Saint Grégoire le Grand
Pape (64e) de 590 à 604 –
Docteur de l’Église (+604)
- Saint Grégoire le Grand
est, avec les saints Ambroise, Jérôme et Augustin,
l’un des quatre grands docteurs de l’Eglise d’Occident. Il aurait voulu mener
une vie de moine, mais élu pape, il engage une profonde réforme dans l’Eglise.
La grandeur de son œuvre lui vaut le titre de 'Grand'. (Saint
Grégoire Le Grand, Pape et docteur de l’Église, site Vatican News)
Grégoire était un haut
fonctionnaire romain, préfet de la Ville de Rome. A 35 ans, il abandonne
honneurs et richesses pour entrer dans un monastère qu'il a fondé quelques
années auparavant. Il ne veut plus que prier et obéir. Un homme de sa valeur
morale et intellectuelle est trop utile à l'Église, surtout en cette période
troublée par les invasions, c'est pourquoi le pape l'ordonne diacre et,
puisqu'il connaît le grec, il l'envoie à Constantinople comme apocrisiaire
(ambassadeur permanent).
A son retour, il reprend
la vie monastique. Pas pour longtemps. En 590, le pape étant mort de la peste,
on choisit Grégoire pour lui succéder; malgré ses protestations. Il se dévoue
auprès des pestiférés et des misérables.
En même temps, il
réorganise l'Église romaine, défendant les prérogatives du siège de Pierre et
de Paul. Il fixe la liturgie, réforme la discipline ecclésiastique, propage
l'ordre bénédictin, envoie des missionnaires en Angleterre.
Devant l'affaiblissement
de l'empire d'Orient, il prend en main la défense de l'empire contre les
Lombards, puis il décide de faire la paix avec eux, s'attirant l'hostilité de
l'empereur. "J'attends plus de la miséricorde de Jésus, de qui vient la
justice, que de votre piété." écrit-il à l'empereur Maurice. Le pape se
tourne alors résolument vers les royaumes barbares de l'Occident, rompant le
lien entre christianisme et romanité.
Il se consacre
simultanément à l'enseignement. On lui doit de nombreuses œuvres spirituelles
dont les "Dialogues",
principale source sur la vie de saint
Benoît.
Il mena toujours une vie
austère. Il finit ses jours dans la souffrance, avec de fréquents accès de
mélancolie.
Lors de l'audience
du 4 juin 2008, Benoît XVI a repris sa catéchèse sur saint Grégoire le Grand pour
évoquer l’œuvre de ce Docteur de l'Église, qui "ne s'est pas attaché à
élaborer sa doctrine mais a suivi l'enseignement traditionnel de l'Église quant
au chemin à suivre pour trouver Dieu". Lecteur passionné de la Bible et
auteur d'homélies sur l'Évangile, Grégoire estimait que "le chrétien doit
tirer de l'Écriture plus une nourriture quotidienne pour son âme que des connaissances
théoriques... Il insistait sur cette fonction de la Bible car ne s'y intéresser
que pour un personnel désir de connaissance veut dire céder à la tentation de
l'orgueil".
"L'humilité
intellectuelle est la règle première pour qui tente de pénétrer le surnaturel à
partir de l'Écriture. Ceci, qui n'exclut toutefois pas d'étudier sérieusement,
permet d'atteindre des résultats spirituels utiles... Et puis, lorsqu'il s'agit
de la Parole de Dieu, comprendre est inutile si cette compréhension ne porte
pas à agir". Dans son commentaire de Job, où il suit la tradition
patristique, Grégoire "examine le texte à la lumière de son triple sens,
littéraire, allégorique et moral... L'idéal moral qu'il commente consiste
toujours dans la réalisation d'une intégration harmonieuse entre parole et
action, pensée et engagement, prière et service de son état... Ce grand Pape -a
ajouté Benoît XVI- trace également pour le vrai croyant un complet projet de
vie, qui fut durant le Moyen-âge une sorte de somme de la morale chrétienne".
Son écrit le plus
célèbre, la Règle pastorale, propose "un portrait de l'évêque idéal,
maître et guide de son troupeau... Le pasteur est avant tout le prédicateur par
excellence. C'est pourquoi il doit être avant tout un exemple". Puis le
Saint-Père a souligné combien toute "action pastorale efficace doit
bénéficier de la connaissance des destinataires et s'adapter à leur
situation". Grégoire insistait aussi "sur le devoir qu'a l'évêque de
reconnaître chaque jour sa misère afin que l'orgueil ne rende pas vaine l’œuvre
accomplie aux yeux du grand Juge... Tous ces précieux conseils -a-t-il ajouté-
montrent la haute conception qu'avait ce Pape du soin des âmes dans ce
qu'il nommait l'Ars Artium, l'art des arts... Le dessein théologique qu'il
développa dans son œuvre, le passé, le présent et l'avenir sont relativisés.
Pour lui, ce qui compte avant tout est la séquence de l'histoire du salut qui
se manifeste quels que soient les méandres du temps... Pour lui, les guides des
communautés chrétiennes se doivent de lire les événements à la lumière de la
Parole".
Enfin Benoît XVI a
rappelé que parmi ses relations, Grégoire I avait favorisé celles avec les
Patriarches d'Antioche et de Constantinople, "se préoccupant sans cesse
d'en respecter les droits et évitant toute interférence risquant d'en limiter
la légitime autonomie... Si pour des raisons politiques il s'opposa au titre
œcuménique du Patriarche de Constantinople...il fut surtout préoccupé...pour
l'unité fraternelle de l'Église universelle. Il était surtout profondément
convaincu que l'humilité devait être la vertu première de tout évêque mais
aussi des patriarches".
Au fond de lui, a
également noté le Saint-Père, "Grégoire resta un simple moine contraire
aux titres, voulant pour lui seulement être le Servus Servorum Dei, le
serviteur des serviteurs de Dieu... Ému par l'extrême humilité de Dieu dans le
Christ qui se fit notre serviteur...il estimait que tout évêque devait
l'imiter". Si le vœu de ce Pape resta de "vivre en moine en contact
avec la Parole, il sut -a conclu Benoît XVI- se faire le serviteur de tous en
un temps de tribulations. Serviteur des serviteurs, il fut grand et nous
enseigne encore ce qu'est la véritable grandeur".
A lire aussi sur le site
des jeunes cathos: "Elu
pape en 590, Grégoire le Grand se dévoue auprès des pestiférés et des
misérables. En même temps, il réorganise l'Église romaine, fixe la liturgie,
réforme la discipline ecclésiastique, propage l'ordre bénédictin, envoie des
missionnaires en Angleterre."
Mémoire de saint Grégoire
le Grand, pape et docteur de l'Église. Après avoir commencé la vie monastique,
il fut chargé de mission à Constantinople et fut enfin élu en ce jour, en 590,
au siège de Rome. Serviteur des serviteurs de Dieu, il organisa les affaires
temporelles et veilla aux intérêts de la religion. Il se montra vrai pasteur en
dirigeant l'Église, en subvenant de toutes les manières aux besoins des
pauvres, en favorisant la vie monastique, en affermissant partout la foi ou en
la propageant, et il écrivit aussi, beaucoup et excellemment, sur la morale et
la pastorale. Il mourut le 12 mars 604.
Martyrologe romain
"Ce sont les vices
de la chair et non pas la chair elle-même qu'il faut détruire. En effet si la
chair est parfois séductrice, elle peut également constituer une aide pour le
Bien." Saint Grégoire - Morales 2
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/1787/Saint-Gregoire-le-Grand.html
Antonello da Messina, Papa Gregorio I, 1470, 46.5 x 36, Palazzo Abatellis
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 28 mai 2008
Grégoire le Grand
pacificateur de l'Europe
Chers frères et sœurs,
Mercredi dernier j'ai
parlé d'un Père de l'Eglise peu connu en Occident, Romanos le Mélode, je
voudrais aujourd'hui présenter la figure de l'un des plus grands Pères dans
l'histoire de l'Eglise, un des quatre docteurs de l'Occident, le Pape saint
Grégoire, qui fut évêque de Rome entre 590 et 604, et auquel la tradition
attribua le titre de Magnus/Grand. Grégoire fut vraiment un grand Pape et un
grand Docteur de l'Eglise! Il naquit à Rome vers 540, dans une riche famille
patricienne de la gens Anicia, qui se distinguait non seulement par la noblesse
de son sang, mais également par son attachement à la foi chrétienne et par les
services rendus au Siège apostolique. Deux Papes étaient issus de cette
famille: Félix III (483-492), trisaïeul de Grégoire et Agapit (535-536). La
maison dans laquelle Grégoire grandit s'élevait sur le Clivus Scauri, entourée
par des édifices solennels qui témoignaient de la grandeur de la Rome antique
et de la force spirituelle du christianisme. Des sentiments chrétiens élevés
lui furent aussi inspirés par ses parents, Gordien et Silvia, tous deux vénérés
comme des saints, et par deux tantes paternelles, Emiliana et Tarsilia, qui
vécurent dans leur maison en tant que vierges consacrées sur un chemin partagé
de prière et d'ascèse.
Grégoire entra très tôt
dans la carrière administrative, que son père avait également suivie et, en
572, il en atteint le sommet, devenant préfet de la ville. Cette fonction,
compliquée par la difficulté des temps, lui permit de se consacrer à large
échelle à chaque type de problèmes administratifs, en en tirant des lumières
pour ses futures tâches. Il lui resta en particulier un profond sens de l'ordre
et de la discipline: devenu Pape, il suggérera aux évêques de prendre pour
modèle dans la gestion des affaires ecclésiastiques la diligence et le respect
des lois propres aux fonctionnaires civils. Toutefois, cette vie ne devait pas
le satisfaire car, peu après, il décida de quitter toute charge civile, pour se
retirer dans sa maison et commencer une vie de moine, transformant la maison de
famille dans le monastère Saint André au Celio. De cette période de vie
monastique, vie de dialogue permanent avec le Seigneur dans l'écoute de sa
parole, il lui restera toujours la nostalgie, qui apparaît toujours à nouveau et
toujours davantage dans ses homélies: face aux assauts des préoccupations
pastorales, il la rappellera plusieurs fois dans ses écrits comme un temps
heureux de recueillement en Dieu, de consécration à la prière, d'immersion
sereine dans l'étude. Il put ainsi acquérir cette profonde connaissance de
l'Ecriture Sainte et des Pères de l'Eglise dont il se servit ensuite dans ses
œuvres.
Mais la retraite dans la
clôture de Grégoire ne dura pas longtemps. La précieuse expérience mûrie dans
l'administration civile à une époque chargée de graves problèmes, les relations
entretenues dans cette charge avec les byzantins, l'estime universelle qu'il
avait acquise, poussèrent le Pape Pélage à le nommer diacre et à l'envoyer à
Constantinople comme son "apocrisaire", on dirait aujourd'hui
"Nonce apostolique", pour permettre de surmonter les dernières
séquelles de la controverse monophysite et, surtout, pour obtenir l'appui de
l'empereur dans son effort pour contenir la poussée lombarde. Son séjour à
Constantinople, où avec un groupe de moines il avait repris la vie monastique,
fut très important pour Grégoire, car il lui donna l'occasion d'acquérir une
expérience directe du monde byzantin, ainsi que d'approcher la question des
Lombards, qui aurait ensuite mis à rude épreuve son habileté et son énergie au
cours années de son pontificat. Après quelques années, il fut rappelé à Rome
par le Pape, qui le nomma son secrétaire. Il s'agissait d'années difficiles:
les pluies incessantes, le débordement des fleuves, la famine qui frappait de
nombreuses zones d'Italie et Rome elle-même. A la fin, la peste éclata
également, faisant de nombreuses victimes, parmi lesquelles le Pape Pélage II.
Le clergé, le peuple et le sénat furent unanime en choisissant précisément lui,
Grégoire, pour être son Successeur sur le Siège de Pierre. Il chercha à
résister, tentant également la fuite, mais il n'y eut rien à faire: à la fin il
dut céder. C'était l'année 590.
Reconnaissant la volonté
de Dieu dans ce qui était arrivé, le nouveau Pontife se mit immédiatement au
travail avec zèle. Dès le début, il révéla une vision particulièrement
clairvoyante de la réalité avec laquelle il devait se mesurer, une
extraordinaire capacité de travail pour affronter les affaires ecclésiastiques
et civiles, un équilibre constant dans les décisions, parfois courageuses, que
sa charge lui imposait. On possède une vaste documentation sur son gouvernement
grâce au Registre de ses lettres (environ 800), dans lesquelles se reflète la
confrontation quotidienne avec les problèmes complexes qui affluaient sur sa
table. Il s'agissait de questions qui provenaient des évêques, des abbés, des
clercs, et également des autorités civiles de tout ordre et degré. Parmi les
problèmes qui affligeaient l'Italie et Rome à cette époque, il y en avait un
d'une importance particulière dans le domaine civil et ecclésial: la question
lombarde. Le Pape y consacra toutes les énergies possibles en vue d'une
solution vraiment pacificatrice. A la différence de l'empereur byzantin qui
partait du présupposé que les Lombards étaient seulement des individus
grossiers et prédateurs à vaincre ou à exterminer, saint Grégoire voyait ces
personnes avec les yeux du bon pasteur, préoccupé de leur annoncer la parole du
salut, établissant avec eux des relations fraternelles en vue d'un avenir de
paix fondé sur le respect réciproque et sur la coexistence sereine entre les
italiens, les impériaux et les lombards. Il se préoccupa de la conversion des
jeunes peuples et de la nouvelle organisation civile de l'Europe: les Wisigoths
d'Espagne, les Francs, les Saxons, les immigrés en Britannia et les Lombards
furent les destinataires privilégiés de sa mission évangélisatrice. Nous avons
célébré hier la mémoire liturgique de saint Augustin de Canterbury, le chef
d'un groupe de moines chargés par Grégoire de se rendre en Britannia pour
évangéliser l'Angleterre.
Pour obtenir une paix
effective à Rome et en Italie, le Pape s'engagea à fond - c'était un véritable
pacificateur -, entreprenant des négociations serrées avec le roi lombard
Agilulf. Ces négociations conduisirent à une période de trêve qui dura environ
trois ans (598-601), après lesquels il fut possible de stipuler, en 603, un
armistice plus stable. Ce résultat positif fut rendu possible également grâce
aux contacts parallèles que, entre temps, le Pape entretenait avec la reine
Théodelinde, qui était une princesse bavaroise et qui, à la différence des
chefs des autres peuples germaniques, était catholique, profondément
catholique. On conserve une série de lettres du Pape Grégoire à cette reine,
dans lesquelles il révèle son estime et son amitié pour elle. Théodelinde
réussit peu à peu à guider le roi vers le catholicisme, préparant ainsi la voie
à la paix. Le Pape se soucia également de lui envoyer les reliques pour la basilique
Saint-Jean-Baptiste qu'elle fit ériger à Monza, et il ne manqua pas de lui
faire parvenir ses vœux et des dons précieux à l'occasion de la naissance et du
baptême de son fils Adaloald. L'histoire de cette reine constitue un beau
témoignage à propos de l'importance des femmes dans l'histoire de l'Eglise. Au
fond, les objectifs auxquels Grégoire aspira constamment furent trois: contenir
l'expansion des Lombards en Italie; soustraire la reine Théodelinde à
l'influence des schismatiques et renforcer sa foi catholique; servir de
médiateur entre les Lombards et les Byzantins en vue d'un accord pour garantir
la paix dans la péninsule, en permettant dans le même temps d'accomplir une
action évangélisatrice parmi les Lombards eux-mêmes. Son orientation constante
dans cette situation complexe fut donc double: promouvoir des ententes sur le
plan diplomatique et politique, diffuser l'annonce de la vraie foi parmi les
populations.
A côté de son action
purement spirituelle et pastorale, le Pape Grégoire fut également le
protagoniste actif d'une activité sociale multiple. Avec les rentes de
l'important patrimoine que le Siège romain possédait en Italie, en particulier
en Sicile, il acheta et distribua du blé, il secourut ceux qui étaient dans le
besoin, il aida les prêtres, les moines et les moniales qui vivaient dans
l'indigence, il paya les rançons des citoyens devenus prisonniers des Lombards,
il conclut des armistices et des trêves. En outre, il accomplit aussi bien à
Rome que dans d'autres parties de l'Italie une œuvre soignée de réorganisation
administrative, en donnant des instructions précises afin que les biens de
l'Eglise, utiles à sa subsistance et à son œuvre évangélisatrice dans le monde,
soient gérés avec une rectitude absolue et selon les règles de la justice et de
la miséricorde. Il exigeait que les colons soient protégés des abus des
concessionnaires des terres appartenant à l'Eglise et, en cas de fraude, qu'ils
soient rapidement dédommagés, afin que le visage de l'Epouse du Christ ne soit
pas défiguré par des profits malhonnêtes.
Cette intense activité
fut accomplie par Grégoire malgré sa santé fragile, qui le poussait souvent à
rester au lit pendant de longs jours. Les jeûnes pratiqués au cours des années
de sa vie monastique lui avaient procuré de sérieux problèmes digestifs. En
outre, sa voix était très faible, si bien qu'il était souvent obligé de confier
au diacre la lecture de ses homélies, afin que les fidèles présents dans les
basiliques romaines puissent l'entendre. Il faisait cependant tout son possible
pour célébrer les jours de fête Missarum sollemnia, c'est-à-dire la Messe
solennelle, et il rencontrait alors personnellement le peuple de Dieu, qui lui
était très attaché, car il voyait en lui la référence autorisée à laquelle
puiser son assurance: ce n'est pas par hasard que lui fut très vite attribué le
titre de consul Dei. Malgré les conditions très difficiles dans lesquelles il
dut œuvrer, il réussit à conquérir, grâce à sa sainteté de vie et à sa riche
humanité, la confiance des fidèles, en obtenant pour son époque et pour
l'avenir des résultats vraiment grandioses. C'était un homme plongé en Dieu: le
désir de Dieu était toujours vivant au fond de son âme et c'est précisément
pour cela qu'il était toujours très proche de son prochain, des besoins des
personnes de son époque. A une époque désastreuse, et même désespérée, il sut
établir la paix et donner l'espérance. Cet homme de Dieu nous montre où sont
les véritables sources de la paix, d'où vient la véritable espérance et il
devient ainsi un guide également pour nous aujourd'hui.
* * *
Je suis heureux de vous
accueillir chers pèlerins francophones, en particulier les jeunes du Canada et
les prêtres de Bruges. En cette fin du mois de mai, je vous confie à la Vierge
Marie, Mère de l’Église et notre Mère. Avec ma Bénédiction apostolique.
© Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 4 juin 2008
Chers frères et sœurs,
Je reviendrai
aujourd'hui, à l'occasion de notre rencontre du mercredi, sur la figure
extraordinaire du Pape Grégoire le Grand, pour tirer quelques lumières
supplémentaires de la richesse de son enseignement. Malgré les multiples
engagements liés à sa fonction d'évêque de Rome, il nous a laissé de nombreuses
œuvres, auxquelles l'Eglise a puisé à pleines mains au cours des siècles
suivants. Outre ses nombreuses lettres - le Registre que j'ai mentionné dans la
dernière catéchèse contient plus de 800 lettres - il nous a surtout laissé des
écrits à caractère exégétique, parmi lesquels se distinguent le Commentaire
moral à Job - célèbre sous son titre latin de Moralia in Iob -, les Homélies
sur Ezéchiel et les Homélies sur les Evangiles. Il y a aussi une importante
œuvre de caractère hagiographique, les Dialogues, écrite par Grégoire pour
l'édification de la reine lombarde Théodelinde. L'œuvre principale et la plus
célèbre est sans aucun doute la Règle pastorale, que le Pape rédigea au début
de son pontificat dans le but précis de présenter un programme.
En passant rapidement ces
œuvres en revue, nous devons tout d'abord noter que, dans ses écrits, Grégoire
ne se montre jamais préoccupé de tracer une doctrine qui soit "la
sienne", qui soit originale. Il entend plutôt se faire l'écho de
l'enseignement traditionnel de l'Eglise, il veut simplement être la bouche du
Christ et de son Eglise, sur le chemin qu'il faut parcourir pour arriver à
Dieu. Ses commentaires exégétiques sont exemplaires à ce propos. Il fut un
lecteur passionné de la Bible, dont il s'approcha avec des intentions qui
n'étaient pas simplement spéculatives: il pensait que le chrétien ne devait pas
tellement tirer des connaissances théoriques de l'Ecriture Sainte, mais plutôt
la nourriture quotidienne pour son âme, sa vie d'homme dans ce monde. Dans ses
Homélies sur Ezéchiel, par exemple, il insiste fortement sur cette fonction du
texte sacré: approcher l'Ecriture uniquement pour satisfaire son propre désir
de connaissance signifie céder à la tentation de l'orgueil et s'exposer ainsi
au risque de glisser dans l'hérésie. L'humilité intellectuelle est la première
règle pour celui qui cherche à pénétrer les réalités surnaturelles en partant
du livre sacré. L'humilité n'exclut pas du tout, bien sûr, l'étude sérieuse;
mais si l'on veut que celle-ci soit spirituellement bénéfique, en permettant
d'entrer réellement dans la profondeur du texte, l'humilité demeure
indispensable. Ce n'est qu'avec cette attitude intérieure que l'on écoute
réellement et que l'on perçoit enfin la voix de Dieu. D'autre part, lorsqu'il
s'agit de la Parole de Dieu, comprendre n'est rien, si la compréhension ne
conduit pas à l'action. Dans ces Homélies sur Ezéchiel on trouve également
cette belle expression selon laquelle "le prédicateur doit tremper sa
plume dans le sang de son cœur; il pourra ainsi arriver également jusqu'à
l'oreille de son prochain". En lisant ses homélies on voit que Grégoire a
réellement écrit avec le sang de son cœur et c'est la raison pour laquelle il
nous parle encore aujourd'hui.
Grégoire développe
également ce discours dans le Commentaire moral à Job. Suivant la tradition
patristique, il examine le texte sacré dans les trois dimensions de son sens:
la dimension littérale, la dimension allégorique et la dimension morale, qui
sont des dimensions du sens unique de l'Ecriture Sainte. Grégoire attribue
toutefois une nette priorité au sens moral. Dans cette perspective, il propose
sa pensée à travers plusieurs binômes significatifs - savoir-faire,
parler-vivre, connaître-agir - dans lesquels il évoque deux aspects de la vie
humaine qui devraient être complémentaires, mais qui finissent souvent par être
antithétiques. L'idéal moral, commente-t-il, consiste toujours à réaliser une
intégration harmonieuse entre la parole et l'action, la pensée et l'engagement,
la prière et le dévouement aux devoirs de son propre état: telle est la route
pour réaliser cette synthèse grâce à laquelle le divin descend dans l'homme et
l'homme s'élève jusqu'à l'identification avec Dieu. Le grand Pape trace ainsi
pour le croyant authentique un projet complet de vie; c'est pourquoi le
Commentaire moral à Job constituera au cours du Moyen-âge une sorte de Summa de
la morale chrétienne.
D'une grande importance
et d'une grande beauté sont également les Homélies sur les Evangiles. La
première d'entre elles fut tenue dans la basilique Saint-Pierre au cours du
temps de l'Avent de 590 et donc quelques mois après son élection au pontificat;
la dernière fut prononcée dans la basilique Saint-Laurent, lors du deuxième
dimanche de Pentecôte de 593. Le Pape prêchait au peuple dans les églises où
l'on célébrait les "stations" - des cérémonies de prière
particulières pendant les temps forts de l'année liturgique - ou les fêtes des
martyrs titulaires. Le principe inspirateur, qui lie les diverses interventions
ensemble, peut être synthétisé dans le terme "praedicator": non
seulement le ministre de Dieu, mais également chaque chrétien, a la tâche de
devenir le "prédicateur" de ce dont il a fait l'expérience en
lui-même, à l'exemple du Christ qui s'est fait homme pour apporter à tous
l'annonce du salut. L'horizon de cet engagement est l'horizon eschatologique:
l'attente de l'accomplissement en Christ de toutes les choses est une pensée
constante du grand Pontife et finit par devenir un motif inspirateur de chacune
de ses pensées et de ses activités. C'est de là que naissent ses rappels
incessants à la vigilance et à l'engagement dans les bonnes œuvres.
Le texte peut-être le
plus organique de Grégoire le Grand est la Règle pastorale, écrite au cours des
premières années de pontificat. Dans celle-ci, Grégoire se propose de tracer la
figure de l'évêque idéal, maître et guide de son troupeau. Dans ce but, il
illustre la gravité de la charge de pasteur de l'Eglise et les devoirs qu'elle
comporte: c'est pourquoi, ceux qui n'ont pas été appelés à cette tâche ne
doivent pas la rechercher avec superficialité, et ceux qui en revanche l'ont
assumée sans la réflexion nécessaire doivent sentir naître dans leur âme une
juste inquiétude. Reprenant un thème privilégié, il affirme que l'évêque est
tout d'abord le "prédicateur" par excellence; comme tel il doit être,
en premier lieu, un exemple pour les autres, de manière à ce que son
comportement puisse constituer un point de référence pour tous. Une action
pastorale efficace demande ensuite qu'il connaisse ses destinataires et qu'il
adapte ses interventions à la situation de chacun: Grégoire s'arrête pour
illustrer les différentes catégories de fidèles avec des annotations
judicieuses et précises, qui peuvent justifier l'évaluation de ceux qui ont
également vu dans cette œuvre un traité de psychologie. On comprend à partir de
cela qu'il connaissait réellement son troupeau et parlait de tout avec les
personnes de son temps et de sa ville.
Ce grand Pape insiste
cependant sur le devoir que le pasteur a de reconnaître chaque jour sa propre
pauvreté, de manière à ce que l'orgueil ne rende pas vain, devant les yeux du
Juge suprême, le bien accompli. C'est pourquoi le chapitre final de la Règle
est consacré à l'humilité: "Lorsqu'on se complaît d'avoir atteint de
nombreuses vertus, il est bon de réfléchir sur ses propres manquements et de
s'humilier: au lieu de considérer le bien accompli, il faut considérer celui
qu'on a négligé d'accomplir". Toutes ces précieuses indications démontrent
la très haute conception que saint Grégoire se fait du soin des âmes, qu'il
définit "ars artium", l'art des arts. La Règle connut un grand
succès, au point que, chose plutôt rare, elle fut rapidement traduite en grec
et en anglo-saxon.
Son autre œuvre, les
Dialogues, est également significative. Dans celle-ci, s'adressant à son ami et
diacre Pierre, qui était convaincu que les mœurs étaient désormais tellement
corrompues que la naissance de saints n'était plus possible comme par les
époques passées, Grégoire démontre le contraire: la sainteté est toujours
possible, même dans les temps difficiles. Il le prouve en racontant la vie de
personnes contemporaines ou disparues depuis peu, que l'on pouvait tout à fait
qualifier de saintes, même si elles n'avaient pas été canonisées. Le récit est
accompagné par des réflexions théologiques et mystiques qui font du livre un
texte hagiographique particulier, capable de fasciner des générations entières
de lecteurs. La matière est tirée des traditions vivantes du peuple et a pour
but d'édifier et de former, en attirant l'attention de celui qui lit sur une
série de questions telles que le sens du miracle, l'interprétation de
l'Ecriture, l'immortalité de l'âme, l'existence de l'enfer, la représentation
de l'au-delà, des thèmes qui avaient besoin d'éclaircissements opportuns. Le
livre II est entièrement consacré à la figure de Benoît de Nursie et est
l'unique témoignage antique sur la vie du saint moine, dont la beauté
spirituelle paraît dans ce texte avec une grande évidence.
Dans le dessein
théologique que Grégoire développe dans ses œuvres, passé, présent et avenir
sont relativisés. Ce qui compte le plus pour lui est le cours tout entier de
l'histoire salvifique, qui continue à se dérouler parmi les obscures méandres
du temps. Dans cette perspective, il est significatif qu'il insère l'annonce de
la conversion des Angles au beau milieu du Commentaire moral à Job: à ses yeux,
l'événement constituait une avancée du royaume de Dieu dont parle l'Ecriture;
il pouvait donc à juste titre être mentionné dans le commentaire d'un livre
sacré. Selon lui, les guides des communautés chrétiennes doivent sans cesse
s'engager à relire les événements à la lumière de la parole de Dieu: c'est dans
ce sens que le grand Pape ressent le devoir d'orienter les pasteurs et les
fidèles sur l'itinéraire spirituel d'une lectio divina éclairée et concrète,
inscrite dans le contexte de sa propre vie.
Avant de conclure, il est
juste de prononcer un mot sur les relations que le Pape Grégoire cultiva avec
les patriarches d'Antioche, d'Alexandrie et de Constantinople elle-même. Il se
soucia toujours d'en reconnaître et d'en respecter les droits, en se gardant de
toute interférence qui en limitât l'autonomie légitime. Si toutefois saint
Grégoire, dans le contexte de sa situation historique, s'opposa au titre
d'"oecuménique" que voulait le Patriarche de Constantinople, il ne le
fit pas pour limiter ou nier cette autorité légitime, mais parce qu'il était
préoccupé par l'unité fraternelle de l'Eglise universelle. Il le fit surtout en
raison de sa profonde conviction que l'humilité devrait être la vertu
fondamentale de tout évêque, et plus encore d'un Patriarche. Grégoire était
resté un simple moine dans son cœur, et c'est pourquoi il était absolument
contraire aux grands titres. Il voulait être - telle est son expression - servus
servorum Dei. Ce terme forgé par lui n'était pas dans sa bouche une formule
pieuse, mais la manifestation véritable de son mode de vivre et d'agir. Il
était intimement frappé par l'humilité de Dieu, qui en Christ s'est fait notre
serviteur, qui a lavé et lave nos pieds sales. Par conséquent, il était
convaincu que notamment un évêque devrait imiter cette humilité de Dieu et
suivre ainsi le Christ. Son désir fut véritablement de vivre en moine, dans un
entretien constant avec la Parole de Dieu, mais par amour de Dieu il sut se
faire le serviteur de tous à une époque pleine de troubles et de souffrances,
se faire "serviteur des serviteurs". C'est précisément parce qu'il le
fut qu'il est grand et qu'il nous montre également la mesure de la vraie
grandeur.
* * *
Je salue les pèlerins
francophones, en particulier le groupe de l’Université des Sciences humaines
d’Orléans et les paroissiens de Grimbergen en Belgique. À l’image de saint
Grégoire, puissiez-vous trouver chaque jour, dans la méditation de l’Écriture,
la sagesse et la lumière pour guider votre action. Avec ma Bénédiction
apostolique.
© Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana
Saint
Grégoire Ier, première miniature du deuxième tome d'un manuscrit des Extraits
de ses œuvres, Ms.315, tome II, f.1 verso, Bibliothèque municipale de Douai
Saint Grégoire le Grand
Publié le 30/3/24
Parmi les dix Pères
étudiés, un manque manifestement à l’appel ! Saint Augustin est tellement
considérable qu’une série pourrait être entièrement consacrée à lui seul. Tous
ses successeurs latins lui sont redevables. Nous avons choisi d’étudier un de
ses plus glorieux héritiers : Saint Grégoire le Grand. Sur les débris de
l’antiquité, Grégoire inaugure d’une certaine manière le moyen-âge. Les
médiévaux parleront couramment de "Gregorius noster", exprimant ainsi
un rapport de filiation admirative envers ce docteur qui paraît si grand et si
sobre, si latin, si pratique, si humain, tant aimable.
Qui sont réellement les
Pères de l'Église, ces défenseurs ardents de la foi chrétienne dont l'influence
perdure encore aujourd'hui ? Dans cette série, explorons avec le père Guillaume
de Menthière les figures emblématiques des premiers temps du christianisme, de
Saint Ignace à Saint Grégoire le Grand !
Saint Grégoire le Grand,
né à Rome vers 540 dans une famille aristocratique profondément chrétienne, est
une figure emblématique du christianisme ancien. Avant d'embrasser la vie
religieuse, Grégoire a occupé le poste prestigieux de préfet de Rome, la plus
haute fonction administrative de la ville. Cependant, son désir pour la vie
monastique le conduit à transformer sa demeure familiale en un monastère dédié
à Saint André. Son expertise et sa piété ne pouvaient rester inutilisées par
l'Église; ainsi, après un passage comme apocrisiaire à Constantinople, il est
élu pape en 590 durant une période de crise marquée par la peste. Connue pour
sa gestion efficace des affaires de la ville et de l'Église, sa capacité à
réformer le clergé, et son zèle pour l'évangélisation des peuples barbares, la
gouvernance de Grégoire a laissé une empreinte indélébile sur la papauté et
l'Église en général. L'Église le célèbre le 3 septembre, honorant non seulement
ses contributions administratives et spirituelles, mais aussi son titre
autoproclamé de « serviteur des serviteurs de Dieu », qui souligne son humilité
et son dévouement pastoral. Cet article va explorer sa vie, ses réformes
significatives, et son impact durable sur le christianisme.
Biographie de Saint
Grégoire
Date de naissance et de
décès : Saint Grégoire le Grand est né à Rome vers 540 et est décédé le 12
mars 604. Sa vie a couvert une période de grandes transformations politiques et
religieuses en Europe.
Origine et contexte
familial : Issu d'une famille noble, Grégoire a grandi dans un environnement
de privilège et de dévotion chrétienne. Son père, Gordien, était un sénateur et
sa mère, Silvia, est également reconnue comme sainte dans certaines traditions
chrétiennes. Cette atmosphère pieuse a profondément influencé ses choix de vie
et sa carrière ultérieure.
Moments clés de sa vie :
Préfet de Rome : À
une trentaine d'années, Grégoire atteint l'apogée de la carrière civile en
devenant préfet de Rome, le plus haut magistrat de la ville, responsable de
l'administration et de la justice.
Conversion à la vie
monastique : Après son mandat de préfet, Grégoire transforme sa maison
familiale en un monastère sous le vocable de saint André, se retirant du monde
pour vivre selon la règle monastique.
Apocrisiaire à
Constantinople : L’Église, reconnaissant ses talents, l'envoie à
Constantinople comme apocrisiaire (représentant du pape) où il joue un rôle clé
dans les affaires ecclésiastiques et politiques, en plus de composer ses
"Moralia in Job".
Élection papale :
Revenu à Rome, Grégoire est élu pape en 590, à un moment où la ville est
ravagée par la peste. Sa procession de trois jours avec l'icône de la Vierge
est célèbre pour avoir été un moment de guérison et de renouveau spirituel pour
Rome.
Réformes et diplomatie :
En tant que pape, Grégoire réforme l'administration de la cité et de l'Église,
introduit des pratiques monastiques à la cour pontificale, négocie avec les
peuples barbares et étend l'influence du christianisme en Occident, notamment
en envoyant des missionnaires en Angleterre.
Grégoire le Grand a été
un pontife qui a su allier la piété monastique à l'acuité diplomatique et
administrative, orientant l'Église à travers des périodes difficiles et posant
les bases pour le rôle futur du pape dans l'Europe médiévale. Sa vie et son
œuvre illustrent une combinaison rare de sainteté et de leadership pragmatique,
faisant de lui une des figures les plus respectées et influentes de l'histoire
chrétienne.
Contributions et Œuvres
de Saint Grégoire
Description des
contributions majeures : Saint Grégoire le Grand a eu un impact profond
sur la structure de l'Église et son interaction avec le monde séculier. Ses
contributions ont redéfini le rôle du pape et ont influencé le développement du
christianisme en Europe.
Réforme de
l'administration de l'Église et de la ville de Rome : Grégoire a mis en
œuvre une gestion rigoureuse des ressources de l'Église, organisant le
ravitaillement de Rome, réformant les finances ecclésiastiques, et combattant
la simonie. Il a intégré des pratiques monastiques dans la vie de l'Église,
favorisant la discipline et la spiritualité.
Diplomatie et
évangélisation : Grégoire a joué un rôle clé dans la négociation avec les
peuples barbares, œuvrant pour leur conversion et l'intégration pacifique dans
le christianisme. Son envoi de missionnaires en Angleterre en 596 est un moment
déterminant pour la christianisation de cette région.
Rédaction de la Règle
Pastorale : Ce document est devenu un guide essentiel pour les clercs,
exposant les devoirs et les responsabilités des évêques et prêtres. La Règle
Pastorale est reconnue pour son approche pratique et son souci du bien-être des
fidèles.
Œuvres ou écrits
importants :
Moralia in Job : Une
œuvre majeure de la littérature chrétienne, offrant une interprétation
détaillée du Livre de Job. Ce commentaire est considéré comme une encyclopédie
de la pensée chrétienne médiévale sur la moralité et la souffrance.
Homélies sur Ézéchiel :
Ces discours reflètent son approche exégétique et pastorale, fournissant des
insights spirituels et pratiques basés sur le livre biblique.
Homélies sur l'Évangile :
Ces prédications simplifient les enseignements de l'Évangile pour les rendre
accessibles au peuple, illustrant son engagement pour la formation spirituelle
de ses auditeurs.
Dialogues : Cet
ouvrage contient des récits sur la vie et les miracles de saints italiens
contemporains, y compris saint Benoît de Nursie. Les Dialogues ont servi à
promouvoir les idéaux monastiques et à renforcer la foi chrétienne à travers
des exemples de sainteté.
La contribution de
Grégoire le Grand à l'Église est immense, non seulement en termes de réformes
internes et de défense contre les influences externes mais aussi dans la
consolidation de la doctrine chrétienne et la propagation de la foi à travers
l'Europe.
Signification et
Influence de Saint Grégoire
Impact théologique et
liturgique : Saint Grégoire le Grand a profondément marqué la théologie et
la liturgie chrétiennes. Son œuvre a façonné la manière dont le christianisme
occidental comprend la pastorale, la liturgie et l'administration
ecclésiastique. Sa mise en œuvre du chant grégorien a révolutionné la musique
sacrée, enrichissant la liturgie de l'Église avec des formes musicales qui
portent encore aujourd'hui son nom.
Rôle dans la
consolidation de la papauté : En tant que pape, Grégoire a établi des
standards pour les devoirs et les responsabilités du bureau papal, influençant
la manière dont les papes ultérieurs ont gouverné. Ses efforts pour renforcer
l'autorité de la papauté au-delà des frontières de Rome ont jeté les bases pour
le développement ultérieur de la puissance pontificale dans la politique
européenne.
Expansion du
christianisme : Grégoire a été instrumental dans l'expansion du
christianisme en Europe, particulièrement à travers sa mission en Angleterre,
qui a ouvert la voie à la christianisation de l'île. Cette démarche a non
seulement étendu le domaine de l'influence chrétienne mais a aussi contribué à
l'unification culturelle et religieuse de l'Europe sous le christianisme.
Influence sur l'administration
ecclésiastique : Grégoire a introduit des réformes administratives qui ont
rationalisé les opérations de l'Église, établissant des pratiques de gestion
qui ont été adoptées par d'autres institutions religieuses et séculaires. Sa
vision de l'Église comme une communauté soigneusement organisée et
spirituellement engagée a influencé la gouvernance ecclésiale pendant des
siècles.
Célébration de Saint
Grégoire
Date de la fête et
significations : Saint Grégoire le Grand est célébré le 3 septembre par
l'Église catholique, l'Église orthodoxe, et certaines communautés anglicanes.
Cette date marque l'anniversaire de son intronisation comme pape en 590.
Pour aller plus loin,
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Qu'est-ce
qu'un Père de L'Eglise
l'audience
du Pape Benoit XVI sur Grégoire le Grand
Pape
(540-604)
C'est à bon droit que cet illustre Pape est appelé le Grand; il fut, en effet,
grand par sa naissance, -- fils de sénateur, neveu d'une sainte, la vierge
Tarsille; -- grand par sa science et par sa sainteté; -- grand par les
merveilles qu'il opéra; -- grand par les dignités de cardinal, de légat, de
Pape, où la Providence et son mérite l'élevèrent graduellement.
Grégoire était né à Rome. Il en occupa quelques temps la première magistrature,
mais bientôt la cité, qui avait vu cet opulent patricien traverser ses rues en
habits de soie, étincelants de pierreries, le vit avec bien plus d'admiration,
couvert d'un grossier vêtement, servir les mendiants, mendiant lui-même, dans
son palais devenu monastère et hôpital. Il n'avait conservé qu'un seul reste de
son ancienne splendeur, une écuelle d'argent dans laquelle sa mère lui envoyait
tous les jours de pauvres légumes pour sa nourriture; encore ne tarda-t-il pas
de la donner à un pauvre marchand qui, après avoir tout perdu dans un naufrage,
était venu solliciter sa charité si connue.
Grégoire se livra avec ardeur à la lecture des Livres Saints; ses veilles, ses
mortifications étaient telles, que sa santé y succomba et que sa vie fut
compromise. Passant un jour sur le marché, il vit de jeunes enfants d'une
ravissante beauté que l'on exposait en vente. Apprenant qu'ils étaient Angles,
c'est-à-dire du pays, encore païen, d'Angleterre: "Dites plutôt des Anges,
s'écria-t-il, s'ils n'étaient pas sous l'empire du démon." Il alla voir le
Pape, et obtint d'aller prêcher l'Évangile à ce peuple; mais les murmures de
Rome forcèrent le Pape à le retenir.
Le Souverain Pontife étant venu à mourir, Grégoire dut courber ses épaules sous
la charge spirituelle de tout l'univers. L'un des faits remarquables de son
pontificat, c'est l'évangélisation
de ce peuple anglais dont il eût voulu lui-même être l'apôtre.
Grégoire s'est rendu célèbre par la réforme de la liturgie et le
perfectionnement du chant ecclésiastique. Il prêchait souvent au peuple de
Rome, et lorsque la maladie lui ôtait cette consolation, il composait des
sermons et des homélies qui comptent parmi les chefs-d'oeuvre de ce grand
docteur. Son pontificat fut l'un des plus féconds dont s'honore l'Église.
Grégoire mourut le 12 mars 604. On le représente écoutant une colombe qui lui
parle à l'oreille. Il est regardé comme le patron des chantres.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame,
1950.
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/saint_gregoire_le_grand.html
Des miracles quotidiens
qui passent inaperçus
Les miracles quotidiens
de Dieu ont perdu leur valeur du fait de leur répétition. Voici que se cache,
dans une seule graine d’une très petite semence, la masse entière de l’arbre
qui naîtra. Mettons bien devant nos yeux l’étonnante grandeur d’un arbre, quel
qu’il soit ; pensons au point d’où il a commencé de croître pour parvenir
à cette imposante masse. Nous trouvons sans aucun doute son origine dans la
très petite semence. Maintenant examinons où se cachent dans cette petite
graine la force du bois, la rudesse de l’écorce, le piquant de la saveur et de
l’odeur, l’abondance des fruits, la verdeur des feuilles. Au toucher, la graine
n’est pas robuste : d’où vient donc la dureté du bois ? Elle n’est
pas rugueuse : d’où sort la rudesse de l’écorce ? Elle est sans
saveur : d’où vient la saveur des fruits ? Elle ne sent rien :
d’où vient l’odeur qui s’exhale des fruits ? Elle ne montre rien de
vert : d’où est sorti le vert des feuilles ? Tout est caché en même
temps dans la semence, mais tout ne sort pas en même temps de la semence. La
semence produit la racine, de la racine sort la pousse, de la pousse naît le
fruit, et dans le fruit se reforme la semence. Ajoutons donc que la semence
aussi se cache dans la semence. Qu’y a-t-il d’étonnant à ce qu’il fasse revenir
de la poussière les os, les nerfs, la chair et les cheveux, celui qui chaque
jour fait sortir d’une petite semence le bois, les fruits, les feuilles, dans
la masse imposante d’un arbre ?
St Grégoire le Grand
Saint Grégoire le Grand
(† 604), docteur de l’Église, fut préfet de Rome, moine et fondateur, diacre,
légat, puis pape de 590 à 604. / Homélies sur l’Évangile XXVI,12,
trad. G. Blanc, R. Etaix et B. Judic, Paris, Cerf, 2008, Sources Chrétiennes
522, p. 157-159.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/dimanche-13-juin/meditation-de-ce-jour-1/
Jacquemart de Hesdin, Pseudo-Jacquemart, Maître de la Mazarine. Saint Grégoire, Grandes Heures de Jean de Berry (fol. 100)
SAINT GRÉGOIRE LE GRAND.
C’était au sixième siècle, du temps de Justinien Ier
et de Phocas. Je n’essayerai pas de tracer l’esquisse de la situation où se
trouvait le monde, mais de saisir le caractère de saint Grégoire le Grand.
Parmi les agitations terribles d’un siècle en fureur, un homme se rencontra qui
mit le bonheur de sa vie dans la méditation et l’interprétation de l’Écriture
sainte. La paix, cette source vive d’où coule la contemplation, la paix fut le
don de cette âme si entourée d’agitations. Moine d'abord, il s’absorba dans la
prière et la réflexion. Pendant la peste qui désola Rome, il fit faire pendant
trois jours une procession générale où parurent pour la première fois tous les
abbés avec tous leurs moines, toutes les abbesses avec toutes leurs
religieuses. L’image de la sainte Vierge fut portée en cette solennité. Et l’on
raconte que sur son passage l’air corrompu s’écartait pour lui faire place, et que,
sur le sommet du mausolée de l'empereur Adrien, saint Grégoire aperçut un ange
qui remettait son épée dans le fourreau. C’est á l’image de cet ange debout sur
le monument que se rattache le nom que ce monument porte encore aujourd’hui.
C'est le château Saint-Ange. Cependant, Grégoire était menacé du souverain
Pontificat. Pour échapper au péril, il s’enfuit déguisé. La fuite fut inutile.
II fut enlevé d’une caverne oú il s’était caché, amené á Rome malgré sa
résistance et couronné Ic 3 septembre 590.
Aux lettres de félicitations qui lui arrivèrent de tous
côtés il répondit par des larmes et des gémissements. « J’ai perdu,
écrivait-il á la soeur de l’empereur-, tous les charmes du repos. Je parais
monter au dehors, je suis tombé au dedans. Et d'ailleurs, je suis tellement
accablé de douleur que je puis à peine parler. De quelle région tranquille je
suis tombé, et dans quel abîme d’embarras ! »
I1 écrivait à son ami André : « Pleurez, si vous m’aimez,
car il y a tant ici d’occupations temporelles, que je me trouve, par cette
dignité, presque séparé de l’amour de Dieu. » Il disait au diacre Pierre : «
Mon chagrin est toujours vieux par sa durée et toujours nouveau par sa
croissance. Ma pauvre âme se rappelle ce quelle était autrefois au monastère,
planant sur tout ce qui se passe et sur tout ce qui change, quand elle
franchissait la prison du corps par la contemplation. Maintenant je supporte
les mille affaires des hommes du siècle. Je suis souillé dans cette poussière,
et quand je veux retrouver ma retraite intérieure, j’ y reviens amoindri. »
Et en effet, quel labeur sur lui! Quel poids sur ses épaules!
En Afrique, le donatisme; en Espagne, l’arianisme ; en Angleterre, l’idolâtrie
; en Gaule, Frédégonde et Brunehaut; en Italie, Ies Lombards; en Orient, l’arrogance
des patriarches de Constantinople. La sollicitude de saint Grégoire s’étendit
partout. Elle était large et profonde comme l’Océan. Elle allait d’un bout du monde
á l’autre, soignant toutes les plaies. Les pauvres du monde entier étaient
l’objet direct de ses soins continuels. Il les recevait á table. Saint Grégoire
le Grand dînait entouré de mendiants. Un jour qu’il allait lui-même chercher
pour l’un d’entre eux ce qu’il faut pour se laver, pendant qu’il préparait le
bassin, le pauvre disparut, mais la nuit suivante Jésus-Christ apparut á son
Vicaire et lui dit : « Vous me recevez ordinairement en mes membres, mais hier
c’est Moi-même que vous avez reçu. »
Saint Grégoire le Grand inaugura, pour signer ses
lettres, la formule sublime : Serviteur des serviteurs de Dieu.
Pendant qu’il était moine, sa mère lui envoyait chaque
jour pour sa nourriture quelques légumes dans une écuelle d’argent. Arrive un
pauvre marchand qui dit avoir fait naufrage, avoir tout perdu, et qui demande
secours. Saint Grégoire lui donne six pièces d’argent, puis six autres. Puis,
après bien des dons, le pauvre se représentant toujours, saint Grégoire donne
l’écuelle d’argent, dernier débris de son ancienne argenterie.
Bien des années se passèrent; saint Grégoire était
Pape. « Invitez aujourd’hui douze pauvres à ma table, » avait-il dit á son
intendant. II entre dans la salle á manger; au lieu de douze pauvres, il y en
voit treize. II interroge l’intendant. «Pourquoi treize ? — Très-Saint Père, il
n’y en a que douze. » Saint Grégoire en voyait treize. Mais l’un d’entre eux
changea de visage pendant le repas : «c Votre nom? lui dit Grégoire; je vous supplie
de me dire votre nom. — Pourquoi me demandez-vous mon nom, qui est admirable? répond
le pauvre. Je suis ce marchand à qui vous avez donné l’écuelle de votre mère.
Pour cette écuelle d’argent que vous m’avez donnée, Dieu vous a donné le trône
et la chaire de saint Pierre. Je suis l’ange que Dieu avait envoyé vers vous pour
éprouver votre miséricorde. »
A travers cette quantité d’oeuvres et ces prodiges de
vie active, saint Grégoire alimentait en lui, par l’Écriture Sainte, la vie
contemplative. J’arrive k ce qu’il a de particulier, d’intime, de spécíal. C’est
l’interprétation symbolique de l’Écriture Sainte. Sans oublier, bien entendu,
la réalité du sens historique, saint Grégoire approfondit le sens symbolique avec
une profondeur et une audace vraiment extraordinaires. II faut traduire et citer
quelques passages de son interprétation relative à Job et à Ezéchiel :
« Est-ce toi qui lèves á ton heure l’étoile du matin,
et qui fais venir le soir sur les fils de la terre ?
« Est-ce á toi que sont ouvertes les portes de la
mort?
« Est-ce toi qui as vu les entrées ténébreuses?
« Est-ce toi qui as donné tes ordres á la première
lueur du jour et qui as dit á l’aurore : Voici
ta place?
« Qui donc peut ces choses, sinon le Seigneur?
« Et cependant l’homme est interrogé, afin que son
impuissance lui devienne plus évidente. Celui qui a grandi par d’immenses
vertus et qui ne voit plus d’homme au-dessus de sa tête, il faut que celui-là,
afin qu’il évite l'orgueil, soit comparé à Dieu pour être écrasé sous la
comparaison. Mais, ô quelle puissante exaltation que cette humiliation qui tombe
de si haut ! Quelle gloire pour cet homme, qui n’apparait petit que quand Dieu
provoque avec lui-même une comparaison ! Comme il écrase les homme s du poids
de sa grandeur, celui à qui Dieu dit : « Voilà mes témoins; tu es moins grand
que moi. » A quelle puissance il faut être arrivé, pour être convaincu de son
impuissance par une sublime interrogation! »
Saint Grégoire parle de justice et de miséricorde. Il
s’interrompt tout à coup par une apparente digression !
« Voici, pendant que je vous parle, que Joseph frappe
à la porte de mon esprit. II veut rendre témoignage à mes paroles. Quand il
avait innocemment raconté á ses frères la vision de sa grandeur future, il avait
excité leur envie. Vendu par ses mêmes frères aux Ismaélites et conduit en Égypte,
il fut élevé au pouvoir par un effet merveilleux de la puissance divine. Ses
frères, poussés en Égypte par la famine, se prosternèrent devant lui, le front
contre terre. Ils l’avaient vendu, de peur de se prosterner, et ils se prosternèrent
parce qu’ils l’avaient vendu. »
Les mots mystérieux de l’Écriture s’ouvrent
mystérieusement à l’esprit de saint Grégoire.
« Tu sauras, dit Eliphaz á Job, tu sauras que ton
tabernacle a la paix; et, visitant ton image tu ne pécheras pas. »
Le tabernacle, c'est le corps. « Mais, ajoute saint
Grégoire, il n’est pas de chasteté sans douceur, L’image d’un homme, c’est un
autre homme. Notre prochain est notre image; car il nous montre ce que nous sommes.
La visite corporelle se fait avec les pieds , la visite spirituelle se fait
avec le coeur. L’homme visite son image quand, porté sur les ailes de la
tendresse, il se considère dans autrui et tire des réflexions qu’il fait sur
lui-même la force de secourir le faible. La vérité a dit par la bouche de Moïse
que la terre a produit une herbe et que chaque herbe se reproduit comme elle
est, que le bois porte son fruit. »
« L’arbre produit en effet une semence semblable à
lui, quand notre pensée transporte sur un autre la considération qu’elle a
tirée d’elle-même et produit la semence d’un bienfait : « Faites aux autres ce
que vous voulez qu’ils vous fassent. »
Et ailleurs :
« Que le Seigneur, dit Job, exauce mon désir ! Remarquez
ce mot ; mon désir. La vraie prière n’est pas dans le son de la voix, mais dans
la pensée du coeur. Ce ne sont pas nos paroles, ce sont nos désirs qui font,
auprès des oreilles secrètes de Dieu, la forcé de nos cris. Si nous demandons
de bouche la vie éternelle, sans la désirer du fond du coeur, notre cri est un
silence. Si, sans parler, nous la désirons du fond du coeur, notre silence est
un cri. »
Écoutez saint Grégoire sur les paroles de Dieu aux
amis de Job : « Vous n’avez pas parlé juste devant moi, comme mon serviteur
Job. »
« Ô Seigneur, quelle distance de notre obscurité à
votre lumière ! Vous jugez que Job est vainqueur et bienheureux; et nous, nous
avions cru qu’il avait blasphémé ! Vous jugez que ses amis sont coupables, et
nous avions cru qu’ils avaient plaidé votre cause ! Mais comment se fait-il
donc que tout à l’heure Dieu a paru blâmer Job? Maintenant il le glorifie. Il
semble répéter la parole qu’il a dite à Satan : As-tu vu mon serviteur Job ? Je
n’en ai pas de pareil sur la terre. Qu’est-ce que cela veut dire ? Dieu fait
l’éloge de Job à Satan, Dieu fait l’éloge de Job á ses amis. Dieu reprend Job,
quand il lui parle à lui-même. C’est que celui qui est excellent si on le
compare aux autres, n’est pas sans tache aux yeux de Dieu. »
Saint Grégoire appuie sur ces noms et en tire de
grandes lumières. Eliphaz signifie : mépris de Dieu, Il prend seulement la
défense de Dieu, mais il le méprise, parce que, dit saint Grégoire, il le défend
avec orgueil. Baldad veut dire : la vieillesse seule, parce que, dit saint
Grégoire, le vieil homme parle seul par sa bouche. Sophar veut dire :
destruction du miroir, parce que, dit saint Grégoire, il est hostile à la
contemplation de Job.
Pour saint Grégoire, tous les mots portent.
II y avait sur la terre de Hus un homme nommé Job,
simple et droit.
La (erre de Hus représente la gentilité; et le mérite
de Job est relevé aux yeux de saint Grégoire par cette circonstance : il était
entouré de païens.
Simple et droit.
II y en a qui sont simples et qui ne sont pas justes.
Ceux-là abandonnent l’innocence de la simplicité, parce qu’ils ne s’élèvent pas
á la puissance de la justice.
Saint Grégoire trouve tout dans l’Écriture. Elle est pour
lui, dit-il, la tour d’où pendent mille boucliers.
II puise en elle ses hautes pensées sur la charité ;
il recommande á l’homme de s’aimer lui-même et d’avoir pitié de son âme, et
d’aimer son prochain comme lui-même. Et comme il doit l’indignation à ses propres
fautes, il la doit aux fautes de son prochain; s’il ne s’indigne pas contre son
frère coupable, c’est qu’il ne l’aime pas.
Ainsi la colère de l’Amour, tant célébrée par de
Maistre, était réclamée par saint Grégoire. De même, dit-il, nous pouvons sans
aucune faute nous réjouir de la ruine de notre ennemi et nous affliger de son
triomphe ; si sa chute fait du bien, nous devons nous en réjouir. Si son triomphe
est le triomphe de l’injustice, nous devons le déplorer. Dans ces cas, notre
joie ou notre tristesse ne va pas droit á lui, mais se déploie autour de lui. Mais
il faut examiner avec soin quel est alors le point de départ de notre
sentiment.
II est difficile de pousser plus loin que saint
Grégoire l’esprit du symbolisme. Chaque personne, chaque chose nommée dans l’Écriture
lui présente une signification spirituelle qui s’adapte singulièrement et ingénieusement
á la nature humaine et á l’histoire, á l’individu, á la société, au peuple
juif, à la gentilité.
Très souvent même les crimes les plus énormes que
raconte l’Écriture se colorent pour lui d’une couleur surprenante et
inattendue. II y voit la figure détournée des choses les plus divines. Saint
Grégoire est d’une telle hardiesse dans ses aperçus, dans ses interprétations,
dans ses contemplations, qu’on oserait á peine aujourd’hui traduire tout ce
qu’il osait dire. On craint d’étonner le lecteur ; car la timidité est un des
fléaux qui frappent une époque corrompue. L’extrême liberté du langage de saint
Grégoire tient á l’innocence de ses pensées. Sa grande hardiesse vient de sa
pureté. Tout est pur á ceux qui sont purs, et son regard plonge dans les abîmes
pour y voir l’image renversée des choses qui sont sur les montagnes. Mais dans
les intelligences misérables et abaissées, la suspicion règne en souveraine.
Saint Grégoire, simple et grand, a confiance dans sa
simplicité et dans la grandeur de ceux qui le lisent et qui l’écoutent.
Non-seulement il ose tout dire, même dans un sermon, mais il remplit ses
auditeurs des lumières qu’il croit leur devoir. II explique magnifiquement
cette magnifique correspondance entre le peuple chrétien et l’orateur chrétien,
après s’être entouré lui-même des significations imprévues et profondes qu’il a
trouvées dans Ezéchiel. « Très souvent, dit-il, quand je suis seul, je lis l’Écriture
sainte et je ne la comprends pas, J’arrive au milieu de vous, mes frères, et
tout à coup je comprends. Cette intelligence soudaine m’en fait désirer une
autre. Je voudrais savoir quels sont ceux par les mérites de qui l’intelligence
me vient tout á coup. Elle m’est donnée pour ceux en présence de qui elle m’est
donnée. Aussi, par la grâce de Dieu, pendant que l’intelligence grandit en moi,
l’orgueil baisse. Car c’est au milieu de vous que j’apprends ce que je vous enseigne.
Je vais vous l’avouer, mes enfants, la plupart du temps, j’entends à mon
oreille ce que je vous dis dans le moment où je vous le dis. Je ne fais que
répéter. Quand je ne comprends pas Ezéchiel, alors je me reconnais; c’est bien
moi, c’est l’aveugle. Quand je comprends, voilà le don de Dieu qui me vient á
cause de vous. Quelquefois aussi je comprends l’Écriture dans le secret. Dans
ces moments-là, c’est que je pleure mes fautes, les larmes seules me plaisent.
Alors je suis ravi sur les ailes de la contemplation. »
Ainsi, seul ou entouré de ses chers auditeurs qu’il
regarde comme ses inspirateurs, il scrute l’Écriture avec une audace qui
épouvanterait nos misérables habitudes. Je cite des choses simples qui vont
toutes seules; car je pense au lecteur; je supprime l’étonnant.
Les paroles de Dieu á Job retentissent aux oreilles de
saint Grégoire dans tous les mondes: dans le monde physique, dans le monde
intellectuel, dans le monde moral.
« Où étais-tu, dit le Seigneur, quand je posais les fondements
de la terre? »
Les fondements de la terre signifient, entre autres choses, pour saint Grégoire, la crainte de Dieu.
Et alors Dieu parle á l’homme à peu près en ces termes
: Pendant que tu ne pensais pas á moi, je posais ma crainte au fond de ton âme.
Par là je posais la pierre angulaire de l’Église future, de sa sainteté, de ton
salut. Mais où étais-tu dans ce moment ? Tu ne pensais pas à moi. Ne t’attribue
donc pas le mérite de ma grâce, puisque c'est moi qui l’ai prévenu.
As-tu pénétré dans les profondeurs de la vie ?
La vie, c’est le coeur humain. Dieu entre dans ses
profondeurs quand il lui révèle sa misère, quand il lui étale sa confusion. Il
pénètre au profond de l’abîme quand il convertit les désespérés.
T’es-tu promené dans les derniers Abîmes ?
L’abîme c’est nous-même, c’est notre coeur qui ne peut pas se comprendre, et qui est à lui-même une nuit très profonde. Quand l’homme se repent après de grands crimes, c’est qu’alors Dieu se promène dans les derniers abîmes. Il apaise les flots invisibles qui soulevaient l’océan profond du coeur
Le prophète a vu cette promenade quand il a dit : Les
démarches de Dieu me sont apparues, les démarches de mon Dieu et de mon Roi.
Celui qui apaise les mouvements désordonnés de son âme
par le souvenir des jugements de
Dieu contemple la promenade du Seigneur au fond de
lui.
« Connais-tu la route du tonnerre qui gronde?
« Souvent, dit saint Grégoire, c’est le Dieu incarné
qui est signifié parle tonnerre. II sort, pour se faire entendre á nous, du
fond des prophéties, comme le tonnerre du choc des nuages. C’est pourquoi les
saints Apôtres, fils de sa grâce, ont été appelés fils du tonnerre.
« Le prédicateur, qui, lui aussi, est le tonnerre, peut
bien faire retentir ses paroles á vos oreilles; mais il ne peut pas ouvrir vos
coeurs. Si le Dieu Tout-Puissant ne lui en livre pas l’entrée, sa parole
retentit en vain. C’est pourquoi, le Seigneur, qu’il ouvre sa route á la foudre,
parce que, pendant notre discours, il frappe vos âmes de sa terreur. Saint Paul
le savait bien. Il connaissait son impuissance. Il demandait á ses disciples
leurs prières, afin que le Seigneur lui ouvrit la porte du Verbe afin de porter
le mystère du Christ. »
Il faudrait tout citer. A chaque mot du récit, saint
Grégoire aperçoit une multitude immense de sens symboliques et moraux qui
surgissent de tous côtés. « D’où viens-tu ? dit Dieu á Satan, au commencement du
livre de Job » — Dieu interroge, comme s’il ne savait pas, parce que, pour Dieu,
ignorer c’est maudire. Je ne vous connais
pas : voilà, dans la bouche de Dieu, une des formules de malédiction.
Cet homme, immense par la pensée, s’occupait de chaque
homme comme de lui-même et souffrait de toutes les souffrances du genre humain.
« Sachez, écrivait-il à un évêque, que ce n’est pas
assez d’être retiré, studieux, homme d’oraison, si vous n’avez la main ouverte
pour subvenir aux nécessités des pauvres ! Un évêque doit regarder la pauvreté
d’autrui comme la sienne propre, C’est à tort que vous portez le nom d’Évêque,
si vous faites autrement. »
Quant à lui saint Grégoire, ayant appris qu’un pauvre
était mort dans un village écarté, sans qu’on sût au juste comment il était
mort, craignant qu’il ne fût mort faute de nourriture ou de soins, il tomba
dans une telle douleur que, cherchant pour lui-même une pénitence égale à la
faute dont il se croyait coupable, il se condamna à passer plusieurs jours sans
dire la messe.
Ernest Hello. Physionomies de saints
Buchmalerei: Gregor, 12. Jahrhundert, aus einem Manuskript der Abtei in St-Amand-les-Eaux, in der Bibliothèque Nationale in Paris
Saint Grégoire le Grand
Issu de la noble famille
des Anicii, Grégoire dont le nom grec signifie esprit vif, éveillé à la vérité,
est le fils de la pieuse Sylvie et du sénateur Gordien, administrateur d’un des
sept arrondissements de Rome, qui compte parmi ses ancêtres le pape Félix III
(mort en 492).
Après de solides études
classiques, latines et grecques, maître ès lettres, dialecticien et
rhétoricien, il est nommé, en 573, préfet de la cité : Dans notre pays,
écrit-il alors, tout est livré au caprice des barbares : villes ruinées,
citadelles renversées, provinces dépeuplées. En nos campagnes, plus de
cultivateurs. Tous les jours, les idolâtres exercent leurs sévices par
l’assassinat de chrétiens. Il signe, avec d’autres nobles romains, un
engagement de fidélité au siège apostolique écrit par l’évêque Laurent II de
Milan.
Deux ans plus tard, à la
mort de son père, devenu un des plus riches propriétaires fonciers de Rome,
Grégoire s’installe dans la maison paternelle, le Clivus Scauri, démissionne de
ses charges et, sous la conduite du moine Valentino, forme une communauté
religieuse : Ce furent, dira-t-il plus tard, les cinq années les plus heureuses
de ma vie. En plus de ce monastère sous le vocable de saint André, il fonde six
autres monastères dans les domaines familiaux de Sicile.
Sorti de son monastère
dès l’élection de Pélage II (579), il est ordonné diacre à trente-cinq ans,
puis il est nommé apocrisiaire, c’est-à-dire représentant extraordinaire du
Pape à Constantinople, près de l’Empereur (Tibère II, puis Maurice) pour que
celui-ci veuille bien envoyer des troupes pour protéger Rome et l’Italie des
barbares. Ayant échoué, il est relevé de ses fonctions au printemps 586 et
devient abbé au monastère romain Saint-André du Mont Cælius qu’il remet en
ordre ; c’est pour ses moines qu’il commente le Livre de Job dont il tire
d’opportunes leçons sur le mystère de la souffrance.
Après trois ans
d’abbatiat, Pélage II l’appelle auprès de lui et lui confie l’organisation de
son secrétariat. Cependant Grégoire veut partir évangéliser ce qui deviendra
l’Angleterre ; il arrache au pape la permission de partir, mais, au dernier moment
Pélage II se ravise et le rappelle près de lui.
Alors que, succédant à
une terrible inondation qui a ruiné les greniers à blé, la peste sévit à Rome
depuis six mois, le pape Pélage II est emporté par l’épidémie au début de
février 590 ; le clergé, le sénat et le peuple romain, désignent Grégoire comme
pape. Grégoire essaye de résister de tout son pouvoir contre cette élection et
écrit à l’empereur Maurice de ne pas la ratifier, mais le préfet de Rome
intercepte la lettre et lui substitue le rapport officiel de l’élection.
En attendant la réponse
de l’Empereur, Grégoire prend en main l’administration du siège vacant et,
comme la peste continuait ses ravages, il invite les fidèles à conjurer le
fléau par un grand acte de pénitence.
Du haut de l’ambon de
Saint-Jean du Latran, il s’écrie : Frères bien-aimés, la mort frappe à coups
redoublés ... Nous à qui elle laisse encore le temps de pleurer, livrons-nous à
la pénitence ! Puis il traça l’ordre et la manière dont devrait se faire la
solennelle supplication : Le clergé partira de l’église des saints martyrs Côme
et Damien, avec les prêtres de la sixième région ; les abbés et les moines
partiront de l’église des saints Gervais et Protais avec les prêtres de la
quatrième région ; les abbesses et leurs communautés partiront de l’église des
saints Pierre et Marcellin avec les prêtres de la première région ; les enfants
réunis dans l’église des saints Jean et Paul en sortiront avec les prêtres de
la deuxième région ; les laïques assemblés dans l’église de saint Etienne,
premier martyr, en sortiront avec les prêtres de la septième région ; les
veuves partiront de l’église de sainte Euphémie avec les prêtres de la
cinquième région ; enfin les femmes mariées partiront de l’église de saint
Clément avec les prêtres de la troisième région. Dans cet ordre connu depuis sous
le nom de Litanie septiforme, selon le témoignage de saint Grégoire de Tours,
pendant trois jours, à partir de neuf heures, de chacune de ces églises nous
sortirons en récitant des prières et en versant des larmes : nous nous
rejoindrons tous à la basilique de la Sainte Vierge Marie, et nous continuerons
là nos prières et nos supplications.
Le premier jour,
quatre-vingt personnes meurent pendant la procession. Grégoire fait vénérer
l’image de la Mère de Dieu, attribuée à saint Luc, puis, les jours suivants,
pieds nus et couvert d’un sac, la porte en procession dans les rues de Rome,
vers la basilique Saint-Pierre. Arrivés à la hauteur du mausolée d’Hadrien,
tous perçoivent les accents d’un chœur angélique qui chante : Réjouissez-vous,
Reine du ciel, Alléluia ! ; à quoi Grégoire répond : Car celui qu’il vous fut
donné de porter est ressuscité comme il l’avait dit, Alléluia ! puis il
s’écrie, imité par la foule : Priez pour nous, sainte Mère de Dieu, Alléluia !
L’archange saint Michel apparaît alors au sommet de l’édifice et remet son épée
au fourreau ; la peste cesse et l’Eglise s’est enrichie d’une hymne à la Sainte
Vierge, le Regina cæli, qu’elle chante toujours au temps de Pâques. Depuis, le
mausolée d’Hadrien est appelé le château Saint-Ange.
Réélu triomphalement,
Grégoire écrit de nouveau à l’empereur Maurice de ne pas ratifier l’élection et
il s’enfuit dans une caverne quand arrive la réponse favorable au premier
rapport du préfet de Rome. La foule le cherche pendant trois jours puis, guidée
par une colonne de lumière, le trouve et le ramène à Rome où il est sacré le 3
septembre 590. Me voilà maintenant en plein milieu du monde, beaucoup plus que
je ne l’étais comme laïc. J’ai perdu toute joie profonde : extérieurement c’est
une promotion ; intérieurement, quelle chute ! Balloté par les vagues des
affaires, j’entends la tempête qui gronde au-dessus de ma tête. Une fois
remplie ma tâche journalière, j’essaie de faire mon examen de conscience.
Impossible : des soucis tumultueux et vains m’accablent encore.
Dernier pape de
l’Antiquité ou premier pape du Moyen-Age, le soixante-troisième successeur de
Pierre conduit pendant près de quatorze ans l’Eglise d’une main de fer. Dans
des conjonctures particulièrement difficiles pour l’Eglise et pour l’Italie, tout
le pontificat de Grégoire est un long effort de redressement et de
réorganisation. Il administre avec sagesse le vaste Patrimoine de Saint-Pierre.
Dans les églises suburbicaires où le pape exerce l’autorité propre de
métropolitain, il contrôle de près l’élection des évêques et leur
administration (ainsi à Naples et en Sicile). Il réussit à résorber
progressivement le schisme qui, après la condamnation des Trois Chapitres,
avait séparé de Rome les évêques dépendant du métropolitain d’Aquilée. Les
Lombards envahissent et dévastent l’Italie et menacent Rome (592) ; suppléant à
l’inaction de l’exarque de Ravenne, Grégoire négocie et obtient une trêve qui
sera renouvelée en 598 et en 603.
Se considérant comme le
sujet du basileus de Constantinople, il maintient cependant l’indépendance de
l’Eglise vis-à-vis du pouvoir civil et revendique les droits du successeur de
saint Pierre. Il intervient à plusieurs reprises dans des questions relatives
aux patriarcats d’Antioche et d’Alexandrie, ou même et Constantinople, et
refuse avec intransigeance au patriarche de Constantinople le droit de se nomme
patriarche œcuménique ; il voit dans ce titre un acte d’orgueil qui porterait
atteinte à la dignité et aux droits des autres patriarches ; lui-même ne veut
pas le porter et se contente du titre de servus servorum Dei (serviteur des
serviteurs de Dieu), porté déjà par des évêques. On lui doit l’évangélisation
de l’Angleterre. Il fait ajouter la récitation du Pater à la messe, compose un
sacramentaire et une codification du chant liturgique qui porte son nom (chant
grégorien). Il constitue une école de chantres chargés de former les maîtres
qui enseigneront l’exécution correcte des mélodies grégoriennes.
Ce Consul de Dieu meurt à
Rome le 12 mars 604 ; il est enterré dans la basilique Saint-Pierre.
Lettre à tous les
évêques, les prêtres et les fidèles de l’Église, pour le quatorzième
centenaire de l’élévation de saint Grégoire le Grand au pontificat
Au terme de l'Antiquité
et à l'aurore du Moyen Age, saint Grégoire le Grand, à la fois issu du
patriciat romain et du monachisme bénédictin, s'efforce, en réglementant le
présent, de transmettre au futur les enseignements du passé et l’héritage de la
tradition. Au début de son pontificat (février 590), les structures de l’empire
romain, bouleversées par les invasions gothes, puis normandes, s’écroulent,
tandis que renaît l’hérésie donatiste et que l’arianisme règne encore sur la
plupart des barbares ; la discipline monastique s’est généralement relâchée et
le clergé, souvent démoralisé, conduit des fidèles catastrophés par les
invasions barbares : « Ballotté par les vagues des affaires, je sens la tempête
gronder, au-dessus de ma tête. Avec le psaume1 je soupire : Dans l'abîme des
eaux, je suis plongé et les flots me submergent.2 » Dirigeant la barque de
saint Pierre menacée de naufrage, saint Grégoire le Grand, le consul de Dieu,
va, d’une main ferme et assurée, redresser la barre pour transmettre à la
postérité une culture ébranlée sous les coups des barbares mais toujours riche
de ses précieux acquis où les leçons de l’Antiquité s’épanouissent à
l’enseignement des Pères de l’Eglise, comme le montrent déjà les royaumes des
Francs, convertis depuis près d’un siècle, les terres ibériques dont le roi
wisigoth, Reccared, vient d’entrer dans le giron de l’Eglise catholique (587)
ou les chefs de clan irlandais. Ainsi, prophète des temps nouveaux, autant que
gardien des temps anciens, Grégoire le Grand, sur les ruines de l'empire
romain, va-t-il faire se lever l'aube médiévale. Pasteur et missionnaire,
théologien et maître spirituel, mais aussi diplomate et administrateur, le
soixante-troisième successeur de Pierre construit une œuvre grandiose, à la
fois politique, ecclésiastique et mystique, ne revendiquant qu'un seul titre,
transmis à ses successeurs : « serviteur des serviteurs de Dieu. »
Grégoire (du grec
grêgoros qui signifie esprit vif, éveillé à la vérité), de la noble famille des
Anicii, est l'arrière petit-fils du pape Félix III (mort en 492) qui, veuf de
la noble Petronia, entra dans les ordres mais resta le modèle et le protecteur
de sa gens. Le père de Grégoire, le sénateur Gordien est l’administrateur d'un
des sept arrondissements de l'Urbs (Rome), et sa mère, Sylvie, est une dame
patronnesse appréciée de ses clientes. Tout naturellement destiné à être un
grand commis de l'État, au service du S.P.Q.R. (le Sénat et le Peuple Romain),
Grégoire fait des études classiques de lettres, de rhétorique et de dialectique
à quoi, il ajoute une lecture méditative des saintes Écritures.
En 573, il a trente-trois
ans et il est præfectus Urbis (préfet de la ville), quand la mort du
paterfamilias fait de lui, avec sa mère, l'un des plus opulents propriétaires
de Rome. « Dans notre pays, tout est livré au caprice des barbares : villes ruinées,
citadelles renversées, provinces dépeuplées. En nos campagnes, plus de
cultivateurs. Tous les jours, les idolâtres exercent leurs sévices par
l’assassinat de chrétiens.3 » Il signe, avec d’autres nobles romains, un
engagement de fidélité au siège apostolique écrit par l’évêque Laurent II de
Milan.
Deux ans plus tard, il
décide de se faire moine et liquide ses biens en fondant six monastères sur ses
terres siciliennes et un septième, dans sa maison romaine du Clivus Scauri, sur
les pentes du Cælius qu’il dédie à saint André, où sous l'abbé Valentio, il
devient un simple moine : « ce fut la période la plus heureuse de ma vie. »
Devenu moine, Grégoire n'a conservé de tous ses biens, qu'une écuelle d'argent
et, pour compléter, permissu Superiorum (avec la permission du supérieur), sa
nourriture conventuelle, Sylvie lui fait parvenir, chaque jour, une maigre
portion de légumes cuits à l'eau. Or, raconte Paul Diacre, un marchand passager
demande Grégoire, à la porte du monastère pour lui confier : « J'ai fait
naufrage. je n'ai même plus un sesterce. La charité, par pitié ! » Le moine
appelle l'économe et lui commande : « Donnez-lui six sesterces ! » Comme le
solliciteur murmure : « C'est bien peu », Grégoire ordonne : « Doublez la mise.
» Charité reçue, le demandeur s'éloigne, apparemment satisfait, mais, trois
jours après, il se représente : « J'ai tout dépensé ! Secourez-moi ! » Emu de
compassion, Grégoire lui déclare : « Prends cette écuelle. C'est tout ce qui me
reste. » Ce mendiant tenace est un ange venu le dépouiller de son dernier bien
de la terre.
Dès son élection (août
579), Pélage II tire Grégoire de son monastère, l’ordonne diacre et le nomme
apocrisaire, c’est-à-dire son représentant extraordinaire à Constantinople où
il est chargé d'amadouer l'empereur Tibère II - alors en froid avec le patriarche
Eutychios - et de l'intéresser à la cause romaine : « contre les barbares,
protégez-nous ! » Après la mort de Tibère II et son remplacement par l’empereur
Maurice, Grégoire rencontre l’évêque Léandre de Séville, venu à Constantinople
pour plaider la cause d'Herménégild, prince catholique orthodoxe, persécuté par
son père Léovigild, hérétique arien. De son côté, Rome incite pour l'obtention
de renforts orientaux en Italie. Cette mission diplomatique infructueuse prend
fin au printemps 586 ; l'archidiacre Laurent remplace Grégoire qui revient à
Rome pour être nommé abbé de son monastère de Saint-André au mont Cœlius.
Cette période d’abbatiat
est marquée par une solide discipline monastique. Grégoire pourchasse les
moines qui, par fraude, amassent un pécule ; le moine Justus, après son décès,
apparaît à son confrère Copiosus pour lui rappeler que « le ciel punit les
religieux thésauriseurs.4 » Gregorio ducente (sous la conduite de Grégoire),
nombre de bénédictins de Saint-André se sanctifient rapidement ; ils produiront
de beaux fruits apostoliques, comme Maximin, le saint abbé, Marinien qui
deviendra archevêque de Ravenne, Sabinus qui sera évêque de Galliopoli, et
Augustin qui évangélisera les Angles. A cette époque, Grégoire écrit pour ses
moines un commentaire du Livre de Job (« Morialia in Job », Morales dans le
livre de Job) dont il tire d’opportunes leçons sur le mystère de la souffrance.
Un jour, sur le marché de
Rome, Grégoire voit des esclaves venus des Iles britanniques ; il s’écrie : «
Non angli, sed angeli » (ce ne sont pas des angles, ce sont des anges). En
589-590, l'abbé de Saint André est un proche collaborateur du pape Pélage mais
il désire partir comme missionnaire en Angleterre et il en prend même le
chemin, nanti d'une permission arrachée au pontife suprême. Cependant Pélage II
se ravise et le rappelle.
Au cours de l'hiver, le
Tibre déborde et l'inondation ruine les greniers à blé puis engendre la peste
dont meurt le pape Pélage II (7 février 590). Grégoire, élu comme successeur de
saint Pierre à l’unanimité des suffrages, se dérobe pendant six mois où il
tente de convaincre l’empereur Maurice de refuser la confirmation de son
élection, mais le préfet de Rome intercepte la lettre et lui substitue le
rapport officiel de l’élection.
En attendant la réponse
de l’Empereur, Grégoire prend en main l’administration du siège vacant, et
comme la peste continue ses ravages, il invite les fidèles à conjurer le fléau
par un grand acte de pénitence. Du haut de l’ambon de Saint-Jean du Latran, il
s’écrie : « Frères bien-aimés, la mort frappe à coups redoublés ... Nous à qui
elle laisse encore le temps de pleurer, livrons-nous à la pénitence ! » Puis il
traça l’ordre et la manière dont devrait se faire, pendant trois jours, la
solennelle procession de supplication. Le premier jour, quatre-vingt personnes
meurent pendant la procession. Grégoire fait vénérer l’image de la Mère de
Dieu, attribuée à saint Luc, puis, les jours suivants, pieds nus et couvert
d’un sac, la porte en procession dans les rues de Rome, vers la basilique
Saint-Pierre. Arrivés à la hauteur du mausolée d’Hadrien, tous perçoivent les
accents d’un chœur angélique qui chante : « Réjouissez-vous, Reine du ciel,
Alléluia ! » ; à quoi Grégoire répond : « Car celui qu’il vous fut donné de porter
est ressuscité comme il l’avait dit, Alléluia ! » puis il s’écrie, imité par la
foule : « Priez pour nous, sainte Mère de Dieu, Alléluia ! » L’archange saint
Michel apparaît alors au sommet de l’édifice et remet son épée au fourreau ; la
peste cesse et l’Église s’est enrichie d’une hymne à la Sainte Vierge, le
Regina cæli, qu’elle chante toujours au temps de Pâques. Depuis, le mausolée
d’Hadrien est appelé le château Saint-Ange.
Réélu triomphalement,
Grégoire écrit de nouveau à l’empereur Maurice de ne pas ratifier l’élection et
il s’enfuit dans une caverne quand arrive la réponse favorable au premier
rapport du préfet de Rome. La foule le cherche pendant trois jours puis, guidée
par une colonne de lumière, le trouve et le ramène à Rome où il est sacré le 3
septembre 590.
Ce premier pape sorti du
cloître, introduit dans l'Église plusieurs usages conventuels et améliore la
liturgie romaine : c’est à lui que l’on doit la manière de chanter, à la messe,
le Kyrie et l’introduction, en dehors du temps pascal, de l'Alléluia, ainsi que
la récitation du Pater noster, avant la fraction de l'hostie. Dans le
sacramentaire, ancêtre du missel, le pontife conjugue le temporal (fêtes
capitales de l'histoire du salut) et le sanctoral (commémoration des saints).
Pour régler le chant
liturgique, il publie un antiphonaire (du grec anti, en face de et phonê,
voix), livre liturgique qui rassemble les textes littéraires et musicaux des
antiennes. Il y rassemble des mélodies admirables qui, sans permettre
l'exhibitionnisme du chant, lui font au contraire dérouler un fastueux tapis de
prières. Bien que l'attribut grégorien demeure discutable, on retiendra le
constat du saint pape Pie X : « ces saintes mélodies dont la composition est
attribuée par la tradition ecclésiastique depuis plusieurs siècles, à Grégoire
le Grand, demeurent surtout le chant propre de l'église romaine. » Pour
conserver et développer un si riche patrimoine de musique sacrée, Grégoire le
Grand fonde et organise deux Scholæ cantorum (écoles de chant), l’une près de
Saint-Pierre et l’autre près de Saint Jean-de-Latran, où il se rend volontiers,
pour écouter et encourager les pueri cantores (petits chanteurs), en même temps
qu'il félicite les clercs spécialisés dans l'importante fonction de chantres.
Il administre avec
sagesse le vaste Patrimoine de Saint-Pierre et impose au diocèse de Rome une
rigoureuse planification administrative (bureau de chant présidé par un diacre
; centres de bienfaisance pour distribuer vivres et secours aux nécessiteux).
Dans les huit diocèses suburbicaires (Ostie, Porto, Silva, Candide, Sabine,
Préneste, Tusculum et Albano), le pape Grégoire agit comme métropolitain
(archevêque qui exerce juridiction), ainsi que, pour les autres églises
d'Italie méridionale et des îles (Sicile, Sardaigne, Corse, Baléares),
contrôlant de près l’élection des évêques et leur administration (ainsi à
Naples et en Sicile). « Soyez certains que vous aurez un pasteur qui plaira à
Dieu, si vous-mêmes vous plaisez à Dieu par vos actions. Voici que déjà nous assistons
à la ruine de toutes les choses de se monde, alors que nous lisions dans les
saintes Écritures que cette ruine était pour l'avenir. Villes anéanties,
fortifications abattues, églises détruites ... Considérez d'une âme attentive
le jour prochain du Juge éternel et préparez-vous à ce jour terrible en faisant
pénitence.5 » Patriarche d’Occident, il entretient de nombreux rapports avec
les évêques comme avec les souverains, et envoie le moine Augustin évangéliser
l’Angleterre.
Défenseur de l'orthodoxie
(juste doctrine), il préside à la conversion de nombreux lombards et wisigoths
ariens, condamne définitivement les donatistes et réagit vigoureusement contre
la simonie (commerce des sacrements ou des bénéfices). Il réussit à résorber
progressivement le schisme qui, après la condamnation des Trois Chapitres,
avait séparé de Rome les évêques dépendant du métropolitain d’Aquilée
Dans des conjonctures
particulièrement difficiles, tout le pontificat de Grégoire le Grand est un
long effort de redressement et de réorganisation. « Je suis à mon poste secoué
par les flots de ce monde qui sont si violents que je suis absolument incapable
de conduire au port ce navire vétuste et pourri, que le dessein caché de Dieu
m'a donné à gouverner. Au milieu de tout cela, troublé moi-même, je suis
contraint tantôt de faire front et de tenir le gouvernail, tantôt, le navire
penché sur le côté, d'esquiver en virant les menaces des flots. Je gémis parce
que je sens que, par ma négligence, la sentine des vices va croissant et que,
dans la tempête terrible que nous traversons, les planches pourries ont des
craquements de naufrage.6 » Les Lombards dévastent l’Italie et menacent Rome
(592) ; suppléant à l’inaction de l’exarque de Ravenne, Grégoire négocie et
obtient une trêve qui sera renouvelée en 598 et en 603.
Se considérant comme le
sujet du basileus de Constantinople, il maintient cependant l’indépendance de
l’Eglise vis-à-vis du pouvoir civil et revendique les droits du successeur de
saint Pierre. Il intervient à plusieurs reprises dans des questions relatives
aux patriarcats d’Antioche et d’Alexandrie, ou même et Constantinople, et
refuse avec intransigeance au patriarche de Constantinople le droit de se
nommer patriarche œcuménique ; il voit dans ce titre un acte d’orgueil qui
porterait atteinte à la dignité et aux droits des autres patriarches ; lui-même
ne veut pas le porter et se contente du titre de servus servorum Dei (serviteur
des serviteurs de Dieu), porté déjà par des évêques.
Prématurément atteint
d'arthrose et de gastralgie, saint Grégoire le Grand, à partir de soixante ans,
devient un véritable malade chronique : « Voilà presque deux ans que je suis
grabataire, tourmenté par d'affreuses douleurs de goutte ; à peine puis-je me
lever les jours de fête, pour célébrer la messe... Mon supplice permanent :
mourir chaque jour, alors que je ne puis pourtant cesser de vivre.7 »
Le 12 mars 604, Grégoire
le Grand, le consul de Dieu, est rappelé par l'empereur des cieux, son unique
Seigneur. Il est enterré dans la basilique Saint-Pierre dont il a fait
surélever le presbytérium pour que l’autel fût au-dessus du tombeau de saint
Pierre devant lequel il dressa un petit autel, aujourd’hui à l’intérieur de
celui de la chapelle Clémentine, l’autel ad caput qui a été conçu, sous Clément
VIII Aldobrandini (1592-1605), par Giacomo della Porta pour le tombeau de saint
Grégoire le Grand.
J’invoque la protection
spéciale de saint Grégoire le Grand afin que, avec la multitude des saints
pasteurs de l’Eglise de Rome, il veuille m’aider, et avec moi tous ceux qui
partagent dans les différentes Eglises réparties à travers le monde la responsabilité
du travail pastoral, à entrevoir les nouvelles exigences et les nouveaux
problèmes, à prendre les moyens et les méthodes pour faire avancer l’Eglise
vers le troisième millénaire chrétien, en conservant intact l’éternel message
du salut et en l’offrant, comme incomparable patrimoine de grâce et de vérité,
aux futures générations.
Puisse l’exemple, bien
qu’éloigné dans le temps, de ce grand pontife, soutenir nos efforts et les
rendre efficaces pour l’édification et le développement de l’Église du Christ.
Jean-Paul II (29 juin
1990)
1 Psaume XLI 8.
2 Saint Grégoire le Grand
: lettre à l’évêque Léandre de Séville, datée d’avril 591.
3 Saint Grégoire le Grand
: homélie sur le Livre d’Ezéchiel, II 6.
4 Saint Grégoire le Grand
: « Dialogue », IV 55.
5 Saint Grégoire le Grand
: lettre au clergé de Milan, datée d’avril 593.
6 Lettre de saint
Grégoire le Grand à Léandre, évêque de Séville, datée d’avril 591.
7 Lettre de saint
Grégoire le Grand à la reine Théodelinde, datée de décembre 603.
Lettre à Léandre, évêque
de Séville, avril 591 (Ep. I 41)
Je suis à mon poste
secoué par les flots de ce monde qui sont si violents que je suis absolument
incapable de conduire au port ce navire vétuste et pourri, que le dessein caché
de Dieu m'a donné à gouverner. Au milieu de tout cela, troublé moi-même, je
suis contraint tantôt de faire front et de tenir le gouvernail, tantôt, le
navire penché sur le côté, d'esquiver en virant les menaces des flots. Je gémis
parce que je sens que, par ma négligence, la sentine des vices va croissant et
que, dans la tempête terrible que nous traversons, les planches pourries ont
des craquements de naufrage.
Saint Grégoire le Grand
Morialia in Job, XXVII 11
(21)
Le Seigneur tout-puissant
... par l'éclat des miracles accomplis par les prédicateurs a conduit à la foi
même les extrémités du monde. Voici en effet qu'il a pénétré le coeur de
presque toutes les nations ; voici qu'il a réuni dans une même foi les limes de
l'Orient et les limes de l'Occident ; voici que la langue de la Bretagne, qui
ne savait que marmonner des choses barbares, initiée désormais à la louange de
Dieu, commence de chanter l'Alleluia en hébreux. Voici que l'Océan, naguère
gonflé de vagues, se met docilement au service des pieds des saints et les
colères barbares, que les princes de la terre n'avaient pu dompter par le fer,
les bouches des prêtres, par de simples paroles, les lient par la crainte de
Dieu.
Saint Grégoire le Grand
Lettre au clergé de
Milan, avril 593 (Ep. III 29)
Soyez certains que vous
aurez un pasteur qui plaira à Dieu, si vous-mêmes vous plaisez à Dieu par vos
actions. Voici que déjà nous assistons à la ruine de toutes les choses de se
monde, alors que nous lisions dans les saintes Ecritures que cette ruine était
pour l'avenir. Villes anéanties, fortifications abattues, églises détruites ...
Considérez d'une âme attentive le jour prochain du Juge éternel et
préparez-vous à ce jour terrible en faisant pénitence.
Saint Grégoire le Grand
Lettre à Ethelred, roi de
Kent, juin 601 (Ep. XI 37).
Quant à vous, si vous
voyez certains de ces signes se produire dans votre pays, que votre esprit ne
se trouble en aucune façon, car ces signes concernant la fin des temps nous
sont envoyés pour nous indiquer le devoir qui est le nôtre de nous préoccuper
de nos âmes, d'attendre l'heure de la mort, de nous trouver prêts au jugement à
venir grâce à nos bonnes actions.
Saint Grégoire le Grand
Master of Portillo (1500 - 1515), The Mass of Saint Gregory, circa 1520, tempera on pinewood, 96.2 x 66.5, Museum of Fine Arts, Budapest
Fais ce que tu
peux !
Messagers : vous
aussi, si vous le voulez, vous pouvez mériter ce grand nom. Car si chacun de
vous, selon ses capacités, selon qu’il a reçu la grâce d’une inspiration d’en
haut, détourne son prochain du mal, prend soin de l’exhorter à bien agir,
annonce à l’égaré le royaume ou le châtiment éternel, alors, du fait que sa
parole porte la sainte annonce, il est un messager. Et que personne ne
dise : « Je suis incapable de conseiller ; je suis inapte à exhorter. »
Fais ce que tu peux, de peur qu’on ne te fasse rendre dans les tourments ce que
tu avais reçu et lâchement conservé. Il n’avait pas reçu plus d’un talent,
celui qui eut soin de le cacher plus que de le mettre en circulation.
Dans la mesure où vous
pensez avoir progressé, entraînez aussi d’autres que vous. Désirez des
compagnons sur la route de Dieu. Si l’un de vous, frères, se rend sur la place
publique ou encore au bain et aperçoit un flâneur, il l’invite à venir avec
lui. Alors, que votre action même dans la vie courante vous fasse vous
rencontrer : si vous tendez vers Dieu, tâchez de ne pas aller seuls à lui.
St Grégoire le Grand
Saint Grégoire le Grand
(† 604), docteur de l’Église, fut préfet de Rome, moine et fondateur, diacre,
légat, puis pape de 590 à 604. / Homélies sur les Évangiles, 6, 6, trad.
R. Étaix, C. Morel et B. Judic, Paris, Cerf, 2005, Sources Chrétiennes, n° 485,
p. 189-191.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/samedi-27-aout/meditation-de-ce-jour-1/
Si quelqu’un vient à moi
Il y a cette différence
entre un édifice terrestre et un édifice céleste : le premier se construit
en rassemblant des ressources, le second en les dispersant. On fait des frais
pour celui-là en amassant ce que l’on n’avait pas, on fait des frais pour celui-ci
en abandonnant ce qu’on possède. Ces frais, il ne put les faire, le riche qui
possédait de grands biens et qui pria le maître en
disant : « Bon maître, que dois-je faire pour acquérir la vie
éternelle ? » (Mt 19, 16). Quand il eut entendu l’ordre de tout
quitter, il s’en alla tout triste, le cœur d’autant plus serré qu’il était
au-dehors plus au large dans ses possessions. Parce qu’en cette vie, il aimait
les frais des grandeurs, il ne voulut pas, en marchant vers la patrie
éternelle, des frais de l’humilité.
Que celui qui le peut
quitte tout ! Que celui qui ne peut tout quitter envoie en ambassade, tant
que le Roi est loin, le don de ses larmes, de ses aumônes, de ses saints
sacrifices !
« Ainsi donc celui
d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être
mon disciple » ; et pourtant le Seigneur apporte le remède qui fait
espérer le salut, car celui dont la colère ne peut être supportée veut être
apaisé par l’ambassade qui demande la paix.
St Grégoire le Grand
Docteur de l’Église,
saint Grégoire le Grand fut pape de 590 à 604, date à laquelle il mourut.
/ Homélies sur l’Évangile I, 37, 6.10, trad. G. Blanc, R. Étaix
et B. Judic, Paris, Cerf, coll. « Sources Chrétiennes » 522, 2008,
p. 435-437, 447-449.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/dimanche-4-septembre/meditation-de-ce-jour-1/
D’étroite, elle devient
large
Ce qui fait la grandeur
des œuvres, c’est dans l’âme l’ampleur de la charité, qui leur donne leur large
dimension. Il est écrit en effet de la charité : Large est ton
commandement, très large (Ps 118, 96). Et le Psalmiste en dit encore : Tu
as mis au large mes pas (Ps 30, 9).
Mais voici qu’une
question me vient à l’esprit, tandis que je parle : comment est-elle
large, la charité ? On parvient jusqu’à Dieu par la charité ; or la
Vérité en personne déclare : « Entrez par la porte
étroite » (Mt 7, 13 ; cf. Lc 13, 24). Comment la charité
est-elle large, si la porte est étroite ?
Mais ce problème, la
charité elle-même a tôt fait de le résoudre : le chemin de Dieu est étroit
pour les commerçants, et large pour ceux qui mènent déjà la vie parfaite. Cet
effort que se propose spirituellement notre cœur, contre l’habitude, est dur.
Mais cependant le fardeau de Dieu est léger une fois que nous nous sommes mis à
le prendre sur nous, au point que pour son amour nous trouvons bonne la
persécution, et que toute affliction soufferte pour lui devient douceur pour
l’âme, comme pour les saints Apôtres, qui se réjouissaient d’endurer les fouets
pour le Seigneur. Cette porte étroite se fait donc large pour ceux qui aiment,
ces durs chemins se font tapis moelleux pour ceux qui courent au souffle de
l’Esprit : le cœur sait qu’en échange de souffrances passagères il reçoit
des joies éternelles, et l’être affligé commence à aimer.
St Grégoire le Grand
Saint Grégoire le Grand
(† 604), docteur de l’Église, fut préfet de Rome, moine et fondateur, diacre,
légat, puis pape de 590 à 604. / Homélies sur Ézéchiel, II, 5, 12-13,
trad. Ch. Morel, Paris, Cerf, coll. « Sources Chrétiennes » 360,
1990, p 253-255.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/mercredi-26-octobre/meditation-de-ce-jour-1/
Doctrine pénitentielle selon Saint Grégoire
La pénitence peut être envisagée comme une série de sentiments et d’exercices privés dans lesquels le ministère ecclésiastique n’intervient pas et auxquels le fidèle se livre sous sa libre responsabilité ; il s’agit de la pratique de la vertu de pénitence. Cependant, la pénitence peut être aussi envisagée comme une discipline dont les conditions ont été déterminées par le Christ et dont les détails sont réglés par l’Eglise ; il s’agit du sacrement de pénitence. Le sacrement de pénitence se différencie surtout de la pénitence privée en ce qu’elle comporte, de la part du pénitent, un aveu de ses péchés fait au prêtre, la confession, et, de la part du prêtre, un pardon officiellement donné, l’absolution.
Bien des auteurs ecclésiastiques des premiers siècles ont parlé avec force de la pénitence, insisté sur sa nécessité absolue, fait ressortir ses effets salutaires, en ayant seulement en vue le regret et l’expiation privée des péchés commis, tant ils voulaient nous souligner que la confession n’est qu’un élément de la pénitence qui doit impérativement se conjuguer avec la contrition, le ferme propos de la résolution, la satisfaction ou l’expiation, sous peine de rendre nulle, voire sacrilège, l’absolution.
De fait, on trouve dans les œuvres de saint Grégoire le Grand de fréquentes exhortations à la pénitence qui n’ont pas trait, du moins expressément, à la pénitence canonique ou à l’administration du sacrement de pénitence. D’aucuns ne se sont pas fait faute d’en déduire que le saint pape négligeait la forme sacramentelle au point que dans la troisième partie du Pastoral, ouvrage écrit à l’usage des prédicateurs, il n’indique pas précisément la forme de la pénitence qu’ils doivent conseiller aux pécheurs ; c’est aller bien vite en besogne et oublier que le but de l’ouvrage n’est pas d’enseigner comment on doit effacer les péchés, mais ce qu’il faut faire pour n’y pas retomber et pour se corriger des vices qui y entraînent.
Selon saint Grégoire le Grand, la conversion du pécheur, singulièrement du pécheur endurci, débute par un sentiment de crainte. Le rouleau présenté à Ezéchiel, dit-il, contenait, en même temps que le cantique des justes dans le ciel, les lamentations des pénitents sur la terre ; mais, ces lamentations, le pécheur que les voluptés charnelles captivent ne peut s’y livrer qu’à la condition de considérer les malédictions que son état ne manquera pas d’attirer sur lui. Ainsi, conseille saint Grégoire le Grand, le prédicateur de la divine Parole, doit d’abord s’appliquer à provoquer chez le pécheur endurci la terreur des jugements de Dieu.
Cette terreur, selon lui, fera naître naturellement dans l’âme du pécheur le regret et la douleur des fautes commises, lui arrachant, dit-il, des soupirs, des gémissements et des larmes. Il s’agit proprement de la contrition, certes imparfaite, mais absolument nécessaire car, pour effacer les péchés passés, professe saint Grégoire le Grand, il ne suffit pas de n’en pas commettre de nouveaux, il faut d’abord pleurer ceux auxquels on s’est adonné : le scribe qui cesse d’écrire n’efface pas pour autant ce qu’il a écrit précédemment. Dieu, continue le Pontife, n’aime pas nos larmes et nos tristesses pour elles-mêmes, mais il les veut comme des remèdes aux plaisirs mauvais que nous nous sommes permis, et il ne saurait y avoir de pardon sans cela.
Or, si la crainte commence l’œuvre de justification, pour qu’elle soit efficace et salutaire, poursuit saint Grégoire le Grand, le pécheur repenti doit avoir l’espérance en la miséricorde divine. La crainte seule déprimerait l’âme et la précipiterait dans une tristesse sans issue si la foi ne lui montrait le Seigneur toujours prêt à accueillir le repentir et, mieux encore, le Seigneur qui, malgré les iniquités, poursuit l’âme, la prévient, l’appelle et l’attire à lui. Cette idée de la bonté inlassable de Dieu a inspiré à saint Grégoire le Grand quelques-unes de ses plus belles pages où il invite le pécheur, quelle que soit la multitude de ses fautes, à garder confiance, car la puissance de son médecin est plus grande que son mal.
Si le pécheur en reste à détester son péché uniquement parce qu’il redoute le châtiment, même si cette crainte le détourne de la pratique du mal, saint Grégoire le Grand dit qu’il n’est pas suffisamment détaché de l’affection au péché puisque, si le châtiment n’existait pas, il s’y laisserait encore aller ; sa disposition reste une servitude de crainte absolument opposée à la liberté de la grâce. La crainte n’est que d’une utilité passagère et ne vaut que comme faisant entrer dans la voie droite. Il recommande de s’inspirer de la crainte, mais il veut que l’on ne s’y arrête pas pour pouvoir arriver bientôt à cette crainte chaste qui est celle de la charité, de l’amour de Dieu, qui fait moins gémir le pénitent sur son propre malheur que sur l’offense à Dieu.
La crainte jointe à l’espérance et à l’amour conduit donc le pécheur aux gémissements et aux larmes qui ne seraient pas sincères si le pécheur repenti ne les accompagnait d’œuvres satisfactoires proportionnées aux fautes passées, avec la ferme résolution de mieux vivre à l’avenir.
Il est juste, selon saint Grégoire le Grand, que celui qui s’est naguère adonné aux plaisirs illicites se prive de certains plaisirs permis ; il est juste d’expier l’orgueil passé par des exercices d’humilité, la désobéissance par l’obéissance, la curiosité par le détachement, la gourmandise par la mortification ; par là, nous satisfaisons à notre Créateur dont nous avons enfreint les lois. Ainsi s’opère le changement de vie que saint Grégoire le Grand considère comme si essentiel à la pénitence qu’il le fait entrer dans sa définition. Le saint pape professe comme un principe absolu que tout péché doit toujours être puni et que Dieu fera expier au pénitent ce qu’il ne punit pas en lui-même.
Quant à nous, si nous attachons justement une très grande importance à l’acte sacramentel, il semble que, par je ne sais quelle tentation démoniaque, nous supposons trop souvent qu’il suffit de recevoir l’absolution des péchés avoués et d’exécuter la menue pénitence imposée par le prêtre, pour être pleinement rétablis dans l’amitié divine, comme si les paroles de l’acte de contrition que nous débitons plus ou moins dévotement ne nous engageait pas, pour être réellement réconciliés, à la satisfaction. Nul ne saurait s’arroger les qualités de la vraie repentance s’il ne prend aucun souci d’éviter les occasions de retomber dans son péché, il découvre, dit saint Grégoire le Grand, des blessures auxquelles il ne veut porter aucun remède et s’expose par là à s’envenimer.
Plus ou moins atteints par les déviations libérales, réputant Dieu si bon qu’il en devient injuste, voire gâteux, supposant que l’enfer est vide et le purgatoire fermé pour cause d’inventaire, nous avons perdu le sens de l’horreur du péché et, par tant, la crainte du châtiment. Il suffit que nous nous pardonnions à nous mêmes les offenses que nous lui avons faites pour croire que Dieu nous a pardonné.
Ce faisant, après avoir fait mentir le Christ et toute l’Ecriture avec lui, suivie du magistère de l’Eglise, nous nous fermons les chemins de l’amour de Dieu parce que nous ne nous convertissons pas en changeant de vie par les moyens de la pénitence, et, qu’au mieux, nos résolutions, bien légalistes, sont circonscrites à la simple observance.
Que de fois j’ai reçu à mon confessionnal des pécheurs qui avaient si peu le sens de l’offense à Dieu qu’ils ne se rappelaient même pas leurs péchés ! Que de foi j’ai entendu des pécheurs qui avaient si peu le sens du châtiment divin qu’ils s’imposaient des résolutions minimes sans aucun rapport avec les fautes accusées ! Que de fois j’ai subi des pécheurs qui avaient si peu de repentir qu’ils refusaient une réparation proportionnée à leurs fautes ! Que de fois j’ai supporté des pécheurs qui avaient si peu de ferme propos qu’ils ne songeaient même pas à éviter les occasions de leurs péchés ! Dieu sait que je ne suis pas un confesseur terroriste, mais je crains bien que beaucoup des absolutions que je risque restent inefficaces parce qu’elles ne sont guère suivies de justes réparations ni de changements de vie. Entendez saint Grégoire le Grand : Ceux qui s’irritent contre eux-mêmes reviennent par la pénitence à la vie ; ou bien : Ceux qui se convertissent de leurs péchés au Seigneur non seulement effacent par leurs larmes les iniquités qu’ils ont commises, mais encore s’élèvent aux hauteurs par leurs œuvres admirables.
Saint Grégoire le Grand
considère la confession comme un des premiers actes que fait le pécheur
désireux de se réconcilier avec Dieu, et, quand elle est accompagnée
d’humilité, il la considère comme une preuve indubitable de la sincérité de la
conversion. En effet, dit-il, le premier mouvement du coupable, tels Adam et
Eve au paradis terrestre, est de s’excuser ; au contraire pour chaque pécheur
le commencement de la lumière est une confession humble, parce que celui-là est
résolu à ne pas s’épargner lui-même qui ne rougit pas d’avouer le mal qu’il a
commis. Et le saint pontife de remarquer qu’à cause du respect humain, il faut
souvent plus de courage pour avouer les péchés commis que pour éviter de les
commettre. La confession bien faite, poursuit-il, est l’indice de la vie
spirituelle que Dieu a rendue au pécheur, en lui inspirant le regret de ses
fautes et le courage de les confesser.
Puissent nos cœurs accueillir le pardon du Seigneur en lui offrant le repentir, en recevant l’absolution et en se proposant une vraie satisfaction.
SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/09/03.php
Saint Grégoire le Grand
Pape (540-604)
C’est à bon droit que cet
illustre Pape est appelé le Grand ; il fut, en effet, grand par sa naissance, —
fils de sénateur, neveu d’une sainte, la vierge Tarsille ; — grand par sa
science et par sa sainteté ; — grand par les merveilles qu’il opéra ; — grand
par les dignités de cardinal, de légat, de Pape, où la Providence et son mérite
l’élevèrent graduellement.
Grégoire était né à Rome.
Il en occupa quelques temps la première magistrature, mais bientôt la cité, qui
avait vu cet opulent patricien traverser ses rues en habits de soie,
étincelants de pierreries, le vit avec bien plus d’admiration, couvert d’un
grossier vêtement, servir les mendiants, mendiant lui-même, dans son palais
devenu monastère et hôpital. Il n’avait conservé qu’un seul reste de son ancienne
splendeur, une écuelle d’argent dans laquelle sa mère lui envoyait tous les
jours de pauvres légumes pour sa nourriture ; encore ne tarda-t-il pas de la
donner à un pauvre marchand qui, après avoir tout perdu dans un naufrage, était
venu solliciter sa charité si connue.
Grégoire se livra avec
ardeur à la lecture des Livres Saints ; ses veilles, ses mortifications étaient
telles, que sa santé y succomba et que sa vie fut compromise. Passant un jour
sur le marché, il vit de jeunes enfants d’une ravissante beauté que l’on
exposait en vente. Apprenant qu’ils étaient Angles, c’est-à-dire du pays,
encore païen, d’Angleterre : "Dites plutôt des Anges, s’écria-t-il, s’ils
n’étaient pas sous l’empire du démon." Il alla voir le Pape, et obtint d’aller
prêcher l’Évangile à ce peuple ; mais les murmures de Rome forcèrent le Pape à
le retenir.
Le Souverain Pontife
étant venu à mourir, Grégoire dut courber ses épaules sous la charge
spirituelle de tout l’univers. L’un des faits remarquables de son pontificat, c’est
l’évangélisation de ce peuple anglais dont il eût voulu lui-même être l’apôtre.
Grégoire s’est rendu célèbre par la réforme de la liturgie et le perfectionnement du chant ecclésiastique. Il prêchait souvent au peuple de Rome, et lorsque la maladie lui ôtait cette consolation, il composait des sermons et des homélies qui comptent parmi les chefs-d’oeuvre de ce grand docteur. Son pontificat fut l’un des plus féconds dont s’honore l’Église. Grégoire mourut le 12 mars 604. On le représente écoutant une colombe qui lui parle à l’oreille. Il est regardé comme le patron des chantres.
SOURCE : http://viechretienne.catholique.org/saints/64-saint-gregoire-le-grand
Gregório
Magno, circa 1540, autor desconhecido
Le plus grand pape de
l’histoire… ne voulait pas être pape
Aliénor
Goudet | 02 septembre 2020
Doté d’une grande sagesse
et d’une plume tout aussi aiguisée, le pape Grégoire Ier (590-604) a permis
d’apporter un peu de répit à l’Italie du VIe siècle, agitée par les conflits et
dévastée par la peste. C’est pourtant bien contre son gré que cet humble moine
s’est retrouvé à la tête de l’Eglise. Avant de prendre place sur le trône de
saint Pierre… il a bien tenté de fuir.
Monte Caelio, 590. Il y a
bien longtemps que la nuit est tombée sur Rome et ses alentours. Malgré cela,
quelqu’un ne dort toujours pas au monastère de Saint-André. Au lieu de chercher
le sommeil, le père Grégoire fourre ses quelques vêtements et nombreux livres
dans deux sac, à la seule lueur d’une petite bougie. Il doit se hâter, car
l’escorte qui doit l’emmener à Rome ne tardera pas.
Qui a eu l’idée farfelue
de le choisir comme successeur du saint pontife ? Lui, petit moine de rien du
tout ? Mais ça, le peuple ne veut pas l’entendre. Même la missive qu’il a
envoyé à l’empereur pour plaider sa cause a été intercepté. Enfin prêt, le
monial enfile ses sacoches et quitte le monastère sur la pointe des pieds.
Il prend le chemin qui
descend la colline en direction opposé de la ville du trône de saint Pierre.
Heureusement, la lumière de la pleine lune lui donne une bonne visibilité. Avec
un peu de chance, il atteindra le village avant l’aube. Après quelque temps,
des claquements se font entendre. Un petit âne, chevaucher par une silhouette
familière, trotte tranquillement pour le rattraper.
– Il est bien tard pour
une balade nocturne, tu ne crois pas ? demande le père Valentin, ralentissant
le pas de sa monture.
Bien sûr. Qui d’autre que
Valentin, ami fidèle et père supérieur du monastère aurait pu deviner
exactement où il se rendait ? Grégoire sait qu’il ne peut fuir, chargé comme il
l’est. Mais il ne s’arrête pas.
– Tu sais aussi bien que
moi que je ne suis pas digne de cette tâche. Je ne suis même pas évêque. J’ai
choisi la vie monastique pour servir Dieu dans l’humilité et la paix.
À sa grande surprise,
Valentin n’essaye pas de le raisonner ou de lui barrer le chemin. Au contraire,
il descend de sa monture et marche à ses côtés.
– Pourtant tu refuses le
chemin sur lequel il t’envoie, remarque ce dernier.
– Ce n’est pas Dieu mais
les hommes qui m’ont élu.
– Ta clarté d’esprit a
fait de toi le meilleur apocrisiaire (représentant de l’Église de Rome) de
Constantinople. Rome est en péril. Tes dons de médiateurs sont nécessaires pour
faire face à ces fléaux. Ne le vois-tu pas ?
Lire aussi :
Sainte
Monique, les larmes d’une mère pour son enfant perdu
Les paroles de Valentin
ne laissent pas Grégoire de marbre mais il ne peut se résoudre à croire que
c’est lui dont Rome a besoin. Les débordements du Tibre, la peste, les Lombards
qui n’attendent que l’occasion d’attaquer à nouveau… Que peut-il contre un tel
chaos ?
– Je ne suis bon qu’à
prier et rédiger des œuvres pieuses. Comment puis-je faire cela depuis le trône
de saint Pierre ?
Cette fois, Valentin
fronce les sourcils.
– Si je t’entends bien,
tu veux servir Dieu mais seulement de la manière qui te sied ? Prend garde
Grégoire, ceci ne ressemble guère à de l’humilité. Rappelle-toi qu’il faut
servir le Seigneur selon sa volonté, et non la tienne.
Ces mots éveille en
Grégoire le souvenir de sa consécration à Dieu, et il s’arrête enfin. Son vœu
n’était pas seulement un vœu de service, mais également d’obéissance. Que ce
soit par peur ou par désir de confort, cette fuite le rendait encore plus
indigne de Dieu qu’il ne se l’était déjà. Ah, quel benêt ! Le voici rouge de
honte devant le Dieu qu’il aime tant.
Pourtant, l’angoisse ne
le quitte pas. Certes, avec son expérience de conseiller auprès du pape défunt,
il sait à quoi s’attendre mais ne peut s’imaginer résoudre de tels conflits.
– Ne crains rien, lui dit
son fidèle ami. Tu ne seras jamais seul.
Des cris se font entendre
en haut de la colline et des lueurs de torches apparaissent près du monastère.
On le cherche pour l’escorter à Rome.
– Seigneur, songe-t-il,
j’irai là où tu me voudras. Alors, par pitié, n’abandonne pas ton indigne
serviteur.
Malgré sa réticence
première, Grégoire Ier ne manque jamais à son devoir de pape. Il meurt le 12
mars 604 et est canonisé cinquante ans plus tard, après une vie de dévotion
envers les malades, de réformes liturgiques, de négociations pour la paix, et
de propagation de la foi au-delà des frontières. Il est au côté de saint
Augustin, saint Ambroise et saint Jérôme, l’un des premiers docteurs de
L’Église. En prenant place sur le trône de saint Pierre, ce pape s’est fait
serviteur de tous.
Lire aussi :
La
nuit qui fit basculer la vie de saint Louis
Saint Grégoire le Grand
Les hautes montagnes sont
pour les cerfs, la pierre est le refuge des hérissons (Ps 103). Ceux qui sont
capables des bonds de la contemplation possèdent les hautes montagnes de
l’intelligence. Quant à nous, tout petits hérissons, que la pierre nous soit un
refuge ! Tout petits et tout couverts des épines piquantes de nos péchés, nous
ne pouvons saisir les choses élevées, mais cachés dans le refuge de notre
pierre, la foi au Christ, nous sommes sauvés !
Hom. sur Ézéchiel 9, 31
Qu’enfermé de toutes parts à la manière de l’eau, l’esprit humain se recueille
pour s’élever, tel le jet d’eau vers le ciel, tendant toujours à remonter là
d’où à est descendu… en se dispersant, le jet d’eau se brise, il se répand
alors sans profit ! La citadelle de l’esprit qui n’a pas des murs de silence
s’offre aux coups de l’ennemi.
Pastoral III, 14
Il ne peut plus rechercher les petits ruisseaux, celui qui puise à la source
même de la Vérité.
Moralia 30, 14, 49
I. Vie
Indiquons rapidement les étapes de la vie de Grégoire qui fut successivement
laïc engagé, moine contemplatif et pasteur d’âmes : laïc, il fut préfet de
Rome, il transforma ensuite sa vaste demeure du Coelius en monastère. Après y
avoir vécu cinq ans, il fut nommé diacre et envoyé comme apocrisiaire à
Constantinople de 579 à 586. Il devint pape en 590, vers l’âge de 50 ans. Il
mourut en 604.
1. La famille
Grégoire naît à Rome vers 540. Sa famille est patricienne et chrétienne. Son
arrière grand-père paternel - Félix III - avait été pape. Son Père Gordianus
est sénateur et notaire régionaire - sa mère Silvia sera honorée comme sainte.
Les trois sœurs de son père - Tharsilla, Emiliana et Gordiana sont consacrées à
Dieu et vivent dans la maison familiale. Tharsilla et Emiliana seront, elles
aussi, vénérées comme saintes. Quant à Gordiana pour qui Grégoire se montre
sévère, elle ne persévéra pas et épousa un de ses fermiers. On pense que Grégoire
avait un frère.
2. Le contexte historique
Le contexte historique est très sombre : en 540 sévit la guerre de reconquête
de l’Italie contre les Ostrogoths. En 543 éclate une épidémie de peste noire.
On ne sait rien de précis sur la formation intellectuelle de Grégoire. Il dut
apprendre le droit et la jurisprudence. Il n’a rien d’un philosophe.
3. Préfet de Rome
Vers 572, Grégoire devint préfet de Rome, il présidait donc au Sénat, il était
le plus haut magistrat de la ville.
4. Moine au Coelius
Après avoir longtemps hésité, Grégoire quitte le monde vers l’âge de
trente-cinq ans, il distribue ses biens et se fait moine [1].
Il fonde dans sa maison paternelle un monastère dédié à saint André, le Clivus
Scauri et fonde six monastères dans ses immenses domaines familiaux en Sicile.
Grégoire n’est pas Abbé car un saint religieux nommé Valentin [2]
était à la tête du monastère et ce serait un anachronisme de dire Grégoire
bénédictin, il est moine et il demeure moine au Coelius plus ou moins cinq ans
:
Quittant tout et non à la légère - car longtemps, longuement, j’ai différé la
grâce de la conversion à l’état monastique - je gagnai le havre d’un monastère
et laissant ce qui est du monde (hélas, je le croyais) je m’échappai nu du
naufrage de cette vie.
Moralia, Préface
5. Diacre et apocrisiaire à Constantinople
Mais en 579, Grégoire est ordonné diacre.
Comme l’effort de la tempête lorsqu’elle s’augmente arrache souvent une barque
de la rade la plus sûre quand on n’a pas assez soigneusement attaché les
câbles, ainsi, soudain, sous le prétexte de mon ordination (au diaconat), je me
trouvai tout d’un coup emporté dans la pleine mer des affaires du siècle.
Moralia, Préface
Le pape Pélage II envoie Grégoire comme apocrisiaire - nous dirions comme nonce
- à Constantinople auprès de l’empereur Tibère Il auquel succède l’empereur
Maurice. Grégoire ne sait pas le grec et il ne l’apprend pas. Il demeure six
ans à Constantinople entouré d’un petit groupe de moines de Saint-André. On
attend de Grégoire qu’il obtienne de l’empereur de l’aide pour l’Italie. Il
écrit alors du moins en grande partie le livre des Moralia sur Job, à la
demande de ses frères moines et de son ami Léandre de Séville qu’il connut à Constantinople.
Pour n’avoir pas conservé avec assez de fermeté la paix dont je jouissais dans
le monastère, j’ai reconnu en la perdant de quelle importance il est de la
conserver quand on la possède… Quoi que l’emploi pour lequel on m’avait obligé
de sortir du monastère me fit comme mourir à la vie tranquille par l’épée des
occupations extérieures, je ne laissais pas néanmoins, au milieu de ces
dissipations importunes, d’aller tous les jours reprendre une vie nouvelle et
ranimer mes sentiments de componction dans de saintes lectures et de salutaires
entretiens avec mes frères.
Moralia, Préface
6. Retour à la vie monastique
Grégoire revint ensuite à son monastère du Clivus Scauri au Coelius où il resta
encore à peu près cinq ans.
7. Le pontificat
En 590, le pape Pélage II mourut de la peste qui sévissait, suite à une
inondation du Tibre. Grégoire est élu, il recevra la consécration épiscopale le
3 septembre 590, après une tentative de fuite et après avoir vainement
sollicité le veto de l’empereur. Grégoire se dévoue aux pestiférés, institue de
grandes processions. La famine sévit car les greniers à blé des bords du Tibre
ont été emportés. Grégoire s’occupe très concrètement des malheureux : « Le
patrimoine de l’Église est la propriété des pauvres », dit-il. Voici les trois
grandes pensées du pontificat de Grégoire : • la défense de l’Italie, • la
lutte contre la simonie et l’immoralité du clergé, • la conversion des
anglo-saxons.
En somme, Grégoire est vice-roi d’Italie et même de l’Occident, de
Constantinople à Séville, de Cantorbery à Alexandrie. Il s’occupe de l’Illyrie,
de l’Espagne, de l’Afrique. Il essaie de conclure la paix avec les Lombards,
son trait de génie fut d’ailleurs de dissocier le catholicisme de la
civilisation romaine.
J’ai vu de mes propres yeux les Romains attachés comme des chiens, la corde au
cou, on les menait en Gaule pour les vendre.
Moralia, Préface
Grégoire donnait ordre de racheter les captifs. Il devint le pasteur de
l’Occident barbare. Il entretint avec les rois barbares une correspondance
suivie. Ce fut en 596 qu’Augustin de Cantorbery fut envoyé aux pays des Angles.
La vie de Grégoire fut une longue souffrance ; sa santé était très déficiente ;
mais surtout, accaparé par les misères des temps au point de confondre la fin
d’un monde avec la fin du monde qu’il crut - imminente, Grégoire connut la
souffrance du mystique vivant parmi les agitations. Il fut malade les trois ou
quatre dernières années de sa vie et il mourut le 12 mars 604.
II. Œuvres
1. Relevé des œuvres
Les Moralia sur Job
Les Moralia reproduisent des conférences monastiques de Grégoire données aux
quelques moines groupés à Constantinople autour de lui tandis qu’il était
apocrisiaire. C’est un ouvrage très long, le plus étendu de toute l’œuvre de
Grégoire. Ce commentaire oral fut retouché à plusieurs reprises, les dernières
retouches qu’y fit Grégoire datent de la seconde moitié de son pontificat :
Moralia 27, 21 par exemple fait allusion au succès de la mission d’Angleterre.
La relation avec le texte biblique est très large, le titre indique d’ailleurs
que ce livre est une suite d’exhortations morales.
Le Pastoral
Le Liber regulae pastoralis fut composé vers 591. L’évêque Jean de Ravenne
reprochait à Grégoire d’avoir voulu se dérober à la charge d’évêque de Rome.
Grégoire lui répond [3].
En trois parties d’inégale longueur, Grégoire étudie successivement les
conditions requises pour bien exercer la charge pastorale (11 chapitres), les
règles de vie du vrai pasteur (11 ch.), les règles de la prédication et de
l’enseignement catéchétique (40 ch.). Il termine par un chapitre consacré à une
réflexion sur son infirmité personnelle. Le Pastoral témoigne de la sagesse de
Grégoire, de son esprit de modération si proche de l’esprit de discrétion qu’il
reconnaissait à saint Benoît [4]
et de son sens psychologique.
Les Homélies sur l’Évangile
Ces prédications sont destinées à la masse des fidèles, aussi sont-elles très
simples et moralisantes. Elles furent prononcées au cours de la messe : inter
sacra missarum solemnia. Grégoire estimait en effet qu’un des premiers devoirs
de l’évêque était de commenter l’évangile lu à la messe. Ces quarante homélies,
prononcées de 590 à 593, furent publiées dès 593. On sait que seules l’homélie
17 et les vingt dernières furent prononcées par le pape Grégoire, les 19 autres
durent être lues par un secrétaire, car les crises d’estomac de Grégoire, qui
nous renseigne avec grande simplicité sur sa santé, le rendaient aphone.
Les Homélies sur Ézéchiel
Les 22 homélies sur Ézéchiel furent rédigées pour un public à prédominance
monastique. Grégoire cependant déclare les avoir prêchées devant le peuple -
coram populo - mais il est certain qu’il les reprit et les corrigea à la
demande de moines et à leur intention. C’est dans ces homélies, qui forment un
vrai traité de la contemplation, que se trouvent les plus belles considérations
mystiques de toute l’œuvre de Grégoire.
Les Dialogues
Les Dialogues traitent de la vie et des miracles des saints italiens. Cet
ouvrage se présente sous forme de dialogues : une conversation s’échange entre
le pape Grégoire et son jeune et ingénu diacre Pierre. On peut dater l’écrit de
593/594. Il se compose d’une suite de récits écrits pour de simples fidèles
avides de merveilleux. L’œuvre, qui vise à l’édification populaire, est très
attrayante. Si l’on admet et comprend le genre littéraire particulier, on est
préparé par là même à le dépasser et à recueillir les pensées profondes de
Grégoire.
Des quatre livres qui composent les Dialogues, le deuxième est entièrement
consacré à présenter la personnalité de saint Benoît, en qui « réside l’esprit
de tous les justes ».
Expositions sur le livre des Rois
Leur authenticité, qui a été contestée, est à nouveau démontrée [5].
Ce livre contient de longs développements sur la grâce de l’onction épiscopale.
Expositions sur le Cantique des Cantiques
Deux homélies authentiques [6].
On en avait longtemps contesté l’authenticité.
Le Registre des Lettres
Ce registre compte 868 lettres, quelques-unes d’entre elles sont attribuées à
Pélage II, mais en fait elles sont bien écrites par Grégoire qui était le
secrétaire du pape Pélage. Ces lettres permettent au lecteur d’apprécier
l’œuvre de gouvernement de Grégoire, elles sont importantes aussi au point de
vue de sa théologie morale. Leur qualité humaine et littéraire est
exceptionnelle. Il est vrai cependant que dans ces lettres officielles Grégoire
a su user, et on le lui reproche, du procédé bien connu de la captatio
benevolentiae [7],
il ne craint pas de se montrer bienveillant envers la reine Brunehaut ou envers
l’empereur Phocas, assassin de l’empereur Maurice.
Œuvre liturgique
Il faut relever l’apport personnel de saint Grégoire dans la composition du
formulaire qui porte le nom de Sacramentaire grégorien [8].
2. Le style
À la fin de la préface de ses Moralia sur Job, Grégoire écrit :
C’est une chose indigne de vouloir assujettir aux règles de Donat (le
grammairien) les paroles des divins oracles [9].
On s’indigna d’un tel propos, on le prit au tragique ! On parla de la barbarie
de Grégoire ! Or, il est évident que Grégoire voulut seulement se séparer du
style recherché des décadents. « Ce ne sont pas les valeurs éternelles de
l’humanisme que Grégoire refuse, mais les jeux d’une puérilité monstrueuse où
se complaisent les derniers lettrés de son temps » [10].
Ce que refuse Grégoire, c’est le verbiage :
Tous nous savons bien que, lorsque les chaumes de moissons aux promesses
trompeuses se développent en feuilles, les épis sont moins gonflés de grains.
Ep. miss. 5
La prose musicale de Grégoire est remarquable. Grégoire fait preuve d’une
grande délicatesse naturelle et elle transparaît dans son style qu’il met au
service de la pensée chrétienne. Ce style rythmé est savant par la structure étudiée
des phrases, mais les images pittoresques qui l’émaillent donnent à
l’expression un charme presque naïf. Rupert de Deutz (XIIe siècle) a dit très
justement des écrits de Grégoire qu’ils ont à la fois une plénitude et une
douceur dont l’alliance constitue leur grâce propre.
III. Doctrine spirituelle
Grégoire le Grand est, nous le verrons, le docteur du désir, le docteur de la
contemplation dont le désir est l’âme. Toute la doctrine spirituelle de
Grégoire s’ordonne autour de la recherche ardente de la contemplation, une
contemplation qui n’est pas un bien jalousement gardé mais qui se communique à
autrui dans la charité, une contemplation qui ne sera parfaite que dans
l’au-delà mais qui est déjà expérience de la foi.
1. Deux thèmes importants
Les trois ordines
Tous les chrétiens sont appelés à la perfection, elle est l’idéal commun aux
trois catégories de chrétiens, aux trois ordines : les personnes mariées
(conjugati), les moines (continentes), les clercs (praedicatiores ou rectores).
D’une part, il y a le peuple chrétien (le laos d’après le mot grec, la plebs d’après
le latin), de l’autre, les clercs, responsables du peuple chrétien : les
praesules ou les praepositi. « l’Église est une diversité concordante »(Moralia
28).
Saint Jean Chrysostome déjà avait affirmé que gens du monde et moines ont le
devoir d’atteindre le même sommet. Les moyens cependant diffèrent et la
distinction des différentes catégories de chrétiens d’après leur état de vie
respectif se base sur une différence de moyens déterminés par la différence des
vocations. C’est à tous les chrétiens que s’adresse saint Grégoire lorsqu’il
dit :
Traitez les affaires temporelles en tendant de toute votre âme aux réalités
éternelles.
In Ez. II, 5, 19
Appelées à une même perfection, les trois catégories de chrétiens se
distinguent cependant par les degrés de perfection de leur état de vie : gens
mariés - moines ou célibataires consacrés à Dieu clercs voués à la prédication
ou au service direct du peuple (laos) chrétien, c’est-à-dire des laïcs, voilà
la hiérarchie ascendante de Grégoire car dans chacun de ces états de vie, il y
a prédominance d’une forme de vie : vie active, vie contemplative, vie mixte et
Grégoire met au sommet la vie mixte [11]
Vie active, vie contemplative, vie mixte
Parce que les gens mariés sont nécessairement engagés dans les affaires
temporelles, il y a normalement chez eux prédominance de la forme de vie dite
active, celle où l’on agit, où l’on s’affaire, mais aussi celle où l’on travaille
à l’acquisition des vertus morales. Parce que les moines ont fui le monde [12]
pour rechercher les conditions les meilleures à la contemplation ils sont voués
à la recherche de la quies (l’hésychasme oriental) [13]
et leur vie est une vie contemplative, la contemplation est donc leur privilège
inamissible. Grégoire fut moine et le resta d’ailleurs, mais il fut appelé à
quitter sa solitude et à devenir, selon l’expression qui est la sienne et qui
signifie vraiment ce qu’elle dit, le serviteur des serviteurs de Dieu. Il en
souffrit mais il n’y vit pas une perte, bien au contraire. Les clercs, les
rectores ou praedicatores, sont entièrement voués au service des autres, leur
vie est mixte, elle n’aurait aucun sens si elle ne transmettait aux autres, par
l’action, les grâces puisées dans la contemplation : la vie mixte pour saint
Grégoire ne se conçoit nullement comme une vie active qui s’interromprait pour
se livrer par à coups à la contemplation, elle est la vie contemplative
elle-même qui déborde en action.Il y a donc, encore qu’elle soit quelque peu
artificielle, une corrélation entre les trois catégories de chrétiens et les
trois états ou formes de vie. D’autre part, il faut dire qu’une vie active,
purement et uniquement active, ne peut tout simplement pas se concevoir,
d’après saint Grégoire. Toute vie chrétienne doit être contemplative. Une vie
purement et uniquement contemplative peut à la limite se concevoir : elle
serait anticipation de la vie de l’au-delà. Normalement, cependant, elle est
réservée à l’au-delà [14],
la faiblesse humaine ne permet guère d’y demeurer. Voici comment Grégoire parle
à ce sujet aux rectores (les clercs qui mènent la vie mixte) :
Ne pouvant en cette vie rester longtemps dans la divine contemplation, ils
ressemblent aux sauterelles (Ps 108 Excussus sum sicut locustae) après le saut
qu’ils ont fait, ils se « reçoivent » dans leur chute et retournent aux
exigences nécessaires de la vie active. Cependant ils ne sont pas satisfaits
d’y demeurer et quand de nouveau, ils s’élancent avec ardeur vers la
contemplation, ils recherchent pour ainsi dire l’air pour voler : ils passent
leur vie comme les sauterelles, à prendre leur essor et à retomber ; alors que
sans cesse, ils s’efforcent de ne jamais perdre de vue les réalités les plus
élevées, ils sont rejetés sur eux-mêmes par le poids de leur nature
corruptible.
Moralia 31, 49
La contemplation a toujours le pas sur l’action, mais les tendances active et
contemplative sont complémentaires, elles ne peuvent se séparer ; chacun est
appelé à respecter la tendance dominante de son tempérament (n’oublions pas que
Grégoire est fin psychologue). La contemplation ne prouve son authenticité que
dans le service des autres. Les clercs mènent donc, d’après leur état de vie,
la vie mixte, la vie la plus parfaite, celle dont le Christ nous a montré
l’exemple.
2. Trois conditions de la contemplation
L’ascèse
L’ascèse est un effort de purification tout ordonné à la contemplation.
L’attention de Grégoire se porte sur l’intention et non sur des pratiques
pénitentielles extérieures. Tout est centré sur la vie intérieure, sur la radix
intentionis, la racine même de l’intention. L’ascèse est la garde du cœur :
custodia cordis. Il faut remarquer cette insistance de Grégoire : tout part du
cœur (cf. Mt 15, 19 etc. : c’est du cœur que procèdent mauvais desseins,
meurtres etc.) - les expressions telles que « Oculus cordis, auris cordis, in
ore cordis » affluent [15].
La conversion consiste d’ailleurs à « revenir à son cœur » - redire ad cor -
telle est la façon de « faire retour au paradis », de revenir comme les mages
par un autre chemin. Parmi les vertus, Grégoire recommande très spécialement la
patience et l’humilité : elles sont deux aspects d’une même attitude de
présence à Dieu et la présence à Dieu n’est-elle pas déjà la contemplation ?
Grégoire avait été instruit par la maladie des limites de la nature humaine ;
très psychologue, il en a toujours une conscience très vive, il insiste donc en
matière d’ascèse pénitentielle sur la modération, sur la discrétion qu’il loua
dans la Règle écrite par saint Benoît. Il est une ascèse plus fondamentale que
celle qui consiste à accumuler des pratiques, c’est celle du renoncement à
soi-même, du refus de suivre sa volonté propre. Par l’obéissance monastique, le
moine se voue à cette ascèse, il se met à l’école sublime du Christ :
Le moine a décidé de se mettre à une plus sublime école, il se dispose à briser
ses volontés les plus personnelles, il est prêt à renoncer même à ses bons
désirs.
In I Reg. VI, 2, 22
Etre mort à soi-même par l’ascèse est d’ailleurs une condition de la vie mixte
: comment sinon redresser les autres, être au service des autres pour les
amener à la foi ?
La componction
On caractérise d’emblée la pensée de saint Grégoire sur la componction en
disant qu’il la présente toujours comme une componction de contemplation. Elle
est condition de la contemplation certes, mais déjà elle la suppose. En
d’autres termes, on peut dire que saint Grégoire parle toujours d’une
componction d’amour selon le sens plénier du mot, sens qui s’est toujours
conservé en Orient [16].
À la suite de Saint Grégoire, voyons les étapes de la componction : Au point de
départ de la conversion chrétienne se trouve une vive conscience de la misère
de l’homme, une conscience vécue, éprouvée.
L’homme est tombé bien loin au-dessous de lui… ayant perdu la vue de son
Créateur, il a en même temps perdu toute sa force et sa fermeté.
Moralia VIII, 8
De cette expérience naît l’humilité, la conscience de notre besoin de Dieu.
Nous recevons alors de Dieu la componction, c’est-à-dire un choc salutaire, un
coup, une piqûre, une brûlure. Le terme était d’origine médicale : un
élancement. Au sens religieux, il signifie une douleur du fait de notre péché,
de notre besoin de Dieu, de notre désir de Dieu.
Nous nous laissons entièrement consumer au feu de la douleur (offrant ainsi un
holocauste pour nos péchés).
Moralia 32, 1
Quand Dieu entre dans une âme, son entrée est suivie des gémissements de la
pénitence, en sorte que désormais la plus grande joie de l’âme est de répandre
les pleurs du salut… C’est comme par un éclat de tonnerre qu’il nous frappe
quand par sa grâce, il nous réveille de notre négligence et de notre
assoupissement.
Moralia 27,40
Mais ce choc, cette voix tonnante de Dieu peut se faire chant intérieur, léger
murmure, parole silencieuse (Moralia 30, 20-27, 42-45, 52) et les larmes de
l’amour accompagnent toujours celles de la pénitence si bien que de plus en
plus les larmes de joie dominent.
Ils ne cessent de désirer voir le Roi dans sa beauté et de pleurer d’amour
chaque jour.
Hom. Ez., II, 10, 21
Grégoire lui-même a tracé le chemin de la componction : l’âme pense à ce
qu’elle fut, au châtiment qui la menace, à ce qu’elle est, au lieu où elle
n’est pas : elle chemine donc, de la contrition au désir :
Là où elle fut, là où elle sera, là où elle est, là où elle n’est pas.ubi fuit,
ubi erit, ubi est, ubi non est.
Moralia 23, 41
Cassien aussi, avant Grégoire, insistait sur la componction d’amour.
Quel est l’homme qui pourrait exposer la variété des sentiments de componction
qui embrasent le cœur d’une brûlante ardeur et lui font former des prières si
pures et si ferventes… Je psalmodiais, un verset de psaume m’a jeté en cette
prière toute de feu… Souvent, au souvenir de mes fautes, mes larmes ont coulé,
et la visite du Seigneur m’a tellement vivifié de cette joie ineffable… que son
immensité même me commandait de ne point désespérer de mon pardon.
Cassien, Conf. IX, 26-28
Grégoire est l’héritier authentique de la doctrine de l’Orient chrétien sur les
larmes - le penthos - les prières catanyctiques [17].
On doit dire même qu’il l’enrichit. On comprend mieux le sens de la prière pour
le don des larmes lorsqu’on découvre une doctrine aussi pénétrante. Grégoire
nous conseille d’ailleurs de secouer (excuti) la componction de tristesse
(Moralia 7, 13) pour nous arrêter au seul désir de Dieu qui s’exprime en cris
désordonnés de joie dans le jubilus (si cher aussi à saint Augustin).
Beatus populus qui scit jubilationem (Ps 88) : l’âme est émue de pleurs de
joie. L’esprit conçoit une joie ineffable qui ne peut plus être cachée et
qu’aucun mot ne peut exprimer… Il n’est pas dit « Heureux le peuple qui dit sa
joie », mais qui la connaît - cette joie qui peut être connue ne peut se dire.
Elle est ressentie mais elle est bien au-delà de tout sentiment. La conscience
de celui qui la ressent ne suffit pas à la contempler, comment pourrait-elle
jamais l’exprimer. Je verrai ta face dans l’allégresse, et videbit faciem ejus
in jubilo (Jb 33, 26).
Moralia 23, 10
Le désir
On appelle souvent saint Grégoire le docteur du désir. La componction et le
désir sont des manifestations de l’amour qui tend sans cesse à la
contemplation.
Celui qui de tout son esprit désire Dieu a déjà certainement celui qu’il aime.
Hom. in Evang. 30, 1
À la vingt-cinquième homélie sur l’Évangile se trouve le beau texte sur
Marie-Madeleine où tous les thèmes se mêlent : recherche de Dieu, pleurs
d’amour de la componction, le désir et sa croissance :
Elle pleurait en cherchant, enflammée du feu de son amour, elle brûlait de
désir… À celle qui aime, il ne peut suffire de regarder une seule fois car la
force de l’amour multiplie l’ardeur de la recherche… Les désirs dont la
réalisation est différée croissent et ayant atteint toute leur croissance, ils
deviennent capables de saisir ce qu’ils ont enfin trouvé.
Hom. in Evang. 25
La componction nous creuse et elle augmente notre capacité de Dieu. Aussi, nous
ne sommes plus que désir et ce désir - qui est un état de prière - est la forme
même de notre amour. « Anhelare, aspirare, suspirare » : Grégoire a tout un
vocabulaire limpide, pur, très chaste, du désir.
Le désir, à mesure qu’il s’intensifie, est comblé par une possession de Dieu
qui le fait croître encore. Plus encore que saint Augustin, et avec un autre
accent, Grégoire a chanté à chaque page de ses écrits le désir de l’âme.
Le désir de Dieu suppose une purification des désirs.
La purification des désirs se réalise par l’ascèse. L’homme terrestre désire
naturellement les délices terrestres et les choses spirituelles ne provoquent
qu’ennui à celui qui les ignore :
L’absence des délices corporelles attise en nous un violent désir mais leur
jouissance pour qui s’en nourrit tourne immédiatement en dégoût causé par la
satiété. L’absence des délices spirituelles au contraire provoque le dégoût
mais leur possession éveille le désir. Plus on en mange, plus on en a faim, et
plus on en a faim, plus on s’en nourrit.
H. Ev. 36
Désirer Dieu, c’est se purifier d’autres désirs, c’est se détacher pour
s’attacher. Le désir de Dieu exige de nous une lutte courageuse contre les
tendances contraires en nous à ce désir. Les biens terrestres sont à notre
usage (ad usum), ils ne peuvent nous dominer
Qu’elles soient possédées, les choses terrestres, qu’elles ne vous possèdent
pas.
H. Ev. 36
Que surtout nous n’aimions pas nos désirs mauvais :
Nous ne voulons pas goûter au-dedans la douceur qui nous est préparée,
préférant au-dehors, malheureux que nous sommes notre état d’affamés (amamus
forismiserii famem nostram).
H. Ev. 36
Saint Grégoire poursuit en remarquant qu’il ne faut regarder que de côté tout
ce qui passe :
Usez des choses temporelles durant votre pèlerinage, mais désirez les biens
éternels pour le terme. Il faut ne regarder que de côté - ex latere - pour
ainsi dire tout ce qui passe dans ce monde, les regards de notre âme doivent se
porter devant nous tandis que de toute leur force ils considèrent ce à quoi
nous devons parvenir.
H. Ev. 36
Le désir est l’âme de la prière
Ce qui rend nos voix puissantes (pénétrantes) aux oreilles très secrètes de
Dieu, ce ne sont pas nos paroles mais nos désirs. Si nous demandons la vie
éternelle de bouche (du bout des lèvres) mais que nous ne la désirons pas du
fond du cœur, nous nous taisons malgré notre clameur (tacentes clamemus). C’est
dans le désir que se trouve cette secrète clameur qui ne parvient pas aux
oreilles humaines mais qui remplit l’ouïe du Créateur (auditum Creatoris
replet).
Moralia XXII, 43
Le désir de Dieu apaise l’âme, harmonisant tout en elle, l’élevant au-dessus de
l’immédiat :
Par le désir, transcendons toutes choses afin que puisse se recueillir en un
seul objet notre cœur.
H. Ez. II, 10, 23
Le désir s’éclaire des lumières de la Révélation.
L’Incarnation du Verbe est révélatrice : la présence du Christ révèle
l’Invisible si bien que notre désir « voit » déjà la Lumière qui nous est
intérieure. Grégoire a des formules admirables et décisives pour parler de
l’Incarnation révélatrice :
Par le mystère du Verbe incarné, tandis que nous connaissons Dieu sous une
forme visible, nous sommes enlevés (rapiamur : c’est un rapt) dans l’amour des
choses invisibles.
Préface de Noël
L’espèce humaine (que symbolise l’aveugle assis au bord de la route près de
Jéricho) est illuminée par la présence de son Rédempteur afin qu’elle puisse
voir déjà par le désir les joies de la Lumière intérieure (internae lucis
gaudia jam per desiderium videat) et qu’elle puisse poser sur le chemin de la
vie les pas de l’œuvre bonne.
Hom. 2 in Ev.
3. La contemplation d’après saint Grégoire
Rappelons ce qui a été dit plus haut à propos des états de vie : la vie active
et la vie contemplative doivent, d’après saint Grégoire, se mêler, si bien que
l’idéal est en somme la vie mixte, celle où la contemplation déborde en service
du prochain. Aux états de vie correspondent des manières différentes d’unir
l’action et la contemplation. Tous cependant sont appelés à la contemplation.
Le terme de vita contemplativa se retrouve jusqu’à 44 fois dans les Homélies
sur Ézéchiel et 20 fois dans les Moralia. En voici une définition :
La vie contemplative consiste à conserver de tout son esprit la charité envers
Dieu et le prochain, elle cherche à se reposer (quiescere) de l’action
extérieure, à s’adonner au seul désir du Créateur, de telle sorte qu’on n’ait
plus le goût d’exercer aucune action, dépassant tous les soucis, l’âme alors
brûle du désir de voir la face de son Créateur.
Hom. Ez. II, 2, 8
Très fermement la condition première est posée : garder la charité - elle est
le seul but - et sous son double aspect : envers Dieu, envers le prochain.
Vient ensuite la description de la grande tendance contemplative : la recherche
positive de l’otium, du repos. Grégoire fut dans l’action un contemplatif, sa
vie fut une vie mixte, livrée au service du prochain, mais le désir de son âme
ne cessa de l’entraîner vers la contemplation [18].
Mais cette contemplation elle-même à laquelle l’ascèse, la componction et le
désir prédisposent et pour laquelle l’otium est requis, comment Grégoire la
définit-il ? Elle est pour lui une mystique de la Vision. Elle est regard vers
Dieu, désir incessant de le voir, bien plus elle est Vision mais vision de foi,
vision de désir, vision nocturne. Le brouillard s’interpose, la foi et le désir
le traversent : le regard s’arrête sur le mystère (arcana). Cet idéal : « voir
Dieu » est une aspiration johannique (Jn 1, 14 ; 11, 40 ; 14, 9 etc.) qui fut
admirablement reprise par saint Irénée déjà :
De même que ceux qui voient la lumière se trouvent dans la lumière et
participent à son éclat, de même ceux qui voient Dieu sont en Dieu parce qu’ils
participent à son éclat. La clarté les vivifie et ceux qui voient Dieu en
reçoivent la vie.
Irénée, AH IV, 20, 5
La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et la vie de l’homme c’est la vision de
Dieu.
Irénée, AH IV, 20, 8
Et Grégoire de Nysse dit de même :
Voir Dieu, c’est la vie de l’âme.
Grégoire de Nysse, Traité des enfants morts sans baptême, PG 46, 176 a
Regarder et continuer de regarder avec un grand désir les « arcanes » de Dieu
est un acte d’amour d’où résulte une possession : l’âme « perçoit » - elle «
sent ». La prière rend possible la vision de désir. Dieu apparaît à Grégoire
comme une lumière incirconscrite (lumen incircumscriptum). Sa perception de la
transcendance divine est très vive mais faite de simplicité, de pureté, de
limpidité ; devant Dieu l’âme se simplifie, elle se réjouit de sa pauvreté
intérieure, « s’endort à tout le reste ». On connaît cette lumière invisible
par le sentiment même qu’on éprouve de l’ignorer. Dieu est simple. Il est tout
ce qu’il a :
Il a l’éternité, mais c’est lui-même qui est l’éternité. Il a la lumière mais
c’est lui-même qui est sa propre lumière. Il a l’éclat mais c’est lui-même qui
est son propre éclat.
Moralia 16, 54
Dieu est entièrement présent à lui-même, toujours, il est vie, vérité, force,
sagesse, soleil, feu, source de lumière, principe de toute clarté.
Une contemplation chrétienne : par la Médiation du Christ.
La contemplation d’après saint Grégoire passe toujours par la Médiation du
Christ. Les images que Grégoire utilise pour en parler sont souvent empruntées
au thème de la lumière : le Christ nous illumine. Dans le Christ incarné,
dit-il, la Lumière du Verbe se dissimule dans la chair comme dans un vase de
terre (testa) mais c’est afin de ne pas nous éblouir. Le Christ est comme une
figure de vermeil (quasi speciem electri) : l’argent et l’or s’y mêlent. Cet
alliage rend l’argent de l’humanité plus brillant mais il tempère l’éclat de
l’or de la divinité (Hom. Ez. 1, 8, 25). C’est dans le Christ que s’opère le
passage du visible à l’invisible, de l’extérieur à l’intérieur, de la foi à
l’intelligence de la foi, de l’humanité à la divinité : le Christ est notre
Pâque. Le regard sur l’humanité du Christ est déjà, par la foi, regard sur la
divinité. Ce regard que dès maintenant (Jam quidem) nous portons sur notre
Médiateur est donc le commencement de la vie bienheureuse. Dieu dans le Christ
élève l’homme jusqu’à lui : Dieu est venu à l’homme dans le Verbe incarné et
l’Esprit du Père et du Fils vient dans l’homme y répandant ses sept dons par
lesquels l’âme peut retourner à Dieu : la crainte servile devient filiale et
engendre l’attitude religieuse de piété ; la science donne de discerner la
volonté de Dieu et l’homme reçoit la force de réaliser le devoir discerné ; le
don de conseil lui donne de ne pas préjuger de cette force ; enfin dans
l’intelligence que l’âme a de Dieu et d’elle-même, elle atteint la sagesse qui
est la forme la plus haute de l’illumination (de la lumen illuminans). (D’après
Moralia XVIII, 81).
4. Quelques précisions
sur le vocabulaire de la contemplation
La vision de Dieu
Le terme nous paraît très fort, aussi doit-il être replacé dans le contexte
grégorien constant de désir, de recherche. Grégoire emprunte d’ailleurs le
terme à saint Augustin mais il le vide de toute l’influence de
l’intellectualisme grec. La vision de Dieu est bien pour saint Grégoire, l’acte
même de la vie contemplative.
Ici-bas, au-delà
Il est important de remarquer que ces deux termes ne s’opposent nullement pour
saint Grégoire. Il n’y a nulle rupture entre l’ici-bas et l’au-delà mais
parfaite continuité, bien plus l’au-delà est ici-bas en ce sens qu’il est très
réellement commencé. Notre contemplation est une contemplation inchoative.
Marthe et Marie sont sœurs comme l’étaient Rachel et Léa. Pierre et Jean sont
unis.
L’amour qui commence ici-bas se parfait par la vision de Dieu dans l’éternelle
patrie.
Hom. in Ez. II, 9, 10
Les fenêtres obliques
Saint Grégoire affectionne cette image. Les fenêtres obliques sont des sortes
de meurtrières, très étroites à l’extérieur, larges à l’intérieur :
Dans les fenêtres obliques, la partie par laquelle la lumière pénètre est
étroite (angusta), mais la partie intérieure qui recueille cette lumière est
large. Ainsi les âmes de ceux qui contemplent. Elles ne voient qu’une faible
lueur de la véritable lumière (tenuiter) et cependant tout en elles semble se
dilater. Sans doute ne peuvent-elles saisir que peu de choses de ce qu’elles
regardent. Ce que, en contemplant, elles voient n’est presque rien (exiguum
valde) mais ce rien suffit à dilater le sein des âmes (laxatur sinus mentium)
et à augmenter leur ferveur et leur amour. Accueillant la lumière de la vérité comme
au travers de meurtrières (quasi per angustias) tout chez elles semble
s’élargir.
In Ez. II, 5, 17
La réverbération
La contemplation est pour Grégoire un état normal : son acte est très fréquent
: saepe et cependant elle ne peut être que fugitive. L’âme est ravie hors
d’elle-même, elle est élevée au-dessus d’elle-même (Moralia 24, 11),
l’intelligence se transcende mais par moments furtifs (raptim, per transitum,
quasi furtim), ensuite vient nécessairement la reverberatio. La violence de
l’éclat de la lumière repousse l’âme :
Et cependant, repoussée, elle aime. Et tamen repulsus amat.
Moralia 10, 13
Cette contemplation qui est toujours reprise mais qui ne peut être parfaite et
stable, saint Grégoire aime de la symboliser par ce silence d’une demi-heure
qui se fait dans le ciel (Ap 8, 1) :
Ardemment commencée, la contemplation n’atteint pas sa perfection.
