A
San Juan de la Cruz (detalle). Autor: Rafael Pi Belda. Tamaño: 2m de alto
(sobre un pedestal de 3 metros). Material: bronce. Caravaca de la Cruz
(Murcia).
Bronze
de Rafael Pi Belda à Caravaca de la Cruz (Murcie).
Saint Jean de la Croix
Carme, docteur de
l'Église (+ 1591)
Juan est né en
Vieille-Castille dans une famille pauvre. Il est très jeune quand meurt son
père. Sa mère doit se louer comme nourrice. Lui-même, pour payer ses études,
travaille comme infirmier à l'hôpital de la ville. A 21 ans, il décide d'entrer
chez les Pères Carmes et ses supérieurs l'envoient à l'Université de
Salamanque. Il aspire à retrouver la règle primitive de l'Ordre, faite
d'austérité et de prière, mais il n'essuie que des refus. Devenu prêtre, il
songe à changer d'Ordre religieux, quand Dieu lui fait rencontrer sainte
Thérèse d'Avila. Avec elle, il réalisera cette réforme dans une vie
toute faite d'absolu. Il devint ainsi, auprès de ses frères, un signe de
contradiction. On l'emprisonne neuf mois à Tolède, menottes aux mains, dans un
cachot. Et, de son âme dépouillée de tout appui humain, jaillira le "
Cantique spirituel ". Il finit par s'enfuir et il est recueilli par des
carmélites déchaussées. Commence alors pour Jean de la Croix, une période
d'activité rayonnante, ouvrant à tous, carmes et carmélites, gens du peuple et
universitaires, l'étroit sentier de la parfaite docilité à l'Esprit-Saint. De
retour en Castille, il exerce de lourdes responsabilité, tout en désirant la
parfaite ressemblance d'amour avec son Seigneur crucifié. Démis de toute
charge, malade, calomnié, enfin se déchire la "toile de cette vie",
il entre dans la vision de Dieu et va chanter son Cantique spirituel. "A
la fin du jour, c'est sur l'amour qu'on vous examinera." (St Jean de la
Croix - Maxime 80)
Il faisait partie des Saints patrons des JMJ de Madrid.
- Prier avec l'icône de saint Jean de la Croix, vidéo.
Le 16 février 2011, le Saint-Père a tracé le portrait de saint Jean de la Croix, "ami spirituel de sainte Thérèse d'Avila, qui réforma avec elle le Carmel, et qui a été proclamé par Pie XI en 1926 Docteur de l'Église". Le Doctor Mysticus est né en 1542 près d'Avila (Espagne) dans une famille pauvre. Devenu carme, il fut ordonné prêtre en 1567 puis prit le nom de Jean de la Croix lors de ses vœux définitifs. C'est lors de sa première messe qu'il rencontra Thérèse, laquelle lui exposa son projet de réforme de leur ordre religieux. Son étroite collaboration à la réforme fut pour lui source de souffrances, y compris une incarcération injuste. Alors qu'il se préparait à gagner le Mexique, il tomba malade et mourut en décembre 1591. Clément X le béatifia en 1675 et Benoît XIII le canonisa en 1726.
Benoît XVI a rappelé que saint Jean de la Croix est "considéré comme l'un des poètes lyriques majeurs de la littérature espagnole. Ses œuvres principales sont Montée au Mont Carmel, Nuit obscure, Le cantique spirituel, La vive flamme de l'amour. Dans le cantique, il présente un chemin de purification de l'âme... Dans la flamme il poursuit ce projet, décrivant en détail l'état de l'union transformatrice avec Dieu... La Montée au Mont Carmel est un itinéraire spirituel centré sur la purification progressive de l'âme, nécessaire pour atteindre le sommet de la perfection chrétienne que le Mont Carmel symbolise". Puis il a indiqué que "Nuit obscure décrit l'aspect de l'intervention divine dans le processus de purification de l'âme. L'effort humain est de fait incapable de parvenir seul à la racine des mauvaises inclinations et habitudes. Il ne peut que les freiner, sans pouvoir les déraciner car pour ce la personne a besoin de l'action de Dieu qui, seul, peut purifier radicalement l'esprit en le disposant à s'unir à lui".
"Le rythme croissant de la foi, de l'espérance et de la charité, va de pair avec l'action purificatrice et la progressive union à Dieu, jusqu'à s'y conformer totalement. Parvenu à ce but, l'âme est immergée dans la vie trinitaire... C'est pourquoi Jean de la Croix soutient qu'il n'y a pas de véritable union avec Dieu qui ne culmine dans la fusion trinitaire". Le Saint-Père a conclu en se demandant si la vie du Docteur mystique pouvait servir de modèle au chrétien d'aujourd'hui, ou bien si elle est réservée à des âmes choisies pour suivre la voie de la purification et de l'ascèse. "Cheminer avec le Christ -a dit Benoît XVI- n'est pas un poids supplémentaire à celui déjà pesant de notre vie... C'est une chose totalement distincte, une lumière et une force qui nous aide à porter le poids de l'existence. Se laisser aimer par le Christ est la lumière qui nous soutient dans l'avancée quotidienne vers la sainteté, qui est un processus personnel ardu... Demandons à Dieu de nous aider à être saints, à nous laisser aimer, car c'est la vocation même de chacun de nous". (source: VIS 20110216 520)
Mémoire de saint Jean de la Croix, prêtre et docteur de l'Église. Sur le
conseil de sainte Thérèse de Jésus, il entreprit, le premier parmi ses frères,
la réforme de l'Ordre du Carmel, qu'il soutint par des travaux et des œuvres
sans nombre, ainsi que par d'âpres tribulations. Au témoignage de ses écrits,
en cherchant à mener une vie cachée dans le Christ et consumé par la flamme de
l'amour de Dieu, il accomplit, à travers une nuit obscure, sa montée vers Dieu
et s'endormit dans le Seigneur à Ubéda en Espagne, en 1591.
Martyrologe romain
A la fin du jour, c'est
sur l'amour qu'on vous examinera.
St Jean de la Croix -
Maxime 80
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/20/Saint-Jean-de-la-Croix.html
Antoine
Ranc (1634–1716), Saint Jean-de-la-Croix in Ecstasy before the
Cross, circa 1705, Montpellier (Hérault, Languedoc, Occitanie), Musée Fabre,
temporary exhibition, unfortunately interrupted by the covid 19 pandemic then
extended until June 28, 2020, "Jean Ranc, a native of Montpellier at the
court of Kings". Saint Jean-de-la-Croix in Ecstasy before the Cross,
around 1705, attributed to the workshop of Antoine Ranc and coming from the
Saint-Matthieu church in Montpellier
Saint Jean de la Croix
Religieux Carme
(1542-1591)
Saint Jean de la Croix
naquit près d'Avila, en Espagne. Jouant un jour au bord d'un étang, il glissa
au fond de l'eau; une grande et belle dame vint lui offrir la main pour le
sauver: "Non, dit l'enfant, vous êtes trop belle, ma main salirait la
vôtre." Alors un vieillard se présenta, marchant aussi dans l'eau, tendit
son bâton à l'enfant et le ramena sur le bord. Une autre fois il tomba dans un
puits; on croyait l'y retrouver mort; il était assis paisiblement: "Une
belle dame, dit-il, m'a reçu dans son manteau et m'a gardé." Ainsi Jean
croissait sous le regard de Marie.
Un jour qu'il priait
Notre-Seigneur de lui faire connaître sa vocation, une voix intérieure lui dit:
"Tu entreras dans un Ordre religieux, dont tu relèveras la ferveur
primitive." Il avait vingt et un ans quand il entra au Carmel, et dépassa
de beaucoup tous ses frères, tout en cachant ses oeuvres extraordinaires. Il
habitait un réduit obscur, mais dont la fenêtre donnait dans la chapelle, en
face du Très Saint-Sacrement. Il portait autour du corps une chaîne de fer
hérissée de pointes, et par-dessus cette chaîne un vêtement étroit et serré,
composé de joncs enlacés par de gros noeuds. Ses disciplines étaient si
cruelles, que le sang jaillissait en abondance.
Le sacerdoce ne fit que
redoubler son désir de la perfection. Il songeait à s'ensevelir à la
Chartreuse, quand sainte Thérèse, éclairée de Dieu sur son mérite, lui confia
ses projets de réforme du Carmel et l'engagea à se faire son auxiliaire. Jean
se retira dans une maison étroite, pauvre, insuffisante, et commença seul un
nouveau genre de vie, conforme aux Règle primitives de l'Ordre du Carmel. Peu
de jours après, il avait deux compagnons: la réforme était fondée.
Ce ne fut pas sans
tempêtes qu'elle se développa, car l'enfer sembla s'acharner contre elle, et
tandis que le peuple vénérait Jean comme un Saint, il eut à souffrir, de la
part de ceux qui auraient dû le seconder, d'incroyables persécutions, les
injures, les calomnies, jusqu'à la prison. Pour le consoler, Marie lui apparut
et lui annonça sa délivrance prochaine; en effet, quelques jours après, il se
trouva, sans savoir comment, au milieu de la ville de Tolède. Dieu le
récompensa de ses épreuves par des extases fréquentes; sainte Thérèse
l'appelait un homme tout divin. Il écrivit des ouvrages spirituels d'une
élévation sublime. Une colombe le suivait partout, et une odeur suave s'exhalait
de son corps. Au moment de sa mort, un globe de feu brillant comme un soleil
entoura son corps.
Le Pape Pie XI l'a
proclamé Docteur de l'Église, le 24 août 1926.
Abbé L. Jaud, Vie
des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/saint_jean_de_la_croix.html
Jacob van Oost the Younger (-1713),
La Vision de saint Jean de la Croix, circa 1675, Église Saint-Maurice de Lille
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Salle Paul VI
Mercredi 16 février 2011
Saint Jean de la Croix
Chers frères et sœurs,
Il y a deux semaines,
j'ai présenté la figure de la grande mystique espagnole Thérèse de Jésus. Je
voudrais aujourd'hui parler d'un autre saint important de ces territoires, ami
spirituel de sainte Thérèse, réformateur, avec elle, de la famille religieuse
carmélitaine: saint Jean de la Croix, proclamé Docteur de l'Eglise par le Pape
Pie XI, en 1926, et surnommé dans la tradition Doctor mysticus, «Docteur
mystique».
Jean de la Croix naquit
en 1542 dans le petit village de Fontiveros, proche d'Avila, en Vieille
Castille, de Gonzalo de Yepes et Catalina Alvarez. Sa famille était très
pauvre, car son père, issu d’une famille noble de Tolède, avait été chassé de
chez lui et déshérité pour avoir épousé Catalina, une humble tisseuse de soie.
Orphelin de père dans son jeune âge, Jean, à neuf ans, partit avec sa mère et
son frère Francisco pour Medina del Campo, non loin de Valladolid, un pôle
commercial et culturel. Il y fréquenta le Colegio de los Doctrinos, en assurant
également d'humbles travaux pour les sœurs de l'église-couvent de la Madeleine.
Par la suite, vues ses qualités humaines et ses résultats dans les études, il
fut admis d'abord comme infirmier dans l'Hôpital de la Conception, puis au
Collège des jésuites, qui venait d'être fondé à Medina del Campo: Jean y entra
à dix-huit ans et étudia pendant trois ans les sciences humaines, la rhétorique
et les langues classiques. A la fin de sa formation, sa vocation lui était très
claire: la vie religieuse et, parmi tous les ordres présents à Medina, il se
sentit appelé au carmel.
Au cours de l'été 1563,
il débuta le noviciat chez les carmes de la ville, en prenant le nom religieux
de Mattia. L'année suivante, il fut destiné à la prestigieuse université de
Salamanque, où il étudia pendant un triennat les arts et la philosophie. En
1567, il fut ordonné prêtre et retourna à Medina del Campo pour célébrer sa
première Messe entouré de l'affection de sa famille. C'est là qu'eut lieu la
première rencontre entre Jean et Thérèse de Jésus. La rencontre fut décisive
pour tous les deux: Thérèse lui exposa son programme de réforme du carmel,
l’appliquant également à la branche masculine de l'ordre et proposa à Jean d'y
adhérer «pour la plus grande gloire de Dieu»; le jeune prêtre fut fasciné par
les idées de Thérèse, au point de devenir un grand défenseur du projet. Ils
travaillèrent ensemble quelques mois, partageant les idéaux et les propositions
pour inaugurer le plus rapidement possible la première maison des carmes déchaux:
l'ouverture eut lieu le 28 décembre 1568 à Duruelo, un lieu isolé de la
province d'Avila. Avec Jean, trois autres compagnons formaient cette première
communauté masculine réformée. En renouvelant leur profession de foi selon la
Règle primitive, tous les quatre adoptèrent un nouveau nom: Jean s'appela dès
lors «de la Croix», nom sous lequel il sera universellement connu. A la fin de
1572, à la demande de sainte Thérèse, il devint confesseur et vicaire du
monastère de l’Incarnation d'Avila, où la sainte était prieure. Ce furent des
années d'étroite collaboration et d'amitié spirituelle, qui les enrichit tous
deux. C'est à cette période que remontent aussi les plus importantes œuvres de
Thérèse et les premiers écrits de Jean.
L’adhésion à la réforme
du carmel ne fut pas facile et coûta également de graves souffrances à Jean.
L’épisode le plus traumatisant fut, en 1577, son enlèvement et son
incarcération dans le couvent des carmes de l’antique observance de Tolède, à
la suite d’une accusation injuste. Le saint fut emprisonné pendant des mois,
soumis à des privations et des contraintes physiques et morales. En ce lieu, il
composa, avec d’autres poésies, le célèbre Cantique spirituel. Finalement, dans
la nuit du 16 au 17 août 1578, il réussit à fuir de façon aventureuse, se
réfugiant dans le monastère des carmélites déchaussées de la ville. Sainte
Thérèse et ses compagnons réformés célébrèrent avec une immense joie sa
libération et, après une brève période pour retrouver ses forces, Jean fut
destiné à l’Andalousie, où il passa dix ans dans divers couvents, en
particulier à Grenade. Il assuma des charges toujours plus importantes dans
l’ordre, jusqu’à devenir vicaire provincial, et il compléta la rédaction de ses
traités spirituels. Il revint ensuite dans sa terre natale, comme membre du
gouvernement général de la famille religieuse thérésienne, qui jouissait
désormais d’une pleine autonomie juridique. Il habita au carmel de Ségovie,
exerçant la charge de supérieur de cette communauté. En 1591, il fut relevé de toute
responsabilité et destiné à la nouvelle province religieuse du Mexique. Alors
qu’il se préparait pour ce long voyage avec dix autres compagnons, il se retira
dans un couvent solitaire près de Jaén, où il tomba gravement malade. Jean
affronta avec une sérénité et une patience exemplaires d’immenses souffrances.
Il mourut dans la nuit du 13 au 14 décembre 1591, alors que ses confrères
récitaient l’office de mâtines. Il les quitta en disant: «Aujourd’hui je vais
chanter l’Office au ciel». Sa dépouille mortelle fut transférée à Ségovie. Il
fut béatifié par Clément X en 1675 et canonisé par Benoît XIII en 1726.
Jean est considéré comme
l’un des plus importants poètes lyriques de la littérature espagnole. Ses plus
grandes œuvres sont au nombre de quatre: «La montée du Mont Carmel», «La nuit
obscure», «Les cantiques spirituels» et «La vive flamme d’amour».
Dans les Cantiques
spirituels, saint Jean présente le chemin de purification de l’âme,
c’est-à-dire la possession progressive et joyeuse de Dieu, jusqu’à ce que l’âme
parvienne à sentir qu’elle aime Dieu avec le même amour dont Il l’aime. La vive
flamme d’amour poursuit dans cette perspective, en décrivant plus en détail
l’état de l’union transformante avec Dieu. Le parallèle utilisé par Jean est
toujours celui du feu: de même que le feu, plus il brûle et consume le bois,
plus il devient incandescent jusqu’à devenir flamme, ainsi l’Esprit Saint, qui
au cours de la nuit obscure purifie et «nettoie» l’âme, avec le temps
l’illumine et la réchauffe comme si elle était une flamme. La vie de l’âme est
une incessante fête de l’Esprit Saint, qui laisse entrevoir la gloire de
l’union avec Dieu dans l’éternité.
La montée du Mont Carmel
présente l’itinéraire spirituel du point de vue de la purification progressive
de l’âme, nécessaire pour gravir le sommet de la perfection chrétienne,
symbolisée par le sommet du Mont Carmel. Cette purification est proposée comme
un chemin que l’homme entreprend, en collaborant avec l’action divine, pour
libérer l’âme de tout attachement ou lien d’affection contraire à la volonté de
Dieu. La purification, qui pour parvenir à l’union d’amour avec Dieu doit être
totale, commence par celle de la vie des sens et se poursuit par celle que l’on
obtient au moyen des trois vertus théologales: foi, espérance et charité, qui
purifient l’intention, la mémoire et la volonté. La nuit obscure décrit
l’aspect «passif», c’est-à-dire l’intervention de Dieu dans ce processus de
«purification» de l’âme. L’effort humain, en effet, est incapable tout seul d’arriver
jusqu’aux racines profondes des inclinations et des mauvaises habitudes de la
personne: il peut seulement les freiner, mais non les déraciner complètement.
Pour cela, l’action spéciale de Dieu est nécessaire, qui purifie radicalement
l’esprit et le dispose à l’union d’amour avec Lui. Saint Jean qualifie de
«passive» cette purification, précisément parce que, bien qu’acceptée par
l’âme, elle est réalisée par l’action mystérieuse de l’Esprit Saint qui, comme
la flamme du feu, consume toute impureté. Dans cet état, l’âme est soumise à
tous types d’épreuves, comme si elle se trouvait dans une nuit obscure.
Ces indications sur les
œuvres principales du saint nous aident à nous familiariser avec les points
principaux de sa vaste et profonde doctrine mystique, dont l’objectif est de
décrire un chemin sûr pour parvenir à la sainteté, l’état de perfection auquel
Dieu nous appelle tous. Selon Jean de la Croix, tout ce qui existe, créé par
Dieu, est bon. A travers les créatures, nous pouvons parvenir à la découverte
de Celui qui a laissé en elles une trace de lui. La foi, quoi qu’il en soit,
est l’unique source donnée à l’homme pour connaître Dieu tel qu’il est en soi,
comme Dieu Un et Trine. Tout ce que Dieu voulait communiquer à l’homme, il l’a
dit en Jésus Christ, sa Parole faite chair. Jésus Christ est le chemin unique
et définitif vers le Père (cf. Jn 14, 6). Toute chose créée n’est rien par
rapport à Dieu et ne vaut rien en dehors de Lui: par conséquent, pour atteindre
l’amour parfait de Dieu, tout autre amour doit se conformer dans le Christ à
l’amour divin. C’est de là que découle l’insistance de saint Jean de la Croix
sur la nécessité de la purification et de la libération intérieure pour se
transformer en Dieu, qui est l’objectif unique de la perfection. Cette
«purification» ne consiste pas dans la simple absence physique des choses ou de
leur utilisation; ce qui rend l’âme pure et libre, en revanche, est d’éliminer
toute dépendance désordonnée aux choses. Tout doit être placé en Dieu comme
centre et fin de la vie. Le processus long et fatigant de purification exige
certainement un effort personnel, mais le véritable protagoniste est Dieu: tout
ce que l’homme peut faire est d’«être disposé», être ouvert à l’action divine
et ne pas lui opposer d’obstacle. En vivant les vertus théologales, l’homme
s’élève et donne une valeur à son engagement. Le rythme de croissance de la
foi, de l’espérance et de la charité va de pair avec l’œuvre de purification et
avec l’union progressive avec Dieu jusqu’à se transformer en Lui. Lorsque l’on
parvient à cet objectif, l’âme est plongée dans la vie trinitaire elle-même, de
sorte que saint Jean affirme qu’elle parvient à aimer Dieu avec le même amour
que celui avec lequel il l’aime, car il l’aime dans l’Esprit Saint. Voilà pourquoi
le Docteur mystique soutient qu’il n’existe pas de véritable union d’amour avec
Dieu si elle ne culmine pas dans l’union trinitaire. Dans cet état suprême,
l’âme sainte connaît tout en Dieu et ne doit plus passer à travers les
créatures pour arriver à Lui. L’âme se sent désormais inondée par l’amour divin
et se réjouit entièrement en lui.
Chers frères et sœurs, à
la fin demeure la question: ce saint, avec sa mystique élevée, avec ce chemin
difficile vers le sommet de la perfection, a-t-il quelque chose à nous dire à
nous également, au chrétien normal qui vit dans les circonstances de cette vie
actuelle, ou est-il un exemple, un modèle uniquement pour quelques âmes élues,
qui peuvent réellement entreprendre ce chemin de la purification, de l’ascèse mystique?
Pour trouver la réponse, nous devons avant tout tenir compte du fait que la vie
de saint Jean de la Croix n’a pas été un «envol sur les nuages mystiques», mais
a été une vie très dure, très pratique et concrète, tant comme réformateur de
l’ordre, où il rencontra de nombreuses oppositions, que comme supérieur
provincial, ou dans les prisons de ses confrères, où il était exposé à des
insultes incroyables et à de mauvais traitements physiques. Cela a été une vie
dure, mais précisément au cours des mois passés en prison, il a écrit l’une de
ses œuvres les plus belles. Et ainsi, nous pouvons comprendre que le chemin
avec le Christ, aller avec le Christ, «le Chemin», n’est pas un poids ajouté au
fardeau déjà assez difficile de notre vie, ce n’est pas quelque chose qui
rendrait encore plus lourd ce fardeau, mais il s’agit d’une chose totalement
différente, c’est une lumière, une force, qui nous aide à porter ce fardeau. Si
un homme porte en lui un grand amour, cet amour lui donne presque des ailes, et
il supporte plus facilement toutes les épreuves de la vie, car il porte en lui
cette grande lumière; telle est la foi: être aimé par Dieu et se laisser aimer
par Dieu en Jésus Christ. Se laisser aimer est la lumière qui nous aide à
porter le fardeau de chaque jour. Et la sainteté n’est pas notre œuvre, très
difficile, mais elle est précisément cette «ouverture»: ouvrir les fenêtres de
notre âme pour que la lumière de Dieu puisse entrer, ne pas oublier Dieu car
c’est précisément dans l’ouverture à sa lumière que se trouve la force, la joie
des rachetés. Prions le Seigneur afin qu’il nous aide à trouver cette sainteté,
à nous laisser aimer par Dieu, qui est notre vocation à tous et la véritable
rédemption. Merci.
* * *
Je salue cordialement les
pèlerins francophones, en particulier les jeunes et les formateurs du séminaire
de Bayonne, accompagnés de leur Évêque, Monseigneur Marc Aillet! Recueillant le
message de saint Jean de la Croix, je vous invite à approfondir votre vie
chrétienne et à expérimenter les vertus théologales, source d’une vraie
transformation de vos vies et d’une progressive union avec Dieu. Avec ma
Bénédiction!
© Copyright 2011 -
Libreria Editrice Vaticana
Painting
of the Vision of John of the Cross in the St. John of the Cross Chapel, Segovia
Saint saint Jean de la
Croix
Né en 1542, carme en
1563. Mort le 14 décembre 1591. Canonisé en 1726. Fête en 1738. Docteur en
1927.
« Il est évident que la
liturgie romaine traditionnelle a été comme étouffée par les fêtes nouvelles
ajoutées depuis le XVIe siècle, fêtes qui, à Rome, ont une importance très
inférieure à celle des fêtes écrites antérieurement en caractères de sang dans
ses fastes hagiographiques. Le fait est qu’en ce jour la messe et la station en
l’honneur du martyr Chrysogone sont pratiquement supprimées par l’office de
saint Jean de la Croix, lequel, d’ailleurs, n’est même pas mort à cette date (+
14 décembre 1591). » (Bhx Card. Schuster, Liber Sacramentorum
Leçons des Matines avant
1960
Quatrième leçon. Jean de
la Croix, né de parents pieux, à Fontibéra en Espagne, fit voir clairement dès
ses premières années, combien il devait plus tard être cher à la Vierge Mère de
Dieu ; car, à l’âge de cinq ans, étant tombé dans un puits, il fut soutenu sur
l’eau par la main de Marie, et il en sortit sain et sauf. Un tel désir de
souffrir l’enflamma, que, dès sa neuvième année, il laissait un lit moelleux
pour s’étendre d’ordinaire sur une couche de sarments. Parvenu à l’adolescence
il se consacra au service des pauvres malades, à l’hospice de Médina del Campo
: la grande ardeur de sa charité le tenait toujours prêt à leur rendre les plus
bas offices. Aussi les autres infirmiers, excités par son exemple,
accomplissaient-ils avec un nouveau zèle les mêmes actes charitables. Mais
appelé à une vocation plus sublime, Jean embrassa l’Ordre de la Bienheureuse
Vierge Marie du Mont-Carmel, où il reçut la prêtrise par obéissance et désireux
d’une discipline très sévère, d’un genre de vie plus austère, obtint de ses
supérieurs la permission de suivre la règle primitive de l’Ordre. Dès lors, à
cause de son continuel souvenir de la passion du Seigneur, il se déclara la
guerre à lui-même, comme à son ennemi le plus redoutable, et il eut bientôt,
par les veilles, les jeûnes, les disciplines de fer et toutes sortes de
macérations « crucifié sa chair avec ses vices et ses convoitises » ; aussi
mérita-t-il pleinement que sainte Thérèse le comptât parmi les plus pures et
les plus saintes âmes illustrant alors l’Église de Dieu.
Cinquième leçon. Muni
(d’armes spirituelles) par la singulière austérité de sa vie et l’exercice de
toutes les vertus, livré à la contemplation assidue des choses divines, Jean de
la Croix éprouva souvent de merveilleuses extases ; il brûlait d’un tel amour
envers Dieu, que parfois ce feu divin, ne pouvant être contenu plus longtemps
en lui-même et semblant rompre ses digues, on le voyait irradier le visage du
saint. D’une extrême sollicitude pour le salut du prochain, Jean s’adonnait
sans relâche à la prédication de la parole divine et à l’administration des
sacrements. Orné de tant de mérites et embrasé du désir véhément de promouvoir
une plus stricte discipline, il fut donné par Dieu comme aide à sainte Thérèse
pour ramener parmi les Frères la primitive observance du Carmel, qu’elle avait
établie chez les Sœurs de cet Ordre. Pour promouvoir cette œuvre divine, il
supporta, ainsi que la servante de Dieu, des fatigues innombrables, visitant
chacun des monastères élevés par les soins de cette même sainte vierge par
toute l’Espagne, et cela sans se laisser effrayer par aucune privation, par
aucun danger ; faisant fleurir en ces maisons et en celles qu’il fonda
lui-même, la nouvelle observance, et affermissant cette observance par ses
paroles et son exemple. Aussi est-il considéré à juste titre, comme ayant,
après sainte Thérèse, le plus contribué à la réforme des Carmes déchaussés, qui
a reçu ses enseignements et le nomme son père.
Sixième leçon. Jean garda
toute sa vie la virginité, et des femmes impudentes s’efforçant de tendre des
pièges à sa vertu, il ne se borna pas à les repousser, mais les gagna à
Jésus-Christ. Pour l’explication des opérations mystérieuses de la grâce
divine, il fut, au jugement du Saint-Siège, l’égal de sainte Thérèse, et c’est
éclairé par les lumières d’en haut qu’il écrivit, sur la théologie mystique,
des livres tout pleins d’une sagesse céleste. Le Christ lui ayant un jour
demandé quelle récompense il souhaitait pour tant de travaux, il répondit : «
Seigneur, souffrir et être méprisé pour vous ». Bien que son pouvoir sur les
démons, qu’il chassait souvent du corps des possédés, le discernement des
esprits, le don de prophétie, l’éclat des miracles l’eussent rendu très
célèbre, son humilité demeura constamment telle, que souvent il demandait au
Seigneur de mourir en un Heu où il serait ignoré de tous. Son vœu fut exaucé :
une cruelle maladie le saisit à Ubède, et, pour combler son désir des
souffrances, il lui survint à une jambe cinq plaies purulentes : toutes choses
qu’il endura avec une constance admirable. Ayant reçu pieusement et saintement
les sacrements de l’Église, dans l’embrassement de Jésus-Christ crucifié, qu’il
avait toujours eu dans le cœur et sur les lèvres, et après avoir prononcé ces
paroles : « Je remets mon âme entre vos mains », il s’endormit dans le
Seigneur, au jour et à l’heure qu’il avait prédits, l’an du salut mil cinq cent
quatre-vingt-onze, à l’âge de quarante-neuf ans. On vit un globe de feu tout
éblouissant venir en quelque sorte au devant de son âme pour la recevoir ; son
-corps exhala un très suave parfum et, aujourd’hui encore exempt de corruption,
il est vénéré avec honneur à Ségovie. Des miracles éclatants ayant précédé et
suivi la mort de Jean de la Croix, le Souverain Pontife Benoît XIII l’a inscrit
au nombre des saints et Pie XI, sur l’avis de la Sacrée Congrégation des Rites,
l’a déclaré Docteur de l’Église universelle.
Statue
de Saint Jean de la Croix, église Saint-Joseph du Carmel, Pontoise (60)
Dom Guéranger, l’Année
Liturgique
Suivons l’Église se
dirigeant vers le Carmel, pour y porter l’hommage reconnaissant du monde. Sur
les pas de Thérèse de Jésus, Jean de la Croix s’est levé, frayant aux âmes en
quête de Dieu un chemin sûr.
L’évolution qui inclinait
les peuples au délaissement de la prière sociale, menaçait de compromettre
irréparablement la piété, quand, au XVIe siècle, la divine bonté suscita des
Saints dont la parole comme la sainteté répondissent aux besoins de ces temps
nouveaux. La doctrine ne change pas ; l’ascétique, la mystique de ce siècle
transmirent aux siècles suivants les échos de ceux qui avaient précédé. Leur
exposé se fit toutefois plus didactique, leur analyse plus serrée ; leurs
procédés se prêtèrent à la nécessité de secourir les âmes que l’isolement
livrait au risque de toutes les illusions. C’est justice de reconnaître que,
sous l’action toujours féconde de l’Esprit-Saint, la psychologie des états
surnaturels en devint plus étendue et plus précise.
Les chrétiens
d’autrefois, priant avec l’Église, vivant chaque jour, à toute heure, de sa vie
liturgique, gardaient son empreinte en toutes circonstances dans leurs
relations personnelles avec Dieu. Et de la sorte il arrivait que, sous
l’influence persévérante et transformante de l’Église, participant aux grâces
de lumière et d’union, à toutes les bénédictions de cette unique bien-aimée, de
cette unique agréée de l’Époux [3], c’était sa propre sainteté qu’ils
s’assimilaient sans labeur autre que de suivre docilement leur Mère, ou de se
laisser porter dans ses bras très sûrs. Ainsi s’appliquaient-ils la parole du
Seigneur : Si vous ne devenez comme de petits enfants, vous n’entrerez point
dans le royaume des cieux [4].
Qu’on ne s’étonne pas de
ne point remarquer près d’eux, aussi fréquente et assidue que de nos jours,
l’assistance de directeurs spéciaux attachés à leurs propres personnes. Les
guides particuliers sont moins nécessaires aux membres d’une caravane ou d’une
armée : ce sont les voyageurs isolés qui ne peuvent s’en passer ; et même avec
ces guides particuliers, la sécurité, pour eux, ne sera jamais comparable à
celle de quiconque suit la caravane ou l’armée.
C’est ce que comprirent
au cours des derniers siècles les hommes de Dieu qui, s’inspirant des aptitudes
multiples des âmes, donnèrent leurs noms à des écoles, unes quant au but,
diverses quant aux moyens proposés par elles à l’encontre des dangers de
l’individualisme. Dans cette campagne de redressement et de salut, où l’ennemie
redoutable entre toutes était l’illusion aux mille formes, aux subtiles
racines, aux détours infinis, Jean de la Croix fut la vivante image du Verbe de
Dieu, pénétrant mieux qu’un glaive acéré jusqu’à la division de l’esprit et de
l’âme, des moelles et des jointures, scrutant, révélateur inexorable,
intentions et pensées des cœurs [5]. Écoutons-le, bien que moderne, on
reconnaît en lui le fils des anciens. « L’âme, écrit-il, est faite pour
parvenir à une connaissance fort étendue, et pleine de saveur, des choses
divines et humaines, qui s’élève bien au-dessus de sa science naturelle. Autant
le divin est éloigné de l’humain, autant la lumière et la grâce de
l’Esprit-Saint diffèrent de la lumière des sens [6]. Aussi avant d’arriver à la
divine lumière de la parfaite union d’amour, dans la mesure où cela est
possible en ce monde, l’âme doit traverser la nuit obscure, affronter
ordinairement des ténèbres si profondes que l’intelligence humaine est
impuissante à les comprendre et la parole à les exprimer [7].
« La purification qui
conduit l’âme à l’union divine peut recevoir la dénomination de nuit pour trois
raisons. La première se rapporte au point de départ ; car, en renonçant à
toutes les choses créées, l’âme a dû tout d’abord priver ses appétits du goût
qu’ils y trouvaient. Or ceci est indubitablement une nuit pour tous les sens et
tous les instincts de l’homme.
« La seconde raison est
la voie même qu’il faut prendre pour atteindre l’état bienheureux de l’union.
Cette voie n’est autre que la foi, nuit vraiment obscure pour l’entendement.
« Enfin la troisième
raison est le terme où l’âme tend. Terme qui est Dieu, être incompréhensible et
infiniment au-dessus de nos facultés, et qu’on peut appeler par là même une
nuit obscure pour l’âme durant son pèlerinage ici-bas.
« Ces trois nuits à
traverser par l’âme sont figurées au Livre de Tobie par les trois nuits que,
sur l’ordre de l’Ange, le jeune Tobie laissa écouler avant de s’unir à son
épouse [8]. L’Ange Raphaël lui commanda de brûler pendant la première nuit le
foie du poisson, symbole d’un cœur affectionné et attaché aux choses créées.
Quiconque désire s’élever à Dieu doit, dès le début, purifier son cœur dans le
feu de l’amour divin et y consumer tout ce qui appartient au créé. Cette
purification met en fuite le démon, qui auparavant avait puissance sur l’âme
pour la faire adhérer aux plaisirs temporels et sensibles.
« L’Ange dit à Tobie que
dans la seconde nuit il serait admis en la compagnie des saints Patriarches,
qui sont les pères de la foi. De même l’âme, après avoir traversé la première
nuit, figurée par la privation de tout ce qui flatte les sens, pénètre sans
obstacle dans la seconde. Là, étrangère à tous les objets sensibles, elle
demeure dans la solitude et la nudité de la foi, l’ayant choisie pour son unique
guide.
« Enfin, pendant la
troisième nuit il fut promis à Tobie une abondante bénédiction. Dans le sens
qui nous occupe, cette bénédiction est Dieu lui-même qui, à la faveur de la
seconde nuit, c’est-à-dire de la foi, se communique à l’âme d’une manière si
secrète et si intime, que c’est un autre genre de nuit plus profonde que les
précédentes. L’union avec l’Épouse, c’est-à-dire avec la Sagesse de Dieu, se
consomme quand la troisième nuit est écoulée, nous voulons dire, lorsque cette
communication de Dieu à l’esprit est achevée [9].
« O âmes spirituelles !
ne vous plaignez pas de sentir vos puissances livrées à l’angoisse des
ténèbres, vos affections stériles et paralysées, vos facultés impuissantes à
tout exercice de la vie intérieure. En vous enlevant votre manière imparfaite
d’agir, le Seigneur vous délivre ainsi de vous-même. Malgré le bon emploi que
vous eussiez fait d’ailleurs de vos facultés, leur impureté et leur ignorance
ne vous eussent jamais permis d’obtenir un résultat aussi parfait et une
sécurité aussi entière. Dieu vous prend parla main, et se fait lui-même votre
conducteur au milieu des ténèbres. Il vous guide comme un aveugle par un chemin
inconnu, vers le terme où ni vos lumières ni vos efforts n’eussent jamais pu
vous conduire [10]. »
Nous aimons à laisser les
Saints décrire eux-mêmes les voies qu’ils parcoururent, et dont ils demeurent,
en récompense de leur fidélité, les guides reconnus dans l’Église.
Ajouterons-nous qu’ « il faut prendre garde, dans les peines de ce genre, à ne
pas exciter la commisération du Seigneur avant que son œuvre soit achevée ? On
ne peut s’y méprendre : telles grâces que Dieu fait à l’âme ne sont pas
nécessaires au salut, mais elles doivent être payées d’un certain prix. Si nous
nous montrions par trop difficiles, il se pourrait que, pour ménager notre
faiblesse, le Seigneur nous laissât retomber dans une voie inférieure, ce qui,
au regard de la foi, serait un irréparable malheur. Mais dira-t-on, qu’importe,
puisque cette âme se sauvera ? Il est vrai, mais notre intelligence ne saurait
apprécier la supériorité d’une âme qui pourrait devenir l’émule des chérubins
ou des séraphins, sur celle qui ne saurait être assimilée qu’aux hiérarchies
inférieures. Une fausse modestie ou l’amour du médiocre ne saurait avoir
légitimement cours en ces matières [11]. Il importe plus qu’on ne saurait le
dire aux intérêts de la sainte Église et à la gloire de Dieu que les âmes
vraiment contemplatives se multiplient sur la terre. Elles sont le ressort
caché et le moteur qui donne l’impulsion sur terre à tout ce qui est la gloire
de Dieu, le règne de son Fils, et l’accomplissement parfait de la divine
volonté. En vain multipliera-t-on les œuvres, les industries, et même les
dévouements : tout sera stérile, si l’Église militante n’a pas ses saints qui
la soutiennent dans l’état de voie, celui que le Maître a choisi pour racheter
le monde. Certaines puissances et certaines fécondités sont inhérentes à la vie
présente ; elle a, de soi, si peu de charmes, qu’il n’était pas inutile d’en
relever ainsi le mérite » [12].
Puissent au Carmel et sur
les monts, comme dans la plaine et les vallées, se multiplier les âmes qui
concilient le ciel à la terre, attirent les bénédictions, écartent la foudre !
Saints que nous sommes par vocation [13], puissions-nous à votre exemple et par
votre prière, ô Jean de la Croix, laisser la divine grâce agir en nous selon
toute la mesure de sa vertu purifiante et déifiante ; car alors aussi nous
pourrons dire un jour avec vous :
« O vie divine qui ne
donnez la mort que pour rendre la vie, vous m’avez blessée pour me guérir, vous
avez détruit en moi ce qui me retenait dans la mort. Sagesse divine, ô touche
délicate, Verbe qui pénétrez si subtilement la substance de mon âme, et la
plongez en des douceurs qu’on ne connaît pas dans la terre de Chanaan ni dans
celle de Théman [14] : vous renversez les montagnes, vous brisez les rochers
d’Horeb par la seule ombre de votre puissance, et au prophète vous vous révélez
par le murmure d’une brise légère [15]. O souffle divin, si terrible et si
doux, le monde ne connaît pas votre suavité.
« Ceux-là seuls vous
sentent, ô mon Dieu et ma vie ! ceux-là seuls vous reconnaissent à votre
délicatesse infinie, qui, s’éloignant du monde, se sont spiritualisés tout
entiers. Vous qui n’avez en vous rien de matériel, vous touchez l’âme d’une
manière d’autant plus intime et profonde, que votre être divin, affranchi de
tout mode, figure ou forme, l’a rendue elle-même plus simple et pure. Vous
cachant en elle, désormais séparée de tout souvenir de créatures, vous la
cachez à votre tour dans le secret de votre face divine, l’y mettant à couvert
de tous les troubles de ce monde. Vous l’étant réservée, tout autre objet,
qu’il soit d’en haut ou d’en bas, la fatigue ; et c’est pour elle une peine et
un tourment que d’avoir à s’en occuper » [16].
[3] Cant. 6, 8.
[4] Matth. 18, 3.
[5] Heb. 4, 12-13.
[6] Vie et Œuvres de
saint Jean de la Croix, édition des Carmélites de Paris, La Nuit obscure de
l’âme, L. II, ch. IX.
[7] Ibid. La Montée du
Carmel, Prologue.
[8] Tob. 6, 18.
[9] La Montée du Carmel,
L. I, ch. II.
[10] La Nuit obscure, L.
II, ch. XVI.
[11] La Vie spirituelle
et l’Oraison d’après la sainte Écriture et la Tradition monastique, Solesmes,
1899, Ch. XIV.
[12] Ibid. Ch. XIX.
[13] Rom. 1, 7.
[14] Baruch, III, 22.
[15] III Reg. XIX, II,
12.
[16] La vive flamme
d’amour, strophe II, vers III, résumé.
Bhx Cardinal
Schuster, Liber Sacramentorum
La fête du Docteur
mystique du Carmel fut introduite pour la première fois dans le calendrier de
l’Église universelle par Clément XII, qui voulut reconnaître ainsi les grands
mérites du Saint dont le rôle fut d’aider sainte Térèse dans la réforme de son Ordre
et de promouvoir la science des Saints pour le bien des âmes par ses écrits
mystiques.
