Saint Joseph, époux
de la Vierge Marie
C'était un « juste » selon l'évangile de saint Matthieu. Les évangélistes ne nous ont conservé aucune parole de ce « juste », le charpentier de Nazareth en Galilée, fiancé de Marie, la Mère de Dieu, époux aussi discret que fidèle et chaste. Père nourricier et éducateur de Dieu le Fils, devenu homme parmi les hommes de ce village, il le fait tout simplement.
L'ange lui avait dit: "Ne crains pas de prendre chez toi, Marie, ton épouse." et Joseph prit chez lui Marie son épouse.
L'ange lui avait dit : "Lève-toi, prends l'enfant et sa mère" et Joseph se leva, prit l'enfant et sa mère et s'enfuit en Égypte.
Il est un vrai fils d'Abraham : il croit et fait ce que Dieu lui dit. Lorsque Jésus disparaît pendant trois jours lors du pèlerinage à Jérusalem, Joseph accompagne la quête de Marie : "Ton père et moi nous te cherchions." Et Jésus, redescend à Nazareth, soumis à celui qui, sur terre, a autorité paternelle sur lui. Dieu savait à qui il confiait son Fils unique et sa Mère, à celui qui était l'homme le plus capable au monde d'être la parfaite image du Père.
Saint Joseph
Époux de la Vierge
Marie (Ier siècle)
"C'était un juste" selon l'évangile de saint Matthieu, chapitre 1, verset 19.
Les évangélistes ne nous ont conservé aucune parole de ce "juste", le charpentier de Nazareth en Galilée, fiancé de Marie, la Mère de Dieu, époux aussi discret que fidèle et chaste. Père nourricier et éducateur de Dieu le Fils, devenu homme parmi les hommes de ce village, il le fait tout simplement.
L'ange lui avait dit: "Ne crains pas de prendre chez toi, Marie, ton épouse." et Joseph prit chez lui Marie son épouse.
L'ange lui avait dit : "Lève-toi, prends l'enfant et sa mère" et Joseph se leva, prit l'enfant et sa mère et s'enfuit en Égypte.
Il est un vrai fils d'Abraham: il croit et fait ce que Dieu lui dit. Lorsque Jésus disparaît pendant trois jours lors du pèlerinage à Jérusalem, Joseph accompagne la quête de Marie: "Ton père et moi nous te cherchions." Et Jésus, redescend à Nazareth, soumis à celui qui, sur terre, a autorité paternelle sur lui. Dieu savait à qui il confiait son Fils unique et sa Mère, à celui qui était l'homme le plus capable au monde d'être la parfaite image du Père .
Les Orientaux honorent saint Joseph depuis toujours. Les Latins l'ont méconnu longtemps.
- Avec la Lettre Apostolique Patris corde (avec un cœur de père), François rappelle le 150e anniversaire de la proclamation de saint Joseph comme Patron de l’Église universelle. À cette occasion, une «année spéciale saint Joseph» se tiendra du 8 décembre 2020 au 8 décembre 2021.
- Saint Joseph sur le site Vatican News
- vidéo 'un carême avec saint Joseph' méditation devant un tableau du XVe sc à Asti intitulé 'le mariage de Marie et Joseph'.
Voir aussi saint Joseph artisan, fêté le 1er mai.
- 'que Joseph nous donne la capacité de rêver, et nous aide à nous rapprocher du rêve que Dieu a pour nous', Pape à Sainte-Marthe: saint Joseph, porteur de nos rêves, le 20 mars 2017.
- Saint Joseph a été déclaré patron de l'Eglise universelle par le pape Pie IX le 8 décembre 1870.
- Le 18 mars 2009, lors de son voyage en Afrique, Benoît XVI a présidé les premières vêpres de la solennité de saint Joseph.
"A la foule et à ses disciples, Jésus déclare: Vous n'avez qu'un seul Père. Il n'est en effet de paternité que celle de Dieu le Père, l'unique Créateur du monde visible et invisible. Il a cependant été donné à l'homme, créé à l'image de Dieu, de participer à l'unique paternité de Dieu. Saint Joseph illustre cela d'une façon saisissante, lui qui est père sans avoir exercé une paternité charnelle. Il n'est pas le père biologique de Jésus dont Dieu seul est le Père, et pourtant il va exercer une paternité pleine et entière. Être père, c'est avant tout être serviteur de la vie et de la croissance. Saint Joseph a fait preuve, en ce sens, d'un grand dévouement. Pour le Christ, il a connu la persécution, l'exil et la pauvreté qui en découle...".
... A tout moment, mais d'une façon particulière lorsque la fidélité est éprouvée, saint Joseph rappelle à chacun le sens et la valeur de ses engagements"... La vie de saint Joseph, vécue dans l'obéissance à la Parole, est un signe éloquent pour tous les disciples de Jésus qui aspirent à l'unité de l'Église. Son exemple nous incite à comprendre que c'est en se livrant pleinement à la volonté de Dieu que l'homme devient un ouvrier efficace du dessein de Dieu qui désire réunir les hommes en une seule famille, une seule assemblée, une seule Ecclesia". (source: VIS 090319)
- En 2017, le 19 mars étant le 3éme dimanche de Carême, cette solennité
avait été reportée au 20 mars.
Solennité de saint Joseph, époux de la bienheureuse Vierge Marie. Il fut
l'homme juste, issu de la famille de David, qui a servi de père au Fils de
Dieu, le Christ Jésus, qui a voulu être appelé fils de Joseph et lui a été
soumis comme un fils à son père. L'Église vénère d'une manière toute spéciale
le patron que le Seigneur a établi sur toute sa famille. - Le 19 mars tombant
un dimanche de carême en 2023, la célébration de la solennité de la saint
Joseph a été reportée au lundi 20 mars cette année-là.
Martyrologe romain
Il "est, dans
l'histoire, l'homme qui a donné à Dieu la plus grande preuve de
confiance".
(Benoît XVI à Yaoundé le
19 mars 2009)
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/833/Saint-Joseph.html
SAINT
JOSEPH
Époux de la Très Sainte Vierge Marie
Saint Joseph descendait
de la race royale de David. On croit généralement qu'en vue de la mission
sublime que le Ciel lui destinait, il fut sanctifié avant sa naissance. Nul ne
peut douter que Joseph ne fût préparé à son sublime ministère, quand la
Providence, qui dirige tous les événements, unit son sort à celui de Marie.
L'Évangile est très sobre
de détails sur saint Joseph, et on y voit tout résumé en ces mots: "Il
était juste." Mais que ces mots couvrent de merveilles, puisque les
docteurs s'accordent à dire que saint Joseph tient le premier rang après Marie
parmi tous les Saints!
Son père l'éleva, d'après
la tradition, dans l'état modeste de charpentier; il pouvait avoir, selon de
sérieux auteurs, une cinquantaine d'années, et il avait gardé une chasteté
parfaite, lorsque la Volonté de Dieu lui confia la Très Sainte Vierge. Cette
union, belle devant les anges, dit saint Jérôme, devait sauvegarder l'honneur
de Marie devant les hommes.
Dieu voulut que le
mystère de l'Annonciation demeurât quelques temps caché à saint Joseph, afin de
nous donner, dans le trouble qui plus tard s'empara de lui, lorsqu'il s'aperçut
de la grossesse de Marie, une preuve de la virginité de la Mère et de la
conception miraculeuse du Fils. L'avertissement d'un ange dissipa toutes ses
craintes.
Qui dira ce que Joseph,
depuis lors, montra de respect, de vénération, de tendresse pour Celle qui
bientôt allait donner au monde le Sauveur? Combien Joseph fut utile à Marie
dans le voyage de Bethléem! Combien plus encore il Lui fut utile dans la fuite en
Égypte! Joseph se montra pour la Mère de Dieu l'ami fidèle, le gardien
vigilant, le protecteur dévoué.
Imaginons-nous les
progrès en vertu que dut faire saint Joseph, vivant dans la compagnie de Jésus
et de Marie. Quel délicieux intérieur! Quelle sainte maison que cette modeste
demeure! Que de mystères dans cette vie cachée où un Dieu travaille sous la
direction d'un homme, où un homme se sanctifie sous l'influence d'un Dieu
visible à ses yeux et devenu son Fils adoptif! Après la plus heureuse des vies,
Joseph eut la plus heureuse des morts, car il rendit son dernier soupir entre
les bras de Jésus et de Marie.
Il est permis de croire,
après saint François de Sales qui l'affirme, que saint Joseph est dès
maintenant au Ciel en corps et en âme, avec Jésus et Marie. C'est à bon droit
que saint Joseph porte le titre glorieux de Patron de l'Église universelle, et
que son nom, dans la dévotion chrétienne, est devenu inséparable des noms de
Jésus et de Marie.
On l'invoque aussi comme
Patron de la bonne mort.
Abbé L. Jaud, Vie
des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/saint_joseph.html
Saint JOSEPH
Saint Joseph, l'ombre du
Père ! celui sur qui l'ombre du Père tombait épaisse et profonde, saint Joseph,
l'homme du silence, celui de qui la parole approche à peine ! l'Evangile ne dit
de lui que quelques mots : « C'était un homme juste ! » l'Evangile, si sobre de
paroles, devient encore plus sobre quand il s'agit de saint Joseph. On dirait
que cet homme, enveloppé de silence, inspire le silence. Le silence de saint
Joseph fait le silence autour de saint Joseph. Le silence est sa louange, son
génie, son atmosphère. Là où il est, le silence règne. Quand l'aigle plane,
disent certains voyageurs, le pèlerin altéré devine une source à l'endroit où
tombe son ombre dans le désert. Le pèlerin creuse, l'eau jaillit. L'aigle avait
parlé son langage, il avait plané. Mais la chose belle avait été une chose
utile ; et celui qui avait soif, comprenant le langage de l'aigle, avait
fouillé le sable et trouvé l'eau.
Quoi qu'il en soit de
cette magnifique légende et de sa vérité naturelle que je n'ose garantir, elle
est féconde en symboles superbes. Quand l'ombre de saint Joseph tombe quelque
part, le silence n'est pas loin. Il faut creuser le sable, qui dans sa
signification symbolique représente la nature humaine ; il faut creuser le
sable, et vous verrez jaillir l'eau. L'eau, ce sera, si vous voulez, ce silence
profond, où toutes les paroles sont contenues, ce silence vivifiant,
rafraîchissant, apaisant, désaltérant, le silence substantiel ; là où est
tombée l'ombre de saint Joseph, la substance du silence jaillit, profonde et
pure, de la nature humaine creusée.
Pas une parole de lui
dans l'Ecriture ! Mardochée, qui fit fleurir Esther à son ombre, est un de ses
précurseurs. Abraham, père d'Isaac, représenta aussi le père putatif de Jésus.
Joseph, fils de Jacob, fut son image la plus expressive. Le premier Joseph
garda en Egypte le pain naturel. Le second Joseph garda en Egypte le pain
surnaturel. Tous deux furent les hommes du mystère ; et le rêve leur dit ses
secrets. Tous deux furent instruits en rêve, tous deux devinèrent les choses
cachées. Penchés sur l'abîme, leurs yeux voyaient à travers les ténèbres.
Voyageurs nocturnes, ils découvraient leurs routes à travers les mystères de
l'ombre. Le premier Joseph vit le soleil et la lune prosternés devant lui. Le
second Joseph commanda à Marie et à Jésus ; Marie et Jésus obéissaient.
Dans quel abîme intérieur
devait résider l'homme qui sentait Jésus et Marie lui obéir, l'homme à qui de
tels mystères étaient familiers et à qui le silence révélait la profondeur du
secret dont il était gardien. Quand il taillait ses morceaux de bois, quand il
voyait l'Enfant travailler sous ses ordres, ses sentiments, creusés par cette
situation inouïe, se livraient au silence qui les creusait encore ; et du fond
de la profondeur où il vivait avec son travail, il avait la force de ne pas
dire aux hommes : le Fils de Dieu est ici.
Son silence ressemble à
un hommage rendu à l'inexprimable. C'était l'abdication de la Parole devant
l'Insondable et devant l'Immense. Cependant l'Evangile, qui dit si peu de mots,
a les siècles pour commentateurs ; je pourrais dire qu'il a les siècles pour
commentaires. Les siècles creusent ses paroles et font jaillir du caillou
l'étincelle vivante. Les siècles sont chargés d'amener à la lumière les choses
du secret. Saint Joseph a été longtemps ignoré. Mais voici quelque chose
d'étrange : chaque siècle a deux faces, la face chrétienne et la face
antichrétienne ; la face chrétienne s'oppose en général à la face
antichrétienne par un contraste direct et frappant. Le XVIII° siècle, le siècle
du rire, de la frivolité, de la légèreté, du luxe, posséda Benoît-Joseph
Labre... Le XIX° siècle est par-dessus tout, dans tous les sens du mot, le
siècle de la Parole. Bonne ou mauvaise, la Parole remplit notre air. Une des
choses qui nous caractérisent, c'est le tapage. Rien n'est bruyant comme
l'homme moderne : il aime le bruit, il veut en faire autour des autres, il veut
surtout que les autres en fassent autour de lui. Le bruit est sa passion, sa
vie, son atmosphère ; la publicité remplace pour lui mille autres passions qui
meurent étouffées sous cette passion dominante, à moins qu'elles ne vivent
d'elle et ne s'alimentent de sa lumière pour éclater plus violemment. Le XIX°
siècle parle, pleure, crie, se vante et se désespère.
Il fait étalage de tout.
Lui qui déteste la confession secrète, il éclate à chaque instant en
confessions publiques. II vocifère, il exagère, il rugit. Eh bien ! ce sera ce
siècle, ce siècle du vacarme, qui verra s'élever et grandir dans le ciel de
l'Eglise la gloire de saint Joseph. Saint Joseph vient d'être choisi
officiellement pour patron de l'Eglise pendant le bruit de l'orage. II est plus
connu, plus prié, plus honoré qu'autrefois.
Au milieu du tonnerre et
des éclairs, la révélation de son silence se produit insensiblement.
(Ernest
Hello, Physionomie des saints, Paris, Victor Palmé, 1875, ch.X, pp.139 sq.
: « Saint Joseph. »)
SOURCE : http://surlespasdessaints.over-blog.com/article-prieres-sur-saint-joseph-69722242.html
EXHORTATION
APOSTOLIQUE REDEMPTORIS CUSTOS
DE SA SAINTETÉ JEAN-PAUL
II
SUR LA FIGURE ET LA
MISSION DE SAINT JOSEPH DANS LA VIE DU CHRIST
INTRODUCTION
1. Appelé à veiller sur le Rédempteur, «Joseph fit ce que l'Ange du Seigneur
lui avait prescrit: il prit chez lui son épouse » (Mt 1, 24).
Dès les premiers siècles,
les Pères de l'Eglise, s'inspirant de l'Evangile, ont bien montré que; de même
que saint Joseph a pris un soin affectueux de Marie et s'est consacré avec joie
à l'éducation de Jésus Christ (1), de même il est le gardien et le protecteur
de son Corps mystique, l'Eglise, dont la Vierge sainte est la figure et le
modèle.
En ce centenaire de la
publication de l'encyclique Quamquam pluries du pape Léon XIII (2) et
dans la ligne de la vénération multi-séculaire pour saint Joseph, je désire
proposer à votre méditation, chers Frères et Soeurs, quelques réflexions sur
celui à qui Dieu « confia la garde de ses trésors les plus précieux » (3).
C'est avec joie que j'accomplis ce devoir pastoral afin que grandissent en tous
la dévotion envers le Patron de l'Eglise universelle et l'amour pour le
Rédempteur qu'il a servi de façon exemplaire.
Ainsi, non seulement le
peuple chrétien tout entier recourra avec plus de ferveur à saint Joseph et
invoquera avec confiance son patronage, mais il aura toujours sous les yeux sa
manière humble et sage de servir et de « participer » à l'économie du Salut.(4)
J'estime en effet qu'une
réflexion renouvelée sur la participation de l'Epoux de Marie au mystère divin
permettra à l'Eglise, en marche vers l'avenir avec toute l'humanité, de
retrouver sans cesse son identité dans le cadre du dessein rédempteur, qui a
son fondement dans le mystère de l'Incarnation.
Joseph de Nazareth a
précisément « participé » à ce mystère plus qu'aucune autre personne en dehors
de Marie, la Mère du Verbe incarné. Il y a participé avec elle, entraîné dans
la réalité du même événement salvifique, et il a été le dépositaire du même amour,
par la puissance duquel le Père éternel « nous a prédestinés à être pour lui
des fils adoptifs par Jésus Christ » (Ep 1, 5).
I. LE CONTEXTE
ÉVANGÉLIQUE
Le mariage avec Marie
2. « Joseph, fils de
David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse: ce qui a été
engendré en elle vient de l'Esprit Saint et elle enfantera un fils auquel tu
donneras le nom de Jésus, car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés »
(Mt 1, 20-21).
Ces paroles contiennent
le noyau central de la vérité biblique sur saint Joseph, sur le moment de son
existence auquel se référent en particulier les Pères de l'Eglise.
L'évangéliste Matthieu
explique la signification de ce moment, en précisant comment Joseph l'a vécu.
Mais pour comprendre pleinement son contenu et son contexte, il est important
d'avoir présent à l'esprit le passage parallèle de l'Evangile de Luc. En effet,
en référence au verset qui dit « Voici quelle fut l'origine de Jésus Christ.
Marie, sa mère, était accordée en mariage à Joseph; or, avant qu'ils aient
habité ensemble, elle se trouva enceinte par le fait de l'Esprit Saint » (Mt 1,
18), l'origine de la maternité de Marie « par le fait de l'Esprit Saint » est
décrite de façon plus détaillée et plus explicite dans ce que nous lisons en
Luc à propos de l'annonce de la naissance de Jésus: « L'ange Gabriel fut envoyé
par Dieu dans une ville de Galilée du nom de Nazareth, à une jeune fille
accordée en mariage à un homme nommé Joseph, de la famille de David; cette
jeune fille s'appelait Marie» (Lc 1, 26-27). Les paroles de l'ange: «
Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi » (Lc 1, 28)
provoquèrent un trouble intérieur en Marie et l'amenèrent aussi à réfléchir. Le
messager tranquillise alors la Vierge et en même temps lui révèle le dessein
spécial de Dieu sur elle: « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce
auprès de Dieu. Voici que tu vas être enceinte, tu enfanteras un fils et tu lui
donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut. Le
Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père » (Lc 1, 30-32).
Peu auparavant,
l'évangéliste avait affirmé qu'au moment de l'Annonciation, Marie était «
accordée en mariage à un homme nommé Joseph, de la famille de David ». La
nature de ce « mariage » est expliquée indirectement lorsque Marie, après avoir
entendu ce que le messager avait dit de la naissance d'un fils, demande: «
Comment cela se fera-t-il puisque je suis vierge » (Lc 1, 34). Alors lui
parvient cette réponse: « L'Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du
Très-Haut te couvrira de son ombre; c'est pourquoi celui qui va naître sera
saint et sera appelé Fils de Dieu » (Lc 1, 35). Marie, tout en étant déjà «
mariée » avec Joseph, restera vierge, car l'enfant conçu en elle dès
l'Annonciation était conçu par le fait de l'Esprit Saint.
Sur ce point, le texte de
Luc coïncide avec celui de Matthieu 1, 18 et sert à expliquer ce que nous y
lisons. Si, après le mariage avec Joseph, Marie « se trouva enceinte par le
fait de l'Esprit Saint », ce fait correspond à tout ce que comporte
l'Annonciation, en particulier aux. dernières paroles prononcées par Marie: «
Que tout se passe pour moi comme tu l'as dit (Lc 1, 38). Répondant au clair
dessein de Dieu, Marie, au fur et à mesure que s'écoulent les jours et les semaines,
se présente devant les gens et devant Joseph comme « enceinte », comme celle
qui doit enfanter et qui porte en elle le mystère de la maternité.
3. En de telles
circonstances, « Joseph, son époux, qui était un homme juste et ne voulait pas
la dénoncer publiquement, résolut de la répudier secrètement » (Mt 1, 19). Il
ne savait pas quelle attitude adopter devant cette « étonnante » maternité de
Marie. Il cherchait évidemment une réponse à la question qui l'inquiétait, mais
surtout il cherchait une issue à cette situation difficile pour lui. Alors
qu'il « avait formé ce projet, voici que l'Ange du Seigneur lui apparut en
songe et lui dit: «Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi
Marie, ton épouse: ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint et
elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jésus, car c'est lui qui
sauvera son peuple de ses péchés» » (Mt 1, 20-21).
Il y a une analogie
étroite entre « l'annonciation » du texte de Matthieu et celle du texte de Luc.
Le messager divin introduit Joseph dans le mystère de la maternité de Marie.
Celle qui est son « épouse » selon la loi, tout en restant vierge, est devenue
mère par le fait de l'Esprit Saint. Et quand le Fils que Marie porte en son
sein viendra au monde, il devra recevoir le nom de Jésus. C'était là un nom
connu parmi les Israélites, et on le donnait parfois aux enfants. Mais ici il
s'agit du Fils qui - selon la promesse divine - accomplira pleinement la
signification de ce nom: Jésus, Yehošua', qui veut dire Dieu sauve.
Le messager s'adresse à
Joseph en tant qu' « époux de Marie », celui qui, le moment venu, devra donner
ce nom au Fils qui naîtra de la Vierge de Nazareth qui l'a épousé. Il s'adresse
donc à Joseph en lui confiant les devoirs d'un Père terrestre à l'égard du Fils
de Marie. « A son réveil, Joseph fit ce que l'Ange du Seigneur lui avait
prescrit: il prit chez lui son épouse » (Mt 1, 24). Il la prit avec tout le
mystère de sa maternité, il la prit avec le Fils qui devait venir au monde par
le fait de l'Esprit Saint: il manifesta ainsi une disponibilité de volonté
semblable à celle de Marie à l'égard de ce que Dieu lui demandait par son
messager.
II. LE DÉPOSITAIRE DU
MYSTÈRE DE DIEU
4. Lorsque Marie, peu
après l'Annonciation, se rendit dans la maison de Zacharie pour rendre visite à
sa parente Elisabeth, elle entendit, au moment où elle la saluait, les paroles
prononcées par Elisabeth « remplie de l'Esprit Saint » (Lc 1, 41). Après la
parole qui rejoignait la salutation de l'Ange de l'Annonciation, Elisabeth dit:
« Bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de
la part du Seigneur » (Lc 1, 45). Ces paroles ont été le fil conducteur de
l'encyclique Redemptoris
Mater par laquelle j'ai voulu approfondir l'enseignement du Concile
Vatican II qui déclare: « La bienheureuse Vierge avança dans son pèlerinage de
foi, gardant fidèlement l'union avec son Fils jusqu'à la Croix », (5) « précédant
» (6) tous ceux qui, par la foi, suivent le Christ.
Or, au début de ce
pèlerinage, la foi de Marie rencontre la foi de Joseph. Si Elisabeth a dit de
la Mère du Rédempteur: « Bienheureuse celle qui a cru », on peut en un sens
attribuer aussi cette béatitude à Joseph, car il a répondu affirmativement à la
Parole de Dieu quand elle lui a été transmise en ce moment décisif. Joseph, il
est vrai, n'a pas répondu à l' « annonce » de l'Ange comme Marie, mais il « fit
ce que l'Ange du Seigneur lui avait prescrit: il prit chez lui son épouse ». Ce
qu'il fit est pure « obéissance de la foi » (cf. Rm 1, 5; 16, 26; 2 Co 10,
5-6).
On peut dire que ce que
fit Joseph l'unit d'une manière toute spéciale à la foi de Marie: il accepta
comme une vérité venant de Dieu ce qu'elle avait déjà accepté lors de
l'Annonciation. Le Concile dit: « A Dieu qui révèle est due «l'obéissance de la
foi» par laquelle l'homme s'en remet tout entier et librement à Dieu dans «un
complet hommage d'intelligence et de volonté à Dieu qui révèle» et dans un
assentiment volontaire à la révélation qu'il fait ». (7) Cette phrase, qui
touche à l'essence même de la foi, s'applique parfaitement à Joseph de
Nazareth.
5. Il devint donc d'une
façon singulière le dépositaire du mystère « tenu caché depuis les siècles en
Dieu » (cf. Ep 3, 9), de même que Marie le devint, en ce moment décisif appelé
par l'Apôtre « la plénitude du temps », lorsque « Dieu envoya son Fils, ne
d'une femme », afin de « racheter les sujets de la Loi », pour « leur conférer
l'adoption filiale » (cf. Ga 4, 4-5). « Il a plu à Dieu - dit le Concile - dans
sa sagesse et sa bonté de se révéler en personne et de faire connaître le
mystère de sa volonté (cf. Ep 1, 9) grâce auquel les hommes, par le Christ, le
Verbe fait chair, accèdent dans l'Esprit Saint auprès du Père et sont rendus
participants de la nature divine (cf. Ep 2, 18; 2 P 1, 4) ». (8)
Joseph est, avec Marie,
le premier dépositaire de ce mystère divin. En même temps que Marie - et aussi
en rapport avec Marie - il participe à la phase culminante de cette révélation
que Dieu fait de lui-même dans le Christ, et il y participe dès le premier commencement.
En ayant devant les yeux le texte des deux évangélistes Matthieu et Luc on peut
dire également que Joseph est le premier à participer à la foi de la Mère de
Dieu, et qu'ainsi il soutient son épouse dans la foi à l'Annonciation divine.
Il est aussi celui qui est placé le premier par Dieu sur le chemin du «
pèlerinage de foi » sur lequel Marie - surtout à partir du Calvaire et de la
Pentecôte - sera la première d'une manière parfaite. (9)
6. Le chemin personnel de
Joseph, son pèlerinage de foi se conclura le premier, c'est-à-dire avant que
Marie ne se tienne au pied de la Croix sur le Golgotha et avant que, le Christ
étant retourné vers son Père, elle ne se retrouve au Cénacle de la Pentecôte le
jour où fut manifestée au monde l'Église, née de la puissance de l'Esprit de
vérité. Cependant, le chemin de foi de Joseph suit la même direction, il reste
totalement déterminé par le même mystère dont il était, avec Marie, devenu le
premier dépositaire. L'Incarnation et la Rédemption constituent une unité organique
et indissoluble dans laquelle « l'économie de la Révélation comprend des
événements et des paroles intimement unis entre eux. » (10) En raison de cette
unité précisément, le Pape Jean XXIII, qui avait une grande dévotion envers
saint Joseph, décida que dans le canon romain de la messe, mémorial perpétuel
de la Rédemption, son nom serait ajouté à côté de celui de Marie, avant les
Apôtres, les Souverains Pontifes et les Martyrs. (11)
Le service de la
paternité
7. Comme il résulte des
textes évangéliques, le mariage de Marie est le fondement juridique de la
paternité de Joseph. C'est pour assurer une présence paternelle auprès de Jésus
que Dieu choisit Joseph comme époux de Marie. Il s'ensuit que la paternité de
Joseph - relation qui le place le plus près possible du Christ, fin de toute
élection et de toute prédestination (cf. Rm 8, 28-29) - passe par le mariage
avec Marie, c'est-à-dire par la famille.
Tout en affirmant
clairement que Jésus a été conçu par le fait de l'Esprit Saint et que dans ce
mariage la virginité a été préservée (cf. Mt 1. 18-25; Lc 1, 26-38), les
évangélistes appellent Joseph l'époux de Marie et Marie l'épouse de Joseph (cf.
Mt 1, 16. 18-20. 24; Lc 1, 27; 2, 5).
Pour l'Église aussi, s'il
est important de proclamer la conception virginale de Jésus, il est non moins
important de défendre le mariage de Marie avec Joseph car, juridiquement, c'est
de lui que dépend la paternité de Joseph. On comprend alors pourquoi les
générations ont été énumérées selon la généalogie de Joseph: « Pourquoi - se
demande saint Augustin - n'auraient-elles pas dû être celles de Joseph? Joseph
n'était-il pas l'époux de Marie? [...] L'Écriture affirme, par la voix
autorisée de l'Ange, qu'il était son époux. Ne crains pas, dit-il, de prendre
chez toi Marie, ton Épouse.- ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit
Saint. Il reçoit l'ordre de donner à l'enfant son nom, bien qu'il ne soit pas
né de lui. Elle enfantera un fils, dit-il, auquel tu donneras le nom de Jésus.
L'écriture sait bien que Jésus n'est pas né de Joseph, puisque, alors qu'il
était préoccupé au sujet de l'origine de la maternité de Marie, il lui est dit:
cela vient de l'Esprit Saint. Et pourtant, l'autorité paternelle ne lui est pas
enlevée puisqu'il lui est ordonné de donner à l'enfant son nom. Enfin, la
Vierge Marie elle-même, qui a bien conscience de ne pas avoir conçu le Christ
par l'union conjugale avec lui, l'appelle cependant père du Christ. » (12) Le
fils de Marie est aussi fils de Joseph en vertu du lien matrimonial qui les unit:
« En raison de ce mariage fidèle, ils méritèrent tous les deux d'être appelés
les parents du Christ, non seulement elle, d'être appelée sa mère, mais lui
aussi, d'être appelé son père, de même qu'époux de sa mère, car il était l'un
et l'autre par l'esprit et non par la chair. » (13) Dans ce mariage, il ne
manqua rien de ce qui était nécessaire pour le constituer: « En ces père et
mère du Christ se sont réalisés tous les biens du mariage: la progéniture, la
fidélité, le sacrement. Nous connaissons la progéniture, qui est le Seigneur
Jésus lui-même; la fidélité, car il n'y a aucun adultère; le sacrement, car il
n'y a aucun divorce. » (14)
Quand ils analysent la
nature du mariage, saint Augustin comme saint Thomas considèrent constamment
qu'elle réside dans l' « union indivisible des esprits », dans l' « union des
coeurs », dans le « consentement » (15), tous éléments qui se sont manifestés
d'une manière exemplaire dans ce mariage. Au point culminant de l'histoire du
salut, quand Dieu révèle son amour pour l'humanité par le don du Verbe, c'est
précisément le mariage de Marie et de Joseph qui réalise en pleine « liberté »
le « don sponsal de soi » en accueillant et en exprimant un tel amour. (16) «
Dans cette grande entreprise du renouvellement de toutes choses dans le Christ,
le mariage, lui aussi purifié et renouvelé, devient une réalité nouvelle, un
sacrement de la Nouvelle Alliance. Et voici qu'au seuil du Nouveau Testament
comme à l'entrée de l'Ancien se dresse un couple. Mais, tandis que celui d'Adam
et Eve fut la source du mal qui a déferlé sur le monde, celui de Joseph et de
Marie est le sommet d'où la sainteté se répand sur toute la terre. Le Sauveur a
commencé l'oeuvre du salut par cette union virginale et sainte où se manifeste
sa toute-puissante volonté de purifier et sanctifier la famille, ce sanctuaire
de l'amour et ce berceau de vie. » (17)
Que d'enseignements en
découlent aujourd'hui pour la famille! Puisque, « en définitive, l'essence de
la famille et ses devoirs sont définis par l'amour » et que « la famille reçoit
la mission de garder, de révéler et de communiquer l'amour, reflet vivant et
participation réelle de l'amour de Dieu pour l'humanité et de l'amour du Christ
Seigneur pour l'Église son Épouse » (18) c'est dans la sainte Famille, cette «
Église en miniature » (19) par excellence, que toutes les familles chrétiennes
doivent trouver leur reflet. En elle, en effet, « par un mystérieux dessein de
Dieu, le Fils de Dieu a vécu caché durant de longues années. Elle est donc le
prototype et l'exemple de toutes les familles chrétiennes. » (20)
8. Saint Joseph a été
appelé par Dieu à servir directement la personne et la mission de Jésus en
exerçant sa paternité. C'est bien de cette manière qu'il coopère dans la
plénitude du temps au grand mystère de la Rédemption et qu'il est véritablement
« ministre du salut » (21). Sa paternité s'est exprimée concrètement dans le
fait « d'avoir fait de sa vie un service, un sacrifice au mystère de
l'Incarnation et à la mission rédemptrice qui lui est liée; d'avoir usé de
l'autorité légale qui lui revenait sur la sainte Famille, pour lui faire le don
total de lui-même, de sa vie, de son travail; d'avoir converti sa vocation
humaine à l'amour familial en une oblation surnaturelle de lui-même, de son
coeur et de toutes ses forces à l'amour mis au service du Messie qui naquit
dans sa maison. » (22)
La liturgie rappelle qu'«
à saint Joseph a été confiée la garde des mystères du salut à l'aube des temps
nouveaux »(23), et elle précise qu' « il fut le serviteur fidèle et prudent à
qui Dieu confia la sainte Famille pour qu'il veille comme un père sur son Fils
unique. »(24) Léon XIII souligne la sublimité de cette mission: « Joseph brille
entre tous par la plus auguste dignité, parce qu'il a été, de par la volonté
divine, le gardien du Fils de Dieu, regardé par les hommes comme son père. D'où
il résultait que le Verbe de Dieu était humblement soumis à Joseph, qu'il lui
obéissait et qu'il lui rendait tous les devoirs que les enfants sont obligés de
rendre à leurs parents. »(25)
Il serait inconcevable
qu'à une tâche aussi élevée ne correspondent pas les qualités voulues pour bien
l'accomplir. Il convient donc de reconnaître que Joseph eut à l'égard de Jésus,
« par un don spécial du ciel, tout l'amour naturel, toute l'affectueuse
sollicitude que peut connaître un coeur de père. » (26)
En même, temps que la
puissance paternelle sur Jésus, Dieu a aussi accordé à Joseph l'amour
correspondant, cet amour qui a sa source dans le Père, « de qui toute
paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom. » (Ep 3, 15).
Dans les Évangiles est
clairement décrite la tâche de père qui est celle de Joseph à l'égard de Jésus.
En effet, le salut, qui passe par l'humanité de Jésus, se réalise dans des
gestes qui font partie de la vie familiale quotidienne, en respectant l' «
abaissement » inhérent à l'économie de l'Incarnation. Les évangélistes sont
très attentifs à montrer que, dans la vie de Jésus, rien n'a été laissé au
hasard et que tout s'est déroulé selon un plan divin préétabli. La formule
souvent répétée: « Cela advint pour que s'accomplit... » et la référence de
l'événement décrit à un texte de l'Ancien Testament tendent à souligner l'unité
et la continuité du projet, qui atteint son accomplissement dans le Christ.
Par l'Incarnation, les «
promesses » et les « figures » de l'Ancien Testament deviennent des « réalités
»: les lieux, les personnes, les événements et les rites s'entremêlent selon
des ordres divins précis, transmis par le ministère des anges et reçus par des
créatures particulièrement sensibles à la voix de Dieu. Marie est l'humble
servante du Seigneur, préparée de toute éternité à la mission d'être Mère de
Dieu; Joseph est celui que Dieu a choisi pour être « l'ordonnateur de la
naissance du Seigneur » (27), celui qui a la charge de pourvoir à l'entrée «
dans l'ordre » du Fils de Dieu dans le monde, en respectant les dispositions
divines et les lois humaines. Toute la vie « privée » ou « cachée » de Jésus
est confiée à sa garde.
Le recensement
9. En se rendant à
Bethléem pour le recensement, conformément aux ordres de l'autorité légitime,
Joseph accomplit à l'égard de l'enfant la tache importante et significative
d'inscrire officiellement le nom de « Jésus, fils de Joseph de Nazareth » (cf.
Jn 1,45) à l'état civil de l'empire. Cette inscription manifeste clairement
l'appartenance de Jésus au genre humain, comme homme parmi les hommes, citoyen
de ce monde, sujet de la loi et des institutions civiles, mais aussi « sauveur
du monde. » Origène décrit bien la signification théologique inhérente à ce
fait historique, qui est loin d'être marginal: « A quoi me sert ce récit qui
raconte à la fois «le premier recensement» de l'univers entier au temps de
l'empereur César Auguste, le voyage de «Joseph, accompagné de Marie son épouse
enceinte», allant, au milieu de tout le monde se faire inscrire lui aussi sur
les listes du cens et la venue au monde de Jésus, avant la fin du recensement?
Pour qui y regarde de plus prés, ces événements sont le signe d'un mystère: il a
fallu que le Christ aussi fűt recensé dans ce dénombrement de l'univers, parce
qu'il voulait être inscrit avec tous pour sanctifier tous les hommes, et être
mentionné sur le registre avec le monde entier pour offrir à l'univers de vivre
en communion avec lui; il voulait, après ce recensement, recenser tous les
hommes avec lui sur «le livre des vivants», et tous ceux qui auront cru en lui
les «inscrire dans les cieux» avec les saints de Celui « à qui
appartiennent la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Amen.»
(28) »
La naissance à Bethléem
10. Dépositaire du
mystère « caché depuis les siècles en Dieu » et qui commence à se réaliser à
ses yeux lorsque vient « la plénitude du temps », Joseph est avec Marie, en la
nuit de Bethléem, le témoin privilégié de la venue au monde du Fils de Dieu.
Ainsi s'exprime saint Luc: « Or il advint, comme ils étaient là, que les jours
furent accomplis où elle devait enfanter. Elle enfanta son fils premier-né,
l'enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu'ils manquaient de
place dans la salle» (Lc 2, 6-7). Joseph fut le témoin oculaire de cette
naissance, survenue dans des conditions humainement humiliantes, première
annonce du « dépouillement » (cf. Ph 2, 5-8) auquel le Christ consent librement
pour la rémission des péchés. En même temps, il fut le témoin de l'adoration
des bergers, arrivés sur le lieu de la naissance de Jésus après que l'ange leur
eut porté cette grande et heureuse nouvelle (cf. Lc 2, 15-16); plus tard, il
fut aussi le témoin de l'hommage rendu par les Mages venus de l'Orient (cf. Mt
2, 11).
La circoncision
11. La circoncision d'un
fils était le premier devoir religieux du père: par ce rite (cf. Lc 2, 21),
Joseph exerce son droit et son devoir à l'égard de Jésus. Le principe selon
lequel tous les rites de l'Ancien Testament ne sont que l'ombre de la réalité
(cf. He 9, 9-10; 10, 1) fait comprendre pourquoi Jésus les accepte. Comme pour
les autres rites, celui de la circoncision trouve en Jésus son «
accomplissement. » L'alliance de Dieu avec Abraham, dont la circoncision était
le signe (cf. Gn 17, 13), atteint en Jésus son plein effet et sa réalisation
parfaite, car Jésus est le « oui » de toutes les anciennes promesses (cf. 2 Co
1, 20).
L'imposition du nom
12. A l'occasion de la
circoncision, Joseph donne à l'enfant le nom de Jésus. Ce nom est le seul nom
dans lequel se trouve le salut (cf. Ac 4, 12); et sa signification avait été
révélée à Joseph au moment de son « annonciation »: « Tu lui donneras le nom de
Jésus, car c'est lui qui sauvera le peuple de ses péchés » (Mt 1, 21). En lui
donnant son nom, Joseph manifeste sa paternité légale à l'égard de Jésus et, en
prononçant ce nom, il proclame la mission de sauveur qui est celle de l'enfant.
La présentation de Jésus
au Temple
13. Ce rite, rapporté par
Luc (2, 22 ss.), comprend le rachat du premier-né et éclaire le futur épisode
de Jésus resté au Temple à l'âge de douze ans. Le rachat du premier-né est un
autre devoir du père, que Joseph accomplit. Le premier-né représentait le
peuple de l'Alliance, racheté de l'esclavage pour appartenir à Dieu. Sur ce
plan aussi, non seulement Jésus, qui est le véritable « prix » du rachat (cf. 1
Co 6, 20; 7, 23; 1 P 1, 19), « accomplit » le rite de l'Ancien Testament, mais
il le dépasse en même temps; en effet, il n'est pas un sujet de rachat mais
l'auteur même du rachat. L'évangéliste note que « son père et sa mère étaient
dans l'étonnement de ce qui se disait de lui » (Lc 2, 33), et en particulier de
ce que dit Syméon dans son cantique adressé à Dieu, où i1 présente Jésus comme
le « salut préparé par Dieu à la face de tous les peuples », « lumière pour
éclairer les nations et gloire de son peuple Israël », et aussi, un peu plus
loin, « signe en butte à la contradiction » (cf. Lc 2, 30-34).
La fuite en Égypte
14. Après la présentation
au Temple, l'évangéliste Luc note: « Quand ils eurent accompli tout ce qui
était conforme à la Loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth,
leur ville. Cependant l'enfant grandissait, se fortifiait et se remplissait de
sagesse. Et la grâce de Dieu était sur lui. » (Lc 2, 39-40.) Mais, selon le
texte de Matthieu, avant ce retour en Galilée il faut placer un événement très
important, pour lequel la divine Providence recourt encore à Joseph: « Après
leur départ [des Mages], voici que l'Ange du Seigneur apparaît en songe à
Joseph et lui dit: « Lève-toi, prends avec toi l'enfant et sa mère, et fuis en
Égypte; et restes-y jusqu'à ce que je te dise. Car Hérode va rechercher
l'enfant pour le faire périr. » (Mt 2, 13) Lorsque les Mages étaient venus de
l'Orient, Hérode avait appris la naissance du « roi des juifs » (Mt 2, 2). Et
quand les Mages s'en allèrent, il « envoya mettre à mort, dans Bethléem et tout
son territoire, tous les enfants de moins de deux ans » (Mt 2, 16). Ainsi, en
les tuant tous, il voulait tuer ce nouveau-né, « roi des juifs », dont il avait
entendu parler durant la visite des Mages à sa cour. Alors Joseph, après avoir
entendu l'avertissement en songe, « prit avec lui l'enfant et sa mère, de nuit,
et se retira en Egypte; et il resta la jusqu'à la mort d'Hérode, pour que
s'accomplît cet oracle prophétique du Seigneur: « D'Égypte j'ai appelé mon
fils. » (Mt 2, 1415; cf. Os 11, 1). La route du retour de Jésus de Bethléem à
Nazareth passa donc par l'Égypte. De même qu'Israël avait, « de l'état
d'esclavage », pris le chemin de l'exode pour commencer l'Ancienne Alliance, de
même Joseph, dépositaire et coopérateur du mystère providentiel de Dieu, veille
aussi en exil sur celui qui réalise la Nouvelle Alliance.
La présence de Jésus au
Temple.
15. Dés l'Annonciation, Joseph, en un sens, se trouva avec Marie au centre du mystère caché depuis les siècles en Dieu et qui avait pris chair: « Le Verbe s est fait chair et il a habité parmi nous » Un 1, 14). Il a habité parmi les hommes, et le lieu de sa présence a été la sainte Famille de Nazareth, l'une des nombreuses familles de cette petite ville de Galilée, l'une des nombreuses familles de la terre d'Israël. La, Jésus grandissait, il « se fortifiait et se remplissait de sagesse. Et la grâce de Dieu était sur lui » (Lc 2, 40). Les Évangiles résument en peu de mots la longue période de la vie « cachée » pendant laquelle Jésus se prépare à sa mission messianique. Un seul moment est soustrait à cette « discrétion » et il est décrit par 1'Evangile de Luc: la Pâque de Jérusalem, lorsque Jésus avait douze ans. Jésus participa à cette fête comme jeune pèlerin, avec Marie et Joseph. Et voici que, « une fois les jours de la fête écoulés, alors qu'ils s'en retournaient, l'enfant Jésus reste à Jérusalem à l'insu de ses parents » (Lc 2, 43). Au bout d'un jour, ils se rendirent compte de son absence et commencèrent à le rechercher « parmi leurs parents et connaissances »: « Et il advint, au bout de trois jours, qu'ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant; et tous ceux qui l'entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses. » (Lc 2, 46-47.) Marie lui demande: « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela? Vois! Ton père et moi, nous te cherchons, angoissés. » (Lc 2, 48.) Jésus leur fit une telle réponse qu' « ils ne comprirent pas sa parole ». Il avait dit: « Pourquoi donc me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père? » (Lc 2, 4950.) Cette réponse fut entendue de Joseph, dont Marie venait de dire « ton père ». Tout le monde, en effet, disait et pensait que Jésus « était, à ce qu'on croyait, fils de Joseph » (Lc 3, 23). La réponse de Jésus au Temple n'en devait pas moins raviver dans la conscience du « père présumé » ce qu'il avait entendu une nuit, douze ans plus tôt: « Joseph..., ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse: ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit-Saint. » Dès lors, il savait qu'il était le dépositaire du mystère de Dieu, et Jésus, à douze ans, évoqua précisément ce mystère: « Je dois être dans la maison de mon Père. » La subsistance et l'éducation de Jésus à Nazareth 16. La croissance de Jésus « en sagesse, en taille et en grâce » (Lc 2, 52) s'accomplit dans le cadre de la sainte famille, sous les yeux de Joseph qui avait la haute tâche d' « élever », c'est-à-dire de nourrir Jésus, de le vêtir et de lui apprendre la Loi et un métier, conformément aux devoirs qui reviennent au père. Dans le sacrifice eucharistique, l'Église vénère la mémoire de la bienheureuse Marie toujours Vierge, mais aussi de saint Joseph (29) car «il a nourri Celui que les fidèles devaient manger comme Pain de la vie éternelle (30) ». Pour sa part, Jésus « leur était soumis » (Lc 2, 51), payant respectueusement de retour les attentions de ses « parents ». Ainsi voulait-il sanctifier les devoirs de la famille et du travail qu'il exécutait aux côtés de Joseph.
III. L'HOMME JUSTE - L'ÉPOUX
17. Au cours de sa vie,
qui fut un pèlerinage dans la foi, Joseph, comme Marie, resta jusqu'au bout
fidèle à l'appel de Dieu. La vie de Marie consista à accomplir à fond le
premier fiat prononcé au moment de l'Annonciation, tandis que Joseph, comme on
1'a dit, ne proféra aucune parole lors de son « annonciation »: il « fit » simplement
« ce que l'Ange du Seigneur lui avait prescrit » (Mt 1, 24). Et ce premier « il
fit » devint le commencement du « chemin de Joseph ». Le long de ce chemin, les
Évangiles ne mentionnent aucune parole dite par lui. Mais le silence de Joseph
a une portée particulière: grâce à lui, on peut saisir pleinement la vérité
contenue dans le jugement que l'Évangile émet sur Joseph: le « juste » (Mt 1,
19). Il faut savoir lire cette vérité car en elle est contenu l'un des
témoignages les plus importants sur l'homme et sur sa vocation. Au cours des
générations, l'Église lit ce témoignage d'une manière toujours plus attentive
et plus consciente, comme si elle tirait du trésor de cette figure insigne « du
neuf et du vieux » (Mt 13, 52).
18. L'homme « juste » de Nazareth
possède avant tout les caractéristiques très claires de l'époux. L'évangéliste
parle de Marie comme d' « une jeune fille accordée en mariage à un homme nommé
Joseph » (Lc 1, 27). Avant que commence à s'accomplir « le mystère caché depuis
des siècles en Dieu » (Ep 3, 9), les Évangiles présentent à nos yeux l'image de
l'époux et de l'épouse. Selon la coutume du peuple hébreu, le mariage se
concluait en deux étapes: on célébrait d'abord le mariage légal (vrai mariage),
et c'est seulement après un certain temps que l'époux faisait venir l'épouse
chez lui. Avant de vivre avec Marie, Joseph était donc déjà son « époux »;
toutefois, Marie gardait au fond d'elle-même le désir de réserver exclusivement
à Dieu le don total de soi. On pourrait se demander de quelle manière ce désir
se conciliait avec le « mariage ». La réponse ne vient que du déroulement des
événements du salut, c'est-à-dire de l'action spéciale de Dieu même. Depuis
l'Annonciation, Marie sait qu elle doit réaliser son désir virginal de se donner
à Dieu de façon exclusive et totale précisément en devenant mère du Fils de
Dieu. La maternité par le fait de l'Esprit-Saint est la forme de don que Dieu
lui-même attend de la Vierge « accordée en mariage» à Joseph. Marie prononce
son fiat. Le fait qu'elle est « accordée en mariage » à Joseph est compris dans
le dessein même de Dieu. C'est ce qu'indiquent les deux évangélistes cités,
mais plus particulièrement Matthieu. Les paroles adressées à Joseph sont très
significatives: « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse: ce qui a
été engendré en elle vient de l'Esprit-Saint. » (Mt 1, 20.) Elles expliquent le
mystère de l'épouse de Joseph: Marie est vierge dans sa maternité. En elle, «
le Fils du Très-Haut » prend un corps humain et devient « le Fils de l'homme ».
En s'adressant à Joseph par les paroles de l'Ange, Dieu s'adresse à lui
comme à l'époux de la Vierge de Nazareth. Ce qui s'est accompli en elle
par le fait de l'Esprit- Saint exprime en même temps une particulière
confirmation du lien sponsal qui préexistait déjà entre Joseph et Marie. Le
messager dit clairement à Joseph: « Ne crains pas de prendre chez toi Marie,
ton épouse. » Ainsi, ce qui était advenu auparavant - son mariage avec Marie -
s'était fait par la volonté de Dieu et devait donc être conservé. Dans sa
maternité divine, Marie doit continuer à vivre comme « une vierge, épouse d'un
mari » (cf. Lc 1, 27).
19. Dans les paroles de
1' « annonciation » nocturne, non seulement Joseph entend la vérité divine sur
la vocation ineffable de son épouse, mais il y réentend aussi la vérité sur sa
propre vocation. Cet homme « juste », qui, dans l'esprit des plus nobles
traditions du peuple élu, aimait la Vierge de Nazareth et s'était lié à elle
d'un amour sponsal, est à nouveau appelé par Dieu à cet amour. « Joseph fit ce
que l'Ange du Seigneur lui avait prescrit: il prit chez lui son épouse »; ce
qui est engendré en elle « vient de l'Esprit-Saint »: ne faut-il pas conclure,
devant ces expressions, que son amour d'homme est, lui aussi, régénéré par
l'Esprit-Saint? Ne faut-i1 pas penser que l'amour de Dieu, qui a été répandu
dans le coeur de l'homme par le Saint-Esprit (cf. Rm 5, 5), façonne de la
manière la plus parfaite tout amour humain? Il façonne aussi - et d'une façon
tout à fait singulière - l'amour sponsal des époux, et il approfondit en lui
tout ce qui est humainement digne et beau, ce qui porte les signes de l'abandon
exclusif de soi, de l'alliance des personnes et de la communion authentique du
Mystère trinitaire. « Joseph... prit chez lui son épouse mais il ne la connut
pas jusqu'à ce qu'elle eut enfanté un fils. » (Mt 1, 24-25.) Ces paroles
indiquent une autre proximité sponsale. La profondeur de cette intimité,
l'intensité spirituelle de l'union et du contact entre personnes - de l'homme
et de la femme proviennent en définitive de l'Esprit, qui vivifie (cf. Jn 6,
63). Joseph, obéissant à l'Esprit, retrouva précisément en lui la source de
l'amour, de son amour sponsal d'homme, et cet amour fut plus grand que ce que «
l'homme juste » pouvait attendre selon la mesure de son coeur humain.
20. Dans la liturgie,
Marie est célébrée comme « unie à Joseph, homme juste, par les liens d'un amour
sponsal et virginal (31) ». Il s'agit en effet de deux amours qui représentent
ensemble le mystère de l'Église, vierge et épouse, dont le mariage de Marie et
de Joseph est le symbole. « La virginité et le célibat pour le Royaume de Dieu
ne diminuent en rien la dignité du mariage, au contraire ils la présupposent et
la confirment. Le mariage et la virginité sont les deux manières d'exprimer et
de vivre l'unique mystère de l'Alliance de Dieu avec son peuple (32) », qui est
la communion d'amour entre Dieu et les hommes. Par le sacrifice total de soi,
Joseph exprime son amour généreux pour la Mère de Dieu, lui faisant le « don
sponsal de lui-même ». Bien que décidé à se retirer pour ne pas faire obstacle
au plan de Dieu qui était en train de se réaliser en elle, sur l'ordre exprès
de l'Ange, il la garde chez lui et respecte son appartenance exclusive à Dieu.
D'autre part, c'est de son mariage avec Marie que sont venus à Joseph sa
dignité unique et ses droits sur Jésus. « Certes, la dignité de la Mère de Dieu
est si haute qu'il ne peut être créé rien au-dessus. Mais, comme Joseph a été
uni à la bienheureuse Vierge par le lien conjugal, il n'est pas douteux qu'il
ait approché plus que personne de cette dignité suréminente par laquelle la
Mère de Dieu surpasse de si haut toutes les créatures. Le mariage est en effet
la société et l'union la plus intime de toutes, qui entraîne de sa nature la
communauté des biens entre l'un et l'autre conjoints. Aussi, en donnant Joseph
pour époux à la Vierge, Dieu lui donna non seulement un compagnon de vie, un
témoin de sa virginité, un gardien de son honneur, mais encore, en vertu même
du pacte conjugal, un participant de sa sublime dignité (33) ».
