jeudi 22 novembre 2012

Sainte CÉCILE (CECILIA) de ROME, vierge et martyre


Sainte Cécile

Vierge et Martyre

(† 230)

C'est sous l'empereur Alexandre Sévère que souffrit cette jeune Sainte, l'une des fleurs les plus suaves de la virginité chrétienne et du martyre. Fille d'un illustre patricien, seule chrétienne de sa famille, bien qu'elle eût consacré sa virginité à Jésus-Christ, elle dut se résigner à sortir de la maison paternelle, où elle vivait dans la prière, la lecture des Livres saints et le chant des cantiques, pour épouser le jeune Valérien, noble et bon, mais païen.

Le soir des noces, quand les époux se trouvèrent seuls, Cécile s'adressa doucement à Valérien:

"Ami très cher, lui dit-elle, j'ai un secret à te confier: mais peux-tu me promettre de le garder?" Ayant reçu le serment du jeune homme, elle reprit:

"Écoute. Un Ange de Dieu veille sur moi, car j'appartiens à Dieu. S'il voit que tu m'aimes d'un mauvais amour, il me défendra, et tu mourras; mais si tu respectes ma virginité, alors il t'aimera comme il m'aime, et sa grâce s'étendra aussi sur toi." Troublé, Valérien répondit:

"Cécile, pour que je puisse croire à ta parole, fais-moi voir cet Ange.

— Si tu crois au vrai Dieu et si tu reçois le Baptême des chrétiens, tu pourras voir l'Ange qui veille sur moi."

Valérien accepta la condition, se rendit près de l'évêque Urbain, à trois milles de Rome, fut instruit, reçut le Baptême et revint près de Cécile. Près d'elle, il aperçut un Ange au visage lumineux, aux ailes éclatantes, qui tenait dans ses mains deux couronnes de roses et de lis, et qui posa l'une de ces couronnes sur la tête de Cécile, l'autre sur la tête de Valérien, et leur dit:

"Je vous apporte ces fleurs des jardins du Ciel." Valérien avait un frère nommé Tiburce; au récit de ces merveilles, il abjura les idoles et se fit chrétien.

Les deux frères furent bientôt dénoncés, demeurèrent invincibles dans la confession et leur foi et eurent la tête tranchée. Quant à Cécile, elle comparut elle-même devant le tribunal du préfet de Rome:

"Quel est ton nom et quelle est ta condition? lui dit-il.

— Devant les hommes, je m'appelle Cécile; mais chrétienne est mon plus beau nom.

— Sacrifie aux dieux!

— Tes dieux ne sont que des pierres, de l'airain ou du plomb."

Le préfet la fit reconduire chez elle et ordonna de la laisser mourir dans la salle de bains embrasée de vapeurs; Dieu renouvela pour elle le miracle des Hébreux dans la fournaise. Le bourreau vint pour lui trancher la tête; mais il le fit si maladroitement, qu'elle ne mourut que trois jours après. Sainte Cécile est la patronne des musiciens.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950


Sainte Cécile de Rome

Vierge et Martyre

+ en 230

Fête le 22 novembre

Pendant déjà plus de mille ans, Cécile a été l'un des martyrs des débuts de l'Eglise les plus vénérés. Son nom, le fait qu'elle fonda une église et qu'elle fut enterrée dans une crypte des catacombes de St Callixte, le contexte tout comme l'existence d'un Valérien et d'un Tubercius est tout ce qui est historiquement vérifiable a son sujet. Toutefois, il est certain que cette vie de saint est basée sur quelques faits réels. L'histoire de Sainte Cécile, qui n'est pas dénuée de beauté et de mérite, est construite en partie de légendes. La romance de Cécile et Valérien est connue depuis la légendaire passion de Cécile écrite en 535. A cette époque, beaucoup de fondateurs d'église et martyrs ont été canonisés. La première mention de Cécile dans le canon de la messe date de 496.

Ste Cécile naquit dans la noble famille pratiquante de Rome des Coecilia dont sont issus beaucoup de sénateurs. Elle possédait tous les dons de grâce, de beauté et d'innocence qu'une jeune fille pouvait avoir. Riche et cultivée, elle était fervente des arts et avait un talent tout particulier pour la musique. Très jeune, elle voua sa vie à Dieu et fit vœu de virginité. Contre son gré, son père la maria à un jeune païen nommé Valérien. Le jour des noces arriva et, pendant que tout le monde chantait et dansait, Cécile s'était retirée pour invoquer la protection du Ciel dans cette situation difficile, tout en chantant dans son cœur et en récitant des psaumes. Cette situation est à l'origine de la vénération en temps que patronne de la musique. Valérien, homme remarquable, était connu pour être de grande compréhension.

Au soir du mariage lorsque les jeunes époux se retrouvèrent dans leur chambre, Cécile dit à son mari :- Je vais te conter un secret qu'il faut jurer de ne divulguer à personne. Je suis accompagnée d¹un ange qui veille sur moi. Si tu me touches dans le cadre du mariage, il se mettra en colère et tu souffriras. Si tu respectes ma décision, il t'aimera comme il m'aime.Valérien répliqua :- Montre moi cet ange.Elle lui dit :- Si tu crois en Dieu, et que tu deviens baptisé, tu le verras .Valérien accepta Cécile comme épouse et promit de respecter son vœu sans revendiquer les droits issus du mariage.Il restait très impressionné par la piété et l'état de grâce de sa femme. Avec l'aide du pape St Urbain, Cécile réussit à convertir son mari au christianisme et à le faire baptiser.En retournant vers son épouse, il la trouva en prière avec un ange aux ailes de feu à côté d'elle. L'ange couronna Cécile de roses et Valérien de lilas et leur dit alors :- Recevez ces couronnes, elles sont un signe du Ciel. Jamais elles ne sécheront ni ne perdront leurs parfums. Quant à toi Valérien, demande moi ce que tu veux. Il souhaita que son frère Tiburcius, qui lui était très cher, l'accompagne dans sa foi. Son vœu fut accepté. Lorsque Tiburcius entra dans la maison, le parfum des fleurs invisibles à ses yeux le saisirent et il se laissa convaincre par Cécile et Valérien de renoncer à ses faux dieux. Il se convertit et fut baptisé par St Urbain.

Les deux jeunes époux vécurent dans la chasteté et se dévouèrent aux bonnes oeuvres. Cécile chantait les louanges de Dieu avec assiduité et y joignait souvent un instrument de musique. Mais les persécutions cruelles des chrétiens, perpétrées par l'empereur Marc-Aurèle auront raison d'eux. A cause de leur ardeur à ensevelir les corps des martyrs chrétiens dans les catacombes à l'extérieur de la ville, ils furent arrêtés. Le préfet Almachius les incita à renoncer à leur foi ce qu'ils refusèrent. Alors afin qu'ils ne puissent pas prendre de dispositions pour faire don de leur bien, ils furent condamnés à être décapités après flagellation. Maximus, l'officier chargé de rendre la sentence, après avoir vu une apparition de martyrs, se convertit soudainement à la religion chrétienne et subit le même sort. Les trois hommes furent exécutés aux alentours de Rome.

Bravant le danger, Cécile les ensevelit dans les catacombes de St Praetextatus sur la Via Appia et décida d'utiliser à l'avenir sa maison pour prêcher la foi. Avec une éloquence sans pareille, Cécile convertit de plus en plus de gens. Un jour, lorsque le pape Urbain lui rendit visite à domicile, il baptisa plus de 400 personnes. Peu de temps après Valérien, elle fut arrêtée et amenée devant le préfet pour avoir enterré les corps de son mari et de Tiburcius. Elle n'eut pas d'autres choix que la vénération des dieux païens ou la mort. Après une glorieuse profession de foi, elle fut condamnée à mort. Mais exécuter une fille d'une telle noblesse au service des pauvres n'était pas chose aisée même au temps des empereurs cruels. Rejetant une exécution publique elle fut condamnée à être enfermée dans la salle de bain (sudatorium) de sa propre maison à Trastevere et à suffoquer par la vapeur. Le foyer fur chargé à sept reprises de sa charge normale. La chaleur et la vapeur n'eurent pas raison d'elle. Lorsqu'elle tomba inconsciente, au bout d¹un jour et une nuit le préfet en colère ordonna de la décapiter.

A la vue de la sainte, le soldat envoyé perdit courage et tremblant frappa à trois reprises, mais en vain. La loi romaine interdisant le quatrième coup, elle fut abandonnée gisant dans son sang. Aussitôt les chrétiens se ruèrent dans la maison et essuyèrent les blessures avec les habits de lin, sans la bouger du sol. Cécile survécut trois jours pendant lesquels elle n'avait de cesse à prêcher sa foi et d'encourager les pauvres. Lorsque St Urbain arriva, elle fit don de sa maison pour y construire une église et légua ses biens aux pauvres. Alors tournant sa face contre terre, Cécile mourut le 22 novembre de l'an 230.

Elle fut inhumée dans la position exacte où elle expira, avec les doigts étendus, dans les catacombes de St callixte à côté de la crypte des papes avec, à ses pied, les vêtements ayant essuyé ses plaies. Les catacombes de Saint Callixte se trouvent parmi les plus grandes de Rome. Cet ensemble cimetiéral construit au milieu du second siècle occupant 15 hectares de terrain se compose de 20 km de galeries à plusieurs niveaux à 20 mètres sous terre. En 817, le pape Pascal 1er entrepris de déplacer des milliers de dépouilles hors des catacombes tombant en ruine, vers des lieux plus sûrs et à l'abri des envahisseurs. Mais les reliques de Cécile restaient introuvables. Un matin de l'an 822, tandis qu'il célébrait à Rome, Cécile apparut au Pape Pascal 1er lui révélant l'emplacement de la sépulture. Celui-ci fut découvert le même jour dans les catacombes de Saint Callixte. Dans le cercueil de cyprès se trouvait Cécile habillée d'une robe de tissu or et des vêtements de lin imbibés de sang à ses pieds. On mit à jour également la tombe de Valérien, Tiburcius et Maximus. Le pape fit transférer Cécile sous l'autel principal de l'église de Trastevere qui sera appelée plus tard : Titulus Sanctae Caeciliae : " Eglise fondée par une femme appelée Cécile ". Replacée dans la position découverte, le pontife déposa le cercueil dans un sarcophage de marbre. Valérien et ses amis furent placés à un autre endroit de la chapelle.

Sous le règne du pape Clément VIII en 1599, lors des travaux de rénovation de l'église Ste Cécile et de la construction de son grand autel, le cardinal Paul Emilius Sfondrati ouvrit la tombe et trouva le sarcophage de marbre blanc contenant le corps Cécile intact. Après plus de 800 ans, elle était miraculeusement et admirablement bien conservée. Couchée sur le côté droit face contre terre, comme dans un profond sommeil, sa nuque portant encore les traces des coups. Le vert et or de sa robe luxueuse n'avaient pas été altérés par le temps. Il n'existe aucun autre fait semblable dans l'histoire de l'Eglise : la préservation d'un corps dans la position du décès et immortalisé par le marbre. A l'ouverture de sa tombe, des artistes furent autorisés à peindre des tableaux et des images. Des milliers de gens eurent le privilège de la voir dans son cercueil et durant 4 à 5 semaines, elle fut exposée à la vénération. Puis le corps se décomposa rapidement au contact de l'air.

Actuellement Cécile et Valérien sont à nouveau réunis pour l'éternité. Leurs reliques ainsi que celle de St Urbain se trouvent dans une voûte somptueuse sous le grand autel de l'église Sainte Cécile de Trastevere qui lui a été dédiée par Sfondrati. La cérémonie de fermeture de la tombe avec les reliques dans un cercueil d'argent eut lieu en présence du pape lui-même et de 42 cardinaux.

Sous cet autel se trouve une magnifique statue de marbre sculptée en 1601 par Stefano Maderno et représentant fidèlement la martyr baignant dans son sang comme elle tomba après les coups et telle que on la trouva lors de l'ouverture de sa tombe en 1599. Dans cette oeuvre, Maderno, tombé amoureux d'elle, a pu exprimer toute la grâce de Cécile travaillant le marbre dans une " représentation lumineuse et chaude ". Une réplique de cette statue occupe la place originale de la Sainte dans les catacombes de Callixte où la crypte de Sainte Cécile est entièrement décorée de fresques et de mosaïques (début du IX siècle) . Sur le mur, près de la réplique de la statue, se trouve une image antique de Sainte Cécile dans une attitude de prière.

Jusqu'au moyen-âge, le patron des musiciens était le pape Saint Grégory, mais quand l'académie de musique de Rome fut créée en 1584, elle fut placée sous la protection de Sainte Cécile. Ainsi s'établit sa vénération devenue universelle, comme patronne des musiciens. L'association de Ste Cécile avec la musique date de la fin du V siècle et est due aux pèlerins venus voir ses reliques. Elle devient alors le sujet de bon nombre de représentations (peinture, fresques, mosaïques) et est à la source de prières, de chants qui ont contribué à sa popularité. Dryden a écrit " Une chanson pour la fête de Sainte Cécile " et le poète Alexander Pope composa " Ode à la musique pour la fête de Ste Cécile ".

Depuis le XVème siècle, l'emblème de Sainte Cécile est devenu l'orgue. Sur des représentations imagées, elle y est figurée avec un orgue, une harpe ou un autre instrument de musique. Auparavant elle était couronnée de roses, portant une palme ou occupée à convertir son mari Saint Valérien, etc... Les plus anciennes images de Cécile sans instruments de musique ont été trouvées au VIème siècle sur des fresques romaines dans les catacombes de St Callixte. Après qu'elle fut peinte par Raphaël en organiste, son image est devenue un sujet favori pour les vitraux. Sainte Cécile patronne de la musique, des musiciens, des compositeurs des luthiers des chanteurs et des poètes, est fêtée le 22 novembre.


Cécile, il leur sembla qu’elle dormait

Anne Bernet - published on 21/11/21

Découvrez l'histoire de la redécouverte au XVIe siècle du corps de sainte Cécile, demeurée intacte après son martyre. L’Église honore sa mémoire le 22 novembre.

Rome avait beaucoup souffert au cours des siècles : catastrophes naturelles, guerres, invasions, pillages… Nombre de monuments parmi les plus anciens, les plus beaux, les plus célèbres s’écroulaient, par la faute du temps et par celle des hommes. Le sac de la Ville par les troupes de Charles Quint, en 1527, avait ajouté au désastre. Le triste état de maints sanctuaires romains était le reflet de celui de l’Église. Aussi, dès que, au milieu des années 1560, la papauté put mettre en œuvre les réformes voulues par le concile de Trente, les cardinaux de la nouvelle génération, décidés à en finir avec les errements passés, le népotisme, la simonie, les mauvaises mœurs, eurent à cœur de rendre aux sanctuaires dont ils portaient le titre leur splendeur d’origine.

Une ancienne église clandestine

À Mgr Paolo Emilio Sfondrate, jadis disciple de Saint Philippe Néri, et neveu du pape Grégoire XIV, échut le titre de Santa Cecilia del Trastevere. L’église est l’une des plus anciennes de Rome, l’un des tituli primitifs, ces maisons privées qui, avant l’édit de Milan en 313, permettaient aux fidèles, toujours sous la menace de la persécution, de se réunir clandestinement pour célébrer leur culte. La Tradition affirme que cette demeure est celle où sainte Cécile, sa jeune propriétaire, avait, après son veuvage prématuré, subi à son tour le martyre et qu’elle avait, au prix d’un artifice juridique, réussi à soustraire aux confiscations et spoliations qui frappaient les chrétiens, la léguant à l’Église.

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Bâtie au-dessus de la maison des Caecilii, vénérable par son ancienneté et sa beauté, la basilique Sainte-Cécile l’est plus encore par le tombeau de la martyre que l’on y vénère en même temps que son époux Valérien, son beau-frère Tiburce, tous deux convertis par son exemple, et le sous-officier Maxime, touché par la grâce tandis qu’il conduisait les deux frères au supplice. Il n’en avait pas toujours été ainsi. À l’origine, c’est-à-dire entre 177 et 179, époque du martyre de Cécile, la sainte et ses proches ont été enterrés dans les catacombes de la Via Appia, non loin du tombeau de sa lointaine aïeule, Caecilia Metella. Preuve de l’importance du culte qui lui était rendu, et du respect porté par l’Église à celle dont le nom figurait au canon de la messe romaine, deux souverains pontifes, Urbain et Lucius, qui ont respectivement régné de 222 à 230 et de 253 à 254, ont choisi d’être enterrés dans la même crypte que Cécile.