Ceci surtout donne
beaucoup d’importance à la figure de saint Jean de la Croix et lui assure une
place principale dans le groupe des auteurs mystiques qui, à commencer par
Origène, saint Ambroise, saint Grégoire et arrivant jusqu’à saint François de
Sales, au père Faber, à Mgr Gay, ont décrit et expliqué le secret travail du
Paraclet dans l’illumination de l’âme du juste et le don de lui-même à cette
âme. C’est en qualité de Docteur mystique que l’intrépide compagnon de sainte
Térèse dans la réforme du Carmel a été inscrit par Pie XI au nombre glorieux
des Docteurs de l’Église universelle.
On connaît la parole de
saint Jean de la Croix, qui caractérise bien l’homme et résume sa vie, sans
cesse tourmentée par les inquiétudes, les travaux, les persécutions, les
maladies douloureuses. Jésus lui ayant un jour demandé quelle récompense il
souhaitait pour tant de peine déjà prise pour sa gloire, Jean répondit :
Domine, pati et contemni pro te. Seigneur, souffrir et être méprisé pour votre
amour ! Et il fut exaucé.
La messe, In medio, est
celle du Commun des Docteurs, comme le 27 mai pour saint Bédé le Vénérable.
Seule la première collecte est spéciale ; elle contient des allusions
historiques à la vie du Saint.
Prière. — « Seigneur, qui
avez rendu votre confesseur et docteur Jean si parfait dans le renoncement à
soi-même pour l’amour de votre Croix ; faites que, nous appliquant
continuellement à imiter ses exemples, nous puissions obtenir comme lui la
gloire éternelle. »
Cette collecte mentionne
un double mouvement qui constitue comme le rythme de notre vie intérieure :
d’abord le renoncement au moi, c’est-à-dire à ce qui n’est ni amour, ni vérité,
ni vertu, mais simplement négation de bonté, pour faire place au contraire à
l’amour de la Croix, en qui est salus, vita et resurrectio nostra. Dans cet
amour est Dieu, et celui qui demeure dans cet amour demeure en Dieu, et Dieu en
lui.
Dom Pius Parsch, le Guide
dans l’année liturgique
« Grâces mystiques »
Saint Jean de la Croix
(né en 1542, en Espagne). — Dans sa jeunesse il fut infirmier ; plus tard, il
entra dans l’ordre des Carmes, où il reçut la prêtrise par obéissance. Il fut
l’auxiliaire de sainte Thérèse dans l’œuvre de la réforme de l’Ordre du Carmel
qui lui valut beaucoup de souffrances et d’amertumes. Il mérite à bon droit
d’être nommé, à côté de sainte Thérèse, le fondateur et le père des Carmes
déchaussés. Il est un des grands maîtres de la mystique ; ses principales
œuvres mystiques sont : « La Montée du Carmel », « La Nuit obscure de l’âme »,
« Le Cantique spirituel entre l’Âme et le Christ », « La vive Flamme d’amour »,
« Les Épines de l’esprit ». Ces ouvrages classiques l’ont fait élever par Pie
Xl au rang de Docteur de l’Église. Vers la fin de sa vie, il eut à supporter de
nombreuses souffrances corporelles. Comme le Christ lui demandait un jour
quelle récompense il souhaitait pour tant de travaux, il répondit : « Seigneur,
souffrir et être méprisé pour l’amour de vous ! » A Ubeda (en Andalousie), il
fut saisi d’une douloureuse maladie qui lui provoqua cinq plaies suppurantes
aux jambes ; il la supporta avec une grande patience pour assouvir sa soif de
souffrances. Muni des derniers sacrements, il mourut en baisant le Crucifix
qu’il portait sans cesse à son cœur et à ses lèvres, et en disant : « Seigneur,
je remets mon esprit entre vos mains. » Il mourut à l’heure qu’il avait
prédite, le 14 décembre 1591, dans sa 49e année. Son tombeau est à Ségovie, en
Espagne. — La Messe est du commun des docteurs de l’Église (In medio).
SOURCE : http://www.introibo.fr/24-11-St-Jean-de-la-Croix#nh3
Visão
da Santíssima Trindade, XVIIe, 151 x 230, Museum of
Sacred Art / Museu de Arte Sacra da Universidade Federal da Bahia. A obra é
proveniente da antiga Sé da Bahia. Representa Santa Teresa e São João da Cruz,
no locutório do Mosteiro da Encarnação em Ávila conversando sobre o mistério da
Santíssima Trindade, quando, subitamente, caem em êxtase com a visão. Ao lado
de Santa Teresa está, possivelmente, Beatriz de Ahumada.
The
work comes from the old Cathedral of Bahia. It represents Saint John of the
Cross and Saint Teresa in the hall of the Monastery of the Incarnation in Avila
talking about the mystery of the Holy Trinity, when suddenly they fall in
ecstasy with the vision. Next to Santa Teresa is, possibly, Beatriz de Ahumada.
JEAN DE LA CROIX (Saint),
Carme déchaussé, un des plus célèbres théologiens mystiques (1542-1591).
I. Vie. II. Œuvres. III.
Doctrine.
I. VIE. Troisième fils de
Gonzalès de Yépès et de Catherine Alvarez, Jean naquit en 1542, à Fontibéros,
dans la Vieille-Castille, et mourut à Ubeda, en [col.767 fin / col.768 début]
Andalousie le 14 décembre 1591. Clément X le béatifia en 1675, et Benoît XIII
le canonisa en 1726. Il revêtit l’habit dans l’ordre du Carmel le 24 février 1563
et pris alors le nom de Jean de Saint-Mathias, qu’il porta jusqu’au jour de sa
profession dans la nouvelle observance, le 28 novembre 1568. Outre son éminente
sainteté, deux œuvres l’ont rendu célèbre : ses écrits mystiques et la
restauration de la règle primitive du Carmel, entreprise concert avec sainte
Thérèse de Jésus. Il n’y a pas lieu de détailler ici les admirables vertus de
Jean de la Croix. Elles parurent avec un caractère d’héroïcité inouï dans les
souffrances que lui valut de toutes parts sa courageuse initiative. Nous ne
signalerons de sa vie que ce qui intéresse sa qualité de théologien mystique.
Jean de Yépès fit ses premières études à Médina del Campo. Le cycle de sa
formation sacerdotale s’étend de 1556 à 1568. Il fut élève au collège de la
Compagnie de Jésus à Médina del Campo jusqu’en 1562. L’année suivante il reçut
le saint habit ; en 1564, après sa profession, on l’envoya au collège
Saint-André, des Carmes, à Salamanque, où il fréquenta la célèbre université
jusqu’à la fin de l’année académique 1567. Nous manquons de renseignements
positifs pour fixer plus exactement la chronologie et l’ordre de ses études ;
les données fournies par les biographes anciens ne se concilient pas aisément
avec celles que nous recueillons dans un historien récent, Jean Dominguez
Berrueta, Sta Theresa de Jesús y san Juan de la Cruz, Madrid, 1915. Un fait est
acquis et a été vérifié sur place : le saint est immatriculé sur les registres
de l’université de Salamanque. On y lit : Juan de Santo Mathia, del monasterio
de Nuesto Señor San Andrès, natural de Hontiveros, (op. cit., p. 43). Tous les
contemporains s’accordent pour reconnaître au jeune religieux les plus
éminentes qualités d’esprit. Le manuscrit 13 488 de la Bibliothèque nationale
de Madrid nous apprend que ses supérieurs, constatant ses progrès et sa grande
capacité, lui confièrent la charge de préfet des étudiants ; et dans des
Constitutions que le Père Rubeo écrivit pour le collège Saint André, Jean est
nommé, maître des étudiants, avec la charge " d’enseigner une leçon et de
présider aux thèses ". Wenceslas del S. Sacramento, O. C. D., Fisionomia
de un doctor, 2 vol., Salamanque, 1913, t. I, p. 67. Il était très versé dans
la théologie morale, et très perspicace en casuistique. C’est lui qui introduisit
dans l’ordre la coutume des conférences des cas de conscience. Au couvent de
Baeza, il obligeait chaque confesseur à résoudre un cas de conscience par
semaine, et cela en présence de tous les religieux choristes. Lorsque se
trouvait dans le couvent quelque religieux ancien professeur ou réputé savant,
le saint présidait lui-même, expliquait le cas, le résolvait et invitait ses
auditeurs, surtout les plus instruits, à lui faire des objections ; il y
répondait avec précision et clarté ; tous connaissaient qu’à Alcala comme à
Salamanque, sa façon de présider méritait l’admiration. Par ordre du
commissaire apostolique, il organisa le premier collège de la Réforme, à Alcala
; les religieux fréquentaient l’université. On a peu de données sur les
lectures de Jean et les sources de sa science, un historien contemporain
affirme que pour la composition de ses ouvrages, il n’utilisait que la Sainte
Ecriture ; en outre, il n’avait habituellement sous la main qu’un Flos
sanctorum et le livre de saint Augustin, Contra hæreses ; ses écrits ne
contiendraient donc que des réminiscences de saint Thomas, saint Augustin,
saint Bernard, saint Grégoire, le Pseudo Denys, Aristote. A propos des études
que le saint fit à Salamanque, le P. José de Jésus-Marie nous dit qu’aux
matières de scolastiques " il joignait l’étude particulière des auteurs
mystiques, notamment de saint Denis et de saint Grégoire. " His- [col.768
fin / col.769 début] toria de la vida y virtudes del Ven P. Fray Juan de la
Cruz, Bruxelles, 1628.
Monte
de perfección o Monte Carmelo, obra de San Juan de la Cruz.
II. ŒUVRES. Les
préliminaires de la dernière édition espagnole en trois volumes publiée par
Gerardo de San Juan de la Cruz, Obras del mistico doctor San Juan de la Cruz,
edición critica, Tolède, t. I et II, 1912, t. III, 1914, font amplement
connaître les écrits de saint Jean de la Croix et leur histoire, passablement
mouvementée.
1° Description des œuvres
de saint Jean. On possède de lui : 1. Subida del Monte Carmelo y Noche oscura
(La Montée du Carmel et la Nuit obscure). 2. Llama de amor viva (La vive flamme
d’amour). 3. Cantico espiritual (Le Cantique spirituel). 4. Le tratado de las
espinas de espiritu o Coloquios entre Christo y la Esposa (Le traité des épines
de l’Esprit ou colloques entre le Christ et l’Epouse). 5. Tratado breve del
concimiento oscuro de Dios afirmativo y negativo y modo de unirse el alma con
Dios por amor (Bref traité de la connaissance obscure, affirmative et négative,
et moyen pour l’âme de s’unir à Dieu par amour). L’authenticité de ces deux
derniers écrits est controversée, mais le P. Gerardo de San Juan de Cruz, op.
cit., la croit certaine et donne des raisons valables en faveur de
l’authenticité. 6. Divers écrits moindres : Insrtucción y cautelas para ser
verdadero religioso ; Avisos á un reliogioso ; Avisos y sentencias espirituales
; Cartas espirituales ; Dictamen sobre le espiritu de una religiosa ; Poesias
misticas ; Una oración á la santissima Virgen ; Relación de la fundación del
convento de las Carmelitas descalzas de Malaga (Instructions et précautions
pour être un vrai religieux ; Avis à un religieux ; Avis et sentences
spirituels ; Lettres spirituelles ; Décision sur l’esprit d’une religieuse ;
Poésies mystiques ; Prière à la très sainte Vierge ; Relation de la fondation
du couvent des carmélites déchaussées de Malaga.) Quelques lettres seulement et
quelques poésies. 7. Enfin, il faut signaler des Additions à la première
Instruction que l’on imprima pour les novices carmes déchaussés. Le P. Gerardo,
op. cit., ajoute un liste d’écrits attribués au saint, mais dont l’authenticité
est douteuse. Parmi eux se trouve un traité intitulé Communicación del espiritu
de Dios en su Yglesia (Communication de l’Esprit de Dieu dans son Eglise). Dans
les préliminaires de son édition critique, le P. Gerardo le dit perdu ; plus
tard il le découvrit à la Bibliothèque Nationale de Madrid, cod. 12 713, où
nous avons constaté nous-mêmes que ce ms. répond au signalement qu’en donne le
P. Andrés de la Encarnación (Cod. 13 482 de la même bibliothèque). Le nom de
l’auteur est barré et absolument illisible. Cet ouvrage contient une doctrine
très élevée et d’une particulière utilité en théologie mystique. Notons, pour
terminer, une œuvre apocryphe : Breve compendio de la eminentissima perfección
christiana (Bref compendium de la très éminente perfection chrétienne). Le P.
Gerardo y relève de graves erreurs en mystique ; à la suite du P. Andrés de la
Incarnación, carme (1716-1795), le P. Gerardo en rejette l’authenticité, et
dans une note complémentaire, op. cit., t. II, Adiciones al t. I, il affirme
que l’auteur est Ferdinand de Matha (1554-1612). Un mot des autographes : Il
n’existe pas d’original de la Montée du Carmel, de la Nuit obscure, de la Vive
flamme d’amour. On conserve au monastère des carmélites déchaussées de Sanlúcar
de Barrameda, un ms. de la première rédaction du Cantique spirituel. Cette
copie, que le saint auteur appelle borrador (brouillon) est corrigé et annotée
de sa main. Cf. Gerardo de San Juan de la Cruz, Los autógrafos que se conservan
del mistico doctor San Juan de la Cruz, edición foto-tipografica, Tolède, 1913.
On y donne les Avis et Sentences, quelques [col.769 fin / col. 770début]
lettres et documents, tout ce qui nous reste de tant de trésors.
2° Histoire de la
publication. Les écrits de saint Jean de la Croix eurent, nous l’avons dit, une
existence très tourmentée. Pendant près de trente ans, les copies se succèdent,
et aussi les plagiats ; le P. Gerardo, loc. cit., en signale deux nommément :
1. Mistica Teologia y doctrina de perfección evangelica à la que puede llegar
et alma en esta vida, sacada del espiritu de los sagrados doctores (Théologie
mystique et doctrine de la perfection évangélique à laquelle peut atteindre
l’âme en cette vie, tirée de l’esprit des docteurs sacrés), par le P. Jean
Breton, de l’ordre de Saint-François de Paule, imprimé à Madrid en 1614, soit
quatre ans avant la première édition des œuvres du saint. Ce Père a copié, au
pied de la lettre, des paragraphes entiers de la Montée du Carmel et de la Vive
flamme d’amour, sans jamais citer le nom de saint Jean de la Croix. 2.Mistica
Teologia, publiée en 1641 par le Père Gabriel Lopez Navarro lequel a transcrit,
sans indication de sources, des chapitres entiers de sainte Thérèse et de saint
Jean, et les aurait extraits de José de Jesús-Maria (Quiroga), O. C. D., Tratado
de la oración y contemplación sacado etc.
3° Edition des œuvres. La
première parut en 1618 à Alcalá : Obras espirituales que encaminan un alma a la
perfecta unión con Dios. Por el Venerable Padre Fray Juan de la Cruz, primer
descalzo de la Reforma de Nuestra señora del Carmen. . ., Con una resunta de la
vida del autor, y unos discursos por el Padre Fray Diego de Jesús, carmelita
descalzo, prior del convento de Toledo. Elle contenait trois traités : la
Montée du Carmel, la Nuit Obscure, et la Vive flamme d’amour, œuvre pourtant
déjà connue ; nous y reviendrons en son lieu. La 2e édition identique à la
première, fur imprimée à Barcelone en 1619. Le P. Gerardo y signale de nombreux
défauts : suppressions, mutilations, interpolations, modifications du sens, du
style et des expressions. Suit l’édition de Madrid, 1630, qui donne le Cantique
spirituel. Jusqu’à la fin du XVIIe siècle, on se borna à reproduire cette
troisième édition, en y ajoutant diverses poésies, de nouvelles lettres, une
centaine de Sentences spirituelles, et les Précautions. On compte dix éditions
jusqu’en 1701 : Barcelone, 1635, Madrid, 1649, 1671, 1679 ; Barcelone, 1693 ;
Madrid, 1694, 1700. On considère comme onzième édition celle de Séville, 1701 ;
en réalité elle est un compendium des œuvres du saint, auquel est joint le
traité des Epines de l’esprit. Une douzième édition, plus parfaite que les
autres, vit le jour en Séville en 1703, sous la direction du Père Andrés de
Jesús-Maria. Vers 1730, 1740, les supérieurs chargèrent un religieux de la
province de Nouvelle-Castille, de publier les œuvres en les corrigeant ; ce
religieux n’accomplit pas sa tâche. Un autre religieux de la même province
exposa au Définitoire général les motifs en faveur d’une édition définitive, et
le 6 octobre 1754, les supérieurs ordonnèrent cette entreprise, et le
confièrent à un homme éminent, le P. Andrés de la Encarnación, auquel
s’adjoignit le P. Manuel de Santa Maria. De plus, par un ordre daté de Madrid,
janvier 1760, le P. José de Jesús-Maria, ex-définiteur général, rédigea de
doctes explications à insérer dans la nouvelle édition projetée. Le travail
achevé fut présenté au Définitoire général qui décida de surseoir à la
publication et de suspendre les travaux. Madrid, Bibl. nat., ms. 3653. Le P.
Andrés put néanmoins continuer ses études, et rassembler des matériaux, mais il
mourut sans en rien livrer au public. Editions postérieures à celle de Séville
: Barcelone, 1724, est un compendium identique à celui de Séville, 1701, cité
plus haut ; Pampelune 1774, in-folio ; Madrid, 1853, dans la Biblioteca de
Auctores españoles ; édition de la Compania de [col.770 fin / col.771 début]
Libreros, 1872 ; Barcelone, 1883 ; Madrid, 1906, œuvre des religieuses de
l’Asile de la T. S. Trinité. Toutes ces éditions reproduisent celle de Séville
1703. La dernière édition espagnole est celle du P. Gerardo de San Juan de la
Cruz, carme déchaussé de la province carmélitaine de Vieille-Castille († 1922),
citée plus haut. Elle contient : t. I, Preliminares ; Compendio de la vida de San
Juan de la Cruz ; Subida del Monte Carmelo ; Appendice Ier, Algunos puntos cuyo
textó es dudoso ;App. 2e, Biografias de los Padres Andrés de la Encarnación y
Manuel de Santa Maria ; t. II, Noche óscura ; Cantico espiritual de segunda
escritura (ms. de Jaën) ; Cantico espiritual de primera escritura (ms. de
Sanlúcar de Barrameda) ; Llama de amor viva de la escritura, y de la primera
escritura ; t. III, tous les autres écrits mentionnés plus haut, on outre :
Tratado de la transformación del alma en Dios, por la Madre Cecilia del
Nacimiento ; Tratado de la unión del alma con Dios, por la Madre Cecilia del
Nacimiento ; Apuntamientos y advertencias, del Padre Diego de Jesús-Maria ;
Indice de una obra importante del Padre Fray Andrés de la Encarnación. On voit
que cette édition est surabondante. Il faut reconnaître ses mérites
incontestables et apprécier la somme de travail qu’elle représente. L’éditeur a
utilisé une multitude de documents qu’ont laissés le P. Andrés de la
Encarnación et le P. Manuel de Santa-Maria, documents qui sont presque tous à
la Bibl. nat. de Madrid. Il s’est servi de nombreuses copies anciennes, des
écrits du P. José de Jesús-Maria et de la Théologie mystique du P. Breton. Mais
il faut tenir compte aussi des critiques qu’on a formulées et qui paraissent
fondées. M. J. Baruzi, dans le Bulletin hispanique, t. XXXIV, n. 1,
janvier-mars 1922, Le problème des citations scripturaires en langue latine
dans l’œuvre de saint Jean de la Croix, écrit : " Si elle (l’édition
critique) a le mérite de nous apporter une exacte liste des manuscrits des
autographes, et de retrouver, d’une manière générale, par delà les éditions
fautives, le texte des anciennes transcriptions, (elle) ne nous indique pas
avec rigueur pourquoi telle leçon est préférable à telle autre ; elle n’est
nulle part conçue selon les règles du travail technique. Elle apparaît
particulièrement contestable dans les procédés qu’elle adopte en ce qui
concerne l’organisation des citations scripturaires. " Il s’en suivait que
" le texte des œuvres de saint jean de la Croix est encore très mal établi
" et que, les mss. autographes faisant défaut pour trois des traités
authentiques, " en de nombreux cas des leçons sûres ne seront pas
facilement obtenues. " Dans le même Bulletin hispanique, t. XXIV, n° 4,
octobre-décembre 1922, le P. Ph. Chevalier, Le cantique spirituel de saint Jean
de la Croix a-t-il été interpolé ? constate que le P. Gerardo ignorait
certaines éditions ou ne les a pas consultées ; il lui reproche d’avoir mis en
place d’honneur les interpolations de la rédaction B (ms. de Jaën) et relégué à
la fin de l’ouvrage el primer cantico espiritual (ms. de Sanlúcar de
Barrameda). Seule la rédaction A (cette dernière) avait droit de paraître en
1912, puisqu’elle est seule authentique. Le P. Ph. Chevalier appuie sa
conclusion sur le fait suivant. Une traduction française du Cantique spirituel,
la plus ancienne, faite par René Gaultier, fut publiée à Paris en 1622. En 1627
parut à Bruxelles, la première édition espagnole du même traité, due aux soins
de la vénérable Mère Anne de Jésus (morte à Bruxelles le 4 mars 1621) ; le
saint avait composé cette œuvre à sa demande, et il est certain qu’elle emporta
d’Espagne en France et en Belgique le précieux ms. Or la traduction de 1622 est
la seule qui s’accorde avec les nombreux mss. de la rédaction A (Ms. Sanlúcar)
et l’édition princeps donnée à Bruxelles en 1627. Par contre les deux éditions
[col.771 fin / col.772 début] publiées à Rome en 1627, et Madrid en 1630, et la
rédaction B (ms. de Jaën) imprimée à Séville en 1703 et universellement
répandue depuis, ne donnent qu’un texte interpolé, de plus en plus interpolé.
" Chevalier, loc. cit., p. 340.Le même critique ajoute, p. 342 : "
Qu’il nous soit permis d’indiquer, sans le prouver sur l’heure, que la Subida
del Monte Carmelo, et la Noche oscura, telles qu’elles nous sont offertes par
le P. Gerardo donnent lieu à des problèmes jusqu’ici insolubles. Quant à la
seconde rédaction de la Llama de Amor viva, pour la première fois publiée en
1912, plus d’un passage suspect éveille en l’esprit du lecteur attentif une
trop juste méfiance. Les Sentencias espirituales elles-mêmes ne nous satisfont
pas : trois parmi elles ont l’astérisque qui ne le méritent pas, et 69 en sont
privées qui auraient dû l’avoir. " Nous sommes tenus ici de cites ces
opinions, laissant à la critique d’en faire justice dans la suite, s’il y a
lieu.
Au présent catalogue, il
faut joindre l’édition partielle de Bruxelles 1627 (Cantico espiritual). Les
éditions étrangères seront signalées dans la bibliographie.
Statue
of Saint John of the Cross, Elche, Basílica de Santa María
III. DOCTRINE. Pour avoir
une notion de la pensée de saint Jean de la Croix, on peut se borner à l’étude
de ces quatre grands traités : la Montée du Carmel, la Nuit obscure, la Vive
flamme d’amour, le Cantique spirituel. Nos références se rapportent à l’édition
espagnole de Tolède, 1912-1914, dont les divisions sont communes à toutes les
éditions.
1° Montée du Carmel et Nuit obscure. Ces deux traités constituent une seule œuvre, et on doit les examiner ensemble. Notre saint a considéré sa doctrine en un poème, qu’il interprète ensuite en l’appliquant d’abord à ló activo dans une partie de la Montée, et à ló passivo dans la Nuit obscure. Malheureusement, des huit strophes de ce cantique, les deux premières seulement sont appuyées d’un commentaire ; le reste ne nous est pas parvenu. Un dessin du Mont symbolique, tracé par le saint lui-même, sert d’aide-mémoire ; il est accompagné d’une série de maximes, devenues célèbres, réparties en quatre strophes, où il n’est question que du Tout et du Rien (Todo y Nada).
1. Idée générale et plan.
Le dessein de l’auteur est indiqué en tête : " La Montée du Carmel traite
de ce que l’âme peut faire pour se disposer à parvenir promptement à l’union
avec Dieu. Elle donne des avis et des conseils tant aux commerçants qu’aux
avancés, afin qu’ils sachent se débarrasser de tout ce qui n’est pas spirituel,
et ainsi demeure dans l’absolue nudité et liberté d’esprit, comme il est requis
pour l’union divine. " P. Gerardo, édit. crit., p. 27. Saint Jean veut conduire
l’âme jusqu’au sommet de la montagne, qui est le plus haut état de perfection,
et qu’ici il appelle l’union de l’âme avec Dieu. Il lui fait donc chanter
l’heureuse fortune qu’elle eut de traverser la Nuit obscure de la foi, où elle
se dépouille et se purifie, pour parvenir à l’union parfaite d’amour, dans la
mesure où le comporte la ive présente.
L’objet de son traité
sera donc, nous dit le Prologue, de faire connaître sous tous ses rapports
cette " nuit obscure ". Il s’y rencontre tant de ténèbres, d’angoisses,
de tentations, de difficultés, de souffrances, que l’âme ne voit pas clair en
elle-même ; elle est exposée à ne pas discerner l’action divine ; dès lors elle
est tentée d’y résister ; tantôt faute de courage, tantôt manque de lumière,
elle piétine sur place ; et alors même que Dieu interviendrait par faveur
spéciale, toujours est-il qu’elle parvient au but tardivement, avec plus de
peine et moins de mérite, parce que sa volonté n’était pas assez soumise.
D’autre part il est des confesseurs et des directeurs spirituels qui
n’entendent rien à ces voies secrètes ; ils accumulent les obstacles au lieu
d’aider ; ils affolent les âmes et les tourmentent, en leur prescrivant des
pénitences et des confessions [col.772 fin / col.773 début] générales. Pour remédier
à ces maux et les prévenir, le saint auteur dira quelle doit être la conduite
de l’âme et de celle du confesseur, les indices de la nuit des sens et de celle
de l’esprit, et de plus, l’usage qu’il faut faire des faveurs divines. Une
telle matière, bonne en elle-même, pourra paraître obscure, surtout au début ;
mais, en continuant la lecture, en la répétant, ce qui suit éclairera ce qui
précède. Cette spiritualité n’a pas les attraits que beaucoup d’âmes
recherchent ; substantielle et solide pour tous, elle ne convient qu’à ceux qui
consentent à passer par la nudité d’esprit. D’ailleurs l’auteur ne s’adresse
pas à tout le monde, mais à quelques personnes, religieux et religieuses de
l’ordre du Carmel de la primitive observance, qui lui en ont fait la demande.
La Montée comprend trois
livres divisés en chapitres. Le l. I explique la première strophe du poème ;
les deux autres se rapportent à la seconde strophe. La Nuit obscure tient deux
parties : la Nuit des sens, et la Nuit de l’esprit ; la première commente la
première strophe du même poème ; elle est partagée en vers et en paragraphes.
La seconde reprend encore le même chant lyrique pour en exposer les deux
premières strophes et indiquer la troisième ; elle est également divisée en
vers et en paragraphes
Au premier chapitre de la
Montée, saint Jean dresse le plan des deux traités. Pour parvenir à l’état
parfait, l’âme doit ordinairement passer par deux sortes de " nuits
", que les auteurs appellent " purgations " ou "
purifications ". La primera Noche. . . es de la parte sensitiva del alma,
de la cual se trata en la presente Canción, y se tratará en la primer parte de
este libro. La segunda es de la parte espiritual, de la cula habla la segunda
Canción que se sigue ; e de esta tambien trataremos en la segunda parte cuanto
á lo activo ; porque cuanto á lo passivo, será la tercera y la quarta parte. Il
fallait reproduire ce texte, à cause des interprétations différentes qu’on peut
en donner. Quoi qu’il en soit nous constatons, que l’auteur a réalisé son plan
comme suit : Montée du Carmel, l. I, Nuit des sens (un seul chapitre, le XIII,
est d’ordre pratique et concerne lo activo, c’est-à-dire enseigne ce que l’âme
peut faire de sa propre initiative pour se procure la nuit des sens ; le reste
a une portée doctrinale, sans distinction d’actif ou de passif et convient à la
voie passive autant qu’à l’active ; il est donc inexact d’assigner comme objet,
au l. I, pris en bloc, la purification active.), l. II et III, Nuit de
l’esprit, purification active. Nuit obscure, en deux sections : Nuit passive
des sens, nuit passive de l’esprit. Les quatre parties annoncées par l’auteur
seraient donc ; 1re, l. I, 2e, l. II et II de la Montée ; 3e et 4e, les deux
sections de la Nuit obscure.
2. Analyse de la Montée
du Carmel. Qu’est-ce que le saint entend par " Nuit obscure " Il s’en
explique dès le début : nous entrons ainsi en contact avec sa doctrine dont il
pose dès l’abord les principes, l. I, c. II. L’union divine est considérée
comme le terme vers lequel l’âme doit tendre. Il y a comme une distance à
franchir, un passage à traverser : ce passage s’appelle nuit pour trois raisons
: a) à cause du point de départ, car l’âme doit être libérée de l’appétit
naturel inhérent à toutes ses puissances ; de ce chef elle sera donc dans la
nuit, ne goûtant plus rien de créé ; b) à cause de la route elle-même qu’elle
suit dans sa marche ; cette route c’est la foi, obscurité pour l’intelligence ;
c) à cause du terme lui-même, Dieu, qui reste toujours ici-bas incompréhensible
pour l’âme. " L’unicité de cette nuit " est bien mise en relief par
la comparaison avec la nuit naturelle. La nuit des sens, la nuit de l’esprit
dans la foi, et Dieu lui-même, dans l’état d’union parfaite ici-bas, ces trois
nuits sont entre elles comme le crépuscule qui voile d’ombre les objets
sensibles, [col.773 fin / col.774 début] minuit, ou les ténèbres totales,
l’aurore enfin qui précède immédiatement la lumière du jour.
La privation du goût que
l’on trouve dans l’exercice naturel des puissances, doit d’abord affecter la
partie sensible de l’âme. C. III. C’est la première partie de la nuit des sens,
absolument indispensable vu la nature même de l’union divine. C. IV et V. Car
les appétits abandonnés sans frein à eux-mêmes engendrent dans l’âme des effets
gravement dommageables, qui mettent obstacle à l’union parfaite, c. VI à X,
quelques faibles que soient ces appétits. Le grand mystique précise. Il s’agit
de mortifier les appétits dans ce qu’ils auraient de volontaire ; en eux-mêmes,
s’ils ne dépassent pas un premier mouvement, et s’ils ne sont pas consentis,
leur nuisance est nulle ou très minime ; il est impossible dans la vie présente
des les mortifier totalement. Même il arrivera que durant l’union de quiétude
très élevée, ils agissent indépendamment de la volonté absorbée dans l’oraison.
Le mal ne réside pas en ce que l’appétit sensitif goûte son objet connaturel,
mais en ce que la volonté s’y délecte, s’y repose comme dans son terme. Aussi
notre saint docteur souligne-t-il que la mortification des sens doit viser à un
profit spirituel ; mais telle est l’ignorance de plusieurs : ils s’adonnent à
des pénitences et des exercices désordonnés, sans se mettre en peine de
gouverner leurs appétits ; voilà pourquoi ils ne progressent pas dans la vertu.
Le principal souci des maîtres spirituels doit donc être de mortifier leurs
disciples. C. XI et XII. Nous arrivons ainsi aux principes de proprement
ascétiques du saint. Le c. XIII est très important. Les éditions antérieures à
l’édition critique portent des variantes que le P. Gerardo dit avoir
introduites pour expliquer la doctrine du saint. " L’auteur va donner des
avis pour entrer dans la nuit des sens ; jusqu’ici il en a simplement fait la
description et prouvé la nécessité. Deux voies ordinairement y acheminent :
l’une active, l’autre passive. Est dite active la voie où l’âme fait ce qui est
en son pouvoir. (Ici, les éditions antérieures ajoutent : " aidés de la
grâce ", ayudada de la gracia.) Dans la passive, l’âme ne fait rien
d’elle-même ou par sa propre industrie ; mais Dieu agit en elle. "
(Nouvelle édition dans les textes anciens : " Dieu agit en elle, moyennant
des secours plus particuliers, con mas particulares auxilios et elle se tient
passive, consentant librement, consintiendo libremente. L’on appréciera la
portée de ces ajoutés, et l’on découvrira aisément les préoccupations qui les
inspirèrent.) L’ascèse de saint Jean tient en quelques avis substantiels,
méditer, imiter Jésus-Christ ; par amour pour Lui, renoncer à tout ce qui ne
tend pas purement à la gloire de Dieu ; dans ce but mortifier l’attrait, en
pratiquant les maximes Todo y nada. A noter que saint Jean admet de la méthode
dans les exercices : obrando ordenada y discretamente. Pour réaliser cette
œuvre, il faut à l’âme une flamme d’amour plus ardente, produisent des "
anxiétés " capables de surmonter celles de l’appétit sensitif. C’est
l’amour du divin époux ; source d’angoisses délicieuses et indescriptibles.
Le l. II de la Montée :
" traite du moyen prochain pour parvenir à l’union divine ; ce moyen est
la Foi. " On y trouve l’expose de toute la doctrine de la nuit de
l’esprit. L’âme est plus heureuse d’avoir traversé celle-ci que la nuit des
sens ; son cantique décrit les caractères et les avantages du chemin de la pure
foi. L’âme dit notamment que grâce à la foi, sa maison, c’est-à-dire la partie
rationnelle et spirituelle, est en paix, parce qu’elle est dépouillée des
mouvements et anxiétés sensibles. Ce n’était pas le cas dans la nuit précédente
; alors, en effet, l’amour, quoique spirituel de sa nature, était accompagné
d’angoisses d’amour sensiblement exprimées ; et il le fallait [col.774 début /
col.775 début] pour contrebalancer l’attrait, quelquefois violent, vers les
créatures (Comparer ici la traduction Hoornaert, t. II, p. 57, avec celle des
carmélites de Paris). Mais la foi opère d’une façon purement spirituelle,
imperceptible aux sens. Et l’âme pour s’adapter à cette influence, et dans la
mesure où elle peut et doit coopérer d’une manière active, doit simplement
consentir, fixer ses facultés avec tous ses goûts et appétits spirituels dans
la foi pure. L’auteur dira aussi comment l’âme se dispose activement à la nuit
par l’exercice de la foi. Quant à l’opération divine que l’âme reçoit
passivement, il en sera question plus tard. Remarquons ici encore les
expressions " nuit active " et " nuit passive ", elles
désignent deux attitudes à l’égard d’une seule et même nuit causée par la foi.
Jean établit d’abord que
la foi est pour l’âme une nuit obscure, c. II ; puis il indique la coopération
positive à fournir à la divine lumière. Par manière de parenthèse, il explique
la nature de l’union de l’âme avec Dieu, c. IV. Ensuite il montre en détail la
collaboration active, laquelle consiste dans l’exercice des trois vertus
théologales, c. V. Cette voie ou façon de procéder, est la " voie étroite
" car elle exige un complet dépouillement, c. VI. Voici maintenant la
coopération (dispositive toujours), que l’on peut appeler négative, parce
qu’elle consiste à rejeter toute connaissance autre que la foi. A cet effet,
l’auteur expose en général, c. VII, que ni créatures, ni connaissances
distinctes quelconques ne peuvent servir des moyens prochains à l’union divine,
et, au c. VIII, il prouve que cette fonction appartient en propre à la foi.
Tout le reste du l. II,
et le l. III de la Montée traitent des connaissances distinctes et enseignent à
en tirer bon parti, en évitant les écueils. Vient d’abord, c. IX, la
classification complète des connaissances que l’entendement peut acquérir par
voie naturelle et surnaturelle. Les notions provenant par voie naturelle des
sens extérieurs ont fait l’objet du l. I de la Montée. Le c. X, s’occupe donc
des perceptions d’ordre surnaturels des sens extérieurs. Au c. XI, nous
rencontrons les perceptions acquises par l’exercice naturel de l’imagination ;
elles entrent en jeu dans la pratique de la méditation, dite pour ce motif
" discursive ". Pour parvenir à l’union divine, ce discours doit
cesser, car il trouble l’exercice du pur amour dans la foi. La question est de
déterminer le temps opportun où l’âme peut et doit renoncer à l’activité
naturelle, l’arrêter ; il faut savoir, à quel moment le discours n’est plus
pour l’âme le moyen apte qui lui fut utile jusqu’ici, moyen naturel et premier
qu’il n’est pas permis de délaisser aussi longtemps que d’autres besoins de
l’âme ne le rendent pas inutile ou même nuisible. C’est ici, c. XII, que Jean
explique les trois signes auxquels l’homme spirituel peut s’apercevoir qu’il
doit sans crainte abandonner la méditation ; c’est a) l’impuissance à méditer ;
b) l’inappétence totale de l’imagination et des sens à l’égard de tous leurs
objets respectifs ; c) l’attrait vers l’attention amoureuse et solitaire à
Dieu, dans la paix, la quiétude, le repos total, à l’exclusion de tout travail
discursif des facultés. Les trois signes doivent exister simultanément. Quelle
attitude conseiller alors ? Le docteur mystique répond : Que ces âmes
apprennent à s’appliquer à Dieu dans une attention amoureuse, en toute
quiétude, sans recourir à l’imagination. Et il ajoute : Si parfois les
puissances de l’âme agissent, que ce ne soit pas avec effort, ni par discours
laborieux, mais en suavité d’amour, mues par Dieu plutôt que par l’initiative
personnelle, comme nous le dirons dans la suite. C’est en effet l’action
spéciale de Dieu qui cause dans l’âme les trois effets par où se décèle sa
présence. Il convient aussi de remarquer qu’au début, l’amour est si subtil
[col.775 fin / col.776 début] et si délicat qu’on l’aperçoit à peine, d’où une
tendance à retourner à l’ancienne habitude. L’auteur explique magistralement
pourquoi la contemplation est ténèbres pour l’âme, pourquoi il faut la posséder
avant d’abandonner le discours, son intensité variable, la part qu’y prennent
tantôt l’entendement, tantôt la volonté, le motif pour lequel on l’appelle
connaissance générale et amoureuse, comment l’âme n’y est pas inactive
quoiqu’il y paraisse, enfin, c. XIII, qu’il est utile, au début, de reprendre
parfois l’opération naturelle des facultés. Signalons encore un point de
doctrine important. L’amour contemplatif est un don que Dieu accorde soit par
l’intermédiaire des actes de méditation, soit immédiatement ; en tout cas,
l’activité spontanée de l’âme est une cause dispositive, et non efficient par
rapport à la contemplation.
Notre mystique continue
ensuite l’examen des perceptions distinctes. Les visions imaginatives, c. XIV,
ne sont pas un moyen prochain d’union, mais le Seigneur les utilise parfois
pour communiquer des biens spirituels, parce qu’il adapte son action à la
nature ; quoiqu’il lui plaise en d’autres cas de passer outre à ses exigences.
L’âme ne peut ni les rechercher, ni s’y attacher ; en cela, elle ne s’oppose
pas à la volonté de Dieu ; au contraire, pour se conformer à l’intention
divine, l’âme doit retenir l’avantage spirituel produit passivement et qu’elle
ne saurait empêcher, mais elle doit renoncer à la vision elle-même en toute
humilité et respect, sans quoi son imperfection neutraliserait le bon effet de
la vision. De plus, l’âme s’expose à perdre du temps, rencontre des
difficultés, lorsqu’elle veut faire le départ entre les visions bonnes et les
mauvaises, c. XV. Certains directeurs spirituels manquent ici de discernement,
c. XVI ; leur attitude encourage le pénitent à s’occuper de ses visions, ou
même ils se servent de lui comme d’intermédiaire auprès de Dieu ; ils ouvrent
ainsi la porte à de graves erreurs, car les révélations et paroles divines
n’ont pas toujours le sens que l’homme y découvre ; on ne peut s’y appuyer, ni
les admettre aveuglément, alors même que leur authenticité serait indubitable ;
nous pouvons en effet les interpréter faussement, c. XVII, faute d’apprécier
exactement les causes qui les ont provoquées, c. XVIII. Quoique Dieu daigne
parfois répondre à qui l’interroge, Il n’aime pas qu’on use de de ce moyen, et
s’en montre souvent irrité, c. XIX. C’était licite sous l’ancienne loi, mais
depuis que Dieu nous a parlé par son Fils Jésus-Christ, Il n’a plus rien à nous
dire et c’est une exigence injustifiable, et injurieuse à Dieu que de ne pas
s’en contenter. D’autre part les confesseurs éviteront l’excès contraire ;
puisque ces communications sont un instrument de Dieu, ils n’en seront ni
effrayés, ni scandalisés ; mais écouteront bénignement les confidences, et au
besoin les imposeront, puis persuaderont leur disciple qu’un seul acte de
charité est plus précieux devant Dieu que toutes les communications du ciel ;
nombre d’âmes en manquent, qui pourtant sont incomparablement plus avancées que
d’autres abondamment favorisées sous ce rapport, c. XX.
Le saint docteur passe
ensuite aux perceptions purement spirituelles, produites sans l’intervention
des sens, et reçues dans l’âme passivement : visions, révélations, paroles et
sentiments spirituels, c. XXI. Les visions peuvent porter sur des substances
corporelles, et sur des substances immatérielles : Dieu, les anges les âmes.
