vendredi 24 mai 2013

Saint LOUP de TROYES, évêque et Saint VINCENT de LÉRINS, abbé et confesseur


Saint Loup
Saint Loup, évêque et Saint Vincent de Lérins, abbé

Au temps de St Alchas, ou peut-être de son successeur St Celsin, les deux frères Toulois, St Loup de Troyes et St Vincent de Lérins sont inséparables.

L’Église de Toul a la gloire d’avoir enfanté des prélats et des prêtres dont l’Église universelle a salué la science, proclamé et mis a profit les talents, puis, qu’elle a inscrits dans ses dyptiques après avoir placé leurs mortelles dépouilles sur ses autels. Il y a pour nous religion et patriotisme à les citer, chacun en son lieu, et c’est pour nous acquitter de ce doux et noble devoir que nous allons rappeler la mémoire de deux saints toulois : Loup et Vincent.

D’après Godescard, le Bréviaire de Rome, au propre du diocèse de Nancy, Vincent avait d’abord embrassé le parti des armes et brillé dans le monde. Touché de la grâce et, peut-être, entraîné par l’exemple de son vertueux frère, il alla s’enfermer au monastère de Lérins pour n’y songer plus qu’à l’œuvre de son salut.

Affecté douloureusement de voir l’Église déchirée par les hérétiques et voulant contribuer, pour sa part, à prémunir les simples fidèles contre les sophismes de l’erreur, il composa, vers l’an 434, trois ans après le concile d’Éphèse qui proscrivit le nestorianisme, un livre qu’il intitula : Commonitorium ou Avertissement contre les hérétiques. C’est dans ce bel et solide ouvrage qu’il trace cette règle à laquelle, plus strictement que jamais, il importe de se conformer : Dans l’Église catholique, il faut apporter le plus grand soin à tenir ce qui a été cru partout, toujours et par tous. In ipsa Catholica Eeclesia magnopere curandum est ut id teneamus quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est.

Saint Vincent de Lérins mourut avant la fin de 450, sous le règne de l’empereur Théodose II et Valentinien III. Ses reliques, dit-on, sont respectueusement gardées à Lérins ; nous croyons cependant en avoir vu des parcelles quelque part ailleurs.


D’après l’Abbé Guillaume, Histoire de diocèse de Toul et de celui de Nancy, t.1, p. 125-129.

Saint Loup fut élevé dans les sciences humaines et dans la piété chrétienne, par les soins d’Allistique, son oncle, qu’en mourant, son père, Epitoque lui avait laissé pour tuteur. Ayant fait d’excellentes études, il parut au barreau et s’y fit une brillante réputation. Il épousa Piméniole, sœur de saint Hilaire d’Arles, qu’il trouva disposée comme il l’était lui-même à servir Dieu avec ferveur. Après qu’ils eurent ensemble passé six années, ils résolurent de mener un genre de vie plus parfait. D’un mutuel consentement, ils se séparèrent et s’engagèrent l’un et l’autre, par vœu, à garder désormais la continence. Loup se retira dans la célèbre abbaye de Lérins où son beau- frère Hilaire l’avait précédé, où son frère Vincent le suivit, et qui alors était gouvernée par saint Honorat. Il y vécut un an dans la plus parfaite régularité, ajoutant encore diverses austérités à celles qui se pratiquaient parmi les frères. Il eut à venir à Mâcon, en Bourgogne, pour s’y défaire d’une terre qu’il possédait dans ce pays, en distribuer le produit aux pauvres, ainsi qu’il en était convenu avec sa femme, avant leur séparation, et se constituer ainsi dans l’état d’une absolue pauvreté. Tous ces projets étant exécutés, il se disposait à retourner à Lérins ; mais les députés de l’Église de Troyes le demandèrent pour évêque, ayant perdu saint Ours, leur pasteur, mort en 426. Loup fit d’inutiles efforts pour s’opposer à son élection,, et fut sacré par les évêques de la province de Sens.

Agricola, disciple de Pelage et de Célestius ayant infesté 1a Grande-Bretagne des erreurs de ces hérésiarques, les catholiques de cette île eurent recours aux évêques des Gaules et les prièrent de leur envoyer des ministres évangéliques qui pussent arrêter chez eux les progrès du mal.

Les prélats assemblés en 429, dans la ville d’Arles, croit-on, élurent Germain d’Auxerre et Loup de Troyes, pour aller combattre l’hérésie. Ces deux saints évêques acceptèrent avec résolution la tâche qui leur était imposée ; ils passèrent dans la Grande-Bretagne d’où, par leurs prières, leurs prédications et les miracles dont Dieu les fit l’instrument, ils bannirent l’erreur après l’avoir démasquée et vaincue.

Rentré dans son diocèse, Loup s’appliqua, plus activement que jamais, à la réformation des mœurs de son troupeau. Il montra, dans cette œuvre, autant de sagesse que de piété : aussi reçut-il les plus beaux éloges de Sidoine-Apollinaire qui l’appelle : « Le père des pères, l’évêque des évêques, le chef des prélats des Gaules, la règle des mœurs, la colonne de la vérité, l’ami de Dieu, le médiateur des hommes auprès du ciel. »

Saint Loup écrivit, à différentes personnes, des lettres qui ne sont point parvenues jusqu’à nous. On a cependant celle qu’il écrivit à saint Sidoine pour le féliciter de sa promotion à l’épiscopat dont, en même temps, il lui montrait les travaux, les difficultés et les dangers. Dans le même temps, l’empire d’Occident fut affligé de diverses calamités par les incursions des barbares. Attila, roi des Huns, fondit sur les Gaules avec une armée innombrable. Ses coups allaient tomber sur Troyes dont les habitants étaient dans la plus grande consternation. Saint Loup intercéda pour son peuple ; il se livra d’abord, pendant plusieurs jours, à de ferventes prières qu’il accompagna de jeûnes et de larmes : puis, confiant en la protection du ciel, il se revêtit de, ses habits pontificaux et se rendit auprès d’Attila qui était à la tète de son armée. Le prince barbare ne put se défendre d’un sentiment de respect à la vue du saint évêque, et comme il se disait « Le fléau de Dieu » : « Nous respectons, répliqua le bon pasteur, ce qui nous vient de la part de Dieu ; mais si vous êtes le fléau par lequel il nous châtie, souvenez-vous de ne faire que ce qui vous est permis. » Attila frappé de ce discours promit d’épargner Troyes. Ainsi les prières de saint Loup, protégèrent une ville dépourvue de tout secours, contre une armée de quatre cent mille hommes qui avait porté, de toutes parts, la terreur et la désolation.

Le roi des Huns s’étant retiré dans la plaine de Méry-sur-Seine, à cinq lieues de Troyes, y fut attaqué et défait par les Romains que commandait Aétius. Forcé d’opérer une retraite, il fit prier saint Loup de l’accompagner jusqu’au Rhin, s’imaginant que la présence d’un si grand serviteur du vrai Dieu serait une sauvegarde pour son armée et pour lui. L’évêque ne crut pas devoir se refuser à cette démarche ; mais elle déplut aux généraux de l’empire qui soupçonnèrent Loup d’avoir favorisé l’évasion des barbares et le poursuivirent jusque là, qu’il fut obligé de s’éloigner de Troyes, pendant deux années. Mais sa patience et sa charité triomphèrent de la malice de ses ennemis. Il lui fut permis de rentrer dans son diocèse, où il mourut en 478, après l’avoir administré pendant cinquante-deux ans. On garde, à Troyes, son corps dans l’église qui porte son nom. Saint Loup forma plusieurs disciples qui méritèrent les honneurs de l’épiscopat : Polychrone de Verdun , Sévère de Trêves, Alpin de Châlons-sur-Marne et Camilien de Troyes. On l’honore le 29 de juillet dans les diocèses de Paris, de Soissons, de Toul [1], de Toulouse et de Metz. (…)

D’après Godescard, le Bréviaire de Rome, au propre du diocèse de Nancy, Vincent avait d’abord embrassé le parti des armes et brillé dans le monde. Touché de la grâce et, peut-être, entraîné par l’exemple de son vertueux frère, il alla s’enfermer au monastère de Lérins pour n’y songer plus qu’à l’œuvre de son salut.

Affecté douloureusement de voir l’Église déchirée par les hérétiques et voulant contribuer, pour sa part, à prémunir les simples fidèles contre les sophismes de l’erreur, il composa, vers l’an 434, trois ans après le concile d’Éphèse qui proscrivit le nestorianisme, un livre qu’il intitula : Commonitorium ou Avertissement contre les hérétiques. C’est dans ce bel et solide ouvrage qu’il trace cette règle à laquelle, plus strictement que jamais, il importe de se conformer : Dans l’Église catholique, il faut apporter le plus grand soin à tenir ce qui a été cru partout, toujours et par tous. In ipsa Catholica Eeclesia magnopere curandum est ut id teneamus quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est.

Saint Vincent de Lérins mourut avant la fin de 450, sous le règne de l’empereur Théodose II et Valentinien III. Ses reliques, dit-on, sont respectueusement gardées à Lérins ; nous croyons cependant en avoir vu des parcelles quelque part ailleurs.

D’après l’Abbé Guillaume, Histoire de diocèse de Toul et de celui de Nancy, t.1, p. 125-129.

Saint Loup de Troyes

Evêque (✝ 478)

ou saint Leu.

D'abord moine à Lérins, puis évêque de Troyes pendant près de cinquante ans, il accompagna saint Germain d'Auxerre en Angleterre pour combattre l'hérésie du pélagianisme. Retenu quelque temps comme otage par Attila, il exerça sur lui une heureuse influence, ce qui fit que la Champagne fut épargnée par l'envahisseur.

L'évangélisation apporte à Troyes son premier évêché au IVe siècle. Loup, originaire de Toul, devint évêque de Troyes en 426, après de nombreuses années passées au monastère de Lérins. C'est lui qui, vers 451, sauva la ville de l'invasion d'Attila, en se livrant comme otage et dut les suivre comme otage jusqu'au Rhin. Loup revint de ce périple, et mourut finalement à Troyes en 479.

La première origine de l'abbaye de Saint Loup remonte au Ve siècle. Selon la légende, Loup aimait à se retirer hors des murs de la petite cité gallo-romaine pour méditer sur le terrain actuel de l'abbaye, qui n'était alors que forêt et broussailles. Il fonda un monastère hors du quadrilatère que formait alors la petite cité d'Augustobona, sur l'actuel emplacement de Saint Martin Es Aires, pour abriter ses nombreux disciples. A sa mort, Saint Loup fut inhumé dans cette chapelle, et la jeune abbaye jusque là dénommée "Notre Dame hors les murs" fut rebaptisée Saint Loup.

(Source: site du Vieux Troyes)

À Troyes, vers 478, saint Loup, évêque. Avec saint Germain d’Auxerre, il se rendit en Grande-Bretagne pour y combattre l’hérésie pélagienne; par sa prière, il défendit sa ville de la fureur d’Attila et, après cinquante-deux ans de ministère épiscopal, il s’endormit dans le Seigneur.

Martyrologe romain


Lupus (Leu, Loup) of Troyes

B (RM)

Born at Toul, France, c. 383; died at Troyes, c. 478. The noble, eloquent, and erudite Saint Lupus had all the qualities needed to succeed in his chosen profession of law. He practiced for some time and earned a good reputation as a barrister. Lupus married Pimeniola, a sister of Saint Hilary of Arles. Six years later (426) husband and wife took a mutual vow of perpetual continence and Lupus became a monk at Lérins with his wife's blessing. He sold much of his estate and gave it to the poor. For about a year he lived under obedience to Saint Honoratus until he was named bishop of Troyes and Honoratus, bishop of Arles.

It is said that when Honoratus was named bishop, Lupus returned to Maçon in Burgundy to dispose of an estate. En route back to Lérins, he was met by deputies of the Church of Troyes, bringing news of the death of Saint Ursus and his own selection to the see. In his humility, he initially refused but finally compromised by receiving consecration at the hands of the prelates of Sens and continuing the practices of a monk. Even as bishop he wore only sackcloth and a single tunic, lay upon boards, prayed throughout every other night, often fasted completely for three days and then ate only barley bread.

Throughout his episcopate, he labored with apostolic zeal despite his austerities. Lupus displayed such prudence and piety that Saint Sidonius Apollinaris calls him, "The father of fathers and bishop of bishops, the chief of the Gallican prelates, the rule of manners, the pillar of truth, the friend of God, and the intercessor to him for men." He spared no pains to save one lost sheep, and his work was often crowned with a success which seemed miraculous. For example, when a man named Gallus forsook his wife and withdrew to Clermont, Lupus wrote to him through Bishop Sidonius of Clermont. After Gallus read the prudent letter that was tempered with sweetness he immediately returned to his wife. Upon witnessing this, Sidonius cried out, "What is more wonderful than a single reprimand, which both affrights a sinner into compunction and makes him love his censor!"

This saint is commonly identified with the Lupus who accompanied Saint Germanus of Auxerre on his first visit to Britain to rid the country of Pelagianism. Near the end of the 4th century, the British monk Pelagius and the Scottish Celestius introduced their heresy into Africa, Italy, and the East. They denied the corruption of human nature by original sin, and the necessity of Divine grace. The British prelates asked those of Gaul for assistance in eradicating this evil, and, during the council of Arles in 429, Germanus and Lupus were deputed. They accepted the commission with zeal and ended the heresy through their prayers, preaching, and miracles.

It was said that when Attila, calling himself 'the Scourge of God,' and his Huns overran Rheims, Cambray, Besançon, Auxerre, and Langres in 451, and was threatening Troyes, Lupus took a decisive part in saving his province from the invaders, but the story is almost certainly a fiction. It says that Lupus prostrated himself in prayer for many days, fasted, and wept that God might spare his people. Then he dressed in the full episcopal regalia and went to meet Attila. The story continues that Attila was moved by reverence at the sight of the bishop at the head of a procession of his clergy. After a conversation in which Lupus reminds Attila that he can do only what God allows, Attila spared the city. It goes on to say that when Attila was defeated by the Roman general Aetius at Chalons, Attila requested that Lupus accompany him in retreat as far as the Rhein because he believed that the presence of the prelate would protect him and his army. The Romans, believing that Lupus was helping the Huns to escape, forced the bishop to leave Troyes for two years during which time he lived as a hermit in the mountains.

He died after having governed the see of Troyes for 52 years. At first he was buried in the Augustinian church of Saint Martin in Areis, then out of the walls of Troyes. The head of Saint Lupus is housed in one of the richest shrines in France. It is in the form of a bishop made of silver and adorned with jewels, including diamonds. The rest of his relics are in another silver shrine in the Augustinian abbey church of Saint Lupus. Many churches in England bear his name, as do the members of the family surnamed 'Sentlow,' which is derived from 'Saint Leu' (Attwater, Benedictines, Encyclopedia, Farmer, Husenbeth).

In art, Saint Lupus is depicted with a diamond falling from heaven as he celebrates Mass. He may be shown (1) holding a chalice with a diamond in it or (2) at the altar, giving a diamond to a king (Roeder).


Lupus (383 – 478), called in French "Loup", was born at Toul, Gaul. He married the sister of St. Hilary of Arles, but after six years of marriage they parted by mutual agreement. He gave his wealth to the poor, entered Lerins Abbey under St. Honoratus, and about 426 was named Bishop of Troyes. In 429, he accompanied St. Germanus of Auxerre to Britain to combat Pelagianism there, and on his return, devoted himself to his episcopal duties. When Attila invaded Gaul, he persuaded him in 453 to spare Troyes, though he took Lupus with him as hostage. When Attila was defeated at Chalons, Lupus was accused of helping him escape and was forced to leave Troyes. He lived as a hermit for two years and then was allowed to return to Troyes. Many scholars doubt the veracity of the account of the Attila incident. His feast day is July 29th.


St. Lupus,

 Bishop of Troyes, Confessor

From his ancient accurate life, extant in Surius, and illustrated with notes by F. Bosch the Bollandist, Julij, t. 7, p. 19. See also Ceillier, t. 15, p. 40. Tillemont, t. 16, p. 127. Rivet. Hist. Littér, t. 2, p. 486. Calmet, Hist. de Lorraine, t. 1, l. 6, n. 44, p. 274; and Camuzat, Catal. Episc. Trecens. p. 153, et Antiquitates Tricassinæ, &c., 8vo. 1610.

A.D. 478.

ST. LUPUS, called in the French St. Leu, was born of a noble family at Toul, and being learned and eloquent, pleaded at the bar for some years with great reputation. He married Pimeniola, a virtuous sister of St. Hilary of Arles. After six years spent in holy wedlock, fired with an ardent desire of serving God with greater perfection, they parted by mutual consent, and made a mutual vow of perpetual continency. Lupus betook himself to the famous abbey of Lerins, then governed by St. Honoratus. He lived there a year, and added many austerities to those prescribed by the rule, yet always regulated his fervour by the advice of St. Honoratus. He sold great part of his estate for the benefit of the poor, when he renounced the world. After the first year, when St. Honoratus was made bishop of Arles, he went to Macon in Burgundy to dispose of an estate he had left there in charitable uses. He was preparing to return to Lerins when he was met by the deputies of the church of Troyes, which, upon the death of St. Ursus, in 426, had chosen him bishop, the eighth from St. Amator, founder of this see. His resistance was to no purpose, and he was consecrated by the prelates of the province of Sens. In this dignity he continued the same practices of humility, mortification, and as much as possible even of poverty. He never wore any other garments than a sackcloth and a single tunic, lay upon boards, and alloted every second night entire to watching in prayer. He often passed three days without taking any nourishment, and after so rigorous a fast allowed himself nothing but a little barley bread. Thus he lived above twenty years; labouring at the same time in all his pastoral functions with a zeal worthy an apostle. 1

About the latter end of the fourth century, Pelagius, a British monk, and Celestius a Scot, broached their heresy in Africa, Italy, and the East, denying the corruption of human nature by original sin, and the necessity of divine grace. One Agricola, a disciple of these heresiarchs, had spread this poison in Britain. The Catholics addressed themselves to their neighbours the bishops of Gaul, begging their assistance to check the growing evil. An assembly of bishops, probably held at Arles in 429, deputed St. Germanus of Auxerre and St. Lupus of Troyes, to go over into our island to oppose this mischief. The two holy pastors, burning with zeal for the glory of Christ, accepted the commission the more willingly as it seemed laborious and painful. They came over and entirely banished the heresy by their prayers, preaching, and miracles. St. Lupus, after his return, set himself with fresh vigour to reform the manners of his own flock. In this he displayed such great prudence and piety, that St. Sidonius Apollinaris calls him: “The father of fathers and bishop of bishops, the chief of the Gallican prelates, the rule of manners, the pillar of truth, the friend of God, and the intercessor to him for men.” 1 He spared no pains to save one lost sheep, and his labours were often crowned with a success which seemed miraculous. Among other instances it is recorded that a certain person of his diocess, named Gallus, had forsaken his wife and withdrawn to Clermont. St. Lupus could not see this soul perish, but wrote to St. Sidonius, then bishop of Clermont, a strong letter so prudently tempered with sweetness, that Gallus by reading it was at once terrified and persuaded, and immediately set out to return to his wife. Upon which St. Sidonius cried out: “What is more wonderful than a single reprimand, which both affrights a sinner into compunction, and makes him love his censor!” This letter of St. Lupus and several others are lost; but we have one by which he congratulated Sidonius upon his promotion to his see, having passed from a secular prefecture or government to the episcopacy, which charge he shows to be laborious, difficult, and dangerous. He strongly exhorts him, above all things, to humility. This letter was written in 471, and is given us by D’Achery. 2

God at that time afflicted the western empire with grievous calamities, and Attila with a numberless army of Huns overran Gaul, calling himself, “The Scourge of God,” to punish the sins of the people. Rheims, Cambray, Besançon, Auxerre, and Langres had already felt the effects of his fury, and Troyes was the next place threatened. The holy bishop had recourse to God in behalf of his people by fervent prayer, which he continued for many days, prostrate on the ground, fasting and weeping without intermission. At length putting on his bishop’s attire, full of confidence in God, he went out to meet the barbarian at the head of his army. Attila, though an infidel, seeing him, was moved to reverence the man of God, who came up to him boldly, followed by his clergy in procession, with a cross carried before them. He spoke to the king first, and asked him who he was? “I am,” said Attila, “the scourge of God.” “Let us respect whatever comes to us from God,” replied the bishop; “but if you are the scourge with which heaven chastises us, remember you are to do nothing but what that almighty hand, which governs and moves you, permits.” Attila, struck with these words, promised the prelate to spare the city. Thus the saint’s prayer was a better defence than the most impregnable ramparts. It protected a city which had neither arms, nor garrison, nor walls, against an army of at least four hundred thousand men, which, after plundering Thrace, Illyricum, and Greece, crossing the Rhine, had filled with blood and desolation the most flourishing countries of France. Attila, turning with his army from Troyes, was met on the plains of Chalons by Aëtius, the brave Roman general, and there defeated. In his retreat he sent for St. Lupus, and caused him to accompany him as far as the Rhine, imagining that the presence of so great a servant of God would be a safeguard to himself and his army; and sending him back he recommended himself to his prayers. This action of the good bishop was misconstrued by the Roman generals, as if he had favoured the escape of the barbarian, and he was obliged to leave Troyes for two years. He spent that time in religious retirement, in great austerity and continual contemplation. When his charity and patience had at length overcome the envy and malice of men, he went back to his church, which he governed fifty-two years, dying in the year 479. The chief part of his body is kept in a rich silver shrine; his skull and principal part of his head in another far more precious, in the figure of a bishop, formed of silver, adorned with jewels and diamonds, said by some to be the richest in France. Both are in the abbatial church of regular canons of St. Austin, which bears the name of St. Lupus. He was first buried in the church of St. Martin in Areis, of the same Order, then out of the walls, though long since within them. Many churches in England bear his name. The family name of Sentlow among us is derived from St. Leu, as Camden remarks. 3

It was by powerful prayer that the saints performed such great wonders. By it Moses could ward off the destruction of many thousands, and by a kind of holy violence disarm the divine vengeance. 3 By it Elias called down fire and rain from heaven. By it Manasses in chains found mercy, and recovered his throne; Ezechias saw his health restored, and life prolonged: the Ninivites were preserved from destruction; Daniel was delivered from the lions, St. Peter from his chains, and St. Thecla from the fire. By it Judith and Esther saved God’s people. By the same have the servants of God so often commanded nature, defeated armies, removed mountains, cast out devils, cured the sick, raised the dead, drawn down divine blessings, and averted the most dreadful judgments from the world, which, as an ancient father says, subsists by the prayers of the saints. 4

Note 1. B. 6, ep. 1.

Note 2. Spicileg. t. 5, p. 579.

Note 3. Exod. xxxii. 10.

Note 4. Sanctorum precibus stat mundus. Rufin. Præf. in Vitas Patrum.



Saint Vincent de Lérins

Moine (✝ 445)

Vincent était originaire d'une bonne famille gauloise. Il fait de bonnes études tant profanes que théologiques. Mais les choses religieuses ne l'attirent guère. Il avouera lui-même n'être arrivé que fort tard "au port de la religion" après avoir été entraîné longtemps "dans le tourbillon amer et incohérent de la vie du monde." En ce temps-là, Honorat avait fondé, dans une des îles de Lérins, au large de Cannes, une petite communauté qui devint l'abbaye de Lérins. C'est là que Dieu appelle Vincent, dans "ce lieu écarté (la petite île s'appelle aujourd'hui Saint-Honorat) et, dans ce lieu, la cellule d'un monastère." Dans cette retraite, la culture acquise dans sa jeunesse trouvera à s'employer. Il rédigera plusieurs écrits: un recueil de morceaux choisis de saint Augustin et surtout, sous le pseudonyme de Peregrinus (l'étranger, le migrant), le "Commonitorium" ou aide-mémoire dont le but est de donner une règle sûre permettant "de distinguer la vraie foi catholique de l'erreur des hérésies." Ce fut longtemps une des lectures des hommes d'Église dans l'Occident. Elle mériterait de l'être encore dans notre monde moderne.

