un homme ? Sans parler des raisons prises de la nature, on peut en assigner trois autres. La première, c'est que J.-C.; devant prendre chair dans le sexe viril, afin d'honorer, ce sexe et lui octroyer une plus grande grâce, il voulut que l’enfant fût formé plus tôt et que la femme fût purifiée plus vite. La seconde, que la femme ayant plus péché que l’homme, ses infirmités fussent doubles des infirmités de l’homme extérieurement en ce mondé, de même alors, elles ont dû être doublées intérieurement dans le sein. La troisième, pour donner à comprendre par là que la femme a été d'une certaine manière plus à charge à Dieu que l’homme, puisqu'elle a failli davantage. En effet Dieu est en quelque sorte fatigué par nos actions mauvaises, ce qui lui fait dire dans Isaïe (XLIII) : «Vous m’avez rendu comme votre esclave par vos péchés. » Et ailleurs il dit encore par Jérémie (VI) : « J'ai travaillé avec grand effort. » La bienheureuse Vierge n'était donc pas tenue à cette loi de la purification, puisqu'elle n'a pas conçu en usant du mariage, mais par un souffle mystique. Aussi Moïse a ajouté : « en usant du mariage, » ce qui n'était pas nécessaire par rapport aux autres femmes qui conçoivent toutes , de cette manière, mais Moïse a ajouté ces mots, dit saint Bernard, parce qu'il venait de faire injure à la mère du Seigneur. Cependant elle voulut se soumettre à la loi pour quatre raisons. La première, pour donner l’exemple de l’humilité. Ce qui fait dire à saint Bernard : «O Vierge vraiment bienheureuse, vous n'aviez aucun motif ni aucun besoin de vous purifier ; mais est-ce que votre Fils avait besoin de la circoncision? Soyez au milieu des femmes comme l’une d'elles, car vôtre fils aussi se rend semblable aux autres enfants. » Or, cette humilité ne vint pas seulement de la mère, mais encore du Fils, qui voulut ici, comme elle, se soumettre à la loi. En effet, dans sa naissance, il se posa en homme pauvre, dans sa circoncision en homme pauvre et pécheur, mais aujourd'hui il se traite en homme pauvre, et pécheur et esclave; en pauvre, puisqu'il choisit l’offrande des pauvres; en pécheur, puisqu'il veut être purifié avec sa mère; en esclave, puisqu'il a voulu être racheté, et même peu après il voulut être baptisé, non pour effacer en sondes fautes, mais pour offrir au monde l’exemple de la plus grande humilité, et pour donner des preuves que ces remèdes ont été bons au temps où on les employait.. Car cinq remèdes furent institués, dans une certaine succession de temps, contre le péché originel. Trois d'entre eux, selon Hugues de Saint-Victor, ont été institués sous la' loi ancienne les oblations, les dîmes et les immolations des sacrifices, qui signifiaient merveilleusement l’œuvre de notre rédemption. Car le mode de rachat était exprimé par l’oblation; le prix lui-même de l’oblation, par le sacrifice, où il y avait effusion de sang; celui-là même, qui était racheté, par la dîme, parce que l’homme est figuré par la dixième dragme : Le premier remède fut l’offrande : ainsi l’on voit Caïn offrir à Dieu des présents de ses fruits, et Abel, de ses troupeaux. Le second fut la dîme, comme dans Abraham qui offre la dîme au prêtre. Melchisédech : car selon saint Augustin, on dîmait sur tout ce dont on prenait soin. Le troisième fut l’immolation des sacrifices : car, d'après saint Grégoire, les sacrifices étaient établis contre le péché originel. Mais parce qu'il était de rigueur, eût au moins l’un ou l’autre des parents eût la foi et qu'il pouvait se faire quelquefois que tous les deux fussent infidèles, alors vint le quatrième remède, savoir : la circoncision qui avait sa valeur, soit que les parents fussent fidèles, soit qu'ils ne le fussent point. Mais ce remède ne pouvant convenir seulement qu'aux mâles, et ne pouvant pas ouvrir les portes du paradis, alors à la circoncision succéda comme cinquième remède le baptême qui est commun à tous et qui ouvre la porte du ciel. J.-C. donc paraît avoir reçu, en quelque manière, le premier remède quand il fut offert dans le temple par ses parents; le second, quand il jeûna 40 jours et 40 nuits, parce que n'ayant point de biens avec quoi il pût payer la dîme, il offrit du moins à Dieu la dîme de ses jours. J.-C., s'est appliqué le troisième remède, quand sa mère offrit pour lui une paire de tourterelles, ou deux petits de colombes pour en faire un sacrifice, ou bien encore, quand il s'offrit lui-même en sacrifice sur la croix. Le quatrième, quand il se laissa circoncire, et le cinquième en recevant le baptême de saint Jean. — La seconde raison était d'accomplir la loi. Le Seigneur en effet n'était pas venu pour détruire la loi mais pour l’accomplir : car si en cela il se fût exempté de la loi, les Juifs auraient pu apporter cette excuse : « Nous ne recevons pas votre doctrine puisque vous n'êtes pas semblable à nos pères et que vous n'observez pas les traditions de la loi. » Mais aujourd'hui J.-C. et la Vierge se soumettent à une triple loi : 1° à la loi de la;purification comme des modèles de vertu, afin que nous, disions, après, avoir fait le bien, en tout, que nous sommes dès serviteurs inutiles ; 2° à la loi de la rédemption, pour donner un exemple d'humilité ; 3° à la loi de l’offrande, pour servir de modèle de pauvreté. — La troisième raison est pour mettre fin à la loi de la purification ; car comme au premier rayon de la lumière, les ténèbres disparaissent et que, au lever du soleil, l’ombre s'enfuit; de même, après la véritable purification, a cessé la purification figurative. Or, ici a en lieu la véritable purification dans J.-C. qui est réellement appelé la purification par excellence, puisqu'il nous purifie par la foi, selon qu'il est dit (Act., XV) : « Dieu purifie nos coeurs par la foi. » De là encore il sait que désormais les pères ne sont pas tenus à l’accomplissement de cette loi, ni les mères à la purification ou à l’entrée du temple, ni les enfants à ce rachat. — La quatrième raison, c'est pour nous apprendre à nous purifier. Selon le droit, il y a cinq manières de se purger dès l’enfance, quoiqu'il n'y en ait que trois de prescrites; et nous devons les employer savoir, par le jurement, qui marque le renoncement au péché; par l’eau qui indique l’ablution baptismale; par le feu, qui désigne l’infusion de la' grâce spirituelle; parles témoins, qui montrent la multitude des bonnes oeuvres; parla guerre, qui signifie la tentation. Or, la sainte Vierge, en venant au temple a offert son fils et l’a racheté avec cinq sicles. Il faut aussi remarquer que certains premiers-nés étaient rachetés comme les premiers-nés des onze tribus moyennant cinq sicles; quelques autres ne pouvaient être rachetés, par exemple, les premiers-nés des lévites, qui jamais n'étaient rachetables;- mais, parvenus à l’âge des adultes; ils servaient constamment le Seigneur dans le temple; de même encore les premiers-nés des animaux purs ils pouvaient être rachetés; mais ils étaient offerts au Seigneur. Quelques autres devaient être échangés, comme le premier-né de l’âne qui était remplacé par une brebis; d'autres étaient tués, par exemple, le premier-né du chien. Or, puisque J.-C. était de la tribu de Juda, l’une des douze, il est clair qu'il a dû être racheté. « Et ils offrirent pour lui au Seigneur une paire de tourterelles ou deux petits de colombes. » C'était l’offrande des pauvres, tandis que l’agneau était celle des riches. L'Ecriture ne dit pas des petits de tourterelles, mais des petits de colombes, parce qu'on trouve toujours des petits de colombes, mais qu'on ne trouve pas toujours des petits de tourterelles, bien que l’on trouve toujours des tourterelles ; on ne dit pas non plus une paire de colombes, comme on dit une paire de tourterelles, parce que la colombe est un oiseau voluptueux, et pour cela Dieu n'a pas voulu qu'il lui en fût offert en sacrifice, mais la tourterelle est un oiseau pudique. — Cependant la Sainte Vierge Marie n'avait-elle pas, peu auparavant, reçu des mages une grosse somme d'or ? il est évident donc qu'elle a bien pu acheter un agneau. A cela on répond, qu'il n'est pas douteux, comme le dit saint Bernard, que les mages aient offert une grosse somme d'or, parce qu'il n'est pas vraisemblable, que des rois de cette importance aient offert à un tel Enfant de maigres présents; toutefois, d'après une opinion, elle ne garda pas cet or pour soi, mais elle le distribua de suite aux pauvres, ou bien peut-être, elle le garda pour pourvoir aux frais de son voyage de sept ans en Egypte ; ou encore, les mages n'offrirent pas une grande quantité d'or, car leur offrande avait une signification mystique. — On distingue trois offrandes touchant le Seigneur : La première quand ses parents l’offrirent; la seconde quand on offrit pour lui des oiseaux; il fit lui-même la troisième pour les hommes sur la croix. La première montre son humilité, puisque le maître de la loi se soumet à la foi; la seconde, sa pauvreté, puisqu'il a choisi l’offrande des pauvres ; la troisième, sa charité, puisqu'il s'est livré pour les pécheurs. Voici les propriétés de la tourterelle : son vol est élevé ; ses chants sont dés gémissements; elle annonce le printemps; elle vit chastement; elle reste isolée; la nuit elle réchauffe ses petits elle s'éloigne des cadavres. Voici les propriétés de la colombe :

Elle ramasse le grain ; elle vole en troupe ; elle évite les cadavres ; elle n'a pas de fiel ; elle gémit elle caresse son compagnon de ses baisers ; la pierre lui fournit un nid; elle fuit son ennemi qu'elle a vu sur le fleuve ; elle ne blesse pas avec son bec; elle nourrit ses deux petits avec soin.