Elles requièrent une lumière supérieure, incompatible avec la vie présente si
ce n’est par exception. Ces visions de substances spirituelles ne sont pas reçues
ici-bas de façon claire et nette ; elles peuvent néanmoins se faire sentir dans
la substance de l’âme, au moyen d’une connaissance amoureuse accompagnée de
touches très suaves ; ceci appartient [col.776 fin / col.777 début] à la
catégorie des sentiments spirituels, dont le saint traitera au moment opportun,
lorsqu’il s’agira de la connaissance obscure d’amour, qui est la foi, et qui
d’un certaine manière sert en cette vie à l’union divine, comme la lumière de
gloire sert à la claire vision dans l’autre. A l’égard des visions
intellectuelles de la première espèce, l’âme doit observer les règles données
aux chapitres précédents concernant les perceptions surnaturelles sensibles, c.
XXII. Les révélations d’ordre purement spirituel, dont quelques unes appartiennent
à l’esprit de prophétie, ont pour objet, ou la notification claire de quelque
vérité, ou la manifestation de mystères. Les premières diffèrent absolument des
perceptions dont traite le c. XXII. Elles consistent à comprendre des vérités
concernant Dieu et les créatures, et cela au-dessus de ce qui est, a été, et
sera ; connaissances très savoureuses, elles apportent au cœur une joie
inexprimable ; elles sont réservées à l’âme parvenue à l’état d’union, car
elles sont cette union même : Dieu y est senti et goûté, non aussi clairement
que dans la gloire, mais pourtant par une touche vive et haute qui pénètre la
substance de l’âme. Le démon ne peut s’entremettre ici. L’âme se trouve
enrichie de vertus et comblée de jouissances. Elle ne peut que recevoir avec
humilité, et ne doit pas renier ces perceptions, comme on l’a recommandé pour
les précédentes, car elles sont des faveurs accordées à l’âme détachée de tout,
et font partie de l’union. Les perceptions concernant les créatures sont
inférieures, et presque sans utilité au progrès spirituel ; il faut se
soumettre au jugement du directeur, et les repousser, s’il le juge convenable,
c. XXIV. Les révélations ayant pour objet de découvrir des secrets et des
mystères font connaître Dieu en soi, où Dieu révélé dans ses œuvres, naturelles
et surnaturelles. On doit se prémunir contre les contrefaçons diaboliques, et
en général se garder prudemment afin d’avancer sans erreur dans la nuit de la
foi, c. XXV. Les paroles intérieures peuvent se ramener à trois espèces : les
successives, c. XXVII, les formelles, c. XXVIII et les substantielles, c. XXIX.
L’auteur fournit dans chaque chapitre une doctrine abondante, théorique et
pratique, ramenant toujours son enseignement au but qu’il poursuit. En résumé
on ne doit faire aucun cas des paroles successives et formelles, mais se
gouverner en tout par la raison et par l’enseignement de l’Eglise. Dans les
paroles substantielles, qui, peut-on dire, opèrent ce qu’elles signifient, il
n’y a ni à désirer, ni à rejeter, mais à s’abandonner ; pas d’illusion à
craindre, ni de l’âme ni du démon. Les sentiments spirituels, c. XXX, sont
d’ordre absolument passif ; ils opèrent dans la volonté et dans l’intelligence.
L’activité de l’âme n’y intervient nullement. Ce sont des touches de l’union
opérée passivement dans l’âme.
Le livre III a pour sujet
la purification active de la mémoire et de la volonté par les vertus
d’espérance et de charité. L’auteur avertit de nouveau qu’il ne s’adresse pas
aux commençants, mais à ceux qui progressent vers l’union divine par la
contemplation. Le c. I nous apprend à ne pas retenir les connaissances acquises
naturellement par les sens extérieurs ; elles font toujours obstacle à l’union,
n’étant pas proportionnées à l’être divin. ; aussi arrive-t-il que l’union vide
la mémoire, jusqu’à provoquer la sensation du vertige. Et que l’on ne dise pas
que c’est détruire la nature ; au début les distractions sont inévitables, mais
elles cessent dans l’état d’union habituelle ; le fonctionnement des facultés
s’en trouve au contraire perfectionné, les œuvres et prières des âmes arrivées
à cet état sont toujours efficaces ; comme ce fut le cas pour la vierge Marie,
élevée dès le principe à cet haut état d’union. Il appartient à Dieu seul de
placer l’âme dans [col.777 fin / col.778 début] cet état surnaturel ou la
mémoire se vide ; on demande simplement à l’âme de s’y disposer dans la mesure
de ses capacités, selon les conseils donnés plus loin. Les c. II-IV exposent
les dommages causés par les notions distinctes et naturelles, le c. V explique
les avantages de l’oubli. La présente doctrine s’applique également aux
perceptions naturelles de l’imagination. Du c. VI au c. XII, l’auteur s’occupe
de la mémoire imaginative en tant qu’elle retient des notions reçues par voies
surnaturelles ; visions, révélations, paroles intérieures, sentiments. L’âme
doit veiller à ne pas s’embarrasser ; divers dommages pourraient s’en suivre :
erreur, vanité, illusion diabolique, obstacle à l’union par l’espérance, le
plus souvent notions impropres sur Dieu. Au c. XII, on signale simplement les
connaissances que l’intelligence conserve ; l’auteur les place parmi celles de
la mémoire, bien qu’elles n’appartiennent pas à la fantaisie. Mais il n’entre
pas dans le détail, pour ne pas faire double emploi avec le c. XXIV du l. II où
ces connaissances ont été traitées comment perceptions de l’entendement. Saint
Jean, à l’encontre d’une opinion qu’on a parfois émise, n’admettrait donc pas
la mémoire comme faculté distincte de l’intelligence. En résumé, c. XIV, que
l’homme spirituel se tienne dans le vide de tout le créé, faisant usage des
maximes exposées l. I, c. XIII et s’élance affectueusement vers Dieu. Mais
qu’il ne laisse pas de penser et de se rappeler ce qu’exige son devoir ; pourvu
qu’il ne s’y attache pas avec esprit de propriété, aucun dommage n’en
résultera. Bien entendu, cette doctrine n’a rien de commun avec celle qui
prétend supprimer totalement les images de Dieu et des saints.
Nous arrivons à la nuit
obscure de la volonté, c. XV-XLIV. L’âme doit garder toutes ses forces pour
Dieu, les gouvernant par la volonté, et exclure toutes les affections déréglées
: joie, espérance, douleur et crainte doivent servir et non commander ; En
premier lieu vient la jouissance, en tant qu’active et volontaire, provenant de
choses distinctes et clairement perçues. Six genres d’objet peuvent la
provoquer : temporels, naturels, sensibles, moraux, surnaturels et spirituels.
Chaque catégorie est traitée à part, les diverses classes d’objets, étudiées
séparément avec leur puissance respective et l’art de s’en servir sans dommage
pour l’âme. Ici se place une description magnifique, en un style éloquent et
vigoureux, des maux qu’entraîne la jouissance des biens naturels, surtout des
charnels. Puis viennent des lumières sur la pratique du renoncement et ses
avantages, sur l’humilité et l’amour du prochain : " Nul ne mérite d’être
aimé si ce n’est à cause de sa vertu ; aimer ainsi c’est aimer selon Dieu et en
toute liberté ; plus alors l’affection grandit plus aussi croît l’amour de
Dieu. " C. XXII. Avec quelle discrétion le saint enseigne l’usage des
biens sensibles ! Quelle sagesse, quelle science dans ces conseils, sur la
manière de distinguer entre la saveur sensible utile et la nuisible, car il en
existe dont certaines âmes ont besoin, pour aller à Dieu, c’est conforme à
l’ordre établi par Dieu même, qui veut par là être mieux connu et aimé. Celui
qui ne sentirait pas cette liberté d’esprit par rapport aux objets et goûts
sensibles, mais y attacherait sa volonté, devrait absolument s’en servir, c.
XXIII. Plus loin, l’auteur explique comment le sensible, dans l’âme purifiée,
étant soumis à l’esprit, devient un docile instrument, au point que l’âme
arrive à goûter le spirituel même par ses puissances sensitives, c. XXV. Les
vertus naturelles (biens moraux), reçoivent une récompense d’ordre naturel, car
Dieu aime tout ce qui est bon, même dans le barbare et le païen. Le chrétien
peut donc s’en réjouir à ce titre, mais ne doit pas en rester là ; son devoir
est de mettre sa joie dans la vertu par motif d’amour de Dieu et en vue de la
[col.778 fin / col.779 début] vie éternelle, c. XXVI. Les biens surnaturels
sont donnés pour l’utilité de tous, à la différence des biens spirituels, qui
font l’objet d’un commerce intime et privé entre Dieu et l’âme. Ils procurent
un double, temporel d’une part, spirituel et éternel d’autre part, on ne doit
s’en réjouir qu’à ce dernier titre. Dieu permet sans doute à la nature et au
démon d’imiter ses œuvres. Celles qui sont authentiquement divines sont
reconnaissables au profit qu’elles apportent à qui les opère, c. XXIX. Ceci
amènera l’auteur à développer sa pensée en parlant des sorciers, magiciens,
etc., qui ont pactisé avec le démon, c. XXX. Voici enfin la sixième et dernière
classe de biens, les spirituels destinés à acheminer l’âme vers l’union divine.
On peut en faire une double classification : a) biens pénibles et biens
agréables, partagés de part et d’autre en obscurs et confus, clairs et
distincts ; b) biens intellectuels, affectifs, imaginatifs. Il sera question
ici que des biens spirituels agréables, dont l’objet est clair et distinct.
L’étude du reste est réservée à la nuit passive. On en compte quatre espèces :
a. émotifs : Images et statues des saints, oratoires, cérémonies du culte, lieux
et exercices de dévotion. Avec beaucoup de sens théologique, l’auteur combat
les superstitions et les pratiques vaines et indiscrètes ; et, par ailleurs,
avec beaucoup de sens artistique, il disserte sur les églises et les lieux de
prières, c. XXXII-XLIII. b. Provocatifs : c. XLIV, la prédication, considérée
au double point de vue du prédicateur et des auditeurs. Le saint proclame la
valeur de l’art de la parole, qui, dit-il, sauve les causes en péril comme
l’absence de rhétorique perd les meilleures causes. . . La Montée du Carmel se
termine ici sur une phrase inachevée. Deux espèces de bien spirituels ne sont
pas expliqués : les directifs et les perfectifs. Le P. Gerardo opine que par
directifs, Jean entend ce qui concerne la direction spirituelle ; les
perfectifs seraient les vertus et les grâces divines. Le saint se proposait
aussi de traiter l’espérance, la douleur et la crainte. Voir l. III, c. XV.
Nous ignorons si ces plans ont été réalisés.
A la suite de la Montée,
l’édition critique publie deux fragments inédits, et les attribue à Saint Jean
: La jouissance, première affection de la volonté. Nul objet de l’appétit est
un moyen proportionné à l’union divine par la volonté. ? Pour s’unir à Dieu, la
volonté doit être vide de tout appétit naturel. On retrouve dans ces textes le
style et la doctrine de notre saint.
3. Analyse de la Nuit
obscure. Le livre intitulé Nuit obscure a pour thème le cantique déjà commenté
dans la Montée du Carmel. Les deux premières strophes exposent les effets des
deux purifications spirituelles, des sens et de l’esprit ; les six autres
comprennent les effets multiples et merveilleux de l’illumination spirituelle
et de l’union d’amour avec Dieu. Notons de suite que cette dernière partie nous
manque ; la Nuit obscure comme la Montée, contenue dans les mss que nous
possédons, est inachevée. Conformément au dessein annoncé, Montée, l. I, c. I,
l’auteur va expliquer le second aspect de la " Nuit " des sens et de
l’esprit et non pas, qu’on le remarque bien, une autre partie de cette nuit. Il
s’agira de lo passivo c’est-à-dire de ce que Dieu fait dans l’âme sans autre
concours positif de sa part que son libre consentement.
Et d’abord, pourquoi
cette action spéciale de Dieu ? Parce que l’âme est incapable par sa propre
industrie de se purifier autant que le requiert l’union d’amour ; sans doute
convient-il qu’elle travaille de son mieux à s’y disposer, mais Dieu doit y
mettre la main pour parachever l’œuvre. Strophe I, vs. 1, § IV. D’où
description des imperfections propres aux commençants, ramenées aux sept péchés
capitaux. Str. I, § I- VIII. Le saint docteur, en psychologue averti, [col.779
fin / col.780 début] fouille tous les replis de la nature humaine déchue avec
une pénétration extraordinaire, encore avoue-t-il n’avoir signalé que le plus
important. Dieu fait donc progresser en opérant l’universelle suppression des
goûts et saveurs à l’endroit du créé. C’est la Nuit dite " passive ".
Et par quel moyen
opère-t-il ? Par la nuit de contemplation, qui produit deux sortes de ténèbres
ou de purifications, selon les deux parties de l’âme, la sensitive et la
spirituelle. On débute par la nuit des sens qui est très commune. Celle de
l’esprit est le propre des avancés ; elle est très rare, § IX. L’auteur entre
en matière en donnant les trois signes auxquels le spirituel discerne
expérimentalement la nuit des sens, § X, puis il indique la conduite à tenir, §
XI. on rencontre ici le texte, ayant trait à l’appel de la contemplation :
porque no à todos los que se ejercitan de propositio en el camino del espiritu
lleva Dios à contemplación ni aun à la mitad : el por qué, le se lo sabe.
" Dieu n’élève pas à la contemplation tous ceux qui s’exercent
délibérément dans le chemin de l’esprit, pas même la moitié ; le pourquoi, Lui
seul le sait. " Ce texte fait difficulté pour les tenant de la "
contemplation accessible à tous " (cf. Arintero, O. P., Cuestiones
misticas, Salamanque, 1920, 2e édit.). Notons aussi que certains écrivains
distinguent les " signes " donnés dans la Montée, l. II, c. XI et
XII, de ceux de la Nuit obscure. D’autres y voient des notions qui se
complètent mutuellement.
A la purification passive
des sens succède celle de l’esprit, mais pas toujours immédiatement ; cette
purification est nécessaire pour achever de spiritualiser l’âme, encore
appesantie par le corps. Celle-ci reçoit des communications qui produisent des
faiblesses, fatigues, ravissements, extases, secousses des os, preuve que les
communications ne sont pas purement spirituelles, comme le requiert l’union. Le
traitement par la nuit de l’esprit fait graduellement disparaître ces
imperfections, et d’autres encore, habituelles et actuelles. L’auteur observe
ici que les deux parties de l’âme ne se purifient jamais bien l’une sans
l’autre. La nuit devrait s’appeler réforme, et cohibition de l’appétit, plutôt
que purgations, car les désordres de la partie sensitive tiennent de l’esprit
leur origine et leur force. Mais avant de les soumettre conjointement à une
même action purifiante, il fallait accommoder le sens à l’esprit.
En quoi consiste cette
action spéciale de Dieu ? C’est la contemplation infuse, ou Théologie mystique,
dans laquelle Dieu inscrit secrètement l’âme en perfection d’amour, sans que
celle-ci agisse de son propre mouvement, ni même comprenne cette divine
influence. Elle est cette sagesse amoureuse de Dieu, disposant l’âme par
purification et illumination à l’union d’amour, celle-là même qui purifie les
esprits bienheureux. En cette vie, à cause de la disproportion, elle est
cependant nuit obscure, pénible, affligeante. Les extrêmes, le divin et
l’humain, sont appelés à s’unir étroitement, intimement ; l’humain doit subir
une transformation radicale que saint Jean désigne par les expressions les plus
fortes : désassimilation intérieure, destruction expérimentée dans la substance
de l’âme, sécheresse, vide, pauvreté, nudité, etc. Cet état st un véritable
purgatoire anticipé, et ‘âme qui le subit maintenant ne séjournera pas plus
tard, ou du moins ne sera que peu de temps, dans celui d’outre-tombe, car une heure
de ce purgatoire ici-bas est plus efficace que plusieurs heures dans l’autre
vie. La volonté, § III, a aussi sa grande part de terribles souffrances ;
malgré certains soulagements, certaines consolations intermittentes, l’âme sent
qu’elle n’est pas au bout de ses peines. A propos du purgatoire le saint
docteur ne dit pas que les âmes y doutent [col.780 fin / col.781 début]
positivement de leur salut ; mais elles ignorent la drée de leurs peines, et
surtout, ne voient pas en elles-mêmes une cause qui les ferait cesser ; elles
n’ont l’expérience que de leur misère, et non de l’amour que cependant elles
donnent à Dieu consciemment de tout leur pouvoir. Une telle douleur s’explique
par la nature de l’amour, et l’absence de l’Aimé.
Après le tableau des souffrances,
voici les effets admirables d’illumination intérieure, § V ; ce n’est pas Dieu
qui torture intentionnellement, c’est l’âme qui pâtit de sa propre résistance,
§ VI.
Le second vers la
première strophe célèbre le commencement d’une véhémente passion d’amour divin,
fruit des rigoureuses épreuves, qui pourtant ne sont pas terminées. L’auteur
annonce les règles pour discerner les mouvements naturels des surnaturels ; il
énumère les propriétés de la contemplation ou théologie mystique, d’après saint
Thomas. Elle est secrète, ignorée des créatures, même du démon ; l’état qu’elle
détermine est sujet à des fluctuations, d’où l’image " Par l’escalier
secret je suis sortie déguisée ", str. II, vs. 1 ; la contemplation est
science d’amour, connaissance infuse et amoureuse de Dieu, illuminant l’âme et
l’embrassant pour l’élever graduellement jusqu’à Dieu son créateur. Str. II,
vs. 2. Les degrés de l’escalier se reconnaissent aux effets, on ne peut les
voir en eux-mêmes par voie naturelle ; ces effets sont, d’après saint Bernard
et saint Thomas, les dix degrés de l’échelle mystique ; noter que sans
l’humilité on ne peut se maintenir sur aucun degré. Celui qui meurt lorsqu’il
se trouve sur le neuvième, ne passe point par le purgatoire. Le dixième degré
appartient au ciel. L’auteur achève sa matière en expliquant la " cachette
" de l’âme : " Quand Dieu la visite par l’intermédiaire du bon ange,
l’âme ne marche pas encore totalement dans l’obscurité et en secret. Mais
lorsque Dieu la visite par lui-même, elle est cachée à l’ennemi ; la Divine
Majesté demeure substantiellement dans l’âme ; ni ange, ni démon ne parviennent
à connaître leurs communications réciproques ; ce sont les touches
substantielles de divine union entre l’âme et Dieu, le degré suprême d’oraison.
" Str. II, vs. 4. L’âme est établie dans un état de paix semblable à
l’état d’innocence d’Adam, quoique n’étant pas tout à fait délivrée de toutes
les tentations de sa partie inférieure, vs. 5. La Nuit obscure se termine ici
par une très brève exposition de la strophe 3e, sans commentaire développé.
2° La Vive flamme
d’amour commente les quatre strophes du cantique chanté par l’âme parvenue
à l’état de transformation en Dieu, mais dans un degré d’amour plus consommé,
plus parfait, qui lance des étincelles et des flammes. Sou l’influence des
profondes et délicates douceurs de l’amour, elle dit quelques-uns de ses
merveilleux effets. Ici surtout saint Jean de la croix se révèle docteur
mystique par excellence ; mais il est aussi à l’occasion, théologien de la
mystique.
Le traité de la Vive
flamme se refuse au résumé analytique. Il est tout entier descriptif. Un
souffle de vie intense anime la pensée ; le style est enflammé, enthousiaste,
d’une éloquence fortement communicative. " On a dit à juste titre que pour
parler de l’amour divin avec plus de pénétration, il faudrait avoir joui de la
béatitude même. Les pages écrites par saint Thérèse sur ce sujet, pour
admirables qu’elles soient, n’atteignent pas la profondeur de vues, ni la
puissance d’expression de saint Jean. Se trouvant en présence de l’infini
obscur, puisque l’amour de Dieu c’est Dieu même, le saint ne fait que décrire
les impressions qu’il a reçues, seul moyen qui reste à la disposition de
l’intelligence dans cet état exceptionnel. Bien qu’il s’en est défende, et
c’est l’opinion [col.781 fin / col.782 début] du P. Gerardo, il fait le récit
de son expérience personnelle et nous a donné une sublime contemplation de
l’amour le plus qualifié plutôt qu’un traité. " Hoornaert, op. cit., t.
III, avant-propos, p. XXIV.
L’objet de la Vive flamme
est, nous l’avons dit, l’état de transformation en Dieu par l’amour. La
première strophe expose le fait que l’âme étant toute à Dieu par l’amour, et
blessée à mort, désire l’union parfaite, éternelle et immuable. La seconde strophe
décrit les effets produits dans l’âme par cet amour ; ils sont figurés par le
cautère, la plaie, la touche, la main. La troisième chante l’amour que l’âme,
dans cet état, rend au Bien-Aimé, capable qu’elle est de connaître et d’aimer ;
l’amant n’est satisfait que lorsque que toutes ses capacités s’occupent dans
l’Aimé. Et dans la quatrième il s’agit des retours ineffables de Dieu vers
l’âme. Notons simplement, au courant de la lecture, quelques points de
doctrine.
C’est à l’Esprit-Saint,
l’esprit de Jésus, que saint Jean attribue toute l’œuvre. Ce même feu divin qui
glorifie au ciel, purifie ici-bas, et par là dispose à l’union transformante.
L’Esprit-Saint est le principe moteur de tous les actes et opère dans le "
centre " de l’âme. Il n’y avait pas jusqu’ici acte d’amour proprement dit,
quand l’âme agissait como de suyo " par elle-même " ; alors c’était
disposition à cet amour, c’est-à-dire dispositions en désirs et sentiments
successifs, que nunca llegan à ser actos perfectos, " qui n’arrivent jamais
à être des actes parfaits. " (La première rédaction de la Vive flamme
porte : que muy pocos llegan à ser actos perfectos de amor à contemplación
" dont bien peu arrivent à être des actes parfaits d’amour de
contemplation, " nuance qu’il importait de signaler, op. cit., t. II, p.
406, str. I, vs. 6). Les actes spirituels sont infusés par Dieu (ibid.). L’âme
doit s’exercer ici-bas à l’amour. Peu d’âmes parviennent à un état si élevé, et
il est accordé principalement à ceux dont l’esprit et la vertu doit passer à
des disciples, Dieu donnant les prémices aux chefs dans la mesure proportionnée
à la postérité qu’Il leur destine. Str. II, vs. 2, p. 414. Dieu permet que le
corps même porte les traces des blessures de l’âme, comme en saint François
d’Assise. Les délices sont plus intenses et saisissent plus subitement, lorsque
l’âme seule est blessée, et non la chair ; néanmoins un puissant effet
spirituel peut se répercuter dans ce sens. Qu’est-ce que la " touche
" mystérieuse ? " Vous m’avez touché de la splendeur de votre gloire
et de la figure de votre substance, qui est votre Fils ; c’est lui qui est
cette touche délicate dont vous m’avez atteint avec la force du cautère ",
touche substantielle, de la substance de Dieu à la substance de l’âme ;
beaucoup de saints l’ont expérimentée ici-bas. Elle contient une saveur de vie
éternelle, non au degré parfait, mais très réelle cependant ; l’âme en jouit
selon ses puissances et selon sa substance ; le corps lui-même s’en ressent,
quelquefois jusqu’aux extrémités de articulations des pieds et des mains. Saint
Jean revient ici sur un de ses thèmes favoris : la nécessité de porter la croix
de Jésus. " C’est le moment de dire pourquoi il en est si peu qui arrivent
à ce haut état de perfection ; le motif n’en est pas en ce que Dieu désire
qu’il y ait peu d’âmes élevées, " que no es, porque Dios quiera que haya
pocos espiritus levantados ; Il voudrait au contraire que toutes fussent
parfaites, mais Il trouve peu de vases capables d’une œuvre si sublime : on
refuse toute souffrance, et en même temps on désire devenir parfait. (La
variante du ms. de Burgos présente le même sens : No es porque no quiera que
hubiese muchos de los espiritus levantados. " Ce n’est pas qu’il ne désire
qu’il y ait beaucoup d’âmes élevées. " Str. II, vs. 5. Nous l’avons notée
ici cependant, vu l’importance doctrinale de ce texte. Comparer avec la Nuit
obscure, str. I, § II, cité plus haut ; pourquoi Dieu n’introduit pas dans la
" Nuit de l’esprit " tous ceux qui s’exercent à la vie spirituelle.)
La strophe III découvre
les attributs divins révélés à l’âme dans l’union d’amour et qui sont autant de
" lampes de feu ". C’est la plus haute connaissance de Dieu possible
en cette vie. L’âme purifiée complètement éprouve la soif insatiable de l’union
; mais Dieu la fait attendre encore ; état douloureux s’il en fût, où l’âme
souffre d’une privation infinie, où son amour ne soulage nullement sa peine,
car elle ne possède Dieu que grâce, et pas encore par union ; par la grâce il y
a amour réciproque, comme entre fiancés, qui tout en s’aimant, ne se possèdent
mutuellement qu’en désir et en promesse, se font des cadeaux et des visites ;
ce sont les préparatifs ; mais dans l’union il y a l’amour comblé, satisfait,
complété par la communication et la possession réciproque ; c’est le mariage
spirituel. L’âme n’en est encore qu’désir, disposition préalable à l’union, §
III. Le saint docteur revient ici avec complaisance sur sa matière préférée :
la direction spirituelle des âmes contemplatives, § IV-XVI. Que l’âme marche par
le chemin de la foi, où Dieu seul est un guide sûr, et qu’elle ne se confie pas
à la direction des " trois aveugles ", le maître spirituel
incompétent, le démon et elle-même. L’auteur répète les signes de l’état
contemplatif, et les justifie longuement, il décrit la notion générale et
amoureuse de Dieu " reçue passivement dans l’âme selon le mode surnaturel
de Dieu, et non selon le mode naturel de l’âme, " § VI, ses rapports avec
les actes spécifiés, l’attitude opportune de l’âme, le rôle du directeur spirituel,
les maux que peut engendrer son ignorance, et leur cause. Le style est ici
singulièrement combattif ; on devine au mot alumbramiento " illuminisme
" l’adversaire que le grand mystique a en vue. Les § VI-XIII rappellent
avec fermeté les devoirs du directeur spirituel. Puis vient l’étude des ruses
et des efforts du démon, celle enfin des erreurs possibles de l’âme elle-même.
Le § XVII et les suivants continuent le commentaire interrompu. En parlant de
l’élimination de l’appétit naturel, à propos du vs. 4, saint Jean montre que le
désir même de Dieu peut n’avoir aucune valeur surnaturelle. Les " cavernes
du sens " étant toutes baignées et imprégnées de la lumière des "
lampes de feu ", elles rendent au Bien-Aimé tout ce qu’elles ont reçu de
Lui. Il semble difficile de pénétrer plus au fond dans le mystère de notre vie
divine. " Par le moyen de cette transformation substantielle, l’âme est
comme l’ombre de Dieu et elle " agit " en Dieu et pour Dieu ce qu’il
" agit " en elle pour soi-même et à sa manière, car les deux volontés
n’en font qu’une. " C’est la possession en commun de la divine essence. La
doctrine développée ici est un vrai commentaire de saint Thomas : Caritas est
amicitia quædam hominis ad Deum, fundata super communicationem beatitudinis æternæ,
IIa, IIIæ, q. XXVI, a. 2 ; le docteur mystique approfondit toutes les
excellences et les merveilles de l’amitié entre Dieu et l’âme. La quatrième
strophe met le comble à cette sublime doctrine, en célébrant les " réveils
" et l’aspiration de Dieu habitant en secret dans l’âme comme dans sa
propre maison, et ne se découvrant qu’à elle. Quant à " l’aspiration
", Saint Jean renonce à en parler tant elle est inexprimable.
3° Le cantique
spirituel. Nous ne pouvons faire ici une étude approfondie de la valeur des
deux séries de mss. déjà signalées, qui nous transmettent le cantique
spirituel. Il faudrait vérifier de près les conclusions du P. Gerardo dans son
édition critique, où il donne en entier les deux réactions. La seconde (ms. de
Jaën), placée en tête, contient de nombreuses additions attribuées au saint,
notamment, au début, un argumento, qui synthétise les strophes d’après la
[col.783 fin / col.784 début] division traditionnelle des trois voies
purgative, illuminative et unitive. Cet " argumento " n’existe pas
dans le ms. de Sanlúcar de Barrameda (première rédaction), ms. que l’auteur a
pourtant revu ainsi qu’en font foi les nombreuses notes écrites de sa main, et
cette mention suivie de sa propre signature : " Ceci est le brouillon qui
a été mis au net depuis. " Este libro es le borrador de que ya se sacó en
limpio. fr. Juan de la +. Il n’existe pas davantage dans la traduction
française de René Gaultier, 1622, traduction faite d’après un ms., que
possédait la vénérable Mère Anne de Jésus. Voir plus haut, col. 771. Or en
comparant l’argumento avec le prologo identique dans les deux rédactions, on
peut se demander dans quel sens la division des trois voies est applicable au
Cantique spirituel. D’après ce prologue il s’agit d’un tableau à décrire, d’un état
d’âme à manifester par un dialogue entre l’âme et l’Epoux, dans une forme
visiblement inspirée du Cantique des cantiques. Saint Jean essaye de révéler ce
que l’Esprit Saint fait comprendre aux âmes amoureuses où Il habite ; leurs
sublimes sentiments et leurs aspirations. Se commentaires, dit-il, ne sont que
l’accessoire des strophes, ils n’en épuiseront pas le sens, et l’on n’est pas
tenu de s’y attacher exclusivement ; chacun pourra trouver dans le Cantique
lui-même la nourriture appropriée à ses capacités et à ses dispositions ; s’il
fallait confirmer l’interprétation dans les limites de concepts déterminées,
cela ne serait pas du goût de tout le monde, ni conforme à la sagesse mystique,
qui provoque l’amour à la manière de la foi, sans connaissance distincte.
Cependant, chemin faisant, selon que l’exigera la matière, il touchera
brièvement certains points relatifs à l’oraison ; non les plus communs, mais
les plus extraordinaires. " Ce ne sera pas en vain, que j’aurai traité un
peu de la théologie scolastique qui concerne le commerce intérieur entre Dieu
et l’âme ; bien que Votre Révérence (la Vén. Anne de Jésus) n’ait pas la
pratique de cette théologie grâce à laquelle on pénètre les vérités divines,
vous possédez cependant l’exercice de la théologie mystique, qui s’acquiert par
l’amour ; et en lui, non seulement on comprend, mais de plus on goûte. "
Il faudrait examiner du même point de vue l’ " anotación "qui ouvre
le commentaire de la seconde rédaction ; elle semble s’inspirer du même esprit
que l’ " argumento ". Ajoutons encore une donnée à l’exposé de la
question. la " Declaración " de la " Canción I " dit
expressément : " L’âme énamourée du Verbe Fils de Dieu, son Epoux,
désirant s’unir à lui dans la claire vision de son essence, exprime des anxiétés
d’amour, et se plaint de son absence, d’autant plus que l’Epoux l’a blessée de
cet amour qui la fait sortir de toutes les créatures et d’elle-même. . . "
L’auteur suppose évidemment que la purification initiale est un fait accompli
au moment où l’âme commence à chanter le Cantique, celui-ci dépeindrait donc
des états mystiques. Il faudra donc s’assurer du texte, et serrer de près la
doctrine avant de risquer un jugement. Les idées théologiques et philosophiques
des autres traités se retrouvent dans le Cantique. Jean a utilisé ici en vrai
maître la forme lyrique. " Constatons aussi que la spéculative mystique y
intervient à peine, et laisse dominer la mystique expérimentale. L’intérêt
spécial du Cantique est là. " Hoornaert, op. cit., t. IV, p. XII.
4° Appréciation générale.
Durant sa vie, saint Jean fut persécuté à cause de sa doctrine et déféré
plusieurs fois à l’Inquisition ; une nouvelle tempête se déchaîna lors de la
publication de ses œuvres ; mais il fut brillamment défendu et avec succès.
Voir la bibliographie. L’Eglise s’est prononcée elle aussi : Apostolicæ Sedis
judicio divinitus instructus, libros de mystica theologia cælesti sapientia
refertos conscripsit,[col.784 fin / col.785 début] dit de lui le Bréviaire
romain, 24 nov. Cet éloge les contient tous. Saint Jean de la Croix était
philosophe, théologien, poète, artiste, directeur spirituel, écrivain ; dans
tous ces domaines il s’affirma avec une incontestable supériorité dont tous ses
contemporains ont laissé des témoignages impressionnants.
Il était particulièrement
versé dans la sainte Ecriture. " Le texte biblique est intimement mêlé à
l’œuvre de Jean de la Croix. . . Les témoignages confirment ici ce que l’étude
des écrits eût suffi à nous faire deviner. Ils nous apprennent que Jean de la Croix
faisait de la Bible sa lecture ordinaire, qu’il savait d’ailleurs l’Ecriture
presque entièrement de mémoire, comme il était possible de s’en assurer en
l’entendant faire dans les chapitres ou au réfectoire, des leçons improvisées,
improvisations qui prolongeaient un travail intérieur. C’est ainsi qu’un témoin
attentif signale l’étude silencieuse que Jean de la Croix entreprend des Livres
saints dans les coins les plus solitaires du couvent de Grenade. Le même témoin
note que Jean de la Croix excellait à commenter l’Ecriture et, en particulier,
le Cantique des Cantiques, l’Ecclésiaste, l’Ecclésiastique, les Proverbes, les
Psaumes. Un manuscrit fait allusion à ces entretiens spirituels où Jean de la
Croix expliquait jusqu’à trois ou quatre fois, et comme en des plans de
croissante profondeur, le même évangile ou le même psaume. Ce dernier
renseignement est précieux puisqu’il nous fait surprendre, à la source, la
technique nous retrouverons dans l’œuvre composée. . . Ces documents suffisent
à nous faire pressentir de quelle manière Jean de la Croix introduit en son
œuvre des textes bibliques. Les passages allégués ne se surajoutent pas à la
page composée ; sans doute ne sont-ils pas le plus souvent cherchés à travers
un livre que l’écrivain consulte. Ils nourrissent sans cesse la pensée
créatrice et ne s’en peuvent séparer. Il est certain que saint Jean de la Croix
a suivi le texte de la Vulgate. . . Il est sûr que la traduction de saint Jean
de la Croix donne des textes qu’il choisit est bien sienne. " J. Baruzi,
op. cit., Le problème des citations scripturaires, etc.
Le saint docteur s’était
assimilé de même façon toutes ses lectures ; il cite peu, sans références :
saint Augustin, saint Grégoire, saint Bernard, saint Thomas, le pseudo-Denis
Boèce et Aristote. Ses œuvres portent le cachet de la plus grande originalité.
Mgr Waffelaert, évêque de Bruges estime qu’il a dû connaître le grand mystique
brabançon, le bienheureux Rusbroeck. Collationes Brugenses, t. XV-XVIII, pass.
Le P. Wenceslao del S. Sacramento, O. C. D., relève pourtant une dissemblance
marquée d’avec la doctrine de ce mystique. Fisionomia de un doctor, p. 69.
Si l’on veut résumer en
un mot la spiritualité de saint Jean de la Croix, on dira que cet auteur veut
enseigner ce que l’âme peut et doit faire soit pour correspondre à l’action
mystique divine, soit pour s’y disposer. Selon lui, renoncement ne signifie pas
seulement répression de l’appétit sensitif et de tout appétit désordonné, mais
négation de l’appétit ; c’est là son rien, son vide. Jean n’exige pas la
suppression de l’appétence, elle est impossible, et d’ailleurs contre nature,
il l’affirme. Il n’impose plus, d’une façon immédiate, de régler l’appétence ;
il tend directement à faire prédominer l’esprit par la négation de l’appétence,
par le vide et le silence intérieur, par la " nuit ". Le procédé est
radical : s’attaquer au fond, dénier à l’appétit son mouvement vital naturel,
c’est la condition favorable, indispensable, d’après lui, à la domination
effective de la vie surnaturelle ; le discernement dans l’usage des créatures,
objet de l’appétit, s’en suivra par la logique même des choses. Telle est la
spécialité de l’ascèse de saint Jean de la Croix : Tout ou Rien. Voilà ce qu’il
appelle s’exercer dans la voie [col.758 fin / col.786 début] de l’esprit,
" ; là est pour lui la disposition qui rend apte à la vie contemplative.
Et sans doute que l’on ne remarque pas, dans ses écrits, qu’il exige une grâce
d’ordre spécial pour pratiquer son ascèse, du moins en ce qui concerne la "
nuit des sens ". Mais, au début de la " nuit active " de
l’esprit, Montée, l. II, c. V, nous lisons qu’il s’adresse principalement à
ceux qui ont commencé à entrer dans l’état de contemplation. Ailleurs, saint
Jean affirme que Dieu n’élève pas à la contemplation tous ceux qui,
d’initiative personnelle, s’exercent dans la " voie de l’esprit ". Il
affirme en outre que Dieu n’exige pas toujours cette préparation active,
d’initiative personnelle, car il arrive que Dieu place d’emblée certaines âmes
dans la voie passive ; elles ne seront pas de ce chef dispensées de "
s’exercer dans la voie de l’esprit ", mais elles ne le feront pas
activement, d’initiative personnelle redisons-le “ como de suyo ". La
doctrine du " rien " suscita de nombreuses et âpres contradictions ; elle
heurtait de front la tendance à matérialiser l’ascèse ; elle provoqua les
objections de ceux qui estimaient trop large, et incontrôlable, prêtant à
illusion, la part faite à l’action divine. Peu à peu ces objections se sont
évanouies, saint Jean de la Croix aura autant admirateurs qu’il comptera de
fidèles disciples. Puisse la sainte Eglise combler leurs vœux, et les vœux de
l’ordre du Carmel, en décernant, officiellement, à notre saint, le titre de
" docteur mystique ".
I. EDITIONS. Editions
latines : Cologne, 1622, 1639, 1710 ; la traduction est due au P. André de
Jésus, carme déchaussé polonais. Editions italiennes : Rome, 1627 et 1637 ;
neuf éditions à Venise, 1643, 1658, 1671, 1682, 1707, 1719, 129, 1739 et 1748 ;
Gênes, 1858 ; Milan, 1912. Editions flamandes : Anvers, 1637 ; Gand, 1693 ;
Gand, t. I, 1916, t. II, 1917, par le P. Henri de la Sainte-Famille, traduction
de l’édition du P. Gerardo : Bestijging van den Karmel, Donkere Nacht,
Levendige Liefdevlam, Geestelijke Liefdezang. Editions allemandes. Prague, 1697
et 1725 ; Augsbourg, 1753 ; Soulzbach, 1830 ; Ratisbonne, 1858 et 1859.
Editions anglaises. Londres, 1864, 1888, 1906. Editions françaises. La première
est de René Gaultier, Paris, 1621 ; elle contient la Montée du Carmel, la Nuit
obscure et la Flamme d’amour. Le traducteur y mit la main avant que ne parût la
première édition espagnole de 1618. En 1622, à Paris, René Gaultier publia le
Cantique d’amour divin entre Jésus-Christ et l’âme dévote, qui est le Cantico
espiritual. Rappelons que la première édition espagnole dudit traité est
postérieure : Bruxelles, 1627. J’ai sous les yeux la réimpression, Paris, 1627,
du travail de Gaultier, de 1621, " revue et corrigée sur l’espagnol pour
la deuxième édition ", comprenant les trois grands traités du saint ; le
Cantique spirituel est absent. En tête de la Vive flamme d’amour on lit :
" revue et corrigée sur l’original pour la dernière édition ".
Traductions du R. P. Cyprien de la Nativité, O. C. D., Paris, 1641 et 1665 ; du
R. P. Maillard, S. J., Paris, 1694 ; Avignon, 1834 ; Besançon, 1846 ; Paris,
1850 et 1864 ; de l’abbé Gilly, 1865, La Montée et la Nuit obscure, Nîmes, 1893
; Le Cantique et la Vive flamme, de la Mère Marie-Thérèse de Jésus, Paris, 1875
; édition des carmélites de Paris, œuvres complètes, Poitiers, 1880, 1890,
1903, 1910, avec préface par le R. P. Chocarne, dominicain. Traduction faite
par le R. P. chanoine H. Hoornaert, sur l’édition du P. Gerardo, Desclée,
Paris, 1re édition en trois volumes : t. I, 1915 ; t. II, 1916 ; t. III, 1919,
2e édition en quatre volumes, t. I et t. II, 1922 ; t. III et IV, 1923. Ce
travail a le mérite d’être complet. Les différentes introductions accusent la
compétence dans les appréciations d’ordre littéraire, et il faut les retenir.
Mais sous d’autres rapports, nous devons faire quelques réserves. M. Hoornaert
accepte, sans la vérifier, du point de vue critique, l’édition du P. Gerardo.
Dans les textes qui lui sont personnels, et même dans la traduction il semble
parfois être sous l’influence de d’idées préconçues, celle par exemple de voir
dans la Montée du Carmel un livre destiné à la voie active, ou, comme il
s’exprime, à l’état actif, parce que le saint auteur y traite de la
purification de l’âme quanto a lo activo. Il confond voie active avec nuit
active. Voir l’exposé de la doctrine. après soigneuse confrontation, il faut
aussi constater que la traduction n’est pas fidèle en beaucoup d’endroits,
malgré les quelques cor- [col.786 fin / col.787 début] rections importantes
apportées à la seconde édition. Fr. Idelphus, des frères des Ecoles chrét. (†
1922), Poèmes mystiques de saint Jean de la Croix. Traduction en vers français
avec texte espagnol en regard, Paris, 1922.