21. Ce lien de charité a
constitué la vie de la sainte Famille d'abord dans la pauvreté de Bethléem,
puis dans l'exil en Égypte et enfin dans l'existence à Nazareth. L'Église
entoure cette famille d'une profonde vénération, la proposant comme modèle à
toutes les familles. La Famille de Nazareth, directement insérée dans le
mystère de l'Incarnation, constitue elle-même un mystère particulier. Et en
même temps - comme dans l'Incarnation -, dans ce mystère, la vraie paternité a
sa place: la forme humaine de la famille du Fils de Dieu, véritable famille
humaine, constituée par le mystère divin. En elle, Joseph est le père: sa
paternité ne découle pas de la génération; et pourtant, elle n'est pas «
apparente » ou seulement « substitutive », mais elle possède pleinement
l'authenticité de la paternité humaine, du rôle du père dans la famille. Il y a
1à une conséquence de l'union hypostatique: l'humanité assumée dans l'unité de
la Personne divine du Verbe-Fils, Jésus-Christ. Avec l'humanité est aussi «
assumé » dans le Christ tout ce qui est humain et, en particulier, la famille,
première dimension de son existence sur terre. Dans ce contexte est aussi «
assumée » la paternité humaine de Joseph. En fonction de ce principe, ce que
dit Marie au jeune Jésus dans le Temple trouve son sens profond: « Ton père et
moi, nous te cherchons. » Ce n'est pas 1à une phrase de convenance: ce que dit
la Mère de Jésus montre toute la réalité de l'Incarnation, qui appartient au
mystère de la Famille de Nazareth. Certainement, Joseph, qui dès le début
accepta en « obéissance de foi » sa paternité humaine vis-à-vis de Jésus,
suivant en cela la lumière de l'Esprit-Saint qui se donne à l'homme par la foi,
découvrait toujours plus largement le don ineffable de sa paternité.
IV. LE TRAVAIL EXPRESSION
DE L'AMOUR
22. Une des expressions
quotidiennes de cet amour dans la vie de la Famille de Nazareth est le travail.
Le texte évangélique précise par quel type de travail Joseph essayait d'assurer
la subsistance de sa Famille : celui de charpentier. Ce simple mot
recouvre toute l'étendue de la vie de Joseph. Pour Jésus, ce sont 1à les années
de la vie cachée dont parle l'évangéliste après l'épisode du Temple: « Il
redescendit alors avec eux et revint à Nazareth; et i1 leur était soumis. » (Lc
2, 51.) Cette « soumission », c'est-à-dire l'obéissance de Jésus dans la maison
de Nazareth, est aussi comprise comme une participation au travail de Joseph.
Celui qui était appelé le « fils du charpentier » avait appris le travail de
son « père » putatif. Si, dans l'ordre du salut et de la sainteté, la Famille
de Nazareth est un exemple et un modèle pour les familles humaines, on peut en
dire autant, par analogie, du travail de Jésus aux côtés de Joseph le
charpentier. A notre époque 1'Eglise a mis cela en relief, entre autres, par la
mémoire liturgique de saint Joseph Artisan, fixée au 1er mai. Le travail
humain, en particulier le travail manuel, prend un accent spécial dans
1'Evangile. Il est entré dans le mystère de l'Incarnation en même temps que
l'humanité du Fils de Dieu, de même aussi qu'il a été racheté d'une manière
particulière. Grâce à son atelier où il exerçait son métier et même temps que
Jésus, Joseph rendit le travail humain proche du mystère de la Rédemption.
23. Dans la croissance
humaine de Jésus « en sagesse, en taille et en grâce », une vertu eut une part
importante: la conscience professionnelle, le travail étant « un bien de
l'homme » qui « transforme la nature » et rend l'homme « en un certain sens
plus homme (34) ». L'importance du travail dans la vie de l'homme demande qu'on
en connaisse et qu'on en assimile les éléments afin « d'aider tous les hommes à
s'avancer grâce à lui vers Dieu, Créateur et Rédempteur, à participer à son
plan de salut sur l'homme et le monde, et à approfondir dans leur vie l'amitié
avec le Christ, en participant par la foi de manière vivante à sa triple
mission de prêtre, de prophète et de roi (35) ».
24. Il s'agit en
définitive de la sanctification de la vie quotidienne, à laquelle chacun doit
s'efforcer en fonction de son état et qui peut être proposée selon un modèle
accessible à tous: « Saint Joseph est le modèle des humbles, que le
christianisme élève vers de grands destins; il est la preuve que, pour être de
bons et authentiques disciples du Christ, i1 n'y a pas besoin de «grandes
choses»: il faut seulement des vertus communes, humaines, simples, mais vraies
et authentiques (36) ».
V. LA PRIMAUTÉ DE LA VIE
INTÉRIEURE
25. Le climat de silence
qui accompagne tout ce qui se réfère à la figure de Joseph s'étend aussi à son
travail de charpentier dans la maison de Nazareth. Toutefois, c'est un silence
qui révèle d'une manière spéciale le profil intérieur de cette figure. Les
Évangiles parlent exclusivement de ce que « fit » Joseph; mais ils permettent
de découvrir dans ses « actions », enveloppées de silence, un climat de
profonde contemplation. Joseph était quotidiennement en contact avec le mystère
« caché depuis les siècles », qui « établit sa demeure » sous son toit. Cela
explique par exemple pourquoi sainte Thérèse de Jésus, la grande réformatrice
du Carmel contemplatif, se fit la promotrice du renouveau du culte rendu à
saint Joseph dans la chrétienté occidentale.
26. Le sacrifice absolu
que Joseph fit de toute son existence aux exigences de la venue du Messie dans
sa maison trouve son juste motif « dans son insondable vie intérieure, d'où lui
viennent des ordres et des réconforts tout à fait particuliers et d'où
découlent pour lui la logique et la force, propres aux âmes simples et
transparentes, des grandes décisions, comme celle de mettre aussitôt à la
disposition des desseins divins sa liberté, sa vocation humaine légitime, son
bonheur conjugal, acceptant la condition, la responsabilité et le poids de la
famille et renonçant, au profit d'un amour virginal incomparable, à l'amour
conjugal naturel qui la constitue et l'alimente (37) ». Cette soumission à
Dieu, qui est promptitude de la volonté à se consacrer à tout ce qui concerne
son service, n'est autre que l'exercice de la dévotion qui constitue une des
expressions de la vertu de religion (38).
27. La communion de vie
entre Joseph et Jésus nous amène à considérer encore le mystère de
l'Incarnation précisément sous l'aspect de l'humanité du Christ, instrument
efficace de la divinité pour la sanctification des hommes: « En vertu de la
divinité, les actions humaines du Christ ont été salutaires pour nous,
produisant en nous la grâce tant en raison du mérite que par une certaine
efficacité (39) ». Parmi ces actions, les évangélistes privilégient celles qui
concernent le mystère pascal, mais ils n'omettent pas de souligner l'importance
du contact physique avec Jésus à propos des guérisons (cf. par exemple Mc 1,41)
et l'influence qu'il exerce sur Jean-Baptiste lorsqu'ils étaient l'un et
l'autre dans le sein de leur mère (cf. Lc 1, 41-44). Le témoignage apostolique,
on l'a vu, n'a pas omis de décrire la naissance de Jésus, la circoncision, la
présentation au Temple, la fuite en Égypte et la vie cachée à Nazareth, et cela
en raison du « mystère » de grâce contenu dans de tels « gestes », tous
salvifiques, parce que participant de la même source d'amour: la divinité du
Christ. Si cet amour, par son humanité, rayonnait sur tous les hommes, les premiers
bénéficiaires en étaient bien évidemment ceux que la volonté divine avait
placés dans son intimité la plus étroite: Marie, sa mère, et Joseph, son père
putatif (40). Puisque l'amour « paternel » de Joseph ne pouvait pas ne pas
influer sur l'amour « filial » de Jésus et que, réciproquement, l'amour«
filial» de Jésus ne pouvait pas ne pas influer sur l'amour « paternel » de
Joseph, comment arriver à reconnaître en profondeur cette relation tout à fait
singulière? Les âmes les plus sensibles aux impulsions de l'amour divin voient
à juste titre en Joseph un exemple lumineux de vie intérieure. En outre,
l'apparente tension entre la vie active et la vie contemplative est dépassée en
lui de manière idéale, comme cela peut se faire en celui qui possède la perfection
de la charité. Selon la distinction bien connue entre l'amour de la vérité
(charitas veritatis) et l'exigence de l'amour (necessitas charitatis) (41),
nous pouvons dire que Joseph a expérimenté aussi bien l'amour de la
vérité, c'est-à-dire le pur amour de contemplation de la Vérité divine qui
rayonnait de l'humanité du Christ, que l'exigence de l'amour, c'est-à-dire
l'amour, pur lui aussi, du service, requis par la protection et le
développement de cette même humanité.
VI. PATRON DE L'ÉGLISE DE
NOTRE TEMPS
28. En des temps
difficiles pour l'Église, Pie IX, voulant la confier à la protection spéciale
du saint patriarche Joseph, le déclara « Patron de l'Église catholique (42) ».
Le Pape savait que son geste n'était pas hors de propos car, en raison de la
très haute dignité accordée par Dieu à ce fidèle serviteur, « l'Église, après
la Vierge Sainte son épouse, a toujours tenu en grand honneur le bienheureux
Joseph, elle l'a comblé de louanges et a recouru de préférence à lui dans les
difficultés (43) ». Quels sont les motifs d'une telle confiance? Léon XIII les
énumère ainsi: « Les raisons et les motifs speciaux pour lesquels saint Joseph
est nommément le patron de l'Église et qui font que 1'Église espère beaucoup,
en retour, de sa protection et de son patronage sont que Joseph fut l'époux de
Marie et qu'il fut réputé le père de Jésus-Christ. [...] Joseph était le
gardien, l'administrateur et le défenseur légitime et naturel de la maison
divine dont il était le chef. [...] Il est donc naturel et très digne du bienheureux
Joseph que, de même qu'il subvenait autrefois à tous les besoins de la famille
de Nazareth et l'entourait saintement de sa protection, il couvre maintenant de
son céleste patronage et défende 1'Église de Jésus Christ (44) ».
29. Ce patronage doit
être invoqué, et il est toujours nécessaire à l'Église, non seulement pour la
défendre contre les dangers sans cesse renaissants mais aussi et surtout pour
la soutenir dans ses efforts redoublés d'évangélisation du monde et de nouvelle
évangélisation des pays et des nations « où - comme je l'ai écrit dans
l'exhortation apostolique Christifideles laici - la religion et la vie
chrétienne étaient autrefois on ne peut plus florissantes » et qui « sont
maintenant mis à dure épreuve (45) ». Pour apporter la première annonce du
Christ ou pour la présenter à nouveau là où elle a été délaissée ou oubliée,
l'Église a besoin d'une particulière « force d'en haut » (cf. Lc 24, 49; Ac 1,
8), don de l'Esprit du Seigneur, assurément, mais non sans lien avec
l'intercession et l'exemple de ses saints.
30. En plus de la
protection efficace de Joseph, l'Église a confiance en son exemple insigne,
exemple qui ne concerne pas tel état de vie particulier mais est proposé à
toute la communauté chrétienne, quelles que soient en elle la condition et les
tâches de chaque fidèle. Comme le dit la Constitution du Concile Vatican II sur
la Révélation divine, l'attitude fondamentale de toute l'Église doit être celle
de « l'écoute religieuse de la Parole de Dieu (46) », c'est-à-dire de la disponibilité
absolue à servir fidèlement la volonté salvifique de Dieu révélée en Jésus. Dés
le début de la Rédemption humaine, nous trouvons le modèle de l'obéissance
incarné, après Marie, précisément en Joseph, celui qui se distingue par
l'exécution fidèle des commandements de Dieu. Paul VI invitait à invoquer son
patronage « comme l'Église, ces derniers temps, a l'habitude de le faire, pour
elle-même d'abord, pour une réflexion théologique spontanée sur l'alliance de
l'action divine avec l'action humaine dans la grande économie de la Rédemption,
dans laquelle la première, l'action divine, se suffit totalement à elle-même
tandis que la seconde, l'action humaine, la nôtre, tout en étant dans
l'incapacité (cf. Jn 15, 5), n'est jamais dispensée d'une collaboration humble
mais conditionnelle et anoblissante. En outre, l'Église l'invoque comme
protecteur en raison d'un désir profond et très actuel de raviver son existence
séculaire avec des vertus évangéliques véritables, telles qu'elles ont
resplendi en saint Joseph (47) ».
31. L'Église transforme
ces exigences en prière. Rappelant que Dieu, à l'aube des temps nouveaux, a
confié à saint Joseph la garde des mystères du salut, elle lui demande de lui
accorder de collaborer fidèlement à l'oeuvre du salut, de lui donner un coeur
sans partage, à l'exemple de saint Joseph qui s'est consacré tout entier à
servir le Verbe incarné, de nous faire vivre dans la justice et la sainteté,
soutenus par l'exemple et la prière de saint Joseph (48). Déjà, il y a cent
ans, le pape Léon XIII exhortait le monde catholique à prier pour obtenir la
protection de saint Joseph, patron de toute 1'Eglise. L'encyclique Quamquam
pluries se référait à 1' « amour paternel » dont saint Joseph « entourait
l'enfant Jésus », et à ce « très sage gardien de la divine Famille », elle
recommandait « l'héritage que Jésus a acquis de son sang ». Depuis lors,
l'Église, comme je l'ai rappelé au début, implore la protection de Joseph « par
l'affection qui 1'a uni à la Vierge immaculée, Mère de Dieu » et elle lui
confie tous ses soucis, en raison notamment des menaces qui pèsent sur la
famille humaine. Aujourd'hui encore, nous avons de nombreux motifs pour prier
de la même manière: « Préserve-nous, Ô Père très aimant, de toute
souillure d'erreur et de corruption...; sois-nous propice et assiste-nous du
haut du ciel, dans le combat que nous livrons à la puissance des ténèbres...;
et de même que tu as arraché autrefois l'Enfant Jésus au péril de la mort,
défends aujourd'hui la sainte Église de Dieu des embûches de l'ennemi et de
toute adversité (49) ». Aujourd'hui encore, nous avons des motifs permanents de
recommander chaque personne à saint Joseph.
32. Je souhaite vivement
que la présente évocation de la figure de Joseph renouvelle en nous aussi les
accents de prière que mon prédécesseur, il y a un siècle, recommanda d'élever
vers lui. Il est certain, en effet, que cette prière et la figure même de
Joseph ont acquis un renouveau d'actualité pour 1'Eglise de notre temps, en
rapport avec le nouveau millénaire chrétien. Le Concile Vatican II nous a
encore une fois tous sensibilisés aux « merveilles de Dieu », à « l'économie du
salut » dont Joseph fut particulièrement le ministre. En nous recommandant donc
à la protection de celui à qui Dieu même « confia la garde de ses trésors les
plus précieux et les plus grands (50) », nous apprenons de lui, en même temps,
à servir « l'économie du salut ». Que saint Joseph devienne pour tous un maître
singulier dans le service de la mission salvifique du Christ qui nous incombe à
tous et à chacun dans l'Église: aux époux, aux parents, à ceux qui vivent du
travail de leurs mains ou de tout autre travail, aux personnes appelées à vie
contemplative comme à celles qui sont appelées à l'apostolat. L'homme juste,
qui portait en lui tout le patrimoine de l'Ancienne Alliance, a été aussi
introduit dans le « commencement » de l'Alliance nouvelle et éternelle en Jésus
Christ. Qu'il nous indique les chemins de cette Alliance salvifique au seuil du
prochain millénaire où doit se poursuivre et se développer la « plénitude du
temps » propre au mystère ineffable l'Incarnation du Verbe! Que saint Joseph
obtienne à l'Église et au monde, comme à chacun de nous, la bénédiction du Père
et du Fils et du Saint- Esprit!
Donné à Rome, près de
Saint-Pierre, le 15 août 1989, solennité de l'Assomption de la Vierge Marie, en
la onzième année de mon pontificat.
IOANNES PAULUS PP. II
NOTES
(*) IOANNES PAULUS PP.
II, Adhortatio apostolica ad sacros Antistites, Presbyteros et Diaconos,
Religiosos ac Religiosas, Christifideles omnes: de persona sancti Ioseph et
opera in Christi Iesu Ecclesiaeque vita: AAS 82 (1990), p. 5-34; texte officiel
français reproduit dans DocCath 86 (1989), p. 984-993.
(1) Cf. S. IRÉNÉE,
Adversus haereses, IV, 23, 1: S. Ch. 100/2, pp. 692-694.
(2) LÉON XIII, Encycl.
Quamquam pluries (15 août 1889): Leonis XIII P. M. Acta, IX (1890), Yp.
175-182.
(3) SACRÉE CONGRÉGATION
DES RITES, Décret Quemadmodum Deus (8 décembre 1870): Pit IX P. M. Acta,
le" partie, vol. V, p. 282; PIE IX, Lettre apost. Inclytum Pαtriarcham (7
juillet 1871),1.c., pp. 331-335.
(4) Cf. S. JEAN.
CHRYSOSTOME, Homélie sur S. Matth. V, 3: PG 57, 57-58; se fondant entre autres
sur la similitude de nom, des Docteurs de l'Eglise et des Souverains Pontifes
ont vu en Joseph d'Egypte le prototype de Joseph de Nazareth car i1 a en
quelque sorte esquissé le ministère et la grandeur de gardien des trésors les
plus précieux de Dieu le Père que sont le Verbe incarné et sa très sainte Mère;
cf. par ex.. S. BERNARD, Super « Missus est », Hom. II, 16: S. Bernardi Opera,
Ed. Cist., IV, 33-34; LÉON XIII, Encycl. Quamquam pluries (15 aoűt 1889): 1.
c., p. 179.
(5) Const. dogm. sur
1'Eglise Lumen gentium, n. 58.
(6) Cf. ibid., n. 63.
(7) Const. dogm. sur la
Révélation divine Dei Verbum, n. 5.
(8) Ibid., n. 2.
(9) Cf. CONCILE VATICAN
II, Const. dogm. sur 1'Eglise Lumen gentium, n. 63.
(10) CONCILE VATICAN II,
Const, dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 2.
(11} S. CONGRÉG. DES
RITES, Décret Novis hisce temporibus (13 novembre 1962): AAS 54 (1962), p. 873.
(12) S. AUGUSTIN, Sermo
51, 10, 16: PL 38, 342.
(13) S. AUGUSTIN, De
nuptiis et concupiscentia, I, 11, 12: PL 44, 421; cf. De consensu
evangelistarum, II, 1, 2: PL 34, 1071; Contra Faustum, III, 2: PL 42, 214.
(14) S. AUGUSTIN, De
nuptiis et concupiscentia, 1,11,13: PL 44, 421; cf. Contra Iulianum, V, 12,46:
PL 44, 810.
(15) Cf. S. AUGUSTIN,
Contra Faustum, XXIII, 8: PL 42, 470-471; De consensu evangelistarum, II, 1, 3:
PL 34, 1072; Sermo 51, 13, 21: PL 38, 344-345; S. THOMAS, Somme théol. III, q.
29, a. 2 in conclus.
(16) Cf. Allocutions des
9 et 16 janvier, et 20 février 1980: Insegnamenti, III/1 (1980), pp. 8892;
148-152; 428-431.
(17) PAUL VI, Allocution
aux « Equipes Notre-Dame » (4 mai 1970), n. 7: AAS 62 (1970), p. 431. Une
présentation analogue de la Famille de Nazareth comme modèle parfait de la
communauté familiale se trouve, par ex., dans LÉON XIII, Lettre apost. Neminem
fugit (14 juin 1892): Leonis XIII P. M. Acta, XII (1892), pp. 149-150; BENOÎT
XV, Motu proprio Bonum sane (25 juillet 1920): AAS 12 (1920), pp. 313-317.
(18) Exhort. apost.
Familiaris consortio (22 novembre 1981), n. 17: AAS 74 (1982), p. 100.
(19) Ibid., n. 49: 1.c.,
p. 140; cf. CONCILE VATICAN II, Const. dogm. sur 1'Eglise Lumen gentilim, n.
11; Décret sur l'Apostolat des laïcs Apostolicam actuositatem, n. 11.
(20) Exhort. apost.
Familiaris consortio (22 novembre 1981), n. 85: 1.c., pp. 189-190 (texte
français: n. 86).
(21) Cf. S. JEAN
CHRYSOSTOME, Homélie sur S. Matth. V, 3: PG 57, 57-58.
(22) PAUL VI, Allocution
du 19 mars 1966: Insegnamenti, IV (1966), p. 110.
(23) Cf. Missel romain,
Collecte de la solennité de saint Joseph, époux de la Vierge Marie.
(24) Cf. ibid., Préface
de la solennité de saint Joseph, époux de la Vierge Marie.
(25) Encycl. Quamquam
pluries (15 aoűt 1889): 1.c., p. 178.
(26) PIE XII,
Radiomessage aux étudiants des écoles catholiques des Etats-Unis d'Amérique (19
février 1958): AAS 50 (1958), p. 174.
(27)} ORIGÈNE, Homélie
XIII sur S. Luc, 7: S. Ch. 87, pp. 214-215.
(28) ORIGÈNE, Homélie XI sur
S. Luc, 6: S. Ch. 87, pp. 195. 197.
(29) Cf. Missel romain,
Prière eucharistique n. 1.
(30) S. CONGRÉGATION DES
RITES, Décret Quemadmodum Deus (8 décembre 1870): 1. c., p. 282.
(31) Collectio Missarum
de Beata Maria Virgine, I, « Sancta Maria de Nazareth », Préface.
(32) Exhort. apost.
Familiaris consortio (22 novembre 1981), n. 16: 1. c., p. 98.
(33). LÉON XIII, Encycl.
Quamquam pluries (15 août 1889): 1. c., p. 177-178.
(34) Cf. Encycl. Laborem
exercens (14 septembre 1981), n. 9: AAS 73 (1981), p. 599-600.
(35) Ibid., n. 24: 1. c.,
p. 638. En la période récente, les Souverains Pontifes ont constamment présenté
saint Joseph comme le « modèle » des ouvriers et des travailleurs; cf. par ex.
LÉON XIII, Encycl. Quamquam pluries (15 aoűt 1889): 1. c., p. 180; BENOÎT XV,
Motu proprio Bonum sane (25 juillet 1920): 1. c., p. 314-316; PIE XII,
Allocution du 11 mars 1945, n. 4: AAS 37 (1945), p. 72; Allocution du ler mai
1955: AAS 47 (1955), p. 406; Jean XXIII, Radiomessage du ler mai 1960: AAS 52
(1960), p. 398.
(36)' PAUL VI, Allocution
du 19 mars 1969: Insegnamenti, VII (1969), p. 1268.
(37) Ibid.: 1. c., p.
1267.
(38) Cf. S. THOMAS, Somme
theol., 11-T' , q. 82, a. 3, ad 2. (39) Ibid., III, q. 8, a. 1, ad 1.
(40) PIE XII, Encycl.
Haurietis aquas (15 mai 1956), III: AAS 48 (1956), p. 329-330.
(41) Cf. S. THOMAS, Somme
théol., II-II" , q. 182, a. 1, ad 3.
(42) Cf. S. CONGRÉGATION
DES RITES, Décret Quemadmodum Deus (8 décembre ,1870):1. c., p. 283.
(43) Ibid., 1. c., p.
282-283.
(44) LÉON XIII, Encycl.
Quamquam pluries (15 août 1889): 1. c., p. 177-179.
(45) Exhort. apost.
post-synodale Christifideles laici (30 décembre 1988), n. 34: AAS 81 (1989), p.
456.
(46) Const. dogm. sur la
Révélation divine Dei Verbum, n. 1.
(47) PAUL VI, Allocution
du 19 mars 1969: Insegnamenti, VII (1969), p. 1269.
(48) Cf. Missel romain,
Collecte et Prière sur les offrandes de la solennité de saint Joseph, époux de
la Vierge Marie; Prière après la communion de la messe votive de saint Joseph.
(49) Cf. LÉON XIII, «
Prière à saint Joseph » qui suit le texte de l'encyclique Quamquam pluries (15
août 1889): Leoпis XIII P. M. Acta, IX (1890), p. 183.
(50) S. CONGRÉGATION DES RITES, Décret Quemadmodum Deus (8 décembre 1870): 1. c., p. 282.
IOANNES PAULUS II
José Luzán, San José y el niño Jesús, vers 1750
Chers frères et soeurs!
En ces derniers jours de
l'Avent, la liturgie nous invite à contempler de façon particulière la Vierge
Marie et saint Joseph, qui ont vécu avec une intensité unique le temps de
l'attente et de la préparation de la naissance de Jésus. Je désire aujourd'hui
porter mon regard sur la figure de saint Joseph. Dans la page évangélique de ce
jour, saint Luc présente la Vierge Marie comme "fiancée à un homme du nom
de Joseph, de la maison de David" (Lc 1, 27). C'est toutefois l'évangéliste
Matthieu qui accorde le plus d'importance au père putatif de Jésus, en
soulignant que, à travers lui, l'Enfant résultait légalement inscrit dans la
descendance de David, et accomplissait ainsi les Ecritures, dans lesquelles le
Messie était prophétisé comme "fils de David". Mais le rôle de Joseph
ne peut certainement pas se réduire à cet aspect juridique. Il est le modèle de
l'homme "juste" (Mt 1, 19), qui, en parfaite harmonie avec son
épouse, accueille le Fils de Dieu fait homme et veille sur sa croissance
humaine. C'est pourquoi, au cours des jours qui précèdent Noël, il est plus que
jamais opportun d'établir une sorte de dialogue spirituel avec saint Joseph,
afin qu'il nous aide à vivre en plénitude ce grand mystère de la foi.
Le bien-aimé Pape Jean-Paul II, qui avait une profonde dévotion pour saint
Joseph nous a laissé une méditation admirable qui lui est consacrée dans
l'Exhortation apostolique Redemptoris
Custos, "Le Gardien du Rédempteur". Parmi les nombreux aspects
qu'il met en lumière, un accent particulier est placé sur le silence de saint
Joseph. Son silence est un silence empreint de contemplation du mystère de
Dieu, dans une attitude de disponibilité totale aux volontés divines. En
d'autres termes, le silence de saint Joseph ne manifeste pas un vide intérieur,
mais au contraire la plénitude de foi qu'il porte dans son coeur, et qui guide
chacune de ses pensées et chacune de ses actions. Un silence grâce auquel Joseph,
à l'unisson avec Marie, conserve la Parole de Dieu, connue à travers les
Ecritures Saintes, en la confrontant en permanence avec les événements de la
vie de Jésus; un silence tissé de prière constante, prière de bénédiction du
Seigneur, d'adoration de sa sainte volonté et de confiance sans réserve à sa
providence. Il n'est pas exagéré de penser que c'est précisément de son
"père" Joseph que Jésus a appris - sur le plan humain - la solidité
intérieure qui est le présupposé de la justice authentique, la "justice
supérieure" qu'Il enseignera un jour à ses disciples (cf. Mt 5, 20).
Laissons-nous "contaminer" par le silence de saint Joseph! Nous en
avons tant besoin, dans un monde souvent trop bruyant, qui ne favorise pas le
recueillement et l'écoute de la voix de Dieu. En ce temps de préparation à
Noël, cultivons le recueillement intérieur, pour accueillir et conserver Jésus
dans notre vie.
Après l'Angelus:
En ce dernier dimanche de l'Avent, puissiez-vous, chers pèlerins de langue
française, ouvrir votre coeur au Christ qui vient habiter dans notre monde, à
l'exemple de Marie, la Servante du Seigneur, pour faire comme elle la volonté
de Dieu, qui nous rend libres. Avec mon salut cordial et affectueux.
Merci à tous pour votre visite appréciée. Bon dimanche.
SOURCE : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/angelus/2005/documents/hf_ben-xvi_ang_20051218_fr.html
Albrecht Dürer, Saint Joseph et saint Joachim, 1504, 96 × 54, Munich, Alte Pinakothek
Basilique Vaticane
Chers frères et soeurs,
Nous avons écouté ensemble une page célèbre et belle du Livre de l'Exode, celle dans laquelle l'auteur sacré raconte la remise à Israël du Décalogue de la part de Dieu. Un détail nous frappe immédiatement: l'énonciation des dix commandements est introduite par une référence significative à la libération du peuple d'Israël. Le texte dit: "Je suis Yahvé, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Egypte, de la maison de servitude" (Ex 20, 2). Le Décalogue se veut donc une confirmation de la liberté conquise. En effet, les commandements, si on les regarde en profondeur, sont le moyen que le Seigneur nous donne pour défendre notre liberté aussi bien des conditionnements internes des passions que des abus externes de personnes malintentionnées. Les "non" des commandements sont autant de "oui" à la croissance d'une liberté authentique. Il existe une deuxième dimension du Décalogue qu'il faut également souligner: à travers la loi donnée par la main de Moïse, le Seigneur révèle qu'il souhaite passer avec Israël un pacte d'alliance. Plus qu'un ordre, la loi est par conséquent un don. Plus que commander ce que l'homme doit faire, elle veut manifester à tous le choix de Dieu: il est du côté du peuple élu; il l'a libéré de l'esclavage et il l'entoure de sa bonté miséricordieuse. Le Décalogue est le témoignage d'un amour préférentiel.
La Liturgie d'aujourd'hui nous offre un deuxième message: la Loi mosaïque a trouvé son plein accomplissement en Jésus, qui a révélé la sagesse et l'amour de Dieu à travers le mystère de la Croix, "scandale pour les Juifs, folie pour les païens - comme nous l'a dit saint Paul dans la seconde lecture -, mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs... puissance de Dieu et sagesse de Dieu" (1 Co 1, 23, 24). C'est précisément à ce mystère que fait référence la page évangélique qui vient d'être proclamée: Jésus chasse du temple les marchands et les changeurs. L'évangéliste fournit la clé de lecture de cet épisode significatif à travers le verset d'un Psaume: "Car le zèle de ta maison me dévore" (cf. Ps 69, 10). Jésus est bien "dévoré" par ce "zèle" pour la "maison de Dieu", utilisée dans des buts différents de ceux auxquels elle devrait être destinée. Face à la demande des responsables religieux, qui prétendent un signe de son autorité, à la stupéfaction des personnes présentes, il affirme: "Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai" (Jn 2, 19). Une parole mystérieuse, incompréhensible à ce moment-là, mais que Jean reformule pour ses lecteurs chrétiens, en observant que: "Lui parlait du sanctuaire de son corps" (Jn 2, 21). Ce "sanctuaire", ses adversaires allaient le détruire, mais après trois jours, il l'aurait reconstruit à travers la résurrection. La douloureuse et "scandaleuse" mort du Christ allait être couronnée par le triomphe de sa glorieuse résurrection. Alors qu'en ce temps de Carême, nous nous préparons à revivre dans le triduum pascal cet événement central de notre salut, notre regard est déjà tourné vers le Crucifié, en entrevoyant en Lui le rayonnement du Ressuscité.
Chers frères et soeurs, la Célébration eucharistique d'aujourd'hui, qui unit à la méditation des textes liturgiques du troisième dimanche de Carême, le souvenir de saint Joseph, nous offre l'opportunité de considérer, à la lumière du mystère pascal, un autre aspect important de l'existence humaine. Je veux parler de la réalité du travail, placée aujourd'hui au centre de changements rapides et complexes. La Bible, en de nombreuses pages, montre que le travail appartient à la condition originelle de l'homme. Lorsque le Créateur façonna l'homme à son image et ressemblance, il l'invita à travailler la terre (cf. Gn 2, 5.6). Ce fut à cause du péché de nos premiers ancêtres que le travail devint effort et peine (cf. Gn 3, 6-8), mais dans le projet divin, il conserve intacte toute sa valeur. Le Fils de Dieu lui-même, en se faisant en toute chose semblable à nous, se consacra pendant de nombreuses années à des activités manuelles, au point d'être connu comme le "fils du charpentier" (cf. Mt 13, 55). L'Eglise a toujours fait preuve, en particulier au cours du dernier siècle, d'attention et de sollicitude pour cette dimension de la société, ainsi qu'en témoignent les nombreuses interventions sociales du Magistère et l'action de multiples associations d'inspiration chrétienne dont certaines sont venues ici aujourd'hui représenter le monde des travailleurs dans son ensemble. Je suis heureux de vous accueillir, chers amis, et je présente à chacun de vous mon salut cordial. J'adresse une pensée particulière à Mgr Arrigo Miglio, Evêque d'Ivrea et Président de la Commission épiscopale italienne pour les Questions sociales et le Travail, la Justice et la Paix, qui s'est fait l'interprète des sentiments communs et m'a adressé de courtoises paroles de voeux pour ma fête. Je lui en suis vivement reconnaissant.
Le travail revêt une importance primordiale pour la réalisation de l'homme et pour le développement de la société, et c'est pourquoi il faut qu'il soit toujours organisé et accompli dans le plein respect de la dignité humaine et au service du bien commun. Dans le même temps, il est indispensable que l'homme ne se laisse pas asservir par le travail, qu'il ne l'idolâtre pas, en prétendant trouver en celui-ci le sens ultime et définitif de la vie. A ce propos, l'invitation contenue dans la première Lecture est tout à fait riche de sens: "Tu te souviendras du jour du sabbat pour le sanctifier. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage; mais le septième jour est un sabbat pour Yahvé ton Dieu" (Ex 20, 8-9). Le sabbat est le jour sanctifié, c'est-à-dire consacré à Dieu, pendant lequel l'homme comprend mieux le sens de son existence comme de son activité professionnelle. L'on peut par conséquent affirmer que l'enseignement biblique sur le travail trouve son couronnement dans le commandement du repos. Le Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise souligne justement à ce propos que: "A l'homme, lié à la nécessité du travail, le repos ouvre la perspective d'une liberté plus complète, celle du sabbat éternel (cf. He 4, 9-10). Le repos permet aux hommes de rappeler et de revivre les oeuvres de Dieu, depuis la Création jusqu'à la Rédemption, de se reconnaître eux-mêmes comme Son oeuvre (cf. Ep 2, 10), de lui rendre grâce de leur vie et de leur subsistance, car il en est l'auteur" (n. 258).
L'activité professionnelle doit servir au vrai bien de l'humanité, en permettant "à l'homme, considéré comme individu ou comme membre de la société, de s'épanouir selon la plénitude de sa vocation" (Gaudium et spes, n. 35). Pour que cela advienne, la qualification technique et professionnelle, même si elle est nécessaire, ne suffit pas; la création d'un ordre social juste et attentif au bien de tous n'est pas non plus suffisante. Il faut vivre une spiritualité qui aide les chrétiens à se sanctifier à travers le travail, en imitant saint Joseph qui, chaque jour, a dû pourvoir aux besoins de la Sainte Famille de ses propres mains et que, pour cette raison, l'Eglise indique comme Patron des travailleurs. Son témoignage montre que l'homme est le sujet et l'acteur du travail. Je voudrais lui confier les jeunes qui parviennent avec difficulté à s'insérer dans le monde du travail, les chômeurs et ceux qui souffrent des problèmes dus à l'importante crise de l'emploi. Qu'avec Marie, son Epouse, saint Joseph veille sur tous les travailleurs et obtienne pour les familles et pour toute l'humanité, sérénité et paix. Qu'en tournant le regard vers ce grand saint, les chrétiens apprennent à témoigner dans tous les milieux professionnels de l'amour du Christ, source de solidarité véritable et de paix stable. Amen!
SOURCE : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2006/documents/hf_ben-xvi_hom_20060319_lavoratori_fr.html
Bartolomé Esteban Murillo (1617–1682), La
Sagrada Familia del pajarito
(La
Sainte Famille avec l'oiseau), 1645–1650, 144 x 188, Madrid, Prado
Saint Joseph, la vocation
de garder
Chers frères et
sœurs !
Je remercie le Seigneur
de pouvoir célébrer cette Messe de l’inauguration de mon ministère pétrinien en
la solennité de saint Joseph, époux de la Vierge Marie et Patron de l’Église
universelle : c’est une coïncidence très riche de signification, et c’est
aussi la fête de mon vénéré Prédécesseur : nous lui sommes proches par la
prière, pleins d’affection et de reconnaissance.
Je salue avec affection
les Frères Cardinaux et Évêques, les prêtres, les diacres, les religieux et les
religieuses et tous les fidèles laïcs. Je remercie de leur présence les
représentants des autres Églises et Communautés ecclésiales, de même que les
représentants de la communauté juive et d’autres communautés religieuses.
J’adresse mon cordial salut aux Chefs d’État et de Gouvernement, aux
Délégations officielles de nombreux pays du monde et au Corps diplomatique.
Nous avons entendu dans
l’Évangile que « Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait
prescrit : il prit chez lui son épouse » (Mt 1,24). Dans ces paroles
est déjà contenue la mission que Dieu confie à Joseph, celle d’être custos,
gardien. Gardien de qui ? De Marie et de Jésus ; mais c’est une garde
qui s’étend ensuite à l’Église, comme l’a souligné le bienheureux Jean-Paul
II : « Saint Joseph a pris un soin affectueux de Marie et s’est
consacré avec joie à l’éducation de Jésus Christ, de même il est le gardien et
le protecteur de son Corps mystique, l’Église, dont la Vierge sainte est la
figure et le modèle » (Exhort. apost. Redemptoris Custos, n. 1).
Comment Joseph exerce-t-il
cette garde ? Avec discrétion, avec humilité, dans le silence, mais par
une présence constante et une fidélité totale, même quand il ne comprend pas.
Depuis son mariage avec Marie jusqu’à l’épisode de Jésus, enfant de douze ans,
dans le Temple de Jérusalem, il accompagne chaque moment avec prévenance et
avec amour. Il est auprès de Marie son épouse dans les moments sereins et dans
les moments difficiles de la vie, dans le voyage à Bethléem pour le recensement
et dans les heures d’anxiété et de joie de l’enfantement ; au moment
dramatique de la fuite en Égypte et dans la recherche inquiète du fils au
Temple ; et ensuite dans le quotidien de la maison de Nazareth, dans
l’atelier où il a enseigné le métier à Jésus.
Comment Joseph vit-il sa
vocation de gardien de Marie, de Jésus, de l’Église ? Dans la constante
attention à Dieu, ouvert à ses signes, disponible à son projet, non pas tant au
sien propre ; et c’est cela que Dieu demande à David, comme nous l’avons
entendu dans la première Lecture : Dieu ne désire pas une maison
construite par l’homme, mais il désire la fidélité à sa Parole, à son
dessein ; c’est Dieu lui-même qui construit la maison, mais de pierres
vivantes marquées de son Esprit. Et Joseph est « gardien », parce
qu’il sait écouter Dieu, il se laisse guider par sa volonté, et justement pour
cela il est encore plus sensible aux personnes qui lui sont confiées, il sait
lire avec réalisme les événements, il est attentif à ce qui l’entoure, et il
sait prendre les décisions les plus sages. En lui, chers amis, nous voyons
comment on répond à la vocation de Dieu, avec disponibilité, avec promptitude,
mais nous voyons aussi quel est le centre de la vocation chrétienne : le
Christ ! Nous gardons le Christ dans notre vie, pour garder les autres,
pour garder la création !
La vocation de garder,
cependant, ne nous concerne pas seulement nous les chrétiens, elle a une
dimension qui précède et qui est simplement humaine, elle concerne tout le
monde. C’est le fait de garder la création tout entière, la beauté de la
création, comme il nous est dit dans le Livre de la Genèse et comme nous l’a
montré saint François d’Assise : c’est le fait d’avoir du respect pour
toute créature de Dieu et pour l’environnement dans lequel nous vivons. C’est
le fait de garder les gens, d’avoir soin de tous, de chaque personne, avec
amour, spécialement des enfants, des personnes âgées, de celles qui sont plus
fragiles et qui souvent sont dans la périphérie de notre cœur. C’est d’avoir
soin l’un de l’autre dans la famille : les époux se gardent
réciproquement, puis comme parents ils prennent soin des enfants et avec le
temps aussi les enfants deviennent gardiens des parents. C’est le fait de vivre
avec sincérité les amitiés, qui sont une garde réciproque dans la confiance,
dans le respect et dans le bien. Au fond, tout est confié à la garde de
l’homme, et c’est une responsabilité qui nous concerne tous. Soyez des gardiens
des dons de Dieu !
Et quand l’homme manque à
cette responsabilité, quand nous ne prenons pas soin de la création et des frères,
alors la destruction trouve une place et le cœur s’endurcit. À chaque époque de
l’histoire, malheureusement, il y a des « Hérode » qui trament des
desseins de mort, détruisent et défigurent le visage de l’homme et de la femme.
Je voudrais demander,
s’il vous plaît, à tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité dans le
domaine économique, politique ou social, à tous les hommes et à toutes les
femmes de bonne volonté : nous sommes « gardiens » de la
création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de l’autre, de
l’environnement ; ne permettons pas que des signes de destruction et de
mort accompagnent la marche de notre monde ! Mais pour
« garder » nous devons aussi avoir soin de nous-mêmes !
Rappelons-nous que la haine, l’envie, l’orgueil souillent la vie ! Garder
veut dire alors veiller sur nos sentiments, sur notre cœur, parce que c’est de
là que sortent les intentions bonnes et mauvaises : celles qui
construisent et celles qui détruisent ! Nous ne devons pas avoir peur de
la bonté, et même pas non plus de la tendresse !
Et ici j’ajoute alors une
remarque supplémentaire : le fait de prendre soin, de garder, demande
bonté, demande d’être vécu avec tendresse. Dans les Évangiles, saint Joseph
apparaît comme un homme fort, courageux, travailleur, mais dans son âme émerge
une grande tendresse, qui n’est pas la vertu du faible, mais au contraire,
dénote une force d’âme et une capacité d’attention, de compassion, de vraie
ouverture à l’autre, d’amour. Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, de la
tendresse !
Aujourd’hui, en même
temps que la fête de saint Joseph, nous célébrons l’inauguration du ministère
du nouvel Évêque de Rome, Successeur de Pierre, qui comporte aussi un pouvoir.
Certes, Jésus-Christ a donné un pouvoir à Pierre, mais de quel pouvoir
s’agit-il ? À la triple question de Jésus à Pierre sur l’amour, suit une
triple invitation : sois le pasteur de mes agneaux, sois le pasteur de mes
brebis. N’oublions jamais que le vrai pouvoir est le service et que le Pape
aussi pour exercer le pouvoir doit entrer toujours plus dans ce service qui a
son sommet lumineux sur la Croix ; il doit regarder vers le service
humble, concret, riche de foi, de saint Joseph et comme lui, ouvrir les bras
pour garder tout le Peuple de Dieu et accueillir avec affection et tendresse
l’humanité tout entière, spécialement les plus pauvres, les plus faibles, les
plus petits, ceux que Matthieu décrit dans le jugement final sur la
charité : celui qui a faim, soif, est étranger, nu, malade, en prison (cf.
Mt 25,31-46). Seul celui qui sert avec amour sait garder !
Dans la deuxième Lecture,
saint Paul parle d’Abraham, qui « espérant contre toute espérance, a
cru » (Rm 4,18). Espérant contre toute espérance ! Aujourd’hui encore
devant tant de traits de ciel gris, nous avons besoin de voir la lumière de
l’espérance et de donner nous-mêmes espérance. Garder la création, tout homme
et toute femme, avec un regard de tendresse et d’amour, c’est ouvrir l’horizon
de l’espérance, c’est ouvrir une trouée de lumière au milieu de tant de nuages,
c’est porter la chaleur de l’espérance ! Et pour le croyant, pour nous
chrétiens, comme Abraham, comme saint Joseph, l’espérance que nous portons à
l’horizon de Dieu qui nous a été ouvert dans le Christ, est fondée sur le
rocher qui est Dieu.
Garder Jésus et Marie,
garder la création tout entière, garder chaque personne, spécialement la plus
pauvre, nous garder nous-mêmes : voici un service que l’Évêque de Rome est
appelé à accomplir, mais auquel nous sommes tous appelés pour faire resplendir
l’étoile de l’espérance : gardons avec amour ce que Dieu nous a
donné !
Je demande l’intercession
de la Vierge Marie, de saint Joseph, des saints Pierre et Paul, de saint
François, afin que l’Esprit Saint accompagne mon ministère et je vous dis à
tous : priez pour moi ! Amen.
Pape François
19 mars 2013
SOURCE : http://saint-joseph.fr/2013/03/saint-joseph-la-vocation-de-garder/
Francisco
de Herrera (I), San José y al Niño Jesús, que descansa sobre los brazos de su padre.
1648,
116 x 112, Museum of Lázaro Galdiano
BENOÎT XVI
ANGELUS
Place Saint-Pierre
III Dimanche de Carême,
19 mars 2006
Chers frères et soeurs!
Aujourd'hui, 19 mars,
nous célébrons la solennité de saint Joseph, mais, étant donnée la coïncidence
de cette fête avec le troisième dimanche de Carême, sa célébration liturgique
est reportée à demain. Toutefois, le contexte marial de l'Angelus nous invite à
nous arrêter aujourd'hui avec vénération sur la figure de l'époux de la
Bienheureuse Vierge Marie et Patron de l'Eglise universelle. Je voudrais
rappeler que le bien-aimé Pape Jean-Paul II également avait une grande dévotion
pour saint Joseph, auquel il consacra l'Exhortation apostolique Redemptoris
Custos - Gardien du Rédempteur, et il fit certainement l'expérience de
son assistance à l'heure de sa mort.
La figure de ce grand
Saint, tout en demeurant plutôt cachée, revêt dans l'histoire du salut une
importance fondamentale. Tout d'abord, appartenant à la tribu de Juda, il relia
Jésus à la descendance davidique, de sorte que, en réalisant les promesses sur
le Messie, le Fils de la Vierge Marie peut se dire véritablement: "fils de
David". L'Evangile de Matthieu souligne de façon particulière les
prophéties messianiques qui trouvèrent leur accomplissement à travers le rôle
de Joseph: la naissance de Jésus à Bethléem (2, 1-6); son passage en Egypte, où
la sainte Famille s'était réfugiée (2, 13-15); le surnom de
"Nazaréen" (2, 22-23). A l'instar de son épouse, Marie, il s'est
montré en tout cela l'héritier authentique de la foi d'Abraham: foi dans le Dieu
qui guide les événements de l'histoire selon son mystérieux dessein salvifique.
Sa grandeur, comme celle de Marie, ressort encore davantage du fait que sa
mission s'est accomplie dans l'humilité et dans la vie cachée de la maison de
Nazareth. Du reste, Dieu lui-même, en la personne de son Fils incarné, a choisi
cette voie et ce style - l'humilité et la vie cachée - dans son existence
terrestre.
L'exemple de saint Joseph
est pour nous tous une puissante invitation à accomplir avec fidélité,
simplicité et modestie le devoir que la Providence nous a confié. Je pense
avant tout aux pères et aux mères de famille, et je prie pour qu'ils sachent
toujours apprécier la beauté d'une vie simple et consacrée au travail, en
cultivant avec soin la relation conjugale et en accomplissant avec enthousiasme
la grande et difficile mission éducative. Que saint Joseph obtienne pour les
prêtres, qui exercent la paternité à l'égard des communautés ecclésiales,
d'aimer l'Eglise avec affection et un dévouement total, et qu'il aide les personnes
consacrées à observer de façon joyeuse et fidèle les conseils évangéliques de
pauvreté, de chasteté et d'obéissance. Qu'il protège les travailleurs du monde
entier afin qu'ils contribuent à travers leurs diverses professions au progrès
de l'humanité tout entière, et qu'il aide chaque chrétien à réaliser avec
confiance et amour la volonté de Dieu, coopérant ainsi à l'accomplissement de
l'oeuvre de salut.
Au terme de l'Angelus
Nous célébrons cette
année le V centenaire des Musées du Vatican, que mon bien-aimé prédécesseur
Jean-Paul II a définis comme "l'une des plus importantes portes du
Saint-Siège ouvertes sur le monde". Cette institution offre en effet une
contribution importante à la mission de l'Eglise, en communiquant à des
millions de personnes les vérités chrétiennes à travers le langage de l'art. Je
forme les meilleurs voeux pour les manifestations culturelles prévues et
j'assure de mon souvenir dans la prière tous ceux qui travaillent dans les
Musées du Vatican et tous les visiteurs.
Chers pèlerins de langue
française, je vous salue cordialement. Alors que nous fêtons saint Joseph, à
qui Dieu a confié la garde des mystères du salut, puisse-t-il aider toute
l'Eglise et chacun de vous à vivre en conformité avec l'enseignement et
l'exemple de Jésus, pour y trouver la liberté et la joie véritables! Que Dieu
bénisse votre chemin vers Pâques!
Je souhaite à tous un bon
dimanche et un fructueux chemin de Carême. Meilleurs voeux, bonne semaine!
Merci et encore bon dimanche. Merci.
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Libreria Editrice Vaticana
De même que Dieu avait
établi Joseph, fils du Patriarche Jacob, gouverneur de l’Egypte pour veiller
sur les provisions de blé destinées au peuple, aussi, à l’approche de la
plénitude des temps où il devait envoyer sur Terre son Fils unique comme
sauveur du Monde, il se réserva un autre Joseph dont le premier avait été le
type : il l’établit Seigneur et Prince sur sa maison et tous ses biens et
le choisit comme gardien de ses principaux Trésors.
Et de fait, Joseph eut
pour épouse l’Immaculée Vierge Marie de laquelle naquit de l’Esprit Saint Notre
Seigneur Jésus-Christ qui voulut bien qu’on le prit pour le fils de Joseph et à
qui il se soumit. Et celui qu’un aussi grand nombre de rois et de prophètes
avait tant souhaité voir, Joseph, lui, non seulement le vit mais il vécut avec
lui et lui prodigua par ses baisers et ses caresses les marques de l’amour paternel.
Et c’est aussi avec le plus grand soin qu’il nourrit celui que le peuple fidèle
prendrait comme pain descendu du Ciel pour en obtenir la vie éternelle. En
raison de cette sublime dignité que Dieu confère à son très fidèle serviteur,
l’Église, après la Vierge Mère de Dieu son épouse, entoura de tous temps le
Bienheureux Joseph de l’honneur le plus grand et de ses plus hautes louanges
et, au milieu des tourments, elle ne cessa d’implorer son assistance.
Mais en ces très tristes
temps qui sont les nôtres c’est l’Église elle-même qui, de tous côtés, est
poursuivie par ses ennemis. Et elle est accablée de malheurs si graves que les
impies en arriveraient à penser que les portes de l’Enfer ont enfin prévalu
contre elle. Voilà pourquoi les vénérables évêques, gardiens des saints
mystères de l’univers catholique adressèrent au Souverain Pontife leurs prières
et celles des fidèles dont ils ont la charge, demandant que l’on daignât
établir Saint Joseph Patron de l’Eglise Universelle.
Puis, tandis qu’à
l’occasion du Saint Synode Œcuménique du Vatican ces mêmes évêques avaient
renouvelé avec plus d’instance leurs demandes et leurs vœux, Sa Sainteté Pie
IX, affecté par le tout dernier et douloureux tour que prenaient les événements
et afin de confier Sa Personne et tous les fidèles au patronage du très
puissant Saint Patriarche Joseph, décida de satisfaire aux vœux des évêques
gardiens de la Foi et le déclara solennellement Patron de l’Église Catholique.
Il ordonna que sa fête, tombant le 19 mars, fût désormais célébrée sous le rite
double de première classe, mais sans octave à raison du carême. De plus, il
ordonna que cette déclaration deviendrait de droit public par le présent décret
de la Congrégation des Saints Rites et cela au jour consacré à la Mère de Dieu,
Vierge Immaculée et Épouse de très chaste Joseph. Nonobstant toutes choses
contraires.
Le 8 décembre 1870.
SOURCE : https://www.icrsp.org/Calendriers/Mois-St-Joseph/Textes/St-Joseph-Congr-Rites-Patron.htm
Guido Reni (1575–1642), Saint Joseph et l’Enfant Jésus, 1635, 126 × 101, Hermitage Museum
Solennité de la Saint
Joseph
Prières
Béni soyez-vous, ô très
aimable cœur de Marie, pour toutes les affections que vous avez pour ce grand
saint ! Béni soit à jamais votre noble cœur, ô saint Joseph, pour tout l'amour
qu'il a porté et portera éternellement à Jésus et à Marie, pour tous les soins
qu'il a eu pour pourvoir aux besoins du Fils et de la Mère et pour toutes les
douleurs et angoisses qu'il a souffertes en vue de leurs souffrances et des
mépris et mauvais traitements qu'il leur a vu porter de la part des hommes
ingrats ! O grand saint, nous vous offrons nos cœurs ; unissez-les avec le
vôtre et avec celui de Jésus et de Marie, les priant de faire en sorte que
cette union soit inviolable et éternelle.
Saint Jean Eudes
Puis-je voir, ô divin
Jésus, la fidélité admirable avec laquelle vous avez accompli toutes vos
promesses, et avec laquelle vous ne manquez jamais d’être sur nos autels pour
nous combler de grâces, sans me reprocher le peu de fidélité que j’ai pour vous
servir ? Et puis-je voir cette vertu si éminente dans mon glorieux protecteur
saint Joseph, sans rougir de l'infériorité où je suis devant tous mes devoirs ?
Mais aujourd'hui, mon adorable Maître, je veux profiter de ces belles leçons et
je commence à observer une fidélité si inviolable que non seulement je ne
manquerai à aucune de mes obligations, mais encore avec une sainte opiniâtreté
je me plierai aux plus petites pratiques que j'ai entreprises. Enfin je
m’encourage à la fidélité en honorant saint Joseph et en adorant Jésus-Christ
dans le Très Saint-Sacrement de l'autel.