Secondement; cette fête a reçu le nom d'Hypapante, ce qui est la même chose que Présentation, parce que J.-C. a été présenté au temple: Hypapante veut encore dire rencontre (De hypa, qui veut dire aller, et anti, contre)*, parce que Siméon et Anne se rencontrèrent avec le Seigneur, qu'on offrait dans le temple. Alors donc Siméon le prit dans ses bras. Notons ici trois sortes d'ombres, trois anéantissements de notre Sauveur: 1° l’anéantissement de la vérité : car celui qui est. la vérité, par laquelle l’homme est conduit, qui est aussi la voie, laquelle conduit l’homme à Dieu qui est la vie, a permis que d'autres,le conduisissent aujourd'hui : « Alors, dit-il, qu'ils introduisaient Jésus enfant. » 2° L'anéantissement de la bonté, puisque lui qui est le seul bon, le seul saint, a voulu être purifié avec sa mère, comme un homme immonde. 3° C'est l’anéantissement de sa majesté, puisque celui qui porte tout par la parole de sa force; s'est laissé prendre et porter entre lés bras d'un vieillard, qui cependant portait celui qui le portait lui-même;, d'après cette parole de la liturgie : « Le vieillard portait l’enfant, mais l’enfant dirigeait le vieillard. » Alors Siméon le bénit en disant : « Vous laisserez maintenant, Seigneur, aller votre serviteur en paix, etc. » Et Siméon lui donne trois noms, savoir : le salut, la lumière et la gloire du peuple d'Israël. On peut entendre ces trois noms de quatre manières : 1° comme notre justification; et il est appelé sauveur, en remettant la faute, parce que Jésus veut dire sauveur, par cela qu'il sauvera le peuple de ses péchés; lumière, en donnant sa grâce.; gloire, il la donne à son peuple; 2° comme notre régénération, car 1° l’enfant est exorcisé et baptisé, et il est ainsi purifié du péché; 2° on lui donne un cierge allumé ; 3° il est présenté à l’autel; 4° la procession qui se fait en ce jour, car 1° les cierges sont bénits et exorcisés ; 2° ils sont allumés et distribués entre lés mains des fidèles; 3° on entre à l’église, en chantant, des cantiques ; 4° à cause du triple nom de la fête : on 1'appelle.Purifrcation, et c'est parce que la faute est purifiée, que Siméon appelle Jésus le salut. On l’appelle chandeleur, pour l’illumination de la grâce ; de là le nom de lumière. On l’appelle Hypapante, pour la collation de la gloire: de là le nom de gloire du peuple d'Israël. « Alors en effet nous viendrons au-devant de J.-C. dans les airs » (saint Paul). On petit dire encore que par ce cantique de Siméon, J.-C. est loué comme paix, comme salut, comme lumière, comme gloire. Comme paix, car il est médiateur; comme salut, car il est rédempteur; comme lumière, car il est docteur; comme gloire, car il est récompense.

Troisièmement cette fête a reçu le nom de Chandeleur, parce qu'on porte à la main des chandelles allumées. Pourquoi l’Eglise a-t-elle établi qu'on porterait à la main des chandelles allumées ? On en peut assigner quatre raisons : 1° pour détruire une coutume mauvaise. En effet, autrefois, aux calendes de février, en l’honneur de Februa, mère de Mars; dieu de la guerre, les Romains illuminaient la ville de cinq en cinq ans avec des cierges et des flambeaux pendant toute la nuit, afin que Mars leur accordât la victoire sur leurs ennemis, en raison des honneurs qu'ils rendaient à sa mère ; et cet espace de temps était un lustre. Au mois de février encore les Romains offraient des sacrifices à Febvrius c'est-à-dire à Pluton et aux autres dieux infernaux, pour les âmes de leurs ancêtres : afin donc qu'ils eussent pitié d'eux, ils leur offraient des victimes solennelles, et toute la nuit ils veillaient en chantant leurs louanges et tenaient des cierges et des torches allumées. Le pape Innocent dit encore que les femmes romaines célébraient en ce jour la fête des lumières, dont l’origine est tirée des fables des poètes. Ceux-ci rapportent que Proserpine était si belle que Pluton, dieu des enfers, en devint épris, qu'il l’enleva et en fit une déesse. Ses parents la cherchèrent longtemps dans les forêts, et les bois avec des torches et des flambeaux, et c'est ce souvenir que rappelaient les femmes de Rome. Or, parce qu'il est difficile d'abandonner une coutume, les chrétiens nouvellement convertis a la foi ne savaient pas s'y résoudre alors le pape Sergius lui donna un but meilleur, en ordonnant aux chrétiens de célébrer, chaque année, à pareil jour, par tout, l’univers, une fête en l’honneur de la sainte Mère du Seigneur, avec cierges allumes et chandelles bénites. De cette manière la solennité restait, mais la fin était toute autre. 2° Pour montrer la pureté de la Vierge. En entendant que la Vierge s'était purifiée, quelques personnes pourraient penser qu'elle avait besoin de purification : afin donc de montrer que toute sa personne fut très pure et toute brillante, l’Eglise nous a ordonné de porter des flambeaux allumés, comme si. par le fait elle disait : « O bienheureuse Vierge, vous n'avez pas besoin de purification, mais vous êtes toute brillante, toute resplendissante. » De vrai, elle n'avait pas besoin de purification, elle qui avait conçu, sans user du mariage, elle qui avait été purifiée d'une manière très parfaite, et qui avait été sanctifiée dans le sein de sa mère. Or, elle avait tellement été glorifiée et purifiée dans le sein de sa mère et dans la venue du Saint-Esprit que, nom seulement il ne resta en elle aucune inclination au péché; mais l’effet de sa sainteté se communiquait et s'épanchait dans les autres, en sorte qu'elle éteignait tous les mouvements de charnelle concupiscence en tous. Ce qui fait dire aux Juifs que quoique Marie ait été d'une extrême beauté, elle ne put cependant jamais être convoitée par personne; et la raison en est que la vertu de sa chasteté pénétrait tous ceux qui la regardaient et écartait d'eux toute concupiscence. Ce qui l’a fait comparer au cidre dont l’odeur fait mourir les serpents ; sa sainteté projetait comme des rayons sur les autres, de manière à étouffer tous les mouvements qui se glissaient en la chair. On la compare encore à la myrrhe; car de même que la myrrhe fait périr les vers, de même aussi sa sainteté détruisait toute concupiscence charnelle ; et elle jouit de cette prérogative dans un degré plus éminent que ceux qui ont été sanctifiés dès le sein de leur mère, ou qui sont restés vierges; dont la sainteté et la chasteté ne se transmettaient pas aux autres, ni n'éteignait en eux les mouvements de la chair, tandis que la force de la chasteté de la Vierge pénétrait jusqu'au fond même du coeur des impudiques et qu'elle les rendait tout aussitôt chastes à son égard. 3° A cause de la procession qui eut lieu à pareil jour : car Marie, Joseph, Siméon et Anne firent aujourd'hui une procession digne d'honneur, et présentèrent l’enfant Jésus au temple. De même encore, nous faisons la procession et portons à la main un cierge allumé, figure de Jésus-Christ, et nous le tenons jusque dans les églises. Il y a trois choses dans le cierge, savoir, la cire, la mèche et le feu, qui sont la figure des trois substances qui existèrent en J.-C. : la cire est la figure de sa chair qui est née de la Vierge Marie sans la corruption de la chair, comme les abeilles composent la cire sans mélange ; la mèche cachée dans le cierge est la figure de son âme très candide cachée dans sa chair; et le feu ou la lumière est la figure de la divinité, parce que notre Dieu est un feu qui consume. Ce qui a fait dire à un poète : « Cette chandelle, je la porte en l’honneur de la pieuse Marie. Par la cire voyez une chair véritable née d'une Vierge ; par la lumière, la divinité et l’excellence de la majesté ; la mèche, c'est somme infiniment riche se cachant dans la chair. » 4° Pour notre instruction. Tout nous instruit : que si nous voulons être purs et nets, nous devons avoir en nous trois dispositions, savoir : une foi véritable, une conduite sainte, et une intention droite. La chandelle allumée à la main, c'est la foi avec les bonnes œuvres; et de même que la chandelle sans lumière est réputée morte, et que la lumière par elle-même ne brille pas sans chandelle, mais paraît être morte, de même les œuvres sans la foi et la foi sans les bonnes œuvres sont appelées mortes. Quant à la mèche enfermée dans la cire, c'est l’intention droite; ce qui fait dire à saint Grégoire : « L'action se fait devant le publie, mais l’intention reste cachée dans le secret. »

