vendredi 12 octobre 2012

Bienheureuse JEANNE LEBER, recluse


Bienheureuse Jeanne Leber

Recluse de Ville-Marie

(1662-1714)

Parmi les grandes figures religieuses qui ont illustré la Nouvelle-France à ses débuts, la bienheureuse Jeanne Leber occupe une place exceptionnelle: celle de recluse. Fille unique de Jacques Leber, le plus grand négociant du Canada, et de Jeanne Lemoyne, soeur du Baron de Longueil, tous deux excellents chrétiens, Jeanne naquit à Ville-Marie, aujourd'hui Montréal, le 4 janvier 1662. Maisonneuve lui tint lieu de parrain, et Jeanne Mance de marraine.

A quinze ans, Jeanne terminait ses études et rentrait à Ville-Marie. Ses parents l'obligèrent de s'habiller selon sa condition sociale et songèrent à lui trouver un parti avantageux. Mais Jeanne avait déjà renoncé intérieurement au monde. Son affection se portait vers les religieuses de l'Hôtel-Dieu et celles de la Congrégation Notre-Dame. Ne se sentant cependant pas appelée à la vie communautaire, Jeanne Leber commença à songer à une vie de recueillement, séparée du monde, dans la maison paternelle. Ses pieux parents respectèrent sa vocation sans toutefois la comprendre.

Elle se voua à la réparation de tous les péchés du monde, à commencer par les siens propres. Cilice et ceinture de crins, flagellations sanglantes, consommation des restes des pauvres que l'on nourrit à la porte de son père, voilà son programme journalier de pénitence. Son vêtement est d'une grossière serge de laine gris-blanc, sans parure, qu'elle porte pour honorer la pureté et l'humilité de Marie; une capeline voile sa tête. La pieuse recluse ne sort de sa retraite que pour assister à la messe.

Après cinq ans de réclusion écoulées sous l'autorité de son directeur et des supérieurs ecclésiastiques, la pieuse jeune fille prononça les voeux de perpétuelle réclusion, chasteté et pauvreté de coeur.

Le 4 juin 1685, elle quitta le toit familial pour la chapelle qu'elle avait fait construire à ses frais en faveur de la communauté de Mère Bourgeois, à la condition qu'on lui aménagerait une cellule derrière l'autel. La brève et touchante cérémonie de la réclusion solennelle eut lieu un vendredi, à l'heure de vêpres, le 5 août, fête de Notre-Dame des Neiges. Le père de Jeanne âgé de 64 ans, accompagnait son héroïque fille avec un grand nombre de parents et d'amis. Arrivé au seuil de la cellule bénie, terrassé par l'émotion, M. Leber fut contraint de se retirer. M. Dollier exhorta Mlle Leber à persévérer dans sa sainte retraite comme Marie-Madeleine dans sa grotte, après quoi la Bienheureuse s'y enferma elle-même. Tout Ville-Marie voyait avec étonnement et admiration l'amour de Dieu victorieux de la tendresse naturelle des parents.

Une table de travail, une mauvaise chaise, un poêle et une misérable paillasse placée près du Tabernacle composaient tout l'ameublement de la pauvre cellule. Pour imiter la piété de Marie envers Jésus, la bienheureuse Jeanne Leber s'appliquait à broder des ornements sacerdotaux et des parements d'autel.

Sa prière était continuelle et son immolation totale. La nuit, elle se levait sans faire de feu, même dans les plus grands froids d'hiver; elle n'allumait pas de lumière afin de n'être remarquée par personne. Se tournant alors du côté du très Saint Sacrement éclairé par la lueur de la lampe du sanctuaire, elle prolongeait son oraison pendant une heure.

Les vingt dernières années de cette victime d'amour s'écoulèrent au sein de cette prison bénie, dans des aridités et des peines intérieures continuelles. Au milieu de ces cuisantes désolations du coeur et de l'esprit, Jeanne ne consacra jamais moins de trois ou quatre heures par jour à l'oraison et n'omit pas une seule fois ses exercices de piété.

Cette âme toute céleste quitta la terre le 3 octobre 1714, à neuf heures du matin, à l'âge de cinquante-deux ans. Sa réclusion avait duré trente-quatre ans en tout. On distribua aux fidèles tous ses pauvres haillons, jusqu'à ses souliers de paille. Tous ceux qui purent obtenir quelque chose ayant appartenu à l'admirable recluse, le révérèrent comme une insigne relique. Son corps fut inhumé dans le sous-sol de la chapelle de la Congrégation.

Résumé O. D. M.

SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/bienheureuse_jeanne_leber.html

Bottoni, Entrée en réclusion de Jeanne Leber, 1908


Bienheureuse Jeanne Le Ber 

Quand Jeanne Le Ber naît en 1662, le grand courant spirituel initié par Pierre de Bérulle et Jean-Jacques Olier, qu'on appellera plus tard l'École française de spiritualité ou Spiritualité bérullienne, est déjà bien implanté dans la Nouvelle France grâce aux Sulpiciens. La similitude entre les grands traits de cette spiritualité et celle vécue par les recluses des siècles précédents est frappante: l'adoration eucharistique; la communion aux mystères d'anéantissement de Jésus, en compagnie de Marie; l'esprit apostolique ou prière d'intercession; l'amour des saintes Écritures.

C'est dire que Jeanne, quand elle désira vivre en recluse, entra de plain-pied dans la tradition des recluses, ses devancières. Sa manière de vivre en réclusion, son règlement et même le plan qu'elle fait de son reclusoir nous le prouvent.

Jeanne Le Ber a inspiré la fondation de la communauté des Recluses Missionnaires en 1943. Les fondatrices désiraient l'imiter dans sa spiritualité, dont elles étaient déjà imprégnées, la Spiritualité de l'École française ayant été transmise de génération en génération surtout à Montréal. Elles désiraient également adopter un genre de vie où la solitude et le silence auraient une large part.

Jeanne Le Ber est un idéal, non seulement pour les Recluses Missionnaires, mais également pour beaucoup de personnes qui ont appris à la connaître ces dernières années. Elle demeure pour tous une inspiration, un rappel des réalités invisibles.

Grâce à Jeanne, une fille de chez nous, les recluses de jadis, ces femmes exceptionnelles, se font tout près de nous...

SOURCE : http://www.reclusesmiss.org/rm_traditionr.php


Jeanne Le Ber

Jeanne Le Ber naît à Ville-Marie (Montréal), le 4 janvier 1662.

Elle est la fille de Jacques Le Ber, riche marchand de Montréal, et de Jeanne LeMoyne, d’une illustre famille du pays, ainsi que la filleule de Paul de Chomedey de Maisonneuve, fondateur et gouverneur de Montréal, et de Jeanne Mance, fondatrice et administratrice de l’Hôtel-Dieu.

Dès sa plus tendre enfance, Jeanne est attirée par Jésus présent au Saint-Sacrement. Cette dévotion s’accroît de jour en jour et se double d’un attrait marqué pour le silence et la prière.

À 18 ans, ses parents l’autorisent à vivre en recluse dans la maison familiale. Ainsi, complètement retirée du monde, ne parlant presque jamais, elle ne quitte sa chambre que pour aller à la messe. Le 5 août 1695, à 33 ans, elle s’isole encore davantage. Elle quitte sa famille et se retire dans la maison de la Congrégation de Notre-Dame où Marguerite Bourgeoys et ses sœurs l’accueillent avec grande joie. Là, elle poursuit sa réclusion dans un minuscule appartement adossé au sanctuaire de la chapelle.

Sa vie est un hommage continuel au Saint-Sacrement, en union avec la Sainte Vierge et les Anges. Entre ses heures d’adoration et de repos, sans cesser de prier, elle coud et brode linges et ornements liturgiques, ou travaille pour les pauvres.

Loin de se désintéresser du monde extérieur, elle porte constamment dans sa prière les soucis et les souffrances de ses compatriotes. Elle prie spécialement pour la paix du pays alors en guerre.

Elle meurt à 52 ans, le 3 octobre 1714, en grande réputation de sainteté. Ses funérailles réunissent toute la population montréalaise venue lui rendre un dernier hommage et surtout la prier.

Prière pour obtenir une faveur

par l'intercession de Jeanne Le Ber

Dieu éternel et tout-puissant,

nous te louons pour ta servante Jeanne Le Ber.

Fidèle à la grâce de ton appel,

elle a tout quitté pour vivre en silence

dans une solitude absolue,

afin de s'unir toujours plus à ton Fils Jésus

présent dans l'Eucharistie.

À sa prière,

ravive notre foi en l'Eucharistie,

rends-nous attentifs aux appels de ta grâce

et accorde-nous la faveur

que nous te demandons en ce moment...

Nous t'en prions par Jésus Christ,

ton Fils, notre Seigneur.

Gloire au Père,

au Fils et au Saint-Esprit,

au Dieu qui est, qui était et qui vient,

pour les siècles des siècles. Amen

Cardinal Jean-ClaudeTurcotte

La spiritualité de Jeanne Le Ber

Conférence de Marie-Josée Harvey, présentée lors du pèlerinage des Fraternités de Jérusalem, le dimanche 8 juillet 2007

Introduction

Lorsqu’on m’a demandé de vous parler de la spiritualité de Jeanne Le Ber, j’ai été profondément touchée puisque, d’une part, lorsqu’on me présente un témoin de Dieu, au-delà de toutes les œuvres réalisées dans sa vie, ce qui m’inspire, ce qui augmente ma foi et me pousse à l’action c’est la découverte de sa relation intime avec le Seigneur. Pour moi, découvrir la spiritualité d’une personne, d’hier comme d’aujourd’hui, c’est pénétrer dans ce qu’il y a de plus précieux chez un enfant de Dieu. C’est découvrir les joyaux d’une âme. Je vous le demande : Y a-t-il quelque chose de plus précieux? D’autre part, j’ai un attachement particulier pour les Sœurs de la Congrégation Notre-Dame puisqu’elles représentent un de mes premiers contacts avec la foi m’ayant enseigné durant mes études secondaires. Également, j’ai un attachement particulier pour vous, frères et sœurs des Fraternités Monastiques de Jérusalem. Il y a près de deux ans, lors d’un séjour, vous m’avez accueillie alors que je vivais un moment difficile. Lorsque j’ai pris connaissance, par mes lectures, que la présence silencieuse de Jeanne avait eu paradoxalement un grand rayonnement sur les gens, j’ai pu vite comprendre puisque j’en avais fait l’expérience en vous côtoyant.

Pour vous présenter ce qui suit, j’ai principalement lu un ouvrage fabuleux de Françoise Deroy-Pineau qui s’intitule : Jeanne Le Ber, la recluse au cœur des combats aux éditions Bellarmin. Cet ouvrage m’a permis de bien saisir le contexte extrêmement difficile dans lequel mon pays a été fondé et de constater la profondeur de la foi de gens qui, comme vous, sont partie de l’Europe pour venir s’installer dans une terre nouvelle, entre autres, les parents de Jeanne Le Ber. Mais, principalement, j’ai appris à aimer Jeanne Le Ber : une femme authentique, déterminée, audacieuse, passionnée de Jésus présent dans le Saint-Sacrement, dévote à Marie et aux Anges. En découvrant la vie et la spiritualité de Jeanne, j’ai pu préciser la signification profonde des mots humilité, pauvreté, solitude. Non pas le triste silence sans espérance qui peut rendre fou en augmentant le vacarme intérieur. Le silence de Jeanne Le Ber n’a rien de commun avec le silence qui peut faire descendre l’être dans les abîmes du désespoir! Je suis remplie d’admiration pour son courage, sa détermination et les fruits d’une vie entièrement donnée à Dieu. Encore une fois, j’ai pu constater combien Dieu est présent à ceux qui le cherchent et combien il fait des merveilles dans une âme qui s’abandonne à lui. Merveilles qui vont bien au-delà des intentions de la personne elle-même. Je demande à Dieu de m’inspirer les mots durant ce partage pour vous transmettre mon attachement et mon respect pour Jeanne Le Ber. Puissiez-vous développer, vous aussi, un lien particulier avec celle que les colons appelaient : l’Ange de Ville-Marie.

I - L’importance de témoins dans l’enfance

Jeanne Mance : connaître Jésus-Christ

Dès son enfance, ce qui frappe c’est l’influence indéniable de témoins au cœur de feu qui étaient présents dans l’univers spirituel de Jeanne Le Ber et lui ont permis de connaître Jésus Christ et de développer une relation avec lui. Alors que Jeanne n’a que cinq ans, régulièrement, elle traverse la rue pour se rendre à l’Hôtel-Dieu et visiter sa marraine Jeanne Mance, cofondatrice de Ville-Marie et première infirmière. Jeanne lui pose toutes sortes de questions, entre en contact avec les malades et parle de Dieu avec eux. Entre autres, elle se fait raconter l’histoire mystérieuse de Jésus de Nazareth, dont la Sainte Famille et la Crucifixion ornent la chapelle de l’hôpital qui, à cette époque, sert également d’église paroissiale. Françoise Deroy-Pineau dira : « Une anecdote nous présente déjà un élan d’amour pour le Seigneur alors que Jeanne est encore très jeune. Un jour on lui raconte la fuite en Égypte. L’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte; et restes-y jusqu’à ce que je t’avertisse. Car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr.» Joseph se leva, prit de nuit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte où il demeura jusqu’à la mort d’Hérode. Jeanne s’écrie : « Ah, bon Jésus, pourquoi n’avez-vous pas fait mourir Hérode qui était si méchant plutôt que de donner de la peine à votre mère et à saint Joseph de vous porter si loin? ». Elle ajoute : « Sa marraine, Jeanne Mance, présence silencieuse, femme modeste, efficace et libre de tout engagement, hormis ceux pris devant sa propre conscience, a été d’une importance capitale dans l’univers spirituel de l’enfant Jeanne. L’enfant est sans doute très impressionnée par la personnalité de sa marraine, ni mariée comme maman, ni religieuse; passionnée de l’Évangile mais, le vivant seule, dans le silence de sa chambre et le travail solitaire.»

Catherine Macé (sa préférée) : une vie de discipline stricte

Catherine Macé, compagne de Jeanne Mance, est la préférée de Jeanne. C’est une femme qui soumet sa vie à une discipline stricte en vue d’un perfectionnement spirituel. Catherine dort sur une dure paillasse, habite la chambre la plus froide et s’y retire en ermite le plus souvent possible. On peut ici remarquer que, très jeune Jeanne prend en admiration des personnes qui, très certainement, lui inspireront sa discipline de vie qu’elle-même aura établie.

Marguerite Bourgeoys (la relève):

préoccupation pour l’éducation des jeunes filles et communion dans l’Amour pour le Saint-Sacrement

C’est Marguerite Bourgeoys qui accompagne Jeanne Mance dans ses derniers instants et, on peut le penser, soutient Jeanne enfant dans cette épreuve. Ainsi c’est le début d’une communion profonde entre Marguerite et Jeanne. Communion qui ne se perdra jamais et qui même sera fortifiée, entre autres, par un amour commun du très Saint-Sacrement. L’auteur dira : « Il est raisonnable de croire qu’à la mort de Jeanne Mance, Marguerite prend le relais dans l’univers spirituel de Jeanne enfant ». Rien de moins!

Lorsqu’une porte se ferme, Dieu en ouvre une autre…

Toute sa vie Jeanne Le Ber donnera de sa fortune pour permettre à des jeunes filles, parmi des pauvres ou des orphelines, de s’instruire. Le témoignage de Marguerite Bourgeoys a très certainement contribué à instaurer cette préoccupation au cœur de la recluse.

Découvrir la spiritualité de Jeanne, c’est découvrir que dans sa vie comme dans toute vie, Dieu fait intervenir des gens et des événements pour favoriser la connaissance de soi.

II – L’importance d’une éducation qui développe l’intériorité et de précieux talents

À l’âge de l’adolescence, les parents de Jeanne choisissent de la « préparer à la vie » chez les Ursulines de Québec. Jeanne et ses compagnes sont destinées à épouser des personnages haut placés en Nouvelle-France, ou à devenir religieuses. Un pensionnat qui a une très bonne réputation. L’auteur dira : « Jeanne n’a qu’un désir : apprendre ce qu’il y a de meilleur et approfondir les questions mystérieuses qu’elle posait aux religieuses hospitalières et à sa regrettée marraine Jeanne Mance et se préparer à la première communion. Ce sacrement répond à son attrait pour la vie intérieure. Dès son passage chez les Ursulines, Jeanne a saisi l’attitude mystique profonde. Elle préserve son silence, son attitude de tranquillité, de repos, de silence, de recul et pourtant de présence vive au monde qui l’entoure, elle est un modèle d’éthique de vie ».

Jeanne a toujours été une femme qui intriguait. En regardant son cheminement spirituel il y a effectivement des situations qui ont dû en étonner plusieurs.

Le théâtre : une occasion d’imiter l’Enfant Jésus en toute chose

Jeanne est d’un grand naturel en public et excellente en théâtre. Les religieuses souhaitent lui faire jouer les rôles d’importance mais, Jeanne s’en tient toujours à des rôles de deuxième ordre avec peu de mots où le personnage suscite le mépris des autres. Mais, un jour, pour la fête de Noël, elle surprend tout le monde en exprimant le désir de tenir le premier rôle. Rien de moins que celui de l’Enfant de la crèche. Les religieuses toutes heureuses et surprises de ce changement d’attitude l’interrogent. L’auteur rapporte : «Jeanne dira : Le petit Jésus dans la crèche est tout sage et ne dit mot et je souhaite l’imiter en toute chose.»

Plus riche héritière de la Nouvelle-France et détester posséder plus que les autres.

Douée pour la parole et choisir le silence.