Detalle
del grabado del padre fray Juan de la Cruz O.F.M en: Francisco Pacheco,
(1564-1644) El libro de descripción de verdaderos retratos, ilustres y
memorables varones, [Sevilla, s.n., s.a.]- Real Academia de la Historia
(Madrid). Signatura: 1/736. El personaje retratado, fraile franciscano natural
de Sevilla vivió entre 1545 y 1582: Biblioteca Nacional de España http://datos.bne.es/persona/XX1524894.html
II. TRAVAUX. 1°
Biographie. Cosmas de Villiers, Bibliotheca carmelitana, Orléans, 1752, t. I,
col. 829 sq. ; Jeronimo de S. José O. C. D., Historia del venerable Padre fr.
Juan de la Cruz, Madrid, 1618, 1641 ; abrégé du même ouvrage, Bruxelles, 1674 ;
José de Jesus-Maria, (Quiroga), O. C. D., Historia de la vida y virtudes de
Ven. P. fr. Juan de la Cruz, Bruxelles, 1628 et 1632, traduction française par
Elisée de saint-Bernard, O. C. D., Vie de saint Jean de la Croix, Paris, 1727,
avec une dissertation " où l’on fait voir que la doctrine de saint Jean de
la Croix est opposée à celle des faux mystiques ; Repuesta a algunas razones
contrarias a la contemplación afectiva y oscura que nuestro Padre F. Juan de la
Cruz. . . enseña en sus escritos, Madrid, Bibl. nat., ms. 8273 ; Anonyme,
Compendio della mistica Theologia di San Giovanni della Croce, Sienne, 1886 ;
Man. Muñoz Garnica, San Juan de la Cruz, ensayo hsitorico, Jaën, 1875 ; Mgr
Demimuld, S. Jean de la Croix, Paris, 1916, collect. " Les saints " ;
Wenceslao del S. Sacramento, O. C. D., Fisionomia de un doctor, Ensayo critico,
Salamanque, 1913, 2 vol.
2° Etudes sur la
doctrine. Diego de Jesus, O. C. D., Apuntamientos y advertencias en tres
discursos, para mas facil intelligencia de la frases misticas, y doctrina de la
Obras espirituales, de nuestro beato Padre San Juan de la Cruz, dans l’édition
d’Alcala, 1618, et celle de Séville, 1703 ; traduction française de René
Gaultier, dans l’édition du P. Cyprien de la Nativité, O. C. D., Paris, 1641 ;
Jeronimo de San José, O. C. D., Dibujo del Venerable Padre Fray Juan de la
Cruz, dans l’édition de Barcelone, 1883, ainsi que dans d’autres plus anciennes
; José de Jesus-Maria, O. C. D. (Quiroga) Subida del alma a Dios y entrada en
el paraiso, 2 vol., Madrid, 1656, 1659 ; Apologia mistica en defensa de la
contemplación divina, Madrid, Bibl. nat., ms. 4478 ; anonyme et inédit, Una
defensa brevissima de la doctrina de santa Teresa de Jesus y de san Juan de la
Cruz, Madrid, Bibl. nat., ms. 8273 ; Louis de Ste-Thérèse, O. C. D.,
Explication de cette énigme (le dessin du mont symbolique) qui comprend succinctement
toute la doctrine mystique des œuvres spirituelles du R. P. Jean de la Croix,
dans l’édition française de Paris, 1641 ; Fr. Antonio Arbiol, O. M., Mistica
fundamental de Cristo Senor Nuestro explicada por le glorioso y beato Padre San
Juan de la Cruz, Madrid, 1761 ; Basilio Ponce de Léon, O. S. A., Respuesta. . .
a las notas y objecciones que se hicleron à algunas proposiciones del libro de
Fray Juan de la Cruz por los Calificadores del Santo Oficio, 1622, l’original
n’est pas retrouvé ; deux censures favorables au saint, l’une du P. Antolinez,
O. S. A., 4 septembre 1623, l’autre du P. de Araujo, O. P., 12 juillet 1623 :
Nicolas de Jésus Maria, O. C. D., (Centurioni), Elucidatio theologica circa
aliquas phrases et propositiones theologiæ mysticæ. . . quæ in spiritualibus
libris venerabilis Parentis nostri Joannis de la Cruce. . . reperiuntur, 1re
édit. à Alcala de Hénarès, 1631 ; traduction française du P. Cyprien de la
Nativité dans l’édition des œuvres, Paris, 1641 ; traduction nouvelle dans les
Etudes carmélitaines, années 1911, 1912, 1913 et 1914 ; Bossuet disait de
l’auteur : " qu’il était le plus savant interprète de Jean de la Croix
" ; le P. Gerardo cite encore plusieurs apologies et commentaires. Voir
aussi : anonyme, Compendio della mistica teologia di san Giovanni della Croce,
Sienne, 1886 ; A. Poulain, S. J., La mystique de S. Jean de la Croix, Paris,
1893 ; Berthier, S. J., Analyse sommaire en onze lettres, dans l’édition du P.
Maillard, S. J., Besançon, 1846 ; Ludovic de Besse, O. M., Eclaircissements sur
les œuvres mystiques de saint Jean de la Croix, Paris, 1893 ; P. Angel Maria,
O. C. D., Suma espiritual de san Juan de la Cruz, Burgos, 1904 ; Mme Carré
Chataignier, Essai sur les images dans l’œuvre de saint Jean de la Croix ; thèmes
directeurs et classes d’images, thèse, Bordeaux, 1923 ; cf. Bulletin
hispanique, t. XXV, n. 3, juillet-septembre 1923, p. 265 ; Claudio de Jesus
Crucificado, O. C. D., San Juan de la Cruz y el Doctor angelico, article du
périodique El monte Carmelo, 1917, Burgos, t. XXI, p. 302 ; Gabriel de Jesus,
O. C. D., La subida del Monte Carmelo es ascetica o es mistica article du
périodique La vida sobrenatural, javier1923 ; M. V. Bernardot, O. P., Le texte
authentique du Cantique spirituel de saint jean de la Croix, article du
périodique La vie spirituelle, mars, 1923, supplément.
F. PASCAL DU S. SACREMENT
O. C. D. Saint Jean de la Croix, Dictionnaire de Théologique Catholique
SOURCE : http://jesusmarie.free.fr/jean_de_la_croix.html
Saint
John of the Cross, portrait, 17th cent., end
Also
known as
Doctor of
Mystical Theology
John della Croce
John de la Croix
John de la Cruz
John vom Kreuz
Juan de Santa María de Yepes
Johannes av Korset
formerly 24
November
Profile
Born in poverty.
Cared for the poor in
the hospital in
Medina del Campo, Spain. Carmelite lay
brother in 1563 at
age 21, though he lived more strictly than the Rule required. Studied at Salamanca, Spain. Carmelite priest, ordained in 1567 at
age 25. Persuaded by Saint Teresa
of Avila to begin the Discalced or barefoot reform
within the Carmelite
Order, he took the name John of the Cross. Master
of novices. Spiritual
director and confessor at Saint Teresa‘s convent.
His reforms did not set well with some of his brothers, and he was ordered to
return to Medina del Campo. He refused, and was imprisoned at Toledo, Spain,
escaping after nine months. Vicar-general of Andalusia, Spain.
His reforms revitalized the Order.
Great contemplative and spiritual writer.
Proclaimed a Doctor
of the Church by Pope Pius XI on 24 August 1926.
Born
24 June 1542 at
Fontiveros, Spain as Juan
de Santa María de Yepes
14
December 1591 at
Ubeda, Andalusia, Spain of
natural causes
relics at
the Convent of
the Discalced Carmelites in Segovia, Spain
25
January 1675 by Pope Clement
X
27
December 1726 by Pope Benedict
XIII
Additional
Information
Book
of Saints, by Father Lawrence
George Lovasik, S.V.D.
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Catholic
Encyclopedia, by Benedict Zimmerman
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Lives
of the Saints, by Father Francis
Xavier Weninger
Pope
Benedict XVI, General Audience, 16
February 2011
Roman
Martyrology, 1914 edition
Saints
and Saintly Dominicans, by Blessed Hyacinthe-Marie
Cormier, O.P.
Saints
for Sinners, by Father Alban
Goodier, SJ
Saints
of the Day, by Katherine Rabenstein
Short
Lives of the Saints, by Eleanor Cecilia Donnelly
Ascent of Mount Carmel,
by Saint John
of the Cross
The Dark Night of the
Soul, by Saint John
of the Cross
Life of Saint John of the
Cross, by David Lewis
Saint John of the Cross,
by Father Paschasius
Heriz
books
Fire Within: Saint Teresa of Avila, Saint John of the Cross,
and the Gospel – On Prayer, by Thomas Dubay
John of the Cross: Doctor of Light and Love, by Kieran
Kavanaugh
Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
Oxford Dictionary of Saints, by David Hugh Farmer
other
sites in english
Christian
Biographies, by James Keifer
Metaphysics of Mysticism: A Commentary on the Mystical
Philosophy of Saint John of the Cross, by Geoffrey K Mondello
images
audio
A
Spiritual Canticle of the Soul and the Bridegroom Christ (Christian
Classics Ethereal Library)
Ascent
of Mount Carmel (Christian Classics Ethereal Library)
Poetry, by Saint John (Librivox)
Pope Benedict XVI’s General Audience (Amateur
Hagiographer)
Dark Night of the Soul,
by Saint John
Christian
Classics Ethereal Library
video
Ascent of Mount Carmel (Maria Lectrix audiobook)
Dark Night of the Soul (Maria Lectrix audiobook)
Other Works by Saint John of the Cross
sitios
en español
Martirologio Romano, 2001 edición
sites
en français
Abbé
Christian-Philippe Chanut
fonti
in italiano
Dicastero dell Cause dei Santi
websites
in nederlandse
nettsteder
i norsk
Works
Spiritual Canticle (pdf)
Living Flame of Love (pdf)
Complete Works, volume 1 (pdf)
Readings
Never was fount so clear,
undimmed and bright;
From it alone, I know proceeds all light
although ’tis night.
– Saint John
of the Cross
At the end of your life,
you will be judged by your love. – Saint John
of the Cross
The object of all virtues
is to bring us into union with God, in which alone is laid up all the happiness
that can be enjoyed in this world. Now, in what does this union properly
consist? In nothing save a perfect conformity and resemblance between our will
and the will of God, so that these these two wills are absolutely alike – there
is nothing in one repugnant to the other; all that one wishes and loves, the
other wishes and loves; whatever pleases or displeases one, pleases or
displeases the other. – Saint John
of the Cross
Just as we can never
separate asceticism from mysticism,
so in Saint John
of the Cross we find darkness and light, suffering and joy, sacrifice and love
united together so closely that they seem at times to be identified. –
Thomas Merton
If you do not learn to
deny yourself, you can make no progress in perfection. – Saint John
of the Cross
In detachment, the spirit
finds quiet and repose for coveting nothing. Nothing wearies it by elation, and
nothing oppresses it by dejection, because it stands in the center of its own
humility. – Saint John
of the Cross
The Lord measures our
perfection neither by the multitude nor the magnitude of our deeds, but by the
manner in which we perform them. – Saint John
of the Cross
I wish I could persuade
spiritual persons that the way of perfection does not consist in many devices,
nor in much cogitation, but in denying themselves completely and yielding
themselves to suffer everything for the love of Christ. And if there is failure
in this exercise, all other methods of walking in the spiritual way are merely
a beating about the bush, and profitless trifling, although a person should
have very high contemplation and communication with God. – Saint John
of the Cross
Live in the world as if
only God and your soul were in it; then your heart will never be made captive
by any earthly thing. – Saint John
of the Cross
O you souls who wish to
go on with so much safety and consolation, if you knew how pleasing to God is
suffering, and how much it helps in acquiring other good things, you would
never seek consolation in anything; but you would rather look upon it as a
great happiness to bear the Cross of the Lord. – Saint John
of the Cross
Though holy doctors have
uncovered many mysteries and wonders, and devout souls have understood them in
this earthly condition of ours, yet the greater part still remains to be
unfolded by them, and even to be understood by them. We must then dig deeply in
Christ. He is like a rich mine with many pockets containing treasures: however
deep we dig, we will never find their end or their limit. Indeed, in every
pocket new seams of fresh riches are discovered on all sides. For this reason
the apostle Paul said of Christ, “In him are hidden all the treasures of the
wisdom and knowledge of God.” The soul cannot enter into these treasures, nor
attain them, unless it first crosses into and enters the thicket of suffering,
enduring interior and exterior labors, and unless it first receives from God
very many blessings in the intellect and in the senses, and has undergone long
spiritual training. The gate that gives entry into these riches of his wisdom
is the cross; because it is a narrow gate, while many seek the joys that can be
gained through it, it is given to few to desire to pass through it. – from
a spiritual canticle by Saint John of the Cross
In giving us His Son, His
only Word, He spoke everything to us at once in this sole Word – and He has no
more to say…because what he spoke before to the prophets in parts, he has now
spoken all at once by giving us the All Who is His Son. – Saint John
of the Cross
MLA
Citation
“Saint John of the Cross“. CatholicSaints.Info.
17 May 2024. Web. 14 December 2024.
<https://catholicsaints.info/saint-john-of-the-cross/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-john-of-the-cross/
Jesuíno do
Monte Carmelo (1764–1819), São João da Cruz (da série Santos
Carmelitas) / Saint John of the Cross (from the series Carmelite
Saints), 216 x 133, Igreja Nossa Senhora do Patrocínio
BENEDICT XVI
GENERAL AUDIENCE
Saint John of the Cross
Dear Brothers and
Sisters,
Two weeks ago I presented
the figure of the great Spanish mystic, Teresa of Jesus. Today I would like
talk about another important saint of that country, a spiritual friend of St
Teresa, the reformer, with her, of the Carmelite religious family: St John of
the Cross. He was proclaimed a Doctor of the Church by Pope Pius XI in
1926 and is traditionally known as Doctor mysticus, “Mystical Doctor”.
John of the Cross was
born in 1542 in the small village of Fontiveros, near Avila in Old Castille, to
Gonzalo de Yepes and Catalina Alvarez. The family was very poor because his
father, Gonzalo, from a noble family of Toledo, had been thrown out of his home
and disowned for marrying Catalina, a humble silk weaver.
Having lost his father at
a tender age, when John was nine he moved with his mother and his brother
Francisco to Medina del Campo, not far from Valladolid, a commercial and
cultural centre. Here he attended the Colegio de los Doctrinos, carrying
out in addition several humble tasks for the sisters of the Church-Convent of
the Maddalena. Later, given his human qualities and his academic results, he
was admitted first as a male nurse to the Hospital of the Conception, then to
the recently founded Jesuit College at Medina del Campo.
He entered the College at
the age of 18 and studied the humanities, rhetoric and classical languages for
three years. At the end of his formation he had a clear perception of his
vocation: the religious life, and, among the many orders present in Medina, he
felt called to Carmel.
In the summer of 1563 he
began his novitiate with the Carmelites in the town, taking the religious name
of Juan de Santo Matía. The following year he went to the prestigious
University of Salamanca, where he studied the humanities and philosophy for
three years.
He was ordained a priest
in 1567 and returned to Medina del Campo to celebrate his first Mass surrounded
by his family’s love. It was precisely here that John and Teresa of Jesus first
met. The meeting was crucial for them both. Teresa explained to him her plan
for reforming Carmel, including the male branch of the Order, and suggested to
John that he support it “for the greater glory of God”. The young priest was so
fascinated by Teresa’s ideas that he became a great champion of her project.
For several months they
worked together, sharing ideals and proposals aiming to inaugurate the first
house of Discalced Carmelites as soon as possible. It was opened on 28 December
1568 at Duruelo in a remote part of the Province of Avila.
This first reformed male
community consisted of John and three companions. In renewing their religious
profession in accordance with the primitive Rule, each of the four took a new
name: it was from this time that John called himself “of the Cross”, as he came
to be known subsequently throughout the world.
At the end of 1572, at St
Teresa’s request, he became confessor and vicar of the Monastery of the
Incarnation in Avila where Teresa of Jesus was prioress. These were years of
close collaboration and spiritual friendship which enriched both. The most
important Teresian works and John’s first writings date back to this period.
Promoting adherence to
the Carmelite reform was far from easy and cost John acute suffering. The most
traumatic episode occurred in 1577, when he was seized and imprisoned in the
Carmelite Convent of the Ancient Observance in Toledo, following an unjust
accusation. The Saint, imprisoned for months, was subjected to physical and
moral deprivations and constrictions. Here, together with other poems, he
composed the well-known Spiritual Canticle. Finally, in the night between
16 and 17 August 1578, he made a daring escape and sought shelter at the
Monastery of Discalced Carmelite Nuns in the town. St Teresa and her reformed
companions celebrated his liberation with great joy and, after spending a brief
period recovering, John was assigned to Andalusia where he spent 10 years in
various convents, especially in Granada.
He was charged with ever
more important offices in his Order, until he became vicar provincial and
completed the draft of his spiritual treatises. He then returned to his native
land as a member of the General Government of the Teresian religious family
which already enjoyed full juridical autonomy.
He lived in the Carmel of
Segovia, serving in the office of community superior. In 1591 he was relieved
of all responsibility and assigned to the new religious Province of Mexico.
While he was preparing for the long voyage with 10 companions he retired to a
secluded convent near Jaén, where he fell seriously ill.
John faced great
suffering with exemplary serenity and patience. He died in the night between 13
and 14 December 1591, while his confreres were reciting Matins. He took his
leave of them saying: “Today I am going to sing the Office in Heaven”. His
mortal remains were translated to Segovia. He was beatified by Clement X in
1675 and canonized by Benedict XIII in 1726.
John is considered one of
the most important lyric poets of Spanish literature. His major works are
four: The Ascent of Mount Carmel, The Dark Night, The
Spiritual Canticle and The Living Flame of Love.
In The Spiritual
Canticle St John presents the process of the soul’s purification and that
is the gradual, joyful possession of God, until the soul succeeds in feeling
that it loves God with the same love with which it is loved by him. The
Living Flame of Love continues in this perspective, describing in greater
detail the state of the transforming union with God.
The example that John
uses is always that of fire: just as the stronger the fire burns and consumes
wood, the brighter it grows until it blazes into a flame, so the Holy Spirit,
who purifies and “cleanses” the soul during the dark night, with time
illuminates and warms it as though it were a flame. The life of the soul is a
continuous celebration of the Holy Spirit which gives us a glimpse of the glory
of union with God in eternity.
The Ascent of Mount
Carmel presents the spiritual itinerary from the viewpoint of the gradual
purification of the soul, necessary in order to scale the peaks of Christian
perfection, symbolized by the summit of Mount Carmel. This purification is
proposed as a journey the human being undertakes, collaborating with divine
action, to free the soul from every attachment or affection contrary to God’s
will.
Purification which, if it
is to attain the union of love with God must be total, begins by purifying the
life of the senses and continues with the life obtained through the three
theological virtues: faith, hope and charity, which purify the intention, the
memory and the will.
The Dark Night describes
the “passive” aspect, that is, God’s intervention in this process of the soul’s
“purification”. In fact human endeavour on its own is unable to reach the
profound roots of the person’s bad inclinations and habits: all it can do is to
check them but cannot entirely uproot them. This requires the special action of
God which radically purifies the spirit and prepares it for the union of love
with him.
St John describes this
purification as “passive”, precisely because, although it is accepted by the
soul, it is brought about by the mysterious action of the Holy Spirit who, like
a burning flame, consumes every impurity. In this state the soul is subjected
to every kind of trial, as if it were in a dark night.
This information on the
Saint’s most important works help us to approach the salient points of his vast
and profound mystical doctrine, whose purpose is to describe a sure way to
attain holiness, the state of perfection to which God calls us all.
According to John of the
Cross, all that exists, created by God, is good. Through creatures we may
arrive at the discovery of the One who has left within them a trace of himself.
Faith, in any case, is the one source given to the human being to know God as
he is in himself, as the Triune God. All that God wished to communicate to man,
he said in Jesus Christ, his Word made flesh. Jesus Christ is the only and
definitive way to the Father (cf. Jn 14:6). Any created thing is nothing in
comparison to God and is worth nothing outside him, consequently, to attain to
the perfect love of God, every other love must be conformed in Christ to the
divine love.
From this derives the
insistence of St John of the Cross on the need for purification and inner
self-emptying in order to be transformed into God, which is the one goal of
perfection. This “purification” does not consist in the mere physical absence
of things or of their use; on the contrary what makes the soul pure and free is
the elimination of every disorderly dependence on things. All things should be
placed in God as the centre and goal of life.
Of course, the long and
difficult process of purification demands a personal effort, but the real
protagonist is God: all that the human being can do is to “prepare” himself, to
be open to divine action and not to set up obstacles to it. By living the
theological virtues, human beings raise themselves and give value to their commitment.
The growth of faith, hope and charity keeps pace with the work of purification
and with the gradual union with God until they are transformed in him.
When it reaches this
goal, the soul is immersed in Trinitarian life itself, so that St John affirms
that it has reached the point of loving God with the same love with which he
loves it, because he loves it in the Holy Spirit.
For this reason the
Mystical Doctor maintains that there is no true union of love with God that
does not culminate in Trinitarian union. In this supreme state the holy soul
knows everything in God and no longer has to pass through creatures in order to
reach him. The soul now feels bathed in divine love and rejoices in it without
reserve.
Dear brothers and
sisters, in the end the question is: does this Saint with his lofty mysticism,
with this demanding journey towards the peak of perfection have anything to say
to us, to the ordinary Christian who lives in the circumstances of our life
today, or is he an example, a model for only a few elect souls who are truly
able to undertake this journey of purification, of mystical ascesis?
To find the answer we
must first of all bear in mind that the life of St John of the Cross did not
“float on mystical clouds”; rather he had a very hard life, practical and
concrete, both as a reformer of the Order, in which he came up against much
opposition and from the Provincial Superior as well as in his confreres’ prison
where he was exposed to unbelievable insults and physical abuse.
His life was hard yet it
was precisely during the months he spent in prison that he wrote one of his
most beautiful works. And so we can understand that the journey with Christ,
travelling with Christ, “the Way”, is not an additional burden in our life, it
is not something that would make our burden even heavier but something quite
different. It is a light, a power that helps us to bear it.
If a person bears great
love in himself, this love gives him wings, as it were, and he can face all
life’s troubles more easily because he carries in himself this great light;
this is faith: being loved by God and letting oneself be loved by God in Jesus
Christ. Letting oneself be loved in this way is the light that helps us to bear
our daily burden.
And holiness is not a
very difficult action of ours but means exactly this “openness”: opening the
windows of our soul to let in God’s light, without forgetting God because it is
precisely in opening oneself to his light that one finds strength, one finds
the joy of the redeemed.
Let us pray the Lord to
help us discover this holiness, to let ourselves be loved by God who is our
common vocation and the true redemption. Many thanks.
To special groups:
I extend a warm welcome
to all the English-speaking pilgrims and visitors, especially those students
from St Benedict’s School, St Aloysius College, St Patrick’s Grammar School,
and students and parishioners from the United States. Upon you all, I invoke God’s
Blessings of joy and peace.
I address a cordial
welcome to the Italian-speaking pilgrims, In particular, I greet the
participants in the General Chapter of the Marian Clerics of the Immaculate
Conception of the Blessed Virgin Mary. I hope that they will continue
generously their service to Christ and to the Church, following faithfully the
path marked out by their venerable Founder. I greet with affection the
Missionaries of Charity and thank them for their joyful Christian witness on
the various continents, following in the footsteps of their unforgettable
Foundress, Bl. Teresa of Calcutta. I greet the regional coordinators of the
Apostleship of the Sea, on the occasion of the Congress organized by the
Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People and I
encourage them to identify appropriate pastoral answers to the problems of
people who work at sea and of their families.
Lastly my thoughts turn
to the young people, the sick and the newlyweds. Dear young
people, make room in your hearts for Jesus and spread his joy and his peace.
Dear sick people, offer the Lord your moments of trial so that the doors
of hearts may be opened to the Gospel promulgation. And you, dear newlyweds, always
be witnesses to the love of Christ, who has called you to fulfil a common plan
of life.
© Copyright 2011 -
Libreria Editrice Vaticana
Copyright © Dicastero per
la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/en/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110216.html
Valladolid
Museo Diocesano y Catedralicio de Valladolid
Statue de Jean de la Croix au musée diocésain de Valladolid, en Espagne.
St. John of the Cross
Among the Church’s
contemplatives, St. John is one of the acknowledged masters of mystical
theology. Indeed, perhaps no other writer has had greater influence on Catholic
spirituality. Together with St. Teresa of Avila, he founded the Discalced
Carmelites, an order devoted to service of the Blessed Mother through prayer
and penance.
Born Juan de Yepes y
Alvarez in Fontiveros, Spain, in 1542, John was the son of a wealthy silk
merchant, Gonzalo de Yepes, and a poor weaver girl, Catalina Alvarez. The Yepes
family disowned John’s father for marrying beneath his station, and the young
couple lived in hardship, following the trade of silk weaving. John was the
youngest of three sons. Shortly after his birth, Gonzalo died after a long
illness, and Catalina struggled heroically to provide for her sons, settling in
Medina del Campo.
Young John attended a
school for poor children there, gaining a basic education and the opportunity
to learn skills from local craftsmen. When he was 17, he began to work at the
Plague Hospital de la Concepcion, and its founder offered to let him attend the
Jesuit College, so long as he did not neglect his hospital duties. From 1559 to
1563, John studied with the Jesuits, learning Latin, Greek, and other subjects.
He was offered the chance to study for the secular priesthood, which would have
given him material security, but he felt God was calling him to Religious life.
At age 20, he entered the Carmelite Order, being clothed with the habit on
February 24, 1563, and taking the name Juan de Santo Matia (John of Saint
Matthias). John did continue his studies, however, notably at the University of
Salamanca, which was noted for its excellent professors of Thomist
philosophy–an influence which is apparent throughout his writings. An
outstanding scholar, John taught classes while still a student. He was ordained
in 1597, and said his first Mass in Medina del Campo. During that trip, he
first met Teresa of Avila, and she encouraged him to promote her reform among
the men’s Order.
In November, 1568, John
and three other friars took up the observance of the primitive Carmelite Rule
in a farmhouse near Duruelo. At that time, he changed his name in religion to
Juan de la Cruz (John of the Cross). The small band soon came to be known as
*Discalced* (shoeless) Carmelites, because they went barefoot as a sign of
their commitment to poverty. Their poverty was very real: the first house was
barely more than one room, and the young community suffered many privations.
When St. Teresa was ordered to return to the Convent of the Incarnation as its
superior, she called upon John to assist her in renewing the large community,
which had grown quite lax. Arriving there in 1572, he became the spiritual
director of the nuns, including Teresa herself. For unknown reasons, the
attitude of the original (“Calced”) Carmelites began to change toward the
reformers. Whereas they had initially acquiesced and even encouraged the
movement, the Chapter of 1575 placed severe restrictions on it, they now
forbade any further foundations and ordered Teresa to choose one monastery as
her permanent residence and remain there.
When in 1576 the
Discalced Friars convened their own Chapter, the Calced moved to carry out the
prohibitions of 1575. They arrested John and another friar and imprisoned him
in a Calced monastery in Toledo in a windowless 6′ x 10′ room. Scourged and
humiliated, he nonetheless refused to renounce the Reform. He passed the time
in his cell composing the sublime lyric poems which form the basis of his
mystical treatises. After some months, he managed to escape to the south of
Spain, where he had been elected Prior of the monastery at El Calvario and
appointed director of the nuns at Beas. In 1579, he became Rector of the new
Discalced Carmelite college near the University of Baeza.
In 1580, the Holy See
granted the Discalced the right to erect their own Province, although complete
independence from the Calced did not come until 1593.
During these “middle
years” of John’s life, he filled a variety of offices within the reformed
Order, wrote the commentaries on his poems elucidating the mystical life, gave
spiritual direction, and lived a life of deep union with God. Toward the end of
his life, he disagreed with the new General, Nicholas Doria, about some changes
in the Order. He was sent to the solitude of La Penuela in August, 1591 –in
truth overjoyed to be relieved of administrative duties for the first time in
years. But his peace was disturbed by news that a move was afoot to expel him
from the Reform he had founded. His detractors tried to gather evidence against
him to defame his character.
John fell ill after only
a month at La Penuela, however. When urged to seek medical attention, he went
to the monastery at Ubeda, where the Prior received him coldly, placed him in
the worst cell in the house, and complained bitterly about the expense of caring
for him. John grew worse, and, realizing his time was short, he called for the
Prior to beg forgiveness for all the trouble he had caused him. Instead, the
Prior, realizing John’s holiness and his own hardheartedness, wept. John died
as he had prayed to: without honors, without material comforts, and with great
suffering.
He was 49. He was
beatified in 1675, canonized in 1726, and declared a Doctor of the Church in
1926. Among his classic works are “The Ascent of Mount Carmel”, “The Dark
Night”, “The Spiritual Canticle”, and “The Living Flame of Love”.
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/saint-john-of-the-cross/
Ambito
spagnolo, San Giovanni della Croce (XVII
secolo), olio su tela
St. John of the Cross
Founder (with St. Teresa)
of the Discalced Carmelites, doctor of mystic theology,
b. at Hontoveros, Old
Castile, 24 June, 1542; d. at Ubeda, Andalusia,
14 Dec., 1591. John de Yepes, youngest child of Gonzalo de
Yepes and Catherine Alvarez, poor silk weavers
of Toledo, knew from
his earliest years the hardships of life. The father, originally of
a good family but
disinherited on account of his marriage below his rank, died in the
prime of his youth; the widow,
assisted by her eldest son, was scarcely able to provide the bare
necessities. John was sent to the poor school at Medina del
Campo, whither the family had
gone to live, and proved an
attentive and diligent pupil; but when apprenticed to an artisan, he seemed
incapable of learning anything. Thereupon the governor of the hospital of Medina took
him into his service, and for seven years John divided his time
between waiting on the poorest of the poor,
and frequenting a school established
by the Jesuits.
Already at that early age he treated his body with the utmost rigour; twice he
was saved from certain death by the intervention of
the Blessed Virgin. Anxious about his future life, he was told in prayer that
he was to serve God in
an order the ancient perfection of which he was to help bring back
again. The Carmelites having
founded a house at Medina, he there received the habit on 24
February, 1563, and took the name of John of St. Matthias. After
profession he obtained leave from his superiors to follow to the letter the
original Carmelite rule
without the mitigations granted by various popes.
He was sent to Salamanca for the higher studies, and was ordained priest in
1567; at his first Mass he received the assurance that he should
preserve his baptismal innocence.
But, shrinking from the responsibilities of the priesthood,
he determined to join the Carthusians.
However, before taking any further step he made the acquaintance of St.
Teresa, who had come to Medina to found a convent of nuns,
and who persuaded him to remain in the Carmelite
Order and to assist her in the establishment of a monastery of friars carrying
out the primitive rule. He accompanied her to Valladolid in order to
gain practi cal experience of the manner of life led by the reformed nuns.
A small house having been offered, St. John resolved to try at
once the new form of life, although St. Teresa did not
think anyone, however great his spirituality, could bear the discomforts of
that hovel. He was joined by two companions, an ex-prior and a lay
brother, with whom he inaugurated the reform among friars,
28 Nov., 1568. St. Teresa has left a classical description of the
sort of life led by these first Discalced Carmelites,
in chaps. xiii and xiv of her "Book of Foundations". John of the
Cross, as he now called himself, became the first master of novices,
and laid the foundation of the spiritual edifice which soon was
to assume majestic proportions. He filled various posts in different
places until St. Teresa called him to Avila as director
and confessor to the convent of
the Incarnation, of which she had been appointed prioress.
He remained there, with a few interruptions, for over five years. Meanwhile,
the reform spread rapidly, and, partly through the
confusion caused by contradictory orders issued by the
general and the general chapter on one hand, and the Apostolic
nuncio on the other, and partly
through human passion which sometimes ran high,
its existence became seriously endangered.
St. John was ordered by his provincial to return to the house of his
profession (Medina), and, on his refusing to do so, owing to the fact that he
held his office not from the order but from the Apostolic
delegate, he was taken prisoner in
the night of 3 December, 1577, and carried off to Toledo, where he
suffered for more than nine months close imprisonment in
a narrow, stifling cell, together with such additional punishment as might have
been called for in the case of one guilty of the most serious crimes. In the
midst of his sufferings he was visited with heavenly consolations,
and some of his exquisite poetry dates from that period. He made good his
escape in a miraculous manner,
August, 1578. During the next years he was chiefly occupied with
the foundation and government of monasteries at
Baeza, Granada, Cordova, Segovia,
and elsewhere, but took no prominent part in the negotiations which led to the
establishment of a separate government for the Discalced Carmelites.
After the death of St. Teresa (4 Oct., 1582), when the two parties of
the Moderates under Jerome
Gratian, and the Zelanti under Nicholas Doria struggled for
the upper hand, St. John supported the former and shared
his fate. For some time he filled the post of vicar provincial of Andalusia,
but when Doria changed the government of the order, concentrating all
power in the hands of a permanent committee, St. John resisted and,
supporting the nuns in
their endeavour to secure the papal approbation of
their constitutions, drew upon himself the displeasure of the superior, who
deprived him of his offices and relegated him to one of the poorest monasteries,
where he fell seriously ill. One of his opponents went so far as to go
from monastery to monastery gathering
materials in order to bring grave charges against him, hoping for his
expulsion from the order which he had helped to found.
As his illness increased he was removed to the monastery of Ubeda,
where he at first was treated very unkindly, his constant prayer,
"to suffer and to be despised", being thus literally fulfilled
almost to the end of his life. But at last even his adversaries came to
acknowledge his sanctity,
and his funeral was the occasion of a great outburst of enthusiasm. The body,
still incorrupt, as has been ascertained within the last few years, was removed
to Segovia,
only a small portion remaining at Ubeda; there was some litigation about
its possession. A strange phenomenon, for which
no satisfactory explanation has been given, has frequently been
observed in connexion with the relics of St.
John of the Cross: Francis de Yepes, the brother of the saint,
and after him many other persons have
noticed the appearance in his relics of
images of Christ on the Cross, the Blessed Virgin, St.
Elias, St.
Francis Xavier, or other saints,
according to the devotion of the beholder. The beatification took
place on 25 Jan., 1675, the translation of his body on 21 May of the same year,
and the canonization on
27 Dec., 1726.
He left the following works, which for the first time appeared at Barcelona in
1619.
"The Ascent
of Mount Carmel", an explanation of some verses beginning: "In a
dark night with anxious love inflamed".
This work was to have comprised four books, but breaks off in the middle of the
third.
"The Dark Night of
the Soul", another explanation of the same verses, breaking off in the
second book. Both these works were written soon after his escape from prison,
and, though incomplete, supplement each other, forming a full treatise
on mystic theology.
An explanation of the
"Spiritual Canticle", (a paraphrase of the Canticle of
Canticles) beginning "Where hast Thou hidden Thyself?" composed
part during his imprisonment,
and completed and commented upon some years later at the request of
Venerable Anne of Jesus.
An explanation of a poem
beginning: "O Living Flame of Love", written
about 1584 at the bidding of Doña Ana de Penalosa.
Some instructions and
precautions on matters spiritual.
Some twenty letters,
chiefly to his penitents. Unfortunately the bulk of his correspondence,
including numerous letters to and from St. Teresa, was destroyed, partly
by himself, partly during the persecutions to which he fell a victim.
"Poems", of
which twenty-six have been hitherto published, viz., twenty in the older
editions, and recently six more, discovered partly at the National Library
at Madrid,
and partly at the convent of Carmelite nuns at Pamplona.
"A Collection of Spiritual Maxims"
(in some editions to the number of one hundred, and in others three hundred and
sixty-five) can scarcely count as an independent work, as they are culled from
his writings.
It has been recorded that
during his studies St. John particularly relished psychology;
this is amply borne out by his writings. He was not what one would term a
scholar, but he was intimately acquainted with the "Summa" of St.
Thomas Aquinas, as almost every page of his works proves. Holy
Scripture he seems to have known by heart, yet he evidently
obtained his knowledge more
by meditation than in the lecture room. But there is no vestige of
influence on him of the mystical teaching of the Fathers,
the Areopagite, Augustine, Gregory, Bernard, Bonaventure,
etc., Hugh
of St. Victor, or the German Dominican school.
The few quotations from patristic works are easily traced to
the Breviary or
the "Summa". In the absence of any conscious or unconscious
influence of earlier mystical schools,
his own system, like that of St. Teresa, whose influence is obvious
throughout, might be termed empirical mysticism.
They both start from their own experience, St. Teresa avowedly so,
while St. John, who hardly ever speaks of himself, "invents
nothing" (to quote Cardinal
Wiseman), "borrows nothing from others, but gives us clearly the
results of his own experience in himself and others. He presents you with a
portrait, not with a fancy picture. He represents the ideal of one who has
passed, as he had done, through the career of the spiritual life, through its
struggles and its victories".
His axiom is that the soul must
empty itself of self in order to be filled with God,
that it must be purified of the last traces of earthly dross before it is fit
to become united with God.
In the application of this simple maxim he shows the most uncompromising logic.
Supposing the soul with
which he deals to be habitually in the state of grace and
pushing forward to better things, he overtakes it on the very road leading it,
in its opinion to God,
and lays open before its eyes a number of sores of which it was
altogether ignorant,
viz. what he terms the spiritual capital sins.
Not until these are removed (a most formidable task) is it fit to be admitted
to what he calls the "Dark Night", which consists in the
passive purgation, where God by
heavy trials, particularly interior ones, perfects and completes what
the soul had
begun of its own accord. It is now passive, but not inert, for by submitting to
the Divine operation it co-operates in the measure of its power.
Here lies one of the essential differences between St.
John's mysticism and
a false quietism.
The perfect purgation of the soul in
the present life leaves it free to act with wonderful
energy: in fact it might almost be said to obtain a share in God's
omnipotence, as is shown in the marvelous deeds of so many saints.
As the soul emerges
from the Dark Night it enters into the full noonlight described in
the "Spiritual Canticle" and the "Living Flame of
Love". St. John leads it to the highest heights, in fact to the
point where it becomes a "partaker of the Divine Nature". It is
here that the necessity of the previous cleansing is clearly
perceived the pain of the mortification of
all the senses and the powers and faculties of the soul being
amply repaid by the glory which is now being revealed in
it.
St. John has often been represented as a grim character; nothing
could be more untrue.
He was indeed austere in the extreme with himself, and, to some extent, also
with others, but both from his writings and from the depositions of those
who knew him,
we see in him a man overflowing with charity and kindness, a
poetical mind deeply influenced by all that is beautiful and
attractive.
Sources
The best life of St. John
of the Cross was written by JEROME DE SAN JOSÉ (Madrid, 1641), but, not being
approved by the superiors, it was not incorporated in the chronicles of the
order, and the author lost his position of annalist on account of it.
Zimmerman,
Benedict. "St. John of the Cross." The Catholic
Encyclopedia. Vol. 8. New York: Robert Appleton Company,1910. 14
Dec. 2015 <http://www.newadvent.org/cathen/08480a.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Marie Jutras.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. October 1, 1910. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin
Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/08480a.htm
Saint-Jean-de-la-Croix,
Chapelle des Oblats
(Aix-en-Provence)
St. John of the Cross
Feastday: December 14
Patron: of Contemplatives, mystics and Spanish poets
Birth: 1542
Death: December 14, 1591
Beatified: January 25, 1675 by Pope Clement X
Canonized: December 27, 1726 by Pope Benedict XIIISaint John of the Cross was
born Juan de Yepes y Alvarez, in Fontiveros, Avila, Spain in 1542. His father
was employed by wealthy family members as an accountant, but they disowned him
when he married a poor woman from the lower class. As a result of his family's
poverty, John's family suffered greatly.
His father died when he
was three, and his older brother, Luis died two years after that, likely
because of malnutrition. John's mother eventually found work weaving which
helped her to feed her family.
As a child, John was sent
to a boarding school for poor and orphaned children. He was given a religious
education from a young age and chose to follow a religious path, even as a
child. He served as an acolyte at an Augustinian monastery. As he grew older,
he went to work in a hospital while attending a Jesuit school.
In 1563, he was able to
join the Carmelite Order and took the name, "John of St. Matthias."
He made vows the following year, and was sent to the university in Salamanca to
study theology and philosophy. He became an expert in the Bible and dared to
translate the Song of Songs into Spanish, an act which was controversial since
the Church forbade the translation of the Bible from Latin -a measure to
protect the original meanings in the scripture.
John became a priest in
1567 and considered joining the Carthusian Order where monks lived cloistered
in individual cells. He was attracted by the simple and quiet life. However, he
encountered Theresa of Avila, a charismatic Carmelite nun. Theresa asked John
to follow her.
John was attracted by the
strict routine followed by Theresa, a routine she hoped to reintroduce to her
order, as well as her devotion to prayer and simplicity. Her followers went
barefoot, and were therefore known as the discalced Carmelites.
On Nov. 28, 1568, Theresa
founded a new monastery. The same day, John changed his name again to John of
the Cross. Within a couple years, John and his fellow friars, relocated to a
larger site for their monastery. He remained at this location until 1572.
In 1572, John traveled to
Avila at the invitation of Theresa to become her confessor and spiritual guide.
He remained in Avila until 1577. While there, he had a vision of Christ and
made a drawing that remains to this day called, "Christ from Above."
The little drawing shows Christ on the cross, looking down on him from above.
The image has been preserved for centuries.
Around 1575, a rift
within the Carmelite order began to grow and create controversy between various
monastic houses. There was disagreement between the Discalced Carmelites and
the ordinary Carmelites, over reform.
The Discalced Carmelites
sought to restore the original, strict routine and regimen that the order had
when it was founded. In 1432, the strict rules of the order were
"mitigated" relieving the Carmelites of some of their most strict
rules. Some Carmelites, such as Theresa of Avila, felt this liberalization of
their rule had interfered with their order and practice. Theresa, along with
John, sought to restore the original rule.
The Carmelites had been
undergoing reform since 1566, under the direction of two Canonical Visitors
from the Dominican Order, sent by the Vatican. The intervention of the Holy See
as well as the political machinations of King Phillip II and his court, led to
dramatic, even violent disagreement between the Carmelites.
In late 1577, John was
ordered to leave the monastery in Avila and to return to his original house.
However, John's work to reform the order had already been approved by the Papal
Nuncio, who was a higher authority. Based on that, John chose to ignore the
lower order and stay.
On December 2, 1577, a
group of Carmelites broke into John's residence and kidnapped him. He was taken
by force to the order's main house in Toledo. He was brought before a court and
placed on trial for disobedience. He was punished by imprisonment.
A cell was made for him
in the monastery that was so small he could barely lie on the floor. He was fed
only bread and water, and occasional scraps of salt fish. Each week he was
taken into public and lashed, then returned to his cell. His only luxuries were
a prayer book and an oil lamp to read it by. To pass the time he wrote poems on
paper that was smuggled to him by the friar charged with guarding his cell.
John became known as a
remarkable and influential poet, especially following his death. He has been
cited as an influence to many poets, mystics, and artists, even Salvador Dali.
After nine months, John
managed to pry his cell door from its hinges and escape.
He joined Teresa's nuns
in Toledo, and spent six weeks in the hospital to recover. In 1579, he was sent
to the town of Baeza to be rector of a new college and to support the Discalced
Carmelites in Andalusia.
In 1580, Pope Gregory
formally authorized the split between the Discalced Carmelites and the rest of
the order. This ended the rift within the order. At that time, there were about
500 members in the order living in 22 houses.
During the last few years
of his life, John traveled and established new houses across Spain.
In 1591, John became ill
with a skin condition that resulted in an infection. He died on December 14,
1591, John of the Cross died.
Shortly following his
burial, there was a dispute over where he should be buried. The dispute was
resolved by removing his legs and arms. Over the years, parts of his body were
placed on display or buried across several places.
Saint John of the Cross
was beatified by Pope Clement X in 1675, and Canonized by Pope Benedict XIII in
1726.
He is the patron of
Contemplatives, mystics and Spanish poets and his feast day is celebrated on
December 14.
SOURCE : https://www.catholic.org/saints/saint.php?saint_id=65
San
Juan de la Cruz. Medallón en la Plaza de España de Sevilla, Andalucía, España.
Weninger’s
Lives of the Saints – Saint John of the Cross
Article
In 1542, was born at
Fontiveros, a hamlet of old Castile, Saint John of the Cross, renowned through
the entire Christian world, as the restorer of the Carmelite Order. His mother,
after his father’s early death, went to Medina del Campo, where John commenced
his studies, and continued them until he entered the order of the Blessed
Virgin of Mount Carmel. From his early youth he had entertained a child-like
devotion to the Blessed Virgin, who more than once saved him most miraculously
from death. One day, when playing with some other lads around a deep pond, he
fell into it. In this danger, the Divine Mother appeared to him in a most
beautiful form, and offered him her hand, to draw him out of the water. But as
his hands were much soiled, he hesitated to take those of so brilliant a lady;
whereupon his Guardian Angel, or some other inhabitant of heaven, held out to
him from the edge of the pond, a long pole, by the aid of which he was happily
saved. At another time he fell into a well, and when all feared that he was
drowned, they saw him sitting quietly upon the water. When they drew him out,
he said that the Queen of Heaven had caught him in her cloak, and thus
prevented his sinking. Before he was nine years old, he showed a wonderful zeal
in mortifying his body, chastising himself by taking only a short rest on a
hard bed, and by voluntary fasts. While yet a student, he nursed, with great
solicitude and charity, the sick in the hospitals. After he had taken the
Carmelite habit, he was not satisfied with the penances then practiced in the
convent, but endeavored to regulate his life in accordance with the first rules
and ancient austerity of the Order. When he prepared himself to say his first
holy Mass, he searched his conscience very carefully, but found no grievous
fault. He then gave humble thanks to the Almighty, and during his Mass, begged
for the grace to be kept in future free from all mortal sin. His prayer was
accepted, and he heard the words: “I grant thee thy wish.” From that time Saint
John never offended the Lord by a mortal sin, nor voluntarily by a venial one.
Saint Teresa, who lived at that period, said of him that he was a Saint, and
had been one all his life. This renowned and holy virgin met Saint John at
Medina, and conferred with him about her desire to found houses for religious,
who would live according to the original strict regulations of the Carmelites.
John, who, in his eagerness to live in greater austerity, had thought of
joining the Carthusian monks, asked Saint Teresa’s advice. She told him that it
would be more agreeable to God, if he remained in his Order, and restored among
the men the same primitive rigor which she was endeavoring to restore among the
women. She added, that God had called him to this work. John took counsel with God
and his confessor, and then resolved to follow Saint Teresa’s advice. He
erected his first monastery on a farm which had been presented to him for this
purpose; and God so visibly blest his undertaking, that he not only filled his
house, in a short time, with zealous men, but was enabled also to found several
other convents.
In these religious
houses, all the inmates lived so holy and so austere a life, that many thought
it was more to be admired than imitated. The Saint was an example to all, and
one could hardly imagine a penance which he did not practice. He gave no ear to
those who told him to moderate his severities, but said:
“The narrow path leading
to heaven cannot be traveled by me in a manner less austere.” The hardships he
endured in founding his monasteries, and in restoring the severe regulations of
the Order; the persecutions and wrongs he suffered, cannot be described in the
short space allotted to us; yet in all these trials he was never despondent.
The love of God possessed his heart so entirely, that he desired nothing but to
labor and to suffer for His honor. The Lord asked him one day what recompense
he desired for all his trouble and labor. “Nothing else, O Lord, but to suffer
and to be despised for Thy sake,” was his answer. Three things he used to ask
of the Almighty: – first, much work and much suffering; secondly, not to depart
this life as a superior; thirdly, that he might live and die despised. So
unusual a – desire to suffer and to be despised, was the result of his
meditation on the Passion of Jesus Christ, and of his great love to God. This
love was so intense, that his countenance was frequently seen radiant with a
heavenly light, especially when he spoke of divine things. At the time of
prayer, as well as during holy Mass, he often fell into ecstasy and was
dissolved in tears. Our Lord once appeared to him in the same form as when He
died for us on the Cross. This picture remained so indelibly imprinted on the
Saint’s memory, that it almost daily drew tears from his eyes. Into all those
over whom he had the slightest influence he endeavored to instill a tender
devotion to our crucified Lord, as well as to the Most Holy Trinity and to the
Blessed Eucharist. His language to sinners was so forcible, that he converted
even the most hardened. He was much aided in this by the gift which the
Almighty had bestowed upon him, of reading the thoughts of the heart. Many who
came to him were reproached with their secret sins, and Admonished to reform
their lives. He possessed also the gifts of prophecy, of driving out devils,
and curing all kinds of diseases. Besides this, he had many visions of the
Blessed Virgin, Saint Joseph, Saint John, and Christ the Lord. Especially
remarkable were the heavenly favors with which this great servant of the
Almighty was comforted during an imprisonment of nine months, to which he was
unjustly condemned. Christ appeared to him and said: “Behold! John, I am here!
Fear not. I will rescue thee!” The Blessed Virgin, accompanied by a great many
Saints, appeared to him, and said: “My son, be patient and endure; for your
trials will soon give way to joy.” In another vision, she admonished him to
escape from the prison, promising him her assistance; a promise which she also
kept. Saint Teresa, who, during her life, had been closely united with* him,
appeared also to him after her death, speaking to him most kindly. In his
adversity she comforted him, and encouraged him to new labors for the honor of
God.
The reward of all the
work which the holy man had accomplished, as also of the trials and
tribulations he had suffered, was at length bestowed upon him, in the year
1591, when he was in the forty-ninth year of his age. He was seized with fever,
in the hermitage of Pegnuela, and was brought from there to Ubeda, according to
his wish. He had an ulcer on that part of his right foot where the holy feet of
our Lord were pierced with nails. To open it, the surgeon was obliged to make a
deep incision. The pain thus caused was very great; but greater still was the
patience of the Saint, who even rejoiced at bearing, in some manner, the image
of the sufferings of Christ, and at having five wounds on one foot. God had
already, some time previously, repealed to him the hour of his death; and the
Blessed Virgin, whom the Saint had always especially honored, appeared to him
on the eve of the Immaculate Conception, saying that she would come for him on
the Sunday after the festival. When the physicians told him that his end was
not far distant, he said, in the words of the Psalmist: “I was glad when they
said unto me, We shall go up into the house of the Lord.” Half an hour before
his death, he called all his religious to him, exhorted them to persevere in
their zeal, and said: “My parting hour draws near.” After the usual prayers of
the Church, he heard the bells ring for the midnight Matins. “I shall sing the
Matins in Heaven,” said he; after which, taking the Crucifix, he kissed it most
devoutly, and calmly ended his holy life, saying: “Into Thy hands, O Lord, I
commend my soul.” A large ball, as of fire, was seen above the dying Saint.
After his death, his countenance beamed with a heavenly brightness, and was so
beautiful that none grew weary of looking at him; while at the same time such
delicious odor emanated from him, that the whole monastery was filled with it.
The Almighty has carefully preserved his body incorrupt until this hour.
Practical Considerations
• Saint John asked of
God, in his first Mass, the grace of remaining free from all mortal sin; and at
another time, he begged to suffer, to labor, and to be despised for Christ’s
sake. Oh! how different from this is the object of your prayers! What do you
seek and ask of God? To what end do you promise masses, fasts, pilgrimages, and
prayers? Is not almost everything you ask temporal? When you, your child, your
husband or wife is sick, then you promise in your prayers to do all that is
possible in order that God may ward off the disease. When you have a cross to
bear, you pray to God to release you from it. Although it is praiseworthy to
fly to God for refuge in such circumstances, tell me, why do you not ask His
assistance in much more weighty matters, in such as concern your soul? Why do
you not ask as often or oftener and more earnestly for spiritual gifts, and beg
the Almighty to avert spiritual evils? Is not this an incontestable proof that
you are far more solicitous for your body and your temporal welfare, than for
your soul and your salvation? And is not this not only unreasonable, but even
wicked? Correct this fault in future, and pray to God frequently and fervently
to bestow spiritual gifts and graces upon you, and to avert from you spiritual
and eternal evils. Pray to Him for the grace to avoid sin; to be freed from
temptations, or to be upheld in battling against them, for strength to correct
evil habits, to overcome sinful inclinations or to practice virtues; to die a
happy death, and to escape eternal destruction. “Pray,” says Cardinal Hugo,
“for all that you need for your salvation.” Such graces are more necessary than
all others, and you may be sure that they are useful to you, while you do not
know that temporal blessings are for your good.
• Although Saint John
worked so much for the honor of God, and had been favored by the Lord with so
many revelations, and other extraordinary gifts, yet he was unjustly cast into
prison, and remained in it nine months. This shows very clearly, that suffering
and persecution, whilst we endeavor to live piously, are no sign that we are in
disfavor with God, or forgotten by Him; but that He loves us and desires to
lead us to heaven by the same path Christ walked. It is a mark of our future
salvation; since, by suffering, we become conformable to Christ, and may hope
to partake of His glory in heaven. You believe that you are in favor with God
when all goes well with you; but not when you have crosses and trials. The
Saints judged quite differently: “It is a sign of God’s love to me,” says Saint
Thomas of Villanova, “a sign of future salvation, when the Lord gives me to
drink of the cup of suffering.” And Saint Peter Damian writes: “When a man
lives piously, and yet suffers, let him think that he belongs to the true
members of Christ; for as he now follows Him in suffering, so will he also
partake of His glory in heaven.” But when one who does not live piously, has to
suffer, let him think that God wishes to save his soul. Why? Saint Augustine
gives the following reasons: “He who scourges you in this world, does it to
correct, not to condemn you. Hence, be patient when He punishes as a father,
that you may not find in Him, one day, a severe judge.” When God sends your
chastisements while you are living in sin, He does it to admonish you to reform
and do penance, that He may not be obliged to punish you in eternity. “Hence,”
says Saint Gregory Nazianzen, “we ought rather to wish that God would punish
than spare us, when we have sinned.” To sin and not be punished in this world,
is a sign that God will punish us in the world to come.
MLA
Citation
Father Francis Xavier
Weninger, DD, SJ. “Saint John of the Cross”. Lives
of the Saints, 1876. CatholicSaints.Info.
26 May 2018. Web. 15 December 2024.
<https://catholicsaints.info/weningers-lives-of-the-saints-saint-john-of-the-cross/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/weningers-lives-of-the-saints-saint-john-of-the-cross/
Josefa de Óbidos (1630–1684), Vision
de Jean de la Croix, 1673, Santa Casa de Misericórdia, Figueiró dos Vinhos, Portugal.
John of the Cross, OCD,
Priest Doctor (RM)
Born in Fontiveros, Spain, June 24, 1542; died 1591; canonized 1726; named
Doctor of the Church in 1926. Feast day formerly on November 24. Born Juan de
Yepes the son of a silk weaver in Toledo, Spain, John was apprenticed to that
trade in his youth. Soon he realized that this was not his calling and took a
position at the hospital in Medina del Campo, where he worked for seven years
as he studied at the University of Salamanca.
He became a Carmelite in
1563, was ordained in 1567, and had decided to join the Carthusians when he met
Saint Teresa of Avila, who persuaded him to remain a Carmelite and reform the
order from within, rather than running away.
In 1568, with two other
Carmelites, he founded the first Carmelite reformed monastery at Duruelo, the
beginning of the Discalced (shoeless) Carmelites, and took the name John of the
Cross. At Teresa's request, he served as spiritual director of her Convent of
the Incarnation at Avila from 1572 to 1577.
So powerfully did St.
John support the attempts made by St. Teresa of Avila to reform the Carmelite
monasteries of Spain that the general of the Carmelites had him imprisoned in
1577 and again in 1578. The first time, he had refused the order of the
provincial of Seville to return to Medina, and was imprisoned in Toledo. He
spent nine months there are was subjected to great pressure to repudiate the
reform but he steadfastly refused and finally managed to escape.
While in prison, John
experienced visions and began his writing. In intense poems and his other
mystical writings, John of the Cross set out the schema of a Christian's
mystical ascent to God. In his greatest work, The Dark Night of the Soul, the
saint describes how a mystic loses every early attachment, passing through a
personal experience of Jesus's crucifixion to a rhapsodic union with God's
glory. To pass through this darkness is, he says, 'a fortunate adventure to
union with the Beloved.' He also wrote Spiritual Canticle while in prison.
He, Teresa, and their fellow
reformers were finally successful in their efforts, and the Discalced
Carmelites were formally recognized as a separate province.
The saint never hesitated
if one of his monks needed some remedy. While he was at Baeza a monk suffered
from terrible attacks of nausea. John asked the doctor if there was any remedy
to cure the man. Though the doctor said the expensive medicine would provide
only relief and not a cure, John bought it at once and served it to the sick
man himself (manuscript in the library of Madrid).
At the beginning of his
priorship at Baeza, the community was in the grip of a malignant type of
influenza. John's first act as prior was to order the purchase of meat. He
served it himself to the sick people and reassured those whose consciences were
upset at the thought of taking meat. He lengthened their hours of recreation
and entertained them with amusing stories as well as with spiritual
reflections, but excusing his levity by saying that he wanted to relieve their
suffering (manuscript in the National Library in Madrid).
After serving as head of
the college at Baeza, John was prior at Los Martires near Granada in 1581-84
and probably finished Living Flame of Love and Ascent of Mount Carmel while
there.
In the fourth chapter of
the first book of The Ascent of Mount Carmel, St. John of the Cross wrote:
"Every appetite for the things of the world must be mortified, for in the
eyes of God they are but darkness;" and being darkness they are obstacles
and "screens" that shut out the divine light and prevent it from
filling the Christian soul.
Indeed, when compared
with the infinity of God, one's animal existence is nothing. The soul that
loves nothingness will itself become nothing, for love is the principle of
assimilation and resemblance. To love nothingness is to lower oneself to the
level of nothingness. It is self-destruction.
The saintly and somewhat
terrifying doctor developed his thought without making us the slightest
concession--people who enjoy suffering will find plenty of opportunity in his
works!
At the end of Chapter 13
he wrote: "If you wish to master all those passions which bind you to
worthless things, you must unceasingly dedicate your soul not to that which is
more enticing, but to that which is more insipid; not to that which pleases,
but to that which displeases; not to that which consoles, but to that which
gives sorrow; not to that which gives rest, but to that which gives work; not
to that which is more, but to that which is less; not to that which is higher
and more precious but to that which is lower and less precious; not to want
something, but to not want anything; not to seek that which is better in things
but that which is worse; and, for the love of Christ, to want to assume an
utter nakedness, an absolute poverty, and a perfect indifference to everything
that is in the world."
Yes, it's terrifying,
even if it is exalting--terrifying for our poor little souls. Many say that St.
John is obviously writing only for great and noble souls; but, perhaps, they
are intended for all except those who abdicate greatness in advance.
As prior of Los Martires,
St. John chose for himself the worst room in the oldest part of the monastery.
Apart from the boards on which he slept, the only things in his cell were a
wooden cross, a picture of Our Lord, a Bible, and a breviary. But the cell also
had a little window looking out onto the garden, and St. John would often stand
there for a long time in prayer. Father Louis de Saint-Ange often found him
there admiring the flowers in the garden by day and the stars in the sky by night
(manuscript in the Vatican).
Brother Brocard of St.
Peter's relates that St. John enjoyed the beauties of nature and often took his
monks with him out into the open countryside, either to pray among the rocks
and woods or to relax by working in the fields, or simply just to go for a
walk, for John was very human. Everybody would set out together across the
fields, along with a few lay friends and benefactors. They usually stopped by a
small spring and had a light picnic on the grass. John generally took nothing,
but he liked to entertain his monks (manuscript at Ubeda).
To a monk who asked him
why he sent them out so often, John replied: "I'm afraid that you might
want to run away if I left you shut up in the monastery for too long." But
these outings were contemplative. Both by word and example, St. John led his
monks in prayer. As soon as they arrived at a beautiful place John began to
sing the praises of the wonders of creation that were spread out before him. He
went into raptures over the beauties of nature, which were a reflection of
divine beauty. He saw God reflected in the flowers of the field (manuscript in
the Vatican). And yet he later wrote: "It is all ugliness."
One day he took his monks
to the bank of a river, and while they enjoyed themselves in cheerful
recreation, St. John sat at the water's edge and watched the little fish
flashing about in the clear water. Suddenly he called to his companions:
"Come and see these little creatures of God. How well they worship the
Almighty!" Seized with divine enthusiasm, the saint gradually lost
consciousness and went into ecstasy. The monks withdrew in silence (manuscript
in the Vatican).
This austere
saint--"terrible, bleeding, his eyes cold and dry"-- nevertheless
pampered his brothers when they were sick. If one of them had no appetite, John
would at once buy the finest delicacies and try to tempt him with them. While
prior at Granada, he offered a convalescent all sorts of tidbits, and when the
patient refused them, he said: "Very well, my son. I'll prepare something
special for you myself and use one of my own recipes." He sent for a small
fowl, which he lovingly prepared himself and then served it to the sick man.
"I'm sure you'll find it good," he said. The patient devoured the
dish with a good appetite (History, Fr. Jerome of St. Joseph).
For a time St. John was
reconciled to the general of his order. He became vicar provincial of Andalusia
in 1585 and three years later prior at Segovia, and established several new monasteries
in the next few years.
St. John also loved the
little people. The barber of Segovia, an honest man who was deeply impressed by
the poverty of the monks, refused any payment for his services and was even
reluctant to take a meal at the monastery, fearing that his portion might
belong to one of the monks. One day he tried to leave before he could be
invited to join them for a meal, but John caught up with him, urged him to stay
and eat, and added with a touch of mischief: "Unless you are forbidden to
eat fish." When he left Segovia John insisted on paying a farewell visit
to the devoted barber (manuscript in the library of Madrid).
John even looked after
his saintly mother by entrusting her to the care of the Carmelite nuns. Catalina
Alvarez died and was buried at the Carmel of Medina del Campo. With her son
Francis, she had helped John from the very first in his reform of the Carmel at
Duruelo and assisted him in restoring the ruins of the first monastery of the
Discalced Carmelites.
John was very fond of his
brother Francis. He kept him at his side and relied heavily on him. When he
went to preach and hear confessions in the poor and deserted parishes in the
neighborhood-- which he did quite often--he took Francis with him as his travelling
companion. He made Francis his confidant, and it is thanks to him that we know
of John's vision in which he asked Christ to "let us suffer, be despised
and held as nothing for your sake."
A short while before his
death, Francis returned to Segovia. John had sent for him, for he knew that
they would not see each other again on this earth and so he wanted to spend a
few days with him. They spent long hours talking together, and when after two
or three days Francis decided to return to Medina, John said: "Don't be in
such a hurry. Who knows when we'll ever see each other again?"
Disputes broke out once
again among the Spanish Carmelites, and St. John withdrew to complete solitude
during the last year of his life (1591). The Madrid chapter general deprived
him of all his offices and sent him as a simple monk to La Penuela because of
his support of the moderate faction in the Discalced Carmelites. John had been
threatened by expulsion from the new order he had so tenaciously fought to
establish.
Worn out, John was sent
to the monastery of Ubeda. On the way his travelling companion, alarmed at
seeing that the old man could not eat anything, said: "But what would you
like to eat, Father?" "Nothing," replied John, "or perhaps
some asparagus, if you have any." Think of it! Asparagus! It's a luxury in
Spain. John, the "Doctor of Nothing" was asking, almost challenging
God to send him his treat. And there, upon the parapet of a bridge, was a bunch
of asparagus. Someone must have left it there providentially or lost it. John,
in a gesture of supreme delicacy, told his companion to leave some money in
payment.
And so what are we to
conclude? What John wanted to say when he wrote in the prologue to The Living
Flame of Love: "O Lord, you love discretion, light and love more than
works. Therefore these pages will give discretion to those who wish to advance,
light to lighten the way, and above all, they will give love."
Discretion, common sense,
balance. The uncomfortable but vital balance of the man who, with God's help,
detaches himself from the world but without becoming attached to his own
detachment. The balance of the man who, with God's help, sees God in nature and
loves Him through it. The balance of John who found everything in God:
Mine are the heavens and the earth,
Mine are the people,
The just and the sinners are mine;
The angels are mine
And the Mother of God
And all things are mine
God himself is mine
For Christ is mine.
(Bentley, Encyclopedia,
McDonnell).
In art St. John is
represented as a Carmelite writing before the crucifix. There is a cross in the
heavens from which light descends. Sometimes the picture will show (1) an eagle
at his feet with a pen in its beak; (2) him blessed by the Virgin and Child;
(3) him kneeling before the picture Ecce Homo, which speaks to him; or (4) him
holding a statue of the Virgin (Roeder).
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/1214.shtml
Francisco de Zurbarán, Saint Jean de la
Croix, 1656, Katoxice, Archdiocesan Museum
St. John of the Cross,
Confessor
From his life prefixed to
his works; Villefore’s life of St. Teresa, t. 1, pp. 292, 318, t. 2, p. 132.
See his life compiled by F. Honoratus of St. Mary, the judicious critic of the
same Order, in 12mo. and more at large by F. Dositheus of St. Alexis, in two
vols. 4to. Paris, 1727
A.D. 1591
ST. JOHN, by his family
name called Yepes, was youngest child of Gonzales of Yepes, and born at
Fontibere, near Avila, in Old Castile, in 1542. With his mother’s milk he
sucked in the most tender devotion to the Blessed Virgin, and was preserved
from many dangers by the visible protection of her intercession. The death of
his father left his mother destitute of all succours with three little
children, with whom she settled at Medina. John learned the first elements of
letters at a college. The administrator of the hospital, delighted with his
extraordinary piety, employed him in serving the sick; an office which was very
agreeable to the devotion of the youth, who acquitted himself with the feeling
of charity much above his years, especially when he exhorted the sick to acts
of virtue. He practised, at the same time, excessive austerities, and continued
his studies in the college of the Jesuits. At twenty-one years of age, to
satisfy his devotion to the mother of God, he took the religious habit among
the Carmelite friars at Medina, in 1563. Never did any novice give greater
proofs of obedience, humility, fervour, and love of the cross. His zeal, far
from abating after his novitiate, was continually upon the increase. When he
arrived at Salamanca, in order to commence his higher studies, the austerities
which he practised were excessive. He chose for his cell a little dark hole at
the bottom of the dormitory. A hollow board, something like a grave, was his
bed. He platted himself so rough a hair shirt, that, at the least motion, it
pricked his body to blood. His fasts and other mortifications were incredible.
By these means he studied to die to the world and to himself: but by assiduous
prayer and contemplation in silence and retirement, he gave wings to his soul.
He lays down in his works as a fundamental maxim of perfection, that a person
study, in the first place, to do all actions in union with those of Jesus
Christ, desiring to imitate him, and to put on his spirit. This was his own
practice. His second rule was to mortify his senses in all things, denying them
whatever did not seem most to contribute to the glory of God, whether in his
hearing, seeing, or other senses. It was his desire to be a lay-brother, but this
was refused him. He had distinguished himself in his course of theological
studies, when, in 1567, being twenty-five years old, he was promoted to the
priesthood. He prepared himself to offer his first sacrifice by humiliations,
fasts, penitential tears, fervent prayers, and long meditations on the
sufferings of our Divine Redeemer; deeply imprinting his precious wounds in his
heart, and sacrificing himself, his will, and all his actions with his Saviour,
in raptures of love and devotion. The graces which he received from the holy
mysteries, inflamed him with a desire of greater retirement; for which purpose
he deliberated with himself to enter the Order of the Carthusians.
St. Teresa was then busy
in establishing her reformation of the Carmelites, and coming to Medina del
Campo heard of the extraordinary virtue of brother John. Whereupon she desired
to see him, admired his spirit, and told him that God had called him to
sanctify himself in the Order of our Lady of Mount Carmel: that she had
received authority from the general to found two reformed houses of men, and
that he himself should be the first instrument of so great a work. Soon after,
she founded her first monastery of men in a poor house in the village of
Durvelle. John, who had acquiesced in her proposal, entered this new Bethlehem,
in a perfect spirit of sacrifice, and about two months after was joined by some
others, who all renewed their profession on Advent Sunday, 1568. This was the
beginning of the Barefooted Carmelite Friars, whose institute was approved by
Pope Pius V. and, in 1580, confirmed by Gregory XIII. So great were the
austerities of these primitive Carmelites, that St. Teresa saw it necessary to
prescribe them a mitigation. The odour of their sanctity in their poor obscure
house spread over all Spain; and St. Teresa soon after established a second
convent at Pastrane, and, in 1568, a third at Manreza, whither she translated
that from Durvelle, and, in 1572, a fourth at Alcala. The example and the
exhortations of St. John inspired the religious with a perfect spirit of
solitude, humility, and mortification. His wonderful love of the cross appeared
in all his actions, and it was by meditating continually on the sufferings of
Christ that it increased daily in his soul: for love made him desire to
resemble his crucified Redeemer in all manner of humiliations and sufferings.
And Almighty God, to purify his heart from all natural weaknesses and
attachments, made him to pass through the crucible by the most severe interior
and exterior trials; which is his ordinary conduct towards those souls which he
prepares to raise to an eminent sanctity, and to enrich with his extraordinary
graces.
St. John, after tasting
the first sweets of holy contemplation, found himself deprived of all sensible
devotion. This spiritual dryness was followed by interior trouble of mind,
scruples, and a disrelish of spiritual exercises, which yet he was careful
never to forsake. The devils at the same time assaulted him with violent
temptations, and men persecuted him by calumnies. But the most terrible of all
these pains was that of scrupulosity and interior desolation, in which he
seemed to see hell open, ready to swallow him up. He describes admirably what a
soul feels in this trial in his book called The Obscure Night. This state of
interior desolation, contemplative souls, in some degree or other, first pass
through before their hearts are prepared to receive the communication of God’s
special graces. By it our saint obtained a perfect poverty and nakedness of spirit,
freed from all the refined passions of self-love, and an excellent conformity
to the holy will of God, which can only be built on the destruction of
self-will, a heroic patience, and a courageous perseverance. After some time
certain rays of light, comfort, and divine sweetness scattered these mists, and
translated the soul of the servant of God into a paradise of interior delights,
and heavenly sweetness. This was again succeeded by another more grievous trial
of spiritual darkness which spread, itself over his soul, accompanied with
interior pains and temptations, in which God seemed to have forsaken him, and
to be become deaf to his sighs and tears. So violent was his sorrow in this
state of privation, that it seemed he must have died of grief if God had not
supported him by his grace. In the calm which followed this terrible tempest he
was wonderfully repaid in divine comforts. Surrounded with a new light he saw
clearly the incomparable advantages of suffering, especially by the severest
interior trials; he saw how by them the soul is purified from imperfections; he
now enjoyed a continual sweet presence of God, was always recollected, and felt
in his heart a most ardent love of God, and vehement desire to imitate Jesus
Christ in his sufferings, to carry his cross, to meet him under his
humiliations, and to serve his neighbour for his sake: he found in himself an
invincible courage, enjoyed a sovereign peace, and was often raised to the
divine union in sweet love, which is the sublimest elevation of supernatural
contemplation. This love with which his heart burned, was often accompanied
with an excess of spiritual joy, in which his soul was penetrated with, and, as
it were, drowned in a torrent of delights; yet with a pain which he called the
wound of love. He explains this himself by saying, that the soul seems to
herself wounded with repeated arrows of fire which leave her all consuming with
love, and she is so inflamed as to seem to go out of herself, and to commence a
new creature. His life was a continual vicissitude of crosses and privations,
and of heavenly visits and caresses. He never received any extraordinary favour
which was not preceded by some great tribulation; which is an ordinary conduct
of the sweet providence of God in regard to his servants for their great
spiritual advantage. God, in the sensible visits of his grace, draws a soul by
his charms to run in the sweet paths of his love: but her virtue is chiefly
perfected by tribulations. The brilliant diamond receives from the hammer and chisel
its lustre and polish. Trials were, by grace, the chief instruments of the
admirable perfection to which our saint arrived. St. Teresa made use of him to
impart the spirit of her reform to the religious in all the houses which she
established. The convent in which she had made her first profession at Avila,
had always opposed her reformation. Yet the bishop of Avila thought it
necessary that she should be made prioress there, to retrench at least the
frequent visits of seculars. She sent for St. John, and appointed him the
spiritual director of this house, in 1576. He soon engaged them to shut up
their parlours, and to cut off the scandalous abuses which were inconsistent
with a religious life of retirement and penance. Many seculars likewise put themselves
under his direction, and he preached the word of God with wonderful unction and
fruit. But God would be glorified by his sufferings, and to make them the more
sensible to him, permitted his own brethren to be the instruments thereof, as
Christ himself was betrayed by a disciple. The old Carmelite friars looked on
this reformation, though undertaken with the license and approbation of the
general, given to St. Teresa, as a rebellion against their Order; and, in their
chapter at Placentia, condemned St. John as a fugitive and an apostate. This
resolution being taken, they sent soldiers and sergeants who broke open his
door, and tumultuously carried him to the prison of his convent; and, knowing
the veneration which the people at Avila had for his person, removed him from
thence to Toledo, where he was locked up in a dark noisome cell, into which no
light had admittance but through a little hole three fingers broad. Scarcely
any other nourishment was allowed him during nine months which he remained
there, but bread, a little fish called sardines, and water. He was released
after nine months by the credit of St. Teresa, and by the protection of the
Mother of God. In this destitute condition he had been favoured with many
heavenly comforts, which made him afterwards say: “Be not surprised if I show
so great a love for sufferings: God gave me a high idea of their merit and
value when I was in the prison of Toledo.”
He had no sooner
recovered his liberty but he was made superior of the little convent of Calvary,
situate in a desert, and, in 1579, founded that of Baëza. In 1581, he was
chosen prior of Granada, in 1585, vicar-provincial of Andalusia, and in 1588,
first definitor of the Order. He founded at the same time the convent of
Segovia. In all his employments the austerities which he practised seemed to
exceed bounds; and he only slept two or three hours in a night, employing the
rest in prayer, in presence of the blessed sacrament. He showed always the most
sincere and profound humility and even love of abjection, an inimitable fervour
and zeal for all the exercises of religion, and an insatiable desire of
suffering. He used to say: “To suffer for the sake of God is the true
characteristic of his love, as we see in Christ, and in the martyrs. And
persecutions are the means to enter into the depth, or attain to the knowledge,
of the mystery of the cross, a necessary condition for comprehending the depth
of the wisdom of God and of his love.” Hearing Christ once say to him: “John,
what recompense dost thou ask of thy labours?” He answered: “Lord, I ask no
other recompense than to suffer and be condemned for thy love.” At the very
name of the cross he fell into an ecstacy in the presence of mother Anne of
Jesus. Three things he frequently asked of God: 1st, That he might not
pass one day of his life without suffering something. 2dly, That he might
not die superior. 3dly, That he might end his life in humiliation,
disgrace, and contempt. The very name of the sufferings of Christ, or sight of
a crucifix, threw him into raptures of sweet love, and made him melt in tears.
The passion of our Redeemer was the usual subject of his meditations, and he
exceedingly recommends the same to others in his writings. His confidence in
God made him often give his own necessaries to the poor, and deserved
miraculous supplies for his monasteries. This firm confidence in divine
providence he called the patrimony of the poor, especially of religious
persons. The love of God so powerfully possessed his soul, and its fire was so
violent that his words sufficed to kindle a flame in others. He was frequently
so absorbed in God that he was obliged often to offer violence to himself, to
treat of temporal affairs, and sometimes when called out from prayer was
incapable of doing it. Coming to himself from sudden raptures, he would cry out
with words, as it were of fire: “Let us take wing and fly on high. What do we
here, dear brethren? Let us go to eternal life.” This love appeared in a
certain brightness which darted from his countenance on many occasions,
especially when he came from the altar, or from prayer. A person of distinction
was one day so moved with the sight of it, perceiving the heavenly light of his
face to dazzle his eyes, and pierce his heart with divine love, that on the
spot he took a resolution to renounce the world, and embraced the Order of St.
Dominick. A lady coming to confession to him was so struck with a heavenly
light which shone from his countenance and penetrated her soul, that she
immediately laid aside her jewels and gawdy attire, and consecrated herself to
God in strict retirement, to the astonishment of the whole city of Segovia. His
heart seemed an immense fire of love, (to use his expression in his Flame of
Divine Love) which could not contain itself within his breast, but showed
itself by these exterior marks. His love of his neighbour was no less
wonderful, especially towards the poor, the sick, and sinners; his continual
tenderness and affection for his enemies, and the benefactions and kindness
with which he always studied to return good for evil, were most admirable. For
fear of contracting any attachments to earthly things, he was a rigorous
observer and lover of poverty. All the furniture of his little cell or chamber
consisted in a paper image and a cross made of rushes, and he would have the
meanest beads and breviary, and wear the most threadbare habit he could get. A
profound sentiment of religion made him bear an extreme respect to whatever
belonged, even remotely, to churches, or to the service of God. The same motive
of the honour of God sanctified all his actions. He employed many hours every
day and night in prayer, and often before the blessed sacrament with
extraordinary fervour. True devotion he described to be humble, not loving to
be lofty: silent, not active; without attachment to anything; without
singularity or presumption, full of distrust in itself, following with ardour
simple and common rules. By experience in spiritual things and an extraordinary
light of the Holy Ghost, he had a singular gift in discerning spirits, and
could not be easily imposed upon in what came from God. He discovered, by the
first examination, that the pretended visions of a certain woman were only
illusions; and the same of a nun in Portugal. In 1591, the chapter of his Order
met at Madrid, in which St. John opposed too severe measures used in the
punishment of disobedience against Father Gratian, who had been a great
assistant to St. Teresa; and likewise strenuously spoke against a motion
supported by some of the chiefs for casting off the direction of the Teresian
nuns. This gave offence to some whom envy and jealousy had indisposed against
him, and by their means the servant of God was thrust out of all employments in
his Order. It was with joy that he saw himself in disgrace and at liberty, and
he retired into the little solitary convent of Pegnuela, in the mountains of
Sierra Morena. 1
God was pleased to finish
his martyrdom by a second grievous persecution from his own brethren before his
death. His banishment to Pegnuela he thought his happiness, and always excused
and commended father commissary and the other authors of his disgrace, and
hindered all others from writing to the vicar-general of the injustices done
him. There were in the Order two fathers of great authority, who declared
themselves his implacable enemies, harbouring malice and envy in their breasts,
which they cloaked under the sanctified name of holy zeal. They were puffed up
with an opinion of their learning, and with the applause which they acquired by
their talents in the pulpit, on which pretence they neglected all the duties of
their rule. St. John, when provincial of Andalusia, after frequent admonitions
of this irregularity, which tended to the destruction of religious discipline
in their Order, finding no other remedy took effect, forbade them to preach,
and confined them to their convents. Instead of humble submission they were
stung with bitter gall in their hearts, and regarded this treatment as an
unjust and unreasonable impediment to the exercise of their zeal, for which
they thought themselves qualified: as if any other disposition than that of
distrust in themselves and perfect humility could draw down the blessing of God
upon their functions. This presumption hurried them blindly into many other
more grievous sins, which passion palliated under the names of virtues. In the
saint’s disgrace, one of them, called F. Diego Evangelista, ran over the whole
province to beg and trump up accusations against the servant of God, and
boasted that he had sufficient proofs to have him expelled the Order. The saint
said nothing all this while only that he was ready to receive with joy any
punishment. Every body at that time forsook him; all were afraid of seeming to
have any commerce with him, and burned the letters which they had received from
him, lest they might be involved in his disgrace. St. John had no other comfort
or refuge but prayer, in which the abundant consolations of the Holy Ghost
rendered his sufferings sweet to him. This storm ceased when the informations
of Diego were laid before the superiors; for had they been all true, they
amounted to nothing which deserved any chastisement. The sweetness of the
divine love and peace which overflowed the soul of the servant of God all this
time, filled him with interior joy, which increased in proportion as he was
more abandoned by creatures. “The soul of one who serves God,” says the
saint, 2 “always
swims in joy, always keeps holiday, is always in her palace of jubilation, ever
singing with fresh ardour and fresh pleasure, a new song, of joy and love.”
St. John, living in the
practice of extreme austerities, and in continual contemplation, fell sick, and
when he could no longer conceal his distemper, the provincial ordered him to
leave Pegnuela, that place being destitute of all relief, and gave him the
choice either to go to Baëza or to Ubeda. The first was a very convenient
convent, and had for prior an intimate friend of the saint. The other was poor,
and F. Francis Chrysostom was prior there, the other person whom he had
formerly corrected, and who was no less his enemy than F. Diego. The love of
suffering made St. John prefer this house of Ubeda. The fatigue of his journey
had caused his leg to swell exceedingly, and it burst in many places from the
heel quite to the knee, besides five ulcers or wounds under his foot. He
suffered excessive pains from the violence of the inflammation, and from the
frequent incisions and operations of the surgeons, from the top to the bottom
of his leg. His fever all this time allowed him no rest. These racking pains he
suffered three whole months with admirable patience, in continual peace,
tranquillity, and joy, never making the least complaint, but often embracing
the crucifix, and pressing it close upon his breast when the pain was very
sharp. The unworthy prior treated him with the utmost inhumanity, forbade any
one to be admitted to see him, changed the infirmarian because he served him
with tenderness, locked him up in a little cell, made him continual harsh
reproaches, and would not allow anything but the hardest bread and food,
refusing him even what seculars sent in for him; all which the saint suffered
with joy in his countenance. God himself was pleased to complete his sacrifice,
and abandoned him for some time to a great spiritual dryness, and a state of
interior desolation. But his love and patience were the more heroic. God
likewise stretched out his hand to bring the dove into the ark when she seemed
almost sinking in the waters, overwhelming his chaste soul again with the
torrent of his delights with which he so often strengthened the martyrs,
converting their torments into pleasures. The provincial happening to come to
Ubeda a few days before his death, was grieved to see this barbarous usage,
opened the door of his cell, and said, that such an example of invincible patience
and virtue ought to be public, not only to his religious brethren, but to the
whole world. The prior of Ubeda opened his eyes, begged the saint’s pardon,
received his instructions for the government of his community, and afterwards
accused and condemned himself with many tears. As for the saint himself, we
cannot give a better description of the situation of his holy soul in his last
moments than in his own words, where he speaks of the death of a saint: 3 “Perfect
love of God makes death welcome, and most sweet to a soul. They who love thus,
die with burning ardours and impetuous flights, through the vehemence of their
desires of mounting up to their beloved. The rivers of love in the heart now
swell almost beyond all bounds, being just going to enter the ocean of love. So
vast and so serene are they that they seem even now calm seas, and the soul
overflows with torrents of joy, upon the point of entering into the full
possession of God. She seems already to behold that glory, and all things in
her seem already turned into love, seeing there remains no other separation
than a thin web, the prison of the body being almost broken.” Though the Holy
Ghost varies his operations and gifts in his servants, this seems the exact
portraiture of the soul of our saint upon the point of leaving this world. Two
hours before he died he repeated aloud the Miserere psalm with his
brethren; then he desired one to read to him part of the book of Canticles,
appearing himself in transports of joy. He at length cried out: Glory be
to God; pressed the crucifix on his breast, and after some time
said: Lord, into thy hands I commend my soul: with which words he calmly
breathed forth his soul on the 14th of December, in 1591, being forty-nine
years old, of which he had spent twenty-eight in a religious state. St. Teresa
in her epistles and other works styles him a saint even before he had embraced
her reformed Order, and says that he was one of the most pure souls in the
church, to whom God had communicated great treasures of light, and whose
understanding he had filled with the science of the saints. Almighty God
exalted him after his death by several miracles; amongst which the cure of a
nun of the Annunciation, at Neuf-Chateau in Lorrain, struck with a palsy, in
1705, effected on the ninth day of a Novena of devotion to this saint, was
juridically proved in the court of the bishop of Toul. St. John was canonized
by Benedict XIII., in 1726, and his office in the Roman Breviary was appointed
on this 24th of November. His body remains at Segovia. A history of his
revelations, and many miracles, with an exact account of his writings, and
mystical theology, may be read in his life by F. Dositheus of St. Alexis.
The spirit of
Christianity is the spirit of the cross. To attain to, and to live by, pure
love, we must live and die upon the cross, or at least in the spirit of the
cross. Jesus merited all the graces we receive by suffering for us; and it is
by suffering with him that we are best prepared to be enriched with them. Hence
afflictions are part of the portion, which, together with the hundred-fold of
his consolations, he has promised to his most beloved servants. His most holy
and innocent mother bore a large share in all his sufferings. His apostles and
other most faithful servants, in proportion to the high degree in which they
stood in his favour, drank of this cup. Those souls which he has raised to the
highest degree of familiarity in this life, he always prepared for that grace
by severe trials. Dr. Henry Boudon, archdeacon of Evreux, whose progress in an
interior life is manifest from his Reign of God in a Soul, and several other
works, was attacked by slanders, persecuted by his own bishop, and expelled
with so much infamy that scarcely was he able to find any one, even in distant
provinces, that would receive him under his roof. He was, moreover, perfectly
acquainted with the state of interior anguish and desolation; which he describes
from his own experience in his Holy Paths of the Cross. M. de Bernieres
Louvigni, a gentleman of Normandy, and treasurer of France at Caën, who trained
up Dr. Boudon and other eminent clergymen, infused into them the maxims of true
piety, and sent zealous missionaries into the East and West Indies, and other
remote kingdoms, living always a layman in the world, was one of the most
excellent contemplatives of the last century. The perfection of an interior
life he attained by the most profound humility, perfect disengagement of his
heart from earthly things, and assiduous prayer and holy meditation. Yet this
preparation for those sublime graces would have remained imperfect, had not the
good use of many severe afflictions completed the crucifixion of the old man in
his heart. The same all the saints assure us by their own example. But in the
divine love they found a recompence, which richly paid them for all its cost,
this love being its own present reward, as it is a fire which is its own fuel.
Note 1. In this
solitude he finished his mystical treatises, which compose his works, in two
volumes, quarto. The two first, On the Obscure Night, and On the Ascent of
Mount Carmel, treat on the interior trials and anguish by which a soul is
purged from earthly affections, and prepared for supernatural prayer. In the
others, called The Exposition of the Canticles, and the Living Flame of Love,
he explains the operations of the Holy Ghost in the supernatural impressions
and all the degrees of divine union in the said prayer. No pen indeed can
describe those secret communications of a soul in that state; and none but he
who has felt them, can ever be able to form any idea of them. For the
satisfaction of such, St. John wrote these works; which are only proper for such
spiritual persons, and may become hurtful in the hands of unexperienced
persons, who are easily the dupes of their own imagination; and especially of
enthusiasts, who abuse what they do not understand, to favour their own
illusions. From the maxims of the most experienced doctors of mystic theology
all may learn the advantage and necessity of interior trials, which are much
more severe than all exterior tribulations, and than the labours and crosses of
an apostolic life. By these God conducts souls to the perfect crucifixion of
self-love, before they can be found worthy of his special favours. But such
extraordinary graces are not necessary for the most perfect sanctity. They are
easily subject to illusions and dangers, unless tried by perfect humility and
obedience; and whatever in them does not sensibly increase sincere and perfect
humility, is certainly illusion. Nor are they to be otherwise prized, than by
the rule which St. Paul lays down concerning exterior gratuitous graces. No man
can lawfully desire or seek them, (which is presumption and illusion:) no man
can ever think himself the better for them, or prefer himself to others, which
is pride; no man is to rely on them, but only on the divine law, and an humble
obedience; and every one must be persuaded that crosses and tribulations are
the royal and the only road to heaven, though God in his mercy, in
condescension to our weakness, sweetens them with his presence, peace, and
consolations.
In books of devotion the errors of the False
Mystics, or Quietists and Semi-Quietists, are carefully to be guarded against.
The heresy and fanaticism of Quietism was broached by Michael Molinos, a
Spanish priest, and spiritual director in great repute at Rome, who in his book
entitled, The Spiritual Guide, established a system of perfect contemplation.
It chiefly turns upon the following general principles. 1.
That, perfect contemplation is a state in which a man does not
reason, or reflect either on God or himself, but passively receives the
impression of heavenly light without exercising any acts, the mind being in a
perfect inaction and inattention, which this author calls Quiet. Which
principle is a notorious illusion and falsity: for even in supernatural
impressions or communications, how much soever a soul may be abstracted from
her senses, and insensible to external objects, which act upon their organs,
she still exercises her understanding and will, in adoring, loving, praising,
or the like, as is demonstrable both from principle, and from the testimony of
St. Teresa, and all true contemplatives. 2. This fanatic teaches, that a soul
in that state desires nothing, not even her own salvation; and fears nothing,
not even hell itself. This principle, big with pernicious consequences, is
heretical; as the precept and constant obligation of hope of salvation through
Christ, is an article of faith. The pretence that a total indifference is a
state of perfection, is folly and impiety, as if solicitude about things of
duty was not a precept; and as if a man could ever be exempt from the
obligation of that charity, which he owes both to God and himself, by which he
is bound above all things, to desire and to labour for his salvation, and the
eternal reign of God in his soul. A third principle of this author is no less notoriously
heretical, that in such a state the use of the sacraments and good works
becomes indifferent; and that the most criminal representations and motions, in
the sensitive part of the soul, are foreign to the superior, and not sinful in
this elevated state; as if the sensitive part of the soul was not subject to
the government of the rational or superior part, or as if this could be
indifferent about what passes in it. Some will have it, that Molinos carried
his last principles so far, as to open a door to the abominations of the
Gnostics; but most excuse him from admitting that horrible consequence. (See F.
Avrigny, honoré of S. Mary, &c.) Innocent XI. in 1687, condemned
sixty-eight propositions extracted from this author as respectively heretical,
scandalous, and blasphemous. Molinos was condemned by the inquisition at Rome,
recalled his errors, and ended his life in imprisonment in 1696. See
Argentre, Collect. judiciorum de novis erroribus, t. 3, part. 2, p. 402;
Stevaert Prop. Damnat. p. 1.
Semi-Quietism was
rendered famous by having been for some time patronized by the great Fenelon.
Madame Guyon, a widow lady, wrote An Easy and Short Method of Prayer, and
Solomon’s Canticle of Canticles interpreted in a mystical sense, for which, by
order of Lewis XIV., she was confined in a nunnery, but soon after enlarged.
Then it was that she became acquainted with Fenelon; and she published the Old
Testament with explanations; her own Life by herself, and other works, all
written with spirit and a lively imagination. She submitted her doctrine to the
judgment of Bossuet, esteemed the most accurate theologian in the French
dominions. After a mature examination, Bossuet, bishop of Meaux, Cardinal
Noailles, Fenelon, lately nominated archbishop of Cambray, and Mr. Tronson,
superior of S. Sulpice, drew up thirty articles concerning the sound maxims of
a spiritual life; to which Fenelon added four others. These thirty-four
articles were signed by them at Issy in 1695, and are the famous articles of
Issy. (See Argentre, Collectio judiciorum de novis erroribus, t. 3; Du
Plessis, Hist. de Meaux, t. 1, p. 492; Mémoires Chronol. t. 3, p.
28.) During this examination, Bossuet and Fenelon had frequent disputes
for and against disinterested love, or divine love of pure benevolence. This
latter undertook in some measure the patronage of Madame Guyon, and, in 1697,
published a book entitled The Maxims of the Saints, in which a kind of
Semi-Quietism was advanced. The clamour which was raised drew the author into
disgrace at the court of Lewis XIV. and the book was condemned by Innocent XII.
in 1699, on the 12th of March, and on the 9th of April following, by the author
himself, who closed his eyes to all the glimmerings of human understanding, to
seek truth in the obedient simplicity of faith. By this submission he
vanquished and triumphed over his defeat itself, and by a more admirable
greatness of soul over his vanquisher. With the book, twenty-three propositions
extracted out of it, were censured by the pope as rash, pernicious in practice,
and erroneous respectively, but none were qualified heretical.
The principal error of
Semi-Quietism consists in this doctrine, that in the state of perfect
contemplation, it belongs to the entire annihilation in which a soul places
herself before God, and to the perfect resignation of herself to his will, that
she be indifferent whether she be damned or saved; which monstrous extravagance
destroys the obligation of Christian hope. The divine precepts can never clash,
but strengthen one another. It would be blasphemy to pretend, that because God
as a universal ruler suffers sin, we can take a complacence in its being
committed by others. God damns no one but for sin and final impenitence: yet
whilst we adore the divine justice and sanctity, we are bound to reject sin
with the utmost abhorrence, and deprecate damnation with the greatest ardour;
both which, by the divine grace, we can shun. Where then can there be any room
for such a pretended resignation, at the very thought of which piety shudders?
No such blasphemies occur in the writings of St. Teresa, St. John of the Cross,
or other approved spiritual authors. If they are, or seem to be expressed in
certain parts of some spiritual works, as those of Bernieres, or in the Italian
translation of Boudon’s God Alone, these expressions are to be corrected by the
rule of solid theology. Fenelon was chiefly deceived by the authority of an
adulterated edition of the spiritual entertainments of St. Francis of Sales,
published at Lyons in 1628, by Drobet. Upon the immediate complaint and
supplication of St. Francis Chantal, and John Francis Sales, brother of the
saint, then bishop of Geneva, Lewis XIII. suppressed the privilege granted for
the said edition, by letters-patent given in the camp before Rochelle in the
same year, prefixed to the correct and true edition of that book made at Lyons
by Cœurceillys in 1629, by order of St. Francis Chantal. Yet this faulty
edition, with its additions and omissions, has been sometimes reprinted; and a
copy of this edition imposed upon Fenelon, whom Bossuet, who used the right
edition, accused of falsifying the book. (See Mem. de Trev. for July, anno
1558, p. 446.)
Bossuet had several years
before maintained in the schools of Sorbonne with great warmth, that a love of
pure benevolence is chimerical. Nothing is more famous in theological schools,
than the distinction of the love of chaste desire and
of benevolence. By the first, a creature loves God as the creature’s
own good, that is, upon the motive of enjoying him, or because he shall possess
God, and find in him his own complete happiness; in other words, because God is
good to the creature himself both here and hereafter. The love of benevolence
is that by which a creature loves God purely for his own sake, or because he is
in himself infinitely good. This latter is called pure or disinterested love,
or love of charity; the former is a love of an inferior order, and is said by
most theologians to belong to hope, not to charity: and many maintain that it
can never attain to such a degree of perfection as to be a love of God above
all things; because, say they, he who loves God merely because he is his own
good, or for the sake of his enjoyment, loves him not for God’s own increated
goodness, which is the motive of charity; nor can he love him more than he does
his own enjoyment of him, though he makes no such comparison, nor even directly
or interpretatively forms such an act, that he loves him not more than he does
his own possession of him, which would be criminal and extremely inordinate; so
this love is good, and of obligation, as a part of hope, and it disposes the
soul to the love of charity. Bossuet allowed the distinct motives of the loves
of chaste desire and of benevolence; but said, no act of the latter could be
formed by the heart, which does not expressly include an act of the former,
because, said he, no man can love any good without desiring to himself at the
same time the possession of that good, or its union with himself, and no man
can love another’s good merely as another’s. This all allow, if this other’s
good were to destroy or exclude the love of his own good. Hence the habit of
love of benevolence must include the habit of the love of desire. But the act
may be, and often is exercised without it, for good is amiable in itself, and
for its own sake; and this is the general opinion of theologians. However, the
opinion of Bossuet, that an act of the love of benevolence, or of charity, is
inseparable from an actual love of desire, is not censured, but is maintained
also by F. Honoratus of St. Mary, (Tradition sur la Contempl. t. 3, c. 4, p.
273.) Mr. Norris carries this notion so far as to pretend that creatures in
loving God consider nothing in his perfections but their own good.
(Letter 2, On Divine Love, p. 8.) Some advised Fenelon to make a diversion by
attacking Bossuet’s sentiments and books at Rome, and convicting him of
establishing theological hope by destroying charity. But the pious archbishop
made answer that he never would inflame a dispute by recriminating against a
brother, whatever might have seemed prudent to be done at another season. When
he was put in mind to beware of the artifices of mankind, which he had so well
known, and so often experienced, he made answer: “Let us die in our simplicity.”
(Moriamur in simplicitate nostrâ.) On this celebrated dispute, the ingenious
Claville (Traité du Vrai Merite) makes this remark, that some of those who
carried the point, were condemned by the public as if they lost charity, by the
manner in which they carried on the contest; but if Fenelon erred in theory, he
was led astray by an excess in his desire of charity. By this adversity and
submission he improved his own charity and humility to perfection, and arrived
at the most easy disposition of heart, disengaged from everything in the world,
bowed down to a state of pliableness and docility not to be expressed, and
grounded in a love of simplicity, which extinguished in him everything besides.
Those who admired these virtues in him before were surprised at the great
heights to which he afterwards carried them; so much he appeared a new man,
though before a model of piety and humility. As to the distinction of the
motives in our love of God, in practice, too nice or anxious an inquiry is
generally fruitless and pernicious: for our business is more and more to die to
ourselves, purify our hearts, and employ our understanding in the contemplation
of the divine perfections and heavenly mysteries, and our affections in the
various acts of holy love, a boundless field in which our souls may freely take
their range. And while we blame the extravagances of false mystics, we must
never fear being transported to excesses in practice by the love of God. It can
never be carried too far, since the only measure of our love to God is to love
without measure, as St. Bernard says. No transports of pure love can
carry souls aside from the right way, so long as they are guided by humility
and obedience. In disputes about such things, the utmost care is necessary that
charity be not lost in them, that envy and pride be guarded against, and that
sobriety and moderation be observed in all inquiries; for nothing is more
frequent than for the greatest geniuses in pursuing subtilties to lose sight
both of virtue and of good sense and reason itself. See Bossuet’s works on this
subject, (t. 6,) especially his Mystici in Tuto, in which he is more correct
than in some of his other pieces; also Du Plessis (Hist. l’Eglise de Meaux, t.
1, p. 485.) The several lives of Fenelon, &c. [back]
Note 2. St. John of
the Cross, Flame of love, p. 523. [back]
Note 3. Flamma vivi
Amoris, p. 507. [back]
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume XI: November. The Lives of the
Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/11/241.html
Pietro Novelli. La Vierge du Carmel et l’Enfant Jésus avec les fondateurs du Carmel : Thérèse d'Avila, Jean de la Croix et Anne de Jésus, 1641, Museo Diocesano di Palermo
San Giovanni della
Croce Sacerdote e dottore della Chiesa
Fontiveros, Spagna, c.
1540/2 - Ubeda, Spagna, 14 dicembre 1591
Sembra sia nato nel 1540,
a Fontiveros (Avila, Spagna). Rimase orfano di padre e dovette trasferirsi con
la mamma da un luogo all'altro, mentre portava avanti come poteva i suoi studi.
A Medina, nel 1563, vestì l'abito dei Carmelitani. Ordinato sacerdote nel 1567
dopo gli studi di filosofia e teologia fatti a Salamanca, lo stesso anno si
incontrò con santa Teresa di Gesù, la quale da poco aveva ottenuto dal priore
generale Rossi il permesso per la fondazione di due conventi di Carmelitani
contemplativi (poi detti Scalzi), perchè fossero di aiuto alle monache da lei
istituite. Il 28 novembre 1568 Giovanni fece parte del primo nucleo di
riformati a Duruelo, cambiando il nome di Giovanni di San Mattia in quello di
Giovanni della Croce. Vari furono gli incarichi entro la riforma. Dal 1572 al
1577 fu anche confessore-governatore del monastero dell'Incarnazione di Avila.
Venne erroneamente incolpato e incarcerato per otto mesi per un incidente
interno al monastero. Fu in carcere che scrisse molte delle sue poesie. Morì a
49 anni tra il 13 e il 14 dicembre 1591 a Ubeda. (Avvenire)
Patronato: Mistici,
Teologi mistici, Poeti
Etimologia: Giovanni = il
Signore è benefico, dono del Signore, dall'ebraico
Martirologio Romano:
Memoria di san Giovanni della Croce, sacerdote dell’Ordine dei Carmelitani e
dottore della Chiesa, che, su invito di santa Teresa di Gesù, fu il primo tra i
frati ad aggregarsi alla riforma dell’Ordine, da lui sostenuta tra innumerevoli
fatiche, opere e aspre tribolazioni. Come attestano i suoi scritti, ascese
attraverso la notte oscura dell’anima alla montagna di Dio, cercando una vita
di interiore nascondimento in Cristo e lasciandosi ardere dalla fiamma
dell’amore di Dio. A Ubeda in Spagna riposò, infine, nel Signore.
Nell’immaginario
collettivo la grandezza di un uomo viene misurata e ammirata non solo per come
ha saputo vivere la propria avventura umana, ma anche per il modo in cui ha
affrontato le ore del supremo transito dagli affanni della vita mortale “all’altra
riva” quella di Dio.
Il momento della propria
morte: quello delle scelte definitive, cioè della “crisi” finale, che fa paura
a tutti. Giovanni della Croce sul letto di morte, ai suoi confratelli che gli
leggevano le preghiere dei moribondi, chiese qualcosa di più “allegro”: domandò
espressamente qualche versetto del Cantico dei Cantici, un bellissimo e
travolgente poema d’amore dell’Antico Testamento (che lui ben conosceva). Non
andava forse incontro all’Amore?
Allora ci voleva qualcosa
di più appropriato. Dopo la lettura Giovanni finì il cammino terreno pregando
le parole “Nelle tue mani, Signore, affido, il mio spirito”. Cioè nelle mani di
Dio Amore, per il quale era vissuto, aveva lavorato e sofferto, per quel Dio
che lui aveva amato, predicato e cantato. Alcuni anni prima aveva scritto la
poesia “Rompi la tela ormai al dolce incontro”. Ecco che cosa era la morte per
lui: un “dolce incontro” con Dio Amore. Aveva 49 anni tutti spesi per Dio.
Numerosi sono i
riconoscimenti avuti dai posteri. Prima cosa, e non è poco, è un Santo. Ma non
solo: è Dottore della Chiesa (Dottore Mistico), cioè Maestro riconosciuto nelle
cose di Dio. È un grande maestro di spiritualità valido ancora oggi. Ha anche
il merito di essere stato un valido collaboratore di Teresa d’Avila (anch’essa
Santa e Dottore della Chiesa) nella Riforma Carmelitana. Ma non basta. Per le
sue poesie si è guadagnato un posto nella letteratura spagnola. È stato
riconosciuto come “il più santo dei poeti spagnoli, e il più poeta dei Santi”.
Giovanni nacque a
Fontiveros non lontano da Avila nel 1542 in una famiglia ricca di amore ma
povera di mezzi materiali. È interessante notare il perché di tutto questo. Il
padre, Gonzalo de Yepes, apparteneva ad una nobile e ricca famiglia di Toledo.
Nei suoi viaggi d’affari incontrò Caterina, una tessitrice, orfana, povera e
bella. Innamoratosi di lei, la sposò, per amore e contro la dura volontà dei
parenti, ricchi, che per questo lo diseredarono. Gonzalo così diventò
poverissimo, tanto che è Caterina stessa ad accoglierlo nella sua casetta, e ad
insegnargli il mestiere di tessitore. Il loro matrimonio d’amore fu allietato
dalla nascita di tre figli.
L’amore tra loro era
grande, ma anche la povertà. Giovanni, il terzogenito, rimase presto orfano:
Caterina dopo aver ricevuto uno sdegnoso rifiuto di aiuto dai parenti del
marito, cercò lavoro a Medina del Campo, importante centro commerciale. Qui
Giovanni fece i suoi primi studi e nello stesso tempo accettò di fare dei
piccoli lavori: fu così apprendista sarto, falegname, intagliatore e pittore.
Fece anche l’infermiere, sempre amorevole con i malati: in questo modo si
pagava gli studi che contemporaneamente faceva nel collegio dei Gesuiti.
Terminati brillantemente questi, nel 1563 entrò nell’Ordine Carmelitano: era ormai
Fra Giovanni di San Mattia.
L’incontro con Teresa
Proprio per la sua
intelligenza e la serietà di vita, i superiori lo inviarono a Salamanca, nella
famosa Università. Qui Giovanni non solo crebbe nella conoscenza della
filosofia e teologia, ma intensificò anche la propria vita spirituale, fatta di
preghiera, di lunghe ore di contemplazione davanti al tabernacolo e di ascesi
pratica. Si sentiva portato alla vita contemplativa ed è per questo che stava meditando
di cambiare Ordine ed entrare tra i Certosini.
Ma poco prima di essere
ordinato sacerdote, ecco l’incontro provvidenziale con una affascinante monaca
carmelitana di nome Teresa di Gesù, di quasi trent’anni più di lui. Questa era
una donna dalla forte personalità arrivata ormai alla piena maturità
spirituale. Vi era giunta attraverso un lungo travaglio vocazionale e
spirituale e proprio in quegli anni stava lavorando con successo alla riforma
delle Carmelitane. In quel periodo stava anche pensando di estendere la riforma
al ramo maschile dell’Ordine. Questo era molto importante per Teresa, perché
gli uomini potevano legare la contemplazione del mistero di Dio alla missione.
Potevano lavorare cioè non solo alla propria santificazione nel chiuso del convento
ma anche per quella degli altri. Teresa espose a Giovanni il proprio progetto
di riforma e gli chiese nello stesso tempo di soprassedere alla decisione di
cambiare ordine. E questi accettò.
Nel 1568, Teresa
finalmente riuscì a fondare il primo convento maschile, a Duruelo, presso
Avila. Giovanni (che da questo momento si chiamerà Giovanni della Croce)
iniziava così una forma di vita religiosa, condividendo con Teresa l’ideale di
riforma della vita carmelitana. Anzi fu lei stessa a cucirgli il primo saio di
lana grezza. Nascevano così i Carmelitani Scalzi.
In prigione a pane e
acqua
Nel 1572, Teresa venne
nominata priora del grande convento di Avila (non riformato), con 130 monache,
alcune delle quali erano poco sante e molto turbolente. E volle accanto a sé
per la loro rieducazione spirituale proprio Giovanni della Croce: confessore e
direttore spirituale delle monache. I risultati spirituali furono brillanti
grazie all’opera congiunta dei due santi riformatori. Ma nello stesso tempo,
erano cresciuti anche i rancori e l’opposizione di alcuni carmelitani non
riformati. C’era chi con il diavolo, molto interessato al naufragio del
progetto, remava contro questa riforma. E ben presto si fecero sentire.
Duramente e dolorosamente. Per un tragico intreccio fatto di incomprensioni, di
giochi di potere, di dispute sulla giurisdizione religiosa, di ambizioni
personali mascherate da argomenti teologici e difficoltà di comunicazione
(lettere in ritardo).
Ma mentre Teresa (che
aveva protettori molto in alto, addirittura in Filippo II) non venne toccata,
la cattiveria umana si scatenò contro il povero Giovanni. Per ordine superiore,
sotto l’accusa di essere un frate ribelle e disobbediente, fu arrestato e
incarcerato in un convento a Toledo. Gli lasciarono in mano solo il
breviario. Fu maltrattato, umiliato e segregato in un’angusta prigione, con
poca luce e molto freddo. Nove mesi di prigione: a pane e acqua (e qualche
sardina), con una sola tonaca che gli marciva addosso, con il supplemento di
sofferenza (flagellazione) ogni venerdì nel refettorio davanti a tutti.
Divorato dalla fame e dai
pidocchi, consumato dalla febbre e dalla debolezza, dimenticato da
tutti. Ma non da Teresa (che protestò vigorosamente anche in alto, ma
invano) e tanto meno da Dio. Sì Dio non solo non lo aveva dimenticato, anzi era
sempre stato con lui, con la sua grazia. Giovanni sapeva che anche nella notte
della prigione Dio era nel suo cuore, presentissimo in ogni istante.
E il miracolo avvenne. In
una situazione che per molti versi e per molte persone poteva essere di
collasso psico fisico e di naufragio spirituale, Giovanni della Croce (possiamo
immaginare per un “input” dall’alto) compose, con materiale biblico, le più
calde e trascinanti poesie d’amore, ricche di sentimenti, di immagini e di
simboli. Vivendo in Dio e di Dio anche in quelle circostanze, egli attingeva
così a Lui, fonte perenne di ogni novità e creatività, “anche se attorno era
notte”.
Maestro di vita
spirituale
Alla vigilia dell’Assunta
del 1578, fuggì coraggiosamente dal carcere, rischiando seriamente la vita,
qualora fosse stato preso.
Le sofferenze inaudite di
9 mesi di carcere non furono vane. Infatti, due anni dopo, i Carmelitani Scalzi
ottennero il riconoscimento da Roma, che significava autonomia. Giovanni della
Croce era finalmente libero di espletare il suo ministero con tutte le sue
qualità di cui era dotato, influendo positivamente tutti: confratelli e monache
Carmelitane (e molti laici) che lo conobbero o che lo ebbero come superiore o
come confessore e direttore spirituale, negli anni seguenti fino alla morte.
Fu inviato anche al sud
della Spagna, in Andalusia, dove il clima, la natura, l’assenza di contrasti e
il successo della riforma di Teresa di Gesù (e sua) gli diedero il tempo e
l’ispirazione per comporre la maggior parte delle opere di spiritualità, tanto
da farne uno dei grandi maestri nella Chiesa.
Tra i suoi scritti
ricordiamo, oltre il già citato Cantico Spirituale in poesia, la Salita al
Monte Carmelo e la Notte Oscura. Pur avendo una solida formazione filosofica e
teologica (il che lo aiutava certamente), ciò che Giovanni ha scritto non è
tanto il risultato di sistematiche ricerche in biblioteca quanto il frutto
della propria esperienza ascetica e spirituale.
Due tappe per crescere
È stato ed è un maestro
di mistica perché fu lui stesso, nelle vicende gioiose e tristi della sua vita,
un mistico. La fatica della salita del monte del Signore e la notte oscura
delle difficoltà spirituali in questa aspra ascesa Giovanni le conosceva per
esperienza. Ora, da essa arricchito e maturato, la proponeva agli altri, a noi.
Per Giovanni della Croce
l’uomo è essenzialmente un essere in cammino, in perenne ricerca: di Dio
naturalmente, essendo stato fatto da Lui e per Lui. Questo ritorno verso Dio
egli lo immagina come la salita di una montagna, il Monte Carmelo, che
rappresenta simbolicamente la vetta mistica, cioè Dio stesso nel suo amore e
nella sua gloria. Per arrivare alla meta che è l’unione d’amore trasformante
con Dio (o santità cristiana) l’uomo deve affrontare con coraggio e pazienza le
due fasi o tappe, della educazione dei sensi (notte dei sensi) e del
rinnovamento del proprio spirito (notte dello spirito) ambedue esperienze
misteriose e dolorose di spoliazione interiore.
Con la notte dei sensi
(attraverso un duro ed esigente impegno ascetico) l’anima si libera
dall’attaccamento disordinato catturante e spiritualmente paralizzante delle
cose sensibili, dal modo di giudicare e di scegliere basati sul proprio egoismo
e sul proprio interesse immediato, sull’utilitarismo quotidiano nei rapporti
interpersonali, sulle comodità di ogni genere e sull’abbondanza superba e
gaudente. L’uomo dei sensi e quello totalmente prigioniero di un’unica
prospettiva, quella terrena, difficilmente capirà le esigenze di Dio e del
Vangelo.
Con la notte dello
spirito invece ci si affranca dalle false certezze e dai falsi assoluti della
propria intelligenza, affidandosi così totalmente e liberamente a Dio,
attraverso l’esercizio delle virtù teologali, quali la fede e la speranza in
Cristo, e la carità verso Dio e il prossimo. Si tratta del passaggio doloroso e
lungo tanto che può durare tutta la vita dall’uomo “vecchio” all’uomo “nuovo”,
da quello “terreno” a quello “spirituale”, da quello mosso dall’egoismo (la
carne) a quello sospinto e motivato dallo Spirito, di cui parla San Paolo: un morire
per rinascere in Cristo.
Farsi nulla per Dio per
essere tutto in Lui
Giovanni della Croce
parla di rinunce, di lasciare tutto, di nulla (quali sono le cose rispetto a
Dio), di salita, di notte oscura, tutta una terminologia che caratterizza la
vita spirituale secondo lui come un lavoro (di auto correzione e autocontrollo
nelle proprie azioni e decisioni), un impegno serio, una fatica dura, una
ascesi costosa, graduale e continua... che non si può realizzare dall’oggi al
domani. Giovanni della Croce non comprende (e scoraggia) quelli che “scalpitano
tanto... che vorrebbero essere santi in un giorno”. Non è possibile. Allora
come oggi. Egli afferma che se l’anima vuole il Tutto (Dio), deve impegnarsi a
lasciare tutto e a voler essere niente:
“Per giungere dove non
sei, devi passare per dove non sei. Per giungere a possedere tutto, non volere
possedere niente. Per giungere ad essere tutto, non volere che essere niente”.
Naturalmente per Giovanni
la parola più importante in questo discorso spirituale non è rinuncia ma amore.
Per lui non si tratta tanto di lasciare o rinunciare a qualcosa ma di amare
Qualcuno. Egli invita a lasciare amori piccoli per un amore più grande anzi per
l’Amore Totale che è Dio Trinità. Amore è la parola decisiva: amore di Dio per
noi, amore della creatura per Dio, visto come risposta alla nostra ricerca di
amore, fino a consumarsi nel Dio Amore (unione sponsale o mistica). E Giovanni
della Croce si è consumato nell’amore per Dio Amore fino alla fine che arrivò
il 14 dicembre 1591 in Andalusia, a Ubeda.
Ad una monaca che gli
aveva scritto accennando alle difficoltà che egli aveva sofferto rispose:
“Non pensi ad altro se
non che tutto è disposto da Dio. E dove non c’è amore, metta amore e ne
riceverà amore”.
Un consiglio decisamente
valido ancora oggi, per tutti.
Autore: Mario Scudu
sdb
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/25600
Placa
que recuerda a San Juan de la Cruz en el lugar donde estuvo preso, en los
restos del convento del Carmen. Toledo, España.
BENEDETTO XVI
UDIENZA GENERALE
San Giovanni della Croce
Cari fratelli e sorelle,
due
settimane fa ho presentato la figura della grande mistica spagnola
Teresa di Gesù. Oggi vorrei parlare di un altro importante Santo di quelle
terre, amico spirituale di santa Teresa, riformatore, insieme a lei, della
famiglia religiosa carmelitana: san Giovanni della Croce, proclamato Dottore
della Chiesa dal Papa Pio XI, nel 1926, e soprannominato nella tradizione Doctor
mysticus, “Dottore mistico”.
Giovanni della Croce
nacque nel 1542 nel piccolo villaggio di Fontiveros, vicino ad Avila, nella
Vecchia Castiglia, da Gonzalo de Yepes e Catalina Alvarez. La famiglia era
poverissima, perché il padre, di nobile origine toledana, era stato cacciato di
casa e diseredato per aver sposato Catalina, un'umile tessitrice di seta.
Orfano di padre in tenera età, Giovanni, a nove anni, si trasferì, con la madre
e il fratello Francisco, a Medina del Campo, vicino a Valladolid, centro
commerciale e culturale. Qui frequentò il Colegio de los Doctrinos,
svolgendo anche alcuni umili lavori per le suore della chiesa-convento della
Maddalena. Successivamente, date le sue qualità umane e i suoi risultati negli
studi, venne ammesso prima come infermiere nell'Ospedale della Concezione, poi
nel Collegio dei Gesuiti, appena fondato a Medina del Campo: qui Giovanni entrò
diciottenne e studiò per tre anni scienze umane, retorica e lingue classiche.
Alla fine della formazione, egli aveva ben chiara la propria vocazione: la vita
religiosa e, tra i tanti ordini presenti a Medina, si sentì chiamato al
Carmelo.
Nell’estate del 1563
iniziò il noviziato presso i Carmelitani della città, assumendo il nome
religioso di Giovanni di San Mattia. L’anno seguente venne destinato alla
prestigiosa Università di Salamanca, dove studiò per un triennio arti e
filosofia. Nel 1567 fu ordinato sacerdote e ritornò a Medina del Campo per
celebrare la sua Prima Messa circondato dall'affetto dei famigliari. Proprio
qui avvenne il primo incontro tra Giovanni e Teresa di Gesù. L’incontro fu
decisivo per entrambi: Teresa gli espose il suo piano di riforma del Carmelo
anche nel ramo maschile dell'Ordine e propose a Giovanni di aderirvi “per
maggior gloria di Dio”; il giovane sacerdote fu affascinato dalle idee di
Teresa, tanto da diventare un grande sostenitore del progetto. I due lavorarono
insieme alcuni mesi, condividendo ideali e proposte per inaugurare al più
presto possibile la prima casa di Carmelitani Scalzi: l’apertura avvenne il 28
dicembre 1568 a Duruelo, luogo solitario della provincia di Avila. Con Giovanni
formavano questa prima comunità maschile riformata altri tre compagni. Nel rinnovare
la loro professione religiosa secondo la Regola primitiva, i quattro adottarono
un nuovo nome: Giovanni si chiamò allora “della Croce”, come sarà poi
universalmente conosciuto. Alla fine del 1572, su richiesta di santa Teresa,
divenne confessore e vicario del monastero dell’Incarnazione di Avila, dove la
Santa era priora. Furono anni di stretta collaborazione e amicizia spirituale,
che arricchì entrambi. Α quel periodo risalgono anche le più importanti opere
teresiane e i primi scritti di Giovanni.
L’adesione alla riforma
carmelitana non fu facile e costò a Giovanni anche gravi sofferenze. L’episodio
più traumatico fu, nel 1577, il suo rapimento e la sua incarcerazione nel
convento dei Carmelitani dell'Antica Osservanza di Toledo, a seguito di una ingiusta
accusa. Il Santo rimase imprigionato per mesi, sottoposto a privazioni e
costrizioni fisiche e morali. Qui compose, insieme ad altre poesie, il
celebre Cantico spirituale. Finalmente, nella notte tra il 16 e il 17
agosto 1578, riuscì a fuggire in modo avventuroso, riparandosi nel monastero
delle Carmelitane Scalze della città. Santa Teresa e i compagni riformati
celebrarono con immensa gioia la sua liberazione e, dopo un breve tempo di
recupero delle forze, Giovanni fu destinato in Andalusia, dove trascorse dieci
anni in vari conventi, specialmente a Granada. Assunse incarichi sempre più
importanti nell'Ordine, fino a diventare Vicario Provinciale, e completò la
stesura dei suoi trattati spirituali. Tornò poi nella sua terra natale, come
membro del governo generale della famiglia religiosa teresiana, che godeva
ormai di piena autonomia giuridica. Abitò nel Carmelo di Segovia, svolgendo
l'ufficio di superiore di quella comunità. Nel 1591 fu sollevato da ogni
responsabilità e destinato alla nuova Provincia religiosa del Messico. Mentre
si preparava per il lungo viaggio con altri dieci compagni, si ritirò in un
convento solitario vicino a Jaén, dove si ammalò gravemente. Giovanni affrontò
con esemplare serenità e pazienza enormi sofferenze. Morì nella notte tra il 13
e il 14 dicembre 1591, mentre i confratelli recitavano l'Ufficio mattutino. Si
congedò da essi dicendo: “Oggi vado a cantare l'Ufficio in cielo”. I suoi resti
mortali furono traslati a Segovia. Venne beatificato da Clemente X nel 1675 e
canonizzato da Benedetto XIII nel 1726.
Giovanni è considerato
uno dei più importanti poeti lirici della letteratura spagnola. Le opere
maggiori sono quattro: Ascesa al Monte Carmelo, Notte oscura, Cantico
spirituale e Fiamma d'amor viva.
Nel Cantico
spirituale, san Giovanni presenta il cammino di purificazione dell’anima, e
cioè il progressivo possesso gioioso di Dio, finché l’anima perviene a sentire
che ama Dio con lo stesso amore con cui è amata da Lui. La Fiamma d'amor
viva prosegue in questa prospettiva, descrivendo più in dettaglio lo stato
di unione trasformante con Dio. Il paragone utilizzato da Giovanni è sempre
quello del fuoco: come il fuoco quanto più arde e consuma il legno, tanto più
si fa incandescente fino a diventare fiamma, così lo Spirito Santo, che durante
la notte oscura purifica e “pulisce” l'anima, col tempo la illumina e la scalda
come se fosse una fiamma. La vita dell'anima è una continua festa dello Spirito
Santo, che lascia intravedere la gloria dell'unione con Dio nell'eternità.
L’Ascesa al Monte
Carmelo presenta l'itinerario spirituale dal punto di vista della
purificazione progressiva dell'anima, necessaria per scalare la vetta della
perfezione cristiana, simboleggiata dalla cima del Monte Carmelo. Tale
purificazione è proposta come un cammino che l’uomo intraprende, collaborando
con l'azione divina, per liberare l'anima da ogni attaccamento o affetto
contrario alla volontà di Dio. La purificazione, che per giungere all'unione
d’amore con Dio dev’essere totale, inizia da quella della vita dei sensi e
prosegue con quella che si ottiene per mezzo delle tre virtù teologali: fede,
speranza e carità, che purificano l'intenzione, la memoria e la volontà.
La Notte oscura descrive l'aspetto “passivo”, ossia l'intervento di
Dio in questo processo di “purificazione” dell'anima. Lo sforzo umano,
infatti, è incapace da solo di arrivare fino alle radici profonde delle
inclinazioni e delle abitudini cattive della persona: le può solo frenare, ma
non sradicarle completamente. Per farlo, è necessaria l’azione speciale di Dio
che purifica radicalmente lo spirito e lo dispone all'unione d'amore con Lui.
San Giovanni definisce “passiva” tale purificazione, proprio perché, pur
accettata dall'anima, è realizzata dall’azione misteriosa dello Spirito Santo
che, come fiamma di fuoco, consuma ogni impurità. In questo stato, l’anima è
sottoposta ad ogni genere di prove, come se si trovasse in una notte oscura.
Queste indicazioni sulle
opere principali del Santo ci aiutano ad avvicinarci ai punti salienti della
sua vasta e profonda dottrina mistica, il cui scopo è descrivere un cammino
sicuro per giungere alla santità, lo stato di perfezione cui Dio chiama tutti
noi. Secondo Giovanni della Croce, tutto quello che esiste, creato da Dio, è
buono. Attraverso le creature, noi possiamo pervenire alla scoperta di Colui
che in esse ha lasciato una traccia di sé. La fede, comunque, è l’unica fonte
donata all'uomo per conoscere Dio così come Egli è in se stesso, come Dio Uno e
Trino. Tutto quello che Dio voleva comunicare all'uomo, lo ha detto in Gesù
Cristo, la sua Parola fatta carne. Gesù Cristo è l’unica e definitiva via al
Padre (cfr Gv 14,6). Qualsiasi cosa creata è nulla in confronto a Dio
e nulla vale al di fuori di Lui: di conseguenza, per giungere all'amore
perfetto di Dio, ogni altro amore deve conformarsi in Cristo all’amore divino.
Da qui deriva l'insistenza di san Giovanni della Croce sulla necessità della
purificazione e dello svuotamento interiore per trasformarsi in Dio, che è la
meta unica della perfezione. Questa “purificazione” non consiste nella semplice
mancanza fisica delle cose o del loro uso; quello che rende l'anima pura e
libera, invece, è eliminare ogni dipendenza disordinata dalle cose. Tutto va
collocato in Dio come centro e fine della vita. Il lungo e faticoso processo di
purificazione esige certo lo sforzo personale, ma il vero protagonista è Dio:
tutto quello che l'uomo può fare è “disporsi”, essere aperto all'azione divina
e non porle ostacoli. Vivendo le virtù teologali, l’uomo si eleva e dà valore al
proprio impegno. Il ritmo di crescita della fede, della speranza e della carità
va di pari passo con l’opera di purificazione e con la progressiva unione con
Dio fino a trasformarsi in Lui. Quando si giunge a questa meta, l'anima si
immerge nella stessa vita trinitaria, così che san Giovanni afferma che essa
giunge ad amare Dio con il medesimo amore con cui Egli la ama, perché la ama
nello Spirito Santo. Ecco perché il Dottore Mistico sostiene che non esiste
vera unione d’amore con Dio se non culmina nell’unione trinitaria. In questo
stato supremo l'anima santa conosce tutto in Dio e non deve più passare
attraverso le creature per arrivare a Lui. L’anima si sente ormai inondata
dall'amore divino e si rallegra completamente in esso.
Cari fratelli e sorelle,
alla fine rimane la questione: questo santo con la sua alta mistica, con questo
arduo cammino verso la cima della perfezione ha da dire qualcosa anche a noi,
al cristiano normale che vive nelle circostanze di questa vita di oggi, o è un
esempio, un modello solo per poche anime elette che possono realmente
intraprendere questa via della purificazione, dell'ascesa mistica? Per trovare
la risposta dobbiamo innanzitutto tenere presente che la vita di san Giovanni
della Croce non è stata un “volare sulle nuvole mistiche”, ma è stata una vita
molto dura, molto pratica e concreta, sia da riformatore dell'ordine, dove
incontrò tante opposizioni, sia da superiore provinciale, sia nel carcere dei
suoi confratelli, dove era esposto a insulti incredibili e a maltrattamenti
fisici. E’ stata una vita dura, ma proprio nei mesi passati in carcere egli ha
scritto una delle sue opere più belle. E così possiamo capire che il cammino
con Cristo, l'andare con Cristo, “la Via”, non è un peso aggiunto al già
sufficientemente duro fardello della nostra vita, non è qualcosa che renderebbe
ancora più pesante questo fardello, ma è una cosa del tutto diversa, è una
luce, una forza, che ci aiuta a portare questo fardello. Se un uomo reca in sé
un grande amore, questo amore gli dà quasi ali, e sopporta più facilmente tutte
le molestie della vita, perché porta in sé questa grande luce; questa è la
fede: essere amato da Dio e lasciarsi amare da Dio in Cristo Gesù. Questo
lasciarsi amare è la luce che ci aiuta a portare il fardello di ogni giorno. E
la santità non è un'opera nostra, molto difficile, ma è proprio questa
“apertura”: aprire e finestre della nostra anima perché la luce di Dio possa
entrare, non dimenticare Dio perché proprio nell'apertura alla sua luce si
trova forza, si trova la gioia dei redenti. Preghiamo il Signore perché ci
aiuti a trovare questa santità, lasciarsi amare da Dio, che è la vocazione di
noi tutti e la vera redenzione. Grazie.
Saluti:
Je salue cordialement les
pèlerins francophones, en particulier les jeunes et les formateurs du séminaire
de Bayonne, accompagnés de leur Évêque, Monseigneur Marc Aillet! Recueillant le
message de saint Jean de la Croix, je vous invite à approfondir votre vie
chrétienne et à expérimenter les vertus théologales, source d’une vraie
transformation de vos vies et d’une progressive union avec Dieu. Avec ma
Bénédiction!
I extend a warm welcome
to all the English-speaking pilgrims and visitors, especially those students
from Saint Benedict’s School, Saint Aloysius College, Saint Patrick’s Grammar
School, and students and parishioners from the United States. Upon you all, I
invoke God’s blessings of joy and peace!
Sehr herzlich heiße ich
alle Brüder und Schwestern deutscher Sprache willkommen, besonders die Pilger
aus der Diözese Eisenstadt in Begleitung von Bischof Ägidius Zsifkovics. Der
heilige Johannes vom Kreuz lädt uns ein, unser ganzes Dasein mit allen Freuden
und Mühsalen im Licht des Herrn zu sehen und mit ihm den Aufstieg zum wahren
Leben in Gott zu wagen. Lassen wir uns also von der Liebe Christi formen, damit
Er in uns und durch uns wirkt. Die Heiligkeit ist kein Privileg weniger,
sondern Berufung und Geschenk eines jeden Christen. Gottes Gnade führe euch auf
allen euren Wegen.
Saludo cordialmente a los
fieles de lengua española. En particular, a las Esclavas del Sagrado Corazón de
Jesús, así como a los peregrinos de España, México y otros países
latinoamericanos. Siguiendo las enseñanzas de san Juan de la Cruz, os exhorto a
que recorráis el camino hacia la santidad, a la que el Señor os ha llamado con
el bautismo, abriendo vuestro corazón al amor de Dios y dejándoos transformar y
purificar por su gracia. Muchas gracias.
Amados peregrinos de
língua portuguesa: a todos saúdo cordialmente e recordo, com São João da Cruz,
que a santidade não é privilégio de poucos, mas vocação a qual todo cristão é
chamado. Por isso, exorto-vos a entrardes de modo sempre mais decidido no
caminho de purificação do coração e da vida, para irdes ao encontro de Cristo.
Somente nele jaz a verdadeira felicidade. Ide em paz!
Saluto in lingua ceca:
Srdečně vítám skupinu kněží a mladých ministrantů z Prahy a okolí, kteří na své pouti do Říma prosí Pána o nová kněžská povolání.
Rád žehnám vám i vašim drahým!
Chvála Kristu!
Traduzione italiana:
Un cordiale benvenuto al gruppo di Sacerdoti e di giovani ministranti, di Praga e dintorni, che sono venuti in pellegrinaggio a Roma a pregare il Signore per le nuove vocazioni sacerdotali!
Volentieri benedico voi e i vostri cari!
Sia lodato Gesù Cristo!
Saluto in lingua polacca:
Z serdecznym
pozdrowieniem zwracam się do Polaków. Św. Jan od Krzyża uczy, że nasze życie
jest drogą ku spotkaniu z Chrystusem. Wszystkie nasze radości i troski, całe
nasze istnienie powinniśmy widzieć w Jego świetle, otwierając serce na
działanie Jego łaski, abyśmy byli coraz bardziej z Nim zjednoczeni. Świętość
nie jest przywilejem nielicznych, ale powołaniem każdego chrześcijanina. Na tej
drodze niech Bóg wam błogosławi.
Traduzione italiana:
Con un cordiale saluto mi
rivolgo ai polacchi. San Giovanni della Croce insegna che tutta la nostra vita
è un cammino verso l’incontro con Cristo. Dobbiamo vedere nella sua luce tutte
le nostre gioie e preoccupazioni, tutta la nostra esistenza, aprendo i cuori
all’azione della sua grazia, affinché siamo sempre più uniti a Lui. La santità
non è privilegio di pochi, ma è la vocazione di ogni cristiano. In questo
cammino Dio vi benedica.
* * *
Rivolgo un cordiale
benvenuto ai pellegrini di lingua italiana. In particolare, saluto i
partecipanti al Capitolo generale dei Chierici Mariani dell’Immacolata
Concezione della Beata Vergine Maria, augurando di continuare con generosità il
servizio a Cristo e alla Chiesa, seguendo fedelmente la via tracciata dal
venerato Fondatore. Saluto con affetto le Missionarie della Carità e le
ringrazio per la gioiosa testimonianza cristiana che rendono nei diversi
Continenti, sulle orme della loro indimenticabile Fondatrice la beata Teresa di
Calcutta. Saluto i coordinatori regionali dell’Apostolato del mare, in
occasione del convegno promosso dal Pontificio Consiglio della Pastorale per i
Migranti e gli Itineranti e li incoraggio a individuare adeguate risposte
pastorali ai problemi dei marittimi e delle loro famiglie. Saluto i rappresentanti
della Banca di Viterbo Credito Cooperativo ed auspico che il centenario di
fondazione dell’Istituto susciti sempre maggiore impegno a servizio degli
autentici bisogni sociali.
Il mio pensiero va,
infine, ai giovani, ai malati e agli sposi novelli. Voi, cari giovani, fate
spazio nel vostro cuore a Gesù e diffondete la sua gioia e la sua pace. Voi,
cari malati, offrite al Signore i vostri momenti di prova perché si aprano le
porte dei cuori all'annuncio del Vangelo. E voi, cari sposi novelli, siate
sempre testimoni dell'amore di Cristo, che vi ha chiamati a realizzare un
comune progetto di vita.
© Copyright 2011 -
Libreria Editrice Vaticana
Copyright © Dicastero per
la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/it/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110216.html
Filippo Parodi, SS. Teresa, Giovanni della Croce e Angeli, 1680, Santi Vittore e Carlo, Genova
Giovanni della Croce
(1542-1591)
Beatificazione:
- 25 gennaio 1675
- Papa Clemente X
Canonizzazione:
- 27 dicembre 1726
- Papa Benedetto
XIII
- Basilica Vaticana
Ricorrenza:
- 14 dicembre
Sacerdote dell’Ordine dei
Carmelitani e dottore della Chiesa, che, su invito di santa Teresa di Gesù, fu
il primo tra i frati ad aggregarsi alla riforma dell’Ordine, da lui sostenuta
tra innumerevoli fatiche, opere e aspre tribolazioni. Come attestano i suoi
scritti, ascese attraverso la notte oscura dell’anima alla montagna di Dio,
cercando una vita di interiore nascondimento in Cristo e lasciandosi ardere
dalla fiamma dell’amore di Dio. A Ubeda in Spagna riposò, infine, nel Signore
“Per giungere dove non
sei, devi passare per dove non sei. Per giungere a possedere tutto, non volere
possedere niente. Per giungere ad essere tutto, non volere che essere niente”
Juan de Yepes Álvarez nacque
il 24 giugno 1542, figlio di una coppia poverissima della vecchia Castiglia,
vicino Avila – già al termine della formazione. Era diciottenne e usciva dal
Collegio dei Gesuiti di Medina del Campo, dove aveva studiato scienze umane,
retorica e lingue classiche: era il 1563.
Subito dopo avvenne
l’incontro con Teresa di Gesù che cambiò la vita ad entrambi. Giovanni la
conobbe da sacerdote e subito fu coinvolto e affascinato dal suo piano di
riforma del Carmelo, anche nel ramo maschile dell'Ordine. Lavorarono insieme
condividendo ideali e proposte e insieme inaugurarono la prima casa di
Carmelitani Scalzi, nel 1568 a Duruelo, nella provincia di Avila. Fu in quella
occasione che, formando insieme ad altri la prima comunità maschile
riformata, San Giovanni adottò il nuovo nome, “della Croce”, con il
quale sarà in seguito universalmente conosciuto.
Alla fine del 1572, su
richiesta di Santa Teresa, Giovanni della Croce divenne confessore e
vicario del monastero dell’Incarnazione di Avila, dove la Santa era priora. Ma
non tutto fu facile: l’adesione alla riforma comportò al Santo la
carcerazione per diversi mesi a seguito di accuse ingiuste. Riuscito a scappare
in modo avventuroso, grazie all’aiuto di Santa Teresa, dopo aver recuperato le
forze iniziò un lungo cammino di incarichi, fino alla morte in seguito ad una
lunga malattia e a sofferenze enormi.
San Giovanni si congedò
dai confratelli mentre recitavano l’Ufficio mattutino in un convento vicino a
Jaén, tra il 13 e il 14 dicembre 1591. Le sue ultime parole furono: “Oggi vado
a cantare l'Ufficio in cielo”. Le sue spoglie furono traslate a Segovia. San
Giovanni della Croce venne beatificato da Papa Clemente X nel 1675 e
canonizzato da Papa Benedetto XIII nel 1726.
San Giovanni della
Croce ebbe una vita molto dura, accettò persecuzioni e sofferenze sia
nella sua attività riformatrice sia nel periodo del carcere, eppure fu proprio
nei momenti più difficili che diede alla luce le sue opere più belle. Benedetto
XVI ne ha parlato come di “uno dei più importanti poeti lirici della
letteratura spagnola” indicando lo scopo della sua vasta e profonda dottrina
nel “descrivere un cammino sicuro per giungere alla santità, lo stato di
perfezione cui Dio chiama tutti noi”.
Questo cammino, il
Santo spagnolo lo immaginava come la salita ad una montagna lungo la quale
l’uomo deve affrontare con coraggio e pazienza una “purificazione” profonda dei
sensi e dello spirito. Non si tratta di semplice privazione fisica delle cose o
del loro uso; quello che rende l'anima pura e libera, invece, è eliminare ogni
dipendenza disordinata dalle cose e collocare tutto in Dio come centro e fine
della vita. Il grande mistico e teologo spagnolo affermava che se l’anima vuole
il Tutto (Dio), deve impegnarsi a lasciare tutto e a voler essere niente.
Una delle sue frasi più
celebri a questo proposito è: “Per giungere dove non sei, devi passare per dove
non sei. Per giungere a possedere tutto, non volere possedere niente. Per
giungere ad essere tutto, non volere che essere niente” [Para venir a lo que no
eres, has de ir por donde no eres. Para venir a poseerlo todo, no quieras poseer
algo en nada. Para venir a serlo todo, no quieras ser algo en nada].
Naturalmente per San Giovanni non si trattava tanto di rinunciare a qualcosa,
ma di amare Qualcuno.
SOURCE : https://www.causesanti.va/it/santi-e-beati/giovanni-della-croce.html
Karmeliterkloster
mit Kirche Hl. Familie und Pfeilerbildstock vor der Kirche, Johannesaltar
Den hellige Johannes av
Korset (1542-1591)
Minnedag:
14. desember
Skytshelgen for
kontemplative, mystikere og spanske poeter; for kontemplativt liv og mystisk
teologi
Han var den yngste av de
tre sønnene til Gonzalo de Yepes og Catalina Álvarez. Hans far var utstøtt fra
sin adelige silkehandlerfamilie i Toledo på grunn av sitt ekteskap med den
borgerlige veverdatteren Catalina (Katarina), og han måtte tjene til livets opphold
som silkevever. Det er mulig at han var av jødisk opphav.
KARMELITT: Johannes
av Korset var en spansk karmelittmunk.
Da faren døde av en
langvarig sykdom før Johannes var ett år gammel, sto moren alene med tre barn.
De gjennomgikk en periode med harde prøvelser hvor de led under kulde og sult,
og en av brødrene, Luis, døde. Familien flyttet til Medina del Campo for at
moren skulle finne arbeid. Der ble Johannes sendt på en katekismeskole for
fattige, og der fikk han mat og klær og lærte å skrive og lese.
Bilde
Det var meningen at
Johannes skulle bli håndverker som faren. Som 14-åring ble han etter tur
lærling hos en tømmermann, treskulptør og trykker, men han viste små evner i
håndverksfag. Som 15-åring ble han heller pleieassistent på et sykehus utenfor
i Medina del Campo. Det var populært kjent som Hospital de las Bubas. Bubo eller buba på
spansk betyr sår eller svulst, og det var et sykehus for mennesker med
kjønnsykdommer. Der viste han iver, flid og nestekjærlighet, og han utviklet en
kjærlighet til de syke og en evne til å påta seg de simpleste og mest
ubehagelige oppgaver. Han vasket og renset og bandasjerte pasienter under de
mest frastøtende forhold. Han sang populære sanger for dem og fikk dem til å
le. Hans direkte og ærlige holdninger til mennesker, religiøse og verdslige,
rike og fattige, menn og kvinner, understrekes gjentatte ganger i hans
biografier.
Administratoren på
sykehuset var imponert over hans flid og hans intellektuelle kapasitet, så da
Johannes var 17 år, sendte han ham til stedets jesuittseminar og tilbød ham å
bli kapellan på sykehuset hvis han ble prest. Han studerte filosofi, latin og
gresk mellom 1559 og 1563. Allerede i denne unge alder behandlet han sitt
legeme med ytterste strenghet, og to ganger ble han reddet fra den sikre død
ved inngripen av den hellige Jomfru Maria. Han
var nysgjerrig på sitt fremtidige liv, og da ble han i bønn fortalt at han
skulle tjene Gud i en orden, som han skulle føre tilbake til sin gamle
perfeksjon.
Om kvelden den 24.
februar 1563 banket 21-årige Johannes på porten til karmelittklosteret Santa
Ana i Medina og ba om å få tre inn i karmelittordenen (Ordo Fratrum Beatae
Mariae Virginis de Monte Carmelo – OCarm). Han ble akseptert, og året
etter avla han løftene og tok navnet Johannes av St. Mattias (Juan de
Santo Matía). Etter novisiatet ble han sendt til teologi- og filosofistudier i
Salamanca, som da var det mest fremtredende senteret for teologi i Spania, og
der studerte han fra 1564 til 1567. En av hans lærere var bibelforskeren og
poeten Fray Luis de León.
Johannes arbeidet hardt,
lærte alt han kunne og levde et nøysomt og asketisk liv. Han søkte om og fikk
tillatelse til å følge den opprinnelige karmelittregelen, uten de lettelsene
som var godkjent av ulike paver og antatt i alle klostre. Han var ikke populær
blant sine medstudenter, som klagde over at han alltid hang over bøkene og at
han irettesatte dem for upassende samtaler eller oppførsel. Han ønsket å bli
legbror, men det ble avslått, og i 1567 ble han presteviet. Han leste sin
første messe i hjembyen Medina del Campo i nærvær av sin mor, slik som skikken
var.
På denne tiden var Spania
velstående og hadde et stort imperium, og de monastiske reglene i mange klostre
var blitt svært avslappede. Johannes overveide å forlate karmelittordenen og gå
over til de strengere karteuserne, da han så med mistro på utviklingen og
utglidningen i sin egen orden. Da han var hjemme i Medina for å feire sin
første messe, sørget prioren for karmelittklosteret, Antonio de Heredia, for at
han ble kjent med den hellige mystikeren og karmelitten Teresa av Ávila.
Hun hadde flere år tidligere reagert på samme måte, og i 1562 hadde hun begynt
sitt reformarbeid i karmelittordenen. Hun arbeidet med støtte fra kong Filip II
(1556-98) for at ordenen skulle vende tilbake til askesen i den opprinnelige
karmelittregelen fra 1200-tallet.
Hennes reformerte
(«barføtte») søstre i Ávila, som levde i streng fattigdom og disiplin, var
blitt godkjent av karmelittenes ordensgeneral i 1567. Hun hadde fått tillatelse
til å opprette flere reformerte klostre for søstre og to hus for brødre, og nå
var hun på jakt etter mannlige medhjelpere. Prior Antonio de Heredia, som var
rundt 60 år gammel, oppga med glede verdigheten av sitt embete for reformens
skyld, og Johannes gikk med på å bli i ordenen og slutte seg til ham. Dermed
oppsto de reformerte (barfot-) karmelittene (Ordo Fratrum Discalceatorum
Beatae Virginis de Monte Carmelo – OCD). Teresa sa at hun hadde «halvannen
ordensbror», muligens en referanse til Johannes' unge alder sammenlignet med
Antonio, eller kanskje heller hans lille skikkelse – han var mellom 1,51 og
1,56 m høy.
Etter enda et år med
teologistudier i Salamanca grunnla Johannes den 28. november 1568 sammen med
fire andre, blant dem Antonio, det første av den mannlige ordensgrenens
reformerte hus i Duruelo, rundt 8 km fra Ávila. Han tok navnet Johannes av
Korset (Juan de la Cruz) og arbeidet iherdig for å utbre reformen.
Hans mor og hans bror Francisco, som kan ha vært mentalt handikappet, kom for å
stelle huset for brødrene. De levde i ytterste fattigdom, og det første
klosteret besto ikke av stort annet enn ett rom. Teresa grunnla snart et nytt
munkekloster i Pastrana og et tredje i Mancera, hvor hun overflyttet
kommuniteten fra Duruelo, og i 1570 et fjerde i Alcalá. I 1571 ble Johannes
rektor på skolen i Alcalá som var knyttet til universitetet.
Etter å ha smakt de
første gledene ved kontemplasjon, fant Johannes at han nå var fratatt all
merkbar hengivenhet. Denne åndelige tørken ble fulgt av indre sjelekvaler,
skrupler og en avsmak for åndelige øvelser, og mens djevelen angrep ham med
voldsomme fristelser, syntes han at Gud hadde forlatt ham. Men i roen som
fulgte ble han rikt lønnet for sin utholdenhet, med guddommelig kjærlighet og
nytt lys. Han brukte sine erfaringer i stort monn i sitt pastorale arbeid, i
sin undervisning og i sine bøker.
I 1571 ble Teresa tvunget
til å bli priorinne for det ureformerte Inkarnasjonsklosteret i Ávila, og hun
sendte bud på Johannes for å være søstrenes åndelige veileder og skriftefar.
Dette embetet hadde han mellom 1572 og 1577. Han ble også mye oppsøkt av
legfolk. Forholdet mellom Teresa og Johannes var svært nært, og det blir sagt
at hun sydde hans første drakt med sine egne hender. Men forholdet var ikke
ømt, for den energiske, praktiske Teresa ønsket å få ting gjort, mens Johannes
var rent kontemplativ og vag når det gjaldt detaljer. Men som hennes
skriftefar, til tross for sin unge alder og sin lille skikkelse, nølte han ikke
med å utøve sin prestelige myndighet over henne. Hun fant ham ofte gjenstridig
og trangsynt, men hun satte pris på hans spiritualitet og kvaliteten av hans
veiledning. Hun kalte ham en hellig prest, og sukket: «Med pater Johannes kan
man ikke tale om Gud. Han faller da straks i henrykkelse og smitter alle
nærværende til ekstase».
Men Johannes møtte sterk
motstand fra de ureformerte karmelittene, som så på reformen som et opprør mot
ordenen til tross for at Teresa hadde fått tillatelse fra ordensledelsen. De
kalte ham en «ulydig og oppsetsig munk» og Teresa en «hardnakket, urolig
kvinne». På den andre siden var noen av barfot-karmelittene temmelig taktløse
og gikk ut over sine fullmakter. Mens Teresa var under kong Filip IIs
beskyttelse, var ikke Johannes det. De ureformerte appellerte til karmelittenes
ordensgeneral, som sendte Fray Jerónimo Tostado til Spania med full autoritet
til å ta seg av reformbevegelsen. Johannes ble tatt og fengslet av ordenen i
Medina i 1575-76, og han ble satt fri først etter instruksjon fra den pavelige
nuntius. Men han døde, og hans etterfølger støttet Tostado.
Etter et generalkapittel
for karmelittordenen i Piacenza, som avviste reformen og nektet å gi de
reformerte husene uavhengighet, ga provinsialen i Castilla i 1577 Johannes
ordre om å vende tilbake til sitt opprinnelige kloster i Medina. Han nektet på
grunn av at han innehadde sitt embete fra den pavelige nuntius og ikke fra
ordenen. Da ble det sendt bevæpnede menn som den 3. desember 1577 brøt opp
døren hans og fraktet ham bort. De visste hvor høyt folket i Ávila satte ham,
så etter ordre fra karmelittenes ordensgeneral tok de ham med til det
ureformerte karmelittklosteret i Toledo, hvor han ble fengslet i enecelle
ettersom han nektet å oppgi reformen.
I fengselet ble Johannes
satt i en celle på 2x3 m nesten uten lys, og han fikk en brutal og
nedverdigende behandling. Dette er godt dokumentert, for etter hans død kom det
flere vitnemål fra brødre og søstre som kjente ham godt, om behandlingen han
fikk i fengselet. Disse avviker i detaljene, som øyenvitneskildringer har en
tendens til, men de generelle omstendighetene er klare nok. Han tilbrakte det
meste av tiden i mørke, og han kunne lese tidebønnene bare i den korte tiden en
strime med dagslys kom inn gjennom den 2-3 tommer brede gluggen høyt oppe på
veggen, og selv da måtte han stå på en stein eller en benk for å få lys nok.
Han fikk ikke lese eller skrive og ble forbudt å lese messe eller å
kommunisere. Cellen var iskald om vinteren og kokende varm om sommeren, og han
ble der i 8 ½ måned.
I det meste av tiden
snakket han ikke med noen bortsett fra sin fangevokter og medbror, som
behandlet ham med hat og bakvaskelser. Han var utsultet og befengt av utøy og
ble utsatt for harde forhør. Han ble også brutalt pisket offentlig i kapitlet
tre ganger i uken, etter ordre fra Jerónimo Tostado, generalvikar for
karmelittene i Spania og rådgiver for inkvisisjonen, for å få ham til å skifte
mening og forlate de reformerte karmelittene. Han bar merkene resten av livet,
og med sin sarte helse var han døden nær. Han ble fortalt løgner om at Teresa
også var i fengsel og at han ville dø i sin celle, og han var redd for å bli
forgiftet. Først i de siste ukene hans i fengsel fikk han penn og papir og et
vokslys av en vennligere fangevokter. Det verste av alt var hans frykt for at
det når alt kom til alt var feil å ikke lystre sine overordnede i ordenen og at
han sto i fare for å tape sin udødelige sjel.
Men det var under disse
forholdene av press og forsakelse at Johannes utviklet dyp åndelig innsikt, og
det var i sitt fengsel han skrev sine første dikt, etter at han hadde fått penn
og papir. I august 1578, en gang i oktaven for Marias opptakelse (15. august),
bestemte han seg for å prøve å flykte, og han unnslapp på en nesten mirakuløs
måte. Han hadde klart å løsne låsen på døren og rev to matter i strimler og
lagde et tau. Om natten skrudde han av låsen på døren og krøp ut forbi vakten.
Han tok bare med seg de mystiske diktene han hadde skrevet, og klatret ut av et
vindu ved hjelp av et tau. Han havnet imidlertid inne i klausuren til noen
fransiskanersøstre, men da han forvirret påkalte Jomfru Maria om hjelp, fant
han en vei ut eller over muren. Han hadde ingen anelse om hvor han var, men han
fulgte etter en hund til bymuren og elva Tagus nedenfor, nær ved Alcántara-broen.
Da han sjanglet gjennom de trange gatene, barføtt og utslitt, trodde folk han
var full og ropte etter ham, men han fant veien til klosteret for
barfotkarmelittsøstrene, som akkurat var kommet ut av kapellet.
Ved gitteret ba han om å
få treffe priorinnen. Nonnen som åpnet da han banket på, Isabel de San
Jerónimo, sa i sin forklaring senere at han syntes å være på dødens rand. Da
priorinnen kom, skjønte hun at han var nær et sammenbrudd og i stor fare, så
hun tilkalte to nonner til og ba dem åpne de tre låsene som stengte døren. Selv
om dette under normale omstendigheter var et grovt brudd på regelen, hadde hun
den unnskyldningen at en syk nonne trengte å skrifte. Nonnene pleide ham,
forbandt hans sår og ga ham stuede pærer med kanel, som var alt han kunne
spise.
Da de ureformerte
karmelittbrødrene og politiet kom og lette etter Johannes, nektet priorinnen å
la dem komme inn. De ransaket kirken og den ytre delen av huset, med de turde
ikke å krenke klausuren. Etter at de hadde gått, gikk Johannes inn i kirken og
begynte å diktere sine dikt. Noen hadde han i en liten notatbok han hadde med
fra fengselet, mens andre bare var i hans hode. Moder Magdalena av Den Hellige
Ånd fra klosteret i Beas, hvor Johannes var skriftefar i nåen år etter sin
flukt, skrev en beretning om hans liv hvor hun sier at hun så notatboken.
Johannes etterlot den hos henne for å få laget en kopi, men noen tok den fra
hennes celle. Hun husket at den inneholdt den første delen av hans «Romanse»
basert på prologen til Johannesevangeliet, noen skisser til et annet dikt med
omkvedet Aunque es de noche («Selv om det er natt») og deler av «Den
åndelige høysang», som er løst basert på Salomos høysang. Andre sa at den
inneholdt hans parafrase over Salme 137, «Ved Babylons floder». Johannes kunne
mye av Bibelen utenat, og det synes sannsynlig at det han klarte å fullføre i
fengselet, i hovedsak var basert på bibelske kilder.
Om morgenen tok Don Pedro
González de Mendoza, en kannik i katedralen og medlem av en berømt familie som
var vennligsinnet overfor reformkarmelittene, Johannes under sin beskyttelse.
Da han var trygt borte fra Toledo og hadde kommet seg, ble han senere i 1578
sendt til det reformerte klosteret i Beas de Segura og deretter til det
avsidesliggende klosteret Monte Calvario i nærheten som skriftefar for de
reformerte karmelittsøstrene. Der fortsatte han å skrive poesi en tid. Da han
ble spurt hvordan han begynte å skrive dikt, svarte han enkelt: «Noen ganger ga
Gud meg ordene, og noen ganger lette jeg etter dem».
Men splittelsen mellom de
reformerte og ureformerte karmelitter ble endelig bilagt, og paven godkjente at
de reformerte karmelittene opprettet en egen provins i 1580, selv om de ikke
fikk full uavhengighet som en egen orden før i 1593. Nå kunne Johannes vende
tilbake, og i de følgende årene hadde han flere høye embeter i den reformerte
grenen av ordenen. Han skydde administrativt ansvar, men aksepterte det som sin
plikt. I 1579 ble han rektor for kollegiet i Baëza i Sør-Spania og hadde
embetet i tre år. I 1581 ble han prior for prior i Los Mártires nær Granada og
assisterende generalvikar for barfot-karmelittene. Samtidig ble han kjent som
sjelesørger og åndelig veileder. Han levde svært enkelt og tok på seg de
simpleste oppgavene som et eksempel for andre, men han bar pliktenes tunge
byrde. Det meste av tiden brukte han på å etablere nye klostre, på å undervise
og på pastoral omsorg for sine brødre og søstre.
Johannes nølte aldri hvis
en av hans munker trengte noe. En gang led en munk av forferdelige
kvalmeanfall. Johannes spurte legen om det fantes noe som kunne helbrede ham,
men legen hadde bare en kostbar medisin som bare kunne lindre, men ikke
helbrede. Johannes kjøpte straks medisinen og ga den selv til den syke mannen.
Helt i begynnelsen da Johannes var prior i Baëza, ble kommuniteten angrepet av
en ondartet influensaepidemi. Johannes første handling dom prior var å kjøpe
inn kjøtt. Han serverte det selv til de syke, og han beroliget alle hvis
samvittighet var opprørt ved tanken på å spise kjøtt. Han forlenget deres rekreasjonsstunder
og underholdt dem med både muntre historier og åndelige refleksjoner, men han
unnskyldte sin lettsindighet med at han ønsket å lindre deres lidelser.
Johannes av Korsets
hovedverk er tre dikt med tilhørende kommentarer: Noche obscura del Alma («Sjelens
mørke natt»), «Den åndelige høysang» og «Kjærlighetens levende flamme» med enda
en kommentar til det første av dem: «Bestigningen av Karmelberget» (Subida
al Monte Carmelo). Dette er ypperlige mesterverk i spansk litteratur samtidig
som de inneholder en grundig fremstilling av katolsk mystisisme. Alle hans
skrifter er oversatt til flere språk. I sine verk beskriver han den åndelige
prosess frem til den fullkomne, kjærlighetsfylte mystiske tilstand av forening
med Gud. De ulike stadiene på denne veien blir fremstilt omhyggelig og med
intens innlevelse. Når det gjelder mystikkens teologi, er Johannes av Korset
blitt stående som en av de aller mest innflytelsesrike i den vestlige kristne
tradisjon.
Johannes var ikke nøye
med dokumentasjon, og mye av det han sa, ble ivrig skrevet ned av hans brødre
og søstre og sirkulerte i håndskrevne kopier, med uunngåelige feil og
endringer. De nærmeste vi kommer en endelig tekst, er samlingen foretatt av
Sanlúcar de Barrameda i 1586 eller 1587. Den ble gjennomlest av Johannes, som
skrev notater med bitte små gnidrete bokstaver.
I 1582 døde Teresa av
Ávila, og Johannes måtte fortsette arbeidet alene. I samme år ble han prior i
Los Mártires ved Granada. Der valgte han selv det verste rommet i den eldste
delen av klosteret. Foruten plankene han sov på, inneholdt cellen bare et
trekors, et bilde av Kristus, en bibel og et breviar. Men cellen hadde også et
lite vindu ut mot hagen, og foran det sto han ofte i bønn. Pater Louis de
Sainte-Ange fant ham ofte der mens han beundret blomstene i hagen om natten og
stjernene på himmelen om natten.
Johannes elsket naturens
skjønnhet og tok ofte brødrene sine med ut på landet, enten for å be blant
klippene og i skogene eller for en avveksling å arbeide på markene, eller
ganske enkelt for å gå en tur. Til en munk som spurte hvorfor han sendte dem ut
så ofte, svarte han: «Jeg er redd for at dere kommer til å ønske å rømme hvis
jeg holder dere innestengt i klosteret for lenge».
Johannes tok seg av sin
fromme mor ved å overlate henne i karmelittnonnenes varetekt. Katarina Álvarez
døde og ble gravlagt i karmelklosteret i Medina del Campo. Sammen med sin sønn
Francisco hadde hun helt fra begynnelsen hjulpet Johannes i hans reform av
karmelittklosteret i Duruelo og hjulpet ham til å restaurere ruinene av de
reformerte karmelittenes første kloster.
Men det oppsto også
uenighet i den reformerte ordensgrenen, og Johannes støttet den moderate fløyen
til provinsialprioren Hieronymus Gracián mot ekstremistenes Nikolas Doria, som
ville bryte fullstendig med de ureformerte karmelittene. Da de ytterliggående
vant makten og Doria ble provinsialprior, ble Johannes fratatt jobben som
prior, og fra 1585 var han provinsial i Andalucía. Der forsøkte han å utrydde
visse misforhold, spesielt de som kom fra nødvendigheten av at munkene dro ut
fra sine klostre for å preke. Johannes mente at deres kall og liv primært var
kontemplativt, og det ble opposisjon mot ham. Han grunnla flere klostre, og da
embetstiden som provinsial gikk ut, dro han tilbake og fra 1588 var han prior i
hovedklosteret i Segovia.
Nikolas Dorias politikk
viste seg så vellykket at et kapittel holdt i Madrid i 1588 fikk et brev fra
Den hellige Stol som autoriserte en videre splittelse mellom de reformerte og
ureformerte karmelittene. Til tross for protester ble den ærverdige Hieronymus
Gracián fratatt all autoritet, Nikolas Doria ble gjort til generalvikar og den
ene provinsen ble delt i seks, med en konsultor eller provinsialvikar for hver
(Johannes var en av dem) for å hjelpe ham i styringen av den nye
kongregasjonen. Denne nyskapningen forårsaket alvorlig misnøye, særlig blant
nonnene, og den ærverdige Anna av Jesus, som da var priorinne i Madrid, klarte
å oppnå et brev fra Den hellige Stol som bekreftet deres konstitusjon, uten
noen referanse til generalvikaren.
Det uunngåelige bråket
ble til slutt bilagt, men på et kapitel i pinsen 1591 forsvarte Johannes både
Hieronymus Gracián og nonnene. Doria hadde hele tiden mistenkt ham for å stå i
ledtog med dem, og han benyttet nå anledningen til å frata ham alle embeter og
gjøre ham til en alminnelig munk. Den store mystikeren ble sendt til den fjerne
kommuniteten La Peñuela i Andalucía, hvor han tilbrakte noen måneder blant
fjellene i meditasjon og bønn.
Men Johannes fikk ikke
fred. Da han hadde besøkt Sevilla som provinsialvikar, hadde han benyttet
anledningen til å begrense prekenaktiviteten til to brødre og bedt dem om å
vende tilbake til observansen av sin regel. De underkastet seg den gangen, men
irettesettelsen hadde etterlatt nag. Nå dro en av dem, pater Diégo, som hadde
blitt konsultor i kongregasjonen, omkring i hele provinsen og gjorde
undersøkelser om Johannes' liv og oppførsel. Han diktet opp anklager og skrøt
av at han hadde nok bevis til å få Johannes utvist av ordenen. Det ble til og med
lagt planer for å sende ham som misjonær til Mexico.
I mellomtiden ble
Johannes svært syk, og provinsialen beordret ham til å forlate La Peñuela. Han
fikk valget mellom å dra til Baëza eller klosteret i den andalusiske byen
Ubeda. Baëza var et bekvemt kloster hvor en venn av ham var prior, mens prioren
i Ubeda var pater Frans, den andre munken han hadde refset sammen med pater
Diégo. Johannes valgte klosteret Carmelitas Descalzos i Ubeda. Reisen
gjorde sykdommen verre og han fikk en betennelse i det ene benet. Han fikk
store byller på kroppen og led mye under datidens primitive kirurgiske inngrep.
I tillegg behandlet den uverdige prioren ham umenneskelig, forbød noen å se
ham, byttet ut sykepleieren fordi han behandlet den syke med kjærlighet og
nektet Johannes vanlig mat. Provinsialen gjorde hva han kunne for Johannes og
ga pater Frans en voldsom reprimande.
Etter å ha fått fred for
prioren, led Johannes under sykdommen i tre måneder. Antonio de Heredia, som nå
var en svært gammel mann, foretok reisen midt på vinteren for å treffe ham, og
han ble sjokkert over hans forsømte tilstand. Men Johannes var nesten hinsides
jordisk kontakt, og det var en anstrengelse for ham å snakke. Han døde
grytidlig om morgenen den 14. desember 1591, 49 år gammel, da koret begynte å
synge matutin. Straks bredte det seg en duft av roser i cellen, og til og med
prior Frans skjønte at Johannes hadde vært en hellig mann, og han ble brakt til
anger og bot for sin misgjerning. Johannes' begravelse ble en anledning for et
stort utbrudd av entusiasme, og mennesker strømmet til for å berøre hans legeme
med religiøse gjenstander.
Han ble gravlagt i et
hvelv under kirkegulvet hvor munkene må mandagen etter begravelsen så et stort
lys som brant i flere minutter. Da graven ble åpnet ni måneder etter
begravelsen, ble Johannes' legeme funnet intakt. Doña Ana de Penasola, som
ønsket Johannes' legeme flyttet til det huset hun hadde etablert for ham i
Segovia, fikk en rettslig kjennelse for at hun kunne flytte relikviene atten
måneder etter hans død. En av kongens tjenestemenn, Frans de Medina Zavallos,
ble sendt til Ubeda for å forhandle om translasjonen. Prioren lystret den
rettslige kjennelsen og ga Zavallos adgang til kirken om natten, og da de åpnet
graven, kjente de en søt lukt, og legemet ble funnet helt intakt. Prioren
nektet å la relikviene bli fjernet, for den offisielle ordren snakket om å
flytte «beina». En av fingrene ble skåret av slik at Doña Ana kunne se hvor
godt legemet var bevart, og blod strømmet da ut som fra en levende person.
Etter ni måneder ble
Zavallos igjen sendt til Ubeda. Graven ble igjen åpnet og legemet ble funnet
perfekt bevart under et lag med kalk som tidligere var lagt over det. Zavallos
la da Johannes' legeme i en veske og tok det med seg, men parfymen som strømmet
ut fra det påkalte nysgjerrigheten til folk langs veien, og han ble spurt om
hva vesken inneholdt. I Madrid plasserte karmelittene legemet i en kiste slik
at det kunne flyttes til Segovia på en mer passende måte. Da det kom frem, ble
det mottatt all ærbødighet og respekt og ble utstilt i åtte dager i kapellet,
hvor det ble besøkt av store menneskemengder. Bare en liten del av hans
relikvier ble igjen i Ubeda, og det kom til en viss strid om eiendomsretten til
dem.
Graven i klosteret Carmelitas
Descalzos ble åpnet og legemet grundig undersøkt i 1859 og igjen i 1909. I
1926 ble et imponerende monument bygd av marmor og bronse etter en nasjonal
innsamling og utført av de beste spanske kunstnerne. Da Johannes' legeme ble
flyttet til dette monumentet ble det igjen fremvist til de troende. Den siste
åpningen av graven skjedde i 1955 i anledning et besøk fra ordenens
provinsialgeneral. Legemet ble da funnet å være lett misfarget, men perfekt
mykt og bøyelig.
Først etter sin død ble
Johannes av Korset behørig anerkjent som medstifter av de reformerte (barfot-)
karmelittene. Johannes var en liten mann, men som dikter og mystiker er han en
kjempe. Han er en av de kristne mystikere som fortsatt øver sterkest
tiltrekningskraft. Over rommet hvor han døde reiser Oratoria de San Juan
de la Cruz seg som et minnesmerke.
Johannes av Korset ble
saligkåret den 21. april 1675 (dokumentet (Breve) var datert den 25. januar) av
pave Klemens X (1670-76), og hans levninger ble skrinlagt den 21. mai samme år.
Han ble helligkåret den 27. desember 1726 av pave Benedikt XIII (1724-30), og i
1738 ble han opptatt i den romerske kalender og hans fest lagt til 24.
november. Først fra 1969 har hans minnedag vært dødsdagen 14. desember.
Johannes av Korset ble utnevnt til kirkelærer den 24. august 1926 av pave Pius
XI (1922-39). Han har tittelen Doctor mysticus eller Doctor
extático. Hans navn står i Martyrologium Romanum.
Johannes av Korset
avbildes ofte som karmelitt i brun drakt, med skapular, hette og hvit kappe.
Han ses ofte med skrivefjær og bok foran et krusifiks, ofte i et himmelsk lys,
noen ganger med en ørn som holder en penn i nebbet. I flere spanske byer, som
Granada, Segovia og Valladolid, eksisterer fortsatt autentiske portretter av
Johannes av Korset, alle malt mens han levde. Salvador Dalis berømte bilde av
den korsfestede Kristus ble avledet fra en tegning av Johannes.
Et av de mest dyrebare
relikvier etter Johannes er en liten tegning laget med penn og blekk som var
inspirert av en visjon. Han ga den til en nonne ved Inkarnasjonsklosteret, som
heldigvis voktet den omhyggelig. Tegningen oppbevares i dag i et relikvar i det
samme klosteret.
Se en side med 7 bilder av Johannes.
Kilder: Attwater
(dk), Attwater/John, Attwater/Cumming, Farmer, Jones, Bentley, Lodi, Butler,
Butler (XII), Benedictines, Delaney, Bunson, Cruz (1), Cruz (2), Kværne/Vogt,
Engelhart, Schnitzler, Schauber/Schindler, Melchers, Gorys, Dammer/Adam, Index99,
KIR, CE, CSO, Patron Saints SQPN, Infocatho, Bautz, Heiligenlexikon,
carmelnet.org, Teresian Carmel in Austria - Kompilasjon og oversettelse:
p. Per Einar Odden -
Opprettet: 2000-05-07 23:48 - - Sist oppdatert: 2005-12-26 16:25
SOURCE : https://www.katolsk.no/biografier/historisk/jdeyepes
Arnold van Westerhout (1651–1725),
Portrait of John of the Cross, Page from Arnold van Westerhout's Vita
effigiata della serafica vergine S. Teresa di Gesu, fondatrice dell'Ordine
Carmelitano Scalzo, published in 1719 in Rome by Arnold van Westerhout. The
illustrations were made and engraved by Arnold van Westherhout. They depict
events in the life of Saint Teresa of Ávila. Getty Research Institute
Johannes van het Kruis (ook della
Croce, de la Croix, of the Cross, a Cruce, de la Cruz, vom
Kreuz, de Yepes) o.carm., Ubeda, provincie Jaén, Spanje; kloosterling
& mysticus; † 1591.
Feest 14 december.
Juan de Santa María de
Yepes werd op 24 juni 1542 geboren in het Spaanse plaatsje Fontiveros bij
Salamanca als zoon van een wever. Als jong volwassene ging hij zieken verplegen
in Medina del Campo en trad in 1563 in bij de karmelieten onder de naam
Johannes van St-Mattias. Zijn studies deed hij in Salamanca. Na een ontmoeting
in 1568 met Sint Theresia van Ávila († 1582; feest 15 oktober) was hij gegrepen
door haar ideaal en begon de mannelijke tak van de Karmel te hervormen, zoals
zij het deed bij de vrouwelijke: dat was het begin van de ongeschoeide
karmelieten (Carmelitas Descalzos). In 1574 kwam hij met Sint Theresia naar
Segovia en droeg hier de eerste mis op in het door haar gestichte klooster van
ongeschoeide karmelietessen.
Het eerste klooster voor
ongeschoeide Karmelieten stichtte hij in Duruelo en veranderde zijn naam in
Johannes van het Kruis. In 1586 stichtte hij buiten Segovia een mannenklooster
van ongeschoeide karmelieten en was hier van 1588 tot 1591 prior. Zijn pogingen
om de orde te hervormen stuitten op veel weerstand en onbegrip. In 1577 werd
hij zelfs in Toledo gevangen gezet. Hij was naast priester ook dichter,
mysticus en theoloog. Zijn mystieke werken 'La subida del Monte Carmelo' (= 'De
bestijging van de berg Karmel'), 'La noche oscura del alma' (= 'De donkere
nacht van de ziel') en 'La llama de amor' (= 'De vlam van de liefde'), vormen
hoogtepunten in de geschiedenis van de katholieke mystiek. Zijn theologisch
hoofdwerk was 'Cántico espiritual' (= 'Geestelijke lofzang'), een samenspraak
tussen de ziel en Christus, geïnspireerd op het Hooglied in de bijbel.
Al zijn werken zijn pas
na zijn dood gepubliceerd. Men zegt, dat medebroeders uit zijn klooster van de
ongeschoeide karmelieten bij zijn dood zijn ziel zagen opstijgen in de vorm van
een vurige aardbol.
Verering & Cultuur
Hij werd bijgezet in Segovia. Daar rust zijn lichaam tot op de dag van vandaag in een praalgraf.
In 1726 werd hij heilig verklaard. Paus Pius XI riep hem in 1926 uit tot kerkleraar met als eretitel 'doctor van de mystieken'.
Hij is patroon van Segovia; alsmede van mystici.
Hij wordt afgebeeld als karmeliet; geknield voor een kruisbeeld, omgeven door
lelietakken (symbool van zuiverheid); kijkend naar de lijdende Christus;
Christus (met kruis en vaak boven een altaar) onderhoudt zich met hem; boek in
de hand met de spreuk: 'Pati et contemni' (= Lijden en veracht worden'); met
adelaar met pen in de snavel.
[000»jrb; 000»posters:03:030; 111p:691; 122; 204p:138; 293p:240; 300p:271; 500;
Dries van den Akker s.j./2007.07.29]
© A. van den Akker
s.j. / A.W. Gerritsen
SOURCE : https://heiligen-3s.nl/heiligen/12/14/12-14-1591-johannes.php
BENEDICTO XVI
AUDIENCIA GENERAL
San Juan de la Cruz
Queridos hermanos y
hermanas:
Hace dos semanas presenté
la figura de la gran mística
española Teresa de Jesús. Hoy quiero hablar de otro importante santo de
aquellas tierras, amigo espiritual de santa Teresa, reformador, junto a ella,
de la familia religiosa carmelita: san Juan de la Cruz, proclamado doctor de la
Iglesia por el Papa Pío XI, en 1926, y llamado Doctor mysticus, «doctor
místico», en la tradición.
Juan de la Cruz nació en
1542 en el pequeño pueblo de Fontiveros, cerca de Ávila, en Castilla la Vieja,
de Gonzalo de Yepes y Catalina Álvarez. La familia era muy pobre, porque al
padre, de noble origen toledana, le habían echado de casa y desheredado por
haberse casado con Catalina, una humilde tejedora de seda. Huérfano de padre en
tierna edad, Juan, a los nueve años, se trasladó con su madre y su hermano
Francisco a Medina del Campo, cerca de Valladolid, centro comercial y cultural.
Allí frecuentó el Colegio de los Doctrinos, desempeñando también algunos
humildes trabajos para las hermanas de la iglesia-convento de la Magdalena.
Sucesivamente, dadas sus cualidades humanas y sus resultados en los estudios, fue
admitido primero como enfermero en el Hospital de la Concepción, después en el
Colegio de los Jesuitas que se acababa de fundar en Medina del Campo: aquí Juan
entró con dieciocho años y estudió durante tres años humanidades, retórica y
lenguas clásicas. Al final de la formación, tenía muy clara su vocación: la
vida religiosa, y entre las numerosas órdenes presentes en Medina se sintió
llamado al Carmelo.
En el verano de 1563
inició el noviciado en los Carmelitas de la ciudad, asumiendo el nombre
religioso de Juan de San Matías. Al año siguiente fue destinado a la
prestigiosa Universidad de Salamanca, donde estudió durante un trienio artes y
filosofía. En 1567 fue ordenado sacerdote y regresó a Medina del Campo para
celebrar su primera misa rodeado del afecto de sus familiares. Precisamente
aquí tuvo lugar el primer encuentro entre Juan y Teresa de Jesús. El encuentro
fue decisivo para ambos: Teresa le expuso su plan de reforma del Carmelo,
también en la rama masculina de la Orden, y propuso a Juan que se adhiriera
«para mayor gloria de Dios»; el joven sacerdote quedó fascinado por las ideas
de Teresa, tanto que se convirtió en un gran defensor del proyecto. Los dos
trabajaron juntos algunos meses, compartiendo ideales y propuestas para
inaugurar lo antes posible la primera casa de Carmelitas Descalzos: la apertura
tuvo lugar el 28 de diciembre de 1568 en Duruelo, un lugar solitario de la
provincia de Ávila. Formaban esta primera comunidad masculina reformada, junto
a Juan, otros tres compañeros. Al renovar su profesión religiosa según la Regla
primitiva, los cuatro adoptaron un nuevo nombre: Juan se llamó entonces «de la
Cruz», como será universalmente conocido más tarde. A finales de 1572, a
petición de santa Teresa, se convirtió en confesor y vicario del monasterio de
la Encarnación de Ávila, donde la santa era priora. Fueron años de estrecha
colaboración y amistad espiritual, que enriqueció a ambos. Asimismo, se
remontan a aquel período las obras teresianas más importantes y los primeros
escritos de Juan.
La adhesión a la reforma
del Carmelo no fue fácil y a Juan le costó también graves sufrimientos. El
episodio más traumático fue, en 1577, su secuestro y encarcelación en el
convento de los Carmelitas de la Antigua Observancia de Toledo, a causa de una
acusación injusta. El santo permaneció encarcelado durante meses, sometido a
privaciones y constricciones físicas y morales. Allí compuso, junto a otras
poesías, el célebre Cántico espiritual. Finalmente, en la noche entre el
16 y el 17 de agosto de 1578, logró escapar de modo aventurado, refugiándose en
el monasterio de las Carmelitas Descalzas de la ciudad. Santa Teresa y los
compañeros reformados celebraron con inmensa alegría su libertad y, después de
un breve tiempo de recuperación de las fuerzas, Juan fue destinado a Andalucía,
donde pasó diez años en varios conventos, especialmente en Granada. Asumió
cargos cada vez más importantes en la Orden, hasta llegar a ser vicario
provincial, y completó la redacción de sus tratados espirituales. Después
regresó a su tierra natal, como miembro del gobierno general de la familia
religiosa teresiana, que gozaba entonces de plena autonomía jurídica. Vivió en
el Carmelo de Segovia, donde fue superior de la comunidad. En 1591 fue eximido
de toda responsabilidad y destinado a la nueva provincia religiosa de México.
Mientras se preparaba para el largo viaje con otros diez compañeros, se retiró
a un convento solitario cerca de Jaén, donde enfermó gravemente. Juan afrontó
con ejemplar serenidad y paciencia enormes sufrimientos. Murió la noche del 13
y al 14 de diciembre de 1591, mientras los hermanos rezaban el Oficio matutino.
Se despidió de ellos diciendo: «Hoy voy a cantar el Oficio en el cielo». Sus
restos mortales fueron trasladados a Segovia. Fue beatificado por Clemente X en
1675 y canonizado por Benedicto XIII en 1726.
Juan está considerado
como uno de los poetas líricos más importantes de la literatura española. Sus
mayores obras son cuatro: Subida al Monte Carmelo, Noche oscura, Cántico
espiritual y Llama de amor viva.
En Cántico
espiritual, san Juan presenta el camino de purificación del alma, es decir, la
progresiva posesión gozosa de Dios, hasta que el alma llega a sentir que ama a
Dios con el mismo amor con el cual es amada por él. Llama de amor viva prosigue
en esta perspectiva, describiendo más detalladamente el estado de unión
transformador con Dios. La comparación que utiliza Juan siempre es la del
fuego: igual que el fuego, que cuanto más arde y consume la madera, más
incandescente se hace hasta convertirse en llama, así el Espíritu Santo, que
durante la noche oscura purifica y «limpia» el alma, con el tiempo la ilumina y
la calienta como si fuera una llama. La vida del alma es una continua fiesta
del Espíritu Santo, que deja entrever la gloria de la unión con Dios en la
eternidad.
Subida al Monte Carmelo presenta
el itinerario espiritual desde el punto de vista de la purificación progresiva
del alma, necesaria para escalar la cima de la perfección cristiana,
simbolizada por la cima del Monte Carmelo. Esta purificación se propone como un
camino que el hombre emprende, colaborando con la acción divina, para liberar
el alma de todo apego o afecto contrario a la voluntad de Dios. La
purificación, que para llegar a la unión de amor con Dios debe ser total,
comienza por la de la vida de los sentidos y prosigue con la que se obtiene por
medio de las tres virtudes teologales: fe, esperanza y caridad, que purifican
la intención, la memoria y la voluntad. Noche oscura describe el
aspecto «pasivo», o sea la intervención de Dios en el proceso de «purificación»
del alma. De hecho, el esfuerzo humano por sí solo es incapaz de llegar a las
raíces profundas de las inclinaciones y de las malas costumbres de la persona:
sólo las puede frenar, pero no extirparlas completamente. Para hacerlo, es
necesaria la acción especial de Dios que purifica radicalmente el espíritu y lo
dispone a la unión de amor con él. San Juan define «pasiva» esa purificación,
precisamente porque aunque es aceptada por el alma, la realiza la acción
misteriosa del Espíritu Santo que, como llama de fuego, consume toda impureza.
En este estado, el alma está sometida a todo tipo de pruebas, como si se
encontrara en una noche oscura.
Estas indicaciones sobre
las obras principales del santo nos ayudan a acercarnos a los puntos más
destacados de su vasta y profunda doctrina mística, cuyo objetivo es describir
un camino seguro para alcanzar la santidad, el estado de perfección al cual
Dios nos llama a todos. Según Juan de la Cruz, todo lo que existe, creado por
Dios, es bueno. A través de sus criaturas, nosotros podemos descubrir a aquel
que en ellas ha dejado una huella de sí mismo. La fe, en cualquier caso, es la
única fuente que se le da al hombre para conocer a Dios tal como es en sí
mismo, como Dios uno y trino. Todo lo que Dios quería comunicar al hombre lo ha
dicho en Jesucristo, su Palabra hecha carne. Él es el único y definitivo camino
al Padre (cf. Jn 14, 6). Cualquier cosa creada no es nada en
comparación con Dios y nada vale fuera de él: en consecuencia, para alcanzar el
amor perfecto de Dios, cualquier otro amor debe conformarse en Cristo al amor
divino. De aquí deriva la insistencia de san Juan de la Cruz en la necesidad de
la purificación y del vaciamiento interior para transformarse en Dios, que es
la meta única de la perfección. Esta «purificación» no consiste en la simple
carencia física de las cosas o de su uso; lo que hace al alma pura y libre, en
cambio, es eliminar toda dependencia desordenada de las cosas. Hay que situar
todo en Dios como centro y fin de la vida. El largo y fatigoso proceso de
purificación exige el esfuerzo personal, pero el verdadero protagonista es
Dios: todo lo que el hombre puede hacer es «estar dispuesto», estar abierto a
la acción divina y no ponerle obstáculos. Viviendo las virtudes teologales, el
hombre se eleva y da valor al propio compromiso. El ritmo de crecimiento de la
fe, de la esperanza y de la caridad va al paso con la obra de purificación y
con la progresiva unión con Dios hasta transformarse en él. Cuando se llega a
esta meta, el alma se sumerge en la misma vida trinitaria, de modo que san Juan
afirma que llega a amar a Dios con el mismo amor con el que él la ama, porque
la ama en el Espíritu Santo. Por este motivo el doctor místico sostiene que no
existe verdadera unión de amor con Dios si no culmina en la unión trinitaria.
En este estado supremo al alma santa conoce todo en Dios y ya no debe pasar a
través de las criaturas para llegar a él. El alma se siente entonces inundada
por el amor divino y se alegra completamente en él.
Queridos hermanos y
hermanas, al final queda la pregunta: este santo, con su alta mística, con este
arduo camino hacia la cima de la perfección, ¿tiene algo que decirnos también a
nosotros, al cristiano normal que vive en las circunstancias de esta vida de
hoy, o es un ejemplo, un modelo sólo para pocas almas elegidas que pueden
realmente emprender este camino de la purificación, de la subida mística? Para
encontrar la respuesta debemos ante todo tener presente que la vida de san Juan
de la Cruz no fue un «volar en nubes místicas», sino que fue una vida muy dura,
muy práctica y concreta, tanto como reformador de la Orden, donde encontró
muchas oposiciones, como superior provincial, como en la cárcel de sus
hermanos, donde estaba expuesto a insultos increíbles y a maltratos físicos.
Fue una vida dura, pero precisamente en los meses pasados en la cárcel escribió
una de sus obras más hermosas. Y así podemos entender que el camino con Cristo,
ir con Cristo, «el Camino», no es un peso añadido al ya suficientemente duro
fardo de nuestra vida, no es algo que haga más pesado esta carga, sino que es
una cosa totalmente distinta, es una luz, una fuerza, que nos ayuda a llevar
este peso. Si un hombre lleva dentro de sí un gran amor, este amor le da casi
alas, y soporta más fácilmente todas las molestias de la vida, porque lleva en
sí esta gran luz; esta es la fe: ser amado por Dios y dejarse amar por Dios en
Jesucristo. Este dejarse amar es la luz que nos ayuda a llevar el peso de cada
día. Y la santidad no es una obra nuestra, muy difícil, sino precisamente esta
«apertura»: abrir las ventanas de nuestra alma para que la luz de Dios pueda
entrar; no olvidar a Dios porque precisamente en la apertura a su luz se
encuentra fuerza, se encuentra la alegría de los redimidos. Oremos al Señor
para que nos ayude a encontrar esta santidad, dejarse amar por Dios, que es la
vocación de todos y la verdadera redención. Gracias.
Saludos
Saludo cordialmente a los
fieles de lengua española. En particular, a las Esclavas del Sagrado Corazón de
Jesús, así como a los peregrinos de España, México y otros países
latinoamericanos. Siguiendo las enseñanzas de san Juan de la Cruz, os exhorto a
que recorráis el camino hacia la santidad, a la que el Señor os ha llamado con
el bautismo, abriendo vuestro corazón al amor de Dios y dejándoos transformar y
purificar por su gracia. Muchas gracias.
Copyright © Dicastero per
la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/es/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110216.html
Attributed
to Agustín del Castillo (1590–1631),
Crucificado con San Juan de la Cruz, circa 1617, 195 x 130.5, Museum of Fine Arts of Córdoba. La
obra muestra a Cristo crucificado junto a un fraile carmelita que
podría ser San Juan de la Cruz
San Juan de la Cruz
Juan de la Cruz, San. Fontiveros
(Ávila), 1542 – Úbeda (Jaén), 14.XII.1591. Carmelita descalzo (OCD), escritor
místico, poeta, doctor de la Iglesia católica, reformador de los carmelitas y
fundador de los carmelitas descalzos, santo.
Juan de Yepes Álvarez
nació en el seno de una familia pobre y humilde de origen toledano. El padre,
Gonzalo Yepes, falleció a los tres años del nacimiento de Juan, dejando a su
esposa, Catalina Álvarez, con tres niños: Francisco, mayor que Juan, y Luis, el
menor, que murió a los pocos años. La familia apenas disponía de lo necesario
para sobrevivir trabajando en un elemental telar de buratos. Catalina Álvarez
buscó ayuda entre los parientes del difunto marido, trasladándose con sus hijos
a los lugares toledanos de origen (Torrijos, Gálvez), pero no halló el apoyo
esperado, por lo que al cabo de año y medio regresó a Fontiveros. Allí moría
Luis, el menor de los hijos, en fecha desconocida. En busca de solución para
sacar adelante a los otros dos, emigró a otros pueblos del contorno,
estableciéndose a partir de 1548 en Arévalo (Ávila). Tampoco encontró allí
salida para la extrema pobreza que atenazaba a la familia. No mejoró la
situación al contraer matrimonio Francisco Yepes, el mayor de los hermanos, con
Ana Izquierdo, también de familia humilde.
Cuando Juan rondaba los
diez años, la familia realizó el intento definitivo para remediar la emergencia
crónica que venía arrastrando. Se trasladó en 1551 a Medina del Campo, donde
existían mayores posibilidades no sólo económicas, sino también para la formación
de Juan. Efectivamente, al poco tiempo de instalarse la familia en Medina, éste
era admitido en el Colegio de los Doctrinos, anejo al convento de la Magdalena.
Junto con otros compañeros del mismo centro, Juan tenía que asistir a los
servicios religiosos de la iglesia y de la casa y recoger limosnas para el
monasterio; éste, por su parte, le procuraba alojo, alimentación, estudios
elementales, especialmente la catequesis, y la posibilidad de ejercitarse en
algunos oficios manuales, para los cuales el joven demostró poca inclinación y
actitudes limitadas.
La permanencia en el
Colegio de los Doctrinos le abrió las puertas de otra institución más
importante, la del Hospital de la Concepción, o de las bubas, uno de los
catorce que funcionaban en la ciudad. Acogido en aquel centro como enfermero y
recadero, tuvo oportunidad de conocer mejor los ambientes educativos y
culturales de Medina y ampliar los estudios.
Uno de los más
prestigiosos era el Colegio de la Compañía de Jesús, inaugurado como filial del
de Salamanca hacía pocos años, coincidiendo casi con la llegada de Juan a la
ciudad. Alcanzó pronto tal prestigio que dos años después, en 1553, el colegio
tuvo que trasladarse a un edificio nuevo. No es posible fijar con exactitud la
fecha en que Juan de Yepes inició sus cursos en aquel centro educativo, pero es
seguro que fue antes de 1559. Lo frecuentó hasta mediados de 1563, recibiendo
en él la formación humanística, dominada por la Retórica, las Artes y materias
de Filosofía. Entre sus maestros más renombrados se recuerda al gran pedagogo y
humanista Juan Bonifacio.
Cuando Juan contaba
veintiún años, interrumpió inopinadamente sus estudios para abrazar la vida
religiosa en los carmelitas de Medina. Ingresó en el convento de Santa Ana,
inaugurado hacía tres años, a mediados de 1563. Al vestir el hábito religioso,
cambió el apellido de familia por el religioso y comenzó a llamársele Juan
de Santo Matía. Un año más tarde, y superada la prueba del noviciado, en
fecha desconocida, emitió su profesión en la Orden del Carmen.
Arrancar su biografía del
marco religioso en el que vivió y trasladarla a otras situaciones incompatibles
con ese contexto inmediato equivale a desenfocar la figura y la obra del
excelso poeta. Pocos meses después de emitir sus votos religiosos, fray Juan
fue destinado con otros compañeros a Salamanca para seguir cursos en aquella
famosa Universidad. Se matriculó como artista los cursos correspondientes a los
años 1564-1567 y como teólogo el curso de 1567-1568.
Completaba así los
estudios realizados en Medina del Campo. No es posible individualizar con
exactitud el nombre de los profesores que dieron clase al joven religioso, pero
coincidió con un momento de ilustres y renombrados catedráticos. Lo cierto es
que siguió los cursos regulares durante los cuatro años de permanencia en
Salamanca. Residía en el colegio de la Orden, bajo el patronato de San Andrés.
En él, fue nombrado durante algún tiempo “prefecto de los estudiantes”, pero no
es seguro que en aquel centro completase los estudios cursados en la
Universidad.
Antes de abandonar
Salamanca, durante el curso de 1566-1567, recibió la ordenación sacerdotal,
cuya fecha exacta es también desconocida.
El proceso normal de su
vida como religioso y sacerdote implicaba la culminación de sus estudios de Teología.
Por decisión propia se
modificó radicalmente el plan previsto con anterioridad por él y por sus
superiores.
Antes de inscribirse para
el último curso salmantino 1567-1568, tenía madurada una decisión que iba a
cambiar el curso de su existencia. Pensaba dejar la Orden del Carmen y pasarse
a la Cartuja. Durante las vacaciones veraniegas de 1567 se trasladó a Medina
del Campo para cantar su primera misa en presencia de la madre y demás
familiares. Coincidió allí con santa Teresa, que ultimaba trámites y detalles
para su segunda fundación femenina, la que seguía a la de San José de Ávila.
Habían llegado a oídos de la fundadora noticias de aquel joven religioso y
manifestó ardientes deseos de entrevistarse con él. Fue un encuentro
trascendental para ambos.
Ella consiguió atraerle a
su proyecto de reformar la rama masculina de la Orden, para lo que necesitaba
religiosos decididos a secundar sus planes e ideas.
Juan se ofreció con una
precisa condición: que no se demorase la realización del proyecto; de lo contrario,
él cumpliría su propósito de ingresar en la Cartuja. Las prisas de fray Juan no
tenían plazo fijo, sólo que “fuese luego”. Estaba dispuesto a esperar un tiempo
razonable. Los dos protagonistas se comprendieron y compenetraron. Un año les
pareció plazo aceptable. Juan de Santo Matía lo aprovechó para cursar el primer
año de Teología (1567-1568) en Salamanca.
La madre Teresa cumplió
su promesa de activar la inauguración de la primera comunidad de carmelitas
observantes o reformados. Ambos volvieron a encontrarse durante el verano de
1568, esta vez en Valladolid, donde la fundadora preparaba un nuevo monasterio
para sus monjas. Durante un mes estudiaron el proyecto de reforma, discutieron
puntos de vista y ultimaron detalles. La fundadora reconocía en carta a su
amigo Francisco de Salcedo (6 de julio de 1568) que no siempre coincidían en la
visión de las cosas, que fray Juan mantenía con fuerza ciertas ideas, hasta el
punto de que “me he enojado con él a ratos”. Pese a todo, para ella era la
persona ideal para llevar a cabo lo proyectado.
Así fue realmente. Pasado
el verano de 1568, fray Juan se desplazó a Ávila para reunir las cosas más
necesarias y desde allí trasladarse a Duruelo (Ávila), donde estaba enclavado
el caserío o cabaña, que debería acoger a la primera comunidad masculina de la
proyectada reforma. Juan de Santo Matía se esforzó por adaptar la casa lo mejor
posible durante los meses de octubre y noviembre. La fundación, compuesta por
fray Juan y tres compañeros, se inauguraba oficialmente el 28 de noviembre de
1568. Al renovar su profesión religiosa, según la nueva fórmula, Juan de Yepes
cambió otra vez su nombre por el que es universalmente conocido: Juan de la
Cruz. La soledad del lugar, la pobreza extrema y la austeridad de vida
implantada asustaron a la madre Teresa cuando pasó por allí meses más tarde
(cuaresma de 1569) camino de Salamanca (Fundaciones, cap. 14). Mejoraron
las condiciones al trasladarse la comunidad en junio de 1570 a una casita más
capaz en Mancera de Abajo (Salamanca), donde Juan comenzó a formar a los nuevos
candidatos como maestro de novicios.
No había cumplido un año
en Mancera cuando regresaba al ambiente universitario. En la primavera de 1571
se le nombraba rector del primer colegio fundado por la incipiente reforma
carmelitana en Alcalá de Henares con el título de San Cirilo. Además de
organizar y dirigir el colegio, tuvo que desplazarse en más de una ocasión a
Pastrana (Guadalajara) para hacer otro tanto con el noviciado que allí
funcionaba desde hacía algo más de dos años. Su presencia y actuación en Alcalá
impactó a muchos estudiantes de la célebre Universidad que solicitaron ingresar
en la reforma teresiana.
Poco más de un año duró
la estancia en Alcalá. En la primavera de 1572 regresaba fray Juan a su tierra
abulense. La madre Teresa deseaba tenerlo a su lado en el famoso monasterio de
la Encarnación, del que había sido nombrada superiora. Llegó fray Juan para
hacerse cargo de la dirección de aquellas religiosas, entre las que había
vivido tantos años la propia reformadora.
Después de algunos meses
de residencia en el convento masculino de la misma ciudad, el nuevo director se
trasladó a una casita adosada al monasterio de la Encarnación. Los cinco años
pasados allí son de importancia capital, no sólo para fray Juan de la Cruz. El
íntimo y prolongado contacto con santa Teresa, llegada por entonces a los
grados más encumbrados de su vida interior, constituye un episodio inigualable
en la historia de la mística cristiana.
Algunas actuaciones
clamorosas de fray Juan fuera del recinto de la Encarnación tuvieron amplia
resonancia en los ambientes religiosos de Castilla. La más conocida fue su
intervención en el caso de la religiosa agustina de Ávila María de Olivares
(marzo de 1574).
Su dictamen, actualmente
perdido, llegó a la Inquisición de Valladolid, que reclamó su presencia para
justificarlo. El aspecto más importante de su permanencia en Ávila no se
refiere a realizaciones llamativas.
Está vinculado a su vida
interior y su magisterio espiritual.
De estos años proceden
sus primeros escritos, en concreto, algunas poesías, como las glosas Vivo
sin vivir en mí y Entréme donde no supe. Brotaron en el clima
espiritual creado por santa Teresa al interior y en el entorno de sus
monasterios. Algunos billetes espirituales escritos para las religiosas de la
Encarnación no han llegado en su redacción primitiva, pero se incorporaron a
los Avisos espirituales recopilados más tarde en Andalucía. Otra de
las facetas a destacar en su magisterio en Ávila, y más en concreto en su
íntimo contacto con santa Teresa, es el papel decisivo de fray Juan en la
redacción de las Moradas del castillo interior. En ellas, por primera
vez, se atreve la autora a usar el símbolo del amor nupcial para comunicar sus
profundas experiencias místicas. Confiesa que debe la sugerencia a un hombre
experimentado, es decir, Juan de la Cruz (Moradas, VI, 9, 17). Ambos
místicos se condicionaron mutuamente en su producción literaria y mística. Juan
de la Cruz rompió a cantar en verso al lado de la madre Teresa; ella enriqueció
su vocabulario místico secundando las enseñanzas del teólogo.
El curso sereno y
tranquilo de Juan de la Cruz en Ávila se interrumpió y se torció bruscamente a
finales de 1577. La noche entre el 2 y el 3 de diciembre era arrancado
violentamente de su casita junto a la Encarnación y trasladado a Toledo por los
carmelitas de la antigua observancia, entre quienes había vivido cinco años en
Medina y Salamanca. Tras un rápido y sumario proceso ante los superiores, fue
condenado a cárcel conventual por desobediente y contumaz. Según los
religiosos, constituidos en jueces, fray Juan se mantenía firme en su propósito
de seguir en las filas de quienes habían secundado la reforma emprendida por la
madre Teresa. Según ellos, las más altas instancias de la Orden, como el último
Capítulo General celebrado en Piacenza (Italia) en 1575, habían decretado la
sumisión total de los descalzos a los calzados.
El conflicto
jurisdiccional entre ambas ramas estaba muy enconado y Juan de la Cruz fue una
de las víctimas que pagó con sus huesos en la cárcel conventual de Toledo.
Más de ocho meses pasó en
una auténtica mazmorra, entre cuatro paredes desnudas, sin espacio vital, sin
apenas luz para leer, en absoluta incomunicación y sometido a penitencias y
malos tratos. El hambre, el frío primero y el calor luego le llevaron al borde
de la muerte. A mediados de agosto de 1578, estudió un detallado plan de fuga,
que llevó a cabo durante la octava de la festividad de la Asunción de María.
Mientras los religiosos del convento dormían la canícula del agosto toledano,
fray Juan se descolgó por una ventana agarrado a unas viejas mantas anudadas.
Repuesto del sobresalto al verse encerrado en el huerto de unas religiosas
vecinas, logró escalar la cerca y llegar hasta el convento de las monjas
descalzas de la ciudad. La comunidad femenina quedó sorprendida por lo
intempestivo de la hora y por el aspecto cadavérico del recién llegado. Avisado
el benefactor Pedro González de Mendoza, recogió al fraile fugitivo y le retuvo
a buen recaudo reponiéndose durante más de un mes.
El triste episodio de la
prisión toledana ocupa puesto destacado en todas las biografías antiguas. Es
difícil entenderlo si se desvincula de su contexto histórico concreto. Para la
posteridad, aquel injusto y dramático encarcelamiento ha sido
extraordinariamente fecundo, como tantos otros de las letras españolas. Durante
su encierro en la cárcel toledana compuso Juan de la Cruz algunas de sus
poesías más excelsas. En el cuadernillo que logró llevar consigo en la huida
figuran las siguientes composiciones poéticas: las primeras treinta y una
estrofas del Cántico espiritual, el poema de La Fonte, los
nueve Romances sobre el Evangelio y otro sobre el salmo Super
flumina. Reconstruyendo mentalmente el dramático episodio de la cárcel lo
comparaba él mismo al relato bíblico de Jonás y la ballena. Después de tres
años se veía “vomitado, como Jonás, en un extraño puerto”, en Andalucía (carta
del 6 de junio de 1581). Cuando hacía esta comparación, llevaba ya casi tres
años en tierras andaluzas. Viajó desde Toledo, acompañado por dos criados de
Pedro González de Mendoza, y se detuvo unos días en el convento de Almodóvar
del Campo, donde se hallaban reunidos algunos de sus colaboradores en la
reforma del Carmelo Teresiano.
Fue nombrado por ellos
vicario o superior del convento solitario del Calvario (Jaén), y allí se
dirigió inmediatamente, llegando a finales de octubre o primeros de noviembre
de 1578. De camino para su destino, se detuvo unos días en el monasterio de las
Descalzas de Beas de Segura (Jaén). Mantuvo desde entonces especial amistad y
comunicación con aquellas religiosas, en particular con la superiora, Ana de
Jesús, a quien dedicó más adelante el Cántico Espiritual.
Desde su llegada al
convento del Calvario visitó regularmente la comunidad de Beas retomando el
método de dirección espiritual iniciado años antes en la Encarnación de Ávila.
Se conservan algunos avisos espirituales distribuidos como billetes a la
comunidad o a alguna de las religiosas en particular. De su estancia en el
Calvario son también el opúsculo conocido como las Cautelas y una
especie de cartilla con el dibujo del Monte de perfección o Monte
Carmelo, del que se servía para amaestrar a sus religiosos y religiosas.
Fue breve su permanencia
en el Calvario, ya que antes de cumplir un año recibió orden de preparar una
nueva fundación en Baeza (Jaén). Con ese objetivo realizó varios viajes antes
de trasladarse definitivamente el 13 de julio de 1579, fecha en que inauguraba
dicha fundación, destinada a un colegio universitario similar al que había
regido anteriormente (1571) en Alcalá de Henares. Allí le llegó la noticia de
la muerte de su madre Catalina Álvarez, acaecida en 1580, a causa del “catarro
universal”. Permaneció al frente del colegio hasta primeros de 1582. Durante el
rectorado de Baeza realizó dos viajes a Castilla: el primero hasta Alcalá de
Henares, en marzo de 1581, para participar (los días 3 al 26) en el primer
Capítulo Provincial del Carmelo Teresiano, en él fue erigida la provincia
independiente de los calzados. A finales de 1581 viajó desde Baeza hasta Ávila
con intención de acompañar a santa Teresa a la proyectada fundación de
descalzas de Granada. La encontró gravemente enferma y tuvo que regresar sin
ella a Andalucía. Fue el último encuentro de los dos grandes místicos.
Para sustituir a santa
Teresa en la fundación granadina se designó a la madre Ana de Jesús (Lobera),
superiora de Beas, íntima de fray Juan de la Cruz.
Éste se trasladó desde
Baeza a Beas para acompañar a las religiosas destinadas a la fundación de
Granada, ayudándoles a instalarse convenientemente. Mientras se ocupaba del
asunto fundacional, era elegido por los religiosos de los Mártires su superior.
Tomaba posesión del nuevo cargo a finales de enero de 1582. Desde entonces,
Granada se convirtió en centro de su vida y de su actividad mientras permaneció
en Andalucía. Tuvo la responsabilidad de gobernar la comunidad de los Mártires
(Granada) durante tres trienios, realizando obras importantes en la estructura
material del edificio y cuidando con especial intensidad la formación
espiritual de sus súbditos y de otras personas puestas bajo su dirección, entre
ellas, Ana del Mercado y Peñalosa, esposa del presidente de la Chancillería,
para quien escribió la Llama de amor viva.
En mayo de 1583 viajó
hasta Almodóvar del Campo para asistir a un nuevo Capítulo Provincial, en el
que era confirmado en su priorato de Granada.
Cesaba de ese cargo en
1585, pero aumentaban sus responsabilidades de gobierno. En mayo realizó un
largo viaje hasta Lisboa para participar en otro Capítulo Provincial en el que
fue elegido segundo definidor o consejero de todo el Carmelo Teresiano.
De regreso a Granada,
tuvo que desplazarse a varias poblaciones andaluzas (Sevilla, Málaga) y hasta
Caravaca (Murcia). En octubre del mismo año, viajó de nuevo a Castilla, hasta
Pastrana (Guadalajara), para otra reunión de superiores. Fue nombrado vicario
provincial del distrito de Andalucía, cesando en el priorato de Granada, pero
fijando allí su residencia.
El desempeño de este
nuevo cargo le obligaba a viajes y desplazamientos casi continuos. Juan de la
Cruz se volvió “fraile andariego” muy a su pesar. En este sentido, fue
excepcional el año 1586. Aparte de otros viajes por Andalucía, se trasladó dos
veces a Caravaca (enero y diciembre). En marzo de 1587 volvía a la misma
población, después de haber viajado a Madrid (febrero) y Valladolid (abril). En
el capítulo celebrado en esta última ciudad cesaba en sus cargos de definidor y
vicario provincial, pero era nombrado prior de Granada por tercera vez. En
abril del año siguiente, 1588, viajó hasta Madrid para asistir al primer
Capítulo General del Carmelo Teresiano. Era elegido para formar parte del nuevo
gobierno central, llamado “Consulta”, con sede en Segovia. Tenía que regresar a
Castilla.
Antes del traslado
definitivo, tuvo que ultimar sus compromisos en Andalucía, especialmente en
Granada.
En aquella ciudad había
compuesto la mayor parte de sus escritos. Cuando llegó a Granada en 1582 tenía
comenzada la obra más extensa, la Subida del Monte Carmelo, pero no
la continuó de manera regular, sino con grandes interrupciones, sin llegar a
completarla nunca, ya que quedó incompleta. Durante algún tiempo alternó su
composición con otro escrito importante, el Cántico espiritual, concluido
a finales de 1584 y dedicado a la madre Ana de Jesús. Años más tarde, entre
1586 y 1588, refundió esta obra en una segunda redacción, la conocida
como Cántico B o de Jaén. Una copia del Cántico B explícitamente
datada en 1593 fue hallada por José Guillermo García Valdecasas en 1991.
En Granada escribió
también la Noche oscura del alma, prolongación o complemento de
la Subida del Monte Carmelo. Es posterior a ésta, pero tampoco la
remató, dejando incompleto el comentario al poema homónimo al comenzar la
estrofa tercera.
Siendo vicario provincial
de Andalucía (1585-1586), y en un intervalo de quince días entre sus continuos
viajes, compuso la Llama de amor viva, comentario a la poesía escrita
con anterioridad para la distinguida señora Ana del Mercado y Peñalosa.
Pocos meses antes de su
muerte, residiendo en el convento de la Peñuela (Jaén), revisó también esta
última obra, por lo que ha llegado en dos redacciones diferentes.
Después de diez años en
Andalucía, Juan de la Cruz volvía a Castilla en agosto de 1588, estableciendo
su residencia en Segovia, con los cargos de superior de la casa y presidente de
la “Consulta”, en ausencia del general, Nicolás de Jesús María (Doria).
A primeros de marzo de
1589 regresaba a Granada para traspasar el priorato a su sucesor, retornando a
Segovia tres meses más tarde. Las frecuentes reuniones de la “Consulta” en
Madrid le obligaban a repetir los viajes a la capital. Allí se celebró un
Capítulo General Extraordinario en junio de 1590, en el que participó fray Juan
de la Cruz, manifestando opiniones contrastantes con las del superior general,
lo que dio origen a un progresivo distanciamiento entre ambos.
Éste quedó patente en la
nueva reunión general del año siguiente, celebrada también en Madrid (junio de
1591). Fray Juan cesaba de todos sus cargos y volvía como súbdito a Segovia,
después de haberse ofrecido para pasar a México, donde la Orden contaba ya con
varios conventos. En agosto del mismo año emprendía viaje para Andalucía, y
mientras se preparaba la expedición en la que debía partir para México, se
retiró al convento solitario de la Peñuela (La Carolina, Jaén), a donde llegaba
el 10 de agosto. A vuelta de un mes, se sintió enfermo y el 28 de septiembre
viajaba a Úbeda para curar la grave infección de una pierna.
Siguió agravándose el mal
y, después de penosa enfermedad, fallecía a las doce de la noche del 13 al 14
de diciembre de 1591. Sus restos fueron trasladados a Segovia en mayo de 1593;
allí reposan en magnífico mausoleo, obra de los talleres Granda. En 1614 se
iniciaron los procesos para su beatificación y canonización, concluyéndose en
1630. La primera edición de los escritos se publicó en Alcalá en 1618. La
beatificación se retrasó hasta el 27 de enero de 1675 y la canonización, hasta
el 27 de diciembre de 1726. El 24 de agosto de 1926 fue proclamado doctor de la
Iglesia universal por Pío XI. Juan Pablo II le nombró patrono de los poetas españoles
en marzo de 1993.
Obras de ~: Cautelas
espirituales contra los tres enemigos del alma, 1579; Dichos de luz y
amor: Avisos espirituales, 1580; Subida del Monte Carmelo, 1582-1585;
Cántico espiritual, 1584; Noche oscura del alma, 1585; Llama
de amor viva, 1585-1586; Poesías, 1572-1586; Cartas, 1581-1591,
ed. príncipe, Alcalá de Henares, 1618; Cántico espiritual A, ed.
crítica por E. Pacho, Madrid, Fundación Universitaria Española, 1981; Cántico
espiritual B, ed. crítica por E. Pacho, Burgos Monte Carmelo, 1998; Obras
completas, ed. de E. Pacho, Burgos, