samedi 9 mai 2015

Saint HERMAS de ROME, confesseur

Saint Hermas

Frère du pape Pie Ier (140-155), esclave chrétien affranchi, Hermas fait fortune dans l'agriculture et le commerce, se marie et a des enfants. Lors des persécutions, lui et sa femme confessent leur foi, mais leurs enfants apostasient, et les ruinent. L'épreuve a réveillé la foi, jusque-là tiède, d'Hermas. Il écrit un ouvrage : Le Pasteur, sorte d'apocalypse qui aura longtemps beaucoup de succès. Aujourd'hui son intérêt est surtout de faire mieux connaître la communauté chrétienne des Ier et IIème siècles.

SOURCE : http://www.paroisse-saint-aygulf.fr/index.php/prieres-et-liturgie/saints-par-mois/icalrepeat.detail/2015/05/09/685/-/saint-hermas

SAINT HERMAS.

DU LIVRE INTITULÉ LE PASTEUR.

Saint Hermas, Grec d’origine et d’une famille distinguée, habitait l’Italie. Il fut disciple des apôtres. Saint Paul, dans son épître aux Romains, le fait saluer de sa part. Mais est-ce bien cet Hermas qu’on doit regarder comme l’auteur de l’ouvrage intitulé : le Pasteur. Les savants ne s’accordent pas sur ce point, qu’il est d’ailleurs fort difficile d’éclaircir. C’est pour cette raison que nous avons rangé ce livre parmi les ouvrages dont les auteurs ne sont pas connus, mais qui ne sont pas pour cela supposés.

L’Hermas dont il s’agit ici était-il prêtre ou simple laïque ? Nous n’avons à cet égard que des conjectures. Le livre du Pasteur nous apprend qu’il avait été marié, qu’il éprouva des peines domestiques causées par l’indiscrétion de sa femme et par l’ambition de ses enfants ; qu’il manqua de courage pour réprimer leurs écarts, mais qu’il se repentit dans la suite de sa faiblesse et en fit une sévère pénitence.

Le livre du Pasteur est écrit en forme de dialogues, et divisé en trois parties, sous les titres de Visions, de Préceptes, de Similitudes.

Dans la première partie, l’ange tutélaire d’Hermas lui apparaît sous la figure d’un berger pour l’instruire. De là vint à tout l’ouvrage le nom de Pasteur : témoignage incontestable de la croyance de l’Église, dès la plus haute antiquité, touchant les anges gardiens.

Les sentiments sur le mérite de ce livre sont extrêmement partagés. Chez les Latins, les premiers Pères seulement en ont fait de grands éloges. Mais il a mieux conservé sa réputation chez les Grecs, plus amateurs d’allégories. Clément d’Alexandrie et Origène en parlent comme d’un ouvrage inspiré : ils lui donnent la plus haute antiquité. Du reste, tous les savants s’accordent à le regarder comme un des plus précieux et des plus anciens monuments de nos traditions ecclésiastiques. On y trouve, en effet, des détails pleins d’intérêt sur la foi et sur la discipline des premiers temps, sur les mœurs primitives des Chrétiens. Il appartient évidemment aux temps apostoliques. Il fut écrit sous le pontificat de saint Clément et avant la persécution de Domitien, c’est-à-dire vers l’an 92. Il est facile de démontrer par certains détails qu’il est antérieur à saint Hermas, frère de Pie I, pape en 142, et ne peut lui être attribué.

Le livre du Pasteur était écrit en grec ; il ne nous en reste plus qu’une traduction latine faite dans les temps les plus reculés. C’est encore une raison de ne pas lui donner la même importance qu’aux ouvrages dont les auteurs sont certains et les textes conservés. Aussi nous permettrons-nous d’abréger ce livre en le resserrant dans de justes proportions, sans toutefois détruire son ensemble et sans rien omettre d’essentiel.

DU LIVRE INTITULÉ LE PASTEUR.

LIVRE PREMIER.

Les Visions.

I.

En ce temps-là, c’est-à-dire sous le pontificat de saint Clément, deuxième successeur du prince des apôtres, vivait à Rome un homme d’une piété singulière, le bon et simple Hermas, que saint Paul salue dans l’épître aux Romains. Celui qui l’avait nourri avait pour esclave et vendit une petite fille qu’Hermas retrouva au bout de quelques années, qu’il reconnut et qu’il aima comme une sœur ; le jeune homme se disait : « Heureux si j’avais une telle épouse !… »

Plus tard, et devenu père de famille, Hermas se promenait un jour le cœur plein du souvenir de celle qu’il avait aimée, et tout à coup il s’endormit et fut enlevé dans un lieu sauvage où jamais homme n’avait passé ; il arriva ensuite dans une plaine, et, se mettant à genoux, il commença à prier Dieu et à confesser ses fautes. Il priait, et soudain le ciel s’ouvrit, et la jeune fille qu’il avait chérie dans sa jeunesse le saluait d’en haut, disant : « Hermas ! bonjour ! — Que fais-tu là ? répondit Hermas. — Je suis ici, disait-elle, pour t’accuser devant Dieu. — M’accuser ! toi !… que t’ai-je fait ? — Hermas ! reprit en souriant la jeune fille, il est des pensées qui ne naissent jamais dans le cœur des justes. » Elle dit, et le ciel se referma.

Hermas, remplit d’épouvante, repassa dans son cœur ce qu’il venait d’entendre, et voilà qu’à ses côtés se dresse une grande chaire faite de laines blanches comme la neige, et une vieille femme, magnifiquement vêtue, s’y asseoit un livre à la main, et lui dit : « Pourquoi pleurez-vous ? Ce n’est pas vous, mais vos enfants qui excitent la colère du Très-Haut, car ils ont péché contre leurs parents et contre Dieu. Vous les aimez trop, Hermas ! vous permettez qu’ils agissent avec violence ; et c’est pour cela que le Seigneur est irrité, c’est pour cela que vos affaires temporelles vont si mal. Consolez-vous, cependant, prêchez-leur la parole sainte, ne cessez pas de les avertir, Dieu sait qu’ils feront pénitence, et il écrira votre nom au livre de vie. Maintenant, voulez-vous m’entendre lire ? » Et ayant ouvert le livre qu’elle avait à la main, elle lut. Mais Hermas ne put retenir ce qu’elle lisait et ce qui jetait la terreur dans son âme ; ces dernières paroles seulement se gravèrent dans son esprit : « Voici le Dieu des vertus, qui par son invisible force et sa grande sagesse a créé le monde, qui par son conseil glorieux a environné de beauté sa créature, qui par la force de sa parole a affermi le ciel et fondé la terre sur les eaux, et par sa souveraine puissance a formé sa sainte Église, qu’il a bénie ; voici qu’il transportera les cieux et les montagnes, les collines et les mers, et tout sera rempli de ses élus, afin qu’il accomplisse en eux sa promesse, après qu’ils auront observé avec respect et avec joie les lois du Seigneur, qu’ils reçurent avec une foi si pleine et si grande. » Lorsqu’elle eut fini, elle se leva, et quatre jeunes hommes vinrent et emportèrent la chaire à l’orient ; alors elle appela Hermas, lui toucha la poitrine, et lui dit : « Ma lecture vous a-t-elle plu ? — Vos dernières paroles m’ont plu, répondit Hermas, mais les autres sont effrayantes. — Mes dernières paroles sont pour les justes, et les autres pour les apostats et les païens, répartit la vieille femme. » Et soudain deux hommes apparurent qui la prirent sur leurs épaules et la portèrent là où était la chaire à l’orient. Et la vieille était contente, et en partant elle disait : « Courage ! Hermas ! »

II.

L’année suivante, l’esprit enleva de nouveau Hermas dans le même lieu, et après qu’il eut fait sa prière, il vit encore cette même vieille, marchant et lisant un livre qu’elle lui donna à copier : il l’écrivit lettre à lettre, sans pouvoir distinguer les syllabes. À peine eut-il fini que le livre fut arraché de ses mains, mais Hermas ne put voir par qui. Il jeûna et pria beaucoup pendant quinze jours, après lesquels le sens de cet écrit lui fut révélé : c’étaient encore des avis sur les péchés de ses enfants et de sa femme, qui était médisante ; il lui était ordonné de les corriger, mais sans leur vouloir du mal pour le tort qu’ils lui avaient fait. Cela lui fut révélé pendant son sommeil par un beau jeune homme, qui lui dit encore : « Cette vieille femme qui t’a donné ce livre est l’Église de Dieu. — Pourquoi est-elle vieille, demanda Hermas ? — Parce qu’elle a été créée la première, et que le monde a été fait pour elle. » Elle lui apparut ensuite une autre fois, en sa maison : « J’ai encore quelque chose à vous dire, Hermas ; écrivez ces deux mémoires : vous enverrez l’un à Clément, et l’autre à Grapté. Clément l’enverra aux villes du dehors, cela le regarde ; Grapté avertira les veuves et les orphelins ; et vous, Hermas, vous lirez ces mémoires dans cette ville avec les prêtres qui gouvernent l’Église[1]. »

III.

Hermas continua ses jeûnes et ses prières. Une nuit, il vit encore l’Église qui lui donna rendez-vous dans un lieu écarté, pour l’heure de midi : il n’y manqua pas. Et d’abord il apperçut un banc avec un oreiller et un linge étendu dessus ; ces apprêts dans un lieu si solitaire lui faisaient peur : il se mit à genoux, confessant ses péchés. Cependant l’Église arriva accompagnée de six jeunes hommes, et le touchant par derrière, elle lui dit : « Hermas, ne prie pas tant pour tes péchés, et prie pour la justice, afin que ta maison y ait part. » Et, le faisant lever, elle le prit par la main, le mena vers le banc, et dit aux jeunes hommes qui l’accompagnaient : « Allez ! bâtissez ! » Ensuite elle fit asseoir Hermas à sa gauche, la droite étant, dit-elle, réservée aux martyrs, et elle lui montrait une grande tour carrée que les six jeunes hommes bâtissaient sur les eaux, avec des pierres carrées et luisantes, apportées les unes de la terre, les autres du fond de l’eau, par des milliers d’hommes tous uniquement occupés à cela. Les pierres qu’ils tiraient du fond de l’eau étaient toutes taillées et joignaient si bien, que la tour semblait d’une seule pierre ; mais parmi les autres quelques-unes seulement étaient admises, on jetait le reste ; et il y avait aussi près de la tour beaucoup de pierres, ou raboteuses, ou fendues, ou blanches et rondes, qui ne pouvaient servir : et entre les pierres qu’on jetait, les unes roulaient dans le chemin et de là dans des lieux déserts, d’autres dans le feu où elles brûlaient, quelques autres roulaient jusqu’au bord de l’eau sans pouvoir jamais y tomber, si rapide et si précipitée que fût leur chute. « Cette tour, Hermas ! c’est moi, dit l’Église : elle est bâtie sur les eaux régénératrices du baptême, par la foule innombrable des anges, sous la direction des premiers d’entre eux ; et quand le bâtiment sera achevé, ils feront tous ensemble un festin près de la tour, pour glorifier le Seigneur. Elle a pour fondement les apôtres, les évêques, les docteurs, les prêtres et les diacres qui s’acquittent de leur devoir avec sainteté ; les anges tirent, pour la construire, les âmes des martyrs des eaux de la douleur, et celles des néophytes et des fidèles des terres de l’incrédulité. Celles qu’ils trouvent pures et saintes, ils les emploient ; celles qui ont péché et qui veulent faire pénitence, ils les placent auprès de la tour. Les unes sont raboteuses, elles n’ont pas fidèlement gardé la vérité après l’avoir connue ; les autres sont fendues, l’esprit de discorde est dans leur cœur ; les autres trop petites, elles ont embrassé la foi, mais en conservant la plus grande partie de leurs vices. D’autres sont blanches, mais rondes, et il faudra pour qu’elles soient bonnes à quelque chose, en retrancher beaucoup ; elles sont riches, il faudra, pour les rendre saintes, que leurs richesses leur soient enlevées : elles y tiennent trop. Quand tu étais riche, Hermas, tu étais mort ; aujourd’hui tu es vivant, car tu as été de ces pierres. Enfin, les anges brisent et jettent au loin celles qui ont embrassé la foi avec dissimulation et sans se dépouiller en rien de leur malice ; les unes ont abandonné la voie véritable, elles roulent dans les sentiers de l’hérésie et de là dans les champs déserts de l’erreur ; d’autres ont renoncé à Dieu pour toujours et sont tombées vivantes dans le feu de l’impénitence ; d’autres ont connu la vérité, elles désirent ardemment les eaux du baptême, elles viennent jusqu’au bord de ces eaux sacrées ; mais la sainteté de la religion les effraie, la pensée de leur faiblesse les épouvante ; elles se retirent. Hermas ! continua l’Église, vois-tu ces sept femmes qui soutiennent la tour et y font entrer tous ceux qui les servent ? ce sont la Foi, la Mortification, la Simplicité, l’Innocence, la Modestie, la Discipline et la Charité ; chacune est fille de celle qui la précède. » À ces mots elle disparut.

Chaque fois que l’Église apparut à Hermas, ce fut sous une forme nouvelle, et il souhaitait en savoir la raison : il jeûna et pria beaucoup plein de ce désir. Le jeune homme qui lui avait révélé le nom de la vieille femme vint enfin le lui dire. « Vous êtes faibles et languissants, vous n’avez pas de confiance en Dieu ; le soin de vos affaires temporelles vous rend tristes et paresseux comme dans une vieillesse décrépite ; vous êtes infirmes et demeurez toujours assis, sans pouvoir bouger : voilà pourquoi l’Église a paru d’abord sous la forme d’une femme tout à fait vieille, assise et immobile dans sa chaire. Dieu a eu pitié de vous, il vous a donné un peu de force, il vous a guéris de vos infirmités ; voilà pourquoi l’Église a paru ensuite sous la forme d’une femme qui avait la chair et les cheveux d’une vieille, il est vrai, mais dont le visage était jeune, mais qui parlait debout et en riant. Dieu vous a comblés de biens, il a renouvelé vos cœurs, il vous a fait asseoir sur le siège inébranlable de la sincère pénitence ; voilà pourquoi l’Église a paru la dernière fois sous la forme d’une femme aux cheveux blancs, à la vérité, mais toute jeune et toute belle, pleine de douceur et d’une grande joie, assise sur un banc à quatre pieds. »

IV.

Vingt jours après, Hermas se promenait seul dans un lieu solitaire. Il entendit tout à coup une grande voix ; elle disait : « Courage, Hermas ! » Il vit ensuite de la poussière qui s’élevait de la terre au ciel : « Ce sont des chevaux, » pensa-t-il. Mais la poussière augmentant toujours, il soupçonna quelque chose de divin, et bientôt, en effet, une bête grande comme une baleine et vomissant par sa bouche immense des sauterelles de feu s’avança vers lui, et elle marchait avec une impétuosité capable de renverser tout une ville d’un seul coup. Saisi de frayeur, Hermas se prit à pleurer et à prier le Tout-Puissant ; mais se rappelant la voix qu’il avait entendue, le courage lui revint, et il alla lui-même vers la bête d’un pas intrépide. Dès qu’il approcha, elle se coucha par terre, et tirant seulement un peu la langue elle ne bougea point qu’il ne l’eût dépassée tout entière. Il alla trente pas plus loin, et là il rencontra une jeune fille parée comme au sortir de sa chambre ; elle était vêtue de blanc et portait une mitre, ses cheveux qui étaient luisants la couvraient tout entière. Hermas, plein de joie, reconnaît l’Église. « Le Seigneur, lui dit-elle, a envoyé son ange Nigrin qui commande aux bêtes ; il a fermé la gueule à celle-ci, de peur qu’elle ne te dévorât ; va donc, et raconte les merveilles de Dieu à ses élus. Cette bête est la persécution qui doit venir ; qu’ils aient confiance, s’ils veulent, ce ne sera rien. » Elle parlait encore, et un grand bruit se fit, et Hermas regarda derrière lui, car il eut peur : il lui semblait que la grande bête était là qui revenait ; il ne vit rien, mais quand il retourna la tête, il n’y avait plus de jeune fille.




LIVRE SECOND.

Les Préceptes.

Hermas venait de prier et il s’était assis sur son lit : un homme vénérable, en habit de pasteur, avec un manteau blanc, une pannetière sur l’épaule, un bâton à la main, entra dans sa chambre, et l’ayant salué, lui dit : « Je suis envoyé par l’ange qui t’est apparu, pour habiter avec toi le reste de tes jours. — Qui es-tu ? dit Hermas craignant qu’il ne fût venu pour le tenter ; je connais celui à qui cet ange m’a confié. — Tu ne le connais pas, car c’est moi. » À ces mots il change de figure, et aussitôt Hermas le reconnaît ; son cœur se trouble, car il lui avait parlé sans réflexion, mais l’ange l’ayant rassuré : « Écris, lui dit-il, mes préceptes et mes similitudes. Hermas écrivit :

I.

« Croyez en un seul Dieu créateur, conservateur et maître de toutes choses.

II.

« Ne dites jamais de mal de personne ; n’écoutez pas ceux qui en disent, n’ayez aucune foi à leurs paroles ; donnez à tout pauvre indistinctement ; ceux qui reçoivent rendront compte de ce qui leur est donné.

III.

« Fuyez le mensonge ; mentir, c’est nier le Seigneur.

IV.

« Soyez chastes, l’adultère est égal dans l’homme et dans la femme ; que celui qui a péché fasse pénitence, la pénitence est une grande sagesse ; si l’un des époux meurt, les secondes noces sont permises à celui qui survit, mais il acquiert une grande gloire devant Dieu, s’il demeure seul.

V.

« Ne soyez point inquiets ; quand l’inquiétude apperçoit un homme ou une femme au cœur vide et chancelant, elle se jette dans ce cœur, qui se remplit d’amertume pour la moindre chose, pour la nourriture, pour une parole, pour un accident, pour un ami, pour une dette, ou d’autres vanités semblables. L’égalité d’âme, au contraire, est puissante et forte ; elle a une grande vertu ; toujours à l’aise, elle est dans la paix, se réjouissant et glorifiant Dieu en tout temps et avec douceur. L’inquiétude et l’Esprit saint ne peuvent demeurer dans le même vase ; comment cet esprit de douceur habiterait-il avec l’esprit de malice ? Il se retire, et alors, vide de l’Esprit saint, l’homme se remplit d’esprits méchants ; les pensées mauvaises l’aveuglent. Laissez donc l’inquiétude et vivez dans l’égalité d’âme.

VI.

« Lorsqu’il viendra dans votre cœur, le bon ange vous parlera de la justice, de la pureté, de la chasteté, de la bienfaisance, du pardon, de la charité, de la piété ; il le remplira d’une douceur ineffable ; il vous donnera la paix. L’ange mauvais vous amènera, au contraire, l’inquiétude et l’amertume ; il ne vous parlera que de richesses, de festins, d’honneurs, de tout ce que vous n’avez point. Repoussez ces suggestions perfides ; écoutez votre bon ange.

VII.

« Il faut craindre Dieu, il ne faut pas craindre le démon ; Dieu seul est fort, le démon n’a aucune force ; qui craint Dieu est plus fort que lui.

VIII.

« Vous devez non-seulement vous abstenir de tout mal, mais encore faire le bien et pratiquer toutes sortes de bonnes œuvres.

IX.

« Demandez à Dieu avec confiance ; croyez qu’il accordera ce que vous demandez ; croyez, n’en doutez pas. Si votre prière n’est pas exaucée, attribuez-le à vos péchés, ou dites-vous que c’est une épreuve ; mais sur toutes choses ne cessez pas de prier, vous recevrez tôt ou tard. Le manque de confiance fait beaucoup de mal ; fils du démon, il a déraciné la foi de plusieurs qui étaient pourtant fidèles et forts.

X.

« Les païens ont de faux prophètes qui leur répondent suivant leurs désirs : quelquefois aussi ils disent la vérité, car le démon les inspire pour faire tomber les justes. Les forts dans la foi qui sont attachés à la vérité les fuient ; mais le manque de confiance fait que d’autres les consultent comme les païens, et qu’ils tombent dans l’idolâtrie par trop d’attachement à leurs affaires temporelles ; car c’est là-dessus que ces hommes les interrogent. Le manque de confiance et l’inquiétude ont pour sœur la tristesse : bannis-la de ton cœur, l’esprit de Dieu ne peut la souffrir ; le vin où l’on a mis du vinaigre n’a plus le même goût ; la prière mêlée de tristesse ne monte plus aussi pure vers le Très-Haut. Que ton âme soit toujours dans la joie ; la joie est agréable au Seigneur.

XI.

« L’esprit terrestre fuit l’Église des vivants. Il parle dans les lieux cachés aux hommes qui manquent de confiance : il les charme, car il prophétise suivant tous leurs désirs. Ne l’écoute pas ; tu le reconnaîtras à ses œuvres. Prends une pierre, jette-la en l’air ; remplis d’eau un verre, jette-le en l’air ; crois-tu que la pierre ou l’eau parviennent jamais jusqu’au ciel ? Un grain de grêle est fort petit, et pourtant s’il tombe sur la tête d’un homme, il lui fait mal. Qu’est-ce qu’une goutte d’eau ? et pourtant elle creuse le rocher sur lequel elle tombe. Tu le vois, ce qui part de la terre n’a aucune force, mais la moindre chose en a beaucoup quand elle vient du ciel.

XII.

« L’esprit de Dieu est humble et paisible ; il ne parle pas à l’homme quand l’homme veut, mais quand Dieu veut. On reconnaît au contraire l’esprit terrestre, vain, sans sagesse et sans force, en ce que celui qu’il agite s’élève et affecte la première place. Il est importun, parleur, vivant dans la mollesse et les plaisirs ; il se fait payer et ne devine point sans récompense. Un prophète de Dieu n’agit pas ainsi. Tu les distingueras donc à leurs œuvres ; le prophète de Dieu suit les bons désirs, le faux prophète n’écoute que les désirs mauvais. Fuis les désirs mauvais, arme-toi contre eux de la crainte de Dieu ; la crainte de Dieu amène les bons désirs, qui chassent tous les autres de notre âme. »

Le pasteur ayant donné ces douze préceptes à Hermas, lui recommanda de les mettre en pratique. « Mais un homme le peut-il ? » s’écria Hermas. À ces mots, le pasteur changea de visage, et sa colère était si terrible, que personne n’eût pu supporter son regard. « Ces commandements sont faciles, reprit-il, mais tu ne les garderas point, si tu te mets dans l’esprit qu’on ne peut les garder ; et si tu y manques, tu ne seras point sauvé, ni toi, ni tes enfants, ni ta maison, je te le dis. » Mais voyant le trouble et l’épouvante d’Hermas, il se mit aussitôt à lui parler avec plus de douceur et de gaîté : « Insensé ! ne vois-tu pas que le Tout-Puissant a donné à l’homme l’empire sur les créatures et la force de faire ce qu’il lui prescrit ? — Mais le diable, disait Hermas, n’a-t-il pas aussi puissance sur l’homme ? — Il n’en a aucune sur les serviteurs de Dieu qui croient en lui de tout leur cœur ; le diable peut les combattre, il ne peut les vaincre. Ne le craignez donc pas, mais craignez le Seigneur ; comprenez que rien n’est plus facile que sa loi, que rien n’a plus de douceur, plus de mansuétude, plus de sainteté ; tournez-vous donc vers lui, faites pénitence, et il guérira vos infirmités ; il vous donne tout pouvoir contre le démon. Purifie ton cœur, si tu veux garder les commandements que je t’ai donnés ; ceux-là les garderont qui sauront purifier leurs cœurs de tous les vains désirs du siècle, et ils vivront en Dieu. »




LIVRE TROISIÈME.

Les Similitudes.

I.

Le pasteur dit à Hermas : « Savez-vous, serviteur de Dieu, que vous êtes en voyage et que votre patrie est loin de ce monde ? Mais si vous n’ignorez pas quelle doit être votre demeure, pourquoi achetez-vous ici des champs ? pourquoi préparez-vous des festins ? pourquoi bâtissez-vous des palais ? pourquoi vous inquiétez-vous de tant de choses superflues et vaines ? Qui achète ici-bas ne pense pas à revenir dans son pays. Ô insensé ! ô homme misérable et sans confiance ! Il ne comprend pas qu’en ces lieux tout lui est étranger et appartient à d’autres ! Le roi de la patrie te dit : Sois soumis à mes lois ou sors de mon royaume ; que feras-tu ? La loi qui régit ta patrie, tu la connais ; la voudrais-tu nier à cause de tes champs et de tes richesses ? La nier, à la bonne heure ; mais un jour tu voudras revenir dans ta patrie, et alors on refusera de te recevoir, on te chassera. Vois donc, tu es en voyage ; n’achette que ce qui est nécessaire à tes besoins, que ce qui te suffit : soit prêt, afin d’obéir au souverain lorsqu’il t’appellera pour aller dans ta patrie jouir du bonheur et de la paix sous ses lois ineffables. »

II.

Hermas se promenait un jour dans la campagne ; il vit une vigne et un orme, et s’arrêta pour les considérer. Le pasteur lui apparut pendant qu’il les regardait : « Cette vigne, dit-il, porte beaucoup de fruits ; l’orme n’en donne pas ; mais, si elle n’était appuyée sur lui, la vigne elle-même n’en produirait que fort peu, et celui qu’elle produirait ne vaudrait rien, rampante comme elle le serait sur la terre. Ainsi, comme elle ne peut avoir du fruit en abondance et de bonne qualité qu’avec son appui, l’orme n’est pas moins fécond que la vigne. Celui qui est dans l’opulence est pauvre ordinairement aux yeux du Seigneur ; car ses trésors le détournent de Dieu, et sa prière est courte, faible, sans aucune vertu ; s’il donne au pauvre ce qui lui est nécessaire, le pauvre qui est riche aux yeux du Seigneur, et dont la prière est puissante, le pauvre prie pour lui et Dieu l’exauce ; ainsi le riche l’ayant pris pour soutien, ils sont tous deux féconds devant le Très-Haut, l’un par l’aumône, l’autre par la prière. »

III.

Le pasteur montrait à Hermas des arbres dépouillés de leurs feuilles. « Pendant l’hiver, disait-il, aucun arbre ne porte de feuilles, et l’on ne saurait distinguer des autres ceux qui sont morts : en ce monde, on ne peut distinguer les justes des hommes pervers.

IV.

« Le printemps viendra, alors on coupera, on jettera au feu les arbres morts, et tous les autres seront couverts de feuilles, de fleurs et de fruits. Travaille donc, Hermas, afin qu’on te reconnaisse à tes œuvres quand l’été sera venu ; fuis la multitude des affaires : elles sont comme des chaînes qui empêchent de servir Dieu ; et comment celui qui néglige de le servir pourra-t-il lui demander et espérer d’en obtenir quelque chose ? »

V.

Un jour Hermas faisait la station[2], et selon la coutume, il s’était retiré dès le matin dans la solitude pour prier. Le pasteur vint sur la montagne où il était, et s’étant assis à ses côtés, il lui dit : « Il ne suffit pas de jeûner, il faut commencer par observer les commandements de Dieu ; et si ensuite on veut y ajouter quelque bonne œuvre comme le jeûne, on recevra une plus grande récompense. Le jour que tu jeûneras, ajoute-t-il, tu ne prendras que du pain et de l’eau, et ayant calculé ce que tu as accoutumé de dépenser pour ta nourriture, tu le mettras à part et le donneras à la veuve, à l’orphelin et au pauvre. » Mais écoute cette similitude : « Un homme avait un fonds de terre et beaucoup d’esclaves ; ayant planté en vigne une partie de ce fonds et partant pour un long voyage, il choisit un de ses esclaves pour la cultiver, lui ordonnant d’y mettre des échalas. Quand cet esclave l’eut fait, il se dit : J’ai fait ce qui m’était ordonné ; mais cette vigne est pleine de mauvaises herbes ; si je la fouille elle sera plus belle et donnera bien plus de fruit. À son retour, le maître ayant vu sa vigne, non-seulement garnie d’échalas, mais encore entourée d’un fossé et délivrée de toute mauvaise herbe, en ressentit une grande joie, et faisant appeler son fils et ses amis, il leur dit : Voyez ma vigne ! J’avais promis la liberté à cet esclave, s’il exécutait mes ordres ; il a fait beaucoup plus : je veux le déclarer co-héritier de mon fils. Quelques jours après, ayant ses amis à dîner, il envoya des mets de sa table à cet esclave, qui s’empressa de les partager aussitôt avec ses compagnons ; le maître sut le fait et le raconta à son fils et à ses amis, qui l’exhortèrent alors vivement à exécuter le projet dont il leur avait fait part. — Je ne comprends pas cette similitude, disait Hermas. — La terre, répondit le pasteur, est le domaine du Créateur de toutes choses, et son Église est la vigne qu’il a plantée, dont il a confié le soin à son fils, lui commandant d’y envoyer des ministres pour gouverner son peuple ; et non-seulement ce divin fils, qui a pris la forme d’esclave, et qui a beaucoup travaillé et beaucoup souffert pour expier les péchés des hommes, a envoyé des ministres dans la vigne du Seigneur, il a encore arraché des âmes des serviteurs de Dieu tous les vices, toutes les mauvaises passions, il a fait plus : il leur a montré le chemin de vie en leur donnant les viandes célestes, nourriture de l’intelligence, les commandements qu’il avait reçus de son père. Et le Père a appelé l’Esprit saint et les anges, et leur montrant l’ouvrage du Sauveur, il leur a demandé s’il ne fallait pas donner à son corps si pur, si saint, si soumis à l’âme, si obéissant à Dieu, quelque récompense immortelle. Et cela doit t’apprendre, Hermas, à conserver ton corps exempt de toute souillure, afin qu’il reçoive aussi l’immortalité. Qui souille son corps souille son âme ; car ils sont indissolublement unis : conserve-les donc purs l’un et l’autre, si tu veux vivre en Dieu. »

VI.

