vendredi 2 novembre 2012

La COMMÉMORATION DE TOUS LES FIDÈLES DÉFUNTS


Commémoration des défunts

Lendemain de la Toussaint

"Jour où l'Église intercède pour ses membres endormis dans la mort et qui souffrent dans une ultime purification avant d'entrer dans la Gloire" (Martyrologe de Solesmes). 

Saint Odilon, abbé de Cluny, établit, dans le millier de monastères qui dépendaient de la grande abbaye bourguignonne, un office liturgique à l'intention de tous les frères défunts. L'extension de l'influence clunysienne étendit cette coutume à l'Église universelle en même temps que se précisait la doctrine concernant les âmes du Purgatoire ('Le purgatoire est l'infirmerie du Bon-Dieu' disait le curé d'Ars).

Voir aussi 

'Le Sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon', un lieu où l'on peut confier les défunts à la prière.

Communion des saints.

Commémoraison de tous les fidèles défunts. La sainte Mère Église, attentive à rendre de dignes louanges à tous ses enfants qui jouissent du bonheur du ciel, s'empresse d'intercéder auprès de Dieu pour les âmes de tous ceux qui se sont endormis dans l'espérance de la résurrection, mais aussi en faveur de tous les hommes depuis la création du monde, dont le Seigneur seul connaît la foi, pour, qu'avec le secours d'instantes prières, ils puissent entrer dans la communauté des habitants du ciel et jouir de la vision du bonheur éternel.

Martyrologe romain

SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/170/Fete-des-defunts.htm

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Michel Serre, Vierge à l'Enfant et Purgatoire, église St Cannat, ancienne église conventuelle des Dominicains, Marseille, Bouches-du-Rhône, France


Commémoration de tous les fidèles défunts

Déjà au IIe siècle, il existe des témoignages que les chrétiens priaient et célébraient l'Eucharistie pour leurs défunts. D'abord le troisième jour après l'enterrement, puis le jour de l'anniversaire. Puis le 7e jour, le 30e. L'année officielle est 998, lorsque l'abbé Odilon de Cluny (994-1048) rendit obligatoire cette mémoire du 2 novembre dans tous les monastères qui lui étaient soumis. En 1915, Benoît XV accorda à tous les prêtres le droit de célébrer plusieurs messes ce jour-là, à condition que l'offrande reste pour une seule messe. La liturgie propose plusieurs messes en ce jour, qui visent toutes à mettre en lumière le mystère pascal, la victoire de Jésus sur le péché et la mort.

"Tous ceux que me donne le Père viendront jusqu’à moi ; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors. Car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. Or, telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour" (Jn 6, 37-40).

La volonté de Dieu

Le message révolutionnaire est que celui qui "voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle… et moi, je le ressusciterai". Nous savons par expérience que le corps se décompose : mais le corps n'est pas l'homme tout entier ! L'homme comme personne est un partenaire de dialogue avec Dieu, et Lui ne le laisse pas tomber, il ne l'oublie pas, car Dieu est fidèle à ses promesses. Dieu a écrit chacun de nous dans la paume de sa main, et il n'oublie personne, car il est Père. C'est le cœur du message que Jésus nous a laissé. Pour cette vérité, Jésus s'est fait homme, est mort sur la croix et est ressuscité : pour nous faire participer à la joie de la résurrection : "Donne-leur, Seigneur, et à tous ceux qui reposent dans le Christ, la béatitude, la lumière et la paix", récite-t-on au Canon I de la Messe, au moment du souvenir des morts.

Se laisser surprendre

Il est certain que nous survivrons, Jésus nous l'a dit ! Nous ne savons pas comment cela va se passer, nous ne pouvons que le deviner en écoutant la parole de l'Évangile. Ce qui reste, cependant, c'est l'espoir d'être surpris par la bonté de Dieu, par sa miséricorde. Nous avons nos propres paramètres, avec lesquels nous mesurons les événements de la vie, mais nous devons laisser à Dieu ses paramètres, qui ne sont pas les nôtres : et c'est précisément cela qui nous surprendra lorsque nous franchirons le seuil du Ciel.

Un pas de plus

Mourir, ce n'est pas disparaître, mais être là d'une manière nouvelle. C'est le fait de savoir que ceux qui nous ont précédés ont fait un pas de plus sur le chemin de la vie. Il a atteint le sommet, alors que nous sommes encore sur le chemin de la vie ; il est au-delà de la courbe, alors que nous sommes encore sur le droit chemin. La mort n'est donc pas la fin de tout, mais le début d'une nouvelle vie à laquelle nous nous sommes préparés et que nous préparons depuis un certain temps. La commémoration des morts n'est donc pas seulement un "souvenir" de ceux qui ne sont plus présents, mais un pont qui nous attend au bout de la vie et qui nous conduira vers l'autre rive à laquelle nous sommes tous destinés. Une aide pour ne pas nous laisser noyer par tant de choses, en oubliant que tout passe, mais que Dieu demeure.

Notre sœur la mort

Saint François d'Assise, désormais réconcilié avec Dieu, avec lui-même et avec la création, a pu, vers la fin de sa vie, se réconcilier également avec la mort, au point de l'appeler "sœur", signe que pour lui aussi, elle était un mystère à comprendre et à accueillir. Contrairement à la société actuelle, qui cherche par tous les moyens à cacher la réalité de la mort, se berçant de l'illusion qu'elle est éternelle, saint François nous apprend à la regarder, à la comprendre, à la considérer comme une "sœur", une partie de nous. Après tout, c'est un fait aussi réel qu'existant. C'est un acte d'honnêteté intellectuelle, avant même d'être spirituel. La peur de la "mort de la sœur" est certainement dictée par l'inconnu, par le fait de ne pas savoir ce qui se trouve au-delà de la "porte", ce qui crée un certain malaise. Ensuite, ne nous le cachons pas, nous craignons le "poids" de nos actions, parce qu'en fin de compte nous sommes tous croyants dans l'âme, et à la fin de notre vie nous nous demandons comment nous avons vécu. Cette expérience nous amène à prier pour ceux qui nous ont précédés, presque comme si nous voulions encore les aider et les protéger, tout en demandant à être aidés et protégés.

Une chose est sûre : nous lisons la mort à la lumière de la résurrection de Jésus. C'est notre force et notre sérénité. Il nous a ouvert le chemin qui mène en toute vérité à la vie. Jésus lui-même nous a rappelé que nous sommes faits pour l'éternité : mille ans de notre vie sont comme un seul jour devant Dieu, et ce temps court et fugace de la vie n'a aucun sens s'il n'est pas projeté vers une expérience plus vraie, comme Jésus lui-même nous l'a rappelé : "Celui qui voit le Fils et croit en lui a la vie éternelle".

Une dernière chose. Jésus s'est fait homme pour nous aider à vivre "comme Dieu" ; il est mort, a été enterré et est descendu aux enfers pour que personne ne se sente exclu de son action salvatrice. Pour que je n'aie pas peur et que je ne me sente pas seul et abandonné, à la merci de mes peurs, Jésus lui-même a choisi d'"habiter" chaque lieu, même le plus bas, afin de me "tenir compagnie" à ce moment-là. Il n'y a aucun "espace" de la vie et de la mort qu'il n'ait visité, et cela me donne la certitude qu'il m'accueillera à bras ouverts dans n'importe quelle situation dans laquelle je "tombe": que ce soit aujourd'hui dans le péché, ou demain dans la mort, il est là. Parce qu'il a vaincu le péché et la mort et a préparé une place pour moi dans la maison du Père. Cela me suffit pour marcher sur le chemin de la vie avec confiance et espérance, "Même si je dois traverser une vallée sombre" (Ps 23), Il est là. Il est avec moi.

Prière 

Donne-leur, Seigneur, le repos éternel

Et que brille sur eux la lumière de ta face.

Qu’ils reposent en paix. 

Amen.

SOURCE : https://www.vaticannews.va/fr/vacances-liturgiques/commemoration-de-tous-les-fideles-defunts.html

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Frères Limbourg, Jean Colombe. Les Âmes du Purgatoire, enluminure, Les Très Riches Heures du duc de Berry, Chantilly, Musée Condé, ms. 65, fol. 113v


La Commémoration des Fidèles Trépassés

La Commémoration des Morts est le complément de la fête de la Toussaint: ces deux jours nous rappellent et nous montrent en action, d'une manière excellente et sublime, ce dogme consolant appelé par l'Église la Communion des Saints. La terre, le purgatoire, le Ciel, sont la même Église de Jésus-Christ en des états différents; les fidèles vivants, les défunts dont l'âme a besoin d'être purifiée, les élus déjà parvenus au sein de la gloire, sont tous frères; les uns ont été hier ce que nous sommes, et demain, avec le secours de la grâce, nous serons ce qu'ils sont eux-mêmes. Pleurons nos défunts, revêtons-nous de deuil à la mort de nos parents et de nos amis, gardons leur souvenir; mais cela ne suffit pas: nous devons prier pour eux.

La foi nous enseigne qu'entre la terre et le Ciel il y a un lieu intermédiaire appelé purgatoire, lieu de purification, où les âmes des élus dont la pureté n'est pas parfaite expient, dans un feu mystérieux, mais redoutable, le reste de leurs fautes. Dieu est si pur, Dieu est si saint, que nul ne peut voir Sa face à découvert ni être admis en Sa présence, s'il n'est exempt de la plus légère souillure. Nous avons tous à craindre pour nos défunts que leur âme ne soit retenue captive dans ce lieu d'expiation; ne nous rassurons pas trop vite sur leur entrée au Ciel; prions pour eux, offrons à Dieu, pour leur soulagement, nos bonnes oeuvres, nos souffrances, les indulgences, surtout le Saint Sacrifice de la Messe. Ces âmes demandent à grand cri notre secours, elles se plaignent de notre abandon; nos prières et nos bonnes oeuvres sont pour elle une rosée rafraîchissante, une douce consolation, une cause de diminution de leurs souffrances, un moyen de plus prompte délivrance.

La Vie des Saints, par mille traits du plus haut intérêt, nous rappelle ce que l'Église de la terre doit à celle du purgatoire. Si nos chers défunts viennent rarement, par des apparitions, secouer notre négligence et réveiller notre charité trop oublieuse, puissions-nous du moins souvent, chaque jour, être hantés par cette pensée: "Les âmes souffrantes m'implorent; je puis facilement leur venir en aide; à l'oeuvre, sans retard et sans trêve!" La dévotion envers les âmes du purgatoire aura pour nous-mêmes un double résultat salutaire: elle nous fera craindre les moindres fautes, par le souvenir des châtiments qui devront les expier; elle attirera sur notre âme, après notre mort, les miséricordes divines promises aux coeurs miséricordieux.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950

SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/la_commemoration_des_fideles_trepasses.ht

2 novembre

Commémoraison des fidèles défunts

 Textes commentés de la Messe...

Epître

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (XV,54-58)

Frères, au dernier jour, ce qui est périssable en nous deviendra impérissable ; ce qui est mortel revêtira l'immortalité ; alors se réalisera la parole de l'Ecriture : « La mort a été engloutie dans la victoire. Ô Mort, où est ta victoire ? Ô Mort, où est ton dard venimeux ? » Le dard de la mort, c'est le péché ; ce qui renforce le péché, c'est la Loi. Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par Jésus-Christ, notre Seigneur. Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, soyez inébranlables, prenez une part toujours plus active à l'œuvre du Seigneur, car vous savez que, dans le Seigneur, la peine que vous vous donnez ne sera pas stérile.

Textes liturgiques © AELF, Paris

Duccio di Buoninsegna  (1255–1319), La Résurrection de Lazare, Maestà, 1310, 43.50 x 46.40, Kimbell Art Museum


Evangile

Suite du saint Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ selon Saint Jean (XI, 1-45).

Un homme était tombé malade[1]. C'était Lazare[2], de Béthanie[3], le village de Marie et de sa soeur Marthe. (Marie est celle qui versa du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. Lazare, le malade, était son frère.) Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, ton ami est malade[4]. »   En  apprenant  cela,  Jésus dit :  « Cette maladie  ne conduit pas à la mort[5], elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura pourtant deux jours à l'endroit où il se trouvait[6] ; alors seulement il dit aux disciples : « Revenons en Galilée.

Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment les Juifs cherchaient à te lapider, et tu retournes là-bas ? » Jésus répondit : « Ne fait-il pas jour pendant douze heures ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu'il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n'est pas en lui. » Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami, s'est endormi ; mais je m'en vais le tirer de ce sommeil. » Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s'il s'est endormi, il sera sauvé. » Car ils pensaient que Jésus voulait parler du sommeil, tandis qu'il parlait de la mort. Alors, il leur dit clairement : « Lazare est mort, et je me réjouis de n'avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais, allons auprès de lui ! » Thomas, dont le nom signifie : Jumeau, dit aux autres disciples : « Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui ! »

Quand Jésus arriva, il trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de Jérusalem - à une demi-heure de marche environ - beaucoup de Juifs étaient venus manifester leur sympathie à Marthe et Marie, dans leur deuil. Lorsque Marthe apprit l'arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort[7]. Mais je sais que, maintenant encore, Dieu t'accordera tout ce que tu lui demanderas. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu'il ressuscitera au dernier jour, à la résurrection. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela[8] ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois ; tu es le Fils de Dieu9, celui qui vient dans le monde[10]. »

Ayant dit cela, elle s'en alla appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : « Le maître est là, il t'appelle. » Marie, dès qu'elle l'entendit, se leva aussitôt et partit rejoindre Jésus. Il n'était pas encore entré dans le village ; il se trouvait toujours à l'endroit où Marthe l'avait rencontré.

Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie, et lui manifestaient leur sympathie, quand ils la virent se lever et sortir si vite, la suivirent, pensant qu'elle allait au tombeau pour y pleurer. Elle arriva à l'endroit où se trouvait Jésus ; dès qu'elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. » Quand il vit qu'elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus fut bouleversé d'une émotion profonde.

Il demanda : « Où l'avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Viens voir, Seigneur. » Alors, Jésus pleura[11]. Les Juifs se dirent : « Voyez comme il l'aimait ! » Mais certains d'entre eux disaient : « Lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »

Jésus, repris par l'émotion, arriva au tombeau. C'était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du mort, lui dit : « Mais, Seigneur, il sent déjà ; voilà quatre jours qu'il est là. » Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l'ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m'as exaucé. Je savais bien, moi, que tu m'exauces toujours, mais si j'ai parlé, c'est pour cette foule qui est autour de moi, afin qu'ils croient que tu m'as envoyé. » Après cela, il cria d'une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains attachés, le visage enveloppé d'un suaire[12]

Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller[13]. »

Les nombreux Juifs qui étaient venus entourer Marie virent donc ce que Jésus avait fait, et ils crurent en lui.

Textes liturgiques © AELF, Paris

[1] On s'étonne quelquefois, quand on voit des hommes aimés de Dieu en quelque peine, dans la maladie ou la pauvreté. Les amis de Dieu ne sont pas plus que les autres exempts d'affliction (saint Jean Chrysostome : homélie LXII sur l'évangile de saint Jean, 1).

[2] De l'hébreux el azar qui signifie « Dieu a aidé. »

[3] Le nom de Béthanie (aujourd'hui El'Azariyeh) vient de l'hébreux bêt anniyyah qui signifie « la maison du pauvre » ou « la maison d'Ananie » ; Ananie signifiant : « Yahvé a eu pitié »). Béthanie est sur le versant sud-est du mont des Oliviers, à trois kilomètres à l'est de Jérusalem, en direction de Jéricho.

[4] Elles ne lui disent point : « Venez et guérissez-le », ni : « dites une parole depuis le lieu où vous êtes et il sera guéri » ; et cependant une demande faite sous cette forme avait été louée chez le Centurion. Elles se contentent de lui dire : « Celui que vous aimez est malade. » Il suffit que vous le sachiez car vous n'abandonnez pas ceux que vous aimez. Quand on a affaire à quelqu'un qui aime, il suffit de l'avertir (saint Augustin : « Tractatus in Johanni evangelium », XLIX 5).

[5] La mort elle-même, la mort qui doit survenir à brève échéance, ne sera pas pour la mort, mais pour une œuvre qui servira à éviter la véritable mort (saint Augustin : Tractatus in Johannis evangelium XLIX 6).

[6] Il différa la grâce qu'on lui demandait pour en accorder une meilleure, la guérison par la résurrection (saint Augustin : Tractatus in Johannis evangelium XLIX 5).

[7] Tout en gardant le respect qu’elle doit au Maître, en évitant tout ce qui pourrait blesser l’amour, elle veut dans la douleur de son cœur, avec une foi pleine d’humilité, affirmer la puissance de celui qui les aimait (Rupert de Deutz : Commentaire de l’évangile selon saint Jean).

Rupert de Deutz, aussi appelé Robert de Liège, du nom de la ville où il naquit vers 1075, ou Robert de Saint-Laurent, du nom de l’abbaye où il fit profession, mourut abbé de Deutz (sur la rive droite du Rhin, en face de Cologne) le 4 mars 1129. Il fut, probablement, l’auteur le plus prolifique du douzième siècle et, assurément, l’interprète le plus représentatif des Bénédictins

[8] Voilà ce qu’il fallait croire : la résurrection, et de la résurrection par Jésus-Christ. C’est à cette doctrine qu’avant de ressusciter Lazare, il élève l’âme de Marthe et des assistants. Il veut que l’on sache que c’est par sa propre puissance qu’il ressuscitera les morts, et que sa présence corporelle n’est point nécessaire ; car il est la vie. Puisqu’il est la résurrection et la vie, ne vous troublez pas en face de la mort ; croyez seulement. Et quant la mort reviendra, ne la craignez pas : la mort n’a pas été victorieuse de lui, elle ne le sera pas de vous (saint Jean Chrysostome : homélie LXII sur l'évangile selon saint Jean, 3).

[9] Elle n’a pas compris tout ce qu’il y avait dans les paroles de Jésus ; cependant elle y voit de grandes choses, et elle se contente de faire à Jésus une profession de foi générale sur sa personne. Cependant dans cet entretien avec Jésus sa douleur s’est calmée, tant elle est puissante la vertu des paroles de Jésus (S. Jean Chrysostome : homélie LXII sur l'évangile selon saint Jean, 3).

[10] Tout est inclus dans cette profession de foi. Je crois que vous êtes la résurrection et la vie, celui qui croit en vous, même s’il meurt, vivra ; celui qui vit et croit en vous, ne mourra jamais (saint Augustin : « Tractatus in Johanni evangelium », XLIX 15).

[11] Il pleure sur la déchéance de l'homme qui, formé à l'image de Dieu, est devenu la proie de la mort (saint Cyrille d'Alexandrie).

   Il pleure pour nous apprendre à compatir aux misères des autres, non seulement en paroles, mais par une compassion réelle ; il pleure pour ordonner notre amour (saint Hippolyte).

[12] Les bandelettes le liaient mais ne le retenaient pas ; ses yeux étaient encore recouverts du suaire, et il voyait, il marchait, il quittait son tombeau. Quand la vertu divine agit, la nature n’a plus besoin d’intervenir : élevée au dessus d’elle-même, elle n’obéit plus à ses lois, mais à la volonté divine. Les liens de la mort furent brisés avant ceux de la sépulture. Jésus apparaissait vertu de Dieu, vie, lumière, résurrection : vertu de Dieu, il releva celui qui était là gisant ; vie, il lui communiqua la vie ; lumière, il dissipa les ténèbres ; résurrection, il lui donna une vie nouvelle (saint Ambroise : « De la foi en la résurrection », II, 78-79).

[13] Il allait mourir et il semblait que l'empire de la mort allait s'affermir plus que jamais, après qu'il y aurait été assujetti lui-même. Mais il fait ce grand miracle de la résurrection de Lazare afin de nous faire voir qu'il est le maître de la mort (Bossuet : Méditation sur l'Evangile - préparation à la dernière semaine, 3° jour).

SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/11/02_messe.html

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Vergine Maria e Anime Purganti. Carmine, Furnari


Réflexion sur le jour des défunts

Aussitôt après nous avoir invités à célébrer tous ceux qui ont atteint le bonheur de la possession de Dieu, l’Eglise nous remet devant les yeux ceux qui se trouvent dans l’au-delà et qui ne jouissent pas encore de ce bonheur. La fête de la Toussaint est inséparable de la commémoration des défunts. La première célébration est toute de joie; la seconde comporte un aspect de compassion envers ceux qui, étant passés par la mort, souffrent avant d’entrer dans la félicité céleste.

Ce qu’il y a de plus admirable, c’est que cette compassion peut être efficace. Nous avons le pouvoir d’aider, par notre prière, ceux qui ont un intense désir d’entrer pleinement dans l’intimité divine et éprouvent la peine de ne pas pouvoir satisfaire immédiatement ce désir. Il y a là une application extrême du principe de la communion des saints, c’est-à-dire de la solidarité qui fait bénéficier chaque homme de la sainteté de tous ses frères. En vertu de cette communion, nous pouvons contribuer à rendre les autres meilleurs, par le développement de la vie de la grâce en nous, par nos efforts de progrès moral et spirituel. La « communion » de sainteté s’étend jusque dans l’au-delà; la solidarité qui nous unit aux défunts franchit la séparation de la mort.

Nous savons fort peut de chose du sort de ces défunts que l’on décrit comme retenus au purgatoire. Nous nous représentons le purgatoire comme un lieu et nous ne pouvons pas faire autrement, car notre manière de penser sur la terre est liée à l’espace. En fait, le purgatoire est un état de purification. On comprend que l’entrée dans le bonheur céleste requiert des conditions de pureté, qui ne sont pas nécessairement remplies chez ceux qui ont obtenu le pardon de leurs fautes et sont sauvés. Au moment de la mort, quelqu’un peut être foncièrement orienté vers Dieu, dans l’ouverture à sa grâce et dans l’accueil de son pardon, mais ne pas se trouver dans des dispositions personnelles qui conviennent à la possession bienheureuse. Dans ce cas une période de purification est exigée.

Il ne semble pas que cette exigence résulte simplement du nombre de péchés commis ou de la culpabilité qui est impliquée. En effet, le récit évangélique nous fait comprendre que même un passé de nombreuses fautes n’est pas nécessairement un obstacle à l’entrée immédiate dans le bonheur céleste.

« En vérité, je te le dis, dès aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23, 46). Ces paroles sont adressées à un homme qui avait vécu dans la délinquance et qui se reconnaissait justement condamné à mort pour le mal commis. Sa conversion au, dernier moment, a été si profonde, si sincère, qu’elle lui a valu le paradis sans délai. C’est qu’en lui s’étaient formées des dispositions appropriées à la vie éternelle en compagnie du Christ.

Seul le Seigneur voit le fond des consciences et décide, dans chaque cas individuel, si l’âme est suffisamment pure et bien disposée pour recevoir le bonheur de la possession. Rien ne nous est révélé du jugement qui se produit à l’instant de la mort; nous ne pouvons donc pas savoir si un défunt est directement admis au ciel ou doit passer par un temps de purification. En raison de cette ignorance s’impose le devoir de prier pour tous les défunts, de demander pour eux l’accès au bonheur définitif. L’Eglise a toujours encouragé cette prière. En la favorisant, elle garantit son efficacité: la prière pour les âmes de l’au-delà n’a de sens et d’utilité que si elle leur apporte un secours, du moins si elle vient en aide aux défunts qui se trouvent dans un état de souffrance purificatrice. A bon droit on a reconnu dans cette attitude de l’Eglise un signe de l’existence même du purgatoire.

La prière pour les défunts est un témoignage de l’affection que nous leur portons. Il y a certes d’autres signes d’affection; les fleurs qui envahissent les cimetières manifestent l’attachement des vivants à ceux qui les ont quittés. Mais l’amour le plus lucide et le plus efficace se traduit par la prière à l’intention de ceux qui souffrent. Cet amour est animé par l’esprit de foi. Il s’agit de croire à l’effet de la prière, effet impossible à constater. Il suffit de réfléchir quelque peu pour se rendre compte que les défunts désirent par-dessus tout recevoir une aide effective, qui leur permette d’entrer le plus tôt possible dans la communauté heureuse des élus.

Cette aide, comment pourrions-nous la refuser? Nous pouvons la fournir par notre prière et par l’offrande de tout ce qui dans notre vie plaît au Seigneur. Plus particulièrement à ceux que nous avons aimés sur la terre, nous pouvons faire parvenir l’hommage d’un amour qui demeure, et rendre le service qu’ils attendent de nous.

Vatican II

« Ainsi donc en attendant que le Seigneur soit venu dans sa majesté, accompagné de tous les anges (Mat. XXV 31) et que, la mort détruite, tout lui ait été soumis (I Cor. XV 26-27), les uns parmi ses disciples continuent sur la terre leur pèlerinage, d’autres, ayant achevé leur vie, se purifient encore; d’autres enfin, sont dans la gloire contemplant dans la pleine lumière, tel qu’il est, Dieu un en trois Personnes ». (Lumen Gentium 49)

« La pensée de prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés, est une pensée sainte et pieuse (2 Macc.XII 45) » (Lumen Gentium 50)

« Cette foi vénérable de nos pères en la communion de vie qui existe avec nos frères déjà en possession de la gloire céleste, ou en voie de purification après leur mort, le Saint Concile la recueille avec grande piété ». (Lumen Gentium 51)

Commemorazione di tutti i fedeli defunti


Message de Jean-Paul II

A l’occasion du millénaire de l’institution de la commémoraison des fidèles défunts, Jean-Paul II a adressé un message à Mgr Raymond Séguy, Evêque d’Autun, Chalon-sur-Saône et Mâcon, et Abbé de Cluny :

« En cette année où l’on célèbre le millénaire de la commémoraison des fidèles défunts instaurée par saint Odilon, cinquième Abbé de Cluny, le centenaire de la fondation par votre prédécesseur le Cardinal Perraud, de l’Archiconfrérie de Notre-Dame de Cluny, chargée de prier pour les âmes du purgatoire, et le quarantième anniversaire du bulletin Lumière et vie, qui promeut la prière pour les défunts, je m’associe volontiers par la pensée à tous ceux qui, au cours de cette année, participeront à des célébrations offertes pour ceux qui nous ont précédés. En effet, au lendemain de la fête de tous les saints où l’Eglise célèbre dans la joie la communion des saints et le salut des hommes, saint Odilon a voulu exhorter ses moines à prier de manière particulière pour les morts, contribuant ainsi mystérieusement à leur accès à la béatitude; à partir de l’abbaye de Cluny, l’usage s’est peu à peu répandu d’intercéder solennellement pour les défunts par une célébration que saint Odilon a appelée la Fête des Morts, pratique qui est aujourd’hui en vigueur dans l’Eglise universelle.

En priant pour les morts, l’Eglise contemple avant tout le mystère de la Résurrection du Christ qui, par sa Croix, nous obtient le salut et la vie éternelle. Aussi, avec saint Odilon, pouvons-nous redire sans cesse : »La croix m’est un refuge, la Croix m’est voie et vie [...]. La Croix est mon arme invincible. La Croix repousse tout mal. La croix dissipe les ténèbres ». La Croix du Seigneur nous rappelle que toute vie est habitée par la lumière pascale, qu’aucune situation n’est totalement perdue, car le Christ a vaincu la mort et nous ouvre le chemin de la vraie vie. La Rédemption « se réalise par le sacrifice du Christ, grâce auquel l’homme rachète la dette du péché et s’est réconcilié avec Dieu » (Tertio millennio adveniente, n. 7)...

Dans l’attente de voir la mort définitivement vaincue, des hommes « continuent sur terre leur pèlerinage; d’autres, ayant achevé leur vie, se purifient encore; d’autres enfin sont dans la gloire et contemplent la Trinité dans la pleine lumière » (Conc. oecum. Vatican II, Lumen gentium, n.49; cf. Eugène IV, bulle Laetantur coeli). Unie aux mérites des saints, notre prière fraternelle vient au secours de ceux qui sont en attente de la vision béatifique. Selon les commandements divins, l’intercession pour les morts obtient des mérites qui servent au plein accomplissement du salut. C’est une expression de la charité fraternelle de l’unique famille de Dieu, par laquelle « nous répondons à la vocation profonde de l’Eglise » (Lumen gentium, n.51); « sauver des âmes qui aimeront Dieu éternellement » (Thérèse de Lisieux, Prières, 6; cf. Manuscrit A 77, r°). Pour les âmes du purgatoire, l’attente du bonheur éternel, de la rencontre avec le Bien-Aimé, est source de souffrances à cause de la peine due au péché qui maintient loin de Dieu; Mais il y a aussi la certitude que, le temps de purification achevé, l’âme ira à la rencontre de Celui qu’elle désire (cf. Ps 42; 62)...

J’encourage donc les catholiques à prier avec ferveur pour les défunts, pour ceux de leurs familles et pour tous nos frères et soeurs qui sont morts, afin qu’ils obtiennent la rémission des peines dues à leurs péchés et qu’ils entendent l’appel du Seigneur...

En confiant à l’intercession de Notre-Dame, de saint Odilon et de saint Joseph, patron de la bonne mort, les fidèles qui prieront pour les morts, je leur accorde de grand coeur ma Bénédiction apostolique, ainsi qu’aux membres de la communauté diocésaine d’Autun, à ceux qui sont engagés dans l’Archiconfrérie de Notre-Dame de Cluny et aux lecteurs du bulletin Lumière et vie. Je l’étends volontiers à tous ceux qui, au cours de l’année du millénaire, prieront à l’intention des âmes du purgatoire, qui participeront à l’Eucharistie, et qui offriront des sacrifices pour les défunts... »

Commemorazione di tutti i fedeli defunti


Lugentibus in Purgatorio

Que les âmes gémissantes dans le Purgatoire,

où le feu de la justice divine

purifie leurs souillures par les douleurs les plus sensibles,

soient l'objet de votre commisération,

ô Marie !

Vous êtes la source abondante qui lavez les coupables ;

vous les recevez tous et n'en rejetez aucun.

Hâtez-vous de verser vos consolations

sur ces âmes qui ne cessent de souffrir,

ô Marie !

Mère pleine de tendresse et de miséricorde,

les morts soupirent vers vous ;

ils désirent avec ardeur le bonheur de vous voir

et de posséder avec vous le bien éternel,

ô Marie !

Clef de David, qui ouvrez les cieux,

du haut de votre gloire abaissez vos regards

sur des malheureux qui éprouvent de cruels tourments,

et ouvrez les portes de leur prison,

ô Marie !

O vous qui êtes le modèle des saints, la règle des vrais croyants,

le salut assuré de ceux qui mettent en vous leur espoir,

ne cessez d'employer en faveur des morts votre crédit puissant,

auprès d'un Fils qui vous aime,

ô Marie !

Mère de bénédiction,

obtenez par vos mérites

que ces âmes souffrantes renaissent au bonheur ;

acquittez leur dette, et conduisez-les vous-même au repos éternel,

ô Marie !

Dans le compte terrible qu'exigera le juste Juge,

au jour où toutes nos oeuvres subiront un examen sévère,

suppliez votre divin Fils de nous admettre au partage des saints,

ô Marie !

Sous votre protection puissante,

nous verrons sans crainte le Juge suprême

sonder le fond des consciences

et, sans acception de personnes,

prononcer avec équité sur le sort de chacun de nous,

ô Marie!

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Azulejo de las Ánimas Benditas del Purgatorio con la frase "Tened compasión de mí, al menos vosotros mis amigos". (Juan Oliver Míguez, 1960). Sevilla, Andalucía, España.


Prière

Seigneur Jésus-Christ, Roi de gloire,

délivrez les âmes de tous les fidèles qui sont morts

des peines de l'enfer,

délivrez-les de ce lac de maux et de douleurs :

délivrez-les de la gueule du lion ;

qu'elles ne soient pas englouties dans le puits de l'abîme,

ni précipitées dans les ténèbres ;

mais que le prince des anges, saint Michel, avec son étendard,

les conduise dans le séjour de cette éternelle lumière

que vous avez promise à Abraham et à sa postérité.

Nous vous offrons, Seigneur, ce sacrifice et ces prières.

Acceptez-les pour ceux dont nous faisons mémoire :

faites-les passer, Seigneur, de la mort à la vie,

que vous avez promise à Abraham et à sa postérité.

SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/11/02.php

Commemorazione di tutti i fedeli defunti


JEAN-PAUL II

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre

Dimanche 3 novembre 2002 

Très chers frères et sœurs !

1. Hier, nous avons célébré la commémoration liturgique annuelle de tous les fidèles défunts. De l'Église présente dans le monde s'est élevée une invocation chorale au Dieu de la vie et de la paix, afin qu'il accueille dans son Royaume de lumière infinie toutes les âmes, en particulier les plus démunis et nécessitant sa miséricorde.

La prière chrétienne pour les défunts - qui caractérise tout le mois de novembre - ne peut avoir lieu qu'à la lumière de la résurrection du Christ. En effet, l'Apôtre Paul dit : "Et si le Christ n'est pas ressuscité, vaine est notre foi [...] Si c'est pour cette vie seulement que nous avons mis notre espoir dans le Christ, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. Mais non, le Christ est ressuscité d'entre les morts, prémices de ceux qui se sont endormis" (1 Co 15, 17.19-20).

Le monde d'aujourd'hui a plus que jamais besoin de redécouvrir le sens de la vie et de la mort dans la perspective de la vie éternelle. En dehors de celle-ci, la culture moderne, née pour exalter l'homme et sa dignité, se transforme paradoxalement en culture de mort, car, ayant perdu l'horizon de Dieu, elle se retrouve comme prisonnière du monde, s'effraye et donne malheureusement lieu à de multiples pathologies personnelles et collectives.

2. À ce propos, j'ai à cœur de citer un texte de saint Charles Borromée, dont nous célébrerons demain la mémoire liturgique. "Mon âme - écrivait-il - ne cesse jamais de louer le Seigneur qui ne cesse jamais d'étendre ses dons. C'est un don de Dieu si de pécheur, tu es appelé à la justice ; un don de Dieu si tu es soutenu afin de ne pas tomber ; un don de Dieu que te soit donnée la force de persévérer jusqu'à la fin; la résurrection de ton corps mort sera également un don de Dieu, afin que pas même un cheveu de ta tête ne soit perdu ; la glorification après la résurrection sera un don de Dieu, et, enfin, ce sera encore un don de Dieu de pouvoir le louer continuellement dans l'éternité" (Homélie, 5 septembre 1583).

Tandis que j'invite à méditer sur ces pensées lumineuses du saint Archevêque de Milan, je saisis cette occasion pour exprimer ma gratitude à ceux qui, rappelant la fête de saint Charles, m'ont fait parvenir leurs vœux pour ma fête. Je remercie surtout pour les prières qui m'ont été assurées et je les offre en retour de tout cœur, en invoquant pour tous d'abondantes grâces célestes.

3. En m'adressant à présent à la Très Sainte Vierge Marie, nous lui demandons de soutenir en particulier notre prière de suffrage pour les défunts. En cette Année du Rosaire, mettons-nous assidument à l'école de la Vierge, pour contempler avec Elle le mystère du Christ mort et ressuscité, espérance de vie éternelle pour tout homme.

Au terme de l'Angélus :

Aujourd'hui, nous avons tous participé en esprit à la douleur de la communauté de San Giuliano di Puglia, si éprouvée par la disparition tragique d'un grand nombre de ses fils.

Je désire une fois de plus dire à ces chères familles que le Pape est proche d'elles et prie pour elles, implorant du Seigneur, par l'intercession de Marie, Mère de Miséricorde, le réconfort de la foi et de l'espérance chrétienne.

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SOURCE : https://www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/angelus/2002/documents/hf_jp-ii_ang_20021103.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 2 novembre 2011

Commémoration de tous les fidèles défunts


Chers frères et sœurs !

Après avoir célébré la solennité de tous les saints, l’Eglise nous invite aujourd’hui à commémorer tous les fidèles défunts, à tourner notre regard vers les nombreux visages qui nous ont précédés et qui ont conclu leur chemin terrestre. Au cours de l’Audience d’aujourd’hui, je voudrais donc vous proposer quelques pensées simples sur la réalité de la mort qui pour nous, chrétiens, est illuminée par la Résurrection du Christ, et pour renouveler notre foi dans la vie éternelle.

Comme je le disais déjà hier au cours de l’Angélus, nous nous rendons ces jours-ci au cimetière pour prier pour les personnes chères qui nous ont quittés, nous allons en quelque sorte leur rendre visite pour leur exprimer, une fois de plus, notre affection, pour les sentir encore proches, en rappelant également, de cette façon, un article du Credo : dans la communion des saints existe un lien étroit entre nous, qui marchons encore sur cette terre, et nos nombreux frères et sœurs qui ont déjà atteint l’éternité.

Depuis toujours, l’homme se préoccupe de ses morts et tente de leur donner une deuxième vie à travers l’attention, le soin, l’affection. D’une certaine façon, on veut conserver leur expérience de vie ; et, paradoxalement, c’est précisément des tombes devant lesquelles se bousculent les souvenirs que nous découvrons la façon dont ils ont vécu, ce qu’ils ont aimé, ce qu’ils ont craint, ce qu’ils ont espéré, et ce qu’ils ont détesté. Celles-ci représentent presque un miroir de leur monde.

Pourquoi en est-il ainsi ? Car, bien que la mort soit souvent un thème presque interdit dans notre société, et que l’on tente constamment de chasser de notre esprit la seule idée de la mort, celle-ci concerne chacun de nous, elle concerne l’homme de tout temps et de tout lieu. Et devant ce mystère, tous, même inconsciemment, nous cherchons quelque chose qui nous invite à espérer, un signe qui nous apporte un réconfort, qui nous ouvre un horizon, qui offre encore un avenir. Le chemin de la mort, en réalité, est une voie de l’espérance et parcourir nos cimetières, comme lire les inscriptions sur les tombes, signifie accomplir un chemin marqué par l’espérance d’éternité.

Mais nous nous demandons : pourquoi éprouvons-nous de la crainte face à la mort ? Pourquoi une grande partie de l’humanité ne s’est-elle jamais résignée à croire qu’au-delà de la mort, il n’y pas pas simplement le néant ? Je dirais qu’il existe de multiples réponses : nous éprouvons une crainte face à la mort car nous avons peur du néant, de ce départ vers quelque chose que nous ne connaissons pas, qui nous est inconnu. Il existe alors en nous un sentiment de rejet parce que nous ne pouvons pas accepter que tout ce qui a été réalisé de beau et de grand au cours d’une existence tout entière soit soudainement effacé, tombe dans l’abîme du néant. Et surtout, nous sentons que l’amour appelle et demande l’éternité et il n’est pas possible d’accepter que cela soit détruit par la mort en un seul moment.

De plus, nous éprouvons de la crainte à l’égard de la mort car, lorsque nous nous trouvons vers la fin de notre existence, existe la perception qu’un jugement est exercé sur nos actions, sur la façon dont nous avons mené notre vie, surtout sur les zones d’ombre que nous savons souvent habilement éliminer ou que nous nous efforçons d’effacer de notre conscience. Je dirais que c’est précisément la question du jugement qui est souvent à l’origine de la préoccupation de l’homme de tous les temps pour les défunts, de l’attention pour les personnes qui ont compté pour lui et qui ne sont plus à ses côtés sur le chemin de la vie terrestre. Dans un certain sens, les gestes d’affection et d’amour qui entourent le défunt sont une façon de le protéger dans la conviction qu’ils ne demeurent pas sans effet sur le jugement. C’est ce que nous pouvons constater dans la majorité des cultures qui caractérisent l’histoire de l’homme.

Aujourd’hui, le monde est devenu, tout au moins en apparence, beaucoup plus rationnel, ou mieux, la tendance s’est diffusée de penser que chaque réalité doit être affrontée avec les critères de la science expérimentale, et qu’également à la grande question de la mort on ne doit pas tant répondre avec la foi, mais en partant de connaissances expérimentables, empiriques. On ne se rend cependant pas suffisamment compte que, précisément de cette manière, on a fini par tomber dans des formes de spiritisme, dans la tentative d’avoir un contact quelconque avec le monde au-delà de la mort, presque en imaginant qu’il y existe une réalité qui, à la fin, serait une copie de la réalité présente.

Chers amis, la solennité de la Toussaint et la commémoration de tous les fidèles défunts nous disent que seul celui qui peut reconnaître une grande espérance dans la mort, peut aussi vivre une vie à partir de l’espérance. Si nous réduisons l’homme exclusivement à sa dimension horizontale, à ce que l’on peut percevoir de manière empirique, la vie elle-même perd son sens profond. L’homme a besoin d’éternité et toute autre espérance est trop brève, est trop limitée pour lui. L’homme n’est explicable que s’il existe un Amour qui dépasse tout isolement, même celui de la mort, dans une totalité qui transcende aussi l’espace et le temps. L’homme n’est explicable, il ne trouve son sens profond, que s’il y a Dieu. Et nous savons que Dieu est sorti de son éloignement et s’est fait proche, qu’il est entré dans notre vie et nous dit : « Je suis la résurrection et la vie. Qui croit en moi, même s'il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (Jn 11, 25-26).

Pensons un moment à la scène du Calvaire et écoutons à nouveau les paroles que Jésus, du haut de la Croix, adresse au malfaiteur crucifié à sa droite : « En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23, 43). Pensons aux deux disciples sur la route d’Emmaüs, quand, après avoir parcouru un bout de chemin avec Jésus Ressuscité, ils le reconnaissent et partent sans attendre vers Jérusalem pour annoncer la Résurrection du Seigneur (cf. Lc 24, 13-35). Les paroles du Maître reviennent à l’esprit avec une clarté renouvelée : « Que votre cœur ne se trouble pas ! Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, je vous l'aurais dit ; je vais vous préparer une place » (Jn 14, 1-2). Dieu s’est vraiment montré, il est devenu accessible, il a tant aimé le monde « qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16), et dans l’acte d’amour suprême de la Croix, en se plongeant dans l’abîme de la mort, il l’a vaincue, il est ressuscité et nous a ouvert à nous aussi les portes de l’éternité. Le Christ nous soutient à travers la nuit de la mort qu’Il a lui-même traversée; il est le Bon Pasteur, à la direction duquel on peut se confier sans aucune crainte, car Il connaît bien la route, même dans l’obscurité.

Chaque dimanche, en récitant le Credo, nous réaffirmons cette vérité. Et en nous rendant dans les cimetières pour prier avec affection et avec amour pour nos défunts, nous sommes invités, encore une fois, à renouveler avec courage et avec force notre foi dans la vie éternelle, ou mieux, à vivre avec cette grande espérance et à la témoigner au monde : derrière le présent il n’y a pas le rien. C’est précisément la foi dans la vie éternelle qui donne au chrétien le courage d’aimer encore plus intensément notre terre et de travailler pour lui construire un avenir, pour lui donner une espérance véritable et sûre. Merci.

* * *

Je suis heureux de saluer ce matin les pèlerins de langue française. Que votre foi dans la résurrection du Christ vous donne force et courage pour traverser les épreuves de la vie et qu’elle fasse grandir en vous l’espérance de la vie éternelle ! Que Dieu vous bénisse !

APPEL

Les 3 et 4 novembre prochains, demain et après-demain, les chefs d'État et de gouvernement du G20se réuniront à Cannes, pour examiner les problématiques principales liées à l'économie mondiale. Je souhaite que la rencontre aide à surmonter les difficultés qui font obstacle au niveau mondial à la promotion d'un développement authentiquement humain et intégral.

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SOURCE : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20111102.html

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Jacopo Vignali  (1592–1664), San Michele Arcangelo libera le anime del purgatorio, XVIIe siècle, église Saints-Michel-et-Gaétan de Florence, Cappella Tornaquinci, Giovanni Piccirillo (a cura di), La chiesa dei Santi Michele e Gaetano, Becocci Editore, Firenze 2006.


CONGREGATIO PRO CLERICIS

Homélie à Cluny - 13 septembre 1998

Célébration du millénaire de l’institution du " Jour des morts ",

2 novembre, par saint Odilon, abbé de Cluny.


La Célébration qui nous rassemble aujourd’hui veut rappeler l’institution par saint Odilon de Cluny, pour les monastères soumis à son autorité, d’une " journée ", dirait-on en style moderne, consacrée à la commémoraison, dans la prière, de tous les fidèles trépassés.

Ce fait, la tradition le fixe à l’année 998, il y a donc un millénaire.

[Les historiens hésitent sur la date exacte : le décret définitif pourrait être plus tardif et conclure plusieurs dispositions dont la première remonterait à l’an 998 : la tradition, en simplifiant, ne s’éloigne pas de la vérité.]

Et c’est en 1898, à l’occasion du neuvième centenaire, qu’a été instituée par le pape Léon XIII, en l’église Notre-Dame de Cluny, l’Archiconfrérie de prière pour les âmes du purgatoire. L’esprit de saint Odilon se perpétue ainsi et fructifie à travers les siècles, comme a voulu le manifester par la lettre que vous avez entre les mains le Saint-Père Jean-Paul II, dont je vous apporte une bénédiction spéciale.

Quel est cet esprit ? C’est, simplement, l’esprit catholique.

Et c’est aussi, chez ce grand Abbé, l’esprit monastique, l’esprit de son ordre, voué à la prière et à l’intercession.

C’est l’esprit catholique. Le signe en est l’approbation universelle qu’a suscitée la pratique instaurée par notre saint. Cette " fête des morts ", comme l’on dit parfois de façon inexacte, rattachée par lui à la fête de tous les saints du 1er novembre, s’est répandue dans l’Église entière, qui l’a approuvée officiellement par la voix du Pontife romain, peut-être dès le milieu du onzième siècle avec saint Léon IX, et l’a fait entrer plus tard dans sa Liturgie.

À vrai dire, il ne s’agissait pas d’une création et la prière pour les morts est aussi ancienne que le Christianisme, plus ancienne même puisque la piété juive, dans ses derniers développements, la connaissait déjà.

Les Pères de l’Église recommandent unanimement cette prière, dont la forme privilégiée est l’offrande du Saint Sacrifice. Saint Augustin évoque même la mémoire générale que fait l’Église des trépassés, en particulier de ceux en faveur de qui personne ne prie : elle les embrasse dans sa prière, elle, la " pia mater communis ". Et l’on voit cette pratique se développer largement chez les fidèles qui multiplient les dons, les fondations, auprès des monastères en particulier, afin qu’après leur mort on se souvienne d’eux, de leur famille, devant le Seigneur, pour leur obtenir le « repos éternel » dont parle la liturgie des défunts : « Requiem aeternam dona eis Domine ».

C’est donc là une aspiration profonde de l’âme chrétienne, entée d’ailleurs sur un sentiment profondément humain : tout homme face à la mort prend conscience de sa pauvreté, de son besoin de salut, du mystère de sa destinée. Il s’ouvre spontanément à une attitude religieuse. Le soin des morts chez les humains, nous disent les ethnologues, est une donnée constante et caractéristique : notre pastorale se doit de répondre à ces aspirations du cœur de l’homme, quitte à les évangéliser.

Car la Révélation divine devait éclairer ces pressentiments et fournir un fondement solide à la pratique chrétienne. La mort corporelle ne signifie pas la destruction totale de l’être humain. Celui-ci, Image de Dieu, est " Corps, âme et esprit ", dit saint Paul aux Thessaloniciens [1 Thess. 5, 23] : Il est doté d’une âme spirituelle. Devenu enfant de Dieu par le baptême, il est appelé à le rejoindre, au-delà de la mort, dans la vie éternelle. La mort n’est pas le terme : " Je ne meurs pas, j’entre dans la vie " s’écrie Thérèse de Lisieux.

Néanmoins cette entrée peut ne pas être immédiate. L’union intime avec Dieu suppose que soient écartés tous les obstacles, dont l’unique source est le péché ; Jésus évoque une pureté qui permet de voir Dieu : « Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu ». C’est donc l’âme elle-même, épouse du Christ, qui quand elle meurt dans son amitié - en état de grâce - tout en restant marquée par des fautes vénielles ou les conséquences de ses faiblesses passées, implore une purification pour pouvoir s’unir à son époux ; l’expérience de la prière du peuple chrétien pour les morts exprimait cette persuasion de la nécessité d’une purification, en même temps que sa foi en la communion des saints ; elle a amené à définir le dogme du purgatoire [cf. DS 1304 ; 1820 ; 1580], comme purification finale qui permet aux élus d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel, pour parvenir à la vision béatifique de Dieu [cf. CEC n. 1032]. Et en cette célébration anniversaire, il semble particulièrement opportun de le rappeler, alors qu’une conception amputée de l’amour de Dieu réduit sa paternité à une " grand-paternité " condescendante. Dans le désir de l’excuser, de le laver de tout soupçon d’être un " Dieu vengeur ", on fait silence sur la fin ultime de l’homme et sur l’existence de peines après la mort ; c’est se méprendre sur qui est Dieu, et sur qui est l’homme ! Dieu n’a pas besoin de nos excuses embarrassées ! C’est parce que sa sainteté mérite d’être admirée, qu’il n’y a personne de plus désirable que Lui, que le péché qui s’oppose à Lui est grave pour l’homme ! Et c’est parce que " Dieu en vaut la peine ", qu’il peut rester des peines après la mort ! D’autre part, elles sont un signe de notre dignité : Dieu ne s’est pas résolu à ne nous demander d’être en sa compagnie que des enfants immatures contraints d’accepter ses prévenances : il veut être choisi, librement, comme l’époux de nos âmes, et c’est pourquoi nous sommes responsables de nos actes, de nos fautes. Ceux qui refusent cet appel ont encore une échappatoire qui leur permet de ne pas vivre une cohabitation forcée : c’est la damnation clairement évoquée par Jésus, « Allez, maudits, au feu éternel ». Mais ceux qui désirent cette communion ont au contraire la possibilité d’une ultime préparation.

Nous n’avons donc pas à rougir de cette doctrine : Dieu nous laisse libres comme l’enfant prodigue ; c’est par miséricorde qu’il permet à ceux qui le haïssent de s’éloigner définitivement de Lui ; et c’est par miséricorde qu’il permet aux autres de se débarrasser de leurs affections désordonnées, pour entrer de plain-pied dans la Société des Trois Personnes divines, de la Vierge Marie, des anges et des saints. Pouvoir nous purifier, nous détacher, expier, pour arriver à le regarder sans honte, à tout partager avec lui, c’est un privilège. Le feu du purgatoire n’est pas comme celui de l’enfer : c’est l’amour même de Dieu qui, dans ces ultimes épreuves, vient préparer le cœur humain à l’union où il pourra l’étreindre et l’embrasser dans la « vive Flamme » de l’Esprit-Saint. Le subir, c’est être déjà plongé dans son amour passionné, car notre Dieu est un " feu dévorant ".

Mais cette purification est aussi douloureuse. Sainte Catherine de Gênes compare l’âme en purgatoire à une tige de métal rouillé, plongée dans la fournaise, et qui souffre de ne pouvoir s’unir à la flamme qui l’entoure tant que les scories qui l’alourdissent ne sont pas consumées. C’est pourquoi la deuxième certitude présente au cœur de l’Église qui prie pour les morts, c’est que, dans ce mystère de justice et d’amour, le chrétien n’est pas seul. En effet, selon la Constitution dogmatique sur l’Eglise du Concile Vatican II [n. 49], « tous ceux qui sont au Christ et possèdent son Esprit s’unissent organiquement dans une même Église et sont étroitement liés par une cohésion mutuelle en Lui [cf. Ep 4, 16]. L’union de ceux qui sont encore en chemin avec leurs frères qui se sont endormis dans la paix du Christ n’est pas du tout interrompue, bien au contraire, selon la foi constante de l’Église, elle est renforcée par la communication des biens spirituels ». Il est donc possible de venir en aide aux parents, aux amis, qui nous ont quittés, à toute la famille des fidèles à travers le monde. C’est le mystère de la communion des saints par lequel tout est commun dans l’unité d’un même Corps, le Corps mystique du Christ : prières, œuvres de charité, œuvres de pénitence offertes par amour, tout cela compose, ajouté aux mérites du Christ, de la Vierge et des saints, le trésor de l’Église, et va au bénéfice de chacun de ses membres. Toute âme qui s’élève élève le monde, a-t-on dit justement. Et le Seigneur agrée que nous venions en aide plus particulièrement à telle ou telle personne : si la miséricorde est « un élément indispensable pour façonner les rapports mutuels entre les hommes, dans un esprit de grand respect envers ce qui est humain et envers la fraternité réciproque » (Jean-Paul II, encyclique Dives in misericordia 14), nous devons prendre conscience qu’il n’est pas pas possible d’imaginer une société plus humaine sans y instaurer cette tendresse et cette sensibilité du coeur dont nous parle si éloquemment la parabole de l’enfant prodigue, ou encore celle de la brebis et de la drachme perdue [cf. Luc 15, 1-32]. Cette tendresse doit s’étendre à nos frères défunts : sans compassion pour leur peine, c’est un monde cruel que nous préparerions. C’est pourquoi Saint Jean Chrysostome nous exhorte ainsi : " Portons-leur secours et faisons leur commémoraison. Si les fils de Job ont été purifiés par le sacrifice de leur père [cf. Jb 1, 5], pourquoi douterions-nous que nos offrandes pour les morts leur apportent quelque consolation ? N’hésitons pas à porter secours à ceux qui sont partis et à offrir nos prières pour eux " [hom. in 1 Cor. 41, 5 : PG 61, 361C].

Parmi ces "secours", il faut placer en premier lieu l’offrande du Sacrifice de la Messe, qui répand sur l’humanité la grâce de la Rédemption opérée sur la Croix. Ce Saint Sacrifice, l’Église l’offre quotidiennement pour les vivants et pour les morts. Et les fidèles tiennent à juste titre, à ce que l’Eucharistie accompagne la cérémonie des funérailles. N’était-ce pas déjà le vœu de sainte Monique, demandant seulement qu’on se souvienne d’elle, après sa mort, " à l’autel du Seigneur " ? On sait qu’en 1915 le pape Benoît XV accorda à tout prêtre de célébrer le 2 novembre trois messes pour les défunts, et ce privilège demeure dans la Liturgie rénovée après Vatican II.

Ce sont ces convictions qui sont à l’origine de la décision dont nous fêtons le millénaire. La foi profonde au mystère de notre communion dans le Christ, l’amour ardent des frères dans le besoin, de ces frères défunts privés du seul Bien qui puisse combler leur cœur, c’est l’esprit catholique. C’est l’esprit monastique aussi, si le moine n’est autre qu’un chrétien qui veut l’être en perfection et totalement. Il n’y a pas à s’étonner que cette initiative de la « journée » du 2 novembre soit née dans le cœur d’un moine. On sait comment traditionnellement chez eux la prière pour les morts était pratiquée avec générosité et ferveur : frères, amis, bienfaiteurs étaient quotidiennement évoqués devant la miséricorde de Dieu. Mais celle-ci est sans mesure, et le cœur qui s’y ouvre se dilate aux dimensions de l’amour divin : il accueille toute détresse. C’est ainsi qu’Odilon a voulu embrasser dans sa charité tous les défunts en voie de purification, sans exception ni discrimination. De même que tous les saints du ciel sont honorés, en la fête de la Toussaint, dans une même allégresse, de même, le lendemain, tous nos frères du purgatoire sont l’objet de notre charité secourable.

La charité ne passe pas. Si elle vit dans nos cœurs, elle y éveille les mêmes sentiments, « ceux qui sont dans le Christ Jésus » [Philippiens 2, 5]. Ainsi la piété pour les morts, le souci de leur venir spirituellement en aide, doit caractériser de façon permanente l’Église du Christ. Alors que le passage au second millénaire a été marqué par l’instauration de cette forme exquise de charité pour les défunts, qui dure depuis mille ans, que pouvons-nous faire pour renouveler cette charité et nous renouveler dans l’Esprit-Saint, pour ouvrir à notre tour le troisième millénaire ? L’initiative prise il y a mille ans demeure un défi pour notre temps. Il nous faut susciter un nouveau zèle de charité envers les défunts, pour que le Peuple chrétien se nourrisse de nouveau de la foi en la vie éternelle. Vivants et défunts, puissions-nous tous partager ce désir ardent de la Rencontre définitive : « L’Esprit et l’Époux disent : Viens - Amen, Viens Seigneur Jésus » [Apoc. 22, 17. 20].

SOURCE : http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cclergy/documents/rc_con_cclergy_doc_13091998_homcluny_fr.html

Ludovico Carracci  (1555–1619). Âmes du Purgatoire, vers 1610, 44 x 51, Vatican Pinacoteca


LA COMMÉMORATION DES ÂMES

La commémoration de tous les fidèles défunts a été instituée en ce jour par l’Eglise, afin de secourir par des bonnes œuvres générales ceux. qui n'ont pas le bonheur d'être soulagés par des prières particulières, ainsi qu'il a été démontré parla révélation précédente. Saint Pierre Damien rapporte encore que saint Odilon, abbé de Cluny, ayant découvert, qu'auprès d'un volcan de Sicile, on entendait souvent les cris et les hurlements des démons se plaignant que les âmes des défunts fussent arrachées de leurs mains par les aumônes et les prières, ordonna, dans ses monastères, de faire, après la fête de tous les saints, la commémoration des morts. Ce qui, dans la suite, fut approuvé par toute l’Eglise (Iottald, Vie de saint Odilon, l. II, c. XIII). A ce sujet, ou peut faire deux considérations générales : 1° sur ceux qui doivent être purifiés, 2° sur les suffrages qui sont adressés pour eux. Dans la première considération, on peut examiner : 1° qui sont ceux qui sont purifiés, 2° par qui ils le sont, 3° où ils le sont. Ceux qui sont purifiés se divisent en trois catégories. Les premiers sont ceux qui décèdent sans avoir accompli la satisfaction qui leur a été enjointe. S'ils avaient eu au fond du coeur une contrition suffisante pour effacer leurs péchés, ils seraient librement passés à la vie, quand bien même ils n'auraient accompli aucune satisfaction, puisque la contrition est la plus grande satisfaction pour le péché et qu'elle l’efface entièrement. « Dieu, dit saint Jérôme, ne regarde pas tant à l’espace du temps qu'à la mesure de la douleur, ni tant à l’abstinence de la nourriture qu'à la mortification des vices.» Mais ceux qui ne sont pas assez contrits, et qui meurent avant l’achèvement de leur pénitence, sont punis très sévèrement dans le feu du purgatoire, à moins toutefois que des personnes auxquelles ils sont chers ne se chargent de leur satisfaction. Or, pour que cette commutation ait de la valeur, quatre conditions sont requises. La première, l’autorité de celui qui commue, et cette autorité est celle du prêtre; la deuxième, le besoin qu'éprouve celui en faveur duquel s'opère la commutation, car il doit se trouver dans une position telle qu'il ne puisse satisfaire pour soi-même, mais qu'il ait besoin d'être aidé ; la troisième, la charité de celui pour lequel se fait la commutation, charité qui lui est nécessaire pour rendre sa satisfaction méritoire et complète; la quatrième, la proportion à établir par, rapport à la peine, en sorte qu'une plus petite soit commuée en une plus grande; car, on satisfait plus à Dieu par; la peine personnelle due par celle d'autrui. Or, il y a trois genres, de peines : 1° la personnelle et volontaire, c'est celle par laquelle on satisfait le mieux ; 2° la personnelle qui n'est, pas volontaire, elle est subie dans le purgatoire; 3° la volontaire; mais sans être personnelle, telle qu'elle existe dans la commutation que l’on traite ici ; elle satisfait, moins que la première, par cela même qu'elle n'est point personnelle, et elle satisfait plus que la seconde, parce qu'elle est volontaire. Cependant, si celui pour lequel on se charge de satisfaire vient à décéder, il n'en souffre pas moins dans le purgatoire, quoiqu'il soit délivré plus tôt par la peine qu'il endure lui-même, et par celle que les autres paient pour lui, parce que le Seigneur compte pour somme principale sa peine et celle des autres. D'où il suit que s'il doit, dans le purgatoire, souffrir deux mois, il pourra, au moyen du secours qu'il reçoit, être délivré en un seul. Cependant, jamais il n'en sort que la dette ne soit payée. Que si elle est acquittée, cette dette compte pour celui qui la paie et retourne à son profit; et s'il n'en a pas besoin, elle revient au trésor de l’Eglise, ou bien elle vaut pour ceux qui sont dans le purgatoire. Les seconds, qui vont dans le purgatoire, sont ceux qui ont vraiment accompli la pénitence qui leur a été enjointe ; cependant, elle n'a pas été suffisante par l’ignorance ou la négligence du prêtre. Alors ceux qui descendent dans le purgatoire, à moins qu'ils ne suppléent par la grandeur de leur contrition, y complèteront en entier ce qu'ils auront fait en moins dans cette vie. Dieu, en effet, qui sait la proportion et la mesure entre les péchés et les peines, ajoute quelque peine suffisante, afin qu'aucun péché ne reste impuni. D'ailleurs, la pénitence imposée est ou bien trop forte; ou bien égale, ou bien trop faible; si elle est trop forte, elle procure une augmentation de gloire dans ce qu'elle a d'excessif; si elle est égale, elle suffit alors pour la rémission de toute la coulpe ; si elle est trop faible, ce qui reste est suppléé par la puissance de la justice divine. Ecoutez ici ce que pense saint Augustin de ceux qui font pénitence à la dernière extrémité : « Celui qui vient d'être baptisé sort de ce monde tranquille sur son sort; le fidèle qui vit bien sort de ce monde tranquille sur son sort ; celui qui fait pénitence et qui est réconcilié, quand il est en santé, sort tranquille d'ici-bas ; celui qui fait pénitence à la dernière extrémité et qui s'est réconcilié, s'il sort d'ici-bas tranquille, moi, je ne le suis pas : donc, prenez le certain et laissez l’incertain. » Si saint Augustin parle ainsi, c'est que ces personnes ont coutume de faire pénitence, plutôt par nécessité que par bonne volonté, plutôt par crainte du châtiment que par amour de la gloire. Les troisièmes, qui descendent dans le purgatoire; sont ceux qui portent avec eux du bois, du foin et de la paille, c'est-à-dire ceux qui ont une affection, charnelle pour leurs richesses, moins grande cependant que celles qu'ils ont pour Dieu. Les affections charnelles qu'ils ont pour leurs maisons, leurs femmes, leurs possessions, bien qu'ils ne préfèrent rien à Dieu, sont indiquées par ces trois choses : selon qu'ils auront aimé, ou bien ils seront brûlés plus de temps comme bois, ou moins de temps comme foin, ou très peu comme paille. « Ce feu, comme dit saint Augustin, bien qu'il ne soit pas éternel, est pourtant merveilleusement fort ; il surpasse toute peine qui ait jamais été endurée ici-bas par personne ; aucune souffrance n'a existé pareille dans la chair, tout extraordinaires qu'aient été les supplices des martyrs. »

II. Par qui sont-ils purifiés ? Cette purgation et cette punition s'opérera par les mauvais anges et non par les bons; car les bons anges ne tourmentent pas les bons ; mais les bons anges tourmentent les mauvais, les mauvais les bons, et les mauvais ceux qui leur ressemblent. C'est cependant chose pieuse de croire que les bons anges visitent et consolent fréquemment leurs frères et concitoyens, et les exhortent à souffrir avec, patience. Ils ont encore un autre sujet de consolation en ce qu'ils attendent avec certitude la gloire future: car ils la possèdent certainement, toutefois dans un moindre degré que ceux qui sont dans la patrie, mais dans un plus grand que ceux qui sont en chemin pour l’autre vie. La certitude de ceux qui sont dans la patrie est sans attente et exempté de crainte, parce qu'ils n'attendent pas la vie future, puisqu'ils la possèdent réellement, et qu'ils ne craignent pas de la perdre plus tard, tandis que c'est le contraire dans ceux qui sont en chemin pour l’autre vie. Mais la certitude de ceux qui sont en purgatoire tient le milieu. Elle est accompagnée d'attente puisqu'ils attendent la vie future elle-même : mais elle est exempte de crainte, car ayant leur libre:arbitre affermi, ils savent que désormais ils ne peuvent plus pécher. Ils ont encore un autre sujet de consolation, c'est de croire que l’on peut prier pour eux. Cependant il serait peut-être plus conforme à la vérité de croire que cette punition ne s'exerce pas par le ministère des mauvais anges, mais que c'est un ordre de la justice divine et par une conséquence de sa volonté.

III. Où sont-ils purgés? C'est dans un lieu situé à côté de l’enfer, qui se nomme Purgatoire ; c'est là que le placent plusieurs savants, bien qu'il semble à d'autres qu'il soit situé dans l’air et dans la zone torride. Cependant il entre dans l’économie du plan divin que divers lieux soient assignés à différentes âmes, et cela pour plusieurs raisons, soit pour la légèreté de leur punition, soit à cause de leur délivrance prochaine, soit pour notre instruction, ou bien pour une faute commise dans ce lieu, ou enfin à cause des prières de quelque saint : 1° Pour la légèreté de leur peine, ainsi il a été révélé à quelques personnes, au témoignage de saint Grégoire, qu'il y a des âmes punies dans l’obscurité. 2° Pour leur délivrance prochaine, afin qu'elles puissent révéler leur indigence aux autres et en impétrer les suffrages pour sortir de peine plus vite. On lit en effet que des pêcheurs de Saint-Théobald prirent en automne un énorme bloc de glace dais leur filet, et ils en furent pourtant beaucoup plus satisfaits que si c'eût été un poisson, parce que l’évêque avait mal aux pieds, et ils lui procurèrent un grand soulagement en appliquant cette glace sur ses membres souffrants. Or, une fois l’évêque entendit sortir de la glace la voix d'un homme qui ayant été adjuré de lui dire qui il était, répondit: « Je suis une âme, tourmentée dans cette glacière pour mes péchés, et je pourrais être délivrée si vous disiez trente messes pendant trente jours sans interruption. » L'évêque avait dit la moitié de ces messes et se préparait à en célébrer une autre, quand il arriva;que, le diable y poussant, une sédition s'éleva parmi la presque totalité des habitants de la ville. Alors l’évêque, ayant été appelé pour apaiser la discorde, quitta les ornements sacrés, et ne dit pas la messe ce jour-là. Il recommença donc et déjà il avait dit les deux tiers des messes, quand une grande armée, semblait-il, assiégea la ville; et il fut forcé de ne pas dire la messe. Il recommença, donc encore une troisième fois, et il avait dit toutes, les messes excepté la dernière qu'il allait célébrer, quand la maison de l’évêque et sa villa parurent tout en flammes. Comme ses serviteurs lui disaient de laisser passer ce jour sans dire la messe, il répondit : « Quand toute la villa devrait brûler, je la célébrerais. » Lorsqu'elle fut achevée, aussitôt la glace se fondit et l’incendie qu'on croyait voir disparut comme un fantôme sans avoir causé aucun dommage. 3° Pour notre instruction : car c'est afin que nous sachions qu'une grande peine est infligée après cette vie aux pécheurs; comme on dit qu'il arriva à Paris, d'après ces paroles du Chantre de Paris (Pierre le Chantre) : Maître Silo (Ou Siger de Brabant) pria avec instance un de ses écoliers, qu'il soignait dans sa maladie, de revenir le trouver après sa mort, pour lui rapporter en quelle situation il se trouverait. Quelques jours après, il lui apparut avec une chappe de parchemin, sur l’extérieur de laquelle étaient écrits partout une foule de sophismes, et dont l’intérieur était tout doublé de flammes. Le maître lui demanda qui il était. « Je suis bien, dit-il, celui qui vous ai promis de revenir vous trouver. », Interrogé sur l’état dans lequel il se trouvait, il répondit : « Cette chappe me pèse et m’écrase plus que si j'avais sur moi une tour; et elle m’a été donnée à porter à cause, de la gloire que je retirais à faire des sophismes. Pour ce qui est de la flamme de feu dont elle est doublée, ce sont les pelleteries délicates et mouchetées que je portais : cette flamme me torture et me brûle. » Or, comme le maître jugeait cette peine facile à endurer, le défunt, lui dit de tendre la main pour apprécier à quel point ce châtiment était supportable. Quand il eut présenté sa main, le revenant laissa tomber une goutte de sa sueur qui perça la main de Silo comme une flèche, en sorte que celui-ci en ressentit une douleur prodigieuse, et il lui dit : « Voici comme je suis partout.»: Le maître, effrayé de la sévérité de ce châtiment, résolut de quitter le monde et d'entrer en religion. Le lendemain matin quand ses écoliers furent rassemblés; il composa ces vers :

Linquo coax ranis, ira corvis, vanaque vanis,

Ad logicam pergo quae mortis non timet ergo

(Je laisse coasser les grenouilles, croasser les corbeaux, les gens frivoles s'occuper des frivolités.

Je cherche une logique qui ne craigne point la mort pour conclusion).

Et quittant le siècle, il se réfugia dans un cloître. 4° Pour avoir commis une faute dans un endroit, comme le dit saint Augustin, et ainsi que le prouve un exemple rapporté par, saint Grégoire. Un prêtre, qui fréquentait les bains, y rencontrait un inconnu toujours disposé à le servir. Un jour, pour le bénir et le payer de son labeur, le prêtre lui ayant offert un pain bénit, cet homme répondit en gémissant : «Pourquoi ne donnez-vous cela, mon père ? Ce pain est sanctifié, or, je ne puis le manger; car autrefois j'ai été le maître de ce lieu, mais pour mes péchés, j'y ai été envoyé après ma mort : cependant je vous prie d'offrir au Dieu tout puissant ce pain pour mes péchés : vous saurez que vous aurez été exaucé quand vous ne me trouverez plus en revenant ici. » Alors le prêtre offrit pour lui tous les jours pendant une semaine l’hostie salutaire, après, quoi, i1 ne le rencontra plus désormais. 5° A cause de la prière de quelque saint ; ainsi lit-on de saint Patrice qui demanda pour quelques personnes un purgatoire en un certain lieu sous terre vous en trouverez l’histoire après la fête de saint Benoît.

La seconde considération a rapport aux suffrages que l’on peut adresser pour eux. A ce propos, trois considérations se présentent : 1° Les suffrages en eux-mêmes. 2° Ceux pour qui ils se font. 3° Ceux par qui ils se font. I. Il y a quatre espèces de suffrages qui sont très avantageux aux morts, savoir: la prière des fidèles et celle de leurs amis, l’aumône, l’immolation de l’hostie salutaire, et le jeûne. 1° Que la prière de leurs amis leur serve, cela est évident par l’exemple de Paschase rapporté dans saint Grégoire (Dialogues, l. IV, c. XXXVI). Il raconte qu'un homme d'une sainteté et d'une vertu éminente existait quand deux souverains pontifes furent élus à la fois. Cependant dans la suite, l’Église ayant reconnu l’un d'eux pour légitime, Paschase, entraîné dans l’erreur, préféra toujours l’autre, et persista dans son sentiment jusqu'à la mort. Quand il fut trépassé, un démoniaque ayant touché la dalmatique posée sur son cercueil, fut guéri. Or, longtemps après, Germain, évêque de Capoue, étant allé au bain pour sa santé, y trouva le diacre Paschase debout et prêt à le servir. A sa vue, il eut grande peur, et il lui demanda ce que faisait là un homme si important que lui. Paschase lui avoua qu'il n'avait été envoyé en ce lieu de peine pour aucun autre motif que celui d'avoir abondé en son sens plus que de raison dans l’affaire susdite; puis il ajouta : « Je vous en prie, adressez, pour moi des prières au Seigneur, et vous saurez que vous avez été exaucé, quand vous ne me trouverez plus lorsque vous reviendrez ici. » Germain pria donc pour lui et étant revenu peu de jours après, il ne trouva plus Paschase en ce lieu.

Pierre de Cluny dit qu'un prêtre, qui célébrait tous les jours la messe pour les morts, fut accusé auprès de son évêque et suspendu de son office. Or, un jour de grande solennité, comme l’évêque passait par le cimetière pour aller à matines, les morts se levèrent devant lui et dirent : « Cet évêque ne nous donne pas une messe ; de plus, il nous a enlevé notre prêtre ; mais certainement, s'il ne s'amende, il mourra. » Alors l’évêque donna l’absolution au prêtre, et, dans la suite, il célébra la messe de bon coeur pour les morts. Les prières des vivants sont très agréables aux défunts, comme on peut s'en assurer par ce que rapporte le Chantre de Paris (Pierre Cantor, moine de Cîteaux, + 1297). Un homme récitait toujours le psaume De profundis pour les morts, chaque fois qu'il passait par un cimetière. Un jour que, poursuivi par des ennemis, il s'y était réfugié, aussitôt les morts se levèrent, chacun avec l’instrument de sa profession à la main, et ils le défendirent vigoureusement, forçant ses ennemis effrayés à prendre la fuite. — La seconde espèce de suffrages qui est utile aux défunts, c'est l’aumône: cela est évident parce qu'on lit dans le livre des Macchabées, que le vaillant Judas, ayant recueilli douze mille dragmes d'argent, les envoya à Jérusalem dans le but de les offrir pour les péchés dés morts; car il avait de bons et religieux sentiments touchant la résurrection. Un exemple rapporté par saint Grégoire, au IV° livre de ses Dialogues (c. XXXVI), confirme l’avantage de l’aumône en faveur des défunts. Un soldat vint à mourir, mais bientôt après il revint à la vie et raconta ce qui lui était arrivé. Il disait donc qu'il y avait un pont sous lequel coulait un fleuve noir, bourbeux et fétide. Quand le pont était passé, se trouvaient des prairies agréables, ornées d'herbes aux fleurs odoriférantes, au milieu desquelles paraissaient réunis des hommes vêtus de blanc que rassasiait cette suavité merveilleuse et variée des fleurs. Mais sur ce pont était une épreuve, c'est-à-dire que si un homme injuste voulait le passer, il tombait dans ce fleuve noir et puant, tandis que les justes d'un pas assuré arrivaient à ces prairies charmantes. Il raconta y avoir vu un homme appelé Pierre, lié, couché sur le dos à une grande masse de fer. Et le soldat lui avant demandé pourquoi il était là, on lui répondit : « S'il souffre ainsi, c'est, que quand on lui commandait l’exécution d'un coupable, c'était plus à la cruauté et au désir de faire des blessures qu'à l’obéissance qu'il cédait. » Il disait encore y avoir vu un pèlerin qui, arrivé sur le pont, le passa avec une autorité pareille à la pureté de sa vie sur la terre. Un autre, nommé Etienne, qui avait voulu passer, fit un faux pas et fut jeté hors du pont, le corps restant à moitié suspendu. Alors des hommes affreusement noirs, sortis du fleuve, le saisirent d'en bas par les jambes, tandis que d'autres personnages vêtus de blanc et resplendissants de beauté le tinrent d'en haut par les bras. Or, pendant cette lutte, le soldat qui en était témoin revenait à, son corps et ne put savoir quel fut le résultat de cet examen et qui fut le vainqueur. Ce qui nous donne à comprendre que dans Etienne les péchés de la chair combattaient avec ses aumônes. Car le fait d'être tiré d'en bas par les cuisses et celui d'être tiré d'en haut par les bras indique qu'il avait aimé faire des aumônes et qu'il n'avait pas su résister entièrement aux mauvais penchants de la terre. La troisième espèce de suffrages, qui est l’immolation de l’hostie salutaire, est très avantageuse aux défunts; ce qui est prouvé par beaucoup d'exemples. Saint Grégoire rapporte au IV° livre de ses Dialogues (c. LV), qu'un de ses moines, appelé Juste, étant, à la dernière extrémité, indiqua qu'il avait trois pièces d'or cachées, et mourut en gémissant de cette action; saint Grégoire commanda alors aux frères de l’ensevelir dans le fumier avec ses trois pièces d'or en disant : « Que ton argent périsse avec toi.» Cependant saint Grégoire ordonna à un des frères d'immoler chaque jour la sainte Hostie pour lui pendant trente jours. Quand il eut exécuté ce que lui avait intimé saint Grégoire, celui qui était mort apparut le trentième jour à un frère qui lui demanda : « Comment es-tu? » Et il répondit: « Jusqu'à présent, j'ai été mal, mais maintenant je suis bien, car j'ai reçu aujourd'hui la communion.

On s'assura encore que l’immolation de la sainte, Hostie était fort utile non seulement aux morts, mais, encore aux vivants. Quelques hommes en effet étaient dans le creux d'un rocher occupés à extraire de l’argent, quand tout à coup le rocher croule et écrase tous ceux qui se trouvaient là, à l’exception d'un seul qui échappa à la mort protégé, par un retrait, mais sans pouvoir en sortir. Sa femme, le pensant mort, faisait dire tous les jours la messe pour lui et offrait chaque fois un pain, un vase de vin avec une chandelle. Le diable, jaloux, lui apparut trois jours de suite sous une forme humaine et lui demanda où elle allait : la femme lui ayant exposé le motif de sa démarche, le diable lui disait : « Ne te fais, pas de mal inutilement, car déjà la messe est dite » ; de sorte que ces trois jours-là elle manqua à la messe et ne la fit même pas dire. Or, un certain temps après, quelqu'un, en fouillant dans ce même rocher pour trouver de l’argent, entendit, au-dessous de soi, une voix qui disait : « Frappez doucement, car une grosse pierre va me tomber sur la tête. » Or, comme l’ouvrier avait peur, il appela beaucoup de monde pour entendre cette voix; ensuite il se mit à creuser et il entendit les mêmes paroles. Alors tous s'approchèrent plus près et dirent: « Qui es-tu? » On répondit : « Allez doucement, car une grosse pierre semble tomber sur moi. » On creusa donc par le côté et on parvint jusqu'à cet homme qu'on retira bien portant et sain et sauf; on lui demandait comment il avait pu vivre si longtemps, il dit que chaque jour on lui avait donné un pain, un pot de vin et une chandelle allumée, excepté seulement pendant trois jours. Quand sa femme apprit cela, elle fut toute transportée, et elle connut que son mari avait été sustenté par son oblation et que le diable l’avait trompée pour que, ces trois jours-là, elle me fît pas dire de messes. Cet événement s'est passé, au témoignage de Pierre de Cluny, dans une villa nommée Ferrières, au diocèse de Grenoble (Le fait rapporté par la légende est bien le même, quant au fond, que raconte Pierre le vénérable. La femme du malheureux faisait dire une messe chaque semaine à l’intention de son mari, mais elle y manqua une fois par négligence. Ce ne fut qu'au bout d'un an qu'eut lieu la délivrance. (Pierre le vénérable, De miraculis, 1. II, c. II.) Le cardinal Bossa parle du même prodige et le lit dans saint Pierre Damien, Opp. XXIII, il serait arrivé auprès du lac de Côme apud Clavennam montem. Henri de Gand, + en 1275). Saint Grégoire rapporte encore qu'un nautonier fit naufrages et qu'un prêtre ayant immolé pour lui la sainte Hostie, il sortit enfin de la mer sain et sauf. On lui demandait comment il avait échappé, au péril ; il dit qu'étant au milieu de la mer, déjà épuisé et presque défaillant, quelqu'un s'approcha de lui et lui offrit un pain. Quand il l’eut mangé, il recouvra aussitôt toutes ses forces et fut recueilli sur un navire qui passait par là. Or, il reçut le pain à l’heure même où le prêtre disait la messe pour lui. — La quatrième espèce de suffrages qui est le jeûne, est avantageuse aux défunts, sur le témoignage de saint Grégoire, lequel traite de ce suffrage en même temps que des trois autres, en disant: « Les âmes dés défunts sont délivrées de quatre manières, ou bien par les offrandes des prêtres, ou par les prières des saints, ou par les aumônes de leurs amis, ou par les jeûnes de leurs parents. La pénitence que font pour elles ceux qui ont été leurs amis a beaucoup de valeur. » Le docteur Solennel (Henri de Gand, + en 1275) raconte qu'une femme, qui avait perdu son mari, se désespérait d'être pauvre, quand le diable lui apparut et lui dit qu'il. l’enrichirait si elle consentait à faire ce qu'il voudrait. Elle le promit; alors il lui enjoignit: 1° de faire tomber dans, la fornication les ecclésiastiques qu'elle logerait chez elle ; 2° d'accueillir les pauvres dans le jour et de les chasser la nuit sans leur laisser rien; 3° d'empêcher de prier dans l’église par son babil; 1° de ne jamais se confesser de cela. Arrivée a l’article de la mort, et invitée par son fils à se confesser, elle lui révéla le fait, en lui disant qu'elle ne pouvait pas se confesser et que sa confession ne lui vaudrait rien. Mais son fils insistant avec larmes et promettant de faire pénitence pour elle, elle se laissa toucher et envoya son fils chercher un prêtre. Avant que celui-ci n'arrivât, les démolis se ruèrent sur elle, la saisirent de crainte et d'horreur, au point qu'elle en mourut. Son fils confessa pour elle le péché de sa mère et fit pénitence pendant sept ans; après lesquels il vit sa mère qui le remerciait de sa délivrance. Les indulgences de l’Eglise font aussi du bien aux défunts. Un légat du siège apostolique pria un soldat distingué de combattre au service de l’Eglise dans l’Albigeois, en lui accordant une indulgence pour son père qui était mo&t ; il y resta une quarantaine de jours, après quoi son père lui apparut tout éclatant de lumière et le remerciant de sa délivrance.

II. Il reste à examiner quatre points encore, par rapport à ceux en faveur desquels s'adressent les suffrages. 1° Quels sont ceux auxquels ils sont profitables; 2° pourquoi ils doivent leur profiter; 3° s'ils profitent également à, tous; 4° comment ils peuvent savoir qu'on adresse des suffrages pour eux. 1° « Tous ceux qui sortent de cette vie, dit saint Augustin, sont ou très bons ou très méchants, ou médiocrement bons. Les suffrages adressés en faveur de ceux qui sont très bons sont des actions de grâces; ceux en faveur des méchants sont des consolations quelconques; pour les médiocrement bons, ce sont des expiations. » On appelle très bons, ceux qui s'envolent immédiatement au ciel sans passer par le feu de l’enfer ni du purgatoire. Il y en a de trois sortes : les baptisés, les martyrs et les hommes parfaits, qui ont amassé dans la perfection, de l’or, de l’argent et des pierres précieuses, c'est-à-dire qui ont l’amour de Dieu, l’amour du prochain, et des bonnes couvres, au point de ne penser pas à plaire au monde, mais seulement à Dieu. Ils peuvent commettre des péchés véniels, mais la ferveur de la charité consume en eux le péché, comme une goutte d'eau est totalement absorbée dans un foyer incandescent; en sorte qu'ils n'ont en eux rien qui mérite d'être expié par le feu. Celui donc qui prierait pour quelqu'une de ces trois catégories de personnes, ou qui ferait d'autres bonnes oeuvres à leur intention, leur ferait injure, « parce que, dit saint Augustin, c'est faire injure à un martyr que de prier pour un martyr. » Cependant si quelqu'un priait pour un très bon, dans le doute que son. âme fût au ciel, ses oraisons seraient des actions de grâces et tourneraient au profit de celui qui prie, selon les paroles de l’Ecriture sainte (Ps. XXXIV) : « Ma prière retourne en mon sein. » Car à ces trois sortes de personnes le ciel est ouvert immédiatement après leur mort, et ils ne passent pas par le feu du purgatoire. Ce qui est indiqué par ces trois personnes pour lesquelles le ciel s'ouvrit. 1° Pour J.-C. après son baptême : « Jésus étant baptisé et priant, le ciel fut ouvert. » (Saint Luc, III.) Ce qui montre que le ciel s'ouvre à tous les baptisés, soit petits enfants, soit adultes, en sorte qu'aussitôt après, s'ils venaient à décéder, ils s'y envoleraient; car le baptême, en vertu de la passion de J.-C. purifie de tout péché soit originel, soit mortel, soit véniel. 2° Le ciel s'ouvrit pour saint Etienne qu'on lapidait: « Je vois, dit-il (Actes, VII) les cieux ouverts. » Ce qui montre que le ciel s'ouvre à tous les martyrs, en sorte qu'ils y volent quand ils expirent, et s'il leur restait encore quelque faute à expier par le feu, tout est rasé par la faulx du martyre. 3° Il a été ouvert à saint Jean qui était d'une haute perfection. « J'ai vu, dit-il, (Apocal., IV) et la porte du ciel était ouverte. » Ce qui signifie que pour les hommes parfaits qui ont accompli totalement leur pénitence, et qui n'ont pas commis de péchés véniels, ou qui, s'ils en ont commis, les ont consumés de suite par la ferveur de la charité, le ciel même est incontinent ouvert, et ils y entrent de suite pour y régner éternellement. — Ceux qui sont très mauvais sont précipités dans le gouffre de l’enfer, on ne devrait jamais faire aucun suffrage, pour eux si on était certain de leur damnation, d'après cette parole de saint Augustin : « Si je savais que mon père est dans l’enfer, je ne prierais pas plus pour lui que pour le diable. » Que : si on adressait quelque espèce de suffrages en faveur de certains damnés, sur le sort duquel on ne serait pas certain, cela ne leur servirait à rien, ni pour les délivrer de leurs tourments, ni pour adoucir ou diminuer leurs peines, ni pour suspendre pour un temps ou même pour une heure, leur damnation, ni pour leur donner une plus grande force afin de supporter plus aisément leurs tourments; car, en aucun cas, dans l’enfer, il n'y a de rédemption. On appelle médiocrement bons ceux qui portent avec eux des matières à brûler, comme du bois, du foin, de la paille; ou qui, surpris par la mort, n'ont pu faire une pénitence imposée et suffisante. Ils ne sont pas assez bons pour n'avoir pas besoin de suffrages, ni assez mauvais pour que ces suffrages ne puissent leur être profitables. Or, les suffrages qu'on adresse pour eux leur servent d'expiation. C'est donc à ceux-là seulement que ces suffrages peuvent être utiles. Dans la manière de faire ces suffrages, l’Eglise a coutume d'observer trois sortes de jours principalement : le septième, le trentième et l’anniversaire, et la raison en est assignée dans le livre de l’Office mitral (ch. L). On a égard au septième jour afin que les âmes parviennent au sabbat éternel du repos, ou bien afin que soient remis tous les péchés commis dans la vie qui se divise en sept jours ; ou bien pour remettre les péchés commis avec le corps qui se compose de quatre humeurs, et avec l’âme qui a trois qualités. On observe le trentième qui se compose de trois dizaines pour les purifier des fautes commises contre la foi a la Sainte Trinité, ou par la transgression du Décalogue. On observe l’anniversaire afin que des années de calamité, ils parviennent aux années de l’éternité. De même que nous célébrons l’anniversaire des saints pour leur honneur et notre utilité, de même nous célébrons l’anniversaire des défunts pour leur utilité et notre dévotion. 2° On demandé pourquoi les suffrages doivent leur servir. On répond qu'ils le doivent en trois manières: 1° en faveur de l’unité; car ils font un corps avec l’Eglise militante, et pour cela ses biens doivent leur être communs; 2° en faveur de leur dignité, puisque, pendant leur vie, ils ont mérité d'en profiter ; d'ailleurs il est digne que ceux qui ont aidé les autres soient aidés à leur tour; 3° parce qu'ils en ont besoin : ils sont en effet dans une position à ne pouvoir pas se soulager. 3° On demande si ces suffrages profitent également à tous. On répond que si ces suffrages se font spécialement en faveur d'une personne, ils profitent plus aux personnes pour qui on les fait qu'aux autres; s'ils se font en commun, ils profitent davantage à ceux qui, dans cette vie, ont plus mérité qu'ils leur profitent, selon qu'ils, se trouvent dans une égale ou une plus grande nécessité. 4° Comment, peuvent-ils savoir que ces suffrages se font pour eux. Ils le peuvent savoir en trois manières, d'après saint Augustin : 1° par une révélation de Dieu qui les en instruit; 29° par une manifestation des bons anges, car eux qui ici-bas sont toujours avec nous et qui considèrent chacune de nos actions, peuvent en un instant descendre, en quelque sorte, auprès de ces patients et le leur annoncer aussitôt; 3° parla connaissance que leur en donnent les âmes qui en sortent, puisqu'elles peuvent leur annoncer cela comme d'autres choses encore ; 4° ils peuvent le savoir enfin par ce qu'ils éprouvent eux-mêmes et par révélation, car en se sentant soulagés dans leurs tourments, ils connaissent qu'on prie pour eux.

III. De ceux par qui se font les suffrages. Si ces suffrages doivent être profitables, il faut qu'ils soient faits par ceux qui sont dans la charité ; car s'ils étaient faits par des méchants ils ne serviraient à rien. On lit en effet qu'un soldat, au lit avec sa femme, admirait, en voyant la lune qui jetait une grande lumière par des crevasses, comment il se faisait que l’homme doué de la raison n'obéissait pas à son créateur, tandis que toutes les créatures inintelligentes obéissaient. Puis se mettant à déchirer la mémoire d'un soldat mort avec lequel il avait vécu en bonne union, tout à coup ce mort entra dans la chambre et lui dit : « Mon ami, ne te permets aucun mauvais soupçon contre personne, et pardonne-moi, si je t'ai offensé en quoi que ce soit. » Interrogé sur sa position, il dit : « Je souffre différents tourments, principalement pour avoir violé tel cimetière dans lequel après avoir blessé quelqu'un, je lui ai pris son manteau, que je porte sur moi et qui m’écrase plus que ne ferait une montagne. » Ensuite il le conjura de faire prier pour lui. Or, comme son compagnon lui demandait s'il voulait qu'il fît faire ces prières par tel ou tel prêtre, le revenant ne répondit rien, mais il secoua la tête comme pour dire non. Il lui demanda donc s'il voulait que tel ermite priât pour lui. « Plût à Dieu, répondit-il, que cet homme priât pour moi ! » Et quand il eut reçu la promesse que sa demande serait exaucée, il ajouta : « Et moi je te dis que d'aujourd'hui à deux ans, tu mourras aussi. » Alors il disparut. Le soldat amenda sa vie et mourut dans le Seigneur. Quand j'ai dit que les suffrages offerts par les méchants ne sont pas profitables, ceci ne doit point s'entendre des oeuvres sacramentelles, telles que la sainte messe qui ne peut perdre de sa valeur bien qu'offerte par un ministre mauvais; ou bien si le défunt lui-même ou quelqu'un de ses amis eût laissé de bonnes oeuvres à faire à des méchants ; ce dont ils doivent s'acquitter au plus tôt de crainte qu'il lie leur advienne ce qui est arrivé à quelqu'un. Dans les guerres de Charlemagne, raconte Turpin, un soldat, qui devait se battre contre les Maures, pria un parent de vendre son cheval et d'en donner le prix aux pauvres, s'il mourait dans la bataille. Il mourut et le parent, qui trouva le cheval fort à sa convenance, le garda pour lui. Mais peu de temps après, le défunt lui apparut comme un soleil brillant, et lui dit : « Bon cousin, pendant huit jours tu m’as fait endurer des peines dans le purgatoire, parce que tu n'as pas donné aux pauvres, comme je te l’ai dit, le prix de mon cheval; mais tu ne l’auras pas fait impunément : car aujourd'hui les diables tourmenteront ton âme dans l’enfer quant à moi qui suis purifié, je vais au royaume de Dieu. » Et voici que tout à coup on entend dans l’air un cri semblable à celui des lions, des ours et des loups et le parent fut enlevé par les diables (Hélinand, Chronique, an 807).

La Légende dorée de Jacques de Voragine nouvellement traduite en français avec introduction, notices, notes et recherches sur les sources par l'abbé J.-B. M. Roze, chanoine honoraire de la Cathédrale d'Amiens, Édouard Rouveyre, éditeur, 76, rue de Seine, 76, Paris mdccccii

SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome03/164.htm

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Katholische Pfarrkirche St. Michael in Marnbach (Weilheim in Oberbayern) im Landkreis Weilheim-Schongau (Bayern/Deutschland), Gemälde; Darstellung: Erzengel Michael und Arme Seelen im Fegefeuer


Pour l'Eglise catholique , le 2 Novembre est le jour de la commémoration des fidèles défunts. La liturgie prévoit un office particulier et des prières sont dites pour leurs âmes. Le 2 Novembre s'appelle aussi le jour des morts ou la fête des morts.

Depuis les premiers temps du christianisme, les liturgies occidentales et orientales consacrent une partie de la messe à la commémoration des défunts. Au moment du « mémento » on récitait les noms des défunts qui étaient inscrits sur des dyptiques, des tablettes généralement en ivoire. De nos jours, cet usage est remplacé par la lecture de la deuxième prière eucharistique de la liturgie Vatican II qui commence par : « Souviens-toi aussi de nos frères qui se sont endormis dans l’espérance de la résurrection, et de tous les hommes qui ont quitté cette vie ».

En même temps que cette célébration quotidienne, s’est installée la coutume de commémorer les défunts suivant certains rythmes.

Tertullien (mort vers 230-240) témoigne de l’existence de cette pratique à son époque : « Nous faisons annuellement des oblations pour les défunts et pour les nativités des martyrs ». ( De la couronne du soldat chapitre III ). On remarque que dans ce témoignage Tertullien établit déjà une relation entre la commémoration des morts et la Toussaint.

Après l’inhumation, des prières sont dites près de la tombe du défunt pendant les trois premiers jours de deuil.

Au IV ème siècle Saint Augustin recommande un deuil de sept jours au lieu du deuil de neuf jours que pratiquaient les latins et qu’ils appelaient les novandiales. « Le nombre septénaire marque principalement le repos à cause de la religion du Sabbat; c'est donc avec raison qu'on l'observe pour les morts, parce qu'ils sont comme entrés dans leur repos ». (Questions sur la Genèse. Chapitre CLXXII).

Au VI ème siècle le pape Saint Grégoire le Grand institua la pratique du « trentain » c’est à dire la célébration de trente messes trente jours de suite pour qu’une âme soit libérée du purgatoire. Un jour, ayant pitié d’un frère défunt, il avait dit au prévôt du monastère : « Va donc, et à partir de ce jour, durant trente jours continus, aie soin d’offrir pour lui le sacrifice, et ne laisse passer absolument aucun jour où ne soit pas immolée l’hostie salutaire pour sa libération ». (Dialogues Livre IV chapitre 55).

On pouvait ainsi célébrer un office pour les défunts le jour de l’inhumation puis trois , sept et trente jours après leur décès et à chaque anniversaire mais cette commémoration se situait dans le cadre d’un office ordinaire.

Un office spécifique pour les morts n’a été créé que plus tardivement, les premiers textes qui en parlent datent du IX ème siècle. Amalaire, diacre puis abbé de Metz, le signale dans son ouvrage « De ecclesiasticis officiis » écrit vers 820.

En 998 Odilon de Cluny institue une journée consacrée à la commémoration de tous les fidèles trépassés et la fixe le 2 Novembre. Son biographe raconte : « le saint père abbé proposa à tous les monastères que, le lendemain de la fête de tous les saints, on célèbre partout la mémoire de tous les fidèles pour assurer le repos de leur âme, que des messes soient célébrées, que les aumônes soient distribuées sans compter pour les pauvres ». Un texte des années 1070-1080 laisse entendre que le pape Léon IX ( 1049-1054 ) approuva cette décision peu après le décès d’Odilon. La fête des morts se répand dans tout l’occident chrétien dès la seconde moitié du XI ème siècle. Elle passe en Angleterre au début du XIII ème siècle. Le concile d’Oxford de 1222 déclare cette commémoration fête de seconde classe.

La commémoration des fidèles défunts entre dans la liturgie romaine et devient universelle au XIII ème siècle.

SOURCE : http://frederic.simon1.free.fr/jour_des_morts.html

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

École de Haute-Souabe, Fegefeuer, Predella des Dreikönigsaltars der ehemaligen Dreikönigskapelle Aulendorf, peinture / prédelle sur panneau et sur bois mou, 45,6  x 93, Musée du diocèse de Rottenburg


LA COMMÉMORATION DES MORTS.

Nous ne voulons pas, mes Frères, que vous ignoriez la condition de ceux qui dorment dans le Seigneur, afin que vous ne soyez pas tristes comme ceux qui n'ont point d'espérance (I Thess. IV, 13). C'était le désir de l'Apôtre écrivant aux premiers chrétiens ; l'Eglise, aujourd'hui, n'en a pas d'autre. Non seulement, en effet, la vérité sur les morts met en admirable lumière l'accord en Dieu de la justice et de la bonté : les cœurs les plus durs ne résistent point à la charitable pitié qu'elle inspire, et tout ensemble elle offre au deuil de ceux qui pleurent la plus douce des consolations. Si la foi nous enseigne qu'un purgatoire existe, où des fautes inexpiées peuvent retenir ceux qui nous furent chers, il est aussi de foi que nous pouvons leur venir en aide (Conc. Trid. Sess. XXV), il est théologiquement assuré que leur délivrance plus ou moins prompte est dans nos mains. Rappelons quelques principes de nature à éclairer ici la doctrine.

Tout péché cause double dommage au pécheur, souillant son âme, et le rendant passible de châtiment. Tache vénielle, entraînant simple déplaisance du Seigneur, et dont l'expiation ne dure qu'un temps ; souillure allant jusqu'à la difformité qui fait du coupable un objet d'abomination devant Dieu, et dont par suite la sanction ne saurait consister que dans le bannissement éternel, si l'homme n'en prévient en cette vie l'irrévocable sentence. Même alors cependant, l'effacement de 'a coulpe mortelle, en écartant la damnation, n'enlève pas de soi toute dette au pécheur converti ; bien qu'un débordement inusité de la grâce sur le prodigue puisse parfois, comme il est régulier dans le baptême ou le martyre, faire se perdre en l'abîme de l'oubli divin jusqu'au dernier vestige, aux moindres restes du péché, il est normal qu'en cette vie, ou par delà, satisfaction soit donnée pour toute faute à la justice.

A contre-pied du péché, tout acte surnaturel de vertu implique double profit pour le juste : il mérite à son âme un nouveau degré de grâce ; il satisfait pour la peine due aux fautes passées en la mesure de juste équivalence qui revient devant Dieu à ce labeur, cette privation, cette épreuve acceptée, cette libre souffrance d'un des membres de son Fils bien-aimé. Or, tandis que le mérite ne se cède pas et demeure personnel à qui l'acquiert, la satisfaction se prête comme valeur d'échange aux transactions spirituelles ; Dieu veut bien l'accepter pour acompte ou pour solde en faveur d'autrui, que le concessionnaire soit de ce monde ou de l'autre, à la seule condition qu'il fasse lui aussi partie par la grâce de ce corps mystique du Seigneur qui est un dans la charité (I Cor. XII, 27).

C'est, comme l'explique Suarez en son beau traité des Suffrages, la conséquence du mystère de la communion des saints manifesté en ces jours. Invoquant l'autorité des plus anciens comme des plus grands princes de la science, discutant les objections, les restrictions proposées depuis eux par plusieurs, l'illustre théologien n'hésite pas à conclure en ce qui touche plus particulièrement les âmes souffrantes : « J'estime que cette satisfaction des vivants pour les morts vaut en justice (Esse simpliciter de justitia), et qu'elle est infailliblement acceptée selon toute sa valeur, et selon l'intention de celui ! qui l'applique ; en sorte que, par exemple, si la satisfaction qui est de mon fait me valait en justice, pour moi gardée, la remise de quatre degrés de purgatoire, elle en remet autant à l'âme pour laquelle il me plaît de l'offrir (Suarez. De Suffragiis, Sectio VI). »

On sait comment l'Eglise seconde sur ce point la bonne volonté de ses fils. Par la pratique des Indulgences, elle met à la disposition de leur charité l'inépuisable trésor où, d'âge en âge, les surabondantes satisfactions des saints rejoignent celles des Martyrs, ainsi que de Notre-Dame, et la réserve infinie des souffrances du Seigneur. ] Presque toujours, elle approuve et permet que ! ces remises de peine, accordées aux vivants par sa directe puissance, soient appliquées aux morts, ; qui ne relèvent plus de sa juridiction, par mode de suffrage ; c'est-à-dire : en la manière où comme nous venons de le voir, chaque fidèle peut offrir pour autrui à Dieu, qui l'accepte, le suffrage ou secours (Est enim suffragium, ut sumitur ex D. Thoma et aliis in 4 d. 43, auxilium quoddam, quod unus fidelis praebet alteri ad obtinendum a Deo remissionem pœnœ temporalis, vel aliud hujusmodi. Suarez. De Suffrages, in Prœmio) de ses propres satisfactions C'est toujours la doctrine de Suarez, et il enseigne que l'Indulgence cédée aux défunts ne perd rien non plus de la certitude ou de la valeur qu'elle aurait eues pour nous qui militons encore (De Indulgentiis, Disput. LIII. Sect).

Or, c'est sous toutes formes et c'est partout que s'offrent à nous les Indulgences.

Sachons utiliser nos trésors, et pratiquer la miséricorde envers les pauvres âmes en peine. Est-il misère plus touchante que la leur ? si poignante, que n'en approche aucune détresse de la terre ; si digne pourtant, que nulle plainte ne trouble le silence de ce « fleuve de feu qui, dans son cours imperceptible, les entraîne peu à peu à l'océan du paradis (Mgr Gay, Vie et Vertus chrétiennes : De la charité envers l'Eglise, II). » Pour elles, le ciel est impuissant ; car on n'y mérite plus. Lui-même Dieu, très bon, mais très juste aussi, se doit de n'accorder leur délivrance qu'au paiement intégral de la dette qui les a suivies par delà le monde de l'épreuve (MATTH. V, 26). Dette contractée à cause de nous peut-être, en notre compagnie ; et c'est vers nous qu'elles se tournent, vers nous qui continuons de ne rêver que plaisirs, tandis qu'elles brûlent, et qu'il nous serait facile d'abréger leurs tourments ! Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous au moins qui êtes mes amis ; car la main du Seigneur m'a touchée (Job XIX, 21).

Comme si le purgatoire voyait plus que jamais regorger ses prisons sous l'affluence des multitudes qu'y précipite chaque jour la mondanité de ce siècle, peut-être aussi en raison de l'approche du règlement de compte final et universel qui clora les temps, l'Esprit-Saint ne se contente plus d'entretenir le zèle des anciennes confréries vouées dans l'Eglise au service des trépassés. Il suscite de nouvelles associations et jusqu'à des familles religieuses, dont l'unique but soit de promouvoir en toutes manières fa délivrance des âmes souffrantes ou leur soulagement. Dans cette œuvre d'une autre rédemption des captifs, il est aussi des chrétiens qui s'exposent et s'offrent à prendre sur eux les chaînes de leurs frères, par l'abandon total consenti à cette fin, non-seulement de leurs propres satisfactions, mais encore des suffrages dont ils pourraient bénéficier après leur mort : acte héroïque de charité, qu'il ne faut point accomplir à la légère, que cependant l'Eglise approuve (Propagé au XVIII° siècle par les Clercs réguliers Théatins, enrichi de faveurs spirituelles par les Souverains Pontifes Benoît XIII, Pie VI, Pie) ; car il glorifie grandement le Seigneur, et pour le risque encouru d'un délai temporaire de la béatitude, mérite à son auteur d'être à jamais plus près de Dieu, par la grâce dès maintenant, dans la gloire au ciel.

Mais si les suffrages du simple fidèle ont tant de prix, combien plus ceux de l'Eglise entière, dans la solennité de la prière publique et l'oblation du Sacrifice auguste où Dieu même satisfait à Dieu pour toute faute ! Ainsi qu'avant elle la Synagogue (II Mach. XII, 46), l'Eglise dès son origine a toujours prié pour les morts. En la manière qu'elle honorait par des actions de grâces l'anniversaire de ses fils les Martyrs, elle célébrait par des supplications celui de ses autres enfants qui pouvaient n'être point encore au ciel. Quotidiennement, dans les Mystères sacrés, elle prononçait les noms des uns et des autres à cette double tin de louange et de prière ; et de même que ne pouvant néanmoins rappeler en toute église particulière chacun des bienheureux du monde entier, elle les comprenait tous en une commune mention, ainsi faisait-elle, à la suite des recommandations spéciales au lieu ou au jour, mémoire générale des morts. Ceux qui ne possédaient ni parents, ni amis, observe saint Augustin, n'étaient donc point dès lors cependant dépourvus de suffrages ; car ils avaient, pour obvier à leur abandon, la tendresse de la Mère commune (Aug. De cura pro mortuis, IV).

L'Eglise ayant suivi dès le commencement, à l'égard de la mémoire des bienheureux et de celle des défunts, une marche identique, il était à prévoir que l'établissement d'une fête de tous les Saints au IX° siècle appellerait bientôt la Commémoration présente des trépassés. En 998, selon la Chronique de Sigebert de Gembloux (Ad hunc annum), l'Abbé de Cluny, saint Odilon, l'instituait dans tous les monastères de sa dépendance, pour être célébrée à perpétuité au lendemain même de la Toussaint; c'était sa réponse aux récriminations de l'enfer le dénonçant, lui et ses moines, en des visions rapportées dans sa Vie (Petr. Dam.; Jotsald. II, XIII), comme les plus intrépides secoureurs d'âmes qu'eussent à redouter, au lieu d'expiation, les puissances de l'abîme. Le monde applaudit au décret de saint. Odilon, Rome l'adopta, et il devint la loi de l'Eglise latine entière.

Les Grecs font une première Commémoration générale des morts la veille de notre dimanche de Sexagésime, qui est pour eux celui de Carême prenant ou d’ Apocreos, et dans lequel ils célèbrent le second avènement du Seigneur. Ils donnent le nom de samedi des âmes à ce jour, ainsi qu'au samedi d'avant la Pentecôte, où ils prient de nouveau solennellement pour tous les trépassés.

LES MATINES DES MORTS.

Amalaire observait déjà de son temps (IX° siècle) que l'Office des défunts rappelle en sa forme les Offices célébrés aux jours anniversaires de la mort du Seigneur (Amalar. De ecclesiast. Officiis, III, XLIV). Même absence d'Hymnes, Doxologies, Absolutions, Bénédictions ; même suppression du prélude accoutumé Domine labia mea aperies, Deus in adjutorium meum intende ; bien qu'à la différence des derniers jours de la Semaine sainte, l'Office complet des morts ait cependant gardé ou recouvré depuis longtemps l'Invitatoire.

Or cet Invitatoire est, comme hier le premier Psaume des Vêpres, un chant d'amour et d'espérance: Tout vit, pour notre Roi; venez, adorons-le. Au delà comme en deçà de la tombe, tous les hommes vivent, devant Celui qui doit les ressusciter un jour (Luc. XX, 38). Dans la langue de l'Eglise, le champ des morts est le cimetière, c'est-à-dire un dortoir où ses fils reposent ; comme eux-mêmes sont des défunts, travailleurs qui, leur tâche accomplie, attendent le moment de la récompense.

Rome s'est montrée ici mieux inspirée que d'autres Eglises, où l'Antienne choisie comme refrain du joyeux Venite exsultemus était : Circumdederunt me gemitus mortis ; dolores inferni circumdederunt me (Voici que m'ont environne les gémissements de la mort, les douleurs de l'enfer). Que de variantes semblables, et toutes à l'avantage de l'Eglise Maîtresse et Mère, seraient à signaler dans une étude historique de l'Office des morts ! Mais pareil but ne saurait être le nôtre en ces pages trop restreintes.

INVITATOIRE.

Tout vit, pour notre Roi :* Venez, adorons-le.

PSAUME XCIV.

Venez, tressaillons dans le Seigneur; chantons dans la jubilation des hymnes à Dieu notre Sauveur : prévenons sa présence par des chants de louange, et jubilons en son honneur dans la psalmodie.

Tout vit, pour notre Roi : * Venez, adorons-le.

Car le Seigneur est le grand Dieu, le grand Roi au-dessus de tous les dieux: il ne repoussera point son peuple. Dans sa main sont toutes les profondeurs de la terre, et son œil domine les sommets des montagnes.

Venez, adorons-le.

La mer est à lui, et il l'a faite, et ses mains ont formé la terre. Venez, adorons et prosternons-nous devant ce Dieu ; pleurons devant ce Seigneur qui nous a faits : car il est le Seigneur notre Dieu, et nous son peuple et les brebis de son pâturage.

Tout vit, pour notre Roi : * Venez, adorons-le.

Si aujourd'hui vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs, comme au jour du murmure et de la tentation dans le désert, où vos pères me tentèrent, où ils me mirent a l'épreuve, et virent mes œuvres.

Venez, adorons-le.

Pendant quarante ans, j'ai couvert de ma protection cette génération, et j'ai dit : « C'est un peuple dont le cœur est égaré ; ils ne connaissent pas mes voies ; c'est pourquoi j'ai juré dans ma colère qu'ils n'entreraient point dans la terre de mon repos. »

Tout vit, pour notre Roi : * Venez, adorons-le.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ; que luise pour eux la lumière sans fin.

Venez, adorons-le.

Tout vit, pour notre Roi : * Venez, adorons-le.

Un tel début montre assez quelle part il convient de faire, selon l'Eglise, à la reconnaissance et à la louange dans la prière pour les morts.

PREMIER NOCTURNE.

Elles débordent, dans le premier Psaume des Nocturnes, la reconnaissance et la louange de l'âme échappée aux filets des pécheurs, en ce premier matin du salut assuré pour jamais qui l'introduit parmi les âmes très saintes du purgatoire. C'est avec confiance qu'elle s'en remet à son Seigneur du soin de la conduire par le chemin douloureux et purifiant qui doit l'amener à l’entrée même de la maison de Dieu.

Ant. SEIGNEUR mon Dieu, dirigez mes pas en votre présence.

PSAUME V.

Seigneur, prêtez l'oreille aux paroles de ma bouche, entendez le cri démon cœur.

Ecoutez ma voix suppliante, ô mon Roi et mon Dieu.

Oui ; c'est vous que j'implore : Seigneur, au matin vous m'exaucerez.

Au matin, me voici devant vous ; je saurai que vous n'êtes point un Dieu favorable au péché,

Que le méchant n'habitera point votre demeure, que les injustes ne pourront subsister devant vous.

Vous haïssez tous ceux qui font l'iniquité ; vous perdrez tous ceux qui aiment le mensonge.

Le Seigneur a en abomination l'homme de sang et d'astuce. Pour moi, c'est me confiant en votre miséricorde infinie,

Que j'entrerai dans votre maison ; c'est pénétré de votre crainte, que j'adorerai dans votre saint temple.

Seigneur, guidez-moi dans votre justice ; à cause de mes ennemis, dirigez mes pas en votre présence.

Eux, en effet, n'ont point la vérité dans leur bouche ; leur cœur est vain.

Leur gosier est un sépulcre ouvert, leur langue un instrument de tromperie : jugez-les, ô Dieu.

Qu'ils soient déçus dans leurs pensées : rejetez-les ; car leurs impiétés sont sans nombre, et ils ont mérité votre colère, ô Seigneur.

Et que soient dans la joie tous ceux qui espèrent en vous : ils seront dans l'allégresse à jamais ; vous habiterez en eux.

Et ils se glorifieront en vous, tous ceux qui aiment votre nom ; car vous bénirez le juste.

Seigneur, vous nous avez comme d'un bouclier cou verts de votre amour.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ;

Que luise pour eux la lumière sans fin.

Ant. Seigneur mon Dieu, dirigez mes pas en votre présence.

L'âme est exaucée : la justice s'est emparée d'elle ; car le temps de la miséricorde n'est plus. Sous la terrible mainmise de son guide nouveau, à l'implacable lumière qui, en regard de l'infinie pureté, met à nu ses replis les plus ignorés, et ses vertus si mélangées, et tant de traces restées des souillures d'antan, la pauvre âme sent lui manquer tout ce qu'elle se croyait de force , tremblante, elle supplie Dieu de ne point la confondre en sa fureur avec les éternels maudits dont le voisinage accroît son tourment. Mais sa supplication, comme son effroi, est toute d'amour : Seigneur, sauvez-moi ; car il n'est personne qui pense à vous louer dans cette mort. Ce Psaume est le premier des sept de la pénitence.

Ant. Seigneur, tournez - vous vers moi, et délivrez mon âme ; car nul dans la mort ne se souvient de vous.

PSAUME VI.

Seigneur, ne me reprenez pas dans votre fureur, et ne me châtiez pas dans votre colère.

Ayez pitié de moi, Seigneur ; car je languis de faiblesse ; guérissez- moi, Seigneur, parce que le trouble m'a saisi jusqu'au fond de mes os.

Mon âme est toute troublée ; mais vous, Seigneur, jusqu'à quand différerez-vous ?

Seigneur, tournez-vous vers moi, et délivrez mon âme ; sauvez-moi, à cause de votre miséricorde.

Car nul dans la mort ne se souvient de vous : qui publiera vos louanges dans l'enfer ?

Je me suis épuisé à force de gémir ; j'ai baigné chaque nuit mon lit de mes pleurs ; j'ai arrosé ma couche de mes larmes.

Mon œil a été tout troublé de fureur : j'ai vieilli au milieu de tous mes ennemis.

Retirez-vous de moi, vous tous qui commettez l'iniquité ; car le Seigneur a exaucé la voix de mes pleurs.

Le Seigneur a exaucé ma supplication ; le Seigneur a reçu ma prière.

Que tous mes ennemis rougissent et soient saisis d'étonnement ; qu'ils retournent en arrière, et soient couverts de honte.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ;

Que luise pour eux la lumière sans fin.

Ant. Seigneur, tournez-vous vers moi, et délivrez mon âme ; car nul dans la mort ne se souvient de vous.

David, accusé par ses adversaires, en appelle au Seigneur de leurs calomnies. La crainte qui prosterne l'âme, au purgatoire, en un saint tremblement devant la justice de Dieu, n'a point fait vaciller l'espérance en elle plus que l'amour ; elle s'appuie sur la sentence même, sur le secours imploré de son juge, pour tenir tête au lion infernal qui la poursuit de ses indignes clameurs dans le délaissement et le dénuement auxquels la réduit son expiation.

Ant. Que l'ennemi comme un lion ne se saisisse pas de mon âme, sans que personne se trouve pour m'arracher à lui et me sauver.

PSAUME VII.

Seigneur mon Dieu, j'ai mis en vous mon espérance : sauvez-moi de tous ceux qui me persécutent, et délivrez-moi.

Que l'ennemi comme un lion ne se saisisse pas de mon âme, sans que personne se trouve pour m'arracher à lui et me sauver.

Seigneur mon Dieu, si j'ai fait ce dont il m'accuse, si l'iniquité se rencontre en mes œuvres,

Si j'ai rendu le mal pour le mal, ce sera justice, que je succombe sous mes ennemis sans nul espoir.

Que l'ennemi poursuive mon âme, qu'il s'en empare ; qu'à terre il foule aux pieds ma vie ; qu'en poussière il réduise ma gloire.

Levez-vous. Seigneur, dans votre colère ; faites paraître votre puissance au territoire de mes ennemis.

Oui; levez-vous, Seigneur mon Dieu ! Que vos édits soient respectés. Voici que va vous entourer l'assemblée des peuples ;

A cause d'elle, reprenez place sur votre trône dans les hauteurs : le Seigneur juge les peuples.

Jugez-moi, Seigneur, selon ma justice, selon mon innocence.

La malice des pécheurs sera anéantie, et vous guiderez le juste, ô Dieu qui sondez les reins et les cœurs.

Il est juste que j'attende le secours du Seigneur qui sauve ceux qui ont le cœur droit.

Dieu est un juge équitable, fort et patient : fait-il chaque jour éclater sa colère?

Si vous ne changez, il brandira son glaive ; il a tendu son arc, il le tient prêt,

Il y a mis des traits mortels, ses flèches sont faites d'un feu dévorant.

Ainsi l'impie, mettant son injustice au jour, a conçu la douleur et enfanté l'iniquité.

Préparant son piège, il a creusé la terre, et il est tombé dans la fosse qu'il avait faite.

Le mal qu'il me voulait se retournera contre lui ; sa méchanceté retombera sur sa tête.

Pour moi, je chanterai la justice du Seigneur, j'exalterai le nom du Seigneur Très-Haut.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ;

Que luise pour eux la lumière sans fin.

Ant. Que l'ennemi comme un lion ne se saisisse pas de mon âme, sans que personne se trouve pour m'arracher à lui et me sauver.

De la porte de l'enfer,

R/. Seigneur, délivrez leurs âmes.

A la suite de ce cri maternel sorti du cœur de l'Eglise, toute l'assemblée prie en silence, offrant à Dieu l'Oraison Dominicale pour les trépassés aux prises avec les puissances de l'abîme.

Et voici que dans le recueillement de ce silence, omettant la demande d'une Bénédiction qu'ils ne peuvent plus recevoir au même titre que nous de l'Eglise, s'élève seule en leur nom la voix du Lecteur. Empruntant les accents du juste de l'Idumée sous la main qui l'éprouve, elle dit la souffrance qui les oppresse, leur foi indomptée, leur prière sublime. Et comme dans la tragédie antique, le Chœur intervient après chaque Lecture, en autant de Répons dont la mélodie s'harmonise merveilleusement avec ces échos d'outre-tombe : soit qu'il reprenne en s'y unissant la parole des morts, ou appuie leur prière de ses propres supplications ; soit que terrifié par cette rigueur de Dieu contre des âmes qui pourtant lui sont chères et sont sûres de l'aimer toujours, il tremble pour lui-même pécheur, dont le jugement est encore en suspens.

Au témoignage de saint Antonin et de Démocharès, cités par Gavanti (De Officio Defunct), la composition de ces admirables Répons reviendrait pour une part à

Maurice de Sully, l'évêque de Paris qui commença Notre-Dame ; toutefois le plus grand nombre d'entre eux se trouvent déjà dans les manuscrits grégoriens de l'époque antérieure.

D'autres livres de l'Ecriture que celui de Job, et aussi les Œuvres de saint Augustin, fournirent longtemps en différents lieux les Leçons des morts ; et diverses églises avaient la coutume de terminer celles-ci par la formule : Beati mortui qui in Domino moriuntur (Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur).

LEÇON I.

Épargnez-moi, Seigneur ; car mes jours ne sont que néant. Qu'est donc l'homme, pour l'estimer tant que d'arrêter sur lui votre pensée ? Vous venez à lui dès le matin, pour aussitôt l'éprouver. Jusques à quand ne m'épargnerez-vous pas, ne me laisserez-vous pas même avaler ma salive ? J'ai péché : pour vous apaiser, que ferai-je, gardien des hommes, à qui rien n'échappe? Pourquoi m'avoir mis en butte à vos traits, me rendant à charge à moi-même ? Pourquoi n'ôtez-vous pas mon péché, ne pardonnez-vous pas mon iniquité ? Voici que je vais m'endormir dans la poussière du sépulcre, et si vous me cherchez au matin, je ne serai plus.

R/. Je crois que mon Rédempteur est vivant, et qu'au dernier jour je ressusciterai de la terre. * Et dans ma chair je verrai Dieu mon Sauveur.

V/. Je le verrai moi-même, et non un autre, et mes yeux le contempleront. * Et dans ma chair.

LEÇON II. (Job. X.)

Mon âme a la vie en dégoût ; je m'abandonnerai aux plaintes contre moi-même, je parlerai dans l'amertume de mon âme. Je dirai à Dieu : Ne me condamnez pas ; indiquez-moi pourquoi vous me traitez de la sorte. Vous plairiez-vous à m'accuser sans fondement, à m'accabler, moi l'œuvre de vos mains, donnant gain de cause aux impies ? Vos yeux à vous aussi sont-ils de chair, et voyez-vous à la manière de l'homme? Vos jours sont-ils comptés comme les jours de l'homme et vos années s'écoulent-elles comme sa vie, pour vous presser ainsi d'informer contre moi et scruter mon péché de la sorte ? Et pourtant vous savez que je n'ai rien fait d'impie ; qui d'ailleurs pourrait me tirer de vos mains?

R/. Vous qui ressuscitâtes Lazare du tombeau, quand déjà il sentait mauvais : * Seigneur, donnez-leur le repos, conduisez-les au lieu du pardon.

V/. Vous qui viendrez juger les vivants et les morts, et ce monde par le feu. * Seigneur, donnez-leur.

LEÇON III. (Job. X.)

Vos mains m'ont fait et façonné dans tout mon être : et c'est ainsi qu'en un instant vous me brisez ? Souvenez-vous, je vous prie, que vous m'avez pétri comme l'argile : et déjà vous me réduiriez en poussière ? N'ai-je pas d'abord été pour vous comme le lait sans consistance, qui s'épaissit ensuite? Puis vous m'avez revêtu de peau et de chair, consolidant par des nerfs et des os cet ouvrage de vos mains. Enfin vous m'avez donné la vie et comblé de bienfaits ; votre providence attentive a gardé mon âme.

R/. Seigneur, quand vous viendrez juger la terre, où me cacherai-je pour éviter la colère de vos yeux? * Car les péchés de ma vie ont passé les bornes.

V/. Mes forfaits m'épouvantent; ma confusion devant vous est extrême : quand vous viendrez,ô Juge, ne me condamnez pas. * Car les péchés.

V/. Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ; que luise pour eux la lumière sans fin. * Car les péchés.

DEUXIÈME NOCTURNE.

J'ai une nourriture à manger que vous ne connaissez pas (v). » C'est la réponse que s'attirerait de la part de? chères âmes notre étonnement au sujet de l'Antienne qui va suivre. Ineffablement justes et saintes, la parole du Seigneur est aussi la leur : « Ma nourriture est d'accomplir la volonté de mon Père (Ibid. 34). » Or en effet, vu de ces sommets comme le voit notre Antienne, quel pâturage que le purgatoire ! Seigneur qui me conduisez, qui par votre grâce daignez être avec moi dans cette ombre de la mort, votre verge en me frappant me console; mon abandon à vos justices est l’huile qui coule à flots de ma tête et, oignant tous mes membres, les fortifie pour le combat ; avide de soumission, mon cœur a trouvé son calice enivrant.

Saint Jean Chrysostome atteste qu'on chantait déjà de son temps ce Psaume aux funérailles des chrétiens, ainsi que le Psaume Dilexi, premier de nos Vêpres des morts (Chrys. Hom. IV in Epist. ad Heb).

Ant. Il m'a placé dans un pâturage.

PSAUME XXII.

Le Seigneur me conduit, et rien ne me manquera : il m'a placé dans un pâturage.

Il m'a élevé près d'une eau nourrissante ; il a converti mon âme.

Il m'a conduit dans les sentiers de la justice, à cause de son nom.

Aussi, même en marchant dans l'ombre de la mort, je ne craindrai aucun mal ; car vous êtes avec moi.

Verge et houlette, en vos mains, me consolent.

Vous avez préparé devant moi une table, contre ceux qui me persécutent.

Vous avez répandu l'huile à flots sur ma tête : et qu'il est beau mon calice enivrant !

Votre miséricorde me suivra tous les jours de ma vie.

J'habiterai la maison du Seigneur durant des jours sans fin.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ;

Que luise pour eux la lumière sans fin.

Ant. Il m'a placé dans un pâturage.

Les fautes de ma jeunesse, mes ignorances, Seigneur, ne vous en souvenez plus. Plût à Dieu que nos examens de conscience eussent présentement le sérieux de celui qu'il nous faudra faire au lieu d'expiation, pour réparer leur insuffisance ! L'ignorance, qu'on prétend excuser tant d'hommes de nos jours, sera bien lourde alors pour ceux dont la négligence à s'instruire aura obscurci la foi, endormi l'espérance, attiédi l'amour, faussé sur mille points le christianisme et la vie. Alors aussi se solderont « jusqu'au dernier denier (MATTH. V, 26) » ces dettes de pénitence accumulées par tant de péchés remis quant à la coulpe, il est vrai, dès longtemps peut-être, et depuis non moins longtemps, hélas ! totalement oubliés. O Dieu, voyez ma peine et mon humiliation.

Ant. Les fautes de ma jeunesse, mes ignorances, Seigneur, ne vous en souvenez plus.

PSAUME XXIV.

Vers vous, Seigneur, j'ai élevé mon âme; en vous, mon Dieu, j'ai mis ma confiance : je n'aurai point à en rougir.

Que mes ennemis ne se rient pas de moi : quiconque vous attend ne sera point confondu.

Cette confusion, qu'elle soit pour tous ceux qui font le mal comme à plaisir.

Montrez-moi, Seigneur, la voie qui conduit à vous ; apprenez-moi vos sentiers.

Dirigez-moi dans votre vérité, instruisez-moi ; car vous êtes mon Dieu sauveur, et je vous attends tout le jour.

Souvenez-vous de vos bontés, Seigneur, de vos miséricordes qui sont à jamais.

Les fautes de ma jeunesse, mes ignorances, ne vous en souvenez plus.

Souvenez-vous de moi selon votre miséricorde, ô Seigneur, dans votre seule bonté.

Doux et juste est le Seigneur ; c'est pour cela qu'il donne sa loi à ceux qui s'égarent.

Il guide les humbles dans la justice ; il enseigne ses voies à ceux qui sont doux

Toutes les voies du Seigneur sont miséricorde et vérité pour ceux qui recherchent son alliance et ses commandements.

Pour votre nom Seigneur, vous pardonnerez mon péché, si grand qu'il soit.

Quel est l'homme qui craint le Seigneur ? il ne sera point sans loi et direction dans le chemin qu'il a choisi.

Son âme aura la tranquille possession de tous les biens ; sa race aura la terre en héritage.

Le Seigneur est un ferme appui pour ceux qui le craignent ; par son alliance, il se révèle à eux.

Mes yeux restent tournés vers le Seigneur : c'est lui qui retirera mes pieds des filets.

Tournez vers moi les yeux, ayez pitié, car je suis pauvre et délaissé.

Mes afflictions et mes tribulations se sont multipliées; délivrez-moi de telles angoisses.

Voyez mon humiliation et mon labeur ; remettez-moi tous mes péchés.

Considérez mes ennemis, leur multitude, de quelle injuste haine ils me haïssent.

Gardez mon âme, et délivrez-moi : non, je n'aurai point à rougir d'avoir mis en vous mon espoir.

Les justes et les cœurs droits font avec moi cause commune, parce que c!est vous que j'attends.

Mon Dieu, délivrez Israël de toutes ses tribulations.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ;

Que luise pour eux la lumière sans fin

Ant. Les fautes de ma jeunesse, mes ignorances, Seigneur, ne vous en souvenez plus.

Le Psaume XXVI° fut chanté au Vendredi saint pour exprimer le sentiment de confiance qui n'abandonna pas le Messie durant les épreuves de sa Passion. Il reparaissait aux Matines du lendemain pour annoncer sa prochaine délivrance ; et l'Antienne qui l'accompagnait en ce dernier jour était celle-là même qui va suivre. Comme au grand Samedi où les limbes possédèrent le Sauveur, les hôtes du purgatoire s'unissent au Chef divin dans son attente du retour à la lumière, à la vie. Leur prière, que l'Eglise elle aussi fait sienne, est d'une inspiration bien faite pour toucher le Seigneur.

Ant. J'ai la ferme espérance de voir un jour les richesses du Seigneur, dans la terre des vivants.

PSAUME XXVI.

Le Seigneur est ma lumière et mon salut : qui craindrai-je ?

Le Seigneur est le défenseur de ma vie : qui pourrait m'intimider,

En ce moment où les méchants m'ont cerné pour me dévorer ?

Mes persécuteurs se sont affaiblis, et ils sont tombés.

Quand même une armée ennemie m'assiégerait, mon cœur serait sans crainte.

Si elle me déclarait la bataille, c'est alors que je serais plein de confiance.

Je n'ai demandé qu'une chose au Seigneur ; je la lui demanderai sans cesse : c'est d'habiter dans sa maison tous les jours de ma vie ;

Afin de goûter les délices du Seigneur, et de contempler les beautés de son temple.

Car il me couvrira de l'ombre de son tabernacle ; au jour de mon affliction, il me protégera dans le secret de son temple.

Il m'a établi sur le roc ; il a élevé ma tête au-dessus de mes ennemis.

Après une marche sacrée, j'offrirai dans son tabernacle un sacrifice accompagné de cris de joie ; je chanterai des cantiques au Seigneur.

Exaucez, Seigneur, le cri que je vous adresse ; ayez pitié de moi, et exaucez-moi.

Mon cœur vous parle ; mes yeux vous cherchent : Seigneur, je ne cesserai de chercher votre présence.

Ne détournez pas de moi votre visage ; dans votre colère, ne vous éloignez pas de votre serviteur.

Soyez mon appui ; ne m'abandonnez pas ; ne me dédaignez pas, ô Dieu de mon salut.

Mon père et ma mère m'ont abandonné ; mais le Seigneur a pris soin de moi.

Enseignez-moi vos sentiers, Seigneur; dirigez-moi dans la voie droite pour confondre mes ennemis.

Ne m'abandonnez pas à la fureur de ceux qui me persécutent ; car de faux témoins se sont élevés contre moi, et l'iniquité s'est menti à elle-même.

J'ai la ferme espérance de voir un jour les richesses du Seigneur, dans la terre des vivants.

Attends le Seigneur, ô mon âme, sois ferme ; fortifie ton courage, et attends le Seigneur.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ;

Que luise pour eux la lumière sans fin.

Ant. J'ai la ferme espérance de voir un jour les richesses du Seigneur, dans la terre des vivants.

V/. Veuille le Seigneur les placer avec les avec les princes de son peuple.

Le Chœur a fait écho dans le Verset au désir des âmes; il prie de nouveau en silence, disant le Pater.

C'est au début de la Leçon suivante que se rattache la scène terrifiante immortalisée dans la Vie de saint Bruno par le pinceau de Le Sueur. D'après une tradition conservée dans l'Ordre qu’il devait fonder, Bruno, séculier encore, assistait au service funèbre chanté à Notre-Dame de Paris pour un docteur de renom, Raymond Diocrès, lorsqu'à ces paroles : Responde mihi quantas habeo iniquitates et peccata, le mort se souleva de sa bière et prononça ces mots : « J'ai été accusé au juste jugement de Dieu. » L'Office interrompu dans l'émotion de tous, et remis au lendemain, la même tradition rapporte qu'on vit Diocrès se lever à nouveau, mais pour dire : « J'ai été jugé au juste jugement de Dieu. » Jusqu'à ce que, les funérailles une troisième fois reprises, la voix du malheureux se fit entendre au même moment que les deux premiers jours, et elle s'écriait, glaçant l'assemblée d'épouvante : « J'ai été condamné au juste jugement de Dieu (D. Le Couteulx, Annal. Cartns. in Proœmio, nis XXI XLI ; où l'on verra les arguments qui militent pour la substance du fait, sinon ses). »

LEÇON IV. (Job. XIII.)

Répondez-moi : quel est le nombre de mes iniquités? quelle est la gravité de mes fautes ? Faites-moi voir mes péchés et mes crimes. Pourquoi détourner de moi votre visage, et me considérer comme un ennemi? Vous déployez votre puissance contre une feuille qu'emporte le vent, vous poursuivez une paille desséchée. Car vous édictez contre moi les mesures les plus dures, et pour me perdre vous remontez jusqu'aux péchés de mon adolescence. Vous avez mis mes pieds dans les ceps, vous avez observé tous mes sentiers, vous avez relevé les traces de mes pas, à moi qui bientôt ne serai que pourriture, pareil au vêtement mangé des vers.

R/. Souvenez-vous de moi, ô Dieu, car ma vie n'est qu'un souffle. * Et les hommes ne me verront plus.

V/. De l'abîme j'ai crié vers vous, Seigneur ; Seigneur, écoutez ma voix. * Et les hommes. (Job. XIV.)

LEÇON V. (Job. XIV.)

L'homme, né de la femme, vit peu de temps, et est rempli de beaucoup de misères. Il germe comme la fleur et comme elle est foulé aux pieds ; il fuit comme l'ombre et ne demeure jamais stable. Et c'est lui que vous estimez digne d'attirer vos regards, c'est lui que vous appelez en jugement avec vous ! Qui peut rendre pur l'être sorti d'une source souillée ? N'est-ce pas vous seul qui le pouvez? Les jours de 1 homme sont courts ; vous connaissez les mois que doit durer sa vie : vous en avez marqué les bornes, qui ne seront point dépassées. Retirez-vous un peu de lui, afin qu'il ait quelque relâche, en attendant que vienne le jour désiré qui comme pour le mercenaire finira ses travaux.

R/. Hélas ! Seigneur, "' O combien j'ai péché dans ma vie ! Que ferai-je, malheureux ? Où fuir, sinon vers vous, mon Dieu ? * Ayez pitié de moi, quand vous viendrez au dernier jour.

V/. Mon âme est grandement troublée ; mais vous, Seigneur, secourez-la.* Ayez pitié.

LEÇON VI. (Job. XIV.)

Qui me donnera de me voir mis à l'abri, caché par vous au séjour des morts, jusqu'à ce que passe votre fureur, et que vous me marquiez un temps où vous aurez souvenir de moi? Mais se peut-il qu'une fois mort, l'homme revive ? Chacun de ces jours de ma milice terrestre, j'attends que survienne ma transformation. Vous m'appellerez alors, et je vous répondrai ; vous tendrez votre droite à l'ouvrage de vos mains. Mais maintenant vous comptez tous mes pas ; pardonnez mes péchés.

R/. SEIGNEUR, ne vous souvenez vous pas de mes péchés, * Quand vous viendrez juger le monde par le feu.

V/. Seigneur mon Dieu, dirigez mes pas en votre présence, * Quand vous viendrez.

V/. Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ; que luise pour eux la lumière sans fin, * Quand vous viendrez.

TROISIEME NOCTURNE.

A mesure que se poursuit l'expiation purifiante, l'ombre qui ternissait l'âme se dissipe, et laisse comme poindre déjà l'auréole. Certes, ni l'expression de la souffrance, ni l'élan de la prière ne font défaut au Psaume XXXIX°, que nous chantâmes lui aussi à la mort du Sauveur (IIe Nocturne du Vendredi saint). Mais combien s'y montre surtout l'union toujours plus marquée dans la douleur au libérateur divin, dont le sang éteignit la flamme de tous les holocaustes ! combien dominent en ce Psaume, non seulement l'action de grâces, mais l'admiration pour Dieu à cause de ses bontés, et le besoin de le louer pour lui-même, de le voir louer par tous ! Oui ; qu'il vous plaise, Seigneur, de me délivrer; mais qu'ils tressaillent en vous ceux qui vous cherchent, qu'ils disent sans fin : Soit magnifié le Seigneur !

Ant. Qu'il vous plaise, Seigneur, de me délivrer; Seigneur, protégez-moi de votre regard.

PSAUME XXXIX.

J'ai attendu le Seigneur avec persévérance, et il s'est enfin tourné vers moi.

Il a exaucé ma prière ; il m'a tiré d'un abîme de misère et d'un bourbier profond.

Il a établi mes pieds sur le roc, et dirigé lui-même mes pas.

Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, un cantique de louanges pour notre Dieu.

Plusieurs verront ceci, ci seront dans la crainte ; ils espéreront dans le Seigneur.

Heureux l'homme qui met son espérance dans le nom du Seigneur, et qui ne cherche pas des appuis vains et insensés!

Seigneur mon Dieu, vous avez opéré d'innombrables merveilles ; et nulle créature, dans ses desseins, ne peut être comparée à vous.

Si je veux parler de vos oeuvres et les annoncer, elles se trouvent au-dessus de mes paroles.

Vous n'avez pas agréé les victimes ni les offrandes ; mais vous m'avez formé des oreilles dociles.

Vous n'avez point demandé d'holocaustes, ni sacrifices pour le péché ; alors j'ai dit : Voici que je viens.

Il est écrit de moi en tête du livre que je ferai votre volonté ; je le veux ainsi, mon Dieu, et votre commandement est gardé dans le plus intime de mon cœur.

J'ai annoncé votre justice dans une grande assemblée ; je n'ai point fermé mes lèvres ; vous le savez, Seigneur.

Je n'ai point retenu votre justice dans le secret de mon cœur : j'ai publié votre vérité et le salut qui vient de vous.

Je n'ai point caché votre miséricorde et votre vérité à cette réunion nombreuse.

Mais vous, Seigneur, n'éloignez pas de moi vos bontés ; que votre miséricorde et votre vérité m'accompagnent toujours.

Des maux sans nombre sont venus fondre sur moi ; mes iniquités m'ont enveloppé de toutes parts ; et je n'ai pu en soutenir la vue.

Elles surpassent le nombre des cheveux de ma tête ; et mon cœur en est tombé dans la défaillance.

Qu'il vous plaise, Seigneur, de me délivrer ; Seigneur, protégez-moi de votre regard.

Que ceux qui cherchent à m'ôter la vie soient couverts de honte et saisis de crainte.

Que ceux qui désirent ma perte soient mis en fuite et livrés à l'ignominie.

Qu'ils soient couverts de confusion, ceux qui disent en m'insultant : Allons, allons 1

Que tous ceux qui vous cherchent soient dans l'allégresse ; que tous ceux qui n'attendent leur salut que de vous disent sans cesse : Soit glorifié le Seigneur 1

Pour moi, je suis pauvre et mendiant ; mais le Seigneur prend soin de moi.

Vous êtes mon libérateur et mon appui : mon Dieu, ne tardez pas.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ;

Que luise pour eux la lumière sans fin.

Ant. Qu'il vous plaise, Seigneur, de me délivrer ; Seigneur, protégez-moi de votre regard.

Pour moi, je suis le pauvre et le mendiant de Dieu, disait sur sa fin le dernier Psaume. Et le suivant débute en proclamant bienheureux celui qui s'ingénie à secourir l'indigent et le pauvre. Parmi tous les nobles sentiments qui règnent au purgatoire, ne pouvait manquer celui de la reconnaissance pour quiconque ne partage point l'oubli dont trop souvent sont l'objet les morts ; indifférence odieuse à l'égal d'une trahison, quand elle est celle de ces hommes de leur paix, comme dit le Psalmiste, de ces convives des heureux jours, en lesquels si à tort ils avaient mis espoir et confiance. Mais entendons leur prière humble et douce pour le bienfaiteur ignoré d'eux, dédaigné d'eux peut-être au temps de la prospérité mondaine, et venu au secours de leur abandon : Que le Seigneur le rende heureux sur la terre et le délivre de ses ennemis ; que le Seigneur lui vienne en aide, s'il est sur un lit de douleur.

Ant. Seigneur, guérissez mon âme, car j'ai péché contre vous.

PSAUME XL.

Heureux celui qui s'ingénie à secourir l'indigent et le pauvre ! Le Seigneur le délivrera au jour mauvais.

Que le Seigneur le garde et qu'il le vivifie ; qu il le rende heureux sur la terre et le délivre des embûches de ses ennemis.

Que le Seigneur lui vienne en aide, s'il est sur un lit de douleur. Ainsi faites-vous toujours, ô Dieu! vous-même alors refaites et retournez son lit.

Pour moi, j'ai dit : Seigneur, ayez pitié de moi ; guérissez mon âme, car j'ai péché contre vous.

Mes ennemis ne me souhaitent que du mal, et ils disent: Quand mourra-t-il? quand périra son nom?

Si quelqu'un d'eux entrait pour me voir, il ne disait que tromperies, tandis qu'il amassait l'iniquité dans son cœur.

Une fois sorti, il se concertait avec les autres ;

Et ils chuchotaient contre moi, et tous mes ennemis combinaient contre moi des desseins perfides.

Entre eux s'est formé contre moi un complot inique. Mais celui qui dort dans le tombeau ne pourra-t-il ressusciter?

L'homme de ma paix, de ma confiance, l'homme qui mangeait mon pain m'a odieusement trahi.

Mais vous, Seigneur, ayez pitié de moi, ressuscitez-moi, et je le leur rendrai.

Le signe que vous m'aimez, c'est pour moi que mon ennemi n'aura point à se réjouir à mon sujet.

Vous m'avez pris en votre protection à cause de mon innocence, et vous m'avez établi devant vous pour toujours.

Béni soit le Seigneur, Dieu d'Israël, dans tous les siècles. Ainsi soit-il, ainsi soit-il.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ;

Que luise pour eux la lumière sans fin.

Ant. Seigneur, guérissez mon âme, car j'ai péché contre vous.

« Je ne crois point, dit sainte Catherine de Gênes, qu'il se puisse trouver contentement qui puisse être comparé à celui d'une âme de purgatoire, excepté celui des saints de paradis. Et d'autant croît ce contentement que la rouille du péché consumée par le feu diminue, laissant l'âme exposée d'autant mieux à la réverbération du vrai soleil, qui est Dieu. La peine pourtant ne diminue pas ; ains au contraire, l'amour, qui se trouve retardé, est ce qui fait la peine des âmes, et d'autant la fait-il plus grande que la perfection de l'amour, duquel Dieu les a faites capables, est grande (Traité du Purgatoire, traduction des Chartreux de Bourgfontaine, 1598). » Mais entendons l'âme elle-même exprimer son tourment ; nulle langue mortelle, fût-ce celle de la grande théologienne du purgatoire, ne rendra pareillement ces sublimités. Oh ! comme l'Eglise, avec ses Psaumes et sa Liturgie, surpasse ici encore ses fils les plus saints, les plus doctes !

Ant. Mon âme a soif du Dieu vivant : quand viendrai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu?

PSAUME XLI.

Comme le cerf aspire après l'eau des fontaines, ainsi mon âme aspire après vous, ô Dieu.

Mon âme a soif du Dieu fort et vivant : quand viendrai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu?

Mes larmes sont devenues mon pain du jour et de la nuit : on me dit tous les jours : Où est ton Dieu ?

J'ai repassé leurs injures, et j'ai répandu mon âme au dedans de moi-même ; mais je passerai jusqu'au lieu du tabernacle admirable, jusqu'à la maison de Dieu.

Voix d'allégresse et de louange ! c'est l'écho du festin.

Pourquoi es-tu triste, mon âme? pourquoi me troubles-tu?

Espère en Dieu, parce que je le louerai encore : il est le salut que verra mon visage, il est mon Dieu.

Mon âme s'est troublée en moi-même; c'est pourquoi je me souviendrai de vous dans la terre du Jourdain, sur les montagnes d'Hermon.

L'abîme appelle l'abîme au bruit de vos cataractes.

Tous les torrents des nues, tous les flots de la terre ont passé sur moi.

Le Seigneur a fait éclater sa miséricorde en plein jour, et la nuit je chanterai ses louanges.

Je prierai en mon cœur le Dieu de ma vie ; je dirai à mon Dieu : Vous êtes mon refuge.

Pourquoi m'avez-vous oublié ? pourquoi suis-je réduit à marcher dans la tristesse, sous l'affliction de mon ennemi?

Mes os en sont brisés ; les ennemis qui me poursuivent m'accablent d'injures.

Ils me disent tous les jours : « Où est ton Dieu ? » Pourquoi cette tristesse, ô mon âme? pourquoi me troubles-tu?

Espère en Dieu, car je le louerai encore : il est le salut que verra mon visage, il est mon Dieu.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ;

Que luise pour eux la lumière sans fin.

Ant. Mon âme a soif du Dieu vivant : quand viendrai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu ?

V/. Ne livrez pas aux bêtes les âmes qui vous louent.

R/. N'oubliez pas à jamais les âmes de vos pauvres.

C'est toujours des mêmes pauvres que précédemment, à savoir les âmes souffrantes, qu'il est question dans la supplication instante du Verset (Psalm. LXXIII, 19).

Après la récitation silencieuse du Pater par le Chœur, la voix de Job retentit à nouveau pour nous redire au nom des trépassés la vanité de cette courte vie, les lugubres réalités de la tombe, mais aussi, par delà cette vie et la tombe, les splendeurs attendues de la résurrection finale où dans sa chair tout homme verra son Dieu.

LEÇON VII. (Job. XVII.)

Ton souffle s'épuise, mes jours s'abrègent, il ne me reste plus que la tombe. Je n'ai point péché, et mon œil ne voit que persévérantes amertumes. Délivrez-moi, Seigneur, placez-moi près de vous : et que la main de qui que ce soit me combatte. Mais mes jours ont passé ; mes espérances se sont dissipées, ne me laissant au cœur que tourments. Elles prétendaient changer la nuit en jour, et me promettent encore qu'après les ténèbres reviendra la lumière. Mais qu'attendre, maintenant que je n'ai plus à compter sur d'autre asile que le séjour des morts ? Déjà j'ai dressé mon lit au pays des ombres. J'ai dit à la pourriture : C'est toi mon père ; aux vers : Vous êtes ma mère et ma sœur ! Où donc est désormais pour moi l'espoir, et qui prend souci de mes maux?

R/. PÉCHANT tous les jours, et ne faisant point pénitence, je suis troublé par la crainte de la mort ; * Car en enfer, aucune rédemption n'a plus lieu : ayez pitié de moi, ô Dieu, et sauvez-moi.

V/. O Dieu, pour la gloire de votre nom, sauvez-moi ; faites éclater votre puissance, et délivrez-moi. * Car en enfer, aucune rédemption n'a plus lieu : ayez pitié de moi, ô Dieu, et sauvez-moi.

LEÇON VIII. (Job. XIX.)

Mes chairs se sont consumées, mes os sont collés à ma peau, et il ne me reste plus que les lèvres autour des dents. Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous au moins qui êtes mes amis ; car la main du Seigneur m'a touché. Pourquoi me persécuter comme Dieu, et vous rassasier de ma chair? De qui obtiendrai-je que mes paroles soient écrites ? qui me donnera qu'elles soient tracées dans un livre, qu'elles soient gravées avec un stylet de fer sur une lame de plomb, qu'elles soient sculptées dans le roc avec le ciseau? Car ce que je dis, je le sais : mon Rédempteur est vivant, et au dernier jour je ressusciterai de la terre ; et de nouveau je revêtirai cette peau qui est mienne, et dans ma chair je verrai mon Dieu. Je le verrai moi-même, et non un autre, et mes yeux le contempleront. Cette espérance repose en mon sein.

R/. Seigneur, ne me jugez pas selon mes actions : je n'ai rien fait devant vous qui soit digne de vous ; c'est pourquoi j'implore votre majesté, * Pour que vous daigniez, ô Dieu, effacer mon péché.

V/. Seigneur, lavez-moi toujours plus de mon iniquité, purifiez-moi de mon offense. * Pour que vous daigniez, ô Dieu, effacer mon péché.

LEÇON IX.

Pourquoi m'avez-vous tiré du sein de ma mère ? que n'y suis-je mort sans que personne m'eût jamais vu? J'aurais été comme n'ayant point été, du sein de ma mère porté au tombeau. Le petit nombre de mes jours ne doit-il pas au moins finir bientôt? Laissez-moi donc exhaler un peu ma douleur avant de m'en aller, pour ne plus revenir, à la terre ténébreuse que la mort ensevelit dans ses ombres : terre de misère et de ténèbres où sous la nuit mortelle habite le chaos, l'éternelle horreur.

R/. Délivrez-m o i, Seigneur, de la mort éternelle, en ce jour redoutable ; * Quand les deux et la terre seront ébranlés ; * Lorsque vous viendrez juger le siècle par le feu.

V/. Je tremble et suis dans l'épouvante, à la pensée de l'examen final, de la colère qui le suivra. * Quand les cieux.

V/. Quel jour que ce jour de colère, de malheur et de larmes ! grand jour, plein d'amertume,* Où vous viendrez juger.

V/. Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ; que luise pour eux la lumière sans fin.

On reprend Délivrez-moi jusqu'au premier V/.

LES LAUDES DES MORTS.

Les Laudes des morts débutent, comme celles de l'Office férial au cours de l'année, par le Psaume I, que David composa après son péché, et dans lequel il épanche d'une manière si vive et si humble les sentiments de sa pénitence. L'Eglise l'emploie toutes les fois qu'elle veut implorer la miséricorde de Dieu ; et de tous les Cantiques du Roi-Prophète il n'en est aucun qui soit plus familier aux chrétiens. C'est comme naturellement qu'il revient sur leurs lèvres, au lieu d'expiation.

Ant. Mes os humiliés tressailliront d'allégresse.

PSAUME L.

Ayez pitié de moi, Seigneur, selon votre grande miséricorde.

Et dans l'immensité de votre clémence, daignez effacer mon péché.

Lavez-moi de plus en plus de mon iniquité, et purifiez-moi de mon offense.

Car je reconnais mon iniquité ; et mon péché est toujours devant moi.

C'est contre vous seul que j'ai péché, et j'ai fait le mal en votre présence. Je le confesse; daignez me pardonner, afin que vous soyez reconnu juste dans vos paroles, et que vous demeuriez victorieux dans les jugements qu'on fera de vous.

J'ai été conçu dans l'iniquité ; ma mère m'a conçu dans le péché.

Vous aimez la vérité, vous m'avez découvert ce qu'il y a de plus mystérieux et de plus caché dans votre sagesse.

Vous m'arroserez d'eau avec l'hysope, comme le lépreux, et je serai purifié ; vous me laverez,et je deviendrai plus blanc que la neige.

Vous me ferez entendre des paroles de joie et de consolation ; et mes os humiliés tressailliront d'allégresse.

Détournez votre face de mes péchés, et effacez toutes mes offenses.

O Dieu, créez en moi un cœur pur, et renouvelez l'esprit droit dans mes entrailles.

Ne me rejetez pas de votre face, et ne retirez pas de moi votre Esprit-Saint.

Rendez-moi la joie en celui par qui vous voulez me sauver, et confirmez-moi par l'Esprit de force.

J'enseignerai vos voies aux méchants, et les impies se convertiront à vous.

Délivrez-moi du sang que j'ai versé, ô Dieu, ô Dieu mon Sauveur ! et ma langue publiera avec joie votre justice.

Seigneur, ouvrez mes lèvres ; et ma bouche chantera vos louanges.

Si vous aimiez les sacrifices matériels, je vous en offrirais ; mais les holocaustes ne sont pas ce qui vous est agréable.

Une âme brisée de regrets est le sacrifice que Dieu demande; ô Dieu, vous ne mépriserez pas un cœur contrit et humilié.

Seigneur, traitez Sion selon votre miséricorde, et bâtissez les murs de Jérusalem.

Vous agréerez alors le sacrifice de justice, les offrandes et les holocaustes; et on vous offrira des génisses sur votre autel.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ;

Que luise pour eux la lumière sans fin.

Ant. Mes os humiliés tressailliront d'allégresse.

L'effet de la prière prolongée des fidèles unis à l'Eglise, leur Mère, se fait sentir aux trépassés. Les temps s'abrègent, les distances se rapprochent ; voici qu'apparaissent enfin les horizons delà terre promise. En marche déjà pour quitter Babylone, les tribus captives célèbrent cette vision si douce; elles chantent la patrie aux fraîches eaux, aux collines bénies, aux vallons fertiles, Sion où réside le bonheur, Jérusalem où Dieu est loué comme il doit l'être.

Ant. Seigneur! exaucez ma prière ; à vous viendra toute chair.

PSAUME LXIV

Il convient qu'on vous loue dans Sion, ô Dieu; à vous l'on doit rendre ses voeux dans Jérusalem.

Exaucez ma prière ; à vous viendra toute chair.

Les méchants avaient prévalu contre nous ; mais nos péchés vont recevoir de vous le pardon.

Heureux l'élu de votre grâce : il habitera vos parvis.

Nous aurons dans votre maison l'abondance de tous biens. Saint est votre temple ; admirable s'y révèle votre équité.

Exaucez-nous, ô Dieu notre sauveur, vous l'espérance de toute nation jusqu'aux plus lointains rivages ;

Vous qui, vous ceignant de force, affermissez les monts par votre puissance, qui soulevez la mer en ses profondeurs et faites mugir ses flots.

Jusqu'aux extrémités de la terre, les nations sont troublées, les peuples tremblent, à la vue de vos prodiges. Et c'est vous qui, de l'orient à l'Occident, répandez la félicité.

Vous visitez la terre et l'arrosez ; vous multipliez ses trésors.

Le fleuve de Dieu coule à pleins bords ; c'est l'abondance pour les humains : ainsi préparez-vous leur nourriture.

Enivrez les sillons, fécondez les germes ; le sol, fertilisé par la rosée des cieux, sera dans la joie.

Tout le cours de l'année, béni par vous, ressentira votre bonté : on verra les moissons déborder des champs,

Et s'engraisser les oasis du désert; les collines se revêtiront d'allégresse.

Les béliers au milieu des brebis seront fiers de leurs opulentes toisons ; le froment regorgera dans les vallées : tout retentira de cris joyeux, tout chantera vos louanges.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ;

Que luise pour eux la lumière sans fin.

Ant. Seigneur, exaucez ma prière ; à vous viendra toute chair.

L'aurore s'est donc montrée, au purgatoire. Aussi l'Eglise se garde-t-elle de remplacer le troisième Psaume qui revient chaque jour, sur la terre, à l'Office des Laudes. C'est le cri du chrétien qui élève son cœur vers Dieu à l'apparition de la lumière, et lui témoigne son amour et sa confiance. Ce Psaume est, comme toujours, accompagné du LXVI°, dans lequel le Psalmiste, au lever du soleil matériel, implore sur le monde le regard de la miséricorde divine.

Ant .Votre droite m'a soutenu, ô Seigneur!

PSAUME LXII

O Dieu, ô mon Dieu, je veille vers vous dès le point du jour.

Mon âme a soif de vous, et ma chair se consume pour vous,

Dans cette terre déserte, sans route et sans eau. Je me présente devant vous, dans votre sanctuaire, pour contempler votre puissance et votre gloire.

Votre miséricorde est pour moi plus douce que la vie ; mes lèvres ne cesseront de faire entendre vos louanges.

Tant que je vivrai, je vous bénirai ; pour invoquer votre nom, j'élèverai mes mains.

Mon Ame s'engraissera de vos faveurs, et ma bouche s'ouvrira pour des chants d'allégresse.

Je me souviendrai de vous sur ma couche : dès le matin je penserai à vous, parce que vous m'avez secouru.

Je tressaillirai de joie à l'ombre de vos ailes ; mon âme s'est attachée à vous ; votre droite m'a soutenu.

Mes ennemis ont en vain cherché ma ruine : les voilà précipités dans les abîmes de la terre ; ils seront livrés au glaive, et deviendront la proie des bêtes dévorantes.

Le juste délivré, semblable à un roi, se réjouira en Dieu : tous ceux qui jurent par son nom recevront des louanges ; parce que la bouche de l'iniquité est fermée à jamais.

PSAUME LXVI.

Que Dieu ait pitié de nous et qu'il nous bénisse ; qu'il fasse luire sur nous la lumière de son visage, et qu'il nous envoie sa miséricorde ;

Afin que nous connaissions sur la terre votre voie, et dans toutes les nations le salut que vous nous avez donné.

Que les peuples vous louent, ô Dieu ! que tous les peuples vous rendent hommage.

Que les nations soient dans la joie et l'allégresse ; car vous jugez les peuples dans l'équité, et vous dirigez les nations sur la terre.

Que les peuples vous louent, ô Dieu ! que tous les peuples vous rendent hommage ; la terre a porté son fruit.

Que Dieu, que notre Dieu nous bénisse ; que Dieu nous comble de ses bénédictions, et qu'il soit craint jusqu'aux confins de la terre.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ;

Que luise pour eux la lumière sans fin.

Ant. Votre droite m'a soutenu, ô Seigneur !

Le Samedi saint, qui vit l'Homme-Dieu habiter les demeures souterraines, est le grand jour des trépassés. C'est pourquoi l'Eglise, ayant à faire choix du Cantique qu'elle a coutume de chanter à cet endroit des Laudes matutinales, met en la bouche de ses défunts celui d'Ezéchias qui fut pour elle, en cette solennelle journée, le type du Christ implorant sa prochaine délivrance. La même Antienne qu'au Samedi saint l'accompagne.

Ant. De la porte de l’enfer, Seigneur, délivrez mon âme.

CANTIQUE D'EZECHIAS.

J'ai dit : A la moitié de ma vie, je vais donc voir les portes de la mort.

J'ai cherché en vain le reste de mes années ; et j'ai dit : Je ne verrai donc plus le Seigneur mon Dieu sur la terre des vivants.

Je ne verrai plus les hommes désormais, ceux qui habitent ce monde dans la paix.

Le tissu de ma vie est enlevé et replié, comme la tente d'un berger.

La trame en est coupée comme parle tisserand; il vient de la couper pendant qu'on l'ourdissait encore; du matin au soir vous aurez achevé ma vie.

J'espérais encore vivre jusqu'au matin ; mais le mal comme un lion a broyé tous mes os.

Du matin au soir vous aurez achevé ma vie : mes cris sont semblables à ceux du petit de l'hirondelle ; je gémis comme la colombe.

A force de regarder en haut, mes yeux se sont épuisés.

Seigneur, je souffre violence : soyez ma caution. Mais que dirai-je et que me répondra-t-il, quand c'est lui-même qui m'a frappé ?

Je repasserai devant vous toutes mes années dans l'amertume de mon âme.

Seigneur, si j'ai vécu ainsi, si mon âme s'est ainsi rendue coupable, châtiez-moi ; mais ensuite rendez-moi la vie. Déjà je sens la paix qui vient succéder aux plus amères douleurs.

Vous retirez ma vie du tombeau; vous jetez derrière vous tous mes péchés.

Le tombeau, en effet, ne vous rendrait plus d'actions de grâces; la mort ne saurait vous louer ; et ceux qui descendent dans le sépulcre n'attendent plus la vérité de vos promesses.

Ce sont les vivants qui vous louent, comme je fais aujourd'hui; le père racontera à ses enfants combien vous êtes fidèle à vos promesses.

Conservez-moi la vie, Seigneur, et nous chanterons dans votre maison des cantiques à votre gloire, tous les jours de notre vie.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel;

Que luise pour eux la lumière sans fin.

Ant. De la porte de l'enfer, Seigneur, délivrez mon âme.

Soit loué le Seigneur par tout ce qui respire ! L'amour déborde au purgatoire ; la louange y devient tout ; le ciel est proche. L'oubli de soi absolu marque la fin des purifications douloureuses. Dût l'âme rester encore dans le feu de l'expiation, qu'elle n'en serait point éprouvée, n'ayant plus tache ni rouille qui puisse tomber sous la prise des flammes, pleine de Dieu, impuissante à tout autre sentiment que celui de sa gloire.

Ant. Soit loué le Seigneur par tout ce qui respire.

PSAUME CXLVIII.

LOUEZ le Seigneur du haut des cieux; louez-le dans les hauteurs célestes.

Vous tous, ses Anges, louez-le ; vous tous qui formez ses armées, louez-le.

Soleil et lune, louez-le; étoiles et lumière, louez-le.

Cieux des cieux, louez-le ; eaux qui êtes par delà les airs, louez le nom du Seigneur.

Car il a dit, et tout a été fait ; il a commandé, et tout a été créé.

Il a établi ses créatures à jamais, et pour les siècles des siècles : il en a porté le décret, et sa parole ne passera pas.

Louez le Seigneur, vous qui êtes sur la terre; dragons, abîmes des eaux;

Feux, grêle, neige, glaces, souffles des tempêtes, qui obéissez à sa parole;

Montagnes et collines, arbres fruitiers et cèdres ;

Bêtes et troupeaux ; serpents et volatiles empennés;

Rois de la terre, et tous les peuples ; princes et juges de la terre ;

Jeunes hommes et vierges, vieillards et enfants, louez le nom du Seigneur ; car son nom seul est grand.

Sa gloire éclate au ciel et sur la terre; et il a relevé la puissance de son peuple.

Que sa louange soit dans la bouche de tous ses saints, des fils d'Israël, du peuple qu'il daigne réunir autour de lui.

PSAUME CXLIX.

Chantez au Seigneur un cantique nouveau ; que sa louange retentisse dans rassemblée des saints.

Qu'Israël se réjouisse en celui qui l'a fait ; que les fils de Sion tressaillent d'allégresse en leur roi.

Qu'ils louent son nom dans les chœurs ; qu'ils lui chantent d* psaumes au son du tambour et de la harpe.

Car le Seigneur aime son peuple avec tendresse ; il glorifiera, il sauvera les humbles.

Les saints tressailliront d'allégresse dans leur gloire ; ils seront comblés de joie sur leurs couches d'honneur.

La louange de Dieu sera dans leur bouche, et le glaive à deux tranchants dans leurs mains,

Pour tirer vengeance des nations, pour châtier les peuples rebelles ;

Pour enchaîner les rois superbes, et contenir les puissants par des liens de fer ;

Pour exercer sur eux le jugement rendu par le Seigneur : telle est la gloire qu'il a réservée à tous ses saints.

PSAUME CL

Louez le Seigneur dans son sanctuaire ; louez-le au firmament où éclate sa puissance.

Louez-le dans ses merveilles ; louez-le à cause de sa grandeur sans bornes.

Louez-le au son de la trompette, louez-le sur le psaltérion et la harpe.

Louez-le sur les tambours et dans les chœurs ; louez-le sur les instruments à cordes et dans les concerts.

Louez-le sur les cymbales harmonieuses, louez-le sur les cymbales de l'allégresse ; que tout ce qui respire loue le Seigneur.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ;

Que luise pour eux la lumière sans fin.

Ant. Soit loué le Seigneur par tout ce qui respire.

Comme à la fin déjà des Vêpres des morts, c'est en effet du ciel lui-même que descend jusqu'à nous le cri d'allégresse contenu au Verset.

V/. J'ai entendu une voix venant du ciel, qui me disait :

R/. Bienheureux ceux qui meurent dans le Seigneur.

Et dans le Cantique de Zacharie, l'Eglise, avec toutes les âmes délivrées ou soulagées par la vertu des suffrages liturgiques, remercie le Seigneur Dieu d'Israël qui a visité et racheté son peuple. Nous aussi rendons grâces, pour nos morts bien-aimés, à Celui qui est la résurrection et la vie: il n'abandonne, même dans la mort, aucun de ceux qui crurent en lui sur la terre (Johan. XI, 25).

Ant. Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, quand bien même il serait mort, vivra ; et quiconque vit et croit en moi, ne mourra pas à jamais.

CANTIQUE DE ZACHARIE

Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël ; car il a visité et racheté son peuple.

Et il nous a suscité un puissant Sauveur dans la maison de David, son serviteur ;

Comme il l'avait promis par la bouche de ses saints, de ses Prophètes,qui ont prédit, dans les siècles passés,.

Qu'il nous sauverait de nos ennemis et de la main de tous ceux qui nous haïssent ;

Qu'il ferait la miséricorde promise à nos pères, et se souviendrait de son alliance sainte,

Du serment par lequel il avait juré à Abraham, notre père, de faire, dons sa bonté,

Que, délivrés de la main de nos ennemis, nous le puissions servir sans crainte,

Dans la sainteté et la justice, marchant devant lui tous les jours de notre vie.

Et vous, petit enfant, vous serez appelé prophète du Très-Haut ; car vous marcherez devant la face du Seigneur, pour préparer ses voies

Pour donner à son peuple la connaissance du salut, et annoncer la rémission des péchés,

Par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu, ce divin Orient qui s'est levé sur nous du haut du ciel.

Pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort, pour diriger nos pas dans la voie de la paix.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel;

Que luise pour eux la lumière sans fin.

Ant. Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, quand bien même il serait mort, vivra ; et quiconque vit et croit en moi, ne mourra pas à jamais.

Le Prêtre commence, toute l'assemblée à genoux, l'Oraison Dominicale :

NOTRE PÈRE.

Le reste se continue dans le silence, jusqu'à cette conclusion que suivent les Versets et l'Oraison terminant l'Office des morts :

V/. Et ne nous laissez pas succomber à la tentation.

R/. Mais délivrez-nous du mal.

V/. De la porte de l'enfer,

R/. Seigneur, délivrez leurs âmes.

V/. Qu'ils reposent en paix.

R/. Amen.

V/. Seigneur, exaucez ma prière ;

R/. Et que mon cri parvienne jusqu'à vous.

V/. Le Seigneur soit avec vous.

R/. Et avec votre esprit.

ORAISON.

Dieu Créateur et Rédempteur de tous les fidèles, accordez la remise de tous leurs péchés aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes, afin que soit acquise à leurs pieuses supplications l'indulgence qu'ils ont toujours désirée. Vous qui vivez et régnez avec Dieu le Père en l'unité du Saint-Esprit, Dieu vous-même, durant tous les siècles des siècles. R/. Amen.

V/. Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ;

R/. Que luise pour eux la lumière sans fin.

V/. Qu'ils reposent en paix.

R/. Amen.

LA MESSE DES MORTS.

L'Eglise Romaine double aujourd'hui la tâche de son service quotidien envers la Majesté divine. La mémoire des défunts ne lui fait pas mettre en oubli l'Octave des Saints. L'Office du deuxième jour de cette Octave a précédé pour elle celui des morts ; Tierce de tous les Saints a été suivie de la Messe correspondante ; et c'est après None du même Office qu'elle va offrir le Sacrifice de l'autel pour les trépassés.

Un tel surcroît, le souci de maintenir la proportion harmonieuse établie par elle entre le double objet liturgique de ce jour, ont rendu jusqu'ici Rome peu favorable à l'extension du privilège qui autorise chaque prêtre, en Espagne, à célébrer aujourd'hui trois Messes pour les morts.

Longtemps l'Eglise mère fut presque seule, en la compagnie de ses filles les plus rapprochées, à ne pas omettre au 11 Novembre le souvenir des Saints ; la plupart des Eglises d'Occident n'avaient en ce jour d'autre Office que celui des morts. On supprimait aux différentes Heures, aussi bien qu'à Matines et à Laudes, l'Hymne ainsi que le Deus in adjutorium ; les Psaumes ordinaires y étaient suivis du Requiem aeternam, et l'on concluait par l'Oraison des défunts, comme il est de nos jours encore en usage chez les Frères Prêcheurs. L'unique Messe solennelle, celle des morts, était après Tierce. On terminait généralement à None cette commémoration des trépassés, bien que Cluny jusqu'au dernier siècle ait gardé la coutume d'en célébrer aussi les secondes Vêpres.

Quant à l'obligation de chômer le jour des âmes, elle n'était que de demi-précepte en Angleterre, où les travaux plus nécessaires demeuraient permis ; le chômage ne dépassait pas le milieu de la journée en plusieurs lieux ; en d'autres, l'assistance à la Messe était seule prescrite. Paris observa quelque temps le 11 Novembre comme une fête de première obligation ; en 1613, l'archevêque François de Harlay maintenait encore jusqu'à midi, dans ses statuts, le commandement de garder ce jour. Même à Rome, aujourd'hui, le précepte n'existe plus.

La remarque d'Amalaire citée plus haut, en ce qui touche l'Office des défunts (Page 119), ne s'applique pas moins, à la Messe des morts. Sans parler de la suppression du Gloria in excelsis et de l’Alléluia, le Prêtre y omet au pied de l'autel le Psaume Judica me Deus, comme on le fait dans le Temps de la Passion. Il est revêtu d'ornements noirs comme au jour de la mort du Seigneur ; même suppression qu'au grand Vendredi de la plupart des bénédictions, du baiser de paix, des signes d'honneur rendus au Célébrant ; l'autel n'y est pareillement encensé qu'une fois ; le chant de l'Evangile s'y accomplit suivant le même rit, non seulement sans bénédiction du Diacre par l'Officiant, mais sans cierges, ni encens, ni baiser du texte sacré par le Prêtre. Ainsi toujours, et jusque dans la mort, l'Eglise rapproche en toutes manières ses fils de Celui dont ils sont les membres.

L'Antienne d'Introït n'est autre que la supplication instante qui remplace toute doxologie à l'Office des défunts, et qui s'inspire d'un passage du quatrième Livre d'Esdras (IV Esdr. II, 34-35). Le deuxième Psaume des Laudes a fourni le Verset.

INTROÏT.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel; que luise pour eux la lumière sans fin.

Ps. Il convient qu'on vous loue dans Sion, ô Dieu ; à vous l'on doit rendre ses vœux dans Jérusalem : exaucez ma prière ; à vous viendra toute chair. Donnez-leur.

Dans la Collecte, l'Eglise s'approprie maternellement la prière des âmes souffrantes ; et c'est à son Epoux, au Dieu fait homme, qu'elle la présente, l'appelant de ses titres de Créateur et de Rédempteur, qui disent tout ce que ces âmes lui ont coûté et l'invitent à parfaire son oeuvre.

COLLECTE.

Dieu Créateur et Rédempteur de tous les fidèles, accordez la remise de tous leurs péchés aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes, afin que soit acquise à leurs pieuses supplications l'indulgence qu'ils ont toujours désirée. Vous qui vivez et régnez avec Dieu le Père en l'unité du Saint-Esprit, durant tous les siècles des siècles.

Lecture de l'Epître du bienheureux Paul, Apôtre, aux Corinthiens. I, Chap. XV.

Mes Frères, écoutez ce mystère : nous ressusciterons tous, mais nous ne serons pas tous changés. En un moment, en un clin d'oeil, au son de la trompette dernière, car la trompette sonnera, les morts ressusciteront incorruptibles, et nous nous serons changés. Il faut en effet que ce corps corruptible revête l'incorruptibilité, que ce corps mortel revête l'immortalité. Et quand ce corps mortel a revêtu l'immortalité, alors sera accomplie la parole de l'Ecriture : La mort a été engloutie dans la victoire. O mort, où est ta victoire ? O mort, où est ton aiguillon? L'aiguillon de la mort, c'est le péché ; comme la force du péché, c'est la loi. Mais grâces soient rendues à Dieu qui nous a donné de vaincre par notre Seigneur Jésus-Christ.

Tandis qu'au sortir de la vie Pâme supplée dans le purgatoire à l'insuffisance de ses expiations, le corps qu'elle a quitté retourne à la terre en exécution de la sentence portée contre Adam et sa race dès l'origine du monde (Gen. III, 19. 2). Mais pour le corps non moins que pour l'âme du fidèle, la justice est aussi amour ; ses reprises au delà du temps sont le prélude de la gloire qui attend l'être humain tout entier. L'humiliation du tombeau est le trop juste châtiment de la faute première ; mais ce renvoi de l’homme au limon d'où il fut tiré, saint Paul nous y fait voir encore l'ensemencement nécessaire à la transformation du grain prédestiné qui doit un jour reprendre vie dans des conditions tout autres (I Cor. XV, 36). C'est qu'en effet, la chair et le sang ne sauraient posséder le royaume de Dieu (Ibid. 50), ni des organes soumis à la dissolution prétendre à l'immortalité Froment du Christ, selon le mot de saint Ignace d'Antioche (Epist. ad Rom), le corps du chrétien est jeté dans le sillon de la tombe pour y laisser à la corruption ce qui était d'elle : la forme du premier Adam avec sa pesanteur et son infirmité ; mais par la vertu de l'Adam nouveau le reformant à sa propre image, il en sortira tout céleste et spiritualisé, agile, impassible et glorieux (I Cor. XV, 42-40). Honneur à Celui qui n'a voulu mourir comme nous que pour détruire la mort et faire de sa victoire notre victoire !

L'Eglise continue d'implorer, au Graduel, la délivrance des trépassés.

GRADUEL.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ; que luise pour eux la lumière sans fin.

V/. La mémoire du juste sera éternelle ; il ne craindra point les paroles fâcheuses.

TRAIT.

Absolvez, Seigneur, les âmes de tous les fidèles défunts des liens de tous leurs péchés.

V/. Que, secourus par votre grâce, ils méritent de sortir des peines portées contre eux par la sentence de votre justice.

V/. Qu'ils soient heureux dans l'éternelle lumière.

L'Eglise, nous le verrons, ne répudiait pas autrefois l'Alleluia dans les funérailles de ses fils; il exprimait son allégresse, motivée par l'espoir fondé qu'une mort sainte venait d'assurer au ciel un élu nouveau, dût le chrétien pour lequel prenait fin l'épreuve de la vie voir quelque temps se prolonger son expiation. Mais l'adaptation de la Liturgie des morts aux rites des derniers jours de la Semaine sainte ayant modifié sur ce point les anciennes coutumes, il eût semblé que la Séquence, développement festif, et suite originairement de l'Alleluia, ne devait pas non plus trouver place à la Messe des défunts. Rome cependant, et qui pourrait s'en plaindre? Faisait une exception sur ce point aux règles traditionnelles, en faveur de l'insigne poème de Thomas de Celano, lequel suivi bientôt du Stabat mater, œuvre de Frère Jacopone, méritait si belle place à la lyre franciscaine au sommet du Parnasse chrétien. Chanté dès le XIVe siècle en Italie, le Dies irœ passait plus tard les monts, et ses accents inspirés retentissaient au XVIe en toute Eglise.

SÉQUENCE.

Jour de colère que ce jour-là, qui doit réduire le monde en cendres, au témoignage de David comme de la Sibylle (Allusion au célèbre oracle de la Sibylle Erythrée sur la fin du monde, cité par saint Augustin en son Livre XVIII (ch. 23) de la Cité de Dieu, et dont les premières lettres de chaque vers réunies donnent en grec la formule : Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur).

Combien la frayeur sera grande, lorsque le Juge se présentera pour tout scruter rigoureusement !

La trompette éclatante, retentissant par les sépulcres de l'univers, rassemblera tous les humains devant le trône.

La mort et la nature seront dans la stupeur, lorsque ressuscitera toute créature pour répondre à son Juge.

On produira le livre écrit renfermant tout l'objet du jugement du monde.

Quand donc le Juge s'assiéra, tout ce qui se cache apparaîtra, rien ne demeurera sans châtiment.

Que dirai-je alors, malheureux? quel protecteur implorerai-je, quand à peine rassuré sera le juste ?

Roi de majesté redoutable, qui sauvez gratuitement ceux qui doivent se sauver, sauvez-moi, source de miséricorde.

Souvenez-vous, ô doux Jésus, que je suis la cause de votre venue : ne me perdez pas en ce jour !

En me cherchant, vous vous êtes assis de fatigue ; vous m'avez racheté en souffrant la croix : que tant de peine ne soit pas inutile.

Juge vengeur et juste, accordez-moi remise avant le jour des comptes.

Je me lamente, comme un coupable que je suis ; la confusion de mon péché couvre mon visage: ô Dieu, pardonnez à un suppliant !

Vous avez absous Madeleine ; vous avez exaucé le larron : à moi aussi vous avez donné l'espérance.

Mes prières ne sont pas dignes ; mais vous êtes bon : faites dans votre bonté que j'échappe au feu éternel.

Donnez-moi place au milieu des brebis, séparez-moi des boucs en me rangeant à votre droite.

Quand les maudits couverts de honte seront livrés par sentence aux terribles flammes, appelez-moi avec les bénis.

Suppliant, défaillant, le cœur broyé et comme réduit en cendres, je vous en prie, veillez sur mon heure dernière.

Jour de larmes que celui où ressuscitera de sa cendre,

Pour être jugé, l'homme coupable : daignez lui pardonner, ô Dieu !

Pie Jesu Domine, Dona eis requiem. Amen.

O doux Jésus, Seigneur, donnez-leur le repos. Amen.

EVANGILE.

La suite du saint Evangile selon saint Jean. Chap. V.

En ce temps-là, Jésus dit à la foule des Juifs : En vérité, en vérité, je vous le dis : l'heure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et l'entendant ils vivront. Car tout ainsi que le Père a la vie en lui-même, il a donné au Fils d'avoir pareillement la vie en lui-même ; et parce qu'il est Fils de l'homme, il lui a donné aussi le pouvoir de juge. N'en soyez point étonnés : l'heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront la voix du Fils de Dieu ; et ceux qui ont accompli le bien ressusciteront à la vie ; mais ceux qui ont fait le mal ressusciteront pour leur condamnation.

Le purgatoire n'est pas éternel. Les arrêts du jugement particulier qui suit la mort varient à l'infini sa durée ; il peut se prolonger des siècles entiers pour certaines âmes plus coupables, ou qui exclues de la communion catholique, demeurent privées des suffrages de l'Eglise, bien que la miséricorde divine ait daigné les arracher à l'enfer. Cependant la fin du monde et de tout ce qui est du temps, doit fermer le lieu de l'expiation temporaire. Dieu saura concilier sa justice et sa grâce dans la purification des derniers venus de la race humaine, suppléer par l'intensité de la peine expiatrice à ce qui pourrait lui manquer en durée. Mais au lieu qu'en ce qui touche la béatitude, les arrêts du jugement particulier sont le plus souvent suspensifs et dilatoires, qu'ils laissent provisoirement le corps de l'élu comme du réprouvé au sort commun de la tombe : le jugement universel aura ce caractère définitif de n'enregistrer pour le ciel comme pour l'enfer que des sentences absolues, immédiatement et totalement exécutoires. Vivons donc dans l'attente de l'heure solennelle où les morts entendront la voix du Fils de Dieu. Celui qui doit venir viendra, et il ne tardera pas, nous rappelle le Docteur des nations (Heb. X, 37, ex Habac. II, 3) ; son jour aura la soudaineté de l'arrivée d'un voleur, nous disent comme lui (I Thess. V, 2) et le Prince des Apôtres (II Petr. III, 10) et Jean le bien-aimé (Apoc. XVI, 15), faisant écho à la parole du Seigneur même (MATTH. XXIV, 43) : comme l'éclair sort de l'Orient et brille déjà en Occident, ainsi sera l'avènement du Fils de l'homme (Ibid. 27).

Entrons dans les sentiments qui inspirent le sublime Offertoire des défunts. Bien que l'éternelle béatitude demeure finalement assurée aux pauvres âmes en peine, et qu'elles en aient conscience, la route plus ou moins longue qui les conduit au ciel s'ouvre toutefois dans le péril du suprême assaut diabolique et l'angoisse du jugement. L'Eglise donc, étendant sa prière à toutes les étapes de cette voie douloureuse, n'a garde d'en oublier l'entrée ; et elle ne craint point de se montrer en cela trop tardive. Pour Dieu qui d'un regard embrasse tous les temps, sa supplication d'aujourd'hui, déjà présente à l'heure du redoutable passage, ménageait aux âmes le secours ici imploré. Cette même supplication les suit du reste au cours des péripéties de leur lutte contre les puissances de l'abîme, quand Dieu permet que celles-ci servent elles-mêmes sa justice au lieu d'expiation, en la manière que plus d'une fois l'ont vu les Saints. En ce moment solennel où l'Eglise offre ses dons pour l'auguste et tout-puissant Sacrifice, redoublons nous aussi nos prières pour les trépassés. Implorons leur délivrance de la gueule du lion infernal. Obtenons du glorieux Archange préposé au Paradis, appui des âmes au sortir de ce monde, leur guide envoyé de Dieu (Ant. et Resp. in fest. S. Michaelis), qu'il les amène à la lumière, à la vie, à Dieu même, promis comme récompense aux croyants dans la personne d'Abraham leur père (Gen. XV, 1).

OFFERTOIRE.

Seigneur Jésus-Christ, Roi de gloire, délivrez les âmes de tous les fidèles défunts des peines de l'enfer et de l'abîme; délivrez-les de la gueule du lion; qu'ils ne soient pas la proie du tartare, qu'ils ne tombent pas dans la nuit : mais que saint Michel, porte-étendard, les présente à la sainte lumière * Qu'autrefois vous promîtes à Abraham et à sa descendance.

V/. Seigneur, nous vous offrons nos prières et ces hosties de louange ; recevez-les pour ces âmes dont nous faisons mémoire aujourd'hui : Seigneur , faites qu'elles passent de la mort à la vie * Qu'autrefois.

C'est la foi dont elles firent les œuvres en ce monde, qui garantit aux âmes du purgatoire la récompense dernière, et rend Dieu propice aux dons présentés pour elles, comme l'exprime la Secrète.

SECRETE.

Daignez, Seigneur, regarder favorablement ces dons qui vous sont offerts par nous pour les âmes de vos serviteurs et de vos servantes : et les ayant gratifiées du mérite de la foi chrétienne, donnez-leur-en la récompense. Par Jésus-Christ.

A l’Agnus Dei, la demande du repos pour les morts remplace celle de la paix pour les vivants:

Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, donnez-leur le repos.

Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, donnez-leur le repos.

Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, donnez-leur le repos à jamais.

Comme descendent les flocons silencieux d'une neige abondante en un jour d'hiver, ainsi montent blanches et douces les âmes délivrées, à cette heure où par le monde entier l'Eglise, achevant ses longues supplications, verse à flots sur les flammes expiatrices le Sang rédempteur. Forts du crédit que donne à notre prière la participation aux Mystères sacrés, disons avec elle dans la Communion :

COMMUNION.

Que la lumière éternelle luise pour eux, Seigneur,* En la société de vos Saints à jamais, parce que vous êtes bon.

V/. Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel; que luise pour eux la lumière sans fin. * En la société.

Tel est cependant, bien au-dessus de nos humaines conceptions, l'impénétrable et adorable mystère de la justice de Dieu, que pour plus d'une âme l'expiation doit se prolonger encore. Aussi l'Eglise, sans se lasser ni cesser d'espérer, prolonge elle aussi dans la Postcommunion sa prière. A toutes les Heures de l'Office de chaque jour, en toutes les Messes offertes au cours de l'année, quelle qu'en puisse être la solennité, les trépassés auront un souvenir de leur Mère.

POSTCOMMUNION.

Daignez faire, Seigneur, que nos prières et nos supplications servent aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes, en vous amenant à les délivrer de tous leurs péchés et à leur donner part à votre rédemption. Vous qui vivez.

Le Benedicamus Domino, qui tient lieu de L’Ite Missa est dans les Messes où l'on supprime le Gloria in excelsis, est remplacé lui-même à celle des défunts par une invocation pour les morts.

Qu'ils reposent en paix.

R/. Amen.

L'ABSOUTE.

La Messe achevée, les Clercs, précédés de la Croix et suivis du Célébrant, viennent se ranger autour du catafalque élevé dans la nef de l'église pour représenter les morts, à l'endroit même où leur dépouille inanimée reposa devant l'autel du Seigneur. Les Chantres y reprennent le neuvième Répons de l'Office des défunts ; suivent les prières de conclusion, pendant lesquelles le Prêtre rend aux trépassés l'hommage de l'eau sainte et de l'encens, comme au jour qui fut pour chacun d'eux le dernier des jours. L'Absoute tire son nom de l'Oraison Absolve, qui la termine le plus souvent, bien qu'on puisse comme aujourd'hui choisir la Collecte de la Messe, ou quelque autre Oraison indiquée par les circonstances.

REPONS.

Délivrez-moi, Seigneur, de la mort éternelle, en ce jour redoutable ; * Quand les cieux et la terre seront ébranlés;* Lorsque vous viendrez juger le siècle par le feu.

V/. Je tremble et suis dans l'épouvante, à la pensée de l'examen final, de la colère qui le suivra, * Quand les cieux.

V/. Quel jour que ce jour de colère, de malheur et de larmes ! grand jour, plein d'amertume,* Où vous viendrez juger.

V/. Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ; que luise pour eux la lumière sans fin.

On reprend Délivrez-moi jusqu'au premier V/.

Seigneur, ayez pitié.

Christ, ayez pitié.

Seigneur, ayez pitié.

Notre Père, et le reste en silence.

V/. Et ne nous laissez pas succomber à la tentation.

R/. Mais délivrez-nous du mal.

V/. De la porte de l'enfer,

R/. Seigneur, délivrez leurs âmes.

V/. Qu'ils reposent en paix.

R/. Amen.

V/. Seigneur, exaucez ma prière ;

R/. Et que mon cri parvienne jusqu'à vous.

V/. Le Seigneur soit avec vous.

R/. Et avec votre esprit.

ORAISON.

Absolvez de tout lien de péché, Seigneur, nous vous en supplions, les âmes de vos serviteurs et de vos servantes, pour qu'en la résurrection, ressuscités à la gloire, ils vivent parmi vos Saints et vos élus. Par Jésus-Christ notre Seigneur.

R/. Amen.

V/. Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ;

R/. Que luise pour eux la lumière sans fin.

V/. Qu'ils reposent en paix.

R/. Amen.

Pour honorer les Saints, dont l'Octave se célèbre aujourd'hui concurremment avec le souvenir des morts, le Missel de Marmoutier nous donnera cette Séquence.

SEQUENCE.

Pour nous porter à suivre, héritiers de leur zèle, les traces des Saints, l'Eglise met sous nos yeux leur vie et leurs mœurs.

Elle nous présente la rose, la violette et le lis, nous montrant par les trois le chemin qui conduit à la récompense des cieux.

La rose rouge signifie les Martyrs ; les Confesseurs sont indiqués par la violette en leur ;

Le lis décèle l'amant de la virginité : par l'une donc de ces trois routes, il nous faut suivre Dieu.

Martyrs et immolés, soyons-le par une vraie patience ; qu'une retenue persévérante fasse de nous des Confesseurs.

Une pureté vigilante gardera les Vierges ; une courageuse continence sauvera ies tombés.

Viennent à notre aide les Saints dont nous célébrons la fête ; que leur prière nous fasse atteindre les deux.

Amen.

Dom Guéranger. L'Année liturgique

SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/gueranger/anneliturgique/pentecote/pentecote06/002.htm

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Andrés Benítez y Perea, Retablo de las Ánimas, que remodela otro de 1550 reutilizando la interesante escultura. Basílica de Santa María de la Asunción (Arcos de la Frontera).


saint François de Sales 

Du purgatoire et des suffrages pour les défunts

Reprise d'un texte rapportant l'une des controverses de saint François de Sales. Le purgatoire existe-t-il ? Manifestement non, selon Luther et Calvin. L'évêque de Genève démontre l'existence du purgatoire au cours de plusieurs discours, dont voici une retranscription.

Présentation

On trouve ces textes de saint François de Sales dans les « Œuvres complètes », tome 2, Sermons et controverses. Il s’agit des discours 72 à 80. Les discours sont précédés d’une Préface adressée par saint François à « Messieurs de la ville de Thonon », que nous rapportons.

Dans le texte d’origine, les citations de l’Écriture faites par saint François de Sales sont en latin. Nous les avons remplacées par la traduction en français tirée de la Bible Crampon. Nous avons également revu, dans la mesure du possible, la traduction, pour qu’elle soit dans un français à peu près contemporain.

Ce texte est la mise par écrit de l’une des nombreuses controverses entre saint François de Sales et les protestants, tout au moins leurs principaux penseurs : Luther, Calvin, etc. Très intéressant sur le fond et la forme : saint François réaffirme une vérité de l’Église Catholique, et il prouve par un raisonnement s’appuyant sur les Écritures le bien fondé de cette croyance. Il y a un Purgatoire, et il convient pour cela de prier pour les défunts.

Les notes sont des Éditions Blanche de Peuterey.

Préface à Messieurs de la ville de Thonon

L’Église Catholique a été accusée à notre époque de superstition en la prière qu’elle fait pour ses fidèles défunts, d’autant qu’en cela, elle suppose deux vérités que l’on prétend [de nos jours] ne pas être vraie, à savoir, que les défunts soient en peine et indigence, et qu’on puisse les secourir. Or les défunts sont soit damnés, soit sauvés ; les damnés souffrent, de façon irrémédiable, et les sauvés sont comblés de tout plaisir ; de sorte qu’aux uns manque l’indigence, et aux autres le moyen de recevoir de l’aide ; pour cette raison, il n’y a pas lieu de prier Dieu pour les défunts.

Voilà le sommaire de l’accusation. Mais certes, il doit suffire à tout le monde pour faire juste jugement sur cette accusation, de dire que les accusateurs étaient des personnes particulières, l’accusé était le corps, l’Église universelle 1 : et néanmoins, parce que l’humeur de notre siècle a mis au goût du jour de soumettre toute chose au contrôle et à la censure de chacun, aussi sacrées, religieuses et authentiques qu’elles puissent être, plusieurs personnes d’honneur et de marque ont pris le droit de l’Église en main pour la défendre ; estimant ne pouvoir mieux employer leur piété et leur savoir qu’à la défense de Celle par les mains de laquelle ils avaient reçu leur bien spirituel, d’abord le baptême, puis la doctrine chrétienne et jusqu’aux Écritures. Leurs raisons sont si prenantes que si elles étaient bien jugées et comparées à celle des accusateurs, on connaîtrait immédiatement leur valeur ; mais quoi ? On a jugé sans écouter l’autre partie. N’avons-nous pas raison, nous tous qui sommes des serviteurs et de bons enfants de l’Église, de faire appel de ce jugement et de nous plaindre de la partialité des juges, laissant de côté pour le moment, leur incompétence ? Donc nous faisons appel des juges non instruits à eux-mêmes instruits, 2 et nous faisons appel de jugements dont l’une des parties n’a pas été entendue, pour parvenir à des jugements après avoir entendu l’autre partie, suppliant tous ceux qui voudront juger sur ce différent, de considérer nos allégations et probations d’autant plus attentivement, qu’il s’agit non de la condamnation de la partie accusée, qui ne peut être condamnée par ses inférieurs, mais de la damnation ou du salut de ceux mêmes qui en jugeront.

Du nom du purgatoire

(Discours 73)

Nous soutenons donc que l’on peut prier pour les fidèles défunts, et que les prières et bonnes actions des vivants les soulagent beaucoup, et leur sont profitables ; parce que tous ceux qui meurent en la grâce de Dieu, et par conséquent qui font partie du nombre des élus, ne vont pas tous immédiatement au Paradis, mais plusieurs vont au Purgatoire où ils souffrent une peine temporelle, à la délivrance de laquelle nos prières et bonnes actions peuvent aider et servir. Et voici le gros de notre difficulté. Nous sommes d’accord que le Sang de notre Rédempteur est le vrai purgatoire des âmes, car en celui-ci sont nettoyées toutes les âmes du monde ; c’est ce que saint Paul dit aux hébreux « après nous avoir purifié de nos péchés » 3 : les tribulations aussi sont également un moyen de nous purifier, grâce auquel nos âmes sont rendues pures, comme l’or est affiné dans la fournaise. La pénitence et la contrition sont encore un certain purgatoire, dont David dit au psaume 50 « Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur » : on sait bien aussi que le baptême par lequel nos péchés sont lavés, peut être appelé purgatoire, ainsi que tout ce qui sert à la purification de nos offenses. Mais ici, nous appelons Purgatoire un lieu dans lequel, après cette vie, les âmes qui partent de ce monde avant d’être complètement purifiées des souillures qu’elles ont contractées, puisque rien ne peut entrer au Paradis qui ne soit pur et net, sont arrêtées pour y être nettoyées et purifiées. Si l’on veut savoir pourquoi ce lieu est plutôt simplement appelé Purgatoire que les autres moyens de purification rappelés ci-dessus, on répondra que c’est parce qu’en ce lieu-là, on ne fait que la purification des tâches qui sont restées lorsque nous avons quitté ce monde, et qu’au baptême, pénitence, tribulations et autres, non seulement l’âme s’épure de ses imperfections, mais s’enrichit encore de plusieurs grâces et perfections ; c’est pourquoi on a donné le nom de Purgatoire à ce lieu de l’autre siècle, lequel, à proprement parler, n’est autre que pour la purification des âmes. Et quant au Sang de notre Seigneur, nous reconnaissons tellement la vertu de celui-ci, que nous affirmons, par toutes nos prières que la purification des âmes, soit en ce monde, soit en l’autre, ne se fait que par son application ; plus jaloux de l’honneur dû à cette précieuse médecine que ceux qui, pour la priser en méprisent le saint usage. Donc par le Purgatoire, nous entendons un lieu où les âmes, pour un temps, sont purifiées des tâches et imperfections qu’elles emportent de cette vie mortelle.

Ceux qui ont nié et aboli le purgatoire, et les moyens de prouver son existence.

(Discours 74)

Ce n’est pas une opinion reçue à la volée que l’article du Purgatoire : il y a longtemps que l’Église a soutenu cette croyance envers tous et contre tous. Et il semble que le premier à l’avoir combattu soit l’hérétique Arius, selon les témoignages de saint Augustin, saint Epiphane et Socrates. Après vinrent certaines personnes qui s’appelaient Apostoliques du temps de saint Bernard, puis les Pétrobusiens, 4 il y a environ 500 ans qui niaient encore ce même article, comme écrit saint Bernard, et Pierre de Cluny. Cette même opinion des Pétrobusiens fut suivie par les Vaudois, en l’année 1170, et quelques grecs furent soupçonnés à ce sujet, de quoi ils se justifièrent au Concile de Florence, et en leur apologie présentée au Concile de Bâle.

Enfin, Luther, Zwingli, Calvin et ceux de leur parti ont tout nié du Purgatoire, car bien que Luther, in Disputatione Lipsica, dit qu’il croyait fermement qu’il y avait un Purgatoire, il s’en dédit après dans le livre De abroganda missa privata. Enfin, c’est chose commune de toutes les factions de notre époque de se moquer du Purgatoire, et mépriser les prières pour les défunts, mais l’Église Catholique s’est opposée vivement à ces derniers, avec l’Écriture Sainte en main, de laquelle nos prédécesseurs ont tiré plusieurs belles raisons.

Car elle a prouvé que les aumônes, prières, et autres saintes actions pouvaient soulager les défunts ; donc, il s’ensuit qu’il y a un Purgatoire, car ceux de l’Enfer ne peuvent avoir aucun secours en leurs peines ; au Paradis, tout bien y étant, nous ne pouvons rien apporter pour ceux qui y sont déjà. C’est donc pour ceux qui sont dans un troisième lieu que nous appelons Purgatoire.

Elle a prouvé qu’en l’autre monde, quelques défunts étaient délivrés de leurs peines et péchés ; comme cela ne pouvait se faire ni en Enfer, ni au Paradis, il s’ensuit qu’il y a un Purgatoire.

Elle a prouvé que plusieurs âmes avant d’arriver au Paradis passaient par un lieu de peine, qui ne peut être que le Purgatoire.

Prouvant que des âmes sous terre rendaient honneur et révérence à notre Seigneur, elle a prouvé l’existence du Purgatoire, puisque l’on ne peut penser cela des pauvres misérables qui sont en Enfer.

Par plusieurs autres passages, avec diversité de conséquences toutes néanmoins bien à propos, en quoi l’on doit d’autant plus déférer à nos Docteurs, que les passages qu’ils allèguent maintenant on été apportés à ce propos par ces grands anciens Pères, sans que pour défendre cet article, nous soyons allés forger de nouvelles interprétations, ce qui montre assez la candeur avec laquelle nous cheminons en besogne, là où nos accusateurs tirent des conséquences de l’Écriture qui n’ont jamais été pensées auparavant, ainsi sont mises tant de frais en œuvre pour combattre l’Église.

Or, nos raisons seront en cet ordre : 1. Nous sélectionnerons les passages de l’Écriture, puis ceux des Conciles en 2, en 3 ceux des Pères anciens ; en 4, les passages de toutes sortes d’auteurs, après quoi nous amènerons les arguments de la partie adverse, et nous montrerons qu’ils ne sont pas de mise ; ainsi nous conclurons en faveur de ce que croit l’Église. Restera que le lecteur laisse à part sa propre passion, pense attentivement au mérite de nos preuves, et se jette aux pieds de la Divine Bonté, criant en toute humilité avec David « Donne-moi l’intelligence pour que je garde ta loi, et que je l’observe de tout mon cœur  », 5 et alors, je ne doute point qu’il ne revienne dans le giron de sa grande Mère, l’Église Catholique.

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

interno della chiesa di Santa Lucia, Mistretta, Sicilia

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

interno della chiesa di Santa Lucia, Mistretta, Sicilia


Textes de la sainte Écriture, où il est parlé du temps, du lieu et des peines de la purification des âmes après cette vie.

(Discours 75)

Ce premier argument est invincible : il y a un temps et un lieu de purification pour les âmes après cette vie mortelle ; donc il y a un Purgatoire, puisque l’Enfer ne peut apporter aucune purification, et que le Paradis ne peut recevoir aucune chose qui ait besoin de purification. Or qu’il y ait un lieu et un temps de purification après cette vie, en voici les raisons :

Au psaume 65. Ce lieu est apporté comme preuve du Purgatoire par Origène, homélie 25, et par saint Ambroise sur le psaume 36, et au sermon 3 sur le psaume 118, où il expose par l’eau, le baptême, et par le feu, le Purgatoire.

Au livre d’Isaïe au chapitre 4 : « Le Seigneur purifie etc… ». cette purification faite en esprit de jugement et de feu est comprise du Purgatoire par saint Augustin dans « La cité de Dieu », chapitre 25. Et de fait, les paroles précédentes favorisent cette interprétation, dans lesquelles on parle du salut des hommes, puis à la fin du chapitre, où on parle du repos des bienheureux, dont ce qui est dit : « Le Seigneur purifie les sourds », doit être compris de la purification nécessaire pour ce salut. Et parce que l’on dit que cette purification doit être faite en esprit et par le feu, elle ne peut s’appliquer tout simplement qu’au Purgatoire et au feu de celui-ci.

En Michée, au chapitre 7 « Ne te réjouis pas à mon sujet, ô mon ennemie ; car si je suis tombée, je me relèverai. Si je suis assise dans les ténèbres, Yahweh est ma lumière, etc… ». 6 Ce passage était déjà en train de prouver l’existence du Purgatoire parmi les catholiques du temps de saint Jérôme, comme saint Jérôme lui-même en témoigne sur le dernier chapitre d’Isaïe.

En Zacharie 9 : « Pour toi aussi, à cause du sang de ton alliance, je retirerai tes captifs de la fosse sans eau ». 7 La fosse sans eau d’où sont tirés ces prisonniers n’est que le Purgatoire, duquel notre Seigneur les délivre.

Dans la première lettre aux Corinthiens : « Car le jour du Seigneur le fera connaître, parce qu’il va se révéler dans le feu, etc… ». 8 On a toujours tenu ce passage-ci pour l’un des plus illustres et difficiles de toute l’Écriture. Or, en celui-ci, il est facile de constater, pour qui regarde de près tout le chapitre, que l’Apôtre use de deux similitudes : la première est d’un architecte qui fonde une maison précieuse et de matière solide sur un roc, la seconde est de celui qui sur un même fondement dresse une maison de bois, de cannes et de chaume. Imaginons maintenant que le feu se déclare en l’une d’elles ; celle qui est en matière solide sera hors de danger, mais l’autre sera réduite en cendres ; si l’architecte est dans la première, il sera sain et sauf ; s’il est dans la seconde, s’il veut s’échapper, il lui faudra passer à travers le feu et la flamme, et se sauvera tellement, qu’il portera les marques d’avoir été au feu.

Le fondement en cette similitude est notre Seigneur Jésus-Christ, dont saint Paul dit « moi j’ai planté » et « comme un architecte sage, j’ai posé les fondements », et puis après « Je n’ai pas posé les fondements d’un autre, etc… ». les architectes sont les docteurs et prédicateurs de l’Évangile ; on le sait si l’on considère attentivement les paroles de tout ce chapitre, et comment saint Ambroise et Sédule comprennent ces paroles. Le jour du seigneur dont il est parlé s’entend comme le jour du jugement, qui dans l’Écriture Sainte a coutume d’être appelé jour du Seigneur. Car c’est à cette journée-là que se déclareront toutes les actions du Monde ; enfin quand l’Apôtre dit « qui sera jugé par le feu », il montre assez qu’il s’agit du jour du Jugement. Le feu par lequel l’architecte se sauve ne peut s’entendre que du feu du Purgatoire, car quand l’Apôtre dit qu’il se sauvera par le feu, et qu’il parle seulement de celui qui a édifié sur du bois, la canne, le chaume, il montre par là qu’il ne parle que du feu qui précédera le jour du jugement, puisque par celui-ci, passeront non seulement ceux qui auront bâti sur des matières légères, ou encore sur de l’or, l’argent, etc… Toute cette interprétation, outre qu’elle s’apparente très bien avec le texte, est encore très authentique pour avoir été suivie par les anciens Pères, saint Cyprien, saint Jérôme ou encore saint Ambroise.

On dira qu’en cette interprétation, il y a de l’équivoque et du malsain, en ce que le feu dont il est parlé est pris pour le feu du Purgatoire, pour celui qui précédera le jour du Jugement. On répond que c’est une élégante façon de parler par la confrontation des deux feux, car voici le sens de la sentence : le jour du Seigneur sera éclairé par le feu qui le précédera, et comme ce jour-là sera éclairé par le feu, ainsi ce même jour par le Jugement éclaircira le mérite et le défaut de chaque œuvre ; et comme chaque œuvre sera éclaircie, ainsi les ouvriers qui auront œuvré avec imperfections seront sauvés par le feu du Purgatoire. Mais outre cela, quand nous dirons que saint Paul utilise de diverses manières un même mot en un même passage et ce ne serait pas chose nouvelle, car il en use de pareille manière en d’autres lieux, mais qu’il en use si proprement que cela sert d’ornements à son langage, comme en l’épître 2 aux Corinthiens : qui ne voit que « péché » pour la première fois se comprend à proprement parler pour l’iniquité, et la seconde fois est utilisé dans un sens figuré, pour celui qui porte la peine du péché ?

On dira encore qu’il n’est pas dit qu’il sera sauvé par le feu, mais comme par le feu, et que partant, on ne peut pas conclure le feu du Purgatoire en vérité. Je réponds qu’il y a de la similitude en ce passage, car l’Apôtre veut dire que celui dont les œuvres ne sont pas du tout solides, sera sauvé comme l’architecte qui s’échappe du feu ne laissant pas pour cela de passer par le feu, mais un feu d’autre calibre que n’est le feu qui brûle en ce monde. Il suffit que de ce passage, on conclut ouvertement, que plusieurs qui prendront possession du Royaume du Paradis passeront par le feu : or, ce ne sera pas le feu d’Enfer, ni le feu qui précédera le jugement ; ce sera donc le feu du Purgatoire. Le passage est difficile et malaisé, mais bien considéré, il nous fait une conclusion manifeste pour notre prétention.

Et voilà quant aux passages de l’Écriture par lesquels on peut remarquer qu’après cette vie, il y a un temps et un lieu de purification.

Autres passages de l’Écriture dans lesquels on prouve que la prière, l’aumône et les actions méritoires servent au soulagement des défunts.

(Discours 76)

Le 2ème argument que nous tirons de la sainte parole pour le Purgatoire est tiré du chapitre 12 du livre des Martyrs d’Israël, là où la Sainte Écriture rapporte que Judas Macchabée envoya à Jérusalem 12 000 drachmes d’argent pour faire des sacrifices pour les morts ; elle ajoute après : « c’était là une pensée religieuse et sainte. Voilà pourquoi il fit ce sacrifice d’expiation, afin que les morts soient délivrés de leurs péchés. Etc… » ; 9 car voici notre discours : c’est chose sainte et profitable de prier pour les morts afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés, donc après la mort, il y a encore un temps et un lieu pour la rémission des péchés ; or, ce lieu ne peut être ni le Paradis, ni l’Enfer ; donc, il s’agit bien du Purgatoire.

Cet argument est si bien fait, que pour y répondre nos adversaires nient l’autorité du Livre des Martyrs d’Israël et le tiennent pour apocryphe. Mais, de fait, c’est parce qu’ils n’ont rien d’autre à dire ; car ce Livre a été tenu pour authentique et sacré par le Concile de Carthage 10 au canon 47, et par Innocent, et par saint Augustin, ainsi que plusieurs autres Pères. De sorte que vouloir nier l’autorité du Livre, c’est nier l’autorité de l’antiquité. On sait bien tout ce qu’on apporte pour le prétexte de cette négation, qui ne fait pour la plupart que montrer la difficulté qui réside dans les Écritures, mais non leur fausseté. Seulement, il me semble nécessaire de répondre à une ou deux objections qu’ils font.

La première objection qu’ils font, c’est de dire que la prière a été faite pour montrer la bonne affection qu’ils avaient à l’égard des défunts, et non parce qu’ils pensent que les défunts en aient besoin ; ce que l’Écriture contredit par les paroles « pour qu’ils soient délivrés de leurs péchés ».

Ils objectent que c’est une erreur manifeste de prier pour la résurrection des morts avant le jugement, car c’est présupposer soit que les âmes ressuscitent et par conséquent meurent, soit que les corps ne ressuscitent pas si ce n’est par l’entremise des prières et bonnes actions des vivants, qui serait contre l’article du Credo « Je crois en la résurrection des morts ». Or, que ces erreurs soient présupposées en ce passage du livre des Martyrs d’Israël, on le voit dans ces paroles « Car, s’il n’avait pas espéré que ceux qui avaient succombé ressusciteraient, la prière pour les morts était superflue et absurde, etc… » ; 11 on répond que dans ce passage, ils ne prient pas pour la résurrection ni de l’âme, ni du corps, mais seulement pour la délivrance des âmes ; en quoi, ils présupposent l’immortalité de l’âme, car s’ils avaient cru que l’âme fut morte avec le corps, ils n’auraient pas pris soin de leur délivrance ; et parce que parmi les juifs, la croyance de l’immortalité de l’âme et de la résurrection des corps étaient tellement jointes ensembles que celui qui niait l’une, niait l’autre. Pour montrer que Judas Macchabée croyait en l’immortalité de l’âme, il dit qu’il croyait à la résurrection des corps : voici comment l’Apôtre prouve l’immortalité de l’âme par la résurrection des corps ; il y a au chapitre 1 de la lettre aux Corinthiens « S’il n’y avait eu que de l’humain dans mon combat contre les bêtes à Éphèse, à quoi cela m’aurait-il servi ? Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mourrons. » 12 etc. Or, il ne s’ensuivrait aucunement qu’il fallut s’abandonner ainsi, encore qu’il n’y eut point de résurrection, car l’âme qui demeurerait en cette souffrance, souffrirait la peine due aux péchés, et recevrait des vertus ; saint Paul donc en cet endroit nous montre la résurrection des morts pour l’immortalité de l’âme, parce que de ce temps-là, qui croyait l’un, croyait l’autre.

Il n’y a donc point lieu de refuser le témoignage des Macchabées en preuve d’une juste croyance ; que si à tout rompre, nous le voulons prendre comme témoignage d’un simple mais grave historiographe, ce qu’on ne peut nous refuser au moins faudra t-il confesser que l’ancienne synagogue croyait au Purgatoire, puisque toute cette armée-là fut si prompte à prier pour les défunts. En fait, nous avons les marques de cette dévotion en d’autres passages de l’Écriture, qui doit nous faciliter la réception de celui que nous venons d’alléguer ; dans le livre de Tobie au chapitre 4 : « Mon fils, répands ton pain et ton vin sur la tombe des justes, et ne donne rien aux pécheurs » ; 13 certes ce vin et ce pain ne se mettaient pour autre sur la sépulture sinon pour les pauvres, afin que l’âme du défunt en fut aidée, comme disent communément les interprètes sur ce passage. Peut-être qu’ils diront que ce Livre est apocryphe, mais toute l’Antiquité l’a toujours tenu pour vrai ; et pour vrai, la coutume de mettre la viande pour les pauvres en sépultures est très ancienne, même dans l’Église catholique car saint Jean Chrysostome, qui vivait il y a plus de 1 200 ans, dans l’homélie 32 sur le chapitre 9 de saint Mathieu, en parle de cette façon : « Pourquoi appelles-tu tes pauvres après la mort ? etc… » Mais que penserions-nous des jeûnes et austérités que pratiquaient les anciens après la mort de leurs amis ? Ceux de Jabes Galaad, après la mort de Saül jeûnèrent 7 jours ; David, Jonathan et ceux de sa suite en firent autant. On ne pourrait penser que ce ne fut pour secourir les âmes des défunts, car à quel autre propos peut-on rapporter le jeûne de 7 jours ? Aussi David jeûna et pria pour son fils malade ; lorsque celui-ci fut mort, comme il mourrait enfant et innocent et donc n’avait pas besoin d’aide, David cessa de jeûner. Bède, il y a plus de 700 ans, interpréta ainsi la fin du 1er Livre de Samuel. De sorte que, dans l’ancienne Église, il y a avait déjà chez les saintes personnes la coutume d’aider par les prières et les saintes actions les âmes des défunts, ce qui suppose clairement la foi dans un Purgatoire.

Et c’est de cette coutume dont saint Paul parle tout ouvertement dans le chapitre 1 de sa lettre aux Corinthiens, la montrant comme louable et bonne. Ce passage est très clair. On voit ici une coutume très répandue dans l’Église primitive de jeûner, prier, veiller pour les âmes des défunts : car, premièrement, dans ces Écritures, être baptisé s’utilise très souvent pour désigner les afflictions et les pénitences, comme en saint Luc au chapitre 12, ou notre Seigneur appelle baptême ses peines et afflictions. Voici donc le sens de cette écriture : si les morts ne ressuscitent pas, pourquoi se met-on en peine en priant et jeûnant pour les morts ? Et aussi cette sentence de saint Paul ressemble à celle des Martyrs d’Israël : « Il est vain et inutile de prier pour les morts, si les morts ne ressuscitent pas ». Qu’on me tourne ce texte dans tous les sens, en autant d’interprétations que l’on voudra, il n’y en aura pas une qui expliquera aussi bien les saintes Ecritures que celle-ci. De même, il ne faudrait pas dire que le baptême dont parle saint Paul serait seulement un baptême de tristesses et de larmes, et non de jeûnes, de prières et autres actions, car avec cette intelligence sa conclusion serait très mauvaise : il veut conclure que si les morts ne ressuscitent point, et si l’âme est mortelle, en vain on s’afflige pour les morts ; mais, je vous prie, n’aurait-on pas plus de tristesse pour la mort des amis s’ils ne ressuscitent point, perdant toute espérance de jamais les revoir, sauf s’ils ressuscitent ? Il parle donc des afflictions volontaires que l’on faisait pour obtenir le repos des morts, afflictions que l’on pratiquerait sans doute en vain si les âmes étaient mortelles, ou que les morts ne ressuscitaient pas ; à ce propos, il faut se souvenir de ce qui a été dit plus haut, lorsque j’ai dit que l’article de la résurrection des morts et celui de l’immortalité de l’âme étaient connexes, et que celui qui confessait l’un, confessait l’autre. Il apparaît donc par ces paroles de saint Paul que la prière, le jeûne et les autres saintes afflictions, se faisaient louablement pour les défunts ; or, ce n’étaient pas pour ceux du Paradis qui n’en avaient pas besoin, ni pour ceux de l’Enfer qui ne pouvaient en recevoir le fruit ; c’était donc pour ceux du Purgatoire ; ainsi l’a exposé saint Ephrem et les Pères qui ont débattu avec les Pétrobusiens.

On peut en déduire autant de ce que disait le bon Larron à notre Seigneur « Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » ; car pourquoi se serait-il recommandé, lui qui allait mourir, s’il n’avait cru que les âmes après la mort pouvaient être secourues et aidées ? Saint Augustin tire de ce passage que certains péchés sont pardonnés dans l’autre monde.

Autres passages de l’Écriture où il est prouvé que le pardon de certains péchés est réservé à l’autre monde.

(Discours 77)

Il y a quelques péchés qui peuvent être pardonnés en l’autre monde ; ce n’est ni en Enfer, ni au Ciel, c’est donc au Purgatoire. Or, qu’il y ait des péchés qui sont pardonnés en l’autre monde, nous le prouvons premièrement, par le passage de saint Matthieu au chapitre 12, ou notre Seigneur dit qu’il y a un péché qui ne peut être pardonné ni en ce siècle ni en l’autre ; donc, il y a des péchés qui peuvent être remis en l’autre siècle, car s’il n’y avait point de péchés qui peuvent être remis en l’autre siècle, il n’était pas nécessaire d’attribuer cette propriété à une sorte de péché de ne pouvoir être remis en l’autre siècle, ainsi suffisait-il de dire qu’il ne pouvait être remis en ce monde. Certes, quand notre Seigneur eut dit à Pilate, « Mon royaume n’est pas de ce monde », Pilate fit cette conclusion « Es-tu Roi ? », conclusion que notre Seigneur trouva bonne, et à laquelle il consentit ; ainsi quand il dit qu’il y a un péché qui ne peut être pardonné en l’autre siècle, il s’ensuit très bien donc qu’il y en a d’autres qui peuvent être pardonnés. Ils voudront dire que ces paroles ne veulent dire autre chose, sinon in aeternam, ou nunquam. Cela va bien mais notre raison ne perd rien de sa fermeté pour cela : car ou saint Matthieu a bien exprimé l’intention de notre Seigneur, ou pas. On n’oserait dire que non, et s’il l’a bien exprimée, il s’ensuit toujours qu’il y a des péchés qui peuvent être remis en l’autre siècle, puisque notre Seigneur a dit qu’il y en a un qui ne pouvait l’être. Mais de grâce si saint Pierre avait dit « tu ne me laveras pas les pieds en ce monde, ni dans l’autre », n’aurait-il pas parlé faussement, puisqu’en l’autre monde, ils ne peuvent être lavés ? Aussi, dit-il in aeternam. Il ne faut donc pas croire que saint Mathieu eut exprimé l’intention de notre Seigneur par les paroles précitées, si en l’autre monde, il ne peut y avoir de rémission. On se moquerait de celui qui dirait, je ne me marierai ni en ce monde, ni en l’autre, comme s’il entendait qu’en l’autre monde l’on peut se marier. Donc, si l’on dit d’un péché qu’il ne peut se remettre ni dans ce siècle, ni dans l’autre, cela suppose que l’on puisse remettre quelques péchés dans ce monde, et dans l’autre également. Je sais bien que nos adversaires essaient par diverses interprétations de parer à ce coup-là, mais il est si bien porté qu’ils ne peuvent s’échapper. Et de fait, il vaut bien mieux comprendre correctement avec les Pères, et avec toute la révérence que l’on peut, les paroles de notre Seigneur Jésus Christ, que de les rendre grossières et mal agencées dans le seul but de fonder une nouvelle doctrine. Tous les saints qui ont écrit contre les Pétrobusiens, ont utilisé ce passage dans le même sens que nous, et avec tant d’assurance que saint Bernard pour déclarer cette vérité n’en apporte point d’autre, tant il fait état de celui-ci.

En saint Mathieu et en saint Luc, « Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison… » 14 Origène, saint Cyprien, saint Ambroise, saint Jérôme disent que le chemin dont il est parlé, n’est autre que le passage de cette vie. L’adversaire sera notre propre conscience, qui combat toujours contre nous et pour nous, c’est à dire qu’il résiste toujours à nos mauvaises inclinations et à notre vieil Adam pour notre Salut comme l’exposent les saints que j’ai évoqués. Le juge est sans doute notre Seigneur. La prison pareillement, l’Enfer ou le lieu des peines de l’autre monde auquel comme en une grande geôle, il y a plusieurs demeures, l’une pour ceux qui sont damnés, qui est comme pour les criminels, l’autre qui est pour ceux qui sont en Purgatoire. Le sou dont il est dit « Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou », 15 sont les petits péchés et et les péchés de faiblesse, de même que le sou est la plus petite des pièces que l’on peut devoir. Maintenant, considérons un peu où doit se faire cette reddition dont parle notre Seigneur. Et premièrement, nous trouvons des très anciens Pères qui ont dit que c’était en Purgatoire. Quand il est dit « avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou », n’est-il pas présupposé que l’on puisse payer, et qu’on puisse tellement diminuer la dette qu’il n’en reste plus que le dernier centime ? Si, comme il est dit au psaume « Siège à ma droite, et je ferai de tes ennemis etc… », 16 il s’ensuit très bien « il fera de tes ennemis le marchepied de son trône », et donc, lorsqu’il dit : « tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé », il montre que « quelqu’un paie ou peut payer » ; qui ne voit qu’en saint Luc, la comparaison est tirée non d’un homicide, ou de quelque criminel qui ne peut avoir espérance de son salut, mais d’un débiteur qui est mis en prison jusqu’au paiement, et lorsque se paiement a été fait, sur le champ, il est mis dehors ? Voici donc l’intention de notre Seigneur : que, pendant que nous sommes en ce monde, nous tâchions par la pénitence et ses fruits de payer selon la puissance que nous en avons par le Sang du Rédempteur, la peine qui est due par nos péchés ; car si nous attendons la mort, nous n’en aurons pas si bon compte au Purgatoire, où nous serons traité avec rigueur.

Tout ceci semble avoir été dit par notre Seigneur, même en saint Mathieu au chapitre 5. Dans celui-ci, il s’agit de la peine que l’on doit recevoir par le jugement de Dieu, comme il apparaît dans ces paroles « il sera passible de la géhenne de feu » ; 17 et néanmoins, il n’y a que la troisième sorte d’offense qui soit punie par l’Enfer ; donc au jugement de Dieu, après cette vie, il y a des autres peines qui ne sont pas éternelles, ni infernales ; ce sont les peines du Purgatoire. On peut dire que ces peines seront infligées en ce monde, mais saint Augustin et les autres Pères l’entendent pour l’autre monde. Et puis ne peut-il pas se faire qu’un homme meurt sur la première ou seconde offense dont il est parlé ici et là, ou paiera-t-il les peines dues à son offense ? Ou si vous voulez qu’il ne les paie point, quel lieu lui donnerez-vous pour sa retraite après ce monde ? Vous ne lui donnerez pas l’Enfer, à moins de vouloir ajouter à la sentence de notre Seigneur, qui ne donnent l’Enfer qu’à ceux qui auront commis la troisième offense ; le loger au Paradis, vous ne pouvez le faire, parce que la nature de ce lieu céleste rejette toute sorte d’imperfection ; n’alléguez pas ici la miséricorde du juge car il déclare en cet endroit vouloir user encore de justice : faites donc comme les anciens Pères, et dites qu’il y a un lieu où elles seront purifiées, puis s’en iront au Paradis.

En saint Luc au chapitre 16, il est écrit « Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles », 18 qu’est-ce sinon mourir ? Et les amis, que sont-ils d’autre que les saints ? Les exégètes l’entendent tous ainsi. Il s’ensuit deux choses : que les saints peuvent aider les défunts et que les défunts peuvent être aidés des saints ; car à quel autre propos, peut-on entendre ces paroles « faites-vous des amis qui vous recevront ? » ; il ne peut s’entendre de l’aumône, car souvent l’aumône est bonne et sainte, et toutefois ne nous acquiert pas des amis qui puissent nous recevoir en « demeures éternelles », comme quand elle est faite à des personnes mauvaises avec droite et sainte intention. Ce passage est exposé ainsi par saint Ambroise, et par saint Augustin, au chapitre 27 de la Cité de Dieu, mais la parabole dont use notre Seigneur est trop claire pour nous laisser douter de cette interprétation, car la similitude est prise d’un économe, qui étant démis de ses fonctions et demandant secours à ses amis, notre Seigneur le compare à la mort, et le secours demandé aux amis, à l’aide que l’on reçoit après la mort, de ceux auxquels on a fait l’aumône ; cette aide ne peut être reçue au Paradis ou en Enfer ; c’est donc par ceux qui sont en Purgatoire.

Autres passages de l’Écriture qui permettent de conclure à l’existence du purgatoire

(Discours 78)

Saint Paul aux Philippiens dit de telles paroles « afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers » 19. Aux cieux, on trouve assez de genoux qui fléchissent au nom du Rédempteur, sur terre, l’on en trouve beaucoup dans l’Église militante ; mais en Enfer, où en trouvera-t-on ? David se défie de n’en trouver aucun lorsqu’il dit : « Personne, dans la mort, n'invoque ton nom ; au séjour des morts, qui te rend grâce ? » 20 et encore ce que chante David ailleurs « Mais à l'impie, Dieu déclare etc… », 21 car si Dieu ne veut recevoir de louanges du pécheur obstiné, comment permettrait-il à ces misérables damnés d’entreprendre ce saint office ? Saint Augustin fait grand cas de ce lieu par ce propos rapporté au chapitre 33 de la Genèse. Il y a un semblable passage en l’Apocalypse « Qui donc est digne d’ouvrir le Livre et d’en briser les sceaux ? Mais personne, au ciel, sur terre ou sous la terre, ne pouvait ouvrir le Livre et regarder. » 22 Ne constitue-t-il pas ici une Église en laquelle Dieu soit loué sous terre ? Et que peut-elle être sinon le Purgatoire ?

Les conciles qui ont défini l’existence du purgatoire comme article de foi

(Discours 79)

Arius comme je l’ai dit auparavant commença à prêcher contre les catholiques, et disait que les prières qu’ils faisaient pour les morts étaient superstitieuses ; il y a encore à notre époque des sectaires sur ce point. Notre Seigneur nous donne la règle dans son évangile sur la façon dont nous devons nous comporter en de semblables occasions. « Si ton frère a péché contre toi, etc ». Écoutons donc ce que l’Église nous enseigne à cet endroit : en Afrique, au concile de Carthage, en Espagne au concile Bracarense, en France au concile de Chalon, etc…, et en tous ces conciles, vous verrez que l’Église tient pour authentique la prière pour les défunts, et par conséquent le Purgatoire. Et après, ce qu’elle avait défini par parties, elle l’a défini en son corps général au concile de Latran sous Innocent III, au concile de Florence, et finalement au concile de Trente.

Mais quelle plus sainte résolution de l’Église voudrait-on avoir que celle qui est couchée en toutes ses messes ? Regardez les liturgies de saint Jacques, saint Basile, saint Jean Chrysostome, de saint Ambroise, dont se servent encore tous les chrétiens orientaux, vous y verrez la commémoration pour les morts comme elle se voit, à peu de choses près, dans la nôtre. Quoi ? Si Pierre Martyr, l’un des habiles qui a suivi le parti adverse, sur le chapitre 3 de la 1ère lettre aux Corinthiens, confesse que toute l’Église a suivi cette opinion, je n’ai plus à faire de m’amuser sur cette preuve. Il dit qu’elle s’est trompée et faillit ; ah, qui croirait cela ? « Qui es-tu, toi qui juge l’Église de Dieu ? etc… » et si l’Église peut se tromper, et vous, Pierre Martyr, ne pourriez-vous pas vous tromper ? Sans doute, et c’est pourquoi je croirai que vous vous êtes trompé, et non l’Église.

L’autorité des Pères de l’Église qui ont adhéré à l’existence du purgatoire

(Discours 80)

C’est une belle chose, pleine de consolation, de voir le beau rapport que l’Église [actuelle] présente avec l’Église de l’Antiquité, tout particulièrement en la croyance de ce qui fait notre propos sur le Purgatoire. Tous les anciens Pères ont cru et attesté que c’était la foi apostolique. Voici les auteurs chez qui nous avons trouvé cette foi : entre les disciples des Apôtres, saint Clément et saint Denis, après saint Athanase, saint Basile, saint Grégoire de Nysse, Tertullien, Cyprien, Jérôme, Augustin etc. c’est à dire toute l’antiquité, même avant les 1 200 ans pendant lesquels tous ces Pères ont vécu ; à propos desquels il m’eût été très facile d’apporter quelques témoignages qui sont recueillis dans les livres de nos auteurs catholiques, comme dans le Catéchisme de Canisius. Mais si quelqu’un veut consulter intégralement et fidèlement les citations des passages des Pères anciens, qu’il prenne en main l’œuvre de Canisius. 23 Mais certes, Calvin nous délivre de cette peine, car il écrit « ante 1300 annos usu receptum fuit ut precationes fierent pro defunctis », et ajoute ensuite « e omnes, fateor, in errorem abrepti fuerunt ». Nous n’avons donc que faire de chercher le nom et le lieu des anciens Pères pour prouver le Purgatoire, puisque pour se mettre en compte, Calvin les tient pour zéro. Quelle apparence y-a-t-il qu’un seul Calvin soit infaillible et que l’Antiquité tout entière ait failli ? On dit que les anciens Pères ont cru au Purgatoire pour s’accommoder au vulgaire : belle excuse ; n’était-ce pas aux Pères d’ôter toute erreur du peuple, s’ils l’y voyaient adhérer, et non l’y entretenir et y condescendre ? Cette excuse ne fait donc qu’accuser les anciens. Mais comment est-ce que les Pères n’ont pas cru à bon escient le Purgatoire, puisque Arius, comme je l’ai dit auparavant, a été tenu pour hérétique parce qu’il le niait ? C’est pitié de voir l’audace avec laquelle Calvin traite saint Augustin parce qu’il fit prier et pria pour sa mère sainte Monique, et pour tout prétexte, apporte que saint Augustin semble douter du feu du Purgatoire. Mais ceci ne change rien à notre propos, car il est vrai que saint Augustin dit qu’on peut douter du feu et de la qualité de celui-ci, mais non du Purgatoire : or, soit que la purification se fasse par le feu ou autrement, soit que le feu ait même qualité que celui de l’Enfer ou non, il est avéré qu’il y a un Purgatoire et une purification. Il ne met donc pas en doute le Purgatoire, mais la qualité de celui-ci. Ce que ne nieront jamais ceux qui ont lu le Livre « la Cité de Dieu » et celui « Des devoirs à rendre aux morts », et en mille autres endroits. Voilà donc comme nous suivons la trace des saints et des anciens Pères quand à cet article du Purgatoire.

Voici deux invincibles raisons du Purgatoire : d’abord, il y a des péchés légers et qui ne rendent pas l’homme coupable de l’Enfer ; si donc l’homme meurt en cet état, que deviendra-t-il ? Le Paradis ne reçoit rien de souillé, l’Enfer est une peine trop criminelle, il n’est pas dû à cause de son péché ; il faut donc avouer qu’il restera en un Purgatoire, ou étant bien purifié, il ira par la suite au Ciel. Or qu’il y ait des péchés qui ne rendent pas l’homme coupable de l’Enfer, notre Seigneur le dit en saint Mathieu : « Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu. » 24 Qu’est-ce je vous prie, d’être coupable de la géhenne du feu, sinon être coupable de l’Enfer ? Or, cette peine n’est due qu’à ceux qui appellent leur frère « fou » : ceux qui se mettent en colère, ceux qui expriment leur colère par une parole non injurieuse et diffamatoire, ne sont pas au même rang. Ainsi, l’un mérite le jugement, c’est à dire que sa colère soit mise en jugement, comme la parole oiseuse, de laquelle notre Seigneur dit qu’il faut rendre compte ; l’autre mérite le Conseil, à savoir qu’on délibère s’il sera condamné ou non. Le 3ème seul est celui-là qui sans doute infailliblement sera damné : donc, le 1er et le 2ème sont des péchés qui ne rendent pas l’homme coupable de la mort éternelle, mais d’une correction temporelle ; et partant, si l’homme meurt avec ces péchés, par accident ou autrement, il faut qu’il subisse le jugement d’une peine temporelle ; lorsque son âme aura été purifiée, il ira au Ciel avec les Bienheureux. Le sage parle de ces péchés : car, le juste ne peut pécher, tant qu’il est juste, de péchés qui méritent la damnation. Il s’entend donc qu’il commet des péchés pour lesquels la damnation n’est pas due, que les catholiques appellent véniels, lesquels peuvent se purifier en l’autre monde, au Purgatoire.

Ensuite, la raison est qu’après le pardon, demeure en partie la peine due à celui-ci, comme par exemple, le péché est pardonné au roi David, le Prophète lui disant : « Le Seigneur a passé sur ton péché, tu ne mourras pas. Cependant, parce que tu as bafoué le Seigneur, le fils que tu viens d’avoir mourra » 25

Le texte s’arrête ainsi.

Notes

1 Pour saint François de Sales, il est impensable d’accuser l’Église. Car l’Église est corps du Christ, dirigée par l’Esprit Saint, elle ne peut donc se tromper, encore moins être accusée. Cette idée apparaît plusieurs fois au cours du texte.

2 Cette phrase n’est pas très claire. On peut penser que saint François demande des juges qui ne soient pas partie prenante. Car en quelque sorte, Luther et Calvin sont à la fois juge et partie. Saint François demande des juges « extérieurs », qui soient instruits de l’affaire, et qu’il puissent ainsi la juger. N’oublions pas qu’il s’adresse dans cette introduction « Aux messieurs de Thonon ».

3 He 1, 3. On sait depuis que ce n’est pas saint Paul qui a écrit la lettre aux Hébreux.

4 Les Pétrobusiens sont des disciples de Pierre de Bruys, qui fut condamné pour hérésie en 1131. Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_de_Bruys

5 Ps 119 (Vulg 118), 34

6 Mich, 7, 8

7 Za 9, 11

8 1 Co 3,12

9 2M 12, 46

10 Le 3ème concile de Carthage (28 août 397) fixe la liste canonique des livres de la Sainte Écriture. Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Conciles_de_Carthage

112M 12, 44

12 1Co 15, 32

13 Tb 4, 17

14 Mt 5, 25

15 Mt 5, 26

16 Ps 109, 1

17 Mt 5, 22

18 Lc 16, 9

19 Ph 2, 10

20 Ps 6, 6

21 Ps 49, 16

22 Ap 5, 2-3

23 Saint Pierre Canisius, docteur de l’Église, a écrit un Catéchisme qui a longtemps été la référence dans l’Église Catholique

24 Mt 5, 22

25 2 S 12, 13-14

SOURCE : https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fwww.peuterey-editions.com%2F143-nouvelles-du-purgatoire-et-des-suffrages-pour-les-defunts.html#federation=archive.wikiwix.com&tab=url

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

L’Archange Saint Michel livrant une âme purifiée à la Madonna della Libera, Chiesa del Monte Purgatorio, Martina Franca


Dom Lefèvre, Missel

A la fête de la Toussaint se rattache intimement le souvenir des saintes âmes qui, retenues au purgatoire pour y expier leurs fautes vénielles ou se purger des peines temporelles dues au péché, sont toutefois confirmées en grâce et entreront un jour au ciel. Aussi, après avoir célébré dans la joie la gloire des Saints qui constituent l’Église du ciel, l’Église de la terre étend sa sollicitude maternelle jusqu’à ce lieu d’indicibles tourments où sont plongées les âmes qui appartiennent aussi à l’Église. « En ce jour, dit le Martyrologe Romain, la commémoraison de tous les fidèles défunts : commémoraison en laquelle notre commune et pieuse Mère l’Église, aussitôt après s’être efforcée de fêter par de dignes louanges tous ses fils qui déjà se réjouissent dans le ciel, s’efforce d’aider par de puissants suffrages auprès de son Seigneur et Époux, le Christ, tous ceux qui gémissent encore dans le Purgatoire, afin qu’ils se joignent au plus tôt à la société des habitants de la céleste Cité ». Jamais dans la liturgie ne s’affirme de façon plus vivante l’unité mystérieuse qui existe entre l’Église triomphante, l’Église militante et l’Église souffrante ; et jamais aussi ne s’accomplit d’une façon plus palpable le double devoir de charité et de justice qui découle pour chacun des chrétiens du fait de son incorporation dans le corps mystique du Christ. C’est en vertu du dogme si consolant de la Communion des Saints que les mérites et les suffrages des uns peuvent en effet être attribués aux autres. De telle sorte que, sans léser les droits imprescriptibles de la justice divine qui s’appliquent dans toute leur rigueur après cette vie, l’Église peut unir sa prière ici-bas à celle du ciel et suppléer à ce qui manque aux âmes du purgatoire, en offrant à Dieu pour elles, par la Sainte Messe, par les indulgences, par les aumônes et les sacrifices de ses enfants, les mérites surabondants de la passion du Christ et de ses Membres mystiques. Aussi la liturgie, dont le sacrifice du Calvaire continué sur l’autel est le centre, a toujours été le moyen principal employé par elle pour mettre en pratique à l’égard des défunt : la grande loi de charité qui fait un précepte de subvenir aux nécessités du prochain, comme s’il s’agissait de nous-mêmes, en vertu toujours de ce lien surnaturel qui unit en Jésus le ciel, le purgatoire et la terre. La liturgie des défunts est peut-être la plus belle et la plus consolante de toutes. Chaque jour, à la fin de chaque Heure de l’Office divin, on recommande à la miséricorde divine les âmes des fidèles trépassés. Au Suscipe de la messe le prêtre offre le sacrifice pour les vivants et les morts, et dans un Mémento spécial il prie le Seigneur de se souvenir de ses serviteurs et de ses servantes qui se sont endormis dans le Christ et de leur accorder le séjour de consolation, de lumière et de paix. Dès le cinquième siècle, on trouve des messes des défunts. Mais c’est à S. Odilon, quatrième Abbé du célèbre monastère bénédictin de Cluny, qu’est due la Commémoraison de tous les défunts en général. Ce fut lui qui l’institua en 998 et la fit célébrer au lendemain de la Toussaint.

L’influence de cette illustre congrégation française fit qu’on adopta bientôt cet usage dans tout l’univers chrétien et que ce jour fut même parfois chômé. En Espagne, au Portugal et dans l’Amérique du Sud, qui en était autrefois dépendante, les prêtres, en vertu d’un privilège accordé par Benoît XIV, célébraient trois messes le 2 Novembre. Un décret de Benoît XV, daté du 10 Août 1915, autorise les prêtres du monde entier à faire de même.

L’Église nous rappelle dans une Épitre, tirée de S. Paul, que les morts ressusciteront, et nous dit d’espérer, car en ce jour nous nous reverrons tous dans le Seigneur. La Séquence donne une description saisissante du jugement dernier où les bons seront à tout jamais séparés d’avec les méchants. L’Offertoire rappelle que c’est S. Michel qui introduit les âmes dans le ciel, car, disent les prières de la recommandation de l’âme, c’est lui qui est « le chef de la milice céleste » dans les rangs de laquelle les hommes sont appelés à prendre la place des anges déchus.

« Les âmes du purgatoire, déclare le Concile de Trente, sont secourues par les suffrages des fidèles, principalement par le sacrifice de l’autel ». La raison en est qu’à la Sainte Messe le prêtre offre officiellement à Dieu la rançon des âmes, le sang du Sauveur. Et Jésus lui-même, sous les espèces du pain et du vin, qui rappellent au Père le sacrifice du Golgotha, prie pour que Dieu en applique la vertu expiatrice à ces âmes. Assistons en ce jour au Saint Sacrifice de la messe où l’Église demande à Dieu d’accorder aux défunts, qui ne peuvent plus rien pour eux-mêmes, la rémission de tous leurs péchés (Or.) et le repos éternel (Intr., Grad., Com.). Visitons aussi les cimetières, où leurs corps reposent jusqu’au jour où, subitement, au son de la trompette, ils ressusciteront pour être revêtus d’immortalité et remporter par Jésus-Christ la victoire sur la mort (Ép.).

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

La liturgie byzantine célèbre chaque année un office pour le repos de l’âme de tous les défunts, le samedi avant la Sexa-gésime : Le samedi précédant le carnaval (carnis privii) nous faisons mémoire de tous les chrétiens orthodoxes, nos pères et nos frères qui sont sortis de ce monde.

Vers le XIe siècle, les liturgies latines adoptèrent quelque chose du même genre. L’abbé Hugues de Farfa raconte en effet que, dès le siècle précédent, existait dans son abbaye un précieux voile d’autel pour le dies iudicii ; sa vue remplissait les fidèles d’une sainte épouvante et les entretenait plusieurs jours dans la pensée de la mort. Au VIIIe siècle, entre autres usages du monastère de Fulda, nous trouvons celui de célébrer chaque mois une commémoration des défunts, avec office et prières spéciales. De la commémoration mensuelle à une commémoration annuelle il n’y avait qu’un pas ; et nous constatons en effet que vers le Xe siècle, dans les monastères bénédictins en particulier, l’usage s’était établi de célébrer chaque année la mémoire de tous les bienfaiteurs ou amis défunts du monastère. Saint Odilon, abbé de Cluny, passe pour avoir donné force de loi et un caractère universel à cette habitude, établie déjà dans un grand nombre d’églises. Nous connaissons l’édit de saint Odilon. Il est de 998 mais ne regarde que les monastères qui dépendaient alors de Cluny et dont le nombre atteignait plusieurs centaines, répandus en France, en Espagne et en Italie. Dans ce document, le pieux Abbé ordonne que le Ier novembre, après les vêpres solennelles, les cloches sonnent le glas funèbre et que les moines célèbrent au chœur l’office des défunts. Le lendemain, tous les prêtres doivent offrir à Dieu le divin sacrifice pro requis omnium defunctorum. Cet usage fut très favorablement accueilli, d’abord dans les différents monastères bénédictins, puis, peu à peu, dans les rituels diocésains, à Liège par exemple (1008), à Besançon, jusqu’à ce qu’il devînt un rite commun à toute l’Église latine.

Quant aux Ordines Romani, l’anniversarium omnium animarum apparaît pour la première fois dans l’Ordo XIV, du XIVe siècle. En ce jour, on ne célébrait pas le consistoire et on ne prêchait pas à la messe. Le jour choisi est celui-là même qui fut établi par saint Odilon, le 2 novembre. Dans l’Ordo Romanus XV, on trouve pourtant trace d’une coutume liturgique beaucoup plus ancienne, car le 8 juillet est indiqué un Officium defunctorum pro fratribus (les Cardinaux) et Romanis Pontificibus, comme dans l’Ordo de Farfa du Xe siècle. Dans ce même Ordo romain nous est décrit le rituel de la Chapelle papale sous Martin V, pour la commémoration de tous les fidèles défunts. Après les secondes Vêpres des Saints, le Pontife reprenait sa chape de couleur écarlate, le camauro et la mitre blanche, et les chantres entonnaient immédiatement les psaumes des vêpres des morts. Ensuite venaient les matines. Tant au Magnificat qu’au Benedictus des Laudes, le Pape accedit ad altare et thurificatur, et cophinum ubi stat Corpus Christi. Reverso vero ad cathedram suam, sibi soli et nulli alteri incensum datur. La collecte Fidelium Deus était chantée par le Pape, qui mettait fin à la cérémonie en donnant sa bénédiction solennelle.

Le lendemain, le Pontife assistait à la messe célébrée par un des cardinaux. A l’évangile, les acolytes portaient les flambeaux mais non l’encensoir ; à l’offertoire, on encensait l’autel d’abord et le Pape ensuite. Le rédacteur de l’Ordo remarque que la célébration solennelle de la messe pour les défunts par le Pontife romain n’est plus en usage, mais qu’il se contente de la dire de façon privée dans son oratoire.

La piété envers les pauvres âmes du purgatoire a fait d’immenses progrès durant les derniers siècles, comme en général toute la dévotion catholique, tel un arbre vigoureux qui étend de plus en plus ses rameaux, se couvre de feuilles et s’orne de fleurs. C’est ainsi que durant la cruelle dernière guerre, alors que chaque cité, sinon chaque famille, eut à pleurer ses morts, Benoît XV étendit à toute l’Église catholique un privilège que Benoît XIV avait jadis accordé aux États qui dépendaient alors de la couronne d’Espagne ; il autorisa chaque prêtre à célébrer le 2 novembre trois messes pour les défunts. Cette concession fut inspirée non seulement par l’inutile tuerie, comme Benoît XV appela cette guerre, mais par d’autres considérations encore. La piété des ancêtres avait richement doté des autels, des églises et des chapitres, afin que des messes fussent célébrées pour l’âme du donateur après sa mort. La révolution et la confiscation des biens ecclésiastiques ont le plus souvent dissipé ces legs ; aussi, en raison de la misère à laquelle était réduit le clergé, ce grand Pontife se voyait obligé continuellement de dispenser les chapitres, les communautés religieuses et les prêtres, de la charge de ces anciens legs de messes, qu’il n’était désormais plus possible d’acquitter. Que fit alors Benoît XV ? Habitué naguère à l’usage liturgique espagnol, au temps où il était secrétaire du cardinal Rampolla del Tindaro à la nonciature pontificale de Madrid, il permit à chaque prêtre de célébrer trois fois la messe, le jour de la commémoration des fidèles défunts, aux conditions suivantes : une des messes pouvait être offerte selon l’intention particulière du célébrant, mais le Pape voulut que l’une des deux autres fût célébrée pour tous les fidèles trépassés en général, et la troisième pour satisfaire à cette niasse énorme de legs que la faute du fisc avait empêché d’acquitter. Cette triple célébration de la sainte Messe par un même prêtre le 2 novembre constitue dans la discipline ecclésiastique actuelle un privilège plutôt unique que rare, et il égale en quelque sorte la Commémoration de tous les fidèles défunts au jour même de Noël. N’est-ce pas la vraie Noël des âmes du Purgatoire ? Cependant au moyen âge ce privilège n’était pas si exceptionnel, et nous savons que certains saints, et même plusieurs Pontifes romains, célébraient plusieurs messes par jour pour donner simplement libre cours à leur dévotion.

Le purgatoire représente la dernière et suprême tentative employée par l’amour de Dieu pour disputer le pécheur au démon et pour l’arracher de ses griffes. Il est comme un temple érigé en l’honneur de la sainteté divine, où les flammes expiatrices détruisent tout ce qui, dans la créature consacrée à Dieu, s’oppose à sa conformité avec Lui, avec sa beauté et ses perfections. Estote perfecti, sicut et Pater vester caelestis perfectus est. Quand donc la sainte Écriture nous parle du feu qui forme le trône de Dieu et qui l’enveloppe de toutes parts, qui constitue le rempart de sa demeure, il faut penser au Purgatoire, où notre faible vertu est éprouvée, comme l’or, dans le creuset de ces ineffables ardeurs de sainteté. Lorsque l’Apôtre nous dit que Dieu habite au milieu d’une inaccessible lumière, nous devons nous souvenir du sort des pauvres âmes du Purgatoire, dont les yeux, obscurcis par les brouillards du monde, se sentent encore trop faibles pour pouvoir soutenir, comme l’aigle, la vue de cette éblouissante splendeur. Saint Paul nous recommande aussi de prendre garde à la qualité des matériaux avec lesquels nous construisons : or, argent, pierres précieuses, bois, paille (I Cor., 3, 13), car le feu du jugement divin viendra les éprouver. Alors les matériaux solides résisteront, tandis que ceux qui seraient trop fragiles seront détruits, et l’imprudent constructeur, s’il veut se sauver, devra s’enfuir à travers les flammes, non sans se brûler et courir de grands périls. Il pourra bien se mettre à l’abri, ajoute l’Apôtre, mais toujours à travers le feu.

Dans cette comparaison employée par saint Paul pour expliquer sa pensée aux Corinthiens relativement à la pureté de l’enseignement évangélique, les exégètes catholiques voient avec raison une allusion au dogme du Purgatoire. Selon l’Apôtre, il est des fautes insuffisamment graves pour fermer sur notre tête les portes du ciel et ouvrir sous nos pieds le gouffre infernal, mais qui pourtant doivent recevoir, ou ici-bas ou dans l’autre monde, le châtiment proportionné. Ce que fait le feu pour les matériaux de construction, le jugement divin l’accomplit pour les actions morales. Si l’édifice brûle, c’est aux risques du constructeur, qui, ayant vu les flammes dévastatrices, se jette alors en toute hâte au dehors, fuyant à travers le feu et en rapportant de graves brûlures et un dommage. Si du moins les pauvres âmes du Purgatoire pouvaient obtenir la miséricorde de Dieu ! Mais non, car en Dieu rien n’échappe à l’ordre et tout a son moment propre. Celui de la miséricorde est désormais passé avec la vie du temps, pour faire place au contraire à celui de la justice dans l’éternité. Quand l’édifice est en flammes, on ne peut discuter ni hésiter : le feu n’épargne personne, et celui qui veut avoir la vie sauve doit se jeter hardiment à travers les flammes et s’enfuir.

Le purgatoire est un temple, mais sans sacerdoce ni autel de propitiation. Heureusement toutefois, la Communion des Saints unit en un seul corps mystique les bienheureux du ciel, les fidèles, voyageurs sur la terre et les âmes du purgatoire. En outre, le Sacrifice eucharistique, grâce auquel le Christ, par une seule oblation, a amené à la perfection pour toujours ceux qui sont sanctifiés : una oblatione consummavit in sempiternum sanctificatos, confère dans le ciel la gloire aux élus, et, dans le purgatoire, lave avec le sang de la Rédemption les souillures de ces membres prédestinés qui, heureusement, sont unies à lui par la foi, l’espérance et l’amour.

Les trois messes suivantes ne diffèrent entre elles que par les lectures et les collectes, car les chants responsoriaux et antiphoniques sont toujours les mêmes.

A LA PREMIÈRE MESSE.

L’antienne d’introït s’inspire d’un texte du IVe livre apocryphe d’Esdras. Cet emploi des apocryphes dans la liturgie est très rare et ne peut être postérieur au VIe siècle.

Suit le premier verset du psaume 64 : « A vous Seigneur est dû l’hymne en Sion ; dans Jérusalem seront accomplis les vœux que l’on vous fait. Écoutez ma prière, car tous les mortels s’adressent à Vous. » Aujourd’hui le psaume n’est pas suivi de la doxologie, mais on répète immédiatement l’antienne.

L’hymne qui est dû à Dieu dans Sion, et le lieu légal où doivent s’accomplir les vœux qu’on a faits, c’est-à-dire le temple de Jérusalem, symbolisent la vie glorieuse du ciel, où, dans la lumière de la gloire, seront satisfaites toutes nos pieuses aspirations. Il est à remarquer que certains Antiphonaires assignent pour introït l’antienne suivante, qui n’est dite actuellement que lors des funérailles, avant le commencement de la messe : Subvenite, Sancti Dei, succurrite, Angeli Domini, susct-pientes animant eius, afférentes eam in conspectu Altissimi. Psalm, 24. Anima eius in bonis demorabitur, et semen eius haereditet terram.

Collecte. Cette antique collecte est un petit chef-d’œuvre qui vaut tout un traité d’ascétique. On y indique d’abord le motif pour lequel Dieu est si bon pour nous : parce qu’il nous a faits. Nous sommes l’œuvre de ses mains ; et non seulement de ses mains, mais le fruit de sa passion, et il nous a achetés ou plutôt rachetés (redemptor) avec son sang. On met ensuite en cause la communion des Saints, qui unit l’Église orante et militante à l’Église souffrante qui expie dans le purgatoire. Quant au motif spécial qui attire sur les âmes du purgatoire la pitié divine, c’est, non seulement notre prière, mais aussi l’espérance de ces pauvres âmes. Durant leur vie et à leur mort, elles ont mis leur confiance et ont espéré non en leur propre justice, mais en la clémence divine : or, dit l’Apôtre : Spes non confundit, car Dieu ne nous donne jamais moins que ce qu’il nous fait espérer par sa grâce.

La lecture est empruntée à la Ire épître aux Corinthiens (15, 51-57). Saint Paul s’y réfère expressément au sort des justes sortis triomphants de la dernière persécution de l’Antéchrist et qui, en vertu d’un privilège spécial, se trouveront encore en vie au jour de la parousie. L’Apôtre veut révéler un secret aux Corinthiens. Quand, à la fin du monde, le Christ juge reviendra pour juger tous les vivants et les morts, alors, dit-il aux Corinthiens, nous ne mourrons pas tous, mais tous — donc même les justes, qui relinquimur, qui residui sumus, c’est-à-dire ceux qui, par un privilège divin spécial, seront vivants au moment de la parousie — nous serons transformés. Cette transformation, que certains théologiens veulent comparer à une sorte de mort semblable à celle à laquelle succomba la Bienheureuse Vierge, s’accomplira en un instant : in momento, in ictu oculi.

La victoire du Christ sur la mort et sur le péché sera donc complète et définitive, alors que la mort elle-même sera absorbée par la vie ; de la sorte, le corps, sujet encore à la corruption, deviendra incorruptible et immortel, à l’image de celui du commun prototype de tous les élus, Jésus-Christ.

Le répons-graduel répète, dans son premier verset, l’antienne de l’introït. Le second est tiré du psaume 111 : « Le juste laissera un souvenir éternel, et il n’aura à craindre aucun jugement défavorable. » Ce n’est pas toujours en ce monde que cet heureux sort des justes se réalise, mais il s’avère certainement à ce tribunal suprême auquel rien n’est caché et où la lumière de la vérité pénétrera dans les multiples replis de notre cœur. Alors tout ce que nous aurons fait même de plus secret, sera dévoilé à la face du monde entier dans les grandes et suprêmes assises de l’humanité.

Suit le trait qui cependant est généralement omis dans les Sacramentaires, puisqu’il s’agit d’une messe votive, de caractère non point joyeux mais funèbre. Qu’on se souvienne que le psaume trait était la caractéristique primitive des stations dominicales, ou du moins très solennelles, avant que saint Grégoire instituât le chant alléluiatique des dimanches hors du Carême.

Trait. — « Absolvez, Seigneur, de tout péché, les âmes de tous les fidèles défunts. V/. Afin que, par le secours de votre grâce, elles puissent échapper à une sentence défavorable. V/. Et jouir, au contraire des splendeurs de l’éternelle béatitude. »

Dans un grand nombre de ses prières funèbres comme d’ailleurs en celle-ci, la liturgie se rapporte au moment suprême et décisif du jugement particulier de l’âme où son sort se décide pour l’éternité. Les prières de l’Église accompagnent le mort couché dans son cercueil ; mais Dieu, pour qui il n’y a ni passé ni futur, a déjà vu comme présente la médiation de l’Église, laquelle devient ainsi un élément propitiatoire qui influe puissamment sur le jugement divin. C’est le vœu de l’Épouse et de la Mère, auquel ne peut certes demeurer indifférent le cœur de l’Époux et du Père universel.

La séquence Dies irae du franciscain Thomas de Celano, décrit avec des couleurs dignes de Michel-Ange le jugement universel. Nous faisons cette comparaison simplement pour qualifier un style, car ce n’est pas le peintre qui a inspiré le poète, mais c’est Michel-Ange qui, dans le drame terrible qu’il a évoqué sur le mur de la Chapelle Sixtine, s’est inspiré des notes effrayantes du franciscain médiéval. Le peintre de Jules II y a certainement puisé, outre les éléments apocalyptiques de son tableau, cette couleur chaude qui le distingue, ce caractère de force terrible qui domine dans presque toutes ses figures, y compris celle de la Vierge Marie elle-même. A l’origine on chantait cette séquence : Dies irae le Ier dimanche de l’Avent, comme se rapportant à la lecture évangélique de la fin du monde et du jugement universel. Mais par la suite, à cause de l’adjonction des deux derniers vers en faveur des défunts, elle fut, à tort ou à raison, adaptée à la messe de requiem. Dans ce cas d’ailleurs, on ne peut vraiment donner le nom de séquence à cette composition, car la séquence n’était autre à l’origine qu’une œuvre en prose ou en vers, adaptée aux mélismes trop prolongés qui suivaient l’alléluia au début du moyen âge. A la place de la simple et trop longue vocalise alléluiatique, on adapta donc des versets, appelés pour cette raison, et conformément à la terminologie grecque : sequentia ou acoluthia. Or il est clair que, si le verset alléluiatique n’existe pas, il ne saurait être question de séquence proprement dite. II faut en outre remarquer ici la psychologie religieuse de la société médiévale, au sein de laquelle naquit le tragique poème de Thomas de Celano, et la distance qui sépare sa muse de l’inspiration sereine et calme qui dicta jadis les épigraphes des catacombes et la très ancienne hymne vespérale jucundum lumen du lucernaire byzantin.

On peut même dire que le phôs hilaron et le dies irae sont comme les deux points extrêmes marquant le début et la fin de l’antique hymnodie chrétienne. Entre l’un et l’autre, onze siècles se sont écoulés. Le dogme demeure immuable, mais dans l’esprit des masses qui doivent le vivre au XIIIe siècle, quel changement est survenu ! L’hymne vespérale est l’hymne de la lumière sereine : iucundum lumen, de la joie, de la vie d’intimité avec Dieu, propre aux premiers siècles chrétiens, siècles de sacrifice et de martyre. Au contraire, le Dies irae traduit les remords d’une génération pleine de colères et de luttes fratricides d’un siècle de légèreté et d’oubli du Seigneur. Le iucundum lumen est serein parce qu’il aime ; le Dies irae au contraire tremble et s’effraie parce que la génération qui l’a dicté entend les reproches de la conscience coupable.

On peut dire que la lecture de l’Évangile (Jean., 5, 25-29) contient le texte de la Bonne Nouvelle, du mysterium dont tout à l’heure parlait saint Paul dans le magnifique passage de son épître aux Corinthiens. Le Christ est le nouvel Adam, et l’humanité tout entière forme son héritage. Comme Dieu, il a la même vie et la même nature divine que son Père ; aussi sa mission sotériologique est-elle de vivifier, de gouverner et de juger. Dieu a voulu restaurer en Lui toutes les ruines faites dans le monde par le péché, et c’est le motif de la résurrection glorieuse des justes, selon le prototype qui est Jésus. Quant aux pécheurs, ils ressusciteront eux aussi pour comparaître au jugement ; mais cette vie éternelle de peines sera pour eux pire que la mort, à ce point que l’Écriture l’appelle sans plus : mors secundo. Leur réprobation ne nuira d’ailleurs aucunement à la gloire du Christ, parce que, du fait de leur scission spontanée, ils ne lui appartiennent plus, et l’intégrité du corps mystique du Sauveur est parfaite, même sans eux.

Aujourd’hui l’offertoire, avec la répétition de sa finale, a conservé son antique caractère musical de chant antiphonique. A vrai dire, l’offertoire devrait être un chant de psaume et non une prex, comme l’est en effet le Domine lesu Christe inséré aujourd’hui dans le Missel. Mais il ne faut pas oublier que toute la messe pro defunctis représente un tardif assemblage d’éléments plus anciens contenus dans les divers Sacramentaires. Dans quelques Antiphonaires nous trouvons en effet, pour l’offertoire de la messe des défunts, le psaume 50 : Miserere, ou la belle antienne : Dextera Domini, du psaume 117, que le Missel a assignée au IIIe dimanche après l’Épiphanie.

L’offertoire suivant était également en usage : R/. Erue, Domine, animas eorum ab omni vinculo delictorum, ut in resurrectionis gloria inter Sanctos tuos resuscitari mereatur. V/. Tuam, Deus ,piissime Pater, deposcimus pietatem .ut eis tribuere digneris placidas et quietas mansiones.

L’offertoire prescrit aujourd’hui par le Missel, où les fonctions de signifer sont attribuées à saint Michel, est sûrement du haut moyen âge. En effet, ces fonctions de psychopompe (Celui qui introduit les âmes dans l’autre monde) attribuées à saint Michel, se retrouvent dans un très grand nombre d’autres documents de la littérature chrétienne primitive, où saint Michel est appelé : Praepositus paradyso, princeps Angelorum, et est chargé de peser dans la balance le mérite des âmes avant de les introduire dans le royaume céleste. En effet, dans l’Histoire arabe de saint Joseph le charpentier, le Saint prie ainsi : Si ma vie, Seigneur, est à son terme ; si le moment est venu pour moi de sortir de ce monde, envoyez-moi Michel, le prince de vos saints Anges. Qu’il reste près de moi, afin que ma pauvre âme sorte en paix, sans peine ni crainte, de ce corps affligé. — Cet apocryphe est sûrement antérieur au IVe siècle.

Dans le Sacramentaire Gélasien, nous trouvons la prière suivante pour les défunts : ... suscipe, Domine, animam servi lui... revertentem ad te. Adsit ei Angélus Testamenti tui, Michael.

Voici l’antique collecte qui précède l’anaphore consécratoire : « Recevez favorablement, Seigneur, les hosties que nous vous offrons pour vos serviteurs et vos servantes, afin que, leur ayant accordé le mérite de la foi chrétienne, vous leur en donniez aussi la récompense. » La liturgie des défunts insiste beaucoup sur le mérite de la foi catholique, par lequel l’Église veut recouvrir après la mort, comme d’un voile pieux, les misères de l’humanité fragile et défectible. En effet, la foi catholique, professée et vécue, est le moyen authentique de nous approcher de Dieu, et, avec la charité et la grâce, elle est la première racine de notre mérite dans l’ordre surnaturel, selon la parole de l’Apôtre : Accedentem ad Deum oportet credere.

La préface des défunts a été insérée dans le Missel romain sous Benoît XV. Elle représente une heureuse retouche faite à une antique préface en usage dans quelques églises gallicanes : Vere dignum... per Christum Dominum nostrum. In Quo no bis spes beatae resurrectionis effuhit, lit quos contristat certa moriendi conditio, eosdem consoletur futurae immortalitatis promissio. Tuïs enim fidelibus, Domine, vita mutatur, non Mlitur, et dissoluta terrestris huius incolatus dôme, aeterna in caelis habitatio compa-ratur, per Christum. Et ideo cum Angelis etc.

Cette antique composition liturgique est un vrai joyau, et à elle seule elle vaut beaucoup plus que toutes les navrantes inscriptions funéraires des cimetières modernes. Là où la nature est tentée de ne voir qu’une scène de mort et de larmes, l’Église s’élève au contraire jusqu’à la sublime contemplation de la résurrection et de la vraie vie. Vita mutatur, non tollitur. Pourquoi donc nous épuiser à pleurer, alors que le défunt, en nous laissant, n’a rien perdu et a, au contraire, tout gagné ? En échange de la vie temporelle, il a reçu la vie éternelle ; à la place d’une maison de boue, il a obtenu l’habitation céleste ; au lieu du monde, il a gagné Dieu lui-même. C’est pour cette raison que les premiers chrétiens, dans l’épigraphie cimétériale, évitaient même d’employer le mot mortuus ; ils disaient simplement dormit, depositus, defunctus. Aujourd’hui encore, les Grecs entonnent l’alléluia lors des funérailles, et durant la semaine de Pâques, s’ils ont à célébrer des obsèques, l’office n’est autre que celui de la résurrection du Christ.

L’antienne pour la Communion du peuple, dans quelques Sacramentaires, est empruntée à l’Évangile selon saint Jean (11, 25-26) : Ego sum resurrectio et vita, dicit Dominus. Qui crédit in me, etiam si mortuus fuerit, vivet. Dans le Missel actuellement en usage, la Communion s’inspire au contraire d’un texte responsorial qui rappelle de loin celui d’Esdras indiqué plus haut.

Après la Communion. Le sacrement de la Rédemption veut nous rendre conformes au Christ, notre chef mystique. La grâce inaugure cette ressemblance et cette conformité, mais c’est dans la lumière de la gloire que le sacrifice eucharistique obtient la plénitude de son effet, commencé durant notre pèlerinage ici-bas.

A la seconde et à la troisième messes, les antiennes et les répons sont les mêmes qu’à la première. Il n’y a de propres que les collectes et les lectures, et celles-ci ont d’ailleurs été empruntées elles aussi à d’autres messes du recueil pro defunctis.

A LA DEUXIÈME MESSE.

Collecte. Dans l’antiquité, le refrigerium désignait non seulement l’agape funèbre célébrée en mémoire des défunts, mais aussi le banquet céleste promis par Jésus dans l’Évangile à ses fidèles serviteurs : Faciet illos discumbere, et transiens ministrabit illis (Luc., 12, 37).

Les deux lectures sont empruntées à la messe in anniversario defunctorum. La première est tirée du Livre des Machabées (12, 43-46) et a trait à la collecte faite par Judas après la bataille, dans le but de faire offrir à Jérusalem un sacrifice pour les soldats morts. L’Auteur sacré qualifie cette pensée de sainte et utile, et même de profession de foi en la résurrection future. Si en effet celle-ci ne nous avait pas été promise, pourquoi nous préoccuperions-nous du sort des âmes des défunts ? Ce texte sacré est important, car il confirme une fois de plus le dogme catholique du purgatoire et la pratique universelle et très ancienne de l’Église, de secourir les âmes des défunts par le divin Sacrifice, les prières et les aumônes.

La lecture évangélique est tirée de saint Jean (6, 37-40). La volonté du Père en nous donnant Jésus-Christ, est que Celui-ci nous accorde ce que Lui-même est et possède, c’est-à-dire la lumière, la vie, le salut et la résurrection. Le Christ est donc pour nous en quelque sorte la mesure de la magnifique promesse que le Seigneur nous a faite par Lui : ut digni effîciamtr promissionibus Christi.

Sur les ablations. La messe est appelée, ici et dans le Canon : Sacrificium laudis, parce qu’elle contient la louange, l’adoration et l’action de grâces parfaite que le Christ lui-même, gratias agens pour nous, rend à son Père,

Après la Communion. Voilà comment, suivant la parole du pape Célestin Ier, legem credendi lex statuiat supplicandi, et comment les vénérables formules des antiques collectes liturgiques proclament que le sacrifice eucharistique a une valeur satisfactoire et propitiatoire même pour les défunts. Telles ont été la foi et la discipline constantes de l’Église, foi et discipline auxquelles se rapporte un texte des apocryphes Actus Iohannis, qui sont du IIe siècle. L’Apôtre et Andronicus nous y sont montrés se rendant au tombeau de Drusiana le troisième jour après sa mort.

A LA TROISIÈME MESSE.

Tout est commun à la première messe, sauf les lectures et les collectes. Les lectures sont empruntées à la Missa quotidiana pro defunctis, et les prières sont celles qui sont indiquées : pro defunctis fratribus, propinquis et benefactoribus, et qu’on dit aussi à la messe quotidienne pour les trépassés.

La première lecture est tirée de l’Apocalypse (14, 13). Le Voyant de Pathmos a l’ordre d’écrire : bienheureux les défunts qui meurent dans le Seigneur. Et pourquoi ? Parce que ces ouvriers infatigables de la vigne du Seigneur ne se sont pas détachés du travail, tant que le Saint-Esprit lui-même ne leur a pas dit : Assez. Ils sont alors sortis d’ici. Comme l’observe Job, ils y étaient arrivés nus, et nus ils s’en sont allés, laissant a d’autres leurs maisons, leurs terres, leurs biens. Avec eux ils n’ont emporté qu’une seule chose : leurs œuvres.

Nous devons tirer aujourd’hui deux conséquences pratiques de la méditation de ce passage de l’Écriture. Maintenant il faut travailler sans relâche, et personne n’a le droit de se dire : assez, jusqu’à ce que nous le dise l’Esprit divin, au jour de notre mort. D’autre part, en vue du voyage de l’éternité, nous devons préparer des bagages qui nous suffisent pour tous les siècles, et, pour que rien ne soit considéré comme objet de contrebande, pour qu’on ne nous arrête pas à la frontière, nous n’y devons rien mettre d’autre que les bonnes œuvres, et beaucoup de bonnes œuvres.

La lecture de l’Évangile est, elle aussi, tirée de saint Jean (6, 51-52). C’est un passage de l’admirable discours sur l’Eucharistie, fait par Jésus dans la synagogue de Capharnaüm. De même que tout fut fait et créé à l’origine par le Verbe, c’est également en Lui que l’humanité est vivifiée et conduite vers sa fin dernière, la béatitude. Le Christ est le pain de vie divine descendu du Ciel. Celui qui le mange, c’est-à-dire celui qui s’incorpore à Lui dans le Sacrement, et vit de Lui par cette foi quae per dilectionem operatur, celui-là a la vraie vie, et dès cette terre il reçoit et cache dans son sein le germe de la vie immortelle.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Des vêpres de la Toussaints aux vêpres des défunts. Il n’y a pas, dans toute l’année, de vêpres qui fassent sur moi une impression aussi profonde que les secondes vêpres de la Toussaint suivies des vêpres des morts pour tous les fidèles trépassés. L’autel était d’abord paré de précieux reliquaires. Les saints eux-mêmes étaient présents dans leurs augustes restes sur l’autel qui symbolise le Christ. L’autel avait revêtu sa parure de fête : un antependium doré, des nappes blanches comme la neige. Il portait les six chandeliers dorés avec les six grands cierges allumés. Sur le retable étincelait l’Agneau de l’Apocalypse. Sur le trône était assis, comme représentant du Père éternel, l’Abbé, revêtu de la chape brochée d’or ; autour de lui, se tenaient “les vieillards” du monastère, en ornements blancs, tandis que, dans l’avant-chœur, les quatre choristes, vêtus de chapes précieuses, menaient le chant des vêpres et que le chœur des moines s’unissait aux mélodies célestes. Dans la vaste église abbatiale se tenaient debout ou assis “la foule des fidèles que personne ne pouvait compter, venant de toutes les classes sociales”. Et sur tout cela se répandaient en accords joyeux et enthousiastes les sons majestueux de l’orgue. C’était une heure de joie céleste. A peine avait-on chanté le “ Benedicamus Domino ” solennel que s’approchait de l’autel le thuriféraire, accompagné de huit porte-flambeaux. Les quatre choristes montaient à l’autel, prenaient avec respect les reliquaires et sortaient de l’église, au milieu des flambeaux allumés. Les bienheureux retournaient dans leur patrie céleste qu’ils avaient quittée pour quelques instants pour célébrer avec leurs frères et sœurs de la terre la fête de la Toussaint. Le Pontife se joignait avec ses assistants au cortège des saintes reliques. Dieu le Père, lui aussi, quittait la terre, sous le signe du symbole avec les vieillards. La majestueuse procession était tout entière enveloppée par les fumées de l’encens dont le Voyant de l’Apocalypse a écrit que c’était “la prière des saints” (Apoc., V, 8). Seul, le Fils de Dieu demeurait sur l’autel dans l’image du crucifix. Les lumières s’étaient éteintes ; l’orgue faisait entendre la plainte de lugubres accords. Des moines en ornements noirs étendaient un drap noir devant l’autel. Les cierges étaient maintenant de cire jaune. Des prêtres en chapes noires arrivaient à l’autel et entonnaient le chant plaintif du purgatoire : “Je marcherai devant le Seigneur dans la terre des vivants.” Le chant d’allégresse de la Toussaint s’est tu ; ce sont les âmes souffrantes qui gémissent.

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Image pieuse « Priez pour les âmes du purgatoire », fin XIXe siècle. Musée de Bretagne, Collection Arts graphiques


La Commémoraison de tous les fidèles trépassés : “Donnez-leur le repos éternel”

Le Martyrologe annonce aujourd’hui en premier lieu : “Aujourd’hui, nous faisons la commémoration de tous les fidèles trépassés. L’Église, notre mère commune, après avoir mis tous ses soins à célébrer par de dignes louanges tous ses enfants qui jouissent déjà du bonheur céleste, veut aussi secourir toutes les âmes qui languissent encore dans le lieu de purification, en intercédant de tout son pouvoir pour elles auprès de Dieu et de son Époux, le Christ, afin qu’elles soient réunies le plus vite possible à la communauté des citoyens du ciel.” Historique. L’institution d’un jour commémoratif de tous les fidèles trépassés encore détenus dans le purgatoire remonte au pieux et saint Odilon, Abbé de Cluny (mort en 1048), qui décréta, en 998, que, dans tous les monastères de l’Ordre de Cluny, on célébrerait, après les vêpres du 1er novembre, l’office des morts. Cette coutume fut imitée et enfin adoptée par l’Église universelle. Le pape Pie X a donné au jour des morts le nom de “ grande fête des pauvres âmes ” ; chaque prêtre peut dire trois messes ce jour-là. L’Office des Morts. C est la prière liturgique de la profonde compassion, de la généreuse assistance, de l’efficace consolation, de la tristesse modérée, dans un esprit de solide charité chrétienne. Notre place dans cet office des Heures se trouve entre le Dieu infiniment juste et miséricordieux et les chères âmes du purgatoire qui nous sont unies. Toutefois, nous ne demeurons pas là inertes, mais nous sommes attirés, tantôt vers Dieu, tantôt vers nos frères et nos sœurs qui souffrent, comme des anges consolateurs. Dieu se montre à nous dans sa souveraineté vengeresse, dans sa sainteté, dans son infinie bonté. C’est avant tout en nous tournant vers Dieu, en nous approchant de Dieu que nous devons réciter l’office des morts. Il veut, par la souffrance vindicative et purificatrice, délivrer de toute souillure et de tout péché ses serviteurs et amis qui sont morts en état de grâce sanctifiante, pour les admettre à la contemplation d’éternelle félicité et à l’union avec lui dans la Jérusalem céleste. Notre union avec les âmes souffrantes est si intime dans l’office des morts que nous y rencontrons les défunts dans les différents états et dans les divers degrés de leurs besoins et de leurs tourments, que nous nous substituons souvent à eux en esprit dans le feu du purgatoire, en prenant sur nous tous leurs châtiments et toutes leurs souffrances, pour gémir à leur place, pour implorer avec instance et confiance l’adoucissement de leurs peines, mais aussi pour remercier Dieu, avec un cœur filial, de son pardon.

L’office des morts ressemble, à divers points de vue, à l’office des trois grands jours de la semaine sainte. Les formules d’introduction et de conclusion habituellement usitées sont la plupart du temps supprimées (verset initial, hymne, Gloria Patri, absolution et bénédiction avant les leçons, conclusion “tu autem” après les leçons). Toutes les parties de l’office se développent avec une joie solennelle, traversée par un souffle de tristesse grave et contenue. Les prières finales de chaque Heure se récitent à genoux ; nous sommes des intercesseurs suppliant en faveur des chers trépassés.

Jusqu’à Pie X, l’office des morts n’avait que les vêpres, les matines et les laudes, les trois Heures canoniques antiques et primitives. Maintenant il est complété pour le jour de la commémoraison de tous les fidèles trépassés par les autres Heures, de sorte qu’il constitue un office propre complet. L’ancien office, qui ne comprenait que les vêpres, les matines et les laudes, est un souvenir de l’office liturgique primitif de l’Église. — Les vêpres des morts produisent une profonde impression sur l’âme. Au lieu de la louange, c’est la supplication qui retentit sans cesse : “Seigneur, donnez-leur le repos éternel...” Dans les psaumes, nous chantons avec les âmes souffrantes et pour elles. Dans tous les psaumes de l’office, la pensée du purgatoire nous fait réfléchir à la misère et à la faiblesse de l’homme, à l’angoisse de l’heure dernière et du jugement, aux peines finales, mais aussi à l’infinie bonté de Dieu qui console et conduit au ciel. Au point culminant des vêpres, à Magnificat, l’espérance grandit : alors apparaît en personne le Divin Rédempteur qui nous promet, dans l’antienne, d’attirer à lui dans le royaume des cieux tous ceux que son Père lui a donnés.

Les Matines des morts commencent par le bel invitatoire : “Venez, adorons le Roi pour qui tout être vit.” Dans les leçons du premier nocturne, c’est Job, l’homme patient, la figure saisissante de ceux qui souffrent en purgatoire, qui implore la délivrance de ses cruelles souffrances dont il trace le tableau en gémissant et dont il désire connaître la cause. Au second nocturne, nous lisons un passage du livre de saint Augustin sur la sollicitude à témoigner aux défunts. Ce vénérable monument nous expose le prix qu’il faut attacher au corps humain, la piété avec laquelle on doit enterrer les cadavres et le devoir de prier pour les morts, à l’exemple de l’Église qui offre prières et sacrifice de la messe pour ceux envers qui elle peut quelque chose. Dans les leçons du troisième nocturne, l’Apôtre des nations proclame notre foi à la résurrection du Christ. Les antiennes, qui expriment ordinairement les sentiments des âmes souffrantes, produisent une impression particulièrement saisissante. Les psaumes qu’elles encadrent font entendre tour à tour le chant de la pénitence (1er et 3e nocturnes) et l’espérance du pardon (2e nocturne). — Les Laudes des morts expriment les sentiments d’une joyeuse espérance qui sont disséminés dans tout l’office. Elles commencent heureusement par le psaume 50, un psaume de la pénitence, mais elles passent bien vite au sentiment de joyeuse reconnaissance pour la moisson (ps. 64), à l’ardent désir de l’union à Dieu (ps. 62), à la joie de la résurrection (Cantique et ps. 150). Le cantique d’Ezéchias peint justement à merveille le passage des feux du purgatoire à la félicité du ciel.

La Messe de tous les fidèles trépassés (Requiem aeternam). Elle contient, comme les autres messes des morts, deux éléments exprimant différentes sortes de sentiments et de pensées. Le premier élément, le plus ancien, remontant à l’antiquité chrétienne, a des accents joyeux et expose le consolant message de la résurrection de la chair. C’est à lui qu’appartient l’Introït avec le joyeux psaume de la moisson (ps. 64) : l’Église pense à la moisson des âmes ; il faut réciter le psaume tout entier pour comprendre son application. C’est encore à ce premier élément qu’appartiennent les deux lectures, deux joyeuses révélations de la glorieuse résurrection des morts. Dans l’Épître, l’Apôtre explique le mode de la résurrection de la chair : la chair ressuscitera, mais ce n’est pas le corps putrescible, mais un corps glorifié qui sera réuni à l’âme. A l’Évangile, le Christ se tient devant nous comme celui qui ressuscite d’une double mort : sur la terre, il ressuscite les hommes à la vie de la grâce ; au jugement dernier, il les ressuscitera, corps et âme, à la vie de la gloire. Ici aussi se place la belle préface des morts (elle est sans doute de date très récente, mais elle remonte à un ancien type de la liturgie mozarabe). Ces courts versets sont d’une beauté inimitable : “Dans le Christ a lui pour nous l’étoile de l’espérance en la bienheureuse résurrection... A vos fidèles, Seigneur, la vie n’est pas enlevée, mais seulement renouvelée ; quand cet asile de leur pèlerinage tombe en poussière, l’éternelle habitation leur est accordée dans le ciel.”

Le second élément de la messe des morts remonte au Moyen Age, qui portait davantage son attention sur le péché ; il n’exprime pas la même joie ni le même esprit de victoire, mais il est pénétré de sollicitude pour les pauvres âmes dont il demande la délivrance. Ce second élément peint la mort et le jugement en sombres couleurs. Ce caractère apparaît dans la saisissante Séquence (Dies irae), qui est une peinture très poétique du jugement dernier. Le beau chant de l’Offertoire nous montre en saint Michel le guide des âmes, qui, la hampe de son étendard plantée devant les abîmes de l’enfer, les introduit dans la sainte lumière. Ce morceau est l’unique exemple, dans notre missel, d’un offertoire composé de versets (la procession des offrandes à la messe des morts dure plus longtemps qu’aux autres messes, d’où le développement plus considérable du chant). Cet antique chant s’inspire de la conception que se faisait l’antiquité païenne de la conduite des âmes. La supplication, deux fois répétée, demandant que les âmes “ ne tombent pas dans l’oubli ”, rappelle aussi la conception païenne (du fleuve de l’oubli). La foi à la résurrection de la chair et la prière pleine de sollicitude pour la délivrance des chers défunts, tel est donc le contenu de la messe d’aujourd’hui.

A remarquer que, pendant toute la durée de la messe, les fidèles tiennent des cierges allumés ; ceux-ci ne symbolisent plus, comme d’ordinaire au cours de l’année, la grâce du baptême, mais les âmes souffrantes au lieu et place desquelles nous sommes là et pour lesquelles nous aspirons à “ l’éternelle lumière ”.

Leçons des Matines

Invitatoire. Le Roi pour qui vivent toutes les créatures, * Venez, adorons-le. Les Leçons se disent sans absolution, sans bénédiction et celles du premier nocturne sans titre, on les termine sans ajouter Tu autem.

AU PREMIER NOCTURNE.

Job 7, 16-21.

Première leçon. Épargnez-moi, Seigneur ; car mes jours ne sont rien. Qu’est-ce qu’un homme pour que vous fassiez un si grand cas de lui ? ou pourquoi mettez-vous sur lui votre cœur ? Vous le visitez au point du jour, et aussitôt vous l’éprouvez ; jusques à quand ne m’épargnerez-vous point, et ne me laisserez-vous pas avaler ma salive ? J’ai péché, que ferai-je pour vous, ô gardien des hommes ? Pourquoi m’avez-vous mis en opposition avec vous et suis-je à charge à moi-même ? Pourquoi n’ôtez-vous point mon péché, et pourquoi n’enlevez-vous pas mon iniquité ? Voilà que maintenant je dormirai dans la poussière, et, si vous me cherchez dès le matin, je ne serai plus.

R/. Je crois que mon Rédempteur est vivant ; et qu’au dernier jour je ressusciterai de la terre : * Et que dans ma chair, je verrai mon Dieu. V/. Je dois le voir moi-même, et non un autre, et mes yeux doivent le contempler. * Et que dans ma chair...

Job 14, 1-6.

Deuxième leçon. L’homme né d’une femme, vivant peu de temps, est rempli de beaucoup de misères. Comme une fleur, il s’élève et il est brisé ; et il fuit comme l’ombre, et jamais il ne demeure dans un même état. Et vous croyez, ô Dieu, qu’il soit digne de vous d’ouvrir les yeux sur un tel être, et de l’appeler avec vous en jugement ? Qui peut rendre pur celui qui a été conçu d’un sang impur ? N’est-ce pas vous, qui seul êtes pur ? Les jours de l’homme sont courts ; le nombre de ses mois est en vos mains-vous avez marqué son terme, lequel ne pourra être dépassé. Retirez-vous un peu de lui, afin qu’il se repose, jusqu’à ce que vienne, comme pour un mercenaire, son jour désiré.

R/. Vous qui avez ressuscité Lazare, alors que, déposé dans le tombeau.il sentait déjà mauvais : * Vous, Seigneur, donnez-leur le repos et faites-les parvenir au séjour de paix. V/. Vous, qui devez venir pour juger les vivants et les morts, et le monde par le feu. * Vous.

Job 19, 20-27.

Troisième leçon. A ma peau, après que ma chair a été consumée.se sont collés mes os, et il n’est resté seulement que les lèvres autour de mes dents. Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous du moins, mes amis, parce que la main du Seigneur m’a touché. Pourquoi me persécutez-vous comme Dieu.et vous rassasiez-vous de ma chair ? Qui m’accordera que mes paroles soient écrites ?Qui me donnera qu’elles soient tracées dans un livre avec un stylet de fer et sur une lame de plomb, ou qu’elles soient gravées au burin sur la pierre ? Car je sais que mon Rédempteur est vivant, et qu’au dernier jour, je ressusciterai de la terre ; et que de nouveau je serai environné de ma peau, et que dans ma chair je verrai mon Dieu. Je dois le voir moi-même, et non un autre, et mes yeux doivent le contempler : c’est là mon espérance, elle repose dans mon sein.

R/. Seigneur, quand vous viendrez juger la terre, où me mettrai-je à couvert des traits de votre colère ? * Car j’ai beaucoup péché dans ma vie. V/. Je crains mes offenses et je rougis devant vous ; lorsque vous viendrez juger, ne me condamnez pas. * Car j’ai... Le repos éternel, donnez-leur, Seigneur ; et que la lumière sans fin luise sur eux. * Car j’ai...

AU DEUXIÈME NOCTURNE.

Du livre de Saint Augustin, évêque : « Des devoirs à rendre aux morts ».

Quatrième leçon. Le soin des funérailles, les conditions honorables de la sépulture, la pompe des obsèques, sont plutôt une consolation pour les vivants qu’un secours pour les morts. Toutefois, ce n’est point là un motif de mépriser et de dédaigner les corps des défunts, surtout ceux des justes et des fidèles, qui ont été comme les instruments et les vases dont l’âme s’est saintement servie pour toutes sortes de bonnes œuvres. Si le vêtement et l’anneau d’un père, si quelque autre souvenir de ce genre, reste d’autant plus cher à des enfants que leur affection envers leurs parents est plus grande.il ne faut en aucune manière traiter sans respect le corps lui-même, que nous portons plus intimement et plus étroitement uni à nous que n’importe quel vêtement. Nos corps, en effet, ne nous sont pas un simple ornement ou un instrument mis extérieurement à notre usage, mais ils appartiennent à la nature même de l’homme. De là vient qu’une piété légitime s’est empressée de rendre aux anciens justes les soins funèbres, de célébrer leurs obsèques et de pourvoir à leur sépulture, et qu’eux-mêmes ont souvent, pendant leur vie, fait des recommandations à leurs fils au sujet de la sépulture ou même de la translation de leur corps.

R/. O Dieu, souvenez-vous que ma vie n’est qu’un souffle. * Le regard de l’homme ne m’apercevra pas. V/. Des profondeurs de l’abîme j’ai crié vers vous, Seigneur ; Seigneur, écoutez ma voix. * Le regard...

Cinquième leçon. Quand les fidèles témoignent aux défunts l’affection d’un cœur qui se souvient et qui prie, leur action est sans nul doute profitable à ceux qui ont mérité, quand ils vivaient en leur corps, que de semblables suffrages leur soient utiles après cette vie. Mais lors même qu’en raison de quelque nécessité, l’on ne trouve point moyen, soit d’inhumer des corps, soit de les inhumer en quelque lieu saint, encore faut-il ne pas omettre d’offrir des supplications pour les âmes des morts. C’est ce que l’Église a entrepris de faire à l’intention de tous les chrétiens décèdes dans la communion de la société chrétienne, et même sans citer leurs noms, par une commémoraison générale, en sorte que ceux auxquels font défaut les prières de parents, d’enfants, de proches ou d’amis, reçoivent ce secours de cette pieuse mère, qui est une et commune à tous les-fidèles. Si ces supplications qui se font pour les morts avec foi droite et piété venaient à manquer, je pense qu’il n’y aurait pour les âmes aucune utilité à ce que leurs corps privés de vie fussent placés en n’importe quel lieu saint.

R/. Ayez pitié de moi, Seigneur, car j’ai beaucoup péché dans ma vie ; que ferai-je, malheureux ? où fuirai-je, sinon vers vous, mon Dieu ? * Ayez pitié de moi, lorsque vous viendrez au dernier jour. V/. Mon âme est troublée à l’excès ; mais, vous Seigneur, secourez-la. * Ayez pitié...

Sixième leçon. Cela étant, soyons bien persuadés que, dans les solennités funéraires, nous ne pouvons faire parvenir du soulagement aux morts auxquels nous nous intéressons, que si nous offrons pour eux au Seigneur le sacrifice de l’autel, celui de la prière ou de l’aumône. Il est vrai que ces supplications ne sont pas utiles à tous ceux pour lesquels elles se font, mais seulement à ceux qui, au temps de leur vie, ont mérité de se les voir appliquées. Mais il vaut mieux offrir des suffrages superflus pour des défunts à qui ils ne peuvent ni nuire ni profiter, que d’en laisser manquer ceux auxquels ils sont utiles. Chacun cependant s’empresse de s’acquitter avec ferveur de ce tribut de prières pour ses parents et ses amis, afin que les siens en fassent autant pour lui-même. Quant à ce qu’on fait pour le corps qui doit être inhumé, il n’en résulte point de secours pour le salut du défunt, mais c’est un témoignage humain de respect ou d’affection, conforme au sentiment selon lequel personne ne hait sa propre chair. Il faut donc prendre lesoin que l’on peut de l’enveloppe de chair laissée par un de nos proches, quand lui-même, qui en prenait soin, l’aura quittée. Et si ceux qui ne croient pas à la résurrection de la chair agissent ainsi, combien ceux qui croient ne doivent-ils pas faire davantage, afin que les derniers devoirs soient rendus de telle manière à ce corps mort, mais destiné à ressusciter et à demeurer éternellement, qu’on y trouve même, en quelque sorte, un témoignage de cette foi.

R/. Ne vous souvenez pas de mes péchés, Seigneur. * Quand vous viendrez juger le siècle par le feu. V/. Seigneur mon Dieu, dirigez ma voie en votre présence. * Quand vous. Le repos éternel, donnez-leur, Seigneur ; et que la lumière sans fin luise sur eux. * Quand vous.

AU TROISIÈME NOCTURNE.

De l’Épitre de l’Apôtre S. Paul aux Corinthiens.

Septième leçon. Si on prêche que le Christ est ressuscité d’entre les morts, comment quelques-uns disent-ils parmi vous qu’il n’y a point de résurrection des morts ? Or, s’il n’y a point de résurrection des morts, le Christ n’est pas ressuscité. Et si le Christ n’est point ressuscité, notre prédication est donc vaine, et vaine est aussi votre foi. Nous nous trouvons même être de faux témoins à l’égard de Dieu, puisque nous rendons ce témoignage contre Dieu, qu’il a ressuscité le Christ, qu’il n’a pourtant pas ressuscité, si les morts ne ressuscitent point. Car, si les morts ne ressuscitent point, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Que si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine ; vous êtes encore dans vos péchés. Donc ceux aussi qui se sont endormis dans le Christ ont péri. Si c’est pour cette vie seulement que nous espérons dans le Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes. Mais très certainement le Christ est ressuscité d’entre les morts, comme prémices de ceux qui dorment ; car par un homme est venue la mort, et par un homme la résurrection des morts. Et comme tous meurent en Adam, tous revivront aussi dans le Christ.

R/. La crainte de la mort me trouble, moi qui pèche chaque jour et ne fais point pénitence ; * Car, dans l’enfer, il n’y a plus de rédemption à espérer ; ayez pitié de moi, 0 Dieu, et sauvez-moi. V/. Dieu, sauvez-moi par votre nom, et délivrez-moi par votre puissance. * Car, dans...

Huitième leçon. Mais, dira quelqu’un, comment les morts ressuscitent-ils ? Ou avec quel corps reviendront-ils ? Insensé, ce que tu sèmes n’est point vivifié, si auparavant il ne meurt. Et ce que tu sèmes n’est pas le corps même qui doit venir, mais une simple graine, comme de blé, ou de quelque autre chose. Mais Dieu lui donne un corps, comme il veut, de même qu’il donne à chaque semence son corps propre. Toute chair n’est pas la même chair ; mais autre est celle des hommes, autre celle des brebis, autre celle des oiseaux, autre celle des poissons. Il y a aussi des corps célestes et des corps terrestres ; mais autre est la gloire des célestes, autre celle des terrestres. Autre est la clarté du soleil, autre la clarté de la lune, autre la clarté des étoiles. Une étoile même diffère d’une autre étoile en clarté. Ainsi est la résurrection des morts. Le corps est semé dans la corruption, il ressuscitera dans l’incorruptibilité. Il est semé dans l’abjection, il ressuscitera dans la gloire ; il est semé dans la faiblesse, il ressuscitera dans la force. Il est semé corps animal, il ressuscitera corps spirituel.

R/. Seigneur, ne me jugez pas selon mes actions ; je n’ai accompli en votre présence rien qui soit digne de vous, aussi j’implore votre majesté. * Afin que vous, ô Dieu, vous effaciez mon iniquité. V/. Lavez-moi encore plus de mon iniquité, Seigneur, et purifiez-moi de mon péché. * Afin que.

Neuvième leçon. Voici que je vais vous dire un mystère. Nous ressusciterons bien tous, mais nous ne serons pas tous changés. En un moment, en un clin d’œil, au son de la dernière trompette ; car la trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons changés. Puisqu’il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l’immortalité. Et quand ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors sera accomplie cette parole qui est écrite : La mort a été absorbée dans sa victoire. O mort, où est ta victoire ? Où est, ô mort, ton aiguillon ? Or l’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et la force du péché, la loi. Ainsi, grâces à Dieu qui nous a donné la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ ! C’est pourquoi, mes frères bien-aimés, soyez fermes et inébranlables, vous appliquant toujours de plus en plus à l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur.

R/. Délivrez-moi, Seigneur, de la mort éternelle, en ce jour redoutable. * Quand les deux et la terre seront ébranlés, * lorsque vous viendrez juger le siècle par le feu. V/. Je suis tremblant et saisi de crainte, en pensant à cet examen qui se doit faire, et à la vengeance qui le suivra. * Quand les deux et la terre seront ébranlés. V/. Ce jour-là sera un jour de colère, de calamité et de misère, un jour grand et plein d’amertume. * Lorsque vous viendrez juger le siècle par le feu. Le repos éternel, donnez-leur, Seigneur ; et que la lumière sans fin luise sur eux.On répète Délivrez, Jusqu’au V/. Je suis. exclus.

Commemorazione di tutti i fedeli defunti


die 2 Novembris vel, si in dominicam inciderit, die 3 sequenti

IN COMMEMORATIONE OMNIUM FIDELIUM DEFUNCTORUM

I classis (ante CR 1960 : duplex)

¶Hac die quivis sacerdos tres Missas celebrare potest. De agendis, si sacerdos duas vel tres Missas celebret, vide Ritum servandum in celebratione Missse, tit. XIV. Qui unam dumtaxat Missam celebrat, primam legit : eandem adhibet qui Missam cum cantu celebrat, facta ei potestate anticipandae secundae ac tertiae. Cum quis tres Missas sine intermissione celebrat, sequentiam dicere debet tantum in Missa principali, secus in prima Missa ; in ceteris Missis, nisi sint in cantu, eam omittere potest.

Première messe

Ant. ad Introitum. 4 Esdr. 2, 34 et 35

Réquiem ætérnam dona eis, Dómine : et lux perpetua lúceat eis.

Ps. 64, 2-3

Te decet hymnus, Deus, in Sion, et tibi reddétur votum in Ierúsalem : exáudi oratiónem meam, ad te omnis caro véniet.

Deinde absolute repetitur Requiem aeternam usque ad psalmum.

Oratio

Fidélium Deus, ómnium Cónditor et Redémptor : animábus famulórum, famularúmque tuárum remissiónem cunctórum tríbue peccatórum ; ut indulgéntiam quam semper optavérunt, piis supplicatiónibus consequántur : Qui vivis.

Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Corínthios.

1. Cor. 15, 51-57.

Fratres : Ecce, mystérium vobis dico : Omnes quidem resurgámus, sed non omnes immutábimur. In moménto, in ictu óculi, in novíssima tuba : canet enim tuba, et mórtui resúrgent incorrúpti : et nos immutábimur. Opórtet enim corruptíbile hoc induere incorruptiónem : et mortále hoc indúere immortalitátem. Cum autem mortále hoc indúerit immortalitátem, tunc fiet sermo, qui scriptus est : Absórpta est mors in victória. Ubi est, mors, victória tua ? Ubi est, mors, stímulus tuus ? Stímulus autem mortis peccátum est : virtus vero peccáti lex. Deo autem grátias, qui dedit nobis victóriam per Dóminum nostrum Iesum Christum.

Graduale. 4 Esdr. 2, 34 et 35

Réquiem ætérnam dona eis, Dómime : et lux perpétua lúceat eis.

V/. Ps 111, 7 In memória ætérna erit iustus : ab auđitióne mala non timébit.

Tractus.

Absólve, Dómine, ánimas ómnium fidelium defunctórum ab omni vínculo delictórum.

V/. Et grátia tua illis succurrénte mereántur evádere iudícium ultiónis.

V/. Et lucis ætérnæ beatitúdine pérfrui.

Sequentia

Dies iræ, dies illa,
Solvet sæclum in favílla :
Teste David cum Sibýlla.

Quantus tremor est futúrus,
Quando iudex est ventúrus,
Cuncta stricte discussúrus.

Tuba mirum spargens sonum
Per sepúlcra regiónum,
Coget omnes ante thronum.

Mors stupébit et natúra,
Cum resúrget creatúra,
Iudicánti responsúra.

Liber scriptus proferétur,
In quo totum continétur,
Unde mundus iudicétur.

Iudex ergo cum sedébit.
Quidquid latet apparébit :
Nil inúltum remanébit.

Quid sum miser tunc dictúrus ?
Quem patrónum rogatúrus,
Cum vix iustus sit secúrus ?

Rex treméndæ maiestátis,
Qui salvándos salvas gratis,
Salva me, fons pietátis.

Recordáre, Iesu pie,
Quod sum causa tuæ viæ :
Ne me perdas illa die.

Quærens me, sedésti lassus :
Redemísti crucem passus :
Tantus labor non sit cassus.

Iuste iudex ultiónis,
Donum fac remissiónis
Ante diem ratiónis.

Ingemísco, tamquam reus :
Culpa rubet vultus meus :
supplicánti parce, Deus.

Qui Maríam absolvísti,
Et latrónem exaudísti,
Mihi quoque spem dedísti.

Preces meæ non sunt dignæ :
Sed tu bonus fac benigne,
Ne perénni cremer igne

Inter oves locum præsta,
Et ab hædis me sequéstra,
Státuens in parte dextra.

Confutátis maledictis,
Flammis ácribus addíctis :
Voca me cum benedictis.

Oro supplex et acclínis,
Cor contrítum quasi cinis :
Gere curam mei finis.

Lacrimósa dies illa,
Qua resúrget ex favílla.
Iudicándus homo reus :
Huic ergo parce Deus :

Pie Iesu Dómine,
Dona eis réquiem. 

Amen.

+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem.

Ioann. 5, 25-29.

In illo témpore : Dixit Iesus turbis Iudæórum : Amen, amen, dico vobis, quia venit hora, et nunc est, quando mórtui áudient vocem Fílii Dei : et qui audíerint, vivent. Sicut enim Pater habet vitam in semetípso, sic dedit et Fílio habére vitam in semetípso : et potestátem dedit ei iudícium fácere, quia Fílius hóminis est. Nolíte mirári hoc, quia venit hora, in qua omnes, qui in monuméntis sunt, áudient vocem Fílii Dei : et procédent, qui bona fecérunt, in resurrectiónem vitæ : qui vero mala egérunt, in resurrectiónem iudícii.

Responsorium ad Offertorium.

Dómine Iesu Christe, Rex glóriæ, libera ánimas ómnium fidelium defunctórum de pænis inférni et de profúndo lacu : libera eas de ore leónis, ne absórbeat eas tártarus, ne cadant in obscúrum : sed sígnifer sanctus Míchaël repræséntet eas in lucem sanctam :

* Quam olim Abrahæ promisisti, et sémini eius.

V/. Hóstias et preces tibi, Dómine, laudis offérimus : tu súscipe pro animábus illis, quarum hódie memóriam fácimus : fac eas, Dómine, de morte transíre ad vitam.

* Quam olim Abrahæ promisísti et sémini eius.

Secreta

Hóstias, quǽsumus, Dómine, quas tibi pro animábus famulórum famularúmque tuárum offerimus, propitiátus intende : ut, quibus fídei christiánæ méritum contulísti, dones et præmium. Per Dóminum nostrum Iesum Christum.

Præfatio defunctorum.

Responsorium ad Communionem. 4 Esdrae 2, 35 et 34

Lux ætérna lúceat eis, Dómine : Cum sanctis tuis in ætérnum : quia pius es.

V/. Réquiem ætérnam dona eis, Dómine : et lux perpétua lúceat eis : Cum Sanctis tuis in ætérnum : quia pius es.

Cum sanctis tuis in ætérnum : quia pius es

Postcommunio

famularúmque tuárum orátio profíciat supplicántium : ut eas et a peccátis ómnibus éxuas, et tuæ redemptiónis fácias esse partícipes. Qui vivis.

Animábus, quǽsumus, Dómine, famulórum,

Debet sacerdos ante sequentes Missas confessionem dicere. In fine autem cuiuslibet Missae, dicto Dóminus vobiscum, dicitur : Requiéscant in pace. R/. Amen.

¶Et non datur benedictio : sed, dicto secreto Placeat tibi, sancta Trinitas, etc., et osculato altari, legitur Evangelium S. Ioannis In principio erat Verbum, etc, ut moris est.

Deuxième messe

Ant. ad Introitum. 4 Esdr. 2, 34 et 35

Réquiem ætérnam dona eis, Dómine : et lux perpetua lúceat eis.

Ps. 64, 2-3

Te decet hymnus, Deus, in Sion, et tibi reddétur votum in Ierúsalem : exáudi oratiónem meam, ad te omnis caro véniet.

Réquiem ætérnam.

Oratio.

Deus, indulgentiárum Dómine : da animábus famulórum famularúmque tuárum refrigérii sedem, quiétis beatitúdinem et lúminis claritátem. Per Dóminum.

Léctio libri Machabæórum

2. Mach. 12, 43-46

In diébus illis : Vir fortíssimus Iudas, facta collatióne, duódecim mília drachmas argénti misit Ierosólymam, offérri pro peccátis mortuórum sacrifícium, bene et religióse de resurrectióne cógitans (nisi enim eos, qui cecíderant, resurrectúros speráret, supérfluum viderétur et vanum oráre pro mórtuis) : et quia considerábat, quod hi, qui cum pietáte dormitiónem accéperant, óptimam habérent repósitam grátiam. Sancta ergo et salúbris est cogitátio pro defunctis exoráre, ut a peccátis solvántur.

Graduale. 4 Esdr. 2, 34 et 35

Réquiem ætérnam dona eis, Dómime : et lux perpétua lúceat eis.

V/. Ps 111, 7 In memória ætérna erit iustus : ab auđitióne mala non timébit.

Tractus.

Absólve, Dómine, ánimas ómnium fidelium defunctórum ab omni vínculo delictórum.

V/. Et grátia tua illis succurrénte mereántur evádere iudícium ultiónis.

V/. Et lucis ætérnæ beatitúdine pérfrui.

Sequentia Dies irae, ut supra.

+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Joánnem.

Ioann. 6, 37-40.

In illo témpore : Dixit Iesus turbis Iudæórum : Omne, quod dat mihi Pater, ad me véniet : et eum, qui venit ad me, non eiíciam foras : quia descéndi de cælo, non ut fáciam voluntátem meam, sed voluntátem eius, qui misit me. Hæc est autem volúntas eius, qui misit me, Patris : ut omne, quod dedit mihi, non perdam ex eo, sed resúscitem illud in novíssimo die. Hæc est autem volúntas Patris mei, qui misit me : ut omnis, qui videt Fílium et credit in eum, hábeat vitam ætérnam, et ego resuscitábo eum in novíssimo die.

Responsorium ad Offertorium.

Dómine Iesu Christe, Rex glóriæ, libera ánimas ómnium fidelium defunctórum de pænis inférni et de profúndo lacu : libera eas de ore leónis, ne absórbeat eas tártarus, ne cadant in obscúrum : sed sígnifer sanctus Míchaël repræséntet eas in lucem sanctam :

* Quam olim Abrahæ promisisti, et sémini eius.

V/. Hóstias et preces tibi, Dómine, laudis offérimus : tu súscipe pro animábus illis, quarum hódie memóriam fácimus : fac eas, Dómine, de morte transíre ad vitam.

* Quam olim Abrahæ promisísti et sémini eius.

Secreta

Propitiáre, Dómine, supplicatiónibus nostris, pro animábus famulórum famularúmque tuárum, pro quibus tibi offérimus sacrifícium laudis ; ut eas Sanctórum tuórum consórtio sociáre dignéris. Per Dóminum.

Præfatio defunctorum.

Responsorium ad Communionem. 4 Esdrae 2, 35 et 34

Lux ætérna lúceat eis, Dómine : Cum sanctis tuis in ætérnum : quia pius es.

V/. Réquiem ætérnam dona eis, Dómine : et lux perpétua lúceat eis : Cum Sanctis tuis in ætérnum : quia pius es.

Cum sanctis tuis in ætérnum : quia pius es.

Postcommunio

Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut ánimæ famulórum famularúmque tuárum, his sacrifíciis purgátæ, indulgéntiam páriter et réquiem cápiant sempitérnam. Per Dóminum nostrum.

Troisème messe

Ant. ad Introitum. 4 Esdr. 2, 34 et 35

Réquiem ætérnam dona eis, Dómine : et lux perpetua lúceat eis.

Ps. 64, 2-3

Te decet hymnus, Deus, in Sion, et tibi reddétur votum in Ierúsalem : exáudi oratiónem meam, ad te omnis caro véniet.

Réquiem ætérnam.

Oratio.

Deus, véniæ largítor, et humánæ salútis amátor : quǽsumus cleméntiam tuam ; ut ánimas famulórum famularúmque tuárum, quæ ex hoc sǽculo transiérunt, beáta María semper Vírgine intercedénte cum ómnibus Sanctis tuis, ad perpétuæ beatitúdinis consórtium perveníre concédas.

Léctio libri Apocalýpsis beáti Ioánnis Apostóli.

Apoc. 14, 13.

In diébus illis : Audívi vocem de cælo, dicéntem mihi : Scribe : Beáti mórtui, qui in Dómino moriúntur. Amodo iam dicit Spíritus, ut requiéscant a labóribus suis ópera enim illórum sequúntur illos.

Graduale. 4 Esdr. 2, 34 et 35

Réquiem ætérnam dona eis, Dómime : et lux perpétua lúceat eis.

V/. Ps 111, 7 In memória ætérna erit iustus : ab auđitióne mala non timébit.

Tractus.

Absólve, Dómine, ánimas ómnium fidelium defunctórum ab omni vínculo delictórum.
V/. Et grátia tua illis succurrénte mereántur evádere iudícium ultiónis.

V/. Et lucis ætérnæ beatitúdine pérfrui.

Sequentia Dies irae, ut supra.

+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Joánnem.

Ioann. 6, 51-55

In illo tempore : Dixit Iesus turbis iudæórum : Ego sum panis vivus, qui de cælo descéndi. Si quis manducáverit ex hóc pane, vivet in ætérnum : et panis, quem ego dabo, caro mea est pro mundi vita. Litigábant ergo Iudæi ad ínvicem, dicentes : Quómodo potest hic nobis carnem suam dare ad manducándum ? Dixit ergo eis Iesus : Amen, amen dico vobis : nisi manducaveritis carnem Fílii hóminis, et biberitis eius sánguinem, non habebitis vitam in vobis. Qui mandúcat meam carnem et bibit meum sánguinem habet vitam ætérnam : et ego resuscitábo eum in novíssimo die.

Responsorium ad Offertorium.

Dómine Iesu Christe, Rex glóriæ, libera ánimas ómnium fidelium defunctórum de pænis inférni et de profúndo lacu : libera eas de ore leónis, ne absórbeat eas tártarus, ne cadant in obscúrum : sed sígnifer sanctus Míchaël repræséntet eas in lucem sanctam :

* Quam olim Abrahæ promisisti, et sémini eius.

V/. Hóstias et preces tibi, Dómine, laudis offérimus : tu súscipe pro animábus illis, quarum hódie memóriam fácimus : fac eas, Dómine, de morte transíre ad vitam.

* Quam olim Abrahæ promisísti et sémini eius.

Secreta

Deus, cuius misericórdiae non est númerus, súscipe propítius preces humilitátis nostræ : et animábus ómium fidélium defunctórum, quibus tui nóminis dedísti confessiónem, per hæc sacraménta salútis nostræ, cunctórum remissiónem tríbue peccatórum.

Præfatio defunctorum.

Responsorium ad Communionem. 4 Esdrae 2, 35 et 34

Lux ætérna lúceat eis, Dómine : Cum sanctis tuis in ætérnum : quia pius es.

V/. Réquiem ætérnam dona eis, Dómine : et lux perpétua lúceat eis : Cum Sanctis tuis in ætérnum : quia pius es.

Cum sanctis tuis in ætérnum : quia pius es.

Postcommunio

Præsta, quǽsumus, omnípotens et miséricors Deus, ut ánimæ famulórum famularúmque tuárum, pro quibus hoc sacrificium laudis tuæ obtúlimus majestáti ; per huius virtútem sacraménti a peccátis ómnibus expiátæ, lucis perpétuæ, te miseránte, recípiant beatitúdinem

le 2 novembre, ou si ce jour tombe un dimanche, le 3 suivant

COMMÉMORAISON DE TOUS LES FIDÈLES DÉFUNTS

Ière classe (avant 1960 : double)

¶En ce jour, tout prêtre peut célébrer trois Messes. Sur la manière de faire, si le prêtre célèbre deux ou trois Messes, voir le Rite devant être suivi dans la célébration de la Messe au Titre XIV. Celui qui cependant ne célèbre qu’une Messe dit la première : de même s’il célèbre une Messe chantée, c’est celle là qu’il dit ; il peut alors anticiper la seconde et la troisième. Si on célèbre les trois messes à la suite, la séquence peut être dite seulement à la Messe principale ou sinon à la première Messe, aux autres Messes, sauf si elles sont chantées, on peut l’omettre.

Première messe

Introït

Donnez-leur le repos éternel, Seigneur, et

que la lumière sans fin brille pour eux.

L’hymne de louange vous est due, ô Dieu, dans Sion, et on vous rendra des vœux dans Jérusalem : exaucez ma prière, toute chair viendra à Vous.

Collecte

O Dieu, Créateur et Rédempteur de tous les fidèles, accordez aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes la rémission de tous leurs péchés, afin qu’elles obtiennent, par nos humbles prières, le pardon qu’elles ont toujours désiré. Vous qui vivez.

Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Corinthiens.

Mes frères, Voici un mystère que je vais vous dire : Nous ressusciterons tous, mais nous ne serons pas tous transformés. En un moment, en un clin d’œil, au son de la dernière trompette (car la trompette sonnera), les morts ressusciteront incorruptibles, et nous serons transformés. Car il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l’immortalité. Et quand ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira cette parole de l’Écriture : La mort a été absorbée dans la victoire. Où est, ô mort, ta victoire ? Où est, ô mort, ton aiguillon ? Or l’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et la force du péché, c’est la loi. Mais grâces soient rendues à Dieu, qui nous a donné la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ.

Graduel

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel, et que la lumière éternelle luise pour eux

V/. Le souvenir du juste sera éternel ; il ne craindra pas d’entendre rien d’affligeant.

Délivrez, Seigneur, les âmes de tous les fidèles défunts de tous les liens de péchés.

V/. Et votre grâce aidant, qu’ils méritent d’échapper au jugement de vengeance.

V/. Et de jouir de la béatitude de la lumière éternelle.

Séquence

Jour de colère que ce jour-là,
qui réduira en cendre le monde,
selon l’oracle de David et de la Sibylle.

Quelle terreur,
quand le juge viendra
pour tout examiner avec rigueur !

La trompette jetant ses notes stupéfiantes
parmi les tombeaux
assemblera tous les hommes devant le trône.

La mort et la nature seront stupéfaites,
quand surgira la créature,
pour répondre au jugement

On présentera le livre
où est écrit et renfermé
tout l’objet du jugement.

Quand le juge siégera,
tout ce qui est caché apparaîtra,
rien ne restera impuni.

Malheureux, que dirai-je alors ?
Quel avocat vais-je implorer,
quand le juste à peine sera en sûreté ?

Roi d’une majesté redoutable,
qui sauvez gratuitement vos élus,
sauvez-moi, Source de bonté.

Souvenez-vous, ô bon Jésus,
que vous êtes venu pour moi,
ne me perdez pas en ce jour.

À me chercher, vous vous êtes fatigué.
Vous m’avez racheté, en souffrant la Croix.
Que tant d’efforts ne soient pas vains.

Juge juste, en vos vengeances,
accordez-moi grâce et pardon
avant le jour des comptes.

Je gémis comme un coupable :
Mes fautes font rougir mon front,
je vous supplie, épargnez-moi.

Vous avez absous Marie-Madeleine,
et exaucé le larron,
à moi aussi, donnez l’espérance.

Mes prières ne sont pas dignes.
Mais vous qui êtes bon, faites, de grâce,
que je ne brûle pas au feu éternel.

Placez-moi parmi les brebis,
séparez-moi des béliers,
en me mettant à droite.

En confondant les maudits,
voués aux flammes éternelles,
appelez-moi avec les bénis.

Je prie suppliant et prosterné,
le cœur broyé comme cendre,
prenez soin de ma destinée.

O jour de larmes,
où l’homme coupable ressuscitera
de la poussière pour être jugé.
Mais vous, ô Dieu, pardonnez-lui.

Doux Jésus, Seigneur,
donnez-leur le repos. 

Ainsi soit-il.

Lecture du Saint Evangile selon saint Jean.

En ce temps-là, Jésus dit aux Juifs : En vérité, en vérité, je vous le dis, l’heure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront. Car, comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné également au Fils d’avoir la vie en lui-même ; et lui a donné le pouvoir d’exercer un jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme. Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront la voix du Fils de Dieu ; et ceux qui auront fait le bien en sortiront pour la résurrection de la vie ; mais ceux qui auront fait le mal en sortiront pour la résurrection du jugement.

Offertoire

Seigneur Jésus-Christ, Roi de gloire, délivrez les âmes de tous les fidèles défunts des peines de l’enfer, et du lac profond ; délivrez-les de la gueule du lion ; que l’abîme ne les engloutisse pas, qu’elles ne tombent pas dans les ténèbres, mais que le porte-enseigne saint Michel les introduise dans la sainte lumière,

* Qu’autrefois à Abraham vous avez promise et à sa postérité.

V/. Les hosties et les prières de louange, Seigneur, nous vous les offrons. Vous, recevez-les pour ces âmes, dont aujourd’hui nous faisons mémoire ; faites-les, Seigneur, passer de la mort à la vie.

* Qu’autrefois à Abraham vous avez promise et à sa postérité.

Secrète

Considérez, nous vous en supplions, Seigneur, en agréant ce sacrifice propitiatoire, les hosties que nous vous offrons pour les âmes de vos serviteurs et de vos servantes ; afin qu’après leur avoir accordé le mérite de la foi chrétienne, vous leur en donniez la récompense.

Préface des Défunts 

Communion

Que la lumière éternelle luise pour eux, Seigneur : Avec vos Saints à jamais, parce que vous êtes bon.

V/. Donnez-leur le repos éternel, Seigneur, et que la lumière sans fin luise pour eux.

Avec vos Saints à jamais, parce que vous êtes bon.

Postcommunion

Nous vous demandons instamment, Seigneur, que notre prière suppliante soit utile aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes, en sorte que vous les délivriez de tous leurs péchés et que vous les fassiez participer à votre rédemption

LE prêtre doit faire la confession avant chacune des messes. A la fin de chaque messe, une fois dit : Le Seigneur soit avec vous, il dit : Qu’ils reposent en paix. R/. Ainsi soit-il.

Et on ne donne pas la bénédiction : mais, une fois dit à voix basse Qu’il vous plaise, ô Sainte Trinité, etc., et avoir baisé l’autel, on lit l’Evangile de St Jean Au commencement était le verbe, etc, selon l’usage.

Deuxième messe

Introït

Donnez-leur le repos éternel, Seigneur, et que la lumière sans fin brille pour eux.

L’hymne de louange vous est due, ô Dieu, dans Sion, et on vous rendra des vœux dans Jérusalem : exaucez ma prière, toute chair viendra à Vous.

Donnez-leur le repos éternel…

Collecte

Seigneur Dieu des miséricordes, accordez aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes, le lieu du rafraîchissement, la béatitude du repos et la splendeur de la lumière

Lecture du livre des Macchabées.

En ces jours-là, le vaillant Judas Macchabée, après avoir fait une collecte, envoya douze mille drachmes d’argent à Jérusalem, afin qu’un sacrifice fût offert pour les péchés des morts, ayant de bonnes et de religieuses pensées touchant la résurrection, car s’il n’avait pas espéré que ceux qui avaient été tués ressusciteraient, il eût regardé comme une chose vaine et superflue de prier pour les morts ; et il considérait qu’une grande miséricorde était réservée à ceux qui étaient morts avec piété. C’est donc une sainte et salutaire pensée de prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés.

Graduel

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel, et que la lumière éternelle luise pour eux.

V/. Le souvenir du juste sera éternel ; il ne craindra pas d’entendre rien d’affligeant.

Délivrez, Seigneur, les âmes de tous les fidèles défunts de tous les liens de péchés.

V/. Et votre grâce aidant, qu’ils méritent d’échapper au jugement de vengeance

V/. Et de jouir de la béatitude de la lumière éternelle.

Séquence Dies irae, comme au dessus.

Lecture du Saint Evangile selon saint Jean.

En ce temps-là, Jésus dit aux foules des Juifs : Tout ce que mon Père me donne viendra à moi, et celui qui vient à moi je ne le jetterai pas dehors. Car je suis descendu du ciel, pour faire, non ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. Or la volonté du Père qui m’a envoyé, c’est que je ne perde rien de ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. La volonté de mon Père qui m’a envoyé, c’est que quiconque voit le Fils, et croit en lui, ait la vie éternelle ; et moi-même je le ressusciterai au dernier jour.

Offertoire

Seigneur Jésus-Christ, Roi de gloire, délivrez les âmes de tous les fidèles défunts des peines de l’enfer, et du lac profond ; délivrez-les de la gueule du lion ; que l’abîme ne les engloutisse pas, qu’elles ne tombent pas dans les ténèbres, mais que le porte-enseigne saint Michel les introduise dans la sainte lumière,

* Qu’autrefois à Abraham vous avez promise et à sa postérité.

V/. Les hosties et les prières de louange, Seigneur, nous vous les offrons. Vous, recevez-les pour ces âmes, dont aujourd’hui nous faisons mémoire ; faites-les, Seigneur, passer de la mort à la vie.

* Qu’autrefois à Abraham vous avez promise et à sa postérité.

 Secrète

Soyez propice, Seigneur, à nos supplications en faveur des âmes de vos serviteurs et de vos servantes pour lesquelles nous vous offrons ce sacrifice de louange, afin que vous daigniez leur faire partager le sort de vos Saints.

Préface des Défunts .

Communion

Que la lumière éternelle luise pour eux, Seigneur : Avec vos Saints à jamais, parce que vous êtes bon.

V/. Donnez-leur le repos éternel, Seigneur, et que la lumière sans fin luise pour eux.

Avec vos Saints à jamais, parce que vous êtes bon.

Postcommunion

Accordez-nous, s’il vous plaît ô Dieu tout-puissant, que les âme de vos serviteurs et de vos servantes, étant purifiées par ces sacrifices, obtiennent à la fois le pardon et le repos éternel. Par Notre-Seigneur.

Troisème messe

Introït

Donnez-leur le repos éternel, Seigneur, et que la lumière sans fin brille pour eux.

L’hymne de louange vous est due, ô Dieu, dans Sion, et on vous rendra des vœux dans Jérusalem : exaucez ma prière, toute chair viendra à Vous.

Donnez-leur le repos éternel…

Collecte

O Dieu, qui accordez le pardon et qui aimez à sauver les hommes, nous demandons à votre bonté que, par l’intercession de la bienheureuse Marie toujours Vierge et de tous vos Saints, vous accordiez aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes, qui sont morts, de parvenir au séjour de la béatitude éternelle

Lecture du livre de l’Apocalypse de saint Jean Apôtre.

En ces jours-là, j’entendis une voix venant du ciel, qui me disait : Écris : Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur ! Dès maintenant dit l’Esprit, ils se reposeront de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent.

Graduel

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel, et que la lumière éternelle luise pour eux.

V/. Le souvenir du juste sera éternel ; il ne craindra pas d’entendre rien d’affligeant.

Délivrez, Seigneur, les âmes de tous les fidèles défunts de tous les liens de péchés.

V/. Et votre grâce aidant, qu’ils méritent d’échapper au jugement de vengeance.

V/. Et de jouir de la béatitude de la lumière éternelle.

Séquence Dies irae, comme au dessus

Lecture du Saint Evangile selon saint Jean.

En ce temps-là, Jésus dit au peuple Juif : Je suis le pain vivant, qui suis descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde. Les Juifs disputaient donc entre eux en disant : Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger ? Jésus leur dit donc : En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour.

Offertoire

Seigneur Jésus-Christ, Roi de gloire, délivrez les âmes de tous les fidèles défunts des peines de l’enfer, et du lac profond ; délivrez-les de la gueule du lion ; que l’abîme ne les engloutisse pas, qu’elles ne tombent pas dans les ténèbres, mais que le porte-enseigne saint Michel les introduise dans la sainte lumière,

* Qu’autrefois à Abraham vous avez promise et à sa postérité

V/. Les hosties et les prières de louange, Seigneur, nous vous les offrons. Vous, recevez-les pour ces âmes, dont aujourd’hui nous faisons mémoire ; faites-les, Seigneur, passer de la mort à la vie.

* Qu’autrefois à Abraham vous avez promise et à sa postérité.

Secrète

O Dieu, dont la miséricorde est infinie, recevez favorablement les prières que nous vous adressons avec humilité, et accordez la rémission des péchés aux âmes de tous les fidèles défunts, à qui vous avez fait la grâce de confesser votre nom.

Préface des Défunts .

Communion

Que la lumière éternelle luise pour eux, Seigneur : Avec vos Saints à jamais, parce que vous êtes bon

V/. Donnez-leur le repos éternel, Seigneur, et que la lumière sans fin luise pour eux.

Avec vos Saints à jamais, parce que vous êtes bon.

Postcommunion

Dieu tout-puissant, soyez, s’il vous plaît, miséricordieux envers les âmes de vos serviteurs et de vos servantes, pour lesquelles nous offrons à votre Majesté ce sacrifice de louange, et faites que, purifiées de leurs péchés par la vertu de ce sacrement, elles reçoivent de votre bonté la béatitude du repos éternel.

SOURCE : http://www.introibo.fr/02-11-Commemoraison-de-tous-les

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

William-Adolphe Bouguereau (1825-1905). Le Jour des morts, 1859, 147 x 120, Musée des Beaux-Arts de Bordeaux


Feast of All Souls

Memorial

2 November

3 November (see below)

About the Feast

Feast in commemoration of the faithful departed in Purgatory. Abbot Odilo of Cluny instituted it in the monasteries of his congregation in 998, other religious orders took up the observance, and it was adopted by various dioceses and gradually by the whole Church. The Office of the Dead must be recited by the clergy on this day, and Pope Benedict XV granted to all priests the privilege of saying three Masses of requiem

one for the souls in Purgatory

one for the intention of the Holy Father

one for the priest‘s

If the feast should fall on Sunday it is kept on 3 November.

Patronage

MonseliceItaly

Additional Information

All Souls’ Novena, by Father Daniel Aloysius LordS.J.

Catholic Dictionary

Catholic Encyclopedia

Catholic Pocket Dictionary

Goffine’s Devout Instructions

Handbook of Christian Feasts and Customs

Light From the Altaredited by Father James J McGovern

Lives of the Saints, by Father Alban Butler

Lives of the Saints, by Father Francis Xavier Weninger

Meditations on the Gospels for Every Day in the Year, by Father Pierre Médaille

New Catholic Dictionary

Pictorial Lives of the Saints

Saints and Saintly Dominicans, by Blessed Hyacinthe-Marie CormierO.P.

Saints of the Day, by Katherine Rabenstein

Short Lives of the Saints, by Eleanor Cecilia Donnelly

Simple Catholic Dictionary

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Novena for Holy Souls in Purgatory, by Saint Alphonsus Maria de Liguori

Day 1

Day 2

Day 3

Day 4

Day 5

Day 6

Day 7

Day 8

Day 9

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“Feast of All Souls“. CatholicSaints.Info. 9 June 2022. Web. 2 November 2024. <https://catholicsaints.info/feast-of-all-souls/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/feast-of-all-souls/

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Das Jüngste Gericht - Christus als Weltenrichter, flankiert von der Hl. Gottesmutter Maria und dem Hl. Johannes dem Täufer als Fürsprecher, darunter die Seelen im Fegefeuer als Reinigungsort, Öl auf Leinwand, doubliert, unten nicht mehr lesbarer längerer Text mit abschließender Datierung: anno 1674 (?), ca. 117,5x 78 cm


All Soul’s Day

By uCatholic

November 2, 2024

All Souls Day is observed following All Saints Day and is dedicated to remembering and praying for the faithful departed—those who have passed away in the grace and friendship of God. The Catholic Church teaches that not every soul that departs from this life in God’s grace is immediately ready to enter into the fullness of heavenly glory and the Beatific Vision—the direct encounter with God and His goodness. To be prepared for this divine experience, souls need to be purified from their minor sins and the remaining temporal effects of sin. This process of purification is referred to by the Catholic Church as “purgatory.”

Catholic doctrine surrounding Purgatory encompasses two core beliefs:

There is a state of purification for believers before they can enter heaven.

The prayers and masses offered by the living faithful can aid those undergoing purification.

The Church, however, does not hold official doctrines detailing the duration, location, or precise nature of this purification process. While figures like Saint Augustine have depicted this purification using the imagery of fire, many devout Catholics, including Pope Benedict XVI, suggest that purgatory might be better understood as an existential state rather than a physical place, implying that it exists beyond the limits of time and space as we understand them. Although popular misconceptions have sometimes caused confusion, the official teachings on Purgatory are generally not considered controversial. Many people informally describe Purgatory as a place where souls “clean themselves up” before entering into God’s presence.

All Souls Day serves as a special time to recall, pray for, and hold requiem masses for those souls in a state of purification. On this day, Christians commonly pray for their deceased relatives and friends, as well as other influential individuals they may not have known personally, such as historical figures or celebrities. One way to honor these departed souls is through the Office of the Dead (Defunctorum officium), a prayer service dedicated to their memory. This service is often held on the anniversary of a loved one’s death or on All Souls’ Day itself.

The practice of praying for the deceased is a tradition rooted in the earliest days of Christianity, with early church liturgies and catacomb inscriptions serving as evidence of its longstanding presence. Additionally, this practice has its origins in Judaism, as noted in the scriptural reference of 2 Maccabees 12:41-42.

In the New Testament, we find St. Paul praying for his late friend Onesiphorus, asking for mercy on his soul (2 Timothy 1:18). Early Christian writers like Tertullian and St. Cyprian also attest to the common practice of praying for departed souls, highlighting the widespread belief in the early Church that such prayers could positively influence the souls of the deceased. This practice is closely linked to the belief in purgatory, a state of purification after death, which is suggested in various New Testament passages. For example, St. Paul speaks of a salvation that comes “but only as through fire” (1 Corinthians 3:15). Over the centuries, numerous Church Fathers, including St. Augustine, elaborated on the concept of post-mortem purification through fire.

In the early Church, the names of the departed were placed on diptychs, and by the sixth century, Benedictine communities were holding commemorations for the deceased on Pentecost. The establishment of All Souls’ Day as a universal festival is largely attributed to Odilo of Cluny, who in AD 998 mandated its annual observance in all Benedictine houses under his jurisdiction, a practice that soon spread to the Carthusian orders. The date of observance varied, with Milan celebrating it on October 15th in the 12th century. Today, All Souls’ Day is universally celebrated by Western Catholics on November 2nd.

SOURCE : https://ucatholic.com/saints/all-souls-day/

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Pintura anónima, óleo sobre lienzo, relacionada con Esteban Márquez de VelascoFlorecillasSan Francisco libera almas del purgatorio el día de su festividad.


JOHN PAUL II

ANGELUS

Sunday, 3 November 2002

Dear Brothers and Sisters,

1. Yesterday we celebrated the annual liturgical commemoration of all the faithful departed. A universal prayer was raised by the worldwide Church to the God of life and peace, so that he might welcome into his kingdom of infinite light all souls, especially the most abandoned and in need of his mercy.

The Christian prayer for those who died that distinguishes the month of November, can only take place in the light of Christ's resurrection. Indeed, the Apostle Paul says: "If Christ is not risen, your faith is in vain.... If we have hoped in Christ for this life only, we are the most miserable of all people. But Christ is risen from the dead, the firstfruits of those who have fallen asleep" (I Cor 15, 17.19-20).

More than ever, the world today needs to rediscover the meaning of life and death in the perspective of eternal life. Outside it, modern culture, born to exalt the human person and his dignity, is paradoxically transformed into a culture of death, because, without the horizon of God, the person finds himself a prisoner in the world, overwhelmed by fear, and gives way to many collective and personal pathologies.

2. I am happy on this topic to quote a text of St Charles Borromeo whose feast we celebrate tomorrow. He wrote, "May my soul never cease to praise the Lord who never ceases to lavish gifts. It is a gift of God if, from being a sinner, you are called to justice; a gift of God if you are sustained so that you do not fall; a gift of God that you are given the strength to persevere until the end; the resurrection of your dead body will be a gift of God, so that not a hair of your head will be lost; the glorification after the resurrection will be a gift of God; and, finally, it will also be a gift of God to be able to praise him continually in eternity" (Homily, 5 September 1583).

While I invite you to mediate on these enlightening thoughts of the holy Archbishop of Milan, I take the opportunity to thank all those who, remembering the feast of St Charles, have sent me good wishes for my name day. I am especially grateful for your assurance of prayer, which I wholeheartedly return, invoking for you abundant heavenly graces.

3. Let us now turn to the Blessed Virgin Mary and ask her to sustain our prayer, especially, for the repose of the faithful departed. In this Year of the Rosary, let us readily place ourselves in the school of the Virgin Mary to contemplate with her the mystery of Christ dead and risen, hope of eternal life for everyone.

After the Angelus: for stricken community in Molise region

Today we all shared spiritually in the sorrow of the community of San Giuliano of Puglia, so stricken by the tragic loss of many of its children.

Once again, I wish to say to those dear families that the Pope is near them and prays for them, asking the Lord, through the intercession of Mary, Mother of mercy, the consolation of Christian faith and hope.

© Copyright 2002 - Libreria Editrice Vaticana

Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : https://www.vatican.va/content/john-paul-ii/en/angelus/2002/documents/hf_jp-ii_ang_20021103.html

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Joža Uprka  (1861–1940), All Souls' Day, 1897, 79,5 x 102, National Gallery in Prague


BENEDICT XVI

GENERAL AUDIENCE

Paul VI Audience Hall

Wednesday, 2 November 2011

Commemoration of All the Faithful Departed


Dear Brothers and Sisters,

After celebrating the Solemnity of All Saints, today the Church invites us to commemorate all the faithful departed, to turn our eyes to the many faces who have gone before us and who have ended their earthly journey. So at today’s Audience, I would like to offer a few simple thoughts on the reality of death, which for us Christians is illuminated by the Resurrection of Christ, and so as to renew our faith in eternal life.

As I already said at the Angelus yesterday, during these days we go to the cemetery to pray for the loved ones who have left us, as it were paying a visit to show them, once more, our love, to feel them still close, remembering also, an article of the Creed: in the communion of saints there is a close bond between us who are still walking here upon the earth and those many brothers and sisters who have already entered eternity.

Human beings have always cared for their dead and sought to give them a sort of second life through attention, care and affection. In a way, we want to preserve their experience of life; and, paradoxically, by looking at their graves, before which countless memories return, we discover how they lived, what they loved, what they feared, what they hoped for and what they hated. They are almost a mirror of their world.

Why is this so? Because, despite the fact that death is an almost forbidden subject in our society and that there is a continuous attempt to banish the thought of it from our minds, death touches each of us, it touches mankind of every age and every place. And before this mystery we all, even unconsciously, search for something to give us hope, a sign that might bring us consolation, open up some horizon, offer us a future once more. The road to death, in reality, is a way of hope and it passes through our cemeteries, just as can be read on the tombstones and fulfills a journey marked by the hope of eternity.

Yet, we wonder, why do we feel fear before death? Why has humanity, for the most part, never resigned itself to the belief that beyond life there is simply nothing? I would say that there are multiple answers: we are afraid of death because we are afraid of that nothingness, of leaving this world for something we don’t know, something unknown to us. And, then, there is a sense of rejection in us because we cannot accept that all that is beautiful and great, realized during a lifetime, should be suddenly erased, should fall into the abyss of nothingness. Above all, we feel that love calls and asks for eternity and it is impossible to accept that it is destroyed by death in an instant.

Furthermore, we fear in the face of death because, when we find ourselves approaching the end of our lives, there is a perception that our actions will be judged, the way in which we have lived our lives, above all, those moments of darkness which we often skillfully remove or try to remove from our conscience. I would say that precisely the question of judgment often underlies man of all time’s concern for the dead, the attention paid to the people who were important to him and are no longer with him on the journey through earthly life. In a certain sense the gestures of affection and love which surround the deceased are a way to protect him in the conviction that they will have an effect on the judgment. This we can gather from the majority of cultures that characterize the history of man.

Today the world has become, at least in appearance, much more rational, or rather, there is a more widespread tendency to think that every reality ought to be tackled with the criteria of experimental science, and that the great questions about death ought to be answered not so much with faith as with empirical, provable knowledge. It is not sufficiently taken into account, however, that precisely in this way one is doomed to fall into forms of spiritism, in an attempt to have some kind of contact with the world beyond, almost imagining it to be a reality that, ultimately, is a copy of the present one.

Dear friends, the Solemnity of All Saints and the Commemoration of all the faithful departed tells us that only those who can recognize a great hope in death, can live a life based on hope. If we reduce man exclusively to his horizontal dimension, to that which can be perceived empirically, life itself loses its profound meaning. Man needs eternity for every other hope is too brief, too limited for him. Man can be explained only if there is a Love which overcomes every isolation, even that of death, in a totality which also transcends time and space. Man can be explained, he finds his deepest meaning, only if there is God. And we know that God left his distance for us and made himself close. He entered into our life and tells us: “I am the resurrection and the life; he who believes in me, though he die, yet shall he live, and whoever lives and believes in me shall never die” (Jn 11:25-26).

Let us think for a moment of the scene on Calvary and listen again to Jesus’ words from the height of the Cross, addressed to the criminal crucified on his right: “Truly, I say to you, today you will be with me in Paradise” (Lk 23:43). We think of the two disciples on the road to Emmaus, when, after traveling a stretch of the way with the Risen Jesus, they recognize him and set out immediately for Jerusalem to proclaim the Resurrection of the Lord (cf. Lk 24:13-35). The Master’s words come back to our minds with renewed clarity: “Let not your hearts be troubled; believe in God, believe also in me. In my Father’s house are many rooms; if it were not so, would I have told you that I go to prepare a place for you?” (Jn 14:1-2). God is truly demonstrated, he became accessible, for he so loved the world “that he gave his only Son, that whoever believes in him should not perish but have eternal life” (Jn 3:16), and in the supreme act of love on the Cross, immersing himself in the abyss of death, he conquered it, and rose and opened the doors of eternity for us too. Christ sustains us through the night of death which he himself overcame; he is the Good Shepherd, on whose guidance one can rely without any fear, for he knows the way well, even through darkness.

Every Sunday in reciting the Creed, we reaffirm this truth. And in going to cemeteries to pray with affection and love for our departed, we are invited, once more, to renew with courage and with strength our faith in eternal life, indeed to live with this great hope and to bear witness to it in the world: behind the present there is not nothing. And faith in eternal life gives to Christians the courage to love our earth ever more intensely and to work in order to build a future for it, to give it a true and sure hope. Thank you.

To Special Groups:

I offer a warm welcome to the priests from the United States taking part in the Institute for Continuing Theological Education at the Pontifical North American College in Rome. My greeting also goes to the pilgrimage group from Saint Paul’s High School in Tokyo, Japan. Upon all the English-speaking visitors present at today’s Audience, especially those from Ireland, Denmark, Norway, Japan and the United States, I invoke God’s blessings of joy and peace!

 Lastly, I wish to greet the young people, the sick and the newlyweds. The day after tomorrow is the liturgical memorial of St Charles Borromeo, an outstanding Bishop of the Diocese of Milan, who, inspired by ardent love for Christ, was a tireless teacher and guide of his brothers. May his example help you, dear young people, to be led by Christ in your decision to follow him without fear; may it encourage you, dear sick people, to offer up your suffering for the Pastors of the Church and for the salvation of souls; may it support you, dear newlyweds, in you generous service to life.

Appeal:

At the end of the General Audience on 2 November, the Holy Father made the following Appeal:

This 3 and 4 November — tomorrow and the day after — Heads of State or of the Government of G20 will meet in Cannes to look at principal problems concerning the global economy. I hope that the meeting helps overcome the difficulties which hinder the promotion of an authentically human and integral development worldwide.

© Copyright 2011 - Libreria Editrice Vaticana

Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/en/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20111102.html

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Dipinto raffigurante la Trinità, la Vergine e le Anime del Purgatorio.  Cappella del Purgatorio, Bronte


Catholic Dictionary – All Souls Day

Article

A solemn commemoration of, and prayer for, all the souls in Purgatory, which the Church makes on the second of November. The Mass said on that day is always the Mass of the dead, priests and others who are under obligation of reciting the breviary are required to say the matins and lauds from the office of the dead in addition to the office which is said on that day according to the ordinary course, and the vespers of the dead are said on the first of November, immediately after the vespers of All Saints. This solemnity owes its origin to the Abbot Odilo of Clugny, who instituted it for all the monasteries of his congregation in the year 998. Some authors think there are traces at least of a local celebration of this day before Odilo’s time. With the Greeks Saturday was a day of special prayer for the dead, particularly the Saturday before Lent and that which preceded Pentecost.

MLA Citation

“All Souls Day”. A Catholic Dictionary. CatholicSaints.Info. 20 July 2014. Web. 2 November 2024. <https://catholicsaints.info/catholic-dictionary-all-souls-day/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/catholic-dictionary-all-souls-day/

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Santa Caterina, Patti, Parete sinistra, seconda arcataː altare dell'Immacolata Concezione e delle Anime Purganti.


All Souls' Day

The commemoration of all the faithful departed is celebrated by the Church on 2 November, or, if this be a Sunday or a solemnity, on 3 November. The Office of the Dead must be recited by the clergy and all the Masses are to be of Requiem, except one of the current feast, where this is of obligation.

The theological basis for the feast is the doctrine that the souls which, on departing from the body, are not perfectly cleansed from venial sins, or have not fully atoned for past transgressions, are debarred from the Beatific Vision, and that the faithful on earth can help them by prayersalmsdeeds and especially by the sacrifice of the Mass. (See PURGATORY.)

In the early days of Christianity the names of the departed brethren were entered in the diptychs. Later, in the sixth century, it was customary in Benedictine monasteries to hold a commemoration of the deceased members at Whitsuntide. In Spain there was such a day on Saturday before Sexagesima or before Pentecost, at the time of St. Isidore (d. 636). In Germany there existed (according to the testimony of WidukindAbbot of Corvey, c. 980) a time-honoured ceremony of praying to the dead on 1 October. This was accepted and sanctified by the ChurchSt. Odilo of Cluny (d. 1048) ordered the commemoration of all the faithful departed to be held annually in the monasteries of his congregation. Thence it spread among the other congregations of the Benedictines and among the Carthusians.

Of the diocesesLiège was the first to adopt it under Bishop Notger (d. 1008). It is then found in the martyrology of St. Protadius of Besançon (1053-66). Bishop Otricus (1120-25) introduced it into Milan for the 15 October. In SpainPortugal, and Latin America, priests on this day say three Masses. A similar concession for the entire world was asked of Pope Leo XIII. He would not grant the favour but ordered a special Requiem on Sunday, 30 September, 1888.

In the Greek Rite this commemoration is held on the eve of Sexagesima Sunday, or on the eve of Pentecost. The Armenians celebrate the passover of the dead on the day after Easter.

Mershman, Francis. "All Souls' Day." The Catholic Encyclopedia. Vol. 1. New York: Robert Appleton Company, 1907. <http://www.newadvent.org/cathen/01315b.htm>.

Transcription. This article was transcribed for New Advent by Joseph P. Thomas. In Memory of Mr. Cherian Poovathumkal.

Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. March 1, 1907. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.

Copyright © 2023 by Kevin Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.

SOURCE : https://www.newadvent.org/cathen/14004b.htm

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Langau (Niederösterreich). Friedhof: Grab ( 1770 ) - Maria legt bei Christus für die armen Säulen-

Langau (Lower Austria). Cemetery: Grave ( 1770 ) - Mary is speaking to Christ for the pour souls in the purgatory.


Solemnity of All Souls, 

November 2

"The Church, to which Jesus Christ promised the presence of the Holy Ghost and which therefore cannot be in error or mislead us, clearly teaches us the existence of Purgatory. It is then certain that there exists a place where the souls of the just complete the expiation of their sins before they are admitted to the joys of heaven. "God is just in all that he does. When he rewards us for the smallest of our good deeds, he does so far beyond anything that we could desire; a good thought, a good wish--that is to say a wish to do good even if it cannot be carried out--all are rewarded.

"But also when it is time for him to punish us he does so with severity, and we will be thrown into purgatory for even the smallest offense. We cannot doubt the truth of this, for we see in the lives of the saints that several of them have gone to heaven only after first passing through the flames of purgatory.

"Saint Peter Damian tells us that his sister remained in purgatory for several years for having once listened to a dirty song with a certain amount of pleasure.

"The story is told of two monks who promised each other that the first one to die would return to tell the other what had happened to him. One of them died and God allowed him to appear to his friend. He told him that he had spent fifteen days in purgatory for having been too fond of having his own way, and when his friend congratulated him on having spent so short a time there, he replied: 'I would rather have been flayed alive for 10,000 years, for even that would have been nothing when compared with the tortures that I endured in the flames.'

"A priest told one of his friends that God had condemned him to several months in purgatory for having delayed the execution of a will which made provision for good works. Alas, my brothers, how many of us have just such a fault on our consciences? How many are there who perhaps eight or ten years ago were charged by their parents or friends to give alms and have Masses said for them, but have done nothing?

"But perhaps some of you will tell me: 'Our parents lived good lives, they were upright people.' Yet how little it takes to be sent to those fires of purgatory! Remember that Albert the Great, whose virtue shone with such extraordinary brilliance, said about that.

"One day he told one of his friends that God had sent him to purgatory for having felt just a little conceited about his learning. And what is even more astonishing is that some of the saints, even canonized ones, have been through purgatory.

"A long time after his death, Saint Severin, Archbishop of Cologne, appeared to a friend and told him that he had been in purgatory for having postponed until evening a prayer that he should have said in the morning. How many years in purgatory await those Christians who find it easy to postpone their prayers on the excuse that they have a lot of work to do!

"If we sincerely desired the joy of possessing Go we would avoid the little faults as well as the great ones, since separation from God is such a fearful torture for these poor souls.

"How right are they who say that the memory of the dead fades with the notes of the passing bell. Suffer, poor souls; in vain do you weep in the fire lit by God's justice. No one is listening to you, no one will bring you succor.

"Yet how quickly we could empty purgatory if we but really wished to."

--From the Writings of the Curé d'Ars.

SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/1102.shtml

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Alte katholische Pfarrkirche Sankt Jakobus in Walchensee. Darstellung: Arme Seelen im Fegefeuer, die im Gebet den Heiland um Hilfe bitten. Herz-Jesu-Darstellung. Blechplatte bemalt, ca. 60cm hoch. Die Tafel fand sich in einem Abstellraum oberhalb des Altars

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Alte katholische Pfarrkirche Sankt Jakobus in Walchensee. Darstellung: Arme Seelen im Fegefeuer, die im Rosenkranz-Gebet Maria um Hilfe bitten. Herz-Mariä-Darstellung. Blechplatte bemalt, ca. 60cm hoch


All Souls’ Day, by Father Pierre Médaille

After having renewed our faith as to the reality of purgatory, let us bow down before the holiness of God, Who cannot endure the slightest sin in a soul beloved by Him. Let us then adore the severity of His justice, which punishes slight faults with such grievous suffering. We should be persuaded that those sins which appear to us but trifling are great in God’s sight.

These souls belong to God; they are His children, His spouses, His temples; Jesus Christ suffers in them even as He suffers in the person of the poor. Religion obliges us to relieve them; charity urges us equally to this, since by a thousand ties we are bound to them; their sufferings are great, and we alone can help them. These are so many urgent motives to excite us to so pious a practice.

In addition to this, we gain a great deal by relieving these holy souls. We store up the fruit of our charity: they will love us as their benefactors and will receive us joyfully when we enter into heaven. Let us examine ourselves as to what we are now doing and as to what we can in future do for them.

On the Souls in Purgatory

Three things afflict these holy souls: absence from the God Whom they love; a conscience reproaching them with their sins and with negligence in expiating them; the fire which torments them. Let us fear this lamentable condition, and strive to avoid it.

Three things console them amid their sufferings: the assurance of their salvation, which they cannot forfeit; the hope that their punishment will soon be ended; the love of their God, Who is chastising them in mercy. Let us wish to be in purgatory, as many of the Saints have wished to be.

We can help them in three ways: by prayer, in begging God to relieve them; by good works and acts of penance; by the Holy Sacrifice of the Mass and by Indulgences, applying to them the satisfactions of Jesus Christ. Let us at once make this holy resolution – that when we say or hear Mass, receive holy Com- munion, gain an Indulgence, fast, pray, or perform any good work, these Holy Souls shall have a share in all.

– from Meditations on the Gospels for Every Day in the Year

SOURCE : https://catholicsaints.info/all-souls-day-by-father-pierre-medaille/

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Gemälde in der Kapelle hll. Chrysanth und Daria auf der Unterstalleralm (Gemeinde Innervillgraten)


Short Lives of the Saints – Commemoration of All Souls

Entry

All Souls’ is a day appointed by the Church of God whereon the living are specially exhorted to offer prayers and suffrages for the souls of the faithful departed. “Judas, the valiant commander, having made a gathering, sent 1200 drachms of silver to Jerusalem for sacrifice, to be offered for the sins of the dead, thinking well and religiously concerning the resurrection. . . . It is therefore a holy and wholesome thought to pray for the dead, that they may be loosed from sins.” – 2 Machabees 12:43,46

“Make an agreement with thy adversary quickly, whilst thou art in the way with him; lest perhaps the adversary deliver thee to the judge, and the judge deliver thee to the officer, and thou be cast into prison. Amen I say to thee, Thou shalt not go out from thence till thou pay the last farthing.” – Matthew 5:25,26

So pray that, rescued from the storm

  Of Heaven’s eternal ire,

We may lie down, then rise again,

  Safe, and yet saved by fire.

    – Saint John Henry Newman

Favorite Practice – Recite the “De Profundis” every day for the suffering souls in Purgatory.

MLA Citation

Eleanor Cecilia Donnelly. “Commemoration of All Souls”. Short Lives of the Saints1910. CatholicSaints.Info. 22 April 2021. Web. 2 November 2024. <https://catholicsaints.info/short-lives-of-the-saints-commemoration-of-all-souls/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/short-lives-of-the-saints-commemoration-of-all-souls/

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

St. Ulrich am Pillersee parish church - Baroque fresco (1749) by Simon Benedikt Faistenberger: Virgin Mary gives a black penitence belt to Saint Augustine and his mother Saint Monica. At the bottom, with this belt Saint Nicholas of Tolentino is freeing poor souls from the purgatory.

Pfarrkirche St. Ulrich am Pillersee - Barockes Fresco (1749) von Simon Benedikt Faistenberger: Maria übergibt einen schwarzen Bußgürtel an den heiligen Augustinus und seine Mutter Monika. Darunter befreit der heilige Nikolaus von Tolentino mit diesem Gürtel arme Seelen aus dem Fegefeuer.


Weninger’s Lives of the Saints – The Feast of All Souls

Article

Yesterday the Catholic Church placed all the Saints of heaven before our eyes, to induce us to give due honor to them, to invoke them, and to follow them in the path of virtue. Today, she represents those souls to us, which, though destined to rejoice eternally in heaven, at present still suffer in purgatory; and she enjoins us to assist them to the best of our ability. To understand this rightly, it is necessary to know what the true faith teaches m regard to it. It teaches, firstly, that there is a place which we call purgatory; secondly, that the souls who are there can receive help and comfort from us who are still on earth. In regard to the first of these points, it is known that unhappily a great many people leave this world in disgrace with God, guilty of mortal sins. These go forthwith to hell, without any hope of redemption; and for them we can do nothing. Some, but few, die in the grace of the Almighty, entirely purified from all sin, as they either have not become guilty of sin or have done perfect penance, and fully discharged the debt of temporal punishment which they had deserved. These go immediately to heaven. Lastly, there are others and their number is large, who, although they die in the grace of God, have not expiated all their misdeeds in this world. To these heaven is sure; but they do not enter it immediately; they have to suffer in a third place until they have perfectly atoned for all their sins. This is an article of faith, by which we truly believe that to be absolved from sin as far as the guilt is concerned, does not release us always from all the punishment due to sin. The eternal punishment which we deserve by a mortal sin, will be remitted by a good confession, or, if we cannot confess, by perfect contrition; but the temporal punishment still remains, as the Catechism teaches us and as Holy Writ clearly shows. Venial sin is also forgiven by confession or contrition, in so far as the guilt is concerned; but its temporal punishment is not always entirely remitted at the same time. If, therefore, one has not endeavored, during his life, to gain remission of his temporal punishment by voluntary penance, good works, indulgences, patience under crosses and sufferings, he cannot enter heaven immediately after his death, as “nothing defiled can enter there but he goes to a plaice where he will suffer until he is wholly cleansed. This place is called Purgatory.

Concerning the second point, the true faith teaches us that the faithful, who are still living in the world, can help and comfort the souls in purgatory, by assisting at Holy Mass, by prayers, by alms, fasting, indulgences and other good works. This doctrine is founded on the communion of saints, of which the ninth article of the Apostolic Creed speaks. To this communion belong the Saints in heaven, the faithful on earth, and the suffering souls in purgatory. The first are the triumphant, the second, the militant, and the third, the suffering Church. The communion among these three portions of the Church consists in this, that the Saints in heaven pray for us, while we honor and invoke them. For those who are in purgatory, we offer up our prayers and good works; and they pray for us now whilst they suffer, and will pray for us also after they shall have been admitted into the presence of the Most High. Thus has the Catholic Church, which, on account of the continued assistance of the Holy Ghost, cannot fail, always believed and taught. Hence it has always been the custom of the faithful to pray for the dead. The holy Fathers, Chrysostom and Augustine, testify that the custom of praying for the dead in Holy Mass dates from the time of the Apostles. “It was not instituted by the Apostles without a purpose,’ writes the former, “that we should remember the dead when we offer the unbloody sacrifice; they knew what benefit the dead would derive from it.” “We cannot doubt,” says the latter, “that the souls of the dead receive help from the prayers of the holy Church, the sacrifice of the Holy Mass, and from alms given with the intention that they may derive the benefit attached to that good action. For this has been left to us by the Fathers (the Apostles), and the whole Church observes it, that we pray for those who have died in the communion of the body and blood of Christ, when commemoration of them is made during the holy sacrifice, or when it is offered up for them.” It is also known, from the books of the Maccabees that, in ancient times, prayers and sacrifices were offered for the dead. Although there is a daily memento for the suffering souls in purgatory during Holy Mass, and though almost all Catholics pray much and daily for them, the Church has instituted that this day should be particularly devoted to their remembrance, and that the faithful should offer their prayers and good works for them with especial fervor to the Almighty. It may be that there are many souls for whom no one prays during the year, because they either left no relatives or friends, or because they are forgotten by them. Hence, on this day, the Church desires that prayer and sacrifice, alms-deeds and other good works be offered for them all. To act in accordance with this holy desire of the Church is but just.

Holy Writ urges us to pray for the dead by the following well-known words: “It is a holy and wholesome thought to pray for the dead, that they may be loosed from sins.” (2nd Maccabees 12) To have compassion on the poor souls, and to help them according to our means, is holy and wholesome. It is holy, because it springs from the love of God and of our neighbor; for, whoever loves God, loves also those who are loved by God and who love Him; and it is quite certain that the souls in purgatory love God and are loved by Him, although they are punished for a time. It is love of our neighbor, as those suffering in purgatory are perhaps persons nearly related to us, or from whom we have received many benefits, and whom we are therefore obliged to assist But even if there are none of these, they are still the souls of our fellow-men; and this alone should incline and urge us to help them. Love towards our neighbor requires that we do to him as we wish that he would do to us. If you were in the place where these souls are, and if you had to suffer as they, would you not wish to be helped? Therefore try to help them now, if you really love your neighbor. Do not imagine that their suffering is but little, and that it is of little consequence whether they are sooner or later released from it. Saint Augustine says: “The fire that cleanses is sharper and more painful than all the suffering which we can conceive in this world.” “In my opinion,” says Saint Gregory, “the fire of purgatory, although it eventually ceases, is more tormenting than all the torments of this world.” Other holy Fathers say the same, and add that the difference between the pains of hell and those of purgatory is, that the former are endless, while the latter last but for a time. How long each soul remains in purgatory is unknown to man; the duration differs, as also the greatness of their tortures. Their suffering is according to their sins. Their greatest pain is that of privation, or the pain of loss; for as they have an intense longing to behold the Almighty, nothing can exceed the pangs of their grief, at being deprived of His sight until they have entirely expiated their sins. It is most certain that they endure this and other torments with perfect resignation to the will of the Most High; yes, though they suffer extremely, nevertheless they praise His justice. They are unable to help themselves or to shorten their pains, because their day of labor and merit is past. Hence, what is more just than that we should assist them, that they may be sooner released from their torments? We can do it, and do it so easily; and the love which we should bear to our neighbor requires it. It is a holy work, it is even more than holy, it is also a useful and wholesome work. The assistance we give to the souls in purgatory, not only helps them to be sooner released from their pains and to see God, but it is also beneficial to ourselves. We lose nothing by offering up our prayers and other good works for them, but we gain much; for, the Almighty will not permit our charity to them to go without a reward. He is merciful to them that show mercy. And do you suppose that the souls, which, by our prayers, have come so much sooner into the presence of God, will forget us, and not show themselves grateful? Be assured that we shall have constant intercessors in them before the throne of the Most High. Holy Writ assures us, that “alms delivers from death, and makes to find mercy and life everlasting.” (Tobit 12) The kindness you show to the souls in purgatory is an alms you give to them, an act of charity; and it will result in God’s being merciful to you and granting you the grace of doing penance, that you may obtain pardon for your sins and life everlasting. And if, one day, you too are restrained from the presence of God, in those penal fires, doubt not that they whom you will have freed from them will pray most efficaciously for you, that you may soon be admitted into heaven. Reflect then on these benefits which you may draw from being merciful to the poor souls in purgatory, and make today the resolution to aid them with all your strength as long as you live. Should you neglect it, you will have to fear that the words of Christ will be exemplified in you: “For with the same measure that you shall mete withal, it shall be measured to you again.” (Luke 6) “Pray for the dead,” says Saint Augustine, “that they may also pray for you, when they shall have attained eternal glory. They wait to receive help from us. They call on us daily in their torments. If you desire, O man,” continues this holy teacher, “that the Almighty should have mercy on you, have mercy on your fellow-being who suffers in purgatory; for God will show you the same kindness that you show to your neighbor. Hence, pray for the dead.” And again he says: “One of the most holy practices is to offer sacrifice for the dead, to pray for them and give alms.” In like manner do other holy Fathers speak. Richard of Saint Victor confirms what has been said and encourages u$ to observe it, when he says: “The ransomed souls pray without ceasing in heaven for those by whose help they have been released; and the Lord refuses them nothing.”

Practical Considerations

• The fire of purgatory is intended not only for those who, after having committed mortal sin, have been freed from it in so far as its guilt is considered, but also for those who die in venial sin. These too shall be for a time punished by not seeing the Almighty, and besides this, by other terrible torments; for, nothing defiled can enter heaven. Hence you can conclude how great the wickedness of a venial sin must be, since the just God punishes it so severely, and that in souls which He loves most dearly; for, all those who suffer in purgatory are God’s friends, and will reign for ever with Christ in heaven. Yet the Almighty does not admit them into His presence, until they are entirely cleansed by severe suffering. How blind and foolish, therefore, are those who regard a venial sin as only a trifle, or do not esteem it worthy of any thought at all. God, who is just, would not punish venial sin so severely were its wickedness not great in His sight. “We read in the laws,” says Saint Salvianus, “that those who had transgressed the least commandment of the Lord were most severely punished; so that we might understand that nothing is trifling which touches the Majesty of God. For, what seems small, in regard to the evil done by it, is yet great, because it offends the Lord.” Therefore, think not lightly of venial sin, but endeavor to avoid it with the utmost care. We should rather die and suffer all possible torments, than commit a sin, not only a mortal, but even a venial sin.

• Be more solicitous to atone here on earth for the sins of which you have been guilty, that you may not have to suffer too long in purgatory. I know there are men who fear not purgatory, and who therefore are little concerned about expiating their sins. They say: “If I only escape hell, I will be satisfied.” Others depend upon the prayers of relatives and friends, or upon the Masses for which they have made or intend to make provision in their will, or upon the prayers of the members of the Confraternity to which they belong, to be speedily released from purgatory. The former may read what I have cited above from the works of Saint Augustine and Saint Gregory, and draw from it, that this thought in regard to purgatory, and the negligence in atoning for offences, which results from it, are so dangerous and so displeasing to the Almighty, that they may easily be misled by it into mortal sin and go to eternal destruction. The latter may take to heart the words of the pious Thomas a Kempis, who writes: “Do not place too great confidence in friends and acquaintances, and do not defer your salvation to the future; for men will forget you much sooner than you imagine. It is better to make provision in time, and to send some good in advance of you, than to hope for the assistance of others after your death. If you do not take care of yourself now, who will care for you when you are gone?” Saint Gregory desires to impress the same upon us when he says: “Man acts more securely, if he himself does, during his life, what he wishes others to do for him after his death.”

MLA Citation

Father Francis Xavier Weninger, DD, SJ. “The Feast of All Souls”. Lives of the Saints1876. CatholicSaints.Info. 22 May 2018. Web. 2 November 2024. <https://catholicsaints.info/weningers-lives-of-the-saints-the-feast-of-all-souls/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/weningers-lives-of-the-saints-the-feast-of-all-souls/

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Stanisław Samostrzelnik  (1485–1541), Purgatory (Book of Hours of Queen Bona, fol. 150 verso) / Czyściec (Godzinki królowej Bony, k. 150 v), 1527-1528, encre et couleur sur parchemin, 17,5 x 10, bibliothèque Bodléienne


Golden Legend – Commemoration of All Souls

Here followeth the Commemoration of All Souls.

The memory of the departing of all christian souls is stablished to be solemnised in the church on this day, to the end that they may have general aid and comfort, whereas they may have none special, like as it is showed in the foresaid revelation. And Peter Damian saith that in Sicily, in the isle of Vulcan, Saint Odille heard the voices and the howlings of devils, which complained strongly because that the souls of them that were dead were taken away from their hands by alms and by prayers, and therefore he ordained that the feast and remembrance of them that be departed out of this world should be made and holden in all monasteries the day after the feast of All Hallows, the which thing was approved after of all holy church. And thereof we may specially touch two things; first, of the purgation of those souls, and secondly, of their suffrages. Of the first is to be considered three things, first, who be they that be purged, secondly, by whom they be purged, thirdly, where they be purged. The first be they that die tofore ever they have done satisfaction of the penance that hath been enjoined to them. Nevertheless if they had so much contrition in the heart that it had sufficed to efface the sin, they should have freely passed to the life perdurable, howbeit that they had not accomplished their will ne satisfaction, for contrition is right great satisfaction of their sins, and putting away of sin. And hereof saith Saint Jerome: The length of time availeth not so much as of sorrow, ne the abstinence of meats availeth not so much as the mortification of vices, but now they that die without this contrition tofore to accomplishing of their penance be grievously punished in purgatory, but if it happen that the satisfaction of them be done of some of their friends. But to this, that such mutation of the satisfaction may avail, four things be required. The first is of the authority of the changer, for it ought to be done of the authority of the priest. The second is of his part for whom this mutation is of the satisfaction, that is the necessity of him. For he may be in such estate that he may not well do satisfaction for that other, that is to say in charity, for he ought to be in charity. The third is on his side on whom the commutation is made of satisfaction for that other, that is to say of charity. For it is requisite that he be in charity, by which he maketh satisfaction to be meritorious and sufficient. The fourth thing is proportion, that is to wit, that the lesser pain be proportioned in to greater, for the proper pain of the sinner satisfieth more to God than of a stranger, and always is he tormented in purgatory, but for the pain that he suffereth and that other payeth for him, he is the sooner delivered, for God accounteth his pain and the pain of that other. For if he were condemned to suffer the pain of two months in purgatory, he might so be holpen that he should be delivered in a month, but he shall never be taken thence till the debt be paid. And when it is paid that ought to be paid, after, it is converted into the weal of him that had done it, and if he have no need, it is turned into the weal of others that be in purgatory. The second that be in purgatory be they that have accomplished their penance, but always by the negligence or ignorance of the priest which confessed them it was not sufficient. And if they have not right contrition that may suffice for their sin, they shall accomplish all that there, because of the little penance doing in this life, for our Lord that knoweth the manner and the measure of pains and of sins, he giveth pain sufficient in such wise that there remaineth not one sin unpunished. Then the penance that is enjoined, either it is greater, or equal, or less. If it be greater, they that have done more it shall turn to the increasing of glory; if it be equal, then it shall suffice to the remission of his sin; if it be less, then that which lacketh shall be fulfilled by the virtue of the divine puissance and justice. Of them that repent them at the last, hearken what Augustine saith: He that is baptized, and at that hour goeth out of this world, he goeth surely. A man well living and so dieth, goeth surely. A man doing penance at the last and reconciled, if he go surely, I am not sure, therefore hold the certain way and leave the uncertain way. This saith Saint Austin, for such do penance more for need than of will, and rather for dread of pain, than for love of glory. The third that go into purgatory be they that bear wood, hay, and stubble. These be they that, notwithstanding they love God, yet they have carnal affection to their riches, their wives, and possessions, yet they love nothing tofore God. And these be tormented in purgatory after the manner of their long or short being therein, as the wood in long burning, as the hay less, or the stubble least and shortest. And Saint Augustine saith: Though this fire be not perdurable yet it is grievous marvellously, so that it surmounteth all the pain that any man suffered ever in this world. For so grievous pain was never found in the flesh, howbeit that martyrs have suffered great pains. The second is to wit by whom they be purged, or by whom punition is made. It is done by the evil angels and not by the good. For the good angels torment not the good souls, but the good angels torment the evil angels, and the evil angels torment the evil christian souls. And it is well to believe that the good angels visit oft and comfort their brethren and their fellows, and warn them to suffer in patience. And yet have they another remedy of comfort of this that attend certainly the glory to come, for they be certain to have joy, less than they that be in their country, and more certainly than they that be in their life. For the certainty of them that be in their country is without abiding and dread, for they abide not that is for to come when they have it present and doubt nothing to lose it. But the certainty of them that be in the life is contrary, but the certainty of them that be in purgatory is moyenne, for they abide to have it and without dread, for they have free will without dread confirmed, that they may no more sin. And yet have they another comfort, that they ween always that there be made prayers and done alms for them; and peradventure it is more true that this punition is not made by evil angels, but by commandment of the divine justice, and by the force thereof succeeding. As to the third, it is to wit where they be purged. In a place by hell which is called purgatory, after the opinion of divers wise men, how be it that it seemeth to some other that it is in the air, in a place burning and round. But nevertheless there be ordained diverse places to diverse souls, and for many causes, and that is for light punition or for hasty deliverance, or for the sin committed in that place, or for the prayer of some saint. First, for the light punition, as it is showed to some, after that Saint Gregory saith: That some souls be purged in the shadow. Secondly, for their hasty deliverance, that they may show unto others how that they need to require aid, and thereby might hastily issue out of the pain.

Like as it is read that some fishers of Saint Thibault that fished on a time in harvest, and took a great piece of ice instead of a fish. And they were gladder thereof than of a fish, because the bishop had a great burning of heat in his leg, and they laid that ice thereto and it refreshed him much. And on a time the bishop heard the voice of a man in the ice, and he conjured him to tell him what he was. And the voice said to him: I am a soul which for my sins am tormented in this ice, and may be delivered if thou say for me thirty masses continually together in thirty days. And the bishop emprised to say them, and when he had said half of them he made him ready to continue forth and say the other. And the devil made a dissension in thc city, that the people of the city fought each against other, and then the bishop was called for to appease this discord, and did off his vestments and left to say the mass. And on the morn he began all new again. And when he had said the two parts, him seemed that a great host had besieged the city, so that he was constrained by dread, and left to say the office of the mass. And after, yet he began again service, and when he had all accomplished except the last mass, which he would have begun, all the town and the bishop’s house were taken by fire. And when his servants came to him, and bade him leave his mass, he said: Though all the city should be burnt, I shall not Ieave to say the mass. And when the mass was done the ice was molten, and the fire that they had supposed to have seen was but a phantom and did no harm. Thirdly, for our infirmity that is, that we know what great pain is made ready to sinners after this mortal life. Also divers places be deputed to divers souls for our instruction, as it happed at Paris.

There was a master which was chancellor at Paris named Silo, which had a scholar sick, and he prayed him that after his death he should come again to him and say to him of his estate. And he promised him so to do, and after died. And a while after he appeared to him clad in a cope written full of arguments fallacious, and sophisms, and was of parchment, and withinforth all full of flame of fire. And the chancellor demanded him what he was. And he told to him: I am such one that am come again to thee. And the chancellor demanded him of his estate, and he said: This cope weigheth on me more than a mill-stone or a tower, and it is given me for to bear, for the glory that I had in my sophisms and sophistical arguments, that is to say, deceivable and fallacious. The skins be light, but the flame of fire withinforth tormenteth and all to-burneth me. And when the master judged the pain to be light, the dead scholar said to him, that he should put forth his hand and feel the lightness of his pain. And he put forth his hand, and that other let fall a drop of his sweat on it, and the drop pierced through his hand sooner than an arrow could be shot through, whereby he felt a marvellous torment. And the dead man said: I am all in such pain. And then the chancellor was all afeard of the cruel and terrible pain that he had felt, and concluded to forsake the world, and entered into religion with great devotion. Fourthly, for the sin that hath been committed in the place. As Saint Augustme saith: Sometimes souls be punished in the places where they have sinned, as appeareth by an ensample that Saint Gregory reciteth in the fourth book of his Dialogues, and saith that there was a priest which used gladly a bath, and when he came in to the bath he found a man whom he knew always ready for to serve him. And it happed on a day, that for his diligent service and his reward, the priest gave to him a holy loaf. And he weeping, answered: Father, wherefore givest thou me this thing? I may not eat it for it is holy. I was sometime lord of this place, but after my death, I was deputed for to serve here for my sins, but I pray thee that thou wilt offer this bread unto Almighty God for my sins, and know thou for certain that thy prayer shall be heard, and when then thou shalt come to wash thee, thou shalt not find me. And then this priest offered a week entire sacrifice to God for him, and when he came again he found him not. Fifthly, diverse places are deputed to diverse souls for the prayers of some saint, as it is read of Saint Patrick that he impetred a place of purgatory in Ireland for some, of which the history is written tofore in his life. And as to the third, that is suffrages, three things ought to be considered. First, the suffrages that be done. Secondly, of them for whom they be done. Thirdly, of them by whom they be done. About the suffrages that be done, it is to be noted that there be done four manner of suffrages, which profit unto them that be dead, that is to wit, prayers of good friends, giving of alms, singing of masses, and observation of fastings.

As touching to that that the prayers of friends profit to them, it appeareth by ensample of Paschasius, of whom Gregory telleth in the fourth book of his Dialogues, and saith that there was a man of great holiness and virtue, and two were chosen for to have been popes, but nevertheless at the last the church accorded unto one of them, and this Paschasius always by error suflered that other, and abode in this error unto the death. And when he was dead the bier was covered with a cloth named a dalmatic, and one that was vexed with a devil was brought thither and touched the cloth, and anon he was made whole. And a long time after, as Saint Germain, bishop of Capua, went to wash him in a bath for his health, he found Paschasius deacon there and served. And when he saw him he was afeard, and enquired diligently what thing so great and so holy a man made there. And he said to him that he was there for none other cause but for that he held and sustained more than right required in the cause aforesaid, and said: I require thee that thou pray our Lord for me. And know that thou shalt be heard, for when thou shalt come again, thou shalt not find me here. And then the bishop prayed for him, and when he came again he found him not.

And Peter, abbot of Cluny, saith that there was a priest that sung every day mass of requiem for all christian souls, and hereof he was accused to the bishop, and was suspended therefor of his oflice.

And as the bishop went on a day of great solemnity in the churchyard, all the dead arose up against him, saying: This bishop giveth to us no mass, and yet he hath taken away our priest from us, now he shall be certain but if he amend he shall die. And then the bishop assoiled the priest, and sang himself gladly for them that were passed out of this world. And so it appeareth that the prayers of living people be profitable to them that be departed, by this that the chanter of Paris rehearseth.

There was a man that always as he passed through the churchyard he said De profundis for all christian souls. And on a time he was beset with his enemies, so that for succour he leapt into the churchyard. And they followed for to have slain him, and anon all the dead bodies arose, and each held such an instrument in his hand that they defended him that prayed for them, and chased away his enemies, putting them in great fear. And the second manner of suffrages is for to give alms, and that helpeth them that be in purgatory, as it appeareth in the book of Maccabees, where it is read that Judas, the most strong man, made a collection and sent to Jerusalem twelve thousand drachmas of silver, there to be offered for the sins of dead men, remembering rightfully and religiously of the resurrection. And how much to give alms availeth for them that be departed, it appeareth by ensample, that Saint Gregory putteth in his fourth book of Dialogues.

There was a knight that lay dead and his spirit taken from him, and a while after the soul returned to the body again. And what he had seen done he told, and said there was a bridge, and under that bridge was a flood, foul, horrible, and full of stench, and on that other side of the bridge was a meadow, sweet, odorous, and adorned full of all manner of flowers. And there on that side of the bridge were people assembled, clad all in white, that were filled with the sweet odour of the flowers. And the bridge was such that if any of the unjust would pass over the bridge, he should slide and fall into that stinking river, and the righteous people passed over lightly and surely into that delectable place. And this knight saw there a man named Peter, which lay bound and great weight of iron upon him, which when he asked why he lay so there, it was said to him of another: He suffereth because if any man were delivered to him to do vengeance, he desired it more to do it by cruelty than by obedience. Also he said he saw there a pilgrim that, when he came to the bridge, he passed over with great lightness and shortly, because he had well-lived here and purely in the world, and without sin. And he saw there another named Stephen, which when he would have passed, his foot slid that he fell half over the bridge, and then there came some horrible black men and did all that they might to draw him down by the legs, and then came other right fair creatures and white, and took him by the arms and drew him up. And as this strife endured, this knight that saw these things returned to his body and knew not which of them vanquished. But this way we understand that the wicked deeds that he had done strove against the works of alms, for by them that drew him by the arms upward it appeared that he loved alms, and by the other that he had not perfectly lived against the sins of the flesh. The third manner of suffrages is the oblation and offering of the holy sacrament of the altar, which profiteth much to them that be departed, as it appeareth by many examples.

Like as Saint Gregory recounteth, in the fourth book of his Dialogues, that one of his monks named Justus when he came to his last end, he showed that he had hid three pieces of gold, and thereof sorrowed sore, and anon after he died. And then Saint Gregory commanded his brethren that they should bury his body in a dunghill, and the three pieces of gold with him, saying: Thy money be to thee in perdition. Nevertheless, Saint Gregory commanded one of his brethren to say for him every day mass, thirty days long, and so he did. And when he had accomplished his term, the monk that was dead appeared on the thirtieth day to one which demanded how it was with him, and he answered to him: I have been evil at ease unto this day, but now I am well. I have this day received communion, and thie sacrifice of the altar profiteth not only to them that be dead, but also to them that be living in this world. It happed there was a man which was with others, laboured in a rock for to dig for silver, and suddenly the rock fell on them and slew them all save this one man, which was saved in a crevice of the rock, but for all that he might not issue ne go out, and his wife supposed that he had been dead, and did do sing every day a mass for him, and bare every day to the offering a loaf and a pot of wine and a candle. And the devil which had envy thereat appeared three days continually to this woman in form of a man, and demanded her whither she went, and when she had said to him, he said to her: Thou goest in vain, for the mass is done. And thus she left the mass three days that she did not sing for him. And after this another man digged in the same rock for silver, and heard under this the voice of this man, which said to him: Smite softly and spare thine hand, for I have a great stone hanging over my head. And he was afeard, and called more men to him for to hear this voice, and began to dig again, and then they heard semblably that voice, and then they went more near and said: Who art thou? And he said: I pray you to spare your smiting, for a great stone hangeth over my head. And then they went and digged on that one side till that they came to him and drew him out all whole. And they enquired of him in what manner he had so long lived there. And he said that every day was brought to him a loaf, a pot of wine, a candle, save these three days. And when his wife heard that, she had great joy, and knew well that he had been sustained of her offering, and that the devil had deceived her that she had do sing no mass those three days.

And as Peter, the abbot of Cluny, witnesseth and saith that, in the town of Ferrara in the diocese of Grationopolitana, that a mariner was fallen into the sea by a tempest, and anon a priest sang mass for him, and at the last he came out of the sea all safe. And when he was demanded how he escaped, he said that when he was in the sea and almost dead, there came to him a man which gave to him bread, and when he had eaten he was well comforted, and recovered his strength, and was taken up of a ship that passed by. And that was found that it was the same time that the priest offered to God the blessed sacrament for him. And the fourth manner of suffrages that profiteth to them that be dead is fasting. Saint Gregory, in speaking of this matter and of three others, witnesseth it and saith: The souls of them that be departed be assoiled in four manners, by the oblation of priests, by the prayers of saints, by the alms of friends, and by the fastings of their kinsmen.

That the penance done for them by their friends is available to them, is showed by a solemn doctor which rehearseth that, there was a woman which had her husband dead, and she was in great despair for poverty. And the devil appeared to her, and said that he would make her rich if she would do as he would say to her, and she promised to do it. And he enjoined her that the men of the church that she should receive into her house, that she should make them do fornication. Secondly, that she should take into her house by daytime poor men, and in the night drive them out void, and having nothing. Thirdly, that she should in the church let prayers by her jangling, and that she should not confess her of none of all these things. And at the last, as she approached towards her death, her son warned her to be confessed, and she discovered to him what she had promised, and said that she might not be shriven, and that her confession should avail her nothing. But her son hasted her, and said he would do penance for her. She repented her, and sent for to fetch the priest, but tofore ere the priest came, the devils ran to her and she died by the horribleness of them. Then the son confessed the sin of the mother and did for her seven years penance, and that accomplished he saw his mother, and she thanked him of her deliverance. And in likewise avail the indulgences of the church.

It happed that a legate of the pope prayed a noble knight, that he would make war in the service of the church and ride to the Albigeois, and he would therefor give pardon to his father which was dead. And the knight rode forth, and abode there a whole Lent, and that done his father appeared to him more clear than the day, and thanked him for his deliverance. And as to the third, that is to say for whom the suffrages be done, there be four things to be considered. First, who be they to whom it may profit; secondly, wherefore it ought to profit them; thirdly, it must be known if it profit to all equally; fourthly, how they may know the suffrages that be done for them. As to the first, who be they to whom the suffrages may profit ? It is to be known, as Saint Austin saith: That all they that depart out of this world, or they be right good or right evil, or between both. Then the suffrages that be done for the good, be for to yield thankings for them. And they that be done for the evil, be some comfort to them that live. And they that be done for them that be middle and between both, they be cleansings to them. And they that be right good be they that an anon fly to heaven, and be quit of the fire of purgatory and of hell also. And there be three manners of this people; that be, children baptized, martyrs, and perfect men, these be they that perfectly maintained the love of God, the love of his neighbour, and good works, and thought never to please the world but to God only. And if they had done any venial sin, it was anon put away by the love of charity, like as a drop of water in a furnace, and therefore they bear nothing with them that ought to be burnt. And who that prayeth for any of these three manner people, or doth any suffrages for them, he doth to them wrong. For Saint Augustine saith: He doth wrong that prayeth for a martyr, but if one pray for one that is right good, of whom he doubteth that he be in heaven, then of his orisons be given thankings, and they come to the profit of him that prayeth, like as David saith: My prayer shall be turned into my bosom. And to these manner of people is the heaven anon open when they depart, ne they feel no fire of purgatory, and this is signfied to us by the three to whom the heaven was opened. It was first opened to Jesu Christ when he was baptized and praying, by which is signified that the heaven is open to them that be baptized, be they young or aged, if they die, anon they flee into heaven. For baptism is cleansing of all original sin and mortal, by the virtue of the passion of Jesu Christ. Secondly, it was opened to Saint Stephen when he was stoned, whereof it is said in the Acts of the Apostles: I see the heavens open. And in this is signified that it is open to all martyrs, and they flee anon to heaven as soon as they depart. Thirdly, it was open to Saint John the Evangelist, which was right perfect, whereof is said in the Apocalypse: I beheld, and lo! the door was open in heaven. By which it appeared that it is open to perfect men that have all accomplished their penance, and have in them no venial sins, or if any happen to be committed, anon it is consumed and extinct by the ardour of charity. And thus heaven is open to these three manner of people which enter lightly in for to reign perpetually. The right evil and wicked men be they that anon be plunged into the fire of hell, for whom if their damnation be known there ought no suffrages to be done for them, after that Saint Augustine saith: If I knew my father to be in hell I would no more pray for him than for the devil, but if any suffrages were done for a damned man, of whom were doubt that he so were, nevertheless they should not profit him to his deliverance, ne that is to say from the pains, ne to the mitigation of them, ne lessing of it, ne shorting of time. For as Job saith: In hell is no redemption. They that be middle good, be they that have with them something to be burnt and purged, that is to say wood, hay, and stubble, or else they that be surprised with death before they might have accomplished their penance in their life, nor they be not so good but that they need have suffrages of their friends, ne they be not so evil but that suffrages might profit and ease them. And the suffrages that be done for them be cleansings for them, and these be they to whom suffrages only may profit. And in doing such manner suffrages, the church is accustomed to observe three manner days, that is the seventh day, the thirtieth day, and the anniversary. And the reason of these three days is assigned in the book of office. The seventh day is kept and observed that the souls should come to the Sabbath of everlasting rest, or because that all the sins that they have committed in their life be forgiven, which they have done by seven days, or that all the sins that they have committed in their body, which is made of four complexions, and in their soul, in which be three powers, may be forgiven. The trental is kept, which is in three dizains, that they may be purged of all such things as they have sinned in the Trinity and breaking of the ten commandments. The anniversary is observed, that they come from the years of calamity and maleurty unto the years of perdurability. And like as we solemnise every year the feast of a saint to their honour and our profit, right so we observe the anniversary of them that be dead unto their profit and our devotion. Of the second, that is wherefore the suffrages ought to profit to them, it is to wit that it ought to profit for three reasons. First, by reason of unity, for they be one body with them of the church militant, and therefore their goods ought to be common; secondly, by reason of dignity, by which they deserved when they lived that these suffrages should profit them. For they help other, and it is reason that they be holpen that have holpen other. Thirdly, by reason of necessity, for they be in the state in which they may not help themselves. As to the third, it is to wit if it profit to all equally. It is to wit that the suffrages, if they be done for some in special, they profit more to them for whom they be made than for others; and if they be done for the common, they profit more to them that have deserved most in this life; and if they be made equal, it profiteth them that have most need. Fourthly, that is to wit, if they know the suffrages that be done for them. After Saint Augustine they may know it by three manners: first, by divine revelation, that is when our Lord showeth to them such thing; secondly, by manifestation of good angels, which be always here with us, and consider all that we do, and may incontinent descend to them and anon show it to them. Thirdly, by intimation of souls that go hence and go thither, for the souls that go from hence out of this world may well tell such things and others. Fourthly, nevertheless they may know it by experience and by revelation, for when they feel themselves alleged and relieved of their pain, they know well that some suffrages have been done for them. Thirdly, it is to wit by whom these suffrages be made. That is to wit, that if these suffrages should profit, it behoveth that they be done by them that be in charity, for if they be done by evil and sinful persons, they may not profit to them. Whereof is read that when a knight lay in his bed with his wife, and the moon shone right clear which entered in by the crevices, he marvelled much wherefore man which was reasonable obeyed not to his Maker, when the creatures not reasonable obeyed to him. And then began to say evil of a knight which was dead, and had been familiar with him; and then this knight, ot whom they so talked, entered into the chamber and said to him: Friend, have none evil suspicion of any man, but pardon me if I have trespassed to thee. And when he had demanded him of his state, he answered: I am tormented of divers torments and pains, and especially because I defouled the churchyard and hurt a man therein, and despoiled him of his mantle which he ware, which mantle I bear on me and is heavier than a mountain. And then he prayed the knight that he would do pray for him. And then he demanded if he would that such a priest should pray for him, or such one, and the dead man wagged his head, and answered not, as he would not have him. Then he asked of him if he would that such a hermit should pray for him, and then the dead man answered: Would God that he would pray for me. And the living knight promised that he should pray for him, and then the dead man said: And I say to thee that this day two years thou shalt die, and so vanished away. And this knight changed his life into better and at the day slept in our Lord. That which is said, that suffrages done by evil men may not profit but if they be works sacramental, as is the celebration of the mass, for that may not be defouled of an evil minister. Or else if he that is dead left any goods to dispose by some evil man, and should anon have disposed them and did not, like as it is read that it happed:

As Turpin the archbishop of Rheims saith, that there was a noble knight that was in the battle with Charles the Great for to fight against the Moors, and prayed one that was his cousin that if he died in battle, that he should sell his horse and give the price thereof to poor people. And he died, and that other desired the horse and retained it for himself. And a little while after, he that was dead appeared to that other knight, shining as the sun, and said to him: Cousin, thou hast made me to suffer pain eight days in purgatory, because thou gavest not the price of my horse to poor people, but thou shalt not escape away unpunished. This day devils shall bear thy soul into hell, and I being purged go into the kingdom of heaven. And suddenly was a great cry heard in the air, as of bears, lions, and wolves, which bare him away. Then let every executor beware that he execute well the goods of them that they have charge of, and to beware by this ensample heretofore written, for he is blessed that can beware by other men’s harms. And let us also pray diligently for all christian souls, that by the moyen of our prayers, alms, and fastings, they may be eased and lessed of their pains. Amen.

SOURCE : https://catholicsaints.info/the-golden-legend-the-commemoration-of-all-souls/

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Rattenberg (Tyrol). Saint Augustine church - Altarpainting ( 1770 ) by Johann Michael Greiter showing Madonna offering Saint Monica her belt.

Rattenberg (Tirol). Augustinerkirche - Altargemälde ( 1770 ) von Johann Michael Greiter: Die Madonna reicht der heiligen Monika ihren Gürtel.


November 2

All Souls; or, the Commemoration of the Faithful Departed

BY purgatory, no more is meant by Catholics than a middle state of souls; viz., of purgation from sin by temporary chastisements, or a punishment of some sin inflicted after death, which is not eternal. 1 As to the place, manner, or kind of these sufferings, nothing has been defined by the church; and all who, with Dr. Deacon, except against this doctrine, on account of the circumstance of a material fire, 2 quarrel about a mere scholastic question in which a person is at liberty to choose either side. This doctrine of a state of temporary punishment after death for some sins, is interwoven with the fundamental articles of the Christian religion. For, as eternal torments are the portion of all souls which depart this life under the guilt of mortal sin, and everlasting bliss of those who die in a state of grace, so it is an obvious consequence that among the latter, many souls may be defiled with lesser stains, and cannot enter immediately into the joy of the Lord. Repentance may be sincere, though something be wanting to its perfection; some part of the debt which the penitent owes to the Divine Justice may remain uncancelled, as appears from several instances mentioned in the holy scriptures, as of David, 3 of the Israelites in the wilderness, 4 of Moses and Aaron, 5 and of the prophet slain by a lion, 6 which debt is to be satisfied for either in this life or in the next. Certainly, some sins are venial, which deserve not eternal death; yet if not effaced by condign penance in this world, must be punished in the next. Every wound is not mortal; nor does every small offence totally destroy friendship. The scriptures frequently mention these venial sins, from which ordinarily the just are not exempt, who certainly would not be just if these lesser sins into which men easily fall by surprise, destroyed grace in them, or if they fell from charity. 7 Yet the smallest sin excludes a soul from heaven so long as it is not blotted out. Nothing which is not perfectly pure and spotless can stand before God, who is infinite purity and sanctity, and cannot bear the sight of the least iniquity. Whence it is said of heaven: There shall in no wise enter into it anything defiled. 8 It is the great employment of all the saints or pious persons here below by a rigorous self-examination to try their actions and thoughts, and narrowly to look into all the doublings and recesses of their hearts; continually to accuse and judge themselves, and by daily tears of compunction, works of penance, and the use of the sacraments, to correct all secret disorders, and wipe away all filth which their affections may contract. Yet who is there who keeps so constant a guard upon his heart and whole conduct as to avoid all insensible self-deceptions? Who is there upon whose heart no inordinate attachments steal; into whose actions no sloth, remissness, or some other irregularity ever insinuates itself? Or whose compunction and penance is so humble and clear-sighted, so fervent and perfect, that no lurking disorder of his whole life escapes him, and is not perfectly washed away by the sacred blood of Christ, applied by these means or conditions to the soul? Who has perfectly subdued and regulated all his passions, and grounded his heart in perfect humility, meekness, charity, piety, and all other virtues, so as to bear the image of God in himself, or to be wholly and perfect even as he is, without spot? Perhaps scarcely in any moment of our lives is our intention or motive so fervent, and so pure or exempt from the least imperceptible sinister influence and mixture of sloth, self-complacency, or other inordinate affection or passion; and all other ingredients or circumstances of our action so perfect and holy, as to be entirely without failure in the eyes of God, which nothing can escape. Assiduous conversation with heaven, constant watchfulness, self-denial, and a great purity of heart, with the assistance of an extraordinary grace, give the saints a wonderful light to discover and correct the irregularities of their affections. Yet it is only by the fervent spirit and practice of penance that they can be purified in the sight of God.

The Blessed Virgin was preserved by an extraordinary grace from the least sin in the whole tenour of her life and actions; but, without such a singular privilege, even the saints are obliged to say that they sin daily; but they forthwith rise again by living in constant compunction and watchfulness over themselves. 9 Venial sins of surprise are readily effaced by penance, as we hope of the divine mercy: even such sins which are not discovered by us, are virtually repented of by a sincere compunction, if it be such as effectually destroys them. Venial sins of malice, or committed with full deliberation, are of a different nature, far more grievous and fatal, usually of habit, and lead even to mortal sin. Those Christians who shun these more wilful offences, yet are not very watchful over themselves, and labour not very strenuously in subduing all their passions, have just reason to fear that some inordinate affections taint almost the whole body of their actions, without being sufficiently repented of. And the very best Christians must always tremble at the thought of the dreadful account they have to give to God for every idle word or thought. No one can be justified before God but by his pure and free mercy. But how few even among fervent Christians bring, by his grace, the necessary conditions of cleanness and disengagement of heart and penance, in so perfect a manner as to obtain such a mercy, that no blemishes or spots remain in their souls? Hence a saint prayed: Enter not into judgment with thy servant; for in thy sight shall no man living be justified. 10 No soul which leaves this world defiled with the least stain, or charged with the least debt to the Divine Justice, can be admitted in the kingdom of perfect purity and unspotted sanctity, till she be perfectly   purged and purified. Yet no man will say, that a venial sin which destroys not sanctifying grace, will be punished with eternal torments. Hence there must be a relaxation of some sin in the world to come, as is sufficiently implied, according to the remark of St. Austin, in these words of Christ, where he says, that the sin against the Holy Ghost shall not be forgiven in this world, nor in the world to come. 11 Christ, exhorting us to agree with our adversary or accuser by appeasing our conscience, mentions a place of punishment out of which souls shall be delivered, though not before they shall have paid the last farthing. 12 St. Paul tells us, 13 that he whose work shall abide the trial, shall be rewarded; but he who shall have built upon the foundation (which is Christ or his sanctifying grace) wood, hay, or stubble, or whose imperfect and defective works shall not be able to stand the fiery trial, shall be saved, yet so as by fire. The last sentence in the general judgment only mentions heaven and hell, which are the two great receptacles of all men, both the good and bad, for eternity, and after the last judgment there will be no purgatory. It is also very true of every man at his death that on whatever side the tree falls, on that it shall always lie; the doom of the soul is then fixed for ever either to life or death: but this excludes not a temporary state of purgation before the last judgment, through which some souls enter into everlasting life. This doctrine of a purgatory will be more evidently proved from the following demonstration of the Catholic practice of praying for the souls of the faithful departed.

The church of Christ is composed of three different parts: the triumphant in heaven, the militant on earth, and the patient or suffering in purgatory. Our charity embraces all the members of Christ. Our love for him engages and binds us to his whole body, and teaches us to share both the miseries and afflictions, and the comforts and blessings of all that are comprised in it. The communion of saints which we profess in our creed, implies a communication of certain good works and offices, and a mutual intercourse among all the members of Christ. This we maintain with the saints in heaven by thanking and praising God for their triumphs and crowns, imploring their intercession, and receiving the succours of their charitable solicitude and prayers for us: likewise with the souls in purgatory, by soliciting the divine mercy in their favour. Nor does it seem to be doubted but they, as they are in a state of grace and charity, pray also for us; though the church never addresses public suffrages to them, not being warranted by primitive practice and tradition so to do. That to pray for the faithful departed is a pious and wholesome charity and devotion, is proved clearly from the Old Testament, and from the doctrine and practice of the Jewish synagogue. The baptisms or legal purifications which the Jews sometimes used for the dead, demonstrate their belief that the dead receive spiritual succours from the devotion of the living. 14 In the second book of the Machabees 15 it is related, that Judas the Machabee sent twelve thousand drachms of silver to the temple for sacrifices to be offered for the dead, thinking well and religiously concerning the resurrection. It is therefore a holy and a wholesome thought to pray for the dead, that they may be loosed from their sins. This book is ranked among the canonical scriptures by the apostolical canons, Tertullian, St. Cyprian, St. Hilary, St. Ambrose, St. Austin, the third council of Carthage, &c. Some ancients call it apocryphal, meaning that it was not in the Hebrew canon compiled by Esdras, it being written after his time: and Origen and St. Jerom, who give it that epithet, sometimes quoted it as a divine authority. The Catholic church admits the deutero-canonical books of those which were compiled after the time of Esdras, as written equally by divine inspiration. If some among the ancients doubted of them before tradition in this point had been examined and cleared, several parts of the New Testament which are admitted by Protestants, have been no less called in question. Protestants, who at least allow this book an historical credit, must acknowledge this to have been the belief and practice of the most virtuous and zealous high-priest, of all the priests and doctors attached to the service of the temple, and of the whole Jewish nation: and a belief and custom which our Blessed Redeemer no where reprehended in them. Whence the learned Protestant, Dr. Jeremy Taylor, writes thus: 16 “We find by the history of the Machabees, that the Jews did pray and make offerings for the dead, which appears by other testimonies, and by their form of prayer still extant, which they used in the captivity. Now it is very considerable, that since our Blessed Saviour did reprove all the evil doctrines and traditions of the Scribes and Pharisees, and did argue concerning the dead and the resurrection, yet he spoke no word against this public practice, but left it as he found it; which he who came to declare to us all the will of his Father, would not have done, if it had not been innocent, pious, and full of charity. The practice of it was at first, and was universal: it being plain in Tertullian and St. Cyprian,” &c

The faith and practice of the Christian church from the beginning is manifest from the writings of the primitive fathers. In all ancient liturgies (or masses) express mention is made of prayer and sacrifice for the dead. 17 St. Cyril of Jerusalem, expounding to the catechumens the several parts of the liturgy, says, 18 that in it we pray for the emperor and all the living: we also name the martyrs and saints to commend ourselves to their prayers; then mention the faithful departed to pray for them. “We remember,” says he, “those that are deceased, first the patriarchs, apostles, and martyrs, that God would receive our supplications through their prayers and intercession. Then we pray for our fathers and bishops, and in general for all among us who are departed this life, believing that this will be the greatest relief to them for whom it is made whilst the holy and tremendous victim lies present.” These words of this father are quoted by Eustratius, in the sixth age, and by Nico the Monk. 19 St. Cyril goes on, and illustrates the efficacy of such a prayer by the comparison of a whole nation which, in a joint body, should address their king in favour of persons whom he should have banished, offering him at the same time a crown. “Will not he,” says the father, “grant them a remission of their banishment? In like manner, we, offering our prayers for the dead, though they are sinners, offer not a crown, but Christ sacrificed for our sins, studying to render the merciful God propitious to us and to them.” Arnobius, speaking of our public liturgies, says: 20 “In which peace and pardon are begged of God for kings, magistrates, friends, and enemies, both the living and those who are delivered from the body.” In the Apostolical Constitutions is extant a very ancient fragment of a liturgy, from which Grabe, Hicks, and Deacon borrow many things for their new models of primitive liturgies, and which Whiston pretended to rank among the canonical scriptures. In it occurs a prayer for the dead: “Let us pray for those who are departed in peace.” 21 There is no liturgy used by any sect of Oriential Christians though some have been separated from the communion of the church ever since the fifth or sixth centuries, in which prayer for the dead does not occur. 22 The most ancient fathers frequently speak of the offering the holy sacrifice of the altar for the faithful departed. Tertullian, the oldest among the Latin Christian writers, mentioning certain apostolical traditions, says: “We make yearly offerings (or sacrifices) for the dead, and for the feasts of the martyrs.” 23 He says, “that a widow prays for the soul of her deceased husband, and begs repose for him, and his company in the first resurrection, and offers (sacrifice) on the anniversary days of his death. For if she does not these things, she has, as much as lies in her, divorced him.” 24 St. Cyprian mentions the usual custom of celebrating sacrifice for every deceased Christian. 25 Nor can it be said that he speaks in the same manner of martyrs. The distinction he makes is evident: 26 “It is one thing to be cast into prison not to be released till the last farthing is paid, and another thing through the ardour of faith, immediately to attain to the reward: it is very different by long punishment for sin to be cleansed a long time by fire, and to have purged away all sin by suffering.” St. Chrysostom reckons it amongst the dreadful obligations of a priest, “that he is the intercessor to God for the sins both of the living and the dead.” 27 In another place he says: “It is not in vain that in the divine mysteries we remember the dead, appearing in their behalf, praying the Lamb who has taken away the sins of the world, that comfort may thence be derived upon them. He who stands at the altar, cries not out in vain: Let us pray for them who have slept in Christ. Let us not fail to succour the departed; for the common expiation of the world is offered.” 28 The Protestant translators of Du Pin observe, that St. Chrysostom, in his thirty-eighth homily on the Philippians, says, that to pray for the faithful departed in the tremendous mysteries was decreed by the apostles. 29 Mr. Thorndike, a Protestant theologian, says: 30 “The practice of the church of interceding for the dead at the celebration of the eucharist, is so general and so ancient, that it cannot be thought to have come in upon imposture, but that the same aspersion will seem to take hold of the common Christianity.” Prayer for the faithful departed is mentioned by the fathers on other occasions. St. Clement of Alexandria, who flourished in the year 200, says, that by punishment after death men must expiate every the least sin, before they can enter heaven. 31 The vision of St. Perpetua is related by St. Austin, and in her acts. 32 Origen in many places, 33 and Lactantius, 34 teach at large, that all souls are purged by the punishment of fire before they enter into bliss, unless they are so pure as not to stand in need of it.

To omit others, St. Austin expounds those words of the thirty-seventh psalm, Rebuke me not in thy fury, of hell; and those which follow: Neither chastise me in thy wrath, of purgatory, as follows: “That you purify me in this life, and render me such that I may not stand in need of that purging fire.” 35 In his Enchiridion 36 he says: “Nor is it to be denied that the souls of the departed are relieved by the piety of their living friends, when the sacrifice of the Mediator is offered for them, or alms are given in the church. But these things are profitable to those who, whilst they lived, deserved that they might avail them. There is a life so good, as not to require them; and there is another so wicked, that after death it can receive no benefit from them. When, therefore, the sacrifices of the altar or alms are offered for all Christians, for the very good they are thanksgivings; they are propitiations for those who are not very bad. For the very wicked, they are some kind of comfort to the living.” This father teaches that a funeral pomp and monument are comforts of the living, but no succour of the dead; but that prayer, sacrifices, and alms relieve the departed. 37 He repeats often that sacrifice is offered in thanksgiving to God for martyrs, but never for their repose. “It is an injury,” says he, “to pray for a martyr, to whose prayers we ought to be ourselves recommended.” 38 And again: “You know in what place (of the liturgy) the martyrs are named. The church prays not for them. She justly prays for other deceased persons, but prays not for the martyrs, but rather recommends herself to their prayers.” This he often repeats in other places. St. Austin, 39 and St. Epiphanius, 40 relate, that when Aërius, an impious Arian priest, denied suffrages for the dead, this heresy was condemned by the universal church. How earnestly St. Monica on her death-bed begged the sacrifices and prayers of the church after her departure, and how warmly St. Austin recommended the souls of his parents to the prayers of others is related in their lives. 41

The like earnest desire we discover in all ancient Christians and saints. St. Ephrem in his testament entreats his friends to offer for him, after his departure, alms, prayers, and oblations, (or masses,) especially on the thirtieth day. 42 St. Athanasius tells Constantius, that he had prayed earnestly for the soul of that emperor’s deceased brother Constans. 43 Eusebius relates, 44 that Constantine the Great would be buried in the porch of the church of the apostles, “that he might enjoy the communication of the holy prayers, the mystical sacrifice, and the divine ceremonies.” The same historian testifies, 45 that after his death, “numberless multitudes poured forth prayers to God with sighs and tears for the soul of the emperor, repaying a most grateful office to their pious prince. St. Paulinus upon his brother’s death wrote to his friends, earnestly recommending him to their prayers, that by them his poor soul amidst scorching flames might receive the dew of refreshment and comfort.” 46 St. Ambrose, writing to one Faustinus, who grieved immoderately for the death of his sister, says: “I do not think your sister ought to excite your tears, but your prayers; nor that her soul is to be dishonoured by weeping, but rather recommended to God by sacrifices.” 47 In his funeral oration on the great Theodosius he prays thus: “Give perfect rest to thy servant Theodosius.” 48 And again: “I loved him; therefore I follow him unto the country of the living. Neither will I forsake him till by tears and prayers I shall bring the man whither his merits call him, unto the holy mountain of the Lord.” 49 He mentions the most solemn obsequies and sacrifices on the thirtieth, sometimes fortieth day; 50 for so long they were continued: but, on third, seventh, and thirtieth days with particular solemnity. 51 St. Gregory the Great mentions that he having ordered thirty masses to be sung for a monk named Justus, on the thirtieth day after the last mass was said Justus appeared to Copiosus his provost, and said: “I was in pain, but now am well.”

It appears from Ven. Bede’s history, and the account of his death, 52 also from a great number of letters of St. Boniface, St. Lullus, 53 and others, how earnest and careful our ancestors were, from their conversion to the faith, in mutually desiring and offering sacrifices and prayers for their deceased brethren, even in distant countries. In the foundations of churches, monasteries, and colleges, in pious instruments of donations, charters, sepulchral monuments, accounts of funerals, or last wills and testaments, as high as any extant, from the time of Constantine the Great, especially from the sixth and seventh ages downwards, 54 mention is usually made of prayer for the dead. In the great provincial council of all the bishops subject to the metropolitical see of Canterbury, held at Cealchythe or Celchythe, by Archbishop Wulfred, in presence of Kenulf, king of Mercia, with his princes and great officers in 816, it was enacted: 55 “As soon as a bishop is dead, let prayers and alms forthwith be offered. At the sounding of a signal in every church throughout our parishes 56 let every congregation of the servants of God meet at the basilic,   and there sing thirty psalms together, for the soul of the deceased. Afterwards let every prelate and abbot sing six hundred psalms, and cause one hundred and twenty masses to be celebrated, and set at liberty three slaves, and give three shillings to every one of them: and let all the servants of God fast one day. And for thirty days after the canonical hours are finished in the assembly, let seven Belts of Pater Nosters 57 also be sung for him. And when this is done let the Obit be renewed on the thirtieth day (i. e. Dirge and mass sung with the utmost solemnity.) And let them act with as much fidelity in this respect in all churches as they do by custom for the faithful of their own family, by praying for them, that by the favour of common intercession, they may deserve to receive the eternal kingdom, which is common to all the saints.” What was here ordered for bishops was customary in each family for their own friends, sacrifices being continued for thirty days: doles distributed, which were alms for the repose of the departed soul; and beadsmen and beadswomen for alms received were obliged to say the beads daily at the tomb of the deceased person; monuments of which are found on many ancient grave-stones, and in the old writings of all our churches, where such things have escaped the injuries of the times. St. Odilo, abbot of Cluni in 998, instituted the Commemoration of all the faithful departed in all the monasteries of his Congregation, on the 1st of November; which was soon adopted by the whole western church. The council of Oxford in 1222, declared it a holiday of the second class, on which certain necessary and important kinds of work were allowed. Some diocesses kept it a holiday of precept till noon: only those of Vienne and Tours and the Order of Cluni the whole day: in most places it is only a day of devotion. 58 The Greeks have long kept on Saturday seven-night before Lent, and on Saturday before Whitsunday the solemn commemoration of all the faithful departed; but offer up mass every Saturday for them. 59

It is certainly a holy and wholesome thought to pray for the dead. 60 Holy and pious because most acceptable to God, to whom no sacrifices are more honourable and pleasing than those of charity and mercy, especially spiritual, and when offered to persons most dear to him. The suffering souls in purgatory are the chosen heirs of heaven, the eternal possession of which kingdom is secured to them, and their names are now written there amongst its glorious princes. God most tenderly loves them, declares them his spouses, enriches them with the precious gifts and ornaments of his grace, and desires to shower down upon them the torrents of his delights, and disclose to them the light of his glory. Only his justice opposes and obliges him to detain them in this distant banishment, and in this place of torments till their debts are discharged to the last farthing. Such is his hatred of the least sin; and such is the opposition which the stain of sin bears to his infinite justice and sanctity. Yet his tender mercy recommends them to the charitable succours which we, as their fellow-members in Christ, have in our power to afford them, and he invites us to appease his anger by interposing our prayers in order to avert from them the weight of his justice. If a compassionate charity towards all who are in any distress, even towards the most flagitious, and those who only labour under temporal miseries and necessities, be a most essential ingredient of a Christian spirit; and that in which the very soul of religion and piety towards God consists: if the least alms given to the poor be highly rewarded by him, will he not exceedingly recompense our charity to his friends and most beloved children, in their extreme necessity? All works of mercy draw down his most abundant graces, and will be richly repaid by Him, who at the last day will adjudge the immortal crowns of his glory to this virtue; but except the leading others to God by our instructions and prayers, what charity, what mercy can we exercise equal to this of succouring the souls in purgatory? A charity not less wholesome and profitable both to them and to ourselves, than pious in itself, and honourable to God. If we consider who they are, and what they suffer, we shall want no other motives to excite us to fervour in it. They are all of them our fellow-members in Jesus Christ. We are united with them by the bands of sincere charity, and by the communion of saints. Every one of them is that brother whom we are bound to love as ourselves. The members of one and the same body conspire mutually to assist one another, as the apostle puts us in mind; so that if one of these members suffers, the others suffer with it; and if one be in honour, the others rejoice with it. If our foot be pricked with a thorn, the whole body suffers with it, and all the other members set themselves at work to relieve it. So ought we in our mystical body. It would be impious and cruel to see a brother in the flames, and not to give him a hand, or afford him some refreshment if we can do it. The dignity of these souls more strongly recommends them to our compassion, and at the same time to our veneration. Though they lie at present at a distance from God, buried in frightful dungeons, under waves of fire, they belong to the happy number of the elect. They are united to God by his grace; they love him above all things, and amidst their torments never cease to bless and praise him, adoring the severity of his justice with perfect resignation and love.

These of whom we speak are not damned souls, enemies of God, separated or alienated from him: but illustrious conquerors of the devil, the world, and hell; holy spirits laden with merits and graces, and bearing the precious badge of their dignity and honour by the nuptial robe of the Lamb with which by an indefeasible right they are clothed. They are the sons of God, heirs of his glory, and saints. Yet they are now in a state of suffering, and endure greater torments, than it is possible for any one to suffer, or for our imagination to represent to itself, in this mortal life. They suffer the privation of God, says the council of Florence, the most dreadful of all torments. No tongue can express what a cruel pain this is to a soul separated from the body, impetuously desiring to attain to God, her centre. She seems just enjoying him, attracted by his infinite charms, and carried towards him by a strong innate bent not to be conceived: yet is violently repelled and held back. Whence the poor soul suffers an incomprehensible agony and torment. It is also the opinion of St. Austin and other learned fathers, founded in the words of St. Paul, and the traditionary authority of eminent prelates of the first ages, that they also suffer a material fire like that of hell, which, being created merely for an instrument of the divine vengeance, and blown up by the anger of God, with the most piercing activity torments even spirits not clothed with bodies, as our souls in this life feel the pain of the corporeal senses by the natural law of their union with our bodies. Though it be no article of faith, that the fire here spoken of is not metaphorical, to express the sharpness of these torments, yet that it is real and material is the most probable opinion, grounded on the most venerable authority. “The same fire torments the damned in hell and the just in purgatory,” says St. Thomas; 61 who adds: 62 “The least pain in purgatory exceeds the greatest in this life.” St. Austin speaks to this point as follows: 63 “It is said, He will be saved, at it were, by fire. Because it is said, He will be saved, that fire is contemned. Yet it will be more grievous than whatever a man can suffer in this life. You know how much wicked men have suffered here, and can suffer. Good men may undergo as much; and what did any malefactor ever endure which martyrs have not suffered for Christ? All these torments are much more tolerable. Yet see how men do all things rather than suffer them. How much more reason have they to do what God commands them, that they may escape his torments!” Venerable Bede says: “Purgatory fire will be more intolerable than all the torments that can be felt or conceived in this life.” Which words are but a repetition of what St. Cæsarius of Arles had written before to this purpose. 64 “A person,” says he, “may say, I am not much concerned how long I remain in purgatory, provided I may come to eternal life. Let no one reason thus. Purgatory fire will be more dreadful than whatever torments can be seen, imagined, or endured in this world. And how does any one know whether he will stay days, months, or years? He who is afraid now to put his finger into the fire, does he not fear lest he be then all buried in torments for a long time? Do we think that God can find torments in nature sufficient to satisfy his provoked vengeance? No, no. He creates new instruments more violent, pains utterly inconceivable to us.” 65 A soul for one venial sin shall suffer more than all the pains of distempers, the most violent colics, gout, and stone joined in complication; more than all the most cruel torments undergone by malefactors, or invented by the most barbarous tyrants; more than all the tortures of the martyrs summed up together. This is the idea which the fathers give us of purgatory. And how long many souls may have to suffer there we know not.

The church approves perpetual anniversaries for the dead; for some souls may be detained in pains to the end of the world, though after the day of judgment no third state will any longer subsist: God may at the end of the world make the torments of souls which have not then satisfied his justice so intense in one moment that their debts may be discharged. For we know that he will exact a satisfaction to the last farthing. How inexorable was he in punishing his most faithful servant Moses for one small offence! 66 How inflexible with regard to David 67 and other penitents! nay, in the person of his own divine Son! 68 This, even in the days of his mercy; but, after death, his justice is all rigour and severity, and can no longer be mitigated by patience. A circumstance which ought particularly to excite our compassion for these suffering souls is, that these holy and illustrious prisoners and debtors to the divine justice, being no longer in the state of meriting, are not able in the least to assist themselves. A sick man afflicted in all his limbs, and a beggar in the most painful and destitute condition has a tongue left to ask relief; the very sight of his sufferings cannot fail exciting others to pity, comfort, and succour him. At least he can implore heaven: it is never deaf to his prayers. But these souls have no resource but that of patience, resignation, and hope. God answers their moans, that his justice must be satisfied to the last farthing, and that their night is come in which no man can work. 69 But they address themselves to us, and not having a voice to be heard, they borrow that of the church and its preachers, who, to express their moans, and excite our compassion, cry out to us for them in the words of Job: Have pity upon me, have pity upon me, at least you my friends; for the hand of God hath smitten me. 70 Gerson, the pious and learned chancellor of Paris, represents them crying out to us as follows: 71 “Pray for us, Because we are unable to help ourselves. You who can do it, lend us your assistance. You who have known us on earth, you who have loved us, will you now forget and neglect us? It is commonly said, that a friend is tried in the day of need. What necessity can be equal to ours? Let it move your compassion. A hard heart shall fare ill at the last day. 72 Be moved by your own advantage,” &c.

Did we behold those dungeons open under our feet, or had we a view of the torments which these souls endure, how would this spectacle affect us! How would their pains alone speak to us more pathetically than any words! How would our eyes stream with tears, and our bowels be moved, to behold innumerable holy and illustrious servants of God, and our brethren in Christ, suffering “by wonderful, but real ways,” 73 more than our imagination can represent to itself! Here perhaps lies a parent, a brother, a bosom-friend and companion. For if we may be permitted to dive into the secrets of the divine judgments, we shall be persuaded that the number is very small of those that departing this life pass immediately to   glory without having some satisfaction to make, some debt to cancel. Who can flatter himself that his soul is so pure before God, as to have no unperceived irregular attachment or affection, no stain which he has not perfectly washed away? How rare is the grace for a soul to leave this infected region without the least spot: the judgments of God are hidden and unsearchable: but their very inscrutability makes us tremble. For we know that he will judge justices, and woe even to the commendable life of man if it be discussed according to the rigour of justice, as St. Austin says. Does not St. Peter assure us, that the just man himself will scarce be saved? If then we have lost any dear friends in Christ, whilst we confide in his mercy, and rejoice in their passage from the region of death to that of life, light, and eternal joy, we have reason to fear some lesser stains may retard their bliss. In this uncertainty why do not we earnestly recommend them to the divine clemency? Why do not we say with St. Ambrose in his funeral discourse on Valentinian the Younger, who was murdered in 392, at twenty years of age, whilst a Catechumen: 74 “Give the holy mysteries to the dead. Let us, with pious earnestness, beg repose for his soul. Lift up your hands with me, O people, that at least by this duty we may make some return for his benefits.” Afterwards joining with this emperor his brother Gratian who was dead before him in 383, he says: 75 “Both blessed, if my prayers can be of any force! No day shall pass you over in silence: no prayer of mine shall ever be closed without remembering you. No night shall pass you over without some vows of my supplications. You shall have a share in all my sacrifices. If I forget you let my own right hand be forgotten.” With the like earnestness this father offered the holy sacrifice for his brother Satyrus. 76 Perhaps the souls of some dear friends may be suffering on your account; perhaps for their fondness for us, or for sins of which we were the occasion by scandal, provocation, or otherwise; in which cases motives not only of charity, but also of justice call upon us to endeavour to procure them all the relief in our power.

If other motives have less weight with us, we certainly cannot be insensible to that of our own interest. What a comfort shall we find to eternity in the happy company of souls whose enjoyment of bliss we shall have contributed to hasten! What an honour to have ever been able to serve such holy and glorious saints! With what gratitude and earnestness will they repay the favour by their supplications for us, whilst we still labour amidst the dangers and conflicts of this world! When Joseph foretold Pharaoh’s chief butler the recovery of his dignity, he said to him: Remember me, when it shall be well with thee; and mention me to Pharaoh, that he may bring me out of this place. 77 Yet he remembered not Joseph, but forgot his fellow-sufferer and benefactor. Not so these pious souls, as St. Bernard observes: 78 only the wicked and depraved, who aro strangers to all feelings of virtue, can be ungrateful. This vice is far from the breasts of saints, who are all goodness and charity. Souls delivered and brought to glory by our endeavours will amply repay our kindness by obtaining divine graces for us. God himself will be inclined by our charity to show us also mercy, and to shower down upon us his most precious favours. Blessed are the merciful, for they shall obtain mercy. 79 By having shown this mercy to the suffering souls in purgatory, we shall be particularly entitled to be treated with mercy at our departure hence, and to share more abundantly in the general suffrages of the church, continually offered for all that have slept in Christ. The principal means by which we obtain relief for the suffering souls in purgatory are sacrifice, prayer, and almsdeeds. The unbloody sacrifice has always been offered for the faithful departed no less than for the living. 80 “It was not in vain,” says St. Chrysostom, 81 “that the apostles ordained a commemoration of the deceased in the holy and tremendous mysteries. They were sensible of the benefit and advantage which accrue to them from this practice. For, when the congregation stands with open arms as well as the priests, and the tremendous sacrifice is before them, how should our prayers for them not appease God? But this is said of such as have departed in faith.”

Note 1. See the Council of Trent, Sess. 25. Pope Pius IV’s Creed, Bossuet’s Exposition, and Catch. of Montp. [back]Note 2. Deacon, Tr. on Purgatory. [back]

Note 3. 2 Kings, or Samuel, xiv. 10 and 13, ib. xxiv. [back]

Note 4. Num. xiv. 20. [back]

Note 5. Num. xx. 24, Deut. xxxii. 51. [back]

Note 6. 3 Kings (or 1 Kings) xiii. [back]

Note 7. Prov. xiv. 16. James iii. 2. Matt. xii. 36. Matt. vi. 12. [back]

Note 8. Apoc. xxi. 27. [back]

Note 9. Prov. xxiv. 16. [back]

Note 10. Psalm cxliii. 2. [back]

Note 11. Matt. xii. 32, S. Aug. l. 21, de Civ. Dei, c. 13. [back]

Note 12. Matt. v. 27. [back]

Note 13. 1 Cor. iii. 13. On these texts see the Catechism of Montpellier, t. 2, p. 342, ed Latinæ. [back]

Note 14. 1 Cor. xv. 29. Ecclus. vii. 37. [back]

Note 15. 2 Mac. xii. 43, 46. [back]

Note 16. Dr. Jer. Taylor, Lib. of Proph., l. 1, sect. 20, n. 11, p. 345. [back]

Note 17. Beausobre, in his History of Manicheism, (l. 9, c. 3, not.) pretends that St. Cyril of Jerusalem had altered the liturgy on this article: but he is solidly refuted by the learned Henry a Porta, professor at Pavis, Append. ad traclat. de Purgat. Mediolani, 1758. [back]

Note 18. Catech. 19, n. 9, p. 328, ed. Ben. [back]

Note 19. See the notes of the Benedictins, ibid. [back]

Note 20. L. 4. adversus Gentes. [back]

Note 21. Constit. Apost. l. 8, c. 13. [back]

Note 22. See Le Brun, Litur. [back]

Note 23. L. de Cor. c. 3. [back]

Note 24. L. de Monog. c. 10. [back]

Note 25. Ep. 1, Ed. Oxon. See Fleury, t. 2, p. 273. [back]

Note 26. Ep. Cypr. ep. ad Antonian. Pam. et Baluzio 52, Fello 55. [back]

Note 27. De Sacerd. l. 6, p. 424, ed. Montfaucon. [back]

Note 28. Hom. 51, in 1 Cor. t. 10, p. 393. [back]

Note 29. Du Pin, Cent. 3, ed. Angl. S. Chrys. hom. 3, in Phil. t. 11, p. 217, ed Mont. [back]

Note 30. Just Weights and Measures, c. 16, p. 106. [back]

Note 31. Strom. l. 7, p. 794, 865. [back]

Note 32. See S. Aug. Serm. 280, p. 1134, her Life, 7 March, and Orsi Diss. de Actis SS. Perpet. et Felicit. [back]

Note 33. l. 5, contra Cels. p. 242, Hom. 28, in Num. Hom. 6 et 8, in Exod. &c. [back]

Note 34. Lactant. l. 7, Instit. c. 21. [back]

Note 35. S. Aug. in Ps. 37, n. 3, p. 295. [back]

Note 36. Enchir. c. 110, De Civ. Dei, l. 21, c. 24, l. de Curâ pro Mortuis, c. 4, et serm. 182, (ol. 32.) de verb, ap., where he says that prayer for the dead in the holy mysteries was observed by the whole church. [back]

Note 37. Serm. 182 (ol. 32) de verb. ap. t. 5, p. 827, et 1, de Curâ pro Mortuis, c. 1, et 18. [back]

Note 38. Serm. 159, fol. 17, de verb. ap. n. 1, t. 5, p. 765, ed. Ben. Serm. 284, p. 1143. [back]

Note 39. S. Aug. l. de hæres, c. 53. [back]

Note 40. S. Epiph. hær. 75, n. 3. [back]

Note 41. Conf. l. 9, c. 13, n. 36, &c. [back]

Note 42. T. 2. ed. Vatic., p. 230, 236. [back]

Note 43. S. Athan. Apol. ad Constant., t. 1, p. 300. [back]

Note 44. De Vitâ Const, l. 4, c. 60, p. 556. et c. 70, p. 562. [back]

Note 45. De Vitâ Const. l. 4, c. 71, p. 562. [back]

Note 46. S. Paulin. ep. 35, ad Delfin. p. 223, ep. 36, ad Amand. p. 224, &c. [back]

Note 47. S. Ambr. ep. 39, ad Faustin. t. 2, p. 944, ed Ben. [back]

Note 48. “Da requiem perfectam servo tuo Theodosio, requiem illam quam præparasti sanctis tuis.” n. 36, t. 2, p. 1207, ed. Ben. [back]

Note 49. “Dilexi, et ideo prosequor illum usque ad regionem vivorum; nec deseram donec fletu et precibus inducam virum quo sua merita vocant, in montem Domini sanctum.” ib. n. 37, p. 1208. See also his funeral oration on Valentinian, page 1193, t. 2. [back]

Note 50. S. Ambr. de Obitu Theodosii, n. 3, p. 1197, t. 2. [back]

Note 51. See Gavant, Comm. in Missal, par. 4, tit. 18, p. 275. Mention is made of these days, after the person’s death, by the Apost. Constit. l. 8, c. 42. Palladius in Lausiac. c. 26, &c. See on them Cotelier, not. in Constit. Apost. ib., and especially Dom Menard. in Concor. Regular, and in Sacram. S. Greg. [back]

Note 52. Dial. l. 4, c. 55, t. 2, p. 466. [back]

Note 53. See their lives. [back]

Note 54. See Fontanini, De Vindiciis Veterum Codicum; Miræus, Donat. Belg. and other Diplomatics, &c. [back]

Note 55. C. 10, ap. Spelman, Conc. Brit. vol. 1, p. 327, Johnson’s English Eccl. Laws and Canons, vol. 1, ad an. 816, Conc. Labbe, t. 7, p. 1489. [back]

Note 56. The first signals used in churches were a board or iron plate with holes, to be knocked with a hammer, &c., which is retained still among the Greeks, and in the latter part of Holy Week among the Latins. Bells were used in England before this time, (as appears from Bede, Hist. l. 4, c. 23, ad an. 680,) but not universally. [back]

Note 57. Beltidum Pater Noster. Belts of prayers mean, a certain number of studs fastened in belts or girdles like the strings of beads that are now in use. See Sir Henry Spelman’s Glossary, v. Beltis ed. novissimæ. [back]

Note 58. The Dies Iræ is ascribed by Bzovius (ad an. 1294) to cardinal Ursini or Frangipani: by others to Humbert, fifth general of the Dominicans, &c. The true author was probably some contemplative who desired to be unknown to the world. Mr. Crashaw, says Wharton, (Essay on Pope, p. 87,) has translated this piece very well, with a true poetical genius and fire; to which translation Lord Roscommon is much indebted, in his admired poem On the Day of Judgment. [back]

Note 59. Leo Allat. de Dom. p. 1462. Thomassin, Tr. des Fêtes, et Bened. XIV. De Festis SS. in Diœcesi Bononiensi. [back]

Note 60. 2 Mach. xii. 60. [back]

Note 61. S. Tho. Suppl. qu. 100, a. 2. [back]

Note 62. Ibid, n. 3. [back]

Note 63. S. Aug. in Ps. 37, t. 4, p. 295. [back]

Note 64. S. Cæsar. Hom. 1, p. 5, vel in app. Op. S. Aug. t. 5. [back]

Note 65. See Bourdaloue, Loriot, Le Rue, &c. [back]

Note 66. Deut. iii. 24, 25. [back]

Note 67. 2 Kings (Samuel) xxiv. 15. [back]

Note 68. Matt. xxvi. 36. [back]

Note 69. John ix. 4. [back]

Note 70. Job xix. 21. [back]

Note 71. Gerson, t. 3, p. 193. [back]

Note 72. Ecclus. iii. 26. [back]

Note 73. S. Aug. de Civ. 1. xxi. [back]

Note 74. S. Ambr. De Obitu Valent. n. 56, t. 2, p. 1189, ed. Bened. [back]

Note 75. S. Ambr. De Obitu Valent. n. 78, p. 1194. [back]

Note 76. De excessu fratris Satyri, n. 80. p. 1135. [back]

Note 77. Gen. xl. 11. [back]

Note 78. Serm. 5, in Fest. Omn. Sanct. n. 11. [back]

Note 79. Matt. v. 7. [back]

Note 80. See Card. Bona, Liturg. l. 2, c. 14. Le Brun, sur les Liturgies des quartres premiers siècles, t. 2, pp. 40, 41, 330, 364, 408, &c. [backNote 81. Hom. 3, in Phil. t. 11, p. 217. ed. Montfauc. [back]

Rev. Alban Butler (1711–73).  Volume XI: November. The Lives of the Saints.  1866.

SOURCE : https://www.bartleby.com/lit-hub/lives-of-the-saints/volume-xi-november/all-souls-or-the-commemoration-of-the-faithful-departed et : http://www.bartleby.com/210/11/021.html

 

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

 Andrea da Firenze, Ecclesia mllitans, Ecclesia poenitens et Ecclesia triumphans, affresco, 1365,  Basilica di Santa Maria Novella

Andrea da FirenzeThe Church Militant and the Church Triumphantfresque, 1365, Santa Maria Novella.

The Way of Salvation fresco is in the Spanish Chapel (Cappella Spagnuolo, or Guidalotti Chapel, after the patron) of the Spanish chapel.The black-cloaked figures are Dominican priests (the Blackfriars, the Order of Preachers, O.P.), and the black-and-white dogs are their symbol. (Founded by St. Dominic to preach against heresies, they were referred to as "domini canes", hounds of God.)

In the left foreground there is a group of about five dozen figures representing Christendom, and illustrating the religious and secular hierarchies. At the center are pope and emperor, and at their feet are black-and-white dogs protecting the sheep. The secular figures range from the emperor down to beggars and cripples. Behind them is the great Florentine Duomo, representing the Church. In the right foreground are three Dominican saints. (Their identification varies among sources.) St. Peter Martyr sends the dogs to round up lost sheep and fight off wolves.St. Dominic preaches to the people while St. Thomas debates heretics.

Behind the preachers, in the right middleground, there is a group of worldly pleasure-seekers (above Thomas and the heretics) and two more Dominican figures (above St. Peter and St. Dominic). The faithful are being blessed and ushered to the gate of Heaven, where St. Peter welcomes them. Above all is a scene of Christ in Majesty, with theemblems of the Evangelists. The overall composition, with the heretics on the right and faithful on the left, echoes many more conventional Judgment scenes

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

2 novembre

La pietas verso i morti risale agli albori dell’umanità. In epoca cristiana, fin dall’epoca delle catacombe l’arte funeraria nutriva la speranza dei fedeli. A Roma, con toccante semplicità, i cristiani erano soliti rappresentare sulla parete del loculo in cui era deposto un loro congiunto la figura di Lazzaro. Quasi a significare: Come Gesù ha pianto per l’amico Lazzaro e lo ha fatto ritornare in vita, così farà anche per questo suo discepolo! La commemorazione liturgica di tutti i fedeli defunti, invece, prende forma nel IX secolo in ambiente monastico. La speranza cristiana trova fondamento nella Bibbia, nella invincibile bontà e misericordia di Dio. «Io so che il mio redentore è vivo e che, ultimo, si ergerà sulla polvere!», esclama Giobbe nel mezzo della sua tormentata vicenda. Non è dunque la dissoluzione nella polvere il destino finale dell’uomo, bensì, attraversata la tenebra della morte, la visione di Dio. Il tema è ripreso con potenza espressiva dall’apostolo Paolo che colloca la morte-resurrezione di Gesù in una successione non disgiungibile. I discepoli sono chiamati alla medesima esperienza, anzi tutta la loro esistenza reca le stigmate del mistero pasquale, è guidata dallo Spirito del Risorto. Per questo i fedeli pregano per i loro cari defunti e confidano nella loro intercessione. Nutrono infine la speranza di raggiungerli in cielo per unirsi gli eletti nella lode della gloria di Dio.

Martirologio Romano: Commemorazione di tutti i fedeli defunti, nella quale la santa Madre Chiesa, già sollecita nel celebrare con le dovute lodi tutti i suoi figli che si allietano in cielo, si dà cura di intercedere presso Dio per le anime di tutti coloro che ci hanno preceduti nel segno della fede e si sono addormentati nella speranza della resurrezione e per tutti coloro di cui, dall’inizio del mondo, solo Dio ha conosciuto la fede, perché purificati da ogni macchia di peccato, entrati nella comunione della vita celeste, godano della visione della beatitudine eterna. 

L’origine storica della festa  

La commemorazione liturgica dei fedeli defunti appare già nel secolo IX, in continuità con l’uso monastico del secolo VII di consacrare un giorno completo alla preghiera per tutti i defunti. Amalario Fortunato di Metz (770-850c), vescovo di Treveri (809), poneva già la memoria di tutti i defunti successivamente a quelli dei Santi che erano già in cielo.  La festività, però, venne celebrata per la prima volta nel cristianesimo nel 998, per disposizione di Odilone di Mercoeur, abate di Cluny, che ordinò a tutti i monaci del suo Ordine cluniacense di fissare il 2 novembre come giorno solenne per la “Commemorazione dei defunti”. 

Dal biografo del santo Odilone, san Pier Damiani, si conosce il decreto circa la data del 2 novembre come giorno per la Commemorazione di tutti i defunti dopo la festa di Tutti i Santi, del 1 novembre: “Venerabilis Pater Odilo per omnia Monasteria sua constituit generale decretum, ut sicut prima die Novembris iusta universalis Ecclesiae regulam omnium Sanctorum solemnis agitur, ita sequenti die in Psalmis, eleemosynis e paecipue Missarum solemnis, omnium in Christo quiescentium memoria celebratur” (in Jean Croiset, Esercizi di pietà per tutti i giorni dell’anno, Venezia 1773, 35-36). Il venerabile Padre Odilone emanò, nel 998, per tutti i suoi monasteri cluniacensi un decreto generale, affinché, come il primo di novembre secondo la chiesa universale si celebra la festa di tutti i Santi, così nel giorno seguente si celebri la solenne Messa per tutti i defunti in Cristo con salmi elemosine e canti.  

A partire, poi, dal XIII secolo, con il nome di “Anniversarium Omnium Animarum”, la festa era ormai riconosciuta da tutta la Chiesa Occidentale, apparendo per la prima volta in veste ufficiale nell’Ordo Romanus XIV, composto dal cardinale diacono Napoleone Orsini (1260-1342) e dal cardinale Giacomo Caetani Stefaneschi (1270-1343), poco prima del trasferimento della sede pontificia in Avignone (1309-1377), dove venne ampliato nel 1311, per ordine del papa Clemente V (1305-1314).

Antropologia cristiana

Nel grande mistero dell’esistenza terrena, solo l’uomo gode della libertà ed è responsabile delle sue azioni, perché solo lui è ritenuto artefice del suo destino, che si proietta in una vita trascendente. Ora, non tutte le concezioni antropologiche, che la storia registra, riconoscono l’esistenza di un Dio che, oltre a essere Creatore, sia, nello stesso tempo, anche Giudice. Di conseguenza, l’esistenza di vita ultraterrena, dopo la morte, non da tutte le antropologie viene considerata, perché concepiscono la vita perfetta ed esauriente in sé stessa, cioè “dalla culla alla tomba”, oppure ammettono la sua ciclicità con una nuova reincarnazione.

Nell’antropologia cristiana, invece, si afferma l’esistenza di un Dio Buono, che ha creato tutto ciò che esiste e lo mantiene in essere con la sua Provvidenza. All’uomo, fatto a immagine e somiglianza di Cristo, affida il compito non solo di governare il mondo creato per la sua conservazione, e gli concede anche il diritto di usarlo per il suo bene personale e per il bene di tutti gli uomini. E di questo delicato compito “amministrativo” è responsabile e dovrà rendere conto al suo Creatore, che, dopo la morte, sarà anche il suo giusto Giudice. Così, al termine della vita terrena, ogni creatura razionale libera e responsabile riceverà dal suo Signore una valutazione del suo operato per ratificare la dovuta ricompensa circa le opere compiute sia in bene che in male, per entrare o nella beatitudine eterna o nell’eterno tormento.

Di questo speciale rendiconto, la teologia cristiana ne distingue due: uno particolare e uno universale. Il primo viene emesso, dopo la morte, per ciascun individuo; l’altro, alla fine del tempo e riguarda tutti gli uomini. Non bisogna pensare al giudizio di Dio come una procedura giudiziale, ma come la normale attività con cui egli realizza il suo disegno generale, che si sviluppa in chiave di relazione personale: Dio invita e l’uomo risponde. Dal tipo di risposta, se di accettazione libera o di libero rifiuto, anche le conseguenze saranno diverse. Il giudizio di Dio assegna a ciascuno la giusta ricompensa: per quelli che muoiono in Cristo, sarà una perfetta ratifica del proprio operato svolto nel corso della vita; per quelli che muoiono lontano da Cristo, invece, una giusta riprovazione che li condannerà a restare soli con sé stessi nelle tenebre misteriose dell’al di là.

Alcune considerazioni teologiche

Al di là dell’occasione storica e dell’accenno antropologico generale, è importante riflettere sul valore profondamente teologico che sottende la Commemorazione di tutti i defunti, perché richiama all’attenzione tutto il mistero dell’esistenza umana dalle sue origini alla sua fine, coinvolgendo direttamente sia la causa efficiente o creativa sia la causa finale o del giudizio ultimo. Per questo veloce riferimento dottrinale, che coinvolge la fede, la cosa migliore è ascoltare il pensiero ufficiale della Chiesa, espresso chiaramente e sinteticamente in alcuni documenti conciliari del Vaticano II, con il dovuto confronto al dato rivelato.

- Comunione dei santi

Al capitolo VII della costituzione dogmatica Lumen Gentium si parla di tre stadi ecclesiali del Corpo Mistico: “Fino a che, dunque, il Signore non verrà nella sua gloria, alcuni dei suoi discepoli saranno pellegrini sulla terra, altri passati da questa vita, stanno purificandosi, e altri godono della gloria contemplando chiaramente Dio uno e trino, Quale Egli è; tutti però, sebbene in grado e modo diverso, comunichiamo alla stessa carità di Dio e del prossimo e cantiamo al nostro Dio lo stesso inno di gloria” (LG 49). 

Si afferma anche la realtà della Comunione dei Santi e della loro intercessione a favore di quanti sono ancora pellegrini sulla terra: “Tutti, infatti, quelli che sono di Cristo, avendo lo Spirito Santo, formano una sola Chiesa e sono tra loro uniti in Lui (Ef 4,16). L’unione quindi dei pellegrini sulla terra con i fratelli morti nella pace di Cristo, non è minimamente spezzata, anzi, secondo la perenne fede della Chiesa, è consolidata dalla comunicazione dei beni spirituali…offrendo i meriti acquistati sulla terra mediante cristo Gesù, unico mediatore tra Dio egli uomini” (LG 49). 

 E afferma, inoltre, la relazione della Chiesa pellegrinante con la Chiesa celeste: “La Chiesa dei pellegrini sulla terra, riconoscendo benissimo questa comunione con il Corpo Mistico di Gesù Cristo, fino dai primi tempi della religione cristiana, coltivò con grande pietà la memoria dei defunti, e, ‘poiché santo e salutare è il pensiero di pregare per i defunti perché siano assolti dai peccati’ (2Mac 12, 46), ha offerto per loro anche suffragi” (LG 51).

Fondamentale, per comprendere e vivere la Commemorazione dei defunti, è il mistero della Comunione di tutti i membri della Chiesa in Cristo, che non viene interrotta dalla morte, “anzi, secondo la fede, è consolidata dalla comunicazione dei beni spirituali”, come l’Apocalisse di Giovanni conferma con la la liturgia celeste, dove partecipano le anime dei beati, e con la stessa liturgia terrena che, soprattutto con il sacrificio eucaristico, si unisce al culto della Chiesa celeste insieme alla venerazione della gloriosa Vergine Maria, degli beati apostoli, dei martiri e di tutti i santi (specialmente i capitoli  4 e 5).

L’unione della liturgia celeste e terrena attorno all’Agnello che sta in piedi, come immolato (Ap 5, 6), cioè “Cristo Gesù, che è morto e   risorto, e sta alla destra di Dio e intercede per noi” (Rm 8, 34; Eb 7, 25), è la condizione indispensabile per ogni forma di comunione, nella carità, tra i vari membri dei diversi gradi della Chiesa. Per cui, secondo la fede della Chiesa, i beati pregano per noi sulla terra e intercedono per la nostra debolezza, e ogni nostra invocazione a loro è un riconoscimento di Dio, per mezzo di Cristo Gesù, che è l’unico Mediatore e Redentore.

E per quanto riguarda le anime dei defunti, che dopo la morte hanno bisogno ancora di purificazione, la Chiesa da sempre “ha offerto per loro anche i suoi suffragi” (GS 41); e crede, che per questa purificazione “riceveranno un sollievo [...], mediante suffragi dei fedeli viventi, come il sacrificio della messa, le preghiere, le elemosine e le altre pratiche di pietà, che i fedeli sono soliti offrire per gli altri fedeli, secondo le disposizioni della Chiesa” (LG 50).

Anche i Princìpi e norme per l’uso del Messale romano spiegano abbastanza chiaramente il senso di questo “consorzio vitale” tra i membri della Chiesa, che raggiunge il culmine della perfezione nella celebrazione eucaristica, al momento delle intercessioni, che così si esprime: “l’eucaristia viene celebrata in comunione con tutta la Chiesa, sia celeste sia terrestre, e che l’offerta è fatta per essa e per tutti i suoi membri, vivi e defunti, i quali sono stati chiamati a partecipare alla redenzione e alla salvezza acquistata per mezzo del corpo e del sangue di Cristo” (n. 79).

- Significato della morte cristiana

La concezione antropologica cristiana offre un modo tutto suo di considerare il fatto ineluttabile della morte. La morte considerata in sé stessa non è qualcosa di desiderabile, né un avvenimento che si possa abbracciare con animo tranquillo, senza superare la naturale ripugnanza. Nella visione cristiana, la morte, pur essendo un fatto di diritto naturale, come ricorda Duns Scoto, è contro la volontà di Dio (Sap 1, 13-14; 2, 23-24) e, quindi una conseguenza del peccato: “il salario del peccato è la morte” (Rm 6, 23). La morte allora si può considerare come fatto morale, come ricorda Paolo, e come necessità naturale come afferma il Cantore dell’Immacolata.

Il cristiano può superare il timore della morte, appoggiandosi su altri motivi, come la fede e la speranza, che aprono un diverso orizzonte alla stessa morte. La morte accettata con fede e nella fede di “abitare presso il Signore” (2Cor 5, 8) realizza il desiderio di comunione con Cristo, e giunge anche a lodare il Signore per la morte, non in sé stessa, ma in quanto realizza la speranza di possedere il Signore. Tale sembra la concezione cantata da Francesco d’Assisi nel famoso Cantico delle creature. La morte allora diventa, per il credente, come la porta che conduce alla comunione con Cristo. 

 Questo sentimento positivo della morte è direttamente proporzionato   alla “morte nel Signore”, che conduce alla beatitudine: “beati i morti nel Signore” (Ap 14, 13). In questo modo, la vita terrena è naturalmente ordinata alla comunione con Cristo, dopo la morte, che è un valore superiore alla vita terrena. Superiorità che giustifica il desiderio mistico della morte, che apre la via alla vita eterna. Questo modo di concepire la morte diventa una partecipazione al mistero pasquale di Cristo, di cui il battesimo, nel quale si muore misticamente al peccato, partecipa della risurrezione di Cristo (Rm 6, 3-7), e l’Eucaristia ne è la garanzia, il fondamento e anche la perfezione: fundamentum et forma, direbbe il Cantore dell’Immacolata. 

Oltre alla “morte nel Signore”, c’è anche la possibilità della morte fuori del Signore, che conduce alla morte seconda come ricorda l’Apocalisse (20, 14) e anche il Cantico delle creature. In questa seconda accezione della morte, la forza del peccato, attraverso il quale la morte entrò nel mondo (Rm 5,12), manifesta, in grado sommo, la sua capacità di separare da Dio.

- L’uomo è per la risurrezione

Anche dal concilio Vaticano II si apprende che l’uomo è per la risurrezione. Afferma: “Unità di anima e di corpo, l’uomo sintetizza in sé, per la stessa sua condizione corporale, gli elementi del mondo materiale, così che questi attraverso di lui toccano il loro vertice e prendono voce per lodare in libertà il Creatore. [...] L’uomo, però, non sbaglia a riconoscersi superiore alle cose corporali e a considerarsi più che soltanto una particella della natura o un elemento anonimo della città umana. Difatti, nella sua interiorità, egli trascende l’universo: a questa profonda interiorità egli torna, quando si volge al cuore, là dove lo aspetta Dio, che scruta i cuori, là dove sotto lo sguardo di Dio decide del suo destino. Perciò riconoscendo di avere un’anima spirituale e immortale, non si lascia illudere da fallaci finzioni che fluiscono unicamente dalle condizioni fisiche e sociali, ma, invece, va a toccare in profondità la verità stessa delle cose” (GS 14).

L’autoconsapevolezza dell’uomo di essere superiore a tutte le altre creature terrene ha il fondamento nella sua capacità di possedere Dio (capax Dei) sia con la conoscenza e soprattutto con l’amore. Questa differenza fondamentale si manifesta anche nella tendenza innata alla felicità, la quale fa sì che l’uomo aborrisca e respinga l’idea di un suo totale annientamento con la morte, anelando a una vita ultraterrena comunque intesa, dal momento che la sua anima, immortale e spirituale, tende naturalmente verso la sua origine, cioè verso il suo Creatore.

Questo riferimento antropologico fondamentale rende possibile anche una escatologia. Difatti, la realtà dell’uomo, nell’antropologia cristiana, include una dualità di elementi (corpo e anima), che si possono separare temporaneamente con la morte, tanto che l’anima può sussistere separata, conservando sempre la sua intima e profonda tendenza a riunirsi al suo corpo.  E questo perché lo stato di sopravvivenza dell’anima, dopo la morte, non è definitivo né ontologicamente ultimo, bensì intermedio transitorio e ordinato alla risurrezione.

Un cenno a questa interpretazione duale dell’uomo aperto alla risurrezione lo si trova nel logion evangelico: “non abbiate paura di quelli che uccidono il corpo, ma non hanno il potere di uccidere l’anima; temete piuttosto colui che ha il potere di far perire e l’anima e il corpo nella Geenna” (Mt 10,28). Esso, infatti, insegna che l’anima sopravviva dopo la morte terrena, finché nella risurrezione si unisca, di nuovo, al suo corpo.  

 Anche nel VT si trovano affermazioni che inducono a questa interpretazione. Si pensi, per esempio, al secondo libro dei Maccabei, al capitolo settimo presenta il martirio per la verità come l’occasione privilegiata, perché la fede possa illuminare sia il mistero delle origini o creazione e sia il mistero della fine o vita eterna (2Mac 7, 9-36); e al libro della Sapienza che parla di quelli che “agli occhi degli stolti parve che morissero; e la loro fine fu ritenuta una sciagura” (Sap 3, 2), mentre “le anime dei giusti sono nelle mani di Dio” (Sap 3, 1). In breve, questi cenni biblici aiutano a comprendere con chiarezza e sicurezza di fede che il Signore ha il potere di attuare la risurrezione degli uomini.

- La risurrezione di Cristo e quella dell’uomo

L’apostolo Paolo scriveva ai corinzi: “Vi ho trasmesso dunque, anzitutto, quello che anch’io ho ricevuto: che cioè Cristo morì per i nostri peccati secondo le Scritture, fu sepolto ed è risuscitato il terzo giorno secondo le Scritture” (1Cor 15,3-4). Ebbene Cristo non solo risuscitò di fatto, ma egli è “la risurrezione e la vita” (Gv 11,25) ed è anche la speranza della nostra risurrezione. Perciò i cristiani di oggi, come quelli dei tempi passati, nel Credo niceno-costantinopolitano, nella stessa formula “dell’immortale tradizione della santa Chiesa di Dio”, nella quale professano la fede in Gesù Cristo, che “risuscitò il terzo giorno secondo le Scritture”, aggiungono: “Aspettiamo la risurrezione dei morti”. In questa professione di fede riecheggiano le testimonianze del Nuovo Testamento: “Risusciteranno i morti in Cristo” (1Ts 4,16). “Cristo è risuscitato dai morti, primizia di coloro che sono morti” (1Cor 15,20). Questo modo di parlare implica che il fatto della risurrezione di Cristo non è un qualcosa di chiuso in sé stesso, ma si estenderà un giorno a quelli che sono di Cristo. Poiché la nostra risurrezione futura è “l’estensione della medesima risurrezione di Cristo agli uomini”, s’intende bene che la risurrezione del Signore è modello della nostra risurrezione. La risurrezione di Cristo è pure la causa della nostra risurrezione futura, “poiché, se a causa di un uomo venne la morte, a causa di un uomo verrà anche la risurrezione dei morti” (1Cor 15,21).

- Comunione con Cristo dopo la morte 

Dalla promessa fatta da Gesù crocifisso al buon ladrone si ricava l’esistenza di un certo stadio intermedio tra la morte e la risurrezione, insieme all’essere in comunione con lo stesso Cristo: “In verità ti dico: oggi sarai con me in paradiso” (Lc 23,43). Gesù vuole accogliere il “buon ladrone” in comunione con sé, immediatamente dopo la morte. Lo stesso Stefano, durante la lapidazione, manifesta la medesima speranza di entrare in comunione con Cristo: “Signore Gesù, accogli il mio spirito” (At 7,59), con il desiderio di essere accolto immediatamente da Gesù nella sua comunione. 

 L’esistenza di uno stato intermedio è presente anche in Paolo, specialmente quando scrive: “Per me il vivere è Cristo e il morire un guadagno. Ma se il vivere nel corpo significa lavorare con frutto, non so davvero che cosa debba scegliere. Sono messo alle strette, infatti, tra queste due cose: da una parte il desiderio di essere sciolto dal corpo per essere con Cristo, il che sarebbe assai meglio; d’altra parte, è più necessario per voi che io rimanga nella carne” (Fil 1, 21-24). 

 Lo stato dopo la morte è desiderabile soltanto perché implica unione e comunione con Cristo. Paolo con grande gioia parla della speranza della parusia del Signore: “il quale trasfigurerà il nostro misero corpo per conformarlo al suo corpo glorioso” (Fil 3,21). Lo stato intermedio, perciò, viene concepito come transitorio, con la speranza sempre della risurrezione: “È necessario che questo essere corruttibile [cioè il corpo] si vesta d’incorruttibilità e questo corpo mortale si vesta d’immortalità” (1Cor 15,53).

- Quando avverrà il giudizio?

È una domanda abbastanza frequente. E Gesù spesso ammonisce: “Vegliate, perché non sapete né il giorno né l’ora” (Mt 25,13); “Il Figlio dell’uomo verrà nella gloria del Padre suo, con i suoi angeli, e renderà a ciascuno secondo le sue azioni” (Mt 16, 27).  

Venuta gloriosa di Gesù e Giudizio universale saranno un solo e stesso avvenimento, ultima sequenza della storia, ultimo atto della vittoria di Cristo sul peccato e sulla morte, compimento della liberazione umana, della divinizzazione umana.

Il principio della retribuzione divina è presente abbastanza chiaramente in Paolo: “Il giusto giudizio di Dio, il quale renderà a ciascuno secondo le sue opere: la vita eterna a coloro che perseverando nelle opere di bene cercano gloria, onore e incorruttibilità; sdegno ed ira contro coloro che per ribellione resistono alla verità e obbediscono all’ingiustizia” (Rm 2, 6-8); “tutti dobbiamo comparire davanti al tribunale di Cristo, ciascuno per ricevere la ricompensa delle opere compiute finché era nel corpo, sia in bene che in male” (2 Cor 5,10).

- Il giudice dei vivi e dei morti

Pietro proclama a Cesarea: “Essi lo uccisero appendendolo a una croce, ma Dio lo ha risuscitato al terzo giorno... E ci ha ordinato di annunziare al popolo e d’attestare che egli è il giudice dei vivi e dei morti costituito da Dio” (At 10, 39-42).

L’espressione “dei vivi e dei morti” richiama la teoria dei Sadducei, che, negando la risurrezione, divideva l’umanità in due categorie: al di qua della morte, i vivi, e al di là, i morti. Gesù, invece, replica: “Quanto alla risurrezione dei morti, non avete letto quello che vi è stato detto da Dio: Io sono il Dio d’Abramo, il Dio d’ Isacco e il Dio di Giacobbe? Ora, non è Dio dei morti, ma dei vivi” (Mt 22,32). Pertanto, Abramo, Isacco, Giacobbe e tutti i defunti nel Signore non sono dei morti, ma dei vivi; solo che la vita è diversa. In questo senso, Gesù nega che si possa fare distinzione fra morti e vivi: esistono solo dei vivi. La morte non produce dei morti, ma è solo un passaggio verso un’altra vita. Difatti, il termine “defunto” (da latino defunctus: colui che ha abbandonato le sue funzioni sulla terra) non è un morto in senso assoluto, ma uno che vive in un modo diverso da quello che ha lasciato o abbandonato sulla terra. E nella sua venuta gloriosa, Cristo non privilegerà nessuno, affinché nessuno ne risulti frustrato

Paolo, parlando della fine del mondo in cui ci saranno ancora dei “viventi”, scrive: “Ecco, io vi annunzio un mistero: non tutti certo moriremo, ma tutti saremo trasformati, in un istante, in un batter d’occhio, al suono dell’ultima tromba; suonerà, infatti, la tromba e i morti risorgeranno incorrotti e noi saremo trasformati... si compirà allora la parola della Scrittura: la morte è stata ingoiata per la vittoria... per mezzo del Signore nostro Gesù Cristo” (1Cor 15, 51-57).

E sempre Paolo precisa: la risurrezione è per tutti. Il Risorto non dimenticherà nessuno dei suoi, sia esso morto che vivo, perché tutti parteciperanno al grande giorno e alla sua festa. Scrive: “Non vogliamo poi lasciarvi nell’ignoranza, fratelli, circa quelli che sono morti, perché non continuiate ad affliggervi come gli altri che non hanno speranza. Noi crediamo infatti che Gesù è morto e risuscitato; così anche quelli che sono morti, Dio li radunerà per mezzo di Gesù insieme con lui. Questo vi diciamo sulla parola del Signore: noi che viviamo e saremo ancora in vita per la venuta del Signore, non avremo alcun vantaggio su quelli che sono morti. Perché il Signore stesso, a un ordine... discenderà dal cielo. E prima risorgeranno i morti in Cristo; quindi noi, i vivi, i superstiti, saremo rapiti insieme con loro tra le nuvole, per andare incontro al Signore nell’aria, e così saremo sempre col Signore. Confortatevi dunque a vicenda con queste parole” (1Ts 4,13).

 Alle consolanti parole di Paolo, si possono aggiungere anche quelle di Pietro per terminare questo veloce riferimento sulla Commemorazione di tutti i fedeli defunti con la testimonianza diretta dei due grandi Apostoli: “Una cosa però non dovete perdere di vista, carissimi: davanti al Signore un giorno è come mille anni e mille anni come un giorno solo. Il Signore non ritarda nell’adempiere la sua promessa, come certuni credono; ma usa pazienza verso di voi, non volendo che alcuno perisca, ma che tutti abbiano modo di pentirsi... Quali non dovete essere voi, nella santità della condotta e nella pietà, attendendo e affrettando la venuta del giorno di Dio, nel quale i cieli si dissolveranno e gli elementi incendiati si fonderanno! E poi, secondo la sua promessa, noi aspettiamo nuovi cieli e una terra nuova, nei quali avrà stabile dimora la giustizia. Perciò, carissimi, nell’attesa di questi eventi, cercate di essere senza macchia e irreprensibili davanti a Dio, in pace” (2Pt 3, 8-14).

 In breve, come la cristianità primitiva, illuminata dalla fede degli Apostoli, interpretò il ritorno di Cristo come un avvenimento carico di speranza e di gioia, così anche i cristiani di oggi dovrebbero aspettare con profonda fede e gioiosa speranza il festoso giorno del “giudizio dei vivi e dei morti”.

Autore: P. Giovanni Lauriola ofm

SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/20550

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Early Christian Fresco depicting Christ in Purgatory, Lower Basilica, San Clemente, Rome, Italy


GIOVANNI PAOLO II

ANGELUS

Commemorazione dei defunti

Domenica, 2 novembre 1980

1. Tutto il mondo davanti a te, come polvere sulla bilancia, / come una stilla di rugiada mattutina caduta sulla terra. / Hai compassione di tutti, perché tutto tu puoi, / non guardi ai peccati degli uomini, in vista del pentimento. / Poiché tu ami tutte le cose esistenti e nulla disprezzi di quanto hai creato; / se avessi odiato qualcosa, non l’avresti neppure creata. / Come potrebbe sussistere una cosa, se tu non vuoi? / O conservarsi se tu non l’avessi chiamata all’esistenza? / Tu risparmi tutte le cose, / perché tutte sono tue, Signore, amante della vita, / poiché il tuo spirito incorruttibile è in tutte le cose. / Per questo tu castighi poco alla volta i colpevoli / e li ammonisci ricordando loro i propri peccati, / perché, rinnegata la malvagità, credano in te, Signore” (Sap 11, 22-12,2).

Oggi la Chiesa celebra la “commemorazione di tutti i fedeli defunti”. Le sopracitate parole del libro della sapienza, desunte dalla prima lettura della domenica trentunesima “per annum”, possono aiutare molto ciascuno di noi a vivere questo incontro con l’eternità, che portano in sé i primi due giorni di novembre.

Queste parole ci accompagnino durante la visita ai cimiteri, quando ci fermeremo presso le tombe dei nostri defunti, vicini o lontani, conosciuti o sconosciuti: “. . .poiché il tuo spirito incorruttibile è in tutte le cose” (Sap 12, 1).

Che queste visite ai defunti, questi incontri con loro, siano avvalorati, nei nostri cuori, dalla speranza che “è piena di immortalità” (Sap 3, 4).

2. Ritorno, ancora una volta, al Sinodo dei Vescovi che, una settimana fa, ha terminato i suoi lavori dedicati ai compiti della famiglia nel mondo contemporaneo. Perché oggi voglio dire che la famiglia è un luogo particolare dell’uomo. In questo luogo, in questa comunità, viene salutata con gioia la sua nascita, la sua venuta al mondo; e in questo luogo, soprattutto, si risente la sua scomparsa, la sua morte.

Il giorno dei defunti è un giorno particolare per le famiglie. Esse si dirigono, in questo giorno, nei luoghi dove riposano i loro defunti più vicini e più cari; si incontrano, nel silenzio, nella preghiera, nella meditazione, presso le loro tombe.

Rivivono ricordi gioiosi e dolorosi; a volte le lacrime cominciano a scorrere sul viso, così grande è il senso della vicinanza, nonostante la morte, così grande è la commozione!

Appartengono alla famiglia anche coloro che sono dipartiti, e tuttavia rimangono nei cuori, perché tanto profondamente ci ha legato ad essi il mistero della vita e dell’amore. Permangono nella vedovanza dei loro rispettivi mariti e mogli, rimasti in vita. Permangono nello stato di orfani dei loro figli.

3. In questo giorno vorrei ricordare tutti i morti di quest’anno, e in particolare le vittime di catastrofi naturali e dei numerosi, troppi episodi di violenza, di rapimenti, di terrorismo accaduti in diversi paesi del mondo.

Penso alle schiere di bambini innocenti - come agli alunni della scuola di Ortuella in Spagna -, a tante persone che, nei luoghi di lavoro, per le strade o nella propria casa, furono travolte, ignare, da atti di distruzione e di morte, di cui spesso neppure conobbero la causa.

Penso ad un piccolo paese, El Salvador, e ad altri paesi del mondo tormentati da un cronico prolungarsi di violenze e di uccisioni, che provocano lutti nelle famiglie e nella comunità ecclesiale.

Vorrei rinnovare, anche in nome della pietà per i morti, un appello accorato perché prevalga in tutte le parti responsabili il sentimento di riconciliazione dettato dalla coscienza cristiana e dall’amore per la propria patria.

Vorrei non dimenticare le vittime della guerra che da alcune settimane infuria tra l’Irak e l’Iran, con scontri sanguinosi tra gli eserciti e bombardamenti di città e di popolazioni indifese; purtroppo, la stessa opinione pubblica del mondo sembra abituarsi facilmente persino allo spettacolo di così terribili distruzioni.

Mentre la nostra preghiera vuole abbracciare la sorte anche di questi nostri fratelli, invochiamo Dio onnipotente e misericordioso perché faccia rinascere pensieri di pace, e in particolare risvegli il desiderio di risolvere i contrasti con la trattativa, nel rispetto dell’integrità dei diritti umani, nazionali e territoriali dei paesi coinvolti nel conflitto.

4. Nel giorno della commemorazione dei defunti oltrepassiamo, in un certo senso, i limiti della loro assenza, il cui segno è la tomba fredda, e ci uniamo con loro nella fede che ci conduce alla casa del Padre.

E insieme con l’autore del libro della Sapienza ripetiamo a quel Padre: “Signore, tutto tu puoi . . . e tu ami tutte le cose che hai creato . . .” (cf. Sap 11, 23-24). Tu ami l’uomo che hai creato a tua somiglianza e lo hai redento mediante il sangue del tuo Figlio. Tu ami l’uomo . . .

Dopo l'Angelus

Ad un gruppo di genitori provenienti da Bergamo e da Verona

Saluto volentieri il gruppo di genitori presenti in piazza S Pietro e provenienti da Bergamo e da Verona per visitare i loro figli che si stanno preparando al sacerdozio nell’Istituto dei Monfortani. Mi congratulo con voi per il dono fatto al Signore dei vostri figliuoli, affidandoli alla materna protezione della Madonna; v’invito a perseverare nella preghiera e nella fervorosa testimonianza cristiana per sostenere la loro vocazione. Con tale voto vi benedico di cuore.

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SOURCE : https://www.vatican.va/content/john-paul-ii/it/angelus/1980/documents/hf_jp-ii_ang_19801102.html

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Purgatory window, SS Peter and Paul's Athlone


GIOVANNI PAOLO II

UDIENZA GENERALE

Mercoledì, 2 novembre 1983


1. “Aspetto la risurrezione dei morti e la vita eterna”.

Oggi, commemorazione liturgica dei defunti, il nostro pensiero si sofferma sulla schiera dei fratelli che ci hanno preceduto al grande traguardo dell’eternità. Siamo invitati a riprendere con essi, nell’intimo del cuore, quel dialogo, che la morte non deve troncare. Non v’è persona che non abbia parenti, amici, conoscenti da ricordare. Non v’è famiglia che non risalga al proprio ceppo originario, con i sentimenti del rimpianto, della pietà umana e cristiana.

Ma il nostro ricordo vuole andare oltre i legittimi e cari vincoli affettivi ed estendersi all’orizzonte del mondo. In tal modo raggiungiamo tutti i morti, ovunque essi siano deposti, in ogni angolo della terra, dai cimiteri delle metropoli a quelli del più modesto villaggio. Per tutti, con cuore fraterno, eleviamo la pia invocazione di suffragio al Signore della vita e della morte.

2. La giornata commemorativa di tutti i defunti, deve essere una giornata di riflessione, particolarmente nell’occasione straordinaria dell’Anno Giubilare della Redenzione che stiamo celebrando. Infatti, la commemorazione dei defunti ci fa meditare prima di tutto sul messaggio escatologico del cristianesimo: sulla parola rivelatrice di Cristo, il Redentore, noi siamo sicuri dell’immortalità dell’anima. In realtà, la vita non è chiusa nell’orizzonte di questo mondo: l’anima, creata immediatamente da Dio, quando giunge la fine fisiologica del corpo, rimane immortale e i nostri stessi corpi risorgeranno trasformati e spiritualizzati. Il significato profondo e decisivo della nostra esistenza umana e terrena sta nella nostra “personale” immortalità: Gesù è venuto a rivelarci questa verità. Il cristianesimo è certamente anche un “umanesimo” e propugna con forza lo sviluppo integrale di ogni uomo e di ogni popolo, associandosi a tutti i movimenti che vogliono il progresso individuale e sociale; ma il suo messaggio è essenzialmente ultraterreno, impostando tutto il senso dell’esistenza nella prospettiva dell’immortalità e della responsabilità. Quindi le moltitudini immense di coloro che già nei secoli passati hanno raggiunto il termine della propria vita, sono tutte ben vive; i nostri cari defunti sono tuttora viventi e presenti anche, in qualche modo, nel nostro quotidiano cammino. “La vita non è tolta ma trasformata; e mentre si distrugge la dimora di questo esilio terreno, viene preparata un’abitazione eterna nel cielo!” (Prefazio defunctorum).

3. In secondo luogo, questa giornata ci fa pensare giustamente alla fragilità e alla precarietà della nostra vita, alla condizione mortale della nostra esistenza. Quante persone son già passate su questa nostra terra! Quanti, che un giorno erano con noi con il loro affetto e la loro presenza, ora non sono più! Siamo pellegrini sulla terra e non siamo sicuri della lunghezza del tempo che ci è concesso. L’autore della Lettera agli Ebrei ammonisce pensosamente: “È stabilito che gli uomini muoiano una sola volta, dopo di che viene il giudizio” (Eb 9, 27). L’Anno Santo della Redenzione ci ricorda specialmente che Cristo è venuto a portare la “grazia” divina, a redimere l’umanità dal peccato, a perdonare le colpe. La realtà della nostra morte ci ricorda l’ammonizione pressante del Divin Maestro: “Siate vigilanti!” (cf. Mt 24, 32; 25, 13; Mc 13, 35). Dobbiamo dunque vivere in grazia di Dio, mediante la preghiera, la Confessione frequente, l’Eucaristia; dobbiamo vivere in pace con Dio, con noi stessi e con tutti.

4. L’intero insegnamento e tutto l’atteggiamento di Gesù sono proiettati verso le eterne realtà, in vista delle quali il Divin Maestro non esita a chiedere dure rinunzie e gravi sacrifici. La realtà della nostra morte non deve rendere triste la vita né bloccarla nelle sue attività; deve farla solo estremamente seria. L’autore della Lettera agli Ebrei ci avverte che “non abbiamo quaggiù una città stabile, ma andiamo in cerca di quella futura” (Eb 13, 14) e san Paolo gli fa eco con un’espressione di vivo realismo: “Tratto duramente il mio corpo e lo tengo in schiavitù” (1 Cor 9, 27). Infatti sappiamo che “le sofferenze del momento presente non sono paragonabili alla gloria futura che dovrà essere rivelata in noi” (Rm 8, 18).

5. Alla luce del messaggio tipico dell’Anno Santo, questa giornata dei defunti ci ricorda ancora la grande e preziosa realtà dell’Indulgenza che la Chiesa concede in remissione della pena dovuta per i peccati. Certamente il Signore rimette le colpe di chi è veramente pentito e a lui ritorna mediante il sacramento della Penitenza; rimane però, potremmo dire, quella zona d’ombra che è appunto detta “pena” del peccato, rimane cioè il dovere della perfetta purificazione per l’immediato possesso della visione beatifica dopo questa vita.

L’Indulgenza giubilare - al pari delle altre indulgenze - può essere ottenuta per i defunti a modo di suffragio. Vi esorto pertanto ad approfittare sempre, ma specialmente in quest’anno, del tesoro della misericordia di Dio, per godere la sua amicizia ed essere trovati degni della sua infinita felicità.

6. Carissimi fratelli e sorelle! Le riflessioni suggeriteci dalla commemorazione dei defunti ci immettono nel grande capitolo dei “Novissimi” - Morte, Giudizio, Inferno e Paradiso -. È la prospettiva che dobbiamo avere ininterrottamente dinanzi agli occhi, è il segreto perché la vita abbia sempre pienezza di significato e si svolga ogni giorno con la forza della speranza.

Meditiamo spesso i Novissimi e comprenderemo sempre più il senso profondo del vivere.

Con questa esortazione vi imparto di cuore la mia affettuosa e paterna benedizione apostolica.

Ai fedeli di espressione inglese

As I extend a cordial welcome to all the English-speaking visitors I greet in particular the visitors from Finland. Your presence gives me the opportunity to express my esteem for you and your fellow-citizens. I pray that Jesus Christ will be the centre of your Christian history.

I welcome the members of the General Chapter of the Salvatorian Sisters. As you review the activities of your Congregation, plan your apostolate for the future, and rededicate yourselves to your ecclesial vocation, you must never forget the honour that is yours: to bear the title of the Divine Saviour. In union with Jesus, do everything you can to bring his salvation to the world. With my Apostolic Blessing.

Ai fedeli di lingua spagnola

Saludo con particular afecto a los numerosos peregrinos venidos de diversos lugares de España y Latinoamérica. Mi mas cordial saludo también a los miembros del Club Egara de Tarrasa.

Hoy, día de difuntos, nuestro pensamiento se dirige a los hermanos que nos han precedido en el camino hacia la eternidad. La Conmemoración litúrgica evoca el mensaje escatológico del Cristianismo que nos confirma sobre la inmortalidad del alma. El significado profundo de la existencia humana y terrena esta en nuestra inmortalidad “personal”. Jesús de Nazaret, el Hijo de Dios, ha venido al mundo para revelarnos esta verdad fundamental.

Unidos en la esperanza, elevamos nuestra plegaria por todos los difuntos.

Y antes de concluir, un especial saludo a los miembros de la Asociación de Propagandistas, venidos a Roma con motivo del 75° aniversario de su creación y del 50° aniversario del Centro de Estudios Universitarios.

Os recibo con verdadero placer, porque conozco los méritos de vuestra Asociación y la valía de sus realizaciones, que se han traducido en muy importantes obras de los católicos españoles.

Aunque no puedo extenderme más en este momento, sí quiero alentar cordialmente a vosotros, a todos los Propagandistas, a los profesores, alumnos y padres, a una fidelidad cada vez más profunda a vuestro ideario. Este hunde sus raíces en los auténticos principios cristianos, en la adhesión al Magisterio de la Iglesia, en una decidida voluntad de amor al hombre y de servicio al mismo, de acuerdo con los genuinos valores del humanismo cristiano.

La Iglesia y la sociedad española aprecian y necesitan vuestra aportación, tanto más preciosa y deseable en el momento actual y frente al futuro. Sensibles, pues, a las exigencias del mundo de hoy, proseguid vuestro camino, animados por mi afectuosa Bendición.

Ai fedeli polacchi

Pragnę serdecznie pozdrowić moich rodakówz różnych stron Polski, a także i spoza Polski: pielgrzymkę z diecezji kieleckiej z Księdzem Biskupem Sufraganem, również Księdza Biskupa Sufragana warmińskiego; pielgrzymkę diecezjalną z Gdańska, z parafii księży Jezuitów w Gdańsku - parafia św. Krzyża; grupę pielgrzymów z Częstochowy; grupę pielgrzymów z Bostonu oraz wszystkich pielgrzymów indywidualnych tak z kraju, jak i z zagranicy.

Ai fedele italiani

Nel rivolgere ora la mia attenzione ai pellegrini di lingua italiana, desidero indirizzare anzitutto un saluto cordiale ai Dirigenti ed agli Artisti del Teatro dell’Opera di Roma, che hanno voluto essere presenti all’odierna Udienza Generale. Nel ringraziarli per il loro gesto cortese e per l’omaggio del Concerto che intendono offrire, auspico che alla loro nobile attività possa sempre arridere il meritato successo e che il vasto pubblico, attraverso l’ascolto delle melodie immortali da essi eseguite, possa essere elevato all’esperienza di quel mondo di valori più alti, che hanno nella fede il loro vertice ed il loro coronamento.

* * *

Partecipano all’udienza anche i seminaristi della diocesi di Treviso, giunti in pellegrinaggio a Roma insieme con i loro Superiori. Nel salutarvi con affetto, carissimi, vi esorto a trarre dalle testimonianze di fede, di cui i secoli cristiani hanno arricchito questa Città, incitamento a perseverare con rinnovato slancio sulla strada della totale dedizione a Cristo ed alla causa del suo Regno. Vi sostenga nel cammino la Benedizione Apostolica, che vi imparto di cuore.

* * *

Uno speciale saluto vada altresì alle Religiose addette agli uffici generali nelle Comunità e nelle opere di apostolato, che in questi giorni si sono raccolte, qui a Roma, in Convegno Nazionale. Il vostro lavoro, spesso umile e nascosto, carissime Sorelle, ha in realtà una grande importanza per la vita delle vostre rispettive Comunità. Vi auguro di sapervi dedicare ai vostri compiti con fede illuminata e ardente, alimentando la generosità del vostro impegno nella partecipazione quotidiana alla Celebrazione eucaristica, nella quale Cristo rinnova il suo sacrificio redentore. Alla scuola di Gesù imparate a donarvi con gioia, per amore. Vi accompagni la mia Benedizione Apostolica.

* * *

Rivolgo, ora, un saluto beneaugurante a tutti i giovani. Carissimi! Ieri abbiamo celebrato la festa di tutti i Santi, ricordando, oltre quanti sono stati elevati all’onore degli altari, anche gli innumerevoli nostri fratelli, che godono la visione eterna di Dio. E’ questo un solenne invito per i cristiani, ma specialmente per voi, a seguire i luminosi esempi degli abitanti del cielo. Voi siete generosi e, pertanto, sentite l’attrattiva dell’ardimento. Praticando, con la grazia di Dio, coraggiosamente e con vigilanza costante le non facili virtù, in cui si sono distinti i santi, voi date la più alta prova di fortezza. Vi accompagni la mia Benedizione.

* * *

A voi, carissimi infermi, ricordo che Cristo è presente nelle sue membra, specialmente in voi ed in tutti i sofferenti. Voi, con la vostra generosa docilità alla difficile prova del dolore, da Dio permessa, siete i silenziosi celebratori della bontà e dell’amore di Cristo. Vi sono vicino con la mia preghiera e con la mia particolare Benedizione.

* * *

Un pensiero anche per voi, carissimi sposi novelli, ancora ripieni della letizia spirituale per la grazia del sacramenti del matrimonio, che ha reso santo il vostro amore e che vi impegna alla fedeltà reciproca e alla vicendevole dedizione. Sappiate attingere la forza per superare le difficoltà dell’Eucaristia, che vi unisce intimamente a Cristo ed alla Chiesa e che fa della vostra nascente famiglia una piccola comunità ecclesiale. Con la mia Benedizione Apostolica.

Ai pellegrini tedeschi nell’Aula Paolo VI

Lasciata la Basilica Vaticana, il Santo Padre raggiunge l’Aula Paolo VI, dove sono in attesa oltre 5000 fedeli di lingua tedesca. Tra questi significativa è la presenza di militari della Repubblica Federale di Germania e di oltre 800 malati accompagnati dai volontari tedeschi dell’Ordine di Malta.

Dopo aver riassunto il discorso pronunciato nella Basilica, il Papa rivolge ai pellegrini il seguente saluto.

Ein besonderes Wort des Dankes und der Ermutigung richte ich an die Veranstalter und Teilnehmer der Malteser-Behinderten-Romwallfahrt zum Heiligen Jahr sowie der Ansel-Kontaktgruppe Multiple-Sklerose-Erkrankter aus dem Ortenaukreis in der Diözese Freiburg. Auch euer Kranksein zeigt uns die Gebrechlichkeit des menschlichen Lebens. Nehmt das Kreuz in eurem Leben an als Teilnahme am Kreuze Christi und macht es so fruchtbar für eure persönliche Heiligung in seiner Nachfolge und für den Heilsauftrag

der Kirche in der Welt von heute. Dafür erbitte ich euch und allen, die euch hilfreich zur Seite stehen, Glaubenskraft und Zuversicht aus eurer Jubiläumswallfahrt zu den Gräbern der Apostel.

* * *

Herzlich grüße ich auch die große Militärwallfahrt aus der Bundesrepublik Deutschland unter Leitung des Militärbischofs Mons. Kredel. Das von euch gewählte Thema: ”Mit Gott versöhnt im Frieden mit den Menschen “verdeutlich gut die Bedeutung des Heiligen Jahres für euren Dienst als Soldaten. Militärdienst kann nur als Friedensdienst noch eine Existenzberechtigung haben. Gemeint ist jener wirkliche Frieden, der nach dem Friedenswort der deutschen Bischöfe durch Gerechtigkeit geschaffen wird: durch das Gerechtwerden des Menschen vor Gott und durch das gerechte Verhalten der Menschen und Völker untereinander. ”Gerechtigkeit schafft Frieden“. Der hohe Einsatz, den euch die militärische Sicherung von Frieden und Freiheit abverlangt, wird deshalb auf sinnvolle Weise ergänzt durch diese eure Wallfahre zum Jubiläumsjahr der Erlösung. Betet an den Heiligen Stätten für den Frieden unter den Völkern, öffnet aber vor allem selbst eure Herzen für den Frieden mit Gott!

* * *

Einen weiteren Willkommensgruß richte ich schließlich noch an die große Rompilgerfahrt der Kirchenchöre und Freunde der Kirchenmusik in der Region Schaumberg-Blies im Bistum Trier. Ich begleite euren Romaufenthalt mit meinem Gebet und erteile euch und allen hier anwesenden Pilgern aus den Ländern deutscher Sprache für stetes Wachsen in der Erkenntnis und Liebe Jesu Christi, unseres Erlösers, von Herzen meinen besonderen Apostolischen Segen.

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SOURCE : https://www.vatican.va/content/john-paul-ii/it/audiences/1983/documents/hf_jp-ii_aud_19831102.html

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Bassorilievo dipinto, Chiesa di Santa Maria di Gesù, Alcamo


GIOVANNI PAOLO II

ANGELUS

Domenica, 3 novembre 2002


Carissimi Fratelli e Sorelle!

1. Ieri abbiamo celebrato l'annuale Commemorazione liturgica di tutti i fedeli defunti. Dalla Chiesa, sparsa nel mondo, si è levata una corale invocazione al Dio della vita e della pace, perché accolga nel suo Regno di luce infinita tutte le anime, specialmente le più abbandonate e bisognose della sua misericordia.

La preghiera cristiana per i defunti - che caratterizza l'intero mese di novembre - non può avvenire se non nella luce della Risurrezione di Cristo. Dice infatti l'apostolo Paolo: "Se Cristo non è risorto, è vana la vostra fede ... Se poi noi abbiamo avuto speranza in Cristo soltanto in questa vita, siamo da compiangere più di tutti gli uomini. Ora, invece, Cristo è risuscitato dai morti, primizia di coloro che sono morti" (1 Cor 15,17.19-20).

Il mondo di oggi ha più che mai bisogno di riscoprire il senso del vivere e del morire nella prospettiva della vita eterna. Al di fuori di essa, la cultura moderna, nata per esaltare l'uomo e la sua dignità, si trasforma paradossalmente in cultura di morte, perché, smarrito l'orizzonte di Dio, si trova come prigioniera del mondo, si impaurisce e dà luogo purtroppo a molteplici patologie personali e collettive.

2. Mi è caro citare, a questo proposito, un testo di san Carlo Borromeo, del quale celebreremo domani la memoria liturgica. "La mia anima - egli scriveva - non smetta mai di lodare il Signore che non finisce mai di elargire doni. E' dono di Dio se da peccatore sei chiamato alla giustizia; dono di Dio se sei sostenuto perché tu non cada; dono di Dio che ti venga data la forza di perseverare sino alla fine; sarà dono di Dio anche la risurrezione del tuo corpo morto, cosicché neppure uno dei capelli del tuo capo vada perduto; sarà dono di Dio la glorificazione dopo la risurrezione; e, infine, sarà ancora dono di Dio poterlo lodare continuamente nell'eternità" (Omelia, 5 settembre 1583).

Mentre invito a meditare su questi illuminanti pensieri del santo Arcivescovo di Milano, colgo l'occasione per esprimere la mia gratitudine a quanti, ricordando la ricorrenza di san Carlo, mi hanno fatto pervenire gli auguri per l'onomastico. Ringrazio soprattutto per le preghiere assicuratemi e di cuore le ricambio, invocando per tutti abbondanti grazie celesti.

3. Rivolgendoci ora a Maria Santissima, le chiediamo di sostenere in modo particolare la nostra preghiera di suffragio per i defunti. In questo Anno del Rosario, mettiamoci assiduamente alla scuola della Vergine, per contemplare con Lei il mistero di Cristo morto e risorto, speranza di vita eterna per ogni uomo.

Dopo l’Angelus

Oggi abbiamo tutti partecipato spiritualmente al dolore della comunità di San Giuliano di Puglia, tanto provata dalla tragica scomparsa di numerosi suoi figli.

Ancora una volta desidero dire a quelle care famiglie che il Papa è loro vicino e che prega per loro, implorando dal Signore, per intercessione di Maria, Madre di misericordia, il conforto della fede e della speranza cristiana.

Traduzione italiana del saluto in lingua polacca:

Saluto i pellegrini giunti dalla Polonia: dall'Arcidiocesi di Danzica con Mons. Zygmunt Pawłowicz, da Stary Sacz - il centro pastorale, da Mosina vicino a Poznan - la scuola cattolica, la famiglia di scuole cattoliche Giovanni Paolo II, da Nowy Sacz - il complesso "Promyczki" e tutti gli altri qui presenti.

Grazie per il vostro affetto e il ricordo nella preghiera. Dio vi benedica tutti!

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SOURCE : https://www.vatican.va/content/john-paul-ii/it/angelus/2002/documents/hf_jp-ii_ang_20021103.html

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Jakub SchikanederAll Souls' Day, 1888, 139,5 x 220, National Gallery in Prague


BENEDETTO XVI

UDIENZA GENERALE

Aula Paolo VI

Mercoledì, 2 novembre 2011

La Commemorazione di tutti i fedeli defunti


Cari fratelli e sorelle!

Dopo avere celebrato la Solennità di Tutti i Santi, la Chiesa ci invita oggi a commemorare tutti i fedeli defunti, a volgere il nostro sguardo a tanti volti che ci hanno preceduto e che hanno concluso il cammino terreno. Nell’Udienza di questo giorno, allora, vorrei proporvi alcuni semplici pensieri sulla realtà della morte, che per noi cristiani è illuminata dalla Risurrezione di Cristo, e per rinnovare la nostra fede nella vita eterna.

Come già dicevo ieri all’Angelus, in questi giorni ci si reca al cimitero per pregare per le persone care che ci hanno lasciato, quasi un andare a visitarle per esprimere loro, ancora una volta, il nostro affetto, per sentirle ancora vicine, ricordando anche, in questo modo, un articolo del Credo: nella comunione dei santi c’è uno stretto legame tra noi che camminiamo ancora su questa terra e tanti fratelli e sorelle che hanno già raggiunto l’eternità.

Da sempre l’uomo si è preoccupato dei suoi morti e ha cercato di dare loro una sorta di seconda vita attraverso l’attenzione, la cura, l’affetto. In un certo modo si vuole conservare la loro esperienza di vita; e, paradossalmente, come essi hanno vissuto, che cosa hanno amato, che cosa hanno temuto, che cosa hanno sperato e che cosa hanno detestato, noi lo sco­priamo proprio dalle tombe, davanti alle quali si affollano ricordi. Esse sono quasi uno specchio del loro mondo.

Perché è così? Perché, nonostante la morte sia spesso un tema quasi proibito nella nostra società, e vi sia il tentativo continuo di levare dalla nostra mente il solo pensiero della morte, essa riguarda ciascuno di noi, riguarda l’uomo di ogni tempo e di ogni spazio. E davanti a questo mistero tutti, anche inconsciamente, cerchiamo qualcosa che ci inviti a sperare, un segnale che ci dia consolazione, che si apra qualche orizzonte, che offra ancora un futuro. La strada della morte, in realtà, è una via della speranza e percorrere i nostri cimiteri, come pure leggere le scritte sulle tombe è compiere un cammino segnato dalla speranza di eternità.

Ma ci chiediamo: perché proviamo timore davanti alla morte? Perché l’umanità, in una sua larga parte, mai si è rassegnata a credere che al di là di essa non vi sia semplicemente il nulla? Direi che le risposte sono molteplici: abbiamo timore davanti alla morte perché abbiamo paura del nulla, di questo partire verso qualcosa che non conosciamo, che ci è igno­to. E allora c’è in noi un senso di rifiuto perché non possiamo accettare che tutto ciò che di bello e di grande è stato realizzato durante un’intera esistenza, venga improvvisamente cancellato, cada nell’abisso del nulla. Soprattutto noi sentiamo che l’amore richiama e chiede eternità e non è possibile accettare che esso venga distrutto dalla morte in un solo momento.

Ancora, abbiamo timore davanti alla morte perché, quando ci troviamo verso la fine dell’esistenza, c’è la percezione che vi sia un giudizio sulle nostre azioni, su come abbiamo condotto la nostra vita, soprattutto su quei punti d’ombra che, con abilità, sappiamo spesso rimuovere o tentiamo di rimuovere dalla nostra coscienza. Direi che proprio la questione del giudizio è spesso sottesa alla cura dell’uomo di tutti i tempi per i defunti, all’attenzione verso le persone che sono state significative per lui e che non gli sono più accanto nel cammino della vita terrena. In un certo senso i gesti di affetto, di amore che circondano il defunto, sono un modo per proteggerlo nella convinzione che essi non rimangano senza effetto sul giudizio. Questo lo possiamo cogliere nella maggior parte delle culture che caratterizzano la storia dell’uomo.

Oggi il mondo è diventato, almeno apparentemente, molto più razionale, o meglio, si è diffusa la tendenza a pensare che ogni realtà debba essere affrontata con i criteri della scienza sperimentale, e che anche alla grande questione della morte si debba rispondere non tanto con la fede, ma partendo da conoscenze sperimentabili, empiriche. Non ci si rende sufficientemente conto, però, che proprio in questo modo si è finiti per cadere in forme di spiritismo, nel tentativo di avere un qualche contatto con il mondo al di là della morte, quasi immaginando che vi sia una realtà che, alla fine, è sarebbe una copia di quella presente.

Cari amici, la solennità di tutti i Santi e la Commemorazione di tutti i fedeli defunti ci dicono che solamente chi può riconoscere una grande speranza nella morte, può an­che vivere una vita a partire dalla speranza. Se noi riduciamo l’uomo esclusivamente alla sua dimensione orizzontale, a ciò che si può percepire empiricamente, la stessa vita perde il suo senso profondo. L’uomo ha bisogno di eternità ed ogni altra speranza per lui è troppo breve, è troppo limitata. L’uomo è spiegabile solamente se c’è un Amore che superi ogni isolamento, anche quello della morte, in una totalità che trascenda anche lo spazio e il tempo. L’uomo è spiegabile, trova il suo senso più profondo, solamente se c’è Dio. E noi sappiamo che Dio è uscito dalla sua lontananza e si è fatto vicino, è entrato nella nostra vita e ci dice: «Io so­no la risurrezione e la vita; chi crede in me anche se muore vivrà; chiunque vive e crede in me non morirà in eterno» (Gv 11,25-26).

Pensiamo un momento alla scena del Calvario e riascoltiamo le parole che Gesù, dall’alto della Croce, rivolge al malfattore crocifisso alla sua destra: «In verità io ti dico: oggi con me sarai nel paradiso» (Lc 23,43). Pensiamo ai due discepoli sulla strada di Emmaus, quando, dopo aver percorso un tratto di strada con Gesù Risorto, lo riconoscono e partono senza indugio verso Gerusalemme per annunciare la Risurrezione del Signore (cfr Lc 24,13-35). Alla mente ritornano con rinnovata chiarezza le parole del Maestro: «Non sia turbato il vostro cuore. Abbiate fede in Dio e abbiate fede anche in me. Nella casa del Padre mio vi sono molte dimore. Se no non vi avrei mai detto: “Vado a prepararvi un posto”?» (Gv 14,1-2). Dio si è veramente mostrato, è diventato accessibile, ha tanto amato il mondo «da dare il suo Figlio unigenito, perché chiunque crede in lui non vada perduto, ma abbia la vita eterna» (Gv 3,16), e nel supremo atto di amore della Croce, immergendosi nell’abisso della morte, l’ha vinta, è risorto ed ha aperto anche a noi le porte dell’eternità. Cristo ci sostiene attraverso la notte della morte che Egli stesso ha at­traversato; è il Buon Pastore, alla cui guida ci si può affidare sen­za alcuna paura, poiché Egli conosce bene la strada, anche attra­verso l’oscurità.

Ogni domenica, recitando il Credo, noi riaffermiamo questa verità. E nel recarci ai cimiteri a pregare con affetto e con amore per i nostri defunti, siamo invitati, ancora una volta, a rinnovare con coraggio e con forza la nostra fede nella vita eterna, anzi a vivere con questa grande speranza e testimoniarla al mondo: dietro il presente non c’è il nulla. E proprio la fede nella vita eterna dà al cristiano il coraggio di amare ancora più intensamente questa nostra terra e di lavorare per costruirle un futuro, per darle una vera e sicura speranza. Grazie.

Saluti:

Je suis heureux de saluer ce matin les pèlerins de langue française. Que votre foi dans la résurrection du Christ vous donne force et courage pour traverser les épreuves de la vie et qu’elle fasse grandir en vous l’espérance de la vie éternelle ! Que Dieu vous bénisse!

I offer a warm welcome to the priests from the United States taking part in the Institute for Continuing Theological Education at the Pontifical North American College in Rome. My greeting also goes to the pilgrimage group from Saint Paul’s High School in Tokyo, Japan. Upon all the English-speaking visitors present at today’s Audience, especially those from Ireland, Denmark, Norway, Japan and the United States, I invoke God’s blessings of joy and peace!

Einen herzlichen Gruß richte ich an alle Pilger deutscher Sprache. Auch zu uns heute sagt Christus: »Ich bin die Auferstehung und das Leben. Wer an mich glaubt, wird leben, auch wenn er stirbt« (Joh 11,25). So ist dies ein Tag, um unseren Glauben an das Ewige Leben und unsere Hoffnung neu zu bekräftigen, von dieser Hoffnung her unser Leben zu vollbringen, und sie so auch vor den Mitmenschen glaubhaft zu machen. Gott behüte euch und führe euch auf allen euren Wegen.

Saludo cordialmente a los peregrinos de lengua española, en particular a los grupos provenientes de España, México, República Dominicana, Colombia, Argentina y otros países latinoamericanos. Invito a todos a que al recitar el Credo proclaméis al mundo la fe en la vida eterna, pues si el Buen Pastor nos guía en la noche de la muerte, seremos capaces de trabajar con denuedo en este mundo, con la esperanza del futuro que nos promete. Muchas gracias.

 Saúdo com afeto os peregrinos de língua portuguesa, em particular os brasileiros vindos de diversas cidades do Estado de São Paulo. Exorto-vos a construir a vossa vida aqui na terra trabalhando por um futuro marcado por uma esperança verdadeira e segura, que abra para a vida eterna. Que Deus vos abençoe!

Saluto in lingua polacca:

Witam serdecznie obecnych tu pielgrzymów polskich. Dzisiaj we Wspomnienie Wszystkich Wiernych Zmarłych pamiętamy w modlitwie szczególnie o tych, którzy oczekują naszej pomocy, by wejść do życia wiecznego. Wierząc w świętych obcowanie, polecamy ich Bożemu Miłosierdziu. Niech smutek i ból rozłąki z bliskimi ożywia nadzieja naszego zmartwychwstania i spotkania z Bogiem w niebie. Niech będzie pochwalony Jezus Chrystus.

Traduzione italiana:

Saluto cordialmente i pellegrini polacchi qui presenti. Oggi, celebrando la Commemorazione di tutti i Fedeli Defunti, ricordiamo in modo particolare coloro che aspettano l’aiuto della nostra preghiera per entrare nella vita eterna. Credendo nella comunione dei santi, affidiamoli alla Divina Misericordia. Che la tristezza e il dolore per la separazione dai nostri cari siano alleviati dalla speranza della risurrezione e dell’incontro con Dio nel cielo. Sia lodato Gesù Cristo.

APPELLO

Il 3 e il 4 novembre prossimi - domani e dopo domani - i Capi di Stato o di Governo del G-20 si riuniranno a Cannes, per esaminare le principali problematiche connesse con l’economia globale. Auspico che l’incontro aiuti a superare le difficoltà che, a livello mondiale, ostacolano la promozione di uno sviluppo autenticamente umano e integrale.

* * *

Rivolgo un cordiale saluto ai pellegrini di lingua italiana. Cari amici, vi ringrazio per questa visita e vi esorto a trovare nella preghiera la forza per avanzare sempre più nel cammino della santità.

Desidero, infine, salutare i giovani, gli ammalati e gli sposi novelli. Dopo domani ricorre la memoria liturgica di San Carlo Borromeo, Vescovo insigne della Diocesi di Milano, che, animato da ardente amore per Cristo, fu instancabile maestro e guida dei fratelli. Il suo esempio aiuti voi, cari giovani, a lasciarvi condurre da Cristo nelle vostre scelte per seguirLo senza timore; incoraggi voi, cari ammalati, ad offrire la vostra sofferenza per i Pastori della Chiesa e per la salvezza delle anime; sostenga voi, cari sposi novelli, nel generoso servizio alla vita.

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SOURCE : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/it/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20111102.html

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Luca Giordano  (–1705), La Vierge Marie et les Âmes du Purgatoire, circa 1650, huile sur toile, basilique San Pietro di Castello, Venise


Suffragi per le Anime del purgatorio

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Secondo la dottrina della Chiesa, la beatitudine del paradiso o la dannazione dell’inferno sono la meta finale dell’esistenza umana. Ma esiste anche una tappa intermedia fra la terra e il cielo, cioè il purgatorio. Qui la teologia cattolica colloca provvisoriamente le anime di quanti sono morti nella grazia di Dio, senza essere perfettamente purificati.

Perciò, in questi giorni, la liturgia commemora i defunti e invita i fedeli a pregare per loro, in modo da accelerarne il cammino verso il paradiso. Queste orazioni sono però uno scambio a senso doppio con le anime del purgatorio. Conferma infatti il Nuovo Catechismo: «La nostra preghiera può non solo aiutarli, ma anche rendere efficace la loro intercessione in nostro favore».

Il Manuale delle indulgenze concede dunque, a partire dal 2 e fino all’8 novembre, una specifica indulgenza plenaria, applicabile soltanto alle anime del purgatorio. La può ottenere ogni fedele che, confessato e comunicato, visita il cimitero e prega, anche soltanto mentalmente, per i defunti. In tutti gli altri giorni dell’anno, alla preghiera nel cimitero è connessa l’indulgenza parziale.

A metà Ottocento, una caratteristica espressione devozionale fu ideata dal sacerdote marchigiano Francesco Vitali. A lui si deve il testo di meditazioni Il mese di novembre in suffragio delle anime sante del purgatorio. Il libro si diffuse rapidamente in decine di edizioni e venne successivamente ripreso da altri autori mistici. Lo caratterizza la proposta dell’«atto eroico di carità». Si tratta di un gesto con cui il fedele offre in favore delle anime del purgatorio tutte le indulgenze da lui ottenute, rimettendosi completamente alla misericordia di Dio.

La beata Anna Maria Taigi, sempre nell’Ottocento, ricevette invece l’ispirazione per la devozione dei Cento Requiem in suffragio dei defunti. La Corona consiste nella recita di dieci Offerte, seguite ciascuna da dieci preghiere dell’Eterno riposo. Quindi si pronuncia l’invocazione: «Anime sante, anime del purgatorio, pregate Dio per me, che io pregherò per voi, perché vi doni la gloria del paradiso».
E, infine, il salmo 130: «Dal profondo a te grido, o Signore; / Signore, ascolta la mia voce».

Autore: Saverio Gaeta

SOURCE : https://www.santiebeati.it/Detailed/96385.html

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Relieve del Purgatorio. Iglesia de Santa Ana. Sevilla, Andalucía, España.


Allesjelersdag

Minnedag: 2. november

På Allesjelersdag minnes vi våre avdøde. P. Hallvard Thomas Hole, i videoen under, forklarer hva allesjelersdag er for noe, og hva det er vanlig å gjøre på denne dagen.

Hedningene i antikken hadde faste minnedager for sine døde, for eksempel den romerske Parentalia (fest til ære for døde slektninger) fra 13. til 22. februar (se Apostelen Peters Stol). Kristne holdt i begynnelsen fast på disse skikkene, i den grad de ikke syntes uforenelige med deres tro. Det finnes bevis fra så tidlig som 100-tallet på at slike minnedager inkluderte bønner for de døde og ble snart fulgt av feiring av messen.1

I begynnelsen ble den tredje dagen etter begravelsen og den årlige dødsdagen de foretrukne dagene for minnemarkeringen, men senere ble den syvende og den trettiende dagen også lagt til, og på mange steder også den førtiende. «Alle disse faste dagene for å minnes den døde, sammen med den rituelle høytideliggjøring av begravelsesdagen, stammer fra førkristen tradisjon, hvor feiringen av eukaristien tar plassen for det gamle offeret for den døde og noen ganger kanskje også for refrigerium».2

Selv om bønner for de avdøde finnes på innskrifter i noen romerske katakomber fra de første kristne århundrene, var Kirken relativt sent ute med en egen liturgisk fest med messer og bønn for alle sjelene som renses i «skjærsilden», purgatoriet. Feiringen er basert på den lære at sjelene til de troende som ved døden ennå ikke har blitt renset for venielle synder, eller ikke har sonet for tidligere overtredelser, ikke kan gå direkte inn til himmelens glede, selv om deres evige frelse er sikret. De må først gjennomgå en renselse, slik at de kan få den hellighet som er nødvendig.3 «Venielle synder» kalles også svakhetssynder i motsetning til «dødssynder».

På konsilet i Trent ble det i 1563 sagt:«Det finnes et purgatorium. De sjeler som blir holdt tilbake der, blir hjulpet når de troende ber for dem, særlig når messen blir lest for dem.» Fra de tidligste tider har Kirken æret de avdødes minne og båret frem forbønner for dem, særlig det eukaristiske offer, slik at de kan nå frem til det salige syn etter å ha blitt renset. Kirken anbefaler også almisser, avlat og botsøvelser til fordel for de avdøde.4

Det første eksempelet på en egen liturgisk fest er fra den hellige Isidor av Sevillas tid (d. 636), da han beordret sine munker å ofre messe for sine døde medbrødre på mandag etter pinse.5 I første halvdel av 800-tallet var det vanlig i klostrene å minnes sine egne avdøde munker og velgjørere. Det ser ikke ut til å ha vært noen fast dag for dette, men på begynnelsen av 800-tallet foreskrev abbed Eigil av Fulda at de avdøde skulle minnes i «messe, salmer og hellig bønn» den 17. desember, minnedagen for den hellige Sturmius, grunnleggeren av klosteret i Fulda.6 Det var lignende minnedager i de østlige Kirkene. I 800 inngikk to klostre, Saint-Gall og Reichenau, en formell avtale om å be for de døde i begge klostrene den 14. november hvert år. På samme tid skrev Amalarius av Metz i sin De ordine antiphonum at han la denne festen dagen etter Allehelgensdag. Han pleide å legge til officiet for de døde til tidebønnene på Allehelgensdag.7

Den hellige Odilo av Cluny (994-1048) kan ha tenkt på denne henvisningen da han i 998 utvidet feiringen til «alle døde som har eksistert fra verdens begynnelse» og la festen til dagen etter allehelgensdag, altså den 2. november. Han ga alle klostrene under hans autoritet ordre om å innføre denne feiringen og la til: «Hvis noen andre følger eksemplet av vår trosinspirerte nyskapning, måtte han dele i alles gode bønner».8 Den hellige Peter Damian (1007-1072) forteller i sin biografi om Odilo en legende om hvordan denne feiringen ble innført.

En pilegrim som var på vei hjem fra Det hellige Land, led skipbrudd i en storm og ble kastet i land på en øde øy. En eremitt som bodde der, fortalte ham at blant klippene var det en avgrunn som sto i forbindelse med purgatoriet, og fra den hørtes hele tiden stønnene fra plagete sjeler. Eremitten hevdet også at han hadde hørt demonene klage over effekten av de troendes bønner, og spesielt munkene i Cluny, i å redde deres ofre. Da pilegrimen kom hjem, hastet han til Cluny for å fortelle abbeden om dette, og han bestemte at hans kommunitet hver 2. november skulle be for sjelene i skjærsilden. Dekretet som forordner feiringen, er trykt i bollandistenes Acta Sanctorum.9

Innflytelsen fra Cluny gjorde at festen ble spredt til hele vesten. Først ble den overtatt av de andre cluniacensiske husene og deretter ble den tatt opp i flere franske bispedømmer. Bispedømmet Liège var det første bispedømmet som offisielt innførte en minnedag for å be for alle avdøde, det skjedde under biskop Notger (d. 1008). Deretter spredte skikken seg til Tyskland og England. Med tiden ble hele måneden november assosiert med bønner for de avdøde i den vestlige katolske tradisjonen, men likevel beholdt 2. november en spesiell status som en dag satt av for det formålet.

Allesjelersdag nevnes i et martyrologium samlet i Besançon midt på 1000-tallet. Så tidlig som i 1075 påbød Lanfranc i England i sin Monastic Constitutions sine munker å feire en høytidelig messe for de døde på 2. november, men det finnes fire eller fem kalendere fra Canterbury fra 1100- og 1200-tallet som ikke nevner noen slik feiring i det hele tatt. De mest kjente dedikasjonene i England er All Souls College i Oxford, grunnlagt av erkebiskop Henry Chichele i 1437 og All Souls Church i Langham Place i London, bygd av John Nash mellom 1822 og 1824.

Festen Commemoratio animarum spredte seg langsommere til Italia, hvor den ble akseptert, spesielt i Roma, først på 1300-tallet. I Kirken i Milano ble minnedagen feiret på dagen etter festen for vigslingen av katedralen (16. oktober) inntil den hellige Karl Borromeus flyttet den til 2. november i 1582.10 Tidlig på 1400-tallet hadde dominikanerne i Spania skikken med å feire tre messer på den dagen (som i julen) for å oppfylle alle anmodninger om messer. Denne skikken ser ut til å ha oppstått i dominikanerklosteret i Valencia. Pave Benedikt XIV (1740-58) ga sin godkjennelse av denne skikken i 1748 og utvidet privilegiet til alle prester i hele Spania, Portugal og Latin-Amerika.

Pave Benedikt XV (1914-22) utvidet i 1915 dette privilegiet til hele Kirken og gjorde samtidig festen obligatorisk. Bakgrunnen for dette var de mange som var døde i første verdenskrig. Paven gjorde privilegiet avhengig av den betingelse at hver prest bare kunne ofre én messe for stipend og måtte feire en annen som en kompensasjon for alle de messeintensjonene som av ulike grunner ikke var oppfylt i århundrenes løp eller hadde blitt glemt.11 Denne regelen gjelder fortsatt, men en prest trenger ikke nødvendigvis å feire tre messer. Messen fikk en egen prefasjon, tatt fra det parisiske missale fra 1738. De tre messene feires for de troende, for pavens intensjon og for en personlig intensjon.

I den tradisjonelle katolske ritus ble feiringen flyttet til mandag den 3. november hvis 2. november falt på en søndag, siden messen for de døde med sine svarte messeklær ble sett på som uforenelig med søndagens gledefulle natur. Den samme regelen sto i de generelle retningslinjene for den nye messen som kom i 1969, men da det nye missalet kom i 1970, sto det at Allesjelersdag hadde presedens foran søndagen.12 Dette betyr at festen for Alle sjeler alltid feires, selv om dagen faller på en søndag.

Samtidig ble det bestemt at som i alle messer for avdøde kunne fiolette messeklær brukes i stedet for svarte.13

Mange tror at Det annet Vatikankonsil avskaffet svart som liturgisk farge, men dette er altså ikke riktig (bortsett fra på langfredag), fiolett ble innført som et alternativ, ikke som en erstatning for svart. Noen steder ble svarte messehagler kastet eller solgt på auksjon, noe som i beste fall må kalles kulturvandalisme. Tidligere var hvitt foreskrevet i begravelser av små barn, men i dag har det i USA, Canada, Australia og New Zealand (samt i enkelte bevegelser, «movimenti») blitt nesten enerådende å feire rekviemmesser i hvitt for å understreke at man feirer en oppstandelsesmesse. (At hvitt er foreskrevet i enkelte asiatiske land, skyldes derimot at hvitt er fargen for sorg i deres kultur). Rent formelt er det naturligvis riktig at vi i en rekviemmesse feirer håpet om oppstandelsen, men det er ikke til å legge skjul på at dette har skapt problemer i enkelte begravelser. En enke skrev en gang en artikkel i den katolske pressen i USA hvor hun uttrykte sitt sinne over den gledefylte feiringen av hennes manns oppstandelse, som ikke tok noe hensyn til hennes sorg. Kanskje en påminnelse til prester om at begravelser ikke er stedet for å ri liturgiske prinsipper, men heller for pastoral fingerspitzengefühl.

Ved kalenderreformen i 1969 ble det også innført fire nye prefasjoner for den kristne død i tillegg til den gamle for de avdøde. Den nye liturgien er bestemt på å «uttrykke klarere den kristne døds påskekarakter»,14 og i stedet for å sørge «som de andre, de som er uten håp» (1.Tess 4,13), å proklamere Kristi påskemysterium som grunnlaget for vårt håp. Av denne grunn ble den gamle sekvensen Dies Irae fra 1200-tallet fjernet sammen med andre tekster hvor frykten ved tanken på Guds strenge dom skygger for det strålende lyset av troen på oppstandelsen. En detaljert beskrivelse av den eldre liturgien i messe og officium på Allesjelersdag gis av den tyske liturgikeren og religionsvitenskapsmannen Joseph Pascher (1893-1979). Til tross for alle forsøk på å gi en positiv tolkning av den daværende liturgien, konkluderer Pascher: «Ikke desto mindre er det manges håp at et fremtidige officium for de døde vil bli karakterisert av en større grad av tillit til påskemysteriets død og oppstandelse med Kristus».

Mange mener at fjerningen av Dies Irae fra messen på Allesjelersdag var en overreaksjon og en smule fundamentalistisk, og det finnes mange menigheter som fortsatt synger den, enten på sekvensens plass eller som hymne. Den er da heller ikke forbudt, tvert imot foreslås den fortsatt i tidebønnene som åpningshymne i officiet for de døde (delt i tre deler), og spesielt for Allesjelersdag.15

Den utstrakte valgfriheten etter kalenderreformen gjorde dessverre at praksisen ble ulik i de katolske kirkene i Norden. I Sverige feires Allehelgensdag alltid på første lørdag i november med Allesjelersdag på søndagen etter, mens i Danmark feires Allehelgensdag første søndag i november og Allesjelersdag mandagen etter. Kirken i Norge valgte «bastardløsningen» å feire Allehelgensdag på første søndag i november, mens Allesjelersdag ble feiret den 2. november uansett hvordan den datoen falt i forhold til Allehelgensdag (dersom ikke første søndag i november var nettopp 2. november – da ble Allesjelersdag feiret mandagen etter). Heldigvis har de norske biskopene nå ryddet opp i dette, slik at fra kirkeåret 2006/07 feires Allehelgensdag den 1. november og Allesjelersdag den 2. november.

Allesjelersdag sto i Missale Nidrosiense fra 1519 som Commemoratio animarum. Feiringen av Allesjelersdag kan ses på som et komplement til Allehelgensdag: Vi ber om at skaren for Guds trone skal bli fulltallig. Også i den protestantiske kirken har man en reminisens av denne festen (riktignok gjerne på allehelgensdag) hvor man går på kirkegården, steller gravstedene og setter lys på dem.

Det var også en folkelig overtro at på denne dagen kunne sjelene i skjærsilden vise seg på jorden og hjemsøke dem som hadde gjort dem noe mens de levde. De kunne vise seg som spøkelser eller hekser, og det ble også trodd at det hjalp å gi almisser i form av penger, kaker eller frukt. Noen av skikkene overlever i folkelige tradisjoner, men er i dag assosiert med «hallowe'en», allehelgensaften 31. oktober (allehelgensdag heter på engelsk All Saints eller All Hallows).

I den armenske kirken feires dagen på mandag etter påske.

Allesjelersdag er helt unik i den liturgiske kalenderen. Den kan ikke kalles en høytid eller en fest, men likevel hører den i rang med blant «høytidene for Herren, den salige Jomfru Maria og de hellige som står i den allmenne kalenderen».16

M. Righetti, Manuale di storia liturgica, 2. utgave, Milano 1955, 2:368-69, 375-77; J.A. Jungmann, The Mass of the Roman Rite. Its origins and Development, 2 vols, New York 1951-55, 1:217-19

Jungmann 1:218. [Refrigerium var minnemåltidet for de døde. Jungmann 1:218, nr 43]

Jf CCC 1030

CCC 1032

Regula 24,2; J.-P. Migne (ed.), Patrologia Latina (PL), 83:294

Vita Sancti Eigilii 25; PL105:400

De ordine antiphonum 65 (Hanssens 3:98)

Statutum Odilonis; Pl 142:1037

Saec. VI, pt. i, s 585

10 Righetti 2:398

11 H. Kneller, Geschichtliches über die drei Messen am Allerseelentag, Zeitschrift für Katolische Theologie (Innsbruck), Wien 1877-), 42 (1918), 74-113

12 Rubrikkene i Missale Romanum av 1970

13 GIRM, no 306d-e; jf instruksjonen for implementeringen av Konstitusjonen om liturgien av mai 1967, nos 23-34

14 Sacrosanctum Concilium, 4. desember 1963, no 81; Flannery s 24

15 Liturgia Horarum IV, (Libreria Editrice Vaticana, 2000), s 489

16 Generelle regler for det liturgiske år og kalenderen, (21. mars 1969), kap 3, «Tabell over liturgiske dager i henhold til deres presedensorden», I, 3

Kilder: Farmer, Lodi, Butler (XI), Bunson, Engelhart, Schnitzler, Schauber/Schindler, Melchers, Adam, KIR, CE, Infocatho, Heiligenlexikon, en.wikipedia.org, americancatholic.org, festjahr.de - Kompilasjon og oversettelse: p. Per Einar Odden - Opprettet: 2006-12-04 19:59

SOURCE : http://www.katolsk.no/biografier/historisk/nov02

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Maître de Catherine of Clèves  (fl. de 1435 à 1460), Âmes délivrées du Purgatoire, Heures de Catherine de Clèves, MS M.917, fol. 107r, circa 1440, The Morgan Library and Museum, Ms. M.917, fol. 107r (themorgan.org)


JUAN PABLO II

ÁNGELUS

Domingo 2 de noviembre de 1980

1. "Todo el mundo es delante de ti como un grano de arena en la balanza y como una gota de rocío de la mañana que cae sobre la tierra. Pero tienes piedad de todos, porque todo lo puedes, y disimulas los pecados de los hombres para traerlos a penitencia. Pues Tú amas todo cuanto existe y nada aborreces de lo que has hecho, que no por odio hiciste cosa alguna. ¿Y cómo podría subsistir nada si tú no quisieras, o cómo podría conservarse sin ti? Pero a todos perdonas, porque son tuyos, Señor, amador de las almas. Porque en todas las cosas está tu espíritu incorruptible. Y por eso corriges con blandura a los que caen, y a los que pecan los amonestas, despertando la memoria de su pecado, para que, libres de su maldad, crean, Señor, en ti" (Sab 11 23-12, 2).

Hoy la Iglesia celebra la "conmemoración de todos los fieles difuntos". Las palabras arriba citadas del libro de la Sabiduría, tomadas de la primera lectura del domingo trigésimo primero "per annum", pueden ayudar mucho a cada uno de nosotros para vivir este encuentro con la eternidad, que traen consigo los dos primeros días de noviembre.

Que nos acompañen estas palabras durante la visita a los cementerios, cuando nos detengamos junto a las tumbas de nuestros difuntos, cercanos o lejanos, conocidos o desconocidos: "...porque en todas las cosas está tu espíritu incorruptible" (Sab 12, 1).

Que estas visitas a los difuntos, estos encuentros con ellos, sean valorizados en nuestros corazones por la esperanza, que "está llena de inmortalidad'' (Sab 3, 4).

2. Me refiero otra vez al Sínodo de los Obispos que, hace una semana, terminó sus trabajos dedicados a la misión de la familia en el mundo contemporáneo. Porque hoy quiero decir que la familia es un lugar particular del hombre. En este lugar, en esta comunidad, se saluda con alegría su nacimiento su venida al mundo, y en este lugar, sobre todo, se siente su desaparición, su muerte.

El día de los difuntos es un día particular para las familias. Este día van a los lugares donde descansan los difuntos más cercanos y más queridos: se encuentran, en el silencio, en la oración en la meditación junto a sus tumbas.

Reviven recuerdos alegres y dolorosos: a veces las lágrimas comienzan a correr por el rostro, ¡tan grande es el sentido de la cercanía, a pesar de la muerte, tan grande es la emoción!

Pertenecen a la familia también los que han participado, y permanecen, sin embargo, en los corazones porque el misterio de la vida y del amor nos ha unido a ellos tan profundamente. Permanecen en la viudez de sus respectivos maridos y mujeres, que continúan en la vida. Permanecen en la orfandad de sus hijos.

3. En este día quisiera recordar a todos los muertos de este año, y en particular a las víctimas de catástrofes naturales y de numerosos, demasiados episodios de violencia, de secuestros, de terrorismo, acaecidos en diversos países del mundo.

Pienso también en los muchos niños inocentes -como los alumnos de la escuela de Ortuella, España-, en tantas personas que, en los lugares de trabajo, por los caminos o en la propia casa, se encontraron arrollados, sin darse cuenta, por actos de destrucción y de muerte, cuya causa frecuentemente ni siquiera conocerían.

Pienso en un pequeño país del mundo, atormentados por una crónica prolongación de violencias y asesinatos, que provocan luto en las familias y en la comunidad eclesial. Quisiera renovar, en nombre también de la piedad por los muertos, una llamada apremiante para que prevalezca en todas las partes responsables el sentimiento de reconciliación dictado por la conciencia cristiana y por el amor a la propia patria.

Quisiera no olvidar a las víctimas de la guerra que, desde hace algunas semanas, arrecia entre Irak e Irán, como choques sangrientos entre los ejércitos y bombardeos de ciudades y poblaciones indefensas; por desgracia, la misma opinión pública del mundo parece habituarse fácilmente incluso al espectáculo de tan terribles destrucciones.

Mientras nuestra oración quiere abrazar también la suerte de estos hermanos nuestros, invoquemos a Dios omnipotente y misericordioso para que haga renacer pensamientos de paz, y en particular despierte el deseo de resolver los contrastes con negociaciones, dentro del respeto a la integridad de los derechos humanos, nacionales y territoriales de los países implicados en el conflicto.

4. El día de la conmemoración de los difuntos, traspasamos, en cierto sentido, los límites de su ausencia, cuyo signo es la tumba fría, y nos unimos con ellos en la fe que nos conduce a la Casa del Padre.

Y juntamente con el autor del Libro de la Sabiduría repetimos a ese Padre: "Señor, todo lo puedes... y amas todo lo que has creado" (cf. Sab 11, 23-24). Amas al hombre al que has creado a tu semejanza y lo has redimido mediante la sangre de tu Hijo. Tú amas al hombre...

Después del Ángelus

Saludo complacido al grupo de padres presentes en la plaza de San Pedro y que han venido de Bérgamo y Verona, a visitar a sus hijos que se preparan para el sacerdocio en el Instituto de los Monfortianos. Me congratulo con vosotros por el don que habéis hecho de vuestros hijos al Señor, confiándolos a la protección materna de la Virgen. Os invito a perseverar en la oración y en el testimonio cristiano ferviente para sostener su vocación. Con tal deseo os bendigo de corazón

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SOURCE : https://www.vatican.va/content/john-paul-ii/es/angelus/1980/documents/hf_jp-ii_ang_19801102.html

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Luca Giordano  (–1705), Vierge à l'Enfant  et Âmes du Purgatoire, circa 1665, 207,3 x 155,6, Musée des Beaux-Arts de Houston


JUAN PABLO II

AUDIENCIA GENERAL

Miércoles 2 de noviembre de 1983

1. "Espero la resurrección de los muertos y la vida eterna".

Hoy, conmemoración litúrgica de los difuntos, nuestro pensamiento se dirige a la muchedumbre de los hermanos que nos han precedido en la gran meta de la eternidad. Estamos invitados a reanudar con ellos, en lo íntimo del corazón, el diálogo que la muerte no debe interrumpir.

No hay persona que no tenga parientes, amigos, conocidos que recordar. No hay familia que no se remonte al tronco originario, con sentimientos de nostalgia, de piedad humana y cristiana.

Pero nuestro recuerdo quiere ir más allá de los legítimos y entrañables vínculos afectivos y extenderse al horizonte del mundo. De este modo llegamos a todos los muertos, dondequiera que estén sepultados, en cada uno de los ángulos de la tierra, desde los cementerios de las metrópolis a los de la aldea mas modesta. Elevemos por todos, con corazón fraterno, la piadosa invocación de sufragio al Señor de la vida y de la muerte.

2. El día de la conmemoración de todos los difuntos debe ser una jornada de reflexión, especialmente en la ocasión extraordinaria del Año Jubilar de la Redención que estamos celebrando.

Efectivamente, la conmemoración de los difuntos nos hace meditar ante todo sobre el mensaje escatológico del cristianismo: por la palabra reveladora de Cristo, el Redentor, nosotros estamos seguros de la inmortalidad del alma. En realidad, la vida no se cierra en el horizonte de este mundo: el alma, creada directamente por Dios, cuando llegue el fin fisiológico del cuerpo, seguirá siendo inmortal, y nuestros mismos cuerpos resucitarán transformados y espiritualizados. El significado profundo y decisivo de nuestra existencia humana y terrena está en nuestra inmortalidad "personal": Jesús vino a revelarnos esta verdad. El cristianismo es ciertamente también un "humanismo" y propugna con fuerza el desarrollo integral de cada uno de los hombres y de cada pueblo, asociándose a todos los movimientos que quieren el progreso individual y social; pero su mensaje es esencialmente ultraterreno, planteando todo el sentido de la existencia en la perspectiva de la inmortalidad y de la responsabilidad. Por lo tanto, las muchedumbres inmensas de los que, en los siglos pasados, han alcanzado ya el término de la propia vida, están todos vivos; nuestros queridos difuntos están aún vivos y también presentes, de algún modo, en nuestro caminar cotidiano. "La vida no termina, se transforma; y, al deshacerse nuestra morada terrenal, adquirimos una mansión eterna en el cielo" (Prefacio de Difuntos).

3. En segundo lugar, esta jornada nos hace pensar justamente en la fragilidad y en lo precario de nuestra vida, en la condición mortal de nuestra existencia. ¡Cuántas personas han pasado ya por esta tierra nuestra! ¡Cuántos, que un día estaban con nosotros con su cariño y su presencia, ya no están! Somos peregrinos en la tierra y no estamos seguros de la amplitud del tiempo que se nos ha concedido. El autor de la Carta a los Hebreos advierte reflexivamente: "Está establecido morir una vez, y después de esto, el juicio" (Heb 9, 27). El Año Santo de la Redención nos recuerda especialmente que Cristo vino a traer la "gracia" divina, a redimir a la humanidad del pecado, a perdonar las culpas. La realidad de nuestra muerte nos recuerda la advertencia apremiante del Divino Maestro: "Velad" (cf. Mt 24, 32; 25, 13; Mc 13, 25). Debemos vivir, pues, en gracia de Dios, mediante la oración, la confesión frecuente, la Eucaristía; debemos vivir en paz con Dios, con nosotros mismos y con todos.

4. Toda la enseñanza y toda la actitud de Jesús se proyectan hacia las realidades eternas, con miras a las cuales el Divino Maestro no duda en pedir renuncias y sacrificios graves. La realidad de nuestra muerte no debe volver triste la vida ni bloquearla en sus actividades; sólo debe hacerla extremadamente seria. El autor de la Carta a los Hebreos nos advierte que "no tenemos aquí ciudad permanente, sino que buscamos la futura" (Heb 13, 14), y San Pablo se hace eco con una expresión de vivo realismo: "Castigo mi cuerpo y lo esclavizo" (1 Cor 9, 27). Efectivamente, sabemos que "los padecimientos del tiempo presente son nada en comparación con la gloria que ha de manifestarse en nosotros" (Rom 8, 18).

5. A la luz del mensaje típico del Año Santo, este día de difuntos nos recuerda la preciosa y grande realidad de la Indulgencia que la Iglesia concede en remisión de la pena temporal por los pecados. Ciertamente el Señor perdona las culpas de quien se ha arrepentido de verdad y vuelve a Él mediante el sacramento de la Penitencia; pero permanece, podríamos decir, esa zona gris que se llama “pena” del pecado, es decir,  permanece el deber de la purificación perfecta para la inmediata posesión de la visión beatífica después de esta vida

La Indulgencia jubilar,  al igual que las demás indulgencias, pueden aplicarse a los difuntos a manera de sufragio. Os exhorto, por tanto, a aprovechar siempre, pero especialmente este año,  el tesoro de la misericordia di Dio, para disfrutar de su amistad y ser hallados dignos de su infinita felicidad.

6. Queridísimos hermanos y hermanas: las reflexiones que nos sugiere la conmemoración de los difuntos nos hacen entrar en el gran capítulo de los "Novísimos" —muerte, juicio, infierno y gloria—. Es la perspectiva que debemos tener ininterrumpidamente ante los ojos, es el secreto para que la vida tenga siempre plenitud de significado y se desenvuelva cada día con la fuerza de la esperanza.

Meditemos frecuentemente los Novísimos y comprenderemos cada vez mejor el sentido profundo de la vida.

Con esta exhortación os imparto de corazón mi afectuosa y paterna bendición apostólica.

Saludos

Saludo con particular afecto a los numerosos peregrinos venidos de diversos lugares de España y Latinoamérica. Mi mas cordial saludo también a los miembros del Club Egara de Tarrasa.

Hoy, día de difuntos, nuestro pensamiento se dirige a los hermanos que nos han precedido en el camino hacia la eternidad. La Conmemoración litúrgica evoca el mensaje escatológico del Cristianismo que nos confirma sobre la inmortalidad del alma. El significado profundo de la existencia humana y terrena esta en nuestra inmortalidad “ personal ”. Jesús de Nazaret, el Hijo de Dios, ha venido al mundo para revelarnos esta verdad fundamental.

Unidos en la esperanza, elevamos nuestra plegaria por todos los difuntos.

Y antes de concluir, un especial saludo a los miembros de la Asociación de Propagandistas, venidos a Roma con motivo del 75° aniversario de su creación y del 50° aniversario del Centro de Estudios Universitarios.

Os recibo con verdadero placer, porque conozco los méritos de vuestra Asociación y la valía de sus realizaciones, que se han traducido en muy importantes obras de los católicos españoles.

Aunque no puedo extenderme más en este momento, sí quiero alentar cordialmente a vosotros, a todos los Propagandistas, a los profesores, alumnos y padres, a una fidelidad cada vez más profunda a vuestro ideario. Este hunde sus raíces en los auténticos principios cristianos, en la adhesión al Magisterio de la Iglesia, en una decidida voluntad de amor al hombre y de servicio al mismo, de acuerdo con los genuinos valores del humanismo cristiano.

La Iglesia y la sociedad española aprecian y necesitan vuestra aportación, tanto más preciosa y deseable en el momento actual y frente al futuro. Sensibles, pues, a las exigencias del mundo de hoy, proseguid vuestro camino, animados por mi afectuosa Bendición.

Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : https://www.vatican.va/content/john-paul-ii/es/audiences/1983/documents/hf_jp-ii_aud_19831102.html

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

Catedral de San Juan Bautista de Puerto Rico, San Juan, Puerto Rico.


JUAN PABLO II

ÁNGELUS

Domingo 3 de noviembre de 2002

Amadísimos hermanos y hermanas: 

1. Ayer celebramos la conmemoración litúrgica anual de Todos los Fieles difuntos. La Iglesia, esparcida por todo el mundo, elevó una invocación coral al Dios de la vida y de la paz, para que acoja en su reino de luz infinita a todas las almas, especialmente a las más abandonadas y necesitadas de su misericordia.

La oración cristiana por los difuntos —que caracteriza todo el mes de noviembre— debe hacerse a la luz de la resurrección de Cristo. En efecto, el apóstol san Pablo dice: "Si Cristo no resucitó, vuestra fe es vana. (...) Si solamente para esta vida tenemos puesta nuestra esperanza en Cristo, somos los más dignos de compasión de todos los hombres. ¡Pero no! Cristo resucitó de entre los muertos como primicia de los que durmieron" (1 Co 15, 17. 19-20).

El mundo necesita hoy, más que nunca, redescubrir el sentido de la vida y de la muerte desde la perspectiva de la vida eterna. Fuera de ella, la cultura moderna, nacida para exaltar al hombre y su dignidad, se transforma paradójicamente en cultura de muerte, porque, al perder el horizonte de Dios, se encuentra como prisionera del mundo, se atemoriza y, por desgracia, da lugar a múltiples patologías personales y colectivas.

2. A este propósito, me complace citar un texto de san Carlos Borromeo, cuya memoria litúrgica celebraremos mañana: "Mi alma —escribió— alabe siempre al Señor, que jamás deja de prodigar sus dones. Es don de Dios si de pecador te llama a la justicia; don de Dios si te sostiene para que no caigas; don de Dios si te da la fuerza para perseverar hasta el final; será don de Dios también la resurrección de tu cuerpo muerto, de modo que ni siquiera uno de los cabellos de tu cabeza se pierda; será don de Dios la glorificación después de la resurrección; y, por último, será también don de Dios poder alabarlo continuamente en la eternidad" (Homilía, 5 de septiembre de 1583).

A la vez que invito a meditar en estos luminosos pensamientos del santo arzobispo de Milán, aprovecho la ocasión para expresar mi gratitud a cuantos, con ocasión de la fiesta de san Carlos, me han enviado sus felicitaciones por mi onomástico. Agradezco, sobre todo, las oraciones, que devuelvo de corazón, invocando para todos abundantes gracias celestiales.

3. Dirigiéndonos ahora a María santísima, le pedimos que sostenga de modo particular nuestra oración de sufragio por los difuntos. En este Año del Rosario, imitemos asiduamente el ejemplo de la Virgen, para contemplar con ella el misterio de Cristo muerto y resucitado, esperanza de vida eterna para todo hombre.

Después del Ángelus

Hoy hemos participado todos espiritualmente en el dolor de la comunidad de San Giuliano di Puglia, tan probada por la trágica muerte de numerosos hijos suyos.

Deseo decir una vez más a esas queridas familias que el Papa está cerca de ellas y ruega por ellas, implorando del Señor, por intercesión de María, Madre de misericordia, el consuelo de la fe y de la esperanza cristiana.

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SOURCE : https://www.vatican.va/content/john-paul-ii/es/angelus/2002/documents/hf_jp-ii_ang_20021103.html

Commemorazione di tutti i fedeli defunti

San Gaetano intercede per le anime purganti presso la Madonna. Chiesa di Santa Maria degli Angeli a Pizzofalcone


BENEDICTO XVI

AUDIENCIA GENERAL

Sala Pablo VI

Miércoles 2 de noviembre de 2011

Conmemoración de todos los fieles difuntos


Queridos hermanos y hermanas:

Después de celebrar la solemnidad de Todos los Santos, la Iglesia nos invita hoy a conmemorar a todos los fieles difuntos, a dirigir nuestra mirada a los numerosos rostros que nos han precedido y que han finalizado el camino terreno. En la audiencia de hoy, por eso, quiero proponeros algunos sencillos pensamientos sobre la realidad de la muerte, que para nosotros, los cristianos, está iluminada por la Resurrección de Cristo, y para renovar nuestra fe en la vida eterna.

Como ya dije ayer en el Ángelus, en estos días se visita el cementerio para rezar por los seres queridos que nos han dejado; es como ir a visitarlos para expresarles, una vez más, nuestro afecto, para sentirlos todavía cercanos, recordando también, de este modo, un artículo del Credo: en la comunión de los santos hay un estrecho vínculo entre nosotros, que aún caminamos en esta tierra, y los numerosos hermanos y hermanas que ya han alcanzado la eternidad.

El hombre desde siempre se ha preocupado de sus muertos y ha tratado de darles una especie de segunda vida a través de la atención, el cuidado y el afecto. En cierto sentido, se quiere conservar su experiencia de vida; y, de modo paradójico, precisamente desde las tumbas, ante las cuales se agolpan los recuerdos, descubrimos cómo vivieron, qué amaron, qué temieron, qué esperaron y qué detestaron. Las tumbas son casi un espejo de su mundo.

¿Por qué es así? Porque, aunque la muerte sea con frecuencia un tema casi prohibido en nuestra sociedad, y continuamente se intenta quitar de nuestra mente el solo pensamiento de la muerte, esta nos concierne a cada uno de nosotros, concierne al hombre de toda época y de todo lugar. Ante este misterio todos, incluso inconscientemente, buscamos algo que nos invite a esperar, un signo que nos proporcione consolación, que abra algún horizonte, que ofrezca también un futuro. El camino de la muerte, en realidad, es una senda de esperanza; y recorrer nuestros cementerios, así como leer las inscripciones sobre las tumbas, es realizar un camino marcado por la esperanza de eternidad.

Pero nos preguntamos: ¿Por qué experimentamos temor ante la muerte? ¿Por qué una gran parte de la humanidad nunca se ha resignado a creer que más allá de la muerte no existe simplemente la nada? Diría que las respuestas son múltiples: tenemos miedo ante la muerte porque tenemos miedo a la nada, a este partir hacia algo que no conocemos, que ignoramos. Y entonces hay en nosotros un sentido de rechazo pues no podemos aceptar que todo lo bello y grande realizado durante toda una vida se borre improvisamente, que caiga en el abismo de la nada. Sobre todo sentimos que el amor requiere y pide eternidad, y no se puede aceptar que la muerte lo destruya en un momento.

También sentimos temor ante la muerte porque, cuando nos encontramos hacia el final de la existencia, existe la percepción de que hay un juicio sobre nuestras acciones, sobre cómo hemos gestionado nuestra vida, especialmente sobre aquellos puntos de sombra que, con habilidad, frecuentemente sabemos remover o tratamos de remover de nuestra conciencia. Diría que precisamente la cuestión del juicio, a menudo, está implicada en el interés del hombre de todos los tiempos por los difuntos, en la atención hacia las personas que han sido importantes para él y que ya no están a su lado en el camino de la vida terrena. En cierto sentido, los gestos de afecto, de amor, que rodean al difunto, son un modo de protegerlo basados en la convicción de que esos gestos no quedan sin efecto sobre el juicio. Esto lo podemos percibir en la mayor parte de las culturas que caracterizan la historia del hombre.

Hoy el mundo se ha vuelto, al menos aparentemente, mucho más racional; o mejor, se ha difundido la tendencia a pensar que toda realidad se deba afrontar con los criterios de la ciencia experimental, y que incluso a la gran cuestión de la muerte se deba responder no tanto con la fe, cuanto partiendo de conocimientos experimentales, empíricos. Sin embargo, no se llega a dar cuenta suficientemente de que precisamente de este modo se acaba por caer en formas de espiritismo, intentando tener algún contacto con el mundo más allá de la muerte, casi imaginando que exista una realidad que, al final, sería una copia de la presente.

Queridos amigos, la solemnidad de Todos los Santos y la Conmemoración de todos los fieles difuntos nos dicen que solamente quien puede reconocer una gran esperanza en la muerte, puede también vivir una vida a partir de la esperanza. Si reducimos al hombre exclusivamente a su dimensión horizontal, a lo que se puede percibir empíricamente, la vida misma pierde su sentido profundo. El hombre necesita eternidad, y para él cualquier otra esperanza es demasiado breve, es demasiado limitada. El hombre se explica sólo si existe un Amor que supera todo aislamiento, incluso el de la muerte, en una totalidad que trascienda también el espacio y el tiempo. El hombre se explica, encuentra su sentido más profundo, solamente si existe Dios. Y nosotros sabemos que Dios salió de su lejanía y se hizo cercano, entró en nuestra vida y nos dice: «Yo soy la resurrección y la vida: el que cree en mí, aunque haya muerto, vivirá; y el que está vivo y cree en mí no morirá para siempre» (Jn 11, 25-26).

Pensemos un momento en la escena del Calvario y volvamos a escuchar las palabras que Jesús, desde lo alto de la cruz, dirige al malhechor crucificado a su derecha: «En verdad te digo: hoy estarás conmigo en el paraíso» (Lc 23, 43). Pensemos en los dos discípulos que van hacia Emaús, cuando, después de recorrer un tramo de camino con Jesús resucitado, lo reconocen y parten sin demora hacia Jerusalén para anunciar la Resurrección del Señor (cf. Lc 24, 13-35). Con renovada claridad vuelven a la mente las palabras del Maestro: «No se turbe vuestro corazón, creed en Dios y creed también en mí. En la casa de mi Padre hay muchas moradas; si no, os lo habría dicho, porque me voy a prepararos un lugar» (Jn 14, 1-2). Dios se manifestó verdaderamente, se hizo accesible, amó tanto al mundo «que entregó a su Unigénito, para que todo el que cree en él no perezca, sino que tenga vida eterna» (Jn 3, 16), y en el supremo acto de amor de la cruz, sumergiéndose en el abismo de la muerte, la venció, resucitó y nos abrió también a nosotros las puertas de la eternidad. Cristo nos sostiene a través de la noche de la muerte que él mismo cruzó; él es el Buen Pastor, a cuya guía nos podemos confiar sin ningún miedo, porque él conoce bien el camino, incluso a través de la oscuridad.

Cada domingo reafirmamos esta verdad al recitar el Credo. Y al ir a los cementerios y rezar con afecto y amor por nuestros difuntos, se nos invita, una vez más, a renovar con valentía y con fuerza nuestra fe en la vida eterna, más aún, a vivir con esta gran esperanza y testimoniarla al mundo: tras el presente no se encuentra la nada. Y precisamente la fe en la vida eterna da al cristiano la valentía de amar aún más intensamente nuestra tierra y de trabajar por construirle un futuro, por darle una esperanza verdadera y firme. Gracias.

Saludos

Saludo cordialmente a los peregrinos de lengua española, en particular a los grupos provenientes de España, México, República Dominicana, Colombia, Argentina y otros países latinoamericanos. Invito a todos a que al recitar el Credo proclaméis al mundo la fe en la vida eterna, pues si el Buen Pastor nos guía en la noche de la muerte, seremos capaces de trabajar con denuedo en este mundo, con la esperanza del futuro que nos promete. Muchas gracias.

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SOURCE : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/es/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20111102.html