P. Albert de Paris
Joseph même, qui
toutefois est ange en la terre, choisi en la terre pour être le seul
participant à ce grand conseil, le tuteur du Fils, l'époux de la Mère, le chef
de la famille et de la maison du Père éternel en la terre et duquel, nous dit
le Prophète, comme étant établi de Dieu en puissance et principauté, et son
lieutenant sur la partie la plus noble de son Etat et de son Empire ; car le
plus noble empire du Père éternel, c'est Jésus et Marie, et Joseph a puissance
sur l'un et sur l'autre par le vouloir du Père. Et toutefois cet ange, ce
prince, cet époux, ce tuteur du Fils et de la Mère de Dieu, n'est point appelé
au secret de cette naissance intérieure de Jésus.
Cardinal Pierre de
Bérulle
Glorieux saint Joseph,
époux de Marie, accordez-nous votre protection paternelle, nous vous en
supplions par le Cœur de Jésus-Christ. O vous, dont la puissance infinie
s'étend à toutes nos nécessités et sait nous rendre possibles les choses les
plus impossibles, ouvrez vos yeux de père sur les intérêts de vos enfants. Dans
l'embarras et la peine qui nous pressent, nous recourons à vous avec confiance
; daignez prendre sous votre charitable conduite cette affaire importante et difficile,
cause de nos inquiétudes. Faites que son heureuse issue tourne à la gloire de
Dieu et au bien de ses dévoués serviteurs.
Saint François de Sales
Seigneur Jésus-Christ,
dans l'éternité Dieu de Dieu et dans le temps, par votre ineffable humilité,
homme né d'une vierge, qui avez voulu, en saint Joseph, donner à votre mère
vierge un époux vierge, à cette humble femme un humble compagnon de vie, et qui
l'avez merveilleusement élevé d'un état de petitesse à un état de grandeur, et
d'un état d'humilité à un état de sublimité, par une augmentation de vertus et
de prérogatives, donnez-nous, nous vous en prions, par son exemple, ses mérites
et ses prières, la pureté de l'âme et du corps, la vraie vertu d'humilité, et,
une fois fixés dans l'humilité, une augmentation de foi, d'espérance, de
charité et de toutes les vertus, afin que par nos mérites vertueux nous
puissions obtenir avec lui la récompense de la gloire éternelle. Vous qui étant
Dieu vivez et régnez avec le Père et le Saint-Esprit dans tous les siècles des
siècles. Amen.
Cardinal Pierre d’Ailly
Litanies
Seigneur, ayez pitié de
nous Seigneur, ayez pitié de nous
O Christ, ayez pitié de
nous O Christ, ayez pitié de nous
Seigneur, ayez pitié de
nous Seigneur, ayez pitié de nous
Père du Ciel qui êtes
Dieu, ayez pitié de nous
Fils, Rédempteur du monde
qui êtes Dieu, ayez pitié de nous
Saint-Esprit qui êtes
Dieu, ayez pitié de nous
Sainte Trinité qui êtes
un seul Dieu, ayez pitié de nous
Sainte Marie, priez pour
nous
Saint Joseph, priez pour
nous
Illustre descendant de
David, priez pour nous
Lumière des patriarches,
priez pour nous
Epoux de la Mère de Dieu,
priez pour nous
Chaste gardien de la
Vierge, priez pour nous
Nourricier du Fils de
Dieu, priez pour nous
Zélé défenseur de Jésus,
priez pour nous
Chef de la sainte
Famille, priez pour nous
Joseph très juste, priez
pour nous
Joseph très chaste, priez
pour nous
Joseph très prudent,
priez pour nous
Joseph très courageux,
priez pour nous
Joseph très obéissant,
priez pour nous
Joseph très fidèle, priez
pour nous
Miroir de patience, priez
pour nous
Amant de la pauvreté,
priez pour nous
Modèle des travailleurs,
priez pour nous
Gloire de la vie de
famille, priez pour nous
Gardien des vierges,
priez pour nous
Soutien des familles,
priez pour nous
Consolateur des
malheureux, priez pour nous
Espérance des malades,
priez pour nous
Patron des mourants,
priez pour nous
Terreur des démons, priez
pour nous
Protecteur de la sainte
Eglise, priez pour nous
Agneau de Dieu, qui
effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur
Agneau de Dieu, qui
effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur
Agneau de Dieu, qui
effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous, Seigneur
Jésus-Christ,
écoutez-nous Jésus-Christ, écoutez-nous
Jésus-Christ,
exaucez-nous Jésus-Christ, exaucez-nous
Il l’a établi maître de
sa maison.
- Et prince sur tous ses
biens.
O Dieu qui dans votre
providence ineffable avez daigné choisir le bienheureux Joseph pour être
l’époux de votre très sainte Mère, faites, nous vous en prions, que le vénérant
ici-bas comme protecteur, nous méritions de l’avoir comme intercesseur dans le ciel.
Vous qui étant Dieu, vivez et régnez avec le Père, dans l’unité du
Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. - Amen.
Méditation
Considérons quels
sentiments de tendresse et de vénération Saint Joseph avait pour la
bienheureuse Vierge Marie. A la bonté la plus accomplie elle joignait la plus
profonde humilité, la plus aimable douceur, la plus complète pureté, la plus
parfaite obéissance, le plus généreux amour de Dieu; élevée de la sorte par ses
incomparables qualités au-dessus de tous les hommes et de tous les anges, Marie
méritait l’affection de Saint Joseph, et Saint Joseph, pour qui la vertu avait
tant de charmes, aimait Marie de tout son coeur. D’autant plus qu’il recevait
incessamment les marques de l’affection dont sa sainte épouse était animée pour
lui; nul doute, en effet, qu’elle n’aimât son chaste époux plus que n’importe
quelle autre créature. Enfin, il voyait dans Marie la bien-aimée de Dieu, celle
que le Seigneur avait choisie pour mère de son Fils unique. Combien donc le
coeur si juste et si reconnaissant de Joseph devait aimer sa pure et admirable
épouse !
Considérons ensuite
l’amour que Joseph portait à Jésus. Dieu ne pouvait charger Joseph de tenir
lieu de père à Jésus sans lui mettre au coeur l’amour dont il fallait qu’un
père fût animé pour un tel Fils, un Fils si digne d’amour, un Fils qui était en
même temps son Dieu. Aussi l’amour de Joseph, fort différent de celui que les
pères ont d’ordinaire pour leurs enfants, ne fut pas seulement naturel, mais
encore surnaturel, Jésus étant tout à la fois et le fils de Joseph et son Dieu.
En effet, grâce à la révélation apportée du ciel par l’ange, Saint Joseph
savait de science certaine que cet enfant, dont la vie s’écoulait près de lui,
était le Verbe divin fait homme par amour pour les hommes, et en particulier
pour lui, son père nourricier. Il se voyait choisi entre tous pour lui servir
de gardien et de protecteur, en même temps qu’il l’entendait lui dire : mon
père. Quel incendie d’amour ne devait pas allumer dans l’âme du saint
patriarche la considération de ces merveilles! De quelles flammes d’amour il se
sentait brûler lorsqu’il voyait son Dieu faire l’office d’un simple ouvrier,
ouvrir et fermer l’atelier, aider à scier le bois, manier le rabot et la hache,
ramasser les copeaux, balayer la maison, en un mot accomplir exactement tous
ses ordres et n’agir jamais que par obéissance. Quels sentiments de tendresse
inondaient son âme quand il portait l’Enfant Jésus dans ses bras et que tous
deux se témoignaient leur amour par les plus douces caresses, quand il
l’entendait proférer ces paroles de vie éternelle dont chacune était comme une
flèche d’amour qui lui perçait le coeur, mais surtout quand il voyait donner
l’exemple de toutes les plus sublimes vertus! Parmi les hommes, à force de
vivre ensemble, on finit d’ordinaire par n’avoir plus l’un pour l’autre qu’un amour
fort médiocre, parce que, au fur et à mesure que les relations durent, on
découvre davantage les défauts l’un de l’autre. Saint Joseph, au contraire, ne
cessait, en continuant de vivre avec Jésus, d’admirer davantage sa sainteté.
Comprenons par là de quel amour il parvint à brûler pour lui, cette vie
d’ineffable intimité n’ayant pas duré, selon le sentiment commun, moins de
vingt-cinq ans.
Grand saint Joseph, je me
réjouis que Dieu vous ait jugé digne d’occuper ce poste éminent où, constitué
le père de Jésus, vous avez vu se soumettre à votre autorité celui dont le ciel
et la terre exécutent les ordres. Puisqu’un Dieu voulut vous obéir, moi je veux
me mettre à votre service. Oui, je veux désormais vous servir, vous honorer et
vous aimer, comme mon Seigneur et Maître. Daignez m’accepter au nombre de vos
clients ; ensuite commandez-moi tout ce que vous voulez. Quoi que vous
m’ordonniez, ce sera, je le sais, pour mon plus grand bien et pour la gloire de
Jésus, mon Rédempteur et le vôtre. Mon bien-aimé Saint Joseph, soyez mon
intercesseur auprès de Jésus. Il vous a si fidèlement obéi sur la terre;
certainement il ne rejettera jamais aucune de vos prières. Dites-lui donc qu’il
me pardonne toutes les offenses dont je me suis rendu coupable contre lui.
Dites-lui qu’il me détache des créatures et de moi-même et qu’il m’enflamme de
son amour; puis qu’il fasse de moi tout ce qui lui plaît.
Saint Alphonse-Marie de
Liguori
« Une année de
méditations »
Extraits de l’homélie de
S.S. le pape Jean-Paul II (24 mars 1985)
1. Tu es mon Père... et
le rocher de mon salut (Psaume LXXXVIII 27). Avec ces paroles de la Liturgie
d'aujourd'hui je désire, ensemble avec vous, chers Frères et Sœurs, adorer la
Paternité de Dieu dans la grande et humble figure de l'époux de la Très Sainte
Vierge, que nous commémorons en ce dimanche qui suit immédiatement sa fête
(...)
J'ai conclu un pacte avec
mon élu. Je me suis lié par serment à David, mon serviteur : J'affermirai ta
race à perpétuité... (Psaume LXXXVIII 4-5) Le Psalmiste parle de David-roi,
mais la liturgie indique Joseph de Nazareth, le charpentier. Dieu a conclu avec
lui une alliance particulière, que l'Eglise compare avec celle de Dieu avec
Abraham et David.
Le Dieu de l'Alliance dit
à Abraham : Je te rendrai père d'une multitude de peuple (Genèse XVII 5). Et à
Joseph de Nazareth Dieu dit : je t'ai fait père... le père de mon Fils ! Devant
les hommes j'ai fait de toi le père de Celui qui fut conçu du Saint-Esprit - de
toi, qui comme Abraham eut foi en espérant contre toute espérance (Romains IV18
; cf. Genèse XV 6). Et en cette foi tu as accueilli sous ton toit Celui qui fut
Espérance et Attente de tous les peuples : Jésus, fils de Marie. Par la
solennité d'aujourd'hui l'Eglise professe et loue cette particulière alliance
dans la Paternité, à laquelle Joseph de Nazareth a eu part encore plus
qu'Abraham.
3. Abraham crut contre
toute espérance au fait de pouvoir devenir père d'une multitude de peuple -
contre toute espérance parce que, humainement, il ne pouvait attendre un fils.
Joseph crut que à son côté aurait lieu l'accomplissement de l'Espérance. Il
crut que par l'opération du Saint-Esprit Marie, son épouse promise, la Vierge
de Nazareth, était devenue mère avant qu'ils eussent habité ensemble (Matthieu
I 18).
Voici les paroles du
Messager de Dieu auxquelles crut Joseph : Joseph, fils de David, ne crains pas
de prendre Marie pour femme, car l'enfant qu'elle a conçu vient de l'Esprit
Saint. Elle va mettre au monde un fils à qui tu donneras le nom de Jésus, car
il sauvera son peuple de ses péchés (Matthieu I 20-21). Comme elles sont
proches ces paroles de l'annonciation de l'Ange, entendues par Joseph, de
celles de l'annonciation qu'avait entendues Marie ! Elles se complètent
réciproquement et expliquent ensemble le mystère divin de l'Incarnation du
Verbe, Fils de Dieu.
4. Joseph, qui avait cru
à ces paroles, conclut avec Dieu une Alliance particulière : l'Alliance dans la
Paternité. Par la suite, il devait savoir ce que signifiaient dans sa vie et
dans sa vocation les expressions du Psaume : Il m'invoquera : Tu es mon Père
(Psaume LXXXVIII 27). De fait Jésus l'appelait ainsi. Et tous disaient de même,
appelant Jésus le fils du charpentier (Matthieu XIII 55). Et lui, Joseph,
savait que ces paroles se référaient au Père Eternel, Créateur du ciel et de la
terre.
Il savait que s'était
accomplie l'Alliance la plus sacrée. Il savait que sa pauvre maison de Nazareth
avait été remplie de l'insondable mystère de la Paternité divine, dont lui
même, Joseph, était devenu le dépositaire le plus proche et le serviteur
fidèle. Lui, l'époux de Marie, la servante du Seigneur. Et quand chaque jour il
s'approchait de son établi de travail, il savait que son travail faisait une
seule chose avec le mystère de la Famille dans laquelle le fils Eternel de Dieu
était devenu un enfant. Il savait et croyait, il eut foi espérant contre toute
espérance.(...)
7. Sur le mystère divin
de l'alliance dans la Paternité réfléchissent aussi aujourd'hui ceux qui sont
les ministres de l'autel et de l'Eucharistie (...) Eux également ont conclu
avec Dieu une alliance dans la Paternité grâce à laquelle tant d'âmes ont pu
être élevées à la vie nouvelle dans le Christ. C'est une vraie paternité
spirituelle que d'être ministre de Dieu. Saint Paul se réclamait d'elle quand
il s'exclamait avec fierté : Eussiez-vous, en effet, dix mille maîtres dans le
Christ, vous n'avez pas plusieurs pères : or, c'est moi qui, par l'Evangile,
vous ai engendrés en Jésus-Christ (I Corinthiens IV 15). Et puisque sur le plan
surnaturel comme sur le plan naturel, la mission de la paternité ne se limite
pas à l'événement de la naissance, mais s'étend jusqu'à embrasser d'une
certaine manière toute la vie, l'apôtre Paul pouvait s'adresser à ses chrétiens
avec cette autre vibrante apostrophone : Mes petits enfants pour qui j'endure à
nouveau les douleurs, jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous (Galates IV
19).
Le ministère du prêtre
est ministère de paternité. Le comprendre signifie comprendre aussi le sens
profond de cette alliance spéciale avec Dieu qu'est le célibat. Il s'agit d'une
alliance dans la paternité qui, si elle est vécue dans la foi espérant contre
toute espérance, se révèle extraordinairement féconde. Comme Abraham, le prêtre
devient également père d'un grand nombre de nations (Romains IV 18), et trouve
dans les générations de chrétiens qui fleurissent autour de lui la récompense
des fatigues, des renoncements, des souffrances dont est tissé son service
quotidien.
Chers prêtres (...)
sachez vivre avec générosité chaque jour cette alliance renouvelée avec Dieu
dans la paternité spirituelle, orientant vers elle toute tâche de votre
ministère. Donnez bon témoignage de la sainteté de la Parole de Dieu, en
l'annonçant avec soin et amour, afin qu'elle soit comprise et vécue par le
Peuple qui vous est confié. Célébrez avec conviction intérieure les sacrements
du salut, spécialement ceux de l'Eucharistie et de la Réconciliation, portant
les fidèles à goûter les trésors de la liturgie et à s'en nourrir pour une vie
chrétienne toujours plus intense. Conduisez avec sens de la responsabilité des
communautés que vous êtes appelés à diriger, en participant, activement aux
joies et aux douleurs des gens (...)
9. Joseph témoigna de
cette primauté par toute sa vie. Aujourd'hui la liturgie met en un certain sens
dans son cœur et sur ses lèvres les paroles du Psaume : je veux chanter
éternellement les bontés du Seigneur, Ma bouche annoncera d'âge en âge ta
fidélité. Tu as dit en effet : la grâce est un édifice éternel ; Tu as affermi
ta fidélité dans les cieux. (Psaume LXXXVII 2-3).
Joseph, homme juste,
époux très chaste de Marie, charpentier de Nazareth, proclame dans la solennité
d'aujourd'hui dans l'Eglise la grâce extraordinaire de Dieu, qui lui fut
conférée à l'instar d'Abraham : la grâce de l'Alliance dans la paternité !
Et il proclame la
fidélité de Dieu à cette Alliance, qui s'accomplit dans le silence de la pauvre
maison en Galilée, où le travail remplissait les journées de la vie de la
Sainte Famille.
Et nous en regardant la
figure du Charpentier de Nazareth, nous prions pour que la grâce du Père
Eternel accompagne notre travail quotidien, unisse nos familles dans la
communion, fructifie au service de l'Eglise dont Joseph est protecteur et père,
comme il fut protecteur et père sur la terre du Fils Eternel de Dieu.
SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/03/19.php
La véritable histoire de
la dévotion à saint Joseph
Thérèse
Puppinck | 19 mars 2020
Patron des familles, des
travailleurs et des causes difficiles, saint Joseph occupe une place toute
particulière dans le coeur des croyants. Mais si la dévotion envers lui est
forte, elle n’en demeure pas moins relativement récente.
Durant les premiers
siècles, l’Église ne rend pas de culte particulier à saint Joseph car elle
choisit des patrons et des modèles dont le caractère répond aux épreuves
qu’elle traverse : la lutte face au paganisme et aux hérésies. Ainsi,
l’accent est davantage mis sur les martyrs, témoins héroïques de la foi, et sur
les apôtres, symbole de l’unité catholique.
Le développement du culte
de saint Joseph a pour point de départ les croisades et les pèlerinages en
Terre Sainte. En effet, à Bethléem et à Nazareth, les souvenirs de saint Joseph
sont prégnants, intimement mêlés à ceux de Jésus. A la suite de cette dévotion populaire
débute un travail liturgique et théologique. Le père adoptif du Christ est
particulièrement honoré dans le monachisme, notamment chez les franciscains et
les dominicains.
Lire aussi :
Le
retour de saint Joseph dans le cœur des fidèles
La France joue un rôle
important dans le développement du culte à saint Joseph. Au XVe siècle, le
théologien Jean Gerson, qui s’est placé très jeune sous le patronage du saint,
œuvre particulièrement pour promouvoir son culte. Il compose le premier livre
écrit en l’honneur de Joseph et, lors du concile de Constance (1414-1418), il
plaide en faveur d’une solennité nouvelle, pour qu’une fête propre lui soit
dédiée. La fête de saint Joseph est alors inscrite au missel romain.
Si les guerres de
religion freinent l’expansion de cette dévotion en France, il n’en est pas de
même pour l’Espagne, où sainte Thérèse d’Avila lui donne une impulsion
décisive. Particulièrement attachée à l’image toute paternelle de Joseph, elle
l’invoque et le prie sans cesse ; il est son soutien dans toutes ses
tribulations. Sur les dix-huit monastères qu’elle fonde, treize portent le nom
de Saint-Joseph. Lors d’une de ses extases, la Sainte Vierge Marie lui révèle
le plaisir qu’elle prend à l’entendre invoquer son époux Joseph.
Lire aussi :
Saint
Joseph : père, époux et contemplatif
Au début du XVIIe siècle,
les papes Grégoire XV et Urbain VIII rendent la célébration de la solennité de
saint Joseph obligatoire pour toute la chrétienté, la fête est alors fixée au
19 mars. Quelques années plus tard, au mois de juin 1660, saint Joseph apparaît
à un jeune berger assoiffé, près du village de Cotignac, et
lui indique une source miraculeuse. L’apparition est immédiatement reconnue par
l’évêque du lieu, et les pèlerinages se multiplient. Depuis plusieurs années
déjà, la Cour de France prend une part active à cette dévotion, d’autant plus
que Bossuet exalte, avec le talent oratoire qu’on lui connaît, la mission terrestre
de Joseph, gardien d’un dépôt sacré, l’Enfant-Dieu. Ce sermon, prononcé devant
Anne d’Autriche, reine très pieuse et mère du jeune Louis XIV, est
particulièrement remarqué. Le 10 mars 1661, après la mort du cardinal Mazarin,
débute ce que les historiens appellent le règne personnel de Louis XIV. Une des
premières décisions du roi est de décréter que le 19 mars, jour de la fête de
saint Joseph, serait désormais un jour chômé dans tout le royaume de France.
Bossuet prononce alors un second sermon sur les vertus de saint Joseph,
panégyrique dans lequel il remercie le roi pour cette marque d’honneur rendue à
l’époux de la Sainte Mère de Dieu.
La Révolution française
supprime toutes les festivités et jours fériés liés aux fêtes
religieuses ; et au XIXe siècle, les différents gouvernements ne
restaurent pas la célébration temporelle de la fête du 19 mars, même si la
dévotion à saint Joseph redevient très vigoureuse en France, en raison de la
place toute spéciale qu’il a eu sur la terre. En effet, Joseph a partagé avec
Marie les premiers sourires et les premières caresses de Jésus, il a eu la
possibilité de le cajoler aussi souvent qu’il le voulait, de vivre dans une
intimité de tous les instants. Dieu lui a confié son Fils, et en même temps
qu’Il lui demandait d’assumer toutes les charges d’une vraie paternité, Il lui
en conférait toute l’autorité et tous les droits. La paternité de Joseph s’est
exercée pleinement sur Jésus ; mais elle s’étend également aux autres
enfants de Marie, c’est-à-dire à l’humanité toute entière. C’est pourquoi saint
Joseph a une place toute spéciale au ciel. Le pape Pie IX l’a bien reconnu, lui
qui décréta saint Joseph patron de l’Église universelle, le 8 décembre 1870.
Lire aussi :
Les
dix traits de caractère de saint Joseph utiles pour notre vie
Outre cette glorieuse
paternité, l’Église confia à saint Joseph beaucoup de missions. Si celles de
patron des artisans et des familles sont bien connues, celles de patron des
éducateurs, de la bonne mort et de la vie intérieure sont parfois plus
ignorées. Elles correspondent pourtant bien aux vertus que Joseph a pratiquées
durant sa vie. Ayant été chargé par Dieu de veiller sur son Fils, de le défendre,
de l’élever, Joseph reçut des grâces particulières pour s’acquitter de cette
mission. D’autre part, sa douce et belle mort, entouré de Jésus et Marie,
invite les fidèles à demander la grâce du bien mourir. Enfin, saint Joseph
est un parfait modèle de vie intérieure de l’âme, en raison de sa grande union
spirituelle avec les cœurs de Jésus et Marie, au sein de la Sainte Famille.
Aujourd’hui encore,
plusieurs pays solennisent la Saint-Joseph par un jour férié : c’est le
cas notamment de la Colombie et de Malte, mais aussi de certaines régions
espagnoles et de quelques lands autrichiens. Joli clin d’œil à la
famille : en Espagne, le 19 mars est aussi le jour de la fête des pères.
Sainte Thérèse d’Avila avait l’habitude de demander à saint Joseph, le jour de
sa fête, une faveur spirituelle ou temporelle. Pourquoi ne pas reprendre cette
belle coutume, ce serait l’occasion de redécouvrir les nombreuses prières
dédiées à ce saint si puissant et si paternel.
La discrétion de Joseph,
langage de l’essentiel
Edifa |
18 mars 2020
Le 19 mars, l’Église fête
saint Joseph comme le modèle parfait du chrétien. Ce saint discret nous apprend
beaucoup sur la vie que nous devons mener sur terre pour atteindre la sainteté.
Un exemple à suivre sans modération.
L’Église a toujours
reconnu en saint Joseph le plus grand saint de l’Église après la Vierge Marie.
Un Père de l’Église, saint Grégoire de Nazianze (IVe siècle), écrivait :
« Le Seigneur a réuni en Joseph, comme dans un soleil, tout ce que les
saints ont ensemble de lumière et de splendeur ». N’est-ce pas exagéré au
vu de ce que l’on sait de lui ? Pour répondre à cette question, il faut bien
comprendre que ce n’est pas tant sa biographie qui est importante que son être
« théologal ». C’est-à-dire son existence même en Dieu. Sa discrétion
devient alors langage de l’essentiel.
Ce qui est absolument
désarmant, c’est que le lieu de la plus haute sainteté – Nazareth – est aussi
le lieu de la plus grande discrétion. Une vie si simple, presque banale. Une
vie faite d’amour conjugal et de charité familiale. Une vie marquée par le
travail. Une vie tout entière tournée vers Dieu par la prière et l’observance
des prescriptions religieuses. Une vie marquée par une obéissance au devoir
d’état dans la monotonie du quotidien ! On n’aura jamais fini de méditer cette
relation contrastée entre une si éminente sainteté et l’humble vie de chaque
jour.
À cette école de
Nazareth, saint Joseph apparaît comme le docteur du « silence ». Il
est maître en matière d’écoute de Dieu. Il vit pleinement le « Shema
Israël » (« Écoute Israël »), qu’il prie deux fois par jour. Son
silence n’est donc pas mutisme, mais qualité d’écoute ! Joseph est alors prompt
à obéir : jamais prévenu, mais toujours prêt ! Tel est le signe convaincant de
son abandon confiant en la providence divine : « Il prit chez lui son
épouse » (Mt
1, 24); il partit à Bethléem (Lc
2, 4); il prit la mère et l’Enfant et s’enfuit en Égypte (Mt
2, 13). Après le décès d’Hérode, il revint à Nazareth avec son épouse et
l’Enfant (Mt
2, 19-23). Par son exemple de vie réelle et bien « incarnée »,
l’époux de Marie, le père de Jésus et l’artisan du village est devenu le témoin
d’une vie authentiquement mystique. Il est « juste », car il
« est une personne qui prie, qui vit de la foi et qui cherche à accomplir
le bien en chaque circonstance concrète de la vie », disait saint
Jean-Paul II.
Lire aussi :
Saint
Joseph : père, époux et contemplatif
Ce qui n’est pas exprimé
explicitement au sujet de Joseph – ces années de vie d’amour et de labeur –
nous renvoie, par nécessité, à notre propre vie quotidienne. C’est comme si
Dieu nous disait à travers Joseph : « Ne cherchez pas ailleurs que dans le
réel de votre vie les occasions de sanctification. Ne fuyez pas hors de vos
existences pour trouver le Seigneur. N’allez pas imaginer votre sainteté :
recevez-la, construisez-la humblement, mais fermement, au fil des événements
qui sont autant d’occasions d’obéissance à la volonté du Père du ciel, autant
d’opportunité pour le don généreux de vous-même, autant de lieux pour
rencontrer et vivre l’Unique nécessaire : l’amour de Dieu et du
prochain ». Joseph : une sainteté sans parole, mais pas sans éloquence.
Son silence nous invite à écouter le Verbe, la Parole faite chair qui est au
centre de sa vie et de la nôtre.
Père Nicolas Buttet
Pourquoi les victimes de
la peste se consacraient-elles à saint Joseph ?
Philip
Kosloski | 15 mars 2020
Alors que la peste
ravageait l’Europe, les victimes se tournaient vers saint Joseph et demandaient
son intercession miraculeuse.
L’Europe connut des
heures très sombres à cause de la peste. Dans ces temps d’angoisse, les
chrétiens avaient souvent recours à saint Joseph. Outre le fait de demander sa
puissante intercession, de nombreux croyants se consacraient personnellement à
lui, lui offrant leurs vies dans l’espoir qu’eux et leurs familles soient
épargnés par l’épidémie.
Ainsi, on raconte que
l’intervention de saint Joseph sauva un village entier de la peste au XVIIe
siècle. En 1638, un vieillard habitant un village proche de Lyon ayant été
atteint de la peste, qui désolait alors cette ville, demanda au vicaire de
l’endroit si, en dehors des remèdes humains, il ne pourrait pas lui indiquer un
moyen de sauver sa vie. « Vous n’avez, lui répondit le prêtre, qu’à faire
vœu de célébrer tous les ans la fête de saint Joseph par la confession et la
communion, et de vous y préparer par une neuvaine. » Le bon vieillard fit
le vœu qu’on lui proposait, et aussitôt la peste disparut avec tous ses
symptômes.
La ville de Lyon connut
elle aussi une guérison miraculeuse grâce à saint Joseph :
Monsieur Augery, avocat
au parlement du Dauphiné, se trouvait à Lyon pendant la peste qui affligea
cette ville, dans l’année 1638. Il vit un de ses enfants, Théodore Augery, âgé
de sept ans, atteint du fléau, avec tous les signes qui présageaient une mort
prochaine et inévitable. Dans sa douleur extrême, ce père affligé s’adressa à
saint Joseph avec la plus vive confiance, et lui promit, s’il sauvait son fils,
d’aller pendant neuf jours entendre la sainte messe en son honneur, dans
l’église qui lui était consacrée, d’y faire brûler des cierges devant son
image, et enfin, d’y placer un ex-voto, dont l’inscription rappellerait le
bienfait dû à son intercession. Cependant, les médecins visitèrent le jeune
pestiféré ; ils le trouvèrent dans un état si déplorable, qu’ils le firent
porter sur-le-champ au lazaret, ne lui donnant plus que deux heures de vie.
L’ordre fut exécuté ; mais à peine arrivé au lazaret, l’enfant se trouve
subitement guéri ; et le père, plein de reconnaissance pour son glorieux
bienfaiteur, accomplit son vœu, avec de grands sentiments de piété. (The
Glories of the Catholic Church)
Plus largement, on dit
que les villes d’Avignon et de Lyon furent sauvées de la peste par
l’intercession de saint Joseph :
Au commencement du XVIIe
siècle, la peste exerçait ses fureurs dans la ville d’Avignon, le clergé et la
magistrature recoururent à saint Joseph et s’engagèrent par vœu à célébrer,
tous les ans, solennellement sa fête, s’il les délivrait de cette épidémie cruelle.
À partir de ce moment, il n’y eut plus de nouvelles victimes et le fléau
disparut entièrement ; mais ce fut pour aller à Lyon exercer ses ravages.
L’invasion fut terrible, et l’on crut un instant que la ville allait être
entièrement dépeuplée. Cependant, éclairés par l’exemple des Avignonnais, les
habitants de cette grande cité recoururent au moyen qui les avait sauvés, et
l’effet en fut le même. C’est de là que date la dévotion particulière des
Lyonnais pour saint Joseph. (The Glories of the Catholic Church)
Bien entendu, il faut
suivre les directives des autorités et du corps médical, mais l’attitude des
chrétiens à travers les siècles montre à quel point il est également important
de recourir à la prière dans la lutte contre une épidémie. Saint Joseph s’est
avéré être un puissant intercesseur, permettant aux âmes qui l’invoquent de se
rapprocher de Dieu, et demandant au Seigneur d’avoir pitié des malades et des
souffrants. Surtout, saint Joseph nous apprend à faire confiance à Dieu en
toutes circonstances et à remettre nos vies entre ses mains.
Saint Joseph
portant le Christ enfant, École
vénitienne (Première décennie du XVIe siècle.),
Venise, Basilica
Santi Giovanni e Paolo, Altare di San Giuseppe, già di San Marco.
St Joseph, époux de la
bienheureuse Vierge Marie, confesseur
Dès le Ve siècle, le
natale de St Joseph était célébré dans certains monastères égyptiens au 20
juillet, date toujours actuelle de la fête chez les Coptes.
Au rite byzantin, on
commémore St Joseph le dimanche avant Noël, avec « tous les saints Pères depuis
Adam » ; et le dimanche après Noël avec St Jacques et le roi David.
En Occident c’est le
martyrologe de Rheinau qui mentionne le premier une fête au 19 mars au alentour
de 800.
Le culte de St Joseph se
développa surtout au cours des XIVe et XVe siècles sous l’influence des
Franciscains qui avaient établi en 1399 la fête pour tout leur ordre.
Jean Gerson, Chancelier
de Notre-Dame de Paris, composa dans les premières années du XVe siècle un
office de la desponsatio de Marie et de Joseph et invita toutes les églises à
célébrer cette fête le jeudi de la semaine des Quatre-Temps d’Avent et à
commémorer la mort de St Joseph le 15 janvier. Mais c’est toutefois la date du
19 mars qui fut reçue universellement.
Le pape Sixte IV,
franciscain autorisa la fête a Rome sous le rite simple en 1476. St Pie V
l’inscrivit comme fête double obligatoire en 1568. Grégoire XV en fit une fête
d’obligation en 1621 et en 1670 Clément X l’éleva à la 2ème classe. Pie X la
promut à la 1ère classe quand il déclara St Joseph ‘patron de l’Église
universelle’ en 1870.
Le missel de 1570, peu
favorable aux compositions médiévales, remplaça les textes propres des Messes
antérieurement composées par des textes du commun.
AUX PREMIÈRES VÊPRES.
Ant. 1 Jacob * engendra
Joseph, époux de Marie de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ.
Ant. 2 Il fut envoyé * de
Dieu, l’Ange Gabriel, à une vierge qu’avait épousée un homme nommé Joseph, de
la maison de David ; et le nom de la vierge était Marie.
Ant. 3 Tandis qu’elle
était fiancée * à Joseph, il se trouva, avant qu’ils vinssent ensemble, que
Marie Mère de Jésus avait conçu par l’opération du Saint-Esprit.
Ant. 4 Joseph, son époux,
* qui était un homme juste, ne voulant pas là diffamer, résolut de la renvoyer
secrètement.
Ant. 5 Un Ange du
Seigneur * apparut à Joseph, disant : Joseph, fils de David, ne crains point de
prendre avec toi Marie, ton épouse ; car ce qui a été engendré en elle est du
Saint-Esprit ; elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jésus.
Capitule. Prov. 28, 20 et
27, 18.Un homme fidèle sera beaucoup loué. Et celui qui est gardien de son
Seigneur sera glorifié.
Hymnus
Te, Ioseph, célebrent
ágmina cælitum,
Te cuncti résonent
christíadum chori,
Qui clarus méritis,
iunctus est ínclytæ
Casto fœdere Vírgini.
Almo cum túmidam gérmine
cóniugem
Admírans, dúbio tángeris
ánxius,
Afflátu súperi Fláminis
Angelus
Concéptum Púerum docet.
Tu natum Dóminum
stringis, ad éxteras
Ægypti prófugum tu
séqueris plagas ;
Amíssum Sólymis quæris,
et ínvenis,
Miscens gáudia flétibus.
Post mortem réliquos sors
pia cónsecrat,
Palmámque eméritos glória
súscipit :
Tu vivens, Súperis par,
frúeris Deo,
Mira sorte beátior.
Hymne
Que les chœurs célestes
célèbrent ta gloire, ô Joseph !
Que les chants de tous
les Chrétiens fassent résonner tes louanges !
Glorieux déjà par tes
mérites, tu es uni
par une chaste alliance à
l’auguste Vierge.
Lorsque, en proie au
doute et à l’anxiété,
tu t’étonnes de l’état où
se trouve ton épouse,
un Ange vient t’apprendre
que l’enfant qu’elle a conçu,
l’a été par l’opération
de l’Esprit-Saint.
Le Seigneur est né, tu le
presses dans tes bras ;
tu fuis avec lui vers les
plages lointaines d’Égypte ;
tu le cherches à
Jérusalem où tu l’as perdu, et tu le retrouves :
ainsi tes joies sont
mêlées de larmes.
D’autres sont glorifiés
après une sainte mort, c
eux qui ont mérité là
palme sont reçus au sein de la gloire ;
mais toi, par une
admirable destinée, égal aux Saints, plus heureux même,
tu jouis dès cette vie de
la présence de Dieu.
Trinité souveraine,
exaucez nos prières, donnez-nous le pardon ;
que les mérites de Joseph
nous aident à monter dans les cieux,
pour qu’il nous soit
enfin donné de chanter à jamais
le cantique de la
reconnaissance et de la félicité. Amen.
V/. Il l’établit maître
de sa maison.
R/. Et prince de toutes
ses possessions.
Ant.au Magnificat Ainsi
réveillé de son sommeil, Joseph * fit comme l’Ange du Seigneur lui avait
ordonné, et prit son épouse avec lui.
A MATINES.
Invitatoire. Le Christ,
Fils de Dieu, qui a daigné passer pour fils de Joseph, * Venez, adorons-le.
Hymnus
Cǽlitum Ioseph, decus
atque nostræ
Certa spes vitæ,
columénque mundi,
Quas tibi læti cánimus
benígnus
Súscipe laudes.
Te Sator rerum státuit
pudícæ
Vírginis sponsum,
voluítque Verbi
Te patrem dici, dedit et
minístrum
Esse salútis.
Tu Redemptórem stábulo
iacéntem,
Quem chorus Vatum cécinit
futúrum,
Aspicis gaudens,
humilísque natum
Numen adóras.
Rex Deus regum, Dominátor
orbis,
Cuius ad nutum tremit
inferórum
Turba, cui pronus
famulátur æther,
Se tibi subdit.
Hymne
Honneur des habitants du
ciel, Joseph,
espérance assurée de
notre vie, colonne du monde,
reçois, dans ta bonté,
les louanges que nous t’offrons
avec joie en nos chants.
Le Créateur de toutes
choses t’a choisi
pour l’époux de la Vierge
très pure,
il a voulu qu’on
t’appelât le père de son Verbe,
il t’a donné d’être le
ministre du salut.
Le Rédempteur, dont le
chœur des Prophètes a annoncé la venue,
tu le vois couché dans
une étable,
tu le contemples avec
joie, et tu adores humblement
ce Dieu nouveau-né.
Le Roi, Dieu des rois,
dominateur de l’univers,
celui dont le moindre
signe fait trembler la troupe infernale
et que les cieux servent
en s’inclinant,
se soumet à toi.
Louange éternelle à la
très sainte Trinité
qui t’a déféré de
sublimes honneurs ;
qu’elle nous donne, par
tes mérites, les joies
de la vie bienheureuse.
Amen.
Au premier nocturne.
Ant. 1 Joseph monta * de
Nazareth, ville de Galilée, en Judée, dans la ville de David, qui est appelée
Bethléem, pour se faire inscrire avec Marie.
Ant. 2 Les pasteurs
vinrent * en grande hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et l’enfant couché
dans une crèche.
Ant. 3 Voilà qu’un Ange
du Seigneur * apparut à Joseph pendant son sommeil, et dit : Lève-toi, prends
l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte
V/. Il l’établit maître
de sa maison.
R/. Et prince de toutes
ses possessions.
Du livre de la Genèse.
Cap. 39, 1-5 ; 41, 37-44.
Première leçon. Joseph
fut donc mené en Égypte, et Putiphar, égyptien, eunuque de Pharaon et chef de
l’armée, l’acheta de la main des Ismaélites par lesquels il avait été amené. Et
le Seigneur fut avec lui, et c’était un homme prospérant en toutes choses : il
demeura dans la maison de son maître, qui connaissait très bien que le Seigneur
était avec lui, et que tout ce qu’il faisait, le Seigneur le dirigeait entre
ses mains. Ainsi Joseph trouva grâce devant son maître, et il le servait ;
préposé par lui à toutes choses, il gouvernait la maison qui lui était confiée,
et tout ce qui avait été remis à ses soins. Et le Seigneur bénit la maison de
l’Égyptien à cause de Joseph.
R/. Le Seigneur fut avec
Joseph, et il lui fit trouver, grâce devant le chef de la prison. * Lequel mit
sous sa main tous les prisonniers. V/. Tout ce qui se faisait était soumis à
Joseph, car le Seigneur était avec lui et dirigeait toutes ses œuvres. *
Lequel.
Deuxième leçon. Le
conseil de Joseph plut à Pharaon et à tous ses ministres ; et il leur demanda :
Pourrons-nous trouver un tel homme qui soit plein de l’esprit de Dieu ? Il dit
donc à Joseph : Puisque Dieu t’a montré tout ce que tu as dit, pourrai-je trouver
quelqu’un plus sage que toi, et même semblable à toi ? C’est toi qui seras sur
ma maison, et au commandement de ta bouche, tout le peuple obéira : et c’est
par le trône royal seulement que j’aurai sur toi la préséance.
R/. L’Égypte étant
affamée, le peuple cria au roi, demandant des vivres. Il leur répondit : *
Allez à Joseph, et tout ce qu’il vous dira, faites-le. V/. La famine augmentait
chaque jour sur toute la terre, et Joseph ouvrit tous les greniers : et il
vendait aux Égyptiens. * Allez.
Troisième leçon. Pharaon
dit encore à Joseph : Voici que je t’établis sur toute la terre d’Égypte. Et il
ôta l’anneau de sa main, et le mit à la main de Joseph : il le revêtit aussi
d’une robe de fin lin, et lui mit autour du cou un collier d’or. Il le fit monter
sur son second char, un héraut criant que tous devant lui fléchissent le genou,
et sussent qu’il était préposé sur toute la terre d’Égypte. Le roi dit aussi à
Joseph : Moi je suis Pharaon, mais sans ton commandement nul ne remuera la main
ou le pied dans toute la terre d’Égypte.
R/. Le Seigneur m’a
établi comme père du roi, et maître de toute sa maison : ne craignez point, *
Car c’est pour votre salut que Dieu m’a envoyé avant vous en Égypte. V/. Venez
à moi, et moi je vous donnerai tous les biens de l’Égypte, et vous vous
nourrirez de la moelle de cette terre. * Car. Gloire au Père. * Car.
Au deuxième nocturne.
Ant. 1 Joseph, s’étant
levé, * prit l’enfant et sa mère pendant la nuit et se retira en Égypte ; et il
y demeura jusqu’à la mort d’Hérode.
Ant. 2 Hérode étant mort,
* un Ange du Seigneur apparut à Joseph pendant son sommeil, en Égypte, disant :
Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, et va dans la terre d’Israël, car ils
sont morts, ceux qui recherchaient la vie de l’enfant.
Ant. 3 Joseph prit *
l’enfant et sa mère, et vint dans la terre d’Israël.
V/. Sa gloire est grande
dans votre salut.
R/. Vous placerez sur lui
la gloire et une haute majesté.
Sermon de saint Bernard,
Abbé.
Quatrième leçon. Quel
homme fut le bienheureux Joseph, vous pouvez vous en faire idée d’après le
titre dont il a mérité d’être honoré, le Seigneur ayant voulu qu’on l’appelât
et qu’on le crût père du Fils de Dieu, titre qui n’est vrai cependant, qu’au
sens de nourricier. Jugez-en aussi d’après son propre nom qu’on interprète,
vous le savez, par accroissement. Rappelez-vous, en même temps, le grand
Patriarche qui fut autrefois vendu en Égypte ; et sachez que non seulement
celui-ci a été l’héritier de son nom, mais qu’il eut encore sa chasteté, son
innocence et sa grâce.
R/. Joseph monta -de
Nazareth, ville de Galilée, en Judée, dans la ville de David, qui est appelée
Bethléem. * Parce qu’il était de la maison et de la famille de David. V/. Pour
se faire inscrire avec Marie son épouse. * Parce.
Cinquième leçon. Si ce
Joseph, vendu par l’envie de ses frères et conduit en Égypte, préfigura le
Christ qui devait être vendu, lu : aussi, saint Joseph fuyant la haine d’Hérode
porta le Christ en Égypte. Le premier, pour demeurer fidèle à son maître,
refusa de consentir à la passion de la maîtresse (de maison ; le second,
reconnaissant une Maîtresse (sainte) dans la vierge devenue mère de son Maître
(divin) vécut aussi dans la continence et se montra son fidèle gardien. A l’un
fut donnée l’intelligence des songes mystérieux ; à l’autre, il a été accordé
d’être le confident des mystères célestes, et d’y coopérer pour sa part.
R/. Lève-toi, prends
l’enfant et sa mère, fuis en Égypte : * Et restes-y jusqu’à ce que je te parle.
V/. Afin que soit accomplie cette parole que le Seigneur a dite par un Prophète
: J’ai rappelé mon fils de l’Égypte. * Et.
Sixième leçon. L’un a mis
du blé en réserve, non pour lui, mais pour tout un peuple ; l’autre a reçu la
garde du pain du ciel, tant pour lui que pour le monde entier. On ne peut
douter que ce Joseph à qui fut fiancée la mère du Sauveur, n’ait été un homme bon
et fidèle. C’est, dis-je, le serviteur fidèle et prudent que le Seigneur a
établi (sur sa famille), pour être ! le consolateur de sa mère, le nourricier
de son enfance, enfin le seul et très digne coopérateur, ici-bas, de
l’accomplissement de son grand dessein.
R/. Comme les parents de
l’enfant Jésus l’apportaient dans le temple, afin de faire pour lui selon la
coutume prescrite par la loi : * Siméon le prit entre ses bras et bénit Dieu.
V/. Et son père et sa mère étaient dans l’admiration des choses que l’on disait
de lui. * Siméon. Gloire au Père. * Siméon.
Au troisième nocturne.
Ant. 1 Joseph apprenant *
qu’Archélaüs régnait en Judée à la place d’Hérode, son père, appréhenda d’y
aller.
Ant. 2 Averti pendant son
sommeil, * Joseph se retira dans le pays de Galilée ; étant donc venu, il
habita une ville qui est appelée Nazareth, afin que s’accomplît ce qui a été
dit par les Prophètes : Il sera appelé Nazaréen.
Ant. 3 Le père de Jésus *
et sa mère étaient dans l’admiration des choses que l’on disait de lui, et
Siméon les bénit.
V/. Le juste germera
comme le lis.
R/. Et il fleurira
éternellement devant le Seigneur.
Lecture du saint Évangile
selon saint Matthieu. Cap. 1, 18-21.
En ce temps-là : Marie,
la mère de Jésus, ayant été fiancée à Joseph, il se trouva, avant qu’ils
eussent habité ensemble, qu’elle avait conçu par la vertu du Saint-Esprit. Et
le reste.
Homélie de saint Jérôme,
Prêtre.
Septième leçon. Pourquoi
n’est-ce pas seulement par une vierge, mais par une fiancée, qu’il est conçu ?
D’abord, afin que par la généalogie de Joseph, celle de Marie fût constatée ;
en second lieu, de peur qu’elle ne fût lapidée par les Juifs comme adultère ;
en troisième lieu, pour que, fugitive en Égypte, elle eût un soutien en la
personne de Joseph. Le Martyr saint Ignace ajoute une quatrième raison ; S’il
est conçu par une fiancée, c’est, dit-il, pour cacher cet enfantement au démon,
qui le croira le fruit, non d’une vierge, mais d’une épouse.
R/. La mère de Jésus lui
dit : Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ? * Voilà que votre père
et moi, fort affligés, nous vous cherchions. V/. Mais il leur répondit :
Pourquoi me cherchiez-vous ? Ignoriez-vous qu’il faut que je sois aux choses
qui regardent mon Père ? * Voilà.
Huitième leçon. « Avant
qu’ils vinssent ensemble, il fut découvert qu’elle avait conçu du Saint-Esprit
». Personne ne le découvrit, sinon saint Joseph, aux regards duquel ne pouvait
échapper rien de ce qui concernait sa future épouse. Quand il est dit : « Avant
qu’ils vinssent ensemble », il ne s’ensuit pas qu’ils se soient unis plus tard
: l’Écriture constate ce qui n’avait pas eu lieu.
R/. Jésus descendit avec
eux, et vint à Nazareth : * Et il leur était soumis. V/. Il avançait en
sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes. * Et. Gloire au
Père. * Et.
Neuvième leçon. Mais
Joseph, qui était un homme juste et ne voulait point la dénoncer, songea à la
renvoyer sans éclat. « Si quelqu’un s’unit à une femme de mauvaise vie, il
devient un même corps avec elle », et il est marqué dans la loi que non
seulement ceux qui commettent le crime, mais les complices eux-mêmes du crime
sont coupables. Comment donc Joseph, cachant le crime de son épouse, est-il
appelé juste ? Mais c’est un témoignage en faveur de Marie ; car Joseph
connaissant sa chasteté, et plein d’admiration pour ce qui se passe, cache,
sous le voile du silence, l’événement dont il ne comprend point le mystère.
A LAUDES
Ant. 1 Les parents de
Jésus allaient * tous les ans à Jérusalem à la fête de Pâques.
Ant. 2 Comme ils s’en
retournaient, * l’enfant Jésus demeura à Jérusalem, et ses parents ne s’en
aperçurent point
Ant. 3 Ne trouvant pas *
Jésus, ils revinrent à Jérusalem pour le chercher, et après trois jours ils le
trouvèrent dans le temple, assis au mi lieu des docteurs, les écoutant et les
interrogeant.
Ant. 4 Sa mère lui dit :
* Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ? Voilà que votre père et
moi, fort affligés, nous vous cherchions.
Ant. 5 Jésus descendit *
avec eux, et vint à Nazareth ; et il leur était soumis.
Capitule. Prov. 28, 20 et
27, 18.Un homme fidèle sera beaucoup loué. Et celui qui est gardien de son
Seigneur sera glorifié.
Hymnus
Iste, quem læti cólimus,
fidéles,
Cuius excélsos cánimus
triúmphos,
Hac die Ioseph méruit
perénnis
Gáudia vitæ.
O nimis felix, nimis o
beátus,
Cuius extrémam vígiles ad
horam
Christus et Virgo simul
astitérunt
Ore seréno.
Hinc stygis victor,
láqueo solútus
Carnis, ad sedes plácido
sopóre
Migrat ætérnas,
rutilísque cingit
Témpora sertis.
Ergo regnántem flagitémus
omnes,
Adsit ut nobis, veniámque
nostris
Obtinens culpis, tríbuat
supérnæ
Múnera pacis.
Hymne
Celui que nous, fidèles,
nous honorons avec joie,
celui dont nous chantons
le glorieux triomphe,
Joseph, a mérité de
parvenir en ce jour aux joies
de l’éternelle vie.
O Saint très fortuné ! Ô
Saint très heureux !
Il fut assisté à son
heure dernière par le Christ et la Vierge,
qui veillaient auprès de
lui avec un visage
inspirant la sérénité.
Vainqueur de l’enfer,
libre des liens de la chair,
Joseph s’est endormi en
paix,
et il monte vers
l’éternel séjour ; son front est ceint de
brillantes couronnes.
Maintenant qu’il règne,
supplions-le tous
de nous accorder son
secours ; qu’il obtienne le pardon de nos fautes
et nous procure les
bienfaits
de la paix céleste.
A vous soit la louange, à
vous soit l’honneur,
ô Dieu qui régnez en
trois personnes,
et qui donnez pour jamais
une couronne d’or
au serviteur fidèle.
Amen.
V/. La bouche du juste
méditera la sagesse
R/. Et sa langue
proférera la justice.
Ant. au Bénédictus Jésus*
avait environ trente ans, et il passait pour fils de Joseph.
AUX DEUXIÈMES VÊPRES.
Ant. 1 Les parents de
Jésus allaient * tous les ans à Jérusalem à la fête de Pâques.
Ant. 2 Comme ils s’en
retournaient, * l’enfant Jésus demeura à Jérusalem, et ses parents ne s’en
aperçurent point
Ant. 3 Ne trouvant pas *
Jésus, ils revinrent à Jérusalem pour le chercher, et après trois jours ils le
trouvèrent dans le temple, assis au mi lieu des docteurs, les écoutant et les
interrogeant.
Ant. 4 Sa mère lui dit :
* Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ? Voilà que votre père et
moi, fort affligés, nous vous cherchions.
Ant. 5 Jésus descendit *
avec eux, et vint à Nazareth ; et il leur était soumis.
Capitule. Prov. 28, 20 et
27, 18.Un homme fidèle sera beaucoup loué. Et celui qui est gardien de son
Seigneur sera glorifié.
Hymnus
Te, Ioseph, célebrent
ágmina cælitum,
Te cuncti résonent
christíadum chori,
Qui clarus méritis,
iunctus est ínclytæ
Casto fœdere Vírgini.
Almo cum túmidam gérmine
cóniugem
Admírans, dúbio tángeris
ánxius,
Afflátu súperi Fláminis
Angelus
Concéptum Púerum docet.
Tu natum Dóminum
stringis, ad éxteras
Ægypti prófugum tu séqueris
plagas ;
Amíssum Sólymis quæris,
et ínvenis,
Miscens gáudia flétibus.
Post mortem réliquos sors
pia cónsecrat,
Palmámque eméritos glória
súscipit :
Tu vivens, Súperis par,
frúeris Deo,
Mira sorte beátior.
Nobis, summa Trias, parce
precántibus,
Da Ioseph méritis sídera
scándere :
Ut tandem líceat nos tibi
pérpetim
Gratum prómere cánticum.
Amen.
V/. Gloire et richesses
sont dans sa maison.
R/. Et sa justice demeure
dans les siècles des siècles
Hymne
Que les chœurs célestes
célèbrent ta gloire, ô Joseph !
Que les chants de tous
les Chrétiens fassent résonner tes louanges !
Glorieux déjà par tes
mérites, tu es uni
par une chaste alliance à
l’auguste Vierge.
Lorsque, en proie au
doute et à l’anxiété,
tu t’étonnes de l’état où
se trouve ton épouse,
un Ange vient t’apprendre
que l’enfant qu’elle a conçu,
l’a été par l’opération
de l’Esprit-Saint.
Le Seigneur est né, tu le
presses dans tes bras ;
tu fuis avec lui vers les
plages lointaines d’Égypte ;
tu le cherches à
Jérusalem où tu l’as perdu, et tu le retrouves :
ainsi tes joies sont
mêlées de larmes.