Moralia 30, 53
Il se fait un silence dans le ciel (= l’âme du juste) car le vacarme des
actions terrestres s’apaise afin que l’âme puisse prêter l’oreille au secret
intime. Mais cette quiétude de l’esprit ne peut être parfaite en cette vie,
aussi on ne peut dire que dans le ciel il y eut un silence d’une heure mais
comme (quasi) d’une demi-heure…
H. Ez. II, 2, 14
La disproportion est trop grande entre l’âme et la lumière de Dieu, l’âme est
comme repoussée, foudroyée. On le sait, la pensée est augustinienne et elle
appartient à Plotin et déjà à Platon. L’insertion de Grégoire dans la pensée
grecque est bien inconsciente cependant.
Le vol de l’âme
Le vol de l’âme est un élan, un désir, non pas un mouvement intellectuel, mais
un mouvement spirituel qui soulève l’esprit vers la contemplation. La notitia
est transcendée par le volatus - ce mot enchante Grégoire - comme
l’intelligence est transcendée par le cœur.
Par la contemplation, nous sommes portés au-dessus de nous, nous sommes comme
soulevés dans les airs.
In Ez. I, 3, 1
Des mains humaines apparaissent sous leurs ailes.
Ézéchiel 1, 8
car « sous le vol de la contemplation », il y a « la vertu de l’œuvre bonne ».
Et certes, la vie contemplative est meilleure mais elle doit être unie à la vie
active et soutenue par elle (voir H. Ez. 1,3,7 etc.). Mais si haut que pût
mener le vol de l’âme, il ne peut la mener au-delà de la foi. L’objet de la contemplation
est bien souvent l’excellence Verbe :
Les cœurs humains ne pourraient prendre leur envol pour contempler le Verbe si
le Verbe tout-puissant ne s’était, pour les hommes, fait homme.
In Ez. I, 3, 14
IV. L’Écriture lue par
saint Grégoire [19]
Les trois étapes de son exégèse
Saint Grégoire parcourt habituellement trois étapes d’exégèse dans ses
commentaires d’Écriture sainte : il franchit l’étape l’histoire pour exposer le
sens allégorique, il franchit l’étape l’allégorie afin d’exposer le sens
tropologique. L’allégorie est la lecture du Nouveau Testament dans l’Ancien
elle est la lecture du Christ partout découvert :
La connaissance du Christ puisée dans l’Écriture est comme un feu caché dans la
pierre ; qu’on frappe cette pierre par le fer d’un regard perçant et le secret
sera arraché.
d’après H. Ez. II, 10, 1
La tropologie est le « sens moral », elle est la démarche essentielle à la
pleine intelligence de l’Écriture - c’est le Sermo conversus ad nos, ad mores
nostros. La parole de Dieu y prend son sens actuel, pour nous. De l’histoire
donc il faut aller à la tropologie en passant par l’allégorie qui est la vérité
de l’histoire, son sens. Histoire, allégorie, tropologie tracent la ligne sans
brisure de l’unique action rédemptrice car tout se consomme dans l’Église et
dans chaque chrétien, microcosme de l’Église parfaite. Tout se consomme dans
l’homme intérieur. « Tout ce qui arrive à l’Église arrive aussi à chaque
chrétien » (Pascal). « Ce qui se passait alors historiquement se réalise
aujourd’hui spirituellement » (Adam Seat). C’est dans un mystère d’intériorisation
que s’achève nécessairement la lecture de l’Écriture Dans le même sens, Angelus
Silesius écrivait au XVIIe siècle : « L’Écriture n’est que l’Écriture… que Dieu
dise en moi sa Parole d’éternité » [20].
Le Dieu Tout-Puissant qui n’a pas à s’étendre pour atteindre les grandes choses
et lui qui jamais n’est à l’étroit dans les plus petites parle de l’Église
entière comme s’il parlait d’une seule âme et souvent rien n’empêche de
comprendre de l’Église entière ce qu’il dit d’une seule âme. [÷H. Ez. II, 2,
15÷]
L’Écriture « progresse avec ceux qui la lisent » (Moralia XX, 1, 1)
Nul peut-être ne l’a dit de manière plus précise et plus poétique que Grégoire.
Qu’on se souvienne du beau commentaire de l’Evangile des disciples d’Emmaüs :
La simple Vérité n’a donc rien fait par duplicité elle a imité corporellement
le modèle de ce qu’elle était dans leur esprit. … Ce n’est pas en écoutant les
préceptes divins, mais en les observant qu’ils sont illuminés. Celui-donc qui
veut comprendre ce qu’il a entendu, qu’il se hâte d’accomplir pratiquement ce
qu’il a déjà pu entendre.
H. Ev. 23
Cassien († vers 430/435) disait de même :
A mesure que, par la méditation des Écritures, notre esprit se renouvelle, la
face des Écritures commence, elle aussi, à se renouveler et la beauté d’une
signification plus sacrée se met à croître, pour ainsi dire, à la mesure de
notre propre progrès.
Cassien, Conf., 14, 11
Voici, à ce sujet, comment saint Grégoire commente la vision des roues
(Ézéchiel 1, 15) : les roues se trouvent à terre, elles représentent l’Écriture
sainte que nous devons soulever, toutes les quatre ont même aspect et elles
semblent constituées de telle sorte qu’une roue se trouve au milieu de l’autre
parce que dans l’Ancien Testament se trouve déjà, caché au centre, le Nouveau
Testament :
Lorsque les animaux (les quatre Vivants) avançaient, les roues avançaient
auprès d’eux parce que les paroles divines croissent avec celui qui les lit… Si
l’âme de celui qui lit ne s’élève pas en progressant vers les hauteurs, alors
les mots divins gisent comme dans les bas fonds, car ils ne sont pas compris.
Hom. Ez. 1, 7, 8
Les quatre évangiles (les quatre Vivants)
Puisque nous parlons ici des homélies sur Ézéchiel relevons une exégèse chère à
Grégoire, elle est subtile et ses cadres de pensée ne sont plus les nôtres mais
la pensée elle-même est profonde. Les quatre Vivants (si souvent représentés
aux tympans des cathédrales romanes, précisément dans leur rapport avec le
Christ glorieux) sont des animaux allégoriques qui désignent à la fois : • les
quatre évangélistes • les quatre évangiles • les quatre mystères de la vie du
Christ • les quatre démarches de la vie chrétienne.
L’Evangile de Matthieu débute par la généalogie charnelle du Christ : HOMME
Celui de Marc, par la clameur du désert : LION Celui de Luc, par l’offrande
rituelle de Zacharie : TAUREAU Celui de Jean par l’évocation de la divinité de
Jésus : AIGLE
Le Christ est : HOMME : Incarnation TAUREAU : Passion - offrande du sacrifice
LION : Résurrection - le lion de la tribu de Juda a vaincu - et le lion dort,
paraît-il, les yeux ouverts AIGLE : Ascension.
Mais le Chrétien est membre du Christ et il doit être : HOMME : par sa raison
TAUREAU : par son sens du sacrifice LION : par sa force d’âme AIGLE : par la
contemplation.
L’Écriture doit être lue dans l’Église.
Elle est un « pain ». Où la manger, dès lors, sinon « dans la maison », tels
les frères et sœurs de Job :
C’est dans la sainte Église qu’ils se nourrissent de la moelle de la mystique
Parole.
Moralia XXXV, 14, 26
Comme Augustin, Grégoire aime dire que l’Écriture sainte est pour nous un «
miroir » : nous y découvrons notre laideur, notre beauté, notre progrès ou notre
déchéance.
Plus on médite l’Écriture plus on l’aime.
Elle n’est ni fermée à en être décourageante, ni accessible à en devenir
banale. Plus on la fréquente, moins on s’en lasse, plus on la médite, plus on
l’aime.
Moralia XX, 1, 1
L’Écriture conduit à l’amour
Le seul but de Dieu en nous parlant tout au long de la sainte Écriture, c’est
de nous attirer à l’amour de Dieu et du prochain.
In Ez. I, 10, 14
On découvre l’ineffable et merveilleuse puissance de la Parole sacrée quand
l’esprit à sa lecture se sent tout pénétré de l’amour d’en-haut.
H. Ez. 1, 7, 8
L’Écriture est un chant dans la nuit
Saint Grégoire dit de l’Écriture qu’elle est un chant dans la nuit (carmen in
nocte). À sa lecture, la nuit pour nous s’illumine (Cf. Ps138), l’éternelle lumière
à venir scintille déjà, par elle, à travers nos ténèbres. Elle nous inonde de
délices car elle est source de contemplation et Grégoire lui applique toutes
les images qu’il applique à la contemplation.
Le chant dans la nuit, c’est la joie dans l’épreuve puisque même affligés par
les tribulations, nous goûtons déjà par l’espérance les joies de l’éternité.
C’est ce chant dans la nuit que célébrait Paul : « Ayez la joie dans
l’espérance, la constance dans la tribulation » (Ro 12, 12). C’est ce chant dans
la nuit qu’entonnait David : « Tu m’es un refuge dans le tourment qui
m’assiège. O ma Joie, délivre-moi de ceux qui m’assiègent » (Ps 31, 7). Voici
qu’il nomme la nuit un tourment et que pourtant au milieu des tribulations, il
appelle son Libérateur sa Joie ! Au dehors, certes, c’était la nuit dans
l’assaut de l’épreuve niais au dedans retentissaient les chants de consolation
et de joie.
Moralia XXVI, 16, 26
Ezéchiel entendit à la voix des roues deux grands ébranlements successifs (Ez
3, 12-13) : componction de pénitence et componction d’amour à l’audition des
paroles de l’Écriture :
Enflammés de l’amour de notre Créateur, embrasés du feu d’une intense ferveur,
nous pleurons d’être encore bien loin de la Face du Tout-Puissant… aimant
désormais celui que nous connaissons, nous ne cessons plus de le désirer dans
les larmes… C’est ce qui donne aux paroles de la sainte Écriture tout leur,
goût au cœur de celui qui la lit : c’est ce qui fait que ceux qui aiment les
lisent le plus souvent dans le silence, comme à la dérobée et à voix basse.
In Ez., I, 10, 39
L’Écriture doit être lue chaque jour (lectio divina).
Mets-toi donc à l’étude, je t’en prie, et médite chaque jour les paroles de ton
Créateur. Découvre le cœur de Dieu dans les paroles de Dieu. … Mais pour y
parvenir, que le Dieu Tout-Puissant répande lui-même en toi l’Esprit
Consolateur ! Qu’il emplisse ton âme de sa présence et qu’en l’emplissant, il
l’élève.
Lettre 4 au médecin Théodore
Conclusion
Préfet de Rome, moine, diacre, apocrisiaire et pape, Grégoire fut un homme mêlé
au monde, un contemplatif et un pasteur d’âmes. Moine arraché malgré lui à son
monastère pour le bien des âmes, il demeura moine toujours par le constant
regret de sa vit claustrale, par le désir, par des réalisations effectives - il
groupait des moines autour de lui - et par son intense vie de prière.
Ce pasteur d’âmes est constamment un moraliste : jamais cependant la morale ne
se dissocie chez lui de la doctrine christocentrique. Il eut le souci de
s’adapter à chacun et il montra un sens psychologique très averti, un sens aigu
aussi de la faiblesse humaine que son état souvent maladif affina encore.
À une époque de décadence, Grégoire sut recueillir et unifier l’héritage du
passé. Il n’a rien cependant d’un génie métaphysique si bien que lorsqu’on le
compare à saint Augustin, et on aime à le faire, on parle toujours d’un
abaissement de la pensée. Il est vrai que Grégoire n’est ni philosophe, ni
intellectuel, mais pourquoi comparer un génie aussi personnel à qui que ce soit
? Grégoire est autre, constamment original par sa liberté, sa poésie, son sens
de l’humour !
Un seul mot peut vraiment caractériser Grégoire : Grégoire est un mystique.
Dogme, morale, spiritualité sont entraînés chez lui par un « vol de l’âme »
jusqu’aux régions de la contemplation.
Grégoire a choisi avec insistance la vie mixte comme la forme de vie la plus
parfaite : c’est qu’il sait que sans la charité, une charité effective qui se
dépense pour le prochain, la contemplation ne serait rien (cf. 1 Co 13 mais la
contemplation est chez Grégoire le visage même de l’amour et il n’eut rien de
meilleur à donner au peuple chrétien que l’expérience de sa foi.
Grégoire est un témoin des arcanes de Dieu ! Grégoire est 1a grande autorité
invoquée par saint Thomas d’Aquin dans les questions relatives à la
contemplation. Ce grand spirituel fut au Moyen Âge le « directeur des
consciences chrétiennes ». Il mérite de 1e demeurer.
Comment ne pas recueillir avec avidité un tel message :
Les expériences de ces avant-coureurs, de ces enfants perdu de notre race,
élancés vers le Bien sans ombre, ces expérience nous restent consignées par
eux, comme les documents rapportés par les explorateurs des terres presque
inaccessibles. Les grands mystiques sont les pionniers et les hérauts du plus
beau, du plus désirable, du plus merveilleux des mondes… toute proportion et
toute différence gardées, les grands mystiques peuvent dire ce que disait le
disciple bien-aimé : « Ce que nous avons vu, ce que nous avons entendu, ce que
nos mains ont touché, nous vous l’annonçons ». Et de les entendre nous le
raconter, notre âme frémit d’espoir et d’attente. Ils sont ainsi les témoins de
la présence amicale de Dieu dans l’humanité.
Léonce de Grandmaison, La religion personnelle, p. 178-179.
La lecture de saint Grégoire nous ouvre à la présence de l’invisible :
O monde invisible, nous te voyons, O monde intangible, nous te touchons, O
monde inconnaissable, nous te connaissons, O monde insaisissable, nous
t’étreignons ! [21]
Source :
Soeur Gabriel Peters, Lire les Pères de l’Église. Cours de patrologie, DDB,
1981. Avec l’aimable autorisation des Éditions Migne.
[1]
On peut lire l’histoire de sa vocation dans la préface des Moralia.
[2]
D’après les Dialogues 4, 21.
[3]
Il faut signaler l’étroite parenté du Pastoral de Grégoire le Grand et du
traité Du Sacerdoce de Jean Chrysostome. Ces deux œuvres ont d’ailleurs une
même source : le discours Sur la fuite de Grégoire de Nazianze. Le mot célèbre
de Grégoire le Grand : « La conduite des âmes est l’art des arts et la science
des sciences » est emprunté textuellement à Grégoire de Nazianze.
[4]
Au second livre des Dialogues.
[5]
Voir Dom P. Verbraken, Revue bénédictine, t. 66, 1956, p. 159-217.
[6]
Voir Dom B. Capelle, Revue bénédictine, t. 41, 1929, p. 204-217.
[7]
Procédé oratoire destiné à se concilier la bienveillance des auditeurs.
[8]
Voir Dom B. Capelle, Revue bénédictine, tome 49, 1937, p. 13-28.
[9]
On se souvient que le grammairien Donat fut le maître de Jérôme.
[10]
Voir H.-I. Marrou, Histoire de l’éducation dans l’antiquité, Paris 1948, p.
445.
[11]
Voir l’article sur Grégoire le Grand au Dictionnaire de Spiritualité par Dom R.
Gillet. Nous nous en inspirons.
[12]
Il est clair que ce vocabulaire est bien celui de saint Grégoire. Les
perspectives actuelles d’ouverture au monde nous obligent à réviser ce
vocabulaire. Mais peut-être suffirait-il d’étudier la vie de Grégoire, de
comprendre jusqu’à quel point cette vie, qui demeurait une vie monastique, fut
livrée au service de tous, pour réaliser quel fut le sens réel de ce
vocabulaire. Il reste vrai que Grégoire souhaitait pour les monastères des
conditions de paix qu’assurait un « retrait » du monde.
[13]
Le mot latin quies et le mot grec hésychia ont exactement le même sens : repos,
calme, paix, solitude. Qu’on ne perde pas de vue que, malgré son ignorance de
la langue grecque, Grégoire fut en contact étroit avec l’Orient (apocrisiaire à
Constantinople).
[14]
Telle est aussi la pensée constante de saint Augustin.
[15]
L’œil, l’oreille, la bouche du cœur. Comme Origène, comme saint Augustin et
tant d’autres, Grégoire reconnaît en l’homme la présence des cinq sens
spirituels.
[16]
Nous suivons ici Dom Jean Leclercq dans L’amour des lettres et le désir de
Dieu, Paris 1957, p. 34-35. Voir aussi le Dictionnaire de Spiritualité au mot «
Componction ». Nous recommandons le livre d’I. Hausherr, Penthos, La doctrine
de la componction dans l’Orient chrétien, Rome 1944, « Orientalia christiana
analecta », N° 132.
[17]
Les prières catanyctiques, du mot grec katanux, signifient les prières de
componction, les prières pénitentielles, les prières qui font pleurer. On peut
voir en ce sens tout l’admirable recueil des Prières de Grégoire de Narek, le
grand poète arménien, SC N° 78, Paris 1961.
[18]
Lorsque saint Bernard rédige à l’intention du pape Eugène III le traité De
Consideratione, il lui propose saint Grégoire le Grand comme modèle : « C’est
perdre sa vie, lui écrit-il, que de passer toute sa vie sans réserver quelque
temps à l’otium (au loisir de la contemplation), saint Grégoire recherchait cet
otium à l’heure même où Rome allait être assiégée ». Voir De Consideratione, I,
9, 10.
[19]
Nous nous inspirons ici des pages consacrées à saint Grégoire le Grand dans H.
de Lubac, Exégèse médiévale, 1, Paris, Aubier 1959, p. 187 et sv.
[20]
Voir A. Silesius, Pèlerin chérubinique, II, 137.
[21]
Trouvé dans les papiers de Francis Thompson après sa mort.
SOURCE :
http://www.patristique.org/Les-Peres-de-l-Eglise-latine-V-Gregoire-le-Grand-540-604.html
Saint Grégoire le Grand
Mort le 12 mars 604 et
inhumé dans l’atrium de Saint-Pierre. Son anniversaire fut depuis lors célébré
continuellement mais on ignore quand cet anniversaire funéraire se transforma
en célébration du natale d’un saint.
Sa fête est assurée à
Rome dès le VIIIe siècle. En Occident elle se répand d’abord logiquement en
Angleterre (Concile de Cloveshoë en 747), puis dans tout l’empire carolingien.
Leçons des Matines avant
1960
Quatrième leçon. Grégoire
le Grand était romain et fils du sénateur Gordien. Il étudia la philosophie
dans sa jeunesse, et exerça la charge de préteur. Après la mort de son père, il
fonda six monastères en Sicile ; il en établit un septième à Rome sous le nom
de Saint-André, dans sa propre maison, près de la Basilique des
Saints-Jean-et-Paul, sur la pente dite de Scaurus. Là, sous la conduite
d’Hilarion et de Maximien, il fit profession de la vie monastique, et devint
ensuite Abbé. Créé Cardinal-Diacre, il fut envoyé par le pape Pelage à
Constantinople, en qualité de légat auprès de l’empereur Tibère-Constantin.
Pendant qu’il se trouvait à la cour de ce prince, son zèle eut un résultat
mémorable : il convainquit si évidemment d’erreur le Patriarche Eutychius, qui
avait écrit contre la vraie et tangible résurrection des corps, que l’empereur
jeta son livre au feu. Aussi, Eutychius lui-même étant peu après tombé malade,
et sur le point de mourir, touchant la peau de sa main, disait en présence de
nombreux témoins : « Je confesse que nous ressusciterons tous dans cette chair
».
Cinquième leçon. De
retour à Rome, Grégoire fut élu Pontife avec l’accord le plus unanime, pour
succéder à Pelage que la peste avait enlevé. Il ne voulut pas accepter cet
honneur, et le refusa aussi longtemps qu’il put. Sous un habit étranger il alla
se cacher dans une caverne, mais une colonne de feu indiquant sa retraite l’y
fit découvrir ; on le consacra à Saint-Pierre. Pendant son pontificat, ce Pape
a laissé à ses successeurs de nombreux exemples de doctrine et de sainteté. Il
admettait tous les jours des étrangers à sa table, et parmi eux, il lui arriva
de recevoir un Ange, et même le Seigneur des Anges, sous la figure d’un
pèlerin. Il nourrissait libéralement les pauvres de Rome et de l’étranger, et
avait une liste des nécessiteux. Il rétablit la foi catholique en beaucoup
d’endroits où elle était chancelante ; car il réprima les Donatistes en
Afrique, les Ariens en Espagne, et expulsa les Agnoïtes d’Alexandrie. Il ne
voulut pas donner le pallium à Syagrius, Évêque d’Autun, si celui-ci ne
bannissait de la Gaule les hérétiques néophytes. Il obligea les Goths à
abandonner l’hérésie arienne. Ayant envoyé dans la Grande-Bretagne, Augustin et
d’autres moines doctes et saints, il convertit cette île à la foi de
Jésus-Christ, ce qui l’a fait appeler avec raison l’Apôtre de l’Angleterre, par
le vénérable Prêtre Béde. Il réprima l’audace de Jean, Patriarche de
Constantinople, qui s’arrogeait le nom d’Évêque de l’Église universelle.
L’empereur Maurice ayant défendu aux soldats de se faire moines, Grégoire
l’amena à révoquer cet édit.
Sixième leçon. Cet
illustre Pontife orna l’Église de plusieurs institutions et lois très saintes.
Dans un concile rassemblé à Saint-Pierre, il fit plusieurs ordonnances ; il
établit entre autres choses qu’à la Messe on répéterait neuf fois Kyrie
eleison, que l’Alléluia se dirait toute l’année, hors le temps compris entre la
Septuagésime et Pâques, qu’on ajouterait au Canon ces mots : Établissez nos
jours dans votre paix, etc. Il augmenta les Litanies, le nombre des Stations,
et l’Office ecclésiastique. Il voulait qu’on eût la même estime pour les quatre
conciles de Nicée, de Constantinople, d’Éphèse et de Chalcédoine, que pour les
quatre Évangiles. Il accorda aux Évêques de Sicile, qui, selon l’ancienne
coutume de leurs Églises, se rendaient à Rome tous les trois ans, la liberté de
n’y venir que tous les cinq ans. Le diacre Pierre atteste avoir vu souvent le
Saint-Esprit, en forme de colombe, au-dessus de la tête du pieux Pontife,
pendant qu’il dictait les nombreux ouvrages qu’il a composés. Ses paroles, ses
actions, ses écrits, ses décrets, sont dignes d’admiration, surtout si l’on
considère qu’il était toujours faible et souffrant. Enfin, ayant fait aussi
beaucoup de miracles, il fut appelé au bonheur céleste, après treize ans, six
mois et dix jours de pontificat, le quatre des ides de mars, jour où les Grecs
eux-mêmes célèbrent sa Fête avec des honneurs particuliers, à cause de
l’insigne sagesse et de la grande sainteté de ce Pontife. Son corps a été
enseveli dans la basilique de Saint Pierre, près de la sacristie.
Dom Guéranger, l’Année
Liturgique
Entre tous les pasteurs
que le Christ a donnés à l’Église universelle pour le représenter sur la terre,
nul n’a surpassé les mérites et la renommée du saint Pape que nous célébrons
aujourd’hui. Son nom est Grégoire, et signifie la vigilance ; son surnom est le
Grand, dont il était déjà en possession, lorsque Dieu donna le septième
Grégoire à son Église. Ces deux illustres pontifes sont frères ; et tout cœur
catholique les confond dans un même amour et dans une commune admiration.
Celui dont nous honorons
en ce jour la mémoire est déjà connu des fidèles qui s’appliquent à suivre
l’Église dans la Liturgie. Mais ses travaux sur le service divin, dans tout le
cours de Tannée, ne se sont pas bornés à enrichir nos Offices de quelques
cantiques pleins d’onction et de lumière ; tout l’ensemble de la Liturgie
Romaine le reconnaît pour son principal organisateur. C’est lui qui, recueillant
et mettant en ordre les prières et les rites institués par ses prédécesseurs,
leur a donné la forme qu’ils retiennent encore aujourd’hui. Le chant
ecclésiastique a pareillement reçu de lui son dernier perfectionnement ; les
sollicitudes du saint Pontife pour recueillir les antiques mélodies de
l’Église, pour les assujettir aux règles, et les disposer selon les besoins du
service divin, ont attaché pour jamais son nom à cette grande œuvre musicale
qui ajoute tant à la majesté des fonctions sacrées, et qui contribue si
puissamment à préparer Pâme du chrétien au respect des Mystères et au
recueillement de la piété.
Mais le rôle de Grégoire
ne s’est pas réduit à ces soins qui suffiraient à immortaliser un autre
Pontife. Lorsqu’il fut donné à la chrétienté, l’Église latine comptait trois
grands Docteurs : Ambroise, Augustin et Jérôme ; la science divine de Grégoire
l’appelait à l’honneur de compléter cet auguste quaternaire. L’intelligence des
saintes Écritures, la pénétration des mystères divins, l’onction et l’autorité,
indices de l’assistance du Saint-Esprit, paraissent dans ses écrits avec
plénitude ; et l’Église se réjouit d’avoir reçu en Grégoire un nouveau guide
dans la doctrine sacrée.
Le respect qui
s’attachait à tout ce qui sortait de la plume d’un si grand Pontife a préservé
de la destruction son immense correspondance ; et l’on y peut voir qu’il n’est
pas un seul point du monde chrétien que son infatigable regard n’ait visité,
pas une question religieuse, même locale ou personnelle, dans l’Orient comme
dans l’Occident, qui n’ait attiré les efforts de son zèle, et dans laquelle il
n’intervienne comme pasteur universel. Éloquente leçon donnée par les actes
d’un Pape du vie siècle à ces novateurs qui ont osé soutenir que la prérogative
du Pontife Romain n’aurait eu pour base que des documents fabriqués plus de
deux siècles après la mort de Grégoire !
Assis sur le Siège
Apostolique, Grégoire y a paru l’héritier des Apôtres, non seulement comme
dépositaire de leur autorité, mais comme associé à leur mission d’appeler à la
foi des peuples entiers. L’Angleterre est là pour attester que si elle connaît
Jésus-Christ, si elle a mérité durant tant de siècles d’être appelée l’Ile des
Saints, elle le doit à Grégoire qui, touché de compassion pour ces Angles, dont
il voulait, disait-il, faire des Anges, envoya dans leur île le saint moine
Augustin avec ses quarante compagnons, tous enfants de saint Benoît, comme
Grégoire lui-même. Le saint Pontife vécut encore assez longtemps pour
recueillir la moisson évangélique, qui crût et mûrit en quelques jours sur ce
sol où la foi, semée dès les premiers temps et germée à peine, avait presque
été submergée sous l’invasion d’une race conquérante et infidèle. Qu’on aime à
voir l’enthousiasme du saint vieillard, quand il emprunte le langage de la
poésie, et nous montre « l’Alléluia et les Hymnes romaines répétées dans une
langue accoutumée aux chants barbares, l’Océan aplani sous les pas des saints,
des flots de peuples indomptés tombant calmés à la voix des prêtres [1] » !
Durant les treize années
qu’il tint la place de Pierre, le monde chrétien sembla, de l’Orient à
l’Occident, ému de respect et d’admiration pour les vertus de ce chef
incomparable, et le nom de Grégoire fut grand parmi les peuples. La France a le
devoir de lui garder un fidèle souvenir ; car il aima nos pères, et prophétisa
la grandeur future de notre nation par la foi. De tous les peuples nouveaux qui
s’étaient établis sur les ruines de l’empire romain, la race franque fut
longtemps seule à professer la croyance orthodoxe ; et cet élément surnaturel
lui valut les hautes destinées qui lui ont assuré une gloire et une influence
sans égales. C’est assurément pour nous, Français, un honneur dont nous devons
être saintement fiers, de trouver dans les écrits d’un Docteur de l’Église ces
paroles adressées, dès le VIe siècle, à un prince de notre nation : « Comme la
dignité royale s’élève au-dessus des autres hommes, ainsi domine sur tous les
royaumes des peuples la prééminence de votre royaume. Être roi comme tant
d’autres n’est pas chose rare : mais être roi catholique, alors que les autres
sont indignes de l’être, c’est assez de grandeur. Comme brille par l’éclat de
la lumière un lustre pompeux dans l’ombre d’une nuit obscure, ainsi éclate et
rayonne la splendeur de votre foi, à travers les nombreuses perfidies des
autres nations [2]. »
Mais qui pourrait
dépeindre les vertus sublimes qui firent de Grégoire un prodige de sainteté ?
Ce mépris du monde et de la fortune qui lui fit chercher un asile dans l’obscurité
du cloître ; cette humilité qui le porta à fuir les honneurs du Pontificat,
jusqu’à ce que Dieu révélât enfin par un prodige l’antre où se tenait caché
celui dont les mains étaient d’autant plus dignes de tenir les clefs du ciel,
qu’il en sentait davantage le poids ; ce zèle pour tout le troupeau dont il se
regardait comme l’esclave et non comme le maître, s’honorant du titre immortel
de serviteur des serviteurs de Dieu ; cette charité envers les pauvres, qui
n’eut de bornes que l’univers ; cette sollicitude infatigable à laquelle rien
n’échappe et qui subvient à tout, aux calamités publiques, aux dangers de la
patrie comme aux infortunes particulières ; cette constance et cette aimable
sérénité au milieu des plus grandes souffrances, qui ne cessèrent de peser sur
son corps durant tout le cours de son laborieux pontificat ; cette fermeté à
conserver le dépôt de la foi et à poursuivre l’erreur en tous lieux ; enfin
cette vigilance sur la discipline, qui la renouvela et la soutint pour des
siècles dans tout le corps de l’Église : tant de services, tant de grands
exemples ont marqué la place de Grégoire dans la mémoire des chrétiens avec des
traits qui ne s’effaceront jamais.
Nous placerons ici
quelques Antiennes et quelques Répons extraits d’un Office approuvé par le
Saint-Siège en l’honneur d’un si grand Pape.
ANTIENNES ET RÉPONS
Ant. Le bienheureux
Grégoire, élevé sur la chaire de Pierre, réalisa par sa vigilance la
signification de son nom.
Ant. Pasteur excellent,
il fut le modèle de la vie pastorale, en même temps qu’il en traça les règles.
Ant. Un jour qu’il
expliquait les mystères de la sainte Écriture, on vit près de lui une colombe
plus blanche que la neige.
Ant. Grégoire, le miroir des
moines, le père de Rome, les délices du monde entier.
Ant. Ayant arrêté ses
regards sur de jeunes Anglais, Grégoire dit : « Ils ont des visages d’Anges, il
est juste de les faire participer au sort des Anges dans le ciel. »
R/. Dès son adolescence,
Grégoire se livra avec ferveur au service de Dieu : * Et il aspira de toute
l’ardeur de ses désirs à la patrie de la vie céleste. V/. Ayant distribué aux
pauvres ses richesses, il se mit pauvre à la suite du Christ qui s’est fait
pauvre pour nous ; * Et il aspira de toute l’ardeur de ses désirs à la patrie
de la vie céleste.
R/. Ayant établi six
monastères en Sicile, il y réunit des frères pour le service du Christ ; il en
fonda un septième dans l’enceinte de la ville de Rome : * Et c’est là qu’il
s’enrôla dans les rangs de la céleste milice. V/. Dédaignant le monde en sa
fleur, il n’eut plus d’attrait que pour sa chère solitude ; * Et c’est là qu’il
s’enrôla dans les rangs de la céleste milice.
R/. Comme on le cherchait
pour l’élever aux honneurs du Pontificat suprême, il s’enfuit à l’ombre des
forêts et des antres ; * Mais une colonne lumineuse apparut, descendant du ciel
en ligne directe jusque sur lui. V/. Dans son ardeur de posséder un si
excellent pasteur, le peuple se livrait au jeune et aux prières ; * Mais une
colonne lumineuse apparut, descendant du ciel en ligne directe jusque sur lui.
R/. Me voici donc
maintenant battu des flots de la grande mer, brisé des tempêtes de la charge
pastorale : * Et lorsque, au souvenir de ma vie antérieure, je jette mes
regards derrière moi, à la vue du rivage qui s’éloigne, je soupire. V/. Plein
de trouble, je me sens emporté par des vagues immenses ; à peine aperçois-je
encore le port que j’ai quitté : * Et lorsque, au souvenir de ma vie
antérieure, je jette mes regards derrière moi., à la vue du rivage qui
s’éloigne, je soupire.
R/. Ayant puisé dans la
source des Écritures l’enseignement moral et la doctrine mystique, Grégoire
dirigea vers les peuples le fleuve de l’Évangile ; * Et après sa mort sa voix
se fait entendre encore. V/. Il parcourt le monde comme l’aigle ; dans sa vaste
charité, il pourvoit aux grands et aux petits. * Et après sa mort sa voix se
fait entendre encore.
R/. Ayant vu des jeunes
gens de la nation anglaise, Grégoire regrettait que des hommes d’un si beau
visage fussent dans la possession du prince des ténèbres ; * Et que sous des
traits si agréables se cachât une âme privée des joies intérieures. V/. Du fond
de son cœur il poussait de profonds soupirs, déplorant que l’image de Dieu eût été
ainsi souillée par l’ancien serpent. * Et que sous des traits si agréables se
cachât une âme privée des joies intérieures.
R/. L’évêque Jean ayant
voulu, dans son audace, porter atteinte aux droits du premier Siège, Grégoire
se leva dans la force et la mansuétude ; * Tout éclatant de l’autorité
apostolique, tout resplendissant d’humilité. V/. Il fut invincible dans la
défense des clefs de Pierre, et préserva de toute atteinte la Chaire principale
; * Tout éclatant de l’autorité apostolique, tout resplendissant d’humilité.
R/. Pontife illustre par
ses mérites comme par son nom, Grégoire renouvela les mélodies de la louange
divine ; * Et il réunit dans un même concert la voix de l’Église militante aux
accords de l’Épouse triomphante. V/. Ayant transcrit de sa plume mystique le
livre des Sacrements, il fit passer à la postérité les formules sacrées des
anciens Pères. * Et il réunit dans un même concert la voix de l’Église
militante aux accords de l’Épouse triomphante.
R/. Il régla les Stations
aux Basiliques et aux Cimetières des martyrs ; * Et l’armée du Seigneur
s’avançait, suivant les pas de Grégoire. V/. Chef de la milice céleste, il
distribuait à chacun les armes spirituelles. * Et l’armée du Seigneur
s’avançait, suivant les pas de Grégoire.
Saint Pierre Damien, dont
nous avons célébré la fête il y a quelques jours, a consacré à la gloire de
notre grand Pontife l’Hymne suivante.
HYMNE
Apôtre des Anglais,
maintenant compagnon des Anges, Grégoire, secourez les nations qui ont reçu la
foi.
Vous avez méprisé
l’opulence des richesses et toute la gloire du monde, pour suivre pauvre le Roi
Jésus dans sa pauvreté.
Un malheureux naufragé se
présente à vous : c’est un Ange qui, sous ces traits, vous demande l’aumône ;
vous lui faites une double offrande, à laquelle vous ajoutez encore un vase
d’argent.
Peu après, le Christ vous
place à la tête de son Église ; imitateur de Pierre, vous montez sur son trône.
O Pontife excellent,
gloire et lumière de l’Église ! n’abandonnez pas aux périls ceux que vous avez
instruits par tant d’enseignements.
Vos lèvres distillent un
miel qui est doux au cœur ; votre éloquence surpasse l’odeur des plus délicieux
parfums.
Vous dévoilez d’une
manière admirable les énigmes mystiques de la sainte Écriture ; la Vérité
elle-même vous révèle les plus hauts mystères.
Vous possédez le rang et
la gloire des Apôtres ; dénouez les liens de nos péchés ; restituez-nous au
royaume des cieux.
Gloire au Père incréé ;
honneur au Fils unique ; majesté souveraine à l’Esprit égal aux deux autres.
Amen.
Père du peuple chrétien,
Vicaire de la charité du Christ autant que de son autorité, Grégoire, Pasteur
vigilant, le peuple chrétien que vous avez tant aimé et servi si fidèlement,
s’adresse à vous avec confiance. Vous n’avez point oublié ce troupeau qui vous
garde un si cher souvenir ; accueillez aujourd’hui sa prière. Protégez et
dirigez le Pontife qui tient de nos jours la place de Pierre et la vôtre ;
éclairez ses conseils, et fortifiez son courage. Bénissez tout le corps hiérarchique
des Pasteurs, qui vous doit de si beaux préceptes et de si admirables exemples.
Aidez-le à maintenir avec une inviolable fermeté le dépôt sacré de la foi ;
secourez-le dans ses efforts pour le rétablissement de la discipline
ecclésiastique, sans laquelle tout n’est que désordre et confusion. Vous avez
été choisi de Dieu pour ordonner le service divin, la sainte Liturgie, dans la
chrétienté ; favorisez le retour aux pieuses traditions de la prière qui
s’étaient affaiblies chez nous, et menaçaient de périr. Resserrez de plus en
plus le lien vital des Églises dans l’obéissance à la Chaire romaine, fondement
de la foi et source de l’autorité spirituelle.
Vos yeux ont vu surgir le
principe funeste du schisme désolant qui a séparé l’Orient de la communion
catholique ; depuis, hélas ! Byzance a consommé la rupture ; et le châtiment de
son crime a été l’abaissement et l’esclavage, sans que cette infidèle Jérusalem
ait songé encore à reconnaître la cause de ses malheurs. De nos jours, son
orgueil monte de plus en plus ; un auxiliaire a surgi de l’Aquilon, plein
d’audace et les mains teintes du sang des martyrs. Dans son orgueil, il a juré
de poser un pied sur le tombeau du Sauveur, et l’autre sur la Confession de
saint Pierre : afin que toute créature humaine l’adore comme un dieu. Ranimez,
ô Grégoire ! le zèle des peuples chrétiens, afin que ce faux Christ soit
renversé, et que l’exemple de sa chute demeure comme un monument de la
vengeance du véritable Christ notre unique Seigneur, et un accomplissement de la
promesse qu’il a faite : que les portes de l’enfer ne prévaudront point contre
la Pierre. Nous savons saint Pontife ! que cette parole s’accomplira ; mais
nous osons demander que nos yeux en voient l’effet.
Souvenez-vous, ô Apôtre
d’un peuple entier ! Souvenez-vous de l’Angleterre qui a reçu de vous la foi
chrétienne. Cette île qui vous fut si chère, et au sein de laquelle fructifia
si abondamment la semence que vous y aviez jetée, est devenue infidèle à la
Chaire romaine, et toutes les erreurs se sont réunies dans son sein. Depuis
trois siècles déjà, elle s’est éloignée de la vraie foi ; mais de nos jours, la
divine miséricorde semble s’incliner vers elle. O Père ! aidez cette nation que
vous avez enfantée à Jésus-Christ ; aidez-la à sortir des ténèbres qui la
couvrent encore. C’est à vous de rallumer le flambeau qu’elle a laissé
s’éteindre. Qu’elle voie de nouveau la lumière briller sur elle, et son peuple
fournira comme autrefois des héros pour la propagation de la vraie foi et pour
la sanctification du peuple chrétien.
En ces jours de la sainte
Quarantaine, priez aussi, ô Grégoire, pour le troupeau fidèle qui parcourt
religieusement la sainte carrière de la pénitence. Obtenez-lui la componction
du cœur, l’amour de la prière, l’intelligence du service divin et de ses
mystères. Nous lisons encore les graves et touchantes Homélies que vous
adressiez, à cette époque, au peuple de Rome ; la justice de Dieu, comme sa
miséricorde, est toujours la même : obtenez que nos cœurs soient remués par la
crainte et consolés par la confiance. Notre faiblesse s’effraie souvent de la
rigidité des lois de l’Église qui prescrivent le jeûne et l’abstinence ;
rassurez nos courages, ranimez dans nos cœurs, l’esprit de mortification. Vos
exemples nous éclairent, vos enseignements nous dirigent ; que votre
intercession auprès de Dieu fasse de nous tous de vrais pénitents afin que nous
puissions retrouver, avec la joie d’une conscience purifiée, le divin Alléluia
que vous nous avez appris à chanter sur la terre, et que nous espérons répéter
avec vous dans l’éternité.
Nos âmes sont désormais
préparées ; l’Église peut ouvrir la carrière quadragésimale. Dans les trois
semaines qui viennent de s’écouler, nous avons appris à connaître la misère de
l’homme déchu, l’immense besoin qu’il a d’être sauvé par son divin auteur ; la
justice éternelle contre laquelle le genre humain osa se soulever, et le
terrible châtiment qui fut le prix de tant d’audace ; enfin, l’alliance du
Seigneur, en la personne d’Abraham, avec ceux qui, dociles à sa voix,
s’éloignent des maximes d’un monde pervers et condamné.
Maintenant nous allons
voir s’accomplir les mystères sacrés et redoutables, par lesquels la blessure
de notre chute a été guérie, la divine justice désarmée, la grâce qui nous
affranchit du joug de Satan et du monde répandue sur nous avec surabondance.
L’Homme-Dieu, dont nous
avons cessé un moment de suivre les traces, va reparaître à nos regards, courbé
sous sa Croix, et bientôt immolé pour notre Rédemption. La douloureuse Passion
que nos péchés lui ont imposée va se renouveler sous nos yeux dans le plus
solennel des anniversaires.
Soyons attentifs, et
purifions-nous. Marchons courageusement dans la voie de la pénitence ; que
chaque jour allège le fardeau que nos péchés font peser sur nous ; et lorsque
nous aurons participé au calice du Rédempteur par une sincère compassion pour
ses douleurs, nos lèvres longtemps fermées aux chants d’allégresse seront
déliées par l’Église, et nos cœurs, dans une ineffable jubilation,
tressailliront tout à coup au divin Alléluia !
Bhx Cardinal
Schuster, Liber Sacramentorum
Cette fête, également
célébrée par les Grecs, se trouve déjà dans le Sacramentaire grégorien du temps
d’Hadrien Ier, et c’est une des rares qui aient pénétré dès l’antiquité dans le
Calendrier romain durant la période quadragésimale. Nous savons même qu’à Rome,
au IXe siècle, eius anniversaria solemnitas, cunctis... pernoctantibus,...
celebratur. In qua pallium eius, et phylacteria, sed et balteus eius
consuetudinaliter osculantur [3]. La célébrité de saint Grégoire (+ 604) et
surtout le sens symbolique assumé par sa personnalité historique, alors que, au
moyen âge, il incarna l’idéal de la papauté romaine dans la plus sublime
expression de sa primauté sur toute l’Église, justifiaient cette exception. On
peut dire en effet que le moyen âge tout entier vécut de l’esprit de saint
Grégoire ; la liturgie romaine, le chant sacré, le droit canonique, l’ascèse
monacale, l’apostolat chez les infidèles, la vie pastorale, en un mot toute
l’activité ecclésiastique dérivait du saint Docteur, dont les écrits semblaient
être devenus comme le code universel du catholicisme. Le très grand nombre
d’anciennes églises dédiées à Rome au saint Pontife atteste la popularité de
son culte, lequel, outre son antique monastère de Saint-André au Clivus Scauri,
avait pour centre sa tombe vénérable dans la basilique vaticane.
Au IXe siècle, Jean
Diacre nous atteste la piété avec laquelle on conservait encore à Rome tous les
souvenirs de Grégoire, les Registres de ses aumônes, son pauvre lit, sa verge,
le manuscrit de l’antiphonaire et sa ceinture monastique. Le culte de saint
Grégoire Ier, grâce surtout à l’Ordre bénédictin dont il est une des gloires
les plus brillantes, et aux nouveaux peuples anglo-saxons, qui reconnaissent
dans le saint leur premier apôtre, devint très vite mondial.
En effet ; au lendemain
de sa mort, celui qui dicta son épigraphe sépulcrale sous le portique de
Saint-Pierre, ne sut mieux exprimer l’universalité de son action pastorale
qu’en l’appelant — lui, le descendant des Consuls de la Rome éternelle — le Consul
de Dieu, Dei Consul factus, laetare triumphis. L’expression ne pouvait être
plus heureuse, comme d’ailleurs le vers implebat actu quidquid sermons docebat,
de la même inscription.
La station de ce jour,
dès le temps de Jean Diacre, était à Saint-Pierre, près de la tombe du Saint,
où se célébraient aussi en son honneur les vigiles nocturnes. Au XVe siècle, en
signe de fête, on ne convoquait pas même le consistoire papal en ce jour.
La messe [4], postérieure
à la rédaction du recueil grégorien, tire ses chants d’autres messes plus
anciennes. L’introït est du Commun des Martyrs Pontifes. Par une délicate
allusion à l’humilité du cœur, opposée par Grégoire à l’orgueil du Jeûneur
œcuménique, on y invite les humbles à bénir Dieu, à qui ils reconnaissent devoir
tout ce qu’ils ont reçu de bien.
La prière est la suivante
: « Seigneur, qui avez accordé la récompense de l’éternelle félicité à l’âme de
votre serviteur Grégoire, faites que, nous sentant comme accablés sous le poids
de nos péchés, nous soyons relevés par son intercession. ». A l’âme de votre
serviteur Grégoire : on ne saurait mieux dire, puisque le caractère distinctif
de la spiritualité de saint Grégoire, spiritualité qui le fait reconnaître
d’emblée comme un moine de l’école du patriarche saint Benoît, est exprimé tout
entier dans ce titre qu’il employa le premier : Grégoire, serviteur des
serviteurs de Dieu. Maintenant encore, les papes, dans leurs actes les plus
solennels, et à l’imitation de notre Saint, prennent le titre de Servus
servorum Dei, qui signifiait toutefois primitivement pour Grégoire, moine du
monastère de Saint-André : serviteur des serviteurs de Dieu, c’est-à-dire des
moines (Servus Dei) ; en un mot : le dernier du monastère. La tradition
ascétique bénédictine sur la vertu d’humilité s’est conservée toujours vivante
chez tous les grands Docteurs formés dans le cloître de saint Benoît. Nous
trouvons par exemple saint Pierre Damien qui signe habituellement : Ego Petrus
peccator, episcopus hostiensis ; et Hildebrand qui, avant de devenir Grégoire
VII, signe lui aussi : Ego Hildebrandus qualiscumque, S. R. E. archidiaconus.
L’épître et l’Évangile
sont du Commun des Docteurs.
Le graduel est tiré du
psaume 109 où est exalté le pontificat messianique du Christ : « Le Seigneur a
juré et il ne se désistera pas : vous êtes le prêtre éternel selon le rite de
Melchisédech. Le Seigneur a dit à mon Seigneur : — c’est-à-dire le Père éternel
a dit au Christ, son Fils et le Fils de Marie, descendant de David — siège à ma
droite » — comme mon égal dans la puissance et dans la majesté de la divinité.
Le verset de l’offertoire
est tiré du psaume 88. « Ma fidélité et ma miséricorde sont avec lui. Sa
puissance prévaudra en mon nom. » Tel est le secret du succès des entreprises
des saints. Ils espèrent en Dieu et ne pourront donc pas ne pas réussir.
Le Sacramentaire
Grégorien assigne à ce jour une préface propre : ... aeterne Deus ; qui sic
tribuis Ecclesiam tuam sancti Gregorii Pontifias tui commemoratione gaudere, ut
eam illius et festivitate laetifices, et exemplo piae conversationis exerceas,
et verbo praedicationis erudias, grataque tibi supplicatione tuearis, per
Christum, etc.
Au verset pour la
Communion du peuple, le froment dont Grégoire a pourvu ses compagnons de
service, c’est son activité pastorale de prédicateur infatigable, de maître
très vigilant, de pontife sans tache.
Un artifice habituel du
démon est de nous suggérer un idéal et une forme de perfection qui, en raison
des circonstances, ne peut pas se réaliser. C’est ainsi qu’un grand nombre
d’âmes, au lieu de changer leurs plans et de se sanctifier dans l’état de vie
où les a placées la Providence, demeurent inactives, pleurant leur sort et
soupirant toujours vers le type irréalisable de leur sainteté. Il advient
qu’elles perdent de la sorte un temps très précieux, aigrissent leur cœur,
nuisent à leur salut et ne sont utiles ni à elles-mêmes ni aux autres. Il ne
faut pas que la perfection se réduise sûrement à une abstraction métaphysique,
mais qu’elle pénètre, comme l’air, toutes les œuvres de notre vie. Peu importe
que nous soyons riches ou pauvres, doctes ou ignorants, bien portants ou
infirmes. Il faut servir le Seigneur dans les conditions où II nous a placés,
et non dans celles où nous voudrions être. Un bel exemple de ce sens pratique
dans la voie de la sainteté nous est offert par saint Grégoire. Son caractère
méditatif le poussait à l’étude tranquille de la philosophie dans la paix du
cloître. Dieu le voulut au contraire diplomate, pape, administrateur d’un
immense patrimoine immobilier, et stratège même pour diriger les œuvres de
défense des cités, italiennes assiégées par les Lombards ; vrai consul de Dieu,
étendant au monde son activité et son pouvoir. Grégoire, très souvent retenu au
lit par la goutte et par les maux d’estomac, sans laisser échapper une plainte,
s’adapte merveilleusement à toutes ces fonctions, et dans le but de servir
uniquement le Seigneur, il s’y consacre avec une si admirable maîtrise et
perfection qu’il remplit de son esprit tout le moyen âge, et laisse des traces
profondes de son génie dans la vie ultérieure du Pontificat romain.
Les Byzantins célèbrent
eux aussi la sainteté de Grégoire, auquel ils donnent le titre de dialogista, à
cause de ses quatre Livres des Dialogues traduits en grec par le pape Zacharie.
En l’honneur du Pontife
qu’on peut presque considérer comme le père de la liturgie romaine et du chant
ecclésiastique, nous rapportons ici une antique séquence à lui consacrée,
publiée récemment par Bannister d’après un manuscrit du XVe siècle :
Organum spirituale
Tangat decus clericale,
Dum recolitur natale
Vigilis Gregorii.
Scriba Regis angelorum,
Floruit hic lux doctorum,
Et Apostolus Anglorum,
Qui prius inglorii.
Ex prosapia Romana,
Spreta mundi pompa vana,
In doctrina Christiana
Vigilanter studuit.
Rector magnus et urbanus,
Cuius pater Gordianus,
Felix Pontifex Romanus
Atavus resplenduit.
Virgo saeculo pusilla,
Eius amita Tarsilla,
Deo vigilans ancilla
Vidit Iesum dulciter.
Vivens Silvia caelestis,
Mater huius digna gestis,
Fixit cor aeternis
festis,
Finiens feliciter.
Monasteria construxit,
Ac prudentia adfluxit,
Monachalem vitam duxit,
Derelinquens omnia.
Sed cum cuperet sincere
Mari cunctis et latere,
Cogebatur apparere
Ut flos inter lilia.
Eruditus in virtute
A primaeva iuventute,
Iter vadens viae tutae,
Devitavit crimina.
Retexendo cantilenas
Sublevavit febris poenas,
Odas addidit amoenas
Per Scripturae carmina.
Videns pueros Anglorum,
Pulchros vultu angelorum,
Mox misertus est eorum,
Suspirando graviter.
O Pontificem beatum,
Per columnam
demonstratum,
Et a naufrage probatum,
Dignum mirabiliter.
Recta scribens, recte
dixit,
Quo malivolos adflixit,
Sed correctis benedixit,
Pastor bonus omnibus.
Vigil iste Sanctus fuit,
Qui ut nubes magna pluit,
Et ut ros de caelo ruit,
Utilis fidelibus.
Monstra fecit in hac
vita,
Verus hic Israelita,
Qttod cognovit eremita
Ex divina gratia.
Deus fecit Levi pactum,
Nec poenituit transactum,
Pacis atque vitae factum
Cum honoris gloria.
Æs in zonis non compegit,
Sed pauperibus redegit,
Quem Salvator praeelegit
Organum mellifluum.
Touchez l’orgue
spirituel.
Ordre vénérable du
clergé.
Pour fêter l’anniversaire
De Grégoire, le vigilant.
Il écrivait sous la
dictée du Roi des Anges,
Fleur et lumière des
Docteurs,
Apôtre des Anglais
Jusque-là dans les
ténèbres.
Romain de vieille race,
Méprisant les vaines
pompes du monde,
A la doctrine du Christ
Il a donné ses veilles
studieuses, ses soins vigilants.
Premier magistrat de
Rome,
Son père était Gordien ;
Le pontife romain Félix
Fut son illustre aïeul.
Vierge chétive aux yeux
du monde,
Sa tante Tarsilla,
Servante attentive de
Dieu,
Eut la douce vision de
Jésus.
Silvia, vivant comme au
ciel,
Digne de son fils par ses
actes,
Le cœur fixé dans les
joies éternelles
Eut un heureux trépas.
Il bâtit des monastères,
Il y montra sa prudence ;
Il mena la vie
monastique,
Après avoir-renoncé à
tout.
Lui qui désirait
sincèrement
Mourir à tout et demeurer
caché,
Il fut contraint de se
montrer
Telle une fleur parmi les
lis.
Formé à la vertu
Dès sa plus tendre
jeunesse,
Il chemina dans la voie
sûre
Et sut éviter les fautes.
En repassant les saints
cantiques
Il calmait les douleurs
de la fièvre ;
Il composa d’agréables
poèmes
A l’aide de l’Écriture.
A la vue des jeunes
Anglais,
Beaux comme des Anges,
Soudain pris de pitié
Il pousse de profonds
soupirs.
O Pontife bienheureux,
Désigné par une colombe,
Éprouvé par le naufrage,
Digne d’admiration !
Vrai dans ses écrits,
vrai dans ses paroles,
Il combattit les
méchants,
Mais il bénit ceux qui se
corrigeaient.
Pasteur plein de bonté
pour tous.
Il fut le saint vigilant
;
Comme une nuée répand ses
eaux.
Comme la rosée descend du
ciel,
Il enrichit les fidèles.
Dès cette vie il a fait
des prodiges,
C’était un véritable
Israélite :
Tel ermite l’a su [5]
Par une faveur divine.
Dieu fit avec lui le
pacte de Lévi,
Il n’eut pas à s’en
repentir :
Pacte de paix et de vie,
Pacte d’honneur et de
gloire.
Il n’a pas amassé l’argent.
Mais l’a distribué aux
pauvres ;
Le Sauveur l’avait choisi
Pour son très suave
instrument.
Demandons à ce Saint,
Nous qui vivons encore la
vie présente,
De chanter le cantique de
l’Agneau
Maintenant et à jamais.
Cette séquence forme
l’acrostiche O Servum Servorum Dei.
Il existe une autre
séquence beaucoup plus ancienne, qui sans avoir été à l’origine composée pour
saint Grégoire le Grand, lui convient pourtant admirablement et fut en effet
chantée lors de la solennelle Messe pontificale qu’en 1904 Pie X célébra à
Saint-Pierre à l’occasion du XIIIe centenaire de la mort du grand Docteur. Le
chœur des chantres comprenait pour cette circonstance plus d’un millier de
voix, et le Pontife fut tellement impressionné par l’effet grandiose produit
par cette mélodie, qu’à peine le saint Sacrifice terminé il ordonna de répéter
le chant de la magnifique séquence. Consacrée par l’approbation de Pie X en
cette occasion solennelle, elle a pour ainsi dire le droit d’être considérée
comme appartenant à la liturgie romaine.
Voici le texte de cette
importante composition médiévale, simplement rythmée sans rime, formée, comme
les séquences primitives, sur le mélisme alléluiatique de la messe.
1) Alma cohors una
Laudum sonora
Nunc prome praeconia.
2) Quibus en insignis
rutilat
Gregorius ut luna,
Solque sidera.
2a) Meritorum est
mirifica
Radians idem sacra
Praerogativa.
3) Hunc nam Sophiae
mystica
Ornarunt mire dogmata
Qua fulsit nitida
luculenter per ampla
orbis climata.
3a) Verbi necnon
fructifera
Saevit divini semina
Mentium per arva,
pellendo quoque cuncta
noctis nubila.
4) Hic famina fundens
diva,
Utpote caelestia
Ferens in se Numina,
4a) Sublimavit catholica
Vehementer culmina
Sancta per eloquia.
5) Is nempe celsa
Compos gloria,
Nunc exultat
Inter laetabunda
Coelicolarum ovans
contubernia.
5a) Sublimis extat
Sede superna,
Fruens vita
Semper inexhausta,
Sat per celeberrima
Christi pascua.
6) O dignum cuncta
laude, praeexcelsa
Praesulem tanta
Nactus gaudia,
Virtutum propter mérita,
Quibus viguit, ardens
Velui lampada.
6a) Nos voce clara
Hunc et iucunda
Dantes oremus
Preces et vota,
Qui nobis ferat commoda,
Impetret et aeterna
Poscens praemia.
7) Quod petit praesens
caterva,
Praesulum gemma,
Devota rependens munia
Mente sincera,
Favens da
Sibi precum instantia,
Scilicet ut polorum
Intret lumina.
7a) Quo iam intra palatia
Stantem suprema,
Laeti gratulemur adeptii
Polorum régna,
Qui tua Praesul,
sistentes hoc aula,
Iubilemus ingenti
Cum laetitia.
Chœur illustre, fais
retentir à l’unisson les titres de louange
dont Grégoire est paré,
resplendissant comme la lune, le soleil et les astres.
L’éclat de. ses mérites
lui confère une gloire merveilleuse et sacrée.
Orné de la connaissance
des dogmes les plus mystérieux de la Sagesse, sa lumière brillante atteint les
confins de l’univers.
Il a jeté la semence
féconde de la parole divine dans les sillons des âmes, et dissipé les ténèbres
de la nuit.
Répandant la parole de
Dieu comme investi de la puissance d’en-haut,
Il a élevé au plus haut
point l’Église catholique par ses saints discours.
En possession maintenant
de la gloire du ciel, il partage la joie, l’allégresse et le triomphe des élus.
Placé sur un trône élevé,
il jouit d’une vie qui ne s’épuise pas, dans les abondants pâturages du Christ.
O Pontife digne des plus
hautes louanges, comblé d’une telle joie en récompense des vertus dont il a
jeté l’éclat comme une lampe.
D’une voix claire et
mélodieuse adressons-lui nos prières et nos vœux pour qu’il nous accorde ses faveurs
et nous obtienne les récompenses éternelles.
Ce qu’implore cette assemblée,
ô gemme des Pontifes, en vous offrant d’un cœur sincère l’hommage de sa
dévotion, daignez-le-lui procurer par vos instantes prières : qu’elle soit admise
dans la lumière du ciel !
Et qu’habitant enfin les
palais d’en haut, nous nous félicitions joyeux d’être entrés au royaume des
cieux, nous qui, dans votre sanctuaire, ô Pontife, vous chantons avec tant
d’allégresse,
Faisant retentir le doux
et clair Alléluia.
Mais nous ne saurions
nous éloigner d’un si insigne Pontife — dont le livre sur le gouvernement
pastoral était devenu au moyen âge la règle des évêques, si bien qu’il entrait
dans le catalogue officiel du mobilier de l’appartement papal — sans avoir
rapporté ici l’éloge que les Romains gravèrent sur son tombeau primitif dans le
portique de Saint-Pierre. De cette plaque de marbre il subsiste encore, après
tant de siècles, quelques précieux fragments :
SVSCIPE • TERRA • TVO • CORPVS
• DE • CORPORE • SVMPTVM
REDDERE • QVOD • VALEAS •
VIVIFICANTE • DEO
SPIRITVS • ASTRA • PETIT
• LETHI • NIL • IVRA • NOCEBVNT
CVI • VITAE • ALTERIVS • MORS
• MAGIS • ILLA • VIA • EST
PONTIFICIS • SVMMI • HOC
• CLAVDVNTVR • MEMBRA • SEPVLCHRO
QVI • INNVMERIS • SEMPER
• VIVAT • VBIQVE • BONIS
ESVRIEM • DAPIBVS •
SVPERAVIT • FRIGORA • VESTE
ATQVE • ANIMAS • MONITIS
• TEXIT • AB • HOSTE • SACRIS
IMPLEBATQVE • ACTV •
QVIDQVID • SERMONE • DOCEBAT
ESSET • VT • EXEMPLVM •
MYSTICA • VERBA • LOQVENS
AD • CHRISTVM • ANGLOS •
CONVERTIT • PIETATE • MAGISTRA
ACQVIRENS • FIDEI •
AGMINA • GENTE • NOVA
HIC • LABOR • HOC •
STVDIVM • HAEC • TIBI • CVRA • HOC • PASTOR • AGEBAS
VT • DOMINO • OFFERRES •
PLVRIMA • LVCRA • GREGIS
HISQVE • DEI • CONSVL •
FACTVS • LAETARE • TRIVMPHIS
NAM • MERCEDEM • OPERVM •
IAM • SINE • FINE • TENES.
Reçois, ô terre, un corps
tiré de ton sein,
Pour que tu le restitues
à Dieu le jour de la résurrection.
L’âme s’est envolée au
ciel, car l’enfer ne put faire valoir aucun droit
Sur celui pour qui la
mort fut plutôt la voie conduisant à une vie meilleure.
En ce sépulcre gît la
dépouille du grand Pontife,
Dont la renommée restera
célèbre partout, en raison de ses immenses mérites.
Par des distributions de
nourriture, il adoucit les horreurs de la famine ; avec des vêtements, la
rigueur de l’hiver,
Et par ses saints avis,
il tint le démon éloigné des âmes.
Il accomplissait par ses
actes ce qu’il enseignait dans ses prédications,
En sorte que, en exposant
les Écritures, il les réalisait par son propre exemple.
Il convertit au Christ
les Anglais et les forma à la piété,
Gagnant à la foi un nouveau
peuple.
Cela fut ton œuvre, ton
vœu, ton souci, ton but, ô Pasteur,
présenter au Seigneur un
fruit abondant dans le gouvernement du troupeau.
C’est pourquoi tu es
devenu le Consul de Dieu ; en conséquence, sois heureux de tes triomphes,
Parce que désormais tu
jouis pour l’éternité de la récompense de tes labeurs.
L’usage des séquences
durant la messe fut accepté par Rome à la fin du moyen âge seulement ; de plus,
la tradition franque médiévale ne peut se dire vraiment universelle. Il y avait
cependant un autre chant en l’honneur de saint Grégoire : il servait comme de
prélude à l’antiphonaire romain et on l’exécutait en de nombreux pays le
premier dimanche de l’Avent, avant d’entonner l’introït. Le texte primitif peut
remonter à Hadrien Ier mais il a été souvent remanié. Voici les hexamètres
attribués à Hadrien II :
Gregorius Praesul,
meritis et nomine dignus,
Unde genus ducit summum
conscendit honorent.
Qui renovans monumenta
Patrum iuniorque priorum,
Munere caelesti fretus,
ornans sapienter,
Composuit Scholae
Cantorum hunc rite libellum,
Désigné pour l’épiscopat
par ses mérites comme par son nom [6],
Grégoire atteignit à l’honneur
suprême de ses ancêtres.
Il restaura les monuments
des Pères qui l’avaient précédé ;
Aidé de la grâce d’en-haut,
il les embellit avec goût.
Et composa ce livre pour
la Schola des chantres.
Pour qu’à deux chœurs
elle modulât les louanges du Christ.
Toute la Ville éternelle,
dont Grégoire fut le très vigilant pasteur, ses églises stationnales, les
cimetières des martyrs, rappellent le zèle actif de l’incomparable Pontife.
Néanmoins quelques sanctuaires romains revendiquent aujourd’hui l’honneur d’une
fête spéciale ; ce sont, outre la basilique vaticane qui garde son corps, celle
de Saint-André au Clivus Scauri où Grégoire fut moine d’abord, puis Abbé ;
celle de Saint-Paul, que le Saint fit embellir et où était la tombe de sa
famille ; le Latran, où il vécut les quatorze dernières années de son suprême
pontificat. Au moyen âge, les quatorze régions urbaines rivalisèrent pour
honorer Grégoire et pour dédier en son nom des temples et des chapelles ; c’est
ainsi que nous avons les églises S. Gregorii ad Clivum Scauri, S. Gregorii de
Cortina, S. Gregorii de Gradellis, S. Gregorii dei Muratori, S. Gregorii in
Campo Martio, S. Gregorii de ponte ludaeorum, sans parler des oratoires très
nombreux élevés sous son vocable. Une bulle de Grégoire III, conservée dans la
basilique de Saint-Paul, mentionne une messe quotidienne que, dès ce temps,
l’on célébrait en cet insigne sanctuaire apostolique sur l’autel S. Gregorii ad
ianuas ; précisément comme à Saint-Pierre, où la tombe du Saint se trouvait
dans le portique extérieur, prope secretarium.
L’épigraphe de Grégoire
III à Saint-Paul représente sans doute un des plus anciens monuments relatifs
au culte liturgique de saint Grégoire le Grand.
Maintenant encore, quand
le Pape célèbre solennellement le divin Sacrifice à Saint-Pierre, le jour de
son couronnement, il prend les ornements sacrés à l’autel qui recouvre la tombe
de saint Grégoire. Ce fait revêt la signification d’une spéciale vénération
envers le Saint qui a, pour ainsi dire, incarné en lui tout le plus sublime
idéal contenu dans le concept catholique du pontificat romain. Il provient en
outre de ce que, à l’origine, le sépulcre du grand Docteur, dans l’atrium de la
basilique vaticane, était voisin du Secretarium ou sacristie, où les ministres
sacrés se revêtaient des ornements liturgiques. Dans l’érection de la nouvelle
basilique de Saint-Pierre, on tint à conserver à saint Grégoire cette place
traditionnelle, à côté de la sacristie, et c’est ainsi qu’on garda également
l’habitude de revêtir solennellement le Pape des ornements sacrés à l’autel du
Saint. Les Grecs sont eux aussi pénétrés d’une grande dévotion pour saint Grégoire.
Dans leur office ils l’appellent ainsi : Sacratissime Pastor, factus es
successor in zelo et sede Coryphaei, populos purificans et ad Deum adducens.
Successor in sede Principis Chori Discipulorum, unde verba, veluti fulgores, o
Gregori, proferens, face illuminas fideles. Ecdesiarum Prima, cum Te ad pectus
complexa esset, irrigat omnem terram quae sub sole est, piae doctrinae divinis
fluentis. Telle est la foi antique de l’Église d’Orient relativement à la
primauté pontificale sur l’Église universelle.
[1] Moral, in Job. Lib.
XXVII, cap. XI.
[2] Regest. Lib. IV. Epist.
VI ad Childebertum Regem.
[3] Ioh. diac., Vita P.
S. Gregorii, L. IV, c. 80
[4] Ici, le Bhx Schuster
décrit la messe antérieure à 1942.
[5] Il est fait allusion
ici à une gracieuse légende. Un saint moine eut un jour la simplicité de
demander au Seigneur à quel degré de sainteté il était déjà parvenu avec toute
la rigueur de sa vie. Dieu lui répondit qu’il avait égalé le pape Grégoire. De
quoi le moine s’offensa, car il vivait pauvrement dans une grotte, tandis que
le Pontife commandait au monde, dans son magnifique patriarchium du Latran.
Dieu fit alors observer au moine que Grégoire vivait plus détaché de la
splendeur de sa dignité papale que lui ne l’était d’un petit chat qui lui
tenait compagnie !
[6] L’aïeul de Grégoire
avait été le pape Félix IV. Il existe un poème où il est dit de Damase, né lui
aussi d’un personnage revêtu de la dignité épiscopale : NATVS • QVI • ANTISTES
• SEDIS • APOSTOLICAE.
Dom Pius Parsch,
le Guide dans l’année liturgique
« Pour moi, je considère
la vertu de patience comme plus grande que les signes et les miracles. »
(Paroles du saint).
Saint Grégoire 1er : Jour
de mort : 12 mars 604. — Tombeau : à Saint-Pierre de Rome. Image : Représenté
comme pape et docteur de l’Église, avec une colombe sur l’épaule. Vie : Le plus
grand pape liturgique est né en 540 ; il fut préfet impérial de la ville en 571
; vers 575, il se fit moine selon la règle de saint Benoît ; en 578, il fut
nonce pontifical à la cour impériale de Constantinople. En 590, la voix unanime
du peuple et du clergé l’élut pape. Il mourut en 604... L’Église qui, dans son
livre des héros, le martyrologe, se montre peu prodigue d’éloges, dit de lui :
« A Rome, saint Grégoire 1er, pape, confesseur et docteur éminent de l’Église.
Pour ses actions remarquables et la conversion des Angles à la foi du Christ,
il a été appelé Grand et Apôtre des Angles. » C’est surtout dans le domaine, de
la liturgie qu’il fut sans doute le plus grand des papes. « Les modes puissants
et mesurés, saints et sanctifiants, du choral liturgique de l’Église romaine,
portent encore aujourd’hui son nom et le porteront pour tous les temps. Il a,
aussi, puissamment contribué à la constitution du latin d’Église par son style
naturel, plein d’onction et de sentiment. Ses quarante sermons sur des
péricopes liturgiques de l’Évangile sont presque tous devenus des leçons du
bréviaire. Aucun prêtre ne peut célébrer la sainte messe sans rencontrer à tout
moment la trace de saint Grégoire. C’est lui qui a introduit, dans la seconde
oraison avant la Consécration (Hanc igitur), ces trois prières si riches de
sens : « et dispose nos jours dans la paix et ordonne que nous soyons arrachés
à l’éternelle damnation et que nous soyons comptés dans le troupeau de tes élus
». Son missel est devenu, à peu de choses près, le missel de tout l’Occident et
il l’est resté. Pour ce qui est du culte divin, Grégoire mérite aussi d’être appelé
le Grand. » (Bihlmeyer.)
SOURCE : http://www.introibo.fr/12-03-St-Gregoire-le-Grand-pape
Attributed to Defendente Ferrari (1490–1540), Gregor der Große, Öl auf Holz, Goldgrund, 65,5 x 43
Also
known as
Gregory I
Gregory Dialogos
Gregory the Dialogist
Father of the Fathers
Gregorius I Magnus
3
September (primary, based on his ascension to the papacy)
12
March (in Rome, Italy at
his grave in Saint
Peter’s Basilica; some Protestant and Orthodox calendars)
25
January (translation of relics to
the Jesuit church of São
Roque in Lisbon, Portugal)
21
August (Ordinary Form, 1962 missal)
26
March (translation of relics to Gaul)
11
July (translation of relics to
Soissons, France)
20
July (translation of relics to
Cluny)
4
September (Paulines)
22
September (translation of relics to
Melun)
13
March (Armenian calendar)
19
March on some calendars
30
March on some calendars
2
September on some calendars
15
October on some calendars
Profile
Son of Gordianus, a
Roman regionarius, and Saint Silvia
of Rome. Nephew of Saint Emiliana and Saint Tarsilla.
Great-grandson of Pope Saint Felix
III. Educated by
the finest teachers in Rome, Italy.
Prefect of Rome for
a year, then he sold his possessions, turned his home into a Benedictine monastery,
and used his money to build six monasteries in Sicily and
one in Rome. Benedictine monk.
Upon seeing English children being
sold in the Roman Forum, he became a missionary to England.
Elected 64th Pope by
unanimous acclamation on 3
September 590,
the first monk to
be chosen. Sent Saint Augustine
of Canterbury and a company of monks to evangelize England,
and other missionaries to France, Spain,
and Africa.
Collected the melodies and plain chant so associated with him that they are now
known as Gregorian Chants. One of the four great Doctors
of the Latin Church. Wrote seminal
works on the Mass and Divine
Office, several of them dictated to his secretary, Saint Peter
the Deacon.
Born
Papal
Ascension
12
March 604 at Rome, Italy of
natural causes
Legazpi, Philippines, diocese of
Order
of Knights of Saint Gregory
San
Gregorio nelle Alpi, Italy
Additional
Information
A
Garner of Saints, by Allen Banks Hinds, M.A.
Book
of Saints, by Father Lawrence
George Lovasik, S.V.D.
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Catholic
Encyclopedia, by G Roger Huddleston
Golden
Legend, by Jacobus
de Voragine
Iucunda
Sane: On Pope Saint Gregory
the Great, by Pope Saint Pius
X
Life
of Our Most Holy Father Saint Benedict, by Saint Gregory
Little
Lives of the Great Saints
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Saints
of the Day, by Katherine Rabenstein
Saints
of the Order of Saint Benedict, by Father Aegedius
Ranbeck, O.S.B.
Short
Lives of the Saints, by Eleanor Cecilia Donnelly
True
Historical Stories for Catholic Children, by Josephine Portuondo
The Life of Saint Gregory
the Great, by A Sister of Notre Dame
books
Gregory
the Great and His World, by R. A. Markus
Our
Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
Saints to Remember, by
the Slaves of the Immaculate Heart of Mary
other
sites in english
1001
Patron Saints and Their Feast Days, Australian Catholic Truth Society
Catholic
Online, by Terry Matz
Christian
Biographies, by James Keifer
Earliest
Life of Saint Gregory the Great, by a monk or
nun of Whitby
Saint
Gregory the Great on Understanding Scripture, by Father Raniero
Cantalamessa
Catholic Book Blogger
Saint
Gregory: Pray for the Straying
Saint
Gregory: Use God’s Gift in Moderation
Saint
Gregory: When Things Go Well, Remember Who You Are
Saint
Gregory: Learn to Repent from Judas
Saint
Gregory: Put Things Right Before You Ask for Forgiveness
Saint
Gregory: Be Thankful in Adversity as Well as in Prosperity
Saint
Gregory: Lift Up Your Hearts
Saint
Gregory: The Heavens Are Opened in the Eucharist
Saint
Gregory: Sacrifice Yourself Along with the Eucharist
Saint
Gregory: Trust God’s Promises, and Take What Comes
Saint
Gregory: Learning Good Habits
Saint
Gregory: Believe of What Christ Tells You
Saint
Gregory: Live a Life Worth of the Resurrection
Saint
Gregory: Find Your Strenth in Jesus’ Weakness
Saint
Gregory: Learn to Suffer from Christ
Saint
Gregory: Don’t Misjudge Christ’s Kingdom
Saint
Gregory: Recognize Both Natures in Christ
Saint
Gregory: Learn the Power of Humility
images
audio
Doctors
of the Church, part 1
Doctors
of the Church, part 2
video
e-books
Dialogues,
by Saint Gregory
On
the Pastoral Office, by Saint Gregory
Library
of the Fathers of the Holy Catholic Church: Morals on the Book of Job, v1,
by Saint Gregory
Library
of the Fathers of the Holy Catholic Church: Morals on the Book of Job, v2,
by Saint Gregory
Library
of the Fathers of the Holy Catholic Church: Morals on the Book of Job, v3a,
by Saint Gregory
Library
of the Fathers of the Holy Catholic Church: Morals on the Book of Job, v3b,
by Saint Gregory
webseiten
auf deutsch
sitios
en español
Martirologio
Romano, 2001 edición
sites
en français
Abbé
Christian-Philippe Chanut
fonti
in italiano
websites
in nederlandse
Readings
The proof of love is in
the works. Where love exists, it works great things. But when it ceases to act,
it ceases to exist. – Saint Gregory
the Great
If we knew at what time
we were to depart from this world, we would be able to select a season for
pleasure and another for repentance. But God, who has promised pardon to every
repentant sinner, has not promised us tomorrow. Therefore we must always dread
the final day, which we can never foresee. This very day is a day of truce, a
day for conversion. And yet we refuse to cry over the evil we have done! Not
only do we not weep for the sins we have committed, we even add to them…. If we
are, in fact, now occupied in good deeds, we should not attribute the strength
with which we are doing them to ourselves. We must not count on ourselves,
because even if we know what kind of person we are today, we do not know what
we will be tomorrow. Nobody must rejoice in the security of their own good
deeds. As long as we are still experiencing the uncertainties of this life, we
do not know what end may follow…we must not trust in our own
virtues. – Saint Gregory
the Great, from Be Friends of God
MLA
Citation
“Pope Saint Gregory the
Great“. CatholicSaints.Info. 31 August 2021. Web. 3 September 2021.
<https://catholicsaints.info/pope-saint-gregory-the-great/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/pope-saint-gregory-the-great/
Juan
Rizi (1600–1681), San Gregorio Magno, circa 1645, 167 x 148, Museo del Prado. Depositado en la Church of San José
BENEDICT XVI
GENERAL AUDIENCE
Wednesday, 28 May 2008
Saint Gregory the Great
(1)
Dear Brothers and
Sisters,
Last Wednesday I spoke of
a Father of the Church little known in the West, Romanus the Melodist. Today I
would like to present the figure of one of the greatest Fathers in the history
of the Church, one of four Doctors of the West, Pope St Gregory, who was Bishop
of Rome from 590 to 604, and who earned the traditional title of Magnus/the
Great. Gregory was truly a great Pope and a great Doctor of the Church! He was
born in Rome about 540 into a rich patrician family of the gens
Anicia, who were distinguished not only for their noble blood but also for
their adherence to the Christian faith and for their service to the Apostolic
See. Two Popes came from this family: Felix III (483-492), the great-great grandfather
of Gregory, and Agapetus (535-536). The house in which Gregory grew up stood on
the Clivus Scauri, surrounded by majestic buildings that attested to the
greatness of ancient Rome and the spiritual strength of Christianity. The
example of his parents Gordian and Sylvia, both venerated as Saints, and those
of his father's sisters, Aemiliana and Tharsilla, who lived in their own home
as consecrated virgins following a path of prayer and self-denial, inspired
lofty Christian sentiments in him.
In the footsteps of his
father, Gregory entered early into an administrative career which reached its
climax in 572 when he became Prefect of the city. This office, complicated by
the sorry times, allowed him to apply himself on a vast range to every type of
administrative problem, drawing light for future duties from them. In
particular, he retained a deep sense of order and discipline: having become
Pope, he advised Bishops to take as a model for the management of ecclesial
affairs the diligence and respect for the law like civil functionaries . Yet
this life could not have satisfied him since shortly after, he decided to leave
every civil assignment in order to withdraw to his home to begin the monastic
life, transforming his family home into the monastery of St Andrew on the
Coelian Hill. This period of monastic life, the life of permanent dialogue with
the Lord in listening to his word, constituted a perennial nostalgia which he
referred to ever anew and ever more in his homilies. In the midst of the pressure
of pastoral worries, he often recalled it in his writings as a happy time of
recollection in God, dedication to prayer and peaceful immersion in study.
Thus, he could acquire that deep understanding of Sacred Scripture and of the
Fathers of the Church that later served him in his work.
But the cloistered
withdrawal of Gregory did not last long. The precious experience that he gained
in civil administration during a period marked by serious problems, the
relationships he had had in this post with the Byzantines and the universal
respect that he acquired induced Pope Pelagius to appoint him deacon and to
send him to Constantinople as his "apocrisarius" - today one would
say "Apostolic Nuncio" in order to help overcome the last traces of
the Monophysite controversy and above all to obtain the Emperor's support in
the effort to check the Lombard invaders. The stay at Constantinople, where he
resumed monastic life with a group of monks, was very important for Gregory,
since it permitted him to acquire direct experience of the Byzantine world, as
well as to approach the problem of the Lombards, who would later put his
ability and energy to the test during the years of his Pontificate. After some
years he was recalled to Rome by the Pope, who appointed him his secretary.
They were difficult years: the continual rain, flooding due to overflowing
rivers, the famine that afflicted many regions of Italy as well as Rome.
Finally, even the plague broke out, which claimed numerous victims, among whom
was also Pope Pelagius II. The clergy, people and senate were unanimous in
choosing Gregory as his successor to the See of Peter. He tried to resist, even
attempting to flee, but to no avail: finally, he had to yield. The year
was 590.
Recognising the will of God in what had happened, the new Pontiff immediately and enthusiastically set to work. From the beginning he showed a singularly enlightened vision of realty with which he had to deal, an extraordinary capacity for work confronting both ecclesial and civil affairs, a constant and even balance in making decisions, at times with courage, imposed on him by his office.
Abundant documentation has been preserved from his governance thanks to the
Register of his Letters (approximately 800), reflecting the complex questions
that arrived on his desk on a daily basis. They were questions that came from
Bishops, Abbots, clergy and even from civil authorities of every order and
rank. Among the problems that afflicted Italy and Rome at that time was one of
special importance both in the civil and ecclesial spheres: the Lombard
question. The Pope dedicated every possible energy to it in view of a truly
peaceful solution. Contrary to the Byzantine Emperor who assumed that the
Lombards were only uncouth individuals and predators to be defeated or
exterminated, St Gregory saw this people with the eyes of a good pastor, and
was concerned with proclaiming the word of salvation to them, establishing
fraternal relationships with them in view of a future peace founded on mutual
respect and peaceful coexistence between Italians, Imperials and Lombards. He
was concerned with the conversion of the young people and the new civil
structure of Europe: the Visigoths of Spain, the Franks, the Saxons, the
immigrants in Britain and the Lombards, were the privileged recipients of his
evangelising mission. Yesterday we celebrated the liturgical memorial of St
Augustine of Canterbury, the leader of a group of monks Gregory assigned to go
to Britain to evangelise England.
The Pope - who was a true
peacemaker - deeply committed himself to establish an effective peace in Rome
and in Italy by undertaking intense negotiations with Agilulf, the Lombard
King. This negotiation led to a period of truce that lasted for about three years
(598-601), after which, in 603, it was possible to stipulate a more stable
armistice. This positive result was obtained also thanks to the parallel
contacts that, meanwhile, the Pope undertook with Queen Theodolinda, a Bavarian
princess who, unlike the leaders of other Germanic peoples, was Catholic deeply
Catholic. A series of Letters of Pope Gregory to this Queen has been preserved
in which he reveals his respect and friendship for her. Theodolinda, little by
little was able to guide the King to Catholicism, thus preparing the way to
peace. The Pope also was careful to send her relics for the Basilica of St John
the Baptist which she had had built in Monza, and did not fail to send his
congratulations and precious gifts for the same Cathedral of Monza on the
occasion of the birth and baptism of her son, Adaloald. The series of events
concerning this Queen constitutes a beautiful testimony to the importance of
women in the history of the Church. Gregory constantly focused on three basic
objectives: to limit the Lombard expansion in Italy; to preserve Queen
Theodolinda from the influence of schismatics and to strengthen the Catholic
faith; and to mediate between the Lombards and the Byzantines in view of an
accord that guaranteed peace in the peninsula and at the same time permitted
the evangelisation of the Lombards themselves. Therefore, in the complex
situation his scope was constantly twofold: to promote understanding on the
diplomatic-political level and to spread the proclamation of the true faith
among the peoples.
Along with his purely
spiritual and pastoral action, Pope Gregory also became an active protagonist
in multifaceted social activities. With the revenues from the Roman See's
substantial patrimony in Italy, especially in Sicily, he bought and distributed
grain, assisted those in need, helped priests, monks and nuns who lived in
poverty, paid the ransom for citizens held captive by the Lombards and
purchased armistices and truces. Moreover, whether in Rome or other parts of
Italy, he carefully carried out the administrative reorganization, giving
precise instructions so that the goods of the Church, useful for her sustenance
and evangelising work in the world, were managed with absolute rectitude and
according to the rules of justice and mercy. He demanded that the tenants on
Church territory be protected from dishonest agents and, in cases of fraud,
were to be quickly compensated, so that the face of the Bride of Christ was not
soiled with dishonest profits.
Gregory carried out this
intense activity notwithstanding his poor health, which often forced him to
remain in bed for days on end. The fasts practised during the years of monastic
life had caused him serious digestive problems. Furthermore, his voice was so
feeble that he was often obliged to entrust the reading of his homilies to the
deacon, so that the faithful present in the Roman Basilicas could hear him. On
feast days he did his best to celebrate the Missarum sollemnia, that
is the solemn Mass, and then he met personally with the people of God, who were
very fond of him, because they saw in him the authoritative reference from whom
to draw security: not by chance was the title consul Dei quickly
attributed to him. Notwithstanding the very difficult conditions in which he
had to work, he gained the faithful's trust, thanks to his holiness of life and
rich humanity, achieving truly magnificent results for his time and for the
future. He was a man immersed in God: his desire for God was always alive in
the depths of his soul and precisely because of this he was always close to his
neighbour, to the needy people of his time. Indeed, during a desperate period
of havoc, he was able to create peace and give hope. This man of God shows us
the true sources of peace, from which true hope comes. Thus, he becomes a
guide also for us today.
To special groups
I offer a warm greeting
and prayerful good wishes to the participants in the Christian-Hindu symposium
being held these days in Castel Gandolfo. Upon all the English-speaking
pilgrims, especially those from England, Scotland, Sweden, Australia, Hong
Kong, India, Indonesia, Canada and the United States, I cordially invoke God's
blessings of joy and peace.
© Copyright 2008 -
Libreria Editrice Vaticana
BENEDICT XVI
GENERAL AUDIENCE
Wednesday, 4 June 2008
Saint Gregory the Great
(2)
Dear Brothers and
Sisters,
Today, at our Wednesday
appointment, I return to the extraordinary figure of Pope Gregory the Great to
receive some additional light from his rich teaching. Notwithstanding the many
duties connected to his office as the Bishop of Rome, he left to us numerous
works, from which the Church in successive centuries has drawn with both hands.
Besides the important correspondence - in last week's catechesis I cited the Register that
contains over 800 letters - first of all he left us writings of an exegetical
character, among which his Morals, a commentary on Job (known under
the Latin title Moralia in Iob), the Homilies on Ezekiel and
the Homilies on the Gospel stand out. Then there is an important work
of a hagiographical character, the Dialogues, written by Gregory for
the edification of the Lombard Queen Theodolinda. The primary and best known
work is undoubtedly the Regula pastoralis (Pastoral Rule), which the
Pope published at the beginning of his Pontificate with clearly programmatic
goals.
Wanting to review these works quickly, we must first of all note that, in his writings, Gregory never sought to delineate "his own" doctrine, his own originality. Rather, he intended to echo the traditional teaching of the Church, he simply wanted to be the mouthpiece of Christ and of the Church on the way that must be taken to reach God. His exegetical commentaries are models of this approach.
He was a passionate reader of the Bible, which he approached not simply with a
speculative purpose: from Sacred Scripture, he thought, the Christian must draw
not theoretical understanding so much as the daily nourishment for his soul,
for his life as man in this world. For example, in the Homilies on
Ezekiel, he emphasized this function of the sacred text: to approach the
Scripture simply to satisfy one's own desire for knowledge means to succumb to
the temptation of pride and thus to expose oneself to the risk of sliding into
heresy. Intellectual humility is the primary rule for one who searches to
penetrate the supernatural realities beginning from the sacred Book. Obviously,
humility does not exclude serious study; but to ensure that the results are
spiritually beneficial, facilitating true entry into the depth of the text,
humility remains indispensable. Only with this interior attitude can one really
listen to and eventually perceive the voice of God. On the other hand, when it
is a question of the Word of God understanding it means nothing if it does not lead
to action. In these Homilies on Ezekiel is also found that beautiful
expression according which "the preacher must dip his pen into the blood
of his heart; then he can also reach the ear of his
neighbour". Reading his homilies, one sees that Gregory truly wrote with
his life-blood and, therefore, he still speaks to us today.
Gregory also developed
this discourse in the Book of Morals, a Commentary on Job. Following
the Patristic tradition, he examined the sacred text in the three dimensions of
its meaning: the literal dimension, the allegorical dimension and the moral
dimension, which are dimensions of the unique sense of Sacred Scripture.
Nevertheless, Gregory gave a clear prevalence to the moral sense. In this
perspective, he proposed his thought by way of some dual meanings - to
know-to do, to speak-to live, to know-to act - in which he evokes the two
aspects of human life that should be complementary, but which often end by
being antithetical. The moral ideal, he comments, always consists in realizing
a harmonious integration between word and action, thought and deed, prayer and
dedication to the duties of one's state: this is the way to realize that
synthesis thanks to which the divine descends to man and man is lifted up until
he becomes one with God. Thus the great Pope marks out a complete plan of life
for the authentic believer; for this reason the Book of Morals, a
commentary on Job, would constitute in the course of the Middle Ages a kind
of summa of Christian morality.
Of notable importance and
beauty are also the Homilies on the Gospel. The first of these was
given in St Peter's Basilica in 590 during the Advent Season, hence only a few
months after Gregory's election to the Papacy; the last was delivered in St
Lawrence's Basilica on the Second Sunday after Pentecost in 593. The Pope
preached to the people in the churches where the "stations" were
celebrated - special prayer ceremonies during the important seasons of the
liturgical year - or the feasts of titular martyrs. The guiding principle, which
links the different homilies, is captured in the word "preacher": not
only the minister of God, but also every Christian, has the duty "to
preach" of what he has experienced in his innermost being, following the
example of Christ who was made man to bring to all the good news of salvation.
The horizon of this commitment is eschatological: the expectation of the
fulfilment of all things in Christ was a constant thought of the great Pontiff
and ended by becoming the guiding reason of his every thought and activity.
From here sprang his incessant reminders to be vigilant and to perform good
works.
Probably the most
systematic text of Gregory the Great is the Pastoral Rule, written in the first
years of his Pontificate. In it Gregory proposed to treat the figure of the
ideal Bishop, the teacher and guide of his flock. To this end he illustrated
the seriousness of the office of Pastor of the Church and its inherent duties.
Therefore, those who were not called to this office may not seek it with
superficiality, instead those who assumed it without due reflection necessarily
feel trepidation rise within their soul. Taking up again a favourite theme, he
affirmed that the Bishop is above all the "preacher" par excellence;
for this reason he must be above all an example for others, so that his
behaviour may be a point of reference for all. Efficacious pastoral action
requires that he know his audience and adapt his words to the situation of each
person: here Gregory paused to illustrate the various categories of the
faithful with acute and precise annotations, which can justify the evaluation
of those who have also seen in this work a treatise on psychology. From this
one understands that he really knew his flock and spoke of all things with the
people of his time and his city.
Nevertheless, the great
Pontiff insisted on the Pastor's duty to recognize daily his own unworthiness
in the eyes of the Supreme Judge, so that pride did not negate the good
accomplished. For this the final chapter of the Rule is dedicated to
humility: "When one is pleased to have achieved many virtues, it is well
to reflect on one's own inadequacies and to humble oneself: instead of
considering the good accomplished, it is necessary to consider what was
neglected". All these precious indications demonstrate the lofty concept
that St Gregory had for the care of souls, which he defined as the "ars
artium", the art of arts. The Rule had such great, and the rather
rare, good fortune to have been quickly translated into Greek and Anglo-Saxon.
Another significant work is the Dialogues. In this work addressed to his friend Peter, the deacon, who was convinced that customs were so corrupt as to impede the rise of saints as in times past, Gregory demonstrated just the opposite: holiness is always possible, even in difficult times.
He proved it by narrating the life of contemporaries or those who had died
recently, who could well be considered saints, even if not canonised. The
narration was accompanied by theological and mystical reflections that make the
book a singular hagiographical text, capable of enchanting entire generations
of readers. The material was drawn from the living traditions of the people and
intended to edify and form, attracting the attention of the reader to a series
of questions regarding the meaning of miracles, the interpretation of
Scripture, the immortality of the soul, the existence of Hell, the
representation of the next world - all themes that require fitting
clarification. Book II is wholly dedicated to the figure of Benedict of Nursia
and is the only ancient witness to the life of the holy monk, whose spiritual
beauty the text highlights fully.
In the theological plan
that Gregory develops regarding his works, the past, present and future are
compared. What counted for him more than anything was the entire arch of
salvation history, that continues to unfold in the obscure meanderings of time.
In this perspective it is significant that he inserted the news of the
conversion of the Angles in the middle of his Book of Morals, a
commentary on Job: to his eyes the event constituted a furthering of the
Kingdom of God which the Scripture treats. Therefore, it could rightly be
mentioned in the commentary on a holy book. According to him the leaders of
Christian communities must commit themselves to reread events in the light of
the Word of God: in this sense the great Pontiff felt he had the duty to orient
pastors and the faithful on the spiritual itinerary of an enlightened and
correct lectio divina, placed in the context of one's own life.
Before concluding it is
necessary to say a word on the relationship that Pope Gregory nurtured with the
Patriarchs of Antioch, of Alexandria and of Constantinople itself. He always
concerned himself with recognizing and respecting rights, protecting them from
every interference that would limit legitimate autonomy. Still, if St Gregory,
in the context of the historical situation, was opposed to the title
"ecumenical" on the part of the Patriarch of Constantinople, it was
not to limit or negate this legitimate authority but rather because he was
concerned about the fraternal unity of the universal Church. Above all he was
profoundly convinced that humility should be the fundamental virtue for every
Bishop, even more so for the Patriarch. Gregory remained a simple monk in his
heart and therefore was decisively contrary to great titles. He wanted to be -
and this is his expression - servus servorum Dei. Coined by him, this
phrase was not just a pious formula on his lips but a true manifestation of his
way of living and acting. He was intimately struck by the humility of God, who
in Christ made himself our servant. He washed and washes our dirty feet.
Therefore, he was convinced that a Bishop, above all, should imitate this
humility of God and follow Christ in this way. His desire was to live truly as
a monk, in permanent contact with the Word of God, but for love of God he knew
how to make himself the servant of all in a time full of tribulation and
suffering. He knew how to make himself the "servant of the servants".
Precisely because he was this, he is great and also shows us the measure of
true greatness.
* * *
I offer a warm welcome to
all the English-speaking pilgrims and visitors here today, including the groups
from England, Australia, Japan, the Philippines, Vietnam, Canada and the United
States. I extend special greetings to the group of Episcopalian pilgrims from
Jerusalem, and to the many student groups present at this audience. May God
bless you all!
© Copyright 2008 -
Libreria Editrice Vaticana
Pope St. Gregory I ("the
Great")
Doctor
of the Church; born at Rome about
540; died 12 March 604. Gregory is certainly one of the most notable
figures in Ecclesiastical
History. He has exercised in many respects a momentous influence on
the doctrine,
the organization, and the discipline of
the Catholic Church.
To him we must look for an explanation of the religious situation
of the Middle
Ages; indeed, if no account were taken of his work, the evolution of the form
of medieval Christianity would
be almost inexplicable. And further, in so far as the modern Catholic system
is a legitimate development of medieval Catholicism,
of this too Gregory may not unreasonably be termed the Father. Almost all the
leading principles of the later Catholicism are
found, at any rate in germ, in Gregory the Great. (F.H. Dudden, "Gregory
the Great", 1, p. v).
This eulogy by a learned
non-Catholic writer will justify the length and elaboration of the following
article.
From birth to 574
Gregory's father was
Gordianus, a wealthy patrician,
probably of the famous gens Amicia, who owned large estates in Sicily and
a mansion on the Caelian Hill in Rome,
the ruins of which, apparently in a wonderful state of preservation, still
await excavation beneath the Church of St. Andrew and St. Gregory. His
mother Silvia appears
also to have been of good family,
but very little is known of her life. She ishonoured as
a saint,
her feast being
kept on 3 November. Portraits of Gordianus and Silvia were painted by
Gregory's order, in the atrium of
St. Andrew's monastery,
and a pleasing description of these may be found in John
the Deacon (Vita, IV, lxxxiii).
Besides his mother, two
of Gregory's aunts have been canonised,
Gordianus's two sisters, Tarsilla and Æmiliana, so that John
the Deaconspeaks of his education as
being that of a saint among saints.
Of his early years
we know nothing
beyond what the history of the period tells us. Between the years 546 and
552 Rome was
first captured by the Goths under
Totila, and then abandoned by them; next it was garrisoned by Belisarius, and
besieged in vain by the Goths,
who took it again, however, after the recall of Belisarius, only to lose it
once more to Narses. Gregory's mind and memory were
both exceptionally receptive, and it is to the effect produced on him by these
disasters that we must attribute the tinge of sadness which pervades his
writings and especially his clear expectation of a speedy end to the world.
Of his education,
we have no details. Gregory
of Tours tells us that in grammar, rhetoric and dialectic he
was so skilful as to be thought second to none in all Rome,
and it seems certain also
that he must have gone through a course of legal studies.
Not least among theeducating influences
was the religious atmosphere
of his home. He loved to meditate on
the Scriptures and
to listen attentively to the conversations of his elders, so that he was
"devoted to God from
his youth up".
His rank and prospects
pointed him out naturally for a public career, and he doubtless held some of
the subordinate offices wherein a young patrician embarked on public life. That
he acquitted himself well in these appears certain,
since we find him about the year 573, when little more than thirty years old,
filling the important office of prefect of the city of Rome.
At that date the
brilliant post was shorn of much of its old magnificence, and its
responsibilities were reduced; still it remained the highest civil dignity in
the city, and it was only after long prayer and
inward struggle that Gregory decided to abandon everything and become a monk.
This event took place most probably in 574.
His decision once taken,
he devoted himself to the work and austerities of his new life with all the
natural energy of his character.
HisSicilian estates
were given up to found six monasteries there,
and his home on the Caelian Hill was converted into another under the patronage of St.
Andrew. Here he himself took the cowl,
so that "he who had been wont to go about the city clad in the trabea and
aglow with silk and jewels, now clad in a worthless garment served the altar of
the Lord"
(Gregory
of Tours, X, i).
As monk and abbot (c.
574-590)
There has been much
discussion as to whether Gregory and his fellow-monks at St. Andrew's followed
the Rule
of St. Benedict. Baroniusand
others on his authority have denied this, while it has been asserted as
strongly by Mabillon and
the Bollandists,
who, in the preface to the life of St.
Augustine (26 May), retract the opinion expressed earlier in the preface
to St. Gregory's life (12 March). The controversy is important only in view of
the question as to the form of monasticism introduced
by St.
Augustine into England,
and it may be said that Baronius's view
is now practically abandoned.
For about three years
Gregory lived in retirement in the monastery of
St. Andrew, a period to which he often refers as the happiest portion
of his life. His great austerities during
this time are
recorded by the biographers, and probably caused the
weak health from which he constantly suffered in later life.
However, he was soon
drawn out of his seclusion,
when, in 578, the pope ordained him,
much against his will,
as one of the seven deacons (regionarii)
of Rome.
The period was one of acute crisis. The Lombards were advancing rapidly towards
the city, and the only chance of safety seemed to be in obtaining help from the
Emperor Tiberius at Byzantium. Pope
Pelagius II accordingly dispatched a special embassy to Tiberius, and
sent Gregory along with it as his apocrisiarius,
or permanent ambassador to the Court of Byzantium.
The date of
this new appointment seems to have been the spring of 579, and it lasted
apparently for about six years.
Nothing could have been
more uncongenial to Gregory than the worldly atmosphere of the brilliant Byzantine Court,
and to counteract its dangerous influence he followed the monastic
life so far as circumstances permitted. This was made easier by the
fact that several of his brethren from St. Andrew's accompanied him to Constantinople.
With them he prayed and
studied the Scriptures,
one result of which remains in his "Morals", or series of lectures on
the Book
of Job, composed during this period at the request of St.
Leander of Seville, whose acquaintance Gregory made during his stay
in Constantinople.
Much attention was
attracted to Gregory by his controversy with Eutychius,
Patriarch of Constantinople, concerning the Resurrection. Eutychius had
published a treatise on the subject maintaining that the risen bodies
of the elect would
be "impalpable, more light than air". To this view Gregory objected
the palpability of Christ's risen
body. The dispute became prolonged and bitter, till at length the emperor
intervened, both combatants being summoned to a private audience, where they
stated their views. The emperor decided that Gregory was in the right, and
ordered Eutychius's book
to the burned. The strain of the struggle had been so great that both fell ill.
Gregory recovered, but the patriarch succumbed,
recanting his error on
his death bed.
Mention should be made of
the curious fact that, although Gregory's sojourn at Constantinople lasted
for six years, he seems never to have mastered even the rudiments of Greek.
Possibly he found that the use of an interpreter had its advantages, but he
often complains of the incapacity of those employed for this purpose. It must
be owned that, so far as obtaining help for Rome was
concerned, Gregory's stay at Constantinople was
a failure. However, his period as ambassador taught
him very plainly a lesson which was to bear great fruit later on when he ruled
in Rome as pope.
This was the important fact that no help was any longer to be looked for
from Byzantium,
with the corollary that, if Rome and Italy were
to be saved at all, it could only be by vigorous independent action of the
powers on the spot. Humanly speaking, it is to the fact that Gregory had
acquired this conviction that his later line of action with all its momentous
consequences is due.
In the year 586, or
possibly 585, he was recalled to Rome,
and with the greatest joy returned
to St. Andrew's, of which he became abbotsoon
afterwards. The monastery grew
famous under his energetic rule, producing many monks who
won renown later, and many vivid pictures of this period may be found in the
"Dialogues".
Gregory gave much of
his time to
lecturing on the Holy
Scripture and is recorded to have expounded to his monks the
Heptateuch, Books
of Kings, the Prophets,
the Book
of Proverbs, and the Canticle
of Canticles. Notes of these lectures were taken at the time by
a young student named Claudius, but when transcribed were found by Gregory to
contain so many errors that
he insisted on their being given to him for correction and revision. Apparently
this was never done, for the existing fragments of such works attributed to
Gregory are almost certainly spurious.
At this period, however,
one important literary enterprise was certainly completed. This was the
revision and publication of the "Magna Moralia", or lectures on
the Book
of Job, undertaken in Constantinople at
the request of St.
Leander. In one of his letters (Epistle
5.53) Gregory gives an interesting account of the origin of this work.
To this period most
probably should be assigned the famous incident of Gregory's meeting with
the English youths
in the Forum. The first mention of the event is in the Whitby life
(c, ix), and the whole story seems to be an English tradition.
It is worth notice, therefore, that in the St.
Gall manuscript the Angles do
not appear as slave boys
exposed for sale, but as men visiting Rome of
their own free
will, whom Gregory expressed a desire to see. It is Venerable
Bede (Hist. Eccl., II, i) who first makes them slaves.
In consequence of this
meeting Gregory was so fixed with desire to convert the Angles that
he obtained permission from Pelagius
II to go in person to Britain with some of his fellow-monks as
missionaries. The Romans, however, were greatly incensed at the pope's act.
With angry words
they demanded Gregory's recall, and messengers were at once dispatched to bring
him back to Rome,
if necessary by
force. These men caught up with the little band of missionaries on the third
day after their departure, and at once returned with them, Gregory offering no
opposition, since he had received what appeared to him as a sign from heaven that
his enterprise should be abandoned.
The strong feeling of the
Roman populace that Gregory must not be allowed to leave Rome is
a sufficient proof of
the position he now held there. He was in fact the chief adviser and assistant
of Pelagius
II, towards whom he seems to have acted very much in the capacity of
secretary (see the letter of the Bishop of Ravenna to
Gregory, Epistle
3.66, "Sedem apostolicam, quam antae moribus nunc etiam honore debito
gubernatis"). In this capacity, probably in 586, Gregory wrote his
important letter to the schismatical bishops of
Istria who had separated from communion with the Church on
the question of the Three
Chapters (Epp., Appendix, III, iii). This document, which is almost a
treatise in length, is an admirable example of Gregory's skill, but it failed
to produce any more effort than Pelagius's two
previous letters had, and the schism continued.
The year 589 was one of
widespread disaster throughout all the empire. In Italy there
was an unprecedented inundation. Farms and houses were carried away by the
floods. The Tiber overflowed its banks, destroying numerous buildings, among
them the granaries of the Church with
all the store of corn. Pestilence followed on the floods, and Rome became
a very city of the dead. Business was at a standstill, and the streets were
deserted save for the wagons which bore forth countless corpses for burial in
common pits beyond the city walls.
Then, in February, 590,
as if to fill the cup of misery to the brim, Pelagius
II died. The choice of a successor lay
with the clergy and
people of Rome,
and without any hesitation they elected Gregory, Abbot of
St. Andrew's. In spite of their unanimity Gregory shrank from the dignity thus
offered him. He knew,
no doubt, that its acceptance meant a final good-bye to the cloister life
he loved, and so he not only refused to accede to the prayers of
his fellow citizens but also wrote personally to the Emperor
Maurice, begging him with all earnestness not to confirm the election.
Germanus, prefect of the city, suppressed this letter, however, and sent
instead of it the formal schedule of the election.
In the interval while
awaiting the emperor's reply
the business of the vacant see was
transacted by Gregory, in commission with two or three other high officials. As
the plague still continued unabated, Gregory called upon the people to join in
a vast sevenfold procession which
was to start from each of the seven regions of the city and meet at the Basilica of
the Blessed Virgin, all praying the
while for pardon and the withdrawal of the pestilence. This was accordingly
done, and the memory of
the event is still preserved by the name "Sant' Angelo" given to the
mausoleum of Hadrian from
the legend that
the Archangel
St. Michael was seen upon its summit in the act of sheathing his sword
as a sign that the plague was over.
At length, after six
months of waiting, came the emperor's confirmation
of Gregory's election.
The saint was
terrified at the news and even meditated flight. He was seized, however,
carried to the Basilica
of St. Peter, and there consecrated pope on
3 September, 590. The story that Gregory actually fled the city and remained
hidden in a forest for three days, when his whereabouts was revealed by
a supernatural light,
seems to be pure invention. It appears for the first time in the Whitby life
(c. vii), and is directly contrary to the words of his contemporary, Gregory
of Tours (Hist. Franc., X, i). Still he never ceased to regret his
elevation, and his later writings contain numberless expressions of strong
feeling on this point.
As pope (590-604)
Fourteen years of life remained
to Gregory, and into these he crowded work enough to have exhausted the
energies of a lifetime. What makes his achievement more wonderful is his
constant ill-health. He suffered almost continually from indigestion and, at
intervals, from attacks of slow fever, while for the last half of his
pontificate he was a martyr to
gout. In spite of these infirmities, which increased steadily, his
biographer, Paul
the Deacon, tells us "he never rested" (Vita, XV). His work
as pope is
of so varied a nature that it will be best to take it in sections, although
this destroys any exact chronological sequence.
At the very outset of his
pontificate Gregory published his "Liber pastoralis curae", or book
on the office of a bishop,
in which he lays down clearly the lines he considers it his duty to
follow. The work, which regards the bishop pre-eminently
as the physician of souls,
is divided into four parts.
He points out in the
first that only one skilled already as a physician of the soul is
fitted to undertake the "supreme rule" of the episcopate.
In the second he
describes how the bishop's life
should be ordered from a spiritual point of view;
in the third, how he
ought to teach and admonish those under him,
and in the fourth how, in
spite of his good works,
he ought to bear in mind his
own weakness, since the better his work the greater the danger of falling
through self-confidence.
This little work is the
key to Gregory's life as pope,
for what he preached he practiced. Moreover, it remained for centuries the
textbook of the Catholic episcopate,
so that by its influence the ideal of the great pope has
moulded the character of the Church,
and his spirit has spread into all lands.
Life and work in Rome
As pope Gregory
still lived with monastic simplicity.
One of his first acts was to banish all the lay attendants,
pages, etc., from the Lateran palace,
and substitute clerics in
their place. There was now no magister militum living in Rome,
so the control even of military matters fell to the pope.
The inroads of the Lombards had filled the city with a multitude of indigent
refugees, for whose support Gregory made provision, using for this purpose the
existing machinery of the ecclesiastical districts, each of which had its
deaconry or "office of alms".
The corn thus distributed came chiefly from Sicily and
was supplied by the estates of the Church.
The temporal needs of his
people being thus provided for, Gregory did not neglect their spiritual wants,
and a large number of his sermons have
come down to us. It was he who instituted the "stations" still
observed and noted in the Roman Missal.
He met the clergy and peopleat
some church previously
agreed upon, and all together went in procession to
the church of
the station,
where Mass was
celebrated and the pope preached.
These sermons,
which drew immense crowds, are mostly simple, popular expositions of Scripture.
Chiefly remarkable is the preacher's mastery of the Bible,
which he quotes unceasingly, and his regular use of anecdote to illustrate the
point in hand, in which respect he paves the way for the popular preachers of
the Middle
Ages. In July, 595, Gregory held his first synod in St.
Peter's, which consisted almost wholly of the bishops of
the suburbicarian
sees and the priests of
the Roman titular
churches. Six decrees dealing
with ecclesiastical
discipline were passed, some of them merely confirming changes already
made by the pope on
his own authority.
Much controversy still
exists as to the exact extent of Gregory's reforms of the Roman Liturgy.
All admit that he did make the following modifications in the pre-existing
practice:
In the Canon
of the Mass he inserted the words "diesque nostros in tua pace
disponas, atque ab aeterna damnatione nos eripi, et in electorum tuorum jubeas
grege numerari";
he ordered the Pater
Noster to be recited in the Canon before the
breaking of the Host;
he provided that
the Alleluia should
be chanted after
the Gradual out
of paschal
time, to which period, apparently, the Roman use
had previously confined it;
he prohibited the use of
the chasuble by subdeacons assisting
at Mass;
he forbade deacons to
perform any of the musical portions
of the Mass other
than singing the Gospel.
Beyond these and some few
minor points it seems impossible to conclude with certainty what
changes Gregory did make. As to the much-disputed question of the Gregorian
Sacramentary and the almost more difficult point of his relation to the plain
song or chant of the Church,
for Gregory's connection with which matters the earliest authority seems to
be John
the Deacon (Vita, II, vi, Xvii), see GREGORIAN
CHANT; SACRAMENTARY.
There is no lack of
evidence, however, to illustrate Gregory's activity as manager of the patrimony
of St. Peter. By his day the estates
of the Church had reached vast dimensions. Varying estimates place
their total area at from 1300 to 1800 square miles, and there seems no reason
for supposing this to be an exaggeration, while the income arising therefrom
was probably not less than $1,500,000 a year. The land lay in many places —
Campania, Africa, Sicily,
and elsewhere — and, as their landlord, Gregory displayed a skill in finance
and estate management which excites our admiration no less than it did the
surprise of his tenants and agents, who suddenly found that they had a new
master who was not to be deceived or cheated.
The management of each
patrimony was carried out by a number of agents of varying grades and duties under
an official called the rectoror defensor of
the patrimony. Previously the rectors had
usually been laymen,
but Gregory established the custom of
appointingecclesiastics to
the post. In doing this he probably had in view the many extra duties of
an ecclesiastical nature
which he called upon them to undertake. Thus examples may be found of
such rectors being
commissioned to undertake the filling up of vacant sees,
holding of local synods,
taking action against heretics,
providing for the maintenance of churches and monasteries,
rectifying abuses in the churches of
their district, with the enforcing of ecclesiastical
discipline and even the reproof and correction of local bishops.
Still Gregory never allowed the rectors to
interfere in such matters on their own responsibility.
In the minutiae of estate
management nothing was too small for Gregory's personal notice, from the exact
number of sextarii in a modiusof corn, or how many solidi went
to one golden pound, to the use of false weights
by certain minor agents. He finds time to
write instructions on every detail and leaves no complaint unattended to, even
from the humblest of his multitude of tenants. Throughout the large number of
letters which deal with the management of the patrimony,
the pope's determination
to secure a scrupulously righteous administration is evident. As bishop,
he is the trustee of God and St.
Peter, and his agents must show that they realize this by their conduct.
Consequently, under his able management the estates
of the Church increased steadily in value, the tenants were contented,
and the revenues paid in with unprecedented regularity.
The only fault ever laid
at his door in this matter is
that, by his boundless charities,
he emptied his treasury. But this, if a fault at all, was a natural consequence
of his view that he was the administrator of the property of
the poor,
for whom he could never do enough.
Relations with the
suburbicarian Churches
As patriarchs of
the West the popes exercise
a special jurisdiction over
and above their universal primacy as successors of St.
Peter; and among Western
churches, this jurisdiction extends
in a most intimate manner over the churches of Italy and
the isles adjacent.
On the mainland much of
this territory was in the hands of the Lombards, with whose Arian clergy Gregory
was, of course, not in communion. Whenever opportunity offered, however, he was
careful to provide for the needs of the faithful in
these parts, frequently uniting them to some neighboring diocese,
when they were too few to occupy the energies of a bishop.
On the islands, of
which Sicily was
by far the most important, the pre-existing church system
was maintained. Gregory appointed a vicar,
usually the metropolitan of
the province,
who exercised a general supervision over the whole church.
He also insisted strongly on the holding of local synods as
ordered by the Council
of Nicaea, and letters of his exist addressed to bishops in Sicily, Sardinia,
and Gaulreminding
them of their duties in
this respect.
The supreme instance of
Gregory's intervention in the affairs of these dioceses occurs
in the case of Sardinia,
where the behaviour of Januarius the half-witted, aged Metropolitan of Cagliari,
had reduced the church to
a state of semi-chaos.
A large number of letters
relate to the reforms instituted by the pope (Epistles 2.47; 3.36; 4.9; 4.23-27; 4.29; 5.2; 9.1; 9.11;
9.202-204;14.2).
His care over the election of
a new bishop whenever
a vacancy occurs
is shown in many cases, and if, after his examination of
the elect, which is always a searching one, he finds him unfitted for the post,
he has no hesitation in rejecting him and commanding another to be chosen
(Epistles 1.15; 1.16; 7.38;
10.7).
With regard to discipline the pope was
specially strict in enforcing the Church's laws as
to the celibacy
of the clergy (Epistles 1.42; 4.5;4.26; 4.34;
7.1; 9.110;
9.218; 10.19; 11.56; 13.38; 13.39);
the exemption of clerics from
lay tribunals (Epistles 1.39;
6.11; 9.53; 9.76;9.79;
10.4; 11.32; 13.1);
and the deprivation of
all ecclesiastics guilty
of criminal or scandalous offences
(Epistles 1.18; 1.42; 3.49; 4.26;5.17; 5.18; 7.39; 8.24;
9.25; 12.3; 12.10; 12.11; 14.2).
He was also inflexible with regard to the proper application of church
revenues, insisting that others should be as strict as he was in disposing of
these funds for their proper ends (Epistles 1.10;
1.64; 2.20-22; 3.22;4.11;
5.12; 5.48;
8.7; 11.22; 11.56;
13.46; 14.2).
Relations with other
Churches
With regard to the
other Western
Churches limits of space prevent any detailed account of Gregory's
dealings, but the following quotation, all the more valuable as coming from
a Protestant authority,
indicates very clearly the line he followed herein:
"In his dealings with the Churches of the West, Gregory acted invariably on the assumption that all were subject to the jurisdiction of the Roman See. Of the rights claimed or exercised by his predecessors he would not abate one tittle; on the contrary, he did everything in his power to maintain, strengthen, and extend what he regarded as the just prerogatives of the papacy. It is true that he respected the privileges of the Western metropolitans, and disapproved of unnecessary interference within the sphere of their jurisdiction canonically exercised. . . . But of his general principle there can be no doubt whatever" (Dudden, I, 475).
In view of later developments Gregory's dealings with the Oriental
Churches, and with Constantinople in
particular, have a special importance. There cannot be the smallest doubt that
Gregory claimed for the Apostolic
See, and for himself as pope,
a primacy not
ofhonor,
but of supreme authority over the Church Universal.
In Epistle 13.50, he speaks of "the Apostolic
See, which is the head of allChurches",
and in Epistle 5.154, he says: "I, albeit unworthy, have been set up in
command of the Church."
As successor
of St. Peter, thepope had
received from God a primacy over
all Churches (Epistle
2.46; 3.30;
5.37; 7.37). His approval it was which gave force to thedecrees of councils
or synods (Epistle 9.156), and his authority could annul them
(Epistles 5.39, 5.41,
5.44). To him appeals might
be made even against other patriarchs,
and by him bishops were
judged and corrected if need were (Epistles 2.50; 3.52; 3.63; 9.26; 9.27).
This position naturally
made it impossible for him to permit the use of the title Ecumenical Bishop
assumed by the Patriarch of Constantinople, John
the Faster, at a synod held
in 588. Gregory protested, and a long controversy followed, the question still
at issue when the pope died.
A discussion of this controversy is needless here, but it is important as
showing how completely Gregory regarded the Eastern patriarchs as
being subject to himself; "As regards the Church of Constantinople,"
he writes in Epistle
9.12, "who can doubt that
it is subject to the Apostolic
See? Why, both our most religious lord the emperor, and our brother
the Bishop of Constantinople continually
acknowledge it."
At the same time
the pope was
most careful not to interfere with the canonical rights of
the other patriarchs and bishops.
With the other Oriental patriarchs his
relations were most cordial, as appears from his letters to
the patriarchs of Antioch and Alexandria.
Relations with the
Lombards and the Franks
Gregory's consecration as pope preceded
by a few days only the death of Authari, King of the Lombards, whose queen, the
famous Theodelinde, then married Agilulf,
Duke of Turin,
a warlike and energetic prince. With Agilulf and the Dukes Ariulf of Spoleto and
Arichis of Benevento,
Gregory soon had to deal, as, when difficulties arose, Romanus, the exarch,
or representative, of the emperor, preferred to remain in sulky inactivity
at Ravenna.
It soon became clear
that, if any successful resistance was to be made against the Lombards, it must
be by the pope's own
exertions. How keenly he felt the difficulty and danger of his position appears
in some of the earliest letters (Epistles 1.3,
1.8, 1.30); but no actual hostilities began till the summer of 592, when
the pope received
a threatening letter from Ariulf of Spoleto,
which was followed almost immediately by the appearance of that chief before
the walls of Rome.
At the same time Arichis of Benevento advanced
on Naples,
which happened at the moment to have no bishop nor
any officer of high rank in command of the garrison. Gregory at once took the
surprising step of appointing a tribune on his own authority to take command of
the city (Epistle
2.34), and, when no notice of this strong action was taken by the imperial
authorities, the pope conceived
the idea of
himself arranging a separate peace with the Lombards (Epistle 2.45). No details
of this peace have come down to us, but it seems certain that
it was actually concluded (Epistle
5.36). Dr. Hodgkin (Italy and her Invaders, v, 366) pronounces Gregory's
action herein to have been wise and statesmanlike, but, at the same time,
undoubtedly ultra vires, being quite beyond any legal competency then
possessed by the pope,
who thus "made a memorable stride towards complete independence".
Gregory's independent
action had the effect of rousing up Romanus the exarch.
Wholly ignoring the papal peace,
he gathered all his troops, attacked and regained Perugia,
and then marched to Rome,
where he was received with imperial honours.
The next spring, however, he quitted the city and took away its garrison with
him, so that both pope and
citizens were now more exasperated against him than before. Moreover, the exarch's campaign
had roused the Northern Lombards, and King Agilulf marched on Rome,
arriving there probably some time in
June, 593. The terror aroused by his advance is still mirrored for us in
Gregory's homilies on
the Prophet
Ezechiel, which were delivered at this time.
The siege of the city was soon abandoned, however, and Agilulf retired. The
continuator of Prosper(Mon.
Germ. SS. Antiq., IX, 339) relates that Agilulf met the pope in
person on the steps of the Basilica
of St. Peter, which was then outside the city walls, and "being melted
by Gregory's prayers and
greatly moved by the wisdom and religious gravity
of this great man, he broke up the siege of the city"; but, in view of the
silence both of Gregory himself and of Paul
the Deacon on the point, the story seems scarcely probable. In Epistle
5.39, Gregory refers to himself as "the paymaster of the
Lombards", and most likely a large payment from the papal treasury
was the chief inducement to raise the siege.
The pope's great
desire now was to secure a lasting peace with the Lombards, which could only be
achieved by a proper arrangement between the imperial authorities and the
Lombard chiefs. On Queen Theodelinde, a Catholic and
a personal friend, Gregory placed all his hopes. The exarch,
however, looked at the whole affair in another light, and, when a whole year
was passed in fruitless negotiations, Gregory began once again to mediate a
private treaty. Accordingly, in May, 595, the pope wrote
to a friend at Ravenna a letter (Epistle
5.34) threatening to make peace with Agilulf even without the consent of
the Exarch Romanus.
This threat was speedily reported toConstantinople,
where the exarch was
in high favour, and the Emperor
Maurice at once sent off to Gregory a violent letter,
now lost, accusing him of being both a traitor and
a fool. This letter Gregory received in June, 595. Luckily, the pope's answer
has been preserved to us (Epistle
5.36). It must be read in its entirety to be appreciated fully; probably
very few emperors, if any, have ever received such a letter from a subject.
Still, in spite of his scathing reply, Gregory seems to have realized that
independent action could not secure what he wished, and we hear no more about a
separate peace.
Gregory's relations with
the Exarch Romanus
became continually more and more strained until the latter's death in the year
596 or early in 597. The new exarch,
Callinicus, was a man of far greater ability and well disposed towards
the pope,
whose hopes now revived. The official peace negotiations were pushed on, and,
in spite of delays, the articles were at length signed in 599, to Gregory's
great joy.
This peace lasted two years, but in 601 the war broke
out again through an aggressive act on the part of Callinicus, who was recalled
two years later, when his successor, Smaragdus, again made a peace with the
Lombards which endured until after Gregory's death.
Two points stand out for
special notice in Gregory's dealings with the Lombards: first, his
determination that, in spite of the apathy of the imperial authorities, Rome should
not pass into the hands of some half-civilized Lombard duke and so sink into
insignificance and decay; second, his independent action in appointing
governors to cities, providing munitions of war,
giving instructions to generals, sending ambassadors to the Lombard king, and
even negotiating a peace without the exarch's aid.
Whatever the theory may have been, there is no doubt about
the fact that, besides his spiritual
jurisdiction, Gregory actually exercised no small amount of temporal power.
Of Gregory's relations
with the Franks there
is no need to write at length, as the intercourse he established with the Frankish kings
practically lapsed at his death, and was not renewed for about a hundred years.
On the other hand he exercised a great influence on Frankish monasticism,
which he did much to strengthen and reshape, so that the work done by the monasteries in
civilizing the wild Franks may
be attributed ultimately to the first monk-pope.
Relations with the
Imperial Government
The reign of Gregory the
Great marks an epoch in papal history,
and this is specially the case in respect to his attitude towards the imperial
Government centered at Constantinople.
Gregory seems to have looked upon Church
and State as co-operating to form a united whole, which acted in two distinct
spheres, ecclesiastical and secular. Over this commonwealth were the pope and
the emperor, each supreme in his own department, care being taken to keep these
as far as possible distinct and independent.
The latter point was the
difficulty. Gregory definitely held that it was a duty of
the secular ruler to protect the Church and
preserve the "peace of the faith"
(Mor., XXXI, viii), and so he is often found to call in the aid of the secular
arm, not merely to suppress schism,heresy,
or idolatry,
but even to enforce discipline among monks and clergy (Epistles
1.72; 2.29; 3.59; 4.7; 4.32; 5.32; 8.4; 11.12; 11.37; 13.36). If the emperor
interfered in church matters
the pope's policy
was to acquiesce if possible, unless obedience was sinful,
according to the principle laid down in Epistle
11.29; "Quod ipse [se imperator] fecerit, si canonicum est, sequimur;
si vero canonicum non est, in quantum sine peccato nostro, portamus." In
taking this line Gregory was undoubtedly influenced by his deep reverence for
the emperor, whom he regarded as the representative of God in
all things secular, and must still be treated with all possible respect, even
when he encroached on the borders of the papal authority.
On his side, although he
certainly regarded himself as "superior in place and rank" to
the exarch (Epistle
2.14), Gregory objected strongly to the interference of ecclesiastical authorities
in matters secular. As supreme guardian of Christian justice,
the pope was
always ready to intercede for, or protect anyone who suffered unjust treatment
(Epistles 1.35; 1.36; 1.47;
1.59; 3.5;
5.38; 9.4;
9.46; 9.55;
9.113; 9.182; 11.4), but at the same time he used the utmost tact in
approaching the imperial officials. In Epistle
1.39, xxxix a, he explains for the benefit of his Sicilian agent
the precise attitude to be adopted in such matters.
Still, in conjunction
with all this deference, Gregory retained a spirit of independence which
enabled him, when he considered it necessary,
to address even the emperor in terms of startling directness. Space makes it
impossible to do more than refer to the famous letters to
the Emperor Phocas on his usurpation and the allusions in them to the murdered Emperor
Maurice (Epistles 13.34, 13.41, 13.42).
Every kind of judgement has been passed upon Gregory for writing these letters,
but the question remains a difficult one. Probably the pope's conduct
herein was due to two things: first, his ignorance of
the way in which Phocus had reached the throne; and second, his view that the
emperor was God's representative
on earth, and therefore deserving of all possible respect in his official
capacity, his personal character not
coming into the question at all. It should be noted, also, that he avoids any
direct flattery towards the new emperor, merely using the exaggerated phrases
of respect then customary, and expressing the high hopes he entertains of the
new regime. Moreover, his allusions to Maurice refer
to the sufferings of the people under his government, and do not reflect on the
dead emperor himself.
Had the empire been sound
instead of in a hopelessly rotten state when Gregory became pope,
it is hard to say how his views might have worked out in practice. As it was,
his line of strong independence, his efficiency, and his courage carried
all before them, and when he died there was no longer any question as to who
was the first power in Italy.
Missionary work
Gregory's zeal for
the conversion of
the heathen,
and in particular of the Angles,
has been mentioned already, and there is no need to dwell at length on the
latter subject, as it has been fully treated under SAINT
AUGUSTINE OF CANTERBURY. In justice to
the great pope,
however, it must be added that he lost no opportunity for the exercise of his
missionary zeal,
making every effort to root out paganism inGaul, Donatism in Africa,
and the Schism of
the Three
Chapters in North Italy and
Istria.
In his treatment of heretics, schismatics,
and pagans his
method was to try every means — persuasions, exhortations, threats — before
resorting to force; but, if gentler treatment failed, he had no hesitation in
accordance with the ideas of
his age, in resorting to compulsion, and invoking the aid of the secular
arm therein. It is curious, therefore, to find him acting as a
champion and protector of the Jews.
In Epistle 1.14, he expressly deprecates the compulsory baptism of Jews,
and many instances appear in which he insists on their right to
liberty of action, so far as the law permitted,
both in civil affairs and in the worship of the synagogue (Epistles 1.34; 2.6;
8.25; 9.38; 9.195; 13.15). He was equally strong, however, in preventing
the Jews from
exceeding the rights granted
to them by the imperiallaw,
especially with regard to the ownership by them of Christian slaves (Epistles 2.6;
3.37; 4.9; 4.21; 6.29;
7.21; 8.21;
9.104; 9.213; 9.215). We shall probably be right,
therefore, in attributing Gregory's protection of the Jews to
his respect for law and justice,
rather than to any ideas of toleration differing
from those current at the time.
Gregory and monasticism
Although the first monk to
become pope,
Gregory was in no sense an original contributor to monastic ideals
or practice. He took monasticism as
he found it established by St.
Benedict, and his efforts and influence were given to strengthening and
enforcing the prescriptions of that greatest of monastic legislators.
His position did indeed tend to modify St.
Benedict's work by drawing it into a closer connection with the
organization of the Church,
and with the papacy in
particular, but this was not deliberately aimed at by Gregory. Rather he was
himself convinced that the monastic system
had a very special value for the Church,
and so he did everything in his power to diffuse and propagate it. His
own property was consecrated to
this end, he urged many wealthy people
to establish or supportmonasteries,
and he used the revenues of the patrimony for
the same purpose.
He was relentless in
correcting abuses and enforcing discipline,
the letters on such matters being far too numerous for mention here, and the
points on which he insists most are precisely those, such as stability
and poverty,
on which St.
Benedict's recent legislation had laid special stress. Twice only do
we find anything like direct legislation by the pope.
The first point is that of the age at which a nun might
be made abbess,
which he fixes at "not less than sixty years" (Epistle
4.11). The second is his lengthening of the period of novitiate. St.
Benedict had prescribed at least one year (Reg. Ben., lviii); Gregory
(Epistle 10.9) orders two years, with special precautions in the case of slaves who
wished to become monks.
More important was his
line of action in the difficult question of the relation between monks and
their bishop.
There is plenty of evidence to show that many bishops took
advantage of their position to oppress and burden the monasteries in
their diocese,
with the result that the monks appealed to
the pope for
protection. Gregory, while always upholding the spiritual
jurisdiction of the bishop,
was firm in support of the monks against
any illegal aggression. All attempts on the part of a bishop to
assume new powers over the monks in
his diocese were
condemned, while at times the pope issued
documents, called Privilegia, in which he definitely set forth certain points
on which the monks were
exempt from episcopal control
(Epistles 5.49; 7.12; 8.17;
12.11; 12.12; 12.13). This action on Gregory's part undoubtedly began the long
progress by which the monastic bodies
have come to be under the direct control of the Holy
See.
It should be mentioned
that in Gregory's day the current view was that ecclesiastical work,
such as the cure
of souls, preaching, administering the sacraments,
etc., was not compatible with the monastic state,
and in this view the pope concurred.
On the other hand a passage in Epistle 12.4, where he directs that a
certain layman "should
be tonsured either
as a monk or
a subdeacon",
would suggest that the pope held
the monastic state
as in some way equivalent to the ecclesiastical;
for his ultimate intention in
this case was to promote the layman in
question to the episcopate.
Death, canonization,
relics, emblem
The last years of
Gregory's life were filled with every kind of suffering. His mind,
naturally serious, was filled with despondent forebodings, and his continued
bodily pains were increased and intensified. His "sole consolation was
the hope that
death would come quickly" (Epistle
13.26). The end came on 12 March, 604, and on the same day his body was
laid to rest in front of the sacristy in
the portico of St.
Peter's Basilica. Since then the relics have
been moved several times, the most recent translation being that by Paul
V in 1606, when they were placed in the chapel of Clement
V near the entrance of the modern sacristy.
There is some evidence that the body was taken to Soissons in France in
the year 826, but probably only some large relic is
meant.
Venerable
Bede (Hist. Eccl., II, i) gives the epitaph placed on his tomb which
contains the famous phrase referring to Gregory as consul Dei. His canonization by
popular acclamation followed
at once on his death, and survived a reaction against his memory which seems to
have occurred soon afterwards.
In art the
great pope is
usually shown in full pontifical robes
with the tiara and
double cross.
A dove is
his special emblem, in allusion to the well-known story recorded by Peter
the Deacon (Vita, xxviii), who tells that when the pope was
dictating his homilies on Ezechiel a
veil was drawn between his secretary and himself. As, however, the pope remained
silent for long periods at a time, the servant made a hole in the curtain and,
looking through, beheld a dove seated
upon Gregory's head with its beak between his lips. When the dove withdrew
its beak the holy pontiff spoke
and the secretary took down his words; but when he became silent the servant
again applied his eye to the hole and saw the dove had
replaced its beak between his lips. The miracles attributed
to Gregory are very many, but space forbids even the barest catalogue of them.
Conclusion
It is beyond the scope of
this notice to attempt any elaborate estimate of the work, influence, and character of
Pope Gregory the Great, but some short focusing of the features given above is
only just.
First of all, perhaps, it
will be best to clear the ground by admitting frankly what Gregory was not. He
was not a man of profound learning, not a philosopher,
not a conversationalist, hardly even a theologian in
the constructive sense of the term. He was a trained Roman lawyer and
administrator, a monk,
a missionary, a preacher, above all a physician of souls and
a leader of men.
His great claim to remembrance lies in the fact that he is the real father of
the medieval papacy (Milman).
With regard to things
spiritual, he impressed upon men's minds to
a degree unprecedented the fact that the See
of Peter was the one supreme, decisive authority in the Catholic Church.
During his pontificate, he established close relations between the Church of Rome and
those of Spain, Gaul, Africa,
and Illyricum, while his influence in Britain was such that he is justly called
the Apostle of the English.
In the Eastern
Churches, too, the papal authority
was exercised with a frequency unusual before his time,
and we find no less an authority than the Patriarch of Alexandria submitting
himself humbly to the pope's "commands".
The system of appeals to Rome was
firmly established, and the pope is
found to veto or confirm the decrees of synods,
to annul the decisions of patriarchs,
and inflict punishment onecclesiastical
dignitaries precisely as he thinks right.
Nor is his work less
noteworthy in its effect on the temporal position of the papacy.
Seizing the opportunity which circumstances offered, he made himself in Italy a
power stronger than emperor or exarch,
and established a political influence which dominated the peninsula for
centuries. From this time forth
the varied populations of Italy looked
to the pope for
guidance, and Rome as
the papal capital
continued to be the centre of the Christian
world.
Gregory's work as a theologian and Doctor
of the Church is less notable. In the history of dogmatic development
he is important as summing up the teaching of the earlier Fathers and
consolidating it into a harmonious whole, rather than as introducing new
developments, new methods, new solutions of difficult questions. It was
precisely because of this that his writings became to a great extent the compendium
theologiae or textbook of the Middle
Ages, a position for which his work in popularizing his great predecessors
fitted him well. Achievements so varied have won for Gregory the title of
"the Great", but perhaps, among our English-speaking races, he
is honoured most
of all as the pope who loved the
bright-faced Angles,
and taught them first to sing the Angels'
song.
His writings
Genuine, doubtful,
spurious
Of the writings commonly
attributed to Gregory the following are now admitted as genuine on all hands:
"Moralium Libri XXXV"; "Regulae Pastoralis Liber";
"Dialogorum Libri IV"; "Homiliarum in Ezechielem Prophetam Libri
II"; "Homiliarum in Evangelia Libri II"; "Epistolarum Libri
XIV". The following are almost certainly spurious: "In Librum Primum
Regum Variarum Expositionum Libri VI"; "expositio super Cantica
Canticorum"; "Expositio in VII Psalmos Poenitentiales";
"Concordia Quorundam Testimoniorum S. Scripturae". Besides the above
there are attributed to Gregory certain liturgical hymns,
the Gregorian Sacramentary, and the Antiphonary.
(See ANTIPHONARY; SACRAMENTARY.)
Works of Gregory;
complete or partial editions; translations, recensions, etc.
"Opera S. Gregorii
Magni" (Editio princeps, Paris, 1518); ed. P. Tossianensis (6 vols., Rome,
1588-03); ed. P. Goussainville (3 vols., Paris, 1675); ed. Cong. S. Mauri
(Sainte-Marthe) (4 vols., Paris, 1705); the last-named re-edited with additions
by J. B. Gallicioli (17 vols., Venice, 1768-76) and reprinted in Migne,
P.L., LXXV-LXXIX. "Epistolae", ed. P. Ewald and L. M. Hartmann in
"Mon. Germ. Hist.: Epist.", I, II (Berlin, 1891-99); this is the
authoritative edition of the text of the Epistles (all references given above
are to this edition); Jaffe, "Regesta Pontif," (2nd ed., Rome, 1885),
I, 143-219; II, 738; Turchi, "S. Greg. M. Epp. Selectae" (Rome,
1907); P. Ewald, "Studien zur Ausgabe des Registers Gregors I." in
"Neues Archiv", III, 433-625; L.M. Hartmann in "Neues Archiv",
XV, 411, 529; XVII, 493; Th. Mommsen in "Neues Archiv", XVII, 189;
English translation: J. Barmby, "Selected Epistles" in "Nicene
and Post-Nicene Fathers", 2nd Series, XII, XIII (Oxford and New York,
1895, 1898), "Regula Pastoralis Curae", ed. E. W. Westhoff (Munster,
1860); ed. H.
Hurter, S.J., in "SS. Patr. Opuse. Select.", XX; ed. A.M.
Micheletti (Tournai, 1904); ed. B. Sauter (Freiburg, 1904); English
translations: "King Alfred's West Saxon Version of Gregory's Pastoral
Care", ed. H. Sweet (London, 1871); "The Book of Pastoral Care"
(tr. J. Barmby) in "Nicene and Post-Nicene Fathers", 2nd Series, XII
(Oxford and New York, 1895). "Dialogorum Libri IV": very many
editions of the whole work have appeared, and also of Bk. II, "Of the Life
and Miracles of St. Benedict", separately; an old English translation has
been reprinted by H.
Coleridge, S.J., (London, 1874); L. Wiese, "Die Sprache der
Dialoge" (Halle, 1900); H. Delehaye, "S. Gregoirele Grand dans
Phagiographie Grecque" in "Analecta Bolland." (1904), 449-54; B.
Sauter, "Der heilige Vater Benediktus nach St. Gregor dem Grossen"
(Freiburg, 1904). "Hom. XL in Evangelia", ed. H.
Hurter in "SS. Patrum Opusc. Select.", series II, Tom. VI
(Innsbruck, 1892). G. Pfeilschifter Gregors der Gr." (Munich, 1900).
"Magna Moralia", Eng. tr. in "Library of the Fathers" (4
vols., Oxford, 1844); Prunner, "Gnade und Sunde nach Gregors expositio in
Job" (Eichstätt, 1855).
Sources
CHIEF SOURCES.—First of
all come the writings of Gregory himself, of which a full account is given above,
the most important from a biographical point of view being the fourteen books
of his Letters and the four books of Dialogues. The other early authorities are
ST. GREGORY OF TOURS (d. 594 or 595), Historia Francorum, Bk. X, and the Liber
Pontificalis, both practically contemporary. To the seventh century belong ST.
ISIDORE OF SEVILLE. De Viris Illustribus, XL, and ST. ILDEPHONSUS OF TOLEDO, De
Viris Illustribus, I. Next come the Vita Antiquissima, by an anonymous monk of
Whitby, written probably about 713, and of special interest as representing an
essentially English tradition in regard to the saint; THE VEN. BEDE, Hist.
Eccles., II, whose work was finished in 731; PAUL THE DEACON, who compiled a
short Vita Gregorii Magni between 770 and 780, which may be supplemented from
the same writers more famous work Historia Longobardorum; lastly JOHN THE
DEACON, who, at the request of John VIII (872-882), produced his Vita Gregorii
in answer to the complaint that no history of the saint had yet been produced
in Rome. Besides these direct authorities considerable light on the period of
St. Gregory's life may be gathered from the works of various contemporary
chroniclers and historians.
WORKS ON GREGORY. — (1) General. —
GREGORY OF TOURS, Historia Francorum, X, i, in P.L., LXXI; the best edition of
this is by ARNDT AND KRUSCH in Mon. Germ. Hist.; Script. Rerum Meroving., I;
Liber Pontificatis, ed. DUCHESNE (Paris, 1884), I, 312; ISIDORE OF SEVILLE, De
Vir. Illustr., I, ibid., XCVII; Vita It. Papae Gregorii M. (MSS. Gallen, 567),
written by a monk of Whitby, ed. GASQUET (Westminster, 1904): see also on same
work EWALD, Die alteste Biographie Gregors I in Historische Aufsatze dem
Andenken an G. Waitz gewidmet (Hanover, 1886), 17-54; VEN. BEDE, Hist. Eccles.,
I, xxiii-xxxiii; II, i-iii; V, xxv; in P.L., XCV; PAUL THE DEACON, Vita
Gregorii M. in P.L., LXXV; IDEM, De Gestis Longobard., III, 24; IV, 5; In P.L.,
XCV; JOHN THE DEACON, Vita Gregorii M., ibid., LXXV; Acta SS., 12 March; VAN
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Gregoire (Rouen, 1677); MAIMBOURG, Histoire du pontificat de S. Gregoire
(Paris, 1687); BONUCCI, Istoria del B. Gregorio (Rome, 1711); WIETROWSKY, Hist.
de gestis praecipuis in pontificatu S. Gregorii M. (Prague, 1726-30); POZZO,
Istoria della vita di S. Gregorio M. (Rome, 1758); MARGGRAF, De Gregorii I. M.
Vita (Berlin, 1844); BIANCHI-GIOVINI, Pontificato di S. Gregorio (Milan, 1844);
LAU, Gregor I, der Grosse (Leipzig, 1845); PFAHLER, Gregor der Grosse
(Frankfort, 1852); LUZARCHE, Vie du Pape Grégoire le Grand (Tours, 1857);
ROMALTE, Vie de S. Grégoire (Limoges, 1862); PAGNON, Grégoire le Grand et son époque (Rouen, 1869); BELMONTE, Gregorio M. e il suo tempo (Florence, 1871);
BOHRINGER, Die Vater des Papsiiums, Leo I und Gregor I (Stuttgart, 1879):
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1886); BOUSMANN, Gregor I, der Grosse (Paderborn, 1890); WOLFSGRUBER, Gregor
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del Papa (Rome, 1789); SUGENHEIM, Gesch. der Entstehung und Ausbildung des
Kirchenstaates (Leipzig, 1854); SCHARPFF, Die Entstchung des Kirchenstaates
(Freiburg im Br., 1860); GRISAR, Ein Rundgang durch die Patrimonien des hl.
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I, 43; DOIZE, Deux études sur l'administration temporelle du Pape Grégoire le
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(b) Primacy
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LORENZ, Papstwahl und Kaisertum (Berlin, 1874), 23; CRIVELLUCCI, Storia della
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Lombards and Franks. — BERNARDI, I Longobardi e S. Gregorio M. (Milan, 1843);
Troya, Storia d'Italia del medio evo, IV: Codice diplomatico longobardo dal 568
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Verwaltung in Italien (Leipzig, 1889); LAMPE, Qui fuerint Gregorii M. p.
temporibus in imperii byzantini parte occident, exarchi (Berlin, 1892); PERRY,
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Missionary Work. — MABILLON, Dissertatio de monastica vita Gregorii Papoe
(Paris, 1676); BUTLER, Was St. Augustine of Canterbury a Benedictine? in
Downside Review, III, 45-61, 223-240; GRUTZMACHER, Die Bedeutung Benedikts von
Nursia und seiner Regel in der Gesch. des Monchtums (Berlin, 1892); CUTTS, Augustine
of Canterbury (London, 1895); GRAY, The Origin and Early History of
Christianity in Britain (London, 1897); BRIGHT, Chapters on Early English
Church History (Oxford, 1897); BENEDETTI, S. Gregorio Magno e la schiavitu
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ALZOO, Lehrb. der Patrologie (Freiburg im Br., 1876); HARNACK, Lehrb. der
Dogmengeschichte, III (Freiburg im Br., 1890); LOOFS, Leits. zum Studium der
Dogmengeschichte (Halle, 1893); SEEBERG, Lehrb. der Dogmengeschichte, II
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Great")." The Catholic Encyclopedia. Vol. 6. New York:
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2015 <http://www.newadvent.org/cathen/06780a.htm>.
Copyright © 2020 by Kevin Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/06780a.htm
Limbourg brothers (fl. 1402–1416), La Procession de saint Grégoire (partie
gauche de la miniature, folio 71 verso), Sous le texte, une procession sort par
d'une porte, devancé par une chasse, puis le pape Saint Grégoire qui voit
apparaître au sommet du mausolée d'Hadrien un ange qui range son épée dans son
fourreau, signe de la fin de l'épidémie de peste, 1411-1416, tempera on vellum, 29 x 21, Condé Museum , Raymond Cazelles et Johannes
Rathofer (préf. Umberto Eco), Les Très Riches Heures du Duc de Berry,
Tournai, La Renaissance du Livre, 2001 (1re éd. 1988), 238 p. (ISBN 2-8046-0582-5), p.68-69
St. Gregory the Great,
Pope and Confessor
From his works, Bede, and
Paul, deacon of Monte Cassino, towards the end of the eighth century. His life
in four books, by John, deacon of Rome in the ninth age, is full of mistakes,
as Baronius observes. See his history, compiled in French by Dom Dionysius of
Sainte-Marthe, superior-general of the Maurist monks, printed at Rouen in 4to.
1697, and more accurately in Latin by the same author, in the 4to. tome of this
father’s works, in 1705. See also Fleury, b. 34, 35, 36. Mabillon, Annal.
Bened. l. 6. t. 1. Ceillier, t. 17. p. 128. F. Wietrowski, S. J. Historia de
rebus in Pontifex, a criminationibus Oudini vindicatus. and Hieron. Muzio in
Coro Pontificale.
A.D. 604
ST. GREGORY, from his
illustrious actions and extraordinary virtues, surnamed the Great, was born at
Rome, about the year 540. Gordianus, his father, enjoyed the dignity of a
senator, and was very wealthy; but after the birth of our saint, renounced the
world, and died Regionarius, that is, one of the seven cardinal deacons who
took care of the ecclesiastical districts of Rome. His mother, Sylvia,
consecrated herself to God in a little oratory near St. Paul’s. Our saint was
called Gregory, which in Greek implies a watchman, as Vigilius and Vigilantius in
Latin. In his youth he applied himself, with unabated diligence, to the studies
of grammar, rhetoric, and philosophy; and after these first accomplishments, to
the civil law and the canons of the church, in which he was perfectly skilled.
He was only thirty-four years old when, in 574, he was made, by the emperor
Justin the Younger, pretor, or governor and chief magistrate of Rome. By this
dignity he was the chief judge of the city; his pomp and state differed little
from that of a consul, and he was obliged to wear the Trabea, which was a rich
robe of silk, magnificently embroidered, and sparkling with precious stones; a
garment only allowed to the consuls and pretor. But he could say, with Esther,
that his heart always detested the pride of the world. From his infancy he
loved and esteemed only heavenly things, and it was his chief delight to
converse with holy monks, or to be retired in his closet, or in the church at
his devotions. After the death of his father, he built and endowed six
monasteries in Sicily, out of the estates which he had in that island, and
founded a seventh in his own house in Rome, which was the famous monastery of
St. Andrew, on the hill Scarus, 1 now
possessed by the Order of Camaldoli. The first abbot of this house was
Hilarion, the second Valentinus, under whom St. Gregory himself took the monastic
habit, in 575, being thirty-five years old. In this retirement, Gregory applied
himself with such vigour to fasting and the study of the sacred writings, that
he thereby contracted a great weakness in his stomach, and used to fall into
fits of swooning if he did not frequently eat. What gave him the greatest
affliction was his not being able to fast on an Easter-Eve, a day on which,
says John the deacon, every one, not even excepting little children, are used
to fast. His great desire of conforming to the universal practice on that day
occasioned his applying to a monk of eminent sanctity, named Eleutherius, with
whom having prayed, and besought God to enable him to fast at least on that
sacred day, he found himself on a sudden so well restored, that he not only
fasted that day, but quite forgot his illness as he himself relates. 2
It was before his
advancement to the see of Rome, or even to the government of his monastery,
that he first, as Paul the deacon testifies, projected the conversion of the
English nation. This great blessing took its rise from the following occasion. 3 Gregory
happened one day to walk through the market, and here taking notice that
certain youths of fine features, and complexion, were exposed to sale, he
inquired what countrymen they were, and was answered, that they came from
Britain. He asked if the people of that country were Christians or heathens, and
was told they were still heathens. Then Gregory drawing a deep sigh, said: “It
was a lamentable consideration that the prince of darkness should be master of
so much beauty, and have so comely persons in his possession; and that so fine
an outside should have nothing of God’s grace to furnish it within.” 4 This
incident made so great an impression upon him, that he applied himself soon
after to Pope Benedict I. and earnestly requested that some persons might be
sent to preach Christianity in Britain. And not finding any one disposed to
undertake that mission, he made an offer of himself for the service, with the
pope’s consent and approbation. Having obtained leave, he privately set forward
on his journey, in company with several monks of his own monastery. But when
his departure was known, the whole city was in an uproar, and the people ran in
a body to the pope, whom they met going to St. Peter’s church. They cried out
to him in the utmost consternation: “Apostolic father, what have you done? In
suffering Gregory to go away, you have destroyed Rome: you have undone us, and
offended St. Peter.” At these pressing instances the pope despatched messengers
to recall him: and the saint being overtaken by them on the third day, was
obliged, though with great reluctance, to return to Rome. Not long after the
same pope, according to John the deacon, and the Benedictines, or as Paul the
deacon, and Baronius say, his successor Pelagius II. made him one of the seven
deacons of the church at Rome, who assisted the pope. Pelagius II. sent him to
Constantinople in quality of Apocrisiarius, or Nuncio of the holy see, to the
religious Emperor Tiberius, by whom the saint was received and treated with the
highest distinction. This public employment did not make him lay aside the
practices of a monastic life, in order to which he had taken with him certain
monks of his house, with whom he might the better continue them, and by their
example excite himself to recollection and prayer. At the request of St.
Leander, bishop of Seville, whom he saw at Constantinople, he wrote in that
city his thirty-five books of Morals upon Job, giving chiefly the moral and
allegorical interpretations of the sacred book, in such a manner as to reduce
into one body the most excellent principles of morality, and also of an
interior life, of both which this admirable work hath been ever since regarded
as the great storehouse and armory. Out of it St. Isidore, St. Thomas, and
other masters of those holy sciences have chiefly drawn their sublime maxims.
Mauritius having married the daughter of Tiberius, in 582, who had the empire
for her dowry, St. Gregory was pitched upon to stand god-father to his eldest
son. Eutychius was at that time patriarch of Constantinople. 5 This
prelate, having suffered for the faith under Justinian, fell at length into an
error, importing, that after the general resurrection the glorified bodies of
the elect will be no longer palpable, but of a more subtile texture than air.
This error he couched in a certain book which he wrote. St. Gregory was
alarmed, and held several conferences with the patriarch upon that subject,
both in private and before the emperor, and clearly demonstrated from the
scriptures, that the glorified bodies of the saints will be the same which they
had on earth, only delivered from the appendixes of mortality; and that they
will be palpable as that of Christ was after his resurrection. 6 The
good bishop being docile and humble, retracted his mistake, and shortly after
falling sick, in presence of the emperor, who had honoured him with a visit,
taking hold of his skin with his hand, said: “I profess the belief that we
shall all rise in this very flesh.” 7
Pope Pelagius recalled
St. Gregory in 684. He brought with him to Rome an arm of St. Andrew, and the
head of St. Luke, which the emperor had given him. He placed both these relics
in his monastery of St. Andrew, where the former remains to this day; but the
latter has been removed thence to St. Peter’s where it still continues. The
saint with joy saw himself restored to the tranquillity of his cell, where he
eagerly desired to bury himself with regard to the world, from which he had
fled naked into this secure harbour; because, as he signified to St. Leander,
he saw how difficult a thing it is to converse with the world without
contracting inordinate attachments. 8 Pope
Pelagius also made him his secretary. He still continued to govern his
monastery, in which he showed a remarkable instance of severity. Justus, one of
his monks, had acquired and kept privately three pieces of gold, which he
confessed on his death-bed. St. Gregory forbade the community to attend and
pray by his bed-side, according to custom; but could not refuse him the
assistance of a priest, which the council of Nice ordained that no one should
be deprived of at the hour of death. Justus died in great sentiments of compunction;
yet, in compliance with what the monastic discipline enjoins in such cases, in
imitation of what St. Macarius had prescribed on the like occasion, he ordered
his corpse to be buried under the dunghill, and the three pieces of money to be
thrown into the grave with it. Nevertheless, as he died penitent, he ordered
mass to be daily offered up for him during thirty days. 9 St.