Jeanne a un profond désir d’humilité; en ce sens, son rang lui pose un défi, pèse lourd et l’afflige profondément puisqu’elle a une sainte horreur de posséder plus que les autres et de susciter l’envie. La plupart des gens lui font des courbettes en raison de la fortune de son père. Elle reçoit régulièrement des cadeaux de la part de connaissances de ses parents. Elle n’aime que ce qui est simple et fonctionnel. L’auteur dira : « On peut penser que Jeanne gardait en elle un conseil que lui avait donné sa marraine : Le plus important, c’est ce qu’on désire profondément, la « volonté de Dieu », à chercher dans la découverte et la méditation personnelle de l’Évangile. Rien d’efficace n’est parachuté de l’extérieur avec des mots répétitifs. La parole de vie est puisée intuitivement dans le silence du puits intérieur. Pas question de se fondre en caméléon dans la masse, de jouer au perroquet en répétant sans comprendre ou de jacasser à tort et à travers.». Aussi, Jeanne qui parle très bien n’intervient que rarement, mais à propos. Tout au long de sa vie, Jeanne sera fidèle à cette attitude. Lorsqu’elle sera en réclusion, au moment de recevoir de rares personnes, le premier biographe, Belmont, précise que Jeanne ne répond que « fort succinctement» et ne dit «jamais rien d’inutile». « Si la fin de la récréation sonne avant celle de sa phrase, elle se retire promptement de sa grille sans même achever le mot commencé». Si une sœur lui fait savoir qu’elle a été quelque peu choquée de cette fin abrupte, Jeanne répond : « Il faut toujours être fidèle à son règlement . On ne s’égare jamais en le suivant; on est assuré que l’on fait la volonté de Dieu…qui demande d’elle cette fidélité».

Les contraintes d’un règlement : une libération pour Jeanne Le Ber

Les Ursulines répondent à son attrait pour la vie intérieure. Apprendre à s’ajuster aux contraintes du règlement lui plaît. Jeanne désire vraiment consacrer tout son temps à ce qui la travaille de l’intérieur. L’auteur dira : « Elle impressionne beaucoup les religieuses par son goût très décidé pour la vie intérieure, l’esprit de prière qui absorbait toutes les puissances de son âme, son respect et sa soumission pour ses maîtresses ». Un autre biographe de Jeanne, Monsieur Montgolfier, résume son expérience chez les Ursulines en indiquant qu’elle y a puisé trois dévotions : au Saint-Sacrement de l’autel, à la Vierge et aux anges, notamment Saint-Michel et son ange gardien. L’auteur dira : « Jeanne a pris l’habitude de tout confier à son intériorité. Un petit problème dans son travail, et hop! Elle en fait part à son ange et continue d’avancer. Un vague à l’âme, une contrariété la conduisent devant le Saint-Sacrement ou la Vierge. Elle leur explique le problème en son for intérieur et repart avec confiance. Tout ce qui la tracasse, la moindre petite angoisse sont traités avec ces ami(es) intérieurs. Puis elle continue travail ou récréation de son tempérament enjoué. Jeanne obéit gentiment mais, son premier maître c’est son maître intérieur. Les Ursulines rapportent : « On la cherche durant la récréation on la trouve seule, isolée dans un coin, tranquille et loin de ses compagnes. Elle est prosternée devant le Très Saint-Sacrement ou absorbée en Dieu dans quelque oratoire domestique ».

Une artiste de la broderie et de la dentelle

Également, broderie et dentelles sont au programme. L’auteur précise : « Jeanne raffole de ces activités à la fois d’art et d’adresse où elle fait preuve de grandes dispositions. Elle est même autorisée à travailler avec les religieuses aux « ouvrages pour la décoration des autels ». Ainsi Jeanne apprend l’utilisation des fils d’or et d’argent ».

III – L’importance d’une riche vie intérieure pour favoriser l’affirmation de soi et le désir de faire la volonté de Dieu

Les religieuses auraient bien aimé la garder mais, Jeanne malgré ses allures dociles, ne se laisse pas influencer et réussit à convaincre ses parents de quitter le couvent pour retourner à Ville-Marie, après y avoir appris tout ce qu’elle pouvait. Elle a quinze ans lorsqu’elle revient définitivement à Montréal. L’auteur précise : « Malgré sa jeunesse, sa beauté et sa richesse Jeanne possède un atout encore plus précieux : sa vie intérieure et elle tient par-dessus tout à être aimée pour elle-même. Aucun plaisir ne sera plus jamais pour elle assez intéressant face à cette recherche qu’elle désire entreprendre dans son propre puits spirituel. Aucun des hommes qu’elle rencontre n’est capable de la rejoindre dans les zones invisibles où se situe le meilleur de sa vie. Jeanne est de nature volontaire, entêtée et intrépide et elle organise son activité en dehors de l’agitation. Elle est donc bien déterminée à modeler son comportement extérieur selon les règles simples apprises en pension, qui partagent le temps en trois parties : prière, travail et repos et de « souscrire à son inclination pour le célibat et pour la vie cachée. En cette fin de 17e siècle les dévotions collectives sont encouragées. La vie mystique n’est plus à la mode. Pire : elle est suspectée aussi lorsque Jeanne Le Ber choisit son directeur spirituel, un Sulpicien, François de Séguenot, lui-même, un homme modeste versé dans l’oraison mentale personnelle et capable d’accompagner les rares personnes qui voudraient s’y aventurer. Elle trouve un accompagnateur fort courageux pour le temps qui l’encourage à suivre son penchant intérieur pour la solitude et l’autonomie de pensée ». Dans de rares occasions elle consent à s’habiller, comme le dira l’auteur Belmont, « pour satisfaire à tous les devoirs de la bienséance. Ce qu’elle assume avec beaucoup d’aisance et de savoir faire ». « On raconte qu’un jour sa mère lui offre une coiffe entièrement faite de dentelle et très à la mode. Jeanne n’a aucune envie d’exhiber sur sa tête une telle marque de distinction, mais l’ajuste du mieux qu’elle peut. C’est alors qu’un cordon se rompt. Profitant de l’incident, elle explique à sa mère qu’elle a mis cette coiffe par obéissance, mais qu’elle demande à en être dispensée : la rupture du cordon prouve bien que c’est la volonté de Dieu! Ses parents sont inquiets comment pourra-t-elle prendre parti puisqu’elle ne désire pas suivre le comportement d’une jeune fille de son rang! ».

Je me permets de vous partager mon expérience personnelle. Avec toutes les pressions extérieures que nous apporte la société, je commence, tout juste après 4 ans d’une vie de foi engagée, à goûter aux fruits d’une riche vie intérieure. Plus ma relation avec notre Seigneur devient profonde, plus je me sens habitée de l’intérieur allant même jusqu’à ressentir rapidement un malaise si je me mens à moi-même. Une force nouvelle, qui ne peut être expliquée avec des mots, me permet d’affirmer, malgré certaines persécutions « du monde », ce que je suis, une jeune catholique, et ce à quoi je tiens, vivre de mon mieux les valeurs de l’Évangile. J’ai la certitude que l’Eucharistie est la source de cette richesse de vie intérieure. Je sais, pour en avoir fait l’expérience, que si je me sens faiblir je n’ai qu’à aller renouveler ma force auprès de Jésus présent dans l’Eucharistie et je retrouve mon chemin. Jeanne m’inspire le courage et la persévérance de suivre mon cœur et d’aller à « contre-courant » s’il le faut par amour et confiance en Dieu!

Une période de recherche pour Jeanne

Par des lectures de la vie de Saints – Marie de l’Incarnation

La lecture fait également partie de son horaire du temps. Les livres se trouvent chez les Sulpiciens et dans la boutique de son père. Jeanne est donc la mieux placée en ville pour avoir accès aux dernières nouveautés de la France. Or, la vie de Marie de l’Incarnation, fondatrice des Ursulines est arrivée en Nouvelle-France. L’auteur dira : « Il est extrêmement probable que la jeune femme l’ait lue compte-tenu de son lien privilégié avec ces religieuses et ainsi qu’elle ait découvert une période de sa vie peu connue : sa période de recluse. En effet, dans ce livre Marie de l’Incarnation, née Marie Guyart, écrit à son fils qu’elle a laissé pour répondre à l’appel de Dieu en Nouvelle-France. Il s’agit ici de Marie de l’Incarnation mais, vous en conviendrez Jeanne a trouvé en son témoignage et son exemple, espérance et réponse concernant son appel personnel. : « Mon cœur préférait la solitude à tous les avantages qu’on me proposait, je m’habillais ridiculement pour faire croire à tous ceux de ma connaissance que ma fortune était faite dans le monde. Mon père me rappela chez lui où ma solitude fut favorisée. Je me logeai au haut de la maison où, en faisant quelque ouvrage paisible, mon esprit portant toujours occupation, mon cœur parlait sans cesse à Dieu…j’expérimentais que la bonté et la miséricorde de Dieu étaient mon partage et qu’il aurait soin de moi. Cela me faisait courir à son service. Je trouvais ma vie dans la fréquentation des sacrements, dans la pénitence et dans la solitude où la miséricorde divine me faisait expérimenter l’effet de ces paroles : « Je la mènerai dans la solitude et là je parlerai à son cœur ». Ah! Il faut avouer que l’Esprit de Dieu est un grand maître. Sans que j’eusse jamais été instruite par l’oraison et la mortification – et je n’en savais pas seulement le nom – il m’enseignait tout en substance, me faisait expérimenter l’une et pratiquer l’autre. Je me taisais ne pouvant parler que de Dieu et de la vertu, sinon dans les affaires d’obligation que je ne regardais qu’en passant. L’auteur son fils commente par des mots que Jeanne a sans doute dévorés tant il donnait sens à ce qu’elle vivait. Depuis qu’elle eut terminé ses affaires et qu’elle eut achevé de rompre les liens qui l’attachaient au monde, elle ne pensa plus qu’à suivre l’attrait de Dieu qui l’appelait à une vie d’union et de communion intérieure avec sa divine Majesté. C’était ce qui lui faisait aimer la solitude où elle trouvait parfaitement l’unique chose que son cœur désirait. On ne la voyait jamais qu’à l’église ou dans sa maison; elle ne rendait point de visites et elle en recevait fort peu. Elle parlait rarement aux personnes, et quand elle était obligée de le faire, c’était en peu de mots, de sorte que c’était un sujet d’étonnement de la voir vivre dans le monde comme si elle n’eût pas été du monde »

Malgré tout, on raconte que le doute envahit souvent Jeanne et elle se confie à son directeur spirituel qui lui conseille de continuer selon ses intuitions. Une attitude qui demande à l’un comme à l’autre beaucoup de courage. Ce n’est pas facile de vivre hors norme, ni d’accompagner quelqu’un dans une voie inédite.

Par la rencontre de gens consacrés - réfléchir en connaissance de cause

« Sa vie, c’est certain, va mettre le cap sur l’océan intérieur. Mais comment? Il devient clair à ses propres yeux qu’elle se sent appelée à « quelque chose » mais, ce n’est ni le mariage, au grand dam de ses parents, ni le couvent, à la déception des supérieurs des communautés. Jeanne peut réfléchir en connaissance de cause car, elle est entourée de jeunes gens qui veulent l’avoir comme épouse et qui mieux qu’elle connaît les hospitalières de Saint-Joseph par sa marraine Jeanne-Mance, les Ursulines de Québec, par son pensionnat, les sœurs de la Congrégation de Notre-Dame, par Marguerite Bourgeoys. Jeanne sait qu’elle est attirée par une vie radicalement enracinée dans l’Évangile oui mais, un désir profond l’incline vers une pratique si dépouillée que même la vie religieuse traditionnelle ne lui convient pas. Elle cherche manifestement un style de vie qui alliera le style de vie de Jeanne Mance, qui demeura célibataire et laïque, du dépouillement de sœur Catherine Macé qui aimait la pauvreté et la solitude, du témoignage de Marie de l’Incarnation, ayant fait l’expérience de réclusion et de l’humilité de la Vierge de Nazareth dont Marguerite Bourgeoys imite la vie voyagère ».

IV- L’importance d’une vie de foi pour traverser les épreuves

Dans l’opposition Jeanne reste calme et fidèle à Dieu

À 17 ans, elle demande donc à son confesseur de prononcer des vœux, tout en demeurant laïque et chez elle, un vœu de chasteté et de réclusion. À cause de son très jeune âge le père Séguenot lui conseille prudemment de ne rien faire mais, de vivre comme si elle avait prononcé ce vœu. L’auteur dira : « Jeanne Le Ber choisit absolument son sort. Elle a décidé de ne voir du monde que le dimanche à la grande messe et à vêpres – où on la regarde comme une curiosité étonnante, un phénomène. Son comportement est paradoxal au centre d’un village ou mille personnes s’agitent comme dans une fourmilière. On a beau aimer Jeanne et lui pardonner ses originalités, son entourage est choqué. On a jamais vu ça en Nouvelle-France. N’est-ce pas un devoir plus qu’ailleurs, de se marier et de mettre au monde des enfants pour peupler la colonie?. Lorsque Jeanne explique à son père son profond désir de vivre en réclusion complète, l’homme d’affaires a le cœur complètement déchiré et trouve l’idée encore plus excentrique que le refus de se marier ou d’entrer en religion. Jeanne Lemoyne, sa mère, en est complètement bouleversée. Oncle, tantes et cousins-cousines crient au scandale. On lui oppose des obstacles encore plus forts que ceux qu’elle avait rencontrés au moment de dire qu’elle refusait de se marier ».

Bien que mon expérience n’a pas été à ce niveau j’ai également dû faire face à l’opposition lorsque j’ai modifié mon comportement suite à ma conversion. Un cousin très proche m’a déjà appelée pour me dire que j’étais une femme faible que je devais revenir dans le droit chemin et sortir de cette secte catholique. Mon amoureux renonça à notre couple après que je lui ai proposé de nous engager par le sacrement du mariage. Bénie-sois-tu Jeanne de m’inspirer le calme dans la tempête et une détermination à suivre le Christ quoi qu’il arrive.

Bénissez ceux qui vous persécutent

L’auteur dira : « Bien que silencieuse et solitaire, Jeanne ne rate pas l’occasion, dans la vie quotidienne, de manifester une grande attention pour les membres de sa famille. Elle multiplie les délicatesses envers son père et sa mère, ses jeunes frères et les domestiques. C’est avec sa maman que son affection toute en nuance est le plus difficile à transmettre. Jeanne-la-mère et Jeanne-la-fille sont très attachées l’une à l’autre mais, la vie intérieure de Jeanne-la-fille est si étonnnante, si contraire à ce qu’une mère peut souhaiter pour sa fille qu’on imagine la très grande souffrance de Jeanne-la-mère ».

« Son comportement défie le bon sens, sa parenté s’alarme, le clergé aussi. Son directeur spirituel examinant l’affaire sérieusement décide de faire passer à Jeanne un « examen canonique » c’est-à-dire l’épreuve courante dans le cas de vocation publique et controversée, semblable à celle que dut affronter Jeanne d’Arc en France. Il va sans dire que rien n’est gagné d’avance, devant ses confrères supérieurs des Sulpiciens, le représentant de l’Évêque de Québec et le clan familial. Ce sont des gens au gros bon sens reconnu. Ce n’est pas une gamine têtue qui va leur faire peur. Elle se fait poser les questions les plus subtiles et propres à embarraser. Mais, la simplicité, le bon sens de ses réponses et le doux entêtement de la jeune fille finissent par les convaincre. Ils s’inclinent. Mieux : elle s’en fait des alliés. Montgolfier dira : « Son père, ses proches et les supérieurs ecclésiastiques croient devoir céder à un attrait si marqué pour une vie singulière ». À partir de ce moment, ses pratiques habituelles sont codifiées et transformées en règlement. Lorsqu’elle va à la messe le dimanche rien ne la distingue de la majorité de ses contemporains de Nouvelle-France. Ses moyens lui permettraient de porter tout autre chose mais, elle s’habille comme les femmes pauvres. Il faut reconnaître que son caractère la dispose à dépasser les attitudes normales. Sous sa chemise, Jeanne glisse un rude cilice de crin de cheval. Elle se donne la discipline jusqu’à en saigner et exige que sa soupe ne soit complétée que par quelques vieux croûtons qui traînent à la cuisine. Elle refuse énergiquement les désserts. Heureusement pour sa santé, le bon François Séguenot, à qui elle tient à obéir, modère ses ardeurs pénitentielles et l’oblige à consommer un peu de viande chaque jour ».

Le calme de Jeanne me parle beaucoup. Tout autour d’elle est mouvementé, on s’affole, on la questionne. En y regardant de plus près, ne vit-elle pas un questionnaire en règle comme l’a vécu le Christ au moment de sa passion et comme les premiers disciples? Toute confiante Jeanne reste imperturbable. Le Christ est resté calme et vrai devant ses inquisiteurs; Jeanne a fait de même. Quel exemple pour nous, chrétiens dans ce monde rapide où l’on tente de nous faire dévier de notre route. Sachons comme eux conserver notre paix intérieure à la suite du Christ.

Jeanne utilise les épreuves comme un levier pour être confirmée dans sa vocation

Une marginale déterminée - Parle de façon volubile à son conseiller spirituel

L’auteur relate : « Le 8 novembre 1682, alors que Jeanne a 20 ans et est recluse dans sa chambre depuis 2 ans, sa mère décède. Jeanne n’est pas à son chevet au moment fatal. On court la prévenir. Elle arrive sans se précipiter, entre paisiblement dans la chambre de la défunte, s’approche modestement du lit, comme le dira Montgolfier, et « après avoir baisé respectueusement les mains qu’elle arrose de ses larmes, sans dire mot » retourne dans sa chambre. La dignité de cette attitude en frappe plusieurs. On connaît son grand attachement pour sa maman. Elle manifeste son chagrin ni par un cri ni par un bruyant sanglot. Son comportement demeure serein malgré l’évidence de sa souffrance. Jeanne assume sa douleur dans le silence, la solitude et le travail manuel soutenu, comme d’habitude. Montgolfier dira à ce sujet : « La véritable vertu n’éteint pas tous les sentiments de la nature, mais elle les règle et les sanctifie ». Moins d’un an après la mort de sa mère, Jeanne est marquée profondément par la mort de son amie d’enfance Marie Charly. Cette seconde épreuve, loin de la dérouter de son appel, renforce en elle la confirmation dans son projet de vœu de chasteté et de réclusion perpétuelle. Montgolfier commente : « C’est ainsi que les personnes qui sont véritablement à Dieu trouvent dans tous les événements et surtout dans les croix qui leur arrivent de nouveaux motifs de faire des progrès ». À l’âge de 23 ans, le jour de la Saint-Jean Baptiste, après 5 années de vœux temporaires, Jeanne

Le Ber, une femme n’ayant aucun problème de refoulement pathologique ou de troubles de la personnalité, est autorisée par le groupe réuni lors de son « épreuve canonique » à prononcer un vœu perpétuel de réclusion, chasteté et de pauvreté de cœur. Elle observe une règle draconienne. Elle aurait bien voulu à ce moment se départir complètement de sa fortune mais, accepte de suivre les conseils de son accompagnateur, de son père et du comité des sages. On lui conseille « de conserver tous ses droits pour en disposer dans la suite selon les ouvertures que lui en fournirait la divine providence ». Son père en éprouve une grande douleur mais, consent. Jeanne se marginalise ce qu’évitent les religieuses de son époque vivant dans le cadre d’institution. Bien sûr, son comportement non conventionnel produit un bouleversement vis-à-vis de la majorité. Ce n’est que par son habituelle délicatesse dans la moindre de ses relations humaines que les gens comprennent qu’elle a un cœur débordant. Elle est muette certes mais, elle tisse un lien chaleureux, subtil, empathique avec tous ses proches. Pour réussir à réaliser ce mode de vie insolite, il lui a fallu vaincre cinq ans de mise à l’épreuve; arracher l’accord de son père, de sa famille, des autorités religieuses et de quelques-uns parmi les principaux habitants. Une seule personne, la petite cousine Anne Barrois, a le droit d’entrer dans la chambre-cellule de Jeanne qui en sort rarement, sauf pour vaquer, quand il n’y a personne à la maison, à quelque tâche nécessaire à son travail; ou pour aller chaque matin à l’église. Là, uniquement, les Montréalais peuvent l’apercevoir; du moins ceux qui ont le courage de se lever à l’heure très matinale de la première messe. Une fois par semaine, elle y rencontre François Séguenot, conseiller spirituel discret et unique. Il l’écoute. C’est le seul moment où Jeanne parle de questions qui dépassent le quotidien. Devant cet interlocuteur elle parle avec abondance. Mais, Séguenot garde pour lui ce discours volubile. Notons que ce n’est qu’au moment de sa mort qu’il révélera quelques faits pour le premier biographe monsieur Belmont.

V - L’importance de Jeanne comme témoin de Dieu dans une voie nouvelle

Une recluse au cœur des combats :

Vivre selon un autre mode que la parole et pourtant considérée comme une « sage » une conseillère spirituelle par sa sérénité contagieuse.

L’auteur nous replace dans le contexte en disant : « C’est l’époque où la ville est plus que jamais au cœur d’un conflit crucial entre la France et l’Angleterre. En Amérique du Nord, les mères-patries s’opposent sur quatre fronts. Montréal est le centre du large quadrilatère disputé. Immergée dans cette société active, combattante, défensive, Jeanne prie et travaille. Elle sait tout des nombreux combats, des morts précoces et des dangers de la guerre que courrent les habitants de Ville-Marie et les membres de sa propre famille qui sont des combattants de première ligne. Les événements lui sont rapportés par sa petite cousine, son conseiller ou son père. Tout se passe comme si elle se trouvait au centre d’un vaste pendule. Jeanne vit la tourmente sur un autre mode. Ce n’est pas celui de la parole. Continue-t-elle à pressentir que les mots prononcés sonnent creux contre la douleur? Devine-t-elle que le pire est à venir? Aucun de ses confidents ne le diront ».

Jeanne une femme d’action à ceux qui savent voir avec le regard intérieur

« Comme témoin de Dieu au cœur d’une vie, Jeanne Mance avait construit le tissu social de la colonie de Ville-Marie solidement établi sur l’entraide; Marguerite Bougeoys – soixante treize ans en 1693 – continue de montrer l’exemple de la modestie et des services inventifs qui diffusent l’amour et le respect mutuels. Agée de 31 ans, en réclusion depuis 12 ans dans la maison paternelle, Jeanne prend le relais en puisant à la source une sérénité contagieuse dont le résultat par l’action est invisible, sauf pour ceux qui savent voir avec le regard intérieur. Jeanne passe désormais pour une « sage ». En mai 1693, le père de La Colombière, ex-Sulpicien demeuré clerc, âgé de 42 ans, étant en conflit avec l’évêque de Québec, vient lui demander conseille. Elle accepte l’entretien. Nul ne sait ce qui s’est dit mais, Jeanne se voit haussée au rend de conseillère spirituelle ».

Montréal vient la fêter dans la dernière étape de sa vie – Elle y vivra, mine de rien, de son plein gré un calvaire

L’auteur reprend des faits racontés « Jeanne, dans sa 34e année, vivant depuis 15 ans en recluse sous le toit parternel, sortira au bras de son père le vendredi 5 août 1695, fête de Notre-Dame-des-Neiges vers 17h00, pour entamer la procession où tout Montréal est massé rue Saint-Paul, devant la demeure de Jacques Le Ber pour se diriger dans sa dernière demeure, son réclusoir de la Chapelle des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame, pour lequel Jeanne a elle-même remis une somme importante pour sa construction afin « d’honorer l’amour de Jésus au très Saint-Sacrement », dévotion chère au Cœur de Marguerite, et également, réaliser son plan à savoir : « avoir le bonheur de vivre et de mourir dans la maison de Dieu ». Un réclusoir d’où elle ne pourra sortir et où elle vivra en symbiose avec les religieuses, d’où elle assistera à la messe de la sacristie par une fenestrelle taillée dans une porte et dormira la tête contre une mince cloison de quelques centimètres qui la sépare du Tabernacle. Le clergé a voulu que l’événement prenne une allure qu’on dirait médiatique au XXe siècle. À la porte du sanctuaire où sa fille chérie s’enferme à jamais, tenaillé par le chagrin, l’émotion, les larmes, Jacques Le Ber ne peut plus se contenir. Il quitte le cortège. Son cœur de père est transpercé de douleur, pourtant il est profondément heureux de ne pas avoir fait obstacle au désir profond de son enfant chérie. Imperturbable, Jeanne et les autres participants continuent ».

Une solitude tant désirée avec une sécheresse du dialogue intérieur

Comparaison Thérèse d’Avila

L’importance de son conseiller spirituel

Après sa mort, son conseiller spirituel dira : « Son oraison n’est plus douce et tranquille comme dans les débuts, mais « aride et obscure avec juste assez de rayons de lumière imperceptibles, très vifs et très sublimes pour ne pas désespérer ». L’auteur Françoise Deroy-Pineau dira : « On lui prêtera volontiers les mots de Thérèse d’Avila : « Eh quoi! Ô mon Dieu n’est-ce pas assez que vous me reteniez dans cette misérable vie! Que, par amour pour vous, j’accepte cette épreuve, et que je consente à demeurer dans cet exil…? Maintenant que je peux jouir de votre présence, vous vous cachez !..Mais, vous vous me voyez toujours. Une telle inégalité est trop dure, ô mon Dieu. Considérez, je vous en supplie, que c’est faire injure à celle qui vous aime tant » (Vie par elle-même, chapitre 37 no 8). Pour Jeanne comme pour Thérèse d’Avila, cette marée basse de l’Océan intérieur, cette nouvelle épreuve pourrait la rendre complètement folle si Monsieur Séguenot qui continue ses entretiens hebdomadaires n’y voyait pas de près. En observateur extérieur, il peut vérifier qu’elle garde son équilibre. C’est lui le garant de l’authenticité de cette expérience étonnante. Le silence de Jeanne est véritablement par amour! Car avec son conseiller elle est un torrent de paroles qui se déversent avec abondance, ferveur et rapidité»

Permettez-moi de vous dire que cette réalité dans la personnalité de Jeanne m’a ouvert l’esprit à de fausses idées que j’entretenais au sujet de la vie monastique. Avant je considérais le choix de cette vie pour les personnes timides, renfermées et silencieuses. En explorant le choix de Jeanne, je réalise que c’est par amour pour Dieu et par un profond désir d’intériorité! Sois bénie Jeanne pour ta détermination à faire tout par amour pour Dieu.

Source intarissable d’inspiration – Libération de grandes douleurs dans son art

« Ceux qui la côtoient « inspirent » à son contact une paix qui rejaillit en cascade au fil des liens dont chaque rencontre garde le secret. Durant cette période l’artisanat de Jeanne produit sans arrêt. Elle coud, brode et prie comme elle respire. L’auteur dira : « Elle puise à une source intarissable dans l’inspiration et l’expiration de chaque instant. Elle confie ses problèmes au plus profond d’elle-même et s’en libère dans son art par la même occasion. On peut porter au crédit de Jeanne Le Ber la confection de quantités de chasubles, chapes, surplis, voiles de calice, parements d’autel, enfin tout ce qu’il faut pour équiper 22 sacristies à une époque où on ne lésinait pas sur le linge d’autel. Artiste dans l’âme elle créait elle-même ses modèles. La simplicité, la pauvreté et le silence de Jeanne s’expriment paradoxalement par un art éblouissant de lumières d’or et d’argent et de couleurs vives. Dans un pays encore démuni, voire miséreux, à l’architecture des plus élémentaires, elle pratique un savoir-faire entretenu par les plus riches et les plus nobles des cours d’Europe. Les paroisses sont très pauvres. Elles ne peuvent s’offrir d’ornements ni de vêtements sacerdotaux ouvragés. Jeanne les confectionne richement et les offre gratuitement. Elles entretiennent ainsi la fierté des paroissiens. Ses travaux artistiques sont donc par la même occasion de bonnes œuvres, propices à cultiver le sens de la dignité et de la confiance chez les pionniers et pionnières éprouvés par la dureté d’une vie sans répit. Jeanne serait probablement outrée de se savoir d’abord considérée comme une artiste ».

VI - L’importance du Saint-Sacrement, de Marie et des Anges pour Jeanne

La « pierre d’aimant »

« En 1698, l’évêque, monseigneur de Saint-Vallier, de passage à Montréal accompagné de deux Anglais qui lui avaient témoigné le désir de la voir dans sa solitude, ce qui, soit dit en passant, démontre clairement que pour une personne qui ne disait rien et se cachait, elle était fort connue. Les 3 hommes pénètrent dans le réclusoir et comme Belmont nous le relate, ils sont stupéfaits « de la voir dans un si petit appartement ». Elle porte toujours sa robe de serge gris-blanc passablement usée depuis 3 ans et en guise de sandales, elle s’est bricolé des espèces d’espadrilles avec des feuilles de mais. Sa couchette est une simple paillasse, avec un oreiller de paille et une couverture, sans drap ni matelas. Il y a un poêle dans un coin qui ne chauffe pas beaucoup. L’un des Anglais est pasteur et il connaît bien la famille LeBer-Lemoyne. Il interroge Jeanne : « Pourquoi se gêne-t-elle tant? Alors qu’elle pourrait vivre dans le monde avec toutes ses aises et commodité » Jeanne lui répond : « C’est une pierre d’aimant qui m’a ainsi attirée et séparée de toutes choses ». Il insiste pour savoir quelle est cette mystérieuse pierre. Elle ouvre la fenestrelle, se prosterne en regardant l’autel et répond : « Voilà ma pierre d’aimant. C’est Notre-Seigneur qui est véritablement et réellement dans le Très Saint-Sacrement. ». Elle lui parlera « de cet auguste mystère avec tant de zèle et de ferveur » qu’il en est bouleversé. Retourné dans son pays affirme Belmont, « il en parlait souvent comme d’une chose qui lui avait fait une grande impression». C’est ce qu’il retint de plus extraordinaire de sa visite au Canada. Il paraît que cet homme devint Catholique ».

Un témoignage d’amour qui impressionne atteignant jusqu’aux mentalités des colons et même jusqu’à aujourd’hui.

« Marie Barbier, la supérieure, signe le 10 octobre 1696, un acte obligeant une sœur « qui sera relevée de temps à autre, de demeurer à perpétuité dans la dite église de la dite Congrégation, depuis les prières du matin jusqu’au prières du soir ». Les sœurs commencent le jour même. Le père de Jeanne donne trois mille livres pour soutenir l’idée de sa fille qui est nommée l’œuvre de Jeanne Le Ber. Depuis, cela fait plus de trois siècles que les religieuses de la Congrégation pratiquent l’adoration perpétuelle diurne ».

Personnellement, j’ai une dévotion au Saint-Sacrement. Au début de ma conversion, je trouvais difficile d’aller m’asseoir devant le tabernacle. Je voyais là une perte de temps et graduellement, j’ai fait l’expérience de Jésus réellement présent dans le Tabernacle. Chaque fois que je passe du temps avec Jésus, mes décisions sont plus faciles à prendre. Sur le moment et quelques jours après une paix profonde m’envahit et ma foi se consolide. Aujourd’hui, je crois en la présence réelle de Jésus dans le Saint-Sacrement et j’aurais vraiment aimé être l’un de ces Anglais afin de me laisser instruire par Jeanne de son amour pour Jésus. Jeanne apprends-moi à mieux comprendre ce mystère et sois bénie pour ton témoignage.

L’œuvre des tabernacles

L’œuvre de Jeanne Le Ber deviendra à partir de 1866 l’œuvre des Tabernacles. L’œuvre des Tabernacles a comme objectif de promouvoir le culte eucharistique dans les pays étrangers, pour les missionnaires et également ici au Québec. Parallèlement, prenant le relais de Jeanne, des bénévoles entretiendront, jusqu’à aujourd’hui, le linge d’autel et les ornements. (possibilité de visiter durant la semaine Jeanne Le Ber). Cela m’amène à vous inviter à participer à la Semaine Jeanne Le Ber qui aura lieu du 30 septembre au 6 octobre 2007 et ainsi assister, entre autres à une présentation de l’œuvre et de son fonctionnement.

Imiter la Sainte Vierge : Dans sa solitude et son habillement

« Pour Jeanne, l’Évangile doit être pris au pied de la lettre. Un dépouillement dans le sens strict du terme : « Heureux les pauvres » pour elle, la pauvreté n’est pas seulement un état d’esprit. Jeanne n’a qu’un projet, dit-elle à une sœur lors d’un de ses rares entretiens : « Imiter la Sainte Vierge tant pour la solitude que pour son habillement » qu’elle estime « à peu près semblable » De Belmont précise que les hardes de Jeanne ne sont que des « guenilles qu’on aurait honte de donner aux pauvres ». Ses bas sont de « laines et de filasse piquante » dont le meilleur a été enlevé pour en tricoter aux démunis de Montréal. Il ne reste sur elle que des vêtements en lambeaux et pleins de trous. Elle n’accepte que du linge grossier et déjà usé et se fâche si on lui porte quelque chose de plus beau que de coutume ».

Personnellement, « Heureux les pauvres » est une béatitude qui m’interpelle beaucoup car, je sais que la pauvreté, dont il est question, doit être méditée sous plusieurs angles. Je viens de réaliser que l’Évangile que je médite a été médité par cette femme formidable alors je peux lui demander de m’inspirer…

Jeanne et les anges

« Jeanne travaillait si vite et si bien que ses contemporains ne pouvaient imaginer qu’elle puisse avoir un débit aussi sûr et efficace sans une aide surnaturelle. Un jour, un Récollet lui apporte un voile de calice à broder. Il s’y connaît en broderie et considère qu’un mois d’ouvrage normal devrait tout juste suffire pour terminer. À la plus grande surprise du religieux, Jeanne en huit jours a entièrement terminé. Il demande une explication. Jeanne répond : « Je me suis trouvée embarrassée, mais mon bon ange m’a aidée à travailler avec cette facilité. Pourquoi ne pas croire les mots d’une personne aussi peu bavarde. Elle parlait souvent des anges et recommandait à ses interlocuteurs d’avoir recours à eux en toute circonstance, pour mener à bien un projet difficile. Jeanne Le Ber ne manquait jamais de temps pour confectionner aussi des vêtements aux plus démunis des Montréalais. Elle savait que les couleurs de Dieu ne sont pas celles des ornements du culte, mais la lumière du regard de chacun de ses enfants ».

VII - L’importance de la prière et de la confiance en toutes circonstances

Une vocation d’intercession pour ses contemporains, pressentie pour protéger les colons

« La discrète personnalité de Jeanne a impressionné beaucoup de monde. Son silence, sa pauvreté, sa chasteté volontaire et ses pénitences diffusent mystérieusement une confiance collective inestimable. Jeanne partage à part entière les nouvelles et grandes émotions de la nouvelle colonie. Lors de l’été 1709 la population entière s’inquiète car les Anglais sont au bord du Lac Champlain et arrivera sous peu une expédition navale par l’estuaire du Saint-Laurent. Les Sœurs de la Congrégation craignent, comme tous, de voir l’ennemi s’emparer de leur ferme et de leurs récoltes. Jeanne est avisée et elle ne s’émeut pas et assure que « la Sainte Vierge aurait grand soin de ce pays. La sœur insiste et Jeanne rédige alors une prière sur une image de la Vierge » :

« Reine des anges, notre Souveraine et notre très chère mère,

vos filles de la Congrégation confient à vos soins la garde de leurs métairies.

Elles espèrent de votre bonté que vous ne souffrirez pas

que vos ennemis touchent au partage de celles qui sont sous votre protection

et qui mettent toute leur confiance en Vous »

« Les sœurs clouent l’image et sa prière sur la porte de leur grange de la Pointe-Saint-Charles. Une partie des habitants de Montréal et des alentours s’empresse alors de faire apporter à Jeanne une image « afin qu’elle leur fit le plaisir d’écrire dessus quelque prière de sa main. Ne voulant pas être considérée comme une « sainte à miracles » ce qui lui déplaît profondément, elle refuse de se prêter au manège. Les voisins volent l’image des sœurs, recopient la prière et chacun l’affiche sur sa propre porte. Jeanne en est quitte pour en faire une autre à l’intention de la Congrégation. Pendant ce temps, une épidémie s’est attaquée aux troupes anglaises qui rentrent chez elles, sans pousser plus loin. L’Angleterre annule donc l’expédition navale. Les blés ne sont pas touchés, les prières exaucées ».

« Au début août 1711, Jeanne a 49 ans et toute la colonie est sur le qui-vive jour et nuit. Les Anglais se dirigent vers Québec. Les prières sont généralisées à travers la Nouvelle-France, autant dans les paroisses que dans les communautés religieuses. On jeûne, on se donne la discipline en commun, on invoque la Sainte Vierge, Saint Joseph et les anges. On récite des neuvaines, on assiste à des messes. Hommes et femmes n’hésitent pas à suivre les processions. Québec se prépare incessamment au combat. On dit que les Anglais sont accompagnés de familles qui ont l’intention de s’établir au Canada. Le Saint-Sacrement est exposé dans toutes les églises. Les habitants montent sur le toit des maisons avec des longues-vues pour surveiller le fleuve. À Montréal, le commandant des forces armées n’est autre que Charles Lemoyne de Longueuil, l’aîné des cousins germains et le fondé de pouvoir de Jeanne depuis la mort de son père, le 25 novembre 1706 à l’âge de 76 ans. Il fait confectionner par sa cousine, Marguerite Lemoyne CND, un étandard avec lequel il attendra les Anglais à la frontière. Pierre Le Ber peint une image de la Vierge et Jeanne y écrit une prière »:

« Nos ennemis mettent leur confiance dans leurs armes, mais nous mettons la nôtre au nom de la Reine des Anges, que nous invoquons.

Elle est terrible comme une armée rangée en bataille : sous sa protection, nous espérons vaincre nos ennemis.»

« Charles Lemoyne de Longueuil marche avec sa modeste troupe de quelques centaines d’hommes, bannière de Jeanne en tête, à la rencontre des trois mille soldats anglais et sept cent Iroquois mais, ils se sont volatilisés car le général anglais a décidé à nouveau de rebrousser chemin en apprenant un désastre survenu à la flotte de son compatriote à cause, entre autres, d’une brume épaisse qui rend la navigation presque impossible ».

Fidèle jusque dans la mort :

L’Ange de Ville-Marie s’éteint en grande réputation de Sainteté

En 1714, à 52 ans, un beau matin Anne Barrois la trouve fiévreuse dans son lit. Le médecin diagnostique une « fluxion pulmonaire ». Clouée au lit elle ne peut plus s’opposer aux visites mais, elle garde un silence « aussi exact que pendant sa meilleure santé ». Elle exige que les rideaux de son lit restent fermés « pour pouvoir penser librement à Dieu sans être interrompue ». « Elle prie Anne Barrois de faire contre son lit tous les exercices qu’elle avait coutume de faire en santé comme son chapelet, l’office de la Sainte Vierge, celui des morts, trois fois par semaine les litanies des saints, chaque jour celles de saint Joseph à qui elle avait une singulière dévotion comme l’époux de Marie. Le 1er octobre elle dicte ses dernières volontés au notaire. Jeanne Le Ber celle que les colons surnommèrent : l’Ange de Ville-Marie s’éteint le 3 octobre 1714.

Sur les traces de Jeanne : Les Recluses missionnaires

« En 1942, à l’occasion de la célébration du tricentenaire de la fondation de Montréal, deux Montréalaise, Rita Renaud et Jeannette Roy, toutes deux anciennes élèves de la Congrégation de Notre-Dame, commencent à expérimenter la vie d’ermite, dans une étable de Pointe-aux-Trembles, sur les traces de Jeanne Le Ber. Un an plus tard, un père oblat les invite en Alberta où elles fondent une nouvelle communauté contemplative inspirée de la spiritualité de Jeanne Le Ber : ce sont les Recluses missionnaires ». Cette communauté est revenue à Montréal depuis 1950. Elle est au 12050, boulevard Gouin Est et il est possible d’y faire des séjours.

Conclusion :

Comme l’auteur le dit si bien : « Le fait que huit biographies aient été consacrées à Jeanne Le Ber, une personne qui n’a rien écrit, qui n’a rien fait d’autre que de broder et de se taire, prouve que son silence provoque la parole. Sa réclusion sociale l’a incluse au cœur de la vie du Québec, tant au niveau collectif qu’individuel. Son exemple montre qu’une certaine solitude n’est pas la fin du monde, mais l’ouverture à un monde différent, infini et invisible. Les débats actuels sur l’exclusion sociale et sur la solitude peuvent éclairer cette situation de réclusion volontaire ou en être éclairés….».

Qui d’autre mieux que vous mes amis(es) peut comprendre ce grand amour au cœur de Jeanne pour Jésus présent dans l’Eucharistie, la Vierge et les anges. Qui mieux que vous peut comprendre ce que c’est que d’attirer par notre rayonnement, de faire de chez-soi une oasis de prière au cœur de la ville! De prier en union avec les habitants qui défilent dans les rues de la ville.

Malgré son silence Jeanne rayonnait, intriguait, inspirait la confiance en Dieu. Le reclusoir de Jeanne était une oasis de prière au cœur de la ville! Les gens avaient confiance en son calme, sa sagesse et son grand amour pour Jésus présent dans le Saint-Sacrement. Dieu avait besoin de cette « sentinelle de l’invisible » au milieu des combats. Leur forme a changé mais, on ne peut nier que vous, membres de la Fraternité Monastique de Jérusalem êtes, à la suite de Jeanne Le Ber, des « sentinelles de l’invisible » au cœur de grands combats humains.

Jeanne, personnellement, je te dis :

Sois bénie pour ton oui !

Sans ta grande confiance et ton intercession pour les colons, nos ancêtres,

serions-nous ici à Ville-Marie ?

Toi qui, malgré un témoignage paraisssant, aux yeux des hommes, à « contre-courant» es demeurée fidèle, sois-en bénie!

Étant très certainement près du Père,

intercède pour nous qui sommes rassemblés.

Qu’à ton exemple nous puissions témoigner par notre vie, que Dieu seul suffit !

À vous qui cherchez la volonté de Dieu dans votre vie, pour Jeanne Mance, Marguerite Bourgeoys, Marie de l’Incarnation et Jeanne Le Ber et tant d’autres, Dieu a indiqué la voie à travers des motions intérieures, des prédispositions personnelles et les événements. Aussi, cela me confirme qu’il le fait pour tous ceux qui désirent sincèrement l’écouter, le suivre et faire sa volonté. Ayons confiance que Dieu ne demandera jamais à un de ses enfants de répondre à un appel qui ne corresponde pas à ce qu’il est profondément. Il veut notre bonheur et il sait, lui, ce qui est le mieux pour chacun de nous. Avançons dans la vie avec la certitude que, tout concoure au bien de celui qui croit!

Marie-Josée Harvey

Chargée de projets en pastorale

Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours

SOURCE : http://www.jerusalem-montreal.org/PelerinageJeanneLeBer.html#courte_bio

Les Ursulines de Québec. Costumes des communautés religieuses. Aquarelle, James Duncan, 1853. Album de Jacques Viger. Archives Ville de Montréal


Jeanne Le Ber

1662-1714

- La recluse mystique de Montréal

- mécène des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame

- La cause de Béatification de Jeanne est en Cour de Rome

Construction des bâtiments d'un pensionnat ?

Jeanne avait dit aux sœurs:

«Si vous ne mettez pas incontinent la main à l'œuvre, vous ne le pourrez plus par la suite.»

Jeanne Le Ber

Brève biographie de Jeanne Le Ber

Ville-Marie, future Montréal, n'est fondée que depuis quinze ans lorsque Jacques Le Ber (1633-1706) s'y installe en 1657. Jeanne Le Ber y naît, rue Saint-Joseph, maintenant rue Saint-Sulpice, le 4 janvier 1662. Elle est la deuxième d'une famille de cinq enfants et l'unique fille de Jeanne Le Moyne (1630-1682) et de Jacques Le Ber, marchand et notable de Montréal.

Son parrain est le Gouverneur pour le Roy de l'île de Montréal et fondateur de Ville-Marie, Paul de Chomedey de Maisonneuve (1612-1676) et sa marraine Jeanne Mance, (1606-1673) co-fondatrice de la ville, directrice et fondatrice de l'Hôtel-Dieu.

Son père

Le négociant Jacques Le Ber est devenu un des plus riches marchands du pays. L'inventaire de ses biens, dressé entre le 1er décembre 1706 et le 5 janvier 1707, couvre cent vingt-deux pages. Les montants totaux énumérés dus à sa succession s'élèvent à la somme de 55 938 livres, et la valeur de ses biens en fourrures, sont estimés à 151 199 livres. Sa vaisselle d'argent est évaluée à 2 140 livres, en valeur monétaire. Il conservait dans sa chambre une somme évaluée à un peu plus de 8 900 livres. Une livre équivaut présentement entre 15 et 20 dollars.

Jacques Le Ber est anobli par Louis XIV en 1696. Fils et filles légitimes sont anoblis en même temps que père et mère. Jeanne Le Ber a donc été anoblie ipso facto.

Son milieu familial

Louis Le Ber de Saint-Paul, premier né de la famille, voit le jour à Ville-Marie le 24 août 1659. Devenu agent d'affaires pour son père à La Rochelle, il épouse Louise Grignon, en la même ville, en 1689. Il y meurt, sans descendance, l'année suivante de son mariage à l'âge de trente-et-un ans.

Jacques Le Ber de Senneville, troisième enfant de la famille, naît à Ville-Marie le 26 août 1663. Poursuivant une carrière militaire en France, il est promu capitaine d'une compagnie du détachement de la Marine. À l'âge de vingt-neuf ans, il épouse, en 1692, également en France, Marie Claude de la Cour de Maltot.

Son fils Joseph-Hippolyte Le Ber de Saint-Paul de Senneville, naît probablement en France, en 1697. Il se distingue et reçoit la prestigieuse croix de Saint-Louis en 1742.

Jean-Vincent Le Ber du Chêne, quatrième enfant de la famille, est baptisé à Montréal, le 8 novembre 1666. Il débute sa carrière sous les armes. Au cours d'une défense héroïque survenue près du fort Saint-Louis de Chambly, contre une cohorte d'Anglais et d'Iroquois, Jean-Vincent y reçoit une blessure, le 9 août 1691 et meurt le 11 août suivant, à l'âge de vingt-quatre ans.Pierre Le Ber, cinquième et dernier enfant, naît à Ville-Marie le 11 août 1669. Peintre mystique, il brosse le célèbre portrait de Marguerite Bourgeoys en 1700. Il rejoint les Champs célestes le 1er octobre 1707, à l’âge de trente-huit ans.

Les onze cousins germains de Jeanne Le Ber, fils de Charles Le Moyne de Longueuil sont tous devenus célèbres, entre autres Charles Le Moyne premier baron de Longueuil, (1656-1729), Pierre Le Moyne d'Iberville, (1661-1706), de Joseph Le Moyne de Sérigny, (1668-1734), Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville, (1680-1767).

La descendance de deux cousins de Jeanne Le Ber se poursuit en ligne directe encore jusqu'à nos jours en la personne du marquis Éric Le Moyne de Sérigny, vivant à Paris et du comte Jacques Pierre Le Moyne de Martigny, citoyen canadien et français demeurant en France.

Études chez les Ursulines de Québec

De 1674 à 1677, la petite Jeanne poursuit ses études chez les Ursulines de Québec où elle apprend l'art de la broderie et de la peinture à l'aiguille.

À son retour à Montréal, chez son père, elle vit déjà retirée du monde de 1678 à 1695. Ce dernier l'a pourvu d'une dot de 200 000 livres, ce qui en fait la plus riche héritière de la Nouvelle-France. Elle utilisera durant sa vie toute cette fortune, non pas pour ses besoins personnels, mais en la distribuant aux personnes dans le besoin et à des institutions.

En 1695, elle aménage dans un minuscule appartement qu'elle s'est fait construire à l'arrière de la chapelle des sœurs de la Congrégation de Notre-Dame, église dont elle a défrayé les frais de construction et de décoration. Là, comme avant, elle ne voit personne, sauf son directeur spirituel et son père, un médecin ou un notaire au besoin.

Jeanne, artiste sensible et douée, a produit de magnifiques broderies dont on peut encore admirer les quatre derniers témoignages conservés à la Basilique Notre-Dame de Montréal.

Son travail rapide et précis remplissait toutes ses heures entre ses moments de piété et d'adoration.

La générosité de Jeanne Le Ber

La charité de Jeanne, mise en application dès son pensionnat à Québec — et peut-être même avant — a été au cœur de ses activités durant toute sa vie. Toutes les attestations de ses contemporains sont unanimes et témoignent de la très grande générosité de Jeanne Le Ber, tant par son argent, par sa sollicitude, par ses productions manuelles que par ses prières.

Elle a horreur de l'oisiveté et est constamment active. La jeune recluse a vaincu la ladrerie.

Jeanne se départit volontiers de ses biens pour les offrir aux démunis. Elle n’hésite pas à donner de son argent, pour des œuvres concrètes, dès que l'occasion se présente à elle.

C'est ainsi que Jeanne assume, en 1695, les coûts de la construction de son appartement à l'arrière de la chapelle des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame, de ceux de la chapelle elle-même, de sa décoration, de son autel, de même que ceux des vases sacrés et liturgiques en argent massif. Elle y établit la fondation d'une messe quotidienne. Jeanne paye aux religieuses une pension annuelle pour sa cousine Anne Barroy, qui est sa camérière et pour elle-même. Jeanne crée un fonds pour l'éducation des jeunes filles. Elle défraie les coûts de la construction d'un pensionnat pour demoiselles. Et bien d'autres choses encore…

Jeanne donne à tous un exemple fondamental. La charité engage le Ciel à répondre à notre demande et à intervenir directement, miraculeusement. Il n'y a que la charité, conjuguée avec l'humilité et la foi, qui peut obtenir ce résultat.

Ainsi, ses contemporains, dont le gouverneur de la Nouvelle-France, Philippe de Rigaud de Vaudreuil (1643-1725), attribuent aux prières de Jeanne Le Ber, l'échec miraculeux de la tentative d'invasion de la Nouvelle-France par l'Angleterre en 1711. Le fait est si important, qu'en 1718, une chapelle commémorative, Notre-Dame-de-la-Victoire, est érigée à Montréal.

Ses dévotions

Dès sa première communion, Jeanne développe une très grande dévotion en l'Eucharistie. Elle se sent attirée par Jésus-Hostie comme l'aimant attire le fer. Elle utilise cette comparaison pour illustrer son amour de Jésus lors de la visite de son évêque, Mgr Jean-Baptiste de Saint-Vallier, (1653-1727), qui est accompagné de deux Anglais, dont un est ministre. Jeanne « se prosternant en regardant l’autel voilà lui dit-elle ma pierre d'aimant c’est notre Seigneur qui est véritablement et réellement dans le très Saint Sacrement. » (Cf.: Vachon de Belmont, Roy, RAPQ, 1929-1930, p. 160.)

Ainsi, le mystique devient comme un aimant, il attire à lui et polarise ce qui lui est analogue chez les autres. Le mystique tend à se confondre et à devenir « un » avec son Créateur. C'est bien-là toute la vie de Jeanne Le Ber.

La communion demeure pour Jeanne son apothéose personnelle. Cette mystique s'abîme en son action de grâce. Son âme se transporte alors littéralement dans les sphères célestes. Le plan physique s'efface, c'est la commune union, l'adoration divine. Elle entre en contact étroit avec son divin Maître.

De toutes évidences, Jeanne a découvert et saisi cette profonde vérité: les paroles que Jésus a prononcées sur Terre l'ont été non seulement ici-bas, mais aussi au-delà des constellations et encore plus loin que le fin fond de l'Univers. Parce qu'elles ont été prononcées par Dieu le Fils, elles ont été proclamées dans l'Absolu. À cause de la puissance de Celui qui les a formulées, elles sont, en plus d'être immortelles, toujours neuves et actuelles.(Cf.: Matthieu, 24, 35)

Jeanne développe une très grande dévotion à la Vierge Marie, à ses saints patrons Jean l'Évangéliste et Jean-Baptiste, envers l'Archange saint Michel et les saints Anges. Quelques anecdotes, sur ces sujets, ont été consignées par son contemporain et son biographe M. François Vachon de Belmont, pss.

Son apparence

Le regard de Jeanne, de préciser Vachon de Belmont, possédait cette qualité exceptionnelle:

« elle avait de temps en temps véritablement de certains regards presque imperceptibles très vifs et très sublimes.»

(Vachon de Belmont, Roy, RAPQ, 1929-1930, p. 156.)

Aucun contemporain de Jeanne Le Ber n'a décrit ses traits physiques. Son biographe ne donne que cette précision « la maigre peau qui couvrait ses os » (Vachon de Belmont, Roy, RAPQ, 1929-1930, p. 164.)

À aucune époque, les portraits dessinés, peints ou sculptés de Jeanne n'ont pas été basés sur les éléments physiques provenant de la description des os de son crâne. Ce ne sont que des représentations purement imaginaires.

Elle n'a jamais voulu devenir une religieuse afin de demeurer autonome dans sa façon de gérer sa fortune. Jeanne n'a donc jamais revêtu le voile comme les sœurs en portaient en communauté.

Elle se coiffait d'un simple bonnet sans décorations. Elle portait une modeste robe de grosse toile grise, un tablier de même, des bas troués et des souliers qu'elle se fabriquait avec des feuilles de maïs cousues sur une semelle de cuir.

La grande délivrance

Au terme d'une vie mystique des plus florissantes, à l'âge de cinquante-deux ans, Jeanne nous quitte physiquement le 3 octobre 1714 pour rejoindre Jésus, l'Amour de sa vie.

La plus riche et noble damoiselle, vivant en réclusion au XVIIème siècle en Nouvelle-France, est devenue, de son plein gré, la plus pauvre fille du pays ayant tout donné aux autres.

Ses restes reposent près de son amie sainte Marguerite Bourgeoys en la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours dans le Vieux-Montréal.

Analyses anthropologiques et judiciaires

En 1991, l'archevêché de Montréal procède à l'ouverture de la tombe Le Ber. L'analyse des restes par les médecins légistes révèle que ce sont les os d'une seule personne de sexe féminin. Ils observent qu'une incisive se caractérise par une échancrure. Visible sur son portrait reconstitué, cette encoche s'est creusée par l'habitude de Jeanne de couper ses fils d'or et d'argent avec ses dents.

Tribunal diocésain

Le 28 octobre 2015, Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal, ouvre l’enquête canonique de la Cause de la Servante de Dieu Jeanne Le Ber en la chapelle Notre-Dame du Sacré-Cœur de la Basilique Notre-Dame.

La Cause de Béatification de Jeanne est en Cour de Rome.

Postulateur à Rome : Frère Luigi Guarneri, FSC.

Second procès diocésain

L’archevêque de Montréal présidait le 17 mai 2023 l’ouverture d’un nouveau procès diocésain ainsi que la première session publique de l’enquête canonique concernant la cause de canonisation de la recluse Jeanne Le Ber (1662-1714). Mgr Lépine souhaite que cette Montréalaise soit bientôt reconnue comme vénérable dans l’Église catholique.

vice-postulateur: Georges Bellemare

La recluse mystique de Montréal.

Jeanne Le Ber 1662-1714

Membre à vie de la Société historique de Montréal depuis 1988 et son trésorier de 2009 à 2016, Georges Bellemare vient de faire paraître un livre sur cette célèbre mystique montréalaise de la Nouvelle-France. Édité par la Congrégation du Très-Saint-Sacrement, cet ouvrage hors commerce et limité à 500 exemplaires comporte  634 pages et 177 illustrations en quadrichromie. La préface est de Soeur Lorraine Caza de la Congrégation Notre-Dame et la postface du Père Loyola Gagné, s.s.s.

La recluse mystique de Montréal Jeanne Le Ber est le résultat de « l'enquête la plus approfondie jamais réalisée sur la plus riche et noble damoiselle vivant recluse à la fin du XVIIe siècle en Nouvelle-France ». Une première biographie avait été rédigée par le sulpicien François Vachon de Belmont, son contemporain.  D'autres ont écrit sur Jeanne Le Ber, dont Étienne Montgolfier, p.s.s., qui rapporte des témoignages de personnes ayant connu Jeanne, et plus tard, Étienne-Michel Faillon, p.s.s. Mais jamais personne s’était attelé au défi de publier une biographie si complète de la Recluse. Ce livre est une encyclopédie !

Le Président de la Société historique de Montréal, a tenu à féliciter Georges Bellemare pour ce livre qui a dû certainement demander des années de travail. 

Si vous êtes intéressé par ce livre, hors commerce, veuillez contacter monsieur Bellemare au courriel suivant : j.g.bellemare.des.gres@gmail.com

Pour la région de Québec, on peut s’adresser au P. Gagné, s.s.s., au courriel suivant :
loyolagagne@gmail.com

Sources : Georges Bellemare, La mystique brodeuse du Montréal Jeanne Le Ber 1662-1714. Manuscrit de 620 pages en voie d'édition.

L'auteur est membre à vie de la Société historique de Québec, de la Société historique Montréal et de la Société d'histoire de Cournoyer.

-https://presence-info.ca/article/actualite/patrimoine/ouverture-du-proces-diocesain-de-la-cause-de-jeanne-le-ber-2/

Photos: archives de l'auteur.

Auteur et Recherche: Georges Bellemare

Conception: Daniel Veillette

Révision: P. Loyola Gagné s.s.s. 2021

Mouvement des Cursillos Francophones du Canada

Révision: 2024-07-11

SOURCE : https://www.cursillos.ca/action/modeles/124m-jeanne-le-ber.htm

Portrait de Jeanne Le Ber. Source: Collection du Musée Saint-Gabriel


Cérémonie d’ouverture du procès diocésain de la Servante de Dieu, Jeanne Le Ber

15-05-2023

Le 17 mai prochain à 10 h30, à la Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, aura lieu la Cérémonie d’ouverture du procès diocésain de la cause de la Servante de Dieu Jeanne Le Ber, recluse mystique. Elle aura été la première recluse en Amérique du Nord. 

Dès sa plus tendre enfance, Jeanne est attirée par Jésus présent au Saint-Sacrement. Cette dévotion s’accroît de jour en jour et se double d’un attrait marqué pour le silence et la prière. À 18 ans, ses parents l’autorisent à vivre en recluse dans la maison familiale. Ainsi, complètement retirée du monde, ne parlant presque jamais, elle ne quitte sa chambre que pour aller à la messe. À 33 ans, elle s’isole encore davantage : le 5 août 1695, elle quitte sa famille et se retire dans la Maison de la Congrégation de Notre-Dame où Marguerite Bourgeoys et ses sœurs l’accueillent avec grande joie. Là, elle poursuit sa réclusion dans un minuscule appartement adossé au sanctuaire de la chapelle.   

Cette Cérémonie sera présidée par Mgr Christian Lépine. L’Abbé Guy Chapdelaine participera aussi à cet événement. Nous aurons aussi le plaisir d’accueillir des sœurs recluses ainsi que des adorateurs et adoratrices de Jeanne Le Ber.  

La cause de béatification de Jeanne Le Ber est une belle cause, importante pour faire connaître cette femme de foi de l’histoire canadienne. Jeanne était une contemporaine de sainte Marguerite Bourgeoys. Elle a contribué, à sa manière, à la mission chère aux yeux de Marguerite. Elle est une inspiration pour nous tous. À chaque année, de nombreux visiteurs se recueillent auprès de Jeanne et prient en silence.  

Sa vie est un hommage continuel au Saint-Sacrement, en union avec la Sainte Vierge et les Anges. Entre ses heures d’adoration et de repos, sans cesser de prier, elle coud et brode linges et ornements liturgiques, ou travaille pour les pauvres. Elle meurt à 52 ans, le 3 octobre 1714, en grande réputation de sainteté. 

Vous êtes donc invités à participer à cette Cérémonie ouverte au grand public en personne ou en ligne au https://www.youtube.com/@sitehistoriquemarguerite-b5675. Ne manquez pas cet événement historique dans notre histoire de foi. 

SOURCE : https://www.diocesemontreal.org/fr/actualites/nouvelles/ceremonie-douverture-proces-diocesain-servante-dieu-jeanne-ber

Détail d’une verrière. Basilique Notre-Dame de Montréal


Ouverture du procès diocésain de la cause de Jeanne Le Ber

À l'occasion du 381e anniversaire de Ville-Marie

 par François Gloutnay

 17 mai 2023

dans PatrimoineReligion

Les fondateurs de Ville-Marie, à leur arrivée le 17 mai 1642, n’ont pas d’abord érigé des fortifications mais ont plutôt «commencé par la messe et un temps d’adoration», a rappelé au matin du 17 mai 2023 l’archevêque Christian Lépine lors d’une cérémonie officielle tenue dans la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours.

L’archevêque de Montréal y présidait, exactement 381 ans plus tard, l’ouverture d’un nouveau procès diocésain ainsi que la première session publique de l’enquête canonique concernant la cause de canonisation de la recluse Jeanne Le Ber (1662-1714). Mgr Lépine souhaite que cette Montréalaise soit bientôt reconnue comme vénérable dans l’Église catholique.

Cette enquête canonique s’avère «un moment important qui nous plonge dans nos racines, celles de Ville-Marie, devenue depuis Montréal, et celles de la Nouvelle-France», a-t-il indiqué. Quelque 75 personnes étaient présentes dans cette chapelle du Vieux-Montréal où reposent les restes de Jeanne Le Ber.

L’archevêque a rappelé que cette femme fait partie de cette «constellation de sainteté» qui a connu les premiers moments de la colonie. Née à Ville-Marie en 1662, soit vingt ans après sa fondation, Jeanne Le Ber a eu comme marraine et parrain Jeanne Mance et Paul de Chomedey de Maisonneuve, les cofondateurs de la ville. «Déjà, elle est en bonne compagnie», lance Mgr Christian Lépine durant son homélie.

Jeanne Le Ber a donc bien connu Jeanne Mance – son parrain, lui, a quitté Ville-Marie en 1665 – et elle fut l’amie de Marguerite Bourgeoys, la fondatrice de la Congrégation de Notre-Dame. En évoquant ces noms, a dit l’archevêque, nous touchons à l’origine même de Montréal, dont on célèbre aujourd’hui l’anniversaire, une «origine à la fois humaine et profondément spirituelle».

Il fait aussi remarquer que ce sont des jeunes qui ont fondé la ville que l’on connaît aujourd’hui. À 18 ans, Jeanne Le Ber choisit de vivre comme recluse dans la maison familiale, elle qui est pourtant alors reconnue comme «la plus riche fille du Canada», selon les mots de la romancière et journaliste Laure Conan, une auteure que l’archevêque a citée dans son homélie.

«Animée par une soif incroyable de Dieu», Jeanne Le Ber baigne dans l’«atmosphère missionnaire» de Montréal et renonce à toute vie mondaine. «Elle a grandi dans cette atmosphère, cela l’a habitée et cela l’a nourrie» jusqu’à son décès de pneumonie en 1714, à l’âge de 52 ans.

Procès diocésain

Georges Bellemare, le vice-postulateur de cette cause, a indiqué que les travaux du tribunal diocésain «seront acheminés à Rome au dicastère pour la cause des saints qui recommandera, ou non, au pape François l’accession de Jeanne Le Ber au titre de vénérable, première étape vers la canonisation».

Un élément n’a toutefois jamais été mentionné durant la cérémonie. Il s’agit du second procès diocésain à être institué pour la cause de Jeanne Le Ber.

En octobre 2015, «une cérémonie semblable a eu lieu à la chapelle Notre-Dame du Sacré-Cœur de la basilique Notre-Dame», avaient rappelé, un peu avant la cérémonie d’aujourd’hui, les Recluses missionnaires, une communauté contemplative qui s’inspire de Jeanne Le Ber. Elles alléguaient qu’«un vice de procédure» — ou une «procédure juridique qui n’a pas été respectée dans son entièreté» — serait survenu pendant le procès canonique qui a suivi l’ouverture de la cause en 2015.

Interrogé après la cérémonie, l’archevêque Lépine explique «qu’il y avait des ajustements à faire pour relancer la cause, en tenant davantage compte, à la perfection même, des règles en vigueur aujourd’hui».

C’est que dorénavant, ajoute-t-il, les personnes qui œuvrent à la canonisation ne peuvent pas être présentes lorsque des gens vont témoigner de la sainteté d’une personne. «Anciennement, elles le pouvaient. Mais des règles récentes ont modifié cela. Alors, aussi bien relancer cela maintenant pour éviter de se retrouver à la fin du processus en se faisant dire qu’on a manqué un élément au début ou qu’on n’a pas suivi les nouvelles règles.»

Présence française

Une dizaine de membres de la famille de Jeanne Le Ber étaient présents à la cérémonie. Venus de France, ces cousins et ces cousines par filiation de Jeanne Le Moyne, la maman de celle qui est reconnue comme la toute première recluse de Montréal, ont déposé des fleurs à l’endroit où se trouvent les restes de leur ancêtre.

Mary-Ange Hurstel, née Le Moyne de Martigny, va même témoigner cette semaine devant le tribunal canonique qui va entendre la cause de Jeanne Le Ber.

«Je vais mentionner des éléments qui me touchent et m’impressionnent dans son message», dit-elle. «D’abord combien elle était jeune, comme l’a rappelé Mgr Lépine, lorsqu’elle est entrée en réclusion, en silence. Elle était une petite fille très joyeuse.»

«Puis il y a le fait qu’elle n’a laissé aucun écrit. Je dirais que ses écrits, ce sont ses broderies. Enfin, il y a son rapport à l’eucharistie. Cela me touche particulièrement parce que depuis vingt ans, à Paris, j’accompagne des enfants dans leur préparation à la première communion. Même que lundi dernier, je leur ai parlé de Jeanne Le Ber», ajoute-elle.

«Je souhaite que Jeanne Le Ber m’accompagne dans ma propre mission.»

https://presence-info.ca/article/actualite/patrimoine/ouverture-du-proces-diocesain-de-la-cause-de-jeanne-le-ber-2/

Détail d’un parement brodé par Jeanne Le Ber. Source: Collection du Musée Saint-Gabriel


JEANNE LE BER (1662-1714)

Publié le 4 octobre 2015 par Admin

Ce texte est une reprise revue, augmentée et améliorée voire corrigée de celui écrit lors de la célébration du troisième centenaire de la mort de Jeanne Le Ber (1714-2014)

Chaque fois que l’on parle de la fondation de Montréal, il est de mise de faire ressortir les figures historiques que sont Jeanne Mance (1606-1673) et Paul Chomedey, sieur de Maisonneuve (1612-1676). Sans oublier, bien sûr, ceux et celles qui sont à l’initiative de cette folle entreprise, tel Jérôme Le Royer, sieur de La Dauversière (1597-1659). Comme dans toute entreprise humaine, il existe toujours des personnages hors du commun qui, de manière discrète, contribuent au succès d’un  projet de grande envergure. Ces personnages de l’histoire peuvent être classés dans la catégorie d’illustres inconnus qui sont dans les faits des personnes méconnues de notre histoire. Jeanne Le Ber en est un bel exemple.

Jeanne Le Ber était la fille unique au sein d’une fratrie de cinq enfants (Louis, Jacques, Jean-Vincent, Pierre). Son père Jacques Le Ber (1633-1706) était un riche marchand de la Nouvelle-France et du Montréal naissant. Quant à sa mère Jeanne Le Moyne, elle est la soeur de Charles Lemoyne (1626-1685) dont le fils homonyme et cousin de Jeanne sera connu comme sieur de Longueuil et de Châteauguay. Jacques Le Ber était arrivé en Nouvelle-France avec son frère aîné François en 1657. Nous sommes donc dans la deuxième étape de l’établissement de Ville-Marie commencé en 1642. En 1660, les Le Ber et les Lemoyne décident d’un commun accord de construire une maison à deux logements distincts sur la rue Saint-Paul juste en face du bâtiment de l’Hôtel-Dieu de l’époque. C’est là que naîtra Jeanne Le Ber le 4 janvier 1662 qui aura comme parrain Maisonneuve dont le sort dans la colonie est en sursis et qui finalement quittera (désavoué) Ville-Marie en 1665 pour retourner définitivement en France.

Autant Jacques Le Ber était voué au commerce et aux affaires de la jeune colonie de Ville-Marie autant Jeanne a priorisé la vie intérieure et spirituelle. Bien que sa vie de recluse la tenait loin des tribulations de ce temps de fondation, elle s’en faisait toute proche par sa vie de prière et d’oblation comme on le verra plus loin. Mais tout en étant recluse, elle ne renonça jamais à la gestion avisée de son patrimoine familial qui lui permit de soutenir financièrement ses oeuvres matérielles, religieuses et caritatives.

L’on peut sans l’ombre d’un doute affirmer que se sont les femmes de son entourage immédiat qui ont semé en elle, le désir d’un accomplissement plus large et plus profond de sa vocation. Qu’il nous suffise d’évoquer sa tante Marie Le Ber (1644-1714) dite de L’Annonciation à ne pas confondre avec Marie de L’Incarnation, Jeanne Mance (1606-1673) qu’elle avait comme marraine et comme proche voisine et qu’elle fréquentait beaucoup dès sa tendre enfance et enfin Marguerite Bourgeoys (1620-1700). Juste à l’évocation de toutes ces femmes, on peut légitimement dire que la jeune colonie de Ville-Marie était entre bonnes mains.

Mais alors que le leg de notre histoire française et coloniale nous rappelle que Jeanne Mance fut la fondatrice de l’Hôtel-Dieu de Montréal, que Marguerite Bourgeoys fonda la Congrégation de Notre-Dame, qu’en est-il exactement de la contribution de Jeanne Le Ber? Pour les gens de son époque, mademoiselle Jeanne est non seulement la fille du riche marchand qu’est Jacques Le Ber mais elle est surtout la recluse de Ville-Marie.

Mais comment peut-on s’imaginer qu’une jeune fille dont la dot pouvait facilement se chiffrer à quelques 50 000 écus et qui était considérée comme l’un des meilleurs partis de la Nouvelle-France s’est « contentée » d’une vie de recluse? On peut risquer une réponse. Considérons simplement que sans rien enlever à la probité morale et à l’engagement religieux de Jacques Le Ber, sa fille Jeanne par sa vie de recluse fut en quelque sorte le pendant spirituel intérieur de la vie commerçante de son père. Bien que l’un ne dévalorise pas l’autre. D’ailleurs, l’aisance financière dont bénéficiat Jeanne, est tributaire de la réussite professionnelle de son père .

Cela dit, que savons-nous de Jeanne Le Ber? Que savons-nous de cette laïque-recluse que l’on nomme l’Ange de Ville-Marie? Elle est née le 4 janvier 1662 dans la colonie de Ville-Marie et baptisée le même jour par le père Gabriel Souart, celui-là même qui maria ses parents quelques années auparavant. De sa tendre enfance l’on sait peu sinon presque rien. De 1674 à 1677, donc entre 12 et 15 ans, elle fut pensionnaire au couvent des Ursulines à Québec. Elle est en bonne compagnie familiale puisque sa tante Marie Le Ber y enseigne.

Profitons-en pour présenter le projet éducatif dont bénéficiaient les jeunes pensionnaires des Ursulines. Au plan intellectuel, grammaire, arithmétique, catéchisme (cela va de soi) histoire et littérature. Bien que l’on puisse supputer qu’ici l’on parle d’histoire sainte et de littérature édifiante pour la vie de l’esprit, on ne doit pas perdre de vue que l’on avait le souci d’engendrer des filles lettrées.

Le second versant de ce projet éducatif était l’initiation aux arts dit féminins que sont la couture, le tricot, la dentelle, la broderie, le dessin et la calligraphie. Outre, l’appellation d’arts dits féminins qui peut nous faire sourire aujourd’hui, il appert que cette exigence de dextérité manuelle était vraiment hors du commun. Va pour la couture et le tricot qui permettaient la confection de vêtements du quotidien. Mais avec la dentelle, la broderie et la calligraphie, l’on peut vraiment parler d’art et de travail d’artiste.

Revenons maintenant à Jeanne. Alors que les Ursulines de Québec auraient bien apprécié la garder en leur sein, Jeanne rentre à Ville-Marie. Elle est maintenant âgée de 15 ans. À son retour, deux événements majeurs permettrons à la jeune fille de donner plus de lisibilité à sa vocation.

D’abord, en 1679, Jeanne est vivement affectée par la mort d’une jeune religieuse de la Congrégation de Notre-Dame dont elle s’était liée d’amitié. Année même où sa grande amie de quatre ans sa benjamine, Marie-Catherine Charly (1666-1719), entre au noviciat de la CND (elle sera supérieure générale de 1708 jusqu’à sa mort). Puis, un non-événement révélateur de sa vocation particulière. Par l’intermédiaire de son père, elle refuse une demande en mariage de ce qui à l’époque venait d’un bon parti. Ce refus confirma chez elle, et peut-être chez son entourage, la conviction que sa vocation personnelle, que l’état de vie qu’elle privilégiait, n’était point de nature conjugale et maternelle.

À l’âge de 18 ans, elle prend conseil auprès de l’abbé François Séguenot (1645-1727), un jeune prêtre sulpicien qui devint son confesseur jusqu’à la fin de sa vie. Ajoutons qu’en termes de direction de vie spirituelle, elle fut soutenue par les abbés Dollier de Casson, le supérieur des Messieurs de Saint-Sulpice à qui l’on doit une première rédaction d’une histoire de Montréal, l’abbé Vachon de Belmont et l’abbé Séguenot.

Mais si tant est que Jeanne ne soit pas attirée par le mariage, elle ne sent pas non plus le désir de vivre en communauté religieuse. Assez étonnant pour l’époque d’autant plus qu’elle en avait même l’embarras du choix puisqu’en Nouvelle-France, elle pouvait se faire Ursuline, Hospitalière de Saint-Joseph ou devenir membre de la Congrégation de Notre-Dame de sa grande amie Marguerite Bourgeoys.

Mais de par son tempérament et son type de dévotion, elle voulut une vie de recluse, c’est-à-dire une vie de solitude et d’oraison centrée sur le Saint-Sacrement de l’Eucharistie, sa pierre d’aimant comme elle aimait dire. L’abbé Séguenot en consultation avec son supérieur Dollier de Casson et l’abbé Vachon de Belmont qui sera son premier biographe, sont convenus d’un essai de cinq ans (1680-1685) d’une vie de recluse dans la maison familiale de Jeanne. Dans les circonstances, l’abbé Séguenot s’est employé à dresser à Jeanne une règle de vie où prière, lecture et travail manuel alternent.

Le 24 juin 1685, elle prononça un voeu simple de réclusion et de chasteté perpétuelle. En dépit de cela, Jeanne reste une femme libre d’esprit car autant en 1682 donc avant la prononciation de ses voeux, elle ne se rendit pas auprès de sa mère mourante (allant seulement prier au pied du lit à l’annonce de sa mort) autant en 1691 quand son frère Jean-Vincent fut tué par les Iroquois, elle se rendit près du corps et prit part aux préparatifs des obsèques. Elle fit de même en ce qui concerne la gestion de son patrimoine. Bien qu’elle épouse un style de vie qui la situe dans le sillage de la pauvreté évangélique, elle refusa, sous le conseil avisé de son directeur, d’aliéner ses biens et son patrimoine. Nous sommes loin ici d’un cas de contradiction. En effet, la situation matérielle de la jeune colonie exigeait une saine prudence au plan financier.

Puis après l’équivalent de quatorze années de vie dévote et de réclusion dans la demeure familiale (1680-1694), il est temps pour Jeanne de passer à autre chose et de franchir la grande étape qui correspondra au mieux à sa vie dévotionnelle et oblative. Le couvent de la soeur Bourgeoys ayant été la proie des flammes (1694), Jeanne s’engage à financer les travaux de reconstruction en échange de pouvoir habiter quelques trois petites pièces adjacentes à la chapelle d’où elle pourra à partir d’une petite lucarne (hagioscope) avoir une vue sur le tabernacle de la chapelle. La pièce du rez-de-chaussée lui servira de chapelle et de parloir avec fenêtre sur le tabernacle; le premier étage sera sa chambre à coucher et finalement, le grenier « hébergera », entre autres choses, le métier à tisser et le rouet de Jeanne.

Le 5 août 1695, la chapelle est prête pour accueillir Jeanne. Elle a maintenant 34 ans. Après la célébration des Vêpres, un cortège se met en branle pour se rendre à la maison familiale y cueillir Jeanne afin de l’escorter jusqu’à l’église où elle prendra « possession » de ses appartements qui lui feront office de réclusoir. C’est dans ce nouvel espace, qu’elle continuera à partager son temps entre la prière, la méditation, l’adoration, la messe et son travail manuel par lequel elle brodera des vêtements d’église, des linges d’autel et des vêtements pour les démunis. Sur sa porte, elle écrira C’est ici ma demeure pour les siècles des siècles. J’y demeurerai parce que je lay choisy.

À la faveur de la nuit, quand l’église est fermée et déserte, en toute discrétion, elle se rendait prier avec ferveur devant l’autel. C’est dans cette optique qu’elle institua la pratique de l’adoration diurne du Saint-Sacrement pour les religieuses de Marguerite Bourgeoys et qui deviendra plus tard une adoration perpétuelle (jour et nuit) pour la communauté religieuse dont elle est l’inspiratrice (les Recluses missionnaires).

Jeanne tombe malade vers la fin du mois septembre 1714 et meurt le 3 octobre de la même année soit le lendemain de la mort de sa tante Marie Le Ber, ursuline à Québec. Elle fut inhumée près de son père car ce dernier avait demandé d’être enterré dans l’église des soeurs afin d’être près de sa fille.

Jusqu’à présent, nous n’avons qu’effleuré la vie spirituelle de Jeanne, la recluse. Il serait de mise avant de terminer ce texte de nous y attarder un peu plus. Précisons tout de suite, que c’est vraiment à grands traits que nous allons esquisser ce sur quoi pouvait reposer la vie intérieure de Jeanne Le Ber.

Malheureusement, bien qu’étant lettrée, Jeanne Le Ber ne laisse aucun écrit qui nous permettrait de saisir précisément sa spiritualité. Par conséquent, nous devons nous rabattre sur deux éléments de sa vie nous permettant avec une certaine justesse d’inférer ce sur quoi reposait sa vie spirituelle.

Le premier élément concerne son désir d’être recluse et le deuxième a trait aux principaux personnages ecclésiastiques qui l’accompagnent dans son cheminement, en particulier, l’abbé Séguenot. On sait qu’elle avait lu dans les Écrits de Marie de l’Incarnation que celle-ci au moment de son veuvage retourna à la maison paternelle et y vécut en recluse dans une pièce de la maison. On sait que ce genre de vie de recluse en milieu familial est connu et documenté. Mais il y a plus, il semble que l’on peut rattacher ce vouloir-vivre comme recluse à l’institution médiévale des reclus et des recluses qui a perduré pendant plus ou moins un millénaire dans la vie de l’Église mais particulièrement du XIème au XVIIème siècle.

Le deuxième élément qui nous aide à saisir sa vie spirituelle concerne son entourage de conseillers en matière spirituelle. En effet, depuis 1657, les prêtres de la Société Saint-Sulpice sont arrivés à Ville-Marie pour pourvoir à la vie religieuse de la colonie. La spiritualité sous-jacente à ces prêtres s’inscrit dans le vaste mouvement de renouveau religieux et spirituel issu du Concile de Trente (1545-1563). Si le XVIème siècle avait été le Siècle d’or de l’Espagne catholique en matière de renouveau spirituel, le XVIIème fut selon l’expression de l’historien Henri Bremond le siècle de l’École française de spiritualité. Au coeur de cette École française, quatre grands noms Condren, Bérulle, Olier et Jean Eudes.

Ce sont surtout les écrits du cardinal Bérulle qui marquent les esprits de l’époque et qui vont faire école allant même jusqu’à parler d’École bérulienne plutôt que d’École française. De manière très synthétique et schématique disons que cette école de spiritualité met l’accent sur le mystère de l’Incarnation qui nous conduit inévitablement à la charité agissante. Jean-Jacques Olier, fondateur des prêtres de  Saint-Sulpice s’inscrit dans ce mouvement de renouveau et ce sont ces mêmes prêtre qui sont dans l’entourage de Jeanne Le Ber. Donc, il y a tout lieu de penser que tout le programme des exercices d’oraison et de dévotion dont on a parlé plus haut auxquels se prêtait Jeanne était nourri de cette spiritualité.

Ainsi, la vie intérieure de Jeanne Le Ber se trouve en quelque sorte aux confluents de deux traditions ecclésiales. La première ayant trait au mode de vie des reclus et recluses au Moyen-Âge et la seconde s’inscrivant dans le courant dominant du renouveau spirituel de son époque à savoir la spiritualité bérulienne.

En guise de conclusion disons simplement que si Jeanne Le Ber ne nous a laissé aucun écrit particulier, ses mains au lieu de manier la plume ont préféré coudre et broder nous laissant plutôt quelques oeuvres matérielles de linges d’autel et de vêtements liturgique. Mais le plus important à mes yeux, c’est que Jeanne Le Ber est cette recluse de chez nous dont la vie depuis une soixantaine d’années inspire une communauté religieuse de recluses qui subsiste comme un chêne à Montréal où une vingtaine de moniales recluses perpétuent, à leur manière et avec les adaptations nécessaires, la vie et le souvenir de Jeanne Le Ber. C’est autant cette communauté religieuse contemplative que Jeanne Le Ber que nous saluons aujourd’hui par ce texte.

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE

DEROY-PINEAU, Françoise, Jeanne Le Ber. La recluse au Coeur des combats, Bellarmin, Bellarmin, 2000.

DION, Marie-Paule, « La recluse de Montréal, Jeanne Le Ber », Église et Théologie, 22,1991, p.39

SIMARD, Thérèse, Jeanne Le Ber. Un itinéraire, Novalis, Montréal, 2014.

TREMBLAY, Monique, « Jeanne Le Ber en marche vers la vénérabilité », Signes, Vol. 50, Juillet-Septembre 2015.

LIENS UTILES

http://reclusesmiss.org/wp/

http://www.maisonsaint-gabriel.qc.ca/index.php

SOURCE : https://ville-marie-express.quebec/index.php/2015/10/04/jeanne-le-ber-1662-1714/

Plan approximatif de la maison des soeurs de la Congrégation de Notre-Dame incendiée en 1768
Sources: R. Lahaise,"Les édifices du Vieux-Montréal". Archives: Congrégation de Notre-Dame. Graphisme: © Georges Bellemare, 2017


LE BER, JEANNE, célèbre recluse, née le 4 janvier 1662, à Montréal, du mariage de Jacques Le Ber et de Jeanne Le Moyne, décédée au même endroit le 3 octobre 1714.

Jeanne Le Ber, qui fut baptisée le jour de sa naissance par l’abbé Gabriel Souart*, eut Maisonneuve [Chomedey*] pour parrain et Jeanne Mance* pour marraine. Très jeune encore elle s’intéressait à la vocation religieuse et rendait de fréquentes visites à Jeanne Mance et aux religieuses hospitalières. Pour couronner ses études, elle passa trois ans, de 1674 à 1677, pensionnaire au couvent des Ursulines de Québec où enseignait sa tante, Marie Le Ber, dite de l’Annonciation. Jeanne fit grande impression sur les Ursulines par ses nombreux actes de renoncement, de sorte que ces religieuses furent très déçues de la voir retourner, à l’âge de 15 ans, dans sa famille à Montréal. C’était une jeune fille d’un esprit méditatif, repliée sur elle-même et peu expansive, qui consacrait une grande partie de ses journées à la prière et à l’adoration du Saint Sacrement. L’amitié qui la liait à Marguerite Bourgeoys* allait grandement influencer son avenir.

Cependant, elle semblait assez fière de son appartenance à un rang social élevé, et il lui faisait toujours plaisir de voir ses qualités et ses talents mis en évidence et lui attirer des éloges. Fille unique de Jacques Le Ber – elle avait trois frères, plus jeunes qu’elle – Jeanne, dont la dot se montait à quelque 50 000 écus, était considérée, à juste titre, comme l’un des meilleurs partis de la Nouvelle-France.

Profondément affectée par la mort d’une religieuse de la congrégation de Notre-Dame en 1679, elle chercha conseil auprès de l’abbé Seguenot, prêtre sulpicien et curé de la paroisse de la Pointe-aux-Trembles (Montréal), qui allait rester son confesseur par la suite. Jeanne décida alors de mener une vie de recluse pendant cinq ans et, avec la permission de ses parents, elle se retira dans une cellule située à l’arrière de la chapelle de l’Hôtel-Dieu, chapelle qui servait d’église paroissiale à l’époque. Elle multiplia les actes de mortification : elle portait un cilice sous ses vêtements et des chaussures faites de paille de blé d’Inde ; elle se refusait à tout entretien avec sa famille et avec ses amis, et on dit même qu’elle se flagellait. Elle ne sortait de sa réclusion que pour assister à la messe chaque jour.

Jeanne ne se décidait pas à entrer dans un ordre religieux et à prononcer des vœux perpétuels, mais il devint évident qu’elle était bien décidée à fuir la vie attrayante que lui offrait sa famille. En novembre 1682, elle ne voulut même pas se rendre auprès de sa mère mourante, et plus tard elle refusa d’assumer la tenue de la maison pour son père, devenu veuf.

Elle préféra, le 24 juin 1685, prononcer un vœu simple de réclusion, chasteté et pauvreté perpétuelles. Ses directeurs spirituels, les abbés Dollier de Casson et Seguenot, l’encouragèrent à continuer ses pratiques pieuses. Son état de pauvreté et d’isolement n’était toutefois pas absolu puisque, comme il convenait à une personne de son rang, elle retint auprès d’elle durant toutes ses années de réclusion une suivante, sa cousine Anna Barroy, qui veillait à ses besoins matériels et l’accompagnait à la messe. Se disant faible physiquement, elle ne se privait pas de viande comme le faisaient les adeptes de l’observance rigoureuse au xviie siècle. Quand son frère Jean-Vincent fut tué par les Iroquois en 1691, ses vœux ne l’empêchèrent pas de se rendre auprès du corps et de prendre part aux préparatifs des obsèques. À la même époque elle s’occupait aussi d’affaires, ne se sentant pas tenue par ses vœux de se départir de ses biens. Elle céda la ferme de Pointe Saint-Charles à l’Hôpital Général des frères Charon. Ses directeurs spirituels pouvaient suspendre la règle du silence qu’elle s’était elle-même imposée, et il ne semble pas qu’on lui ait refusé la permission de recevoir des visiteurs chaque fois qu’elle le désirait. Ainsi, en 1693, elle eut une longue conversation avec M. de La Colombière qui désirait réintégrer la compagnie des Sulpiciens.

Quand elle apprit que les sœurs de la Congrégation projetaient de construire une église sur leur propriété, elle leur fit un don généreux à condition qu’on lui réservât juste derrière l’autel un appartement d’où elle pût voir le Saint Sacrement sans quitter son logis. L’appartement, construit selon ses instructions précises, comportait trois pièces superposées : au rez-de-chaussée, une sacristie où elle se confessait et recevait la communion ; à l’étage, une chambre à coucher très simple ; et, au-dessus, un atelier. De la sacristie, une porte donnait sur le jardin des religieuses. Dollier de Casson signa à titre de témoin le contrat qui fut passé devant le notaire Basset* et selon lequel les sœurs de la Congrégation s’engageaient à lui fournir le vêtement, la nourriture et le bois de chauffage, à offrir chaque jour des prières à son intention, et à la servir en l’absence de sa suivante. En retour, Jeanne Le Ber faisait don des fonds nécessaires à la construction et à la décoration de l’église et d’une rente annuelle de 75#.

Jeanne prononça les vœux solennels de réclusion le 5 août 1695, au cours d’une cérémonie à laquelle assistaient un grand nombre de curieux. Elle consacra beaucoup de son temps à la broderie et à la confection de vêtements d’église et de linge d’autel. Elle passait six ou sept heures par jour dans la prière et la méditation, et recevait la communion quatre fois par semaine. Quand les religieuses de la Congrégation se retiraient pour la nuit, Jeanne restait des heures prostrée devant l’autel de l’église déserte et silencieuse. Au dire de son confesseur, elle ne trouvait pas dans ses actes d’abnégation la consolation absolue et les exercices religieux lui étaient toujours un fardeau.

Elle institua la pratique de l’adoration perpétuelle du Saint Sacrement et fit cadeau d’une somme de 300# aux religieuses de la Congrégation pour en assurer l’observance. Elle leur donna en outre un montant de 8 000# pour la célébration perpétuelle du Saint Sacrifice, et aussi le tabernacle, le ciboire, le calice, l’ostensoir et une lampe en argent pour la chapelle.

Jeanne Le Ber, qui était très célèbre dans toute la colonie, continuait de recevoir de temps à autre de distingués visiteurs. À son retour de France en 1698, l’évêque de Québec, Mgr de Saint-Vallier [La Croix], lui rendit visite accompagné de deux Anglais dont un était pasteur. Son père allait la voir deux fois par an. Il avait demandé d’être inhumé dans l’église des sœurs de la Congrégation pour être près de sa fille. On acquiesça à sa demande mais, au grand désappointement des curieux, Jeanne n’assista pas à ses obsèques.

En septembre 1714, atteinte d’une maladie grave qui allait d’ailleurs l’emporter, elle se départit du reste de ses biens. Elle légua aux religieuses de la Congrégation tous ses meubles et une somme de 18 000# dont le revenu devait servir à l’entretien de sept pensionnaires. Elle mourut le 3 octobre et fut inhumée près de son père.

C. J. Jaenen

ACND, M1.— AHDM, Annales.— AHDQ, Annales.— Jug. et délib., VI : 671.— [Vachon de Belmont], Éloges de quelques personnes mortes en odeur de sainteté à Montréal, en Canada, divisés en trois parties, RAPQ, 1929–30 : 143s.— M. Beaupré, Jeanne Le Ber, recluse du Canada français (Montréal, 1939).— [É.–M. Faillon], The Christian Heroine of Canada ; or life of Miss Le Ber (Montréal, 1861), traduction de L’héroïne chrétienne du Canada. Vie de Mlle Le Ber (Ville-Marie [Montréal], 1860).— The Oxford Companion to Canadian History and Literature, Norah Story, édit. (Toronto, 1967), 446.— C.–H Barbeau, « Jeanne Le Ber, sainte artisane », CF, 2e sér., XXVI (1939) : 514–528.

Bibliographie générale

© 1969–2024 Université Laval/University of Toronto

SOURCE : https://www.biographi.ca/fr/bio/le_ber_jeanne_2F.html

 Soeur Jacqueline Poirier, r.m. (recluse missionnaire)Portrait de Jeanne Le Ber, peinture, 1980


Sainthood cause opened for Montreal laywoman

By  Laura Ieraci, Catholic News Service

November 19, 2015

MONTREAL - Calling her a star in a “constellation of holiness,” Montreal Archbishop Christian Lépine has opened the cause for sainthood of a 17th-century Montreal laywoman.

The Archdiocese of Montreal officially opened the cause for Jeanne Le Ber Oct. 28, and interviews began Nov. 12 seeking testimony on the authenticity of Le Ber’s writings, as well as on her heroic virtues and her reputation for sainthood.

Le Ber’s postulator, Sr. Monique Tremblay, CND, said Le Ber witnesses that “the profound meaning of life is to know that one is loved by God and to discover His continual presence in their lives.” Young people in search of meaning are attracted to Le Ber, as well as people who are alone, who discover new meaning in their solitude, said Tremblay.

Jeanne Le Ber was born in 1662 to two of the first French settlers in Montreal, then-called Ville Marie. Her godparents were the founders of the colony, Jeanne Mance and Paul Chomedey de Maisonneuve. At a young age, Le Ber felt the call to the contemplative life of a recluse.

A student of St. Marguerite Bourgeoys, who founded the Congregation of Notre Dame, Le Ber was counselled by a Sulpician to live her vocation as a laywoman, maintaining and administering her inheritance for the benefit of the fledgling colony. Once a recluse, she helped St. Marguerite by funding schools and paid for the education of poor children.

Le Ber’s life consisted mostly of prayer, Eucharist and adoration. She also embroidered intricate liturgical vestments, some of which are on exhibit at Montreal’s Maison Saint-Gabriel, operated by the CND sisters.

Though a laywoman, her spirituality inspired the foundation of a women’s monastery in 1943. The Recluse Sisters, whose monastery is located in Montreal’s East End, model their cloistered lives on Le Ber.

Le Ber’s spirituality is described as the “spirituality of the two windows” — one through which she received her food, news of the growing colony and prayer petitions from the colonists, and the other through which she could gaze upon the Blessed Sacrament in the chapel, adjacent to her cell.

Le Ber died in 1714, and her remains, which were thought to be lost, were only found on property belonging to the CND sisters in 1991. In 2001, the CNDs decided to begin promoting her cause. By 2005, the CNDs moved her remains to their chapel in Old Montreal, Notre-Dame de Bon Secours, where St. Marguerite Bourgeoys is also buried.

Sr. Louise Lemieux of the Recluse Sisters said the official opening of the cause elicited “feelings of great joy, pride and thanksgiving to God” among the sisters. Since their monastery’s founding, the community “never ceased praying and inviting people to ask for the intercession of Jeanne Le Ber,” said Lemieux.

Lépine celebrated a Liturgy of the Word at the Sacred Heart Chapel of Notre-Dame Basilica to officially open the cause. In his homily, he said Le Ber had “a pure thirst for God,” which leads people even today to reflect on whether they place God first in their own lives.

Le Ber’s example of holiness is important, he said, because it points to the Eucharist and to perseverance in faith.

“Holiness happens in constellations,” said Lépine, reflecting on the historic period in which Le Ber lived, marked by the zeal to evangelize the New World.

“Let us turn to God,” he told the 90 people gathered, “so that this star, part of a constellation of holiness present at the foundation of Montreal, may be more widely known and may shine for Montreal today.”

A biography of Le Ber is being compiled, which along with the testimonies will be submitted to the Vatican’s Congregation for the Causes of the Saints in a positio. Tremblay said the whole process is expected to take several months, which is rather quick compared with the nearly 300 years it took to get to this point.

“Many sisters of the Congregation of Notre Dame have been hoping for this day for a long time,” said Tremblay. “It is therefore a great joy.”

(Ieraci is a freelance writer in Montreal.)

SOURCE : https://www.catholicregister.org/item/21302-sainthood-cause-opened-for-montreal-laywoman

Parement d’autel dit de la Colombe du Saint-Esprit terminé vers 1700. Broderie préservée à la sacristie de la Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Montréal


Opening of the diocesan tribunal in the cause of the Servant of God Jeanne Le Ber

15-06-2023

On May 17, 2023, in Notre-Dame-de-Bon-Secours Chapel, a celebration was held for the opening of the diocesan tribunal in the cause of the Servant of God and mystical recluse Jeanne Le Ber. The date selected was clearly in reference to the close association between Montreal's first stone chapel and the great faith story of Ville-Marie, which was founded May 17, 1642, and dedicated to the Virgin Mary. The choice of location also reflects the close bond linking Jeanne Le Ber and Saint Marguerite Bourgeoys, the chapel's foundress. For us, the choice was self-evident, the remains of Jeanne Le Ber and the tomb of Saint Marguerite both being located here. Many visitors stop by Jeanne's remains to pray, some write a prayer to place in the prayer box, a witness to the general interest in this fine and noble cause. 

It was with great joy that we welcomed Archbishop Christian Lépine, Georges Bellemare, Vice-Postulator of the cause, and the members of the tribunal: Fr. Aleksander Dudik, judge and president; Fr. Julien Huron, promotor of justice; Fr. Yvon Lavoie, vice-president; Ms. Anne-Marie Bragagnolo, notary-secretary; and Mr. Denis Morin, notary-secretary.  Members of Jeanne Le Ber's family were also present, including her cousin, Mary-Ange Hurstel née Le Moyne de Martigny, her husband and their nephew Michel-Antoine Budin, son of Véronique Budin, née Le Moyne de Martigny. Several priests and nuns (recluses, religious hospitallers and sisters of the Congrégation de Notre-Dame) were also present, as well as persons in support of Jeanne's cause.

Fr. Guy Chapdelaine acted as master of ceremonies for the celebration, the first part of which was a celebration of the Word. Following the proclamation of the decree opening the canonical inquiry into the cause for the canonization of the Servant of God Jeanne Le Ber, a faithful Christian of Montreal, the five members of the tribunal and the three members of the historical commission were sworn in.  
What a wonderful day to go down in the history of Notre-Dame-de-Bon-Secours Chapel, which is celebrating its 250th anniversary this year. We remain hopeful that Jeanne will finally succeed in taking this first step, with the title of Blessed, towards canonization. 

SOURCE : https://www.diocesemontreal.org/en/news-and-info/latest-news/opening-diocesan-tribunal-cause-servant-god-jeanne-ber

Blessed Jeanne Leber

Recluse

(1662-1714)

Blessed Jeanne Leber is a native Canadian Saint, born in January 1662 at Montreal. She was the only daughter of a young immigrant couple from Normandy in France, and the godchild of two of the city's founders, Monsieur de Maisonneuve and Mademoiselle Jeanne Mance, foundress of the city's first hospital. The little girl often asked her godmother profound questions concerning religion, such that the Hospital nuns were amazed. Her parents cultivated the excellent qualities of their daughter, and she was sent to be educated in Quebec City by the Ursuline nuns.

Jeanne spent hours praying before the Blessed Sacrament, thus showing from her early years her tendency toward a purely contemplative life. She used to talk with the Angels, and she charmed everyone by her gentleness and simplicity. She was gay in company and accepted willingly the roles she was assigned to play in the little dramatic presentations of her school. One day, as Christmas was nearing, she asked to play the role of the Infant Jesus. The others were surprised and questioned her as to her reason. She answered gravely: The Divine Child does not say a word and does not move, and I would like to imitate Him in all things! At the age of fifteen she returned to Montreal, to continue her formation under the supervision of Saint Marguerite Bourgeoys, the foundress there of another new missionary Community, The Congregation of Notre Dame, for the training of the young.

In 1680 Jeanne's vocation was studied, after she had made a private vow of perpetual virginity at the age of seventeen, which a priest ratified. A close friend who like herself had wanted to serve God alone, died suddenly; and Jeanne's resolution was strengthened at the sight of the profound peace on the countenance of her deceased and dear companion. She wanted to imitate Catherine of Siena, and make herself a recluse in her father's house. She refused the offer of a brilliant marriage; her confessor felt he could not oppose her pious intention but required that she obtain her parents' consent. They did not long oppose her, for her director from childhood, a priest of Saint Sulpice, Monsieur Seguenot, favored her vocation. She remained submissive to her director until her death, and never sought any other.

Never would her determination be altered. Jeanne said: I must die to the world. Long live Jesus! But the emission of solemn vows which she ardently desired to pronounce, was prudently deferred for several years. After the death of her mother, as a recluse in a house of the Congregation of Notre Dame she was lodged very close to the Tabernacle, the source of her hope and her strength; her room adjoined the Chapel wall against which it was placed. She observed a very strict poverty in clothing, shoes, furnishings; she took a common and rude nourishment, often limiting herself to bread and water, or taking scarcely enough to sustain her life. During her twenty years in this convent, she rose every day at 4 o'clock, from Easter until November 1st, and the rest of the year at 4:30. She recited the Office of the Blessed Virgin and heard Holy Mass; she did spiritual reading twice and offered several hours of mental prayer every day. She rose every night for another hour of prayer. To avoid any idleness she did handwork, sewing or knitting for the poor, or made sacerdotal vestments or altar decorations. She was very expert in embroidery, and worked with wool, silk, gold and silver thread with equal competence, making her own patterns without ever having studied drawing and design. She was said to have furnished all of Montreal with chasubles, copes, dalmatics, altar cloths and other precious articles for its churches.

In 1714 she fell ill with an oppression of the chest and fever, and was obliged to remain in bed and commanded to use sheets and a mattress, which she had never done. She recognized that her last hour was at hand and disposed of everything in her usage. She begged pardon when her cough became uncontrollable and despite her efforts not to do so, disturbed those in the chapel adjoining her humble cell. She died on October 3, 1714, at the age of fifty-two years.

Jeanne LeBer, Première Recluse du Canada Français by Marie Beaupré (Editions ACF: Montreal, 1939); Dans le nid d'Aiglons, la Colombe, by Leo-Paul Desrosiers (Fides: Montreal, 1963); Jeanne LeBer, by Juliette Lavergne. Brochure (Fides: Montreal, 1947).

SOURCE : https://sanctoral.com/en/saints/blessed_jeanne_leber.html

Jeanne Le Ber

Jeanne Le Ber was born on January 4, 1662 in Ville-Marie (Montreal). She is baptized the same day and Paul de Chomedey de Maisonneuve is her godfather and Jeanne Mance her godmother. At an early age she feels attracted by the presence of Jesus in the Blessed Sacrament and enjoys silence and prayer. To complete her formal education she spends three years, 1674 to 1677, as a boarder with the Ursulines in Quebec, where her aunt teaches. The Ursulines are impressed by her many acts of self-denial and are disappointed when, at the age of fifteen, she returns to her family in Montreal.

She is a pensive, withdrawn, and introverted young lady, who daily spends much time in prayer and in adoration of the Sacrament. In accordance with her confessor, when she turns eighteen, she decides to live a secluded life. With her parents’ permission she retires to a cell at the rear of the church of the Hôtel-Dieu, which serves as parish church at that time. Jeanne Le Ber remains undecided about entering a regular order and taking permanent vows; nevertheless, her determination to shun the attractive life her family offered becomes evident.

On June 24, 1685, she takes a simple vow of perpetual seclusion, chastity, and poverty. When she hears that the Sisters of the Congrégation de Notre-Dame plan to build a church on their property she gives them generous financial assistance on condition that they reserve for her a three-room apartment directly behind the altar, so that she can view the Blessed Sacrament without leaving her quarters. On August 5, 1695, she takes the solemn vows of a recluse. She spends much time in making church vestments and altar cloths and in fine embroidery. Six or seven hours a day are devoted to prayer and meditation, she receives communion four times a week.

She introduces the practice of the perpetual adoration of the Blessed Sacrament and makes a donation to the Sisters of the Congrégation for its observance. Throughout the colony she enjoys a great fame and continues to receive distinguished visitors from time to time. She dies on October 3 and is buried next to her father.

LINK: http://reclusesmiss.org/wp/

SOURCE : https://crc-canada.org/en/biographies/jeanne-le-ber/

Diane Bérubé, Portrait de Jeanne Le Ber, peinture, 2022


LE BER, JEANNE, famed recluse; b. 4 Jan., 1662 at Montreal, daughter of Jacques Le Ber and Jeanne Le Moyne; d. 3 Oct. 1714 at Montreal.

Jeanne Le Ber was baptized the day she was born by Abbé Gabriel Souart*, Maisonneuve [Chomedey*] being her godfather and Jeanne Mance* her godmother. At an early age she was interested in a religious vocation and frequently visited Jeanne Mance and the Hospitallers. To complete her formal education she spent three years, 1674 to 1677, as a boarder with the Ursulines in Quebec where her aunt, Marie Le Ber de l’Annonciation, taught. The Ursulines were impressed by her many acts of self-denial and were disappointed when, at the age of 15, she returned to her family in Montreal. She was a pensive, withdrawn, and introverted young lady, who daily spent much time in prayer and in adoration of the Sacrament. A friendship with Marguerite Bourgeoys* was greatly to influence her future.

Jeanne Le Ber seemed to savour the social status of her family, however, and always enjoyed prominence and praise for her virtues and talents. As the only daughter (she had three younger brothers) of Jacques Le Ber, with a dowry of approximately 50,000 écus, she was rightly considered the most eligible girl in New France.

The death of one of the sisters of the Congrégation de Notre-Dame in 1679 profoundly affected her; she sought the guidance of Abbé Seguenot, Sulpician parish priest at Point-aux-Trembles (Montreal) who was to remain her confessor, and decided to live a secluded life for a five-year period. With her parents’ permission she retired to a cell at the rear of the church of the Hôtel-Dieu, which served as parish church at that time. Her practices of self-mortification increased: she wore an undergarment of haircloth and corn-husk shoes, she refused to communicate with her family or friends, and she reportedly practised self-flagellation. She left her seclusion only to attend daily mass.

Jeanne Le Ber remained undecided about entering a regular order and taking permanent vows; nevertheless, her determination to shun the attractive life her family offered became evident. In November 1682 she refused to leave her cell to attend her dying mother and later refused to assume the management of the household for her widowed father.

Instead, on 24 June 1685 she took a simple vow of perpetual seclusion, chastity, and poverty. Her spiritual directors, the Abbés Dollier de Casson and Seguenot, encouraged her to continue her pious observances. Her poverty and seclusion, however, were somewhat tempered by the fact that, befitting her social rank, she retained throughout her years of withdrawal from the world an attendant, her cousin Anna Barroy, who saw to her physical requirements and accompanied her to mass. Pleading frailty, she did not abstain from meat as did strict observers in the 17th century. When her brother Jean-Vincent was killed by the Iroquois in 1691, her vows did not prevent her viewing his body and assisting with funeral arrangements. At the same time she attended to a number of business matters, for she had not felt obliged by her vows to divest herself of her property. She ceded the farm at Pointe Saint-Charles to the Hôpital Général of the Charon brothers. Her self-imposed rule of silence was subject to amendment by her spiritual director, and she does not seem to have been refused permission to receive visitors whenever she desired. In 1693, for example, she had a long conversation with M. de La Colombière who wished to re-enter Saint-Sulpice.

When she heard that the sisters of the Congrégation planned to build a church on their property she gave them generous financial assistance on condition that they reserve for her a three-room apartment directly behind the altar, so that she could view the blessed sacrament without leaving her quarters. The apartment was built to her specifications, one room at each of three levels: the lower storey, a vestry for confessions and communion, with a door to the sisters’ garden; the second storey, a simple bedchamber; the upper level, a workroom. Dollier de Casson witnessed the agreement drawn up by the notary Basset, whereby the sisters of the Congrégation promised to supply food, clothing, and fuel, to offer daily intercessions, and to wait on her whenever her lady-in-waiting was absent. In return Jeanne Le Ber provided the capital funds for building and decorating the church and an annual income of 75 livres.

On 5 Aug. 1695 she took the solemn vows of a recluse at a ceremony attended by scores of curious colonists. She spent much time in making church vestments and altar cloths and in fine embroidery. Six or seven hours a day were devoted to prayer and meditation, communion was received four times a week; and when the sisters of the Congrégation retired for the night Jeanne Le Ber would spend hours prostrate before the altar of the deserted and silent church. According to her confessor she did not find complete consolation in her self-abnegation and her religious exercises were always burdensome to her.

She introduced the practice of the perpetual adoration of the Blessed Sacrament and made a gift of 300 livres to the sisters of the Congrégation for its observance. Another 8,000 livres provided for perpetual masses. She also presented them with the tabernacle, ciborium, chalice, ostensorium, and a silver lamp for the chapel.

Throughout the colony she enjoyed a great fame and continued to receive distinguished visitors from time to time. In 1698, Bishop Saint-Vallier [La Croix], returning from France, accompanied two English gentlemen, one of them a Protestant minister, on a visit to her. Her father visited her twice a year. His request to be buried in the church of the sisters of the Congrégation to be near his daughter was granted, but Jeanne, to the disappointment of the curious, did not attend his funeral.

When a final illness overtook her in September 1714 she divested herself of her remaining possessions. The sisters of the Congrégation received 18,000 livres, the revenue of which maintained seven boarders, and all her furniture. She died on 3 October and was buried next to her father.

C. J. Jaenen

ACND, M1, Écrits autographes de sœur Marguerite Bourgeois. AHDM, Annales. AHDQ, Annales, 1636–1716. Jug. et délib., VI, 671. “Éloges de quelques personnes mortes en odeur de sainteté à Montréal, en Canada, divisés en trois parties,” APQ Rapport, 1929–30, 143f. Norah Story, The Oxford companion to Canadian history and literature (Toronto, 1967), 446. Marie Beaupré, Jeanne LeBer, première recluse du Canada français (1662–1714) (Montréal, 1939). [É.-M. Faillon], The christian heroine of Canada; or, life of Miss Le Ber (Montréal, 1861), a translation of L’héroïne chrétienne du Canada; ou, Vie de Mlle Le Ber (Ville-Marie [Montréal], 1860). C.-H. Barbeau, “Jeanne Le Ber, sainte artisane,” CF, 2e sér., XXVI (février 1939), 514–28.

General Bibliography

© 1969–2024 University of Toronto/Université Laval

SOURCE : https://www.biographi.ca/en/bio/le_ber_jeanne_2E.html


The Life of Mademoiselle Jeanne Leber

News

24 March 2023

Manuscript 1216 of the Archives of Saint Sulpice in Paris

The life of Mademoiselle Jeanne Leber, preserved in the Archives of Saint Sulpice in Paris, manuscript 1216, was composed by Étienne Montgolfier in 1779. A priest of Saint Sulpice, he dedicated himself in 1751 to the Sulpician mission in Montreal, of which he was named superior in 1759. The Sulpicians being lords of the island, this appointment made Montgolfier the parish priest of Montreal, the Vicar General of the Bishop of Quebec, the ecclesiastical superior of the religious congregations in his domain (Hospitallers of Saint Joseph, Congregation of Notre Dame, Grey Nuns), and finally the administrator of the Sulpician seigneury. Coinciding with the conquest of Canada by the British Crown, Étienne Montgolfier administered the diocese in a difficult political and religious context before the arrival of Bishop Jean-Olivier Briand, whom he supported as best he could, in his capacity as Vicar General, until his resignation as Superior of Saint Sulpice in Montreal in 1789.

The devastating fire at the mother house of the Congregation of Notre Dame, which occurred in 1768, led him to reconstitute their archives based on those of the Seminary of Saint Sulpice in Montreal. Thus, he composed this Life of Jeanne Le Ber based on the testimonies of several nuns who had personally known her.

Preserved in the Archives of Saint Sulpice in Paris under inventory number 1216, the Life of Mademoiselle Jeanne Leber constitutes one of the principal sources on the life of this recluse. It must be supplemented by the biography that the Sulpician François Vachon de Belmont wrote in 1720 shortly after her death in 1714. Manuscript 1232 is also kept in the Archives of Saint Sulpice in Paris (inventory number 1232).

Résumé of Jeanne Le Ber’s Life

Jeanne Le Ber was one of the great religious figures of early New France (Canada).

The second child and only daughter of Jacques Le Ber, a great merchant in Canada, and Jeanne Le Moyne, sister of the Baron de Longueil, Jeanne was born in Ville-Marie (Montreal) on January 4, 1662. The first governor of Montreal, Monsieur Paul de Chomedy de Maisonneuve, was her godfather, and Jeanne Mance was her godmother when her parents had her baptized on the day of her birth by Gabriel Souart, a priest of Saint Sulpice.

Montreal was then a small colony on the alert, threatened by regular incursions since its foundation in 1642. French missionaries tried to prosper in this distant land in order to spread the gospel among the native populations.

At the age of 12, Jacques Le Ber decided to entrust his daughter's education to the Ursuline Sisters in Quebec City where she met her aunt, known as Marie of the Annunciation, who was involved in the education of young boarders at the Ursuline convent. Jeanne Le Ber spent three years there as a boarder, from 1674 to 1677. It was there that she learned the art of embroidery, which made her famous for the large number of altar cloths she made throughout her life. She was only 15 years old when she returned to her family in Montreal. From then on, her parents forced her to dress according to her social status, in order to find her an advantageous match in this mission land.

This stance did not take into account the intimate and profound vow that Jeanne had formed internally by choosing to renounce the world. Her desire to fulfill this vow turned her first to the nuns of the Hôtel-Dieu (Hospital) and then to the Congregation of Notre Dame, where she befriended Sister Marguerite Bourgeoys, who was the principal figure. However, not feeling called to community life, Jeanne Le Ber committed herself to a life of recollection within the family home, thus thwarting the plans that her pious parents had formed for her.

In 1679, Jeanne Le Ber took as her confessor Father François Seguenot, a Sulpician and parish priest of Pointe-aux-Trembles (Montreal). On his advice, Jeanne decided to live a recluse’s life for five years. So, with the permission of her parents, she retired to a cell located behind the chapel of the Hôtel-Dieu de Montréal, founded by Jeanne Mance. It was at that time used as the parish church. There she multiplied acts of mortification, even wearing a hair-shirt under her clothes. She took a vow of silence, refusing to talk to her family and friends. It is said that she even flogged herself as a form of mortification. Jeanne only left her seclusion to attend daily Mass.

On June 24, 1685, she renewed her vows of reclusion, chastity, and poverty. Her spiritual directors, the Sulpician priests, François Dollier de Casson and François Seguenot, encouraged her to follow this path. Her life of poverty and seclusion did not prevent her from keeping her cousin Anna Barroy with her throughout her years. Anna took care of her material needs while accompanying her to Mass, as was appropriate for a person of her rank. She did not refrain from taking care of her business affairs either, not feeling obliged by her vows to dispose of her possessions. Thus, she gave the farm at Point Saint-Charles to the General Hospital of the Charon brothers in Montreal. Her spiritual directors could, moreover, suspend her self-imposed rule of silence, and it does not seem that she was refused permission to receive visitors when she wished.

When the sisters of the Congregation of Notre Dame planned to build a church on their property, Jeanne made a generous gift to them so that a cell could be reserved just behind the altar from which she could see the Blessed Sacrament, without having to leave her place of seclusion. The dwelling, built according to her instructions, had three rooms on top of each other. On the first floor, there was a sacristy where she went to confession and received communion. Also on the first floor, there was a very simple bedroom; and above that, a workshop where she went to do her needlework. From the sacristy, a door opened onto the nuns’ garden. Dollier de Casson signed as a witness the contract that was made before the notary, M. Basset, according to which the Sisters of the Congregation undertook to provide her with clothing, food and firewood, to offer prayers for her every day, and to serve her in the absence of her cousin. In return, Jeanne Le Ber donated the funds necessary to build and decorate the church of the Sisters of the Congregation of Notre Dame. Jeanne also agreed to pay them an annual annuity of 75 ecus.

Thus, the heiress and goddaughter of the founders of Montreal, formerly known as Ville-Marie, chose reclusion as the path for her journey to God, by deciding to cloister herself completely in 1695 in the hermitage (“reclusoir”) she had built—with the money initially provided by her father for her dowry—behind the chapel of the boarding school of the Congregation of Notre Dame.

Jeanne took her solemn vows of reclusion on August 5, 1695, in a ceremony attended by Marguerite Bourgeoys herself.

Jeanne devoted much of her time to embroidery and the making of church vestments and altar linens, spending six or seven hours a day in prayer and meditation, and receiving communion four times a week.

It was she who instituted perpetual adoration of the Blessed Sacrament among the nuns of the Congregation of Notre Dame. In order to achieve this goal, she gave this Congregation several substantial donations. She also provided them with the liturgical furnishings necessary for the perpetual celebration of the Holy Sacrifice of Jesus: tabernacle, ciborium, chalice, and monstrance, as well as a silver lamp for the chapel.

Jeanne Le Ber, who was well known in the colony, continued to receive visitors from time to time. Her father visited her twice a year and asked to be buried in the church of the Congregational Sisters to remain close to his venerable daughter beyond death.

In September 1714, Jeanne became seriously ill with a disease that would soon take her away. She therefore decided to dispose of the rest of her possessions by bequeathing to the nuns of the Congregation all her furniture, as well as the sum of 18,000 ecus, the income from which was to be used for the maintenance of seven boarders, before she breathed her last on the morning of October 3. She was buried next to her father near her hermitage.

Her remains now rest in the Notre-Dame-de-Bon-Secours chapel in Montreal, where the remains of Saint Marguerite Bourgeoys are also located.

The Cause of Jeanne Le Ber

More than 300 years after the death of this saintly recluse, the Church of Montreal has never forgotten her. Archbishop Christian Lépine opened the diocesan process for the beatification of Jeanne Le Ber on October 28, 2015, after first obtaining the nihil obstat from the Congregation for the Causes of Saints in Rome.

Saint Sulpice and the Sulpicians of Montreal hold close to their heart the memory of this soul dedicated entirely to God.

Mr. Zakaria HILAL is the archivist of the Society of the Priests of Saint Sulpice in Paris

Translator : Very Rev. Father Ronald D. Witherup

SOURCE : https://www.generalsaintsulpice.org/en/news/550-the-life-of-mademoiselle-jeanne-leber

Work in Progress

Jeanne le Ber (1662–1714): A Recluse in New France

21/02/2022 lauramoncion Leave a comment

by Laura Moncion

Walking into the Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours in Montréal, Québec, one could be forgiven for overlooking the simple marble plaque attached to the north-eastern wall. This marble slab marks the place where in 2005, amid much pomp and ceremony, were placed the mortal remains of Jeanne le Ber, the first known recluse of New France.[1]

Jeanne lived in a period when Ville-Marie was filled with non-cloistered religious women. Many of them were associated with the Hôtel Dieu hospital, or the teaching sisters of the Congrégation de Notre Dame, the foundations of which are attributed to two women, Jeanne Mance and Marguerite Bourgeoys, both non-cloistered religious for much of their lives. These women are considered today as important figures in the history of Montréal. 

Jeanne le Ber is less well-known, despite her recognition and status in her own time. Among several texts written about her, the earliest surviving is a spiritual biography written by the Sulpician Father François Vachon de Belmont (1645–1732) and sent in 1722 to his superiors in Paris as part of a report on sanctity in New France.[2]

According to Belmont’s biography, Jeanne was born into one of the more wealthy and respectable families of Ville-Marie. Her godparents were Paul Chomedey de Maisonneuve, the governor of the colony, and Jeanne Mance herself. She was educated at the Ursuline house in Québec City, where, Belmont writes, she developed a particular interest in penitence and devotion to the Eucharist. Around the age of fifteen, her parents brought her back to Ville-Marie in order to enter the marriage market. Rather than accept any of the proposals made to her, or join a monastery or another female religious house, Jeanne ended up living in reclusion in her father’s house for around fifteen years. At age seventeen, she took a vow of chastity, valid for five years, and at age twenty-two a vow of perpetual virginity. Belmont frames these fifteen years as a period of transition, with Jeanne moving more and more decisively away from worldly interests—although he admits that she did not give them up completely. As a key reason for Jeanne’s choice of individual reclusion over life in a monastery, Belmont cites her aversion to a vow of poverty and desire to keep her own fortune in order to continue donating to the charitable causes of her choice.

Her biography describes how she used some of this money to build a chapel next to the sisters of the Congrégation de Notre Dame, with a special cell behind the altar, where she could live in close proximity to the Eucharist. She entered that cell to live permanently in approximately 1695, at the very symbolic age of 33. On this occasion, Belmont includes a comment from Marguerite Bourgeoys, praising Jeanne’s promise of devotion. As a church recluse, Jeanne spent her time in prayer and devotional reading, conversation with the sisters of the Congrégation through her cell window, and manual work embroidering liturgical vestments, some of which still exist today.[3]

In one of several medieval hagiographical tropes carried over into this later biography, Belmont describes Jeanne as willingly suffering from physical illnesses, refusing to add a garden to her cell space for fresh air or to light a fire in her room against the cold. He also writes that she wore hair shirts and performed several food-related ascetic practices, such as fasting, eating on the ground, and refusing wholesome food while happily drinking foul-tasting medicines. In October 1714, Jeanne died of one of these illnesses. Her body lay in state for three days in the chapel of the Congrégation Notre Dame, before being buried in the family plot. Borrowing another hagiographical trope, Belmont’s biography claims that two women were healed of scrofula, and one other of a persistent migraine, after visiting her tomb. 

Much of Jeanne’s biography is engaged in the argument that she consistently turned away from the world. Belmont’s narrative, however, includes references to the ways in which religious women could be part of the colonial project of New France. Jeanne’s prayers, one of which was written on a battle standard, apparently vanquished a fleet of invading English ships. One of the women healed by Jeanne’s tomb is described as Indigenous, suggesting the complex history of colonialism and Christianity in Canada. Moreover, Belmont’s purpose for writing this biography is explicitly to show God’s favour bestowed on French settlement in the “New World”. Jeanne’s biography contains many references to European devotional cultures and themes from medieval hagiography, but it cannot be divorced from its historical and geographical context.

The life of Jeanne le Ber demonstrates the longevity and adaptability of reclusion as one of many non-cloistered options for religious women. It also suggests a broad horizon of options for women’s religious lives in New France, and an understanding of how religious women and their forms of life—from hospital and teaching sisters to recluses—are all intertwined.

[1] New France was the French colony established on Turtle Island (North America) in the mid-sixteenth century, which forms the basis of today’s Canadian province of Québec. Ville-Marie was the settlement which became Montréal, located on the traditional and unceded land of several Indigenous nations, principally the Kanien’kehá:ka (Mohawk) of the Haudenosaunee Confederacy, the Huron-Wendat, the Abenaki, and the Anishnaabeg (Algonquin) peoples.

[2] François Vachon de Belmont, “Éloge de quelques personnes mortes en odeur de sainteté à Montréal, en Canada, divisé en trois parties” in Rapport de l’archiviste de la Province de Québec (1929–1930) pp. 144–166. Available online here: https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2276299. For more on Jeanne le Ber, see esp. Dominique Deslandres, “In the Shadow of the Cloister: Representations of Holiness in New France” in Colonial Saints: Discovering the Holy in the Americas, 1500–1800, ed. Allan Green and Jodi Bilinkoff (2003); Françoise Deroy-Pineau, Jeanne le Ber: La recluse au cœur des combats (2000); https://margueritebourgeoys.org/jeanne-le-ber/ and https://reclusesmiss.org/wp/jeanne-le-ber/

[3] https://www.maisonsaintgabriel.ca/collection-objets/

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OpenEdition suggests that you cite this post as follows:

lauramoncion (February 21, 2022). Jeanne le Ber (1662–1714): A Recluse in New France. The Other Sister. Retrieved October 27, 2024 from https://doi.org/10.58079/sloh

SOURCE : https://othersisters.hypotheses.org/311

Prière de Jeanne Le Ber sur une image de la Vierge, Montréal, Québec, 1709. Archives Congrégation de Notre-Dame – Montréal : https://archivesvirtuelles-cnd.org/galerie-des-archives/priere-de-jeanne-le-ber-sur-une-image-de-la-vierge

Prayers-Jeanne-Le-Ber-intercession-and-beatification.pdf :

https://reclusesmiss.org/wp-content/uploads/2014/07/Prayers-Jeanne-Le-Ber-intercession-and-beatification.pdf

Léo-Paul Desrosiers, « Le milieu où naît Jeanne Le Ber », Revue d'histoire de l'Amérique française, Volume 16, numéro 2, septembre 1962 : https://www.erudit.org/fr/revues/haf/1962-v16-n2-haf2039/302190ar.pdf

Voir aussi https://reclusesmiss.org/wp/jeanne-le-ber/

http://secure.qc.net/JeanneLeBer/autoBLK.fwx?1CC0SSR8P.fr