D’autres sont glorifiés
après une sainte mort, c
eux qui ont mérité là
palme sont reçus au sein de la gloire ;
mais toi, par une
admirable destinée, égal aux Saints, plus heureux même,
tu jouis dès cette vie de
la présence de Dieu.
Trinité souveraine,
exaucez nos prières, donnez-nous le pardon ;
que les mérites de Joseph
nous aident à monter dans les cieux,
pour qu’il nous soit
enfin donné de chanter à jamais
le cantique de la reconnaissance
et de la félicité. Amen
Ant. au Magnificat Voici
le serviteur fidèle * et prudent que le Seigneur a établi sur sa famille.
Dom Guéranger, l’Année
Liturgique
Une nouvelle joie nous
arrive, au sein des tristesses du Carême. Hier, c’était le radieux Archange qui
déployait devant nous ses ailes [1] ; aujourd’hui, c’est Joseph, l’Époux de
Marie, le Père nourricier du Fils de Dieu, qui vient nous consoler par sa chère
présence. Dans peu de jours, l’auguste mystère de l’Incarnation va s’offrir à
nos adorations : qui pouvait mieux nous initier à ses splendeurs, après l’Ange
de l’Annonciation, que l’homme qui fut à la fois le confident et le gardien
fidèle du plus sublime de tous les secrets ?
Le Fils de Dieu
descendant sur la terre pour revêtir l’humanité, il lui fallait une Mère ;
cette Mère ne pouvait être que la plus pure des Vierges, et la maternité divine
ne devait altérer en rien son incomparable virginité. Jusqu’à ce que le Fils de
Marie fût reconnu pour le Fils de Dieu, l’honneur de sa Mère demandait un
protecteur : un homme devait donc être appelé à l’ineffable gloire d’être
l’Époux de Marie. Cet heureux mortel, le plus chaste des hommes, fut Joseph.
Le ciel le désigna comme
seul digne d’un tel trésor, lorsque la verge qu’il tenait dans le temple poussa
tout à coup une fleur, comme pour donner un accomplissement sensible à l’oracle
prophétique d’Isaïe : « Une branche sortira de la tige de Jessé, et une fleur
s’élèvera de cette branche [2] ». Les riches prétendants à la main de Marie
furent écartés ; et Joseph scella avec la fille de David une alliance qui
dépassait en amour et en pureté tout ce que les Anges ont jamais connu dans le
ciel.
Ce ne fut pas la seule
gloire de Joseph, d’avoir été choisi pour protéger la Mère du Verbe incarné ;
il fut aussi appelé à exercer une paternité adoptive sur le Fils de Dieu
lui-même. Pendant que le nuage mystérieux couvrait encore le Saint des saints,
les hommes appelaient Jésus, fils de Joseph, fils du charpentier ; Marie, dans
le temple, en présence des docteurs de la loi, que le divin Enfant venait de
surprendre par la sagesse de ses réponses et de ses questions, Marie adressait
ainsi la parole à son fils : « Votre père et moi nous vous cherchions, remplis
d’inquiétude [3] » ; et le saint Évangile ajoute que Jésus leur était soumis,
qu’il était soumis à Joseph, comme il l’était à Marie.
Qui pourrait concevoir et
raconter dignement les sentiments qui remplirent le cœur de cet homme que
l’Évangile nous dépeint d’un seul mot, en l’appelant homme juste [4] ? Une
affection conjugale qui avait pour objet la plus sainte et la plus parfaite des
créatures de Dieu ; l’avertissement céleste donné par l’Ange qui révéla à cet
heureux mortel que son épouse portait en elle le fruit du salut, et qui
l’associa comme témoin unique sur la terre à l’œuvre divine de l’Incarnation ;
les joies de Bethléhem lorsqu’il assista à la naissance de l’Enfant, honora la
Vierge-Mère, et entendit les concerts angéliques ; lorsqu’il vit arriver près
du nouveau-né d’humbles et simples bergers, suivis bientôt des Mages opulents
de l’Orient ; les alarmes qui vinrent si promptement interrompre tant de
bonheur, quand, au milieu de la nuit, il lui fallut fuir en Égypte avec
l’Enfant et la Mère ; les rigueurs de cet exil, la pauvreté, le dénuement
auxquels furent en proie le Dieu caché dont il était le nourricier, et l’épouse
virginale dont il comprenait de plus en plus la dignité" sublime ; le
retour à Nazareth, la vie humble et laborieuse qu’il mena dans cette ville, où
tant de fois ses yeux attendris contemplèrent le Créateur du monde partageant
avec lui un travail grossier ; enfin, les délices de cette existence sans égale,
au sein de la pauvre maison qu’embellissait la présence de la Reine des Anges,
que sanctifiait la majesté du Fils éternel de Dieu ; tous deux déférant à
Joseph l’honneur de chef de cette famille qui réunissait autour de lui par les
liens les plus chers le Verbe incréé, Sagesse du Père, et la Vierge,
chef-d’œuvre incomparable de la puissance et de la sainteté de Dieu ?
Non, jamais aucun homme,
en ce monde, ne pourra pénétrer toutes les grandeurs de Joseph. Pour les
comprendre, il faudrait embrasser toute retendue du mystère avec lequel sa
mission ici-bas le mit en rapport, comme un nécessaire instrument. Ne nous
étonnons donc pas que ce Père nourricier du Fils de Dieu ait été figuré dans
l’Ancienne Alliance, et sous les traits d’un des plus augustes Patriarches du
peuple choisi. Saint Bernard a rendu admirablement ce rapport merveilleux : «
Le premier Joseph, dit-il, vendu par ses frères, et en cela figure du Christ,
fut conduit en Égypte ; le second, fuyant la jalousie d’Hérode, porta le Christ
en Égypte. Le premier Joseph, gardant la foi à son maître, respecta l’épouse de
celui-ci ; le second, non moins chaste, fut le gardien de sa Souveraine, de la
Mère de son Seigneur, et le témoin de sa virginité. Au premier fut donnée
l’intelligence des secrets révélés par les songes ; le second reçut la
confidence des mystères du ciel même. « Le premier conserva les récoltes du
froment, non pour lui-même, mais pour tout le peuple ; le second reçut en sa
garde le Pain vivant descendu du ciel, pour lui-même et pour le monde entier
[5]. »
Une vie si pleine de
merveilles ne pouvait se terminer que par une mort digne d’elle. Le moment
arrivait où Jésus devait sortir de l’obscurité de Nazareth et se manifester au
monde. Désormais ses œuvres allaient rendre témoignage de sa céleste origine :
le ministère de Joseph était donc accompli. Il était temps qu’il sortît de ce
monde, pour aller attendre, dans le repos du sein d’Abraham, le jour où la
porte des cieux serait ouverte aux justes. Près de son lit de mort veillait
celui qui est le maître de la vie, et qui souvent avait appelé cet humble
mortel du nom de Père ; son dernier soupir fut reçu par la plus pure des
vierges, qu’il avait eu le droit de nommer son Épouse. Ce fut au milieu de
leurs soins et de leurs caresses que Joseph s’endormit d’un sommeil de paix.
Maintenant, l’Époux de Marie, le Père nourricier de Jésus, règne au ciel avec
une gloire inférieure sans doute à celle de Marie, mais décoré de prérogatives
auxquelles n’est admis aucun des habitants de ce séjour de bonheur.
C’est de là qu’il répand
sur ceux qui l’invoquent une protection puissante. Dans quelques semaines, la
sainte Église nous révélera toute l’étendue de cette protection ; une fête
spéciale sera consacrée à honorer le Patronage de Joseph ; mais désormais la sainte
Église veut que la fête présente, élevée à l’honneur des premières solennités,
devienne le monument principal de la confiance qu’elle éprouve et qu’elle veut
nous inspirer envers le haut pouvoir de l’époux de Marie. Le huit décembre
1870, Pie IX, au milieu de la tempête qui jusqu’à cette heure mugit encore,
s’est levé sur la nacelle apostolique, et a proclamé, à la face de la Ville et
du monde, le sublime Patriarche Joseph comme devant être honoré du titre
auguste de Patron de l’Église universelle. Bonis soient l’année et le jour d’un
tel décret, qui apparait comme un arc-en-ciel sur les sombres nuages de l’heure
présente ! Grâces soient rendues au Pontife qui a voulu que le 19 mars comptât
à l’avenir entre les jours les plus solennels du Cycle, et que la sainte
Église, plus en butte que jamais à la rage de ses ennemis, reçût le droit de
s’appuyer sur le bras de cet homme merveilleux à qui Dieu, au temps des
mystères évangéliques, confia la glorieuse mission de sauver de la tyrannie
d’Hérode, et la Vierge-mère et le Dieu-homme à peine déclaré à la terre !
Les Antiennes de l’Office
consacré par l’Église au nourricier du Fils de Dieu sont empruntées à
l’Évangile ; elles nous donnent les traits principaux de sa vie si sublime et
si simple, dans l’ordre même de la narration du livre sacré.
Les Hymnes sont
attribuées à la composition du pieux et savant Pape Clément XI.
A LA MESSE.
Joseph, appelé juste par
l’Esprit-Saint, est bien en effet, dans ses vertus cachées, le modèle de tous
ceux qui méritent ici-bas un si beau titre. Aussi la solennité de la fête de ce
jour n’a-t-elle point empêché que l’Église ne prit la plus grande partie de la
Messe du glorieux patriarche au Commun des saints Confesseurs.
La puissance du très
saint Époux de la Mère de Dieu est pour l’Église un de ses plus fermes appuis ;
dans la Collecte, couvrons-nous avec elle du crédit de son intercession près du
Fils et de la Mère.
ÉPÎTRE.
Ces lignes sont
consacrées, dans le livre de l’Ecclésiastique, à l’éloge de Moïse. Le plus doux
des hommes qui habitaient de son temps sur la terre [6], Moïse fut choisi dans
son humilité du milieu de toute chair pour confident de Dieu ; en présence des
rois, il transmettait au peuple aimé les ordres du ciel ; sa gloire égala celle
des plus illustres patriarches et saints personnages des siècles de l’attente.
« S’il est parmi vous quelque prophète, disait le Seigneur, je lui apparaîtrai
en vision, je lui parlerai en songe ; mais telle n’est pas la condition de mon
serviteur Moïse, dans toute ma maison le plus fidèle : car je lui parle bouche
à bouche, et c’est clairement, et non en énigme ou sous des figures, qu’il voit
le Seigneur [7]. » Non moins aimé de Dieu, non moins béni de son peuple, Joseph
n’est point seulement l’ami de Dieu [8], l’intermédiaire entre le ciel et une
nation privilégiée. Le Père souverain lui communique les droits de sa paternité
sur son Fils ; c’est à ce Fils, chef des élus, et non plus seulement au peuple
des figures, qu’il transmet les ordres d’en haut. L’autorité qu’il exerce ainsi
n’est égalée que par son amour ; ce n’est point en passant ou à la dérobée
qu’il voit le Seigneur [9] : ce Fils de Dieu qui l’appelle son père en face de
la terre et des cieux, se comporte comme tel, et reconnaît sans fin par ses
effusions de divine tendresse les trésors de dévouement qu’il trouve en ce cœur
si fidèle et si doux. Quelle gloire au ciel, quelle puissance sur toutes
choses, répondant à son pouvoir et à sa sainteté d’ici-bas, ne sont pas
maintenant le partage de celui qui, mieux que Moïse, pénétra les secrets de la
nuée mystérieuse et connut tous les biens [10] !
Le Graduel et le Trait
viennent bien à la suite de l’Épître, pour chanter les augustes privilèges de
l’homme qui, plus qu’aucun autre, a justifié ce verset du psaume : La gloire et
les richesses sont dans sa maison, et sa justice demeure dans les siècles des
siècles.
ÉVANGILE.
Jamais épreuve fut-elle
plus dure que celle qu’il plut à Dieu d’imposer à l’âme si droite du glorieux
patriarche ? Joseph, c’est l’expérience des plus saintes âmes, devait être pour
ses dévots clients un guide incomparable dans les voies spirituelles ; et c’est
pour cela que lui aussi devait connaître l’angoisse, creuset nécessaire où
toute sainteté s’achève. Mais la Sagesse n’abandonne point ceux qui recherchent
uniquement ses sentiers. Comme le chante l’Église en ce jour même, elle
conduisait le juste par des voies droites [11] sans qu’il en eût conscience, et
dans cette nuit où ses pensées cherchaient péniblement à se frayer le chemin de
la justice, elle lui montrait soudain sa divine lumière ; la connaissance des
célestes secrets lui était donnée ; en retour de l’angoisse par où son cœur
avait passé, il voyait la place que lui faisait l’inscrutable dessein de la
Providence dans ce royaume de Dieu dont les splendeurs étaient appelées à
rayonner pour jamais de sa pauvre demeure sur le monde entier. Véritablement
donc pouvait-il conclure avec l’Église [12], et reconnaître que la Sagesse
avait bien, en effet, ennobli son labeur et fécondé ses peines. Ainsi toujours
elle rend aux justes le prix de leurs travaux, et les conduit par des voies
admirables [13].
Chantons, dans
l’Offertoire, cette effusion des largesses divines élevant au-dessus de tous
les rois ses aïeux l’humble artisan de Nazareth.
Sachons avec l’Église,
dans la Secrète, confier au bienheureux gardien de l’Enfant-Dieu la protection
des dons du Seigneur en nos âmes ; il nourrira Jésus en nous, et l’amènera à la
mesure de l’homme parfait, comme il le fit il y a dix-huit siècles.
La Communion rappelle le
message de l’Ange annonçant à Joseph que Dieu même a pris possession de Marie
son Épouse ; le banquet sacré ne rapproche-t-il pas l’heureux sort de l’Église
de celui de la Vierge-Mère ?
La Postcommunion exprime
de nouveau la pensée qui déjà inspirait la Secrète : daigne Dieu remettre ses
dons, et Jésus même que nous venons de recevoir, à la garde si sûre du glorieux
patriarche !
La Liturgie grecque, qui
honore saint Joseph au Dimanche qui suit la fête de Noël, nous offre en son
honneur les strophes suivantes que nous empruntons aux Menées.
(DOMINICA POST NATALE
DOMINI.)
Joseph l’Époux vit de ses
jeux l’accomplissement des prophéties ; choisi pour le plus illustre mariage,
il reçut la révélation par la bouche des Anges qui chantaient : Gloire au
Seigneur ! car il a donné la paix à la terre.
Annonce, ô Joseph, à
David l’ancêtre de Dieu les prodiges que tes yeux ont contemplés : tu as vu
l’entant reposant sur le sein de la Vierge ; tu l’as adoré avec les Mages ; tu
as rendu gloire à Dieu avec les bergers, selon la parole de l’Ange : prie le
Christ Dieu, afin que nos âmes soient sauvées.
Le Dieu immense devant
qui tremblent les puissances célestes, toi, Joseph, tu l’as reçu dans tes bras,
lorsqu’il naquit de la Vierge ; lu as été consacré par cet auguste contact : c
est pourquoi nous te rendons honneur.
Ton âme fut obéissante au
divin précepte ; rempli d’une pureté sans égale, heureux Joseph, tu méritas de
recevoir pour épouse celle qui est pure et immaculée entre les femmes ; tu fus
le gardien de cette Vierge, lorsqu’elle mérita de devenir le tabernacle du
Créateur.
A Gabriel seul dans les
cieux, à toi seul sur la terre, après la chaste Vierge, fut confié le grand et
vénérable mystère qui devait renverser notre ennemi, le prince des ténèbres,
heureux Joseph, digne de toute louange !
La Vierge pure, semblable
à une nuée mystérieuse, tenant caché dans son sein le divin Soleil, tu l’as
conduite de la cité de David en Égypte, pour dissiper les ténèbres de
l’idolâtrie qui couvraient cette contrée, ô Joseph, ministre de
l’incompréhensible mystère !
Tu as assisté avec
sagesse, ô Joseph, le Dieu devenu enfant dans la chair ; tu l’as servi comme un
de ses Anges ; il t’a illuminé immédiatement ; tu as reçu en toi ses rayons
spirituels ; ô bienheureux ! tu as paru tout éclatant de lumière dans ton cœur
et dans ton âme.
Celui qui d’une parole a
façonné le ciel, la terre et la mer, a été appelé le Fils de l’artisan, de toi,
admirable Joseph ! Tu as été nommé le père de celui qui est sans principe, et
qui t’a glorifié comme le ministre d’un mystère qui surpasse toute
intelligence.
Que ta mort fut précieuse
en présence du Seigneur, heureux Joseph ! Consacré au Seigneur dès l’enfance,
tu as été le gardien sacré de la Vierge bénie ; et tu as chanté avec elle ce
cantique : « Que toute créature bénisse le Seigneur, et l’exalte dans les
siècles éternels ! Amen. »
Nous vous louons, nous
vous glorifions, heureux Joseph. Nous saluons en vous l’Époux de la Reine du
ciel, le Père nourricier de notre Rédempteur. Quel mortel obtint jamais de
pareils titres ? et cependant ces titres sont les vôtres, et ils ne sont que la
simple expression des grandeurs qu’il a plu à Dieu de vous conférer. L’Église
du ciel admire en vous le dépositaire des plus sublimes faveurs ; l’Église de
la terre se réjouit de vos honneurs, et vous bénit pour les bienfaits que vous
ne cessez de répandre sur elle.
Royal fils de David, et
en môme temps le plus humble des hommes, votre vie semblait devoir s’écouler
dans cette obscurité qui faisait vos délices ; mais le Seigneur voulut vous
associer au plus sublime de ses actes. Une noble Vierge, de même sang que vous,
fait l’admiration du ciel, et deviendra la gloire et l’espérance de la terre ;
cette Vierge vous est destinée pour épouse. L’Esprit-Saint doit se reposer en
elle comme dans son tabernacle le plus pur ; c’est à vous, homme chaste et
juste, qu’il a résolu de la confier comme un inestimable dépôt. Devenez donc
l’Époux de celle « dont le Seigneur lui-même a convoité la beauté [14] ».
Le Fils de Dieu vient
commencer ici-bas une vie d’homme ; il vient sanctifier la famille, ses liens
et ses affections. Votre oreille mortelle l’entendra vous nommer son Père ; vos
yeux le verront obéir à vos commandements. Quelles furent, ô Joseph, les
émotions de votre cœur, lorsque, pleinement instruit des grandeurs de votre
Épouse et de la divinité de votre Fils adoptif, il vous fallut remplir le rôle
de chef, dans cette famille au sein de laquelle le ciel et la terre se
réunissaient ! Quel souverain et tendre respect pour Marie, votre Épouse !
Quelle reconnaissance et quelles adorations pour Jésus, votre enfant soumis ! O
mystère de Nazareth ! Un Dieu habite parmi les hommes, et il souffre d’être
appelé le Fils de Joseph !
Daignez, ô sublime
ministre du plus grand de tous les bienfaits, intercéder en notre laveur auprès
du Dieu fait homme. Demandez-lui pour nous l’humilité qui vous a fait parvenir
à tant de grandeur, et qui sera en nous la base d’une conversion sincère. C’est
par l’orgueil que nous avons péché, que nous nous sommes préférés à Dieu ; il
nous pardonnera cependant, si nous lui offrons « le sacrifice d’un cœur contrit
et humilié [15] ». Obtenez-nous cette vertu, sans laquelle il n’est pas de
véritable pénitence. Priez aussi, ô Joseph, afin que nous soyons chastes. Sans
la pureté du cœur et des sens, nous ne pouvons approcher du Dieu de toute
sainteté, qui ne souffre près de lui rien d’impur ni de souillé. Par sa grâce,
il veut taire de nos corps des temples de son Saint-Esprit : aidez-nous à nous
maintenir à cette élévation, à la rétablir en nous, si nous l’avions perdue.
Enfin, ô fidèle Époux de
Marie, recommandez-nous à notre Mère. Si elle daigne seulement jeter un regard
sur nous en ces jours de réconciliation, nous sommes sauvés : car elle est la
Reine de la miséricorde, et Jésus son fils, Jésus qui vous appela son Père,
n’attend, pour nous pardonner, pour convertir notre cœur, que le suffrage de sa
Mère. Obtenez-le pour nous, ô Joseph ! Rappelez à Marie Bethléhem, l’Égypte,
Nazareth, où son courage s’appuya sur votre dévouement ; dites-lui que nous vous
aimons, que nous vous honorons aussi : et Marie daignera reconnaître par de
nouvelles bontés envers nous les hommages que nous rendons à celui qui lui fut
donné par le ciel pour être son protecteur et son appui.
[1] La fête de St Gabriel
était fêtée en de nombreux endroits le 18 mars avant que Benoît XV ne fixe sa
date au 24 mars
[2] Isai. XI, 1.
[3] Luc. XI, 48.
[4] Matth. 1, 10.
[5] Homil. II super
Missus est.
[6] Num, XII, 3.
[7] Ibid. 6-8.
[8] Ex. XXXIII, 11.
[9] Ibid. 22.
[10] Ex. XXXIII, 19.
[11] Capitule de None, ex
Sap. X.
[12] Ibid.
[13] Sap. X, 17.
[14] Psalm. XLIV, 12.
[15] Psalm. L, 19.
Bhx Cardinal
Schuster, Liber Sacramentorum
Dans la recension
d’Epternach du martyrologe hiéronymien, nous trouvons en ce jour le natale d’un
martyr Joseph d’Antioche qu’il ne semble pas possible d’identifier avec le très
pur Époux de la Vierge immaculée. Au contraire, d’autres martyrologes
postérieurs, à partir du Xe siècle, mentionnent aujourd’hui : In Betlehem
sancti Joseph nutritoris Domini, comme le fait, par exemple, le martyrologe de
Farfa. De cette brève notice est née la grande solennité que célèbre en ce jour
l’Église catholique. La dévotion à saint Joseph s’est développée dans le peuple
chrétien d’une manière si surprenante et selon des lois si admirables, qu’il
est impossible de n’y pas reconnaître l’œuvre de la divine Providence.
Il convenait que, durant
les trois premiers siècles, la divinité du Rédempteur rayonnât dans toute sa
splendeur sur le monde idolâtre. Aussi les premières fêtes de l’année
liturgique furent-elles celles qui se rapportaient au mystère du salut du
monde, telles que celles de Pâques, de l’Épiphanie, du saint Baptême. Quand le
premier péril polythéiste et l’hérésie arienne furent conjurés, la théologie
s’arrêta de préférence à étudier les rapports existant entre la nature divine
et la nature humaine dans l’unique Personne du Rédempteur, et c’est ainsi que
naquirent les fêtes qui regardent principalement la sainte humanité de Jésus,
comme la Nativité, la Présentation au temple, la Dormition de la Très Sainte
Vierge. C’est l’âge d’or de la théologie mariale, inaugurée par le Concile
d’Éphèse et qui, durant tout le haut moyen âge, fut l’inspiratrice féconde de
fêtes, de processions, de basiliques et de monastères dédiés à la Mère de Dieu,
si bien que le culte de Notre-Dame s’unit à la foi catholique jusqu’à en devenir
la caractéristique. Les plus anciennes peintures christologiques des catacombes
représentaient déjà l’Enfant divin sur les genoux de sa Mère, et la piété de
l’Église continue à l’adorer entre les bras de Marie. Le catholique sait que
Marie est le chef-d’œuvre de la création, et que l’honneur qu’on lui rend
remonte jusqu’à Dieu. Il sait que Jésus Lui-même, en tant que son Fils, veut
être dans l’obligation de l’honorer et de l’aimer infiniment, et c’est pourquoi
le fidèle, en honorant et en aimant Marie, sait aussi qu’il ne fait que suivre,
de très loin il est vrai, l’exemple de Jésus.
Mais après Marie vient
celui qui, tout en n’étant pas le père de Jésus, eut néanmoins sur Lui une
véritable autorité paternelle. C’est Joseph, qui ne fut pas simplement père
putatif du Sauveur en ce sens que les juifs, ignorants du mystère de
l’Incarnation, crurent Jésus son fils ; non ; il fut le vrai dépositaire de
l’autorité du Père éternel, investi pour cela de la patria potestas au sein de
la sainte Famille de Nazareth. L’Ange ne transmet donc les ordres du Seigneur,
relatifs à la fuite en Égypte et au retour en Palestine, à personne autre qu’à
Joseph ; c’est lui qui, avec Marie, impose au divin Enfant le nom de Jésus ;
c’est lui qui engage à partir pour l’exil sa très pure Épouse ; c’est également
sur lui que pèse la responsabilité de la vie de la sainte Famille. Et puisque,
dans la sainte maison de Nazareth, sous l’autorité paternelle de Joseph, Dieu
veut consacrer les prémices de l’Église, c’est à bon droit que celle-ci
reconnaît et vénère comme son Patron spécial le premier chef de cette famille
de Dieu sur la terre, saint Joseph.
Le culte liturgique
envers ce grand patriarche prit un développement considérable au XVe siècle,
grâce surtout à sainte Brigitte de Suède, à Jean Gerson et à saint Bernardin de
Sienne, Le pape franciscain Sixte IV inséra sa mémoire dans le Bréviaire romain
avec le rang de fête simple ; Clément IX l’éleva au rite double et Grégoire XV
en fit une fête de précepte. Enfin Pie IX attribua à saint Joseph le titre de
Patron de l’Église catholique.
Rome chrétienne, outre
une splendide chapelle consacrée à saint Joseph dans la basilique vaticane, a
dédié à ce glorieux patriarche, le plus sublime entre tous les saints, parce
qu’il fut, en raison de ses fonctions, le plus proche de Marie et de Jésus,
plusieurs églises et chapelles. Parmi les moins anciennes, nous devons
mentionner l’église de Saint-Joseph des charpentiers sur la Custodia Mamertini,
au Forum romain ; Saint-Joseph ad caput domorum, près de la porte Pinciana ;
Saint-Joseph à la Lungara, dans la cité Léonine ; Saint-Joseph de linea, érigée
jadis par la fameuse Victoria Colonna, mais maintenant détruite ; Saint-Joseph
au pied du Collis ortorum, place d’Espagne ; Saint-Joseph de Cluny, près de la
voie Merulana ; Saint-Joseph, sur la voie Nomentane ; Saint-Joseph, au
Quartier-Triomphal, etc.
Il est probable que le
choix du mois de mars pour la fête qu’on institua tardivement en l’honneur de
saint Joseph, fut motivé par la commémoration que, durant la sainte
Quarantaine, l’Église fait de l’ancien patriarche Joseph, dont l’éloge,
prononcé par saint Ambroise, se lit après le deuxième nocturne du IIIe dimanche
de Carême : Ex libro S. Ambrosii Episcopi, de Sancto Ioseph.
La messe est empruntée au
Commun des Confesseurs et à d’autres messes plus anciennes du Sacramentaire. Le
choix dénote d’ailleurs un bon goût.
Si saint Joseph est
comparé à un palmier vigoureux et à la tige de Jessé, la fleur qui orne cette
tige est Jésus-Christ, lequel, comme le dit si bien saint Augustin, est le
fruit qui convenait uniquement à cette union sacrée et virginale entre Marie et
le saint Patriarche.
La collecte est empruntée
à la fête de saint Matthieu.
La lecture est celle du
Commun des Abbés, mais bien mieux qu’à ceux-ci elle s’adapte à saint Joseph,
constitué par Dieu patron de sa famille sur la terre, à qui il révéla la gloire
et le mystère de l’Incarnation du Verbe, et qu’il honora plus que tout autre
mortel.
Le graduel. La couronne
que Dieu a posée sur le chef de saint Joseph resplendit de trois perles
brillantes, qui sont Jésus, Marie et la sainte Église. . Au temps pascal, on
omet le graduel et le trait et, à leur place, on récite les versets
alléluiatiques suivants : « Alléluia, alléluia. Le Seigneur l’aima et l’orna de
splendeur ; II le revêtit d’un manteau de gloire. » Le second verset est
identique à celui de la fête de saint Paul, le premier ermite, et il fait
allusion à la verge fleurie qui, selon la tradition, aurait désigné Joseph
comme l’époux choisi par Dieu pour la Vierge Marie.
L’Évangile (Matth., I,
18-21) est celui de la Vigile de Noël ; il faut y remarquer que, selon l’ordre
de l’Ange, Joseph, à titre de représentant du Père éternel, et en signe de la
patria potestas sur le Verbe Incarné, lui impose le nom de Jésus, et, avec le
nom, lui confie la mission de racheter le genre humain moyennant l’obéissance
jusqu’au sacrifice du Calvaire. Saint Joseph entre ainsi dans les desseins de
salut de Dieu, et fait partie du plan magnifique de l’incarnation du Verbe.
L’offertoire. Appliqué à
saint Joseph, le verset du psaume 88 acquiert toutefois une signification plus
sublime, puisque la vérité et la miséricorde que le Psalmiste montrent ici
comme l’ornement et la force du juste, sont le Sauveur Jésus lui-même, qui,
dans la sainte Famille, fut tout le trésor de ses Parents.
La prière sur l’oblation
a aujourd’hui un sens spécial, car l’offrande inaugurale de l’hostie que nous
allons présenter à Dieu sur le saint autel, fut accomplie pour la première fois
dans le temple de Jérusalem, lorsque, quarante jours après Noël, Marie et
Joseph portèrent le Verbe Incarné dans le temple : ut sisterent eum Domino : «
Suppliants, Seigneur, nous vous rendons notre juste hommage, vous priant
humblement de garder vous-même en nous vos dons, par les mérites de l’Époux de
la Mère de votre Fils Jésus-Christ notre Seigneur, le bienheureux Joseph, en la
vénérable fête duquel nous vous offrons cette hostie de louange. Par notre
Seigneur, etc. »
La préface est propre
elle aussi ; elle a été approuvée par Benoît XV.
L’antienne pour la sainte
Communion est tirée de la lecture de l’Évangile du jour, et, répétée en ce
moment par la sainte liturgie, elle a pour but d’exciter notre foi et
"notre adoration envers la majesté de Celui que nous avons reçu dans notre
cœur : « Joseph, fils de David, n’hésite pas à prendre pour épouse Marie, car
Celui qui est né en elle est du Saint-Esprit. »
Après la Communion on
récite la collecte suivante, où l’Église insiste pour la seconde fois
aujourd’hui sur la garde diligente du don de Dieu et de la grâce : «
Assistez-nous, ô Dieu de miséricorde, et par l’intercession du bienheureux
confesseur Joseph, gardez vous-même en nous avec bonté vos dons. Par notre
Seigneur, etc. »
Comme l’ancien Joseph
garda le grain qui devait sauver l’Égypte durant les sept années de famine,
ainsi l’Époux très pur de la Vierge Marie garda contre la cruauté d’Hérode le
vrai Pain de vie éternelle qui donne le salut au monde entier. Maintenant
encore, telle est la mission de Joseph dans le ciel ; et c’est pourquoi
l’Église demande avec insistance que sa puissante intercession garde dans les
âmes la vie mystique de Jésus, moyennant la correspondance fidèle à la grâce.
Dom Pius Parsch, le Guide
dans l’année liturgique
Allez à Joseph.
Nous faisons trêve à la
sévérité du Carême pour célébrer la grande fête de saint Joseph. Nous ne
pouvons pas, aujourd’hui, célébrer la messe du Carême. Nous n’omettrons pas
cependant d’en méditer les pensées.
1. Saint Joseph. —
Joseph, issu de la race royale de David, naquit à Bethléem. Il fut d’une
condition modeste et gagna son pain comme simple ouvrier. Il avait sans doute
déjà un certain âge quand il devint l’époux de la Mère de Dieu. Sa haute
dignité se résume en ces mots : « Père nourricier de Jésus. » La Sainte
Écriture ne raconte que peu de choses à son sujet. Elle nous dit seulement
qu’il était « juste ». Elle indique par là qu’il s’acquitta fidèlement de son
rôle sublime de gardien envers les deux plus grands trésors de Dieu sur la
terre, Jésus et Marie. Les heures les plus amères de sa vie sont, sans doute,
celles où il lui fallut douter de la fidélité de sa fiancée. Mais c’est justement
dans le conflit entre ses droits et ses devoirs qu’il se montra grand. Il était
nécessaire que cette souffrance, qui fait partie de l’œuvre rédemptrice, soit
supportée en vue d’un grand bien : Joseph est le témoin le moins suspect de la
naissance virginale du Rédempteur. Ensuite, dans l’histoire de la Rédemption,
Joseph passe modestement au second plan. L’Écriture ne dit même rien de sa
mort. Cependant, certaines indications nous font conclure qu’il était déjà mort
au moment où commença la vie publique du Sauveur. Il eut la plus belle mort que
puissent désirer les hommes : il s’endormit dans les bras de Jésus et de Marie.
Sa vie fut humble et obscure. Il resta aussi humble et obscur, pendant des
siècles, dans l’histoire de l’Église. Ce n’est que dans les temps modernes que
l’Église l’a célébré avec solennité. Les honneurs liturgiques commencèrent à
lui être rendus au XVe siècle, grâce surtout à sainte Brigitte de Suède et à
saint Bernardin de Sienne. Sainte Thérèse travailla aussi beaucoup à promouvoir
son culte. Il a aujourd’hui deux grandes fêtes : le 19 mars, on honore sa
personne et la part qu’il prit à la Rédemption ; le troisième mercredi après
Pâques, on honore son rôle de protecteur de l’Église. Pie IX, en effet, le
proclama patron de l’Église universelle. Il est considéré aussi comme le patron
de la bonne mort.
2. La messe et l’office
des Heures sont de date récente (l’auteur est le pape Clément XI qui les
prescrivit en 1714). Ce qui est typique dans la prière des Heures, c’est la
composition systématique propre à cette époque et le parallèle entre Joseph
l’Égyptien et saint Joseph. Dans les antiennes des vêpres et des matines, on a
rassemblé tous les passages de l’Écriture qui concernent saint Joseph et on les
a rangés dans l’ordre historique. Les leçons du premier nocturne et leur répons
traitent de Joseph l’Égyptien. Dans les leçons du second nocturne, le docteur
melliflue, saint Bernard, établit un parallèle entre les deux Joseph. « Ce
Joseph que ses frères vendirent par envie et qui fut emmené en Égypte est une
figure du Christ qui fut, lui aussi, vendu et trahi pour de l’argent. Quant à
notre Joseph, il échappa à l’envie d’Hérode et emmena le Christ en Égypte. Le
premier Joseph garda la fidélité à son maître et ne voulut pas pécher avec la
femme adultère de son maître ; notre Joseph honora dans sa femme sa dame, la
Mère de son Seigneur, la Vierge (sans tache), et, vierge lui-même, il fut son
fidèle protecteur. Le premier avait reçu le don d’interpréter les songes
mystérieux ; le second connut les mystères divins et y participa. Le premier
Joseph garda le froment non pour lui, mais, pour tout le peuple ; le second
Joseph reçut la garde du pain vivant descendu du ciel, tant pour lui que pour
le monde entier :» L’Évangile de la messe est le même que celui de la vigile de
Noël. Cet Évangile annonce, il est vrai, la plus grande souffrance de sa vie,
mais aussi fonde sa grandeur.
SOURCE : http://www.introibo.fr/19-03-St-Joseph-epoux-de-la#nh1
Saint Joseph, l'ombre du
Père ! celui sur qui l'ombre du Père tombait épaisse et profonde, saint Joseph,
l'homme du silence, celui de qui la parole approche à peine ! l'Evangile ne dit
de lui que quelques mots : « C'était un homme juste ! » l'Evangile, si sobre de
paroles, devient encore plus sobre quand il s'agit de saint Joseph. On dirait
que cet homme, enveloppé de silence, inspire le silence. Le silence de saint
Joseph fait le silence autour de saint Joseph. Le silence est sa louange, son
génie, son atmosphère. Là où il est, le silence règne. Quand l'aigle plane,
disent certains voyageurs, le pèlerin altéré devine une source à l'endroit où
tombe son ombre dans le désert. Le pèlerin creuse, l'eau jaillit. L'aigle avait
parlé son langage, il avait plané. Mais la chose belle avait été une chose
utile ; et celui qui avait soif, comprenant le langage de l'aigle, avait
fouillé le sable et trouvé l'eau.
Quoi qu'il en soit de
cette magnifique légende et de sa vérité naturelle que je n'ose garantir, elle
est féconde en symboles superbes. Quand l'ombre de saint Joseph tombe quelque
part, le silence n'est pas loin. Il faut creuser le sable, qui dans sa signification
symbolique représente la nature humaine ; il faut creuser le sable, et vous
verrez jaillir l'eau. L'eau, ce sera, si vous voulez, ce silence profond, où
toutes les paroles sont contenues, ce silence vivifiant, rafraîchissant,
apaisant, désaltérant, le silence substantiel ; là où est tombée l'ombre de
saint Joseph, la substance du silence jaillit, profonde et pure, de la nature
humaine creusée.
Pas une parole de lui
dans l'Ecriture ! Mardochée, qui fit fleurir Esther à son ombre, est un de ses
précurseurs. Abraham, père d'Isaac, représenta aussi le père putatif de Jésus.
Joseph, fils de Jacob, fut son image la plus expressive. Le premier Joseph
garda en Egypte le pain naturel. Le second Joseph garda en Egypte le pain
surnaturel. Tous deux furent les hommes du mystère ; et le rêve leur dit ses
secrets. Tous deux furent instruits en rêve, tous deux devinèrent les choses
cachées. Penchés sur l'abîme, leurs yeux voyaient à travers les ténèbres.
Voyageurs nocturnes, ils découvraient leurs routes à travers les mystères de
l'ombre. Le premier Joseph vit le soleil et la lune prosternés devant lui. Le
second Joseph commanda à Marie et à Jésus ; Marie et Jésus obéissaient.
Dans quel abîme intérieur
devait résider l'homme qui sentait Jésus et Marie lui obéir, l'homme à qui de
tels mystères étaient familiers et à qui le silence révélait la profondeur du
secret dont il était gardien. Quand il taillait ses morceaux de bois, quand il
voyait l'Enfant travailler sous ses ordres, ses sentiments, creusés par cette
situation inouïe, se livraient au silence qui les creusait encore ; et du fond
de la profondeur où il vivait avec son travail, il avait la force de ne pas
dire aux hommes : le Fils de Dieu est ici.
Son silence ressemble à
un hommage rendu à l'inexprimable. C'était l'abdication de la Parole devant
l'Insondable et devant l'Immense. Cependant l'Evangile, qui dit si peu de mots,
a les siècles pour commentateurs ; je pourrais dire qu'il a les siècles pour
commentaires. Les siècles creusent ses paroles et font jaillir du caillou
l'étincelle vivante. Les siècles sont chargés d'amener à la lumière les choses
du secret. Saint Joseph a été longtemps ignoré. Mais voici quelque chose
d'étrange : chaque siècle a deux faces, la face chrétienne et la face
antichrétienne ; la face chrétienne s'oppose en général à la face
antichrétienne par un contraste direct et frappant. Le XVIII° siècle, le siècle
du rire, de la frivolité, de la légèreté, du luxe, posséda Benoît-Joseph
Labre... Le XIX° siècle est par-dessus tout, dans tous les sens du mot, le
siècle de la Parole. Bonne ou mauvaise, la Parole remplit notre air. Une des
choses qui nous caractérisent, c'est le tapage. Rien n'est bruyant comme
l'homme moderne : il aime le bruit, il veut en faire autour des autres, il veut
surtout que les autres en fassent autour de lui. Le bruit est sa passion, sa
vie, son atmosphère ; la publicité remplace pour lui mille autres passions qui
meurent étouffées sous cette passion dominante, à moins qu'elles ne vivent
d'elle et ne s'alimentent de sa lumière pour éclater plus violemment. Le XIX°
siècle parle, pleure, crie, se vante et se désespère.
Il fait étalage de tout.
Lui qui déteste la confession secrète, il éclate à chaque instant en
confessions publiques. II vocifère, il exagère, il rugit. Eh bien ! ce sera ce
siècle, ce siècle du vacarme, qui verra s'élever et grandir dans le ciel de
l'Eglise la gloire de saint Joseph. Saint Joseph vient d'être choisi
officiellement pour patron de l'Eglise pendant le bruit de l'orage. II est plus
connu, plus prié, plus honoré qu'autrefois.
Au milieu du tonnerre et
des éclairs, la révélation de son silence se produit insensiblement.
(Ernest Hello, Physionomie des saints,
Paris, Victor Palmé, 1875, ch.X, pp.139 sq. : « Saint Joseph. »)
SOURCE : http://surlespasdessaints.over-blog.com/article-prieres-sur-saint-joseph-69722242.html
Daniele Crespi, Le songe de Joseph, 1625, 297 x 203,
Vienne, Kunsthistorisches Museum
Joseph, authentique
modèle de la paternité
Réflexion biblique à
l’occasion de la fête de la Sainte Famille
par le père Thomas Rosica, c.s.b.
Dans les dernières lueurs
de Noël, l’Église célèbre la fête de la Sainte Famille. Cette fin de semaine,
nous sommes invités à réfléchir sur le don et le mystère de la vie ainsi que la
bénédiction que représente en particulier la vie familiale. Dans l’évangile de
Luc, la scène de la Présentation de l’enfant Jésus au temple à Jérusalem nous
permet de rencontrer quatre individus qui embrassent la nouvelle vie de Jésus
dans leurs bras : le vieux et fidèle Siméon, Anne, la sage prophétesse avancée
en âge, et le jeune couple, Marie et Joseph, qui par obéissance fidèle offrent
leur enfant au Seigneur. La belle prière de Siméon n’est rien de plus que
l’anthologie de la prière de l’ancienne Israël :
Maintenant. O maître
souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix car mes yeux ont vu
le salut préparé à la face des peuples, lumière révélée aux nations et gloire
de ton peuple Israël. (Luc 2,29-32)
La scène entière de la
Présentation, et les mots soigneusement choisis de la prière de Siméon
soulèvent plusieurs questions pour nous : Comment puis-je voir la gloire de
Dieu dans ma vie ? Ai-je soif de justice et de paix ? Quelles sont les
nouvelles situations et quelles sont les personnes entrées dans ma vie
dernièrement ? Comment suis-je lumière et salut pour les autres ?
Un zoom sur Joseph
Aujourd’hui j’aimerais
que l’on regarde plus attentivement la figure de Joseph, l’un des personnages
de cette scène évangélique des plus touchantes : la Présentation. En nous
penchant sur le père nourricier du Seigneur, nous découvrons un
aperçu du contexte de la famille de notre Sauveur.
Joseph est souvent dans
l’ombre de la gloire du Christ et de la pureté de Marie. Mais, lui aussi,
attend que Dieu lui parle pour lui répondre avec obéissance. Luc et Matthieu
notent tous deux que Joseph descend de David, le plus grand roi d’Israël (Matthieu
1,18 et Luc 3, 23-38). L’Écriture nous donne une information essentielle sur
Joseph: il était « un homme droit » (Matthieu 1, 18).
Joseph était un homme
compatissant et attentionné. Lorsqu’il découvre que Marie était enceinte tout
juste après leurs fiançailles, il savait que l’enfant n’était pas le sien mais
il n’était pas encore conscient qu’il était le Fils de Dieu. Il projetait de
rompre avec Marie selon la loi mais il était soucieux pour sa sécurité. Joseph
était aussi un homme de foi, obéissant à ce que Dieu lui demandait sans
connaître le dénouement. Quand l’ange lui apparut en songe pour lui dire la
vérité au sujet de l’enfant que Marie portait, Joseph, sans
attendre et sans question ou souci de commérage, prit Marie pour femme. Lorsque
l’ange revint encore pour l’avertir du danger, il quitta immédiatement ce qu’il
avait, sa famille et ses amis, et s’enfuit dans un pays étranger avec sa femme
et son bébé. Il attendit en Egypte jusqu’à ce que l’ange lui dise qu’il pouvait
rentrer. (Matthieu 2, 13-23).
On nous a dit que Joseph
était un charpentier-menuisier, un homme qui travaillait pour soutenir sa
famille. Joseph n’était pas un homme riche, car lorsqu’il monta au temple avec
Jésus pour la circoncision et la purification de Marie, il offrit en sacrifice
2 tourterelles ou une paire de pigeons, animaux autorisés seulement à ceux qui
ne pouvaient payer un agneau.
Joseph nous révèle dans
son humanité le rôle unique des pères de proclamer la vérité de Dieu par la
parole et le devoir. Sa situation paradoxale de « père nourricier de Jésus »
met l’emphase sur la paternité, qui est plus que le simple fait de génération
biologique. Un homme est un père lorsqu’il s’investit lui-même dans la
formation spirituelle et morale de ses enfants. Joseph est tout particulièrement
conscient, comme tout père devrait l’être, qu’il servait en tant que
représentant de Dieu le Père.
Joseph a protégé et a
pourvu au bien-être de Jésus et de Marie. Il a donné son nom à Jésus, lui
apprit comment prier, comment travailler et comment être un homme. Bien
qu’aucun texte ou aucune parole ne lui soient attribués, nous pouvons être sûrs
que Joseph prononça 2 des mots les plus importants quand il nomma son fils «
Jésus » et l’appela « Emmanuel ». Lorsque l’enfant restait au temple on nous dit
que Joseph (avec Marie), le cherchèrent pendant trois jours, tout
angoissés.
La vie de Joseph nous
rappelle qu’une maison ou une communauté n’est pas construite sur le pouvoir et
l’avoir mais sur la bonté; pas sur les richesses mais sur la foi, la fidélité,
la pureté et l’amour mutuel.
Les défis actuels de la
paternité et de la masculinité ne peuvent être compris si on les sort de la
culture dans laquelle nous baignons. Le manque de paternité a un effet
profondément alarmant sur les enfants. Combien de jeunes gens aujourd’hui ont
été affectés par la crise de la paternité ? Combien ont été privés d’un père ou
d’un grand-père? Ce n’est pas pour rien que saint Joseph est patron de l’Église
universelle et patron principal du Canada. S’il n’y avait jamais une époque qui
ait besoin d’un modèle fort du rôle masculin et du rôle de père c’est bien la
nôtre. La fête de la Sainte Famille est un jour très signifiant pour supplier
saint Joseph de nous envoyer de bons pères qui seront de bons chefs de famille.
Joseph et Marie, plus que
quiconque, furent les premiers à contempler la gloire de leur Unique et Seul
qui venait du Père, plein de grâce et de vérité. Puisse saint Joseph faire de
nous des bons prêtres, religieux et laïcs qui imiteront l’humble travailleur de
Nazareth qui écoutait le Seigneur, conservait précieusement un cadeau qui
n’était pas le sien, tout en montrant à Jésus comment le Verbe se fait chair et
peut vivre parmi nous.
SOURCE : http://seletlumieretv.org/blogue/reflexion-biblique/joseph-authentique-modele-de-la-paternite-3
Icône de Saint Joseph avec Jésus, Musée Archéologique de Varna, Bulgarie
PREMIER PANÉGYRIQUE
SAINT JOSEPH (a).
Depositum custodi.
Gardez le dépôt. I
Timoth., VI, 20.
C'est une opinion reçue
et un sentiment commun parmi tous les hommes, que le dépôt a quelque chose de
saint, et que nous le devons conserver à celui qui nous le confie,
non-seulement par fidélité, mais encore par une espèce de religion. Aussi
apprenons-nous du grand saint Ambroise, au second livre de ses Offices (Cap.
XXIX), que c'était une pieuse coutume établie parmi les fidèles, d'apporter aux
évêques et à leur clergé ce qu'ils voulaient garder avec plus de soin pour le
mettre auprès des autels, par une sainte persuasion qu'ils avoient qu'ils ne
pouvaient mieux placer leurs trésors qu'où Dieu même confie les siens,
c'est-à-dire ses sacrés mystères. Cette coutume s'était introduite dans
l'Eglise par l'exemple de la Synagogue ancienne. Nous lisons dans l'histoire
sainte que le temple auguste de Jérusalem était le lieu du dépôt des Juifs; et
nous apprenons des auteurs profanes (Herodian., Hist., lib. I) que les païens
faisaient cet honneur à leurs fausses divinités, de mettre leurs dépôts dans
leurs temples et de les confier à leurs prêtres : comme si la nature nous
enseignait que l'obligation du dépôt ayant quelque chose de religieux, il ne
pouvait être mieux placé que dans les lieux où l'on révère la Divinité et entre
les mains de ceux que la religion consacre.
Mais s'il y eut jamais un
dépôt qui méritât d'être appelé saint et d'être ensuite gardé saintement, c'est
celui dont je dois parler et que la providence du Père éternel commet à la foi
du juste Joseph : si bien que sa maison me paraît un temple, puisqu'un Dieu y
daigne habiter et s'y est mis lui-même en dépôt, et Joseph a dû être consacré
pour garder ce sacré trésor. En effet il l'a été, chrétiens : son corps l'a été
par la continence, et son âme par tous les dons de la grâce.
Madame,
Comme les vertus sont
modestes et élevées dans la retenue, elles ont honte de se montrer elles-mêmes;
et elles savent que ce qui les rend plus recommandables, c'est le soin qu'elles
prennent de se cacher, de peur de ternir par l'ostentation et par une lumière
empruntée l'éclat naturel et solide que leur donne la pudeur qui les
accompagne. Il n'y a que l'obéissance dont on se peut glorifier sans crainte :
elle est la seule entre les vertus que l'on ne blâme point de se produire, et
dont on se peut vanter hardiment sans que la modestie en soit offensée. C'est
pour cette raison, Madame, que je supplie Votre Majesté de permettre que je
publie hautement les soumissions que je rends aux commandements que j'ai reçus
d'elle. Il lui plaît d'ouïr de ma bouche ce panégyrique du grand saint Joseph
(Par. : Elle a la bonté de vouloir entendre ce que Dieu m'a inspiré autrefois
dans une occasion pareille) : elle m'ordonne de rappeler en mon souvenir des
idées que le temps avait effacées. J'y aurais de la répugnance, si je ne
croyais manquer de respect en rougissant de dire ce que Votre Majesté veut
entendre. Il ne faut donc point étudier d'excuses ; il ne faut point se
plaindre du peu de loisir, ni peser soigneusement les motifs pour lesquels
Votre Majesté me donne cet ordre (Et trouvez bon, Madame, que je dise avec tout
le respect que je dois, que me donnant à peine deux jours pour rappeler à mon
souvenir des idées que le temps avait effacées, il semble que Votre Majesté
m'ait voulu ôter le loisir d'y joindre de nouvelles pensées). L'obéissance est
trop curieuse, qui cherche les causes du commandement. Il ne lui appartient pas
d'avoir des yeux, si ce n'est pour considérer son devoir : elle doit chérir son
aveuglement, qui la fait marcher avec sûreté. Votre Majesté verra donc Joseph
dépositaire du Père éternel : il est digne de ce titre auguste, auquel il s'est
préparé par tant de vertus. Mais n'est-il pas juste, Madame, qu'après vous
avoir témoigné mes soumissions, je demande à Dieu cette fermeté qu'il promet
(Madame, dans cette action que l'obéissance me fait entreprendre, il ne faut
pas que j'oublie l'autorité sainte et apostolique que Jésus-Christ a donnée aux
prédicateurs. Votre Majesté n'entend pas que sa présence en rabatte rien, et je
m'en vais demander à Dieu cette fermeté qu'il promet) aux prédicateurs de son
Evangile, et qui bien loin de se rabaisser devant les monarques du monde, y
doit paraître avec plus de force.
Je m'adresse à vous,
divine Marie, pour m'obtenir de Dieu cette grâce : j'espère tout de votre
assistance, lorsque je dois célébrer la gloire de votre Epoux. O Marie, vous
avez vu les effets de la grâce qui l'a rempli, et j'ai besoin de votre secours
pour les faire entendre à ce peuple. Quand est-ce qu'on peut espérer de vous
des intercessions plus puissantes, qu'où il s'agit du pudique Epoux que le Père
vous a choisi pour conserver cette pureté qui vous est si chère et si
précieuse? Nous recourons donc à vous, ô Marie, en vous saluant avec l'ange et
disant (Var. : Je me jette à vos pieds dans cette pensée, en disant avec tout
le peuple : Ave) : Ave, Maria.
Dans le dessein que je me
propose d'appuyer les louanges de saint Joseph, non point sur des conjectures
douteuses, mais sur une doctrine solide tirée des Ecritures divines et des
Pères leurs interprètes fidèles, je ne puis rien-faire de plus convenable à la
solennité de cette journée, que de vous représenter ce grand Saint comme un
homme que Dieu choisit parmi tous les autres , pour lui mettre en main son
trésor et le rendre ici-bas son dépositaire. Je prétends vous faire voir
aujourd'hui que comme rien ne lui convient mieux, il n'est rien aussi qui soit
plus illustre; et que ce beau titre de dépositaire nous découvrant les conseils
de Dieu sur ce bienheureux patriarche, nous montre la source de toutes ses
grâces et le fondement assuré de tous ses éloges.
Et premièrement,
chrétiens, il m'est aisé de vous faire voir combien cette qualité lui est
honorable. Car si le nom de dépositaire emporte une marque d'estime et rend
témoignage à la probité ; si pour confier un dépôt nous choisissons ceux de nos
amis dont la vertu est plus reconnue, dont la fidélité est plus éprouvée, enfin
les plus intimes , les plus confidents : quelle est la gloire de saint Joseph
que Dieu fait dépositaire, non-seulement de la bienheureuse Marie, que sa
pureté angélique rend si agréable à ses yeux, mais encore de son propre Fils,
qui est l'unique objet de ses complaisances et l'unique espérance de notre
salut : de sorte qu'en la personne de Jésus-Christ, saint Joseph est établi le
dépositaire du trésor commun de Dieu et des hommes. Quelle éloquence peut
égaler la grandeur et la majesté de ce titre?