Une noble dame avait une très' grande dévotion envers la sainte Vierge. Ayant fait construire une chapelle auprès de sa maison, elle y entretenait un chapelain, et voulait entendre chaque jour une messe de la Bienheureuse Vierge. Alors que la fête de la Purification de la Sainte Vierge était proche, le prêtre fit un voyage au loin pour une affaire particulière, et la dame ne put avoir une messe ce jour-là; ou bien, comme on le lit autre part, elle avait donné tout ce qu'elle avait jusqu'à ses vêtements pour l’amour de la Vierge; or, comme elle avait donné sa robe et qu'elle ne pouvait aller à l’église il lui fallait rester sans messe en ce jour. Sous l’impression d'une vive douleur elle entra dans son oratoire ou sa chambre et se prosterna devant un autel de la Sainte Vierge. Tout à coup elle fut transportée hors d'elle-même, et il lui semblait être dans une église magnifique et toute resplendissante ; alors elle vit, entrer une foule extraordinaire de vierges, que, précédait une Vierge d'une admirable beauté, dont la tête était couronnée d'un diadème. Après que toutes se furent assises, voici venir une autre foule de jeunes gens qui prirent place chacun selon son rang. Alors quelqu'un qui portait une grande quantité de cierges, en donna d'abord un à la vierge qui avait le pas sur les autres; il en distribua ensuite aux autres vierges ut aux jeunes gens, enfin il vint auprès de la dame et lui offrit un cierge qu'elle accepta volontiers. Elle tourna alors les yeux vers le chœur et vit deux céroféraires, un sous-diacre, un diacre et un prêtre revêtus de leurs ornements sacrés s'avancer vers l’autel comme pour célébrer une messe solennelle. Il lui semblait que les acolytes étaient saint Vincent et saint Laurent; que le diacre. et le sous-diacre étaient deux anges; quant au prêtre, c'était J.-C. Après la confession, deux jeunes gens d'une rare beauté allèrent au milieu du chœur, commencèrent à haute voix et fort dévotement l’office de la, messe, que poursuivirent ceux qui étaient dans le tuteur. Quand on fut à l’offrande, la reine dés Vierges et toutes les vierges avec ceux qui étaient dans le chœur, vinrent offrir, comme de coutume, leurs cierges au prêtre en fléchissant les genoux. Or, comme le prêtre attendait que la dame vînt lui offrir son cierge, et que celle-ci ne le voulait pas faire, la reine des vierges lui envoya dire par un exprès qu'elle manquait de savoir-vivre, en faisant attendre le prêtre si longtemps. Elle répondit que le prêtre continuât sa messe parce qu'elle -ne lui offrirait pas son cierge. Alors la reine lui envoya encore un autre exprès à qui la dame répondit qu'elle ne donnerait à personne. le cierge qu'elle avait reçu, mais qu'elle le garderait par dévotion. Toutefois la reine des vierges donna cet ordre à l’exprès: « Allez la prier de nouveau d'offrir son cierge, sinon vous le lui enlèverez par force, de ses mains. » Le messager étant venu et la dame refusant d'accéder à sa prière, il dit qu'il avait ordre de le lui arracher de force. Alors il saisit le cierge avec une grande violence et s'efforça de l’enlever. La dame le tenait plus fortement. encore et se défendait comme un homme. Le débat traînait en longueur, le cierge était tiré avec force deçà, de-là, quand tout à coup le cierge se cassa, une moitié restant entre les mains du messager, l’autre moitié danses mains de la dame. Au moment où le cierge se brisa avec bruit, elle revint tout aussitôt à elle et se trouva devant l’autel, où elle s'était placée, avec le cierge brisé à la main. Elle en fut dans l’admiration et rendit d'immenses actions de grâces à la Sainte Vierge qui n'avait pas permis qu'elle restât sans messe en ce jour, mais qui l’avait fait assister à un tel office. Elle eut grand soin de son cierge et le garda comme les plus précieuses reliques. On dit que tous ceux qui en étaient touchés étaient aussitôt guéris des infirmités qui ses tourmentaient. — Une autre dame enceinte vit en songe qu'elle portait un étendard teint de couleur sanguine. En s'éveillant elle perdit de suite les sens : le démon se jouait tellement d'elle qu'il lui semblait qu'elle portait entre ses mamelles la foi chrétienne à laquelle elle avait été jusque-là fort attachée, et qu'elle la perdait à chaque instant. Rien ne la pouvant guérir, elle passa dans une église de la Sainte Vierge la nuit de la Purification et fut guérie parfaitement.

La Légende dorée de Jacques de Voragine nouvellement traduite en français avec introduction, notices, notes et recherches sur les sources par l'abbé J.-B. M. Roze, chanoine honoraire de la Cathédrale d'Amiens, Édouard Rouveyre, éditeur, 76, rue de Seine, 76, Paris mdccccii



Guido Reni  (1575–1642), La Purification de Marie, 1635-1640, 286 x 201, musée du Louvre


SIMÉON ET ANNE LA PROPHÉTESSE.

L’Écriture dit brièvement les choses. Quand elle veut confier le nom d’un homme à l’admiration des siècles, il lui arrive de dire que cet homme est juste et craignant Dieu. Joseph était juste. Siméon était juste.

Et, comme il était juste, il attendait la consolation d’Israël. Et le Saint-Esprit était en lui.

Et il avait reçu la promesse de ne pas mourir avant d’avoir vu le Christ du Seigneur.

Et il attendait.

Il attendait ! Quel mot ! quelle attente que cette attente qui fut sa vie, sa fonction, sa raison d’être, son type, sa destinée, qui fut toute sa vie et toute sa lumière jusqu’au jour où il vit Celui qu’il attendait, qu’il avait attendu !

Quel moment pour ce vieillard que le moment où il reçut dans ses bras Celui qui était l’Attendu d’Israël, d’Israël dont lui-même avait représenté l’attente !

Quel moment que celui où, après une vie consumée dans le désir, il vit de ses yeux et prit dans ses bras l’Amen vivant de sa vie, l’Amen vivant de son désir !

Et Anne la prophétesse ? Celle-ci avait quatre-vingt-quatre ans. Ce chiffre est bientôt écrit et bientôt prononcé. Mais quelle somme de désirs peut-il bien représenter ? Elle ne quittait pas le temple, priant, jeûnant et servant Dieu jour et nuit. Il n’est peut-être pas inutile d’insister par la pensée sur la vie de Siméon et d’Anne, cette vie pleine de mystères inconnus, cette vie qui ne fait parler d’elle qu’à son dernier moment. Mais si ce dernier moment fut couvert d’une gloire immortelle, c’est qu’il avait été préparé par les longues années de silence que le silence de l’Évangile nous laisse à deviner.

Le dernier moment a été court; mais les années ont été très longues.

Toute prière finit par un Amen. L’Amen a été court ; mais la prière a été longue. Figurons-nous cet homme et cette femme, ce juste et cette prophétesse, vivant et vieillissant dans cette espérance, dans cette pensée, dans ce désir, dans cette promesse : le Christ du Seigneur approche et son jour va venir. Celui que les prophètes ont annoncé, le Christ du Seigneur approche et son jour va venir ! Celui que les patriarches ont appelé, le Christ du Seigneur approche, et son jour va venir.

Probablement les siècles écoulés passaient sous les yeux de Siméon et d’Anne, et leurs années continuaient ces siècles, et le désir creusait en eux des abîmes d’une profondeur inconnue, et le désir se multipliait par lui-même, et le désir actuel s’augmentait des désirs passés, et ils montaient sur la tête des siècles morts pour désirer de plus haut, et ils descendaient dans les abîmes qu’avaient autrefois creusés les désirs des anciens, pour désirer plus profondément. Peut-être leur désir prit-il à la fin des proportions qui leur indiquèrent que le moment était venu. Siméon vint au temple en Esprit. C’était l’Esprit qui le conduisait. La lumière intérieure guidait ses pas.

Un frémissement, inconnu de ces deux âmes qui pourtant connaissaient tant de choses, les secouait probablement d’une secousse pacifique et profonde qui augmentait leur sérénité.

Pendant leur attente, le vieux monde romain avait fait des prodiges d’abomination. Les ambitions s’étaient heurtées contre les ambitions. La terre s’était inclinée sous le sceptre de César Auguste.

La terre ne s’était pas doutée que ce qui se passait d’important sur elle, c’était l’attente de ceux qui attendaient. La terre, étourdie par tous les bruits vagues et vains de ses guerres et de ses discordes, ne s’était pas aperçue qu’une chose importante se faisait sur sa surface : c’était le silence de ceux qui attendaient dans la solennité profonde du désir. La terre ne savait pas ces choses ; et si c’était à recommencer, elle ne les saurait pas mieux aujourd’hui. Elle les ignorait de la même ignorance : elle les méprisait du même mépris, si on la forçait à les regarder. Je dis que le silence était la chose qui se faisait à son insu, sur sa surface. C’est qu’en effet ce silence était une action. Ce n’était pas un silence négatif, qui aurait consisté dans l’absence des paroles. C’était un silence positif, actif au-dessus de toute action.