Gregory says, 10 that
after the mass of the thirtieth day, Justus appearing to his brother Copiosus,
assured him that he had been in torments, but was then released. Pope Pelagius
II. dying in the beginning of the great pestilence, in January, 590, the clergy,
senate, and Roman people unanimously agreed to choose St. Gregory for their
bishop, although he opposed his election with all his power. It was then the
custom at the election of a pope to consult the emperor as the head of the
senate and people. Our saint, trusting to his friendship with Mauritius, to
whose son he stood god-father, wrote to him privately to conjure him not to
approve of this choice. He wrote also with great earnestness to John, patriarch
of Constantinople, and to other powerful friends in that city, begging them to
employ their interest with the emperor for that purpose; but complains in
several letters afterwards that they had all refused to serve him. The governor
of Rome intercepted his letters to the emperor, and sent others to him, in the
name of the senate and people, to the contrary effect. In the mean time, the
plague continued to rage at Rome with great violence; and, while the people
waited for the emperor’s answer, St. Gregory took occasion from their
calamities to exhort them to repentance. Having made them a pathetic sermon on
the subject, 11 he
appointed a solemn litany, or procession, in seven companies, with a priest at
the head of each, who were to march from different churches, and all to meet in
that of St. Mary Major; singing Kyrie Eleison as they went along the streets.
During this procession there died in one hour’s time fourscore of those who
assisted at it. But St. Gregory did not forbear to exhort the people, and to
pray till such time as the distemper ceased. 12 During
the public calamity, St. Gregory seemed to have forgotten the danger he was in
of being exalted to the pontifical throne; for he feared as much to lose the
security of his poverty as the most avaricious can do to lose their treasures.
He had been informed that his letters to Constantinople had been intercepted;
wherefore, not being able to go out of the gates of Rome, where guards were
placed, he prevailed with certain merchants to carry him off disguised, and
shut up in a wicker basket. Three days he lay concealed in the woods and
caverns, during which time the people of Rome observed fasts and prayers. Being
miraculously discovered 13 and
no longer able, as he says himself, 14 to
resist, after the manifestations of the divine will, he was taken, brought back
to Rome with great acclamations, and consecrated on the 3rd of September, in
590. In this ceremony he was conducted, according to custom, to the confession
of St. Peter, as his tomb is called; where he made a profession of his faith,
which is still extant in his works. He sent also to the other patriarchs a
synodal epistle, in which was contained the profession of his faith. 15 In
it he declares, that he received the four general councils as the four gospels.
He received congratulatory letters upon his exaltation; to all which he
returned for answer rather tears than words, in the most feeling sentiments of
profound humility. To Theoctista, the emperor’s sister he wrote thus: 16 “I
have lost the comfort of my calm, and, appearing to be outwardly exalted, I am
inwardly and really fallen.—My endeavours were to banish corporeal objects from
my mind, that I might spiritually behold heavenly joys. Neither desiring nor
fearing anything in the world, I seemed raised above the earth, but the storm
had cast me on a sudden into alarms and fears; I am come into the depth of the
sea, and the tempest hath drowned me.” He adds: “The emperor hath made an ape
to be called a lion; but cannot make him become one.” In his letter to Narses,
the patrician, he says: 17 “I
am so overcome with grief, that I am scarcely able to speak. My mind is
encompassed with darkness. All that the world thinks agreeable, brings to me
trouble and affliction.” To St. Leander he writes: “I remember with tears that
I have lost the calm harbour of my repose, and with many a sigh I look upon the
firm land which I cannot reach. If you love me, assist me with your prayers.”
He often invites others to weep with him, and conjures them to pray for him.
John, archbishop of Ravenna, modestly reprehended his cowardice in endeavouring
by flight, to decline the burden of the pastoral charge. In answer to his
censure, and to instruct all pastors, soon after his exaltation, he wrote his
incomparable book, On the Pastoral Care, setting forth the dangers, duties, and
obligations, of that charge, which he calls, from St. Gregory Nazianzen, the
art of arts, and science of sciences. So great was the reputation of this
performance, as soon as it appeared, that the Emperor Mauritius sent to Rome
for a copy; and Anastasius, the holy patriarch of Antioch, translated it into
Greek. Many popes and councils have exhorted and commanded pastors of souls
frequently to read it, and in it, as in a looking-glass, to behold themselves. 18 Our
English saints made it always their rule, and King Alfred translated it into
the Saxon tongue. In this book we read a transcript of the sentiments and
conduct of our excellent pastor. His zeal for the glory of God, and the
angelical function of paying him the constant tribute of praise in the church,
moved him, in the beginning of his pontificate, to reform the church music. 19 Preaching
he regarded as the principal and most indispensable function of every pastor of
souls, as it is called by St. Thomas, and was most solicitous to feed his flock
with the word of God. His forty homilies on the gospels, which are extant, show
that he spoke in a plain and familiar style, and without any pomp of words; but
with a surprising eloquence of the heart. The same may be said of his
twenty-two homilies on Ezekiel, which he preached whilst Rome was besieged by
the Lombards, in 592. In the nineteenth he, in profound humility, applies to
himself, with tears, whatever the prophet spoke against slothful mercenary
pastors. Paul the deacon relates, that after the saint’s death, Peter the
deacon, his most intimate friend, testified that he had seen in a vision, as an
emblem of the Holy Ghost, a dove appear on his head, applying his bill to his
ear whilst he was writing on the latter part of Ezekiel.
This great pope always
remembered, that, by his station, he was the common father of the poor. He
relieved their necessities with so much sweetness and affability, as to spare
them the confusion of receiving the alms; and the old men among them he, out of
deference, called his fathers. He often entertained several of them at his own
table. He kept by him an exact catalogue of the poor, called by the ancients
matriculæ; and he liberally provided for the necessities of each. In the
beginning of every month he distributed to all the poor, corn, wine, pulse,
cheese, fish, flesh, and oil; he appointed officers for every street to send
every day necessaries to all the needy sick; before he eat he always sent off
meats from his own table to some poor persons. One day a beggar being found
dead in a corner of a by-street, he is said to have abstained some days from
the celebration of the divine mysteries condemning himself of a neglect in
seeking the poor with sufficient care. He entertained great numbers of
strangers both at Rome and in other countries, and had every day twelve at his
own table whom his sacristan invited. He was most liberal in redeeming captives
taken by the Lombards, for which he permitted the bishop of Fano to break and
sell the sacred vessels 20 and
ordered the bishop of Messana to do the same. 21 He
extended his charity to the heretics, whom he sought to gain by mildness. He
wrote to the bishop of Naples to receive and reconcile readily those who
desired it, taking upon his own soul the danger, 22 lest
he should be charged with their perdition if they should perish by too great
severity. Yet he was careful not to give them an occasion of triumphing by any
unreasonable condescension; and much more not to relax the severity of the law
of God in the least tittle. 23 He
showed great moderation to the schismatics of Istria, and to the very Jews.
When Peter, bishop of Terracina, had taken from the latter their synagogue, St.
Gregory ordered it to be restored to them, saying, they are not to be
compelled, but converted by meekness and charity. 24 He
repeated the same orders for the Jews of Sardinia, and for those of Sicily. 25 In
his letters to his vicar in Sicily, and to the stewards of the patrimony of the
Roman church in Africa, Italy, and other places, he recommends mildness and
liberality towards his vassals and farmers; orders money to be advanced to
those who were in distress, which they might repay by little and little, and
most rigorously forbids any to be oppressed. He carefully computed and piously
distributed the income of his revenues at four terms in the year. In his
epistles, we find him continually providing for the necessities of all
churches, especially of those in Italy, which the wars of the Lombards and
other calamities had made desolate. Notwithstanding his meekness and
condescension, his courage was undaunted, and his confidence in the divine
assistance unshaken amidst the greatest difficulties. “You know me,” says he, 26 “and
that I tolerate a long while, but when I have once determined to bear no
longer, I go with joy against all dangers.” Out of sincere humility he styled
himself “the basest of men, devoured by sloth and laziness.” 27 Writing
to St. Leander, he says, 28 he
always desired to be the contempt of men and the outcast of the people. He
declares 29 “I
am ready to be corrected by all persons, and him only do I look upon as my
friend by whose tongue I learn to wash away the stains of my mind.” He
subscribed himself in all his letters, Servant of the servants of God, which
custom has been retained by his successors. Indeed what is a pastor or superior
but the servant of those for whom he is to give a rigorous account to God? The
works of St. Gregory were every where received with the greatest applause.
Marinianus, archbishop of Ravenna, read his comments on Job to the people in
the church. The saint was afflicted and confounded that his writings should be
thought to deserve a place among the approved works of the fathers; and wrote
to that prelate that his book was not proper for the church, admonishing him
rather to read St. Austin on the psalms. 30 He
was no less dead to himself in his great actions, and all other things. He saw
nothing in himself but imperfections, and subjects of confusion and
humiliation.
It is incredible how much
he wrote, and, during the thirteen years that he governed the church, what
great things he achieved for the glory of God, the good of the church, the
reformation of manners, the edification of the faithful, the relief of the
poor, the comfort of the afflicted, the establishment of ecclesiastical discipline,
and the advancement of piety and religion. But our surprise redoubles upon us,
when we remember his continual bad state of health and frequent sicknesses, and
his assiduity in prayer and holy contemplation; though this exercise it was
that gave always wings to his soul. In his own palace he would allow of no
furniture but what was mean and simple, nor have any attendants near his person
but clergymen or monks of approved virtue, learning, and prudence. His
household was a model of christian perfection; and by his care, arts, sciences,
and the heroic practice of piety, flourished, especially in the city of Rome.
The state of Christendom was at that time on every side miserably distracted,
and stood in need of a pastor, whose extraordinary sanctity, abilities, and
courage should render him equal to every great enterprise. And such a one was
Gregory. The eastern churches were wretchedly divided and shattered by the
Nestorians, and the numerous spawn of the Eutychians, all which he repressed.
In the west, England was buried in idolatry, and Spain, under the Visigoths,
was overrun with the Arian heresy. These two flourishing countries owe their
conversion, in a great measure, to his zeal, especially the former. In Africa
he extirpated the Donatists, converted many schismatics in Istria and the
neighbouring provinces; and reformed many grievous abuses in Gaul, whence he
banished simony, which had almost universally infected that church. A great
part of Italy was become a prey to the Lombards, 31 who
were partly Arians, partly idolaters. St. Gregory often stopped the fury of
their arms, and checked their oppressions of the people: by his zeal he also
brought over many to the Catholic faith, and had the comfort to see Agilulph,
their king, renounce the Arian heresy to embrace it. In 592, Romanus, exarch,
or governor of Italy for the emperor, with a view to his own private interest,
perfidiously broke the solemn treaty which he had made with the Lombards, 32 and
took Perugia and several other towns. But the barbarians, who were much the
stronger, revenged this insult with great cruelty, and besieged Rome itself.
Saint Gregory neglected nothing to protect the oppressed, and raised troops for
the defence of several places. At length, by entreaties and great presents, he
engaged the Lombards to retire into their own territories. He reproved the
exarch for his breach of faith, but to no other effect than to draw upon
himself the indignation of the governor and his master. Such were the
extortions and injustices of this and other imperial officers, that the yoke of
the barbarians was lighter than the specious shadow of liberty under the
tyranny of the empire: and with such rigour were the heaviest taxes levied,
that to pay them, many poor inhabitants of Corsica were forced to sell their
own children to the barbarians. These oppressions cried to heaven for
vengeance: and St. Gregory wrote boldly to the empress Constantina, 33 entreating
that the emperor, though he should be a loser by it, would not fill his
exchequer by oppressing his people, nor suffer taxes to be levied by iniquitous
methods which would be an impediment to his eternal salvation. He sent to this
empress a brandeum, or veil, which had touched the bodies of the apostles, and
assured her that miracles had been wrought by such relics.” 34 He
promised to send her also some dust-filings of the chains of St. Paul; of which
relics he makes frequent mention in his epistles. At Cagliari, a certain rich
Jew, having been converted to the faith, had seized the synagogue in order to convert
it into a church, and had set up in it an image of the Virgin Mary and a cross.
Upon the complaint of the other Jews, St. Gregory ordered 35 the
synagogue to be restored to them, but that the image and cross should be first
removed with due veneration and respect. 36 Writing
to Theodelinda, queen of the Lombards, he mentions, 37 that
he sent her son, the young king, a little cross, in which was a particle of the
wood of the true Cross, to carry about his neck. Secundinus, a holy hermit near
Ravenna, god-father to this young king, begged of the pope some devout
pictures. St. Gregory, in his answer, says: “We have sent you two cloths,
containing the picture of God our Saviour, and of Mary the holy Mother of God,
and of the blessed apostles Peter and Paul, and one cross: also for a
benediction, a key which had been applied to the most holy body of St. Peter,
the prince of the apostles, that you may remain defended from the enemy.” 38 But
when Serenus, bishop of Marseilles, had broken certain sacred images which some
persons, lately converted from idolatry, honoured with their former idolatrous
superstitions, St. Gregory commended his zeal for suppressing this abuse, but
reproved him for breaking the images. 39 When
the archbishop of Ravenna used the pallium, not only at mass, but also in other
functions, St. Gregory wrote him a severe reprimand, telling him that no
ornament shines so bright on the shoulders of a bishop, as humility. 40 He
extended his pastoral zeal and solicitude over all churches; and he frequently
takes notice that the care of the churches of the whole world was entrusted to
St. Peter, and his successors in the see of Rome. 41 This
authority he exerted in the oriental patriarchates. A certain monk having been
accused of Manicheism, and beaten by the order of John the patriarch of
Constantinople, appealed to Pope Gregory, who sharply reprimanded the
patriarch, exhorting him to eject a certain wicked young man by whom he
suffered himself to be governed, and to do penance, and telling him: “If you do
not keep the canons, I know not who you are.” 42 He
absolved the monk, with his colleague, a priest, re-established them in their
monastery, and sent them back into the East, having received their profession
of faith. He also absolved John, a priest of Chalcedon, who had been unjustly
condemned by the delegates of the patriarch. This patriarch, John, surnamed the
Faster, usurped the arrogant title of œcumenical, or universal patriarch. This
epithet was only used of a general council which represents the whole church.
In this sense an œcumenical bishop should mean a bishop who represents the
whole church, so that all other bishops are only his vicars. St. Gregory took
the word in that sense: which would be blasphemy and heresy, and as such he
condemned it. 43 John
indeed only meant it in a limited sense for an archbishop over many, as we call
him a general who commands many; but even so it savoured of arrogance and
novelty. In opposition to this, St. Gregory took no other titles than those of
humility. Gregoria, a lady of the bedchamber, to the empress, being troubled
with scruples, wrote to St. Gregory, that she should never be at ease till he
should obtain of God, by a revelation, an assurance that her sins were forgiven
her. To calm her disturbed mind, he sent her the following answer. 44 “You
ask what is both difficult and unprofitable.—Difficult, because I am unworthy
to receive any revelation: unprofitable, because an absolute assurance of your
pardon does not suit your state till you can no longer weep for your sins. You
ought always to fear and tremble for them, and wash them away by daily tears.
Paul had been taken up to the third heaven, yet trembled lest he should become
a reprobate.—Security is the mother of negligence.”
The emperor forbade any
to be admitted in monasteries, who, having been in office, had not yet given up
their accounts, or who were engaged in the military service. This order he sent
to each of the patriarchs, to be by them notified to all the bishops of their
respective districts. St. Gregory, who was at that time sick, complied with the
imperial mandate, so far as to order the edict to be signified to the western
bishops, 45 as
appears from a letter which he wrote to the emperor as soon as his health was
re-established. We learn from another letter, which he wrote some years after
to the bishops of the empire, that, on this occasion, he exhorted the bishops
to comply with the first part, and as to the second, not to suffer persons engaged
in the army to be admitted among the clergy or to the monastic habit, unless
their vocation had been thoroughly tried for the space of three years, that it
might be evident they were converted from the world, and sought not to change
one kind of secular life for another. He made to Mauritius, the strongest
remonstrances against this edict, saying, “It is not agreeable to God, seeing
by it the way to heaven was shut to several; for many cannot be saved unless
they forsake all things.” He, therefore, entreated the emperor to mitigate this
law, approving the first article as most just, unless the monastery made itself
answerable for the debts of such a person received in it. As to the second, he
allows that the motives and sincerity of the conversion of such soldiers are to
be narrowly examined before they ought to be admitted to the monastic habit.
Mauritius, who had before conceived certain prejudices against St. Gregory, was
offended at his remonstrances, and showed his resentment against him for some years,
but at length agreed to the mitigations of each article proposed to St.
Gregory: which the holy pope, with great pleasure, notified by a letter
addressed to the bishops of the empire. 46
The emperor Mauritius,
having broken his league with the Avari, a Scythian nation, then settled on the
banks of the Danube, 47 was
defeated, and obliged to purchase an ignominious peace. He also refused to
ransom the prisoners they had taken, though they asked at first only a golden
penny a head, and at last only a sixth part, or four farthings; which refusal
so enraged the barbarians, that they put them all to the sword. Mauritius began
then to be stung with remorse, gave large alms, and prayed that God would
rather punish him in this life than in the next. His prayer was heard. His
avarice and extortions had rendered him odious to all his subjects; and, in
602, he ordered the army to take winter quarters in the enemy’s country, and to
subsist on freebooting, without pay. The soldiers exasperated at this
treatment, chose one Phocas, a daring ambitions man, to be their leader, and
marched to Constantinople, where he was crowned emperor. Mauritius had made his
escape, but was taken with his family thirty miles out of the city, and brought
back. His five sons were slain before his eyes at Chalcedon: he repeated all
the while as a true penitent these words: “Thou art just, O Lord, and thy
judgments are righteous.” 48 When
the nurse offered her own child instead of his youngest, he would not suffer
it. Last of all he himself was massacred after a reign of twenty years. His
empress, Constantia, was confined with her three daughters, and murdered with
them a few months after. The tyrant was slain by Heraclius, governor of Africa,
after a tottering reign of eight years. When Phocas mounted the throne, his
images were received and set up at Rome: nor could St. Gregory for the sake of
the public good, omit writing to him letters of congratulation. 49 In
them he makes some compliments to Phocas, which are not so much praises as
respectful exhortations to a tyrant in power, and wishes of the public liberty,
peace, and happiness. 50 The
saint no where approved his injustices or tyranny, though he regarded him, like
Jehu, as the instrument of God to punish other sinners. He blamed Mauritius,
but in things truly blameable; and drew from his punishment a seasonable
occasion of wholesome advice which he gave to Phocas, whom the public safety of
all Italy obliged him not to exasperate.
This holy pope had
laboured many years under a great weakness of his breast and stomach, and was
afflicted with slow fevers, and frequent fits of the gout, which once confined
him to his bed two whole years. On the 25th of January, 604, he gave to the
church of St. Paul several parcels of land to furnish it with lights: the act
of donation remains to this day engraved on a marble stone in the same church.
God called him to himself on the 12th of March, the same year, about the
sixty-fourth of his age, after he had governed the church thirteen years, six
months, and ten days. His pallium, the reliquary which he wore about his neck,
and his girdle were preserved long after his death, when John the deacon wrote,
who describes his picture drawn from the life, then to be seen in the monastery
of St. Andrew. 51 His
holy remains rest in the Vatican church. Both the Greeks and Latins honour his
name. The council of Clif, or Cloveshove, under archbishop Cuthbert, in 747,
commanded his feast to be observed a holiday in all the monasteries in England;
which the council of Oxford, in 1222, extended to the whole kingdom. This law
subsisted till the change of religion. 52
Every superior, who is
endued with the sincere spirit of humility and charity, looks upon himself with
this great hope, as the servant of all, bound to labour and watch night and
day, to bear every kind of affront, to suffer all manner of pains, to do all in
his power, to put on every shape, and sacrifice, his own ease and life to
procure the spiritual improvement of the least of those who are committed to
his charge. He is incapable of imperious haughtiness, which alienates the minds
of inferiors, and renders their obedience barely exterior and a forced
hypocrisy. His commands are tender entreaties, and if he be obliged to exert
his authority, this he does with secret repugnance, losing sight of himself,
intent alone on God’s honour and his neighbour’s salvation, placing himself, in
spirit, beneath all his subjects, and all mankind, and esteeming himself the last
of all creatures. St. Paul, though vested with the most sublime authority,
makes use of terms so mild and so powerfully ravishing, that they must melt the
hardest heart. Instead of commanding in the name of God, see how he usually
expresses himself: “I entreat you, O Timothy, by the love which you bear me. I
conjure you, by the bowels of Jesus Christ. I beseech you, by the meekness of
Christ. If you love me, do this.” And see how he directs us to reprove those
who sin: “If any one should fall, do you who are spiritual remind him in the
spirit of meekness, remembering that you may also fall,” and into a more
grievous crime. St. Peter, who had received the keys of the kingdom of heaven,
shed more tears of tender charity than he speaks words. What heart can be so
savage and unnatural, as to refuse to obey him who, having authority to lay
injunctions, and thunder out anathemas, weeps instead of commanding? If SS.
Peter and Paul pour out the water of tears and mildness, St. John casts darts
of fire into the hearts of those whom he commands. “My little children,” says
he, “if you love Christ, do this. I conjure you, by Christ, our good Master,
love affectionately, and this is enough. Love will teach you what to do. The
unction of the Holy Ghost will instruct you.” This is the true spirit of
governing; a method sure to gain the hearts of others, and to inspire them with
a love of the precept itself and of virtue. St. Macarius of Egypt was styled
the god of the monks, so affectionately and readily was he obeyed by them,
because he never spoke a word with anger or impatience. Moses was chosen by God
to be the leader and legislator of his people, because he was the meekest of
men: and with what astonishing patience did he bear the murmers and rebellions
of an ungrateful and stiff-necked people! David’s meekness towards Saul and
others purchased him the crown, and was one of the principal virtues by which
he was rendered a king according to God’s own heart. Those who command with
imperious authority show they are puffed up with the empty wind of pride, which
makes them feel an inordinate pleasure in the exercise of power, the seed of
tyranny, and the bane of virtue in their souls. Anger and impatience, which are
more dangerous, because usually canonised under the name of zeal, demonstrate
persons to be very ill qualified for governing others, who are not masters of
themselves or their own passions. How few are so crucified to themselves, and
so perfectly grounded in humility, patience, meekness, and charity, that power
and authority infect not their souls with the deadly poison of secret pride, or
in whom no hurry, importunity, or perverseness can extinguish the spirit of
meekness, in which, in all occurrences, they preserve the same evenness of
mind, and the same angelical sweetness of countenance? Yet with this they are
sons of thunder in resisting evil, and in watching against all the artifices of
the most subtle and flattering passions of sinners, and are firm and inflexible
in opposing every step towards any dangerous relaxation. St. Gregory, by his
whole conduct, sets us an example of this perfect humility and meekness, which
he requires as an essential qualification in every pastor, and in all who are
placed over others. 53 He
no less excelled in learning, with which, he says, that humility must be
accompanied, lest the pastor should lead others astray. But above all other
qualities for the pastoral charge, he requires an eminent gift of prayer and
contemplation. Præ cæteris contemplatione suspensus. Pastor. Cura, part 2.
c. 5.
Note 1. See Annot.
at the end of the life, p. 145 infra. [back]
Note 2. Dial. l. 3.
c. 33. [back]
Note 3. Hist. b. 2.
c. 1. [back]
Note 4. Bede adds,
that he again asked what was the name of that nation, and was answered, that
they were called Angli or Angles. “Right,” said he, “for they have angelical
faces, and it becomes such to be companions with the angels in heaven. What is
the name (proceeded he) of the province from which they are brought?” It was
replied, that the natives of that were called Deiri. “Truly Deiri, because withdrawn
from wrath, and called to the mercy of Christ,” said he, alluding to the Latin
De irâ Dei eruti. He asked further, “How is the king of that province called?”
They told him his name was Alle; and he, making an allusion to the word, said:
“Alleluiah, the praise of God the Creator, must be sung in those parts.” Some
censure this conversation of St. Gregory as a piece of low punning. But the
taste of that age must he considered. St. Austin found it necessary to play
sometimes with words to please auditors whose ears had, by custom, caught an
itch to be sometimes tickled by quibbles to their fancy. The ingenious author
of the late life of the Lord Chancellor Bacon, thought custom an apology for
the most vicious style of that great man, of whom he writes: “His style has
been objected to as full of affectation, full of false eloquence. But that was
the vice, not of the man, but of the times he lived in; and particularly of a
court that delighted in the tinsel of wit and learning, in the poor ingenuity
of punning and quibbling.” St. Gregory was a man of a fine genius and of true
learning; yet in familiar converse might conform to the taste of the age. Far
from censuring his wit, or the judgment of his historian, we ought to admire
his piety, which from every circumstance, even from words, drew allusions to
nourish devotion, and turn the heart to God. This we observe in other saints,
and if it be a fault, we might more justly censure on this account the elegant
epistles of St. Paulinus, or Sulpicius Severus, than this dialogue of St.
Gregory. [back]
Note 5. Eutychius
had formerly defended the Catholic faith with great zeal against the Eutychians
and the errors of the emperor Justinian, who, though he condemned those
heretics, yet adopted one part of their blasphemies, asserting that Christ
assumed a body which was by its nature incorruptible, not formed of the Blessed
Virgin, and subject to pain, hunger, or alteration, only by a miracle. This was
called the heresy of the Incorrupticolæ, of which Justinian declared himself
the abettor; and, after many great exploits to retrieve the ancient glory of
the empire, tarnished his reputation by persecuting the Catholic church and
banishing Eutychius. [back]
Note 6. St. Greg.
Moral. l. 14. c. 76. t. 1. p. 465. [back]
Note 7. He died in
582, and is ranked by the Greeks among the saints. See the Bollandists in vitâ
S. Eutychii ad 6 Apr. [back]
Note 8. Fleury
thinks he was chosen abbot before his embassy to Constantinople; but Ceillier
and others prove, that this only happened after his return. [back]
Note 9. It appears
from the life of St. Theodosius the Cenobiarch, from Saint Ambrose’s funeral
oration on Valentinian, and other monuments, that it was the custom, from the
primitive ages, to keep the third, seventh, and thirtieth, or sometimes
fortieth day after the decease of a Christian, with solemn prayers and
sacrifices for the departed soul. From this fact of St. Gregory, a trental of
masses for a soul departed are usually called the Gregorian masses, on which
see Gavant and others. [back]
Note 10. Dial. l. 4.
c. 55. p. 465. t. 2. [back]
Note 11. It is
inserted by St. Gregory of Tours in his history. Greg. Touron. l. 10. c.
1. [back]
Note 12. Some
moderns say, an angel was seen sheathing his sword on the stately pile of
Adrian’s sepulchre. But no such circumstance is mentioned by Saint Gregory of
Tours, Bede, Paul, or John. [back]
Note 13. Paul the
deacon says, it was by a pillar of light appearing over the place where he lay
concealed. [back]
Note 14. L. 1. ep.
21. l. 7. ep. 4. [back]
Note 15. L. 1. ep.
25. [back]
Note 16. L. 1. ep.
5. p. 491. [back]
Note 17. L. 1. ep.
6. p. 498. [back]
Note 18. Conc. 3.
Touron. can. 3. See Dom Bulteau’s Preface to his French translation of St.
Gregory’s Pastoral, printed in 1629. [back]
Note 19. He reformed the Sacramentary, or Missal and Ritual of the Roman Church. In the letters of SS. Innocent I., Celestine I., and St. Leo, we find mention made of a written Roman Order of the mass: in this the essential parts were always the same; but accidental alterations in certain prayers have been made. Pope Gelasius thus augmented and revised the liturgy, in 490; his genuine Sacramentary was published at Rome by Thomasi, in 1680. In it are mentioned the public veneration of the cross on Good Friday, the solemn benediction of the holy oils, the ceremonies of baptism, frequent invocation of saints, veneration shown to their relics, the benediction of holy water, votive masses for travellers, for the sick and the dead, masses on festivals of saints, and the like. The Sacramentary of St. Gregory differs from that of Gelasius only in some collects or prayers. The conformity between the present church office and the ancient appears from this work, and the saint’s Antiphonarius and Responsorium. The like ceremonies and benedictions are found in the apostolic constitutions, and all other ancient liturgic writings; out of which Grabe, Hickes, Deacon, and others have formed new liturgies very like the present Roman, and several of them have restored the idea of a true sacrifice. Dom Menard has enriched the Sacramentary of St. Gregory with most learned and curious notes.
Besides his Comments or Morals on the Book of Job, which he wrote
at Constantinople, about the year 582, in which we are not to look for an
exposition of the text, but an excellent compilation of the main principles of
morality, and an interior life, we have his exposition of Ezekiel, in
twenty-two homilies. These were taken in short hand as he pronounced them, and
were preached by him at Rome, in 592, when Agilulph the Lombard was laying
waste the whole territory of Rome. See l. 2. in Ezech. hom. 6. and Paul the
deacon, l. 4. hist. Longob. c. 8. The exposition of the text is allegorical,
and only intended for ushering in the moral reflections, which are much shorter
than in the books on Job. His forty homilies on the gospels he preached on several
solemnities whilst he was pope. His incomparable book, on the Pastoral Care,
which is an excellent instruction of pastors, and was drawn up by him when he
saw himself placed in the pontificate, consists of four parts. In the first he
treats of the dispositions requisite in one called to the pastoral charge; in
the second of the duties of a pastor; in the third, on the instruction which he
owes to his flock; and, in the fourth, on his obligation of watching over his
own heart, and of diligent self-examination. In four books of dialogues,
between himself and his disciple Peter, he recounts the miracles of his own
times, upon the authority of vouchers, on whose veracity he thought he could
rely. He so closely adheres to their relations, that the style is much lower
than in his other writings. See the preface of the Benedictin editor on this
work. His letters are published in fourteen books, and are a very interesting
compilation. We have Saint Gregory’s excellent exposition of the book of
Canticles, which Ceillier proves to be genuine against Oudin, the apostate, and
some others. The six books on the First Book of Kings are a valuable work, but
cannot be ascribed to St. Gregory the Great. The commentary on the Seven
Penitential Psalms Ceillier thinks to be his work: but it seems doubtful.
Paterius, a notary, one of St. Gregory’s auditors, compiled, out of his
writings and sermons, several comments on the Scriptures. Claudius, abbot of
Classius, a disciple of our saint, did the same. Alulphus, a monk at Tournay,
in the eleventh and twelfth centuries, made the like compilations from his
writings. Dom Dionysius of Saint Marthe, a Maurist Benedictin monk, favoured
the world with an accurate edition of the works of St. Gregory the Great,
published at Paris in four volumes folio, in 1705. This has been reprinted at
Verona, and again at Ausburgh, in 1758, with the addition of the useful
anonymous book, De Formula Prælatorum. [back]
Note 20. L. 6. Ep.
35. [back]
Note 21. L. 7. Ep.
26. [back]
Note 22. Animæ
nostra pericula, l. 1. Ep. 14. [back]
Note 23. L. 1. Ep.
35, &c. [back]
Note 24. L. 1. Ep.
35. [back]
Note 25. L. 7. Ep.
5. l. 12. Ep. 30. [back]
Note 26. L. 4. Ep.
47. [back]
Note 27. Præf. in
Dial. [back]
Note 28. L. 9. Ep.
221. [back]
Note 29. L. 2. Ep.
121. [back]
Note 30. L. 12. Ep.
24. [back]
Note 31. The
Lombards came originally from Scandinavia, and settled first in Pomerania, and
afterwards with the Hunns in Pannonia, who had remained there when they
returned out of Italy under Attila. Narses, the patrician, after having
governed Italy sixteen years with great glory, was recalled by the emperor
Justin the Younger. But, resenting this treatment, he invited the Lombards into
that country. Those barbarians leaving Pannonia to the Hunns, entered Italy,
easily made themselves masters of Milan, under their king Alboinus, in 568; and
extending their dominions, often threatened Rome itself. In the reign of
Charles the Fat, the Hunns were expelled from Pannonia by the Hongres, another
swarm from the same northern hive, akin to the Hunns, who gave to that kingdom
the name of Hungary. That the Lombards were so called, not from their long
swords, as some have pretended, but from their long beards, see demonstrated
from the express testimony of Paul the deacon, himself a Lombard, of
Constantine Porphyrogenetta, by Jos. Assemani, Hist. Ital. scriptor. t. l. c.
3. p. 33. [back]
Note 32. Paul. Diac.
de Gest. Longobard. l. 4. c. 8. S. Greg. l. 2. Ep. 46. [back]
Note 33. L. 5. Ep.
41. [back]
Note 34. L. 4. Ep.
30. [back]
Note 35. L. 9. Ep.
6. p. 930. [back]
Note 36. Sublatâ
exinde, quâ par est veneratione, imagine et cruce. L. 9. Ep. 6. p. 930. [back]
Note 37. L. 14. Ep.
12. p. 1270. [back]
Note 38. These words
are quoted by Paul the deacon, in the council of Rome, Conc. t. 6. p. 1462, and
Pope Adrian I., in his letter to Charlemagne in defence of holy images. [back]
Note 39. L. 11. Ep.
13. [back]
Note 40. L. 3. Ep.
56. l. 3. Ep. 53. l. 9. Ep. 59. l. 6. Ep. 66. l. 7. Ep. 19. l. 5. En. 20.
St. Gregory was always a zealous asserter of the celibacy of the
clergy, which law he extended also to subdeacons, who had before been ranked
among the clergy of the Minor orders. (1. 1. Ep. 44. l. 4. Ep. 34.) The
Centuriators, Heylin, and others, mention a forged letter, under the name of
Udalricus, said to be written to Pope Nicholas, concerning the heads of
children found by St. Gregory in a pond. But a more ridiculous fable was never
invented, as is demonstrated from many inconsistencies of that forged letter:
and St. Gregory in his epistles everywhere mentions the law of the celibacy of
the clergy as ancient and inviolable. Nor was any Pope Nicholas contemporary
with St. Udalricus. See Baronius and Dom de Sainte Marthe, in his life of St.
Gregory. [back]
Note 41. L. 3. Ep.
39. l. 5. Ep. 13. [back]
Note 42. L. 6. Ep.
15, 16, 17. [back]
Note 43. L. 11. Ep.
28. olim. 58. p. 1180, &c. [back]
Note 44. L. 7. Ep.
25. [back]
Note 45. Some
Protestants slander St. Gregory, as if by this publication of the imperial
edict he had concurred to what he condemned as contrary to the divine law. Dr.
Mercier, in his letter in favour of a law commanding silence, with regard to
the constitution Unigenitus in France, in 1759, pretends that this holy pope
thought obedience to the emperor a duty even in things of a like nature. But
Dr. Launay, Réponse à la Lettre d’un Docteur de Sorbonne, partie 2. p. 51. and
Dr. N. Examen de la Lettre d’un Docteur de Sorbonne sur la necessité de garder
le silence sur la Constitution Unigenitus, p. 33. t. 1. demonstrate that St.
Gregory regarded the matter, as it really is, merely as a point of discipline,
and no where says the edict was contrary to the divine law, but only not
agreeable to God, and tending to prejudice the interest of his greater glory.
In matters of faith or essential obligation, he calls forth the zeal and
fortitude of prelates to stand upon their guard in opposing unjust laws, even
to martyrdom, as the same authors demonstrate. [back]
Note 46. Ep.
55. [back]
Note 47. Theophanes
Chronogr. [back]
Note 49. L. 13. Ep.
31. 38. [back]
Note 50. We say the
same of the compliments which he paid to the impious French queen Brunehalt, at
which Lord Bolingbroke takes offence; but a respect is due to persons in power.
St. Gregory no where flatters their vices, but admonishes by compliments those
who could not be approached without them. Thus did St. Paul address Agrippa and
Festus, &c. In refusing the sacraments of the church to impenitent wicked
princes, and in checking their crimes by seasonable remonstrances, St. Gregory
was always ready to exert the zeal of a Baptist: as he opposed the unjust
projects of Mauritius, so would he have done those of Phocas when in his
power. [back]
Note 51. The
antiquarian will read with pleasure the curious notes of Angelus Rocca, and the
Benedictins on the pictures of St. Gregory and his parents, and on this holy
pope’s pious donations. [back]
Note 52. The
antiquarian will read with pleasure the curious notes of Angelus Rocca, and the
Benedictins on the pictures of St. Gregory and his parents, and on this holy
pope’s pious donations. [back]
Note 53. Gregor. M.
in l. 1. Reg. c. 16. v. 3 & 9. [back]
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume III: March. The Lives of the
Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/3/121.html
Mass of Saint Gregory (Man of Sorrows /Arma
Christi), circa 1520, oil on panel,
79 x 68.5, Gebruder
Douwes
March 12
Annotation on the Life of
St. Gregory
BARONIUS thinks that his
monastery of St. Andrew’s followed the rule of St. Equitius because its first
abbots were drawn out of his province, Valeria. On another side, Dom. Mabillon
(t. 1. Actor. Sanct. & t. 2. Analect. and Annal. Bened. l. 6.) maintains
that it followed the rule of St. Benedict, which St. Gregory often commends and
prefers to all other rules. His colleagues, in their life of St. Gregory,
Natalis Alexander, in his Church History, and others, have written to support
the same opinion: who all, with Mabillon, borrow all their arguments from the
learned English Benedictin, Clemens Reynerus, in his Apostolatus Benedictinorum
in Anglia. Others object that St. Gregory in his epistles ordains many things
contrary to the rule of St. Benedict, and think he who has written so much
concerning St. Benedict, would have mentioned by some epithet the circumstance
of being his disciple, and would have called the rule of that patriarch his
own. These antiquaries judge it most probable that the monastery of St. Andrew
had its own rule prescribed by the first founders, and borrowed from different
places: for this was the ordinary method of most monasteries in the west, till
afterwards the rule of St. Benedict was universally received for better uniformity
and discipline: to which the just commendations of St. Gregory doubtless
contributed.
F. Clement Reyner, in the
above-mentioned book, printed at Doway, in folio, in 1626, displays much
erudition in endeavouring to prove that St. Austin, and the other monks sent by
St. Gregory to convert the English, professed the order of St. Benedict.
Mabillon borrows his arguments on this subject in his preface to the Acts of
the Benedictins, against the celebrated Sir John Marsham, who in his long
preface to the Monasticon, sets himself to show that the first English monks
followed rules instituted by their own abbots often gleaned out of many. Dr.
Hickes confirms this assertion against Mabillon with great erudition. (Diss. p.
67, 68.) which is espoused by Dr. Tanner, bishop of St. Asaph’s, in his preface
to his exact Notitia Monastica, by the author of Biographia Britannica, in the
life of Bede, (t. 1. p. 656.) and by the judicious William Thomas, in his
additions to the new edition of Dugdale’s Antiquities of Warwickshire, (t. 1.
p. 157.) These authors think that the rule of St. Benedict was not generally
received by the English monks before the regulations of St. Dunstan; nor
perfectly till after the Norman conquest. For Pope Constantine, in 709, in the
bull wherein he establishes the rule of St. Benedict to be followed in the
abbey of Evesham, says of it: “Which does not prevail in those parts.” “Quæ
minus in illis partibus habetur.” In 747, Cuthbert, archbishop of Canterbury,
in a synod held in presence of Ethelband, king of the Mercians, at Cloveshove,
(which town some place in Kent, others more probably in Mercia, about Reading,)
published Monastic Constitutions, which were followed by the English monks till
the time of St. Dunstan. In these we find no mention of the rule of St.
Benedict: nor in Bede. The charter of King Ethelbald which mentions the Black
Monks, is a manifest forgery. Even that name was not known before the
institution of the Camaldulenses, in 1020, and the Carthusians, who
distinguished themselves by white habits. Dom. Mege, in his commentary on the
rule of St. Benedict, shows that the first Benedictins wore white, not black.
John of Glastenbury, and others, published by Hearne, who call the apostles of
the English Black Monks, are too modern, unless they produce some ancient
vouchers. The monastery of Evesham adopted the rule of St. Benedict, in 709.
St. Bennet Biscop and St. Wilfrid both improved the monastic order in the
houses which they founded, from the rule of St. Benedict, at least borrowing
some constitutions from it. The devastations of the Danes scarcely left a
convent of monks standing in England, except those of Glanstenbury and
Abingdon, which was their state in the days of King Alfred, as Leland observes.
St. Dunstan, St. Oswald, and St. Ethelwold, restored the monasteries, and
propagated exceedingly the monastic state. St. Oswald had professed the order
of St. Benedict in France, in the monastery of Fleury; and, together with the
aforesaid two bishops, he established the same in a great measure in England.
St. Dunstan published a uniform rule for the monasteries of this nation,
entitled, Regularia Concordiæ Anglicæ Nationis, extant in Reyner, and Spelman,
(in Spicilegio ad Eadmerum, p. 145,) in which he adopts, in a great measure,
the rule of St. Benedict, joining with it many ancient monastic customs. Even
after the Norman conquest the synod of London, under Lanfranc, in 1075, says,
that the regulations of monks were drawn from the rule of St. Bennet and the
ancient custom of regular places, as Baronius takes notice, which seems to
imply former distinct institutes. From that time down to the dissolution, all
the cathedral priories, except that of Carlile, and most of the rich abbeys in
England were held by monks of the Benedictin order. See Dr. Brown Willis, in
his separate histories of Cathedral Priories, Mitred Abbeys, &c.
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume III: March. The Lives of the Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/3/122.html
Der
hl. Gregor, von der Taube des hl. Geists inspiriert, tritt die Häresie mit
Füßen. Aus dem Weißenauer Passionale; circa 1170, Fondation Bodmer, Coligny,
Switzerland; Cod. Bodmer 127, fol. 172v
Illumination
from the Passionary of Weissenau (Weißenauer Passionale); circa 1170,
Fondation Bodmer, Coligny, Switzerland; Cod. Bodmer 127, fol. 172v
San Gregorio I, detto Magno Papa
e dottore della Chiesa
Roma, 540 - 12 marzo 604
(Papa dal 03/09/590 al 12/03/604)
Nacque verso il 540 dalla famiglia senatoriale degli Anici e alla morte del
padre Gordiano, fu eletto, molto giovane, prefetto di Roma. Divenne poi monaco
e abate del monastero di Sant'Andrea sul Celio. Eletto Papa, ricevette l'ordinazione
episcopale il 3 settembre 590. Nonostante la malferma salute, esplicò una
multiforme e intensa attività nel governo della Chiesa, nella sollecitudine
caritativa, nell'azione missionaria. Autore e legislatore nel campo della
liturgia e del canto sacro, elaborò un Sacramentario che porta il suo nome e
costituisce il nucleo fondamentale del Messale Romano. Lasciò scritti di
carattere pastorale, morale, omiletico e spirituale, che formarono intere
generazioni cristiane specialmente nel Medio Evo. Morì il 12 marzo
604. (Avvenire)
Patronato: Cantanti,
Musicisti, Papi
Etimologia: Gregorio =
colui che risveglia, dal greco
Emblema: Colomba,
Gabbiano
Martirologio Romano:
Memoria di san Gregorio Magno, papa e dottore della Chiesa: dopo avere
intrapreso la vita monastica, svolse l’incarico di legato apostolico a
Costantinopoli; eletto poi in questo giorno alla Sede Romana, sistemò le
questioni terrene e come servo dei servi si prese cura di quelle sacre. Si
mostrò vero pastore nel governare la Chiesa, nel soccorrere in ogni modo i
bisognosi, nel favorire la vita monastica e nel consolidare e propagare ovunque
la fede, scrivendo a tal fine celebri libri di morale e di pastorale. Morì il
12 marzo.
(12 marzo: A Roma presso san Pietro, deposizione di san Gregorio I, papa, detto
Magno, la cui memoria si celebra il 3 settembre, giorno della sua ordinazione).
Fu uno dei più grandi
Padri nella storia della Chiesa, uno dei quattro dottori dell’Occidente: Papa
san Gregorio, che fu Vescovo di Roma tra il 590 e il 604, e che meritò dalla
tradizione il titolo di Magnus/Grande. Gregorio fu veramente un grande Papa e
un grande Dottore della Chiesa! Nacque a Roma, intorno al 540, da una ricca
famiglia patrizia della gens Anicia, che si distingueva non solo per la nobiltà
del sangue, ma anche per l’attaccamento alla fede cristiana e per i servizi
resi alla Sede Apostolica. Da tale famiglia erano usciti due Papi: Felice III
(483-492), trisavolo di Gregorio, e Agapito (535-536). La casa in cui Gregorio
crebbe sorgeva sul Clivus Scauri, circondata da solenni edifici che
testimoniavano la grandezza della Roma antica e la forza spirituale del
cristianesimo. Ad ispirargli alti sentimenti cristiani vi erano poi gli esempi
dei genitori Gordiano e Silvia, ambedue venerati come santi, e quelli delle due
zie paterne, Emiliana e Tarsilia, vissute nella propria casa quali vergini
consacrate in un cammino condiviso di preghiera e di ascesi.
Gregorio entrò presto nella carriera amministrativa, che aveva seguito anche il
padre, e nel 572 ne raggiunse il culmine, divenendo prefetto della città.
Questa mansione, complicata dalla tristezza dei tempi, gli consentì di
applicarsi su vasto raggio ad ogni genere di problemi amministrativi, traendone
lumi per i futuri compiti. In particolare, gli rimase un profondo senso
dell’ordine e della disciplina: divenuto Papa, suggerirà ai Vescovi di prendere
a modello nella gestione degli affari ecclesiastici la diligenza e il rispetto
delle leggi propri dei funzionari civili. Questa vita tuttavia non lo doveva
soddisfare se, non molto dopo, decise di lasciare ogni carica civile, per
ritirarsi nella sua casa ed iniziare la vita di monaco, trasformando la casa di
famiglia nel monastero di Sant’Andrea al Celio. Di questo periodo di vita
monastica, vita di dialogo permanente con il Signore nell’ascolto della sua
parola, gli resterà una perenne nostalgia che sempre di nuovo e sempre di più
appare nelle sue omelie: in mezzo agli assilli delle preoccupazioni pastorali,
lo ricorderà più volte nei suoi scritti come un tempo felice di raccoglimento
in Dio, di dedizione alla preghiera, di serena immersione nello studio. Poté
così acquisire quella profonda conoscenza della Sacra Scrittura e dei Padri
della Chiesa di cui si servì poi nelle sue opere.
Ma il ritiro claustrale di Gregorio non durò a lungo. La preziosa esperienza
maturata nell’amministrazione civile in un periodo carico di gravi problemi, i
rapporti avuti in questo ufficio con i bizantini, l’universale stima che si era
acquistata, indussero Papa Pelagio a nominarlo diacono e ad inviarlo a
Costantinopoli quale suo “apocrisario”, oggi si direbbe “Nunzio Apostolico”,
per favorire il superamento degli ultimi strascichi della controversia
monofisita e soprattutto per ottenere l’appoggio dell’imperatore nello sforzo di
contenere la pressione longobarda. La permanenza a Costantinopoli, ove con un
gruppo di monaci aveva ripreso la vita monastica, fu importantissima per
Gregorio, poiché gli diede modo di acquisire diretta esperienza del mondo
bizantino, come pure di accostare il problema dei Longobardi, che avrebbe poi
messo a dura prova la sua abilità e la sua energia negli anni del Pontificato.
Dopo alcuni anni fu richiamato a Roma dal Papa, che lo nominò suo segretario.
Erano anni difficili: le continue piogge, lo straripare dei fiumi, la carestia
affliggevano molte zone d’Italia e la stessa Roma. Alla fine scoppiò anche la
peste, che fece numerose vittime, tra le quali anche il Papa Pelagio II. Il
clero, il popolo e il senato furono unanimi nello scegliere quale suo successore
sulla Sede di Pietro proprio lui, Gregorio. Egli cercò di resistere, tentando
anche la fuga, ma non ci fu nulla da fare: alla fine dovette cedere. Era l’anno
590.
Riconoscendo in quanto era avvenuto la volontà di Dio, il nuovo Pontefice si
mise subito con lena al lavoro. Fin dall’inizio rivelò una visione
singolarmente lucida della realtà con cui doveva misurarsi, una straordinaria
capacità di lavoro nell’affrontare gli affari tanto ecclesiastici quanto
civili, un costante equilibrio nelle decisioni, anche coraggiose, che l’ufficio
gli imponeva. Si conserva del suo governo un’ampia documentazione grazie al
Registro delle sue lettere (oltre 800), nelle quali si riflette il quotidiano
confronto con i complessi interrogativi che affluivano sul suo tavolo. Erano
questioni che gli venivano dai Vescovi, dagli Abati, dai clerici, e anche dalle
autorità civili di ogni ordine e grado. Tra i problemi che affliggevano in quel
tempo l’Italia e Roma ve n’era uno di particolare rilievo in ambito sia civile
che ecclesiale: la questione longobarda. Ad essa il Papa dedicò ogni energia
possibile in vista di una soluzione veramente pacificatrice. A differenza
dell’Imperatore bizantino che partiva dal presupposto che i Longobardi fossero
soltanto individui rozzi e predatori da sconfiggere o da sterminare, san
Gregorio vedeva questa gente con gli occhi del buon pastore, preoccupato di
annunciare loro la parola di salvezza, stabilendo con essi rapporti di
fraternità in vista di una futura pace fondata sul rispetto reciproco e sulla
serena convivenza tra italiani, imperiali e longobardi. Si preoccupò della
conversione dei giovani popoli e del nuovo assetto civile dell’Europa: i
Visigoti della Spagna, i Franchi, i Sassoni, gli immigrati in Britannia ed i
Longobardi, furono i destinatari privilegiati della sua missione
evangelizzatrice. Abbiamo celebrato ieri la memoria liturgica di sant’Agostino
di Canterbury, il capo di un gruppo di monaci incaricati da Gregorio di andare
in Britannia per evangelizzare l’Inghilterra.
Per ottenere una pace effettiva a Roma e in Italia, il Papa si impegnò a fondo
- era un vero pacificatore - , intraprendendo una serrata trattativa col re
longobardo Agilulfo. Tale negoziazione portò ad un periodo di tregua che durò
per circa tre anni (598 - 601), dopo i quali fu possibile stipulare nel 603 un
più stabile armistizio. Questo risultato positivo fu ottenuto anche grazie ai
paralleli contatti che, nel frattempo, il Papa intratteneva con la regina
Teodolinda, che era una principessa bavarese e, a differenza dei capi degli
altri popoli germanici, era cattolica, profondamente cattolica. Si conserva una
serie di lettere del Papa Gregorio a questa regina, nelle quali egli dimostra
la sua stima e la sua amicizia per lei. Teodolinda riuscì man mano a guidare il
re al cattolicesimo, preparando così la via alla pace. Il Papa si preoccupò
anche di inviarle le reliquie per la basilica di S. Giovanni Battista da lei
fatta erigere a Monza, né mancò di farle giungere espressioni di augurio e
preziosi doni per la medesima cattedrale di Monza in occasione della nascita e
del battesimo del figlio Adaloaldo. La vicenda di questa regina costituisce una
bella testimonianza circa l’importanza delle donne nella storia della Chiesa.
In fondo, gli obiettivi sui quali Gregorio puntò costantemente furono tre:
contenere l’espansione dei Longobardi in Italia; sottrarre la regina Teodolinda
all’influsso degli scismatici e rafforzarne la fede cattolica; mediare tra
Longobardi e Bizantini in vista di un accordo che garantisse la pace nella
penisola e in pari tempo consentisse di svolgere un’azione evangelizzatrice tra
i Longobardi stessi. Duplice fu quindi il suo costante orientamento nella
complessa vicenda: promuovere intese sul piano diplomatico-politico, diffondere
l’annuncio della vera fede tra le popolazioni.
Accanto all’azione meramente spirituale e pastorale, Papa Gregorio si rese
attivo protagonista anche di una multiforme attività sociale. Con le rendite
del cospicuo patrimonio che la Sede romana possedeva in Italia, specialmente in
Sicilia, comprò e distribuì grano, soccorse chi era nel bisogno, aiutò
sacerdoti, monaci e monache che vivevano nell’indigenza, pagò riscatti di
cittadini caduti prigionieri dei Longobardi, comperò armistizi e tregue.
Inoltre svolse sia a Roma che in altre parti d’Italia un’attenta opera di
riordino amministrativo, impartendo precise istruzioni affinché i beni della
Chiesa, utili alla sua sussistenza e alla sua opera evangelizzatrice nel mondo,
fossero gestiti con assoluta rettitudine e secondo le regole della giustizia e
della misericordia. Esigeva che i coloni fossero protetti dalle prevaricazioni
dei concessionari delle terre di proprietà della Chiesa e, in caso di frode,
fossero prontamente risarciti, affinché non fosse inquinato con profitti disonesti
il volto della Sposa di Cristo.
Questa intensa attività Gregorio la svolse nonostante la malferma salute, che
lo costringeva spesso a restare a letto per lunghi giorni. I digiuni praticati
durante gli anni della vita monastica gli avevano procurato seri disturbi
all’apparato digerente. Inoltre, la sua voce era molto debole così che spesso
era costretto ad affidare al diacono la lettura delle sue omelie, affinché i
fedeli presenti nelle basiliche romane potessero sentirlo. Faceva comunque il
possibile per celebrare nei giorni di festa Missarum sollemnia, cioè la Messa
solenne, e allora incontrava personalmente il popolo di Dio, che gli era molto
affezionato, perché vedeva in lui il riferimento autorevole a cui attingere
sicurezza: non a caso gli venne ben presto attribuito il titolo di consul Dei.
Nonostante le condizioni difficilissime in cui si trovò ad operare, riuscì a
conquistarsi, grazie alla santità della vita e alla ricca umanità, la fiducia
dei fedeli, conseguendo per il suo tempo e per il futuro risultati veramente
grandiosi. Era un uomo immerso in Dio: il desiderio di Dio era sempre vivo nel
fondo della sua anima e proprio per questo egli era sempre molto vicino al
prossimo, ai bisogni della gente del suo tempo. In un tempo disastroso, anzi
disperato, seppe creare pace e dare speranza. Quest’uomo di Dio ci mostra
dove sono le vere sorgenti della pace, da dove viene la vera speranza e diventa
così una guida anche per noi oggi.
Nonostante i molteplici impegni connessi con la sua funzione di Vescovo di
Roma, egli ci ha lasciato numerose opere, alle quali la Chiesa nei secoli
successivi ha attinto a piene mani. Oltre al cospicuo epistolario – il Registro
a cui accennavo nella scorsa catechesi contiene oltre 800 lettere – egli ci ha
lasciato innanzitutto scritti di carattere esegetico, tra cui si distinguono il
Commento morale a Giobbe - noto sotto il titolo latino di Moralia in Iob -, le
Omelie su Ezechiele, le Omelie sui Vangeli. Vi è poi un’importante opera di
carattere agiografico, i Dialoghi, scritta da Gregorio per l’edificazione della
regina longobarda Teodolinda. L’opera principale e più nota è senza dubbio la
Regola pastorale, che il Papa redasse all’inizio del pontificato con finalità
chiaramente programmatiche.
Volendo passare in veloce rassegna queste opere, dobbiamo anzitutto notare che,
nei suoi scritti, Gregorio non si mostra mai preoccupato di delineare una “sua”
dottrina, una sua originalità. Piuttosto, egli intende farsi eco
dell’insegnamento tradizionale della Chiesa, vuole semplicemente essere la
bocca di Cristo e della sua Chiesa sul cammino che si deve percorrere per
giungere a Dio. Esemplari sono a questo proposito i suoi commenti esegetici.
Egli fu un appassionato lettore della Bibbia, a cui si accostò con intendimenti
non semplicemente speculativi: dalla Sacra Scrittura, egli pensava, il
cristiano deve trarre non tanto conoscenze teoriche, quanto piuttosto il
nutrimento quotidiano per la sua anima, per la sua vita di uomo in questo
mondo. Nelle Omelie su Ezechiele, ad esempio, egli insiste fortemente su questa
funzione del testo sacro: avvicinare la Scrittura semplicemente per soddisfare
il proprio desiderio di conoscenza significa cedere alla tentazione
dell’orgoglio ed esporsi così al rischio di scivolare nell’eresia. L’umiltà intellettuale
è la regola primaria per chi cerca di penetrare le realtà soprannaturali
partendo dal Libro sacro. L’umiltà, ovviamente, non esclude lo studio serio; ma
per far sì che questo risulti spiritualmente proficuo, consentendo di entrare
realmente nella profondità del testo, l’umiltà resta indispensabile. Solo con
questo atteggiamento interiore si ascolta realmente e si percepisce finalmente
la voce di Dio. D’altra parte, quando si tratta di Parola di Dio, comprendere
non è nulla, se la comprensione non conduce all’azione. In queste omelie su
Ezechiele si trova anche quella bella espressione secondo cui “il predicatore
deve intingere la sua penna nel sangue del suo cuore; potrà così arrivare anche
all’orecchio del prossimo”. Leggendo queste sue omelie si vede che realmente
Gregorio ha scritto con il sangue del suo cuore e perciò ancora oggi parla a
noi.
Questo discorso Gregorio sviluppa anche nel Commento morale a
Giobbe. Seguendo la tradizione patristica, egli esamina il testo sacro
nelle tre dimensioni del suo senso: la dimensione letterale, la dimensione
allegorica e quella morale, che sono dimensioni dell’unico senso della Sacra
Scrittura. Gregorio tuttavia attribuisce una netta prevalenza al senso morale.
In questa prospettiva, egli propone il suo pensiero attraverso alcuni binomi
significativi - sapere-fare, parlare-vivere, conoscere-agire -, nei quali evoca
i due aspetti della vita umana che dovrebbero essere complementari, ma che
spesso finiscono per essere antitetici. L’ideale morale, egli commenta,
consiste sempre nel realizzare un’armoniosa integrazione tra parola e azione,
pensiero e impegno, preghiera e dedizione ai doveri del proprio stato: è questa
la strada per realizzare quella sintesi grazie a cui il divino discende
nell’uomo e l’uomo si eleva fino alla immedesimazione con Dio. Il grande Papa
traccia così per l’autentico credente un completo progetto di vita; per questo
il Commento morale a Giobbe costituirà nel corso del medioevo una specie di
Summa della morale cristiana.
Di notevole rilievo e bellezza sono pure le Omelie sui Vangeli. La prima di
esse fu tenuta nella basilica di San Pietro durante il tempo di Avvento del 590
e dunque pochi mesi dopo l’elezione al Pontificato; l’ultima fu pronunciata
nella basilica di San Lorenzo nella seconda domenica dopo Pentecoste del 593.
Il Papa predicava al popolo nelle chiese dove si celebravano le “stazioni” -
particolari cerimonie di preghiera nei tempi forti dell’anno liturgico - o le
feste dei martiri titolari. Il principio ispiratore, che lega insieme i vari
interventi, si sintetizza nella parola “praedicator”: non solo il ministro di
Dio, ma anche ogni cristiano, ha il compito di farsi “predicatore” di quanto ha
sperimentato nel proprio intimo, sull’esempio di Cristo che s’è fatto uomo per portare
a tutti l’annuncio della salvezza. L’orizzonte di questo impegno è quello
escatologico: l’attesa del compimento in Cristo di tutte le cose è un pensiero
costante del grande Pontefice e finisce per diventare motivo ispiratore di ogni
suo pensiero e di ogni sua attività. Da qui scaturiscono i suoi incessanti
richiami alla vigilanza e all’impegno nelle buone opere.
Il testo forse più organico di Gregorio Magno è la Regola pastorale, scritta
nei primi anni di Pontificato. In essa Gregorio si propone di tratteggiare la
figura del Vescovo ideale, maestro e guida del suo gregge. A tal fine egli
illustra la gravità dell’ufficio di pastore della Chiesa e i doveri che esso
comporta: pertanto, quelli che a tale compito non sono stati chiamati non lo
ricerchino con superficialità, quelli invece che l’avessero assunto senza la
debita riflessione sentano nascere nell’animo una doverosa trepidazione.
Riprendendo un tema prediletto, egli afferma che il Vescovo è innanzitutto il
“predicatore” per eccellenza; come tale egli deve essere innanzitutto di
esempio agli altri, così che il suo comportamento possa costituire un punto di
riferimento per tutti. Un’efficace azione pastorale richiede poi che egli
conosca i destinatari e adatti i suoi interventi alla situazione di ognuno:
Gregorio si sofferma ad illustrare le varie categorie di fedeli con acute e
puntuali annotazioni, che possono giustificare la valutazione di chi ha visto
in quest’opera anche un trattato di psicologia. Da qui si capisce che egli
conosceva realmente il suo gregge e parlava di tutto con la gente del suo tempo
e della sua città.
Il grande Pontefice, tuttavia, insiste sul dovere che il Pastore ha di
riconoscere ogni giorno la propria miseria, in modo che l’orgoglio non renda
vano, dinanzi agli occhi del Giudice supremo, il bene compiuto. Per questo il
capitolo finale della Regola è dedicato all’umiltà: “Quando ci si compiace di
aver raggiunto molte virtù è bene riflettere sulle proprie insufficienze ed
umiliarsi: invece di considerare il bene compiuto, bisogna considerare quello
che si è trascurato di compiere”. Tutte queste preziose indicazioni dimostrano
l’altissimo concetto che san Gregorio ha della cura delle anime, da lui
definita “ars artium”, l’arte delle arti. La Regola ebbe grande fortuna al
punto che, cosa piuttosto rara, fu ben presto tradotta in greco e in
anglosassone.
Significativa è pure l’altra opera, i Dialoghi, in cui all’amico e diacono
Pietro, convinto che i costumi fossero ormai così corrotti da non consentire il
sorgere di santi come nei tempi passati, Gregorio dimostra il contrario: la
santità è sempre possibile, anche in tempi difficili. Egli lo prova narrando la
vita di persone contemporanee o scomparse da poco, che ben potevano essere
qualificate sante, anche se non canonizzate. La narrazione è accompagnata da
riflessioni teologiche e mistiche che fanno del libro un testo agiografico
singolare, capace di affascinare intere generazioni di lettori. La materia è
attinta alle tradizioni vive del popolo ed ha lo scopo di edificare e formare,
attirando l’attenzione di chi legge su una serie di questioni quali il senso
del miracolo, l’interpretazione della Scrittura, l’immortalità dell’anima,
l’esistenza dell’inferno, la rappresentazione dell’aldilà, temi tutti che
abbisognavano di opportuni chiarimenti. Il libro II è interamente dedicato alla
figura di Benedetto da Norcia ed è l’unica testimonianza antica sulla vita del
santo monaco, la cui bellezza spirituale appare nel testo in tutta evidenza.
Nel disegno teologico che Gregorio sviluppa attraverso le sue opere, passato,
presente e futuro vengono relativizzati. Ciò che per lui conta più di tutto è
l’arco intero della storia salvifica, che continua a dipanarsi tra gli oscuri
meandri del tempo. In questa prospettiva è significativo che egli inserisca
l’annunzio della conversione degli Angli nel bel mezzo del Commento morale a
Giobbe: ai suoi occhi l’evento costituiva un avanzamento del Regno di Dio di
cui tratta la Scrittura; poteva quindi a buona ragione essere menzionato nel
commento ad un libro sacro. Secondo lui le guide delle comunità cristiane
devono impegnarsi a rileggere gli eventi alla luce della Parola di Dio: in
questo senso il grande Pontefice sente il dovere di orientare pastori e fedeli
nell’itinerario spirituale di una lectio divina illuminata e concreta,
collocata nel contesto della propria vita.
Prima di concludere è doveroso spendere una parola sulle relazioni che Papa
Gregorio coltivò con i Patriarchi di Antiochia, di Alessandria e della stessa
Costantinopoli. Si preoccupò sempre di riconoscerne e rispettarne i diritti,
guardandosi da ogni interferenza che ne limitasse la legittima autonomia. Se
tuttavia san Gregorio, nel contesto della sua situazione storica, si oppose al
titolo di “ecumenico” assunto da parte del Patriarca di Costantinopoli, non lo
fece per limitare o negare la sua legittima autorità, ma perché egli era
preoccupato dell’unità fraterna della Chiesa universale. Lo fece soprattutto
per la sua profonda convinzione che l’umiltà dovrebbe essere la virtù fondamentale
di ogni Vescovo, ancora più di un Patriarca. Gregorio era rimasto semplice
monaco nel suo cuore e perciò era decisamente contrario ai grandi titoli. Egli
voleva essere - è questa la sua espressione - servus servorum Dei. Questa
parola da lui coniata non era nella sua bocca una pia formula, ma la vera
manifestazione del suo modo di vivere e di agire. Egli era intimamente colpito
dall’umiltà di Dio, che in Cristo si è fatto nostro servo, ci ha lavato e ci
lava i piedi sporchi. Pertanto egli era convinto che soprattutto un Vescovo
dovrebbe imitare questa umiltà di Dio e così seguire Cristo. Il suo desiderio
veramente era di vivere da monaco in permanente colloquio con la Parola di Dio,
ma per amore di Dio seppe farsi servitore di tutti in un tempo pieno di tribolazioni
e di sofferenze; seppe farsi “servo dei servi”. Proprio perché fu questo, egli
è grande e mostra anche a noi la misura della vera grandezza.
Autore: Papa Benedetto XVI (Udienza Generale 4.06.2008)
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/24350
Voltago
Agordino (Veneto), chiesa dei Santi Vittore e Corona - Affreschi
cinquecenteschi - San Gregorio
Voltago
Agordino (Veneto, Italy), Saints Victor and Corona church - 1510 frescos -
Saint Gregorius
BENEDETTO XVI
UDIENZA GENERALE
San Gregorio Magno
Cari fratelli e sorelle!
mercoledì scorso ho
parlato di un Padre della Chiesa poco conosciuto in Occidente, Romano il
Melode, oggi vorrei presentare la figura di uno dei più grandi Padri nella
storia della Chiesa, uno dei quattro dottori dell’Occidente, il Papa san
Gregorio, che fu Vescovo di Roma tra il 590 e il 604, e che meritò dalla
tradizione il titolo di Magnus/Grande. Gregorio fu veramente un
grande Papa e un grande Dottore della Chiesa! Nacque a Roma, intorno al 540, da
una ricca famiglia patrizia della gens Anicia, che si distingueva non
solo per la nobiltà del sangue, ma anche per l’attaccamento alla fede cristiana
e per i servizi resi alla Sede Apostolica. Da tale famiglia erano usciti due
Papi: Felice III (483-492), trisavolo di Gregorio, e Agapito (535-536). La casa
in cui Gregorio crebbe sorgeva sul Clivus Scauri, circondata da
solenni edifici che testimoniavano la grandezza della Roma antica e la forza
spirituale del cristianesimo. Ad ispirargli alti sentimenti cristiani vi erano
poi gli esempi dei genitori Gordiano e Silvia, ambedue venerati come santi, e
quelli delle due zie paterne, Emiliana e Tarsilia, vissute nella propria casa
quali vergini consacrate in un cammino condiviso di preghiera e di ascesi.
Gregorio entrò presto
nella carriera amministrativa, che aveva seguito anche il padre, e nel 572 ne
raggiunse il culmine, divenendo prefetto della città. Questa mansione,
complicata dalla tristezza dei tempi, gli consentì di applicarsi su vasto
raggio ad ogni genere di problemi amministrativi, traendone lumi per i futuri
compiti. In particolare, gli rimase un profondo senso dell’ordine e della
disciplina: divenuto Papa, suggerirà ai Vescovi di prendere a modello nella
gestione degli affari ecclesiastici la diligenza e il rispetto delle leggi
propri dei funzionari civili. Questa vita tuttavia non lo doveva soddisfare se,
non molto dopo, decise di lasciare ogni carica civile, per ritirarsi nella sua
casa ed iniziare la vita di monaco, trasformando la casa di famiglia nel
monastero di Sant’Andrea al Celio. Di questo periodo di vita monastica, vita di
dialogo permanente con il Signore nell’ascolto della sua parola, gli resterà
una perenne nostalgia che sempre di nuovo e sempre di più appare nelle sue
omelie: in mezzo agli assilli delle preoccupazioni pastorali, lo ricorderà più
volte nei suoi scritti come un tempo felice di raccoglimento in Dio, di
dedizione alla preghiera, di serena immersione nello studio. Poté così
acquisire quella profonda conoscenza della Sacra Scrittura e dei Padri della
Chiesa di cui si servì poi nelle sue opere.
Ma il ritiro claustrale
di Gregorio non durò a lungo. La preziosa esperienza maturata
nell’amministrazione civile in un periodo carico di gravi problemi, i rapporti
avuti in questo ufficio con i bizantini, l’universale stima che si era
acquistata, indussero Papa Pelagio a nominarlo diacono e ad inviarlo a
Costantinopoli quale suo “apocrisario”, oggi si direbbe “Nunzio Apostolico”,
per favorire il superamento degli ultimi strascichi della controversia
monofisita e soprattutto per ottenere l’appoggio dell’imperatore nello sforzo
di contenere la pressione longobarda. La permanenza a Costantinopoli, ove con
un gruppo di monaci aveva ripreso la vita monastica, fu importantissima per
Gregorio, poiché gli diede modo di acquisire diretta esperienza del mondo
bizantino, come pure di accostare il problema dei Longobardi, che avrebbe poi
messo a dura prova la sua abilità e la sua energia negli anni del Pontificato.
Dopo alcuni anni fu richiamato a Roma dal Papa, che lo nominò suo segretario.
Erano anni difficili: le continue piogge, lo straripare dei fiumi, la carestia
affliggevano molte zone d’Italia e la stessa Roma. Alla fine scoppiò anche la
peste, che fece numerose vittime, tra le quali anche il Papa Pelagio II. Il
clero, il popolo e il senato furono unanimi nello scegliere quale suo
successore sulla Sede di Pietro proprio lui, Gregorio. Egli cercò di resistere,
tentando anche la fuga, ma non ci fu nulla da fare: alla fine dovette cedere.
Era l’anno 590.
Riconoscendo in quanto
era avvenuto la volontà di Dio, il nuovo Pontefice si mise subito con lena al
lavoro. Fin dall’inizio rivelò una visione singolarmente lucida della realtà
con cui doveva misurarsi, una straordinaria capacità di lavoro nell’affrontare
gli affari tanto ecclesiastici quanto civili, un costante equilibrio nelle decisioni,
anche coraggiose, che l’ufficio gli imponeva. Si conserva del suo governo
un’ampia documentazione grazie al Registro delle sue lettere (oltre
800), nelle quali si riflette il quotidiano confronto con i complessi
interrogativi che affluivano sul suo tavolo. Erano questioni che gli venivano
dai Vescovi, dagli Abati, dai clerici, e anche dalle autorità civili
di ogni ordine e grado. Tra i problemi che affliggevano in quel tempo l’Italia
e Roma ve n’era uno di particolare rilievo in ambito sia civile che ecclesiale:
la questione longobarda. Ad essa il Papa dedicò ogni energia possibile in vista
di una soluzione veramente pacificatrice. A differenza dell’Imperatore
bizantino che partiva dal presupposto che i Longobardi fossero soltanto
individui rozzi e predatori da sconfiggere o da sterminare, san Gregorio vedeva
questa gente con gli occhi del buon pastore, preoccupato di annunciare loro la
parola di salvezza, stabilendo con essi rapporti di fraternità in vista di una
futura pace fondata sul rispetto reciproco e sulla serena convivenza tra
italiani, imperiali e longobardi. Si preoccupò della conversione dei giovani
popoli e del nuovo assetto civile dell’Europa: i Visigoti della Spagna, i
Franchi, i Sassoni, gli immigrati in Britannia ed i Longobardi, furono i
destinatari privilegiati della sua missione evangelizzatrice. Abbiamo celebrato
ieri la memoria liturgica di sant’Agostino di Canterbury, il capo di un gruppo
di monaci incaricati da Gregorio di andare in Britannia per evangelizzare
l’Inghilterra.
Per ottenere una pace
effettiva a Roma e in Italia, il Papa si impegnò a fondo - era un vero
pacificatore - , intraprendendo una serrata trattativa col re longobardo
Agilulfo. Tale negoziazione portò ad un periodo di tregua che durò per circa
tre anni (598 – 601), dopo i quali fu possibile stipulare nel 603 un più
stabile armistizio. Questo risultato positivo fu ottenuto anche grazie ai
paralleli contatti che, nel frattempo, il Papa intratteneva con la regina
Teodolinda, che era una principessa bavarese e, a differenza dei capi degli
altri popoli germanici, era cattolica, profondamente cattolica. Si conserva una
serie di lettere del Papa Gregorio a questa regina, nelle quali egli rivela
dimostrano la sua stima e la sua amicizia per lei. Teodolinda riuscì man mano a
guidare il re al cattolicesimo, preparando così la via alla pace. Il Papa si
preoccupò anche di inviarle le reliquie per la basilica di S. Giovanni Battista
da lei fatta erigere a Monza, né mancò di farle giungere espressioni di augurio
e preziosi doni per la medesima cattedrale di Monza in occasione della nascita
e del battesimo del figlio Adaloaldo. La vicenda di questa regina costituisce
una bella testimonianza circa l’importanza delle donne nella storia della
Chiesa. In fondo, gli obiettivi sui quali Gregorio puntò costantemente furono
tre: contenere l’espansione dei Longobardi in Italia; sottrarre la regina
Teodolinda all’influsso degli scismatici e rafforzarne la fede cattolica;
mediare tra Longobardi e Bizantini in vista di un accordo che garantisse la
pace nella penisola e in pari tempo consentisse di svolgere un’azione
evangelizzatrice tra i Longobardi stessi. Duplice fu quindi il suo costante
orientamento nella complessa vicenda: promuovere intese sul piano
diplomatico-politico, diffondere l’annuncio della vera fede tra le popolazioni.
Accanto all’azione
meramente spirituale e pastorale, Papa Gregorio si rese attivo protagonista
anche di una multiforme attività sociale. Con le rendite del cospicuo
patrimonio che la Sede romana possedeva in Italia, specialmente in Sicilia,
comprò e distribuì grano, soccorse chi era nel bisogno, aiutò sacerdoti, monaci
e monache che vivevano nell’indigenza, pagò riscatti di cittadini caduti
prigionieri dei Longobardi, comperò armistizi e tregue. Inoltre svolse sia a
Roma che in altre parti d’Italia un’attenta opera di riordino amministrativo,
impartendo precise istruzioni affinché i beni della Chiesa, utili alla sua
sussistenza e alla sua opera evangelizzatrice nel mondo, fossero gestiti con
assoluta rettitudine e secondo le regole della giustizia e della misericordia.
Esigeva che i coloni fossero protetti dalle prevaricazioni dei concessionari
delle terre di proprietà della Chiesa e, in caso di frode, fossero prontamente
risarciti, affinché non fosse inquinato con profitti disonesti il volto della
Sposa di Cristo.
Questa intensa attività
Gregorio la svolse nonostante la malferma salute, che lo costringeva spesso a
restare a letto per lunghi giorni. I digiuni praticati durante gli anni della
vita monastica gli avevano procurato seri disturbi all’apparato digerente.
Inoltre, la sua voce era molto debole così che spesso era costretto ad affidare
al diacono la lettura delle sue omelie, affinché i fedeli presenti nelle
basiliche romane potessero sentirlo. Faceva comunque il possibile per celebrare
nei giorni di festa Missarum sollemnia, cioè la Messa solenne, e
allora incontrava personalmente il popolo di Dio, che gli era molto
affezionato, perché vedeva in lui il riferimento autorevole a cui attingere
sicurezza: non a caso gli venne ben presto attribuito il titolo di consul
Dei. Nonostante le condizioni difficilissime in cui si trovò ad
operare, riuscì a conquistarsi, grazie alla santità della vita e alla ricca
umanità, la fiducia dei fedeli, conseguendo per il suo tempo e per il futuro
risultati veramente grandiosi. Era un uomo immerso in Dio: il desiderio di Dio
era sempre vivo nel fondo della sua anima e proprio per questo egli era sempre
molto vicino al prossimo, ai bisogni della gente del suo tempo. In un tempo
disastroso, anzi disperato, seppe creare pace e dare speranza. Quest’uomo
di Dio ci mostra dove sono le vere sorgenti della pace, da dove viene la vera
speranza e diventa così una guida anche per noi oggi.
Saluti:
Je suis heureux de vous
accueillir chers pèlerins francophones, en particulier les jeunes du Canada et
les prêtres de Bruges. En cette fin du mois de mai, je vous confie à la Vierge
Marie, Mère de l’Église et notre Mère. Avec ma Bénédiction apostolique.
I offer a warm greeting
and prayerful good wishes to the participants in the Christian-Hindu symposium
being held these days in Castel Gandolfo. Upon all the English-speaking
pilgrims, especially those from England, Scotland, Sweden, Australia, Hong
Kong, India, Indonesia, Canada and the United States, I cordially invoke God’s
blessings of joy and peace.
Gerne heiße ich alle
deutschsprachigen Pilger in dieser Audienz willkommen. Nach dem Beispiel des
heiligen Gregor des Großen wollen auch wir all unsere Fähigkeiten einsetzen, um
die uns anvertrauten Aufgaben in Kirche und Welt zu erfüllen. Der Herr schenke
euch dazu die Kraft und den Beistand des Heiligen Geistes.
Saludo con afecto a los
peregrinos de lengua española, en particular, a los fieles procedentes de
Alicante, Madrid, Sevilla y Navarra, así como a los venidos de Honduras, Brasil
y otros países latinoamericanos. Que San Gregorio Magno os estimule con su
ejemplo de santidad en el camino de la vida. Muchas gracias.
Saúdo cordialmente a
quantos me escutam de língua portuguesa, desejando-lhes todo o bem no Senhor.
Em particular saúdo o numeroso grupo de peregrinos provindos de diversas partes
do Brasil. Faço votos de que a visita à cidade, onde foram martirizados os
Apóstolos São Pedro e São Paulo, reavive a fé em Cristo Jesus, que por amor nos
redimiu e nos chamou filhos de Deus, para que vivamos na justiça e na paz. A
todos de coração dou a minha Bênção, que faço extensiva aos vossos familiares e
amigos.
Saluto in lingua
slovacca:
S láskou vítam žiakov a pedagógov Základnej školy Antona Bernoláka z Nových Zámkov.
Bratia a sestry, Kristus je cesta k Otcovi a v Eucharistii sa ponúka
každému z nás ako prameň božského života. Čerpajme vytrvalo z toho prameňa. S
týmto želaním žehnám vás i vašich drahých.
Pochválený buď Ježiš Kristus!
Traduzione italiana:
Un affettuoso benvenuto agli allievi e insegnanti della Scuola elementare “Anton Bernolák” di Nové Zámky.
Fratelli e sorelle, Cristo è la via che conduce al Padre e nell’Eucaristia si
offre ad ognuno di noi come sorgente di vita divina. Attingiamone con
perseveranza. Con questi voti benedico voi ed i vostri cari.
Sia lodato Gesù Cristo!
Saluto in lingua ucraina:
Вітаю делегацію українських військовослужбовців 50-го міжнародного військового паломництва, що відбулось у місті Люрд. Нехай Мир Божий єднає і сповняє ваше життя у християнському служінні своїй Батьківщині і миру у світі.
Traduzione italiana:
Saluto la delegazione dei
militari ucraini del 50° Pellegrinaggio Internazionale Militare, svoltosi nella
città di Lourdes. Che la pace di Dio vi unisca e riempia la vostra vita nel
servizio cristiano alla Patria e alla pace nel mondo.
Saluto in lingua ceca:
Srdečně vítám a zdravím poutníky z České republiky, zejména z Hradce Králové, Hovězí, a vozíčkáře Petýrkova z Prahy
Rád vám všem žehnám! Chvála Kristu!
Traduzione italiana:
Un cordiale benvenuto e
saluti ai pellegrini provenienti dalla Repubblica Ceca, in particolare da
Hradec Králové, Hovězí e portatori di handicap (Comunità Petýrkova), di
Praga.
Volentieri vi benedico tutti. Sia lodato Gesù Cristo!
Saluto in lingua polacca:
Witam pielgrzymów z
Polski. Pozdrawiam szczególnie obecnych tu neoprezbiterów. Wdzięczni Bogu za
dar kapłaństwa wiernie głoście Ewangelię, sprawujcie sakramenty i podejmujcie
posługę uświęcania siebie i innych. Pojutrze, w uroczystość Najświętszego Serca
Pana Jezusa będziemy obchodzili dzień modlitw o świętość kapłanów. Wszystkich
zachęcam do gorącej modlitwy w tej intencji. Niech wam Bóg błogosławi.
Traduzione italiana:
Do il benvenuto ai
pellegrini provenienti dalla Polonia. Saluto in modo particolare i
neopresbiteri qui presenti. Grati a Dio per il dono del sacerdozio fedelmente
proclamate il Vangelo, amministrate i sacramenti e assumete il ministero di
santificazione di voi stessi e degli altri. Dopodomani, nella solennità
del Sacratissimo Cuore di Gesù celebreremo la giornata della preghiera per la
santità dei sacerdoti. Invito tutti all’ardente preghiera secondo questa
intenzione. Dio vi benedica.
Saluto in lingua croata:
Pozdravljam sve hrvatske
hodočasnike, a posebno vjernike župa Svetoga Antuna Padovanskoga te Blaženoga
Alojzija Stepinca iz Zagreba. Na izmaku ovog mjeseca posvećenoga nebeskoj
Majci, želim vam da vas uvijek prati njezin zagovor i pomoć. Hvaljen Isus i Marija!
Traduzione italiana:
Saluto i pellegrini
croati, particolarmente i fedeli delle parrocchie di Sant’Antonio di Padova e
del Beato Luigi Stepinac di Zagabria. Nella prossimità della fine del mese
dedicato alla Madre celeste, auspico che la sua intercessione e il suo aiuto vi
accompagnino sempre. Siano lodati Gesù e Maria!
* * *
Rivolgo un cordiale
benvenuto ai pellegrini di lingua italiana. In particolare, saluto i
sacerdoti del Pontificio Collegio San Paolo apostolo, che hanno terminato
gli studi nelle diverse Università Pontificie e stanno per ritornare nei
rispettivi loro Paesi. Cari sacerdoti, vi esorto a vivere sempre con fedeltà il
ministero pastorale, facendo tesoro della formazione ricevuta in questi anni a
Roma. Saluto poi gli insegnanti, gli alunni e i genitori che partecipano
al pellegrinaggio delle Maestre Pie Filippini, in occasione del terzo
centenario di apertura in Roma della prima scuola da parte di S. Lucia
Filippini. Cari amici, e specialmente voi, care Suore, sull’esempio della vostra
Fondatrice profittate di questa ricorrenza per contribuire, con rinnovato
impegno, ad affrontare l’odierna emergenza educativa nella città di Roma, cuore
della cristianità. Saluto inoltre i fedeli provenienti da Nola,
accompagnati dal loro Pastore Mons. Beniamino Depalma. Cari fratelli e sorelle,
vi invito a testimoniare quotidianamente il Vangelo della carità, sull’esempio
del vostro patrono San Paolino da Nola.
Mi rivolgo, infine,
ai giovani, ai malati e agli sposi novelli. Sta per
terminare il mese di maggio, e il pensiero va a Maria Santissima, Stella
luminosa del nostro cammino cristiano. A lei, facciamo costante riferimento,
contando nella sua materna intercessione, e potremo così percorrere con gioia e
speranza il nostro quotidiano pellegrinaggio verso la Patria eterna
© Copyright 2008 -
Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/it/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080528.html
Annibale Carracci (1560–1609), Saint
Gregory Praying for Souls in Purgatory, Drawing, circa 1585, Chatsworth House
BENEDETTO XVI
UDIENZA GENERALE
Piazza San Pietro
Mercoledì, 4 giugno 2008
San Gregorio Magno (2)
Cari fratelli e sorelle,
ritornerò oggi, in questo
nostro incontro del mercoledì, alla straordinaria figura di Papa Gregorio
Magno, per raccogliere qualche ulteriore luce dal suo ricco
insegnamento. Nonostante i molteplici impegni connessi con la sua funzione
di Vescovo di Roma, egli ci ha lasciato numerose opere, alle quali la Chiesa
nei secoli successivi ha attinto a piene mani. Oltre al cospicuo epistolario –
il Registro a cui accennavo nella scorsa catechesi contiene oltre 800
lettere – egli ci ha lasciato innanzitutto scritti di carattere esegetico, tra
cui si distinguono il Commento morale a Giobbe - noto sotto il titolo
latino di Moralia in Iob -, le Omelie su Ezechiele, le
Omelie sui Vangeli. Vi è poi un’importante opera di carattere agiografico,
i Dialoghi, scritta da Gregorio per l’edificazione della regina
longobarda Teodolinda. L’opera principale e più nota è senza dubbio la Regola pastorale,
che il Papa redasse all’inizio del pontificato con finalità chiaramente
programmatiche.
Volendo passare in veloce
rassegna queste opere, dobbiamo anzitutto notare che, nei suoi scritti,
Gregorio non si mostra mai preoccupato di delineare una “sua” dottrina, una sua
originalità. Piuttosto, egli intende farsi eco dell’insegnamento tradizionale
della Chiesa, vuole semplicemente essere la bocca di Cristo e della sua Chiesa
sul cammino che si deve percorrere per giungere a Dio. Esemplari sono a questo
proposito i suoi commenti esegetici. Egli fu un appassionato lettore della
Bibbia, a cui si accostò con intendimenti non semplicemente speculativi: dalla
Sacra Scrittura, egli pensava, il cristiano deve trarre non tanto conoscenze
teoriche, quanto piuttosto il nutrimento quotidiano per la sua anima, per la
sua vita di uomo in questo mondo. Nelle Omelie su Ezechiele, ad
esempio, egli insiste fortemente su questa funzione del testo sacro:
avvicinare la Scrittura semplicemente per soddisfare il proprio desiderio di
conoscenza significa cedere alla tentazione dell’orgoglio ed esporsi così al
rischio di scivolare nell’eresia. L’umiltà intellettuale è la regola primaria
per chi cerca di penetrare le realtà soprannaturali partendo dal Libro sacro.
L’umiltà, ovviamente, non esclude lo studio serio; ma per far sì che questo
risulti spiritualmente proficuo, consentendo di entrare realmente nella profondità
del testo, l’umiltà resta indispensabile. Solo con questo atteggiamento
interiore si ascolta realmente e si percepisce finalmente la voce di Dio.
D’altra parte, quando si tratta di Parola di Dio, comprendere non è nulla, se
la comprensione non conduce all’azione. In queste omelie su Ezechiele si trova
anche quella bella espressione secondo cui “il predicatore deve intingere la
sua penna nel sangue del suo cuore; potrà così arrivare anche all’orecchio del
prossimo”. Leggendo queste sue omelie si vede che realmente Gregorio ha scritto
con il sangue del suo cuore e perciò ancora oggi parla a noi.
Questo discorso Gregorio
sviluppa anche nel Commento morale a Giobbe. Seguendo la tradizione
patristica, egli esamina il testo sacro nelle tre dimensioni del suo senso: la
dimensione letterale, la dimensione allegorica e quella morale, che sono
dimensioni dell’unico senso della Sacra Scrittura. Gregorio tuttavia
attribuisce una netta prevalenza al senso morale. In questa prospettiva, egli
propone il suo pensiero attraverso alcuni binomi significativi - sapere-fare,
parlare-vivere, conoscere-agire -, nei quali evoca i due aspetti della
vita umana che dovrebbero essere complementari, ma che spesso finiscono per
essere antitetici. L’ideale morale, egli commenta, consiste sempre nel
realizzare un’armoniosa integrazione tra parola e azione, pensiero e impegno,
preghiera e dedizione ai doveri del proprio stato: è questa la strada per
realizzare quella sintesi grazie a cui il divino discende nell’uomo e l’uomo si
eleva fino alla immedesimazione con Dio. Il grande Papa traccia così per
l’autentico credente un completo progetto di vita; per questo il Commento
morale a Giobbe costituirà nel corso del medioevo una specie di Summa della
morale cristiana.
Di notevole rilievo e
bellezza sono pure le Omelie sui Vangeli. La prima di esse fu tenuta
nella basilica di San Pietro durante il tempo di Avvento del 590 e dunque pochi
mesi dopo l’elezione al Pontificato; l’ultima fu pronunciata nella basilica di
San Lorenzo nella seconda domenica dopo Pentecoste del 593. Il Papa predicava
al popolo nelle chiese dove si celebravano le “stazioni” - particolari
cerimonie di preghiera nei tempi forti dell’anno liturgico - o le feste dei
martiri titolari. Il principio ispiratore, che lega insieme i vari interventi,
si sintetizza nella parola “praedicator”: non solo il ministro di Dio, ma anche
ogni cristiano, ha il compito di farsi “predicatore” di quanto ha sperimentato
nel proprio intimo, sull’esempio di Cristo che s’è fatto uomo per portare a tutti
l’annuncio della salvezza. L’orizzonte di questo impegno è quello escatologico:
l’attesa del compimento in Cristo di tutte le cose è un pensiero costante del
grande Pontefice e finisce per diventare motivo ispiratore di ogni suo pensiero
e di ogni sua attività. Da qui scaturiscono i suoi incessanti richiami alla
vigilanza e all’impegno nelle buone opere.
Il testo forse più
organico di Gregorio Magno è la Regola pastorale, scritta nei primi
anni di Pontificato. In essa Gregorio si propone di tratteggiare la figura del
Vescovo ideale, maestro e guida del suo gregge. A tal fine egli illustra la
gravità dell’ufficio di pastore della Chiesa e i doveri che esso comporta:
pertanto, quelli che a tale compito non sono stati chiamati non lo ricerchino
con superficialità, quelli invece che l’avessero assunto senza la debita
riflessione sentano nascere nell’animo una doverosa trepidazione. Riprendendo
un tema prediletto, egli afferma che il Vescovo è innanzitutto il “predicatore”
per eccellenza; come tale egli deve essere innanzitutto di esempio agli altri,
così che il suo comportamento possa costituire un punto di riferimento per
tutti. Un’efficace azione pastorale richiede poi che egli conosca i destinatari
e adatti i suoi interventi alla situazione di ognuno: Gregorio si sofferma ad
illustrare le varie categorie di fedeli con acute e puntuali annotazioni, che
possono giustificare la valutazione di chi ha visto in quest’opera anche un
trattato di psicologia. Da qui si capisce che egli conosceva realmente il suo gregge
e parlava di tutto con la gente del suo tempo e della sua città.
Il grande Pontefice,
tuttavia, insiste sul dovere che il Pastore ha di riconoscere ogni giorno la
propria miseria, in modo che l’orgoglio non renda vano, dinanzi agli occhi del
Giudice supremo, il bene compiuto. Per questo il capitolo finale della Regola è
dedicato all’umiltà: “Quando ci si compiace di aver raggiunto molte virtù è
bene riflettere sulle proprie insufficienze ed umiliarsi: invece di considerare
il bene compiuto, bisogna considerare quello che si è trascurato di compiere”.
Tutte queste preziose indicazioni dimostrano l’altissimo concetto che san
Gregorio ha della cura delle anime, da lui definita “ars artium”, l’arte delle
arti. La Regola ebbe grande fortuna al punto che, cosa piuttosto
rara, fu ben presto tradotta in greco e in anglosassone.
Significativa è pure
l’altra opera, i Dialoghi, in cui all’amico e diacono Pietro,
convinto che i costumi fossero ormai così corrotti da non consentire il sorgere
di santi come nei tempi passati, Gregorio dimostra il contrario: la santità è
sempre possibile, anche in tempi difficili. Egli lo prova narrando la vita di
persone contemporanee o scomparse da poco, che ben potevano essere qualificate
sante, anche se non canonizzate. La narrazione è accompagnata da riflessioni
teologiche e mistiche che fanno del libro un testo agiografico singolare,
capace di affascinare intere generazioni di lettori. La materia è attinta alle
tradizioni vive del popolo ed ha lo scopo di edificare e formare, attirando
l’attenzione di chi legge su una serie di questioni quali il senso del
miracolo, l’interpretazione della Scrittura, l’immortalità dell’anima,
l’esistenza dell’inferno, la rappresentazione dell’aldilà, temi tutti che
abbisognavano di opportuni chiarimenti. Il libro II è interamente dedicato alla
figura di Benedetto da Norcia ed è l’unica testimonianza antica sulla vita del
santo monaco, la cui bellezza spirituale appare nel testo in tutta evidenza.
Nel disegno teologico che
Gregorio sviluppa attraverso le sue opere, passato, presente e futuro vengono
relativizzati. Ciò che per lui conta più di tutto è l’arco intero della storia
salvifica, che continua a dipanarsi tra gli oscuri meandri del tempo. In questa
prospettiva è significativo che egli inserisca l’annunzio della conversione
degli Angli nel bel mezzo del Commento morale a Giobbe: ai suoi
occhi l’evento costituiva un avanzamento del Regno di Dio di cui tratta la
Scrittura; poteva quindi a buona ragione essere menzionato nel commento ad un
libro sacro. Secondo lui le guide delle comunità cristiane devono impegnarsi a
rileggere gli eventi alla luce della Parola di Dio: in questo senso il grande
Pontefice sente il dovere di orientare pastori e fedeli nell’itinerario
spirituale di una lectio divina illuminata e concreta, collocata nel
contesto della propria vita.
Prima di concludere è
doveroso spendere una parola sulle relazioni che Papa Gregorio coltivò con i
Patriarchi di Antiochia, di Alessandria e della stessa Costantinopoli. Si preoccupò
sempre di riconoscerne e rispettarne i diritti, guardandosi da ogni
interferenza che ne limitasse la legittima autonomia. Se tuttavia san Gregorio,
nel contesto della sua situazione storica, si oppose al titolo di “ecumenico”
assunto da parte del Patriarca di Costantinopoli, non lo fece per limitare o
negare la sua legittima autorità, ma perché egli era preoccupato dell’unità
fraterna della Chiesa universale. Lo fece soprattutto per la sua profonda
convinzione che l’umiltà dovrebbe essere la virtù fondamentale di ogni Vescovo,
ancora più di un Patriarca. Gregorio era rimasto semplice monaco nel suo cuore
e perciò era decisamente contrario ai grandi titoli. Egli voleva essere - come
soleva sottoscriversi - servus servorum Dei. Questa espressione a lui
cara non era nella sua bocca una pia formula, ma la vera manifestazione del suo
modo di vivere e di agire. Egli era intimamente colpito dall’umiltà di Dio, che
in Cristo si è fatto nostro servo, ci ha lavato e ci lava i piedi sporchi.
Pertanto egli era convinto che soprattutto un Vescovo dovrebbe imitare questa
umiltà di Dio e così seguire Cristo. Il suo desiderio veramente era di vivere
da monaco in permanente colloquio con la Parola di Dio, ma per amore di Dio
seppe farsi servitore di tutti in un tempo pieno di tribolazioni e di
sofferenze; seppe farsi “servo dei servi”. Proprio perché fu questo, egli è
grande e mostra anche a noi la misura della vera grandezza.
Saluti:
Je salue les pèlerins
francophones, en particulier le groupe de l’Université des Sciences humaines
d’Orléans et les paroissiens de Grimbergen en Belgique. À l’image de saint
Grégoire, puissiez-vous trouver chaque jour, dans la méditation de l’Écriture,
la sagesse et la lumière pour guider votre action. Avec ma Bénédiction
apostolique.
I offer a warm welcome to
all the English-speaking pilgrims and visitors here today, including the groups
from England, Australia, Japan, the Philippines, Vietnam, Canada and the United
States. I extend special greetings to the group of Episcopalian pilgrims
from Jerusalem, and to the many student groups present at this
audience. May God bless you all!
Einen herzlichen Gruß
richte ich an die Pilger und Besucher deutscher Sprache; besonders an die
Wallfahrer des Malteser-Hilfsdienstes - herzlich willkommen - und an die Gruppe
des Bayerischen Roten Kreuzes. Der heilige Papst Gregor will auch uns heute
sagen, daß im Licht des Wortes Gottes jede Lebenssituation einen Sinn hat. Wir
sind in der Liebe des Gekreuzigten und Auferstandenen geborgen. Euch allen
wünsche ich eine gesegnete Zeit hier in Rom!
Saludo cordialmente a los
visitantes de lengua española. En particular, al grupo de peregrinos de la
República Dominicana, acompañados por el Arzobispo de Santiago de los
Caballeros, Monseñor Ramón de la Rosa, y al grupo de sacerdotes de Madrid.
Saludo también a los peregrinos y grupos parroquiales venidos de Chile,
Ecuador, España, México y de otros países latinoamericanos. Que el ejemplo de
San Gregorio os ayude a meditar la Sagrada Escritura para encontrar en ella el
alimento espiritual para vuestra vida cristiana. Que Dios os bendiga.
Saúdo, com fraterna
amizade, os grupos do Brasil e demais peregrinos de língua portuguesa, cuja
romagem se detém hoje junto do túmulo de São Pedro e nesta Audiência com o seu
Sucessor: Obrigado pela vossa presença e oração! Peço a Cristo Senhor que
guarde no seu Coração Sagrado as vossas famílias e comunidades cristãs,
abençoando a todos com a sua paz e o seu amor.
Saluto in lingua polacca:
Pozdrawiam serdecznie
pielgrzymów polskich. Wczoraj minęło 45 lat od śmierci błogosławionego papieża
Jana XXIII. Nazywano go „Jan dobry”, „Dobry papież Jan”. Zwołał Sobór
Watykański II, który rozpoczął odnowę Kościoła, reformę jego struktur i
liturgii. Niech ta odnowa owocuje w nas i w Kościele trzeciego tysiąclecia.
Niech będzie pochwalony Jezus Chrystus.
Traduzione italiana:
Saluto cordialmente i
pellegrini polacchi. Ieri si sono compiuti i quarantacinque anni dalla morte
del beato Papa Giovanni XXIII. Veniva chiamato dalla gente: “Giovanni il
buono” oppure “Il buon papa Giovanni”. Era stato Lui a convocare il Concilio
Vaticano II, il quale iniziò il rinnovamento della Chiesa, la riforma delle Sue
strutture e l’aggiornamento della liturgia. Che questa riforma porti frutti in
noi e nella Chiesa del terzo millennio. Sia lodato Gesù Cristo.
Saluto in lingua
slovacca:
S láskou pozdravujem
slovenských pútnikov z Nitry, Košíc, Slivníka, Smolníckej Huty a Švošova.
Bratia a sestry, modlite sa za vašich novokňazov, vysvätenych v tomto
mesiaci, aby verne hlásali evanjelium a slávili Božie tajomstvá.
Ochotne žehnám vás, vaše rodiny aj všetkých novokňazov.
Pochválený buď Ježiš Kristus!
Traduzione italiana:
Con affetto saluto i pellegrini slovacchi provenienti da Nitra, Košice, Slivník, Smolnícka Huta e Švošov.
Fratelli e sorelle, pregate per i vostri sacerdoti novelli, ordinati in questo mese, perché fedelmente annunzino il Vangelo e celebrino i misteri divini.
Volentieri benedico voi, le vostre famiglie e tutti i sacerdoti novelli.
Sia lodato Gesù Cristo!
Saluto in lingua croata:
Od srca upućujem svoj
pozdrav svim hrvatskim hodočasnicima, a osobito vjernicima iz Lupoglava.
Raspirujte milosne darove Božje kako bi u snazi Duha, bez straha i s ljubavlju,
služili Gospodinu i njegovoj Crkvi. Hvaljen Isus i Marija!
Traduzione italiana:
Rivolgo di cuore il mio
saluto ai pellegrini croati, particolarmente ai fedeli di Lupoglav. Ravvivate i
doni di Dio affinché nella forza dello Spirito, senza paura e con amore,
serviate il Signore e la sua Chiesa. Siano lodati Gesù e Maria!
* * *
Rivolgo un cordiale
benvenuto ai pellegrini di lingua italiana. In particolare saluto i
religiosi Fratelli di San Giuseppe Benedetto Cottolengo e li
incoraggio, sull’esempio del venerato Fondatore, ad essere sempre più segni
eloquenti dell’amore di Dio, servendo con ardente carità i poveri e i
bisognosi. Saluto con affetto i partecipanti al pellegrinaggio promosso dall’Ordine
dei Chierici Regolari Minori, a conclusione dell’anno giubilare del loro
fondatore San Francesco Caracciolo. Cari amici, formulo voti che questa
significativa circostanza contribuisca a rinnovare in tutti il vivo desiderio
di servire Cristo, seguendo gli insegnamenti di questo grande Santo, innamorato
dell’Eucarestia, umile servitore dei poveri, asceta immerso costantemente nella
contemplazione di Gesù crocifisso. Saluto gli atleti con la fiaccola della
pace, che brillerà nel pellegrinaggio notturno da Macerata a Loreto, qui
convenuti con i Vescovi Mons. Giancarlo Vecerrica e Mons. Claudio Giuliodori,
ed auguro ogni migliore successo alla trentesima edizione di tale importante
iniziativa pastorale.
Saluto infine i giovani,
i malati e gli sposi novelli. Ricorre proprio oggi la memoria
liturgica di San Francesco Caracciolo. La sua eroica testimonianza evangelica
sostenga voi, cari giovani, nell'impegno di quotidiana fedeltà a Cristo;
incoraggi voi, cari ammalati, a seguire pazientemente il Signore nel
cammino della prova e della sofferenza; aiuti voi, cari sposi novelli, a
fare della vostra famiglia un cenacolo di preghiera e di carità fraterna.
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Torri
del Benaco (Veneto), chiesa dei Santi Pietro e Paolo - Statua di san Gregorio
Magno
Torri
del Benaco (Veneto, Italy), Saints Peter and Paul church - Statue of saint
Gregory the Great
GREGORIO I Magno, Santo
di G. Mochi Onori - Enciclopedia dell' Arte Medievale (1996)
Dottore della Chiesa e
papa (590-604), G. nacque a Roma nel 540 ca. da una famiglia dell'aristocrazia
senatoria, la gens Anicia, alla quale erano anche appartenuti i papi Felice III
(483-492) e Agapito I (535-536).Grazie al clima di rinnovamento civile e
culturale che seguì la fine della guerra gotica (553), G. poté ricevere
un'educazione di prim'ordine, incentrata sullo studio di grammatica, retorica,
dialettica (Gregorio di Tours, Hist. Fr., X, 1) e probabilmente diritto, a
giudicare dalla competenza successivamente dimostrata nell'ambito delle sue
mansioni amministrative. Fu infatti avviato alla carriera di funzionario del
governo bizantino di Roma e, nel 573 ca., raggiunse la carica di praefectus
Urbis, la magistratura più alta della città. Di poco successiva fu la decisione
di aderire alla vita monastica e di fondare sei monasteri in Sicilia, dotandoli
di possedimenti provenienti dal suo patrimonio personale (Gregorio di Tours,
Hist. Fr., X, 1). Similmente, a Roma G. trasformò la casa paterna sul clivus
Scauri, la via romana che discendeva dal Celio, nel monastero di S. Andrea
(Lib. Pont., I, p. 312; Giovanni Diacono, Vita Gr., I, 6), dove egli stesso si
ritirò in meditazione e preghiera, seguendo una regola probabilmente molto
simile a quella benedettina (Porcel, 1960). Consacrato diacono da papa Pelagio
II, dal 579 G. iniziò una stretta collaborazione con il pontefice, prima come
apocrisario presso la corte imperiale - dove iniziò la composizione della sua
maggiore opera esegetica, i Moralia in Iob (o Expositio in Iob) -, poi come suo
consigliere e segretario. Quando nel 590 il papa perì vittima della peste, G.,
pur riluttante, gli successe per l'unanime designazione di popolo e clero.Al
nuovo pontefice si presentava una situazione difficilissima. Egli stesso in una
delle omelie tenute all'inizio del suo pontificato, prendendo spunto dal testo
del profeta Ezechiele, descrisse l'Italia devastata dalla guerra di occupazione
longobarda: "Ubique luctus aspicimus, undique gemitus audiamus. Destructae
urbes, eversa sunt castra, depopulati agri, in solitudine terra redacta est.
Nullus in agris incola, pene nullus in urbibus habitator remansit. [...] Ipsa
autem quae aliquando mundi domina esse videbatur qualis remanserit Roma
conspicitis. Immensis doloribus multipliciter attrita, desolatione civium,
impressione hostium, frequentia ruinarum" (Hom. in Ez., II, 6, 22). Si
avverte in queste parole la percezione di vivere in un'epoca di decadenza e di
catastrofi, nelle quali G., con forte convinzione escatologica, vedeva i segni
dell'imminente fine del mondo (Manselli, 1954). Non per questo tuttavia egli
assunse un atteggiamento passivo o puramente ascetico. I quattordici anni del
suo pontificato furono infatti percorsi da un'attività instancabile,
testimoniata dal Registrum epistolarum, un'imponente raccolta di
ottocentoquattordici lettere, che costituisce un documento prezioso per la
conoscenza della vita politica, sociale e religiosa dell'epoca. Vero consul
Dei, come recitava l'iscrizione sepolcrale, di cui sono conservati due piccoli
frammenti (Roma, S. Pietro in Vaticano, Grotte; Dufresne, 1902), G. fornì le
basi della centralità della Chiesa di Roma nell'Occidente medievale e costituì
un punto di riferimento continuo per la cultura cristiana successiva.Con
particolare sollecitudine G. si dedicò all'opera di riorganizzazione della
Chiesa. Seguì l'operato dei singoli vescovi per renderne più efficace l'azione pastorale,
ispirandosi all'ideale di dedizione, umiltà e disinteresse per i beni
temporali, che aveva delineato nella Regula pastoralis. Nominò amministratori
fidati che si occupassero dell'utilizzazione produttiva dell'enorme patrimonio
fondiario posseduto dalla Chiesa. La disponibilità di mezzi finanziari si
rendeva infatti sempre più necessaria in un momento in cui, con l'indebolirsi
della presenza bizantina, la Chiesa andava assumendo un ruolo di primo piano in
ambito temporale. All'epoca del pontificato di G. l'approvvigionamento di Roma
spettava ormai alla Chiesa, come pure la tutela dei cittadini e di coloro i
quali, sempre più numerosi, si trovavano a fuggire le distruzioni della guerra.
In due occasioni, nel 591 e nel 593, quando i Longobardi giunsero a minacciare
direttamente Roma, G. riuscì a scongiurare il saccheggio della città grazie al
pagamento di una cospicua somma di denaro e avviò, nonostante l'opposizione
dell'esarca e dell'imperatore, il negoziato con il re longobardo Agilulfo
(591-615) per il raggiungimento di una tregua.Rinunciando probabilmente a
prendere possesso per conto della Chiesa degli edifici pubblici di Roma, sembra
che G. si sia adoperato piuttosto per la diffusione delle diaconie, costruzioni
alquanto semplici, provviste di un oratorio, nelle quali veniva offerto
ricovero e sostentamento a poveri, ammalati e pellegrini. S. Maria in Cosmedin,
S. Giorgio in Velabro, S. Teodoro e S. Maria in via Lata contengono
testimonianze archeologiche che fanno ipotizzare una loro fondazione proprio
negli anni del pontificato di G. (Krautheimer, 1980, trad. it. pp. 94, 100).
L'accoglienza dei pellegrini stava d'altronde divenendo un compito tanto più
importante per la Chiesa, quanto più Roma si avviava a essere il centro
spirituale dell'Occidente anche perché luogo di sepoltura dei martiri, dove
quindi si trovavano le preziose reliquie cui erano attribuiti poteri salvifici
e apotropaici. Martiri e santi alle cui prodigiose vicende G. aveva appunto
dedicato, con palese intento di edificazione, un'opera popolare come i
Dialoghi.Probabilmente per regolamentare l'enorme afflusso di pellegrini in
visita al sepolcro del santo, nella basilica di S. Pietro in Vaticano venne
costruito, innalzando il presbiterio, un corridoio semicircolare con due accessi,
che seguiva la curva interna dell'abside costantiniana. Da questo passaggio era
possibile accedere alla camera dove si trovava la sepoltura del martire, che
veniva così a collocarsi al di sotto dell'altare maggiore. Sebbene il Lib.
Pont. (I, p. 312) testimoni che G., oltre ad aver donato un ciborio d'argento
per l'altare, "fecit ut super corpus beati Petri missae
celebrarentur", resta incerto il ruolo da lui avuto, perché Gregorio di
Tours (De gloria martyrum, 28; PL, LXXI, col. 728) descrive il nuovo assetto
della chiesa come compiuto nel 590. Questo prototipo di cripta semianulare,
della quale a S. Pietro rimane solo qualche traccia, divenne il modello per
innumerevoli riprese (Krautheimer, 1937-1980, V, pp. 265-267; v. Cripta). La
committenza edilizia di G. sembra quindi articolarsi in pochi essenziali
interventi, ai quali occorre però aggiungere l'attività svolta nel monastero
sul Celio. Il complesso conventuale - che deve aver presto incorporato la
biblioteca fondata dal papa Agapito nel 535 ca. - è stato descritto nel sec. 9°
dal biografo di G., Giovanni Diacono, come composto da due oratori dedicati a
Maria Vergine e a s. Barbara, da un triclinium, da un atrio con ritratti murali
dei genitori di G., dalle celle, dalla cantina e da una piccola abside ove si
trovava un tondo con il ritratto di G. (Vita Gr., IV, 83-84, 89). Sull'area
occupata una volta dal convento sorge ora il monastero di S. Gregorio Magno con
l'omonima chiesa ed è problematico stabilire l'ubicazione dei singoli
fabbricati gregoriani. Le uniche parti conservate sono comunque da
identificare, oltre che nella c.d. biblioteca di Agapito - i resti di un'aula a
pianta basilicale degli inizi del sec. 5° o dei secc. 5°-6° -, negli avanzi di
costruzioni romane e tardoromane comprese nelle attuali cappelle di S. Andrea e
di S. Barbara, la quale, come vuole la tradizione, potrebbe essere il
triclinium (Marrou, 1931; Krautheimer, 1937-1980, I, pp. 317-321). È però
possibile sostenere su base documentaria che la chiesa di S. Gregorio, che pure
non presenta elementi databili prima del sec. 12° (Krautheimer, 1937-1980, I,
pp. 321-323), sia stata edificata da G. negli anni successivi al ritorno da
Costantinopoli e da lui consacrata nel 595. Al sec. 12° si daterebbe così
solamente un restauro, sostanziale ma rispettoso della costruzione preesistente
(Pedrocchi, 1993, pp. 16-24).Il ruolo del vescovo di Roma non doveva tuttavia
esaurirsi nella cura della città o del Patrimonium Petri. Con forza G. affermò
il primato papale, basato sulla continuità con l'apostolato di s. Pietro,
contestando al patriarca di Costantinopoli il diritto di attribuirsi il titolo
di patriarca ecumenico (Ep., V, 37; 39). In tale prospettiva sono da
considerare il forte dinamismo impresso all'opera di evangelizzazione con la
missione in Britannia del monaco Agostino e i contatti con la regina cattolica
dei Longobardi, Teodolinda, nella speranza di una conversione del suo popolo.
Nel 603 la sovrana, in occasione del battesimo del figlio Adaloaldo, ricevette
da G. una stauroteca "cum ligno sanctae crucis Domini" e un
evangeliario racchiuso in una "theca persica" (Ep., XIV, 12),
identificate dalla tradizione, in modo erroneo o non documentato,
rispettivamente con il reliquiario della Vera Croce di Adaloaldo, in oro,
niello e cristallo di rocca, e con la coperta di evangeliario della regina
Teodolinda, in oro, gemme e cammei, entrambi del sec. 6°-7° (Monza, Mus. del
Duomo; Frazer, 1988).Anche l'arte figurativa assumeva nel programma gregoriano
il ruolo di un efficace strumento per la diffusione della fede. In due epistole
indirizzate al vescovo di Marsiglia Sereno, colpevole di aver distrutto
immagini sacre per impedire che i fedeli le adorassero, G. delineò, forse per
la prima volta, i tratti di quella concezione didascalica della figurazione che
sarebbe stata tipica del Medioevo occidentale. Egli scrisse: "Idcirco enim
pictura in Ecclesiis adhibetur, ut hi qui litteras nesciunt, saltem in
parietibus videndo legant quae legere in codicibus non valent" (Ep., IX,
209), perché "aliud est enim picturam adorare, aliud per picturae
historiam quid sit adorandum addiscere [...]. Unde praecipue gentibus pro
lectione pictura est" (Ep., XI, 10).
Iconografia
La grande fama di cui G.
godette lungo tutto il Medioevo e la diffusione rapida e larghissima delle sue
opere spiegano l'abbondanza della sua celebrazione figurativa. Le più antiche
immagini conservate lo rappresentano giovane, a capo scoperto, cinto da un
pallio, con l'attributo del libro e in posa frontale benedicente. Così appare
nella pittura (sec. 7°-8°) sul lato interno del dittico eburneo di Boezio, dove
compare insieme a s. Girolamo e s. Agostino (Brescia, Civ. Mus. Cristiano), in
un affresco romano di S. Maria Antiqua datato agli inizi del sec. 8° e in una
miniatura delle Omelie della fine del sec. 8° (Vercelli, Bibl. Capitolare,
CXLVIII, c. 9v).Ben presto comparve l'attributo della colomba, simbolo
dell'ispirazione dello Spirito Santo - per es. nella Regula pastoralis del sec.
9° (Roma, BAV, S. Maria Maggiore 43, c. 1v) -, spesso, sulla scorta di un
episodio narrato da Paolo Diacono (Vita Gr., 13), in scene dove G. appare
intento a dettare e il diacono Pietro, suo principale collaboratore e
interlocutore nei Dialoghi, lo osserva da dietro una tenda - come in un
sacramentario del sec. 9° (Parigi, BN, lat. 1141, c. 3r) o in una carta
proveniente da un codice del Registrum Gregorii della fine del sec. 10°
(Treviri, Stadtbibl., 171a; Ladner, 1941-1984, III, pp. 335-340) - magari
forandola con lo stilo, come in un manoscritto del sec. 12° (Bruxelles, Bibl.
Royale, 9916-17, c. 1v). Poco dopo si diffuse l'uso di raffigurare G. con la
tiara, semplice, come nel rilievo proveniente dal portale dell'abbazia di
Petershausen (Karlsruhe, Badisches Landesmus.) e in quello del portale
meridionale della cattedrale di Chartres (1215-1220), o arricchita da una
corona, come nei dipinti del 1315 e del 1320 ca. di Simone Martini (Siena,
Palazzo Pubblico, Maestà, cimasa; Pisa, Mus. Naz. e Civ. di S. Matteo,
polittico, predella). In un affresco ispirato ai Moralia nella cappella di S.
Gregorio del Sacro Speco a Subiaco (1228) G. e Giobbe appaiono l'uno di fronte
all'altro, tenendo in mano cartigli con versetti del libro di Giobbe (Gb. 1, 1,
21). Talvolta la colomba ispiratrice è sostituita da un angelo, per es. in un
codice del 1022-1035 dei Moralia (Montecassino, Bibl., 73, c. 5r) o nel mosaico
del battistero della basilica di S. Marco a Venezia (sec. 14°).Sul finire del
Medioevo iniziò a diffondersi un tema iconografico basato sulla leggenda
secondo la quale, durante una processione indetta da G., l'arcangelo Michele
sarebbe apparso alla sommità del mausoleo di Adriano ringuainando la spada come
segno della fine della pestilenza (Jacopo da Varazze, Legenda aurea, 46, 4). Le
prime rappresentazioni della scena figurano su un pannello di predella del sec.
14° riferito da Gronau (1950) alla scuola di Agnolo Gaddi (Roma, Mus. Vaticani,
Pinacoteca, depositi, già inv. nr. 13) e nell'affresco del 1363-1380 ca. di
Spinello Aretino nella chiesa di S. Francesco ad Arezzo.
Bibl.:
Fonti. - Gregorio Magno,
Moralia in Iob, a cura di M. Adriaen, in Corpus Christianorum Lat., CXLIII,
1-3, 1979-1985; id., Homiliae in Ezechielem prophetam, a cura di M. Adriaen,
ivi, CXLII, 1971; id., Regula pastoralis, in PL, LXXVII, coll. 13-128; id.,
Dialogi, a cura di A. de Vogüé, in SC, CCLI, CCLX, CCLXV, 1978-1980; id.,
Registrum epistolarum, a cura di D. Norberg, in Corpus Christianorum Lat., CXL,
1-2, 1982; Paolo Diacono, Sancti Gregorii Magni Vita, in PL, LXXV, coll. 41-60;
Giovanni Diacono, Sancti Gregorii Magni Vita, ivi, coll. 60-242.
Letteratura critica. - D.
Dufresne, Les cryptes vaticanes, Paris-Roma 1902, pp. 66-67; H. I. Marrou,
Autour de la Bibliothèque du Pape Agapit, MAH 48, 1931, pp. 124-169; R.
Krautheimer, Corpus Basilicarum Christianarum Romae, 5 voll., Città del
Vaticano 1937-1980; G.B. Ladner, Die Papstbildnisse des Altertums und des
Mittelalters (Monumenti di antichità cristiana, s. II, 4), 3 voll., Città del
Vaticano 1941-1984; O. Bertolini, Per la storia delle diaconie romane nell'alto
medioevo sino alla fine del secolo VIII, Archivio della Società romana di
storia patria 70, 1947, pp. 1-145 (rist. in id., Scritti scelti di storia
medioevale, I, Livorno 1968, pp. 311-460); H.D. Gronau, A Dispersed Florentine
Altarpiece and its Possible Origin, Proporzioni 3, 1950, pp. 41-47: 43, tav.
XXVI; R. Manselli, L'escatologia di Gregorio Magno, Ricerche di storia
religiosa 1, 1954, pp. 72-88; C. Porcel, San Gregorio Magno y el monacato.
Cuestiones controvertidas, Montserrat, 1960; J. Croquison, Les origines de
l'iconographie grégorienne, CahA 12, 1962, pp. 249-262; V. Monachino, P.
Cannata, s.v. Gregorio I, in Bibl.SS, VII, 1966, pp. 222-287; A Thomas, s.v.
Gregor I. der Grosse, in LCI, VI, 1974, coll. 432-441; C. Leonardi, La 'Vita
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Giornate di studio, Roma 1976", Roma 1976, pp. 381-393; P. Amargier, La
querelle des images à Marseille en 600, Marseille 117, 1979, pp. 90-91; R.
Krautheimer, Rome. Profile of a City, 312-1308, Princeton 1980 (trad. it. Roma.
Profilo di una città, 312-1308, Roma 1981, pp. 77-114); J. Richards, Consul of
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di Dio. La vita e i tempi di Gregorio Magno, Firenze 1984); G. Arnaldi,
L'approvvigionamento di Roma e l'amministrazione dei "Patrimoni di S.
Pietro" al tempo di Gregorio Magno, Studi romani 34, 1986, pp. 25-39; M.
Frazer, Oreficerie altomedievali, in Monza. Il Duomo e i suoi tesori, Milano
1988, pp. 15-48: 22-25; R. Godding, Bibliografia di Gregorio Magno, in Opere di
Gregorio Magno. Complementi I, Roma 1990; G. Rapisarda, Per una storia dei
rapporti fra produzione letteraria e produzione artistica nell'Alto Medioevo
occidentale: Gregorio Magno e le epistole IX, 209 e XI, 10 a Sereno di
Marsiglia, in Gregorio Magno. Il maestro della comunicazione spirituale e la
tradizione gregoriana in Sicilia, "Atti del Convegno, Vizzini 1991",
a cura di L. Giordano, Catania 1991, pp. 129-142; A.M. Pedrocchi, San Gregorio
al Celio. Storia di una abbazia, Roma 1993.G. Mochi Onori
Guercino (1591–1666), St Gregory I the Great with Sts Ignatius and Francis Xavier, circa 1626, 296 x 211, National Gallery, Central London
GREGORIO I papa, detto
Magno, santo
di Ottorino BERTOLINI -
Giampiero PUCCI - Enciclopedia Italiana (1933)
GREGORIO I papa,
detto Magno, santo. - Nacque intorno al 535 in Roma. La madre Silvia era di
nobile stirpe, discendente dall'illustre gens Anicia; il padre, Gordiano,
anch'egli originario di famiglia imparentata con gli Anici, apparteneva all'ordo
senatorius. Anche G., compiuti gli studî di grammatica e di diritto, entrò
nella vita pubblica e copri il cospicuo ufficio di praefectus
urbi (573?). Ma al suo, come a tanti altri spiriti superiori di quei tempi
travagliati - esempio insigne Cassiodoro - l'angoscioso spettacolo delle
miserie d'Italia e di Roma, in confronto con la passata gloriosa potenza, era
motivo di dolorose meditazioni sulla caducità delle fortune terrene. La
conquista longobarda e la lotta impegnata dai Bizantini per salvare dai
Longobardi il loro recente dominio, si erano abbattute sull'Italia quando
cominciava appena a risollevarsi dal terribile flagello della guerra
greco-gotica, che per quasi vent'anni (535-553) l'aveva desolata. Roma stessa,
dove tanti monumenti testimoniavano ancora l'antica potenza, vedeva stringersi
attorno il cerchio minaccioso delle armi barbariche. Era l'età in cui la vita
monastica, intesa, nello spirito e secondo le regole di S. Benedetto, come la
manifestazione più alta e più pura di fede, appariva l'unica via degna di
essere presa da chi voleva trovare in Dio il più saldo rifugio nella bufera
travolgente. G., abbandonata ogni pompa mondana, fondò sei monasteri nei suoi
possessi di Sicilia, largì ai poveri le sue ricchezze, e ridotto a monastero,
che intitolò a S. Andrea, lo stesso sontuoso palazzo della famiglia sul Celio,
vi si raccolse nella contemplazione delle eterne verità. Ma non vi rimase a
lungo. Quando papa Pelagio II ebbe bisogno di persona capace di tutelare
degnamente ed efficacemente gl'interessi materiali e spirituali della sede
apostolica presso l'imperatore d'Oriente in così difficili momenti, fece cadere
la sua scelta su G., che mandò da Tiberio come suo apocrisario, ossia legato
(579). A Costantinopoli rimase G. fino al 586. Ebbe così modo di raccogliere
preziose esperienze di uomini e di cose in quello che, oltre ad essere il
centro politicamente più sensibile e importante dell'antico mondo romano, era
anche tenebroso nido di torbide passioni e di raffinati intrighi. Colà strinse
legami d'amicizia con illustri personaggi; l'imperatore Maurizio, successore di
Tiberio, volle che egli tenesse a battesimo il suo primogenito Teodosio.
D'altra parte la missione di fiducia aveva posto in rilievo le qualità di G.,
che tornato a Roma (586?) fu apprezzato consigliere del papa. Questo fatto, e
la fama di pietà che circondava il suo nome, per il devoto raccoglimento in cui
era sempre vissuto, lo designarono ai voti unanimi del clero e del popolo di
Roma come il successore più degno di Pelagio II quando questi morì il 7
febbraio 590. G. nella sua umiltà fu assai riluttante ad accettare l'altissimo
onore. La pia tradizione racconta di una lettera da lui scritta all'imperatore
Maurizio, perché non acconsentisse all'avvenuta elezione, e che fu intercettata
dal praefectus urbi Germano; di un suo tentativo di fuga; dice che
solo a forza s'indusse a lasciarsi consacrare il 3 settembre 590. Saliva sulla
cattedra di S. Pietro uno dei più grandi papi che abbiano illustrato, con
l'altezza della mente e col fervore delle opere, la storia della Chiesa. Appena
eletto, assolse con rapida energia il compito di combattere la peste e la fame,
che infuriavano a Roma, triste strascico della rovinosa inondazione del Tevere
nel gennaio di quell'anno. Oltre alla solenne processione espiatoria, che
rimase famosa nella pia tradizione perché sarebbe allora apparso ai devoti,
sugli estremi fastigi del mausoleo di Adriano, l'angelo rinfoderante la spada,
a significare placata l'ira divina, G. usò, a risollevare il popolo dalle sue
miserie, delle molteplici risorse materiali di cui disponeva la Chiesa, con le
diaconie, che provvedevano a mensili distribuzioni di frumento, olio, vino e
legumi; con le giornaliere distribuzioni di alimento al domicilio dei più
bisognosi; con l'invio periodico di viveri a monasteri e ospedali. Né invocò
invano il concorso delle sue influenti amicizie. L'attività di G. in aiuto
della popolazione romana non si limitò alle strette della carestia e del morbo.
Roma e il territorio intorno erano minacciati dai Longobardi di Spoleto e
Benevento. Tarda e inefficace risultava l'azione dell'esarca. Dalla sua sede di
Ravenna era già molto se riusciva a mantenere le comunicazioni con Roma
attraverso l'Appennino centrale, continuamente esposto agli attacchi dei
Longobardi di Spoleto. Nell'incalzare del pericolo, G. non esitò a prendere
cgli stesso le disposizioni militari e politiche che sarebbero spettate alle
autorità imperiali. Per suo ordine il capitano Leonzio e il maestro delle
milizie Veloce mossero a minacciare da Nepi e da Perugia sul rovescio il duca
di Spoleto, Ariulfo, che nel settembre del 591 si era spinto sino a Narni; e
quando apparve che non vi era altro mezzo per salvare Roma, G. trattò con
Ariulfo, che acconsentì ad allontanarsi dopo aver ottenuto un tributo di denaro
(luglio 592). G. provvide anche alla difesa di Napoli, minacciata dal duca di
Benevento Arechi, che si era impadronito di Capua, facendovi prontamente
accorrere il tribuno Costanzio. Solo per breve tempo e con effimeri risultati
la direzione delle operazioni militari nel territorio di Roma fu assunta
dall'esarca Romano, che, risalendo la valle del Tevere, sgombrò dai barbari
parte della Sabina, da Orte a Todi. Ma nel 593 lo stesso re dei Longobardi,
Agilulfo, piombava su Roma col suo esercito. Non l'esarca, di nuovo lontano, o
i suoi ufficiali salvarono la città dagli orrori di un assedio, ma il papa. G.
incontrò animosamente Agilulfo, in un colloquio fuori delle mura, sui gradini
della chiesa di S. Pietro, e lo indusse a ritirarsi; la città s'impegnava però
a un tributo annuo di 500 libbre d'oro. Aspro rimprovero gliene venne da
Costantinopoli; ma G., lungi dal cercare di sottrarsi alla responsabilità di
quanto aveva fatto, se lo attribui giustameme ad onore in una fiera lettera
all'imperatore Maurizio, tutta penetrata di caldo amor patrio per la sua Italia
e per la sua Roma, e di profonda commozione per le miserie che ne piagavano le
popolazioni. A dare finalmente ad esse un po' di pace G. si adoperò con tutte
le sue energie. Col duca di Benevento riusci a stabilire rapporti cordiali,
tanto che Arechi gli fece dono di travi per S. Pietro; il suo legato a Ravenna,
il monaco Probo, abate di S. Andrea al Celio, poté ottenere che fra Agilulfo e
i Bizantini fosse stipulata (599) una tregua biennale, che fu purtroppo solo
una breve sosta nella lotta incessante per il dominio della penisola. Con
sollecita cura G. assecondava la pia regina Teodolinda nei suoi sforzi per
strappare i connazionali dall'eresia ariana, e salutò con gran gioia il
battesimo che, quasi ad annunciare una nuova era, Agilulfo aveva fatto
impartire nel 603 al figlio Adaloaldo. Né G. pensò solo a convertire i
Longobardi, ma anche gli Angli e i Sassoni. Sotto l'impulso della sua volontà,
una missione guidata dal monaco Agostino affrontò i disagi del lungo viaggio;
superò il primo smarrimento, che, mentre si trovava con i compagni tuttavia in
Provenza, aveva indotto Agostino a ritornarsene a Roma per impetrare dal papa
in nome dei compagni l'abbandono dell'impresa; ottenne che nel Natale del 597 il
re sassone Etelberto e il suo popolo si convertissero solennemente in
Dorovernum (Canterbury). Inizio bene auspicante di un apostolato, che segnò una
delle più belle vittorie dell'opera universale della Chiesa di Roma. In Gallia,
G. difese con vigile cura la purità della fede, attraverso il suo legato in
Austrasia, Vigilio, agendo personalmente presso Childeberto, Brunechilde,
Cotario II, imponendo a Desiderio, vescovo di Vienne, d'informare
l'insegnamento della grammatica nella sua scuola a uno spirito rigidamente
religioso. Nella penisola iberica, nella parte in cui dominavano i Visigoti,
sostenne con parola animatrice il re Reccaredo, convertitosi al cattolicesimo
dopo la reazione ariana infierita con Leovigildo, il quale non aveva esitato a
far perire lo stesso suo figlio Ermenegildo, tetragono nella fede cattolica
sino al martirio, chc G. esaltò come magnifico esempio di testimonianza della
verità; nella parte sud-orientale, riconquistata da Giustiniano all'Impero,
intervenne direttamente nei conflitti tra quei vescovi e il governatore
bizantino. Nell'Africa mediterranea, ritolta dai Bizantini ai Vandali, e in
Italia, G. con mano sicura e insieme con finissimo tatto fu guida, consigliere,
autorevole amico dei preposti alle varie diocesi. Così egli validamente
affermava l'autorità del vescovo di Roma su tutto l'occidente romano-barbarico.
Nell'oriente bizantino
aveva cercato di scuoterla il patriarca di Costantinopoli, Giovanni,
arrogandosi il titolo di universale, favorito dall'imperatore Maurizio nell'interesse
dei suoi disegni politici di fronte al persistere della non mai spenta
tradizione imperiale occidentale, che faceva di Roma il suo centro. Ma con
fermo contegno G., in difesa dell'unità della Chiesa con a capo il vicario di
Cristo sulla cattedra di S. Pietro, si oppose alla pretesa del patriarca.
Larghi mezzi per la sua
opera multiforme G. poté trarre dalle estese proprietà fondiarie che la Chiesa
di Roma possedeva in tutta l'Italia, e che costituivano il
cosiddetto Patrimonium S. Petri. Queste proprietà avevano un mirabile
ordinamento amministrativo ed economico, che sotto G. fu particolarmente
curato.
Erano raggruppate in
complessi o patrimonia, che venivano distinti col nome della provincia o
del centro urbano del territorio in cui si trovavano, e che al tempo di G.
erano i seguenti: patrimonium Ravennae et Histriae, p. in
Dalmatia, p. Tusciae, p. in Corsica, p. in
Sardinia, p. Sabinense et
Carseolanum, p. Appiae, p. Campaniae, p. Apuliae
et Calabriae. p. Bruttiorum, p. Siciliae, poi diviso
in p. Panormitanum, nella parte orientale dell'isola,
e Syracusanum, nell'occidentale. In terre non italiane erano i
patrimonî Galliarum e Africae. Ciascun patrimonio era
amministrato da un rector, che aveva alle sue dipendenze come funzionarî
subordinati notai, chartularii e agenti detti actionarii. Con G.
ai rettori appaiono assegnate attribuzioni assai estese, che al di là della
sfera economica entravano in quella giurisdizionale e spirituale, come
l'assistenza ai poveri e alle vedove, la sorveglianza sul clero e sulle
comunità monastiche, sui vescovi stessi. Talora i rettori acquistarono vera e
propria veste di legati e vicarî pontifici, come in Sicilia, e di apocrisarî o
inviati della S. Sede presso i metropoliti delle diocesi in cui i patrimonî da
loro amministrati si trovavano; il rettore del patrimonio in Gallia ebbe
addirittura funzioni di ambasciatore papale a quella corte. Quando si pensi che
i rettori erano nominati dal papa, e che G., invece di sceglierli, come era
uso, specie nei patrimonî più lontani da Roma o fuori d'Italia, fra i signori o
i vescovi locali, li cercò di norma tra i membri del clero romano, e di solito
tra i suddiaconi, i defensores, qualche volta anche tra i notai
e chartularii della Chiesa di Roma, si comprende quale efficacissimo strumento
nell'amministrazione del Patrimonium S. Petri, così intesa, egli
abbia dato al potere papale per farsi sentire vivo e presente dovunque, come
rigido tutore dell'ordine e della giustizia in un tempo in cui tutto era
violenza, e le autorità civili apparivano incapaci di assolvere il loro
ufficio, o lo esercitavano taglieggiando con tanta durezza le popolazioni, da
render quasi preferibile, come ebbe a dire G., la spada longobarda. G. infatti,
che seguiva personalmente l'amministrazione delle proprietà della Chiesa in
tutti i suoi aspetti, e impartiva ai rettori istruzioni illuminate di ardente
carità e mirabili di chiarezza e di spirito pratico, non solo difendeva con
tutte le sue forze i coloni e i servi, che in esse vivevano, dalle
sopraffazioni degli appaltatori o conductores e li proteggeva dalle
prepotenze dei funzionarî imperiali, ma cercava di frenare la rapacità di
questi ultimi anche in confronto di chi non era nella condizione privilegiata
di trovarsi in un patrimonio della Chiesa di Roma.
Così il grande papa
appariva a tutti il comune padre amorevole, e nuovi copiosi frutti si
aggiungevano a quelli che G. raccoglieva nella sua inesausta opera, volta a
purificare e rinvigorire il sentimento religioso, guidata da quello spirito di
profonda fede che pervade i suoi scritti e ne fa uno dei maggiori padri della
chiesa.
La figura morale e i
doveri del vescovo come rector animarunt traccii, G. nel Liber
regulae pastoralis, in quattro parti, composto nel 591 e dedicato a Giovanni
vescovo di Ravenna. L'altissimo concetto in cui egli dimostra di avere il
delicato ufficio, e il rigore con cui ne intendeva
l'esercizio, sono la migliore spiegazione del suo esitare di fronte
alle gravi responsabilità del pontificato al momento dell'elevazione. Le virtù
cristiane come norma di vita e unica fonte dell'eterna salvezza propose G. ai
fedeli nelle Homiliae quadraginta in Evangelia, pubblicate in due libri
nel 593, e delle quali più della metà aveva dette egli stesso, con commossa
parola, e le altre, perché malato, aveva fatte leggere al popolo raccolto nelle
basiliche di Roma. Lo sgomento provocato dalla minaccia longobarda sospesa su
Roma dall'esercito di Agilulfo comparso sotto le sue mura echeggia nella
rievocazione della profezia della rovina di Gerusalemme, che G. fece argomento
delle Viginti duae homiliae in Ezechielem, dedicate nel 593 a Mariniano
vescovo di Ravenna. In quegli anni egli andava anche completando e rielaborando
in forma di trattato il commento al libro di Giobbe, che mentre si trovava a Costantinopoli
aveva costituito l'oggetto di amichevoli conversazioni con i giovani monaci che
lo avevano colà accompagnato. Ne uscì l'ampia esegesi dei 35 Libri
moralium o Expositio in librum Iob, compiuta nel 595, che egli dedicò
a Leandro vescovo di Siviglia.
Intanto dalle tradizioni
vive del popolo G. attingeva la materia, che tra il luglio 593 e il novembre
594 compose nei quattro libri dei Dialogi. Concepiti come esaltazione dei
fatti portentosi, che si dicevano avvenuti qua e là per l'Italia specie sotto
il regno di Totila e durante l'invasione longobarda; dei miracoli operati dai
santi, specie da S. Benedetto, di cui è raccontata la vita nel secondo libro;
della vita ultraterrena premio degli eletti, i Dialogi riuscirono un
quadro parlante delle condizioni in cui vivevano le classi umili italiane nel
sec. VI. Dal diretto contatto tra l'anima del grande papa e quella del popolo
derivano la lingua stessa e lo stile, che risentono l'influsso del volgare ben
più che non gli altri scritti di G., onde anche per questo
i Dialogi hanno un carattere proprio in confronto con essi.
Imperituro monumento
della sua azione come capo della Chiesa, della sua dottrina religiosa, della
sua sapienza politica e amministrativa, G. ha lasciato nel suo epistolario. Non
è giunto sino a noi completo; ma è pur sempre così copioso nei suoi quattordici
libri - tanti quanti gli anni del pontificato - da costituire una fonte storica
di primissimo ordine per lumeggiare non la sola figura del grande pontefice, ma
tutta l'epoca in cui egli visse.
Da G. trae il nome
di gregoriano il canto liturgico romano, al cui duraturo ordinamento
il grande papa diede opera illuminata e tenace. In grazia di tale assestamento,
già iniziato, del resto, fin dai tempi di Damaso I, la scuola di rito romano
poté, nei tempi, diffondersi vittoriosa in tutta la chiesa latina
(v. canto: Canto liturgico). G. morì il 12 marzo 604. Fino all'ultimo egli
diede, con la sua opera, mirabile prova di ciò che vale la forza dello spirito
illuminato dalla fede, anche se il fisico, come era quello del grande papa, sia
debole e malaticcio.
Iconografia. - Ha i
soliti attributi dei papi, tiara e pastorale con doppia croce, e come dottore
della Chiesa tiene nella destra un libro, talvolta chiuso, talvolta aperto, in
atto di leggervi o di scrivervi. Ma l'attributo suo caratteristico è una
colomba che, posata sulla spalla, o ancora volante, gli si volge all'orecchio
come per ispirarlo, secondo ciò che avrebbe visto una volta un suo scriba. Tra
le storie della sua vita più raffigurate dall'arte: l'apparizione dell'angelo
sopra la Mole Adriana; la leggenda dell'angelo introdottosi con i poveri alla
mensa giornaliera imbandita loro dal papa (v., a es., un dipinto di Paolo
Veronese in S. Maria del Monte a Vicenza); la salvazione dall'inferno dell'imperatore
Traiano per intercessione del santo; la liberazione dal purgatorio del monaco
Giusto. Andrea Sacchi dipinse per un altare di S. Pietro a Roma il miracolo del
pannolino che aveva toccato le reliquie degli apostoli, dal quale, avendolo il
papa squarciato con un coltello, uscì sangue. Grande fortuna ebbe, specie nel
nord e nel sec. XV, la rappresentazione della "messa di S. Gregorio":
il papa è figurato in atto di celebrare la messa: sull'altare appaiono Cristo
piagato e spesso i simboli della Passione.
Fonti: Di G. M. si hanno
tre biografie antiche, scritte, la prima da un anonimo monaco di Whitby, nel
secondo decennio del sec. VIII (ed. da F. A. Gasquet, Londra 1904); la seconda
da Paolo Diacono, tra il 770 e il 780 (edita da H. Grisar, in Zeitschrift
für katholische Theologie, XI, 1887, pp. 158-173; la terza (872-882) da
Giovanni Diacono, per invito di papa Giovanni VIII (ed. in Acta Sanctorum,
marzo, II, pp. 137-211).
Ediz.: Completa in
Migne, Patr. Lat., LXXV-LXXIX.V. inoltre: Liber regulae pastoralis,
ed. di H. Hurter (Innsbruck 1872) e di A. M. Micheletti (Tournai
1904); Homiliae quadraginta in Evangelia, ed. di H. Hurter
(in Sanct. Patrum opuscola selecta, s. 2ª, VI, Innsbruck
1892); Dialogi, ed. di U. Moricca (Roma 1924); Epistolae, ed. di P.
Ewald e L. M. Hartmann (in Monum. Germ. Hist., Epist.,
I-II, Haxnover 18871889); Epistolae selectae, a cura di N. Turchi (Roma
1907).
Bibl.: Biografie moderne
di G. M.: H. F. Dudden, Gregory the Great, his place in history and
thought, voll. 2, Londra 1905: H. Grisar, S. G. M., traduz. di A. De
Santi, Roma 1904: H. H. Howorth, St Gregory the Great, Londra 1912; W.
Stuhlfath, Gregor de Grosse, Heidelberg 1913; T. Tarducci, Storia di
G. M. e del suo tempo, Roma 1909; F. Ermini, G. M., Roma 1924; P.
Batiffol, Saint Grégoire le Grand, 3ª ed., Parigi 1928. - Sulle questioni
particolari. Sulle omelie: V. G. Pfeilschrifter, Die authentische Ausgabe
der 40 Evangelienhomilien Gregors d. G., Monaco 1900; sull'epistolaio: W. M.
Peitz, Das Register Gregors I, Friburgo in B. 1917; M.
Tangl, Gregor-Register und Liber Diurnus, in Neues Archiv, XLI
(1919), pp. 741-752; E. Posner, Das Register Gregors I, in Neues
Archiv, XLIII (1921), pp. 243-315; sulla lingua e sui rapporti conla cultura
classica: L. M. Hartmann, Ueber die Ortographie Papst Gregors I,
in Neues Archiv, XV (1890), pp. 527-549; A. Sepulcri, G. M. e la sua
scienza profana, in Atti della R. Acc. delle sc. di Torino, XXXIX (1904),
pp. 962-976; R. Sabbadini, G. M. e la grammatica, in Boll. di
filologia classica, VIII (1902), pp. 204-206, 259-60. V. anche: E.
Spearing, The patrimony of the Roman Church in the time of G. the Great,
Cambridge 1918.
SOURCE : https://www.treccani.it/enciclopedia/gregorio-i-papa-detto-magno-santo_%28Enciclopedia-Italiana%29/
Michelangelo, San Gregorio, sculpture, marble, 1501, Altar Piccolomini, Catedral de Siena
Altar Piccolomini, Catedral de Siena
GREGORIO I, papa, santo
di Sofia Boesch Gajano
- Dizionario Biografico degli Italiani - Volume 59 (2002)
GREGORIO I, papa, santo.
- Nacque a Roma poco prima della metà del sec. VI, da famiglia appartenente
all'élite sociale romana - "de senatoribus primis" lo definisce
Gregorio di Tours -, quell'aristocrazia senatoria che aveva mantenuto prestigio
sociale e potere economico, pur nella crisi delle istituzioni politiche. Non è
invece in alcun modo provato il rapporto di parentela con la famiglia Anicia,
sorta di luogo comune spesso usato per sancire l'identità sociale di un
personaggio.
Il padre, Gordiano
secondo il Liber pontificalis, sembra avere ricoperto una carica pubblica
minore: "regionarius" lo definisce Giovanni Diacono (S. Gregorii
Magni vita, IV, 83: anche in seguito, per le indicazioni bibliogr. complete si
rinvia alla Enciclopedia dei papi, I, s.v.), da intendere forse come
uno dei "curatores regionum", preposti all'ordine pubblico, mentre
rimane solo un'ipotesi la carica di "defensor ecclesiae" (Richards,
Markus). La madre, il cui nome, Silvia, è attestato solo dalle biografie
posteriori, viene di solito considerata di origine siciliana e proprietaria di
quei beni fondiari che G. devolverà ai sei monasteri da lui fondati nell'isola;
si sarebbe ritirata presso il monastero di S. Saba, in luogo detto Cella Nova,
a seguito della decisione di G. di fare della dimora paterna un monastero. La
fisionomia sociale, religiosa e culturale della famiglia è confermata dalla
parentela con il pontefice Felice III, definito dallo stesso G. come
"atavus meus" (Homiliae XL in Evangelia, XXXVIII, 15; Dialogi,
IV, 17): probabilmente suo bisnonno, come sembra provare la genealogia
ricostruita sulla base di testimonianze epigrafiche, figlio di Felice
presbitero del titolo "di Fasciola", e padre di Felice scriniario,
padre di Gordiano e di altre figlie. Una zia materna, Pateria, è destinataria
di un sussidio per il mantenimento degli schiavi, come risulta da una lettera
diretta al suddiacono Antemio, rettore del Patrimonio di Campania (Registrum, I,
n. 37, ed. Norberg: d'ora in poi indicata come Registrum). Le zie paterne
sono: Gordiana, duramente giudicata per avere abbandonato la vita religiosa e
per essersi sposata un "fattore dei suoi campi", dice
spregiativamente G., quasi a simboleggiare la coincidenza fra decadenza morale
e decadenza sociale; Emiliana e Tarsilla, consacratesi a Dio in una vita di
rigida penitenza condotta nella loro stessa casa. Il racconto della morte di
quest'ultima, con la sua visione del nonno Felice III che la invita nella casa
celeste, e il coinvolgimento di Emiliana, a sua volta invitata dalla sorella a
seguirla, diviene l'occasione per mostrare una rete familiare di esemplarità
spirituale. La parentela con il pontefice Agapito non è invece provata se non
dal comune ambiente sociale, e ancor più dalla vicinanza delle dimore
familiari, entrambe poste sul Celio lungo il "clivus Scauri".
Quanto ad altri membri
della famiglia, le testimonianze sono poche, alcune sicure, altre più incerte;
tutte provano un alto senso della dignità familiare. Un fratello, senza
indicazione del nome, è ricordato con sollecitudine come destinatario di denaro
- forse in relazione ai beni posseduti dalla famiglia nell'isola - da parte di
Pietro, rettore del Patrimonio di S. Pietro in Sicilia (ibid., n. 42),
duramente rimproverato per il ritardo nell'adempimento dell'ordine; un (altro?)
fratello a Roma aveva ricevuto in dono, da parte del tribuno della città di
Otranto, uno schiavo panettiere, fuggito nella sua città, che il rettore del
Patrimonio di Puglia e Calabria doveva prontamente recuperare e restituire al
legittimo proprietario "in modo da non incorrere […] per negligenza e
ritardo nei nostri rimproveri" (ibid., IX, n. 201). Un "glorioso
nostro fratello" è indicato come colui che dovrebbe sottoscrivere
nell'ottobre 598 al posto del pontefice la tregua con il re longobardo Agilulfo
(ibid., n. 44), da identificare con ogni probabilità con il "glorioso mio
fratello Palatino patrizio" che, insieme con il "consiliarius
meus", il "vir magnificus" Teodoro, sono ricordati come
informatori circa le malefatte di Leonzio ex console contro Libertino ex
pretore (ibid., XI, n. 4). Più problematica la testimonianza di Gregorio di
Tours: egli racconta (Storia dei Franchi, X, 1) che il prefetto della città "germanus
eius anticipavit nuntium", bloccando la lettera con cui G. chiedeva
all'imperatore di non ratificare la sua elezione e mandando invece
all'imperatore la notizia del consenso ricevuto dal popolo. Il termine
"germanus" è stato inteso sia da Paolo Diacono (Vita Gregorii Magni,
10), sia da Giovanni Diacono (S. Gregorii Magni vita, I, 40) come nome proprio,
ma da tempo si ritiene (Fedele) che possa trattarsi proprio del fratello,
ipotesi ormai accreditata (Martindale). L'esistenza di due fratelli attivi al suo
fianco, Germano che lo avrebbe seguito nella carica di "praefectus
urbi", e Palatino, "vir gloriosus" e "patricius",
anch'egli impegnato in funzioni pubbliche, rafforza l'importanza del contesto
familiare e sociale di Gregorio.
"Litteris
grammaticis dialecticisque ac rethoricis ita est institutus, ut nulli in Urbe
ipsa putaretur esse secundus", racconta ancora Gregorio di Tours. La lode
non contribuisce a gettare luce sui luoghi e le modalità della sua formazione,
data l'incerta sorte delle istituzioni scolastiche preposte all'insegnamento
delle arti liberali a Roma nella seconda metà del VI secolo.
Quanto alla formazione
culturale cristiana, se non si conosce la sorte della biblioteca fatta
istituire da papa Ilaro presso S. Lorenzo in Damaso, più documentata è la
biblioteca di papa Agapito "ad clivum Scauri", collocata in un
edificio adiacente al palazzo di famiglia presso l'abside dell'attuale chiesa
dei Ss. Giovanni e Paolo, destinata a raccogliere opere di santi padri latini e
greci e finalizzata al progetto, elaborato in accordo con Cassiodoro, di
fondare a Roma una scuola superiore di studi religiosi cristiani sul modello
delle scuole religiose di Alessandria e di Nisibis in Siria. Tale biblioteca,
anche per l'estrema vicinanza con la dimora paterna e quindi con il monastero
in essa fondato da G., non fu certamente estranea alla sua formazione.
Se rimangono incerti i
luoghi, non può in alcun modo essere messa in dubbio la sua formazione
culturale di tradizione romana: tutte le sue opere provano - pur nell'originalità
del linguaggio, dello stile, dei generi letterari - le sue competenze
linguistiche e retoriche e la conoscenza di autori classici: Virgilio, Cicerone
e Seneca e i "veteres philosophi" (Hofer). Non mancano testimonianze
di conoscenze scientifiche e naturali, ma in modo tutto particolare va
ricordata la sua conoscenza del diritto romano, ampiamente provata dai
riferimenti impliciti ed espliciti delle sue opere, con citazioni tratte
prevalentemente dal Codex e dalle Novellae.
Eppure il problema della
sua formazione culturale è un nodo centrale della biografia di G., complicato
(e spesso confuso) dal suo atteggiamento di condanna della cultura classica, il
cui rifiuto nasce proprio da una indiscutibile approfondita conoscenza, come fa
intendere il celebre passo della lettera-dedica premessa ai Moralia in
Job, in cui dichiara di non avere volutamente rispettato l'"ars
loquendi", "quia indignum vehementer existimo, ut verba
caelestis oraculi restringam sub regulis Donati". La stessa condanna di
questa cultura, espressa nell'altrettanto celebre lettera al vescovo Desiderio
di Vienne, rimproverato di insegnare la grammatica e di unire, cosa "grave
e nefanda per un vescovo", "le lodi a Giove con quelle a Cristo"
(Registrum, XI, n. 34), è da ricondurre alle sue giuste proporzioni di
intervento in una situazione specifica non generalizzabile, e non può
costituire il pretesto per un'interpretazione di G. come testimone della
decadenza delle lettere. La cultura antica di carattere profano costituisce uno
strumento in funzione della comprensione e della comunicazione della verità
divina contenuta nella Sacra Scrittura, in una linea di continuità con una
tradizione che ha i suoi esponenti più illustri in Girolamo, Agostino e
Cassiodoro.
Nell'ambito della sua formazione
la conoscenza del greco costituisce un problema ulteriore che si inserisce in
quello della progressiva diversificazione linguistica fra Oriente e Occidente
(Dagron). A sostegno dell'ignoranza della lingua sono state utilizzate alcune
affermazioni dello stesso G.; ma proprio quella più perentoria ("nos nec
graece novimus nec aliquod opus aliquando graece
conscripsimus", Registrum, XII, n. 55) va interpretata alla luce del
contesto polemico di sconfessione della paternità di alcuni sermoni di contenuto
non ortodosso a lui attribuiti. A imporre la conoscenza della lingua fu, dopo
la probabile formazione scolastica, il prolungato soggiorno a Costantinopoli:
qui G., oltre alla normale attività diplomatica e sociale, sostenne un
impegnativo confronto teologico sulla resurrezione dei corpi con Eutichio
patriarca di Costantinopoli, seguito da una convocazione dell'imperatore
Tiberio (Moralia, XIV, 72-74): presumibilmente ognuno parlò nella propria
lingua, senza dover ipotizzare (Bartelink) la presenza di traduttori. Le sue
opere esegetiche provano infine, come si vedrà, l'uso della versione greca dei
Settanta per verificare singoli passi del testo della Vulgata. Se la
sua conoscenza del greco non fu tale da permettergli di scrivere opere letterarie,
fu sicuramente sufficiente per leggere e comunicare oralmente.
Se non si può datare con
precisione l'inizio dell'attività pubblica di G., si sa che nel 573
sottoscrisse la condanna dei Tre Capitoli da parte di Lorenzo vescovo di
Milano, nella sua qualità di "praefectus urbi" (ibid., IV, n. 2).
L'immagine di G. a passeggio per le vie di Roma vestito di seta e adorno di
gemme, tratteggiata da Gregorio di Tours, è certamente efficace nel
simboleggiare il prestigio inerente allo stato sociale e alla carica pubblica,
in contrapposizione con la successiva scelta monastica.
Questa vocazione fu
coltivata a lungo, pur restando egli coinvolto e anzi attratto dalle cure del
mondo, come confessa nella lettera-dedica dei Moralia già ricordata,
e si realizzò probabilmente dopo la morte del padre, intorno al 573. Potendo
disporre del proprio patrimonio, decise di fondare sui propri possedimenti in
Sicilia sei monasteri, dotandoli di beni, e di destinare la dimora paterna a
una comunità monastica intitolata a S. Andrea, per la quale è stata
erroneamente ipotizzata l'adozione della Regola di s. Benedetto. La
fondazione, dotata anch'essa di beni, trasse origine da quelle esigenze
spirituali largamente presenti nelle élites aristocratiche e vissute
in forma sia individuale sia collettiva. G. istituì un nesso forte fra la
propria tradizione familiare e la nuova comunità monastica, facendovi eseguire
i ritratti dei genitori e di se stesso: quest'ultimo destinato secondo il
committente a sottolineare i caratteri fisiognomici ripresi da entrambi i
genitori. Il monastero attrasse persone di rango - come il fratello del
"magister militum" Maurenzio - e uomini già esperti di vita
monastica, come nel caso di Valenzione, abate di un monastero della provincia
Valeria (Dialogi, IV, 22); fu luogo di formazione di validi collaboratori del
pontefice, tra i quali Massimiano, vescovo di Siracusa, e Agostino, missionario
e poi vescovo in Inghilterra: una comunità con cui G. divenuto pontefice
manterrà un legame continuo e privilegiato.
La vocazione monastica
rappresenta una componente fondamentale dell'identità biografica di Gregorio.
Le espressioni di rimpianto, una costante delle sue opere, si accompagnano con
l'amarezza per non avere difeso a sufficienza la sua vita monastica, come
risulta dalla lettera-dedica dei Moralia, e permettono di correggere
l'immagine apologetica di G. "strappato" contro la sua volontà alla
quiete del chiostro. Pelagio II, poco dopo la sua elezione nel 579, lo ordinò
diacono in vista del suo invio a Costantinopoli in qualità di apocrisario -
forse in concomitanza con una legazione papale e una missione senatoria, volte
a ottenere aiuti militari (Bertolini) - in un momento di grave crisi
dell'Italia in generale e di Roma in particolare, a causa della pressione
militare longobarda. L'assenza da Roma durò fino al 586-587: una lettera di
Pelagio II testimonia che G. era ancora in Oriente nell'ottobre 584, mentre la
donazione di G. a S. Andrea del 28 dic. 587 prova che egli era già tornato a
Roma, dove rimase, vivendo nel suo monastero, fino all'elezione a pontefice.
A Costantinopoli si
ricostituì intorno a lui una piccola comunità, percepita come baluardo
spirituale di fronte alle incombenze della carica e come stimolo
all'approfondimento esegetico. In questo contesto matura il commento
al Libro di Giobbe, che molto deve anche alle sollecitazioni di Leandro,
vescovo di Siviglia, a Costantinopoli per questioni relative al Regno visigoto,
interlocutore nel corso della lunga stesura scritta dell'opera e infine suo
destinatario. Frutto di un rapporto stretto fra esposizione orale e scrittura,
come molte delle opere di G., i Moralia sono il risultato di diverse
fasi di stesura e di revisione, concluse solo verso il 600, quando venivano
inviati a Innocenzo prefetto del pretorio dell'Africa (Registrum, X, n. 16),
come strumento atto a ricondurlo all'interiorità nel mezzo degli affari
secolari. Nel 591, scrivendo a Leandro, l'autore conferma di avere trasformato
i commenti fatti oralmente in un testo scritto, che tuttavia non era ancora in
grado di mandargli, perché gli scribi lo stavano copiando (ibid., I, n. 41).
Nel 594 nella lettera di dedica entrava maggiormente nei dettagli delle diverse
fasi dell'elaborazione. La straordinaria cura editoriale era stata turbata
dalla circolazione di un testo non rivisto dall'autore, una sorta di copia
"pirata" (Fontaine), ricavata forse dalle note stenografiche prese su
tavolette di cera. L'esistenza di edizioni "pirata", redatte a
partire dalle note personali di G., o da quelle prese dai notai dal vivo, è stata
confermata da frammenti dell'opera, presenti nel ms. conservato a Parigi,
Bibliothèque nationale, Lat. 2342 del sec. XII, che non corrispondono
al testo "edito" da G. (Meyvaert, Uncovering).
Oltre a rivendicare la
patente di autenticità solo ed esclusivamente per la "sua" edizione
dell'opera, quella conservata "in scrinio nostro", lo
"scrinium" lateranense, contro il codice posseduto dal vescovo
Mariniano di Ravenna, che avrebbe potuto generare confusione nei lettori (Registrum,
XII, n. 6), G. evidentemente voleva controllare il corretto uso della sua
opera, di cui non approvava la lettura pubblica, poiché non si trattava di un
"opus populare" e poteva così causare più danno che giovamento
"rudibus auditoribus", al contrario dei salmi, più idonei a invitare
gli animi dei laici alle virtù. Egli si mostra così custode geloso
dell'integrità testuale della propria opera, consapevole della sua originalità
linguistica e stilistica.
La Scrittura,
commentata avendo come testo base la Vulgata (Gribomont), confrontata
in caso di dubbio con la Vetus e con la traduzione greca dei Settanta
(Salmon), è il mezzo attraverso cui Dio si esprime, simile a un fiume
"planus et altus, in quo et agnus ambulet et elephas natet", garanzia
di "illimitata accessibilità di interpretazione" (Manselli). La
tradizione esegetica basata sui tre sensi della Scrittura (storico,
allegorico e morale), viene profondamente rinnovata, non solo con l'aggiunta
del quarto senso, quell'"intelligentia contemplativa" o "coelestis",
che riporta il discorso alla conoscenza di Dio (De Lubac), ma anche nei
contenuti e nelle finalità, che stabiliscono una inedita circolarità fra
progressi morali e spirituali e capacità interpretativa (Dagens). L'opera, nata
come la "collatio" monastica di un abate ai suoi monaci, diventa di
fatto "una vasta enciclica" per tutti i cristiani (Fontaine): certo
così fu interpretata, come prova il suo immenso successo sia per quanto
riguarda la tradizione manoscritta, sia le epitomi (Wasselynck; Braga).
L'insistito rimpianto per
la vita monastica e l'impegno esegetico non devono falsare la nostra ottica. A
Costantinopoli G. era andato con incarichi politico-diplomatici generali e
particolari. Il 4 ott. 584 Pelagio II gli comunicava di avergli inviato,
tramite persone ben informate, la relazione dei recenti eventi, in modo che G.
potesse far presente all'imperatore le aggressioni subite da parte dei
Longobardi e chiedere aiuti militari e in particolare un "magister
militum" e un "dux", dato che l'esarca aveva fatto sapere di non
potere intervenire nelle "partes Romanae", ormai prive di difesa
(Registrum, ed. Ewald - Hartmann, II, 3, app. 2).
Il tono della lettera e i
suoi contenuti si legano alla specifica carica di apocrisario, ma sembrano
anche alludere a una certa facilità di accesso, di carattere più personale che
ufficiale, alla corte imperiale. G. appare infatti inserito in una rete di
rapporti in cui la dimensione politica ed ecclesiastica si intreccia con quella
spirituale e personale: oltre a Leandro di Siviglia, conobbe l'allora diacono
Costanzo, poi vescovo di Milano, ed ebbe rapporti di amicizia spirituale con
alcune aristocratiche romane, destinatarie di lettere. Per quanto riguarda la
famiglia imperiale e i membri della corte, la durata del soggiorno gli permise
di conoscere entrambi gli imperatori, Tiberio (|_ 582) e Maurizio (582-602),
con il quale ultimo fu in relazione stretta, tanto da essere padrino del suo
primo figlio, nonché numerosi altri personaggi, con cui rimase in rapporti di
familiarità anche dopo l'elezione. L'ambiente era caratterizzato
tradizionalmente da appassionati dibattiti teologici e anche G. fu coinvolto
nell'impegnativa discussione sulla resurrezione dei corpi con un avversario
agguerrito come Eutichio, patriarca di Costantinopoli: questi aveva sostenuto
in un libro la tesi del corpo resuscitato come corpo impalpabile, sottile come
il vento e l'aria, in linea con una tradizione cui si erano già opposti
Girolamo e Agostino; proprio Girolamo è la fonte principale di G., sostenitore
fermo, anche se privo di sottigliezze argomentative, della reale resurrezione
del corpo del defunto, così di Cristo come di tutti i cristiani (Moralia, XIV,
72-74). Il dibattito si concluse dinanzi all'imperatore, che finì per accettare
la tesi di G., condannando il libro di Eutichio, che si sarebbe pentito in
punto di morte (Duval).
G. lasciò Costantinopoli
prima del dicembre 587, probabilmente richiamato dal pontefice Pelagio II, che
intendeva avvalersi della sua collaborazione, divenuta particolarmente preziosa
dopo il lungo soggiorno presso la corte imperiale.
Una collaborazione molto
impegnativa per quanto concerne la questione dei Tre Capitoli, nella quale si
sommavano problemi di natura prettamente teologica con altri di natura
ecclesiastica e politica: la condanna, voluta da Giustiniano per riconciliarsi
il favore dei monofisiti, e confermata dal V concilio di Costantinopoli, delle
dottrine (riassunte in tre capitoli) dei vescovi Teodoro, Teodoreto e Ibas di
netta antitesi al monofisismo, era apparsa come una sconfessione dei decreti
del concilio di Calcedonia, che aveva sì condannato il monofisismo, ma non le
tesi filonestoriane dei tre teologi. L'iniziale opposizione del papa Vigilio e
poi di Pelagio I era rientrata, mentre era rimasta vivissima la reazione contro
la condanna nelle diocesi dell'Italia settentrionale: i vescovi di Milano e
Aquileia avevano rotto la comunione con Roma, creando una situazione che si era
ulteriormente complicata per la divisione politico-territoriale determinatasi a
seguito dell'invasione longobarda. Intorno al 585, in un momento di tregua con
i Longobardi, Pelagio II aveva ripreso l'iniziativa per la soluzione dello
scisma, indirizzando tre lettere a Elia, patriarca di Aquileia, che al momento
dell'invasione aveva trasferito la sede da Aquileia a Grado, e ai vescovi
dell'Istria. La terza fu scritta per conto di Pelagio II proprio da G. ancora
diacono (Registrum, ed. Ewald - Hartmann, II, 3, app. 3), come già aveva detto
Paolo Diacono (Storia dei Longobardi, III, 20) - forse sulla base della tradizione
aquileiese o della conoscenza delle questioni connesse con l'epistolario di G.,
di cui Paolo curò una scelta per l'amico Adalardo di Corbie - e come ha
confermato la critica più recente (Bognetti; Schieffer; Meyvaert, A
letter). La lettera è molto più lunga ed elaborata delle altre, un vero e
proprio trattato, con la confutazione puntuale degli argomenti degli
scismatici, ma con una novità di rilievo non sul piano teologico, ma su quello
diplomatico: l'accettazione di uno degli argomenti più forti degli scismatici -
quello che la Sede pontificia si fosse opposta inizialmente alla condanna dei
Tre Capitoli -, accompagnata dall'affermazione del diritto di cambiare parere
nella ricerca della verità. Pur senza rivendicarne la paternità, G. fa riferimento
a questa lettera come a un testo da lui completamente condiviso, tale da non
volere più tornarvi sopra (Registrum, II, n. 43). Il precoce coinvolgimento di
G. nella questione tricapitolina è anche testimoniato dalla sua sottoscrizione
in qualità di "praefectus urbi" all'abiura del vescovo di Milano
Lorenzo (ibid., IV, n. 2), già ricordata.
La partecipazione di G.
all'attività politico-ecclesiastica del vescovo di Roma fornisce una chiave per
interpretare la rapidità della sua elezione, al di là dei caratteri di
eccezionalità, quando non di soprannaturalità, di cui è stata rivestita dalle
fonti e dalla storiografia. Il 7 febbr. 590 Pelagio II morì di peste. La
situazione di Roma tra la minaccia longobarda e le calamità naturali -
l'inondazione del Tevere seguita dall'epidemia - era quanto mai difficile: la
figura di G. doveva imporsi nella società romana per la cultura, la
spiritualità, l'esperienza politica maturata proprio come collaboratore del
pontefice prematuramente defunto. La sola testimonianza dettagliata delle
vicende che precedettero e seguirono l'elezione di G. la dobbiamo a Gregorio di
Tours (X, 1): un suo diacono di ritorno da Roma gli aveva riferito come nel
novembre del 589 un'inondazione del Tevere avesse provocato danni gravissimi.
Poiché la Chiesa non poteva rimanere senza una guida, "Gregorium diaconem
plebs omnis elegit": carica cui l'eletto aveva tentato di sfuggire per
umiltà; conoscendo la necessità del consenso imperiale all'elezione - disattesa
solo nel caso del suo predecessore per le difficili condizioni militari
dell'Italia e l'incombente minaccia longobarda su Roma -, G. avrebbe allora
scritto una lettera all'imperatore Maurizio, pregandolo di non accordarlo. Il
prefetto della città, con ogni probabilità, come si è detto, fratello di G.,
sarebbe riuscito a fermare il nunzio, a distruggere la lettera, a sostituirla
con l'annuncio del consenso già dato dal popolo. L'elezione sembra avere
raccolto un'approvazione generalizzata, mentre la lunga attesa della decisione
imperiale - tanto che la consacrazione ebbe luogo il 3 settembre - farebbe
ipotizzare qualche difficoltà politica, superata certamente anche per i legami
con l'entourage dell'imperatore, come lascia intendere la lettera di G.
dell'ottobre 590 a Giovanni, patriarca di Costantinopoli (Registrum, I, n. 4).
La statura religiosa e
politica di G. trovò conferma nella predica e nella processione indetta a una
settimana dalla morte del predecessore per implorare da Dio la fine
dell'epidemia di peste, sempre narrata da Gregorio di Tours: un atto di forte
valore simbolico, capace di coinvolgere l'intera comunità cittadina in una
grande azione di rendimento di grazie. I cortei, distinti non su base
territoriale bensì secondo quello "grosso modo tipicamente ecclesiale dei
diversi gradi di perfezione", partendo da sette diverse chiese, dovevano
convergere verso S. Maria Maggiore: essi disegnavano i percorsi della Roma
cristiana, distinta ormai nelle sette regioni ecclesiastiche, che avevano
sostituito dopo la fine della guerra greco-gotica le quattordici regioni
augustee (Arnaldi, 1987). Non si hanno altre notizie dell'attività di G. fino
alla consacrazione del 3 sett. 590.
Da questa data cominciano
a essere registrate le sue prime lettere nel Registrum: la raccolta
conservata in un apposito codice nello "scrinium sedis apostolicae",
l'archivio del Laterano, struttura ormai consolidata dalla fine del V secolo
con compiti di produzione, archiviazione e conservazione di lettere, privilegi,
decreti conciliari dotata di un proprio personale, i "notarii",
riuniti in una "schola notariorum", cui vennero attribuite da G. I
anche funzioni di fiducia e di responsabilità, come quelle di rettori dei
Patrimoni della Chiesa e di "defensores". Se l'uso di raccogliere le
lettere dei pontefici è attestato già con Liberio e con Damaso, ciò che appare
nuovo è la forma della conservazione in una vera e propria raccolta, di cui G.
I stesso avrebbe fissato l'ordine dando il titolo di Registrum
epistolarum, secondo quanto asserisce Ildefonso di Toledo (per le questioni
relative al Registrum, v. Enc. dei papi, I, p. 552).
Il Registrum permette di seguire le vicende del pontificato di G. I e
i problemi che furono oggetto delle sue preoccupazioni, mostrando l'intreccio
costante fra impegni amministrativi, cure ecclesiastiche e pastorali,
interventi missionari, impegno politico e militare, senza dimenticare
l'attività di scrittore. Il Registrum rivela una straordinaria
progettualità organizzativa, volta a garantire un'amministrazione
gerarchicamente disposta sotto il controllo diretto del papa, costituita da
personale selezionato, incardinato nell'istituzione ecclesiastica, preparato
sul piano culturale e controllato sul piano morale (Arnaldi, 1987).
La prima preoccupazione
di G. I fu di assicurare un'amministrazione efficiente dei Patrimoni della
Chiesa: "per procuratores ecclesiasticorum patrimoniorum, velut Argus
quidam luminosissimus, per totius mundi latitudinem suae pastoralis
sollicitudinis oculos circumtulerit", sintetizza efficacemente Giovanni
Diacono (S. Gregorii Magni vita, II, 55).
Le pur scarse
testimonianze relative alla storia dei beni ecclesiastici a partire da
Costantino hanno permesso di giungere alla conclusione che i Patrimoni della
Chiesa romana fossero i "patrimonia" della chiesa cattedrale della
diocesi di Roma, cioè del Laterano (Marazzi). Si trattava di un patrimonio
ingente, ma territorialmente non omogeneo, data l'origine da lasciti e
donazioni di varia provenienza, anche se la denominazione geografica con cui i
singoli Patrimoni vengono indicati permette di cogliere lo sviluppo di
complessi territorialmente più omogenei rispetto "alla semplice somma dei
dispersi beni preesistenti" (Arnaldi, 1986). A causa delle invasioni erano
andati perduti i "patrimonia" della Dalmazia e dell'Illiria, il
"patrimonium Alpium Cottiarum", il "patrimonium Liguriae"
fra le Alpi, l'Adda e il Po, il "patrimonium Sanniticum", ormai nel
territorio del Ducato longobardo di Benevento. Ma ne rimanevano molti altri di
diversissima consistenza e redditività: piccoli ("patrimoniola"),
come quello in Africa, i due nella penisola balcanica, quello della Gallia; in
Italia fortemente diminuiti quelli di frontiera fra dominio bizantino e
longobardo, come il "patrimonium Tusciae", quello sabino e
carseolano, il "patrimonium Apulum"; ancora integri il
"patrimonium" ravennate, il "patrimonium Piceni", il
"patrimonium Appiae", e il "patrimonium urbanum",
costituito dalle proprietà interne a Roma stessa; meno intaccati dalla
conquista longobarda quello "Calabritanum" nella penisola salentina,
quello della Campania, il "patrimonium Lucaniae et Bruttiorum";
infine i Patrimoni delle isole: "Corsicanum", "Sardiniae" e
"Siciliae", quest'ultimo il più esteso, con circa 137.600 ettari,
corrispondenti a circa un diciannovesimo della superficie dell'isola (Ruggini),
tanto da essere da G. I diviso in due ("Panormitanum" e
"Syracusanum"), e fonte principale per l'approvvigionamento di Roma.
Ogni Patrimonio era
affidato a un amministratore nominato dal papa, il "rector", scelto
tra il personale delle "scholae": suddiaconi, per i patrimoni più
importanti, oppure notai o "defensores", operanti anche in funzione
subordinata al "rector", come coadiutori insieme con gli
"actionarii" per la sorveglianza della raccolta dei censi e dei
canoni. Il rettore era nominato con un "praeceptum", prestava
giuramento davanti al "sacratissimo" corpo di S. Pietro (Registrum,
I, n. 70), riceveva un "pactum" o "capitulare" con le
istruzioni, e aveva l'obbligo di un rendiconto finanziario annuale, riceveva
l'estratto dal "polyptychum", conservato nello "scrinium"
in Laterano, contenente l'elenco di tutti i redditi e pensioni relativamente al
Patrimonio di sua competenza (Giovanni Diacono, S. Gregorii Magni vita,
II, 24). Aveva una molteplicità di funzioni (valga come esempio per
tutte Registrum, I, n. 42), tra cui quella di scegliere i
"conductores", percettori dell'affitto ("pensio"), dell'imposta
dovuta al fisco ("burdatio") e di altri contributi a beneficio
proprio e del rettore, dovuti dai "coloni". I coloni coltivavano gli
appezzamenti di terreno in cui era divisa la massa, i "fundi", con
prestazioni scritte nei "libelli securitatis" (Vera), volti non solo
a garantire il funzionamento della macchina burocratica ai suoi diversi
livelli, ma anche ad assicurare la regolarità delle entrate in denaro e in
natura evitando nel contempo abusi e soprusi. Gli interventi di G. I mostrano
come l'organizzazione amministrativa fosse costantemente turbata da varie forme
di scorrettezza e di ingiustizia a danno dei coloni (come l'esazione del solido
di peso superiore a quello legale e l'uso della misura del moggio maggiorato di
più del doppio rispetto alla misura legale), contro le quali il pontefice
interveniva con puntigliosa meticolosità, introducendo anche l'uso di strumenti
scritti (Arnaldi, 1987).
Una gestione attenta ai
diritti e pronta ad atti di carità, considerata modello di amministrazione
improntata a principî cristiani (Recchia, 1978), non impedisce di vedere le
reali condizioni economiche e sociali dei "rustici", sottoposti
giuridicamente a condizioni durissime, ulteriormente oppressi da pratiche
economiche scorrette e ancora vittime della "comparatio" o
"coemptio": la fornitura di derrate alimentari a prezzo di calmiere
per soddisfare le esigenze dell'Annona. E neppure impedisce di cogliere le
reali finalità della correttezza amministrativa: G. I si preoccupa di
"assicurare un minimo di benessere ai coloni ecclesiastici, tanto per
buona coscienza cristiana quanto per esigenze di avveduta amministrazione, dal
momento che proprio questi "rustici" costituivano la sorgente prima
di tutto il frumento fiscale e no, annualmente convogliato agli
"horrea" provinciali e urbani della Chiesa. Il papa doveva vedere con
inquietudine il fatto che i rustici […] si impegnassero in mutui ad alto
interesse con i magistrati del fisco ["actionarii publici"] oppure
che vendessero precipitosamente ad estranei il loro frumento a prezzo vile pur
di procurarsi il denaro necessario" (Ruggini). A quei contadini, pur
protetti dai soprusi, il pontefice poteva rivolgersi con toni molto duri per
indurli a obbedire al "defensor", autorizzato a punire chi
disobbediva o chi era contumace, ad applicare la legge in merito agli schiavi
che si fossero nascosti e a eventuali appropriazioni indebite di terre
confinanti. Così come con grande durezza interveniva per stroncare pratiche
religiose tradizionali, bollate come insopportabili persistenze dell'antico
paganesimo, da estirpare imponendo l'aumento del canone; o per indurre alla
definitiva conversione quei "coloni" ebrei che si erano mostrati
tenacemente legati alla loro religione, nei confronti dei quali il pontefice,
dopo inutili tentativi di convinzione, invocava forme coercitive di natura
economica (S. Boesch Gajano, Per una storia).
La cura
nell'amministrazione dei Patrimoni appare strettamente legata alle
preoccupazioni per l'approvvigionamento di Roma.
All'indomani della sua
elezione (Registrum, I, n. 2) G. I faceva presente a Giustino, pretore della
Sicilia, che Citonato, probabilmente il funzionario dell'amministrazione romana
addetto alla sorveglianza dei pubblici granai, asseriva, diversamente dal
pretore, che a Roma era stato inviato solo il grano relativo all'anno
precedente, quel grano che, proveniente dai Patrimoni ecclesiastici in Sicilia,
andava a riempire i granai pubblici di Roma e serviva per il sostentamento
della popolazione. Nell'agosto 591 (ibid., n. 70) chiedeva al rettore Pietro di
comprare - al di fuori del Patrimonio e in aggiunta all'invio regolare da farsi
come ogni anno in settembre e ottobre - 50 libbre d'oro di frumento e di
conservarlo in Sicilia in luoghi idonei, pronto per essere imbarcato per Roma
nel mese di febbraio, o con le navi mandate dal papa, o con altre
procurate in loco, perché il raccolto dei possedimenti vicini a Roma era
così scarso che senza il grano di Sicilia si rischiava una tremenda carestia.
Tutto il grano che arrivava a Roma, fosse esso destinato all'Annona civica o a
quella militare oppure provenisse da acquisti effettuati per conto del papa,
andava a finire nei granai della Chiesa: "il papa aveva assunto in proprio
la responsabilità complessiva del vettovagliamento di Roma che andava ben
aldilà dell'esigenza di provvedere alle erogazioni mensili di generi alimentari
riservate ai poveri". Malgrado la presenza formale di funzionari imperiali
e di strutture pubbliche, la Chiesa sembra ormai "subentrata
all'amministrazione imperiale nella gestione dei servizi annonari
dell'Urbe", cosa importante perché "l'organizzazione annonaria era
stata da sempre uno dei tratti basilari (insieme alla presenza del Senato)
dello statuto eccezionale del "caput orbis" rimasto in vigore anche
molto dopo che Roma aveva cessato di essere la sede dell'imperatore"
(Arnaldi, 1987).
L'approvvigionamento non
era la sola necessità legata alla vita della Chiesa romana; oltre alle
elargizioni al clero, ai monasteri, ai poveri, ma anche ai maggiorenti della
città, vi era la manutenzione degli edifici.
La manutenzione sembra
prevalere largamente sulle nuove costruzioni, come segnalano il Liber
pontificalis e Giovanni Diacono (S. Gregorii Magni vita, IV, 68): oltre ai
restauri annuali dei tetti delle chiese, furono compiuti lavori nelle aree presbiterali
delle basiliche di S. Pietro e S. Paolo e nella basilica vaticana. Per quanto
riguarda S. Paolo va ricordata - per la visibilità conferita alla munificenza
del pontefice - la donazione, incisa su una grande lastra marmorea, affissa
nell'atrio (Inscriptiones christianae urbis Romae.Nova series, II, n. 4790, p.
137). La ristrutturazione più rilevante sul piano simbolico - anche se
riguardante solo una nuova decorazione musiva e pittorica - riguarda la chiesa
ariana fatta costruire dal goto Ricimero nella Suburra tra 459 e 470,
restituita al culto ortodosso, con la dedica a S. Agata (Dialogi, III, 30) e la
deposizione delle reliquie della santa e di s. Sebastiano. Nel 593 un
intervento analogo fu operato da G. I nella chiesa di culto ariano presso via
Merulana, da lui dedicata a S. Severino, disponendo che fossero portate a Roma
alcune delle reliquie del santo del Norico, sepolto a Napoli (Registrum, III,
n. 19). Notevole fu l'impegno di G. I nella fondazione di monasteri, in
conformità con la religiosità propria e del suo ambiente: oltre quello nella
sua dimora familiare, il monastero femminile "ad Gallinas albas" non
lontano da S. Agata; quello "iuxta thermas agrippinianas" non lontano
dalla via Lata; il monastero di Renatus probabilmente sull'Esquilino
(Dialogi, IV, 13), uno verosimilmente intitolato a S. Stefano presso S. Pietro
(ibid., 14); un altro, dedicato a S. Vittore, presso la basilica cimiteriale di
S. Pancrazio per garantire la custodia e l'officiatura regolare del santuario
(Registrum, IV, n. 18). Declassata rispetto a Costantinopoli, ridotta a circa
90.000 abitanti, con ampie zone vuote, con l'aumento dei cimiteri urbani e il
degrado dei monumenti antichi, cui G. I non sembra avere dedicato attenzione,
Roma, con le sue basiliche, le chiese legate ai "tituli", i
vari "xenodochia" od ospizi, e i monasteri assumeva perciò
sempre più la fisionomia di "Roma christiana" (Pietri, 1991): una
città di cui G. I può essere considerato l'"artefice" (Krautheimer,
1980).
Le cure rivolte
all'approvvigionamento e ad altre necessità di Roma non fecero trascurare a G.
I la vita religiosa della Chiesa a lui affidata. A essa rivolgeva il suo
messaggio relativo alla decadenza del mondo e alla necessità del distacco dalla
vita terrena e della preparazione alla morte con una vita conforme
al Vangelo. G. I iniziò subito l'attività di predicazione: la parola posta
al servizio della pastorale, una parola destinata a fissarsi nello scritto e a
divenire, come già abbiamo visto per i Moralia, un'opera, le Homiliae
XL in Evangelia, cui egli volle conferire il sigillo della sua autorità di
vescovo e di scrittore.
Alcune omelie erano state
esposte da un notaio sulla base di un testo già dettato da G. I, altre
pronunciate direttamente da lui, con la concomitante trascrizione stenografica,
e la conseguente riscrittura, priva ancora della sua approvazione. A questa
fase di interferenza fra scritto e orale seguì la selezione di quaranta testi -
un numero probabilmente simbolico - e la composizione di un'opera in due libri,
ognuno di venti omelie, collocate in un ordine diverso rispetto a quello dei
passi evangelici e a quello in cui erano stati "stenografati": a tale
ordine il pontefice annetteva grande importanza se proibiva di modificarlo e
anzi chiedeva di reintegrarlo, nel caso che si trovassero copie con un ordine
diverso, secondo l'esemplare "d'autore" conservato nello
"scrinium" lateranense, dal quale erano tratte le sole copie
riconosciute come autentiche dall'autore. Che l'opera avesse assunto per G. I
un valore che andava molto al di là dell'occasione e del primo pubblico romano
lo mostrano sia la cura letteraria a essa dedicata, sia l'uso fattone di
strumento di comunicazione spirituale (Registrum, IX, n. 148). Come per
i Moralia l'imponente e complessa tradizione manoscritta dell'opera
(427 manoscritti con l'intera opera, manoscritti con omelie isolate o
frammenti; florilegi, a partire da quello di Paterio, notaio della Chiesa
romana, composto vivente G. I) ha fatto ipotizzare (Étaix) due recensioni
dell'opera, una trasmessa dalla gran massa dei manoscritti (circa 400), l'altra
dai rimanenti 27, le cui varianti non sembrano frutto di correzioni di scribi,
ma piuttosto varianti originarie, risalenti a fasi diverse dell'intervento
dell'autore, in analogia con quanto avvenne, come si vedrà, per il Liber
Regulae pastoralis e per le Homiliae in Hiezechielem prophetam.
Le omelie furono
pronunciate tra il 12 nov. 590 e la fine di settembre 592, con precisi
riferimenti ai luoghi - le principali basiliche e anche chiese più piccole e
periferiche - e a eventi reali, di fronte a un pubblico indicato in alcuni casi
come tanto numeroso da affollare la chiesa, in occasione di feste del temporale
o del santorale (Judic, Grégoire le Grand). È dunque questa l'opera che
per prima permette di cogliere il valore attribuito da G. I ai santi e al loro
culto nella vita liturgica e nell'esperienza spirituale e devozionale dei
fedeli, precorrendo i Dialogi, nei quali si ritroveranno molti riferimenti
a personaggi o episodi citati in quest'opera. La riflessione teorica sulla
funzione dei santi come strumento che rende visibile Dio, che abita nelle loro
anime, si sostanzia di "exempla" relativi a martiri e santi e ai
miracoli compiuti da loro e dalle loro reliquie. L'opera pone, in misura maggiore
dei Moralia, il problema del rapporto fra oralità e scrittura e fra
destinatari dell'una e dell'altra forma di comunicazione: se i contenuti furono
sostanzialmente gli stessi e se l'uso sistematico di "exempla" poteva
rendere più facilmente comprensibile il messaggio morale e spirituale,
trasmesso certamente nella lingua ancora comprensibile a Roma, l'accuratezza
retorica e stilistica non può che essere attribuita al testo scritto, destinato
a un pubblico di fedeli colti e avvertiti, chierici e monaci in primo luogo o
quei pii e aristocratici laici presenti nell'entourage di Gregorio I.
Nell'opera si delinea la funzione del predicatore - oggetto di specifica
attenzione nel Liber Regulae pastoralis - con la sua identità
spirituale e morale e le indispensabili competenze tecniche; si combina
l'esegesi con l'esortazione morale sostenuta dall'"exemplum"; si
annuncia quella tensione escatologica che diverrà più esplicita in altre opere.
Per il genere omiletico i modelli potevano essere tanti: il più vicino è Agostino,
ma l'assenza di citazioni testuali e la contaminazione di passi diversi
appaiono frutto di una "familiarità acquisita con la lettura
assidua", e di una "libertà di uso" di un autore pur conosciuto
e meditato "in un circuito di pensiero e di eloquio che sono strettamente
personali" (Recchia, La memoria di Agostino). Il successo dell'opera
(Dekkers), che crebbe particolarmente in età carolingia sia presso il clero,
sia presso i monaci si spiega proprio in virtù della sua stessa identità
espositiva semplice, lontana dalla complessità dell'esegesi e della teologia
(Deleeuw).
I primi mesi del
pontificato furono anche dedicati all'impegnativa stesura della lettera
sinodica, che il vescovo di una delle cinque sedi patriarcali era solito
inviare agli altri quattro al momento della sua elezione, per confermare
l'unità nella fede. La lettera, in preparazione già nell'ottobre 590
(Registrum, I, n. 4), fu inviata solo nel febbraio 591 (ibid., n. 24) in copia
conforme a Giovanni di Costantinopoli, Eulogio di Alessandria, Giovanni di
Gerusalemme e Gregorio di Antiochia e a un quinto destinatario, l'ex patriarca
di quest'ultima sede, Anastasio, deposto per volontà dell'imperatore, cui G. I,
pur senza sconfessare formalmente la sua deposizione, offriva un sostegno anche
personale (ibid., n. 7). Dopo avere espresso la propria inadeguatezza, G. I
assumeva i toni di un vero e proprio manifesto programmatico. Sul piano
teologico la lettera non riserva sorprese o novità: G. I dichiarava di
"accettare e venerare i quattro concili come i quattro libri del Vangelo
[…] perché su di essi come su una pietra quadrata si erge tutta la struttura
della santa fede", aggiungendo di venerare anche il V concilio con la
relativa condanna delle opere di Ibas, Teodoro e Teodoreto, mentre nuova è la
lunga trattazione relativa alla carica di vescovo, che ne tratteggia i
lineamenti dal punto di vista delle qualità personali e dell'esercizio del suo
incarico: conoscenza della natura umana, finezza psicologica, prudente
equilibrio pastorale, rapporto fra silenzio e parola, uso della predicazione,
attenta dialettica fra compassione per gli altri e contemplazione, fra umiltà e
autorità.
Tutte queste
considerazioni sono svolte in un costante confronto con
la Scrittura e con la sua esegesi allegorica e morale. La lettera
mostra una stringente affinità, confermata dalle numerose coincidenze testuali
(Judic, Introduction all'ediz. della Regula pastoralis), con
il Liber Regulae pastoralis scritto, dice G. I, agli inizi del suo
episcopato (Registrum, V, n. 53), tanto che per le prime due parti si potrebbe
pensare proprio ai mesi fra il settembre 590 e il febbraio 591. L'opera,
dedicata a Giovanni, vescovo di Ravenna - non a Giovanni patriarca di
Costantinopoli, come vuole Isidoro di Siviglia, seguito da Ildefonso di Toledo,
dedica contraddetta dalle prime biografie -, fu inviata a molti
"referenti", Colombano, Liciniano di Cartagine, Leandro di Siviglia,
e fu probabilmente utilizzata dallo stesso G. I come manuale da donare in
occasione delle consacrazioni vescovili. Tracce della sua fortuna nei secoli
successivi si colgono per l'Inghilterra, dove, tramite il vescovo missionario
Agostino, giunge fino a Beda, per l'Irlanda nel VII e VIII secolo, per la
Francia con Alcuino, che gioca un ruolo considerevole nella sua diffusione,
fino a Gregorio VII e a Graziano; parallelamente influenza i trattati morali e
le Summae de arte praedicatoria.
Il Liber Regulae
pastoralis è conservato in un codice coevo (Troyes, Bibliothèque
municipale, ms. 504): si tratta di un prodotto di lusso, scritto in ambiente di
Curia fra VI e VII secolo, con una grafia che riprende forme dell'epigrafia
cristiana, rivelando un'attenta ricerca stilistica, un testimone d'eccezione
della produzione libraria romana tra VI e VII secolo (Petrucci). Il manoscritto
presenta molte correzioni, con un lavoro di revisione compiuto dall'autore
stesso o da scribi a lui vicini, non in una sola volta (Dekkers): si conferma
anche per quest'opera l'esistenza di diverse versioni, ognuna delle quali
poteva essere copiata e avere una sua propria tradizione manoscritta, non senza
frequenti "contaminazioni". La Regula, frequentemente ricordata
nelle lettere, arrivò anche in Oriente su richiesta dell'imperatore e venne
tradotta in greco dal diacono Anatolio (Registrum, XII, n. 6). Si tratta anche
in questo caso di un'opera curata nello stile, influenzato dalle immagini
bibliche, e segnata dalla lunga tradizione sia sul versante greco (Origene, con
le omelie sull'esodo tradotte da Rufino, pur mai citato, Gregorio di Nazianzio,
con i suoi Discorsi, tradotti da Rufino, forse Giovanni Crisostomo), sia
su quello latino (Cicerone e Seneca sulle virtù, mediati con ogni probabilità
attraverso Ambrogio, Ambrogio stesso, Cassiano, Martino di Braga e soprattutto
Agostino [Paronetto, 1986], Leone Magno, Cesario di Arles e ancora le regole
monastiche). L'opera è solidamente strutturata in quattro parti, con frequenti
rinvii dall'una all'altra: la prima riguarda le caratteristiche morali e
spirituali che deve avere chi accede alla carica; la seconda la vita che deve
condurre il vescovo, dedita alla contemplazione e all'introspezione; la quarta
sottolinea la necessità dell'esperienza interiore strettamente connessa al
compito della predicazione; la terza esamina i modi con cui il pastore deve
rivolgersi al suo gregge, considerato nelle sue diverse componenti di genere,
di età, di stato sociale, di carattere, espressione di singolare finezza
psicologica e di competenza "sociologica". Proprio la profondità
morale e la sensibilità qui testimoniate rendono per contrasto più evidente la
concezione del tutto conservatrice della società: un ordine sociale immutabile,
la coincidenza fra ceto elevato e cariche ecclesiastiche per le caratteristiche
culturali e le competenze richieste dalla funzione vescovile e predicatoria, la
sanzione dei dislivelli economico-sociali e la loro rilevanza sul piano etico e
spirituale.
L'impegno nel governo
della Chiesa si sviluppò in concomitanza e a seguito della riflessione teorica,
morale e pastorale attraverso una serie di interventi specifici di natura
propriamente ecclesiastica (per esempio regolarità delle elezioni dei vescovi),
dottrinale (principalmente lotta contro il donatismo in Africa e interventi per
il recupero delle sedi legate allo scisma tricapitolino) e, infine, politica.
La tradizionale divisione amministrativa fra Italia annonaria, gravitante sulle
sedi metropolitiche di Milano e Aquileia, e Italia suburbicaria, posta sotto la
giurisdizione metropolitica del vescovo di Roma, se non scompare del tutto,
appare profondamente turbata a seguito dell'invasione longobarda, dello scisma
tricapitolino, della nuova dislocazione del potere:
il Registrum rivela che G. I scrive solo a vescovi situati in
territori bizantini, con l'eccezione di Spoleto, evidenzia il peso politico assunto
da Ravenna, sede dell'esarca (Registrum, II, n. 25), e prova più in generale
come il suo raggio d'azione si estenda ben oltre l'ambito di stretta competenza
del vescovo di Roma, indipendentemente da diritti giurisdizionali.
Per quanto riguarda il diritto
ecclesiastico, il Registrum testimonia una varietà di casi, nei quali
non è facile individuare una regola costante, anche se sembra di poter dire che
G. I avochi a Roma le "causae maiores" (per es.: Registrum, VI,
n. 24; IX, n. 27) e riconosca i poteri dei vescovi metropoliti (per
es.: ibid., IX, n. 203) e dei tribunali sinodali, abilitati a giudicare
nei confronti dei vescovi (per es.: ibid., I, n. 32; III, n. 8; V, n. 59).
L'esercizio del suo potere sui vescovi si intrecciò subito con il problema del
potere concretamente esercitato dai vescovi stessi nel campo della
giurisdizione civile. Per ciò che concerne "l'opportunità, espressa
nella Regula pastoralis e presente anche nei Moralia, che il
vescovo deleghi ad altri la potestà di giudicare riconosciutagli dalla legge, è
da ritenere che G., nel manifestarla con tanta insistenza, avesse presente non
tanto la giurisdizione esercitata dai vescovi in materie di loro specifica
competenza, come le devianze dottrinali e disciplinari di membri del clero e di
semplici fedeli, quanto la giurisdizione speciale che le leggi imperiali
avevano assegnato alla Chiesa nelle liti di natura privatistica, come le
controversie in tema di atti volontari fra privati o in genere di affari"
(Arnaldi, 1995). La giustizia era divenuta un terreno di confine e di possibile
scontro con il potere politico, terreno saldamente difeso dal papa, reclamando
i diritti del foro ecclesiastico - per es. nei confronti del duca Teodoro
(Registrum, I, n. 59) - e ricordando ai vescovi l'obbligo dell'amministrazione
della giustizia (ibid., VI, n. 11). La rivendicazione dei diritti
giurisdizionali della gerarchia ecclesiastica si accompagnò tuttavia sempre in
G. I con il pieno riconoscimento delle leggi romane, perfino nel caso in cui
egli le giudicasse ingiuste, le criticasse violentemente, ne chiedesse
all'imperatore l'abrogazione perché lesive della libertà di scelta religiosa
(ibid., III, n. 61). Assai frequente è il richiamo puntuale alla legislazione
romana e la sollecitazione alla sua utilizzazione: estratti
dalle Novellae di Giustiniano, dal Codex e
dal Digestum vengono inviati al "defensor" Giovanni,
impegnato in una delicata missione nella porzione della Spagna riconquistata
dall'Impero (ibid., XIII, n. 49). Ma non essendo G. I, come giustamente è stato
detto, un teorico, conviene seguire il concreto esplicarsi della sua azione.
Due furono i fronti di
particolare rilievo: l'Africa settentrionale e l'Italia settentrionale, divisa
dallo scisma tricapitolino. Numerosi sono i suoi interventi negli anni 591-596,
che attestano rapporti stretti tra vescovi africani e pontefice (ibid., II, n.
40; VIII, n. 31; X, n. 20). Per quanto riguarda il donatismo, è probabile che
non si tratti di un reale revival dell'eresia (Markus) e che G. sia
stato sollecitato a intervenire da informazioni allarmistiche - relative
soprattutto alla pratica del doppio battesimo - avute dal vescovo numida Paolo,
la cui mediazione fu fonte di molti problemi sia con le gerarchie
ecclesiastiche locali, sia con il governo civile. (ibid., I, nn. 72, 73; IV,
nn. 32, 35; VI, n. 62). La situazione si fece più complicata per i dissensi fra
vescovi ed esarca, e G. I si rese conto dell'impotenza del suo intervento
(ibid., n. 64). Questa sorta di resa coincise con l'affievolimento di interesse
per il problema donatista.
Nella questione
tricapitolina G. I era stato coinvolto, come si è visto, già prima della sua
elezione. Dopo pochi mesi da questa, nel gennaio 591, convocava a Roma, perché
si sottoponesse al giudizio di un sinodo, il vescovo Severo di Aquileia con i
suoi seguaci: eletto nel 587 vescovo di Aquileia a Grado, dove la comunità
cristiana, che aderiva allo scisma tricapitolino, si era rifugiata per sfuggire
ai Longobardi, egli era stato portato dall'esarca Smaragdo a Ravenna insieme
con tre vescovi suffraganei e qui era stato indotto ad allinearsi alle
posizioni imperiali, ma una volta rientrato in sede era tornato in consonanza
con la sua comunità, rimanendo poi sempre capo indiscusso dello scisma (ibid.,
XIII, n. 34). G. I aveva dato alla sua ambasceria un carattere che potremmo
definire coercitivo, tale comunque da travalicare l'ambito puramente religioso
ed essere sentita come "intimidatoria" dai vescovi istriani, che se
ne lamentarono con l'imperatore (Registrum, ed. Ewald - Hartmann, I, 1, nn. 16
a, b). I pericoli della situazione politico-militare dell'Italia avevano
indotto l'imperatore a richiamare il troppo interventista Smaragdo, sostituito
da Romano, e a frenare gli interventi del papa (ibid., nn. 17-23).
G. I fece fronte comune
con il vescovo di Ravenna, del cui impegno e ardore si rallegrava,
assicurandogli che non avrebbe mancato di scrivere all'imperatore con sommo
zelo e libertà e invitandolo a non agitarsi per la collera del patrizio Romano
(Registrum, II, n. 38, del luglio 592); usò anche toni molto duri con gli
scismatici che gli avevano scritto lamentando le persecuzioni cui erano
sottoposti (ibid., n. 43), ricordando che la persecuzione quando non è
sopportata razionalmente non giova alla salvezza, secondo l'insegnamento di
Cipriano. Dopo il primo intervento deciso e forse troppo duro nei confronti di
questa provincia ecclesiastica, il Registrum testimonia per gli anni
successivi interventi sporadici, volti a favorire occasioni di dialogo:
l'invito del luglio 595 a due vescovi istriani a venire a Roma con tutte le
garanzie (ibid., V, n. 56), l'impegno per la protezione di coloro che tornavano
all'ortodossia (ibid., IV, n. 14; VI, n. 38; IX, n. 151; VII, nn. 34, 117-118,
155, 161-162; XIII, n. 34), rimproveri a chi, come l'esarca Callinico, non
favoriva le conversioni, sulla base dell'ordine imperiale a difesa degli
scismatici (ibid., IX, nn. 142, 149). Lo scisma tricapitolino continuò in
queste diocesi a essere ben radicato non solo
nelle élites ecclesiastiche, ma in tutta la comunità cristiana.
Più mossa la situazione
sul versante della provincia ecclesiastica di Milano, che poteva vantare
un'antica opposizione alla condanna imperiale dei Tre Capitoli nella persona
del vescovo Dazio e che aveva poi vissuto il trauma del trasferimento della
sede a Genova a opera del vescovo Onorato, al momento dell'invasione longobarda.
Il nuovo vescovo Lorenzo, sempre residente a Genova, si era trovato di fatto
sotto il duplice controllo dell'imperatore e del papa, ma difficilmente il
formale atto di adesione all'ortodossia di Lorenzo rispondeva a una sua
convinzione e ancor più difficilmente poteva trovare il consenso dei
suffraganei e dei fedeli, cosa di cui G. I sembra essere stato consapevole
(ibid., IV, n. 37). Una conferma del dissidio con Roma verrebbe
dall'assoluzione del presbitero Magno, già scomunicato da Lorenzo, e ancor più
nella sua completa "riabilitazione", provata dall'incarico
affidatogli dal pontefice di portare un messaggio sulle qualità necessarie alla
carica vescovile al clero e al popolo milanese che in Genova doveva eleggere il
successore di Lorenzo (ibid., III, n. 26). L'elezione di Costanzo, in rapporti
con G. I dai tempi di Costantinopoli, è questione complessa, come rivela la
lettera di G. I dell'aprile 593 (ibid., n. 29) ai presbiteri, ai diaconi e al
clero della Chiesa di Milano, che risulta "senza sottoscrizione", ma
portata da persone degne di fede come Magno e Ippolito, quest'ultimo
intermediario con Teodolinda e residente a Milano (ibid., IV, nn. 2, 4), in una
città da identificare più probabilmente con Genova. L'elezione fu certamente
sostenuta dal pontefice, che nel settembre 593 otteneva da Costanzo non la
semplice adesione alla condanna dei Tre Capitoli, ma anche la sua sottomissione
a Roma. Egli diveniva da quel momento un intermediario politico con i
Longobardi, in particolare con la regina Teodolinda, con i Franchi, con i
Bizantini (ibid., n. 1; XI, n. 6), intervenendo anche di propria iniziativa
(ibid., IV, n. 2). Quando tre vescovi si erano staccati dalla comunione con il
metropolita e pure Teodolinda si era astenuta dalla comunione con la Chiesa, G.
I aveva scritto alla regina nel settembre 593 (ibid., n. 4), ma Costanzo aveva
evitato di far recapitare la lettera poiché, facendo essa riferimento al V
concilio ecumenico, poteva essere controproducente; G. I non aveva esitato ad
approvare l'operato del vescovo di Milano (ibid., n. 37), riscrivendo a
Teodolinda nel luglio 594 in forma epurata (ibid., nn. 33, 52).
La dimensione politica
dello scisma si colloca all'interno della complessiva politica italiana di G. I
e soprattutto dei problemi posti dall'attività espansionistica del Regno
longobardo e dei Ducati di Spoleto e di Benevento, che impegnarono il pontefice
fra l'autunno del 591 e l'inizio del 594.
Il 5 sett. 590 (due
giorni dopo la consacrazione di G. I) era morto il re Autari. La vedova
Teodolinda sviluppava una politica di accordo con i Franchi e con i duchi di
Spoleto e Benevento, recuperati al fronte antibizantino. A questo punto si
assiste a un cambiamento della strategia imperiale: invece di una guerra
offensiva volta alla riconquista dell'Italia settentrionale, si passa a una
strategia soprattutto difensiva, volta ad assicurare le comunicazioni fra
Ravenna e Roma e a organizzare secondo questo asse i territori ancora
bizantini. È questo il contesto in cui si trova G. I subito dopo la sua
elezione. Il suo primo intervento nei confronti dei Longobardi attiene alla
sfera religiosa: interpretando la morte di Autari come punizione divina per
avere proibito il battesimo dei figli dei Longobardi nella fede cattolica,
invita tutti i vescovi d'Italia a impegnarsi per la conversione dalla fede
ariana di quel popolo (ibid., I, n. 17). Che il problema longobardo fosse
prioritario nelle sue preoccupazioni è testimoniato dall'espressione che usa
nella lettera del febbraio 591 (ibid., n. 30), quando dice di sentirsi
"vescovo dei Longobardi, per i quali i patti sono spade e la grazia una
pena". Di qui l'urgenza di un impegno che dal piano religioso investe
quello militare e politico-diplomatico, aprendo nuovi scenari alle
responsabilità inerenti alla carica di vescovo di Roma.
Nel maggio 591 Agilulfo
fu eletto re nell'assemblea dei duchi a Milano (Paolo Diacono, Storia dei
Longobardi, III, 35). Per la prima volta attraverso le nozze con Teodolinda
l'accesso alla regalità avvenne in modo indipendente dall'elezione dei
guerrieri, ridotta a semplice acclamazione. Anche nei due Ducati di Spoleto e
di Benevento vi furono nello stesso anno cambiamenti al vertice: nel primo il
pagano Ariulfo era succeduto a Faroaldo, nel secondo Arichi a Zotto. Questo
determinò una ripresa delle attività di conquista, che minacciavano da tutti i
lati quello che si suole definire già ora come Ducato romano, i cui confini si
stabilizzarono solo dopo il 595, non tanto come definizione di un ambito
politico quanto come esito delle conquiste longobarde (Bavant); per un esame
dei rapporti di G. I con i Longobardi nell'Italia centromeridionale,
v. Enc. dei papi, I, p. 561.
Non è il Ducato romano in
quanto entità politico-territoriale, della cui difesa G. I si preoccupa, quanto
l'insieme dei territori bizantini collocati intorno a Roma, la cui caduta nelle
mani dei Longobardi avrebbe significato un pericolo per la città. Il Ducato
romano non rappresenta dunque un riferimento politico-territoriale per G. I, il
cui orizzonte dal punto di vista politico è, oltre Roma, l'Italia. La
dimensione romana e italiana della politica di G. I risulta evidente nel
momento di maggiore drammaticità, fra l'autunno del 591 e i primi mesi del 594,
per la ripresa dell'offensiva longobarda. Inserito saldamente nell'ambito
dell'Impero, cui non manca di riaffermare costantemente la propria fedeltà, G.
I assume tuttavia un ruolo di protagonista, con un impegno diretto nel
controllo della situazione militare e perfino nella dislocazione delle truppe,
constatando le deficienze dell'apparato militare bizantino, e la scarsa
incisività della sua complessiva azione sul campo, in particolare per il
problema vitale della difesa di Roma.
Tra il 591 e il 592 il
pericolo maggiore venne dalle milizie del Ducato di Spoleto: il 27 sett. 591
(Registrum, II, n. 4) G. I inviava soldati al "magister militum"
Velox - non senza esitazione a causa della marcia di Ariulfo verso Roma -,
chiedendogli di "incalzarlo alle spalle", ed esortandolo a mettersi
in contatto con gli altri "magistri militum" Mauricio e Vitaliano;
nel gennaio 592 (ibid., n. 10) si fece carico della difesa di Nepi, inviando
Leonzio, cui il clero e il popolo dovevano prestare obbedienza, proprio come
fece pochi mesi dopo per Napoli. L'imminenza del pericolo è testimoniata anche
dalla lettera del febbraio 592 a Giovanni vescovo di Velletri, in cui ordinò di
trasferire la sua sede in altro luogo - S. Andrea, forse S. Andrea in Silice
sulla via Appia - per "essere più al riparo dalle incursioni nemiche e ivi
compiere le consuete celebrazioni liturgiche" (ibid., n. 13); e anche
nella lettera dell'aprile 592 si fa riferimento "ai vescovi di nostra
competenza che non possono venire a Roma per l'interporsi dei nemici"
(ibid., n. 25). Nel giugno 592 la situazione sembra ancora aggravarsi:
scrivendo ai "magistri militum" Mauricio e Vitaliano, oltre a fare
presente il timore che i loro uomini cadessero nelle mani di Ariulfo, li
incoraggiava a prendere alle spalle il duca, mentre il riferimento al
"magister militum" Casto sembra indicare che a lui fosse affidata la
difesa di Roma; in un'altra lettera riferisce della missiva ricevuta da
Ariulfo, della situazione critica della città di Soana, della cui fedeltà il
papa tendeva a dubitare; della conquista di Narni e dell'incombente ulteriore
minaccia di avanzamento, di fronte alla quale il papa invitava a saccheggiare
le terre di Ariulfo e a provvedere a far concentrare l'attacco sulle
avanguardie (ibid., nn. 27 s.). Tragico è ancora il panorama delineato da G. I
nella lettera del luglio 592 (ibid., n. 38) a Giovanni vescovo di Ravenna, che
gli aveva scritto di non sapere a chi rivolgersi per impetrare aiuto,
convenendo sulla passività dell'esarca Romano, che "da una parte trascura
di combattere contro i nemici, dall'altra ci impedisce di fare la pace",
pace che peraltro Ariulfo vincolava alla condizione che gli venissero versate
le paghe spettanti alle truppe di Autari e Nordulfo, due capi militari
longobardi, esattamente come quando erano al soldo dei Bizantini (presso i
quali avevano prestato servizio, passando poi a quello dei Longobardi); Roma
era sguarnita di milizie dopo l'invio di quelle mandate nell'Italia centrale di
rinforzo al "magister militum" Velox nel settembre dell'anno
precedente, e i soldati della "legio Theodosiacorum", così chiamata
da Teodosio figlio di Maurizio, "a stento si dedicano alla custodia delle
mura"; infine anche Napoli era minacciata da Arechi (I) duca di Benevento,
che non aveva tenuto fede ai patti con l'Impero e, priva di un comandante,
rischiava di cadere in mani longobarde. Per provvedere a questo vuoto di potere
il papa intervenne direttamente attribuendo al tribuno Costanzo il compito di
presiedere alla difesa della città e invitando tutti a prestargli obbedienza
(ibid., n. 47: datata fra il settembre 591 e l'agosto 592).
In questo drammatico
frangente G. I decise alla fine dell'estate 592 di rompere gli indugi e di
prendere l'iniziativa di una tregua. La gravità della crisi, e forse l'impegno
autonomo di G. I, indussero l'esarca Romano a riprendere tra la fine del 592 e
l'inizio del 593 la campagna militare (Liber pontificalis; Paolo
Diacono, Storia dei Longobardi, IV, 8, 9), che portò alla riconquista di
Sutri, Bomarzo, Orte, Todi, Amelia, Perugia, Luceoli. Intervenne allora
Agilulfo, che occupò Perugia, uccidendo Maurizio, duca longobardo passato dalla
parte dei Bizantini, e pose l'assedio a Roma. La drammaticità del momento è
testimoniata dall'assenza nel Registrum di lettere per i mesi di
gennaio, febbraio e marzo dell'indizione XII, cioè i mesi iniziali del 594.
Sopraffatto dall'angoscia per le distruzioni e le violenze, alla fine del 593
G. I interrompeva il ciclo di omelie sul libro di Ezechiele (Homiliae in
Hiezechielem prophetam, II, 10, 24).
Le omelie furono
pronunciate probabilmente a ritmo rapido, forse addirittura nello spazio di un
solo mese, alla fine del 593, anche se un commento così ricco a un testo così
complesso presuppone una lunga preparazione e - questo è sicuro - richiese
un'accurata revisione, culminata otto anni dopo, nel 601, in un'opera in due
libri: il primo, di dodici omelie, dedicato a Mariniano, vescovo di Ravenna,
con una prefazione che, secondo il metodo consueto, fa riferimento alle note
prese dai notai al momento in cui furono pronunciate e alla loro revisione
tardiva, che non esclude un uso della primitiva stesura notarile (Paterio,
nell'opera già ricordata, riporta diciannove passi non presenti nel testo
attuale, probabilmente estratti dalle schede prima della revisione di G. I); il
secondo, di dieci omelie, dedicato ai confratelli del monastero di S. Andrea,
che avevano sollecitato la revisione. In questa seconda dedica sono presenti
riferimenti non solo al drammatico momento in cui le omelie furono pronunciate,
ma anche ai problemi posti dalla difficoltà del testo da commentare. Diverso è
anche il pubblico rispetto a quello dei Moralia e delle Homiliae
XL in Evangelia: non il largo pubblico delle festività religiose, ma neppure la
sola ristrettissima comunità dei monaci di S. Andrea, che rimane tuttavia il
gruppo più sicuramente identificabile come "committente" e come
destinatario, quanto piuttosto un pubblico misto, fatto anche di membri del
clero (cui probabilmente si riferiscono i consigli sulla predicazione), e forse
anche di laici colti e religiosi, che non mancavano nell'entourage del
pontefice. Il testo, conservato in otto manoscritti databili fra VII e VIII
secolo e in numerosissimi altri dei secoli successivi, è scritto in una bella
lingua, anche se con uno stile meno curato delle altre opere - a eccezione delle
prefazioni -, più legato all'oralità, ma ben strutturato secondo la retorica
antica (Recchia, 1992). I temi più importanti possono essere così riassunti: la
contemplazione, con il confronto fra vita contemplativa e vita attiva, la
profondità del male e la funzione di Cristo salvatore e dello Spirito Santo, e
infine la centralità della predicazione e della funzione del
"praedicator", che dalla contemplazione attinge la sua legittimazione
e la sua capacità di essere strumento per guidare le anime al vertice della
visione cristiana. La sua figura si salda nel commento di G. I con quella dello
"speculator", che "semper in altitudine stat, ut quodquid
venturum est longe prospiciat", e dunque sulla funzione profetica,
proiettata quest'ultima nella prospettiva escatologica. Componente centrale
nella sua visione religiosa, l'escatologia di G. I non va tuttavia intesa come
prospettiva di breve termine, di reale imminenza della fine del mondo, ma come
orizzonte spirituale e culturale, sempre presente e sempre rievocato di fronte
ai drammi della storia, che ben può comporsi, nella fisionomia complessiva del
pontefice, con il suo impegno nel fronteggiare la realtà e nel trasformarla.
Tra luglio 593 e novembre
594 si colloca anche la composizione dei Dialogi, la cui preparazione era
tuttavia certamente cominciata molto prima (A. de Vogüé, introd.
ai Dialogues), con la raccolta dei casi di esemplarità religiosa, alcuni
già narrati nelle omelie sui Vangeli, e qui ripresi.
Se una lettera, con la
richiesta di informazioni a Massimiano di Siracusa (Registrum, III, n. 50), fa
riferimento alle sollecitazioni dei "fratres qui mecum familiater
vivunt", il prologo dell'opera stessa parla di una richiesta rivolta dal
diacono Pietro, già incontrato come persona intima del pontefice: in tutti i
casi anche nella composizione di quest'opera si coglie l'importanza del gruppo
di religiosi che circonda G. I e interagisce con la sua attività di governo,
con la sua meditazione spirituale, con la sua produzione letteraria. La
definizione dell'opera data da Beda (Historia ecclesiastica, II, 1) come
raccolta di miracoli ha dato l'avvio a una sua interpretazione - prevalsa fino
a tempi recenti - come opera "minore", popolare per i suoi contenuti
e per il suo pubblico, e dunque diversa e inferiore rispetto alla qualità
letteraria, alla competenza esegetica, alla profondità morale e dottrinale
delle altre opere di G. I, e che ha finito addirittura per intaccare la
certezza della sua paternità (Clark, 1987 e 1991). Confutata questa tesi
estrema (de Vogüé, 1991), l'opera deve essere inserita a pieno titolo nella
produzione gregoriana, e anzi considerata nei suoi caratteri di estrema
originalità, che ne fanno forse il capolavoro di G. I: certo un'opera destinata
a immenso successo (da segnalare la traduzione greca fatta da papa Zaccaria nel
sec. VIII), come prova l'imponente tradizione manoscritta. L'opera, divisa in
quattro libri, è strutturata in forma di dialogo fra G. I e il diacono Pietro.
Il dialogo è strumento essenziale dell'alternanza tra racconti di virtù e di
miracoli e riflessioni morali e dottrinali, e costituisce la struttura portante
e distintiva dell'opera. I racconti si rivelano allora non concessioni a una
presunta e mal individuabile "mentalità popolare", ma come momenti di
una realtà religiosa vissuta in ambienti diversi sul piano sociale e culturale,
che, narrati da testimoni degni di fede, vengono legittimati nella loro
veridicità attraverso la mediazione religiosa e culturale del
pontefice-scrittore, per divenire strumento della sua pastorale. L'originalità
riguarda anche il contenuto in senso cronologico e geografico. Oggetto
dell'attenzione di G. I non sono i martiri antichi, la cui esemplarità non era
funzionale per il suo tempo, e le cui passioni, scritte in epoca ormai tanto
lontana dalle vicende narrate, erano considerate del tutto fantasiose e
addirittura atte a provocare il riso più che l'edificazione, ma i santi
contemporanei, uguali e perfino superiori ai grandi esempi del passato (come
prova il caso di Benedetto), con una vasta tipologia che va dai monaci e dagli
abati alle tante figure di uomini e donne, eremiti o vissuti in piccole
comunità, in campagna o in città, come le sante zie di G. I, già presenti nelle
omelie sui Vangeli, e ancora i nuovi martiri, vittime dei Longobardi feroci
e pagani, anzi veri e propri adoratori del demonio. Quanto alla dimensione
geografica, sono i santi italiani quelli di cui G. I vuole conservare la
memoria, in un'Italia che si identifica con le sue regioni centrali, Toscana,
Umbria, Lazio, ma anche Campania e Sicilia, arricchendosi di qualche raro caso
esterno, e ha il suo centro religioso in Roma, che assume un ruolo decisivo nel
quarto e ultimo libro, come il luogo in cui si concentrano tanti casi di
santità e teatro di tanti episodi, atti a provare con la forza della loro
esemplarità la sopravvivenza dell'anima alla morte del corpo, il punto
dottrinalmente più impegnativo tra quelli affrontati nell'opera. La storicità
dei personaggi contribuisce a fare dei Dialogi una testimonianza affidabile
per la storia della penisola tra V e VI secolo, per le sedi vescovili, le
nascenti comunità monastiche, il paesaggio rurale e urbano, l'impatto delle
popolazioni germaniche, Goti e Longobardi soprattutto, i primi ormai lontani e
non più pericolosi, i secondi aggressivi e ancora irrecuperabili nella visione
religiosa complessiva di G. I, che pure doveva con loro venire a patti e
avviare una convivenza il più possibile pacifica. Anche per quest'opera si può
parlare di grande originalità rispetto alla tradizione agiografica, pur
certamente ben conosciuta, dalla Vita Antonii di Atanasio,
alla Vita Martini e ai Dialogi di Sulpicio Severo, alle
scritture agiografiche di Girolamo. All'originalità della struttura e del
contenuto va aggiunta l'efficacia dello stile e della lingua (Bruzzone), in un
perfetto equilibrio fra l'oralità dei suoi testimoni, la raffinatezza della sua
cultura, la comprensibilità del messaggio. L'opera meditata e organicamente
strutturata diveniva un prezioso strumento della pastorale, destinata in primo
luogo al clero, non necessariamente di alta cultura, e attraverso la sua
mediazione a un pubblico più vasto e socialmente differenziato.
Racconta Paolo Diacono
che l'assedio a Roma fu tolto da Agilulfo, forse dietro pagamento di un tributo
da parte di G. I, su suggerimento della regina Teodolinda che era stata spesso
esortata in tal senso dal papa. L'iniziativa di quest'ultimo determinò una
grave crisi nei rapporti con l'esarca Romano e con l'imperatore fra l'autunno
594 e l'estate 595.
L'atteggiamento
dell'esarca non fu solo di rifiuto dell'accordo, ma anche di condanna del
"praefectus urbi" e del "magister militum", di accusa del
papa presso l'imperatore per avere provocato la morte di Malco, già rettore del
Patrimonio in Dalmazia, quando era in prigione a Roma per l'inchiesta
amministrativa; infine di appoggio al decreto imperiale relativo all'elezione
del vescovo di Salona, cui G. I aveva posto il veto per indegnità: tutto questo
rivela una lettera diretta al diacono Sabiniano, apocrisario a Costantinopoli,
del settembre-ottobre 594 (Registrum, V, n. 6), nella quale il pontefice si
difendeva con fermezza. Il confronto con l'imperatore assumeva toni
particolarmente duri, anche se ammorbiditi da un linguaggio tra l'ironico e il
deferente, nella lettera del giugno 595 (ibid., n. 36), nella quale G. I
risponde alle accuse rivoltegli di "simplicitas", che, egli
osservava, volevano in realtà significare che egli si era comportato da sciocco
o addirittura da mentitore. La lettera si concludeva con un esplicito richiamo
al rispetto dovuto ai sacerdoti, mostrato perfino dagli imperatori pagani.
Il confronto con
l'imperatore gioca su un duplice registro: fedeltà costante e indiscussa
all'Impero e all'autorità imperiale, fermezza nella condanna di posizioni non
condivise o di leggi considerate lesive dei diritti della Chiesa e dei
cristiani, con la richiesta perentoria di modifica o di abrogazione; difesa
dalle critiche, non priva di pungente ironia, che gli consente di passare dalla
formale obbedienza alla ferma rivendicazione della propria superiorità
spirituale.
Com'è stato più volte
sottolineato, G. I non è un teorico e la sua ideologia politica va ricostruita
attraverso riflessioni, giudizi o comportamenti su questioni specifiche, anche
se si possono individuare alcune linee portanti. L'autorità dell'imperatore si
sostanzia di alcuni doveri, tra i quali la difesa dell'ortodossia cattolica,
come ripete anche alla futura coppia imperiale (ibid., XIII, n. 40), secondo il
modello di Costantino e di sua madre Elena, proposto anche ai nuovi sovrani che
abbracciano la fede cristiana, e il controllo sulla moralità del clero (ibid.,
V, n. 37; VII, nn. 5 s.; IX, n. 136). Il potere politico si nutre alla greppia
del Vangelo come un grosso animale addomesticato dall'enorme forza
fisica, ma dal poco acume: il rinoceronte, che è messo all'aratro, finalmente
fa buone leggi e garantisce la pace nella Chiesa (Moralia, XXXI, 4, 4-7). Anche
in questo caso, oltre agli influssi, tra cui è stato valorizzato soprattutto quello
dello Pseudo Dionigi (Straw, 1991), va colta la peculiarità del pensiero e
dell'azione di G. I, sempre pronto a interagire con le situazioni concrete e a
coniugare la consapevolezza della propria superiorità spirituale e la
rivendicazione dei propri diritti con più realistiche valutazioni dei rapporti
di potere.
Contemporaneamente al
confronto legato alla sfera politica, si era avviato il confronto-scontro sulla
questione del titolo ecumenico di cui si fregiava il patriarca di
Costantinopoli (Registrum, V, n. 37). Il problema, cui si riferisce un gruppo
di lettere tutte datate giugno 595 (ibid., nn. 39, indirizzata all'imperatrice
Costantina; 41, ai vescovi Eulogio di Alessandria e Anastasio di Antiochia; 44,
allo stesso Giovanni, patriarca di Costantinopoli, principale protagonista del
conflitto; 45, al diacono Sabiniano), non era nuovo - si era infatti presentato
già quando Giovanni il Digiunatore si era attribuito il titolo al sinodo di
Costantinopoli del 587, trovando l'opposizione di Pelagio II -, ma G. I aveva
deciso di intervenire al momento in cui aveva ricevuto gli atti di un giudizio
sinodale, dove questo titolo compariva in tutta la sua ufficialità. Insieme con
la condanna, esprimeva la propria concezione della Chiesa, della
"distribuzione dei poteri" al suo interno, infine della posizione
particolare rivestita dalla Chiesa di Roma, in quanto sede di Pietro e dei suoi
successori. Pur senza risultati, G. I non rinunciò a sostenere la sua tesi
anche col nuovo patriarca Ciriaco (ibid., VII, n. 24, giugno 597; VII, n. 30,
giugno 597; VIII, nn. 28, luglio 598; 29, luglio 598), senza però giungere alla
rottura dei rapporti, limitandosi ad ammonire i metropoliti dipendenti da Roma,
convocati per il sinodo a Costantinopoli, a non accettare che il patriarca si
fregiasse del titolo (ibid., IX, n. 157, maggio 599).
Per quanto riguarda la
situazione politica in Italia, era cominciata una nuova stagione,
caratterizzata da più articolati rapporti politici con i Longobardi.
Nel maggio 595 G. I
cercava di indurre l'esarca a concludere la pace con i Longobardi, facendosi
carico di garantire in certo modo le buone intenzioni di Agilulfo e insinuando
la sua disponibilità a fare "una tregua speciale con noi" (ibid., V,
n. 35). All'inizio del 596 la morte dell'esarca Romano lasciava un vuoto
politico-militare, che fu colmato solo nella primavera del 597 con l'elezione
del suo successore Callinico, con il quale si ebbe l'avvio delle trattative per
la tregua, sempre fortemente voluta da G. I, in costante apprensione per gli
attacchi longobardi, questa volta soprattutto a opera del duca di Benevento
Arechi contro i territori bizantini dell'Italia meridionale. Nel 598 giunse
l'annuncio dell'accordo raggiunto, non privo di nubi per il dubbio che i duchi
di Spoleto e di Benevento non volessero accettarlo e per la persistente
minaccia longobarda nei confronti di Terracina e di Cagliari, tanto che G. I
ritenne più prudente non impegnarsi direttamente con la sua personale
sottoscrizione, proponendo, come si è detto, il fratello Palatino (ibid., XI,
n. 4). La tregua durò fino al 601, con la ripresa nei due anni successivi della
guerra, che ebbe come teatro l'Italia settentrionale (Monselice, Cremona,
Mantova, Brescello, l'Istria), fra i Bizantini e Agilulfo, alleato con Avari e
Slavi: per questo probabilmente G. I non ritenne opportuno intervenire
(Bertolini).
Il ringraziamento rivolto
sia a Teodolinda, sia a Agilulfo alla fine del 598 (Registrum, IX, nn. 66, 68)
pone il sigillo alla nuova stagione, nella quale la diplomazia gioca ormai un
ruolo fondamentale. Anche per quanto concerne la questione tricapitolina, se
essa rimane tra i problemi di G. I, i suoi interventi sono improntati a
un'estrema prudenza, volta a non scoraggiare il possibile ritorno degli
scismatici all'unità della fede. Una rete di mediatori favorisce i rapporti.
Oltre al vescovo di Milano, Costanzo, Secondo di Non, sostenitore dei Tre
Capitoli e padrino di Adaloaldo, figlio di Teodolinda e di Agilulfo, alla fine
degli anni Novanta appare come corrispondente di G. I (Paolo
Diacono, Storia dei Longobardi, IV, 27; Registrum, IX, n. 148),
insieme con molti altri (ibid., V, nn. 6, 36; IX, nn. 66 s., 126). A Teodolinda
scrisse per rallegrarsi del battesimo del figlio (ibid., XIV, n. 12). G. I
manifestò dunque una larga tolleranza nei confronti della corte longobarda, che
dava prova di grande capacità politico-religiosa. Se ancora nel 599 esprimeva
preoccupazioni (ibid., IX, n. 240), per "il pericolo che sovrasta queste
nostre regioni" e in particolare la città di Roma "afflitta da varie
condizioni di debolezza al punto che i suoi abitanti non sono in condizione di
custodire neppure le mura"; e se ancora nel luglio 603 (ibid., XIII, n.
39) faceva presente all'imperatore Foca "l'oppressione subita dalle spade
longobarde", è anche vero che ormai egli si era convinto a cercare forme
di convivenza pacifica: una evoluzione non tanto del suo giudizio profondo nei
confronti dei Longobardi, che rimase sempre durissimo, quanto del suo
atteggiamento politico.
A partire dal 595
il Registrum mostra un'attenzione crescente e continuativa del
pontefice nei confronti dei Regni d'Occidente, resa possibile dalla situazione
italiana e forse sollecitata dalle tensioni con l'Impero: una spia potrebbe
essere l'ambasceria ad Arles del diacono Sabiniano, già apocrisario a
Costantinopoli (Registrum, V, n. 58). Questa attenzione non va interpretata
come frutto di una strategia strettamente politica, ma quale risultato di un
progetto religioso ed ecclesiastico a largo raggio, che non può essere collocato
nella tradizionale prospettiva romana e imperiale (Markus). Quel progetto si
articola però in maniera diversa nei vari Regni, con distinte finalità, che
vanno evidenziate proprio per non cadere in generalizzazioni fuorvianti.
Con la Spagna la
conoscenza più antica: l'incontro a Costantinopoli con il vescovo Leandro di
Siviglia permette di supporre che G. I fosse assai bene informato delle vicende
di quel Regno, unificato con il Regno svevo e consapevole del proprio potere
tanto da adottare simboli imperiali, ma ancora diviso etnicamente e
religiosamente fra Goti ariani e Romani cattolici. L'avvio del processo di
conversione risaliva a Ermenegildo, celebrato nei Dialogi (III, 31)
come martire della fede - anche se la sua uccisione per ordine del padre fu dovuta
piuttosto alla ribellione da lui guidata nella Betica -, e si era in sostanza
compiuto con Reccaredo. G. I aveva espresso il suo compiacimento a Leandro
nell'aprile 591 (Registrum, I, n. 41), intervenendo su sua richiesta sulla
questione dell'unica immersione battesimale praticata nella Spagna visigotica,
e la triplice, praticata a Roma e in genere altrove, con una posizione
tollerante della diversità delle consuetudini. Si deve aspettare il luglio 595
per l'invio, già ricordato, delle sue opere a Leandro (ibid., V, n. 53), ma
anche in seguito i contatti non furono frequenti, quasi che G. I si volesse
astenere "dall'assumere posizioni che potessero essere percepite
dall'interlocutore come un'indebita ingerenza nelle questioni della chiesa
spagnola" (Azzara). Il Registrum non testimonia altri rapporti
fino all'estate del 599 (ibid., IX, nn. 228 s.): la prima lettera in risposta a
Leandro testimonia il riconoscimento della fama del pontefice da parte
dell'"episcopus Spaniarum", cui invia il pallio a sanzione del suo
ruolo; la seconda a Reccaredo univa alle lodi per la conversione del Regno,
giudicata un grande miracolo, gli ammonimenti relativi alle virtù proprie del
principe cristiano, e sanciva il rapporto con l'invio di una piccola chiave
contenente il ferro delle catene di s. Pietro, perché "ciò che legò il suo
collo andando al martirio liberi il vostro da tutti i peccati". La lettera
a Reccaredo è corredata da un "postscriptum" - quasi a distinguere
nettamente la sfera politica da quella religiosa - che testimonia le difficoltà
fra il Regno e l'Impero e soprattutto il ruolo di possibile intermediario
attribuito al pontefice e quello di "consigliere di parte" di fatto
da lui assunto: alla richiesta di Reccaredo di scrivere all'imperatore "perché
ricercasse nell'archivio i patti che una volta furono stipulati fra
l'imperatore Giustiniano di pia memoria e le leggi del vostro regno" aveva
infatti risposto negativamente non solo per l'impossibilità tecnica dovuta
all'incendio dell'archivio, ma anche perché "non è il caso di dire a
qualcuno: cercami, per favore, i documenti contro di te, che conservi nel tuo
archivio e mettili a mia disposizione".
Anche la Gallia non è del
tutto assente dall'orizzonte di G. I nei primi anni di pontificato, con
particolare riferimento alla Provenza: si tratta di problemi religiosi, come il
battesimo degli ebrei (Registrum, I, n. 45), e politico-diplomatici nel
tentativo di avere informazioni sui contatti fra Agilulfo e i Franchi (ibid.,
IV, n. 2). Ma solo dal 595 l'interesse si accentua: nell'agosto 595 concede il
pallio e la funzione vicaria a Virgilio, vescovo di Arles, su richiesta di
Childeberto II, figlio di Brunilde, re di Austrasia, Burgundia e Aquitania,
esprimendo nel contempo preoccupazione per la simonia e lamentando l'elezione
vescovile di laici divenuti repentinamente sacerdoti (ibid., V, n. 58); questi
contenuti si ripetono nella lettera indirizzata a tutti i vescovi (ibid., n.
59) e in quella a Childeberto (ibid., n. 60), mentre alla regina madre
raccomanda il presbitero Candido, inviato per sovrintendere al Patrimonio della
Gallia (ibid., VI, n. 5), ma, secondo la consuetudine già messa in evidenza,
investito di ampi poteri in campo ecclesiastico e politico (ibid., VIII, n. 4).
Dopo la morte di Childeberto nel 596 G. I rimase in contatto con i suoi due
figli Teodoberto e Teodorico, con il re di Neustria Clotario II e soprattutto
con Brunilde, reggente in Burgundia e Austrasia per i nipoti: a quest'ultima in
numerose lettere chiese fedeltà a Calcedonia, lotta contro il paganesimo,
impegno moralizzatore, interventi per irregolarità ecclesiastiche e nei
confronti degli ebrei, e soprattutto impegno contro la simonia e per la riforma
complessiva della Chiesa con la convocazione di un concilio, presieduto da
Siagrio, cui dedicò ancora molti sforzi fino al novembre 602 (ibid., XIII, nn.
5, 7), quando dovette prendere atto che il "Regnum francorum" non
rappresentava più una forza politica tale da offrire la possibilità di
convocare un concilio generale a lungo auspicato (Pietri, 1991).
Dalle lettere emerge
gradualmente la funzione per così dire "strumentale" della Gallia in
vista della missione in Inghilterra. Un indizio si trova già nella lettera a
Candido, in procinto di recarsi in Gallia come rettore del Patrimonio, con il
riferimento ai "pueri angli", ancora pagani, che rischiano di morire
per via (verso Roma?) senza battesimo (Registrum, VI, n. 10), riferimento che
potrebbe essere all'origine della leggenda dell'ispirazione avuta da G. I alla
vista degli schiavi "angelici" (Anonimo di Whitby e Beda). Un anno
dopo il monaco Agostino del monastero di S. Andrea con un gruppo di compagni
veniva inviato in missione, arrivando nel Kent, nell'isola di Thanet, nella
primavera del 597. Il re Etelberto aveva sposato la principessa franca e dunque
cattolica Berta, che aveva portato con sé il vescovo Liutrado; dopo un primo
momento di sospetto i missionari furono autorizzati a utilizzare una chiesa
dentro Canterbury come chiesa episcopale e a costruire non lontano dalla città
un monastero (Beda). G. I descrive invece le popolazioni come pagane,
"immerse nel culto di idoli di legno e di pietra", così da assimilare
l'opera dei nuovi missionari a quella degli apostoli, entrambe circondate dallo
splendore dei miracoli - ma Agostino era poi invitato a non insuperbirsi per la
capacità di fare miracoli (Registrum, XI, n. 36, giugno 601) -, come scrive nel
luglio 598 (ibid., VIII, n. 29) a Eulogio di Alessandria esaltando i successi
della missione (più di 10.000 battesimi!) e dando notizia dell'elezione
episcopale di Agostino a opera dei vescovi di Germania con il suo consenso,
senza che sia possibile specificare dove e quando l'elezione sia avvenuta. Un
folto gruppo di lettere permette di seguire lo sviluppo di una Chiesa
organizzata su base territoriale diocesana (ibid., XI, n. 39) - Beda ne rivela
il contrasto con l'organizzazione di tipo monastico propria del cristianesimo
irlandese - il consolidarsi dei rapporti con la regina, paragonata a Elena
madre di Costantino e invitata a esortare il marito alla fede e a preoccuparsi
della conversione dei sudditi (ibid., n. 35), e infine le difficoltà incontrate
e la contraddittorietà dei suggerimenti relativi ai metodi della pratica
missionaria. Se il 22 giugno 601 (ibid., n. 37) G. I faceva presente al re Etelberto
la necessità di ricorrere a tutti i mezzi per convertire il suo popolo,
intendendo la distruzione di luoghi e oggetti di culto, forse indice nello
stesso tempo di scarso impegno del re e di resistenze pagane, a pochi giorni di
distanza (ibid., n. 56, 18 luglio 601), dopo lunga riflessione, raccomandava
all'abate Mellito in partenza per l'Inghilterra con un secondo gruppo "di
rinforzo", una serie di azioni esaugurali: i templi, dedicati al culto dei
demoni, dovevano essere consacrati al culto cristiano con l'aspersione di acqua
benedetta e la costruzione di altari dotati di reliquie, così che le
popolazioni accorressero più facilmente a quei luoghi insieme antichi e nuovi;
e ancora le feste liturgiche della dedicazione di una chiesa o delle ricorrenze
del santorale dovevano essere celebrate con usi simili a quelli tradizionali
delle popolazioni: tabernacoli ornati di rami, convivi religiosi, perfino
sacrifici di animali, proprio come Dio aveva consentito al popolo d'Israele. Il
radicale cambiamento rispetto alla lettera a Etelberto non consente di parlare
di mutamento delle strategie missionarie papali, ma di vedere piuttosto nella
contraddittorietà un segno di quella "flessibilità pastorale"
(Markus) che permetteva a G. I di aderire alle diverse realtà; erano i diversi
destinatari a fare la differenza: invitati ognuno a usare nel modo più efficace
i poteri che erano loro propri, l'uno la violenza, l'altro la persuasione e
tutti i suoi stratagemmi. In pochi anni la Chiesa inglese si era dotata di istituzioni
funzionanti ed era pronta a ricevere, peraltro su richiesta dello stesso
Agostino, una sorta di "decalogo", il Libellus
responsionum trasmesso da Beda, relativo a una serie di questioni morali,
dagli impedimenti matrimoniali derivanti dalla parentela ai comportamenti
sessuali, ed ecclesiastiche, dal rapporto tra vita monastica e attività
pastorale, alle norme per la consacrazione dei vescovi e ai rapporti fra
Agostino e i vescovi della Gallia.
Tra il 595 e il 600,
sullo sfondo dei rapporti con l'imperatore Maurizio e con il patriarca per il
titolo di "ecumenico" e della costruzione di nuove relazioni con i
Regni in Occidente, va collocata l'ultima produzione di G. I, elaborata sulla
base delle note prese a Roma fra il 595 e il 598 da Claudio, abate di un
monastero presso Classe, in contatto con G. I dal 592, di nuovo a Roma con
probabilità dalla fine del 594 e sicuramente nel gennaio 596, dove fece parte
del gruppo ristretto del "pubblico" dei suoi commentari esegetici,
sulla cui fedeltà nella stesura dei testi G. esprimeva molte riserve
(Registrum, XII, n. 6). L'Expositio in Canticum canticorum appare infatti
come un testo "ripreso sub oculis, che riflette la parola orale"
(Meyvaert, 1968).
Ildefonso di Toledo cita
il commento al cantico come "omne opus", per cui è probabile che
l'incompletezza del testo pervenuto sia dovuta a un incidente della tradizione
manoscritta: gli esemplari più antichi portano nel titolo la divisione in due
libri, applicata anche in seguito, quando dell'opera non rimaneva che il
commento ai primi otto versetti. Il commento conferma l'interpretazione
allegorica dell'amore come simbolo delle nozze di Cristo con l'anima o di
Cristo con la Chiesa. Se la paternità di quest'opera non è più in discussione,
il problema si complica per l'Expositio in Librum I Regum, testo che con la
storia degli inizi della monarchia in Israele, con l'avvento di Saul e
l'unzione di David, doveva attirare G. I, non solo in relazione ai problemi
politici che stava vivendo, ma anche per la questione della funzione
sacerdotale in rapporto alla contemplazione e al nesso predicazione-profezia.
L'Expositio sembrava definitivamente recuperata con argomenti
inoppugnabili tra le opere del pontefice (v. i saggi di Verbraken e di
Meyvaert): oggetto come altre di un complesso processo di elaborazione e
revisione in diverse fasi, testimoniato da una lettera di Colombano, degli
stessi anni, nella quale, dopo aver letto la Regula pastoralis, richiedeva
le Homiliae in Hiezechielem prophetam e la Expositio in Librum I
Regum, precisandone le parti, come se di altre avesse già il testo, e sarebbe
stata l'ultima opera di G. I, per questo priva di ampia diffusione e coinvolta
nella crisi succeduta alla sua morte. Lo stesso de Vogüé (1996), che nel I vol.
dell'edizione dell'opera l'aveva giudicata il testamento politico di G., è
stato indotto a una rivisitazione del problema, dopo la scoperta di un
manoscritto dell'abbazia di Cava che attribuisce l'opera a Pietro di Cava poi
abate di Venosa (Houben). L'opera si presenta comunque come un insieme di passi
gregoriani.
Una lunga tradizione ha
attribuito a G. I la paternità di un sacramentario, cioè un messale contenente
solo la parte destinata al prete officiante, conservato in tre manoscritti
esemplati fra VII e VIII secolo, di cui uno inviato da Adriano I tra il 784 e
il 791 a Carlo Magno. Non è certo che l'opera sia stata scritta da lui, anche
se non è escluso che siano state da lui composte alcune preghiere, mentre una
parte del materiale è molto più antica (Deshusses). Ma l'impegno nei confronti
della liturgia, sottolineato da Giovanni Diacono, addirittura attraverso
dettagli sugli interventi operati da G. I nei confronti del Gelasianum,
contenente l'antica prassi liturgica romana (S. Gregorii Magni vita, II, 17), e
con certezza comprovato dal potenziamento della schola
cantorum all'interno della strutturazione dell'"episcopium"
lateranense, rimase nel corso dei secoli uno dei primi meriti del papa.
Negli ultimi anni del suo
pontificato G. I continuò a essere impegnato nelle questioni religiose,
ecclesiastiche e politiche di cui si è già riferito. Per quanto riguarda Roma,
un rilievo particolare assume la lettera del settembre 602 ai cittadini romani
(Registrum, XIII, n. 1), non solo come conferma di un'attenzione specifica alla
sua comunità, ma anche per l'emergere di un problema, finora inedito, relativo
ai rapporti fra cristiani ed ebrei: la commistione di pratiche religiose, in
questo caso il rispetto "cumulato" delle festività religiose proprie
alle due religioni, il sabato e la domenica, che G. I vedeva come il segno più
pericoloso dell'opera del demonio, preludio addirittura della venuta
dell'Anticristo. L'atteggiamento di G. I nei confronti degli ebrei si
caratterizza per quella dialettica fra teoria e pratica e per quella duttilità
di comportamenti concreti, già vista operante anche in altri settori.
Dal punto di vista
teologico la posizione rimane immutata rispetto ad Agostino: "testes
veritatis", gli ebrei si convertiranno alla fine dei tempi, mentre la loro
sopravvivenza deve essere sempre segnata dall'inferiorità derivante dalla loro
colpevolezza religiosa. Sul piano della prassi, se duri furono gli interventi
per completare l'omogeneizzazione religiosa nelle campagne, in particolare
nelle proprietà della Chiesa, nella stessa linea seguita nei confronti di
tradizioni cultuali considerate insopportabili persistenze pagane e spesso
assimilate a culti diabolici (si pensi alla Sardegna e alla Gallia), larga
tolleranza mostrò fin dall'inizio G. I nei confronti delle comunità urbane,
forti e attive sul piano economico, compreso il commercio degli schiavi,
protette contro le conversioni forzate, come ad Arles, e nei loro interessi,
come a Napoli, con l'elaborazione di una accurata casistica volta a impedire
eventuali abusi derivanti dalla conversione al cristianesimo sia degli schiavi
sia dei padroni. La lettera relativa alla proibizione dell'osservanza del
sabato apre uno squarcio sulla storia religiosa e sociale di Roma, mostrando le
molte varianti possibili della convivenza religiosa, capace nel concreto di
forme sincretiche, che ora da G. I e poi da tutta la tradizione cristiana
furono viste come le più pericolose, perché mettevano in discussione
quell'identità cristiana costruitasi proprio nella sua differenziazione
dall'identità ebraica.
Un rinnovato interesse si
manifesta negli ultimi anni nei confronti dei territori bizantini della
penisola iberica. Un importante ruolo gioca qui il "defensor"
Giovanni, investito, secondo quanto già constatato, di ampi poteri
giurisdizionali - interventi in questioni ecclesiastiche come quelle relative
al vescovo di Malaga, deposto da un rivale (Registrum, XIII, nn. 46-49), e di
moralizzazione nei monasteri con conseguente comminazione di pene (ibid., n.
47) -, che doveva rendersi attento esecutore delle leggi, estratti delle quali
(Novellae, Codex e Digestum) gli venivano inviate proprio da G.
I (Registrum, XIII, n. 49). Ma oltre a questi interessi, presenti nel corso di
tutto il pontificato, l'attenzione di G. I sembra potersi ricollegare anche all'iniziativa
imperiale delle "recuperationes imperii": le lettere del 603 indicano
che G. I poteva finalmente "mostrare l'esercizio della primazia romana in
territorio imperiale e insieme far contenti i nemici di Maurizio" (Vilella
Masana), tra cui il nuovo imperatore Foca.
I rinnovati rapporti con
l'Impero bizantino concludono in un certo senso l'attività politica di G. I,
mostrandone ancora l'aspetto prudente e diplomatico. L'elezione di Foca era
avvenuta all'inizio del 603 a seguito dell'uccisione di Maurizio: se la
cerimonia del 25 apr. 603 di acclamazione da parte del clero e dei membri del
Senato nei confronti dei ritratti dell'imperatore e dell'imperatrice, accolti a
Roma e collocati nell'oratorio di S. Cesario al Palatino, nell'antico palazzo
imperiale, testimonia l'atteggiamento di riconoscimento della sovranità, sempre
presente peraltro nel corso di tutto il pontificato, le lettere alla coppia
imperiale rivelano, oltre al rispetto, alla fedeltà e alla speranza di migliori
rapporti, anche una linea programmatica di governo ispirata ai principî
cristiani, secondo i modelli di Costantino ed Elena. L'assenza dell'apocrisario
veniva giustificata con le difficoltà incontrate negli ultimi anni per accedere
al palazzo, e l'invio sollecito di un diacono "fresco di nomina" era
il segno chiaro di una nuova stagione iniziata nella corte, che G. I sperava
disposta a prestare ascolto alle vicende italiane (Registrum, XIII, n. 32).
Nell'agosto del 603
l'attenzione era di nuovo rivolta a Roma colpita dalla peste, con una cerimonia
simile a quella seguita alla sua elezione. Il 12 marzo 604 G. I morì a Roma
dopo un pontificato intensissimo destinato a segnare la storia della Chiesa e
dell'Occidente. È stata questa per molti secoli, salvo eccezioni locali, la
data della festività liturgica - il tradizionale diesnatalis -,
spostata dal concilio Vaticano II, in quanto coincidente con il periodo
quaresimale, al 3 settembre, data della consacrazione episcopale.
G. I venne sepolto, come
dice il Liber pontificalis, nella basilica di S. Pietro "ante
secretarium", cioè di fronte all'antica sacrestia; Giovanni Diacono (S.
Gregorii Magni vita, IV, 68) precisa ulteriormente: "all'estremità del
portico della basilica stessa" (da intendersi all'estremità della galleria
occidentale del grande atrio davanti alla basilica), là dove erano già sepolti
i pontefici Leone, Simplicio, Gelasio. Per quanto riguarda l'epigrafe
funeraria, le reliquie, le successive ubicazioni del sepolcro e i luoghi romani
legati alla memoria e al culto di G. I, v. Enc. dei papi, I, pp. 570 s.
La santità del pontefice
veniva sancita già poco dopo la sua morte da numerosi testi non romani. Da
ricordare in primo luogo la Storia dei Franchi di Gregorio di Tours;
poi nella Spagna nel sec. VII i brevi medaglioni nelle opere De viris
illustribus di Isidoro di Siviglia e di Ildefonso di Toledo; poi dagli
inizi del sec. VIII le prime Vitae, scritte in Inghilterra,
indipendentemente l'una dall'altra, con l'intento di celebrare il papa che
aveva promosso la conversione di quella terra: a un anonimo monaco del
monastero di Whitby si deve un'agiografia, che conosce le opere di G. I e
il Liber pontificalis, e che si mostra interessata alla spiritualità e
alla scelta monastica di G. I, e ancor più alle manifestazioni soprannaturali; quanto
a Beda, si deve parlare di fonte storica importantissima, dato che la
sua Historia ecclesiastica gentis Anglorum conserva il testo di
lettere assenti dal Registrum. Alla fine del sec. VIII Paolo Diacono,
monaco a Montecassino, oltre a ricordare il papa nella sua opera maggiore,
la Storia dei Longobardi, ne scrive una Vita, una cui versione
interpolata ebbe larga circolazione (Limone). Solo fra l'873 e l'876 fu scritta
a Roma una vera e propria biografia di G. I a opera di Giovanni Diacono,
esponente dell'élite culturale legata al pontefice Giovanni VIII:
strutturata in quattro libri e costruita, come l'autore rivendica con orgoglio,
a partire dalle informazioni fornite dalle opere dello stesso G. I, risulta di
grande interesse storico, pur nella sua finalità politico-ideologica, volta a
costruire un modello funzionale al Papato del suo tempo (Arnaldi, 1956).
Quanto alla liturgia,
numerosi martirologi ne ricordano la festività, talvolta legata alla
traslazione di reliquie. Per la storia del culto e dell'iconografia di G. si
rimanda ancora a Enc. dei papi, I, p. 571
Le opere di G. I sono
edite in J.-P. Migne, Patr. Lat., LXXV-LXXIX; Suppl., IV, a cura di
A. Hamman, Paris 1967, coll. 1525-1585. Edizioni delle singole opere, con
eventuali traduzioni: Dialogi libri IV, a cura di U. Moricca, Roma
1924; I dialoghi, a cura di E. Logi, Siena 1934; Dialogues, a cura di
A. de Vogüé, I-III, Paris 1978-80. Expositiones in Canticum canticorum et
in Librum primum Regum, a cura di P.P. Verbraken, Turnholti 1963; Commentaire
sur le Cantique, a cura di R. Bélanger, Paris 1984. Commentaire sur le
Premier Livre des Rois, I, a cura di A. de Vogüé, Paris 1989; II, a cura di Ch.
Vuillaume, ibid. 1993; III (che indica nel frontespizio l'ipotizzata
attribuzione a Pietro di Cava), a cura di A. de Vogüé, ibid.
1998. Homeliarum in Evangelia libri duo, a cura di H. Hurter, Oeniponte
1892; quest'edizione è stata ripresa con traduzione in Omelie sui Vangeli
e Regola pastorale, a cura di G. Cremascoli, Torino 1968; altre traduzioni: Omelie
sui Vangeli, a cura di O. Lari, Alba 1975; Omelie sui Vangeli, a cura di
G. Cremascoli, Roma 1994 (Opere di Gregorio Magno, II). Homiliae in
Ezechielem prophetam, a cura di M. Adriaen, Turnholti 1971; Homélies sur
Ézéchiel, a cura di C. Morel, I-II, Paris 1986-90; Omelie su Ezechiele, a
cura di V. Recchia, I-II, Roma 1992-93 (Opere di Gregorio Magno, III,
2). Moralia in Job, a cura di M. Adriaen, I-III, Turnholti
1979-85; Morales sur Job, Livres I-II, a cura di R. Gillet - A. de
Gaudemaris, Paris 1952; Livres XI-XVI, a cura di A. Bocognano, ibid.
1974-75; Commento Morale a Giobbe, a cura di P. Siniscalco, I-III, Roma
1992-97 (Opere di Gregorio Magno, I, 1-3). La collezione delle lettere di G. I
è stata pubblicata in: Registrum epistolarum, a cura di P. Ewald - L.
Hartmann, in Mon. Germ. Hist., Epistolae, I-II, Berolini
1891-99; Registrum epistolarum, a cura di D. Norberg, Turnholti
1982; Registre des lettres, a cura di P. Minard, I-II (Livres I et II),
Paris 1991; trad. italiana dell'ed. Norberg: Lettere, a cura di V.
Recchia, I-IV, Roma 1996-99 (Opere di Gregorio Magno, V, 1-4); Regula
pastoralis, a cura di B. Judic, I-II, Paris 1992. Repertori delle
opere: Repert. fontium hist. Medii Aevi, V, pp. 227-230; E.
Dekkers, Clavis patrum Latinorum, Steenburgis 1995, pp. 552-562.
Strumenti: Thesaurus s. Gregorii Magni. Series A, Enumeratio
formarum e Concordantia formarum, a cura del Centre de traitement
électronique des documents de l'Université catholique de Louvain, Turnhout
1986.
Fonti e Bibl.: Si rinvia
a S. Boesch Gajano, G. I, in Enciclopedia dei papi, I, Roma 2000, pp.
571-574. Si aggiungano: C. Leyser, Authority and ascetism from Augustin to
Gregory the Great, Oxford 2000; R.A. Markus, G. Magno e il suo tempo,
Milano 2000. Per ulteriori indicazioni v. Archivum historiae pontificiae,
I (1963) e successivi e Medioevo latino, I (1979) e successivi.
SOURCE : https://www.treccani.it/enciclopedia/gregorio-i-papa-santo_%28Dizionario-Biografico%29/
Jusepe de Ribera (1591–1652), Formerly attributed to Carlo Saraceni (–1620), Ritratto di san Gregorio Magno papa, dottore della Chiesa, 1614 circa, 102 x 73, Gallerie nazionali d'arte antica
Gregorius de Grote (ook Dialogus)
osb, Rome, Italië; paus & kerkvader; † 604.
Feest 12 maart
& 3 september.
Hij werd rond 540 te Rome
geboren als zoon van de Romeinse prefect Gordianus en matrone Silvia, die later
zelf ook als heilige zou worden vereerd († 592; feest 3 november). Mede op
grond van zijn hoge komaf werd hij in 572 stadsprefect. De dood van zijn vader
betekende een ommekeer in zijn leven. Hij liet zes kloosters bouwen op Sicilië,
maakte van zijn ouderlijk paleis op de Clivo Scauri een benedictijner klooster
en trad zelf in. Hij was vijf jaar pauselijk afgezant in Constantinopel en vijf
jaar abt van zijn klooster. Stond vijf achtereenvolgende pausen met advies bij.
Op 3 september 590 werd
hij zelf tot paus gekozen als opvolger van Pelagius II.
Hoe in 590 te Rome de
pest tot staan werd gebracht
Dat Gregorius een
organisatietalent had, moge blijken uit de geschiedenis die Gregorius van Tours
over hem optekent. Paus Pelagius stierf op 7 februari van het jaar 590. Juist
in de tijd dat Pelagius gestorven was, woedde de pest in de stad Rome. Er
vielen honderden slachtoffers. Gregorius nam onmiddellijk de leiding in handen
(hij zou in datzelfde jaar - op 3 september - tot Pelagius' opvolger worden
gekozen).
"Hij beval: 'Laten
alle kerkelijke bedienaren optrekken vanuit de kerk van de martelaren Cosmas en
Damianus tezamen met de priesters van het zesde district. Laten alle abten met
hun monniken optrekken vanuit de kerk van de heilige martelaren Gervasius en
Protasius met de priesters van het vierde district. Laten alle abdissen met al
hun verzamelde zusters optrekken vanuit de kerk van de heilige martelaren Marcellinus
en Petrus tezamen met de priesters van het eerste district. Laten alle kinderen
optrekken vanuit de kerk van de heilige martelaren Johannes en
Paulus tezamen met de priesters van het tweede district. Laten alle leken
optrekken vanuit de kerk van de eerste martelaar Sint Stefanus
tezamen met de priesters van het zevende district. Laten al de weduwen
optrekken vanuit de kerk van Sint Eufemia tezamen met de priesters van het
vijfde district. Laten al de gehuwde vrouwen optrekken vanuit de kerk van de
heilige martelaar Clemens
tezamen met de priesters van het derde district. Laten we allemaal optrekken
met gebeden en klaagzangen vanuit elk der aangewezen kerken om elkaar tenslotte
te ontmoeten bij de kerk van de heilige Maagd Maria, de Moeder van onze Heer
Jezus Christus, zodat we daar één grote langgerekte smeekbede richten tot onze
Heer met tranen en zuchten en op die manier de vergeving van onze zonden
waardig bevonden worden.'
Toen hij uitgesproken
was, riep hij alle kerkelijke bedienaren bij elkaar met de opdracht om drie
dagen achtereen psalmen te zingen en om vergiffenis te vragen voor alle
bedreven zonden. Om drie uur verlieten alle koren hun kerk en trokken door de
straten onder het zingen van Kyrie eleison (= Heer, ontferm U over ons)."
Toen de processie de brug
over de Tiber naderde verscheen Michaël op het mausoleum van keizer Hadrianus
met een vlammend zwaard in de hand. Hij stak het in de schede, alsof hij
daarmee te kennen wilde geven dat het genoeg was. Sindsdien heet die burcht 'de
Engelenburcht'; ze werd omgedoopt tot een Michaëlskerk. Dat was op 25 april
590.
Dit alles tekende
Gregorius van Tours op uit de mond van één van zijn diakens die bij dit alles
zelf aanwezig was geweest
[Geschiedenis der Franken
X.1 (p:263)]
Gregorius was een
begenadigd spreker, die geen blad voor de mond nam. Dat moge blijken uit de
beroemde preek 38 over zijn drie tantes, die hij hield op een 21e zondag na
Pinksteren. De aanleiding was het zojuist voorgelezen evangelieverhaal, waarin
Jezus de komst van het koninkrijk der hemelen vergelijkt met een bruiloftsmaal
(Matteus 22,01-14). Echter, de genodigde gasten willen of kunnen op het laatste
moment niet komen. Daarop geeft de Heer van de bruiloft last aan zijn dienaars
om de armen van de pleinen en de hoeken van de straten te halen 'want mijn huis
moet vol worden'. Als Hij dan het bij elkaar geraapte gezelschap komt bezoeken,
treft Hij iemand aan zonder bruiloftskleed, en laat die eruit zetten, want - zo
besluit Jezus zijn verhaal: 'Velen zijn geroepen, maar weinigen uitverkoren.'
Op die laatste woorden sluit Gregorius aan in zijn preek:
"Het is
ontzagwekkend, beminde broeders, wat wij zojuist gehoord hebben. Wij zijn
allemaal hier gekomen, omdat wij door het geloof reeds geroepen zijn tot de bruiloft
van de hemelse koning; zo beamen wij ook in geloof het geheim van zijn
menswording en wij nemen deel aan de maaltijd van het goddelijk woord. Maar
ooit zal de dag komen waarop de koning zijn eindoordeel uitspreekt. Dat wij
geroepen zijn, weten wij. Maar of wij ook zijn uitverkoren, dat weten wij niet.
Daarom moet ieder van ons in des te groter bescheidenheid het hoofd buigen,
naarmate hij niet weet of hij is uitverkoren. Er zijn er heel wat die al
helemaal niet toekomen aan een goed begin; daarnaast zijn er ook heel wat die
wel een goed begin maken, maar er niet mee doorgaan. De een lijkt een door en
door slecht leven te leiden, maar dan komt het op het laatste nippertje toch
nog goed doordat hij zijn leven betreurt en strenge boete doet. De ander lijkt
een uitverkoren leven te leiden en toch blijkt hij aan het eind van zijn leven
uit te komen op de dwaalweg van het kwaad. Anderen maken een echt goed begin en
brengen het ook tot een even goed eind. Weer anderen leiden van kindsbeen af
een slecht leven, en blijven daar tot aan het eind van hun leven mee bezig. Des
te meer moet dus ieder voor zichzelf bevreesd zijn naarmate hij niet weet wat
er uiteindelijk van terecht komt. Onthoud in ieder geval wat al zo vaak is
gezegd: 'Velen zijn geroepen, maar weinigen uitverkoren.'
Maar de harten van de
toehoorders worden nu eenmaal eerder tot inkeer gebracht door het voorbeeld van
een gelovige dan door de woorden van een leraar. Daarom wil ik u iets vertellen
uit mijn naaste omgeving. U zult het met des te meer ontzag horen, juist omdat
het van zo nabij afkomstig is. Want wat wij gaan vertellen is niet van lang
geleden. Integendeel, wij hebben de vrouwen over wie het gaat zelf nog gekend,
en de getuigen ervan zijn nog in leven. Mijn vader had drie zussen, alle drie heilige
maagden: Tharsilla († 580; feest 24 december), Gordiana en Aemiliana (†
581; feest 5 januari). Zij waren vervuld van eenzelfde ideaal; ze hadden zich
op hetzelfde moment aan de Heer toegewijd en leefden volgens een strenge
leefregel samen in hun eigen huis. Zo maakten Tharsilla en Aemiliana gestaag
voortgang door hun dagelijkse oefeningen in liefde voor hun schepper. Hun
lichaam verkeerde nog hier in het tijdelijke, maar hun geest was al bezig met
het eeuwige. Maar de ziel van Gordiana daarentegen begon stilaan weg te groeien
van de innige liefde door dagelijkse verflauwing en al gauw verviel zij in de
liefde voor deze wereld. Herhaaldelijk verzuchtte Tharsilla tot haar zus
Aemiliana: 'Ik constateer dat onze zus Gordianan toch niet bij ons hoort. Ik zie
hoe zij door dingen van buiten wordt afgeleid; zij bewaakt haar hart niet tegen
alles wat daar aanklopt.' Dag in dag uit trachtten zij haar met eerlijke
correcties op het juiste pad te houden, en haar lichtzinnigheid om te buigen
tot een meer serieuze levenshouding. Dan trok ze wel weer even een ernstig
gezicht, maar zodra de correctie verklonken was, was ook haar gemaakte ernst
alweer voorbij en weldra was zij weer terug bij oppervlakkig gepraat. Zij had
graag wereldse meisjes om zich heen, en zo was ze een last voor ieder die zich
juist van deze wereld wilde afkeren.
Temidden van haar zussen
groeide Tharsilla gestaag in haar toeleg op het gebed, haar boetedoeningen,
haar versterving en haar serieuze en heilige levenswijze. Volgens haar eigen
zeggen verscheen haar op een nacht in een droom mijn voorvader Felix († 492;
feest 25 februari), die ooit nog bisschop was op de zetel hier van Rome. Hij
toonde haar de schitterende woning van de eeuwige heerlijkheid met de woorden:
'Kom, ik ga je opnemen in deze woning van licht.' Kort daarna kreeg ze
plotseling koorts, en had haar laatste uur geslagen. Wanneer een man of vrouw
van adel sterft is het gebruikelijk dat er vele mensen samenkomen om de naaste
familie te troosten. Zo stonden er ook in haar stervensuur vele mannen en
vrouwen rond haar bed. Onder hen bevond zich ook mijn moeder. Zij zag hoe zij
plotseling als in een geestverrukking haar ogen opsloeg naar de hemel; daarna
wendde zij zich tot de omstanders met de woorden: 'Opzij, opzij, Jezus komt
eraan!' Terwijl zij daar naar opzag, maakte haar ziel zich los van het lichaam.
Een hemelse geur verspreidde zich door het vertrek, alsof de brenger van alle
goeds die daarnet aan zijn nederige dienares verschenen was, een spoor van zijn
aanwezigheid achter had willen laten. Zoals gebruikelijk is bij overledenen,
werd haar lichaam geheel ontbloot om gewassen te worden. Toen bleek dat door
haar aanhoudende gebeden in haar kamertje de huid van haar knieën vereelt was
zoals bij een kameel. Wat zij bij haar leven altijd voor zichzelf had gehouden
kwam zo bij haar dood aan het licht.
Dit alles is daags voor
Kerstmis gebeurd. Maar spoedig daarop verscheen ze in een nachtelijk
droomgezicht aan haar zuster Aemiliana met de woorden: 'Kom hierheen. Want
kerstmis heb ik zonder jou doorgebracht, maar Driekoningen wil ik met jou samen
beleven.' Waarop zij - in haar bezorgdheid om het heil van haar zus Gordiana -
antwoordde: 'En als ik alleen kom, aan wie laat ik dan onze zuster Gordiana
over?' Daarop reageerde zij weer met bedroefd gelaat: 'Kom, want de plaats van
onze zus Gordiana is tussen de wereldse vrouwen.' Kort na dit visioen werd zij
ziek. En aan die ziekte is zij ook - zoals haar gezegd was - daags voor
Driekoningen bezweken.
Zo bleef Gordiana alleen
over. Ze werd steeds oppervlakkiger. Nu gaf zij openlijk gevolg aan datgene wat
zij aanvankelijk alleen nog als verlangen in haar gedachten had gekoesterd.
Want ze vergat het respect voor de Heer, ze vergat haar schaamte en eerbied, ze
vergat haar toewijding en huwde al gauw met de beheerder van haar landerijen.
Alle drie waren
aanvankelijk vervuld van eenzelfde ideaal, maar niet hebben ze het alle drie
ten einde toe volgehouden, precies volgens het woord van de Heer: 'Velen zijn
geroepen, maar weinigen uitverkoren.' Ik heb dit allemaal verteld met de
bedoeling dat iemand die een goed werk begonnen is, dat niet toeschrijft aan
zijn eigen kwaliteiten of meent dat hij dat aan eigen inspanning te danken
heeft. Want je weet wel hoe het vandaag is, maar wat er morgen zal zijn, weet
je niet. Niemand moet zijn eigen werk overschatten of zich verheugen in eigen
zelfverzekerdheid. Want in de onzekerheid van dit leven, weet je nooit hoe het
zal aflopen."
[AAS.18--»01.05 (Dries
van den Akker s.j.)]
In 596 nodigde Gregorius
abt Augustinus van het Andreasklooster op de Caelische heuvel uit om met een
groep van veertig monniken naar Engeland te gaan en daar het geloof te
verkondigen onder degenen die nog niet met Christus in aanraking waren gekomen.
Dat was al een oud
verlangen van hem. De legende vertelt dat hij nog als abt van het
St-Andreasklooster eens langs de slavenmarkt was gelopen en dat zijn oog
gevallen was op prachtig gebouwde jongemannen met blonde haren. Hij zou aan de
handelaar gevraagd hebben:
‘Waar komen die slaven vandaan? ‘
‘Van Brittannië, eerwaarde. Maar u hoeft niet zo geschokt te zijn; het zijn toch maar heidenen.’
‘Heidenen!? Moet je hun gezicht zien, zo stralend. En dat terwijl ze nog in de macht van de duisternis zijn? Treurig. Tot welk volk behoren ze?’
‘Het zijn Angelen, Engelsen.’
Gregorius geloofde niet in toeval. Elke gebeurtenis, elk woord had een door God bestuurde betekenis.
‘Engelen, zeg je? Wat een veelbetekenende naam. Want ze hebben inderdaad een engelachtige gezicht, en eens zullen ze engelen in de hemel zijn. En hoe heet het gebied waar ze gevangen genomen zijn?’
‘Déira.’
‘Hoe is het mogelijk. De ira… eruti! Aan de toorn (van God)… onttrokken en toevertrouwd aan de barmhartigheid van Jezus Christus. Hoe heet de koning daar?’
’Allé.’
‘Dat kan toch geen toeval meer zijn: zij zullen over niet al te lange tijd tot
Christus’ Koninkrijk behoren en er ‘Alleluja’ zingen.’
Gregorius had binnen de kortste keren voldoende geld bij elkaar gekregen om die slaven te kopen. Het waren er waarschijnlijk drie of vier. Hij had ze ondergebracht in zijn klooster, en hen tot gelovigen christenen gevormd.
Nu zond hij missionarissen naar het gebied van deze voormalige slaven om er het
evangelie te brengen. Op basis hiervan deelt Gregorius met Augustinus de
eretitel ‘Apostel der Engelsen’.
[Gb3.1987p:343]
Daarnaast droeg hij bij tot de bekering van de Franken, de Longobarden in Italië en via zijn vriend Sint Leander van Sevilla († 600; feest 13 maart) van de Visigoten in Spanje.
In 602 voerde hij de reeds bestaande veertigdaagse vastenperiode voor Pasen in voor heel de Kerk. Hij stelde regels op voor passende kerkmuziek; deze muziek is sindsdien naar hem genoemd: Gregoriaans. Zijn 'Regula pastoralis' (Herderlijke Regel) over ascese en pastorale zorg werd door de heilige koning Alfred de Grote († 889; feest 28 oktober) in het Engels vertaald. Beroemd is ook zijn commentaar op het boek Job ('Moralia') en zijn 'Dialogen' (vier boeken).
Geleerden zeggen van hem dat hij de grondslag heeft gelegd voor het
middeleeuwse pausschap. Zelf noemde hij zich het liefst 'servus servorum Dei'
(dienaar der dienaren Gods). Hij werd opgevolgd door paus Sabinianus († 606).
Verering & Cultuur
Met Sint Ambrosius van Milaan († 397; feest 7 december), Sint Augustinus van Hippo († 430; feest 28 augustus) en Sint Hiëronymus van Betlehem († 420; feest 30 september) behoort hij tot de vier grote westerse kerkvaders.
De kerkelijke Orde van de Heilige Gregorius de Grote werd in 1831 ingesteld door
paus Gregorius XVI.
In Nederland zijn er
Gregoriuskerken in Axel, Brunssum en Stratum.
Hij is patroon van het
Duitse plaatsje Grongörgen (verbastering van Gross-Gregor), waar de kerk een
bedevaartcentrum is van Gregorius.
Hij is patroon van
scholen (vandaar dat in vroeger tijden zijn voormalige gedenkdag, 12 maart,
voor kinderen een officiële feestdag was); de beroemde Gregoriana-Universiteit
in Rome is naar hem genoemd; verder is hij beschermheilige van wetenschappers,
geleerden, leraren, onderwijzers, studenten en scholieren; van kerkzangers,
koorknapen, zangers, musici en alle muziekbeoefenaars; van metselaars en
steenhouwers (vanwege het grote aantal kerken en kloosters dat hij liet
bouwen); en van knopenmakers.
Zijn voorspraak wordt
ingeroepen tegen de pest (op basis van de door hem georganiseerde boetedagen
die de pest tot staan zouden hebben gebracht), tegen jicht en tegen een
plotselinge dood; zo is hij ook patroon van de mijnen.
Hij wordt afgebeeld met
tiara en pauselijke staf (paus); met boek of schrijvend (kerkvader). Mooi is de
afbeelding, waarop zijn leerling Petrus de Diaken († ca 605; feest 12
maart) zijn meester bespiedt terwijl hem de Heilige Geest in de gedaante van
een duif goddelijke geheimen in het oor fluistert. Bekend is ook de afbeelding
van de zogeheten ‘Gregoriusmis’: de paus staat aan het altaar waar Christus
verschijnt als Man van Smarten, omringd door allerlei symbolen die aan zijn
lijden herinneren. Dit gaat terug op de legende dat Gregorius eens tijdens het
opdragen van de mis in de Santa Croce te Rome een visioen kreeg waarin Christus
hem op genoemde wijze verscheen. Daarnaast vinden we afbeeldingen van hem, waar
hij armen te eten geeft aan zijn tafel (twaalf waren uitgenodigd, één kwam
onuitgenodigd: Christus); soms ook afgebeeld met het vagevuur.
Weerspreuk(en)
12 maart
"Is het weer op Sint-Gregorius dol
dan kruipt de vos reeds uit zijn hol.
Maar is het schoon en zonder vlagen;
hij schuilt nog veertien dagen."
Voor RondZending 2009,
oktober: Thema 'Religieus leiderschap'
Over religieus leiderschap gesproken.
Beroemd is het verhaal over paus Gregorius († 604; feest 3 september).
Naar hem is de Gregoriaanse kerkmuziek genoemd.
Hoe in 590 te Rome de
pest tot staan werd gebracht
Dat Gregorius een
organisatietalent had, moge blijken uit de geschiedenis die Gregorius van Tours
over hem optekent. Paus Pelagius stierf op 7 februari van het jaar 590. Juist
in de tijd dat Pelagius gestorven was, woedde de pest in de stad Rome. Er
vielen honderden slachtoffers. Gregorius nam onmiddellijk de leiding in handen
(hij zou in datzelfde jaar - op 3 september - tot Pelagius' opvolger worden
gekozen).
"Hij beval: 'Laten
alle kerkelijke bedienaren optrekken vanuit de kerk van de martelaren Cosmas en
Damianus tezamen met de priesters van het zesde district. Laten alle abten met
hun monniken optrekken vanuit de kerk van de heilige martelaren Gervasius en
Protasius met de priesters van het vierde district. Laten alle abdissen met al
hun verzamelde zusters optrekken vanuit de kerk van de heilige martelaren
Marcellinus en Petrus tezamen met de priesters van het eerste district. Laten
alle kinderen optrekken vanuit de kerk van de heilige martelaren Johannes en
Paulus tezamen met de priesters van het tweede district. Laten alle leken
optrekken vanuit de kerk van de eerste martelaar Sint Stefanus tezamen met de
priesters van het zevende district. Laten al de weduwen optrekken vanuit de
kerk van Sint Eufemia tezamen met de priesters van het vijfde district. Laten
al de gehuwde vrouwen optrekken vanuit de kerk van de heilige martelaar Clemens
tezamen met de priesters van het derde district. Laten we allemaal optrekken
met gebeden en klaagzangen vanuit elk der aangewezen kerken om elkaar tenslotte
te ontmoeten bij de kerk van de heilige Maagd Maria, de Moeder van onze Heer
Jezus Christus, zodat we daar één grote langgerekte smeekbede richten tot onze
Heer met tranen en zuchten en op die manier de vergeving van onze zonden
waardig bevonden worden.'
Toen hij uitgesproken
was, riep hij alle kerkelijke bedienaren bij elkaar met de opdracht om drie
dagen achtereen psalmen te zingen en om vergiffenis te vragen voor alle
bedreven zonden. Om drie uur verlieten alle koren hun kerk en trokken door de
straten onder het zingen van Kyrie eleison (= Heer, ontferm U over ons)."
Toen de processie de brug
over de Tiber naderde verscheen Michaël op het mausoleum van keizer Hadrianus
met een vlammend zwaard in de hand. Hij stak het in de schede, alsof hij
daarmee te kennen wilde geven dat het genoeg was. Sindsdien heet die burcht 'de
Engelenburcht'; ze werd omgedoopt tot een Michaëlskerk. Dat was op 25 april
590.
Dit alles tekende
Gregorius van Tours op uit de mond van één van zijn diakens die bij dit alles
zelf aanwezig was geweest.
De twee afbeeldingen
vormen eigenlijk één geheel. Het zijn twee tegenover elkaar liggende bladzijden
uit een gebedenboek van de Franse Hertog de Berry. Het werd rond 1416
geïllustreerd door de gebroeders van Limburg en door ene Jean Colombe. De
bladzijde met de rode kardinalen hoort links; die met de gevallen geestelijke
in blauw gewaad rechts.
Onder aan de bladzijden
zien we een lange processie optrekken van links naar rechts. Vooraan trekken
monniken in witte albes achter vaandels de stadspoort binnen. Daarachter is een
diaken die een reliekschrijn vasthield, voorover gevallen. Dit draagt bij aan
het dramatische effect. In Gregorius' verhaal wordt daar niets over verteld.
Maar op die manier krijgen wij een levendig beeld van de verschrikkingen die de
pest aanricht! Naast de gevallen priester een diaken in het groen met een
liturgisch boek. Daarachter een in het wit en zwart geklede dominicaan met een
reliekschrijn en een priester in het rood met een boek. Daar weer achter (op de
andere bladzijde) twee geestelijken die op een draagstoel een grote
reliekschrijn dragen. Daarachter Gregorius, getooid met pauselijke driekroon.
Op dat moment nog ten onrechte. Zijn slip wordt gedragen door een groepje van
vier in het rood gehulde kardinalen, compleet met kardinaalshoed. Gregorius
heft zijn beide handen in wanhopig gebed naar de hemel. Daar verschijnt boven
op het dak van een ronde toren de aartsengel Michaël die zijn zwaard wegsteekt.
Achter de kardinalen is er een monnik bezweken. Een andere monnik knielt naast
hem. Daarachter een kluizenaar, een stoet van vrouwen en burgers, zover het oog
reiken kan.
We mogen aannemen dat de
schilder Rome nooit met eigen ogen heeft gezien, want in het echt ziet de
Engelenburcht er heel anders uit. Hij stelt zich Rome voor als een stad van
poorten, torens en kerken.
De tekst op de linker
bladzijde bevat een psalm. Op de rechter bladzijde begint de litanie van Alle
Heiligen. Links de (letterlijke) Latijnse tekst; rechts de vertaling:
Kyrie eleison Heer ontferm U [over ons]
Xriste eleison Christus ontferm U [over ons]
Kyrie eleison Heer ontferm U [over ons]
Xriste audi nos Christus verhoor ons
Pater de celis deus Vader God vanuit de hemel
miserere nobis Ontferm U over ons
Fili Redemptor mun- Zoon, Verlosser van de we
di deus miserere nobis reld, God, ontferm U over ons
Spiritus sancta deus Heilige Geest God
miserere nobis Ontferm U over ons
Sancta Trinitas Heilige Drie-Eenheid
unus deus miserere n. Ene God, ontferm U o.o.
Sancta Maria ora pro
nobis Heilige Maria, bid voor ons
Sancta Dei genitrix ora
pro nobis Heilige Moeder van God bid
voor ons
Sancta virgo virginum.
Ora pro n. Heilige Maagd der maag den,
bid voor ons
Sancte Michaël OR Heilige Michaël BvO
Sancte Gabriël OR Heilige Gabriël BvO
Sancte Raphaël OR Heilige Rafaël BvO
Omnes sancti an geli et
archangeli dei OR Alle heilige engelen
en aartsengelen van God BvO
Sancte Johannes baptista
OR Heilige Johannes de doper Bv
Omnes sancti patriarchi
et prophetae dei OR Alle
heilige aartsvaders en profeten van God BvO
Sancte Petre OR Heilige Petrus BvO
Sancte Paule OR Heilige Paulus BvO
Sancte Andrea OR Heilige Andreas BvO
Sancte Iacobe OR Heilige Jacobus BvO
Sancte Iohes OR Heilige Johannes BvO
Sancte Philippe OR Heilige Filippus BvO
Sancte Thoma OR Heilige Thomas BvO
Sancte Iacobe OR Heilige Jacobus BvO
Sancte Mathee OR Heilige Matteus BvO
Sancte Thadee OR Heilige [Judas] Thaddeus BvO
Sancte Bartolome Heilige Bartolome
e ora pro nobis us
bid voor ons
Sancte Mathia OR Heilige Matthias BvO
Sancte Luca OR Heilige Lukas BvO
Sancte Barnaba OR Heilige Barnabas BvO
Sancte Symon OR Heilige Simon BvO
SOURCE : https://heiligen-3s.nl/heiligen/09/03/09-03-0604-gregorius.php
Saint Gregorius the Great. One among four 19th century statues of Doctors of the Church standing around the main (circular) hall of the church of San Carlo al Corso church in Milan. Picture by Giovanni Dall'Orto, June 22 2007.
Gregor der Große
orthodoxer
Beiname: der Gesprächsbereite
Gedenktag katholisch: 3. September
gebotener Gedenktag
Fest in England und im Benediktinerorden
Fest in Malta: Mittwoch nach Ostern
Gedenktag
III. Klasse 12. März (Todestag), Tag seiner Bischofsweihe: 3.
September
Bestattung: 12. März
nicht gebotener Gedenktag im mozarabischen Ritus: 12. März
Übertragung von Reliquien in die Jesuitenkirche São Roque nach Lissabon: 25. Januar
Tag der Amtseinsetzung: 19. März, 30. März, 2. September
Todestag, wohl tatsächlich: Übertragung der Gebeine nach Gallien: 26. März
in Soissons: Übertragung der Gebeine: 11. Juli, 15. Oktober
Aufnahme der Gebeine in Cluny: 20. Juli
gebotener Gedenktag in der Paulinischen Familie: 4. September
in Melun: Niederlegung der Gebeine: 22. September
Gedenktag evangelisch:
12. März (EKD, ELCA), 3. September (LCMS)
Gedenktag anglikanisch:
3. September
Gedenktag orthodox: 12.
März
Gedenktag armenisch: 13.
März
Name bedeutet: der
Wachsame (griech. - latein.)
Papst, Kirchenlehrer, Kirchenvater
* um 540 in Rom
† 12. März 604 in Rom
Gregor wurde als Sohn
eines sehr reichen Senators - wohl aus der Patrizierfamilie der Anicii - und
der Silvia geboren;
er war der Urenkel von Papst Felix III. und
verwandt mit Papst Agapitus I..
Er studierte Grammatik, Rhetorik und Verwaltungswesen und stand bereits im
Alter von gut 30 Jahren als Präfekt an der Spitze von Roms Zivilverwaltung;
seine dabei erlangten Kenntnisse in der Verteilung von Lebensmitteln, der
öffentlichen Ordnung und im Bauwesen befruchteten später sein Amt. Aber dann
legte er seine Ämter nieder und zog sich 575 nach dem Tode seines Vaters in den
Palast seiner Familie zurück, aus dem er ein Andreas gewidmetes Benediktinerkloster
machte an der Stelle der heute nach ihm benannten Kirche San
Gregorio Magno al Celio. Aus dem Familienbesitz gründete er noch sechs
weitere Klöster in Süditalien, darunter - wohl 581 - das Kloster an der
heutigen Kirche San
Giovanni degli Eremiti in Palermo, das Kloster San
Martino delle Scale im heute gleichnamigen Ortsteil von Monreale bei
Palermo und in den Bergen der Madonie das Kloster Gibilmanna -
heute ein Ortsteil von Cefalù.
Gregor wurde 578/579
zum Diakon geweiht und wurde einer der sieben Diakone von Rom.
579 wurde er im Auftrag von Papst Pelagius
II. als Gesandter zum Kaiser nach Konstantinopel - dem heutigen Ístanbul -
gesandt, wo er auch militärische Hilfe gegen den Einfall der bis vor Rom
vorgedrungenen Langobarden erwirken sollte, was ihm aber misslang. 585 kehrte
er in sein Andreaskloster zurück,
wirkte dort möglicherweise als Abt. Zahlreiche Wohltaten, Bittgänge und
wunderbare Wirkungen wurden seinen Gebeten und Bemühungen zugeschrieben.
Luigi Caponii: Gregor und
seine Mutter Silvia betend
vor Stephanus,
bei der Feier der Messe und Als 590 eine Überschwemmungskatastrophe Tod und
Elend über Rom brachte
und die anschließende Pestseuche nicht nur die Bevölkerung hinraffte, sondern
auch Papst Pelagius II., fiel die Wahl auf Gregor; er wurde damit der erste
Mönch auf dem Stuhl
Petri. Seiner eigenen Schilderung zufolge - entsprechend den damals
üblichen demütigen rhetorischen Gepflogenheiten - wollte er sich dem entziehen
und ließ sich verkleidet und in einem Fass verborgen auf einem Ochsenkarren aus
der Stadt bringen, um in einer Höhle als Eremit zu leben. Eine Lichtsäule, an
der Engel auf-
und niederstiegen, führte aber zu seiner Entdeckung; am 3. September übernahm
er das Amt.
Obwohl als kränklich
bekannt, entfaltete Gregor beeindruckende Aktivitäten in Politik, Kirche und in
der Fürsorge für sozial Schwache. Nach wiederholten Ausbrüchen von Pestseuchen
ließ er 590 ein angeblich von Lukas gemaltes
Bild der Maria einer
Prozession vorantragen, hörte Engel das Regina coeli singen, fügte
eine Strophe hinzu und sah einen Engel auf dem Hadriansgrabmal das blutige
Schwert in die Scheide stecken - Zeichen der beendeten Seuchen; von da an soll
man das Bauwerk Engelsburg genannt
haben.
Das römische Weltreich
war am Ende, nur ein kleiner Rest um die Stadt herum war römisch und gehörte
zu Byzanz;
der Kaiser dort aber verweigerte Gregor die erbetene Hilfe gegen Eindringlinge.
So musste Gregor mit den Langobarden verhandeln und konnte 594 deren Invasion
nur dadurch verhindern, dass er ihnen die Zahlung eines hohen jährlichen
Tributs zusagte. Die Langobarden hatten dennoch den fast völligen Zusammenbruch
der Verwaltung bewirkt, Gregor musste sich um die Versorgung der Armen und den
Schutz der Bevölkerung kümmern; aufgrund der großen Ländereien im Besitz der
Kirche konnte er Nahrung und Geld bereitstellen. Auf einer Synode wurde
595 die päpstliche Verwaltung neu organisiert, sie durfte nun nur noch
aus Klerikern und
Mönchen bestehen. Mit großer Sorgfalt wählte er die Bischöfe aus entsprechend
den Anforderungen, die er in seiner Regula Pastoralis festgelegt
hatte; insbesondere waren alle simonistischen Tendenzen
untersagt.
Mit besonderer
Aufmerksamkeit verwaltete Gregor selbst die reichen Besitztümer in
Süditalien, Sizilien, Sardinien,
Gallien, Dalmatien und
in Nordafrika. Die einzelnen Provinzen wurden von Subdiakonen geleitet, ihnen
gab Gregor Listen, die die Höhe der Bestechungsgelder für die Beamten des
von Byzanz kontrollierten
und mit Rom um
die Führerschaft im Westen konkurrierenden Erzbistums Ravenna festlegten.
So übernahm das Papsttum unter Gregor die politische Macht in Italien, er
schloss die Ländereien zu einem einheitlichen Ganzen zusammen, das zum
Grundstein des Kirchenstaates wurde. Der Erlös wurde oft für caritative Zwecke verwendet,
auch für Juden, so in Cagliari.
Gregor war ein
energischer Kirchenführer und verstand sich zugleich nach Markusevangelium 10,
44 als servus servorum Dei, Diener der Diener Gottes - den Titel
übernahmen nach ihm alle Päpste. Der machtbewusste Mann sah sich erfüllt von
der Aufgabe, die strenge katholische Gläubigkeit zu verteidigen und zu
verhüten, dass christianisierte Länder wieder dem Heidentum oder ketzerischen
Lehren verfielen. Es gelang ihm, Roms Anspruch
auf die kirchliche Vorrangstellung gegenüber dem Patriarchen von Konstantinopel sowie
den anderen Bischöfen der Kirche durchzusetzen. Dabei half ihm seine
Mystifizierung des Amtes als Nachfolger von Petrus,
wonach dieser durch ihn rede und handle.
Mit der austrasischen Königin
Brunhilde konnte Gregor Reformen in der Verwaltung der Kirche vereinbaren.
Zugleich war dies die Voraussetzung für die von Gregor initiierte
Re-Christianisierung Englands, als er 597 Augustinus
von Canterbury, den Abt seines Familienklosters,
mit weiteren 39 Mönchen nach England sandte; Motiv sei gewesen, dass
Gregor schöne englische Jünglinge auf dem Markt gesehen hatte.
Augustinus wurde angewiesen, bei der Mission an vorchristliches Brauchtum
anzuknüpfen und bestehende heidnische Heiligtümer nicht zu zerstören. Ein
wesentliches Anliegen war Gregor die Einheit des aktiven und des kontemplativen
Lebens und die Wahrung des Gleichgewichts von Gebet und Arbeit gemäß der Regel
der Benediktiner.
Die Zurückführung der
dem Arianismus anhängenden
Langobarden in den Schoß der katholischen Kirche erreichte Gregor, indem er
Königin Theodelinde unterstützte.
Auch in Spanien gelang ihm unter wesentlicher Mithilfe von Leander
von Sevilla die Eindämmung des Arianismus und die Rekatholisierung des
Landes, nachdem er Westgotenkönig Rekkared wieder zum Katholizismus
zurückführen konte. Lediglich in Nordafrika wurden seine Eingriffsversuche
abgewiesen; Gregor erhob deshalb den Vorwurf, dort sei der Donatismus wieder
aufgelebt.
Gregor förderte das
Klosterwesen, sein besonderes Interesse schenkte er der Liturgiereform, er
führte die gregorianischen Choräle ein. Die Liste
der Todsünden - Hochmut, Völlerei, Neid, Zorn, Trägheit, Geiz,
Wollust - geht auf ihn zurück.
Die Legenda
Aurea berichtet zahllose Züge der äußersten Demut und Kasteiung
Gregors bis zum Herzbruch. Erzählt wird die Verwandlung einer Oblate in
ein Stück Fleisch - oder den wahrhaftig sichbaren Leib Christi -
und dessen Rückverwandlung, als die ungläubige Frau, die die Oblaten gebacken
hatte, ihren Zweifel an der Wandlung der Elemente in der Eucharistie mit
Lachen äußerte; mit dem sichtbaren Wunder gelang es Gregor, die Frau zu
bekehren.
Ugolino di Prete Ilario:
Papst Gregor feiert die Messe, bei der Christus aus
der Oblate erscheint, Schwere Krankheit habe Gregor auf sich genommen, um Kaiser
Trajan aus dem Fegefeuer zu lösen. Dessen Stimme hatte Gregor demnach
vernommen, als er über das Trajansforum zur Peterskirche ging
und über diesen gerechten Heiden weinen musste: Trajan hatte von einem
Kriegszug Abstand genommen, um einer hilflosen armen Witwe für ihren unschuldig
getöteten Sohn zum Recht zu verhelfen; eine erweiterte Legende lässt den Sohn
des Kaisers bei einem Ausritt den Sohn der Witwe töten, das Gesetz verlangte
für die Untat Blendung, der Kaiser opferte ein eigenes Auge, damit dem Sohn
doch eines bliebe.
Die in 14 Büchern
zusammengefassten Briefe des letzten der vier Kirchenväter beschreiben
Gregors Denken und den Zeitgeist eindrücklich. Seine Werke mit allegorischer
Schriftauslegung und moralischer Deutung hatten großen Einfluss auf das Mittelalter. Moralia
in Job ist seine um 595 vollendete Sittenlehre, eine Auslegung zum alttestamentlichen Buch Ijob (Hiob) in
35 Büchern. Erhalten ist auch eine Sammlung mit 40 Predigten und 22
fortlaufenden Erklärungen zum Prophetenbuch Ezechiel.
Der Liber regulae pastoralis, das Buch der Regeln für die
Hirten beschreibt die Aufgaben eines Seelsorgers, Liber Pastoralis
Curae, Buch der seelsorgerischen Fürsorge, versteht sich als Lehrbuch für
die Predigt. Die vier um 594 entstandenen Bücher der Dialogi de vita et
miraculis patrum Italicorum, der Dialoge über die Lebensgeschichten und
die Wunder der italienischen Väter sind eine Sammlung von Legenden über
Heilige aus Gregors Zeit und zugleich eine der wenigen Quellen, die Angaben
über das Leben des Benedikt
von Nursia enthalten; sie prägte die folgenden Jahrhunderte, indem sie
maßgeblich zur Enstehung der Ordensregel der Benediktiner beitrug.
Im vierten Buch sind die liturgischen Grundlagen für die Entstehung
der gregorianischen Messe enthalten. Erhalten sind auch 847 seiner
Briefe.
Legenden berichten
Ereignisse nach Gregors Tod: Neider beschuldigten den Toten, den Kirchenschatz
veruntreut zu haben und schickten sich aus Rache an, seine Bücher zu
verbrennen. Da griff sein Freund, der Diakon Petrus, ein und offenbarte, dass
er wisse und gesehen habe, wie der Heilige Geist in Gestalt einer Taube Gregor
beim Schreiben inspiriert habe. Da er aber bei Todesfolge versprochen habe,
dieses nicht zu äußern, möge sein Schwur auf das Evangelium den Wert der Bücher
mit seinem unmittelbaren Tod bezeugen. Sterbe er nicht, so mögen die Bücher
verbrannt werden - er schwörte feierlich und gab ohne Schmerzen seinen Geist
auf.
Gregors Amtszeit lag am
Ende der Spätantike und des römischen Reiches
und am Beginn des frühen Mittelalters. Er war der letzte Römer und
der erste sich vom Einfluss des Kaiserhofs in Byzanz befreiende
Kirchenfürst, neuer Bezugspunkt war nun das Frankenreich. Im Alter prägte ihn
eine eher trübe Einschätzung seiner Zeit als mundus
senescens, greisenhafte Welt.
Antonio Balestra: Gregor
mit Andreas,
dem er das von ihm gegründete Kloster weihte, Altarbild, Sein Grab fand Gregor
in der Peterskirche.
Im von ihm auf seinem Familiensitz erbauten Kloster ist seine Zelle und in
dessen Kirche San
Gregorio Magno al Celio sein Bischofsstuhl erhalten. 836 wurden Reliquien nach
Soissons gebracht.
Durch seine Gelehrsamkeit
wurde Gregor zum Patron des Schulwesens und für Lehrer, Studenten und Schüler.
Diese feierten früher am 12. März einen Schülerfesttag, der auch in
evangelischen Gebieten begangen wurde. Die Schule unterstand bei diesem Fest
einem Knabenrektor, der wie sein erwachsenes Gegenstück mit Schulschlüssel und
Rute ausgestattet wurde. Seine Mitschüler verkleideten sich ihrem angestrebten
Beruf entsprechend als Pfarrer, Lehrer, Arzt oder Jurist. Die Lehrer waren
ihres Amtes enthoben und als Schüler verkleidet, der entmachtete Rektor musste
die Schülerschaft verpflegen und eine komplette Mahlzeit spendieren.
Im Andenken an Gregor
verleiht die katholische Kirche seit 1831 den Gregoriusorden an Laien
als Auszeichnung für Eifer in der Verteidigung der katholischen Religion.
Noch heute werden einige
von Gregors Predigten im Brevier der katholischen Kirche gelesen. Bei der Kalenderreform von
1969 verlegte man den katholischen Gedenktag vom Todestag, der in der Fastenzeit lag,
auf den Jahrestag seiner Weihe zum Bischof von Rom.
Nach dem Vorbild Gregors werden bis heute Gregorianische Messen für
Verstorbene gelesen, das sind 30 tägliche Messen hintereinander. Gregor
begründete diesen Brauch, als er noch Abt des Andreasklosters war.
Dort verstarb der Mönch Justus im Ruf, dass er die Armutsgelübde nicht geachtet
habe; daraufhin ließ Gregor 30 Messen an 30 aufeinanderfolgenden Tagen 1 für
den Mitbruder lesen und der dankte es Gregor dann mit einer Vision, dass er nun
aus dem Fegefeuer, befreit sei.
Kanonisation: Seit 1295 trägt Gregor den Titel Kirchenlehrer.
Attribute: Tiara, Buch; Taube, Arme bedienend
Patron des kirchlichen Schulwesens, der Bergwerke; des Chor- und Choralgesanges; der Gelehrten, Lehrer, Schüler, Studenten, Sänger, Musiker, Maurer, Knopfmacher; gegen Gicht und Pest
Bauernregeln (für 12. März): Gregor zeigt dem Bauern an, / dass im Feld er säen kann.
Weht an Gregorius der Wind, / noch 40 Tage windig sind.
Wenn Gregorius sich stellt, / muss der Bauer aufs Feld.
Wenn Gregori fällt, / heißt's die Saat bestellt.
Wenn Gregori grobes Wetter ist, so geht der Fuchs aus der Höhle; ist es schön, so bleibt er noch 14 Tage darinnen.
Am Gregorstag schwimmt das Eis ins Meer.
Um den Tag des St. Gregor, / da kommen auch die Schwalben vor.
1 Im 4. Buch Mose
20, 29 heißt es, dass das ganze Haus Israel 30 Tage lang um Aaron trauerte,
auch Mose wurde
nach 5. Mose 34, 8 dreißig Tage lang in den Steppen von Moab beweint.
Worte des Heiligen
Das Leben eines
Seelsorgers bedarf eines ausgewogenen Verhältnisses von Kontemplation und
Aktion:
Ein Vorsteher muss das Volk in seinem Leben und Handeln um soviel überragen,
als sich das Leben eines Hirten von dem seiner Herde unterscheidet. Er muss
sich also ernstlich darüber klar zu werden suchen, in welch besonderem Grade er
zu einem rechtschaffenen Wandel verpflichtet ist, da im Verhältnis zu ihm das
Volk als seine Herde bezeichnet wird. Er muss also lauter sein in seinen
Gedanken, musterhaft in seiner Handlungsweise, taktvoll im Schweigen, tüchtig
im Reden, jedem Einzelnen durch Anteilnahme der Nächste, mehr als alle durch
Betrachtung nach oben ausgerichtet, denen, die ein sittlich gutes Leben führen,
ein demütiger Gefährte, den Fehltritten der Sünder gegenüber ein unbeugsamer
Eiferer für die Gerechtigkeit; er darf bei aller Beschäftigung mit den äußeren
Dingen die Sorge für das Innere nicht zu kurz kommen lassen und bei allem Eifer
für das Innere die Sorge für das Äußere nicht aus dem Blick verlieren. …
Der Seelsorger darf [also] weder über der Sorge für die äußeren Dinge das Innenleben vernachlässigen, noch in seinem Eifer für das Innenleben die äußeren Dinge übersehen; denn andernfalls wird er ganz veräußerlichen und sein Innenleben einbüßen; oder er wird ausschließlich nur dem Inneren leben und den Mitmenschen nicht bieten, was er ihnen in Bezug auf äußere Dinge schuldet. Manchmal hat es nämlich den Anschein, als würden Seelenhirten ganz darauf vergessen, dass sie um der Seelen der Brüder willen zu Vorstehern gemacht wurden, so sehr hängen sie ihr Herz an die zeitlichen Geschäfte; gibt es gerade solche Geschäfte, so erledigen sie dieselben mit Begeisterung; gibt es keine, so suchen sie solche und grübeln Tag und Nacht in aufgeregten Gedanken darüber nach. Müssen sie einmal, weil die Gelegenheit fehlt, in dieser Beziehung sich ruhig verhalten, so werden sie durch diese Ruhe ganz müde und matt. Denn es ist ihnen eine Lust, von Geschäften schier erdrückt zu werden, und sie halten es für eine Strapaze, wenn sie nicht bei irdischen Geschäften strapaziert werden. Daher kommt es dann, dass sie vor lauter Freude am Geräusch des Weltlärmes nichts wissen vom inneren Leben, das sie doch andere hätten lehren sollen. Ohne Zweifel wird dadurch das Leben der Untergebenen lau; denn ihr Verlangen nach geistigem Fortschritt stößt im Beispiel des Vorstehers auf ein Hindernis auf ihrem Lebensweg.
Wenn das Haupt krank ist, hilft die Gesundheit der anderen Glieder nichts, und
ganz umsonst eilt das Heer beim Aufsuchen des Feindes dem Feldherrn nach, wenn
dieser den Weg verfehlt. Da wirkt keine Mahnung mehr auf die Untergebenen, da
greift kein Tadel mehr an; denn wenn der Seelsorger nur mehr ein weltlicher
Beamter ist, ist bei der Bewachung der Herde von Seelsorge keine Rede mehr.
Es wäre aber auch verkehrt, sich ganz auf das Innenleben zurückzuziehen:
Andere dagegen übernehmen zwar das Amt des Seelsorgers über eine Herde, wollen dabei aber so viele Zeit für ihre eigenen geistlichen Bedürfnisse frei haben, dass für die äußeren Geschäfte gar nichts mehr übrig bleibt. Da sie nun die Sorge für das Leibliche ganz vernachlässigen, werden sie den Bedürfnissen der Untergebenen in keiner Weise gerecht. Die Predigt solcher Seelsorger stößt weithin auf Verachtung; denn da sie nur gegen die Werke der Sünder losziehen, ihnen aber das zum Leben Notwendige nicht verschaffen, leiht man ihnen in keiner Weise das Ohr. Eine weise Lehre dringt nicht in das Herz eines Bedürftigen, wenn diese nicht eine barmherzige Hand seinem Herzen empfiehlt. Dann aber kommt der Same des Wortes leicht zum Keimen, wenn ihn im Herzen des Hörers die Anteilnahme des Predigers bewässert.
Darum muss der Seelsorger, um das innere Leben einpflanzen zu können, sich in
lauterer Gesinnung auch der äußeren Dinge annehmen. Die Hirten sollen sich so
die Pflege des inneren Lebens bei ihren Untergebenen angelegen sein lassen,
dass sie darüber die Sorge für deren äußeres Leben nicht außer Acht lassen.
Quelle: Gregor der
Große: Pastoralregel 2,1.7. In: Patrologia Latina 77.3 = Bibliothek der
Kircheväter 2, 2. Reihe, Bd. 4, 1, S. 109f, 113f; bearbeitet
Zitate von Gregor dem
Großen:
Es gibt, Petrus, zwei
Arten von Martyrium, ein verborgenes und ein öffentliches. Denn wenn auch
äußerlich keine Verfolgung vorhanden ist, so ist doch das Verdienst des Martyriums
im Verborgenen da, wenn in der Seele die Bereitschaft zum Leiden lebendig ist.
Die Kunst, die Jugend zu führen und zu bilden, ist die Kunst der Künste und
Wissenschaft der Wissenschaften.
Wer einen hohen Berg erklimmen will, tut das nicht in Sprüngen, sondern
schrittweise und langsam.
Die Bibel ist wie ein Strom, der so flach ist, dass ein Lamm daraus trinken
kann, und so tief, dass ein Elefant darin baden kann.
Nimm das Wohlwollen hinweg und du entfernst die Sonne aus der Welt, du machst
den Verkehr unter den Menschen unmöglich.
Strenge und Milde verlieren ihren Wert, sobald die eine ohne die andere
angewendet wird.
Die Geschöpfe sind die Fußspuren Gottes.
Ich für meinen Teil halte die Tugend der Geduld für größer als Zeichen und
Wunder.
Vor der Sünde fürchte Gottes Gerechtigkeit, nach der Sünde hoffe auf Gottes
Barmherzigkeit.
Gott steht außerhalb des Verstehens. Wir können nur sagen was Er nicht ist,
aber nicht, was Er ist.
Quelle:
https://www.aphorismen.de/suche?f_autor=1531_Gregor+I.+der+Große
zusammengestellt von Abt em. Dr. Emmeram Kränkl OSB,
Benediktinerabtei Schäftlarn,
für die Katholische
SonntagsZeitung
Werke von
Gregor gibt es in der Bibliothek der Kirchenväter der Université
Fribourg auf Deutsch.
weitere
Schriften von Gregor und seine Lebensgeschichte gibt es online zu
lesen in den Documenta Catholica Omnia.
Die Kirche San Gregorio Magno al Celio in Rom kann täglich von 9 Uhr bis 12 Uhr und von 16 Uhr bis 18 Uhr besucht werden, man muss an der Klosterpforte neben dem Kircheneingang klingeln. (2017)
Das Museum von San Giovanni degli Eremiti in Palermo ist täglich außer sonntags von 9 Uhr bis 18.30 Uhr zur Besichtigung geöffnet, der Eintritt beträgt 6 €. (2017)
Die Engelsburg in Rom, heute staatliches Museum zur Besichtigung der Räume der Päpste und mit Gemälde- und Waffensammlung, ist täglich von 9 Uhr bis 18.30 Uhr geöffnet, der Eintritt beträgt 10 €. (2017)
Der Petersdom -
die Basilika Sancti
Petri in Vaticano - in Rom ist täglich von 7 Uhr bis 19 Uhr, mittwochs
erst ab 13 Uhr geöffnet, der Eintritt ist wie in alle Kirchen Roms frei. Die
Vatikanischen Grotten unter der Peterskirche mit dem Petrusgrab sind vom linken
vorderen Vierungspfeiler des Petersdoms aus zugänglich und können von 8 Uhr bis
18 Uhr kostenfrei besucht werden. Der Besuch der darunter liegenden Nekropole
ist nur nach Anmeldung unter scavi@fsp.va und
mit Führung möglich, diese kostet 13 €. Der Besuch des Museums in der Sakristei
ist von 8.30 Uhr bis 18.30 Uhr möglich, der Eintritt beträgt 5 €; der Besuch
des Daches des Petersdoms, von dem man auch die Kuppel besteigen kann, kostet 6
€, bei der Fahrt mit dem Aufzug 8 €. (2017)
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Autor: Joachim
Schäfer - zuletzt aktualisiert am 06.09.2024
Quellen:
• Vera Schauber, Hanns Michael Schindler: Heilige und Patrone im Jahreslauf. Pattloch, München 2001
• P. Ezechiel Britschgi: Name verpflichtet. Christiana, Stein am Rhein, 1985
• Hiltgard L. Keller: Reclams Lexikon der Heiligen und der biblischen Gestalten. Reclam, Ditzingen 1984
• Roland Hill: Gregors große englische Mission. Stuttgarter Zeitung 14. Juni 1997
• http://www.bauernregeln.net/maerz.html nicht mehr erreichbar
• Lexikon für Theologie und Kirche, begr. von Michael Buchberger. Hrsg. von Walter Kasper, 3., völlig neu bearb. Aufl., Bd. 4. Herder, Freiburg im Breisgau 1995
• https://www.die-tagespost.de/feuilleton/Gregorianisch-einmal-anders;art310,185535
- abgerufen am 18.07.2023
korrekt zitieren: Joachim Schäfer: Artikel Gregor „der Große”, aus dem Ökumenischen Heiligenlexikon - https://www.heiligenlexikon.de/BiographienG/Gregor_I_der_Grosse.htm, abgerufen am 30. 11. 2024
Die Deutsche Nationalbibliothek verzeichnet das Ökumenische
Heiligenlexikon in der Deutschen Nationalbibliografie; detaillierte
bibliografische Daten sind im Internet über https://d-nb.info/1175439177 und https://d-nb.info/969828497 abrufbar.
SOURCE : https://www.heiligenlexikon.de/BiographienG/Gregor_I_der_Grosse.htm
SAINT GREGOIRE LE
GRAND. Homélies sur les Evangiles pour le temps de l’Avent, des Gésimes et
du Carême. © Abbaye de Bois Aubry :
http://www.eglise-orthodoxe.eu/pdf/homelies_gregoire_grand.pdf