Si donc, fidèles, ce
titre est si glorieux et si avantageux à celui dont je dois faire aujourd'hui
le panégyrique, il faut que je pénètre un si grand mystère (Var. : Il faut que
nous entrions plus parfaitement dans un mystère si admirable) avec le secours
de la grâce ; et que recherchant dans nos Ecritures ce que nous y lisons de
Joseph, je fasse voir que tout se rapporte à cette belle qualité de dépositaire.
En effet je trouve dans les Evangiles trois dépôts confiés au juste Joseph par
la Providence divine, et j'y trouve aussi trois vertus qui éclatent entre les
autres et qui répondent à ces trois dépôts ; c'est ce qu'il nous faut expliquer
par ordre ; suivez s'il vous plaît attentivement.
Le premier de tous les
dépôts qui a été commis à sa foi (j'entends le premier dans l'ordre des temps )
c'est la sainte virginité de Marie, qu'il lui doit conserver entière sous le
voile sacré de son mariage, et qu'il a toujours saintement gardée ainsi qu'un
dépôt sacré qu'il ne lui était pas permis de toucher. Voilà quel est le premier
dépôt. Le second et le plus auguste, c'est la personne de Jésus-Christ, que le
Père céleste dépose en ses mains, afin qu'il serve de père à ce saint Enfant
qui n'en peut avoir sur la terre. Vous voyez déjà, chrétiens, deux grands et
deux illustres dépôts confiés aux soins de Joseph; mais j'en remarque encore un
troisième, que vous trouverez admirable, si je puis vous l'expliquer clairement.
Pour l'entendre, il faut remarquer que le secret est comme un dépôt. C'est
violer la sainteté du dépôt que de trahir le secret d'un ami ; et nous
apprenons par les lois que si vous divulguez le secret du testament que je vous
confie, je puis ensuite agir contre vous comme ayant manqué au dépôt : Depositi
actione tecum agi posse, comme parlent les jurisconsultes. Et la raison en est
évidente, parce que le secret est comme un dépôt. Par où vous pouvez comprendre
aisément que Joseph est dépositaire du Père éternel, parce qu'il lui a dit son
secret. Quel secret? Secret admirable, c'est l'incarnation de son Fils. Car,
fidèles, vous n'ignorez pas que c'était un conseil de Dieu, de ne pas montrer
Jésus-Christ au monde jusqu'à ce que l'heure en fût arrivée ; et saint Joseph a
été choisi, non-seulement pour le conserver, mais encore pour le cacher (Var.:
Les apôtres étaient des lumières afin de faire voir Jésus-Christ, et saint
Joseph un voile pour le couvrir jusqu'à ce que son heure fût arrivée). Aussi
lisons-nous dans l'Evangéliste (Luc., II, 33) qu'il admirait avec Marie tout ce
qu'on disait du Sauveur : niais nous ne lisons pas qu'il parlât, parce que le
l'ère éternel en lui découvrant le mystère, lui découvre le tout en secret et
sous L'obligation du silence; et ce secret, c'est un troisième dépôt que le
Père ajoute aux deux autres, selon ce que dit le grand saint Bernard, que Dieu
a voulu commettre à sa foi le secret le plus sacré de son cœur: Cui tutò
committeret secretissimum atque sacratissimum sui cordis arcanum (Super Missus
est, hom. II, n. 16). Que vous êtes chéri de Dieu, ô incomparable Joseph,
puisqu'il vous confie ces trois grands dépôts, la virginité de Marie, la
personne de son Fils unique, le secret de tout son mystère !
Mais ne croyez pas, chrétiens,
qu'il soit méconnaissant de ces grâces. Si Dieu l'honore par ces trois dépôts,
de sa part il présente a Dieu le sacrifice de trois vertus, que je remarque
dans l'Evangile. Je ne doute pas que sa vie n'ait été ornée de toutes les
autres; mais voici les trois principales que Dieu veut que nous voyions dans
son Ecriture. La première, c'est sa pureté, qui paraît par sa continence dans
son mariage ; la seconde, sa fidélité; la troisième, son humilité et l'amour de
la vie cachée. Qui ne voit la pureté de Joseph par cette sainte société de
désirs pudiques, et cette admirable correspondance avec la virginité de M.nie
dans leurs noces spirituelles. La seconde (Combien paraît la seconde), sa
fidélité dans les soins infatigables qu'il a de Jésus, au milieu de tant de
traverses qui suivent partout ce divin Enfant dès le commencement de sa vie. La
troisième (Enfin qui ne remarque la troisième), son humilité, en ce que
possédant un si grand trésor par une grâce extraordinaire du Père éternel, bien
loin de se vanter de ces dons ou de faire connaître ces avantages, il se cache
autant qu'il peut aux yeux des mortels, jouissant paisiblement avec Dieu du
mystère qu'il lui révèle et des richesses infinies qu'il met en sa garde. Ah !
que je découvre ici de grandeurs , et que j'y découvre d'instructions
importantes ! Que je vois de grandeurs dans ces dépôts, que je vois d'exemples
dans ces vertus! Et que l'explication d'un si beau sujet sera glorieux à Joseph
et fructueux à tous les fidèles ! Mais afin de ne rien omettre dans une matière
si importante, entrons plus avant au fond du mystère , achevons d'admirer les
desseins de Dieu sur l'incomparable Joseph. Après avoir vu les dépôts, après
avoir vu les vertus, considérons le rapport des uns et des autres, et faisons
le partage de tout ce discours.
Pour garder la virginité
de Marie sous le voile du mariage, quelle vertu est nécessaire à Joseph? Une
pureté angélique, qui puisse en quelque sorte répondre a la pureté de sa chaste
épouse. Pour conserver le Sauveur Jésus parmi tant de persécutions qui l'attaquent
dès son enfance, quelle vertu demanderons-nous? Une fidélité inviolable, qui ne
puisse être ébranlée par aucuns périls. Enfin pour garder le secret qui lui a
été confié, quelle vertu y emploiera-t-il, sinon cette humilité admirable, qui
appréhende les yeux des hommes, qui ne veut pas se montrer au monde, mais qui
aime à se cacher avec Jésus-Christ? Depositum custodi: O Joseph, gardez le
dépôt; gardez la virginité de Marie; et pour la garder dans le mariage ,
joignez-y votre pureté. Gardez cette vie précieuse, de laquelle dépend le salut
des hommes ; et employez à la conserver parmi tant de difficultés la fidélité
de vos soins. Gardez le secret du l'ère éternel : il veut que son Fils soit
caché au monde ; servez-lui d'un voile sacré, et enveloppez-vous avec lui dans
l'obscurité qui le couvre, par l'amour de la vie cachée. C'est ce que je me
propose de vous expliquer avec le secours de la grâce.
PREMIER POINT.
Pour comprendre
solidement combien Dieu honore le grand saint Joseph lorsque sa providence
dépose en ses mains la virginité de Marie, il importe (Var. : Puisque ce
premier point nous doit faire voir que Dieu met entre-les mains de Joseph la
virginité de Marie ainsi qu'un céleste dépôt, pour entendre solidement combien
il l'honore en lui confiant un si grand trésor, il importe...) que nous
entendions avant toutes choses combien cette virginité est chérie du Ciel,
combien elle est utile à la terre (Var. : Combien son prix est inestimable) ;
et ainsi nous jugerons aisément par la qualité du dépôt de la dignité du
dépositaire. Mettons donc cette vérité dans son jour, et faisons voir par les
saintes Lettres combien la virginité était nécessaire pour attirer Jésus-Christ
au monde. Vous n'ignorez pas, chrétiens, que c'était un conseil de la Providence
(Je pose donc pour fondement de tout ce discours, que le monde n'avait rien de
plus précieux que la virginité de Marie, dans le temps qu'il plut au Père
éternel de la confier à Joseph; et pour entendre cette vérité, suivez, s'il
vous plaît, ce raisonnement. Il n'est rien de plus précieux que ce qui doit
attirer Jésus-Christ au monde. C'est vous, ô virginité de Marie, qui par les
chastes attraits et par la lumière céleste de votre pureté admirable, devez
aller charmer le Fils du Très-Haut jusque dans le sein de sou Père, et qui
devez ensuite attirer au inonde cet unique Rédempteur des âmes : et par
conséquent, chrétiens, il n'est rien de plus précieux que la virginité de
Marie. Mais mettons cette vérité dans un plus grand jour; et faisons voir
solidement par les saintes Lettres, combien la virginité était nécessaire pour
la réparation de notre nature. Car c'était un conseil de la Providence), que
comme Dieu produit son Fils dans l'éternité par une génération virginale, aussi
quand il naîtrait dans le temps il sortît d'une mère vierge. C'est pourquoi (Il
fut formé du sang d'une vierge. Jésus devait être tout l'amour des vierges, il
devait être le pudique Epoux de la sainte virginité, il devait en être la
gloire, et il devait aussi en être le fruit et venir au monde par son
entremise. C'est pourquoi, etc.) les prophètes avoient annoncé qu'une vierge
concevrait un fils (Isa., VII, 14) : nos pères ont vécu dans cette espérance,
et l'Evangile nous en a fait voir le bienheureux accomplissement. Mais s'il est
permis à des hommes de rechercher les causes d'un si grand mystère, il me
semble que j'en découvre une très-considérable; et qu'examinant la nature de la
sainte virginité selon la doctrine des Pères, j'y remarque une secrète vertu
qui oblige en quelque sorte le Fils de Dieu à venir au monde par son entremise.
En effet demandons aux
anciens docteurs de quelle sorte ils nous définissent la virginité chrétienne.
Ils nous répondront d'un commun accord que c'est une imitation de la vie des
anges ; qu'elle met les hommes au-dessus du corps par le mépris de tous ses
plaisirs; et qu'elle élève tellement la chair qu'elle l'égale en quelque façon,
si nous l'osons dire, à la pureté des esprits. Expliquez-le-nous, ô grand
Augustin, et faites-nous entendre en un mot quelle estime vous faites des
vierges. Voici une belle parole : Habent aliquid jam non carnis in carne. Ils
ont, dit-il, en la chair quelque chose qui n'est pas de la chair, et qui tient
de l'ange plutôt que de l'homme : Habent aliquid jam non carnis in carne. Vous
voyez donc que, selon ce Père, la virginité est comme un milieu entre les
esprits et les corps, et qu'elle nous fait approcher des natures spirituelles;
et de là il est aisé de comprendre combien cette vertu devait avancer le
mystère de l'incarnation (De sanctâ Virginit., n. 12). Car qu'est-ce que le
mystère de l'incarnation ? C'est l'union très-étroite de Dieu et de l'homme, de
la divinité avec la chair. «Le Verbe a été fait chair (Joan., I, 14); » dit
l'Evangéliste; voilà l'union, voilà le mystère.
Mais, fidèles, ne
semble-t-il pas qu'il y a trop de disproportion entre la corruption de nos
corps et la beauté immortelle de cet esprit pur, et ainsi qu'il n'est pas
possible d'unir des natures si éloignées ? C'est aussi pour cette raison que la
sainte virginité se met entre deux , pour les approcher par son entremise (Et
qu'il n'est pas possible d'unir des natures si éloignées, s'il ne se met
auparavant entre deux quelque chose qui les rapproche : je veux dire qu'il ne
semble pas que la chair puisse aspirer à la gloire de toucher de si près la
Divinité, si elle n'y est auparavant préparée par quelque excellente
disposition, si elle ne reçoit quelque qualité qui l'approche en quelque façon
des esprits. Mais qui lui peut donner ce bel avantage, si ce n'est la virginité,
qui tient en quelque façon de l'homme et de l'ange ?). Et en effet nous voyons
que la lumière, lorsqu'elle tombe sur les corps opaques, ne les peut jamais
pénétrer, parce que leur obscurité la repousse; il semble au contraire qu'elle
s'en retire en réfléchissant ses rayons : mais quand elle rencontre un corps
transparent, elle y entre, elle s'y unit, parce qu'elle y trouve l'éclat et la
transparence qui approche de sa nature et tient quelque chose de la lumière.
Ainsi nous pouvons dire, fidèles, que la divinité du Verbe éternel voulant
s'unir à un corps mortel, demandait la bienheureuse entremise de la sainte
virginité, qui ayant quelque chose de spirituel, a pu en quelque sorte préparer
la chair à être unie à cet esprit pur.
Mais de peur que vous ne
croyiez que je parle ainsi de moi-même, il faut que vous appreniez cette vérité
d'un célèbre évêque d'Orient : c'est le grand Grégoire de Nysse, dont je vous
rapporte les propres paroles tirées fidèlement de son texte. C'est, dit-il, la
virginité qui fait que Dieu ne refuse pas de venir vivre avec les hommes :
c'est elle qui donne aux hommes des ailes pour prendre leur vol du côté du
ciel; et étant le lien sacré de la familiarité de l'homme avec Dieu , elle
accorde par son entremise des choses si éloignées par nature : Quœ adeò naturâ
distant, ipsa intercedens suâ virtute conciliât adducitque in concordiam (De
Virginit., cap. II.).
Peut-on confirmer en
termes plus clairs la vérité que je prêche ? Et par Là ne voyez-vous pas, et la
dignité de Marie, et celle de Joseph son fidèle époux? Vous voyez la dignité de
Marie (Var. : Et de là je tire cette conséquence : Un Dieu devait venir sur la
terre; mais la sainte virginité le devait attirer du ciel : un Dieu devait
prendre une chair humaine ; mais cette chair devait être ornée de toute la
pureté d'un sang virginal; un Dieu devait avoir une mère; mais la sainte
virginité lui devait purifier cette mère, afin que le Saint-Esprit pût se
répandre sur son chaste corps. C'est pourquoi le grand saint Ambroise applique
à la pureté de Marie ce passage d'un saint prophète : Ascendit Dominus super
nubem levem. Quelle est, dit-il, cette nuée légère sur laquelle Dieu s'est fait
porter? C'est la virginité île .Marie, qui ne sent point la corruption de la
chair, ni le poids de ses convoitises. C'est, fidèles, que le Dieu Verbe s'est
fait porter, quand il a voulu descendre du ciel; et c'est cette belle nuée qui
a plu le Juste: Nubes pluant Justum. Et par cette doctrine évangélique, nous
découvrons d'une même vue et la dignité de Marie, etc.), en ce que sa virginité
bienheureuse a été choisie dès l'éternité pour donner Jésus-Christ au monde ;
et vous voyez la dignité de Joseph, en ce que cette pureté de Marie, qui a été
si utile à notre nature, a été confiée à ses soins et que c'est lui qui
conserve au monde une chose si nécessaire. O Joseph, gardez ce dépôt :
Depositum custodi. Gardez chèrement ce sacré dépôt de la pureté de Marie.
Puisqu'il plaît au Père éternel de garder la virginité de Marie sous le voile
du mariage , elle ne se peut plus conserver sans vous ; et aussi votre pureté
est devenue en quelque sorte nécessaire au monde, par la charge glorieuse qui
lui est donnée de garder celle de Marie (Car puisque c'était un conseil de Dieu
de ne pas découvrir aux hommes le miracle de sa grossesse, jusqu'à ce que
l'heure eu fût arrivée, qui ne voit manifestement que c'était une suite de ce
conseil, de conserver la virginité de Marie sous le voile du mariage, pour la
mettre à couvert de la calomnie dînant le temps qu'il plairait à Dieu de cacher
un si grand mystère ? Et pour exécuter ce dessein, de protéger sa virginité par
l'honnêteté nuptiale, ne lui fallait-il pas trouver un époux dont la pureté
angélique pût en quelque sorte répondre à la sienne, et qui fût digne de vivre
avec elle dans une sainte société de désirs tout spirituels? Joseph est choisi
par la Providence pour accomplir un si grand mystère ; et ainsi la pureté de ce
Saint est devenue en quelque sorte nécessaire au monde, par la charge qui lui
est donnée de conserver celle de Marie).
C'est ici qu'il faut vous
représenter un spectacle qui étonne toute la nature ; je veux dire ce mariage
céleste, destiné par la Providence pour protéger la virginité et donner par ce
moyen Jésus-Christ au monde. Mais qui prendrai-je pour mon conducteur dans une
entreprise si difficile, sinon l'incomparable Augustin, qui traite si
divinement ce mystère? Ecoutez ce savant évêque (De Genes, ad litt., lib. IX,
cap. VII, n. 12), et suivez exactement sa pensée. Il remarque avant toutes
choses qu'il y a trois liens dans le mariage : il y a premièrement le sacré
contrat par lequel ceux que l'on unit se donnent entièrement l'un à l'autre; il
y a secondement l'amour conjugal par lequel ils se vouent mutuellement un cœur,
qui n'est plus capable de se partager et qui ne peut brûler d'autres flammes ;
il y a enfin les enfants qui sont un troisième lien, parce que l'amour des
parents venant pour ainsi dire à se rencontrer dans ces fruits communs de leur
mariage, l'amour se lie par un nœud plus ferme.
Saint Augustin trouve ces
trois choses dans le mariage de saint Joseph, et il nous montre que tout y
concourt à garder la virginité (Contra Julian , lib. V, cap. XII, n. 46). Il y
trouve premièrement le sacré contrat par lequel ils se sont donnés l'un à l'autre,
et c'est Là qu'il faut admirer le triomphe de la pureté dans la vérité de ce
mariage. Car Marie appartient à Joseph, et Joseph à la divine Marie; si bien
que leur mariage est très-véritable, parce qu'ils se sont donnés l'un à
l'autre. Mais de quelle sorte se sont-ils donnés? Pureté, voici ton triomphe.
Ils se donnent réciproquement leur virginité, et sur cette virginité ils se
cèdent un droit mutuel. Quel droit? De se la garder l'un à l'autre. Oui, Marie
a droit de garder la virginité de Joseph, et Joseph a droit de garder la
virginité de Marie. Ni l'un ni l'autre n'en peut disposer, et toute la fidélité
de ce mariage consiste à garder la virginité. Voilà les promesses qui les
assemblent , voilà le traité qui les lie. Ce sont deux virginités qui s'unissent,
pour se conserver éternellement l'une l'autre par une chaste correspondance de
désirs pudiques ; et il me semble que je vois deux astres, qui n'entrent
ensemble en conjonction qu'à cause que leurs lumières s'allient. Tel est le
nœud de ce mariage, d'autant plus ferme, dit saint Augustin (De Nupt. et
Concup., lib. I, n. 12), que les promesses qu'ils se sont données doivent être
plus inviolables, en cela même qu'elles sont plus saintes.
Qui pourrait maintenant
vous dire quel devait être l'amour conjugal de ces bienheureux mariés? Car, o
sainte virginité , vos flammes sont d'autant plus fortes qu'elles sont plus
pures et plus dégagées; et le feu de la convoitise, qui est allumé dans nos
corps, ne peut jamais égaler l'ardeur des chastes embrasements des esprits que
l'amour de la pureté lie ensemble. Je ne chercherai pas des raisonnements pour
prouver cette vérité ; mais je l'établirai par un grand miracle que j'ai lu
dans saint Grégoire de Tours (Histor. Franc., lib. I, n. 42), au premier livre
de son Histoire. Le récit vous en sera agréable, et du moins il relâchera vos
attentions. Il dit que deux personnes de condition et de la première noblesse
d'Auvergne , ayant vécu dans le mariage avec une continence parfaite, passèrent
à une vie plus heureuse et que leurs corps furent inhumés en deux places assez
éloignées. Mais il arriva une chose étrange : ils ne purent pas demeurer
longtemps dans cette dure séparation ; et tout le monde fut étonné qu'on
trouvât tout à coup leurs tombeaux unis, sans que personne y eût mis la main.
Chrétiens, que signifie ce miracle ? Ne vous semble-t-il pas que ces chastes
morts se plaignent de se voir ainsi éloignés? Ne vous semble-t-il pas qu'ils
nous disent ( car permettez-moi de les animer et de leur prêter une voix,
puisque Dieu leur donne le mouvement); ne vous semble-t-il pas qu'ils vous
disent : Et pourquoi a-t-on voulu nous séparer ? Nous avons été si longtemps
ensemble , et nous y avons toujours été comme morts, parce que nous avons
éteint tout le sentiment des plaisirs mortels ; et étant accoutumés depuis tant
d'années à être ensemble comme des morts, la mort ne nous doit pas désunir.
Aussi Dieu permit qu'ils se rapprochèrent, pour nous montrer par cette
merveille que ce ne sont pas les plus belles flammes que celles où la convoitise
se mêle ; mais que deux virginités bien unies par un mariage spirituel en
produisent de bien plus fortes, et qui peuvent, ce semble, se conserver sous
les cendres mêmes de'la mort. C'est pourquoi Grégoire de Tours, qui nous a
décrit cette histoire, ajoute que les peuples de cette contrée appelaient
ordinairement ces sépulcres les sépulcres des deux amans, comme si ces peuples
eussent voulu dire que c'étaient de véritables amans, parce qu'ils s'aimaient
par l'esprit.
Mais où est-ce que cet
amour si spirituel s'est jamais trouvé si parfait que dans le mariage de saint
Joseph ? C'est là que l'amour était tout céleste, puisque toutes ses flammes et
tous ses désirs ne tendaient qu'à conserver la virginité, et il est aisé de
l'entendre. Car dites-nous, ô divin Joseph, qu'est-ce que vous aimez en Marie?
Ah ! sans doute, ce n'était pas la beauté mortelle, mais cette beauté cachée et
intérieure, dont la sainte virginité faisait le principal ornement. C'était
donc la pureté de Marie qui faisait le chaste objet de ses feux; et plus il
aimait cette pureté, plus il la voulait conserver, premièrement en sa sainte
épouse, et secondement en lui-même, par une entière unité de cœur : si bien que
son amour conjugal se détournant du cours ordinaire, se donnait et s'appliquait
tout entier à garder la virginité de Marie. O amour divin et spirituel!
Chrétiens, n'admirez-vous pas comme tout concourt dans ce mariage à conserver
ce sacré dépôt ! Leurs promesses sont toutes pures, leur amour est tout
virginal : il reste maintenant à considérer ce qu'il y a de plus admirable;
c'est le fruit sacré de ce mariage, je veux dire le Sauveur Jésus.
Mais il me semble vous
voir étonnés de m'entendre prêcher si assurément que Jésus est le fruit de ce
mariage. Nous comprenons, direz-vous, que l'incomparable Joseph est père de
Jésus-Christ par ses soins; mais nous savons qu'il n'a point de part à sa
bienheureuse naissance. Comment donc nous assurez-vous que Jésus est le fruit
de ce mariage? Cela peut-être paraît impossible : toutefois si vous rappelez à
votre mémoire tant de vérités importantes que nous avons, ce me semble, si bien
établies, j'espère que vous m'accorderez aisément que Jésus, ce bénit enfant,
est sorti en quelque manière de l'union virginale de ces deux époux. Car,
fidèles, n'avons-nous pas dit que c'est la virginité de Marie qui a attiré
Jésus-Christ du ciel? Jésus n'est-il pas cette fleur sacrée que la virginité a
poussée ? n'est-il pas le fruit bienheureux que la virginité a produit? Oui,
certainement nous dit saint Fulgence, « il est le fruit, il est l'ornement, il
est le prix et la récompensa de la sainte virginité : » Sanctœ virginitatis
fructus, decus et munus (Ad Prob., epist. III, n. 6). C'est à cause de sa
pureté que Marie a plu au Père éternel ; c'est à cause de sa pureté que le
Saint-Esprit se répand sur elle et recherche ses embrassements, pour la remplir
d'un germe céleste. Et par conséquent ne peut-on pas dire que c'est sa pureté
qui la rend féconde? Que si c'est sa pureté qui la rend féconde, je ne
craindrai plus d'assurer que Joseph a part à ce grand miracle. Car si cette
pureté angélique est le bien de la divine Marie, elle est le dépôt du juste
Joseph.
Mais je passe encore plus
loin, chrétiens ; permettez-moi de quitter mon texte et d'enchérir sur mes
premières pensées, pour vous dire que la pureté de Marie n'est pas seulement le
dépôt, mais encore le bien de son chaste époux. Elle est à lui par son mariage,
elle est à lui par les chastes soins par lesquels il l'a conservée. O féconde
virginité ! si vous êtes le bien de Marie, vous êtes aussi le bien de Joseph.
Marie l'a vouée, Joseph la conserve, et tous deux la présentent au Père éternel
comme un bien gardé par leurs soins communs. Comme donc il a tant de part à la
sainte virginité de Marie, il en prend aussi au fruit qu'elle porte : c'est
pourquoi Jésus est son Fils, non pas à la vérité par la chair, mais il est son
Fils par l'esprit à cause de l'alliance virginale qui le joint avec sa mère. Et
saint Augustin l'a dit en un mot : Propter quod fidele conjugium parentes
Christi vocari ambo meruerunt (De Nupt. et Concup., lib. I, ubi supra). O
mystère de pureté ! ô paternité bienheureuse ! ô lumières incorruptibles qui
brillent de toutes parts dans ce mariage !
Chrétiens, méditons ces
choses, appliquons-les-nous à nous-mêmes : tout se fait ici pour l'amour de
nous ; tirons donc notre instruction de ce qui s'opère pour notre salut. Voyez
combien chaste, combien innocente est la doctrine du christianisme. Jamais ne
comprendrons-nous quels nous sommes? Quelle honte, que nous nous souillions
tous les jours par toutes sortes d'impuretés, nous qui avons été élevés parmi
des mystères si chastes? Et quand est-ce que nous entendrons quelle est la
dignité de nos corps, depuis que le Fils de Dieu en a pris un semblable? « Que
la chair se soit jouée, dit Tertullien, ou plutôt qu'elle se soit corrompue,
avant qu'elle eût été recherchée par son maître ; elle n'était pas digne du don
de salut, ni propre à l'office de la sainteté. Elle était encore en Adam,
tyrannisée par ses convoitises, suivant les beautés apparentes, et attachant
toujours ses yeux à la terre. Elle était impure et souillée, parce qu'elle
n'était pas lavée au baptême. Mais depuis qu'un Dieu en se faisant homme n'a
pas voulu venir en ce monde, si la sainte virginité ne l'y attirait; depuis que
trouvant au-dessous de lui-même la sainteté nuptiale, il a voulu avoir une Mère
vierge, et qu'il n'a pas cru que Joseph fût digne de prendre le soin de sa vie,
s'il ne s'y préparaît par la continence; depuis que, pour laver notre chair,
son sang a sanctifié une eau salutaire où elle peut laisser toutes les ordures
de sa première nativité : nous devons entendre, fidèles, que depuis ce temps-là
la chair est toute autre. Ce n'est plus cette chair formée de la boue et
engendrée par la convoitise; c'est une chair refaite et renouvelée par une eau
très-pure et par l'Esprit-Saint (De Pudicit., n. 6). » Donc, mes Frères,
respectons nos corps qui sont les membres de Jésus-Christ, gardons-nous de
prostituer à l'impureté cette chair, que le baptême a faite vierge. « Possédons
nos vaisseaux en honneur et non pas dans ces passions ignominieuses que notre
brutalité nous inspire, comme les Gentils qui n'ont pas de Dieu. Car Dieu ne
nous appelle pas à l'impureté, mais à la sanctification (I Thess., IV, 4, 5, 7)
» en Notre-Seigneur Jésus-Christ. Honorons par la continence cette sainte
virginité qui nous a donné le Sauveur, qui a rendu sa Mère féconde, qui a fait
que Joseph a part à cette fécondité bienheureuse et l'élève, si je l'ose dire,
jusqu'à être le père de Jésus-Christ même. Mais, fidèles, après avoir vu qu'il
contribue en quelque façon à la naissance de Jésus-Christ en gardant la pureté
de sa sainte Mère ; voyons maintenant ses soins paternels, et admirons la
fidélité par laquelle il conserve ce divin Enfant que le Père céleste lui a
confié; c'est ma seconde partie.
SECOND POINT.
Ce n'est pas assez au
Père éternel d'avoir confié à Joseph la virginité de Marie : il lui prépare
quelque chose de plus relevé ; et, après avoir commis à sa foi cette sainte
virginité qui doit donner Jésus-Christ au monde, comme s'il avait dessein
d'épuiser sa libéralité infinie en faveur de ce patriarche, il va mettre en ses
mains Jésus-Christ lui-même, et il veut le conserver par ses soins. Mais si
nous pénétrons le secret, si nous entrons au fond du mystère, c'est là,
fidèles, que nous trouverons quelque chose de si glorieux au juste Joseph, que
nous ne pourrons jamais assez le comprendre. Car Jésus, ce divin Enfant, sur
lequel Joseph a toujours les yeux et qui fait l'admirable sujet de ses saintes
inquiétudes, est né sur la terre comme un orphelin, et il n'a point de père en
ce monde. C'est pourquoi saint Paul dit qu'il est sans père : Sinè patre
(Hebr., VII, 3). Il est vrai qu'il en a un dans le ciel; mais à voir comme il
l'abandonne, il semble que ce Père ne le connaît plus. Il s'en plaindra un jour
sur la croix, lorsque l'appelant son Dieu et non pas son Père, « Et pourquoi,
dira-t-il, m'abandonnez-vous (Matth., XXVII, 46)? » Mais ce qu'il a dit en
mourant, il pouvait le dire dès sa naissance, puisque dès ce premier moment son
Père l'expose aux persécutions et commence à l'abandonner aux injures. Tout ce
qu'il fait en faveur de ce Fils unique pour montrer qu'il ne l'oublie pas, du
moins ce qui paraît à nos yeux, c'est de le mettre en la garde d'un homme
mortel qui conduira sa pénible enfance ; et Joseph est choisi pour ce
ministère. Que fera ici ce saint homme? Qui pourrait dire avec quelle joie il
reçoit cet abandonné, et comme il s'offre de tout son cœur pour être le père de
cet orphelin ? Depuis ce temps-là, chrétiens, il ne vit plus que pour Jésus-Christ,
il n'a plus de soin que pour lui ; il prend lui-même pour ce Dieu (Var. : Pour
ce saint Enfant.) un cœur et des entrailles de père ; et ce qu'il n'est pas par
nature, il le devient par affection.
Mais afin que vous soyez
convaincus de la vérité d'un si grand mystère et si glorieux à Joseph, il faut
vous le montrer par les Ecritures, et pour cela vous exposer une belle
réflexion de saint Chrysostome. Il remarque dans l'Evangile que partout Joseph
y paraît en père. C'est lui qui donne le nom à Jésus, comme les pères le
donnaient alors; c'est lui seul que l'ange avertit de tous les périls de
l'Enfant, et c'est à lui qu'il annonce le temps du retour. Jésus le révère et
lui obéit : c'est lui qui dirige toute sa conduite comme en ayant le soin
principal, et partout il nous est montré comme père. D'où vient cela, dit saint
Chrysostome ? En voici la raison véritable. C'est, dit-il (In Matth., hom. IV,
n. 6), que c'était un conseil de Dieu, de donner au grand saint Joseph tout ce
qui peut appartenir à un père sans blesser la virginité : oper esti patros
idion, ou loumainomenon to tes pathenias axioma touto soi didomi.
Je ne sais si je
comprends bien toute la force de cette pensée, mais voici, si je ne me trompe,
ce que veut dire ce grand évêque. Et premièrement supposons pour certain que
c'est la sainte virginité qui empêche que le Fils de Dieu, en se faisant homme,
ne choisisse un père mortel. En effet Jésus-Christ venant sur la terre, pour se
rendre semblable aux hommes, comme il voulait bien avoir une mère, il ne devait
pas refuser, ce semble, d'avoir un père tout ainsi que nous, et de s'unir
encore à notre nature par le nœud de cette alliance. Mais la sainte virginité
s'y est opposée, parce que les prophètes lui avoient promis qu'un jour le
Sauveur la rendrait féconde ; et puisqu'il devait naître d'une vierge mère, il
ne pouvait avoir de père que Dieu. C'est par conséquent la virginité qui
empêche la paternité de Joseph. Mais peut-elle l'empêcher jusqu'à ce point que
Joseph n'y ait plus de part, et qu'il n'ait aucune qualité de père? Nullement,
dit saint Chrysostome; car la sainte virginité ne s'oppose qu'aux qualités qui
la blessent ; et qui ne sait qu'il y en a dans le nom de père qui ne choquent
pas la pudeur, et qu'elle peut avouer pour siennes? Ces soins, cette tendresse,
cette affection, cela blesse-t-il la virginité? Voyez donc le secret de Dieu,
et l'accommodement qu'il invente dans ce différend mémorable entre la paternité
de Joseph et la pureté virginale. Il partage la paternité, et il veut que la virginité
fasse le partage. Sainte pureté, lui dit-il, vos droits vous seront conservés.
Il y a quelque chose dans le nom de père que la virginité ne peut pas souffrir;
vous ne l'aurez pas, ô Joseph. Mais tout ce qui appartient à un père sans que
la virginité soit intéressée (Var. : En soit offensée) : Voilà, dit-il, ce que
je vous donne : Hoc tibi do, quod salvà virginitate paternum esse potest. Et
par conséquent, chrétiens, Marie ne concevra pas de Joseph, parce que la
virginité y serait bessée ; mais Joseph partagera avec Marie ces soins, ces
veilles, ces inquiétudes, par lesquelles elle élèvera ce divin Enfant; et il
ressentira pour Jésus cette inclination naturelle, toutes ces douces émotions,
tous ces tendres empressements d'un cœur paternel.
Mais peut-être vous
demanderez où il prendra ce cœur paternel, si la nature ne le lui donne pas?
Ces inclinations naturelles peuvent-elles s'acquérir par choix, et l'art
peut-il imiter ce que la nature écrit dans les cœurs? Si donc saint Joseph
n'est pas père, comment aura-t-il un amour de père? C'est ici qu'il nous faut
entendre que la puissance divine agit en cette œuvre. C'est par un effet de
cette puissance que saint Joseph a un cœur de père ; et si la nature ne le
donne pas, Dieu lui en fait un de sa propre main. Car c'est de lui dont il est
écrit qu'il tourne où il lui plaît les inclinations. Pour l'entendre il faut
remarquer une belle théologie que le Psalmiste nous a enseignée, lorsqu'il dit
que Dieu forme en particulier tous les cœurs des hommes : Qui finxit singillatim
corda eorum (Psal. XXXII, 15). Ne vous persuadez pas, chrétiens, que David
regarde le cœur comme un simple organe du corps (Instrument de la vie), que
Dieu forme par sa puissance comme toutes les autres parties qui composent
l'homme (Les autres parties de nos corps). Il veut dire quelque chose de
singulier: il considère le cœur en ce lieu comme principe de l'inclination ; et
il le regarde dans les mains de Dieu comme une terre molle et humide, qui cède
et qui obéit aux mains du potier et reçoit de lui sa figure. C'est ainsi, nous
dit le Psalmiste, que Dieu forme en particulier tous les cœurs des hommes.
Qu'est-ce à dire, en
particulier? Il fait un cœur de chair dans les uns, quand il les amollit par la
charité ; un cœur endurci dans les autres, lorsque retirant ses lumières par
une juste punition de leurs crimes, il les abandonne au sens réprouvé. Ne
fait-il pas dans tous les fidèles, non un cœur d'esclave, mais un cœur
d'enfant, quand il envoie en eux l'esprit de son Fils? Les apôtres tremblaient
au moindre péril; mais Dieu leur fait un cœur tout nouveau, et leur courage
devient invincible. Quels étaient les sentiments de Saül pendant qu'il paissait
ses troupeaux ! Ils étaient sans doute bas et populaires. Mais Dieu en le
mettant sur le trône, lui change le cœur par son onction : lmmutavit Dominus
cor Saül (I Reg., X, 9) ; et il reconnaît incontinent qu'il est roi. D'autre
part, les Israélites considéraient ce nouveau monarque comme un homme de la lie
du peuple ; mais la main de Dieu leur touchant le cœur : Quorum Deus tetigit
corda (Ibid., 26), aussitôt ils le voient plus grand et ils se sentent émus, en
le regardant, de cette crainte respectueuse que l'on a pour ses souverains :
c'est que Dieu faisait en eux un cœur de sujets.
C'est donc, fidèles,
cette même main qui forme en particulier tous les cœurs des hommes, qui fait un
cœur de père en Joseph et un cœur de fils en Jésus. C'est pourquoi Jésus obéit,
et Joseph ne craint pas de lui commander. Et d'où lui vient cette hardiesse de
commander à son Créateur? C'est que le vrai Père de Jésus-Christ, ce Dieu qui
l'engendre dans l'éternité, ayant choisi le divin Joseph pour servir de père au
milieu des temps à son Fils unique, a fait en quelque sorte couler en son sein
quelque rayon ou quelque étincelle de cet amour infini qu'il a pour son Fils :
c'est ce qui lui change le cœur, c'est ce qui lui donne un amour de père; si
bien que le juste Joseph, qui sent en lui-même un cœur paternel formé tout à
coup par la main de Dieu, sent aussi que Dieu lui ordonné d'user d'une autorité
paternelle ; et il ose bien commander à celui qu'il reconnoît pour son maître.
Et après cela, chrétiens,
qu'est-il nécessaire que je vous explique la fidélité de Joseph à garder ce
sacré dépôt ? Peut-il manquer de fidélité à celui qu'il reconnaît pour son Fils
unique? De sorte qu'il ne serait pas nécessaire que je vous parlasse de cette
vertu, s'il n'était important pour votre instruction que vous ne perdiez pas un
si bel exemple? Car c'est ici qu'il nous faut apprendre, par les traverses
continuelles qui ont exercé saint Joseph depuis que Jésus-Christ est mis en sa
garde, qu'on ne peut conserver ce dépôt sans peine, et que pour être fidèle à
sa grâce il faut se préparer à souffrir. Oui certes, quand Jésus entre quelque
part, il y entre avec sa croix, il y porte avec lui toutes ses épines, et il en
fait part à tous ceux qu'il aime. Joseph et Marie étaient pauvres; mais ils
n'avoient pas encore été sans maison, ils avoient un lieu pour se retirer (Var
: Mais au moins avaient-ils leur maison, en laquelle ils se mettaient à
couvert). Aussitôt que cet enfant vient au monde, on ne trouve point (Il n'y a
plus) de maison pour eux, et leur retraite est dans une étable. Qui leur
procure cette disgrâce, sinon celui dont il est écrit (Joan., I, 11) que, «
venant en son propre bien, il n'y a pas été reçu par les siens, » et qu'il n'a
pas de gîte assuré où il puisse reposer sa tête (Matth., VIII, 20)? Mais
n'est-ce pas assez de leur indigence? Pourquoi leur attire-t-il des
persécutions? Ils vivaient ensemble dans leur ménage, pauvrement, mais avec
douceur, surmontant leur pauvreté par leur patience et par leur travail assidu.
Mais Jésus ne leur permet pas ce repos : il ne vient au monde que pour les
troubler, et il attire tous les malheurs avec lui. Hérode ne peut souffrir que
cet enfant vive : la bassesse de sa naissance n'est pas capable de le cacher à
la jalousie (A la rage) de ce tyran. Le Ciel lui-même trahit le secret : il
découvre Jésus-Christ par une étoile; et il semble qu'il ne lui amène de loin
des adorateurs, que pour lui susciter dans son pays propre un persécuteur
impitoyable.
Que fera ici saint
Joseph? Représentez-vous, chrétiens, ce que c'est qu'un pauvre artisan, qui n'a
point d'autre héritage que ses mains, ni d'autre fonds que sa boutique, ni
d'autre ressource que son travail (... Qu'un pauvre artisan, qui se voit tous
les jours au bout de son fonds). Il est contraint d'aller en Egypte et de
souffrir un exil fâcheux, et cela pour quelle raison? Parce qu'il a
Jésus-Christ avec lui. Cependant croyez-vous, fidèles, qu'il se plaigne de cet
Enfant incommode, qui le tire de sa patrie et qui lui est donné pour le
tourmenter? Au contraire, ne voyez-vous pas qu'il s'estime heureux de souffrir
en sa compagnie, et que toute la cause de son déplaisir (De ses douleurs),
c'est le péril du divin Enfant qui lui est plus cher que lui-même? Mais
peut-être a-t-il sujet d'espérer de voir bientôt unir ses disgrâces? Non,
fidèles ; il ne l'attend pas; partout on lui prédit des malheurs. Siméon l'a
entretenu des étranges contradictions que devait souffrir ce cher Fils : il en
voit déjà le commencement, et il passe sa vie dans de continuelles
appréhensions des maux qui lui sont préparés.
Est-ce assez pour
éprouver sa fidélité? Chrétiens, ne le croyez pas ; voici encore une étrange
épreuve. Si c'est peu des hommes pour le tourmenter, Jésus devient lui-même son
persécuteur : il s'échappe adroitement de ses mains, il se dérobe à sa
vigilance, et il demeure trois jours perdu. Qu'avez-vous fait, fidèle Joseph?
Qu'est devenu le sacré dépôt que le Père céleste vous a confié? Ah ! qui
pourrait ici raconter ses plaintes? Si vous n'avez pas encore entendu la
paternité de Joseph, voyez ses larmes, voyez ses douleurs, et reconnaissez
qu'il est père. Ses regrets le font bien connaître, et Marie a raison de dire à
cette rencontre : Pater tuus et ego dolentes quœrebamus te (Luc., II, 48) : «
Votre père et moi vous cherchions avec une extrême douleur. » O mon fils,
dit-elle au Sauveur, je ne crains pas de l'appeler ici votre père, et je ne
prétends pas faire tort à la pureté de votre naissance. Il s'agit de soins et
d'inquiétudes; et c'est par là que je puis dire qu'il est votre père, puisqu'il
a des inquiétudes vraiment paternelles : Ego et pater tuus; je le joins avec moi
par la société des douleurs.
Voyez, fidèles, par
quelles souffrances Jésus éprouve la fidélité, et i omme il ne veut être
qu'avec ceux qui souffrent. Ames molles et voluptueuses, cet Enfant ne veut pas
être avec vous; sa pauvreté a honte de votre luxe; et sa chair destinée à tant
de supplices, ne peut supporter votre extrême délicatesse. Il cherche ces forts
et ces courageux qui ne refusent pas de porter sa croix, qui ne rougissent pas
d'être compagnons de son indigence et de sa misère. Je vous laisse à méditer
ces vérités saintes; car pour moi je ne puis vous dire tout ce que je pense sur
ce beau sujet. Je me sens appelé ailleurs, et il faut que je considère le
secret du Père éternel confié à l'humilité de Joseph : il faut que nous voyions
Jésus-Christ caché, et Joseph caché avec lui, et que nous nous excitions par ce
bel exemple à l'amour de la vie cachée.
TROISIÈME POINT.
Que dirai-je ici,
chrétiens, de cet homme caché avec Jésus-Christ? Où trouverai-je des lumières
assez pénétrantes, pour percer les obscurités qui enveloppent la vie de Joseph?
Et quelle entreprise est la mienne, de vouloir exposer au jour ce que
l'Ecriture a couvert d'un silence mystérieux? Si c'est un conseil du Père
éternel que son Fils soit caché au monde et que Joseph le soit avec lui,
adorons les secrets de sa Providence sans nous mêler de les rechercher; et que
la vie cachée de Joseph soit l'objet de notre vénération, et non pas la matière
de nos discours. Toutefois il en faut parler, puisque je sais bien que je l'ai
promis ; et il sera utile au salut des âmes de méditer un si beau sujet,
puisque si je n'ai rien à dire autre chose, je dirai du moins, chrétiens, que
Joseph a eu cet honneur d'être tous les jours avec Jésus-Christ, qu'il a eu
avec Marie la plus grande part à ses grâces; que néanmoins Joseph a été caché,
que sa vie, que ses actions, que ses vertus étaient inconnues. Peut-être
apprendrons-nous d'un si bel exemple qu'on peut être grand sans éclat, qu'on
peut être bienheureux sans bruit, qu'on peut avoir la vraie gloire sans le
secours de la renommée par le seul témoignage de sa conscience : Gloria nostra
hœc est, testimonium conscientiœ nostrœ (II Cor., I, 12); et cette pensée nous
incitera à mépriser la gloire du monde : c'est la fin que je me propose.
Mais pour entendre
solidement la grandeur et la dignité de la vie cachée de Joseph, remontons
jusqu'au principe; et admirons avant toutes choses la variété infinie des
conseils de la Providence dans les vocations différentes. Entre toutes les
vocations, j'en remarque deux dans les Ecritures, qui semblent directement
opposées : la première, celle des apôtres; la seconde, celle de Joseph. Jésus
est révélé aux apôtres, Jésus est révélé à Joseph, mais avec des conditions
bien contraires. Il est révélé aux apôtres pour l'annoncer par tout l'univers;
il est révélé à Joseph pour le taire et pour le cacher. Les apôtres sont des
lumières pour faire voir Jésus-Christ au monde ; Joseph est un voile pour le
couvrir et sous ce voile mystérieux on nous cache la virginité do Marie et la
grandeur du Sauveur des âmes. Aussi nous lisons dans les Ecritures que
lorsqu'on le voulait mépriser : « N'est-ce pas là, disait-on, le fils de Joseph
(Joan., VI, 42)?» Si bien que Jésus entre les mains des apôtres, c'est une
parole qu'il faut prêcher : Prœdicate verbum Evangelii hujus (Act., V, 20.), «
Prêchez la parole de cet Evangile; » et Jésus entre les mains de Joseph, c'est
une parole cachée, Verbum absconditum (Luc., XVIII, 34), et il n'est pas permis
de la découvrir. En effet voyez-en la suite. Les divins apôtres prêchent si
hautement l'Evangile, que le bruit de leur prédication retentit jusqu'au ciel
(Var. : Que la gloire en va jusqu'au ciel) : et saint Paul a bien osé dire que
les conseils de la sagesse divine sont venus à la connaissance des célestes
puissances par l'Eglise, dit cet Apôtre, et par le ministère des prédicateurs,
Per Ecclesiam (Ephes., III, 10); et Joseph au contraire entendant parler des
merveilles de Jésus-Christ, il écoute, il admire et se tait.
Que veut dire cette
différence? Dieu est-il contraire à lui-même dans ces vocations opposées? Non,
fidèles, ne le croyez pas : toute cette diversité tend à enseigner aux enfants
de Dieu cette vérité importante, que toute la perfection chrétienne ne consiste
qu'à se soumettre. Celui qui glorifie les apôtres par l'honneur de la
prédication, glorifie aussi saint Joseph par l'humilité du silence; et par là
nous devons apprendre que la gloire des chrétiens n'est pas dans les emplois
éclatants, mais à faire ce que Dieu veut. Si tous ne peuvent pas avoir
l'honneur de prêcher Jésus-Christ, tous peuvent avoir l'honneur de lui obéir;
et c'est la gloire de saint Joseph, c'est le solide honneur du christianisme.
Ne me demandez donc pas, chrétiens, ce que faisait saint Joseph dans sa vie
cachée; il est impossible que je vous l'apprenne, et je ne puis répondre autre
chose sinon ce que dit le divin Psalmiste : « Le juste, dit-il, qu'a-t-il fait?
» Justus autem quid fecit (Psal. X, 4)? Ordinairement la vie des pécheurs fait plus
de bruit que celle des justes, parce que l'intérêt et les passions, c'est ce
qui remue tout dans le monde. Les pécheurs, dit David, ont tendu leur arc, ils
l'ont lâché contre les justes, ils ont détruit, ils ont renversé, on ne parle
que d'eux dans le monde : Quoniam quœ perfecisti, destruxerunt (Psal. X, 4).
Mais le juste, ajoute-t-il, qu'a-t-il fait? Justus autem quid fecit? Il veut
dire qu'il n'a rien fait. En effet il n'a rien fait pour les yeux des hommes,
parce qu'il a tout fait (Var. : Réservé) pour les yeux de Dieu. C'est ainsi que
vivait le juste Joseph. Il voyait Jésus-Christ, et il se tai-soit : il le
goûtait, et il n'en parlait point; il se contentait de Dieu seul, sans partager
sa gloire avec les hommes. Il accomplissait sa vocation, parce que, comme les
apôtres sont les ministres de Jésus-Christ découvert, Joseph était le ministre
et le compagnon de sa vie cachée.
Mais, chrétiens,
pourrons-nous bien dire pourquoi il faut que Jésus se cache, pourquoi cette
splendeur éternelle de la face du Père céleste se couvre d'une obscurité
volontaire durant l'espace de trente années? Ah! superbe, l'ignores-tu? homme
du monde, ne le sais-tu pas? C'est ton orgueil qui en est la cause; c'est ton
vain désir de paraître, c'est ton ambition infinie et cette complaisance
criminelle qui te fait honteusement détourner à un soin pernicieux de plaire
aux hommes celui qui doit être employé à plaire à ton Dieu. C'est pour cela que
Jésus se cache, il voit le désordre que ce vice produit ; il voit le ravage que
cette passion fait dans les esprits, quelles racines elle y a jetées et combien
elle corrompt toute notre vie depuis l'enfance jusqu'à la mort : il voit les
vertus qu'elle étouffe par cette crainte lâche et honteuse de paraître sage et
dévot : il voit les crimes qu'elle fait commettre, ou pour s'accommoder à la
société par une damnable complaisance , ou pour satisfaire l'ambition à
laquelle on sacrifie tout dans le monde. Mais, fidèles, ce n'est pas tout : il
voit que ce désir de paraître détruit les vertus les plus éminentes, en leur
faisant prendre le change, en substituant la gloire du monde à la place de
celle du ciel, en nous faisant faire pour l'amour des hommes ce qu'il faut
faire pour l'amour de Dieu. Jésus-Christ voit tous ces malheurs causés par le
désir de paraître, et il se cache pour nous enseigner à mépriser le bruit et
l'éclat du monde. Il ne croit pas que sa croix suffise pour dompter cette
passion furieuse; il choisit, s'il se peut, un état plus bas et où il est en
quelque sorte plus anéanti (Var. : Mais, chrétiens, pourrions-nous dire
pourquoi il faut que Jésus se cache, pourquoi cette splendeur...? Pourquoi le
fait-il, et que nous veut-il enseigner? C'est qu'il voit au fond de nos cœurs
combien nous sommes tyrannisés par le désir de paraître. C'est le premier vice
qui se montre en l'homme, et c'est le dernier qui le quitte. Il éclate dès
notre enfance, il corrompt toute notre vie, il nous suit jusqu'à la mort.
Combien étouffe-t-il de vertus par cette crainte honteuse de paraître sage?
Combien fait-il faire de crimes pour satisfaire l'ambition? etc. C'est donc le
vice le plus dangereux et le plus enraciné dans l'esprit des hommes; et je ne
m'étonne pas, mon Sauveur, si vous vous cachez avec ceux que vous aimez le plus
sur la terre, c'est-à-dire avec Joseph et Marie, pour nous apprendre par ce
grand exemple que le bruit et l'éclat du monde est l'objet de votre mépris,
qu'il n'est point de véritable grandeur que d'obéir à Dieu notre Père, en
quelque état qu'il nous veuille mettre).
Car enfin je ne craindrai
pas de le dire : Mon Sauveur, je vous connais mieux à la croix et dans la honte
de votre supplice, que je ne fais dans cette bassesse et dans cette vie
inconnue. Quoique votre corps soit tout déchiré, que votre face soit
ensanglantée (Défigurée), et que bien loin de paraître Dieu, vous n'ayez pas
même la figure d'homme (A peine vous reste-t-il une figure d'homme), toutefois
vous ne m'êtes pas si caché et je vois, au travers de tant de nuages, quelque
rayon de votre grandeur, dans cette constante résolution par laquelle vous
surmontez les plus grands tourments. Votre douleur a de la dignité, puisqu'elle
vous fait trouver un adorateur dans l'un des compagnons de votre supplice. Mais
ici je ne vois rien que de bas; et dans cet état d'anéantissement, un ancien a
raison de dire que vous êtes injurieux à vous-même : Adultus non gestit
agnosci, sed contumeliosus insuper sibi est (Tertull., de Patient., n. 3). Il
est injurieux à lui-même, parce qu'il semble qu'il ne fait rien et qu'il est
inutile au monde. Mais il ne refuse pas cette ignominie; il veut bien que cette
injure soit ajoutée à toutes les autres qu'il a souffertes, pourvu qu'en se
cachant avec Joseph et avec l'heureuse Marie, il nous apprenne par ce grand
exemple que s'il se produit quelque jour au inonde, ce sera par le désir de
nous profiter et pour obéir à son Père ; qu'en effet toute la grandeur consiste
à nous conformer aux ordres de Dieu, de quelque sorte qu'il lui plaise disposer
de nous; et enfin que cette obscurité que nous craignons tant, est si illustre
et si glorieuse, qu'elle peut être choisie même par un Dieu. Voilà ce que nous
enseigne Jésus-Christ caché avec toute son humble famille, avec Marie et
Joseph, qu'il associe à l'obscurité de sa vie à cause qu'ils lui sont
très-chers. Prenons-y donc part avec eux , et cachons-nous avec Jésus-Christ.
Chrétiens, ne savez-vous
pas que Jésus-Christ est encore caché (Var. : Pratiquons cette leçon
importante. Eh! fidèles, ne voyez-vous pas que Jésus-Christ est encore caché?)