Pendant qu’Octave et Antoine se disputaient l’empire du monde, Siméon et Anne attendaient. Qui donc parmi eux, qui donc agissait le plus ? Anne la prophétesse parla au moment suprême, Siméon chanta. De quelle façon s’ouvrirent leurs bouches, après un tel silence !

Peut-être dans l’instant qui précéda l’explosion, peut-être toute leur vie se présenta-t-elle à leurs yeux comme un point rapide et total, où cependant les désirs se distinguaient les uns des autres, où la succession de leurs désirs se présenta à eux dans sa longueur, dans sa profondeur ; et peut-être tremblèrent-ils d’un tremblement inconnu durant le moment suprême qui arrivait. C’était donc à ce moment si court, si rapide, si fugitif, que toutes les années de leur vie avaient tendu ! C'était donc vers ce moment suprême que tant de moments avaient convergé ! Et le moment était venu !

Peut-être les siècles qui avaient précédé leur naissance se dressaient ils dans le lointain de leurs pensées, derrière les années de leur vie, étalant d’autres profondeurs plus antiques, à côté des profondeurs qu’ils avaient eux-mêmes creusées ! Qui sait de quelle grandeur dut leur paraître leur prière et toutes leurs prières précédentes ou avoisinantes, si les choses se montrèrent à eux tout à coup dans leur ensemble !

Car la succession de la vie nous cache notre oeuvre totale. Mais si elle nous apparaissait tout à coup, elle nous étonnerait. Les détails nous cachent l’ensemble. Mais il y a des moments où le voile qui est devant notre regard tremble, comme s’il allait tout à coup se lever. Un résumé se fait, le résumé des discours, le résumé du silence. Et ce résumé s’exprime par le mot : Amen.

A l’âge de quatre-vingt-quatre ans, Anne la prophétesse prononça son Amen. Elle dit des merveilles de l’Enfant qui était là ; et Siméon chantait. Il chantait la vie et il chantait la mort, la vie des nations, sa mort à lui; car il avait accompli sa destinée. Il annonça solennellement que Celui qu’il tenait dans ses bras serait exalté devant la face des peuples, lumière des nations et gloire d’Israël. Sa vue franchit la Judée ; elle fit le tour du monde. Elle alla à droite et à gauche. « Celui-ci, dit-il, a été posé pour la ruine et pour la résurrection. »

Il vit la contradiction ; il la promit. Il annonça que les vivants et les morts se grouperaient à droite et à gauche de l’Enfant qu’il tenait dans ses bras.

Et Siméon bénit le Père et la Mère, et il dit à celle-ci :

« Un glaive de douleur transpercera ton âme, afin que les pensées de plusieurs soient découvertes. »

Une prophétie terrible sort de ses lèvres, avec sa joie et son triomphe. Car tout est réuni en ce jour que les Grecs appelaient la fête de la Rencontre, parce que les choses viennent de loin pour se rencontrer au milieu d’elle.

Siméon rencontre Anne : Joseph et Marie rencontrent Siméon et Anne. La grâce et la loi se rencontrent ; la loi est observée dans sa rigueur : l’offrande due pour la naissance d’un Premier-Né est offerte, quoiqu’ici la raison de l’offrir ne se présente pas. La sainte Vierge et son Fils étaient exempts des cérémonies légales, puisque la Mère n’avait pas conçu selon les lois de la nature, et que le Fils était né en dehors d’elles. Cependant, comme le Fils n’avait pas voulu se soustraire à la circoncision des hommes, la Mère ne voulut pas se soustraire à la purification des femmes. La loi fut observée ; mais elle rencontra la grâce : Anne et Siméon sont là pour l’attester. Les larmes ont rencontré la joie. L'allégresse de Siméon a enfoncé d'avance dans le coeur de Marie le glaive qu’il lui a annoncé. Et elle a gardé dans son coeur, nous dit l’Évangile, toutes ces choses. Toutes ces choses renferment sans doute les menaces de Siméon. Dans cette fête des Rencontres, ceux qui s’attendaient se sont trouvés ; et enfin Sion a rencontré son Dieu.

Et l’Église chante le matin :

« Voici que le Seigneur Dominateur vient en son saint Temple ; réjouis-toi, Sion, tressaille d’allégresse et viens au-devant de ton Dieu. »

Dans cette fête des Rencontres, Siméon et Anne ont rencontré Jésus-Christ.

Je poserai mon arc dans les nues, avait dit autrefois la bouche de Dieu parlant de l’arc-en-ciel.

Ici Celui qui était l’arche d’alliance fut vu dans les bras de Marie, comme l’arc dans les nuées du ciel; et Siméon reçut l’Amen de son attente.

Cette fête, qui est appelée par les Grecs la Rencontre du Seigneur, est appelée aussi la Purification de la sainte Vierge.

La purification ne suppose ici ni aucun péché, ni aucun défaut de nature : aucune impureté morale, légale ou matérielle ne se rencontrait dans Marie. Mais qui sait quelle infusion inouïe de grâce nouvelle est indiquée ici par ce mot ? 

Qui sait ce qui se passa dans le coeur de Marie, quand elle offrit Jésus-Christ au Père, dans ce jour solennel et dans ce lieu solennel ? Car cette fête s’appelle aussi la Présentation de Jésus au Temple.

Ce fut le jour de l’oblation.

L’oblation suprême ; celle dont les sacrifices de l’ancienne loi n’étaient que la figure; l’oblation divine, attendue, appelée, symbolisée par tant de cris, par tant de désirs, par tant de prophètes, par tant de figures.

Que durent penser ces quatre personnes, Marie, Joseph, Siméon, Anne, quand elles dirent : Voici celui qu’on attendait. Repassèrent-elles dans leur mémoire, subitement et instantanément, les choses, les épisodes, les sacrifices du peuple d’Israël, dans la méditation desquelles elles avaient passé leur vie ? Le sacrifice d’Abraham passa-t-il devant leur mémoire, et le bélier qui remplaça Isaac, et tous les sacrifices de l’ancienne loi, toutes les prescriptions de Moïse et toutes les scènes qui s'étaient accomplies dans ce Temple où maintenant Jésus-Christ s’offrait à son Père? Quelle impression devait leur faire cette loi portée au Lévitique, chap. XII, où il est dit que la femme qui aura mis au monde un enfant, garçon ou fille, demeurera un certain temps séparée de la compagnie des autres, comme une personne impure ?

Il lui est défendu de toucher rien de saint, ni d’entrer dans le Temple, jusqu’à ce que soient accomplis les jours de la purification, qui sont de quarante jours pour un enfant mâle et de quatre-vingt pour une fille. Ce temps étant expiré, elle devait se présenter á un prêtre et lui offrir pour son enfant un agneau d’un an en holocauste, avec un petit pigeon ou une tourterelle, ou bien, si elle était assez pauvre pour ne pouvoir offrir un agneau, elle devait donner deux tourterelles et deux paires de colombes.

Quelle impression profonde et mystérieuse devait produire le texte de cette loi sur la Vierge, qui n’avait aucun besoin d’être purifiée et qui cependant se soumettait à l’ordonnance faite, et qui prenait là la place du pauvre ! Celle qui possédait le Créateur du ciel et de la terre prenait rang parmi les pauvres ; et c’était la petite offrande qui rachetait Jésus-Christ.

Quel aspect dut prendre aux yeux d’Anne et de Siméon l’enceinte de ce Temple où ils avaient tant prié, qui maintenant contenait Jésus et qui allait bientôt être détruit !

Cette fête s’appelle aussi la Chandeleur. Le pape Serge Ier ordonna de faire, le 2 février, la procession avec les cierges. La Chandeleur est la fête des lumières. Cette procession, qui promène la lumière physique, symbolise ce qui se passa au temple de Jérusalem le jour où ces quatre personnes, Joseph, Marie, Siméon, Anne, semblables à une procession, se passèrent tour à tour l’Enfant Jésus, lumière du monde.

La Chandeleur est peut-être le plus populaire des noms de cette fête, dont l’établissement se perd dans la nuit des temps.

L’institution première remonte aux premiers siècles de l’Église. Mais les premiers relâchements qui refroidirent les chrétiens la firent tomber en quelques endroits dans l’oubli. Cet oubli partiel et momentané se produisit peut-être vers l’an 500. Car, dans la grande peste de 541,qui dépeupla l’Égypte et plusieurs provinces de l’empire, l’empereur Justinien, sous le pontificat de Vigile, eut recours à la protection de la Vierge Immaculée. L’empereur consulta le patriarche et le clergé de Constantinople ; et sur leur avis, il interdit sous des peines sévères la négligence que quelques-uns apportaient dans la célébration du 2 février.

La négligence cessa. La fête de la Purification fut célébrée avec éclat. Constantinople lui rendit toute sa solennité ; et la peste cessa à l’instant même.

Le commencement de février était marqué chez les païens par des saturnales épouvantables, qui s’appelaient les Lupercales.

Aux superstitions et aux débauches qui souillaient particulièrement cette époque de l’année, le pape Gélase opposa l’observation solennelle et fervente de la grande fête du 2 février.