Un jour, le pasteur apparut à Hermas, et l’ayant amené dans la campagne, il lui fit voir un jeune berger en habit de fête, de couleur écarlate, dont les nombreux troupeaux étaient comme dans l’ivresse, bondissant de contentement et courant çà et là tout transportés de joie ; et ce troupeau semblait causer à ce berger une grande satisfaction, et il marchait au milieu de ses brebis, et l’allégresse était peinte sur son visage. Ils allèrent ensuite un peu plus loin et virent un autre berger, haut de stature, à l’aspect repoussant, vêtu d’une peau de chèvre toute blanche, avec la pannetière sur l’épaule, tenant d’une main un bâton noueux, de l’autre un fouet. Ce berger s’emparait de quelques brebis échappées au premier berger, et les poussait aussitôt à coups de fouet et de bâton, sans les laisser respirer un moment, dans des lieux escarpés et sauvages, couverts de ronces et d’épines. « Le premier berger, dit le pasteur à Hermas, est le démon des plaisirs, de la mollesse et de la volupté ; le second berger est l’ange du châtiment ; et quand il a rendu ses brebis meilleures, elles me sont confiées, à moi l’ange de la pénitence. »

VII.

Quelques jours après, Hermas courait dans ces mêmes lieux où il avait vu le démon de la volupté et l’ange du châtiment. « Que veux-tu, Hermas ? dit le pasteur qui lui apparut soudain. — Je venais vous prier, répondit Hermas humblement, de faire sortir de ma maison l’ange du châtiment, car il me tourmente. — Cela t’est nécessaire, Hermas, non pas à cause de tes péchés, mais à cause des péchés de ta famille ; les membres peuvent-ils souffrir, si le chef ne souffre pas ? et quel chef ne souffre pas, quand ses membres souffrent ? Ta famille a commencé de faire pénitence, je le sais ; mais la peine ne cesse pas aussitôt que la pénitence a commencé : Dieu ne nous fait grâce que lorsque nous avons beaucoup souffert, et souffert pour l’amour de son nom. Cependant je prierai l’ange du châtiment de te traiter avec plus de douceur ; mais supporte-le avec patience et persévère dans l’humilité. »

VIII.

Le pasteur montra à Hermas un saule qui couvrait de ses rameaux les plaines et les montagnes, et à l’ombre duquel venaient s’asseoir tous ceux qui étaient appelés au nom du Seigneur ; un ange d’une grande beauté se trouvait près de ce saule, coupant avec une grande faux ses branches qu’il distribuait à la multitude. Chacun reçut un petit rameau, d’une coudée de long à peine, et cependant l’arbre était toujours entier et tel qu’Hermas l’avait vu d’abord ; ce qui le remplissait d’étonnement et d’admiration. L’ange ayant posé sa grande faux, appela par ordre tous ceux auxquels il avait donné des branches, et leur ordonnant de les lui montrer, il les examinait attentivement ; les unes étaient desséchées, pourries et comme rongées des vers ; d’autres desséchées seulement, et d’autres seulement desséchées à moitié ; d’autres à demi desséchées et fendues en tous sens ; d’autres une moitié desséchée, l’autre moitié toute verte ; d’autres desséchées aux deux tiers, le troisième encore vert ; d’autres vertes aux deux tiers, le troisième déjà sec ; d’autres toutes vertes, mais fendues en tous sens et le bout déjà sec ; d’autres au contraire toutes sèches, mais le bout encore vert. Et l’ange fit ranger en troupes séparées ceux dont les branches étaient dans ces différents états : d’autres avaient leurs rameaux tels qu’ils les avaient reçus, tout verts, et l’ange en ressentit une grande joie, car c’était le plus grand nombre ; les rameaux de plusieurs non-seulement étaient verts, mais encore remplis de bourgeons, et l’ange en était ravi ; plusieurs avaient leurs rameaux non-seulement verts et remplis de bourgeons, mais encore de fleurs et de fruits, et le bonheur était peint sur leurs visages : l’ange du saule et le pasteur en étaient transportés d’allégresse, et le pasteur fit apporter des couronnes de palmier et les leur donna, et il les fit entrer dans la tour. Il fit aussi entrer dans la tour ceux dont les branches avaient des bourgeons, après leur avoir donné à chacun un sceau et une robe blanche ; et il fit encore entrer dans la tour, revêtus d’une robe blanche, ceux qui avaient conservé les rameaux tels qu’ils les avaient reçus. Cela fait, il dit au pasteur : « Je m’en vais : pour toi, prends sous ta garde ceux qui n’ont pu entrer dans la tour, examine leurs rameaux encore une fois et envoie chacun dans le lieu qu’il mérite ; si quelqu’un se trompait, je l’éprouverais sur l’autel. Lorsqu’il fut parti, le pasteur dit à Hermas : « Plantons toutes ces branches, elles reverdiront peut-être, le saule est si vivace ! » Et il les planta, et il les arrosa de telle sorte que l’eau les couvrait. Au bout de quelques jours, il revint avec Hermas dans ce même lieu, et lui ayant fait mettre un linge blanc autour du corps : « Appelle, lui dit-il, ceux dont les branches ont été plantées ; que chacun arrache la sienne et me l’apporte ! » Ils vinrent dans le même ordre que la première fois, ceux dont les branches avaient été trouvées sèches et pourries les premiers, et ainsi de suite ; et le pasteur faisait séparer des autres ceux dont les branches étaient devenues meilleures : les unes avaient reverdi, les autres n’avaient plus de fente, d’autres avaient des bourgeons et même des fruits ; et le pasteur était dans la joie, et il disait à Hermas : « Je te l’avais bien dit, le saule est vivace. »

Ce saule est la loi de Dieu donnée à toute la terre, et à l’ombre de laquelle se repose la multitude des croyants, gouvernés par Michel, qui connaît et qui éprouve ceux qui l’accomplissent ; les martyrs reçoivent des couronnes et entrent dans la cité céleste ; ceux qui ont confessé la foi, mais qui ne sont pas morts pour elle, y entrent aussi avec un sceau et une robe blanche, et la foule des justes qui ont observé les commandements de Dieu y entrent encore comme eux, vêtus de blanc. Quant à ceux qui ont péché, Dieu ne les rejette pas aussitôt, il les arrose des eaux de la pénitence, et malheur à ceux qui n’en profitent pas ! Mais bien heureuses les âmes qui reverdissent dans les eaux salutaires, et s’y couvrent de bourgeons et de fruits !

IX.

L’ange de la pénitence voyant qu’Hermas avait écrit ses préceptes et ses similitudes, lui dit : « Je te montrerai maintenant ce que t’a fait voir l’ange qui t’est apparu sous la forme de l’Église, et qui est le fils de Dieu. Il n’a pas voulu se révéler à toi dans toute sa gloire, tu n’étais pas assez fort pour en supporter l’éclat ; c’est lui qui m’envoya dans ta maison. » À ces mots, il enleva Hermas en Arcadie sur une hauteur, et de là il lui montre une grande plaine entourée de douze montagnes de diverses formes, au milieu de laquelle s’élevait une pierre énorme, beaucoup plus haute que toutes ces montagnes, et assez forte pour porter l’univers. Cette pierre semblait fort vieille, mais elle avait une porte toute neuve qui venait d’être sculptée et qui, au grand étonnement d’Hermas, qu’elle éblouissait, rayonnait comme le soleil ; autour de cette pierre étaient douze vierges, quatre surtout étaient belles et se tenaient aux quatre angles de la porte ; les autres étaient très-belles aussi. Bientôt arrivèrent six hommes d’une haute taille et dont la vue inspirait le respect ; et ces six hommes en commandaient une multitude d’autres, tous grands et forts, et ils leur ordonnaient de bâtir une tour sur cette porte, et toute cette multitude se mit à bâtir, et ils tirèrent d’une eau profonde qui était là dix pierres carrées et polies que les douze vierges prirent l’une après l’autre, et elles les faisaient passer par la porte pour bâtir, et les disposaient de manière que les plus fortes étaient aux quatre angles, les autres par côté. Ces dix pierres remplirent toute la tour de la porte, qui fut ainsi le fondement de tout l’édifice. Après elles, on en tira de l’eau vingt-cinq autres, puis trente, puis quarante, qu’on porta et qu’on disposa toutes comme les premières, et il y avait déjà quatre rangs de pierres sur le fondement ; et l’on, cessa de tirer de l’eau, et les six hommes ordonnèrent qu’on allât en chercher dans les douze montagnes pour achever la tour ; on y alla, et les pierres qu’on apporta étaient de diverses couleurs, et les douze vierges les prirent et les posèrent pour bâtir, et elles devinrent blanches, et brillantes et semblables ; et les hommes ayant voulu en poser eux-mêmes quelques-unes, celles-là ne changèrent point, elles produisaient à l’œil un mauvais effet, et les six hommes s’en étant apperçus, les firent ôter, et ils défendirent que personne en posât aucune, ordonnant qu’on les portât toutes aux douze vierges, afin qu’elles-mêmes les posassent. Voilà ce qui fut fait ce jour-là, et la tour n’était pas encore finie, et cependant les six hommes ordonnèrent aux autres d’aller prendre un peu de repos ; et recommandant aux vierges de rester pour garder la tour, ils se retirèrent eux aussi. Hermas et le pasteur en firent autant, et revenant au bout de quelques jours, ils ne virent que les douze vierges, mais bientôt parut une multitude immense, et au milieu de cette multitude un homme si grand qu’il dépassait la tour de beaucoup ; et près de cet homme les six qui avaient présidé à la construction du bâtiment et tous ceux qui y avaient travaillé, et plusieurs autres qui semblaient puissants et élevés en dignité. Les douze vierges furent au-devant de cet homme et elles l’embrassèrent, et elles marchaient à ses côtés ; et il examinait le bâtiment avec attention, et il touchait les pierres de la main et les frappait d’une baguette qu’il portait, et quelques-unes devenaient noires comme de la suie, d’autres prenaient une couleur incertaine, ni noire, ni blanche ; d’autres se couvraient d’aspérités, joignaient mal ; d’autres avaient des taches noires. Il les fit ôter et ordonna que, les laissant près de la tour, on mît à leur place des pierres d’un champ qui était auprès ; elles étaient brillantes et carrées, et elles furent toutes portées aux vierges et employées à la construction, sauf quelques-unes qu’il eût été trop long de préparer parce qu’elles étaient toutes rondes et fort dures ; mais comme elles étaient cependant fort brillantes, on les posa près de la tour pour s’en servir dans la suite ; et le maître ayant fait appeler le pasteur, les lui confia, ordonnant qu’après avoir nettoyé toutes celles qui seraient bonnes à quelque chose, il jeta les autres. Après cela, il partit avec tous ceux qui l’accompagnaient, et les douze vierges restèrent pour garder la tour. Quant au pasteur et à Hermas, ils s’en allèrent aussi ; mais étant revenu au bout de trois jours, le pasteur examina les pierres qui lui avaient été confiées, fit jeter celles qui n’avaient point changé, et porta les autres aux douze vierges qui s’en servirent pour bâtir, mettant les plus petites et les plus faibles dans le milieu du mur. Parmi les rondes, le pasteur prit les plus belles, laissant les autres au lieu où elles étaient : « Le maître, disait-il, voudra peut-être les employer ; car la tour n’est pas finie. » Il fit ensuite appeler douze femmes d’une grande beauté, vêtues toutes de noir avec de belles ceintures, leurs longs cheveux flottant sur leurs épaules nues, et il leur ordonna de reporter sur les montagnes les pierres qui avaient été jetées, ce qu’elles firent avec une grande joie ; et l’ange fit le tour avec Hermas, et les douze vierges arrosèrent, balayèrent, de sorte que la tour et ses environs étaient d’une grande propreté et d’une beauté inexprimable ; et, après l’avoir admirée, le pasteur voulait s’en aller, et Hermas ne voulait pas qu’il l’abandonnât, et cependant il partit après l’avoir recommandé aux douze vierges. Hermas demeura avec elles jusqu’au soir ; alors il voulut aussi aller chez lui, mais elles l’en empêchèrent ; la nuit étant venue, elles la passèrent en prières, et Hermas pria comme elles, ce qui les réjouit beaucoup. Enfin le pasteur revint, et expliqua à Hermas tout ce qu’il avait vu. Le fils de Dieu est la pierre antique qui existe avant toute créature, sur laquelle repose l’univers ; il est la porte du royaume des cieux, qui s’ouvrira à la fin des temps, et par laquelle tout élu doit passer pour entrer dans la cité sainte. Aucune pierre ne peut faire partie de cette tour sacrée sans entrer par cette porte, sans être marqué du nom de fils de Dieu ; et les ministres du Seigneur, qui dirigent les premiers d’entre eux, bâtissent la tour ; et le Sauveur arrive, accompagné de la foule des anges, pour examiner leur travail ; et nul ne fera partie de l’édifice s’il n’est porté par les douze vierges, qui sont la Foi, la Mortification, la Force, la Patience, la Simplicité, l’Innocence, la Chasteté, la Paix, la Vérité, l’Intelligence, la Concorde, la Charité ; et quelques-uns de ceux qu’elles porteront, et qu’elles auront revêtus de leurs vêtements, se laisseront après cela séduire par les douze femmes noires, qui sont la Perfidie, l’Intempérance, l’Incrédulité, la Volupté, la Tristesse, la Malice, la Débauche, la Colère, le Mensonge, la Folie, la Vanité, la Haine ; et s’ils ne font pénitence, ils ne pourront servir à la construction de la tour. Les saints du premier siècle de ce monde forment la première assise de la tour ; les saints du second, la deuxième ; les prophètes, la troisième ; les apôtres et les prédicateurs du fils de Dieu, la quatrième : ces derniers n’avaient pas besoin de descendre dans l’eau pour être sauvés, car ils avaient reçu ici-bas les eaux du baptême, et pourtant ils sont descendus dans l’eau pour en retirer les premiers, leur donner le sceau du baptême et leur prêcher le fils de Dieu. Les autres assises de la tour sont formées de pierres prises dans les douze montagnes, c’est-à-dire dans toutes les nations de l’univers ; et toutes ces âmes deviennent semblables, car la loi du Seigneur les transforme et leur donne à toutes un même esprit. Cependant plusieurs de ces âmes se gâtent et deviennent pire qu’auparavant ; car celui-là est bien plus coupable qui pèche après avoir reçu la grâce de la vérité. Le champ d’où l’on tire des pierres blanches et luisantes, pour remplacer les mauvaises, est le champ de ceux qui croient, et quelques-unes de ces pierres sont rondes ; il faut les rendre carrées pour qu’elles deviennent propres à la construction, il faut retrancher de leurs richesses à ceux qui y sont trop attachés ; mais il est des pierres si dures qu’on les brise en les façonnant. Ô vous tous que rien n’éloigne du Seigneur, vous êtes bien heureux ! c’est moi, c’est l’ange de la pénitence qui vous le dit et vous le jure, mais malheureux aussi et bien méprisable quiconque s’éloigne de lui ! Malheureux surtout le pasteur dont le troupeau s’égare ! Qu’il ne dise pas : « Mon troupeau se révolte et m’entraîne ; » jamais troupeau n’a gouverné son berger. Cependant faites pénitence, et vous pourrez être employés à la construction de la tour ; je pourrai vous purifier et vous tailler moi-même.

X.

Hermas avait écrit ces similitudes ; l’ange qui l’avait confié au pasteur vint dans sa maison, monta sur son lit, et le pasteur s’assit à sa droite : « Hermas, dit-il, je t’ai confié à cet ange, qui a sur tout l’univers le pouvoir de la pénitence ; si tu veux être heureux, mets en pratique ses commandements, prêche-les aux autres, afin qu’ils se repentent et se convertissent ; ceux qui les observent seront sauvés, les autres mourront. Mais parce que tu ne pourrais absolument rien sans les douze vierges, je les enverrai dans ta maison et je leur ordonnerai d’y rester ; cependant purifie-la, car la moindre souillure les mettrait en fuite. » Et alors cet ange le remit de nouveau entre les mains du pasteur, et il fit venir les douze vierges en sa maison, et il renouvela ses exhortations à Hermas, lui recommandant sur toutes choses de secourir ceux qui sont dans le besoin : « Le besoin, disait-il, cause le désespoir, et celui-là est bien coupable qui, pouvant arracher ses frères à un si grand mal, ne le fait pas. » Et puis l’ange se leva et disparut avec le pasteur et les vierges, promettant cependant que les vierges et le pasteur reviendraient bientôt dans la maison d’Hermas.



HERMAS.

I.                 Sa personne.
II.               II. Son ouvrage.
III.             III. Sa doctrine.

I. SA PERSONNE.

Abréviations : Vis. = Vision,
Le Pasteur d'Hermas est un écrit chrétien catholique du IIème siècle après Jésus-Christ.



Autobiographie. ― On ne sait de l’auteur du Pasteur que ce qu’il a dit de lui-même dans son ouvrage. Et voici les quelques renseignements qu’il donne. Son nom est Hermas ; c’est ainsi qu’il se désigne à plusieurs reprises. Vis.¸ I, 1, 4 ; 2, 2 ; 4, 3 ; II, 2, 2. Esclave de naissance, vendu à Rome à une femme nommée Rhoda, il dut être affranchi par elle. Marié, père de famille, mais commerçant peu scrupuleux, il réussit à s’enrichir ; car, porté au mensonge et à la dissimulation, il avoue n’avoir jamais dit la vérité. Mand., III, 3, 3. La fortune jeta le désordre dans sa famille ; lui-même devint un grand pécheur, Mand., IV, 2, 3 ; sa femme fut une mauvaise langue et ses fils tournèrent mal au point de renier leur foi et de dénoncer leurs parents. Vis., I, 3, 1 ; II, 3, 2 ; III, 6, 7, et il ne lui resta plus qu’un champ à cultiver sur la route de Rome à Cumes. Vis., III, 1, 2 ; IV, 1, 2. Il était donc chrétien ainsi que toute sa famille, mais ils avaient tous péché et devaient faire pénitence pour se relever ; et c’est ce qu’ils firent. Comment donc fut-il amené à écrire le Pasteur ?

Un jour, comme il longeait le Tibre, il aperçut Rhoda, qu’il aimait comme une sœur, se baignant dans le fleuve ; il lui tendit la main pour l’aider à sortir de l’eau non sans se dire à lui-même : " Que je serais heureux d’avoir pour épouse une femme de cette beauté et de ce mérite ! " Pensée mauvaise pour un homme marié et père de famille ; il devait en faire pénitence. Un peu plus tard, comme il se rendait à Cumes, il fut transporté par l’Esprit de Dieu dans un endroit inaccessible ; et là il vit dans le ciel Rhoda, qui lui apprit que Dieu était irrité contre lui à cause de sa mauvaise pensée. " Prie le Seigneur, lui dit-elle, et il guérira tes péchés, ceux de ta maison et de tous les tiens. " Réfléchissant alors au moyen d’apaiser Dieu et d’assurer son salut, il eut successivement, à intervalles plus ou moins longs, la vision quatre fois répétée d’une femme, qui représentait l’Eglise, qui lui lut et lui confia un livre, avec l’ordre de le transcrire en double exemplaire, l’un pour Clément, qui, selon le devoir de sa charge, devait le transmettre aux villes étrangères, l’autre pour Grapta, qui devait en instruire les veuves et les orphelins. Vis., II, 4, 3. Lui-même devait l’interpréter à Rome avec ceux qui présidaient à l’Eglise. Dans la suite, ce fut la visite d’un homme qu’il reçut ; celui-ci, habillé en pasteur, la besace à l’épaule et la houlette à la main, se dit chargé de lui rappeler les visions qu’il avait eues et de lui faire écrire des préceptes et des similitudes : c’était l’ange de la pénitence, Vis., V : de là le livre du Pasteur.

 Tels sont les renseignements autobiographique s fournis par Hermas sur sa vie et l’origine de son ouvrage. Il se présente donc comme un contemporain du pape saint Clément, à la fin du Ier siècle. Mais qu’y a-t-il de vrai dans tout cela ? Hermas s’est-il imaginé avoir eu ces visions ? A-t-il voulu faire croire qu’il les avait eues réellement ? N’a-t-il pas plutôt recouru à un simple artifice littéraire pour faire entendre d’une manière saisissante la leçon de morale qu’exigeait une période de relâchement ? Sa personne est restée dans une ombre discrète ; mais, en revanche, son livre a joui, dès la seconde moitié du IIe siècle, d’une assez grande célébrité ; car il fut lu publiquement dans les églises, tout au moins à titre d’instruction et d’édification, et il passa même, aux yeux de quelques Pères, pour un livre inspiré. Il import donc de savoir ce qu’en pensa l’antiquité chrétienne.

 2° Tradition primitive chez les grecs. ― Le Pasteur a été connu, apprécié et cité chez certains Pères grecs. Saint Irénée, par exemple, en a reproduit un passage, en le faisant précéder de ces mots assez significatifs : χαλώς είπεν ή αφήγ. Cont. hær., IV, 20, 2, P. G., t. VII, col. 1032. De même Clément d’Alexandrie, qui admet la réalité et le caractère divin des révélations d’Hermas, cite fréquemment le Pasteur et le qualifie d’Ecriture. Strom., I, 17, 29 ; II, 1, 9, 12, 13 ; VI, 6, P. G., t. VIII, col. 800, 928, 933, 980, 994, t. IX, col. 357. Mais ni saint Irénée, ni Clément d’Alexandrie ne disent formellement qu’Hermas ait été un contemporain des apôtres. Origène, au contraire, qui croit à l’inspiration du livre, identifie son auteur avec l’Hermas nommé dans l’épître aux Romains : Puto quod Hermas iste (celui de l’épître aux Romains) sir scriptor libri illius, qui Pastor appellatur, quæ scriptura valde mihi utilis videtur et, ut puto, divinitus inspirata. In Rom., X, 31, P. G., t. XIV, col. 1282. Il n’ignore pourtant pas que son opinion n’est pas celle de tout le monde, In Matth., XIV ? 21 ? P. G., t. XIII, col. 1240, et que certains ont peu d’estime pour cet ouvrage, De princ., IV ? 11, P. G., t. XI, col. 35. Quatre fois même, quand il en parle, il use de cette précaution oratoire : Si cui tamen placeat eum legere ou recipere. P. G., t. II, col. 823-826. Il n’y avait donc pas unanimité chez les grecs, du temps d’Origène, sur la question de savoir s’il fallait tenir pour inspiré le livre du Pasteur, mais on s’accordait à lui reconnaître une utilité et une valeur morale de quelque importance. Au commencement du IVe siècle, Eusèbe constatait qu’il était lu publiquement dans les églises et servait à l’instruction des catéchumènes, mais que certains mettaient en doute son inspiration. Dans ces conditions, il le retranche des όμολογουμένα avec les Πράξεις Παύλου, l’Αποχάλυψις Πέτρου, l’Επιοτολή Βαρνάδα et les Διδαχαί τών άποστολων, H. E., III, 3, P. G., t. XX, col. 217 ; il les range parmi les νόθα. H. E., III, 25, ibid., col. 269. Plus tard, saint Athanase, tout en l’excluant aussi du canon des Ecritures, De decr. Nic. syn., 18, P¨. G., t. XXV, col. 456, le range parmi ceux que l’on doit lire aux catéchumènes : " Pour plus d’exactitude, écrit-il, je suis obligé de dire que nous avons d’autres livres qui ne sont point dans le canon, mais qui, selon l’institution des Pères, doivent être lus à ceux qui veulent être instruits des maximes de la foi. " Et il signale, parmi ces derniers, le Pasteur ainsi que des livres de l’Ancien Testament, tels que la Sagesse de Salomon, la Sagesse de Sirach, Esther, Judith, Tobie, qui n’étaient pas encore reçus dans le canon des Ecritures par un consentement unanime. Epist., fest., XXXIX, P. G., t. XXVI, col. 1437. Il n’hésite pas, quant à lui, à s’appuyer sur le Pasteur pour réfuter les ariens qui l’exploitaient à leur profit. De incarnatione Verbi, 3, P. G., t. XXV, col. 101. Didyme l’Aveugle cite de même Vis., III, 2, 8, P. G., t. XXXIX, col. 1141. L’auteur de l’Opus imperfectum in Matthæum (fin du IVe siècle), XIX, 28, homil. XXXIII, P. G., t. LVI, col. 829, cite Sim., IX, 15. Il est à noter que, dans le Codex Sinaiticus, le Pasteur se trouve avec l’épître du pseudo-Barnabé à la suite des livres du Nouveau Testament. Somme toute, jusqu’au IVe siècle, le Pasteur d’Hermas a joui parmi les grecs d’une grande autorité puisqu’on en faisait la lecture publique et qu’on s’en servait pour l’instruction des catéchumènes. Mais bientôt son influence décline. Il est pourtant encore cité par quelques écrivains. Et tandis que Nicéphore l’exclut de la liste des livres canoniques, l’interprète éthiopien en a fait un grand cas qu’il regarde comme de la main de saint Paul. Voici, en effet, ce qu’on lit en appendice dans la version éthiopienne, traduite en latin par Antoine d’Abbadie dans les Abhandlungen für die Kunde des Morgenlandes, 1860, t. II ; Finitæ sunt visiones et mandata et similitudines Hermæ, qui est Paulus.

 3° Tradition primitive chez les latins. ― Beaucoup moins favorable a ιté le jugement chez les latins. Vers 180, l’auteur du fragment de Muratori attribue formellement le Pasteur au frère du pape Pie, et refuse d’admettre son caractère inspiré : Pastorem vero nupperime temporibus nostris, in urbe Roma, Hermas conscripit, sedente cathedra urbis Romæ ecclesiæ Pio episcopo, fratre ejus. Et ideo legi eum quidem oportet, se publicare vero in ecclesia populo, neque inter prophetas completum (completos) numero, neque inter apostolos in fine temporum potest. Tertullien, encore catholique, la traitait, il est vrai, de scriptura, De orat., 16, P. L., t. I, col. 1172 ; mais, devenu montaniste, il le qualifia de Pastor mæchorum et le repoussa comme un livre apocryphe, De pudicit., 11, 20, P. L., t. II, col. 1000, 1021 ; sans nul doute parce que la pénitence y était accordée aux adultères, et vraisemblablement parce que le pape Zéphirin avait dû s’appuyer sur le Pasteur pour décider l’admission des adultères à la pénitence. Cf. A. d’Alès, La théologie de Tertullien, Paris, 1903, p. 228. Mais cela n’empêcha point l’auteur du De alcatoribus, c. IV, édit. Hartel, t. III, p. 96, de le citer comme Ecriture. Au commencement du IVe siècle, le décret attribué au pape Pie par le pseudo-Isidore en appelait à Hermas pour réfuter les quartodécimans. Hardouin, t. I, col. 95 ; Mansi, t. I, p. 672. C’est qu’en effet on prétendait alors que la célébration de la Pâque le dimanche avait été prescrite par l’ange à Hermas. Et le Liber pontificalis, dans la notice consacrée au pape Pie, s’est fait l’écho de cette tradition : Sub hujus episcopatum, Hermis librum scripsit, in quo mandatum continet quod ei præcepit angelus Domini, cum venit ad eum in habitu pastoris, et præcepit ut Pascha die dominico celebratur. Liber pontificalis, édit. Duchesne, Paris, 1886, t. I, p. 132. Mais, d’une part, le Pasteur ne contient pas la moindre allusion à la Pâque, et, d’autre part, l’usage romain de célébrer la Pâque le dimanche était antérieur au pape Pie, puisque, au témoignage de saint Irénée, dans Eusèbe, H. E., V, 24, P. G., t. XX, col. 505, Hygin, Télesphore et Xyste le pratiquait déjà. Le Liber pontificalis, qui confond l’auteur du Pasteur avec le livre lui-même, s’accorde du moins, quant à la date, avec le fragment du Muratori. Ce titre Liber Pastoris a fait croire à quelques écrivains que Pastor était un nom d’auteur. L’auteur du poème contre Marcion présente déjà cette confusion, Adv. Marc., III, 9, P. L., t. II, col. 1078 ; et Rufin tout autant, In symb., 38, P. L., t. XXI, col. 374, ainsi que plus tard (vers 530) l’auteur de la Vie de saint Geneviève. Acta sanctorum, januarii, t. I, p. 139. Saint Jérôme, après avoir rappelé les témoignages d’Origène et d’Eusèbe, affirme que le Pasteur était presque inconnu chez les latins, De vir. ill., 10, P. L., t. XXXII, col. 625 ; qu’il ne faisait point partie du canon, Præf. in libr. Sam. et Malach., P. L., t. XXXVIII, col. 556 ; et il accuse Hermas de folie ou de sottise au sujet de ce qu’il avait dit relativement l’ange Tyri (Thegri). In Habac., I, 14, P. L., t. XXV, col. 1286. On en appelait encore malgré tout au Pasteur ; c’est ainsi Cassien s’appuyait sur lui pour soutenir que chaque homme a deux anges. Collat., VIII, 17 ; XIII, 12, P. L., t. XLIX, col. 750, 929. Mais saint Prosper répliquait à Cassien : Nullius auctoritatis est testimonium, quod disputationi suæ de libello Pastoris inserucrit. Cont. Collat., XIII, 6, P. L., t. LI, col. 250. Le Pasteur se trouve cité dans l’appendice de la liste des Livres saints reproduite dans le Codex Claromontanus ; mais le décret de Gélase, Hardouin, t. II, col. 941 ; Thiel, Epistolæ romanorum pontificum, 1868, t. I, p. 463, le rejette parmi les apocryphes. Il ne resta pourtant pas inconnu ; il fut même utilisé encore dans l’Eglise latine, comme en témoignent, vers 530, l’auteur de la Vie de sainte Geneviève, qui cite un passage selon la version latine du manuscrit palatin, Acta sanctorum, januarii, t. I, p. 139, et Sedulius Scotus, au IXe siècle, qui partageait l’opinion d’Origène sur le caractère inspiré de ce livre. Collect. ad Rom., XVI, 14, P. L., t. CIII, col. 124. Quelques manuscrits contiennent la version latine du Pasteur parmi les livres de l’Ancien Testament. Des auteurs du moyen âge en citèrent quelques passages.

 4° La critique moderne. ― Du XVIe siècle à la moitié du XVIIIe, la plupart des critiques continuèrent à voir dans Hermas un contemporain des apôtres et plaçaient la date du Pasteur, les uns avant la ruine de Jérusalem, les autres vers l’an 92. Mais, en 1740, la découverte et la publication du fragment de Muratori, si précis relativement à l’époque où vécut et écrivit Hermas, firent abandonner cette opinion par la plupart des critiques. On admit qu’Hermas n’avait vécu qu’au IIe siècle. Et c’est aujourd’hui l’opinion à peu près unanime. Mais à ce compte, dit-on l’auteur du Pasteur nous a trompés en se donnant comme le contemporain du pape Clément. Rien de plus vrai. Or, en dehors du témoignage si formel du fragment de Muratori, il y a des raisons internes qui favorisent l’opinion nouvelle. A considérer, en effet, les idées du Pasteur, sa composition vers le milieu du IIe siècle, note Bardenhewer, Les Pères de l’Église, trad. franç., Paris, 1899, t. I, p. 91, est sinon hors de conteste, du moins très vraisemblable. " Le Pasteur se complaît si fort à traiter la grave question du pardon des péchés graves, il y déploie une si étonnante insistance, qu’on se prend naturellement à penser qu’Hermas est au courant et tient compte des premiers pas au moins de l’agitation montaniste. En tout cas, les gnostiques, pour lui, sont déjà l’ennemi. " L’auteur écrit pendant une longue période de paix, qui semble être celle d’Antonin le Pieux (138-161) ; le sens chrétien s’est affaibli chez beaucoup de fidèles ; l’esprit du monde reprend de l’empire. Vis., II, 2, 3. Une tempête a précédé ce calme, et les circonstances signalées, Sim., IX, 28, désignent la persécution de Trajan (98-117) plutôt que celle de Domitien (81-96). L’Eglise se trouve dans un état de crise morale ou de relâchement, qui nécessite un retour à une discipline sévère pour assurer le salut de ses membres. Les apôtres sont morts, Vis., III, 5 Sim., IX, 15, 4 ; on n’est donc plus aux temps apostoliques.

 Si Hermas nous a trompés sur la date, faut-il récuser toute son autobiographie ? Comment adorer ce qu’il dit de lui-même avec l’idée qu’en donne son livre ? Certes, tous les détails cadrent admirablement avec la tendance de l’ouvrage, et laissent l’impression d’une histoire vraie. Hermas et maison figurent les plaies de l’Eglise ; aussi est-il visé le premier, ainsi que les siens, par l’appel à la pénitence. La forme apocalyptique qu’il donne à son ouvrage n’a pas lieu d’étonner. Ce n’est l’œuvre ni d’un naïf, ni d’un imposteur. Mgr Freppel, qui s’en tient malgré tout à l’opinion ancienne quant à la date, écrit : " J’incline à penser que nous sommes en présence d’un traité didactique, d’un sorte de trilogie morale qui, sans se donner pour une révélation proprement dite, se développe sous la forme d’une apocalypse, dans une série de communications entre le ciel et la terre. " Les Pères apostoliques, 4e édit., Paris, 1885, p. 269. Et c’est encore ici, note Bardenhewer, op. cit., p. 92, une de ces fictions, un de ces artifices littéraires, que goûte et prodigue la littérature des apocryphes, et dont la critique ne saurait être dupe.

 Signalons pourtant une troisième opinion, celle de Gaâb, Der Hirt des Hermas, Bâle, 1866, et de Th. Zahn, Der Hirt des Hermas, Gotha, 1868, d’après laquelle le Pasteur n’aurait été composé ni par le frère du pape Pie, ni par l’Hermas de l’Epître aux Romains, mais par un personnage du même nom, contemporain du pape saint Clément. Ce fut aussi l’opinion de Peters, Theolog. Litiraturblatt, 1869, p. 854 sq., de Mayer, Die Schriften der apost. Väter, 1869, p. 255 sq., de Caspari, Quellen zur Geschichte des Taufsymbols, 1875, t. III, p. 298, et de Nirschl, Patrologie, 1881, t. I, p. 80-88. D’après Salmon, Dictionary of christian biography, t. II, p. 912-921, cet Hermas aurait été un prophète comme Quadrat, et son ouvrage ne serait autre qu’un spécimen de l’enseignement des prophètes au début du IIe siècle.

 Quant à l’opinion de Champagny, Les Antonins, Paris, 1863, t. I, p.134, n. 1 ; t. II, p. 347, n. 3, partagée par dom Guéranger, Sainte Cécile, 2e édit., p. 132 sq., 197 sq., et d’après laquelle le Pasteur aurait deux auteur, l’Hermas de l’Epître aux Romains pour les Visions, et le frère du pape Pie pour les Préceptes et les Similitudes, elle ne mérite pas, dit Funk, Opera Patr. apost., Proleg., p. CXX, d’être réfutée, tellement s’impose l’unité d’auteur.

 E. Spitta a cru remarquer que le Pasteur avait été composé sous Claude (41-54) ou même auparavant par un juif, mais qu’il avait été interpolé en beaucoup d’endroits par un chrétien, vers l’an 130. Zur Geschichte und Litteratur des Urchristentums, Gœttingue, 1896, t. II, p. 241-447. Daniel Völter, Die Visionen des Hermas, die Sybille und Clemens von Rom, 1900, et H. A. van Bakel, De compositie van den Pastor Hermæ, 1900, ont plus ou moins adhéré à ce sentiment, qui doit être absolument rejeté. Voir Funk, dans Theologische Quartalschrift, 1899, p. 321-360. Cf. A. Lelong, Le Pasteur d’Hermas, Paris, 1912, p. XXXIX-XLVI.

C’est donc au témoignage du fragment de Muratori, corroboré d’ailleurs par des arguments d’ordre interne, qu’il convient de s’en tenir avec Lipsius, Bibellexicon, 1871, t. III, p. 20 sq. ; Heyne, Quo tempore Hermæ Pastor scriptus sit, Kœnigsberg, 1872 ; Behm, Ueber den Verfasser der Schrift, welche den Titel " Hirt " führt, Rostoch, 1876 ; Harnack, Patrum apostol. opera, Leipzig, 1876, t. I, p. LXXVII sq. ; Batiffol, La littérature grecque, Paris, 1897, p. 63 sq. ; Mgr Duchesne, Histoire ancienne de l’Eglise, Paris, 1906, t. I, p. 224 ; A. Lelong, Le Pasteur d’Hermas, p. XXV-XXIX ; Funk, Opera Patr. apost., Tubingue 1881, t. I, p. CXVII sq. ; Bardenhewer, Les Pères de l’Eglise, trad. franç., Paris, 1899, t. I, p. 98-92.

Hermas fait allusion à l’amour des richesses ; bonne preuve que l’Eglise avait joui d’un temps de paix. Mais des persécutions avaient eu lieu ; il y eut des martyrs mais aussi des apostats ; mais quelques chrétiens s’en tirèrent par la seule perte de leurs biens. Hermas lui-même avait été dénoncé par ses fils et ruiné ; au moment de ses visions, il ne restait plus qu’un champ. Peut-être avait-il été, au temps de sa jeunesse, à l’âge de 30 ou 35 ans, l’une des victimes de la persécution de Domitien auxquelles Nerva, d’après Dion Cassius, 68, 2, avait fait rendre les biens confisqués. Dans ce cas, sous le règne d’Antonin le Pieux (138-161) contemporain du pape Pie (140-155), il aurait été plus que septuagénaire. Il écrit dans un temps où le gnosticisme existe, mais ne paraît pas encore un danger grave pour l’Eglise ; il combat le relâchement des chrétiens, mais sans signaler des erreurs doctrinales. Le seul passage qui se rapporte à un enseignement gnostique est celui où il est question de ceux qui abusent de la chair, Sim., V, 7 ; mais les faux docteurs visés par Hermas semblaient encore appartenir à l’Eglise et n’en avoir pas été rejetés, comme ils ne tardèrent pas à l’être. Dans le passage plus particulièrement relatif aux gnostiques, Sim., IX, 22, 2, il est encore question de fidèles, πιστοί, qui « veulent tout savoir et ne connaissent rien, " " être des maîtres quand ils ne sont que des insensés. " Parmi eux beaucoup ont été rejetés, mais d’autres, reconnaissant leurs fautes, ont fait pénitence ; à ceux qui restent la pénitence est proposée comme moyen de salut, car ils n’ont pas été mauvais, mais plutôt fous et sans esprit : ούχ έγένοντο γάρ πονηροί, μάλλον δέ μωροί χαί άσύνετοι, Sim., IX, 22, 4. ce n’est pas ainsi que se serait exprimé Hermas, si de son temps le gnosticisme avait été pour l’Eglise le danger qu’il devint peu après ; il pouvait parler de la sorte avant l’explosion du gnosticisme vers le milieu du IIe siècle.

Était-ce un montaniste ? Il n’y paraît guère, malgré certaines affinités de sa morale avec celles du montanisme. Il considère, en effet, l’Eglise comme étant en droit une société de saints, mais étant en fait un mélange de justes et de pécheurs ; il regarde comme imminente la parousie du Seigneur ; il a des visions et des révélations. Mais la solution d’Hermas diffère de celle du montanisme et porte la marque d’une date antérieure. Tandis que les montanistes refusaient le pardon aux grands pécheurs, Hermas leur accorde au moins une fois la pénitence et promet le salut aux pénitents. Montaniste, il n’aurait pas loué le mari d’une épouse adultère de la reprendre, si elle venait à faire pénitence, et il aurait condamné les secondes noces. Les montanistes ajoutaient des jeûnes aux jeûnes prescrits par l’Eglise ; Hermas se contente de jeûner les jours de station, sans voir dans cette pratique une obligation et en insistant sur le côté spirituel du jeûne. Il y a donc dans le Pasteur moins de rigorisme que dans le montanisme, et il n’y a rien de ce qui est spécial au montanisme. A. Stahl, Patristische Untersuchungen. . . III, Der " Hirt " des Hermas, Leipzig, 1901, a même prétendu que l’auteur combattait les montanistes, mais il date son œuvre des années 165-170. Le témoignage du fragment de Muratori a plus d’autorité que les arguments de Stahl n’ont de valeur.

 II. SON OUVRAGE.

 1° Texte et versions. ― Le Pasteur a été composé en grec, mais le texte original ne nous est point parvenu dans son intégrité. Le premier quart, Vis., I - Mand., IV, 3, 6, se trouve dans le Codex Sinaiticus de la Bible du IVe siècle, découvert en 1859 ; deux autres morceaux se trouvent dans un papyrus du Ve siècle rapporté de Fayoum et conservé à Berlin ; un manuscrit du mont Athos, XIVe-XVe siècle, publié à Leipzig par Tischendorf, en 1856, le contient dans sa presque totalité ; trois feuilles de ce manuscrit, comprenant Mand., XII, 4, 7 - Sim., VIII, 4, 3, et Sim., IX, 15, 1, - 30, 2, dérobées par Constantin Simonide, ont été acquises par la bibliothèque de Leipzig. C’est à l’aide de ces manuscrits qu’ont été faites toutes les éditions du texte grec par Hilgenfeld, Novum Testamentum extra canonem receptum, Leipzig, 1866 ; 2e édit., 1881 ; 3e, 1887 ; Gebhardt-Harnack, Hermæ Pastor, Leipzig, 1877. En 1880, Lambros découvrit au Mont-Athos un manuscrit contenant une partie du texte grec du Pasteur et il constata plus tard qu’il était la source du manuscrit de Leipzig. Robinson fit la collation du texte, A collation of the Athos codex of the Shepherd of Hermas, 1888, p. 25-29. Henner fut le premier qui utilisa ce manuscrit dans son édition des Pères apostoliques en 1891. Photographie par K. Lake, Oxford, 1907.

 La même année, U. Wilcken découvrit une feuille manuscrite sur papyrus, du IVe siècle, reproduisant Sim., II, 7-10 ; IV, 2-8, et il en publia le texte. Tabeln zur ältern griechischen Paläographie, Leipzig et Berlin, 1891, tab. III. Diels et Harnack rééditèrent et commentèrent ce fragment, trouvé au Fayoum et conservée au musée de Berlin, dans les Sitzungsberichte der Berliner Akademie der Wissenschaften, 1891, p. 427-431 ; Albert Ehrhard, dans la Theologische Quartalschrift, 1892, p. 294-303, et K. Schmidt et W. Schubart, Altchristliche texte, Berlin, 1910, p. 13-15. Une feuille de papyrus, contenant une courte citation de Mand., XI, 9 sq., a été publiée par Grenfell et Hunt, en 1899. Des fragments de sept feuilles de papyrus ont été publiés par les mêmes savants papyrologistes, The Amherst papyri II, Londres, 1901, p. 195 sq., (Vis., I, 2, 2-3, 1 ; III, 12, 3 ; 13, 3, 4 ; Mand., XII, 1, 1, 3 ; Sim., IX, 2, 1, 2, 4, 5 ; 12, 2, 3, 5 ; 17, 1, 3 ; 30, 1-4). Cf. A. Lelong, Le Pasteur d’Hermas, p. CIII. un fragment (Sim., X, 3, 3-6) a encore été publié par les mêmes. Cf. ibid., p. CIII-CIV. Une feuille de parchemin, trouvée en Egypte et conservée à la bibliothèque municipale de Hambourg, du IVe au Ve siècle, contient la fin de Sim., V. Cf. K. Schmidt et W. Schubart, dans les Siztungsberichte der Berliner Akademie, 28 octobre 1909 ; A. Lelong, op. cit., p. XCV-CII. Un papyrus du VIe siècle donne le dé but de Sim., VIII, 1, 1-12, publié par K. Schmidt et W. Schubart, Altchristliche Texte, p. 17-20.

 Jusqu’en 1856, le Pasteur n’était connu que par une version latine, dite Vulgate, publiée la première fois par Lefèvre d’Etaples, Liber trium virorum et trium spiritualium virginum, Paris, 1513, et reproduite dans leurs éditions des Pères apostoliques par Cotelier. Fell, Gallandi, Migne, Hefele. Hilgenfeld en a donné une édition critique insuffisante, Hermæ Pastor, Leipzig, 1873. Une autre version latine, dite palatine, en a été publiée par Dressel à Leipzig, en 1857 et en 1863, puis par Hollenberg, à Berlin, en 1868, d’après un manuscrit du fonds palatin du Vatican, du XIVe siècle. Ces deux version sont indépendantes l’une de l’autre ; la première doit avoir suivi de près l’apparition de l’original grec ; Tertullien parle du Pastor, non du Ποιμήν ; la seconde, dιjà connue de l’auteur de la Vie de sainte Geneviève, vers 530, remonte au Ve siècle et a eu très vraisemblablement la Gaule pour berceau, cf. I, Haussleiter, De versionibus Pastoris Hermæ latinis, Erlangen, 1884 ; Ph. Thielmann, dans Archiv für lat. Lexikographie, 1885, p. 176 ; Still, dans Jahresberichit für Altertumswissenschaft, 1887, t. XVII, p. 35.

 En 1860, Antoine d’Abbadie découvrait en Abyssinie une version éthiopienne du Pasteur ; il la traduisit en latin et la publia dans les Abhandlungen für die Kunde des Morgenlandes, 1860, t. II, n. 1. Dillmann démontra qu’elle avait été faite directement sur le grec. Zeitschrift der Deutschen morgenländischen Gesellschaft, 1861, t. XV, p. 111-118.

 On possède aussi de courts fragments d’une version copte. Voir A. Lelong, Le Pasteur d’Hermas, p. CV-CVI.

 F. X. Funk, profitant des travaux antérieurs et les améliorant encore, a publié le texte grec avec une traduction latine faite à l’aide de celles qui existaient déjà ; à partir de Sim., IX, 30, 3, où l’original grec fait défaut jusqu’à la fin, il a transcrit d’une part, le texte de la version de la Vulgate et, d’autre part, la version latin d’Antoine d’Abbadie. C’est à cette édition que nous nous référons, Opera patrum apostolicorum, Tubingue, 1881. Une seconde édition a paru en 1901 sous le titre : Patres apostolici. Voir aussi sa petite édition : Die apostolischen Väter, Tubingue, 1881. 

 Photographie du codex Sinaiticus par K. Lake, Oxford, 1911.

 2° Division. ― Par l’étendue des matières, la richesse du fond et l’originalité de la forme, le Pasteur constitue un ouvrage à part dans la littérature chrétienne du IIe siècle. Il comprend cinq Visions, όράσεις, douze Préceptes, έντολαι, et dix Similitudes, παραδολαι ; et c’est sous ces trois titres distincts qu’il est divisé dans les éditions actuelles, contrairement aux indications de l’auteur, qui ne signale que deux parties, la première comprenant les quatre premières Visions, et la seconde, tout le reste avec la cinquième Vision pour préface et la dixième Similitude pour épilogue. Cette division de l’auteur correspond aux deux personnages qui sont les interprètes ou les organes des révélations : dans la première partie, c’est l’Eglise qui paraît et parle à Hermas sous les traits d’une femme, dans la seconde, c’est le Pasteur qui lui notifie les Préceptes, propose et explique les Similitudes. Le tout forme un ensemble cohérent qui accuse nettement l’unité d’auteur ; et le titre, Ποιμήν, donnι à l’ouvrage, lui vient du personnage qui entre en scène dès la première partie, bien qu’il n’y joue qu’un rôle secondaire, Vis., II, 4, 1 ; III, 10, 7, mais qui paraît ensuite comme le personnage chargé de faire connaître les Préceptes et les Similitudes à Hermas.

 Les Visions indiquent la raison d’être de l’ouvrage et en tracent l’esquisse ; les Préceptes et les Similitudes en sont le développement. Tout s’y ramène à l’idée fondamentale de pénitence ou de réforme morale. Et cette discipline se dessine dans les Visions sous forme apocalyptique, se développe d’une manière plus nette et plus précise dans les Préceptes et s’achève sous forme de parabole dans les Similitudes. C’est cette pénitence qu’Hermas doit s’appliquer à lui-même, et qu’il doit prêcher ensuite aux membres de sa propre famille, à l’Église, aux fidèles et au clergé. Et la raison de cet appel général à la pénitence n’est autre, comme Hermas le donne à entendre, que l’imminence de la persécution et l’approche de l’avènement du souverain juge.

 On a discuté l’unité du livre. Le comte de Champagny a soutenu que l’ouvrage actuel est formé de deux livres très différents, comme il a été dit plus haut. Haussleiter a émis une opinion analogue : le Pasteur serait composé d’un premier livre, Vis., V - Sim., X, œuvre d’Hermas frère du pape Pie (un peu avant 150), et d’un second, Vis., I-IV, œuvre d’un inconnu publiée sous le nom d’Hermas, personnage apostolique, à la fin du IIe siècle. De versionibus Pastoris Hermæ latinis, Erlangen, 1884. A Hilgenfeld a discerné trois écrits : un écrit de pastorale, Vis., V - Sim., VII, antérieur au règne de Trajan, une apocalypse, Vis., I-IV, rédigée sous Adrien (117-138), un écrit secondaire, Sim., VIII-X ; Vis., V, 5, avec quelques autres additions, joints aux deux premiers par le frère du pape Pie. Hermæ Pastor, 2e édit., 1881, p. XXI-XXIX. Ces opinions n’obtinrent aucun succès. elles furent réfutées par A. Link, Die Einheit des Pastor Hermas, 1888, et par P. Baumgartner, Die Einheit des Hermasbuchs, Fribourg-en-Brisgau, 1889. Ce dernier toutefois soutint que l’auteur rédigea d’abord séparément Vis., I-IV et Vis., V - Sim., IX, qu’il réunit ensuite en un seul livre. A. Harnack entra dans ces vues et détermina l’ordre successif de la composition des parties. Geschichte der altchrist, Litteratur, t. II a, p. 260-263. Ses arguments n’ont pas paru concluants.

 1. Les Visions. ― C’est sous forme d’apocalypse ou de rιvélation que débute le Pasteur ; et ce procédé rappelle, parmi les auteurs sacrés, les visions d’Ezéchiel et de saint Jean, et, parmi les apocryphes, l’Ascension d’Isaïe, le Livre d’Hénoch et surtout le IVe livre d’Esdras. L’entrée en matière est faite pour piquer la curiosité.

 Hermas raconte, en effet, comme nous l’avons vu dans son autobiographie, les incidents qui donnèrent lieu à la rédaction de son livre et à sa mission de prêcher la pénitence : c’est l’objet de la première Vision. Dans la seconde Vision, il aperçoit encore l’Église sous la forme d’une vieille femme, qui lui confie son livre pour qu’il le transcrive en double exemplaire, et qui lui apprend que ses fils ont éché contre Dieu et blasphémé le Seigneur, qu’ils ont trahi leurs parents et sont tombés dans une grande iniquité, que sa femme a beaucoup péché par la langue, mais qu’ils seront tous pardonnés s’ils font de tout leur cœur une sincère pénitence. Hermas se met à pratiquer le jeûne. Dans la troisième Vision, la vieille le fait asseoir, non à sa droite, car c’est la place réservée à ceux qui ont souffert pour Dieu, mais à sa gauche, et lui montre, s’élevant sur les eaux, une tour construite par des anges avec des pierres tirées du fond de l’abîme ou du sein de la terre, qui s’adaptaient si bien entre elles qu’on aurait dit un monolithe. Elle lui conseille de conserver la paix, de secourir les indigents et lui prescrit de recommander aux chefs de l’Église d’éviter les dissensions et d’observer la discipline. ― Vingt jours après, comme il se rendait à son champ, priant le Seigneur de lui faire comprendre le sens de ces visions et de lui accorder, ainsi qu’à tous les serviteurs de Dieu, la pénitence, il rencontre une bête énorme et horrible, qui soulevait des flots de poussière. A sa vue, il se met à pleurer et à prier, quand lui apparaît la femme comme une vierge parée, vêtue de blanc. Il reprend aussitôt courage apprend qu’il a échappé au monstre grâce à la fermeté de sa foi et à la protection de l’ange Thégri. Le monstre annonçait une grande tribulation, à laquelle on n’échappera que par la pénitence et la conversion, par la pureté de vie et la persévérance, par la confiance en Dieu. ― Dans la cinquième Vision, qui n’est à vrai dire qu’une transition et l’amorce de la seconde partie, Hermas est dans sa demeure ; il vient de prier et est assis sur son lit quand se présente à lui un homme, à l’habit de pasteur : c’est l’ange de la pénitence, qui lui est déjà apparu sous un autre forme, Vis., II, 4 ; III, 10, 7, et qui se dit chargé de lui rappeler les visions précédentes et de lui faire écrire les Préceptes et les Similitudes.

 2. Les Préceptes. ― Cette partie n’est pas sans offrir quelques traites de ressemblance avec l’apocryphe connu sous le nom de Testament des douze patriarches. C’est un petit traité de morale en douze préceptes, renfermant la plupart des devoirs de l’homme envers Dieu, envers le prochain et envers lui-même. Il a pour point de départ et pour fondement la foi en un seul Dieu, créateur de toutes choses, et pour but le retour à la vertu par le moyen d’une crainte salutaire et d’un ascétisme bien compris. Dès le début, en effet, sont recommandées la foi, la crainte et la continence, πίστις, φόδος, έγχράτεια, trois vertus dont la force et l’efficacité sont montrées à partir du VIe précepte. Le second précepte recommande la simplicité et l’innocence, άπλδότης, άχαχία ; il interdit la médisance parlée ou écoutée, χατχλαλίά, et prescrit l’aumône sans acception de personnes. Le troisième ordonne l’amour et la pratique de la vérité, la fuite du mensonge. Le quatrième prescrit la pureté, άγνεία, et proscrit toute pensée et tout désir déshonnête, ce qui provoque, de la part d’Hermas, certaines questions sur le mariage, l’adultère et la pénitence. Pour pratiquer la justice, est-il dit dans le cinquième, il faut posséder la longanimité et la prudence et éviter l’irascibilité, όξυχολία, qui chasse le Saint-Esprit et appelle le diable ; c’est une sorte de démence qui engendre l’amertume, πιχρία, la colère, θυμός, la passion, όργή, et la fureur, μήνις ; cette dernière est un péché inguérissable.

 Relativement à la foi, il faut croire que l’homme a deux anges, celui de la justice et celui de la malice : les inspirations du premier sont à suivre ; car elles sont bonnes ; les tentations du second à repousser, car elles sont pervers. Relativement à la crainte, il faut distinguer celle de Dieu et celle du diable : la première est à pratiquer parce qu’elle est salutaire, la seconde à éviter parce qu’elle pernicieuse. relativement à la continence, il faut distinguer le mal auquel on doit se soustraire, et le bien dont on ne doit pas s’abstenir.

 Le neuvième précepte recommande la prière par la foi et la confiance, car Dieu est plein de miséricorde, une prière dénuée du moindre doute, quelque temps que s’en fasse attendre le résultat, car le doute est d’inspiration diabolique. Il faut en outre fuir la tristesse, sœur du doute, et revêtir la joie, qui est toujours agréable à Dieu et favorable au bien. Mand., X.

 Il existe des prophètes ; mais, parmi eux, quelques-uns sont faux et troublent les sens de ceux qui les consultent. Ils n’ont pas l’esprit de Dieu : orgueilleux, sensuels, loquaces, avides, intéressés, on les reconnaît à leurs œuvres, et on doit absolument s’en garder. Mand., XI.

 Reste enfin l’έπιθυμία, qui est bonne ou mauvaise selon que les dιsirs qu’elle inspire sont bons ou mauvais ; il faut donc éviter la mauvaise concupiscence, qui donne la mort spirituelle, et, pour lui résister avec succès, il convient d’embrasser le désir de la justice et de s’armer de la crainte de Dieu. Mand., XII.

 3. Les Similitudes. ― Cette dernière partie du Pasteur a le même caractère que la première, celui d’une apocalypse, et se rattache à certaines paraboles évangéliques. Des comparaisons et des tableaux, qui ne sont pas sans charme, servent à mettre en relief quelques points de doctrine et de morale.

 Dans les deux premières similitudes, il s’agit du bon emploi de la fortune. n’ayant pas ici-bas de cité permanente, l’homme ne doit pas s’attacher exclusivement aux biens ; ces biens sont donnés par Dieu pour en faire bénéficier les indigents. Sim., I. Le riche et le pauvre sont l’un pour l’autre comme l’ormeau et la vigne. L’ormeau soutient la vigne, la vigne pare l’ormeau de ses fruits. Le riche aide le pauvre, mais ne se dépouille pas sans profit, car sa pauvreté spirituelle est secourue par le pauvre, qui par sa prière, enrichit spirituellement le riche. Sim., II. 

Une comparaison non moins gracieuse sert, dans les deux similitudes suivantes, à expliquer le mélange en ce monde des justes et des pécheurs, et leur séparation dans le siècle futur. C’est ainsi qu’en hiver les arbres, dépouillés de leurs feuilles, se ressemblent ; mais, vienne, l’été, tandis que les uns se parent de feuilles et de fruits, les autres ne changent pas et sont morts. De même sur la terre, qui est l’hiver pour eux, bons et mauvais sont confondus ; mais le siècle futur, comme l’été, est révélateur des uns et des autres : les justes, chargés de fruits, seront récompensés ; les pécheurs, restés stériles, seront punis.

 Dans la cinquième similitude s’accuse le caractère profondément spiritualiste de l’ascétisme chrétien, les pratiques extérieures ne devant être qu’un moyen pour opérer la réforme morale. Voici la vraie notion du jeûne : " Ne fais pas le mal dans le cours de ta vie, dit le Pasteur à Hermas, mais sers Dieu avec un cœur pur, observe ses commandements, entre dans la voie de ses préceptes, et repousse jusqu’au désir coupable qui cherche à se glisser dans l’âme. Aie pleine confiance en Dieu ; car si tu acceptes ces choses, si tu t’abstiens de tout par crainte de lui déplaire, il te donnera la victoire : voilà le véritable jeûne, celui que Dieu agrée. " Et cela n’est point la condamnation du jeûne pratiquée par Hermas, car l’ange de la pénitence ajoute : " Le jour où tu jeûneras, tu ne goûteras d’aucune nourriture pour te borner au pain et à l’eau. Tu mettras de côté la quantité d’aliments que tu as coutume de prendre chaque jour, et tu la donneras à la veuve, à l’orphelin et aux pauvres ; c’est ainsi que tu consommeras la mortification de ton âme. " Telle est la notion complète du jeûne.

 A côté de ce précepte, il y a le conseil. Dans la similitude, imitée de l’Evangile, le Maître et le serviteur de la vigne, ce dernier ne se contente pas d’exécuter les ordres reçus, il va au-delà, et, ce faisant, il mérite et reçoit une récompense plus grande, il est adopté par le Maître. 

 Dans la sixième similitude, Hermas voit deux bergers et deux troupeaux : l’ange de la volupté et l’ange de la peine : l’un respirant la douceur et la joie mais perdant les âmes parce qu’elles ne font pas pénitence ; l’autre, d’un aspect rude et repoussant, menant ses brebis, le bâton levé, au milieu des ronces et des épines, et leur faisant faire pénitence pour leur salut.

 Dans la septième similitude, Hermas demande que l’ange de la peine soit éloigné de sa maison ; mais le Pasteur lui montre la nécessité d’expier ses fautes et de faire pénitence, car la pénitence bien acceptée mérite la réconciliation.

 Dans les deux similitudes suivantes, VIIIe et IXe reparaît sous le double symbole du saule et de la tour. Le saule est ébranché ; chaque fidèle en reçoit une tige qu’il devra représenter, et selon l’état de cette tige, sera récompensé ou puni ; c’est une manière de faire entendre que chacun sera traité selon ses œuvres. Les pécheurs seront soumis à la pénitence et, s’ils l’accomplissent de tout leur cœur, obtiendront le pardon, sinon ils seront condamnés. Quant au symbole de la tour, il reparaît avec un ensemble de circonstances qui sert à caractériser ceux qui entrent dans la construction pour leur fidélité persévérante ou peur leur sincère pénitence, et ceux qui en sont écartés.

 La dernière similitude sert de conclusion : à Hermas de faire pénitence et de persévérer ; à Hermas d’enseigner aux autres ce moyen de salut. Puisque le salut est assuré par la pénitence, chacun doit prendre ce moyen tant que la tour est en construction, car après il serait trop tard.

 III. SA DOCTRINE.

1° Trinité et incarnation. ― Le Pasteur est avant tout l’œuvre d’un moraliste préoccupé de remédier aux maux de la société chrétienne, et non celle d’un polémiste qui entend réfuter certaines erreurs ou celles d’un théologien exposant avec preuves à l’appui quelqu’une des vérités de la foi. Il n’en affirme pas moins avec netteté certains dogmes, tels que l’unité divine et la création ex nihilo, Mand., I, 1, p. 388 ; cf. Sim., V, 5, 2 ; VII, 4 ; mais il est loin d’être aussi catégorique sur la Trinité et la christologie. Là, sa pensée est nuageuse et son langage déconcertant. Ce n’est point sans quelques subtilités que certains critiques ont défendu son orthodoxie, entre autres Jackman, Der Hirt des Hermas, Kœnigsberg, 1835, p. 65-73 ; Hefele, Opera patrum apostol., 4e édit., Tubingue, 1855, p. 386, n. 3 ; Dorner, Lehre von den Person Christi, 2e édit., 1845, p. 190-205 ; Gaâb, Der Hirt des Hermas, Bâle, 1866, p.77-82 ; Zahn, Der Hirt des Hermas, Gotha, 1868, p. 253-282 ; Donaldson, The apostolical Fathers, 2e édit., Londres, 1874, p. 353-358 ; Freppel, Les Pères apostoliques, 4e édit., Paris, 1885, p.318 ; Rambouillet, L’orthodoxie du livre du Pasteur d’Hermas, Paris, 1880 ; Un dernier mot sur l’orthodoxie d’Hermas, Paris, 1880, dans la Revue du monde catholique, 1880, p. 21 sq. ; A. Brüll, Der Hirt des Hermas, 1882 ; J. Schwane, Dogmengeschichte der vornicanischen Zeit, 2e édit., 1892, p. 61 ; trad. franç., Paris, 1903, t. I, p. 65 ;R. Seeberg, Lehrbuch der Dogmengeschichte, 1895, t. I, p. 22 ; d’autres par contre, Lipsius, Zeitschrift für wiss. Theologie, 1865, p. 277-282 ; 1869, p. 273-285 ; Bardenhewer, Les Pères de l’Eglise, trad. franç., Paris, 1898, t. I, p. 94 ; Funk, Opera Patrum apostol., Tubingue, 1881, t. I, p. 458 ; 1901, t. I, p. CXLI, CXLIII, ont accusé Hermas d’identifier la seconde personne de la Trinité avec le Saint-Esprit, et même, d’après Harnack, dans ses notes, Vis., V, 2 ; Sim., V, 5, 2 ; 6, 5 ; VIII, 1, 2 ; IX, 1, 1 ; Duchesne, Les origines chrétiennes, édit. lith., Paris, 1885, p. 198 avec l’archange saint Michel. Mgr Duchesne ne parle plus de cette identification, Histoire ancienne de l’Eglise, Paris, 1906, t. I, p. 232-234. Cf. Lueken, Michael, Gœttingue, 1898, p. 87, 148-154 ; E. Hückstadt, Der Lehrbegriff des Hirten, 1889 ; O. Bardenhewer, Christi Person und Werk in Hirten des Hermas, 1886 ; Funk, Patres apostolici, 2e édit., Tubingue, 1901, t. I, p. 532-540. Ce que l’on doit reconnaître à tout le moins, c’est que sa terminologie laisse beaucoup à désirer.

 Voici, en effet, un premier message qui permettra d’en juger : il est relatif aux trois personnes divines. Un homme, dit le Pasteur, Sim., V, 2, p. 450-452, possède un domaine et de nombreux serviteurs. Il sépare une partie de ce domaine et y plante une vigne. Puis choisissant un serviteur fidèle et honorable, il le charge d’échalasser cette vigne, en lui promettant la liberté. Le maître parti, ce serviteur se met à l’œuvre, et non seulement il échalasse la vigne, mais encore il en arrache les mauvaises herbes, chose qui ne lui avait été prescrite. A son retour, le maître est informé du zèle de son serviteur, et voyant que celui-ci avait fait plus qu’on lui avait demandé, il convoque en conseil son fils et ses amis ; d’accord avec eux, il décide que le bon serviteur partagera son héritage avec son fils. Ayant fait un festin, il envoie des provisions au serviteur fidèle qui, après en avoir pris part, donne le reste à ses compagnons de servitude.

 Il y a bien là trois personnages distincts : le maître, son fils et le serviteur. Mais qui sont-ils ? Le champ, explique le Pasteur, Sim., V, 5, 2-3, p. 460, représente ce monde, dont le maître est Dieu, créateur de toutes choses. Le fils du maître est le Saint-Esprit, Filius autem Spiritus Sanctus est, porte la version Vulgate. Ces mots, il est vrai, ne se trouvent ni dans le texte grec ni dans la version palatine ; ils n’en représentent pas moins la pensée de l’auteur, puisqu’il dit ailleurs : " Je veux te montrer ce que t’a montré l’Esprit-Saint, qui t’a parlé dans la personne de l’Eglise ; car cet Esprit est le fils de Dieu : έχείνο γάρ τό πνεϋμα ό ύίος τού Θεο έστίν. Sim., IX, 1, 1, p. 498. Quant au serviteur, il est le fils de Dieu ; ό δε δοϋλος ό ύίος τού Θεο έστίν. Sim., V, 5, 2, p. 460. Or ce serviteur, nommé fils de Dieu, prépose des anges à la garde de l’Eglise ; il extirpe les mauvaises herbes ou déracine les péchés par ses labeurs et ses souffrances ; et il partage les reliefs du festin avec les autres serviteurs. Telle est son œuvre : œuvre de rédemption, sang que soit mentionnée la mort expiatoire, et œuvre de communication de la grâce par la prédication évangélique. Pas une seule fois l’auteur ne le signale sous le nom de Verbe, de Christ ou de Jésus, pas plus qu’il ne songe à dire la différence qu’il y a entre sa filiation divine et celle du Saint-Esprit.

 Voici un autre passage relatif à l’incarnation : " Le maître a appelé en conseil son fils et les anges glorieux pour délibérer sur la participation du serviteur à l’héritage ; cela veut dire : l’Esprit-Saint qui préexistait, qui a créé toute créature, Dieu l’a fait habiter dans une chair choisie par lui. Cette chair, dans laquelle habitait le Saint-Esprit, a bien servi l’Esprit en toute pureté et toute sainteté, sans jamais lui infliger la moindre souillure. Après qu’elle se fut ainsi bien et saintement conduite, qu’elle eut aidé l’Esprit et travaillé avec lui en toute action, se montrant toujours forte et courageuse, Dieu l’a admise à participer avec l’Esprit-Saint. La conduite de cette chair a plu à Dieu, car elle ne s’est pas souillée sur la terre pendant qu’elle possédait l’Esprit-Saint. Il a donc consulté son fils et ses anges glorieux afin que cette chair, qui avait servi l’Esprit sans aucun reproche, obtînt un lieu d’habitation et ne perdît pas le prix de son service. " Sim., V, 6, 4-7, p. 462. " Que conclure de là, demande Bardenhewer, Les Pères de l’Eglise, trad. franç., Paris, 1898, t. I, p. 94, sinon que, visiblement, la distinction entre le Saint-Esprit et le Fils de Dieu avant l’incarnation et le Saint-Esprit ne font qu’un. " Et Bardenhewer ajoute : " C’en est donc fait de la Trinité, dans la pensée d’Hermas, tant que Jésus n’a pas achevé l’œuvre de la rédemption ; la Trinité ne se constitue que lorsque l’humanité du Sauveur s’élève au rang du Père et du Saint-Esprit. "

 Il est question plusieurs fois, Vis., V, 2 ; Mand., V, 1, 7 ; Sim., V, 4, 4 ; VII, 1, 5 ; VIII, 1, 1 ; p. 384, 402, 456, 474, 476, 478, d’un ange qui est au-dessus des six anges supérieurs qui forment le conseil de Dieu ; et cet ange est tour à tour qualifié de très vénérable, de saint, de glorieux, σεμνότατος, άγιος, ένδοξος, dans lequel la plupart des interprètes ont vu le Christ. Mais Hermas finit par le nommer, et il l’appelle Michel. Sim., VIII, 3, 3, p. 484. Serait-ce qu’il identifie le Fils de Dieu avec l’archange saint Michel ? La réponse semblerait devoir être affirmative à raison de multiples ressemblances que le Pasteur relève entre l’un et l’autre dans leurs fonctions. L’un et l’autre, en effet, sont investis de la toute-puissance sur le peuple de Dieu, Sim., V, 6, 4 ; VIII, 3,3, p. 462, 484 ; l’un et l’autre prononcent sur le sort des fidèles, Sim., VIII, 3, 3 ; IX, 5, 2-7 ; 6, 3-6 ; 10, 4, p. 484, 508, 510 ; l’un et l’autre remettent les pécheurs à l’ange de la pénitence pour les amender. Sim., VIII, 2, 5 ; 4, 3 ; IX, 7, 1-2, p.480, 484, 510, 512. Mais cette analogie de situations et de missions n’a point paru suffisante à Zahn, Der Hirt des Hermas, Gotha, 1868, p. 263-278, et à Bardenhewer, Les Pères de l’Eglise, trad. franç., Paris, 1898, t. I, p. 95, pour en induire l’identité des personnes, d’autant plus que les différences de dénominations et d’attributs sont caractéristiques. C’est ainsi que saint Michel est toujours qualifié d’ange et que le Fils de Dieu ne porte jamais ce nom ; si saint Michel a pouvoir sur le peuple, le Fils de Dieu n’est pas seulement le maître du peuple, Sim., V, 6, 4, p. 462, il est encore le maître de la tour, son propriétaire, son possesseur ; il en dispose souverainement ; αύθέντης, δεσπότης, Sim., IX, 5, 2, 6, 7 ; IX, 7, 1, p. 508-510 ; et tandis que saint Michel grave simplement la loi dans le cœur des fidèles, " cette loi est le Fils de Dieu, tel qu’il a été prêché jusqu’aux extrémités du monde. " Sim., VIII, 3, 3, p. 484. Cf. Heurtier, Le dogme de la Trinité dans l’Eglise de S. Clément de Rome et le Pasteur d’Hermas, Lyon, 1900.

 2° Les anges.

― Hermas, sans parler de la nature des anges, fait allusion à leur nombre considérable et à leurs diverses fonctions. Il distingue, comme nous l’avons déjà observé, les anges supérieurs des anges inférieurs ; ceux-ci sont chargés de la vigne ou des membres de l’Eglise, Sim., V, 5, 3, p. 460 ; ils travaillent à la construction de la tour mystique, sous la direction des six anges glorieux. Sim., IX, 6, 2, p. 510. Les anges glorieux font parti du conseil de Dieu et assistent à la délibération qui doit donner au serviteur l’héritage divin et à son corps la récompense céleste. Sim., V, 6, 4-7, p. 462. Diverses sont les fonctions des anges : il y a l’ange de la pénitence, qui joue un si grand rôle dans le Pasteur ; il y a l’ange Thégri, Θεγρί, prιposé à la garde des bêtes sauvages, Vis., IV, 2, 4, p. 382 ; il y a surtout saint Michel, dont nous avons vu le rôle prépondérant. Chaque homme a son ange gardien, άγγελος διχαιοσύνης, dont il doit suivre les inspirations et les conseils pour pratiquer la justice et se prιserver du mal. Mand., VI, 2, 1-3, p. 406. Mais il a aussi un autre ange, άγγελος πονηρίας, ibid., qui n’est autre que le diable, dont il doit se méfier, car celui-ci est l’inspirateur et l’instigateur du péché ; toutes ses œuvres sont mauvaises. Mand., VI, 2, 10, p. 408. Il est donc à redouter, car il pourrait empêcher l’accomplissement des préceptes et faire ainsi manquer le salut. Mais il ne peut rien sur les serviteurs de Dieu, car il est dominé par l’ange de la pénitence : έγώ γάρ έσομαι μεθ’ ύμων, ό άγγελος τής μετανοίας, ό χαταχυριεύων αύτού, Mand., XII, 4, 7, p. 436 ; il les tente, mais ceux qui sont pleins de foi lui résistent avec succès, et il s’éloigne, faute de trouver place en eux, pour entrer dans les hommes vains, dont il fait ses esclaves. Mand., XII, 5, 4, p. 436.

 3° L’Église. 

Hermas donne peu de renseignements sur l’organisation de l’Eglise. Il fait allusion à l’épiscopat quand il dit de Clément qui enverra son livre aux villes du dehors selon le devoir de son charge : έχείνω γάρ έπιτέτραπται. Vis., II, 4, 3, p. 350. Il parle des presbytres qui président l’Eglise. Ibid. Parmi les pierres qui s’adaptent parfaitement à la tour, il signale celles qui figurent les apôtres, les évêques, les didascales et les diacres. Vis., III, 5, 1, p. 360. Il recommande aux προηγουμένοις et aux πρωτοχαθεδρίταις d’ιviter toute dissension, d’observer la discipline pour pouvoir faire avec fruit la leçon aux autres, Vis., III, 9, 7-10, p. 370 ; car ils étaient peut-être du nombre de ces fidèles ambitieux qui luttaient pour la première place et les honneurs. Sim., VIII, 7, 4, p. 492. A une époque où le charisme de prophétie avait ses contrefaçons, il met en garde les fidèles contre les faux prophètes qui n’étaient que des exploiteurs de la crédulité publique, Mand., XI, 1-4, p.424, tandis que le prophète selon Dieu se fait reconnaître à la probité de sa vie, à son humilité, à son ascétisme, à sa discrétion, ne parlant pas en secret, ne répondant pas à quiconque l’interroge, mais s’exprimant en public, dans l’assemblée, sous l’inspiration de l’esprit prophétique. Mand., XI, 7-10, p. 426. Hermas fait enfin allusion au rôle des diaconesses, quand il nomme Grapta, chargée du soin des veuves et des orphelins. Vis., II, 4, 3, p. 350.

 Ce qui retient surtout l’attention d’Hermas c’est l’Eglise considérée comme une société de saints parfaitement une. Par deux fois il la compare à une tour dont la construction ne forme qu’un monolithe. Une première fois, Vis., III, cette tour est représentée comme bâtie sur les eaux, par une allusion transparente au baptême ; et cette tour figure l’Eglise, qui ne comprend que des saints, les uns déjà sortis de ce monde, les autres vivant encore sur la terre. Il n’y a pour s’adapter parfaitement à elle que les matériaux appropriés, tels que les pierres cubiques et blanches, c’est-à-dire les apôtres, les évêques, les didascales et les diacres, qui ont marché dans la sainteté et ont bien rempli leur ministère, les martyrs et les justes. Quant aux autres pierres, les unes gisent au pied de la tour, les autres sont brisées et rejetées au loin, en attendant qu’une préparation convenable les mette à même d’être utilisées. Une seconde fois, Sim., IX, la tour est bâtie sur un immense roc, dans lequel est pratiquée une porte ; allusion au Christ qui est la pierre et la porte de l’Eglise. Mais cette fois les pierres qui entrent dans la construction à titre provisoire représentent toutes sortes de baptisés, les pécheurs aussi bien que les justes ; car, avant d’être achevés, l’édifice doit subir, l’inspection du maître qui, éprouvant les pierres employées, écartera celles qui ne sont pas de bon aloi pour les livrer à l’ange de la pénitence. Et celui-ci, selon ce qu’elles seront devenus aptes ou non à la construction, reste chargé de les utiliser ou de les rejeter définitivement. De telle sorte qu’à la fin de l’Église ne comprend plus que des saints et forme un corps, pareil à un monolithe brillant, dont les membres n’ont qu’une pensée, qu’un sentiment, qu’une foi, qu’une charité. Cf. P. Batiffol, L’Eglise naissante, 2e édit., Paris, 1909, p. 222-224.

 4° Le baptême et la vie chrétienne

― Nature, nécessité, effets du baptême, obligations qu’il impose, autant de points signalés par Hermas. C’est au baptême par immersion qu’il est fait allusion : " On descend mort dans l’eau (baptismale), et on en remonte vivant. " Sim., IX, 16, 4, p. 532. Ce sacrement assure la rémission de tous les péchés antérieurs. Mand., IV, 3, 1, p. 395. Il imprime un sceau tellement nécessaire pour faire partie de l’Eglise que les justes de l’Ancien Testament n’ont pu prendre place dans la construction de la tour et en former les trois premières assises qu’après l’avoir reçu. Et comme c’était la seule chose qui manquait à leur justice, c’est aux apôtres qu’ils ont été redevables d’en connaître l’existence et la nécessité comme aussi d’en recevoir l’impression. Sim., IX, 16, 3-7, p. 532. Cette opinion singulière d’une mission posthume des apôtres auprès des justes de l’Ancien Testament en vue de leur prêcher et de leur conférer le baptême, a bien été partagée par Clément d’Alexandrie, Strom., II, 9 ; VI, 6 ; P. G., t. VIII, col. 980 ; IX, col.263-269, mais elle est restée sans autre écho parmi les Pères. Voir t. II, col. 212. Or, " celui qui a reçu le pardon de ses péchés (dans le baptême) ne doit plus pécher, mais persister dans la pureté (baptismale), " έν άγνεία χατοιείν. Mand., IV, 3, 2, p. 398. Il est pleinement justifié, et cette justification confère une sainteté positive, faisant de l’âme la demeure même du Saint-Esprit. " Conservez votre chair pure et sans tache, afin que l’Esprit, qui réside en elle, lui rende témoignage et que votre chair soit justifiée. Gardez-vous de laisser monter dans votre cœur la pensée que votre chair est périssable et d’en abuser par vos souillures (comme faisaient certains gnostiques), car, en souillant votre chair, vous souillez aussi le Saint-Esprit, et si vous outragez le Saint-Esprit, vous ne vivrez pas. " Sim., VI, 7, 1-2, p. 464. Tel était le magnifique idéal proposé au baptisé.

 La foi, cela va sans dire, et aussi la crainte de Dieu sont recommandées au chrétien par le Pasteur, mais tout particulièrement la continence. " Quiconque l’observe (cette continence) sera heureux dans cette vie, et aura la vie éternelle pour héritage. " Vis., III, 8, 4, p. 368. Il ne faudrait pas croire que ce soit là un écho de la doctrine outrée des encratites. Car être continent, aux yeux du Pasteur, c’est s’abstenir de tout mal et faire le bien ; et les maux dont il faut s’abstenir sont l’adultère et la fornication, l’ivrognerie, l’orgueil, le mensonge, le blasphème, l’hypocrisie, le vol, le dol, le faux témoignage, l’avarice, la concupiscence mauvaise et tout ce qui lui ressemble. Mand., VIII, 2-6, p. 412. Etre continent, c’est aussi pratiquer la foi, la crainte de Dieu, la charité, la concorde, la justice, la vérité, la patience, et c’est secourir les veuves, les orphelins et les pauvres, exercer l’hospitalité. Mand., VIII, 9-10, p. 412. Tout autant de devoirs qui incombent à la vie ordinaire du chrétien, où il n’est nullement question de l’ascétisme encratite, mais qui montrent bien qu’à la foi on doit joindre les œuvres. Nous avons déjà dit comment le Pasteur entendait le jeûne. 

 Dans l’état de justification, tel qu’il est constitué par le baptême, l’homme peut acquérir des mérites, observer les commandements, suivre même les conseils et pratiquer les vertus héroïques dignes d’une récompense spéciale. Ceci n’est autre que l’affirmation du dogme catholique relatif aux œuvres surérogatoires. Pour avoir procédé à l’arrachement des mauvaises herbes, opération qui ne lui avait été pas prescrite, le serviteur a été adopté comme cohéritier du Fils de Dieu. " Observez les commandements du Seigneur, et vous plairez à Dieu, et vous serez inscrit au nombre de ceux qui observent ses commandements. Mais si vous faites quelque bien qui dépasse les commandements de Dieu, vous vous acquerrez à vous-mêmes une gloire suréminente et vous jouirez auprès de Dieu d’un crédit plus grand que vous ne pouvez l’espérer. " Sim., V, 3, 1-3, p. 454. 

 Il est vrai que l’observation des commandements paraît très difficile à Hermas, Mand., XII, 3, 4, p. 432. Elle n’est pourtant pas impossible, observe le Pasteur : il suffit de se persuader qu’elle est possible pour en rendre l’accomplissement aisé, Mand., XII, 3, 4-5, p. 432. En tout cas elle est obligatoire, car " si tu ne les observes pas, dit le Pasteur à Hermas, Mand., XII, 3, 6, p. 432, il n’y aura de salut ni pour toi, ni pour tes enfants, ni pour ta maison, " c’est-à-dire pour personne. Mais il y a le diable, remarque Hermas, Mand., XII, 5, 1 ; et le Pasteur de répondre : On n’a qu’à lui résister, car s’il peut lutter, il ne peut vaincre ; l’ange de la pénitence est là pour soutenir les efforts du chrétien tenté.

 5° La pénitence et le salut.

― Comment conserver intact le sceau baptismal, pratiquer la chasteté de la vérité, άγνότης τής άληθείας, et atteindre cet idιal de perfection, quand la fragilité humaine est si grande ? Il faut tenir compte d’une chute toujours possible, trop souvent réelle. Le chrétien qui succombe doit-il désespérer de son salut ? Ici deux solutions se présentaient, radicalement opposées l’une à l’autre ; celle des gnostiques relâchés et des rigoristes outrés. Les premiers tenaient pour indifférente toute faute commise après le baptême ; mais c’était là " une doctrine étrangère, un enseignement d’hypocrites, " de nature à pervertir les serviteurs de Dieu, surtout les pécheurs, en ne leur laissant pas faire pénitence et en les rassurant par des propos insensés. Sim., VIII, 6, 5, p. 490. Par réaction contre ce cynique relâchement, d’autres prêchaient un rigorisme outré et cherchaient à imposer un ascétisme complet. Comme on peut le voir dans les Acta Thomæ, Bonnet, Acta Thomæ, Leipzig, 1883, p. 11-13, 55-73, et dans d’autres pièces apocryphes, tels que les Actus Petri cum Simone, Lipsius, Acta Petri, Leipzig, 1891, p. 85-87, 228-234, et l’Evangile selon les Egyptiens, Nestle, Novi Testamenti supplementum, Leipzig, 1896, , p. 72, l’idéal d’une pureté intégrale, d’une continence absolue, devait être la règle à suivre. L’auteur de la IIe Clementis, 7, 8, 9, 13, 15, Funk, Opera Patrum apostol., Tubingue, 1881, t. I, P. 152, 154, 158, 160, 162, préconise cet ascétisme. La solution d’Hermas est plus humaine ; elle est opposée à ceux qui soutenaient déjà comme devaient le faire les montanistes, l’impossibilité pour le chrétien failli de reconquérir l’innocence baptismale et d’obtenir après le baptême le pardon de ses péchés.

 " Dieu est plein de longanimité, et il veut que l’appel adressée par son Fils ne soit pas frustré. " Sim., VIII, 11, 1, p. 469. " Il connaît l’infirmité de l’homme et l’astuce du diable, et il a pitié de sa créature. " Mand., IV, 3, 4-5, p. 398. Lui seul assure la guérison du pécheur. Mand., IV, 1, 11, p. 396. Comment ? Par la μετάνοια. A la volontι divine de sauver les baptisés, à la miséricorde de Dieu prête à pardonner et à guérir, doit correspondre de la part du coupable un acte, ou mieux une conduite morale qui accepte ce moyen et s’y soumette. Or, il ne s’agit ici ni du sacrement de pénitence, dont Hermas ne parle pas, ni du processus canoniquement institué pour la réconciliation officielle des pécheurs, tel qu’il ne tarda pas à fonctionner, mais d’un exercice de la vertu de pénitence, comportant beaucoup plus que ce que signifie le mot latin de pænitentia, à savoir, un changement de l’âme, une réforme intérieure, un renouvellement moral, une transformation des idées, des sentiments et des mœurs, en un mot, une vraie conversion, car telle est la force du mot grec μετάνοια. Et cela comprend, avec le regret du passι et le ferme propos pour l’avenir, c’est-à-dire avec la contrition, l’expiation pénible du péché, c’est-à-dire la satisfaction. " La μετάνοια est une grande prudence ; car celui qui l’accomplit comprend qu’il a péché, se repent de son acte, ne fait plus le mal, s’applique à faire le bien, humilie et tourmente son âme parce qu’il a péché. " Mand., IV, 2, 2, p. 396.

 Cette μετάνοια s’applique à tous les péchés sans distinction, même à ceux qui, pour un temps assez court, vont être regardés comme des cas réservés, l’apostasie, l’adultère et l’homicide. Hermas ne parle pas, il est vrai, de l’homicide, mais il signale les adultères et les blasphémateurs. L’épouse adultère dit-il, Mand., IV, 1, 7, p. 394, doit être reçue par son époux, si elle a fait pénitence de son péché. Quant aux apostats, ceux-là peuvent bénéficier de la μετάνοια qui ont renié de bouche et non de cœur. Sim., IX, 26, 5, p. 546.

 Mais cette μετάνοια, si elle s’étend à tous les péchés, ne convient pas indistinctement à tous les pécheurs : elle ne sert qu’aux chrétiens anciens, et non à ceux qui viennent d’être baptisés ou le seront dans la suite. Ceux-ci ont bien la rémission de leurs péchés (par le baptême), mais ils n’ont pas la μετάνοια. Mand., IV, 3, 3, p. 398. Cette restriction arbitraire accuse bien rigorisme de l’époque, mais elle n’est pas seule, car il est spécifié que celui qui a profité de la μετάνοια ne peut y recourir une seule fois ; μίαν μετάνοιαν έχει. Mand., IV, 3, 6, p. 398. Si donc il retombe dans le péché, il n’y a pas à compter sur le secours efficace d’une seconde μετάνοια, et il le vivra difficilement : άσύμφορόν έστι τώ άνθρώπω τώ τοιούτω δυσχολως γάρ ζήσεται. Ibid. C’est ainsi que, pendant quelques temps, l’Eglise introduira dans le régime pénitentiel une restriction de ce genre en n’accordant qu’une seule fois au chrétien pécheur le bienfait de la pénitence canonique.

Ces deux points établis, le Pasteur énumère par trois fois les pécheurs qui peuvent recourir efficacement à la μετάνοια. Une première fois, au sujet de la tour bâtie sur les eaux. il n’y a ici de définitivement rejetés de la construction, c’est-à-dire de l’Eglise, et privés de salut, que les fils d’iniquité : ils ont exaspéré le Seigneur, Vis., II, 6, 1, p. 362. Parmi les pierres non encore utilisées, les unes gisent près de la tour, les autres sont brisées et rejetées au loin. Les premières ne sont que momentanément délaissées parce qu’elles sont encore impropres à la construction. Il en est de noires : ce sont ceux qui ont connu la vérité, mais n’y ont point persévéré. Il en est de fendues : ce sont ceux qui n’ont pas gardés la paix vis-à-vis les uns des autres. Il en est d’ébréchées : ce sont ceux qui ne possèdent pas la justice intégrale. Il en est de rondes et blanches : ce sont les croyants asservis à la fortune, qui, au moment de l’épreuve, ont renié le Seigneur en vue de conserver leurs richesses ; et tel fut le cas d’Hermas. Mais toutes ces pierres pourront, après une appropriation nécessaire, faire partie de la tour : les pécheurs qu’elles figurent pourront, après avoir fait pénitence, prendre rang dans cette société de saints qu’est l’Eglise. Parmi les pierres brisées et rejetées au loin, les unes roulent hors du chemin : ce sont ceux qui ont eu la foi, mais qui, par le doute, ont perdu la voie. D’autres sont tombées dans le feu : ce sont ceux qui se sont éloignés sans songer à se repentir. D’autres enfin sont tombées près de l’eau, mais sans pouvoir y entrer : ce sont ceux qui ont entendu la parole (de vérité) et ont voulu recevoir le baptême, mais n’ont pas osé le demander afin de pouvoir se livrer à leurs mauvais désirs. Les pécheurs de cette triple catégorie pourront-ils recourir à la μετάνοια et prendre place dans la tour ? A cette question prιcise d’Hermas le Pasteur répond : " Ils ont la μετάνοια, mais ils ne peuvent point prendre place dans cette tour ; ils seront dans un lieu bien inférieur, mais après avoir été châtiés. Ils seront transférés pour avoir eu part à la parole du juste. Et il leur arrivera d’être transférés de leurs tourments, s’ils ont au cœur le repentir de leurs iniquités, sinon ils ne seront pas sauvés à cause de la dureté de leur cœur. " Vis., III, 7, 5-6, p. 366. Autrement dit, ces pécheurs n’ont pas encore la justice requise pour faire partie de la société des saints, mais ils sont en voie de purification par la pénitence, et ils restent assurés de leur salut.

 Une seconde fois, dans la Similitude du saule, tous les chrétiens reçoivent une branche de saule qu’ils devront représenter ; l’état de cette branche servira à distinguer ceux qui ont mérité le salut. Or, sur treize catégories de chrétiens, trois représentent les justes et dix les pécheurs. Ceux-ci sont livrés à l’ange de la pénitence : mais tous ne font pas également pénitence d’une manière utile à leur salut. Dieu a prévu ceux qui en profiteraient et ceux qui feraient semblant d’y recourir. Sim., VIII, 6, 2, p. 488. Or une seule de ces dix catégories de pécheurs est rejetée, celles des apostats et des traîtres : ceux-là sont morts définitivement à Dieu. Pourquoi ? Parce que, parmi eux, " aucun ne s’est repenti, bien qu’ils aient entendu ce que je t’ai prescrit de leur prêcher (relativement à la μετάνοια), dit le Pasteur à Hermas ; la vie n’est plus en eux. " Sim., VIII, 6, 4, p. 490. Toutes les autres seront sauvées : " Tous ceux qui se seront soumis à la μετάνοια de tout leur cœur et se seront purifiés de leurs iniquités sans en ajouter de nouvelles, auront le remède de leurs péchés et vivront à Dieu ; et tous ceux qui ajouteront à leurs péchés et marcheront selon les désirs du siècle se condamneront à la mort, " θανάτω έαυτούς χαταχρίνουσιν. Sim., VIII, 11, 3, p. 498.

 Une dernières fois enfin, au sujet de la tour bâtie sur le roc, il y a d’abord les quatre premières assises définitivement scellées qui représentent les patriarches, les prophètes et les justes de l’Ancien Testament ainsi que les apôtres et les prédicateurs de l’Evangile. Il y a ensuite des pierres de toute sorte, dont quelques-unes sont écartées et d’autres provisoirement employées jusqu’à l’inspection du maître de la tour, qui ne retiendra que les bonnes et confiera les autres à l’ange de la pénitence. La tour reste inachevée pour permettre aux pécheurs de ses préparer par la μετάνοια ΰ leur réintégration dans l’édifice. Les pierres sont extraites de douze montagnes, qui représentent le monde entier. Comme plus haut, une seule catégorie, celle des apostats, des blasphémateurs et de ceux qui ont livré les serviteurs de Dieu, est irrémédiablement condamnée : ce sont des endurcis : τούτοις όέ μετάνοια ούχ έοτι, θάνατος όέ έοτι. Sim., IX, 19, 1, p. 536. Cinq autres, celle de ceux qui ont conservé la simplicité, l’innocence et la paix, celle des apôtres et des didascales qui ont prêché comme il convenait la parole de Dieu, celle des évêques et des hospitaliers, celle des martyrs, et celle de ceux qui ont gardé la simplicité des enfants, sont assurés de faire partie de cette tour. Pour les six qui restent, la μετάνοια est la condition imposιe. Plein de confiance, Hermas s’écrie : Spero quia omnes, qui antea peccaverunt, libenter acturi sunt pænitentiam, vitam recuperantes. Et le Pasteur de répondre : Quicumque mandata efficiunt, habebunt vitam. . . Quicumque vero mandata non servant, fugiunt a sua vita, morti se tradunt, et unusquisque eorum reus fit sanguinis sui. Sim., IX, 2, 3-4, p. 560.

 Somme toute, parmi les anciens baptisés, tout pécheur peut obtenir le pardon et la guérison de ses péchés, à la condition de recourir sérieusement à la μετάνοια.

 Cette μετάνοια comporte, chez le pécheur, le repentir sincère du péché, le ferme propos pour l’avenir, et une purification laborieuse. Dieu donne alors la guérison, ϊασις. Mais de la part de Dieu, cette μετάνοια constitue une grâce ; et le bon usage qu’en fait le pécheur en est une autre. Dieu, en effet, accorde la μετάνοια ΰ ceux qu’il voit disposés à purifier leur âme et à le servir de tout leur cœur, tandis qu’il la refuse à ceux dont il prévoit la duplicité, la malice, l’hypocrisie. Sim., VIII, 6, 2, p. 488. C’est pour avoir reçu l’Esprit de Dieu que les uns en profitent, et c’est par leur faute que les autres la rendent inutile. Le Pasteur dit à Hermas : " Tu vois combien ont fait pénitence et ont été sauvés ; c’est afin que tu comprennes combien grande et digne d’être glorifiée est la miséricorde du Seigneur, lui qui a rempli de son esprit ceux qui ont été dignes de la μετάνοια.. » Sim., VIII, 6, 1, p. 488. Mais le Seigneur ne se contente pas de leur donner cet esprit, il les assiste encore dans l’accomplissement de leur acte, Sim., V, 3, 4, p. 454 ; il écoute favorablement leur prière. Sim., V, 4, 4, p. 456.

 Voilà déjà en germe les éléments satisfactoires du régime pénitentiel futur. L’Eglise doit être une société de saints. Elle croit possible la conservation intacte de la pureté baptismale, mais elle sait aussi combien est grande la fragilité humaine. Au pécheur, elle offre après le baptême un moyen de salut. Et de même qu’elle règle l’initiation et administre le baptême, elle entend régler l’administration de la pénitence et intervenir à la fin de l’épreuve satisfactoires par un acte juridique pour réconcilier officiellement le pécheur converti. Mais dans ce développement de la discipline pénitentielle, les distinctions arbitraires du Pasteur disparaîtront, et son rigorisme fera place de plus en plus à un régime de bénignité et d’indulgence. Cf. Rauschen, L’Eucharistie et la pénitence durant les six premiers siècles, trad. franç., Paris, 1910, p. 139 sq. ; A. Lelong, Le Pasteur d’Hermas, p. IV-VI, LX-LXXV ; A. d’Alès, L’édit de Calliste, Paris, 1914, p. 52-113.

 6° Le mariage.

― Relativement au mariage chrétien, l’indissolubilité du lien conjugal, même dans le cas d’adultère, est nettement affirmée, et la question des secondes noces résolue dans un sens nullement prohibitif. Voici, en effet, les cas de conscience proposés par Hermas et résolus par le Pasteur. ― 1. L’époux pèche-t-il s’il vit avec sa femme coupable d’adultère ? Non, s’il ignore sa faute ; oui, s’il vient à la connaître, car alors il se rendrait complice de son péché. ― 2. Que doit-il faire dans le cas où sa femme persévère dans le péché ? Il doit la quitter et rester seul, car s’il contractait un nouveau mariage, il commettrait lui-même un adultère. Mand., IV, 1, 4-6, p. 392-394. ― 3. Si l’épouse adultère, après avoir été renvoyée, a fait pénitence, non pas souvent mais une fois, μή έπί πολό δέ τοίς γάρ δούλοις τού θεού μετάνοια έστιν μία, l’époux doit la reprendre, sans quoi il commettrait une faute grave. Mand., IV, 1, 7-8, p. 394. ― 4. Mκmes solutions pour la femme, quand c’est l’époux qui tombe dans l’adultère. Ibid. ― 5. Si l’un des deux époux vient à mourir, le survivant pèche-t-il en se remariant ? Non, mais il acquerrait plus d’honneur et de gloire auprès de Dieu, en restant dans le veuvage. Mand., IV, 4, 1-2, p. 378-400.

 7° Les subintroductæ

― Sans la Similitude IX, 10, 6, p. 518, Hermas reçoit du Pasteur l’ordre de rester près de la tour pour attendre l’arrivée du maître ; il est confié à la garde des vierges. Mais la nuit approchant, il voudrait se retirer ; et les vierges de lui dire : μεθ ήμών χοιμηθήοη ώς άδελφός, χαί ούχ ώς άνήρ. Sim., IX, 11, 3, p. 520. Elles affirment qu’elles l’aiment, et l’une d’elles l’embrasse. Est-ce une allusion à la coutume des femmes vivant avec les clercs sous le nom de sorores, subintroductæ, άδελφαί, άγαπηταί, σνείσαχτοι ? Hefele l’a cru, Opera Patrum apost., 4e édit., Tubingue, 1855, p. XCVI ; mais ni Gaâb, Der Hirt des Hermas, Bâle, 1866, p. 56-59, ni Zahn, Der Hirt des Hermas, Gotha, 1868, p. 179-181, ne sont de cet avis. Harnack trouve suspect l’emploi de ces termes χοιμηθήοη, άγαπώμεν, χαταφιλείν, sans regarder comme vraisemblable l’introduction de cette coutume avant le IIIe siècle. Funk, à son tour, Opera Patrum apost., p. 518-519, note , sans nier que le Pasteur y fasse allusion, estime que l’usage des subintroductæ s’est introduit au IIe siècle, et il appuie son opinion sur le langage tenu par Tertullien, De jejuniis, 17 ; De virginibus velandis, 14, et par saint Cyprien, De habitu virginum, 19 ; Epist. IV, 2. Il se peut fort bien, quoiqu’on n’en puisse pas donner une preuve positive, que le langage du Pasteur ait favorisé cette coutume, qui ne devait pas tarder à montrer qu’elle renfermait de choquant et de dangereux pour les mœurs et à provoquer, dès la fin du IIIe siècle et au commencement du IVe, son interdiction catégorique. Cf. concile d’Ancyre, c. 19 ; concile de Nicée, c. 3, dans Lauchert, Die Kanones der wichtigsten altchr. Concilien, Leipzig, 1896, p. 34, 38. Pour le concile d’Elvire, c. 27, voir t. IV, col. 2388.

ÉDITIONS. ― Lefèvre d’Etaples, Liber trium virorum et trium spiritualium virginum, Paris, 1513 ; Cotelier, Patres ævi apostolici, Paris, 1672 ; Leclerc, Patres ævi apostolici, Anvers, 1698 ; Galland, Bibliotheca veterum Patrum, Venise, 1763-1767 ; Migne, P. G., t. II ; Hefele, Opera Patrum apost., 4e édit., Tubingue, 1855 ; Tischendorf, Hermæ Pastor græce, Leipzig, 1856 ; Anger et Dindorf, Hermæ Pastor græce, Leipzig, 1856 ; Dressel, Patrum apost. opera, Leipzig, 1857 ; Hilgenfeld a publié la version latine dite Vulgate, Hermæ Pastor, Leipzig, 1873 ; 2e édit. à part, et le texte grec dans Novum testamentum extra canonem receptum, Leipzig, 1866 ; Hermæ Pastor græce, Leipzig, 1881 ; 3e édit., 1887, Hollenberg, Pastor Hermæ, Berlin, 1868 ; Gebhardt, Harnack et Zahn, Patrum opera apost., Leipzig, 1877 ; 2e édit., 1894 ; Funk, Opera Patrum apost., Tubingue, 1881 ; 2e édit., 1901 ; A. Lelong, Le Pasteur d’Hermas, Paris, 1912 (texte grec, trad. française et introd.) ; Ant. d’Abbadie a publié une traduction latine de la version éthiopienne d’Hermas, Hermæ Pastor, dans les Abhandlungen für die Kunde des Morgenlandes, 1860, t. II.

TRAVAUX. ― Outre les prolégomènes et les notes qui accompagnent la plupart des éditions , on peut consulter ; Weinrich, Disquisitio in doctrinam moralem ab Herma in Pastore propositam, 1804 ; Jachmann, Der Hirt des Hermas, Kœnigsberg, 1835 ; Gaâb, Der Hirt des Hermas¸ Bâle, 1866 ; Zahn, Der Hirt des Hermas, Gotha, 1868 ; Freppel, Les Pères apostoliques, Paris, 1859 ; 4e édit., 1885, p 257-322 ; Lipsius, Der Hirt des Hermas und Montanismus in Rom, dans Zeitschrift für wissenschaftliche Theologie, 1865, t. VIII, p. 266-308 ; 1866, t. IX, p. 27-81 ; Heyne, Quo tempore Hermæ Pastor scriptus, sit, Kœnigsberg, 1872 ; Donaldson, The apostolical Fathers, 2e édit., Londres, 1874, p. 351-382 ; Behm, Ueber der Verfasser des Schrift welche den Tiel " Hirt " fuhrt, Rostock, 1876 ; Ledrain, Deux apocryphes du IIe siècle, avec une étude sur la date du Pasteur d’Hermas, Paris, 1871 ; Nirschl, Der Hirt des Hermas, Passau, 1879 ; E. Renan, L’Eglise chrétienne, 3e édit., Paris, 1879, p. 401-425 ; M. du Colombien, Le Pasteur d’Hermas, Paris, 1880 ; Brull, Der Hirt des Hermas, Fribourg-en-Brisgau, 1882 ; Duchesne, Les origines chrétiennes, édit. lith.,Paris, 1886 ; Link, Christi Person und Werk im Hirten des Hermas, Marbourg, 1886 ; Die Einheit des Pastor Hermas, Marbourg, 1888 ; A. Ribagnac, La christologie du Pasteur d’Hermas, Paris, 1887 ; Huckstaedt, Der Lehresbegriff der Hirten, Anklam, 1888 ; Baumgartner, Die Einheit des Hermas Buchs, Fribourg-en-Brisgau, 1889 ; Taylor, The witness of Hermas to the fous Gospels, Londres, 1892 ; Spitta, Studien zum Hirten des Hermas, Gœttingue, 1896 ; Fessler, Institutiones patrologiæ, édit. Jungmann ; Inspruck, 1890, t. I, p. 178 sq. ; Bardenhewer, Les Pères de L’Eglise, trad. franç, Paris, 1898, t. I, p. 84-98 ; Geschichte der altkirchlichen Litteratur, Fribourg-en-Brisgau, 1902, t. I, p. 557-578 ; J. Bénazech, Le prophétisme chrétien depuis les origines jusqu’au Pasteur d’Hermas, Cahors, 1901 ; P. Batiffol, Les origines de la pénitence, Hermas et le problème moral au IIe siècle, Paris, 1902, (ou Revue biblique, 1901, t. X, p. 327-351) ; Wenel, dans Hennecke, Neutestamentliche Apocryphen, 1904, p. 277-279 ; Kirchenlexicon, t. V, col. 1839-1844 ; Dictionary of christian biography, t. II, col. 912-921 ; Richardson, Bibliographical synopsis, Buffalo, 1887, p. 30-36 ; Realencyklopädie für protestantische Theologie und Kirche, t. VII, p. 714-718 ; The catholik encyclopedia, New-York, t. VII, p. 268-271 ; Chevalier, Répertoire. Bio-bibliographie, t. I, col. 2132 ; D. Völter, Die Visionen des Hermas, etc., Berlin, 1900 ; B. Heurtier, Le dogme de la Trinité dans l’épître de saint Clément de Rome et le Pasteur d’Hermas, Lyon, 1900 ; J. Réville, La valeur du témoignage historique du Pasteur d’Hermas, Paris, 1900 ; Mgr Duchesne, Histoire ancienne de l’Eglise, Paris, 1906, t. I, p. 225-235 ; K. Lake, The Shepherd of Hermas and christian life in Rome in the second century, dans Harward theological review, 1911, t. IV, p. 25-46 ; K. O. Macmillan, The Shepherd of Hermas, apocalypse or allegory ? dans The Princeton theological review, 1911, t. IX, p. 61-94 ; G. Bardy, Le Pasteur d’Hermas et les livres hérétiques, dans la Revue Biblique, 1911, p. 391-407 ; Baumeister, Die Ethik des Pastor Hermæ, Fribourg-en-Brisgau, 1912 ; A. d’Alès, L’édit de Calliste. Etude sur les origines de la pénitence chrét., Paris, 1914, p. 52-113 ; A propos du Pasteur d’Hermas, dans les Etudes, 1912, t. CXXXII, p. 79-94 ; C. H. Turner, The Shepherd of Hermas and the problem of this text, dans Journal of theol. studies, 1920, t. XXI, p. 193-209.

SOURCE : http://jesusmarie.free.fr/hermas_le_pasteur_d_hermas.html

Saint Hermas, chrétien des premiers siècles, disciple des apôtres, et même de saint Paul, si, comme on a sujet de le croire, et comme le font entendre Origène, Eusèbe et saint Jérôme, c'est le même Hermas que saint Paul fait saluer de sa part (1). Hermas, selon toute apparence, était laïque ; quoique les Grecs le donnent comme évêque de Philippes, en Macédoine, ou de Philippopolis, en Thrace ; d'autres veulent qu'il ait été prêtre. Quoique Grec d'origine, il habitait l'Italie, et vraisemblablement la ville de Rome. Il était marié et avait des enfants, qui lui causèrent des chagrins par leur mauvaise conduite ; mais il eut la consolation de les ramener à la vertu.

Hermas est célèbre par un livre qui est intitulé Le Pasteur, parce que c'est un ange qui y parla sous la figure d'un pasteur. Ce livre est en forme de dialogue, et divisé en trois parties, sous les titres de Visions, de Préceptes et de Similitudes. Dans les visions, Hermas nous apprend qu'une femme âgée lui apparut à diverses reprises, et lui remit un livre mystérieux qu'elle lui commanda de transcrire, et dont le sens lui fut révélé ; dans le reste de l'ouvrage, l'ange donne à Hermas différentes instructions, et l'exhorte à la pénitence, au mépris du monde, aux aumônes et aux bonnes œuvres. Les anciens Pères ont donné au livre d'Hermas beaucoup d'éloges, et une autorité presque égale à celle des livres canoniques. Ils s'en servent même souvent pour la réfutation des hérésies. Clément d'Alexandrie en regarde les révélations comme divines, et Origène en parle comme d'un ouvrage inspiré de Dieu.

Ce sentiment, néanmoins, n'est pas universel. Saint Prosper semble avoit fait moins d'estime du livre du Pasteur, surtout relativement à certaines maximes dont Cassien avait abusé ; et le concile de Rome, tenu sous le pape Gélase, ne paraît pas favorable à ce livre sous le rapport de l'autorité, comme n'ayant point été reçu de l'Eglise latine, à laquelle il était inconnu.

On doit avouer, au fond, que tout n'y est pas également exact ; mais c'est un des plus précieux et des plus anciens monuments des traditions ecclésiastiques ; et il contient des choses très remarquables sur la foi, sur la discipline des premiers temps et sur les mœurs primitives des chrétiens. Il fut écrit sous le pontificat de saint Clément et avant la persécution de Domitien, c'est-à-dire vers l'an 92 de J.-C. Sur la foi de quelques pontificaux, le livre du Pasteur a été attribué à saint Herme, frère de Pie I, pape en 442. Une simple observation renverse ce système. Les pontificaux disent que le livre d'Herme avait rapport à la célébration de la Pâque ; et dans celui d'Hermas, il n'est nullement question de cette célébration. Le livre du Pasteur était écrit en grec ; il ne nous en reste qu'une traduction latine faite dans des temps fort reculés, et que, par la confrontation des passages qu'en ont cités les auteurs anciens, on a lieu de croire fidèle. Cotelier l'a insérée dans son Recueil des Pères qui ont vécu dans les temps apostoliquesParis, 1672 ; traduit en français, ibid., 1717. Il y en a une édition d'Oxford, revue, avec des notes, 1685, in-12. Le style du Pasteur est simple, sans figures et sans ornements.

Le martyrologe romain marque au 09 mai la fête de saint Hermas, dont il fait l'éloge. Les Grecs la célèbrent le 08 mars et le 05 octobre.

(1)  Epître aux Romains, ch. 26, v. 14.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 19 - Pages 288-289)

SOURCE : http://www.france-spiritualites.fr/religions-fois-philosophie/christianisme/saints-bienheureux/H/saint-hermas.html

HERMAS LE PASTEUR D'

L'un des Pères apostoliques. Hermas n'est connu que par les détails autobiographiques que contient son œuvre : Le Pasteur ; esclave de naissance, affranchi par la matrone qui l'avait acheté, il se serait adonné au commerce. Ayant perdu ses biens à la suite d'une dénonciation portée contre lui par ses propres fils, il aurait alors fait pénitence. Il se déclare contemporain de Clément de Rome (peut-être le pape Clément Ier, mort en 97 env.). Toutefois, le Canon de Muratori (VIIIe s.) qui donne la liste des écrits du Nouveau Testament reconnus comme canoniques par l'Église de Rome vers 180, affirme qu'Hermas était un frère du pape Pie Ier (mort en 155), ce que le contexte du Pasteur semble confirmer. La première partie de l'ouvrage est consacrée au récit de cinq « visions » qu'eut l'auteur (genre apocalyptique). Elles manifestent allégoriquement la gravité du péché et la miséricorde de Dieu, qui permet au pécheur repentant d'être pardonné une seconde fois — qui sera la dernière — des fautes commises après le baptême. À partir de la cinquième vision, un ange vêtu en berger — origine du titre de l'œuvre — explique les allégories. Le texte revêt alors un caractère plus éthique ; il énonce douze préceptes moraux (objet de la IIe partie) et illustre au moyen de dix « similitudes » (paraboles) la béatitude promise aux vertueux (IIIe partie).

Irénée, Clément d'Alexandrie, Origène — qui a confondu l'auteur du Pasteur avec l'Hermas dont parle saint Paul (Rom., XVI, 14) — et Tertullien ont considéré le livre comme inspiré ; mais le décret gélasien (fin du Ve s.) le classait parmi les apocryphes, et le Canon de Muratori ne le tenait pas pour canonique. Fort peu connue dans l'Église d'Occident, selon saint Jérôme, bien plus connue dans l'Église d'Orient, l'œuvre est contenue dans le Codex Sinaïticus. Divers manuscrits en grec, en latin et en éthiopien, et des fragments en copte et en persan en ont été découverts.

Universalis

SOURCE : http://www.universalis.fr/encyclopedie/le-pasteur-d-hermas/

Le « Pasteur » d’Hermas 

Le « Pasteur » (ouvrage attribué à Hermas)

Hermas est un grec vendu comme esclave dans la ville de Rome. Il est acheté par une certaine Rhôdé qu’il finit par épouser après l’avoir affranchi. Lui est menteur. Elle, bavarde et douée d’un très mauvais caractère.  Leurs enfants sont mauvais au point qu’ils dénoncent leurs parents lors d’une persécution.

Toute cette histoire est inventée !

Hermas serait, selon certaines sources, le frère de l’évêque de Rome St Pie Ier (140-155), le 10e pape (martyr). Il est l’auteur du « Pasteur d’Hermas » texte chrétien du IIe siècle. Il s’agit de l’écrit le plus long de la période des pères apostoliques ; il revêt un intérêt particulier par son genre littéraire apocalyptique (plusieurs « visions »), par le message libérateur sur la pénitence post-baptismale (en particulier après le péché d’adultère ou encore celui d’apostasie), et par le portrait qu’il nous laisse de l’Église catholique romaine vers l’an 150 (les détails manifestant une Eglise sainte mais non pas exempte de pécheurs sont sans concession…Le vice de l’ambition est souvent relevé comme cause de divisions). Il est présent dans le Nouveau Testament de la plus ancienne Bible en notre possession : le « Codex Sinaiticus ».

Hermas y décrit l’Eglise sous deux images : une vieille femme et une tour (nous en sommes les pierres plus moins hautes et belles, le Christ en est la porte). C’est une mère qui prend soin de ses enfants :

« Ecoutez-moi mes enfants. Je vous ai élevés en grande simplicité, innocence, et sainteté grâce à la miséricorde du Seigneur qui a répandu sur vous la justice… Faites régner la paix entre vous. Alors moi aussi, je pourrai me présenter joyeuse devant le père pour rendre compte de vous tous à votre Seigneur » (vision 3 9).

Hermas reçoit la visite d’un « pasteur » qui se révèle être l’ange de la pénitence (ou conversion du cœur). Le désir du pasteur est que tout homme « vive pour Dieu » (qu’il obtienne la Vie éternelle). « Marchez donc selon ces préceptes et vous vivrez pour Dieu ».

Les préceptes qu’il donne peuvent paraître difficiles à observer (Hermas le lui dira) mais ils sont possibles :

« Il peut tout dominer, y compris ces préceptes, l'homme qui a le Seigneur dans son cœur. En revanche, pour ceux qui ne l'ont que sur le bout des lèvres, dont le cœur endurci est loin de Dieu, ces préceptes sont durs et impraticables. Vous donc, les hommes vains et légers dans la foi, mettez le Seigneur dans votre cœur et vous connaîtrez qu'il n'y a rien de plus facile que ces préceptes, ni de plus doux, ni de plus humain. 6. Convertissez-vous, vous qui suivez les préceptes du diable, préceptes difficiles, amers, brutaux, impudiques, et ne craignez plus le diable, car il n'a aucun pouvoir contre vous. 7. Moi, l'Ange de la pénitence qui triomphe du diable, je serai avec vous. Il peut faire peur, le diable, mais cette peur manque de force. Ne le craignez donc pas et il vous fuit." (…) « Tu les garderas (tous les préceptes), dit-il, si ton cœur purifié se tourne vers le Seigneur, et tous les garderont qui se purifieront le cœur des vains désirs de ce monde, et ils vivront pour Dieu."

On trouve un petit traité de démonologie dans le « pasteur » et quelques règles de « discernement des esprits » pour savoir ce qui vient du bon ange et du mauvais !

Il nous donne aussi une série de « paraboles » ou « similitudes » (sic) de son cru dont certaines ressemblent beaucoup à celles de Jésus dans l’Evangile. En tous cas, si les images changent, la doctrine est la même. « Car toute chair recevra sa rémunération, qui sera trouvée intacte et sans tache et où l'Esprit saint aura pris demeure ».

Il décrit l’église de Rome comme étant une assemblée de bons et de mauvais (ivraies et bon grains se côtoient). « Ni les justes ni les pécheurs ne se distinguent dans ce monde, mais sont semblables. Car ce monde pour les justes est un hiver et (les justes) ne se remarquent pas, puisqu'ils l'habitent avec les pécheurs »

Les intérêts matériels, la faiblesse, la lassitude, la persécution ont provoqué l’abandon (apostasie) ou la chute (« lapsi » = ceux qui sont tombés) de beaucoup.

Ce livre est essentiellement un appel à la pénitence et à l’Espérance en la miséricorde de Dieu. A tout péché : miséricorde (sauf à celui contre l’Esprit saint).

« Ayez donc confiance en Dieu, vous qui, à cause de vos péchés, désespériez de la vie, qui ajoutiez à vos péchés, qui alourdissiez votre vie, puisque, si vous vous convertissez au Seigneur du fond de votre cœur, si vous pratiquez la justice le reste des jours de votre vie, si vous le servez convenablement selon sa volonté, il vous guérira de vos péchés passés et vous donnera le pouvoir de triompher des œuvres du diable. La menace du diable, ne la craignez pas du tout : il est sans force, comme les nerfs d'un mort. 3. Écoutez-moi donc et craignez celui qui peut tout, sauver et perdre, et observez ses commandements et vous vivrez pour Dieu."

Le Seigneur veut le salut de tous. Une belle parabole des rameaux d’un saule illustre cette grande vérité de foi : « Après avoir examiné les rameaux de tout le monde, le Pasteur me dit : " Je t'ai dit que cet arbre est vivace. Vois-tu, dit-il, combien ont fait pénitence et ont été sauvés ? - Je vois, Seigneur, dis-je. - Pour que tu voies que la miséricorde de Dieu est grande et glorieuse, il a aussi donné un esprit à ceux qui sont dignes de la pénitence ».(…) « Ceux dont les rameaux furent trouvés desséchés et rongés de vers, ce sont les apostats, traîtres à l'Église, qui dans leurs péchés ont blasphémé le Seigneur et qui encore ont rougi du nom du Seigneur invoqué sur eux (Ac 15, 17; Jc 2, 7; Gn 48, 16; etc.). Ceux-là donc pour Dieu sont morts définitivement. Tu vois que pas un d'entre eux n'a fait pénitence, même après avoir entendu les paroles que, sur mon ordre, tu leur as dites. La vie s'est donc retirée de telles gens. 5. Ceux qui les ont remis desséchés, mais non pourris, ils sont tout près des premiers : c'étaient des hypocrites qui introduisaient des doctrines hétérodoxes et détournaient les serviteurs de Dieu et surtout les pécheurs qu'ils empêchaient de faire pénitence, en les convainquant par des doctrines folles. Ceux-là ont un espoir de faire pénitence. 6. Et tu vois que beaucoup d'entre eux ont déjà fait pénitence depuis que tu leur as dit mes préceptes. D'autres encore feront pénitence et tous ceux qui ne feront pas pénitence ont déjà perdu la vie; mais tous ceux d'entre eux qui se sont repentis sont devenus bons et leur demeure a été fixée dans les premiers murs; certains même sont montés dans la tour. Tu vois donc, dit-il, que le repentir des pécheurs assure la vie, et l'impénitence, la mort ».(…) « Ceux qui ont remis des rameaux verts, mais fendillés ont toujours été fidèles et bons, mais il y avait entre eux de la jalousie pour des questions de priorité et d'honneurs. Et ils sont tous bien fous de rivaliser ainsi pour les premiers rangs. 5. Mais après avoir entendu mes préceptes, puisqu'ils étaient bons, ils se sont purifiés et ont rapidement fait pénitence. Et leur demeure fut fixée dans la tour. Mais si l'un d'entre eux en revient aux dissensions, il sera rejeté de la tour et perdra sa vie. 6. La vie appartient à tous ceux qui observent les commandements du Seigneur (Qo 12, 13). Or, dans les commandements, il n'est question ni de priorité, ni d'honneurs, mais de patience et d'humilité pour l'homme. C'est dans de telles gens que réside la vie du Seigneur; dans les querelleurs et les violateurs de la loi, c'est la mort ».(…) « Beaucoup d'entre eux ont fait pénitence et sont allés habiter dans la tour. Beaucoup se sont éloignés définitivement de Dieu : ceux-là ont perdu définitivement la vie ».

Autre comparaison de «  la tour » qui figure l’Eglise :

" Dites-moi, Seigneur, dis-je, le nom des vierges et des femmes vêtues de noir. - Écoute, dit-il, le nom des vierges les plus fortes, celles qui se tenaient aux angles. 2. La première, c'est la Foi, la seconde, la Tempérance, la troisième, la Force, la quatrième, la Patience; les autres, placées entre les premières, ont comme nom : Simplicité, Innocence, Sainteté, Gaieté, Vérité, Intelligence, Concorde, Charité. Celui qui porte ces noms et celui du Fils de Dieu pourra entrer dans le royaume de Dieu (Jn 3, 5). 3. Écoute aussi, dit-il, le nom des femmes vêtues de noir; quatre d'entre elles sont les plus fortes : la première, Incrédulité, la seconde, Intempérance, la troisième, Désobéissance, la quatrième, Tromperie. Leurs suivantes s'appellent : Tristesse, Méchanceté, Débauche, Colère, Fausseté, Démence, Médisance, Haine. Le serviteur de Dieu qui porte ces noms verra le royaume de Dieu, mais n'y entrera pas.

 La « similitude » des 12 montagnes :

« Voici ce que sont les croyants venus de la sixième montagne, celle qui a des crevasses grandes et petites et des herbes flétries dans ces crevasses : 2. ceux qui ont de petites crevasses, ce sont ceux qui se gardent rancune mutuellement et, de par leurs médisances réciproques, ils sont flétris dans la foi. Mais beaucoup d'entre eux ont fait pénitence. Et les autres se repentiront quand ils entendront mes préceptes; car leurs médisances ne sont pas graves et ils se repentiront vite. 3. Ceux qui ont de grandes crevasses s'obstinent dans la médisance, deviennent rancuniers et ne décolèrent plus les uns contre les autres. Ceux-là donc ont été rejetés loin de la tour et jugés indignes de la construction. De telles gens vivront difficilement. 4. Si Dieu notre Seigneur qui domine tout et tient sous son pouvoir toute la création ne garde pas de ressentiment à l'égard de ceux qui avouent leurs péchés, s'il leur devient propice, un homme mortel et plein de péchés pourra-t-il garder rancune à un homme, comme s'il avait le pouvoir de le perdre ou de le sauver (Jc 4, 12) ? 5. je vous le dis, moi, l'ange de la pénitence : vous tous qui avez ce penchant, supprimez-le et faites pénitence, et le Seigneur guérira vos péchés précédents, si vous vous purifiez de ce démon; sinon, vous lui serez livrés pour la mort ».

(…) « " 1. Voici ce que sont les croyants venus de la onzième montagne, dont les arbres étaient ornés d'une foule de fruits très variés : 2. des hommes qui ont souffert pour le nom du Fils de Dieu, qui souffrirent même avec empressement, du fond de leur cœur et qui ont livré leur vie (Ac. 15, 26). 3. - Et pourquoi donc, Seigneur, dis-je, tous ces arbres ont-ils des fruits et certains, des fruits plus beaux ? - Écoute dit-il. Tous ceux qui ont souffert à cause du nom sont glorieux auprès de Dieu et leurs péchés à eux tous ont été effacés, parce qu'ils ont souffert pour le nom du Fils de Dieu. Mais voici pourquoi leurs fruits sont variés et certains meilleurs. 4. Tous ceux, dit-il, qui, traînés devant les autorités, ont été soumis à la question et n'ont pas nié, mais au contraire ont souffert avec empressement, ceux-là sont beaucoup plus glorieux auprès du Seigneur et leurs fruits sont les meilleurs. Tous ceux, en revanche, qui furent tremblants et indécis, qui se demandèrent en leur cœur s'ils renieraient ou confesseraient (le Seigneur), mais qui pour finir ont souffert, ceux-là ont des fruits plus médiocres, par la faute de cette intention qui montait à leur cœur. Car c'est une mauvaise intention pour un serviteur que celle de renier son propre maître. 5. Veillez donc, vous qui avez cette intention, à ce qu'elle ne demeure pas dans votre cœur et que vous ne mouriez pour Dieu. Et vous qui souffrez pour Dieu, vous devez le glorifier (1 P 4, 13, 15, 16) de ce qu'il vous a jugés dignes de porter son nom et d'être guéris de tous vos péchés. 6. Félicitez-vous donc et croyez avoir accompli une grande œuvre lorsque quelqu'un d'entre vous souffre pour Dieu. Le Seigneur vous fait don de la vie et vous ne comprenez pas ! Car vos péchés vous alourdissaient et si vous n'aviez pas souffert pour le nom du Seigneur, à cause de vos péchés, vous seriez morts pour Dieu. 7. je dis cela pour vous qui hésitez à renier ou à confesser. Confessez que vous avez un Seigneur, de peur d'être, en le reniant, jetés en prison. 8. Si les gentils punissent leurs esclaves, s'ils renient leur maître, que fera de vous, à votre avis, le Seigneur maître de toutes choses ? Rejetez ces desseins de vos cœurs, afin de vivre éternellement pour Dieu ».

(…) « Je vous le dis à vous tous qui avez reçu le sceau : soyez simples, oubliez les offenses, ne vous obstinez pas dans votre malice ou dans le souvenir amer des offenses, n'ayez qu'un seul esprit, remédiez à ces discordes funestes, écartez-les de vous : le maître du troupeau sera content de tout cela. 5. Il se réjouira s'il trouve toutes ses brebis en bonne santé sans qu'aucune ne soit égarée. Mais s'il découvre que certaines d'entre elles sont égarées, malheur aux bergers : 6. et si ce sont les bergers eux-mêmes qu'on trouve égarés, que répondront-ils au maître de leurs troupeaux ? Car enfin, pourront-ils se dire égarés par une brebis ? On ne les croira pas, car c'est une chose incroyable qu'un berger puisse souffrir du fait d'une brebis; il sera plus lourdement puni à cause de son mensonge. Et moi aussi je suis berger et il faut de toute nécessité que je rende compte de vous. Guérissez-vous donc, pendant que la tour est encore en construction ».

(...) « Pour ma part, Seigneur, dis-je, je proclame à tout homme les merveilles du Seigneur et j'espère que tous ceux qui ont péché auparavant, en entendant mes paroles, feront spontanément pénitence pour recouvrer la vie. 4. - Persévère, dit-il, dans cette mission, conduis-la à bon terme. Tous ceux qui appliquent les préceptes du Pasteur obtiendront la vie et lui-même, une grande gloire auprès du Seigneur. Tous ceux, en revanche, qui n'observent pas ces préceptes, tournent le dos à leur propre vie et méprisent le Pasteur; lui, n'en a pas moins d'honneur auprès de Dieu. Tous ceux donc qui le méprisent et n'observent pas ses commandements se livrent eux-mêmes à la mort et chacun d'eux est comptable de son propre sang. Je te le dis (encore) : mets-toi au service de ses préceptes et tu posséderas le remède pour tes péchés ».

(…)" Aie dans tes fonctions une énergie virile, révèle à tout le monde les merveilles du Seigneur et tu auras de grands mérites par ce ministère. Quiconque marchera selon ces préceptes, vivra et sera heureux dans sa vie; quiconque les aura négligés ne vivra pas et son existence (ici-bas) sera malheureuse. 2. A tous ceux qui peuvent faire le bien, dis de ne pas cesser de le faire; accomplir de bonnes œuvres leur est utile. Je dis qu'il convient d'arracher tout homme à la misère. Celui qui, par l'indigence, est dans sa vie quotidienne en butte aux difficultés, endure un grand tourment et une grande épreuve. 3. Celui donc qui arrache à la nécessité l'âme d'un tel homme se crée une grande joie : car quelqu'un qui est tenaillé par des misères de ce genre souffre le même supplice et les mêmes tortures que celui qui est dans les fers. Et beaucoup, quand ils ne peuvent plus supporter ces souffrances, se donnent la mort. Celui donc qui, connaissant la misère d'un tel homme, ne l'en retire pas, commet un grand péché et devient comptable de son sang. 4. Faites donc de bonnes œuvres, vous tous qui avez reçu (ces préceptes) du Seigneur, de peur que la construction de la tour ne s'achève pendant que vous tardez à les faire. C'est pour vous, en effet, qu'ont été interrompus les travaux. Si donc vous ne vous hâtez pas, la tour sera achevée et vous en serez exclus. " 5. Quand il eut fini de me parler, l'ange se leva du lit et, prenant avec lui le Pasteur et les vierges, il se retira, mais il me dit qu'il renverrait chez moi ce Pasteur et ces vierges » (fin du « pasteur » !).

Hermas nous décrit la discipline romaine en matière de mariage, de remariage, d’adultère dans l’église de Rome au 2° siècle ce qui est très précieux.

Le CEC cite par deux fois le « Pasteur d’Hermas » :

CEC 760

L'Eglise - préfigurée dès l'origine du monde

760  "Le monde fut créé en vue de l'Eglise", disaient les chrétiens des premiers temps (Hermas, vis. 2,4,1 cf. Aristide, apol. 16, 6 Justin, apol. 2,7). Dieu a créé le monde en vue de la communion à sa vie divine, communion qui se réalise par la "convocation" des hommes dans le Christ, et cette "convocation", c'est l'Eglise. L'Eglise est la fin de toutes choses (cf. S. Epiphane, hær. 1,1,5), et les vicissitudes douloureuses elles-mêmes, comme la chute des Anges et le péché de l'homme, ne furent permises par Dieu que comme occasion et moyen pour déployer toute la force de son bras, toute la mesure d'amour qu'il voulait donner au monde:

De même que la volonté de Dieu est un acte et qu'elle s'appelle le monde, ainsi son intention est le salut des hommes, et elle s'appelle l'Eglise.
(St Clément d'Alexandrie, pæd. 1,6).

CEC 2517

Le cœur est le siège de la personnalité morale: "C'est du cœur que viennent intentions mauvaises, meurtres, adultères et inconduites" (Mt 15,19). La lutte contre la convoitise charnelle passe par la purification du cœur et la pratique de la tempérance:

Maintiens-toi dans la simplicité, l'innocence, et tu seras comme les petits enfants qui ignorent le mal destructeur de la vie des hommes (Hermas, mand. 2,1).

SOURCE : http://nouvl.evangelisation.free.fr/hermas_le_pasteur_0.htm

Précepte I

26.

1. "Premier point entre tous : crois qu'il n'y a qu'un seul Dieu, celui qui a tout créé et organisé (Ep 3,9), qui a tout fait passer du néant à l'être (2 M 7,28 ; cf. Sg 1,14), qui contient tout et qui n'est pas contenu. 2. Crois donc en lui et crains-le, et, et par cette crainte, sois continent. Observe ces préceptes et tu rejetteras de toi toute dépravation, tu revêtiras toute vertu de justice et tu vivras pour Dieu - si du moins tu observes ce commandement. "

Précepte II

27.

1. Il me dit : " Maintiens-toi dans la simplicité, l'innocence, et tu seras comme les petits enfants qui ignorent le mal destructeur de la vie des hommes. 2. Et d'abord, ne dis du mal de personne et ne prends pas de plaisir à écouter le médisant (cf. Jc 4,11) ; sinon, tu auras part, toi qui l'écoutes, au péché du médisant, si du moins tu ajoutes foi à la médisance entendue. Car en y ajoutant foi, tu seras, toi aussi, hostile à ton frère, et c'est ainsi que tu auras part au péché de médisance. 3. La médisance est mauvaise, c'est un démon agité, jamais en paix, il ne se plaît que dans les discordes. Tiens-toi donc bien loin de lui et tes rapports avec tout le monde seront toujours parfaits. 4. Revêts-toi de gravité : avec elle, point d'achoppement, mais rien que des chemins unis et de l'allégresse. Fais le bien et du produit du labeur que Dieu t'accorde, donne à tous les indigents avec simplicité, sans t'inquiéter (de savoir) à qui tu donneras et à qui tu ne donneras pas : donne à tous ; car Dieu veut qu'on fasse profiter tout le monde de ses propres largesses. 5. Ceux qui reçoivent rendront compte à Dieu du motif et de la destination de ce qu'ils auront reçu : ceux qui recevront dans le besoin ne seront pas jugés, mais ceux qui trompent pour recevoir seront punis. 6. Celui qui donne, lui, est irréprochable, car, comme il a reçu du Seigneur ce ministère à remplir, il l'a rempli avec simplicité : sans examiner à qui donner et à qui ne pas donner. Et le ministère qui s'est ainsi achevé dans cette simplicité est glorieux devant Dieu. Celui donc qui s'acquitte ainsi de son service vivra pour Dieu. 7. Observe donc ce précepte comme je te l'ai dit, pour que ta pénitence et celle de ta maison soient trouvées simples, pures, innocentes et incorruptibles."

Précepte III

28.

1. Il me dit de nouveau : " Aime la vérité, qu'elle seule puisse sortir de ta bouche ; de la sorte, l'esprit que Dieu a logé dans ta chair sera trouvé authentique aux yeux de tous les hommes et ainsi sera glorifié le Seigneur, qui habite en toi, car le Seigneur est vrai en toutes ses paroles et il n'y a en lui aucun mensonge. 2. Les menteurs renient donc le Seigneur et le dépouillent, puisqu'ils ne lui rendent pas le dépôt qu'il leur a confié. Car ils ont reçu de lui un esprit qui ne ment pas ; s'ils le lui rendent mensonger, ils violent le commandement du Seigneur et se font spoliateurs. " 3. En entendant cela, je fondis en larmes. Il me voit pleurer et me dit : " Pourquoi pleures-tu ? --Parce que, Seigneur, dis-je, je ne sais pas si je puis être sauvé. --Pourquoi ? dit-il --C'est que dans ma vie, Seigneur, je n'ai pas encore dit une parole vraie, mais depuis toujours, j'ai vécu de fourberie envers tous et j'ai fait passer mes mensonges pour la vérité aux yeux de tout le monde. Personne ne m'a jamais contredit : on a eu confiance en mes paroles. Comment donc puis-je vivre, Seigneur, après ces vilenies ? 4.--Tu penses bien et juste, dit-il. Car tu aurais dû, comme serviteur de Dieu, marcher dans la vérité, ne pas faire cohabiter en toi une mauvaise conscience avec l'esprit de vérité, ne pas affliger un esprit auguste et véridique. --Jamais, Seigneur, dis-je, je n'ai entendu parler de règles si précises. 5. Maintenant donc, dit-il, tu les entends. Observe-les : ainsi, même les mensonges que tu faisais antérieurement dans tes affaires obtiendront créance, puisqu'on trouvera vrai ton langage d'aujourd'hui ; car ils peuvent aussi obtenir créance. Si m observes ces préceptes et qu'à partir de maintenant tu ne dises plus que la vérité, tu pourras acquérir la vie et quiconque observera ce commandement et s'abstiendra du mensonge, ce grand vice, celui-ci vivra pour Dieu.

Précepte IV

29. (1)

1. “Je t'ordonne, dit-il de garder la chasteté et que ne monte pas à ton coeur le désir d'une autre femme (que la tienne), ni d'une quelconque fornication, ni d'aucun autre vice semblable. Car ce faisant, tu commettrais un grand péché. Souviens-toi toujours de ta femme et tu ne pécheras jamais 2. Si ces désirs montent à ton coeur, tu pécheras et si ce sont d'autres pensées aussi mauvaises, tu commets un péché. Car ce désir, pour un serviteur de Dieu, est un grand péché. Mais si on accomplit cet acte vicieux, c'est la mort qu'on se prépare. 3. Veilles-y donc, abstiens-toi de ce désir, car là où habite la sainteté, au coeur d'un homme juste, l'iniquité ne devrait pas monter. " 4. Je lui dis : " Seigneur, permettez-moi de vous poser quelques questions.--Parle, dit-il.--Seigneur, dis-je, si quelqu'un a une femme qui croit au Seigneur, et qu'il découvre qu'elle est adultère, est-ce qu'il commet un péché à vivre avec elle ? 5.--Tout le temps qu'il l'ignore, dit-il, il ne commet pas de péché ; mais s'il apprend le péché de sa femme et qu'elle, au lieu de se repentir, persiste dans l'adultère, à vivre avec elle le mari partage sa faute et participe à l'adultère. 6.--Que fera donc le mari, Seigneur, dis-je, si la femme persiste dans cette passion ? --Qu'il la renvoie, dit-il, et qu'il reste seul. Mais si, après avoir renvoyé sa femme, il en épouse une autre, lui aussi alors, il commet l'adultère (Mc 10, 11 ; Mt 5, 32 ; 19, 9 ; cf. 1 Co 7, 11). 7.--Et si, Seigneur, dis-je, après avoir été renvoyée, la femme se repent et veut revenir à son mari, ne faudra-t-il pas l'accueillir ? 8.--Certes, dit-il. Si le mari ne l'accueille pas, il pèche, il se charge d'un lourd péché, car il faut accueillir celui qui a péché et qui se repent, mais non beaucoup de fois. Pour les serviteurs de Dieu, il n'y a qu'une pénitence. C'est en vue du repentir que l'homme ne doit pas se remarier. Cette attitude vaut d'ailleurs aussi bien pour la femme que pour l'homme. 9. L'adultère, dit-il, ne consiste pas uniquement à souiller sa chair : celui-là aussi commet l'adultère, qui vit comme les gentils. Donc, si quelqu'un persiste dans cette conduite sans se repentir, écarte-toi de lui, ne vis plus avec lui ; sinon tu as part à sa faute. 10. Si on vous a enjoint de ne pas vous remarier, homme ou femme, c'est parce que, dans de tels cas, la pénitence est possible. 11. Donc, dit-il, mon intention n'est pas de faciliter l'accomplissement de tels péchés, mais t'empêcher que le pécheur retombe. Pour ce qui est du péché antérieur, il y a quelqu'un qui peut apporter remède : c'est celui qui a le pouvoir de tout faire. "

30. (2)

1. Je continuai à le questionner : " Puisque le Seigneur m'a jugé digne de vous avoir toujours dans ma maison, supportez encore quelques paroles de moi, car je ne comprends rien et mon coeur s'est endurci (Mc 6, 52) par mes méfaits passés. Instruisez-moi, car je suis tout à fait dépourvu d'intelligence et je ne comprends absolument rien. " 2. Il me dit en réponse : " Je suis, moi, dit-il, préposé à la pénitence et à tous ceux qui se repentent, je donne l'intelligence. Ne te semble-t-il pas, dit-il, que le fait de se repentir est lui-même de l'intelligence ? Le repentir, dit-il, est un acte de grande intelligence ; car le pécheur comprend qu'il a fait le mal devant le Seigneur (Jg 2, 11 ; 3, 12 ; 4, 1 ; 10, 6 ; 13, 1 ; etc.) et l'acte qu'il a commis lui remonte au coeur et il se repent et il ne commet plus le vice ; au contraire, il met tout son zèle à faire le bien, humilie son âme et l'éprouve, puisqu'elle a péché. Tu vois donc que le repentir est un acte de grande intelligence. 3. --Voici pourquoi, Seigneur, dis-je, je vous demande tout cela avec autant de minutie. C'est d'abord que je suis un pécheur, que je veux savoir ce que je dois faire pour pouvoir vivre, car mes péchés sont nombreux et divers. 4.--Tu vivras, dit-il, si tu observes mes commandements et si tu marches dans leur voie, et quiconque sera attentif à ces commandements et les observera, vivra pour Dieu. "

31. (3)

1. "Seigneur, dis-je, j'ajouterai encore une question. - Parle, dit-il. - J'ai entendu certains docteurs dire qu'il n'y a pas d'autre pénitence que celle du jour où nous descendîmes dans l'eau et où nous reçûmes le pardon de nos péchés antérieurs. " 2. Il me dit : " Ce que tu as entendu est exact. Il en est ainsi. Celui qui a reçu le pardon de ses péchés ne devrait, en effet, plus pécher, mais demeurer en sainteté. 3. Mais puisqu'il te faut toutes les précisions, je t'indiquerai ceci aussi, sans donner prétexte de pécher à ceux qui croiront ou à ceux qui se mettent maintenant à croire au Seigneur, car les uns comme les autres n'ont pas à faire pénitence de leurs péchés : ils ont l'absolution de leurs péchés antérieurs. 4. C'est donc uniquement pour ceux qui ont été appelés avant ces tout derniers jours que le Seigneur a institué une pénitence. Car le Seigneur connaît les coeurs, et sachant tout d'avance, il a connu la faiblesse des hommes et les multiples intrigues du diable, qui fera du tort aux serviteurs de Dieu et exercera contre eux sa malice. 5. Dans sa grande miséricorde, le Seigneur s'est ému pour sa créature et a institué cette pénitence et il m'a accordé de la diriger. 6. Mais je te le dis, reprit-il : si, après cet appel important et solennel, quelqu'un, séduit par le diable, commet un péché, il dispose d'une seule pénitence ; mais s'il pèche coup sur coup, même s'il se repent, la pénitence est inutile à un tel homme : il aura bien de la peine à jouir de la vie. " 7. Je lui dis : " Seigneur, je reviens à la vie après ces renseignements détaillés. Car je sais que si je n'ajoute plus à mes péchés, je serai sauvé. - Tu seras sauvé, dit-il, et tous ceux qui feront ainsi."

32. (4)

1. Je le questionnai de nouveau : " Seigneur, puisque pour une fois vous tolérez mes (questions), indiquez-moi encore ceci. - Parle, dit-il. - Si une femme, Seigneur, dis-je, ou un homme meurt et que le conjoint se remarie, ce dernier commet-il une faute en se remariant ? 2. - Non, dit-il, mais s'il reste seul, il s'acquiert auprès du Seigneur un honneur, une gloire supplémentaire (cf. 1 Co 7, 38-40). Mais s'il se remarie, il ne pèche point. 3. Observe donc scrupuleusement la chasteté et la sainteté, et tu vivras pour Dieu. Tout ce que je te dis et te dirai, observe-le à partir de ce jour où tu m'es confié et j'habiterai dans ta maison. 4. De tes fautes passées, tu auras rémission, si tu observes mes commandements. Et tous auront rémission, s'ils observent mes commandements et s'ils marchent dans cette chasteté.

Précepte V

33. (1)

1. “Sois patient, dit-il, et prudent, et tu triompheras de toutes les turpitudes et tu réaliseras toute justice. 2. Si tu es patient, l'Esprit-Saint qui habite en toi sera pur de n'être pas obscurci par un autre esprit mauvais. Trouvant un large espace libre, il sera content, il se réjouira avec le vase 73 qu'il habite et servira Dieu avec grande allégresse, puisqu'il aura en lui la plénitude. 3. Mais si arrive un accès de colère, tout de suite l'Esprit-Saint, qui est délicat, se trouve à l'étroit, sans espace pur, et il cherche à quitter ce lieu : il est étouffé par l'esprit mauvais, il n'a plus l'espace où servir Dieu comme il veut, souillé qu'il est par la colère. Car le Seigneur habite dans la patience et le diable dans la colère. 4. Que ces deux esprits habitent ensemble est donc un grand malheur pour l'homme en qui ils habitent 5. Si tu prends une toute petite goutte d'absinthe et que tu la verses dans un pot de miel, n'est-il pas vrai que tout le miel est perdu, que tant de miel est gâté par si peu d'absinthe, qu'elle corrompt la douceur du miel qui n'a plus le même charme pour le maître, puisqu'il est devenu amer et a perdu son utilité ? Mais si on ne jette pas d'absinthe dans le miel, on le trouve doux et le maître peut l'utiliser. 6. Tu le vois donc : la patience surpasse le miel en douceur, elle est utile au Seigneur et il habite en elle ; en revanche, la colère est amère et inutilisable. Si donc on mêle la colère et la patience, la patience en est souillée et Dieu n'a que faire de sa prière. 7. - je voudrais, Seigneur, dis-je, connaître les effets de la colère, pour m'en bien garder. - Certes, dit-il, si tu ne t'en lardes pas, toi et ta maison, tu anéantis tous tes espoirs. Garde-toi d'elle, car je suis avec toi. Et ils se garderont d'elle, tous ceux qui feront pénitence du fond de leur coeur ; car je serai avec eux et je les protégerai, puisqu'ils ont été justifiés par l'ange le plus vénérable.

34. (2)

1. “Écoute, dit-il, quels sont les effets de la colère, comment elle est mauvaise, comment par sa puissance elle pervertit mes serviteurs, comment elle les détourne de la justice. Elle ne détourne pas, il est vrai, ceux qui sont entiers dans leur foi, elle ne peut rien sur eux, car ma puissance est avec eux ; elle n'égare que les gens vides de leur foi et hésitants. 2. Quand elle voit de telles gens tranquilles, elle s'insinue en leur coeur. alors, pour un rien, l'homme ou la femme se laissent gagner par l'aigreur, à propos de détails de la vie quotidienne, de nourriture, d'une chicane, d'un ami, d'un cadeau donné ou reçu ou de toute autre niaiserie pareille : tout cela est fou, vain, insensé, funeste aux serviteurs de Dieu. 3. La patience, elle, a de la grandeur de la force, une énergie vigoureuse et solide qui s'épand largement ; elle est gaie, réjouie, sans souci ; elle glorifie le Seigneur à toute occasion (Tb 4, 19 ; Ps 34, 2). Rien en elle n'est amer : en tout, elle reste douce et calme. La patience habite avec ceux qui ont la foi entière. 4. La colère est tout d'abord sotte, légère, stupide ; ensuite, de la stupidité, naît l'aigreur, de l'aigreur, l'irritation, de l'irritation, la fureur, de la fureur, le ressentiment. Et ce ressentiment, né de tant de maux, devient un péché énorme et incurable. 5. Lorsque tous ces esprits viennent habiter un même vase où habite déjà l'Esprit-Saint, le vase ne peut plus tout contenir, et déborde. 6. Donc l'esprit délicat, qui n'a pas l'habitude de demeurer avec un mauvais esprit ni avec la dureté, s'éloigne d'un tel homme et cherche à habiter avec la douceur et le calme. 7. Mais quand il s'éloigne de l'homme, en qui il habitait, cet homme se vide de l'esprit juste et désormais plein des esprits mauvais, il s'agite dans tous ses actes, tiraillé en tous sens par les esprits mauvais et il devient complètement aveugle, loin de la droite réflexion. Voilà ce qui arrive à tous les colériques. 8. Abstiens-toi donc de la colère, cet esprit si mauvais! Revêts-toi de patience, résiste à la colère, à l'aigreur et tu seras trouvé en compagnie de la sainteté qu'aime le Seigneur. Veille à ne pas négliger ce commandement, car si tu parviens à l'observer, tu pourras garder aussi les autres commandements que je vais t'imposer. Aie de la force, de l'énergie à leur propos, et qu'ils en aient aussi, tous ceux qui veulent marcher dans cette voie.

Précepte VI

35. (1)

1. “Je t'ai ordonné, dit-il, dans le premier Précepte, de garder la foi, la crainte et la continence. - Oui, Seigneur, dis-je. - Maintenant, dit-il, je veux te montrer leurs vertus, pour que tu comprennes quels sont leur force et leurs effets respectifs. Leurs effets sont de deux sortes : ils ont rapport au juste et à l'injuste. 2. Toi, aie confiance au juste, mais non à l'injuste ; car la justice suit une voie droite, l'injustice, une voie tortueuses. Suis donc la voie droite et unie, laisse la voie tortueuse. 3. La voie tortueuse n'est pas frayée, mais impraticable, pleine d'obstacles, rocailleuse, épineuse. Elle est funeste à ceux qui la prennent ; 4. mais ceux qui prennent la voie droite marchent sur un terrain uni et sans obstacles, car elle n'est ni rocailleuse, ni épineuse. Tu vois donc qu'il est plus avantageux de la prendre. 5. - Il me plaît, Seigneur, dis-je, de la prendre. - Tu la prendras, dit-il, et quiconque du fond du coeur se tournera vers le Seigneur (Jr 24, 5 ; Jl 2, 12 ; cf. Ps 22, 9 ; 51, 15) la prendra.

36. (2)

1. “Écoute maintenant, dit-il, ce qui concerne la foi. Il y a deux anges avec l'homme : l'un, de justice, l'autre, du mal. 2. - Comment donc, Seigneur, dis-je, distinguerai-je leur action, si les deux anges habitent avec moi ? 3. - Écoute, dit-il, et comprends. L'ange de justice est délicat, modeste, doux, calme. Quand c'est lui qui monte à ton coeur, d'emblée, il te parle de justice, de chasteté, de sainteté, de tempérance, de tout acte juste, de toute vertu noble. Quand tout cela te monte au coeur, sache que l'ange de justice est avec toi, car ce sont là les oeuvres de l'ange de justice ; aie confiance en lui et en ses oeuvres. 4. Vois maintenant les oeuvres de l'ange du mal. Et tout d'abord, il est colérique, amer, insensé ; et ses oeuvres mauvaises corrompent les serviteurs de Dieu. Quand donc il monte à ton coeur, connais-le d'après ses oeuvres, 5. - Comment je le distinguerai, Seigneur, dis-je, je l'ignore. - Écoute, dit-il. Quand la colère s'empare de toi, ou l'aigreur, sache qu'il est en toi ; de même les désirs d'activité dispersée, les folles dépenses en festins nombreux, en boissons enivrantes, en orgies incessantes, en raffinements variés et superflus, la passion des femmes, de la grande richesse, l'orgueil exagéré, la jactance et tout ce qui y ressemble : si cela te monte au coeur, sache que l'ange du mal est en toi. 6. Puisque donc tu connais ses oeuvres, éloigne-toi de lui, ne crois pas en lui, car ses oeuvres sont mauvaises et funestes aux serviteurs de Dieu. Voilà quelle est l'action des deux anges. Comprends-la et mets ta confiance dans l'ange de justice. 7. Éloigne-toi de l'ange du mal puisque son enseignement est mauvais en tout. Car si quelqu'un est très fidèle et que le désir de cet ange monte à son coeur, il est inévitable que celui-là, homme ou femme, commette le péché. 8. Qu'un homme ou une femme, au contraire, soit tout à fait dépravé et que les oeuvres de l'ange de justice montent à son coeur, il est inévitable qu'il fasse le bien. 9. Tu vois donc qu'il est bon de suivre l'ange de justice et de renoncer à l'ange du mal. 10. Ce commandement indique ce qui concerne la foi, pour que tu aies foi dans les oeuvres de l'ange de justice et en les accomplissant, tu vivras pour Dieu. Crois aussi que les oeuvres de l'ange du mal sont funestes ; en les évitant, tu vivras pour Dieu.

Précepte VII

37.

1. “Crains, dit-il, le Seigneur, et garde ses commandements (Qo 12, 13). En gardant les commandements de Dieu, tu seras fort en toute action et ta façon d'agir sera incomparable. Car en craignant le Seigneur, tu feras tout bien. C'est cette crainte-là qu'il te faut avoir, et tu seras sauvé. 2. Le diable, ne le crains pas. En craignant le Seigneur, tu triompheras du diable, car il n'a pas de pouvoir. Et qui n'a pas de pouvoir n'inspire pas de crainte. Mais celui dont le pouvoir est renommé, (celui-là) se fait craindre. Car quiconque a du pouvoir inspire de la crainte ; celui qui n'en a pas est méprisé de tous. 3. Crains les oeuvres du diable, parce qu'elles sont mauvaises. Et en craignant le Seigneur, tu craindras les oeuvres du diable et loin de les accomplir, tu les éviteras. 4. Il y a deux sortes de crainte : si tu veux faire le mal, crains le Seigneur, et tu ne le feras pas. Mais si tu veux faire le bien, crains (encore) le Seigneur, et tu le feras". Tant la crainte du Seigneur est puissante, grande, glorieuse. Crains donc le Seigneur et tu vivras pour lui. Et tous ceux qui le craindront et observeront ses commandements, vivront pour Dieu. 5. - Pour. quoi, Seigneur, dis-je, avez-vous dit (seulement) de ceux qui observent ses commandements : " Ils vivront pour Dieu " ? - Parce que, dit-il, toute la création craint le Seigneur, mais elle ne garde pas toute ses commandements Ce sont donc ceux qui le craignent et qui gardent ces commandements qui vivent auprès de Dieu. Mais ceux qui ne les gardent pas n'ont pas la vie en eux.

Précepte VIII

38.

1. Je t'ai dit, reprit-il, que les créatures de Dieu sont de deux sortes ; la tempérance aussi est de deux sortes. Car il est des choses dont il faut s'abstenir et des choses dont il ne le faut pas. 2. ― Faites-moi connaître, Seigneur, dis-je, ce dont je dois et ce dont je ne dois pas m'abstenir. ― Écoute, dit-il. Abstiens-toi du mal et ne le fais pas ; mais ne t'abstiens pas du bien : fais-le, au contraire. Car si tu t'abstiens de faire le bien, tu commets un grand péché ; en revanche, si tu t'abstiens de faire le mal, tu commets un grand acte de justice. Abstiens-toi donc de tout mal, et fais le bien. 3. ― Quels sont, Seigneur, dis-je, les vices dont il faut nous abstenir ? ― Écoute, dit-il : l'adultère, la fornication, les excès de boisson, la mollesse coupable, les festins multipliés, le luxe que permet la richesse, l'ostentation, l'orgueil, la jactance, le mensonge, la médisance, l'hypocrisie, la rancune et tout méchant propos. 4. Voilà de loin les plus mauvaises actions dans la vie des hommes De ces actions, le serviteur de Dieu doit s'abstenir ; car celui qui ne s'en abstient pas ne peut vivre pour Dieu. Écoute donc les vices qui s'ensuivent. 5. ― Il y a encore, Seigneur, dis-je, d'autres mauvaises actions ? ― Et beaucoup, dit-il, dont le serviteur de Dieu doit s'abstenir : le vol, le mensonge, la spoliation, le faux témoignage, la cupidité, la passion mauvaise, la tromperie, la vaine gloire, la vantardise et tous les vices semblables. 6. Ne te semble-t-il pas que tout cela est mal ? ― C'est très mal, dis-je, pour les serviteurs de Dieu. ― De tout cela, il faut que le serviteur de Dieu s'abstienne. Abstiens-toi donc de tout cela, afin de vivre pour Dieu et d'être inscrit avec ceux qui s'en abstiennent. Voilà ce dont tu dois t'abstenir. 7. Ce dont il ne faut pas s'abstenir, ce qu'il faut faire, le voici. Ne t'abstiens pas du bien, fais-le au contraire. 8. ― Montrez-moi, Seigneur, dis-je, la puissance des bonnes actions, pour que je suive leur voie, que je les serve afin de pouvoir être sauvé en les accomplissant. ― Écoute, dit-il, les oeuvres du bien qu'il te faut accomplir et non éviter. 9. En tout premier lieu, la foi, la crainte du Seigneur, la charité, la concorde, la parole de justice, la vérité, la résignation : il n'y a rien de meilleur dans la vie humaine. Si quelqu'un les observe, loin de s'en abstenir, il est bienheureux dans sa vie. 10. Et voici les suites de ces vertus : assister les veuves, visiter les orphelins et les indigents, racheter de l'esclavage les serviteurs de Dieu, être hospitalier (car dans l'hospitalité se rencontre parfois l'occasion de faire le bien), ne s'opposer à personne, être calme, se faire l'inférieur de tout le monde, honorer les vieillards, pratiquer la justice, garder la fraternité, supporter la violence, être patient, n'avoir pas de rancune, consoler les âmes affligées, ne pas rejeter ceux qui sont inquiets dans la foi, mais les convertir, leur rendre du coeur, reprendre les pécheurs, ne pas accabler les débiteurs et les indigents, et autres actions semblables. 11. Ne te semble-t-i-1 pas que ce soient là de bonnes actions ? reprit-il. ― Qu'y a-t-il de mieux, Seigneur ? ― dis-je. ― Marche donc dans cette voie, dit-il, ne t'en abstiens pu et tu vivras pour Dieu. 12. Observe ce commandement ; si tu fais le bien au lieu de t'en abstenir, tu vivras pour Dieu et tous vivront pour Dieu, qui agiront ainsi. Et je le répète : si tu ne fais pas le mal, si tu t'en abstiens, tu vivras pour Dieu et vivront pour Dieu tous ceux qui garderont ces préceptes et marcheront dans leur voie. "

Précepte IX

39.

1. Il me dit : " Enlève de toi le doute et n'hésite pas le moins du monde à demander quelque chose à Dieu, ans te dire : " Comment pourrais-je demander quelque chose à Dieu et l'obtenir, après avoir commis de si grands péchés à son égard ? " 2. Ne raisonne pas ainsi, mais plutôt, du fond du coeur, tourne-toi vers le Seigneur (Jr 24, 7 ; Jl 2, 12) et prie-le avec confiance et tu connaîtras sa grande miséricorde : il n'aura garde de t'abandonner ; au contraire, il comblera la prière de ton âme. 3. Car Dieu n'est pas comme les hommes rancuniers : il ne connaît pas la rancune et il a compassion de sa créature. 4. Toi donc, purifie ton coeur de toutes les vanités de ce monde et de ce que je t'ai dit auparavant ; prie le Seigneur et tu obtiendras tout ; aucune de tes prières ne sera repoussée, si toutefois tu pries le Seigneur avec confiance. 5. En revanche, si tu doutes en ton coeur, tu n'obtiendras rien de tes prières ; car ceux qui doutent de Dieu sont des irrésolus et ils n'obtiennent rien de ce qu'ils demandent. 6. Au contraire, ceux dont la foi est entière, demandent tout avec pleine confiance dans le Seigneur (Ps 2, 13 ; etc.) et ils sont exaucés, parce qu'ils prient avec foi, sans incertitude. Tout homme incertain, s'il ne fait pénitence, sera bien difficilement sauvé. 7. Purifie donc ton coeur de tout doute, te. vêts-toi de foi, car elle est forte ; aie confiance que Dieu exaucera toutes tes prières. Et si un jour tu as demandé quelque chose au Seigneur et qu'il tarde à te l'accorder, ne sois pas ébranlé de ce que la prière de ton âme n'a pas été exaucée tout de suite : de toute façon, c'est en vue d'une épreuve ou à cause d'une faute que tu ignores, que tu tardes à être exaucé. 8. Ne cesse donc pas de demander ce que ton âme souhaite et tu l'obtiendras. Mais si en priant, tu tombes dans le découragement et le doute, n'accuse que toi et non celui qui te donne. 9. Vois ce doute : il est mauvais, insensé, et il déracine de la foi bien des gens, même des gens très fidèles et fermes, Car le doute est le fils du diable et il fait beaucoup de mal aux serviteurs de Dieu. 10. Méprise donc le doute, triomphes-en en tout ; revêts-toi dans ce but d'une foi ferme et puissante. C'est la foi qui promet tout, qui accomplit tout ; le doute, (lui n'a même pas confiance en lui-même, échoue dans tout ce qu'il entreprend. 11. Tu vois, dit-il, que la foi vient d'en haut, du Seigneur, et qu'elle a grande puissance ; le doute, lui, n'est qu'un esprit terrestre qui vient du diable ; il n'a aucune puissance. 12. Sers donc la foi qui a la puissance, et éloigne-toi du doute, qui n'en a pas, et tu vivras pour Dieu, et tous ceux qui pensent ainsi, vivront pour Dieu.

Précepte X

40. (1)

1. “Éloigne de toi, dit-il, la tristesse, car elle est soeur du doute et de la colère. 2. ― Comment, Seigneur, dis-je, est-elle leur soeur ? Il me semble que la colère est une chose, le doute, une autre chose, et la tristesse, une autre encore. ― Tu n'es pas un homme intelligent, dit-il ; ne comprends-tu pas que la tristesse est le plus méchant de tous les esprits et le plus redoutable pour les serviteurs de Dieu et que plus que tous les esprits, elle ruine l'homme, chasse l'Esprit-Saint et puis le sauve (cf. 2 Co. 7, 10) ? 3. ― Il est vrai, Seigneur, dis-je, je ne suis pas intelligent et je ne comprends pas ces paraboles. je ne vois pas comment elle peut chasser, puis sauver. 4. ― Écoute, dit-il Ceux qui n'ont jamais fait de recherche au sujet de la vérité, de la divinité, qui se sont bornés à croire, enfoncés dans les affaires, la richesse, les amitiés païennes et dans de nombreuses autres occupations de ce monde, tous ceux qui ne vivent que pour cela ne peuvent comprendre les paraboles concernant la divinité. Ces divertissements les obscurcissent, les perdent, et ils se dessèchent. 5. Les bons vignobles, s'ils viennent à manquer de soins, sont desséchés par les chardons et les herbes de toute espèce : de même, les hommes qui ont embrassé la foi et qui se perdent dans ces multiples activités dont j'ai parlé, s'égarent loin de leur bon sens et ne comprennent plus rien à la justice : même lorsqu'on leur parle de la divinité et de la vérité, leur esprit est tout à leurs affaires et ils ne comprennent rien. 6. Mais ceux qui craignent Dieu, qui s'inquiètent de la divinité et de la vérité, qui tiennent leur coeur (tourné) vers le Seigneur, ceux-là saisissant et comprennent plus vite tout ce qu'on leur dit, car ils ont en eux la crainte du Seigneur (cf. Ps 111, 10 ; Pr 1, 7, etc.) ; là où habite le Seigneur, se trouve aussi la complète intelligence. Attache-toi donc fermement au Seigneur et tu saisiras et comprendras tout.

41. (2)

1. Écoute donc, dit-il, esprit borné, comment la tristesse chasse l'Esprit-Saint et puis sauve (2 Co 7, 10). 2. Quand un hésitant entreprend une action et qu'il échoue à cause de son hésitation, la tristesse s'insinue en lui et attriste l'Esprit-Saint et le chasse. 3. Ensuite, lorsqu'à son tour la colère s'empare d'un homme à propos de quoi que ce soit et l'aigrit, de nouveau la tristesse s'insinue dans le coeur de l'homme qui s'est laissé aller à la colère ; il s'attriste sur ce qu'il a fait et il se repent d'avoir fait le mal. 4. Donc, cette tristesse semble apporter le salut, puisque celui qui a fait le mai s'est repenti. Ces deux attitudes attristent l'esprit : le doute, parce qu'il échoue dans ce qu'il entreprend, la colère, parce qu'elle fait le mal. Tous les deux, le doute et la colère, sont affligeants pour l'Esprit-Saint. 5. Éloigne donc de toi la tristesse et n'étouffe par l'Esprit-Saint (Ep 4, 30) qui habite en toi, de peur qu'il ne prie Dieu contre toi et ne s'éloigne de toi. 6. Car l'Esprit de Dieu qui a été donné à ta chair ne supporte ni la tristesse ni le manque d'espace.

42. (3)

1. "Revêts-toi donc de la gaieté (Qo. 26, 4) qui plaît toujours à Dieu et qu'il accueille favorablement : fais-en tes délices. Tout homme gai fait le bien, pense le bien et méprise la tristesse. 2. L'homme triste fait toujours le mal. D'abord, il fait le mal parce qu'il attriste l'Esprit-Saint donné joyeux à l'homme ; ensuite, en attristant l'Esprit-Saint, il commet l'iniquité en ne priant pas le Seigneur et en ne lui avouant pas ses péchés. Car jamais la prière de l'homme triste n'a la force de monter à l'autel de Dieu. 3. ― Pourquoi, dis-je, la prière d'un homme triste ne monte-t-elle pas à l'autel ? ― Parce que, dit-il, la tristesse siège dans son coeur. Mêlée à la prière, la tristesse ne lui permet pas de monter pure à l'autel. Le vinaigre et le vin, mêlés, n'ont plus le même agrément : de même la tristesse, mêlée à l'Esprit-Saint, n'est pas capable de la même prière ― 4. Purifie-toi donc de cette tristesse mauvaise et tu vivra pour Dieu, et ils vivront pour Dieu, ceux qui rejetteront loin d'eux la tristesse et se revêtiront de la seule joie."

Précepte XI

43

1. Il me montra des hommes assis sur un banc et un autre homme assis dans une chaire. Et il me dit : " Tu vois les gens assis sur le banc? - je vois, dis-je, Seigneur. - Ceux-là, dit-il, sont fidèles, et celui qui est assis dans la chaire est un faux prophète : il corrompt le jugement des serviteurs de Dieu, mais de ceux qui doutent, non des fidèles. 2. Ceux qui doutent viennent à lui comme à un devin et le questionnent sur leur avenir 81. Et ce faux prophète, sans avoir en lui aucune puissance d'esprit divin, leur répond selon leurs questions et leurs désirs du vice, et il remplit leurs âmes de ce qu'ils souhaitent. 3. Car étant vain lui-même, il donne des réponses vaines à des hommes vains. Quelle que soit la question, il répond selon la vanité de son interlocuteur. Il y ajoute cependant quelque vérité, car le diable le remplit de son esprit, dans l'espoir de briser quelque juste. 4. Or, ceux qui sont forts dans la foi du Seigneur, revêtus de vérité, ne s'attachent pas à de tels esprits, mais se gardent d'eux ; ceux, en revanche, qui sont hésitants et qui constamment changent d'avis, consultent les devins comme les gentils et se chargent du péché plus grand encore de l'idolâtrie : en effet, celui qui questionne un faux prophète sur quelque affaire, est idolâtre, vide de vérité et insensé. 5. Car tour esprit donné par Dieu n'a pas besoin d'être questionné, mais possédant la puissance de la divinité, il dit tout spontanément, puisqu'il vient d'en haut (Jc 3, 15), de la puissance de l'Esprit divin. 6. Mais un esprit qu'on doit questionner et qui parle selon les désirs des hommes, est terrestre et léger, puisqu'il n'a pas de puissance ; et il ne dit mot, s'il n'est questionné. 7. ― Mais comment, Seigneur, dis-je, saura-t-on qui parmi eux est le vrai et qui est le faux prophète ? ― Voici, dit-il, au sujet des deux sortes de prophètes, et c'est d'après ce que je vais te dire que tu éprouveras le vrai et le faux prophète. Éprouve l'homme qui détient l'Esprit divin d'après sa vie ! 8. D'abord, celui qui détient l'Esprit divin venant d'en haut, est doux, calme, modeste ; il s'abstient de tout mal, de tout vain désir de ce monde ; il se fait l'inférieur de tous et ne répond à aucune question de qui que ce soit ; il ne se parle pas en particulier et ce n'est pas lorsque l'homme a envie de parler que parle l'Esprit-Saint : il parle lorsque Dieu veut qu'il parle. 9. Quand donc l'homme qui détient l'Esprit divin entre dans une assemblée d'hommes justes qui ont foi en l'Esprit divin, et que cette assemblée fait une prière à Dieu, alors l'ange de l'Esprit prophétique qui est près de lui remplit cet homme et celui-ci, rempli de l'Esprit-Saint, parle à la foule comme le veut le Seigneur. 10. Voilà comment se manifestera l'Esprit de la divinité ; telle est la puissance du Seigneur sur l'Esprit de la divinité. 11. Écoute maintenant, dit-il, ce qui concerne l'esprit terrestre, vain, sans puissance, insensé. 12. D'abord, cet homme qui croit posséder l'Esprit s'exalte lui-même, il veut obtenir le premier rang et le voilà tout de suite effronté, impudent, bavard ; il se vautre dans de multiples raffinements et de multiples autres illusions et il accepte des rémunérations pour ses prophéties ; s'il n'en reçoit pas, il ne prophétise pas. Est-ce qu'un Esprit divin peur accepter un salaire pour prophétiser ? Il n'est pas possible qu'un prophète de Dieu agisse ainsi : l'esprit de tels prophètes est terrestre. 13. Ensuite, il n'approche pas du tout d'une assemblée d'hommes justes : il les fuit. Il s'attache aux hésitants pleins de vanité, c'est dans les coins qu'il leur fait des prophéties et il les trompe en ne leur disant que des choses vaines, conformes à leurs désirs : car c'est à des gens vains qu'il répond. Un pot vide ajouté à d'autres pots vides ne se brise pas ; ils font (seulement) le même bruit. 14. Quand le faux prophète entre dans une assemblée pleine d'hommes justes qui détiennent l'Esprit de divinité, s'ils se mettent à prier, cet homme se vide et l'esprit terrestre, pris par la peur, s'enfuit de lui et l'homme est atteint de mutisme, et tout brisé, il ne peut plus parler. 15. Si tu serres à la réserve du vin ou de l'huile et que tu mettes au milieu un pot vide, quand tu voudras débarrasser la réserve, le pot que tu y as mis vide, tu le retrouveras vide. De même les prophètes vides, quand ils reviennent parmi les esprits des justes, tels ils sont venus, tels on les retrouve. 16. Voilà la vie des deux genres de prophètes. Éprouve donc d'après ses actes et sa vie, l'homme qui se dit porteur de l'Esprit. 17. Toi, aie confiance en l'Esprit qui vient de Dieu et qui a de la puissance, mais n'aie pas du tout confiance en l'esprit terrestre et vide, car il n'y a pas de puissance en lui : il vient du diable. 18. Écoute la comparaison que je vais te faire. Prends une pierre et jette-la vers le ciel : vois si tu peux l'atteindre ! Ou bien prends une seringue et lance un jet vers le ciel : vois si tu peux percer le ciel! 19. - Comment, Seigneur, dis-je, cela pourrait-il arriver ? Ce sont deux choses impossibles! - Autant elles sont impossibles, dit-il, autant les esprits terrestres sont impuissants et débiles. 20. Prends donc la force qui vient d'en haut : la grêle est un très petit grain, mais quand elle tombe sur la tête d'un homme, quel mal elle fait ! Ou bien prends la goutte qui du toit tombe à terre et perce la pierre. 21. Tu vois ainsi que les plus petites choses qui tombent d'en haut sur la terre ont une grande force ; de même, l'esprit divin qui vient d'en haut est puissant". Aie donc confiance en cet esprit et éloigne-toi de l'autre. "

Précepte XII

44. (1)

1. Il me dit : " Écarte de toi tout désir mauvais ; revêts-toi du désir bon et saint. Car revêtu de ce désir, tu haras le désir mauvais, tu lui mettras un frein comme tu voudras, 2. Le désir mauvais est sauvage et bien difficile à apprivoiser. Il est terrible et, par sa sauvagerie, il perd beaucoup d'hommes. Mais surtout le serviteur de Dieu, s'il tombe dans ce désir et qu'il manque de discernement, est perdu par lui d'horrible façon. Il provoque aussi la perte de ceux qui ne sont pas revêtus du bon désir et qui se laissent ballotter par ce siècle. Ceux-là, il les livre à la mort. 3. - Quelles sont, Seigneur, dis-je, les oeuvres du mauvais désir qui livrent les hommes à la mort? Faites-les moi connaître, pour que je m'en éloigne. - Écoute, dit-il, par quelles oeuvres le mauvais désir fait mourir les serviteurs de Dieu.

45. (2)

1. “Avant tout autre, le désir d'une autre femme, d'un autre homme, le luxe que permet la richesse, les festins multipliés et vains, l'ivresse et les mille autre voluptés insensées ; car toute volupté est insensée et vaine pour les serviteurs de Dieu. 2. Ces désirs sont mauvais, ils tuent les serviteurs de Dieu, car ce désir mauvais est fils du diable ; il faut donc s'abstenir des désirs mauvais, pour que, par cette abstention, vous viviez pour Dieu. 3. Tous ceux qui sont dominés par eux n'y résistent pas, mourront finalement : car ces désirs sont mortels. 4. Quant à toi, revêts-toi du désir de justice et cuirassé de la crainte du Seigneur, résiste-leur (Ep. 6, 13) ; car la crainte de Dieu habite dans le bon désir. Le désir mauvais, s'il te voit cuirassé de la crainte de Dieu et offrant de la résistance, fuira loin de toi (Jc 4, 7) et tu ne le verras plus : il craindra tes armes. 5. Et toi, vainqueur et couronné pour sa défaite, va auprès du juste désir, offre-lui le prix que tu as reçu et sers-le selon ses volontés. Si tu sers le bon désir et te soumets à ses ordres, tu pourras triompher du mauvais désir et lui commander comme tu voudras. "

46. (3)

1. "Je voudrais savoir, Seigneur, dis-je, de quelle façon je dois servir le bon désir. ― Écoute, dit-il. Pratique la justice (Ps 15, 2 ; Ac 10, 35) et la vertu, la vérité et la crainte du Seigneur, la foi, la douceur et tout ce qui est semblable. En les pratiquant, tu plairas au service de Dieu et tu vivras pour lui. Et quiconque sera au service du bon désir, vivra pour Dieu." 2. Il avait achevé les douze commandements et il me dit : "Tu possèdes maintenant ces préceptes ; marche dans cette voie et exhorte ceux qui les entendront à faire une pénitence purificatrice le reste des jours de leur vie. 3. Ce ministère dont je te charge, remplis-le scrupuleusement : tu feras ainsi une grande oeuvre. Car tu trouveras bon accueil auprès de ceux qui se disposent à faire pénitence et ils croiront en tes paroles. Moi, je serai avec toi et je les forcerai à te croire. " 4. Je lui dis : " Seigneur, ces préceptes sont grands, beaux, glorieux et ils peuvent réjouir le coeur de l'homme (Ps 19, 9 ; 104, 15) qui sera capable de les observer. Mais je ne sais, Seigneur, si ces préceptes peuvent être gardés par un homme, car ils sont très durs. " 5. En réponse, il me dit : " Si tu te mets en tête qu'ils peuvent être gardés, tu les garderas facilement et ils ne seront pas durs ; mais si te monte déjà au coeur l'idée qu'ils ne peuvent être gardés par un homme, tu ne les garderas pas. 6. Mais je te l'affirme : si tu ne les gardes pas, si tu les négliges, tu n'obtiendras pas le salut, ni tes enfants, ni ta maison, car tu te condamnes toi-même par ton sentiment que ces préceptes ne peuvent être gardés par un homme. "

47. (4)

1. Et il me dit cela d'une façon si indignée que j'en fus tout bouleversé et qu'il me fit grand peur. Son extérieur avait changé au point qu'un homme n'aurait pu soutenir sa colère. 2. Me voyant tout troublé et bouleversé, il se mit à me parler d'une façon plus posée et plus sereine ; il me dit : " (Homme) insensé, inintelligent, hésitant, tu ne saisis pas combien la gloire de Dieu est grande (Ps 21, 6 ; 57, 12 ; 108, 6 ; 113, 4), forte, admirable, qu'il a créé le monde pour l'homme (Ps 8, 7), qu'il a soumis toute la création à l'homme, qu'il lui a donné l'empire absolu sur tout ce qui est sous le ciel ? 3. Si donc, dit-il, l'homme est seigneur de toutes les créatures de Dieu et qu'il les domine toutes, ne peut-il pas aussi dominer ces préceptes ? Certes, dit-il, il peut tout dominer, y compris ces préceptes, l'homme qui a le Seigneur dans son coeur. 4. En revanche, pour ceux qui ne l'ont que sur le bout des lèvres, dont le coeur endurci est loin de Dieu, ces préceptes sont durs et impraticables. 5. Vous donc, les hommes vains et légers dans la foi, mettez le Seigneur dans votre coeur et vous connaîtrez qu'il n'y a rien de plus facile que ces préceptes, ni de plus doux, ni de plus humain. 6. Convertissez-vous, vous qui suivez les préceptes du diable, préceptes difficiles, amers, brutaux, impudiques, et ne craignez plus le diable, car il n'a aucun pouvoir contre vous. 7. Moi, l'Ange de la pénitence qui triomphe du diable, je serai avec vous. Il peut faire peur, le diable, mais cette peur manque de force. Ne le craignez donc pas et il vous fuit "

 SOURCE : http://JesusMarie.free.fr

SOURCE : http://nouvl.evangelisation.free.fr/hermas_le_pasteur_2.htm

Hermas

(First or second century), author of the book called "The Shepherd" (Poimen, Pastor), a work which had great authority in ancient times and was ranked with Holy ScriptureEusebius tells us that it was publicly read in the churches, and that while some denied it to be canonical, others "considered it most necessary". St. Athanasius speaks of it, together with the Didache, in connection with the deuterocanonical books of the Old Testament, as uncanonical yet recommended by the ancients for the reading of catechumens. Elsewhere he calls it a most profitable book. Rufinus similarly says that the ancients wished it to be read, but not to be used as an authority as to the Faith. It is found with the Epistle of Barnabas at the end of the New Testament in the great Siniatic Bible Aleph (fourth century), and between the Acts of the Apostles and the Acts of Paul in the stichometrical list of the Codex Claromontanus. In accordance with this conflicting evidence, we find two lines of opinion among the earlier Fathers. St. Irenæus and Tertullian (in his Catholic days) cite the "Shepherd" as Scripture. Clement of Alexandria constantly quotes it with reverence, and so does Origen, who held that the author was the Hermas mentioned by St. PaulRomans 16:14. He says the work seems to him to be very useful, and Divinely inspired; yet he repeatedly apologizes, when he has occasion to quote it, on the ground that "many people despise it". Tertullian, when a Montanist, implies that Pope St. Callistus had quoted it as an authority (though evidently not as Scripture), for he replies: "I would admit your argument, if the writing of the Shepherd had deserved to be included in the Divine Instrument, and if it were not judged by every council of the Churches, even of your own Churches, among the apocryphal and false." And again, he says that the Epistle of Barnabas is "more received among the Churches than that apocryphal Shepherd" (On Pudicity 10 and 20). Tertullian was no doubt right, that the book had been excluded at Rome from the Bible Instrumentum, but he is exaggerating in referring to "every council" and to a total rejection, for the teaching of the "Pastor" was in direct contradiction with his own rigid views as to penance. His earlier use of it is paralleled by the Acts of Sts. Perpetua and Felicitas, before the end of the second century, but there is no trace of it in St. Cyprian, so that it would seem to have gone out of use in Africa during the early decades of the third century. Somewhat later it is quoted by the author of the pseudo-Cyprianic tract "Adv. aleatores" as "Scriptura divina", but in St. Jerome's day it was "almost unknown to the Latins". Curiously, it went out of fashion in the East, so that the Greek manuscripts of it are but two in number, whereas in the West it became better known and was frequently copied in the Middle Ages.

Contents

The book consists of five visions, twelve mandates, or commandments, and ten similitudes, or parables. It commences abruptly in the first person: "He who brought me up sold me to a certain Rhoda, who was at Rome. After many years I met her again, and began to love her as a sister." As Hermas was on the road to Cumae, he had a vision of Rhoda, who was presumably dead. She told him that she was his accuser in heaven, on account of an unchaste thought he had once had concerning her, though only in passing; he was to pray for forgiveness for himself and all his house. He is consoled by a vision of the Church in the form of an aged woman, weak and helpless from the sins of the faithful, who tells him to do penance and to correct the sins of his children. Subsequently he sees her made younger through penance, yet wrinkled and with white hair; then again, as quite young but still with white hair — this is the Church of the forgiven. Lastly, she shows herself all glorious as a Bride — this is the Church of the end of the days. In the second vision she gives Hermas a book, which she afterwards takes back in order to add to it. He is to give this writing to the presbyters, who will read it to the people; another copy is for "Grapte", who will communicate it to the widows; and a third is to be sent by Clement to the foreign Churches, "for this is his office". We see here the constitution of the Roman Church: the presbyters set over different parishes; Grapte (no doubt a deaconess) who is connected with the widows; Clement, the pope, who is the organ of communication between Rome and the rest of the Church in the second century is well known to us from other sources. The fifth vision, which is represented as taking place twenty days after the fourth, introduces "the Angel of repentance" in the guise of a shepherd, from whom the whole work takes its name. He delivers to Hermas a series of precepts (mandata, entolai) as to the belief in one God, simplicity, truthfulness, chastity, long-suffering, faith, fear, continence, confidence, cheerfulnesshumility, good desires. These form an interesting development of early Christian ethics. The only point which needs special mention is the assertion of a husband's obligation to take back an adulterous wife on her repentance. The eleventh mandate, on humility, is concerned with false prophets who desire to occupy the first seats (that is to say, among the presbyters). It is possible that we have here a reference to Marcion, who came to Rome about 142-4 and desired to be admitted among the priests (or possibly even to become pope). After the mandata come ten similitudes (parabolai) in the form of visions, which are explained by the angel. The longest of these (ix) is an elaboration of the parable of the building of a tower, which had formed the matter of the third vision. The tower is the Church, and the stones of which it is built are the faithful. But in Vis. iii it looked as though only the holy are a part of the Church; in Sim. ix it is clearly pointed out that all the baptized are included, though they may be cast out for grave sins, and can be readmitted only after penance.

The whole book is thus concerned with the Christian virtues and their exercise. It is an ethical, not a theological, work. The intention is above all to preach repentance. A single chance of restoration after fall is given to Christians, and this opportunity is spoken of as something new, which had never been clearly published before. The writer is pained by the sins of the faithful and is sincerely anxious for their conversion and return to good works. As a layman, Hermas avoids dogma, and, when incidentally it comes in, it is vague or incorrect. It has been thought with some reason that he did not distinguish the Son from the Holy Ghost, or that he held that the Holy Ghost became the Son by His Incarnation. But his words are not clear, and his ideas on the subject may have been rather misty and confused than definitely erroneous.

Authorship and date

It is not easy to decide whether the writer has given us a genuine fragment of autobiography and a true account of visions which he saw or imagined that he saw, or whether the entire work is fictitious both in form and in setting. Three dates are suggested by the variety of evidence available. The reference to St. Clement as pope would give the date 89-99 for at least the first two visions. On the other hand, if the writer is identified with the Hermas mentioned by St. Paul, an earlier date becomes probable, unless he wrote as a very old man. But three ancient witnesses, one of whom claims to be contemporary, declare that he was the brother of Pope St. Pius I, who was not earlier than 140-55. These three are (a) the Muratorian fragment; (b) the Liberian catalogue of popes, in a portion which dates from 235 (Hippolytus?); (c) the poem of Pseudo-Tertullian against Marcion, of the third or fourth century. (a) "Pastorem uero nuperrime temporibus nostris in urbe Roma Herma conscripsit, sedente cathedra urbis Romae ecclesiae Pio episcopo fratre ejus. Et ideo legi eum quidem oportet, se publicare uero in ecclesia populo neque inter prophetas completos numero, neque inter apostolos in fine temporum, potest" — "And very recently, in our own times, in the city of Rome, Herma wrote the Pastor, when his brother Pius, the bishop, sat upon the chair of the Church of the city of Rome. And therefore that [book] ought to be perused, but it cannot be publicly read to the people assembled in church, neither among the Prophets, whose number is complete, nor among the Apostles [who came] in the end of times." (b) "Sub hujus [Pii] episcopatu frater ejus Ermes librum scripsit, in quo mandatum continetur quae [quod] praecepit ei angelus, cum venit ad illum in habitu Pastoris" — "Under his [Pius's] episcopate, his brother Ermes wrote a book in which are contained the precepts which the angel delivered to him, coming to him in the guise of a Shepherd." (c) "Post hunc deinde Pius, Hermas cui germine frater angelicus Pastor, quia tradita verba locutus." — "Then, after him, Pius, whose brother according to the flesh was Hermas, the angelic shepherd, because he spoke the words given to him." The three authorities are probably citing the same papal catalogue (of Hegesippus?). As (c) quotes some details from this list which are absent from (b), it would seem that he is independent of (b). (a) has added the inference that the "Pastor" may be read publicly, provided it be not numbered among the fourteen prophets, nor among the Apostolic writings. The statement that Hermas wrote during his brother's pontificate may similarly be an inference from the fact that it was in a list of popes, against the name of Pius, that the writer found the information that Hermas was that pope's brother. He may have been an elder brother of the pope, who was probably an old man in 140. Hence it is quite possible that Hermas might have been past thirty when Clement died, at the time of his first and second visions. But because this is possible, it does not follow that it is very probable.

Older critics unanimously attributed the authorship to the Hermas of Rom., xvi, 14 — Bellarmine, Cave, Le NourryRémi Ceillier, Lardner, etc., with Baronius, who strangely thought the same Hermas might have been brother to Pius I. In the middle of the eighteenth century Mosheim and Schroeck preferred the testimony of the Muratorian Canon, which was published in 1740; but Gallandi and Lumper adhered to the earlier view. Zahn, in an early work (1868), stood by the references to St. Clement and imagined a Hermas, neither known to St. Paul nor brother to St. Pius, but writing in the last decade of the first century. He was followed by Peters and Caspari. But Hefele had been teaching that we cannot refuse the contemporary witness of the Muratorian Fragment, and this view has in the end prevailed amongst scholars, being now almost universally received. The question remains how we are to explain the mention of St. Clement. It was suggested above that Hermas may have been older than his brother Pius. But Harnack, holding that monepiscopacy was unknown in Rome until Anicetus, the successor of Pius, has no difficulty in holding that Clement really lived into the beginning of the second century, and that Pius was the most prominent among the priests at Rome even before 140. He therefore dates part of Visio ii, the kernel of the whole, before 110, and the final redaction not earlier than 135, nor later than 145. It is indeed true that the book itself describes the various parts as having been written down successively, and the process may well have taken three or four years, but hardly a decade or two. Perhaps the most probable view is that the historical data in the book are fictitious; the author was really the brother of Pope Pius, and wrote during his brother's pontificate. The evils of the Church in his day which he describes are not impossible in the first century, but they certainly suit the second better. There is a possible reference to Marcion's visit to Rome about 142, and there is a probable reference to Gnostic theories in Simil. viii, ix. The writer wished to be thought to belong to the preceding generation — hence the name of Clement, the most famous of earlier popes, instead of the name Pius. We cannot even be sure that the writer's name was really Hermas. It is a suitable name for a slave, being a shortened form of Hermogenes, Hermodorous, or some such word. Dr. Rendel Harris has urged in an interesting essay that where Hermas describes twelve mountains in Arcadia (Simil. ix, 1), the description of the locality is taken from Pausanias. Dr. Armitage Robinson thought that we must even suppose that Hermas knew the place himself, and had been brought up in Arcadia. But all this is inconclusive, though plausible. The notion of De Champagny (who was followed by Dom Guéranger), that the "Shepherd" is made up of two works, the one (Vis. i-iv) by the disciple of St. Paul, the remainder by the brother of Pope Pius, is sufficiently refuted by the unity of style and matter, as Baumgaertner has shown. The same is to be said of Hilgenfeld's opinion, that we have before us a fusion of works by three authors. Spitta has brought into patristic study the method he has applied to the Acts of the Apostles and the Apocalypse, and he finds in Hermas traces of a Christian enlargement of a Jewish writing, as Voelter had said of the Apocalypse. It is natural that Voelter should have approved this theory, but Spitta has not been followed by patristic scholars. Haussleiter formerly attributed only Vis. v-Simil. x to the brother of Pius, regarding Vis. i-iv as an addition made at the end of the second century in order to recommend the book as the work of Hermas, disciple of St. Paul. But that personage is not even mentioned.

There is but one direct quotation in the "Shepherd", and that is from the apocryphal book of "Eldad and Modat, who prophesied to the people in the wilderness", and the reference is apparently ironical. But there are many indirect citations from the Old Testament. According to Swete, Hermas never cites the Septuagint, but he uses a version of Daniel akin to that of Theodotion. He shows acquaintance with one or other of the Synoptic Gospels, and, since he also uses that of St. John, he probably knew all three. He appears to employ Ephesians and other Epistles, including perhaps I Peter and Hebrews. But the books he most certainly and most often uses are the Epistle of St. James and the Apocalypse. His matter is rather dull to us moderns, and the simplicity of his manner has been characterized as childish. But the admiration of Origen was not given to a work without depth or value; and, even with regard to the style, Westcott has reason to say ("On the Canon", pt. I, ch. ii): "The beauty of the language and conception in many parts has never been sufficiently appreciated. Much of it may be compared with the 'Pilgrim's Progress' and higher praise than this cannot be given to a book of its kind." There is indeed some resemblance between the intensity and directness of the ancient Roman Catholic and that of the persecuted Puritan, however antipodean the antithesis between the individualism of the one and the conception of a Universal Church which dominate the whole thought of the other.

The "Shepherd" was first printed in Latin by Faber Stapulensis (Lefèvre d'Etaples) in "Liber trium virorum et trium spiritualium virginum" (Paris, 1513); better edition by Fell (Oxford, 1685), and especially by Hilgenfeld (Leipzig, 1873), and von Gebhardt (Leipzig, 1877). This version, which is contained in many manuscripts, and has been frequently reprinted in the editions of the Apostolic Fathers, is known as the Vulgate. It was certainly known to the author of the "Adversus aleatores" (third or fourth cent.), and possibly to Tertullian, and the translation was probably made in the second century. Another version is contained in a single manuscript (Vat. Palat. 150, saec. xiv), and has been printed by Dressel, "Patres Apost." (Leipzig, 1857 and 1863), and von Gebhardt and Harnack ("Patres Apost.", Leipzig, 1877). It is of the fifth century, according to Harnack, and the translator has used the Vulgate version as an aid. Haussleiter's attempt to show that the Palatine is the older is rejected by Harnack and Funk. An Ethiopic version was discovered in 1847 by d'Abbadie; it has unfortunately a few lacunae and accidental omissions. It seems to have been made in the year 543. The Greek original was first known from a fourteenth-century manuscript on Mount Athos. The well-known forger Simonides stole four of the leaves and copied the rest. But he sold to the library of the University of Leipzig a Greek version which he had composed himself. This was published in 1856 by Rudolf Anger, with preface and index by Dindorf. The fraud was soon discovered. The four leaves and Simonides' copy were procured by the library, and the true readings were published by Anger in the "Leipziger Repertorium der deutschen und auslaendischen Literatur", III (1856), 138. Since then the six leaves which remain on Mount Athos have been collated by J. Armitage Robinson. The Codex Sinaiticus discovered by Tischendorf and published by him in 1862, contains the "Pastor", but in both manuscripts the end is wanting. Two fragments of the book are found on a papyrus leaf from the Fayoum, now at Berlin.

Sources

On the MSS. of the Vulgate version, see HARNACK, Gesch., I, 51; DELEHAYE in Bull. crit., 1894, p.14; EHRHARD, Altchristl. Litteratur, 104. The Palatine MS. has been carefully collated by FUNK in Zeitschr. fuer die oesterreich. Gymn., XXXVI (1885), 245. On the date and style of the Palatine version. HAUSSLEITER, De versionibus Pastoris Hermae latinis (Erlangen, 1884); IDEM in Z. fuer wiss. Theol., XXXVI (1883), 345. For the Ethiopic version, see D'ALBADIE and DILLMAN, Hermae Pastor, with Latin translation, in Abhandlungen fuer die Kunde des Morgenlandes, II (Leipzig, 1860), 1. The true Greek text appeared first in DRESSEL, Patres Apostolici (Leipzig, 1857 and 1863), and has been frequently republished in similar collections, as by HILGENFELD (1866 and 1881), GEBHARDT, and HARNACK (1877-); LIGHTFOOT and HARMER with English translation (1891), FUNK (1901). On the Athos MS., LAMBROS and ROBINSON, A Collation of the Athos Codex of the Shepherd (Cambridge, 1888); HILGENFELD in Z. Weiss. Theol., XXXII (1889), 94. The Berlin Papyrus is given in facsimile by WILCKEN, Tafeln zur aelteren griechischen Palaeogr. (Leipzig, 1891); a citation is found in a papyrus in GRENFELL and HUNT, The Oxyrhynchus papyri, I (London, 1898), 8. On both papyri see DIELS and HARNACK in Sitzungsber. der K. preussischen Akad. der Wiss. (Berlin, 1891), p. 427, and EHRHARD in Theolog. Quartalschrift, LXXIV (1892), 294.

The literature dealing with Hermas is very large, and only a selection is here mentioned. The best introduction and notes, in Latin, are by FUNK, Patres Appostolici, I (Tuebingen, 1901). An excellent summary account by BARDENHEWER, Gesch. der altkirchl. Litt., I (Freiburg im Br., 1902), 557-578; see also HARNACK, Gesch. der altchr. Litt., I, 49, and Chronol., I, 257; KRUGER (who dates the book c. 100), Gesch. der altchr. Litt. (1895), 29; ZAHN, Der Hirt des Hermas untersucht (Gotha, 1868); IDEM, Gesch. des N.T. Kanons, I (1888), 326; NIRSCHL, Der Hirt des Hermas (Passau, 1879); BRUELL, Der H. des H. (Freiburg im Br., 1882); RENDEL HARRIS, Hermas in Arcadia in Journal of Soc. of Bibl. Lit. and Exeg. (1887, and reprinted, Cambridge, 1888). On Hermas's use of the N.T. see the works of WESTCOTT, ZAHN, GREGORY, etc. on the Canon; and C. TAYLOR, The witness of Hermas to the four Gospels (London, 1892); IDEM, Hermas and the Cebes (an attempt to show that Hermas has used the pinakes of the Stoic philosopher Cebes) in Journal of Philo., XXVIII (1900), 276. On the plural authorship, DE CHAMPAGNY. Les Antonins, I (Paris, 1863); SPITTA, Zur Gesch. und Litt. des Urchristentums, II (Goettingen, 1896); VOELTER, Die Visionen des Hermas, die Sibylle, und Klemens von Rom (Berlin, 1900). For the unity, LINK, Die Einheit des Hermasbuches (Freiburg im Br., 1889); FUNK in Theol. Quartalschr., LXXXI (1899), 321; STAHL, Patrische Untersuchungen (Berlin, 1901-), gives the date as 165-70, after the appearance of Montanism; REVILLE, La valeur du témoignage historique du Pasteur d'Hermas (Paris, 1900). On the theology of the Shepherd, LINK, Christi Person und Werk im Hirten des Hermas (Marburg, 1886); BENIGNI in Bessarione, VI (1899); HEURTIER, Le dogme de la Trinité dans l'épitre de S. Clém. et le Pasteur d'H. (Lyons, 1900). Further bibliography in RICHARDSON, Synopsis; CHEVALIER, Répertoire, and BARDENHEWER, loc. cit.

Chapman, John. "Hermas." The Catholic Encyclopedia. Vol. 7. New York: Robert Appleton Company, 1910. 9 May 2015 <http://www.newadvent.org/cathen/07268b.htm>.
Transcription. This article was transcribed for New Advent by Don Ross.

Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. June 1, 1910. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.

Copyright © 2021 by Kevin Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.

SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/07268b.htm

Hermas of Rome B (RM)

1st century. Hermas is mentioned by Saint Paul (Romans 16:14) and, according to some, is the probable author of The Shepherd, one of the earliest Christian works. Personally, I find this unlikely, since the author was the reputed brother of Pope Pius who reigned 140 to 155 AD, and The Shepherd is normally dated to that period. Some conclude from the contents that The Shepherd was written prior to the beginning of persecutions by Domitian, i.e., before AD 95; most believe that it was written in reaction to the false prophets of the Montanists, placing its composition about 142. Regardless of when it was written, it was one of the most influential works of the post-Apostolic period. The title comes from the appearance of the angel who's utterances the author professes to record. He assigns to each of us a guardian angel and a tempting devil. He recommends prayers, almsdeeds, and other good works on fast days; mentions a state of continence with approbation; and says that penance, which is followed by frequent relapses, is generally fruitless. A Greek tradition says that Saint Hermas was bishop of Philippi and a martyr (Benedictines, Gill, Husenbeth). 

SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0509.shtml

May 9

St. Hermas

HE was a Christian of distinction in Rome, whom St. Paul salutes. 1 Origen believes him to have been the author of the book entitled Pastor, and certain modern writers fall in with this conjecture. But that seems rather to have been the work of a later Hermas. Some, indeed, with Tillemont, Ceillier, &c. conclude from the contents, that it was compiled before the persecution of Domitian in 95: but Du Guet, 2 and others think it was only written about the year 142, against the Montanists and their false prophets. It is quoted by St. Clement of Alexandria, Origen, Tertullian, Eusebius, St. Jerom, &c. It is divided into three books; the first contains revelations; the second precepts; and the third similitudes, which resemble the revelations of the first. The author entitles his work Pastor, or the Shepherd, from the angel his monitor, who assumed the appearance of a shepherd, and whose dictates he professes to write. He assigns to every one not only an angel guardian, but also a devil who is his tempter; he recommends prayers, alms-deeds, and other good works on fast days: mentions a state of continency with approbation; says that penance, which is followed by frequent relapses, is generally fruitless. Bishop Wake published an English translation of this work, together with the epistles of St. Clemens, St. Barnabas, St. Ignatius, and St. Polycarp, in 1693, and republished the same in 1710.

Note 1. Rom. xvi. 14. [back]

Note 2. Diss. 1. [back]

Rev. Alban Butler (1711–73).  Volume V: May. The Lives of the Saints.  1866.

SOURCE : http://www.bartleby.com/210/5/092.html

Giants of the Spiritual Life: Hermas

Jeff Ziegler

From the Mar/Apr 2007 Issue of Lay Witness Magazine

From Aquileia in northeastern Italy came the 10th pope, St. Pius I, who governed the Church from 140 to 155 and defended the deposit of faith against the errors of Valentinus and Marcion. The former was an influential Gnostic who denied the humanity of Christ; the latter held that the God of the New Testament differed from the God of the Old.

St. Pius I is also remembered for having a remarkable brother. In the newest edition of the Roman Martyrology, the official liturgical book that lists all of the saints and blesseds, one of the 13 commemorations of July 11 reads:

At Rome, the commemoration of Pope St. Pius I, the brother of Hermas, the author of the work entitled Shepherd. Pius himself was a good shepherd who guarded the Church for 15 years.[1]

Hermas, the pope’s brother, was a former slave who had once been owned by a Roman woman named Rhode. Described as “patient and temperate, and always smiling”—a man “who keeps himself from all wicked desire, and is full of all simplicity, and of great guilelessness”—he was a devout layman who prayed and fasted much. He also had a sharp-tongued wife and unruly sons.

Many years after he was freed, he saw Rhode again and thought to himself, “I should be a happy man if I could but get a wife as handsome and good as she is.” It was not a lascivious thought, for he recalled, “This was the only thought that passed through me: this and nothing more.”

Rhode later appeared to Hermas in a dream. She rebuked him for the wickedness of his thought, warned him that wicked thoughts bring eternal death, and offered words of encouragement: “Pray to God, and He will heal your sins, and the sins of your whole house, and of all the saints.”

Thus begins the Shepherd of Hermas (also known as the Pastor of Hermas), a collection of 5 visions, 12 commandments (or mandates), and 10 similitudes (or parables) that merits a slow, careful, and prayerful reading—perhaps even with a sketchbook in hand, on account of the power of its images.[2] In the bibliographic essay with which his magisterial Spiritual Life begins, Fr. Adolphe Tanquerey pays tribute to Hermas for “describ[ing] at length the conditions for true penance.” Nearly 19 centuries after it was written, the Shepherd shines a searching light into our souls, forces us to confront sins and vices of which we had not been aware, and moves us to live more penitently and wisely, for “repentance is great wisdom,” as the text says in one place.

After speaking with Rhode, the saddened Hermas is granted a vision of a majestic old woman, who tells him, “It is a wicked and horrible wish in an all-chaste and already well-tried spirit to desire an evil deed; and especially for Hermas so to do.” But God, she says, is not angry with him for this sin, but for his lax parenting:

Although you love your sons, yet did you not warn your house, but permitted them to be terribly corrupted. On this account is the Lord angry with you, but He will heal all the evils which have been done in your house. For, on account of their sins and iniquities, you have been destroyed by the affairs of this world. . . . As a smith hammers out his work, and accomplishes whatever he wishes, so shall righteous daily speech overcome all iniquity. Cease not therefore to admonish your sons. . . . Behave like a man, Hermas.

In the third and most important vision, the old woman (a symbol of the Church) appears to him again and describes the construction of a magnificent stone tower upon the waters.[3] The tower, she explains, is the Church; the waters, baptism; the men who carry stones to it, the angels.

“Like living stones be yourselves built into a spiritual house,” St. Peter exhorts (1 Pet. 2:5). The third vision of the Shepherd of Hermas  beckons us to look upon humanity in a new light, to see individuals as stones who ultimately will either become part of the great tower of the heavenly Church or be rejected on account of their serious sins. The description of the different types of stones leads one to marvel at the great diversity within the one Church;[4] the description, too, of the stones’ various flaws leads one to ask, “What sins must be removed from my life through penance before I can become a fit stone for the tower?”

Seven women support the tower: Faith, Self-restraint, Simplicity, Guilelessness, Chastity, Intelligence, and Love.[5] “Whoever devotes himself to these,” exhorts the old woman, “and is able to hold fast by their works, shall have his dwelling in the tower with the saints of God.” In the fifth vision, the Shepherd—the angel of repentance— appears to Hermas. As Hermas’ guide for the rest of the text, the Shepherd gives him the commandments and similitudes.

The Shepherd’s 12 commandments are a road map, as it were, of the spiritual life. Belief in God the Creator is the foundation: “First of all, believe that there is one God who created and finished all things, and made all things out of nothing . . . Have faith therefore in Him, and fear Him; and fearing Him, exercise self-control.” Second, “be simple and guileless, and you will be as the children who know not the wickedness that ruins the life of men . . .

speak evil of no one, nor listen with pleasure to any one who speaks evil of another . . . Give to all.” Third, “love the truth, and let nothing but truth proceed from your mouth.”

At this point, the devout Hermas weeps bitterly, “because, sir, I never spoke a true word in my life, but have ever spoken cunningly to all, and have affirmed a lie for the truth to all; and no one ever contradicted me, but credit was given to my word.” The Shepherd then comforts him and assures him that repentance is possible.

The Shepherd’s fourth commandment, too, is poignant. After the Shepherd exhorts, “Guard your chastity, and let no thought enter your heart of another man’s wife, or of fornication, or of similar iniquities . . . but if you always remember your own wife, you will never sin,” Hermas asks for advice when one’s Christian wife commits adultery.

In the next four commandments, the Shepherd warns Hermas to cultivate patience and resist anger; to trust the suggestions of the good angel, and shun those of the angel of iniquity; to fear the Lord, but not the devil; and to restrain oneself from evil, and not from good. The Shepherd’s list of interior and exterior deeds emphasizes acts of self-denial (for instance, “being quiet” and “having fewer needs than all men”) and mercy (for instance, “helping widows” and “encouraging those who are sick in soul”). In the final four commandments, the Shepherd urges Hermas to trust in the Lord and shun doubt; to remove grief, “the sister of doubt and anger,” and cultivate cheerfulness; to distinguish false prophets from true ones; and to put away evil desire while serving good desire. “If you return to the Lord with all your heart,” the angel concludes, “and practice righteousness the rest of your days, and serve [God] according to His will, He will heal your former sins.”

The Shepherd of Hermas concludes with 10 similitudes, or parables. In outlining the differences between the city of God and the city of man, the first similitude foreshadows St. Augustine’s City of God. The second portrays the differences between the rich and the poor; the lesson of the third is that “this life is a winter to the righteous.” The fourth anticipates St. Thérèse’s little way: “In the performance even of a single action a man

can serve the Lord.” The fifth promises Hermas glory, honor, and joy when he follows God’s will and goes beyond what the commandments require, while the sixth warns against luxury.[6] The seventh discusses the role of affliction in the life of the sinner.

The similitudes culminate in the longer allegories of the branches and the building of the tower; the latter recalls and deepens the imagery of the vision of the tower. The stones for the tower come from 12 mountains that symbolize 12 types of men—from apostates to those who are like “infant children, in whose hearts no evil originates; nor did they know what wickedness is, but always remained as children.”

God “calls together all men, scattered and divided by sin, into the unity of his family, the Church” (Catechism of the Catholic Church, no. 1). Hermas drives home the truth that every human being will spend eternity either as part of the heavenly Church or as a castaway stone. For us to become stones fit for this heavenly structure, Hermas reminds us that much repentance is necessary, and in doing so he shines a particularly penetrating light on our sins and vices.

“Do good works, therefore, you who have received good from the Lord,” the Shepherd concludes; “lest, while you delay to do them, the building of the tower be finished, and you be rejected from the edifice: There is now no other tower being built.”

Jeff Ziegler, a member of CUF’s board of directors writes frequently for Lay Witness and other Catholic publications and is the former editor-in-chief of Emmaus Road Publishing. He and his wife, Laura, have two daughters.

[1] A literal translation of the text of the Martyrologium Romanum (2004 edition) would read, “At Rome, the commemoration of Pope St. Pius I, who, the brother of that Hermas, the author of the work for which the title is Shepherd, also himself a good shepherd guarded the Church for 15 years.” The text of the 2001 edition for St. Pius I is identical; neither the 2001 edition nor the 2004 edition has been promulgated in English. The previous 1956 edition, which was published in English in 1962, does not include any mention of Hermas in its description of St. Pius I.

[2] The most widely diffused translation, from which I quote in this article (while modernizing some words and Americanizing the spelling of others), isFathers of the Second Century: Hermas, Tatian, Athenagoras, Theophilus, and Clement of Alexandria, vol. 2, Ante- Nicene Fathers: The Writings of the Fathers Down to AD 325, ed. Alexander Roberts and James Donaldson, rev. A. Cleveland Coxe (1885); it is available on many websites, including http://www.newadvent.org/fathers. J. B. Lightfoot’s

translation is available online at http://www.earlychristianwritings.com/text/shepherd-lightfoot.html. The Loeb Classical Library includes a volume, originally published in 1913, with the original Greek and an English translation on facing pages.

[3] “She was created first of all. On this account is she old. And for her sake was the world made.”

[4] Cf. Catechism of the Catholic Church, no. 814.

[5] Lightfoot’s translation renders the Greek words as “Faith, Continence, Simplicity, Guilelessness, Reverence, Knowledge, and Love.”

[6] In the fifth similitude, Hermas appears to make the materially heterodox statement that Jesus is the incarnation of Holy Spirit. The Catholic Encyclopedia comments, “As a layman, Hermas avoids dogma, and, when incidentally it comes in, it is vague or incorrect. It has been thought with some reason that he did not distinguish the Son from the Holy Ghost, or that he held that the Holy Ghost became the Son by His Incarnation. But his words are not clear, and his ideas on the subject may have been rather misty and confused than definitely erroneous.” See John Chapman, “Hermas,” Catholic Encyclopedia (1910), http://www.newadvent.org. It is possible, however, that Hermas is merely expressing something akin to what Pope Benedict XVI would teach 19 centuries later in his general audience of November 15, 2006: “St. Paul spoke directly of the ‘Spirit of Christ’ (Rom 8:9), of the ‘Spirit of [H]is Son’ (cf. Gal 4:6), or of the ‘Spirit of Jesus Christ’ (Phil 1:19). It is as though he wanted to say that not only is God the Father visible in the Son (cf. Jn 14:9), but that the Spirit of God also expresses Himself in the life and action of the Crucified and Risen Lord!” This audience is available online at http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi.

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SOURCE : http://www.cuf.org/2007/03/giants-of-the-spiritual-life-hermas/

Le Pasteur d’HERMAS : http://catho.org/9.php?d=cpi

http://www.croixsens.net/livres/hermas.php

http://www.biblicalaudio.com/hermas.html

Voir aussi : R. Joly. La doctrine pénitentielle du Pasteur d'Hermas et l'exégèse récente  http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1955_num_147_1_7194

S. Salaville. Le « Pasteur » d'Hermas et la « Divine Comédie » de Dante : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_1146-9447_1921_num_20_124_4295