Vincent de Lérins (Ve siècle) est un écrivain ecclésiastique, issu d’une famille illustre des Gaules. Il exerce d’abord le métier des armes puis se retire au monastère de Lérins... (Histoire des saints de Provence - diocèse de Fréjus-Toulon)

Au monastère de Lérins en Provence, vers 450, saint Vincent, moine prêtre. Remarquable par sa science chrétienne et la sainteté de sa vie, il eut le mérite de mettre en lumière la notion de développement de la foi.

Martyrologe romain


Présentation de Vincent de Lérins

(mort avant 450)

Un seul livre a suffi à rendre célèbre Vincent de Lérins, un des livres les plus lus, des plus souvent traduits, au cours des siècles, le Commonitorium ou «aide-mémoire» que nous publions ici.

Vincent faisait partie de la célèbre abbaye de l'île de Lérins qu'il a illustrée comme Eucher de Lyon, Fauste de Riez. Ce fut, au Ve siècle, un des hauts lieux de la Gaule et une pépinière d'évêques. C'est là qu'il rédigea son ouvrage, dans la solitude et la paix.

Nous ne savons à peu près rien de la vie de Vincent. D'où venait- t-il ? Sans doute de Gaule. Il semble avoir été de bonne naissance, à en juger d'après sa culture. Il paraît être venu assez tard à la vie monastique, après avoir connu «le tourbillon amer et incohérent de la vie du monde». Il vient rejoindre à Lérins des fils de familles, patriciennes, qui s'étaient groupés autour du fondateur, Honorat, qui devint évêque d'Arles. Vincent, prêtre au monastère de Lérins, acquit une solide formation biblique et théologique, qui se font jour dans son œuvre.

Son ouvrage ne contribua pas peu au renom théologique de Lérins. Peu de livres de l'antiquité chrétienne ont eu une fortune aussi brillante dans les temps modernes, puisqu'on compte plus de 150 éditions et traductions.

INTRODUCTION

« Existe-t-il une règle sûre, d'application générale, canonique en quelque sorte, qui me permette de distinguer la vraie foi catholique de l'erreur des hérésies ? » Cette interrogation fondamentale, qui était celle de Vincent de Lérins lorsqu'il écrivait son Commonitorium, demeure fondamentale pour les croyants de tous les temps. Il n'apparaît guère possible de professer consciemment la foi catholique sans se demander : comment vérifier la continuité de la même foi à travers les siècles ? Comment contrôler la communion dans la même foi des croyants dispersés parmi les continents et les cultures ? Faut-il attacher une importance particulière à l'expression de la foi des origines ? Quand dévie-t-on de la Tradition catholique et qui peut se prononcer à ce sujet ?… Toutes questions inévitables, mais qui ont revêtu une importance particulière dans les périodes d'effervescence ou de perturbation qu'a connues l’Église : lorsque la foi, née de l'Evangile de Pâques et de Pentecôte, fut particulièrement affrontée à l'épreuve du temps, entraînant l'épreuve de la diversité des cultures. Il ne fait pas de doute que de nombreux croyants soient amenés aujourd'hui à faire leurs ces questions. La révision des langages et les interprétations de la foi traditionnelle, la diversité des théologies, les recherches critiques largement vulgarisées, une certaine relativisation de l'autorité du Magistère ecclésial l'expliquent facilement. Beaucoup souhaiteraient acquérir une méthode de réflexion chrétienne qui leur permettrait, sans devenir pour autant des théologiens professionnels, d'accéder à une certaine autonomie pour vérifier l'authenticité de la foi qu'ils professent. C'est précisément à ces croyants en recherche que s'adresse la présente édition de l'œuvre majeure de Vincent de Lérins : sans s'attendre à trouver chez un auteur du 5e siècle une réponse exactement adéquate à leur questionnement de chrétiens du 20e siècle, il leur sera bénéfique de fréquenter le premier théologien qui ait, de façon quelque peu systématique, fait écho à un tel questionnement.

Vincent de Lérins

Celui que l'on nomme ainsi nous est historiquement peu connu. Il a pris soin de cacher son nom sous le pseudonyme de Peregrinus (le « Transumant », le Pèlerin) et nous devons à l'historien Gennadius de Marseille, dans son catalogue des hommes illustres, écrit dans la deuxième moitié du 5e siècle, de l'appeler Vincent. Il appartenait à ce groupe de moines chrétiens établi, dès le début du 5e siècle, dans une des Îles de Lérins. Un groupe monastique fortement identifié, composé de gens cultivés, qui devait obtenir un crédit considérable dans l'Église de son temps. Vincent décrit son lieu : « Loin de l'affluence des villes, loin de la foule, nous habitons une petite propriété écartée, et dans cette petite propriété la cellule d'un monastère où, sans être distrait, on peut mettre en pratique la parole du Psalmiste : « Demeurez en repos et voyez que je suis le Seigneur. Enfin le genre de vie que nous avons adopté nous encourage aussi dans notre dessein » (chap. 1). Ce monastère est aussi un foyer théologique [NOTE 1].

C'est aux environs des années 430-435 que Vincent écrit son Commonitorium. Qu'est-ce à dire ? Le terme latin désigne les instructions écrites que recevait, pour une affaire à traiter, un fonctionnaire de l'Empire : aide-mémoire, avertissement (du verbe commoneo, faire souvenir, conseiller). Ce « mémoire » théologique est d'abord destiné à l'auteur qui y résume ses notes de travail sur un sujet qui le préoccupe : les hérésies dans l'Église. Mais il n'est pas exclu qu'il ait eu l'intention de lui donner, en en améliorant la forme, une certaine diffusion car son intention est d'éclairer, de prendre parti, d'alerter : « La subtilité des nouveaux hérétiques, écrit-il, réclame de nous beaucoup de soin et d'attention » (chap. 1).

Pour rédiger ce « mémoire », Vincent a disposé d'un grand nombre de manuscrits et a beaucoup lu. Quelque peu dépassé par l'ampleur de sa documentation, il décide de faire un premier tome avec vingt-huit chapitres. Le chapitre 28e se termine ainsi : « Pour plus de commodité, j'achève ici ces notes. On trouvera le reste ailleurs. » Après quoi il se lance dans la rédaction d'un autre tome dont ne subsiste qu'un résumé (que les manuscrits appellent « Second Commonitorium ») : récapitulation de l'œuvre principale et appendice documentaire .

Le thème du Commonitorium [NOTE 2]

La plupart des manuscrits dont nous disposons se terminent par la finale : « Ici s'achève le traité de Peregrinus contre les hérétiques. » Ce qui explique que l'historien Gennadius intitule l’œuvre de Vincent : «Contre les hérétiques». Cela rend effectivement compte du ton de l'ensemble du mémoire, même si cela n'en constitue pas, pour le lecteur contemporain, l'intérêt principal. Vincent est véritablement tourmenté par la multiplicité des déviances doctrinales qui ont pris à partie la foi catholique, depuis que l'Apôtre Paul, dont il se réclame avec insistance, écrivait aux Galates : « Si quelqu'un, même nous ou un ange du Ciel, vous annonçait un Évangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu'il soit anathème ! » (Ga 1, 8 ; commenté dans les chapitres 8 et 9). Sa documentation l'a informé des débats qui ont conduit aux Conciles de Nicée et d'Ephèse. A travers Augustin, il est au courant des doctrines donatistes et du pélagianisme. Ce qu'il rapporte des opinions hétérodoxes d'Origène et de Tertullien (chapitres 17 et 18) est sans concession. D'une façon générale, il est porté à noircir le tableau et à se comporter en censeur impitoyable. Une telle sévérité procède, pour Vincent, de cette conviction : « Nous devons grandement redouter le sacrilège qui consiste à altérer la doctrine et à profaner la religion » (chap. 7). « II s'ensuit que tout catholique désireux de prouver qu'il est fils légitime de notre mère l'Église, doit adhérer à la sainte foi de nos pères, s'y attacher et y mourir. Il doit aussi détester les nouveautés impies, les haïr, les combattre et les pourchasser » (chap. 33).

Cette obsession anti-hérétique explique, pour une part, que le Commonitorium ne constitue pas un traité rigoureusement construit. De nombreuses digressions y trouvent place. Des chapitres plus doctrinaux et plus méthodologiques y alternent avec des chapitres plus rhétoriques ou plus documentaires, sans ordre nécessaire. Les formules frappées se dégradent parfois en jugements à l'emporte-pièce. On ne doit pas oublier, d'ailleurs, qu'il s'agit de notes de travail rédigées « pour suppléer aux défaillances de la mémoire » (chap. 1). Il reste que, provoqué par sa passion d'orthodoxie, Vincent en vient à poser les questions, que nous évoquions plus haut, concernant les critères de la foi vraiment catholique (principalement dans les chapitres 2, 23, 25, 27, 28) et qu'il témoigne, sur des points fondamentaux, de la foi de l’Église clarifiée par les grands Conciles du 4e et du 5e siècles (dans les chapitres 13, 14, 15, en particulier).

L'influence du Commonitorium

On est mal informé sur l'influence immédiate qu'a pu avoir le Commonitorium, en dehors de l'école théologique de Lérins. La théologie du Moyen-Age semble avoir ignoré cet ouvrage. La théologie des temps modernes l'a redécouvert et n'a cessé de s'y intéresser, jusqu'à nos jours. Il a été invoqué dans les controverses entre catholiques et protestants du 17e et du 18e siècles ; il a été présent dans les débats sur la foi au Concile de Vatican I ; on a fait appel à lui dans les lendemains de ce Concile, chez les Vieux-Catholiques ; on s'y est largement référé dans les polémiques au temps du modernisme catholique et dans la théologie qui a suivi.

Cet intérêt moderne — et souvent trop polémique — pour le Commonitorium s'attache, en vérité, à quelques pages seulement. Mais, pour être sélectif, l'intérêt n'est pas arbitraire. Il rejoint sans doute ce qui était le plus neuf et le plus éclairant dans la pensée de Vincent de Lérins : les critères proprement théologiques de la communion dans la foi. Vincent aime ce terme de communion, comme d'ailleurs toute l'Antiquité chrétienne : il loue les chrétiens d'Afrique qui, se séparant de Donat, « restèrent en communion avec les Églises du monde entier » (chap. 4) ; il recommande qu'on fasse confiance « aux Pères qui ont constamment vécu dans la foi et la communion catholiques » (chap. 28).

Trois critères de la communion sont explicités par Vincent de Lérins, par contraste avec l'hérésie. Le premier consiste dans l'unité de la foi à travers le temps et l'espace : « Il faut veiller avec le plus grand soin à tenir pour vrai ce qui a été cru partout, toujours et par tous » (chap. 2). Le deuxième consiste à vérifier la cohérence du progrès dans la foi : « Il faut donc que croissent et progressent beaucoup l'intelligence, la connaissance, la sagesse de chacun des chrétiens et de tous, celle de l'individu comme celle de l’Église entière, au cours des siècles et des générations, pourvu qu'elles croissent selon leur genre propre, c'est-à-dire dans le même sens, selon le même dogme et la même pensée » (chap. 23). Le troisième consiste à lire les Écritures dans la Tradition : « Le Canon divin doit être interprété selon les traditions de l'Église universelle et les règles du dogme catholique » (chap. 27). Ces trois critères ne sont pas nouveaux — Vincent l'affirme à plusieurs reprises — et on les trouve déjà plus ou moins formulés, chez Irénée au deuxième siècle, chez Tertullien au troisième siècle, chez Augustin plus récemment. Mais Vincent leur donne une forme plus argumentée et fixe ainsi une étape dans l'histoire de la réflexion théologique. Il importe donc d'en mesurer l'importance et les limites pour lire correctement le Commonitorium.

Le « Canon lérinien »

On a ainsi nommé de longue date le premier critère : « Quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est ». Ce qui a été cru partout : en Orient comme en Occident, car « il n'y a qu'une seule foi, vraie, celle que confesse l'Église entière, répandue sun toute la terre » (chap. 2). Ce qui a été cru toujours : depuis les origines et sans discontinuer « puisqu'en aucune manière nous ne nous écartons de ce qu'ont jadis proclamé nos pères et nos pieux ancêtres » (ibid.). Ce qui a été cru par tous car « ce que tous, ou la plupart d'entre eux, ont affirmé clairement, d'un même accord, fréquemment, avec insistance, tels une réunion de théologiens unanimes, ce qu'ils nous aurons transmis après l'avoir reçu de la Tradition, cela doit être tenu pour indubitable, certain et définitif » (chap. 28).

Le canon lérinien ne rencontre aucune difficulté lorsqu'il s'agit du kérygme chrétien, de la confession de foi qui rejoint le centre de l'Évangile : il ne peut y avoir qu'unanimité entre les croyants de tous les temps et de tous les espaces à ce niveau de l'expression primordiale de l'Évangile fondateur. Si du moins l'on admet que l'unanimité laisse place à des expressions diverses du même message, ainsi qu'il apparaît dans la rédaction des quatre Évangiles.

Le canon lérinien ne rencontre pas davantage de difficulté si on l'applique négativement : à savoir que ne sera jamais reconnu comme vrai par la foi ce qui ne serait affirmé que par quelques-uns, de façon nouvelle et dans im groupe particulier. On aurait clairement affaire à la nouveauté hérétique. Comme le dit Vincent : « Le vrai et authentique catholique sait que toute doctrine nouvelle, jamais encore entendue, professée par un seul homme en dehors de l’avis général des saints ou contre cet avis, n'a rien à voir avec la vraie foi » (chap. 20).

Mais la limite du canon lérinien apparaît lorsqu'on entreprend de l'appliquer de façon absolue pour chacun des articles de la foi catholique : soit que l'antiquité n'en témoigne pas de façon explicite (ainsi des dogmes concernant l'institution ecclésiale) ; soit que l'ampleur de l'adhésion hétérodoxe laisse planer provisoirement des doutes ; soit que certaines communautés fassent silence sur ce que professent d'autres, durant un certain temps. On sera, dans ces cas, amené à réduire le fonctionnement du canon lérinien à celui d'une visée régulatrice et à tempérer l'exigence absolue. Peut-être à faire appel à d'autres critères complémentaires.

On comprend que, au cours des siècles, ce canon ait été utilisé par des traditionnalistes et des fixistes, soucieux d'une tradition répétitive, littérale et archéologique, contre des affirmations dogmatiques de la foi catholique. Vincent de Lérins, en certaines de ses pages, semble tellement craintif devant les nouveautés qu'on voit difficilement la place laissée à des perceptions novatrices à l'intérieur de la foi. Ainsi : « Ce fut toujours la coutume, dans l'Église, d'estimer le degré de ferveur de chacun à la promptitude de son refus des innovations » (chap. 6) ; et ailleurs : « Si, en effet, il faut éviter la nouveauté, c'est donc qu'il faut s'en tenir à l'antiquité. Si la nouveauté est impie, l'ancienneté est sacrée » (chap. 21). Il faudra donc s'expliquer sur ce que l'on appelle nouveauté, et déjà Vincent ente ouvre la porte lorsque, à la fin du chapitre 22, il écrit : « Enseigne seulement ce que tu as appris ; fais le d'une manière nouvelle, mais garde-toi d'y introduire des nouveautés. »

Il n'y a pas à s'étonner de ce que, dans les controverses de jadis entre catholiques et protestants, le canon lérinien ait été utilisé par les deux parties au bénéfice de leurs démonstrations respectives : les catholiques pour convaincre les protestants qu'ils rejetaient indûment certains articles de foi portés par la Tradition ; les protestants pour prouver aux catholiques qu'ils ajoutaient des nouveautés à la foi traditionnelle. Cela n'infirme pas le canon, car il demeure évident qu'une doctrine unanimement et universellement reconnue depuis toujours par les chrétiens est, par là même, de foi authentique. Mais cela manifeste néanmoins que le canon ne peut être, malgré le caractère frappé de sa formulation, tenu pour le seul critère de communion si on l'applique toujours à la lettre. Sans doute est-ce là le motif pour lequel le magistère ecclésiastique ne l'a jamais officiellement repris à son compte [NOTE 3].

Le progrès dans la foi

Le deuxième critère de Vincent de Lérins a eu davantage la faveur du magistère ecclésiastique : il a été cité explicitement par le Concile du Vatican I (chapitre 4 de la Constitution sur la foi : cf. Denzinger 3020). Déjà la Bulle Ineffabilis Deus, du 8 décembre 1854, dans laquelle Pie IX définissait le dogme de l'Immaculée Conception de Marie, s'y référait (cf. Denzinger 2801). Le serment antimoderniste reprendra les termes (cf. Denzinger 3541). Le Concile du Vatican II, dans la Constitution sur la Révélation, fera un renvoi à la citation de Vatican I (Dei Verbum, 8) [NOTE 4].

Plus encore que le canon lérinien, le chapitre 23 du Commonitorium a été utilisé dans des sens divers. Tantôt on en retenait de préférence l'affirmation d'un progrès dans la foi « Ne peut-iI exister quelque progrès de la religion dans I'Église du Christ ? Assurément oui, et un progrès très grand. » Tantôt on insistait sur la suite : « À condition que ce progrès soit réellement un progrès pour la foi et non un changement… (Un progrès) dans le même sens, selon le même dogme et la même pensée. » À retenir la seule affirmation du progrès et l'analogie vitale par laquelle l'illustre Vincent de Lérins, on pouvait légitimer une évolution créatrice de la foi, ce que firent certains modernistes : mais c'était évidemment contredire le canon lérinien et livrer la pensée de Vincent à sa propre contradiction. À trop insister sur les conditions qui limitent le progrès dans la foi, on tombait à l'inverse, dans le risque de reprendre ce que l'on venait de concéder.

La pensée exacte de Vincent, si l'on se souvient du canon lérinien, semble pencher, en dépit du lyrisme avec lequel il parle du progrès, vers un progrès bien canalisé : progrès des formulations, de la conceptualisation, des langages, mais sans doute pas un progrès des affirmations. Newman l'a bien compris ainsi et a volontairement développé la pensée de Vincent au-delà de celle-ci. II semble légitime de le faire, compte tenu de ce qu'un théologien du 5e siècle ne pouvait faire face aux problèmes du dogme catholique dans son développement ultérieur [NOTE 5].

Ce que dit Vincent de Lérins du progrès dans la foi permet du moins de lever largement le soupçon de fixisme que l'examen du Canon lérinien faisait peser sur lui. C'est en confrontant et en faisant fonctionner ensemble les deux critères que l'on a quelque chance de saisir la pensée profonde de Vincent.

Écriture, Tradition, règles du dogme catholique

Vincent de Lérins est amené à constater que les hérétiques s'appuient sur l'Écriture pour contredire l'orthodoxie : « Ils se servent de l'Écriture, et avec passion ! On les voit courir de livre en livre à travers la Sainte loi, de Moïse aux livres des Rois, des Psaumes aux Apôtres, des Évangiles aux Prophètes ! » (chap. 25). Il importe donc d'établir un critère de l'usage de l'Écriture pour établir l'authenticité de la foi catholique. Il ne vient pas à l'esprit de Vincent de minimiser si peu que ce soit l'importance de l'Écriture, qu'il appelle « la loi de Dieu ». Pour lui l'Écriture, en elle-même, témoigne de la véritable foi. Mais il faut la garantir contre les interprétations erronées, et pour cela confronter les dires de l'Écriture avec les affirmations de la tradition de l'Église catholique ainsi qu'avec les enseignements des Conciles si il y en a. Ainsi s'esquisse dans le Commonitorium le principe d'une herméneutique ecclésiale qui se développera après la Réforme protestante.

Certains passages de l'ouvrage pourraient accréditer la position des deux sources de la foi : Écriture et Tradition. Il ne semble pas que ce soit la pensée de Vincent de Lérins. Parfois il emploie Tradition au sens fondamental, déjà accrédité par Irénée, que devait remettre en valeur le Concile de Vatican II : en ce sens où l'Ecriture fait partie de la Tradition. En d'autres passages, la Tradition est constituée par le témoignage des docteurs et des saints — les Pères — qui se joints à l'Écriture pour une mutuelle reconnaissance : « Qui sont ces Pères dont nous confrontons les idées ? Ce sont eux qui ont constamment vécu dans la foi et la communion catholiques : ceux qui ont constamment enseigné et sont toujours demeurés dans la foi qui sont morts fidèles au Christ ou qui ont mérité le bonheur de mourir pour lui » (chap. 28) [NOTE 6].

En même temps qu'à la Tradition des Pères, Vincent fait appel à l'autorité du Concile universel pour appuyer l'Écriture et guider son interprétation. Il pensait, sans nul doute, aux Conciles de Nicée et d'Ephèse, dont il connaissait bien les enseignements. « L'Église universelle et, plus spécialement, tout le corps des évêques, doivent d'abord posséder une connaissance pure de la religion et ensuite la transmettre à autrui » (chap. 22). Et au chapitre 29 : « Il faut prendre garde à deux choses, si l'on ne veut pas devenir hérétique : d'abord, existe-t-il un ancien décret, pris par tous les évêques de l'Église catholique, sous l'autorité d'un Concile universel ? Ensuite, si une nouvelle question se présente sur laquelle un Concile ne se soit pas encore prononcé, il faut recourir à l'opinion des Pères, mais de ceux-là seuls qui, à leur époque et en leur pays sont demeurés dans la communion et la foi et passent pour des maîtres éprouvés. Ce qu'il ont affirmé en plein accord peut être tenu pour vrai et catholique. » On voit ici comment la Tradition des Pères et le Concile se renvoient l'un à l'autre pour se confronter ensemble à l'Écriture : « Il est indispensable que l'exégèse scripturaire soit guidée par une seule règle, celle du sens ecclésial, tout particulièrement dans les problèmes qui constituent les fondements même du dogme catholique » (chap. 29).

[PAGE 20] Nous voulions seulement, dans cette introduction, éveiller le désir de lire le Commonitorium, en manifestant l'actualité des problèmes théologiques qui y étaient traités. Le lecteur contemporain, si il veut bien passer sur la rhétorique anti-hérétique pour faire siennes les questions posées par Vincent de Lérins, et les prolonger, ne sera pas déçu, croyons-nous.

P.A. Liégé, 1978

NOTES de l'introduction

1. Cf. F. BRUNETIÈRE et P. DE LABRIOLLE, Saint Vincent de Lérins, Bloud, 1906.

2. Excellentes introduction, traduction et annotation du Commonitorium par M. MESLIN, Editions du Soleil Levant, Namur, 1959.

3. Cf. Y. CONGAR, La foi et la théologie, Desclée, 1952 (pages 151-154, Note additionnelle : Le « Canon lérinien »). — W.S. REILLY, Quod ubique, quod semper, quod ab omnibus : étude sur la règle de foi de Vincent de Lérins, Paris, 1903.

4. On notera avec intérêt que le chapitre 23 du Commonitorium figure parmi les lectures de la Liturgia Horarium, Rome, 1971 (traduction française Livre des Jours, Desclée, 1976) pour le Vendredi de la 27e semaine du temps ordinaire.

5. J.H. NEWMAN, Essai sur le développement, trad. J. Goudon, Paris, 1948.

6. Cf. J. MADOZ, El concepto de la Tradición en S. Vincente de Lérins, Rome, Gregoriana, 1933.


Vincent était moine de Lérins († avant 450). Il écrit son Commonitorium sous le pseudonyme de Peregrinus,« à peu près trois ans » après le concile d’Éphèse (431).

Cet ouvrage, véritable discours de la méthode en théologie, donne les règles fondamentales qui permettent de discerner l’erreur hérétique de la foi catholique. Vincent met en exergue trois critères : l’universalité, l’antiquité et l’unanimité. Pour contrebalancer ce qu’ont de rigide ces trois repères, Vincent ajoute qu’il existe un progrès dans les sciences théologiques, mais toujours « selon leur nature particulière, c’est-à-dire dans le même dogme, dans le même sens, et dans la même pensée. »

SOURCE : http://www.patristique.org/Vincent-de-Lerins-Commonitorium

Saint Vincent de Lérins, ainsi appelé du lieu de sa retraite (les îles de Lérins, au large de Cannes, avec son monastère, fondé par saint Honorat, qui fut une pépinière de saints dont beaucoup ont évangélisé l’Europe), fut un prêtre aussi distingué par sa doctrine que par sa sainteté.

Il est surtout célèbre par ses travaux contre toutes les sectes hérétiques qui, de son temps, c’est-à-dire au commencement du Ve siècle déchiraient à l’envi l’Église de Jésus-Christ.

Il composa dans ce but son Commonitorium ou « avertissement contre les hérétiques ». Doctrine, érudition, style, piété, cet ouvrage réunit tout ce qui peut exciter l’intérêt et le rendre un des plus précieux qui aient été composés sur cette matière.

Le saint, par humilité, ne l’a pas signé de son vrai nom, mais du nom supposé de Peregrinus, c’est-à-dire sur la terre, sequestré du monde. Il n’y a point de livre de controverse qui renferme tant de choses en si peu de mots.

Saint Vincent mourut l’an 450, saint Léon le Grand étant pape, Valentinien III empereur, Théodose II empereur d’Orient et Mérovée roi de France. Ses reliques se conservent précieusement à Lérins.



Vincent de Lérins Commonitorium (aide-mémoire) : 




St. Vincent of Lérins

Feast on 24 May, an ecclesiastical writer in Southern Gaul in the fifth century. His work is much better known than his life. Almost all our information concerning him is contained in Gennadius, "De viris illustribus" (lxiv). He entered the monastery of Lérins (today Isle St. Honorat), where under the pseudonym of Peregrinus he wrote his "Commonitorium" (434). He died before 450, and probably shortly after 434. St. Eucherius of Lyonscalls him a holy man, conspicuous for eloquence and knowledge; there is no reliable authority for identifyingVincent with Marius Mercator, but it is likely, if not certain, that he is the writer against whom Prosper, St. Augustine's friend, directs his "Responsiones ad capitula objectionum Vincentianarum". He was a Semipelagianand so opposed to the doctrine of St. Augustine. It is believed now that he uses against Augustine his great principle: "what all men have at all times and everywhere believed must be regarded as true". Living in a centre deeply imbued with Semipelagianism, Vincent's writings show several points of doctrine akin to Casian or to Faustus of Riez, who became Abbot of Lérins at the time Vincent wrote his "Commonitorium"; he uses technical expressions similar to those employed by the Semipelagians against Augustine; but, as Benedict XIVobserves, that happened before the controversy was decided by the Church. The "Commonitorium" is Vincent'sonly certainly authentic work extant. The "Objectiones Vincentianae" are known to us only through Prosper'srefutation. It seems probable that he collaborated, or at least inspired, the "Objectiones Gallorum", against which also Prosper writes his book. The work against Photinus, Apollinaris, Nestorius, etc., which he intended to compose (Commonitorium, xvi), has not been discovered, if it was ever written. The "Commonitorium",destined to help the author's memory and thus guide him in his belief according to the traditions of theFathers, was intended to comprise two different commonitoria, the second of which no longer exists, except in the résumé at the end of the first, made by its author; Vincent complains that it had been stolen from him. Neither Gennadius, who wrote about 467-80, nor any known manuscripts, enable us to find any trace of it.


It is difficult to determine in what the second "Commonitorium" precisely differed from the first. The one preserved to us develops (chapters i-ii) a practical rule for distinguishing heresy from true doctrine, namelyHoly Writ, and if this does not suffice, the tradition of the Catholic Church. Here is found the famous principle, the source of so much discussion particularly at the time of the Vatican Council, "Magnopere curandum est ut id teneatur quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est". Should some new doctrine arise in one part of the Church, Donatism for example, then firm adherence must be given to the belief of the UniversalChurch, and supposing the new doctrine to be of such nature as to contaminate almost the entirety of the latter, as did Arianism, then it is to antiquity one must cling; if even here some error is encountered, one must stand by the general councils and, in default of these, by the consent of those who at diverse times and in different places remained steadfast in the unanimity of the Catholic Faith (iii-iv). Applications of these principles have been made by St. Ambrose and the martyrs, in the struggle with the Donatists and the Arians; and by St. Stephen who fought against rebaptism; St. Paul also taught them (viii-ix). If God allows newdoctrines, whether erroneous or heretical, to be taught by distinguished men, as for example Tertullian,Origen, Nestorius, Apollinaris, etc. (x-xix), it is but to test us. The Catholic admits none of these new-fangleddoctrines, as we see from 1 Timothy 6:20-21 (20-22, 24). Not to remove all chance of progress in the faith, but that it may grow after the manner of the grain and the acorn, provided it be in the same sense, eodem sensu ac sententia; here comes the well known passage on dogmatic development. "crescat igitur. . ." (xxiii). The fact that heretics make use of the Bible in no way prevents them from being heretics, since they put it to a use that is bad, in a way worthy of the devil (xxv-xxvi). The Catholic interprets Scripture according to the rules given above (xxvii-xxviii). Then follows a recapitulation of the whole "Commonitorium" (xxix-xxx).

All this is written in a literary style, full of classical expressions, although the line of development is rather familiar and easy, multiplying digressions and always more and more communicative. The two chief ideaswhich have principally attracted attention in the whole book are those which concern faithfulness to Tradition(iii and xxix) and the progress of Catholic doctrine (xxiii). The first one, called very often the canon of Vincent of Lérins, which Newman considered as more fit to determine what is not then what is the Catholic doctrine, has been frequently involved in controversies. According to its author, this principle ought to decide the value of a new point of doctrine prior to the judgment of the Church. Vincent proposes it as a means of testing a novelty arising anywhere in a point of doctrine. This canon has been variously interpreted; some writers think that its true meaning is not that which answered Vincent's purpose, when making use of it against Augustine'sideas. It is hardly deniable that despite the lucidity of its formula, the explanation of the principle and its application to historical facts are not always easy; even theologians such as de San and Franzelin, who are generally in agreement in their views, are here at variance. Vincent clearly shows that his principle is to be understood is a relative and disjunctive sense, and not absolutely and by uniting the three criteria in one:ubique, semper, ab omnibus; antiquity is not to be understood in a relative meaning, but in the sense of a relative consensus of antiquity. When he speaks of the beliefs generally admitted, it is more difficult to settle whether he means beliefs explicitly or implicitly admitted; in the latter case the canon is true and applicable in both senses, affirmative (what is Catholic), and negative or exclusive (what is not Catholic); in the former, the canon is true and applicable in its affirmative bearing; but may it be said to be so in its negative or exclusive bearing, without placing Vincent completely at variance with all he says on the progress of revealed doctrine?

The "Commonitorium" has been frequently printed and translated. We may quote here the first edition of 1528 by Sichardus and that of Baluze (1663, 1669, 1684, Paris), the latter being the best of the three, accomplished with the help of the four known manuscripts; these have been used again in a new accurate collation by Rauschen, for his edition ("Florilegium patristicum", V, Bonn, 1906); a school-edition has been given byJulicher (Frieburg, 1895), and by Hurter (Innsbruck, 1880, "SS. Patrum opuscula selecta", IX) with useful notes.

Sources

BARDENHEWER-SHAHAN, Patrology (St. Louis, 1908), 520-2; Kiln, Patrologie, II (1908), 371-5; KOCH, Vincent von Lérins und Gennadius in Texte und Untersuchungen, XXXI, 2 (1907); BUNETIERE, and DE LABRIOLLE, S. Vincent de Lérins; La pensée chrétienne (Paris, 1906).

SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/15439b.htm

Vincent of Lérins (RM)

Died c. 445. Vincent, a member of a noble family of Gaul, called himself a stranger and pilgrim who had fled from the service of the world to serve Christ in the seclusion of the cloister. He abandoned his military career to become a monk at Lérins, off the coast of Provence, where he was ordained a priest. He is best known as the writer of the Commonitorium or Commonitory for the Antiquity and Universality of the Catholic Faith, in which he deals with the doctrine of exterior development in dogma and formulates the principle that only such doctrines are to be considered true as have been held "always, everywhere, and by all the faithful" (Quod semper, quod ubique, quod ab omnibus)-- which is a difficult statement to interpret. He deals with the discernment of truth from falsehood and the relationship between Scripture and Tradition, which is needed to correctly interpret Scripture.

In reacting against some excesses of Saint Augustine of Hippo concerning predestination, he adopted some semi-Pelagian tenets that were later considered unorthodox. Although his views were supported by such luminaries as Saint Robert Bellarmine, they were not quoted by Vatican II or the new Catechism of the Catholic Church (Benedictines, Farmer).

SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0524.shtml



St. Vincent of Lerins, Confessor

See his Commonitorium adversus Hæreticos, with the English preface of Mr. Reeves, t. 2. Also Ceillier and Orsi; and his Justification and Life in Papebroke, Acta Sanctor. t. 5, p. 284.

A.D. 450.

ST. VINCENT was of Gaulish extraction, had a polite education, was afterwards for some time an officer in the army, and lived with dignity in the world. He informs us in his prologue, that having been some time tossed about in the storms of a bustling military life, he began seriously to consider the dangers with which he was surrounded, and the vanity and folly of his pursuits. He desired to take shelter in the harbour of religion, which he calls the safest refuge from the world. 1 His view in this resolution was that he might strenuously labour to divest his soul of its ruffling passions, of pride and vanity, and to offer to God the acceptable sacrifice of an humble and Christian spirit; and that being further removed from worldly temptations, he might endeavour more easily to avoid not only the wrecks of the present life but also the burnings of that which is to come. In these dispositions he retired from the crowds of cities, and made for the desired haven with all the sail he could. The place he chose for his retirement was in a small remote island, sheltered from the noise of the world. This Gennadius assures us to have been the famous monastery of Lerins, situated in the lesser of the two agreeable green islands which formerly bore the name of Lerins not far from the coast of Lower Provence towards Antibes. In this place he shut himself up, that he might attend solely to what God commands us, and study to know him. Vincent reflected that time is always snatching something from us: its fleeting moments pass as quick as they come, never, never more to return, as water which is gone from its source runs to it no more. Our course is almost run out; the past time appears as a shadow; so will that which is now to come when it shall be once over, and no tears, no entreaties, no endeavours, can recal the least moment we have already let slip unimproved. In these reflections the fervent servant of God assures us, that he earnestly strove to redeem time, 2 and to be always turning it to the best account, that this invaluable grace might not rise up at the last day in judgment against him. He considered that true faith is necessary to salvation no less than morality, and that the former is the foundation of Christian virtue; and he grieved to see the church at that time pestered with numberless heresies, which sucked their poison from their very antidote, the holy scriptures, and which by various wiles spread on every side their dangerous snares. To guard the faithful against the false and perplexing glosses of modern subtle refiners, and to open the eyes of those who had been already seduced by them, he, with great clearness, eloquence, and force of reasoning, wrote a book, which he entitled, A Commonitory against Heretics, which he composed in 434, three years after the general council of Ephesus had condemned the Nestorians. He had chiefly in view the heretics of his own times, especially the Nestorians and the Apollinarists, but he confuted them by general clear principles, which overturn all heresies to the end of the world. Together with the ornaments of eloquence and erudition, the inward beauty of his mind, and the brightness of his devotion, sparkle in every page of his book.

Out of humility he disguises himself under the name of Peregrinus, to express the quality of being a pilgrim or stranger on earth, and one by his monastic state in a more particular manner estranged from the world. He styles himself, the least of all the servants of God, and less than the least of all the saints, unworthy to bear the holy name of a Christian. He layeth down this rule or fundamental principle, in which he found, by a diligent inquiry, all Catholic pastors and the ancient fathers to agree, that such doctrine is truly Catholic as hath been believed in all places, at all times, and by all the faithful. 3 By this test of universality, antiquity, and consent, he saith, all controverted points in belief must be tried. He showeth, that whilst Novatian, Photinus, Sabellius, Donatus, Arius, Eunomius, Jovinian, Pelagius, Celestius, and Nestorius expound the divine oracles different ways, to avoid the perplexity of errors, we must interpret the holy scriptures by the tradition of the Catholic Church, as the clue to conduct us in the truth. For this tradition, derived from the apostles, manifesteth the true meaning of the holy scriptures, and all novelty in faith is a certain mark of heresy; and in religion nothing is more to be dreaded than itching ears after new teachers. He saith: “They who have made bold with one article of faith will proceed on to others; and what will be the consequence of this reforming of religion, but only that these refiners will never have done till they have reformed it quite away.” 4 He elegantly expatiates on the divine charge given to the church, to maintain inviolable the sacred depositum of faith. 5 He takes notice that heretics quote the sacred writings at every word, and that in the works of Paulas Samosatenus, Priscillian, Eunomius, Jovinian, and other like pests of Christendom, almost every page is painted and laid on thick with scripture texts, which Tertullian also remarks. But in this, saith St. Vincent, heretics are like those poisoners or quacks who put off their destructive potions under inscriptions of good drugs, and under the title of infallible cures. 6 They imitate the father of lies, who quoted scripture against the Son of God when he tempted him. 7 The saint adds, that if a doubt arise in interpreting the meaning of the scriptures in any point of faith, we must summon in the holy fathers who have lived and died in the faith and communion of the Catholic Church, and by this test we shall prove the false doctrine to be novel. For that only we must look upon as indubitably certain and unalterable which all, or the major part of these fathers have delivered, like the harmonious consent of a general council. But if any one among them, be he ever so holy, ever so learned, holds anything besides, or in opposition to the rest, that is to be placed in the rank of singular and private opinions, and never to be looked upon as the public, general, authoritative doctrine of the church. 8 After a point has been decided in a general council the definition is irrefragable. These general principles, by which all heresies are easily confounded, St. Vincent explains with equal eloquence and perspicuity. 9 His diction is pure and agreeable, his reasoning close and solid; and no controversial book ever expressed so much, and such deep sense, in so few words. The same rules are laid down by Tertullian in his book of Prescriptions, by St. Irenæus and other fathers. St. Vincent died in the reigns of Theodosius II. and Valentinian III., consequently before the close of the year 450. 10 His relics are preserved with respect at Lerins, and his name occurs in the Roman Martyrology.

St. Vincent observes 11 that souls which have lost the anchorage of the Catholic faith, “are tossed and shattered with inward storms of clashing thoughts, that by this restless posture of mind they may be made sensible of their danger; and taking down the sails of pride and vanity which they have unhappily spread before every gust of heresy, they may make all the sail they can into the safe and peaceful harbour of their holy mother the Catholic Church; and being sick from a surfeit of errors, may there discharge those foul and bitter waters to make room for the pure waters of life. There they may unlearn well what they have learned ill; may get a right notion of all those doctrines of the church they are capable of understanding, and believe those that surpass all understanding.”

Note 1. In portum religionis cunctis semper fidissimum. Prolog. Commonit. [back]

Note 2. Col. iv. 5. [back]

Note 3. Quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est. Hoc est etenim vere proprieque catholicum.—Comm. c. 3. [back]

Note 4. C. 29. [back]

Note 5. C. 27, et 30. [back]

Note 6. C. 31. [back]

Note 7. C. 32. [back]

Note 8. C. 33. [back]

Note 9. The best edition of St. Vincent’s Commonitorium is that given by Baluze. On the eminent usefulness of this book see Orsi, and that learned Roman controvertist, the late Cardinal Gotti, in his book against John Clerc. [back]

Note 10. The Vincentian objections against the doctrine of St. Austin could not come from the pen of St. Vincent, who condemns with great warmth Pelagius and his followers over and over again, and highly extols the letter of Celestine to the bishops of Gaul; in which that pope reprehends their neglect of watchfulness and duty in suffering the profane novelties of Semi-pelagianism to spring up and grow among them. We find two other Vincents living at Marseilles at that very time, and there might be others of the same name: one of whom might be a Semi-Pelagian. [back]

Note 11. C. 25. [back]

Rev. Alban Butler (1711–73).  Volume V: May. The Lives of the Saints.  1866.


SOURCE : http://www.bartleby.com/210/5/241.html