Deux sarcophages de marbre blanc

Cependant, en 817, le pape Pascal Ier, inquiet de l’état des catacombes, peu ou prou abandonnées depuis les invasions lombardes au VIe siècle, et redoutant leur profanation et le vol des corps saints, décide de ramener un maximum de reliques intra muros, à l’abri. Ainsi la dépouille de Cécile, et celles de ses compagnons, sont-elles ramenées en lieu sûr, dans la basilique transtibérine. On leur élève deux tombeaux de marbre blanc. Ces tombeaux se trouvent dans une crypte, survivance de la maison romaine, juste sous le maître autel. Au fil des siècles, ils sont devenus inaccessibles. Cependant, en cette année 1599, Mgr Sfondrate estime que les travaux de la basilique ne peuvent plus attendre et qu’il faut y procéder d’urgence si l’on veut vraiment la sauver. Il insiste pour que l’on recherche les deux tombes dont parlent les chroniques anciennes. Enfin, le 20 octobre, les ouvriers découvrent, à l’emplacement supposé, deux sarcophages de marbre blanc qui correspondent aux descriptions anciennes, et l’on fait appeler le cardinal. Il accourt, et demande d’ouvrir les deux sépulcres. 

Dans le premier, celui où Pascal Ier a fait réunir les restes des trois hommes, comme on peut s’y attendre après quatorze cents ans, ne restent que quelques ossements et deux crânes, le troisième, celui de saint Valérien, ayant été prélevé en 817 et inhumé ailleurs. C’est avec presque de l’angoisse que le cardinal donne l’ordre d’ouvrir le tombeau de Cécile. Il craint, et il espère. En 817, à en croire les témoignages d’époque, le corps de la sainte avait été retrouvé intact, préservé de toute corruption de la chair. Se pourrait-il que ce miracle ait perduré ? Le couvercle est soulevé, et là…

Une jeune fille est étendue

Sous le somptueux drap de soie brodé dont, jadis, le pape la fit recouvrir, une jeune fille est étendue, couchée sur le côté, le visage à demi tourné vers le fond du cercueil, telle une dormeuse paisible. Aucune trace de décomposition n’altère le cadavre, pas plus que la robe blanche brodée d’or, le vêtement d’une patricienne, dont elle est revêtue, celui qu’elle portait à l’heure de son supplice, comme l’attestent les larges taches de sang qui le maculent.

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À ses pieds, des linges pareillement imbibés de sang ont été soigneusement déposés, selon l’usage des fidèles qui épongeaient ainsi les plaies encore fraîches des martyrs. Sur le cou de la jeune fille, bien distinctes, se voient les traces vermeilles des trois coups qu’un bourreau à la main peu assurée porta à la suppliciée puisque celle-ci avait survécu à la peine prévue par un juge peu désireux de révéler la conversion au Christ de l’héritière de deux très grandes familles de l’aristocratie : la mort par suffocation dans le bain chaud des thermes de sa maison, façon ordinaire de châtier en toute discrétion les patriciennes coupables… Mais la vapeur brûlante n’a pas tué Cécile, rafraîchie, disait sa poétique passion, par la présence et le chant des anges qui l’encourageaient à endurer ses souffrances. Alors, conformément à la loi, ordre a été donnée de l’achever par le glaive. Seulement, les trois coups permis, mal assenés, ne l’ont pas tuée et le bourreau, n’ayant plus le droit de frapper, l’a abandonnée ainsi sur le dallage de la salle de bains, agonisante… 

Les trois doigts tendus

Les trois plaies sont là, écarlates, et, Mgr Sfondrate, bouleversé, constate que le passionnaire disait vrai sur un autre détail : l’index gauche de Cécile est tendu, comme trois doigts de sa main droite ; le cardinal se souvient de l’explication de ce geste. La gorge tranchée, incapable de parler, mourante, Cécile a ainsi confessé une dernière fois le dogme trinitaire, Dieu Un en trois Personnes… Un voile entoure la tête de la martyre et son visage, tourné vers le fond du cercueil, se distingue mal. Sans doute a-t-il fallu l’ensevelir ainsi parce que sa tête, presque détachée du tronc, ne permettait pas de la coucher autrement. Pour contempler ses traits, et tous l’aimeraient, il faudrait soulever pieusement le corps, le retourner, et donc, porter la main sur la vierge martyre. Vierge car, bien que mariée, Cécile avait, par ses prières, et l’apparition d’un ange dans la chambre nuptiale le soir de ses noces, obtenu de Valérien, encore païen pourtant, qu’il respecte son vœu de n’avoir d’autre Époux que le Christ. Ni le cardinal Sfondrate, ni aucun des prélats et des prêtres présents, pas même le pape Clément VII accouru, n’ose toucher la chaste martyre et Cécile sera recouchée dans sa tombe, telle qu’ils l’y ont trouvée.

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Cependant, l’on fait appeler le sculpteur Maderno, l’un des plus grands artistes de l’époque, afin qu’il réalise des esquisses du corps de la sainte témoignant du miracle de son incorruptibilité. C’est d’après ses croquis que Maderno réalise la magnifique statue que l’on peut admirer à Santa-Cecilia. Faut-il regretter qu’en 1902, lors de la campagne de fouilles archéologiques menée dans la basilique, l’on n’ait pas jugé utile de rouvrir la tombe et d’opérer des vérifications plus scientifiques ? Sans doute pas… 

SOURCE : https://fr.aleteia.org/2021/11/21/cecile-il-leur-sembla-quelle-dormait/?utm_campaign=EM-FR-Newsletter-Daily-&utm_content=Newsletter&utm_medium=email&utm_source=sendinblue&utm_term=20211122



Sainte Cécile de Rome

Vierge et Martyre

+ en 230

Fête le 22 novembre

Nous savons peu de chose sur cette grande figure de l'hagiographie féminine. L'histoire nous assure qu'elle appartenait à une grande famille romaine : les "Cecilii", qu'elle était chrétienne, qu'elle aidait les premiers papes de ses deniers et que, lorsque son époux se convertit, ils donnèrent à l'Eglise un terrain devenu cimetière : les catacombes de Saint Calixte où elle eût le privilège d'être enterrée au milieu des papes. Au 9ème siècle, ses reliques furent transférées dans une église romaine proche du Tibre : Sainte Cécile au Transtévère. Hors de là, ce ne sont qu'embellissements d'une poétique admiration. La Cécile légendaire, promue vierge et martyre, a suppléé la Cécile historique, dame romaine opulente et donatrice secourable qui "chantait dans son cœur la gloire de Dieu." Ce qui, en passant est une belle référence pour tous ceux qui, chanteurs et chanteuses, veulent se mettre sous son patronage.


Litanies de Sainte Cécile

Seigneur, ayez pitié de nous

Christ, ayez pitié de nous

Seigneur, ayez pitié de nous

Christ, écoutez-nous

Christ, exaucez-nous

Père Céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous

Fils, Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous

Esprit Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous

Trinité Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous

Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous

Sainte Cécile, priez pour nous

Sainte Cécile, fille de la noblesse Romaine, priez pour nous

Sainte Cécile, exemple de pureté pour les jeunes filles,

Sainte Cécile, favorisée de grâces Célestes,

Sainte Cécile, privilégiée par la présence d'un Ange pour veiller sur votre virginité,

Sainte Cécile, épouse de Saint Valérien,

Sainte Cécile, qui avez été le lien entre deux frères, pour les réunir par votre prière dans un même bonheur,

Sainte Cécile, qui avez encouragé dans leur martyre Saint Valérien et Saint Tiburce,

Sainte Cécile, dont les paroles vivifiantes encouragèrent votre époux à demeurer vierge avec vous,

Sainte Cécile, qui dans votre ardeur, avez méprisé les richesses de la terre pour posséder les trésors du Ciel,

Sainte Cécile, qui avez désiré souffrir tous les tourments pour professer le Nom du Christ,

Sainte Cécile, qui avez converti par votre zèle et votre exemple plusieurs centaines de païens,

Sainte Cécile, dont la vaillance et la beauté émurent à tel point le bourreau que sa main trembla trois fois,

Sainte Cécile, qui avez survécu trois jours lors de votre martyre,

Sainte Cécile, qui avez donné votre vie après avoir distribué tous vos biens aux pauvres,

Sainte Cécile, qui avez désiré que votre maison soit transformée en sanctuaire Chrétien,

Sainte Cécile, étoile des catacombes,

Sainte Cécile, dont l'heureuse dépouille fut si longtemps cachée à tous les regards sous l'ombre des cryptes,

Sainte Cécile, patronne des musiciens pour avoir chanté la Gloire et les louanges de Dieu en votre cœur,

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous, Seigneur.

Priez pour nous, Sainte Cécile,

afin que nous devenions dignes des promesses du Seigneur.

Prions

O Dieu qui nous réjouissez par la solennité annuelle de la Bienheureuse Cécile, Votre Vierge et Martyre; daignez nous faire la grâce d'imiter par une vie sainte les exemples de celle à qui nous rendons aujourd'hui nos hommages. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

« O sainte bien-aimée, je contemple ravie, Le sillon lumineux qui demeure après toi. Je crois entendre encor ta douce mélodie. Oui, ton céleste chant arrive jusqu’à moi. » (Sainte Thérèse de Lisieux - Poésie en l’honneur de sainte Cécile)



SAINTE CÉCILE *

Cécile vient de lys du ciel, chemin des aveugles, laborieuse pour le ciel (lia). Il peut encore signifier manquant de cécité ; il viendrait encore de caelo, et leos, ciel et peuple. Elle fut un lys céleste par la pudeur de virginité; ou bien elle est appelée lys parce qu'elle, posséda la blancheur de pureté, la verdeur de conscience et l’odeur de bonne réputation. Elle fut la voie des aveugles, par les exemples qu'elle offrit; le ciel, par sa contemplation assidue, et lia, laborieuse par ses bonnes oeuvres continuelles. Cécile veut encore dire ciel, parce que, selon Isidore, les philosophes ont dit que le ciel est tournant, rond et brûlant. Dé même, Cécile fut tournante par assiduité au travail, ronde par persévérance, brûlante par charité ardente. Elle manqua de cécité par l’éclat de sa sagesse ; elle fut le ciel du peuple, parce que dans elle comme dans un ciel spirituel, le peuple regarde le soleil, la lune et les étoiles, c'est-à-dire regarde pour les imiter et la perspicacité de sa sagesse, et la magnanimité de sa foi, et la variété de ses vertus.

Cécile, vierge très illustre, issue d'une famille noble parmi les Romains, et nourrie dès le berceau dans la foi chrétienne, portait constamment l’évangile du Christ caché sur sa poitrine. Ses entretiens avec Dieu et sa prière ne cessaient ni le jour ni la nuit, et elle sollicitait le Seigneur de lui conserver sa virginité. Elle avait été fiancée à un jeune homme appelé Valérien, et au moment où ses noces devaient être célébrées, elle portait, sur sa chair, un cilice que recouvraient des vêtements brodés d'or; et pendant que le choeur des musiciens chantait, Cécile chantait aussi dans son coeur, à celui qui était son unique soutien, en disant : « Que mon coeur, Seigneur, et que mon corps demeurent toujours purs, afin que je n'éprouve; point de confusion. » Elle passa, dans la prière et le jeûne, deux ou trois jours, en recommandant au Seigneur ses appréhensions. Enfin, arriva la nuit où elle se retira avec son époux dans le secret de l’appartement nuptial. Elle adresse alors ces paroles à Valérien : « O jeune et tendre ami, j'ai un secret à le confier, si tu veux à l’instant me jurer que tu le darderas très rigoureusement. » Valérien jure qu'aucune contrainte ne le forcera à le dévoiler, qu'aucun motif ne le lui fera trahir. Alors Cécile lui dit : « J'ai pour amant un ange de Dieu qui veille sur mon corps: avec une extrême sollicitude. S'il s'aperçoit le moins du monde que tu me touches, étant poussé par un amour qui me souille, aussitôt il te frappera, et tu perdrais la fleur de ta charmante jeunesse ; mais s'il voit que tu m’aimes d'un amour sincère, il t'aimera comme il m’aime, et il te montrera sa gloire. » Alors Valérien, maîtrisé par la grâce de Dieu, répondit

« Si tu veux que je te croie, fais-moi voir cet ange, et si je m’assure que c'est vraiment un ange de Dieu, je ferai ce à quoi tu m’exhortes ; mais si tu aimes un autre homme, je vous frapperai l’un et l’autre de mon glaive. » Cécile lui dit : « Si tu veux croire au, vrai Dieu, et que tu promettes de te faire baptiser, tu pourras le voir. Alors, va; sors de la ville par la voie qu'on appelle Appienne, jusqu'à la troisième colonne milliaire, et tu diras aux pauvres que tu trouveras là : « Cécile m’envoie vers vous, afin que vous me fassiez voir le saint vieillard Urbain; j'ai un message secret à lui transmettre. » Quand tu seras devant lui, rapporte toutes mes paroles, et après qu'il t'aura purifié, tu reviendras, et tu verras l’ange lui-même. » Alors Valérien se mit en chemin, et, d'après les renseignements qu'il avait reçus, il trouva le saint évêque Urbain caché au milieu des tombeaux des martyrs. Il lui raconta tout ce que Cécile lui avait dit. Urbain, étendant alors les mains vers le ciel, s'écrie, les yeux pleins de larmes : « Seigneur J.-C., l’auteur des chastes résolutions, recevez les fruits des semences que vous avez jetées dans le sein de Cécile; Seigneur J.-C., le bon pasteur, Cécile, votre servante, vous a servi comme une éloquente abeille ; car cet époux, qu'elle a reçu comme un lion féroce, elle vous l’a dressé comme on fait de l’agneau le plus doux. » Et voici que tout à coup apparut un vieillard couvert de vêtements blancs comme la neige, et tenant à la main un livre écrit, en lettres d'or. En le voyant, Valérien, saisi de terreur, tombe comme mort. Relevé par le vieillard, il lit es mots : « Un Dieu, une foi, un baptême; un seul Dieu, père de toutes choses, qui est au-dessus de nous tous, et au-dessus de tout et en nous tous. » Quand Valérien, eut achevé de lire, le vieillard lui dit : « Crois-tu qu'il en soit ainsi, ou doutes-tu encore? » Valérien s'écria-: « Sous le ciel, aucune vérité n'est plus croyable » Aussitôt, le vieillard disparut, et Valérien reçut le baptême dés mains d'Urbain. En rentrant, il trouva, dans la chambre, Cécile qui s'entretenait avec l’ange. Or, cet ange tenait à 1a main deux couronnes tressées avec des roses et des lys; il en donna une à Cécile et l’autre a Valérien, en disant : « Gardez ces couronnes d'un coeur sans tache et d'un corps pur; car c'est du paradis de Dieu que je vous les ai apportées. Jamais elles ne se faneront, ni ne perdront leur parfum ; elles ne seront visibles: qu'à ceux qui aimeront la chasteté. Quant à toi, Valérien, pour avoir suivi un conseil profitable, demande ce que tu voudras, et tu l’obtiendras. » Valérien lui, répondit : « Rien ne m’est plus doux en cette vie que l’affection de mon unique frère. Je demande donc qu'il connaisse la vérité avec moi. » L'ange lui dit : « Ta demande plaît au Seigneur, et tous deux vous arriverez auprès de lui avec la palme du martyre. »