Mais ce ne fut encore là très probablement que le rétablissement, et non l’institution première, de cette solennité. Le révérend père Combefis, de l’ordre de Saint-Dominique, dans sa Bibliothèque des Pères, rapporte une homélie de saint Méthodius, évêque de Tyr. Saint Méthodius vivait au IIIe siècle.

Le cardinal de Bérulle fait, au sujet de la Présentation de Jésus au Temple, une remarque sur laquelle j’appelle l’attention du lecteur. La fête de Noël est, selon lui, la révélation publique de Dieu à l’humanité. La fête du 2 février est une manifestation particulière de Dieu aux âmes privilégiées. Elle serait, d’après ce cardinal, la fête des secrets de Dieu.

Ernest HELLO. Physionomies de saints.

SOURCE : https://archive.org/stream/PhysionomiesDeSaintsParErnestHello/physionomies%20de%20saints_djvu.txt

Vittore Carpaccio  (1465–1526), La Présentation au temple, 1510, 
Tempera sur bois, 421 X 236, VeniseGallerie dell'Accademia

Les clefs d’une oeuvre : « La Présentation au temple » de Carpaccio

Sophie Roubertie | 01 février 2019

Carpaccio, peintre de la Renaissance italienne, nous invite à la contemplation du mystère de l'Enfant-Dieu présenté par sa mère au prêtre Syméon, selon la tradition juive. Cette "Présentation au temple", qui date de 1510, était destinée à une église vénitienne. Actuellement exposé à la Galerie de l'Académie de Venise, le chef d’oeuvre vaut d’être découvert comme une véritable catéchèse, en prenant son temps.

Marie s’avance, portant l’Enfant Jésus dans ses bras. Le prêtre Syméon les accueille. Carpaccio nous invite ici à contempler la scène de la présentation de Jésus au temple, telle que saint Luc nous la rapporte dans son Évangile, « quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification ».

Deux suivantes accompagnent la Vierge et portent les tourterelles prévues par la loi. Deux hommes se tiennent derrière le prêtre, tenant son vêtement. Les regards sont graves, tout en intériorité et méditation, car il est vrai que le vieillard annonce à Marie : « Toi-même, ton âme sera transpercée d’un glaive. » Seul Jésus, le regard tourné vers Syméon, esquisse un sourire, comme ignorant la portée des paroles qui viennent d’être prononcées. L’enfant est montré nu, dans son humanité charnelle. Les visages forment un ruban qui occupe toute la largeur du tableau.

Trois anges musiciens, en contrebas de la scène principale, viennent compléter la composition. Le peintre les représente sans ailes, moyen pourtant fréquent dans l’iconographie de les identifier. Leur attitude est tout à fait détendue et tranche avec la solennité de l’ensemble. Ils accompagnent l’événement de leurs instruments, cromorne, luth et viole de bras, utilisés à la Renaissance. La musique adoucit la gravité du moment.

Les étoffes s’animent d’élégants drapés, jusque dans la nappe d’autel qui garde la marque de ses pliures. Les couleurs lumineuses et profondes, rouges, bleus, verts orangés et roses se juxtaposent harmonieusement. Les vêtements, robes et manteaux, restent simples. Seule la chape de Syméon est particulièrement précieuse, brodée de motifs floraux sur fond or, à la bordure ornée de scènes bibliques.

Ce tableau devait être placé au-dessus d’un autel. On retrouve, en arrière-plan de la composition, une coupole qui rappelle le caractère sacré du temple de Jérusalem dans lequel se passe la scène décrite. L’architecture peinte reprend celle de la chapelle à laquelle le tableau était destinée, dans l’église Saint-Giobbe à Venise. La lumière arrive, rasante, de la droite du tableau, éclairant les visages des femmes, créant un jeu d’ombre avec ceux des hommes. Elle met aussi en valeur la mosaïque de la coupole, aux végétaux stylisés sur fond d’or, et le lustre de bronze et de verre.

 Lire aussi :

La Présentation de Jésus au Temple, une rencontre intergénérationnelle

SOURCE : https://fr.aleteia.org/2019/02/01/a-la-decouverte-de-la-presentation-au-temple-de-carpaccio/?utm_campaign=NL_fr&utm_source=daily_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr



Feast of the Presentation of the Lord

According to the Mosaic law a mother who had given birth to a man-child was considered unclean for seven days; moreover she was to remain three and thirty days “in the blood of her purification”; for a maid-child the time which excluded the mother from sanctuary was even doubled. When the time (forty or eighty days) was over the mother was to “bring to the temple a lamb for a holocaust and a young pigeon or turtle dove for sin”; if she was not able to offer a lamb, she was to take two turtle doves or two pigeons; the priest prayed for her and so she was cleansed. (Leviticus 12:2-8)

Forty days after the birth of Christ, Mary complied with this precept of the law, she redeemed her first-born from the temple (Numbers 18:15), and was purified by the prayer of Simeon the just, in the presence of Anna the prophetess (Luke 2:22 sqq.). No doubt this event, the first solemn introduction of Christ into the house of God, was in the earliest times celebrated in the Church of Jerusalem.

We find it attested for the first half of the fourth century by the pilgrim of Bordeaux, Egeria or Silvia. The day (14 February) was solemnly kept by a procession to the Constantinian basilica of the Resurrection, a homily on Luke 2:22 sqq., and the Holy Sacrifice. But the feast then had no proper name; it was simply called the fortieth day after Epiphany. This latter circumstance proves that in Jerusalem Epiphany was then the feast of Christ’s birth.

From Jerusalem the feast of the fortieth day spread over the entire Church and later on was kept on the 2nd of February, since within the last twenty-five years of the fourth century the Roman feast of Christ’s nativity (25 December) was introduced. In Antioch it is attested in 526 (Cedrenue); in the entire Eastern Empire it was introduced by the Emperor Justinian I (542) in thanksgiving for the cessation of the great pestilence which had depopulated the city of Constantinople.

In the Greek Church it was called Hypapante tou Kyriou, the meeting (occursus) of the Lord and His mother with Simeon and Anna. The Armenians call it: “The Coming of the Son of God into the Temple” and still keep it on the 14th of February (Tondini di Quaracchi, Calendrier de la Nation Arménienne, 1906, 48); the Copts term it “presentation of the Lord in the Temple” (Nilles, Kal. man., II 571, 643). Perhaps the decree of Justinian gave occasion also to the Roman Church (to Gregory I?) to introduce this feast, but definite information is wanting on this point. The feast appears in the Gelasianum (manuscript tradition of the seventh century) under the new title of Purification of the Blessed Virgin Mary. The precession is not mentioned. Pope Sergius I (687-701) introduced a procession for this day.

The Gregorianum (tradition of the eighth century) does not speak of this procession, which fact proves that the procession of Sergius was the ordinary “station”, not the liturgical act of today. The feast was certainly not introduced by Pope Gelasius to suppress the excesses of the Lupercalia (Migne, Missale Gothicum, 691), and it spread slowly in the West; it is not found in the “Lectionary” of Silos (650) nor in the “Calendar” (731-741) of Sainte-Geneviève of Paris. In the East it was celebrated as a feast of the Lord; in the West as a feast of Mary; although the “Invitatorium” (Gaude et lætare, Jerusalem, occurrens Deo tuo), the antiphons and responsories remind us of its original conception as a feast of the Lord.

The blessing of the candles did not enter into common use before the eleventh century; it has nothing in common with the procession of the Pupercalia. In the Latin Church this feast (Purificatio B.M.V.) is a double of the second class. In the Middle Ages it had an octave in the larger number of dioceses; also today the religious orders whose special object is the veneration of the Mother of God (Carmelites, Servites) and many dioceses (Loreto, the Province of Siena, etc.) celebrate the octave.

SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/feast-of-the-presentation/


Candlemas

Also called: Purification of the Blessed Virgin (Greek Hypapante), Feast of the Presentation of Christ in the Temple. Observed 2 February in the Latin Rite.

According to the Mosaic law a mother who had given birth to a man-child was considered unclean for seven days; moreover she was to remain three and thirty days "in the blood of her purification"; for a maid-child the time which excluded the mother from sanctuary was even doubled. When the time (forty or eighty days) was over the mother was to "bring to the temple a lamb for a holocaust and a young pigeon or turtle dove for sin"; if she was not able to offer a lamb, she was to take two turtle doves or two pigeons; the priest prayed for her and so she was cleansed. (Leviticus 12:2-8)

Forty days after the birth of Christ Mary complied with this precept of the law, she redeemed her first-born from the temple (Numbers 18:15), and was purified by the prayer of Simeon the just, in the presence of Anna the prophetess (Luke 2:22 sqq.). No doubt this event, the first solemn introduction of Christ into the house of God, was in the earliest times celebrated in the Church of Jerusalem. We find it attested for the first half of the fourth century by the pilgrim of Bordeaux, Egeria or Silvia. The day (14 February) was solemnly kept by aprocession to the Constantinian basilica of the Resurrection, a homily on Luke 2:22 sqq., and the Holy Sacrifice. But the feast then had no proper name; it was simply called the fortieth day after Epiphany. This latter circumstance proves that in Jerusalem Epiphany was then the feast of Christ's birth.

From Jerusalem the feast of the fortieth day spread over the entire Church and later on was kept on the 2nd of February, since within the last twenty-five years of the fourth century the Roman feast of Christ's nativity (25 December) was introduced. In Antioch it is attested in 526 (Cedrenue); in the entire Eastern Empire it was introduced by the Emperor Justinian I (542) in thanksgiving for the cessation of the great pestilence which had depopulated the city of Constantinople. In the Greek Church it was called Hypapante tou Kyriou, the meeting (occursus) of the Lord and His mother with Simeon and Anna. The Armenians call it: "The Coming of the Son of God into the Temple" and still keep it on the 14th of February (Tondini di Quaracchi, Calendrier de la Nation Arménienne, 1906, 48); the Copts term it "presentation of the Lord in the Temple" (Nilles, Kal. man., II 571, 643). Perhaps the decree of Justinian gave occasion also to the Roman Church (toGregory I?) to introduce this feast, but definite information is wanting on this point. The feast appears in the Gelasianum (manuscripttradition of the seventh century) under the new title of Purification of the Blessed Virgin Mary. The precession is not mentioned. Pope Sergius I (687-701) introduced a procession for this day. The Gregorianum (tradition of the eighth century) does not speak of thisprocession, which fact proves that the procession of Sergius was the ordinary "station", not the liturgical act of today. The feast was certainly not introduced by Pope Gelasius to suppress the excesses of the Lupercalia (Migne, Missale Gothicum, 691), and it spread slowly in the West; it is not found in the "Lectionary" of Silos (650) nor in the "Calendar" (731-741) of Sainte-Geneviève of Paris. In the East it was celebrated as a feast of the Lord; in the West as a feast of Mary; although the "Invitatorium" (Gaude et lætare, Jerusalem, occurrens Deo tuo), the antiphons and responsories remind us of its original conception as a feast of the Lord. The blessing of the candles did not enter into common use before the eleventh century; it has nothing in common with the procession of the Pupercalia. In the Latin Churchthis feast (Purificatio B.M.V.) is a double of the second class. In the Middle Ages it had an octave in the larger number of dioceses; also today the religious orders whose special object is the veneration of the Mother of God (Carmelites, Servites) and many dioceses (Loreto, the Province of Siena, etc.) celebrate the octave.

Blessing of candles and procession

According to the Roman Missal the celebrant after Terce, in stole and cope of purple colour, standing at the epistle side of the altar,blesses the candles (which must be of beeswax). Having sung or recited the five orations prescribed, he sprinkles and incenses thecandles. Then he distributes them to the clergy and laity, whilst the choir sings the canticle of Simeon"Nunc dimittis". The antiphon"Lumen ad revelationem gentium et gloriam plebis tuæ Israel" is repeated after every verse, according to the medieval custom of singing the antiphons. During the procession which now follows, and at which all the partakers carry lighted candles in their hands, the choir sings the antiphon "Adorna thalamum tuum, Sion", composed by St. John of Damascus, one of the few pieces which, text and music, have been borrowed by the Roman Church from the Greeks. The other antiphons are of Roman origin. The solemn procession represents the entry ofChrist, who is the Light of the World, into the Temple of Jerusalem. It forms an essential part of the liturgical services of the day, and must be held in every parochial church where the required ministers can be had. The procession is always kept on 2 February even when the office and Mass of the feast is transferred to 3 February. Before the reform of the Latin liturgy by St. Pius V (1568), in the churchesnorth and west of the Alps this ceremony was more solemn. After the fifth oration a preface was sung. The "Adorna" was preceded by theantiphon "Ave Maria". While now the procession in held inside the church, during the Middle Ages the clergy left the church and visited thecemetery surrounding it. Upon the return of the procession a priest, carrying an image of the Holy Child, met it at the door and entered the church with the clergy, who sang the canticle of Zachary, "Benedictus Dominus Deus Israel". At the conclusion, entering thesanctuary, the choir sang the responsory, "Gaude Maria Virgo" or the prose, "Inviolata" or some other antiphon in honour of the Blessed Virgin.

Holweck, Frederick. "Candlemas." The Catholic Encyclopedia. Vol. 3. New York: Robert Appleton Company, 1908. 2 Feb. 2018 <http://www.newadvent.org/cathen/03245b.htm>.

Transcription. This article was transcribed for New Advent by Marcia L. Bellafiore.

Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. November 1, 1908. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.

Copyright © 2021 by Kevin Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.

SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/03245b.htm



Presentation of the Lord

"The Lord said to Moses, 'Tell the Israelites: When a woman has conceived and gives birth to a boy, she shall be unclean for seven days, with the same uncleanness as at her menstrual period. On the eighth day, the flesh of the boy's foreskin shall be circumcised, and then she shall spend thirty-three more days in becoming purified of her blood; she shall not touch anything sacred nor enter the sanctuary until the days of her purification are fulfilled. . . . When the days of her purification for a son or for a daughter are fulfilled, she shall bring to the priest at the entrance of the meeting tent a yearling lamb for a holocaust and a pigeon or a turtledove for a sin offering. The priest shall offer them up before the Lord to make atonement for her, and thus she shall be clean again after her flow of blood. . . . If she cannot afford a lamb, she may take two turtledoves or two pigeons, the one for a holocaust and the other for a sin offering. The priest shall make atonement for her, and thus she will again be clean'" (NAB, Lev. 12:1-8).

And so Mary and Joseph followed the law prescribed for the Israelites and on the 33rd day (February 2) "When the days were completed for their purification according to the law of Moses, they took [Jesus] up to Jerusalem to present him to the Lord, just as it is written in the law of the Lord'" (Luke 2:22-23a).

God had redeemed the Israelites from captivity in Egypt by killing all the first-born of the Egyptians, but he passed over the homes of the Israelites, who had marked their lintels with the blood of the lamb. For this reason God commanded: "Consecrate to me every first-born that opens the womb among the Israelites, both of man and beast, for it belongs to me" (Exodus 13:2).

We, too, have been spared by the blood of the Lamb of God. We, too, belong to the Lord. Jesus was the first-born of many sons of the Father, and so it was appropriate that he was consecrated to the Lord, even though he already belonged to the Godhead. Now it is time for us to consecrate ourselves to God the Father through Christ our Lord in the Holy Spirit.

Nevertheless it is worthwhile contemplating the new order of creation wrought by the birth of Jesus. Jesus, Holiness Himself, was touched many times each day before the purification by the sanctuary of God, Mary, who sheltered the Presence of God, Emmanuel, for nine months within her womb. Yet she followed the law of Moses.

We know that they are a poor family, because they do not make the offering of a lamb, but of two doves. The Holy Spirit moves many at this moment. Old Simeon is there to greet the holy family. This is another Visitation for Mary again presents Jesus to those awaiting His coming. Simeon knows it and in joy sings that hymn sung daily in Night Prayer, "Lord, now you let your servant go in peace; your word has been fulfilled: my own eyes have seen the salvation which you have prepared in the sight of every people: a light to reveal you to the nations and the glory of your people Israel" (Gospel Canticle). God, indeed, has shown us His salvation!



The Purification of the Blessed Virgin Mary

[Commonly called Candlemas-Day.]  THE LAW of God, given by Moses to the Jews, to insinuate both to us and them, that by the sin of Adam man is conceived and born in sin, and obnoxious to his wrath, ordained that a woman, after child-birth, should continue for a certain time in a state which that law calls unclean; during which she was not to appear in public, nor presume to touch any thing consecrated to God. 1 This term was of forty days upon the birth of a son, and the time was double for a daughter: on the expiration of which, the mother was to bring to the door of the tabernacle, or temple, a lamb of a year old, and a young pigeon or turtle dove. The lamb was for a holocaust or burnt offering, in acknowledgment of the sovereignty of God, and in thanksgiving for her own happy delivery; the pigeon or turtle dove was for a sin offering. These being sacrificed to Almighty God by the priest, the woman was cleansed of the legal impurity, and reinstated in her former privileges.

A young pigeon, or turtle dove, by way of a sin-offering, was required of all, whether rich or poor: but whereas the charge of a lamb might be too burdensome on persons of narrow circumstances, in that case, nothing more was required than two pigeons or two turtle doves, one for a burnt, the other for a sin-offering. 2

Our Saviour having been conceived by the Holy Ghost, and his blessed Mother remaining always a spotless virgin, it is most evident from the terms of the law, 3 that she was, in reality, under no obligation to it, nor within the intent of it. She was, however within the letter of the law, in the eye of the world, who were as strangers to her miraculous conception. And her humility making her perfectly resigned, and even desirous to conceal her privilege and dignity, she submitted with great punctuality and exactness to every humbling circumstance which the law required. Pride indeed proclaims its own advantages, and seeks honours not its due; but the humble find their delight in obscurity and abasement, they shun all distinction and esteem, which they clearly see their own nothingness and baseness to be most unworthy of: they give all glory to God a one, to whom it is due. Devotion also and zeal to honour God by every observance prescribed by his law, prompted Mary to perform this act of religion, though evidently exempt from the precept. Being poor herself, she made the offering appointed for the poor: accordingly is this part of the law mentioned by St. Luke, 4 as best agreeing with the meanness of her worldly condition. But her offering, however mean in itself, was made with a perfect heart, which is what God chiefly regards in all that is offered to him. The King of Glory would appear every where in the robes of poverty, to point out to us the advantages of a suffering and lowly state, and to repress our pride, by which, though really poor and mean in the eyes of God, we covet to appear rich, and, though sinners, would be deemed innocents and saints.

A second great mystery is honoured this day, regarding more immediately the person of our Redeemer, viz. his presentation in the temple. Besides the law which obliged the mother to purify herself, there was another which ordered, that the first-born son should be offered to God: 5 and in these two laws were included several others, as, that the child, after its presentation, should be ransomed 6 with a certain sum of money, 7 and peculiar sacrifices offered on the occasion.

Mary complies exactly with all these ordinances. She obeys not only in the essential points of the law, as in presenting herself to be purified, and in her offering her first-born, but has strict regard to all the circumstances. She remains forty days at home, she denies herself all this time the liberty of entering the temple, she partakes not of things sacred, though the living temple of the God of Israel; and on the day of her purification, she walks several miles to Jerusalem, with the world’s Redeemer in her arms. She waits for the priest at the gate of the temple, makes her offerings of thanksgiving and expiation, presents her divine Son by the hands of the priest to his eternal Father, with the most profound humility, adoration, and thanksgiving. She then redeems him with five shekels, as the law appoints, and receives him back again as a depositum in her special care, till the Father shall again demand him for the full accomplishment of man’s redemption. It is clear that Christ was comprehended in the law; “The king’s son, to whom the inheritance of the crown belongs, is exempt from servitude:—much more Christ, who was the Redeemer both of our souls and bodies, was not subject to any law by which he was to be himself redeemed,” as St. Hilary observes. 8 But he would set an example of humility, obedience, and devotion: and would renew, in a solemn and public manner, and in the temple, the oblation of himself to his Father for the accomplishment of his will, and the redemption of man, which he had made privately in the first moment of his Incarnation. With what sentiments did not the divine Infant offer himself to his Father at the same time! the greatest homage of his honour and glory the Father could receive, and a sacrifice of satisfaction adequate to the injuries done to the Godhead by our sins, and sufficient to ransom our souls from everlasting death! With what cheerfulness and charity did he not offer himself to all his torments! to be whipped, crowned with thorns, and ignominiously put to death for us!

Let every Christian learn hence to offer himself to God with this divine victim, through which he may be accepted by the Father; let him devote himself with all his senses and faculties to his service. If sloth, or any other vice, has made us neglectful of this essential duty, we must bewail past omissions, and make a solemn and serious consecration of ourselves this day to the divine majesty with the greater fervour, crying out with St. Austin, in compunction of heart: “Too late have I known thee, too late have I begun to love thee, O beauty more ancient than the world!” But our sacrifice, if we desire it may be accepted, must not be lame and imperfect. It would be an insult to offer to God, in union with his Christ, a divided heart, or a heart infected with wilful sin. It must therefore first be cleansed by tears of sincere compunction: its affections must be crucified to the world by perfect mortification. Our offering must be sincere and fervent, without reserve, allowing no quarter to any of our vicious passions and inclinations, and no division in any of our affections. It must also be universal; to suffer and to do all for the divine honour. If we give our hearts to Christ in this manner, we shall receive him with his graces and benedictions. He would be presented in the temple by the hands of his mother: let us accordingly make the offering of our souls through Mary, and beg his graces through the same channel.

The ceremony of this day was closed by a third mystery, the meeting in the temple of the holy persons, Simeon and Anne, with Jesus and his parents, from which this festival was anciently called by the Greeks Hypante, the meeting. 9 Holy Simeon, on that occasion, received into his arms the object of all his desires and sighs, and praised God in raptures of devotion for being blessed with the happiness of beholding the so much longed-for Messias. He foretold to Mary her martyrdom of sorrow; and that Jesus brought redemption to those who would accept of it on the terms it was offered them; but a heavy judgment on all infidels who should obstinately reject it, and on Christians also whose lives were a contradiction to his holy maxims and example. Mary hearing this terrible prediction, did not answer one word, felt no agitation of mind from the present, no dread for the future; but courageously and sweetly committed all to God’s holy will. Anne also, the prophetess, who, in her widowhood, served God with great fervour, had the happiness to acknowledge and adore in this great mystery the world’s Redeemer. Amidst the crowd of priests and people, the Saviour of the world is known only by Simeon and Anne. Even when he disputed with the doctors, and when he wrought the most stupendous miracles, the learned, the wise, and the princes did not know him. Yet here, whilst a weak, speechless child, carried in the arms of his poor mother, he is acknowledged and adored by Simeon and Anne. He could not hide himself from those who sought him with fervour, humility, simplicity, and ardent love. Unless we seek him with these dispositions he will not manifest himself, nor communicate his graces to us. Simeon, having beheld his Saviour in the flesh, desired no longer to see the light of this world, nor any creatures on earth. If we truly love God our distance from him must be a continual pain: and we must sigh after that desired moment which will free us from the danger of ever losing him by sin, and will put us in possession of him who is the joy of the blessed, and the infinite treasure of heaven. Let us never cease to pray that he purify our hearts from all earthly dross, and draw them to himself; that he heal, satiate, and inflame our souls, as he only came upon earth to kindle in all hearts the fire of his love.

On Blessing the Candles and the Procession.

THE PROCESSION with lighted tapers on this day is mentioned by Pope Gelasius I., also by St. Ildefonsus, St. Eligius, 10 St. Sophronius, patriarch of Jerusalem, St. Cyril of Alexandria, &c. in their sermons on this festival. Saint Bernard says: 11 “This holy procession was first made by the virgin mother, St. Joseph, holy Simeon, and Anne, to be afterwards performed in all places and by every nation, with the exultation of the whole earth, to honour this mystery.” In his second sermon on this feast he describes it thus: 12 “They walk two and two, holding in their hands candles lighted, not from common fire, but from that which had been first blessed in the church by the priests, 13 and singing in the ways of the Lord, because great is his glory.” He shows that the concurrence of many in the procession and prayer is a symbol of our union and charity, and renders our praises the more honourable and acceptable to God. “We walk while we sing to God, to denote that to stand still in the paths of virtue is to go back. The lights we bear in our hands represent the divine fire of love with which our hearts ought to be inflamed, and which we are to offer to God without any mixture of strange fire, the fire of concupiscence, envy, ambition, or the love of creatures. We also hold these lights in our hands to honour Christ, and to acknowledge him as the true light, 14 whom they represent under this character, and who is called by holy Simeon in this mystery, a light for the enlightening of the Gentiles; 15 for he came to dispel our spiritual darkness. The candles likewise express that by faith his light shines in our souls: as also that we are to prepare his way by good works, by which we are to be a light to men. 16

Lights are used by the church during the celebration of the divine mysteries, while the gospel is read, and the sacraments administered, on a motive of honour and respect. On the same account lamps burned before the Lord in the tabernacle 17 and temple. Great personages were anciently received and welcomed with lights, as was king Antiochus by Jason and others on his entering Jerusalem. 18 Lights are likewise expressive of joy, and were anciently used on this account in receiving Roman emperors, and on other public occasions, as at present. “Throughout all the churches of the East,” says St. Jerom, “when the gospel is to be read, though the sun shines, torches are used, not to chase away darkness, but for a sign of joy.” 19 The apostolic canons mention incense, and oil for the lamps, then used in the churches. 20 Many out of devotion burned lamps before the bodies of saints, as we read in Prudentius, 21 St. Paulinus, 22 &c. The corporeal creatures, which we use, are the gifts of God: it is therefore just that we should honour and glorify him by them. Besides, in our embodied state, they contribute to excite our souls to devotion; they are to our eyes, what words are to our ears, and by our organs move the affections of our hearts. 23 Though piety consists in the fervour of the soul, and is interior and spiritual, yet many sensible things concur to its aid and improvement; and we may as well condemn the use of words, which are corporeal, and affect the soul by the sense of hearing, as the use of suitable approved ceremonies. Christ made use of sensible signs in the institution of his most divine sacraments, in several miraculous cures, &c. The church always used external rites and ceremonies in the divine worship. These contribute to the majesty and dignity of religion, which in our present condition would appear naked, if destitute of all exterior. The candles are blessed previously to the use of them, because the church blesses and sanctifies by prayer, whatever is employed in the divine service. We are to hold the candles in our hands on this day, while the gospel is read or sung; also from the elevation to the communion, in the most fervent spirit of sacrifice, offering ourselves to God with our divine Redeemer, and desiring to meet in spirit this blessed company in this mystery; likewise to honour the mother of God in her purification, and still more so, with the most profound adoration and gratitude, our divine Saviour in his presentation in our flesh for us. The same lively sentiments of devotion ought to inflame our breasts on this occasion, as if we had been present with holy Simeon and the rest in the temple, whilst we carry in our hands these emblems of our spiritual joy and homage, and of the consecration of ourselves in union with our heavenly victim, through the intercession of his virgin mother.

On the Christian Rite of Churching Women after Child-Birth.

GOD, in the old law, declared several actions unclean, which, though innocent and faultless in themselves, had a constant, but remote regard to sin. One of these was child-birth, to denote the impurity of man’s origin by his being conceived and born in sin. For the removal of legal uncleanness in general, God established certain expiatory rites, consisting of ablutions and sacrifices, to which all were strictly obliged who desired to be purified; that is, restored to the privileges of their brethren, and declared duly qualified members of the synagogue or Jewish church. It would be superstitious since the death of Christ, and the publication of the new law, to stand in awe of legal uncleannesses, or to have recourse to Jewish purifications on account of any of them, whether after child-birth or in any other cases. It is not, therefore, with that intention that Christian mothers come to the church, as Jewish women did to the tabernacle, in order to be purified from any uncleanness they contract by child-birth. It is not on any consideration peculiar to the Jews that this ceremony was established in the Christian church, but on a motive common to all mankind, the performing the duty of thanksgiving and prayer. Hence in the canon law, Pope Innocent III. speaks of it as follows: “If women after child-bearing desire immediately to enter the church, they commit no sin by so doing, nor are they to be hindered. Nevertheless, if they choose to refrain out of respect for some time, we do not think their devotion ought to be reprehended.” 24

In some diocesses this term is limited to a certain number of days. Where this is not regulated by custom, or by any particular statute, the party may perform this duty as soon as she is able to go abroad. Her first visit is to be to the church: firstly, to give God thanks for her safe delivery: secondly, to implore his blessing on herself and her child. It ought to be her first visit, to show her readiness to acquit herself of this duty to God, and to give him the first-fruits of her recovery and blessing received; as the first-fruits in every thing are most particularly due to God, and most agreeable to him, and which, in the old law, he was most jealous in exacting of his people. The acknowledgment of a benefit received is the least return we can make for it: the law of nature dictates the obligation of this tribute; God strictly requires it, and this is the means to draw down new blessings on us, the flowing of which is by nothing more effectually obstructed than by insensibility and ingratitude: wherefore, next to the praise and love of God, thanksgiving is the principal homage we owe him in the sacrifice of our hearts, and is a primary act of prayer. The book of psalms abounds with acts of thanksgiving; the apostle every where recommends and inculcates them in the strongest terms. The primitive Christians had these words, Thanks be to God, always in their mouths, and used them as their ordinary form of salutation on all occasions, as Saint Austin mentions, 25 who adds, “What better thing can we bear in our hearts, or pronounce with our tongues, or express with our pens, than Thanks be to God?” It is the remark of St. Gregory of Nyssa, 26 that besides past benefits, and promises of other inestimable benefits to come, we every instant of our lives receive from God fresh favours; and therefore we ought, if it were possible, every moment to make him a return of thanks with our whole hearts, and never cease from this duty. We owe a particular thanksgiving for his more remarkable blessings. A mother regards her safe delivery, and her happiness in being blessed with a child, as signal benefits, and therefore she owes a particular holocaust of thanks for them. This she comes to offer at the foot of the altar. She comes also to ask the succours of divine grace. She stands in need of an extraordinary aid from above, both for herself and her child. For herself, that, by her example, instructions, and watchfulness, she may fulfil her great obligations as a mother. For her child, that it may reap the advantage of a virtuous education, may live to God, and become one day a citizen of the heavenly Jerusalem: otherwise, what will it avail her to have been a mother, or the child to have been born? Now prayer is the channel which God has appointed for the conveyance of his graces to us. The mother, therefore, must be assiduous in begging daily of the Father of mercies all necessary succours for these purposes: but this she should make the subject of her most zealous petitions on the occasion of her first solemn appearance after child-bed before his altar. She should, at the same time, make the most perfect offering and consecration of her child to the divine Majesty. Every mother, in imitation of the Blessed Virgin, ought to perform this triple duty of thanksgiving, petition, and oblation, and through her hands, who, on the day of her purification, set so perfect a pattern of this devotion.

Note 1. Lev. xii. 2. [back]

Note 2. Ibid. 8. [back]

Note 3. Ibid. 2. [back]

Note 4. Luke ii. 24. [back]

Note 5. Ibid. 23. [back]

Note 6. Exod. xiii. 13. [back]

Note 7. This, from Levit. xxvii. 6. and Numb. iii. 47. appears to have been five shekels, each shekel weighing, according to Prideaux, (Preface to Connexion of the Old and New Testament, p. xvii.) about three shillings of our money; so that the five amounted to about fifteen shillings sterling. [back]

Note 8. St. Hilar. in Matt. c. 17. n. 11. p. 696, 697. [back]

Note 9. [Greek] from [Greek], occurro. [back]

Note 10. Serm. 2. [back]

Note 11. Serm. de Purif. p. 959. [back]

Note 12. Serm. 2. p. 961. [back]

Note 13. According to the ceremonies then in use. [back]

Note 14. John i. 9. [back]

Note 15. Luke ii. 3. [back]

Note 16. Matt. v. 6. [back]

Note 17. Exod. xxviii. 20. [back]

Note 18. 2 Macch. iv. 22. [back]

Note 19. Adv. Vigil, p. 304. [back]

Note 20. Can. 3. [back]

Note 21. Hymn 2. [back]

Note 22. Nat. iii. v. 98. [back]

Note 23. See the pastoral charge of the late Dr. Butler, bishop of Durham. [back]

Note 24. Cap. unico de Purif. post partum. [back]

Note 25. Ep. 41. olim. 77. [back]

Note 26. Or. l. de precat. t. 1. p. 715. [back]

Rev. Alban Butler (1711–73).  Volume II: February. The Lives of the Saints.  1866.

SOURCE : http://www.bartleby.com/210/2/021.html



Presentazione del Signore


Festa delle luci (cfr Lc 2,30-32), ebbe origine in Oriente con il nome di ‘Ipapante’, cioè ‘Incontro’. Nel sec. VI si estese all’Occidente con sviluppi originali: a Roma con carattere più penitenziale e in Gallia con la solenne benedizione e processione delle candele popolarmente nota come la ‘candelora’. La presentazione del Signore chiude le celebrazioni natalizie e con l’offerta della Vergine Madre e la profezia di Simeone apre il cammino verso la Pasqua. (Mess. Rom.)


Martirologio Romano: Festa della Presentazione del Signore, dai Greci chiamata Ipapánte: quaranta giorni dopo il Natale del Signore, Gesù fu condotto da Maria e Giuseppe al Tempio, sia per adempiere la legge mosaica, sia soprattutto per incontrare il suo popolo credente ed esultante, luce per illuminare le genti e gloria del suo popolo Israele. 

La festività odierna, di cui abbiamo la prima testimonianza nel secolo IV a Gerusalemme, venne denominata fino alla recente riforma del calendario festa della Purificazione della SS. Vergine Maria, in ricordo del momento della storia della sacra Famiglia, narrato al capitolo 2 del Vangelo di Luca, in cui Maria, in ottemperanza alla legge, si recò al Tempio di Gerusalemme, quaranta giorni dopo la nascita di Gesù, per offrire il suo primogenito e compiere il rito legale della sua purificazione. La riforma liturgica del 1960 ha restituito alla celebrazione il titolo di "presentazione del Signore", che aveva in origine. L'offerta di Gesù al Padre, compiuta nel Tempio, prelude alla sua offerta sacrificale sulla croce.

Questo atto di obbedienza a un rito legale, al compimento del quale né Gesù né Maria erano tenuti, costituisce pure una lezione di umiltà, a coronamento dell'annuale meditazione sul grande mistero natalizio, in cui il Figlio di Dio e la sua divina Madre ci si presentano nella commovente ma mortificante cornice del presepio, vale a dire nell'estrema povertà dei baraccati, nella precaria esistenza degli sfollati e dei perseguitati, quindi degli esuli.

L'incontro del Signore con Simeone e Anna nel Tempio accentua l'aspetto sacrificale della celebrazione e la comunione personale di Maria col sacrificio di Cristo, poiché quaranta giorni dopo la sua divina maternità la profezia di Simeone le fa intravedere le prospettive della sua sofferenza: "Una spada ti trafiggerà l'anima": Maria, grazie alla sua intima unione con la persona di Cristo, viene associata al sacrificio del Figlio. Non stupisce quindi che alla festa odierna si sia dato un tempo tale risalto da indurre l'imperatore Giustiniano a decretare il 2 febbraio giorno festivo in tutto l'impero d'Oriente.

Roma adottò la festività verso la metà del VII secolo; papa Sergio I (687-701) istituì la più antica delle processioni penitenziali romane, che partiva dalla chiesa di S. Adriano al Foro e si concludeva a S. Maria Maggiore. Il rito della benedizione delle candele, di cui si ha testimonianza già nel X secolo, si ispira alle parole di Simeone: "I miei occhi han visto la tua salvezza, preparata da te davanti a tutti i popoli, luce per illuminare le genti". Da questo significativo rito è derivato il nome popolare di festa della "candelora". La notizia data già da Beda il Venerabile, secondo la quale la processione sarebbe un contrapposto alla processione dei Lupercalia dei Romani, e una riparazione alle sfrenatezza che avvenivano in tale circostanza, non trova conferma nella storia.

Autore: 
Piero Bargellini