? Il souffre qu'on blasphème tous les jours son nom, et qu'on se moque de son
Evangile, parce que l'heure de sa grande gloire n'est pas arrivée. Il est caché
avec son Père, et nous sommes cachés en Dieu avec lui, comme parle le divin
Apôtre. Puisque nous sommes cachés avec lui, ce n'est pas en ce lieu d'exil que
nous devons rechercher la gloire ; mais quand Jésus se montrera en sa majesté,
ce sera alors le temps de paraître : Cùm Christus apparuerit, tunc et simul
apparebimus cum illo in gloriâ (Coloss., III, 4). O Dieu qu'il fera beau
paraître en ce jour où Jésus nous louera devant ses saints anges, à la face de
tout l'univers e! devant son Père céleste ! Quelle nuit, quelle obscurité assez
longue pourra nous mériter cette gloire? Que les hommes se taisent de nous
éternellement, pourvu que Jésus-Christ en parle en ce jour. Toutefois
craignons, chrétiens, cette terrible parole qu'il a prononcée dans son Evangile
: « Vous avez reçu votre récompense (Matth., VI, 2). » Vous avez voulu la
gloire des hommes : vous l'avez eue; vous êtes payé; il n'y a plus rien à
attendre. O envie ingénieuse de notre ennemi, qui nous donne les yeux des
hommes, afin de nous ôter ceux de Dieu; qui par une justice (Reconnaissance)
malicieuse s'offre à récompenser nos vertus, de peur que Dieu ne les récompense
! Malheureux, je ne veux point de ta gloire : ni ton éclat ni ta vaine pompe ne
peuvent pas payer mes travaux. J'attends ma couronne d'une main plus chère, et
ma récompense d'un bras plus puissant. Quand Jésus paraîtra en sa majesté,
c'est alors, c'est alors que je veux paraître.
C'est là, fidèles, que
vous verrez ce que je ne puis vous dire aujourd'hui : vous découvrirez les
merveilles de la vie cachée de Joseph; vous saurez ce qu'il a fait durant tant
d'années, et combien il est glorieux de se cacher avec Jésus-Christ. Ah! sans
doute il n'est pas de ceux qui ont reçu leur récompense en ce monde : c'est
pourquoi il paraîtra alors, parce qu'il n'a pas paru; il éclatera, parce qu'il
n'a point éclaté. Dieu réparera l'obscurité de sa vie ; et sa gloire sera
d'autant plus grande, qu'elle est réservée pour la vie future.
Aimons donc cette vie
cachée où Jésus s'est enveloppé avec Joseph. Qu'importe que les hommes nous
voient? Celui-là est follement ambitieux à qui les yeux de Dieu ne suffisent
pas, et c'est lui faire trop d'injure que de ne se contenter pas de l'avoir
pour spectateur. Que si vous êtes dans les grandes charges et dans les emplois
importants, si c'est une nécessité que votre vie soit toute publique, méditez
du moins sérieusement que vous ferez enfin une mort privée , puisque tous ces
honneurs ne vous suivront pas. Que le bruit que les hommes font autour de vous
ne vous empêche pas d'écouter les paroles du Fils de Dieu. Il ne dit pas :
Heureux ceux qu'on loue; mais il dit dans son Evangile : « Heureux ceux que
l'on maudit pour l'amour de moi (Matth., V, 11). » Tremblez donc, dans cette
gloire qui vous environne, de ce que vous n'êtes pas jugés dignes des opprobres
de l'Evangile. Mais si le monde nous les refuse, chrétiens, faisons-nous-en à
nous-mêmes; reprochons-nous devant Dieu notre ingratitude et nos vanités
ridicules : mettons-nous à nous-mêmes devant notre face toute la honte de notre
vie; soyons du moins obscurs à nos yeux par une humble confession de nos crimes
; et participons comme nous pouvons à la confusion de Jésus, afin de participer
à sa gloire. Amen.
Madame ,
Cette grandeur qui vous
environne, empêche sans doute Votre Majesté de pouvoir goûter avec Jésus-Christ
cette obscurité bienheureuse. Votre vie est dans la lumière, votre piété perce
les nuages dans lesquels votre humilité veut l'envelopper. Les victoires de
notre grand roi relèvent l'éclat de votre couronne ; et ce qui surpasse toutes
les victoires, c'est qu'on ne parle plus par toute la France que de cette
ardeur toute chrétienne avec laquelle Votre Majesté travaille à faire descendre
la paix sur la terre, d'où nos crimes l'ont bannie depuis tant d'années, et à
rendre le calme à cet Etat après en avoir soutenu toutes les tempêtes avec une
résolution si constante. Parmi tant de gloire et tant de grandeur, quelle part
peut prendre Votre Majesté à l'obscurité de Jésus-Christ et aux opprobres de
son Evangile? Puisque le monde s'efforce à lui donner des louanges, où
pourra-t-elle trouver de l'humiliation, si elle ne la prend d'elle-même. C'est,
Madame, ce qui oblige Votre Majesté, lorsqu'elle se retire avec Dieu , de se
dépouiller à ses pieds de toute cette magnificence royale, qui aussi bien
s'évanouit devant lui (Var. : Ne sert de rien), et là de se couvrir humblement
la face de la sainte contusion de la pénitence. C'est trop flatter les grands
que de leur persuader qu'ils sont impeccables : au contraire qui ne sait pas
que leur condition éminente leur apporte ce mal nécessaire, que leurs fautes ne
peuvent presque être médiocres? C'est, Madame, dans la vue de tant de périls
que Votre Majesté doit s'humilier. Tous les peuples loueront sa sage conduite
dans toute l'étendue de leurs cœurs ; elle seule s'accusera, elle seule se
confondra devant Dieu, et participera par ce moyen aux opprobres de
Jésus-Christ pour participer à sa gloire, que je lui souhaite éternelle. Amen.
(a) Prêché d'abord le 19
mars 1657, aux Feuillans de la rue Saint-Honoré, devant le cardinal Barberini,
neveu d'Urbain VIII; vingt-deux évêques, réunis pour l'assemblée générale du
clergé de France; l'abbé de Rancé, Jean Baillet François de Nesmond, Dominique
de Ligny, Santeul, etc.
Voici la preuve de tout
cela, dans la Muse historique du 24 mars 1657.
Bossuet, ce jeune
docteur,
Cet excellent
prédicateur,
Et dont l'éloquence
naissante
Est si pressante et si
puissante,
Lundi, dans les
Feuillans, prêcha,
Et plus que jamais
épancha
Dans les cœurs de son
auditoire
Le dégoût de la fausse
gloire
Et de ce grand éclat
mondain,
Que les sages ont à
dédain,
Et qui n'est qu'une
piperie
Alléguant l'Epoux de
Marie,
Oui se plut, exempt de
péché,
D'être un trésor toujours
caché,
Et qui fut toujours si
modeste.
…
Il débita cette matière
Avec tant d'art et de
lumière,
Avec tant de moralité,
Avec tant de capacité,
Que l'éminence barberine,
Admirant sa rare
doctrine,
Et plus de vingt et deux
prélats
De l'ouïr n'étaient
jamais las.
Le même sermon fut prêché
pour la seconde fois deux ans plus tard, le 19 mars 1659, aux Carmélites de la rue
Saint-Jacques, devant la reine mère. Tous ceux qui l'entendirent aux Feuillans,
les écrivains les prêtres et les évoques furent ravis d'admiration; le
Depositum custodi, comme on s'exprimait alors, fit longtemps le sujet de toutes
les conversations et de tous les éloges; la reine Anne d'Autriche, qui avait
passé la fête de Saint-Joseph aux Carmélites, voulut l'entendre à son tour.
C'est le prédicateur qui
nous apprend lui-même cette circonstance : «Madame, dit-il à la reine dans
l'exorde, je supplie Votre Majesté de permettre que je publie hautement les
soumissions que je rends aux commandements que j'ai reçus d'elle. Il lui plaît
d'ouïr de ma bouche ce panégyrique du grand saint Joseph : elle m'ordonne de
rappeler en mon souvenir des idées que le temps avait effacées. » Bossuet n'eut
que deux jours pour recueillir ses souvenirs; car il s'exprime ainsi dans une
variante : « Madame, que je dise avec tout le respect que je dois, que me
donnant à peine deux jours pour rappeler a mon souvenir des idées que le temps
avait effacées, il semble que Votre Majesté m'ait voulu ôter le loisir d'y
joindre de nouvelles pensées. »
Le sermon nous donne
aussi le moyen de fixer le jour où il fut prononcé. L'auteur dit dans une
allocution qu'il joignit à la péroraison : « Les victoires de notre grand roi
relèvent l'éclat de votre couronne; et ce qui surpasse toutes les victoires,
c'est qu'on ne parle plus par toute la France que de cette ardeur toute
chrétienne avec laquelle Votre Majesté travaille à faire descendre la paix sur
la terre, d'où nos crimes l'ont bannie depuis tant d'années... » Dans les temps
qui précédèrent immédiatement ce discours, pendant que les armées françaises
remportaient en Italie victoires sur victoires, elles marchaient en Flandre de
triomphes en triomphes sous la conduite de Turenne. A la fin de décembre 1658,
l'ambassadeur de Sa Majesté catholique offrit à Louis XIV, pour gage de la
paix, l'infante d'Espagne ; et la veille du jour où Bossuet félicita la reine
de ses efforts pour la pacification des deux peuples, le 18 mars 1659, Gui
Patin écrivait à un de ses amis : « La paix est presque faite, la reine me l'a
dit. » Le 3 juillet suivant, la reine elle-même se rendit sur les frontières
d'Espagne, et la paix fut signée bientôt après.
Le journaliste
versificateur confirme notre date dans la Muse historique du 22 mars 1659 :
L'abbé Bossuet, esprit
rare,
Qu'aux plus éloquents ou
compare,
Mercredi, jour de
Saint-Joseph,
Aux Carmélites, dans la
nef,
Fit un sermon si
mémorable,
Qu'il passa pour
incomparable.
Car, soit qu'il fût bien
énoncé,
Ou qu'il fût bien
prononcé;
Soit pour quantité de
passages
Tirés par lui des saintes
pages;
Soit qu'il fût savant,
spécieux,
Moral, méthodique et
pieux;
Certes tous ceux de l'audience
En admirèrent
l'excellence;
Surtout les prélats et
docteurs
Et d'autres grands
prédicateurs,
Qui d'aller là prirent la
peine ;
Et même notre auguste
reine,
Dont l'esprit dévot et
chrétien
Discerne les choses fort
bien,
Avant et durant sa
retraite,
En parut plus que
satisfaite.
Santeul entendit le
Depositum custodi, si bien qu'il en reproduisit la division dans une de ses
plus belles strophes.
Alto progeniem quàm bene
tibi creditant
Servas consilio,
depositum Dei!
Tecum pervigiles
Coelituum Pater
Curas juraque dividit.
Les éditeurs de
Saint-Dizier, qui ont copié les éditeurs de Besançon, qui ceux de Versailles,
qui ceux de Liège, qui ceux de Paris, qui ceux des Blancs Manteaux, disent en
lête du célèbre panégyrique : « Précité devant la reiue, en 1660, dans l'église
des RR. PP. Feuillans. » Cette indication pourrait s'appuyer sur un passage de
l'abbé Ledieu, cela est vrai; niais elle n'en est pas moins manifestement
fausse. La paix était faite en 1660 : Bossuet n'aurait donc pu cette année-là
féliciter La reine de ses efforts pour l'obtenir. Bien plus la reine était dans
les Pyrénées, et Bossuet se trouvait à Dijon dans le mois de mars 1660 :
comment aurait-il pu, l'un prêcher, l'autre entendre le sermon à Paris?
SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/bossuet/volume012/007.htm
SECOND PANÉGYRIQUE DE
SAINT JOSEPH (a).
Quasi fit sibi Deus virum
juxta cor suum.
Le Seigneur s'est cherché
un homme selon son cœur. I Reg., XIII, 13.
Cet homme selon le cœur
de Dieu ne se montre pas au dehors, et Dieu ne le choisit pas sur les
apparences, ni sur le témoignage de la voix publique. Lorsqu'il envoya Samuel
dans la maison de Jessé pour y trouver David, le premier de tous qui a mérité
cet éloge, ce grand homme, que Dieu destinait à la plus auguste couronne du
monde, n'était pas même connu dans sa famille. On présente sans songer à lui
tous ses aines au prophète ; mais Dieu, qui ne juge pas à la manière des
hommes, l'avertissait en secret de ne regarder pas à leur riche taille, ni à
leur contenance hardie (Var. : Mine hardie) : si bien que rejetant ceux que
l'on produisait dans le monde , il fit approcher celui que l'on envoyait paître
les troupeaux ; et versant sur sa tête l'onction royale, il laissa ses parents
étonnés d'avoir si peu jusqu'alors connu ce fils, que Dieu choisissait avec un
avantage si extraordinaire (Var. : Sur lequel Dieu arrêtait son choix).
Une semblable conduite de
la Providence divine me fait appliquer aujourd'hui à Joseph, le fils de David,
ce qui a été dit de David lui-même. Le temps était arrivé que Dieu cherchât un
homme selon son cœur, pour déposer en ses mains ce qu'il avait de plus cher; je
veux dire la personne de son Fils unique, l'intégrité de sa sainte Mère, le
salut du genre humain, le secret le plus sacré de son conseil, le trésor du
ciel et de la terre. Il laisse Jérusalem et les autres villes renommées ; il
s'arrête sur Nazareth ; et dans cette bourgade inconnue il va choisir encore un
homme inconnu, un pauvre artisan, Joseph en un mot, pour lui confier un emploi
dont les anges du premier ordre se seraient sentis honorés, afin, Messieurs,
que nous entendions que l'homme selon le cœur de Dieu doit être lui-même
cherché dans le cœur, et que ce sont les vertus cachées qui le rendent digne de
cette louange. Comme je me propose aujourd'hui de traiter ces vertus cachées,
c'est-à-dire de vous découvrir le cœur du juste Joseph, j'ai besoin plus que jamais,
chrétiens, que celui qui s'appelle le Dieu de nos cœurs (Psal. LXXII, 26)
m'éclaire par son Saint-Esprit. Mais quelle injure ferions-nous à la divine
Marie, si ayant accoutumé en d'autres sujets de lui demander son secours,
maintenant qu'il s'agit de son saint époux, nous ne nous efforcions de lui dire
avec une dévotion particulière : Ave.
C'est un vice ordinaire
aux hommes, de se donner entièrement au dehors et de négliger le dedans, de
travailler à la montre et à l'apparence et de mépriser l'effectif et le solide,
de songer souvent quels ils paraissent et de ne penser point quels ils doivent
être. C'est pourquoi les vertus qui sont estimées, ce sont celles qui se mêlent
d'affaires et qui entrent dans le commerce des hommes : au contraire les vertus
cachées et intérieures, où le public n'a point de part, où tout se passe entre
Dieu et l'homme, non-seulement ne sont pas suivies, mais ne sont pas même
entendues. Et toutefois c'est dans ce secret que consiste tout le mystère de la
vertu véritable. En vain pensez-vous former un bon magistrat, si vous ne faites
auparavant un homme de bien : en vain vous considérez quelle place vous pourrez
remplir dans la société civile, si vous ne méditez auparavant quel homme vous
êtes en particulier. Si la société civile élève un édifice, l'architecte fait
tailler premièrement une pierre, et puis on la pose dans le bâtiment (Une
pierre, avant de la mettre avec les autres). Il faut composer un homme en
lui-même, avant que de méditer quel rang on lui donnera parmi les autres; et si
l'on ne travaille (Bâtit) sur ce fonds, toutes les autres vertus, si éclatantes
qu'elles puissent être, ne seront que des vertus de parade et appliquées par le
dehors (De parade et artificielles), qui n'auront point de corps ni de vérité.
Elles pourront nous acquérir de l'estime et rendre nos mœurs agréables, enfin
elles pourront nous former au gré et selon le cœur des hommes ; mais il n'y a
que les vertus particulières qui aient ce droit admirable, de nous composer au
gré et selon le cœur de Dieu.
Ce sont ces vertus
particulières, c'est cet homme de bien , cet homme au gré de Dieu et selon son
cœur, que je veux vous montrer aujourd'hui en la personne du juste Joseph,
(Note marg. : Je m'attache à sa vie particulière; et pour vous en donner le
tableau, je n'irai pas chercher bien loin, ni des conjectures douteuses, ni des
révélations apocryphes. Le peu que nous avons dans les Ecritures me suffit pour
vous faire voir, dans le bon Joseph, l'idée et le caractère de cet homme de
bien que nous cherchons, qui a réglé avec Dieu son intérieur) Je laisse les
dons et les mystères qui pourraient relever son panégyrique. Je ne vous dis
plus, chrétiens, qu'il est le dépositaire des trésors célestes, le père de
Jésus-Christ, le conducteur de son enfance, le protecteur de sa vie, l'époux et
le gardien de sa sainte Mère. Je veux taire tout ce qui éclate pour faire
l'éloge d'un Saint dont la principale grandeur est d'avoir été à Dieu sans
éclat. Les vertus mêmes dont je parlerai ne sont ni de la société ni du
commerce ; tout est renfermé dans le secret de sa conscience. La simplicité, le
détachement, l'amour de la vie cachée sont donc les trois vertus du juste
Joseph , que j'ai dessein de vous proposer. Vous me paraissez étonnés de voir
l'éloge d'un si grand Saint dont la vocation est si haute, réduit à trois
vertus si communes : mais sachez qu'en ces trois vertus consiste le caractère
de cet homme de bien dont nous parlons ; et il m'est aisé de vous faire voir
que c'est aussi en ces trois vertus que consiste le caractère du juste Joseph.
Car, mes Sœurs, cet homme de bien que nous considérons, pour être selon le cœur
de Dieu, il faut premièrement qu'il le cherche; en second lieu, qu'il le
trouve; en troisième lieu, qu'il en jouisse. Quiconque cherche Dieu , qu'il
cherche en simplicité celui qui ne peut souffrir Var. : Qui n'aime point a) les
voies détournées. Quiconque veut trouver Dieu, qu'il se détache de toutes
choses pour trouver celui qui veut être lui seul tout notre bien. Quiconque
veut jouir de Dieu, qu'il se cache et qu'il se retire pour jouir en repos,
clans la solitude, de celui qui ne se communique point parmi le trouble et
l'agitation du monde (Il faut qu'il se retire avec lui; il faut pour ainsi dire
qu'il se cache en lui, afin de le goûter en repos). C'est ce qu'a fait notre
patriarche. Joseph, homme simple, a cherché Dieu; Joseph, homme détaché, a
trouvé Dieu ; Joseph, homme retiré, a joui de Dieu : c'est le partage de ce
discours (O Joseph, homme simple, vous cherchez Dieu en simplicité; et il prend
soin de guider vos pas, il vous envoie ses anges pour vous instruire; tout le
ciel veille à votre conduite. O Joseph, homme détaché, vous allez et venez
comme Dieu vous mène : partout où il vous appelle, vous y trouvez votre maison
et votre patrie; votre cœur ne tient à rien sur la terre. Il fallait que vous
fussiez ainsi disposé, pour être digne de recevoir en votre maison ce Dieu
incarné qui se donne à vous. O Joseph, homme de retraite, vous savez ce que
c'est que de jouir d'un Dieu ; et dans le dessein de le posséder en la paix de
votre cœur, de peur que la gloire du monde ne vous détourne, ou que son tracas
ne vous trouble, vous vous enveloppez avec Jésus-Christ dans l'amour de la vie
cachée. O l'homme juste, l'homme de Dieu et l'homme selon sou cœur ! Apprenez de
là, chrétiens, que d'être un bon particulier c'est quelque chose de grand et de
vénérable, et dépouillez cette ambition qui vous ôte à Dieu et à vous-mêmes
sous prétexte de vous donner au public. Mais pour mieux comprendre cette
vérité, venez considérer avant toutes choses la simplicité de Joseph dans ma
première partie.).
Quand je vous parle de la
sainte simplicité, ne croyez pas entendre le nom d'une vertu particulière. Dans
le style de l'Ecriture, homme simple n'est autre chose que la définition d'un homme
de bien. Jacob, dit-elle, était homme simple, c'est-à-dire était homme juste
(Genes., XXV, 27); et c'est ainsi que le Saint-Esprit a accoutumé de parler.
Toutefois, chrétiens, il y a quelque chose de singulier qui nous est représenté
par cette expression, et il faut tâcher de l'entendre. La simplicité, si je ne
me trompe, est une certaine droiture d'un cœur qui est sincère avec Dieu; et
c'est pourquoi l'Ecriture sainte joint toujours ces deux qualités dans la
définition de l'homme de bien. Job, dit-elle, était simple et droit : Erat vir
ille simplex et rectus (Job, I,1). Ainsi la simplicité, c'est la droiture du
cœur; et vous entendez bien, aines saintes, que cette droiture de coeur, c'est
la pureté d'intention : de sorte qu'un homme simple, c'est un homme dont le
cœur est droit avec Dieu, c'est-à-dire dont les intentions sont droites et
pures qui n'aime que Dieu dans le cœur, qui marche à lui sans détour; et c'est
la première qualité d'un homme de bien. Vous pouvez juger aisément combien elle
est nécessaire par cette réflexion.
PREMIER POINT.
Le chemin de la vertu
n'est pas de ces grandes routes dans lesquelles on peut s'étendre avec liberté
: au contraire nous apprenons par les saintes Lettres que ce n'est qu'un petit
sentier et une voie étroite et serrée, et tout ensemble extrêmement droite :
Semita justi recta est, rectus callis justi ad ambulandum (Isa., XXVI, 7). Par
où nous devons apprendre qu'il faut y marcher en simplicité et dans une grande
droiture. Si peu non-seulement que l'on se détourne, mais même que l'on
chancelle dans cette voie, on tombe dans les écueils dont elle est environnée
de part et d'autre. C'est pourquoi le Saint-Esprit voyant ce péril, nous
avertit si souvent de marcher dans la voie qu'il nous a marquée, sans jamais
nous détourner à droite ou à gauche : Non declinabitis neque ad dexteram neque
ad sinistram (Deut., V, 32; XVII, 11 ; Prov., IV, 27; Isa., XXX, 21) ; nous
enseignant par cette parole que pour tenir cette voie, il faut dresser
tellement son intention, qu'on ne lui permette jamais de se relâcher ni de
faire le moindre pas de côté ou d'autre.
C'est ce qui s'appelle
dans les Ecritures avoir le cœur droit avec Dieu, et marcher en simplicité
devant sa face. C'est le seul moyen de le chercher et la voie unique pour aller
à lui, parce que, comme dit le Sage, « Dieu conduit le juste par les voies
droites : » Justum deduxit Dominus per vias rectas (Sapient., X, 10). Car il
veut qu'on le cherche avec grande ardeur, et ainsi que l'on prenne les voies
les plus courtes, qui sont toujours les plus droites : si bien qu'il ne croit
pas qu'on le cherche, lorsqu'on ne marche pas droitement à lui. C'est pourquoi
il ne veut point ceux qui s'arrêtent, il ne veut point ceux qui se détournent,
il ne veut point ceux qui se partagent. Quiconque prétend partager son cœur
entre la terre et le ciel ne donne rien au ciel, et tout à la terre, parce que
la terre retient ce qu'il lui engage, et que le ciel n'accepte pas ce qu'il lui
offre.
Vous devez entendre par
ce discours que cette bienheureuse simplicité tant vantée dans les saintes Lettres,
c'est une certaine droiture de cœur et une pureté d'intention ; et l'acte
principal de cette vertu, c'est d'aller à Dieu de bonne foi et sans s'en
imposer à soi-même : acte nécessaire et important, qu'il faut que je vous
explique. Ne vous persuadez pas, chrétiens, que je parle ainsi sans raison. Car
si dans la voie de la vertu il y en a qui trompent les autres, beaucoup aussi
se trompent eux-mêmes. Ceux qui se partagent entre les deux voies, qui veulent
avoir un pied dans l'une et dans l'autre, qui se donnent tellement à Dieu
qu'ils ont toujours un regard au monde ; ceux-là ne marchent point en
simplicité ni devant Dieu ni devant les hommes, et n'ont point par conséquent
de vertu solide. Ils ne sont pas droits avec les hommes, parce qu'ils imposent
à leur vue par l'image d'une piété qui ne peut être que contrefaite, étant
altérée par le mélange : ils ne sont pas droits devant Dieu, parce que pour
plaire à ses yeux, il ne suffît pas, chrétiens, de produire par étude et par
artifice des actes de vertu empruntés et des directions d'intention forcées.
Un homme engagé dans
l'amour du monde, viole tous les jours les lois les plus saintes de la bonne
foi, ou de l'amitié, ou de l'équité naturelle que nous devons aux plus
étrangers, pour satisfaire à son avarice. Cependant sur une certaine
inclination vague et générale qui lui reste pour la vertu, il s'imagine être
homme de bien et il en veut produire des actes : mais quels actes, ô Dieu
tout-puissant ? Il a ouï dire à ses directeurs ce que c'est qu'un acte de détachement,
ou un acte de contrition et de repentance : il tire de sa mémoire les paroles
qui le composent, ou l'image des sentiments qui le forment. Il les applique
comme il peut sur sa volonté, car je ne puis dire autre chose (Var. : Il les
applique pour ainsi dire sur sa volonté; car je ne puis dire qu'il les
produit), puisque son intention y est opposée, et il s'imagine être vertueux;
mais il se trompe, il s'abuse, il se joue lui-même.
Pour se rendre agréable à
Dieu, il ne suffit pas, chrétiens, de tirer par artifice (Par étude, comme par
machine) des actes de vertu forcés et des directions d'intention étudiées (Var.
: Artificielles). Les actes de piété doivent naître du fond du cœur, et non pas
être empruntés de l'esprit ou de la mémoire. Mais ceux qui viennent du cœur ne
souffrent point de partage. « Nul ne peut servir deux maîtres (Matth., VI, 21)
: » Dieu ne peut souffrir cette intention louche, si je puis parler de la
sorte, qui regarde de deux côtés en un même temps. Les regards ainsi partagés, rendent
l'abord d'un homme choquant et difforme; et l’âme se défigure elle-même, quand
elle tourne en deux endroits ses intentions. «Il faut, dit le Fils de Dieu, que
votre œil soit simple (Luc., XI, 31), » c'est-à-dire que votre regard soit
unique; et pour parler encore en termes plus clairs, que l'intention pure et
dégagée s'appliquant toute entière à la même fin, le cœur prenne sincèrement et
de bonne foi les sentiments que Dieu veut. Mais ce que j'en ai dit en général,
se connaîtra mieux dans l'exemple.
Dieu a ordonné au juste
Joseph de recevoir la divine Vierge comme son Epouse fidèle pendant que sa
grossesse semble la convaincre (Pendant qu'elle devient mère sans qu'il y ait
part), de regarder comme son Fils propre un enfant qui ne le touche que parce qu'il
est dans sa maison, de révérer comme son Dieu celui auquel il est obligé de
servir de protecteur et de gardien. Dans ces trois choses, mes Frères, où il
faut prendre des sentiments délicats et que la nature ne peut pas donner, il
n'y a qu'une extrême simplicité qui puisse rendre le cœur docile et traitable.
Voyons ce que fera le juste Joseph. Nous remarquerons en son lieu qu'à l'égard
de sa sainte Epouse, jamais le soupçon ne fut plus modeste, ni le doute plus
respectueux : mais enfin il était si juste, qu'il ne pouvait pas se désabuser
sans que le ciel s'en mêlât. Aussi un ange lui déclare, de la part de Dieu,
qu'elle a conçu de son Saint-Esprit (Matth., I, 20). Si son intention eût été
moins droite, s'il n'eût été à Dieu qu'à demi, il ne se serait pas rendu tout à
fait ; il serait demeuré au fond de son aine quelque reste de soupçon mal
guéri, et son affection pour la sainte Vierge aurait toujours été douteuse et
tremblante. Mais son cœur, qui cherche Dieu en simplicité (Son cœur simple et
innocent), ne sait point se partager avec Dieu : il n'a point de peine à
connaître que la vertu incorruptible de sa sainte Epouse méritait le témoignage
du Ciel. Il surpasse la foi d'Abraham, bien qu'il nous soit donné dans les
Ecritures (Rom., IV, 11 et seq) comme le modèle de la foi parfaite. Abraham est
loué dans les saintes Lettres pour avoir cru l'enfantement d'une stérile
(Genes., XV, 6) : Joseph a cru celui d'une vierge, et il a reconnu en
simplicité ce grand et impénétrable mystère de la virginité féconde.
Mais voici quelque chose
de plus admirable. Dieu veut que vous receviez comme votre Fils cet Enfant de
la pureté, de Marie. Vous ne partagerez pas avec cette Vierge l'honneur de lui
donner la naissance, parce que la virginité y serait blessée ; mais vous partagerez
avec elle ces soins, ces veilles, ces inquiétudes par lesquelles elle élèvera
ce cher Fils : vous tiendrez lieu de père à ce saint Enfant, qui n'en a point
sur la terre ; et quoique vous ne le soyez pas par la nature, il faut que vous
le deveniez par l'affection. Mais comment s'accomplira un si grand ouvrage? Où
prendra-t-il ce cœur paternel, si la nature ne le lui donne pas? Ces
inclinations peuvent-elles s'acquérir par choix ; et ne craindrons-nous pas, en
ce lieu, ces mouvements empruntés et ces affections artificielles que nous
venons de reprendre tout à l'heure? Non, mes Frères; ne le craignons pas. Un
cœur qui cherche Dieu en simplicité (Var. : Un cœur simple et droit avec Dieu)
est une terre molle et humide, qui reçoit la forme qu'il lui veut donner; ce
que Dieu veut lui passe en nature. Si donc c'est la volonté du Père céleste que
Joseph tienne sa place en ce monde et qu'il serve de père à son Fils, il
ressentira, n'en doutez pas, pour ce saint et divin Enfant, cette inclination
naturelle, toutes ces douces émotions, tous ces tendres empressements d'un cœur
paternel.
En effet durant ces trois
jours que le Fils de Dieu s'était dérobé pour demeurer dans le temple avec les
docteurs, il est aussi touché que la Mère même, et elle le sait bien reconnaître
: Pater tuus et ego dolentes quœrebamus te (Luc., II, 48) ; « Votre père et moi
étions affligés. » Voyez qu'elle le joint avec elle dans la société des
douleurs. Je ne crains pas de l'appeler ici votre père, et je ne prétends pas
faire tort à la pureté de votre naissance : il s'agit de soins et d'inquiétudes
; et c'est par là que je puis dire qu'il est votre père, puisqu'il a vraiment
des inquiétudes paternelles. Voyez, Messieurs, comme ce saint homme prend
simplement et de bonne foi les sentiments que Dieu lui ordonne. Mais aimant
Jésus-Christ comme son fils, se pourra-t-il faire, mes Sœurs, qu'il le révère
comme son Dieu ? Sans doute, et il n'y aurait rien de plus difficile (Var. : De
moins pratiquante), si la sainte simplicité n'avait rendu son esprit docile
pour céder sans peine aux ordres divins.
Voici, chrétiens, le
dernier effort de la simplicité du juste Joseph dans la pureté de sa foi. Le
grand mystère de notre foi, c'est de croire un Dieu dans la faiblesse. Mais
afin de bien comprendre, mes Sœurs, combien est parfaite la foi de Joseph, il
faut, s'il vous plaît, remarquer que la faiblesse de Jésus-Christ peut être
considérée en deux états : ou comme étant soutenue par quelque effet de
puissance, ou comme étant délaissée et abandonnée à elle-même. Dans les
dernières années de la vie de notre Sauveur, quoique l'infirmité de sa chair
fût visible par ses souffrances, sa toute-puissance divine ne l'était pas moins
par ses miracles. Il est vrai qu'il paraissait homme ; mais cet homme disait
des choses qu'aucun homme n'avait jamais dites, mais cet homme faisait des
choses qu'aucun homme n'avait jamais faites. Alors la faiblesse étant soutenue,
je ne m'étonne pas que dans cet état Jésus ait attiré des adorateurs, les
marques de sa puissance pouvant donner lieu déjuger que L'infirmité était
volontaire; et la foi n'était pas d'un si grand mérite. Mais en l'état que l'a
vu Joseph, j'ai quelque peine à comprendre comment il a cru si fidèlement,
parce que jamais la faiblesse n'a paru plus abandonnée, non pas même, je le dis
sans crainte, dans l'ignominie de la croix. Car c'était cette heure importante
pour laquelle il était venu : son Père l'avait délaissé ; il était d'accord
avec lui qu'il le délaisserait en ce jour : lui-même s'abandonnait
volontairement pour être livré aux mains des bourreaux. Si durant ces jours
d'abandonnement la puissance de ses ennemis a été fort grande, ils ne doivent
pas s'en glorifier, parce que les ayant renversés d'abord par une seule de ses
paroles, il leur a bien fait connaître qu'il ne leur cédait que par une
faiblesse volontaire : Non haberes potestatem adversùm me ullam, nisi tibi
datum esset desuper (Joan., XIX 11.): « Vous n'auriez aucun pouvoir sur moi,
s'il ne vous était donné d'en haut. » Mais en l'état dont je parle et dans
lequel le voit saint Joseph, la faiblesse est d'autant plus grande, qu'elle
semble en quelque sorte forcée.
Car enfin, mon divin
Sauveur, quelle est en cette rencontre la conduite de votre Père céleste? Il
veut sauver les Mages qui vous sont venus adorer, et il les fait échapper par
une autre voie. Je ne l'invente pas, chrétiens, je ne fais que suivre
l'histoire sainte. Il veut vous sauver vous-mêmes, et il semble qu'il ait peine
à l'exécuter. Un ange vient du ciel éveiller pour ainsi dire Joseph en sursaut,
et lui dire comme pressé par un péril imprévu : « Fuyez vite, partez cette nuit
avec la Mère et l'Enfant, et sauvez-vous en Egypte (Matth., II, 13). » Fuyez :
ô quelle parole! Encore s'il avait dit : Retirez-vous. Mais : Fuyez pendant la
nuit : ô précaution de faiblesse ! Quoi donc ! le Dieu d'Israël ne se sauve
qu'à la faveur des ténèbres! Et qui ledit? C'est un ange qui arrive
soudainement à Joseph comme un messager effrayé : « De sorte, dit un ancien,
qu'il semble que tout le ciel soit alarmé, et que la terreur s'y soit répandue
avant même de passer à la terre (S. Petr. Chrysol., Serm. CLI) : » Ut videatur
cœlum timor ante tenuisse quâm terram. Mais voyons la suite de cette aventure.
Joseph se sauve en Egypte, et le même ange revient à lui : « Retournez, dit-il,
en Judée; car ceux-là sont morts qui cherchaient l’âme de l'Enfant. (Matth.,
II, 20). » Eh quoi ! s'ils étaient vivants, un Dieu ne serait pas en sûreté ! O
faiblesse délaissée et abandonnée! Voilà l'état du divin Jésus ; et en cet état
saint Joseph l'adore avec la même soumission que s'il avait vu ses plus grands
miracles. Il reconnaît le mystère de ce miraculeux délaissement; il sait que la
vertu de la foi, c'est de soutenir l'espérance sans aucun sujet d'espérance :
In spem contra spem (Rom., IV, 18). Il s'abandonne à Dieu en simplicité, et
exécute sans s'enquérir tout ce qu'il commande. En effet l'obéissance est trop
curieuse qui examine les causes du commandement : elle ne doit avoir des yeux
que pour considérer son devoir, et elle doit chérir son aveuglement, qui la
fait marcher en sûreté. Mais cette obéissance de saint Joseph venait de ce
qu'il croyait en simplicité; et que son esprit ne chancelant pas entre la
raison et la foi, suivait avec une intention droite les lumières qui venaient
d'en haut. O foi vive, ô foi simple et droite, que le Sauveur a raison de dire
qu'il ne te trouvera plus sur la terre (Luc., XVIII, 8) ! Car, mes Frères,
comment croyons-nous? Qui nous donnera aujourd'hui de pénétrer au fond de
nous-mêmes pour voir si ces actes de foi, que nous faisons quelquefois, sont
véritablement dans le cœur, ou si ce n'est pas la coutume qui les y amène du
dehors?
Que si nous ne pouvons
pas lire dans nos cœurs, interrogeons nos œuvres et connaissons notre peu de
foi. Une marque de sa faiblesse, c'est que nous n'osons entreprendre de bâtir
dessus; nous n'osons nous y confier, ni établir sur ce fondement l'espérance de
notre bonheur. Démentez-moi, Messieurs, si je ne dis pas la vérité. Lorsque
nous flottons incertains entre la vie chrétienne et la vie du monde, n'est-ce
pas un doute secret qui nous dit dans le fond du cœur : Mais cette immortalité
(Var. : Ce ciel) que l'on nous promet, est-ce une chose assurée; et n'est-ce
pas trop hasarder son repos, son bonheur (Sa félicité, son plaisir), que de
quitter ce qu'on voit pour suivre ce qu'on ne voit pas? Nous ne croyons donc
pas en simplicité, nous ne sommes pas chrétiens de bonne foi.
Mais je croirais,
direz-vous, si je voyais un ange comme saint Joseph. O hommes, désabusez-vous :
Jonas a disputé contre Dieu, quoiqu'il fût instruit de ses volontés par une
vision manifeste (Jonas n'a pas cru à la voix de Dieu, quoiqu'il l'eût
entendue) ; et Job a été fidèle, quoiqu'il n'eût point encore été confirmé par
des apparitions extraordinaires. Ce ne sont pas les voies extraordinaires qui
font fléchir notre cœur, mais la sainte simplicité et la pureté d'intention que
produit la charité véritable, qui attache aisément notre esprit à Dieu, en le
détachant des créatures. C'est, mes Sœurs, ce détachement qui fera notre
seconde partie.
SECOND POINT.
Dieu, qui a établi son
Evangile sur des contrariétés mystérieuses, ne se donne qu'à ceux qui se contentent
de lui et se détachent des autres biens. Il faut qu'Abraham quitte sa maison et
tous les attachements de la terre avant que Dieu lui dise : Je suis ton Dieu.
Il faut abandonner tout ce qui se voit pour mériter ce qui ne se voit pas, et
nul ne peut posséder ce grand tout, s'il n'est au monde comme n'ayant rien :
Tanquam nihil habentes (II Cor., VI, 10). Si jamais il y eut un homme à qui
Dieu se soit donné de bon cœur, c'est sans doute le juste Joseph, qui le tient
dans sa maison et entre ses mains, et à qui il est présent à toutes les heures
beaucoup plus dans le cœur que devant les yeux. Voilà un homme qui a trouvé
Dieu d'une façon bien particulière : aussi s'est-il rendu digne d'un si grand
trésor par un détachement sans réserve, puisqu'il est détaché de ses passions,
détaché de son intérêt et de son propre repos.
Deux sortes de passions
ont accoutumé de nous émouvoir, je veux dire les passions douces et les
passions violentes. Desquelles des deux, mes Sœurs, est-il plus difficile de se
rendre maître? Il n'est pas aisé de le décider (Var. : C'est ce qu'il n'est pas
aisé de vous expliquer). J'ai appris du grand saint Thomas que celles-là sont à
craindre par la durée, celles-ci par la promptitude et par l'impétuosité de
leur mouvement : celles-là nous flattent, celles-ci nous poussent par la force
; celles-là nous gagnent, celles-ci nous entraînent. Mais quoique par des voies
différentes, les unes et les autres renversent le sens, les unes et les autres
engagent le cœur. O pauvre cœur humain, de combien d'ennemis es-tu la proie ?
de combien de tempêtes es-tu le jouet? de combien d'illusions es-tu le théâtre?
Mais apprenons,
chrétiens, par l'exemple de saint Joseph à vaincre ces douceurs qui nous
charment (Trompent, — séduisent), ces violences qui nous emportent. Voyez comme
il est détaché de ses passions, puisqu'il a pu surmonter sans effort (Sans
résistance) parmi les douces la plus flatteuse, parmi les violentes la plus
farouche, je veux dire l'amour et la jalousie. Son Epouse est sa sœur. Il n'est
touché, si je le puis dire, que de la virginité de Marie; mais il l'aime pour
la conserver en sa chaste Epouse, et ensuite pour l'imprimer en soi-même par
une entière unité de cœur. La fidélité de ce mariage consiste à se garder l'un
à l'autre la parfaite intégrité qu'ils se sont promise. Voilà les promesses qui
les assemblent, voilà le traité qui les lie. Ce sont deux virginités qui
s'unissent, pour se conserver l'une l'autre éternellement par une chaste
correspondance de désirs pudiques ; et il me semble que je vois deux astres,
qui n'entrent ensemble en conjonction qu'à cause que leurs lumières s'allient.
Tel est le nœud de ce mariage, d'autant plus ferme, dit saint Augustin (De
nupt. et concup., lib. I, n. 12), que les promesses qu'ils se sont données doivent
être plus inviolables en cela même qu'elles sont plus saintes.
Mais la jalousie,
chrétiens, a pensé rompre le sacré lien de cette amitié conjugale. Joseph,
encore ignorant des mystères dont sa chère Epouse était rendue digne (Var. : De
ce que le Saint-Esprit a fait dans Marie), ne sait que penser de sa grossesse.
Je laisse aux peintres et aux poètes de représenter à vos yeux les horreurs de
la jalousie, le venin de ce serpent et les cent yeux de ce monstre : il me
suffit de vous dire que c'est une espèce de complication des passions les plus
furieuses. C'est là qu'un amour outragé pousse la douleur jusqu'au désespoir,
et la haine jusqu'à la furie; et c'est peut-être pour cette raison que le
Saint-Esprit nous a dit : Dura sicut infernus œmulatio (Cant., VIII, 6); « La
jalousie est dure comme l'enfer, » parce qu'elle ramasse en effet les deux
choses les plus cruelles que l'enfer ait, la rage et le désespoir.
Mais ce monstre si
furieux ne peut rien contre le juste Joseph. Car admirez sa modération envers sa
sainte et divine Epouse. Il sent le mal tel qu'il ne peut la défendre; et il ne
veut pas la condamner tout à fait. Il prend un conseil tempéré. Réduit par
l'autorité de la loi à l'éloigner de sa compagnie (A la nécessité d'éloigner
Marie), il évite du moins de la diffamer, il demeure dans les bornes de la
justice; et bien loin d'exiger le châtiment, il lui épargne même la honte.
Voilà une résolution bien modérée : mais encore ne presse-t-il pas l'exécution.
Il veut attendre la nuit, cette sage conseillère dans nos ennuis, dans nos
promptitudes, dans nos précipitations dangereuses. Et en effet cette nuit lui
découvrira le mystère, un ange viendra éclaircir ses doutes; et j'ose dire,
Messieurs, que Dieu devait ce secours au juste Joseph. Car puisque la raison
humaine soutenue de la grâce s'était élevée à son plus haut point, il fallait
que le Ciel achevât le reste; et celui-là était digne de savoir la vérité, qui
sans l'avoir reconnue, n'avait pas laissé néanmoins de pratiquer la justice :
Meritò responsum subvenit mox divinum, cui humano deficiente consilio justifia
non defecit (S. Petr. Chrysol., Serm. CLXXV ).
Certainement saint, Jean
Chrysostome a raison d'admirer ici la philosophie de Joseph (In Matth., hom.
IV, n. 4). C'était, dit-il, un grand philosophe parfaitement détaché de ses
passions, puisque nous lui voyons surmonter la plus tyrannique de toutes.
Combien est maître de ses mouvements un homme qui en cet état est capable de
prendre conseil, et un conseil modéré, et qui l'ayant pris si sage, peut encore
en suspendre l'exécution, et dormir parmi ces pensées d'un sommeil tranquille?
Si son âme n'eût été calme, croyez que les lumières d'en haut n'y seraient pas
sitôt descendues. Il est donc indubitable, mes Frères, qu'il était bien détaché
de ses passions, tant de celles qui charment par leur douceur que de celles qui
entraînent par leur violence.
Plusieurs jugeront
peut-être qu'étant si détaché de ses passions, c'est un discours superflu de
vous dire qu'il l'est (Var. ; C'est une suite infaillible qu'il l'est) aussi de
ses intérêts. Mais je ne sais pas, chrétiens, si cette conséquence est bien
assurée. Car cet attachement à notre intérêt est plutôt un vice qu'une passion,
parce que les passions ont leur cours et consistent dans une certaine ardeur que
les emplois changent, que l’âme modère, que le temps emporte, qui se consume
enfin elle-même : au lieu que l'attachement à l'intérêt s'enracine de plus en
plus par le temps (Avec l'âge), parce que, dit saint Thomas (II, quaest.
CXVIII, art. 1, ad 3), venant de faiblesse, il se fortifie tous les jours à
mesure que tout le reste se débilite et s'épuise. Mais quoi qu'il en soit,
chrétiens, il n'est rien de plus dégagé de cet intérêt que l’âme du juste
Joseph. Représentez-vous un pauvre artisan qui n'a point d'héritage que ses
mains, point de fonds que sa boutique, point de ressource que son travail; qui
donne d'une main ce qu'il vient de recevoir de l'autre, et se voit tous les
jours au bout de son fonds; obligé néanmoins à de grands voyages, qui lui ôtent
toutes ses pratiques (car il faut parler de la sorte du père de Jésus-Christ
!), sans que l'ange qu'on lui envoie lui dise jamais un mot de sa subsistance.
Il n'a pas eu honte de souffrir ce que nous avons honte de dire :
humiliez-vous, ô grandeurs humaines! Il va néanmoins, sans s'inquiéter,
toujours errant, toujours vagabond, seulement parce qu'il est avec
Jésus-Christ; trop heureux de le posséder à ce prix. Il s'estime encore trop
riche, et il fait tous les jours de nouveaux efforts pour vider son cœur, afin
que Dieu y étende ses possessions et y dilate son règne; abondant, parce qu'il
n'a rien; possédant tout, parce que tout lui manque; heureux, tranquille,
assuré, parce qu'il ne rencontre ni repos, ni demeure, ni consistance.
C'est ici le dernier
effet du détachement de Joseph, et celui que nous devons remarquer avec une
réflexion plus sérieuse. Car notre vice le plus commun et le plus opposé au
christianisme, c'est une malheureuse inclination de nous établir sur la terre;
au lieu que nous devons toujours avancer, et ne nous arrêter jamais nulle part.
Saint Paul, dans la divine Epître aux Hébreux, nous enseigne que Dieu nous a
bâti une cité : « Et c'est pour cela, dit-il, qu'il ne rougit pas de s'appeler
notre Dieu : » Ideò non confunditur Deus vocari Deus eorum : paravit enim illis
civitatem ». Et en effet, chrétiens, comme le nom de Dieu est un nom de père,
il aurait honte avec raison de s'appeler notre Dieu, s'il ne pourvoyait à nos
besoins (a). Il a donc songé, ce bon Père, à pourvoir soigneusement ses enfants
: il leur a préparé une cité qui a des fondements, dit saint Paul, fundamenta
habentem civitatem (Hebr., XI, 16), c'est-à-dire qui est solide et
inébranlable. S'il a honte de n'y pas pourvoir, quelle honte de ne l'accepter
pas ! Quelle injure faites-vous à votre patrie, si vous vous trouvez bien dans
l'exil ! Quel mépris faites-vous de Sion, si vous êtes à votre aise dans
Babylone! Allez et marchez toujours, et n'ayez jamais de demeure fixe. C'est
ainsi qu'a vécu le juste Joseph. A t-il jamais goûté un moment de joie, depuis
qu'il a eu Jésus-Christ en garde? Cet Enflant ne laisse pas les siens eu repos
: il les inquiète toujours dans ce qu'ils possèdent, et toujours il leur
suscite quelque nouveau trouble.
Il nous veut apprendre,
mes Sœurs, que c'est un conseil de la miséricorde de mêler de l’amertume dans
toutes nos joies (Var.: De nous troubler dans toutes nos joies. C'est ce que
dit le divin Psalmiste, que Dieu renverse le lit de ses serviteurs. Parmi ces
incommodités de la vie, le cœur soupire après quelque appui.). Car nous sommes
des voyageurs, exposés pendant le voyage à l'intempérie, de l'air et à
l'irrégularité des saisons. Parmi les fatigues d'un si long voyage, lame
épuisée par le travail, cherche quelque lieu pour se délasser. L'un met son
divertissement dans un emploi ; l'autre a sa consolation dans sa femme, dans
son mari, dans sa famille ; l'autre son espérance en son fils. Ainsi chacun se
partagent cherche quelque appui sur la terre. L'Evangile ne blâme pas ces
affections: mais comme le cœur humain est précipité dans ses mouvements, et
qu'il lui est difficile de modérer ses désirs, ce qui lui était donné pour se
relâcher, peu à peu il s'y repose et enfin il s'y attache. Ce n'était qu'un
bâton pour le soutenir pendant le travail du voyage, il s'en fait un lit pour
s'y endormir; et il demeure, il s'arrête, il ne se souvient plus de Sion.
Universum stratum ejus versasti in infirmitate ejus (Psal., XL, 4) ! Dieu lui
renverse ce lit où il s'endormait parmi les félicités temporelles, et par une
plaie salutaire il fait sentir à ce cœur combien ce repos était dangereux.
Vivons donc en ce monde comme détachés. Si nous y sommes comme n'ayant rien,
nous y serons en effet comme possesseurs de tout : si nous nous détachons des
créatures, nous y gagnerons le Créateur; e! il ne nous restera plus que de nous
cacher avec Joseph, pour en jouir dans la retraite et la solitude : c'est notre
dernière partie.
TROISIÈME POINT.
La justice chrétienne est
une affaire particulière de Dieu avec l'homme, et de l'homme avec Dieu; c'est
un mystère entre eux deux, qu'on profane quand on le divulgue , et qui ne peut
être caché avec trop de religion à ceux qui ne sont pas du secret. C'est
pourquoi le Fils de Dieu nous ordonne, lorsque nous avons dessein de prier, et le
même doit s'entendre de toutes les vertus chrétiennes; il nous ordonne, dis-je,
de nous retirer en particulier, et de fermer la porte sur nous (Matth., VI, 6).
« Fermez, dit-il, la porte sur vous, et célébrez votre mystère avec Dieu tout
seul, sans y admettre personne que ceux qu'il lui plaira d'appeler : « Solo
pectoris contentus arcano orationem tuam fac esse mysterium (S. Chrysost, in
Matth., hom. X X, n. 3). Ainsi la vie chrétienne doit être une vie cachée, et
le chrétien véritable doit désirer ardemment de demeurer (Var. : Et celui-là
n'est pas un vrai chrétien, qui ne peut pas se résoudre à demeurer) couvert
sous l'aile de Dieu sans avoir d'autre spectateur.
Mais ici toute la nature
réclame et ne peut souffrir cette obscurité, dont voici la raison, si je ne me
trompe : c'est que la nature répugne à la mort; et vivre caché et inconnu ,
c'est être comme mort dans l'esprit des hommes. Car comme la vie est dans
l'action, celui qui cesse d'agir semble avoir aussi cessé de vivre (A cessé de
vivre). Or, mes Sœurs, les hommes du monde accoutumés au tumulte et aux
empressements, ne savent pas ce que c'est qu'une action paisible et intérieure;
et ils croient qu'ils n'agissent pas s'ils ne s'agitent, et qu'ils ne se
remuent pas s'ils ne font du bruit; de sorte qu'ils considèrent la retraite et
l'obscurité comme une extinction delà vie : au contraire ils mettent tellement
la vie dans cet éclat du monde et dans ce bruit tumultueux, qu'ils osent bien
se persuader qu'ils ne seront pas tout à fait morts, tant que leur nom fera du
bruit sur la terre. C'est pourquoi la réputation leur paraît comme une seconde
vie : ils comptent pour beaucoup de survivre dans la mémoire des hommes; et peu
s'en faut qu'ils ne croient qu'ils sortiront en secret de leurs tombeaux pour
entendre ce qu'on dira d'eux; tant ils sont persuadés que vivre, c'est faire du
bruit et remuer encore les choses humaines, parce qu'ils mettent la vie dans le
bruit. Voilà l'éternité que promet le siècle : éternité par les titres,
immortalité par la renommée : Qualem polest prœstare sœculum de titulis
œternitatem, de famâ immortalitatem (Tertull., Scorp., n. 6). Vaine et fragile
immortalité, mais dont ces anciens conquérants faisaient tant d'état. C'est
cette fausse imagination qui fait que l'obscurité semble une mort aux amateurs
du monde et même, si je l'ose dire, quelque chose de plus dur que la mort,
puisque selon leur opinion vivre caché et inconnu, c'est s'ensevelir tout
vivant et s'enterrer pour ainsi dire au milieu du monde.