Après quoi, entra Tiburce, frère de Valérien, qui, ayant senti une odeur de roses extraordinaire : « Je m’étonne, dit-il, que, dans cette saison, on respire cette odeur de roses et de lys. Quand je tiendrais ces fleurs dans mes mains, elles ne répandraient pas un parfum d'une plus grande suavité. Je vous avoue que je suis tellement ranimé que je crois être tout à fait changé. » Valérien lui dit: « Nous avons des couronnes que tés yeux ne peuvent voir; elles réunissent l’éclat de la pourpré à la blancheur de la neige: et de même qu'à ma demande tu en as ressenti l’odeur, de même aussi, si tu crois, tu pourras les voir. » Tiburce répondit : « Est-ce que je rêve en t'écoutant, Valérien, ou dis-tu vrai ? », Valérien lui dit : « Jusqu'ici, nous n'avons vécu qu'en songe, au lieu que maintenant, nous sommes dans la vérité. » Tiburce reprit: « D'où sais-tu cela? » Valérien répondit : « L'ange du Seigneur m’a instruit, et tu pourras le voir toi-même quand tu seras purifié et que tu auras renoncé à toutes les idoles. » Ce miracle des couronnes de roses est attesté par saint Ambroise qui dit dans la Préface

« Sainte Cécile fut tellement remplie du don céleste, qu'elle reçut la palmé du martyre : elle maudit le monde et les joies du mariage. A elle revient l’honneur de la confession glorieuse de Valérien, son époux, et de Tiburce que vous avez couronnés, Seigneur ; de fleurs odoriférantes par la main d'un ange. Une vierge conduisit ces hommes à la gloire. Le monde connut combien a de valeur le sacrifice de la chasteté. » Alors Cécile prouva à Tiburce avec tant d'évidence que toutes les idoles sont insensibles et muettes, que celui-ci répondit : « Qui ne croit pas ces choses est une brute.» Cécile embrassant alors la poitrine de son beau-frère, dit : « C'est aujourd'hui que je te reconnais pour mon frère. De même que l’amour de Dieu a fait de ton frère mon époux, de même le mépris que tu professes pour les idoles fait de toi mon frère. Va donc avec ton frère recevoir la purification ; tu verras alors les visages angéliques. » Tiburce dit à son frère : « Je te conjure, frère, de me dire à qui tu vas me conduire. » « C'est à l’évêque Urbain, répondit Valérien. » « N'est-ce pas, dit Tiburce, cet Urbain qui a été condamné si souvent et qui demeure encore dans des souterrains? S'il est découvert, il sera livré aux flammes, et, nous serons enveloppés dans les mêmes supplices que lui. Ainsi pour avoir cherché une divinité qui se cache dans les cieux, nous rencontrerons sur la terre des châtiments qui nous consumeront. » Cécile lui dit: « Si cette vie était. la seule, ce serait avec raison que nous craindrions de la perdre : mais il y en a une autre qui n'est jamais perdue, et que le Fils de Dieu nous a fait connaître. Toutes les choses qui ont été faites, c'est le Fils engendré du Père qui les a produites. Tout ce qui est créé, c'est l’Esprit qui procède du Père qui l’a animé. Or, c'est ce Fils de Dieu qui, en venant dans le monde, nous a démontré par ses paroles et par ses miracles qu'il y a une autre vie. » Tiburce lui répondit: «Tu viens de dire, bien certainement, qu'il y a un seul Dieu, et comment dis-tu maintenant qu'il y en a trois? » Cécile répliqua : « De même que dans la sagesse d'un homme il se trouve trois facultés : le génie, la mémoire et l’intelligence, de même dans l’unique essence de la divinité, il peut se trouver trois personnes. » Alors elle lui parla de la venue du Fils de Dieu, de sa passion dont elle lui exposa les convenances : « Si le Fils de Dieu fut chargé de chaînes, c'était pour affranchir le genre humain des liens du péché. Celui qui est béni fut maudit, afin que l’homme maudit fût béni. Il souffrit d'être moqué afin que l’homme fût délivré de l’illusion du démon; il reçut sur sa tête une couronne d'épines pour nous soustraire à la peine capitale; il accepta le fiel amer pour guérir dans l’homme le goût primitivement sain; ; -il fut dépouillé pour couvrir la nudité de nos premiers parents ; il fut suspendu sur le bois pour enlever la prévarication du bois. »Alors Tiburce dit à son frère « Prends pitié de moi ; conduis-moi à l’homme de Dieu afin que j'en reçoive la purification. » Valérien conduisit donc Tiburce qui fut purifié; dès ce moment, il voyait souvent les anges, et tout ce qu'il demandait, il l’obtenait aussitôt.

Valérien et Tiburce distribuaient d'abondantes aumônes : ils donnaient la sépulture aux corps des saints que le préfet Almachius faisait tuer. Almachius les fit mander devant lui et les interrogea sur les motifs qui les portait à ensevelir ceux qui étaient condamnés comme criminels. « Plût au ciel, répondit Tiburce, que nous fussions les serviteurs de ceux que tu appelles des condamnés ! Ils ont méprisé ce qui paraît être quelque chose et n'est rien: ils ont trouvé ce qui paraît ne pas être, mais qui existe réellement. » Le préfet lui demanda: «Quelle est donc cette chose? » «Ce qui paraît exister et n'existe pas, répondit Tiburce, c'est tout ce qui est dans ce monde, qui conduit l’homme à ce qui n'existe pas : quant à ce qui ne paraît pas exister et qui existe, c'est la vie ales justes et le châtiment des coupables. » Le préfet reprit: « Je crois que tu ne parles pas avec ton esprit. » Alors il ordonne de faire avancer Valérien, et lui dit.: « Comme la tête de, ton frère n'est pas saine, toi, au moins, tu sauras me donner une réponse sensée. Il est certain que vous êtes dans une grande erreur, puisque vous dédaignez les plaisirs et que vous n'avez d'attrait que pour tout ce qui est opposé aux délices. » Valérien dit alors qu'il avait vu, au temps de l’hiver; des hommes oisifs et railleurs se moquer des ouvriers occupés à la culture dés champs: mais au temps de l’été, quand fut arrivé le moment de récolter les fruits glorieux de leurs travaux, ceux qui étaient regardés comme des insensés furent dans la joie, tandis que commencèrent à pleurer ceux qui paraissaient les plus habiles. « C'est ainsi que nous, poursuivit Valérien, nous supportons maintenant l’ignominie et le labeur; mais plus, tard, nous recevrons la gloire et la récompense éternelle. Quant' à vous, vous jouissez maintenant d'une joie qui ne dure pas, mais plus tard, aussi, vous ne trouverez qu'un deuil éternel. » Le préfet lui dit: « Ainsi nous, et nos invincibles princes, nous aurons en partage un deuil éternel, tandis que vous qui êtes les personnes les plus viles, vous posséderez une joie qui n'aura pas de fin ? » Valérien répondit : « Vous n'êtes que de pauvres hommes et non des princes, nés à notre époque, qui mourrez bientôt et qui rendrez à Dieu un compte plus rigoureux que tous. » Alors le préfet dit: « Pourquoi perdre le temps, en des discours oiseux ? Offrez des libations aux dieux, et allez-vous-en sans qu'on vous ait fait subir aucune peine. » Les saints répliquèrent : « Tous les jours nous offrons un sacrifice au vrai Dieu.» «Quel est son nom? demanda le préfet » « Tu ne pourras jamais le découvrir, quand bien même tu aurais des ailes pour voler, répondit Valérien. » « Ainsi, reprit le préfet, Jupiter, ce n'est pas le nom d'un dieu? » Valérien répondit : « C'est le nom d'un homicide et d'un corrupteur. » Almachius lui dit : « Donc, tout l’univers est dans l’erreur, et il n'y à que ton frère et toi qui connaissiez le vrai Dieu? » Valérien répondit: « Nous ne sommes pas les seuls, car il est devenu impossible de compter le nombre de ceux qui ont embrassé cette doctrine sainte. » Alors les saints furent livrés à la garde de Maxime. Celui-ci leur dit : « O noble et brillante fleur de la jeunesse romaine ! ô frères unis par un amour si tendre! Comment courez-vous à la mort ainsi qu'à un festin? » Valérien lui dit que s'il promettait de croire, il verrait lui-même leur gloire après leur mort : « Que je sois consumé par la foudre, dit Maxime, si je ne confesse pas ce Dieu unique que vous adorez ; quand ce que vous dites arrivera !. » Alors Maxime, toute sa famille et tous les bourreaux crurent et reçurent le baptême d'Urbain qui vint les trouver en secret.

Quand donc l’aurore annonça la fin de la nuit, Cécile s'écria en disant : « Allons, soldats du Christ, rejetez les oeuvres des. ténèbres, et revêtez-vous des armes de la lumière. » Les saints sont alors conduits au quatrième mille hors de la ville, à la statue de Jupiter; et comme ils ne voulaient pas sacrifier, ils sont décapités l’un et l’autre. Maxime affirma avec serment, qu'au moment de leur martyre, il avait vu des anges resplendissants, et leurs âmes comme des vierges qui sortent de la chambre nuptiale. Les anges les portaient au ciel dans leur giron. Quand Almachius apprit que Maxime s'était fait chrétien, il le fit assommer avec des fouets armés de balles de plomb, jusqu'à ce qu'il eût rendu l’esprit. Cécile ensevelit son corps à côté de Valérien et de Tiburce. Cependant Almachius fit rechercher les biens de ces deux derniers; et ordonna que Cécile comparût devant lui comme la femme de Valérien, et sacrifiât aux idoles, sinon qu'il serait lancé contré elle une sentence de mort. Comme les appariteurs la poussaient a obéir et qu'ils pleuraient beaucoup de ce qu'une jeune femme si belle et si noble se livrât de plein gré à la mort, elle leur dit : « O bons jeunes gens, ceci n'est point perdre sa jeunesse, mais la changer; c'est donner de la boue pour recevoir de l’or; échanger une vile habitation et en prendre une précieuse : donner un petit coin pour recevoir une place brillamment ornée. Si quelqu'un voulait donner de l’or pour du cuivre, n'y courriez-vous pas en toute hâte? Or, Dieu rend cent pour un qu'on lui a donné. Croyez-vous ce que je viens de vous dire? » « Nous croyons, répondirent-ils, que le Christ qui possède une telle servante, est le vrai Dieu. » On appela l’évêque Urbain et plus de quatre cents personnes furent baptisées. Alors Almachius se fit amener sainte Cécile. « Quelle est ta condition? » lui dit-il. Cécile « Je suis libre et noble. » — Almachius : « C'est au sujet de la religion que je t'interroge. » — Cécile : « Ton interrogation n'était pas exacte, puisqu'elle exigeait deux réponses. » — Almachius : « D'où te vient tant de présomption en me répondant? » - Cécile : « D'une conscience pure et d'une conviction sincère. » — Almachins : « Ignores-tu quel est mon pouvoir ? » Cécile : « Ta puissance est semblable à une outre remplie de vent, qu'une aiguille la perce, tout ce qu'elle avait de roideur a disparu, et toute cette roideur qu'elle paraissait avoir, s'affaisse. » — Almachius « Tu as commencé par des injures et tu poursuis sur le même ton. » — Cécile : « On ne dit pas d'injure à moins qu’on n'allègue des paroles fausses. Démontre que j'ai dit une injure, alors j'aurai avancé une fausseté : ou bien, avoue que tu te trompes, en me calomniant; nous connaissons la sainteté du nom de Dieu, et nous ne pouvons pas le renier. Mieux vaut mourir pour être heureux que de vivre pour être misérables. » — Almachius : « Pourquoi parles-tu avec tant d'orgueil? » — Cécile : « Il n'y a pas d'orgueil; il y a fermeté. » — Almachius : « Malheureuse, ignores-tu que le pouvoir de vie et de mort m’a été confié? » — Cécile : « Je prouve, et c'est un fait authentique, que tu viens de mentir: Tu peux ôter la vie aux vivants; mais tu ne saurais la donner aux morts. Tu es un ministre de mort, mais non un ministre de vie. » — Almachius : « Laisse là ton audace, et sacrifie aux dieux. » — Cécile : « Je ne sais où tu as perdu l’usage de tes yeux : car les dieux dont tu parles, nous ne voyons en eux que des pierres. Palpe-les plutôt, et au toucher apprends ce que tu ne peux voir avec ta vue. »

Alors Almachius la fit reconduire chez elle, et il ordonna qu'elle serait brûlée pendant une nuit et un jour dans un bain de vapeur bouillante. Elle y resta comme dans un endroit frais; sans même éprouver la moindre sueur. Quand Almachius le sut, il ordonna qu'elle eût la tête tranchée dans le bain. Le bourreau la frappa par trois fois au cou, sans pouvoir lui couper latête. Et parce qu'une loi défendait de frapper quatre fois la victime; je bourreau ensanglanté laissa Cécile à demi morte.

Durant les trois jours qu'elle survécut, elle donna tout ce qu'elle possédait aux pauvres, et recommanda à l’évêque Urbain tous ceux qu'elle avait convertis : « J'ai demandé, lui dit-elle, ce délai de trois jours afin de recommander ceux-ci à votre béatitude, et pour que vous consacriez cette maison qui m’appartient afin d'en faire une église. » Or, saint Urbain ensevelit son corps avec ceux des évêques, et consacra sa maison qui devint une église, comme elle l’avait demandé.

Elle souffrit vers l’an du Seigneur 223, du temps de l’empereur Alexandre. On lit cependant ailleurs qu'elle souffrit du temps de Marc-Aurèle, qui régna vers l’an du Seigneur

* Légende compilée d'après ses actes regardés comme authentiques, et qui ont servi au Bréviaire.

La Légende dorée de Jacques de Voragine nouvellement traduite en français avec introduction, notices, notes et recherches sur les sources par l'abbé J.-B. M. Roze, chanoine honoraire de la Cathédrale d'Amiens, Édouard Rouveyre, éditeur, 76, rue de Seine, 76, Paris mdccccii




Tous les livres liturgiques anciens en donnent la fête au 22 novembre, qui pourrait être l’anniversaire de la dédicace de sa basilique.

Semidouble dans le calendrier de saint Pie V, double en 1670 par Clément X.

A MATINES. avant 1960

Au premier nocturne.

Ant. 1 La vierge Cécile * triomphait d’Almachius et invitait Tiburce et Valérien à conquérir des couronnes.

Ant. 2 Les mains étendues, * elle priait le Seigneur de la délivrer de ses ennemis.

Ant. 3 Par le cilice, * Cécile domptait sa chair, et implorait Dieu avec des gémissements.

Lectures du commun des Vierges, I Cor. 7, 25-35 ; 8, 36-40.

Premier répons.

R/. Au son des instruments de musique, la vierge Cécile adressait en son cœur un chant au seul Seigneur [1], disant : * Que mon cœur et mon corps soient purs, Seigneur, pour que je ne sois pas confondue. V/. Elle recommandait au Seigneur, par des prières et des jeûnes se prolongeant deux et trois jours, le trésor qu’elle craignait de perdre. * Que.

Deuxième répons.

R/. O bienheureuse Cécile, qui avez converti deux frères, triomphé du juge Almachius, * Et fait voir l’Évêque Urbain sous l’aspect d’un Ange. V/. Comme une abeille raisonnable et industrieuse, vous avez servi le Seigneur. * Et.

Troisième répons.

R/. Cette Vierge glorieuse portait toujours l’Évangile du Christ sur son cœur, et ne cessait ni jour ni nuit, * De s’entretenir avec Dieu et de prier. V/. Les mains étendues, elle priait le Seigneur, et son cœur brûlait d’un feu céleste. * De. Gloire au Père. * De.

Au deuxième nocturne.

Ant. 4 Seigneur Jésus-Christ, * qui êtes l’auteur des chastes pensées, recevez les fruits de la divine semence, que vous avez répandue dans le cœur de Cécile.

Ant. 5 La bienheureuse Cécile* dit à Tiburce : Aujourd’hui je vous reconnais pour mon allié, parce que l’amour de Dieu vous a fait mépriser les idoles.

Ant. 6 Faites, Seigneur,* que mon cœur et mon corps soient sans tache, afin que je ne sois pas confondue.

Quatrième leçon. La vierge Cécile, née à Rome de parents illustres, et élevée dès son enfance dans les principes de la foi chrétienne, consacra à Dieu sa virginité. Mais dans la suite, ayant été contrainte d’épouser Valérien, elle lui tint ce discours, le soir de ses noces : « Valérien, je suis placée sous la garde d’un Ange qui protège ma virginité : c’est pourquoi ne teniez rien à mon égard, de peur d’attirer sur vous la colère de Dieu. » Vivement ému de ces paroles, Valérien n’osa point s’approcher d’elle, il ajouta même qu’il croirait en Jésus-Christ, s’il voyait cet Ange. Cécile lui ayant répondu que cela n’était pas possible à moins qu’il n’eût reçu le baptême, il déclara, dans son ardent désir de voir l’Ange, qu’il voulait être baptisé. C’est pourquoi, d’après le conseil de la jeune vierge, il se rendit auprès du Pape Urbain qui, à cause de la persécution, se tenait caché parmi les tombeaux des Martyrs, sur la voie Appia, et il reçut le baptême de ses mains.

R/. Cécile avait dompté sa chair par le cilice, et imploré Dieu avec des gémissements : * Elle invitait Tiburce et Valérien à conquérir des couronnes. V/. Voici une Vierge sage, et du nombre des prudentes. * Elle.

Cinquième leçon. De retour auprès de Cécile, Valérien la trouva en prière, ayant à ses côtés un Ange resplendissant d’une clarté toute divine. Cette vue le frappa d’étonnement ; mais dès qu’il fut revenu de sa frayeur, il manda auprès de lui son frère Tiburce qui, ayant été instruit par Cécile dans la foi de Jésus-Christ et baptisé par le même Pape Urbain, mérita aussi de voir cet Ange que son frère avait vu. Peu de temps après, tous les deux souffrirent courageusement le martyre, sous le préfet Almachius. Celui-ci n’ayant pas tardé à donner l’ordre de s’emparer de Cécile, lui demanda tout d’abord où se trouvaient les richesses de Tiburce et de Valérien.

R/. Valérien trouva Cécile en prière dans sa chambre, et un Ange du Seigneur debout auprès d’elle : * En le voyant, il fut saisi d’une grande crainte. V/. L’Ange du Seigneur descendit du ciel, et la maison fut remplie de lumière. * En.

Sixième leçon. La vierge lui ayant répondu que toutes ses richesses avaient été distribuées aux pauvres, le préfet entra dans une si grande fureur, qu’il ordonna de la ramener chez elle, pour être brûlée dans la salle des bains. Elle y passa un jour et une nuit, sans ressentir aucunement les atteintes de la flamme. On envoya donc le bourreau qui, l’ayant frappée de trois coups de hache, et n’ayant pu lui trancher la tête, la laissa à moitié morte. Trois jours après, le dixième jour des calendes de décembre, sous l’empire d’Alexandre, son âme s’envola dans le ciel, parée de la double couronne du martyre et de la virginité. Le Pape Urbain inhuma lui-même son corps dans le cimetière de Calixte. On a fait de sa demeure une église consacrée sous son vocable. Son corps et ceux des Papes Urbain et Lucius, de Tiburce, de Valérien et de Maxime ont été transférés dans la Ville, par le souverain Pontife Pascal Ier, et déposés dans cette même église de sainte Cécile.

R/. Seigneur Jésus-Christ, bon pasteur, auteur des chastes pensées, recevez le fruit de la divine semence que vous avez répandue dans le cœur de Cécile : * Cécile, votre servante, vous sert comme une abeille raisonnable et industrieuse. V/. Car elle vous a envoyé, doux comme un agneau, l’époux qui était venu à elle, fier comme un lion. * Cécile. Gloire au Père. * Cécile.

Au troisième nocturne.

Ant. 7 Nous croyons que le Christ * Fils de Dieu, qui s’est choisi une telle servante, est le vrai Dieu.

Ant. 8 Nous qui connaissons * son saint nom, nous ne pouvons le renier en aucune manière.

Ant. 9 Valérien * s’en alla et reconnut saint Urbain, au signe qu’on lui avait donné.

Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu.

En ce temps-là : En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples cette parabole : Le royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèrent au-devant de l’époux et de l’épouse. Et le reste.

Homélie de saint Jean Chrysostome.

Septième leçon. Pourquoi, dans cette parabole, le Sauveur met-il en scène des vierges, et non pas indifféremment des personnes quelconques ? Il avait développé de grandes vérités au sujet de la virginité, en disant qu’il en est qui se rendent chastes à cause du royaume des cieux, et avait ajouté : « Que celui qui peut comprendre, comprenne. » II n’ignorait pas que la virginité obtient partout une grande estime ; cette vertu est en effet sublime de sa nature : ce qui le prouve, c’est que, dans l’Ancien Testament, elle n’était pas observée, même par les plus saints personnages, et qu’il ne nous en est pas fait une loi dans le Nouveau ; car Jésus-Christ ne l’a point prescrite, il a laissé les fidèles entièrement libres à cet égard. Aussi saint Paul disait-il : « Quant aux vierges, je n’ai pas reçu de commandement du Seigneur. » Il est vrai, je loue celui qui embrasse cet état ; mais je ne force en rien celui qui n’en veut pas, et je n’en fais pas une chose de précepte.

R/. La bienheureuse Cécile dit à Tiburce : Aujourd’hui je vous reconnais pour mon allié, parce que l’amour de Dieu vous a fait * Mépriser les idoles, V/. Car, de même que l’amour de Dieu a fait de votre frère mon époux, ainsi il vous a rendu mon allié. * Mépriser.

Huitième leçon. La virginité étant donc, et une grande chose et une chose généralement fort estimée, on aurait pu penser que cette seule vertu remplaçait toutes les autres, et, dès lors, négliger celles-ci ; c’est afin de prévenir une telle illusion que le Sauveur propose cette parabole, bien propre à nous persuader que la virginité, quand même elle serait accompagnée des autres vertus, est rejetée comme l’impureté, si les œuvres de miséricorde lui font défaut. Le Christ met sur le même rang que l’impudique, l’homme inhumain et dénué de miséricorde. L’un et l’autre sont subjugués par la passion ; mais celle qui entraine le premier est plus impérieuse que celle qui domine le second. Aussi, plus l’ennemi qui attaque ces vierges est faible, plus elles sont coupables de se laisser vaincre. C’est précisément pour cela que l’Évangile les appelle folles ; car, étant sorties victorieuses du plus rude combat, elles ont tout perdu quand le triomphe leur était plus facile.

R/. Cécile m’a envoyé vers vous, afin que vous me montriez le saint Évêque : * Car j’ai des secrets à lui communiquer. V/. Alors Valérien poursuivit sa route, et reconnut saint Urbain au signe qu’on lui avait donné. * Car. Gloire au Père. * Car.

Neuvième leçon. Les lampes désignent ici le don même de la virginité, la pureté de la vie ; et l’huile symbolise la bienfaisance, l’aumône, le secours prodigué aux indigents. « Or, l’époux tardant à venir, elles s’assoupirent toutes, et s’endormirent. » Le Sauveur fait entendre qu’il dut s’écouler un temps considérable, pour ôter à ses disciples l’idée que son règne arriverait bientôt. Ils en nourrissaient l’espoir, aussi Jésus en revient-il souvent à leur enlever cette illusion. En outre, il présente la mort comme un sommeil : « Elles s’endormirent, » dit-il. « Mais au milieu de la nuit, un cri s’éleva. » Ou bien ceci est ajouté à la parabole, ou bien il veut montrer que la résurrection générale aura lieu pendant la nuit. Le cri, saint Paul en fait aussi mention quand il dit : « Sur l’ordre donné, à la voix de l’Archange et au son de la trompette, il descendra du ciel »

[1] Ce passage des Actes de Ste Cécile, le seul sur lequel soit fondé le culte spécial que lui rendent les musiciens, signifie que, pendant la cérémonie de ses noces, qui était accompagnée du son des instruments, selon l’usage de toute l’antiquité, la vierge chrétienne demandait à Dieu, en se servant des paroles du Psalmiste, de préserver son cœur et ses sens des atteintes de l’amour profane.


Guido RENI . Sainte Cécile, 1606, Pasadena

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Cécile unit dans ses veines au sang des rois celui des héros qui firent la Ville éternelle. Au moment où retentit dans le monde la trompette évangélique, plus d’une famille de l’ancien patriciat ne se survivait plus dans une descendance directe. Mais les adoptions et les alliances qui, sous la République, avaient serré les liens des grandes familles en les rattachant toutes aux plus illustres d’entre elles, formaient de la gloire de chacune un fonds commun qui, jusque dans les siècles de la décadence républicaine, se transmettait intact et constituait l’apanage des survivants de l’aristocratie.

Or il est aujourd’hui démontré, par l’irréfragable témoignage des monuments, que le christianisme dès l’abord s’assimila cette gloire, en faisant siens ses héritiers ; que les premières assises de la Rome des Pontifes, merveilleux dessein de la Providence ! furent ces derniers représentants de la République, conservés tout exprès pour donner aux deux phases de l’histoire romaine l’unité puissante qui est le cachet des œuvres divines. Rapprochés autrefois par un même patriotisme, les Cornelii, les Aemilii, comme eux héritiers des Fabii, les Cœcilii, les Valerii,les Sergii, les Furii, les Claudii, Pomponii, Plautii, Acilii, premiers-nés de l’Église des gentils, virent se resserrer encore au sein du christianisme les liens formés sous la République, et constituèrent, dès le premier et le second siècle de la prédication évangélique, l’indissoluble et noble réseau de la nouvelle société romaine. Puis sur ce tronc vigoureux toujours de la vieille aristocratie vinrent se greffer dans les mêmes siècles, et sous l’influence de la religion que Pierre et Paul avaient prêchée, les membres les plus méritants des nouvelles familles impériales ou consulaires, dignes par leurs vertus vraiment romaines au sein de la dépravation générale, d’être appelés à renforcer les rangs trop éclaircis des fondateurs 4e Rome, et à combler sans brusque transition les vides faits par le temps dans les familles du vrai patriciat. Ainsi Rome poursuivait elle ses destinées ; ainsi l’édification de la Ville éternelle allait s’achevant par ces mêmes hommes qui l’avaient autrefois, dans leur sang et leur génie, constituée forte et puissante sur les sept collines.

Représentante légitime de cette aristocratie sans pareille au monde, Cécile, la plus belle des fleurs de la vieille tige, en fut aussi comme la dernière. Le deuxième siècle de l’ère chrétienne était sur son déclin ; le troisième qui, des mains de l’africain Septime Sévère, allait voir l’empire passer successivement aux Orientaux et aux barbares des rives du Danube, devait être, on le conçoit, peu favorable à la conservation des vieux restes de la noblesse d’antan ; et l’on peut dire que c’en est fait alors de la vraie société romaine, parce qu’alors, sauf de rares et individuelles exceptions, il ne reste plus de romain que le nom, vaine parure d’affranchis et d’hommes nouveaux qui, sous des princes dignes d’eux, exploitent le monde au gré de leurs vices.

Cécile est donc bien apparue à son heure, personnifiant avec une incomparable dignité la société qui va disparaître, son œuvre accomplie. Dans sa force et dans sa beauté, royalement ornée de la pourpre du martyre, c’est l’antique Rome s’élevant aux cieux glorieuse et fière, en face des césars parvenus dont la médiocrité jalouse achève par son immolation, sans en avoir conscience, l’exécution du plan divin. Ce sang des rois et des héros qui s’épanche à flots de sa triple blessure, est la libation du vieux patriciat au Christ vainqueur, à la Trinité dominatrice des nations ; c’est la consécration suprême qui nous révèle dans son étendue la vocation sublime des fortes races appelées à fonder Rome éternelle.

Mais qu’on ne croie pas que la fête de ce jour limite son objet à exciter en nous une admiration théorique et stérile [2]. L’Église reconnaît et honore dans sainte Cécile trois caractères dont la réunion la distingue souverainement au sein de cette admirable famille des Bienheureux qui resplendit au ciel, et en fait descendre les grâces et les exemples. Ces trois caractères sont : la virginité, le zèle apostolique, le courage surhumain qui lui a fait braver la mort et les supplices ; triple enseignement que nous apporte cette seule histoire chrétienne.

Dans ce siècle aveuglément asservi au culte du sensualisme, n’est-il pas temps de protester par les fortes leçons de notre foi contre un entraînement auquel échappent à peine les enfants de la promesse ? Depuis la chute de l’empire romain, vit-on jamais les mœurs, et avec elles la famille et la société, aussi gravement menacées ? La littérature, les arts, le luxe n’ont d’autre but, depuis longues années, que de proposer la jouissance physique comme l’unique terme de la destinée de l’homme ; et la société compte déjà un nombre immense de ses membres qui ne vivent plus que par les sens. Mais aussi malheur au jour où, pour être sauvée, elle croirait pouvoir compter sur leur énergie ! L’empire romain essaya aussi, et à plusieurs reprises, de soulever le fardeau de l’invasion ; il retomba sur lui-même et ne se releva plus.

Oui ; la famille elle-même, la famille surtout est menacée. Contre la reconnaissance légale, disons mieux, l’encouragement du divorce, il est temps qu’elle songe à sa défense. Elle n’y arrivera que par un seul moyen : en se réformant elle-même, en se régénérant d’après la loi de Dieu, en redevenant sérieuse et chrétienne. Que le mariage soit en honneur, avec toutes les chastes conséquences qu’il entraîne ; qu’il cesse d’être un jeu, ou une spéculation ; que la paternité et la maternité ne soient plus un calcul, mais un devoir sévère ; bientôt, par la famille, la cité et la nation auront repris leur dignité et leur vigueur.

Mais le mariage ne remontera à cette élévation qu’autant que les hommes apprécieront l’élément supérieur sans lequel la nature humaine n’est tout entière qu’une ignoble ruine ; cet élément céleste est la continence. Sans doute, tous ne sont pas appelés à l’embrasser dans sa notion absolue ; mais tous lui doivent hommage, sous peine d’être livrés au sens réprouvé, comme parle l’Apôtre [3].

C’est la continence qui révèle à l’homme le secret de sa dignité, qui trempe son âme pour tous les genres de dévouement, qui assainit son cœur, et relève son être tout entier. Elle est le point culminant delà beauté morale dans l’individu, et en même temps le grand ressort de la société humaine. Pour en avoir éteint le sentiment, l’ancien monde s’en allait en dissolution ; lorsque le fils de la Vierge parut sur la terre, il renouvela et sanctionna ce principe sauveur, et les destinées de la race humaine prirent un nouvel essor.

Les enfants de l’Église, s’ils méritent ce nom, goûtent cette doctrine, et elle n’a rien qui les étonne. Les oracles du Sauveur et de ses Apôtres leur ont tout révélé, et les annales de la foi qu’ils professent leur montrent en action, à chaque page, cette vertu féconde à laquelle tous les degrés de la vie chrétienne doivent participer, chacun dans sa mesure. Sainte Cécile n’offre à leur admiration qu’un exemple de plus. Mais la leçon est éclatante, et tous les siècles chrétiens l’ont célébrée. Que de vertus Cécile a inspirées, que de courages elle a soutenus, que de faiblesses son souvenir a prévenues ou réparées ! Car telle est la puissance de moralisation que le Seigneur a placée dans ses saints, qu’ils n’influent pas seulement par l’imitation directe de leurs héroïques vertus, mais aussi par les inductions que chaque fidèle est à même d’en tirer pour sa situation particulière.

Le second caractère que présente à étudier la vie de sainte Cécile est cette ardeur de zèle dont elle est demeurée l’un des plus admirables modèles, et nous ne doutons pas que sous ce rapport encore la leçon ne soit de nature à produire d’utiles impressions. L’insensibilité au mal dont nous n’avons pas à répondre personnellement, dont les résultats ne sont pas en voie de nous atteindre, est un des traits de l’époque ; on convient que tout s’en va, on assiste à la décomposition universelle, et l’on ne songe pas à tendre la main à son voisin pour l’arracher au naufrage. Où en serions-nous aujourd’hui, si le cœur des premiers chrétiens eût été aussi glacé que le nôtre ; s’il n’eût été pris de cette immense pitié, de cet inépuisable amour qui leur défendit de désespérer du monde, au sein duquel Dieu les avait déposés pour être le sel de la terre [4] ? Chacun alors se sentait comptable sans mesure du don qu’il avait reçu. Fût-il libre ou esclave, connu ou inconnu, tout homme était l’objet d’un dévouement sans bornes pour ces cœurs que la charité du Christ remplissait. Qu’on lise les Actes des Apôtres et leurs Épîtres, on apprendra sur quelle immense échelle fonctionnait l’apostolat dans ces premiers jours ; et l’ardeur de ce zèle fut longtemps sans se refroidir. Aussi les païens disaient : « Voyez comme ils s’aiment ! » Et comment ne se fussent-ils pas aimés ? Dans l’ordre de la foi, ils étaient fils les uns des autres.

Quelle tendresse maternelle Cécile ressentait pour les âmes de ses frères, par cela seul qu’elle était chrétienne ! A la suite de son nom, nous pourrions en enregistrer mille autres qui attestent que la conquête du monde par le christianisme et sa délivrance du joug des dépravations païennes, ne sont dues qu’à ces actes de dévouement opérés sur mille points à la fois, et produisant enfin le renouvellement universel. Imitons du moins en quelque chose ces exemples auxquels nous devons tout. Perdons moins de temps et d’éloquence à gémir sur des maux trop réels. Que chacun se mette à l’œuvre, et qu’il gagne un de ses frères-bientôt le nombre des fidèles aura dépassé celui des incroyants. Sans doute, ce zèle n’est pas éteint, il opère dans plusieurs, et ses fruits réjouissent et consolent l’Église ; mais pourquoi faut-il qu’il sommeille si profondément dans un si grand nombre de cœurs que Dieu lui avait préparés !

La cause en est, hélas ! à la froideur générale, produit de la mollesse des mœurs, et qui donnerait à elle seule le type de l’époque, s’il ne fallait encore y joindre un autre sentiment qui procède de la même source, et suffirait, s’il était de longue durée, à rendre incurable l’abaissement d’une nation. Ce sentiment est la peur, et l’on peut dire qu’il s’étend aujourd’hui aussi loin qu’il est possible. Peur de perdre ses biens ou ses places ; peur de perdre son luxe ou ses aises ; peur enfin de perdre la vie. Il n’est pas besoin de dire que rien n’est plus énervant, et partant plus dangereux pour ce monde, que cette humiliante préoccupation ; mais avant tout, il faut convenir qu’elle n’a rien de chrétien. Aurions-nous oublié que nous ne sommes que voyageurs sur cette terre, et l’espérance des biens futurs serait-elle donc éteinte dans nos cœurs ? Cécile nous apprendra comment on se défait du sentiment de la peur. Au temps où elle vécut, la vie était moins sûre qu’aujourd’hui. Alors on pouvait bien avoir quelque raison de craindre ; cependant on était ferme, et les puissants tremblèrent souvent à la voix de leur victime.

Dieu sait ce qu’il nous réserve ; mais si bientôt la peur ne faisait place à un sentiment plus digne de l’homme et du chrétien, la crise politique ne tarderait pas à dévorer toutes les existences particulières. Quoi qu’il arrive, l’heure est venue de rapprendre notre histoire. La leçon ne sera pas perdue, si nous arrivons à comprendre ceci : avec la peur, les premiers chrétiens nous eussent trahis, car la Parole de vie ne fût pas arrivée jusqu’à nous ; avec la peur, nous trahirions les générations à venir qui attendent de nous la transmission du dépôt que nous avons reçu de nos pères (1).

La Passio sanctœ Cœciliæ est indiquée par les plus anciens textes [5] au 16 septembre, et elle eut lieu sous Marc-Aurèle et Commode empereurs [6]. La grande fête du 22 novembre, précédée de sa Vigile, était l’une des plus solennelles du Cycle romain ; elle rappelait aux habitants des sept collines la dédicace de l’église élevée sur l’emplacement du palais consacré par le sang de la descendante des Metelli, et légué par Cécile mourante à l’évêque Urbain, représentant du Souverain Pontife Éleuthère. Urbain, confondu plus tard avec le Pape du même nom qui gouverna l’Église de Dieu au temps d’Alexandre Sévère, amena les légendaires à retarder d’un demi-siècle le martyre de la Sainte, comme on le voit encore aujourd’hui dans les leçons historiques du jour.

Selon toute vraisemblance, ce fut en l’année 178 que Cécile rejoignit Valérien au ciel d’où l’Ange du Seigneur était descendu peu de mois auparavant, dans la nuit des noces, apportant aux deux époux les couronnes où s’entrelaçaient les lis et les roses. Ensevelie par Urbain telle que l’avait laissée la mort, elle vit au commencement du siècle suivant la crypte de famille qui l’abritait donnée par les siens à l’Église romaine, et disposée pour la sépulture des Pontifes de cette Église maîtresse et mère. Paschal Ier la retrouvait près de ces tombes augustes au IX° siècle, et la ramenait triomphalement, le VIII mai 822, à sa maison du Transtévère qu’elle ne devait plus quitter désormais.

Le 20 octobre 1599, des travaux nécessités par la restauration de la basilique faisaient de nouveau reparaître Cécile aux yeux émerveillés de la Ville et du monde. Elle était revêtue de sa robe brochée d’or, sur laquelle on distinguait encore les traces glorieuses de son sang virginal ; à ses pieds reposaient les linges teints de la pourpre de son martyre. Étendue sur le côté droit, les bras affaissés en avant du corps, elle semblait dormir profondément. Le cou portait encore les cicatrices des plaies dont le glaive du licteur l’avait sillonné ; la tête, par une inflexion mystérieuse et touchante, était retournée vers le fond du cercueil. Le corps se trouvait dans une complète intégrité, et la pose générale, conservée par un prodige unique, après tant de siècles, dans toute sa grâce et sa modestie, retraçait avec la plus saisissante vérité Cécile rendant le dernier soupir, étendue sur le pavé de la salle du bain. On se croyait reporté au jour où le saint évêque Urbain avait renfermé dans l’arche de cyprès le corps de Cécile, sans altérer en rien l’attitude que l’épouse du Christ avait choisie pour exhaler son âme dans le sein de son Époux. On admirait aussi la discrétion de Paschal qui n’avait point troublé le repos de la vierge, et avait su conserver à la postérité un si grand spectacle [7].

Sfondrate, l’heureux cardinal-titulaire de Sainte-Cécile qui dirigeait les travaux, retrouva en outre dans la chapelle dite du Bain l’hypocauste et les soupiraux du sudatorium où la Sainte passa un jour et une nuit au milieu des vapeurs embrasées. De nouvelles fouilles entreprises récemment, et qui se poursuivent au moment où nous écrivons ces lignes, ont mis à jour d’autres restes de la patricienne demeure, que leur style doit faire reporter aux temps reculés de la République.

Tout l’ensemble des Antiennes et des Répons du 22 novembre (Voir les Matines) est emprunté aux Actes de la Sainte, et il reste le même après treize siècles qu’au temps de saint Grégoire. Nous en détachons quelques parties de nature à compléter le récit qui précède. La vierge nous y est tout d’abord montrée chantant à Dieu dans son cœur, au milieu des profanes accords du festin nuptial : silencieuse mélodie, supérieure à tous les concerts de la terre, qui inspira l’heureuse idée de représenter Cécile avec les attributs de la Reine de l’harmonie, et de l’acclamer comme la patronne du plus séduisant des arts.

[2] Les lignes qui précèdent résument la pensée de notre illustre Père et Maître, en Sainte Cécile et la Société romaine aux deux premiers siècles (Didot, 1874) ; nous ne croyons pouvoir mieux faire que d’emprunter textuellement ce qui suit à la Préface, toujours, hélas ! si actuelle, de sa première Histoire de sainte Cécile, Vierge romaine et Martyre (Lecoffre, 1849).

[3] Rom. 1, 28.

[4] Matth. 5, 13.

[5] Martyrologe hiéronymien.

[6] Actes primitifs.

[7] Dom Guéranger. Sainte Cécile et la Société rom., p. 496 (édition Didot).



Jean Michel Prosper Guérin. Sainte Cécile mourante entend un concert céleste

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Selon le martyrologe hiéronymien, le natale et passio sanctae Caeciliae tomberait le 16 septembre. Mais, comme ce jour est déjà occupé par les fêtes des saints Corneille et Cyprien et de la vierge Euphémie de Chalcédoine, l’usage s’établit de bonne heure d’en renvoyer la solennité au 22 novembre, jour anniversaire de la dédicace du titulus Caeciliae au Transtévère. Tel est l’état liturgique révélé pour Rome par le Sacramentaire Léonien où, le 22 novembre, sous ce titre : in natali sanctae Caeciliae, nous trouvons cinq différents textes de messes. Une si grande richesse et une telle magnificence de formules témoignent de la faveur dont jouissait le culte de la martyre à Rome, où, au Ve siècle, le Pape lui-même célébrait en ce jour la messe stationnale dans la basilique du Transtévère. Cette indication locale nous est attestée par le biographe du pape Vigile dans le Liber Pontificalis, qui décrit la capture du Pontife par les soldats de Justinien, à l’occasion de l’affaire des Trois Chapitres, au moment même où Vigile, le 22 novembre 538, célébrait la synaxe stationnale dans le Titulus Caeciliae, à proximité de la rive du Tibre.

Le Pape fut donc entraîné dans une barque ; mais comme, après la Communion, il n’avait pas encore récité la dernière formule de bénédiction ou oratio super populum, les fidèles protestèrent bruyamment, demandant qu’on donnât au moins au Pontife le temps de laisser à Rome sa bénédiction. Il fallut bien y consentir, et Vigile récita, de la barque même, l’oratio super populum qui était réclamée ; après quoi, les fidèles ayant répondu amen, les rameurs commencèrent à voguer, et la barque s’éloigna rapidement du rivage.

Le titulus Caeciliae, érigé dans la maison de Valérien, où Cécile souffrit le martyre, apparaît dans les listes des titres romains en 499. Il s’élève sur une antique domus romaine, et à cet égard les actes de sainte Cécile ont trouvé, dans les fouilles exécutées sous le pavement de la basilique, une imposante confirmation topographique. La date du martyre de sainte Cécile est encore sujette à controverse, mais nous croyons qu’on peut l’assigner à la fin du IIIe siècle, du fait que le titre transtévérin fut appelé de son nom et qu’à Rome on en célébrait la dédicace le 22 novembre.

La dépouille ensanglantée de la martyre fut primitivement déposée dans le cimetière de Callixte, près de la crypte papale ; mais en 821 Paschal Ier la transporta dans la basilique du Transtévère, où, maintenant encore, on la vénère à côté de celles de Valérien, époux de Cécile, et de Tiburce, frère de Valérien, convertis par elle à la foi. En 1599 on fit la reconnaissance du corps de Cécile et on le trouva desséché mais intact e.t vêtu ; à ses pieds étaient plies les linges qui avaient servi jadis à recueillir son sang durant les dernières heures de sa terrible agonie.

La première lecture est empruntée à l’Ecclésiastique (Eccli. 51, 13-17.), et fait allusion au titulus où Cécile subit le martyre. « Seigneur, dit la martyre, vous avez glorifié mon habitation terrestre, alors que, dans l’épreuve et le danger suprême, je vous ai invoqué. J’élevai alors vers vous mon cri, et vous m’avez retirée du milieu des impies, en sorte que mon âme s’est échappée d’entre leurs mains. En leur pouvoir ne demeura, semblable à un vêtement inutile, que ma froide dépouille mortelle. »

« Dico autem vobis amicis meis ne terreamini ab his qui occidunt corpus et post haec non habent amplius quod faciant », ajoute le saint Évangile : « Je vous dis donc à vous, qui êtes Mes amis : Ne craignez point ceux qui tuent le corps, et qui, après cela, ne peuvent rien faire de plus. » (Luc 12,4)

Le graduel est tiré du psaume 44 qui traite du chaste hyménée entre le Christ-Messie et l’Église.

V/. Écoutez, ma fille, voyez et prêtez l’oreille, car le roi s’est épris de votre beauté.V/. Avec votre gloire et votre majesté, avancez, marchez victorieusement et régnez.

On ne recommandera jamais trop aux âmes consacrées au Seigneur le recueillement et la générosité. Pour entendre l’appel de l’Époux, il est nécessaire de prêter l’oreille, faisant taire toute autre chose alentour. Mais il ne suffit pas d’entendre seulement l’inspiration divine, il faut aussi la seconder, et c’est pourquoi le Psalmiste dit : Audi, filia, et vide, et inclina aurem tuam, Écoutez, ma fille, voyez et prêtez l’oreille. C’est de ce verset même du psaume 44 que, au VIème siècle, saint Benoît, le patriarche des moines d’Occident, est parti pour dessiner, en soixante-douze chapitres, la Règle de la vie monastique : Obsculta, o fili, praecepta Magistri, et inclina aurem cordis tui, Écoutez, o fils, les préceptes du Maître voyez et prêtez l’oreille de votre cœur.

Secrète : « Nous vous en supplions, Seigneur, faites que votre bienheureuse Vierge et Martyre Cécile intercédant pour nous, cette hostie de propitiation et de louange nous rende toujours dignes de votre miséricorde. »

Nous trouvons indiquées dans cette collecte les fins principales pour lesquelles on offre le Sacrifice eucharistique. Celui-ci est avant tout une oblation placationis, c’est-à-dire ayant vraiment pour effet de satisfaire à la justice de Dieu, et laudis, c’est-à-dire un vrai et parfait sacrifice d’adoration. Il nous rend de plus en plus dignes de la divine propitiation, ce qui revient à dire qu’il possède une valeur propitiatoire et impétratoire souveraine, égale à la valeur et à la dignité de la Victime immolée.

Dans l’inscription métrique dont Paschal Ier accompagna sa mosaïque absidale du titulus Caeciliae, les vers suivants méritent d’être signalés :

AVREA • GEMMATIS • RESONANT • HAEC • DINDIMA • TEMPLI

LAETVS • AMORE • DEI • HIC • CONIVNXIT • CORPORA • SANCTA

CAECILIAE • ET • SOCIIS • RVTILAT • HIC • FLORE • IVVENTVS

QVAE • PRIDEM • IN • CRYPTIS • PAVSABANT • MEMBRA • BEATA

ROMA • RESVLTAT • OVANS • SEMPER • ORNATA • PER • AEVVM

Il resplendit d’or et de pierres précieuses, l’intérieur du temple

où (Paschal Ier) embrasé du divin amour réunit les saints corps

de Cécile et de ses compagnons, tels des fleurs d’une splendide jeunesse.

Leurs membres sacrés reposaient naguère dans l’obscurité des cryptes,

mais maintenant Rome s’en pare et elle s’en réjouit à travers les siècles.



Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Sainte Cécile, “L’épouse de Dieu ”

Sainte Cécile est l’une des vierges martyres les plus honorées par la primitive Église Romaine (son nom figure au canon de la messe). Dès le IVe siècle, Rome possédait l’église Sainte Cécile au Transtevere, où reposent aujourd’hui ses restes. Elle fut martyrisée au temps de l’empereur Alexandre Sévère, en 230 environ. En 1599, on ouvrit son tombeau et l’on trouva le corps de la sainte dans un cercueil de cyprès. Le corps y était couché intact, comme si l’âme s’en était envolée à l’instant. Étienne Maderna, qui le vit plus d’une fois, en a sculpté une statue d’après nature. — Sainte Cécile est honorée depuis le Moyen Age comme patronne de la musique religieuse, ce qui provient d’une fausse interprétation d’un passage de son office (cantantibus organis). L’office très poétique du bréviaire comporte des antiennes et répons historiques dont le texte est emprunté au récit du martyre de la sainte.

Vie de la sainte d’après les antiennes et répons du bréviaire et l’antique “Passio” : Sainte Cécile mena une vie de prière et de contemplation. “La glorieuse vierge portait toujours l’Évangile du Christ sur sa poitrine et ne cessait ni jour ni nuit de s’entretenir avec Dieu et de le prier ; elle priait le Seigneur les mains levées vers lui et son cœur brûlait du feu céleste” (3e répons). Sous ses vêtements elle portait un cilice : “Elle domptait ses membres avec un cilice et implorait Dieu avec gémissements” (4e répons). Elle avait fait le vœu de virginité. Un jeune homme, nommé Valérien, espérait, avec l’assentiment de ses parents, pouvoir l’épouser. Tout était prêt pour le mariage ; “tandis que les instruments de musique jouaient, Cécile chantait dans son cœur au Seigneur : Gardez mon cœur immaculé afin que je ne sois pas confondue” (Ps. 118, 80). “Pendant les deux ou trois derniers jours elle pria en jeûnant et confia au Seigneur les craintes de son cœur” (1er répons). La nuit des noces approchant, elle confia un secret à Valérien : “Il y a un secret que je veux te dire : Un ange de Dieu m’aime, qui garde mon corps avec un grand soin” (Ant. de Magn. aux 1ères vêpres). Valérien promit qu’il croirait au Christ s’il pouvait voir cet ange. Cécile lui expliqua que c’était impossible tant qu’il ne serait pas baptisé. Valérien se déclara prêt à recevoir le baptême. Cécile l’envoya avec un signe de reconnaissance au pape Urbain qui se tenait caché dans les catacombes. Valérien rencontra les pauvres, les protégés des saints : “Cécile m’envoie à vous afin que vous me montriez le saint évêque ; j’ai à lui faire part d’un secret. Alors Valérien continua son chemin et, à l’aide du signe qu’il avait reçu, il trouva saint Urbain” (8e répons). Le pape remercia Dieu à genoux de la semence qui portait maintenant ses fruits en Cécile : “Seigneur Jésus-Christ, bon Pasteur, semeur d’un chaste dessein, recevez les fruits de la semence que vous avez semée en Cécile. Votre servante Cécile vous sert, telle une laborieuse abeille ; car, l’époux qu’elle a reçu comme un lion féroce, elle l’a conduit à vous comme un doux agneau” (6e répons). Puis il baptisa Valérien. Lorsque celui-ci fut de retour, “il trouva Cécile en prière dans sa chambre et l’ange du Seigneur debout à côté d’elle. A sa vue, Valérien fut saisi d’une grande frayeur” (5e répons). L’ange leur présenta à tous deux une couronne de roses, rouges comme le feu et blanches comme la neige, venant du paradis, en récompense de leur amour pour la chasteté, couronne qui ne doit pas connaître la souillure et qui n’est visible qu’aux amants de la chasteté. Valérien put alors exprimer un souhait en demandant à l’ange de l’exaucer : il demanda la conversion de son frère Tiburce. Lorsque Tiburce se présenta pour offrir ses vœux aux nouveaux époux, il fut frappé par un parfum inexplicable de roses et de lis. Il en apprit le motif et se fit également baptiser. “Sainte Cécile dit à Tiburce : Je te reconnais aujourd’hui pour mon beau-frère, car l’amour de Dieu t’a fait mépriser les idoles ; de même que l’amour de Dieu m’a donné ton frère pour époux, ainsi il t’a donné à moi comme beau-frère” (7e répons). Le préfet Almachius apprit alors la conversion des deux frères et les fit arrêter et amener dans l’espoir qu’ils sacrifieraient à Jupiter. Leur martyre fut encore précédé de la conversion de Maxime et de sa famille, qui furent baptisés dans la nuit. Le matin, Cécile invita les deux frères à combattre héroïquement pour le Christ : “quand l’aurore toucha à sa fin, Cécile s’écria : Courage, soldats du Christ, rejetez les vêtements des ténèbres et revêtez-vous de l’armure de lumière” (le choix de cette antienne de Benedictus est typique ; elle s’adresse aussi à nous dans la bouche des saints). Alors le préfet instrumenta contre Cécile ; ses biens furent confisques ; mais les soldats eux aussi se convertirent : “Nous croyons que le Christ est vraiment le Fils de Dieu, lui qui s’est choisi une pareille servante” (Ant.). Conduite devant le préfet, elle confessa le Christ : “Nous confessons son saint nom et nous ne le renions pas” (Ant.). Pour éviter tout scandale, le préfet donna l’ordre de l’ébouillanter dans un bain ; elle en sortit intacte : “Je vous remercie, Père de mon Seigneur Jésus-Christ, de ce que par votre Fils vous avez éteint le feu autour de moi” (Ant.). Il fallut la décapiter. Le bourreau lui donna trois coups (un quatrième n’était pas permis par la loi) et la laissa, baignant dans son sang. Elle vécut encore trois jours, encourageant les malheureux, et consacra sa maison comme église au service de Dieu : “J’ai demandé au Seigneur trois jours de répit pour consacrer ma maison à l’usage d’église” (Ant.).




Sainte Cécile de Rome

Vierge romaine (+ 230)

Nous savons peu de chose sur cette grande figure de l'hagiographie féminine. L'histoire nous assure qu'elle appartenait à une grande famille romaine: les "Cecilii", qu'elle était Chrétienne, qu'elle aidait les premiers Papes de ses deniers et que, lorsque son époux se convertit, ils donnèrent à l'Église un terrain devenu cimetière: les catacombes de Saint Calixte où elle eut le privilège d'être enterrée au milieu des Papes.

Au IXe siècle, ses reliques furent transférées dans une église romaine proche du Tibre: Sainte Cécile au Transtévère.

Hors de là, ce ne sont qu'embellissements d'une poétique admiration. La Cécile légendaire, promue vierge et martyre, a suppléé la Cécile historique, dame romaine opulente et donatrice secourable qui "chantait dans son cœur la Gloire de Dieu."

Ce qui, en passant, est une belle référence pour tous ceux qui, chanteurs et chanteuses, veulent se mettre sous son patronage.

Sainte Cécile est titulaire de l’église Cathédrale et patronne principale du diocèse d'Albi. (Les saints de chez nous - diocèse d'Albi - Tarn)

"Selon la tradition, elle fut fiancée à un jeune homme prénommé Valérien, qu’elle convertit au Christianisme. Ayant refusé d’honorer les divinités romaines, ils souffrirent tous deux le martyre aux alentours de l’an 220; Tiburce, le beau-frère de Cécile, fut également martyrisé." Sainte Cécile dans les peintures de la voûte de la cathédrale.

La dévotion du monde Chrétien envers la sainte n’a pas cessé de se maintenir. Son nom figure au premier canon de la messe. Elle est devenue la patronne des musiciens. (Diocèse aux Armées françaises)

Depuis l’antiquité, à Rome, un titre d’église au Transtévère porte son nom, sa tombe est vénérée au cimetière de Calliste sur la voie Appienne et son culte s’est répandu dans toute l’Église grâce au récit de sa Passion, montrant en elle un exemple parfait de femme Chrétienne qui a embrassé la virginité et subi le martyre pour l’Amour du Christ.
Martyrologe romain.

O Sainte bien-aimée, je contemple ravie, Le sillon lumineux qui demeure après toi. Je crois entendre encore ta douce mélodie. Oui, ton céleste chant arrive jusqu’à moi.

Sainte Thérèse de Lisieux - Poésie en l’honneur de Sainte Cécile.

SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/18/Sainte-Cecile-de-Rome.html


Le tombeau de Sainte-Cécile à Rome, Basilica di Santa Cecilia in Trastevere

L'inscription en latin devant le tombeau mentionne : "Ci-gît la dépouille de la très sainte vierge Cécile, que j'ai vu de mes yeux reposer intacte dans sa tombe. J'ai représenté pour vous dans ce marbre la sainte dans l'attitude exacte telle qu'elle m'est apparue"

Retrouvé intact, le corps de sainte Cécile est inscrit dans le marbre

 Caroline Becker | 21 novembre 2018

Sous l’autel de l’église Sainte-Cécile de Trastevere (Rome), une délicate sculpture de la jeune martyre Cécile constitue le chef-d’œuvre de Stefano Maderno.

Célébrée le 22 novembre par l’Église catholique, sainte Cécile a connu un destin tragique. Exécutée durant les premiers siècles du christianisme en raison de son refus d’honorer les dieux païens et de rester fidèle au Christ, elle subit d’atroces supplices avant de finir égorgée.
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Un corps parfaitement conservé

Retrouvée en 821 dans les catacombes de Saint-Calixte (Rome), sa dépouille est transférée dans le quartier Trastevere où une basilique est construite pour l’y accueillir. Le pape Pascal Ier avait vu apparaître en songe sainte Cécile lui indiquant l’emplacement de son tombeau. Son cercueil avait alors été placé sous l’autel là où il demeure toujours. En 1599, le corps de sainte Cécile est exhumé à l’occasion de fouilles. L’émerveillement est total : son corps est, d’une part, parfaitement conservé mais il a gardé sa position d’origine, comme le jour de son exécution.

Le sculpteur romain, Stefano Maderno (1576-1636), présent lors de l’exhumation, reste subjugué par cette découverte. Il exécute alors le chef-d’œuvre qui assoira sa réputation : une reproduction fidèle en marbre blanc du corps de sainte Cécile. Cette réalisation lui valut d’ailleurs son élection à l’Accademia di San Luca en 1607, la plus prestigieuse association des artistes de Rome fondée en 1577.

Du maniérisme tardif à l’avènement du baroque

La position de la sainte est étonnante. Allongée sur le côté, le visage tourné vers le sol, son corps alangui, enveloppé dans une tunique aux plis délicats, témoigne de la souffrance de son martyre. Sur son cou, la ligne profonde rappelle la violence de sa mort, la gorge tranchée par un couteau. Autre détail d’importance : ses mains liées dont la position n’est pas anodine. Sa main droite, dont les deux derniers doigts sont repliés, indique le chiffre trois, symbole de la Trinité. Un détail discret qui rappelle subtilement la foi ardente qui l’a amenée jusqu’au supplice.
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À cheval entre l’art maniériste et baroque, les sculptures de Maderno, inspirées des canons antiques, connurent un succès retentissant qui fut malheureusement de courte durée. Éclipsé par le génie éclatant et sans égal de Bernin qui ouvrait la porte du baroque, Maderno décide de renoncer à son métier de sculpteur et accepte une situation de douanier. Malgré cette infortune, il laisse, dans de nombreuses églises de Rome, quelques témoignages de son talent, comme les statues de saint François-Xavier et saint Charles Borromée à San Lorenzo in Damasó.
Découvez les pires supplices des saints martyrs en cliquant sur le diaporama :




St. Cecilia

Virgin and martyr, patroness of church music, died at Rome.

This saint, so often glorified in the fine arts and in poetry, is one of the most venerated martyrs of Christian antiquity. The oldest historical account of St. Cecilia is found in the "Martyrologium Hieronymianum"; from this it is evident that her feast was celebrated in the Roman Church in the fourth century. Her name occurs under different dates in the above-mentioned martyrology; its mention under 11 August, the feast of the martyr Tiburtius, is evidently a later and erroneous addition, due to the fact that this Tiburtius, who was buried on the Via Labicana, was wrongly identified with Tiburtius, the brother-in-law of St. Cecilia, mentioned in the Acts of her martyrdom. Perhaps also there was another Roman martyr of the name of Cecilia buried on the Via Labicana. Under the date of 16 September Cecilia is mentioned alone, with the topographical note: "Appiâ viâ in eâdem urbe Româ natale et passio sanctæ Ceciliæ virginis (the text is to be thus corrected). This is evidently the day of the burial of the holy martyr in the Catacomb of Callistus. The feast of the saint mentioned under 22 November, on which day it is still celebrated, was kept in the church in the Trastevere quarter at Rome, dedicated to her. Its origin, therefore, is to be traced most probably to this church. The early medieval guides (Itineraria) to the burial-places of Roman martyrs point out her grave on the Via Appia, next to the crypt of the Roman bishops of the third century (De Rossi, Roma sotterranea, I, 180-181). De Rossi located the burial-place of Cecilia in the Catacomb of Callistus in a crypt immediately adjoining the crypt or chapel of the popes; an empty niche in one of the walls contained, probably, at one time the sarcophagus with the bones of the saint. Among the frescoes of a later time with which the wall of the sepulchre are adorned, the figure of a richly-dressed woman appears twice and Pope Urban, who was brought personal into close relation with the saint by the Acts of her martyrdom, is depicted once. The ancient titular church of Rome, mentioned above was built as early as the fourth century and is still preserved in the Trastevere. This church was certainly dedicated in the fifth century to the saint buried on the Via Appia; it is mentioned in the signatures of the Roman Council of 499 as "titulus sanctae Caeciliae" (Mansi, Coll, Conc. VIII, 236). Like some other ancient Christian churches of Rome, which are the gifts of the saints whose names they bear, it may be inferred that the Roman Church owes this temple to the generosity of the holy martyr herself; in support of this view it is to be noted that the property, under which the oldest part of the true Catacomb of Callistus is constructed, belonged most likely, according to De Rossi's researches, to the family of St. Cecilia (Gens Caecilia), and by donation passed into the possession of the Roman Church. Although her name is not mentioned in the earliest (fourth century) list of feasts (Depositio martyrum), the fact that in the "Sacramentarium Leoniam", a collection of masses completed about the end of the fifth century, are found no less than five different masses in honour of St. Cecilia testifies to the great veneration in which the saint was at that time held in the Roman Church ["Sacram. Leon.", ed. Muratori, in "Opera" (Arezzo, 1771), XIII, I, 737, sqq.].

About the middle of the fifth century originated Acts of the martyrdom of St. Cecilia which have been transmitted in numerous manuscripts; these acts were also translated into Greek. They were utilized in the prefaces of the above-mentioned masses of the "Sacramentarium Leonianum". They inform us, that Cecilia, a virgin of a senatorial family and a Christian from her infancy, was given in marriage by her parents to a noble pagan youth Valerianus. When, after the celebration of the marriage, the couple had retired to the wedding-chamber, Cecilia told Valerianus that she was betrothed to an angel who jealously guarded her body; therefore Valerianus must take care not to violate her virginity. Valerianus wished to see the angel, whereupon Cecilia sent him to the third milestone on the Via Appia where he should meet Bishop (Pope) Urbanus. Valerianus obeyed, was baptized by the pope, and returned a Christian to Cecilia. An angel then appeared to the two and crowned them with roses and lilies. When Tiburtius, the brother of Valerianus, came to them, he too was won over to Christianity. As zealous children of the Faith both brothers distributed rich alms and buried the bodies of the confessors who had died for Christ. The prefect, Turcius Almachius, condemned them to death; an officer of the prefect, Maximus, appointed to execute this sentence, was himself converted and suffered martyrdom with the two brothers. Their remains were buried in one tomb by Cecilia. And now Cecilia herself was sought by the officers of the prefect. Before she was taken prisoner, she arranged that her house should be preserved as a place of worship for the Roman Church. After a glorious profession of faith, she was condemned to be suffocated in the bath of her own house. But as she remained unhurt in the overheated room, the prefect had her decapitated in that place. The executioner let his sword fall three times without separating the head from the trunk, and fled, leaving the virgin bathed in her own blood. She lived three days, made dispositions in favour of the poor, and provided that after her death her house should be dedicated as a church. Urbanus buried her among the bishops and the confessors, i.e. in the Catacomb of Callistus.

In this shape the whole story has no historical value; it is a pious romance, like so many others compiled in the fifth and sixth century. The existence of the aforesaid martyrs, however, is a historical fact. The relation between St. Cecilia and Valerianus, Tiburtius, and Maximus, mentioned in the Acts, has perhaps some historical foundation. These three saints were buried in the Catacomb of Praetextatus on the Via Appia, where their tombs are mentioned in the ancient pilgrim Itineraria. In the "Martyrologium Hieronymianum" their feast is set down under 14 April with the note: "Romae via Appia in cimiterio Prætextati"; and the octave under 21 April, with the comment: "Rome in cimiterio Calesti via Appia". In the opinion of Duchesne the octave was celebrated in the Catacomb of Callistus, because St. Cecilia was buried there. If, therefore, this second notice in the martyrology is older than the aforesaid Acts, and the latter did not give rise to this second feast, it follows that before the Acts were written this group of saints in Rome was brought into relation with St. Cecilia. The time when Cecilia suffered martyrdom is not known. From the mention of Urbanus nothing can be concluded as to the time of composition of the Acts; the author without any authority, simply introduced the confessor of this name (buried in the Catacomb of Praetextatus) on account of the nearness of his tomb to those of the other martyrs and identified him with the pope of the same name. The author of the "Liber Pontificalis" used the Acts for his notice of Urbanus. The Acts offer no other indication of the time of the martyrdom. Venantius Fortunatus (Miscellanea, 1, 20; 8,6) and Ado (Martyrology, 22 November) place the death of the saint in the reign of Marcus Aurelius and Commodus (about 177), and De Rossi tried to prove this view as historically the surest one. In other Western sources of the early Middle Ages and in the Greek "Synaxaria" this martyrdom is placed in the persecution of Diocletian. P.A. Kirsch tried to locate it in the time of Alexander Severus (229-230); Aubé, in the persecution of Decius (249-250); Kellner, in that of Julian the Apostate (362). None of these opinion is sufficiently established, as neither the Acts nor the other sources offer the requisite chronological evidence. The only sure time indication is the position of the tomb in the Catacomb of Callistus, in the immediate proximity of the very ancient crypt of the popes, in which Urbanus probably, and surely Pontianus and Anterus were buried. The earliest part of this catacomb dates at all events from the end of the second century; from that time, therefore, to the middle of the third century is the period left open for the martyrdom of St. Cecilia.

Her church in the Trastevere quarter of Rome was rebuilt by Paschal I (817-824), on which occasion the pope wished to transfer thither her relics; at first, however, he could not find them and believed that they had been stolen by the Lombards. In a vision he saw St. Cecilia, who exhorted him to continue his search, as he had already been very near to her, i.e. near her grave. He therefore renewed his quest; and soon the body of the martyr, draped in costly stuffs of gold brocade and with the cloths soaked in her blood at her feet, was actually found in the Catacomb of Prætextatus. They may have been transported thither from the Catacomb of Callistus to save them from earlier depredations of the Lombards in the vicinity of Rome. The relics of St. Cecilia with those of Valerianus, Tiburtius, and Maximus, also those of Popes Urbanus and Lucius, were taken up by Pope Paschal, and reburied under the high altar of St. Cecilia in Trastevere. The monks of a convent founded in the neighbourhood by the same pope were charged with the duty of singing the daily Office in this basilica. From this time the veneration of the holy martyr continued to spread, and numerous churches were dedicated to her. During the restoration of the church in the year 1599 Cardinal Sfondrato had the high altar examined and found under it the sarcophagi, with the relics of the saints, that Pope Paschal had transported thither. Recent excavations beneath the church, executed at the instigation and expense of Cardinal Rampolla, disclosed remains of Roman buildings, which have remained accessible. A richly adorned underground chapel was built beneath the middle aisle, and in it a latticed window, opening over the altar, allows a view of the receptacles in which the bones of the saints repose. In a side chapel of the church there have long been shown the remains of the bath in which, according to the Acts, Cecilia was put to death.

The oldest representations of St. Cecilia show her in the attitude usual for martyrs in the Christian art of the earlier centuries, either with the crown of martyrdom in her hand (e.g. at S. Apollinare Nuovo in Ravenna, in a sixth-century mosaic) or in the attitude of prayer, as an Orans (e.g. the two sixth and seventh-century pictures in her crypt). In the apse of her church in Trastevere is still preserved the mosaic made under Pope Paschal, wherein she is represented in rich garments as patroness of the pope. Medieval pictures of the saint are very frequent; since the fourteenth and fifteenth centuries she is given the organ as an attribute, or is represented as playing on the organ, evidently to express what was often attributed to her in panegyrics and poems based on the Acts, viz., that while the musicians played at her nuptials she sang in her heart to God only ("cantantibus organis illa in corde suo soi domino decantabat"); possibly the cantantibus organis was erroneously interpreted of Cecilia herself as the organist. In this way the saint was brought into closer relation with music. When the Academy of Music was founded at Rome (1584) she was made patroness of the institute, whereupon her veneration as patroness of church music in general became still more universal; today Cecilian societies (musical associations) exist everywhere. The organ is now her ordinary attribute; with it Cecilia was represented by Raphael in a famous picture preserved at Bologna. In another magnificent masterpiece, the marble statute beneath the high altar of the above-mentioned church of St. Cecilia at Rome, Carlo Maderna represented her lying prostrate, just as she had received the death-blow from the executioner's hand. Her feast is celebrated in the Latin and the Greek Church on 22 November. In the "Martyrologium Hieronymainum" are commemorated other martyrs of this name, but of none of them is there any exact historical information. One suffered martyrdom in Carthage with Dativus in 304.

Sources

MOMBRITIUS, Sanctuarium, I, 186 sqq.; BOSIO, Atti di S. Cecilia (Rome, 1600); SURIUS, De vitis Sanctorum (Venice, 1581), VI, 161 sqq.; LADERCHI, S. Caciliae virg. et mart. acta ac transtiberina basilica (Rome, 1722); BOLLANDISTS ed., Bibliotheca hagiographica latina (Brussels, 1898-99), I, 224; SIMEON METAPHRASTES, in P.G., CXVI; BARONIUS, Annales, ad an. 821, 15 xv (the spurious document of Pope Paschal I); BOLLANDISTS ed., Synaxarium Constatinopolitanum (Brussels, 1902), 243; Liber Pontificalis, ed. DUCHESNE, I, xciii sq., 143, and II, 55-57, 65; TILLEMONT, Hist. eccles., III, 259 sqq.; De Rossi, Roma Sotterranea, II, xxxii sq.; GUERANGER, Histoire de Ste Cecile (Paris 1849; 2nd ed., 1852); IDEM, Ste Cecile et la societe romaine (Paris, 1878); MORSE, BIRKS, and HOLE, in Dict. of Christian Biog., s.v.; AUBE, Les chrétiens dans l'empire romain (2nd ed., Paris, 1881), 352 sqq.; ALLARD, Histoire des persecutions, I, 427 sqq.; ERBES, Die heilige Cacilia im Zusammenhang mit der Papstcrypta sowie der altesten Kirche Roms, in Zeitschrift fur Kirchengeschichte, IX, 1888, 1 sqq.; P.A. KIRSCH, Die heilge Cacilia, Jungfrau und Martyrin (Ratisbon, 1901); IDEM, Das Todesjahr der heiligen Cacilia, in Stromation Archaiologikon (Rome, 1900), 42-77; KELLNER, Das wahre Zeitalter der heil. Cacilia, in Theologische Quartalschrift (Tübingen, 1902), 237 sqq.; (1903), 321 sqq.; (1905), 258 sqq.; DUFOURCQ, Les Gesta martyrum romains (Paris, 1900), 116 sqq., 293 sqq.; MARUCCHI, Basiliques et eglises de Rome (Rome, 1902), 438 sqq.; BIANCHI-CAGLIESI, S. Cecilia e sua basilica (Rome, 1902); DETZEL, Christl. Ikonographie (Freiburg im Br., 1896), 220 sqq.; ROHAULT DE FLEURY, Les saints de la Messe, I, pl, 16-17; P. SIXTUS, Elucubrationes historico-liturgicae de recenti quadem sententia circa aetatem S. Caeciliae martyris, in Ephemerides liturgicae (Rome, Sept.-Oct. 1907). See also the accounts in BUTLER, Lives of the Saints, 22 November.

Kirsch, Johann Peter. "St. Cecilia." The Catholic Encyclopedia. Vol. 3. New York: Robert Appleton Company, 1908. 22 Nov. 2015 <http://www.newadvent.org/cathen/03471b.htm>.

SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/03471b.htm


St. Cecilia

Saint Cecilia is said to have heard heavenly music inside her heart when she was forced to marry the pagan, Valerian. A wealth of music, art and festivals in honor of St. Cecilia has grown from this little bit of information from her biography. She is the acclaimed patron saint of music, especially church music, as well as that of musicians, composers, instrument makers and poets. The name Cecilia means blind and so, although we don’t know if she herself couldn’t see, she is also the Catholic patron saint of the blind.

It is believed that St. Cecilia was born in the 2nd or 3d century A.D., although the dates of her birth and martyrdom are unknown. A religious romance telling the love story of Saint Cecilia and Valerian appeared in Greece during the 4th century A.D., and there is a biography of St Cecilia dating from the 5th century A.D.

She is purported to have been the daughter of a wealthy Roman family, a Christian from birth, who was promised in marriage to a pagan named Valerian. Cecilia, however, had vowed her virginity to God, and wore sackcloth, fasted and prayed in hopes of keeping this promise. Saint Cecilia disclosed her wishes to her husband on their wedding night. She told Valerian that an angel watched over her to guard her purity. He wanted to see the angel, so St. Cecilia sent him to Pope Urban(223-230). Accounts of how and when Valerian saw the angel vary, but one states that he was baptized by the Pope, and, upon his return to Saint Cecilia, they were both given heavenly crowns by an angel. Another version recounts that Tibertius, Valerian’s brother, sees the crowns and he too is converted.

The two brothers then make it their mission to bury Christian martyrs put to death by the prefect of the city. In turn, they were brought in front of the prefect and sentenced to death by the sword. Cecilia, in the meantime, continued to make many conversions, and prepared to have her home preserved as a church at her death.

Finally, she too was arrested and brought before the prefect. He ruled that she should die by suffocation in the baths. Saint Cecilia was locked into the bathhouse and the fires vigorously stoked. She remained there for a day and a night but was still alive when the soldiers opened the doors. She was then ordered beheaded, but the executioner, after striking three times without severing St Cecilia’s head, ran away, leaving her badly wounded.

St. Cecilia hung onto life for three days after the mortal blows, preaching all the while. She made many more conversions and people came to soak up her flowing blood with sponges and cloths. There exists in Rome a church in St. Cecilia’s honor that dates from about the fifth century. Her relics were believed to have been found by Pope Paschal I in 821 A.D., in the cemetery of St. Celestas. These remains were exhumed in 1599, when Cardinal Paul Emilius Sfondrati rebuilt the church of St. Cecilia, and said to be incorrupt.

St. Cecilia’s following flourished during the Middle Ages in Europe. Songs were sung in her name, poetry was written, paintings with St. Cecilia as the subject were created, and her feast day, on November 22 was happily celebrated. She continued to be a popular topic for the arts well into the 18th century. Hans Memling, in 1470, painted St. Cecilia playing the organ at the mystical marriage of Catherine of Alexandria. In 1584 she was named patroness of the academy of music founded in Rome. Raphael painted her at Bologna, Rubens at Berlin and Domenichino in Paris. Chaucer commemorates her in his Second Nun’s Tale and Handel set John Dryden’s “Ode to Saint Ceclia” to music in 1736. Never was so much made of such a tiny bit of pseudo-biographical information. St. Cecilia, said to have heard heavenly music at one moment of her life, became the patroness of all western music. Even the Andrews sisters, in 1941, recorded a song, “The Shrine of St. Cecilia.”

In art, Saint Cecilia is typically depicted at the organ, the traditional instrument of the Catholic Church, sometimes with angelic hosts gathered around her. St. Cecilia societies still flourish around the world, often sponsoring musical events and contests. In fact, anyone involved with Church music will know of the feast day of Saint Cecilia and what it represents. Prayers to her ask God’s blessings on musicians and the hymns they proclaim to Him. Musician or not in her real life, St. Cecilia, by her devout, musical followings has certainly earned the right to be called the patroness of music.

SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/saint-cecilia/



Cecilia of Rome VM (RM)

(also known as Caecilia, Celia, Cecily)



2nd-3rd century (?). Cecilia is another of the problem saints, though greatly revered from a very early time. Her name is even mentioned in the canon of the first Eucharistic Prayer together with several other saints with questionable elements in their stories.


First: "Cecilia, though wedded, according to Roman law, to a nobleman by the name of Valerian, is always listed as a virgin, as well as a martyr, because her husband respected her private vow to become the bride of Christ and never exercised his marital rights" (Keyes).

Second: The Latin of first words of antiphon at Lauds on her feast day are `cantantibus organis,' so since the 16th century she is depicted as playing an organ and is the patron of church music and musicians. But it means music made in her heart to God at her wedding to Valerian, not that she herself played her own wedding music on the organ. The image is particularly anachronistic because she would not be playing the pipe organ with which we are familiar but an instrument similar to a calliope, which the early Christians would have associated with the Roman circus and spectacles. Therefore, she would have been more likely to trample such an instrument underfoot than to play it.

Third: She is commonly listed as a martyr, but there is no evidence of her martyrdom in Rome.

Cecilia is not mentioned in the early Deposito Martyrum of the 4th century, nor any of the early saints who were especially interested in the martyrs (e.g., Saints Ambrose, Jerome, Damasus, and Prudentius). The first mentioned of her name comes about the year 545 when the Passion of Saint Cecilia was written. The author of her Life may be an African refugee who came to Rome c. 488. He uses the argumentation of Augustine and Tertullian that Saint Valerian and his brother Saint Tiburtius were real martyrs, but Saint Cecilia is unconnected to them.

Even the date of her death is uncertain--estimated at anywhere between 177 to the fourth century, though the martyrdom of her supposed husband (according to the Roman Martyrology) was under Emperor Alexander, who ruled 222-35.

It is more likely that Saint Cecilia was the founder of parish church of that name in the Trastevere section of Rome. Founders of churches were often later turned into saints, not just in Rome. See Vie des Saints by the monks of Abbaye Sainte-Marie for further details on this aspect.

Her name, that she founded a church, and that she was buried in the cemetery of Saint Callixtus (donated to the Church by Cecilia) is all that is really known about Saint Cecilia. Her tomb in the cemetery was the prominent feature of a crypt adjoining the papal crypt according to inscriptions found there.

Her unreliable story, constructed of legends, tells us that Saint Cecilia was born of a patrician family in Rome and raised as a Christian. She wore a coarse horsehair garment beneath her clothes of rank, fasted, and vowed herself to God.

Against her will she was married by her father to a young, pagan patrician named Valerian. While everyone sang and danced at their wedding, Cecilia sat apart, saying only the Psalms. Valerian turned out to be a man of great understanding. On their wedding night, she told Valerian, "I have an angel of God watching over me. If you touch me in the way of marriage, he will be angry and you will suffer. But if you respect my maidenhood, he will love you as he loves me."

Valerian replied, "Show me this angel." She told him that if he believed in the living and one true God and was baptized, he would see the angel. Thus, she persuaded Valerian to respect her vow of virginity.

He was impressed and attracted by his wife's Christian graces, and so Valerian was baptized by Pope Saint Urban (which would be c. 222-230). When he returned to Cecilia, he found her standing by the side of an angel as she promised. The angel told him: "I have a crown of flowers for each of you. They have been sent from paradise as a sign of the life you are both to lead. If you are faithful to God, He will reward you with the everlasting perfumes of heaven."

The angel then crowned Cecilia with roses, and Valerian with a wreath of lilies. The delightful fragrance of the flowers filled the whole house. At this point Valerian's brother, Tiburtius, appeared. He, too, was offered salvation if he would renounce false gods. Cecilia converted him, and he was baptized.

From that time the two young men dedicated themselves to good works. Because of their ardor in burying the bodies of martyred Christians, they were arrested. The prefect Almachius told them that if they would sacrifice to the gods, they could go free. They refused, and Valerian rejoiced when he was handed over to be scourged.

The prefect wanted to give them another chance, but his assessor warned him that they would simply use the interim to give away their possessions so that they couldn't be confiscated. They were beheaded in Pagus Triopius, four miles from Rome. With them was an officer named Maximus, who had declared himself a Christian after witnessing their fortitude.

Cecilia buried the three and then decided to turn her home into a place of worship. Her religion was discovered and she herself asked to refute her faith. She converted those who were sent to convince her to sacrifice to the gods. When Pope Urban visited her at home, he baptized over 400 people.

In court, Almachius debated with her for some time. She was sentenced to be suffocated to death in the bathroom of her own house. The furnace was fed seven times its normal amount of fuel, but the steam and heat failed to stifle her. A soldier sent to behead her struck at her neck three times, and she was left dying on the floor. She lingered for three days, during which time the Christians thronged to her side, and she formally made over her house to Urban and committed her household to his care.

She was buried next to the papal crypt in the catacombs of Saint Callixtus. In 817, Pope Saint Paschal I discovered her grave, which had been concealed from the Lombard invader Aistulf in 756, and translated her body to beneath the main altar of what was later called the titulus Sanctae Caeciliae, which translates as "the church founded by a lady named Cecilia." In 1599, during the renovation of the church, Cardinal Sfondrati opened her tomb and found her holy remains incorrupt. Even the green and gold of her rich robe had not been injured by time. Thousands had the privilege of seeing her in her coffin, and many have been blessed by miracles. The body disintegrated quickly after meeting with the air.

Under the high altar in Saint Cecilia's Church is a beautiful marble statue by Maderna portraying the "martyr" bathed in her own blood as she fell after the stroke of the sword. A replica of this statue occupies the the original resting place of the saint in the catacomb of Callixtus. Other artists were allowed to paint pictures of her after her tomb was opened.

Until the middle ages, Pope Saint Gregory had been the patron of music and musicians, but when the Roman Academy of Music was established in 1584, it was put under the protection of Saint Cecilia; thus, her patronage of music originated. Dryden wrote a "Song for Saint Cecilia Day" and Pope an "Ode for Music on Saint Cecilia Day."

Valerian, Tiburtius, and Maximus are historical characters; they were Roman martyrs, buried in the cemetery of Praetextatus, but nothing else is known of them. Their story as outlined above may is a fabrication; but it wasn't until recently that scholars were able to elucidate it, and from the 6th century onwards Saint Cecilia, virgin and martyr, was held in high honor by Christians in the West. Her legend was the basis for the Second Nun's Tale in Chaucer's Canterbury Tales.

Whatever the true story of Saint Cecilia, the virtues assigned to her can be found in authoritative acta of other saints and, thus, are worthy of our heeding and following the example set down in the response and antiphon in the old Roman breviary for the Office of Saint Cecilia:

"In the midst of the concert of instruments, the virgin Cecilia sang to God alone in her heart: 'May my heart and my body remain pure, O God. Let me not be confounded.'

"She imposed on herself fasts of three and four days. She prayed and gave into God's keeping that for which she feared.

"Saint Cecilia, you triumphed over Almachius, the prefect, and converted two brothers by showing them bishop Urban of the angelic face. Like an industrious bee, you served the Lord.

"The glorious virgin forever carried the Gospel in her heart. Day and night she prayed and communed with God. She stretched out her hands to the Lord. Her heart was on fire with heavenly love.

"With her hairshirt, Cecilia subdued her body. She groaned and cried out to God. She brought Tiburtius and Valerian to share the crown. She was a wise virgin, to be numbered among the discreet.
"O Lord Jesus Christ, our good Shepherd, author of chaste vows, receive the fruit of the seed that you sowed in Saint Cecilia. Your servant Cecilia, like an industrious bee, spent herself in your service. The husband that came to her like a fierce lion, she brought to you like a most gentle lamb.

"There is a secret, Valerian, that I wish to tell you: 'I have as my friend an angel of God who watches over my body with jealous care.

"Saint Cecilia said to Tiburtius: 'Today I greet you as my brother, for the love of God has made you spurn idols.'

"We believe that Christ, the son of God, who chose unto himself such a servant, is the true God.

"As the dawn was breaking, Cecilia cried: 'Awake, soldiers of Christ. Cast away the works of darkness and clothe yourselves with the arms of light.

"I asked the Lord to spare me yet for three days that I might consecrate my house as a church." (Appleton, Attwater, Benedictines, Bentley, Coulson, Delaney, Encyclopedia, Farmer, Keyes, Melady, Sheppard, Walsh, White)

Saint Cecilia's emblem is, of course, the organ in images dating after the 15th century. She is shown with an organ, harp, or other musical instrument. Sometimes she is (1) crowned with roses carrying a palm; (2) converting her husband, Saint Valerian; (2) dragged by oxen (this is also told of Saint Lucy); (4) in a cauldron; (5) pierced through the throat by a sword (a common attribute of many virgin martyrs); (6) with Saint Valerian, crowned by angels; or (7) shown in ways similar to Saint Dorothy (Husenbeth quotes several English rood-screens on which her attributes seem to be similar) (Roeder).

Representations without musical instruments can be found in S. Apollinare Nuovo in Ravenna (6th century), Roman frescoes in the catacomb of Callixtus, and in Santa Maria Antiqua (Farmer). After she was depicted by Raphael as an organist, her image has been a favorite subject for stained glass in the choir loft (Appleton). Saint Cecilia is the patroness of musicians (Roeder, White) and Albi cathedral. 





Reliquaire et statue de Sainte Cécile, Cathédrale d'Albi


November 22

St. Cecily, Virgin and Martyr

A.D. 230

THE NAME of St. Cecily has always been most illustrious in the church, and ever since the primitive ages is mentioned with distinction in the canon of the mass, and in the sacramentaries and calendars of the church. Her spouse Valerian, Tiburtius, and Maximus, an officer, who were her companions in martyrdom, are also mentioned in the same authentic and venerable writings. St. Cecily was a native of Rome, and of good family, and educated in the principles and perfect practice of the Christian religion. In her youth she by vow consecrated her virginity to God, yet was compelled by her parents to marry a nobleman named Valerian. Him she converted to the faith, and soon after gained to the same his brother Tiburtius. The men first suffered martyrdom, being beheaded for the faith. St. Cecily finished her glorious triumph some days after them. Their acts, which are of very small authority, make them contemporary with Pope Urban I., and consequently place their martyrdom about the year 230, under Alexander Severus: for, though that emperor was very favourable to the Christians, sometimes in popular commotions, or by the tyranny of prefects, several martyrs suffered in his reign. 1 Ulpian, the prefect of the prætorian guards and prime minister, was a declared enemy and persecutor; but was at length murdered by the prætorian troops which were under his command. Others, however, place the triumph of these martyrs under Marcus Aurelius, between the years 176 and 180. Their sacred bodies were deposited in part of the cemetery of Calixtus, which part from our saint was called St. Cecily’s cemetery. Mention is made of an ancient church of St. Cecily in Rome in the fifth century, in which Pope Symmachus held a council in the year 500. This church being fallen to decay, Pope Paschal I. began to rebuild it; but was in some pain how he should find the body of the saint, for it was thought that the Lombards had taken it away, as they had many others from the cemeteries of Rome, when they besieged that city under King Astulphus, in 755. One Sunday, as this pope was assisting at matins, as he was wont, at St. Peters, he fell into a slumber, in which he was advertised by St. Cecily herself that the Lombards had in vain sought for her body, and that he should find it; and he accordingly discovered it in the cemetery called by her name, clothed in a robe of gold tissue, with linen cloths at her feet, dipped in her blood. With her body was found that of Valerian, her husband; and the pope caused them to be translated to her church in the city; as also the bodies of Tiburtius and Maximus, martyrs, and of the popes Urban and Lucius, which lay in the adjoining cemetery of Prætextatus, on the same Appian road. 2 This translation was made in 821. Pope Paschal founded a monastery in honour of these saints, near the church of St. Cecily, that the monks might perform the office day and night. He adorned that church with great magnificence, and gave to it silver plate to the amount of about nine hundred pounds,—among other things a ciborium, or tabernacle, of five hundred pounds weight; and a great many pieces of rich stuffs for veils, and such kinds of ornaments; in one of which was represented the angel crowning St. Cecily, Valerian, and Tiburtius. This church, which gives a title to a cardinal priest, was sumptuously rebuilt in 1599 by Cardinal Paul Emilius Sfondrati, nephew to Pope Gregory XIV. 3 when Clement VIII. caused the bodies of these saints to be removed from under the high altar, and deposited in a most sumptuous vault in the same church, called the Confession of St. Cecily: it was enriched in such a manner by Cardinal Paul Emilius Sfondrati as to dazzle the eye and astonish the spectator. This church of St. Cecily is called In Trastevere, or, beyond the Tiber, to distinguish it from two other churches in Rome, which bear the name of this saint.

St. Cecily, from her assiduity in singing the divine praises, (in which, according to her Acts, she often joined instrumental music with vocal,) is regarded as patroness of church music. The psalms and many sacred canticles in several other parts of the holy scripture, and the universal practice both of the ancient Jewish and of the Christian church, recommend the religious custom of sometimes employing a decent and grave music in sounding forth the divine praises. By this homage of praise we join the heavenly spirits in their uninterrupted songs of adoration, love, and praise. 4 And by such music we express the spiritual joy of our hearts in this heavenly function, and excite ourselves therein to holy jubilation and devotion. Divine love and praise are the work of the heart, without which all words or exterior signs are hypocrisy and mockery. Yet as we are bound to consecrate to God our voices, and all our organs and faculties, and all creatures which we use; so we ought to employ them all in magnifying his sanctity, greatness, and glory, and sometimes to accompany our interior affections of devotion with the most expressive exterior signs. St. Chrysostom elegantly extols the good effects of sacred music, and shows how strongly the fire of divine love is kindled in the soul by devout psalmody. 5 St. Austin teaches that “it is useful in moving piously the mind, and kindling the affections of divine love.” 6 And he mentions that when he was but lately converted to God, by the sacred singing at church, he was moved to shed abundance of sweet tears. 7 But he much bewails the danger of being too much carried away by the delight of the harmony, and confesses that he had some time been more pleased with the music than affected with what was sung, 8 for which he severely condemns himself. St. Charles Borromeo in his youth allowed himself no other amusement but that of grave music, with a view to that of the church. As to music as an amusement, too much time must never be given to it, and extreme care ought to be taken, as a judicious and experienced teacher observes, that children be not set to learn it very young, because it is a thing which bewitches the senses, dissipates the mind exceedingly, and alienates it from serious studies, as daily experience shows. Soft and effeminate music is to be always shunned with abhorrence, as the corrupter of the heart, and the poison of virtue.

Note 1. See Tillemont, Hist. des Emper. in Alex. art. 18, et Hist. de l’Egl. t. 3, in S. Urban, p. 260. Orsi. l. 6, n. 39. [back]

Note 2. Anastasius in Paschali I. ap. Murat. t. 3, pp. 215, 216. [back]

Note 3. Uncle to Cardinal Celestin Sfondrati, author of the posthumous work. Nodus Prædestinationis Dissolutus, often mentioned in the schools. [back]

Note 4.

Angels and we, assisted by this art,

May sing together, though we dwell apart.

Waller.

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Note 5. S. Chrys. in Ps. 41, t. 5, p. 131, ed. Ben. [back]

Note 6. S. Aug. ep. 55, (ol. 118,) ad Januar. c. 18, t. 2, p. 142. [back]

Note 7. S. Aug. Conf. l. 9, c. 6, l. 10, c. 33. [back]

Note 8. Ib. l. 10, c. 33. [back]

Rev. Alban Butler (1711–73).  Volume XI: November. The Lives of the Saints.  1866.

SOURCE : http://www.bartleby.com/210/11/221.html



Santa Cecilia Vergine e martire


sec. II-III

Al momento della revisione del calendario dei santi tra i titolari delle basiliche romane solo la memoria di santa Cecilia è rimasta alla data tradizionale. Degli altri molti sono stati soppressi perché mancavano dati o anche indizi storici riguardo il loro culto. Anche riguardo a Cecilia, venerata come martire e onorata come patrona dei musicisti, è difficile reperire dati storici completi ma a sostenerne l'importanza è la certezza storica dell'antichità del suo culto. Due i fatti accertati: il «titolo» basilicale di Cecilia è antichissimo, sicuramente anteriore all'anno 313, cioè all'età di Costantino; la festa della santa veniva già celebrata, nella sua basilica di Trastevere, nell'anno 545. Sembra inoltre che Cecilia venne sepolta nelle Catacombe di San Callisto, in un posto d'onore, accanto alla cosiddetta «Cripta dei Papi», trasferita poi da Pasquale I nella cripta della basilica trasteverina. La famosa «Passio», un testo più letterario che storico, attribuisce a Cecilia una serie di drammatiche avventure, terminate con le più crudeli torture e conclusesi con il taglio della testa. (Avvenire)

Patronato: Musicisti, Cantanti

Etimologia: Cecilia = dal nome di famiglia romana

Emblema: Giglio, Organo, Liuto, Palma

Martirologio Romano: Memoria di santa Cecilia, vergine e martire, che si tramanda abbia conseguito la sua duplice palma per amore di Cristo nel cimitero di Callisto sulla via Appia. Il suo nome è fin dall’antichità nel titolo di una chiesa di Roma a Trastevere. 

Nel mosaico dell’XI secolo dell’abside della Basilica di Santa Cecilia a Roma oltre a Cristo benidecente, affiancato dai santi Pietro e Paolo, alla sua destra è rappresentata santa Cecilia, posta accanto a papa Pasquale I, che reca in mano proprio questa chiesa da lui fatta edificare nel rione Trastevere: l’aureola quadrata del Pontefice indica che egli era ancora vivo quando venne eseguita l’opera.

A sinistra di Cristo, invece, san Valeriano, sposo di santa Cecilia. La fondazione del titulus Caeciliae risale al III secolo. Il Liber pontificalis narra che nell’anno 545, durante le persecuzioni cristiane, il segretario imperiale Antimo andò ad arrestare papa Vigilio e lo trovò nella chiesa di Santa Cecilia, a dieci giorni dalle calende di dicembre, ovvero il 22 novembre, ritenuto dies natalis della santa. Tuttavia altre fonti storiche (come il Martirologio geronimiano del V secolo) ritengono che questa non sia la data della morte o della sepoltura, ma della dedicazione della sua chiesa.

La Nobildonna romana, benefattrice dei Pontefici e fondatrice di una delle prime chiese di Roma, visse fra il II e III secolo. Venne iscritta al canone della Messa all’inizio del VI secolo, secolo in cui sorse il suo culto. Nel III secolo papa Callisto, uomo d’azione ed eccellente amministratore, fece seppellire il suo predecessore Zeferino accanto alla sala funeraria della famiglia dei Caecilii. In seguito aprì, accanto alla martire, la “Cripta dei Papi”, nella quale furono deposti tutti gli altri pontefici di quello stesso secolo.

Cecilia sposò il nobile Valeriano. Nella sua Passio si narra che il giorno delle nozze la santa cantava nel suo cuore: «conserva o Signore immacolati il mio cuore e il mio corpo, affinché non resti confusa». Da questo particolare è stata denominata patrona dei musicisti. Confidato allo sposo il suo voto di castità, egli si convertì al Cristianesimo e la prima notte di nozze ricevette il Battesimo da papa Urbano I. Cecilia aveva un dono particolare: riusciva ad essere convincente e convertiva. Le autorità romane catturarono san Valeriano, che venne torturato e decapitato; per Cecilia venne ordinato di bruciarla, ma, dopo un giorno e una notte, il fuoco non la molestò; si decise, quindi, di decapitarla: fu colpita tre volte, ma non morì subito e agonizzò tre giorni: molti cristiani che lei aveva convertito andarono ad intingere dei lini nel suo sangue, mentre Cecilia non desisteva dal fortificarli nella Fede. Quando la martire morì, papa Urbano I, sua guida spirituale, con i suoi diaconi, prese di notte il corpo e lo seppellì con gli altri papi e fece della casa di Cecilia una chiesa.

Nell’821 le sue spoglie furono traslate da papa Pasquale I nella Basilica di Santa Cecilia in Trastevere e nel 1599, durante i restauri, ordinati dal cardinale Paolo Emilio Sfondrati in occasione dell’imminente Giubileo del 1600, venne ritrovato un sarcofago con il corpo della martire che ebbe l’alta dignità di essere stata sepolta accanto ai Pontefici e sorprendentemente fu trovata in un ottimo stato di conservazione. Il Cardinale commissionò allo scultore Stefano Maderno una statua che riproducesse quanto più fedelmente l’aspetto e la posizione del corpo di santa Cecilia, così com’era stato ritrovato, con la testa girata a tre quarti, a causa della decapitazione e con le dita della mano destra che indicano tre (la Trinità) e della mano sinistra uno (l’Unità); questo capolavoro di marmo si trova sotto l’altare centrale di Santa Cecilia.

Nel XIX secolo sorse il cosiddetto Movimento Ceciliano, diffuso in Italia, Francia e Germania. Vi aderirono musicisti, liturgisti e studiosi, che intendevano restituire onore alla musica liturgica sottraendola all’influsso del melodramma e della musica popolare. Il movimento ebbe il grande merito di ripresentare nelle chiese il gregoriano e la polifonia rinascimentale delle celebrazioni liturgiche cattoliche. Nacquero così le varie Scholae cantorum in quasi tutte le parrocchie e i vari Istituti Diocesani di Musica Sacra (IDMS), che dovevano formare i maestri delle stesse Scholae.

Il tortonese e sacerdote Lorenzo Perosi, che trovò in San Pio X un paterno mecenate, è certamente l’esponente più celebre del Movimento Ceciliano, che ebbe in Papa Sarto il più grande sostenitore. Il 22 novembre 1903, giorno di santa Cecilia, il Pontefice emanò il Motu Proprio Inter Sollicitudines, considerato il manifesto del Movimento.

Autore: 
Cristina Siccardi



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