Notre-Seigneur
Jésus-Christ étant venu pour mourir et s'immoler, il a voulu mourir et
s'immoler pour nous en toutes manières : de sorte qu'il ne s'est point
contenté, mes Sœurs, de mourir de la mort naturelle, ni de la mort la plus
cruelle et la plus violente; mais il a encore voulu y ajouter la mort civile et
politique. Et comme cette mort civile vient par deux moyens, ou par l'infamie,
ou par l'oubli, il a voulu subir l'une et l'autre. Victime pour l'orgueil
humain, il a voulu se sacrifier par tous les genres d'humiliations; et il a
donné à cette mort d'oubli les trente premières années de sa vie. Pour mourir
avec Jésus-Christ, il nous faut mourir de cette mort, afin de pouvoir dire avec
saint Paul : Mihi mundus crucifîxus est, et ego mundo (Galat., VI, 14) : « Le
monde est crucifié pour moi, et je suis crucifié pour le monde. »
Le grand pape saint
Grégoire donne à ce passage de l'Apôtre une belle interprétation : Le monde,
dit-il », est mort pour nous quand nous le quittons; mais, ajoute-t-il, ce
n'est pas assez : il faut pour arriver à la perfection, que nous soyons morts
pour lui et qu'il nous quitte; c'est-à-dire que nous devons nous mettre en tel
état que nous ne plaisions plus au monde, qu'il nous tienne pour morts, et
qu'il ne nous compte plus pour être de ses parties et de ses intrigues, ni même
de ses entretiens et de ses discours (Moral. in Job., lib. V, cap. III). C'est
la haute perfection du christianisme, c'est là que l'on trouve la vie, parce
que l'on apprend à jouir de Dieu, qui n'habite pas dans le tourbillon ni dans
le tumulte du siècle, mais dans la paix de la solitude et de la retraite.
Ainsi était mort le juste
Joseph : enseveli avec Jésus-Christ et la divine Marie, il ne s'ennuyait pas de
cette mort, qui le faisait vivre avec le Sauveur. Au contraire il ne craint
rien tant que le bruit et la vie du siècle viennent troubler, ou interrompre ce
repos caché et intérieur. Mystère admirable, mes Sœurs : Joseph a dans sa
maison de quoi attirer les yeux de toute la terre, et le monde ne le connaît
pas : il possède un Dieu-Homme, et il n'en dit mot : il est témoin d'un si
grand mystère, et il le goûte en secret sans le divulguer. Les mages et les
pasteurs viennent adorer Jésus-Christ, Siméon et Anne publient ses grandeurs :
nul autre ne pourvoit rendre meilleur témoignage du mystère de Jésus-Christ que
celui qui en était le dépositaire, qui savait le miracle de sa naissance, que
l'ange avait si bien instruit de sa dignité et du sujet de son envoi. Quel père
ne parlerait pas d'un fils si aimable? Et cependant l'ardeur de tant d’âmes
saintes qui s'épanchent devant lui avec tant de zèle pour célébrer les louanges
de Jésus-Christ, n'est pas capable d'ouvrir sa bouche pour leur découvrir le
secret de Dieu qui lui a été confié. Erant mirantes, dit l'Evangéliste (Luc.,
II, 33) : ils paraissaient étonnés, il semblait qu'ils ne savaient rien : ils
écoutaient parler tous les autres; et ils gardaient le silence avec tant de
religion, qu'on dit encore dans leur ville au bout de trente ans : « N'est-ce
pas le fils de Joseph (Joan., VI, 48)? » sans qu'on ait rien appris durant tant
d'années du mystère de sa conception virginale. C'est qu'ils savaient l'un et
l'autre que, pour jouir de Dieu en vérité, il fallait se faire une solitude,
qu'il fallait rappeler en soi-même tant de désirs qui errent et tant de pensées
qui s'égarent, qu'il fallait se retirer avec Dieu et se contenter de sa vue
(Var. : O Dieu, j'adore avec un profond respect les voies impénétrables de
votre sagesse. J'admire la diversité des vocations par lesquelles votre
Providence daigne dispenser les emplois des hommes, ordonnant aux uns de
publier ce que vous confiez à l'autre en secret et sous l'obligation du
silence, sanctifiant les prédicateurs par la publication de votre mystère, et
Joseph par le soin de le couvrir rendant la vie des uns illustre et glorieuse
par tout l'univers, et donnant pour partage au juste Joseph d'être caché avec
vous. O Dieu, soyez béni éternellement). Mais, chrétiens, où trouverons-nous
ces hommes spirituels et intérieurs dans un siècle qui donne tout à l'éclat?
Quand je considère les hommes, leurs emplois, leurs occupations, leurs
empressements, je trouve tous les jours plus véritable ce qu'a dit saint Jean
Chrysostome (In Matth., hom. XIX, n. 1), que si nous rentrons en nous-mêmes,
nous trouverons que nos actions se font toutes par des vues humaines. Car pour
ne point parler en ce lieu de ces âmes prostituées qui ne tâchent que de plaire
nu monde, combien pourrons-nous en trouver qui ne se détournent pas de la
droite voie, s'ils rencontrent en leur chemin les puissances ; qui ne se
relâchent du moins, s'ils ne se ralentissent pas tout à fait; qui ne tâchent de
se ménager entre la justice et la faveur, entre le devoir et la complaisance ?
Combien en trouverons-nous à qui le préjugé des opinions, la tyrannie de la
coutume, la crainte de choquer le monde, ne fassent pas chercher du moins des
tempéraments pour accorder Jésus-Christ avec Bélial, et l'Evangile avec le
siècle? Que s'il y en a quelques-uns en qui les égards humains n'étouffent ni
ne resserrent les sentiments de la vertu, y en aura-t-il quelqu'un qui ne se
lasse pas d'attendre sa couronne en l'autre vie, et qui ne veuille pas en tirer
toujours quelque fruit (Var. : Récompense) par avance dans les louanges des
hommes? C'est la peste de la vertu chrétienne. Et comme j'ai l'honneur de
parler en présence d'une grande reine, qui écoule tous les jours les justes
applaudissements de ses peuples, il me sera permis d'appuyer un peu sur cette
morale.
La vertu est comme une
plante qui peut mourir en deux sortes : quand on l'arrache, ou quand on la
dessèche. Il viendra un ravage d'eaux qui la déracinera et la portera par
terre; ou bien, sans y employer tant de violence, il arrivera quelque
intempérie qui la fera sécher sur son tronc : elle paraîtra encore vivante,
mais elle aura cependant la mort dans le sein. Il en est de même de la vertu.
Vous aimez l'équité et la justice : quelque grand intérêt se présente à vous,
ou quelque passion violente qui pousse impétueusement dans votre cœur cet amour
que vous avez pour la justice : s'il se laisse emporter par cette tempête, ce
sera un ravage d’eaux qui déracinera la justice. Vous soupirez quelque temps
sur l'affaiblissement que vous éprouvez; mais enfin vous laissez arracher cet
amour de votre cœur. Tout le monde est étonné de voir que vous avez perdu la
justice, que vous cultiviez avec tant de soin.
Mais quand vous aurez
résisté à ces efforts violents, ne prétendez pas pour cela de l'avoir sauvée,
si vous ne la gardez d'un autre péril, j'entends celui des louanges. Le vice
contraire la déracine, l'amour des louanges la dessèche. Il semble qu'elle se
tienne en état, elle paraît se bien soutenir, et elle trompe en quelque sorte
les yeux des hommes. Mais la racine est séchée, elle ne tire plus de
nourriture, elle n'est plus bonne que pour le feu. C'est cette herbe des toits
dont parle David, qui se sèche d'elle-même avant qu'on l'arrache : Quod
priusquàm evellatur exaruit (Psal. CXXVIII, 6). Qu'il serait à désirer,
chrétiens, qu'elle ne fût pas née dans un lieu si haut, et qu'elle durât plus
longtemps dans quelque vallée déserte! Qu'il serait à désirer pour cette vertu
qu'elle ne fût pas exposée dans une place si éminente, et qu'elle se nourrît
dans quelque coin par l'humilité chrétienne! (Note marg. : Par humilité
chrétienne, à l'ombre de votre clôture, dans le secret de votre retraite. Le
voile que vous portez sur vos télés, ne croyez pas, mes Sœurs, que ce soit
seulement pour cacher le corps et pour couvrir le visage)
Que si c'est une nécessité
qu'il faille mener une vie publique et entendre les louanges des hommes, voici
ce qu'il faut penser. Quand ce que l'on dit n'est pas au dedans, craignons un
plus grand jugement (Var. : Châtiment). Si les louanges sont véritables,
craignons de perdre notre récompense. Pour éviter ce dernier malheur, Madame,
voici un sage conseil que vous donne un grand Pape, c'est saint Grégoire le
Grand (Greg. Mag , Moral., lib. XXII, cap. VIII.); il mérite que Votre Majesté
lui donne audience. Ne cachez jamais la vertu comme une chose dont vous ayez
honte : il faut qu'elle luise devant les hommes, afin qu'ils glorifient le Père
céleste (2 3 Matth., V, 16). Elle doit luire principalement dans la personne
des souverains, afin que les mœurs dépravées soient, non-seulement réprimées
par l'autorité de leurs lois, mais encore confondues par la lumière de leurs
exemples. Mais pour dérober quelque chose aux hommes, je propose à Votre
Majesté un artifice innocent. Outre les vertus qui doivent l'exemple, « mettez
toujours quelque chose dans l'intérieur que le monde ne connaisse pas; »
faites-vous un trésor caché que vous réserviez pour les yeux de Dieu ; ou,
comme dit Tertullien : Mentire aliquid ex his quœ intùs sunt, ut soli Deo
exhibeas veritatem
Madame ,
Ce sera de là que sortira
votre grande gloire. Joseph a mérité les plus grands honneurs, parce qu'il n'a
jamais été touché de l'honneur : l'Eglise n'a rien de plus illustre, parce
qu'elle n'a rien de plus caché. Je rends grâces au Roi d'avoir voulu honorer sa
sainte mémoire avec une nouvelle solennité. Fasse le Dieu tout-puissant que
toujours il révère ainsi la vertu cachée; mais qu'il ne se contente pas de
l'honorer dans le ciel, qu'il la chérisse aussi sur la terre; qu'à l'exemple
des rois pieux il aille quelquefois la forcer dans sa retraite ; et qu'il
puisse bien entendre cette vérité, que la vertu qui s'empresse avec plus
d'ardeur à paraître au grand jour que fait sa présence, n'est pas toujours le
plus à l'épreuve. Si Votre Majesté, Madame, lui inspire ces sages pensées, elle
aura pour sa récompense la félicité éternelle, que, etc. Amen.
(a) Prêché le 19 mars
1661, aux Grandes-Carmélites, devant la reine mère. La Gazette de France, 26
mars 1661, dit que cette année-là Bossuet prêcha la Saint-Joseph aux «
Grandes-Carmélites avec beaucoup de suffisance. »
Et l'orateur, rappelant
la division du panégyrique précédent, s'exprime ainsi dans l'exorde de celui
qu'on va lire : «Je laisse les dons et les mystères qui pourraient relever son
panégyrique (de saint Joseph). Je ne vous dis plus, chrétiens, qu'il est le
dépositaire des trésors célestes, le père de Jésus-Christ, le conducteur de son
enfance, le protecteur de sa vie, l'époux et le gardien de sa sainte Mère. » Le
Quœsivit Deus, comme on disait alors, fut donc prêché après le Depositum
custodi, par conséquent en 1661.
Le prédicateur dit aussi,
dans la péroraison : « Je rends grâces au roi d'avoir voulu honorer sa sainte
mémoire (de saint Joseph) avec une nouvelle solennité. » C'est en 1661 que la
fête de saint Joseph fut pour la première fois célébrée solennellement en
France; sollicité par les deux reines, Louis XIV, après s'être concerté avec
l'autorité ecclésiastique, avait porté un décret qui défendait tout travail ce
jour-là.
Bossuet dit en finissant
: « Si Voire Majesté, Madame, lui inspire (au roi) ces sages pensées, elle aura
pour sa récompense la félicité éternelle que, » etc. Ces paroles ne pouvaient
s'adresser qu'à la reine mère.
Oeuvres complètes de
Bossuet. F. Lachat. Paris, Librairie de Louis Vivès Éditeur, rue Delambre
5, 1862
SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/bossuet/volume012/008.htm
José Luzán, Le songe de Joseph, 1765-1770,
Huile
sur bois, Museo de Zaragoza (Musée des Beaux-Arts
de Saragosse)
St. Joseph
Spouse of the Blessed
Virgin Mary and foster-father of Our
Lord Jesus Christ.
Life
Sources
The chief sources of
information on the life of St. Joseph are the first chapters of our first and third Gospels;
they are practically also the only reliable sources, for, whilst, on the holy patriarch's
life, as on many other points connected with the Saviour's history
which are left untouched by the canonical writings, the apocryphal
literature is full of details, the non-admittance of these works into
the Canon
of the Sacred Books casts a strong suspicion upon their contents; and,
even granted that some of the facts recorded by them may be founded on
trustworthy traditions, it is in most instances next to impossible to discern
and sift these particles of true history
from the fancies with which they are associated. Among these apocryphal productions
dealing more or less extensively with some episodes of St. Joseph's life may be
noted the so-called "Gospel
of James", the "Pseudo-Matthew",
the "Gospel
of the Nativity of the Virgin Mary", the "Story
of Joseph the Carpenter", and the "Life of the Virgin and Death
of Joseph".
Genealogy
St.
Matthew (1:16) calls St. Joseph the son of Jacob; according to St.
Luke (3:23), Heli was
his father.
This is not the place to recite the many and most various endeavours to solve
the vexing questions arising from the divergences between both genealogies;
nor is it necessary to
point out the explanation which meets best all the requirements of the problem
(see GENEALOGY
OF CHRIST); suffice it to remind the reader that, contrary to what was
once advocated, most modern writers readily admit that in both documents we
possess the genealogy of
Joseph, and that it is quite possible to reconcile their data.
Residence
At any rate, Bethlehem,
the city of David and
his descendants, appears to have been the birth-place of Joseph. When, however,
the Gospel history
opens, namely, a few months before the Annunciation,
Joseph was settled at Nazareth.
Why and when he forsook his home-place to betake himself to Galilee is
not ascertained; some suppose — and the supposition is by no means improbable —
that the then-moderate circumstances of the family and
the necessity of
earning a living may have brought about the change. St. Joseph, indeed, was atekton,
as we learn from Matthew
13:55, and Mark
6:3. The word means both mechanic in general and carpenter in
particular; St.
Justin vouches for the latter sense (Dialogue
with Trypho 88), and tradition has
accepted this interpretation, which is followed in the English
Bible.
Marriage
It is probably at Nazareth that
Joseph betrothed and married her
who was to become the Mother
of God. When the marriage took place, whether before or after
the Incarnation,
is no easy matter to settle, and on this point the masters of exegesis have
at all times been at variance. Most modern commentators,
following the footsteps of St.
Thomas, understand that, at the epoch of the Annunciation,
the Blessed
Virgin was onlyaffianced to
Joseph; as St.
Thomas notices, this interpretation suits better all the evangelical data.
It will not be without
interest to recall here, unreliable though they are, the lengthy stories
concerning St. Joseph's marriage contained in the apocryphal
writings. When forty years of age, Joseph married a womancalled
Melcha or Escha by some, Salome by others; they lived forty-nine years together
and had six children, two daughters and four sons, the youngest of whom
was James (the
Less, "the
Lord's brother"). A year after his wife's death, as the priests announced
through Judea that
they wished to find in the tribe
of Juda a respectable man to espouse Mary,
then twelve to fourteen years of age. Joseph, who was at the time ninety
years old, went up to Jerusalem among the candidates; a miracle manifested
the choice God had
made of Joseph, and two years later the Annunciation took
place. These dreams, as St.
Jerome styles them, from which many a Christian artist
has drawn his inspiration (see, for instance, Raphael's "Espousals
of the Virgin"), are void of authority; they nevertheless acquired in the
course of ages some popularity; in them someecclesiastical writers
sought the answer to the well-known difficulty arising from the mention in
the Gospel of"the
Lord's brothers"; from them also popular credulity has, contrary to
all probability, as well as to the tradition witnessed by old works of art,
retained the belief that
St. Joseph was an old man at the time ofmarriage with the Mother
of God.
The Incarnation
This marriage, true
and complete, was, in the intention of
the spouses, to be virgin marriage (cf. St.
Augustine, "De cons. Evang.", II, i in P.L. XXXIV, 1071-72;
"Cont. Julian.", V, xii, 45 in P.L. XLIV, 810; St.
Thomas, III:28; III:29:2).
But soon was the faith of
Joseph in his spouse to be sorely tried: she was with child. However painful
the discovery must have been for him, unaware as he was of the mystery
of the Incarnation, his delicate feelings forbade him to defame his
affianced, and he resolved "to put her away privately; but while he
thought on these things, behold the angel
of the Lord appeared to him in his sleep, saying: Joseph, son of David, fear not
to take unto thee Mary thy
wife, for that which is conceived in her, is of the Holy
Ghost. . . And Joseph, rising from his sleep, did as the angel
of the Lord had commanded him, and took unto him his wife" (Matthew
1:19, 20, 24).
The Nativity and the
flight to Egypt
A few months later,
the time came
for Joseph and Mary to go to Bethlehem,
to be enrolled, according to the decree issued by Caesar
Augustus: a new source of anxiety for Joseph, for "her days were
accomplished, that she should be delivered", and "there was no room
for them in the inn (Luke
2:1-7). What must have been the thoughts of the holy man
at the birth of the Saviour,
the coming of the shepherds and of the wise
men, and at the events which occurred at the time of the Presentation
of Jesus in the Temple,
we can merely guess; St.
Luke tells only that he was "wondering at those things which were
spoken concerning him" (2:33).
New trials were soon to follow. The news that a king
of the Jews was born could not but kindle in
the wicked heart of the old and bloody tyrant, Herod,
the fire of jealousy.
Again "an angel
of the Lord appeared in sleep to Joseph, saying: Arise, and
take the child and
his mother,
and fly into Egypt:
and be there until I shall tell thee" (Matthew
2:13).
Return to Nazareth
The summons to go back to
Palestine came only after a few years, and the Holy Family settled again atNazareth.
St. Joseph's was henceforth the simple and uneventful life of an humble Jew,
supporting himself and his family by
his work, and faithful to the religious practices commanded by
the Law or
observed by piousIsraelites.
The only noteworthy incident recorded by the Gospel is the loss of,
and anxious quest for, Jesus,
then twelve years old, when He had strayed during the yearly pilgrimage to
the Holy
City (Luke
2:42-51).
Death
This is the last we hear
of St. Joseph in the sacred
writings, and we may well suppose that Jesus's foster-father
died before the beginning of Savior's public
life. In several circumstances, indeed, the Gospels speak
of the latter's mother and brothers (Matthew
12:46; Mark
3:31; Luke
8:19; John
7:3), but never do they speak of His father in connection with the rest of
the family;
they tell us only that Our
Lord, during His public life, was referred to as the son of Joseph (John
1:45; 6:42; Luke
4:22) the carpenter (Matthew
13:55). Would Jesus,
moreover, when about to die on the Cross, have entrusted His mother to John's care,
had St. Joseph been still alive?
According to the apocryphal "Story
of Joseph the Carpenter", the holy man
reached his hundred and eleventh year when he died, on 20 July (A.D. 18 or
19). St.
Epiphanius gives him ninety years of age at the time of his demise;
and if we are to believe the Venerable
Bede, he was buried in the Valley
of Josaphat. In truth we do not know when
St. Joseph died; it is most unlikely that he attained the ripe old age spoken
of by the "Story
of Joseph" and St.
Epiphanius. The probability is that he died and was buried at Nazareth.
Devotion to Saint Joseph
Joseph was "a just
man". This praise bestowed by the Holy
Ghost, and the privilege of
having been chosen byGod to
be the foster-father of Jesus and
the spouse of the Virgin
Mother, are the foundations of the honourpaid
to St. Joseph by the Church.
So well-grounded are these foundations that it is not a little surprising that
the cult of St. Joseph was so slow in winning recognition. Foremost among
the causes of this is the fact that "during the first centuries
of the Church's existence,
it was only the martyrs who
enjoyed veneration" (Kellner). Far from being ignored or passed over in
silence during the early Christian ages,
St. Joseph's prerogatives were occasionally descanted upon by the Fathers;
even such eulogies as cannot be attributed to the writers among whose works
they found admittance bear witness that the ideas and
devotion therein expressed were familiar, not only to the theologians and
preachers, and must have been readily welcomed by the people. The earliest
traces of public recognition of the sanctity of
St. Joseph are to be found in the East.
His feast,
if we may trust the assertions of Papebroch, was kept by the Copts as
early as the beginning of the fourth century. Nicephorus
Callistus tells likewise — on what authority we do not know —
that in the great basilica erected
at Bethlehemby St.
Helena, there was a gorgeous oratory dedicated to
the honour of
our saint. Certain it is, at all events, that the feast of
"Joseph the Carpenter" is entered, on 20 July, in one of the
old Coptic Calendars in
our possession, as also in a Synazarium of
the eighth and nineth century published by Cardinal
Mai (Script. Vet. Nova Coll., IV, 15 sqq.). Greek menologies of
a later date at least mention St. Joseph on 25 or 26 December, and a
twofold commemoration of
him along with other saints was
made on the two Sundays next
before and after Christmas.
In the West the
name of the foster-father of Our
Lord (Nutritor Domini) appears in local martyrologies of
the ninth and tenth centuries, and we find in 1129, for the first time,
a church dedicated to
his honour at Bologna.
The devotion, then merely private, as it seems, gained a great impetus
owing to the influence and zeal of
suchsaintly persons as St.
Bernard, St.
Thomas Aquinas, St.
Gertrude (d. 1310), and St.
Bridget of Sweden (d. 1373). According to Benedict
XIV (De Serv. Dei beatif., I, iv, n. 11; xx, n. 17), "the general
opinion of the learned is that the Fathers of Carmel were the first
to import from the East into the West the
laudable practice of giving the fullest cultus to St. Joseph". His feast,
introduced towards the end shortly afterwards, into theDominican Calendar,
gradually gained a foothold in various dioceses of Western
Europe. Among the mostzealous promoters
of the devotion at that epoch, St.
Vincent Ferrer (d. 1419), Peter
d'Ailly (d. 1420), St.
Bernadine of Siena (d. 1444), and Jehan
Charlier Gerson (d. 1429) deserve an especial mention. Gerson,
who had, in 1400, composed an Office of the Espousals of Joseph
particularly at the Council
of Constance (1414), in promoting the public recognition of the cult
of St. Joseph. Only under the pontificate of Sixtus
IV (1471-84), were the efforts of these holy men
rewarded by Roman Calendar (19
March). From that time the devotionacquired
greater and greater popularity, the dignity of the feast keeping
pace with this steady growth. At first only a festum simplex, it was soon
elevated to a double rite by Innocent
VIII (1484-92), declared by Gregory
XV, in 1621, a festival of obligation,
at the instance of the Emperors Ferdinand III and Leopold I and of King Charles
II of Spain, and raised to the rank of a double of the second class by Clement
XI (1700-21). Further,Benedict
XIII, in 1726, inserted the name into the Litany
of the Saints.
One festival in
the year, however, was not deemed enough to satisfy the piety of
the people. The feast
of the Espousals of the Blessed Virgin and St. Joseph, so strenuously
advocated by Gerson,
and permitted first by Paul
III to the Franciscans,
then to other religious orders
and individual dioceses,
was, in 1725, granted to all countries that solicited it, a proper Office,
compiled by the Dominican Pierto
Aurato, being assigned, and the day appointed being 23 January. Nor was this
all, for the reformed Order
of Carmelites, into which St.
Teresa had infused her great devotion to the foster-father
of Jesus,
chose him, in 1621, for their patron,
and in 1689, were allowed to celebrate the feast of
his Patronage on the third Sunday after Easter.
This feast,
soon adopted throughout the Spanish
Kingdom, was later on extended to all states and dioceses which
asked for the privilege.
No devotion, perhaps, has grown so universal, none seems to have appealed
so forcibly to the heart of the Christian people,
and particularly of the labouring classes, during the nineteenth century, as
that of St. Joseph.
This wonderful and
unprecedented increase of popularity called for a new lustre to be added to the
cult of the saint.
Accordingly, one of the first acts of the pontificate of Pius
IX, himself singularly devoted to St.
Joseph, was to extend to the whole Church the feast of
the Patronage (1847), and in December, 1870, according to the wishes of
the bishops and
of all the faithful,
he solemnly declared the Holy Patriarch Joseph, patron of
the Catholic Church,
and enjoined that his feast (19
March) should henceforth be celebrated as a double of the first class (but
without octave,
on account of Lent).
Following the footsteps of their predecessor, Leo
XIII and Pius
X have shown an equal desire to add their own jewel to the crown of
St. Joseph: the former, by permitting on certain days the reading of the votive
Office of the saint;
and the latter by approving, on 18 March, 1909, alitany in honour of
him whose name he
had received in baptism.
Souvay, Charles. "St.
Joseph." The Catholic Encyclopedia. Vol. 8. New York:
Robert Appleton Company, 1910. 19 Mar.
2016 <http://www.newadvent.org/cathen/08504a.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Joseph P. Thomas. In memory of
Father Joseph Paredom.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. October 1, 1910. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2023 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/08504a.htm
Saint Joseph et l'enfant Jésus, tableau de l'École de Cuzco, v.1700
Joseph, Husband of Mary (RM)
1st century; declared patron of the Universal Church by Pope Pius IX in 1870,
patron of workers by Pope Benedict XV, patron of social justice by Pope Pius
XI; name added to the canon of the Mass by John XIII in 1962; second feast at
Saint Joseph the Worker on May 1.
"How can a truly
virtuous man fail in anything? In what situation will he not be powerful; in
what state of poverty will he not be rich; in what obscurity will he not be
brilliant; in what inaction will he not be industrious; in what infirmity will he
not be vigorous; in what weakness will he not be strong; in what solitude will
he not be accompanied? for he will have for company the hope of a happy
eternity; for clothing, he will have the grace of the Most High; for ornament,
the promises of a halo of glory!
"Let us recollect that the saints were not of a more excellent nature than
ours, but were more orderly and regular: that they were not exempt from sins,
but that they took pains to correct their faults."
--Saint Ambrose in De Joseph.
All that is known about
Joseph is found in the Gospels (primarily Matthew 1-2, but also in Luke 1-2).
Matthew broadly represents Joseph's viewpoint, while the Infancy narratives in
Luke seem to come from Mary's.
Descended from the royal
line of David, Saint Joseph was the husband of the Blessed Virgin Mary, who
defended her good name, and foster father and protector of the God Who made
him, yet Who wished to be known throughout His life as the son of Joseph.
He saw to Jesus's
education and taught him his trade of carpentry or building. Joseph's
disappointment upon learning of Mary's pregnancy was said to be assuaged by an
angelic vision, and he was the recipient of two more visions: one telling him
to seek refuge in Egypt to escape Herod's persecution, and the second, to
return to Palestine.
Saint Joseph bore the
responsibilities of a father perfectly. A dream told him that King Herod
planned to kill the infant Jesus. Joseph took Mary and Jesus away by night to
Egypt and thus saved the life of the Savior. He kept the child hidden from
Herod's son in case he, too, would have harmed Jesus.
Joseph was with Mary in
the stable at Bethlehem when Jesus was born. He was looking after the mother
and child when the shepherds and the Magi came to worship him. He took Mary and
Jesus to Jerusalem to present him to God in the Temple. He shared Mary's
anxieties for her son when Jesus was presumed lost, after their visit to the
Temple when he was 12.
After this no more is
heard of Joseph in the New Testament except in Luke 4:22, where he is named as
the father of Jesus. He is not mentioned as being present at the crucifixion, a
fact that persuaded many artists to portray him as an old man who had
presumably died by the time Jesus was in his early thirties.
The few Biblical
particulars give an impression of a just, kind, dignified and level-headed man,
prompt in action but self-effacing. The apocryphal Protoevangelium of James
holds that he was an old man when Jesus was born, but this appears unlikely
when one considers the fact that he reared Jesus and fulfilled the family
duties.
Special veneration to
Joseph began in the East, where the apocryphal History of Joseph the Carpenter
enjoyed great popularity in the fifth to seventh centuries. It led to devotion
from the 17th century to Joseph by all those desiring a happy death because the
History tells that Joseph was afraid of death and filled with self-reproach,
but was comforted by the words of Mary and Jesus, who promised protection and
life to all who do good in the name of Joseph.
Martyrology entries in
the West date from the 8th century (Rheinau) and slightly later Irish
martyrologies. The 9th-century Irish metrical hymn Félire of Saint Aengus
mentions a commemoration, but it was not until the 15th century that veneration
of Saint Joseph became widespread in the West, when his feast was introduced
into the Roman Calendar in 1479.
Carmelite breviaries from
1480 commemorate his feast, as does the Roman breviary of 1482 and the Roman
Missal of 1505.
The notion of Joseph as
the foster-father of Jesus fired the imagination of the medieval Church. Saint
John Chrysostom pointed to the anxieties of Joseph as a pattern of the trials
of all Christians--relieved as they are by God's intervention. Saints Vincent
Ferrer (d. 1419), Bridget of Sweden (d. 1373), and Bernardino of Siena (d.
1444) all propagated his devotion, partially in reaction against Medieval
mystery plays, in which he is the channel for comic relief.
In the 15th century the
French churchman Jean Gerson wrote twelve poems in his honor. Saint Teresa of
Ávila chose him as the practical saint who should be patron of the Discalced
Carmelite friars and nuns [see her paean, Go to Joseph]. Pope Gregory XV made
his feast a day of obligation, but this is not widely observed today. In
Quanquam pluries (1889), Pope Leo XIII declared Joseph a model for fathers of
families and confirmed that his sanctity was second only the that of the
Blessed Virgin. In 1989, Pope John Paul II issued Redemptoris custos (Guardian
of the Redeemer) (Attwater, Attwater2, Benedictines, Bentley, Delaney,
Encyclopedia, Farmer, Filas, Rondet, White).
Saint Joseph is generally
pictured as an elderly man holding a flowering rod with the Christ Child in his
arms or led my his hand (this emblem is also associated with Saint Joseph of
Arimathea). According to an ancient legend, Mary and the other virgins of the
Temple were commanded to return to their homes and marry. When the Blessed
Virgin refused, the elders prayed for guidance and a voice from the sanctuary instructed
them to call together the unwed males of the House of David. In accordance with
the voice, the priest Zacharius instructed the gathered males to leave their
staffs on the altar of the temple overnight. Nothing happened. So Zacharius
next included those of the widowers, including Joseph.
When Joseph's rod was
found the next morning, in flower ("the flower of the rod of Jesse"),
he was told to take the Blessed Virgin to wife and keep her for the Lord
(Appleton, Tabor). Many times the flowering rod is replaced by a stalk of lilies
(Appleton).
At times he may be shown
(1) with the Christ Child, two doves in a cage, and a lily; (2) with the Christ
Child and a lily; (3) in scenes with the Holy Family; (4) with carpenter's
tools; (5) as the angel appears to him in a dream; (6) working in a carpenter's
shop with the boy Jesus near him; or (7) dying, supported by Christ and the
Virgin (Roeder).
As head of the Holy
Family, Saint Joseph is the patron of the Universal Church, of fathers, of
opposition to atheistic Communism (he was a worker), of workers, doubters (he
married Mary despite her pregnancy), of a happy death (he is said to have died
before Jesus and Mary), Austria, Bohemia, Canada, Mexico, Belgium, Peru,
Russia, South Vietnam, missions to the Chinese (Sandoval, White), bursers,
procurators (Farmer), as well as of carpenters, confectioners (Naples), the
dying, engineers, the family, married couples, house-hunters, pioneers, and
travellers (Roeder). He is invoked when in doubt, hesitation or when looking
for a house (Roeder).
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0319.shtml
St. Joseph
Everything we know about
the husband of Mary and the foster father of Jesus comes from
Scripture. We know he was a carpenter, a working man, for the skeptical
Nazarenes ask about Jesus, “Is this not the carpenter’s son?” (Matthew 13:55).
He wasn’t rich for when he took Jesus to the Temple to be circumcised and Mary
to be purified he offered the sacrifice of two turtledoves or a pair of
pigeons, allowed only for those who could not afford a lamb (Luke 2:24).
Despite his humble work
and means, Joseph came from a royal lineage. Luke and Matthew disagree some
about the details of Joseph’s genealogy but they both mark his descent from
David, the greatest king of Israel (Matthew 1:1-16 and Luke 3:23-38). Indeed the
angel who first tells Joseph about Jesus greets him as “son of David,” a royal
title used also for Jesus.
We know Joseph was a
compassionate, caring man. When he discovered Mary was pregnant after they had
been betrothed, he knew the child was not his but was as yet unaware that she
was carrying the Son of God. He planned to divorce Mary according to the law but
he was concerned for her suffering and safety. He knew that women accused to
adultery could be stoned to death, so he decided to divorce her quietly and not
expose her to shame or cruelty (Matthew 1:19-25).
We know Joseph was man of
faith, obedient to whatever God asked of him without knowing the outcome. When
the angel came to Joseph in a dream and told him the truth about the child Mary
was carrying, Joseph immediately and without question or concern for gossip,
took Mary as his wife. When the angel came again to tell him that his family
was in danger, he immediately left everything he owned, all his family and
friends, and fled to a strange country with his young wife and the baby. He
waited in Egypt without question until the angel told him it was safe to go
back (Matthew 2:13-23).
We know Joseph loved
Jesus. His one concern was for the safety of this child entrusted to him. Not
only did he leave his home to protect Jesus, but upon his return settled in the
obscure town of Nazareth out of fear for his life. When Jesus stayed in the
Temple we are told Joseph (along with Mary) searched with great anxiety for
three days for him (Luke 2:48). We also know that Joseph treated Jesus as his
own son for over and over the people of Nazareth say of Jesus, “Is this not the
son of Joseph?” (Luke 4:22)
We know Joseph respected
God. He followed God’s commands in handling the situation with Mary and going
to Jerusalem to have Jesus circumcised and Mary purified after Jesus’ birth. We
are told that he took his family to Jerusalem every year for Passover,
something that could not have been easy for a working man.
Since Joseph does not
appear in Jesus’ public life, at his death, or resurrection, many historians
believe Joseph probably had died before Jesus entered public ministry.
Joseph is the patron of
the dying because, assuming he died before Jesus’ public life, he died with
Jesus and Mary close to him, the way we all would like to leave this earth.
Joseph is also patron of
the universal Church, fathers, carpenters, and social justice.
We celebrate two feast
days for Joseph: March 19 for Joseph the Husband of Mary and May 1 for Joseph
the Worker.
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/joseph/
5 Reasons Every Man
Should Love Saint Joseph
St. Joseph often slips
under the radar because of his quiet demeanor and hidden life. However, he has
much to teach us about growing in holiness. Here are 5 reasons to discover St.
Joseph.
1. He is the Patron Saint
of Workers.
As men work takes up a
great portion of our lives. Often we struggle to work in a way that honors God.
St. Joseph can teach us how to work well if we ask him. One way to do this is
to start your work day with a prayer
to St. Joseph.
St. Joseph is also good
to invoke if you are having difficulty finding a job. He was commissioned to
provide for the Son of God, so he fully understands the pressure men face to
provide for their families. In my own life, I have seen the power of St. Joseph’s
intercession in finding my friends jobs.
2. His Intercession is
Powerful.
A seminarian once told me
of the powerful intercession of St. Joseph. He explained that whenever he
needed something, he asked for St. Joseph’s help, and his needs were met. Over
the past few years, I have witnessed this in my own life. St. Joseph has
answered many of my prayers ,whether it be finding a job or starting a family.
In her autobiography, St. Teresa of Avila gives us some insight into why St.
Joseph’s intercession is so powerful.
“To other saints the Lord
seems to have given grace to succor us in some of our necessities, but of this
glorious saint my experience is that he succors us in them all, and that the
Lord wishes to teach us that, as He was Himself subject to him on earth, (for,
being His guardian and being called His father, he could command Him) just so
in Heaven He still does all that he asks.”
3. He Models Fatherhood
for Us.
God the Father chose St.
Joseph from all men to be the foster-father of Jesus. That truly says something
about his character, for he was entrusted with leading, providing for and
protecting the Son of God and God’s greatest creature, Our Lady. Joseph faithfully
served the Holy Family and protected them from danger so that they could
fulfill God’s mission.
St. Joseph taught Jesus
in his humanity how to be a man. No doubt he taught him how to be a faithful
Jew, as well as the trade of carpentry. He models well for us fathers how to be
the spiritual leaders of our families. Like St. Joseph, we are called to show
the love of God the Father to our wives and children.
4. He was an obedient man
Every time God asked him
to do something, Joseph was eager to say yes. Whether that was taking Mary as
his wife, going to Bethlehem for the census, or fleeing with his family to
Egypt, Joseph always followed God’s will immediately. In an age where we are
told to do things our own way, Joseph is a great reminder that true greatness
is found in following God’s will, not our own.
5. He was a man of
silence
We never hear a word from
St. Joseph in the Bible for he was a man of great silence. Because of this
silence, he was able to hear God’s voice and discern his will for the Holy
Family. In an age of noise and many words, Joseph reminds us that if we wish to
hear God’s voice, we must quiet our hearts and enter into the silence.
Go to Joseph!
These are just a few of
the many reasons why every Catholic man should develop devotion to St. Joseph.
With his feast day coming up in March, it is the perfect time to learn about
this great saint and ask for his intercession to live a holy life.
“Some Saints are
privileged to extend to us their patronage with particular efficacy in certain
needs, but not in others; but our holy patron St. Joseph has the power to
assist us in all cases, in every necessity, in every undertaking.” – St. Thomas
Aquinas
reprinted with permission
from The
Catholic Gentleman
SOURCE : http://ucatholic.com/blog/5-reasons-every-man-should-love-saint-joseph/
La mort de saint Joseph, ossuaire de Saint-Thégonnec
SAINT JOSEPH, Spouse of
the Blessed Virgin and Patron of the Universal Church.
ST. JOSEPH was by birth
of the royal family of David, but was living in humble obscurity as a carpenter
when God raised him to the highest sanctity, and fitted him to be the spouse of
His Virgin Mother, and foster-father and guardian of the Incarnate Word.
Joseph, says the Holy Scripture, was a just man; he was innocent and pure, as
became the husband of Mary; he was gentle and tender, as one worthy to be named
the father of Jesus; he was prudent and a lover of silence, as became the
master of the holy house; above all, he was faithful and obedient to divine
calls. His conversation was with angels rather than with men. When he learned
that Mary bore within her womb the Lord of heaven, he feared to take her as his
wife; but an angel bade him fear not, and all doubts vanished. When Herod
sought the life of the divine Infant, an angel told Joseph in a dream to fly
with the Child and His Mother into Egypt. Joseph at once arose and obeyed. This
sudden and unexpected flight must have exposed Joseph to many inconveniences
and sufferings in so long a journey with a little babe and a tender virgin, the
greater part of the way being through deserts and among strangers; yet he
alleges no excuses; nor inquires at what time they were to return. St.
Chrysostom observes that God treats thus all His servants, sending them
frequent trials to clear their hearts from the rust of self-love, but intermixing
seasons of consolation. "Joseph," says he, "is anxious on seeing
the Virgin with child; an angel removes that fear. He rejoices at the Child's
birth, but a great fear succeeds: the furious king seeks to destroy the Child,
and the whole city is in an uproar to take away His life. This is followed by
another joy, the adoration of the Magi; a new sorrow then arises: he is ordered
to fly into a foreign unknown country, without help or acquaintance." It
is the opinion of the Fathers that upon their entering Egypt, at the presence
of the child Jesus, all the oracles of that superstitious country were struck
dumb, and the statues of their gods trembled and in many places fell to the
ground. The Fathers also attribute to this holy visit the spiritual benediction
poured on that country, which made it for many ages most fruitful in Saints.
After the death of King Herod, of which St. Joseph was informed in another
vision, God ordered him to return with the Child and His Mother into the land
of Israel, which our Saint readily obeyed. But when he arrived in Judea,
hearing that Archelaus had succeeded Herod in that part of the country, and
apprehensive that he might be infected with his father's vices, he feared on
that account to settle there, as he would otherwise probably have done for the
education of the Child; and therefore, being directed by God in another vision,
he retired into the dominions of Herod Antipas, in Galilee, to his former
habitation in Nazareth. St. Joseph, being a strict observer of the Mosaic law,
in conformity to its direction annually repaired to Jerusalem to celebrate the
Passover. Our Saviour, now int the twelfth year of His age, accompanied His
parents thither. Having performed the usual ceremonies of the feast,they were
returning with many of their neighbors and acquaintance towards Galilee; and
never doubting but that Jesus was with some of the company, they travelled on
for a whole day's journey before they discovered that He was not with them. But
when night came on and they could hear no tidings of Him among their kindred
and acquaintance, they, in the deepest affliction, returned with the utmost
speed to Jerusalem. After an anxious search of three days they found Him in the
Temple, discoursing with the learned doctors of the law, and asking them such
questions as raised the admiration of all that heard Him, and made them
astonished at the ripeness of His understanding; nor were His parents less
surprised on this occasion. When His Mother told Him with what grief and
earnestness they had sought Him, and asked, "Son, why hast Thou thus dealt
with us? Behold Thy Father and I sought Thee in great affliction of mind,"
she received for answer, "How is it that you sought Me? Did you not know
that I must be about My Father's business?" But though thus staying in the
Temple unknown to His parents, in all other things He was obedient to them,
returning with them to Nazareth, and there living in all dutiful subjection to
them. As no further mention is made of St. Joseph, he must have died before the
marriage of Cana and the beginning of our divine Saviour's ministry. We cannot
doubt that he had the happiness of Jesus and Mary attending at his death,
praying by him, assisting and comforting him in his last moments; whence he is
particularly invoked for the great grace of a happy death and the spiritual
presence of Jesus in that hour.
Reflection. -St. Joseph,
the shadow of the Eternal Father upon earth, the protector of Jesus in His home
at Nazareth, and a lover of all children for the sake of the Holy Child, should
be the chosen guardian and pattern of every true Christian family.
SOURCE : http://jesus-passion.com/St.Joseph.htm
March 19
St. Joseph
THE GLORIOUS St. Joseph was lineally descended from the greatest kings of the
tribe of Juda, and from the most illustrious of the ancient patriarchs; but his
true glory consisted in his humility and virtue. The history of his life hath
not been written by men; but his principal actions are recorded by the Holy
Ghost himself. God intrusted him with the education of his divine Son,
manifested in the flesh. In this view he was espoused to the Virgin Mary. It is
an evident mistake of some writers, that by a former wife he was the father of
St. James the Less, and of the rest who are styled in the gospels the brothers
of our Lord: for these were only cousin-germans to Christ, the sons of Mary,
sister to the Blessed Virgin, wife of Alphæus, who was living at the time of
our Redeemer’s crucifixion. St. Jerom assures us, 1 that
St. Joseph always preserved his virgin chastity; and it is of faith that
nothing contrary thereto ever took place with regard to his chaste spouse, the
Blessed Virgin Mary. He was given her by heaven to be the protector of her
chastity, to secure her from calumnies in the birth of the Son of God, and to
assist her in his education, and in her journies, fatigues, and persecutions.
How great was the purity and sanctity of him who was chosen the guardian of the
most spotless Virgin! This holy man seems, for a considerable time, to have
been unacquainted that the great mystery of the Incarnation had been wrought in
her by the Holy Ghost. Conscious therefore of his own chaste behaviour towards
her, it could not but raise a great concern in his breast, to find that,
notwithstanding the sanctity of her deportment, yet he might be well assured
that she was with child. But being a just man, as the scripture calls
him, and consequently possessed of all virtues, especially of charity and
mildness towards his neighbour, he was determined to leave her privately,
without either condemning or accusing her, committing the whole cause to God.
These his perfect dispositions were so acceptable to God, the lover of justice,
charity, and peace, that before he put his design in execution, he sent an
angel from heaven not to reprehend anything in his holy conduct, but to
dissipate all his doubts and fears, by revealing to him this adorable mystery.
How happy should we be if we were as tender in all that regards the reputation
of our neighbour; as free from entertaining any injurious thought or suspicion,
whatever certainty our conjectures or our senses may seem to rely on; and as
guarded in our tongue! We commit these faults only because in our hearts we are
devoid of that true charity and simplicity, whereof St. Joseph sets us so
eminent an example on this occasion.
In the next place we may admire in secret contemplation, with what
devotion, respect, and tenderness, he beheld and adored the first of all men,
the new-born Saviour of the world, and with what fidelity he acquitted himself
of his double charge, the education of Jesus, and the guardianship of his
blessed mother. “He was truly the faithful and prudent servant,” says St.
Bernard, 2 “whom
our Lord appointed the master of his household, the comfort and support of his
mother, his foster-father, and most faithful cooperator in the execution of his
deepest counsels on earth.” “What a happiness,” says the same father, “not only
to see Jesus Christ, but also to hear him, to carry him in his arms, to lead
him from place to place, to embrace and caress him, to feed him, and to be
privy to all the great secrets which were concealed from the princes of this
world.”
“O astonishing elevation! O unparalleled dignity!” cries out the pious
Gerson, 3 in
a devout address to St. Joseph, “that the mother of God, queen of heaven,
should call you her lord; that God himself, made man, should call you father,
and obey your commands. O glorious Triad on earth, Jesus, Mary, Joseph, how
dear a family to the glorious Trinity in heaven, Father, Son, and Holy Ghost!
Nothing is on earth so great, so good, so excellent.” Amidst these his
extraordinary graces, what more wonderful than his humility! He conceals his
privileges, lives as the most obscure of men, publishes nothing of God’s great
mysteries, makes no further inquiries into them, leaving it to God to manifest
them at his own time, seeks to fulfil the order of providence in his regard,
without interfering with any thing but what concerns himself. Though descended
from the royal family which had long been in possession of the throne of Judæa,
he is content with his condition, that of a mechanic or handicraftsman, 4 and
makes it his business, by labouring in it, to maintain himself, his spouse, and
the divine child.
We should be ungrateful to this great saint, if we did not remember that it is
to him, as the instrument under God, that we are indebted for the preservation
of the infant Jesus from Herod’s jealousy and malice, manifested in the
slaughter of the Innocents. An angel appearing to him in his sleep, bade him
arise, take the child Jesus, and fly with him into Egypt, and remain there till
he should again have notice from him to return. This sudden and unexpected
flight must have exposed Joseph to many inconveniences and sufferings in so long
a journey, with a little babe and a tender virgin, the greater part of the way
being through deserts, and among strangers; yet he alleges no excuses, nor
inquiries at what time they were to return. St. Chrysostom observes that God
treats thus all his servants, sending them frequent trials, to clear their
hearts from the rust of self-love, but intermixing seasons of consolation. 5 “Joseph,”
says he, “is anxious on seeing the Virgin with child; an angel removes that
fear; he rejoices at the child’s birth, but a great fear succeeds; the furious
king seeks to destroy the child, and the whole city is in an uproar to take
away his life. This is followed by another joy, the adoration of the Magi: a
new sorrow then arises; he is ordered to fly into a foreign unknown country,
without help or acquaintance.” It is the opinion of the fathers, that upon
their entering Egypt, at the presence of the child Jesus, all the oracles of
that superstitious country were struck dumb, and the statues of their Gods
trembled, and in many places fell to the ground, according to that of Isaiah
xix. And the statues of the Egyptians shall be shaken in his presence. 6 The
Fathers also attribute to this holy visit the spiritual benediction poured on
that country, which made it for many ages most fruitful in saints. 7
After the death of King Herod, which was notified to St. Joseph by a vision,
God ordered him to return with the child and his mother into the land of
Israel, which our saint readily obeyed. But when he arrived in Judæa, hearing
that Archelaus succeeded Herod in that part of the country, apprehensive he
might be infected with his father’s vices—cruelty and ambition—he feared on
that account to settle there, as he would otherwise probably have done, for the
more commodious education of the child. And therefore, being directed by God in
another vision, he retired into the dominions of his brother Herod Antipas, in
Galilee, to his former habitation in Nazareth, where the wonderful occurrences
of our Lord’s birth were less known. St. Joseph being a strict observer of the
Mosaic law, in conformity to its direction, annually repaired to Jerusalem to
celebrate the passover. Archelaus, being banished by Augustus, and Judæa made a
Roman province, he had now nothing more to fear at Jerusalem. Our Saviour being
advanced to the twelfth year of his age, accompanied his parents thither; who,
having performed the usual ceremonies of the feast, were now returning with
many of their neighbours and acquaintance towards Galilee, and never doubting
but that Jesus had joined himself with some of the company, they travelled on
for a whole day’s journey without further inquiry after him, before they
discovered that he was not with them. But when night came on, and they could
hear no tidings of him among their kindred and acquaintance, they, in the
deepest affliction, returned with the utmost speed to Jerusalem: where, after
an anxious search of three days, they found him in the temple, sitting among
the learned doctors of the law, hearing them discourse, and asking them such
questions as raised the admiration of all that heard him, and made them
astonished at the ripeness of his understanding: nor were his parents less
surprised on this occasion. And when his mother told him with what grief and
earnestness they had sought him, and to express her sorrow for that, though
short, privation of his presence, said to him: “Son, why hast thou thus dealt
with us? Behold, thy father and I sought thee in great affliction of mind;” she
received for answer, that being the Messias and Son of God, sent by his Father
into the world in order to redeem it, he must be about his Father’s business,
the same for which he had been sent into the world; and therefore that it was
most likely for them to find him in his Father’s house: intimating that his
appearing in public on this occasion, was to advance his Father’s honour, and
to prepare the princes of the Jews to receive him for their Messias; pointing
out to them from the prophets the time of his coming. But though in thus
staying in the temple, unknown to his parents, he did something without their
leave, in obedience to his heavenly Father, yet in all other things he was
obedient to them, returning with them to Nazareth, and there living in all
dutiful subjection to them.
Aelred, our countryman, abbot of Rieval, in his sermon on losing the child
Jesus in the temple, observes that this his conduct to his parents is a true
representation of that which he shows us, whilst he often withdraws himself for
a short time from us to make us seek him the more earnestly. He thus describes
the sentiments of his holy parents on this occasion: 8 “Let
us consider what was the happiness of that blessed company, in the way to
Jerusalem, to whom it was granted to behold his face, to hear his sweet words,
to see in him the signs of divine wisdom and virtue; and in their mutual
discourse to receive the influence of his saving truths and example. The old
and young admire him. I believe boys of his age were struck with astonishment
at the gravity of his manners and words. I believe such rays of grace darted
from his blessed countenance as drew on him the eyes, ears, and hearts of every
one. And what tears do they shed when he is not with them?” He goes on
considering what must be the grief of the parents when they had lost him; what
their sentiments, and how earnest their search: but what their joy when they
found him again. “Discover to me,” says he, “O my Lady, Mother of my God, what
were your sentiments, what your astonishment and your joy when you saw him
again, and sitting, not amongst boys, but amidst the doctors of the law: when
you saw every one’s eyes fixed on him, every one’s ears listening to him, great
and small, learned and unlearned, intent only on his words and motions. You now
say: I have found him whom I love. I will hold him, and will no more let him
part from me. Hold him, sweet Lady, hold him fast; rush on his neck, dwell on
his embraces, and compensate the three days’ absence by multiplied delights in
your present enjoyment of him. You tell him that you and his father sought him
in grief. For what did you grieve? not for fear of hunger or want in him whom
you knew to be God: but I believe you grieved to see yourself deprived of the
delights of his presence even for a short time; for the Lord Jesus is so sweet
to those who taste him, that his shortest absence is a subject of the greatest
grief to them.” This mystery is an emblem of the devout soul, and Jesus
sometimes withdrawing himself, and leaving her in dryness, that she may be more
earnest in seeking him. But, above all, how eagerly ought the soul which has
lost God by sin, to seek him again, and how bitterly ought she to deplore her
extreme misfortune!
As no further mention is made of St. Joseph, he must have died before the
marriage of Cana, and the beginning of our divine Saviour’s ministry. We cannot
doubt but he had the happiness of Jesus and Mary attending at his death,
praying by him, assisting and comforting him in his last moments. Whence he is
particularly invoked for the great grace of a happy death and the spiritual
presence of Jesus in that tremendous hour. The church reads the history of the
patriarch Joseph on his festival, who was styled the saviour of Egypt, which he
delivered from perishing by famine; and was appointed the faithful master of
the household of Putephar, and of that of Pharaoh and his kingdom. But our
great saint was chosen by God the saviour of the life of him who was the true
Saviour of the souls of men, rescuing him from the tyranny of Herod. He is now
glorified in heaven, as the guardian and keeper of his Lord on earth. As
Pharaoh said to the Egyptians in their distress: “Go to Joseph;” so may we
confidently address ourselves to the mediation of him, to whom God, made man,
was subject and obedient on earth.
The devout Gerson expressed the warmest devotion to St. Joseph, which he
endeavoured by letters and sermons to promote. He composed an office in his
honour, and wrote his life in twelve poems, called Josephina. He enlarges on
all the circumstances of his life by pious affections and meditations. St.
Teresa chose him the chief patron of her order. In the sixth chapter of her
life she writes thus: “I chose the glorious St. Joseph for my patron, and I
commend myself in all things singularly to his intercession. I do not remember
ever to have asked of God anything by him which I did not obtain. I never knew
any one, who, by invoking him, did not advance exceedingly in virtue: for he
assists in a wonderful manner all who address themselves to him.” St. Francis
of Sales, throughout his whole nineteenth entertainment, extremely recommends
devotion to him, and extols his merits, principally his virginity, humility,
constancy, and courage. The Syrians and other eastern churches celebrate his
festival on the 20th of July; the western church, on the 19th of March. Pope
Gregory XV. in 1621, and Urban VIII., in 1642, commanded it to be kept a
holiday of obligation.
The holy family of Jesus, Mary, and Joseph, presents to us the most perfect model
of heavenly conversation on earth. How did those two seraphim, Mary and Joseph,
live in their poor cottage! They always enjoyed the presence of Jesus, always
burning with the most ardent love for him, inviolably attached to his sacred
person, always employed and living only for him. What were their transports in
beholding him, their devotion in listening to him, and their joy in possessing
him! O heavenly life! O anticipation of the heavenly bliss! O divine
conversation! We may imitate them, and share some degree of this advantage, by
conversing often with Jesus, and by the contemplation of his most amiable
goodness, kindling the fire of his holy love in our breasts. The effects of
this love, if it be sincere, will necessarily appear in our putting on his
spirit, and imitating his example and virtues; and in our studying to walk
continually in the divine presence, finding God every where, and esteeming all
the time lost which we do not spend with God, or for his honour.
Note 1. L. adv. Helvid. c. 9. [back]
Note 2. Hom. 2. super missus est, n. 16. p. 742. [back]
Note 3. Serm de Nativ. [back]
Note 4. This appears from Matt. xiii. 55. St. Justin, (Dial. n. 89. ed.
Ben. p. 186.) St. Ambrose, (in Luc. p. 3.) and Theodoret (b. 3. Hist. c. 18.)
say he worked in wood, as a carpenter. St. Hilary (in Matt. c. 14. p. 17.) and
St. Peter Chrysologus (Serm. 48.) say he wrought in iron as a smith; probably
he wrought both in iron and in wood; which opinion St. Justin favours, by
saying: “He and Jesus made ploughs and yokes for oxen.” [back]
Note 5. Hom. 8. in Matt. t. 7. p. 123. ed. Ben. [back]
Note 6. This is affirmed by St. Athanasius, (1. de Incarn.) Eusebius,
(Demonstrat. Evang. l. 6. c. 20.) St. Cyril, (Cat. 10.) St. Ambrose, (in Ps.
118. Octon. 5.) St. Jerom, (in Isai. 19.) St. Chrysostom, St. Cyril of
Alexandria, (in Isai.) Sozomen, (l. 5. c. 20.) &c. [back]
Note 7. See the Lives of the Fathers of the Desert. [back]
Note 8. Bibl. Patr. t. 13. [back]
Rev. Alban Butler (1711–73). Volume III: March. The Lives
of the Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/3/191.html
Francisco de Herrera, San José y el Niño Jesús,, 1648, 116 x 112
San Giuseppe Sposo
della Beata Vergine Maria
Questa celebrazione ha
profonde radici bibliche; Giuseppe è l'ultimo patriarca che riceve le
comunicazioni del Signore attraverso l'umile via dei sogni. Come l'antico
Giuseppe, è l'uomo giusto e fedele (Mt 1,19) che Dio ha posto a custode della
sua casa. Egli collega Gesù, re messianico, alla discendenza di Davide. Sposo
di Maria e padre putativo, guida la Sacra Famiglia nella fuga e nel ritorno
dall'Egitto, rifacendo il cammino dell'Esodo. Pio IX lo ha dichiarato patrono
della Chiesa universale e Giovanni XXIII ha inserito il suo nome nel Canone
romano.
Patronato: Padri,
Carpentieri, Lavoratori, Moribondi, Economi, Procuratori Legali, Poveri, Esuli,
Afflitti
Etimologia: Giuseppe
= aggiunto (in famiglia), dall'ebraico
Emblema: Giglio
Martirologio
Romano: Solennità di san Giuseppe, sposo della beata Vergine Maria: uomo
giusto, nato dalla stirpe di Davide, fece da padre al Figlio di Dio Gesù
Cristo, che volle essere chiamato figlio di Giuseppe ed essergli sottomesso
come un figlio al padre. La Chiesa con speciale onore lo venera come patrono,
posto dal Signore a custodia della sua famiglia.
All’inizio della Scrittura è scritto: “In principio Iddio creò il cielo e la terra” (Gn 1,1); e il catechismo spiega: “li creò ex nihilo, cioè dal nulla”. Si affermano due cose importanti: da un lato, la contraddittorietà del divenire e l’inesistenza del nulla; e, dall’altro, la immobilità e l’eternità dell’Essere Divino. Una delle difficoltà del versetto sembra costituita dall’interpretazione dell’espressione “In principio”.
Qualsiasi spiegazione letterale o temporale, - come “prima del tempo” o “al principio o all’inizio del tempo” e simili, - risulta semplicemente falsa, perché razionalmente non si può né pensare né immaginare che anteriormente alla creazione ci fosse qualcosa. Il tempo, infatti, nasce con la stessa creazione. Prima della creazione, quindi, non c’è nulla, ossia non c’è nessun elemento, nessuna energia, nessuna immagine, nessun motivo, neppure un impulso arcano verso l’esistenza, ma esclusivamente il nulla! Per definizione, il nulla è inimmaginabile e impensabile! Questo, il significato negativo del creare dal nulla.
Positivamente, invece, si afferma l’esistenza dell’Essere Creatore, nella sua
intrinseca beatitudine di amore, che, in seguito, si rivelerà come stupenda
realtà misterica di Unità e Trinità insieme: Padre Figlio e Spirito Santo. Di
conseguenza, ad extra Dei, cioè al di fuori di Dio, non esiste nulla. E tutto
ciò che altrimenti è, deriva unicamente dalla esclusiva libertà e dalla potenza
onnipotente di Dio. Ora, Dio, nella sua Unicità di Natura e nella Trinità delle
Persone, che si amano perfettamente di amore infinito, non ha bisogno di
niente, perché in sé è semplicemente semplice e perfetto assolutamente; e
ancora, poiché ciò che Dio fa è Divino, come dice anche Platone nel Timeo (41c
3-5), allora razionalmente la creazione non può essere opera diretta e
immediata di Dio, ma solo indiretta e mediata, ossia di un Dio Umanizzato, che,
liberamente, “prima” crea e sublima la materia con l’assunzione della “natura
umana”, e, poi, orienta la sua azione creatrice dell’universo mondo per la sua
venuta storica sulla terra. La materia, per sé, è sede della necessità, della
contingenza, della finitudine, del movimento, dell’imperfezione, del limite,
della corruzione; mentre Dio, della libertà necessaria e della necessità
libera, dell’immobilità perfetta, della incorruttibilità eterna, della
perfezione semplice assoluta e infinita.
Come spiegare, allora, la creazione?
Per mezzo dell’unica opera ad extra di Dio, ossia dell’Incarnazione del Verbo,
il Summum Opus Dei, come la chiama Duns Scoto (Reportata Parisiensia, III, d.
7, q. 4, n. 4), e tradotto nella lingua italica con il Capolavoro di Dio, (Duns
Scoto, Antologia, a cura di G. Lauriola, Ed. AGA - Alberobello 2007, 2 ed., p.
187). Cristo Venturo, quindi, in quanto vero Dio e vero Uomo, crea tutto ciò
che esiste sia nell’ordine soprannaturale sia nell’ordine naturale; e, “nella
pienezza del tempo, nasce [storicamente] da donna” (Gal 4, 4), per compiere liberamente
e volontariamente il disegno divino e rivelare con amore il mistero di Dio, Uno
e Trino: “Cristo è l’immagine [sostanziale] del Dio invisibile…” (Col 1,
15-17). Allora, l’espressione “In principio” non significa altro che “In
Cristo”, come viene interpretato anche dai Padri; e il versetto genesiaco,
quindi, afferma, nel suo significato più profondo, la preesistenza di Cristo,
che si espande in tutta la Scrittura, dalla preistoria ontologica alla
metastoria escatologica attraverso la storia esistenziale della sua avventura
divino-umana: “In principio [In Cristo], Dio creò il cielo e la terra” (Gn
1,1); “Alfa e Omega, Principio e Fine, il Primo e l’Ultimo” (Ap 1, 8; 22, 13);
“In principio [In Cristo] era il Verbo…” (Gv 1,1).
Disegno di Dio
Il disegno della salvezza, rivelato nella massima libertà dal mistero di Dio, manifesta ad extra la pienezza di vita e d’amore che Dio contiene in sé e per sé, rendendo Parola Incarnata il suo Silenzio Trinitario. Tutto ciò che esiste fuori-di Dio e diverso-da Dio è opera della Parola Incarnata. Ora, tra l’azione efficace della Parola e ciò che è prodotto si costituisce un legame di dipendenza originale che tiene unita ogni creatura al suo Creatore, perché nell’effetto riluce sempre qualcosa della sua causa: hanno la stessa natura o origine (cf Eb 2, 11).
La perfezione dell’effetto creato dipende dal grado di partecipazione dello stesso alla causa creatrice: quanto più è vicino o simile alla causa, tanto più è perfetto. Tra le creature razionali, l’uomo, per la sua autoconsapevolezza e libertà, possiede la capacità di riconoscere la sua dipendenza dalla causa originante e di modellare la sua vita su di essa: la sua perfezione, quindi, è direttamente proporzionale alla sua vicinanza e somiglianza alla causa.
In questo modo, la Parola Incarnata, che rende “visibile il mistero di Dio
invisibile” (Col 1, 15), si auto-rivela come causa efficiente, come causa
formale e anche come causa finale dell’universo mondo e di ogni singolo essere,
specialmente dell’uomo, creato a immagine di Cristo e chiamato alla
partecipazione massima con il suo Creatore. E la stessa Parola Incarnata si
propone come norma e regola dell’essere in qualsiasi modalità esistenziale esso
si realizzi. Difatti, una realtà è quella che è, non in quanto è in sé stessa,
ma in quanto è più o meno vicino alla Parola Incarnata, che l’ha causata. La
“vicinanza alla Parola Incarnata” diventa, perciò, principio di perfezione e di
santità per l’uomo.
Principio di vicinanza a Cristo
Ogni essere, presente come idea nel disegno d’amore infinito di Dio, viene chiamato all’esistenza da un atto libero e gratuito della Volontà divina, che lo fa esistere concretamente nel mondo storico, secondo il principio della vicinanza a Cristo, che Duns Scoto ha formulato nel momento in cui ha considerato il Cristo nella sua triplice causalità. Di conseguenza, dell’essere si possono avere diversi gradi di partecipazione: come immagine, come vestigio e come ombra. La sua importanza, allora, non dipende dalla semplice natura d’essere, ma dal grado di vicinanza a Cristo, perché Cristo è regola e norma di perfezione dell’essere sia universale che singolare.
Principio che si applica anche ai personaggi chiamati a compiere una missione particolare alla realizzazione storica del disegno divino. Dal Silenzio Trinitario si concretizza la Parola, che, per rivelarsi fuori di sé, necessita della materia, ossia di un corpo visibile; onde, il dono libero dell’Incarnazione. Per questo, dalla Parola viene sublimata prima la materia, che per sé è contingente, e, assumendola in sé, apre la possibilità alla stessa creazione dell’universo mondo spirituale e materiale.
L’essere più vicino a Cristo Venturo è certamente la Madre, Colei che gli parteciperà direttamente e concretamente il corpo umano, visibile e perfetto, secondo le modalità che Lui stesso organizzerà nell’arco storico fino alla “pienezza del tempo” (Gal 4, 4). E insieme alla Madre, è logico supporre anche la figura del “padre” storico, che garantisse l’attuazione dell’avventura umana del Nascituro nel rispetto delle leggi esistenziali del tempo. Così, anche se in momenti logici differenti e con diverse modalità funzionali, nel mistero dell’Incarnazione della Parola sono presenti, a vario titolo, sia la “madre” Maria sia il “padre” Giuseppe.
Ora, nell’esecuzione storica del disegno divino, secondo la felice intuizione di Duns Scoto, è presente da sempre e contemporaneamente a Cristo anche la Madre, uniti nel medesimo e identico decreto di predestinazione da parte di Dio. Idea che, nell’evoluzione storica del mistero dell’Immacolata Concezione, troverà conferma con Pio IX nel 1854, con la definizione dogmatica Ineffabilis Deus, che proclama Immacolata la Madre di Cristo, fondandosi sia sull’unico e medesimo atto di predestinazione, e sia sulla redenzione anticipata o preservativa di Maria, ugualmente proposta da Duns Scoto, come “prima redenta” nella previsione dei meriti futuri di Cristo.
Così, nel disegno divino è già presente la costituzione della “coppia”
originale e originante, da cui ogni essere, soprannaturale e naturale, riceverà
vita esistenza e grazia. È una coppia tutta speciale, perché formata dal Figlio
e dalla Madre, da Cristo e da Maria. La funzione di Cristo è di natura, quella
di Maria è di grazia. L’azione del Figlio è diretta, quella della Madre è
mediata. Si apre così il corso dell’avventura umana di questa coppia, che dal
Genesi abbraccia tutto l’arco storico fino ad arrivare all’Apocalisse,
attraverso le due precisazioni storiche del profetismo, con Isaia (7, 13-14) e
Micheia (5, 1-3), e del vangelo dell’infanzia con Luca (2, 1-52) e Matteo (1,
1-25; 2, 1-23). E proprio “nella pienezza del tempo” (Gal 4, 4), quando Cristo
deve iniziare la sua avventura umana, “emerge” tutta la grandezza della
personalità storica di Giuseppe, “sposo” di Maria e “padre” putativo di Gesù.
Significato del nome “Giuseppe”
Come Cristo è il cuore del Silenzio-di-Dio e Maria il cuore del
Silenzio-Parola-di-Cristo, così Giuseppe, che etimologicamente significa
“aggiunto (da Dio)” alla coppia originale, viene a gravitare totalmente nella
sfera di questo silenzio sponsale e particolarmente del silenzio della sua
dolce Sposa, alla cui ombra esprime e realizza tutta la sua forte e delicata
personalità sia come “custode” delle origini esistenziali di Cristo e sia come
“protettore” della verginità della sua Sposa.
Le due annunciazioni
Alla luce del principio scotista della vicinanza a Cristo, piace leggere sia l’annunciazione lucana della Vergine (Lc 1, 26-27) sia quella matteana di Giuseppe (Mt 1, 16-25), così da cogliere più da vicino alcuni aspetti della volontà di Dio, espressa nel suo disegno di salvezza. Lasciando per ovvie ragioni la prima, si fermi l’attenzione sulla seconda annunciazione, per evidenziare la estrema sensibilità di Giuseppe alle cose divine, che si sono manifestate apertamente nella configurazione della speciale ed esclusiva coppia del Figlio-Madre, nella cui orbita viene a gravitare chiaramente la sua personalità di “uomo giusto”, perché più vicino di tutti a Cristo e a Maria. La storica vicinanza di Giuseppe a tale “coppia” dà origine anche alla sua particolare missione di custodire il nascituro Bambino e di garantire anche la scelta della verginità della Madre, come segno della stessa divinità del Figlio.
Per analogia a quella lucana, l’annunciazione giuseppina di Matteo si
svolge in due tempi: uno, anteriore alle spiegazioni angeliche, è costituita
dai segni della maternità di Maria, di fronte ai quali Giuseppe “tace e pensa”
nel tentativo di discernere sulla decisione da prendere circa la promessa
Sposa, e alla fine decide di lasciarla in segreto; l’altra, invece, è il
chiarimento angelico che assicura sul fatto meraviglioso, che si sta compiendo
in Maria, per opera dello Spirito Santo, cui fa seguito l’immediata proposta di
“prendere con sé la sua Sposa”.
Il silenzio di Maria
Davvero sconcertante il comportamento di Maria!
Perché non disse nulla a Giuseppe?
La risposta ancora una volta riposa nel silenzio!
Maria tace. Difatti, chi avrebbe creduto alla sua parola? Maria si rifugia nel silenzio e costringe il suo promesso sposo a progettare la mossa del libello di ripudio (Mt 1, 16-25), perché egli non poteva credere ai suoi occhi: la dolce fanciulla di Nazaret, la sua promessa Sposa, è incinta! E nel mistero, Maria si chiude nel silenzio adorante del suo Frutto verginale.
Nel suo sconcertante tacere, Maria, come catturata dall’enorme mistero che si sta compiendo in lei, trascina anche Giuseppe nell’arcano silenzio, accettato da lui solo per divina proposta: “e la prese con sé”. E così dalla coppia originale e originante di Cristo-Maria, Figlio-Madre, scaturisce ugualmente un matrimonio sui generis, Giuseppe-Maria. Tutto si svolge lontano da ogni ingerenza della sfera umana: Maria rispetta il silenzio di Dio, e Giuseppe i corrispondenti silenzi di Maria.
Ciò che viene messo in luce in questa seconda annunciazione è la fede di Giuseppe, che accetta con amore, con serenità e con gioia tutto il mistero che si sta realizzando nella sua Sposa, per custodirlo. Ecco, il senso del termine biblico a lui riferito di “uomo giusto”. Bisogna interpretare come duplice l’intervento divino provocato dal silenzio di Maria. Da un lato, il Signore viene in aiuto alla sua “serva”, che si era dichiarata fedele fino in fondo: “avvenga di me quello che hai detto” (Lc 1, 38). Come a dire: di fronte alla scelta del voto di verginità perpetua di Maria e alla voluta maternità divina, il Signore doveva trovare una via di uscita all’intrica situazione venuta a crearsi.
Dall’altro, deve intervenire anche su Giuseppe, assicurandolo in modo
inequivocabile circa la natura dell’evento nella sua Sposa, e lo fece
attraverso il sogno: “Giuseppe, non temere di prendere con te Maria tua sposa,
perché quel che è generato in lei viene dallo Spirito Santo” (Mt 1, 20). In
questo modo a Giuseppe è affidata la custodia, la protezione e la memoria del
grande mistero che si compie in Maria, sua sposa. E così il Signore si
manifesta ben superiore alla legge da lui stesso data alla natura! Per logica
conseguenza, è da supporre che, come a Giuseppe fu chiesto di “non temere di
prendere Maria come sposa”, così anche Maria fu assicurata di non temere di
prendere Giuseppe come suo sposo. In questo modo, commenta Duns Scoto,
rivolgendosi a Maria: “Lo Spirito ti dona Giuseppe come custode e testimone
della tua verginità, perché come te è impegnato nel voto di continenza”
(Ordinatio, IV, d. 30, q. 2, n. 5).
Matrimonio con Maria
Certo, il matrimonio tra Giuseppe e Maria ha del singolare. Ci si potrebbe chiedere: è valido un matrimonio in cui uno dei coniugi fa voto assoluto di castità? La questione è di natura sia teologica che giuridica: l’una, perché implica l’azione dello Spirito Santo che pone Maria in una condizione privilegiata di verginità assoluta; e l’altra, perché comporta dei chiarimenti circa un matrimonio valido, rato ma non consumato. Molte le ipotesi e le conclusioni che si sono avvicendate nello spiegare la delicata e complessa situazione. Si possono raccogliere a tre principali: 1) chi accetta la validità del matrimonio e rende il voto “condizionato”, se piace a Dio; 2) chi accentua il voto e ridimensiona il consenso matrimoniale, considerandolo come una relazione amicale; 3) chi riesce a conciliare le due tesi, della validità del matrimonio e del voto assoluto di Maria. Questa terza possibilità è proposta da Duns Scoto.
Secondo questa terza ipotesi, contratto matrimoniale e voto di castità possono stare insieme. Nel contratto matrimoniale è inclusa la mutua donazione dei corpi, che, però, è sottoposta a un’implicita condizione, cioè ‘se viene richiesta’. Difatti, i contraenti, se, dopo la cerimonia matrimoniale, volessero fare voto di castità, il loro matrimonio è valido a tutti gli effetti, a meno che quella condizione ‘se venga richiesto’, non venga posta in atto. Perché la condizione ‘se venga richiesto’ possa salvare il contratto nei confronti del voto, è necessario che i contraenti sappiano con certezza che essa non sarà mai posta in atto. Ora, che Maria e Giuseppe abbiano avuto tale certezza, è sicuro.
Difatti, così si esprime il Cantore dell’Immacolata: “Se vi è assoluta certezza che la detta condizione, non verrà esercitata, il contratto matrimoniale non pregiudica in nessun modo il voto di castità. Nel nostro caso vi fu tale certezza. Si legge che l’angelo informò Giuseppe ‘Non temere di prendere Maria in moglie’ (Mt 1, 30). A maggior ragione e senza ombra di dubbio alcuno, si può dire che anche Maria, prima di promettersi a Giuseppe, fu resa sicura dall’Angelo o da Dio stesso: ‘Non temere Maria di prendere Giuseppe, uomo giusto, come tuo marito’. Anzi egli ti viene dato dallo Spirito Santo come Custode e Testimone della [tua] verginità, essendosi legato anche lui con pari voto” (Ordinatio, IV, d. 30, q. 2, n. 5).
Alla questione: il contratto di matrimonio è avvenuto prima o dopo
l’Incarnazione storica? Il voto di castità di Maria - risponde sempre Duns
Scoto - precede l’Annunciazione, come questa precede il matrimonio. E così
continua: Maria ha ricevuto da Dio un mandato speciale di contrarre il
matrimonio con Giuseppe, e ne enumera i motivi: per la salvaguardia della Madre
e per la tutela del Bambino. In questa interpretazione, sembra più facile
comprendere come Maria, già illuminata su tutto il mistero dell’Incarnazione,
abbia potuto dare il suo assenso al matrimonio, senza includervi alcuna clausola
di consumarlo. Per cui, il suo matrimonio è valido a tutti gli effetti. I fini
principali del matrimonio vengono rispettati: procreazione educazione della
prole e amore reciproco.
Importanza della decisione di Giuseppe
Al di là delle singole interpretazioni, che sottendono sempre e comunque un mistero, sembra utile riflettere alquanto sulla decisione di Giuseppe di sposare ugualmente Maria, pur essendo incinta, in relazione non solo a Lei, ma soprattutto al Nascituro e alla sua missione. Secondo le leggi vigenti dell’epoca, non solo Maria non avrebbe avuto vita facile, perché rischiava addirittura la “lapidazione”; mentre al Bambino non si assicurava una evoluzione serena e dignitosa né alla sua crescita personale né al suo ministero di portare la buona novella agli uomini.
La decisione coraggiosa di Giuseppe, quindi, salva Madre e Figlio da situazioni
critiche in un piccolo paese, quale era Nazaret, in cui ogni cosa passava di
bocca in bocca: una ragazza madre e un figlio senza padre! Invece, Giuseppe,
con l’aiuto dell’intervento divino nel sogno, manifesta ferma decisione e
delicata fermezza, da essere confermato nella sua “giustizia”, secondo l’agire
proprio della fede che non lascia mai in pace il cuore, pur lasciando la pace
nel cuore. Prima che i segni della gravidanza fossero evidenti, Giuseppe,
sempre su indicazione “dell’angelo del Signore, prese con sé la sua sposa...”
(Mt 1, 24), e si affrettò alla celebrazione del matrimonio.
La nascita del Bambino
La personalità di Giuseppe si rivela non solo nella delicatissima decisione di
custodire e garantire la verginità perpetua di Maria, ma soprattutto
nell’assicurare un futuro dignitoso e sicuro al Bambino, che doveva nascere,
secondo il disegno di Dio, proprio a Betlemme, dalla radice di Iesse, da cui
lui discendeva (Mt 1, 20; Lc 1, 27). Con quali sentimenti dovette condurre la
sua Sposa incinta dalla Galilea in Giudea, per adempiere al dovere del
censimento, dove si realizzerà la profezia di Michea: “E tu Betlemme, così
piccola per essere un capoluogo di Giuda, da te uscirà colui che che dev’essere
il dominatore d’Israele” (5, 1). Le circostanze della nascita dovettero
consolidare nella fede la decisione voluta fortemente da Giuseppe. E come Maria
serbava nel suo cuore ogni evento e circostanza, così anche Giuseppe pensava e
rifletteva su ogni particolare che attorniava l’evento del Nascituro e lo
meditava con gioia nel suo cuore.
Una gioia sofferta
Gioia, però, messa a dura prova da tante altre circostanze profetiche ed esterne che si manifestarono attorno al Bambino. Dalla “presentazione al tempio”, in cui sentì quelle strane profezie del vecchio Simeone, quando elevando al cielo il Bambino in segno di offerta e di consacrazione insieme, lo chiamò “segno di contraddizione” (Lc 2, 34); e alla Madre venne profetizzata “una spada trafiggerà la sua anima” (Lc 2, 35). Il cuore di “padre” si sentì profondamente scosso dalle fondamenta, eppure Giuseppe conservò padronanza e serenità per sé e per la Sposa, che, come dondolava il Bambino per addormentarlo, così nel suo cuore sentimenti contrastanti bollivano in continuazione. La presenza matura e adulta sia umana che di fede di Giuseppe costituiva un punto di sicuro riferimento per Maria, anche se le ansie e le preoccupazioni per il Bambino non cessavano mai di pulsare nel suo cuore, immerso nel profondo silenzio arcano del volere divino.
Non è difficile indovinare i pensieri e i contrastanti sentimenti che travagliavano sia Giuseppe che Maria alla notizia, circa la necessità di mettere al sicuro il Bambino, ricercato da Erode per ucciderlo, che da “buon politico” vuole eliminare il “rivale”, appena spuntato alla luce del sole. Il potere politico, quando è totalitario, non si smentisce mai. Essere avvertiti, notte tempo, del pericolo che il Bambino correva, è il massimo della sofferenza umana per i due cuori semplici e pieni di fede e di amore. E così la via dell’esilio egiziano si apre. Quale prova umana e di fede insieme abbiano vissuto Giuseppe e Maria, non lo può descrivere se non chi l’ha provato. Il Signore, in questo modo, ha voluto forgiare nel crogiuolo della sofferenza più profonda e amara anche il cuore di Giuseppe, nel portare il peso della famiglia e nell’assicurarle il necessario in terra straniera, senza lavoro sicuro né stabile dimora. Unica certezza, la fiducia nella Parola dell’angelo.
Difficoltà d’ogni genere, disagi oltre misura, incertezze fuori ogni
immaginazione dovettero essere compagni stretti di Giuseppe in quei pochi anni
trascorsi nell’antica e nobile terra egizia, da dove ha origine il popolo
eletto con Mosé. Sembra una coincidenza fortuita, eppure, forse, dietro c’è un
segreto disegno divino. Per analogia, si può paragonare - mutatis mutandis -
Giuseppe a Mosé, chiamato a ricondurre il perfezionatore e dominatore del
Popolo, Gesù, in terra sicura e nella sua terra. Difatti, il messaggero divino
non si fece attendere, non appena le circostanze storiche mutarono con la morte
di Erode (Mt 1, 19-23). In questo passo evangelico, ancora una volta, è palese
tutta la portata della maturità di fede di Giuseppe, che si abbandona sempre e
completamente alla volontà celeste, nonostante tutte le contrarietà della vita.
Rientro a Nazaret e ansia per il Bambino
Sembrava essere tornato il sereno dopo il rientro nella Galilea, dove la vita finalmente scorreva nella normalità più assoluta: lavoro famiglia e religiosità. E proprio in un momento di sentita religiosità partecipata per la Pasqua a Gerusalemme, Giuseppe condusse la Sposa e il Dodicenne con sé. L’immensa gioia pasquale ben presto però si tramutò in tragica situazione, molto angosciosa con l’inspiegabile smarrimento di Gesù. Cosa prova un cuore di padre e di madre alla constatazione che il loro Bambino non è con loro! Tre giorni veramente angoscianti e struggenti, anche per un cuore addestrato al soffrire e a vivere nell’incognito. La percezione fisica della mancanza del Bambino è la massima fonte di profondi turbamenti interiori e non solo. La ricerca affannosa e senza esiti positivi poteva lanciare lontano i pensieri di Giuseppe e di Maria, al fallito tentativo di Erode.
Qualche reminiscenza del timore erodiano si sarà risvegliata, e avrà reso
ancora più tragica l’affannosa ricerca del Bambino tra le file della carovana
del ritorno. Ma invano. E più cupo diventava la sera senza del Bambino. Preghiere,
ansie e silenzi prolungati dovettero riempire tutto il tempo dei tre giorni sia
di Giuseppe che di Maria. L’avventura come era nata nel silenzio, così
sembrava terminare nel silenzio. La speranza è dura a morire. E venne premiata
quando trovarono Gesù a discutere nel tempio tra i dottori della legge.
Finalmente, il silenzio della mancanza venne riempito e ritornò la calma. E
Gesù si comportò “con più riguardo” verso i suoi genitori terreni.
Il sipario su Giuseppe
Con questo episodio, cessano le notizie rivelate su Giuseppe. La sua vita si
apre con il silenzio e termina nel silenzio. La chiave di lettura sembra essere
proprio questa: dal silenzio di Dio in Cristo al silenzio in Dio con
Cristo. Giuseppe è fedele a Cristo in Maria e in Cristo con Maria.
Autore: Padre Giovanni Lauriola, ofm
Il nome Giuseppe è di origine ebraica e sta a significare “Dio aggiunga”, estensivamente si può dire “aggiunto in famiglia”. Può essere che l’inizio sia avvenuto col nome del figlio di Giacobbe e Rachele, venduto per gelosia come schiavo dai fratelli. Ma è sicuramente dal padre putativo, cioè ritenuto tale, di Gesù e considerato anche come l’ultimo dei patriarchi, che il nome Giuseppe andò diventando nel tempo sempre più popolare. In Oriente dal IV secolo e in Occidente poco prima dell’XI secolo, vale a dire da quando il suo culto cominciava a diffondersi tra i cristiani. Non vi è dubbio tuttavia che la fama di quel nome si rafforzò in Europa dopo che nell’Ottocento e nel Novecento molti personaggi della storia e della cultura lo portarono laicamente, nel bene e nel male: da Francesco Giuseppe d’Asburgo a Garibaldi, da Verdi a Stalin, da Garibaldi ad Ungaretti e molti altri ancora.
San Giuseppe fu lo sposo di Maria, il capo della “sacra famiglia” nella quale nacque, misteriosamente per opera dello Spirito Santo, Gesù figlio del Dio Padre. E orientando la propria vita sulla lieve traccia di alcuni sogni, dominati dagli angeli che recavano i messaggi del Signore, diventò una luce dell’esemplare paternità. Certamente non fu un assente. È vero, fu molto silenzioso, ma fino ai trent’anni della vita del Messia, fu sempre accanto al figliolo con fede, obbedienza e disponibilità ad accettare i piani di Dio. Cominciò a scaldarlo nella povera culla della stalla, lo mise in salvo in Egitto quando fu necessario, si preoccupò nel cercarlo allorché dodicenne era “sparito’’ nel tempio, lo ebbe con sé nel lavoro di falegname, lo aiutò con Maria a crescere “in sapienza, età e grazia”. Lasciò probabilmente Gesù poco prima che “il Figlio dell’uomo” iniziasse la vita pubblica, spirando serenamente tra le sue braccia. Non a caso quel padre da secoli viene venerato anche quale patrono della buona morte.
Giuseppe era, come Maria, discendente della casa di Davide e di stirpe regale, una nobiltà nominale, perché la vita lo costrinse a fare l’artigiano del paese, a darsi da fare nell’accurata lavorazione del legno. Strumenti di lavoro per contadini e pastori nonché umili mobili ed oggetti casalinghi per le povere abitazioni della Galilea uscirono dalla sua bottega, tutti costruiti dall’abilità di quelle mani ruvide e callose.
Di lui non si sanno molte cose sicure, non più di quello che canonicamente hanno riferito gli evangelisti Matteo e Luca. Intorno alla sua figura si sbizzarrirono invece i cosiddetti vangeli apocrifi. Da molte loro leggendarie notizie presero però le distanze personalità autorevoli quali San Girolamo (347 ca.-420), Sant’Agostino (354-430) e San Tommaso d’Aquino (1225-1274). Vale la pena di riportare soltanto una leggenda che circolò intorno al suo matrimonio con Maria. In quella occasione vi sarebbe stata una gara tra gli aspiranti alla mano della giovane. Quella gara sarebbe stata vinta da Giuseppe, in quanto il bastone secco che lo rappresentava, come da regolamento, sarebbe improvvisamente e prodigiosamente fiorito. Si voleva ovviamente con ciò significare come dal ceppo inaridito del Vecchio Testamento fosse rifiorita la grazia della Redenzione.
San Giuseppe non è solamente il patrono dei padri di famiglia come “sublime modello di vigilanza e provvidenza” nonché della Chiesa universale, con festa solenne il 19 marzo. Egli è oggi anche molto festeggiato in campo liturgico e sociale il 1° maggio quale patrono degli artigiani e degli operai, così proclamato da papa Pio XII. Papa Giovanni XXIII gli affidò addirittura il Concilio Vaticano II. Vuole tuttavia la tradizione che egli sia protettore in maniera specifica di falegnami, di ebanisti e di carpentieri, ma anche di pionieri, dei senzatetto, dei Monti di Pietà e relativi prestiti su pegno. Viene addirittura pregato, forse più in passato che oggi, contro le tentazioni carnali.
Che il culto di San Giuseppe abbia raggiunto in passato vette di
popolarità lo dimostrano anche le dichiarazioni di moltissime chiese relative
alla presenza di sue reliquie. Per fare qualche esempio particolarmente
significativo: nella chiesa di Notre-Dame di Parigi ci sarebbero gli anelli di
fidanzamento, il suo e quello di Maria; Perugia possiederebbe il suo anello
nuziale; nella chiesa parigina dei Foglianti si troverebbero i frammenti di una
sua cintura. Ancora: ad Aquisgrana si espongono le fasce o calzari che
avrebbero avvolto le sue gambe e i camaldolesi della chiesa di S. Maria degli
Angeli in Firenze dichiarano di essere in possesso del suo bastone. È
sicuramente un bel “aggiunto” di fede.
Autore: Mario
Benatti
Giuseppe rappresenta il padre, non per discendenza biologica, ma nel significato più vero. Il padre è colui che custodisce i figli, li ama, li protegge, se ne prende cura seguendoli nel loro cammino. Le virtù conosciute di San Giuseppe sono la pazienza, l’equilibrio, la dignità, l’ascolto, la bontà, l’ubbidienza. E per ubbidienza accetta la Parola di Dio, assumendo il ruolo di capo famiglia con tutte le responsabilità verso chi gli viene affidato.
Giuseppe, uomo giusto, umile, silenzioso (i Vangeli non riportano nessuna sua parola), pronto ad agire, ma piuttosto schivo, vive a Nazareth in Galilea ed è il fidanzato di Maria. È un artigiano falegname discendente della stirpe di Davide. Venuto a sapere della gravidanza della promessa sposa, Giuseppe decide in segreto di ripudiarla. Nella notte, però, un angelo gli appare in sogno e gli dice di prendere in sposa Maria perché il figlio che ha in grembo, che si chiamerà Gesù, è frutto dello Spirito Santo. Giuseppe crede e ubbidisce sposando Maria. La protegge anche quando dovrà scappare in Egitto per sfuggire alla persecuzione di re Erode, per poi ritornare con Maria e Gesù di nuovo a Nazareth.
Giuseppe è un grande lavoratore ed educa Gesù insegnandogli il mestiere di falegname. La figura di Giuseppe a fianco di Maria è importante per le sue azioni di uomo proteso alla ricerca della legge di Dio, dedito alla custodia della sua famiglia. Un uomo che non vuole essere il detentore del comando, ma l’esempio del padre saggio e amorevole. Non si hanno notizie sulla data della sua morte, ma si presume che si sia spento quando Gesù aveva circa trent’anni. Sulla croce Gesù non avrebbe, infatti, affidato sua madre al suo discepolo Giovanni se Giuseppe fosse stato ancora in vita.
Il suo simbolo è il bastone fiorito di gigli, segno di purezza. È protettore della famiglia, dei papà, delle ragazze da marito, dei lavoratori in genere tra i quali, in particolare, artigiani, operai, falegnami, carpentieri, decoratori. Protegge pure i senzatetto, gli esiliati, i viaggiatori e i Monti di Pietà. Dichiarato patrono della Chiesa cattolica, viene invocato per ottenere un buon matrimonio. San Giuseppe si celebra il 19 marzo, giorno in cui si festeggiano i papà, ma anche il Primo Maggio, festa dei lavoratori.
Autore: Mariella Lentini
Note: La data di culto di San Giuseppe in alcuni anni viene trasferita.
Questo avviene quando il 19 marzo cade nella Settimana santa (ad esempio, nel
2008) o coincide con una Domenica di Quaresima (nel 1995, nel 2017 e nel 2023)
o con la Domenica delle Palme. (Decreto Congregazione per il Culto Divino e la
Disciplina dei Sacramenti del 22.04.1990).
SOURCE : https://www.santiebeati.it/dettaglio/20200
Juan de Valdés Leal, Le Couronnement de Saint Joseph, 1665
VISITA PASTORALE NEL
FUCINO E AD AVEZZANO
SANTA MESSA SUL SAGRATO
DELLA CATTEDRALE DI AVEZZANO
OMELIA DI GIOVANNI PAOLO
II
Domenica, 24 marzo 1985
1. “Tu sei mio padre
. . . roccia della mia salvezza” (Sal 89, 27).
Con queste parole della
liturgia desidero, insieme con voi, cari fratelli e sorelle della Marsica,
adorare la paternità di Dio nella grande e umile figura dello sposo di Maria
santissima, San Giuseppe, che noi ricordiamo in questa domenica, immediatamente
successiva alla sua festa.
Da quanti secoli e
generazioni la paternità di Dio è adorata dai figli e dalle figlie di questa
terra! Da quanti secoli e generazioni essa è qui invocata come la “roccia della
nostra salvezza”!
La Chiesa dei Marsi ha un
suo lungo passato.
Qui giunse l’annuncio del
Vangelo fin dai tempi immediatamente successivi a quelli apostolici; qui la
fede mise radici profonde, suscitando una fioritura di vita cristiana, di cui
sono tuttora visibili i segni in chiese e monasteri di notevole valore storico
e artistico; qui la fede persevera vigorosa anche oggi.
2. Animati da questa
fede, ci troviamo oggi raccolti intorno all’altare per celebrare insieme i
divini misteri davanti a questa cattedrale sorta, come l’intera città di
Avezzano, dopo il terremoto del 1915. Saluto il vescovo, monsignor Biagio
Vittorio Terrinoni, col clero, i religiosi e le religiose della diocesi; saluto
i laici delle varie associazioni e movimenti di impegno cristiano; e saluto
tutti voi, fratelli e sorelle, che siete qui convenuti per questo incontro di
fede e di preghiera; un pensiero particolare rivolgo agli ammalati, che con le
loro sofferenze tanto contribuiscono al bene spirituale dell’intera comunità.
Esprimo la mia viva gioia
di poter oggi, come Vescovo di Roma e successore di San Pietro, adorare insieme
con voi il Dio dell’alleanza, che la Chiesa venera con le parole del salmista:
“Ho stretto un’alleanza
con il mio eletto, / ho giurato a Davide mio servo: / stabilirò per sempre la
tua discendenza . . .” (Sal 89, 4-5).
Il salmista parla di
Davide-re, ma la liturgia indica Giuseppe di Nazaret, il carpentiere.
Dio ha stretto proprio
con lui un’alleanza particolare, che la Chiesa paragona con quella stretta da
Dio con Abramo e con Davide.
Ad Abramo il Dio
dell’alleanza dice: “Padre di una moltitudine di popoli ti renderò” (Gen 17,
5). E a Giuseppe di Nazaret Dio dice: ti ho reso padre . . . il padre del mio
Figlio!
Davanti agli uomini ho
fatto di te il padre di colui “il quale fu concepito da Spirito Santo”; di te,
che come Abramo “avesti fede sperando contro ogni speranza” (Rm 4, 18; cf. Gen
15, 6). E in questa fede hai accolto sotto il tetto della tua casa colui che fu
speranza e attesa di tutti i popoli: Gesù, figlio di Maria.
In questa liturgia la
Chiesa professa e loda questa particolare alleanza nella paternità, nella quale
Giuseppe di Nazaret ha avuto parte ancor più che Abramo.
3. Abramo credette
“contro ogni speranza” al fatto di poter diventare “padre di una moltitudine di
popoli”, “contro ogni speranza”, perché, umanamente, non poteva aspettare un
figlio.
Giuseppe credette che al
suo fianco avrebbe avuto luogo il compimento della speranza. Credette che “per
opera dello Spirito Santo” Maria, la sua promessa sposa, la Vergine di Nazaret,
era diventata madre “prima che andassero a vivere insieme” (Mt 1, 18).
Ecco le parole del
messaggero di Dio alle quali Giuseppe credette: “Giuseppe, figlio di Davide,
non temere di prendere con te Maria, tua sposa, perché quel che è generato in
lei viene dallo Spirito Santo. Essa partorirà un figlio e tu lo chiamerai Gesù:
egli infatti salverà il suo popolo dai suoi peccati” (Mt 1, 20-21).
Quanto simili sono queste
parole dell’“annunciazione dell’angelo”, udite da Giuseppe, a quelle
dell’annunciazione che aveva udito Maria! Si completano reciprocamente e
insieme spiegano il mistero divino dell’incarnazione del Verbo, Figlio di Dio.
4. Giuseppe, che aveva
creduto a queste parole, strinse con Dio un’alleanza particolare: l’alleanza
nella paternità.
D’ora in poi avrebbe
saputo che cosa dovevano significare nella sua vita e nella sua vocazione le
espressioni del salmo: “Egli mi invocherà: Tu sei mio padre” (Sal 89, 27).
Infatti Gesù lo chiamava
così. E tutto l’ambiente diceva lo stesso chiamando Gesù “il figlio del
carpentiere” (Mt 13, 55). Ed egli, Giuseppe, sapeva che queste parole si
riferivano al Padre eterno, Creatore del cielo e della terra.
Sapeva che si era
compiuta la più sacra alleanza. Sapeva che la sua povera casa di Nazaret era
stata riempita con l’imperscrutabile mistero della paternità divina, di cui lui
stesso, Giuseppe, era divenuto il fiduciario più vicino e il servo fedele.
Lui, lo sposo di Maria,
la serva del Signore.
E quando ogni giorno si
accostava al suo banco di lavoro, sapeva che il suo lavoro si univa in una sola
cosa col mistero della famiglia nella quale l’eterno Figlio di Dio era divenuto
bambino. Sapeva e credeva, “ebbe fede sperando contro ogni speranza”.
5. Sono lieto di adorare
oggi insieme con voi, cari fratelli e sorelle, la paternità divina che si è
rivelata in modo mirabile nella vita e nella vocazione di Giuseppe di Nazaret.
In lui il lavoro umano
s’unisce in modo coerente con la vita della famiglia. E perciò la celebrazione
di San Giuseppe è, nello stesso tempo, la festa della famiglia e del lavoro.
Abbiamo reso a ciò
testimonianza incontrandoci precedentemente con l’ambiente del multiforme
lavoro umano, qui nella vostra terra, nel piazzale antistante Telespazio: con i
lavoratori della terra e quelli della fabbrica, con gli uomini dediti alle
attività più antiche e quelli impegnati nei settori della tecnologia più
avanzata.
E adesso, mediante la
liturgia di San Giuseppe, uniamo il lavoro e la famiglia, riflettendo su queste
due realtà alla luce della parola di Dio.
6. L’alleanza tra lavoro
e famiglia, che si attuò nella vita di San Giuseppe, trova il suo riflesso
nella vita di ogni famiglia e nella vicenda umana di ogni lavoratore. Nel piano
di Dio, infatti, l’uomo ha il naturale diritto di formarsi una propria famiglia
e questa, per sostentarsi, deve poter contare sull’apporto del lavoro umano. Su
questi due cerchi di valori, l’uno congiunto al lavoro, l’altro conseguente al
carattere familiare della vita umana, mi sono soffermato nell’enciclica Laborem
exercens (Giovanni Paolo II, Laborem exercens, 10).
È necessario che i due
ambiti di valori si colleghino fra loro correttamente, e correttamente si
permeino. Se è vero infatti, che il lavoro rende possibile la fondazione e la
vita di una nuova famiglia, è vero anche che nella famiglia ci si educa al
lavoro e mediante il lavoro ci si matura come esseri umani. Occorre dunque
affermare con chiarezza che “la famiglia è, al tempo stesso, una comunità resa
possibile dal lavoro e la prima interna scuola di lavoro per ogni uomo” (Ivi).
Voi vedete, allora,
carissimi fratelli e sorelle, la conseguenza immediata che deriva da quanto ora
affermato. La conseguenza è che “la famiglia costituisce uno dei più importanti
termini di riferimento, secondo i quali deve essere formato l’ordine
socio-etico del lavoro umano” (Giovanni Paolo II, Laborem exercens, 10). Questa
dimensione familiare del lavoro costituisce uno dei capisaldi della dottrina
sociale della Chiesa.
Ed è un caposaldo
confermato dalla vicenda di San Giuseppe e della Sacra Famiglia: lì i due
ambiti di valori si sono incontrati e mirabilmente congiunti. Non è senza
significato che il Figlio di Dio abbia voluto nascere in una famiglia e
caricarsi della fatica di un lavoro pesante come quello del carpentiere. In un
certo senso può dirsi veramente che il mistero dell’incarnazione “passa”
attraverso queste due realtà umane: la realtà della famiglia e quella del
lavoro. Di tale mistero San Giuseppe divenne il fiduciario più intimo e il
servo più fedele, lui che la Provvidenza aveva destinato a rivestire i ruoli di
padre di famiglia e di uomo del lavoro. Nell’onorare oggi la figura di San
Giuseppe, noi rendiamo omaggio alla santità della famiglia e del lavoro, queste
due dimensioni umane fondamentali, che in lui trovarono attuazione tanto alta e
singolare.
7. Il ricordo di San
Giuseppe non è la festa soltanto del lavoro e della famiglia. Essa è anche una
festa particolare della Chiesa: di questa Chiesa che è nella terra dei Marsi.
Sul mistero divino
dell’“alleanza nella paternità” riflettono oggi anche coloro che sono i
ministri dell’altare e dell’Eucaristia nella Chiesa dei Marsi, e che sono oggi
qui riuniti intorno al loro vescovo e al successore di Pietro.
Anch’essi hanno stretto
con Dio un’“alleanza nella paternità” grazie alla quale tante anime hanno
potuto essere generate alla vita nuova in Cristo. È una vera paternità
spirituale quella del ministro di Dio. Ad essa si richiamava San Paolo, quando
con fierezza esclamava: “Potreste avere anche diecimila pedagoghi in Cristo, ma
non certo molti padri, perché sono io che vi ho generato in Cristo Gesù,
mediante il Vangelo” (1 Cor 4, 15). E, poiché anche sul piano soprannaturale
come su quello naturale, la missione della paternità non si esaurisce con
l’evento della nascita, ma si estende ad abbracciare in certo modo tutta la
vita, l’Apostolo poteva rivolgersi ai suoi cristiani con quell’altra vibrante
apostrofe: “Figlioli miei, che io di nuovo partorisco nel dolore finché non sia
formato Cristo in voi!” (Gal 4, 19).
Il ministero del
sacerdote è ministero di paternità. Comprenderlo significa comprendere anche il
senso profondo di quella speciale alleanza con Dio che è il celibato. Si tratta
di un’alleanza nella paternità che, se vissuta nella fede “sperando contro ogni
speranza”, si rivela straordinariamente feconda: come Abramo, anche il
sacerdote diventa “padre di molti popoli” (Rm 4, 18), e trova nelle generazioni
di cristiani che gli fioriscono intorno la ricompensa alle fatiche, alle
rinunce, alle sofferenze di cui è intessuto il suo quotidiano servizio.
Cari sacerdoti
dell’antica e gloriosa Chiesa dei Marsi! Sappiate vivere con generosità ogni
giorno rinnovata questa alleanza con Dio nella paternità spirituale, ad essa
orientando ogni adempimento del vostro ministero. Date buona testimonianza alla
santità della parola di Dio, annunciandola con cura e con amore, affinché sia
compresa e vissuta dal popolo a voi affidato. Celebrate con convinzione
interiore i sacramenti della salvezza, specie quelli dell’Eucaristia e della
Riconciliazione, portando i fedeli a gustare i tesori della liturgia e a
nutrirsene per una vita cristiana sempre più intensa. Guidate con senso di
responsabilità le comunità che siete chiamati a presiedere, partecipando
attivamente alle gioie e ai dolori della gente e avvalendovi sempre più e
sempre meglio della collaborazione dei laici impegnati. Io voglio dire a voi
tutti la mia stima cordiale e il mio sincero apprezzamento per la costanza con
cui restate al vostro posto, a volte in paesi piccoli e disagiati,
testimoniando a persone spesso anziane e isolate la sensibilità di Dio, che non
cessa di preoccuparsi amorevolmente di ogni suo figlio, anche il più povero e
dimenticato.
8. Il mio pensiero si
volge ora ai religiosi e alle religiose, che in questa Chiesa dei Marsi vivono
la loro consacrazione a Dio nella professione dei voti di povertà, castità e
obbedienza. Quale esempio mirabile è per tutti voi, carissimi fratelli e
sorelle, il casto sposo della Vergine santissima, Giuseppe, il povero
carpentiere di Nazaret, l’esecutore attento e fedelissimo delle volontà del
Padre celeste! La sua alleanza con Dio nella paternità si riflette nella vostra
vita di consacrati, perché ciascuno di voi, adempiendo al rispettivo carisma,
contribuisce alla generazione e alla crescita del Cristo totale. La vita di
Giuseppe, consacrato a Dio accanto a Maria per svolgere le funzioni di padre
nei confronti del Verbo incarnato, vi ispiri e vi sostenga nel quotidiano
impegno di corrispondenza alla vocazione ricevuta.
Col grazie sincero per la
vostra presenza attiva nella vita pastorale di questa Chiesa - nelle
parrocchie, negli ospedali, negli asili, nelle scuole, nelle opere caritative e
assistenziali - desidero rivolgervi un’esortazione pressante a essere fedeli
alle esigenze della vita consacrata. Si esprima, questa vostra fedeltà,
nell’adesione gioiosa alla vita comunitaria; nella testimonianza in mezzo al
popolo dei rispettivi carismi; nel servizio paziente e premuroso verso ogni persona
in difficoltà; nel fare di voi stessi, in mezzo ai fratelli, un segno profetico
del primato di Dio su tutto e su tutti.
9. Questo primato
Giuseppe testimoniò con tutta la sua vita. La liturgia mette in un certo senso
nel suo cuore e sulle sue labbra le parole del salmo:
“Canterò senza fine le
grazie del Signore, / con la mia bocca annunzierò la tua fedeltà nei secoli, /
perché hai detto: “La mia grazia rimane per sempre”, / la tua fedeltà nei
cieli” (Sal 89, 2-3).
Giuseppe, uomo giusto,
sposo castissimo di Maria, carpentiere di Nazaret, proclama la grazia
straordinaria di Dio, che gli fu partecipata a somiglianza di Abramo; la grazia
dell’alleanza nella paternità!
E proclama la fedeltà di
Dio a quest’alleanza, che si compie nel silenzio della povera casa in Galilea,
dove il lavoro riempiva i giorni della vita della Sacra Famiglia.
E noi guardando la figura
del carpentiere di Nazaret, preghiamo affinché la grazia dell’eterno Padre:
- accompagni il nostro
lavoro quotidiano;
- unisca nella comunione
le nostre famiglie;
- fruttifichi nel
servizio della Chiesa di cui Giuseppe è protettore e padre, così come fu
protettore e padre sulla terra dell’eterno Figlio di Dio.
Dopo il canto finale del
“Tu es Petrus” il Santo Padre così saluta quanti hanno partecipato al
significativo incontro di fede e di pietà.
Voglio ancora ringraziare
tutti per questo invito cordiale e significativo che non si è potuto realizzare
nel giorno della festa di San Giuseppe ma che abbiamo potuto celebrare oggi.
San Giuseppe ci ha portato oggi la sua serenità e ci ha dato il dono di
ricordarlo come patrono delle famiglie e del lavoro umano nella vicinanza
immediata della vigilia dell’Annunciazione. I due misteri sono così vicini: la
maternità divina di Maria intimamente unita alla mente e al cuore del suo
sposo. Ringrazio tutti i confratelli nell’episcopato, i sacerdoti, i religiosi,
le religiose, tutti i presenti, tutto il popolo di Dio di Avezzano e tutta la
Marsica con le sue tradizioni civili e religiose. Ringrazio voi tutti che
rappresentate queste tradizioni e le avete a cuore. Voi famiglie tutte, voi
lavoratori e voi lavoratrici, le comunità e i movimenti che portano tanta vita
nella Chiesa di Dio: Azione cattolica, Neocatecumenali, ACLI. Ma una parola
particolare desidero rivolgere ai cari ammalati che hanno portato il loro
sacrificio sull’altare. Saluto poi i seminaristi che sono la speranza di questa
Chiesa. Forse ho dimenticato qualcuno. Ma tutti si sentano nominati,
ringraziati, abbracciati. Grazie per questa bellissima esperienza di Chiesa.
Ringrazio la Provvidenza per questa splendida giornata. Le montagne ci hanno
offerto uno spettacolo meraviglioso, il coro ci ha dato la possibilità di
lodare Iddio insieme. Sia lodato Gesù Cristo. Arrivederci a Roma.
Copyright © Libreria Editrice Vaticana
Voir aussi : https://www.youtube.com/watch?v=sZriekmIn0E
http://saint-joseph.fr/
http://www.josemariaescriva.info/docs/dans-l-atelier-de-joseph.pdf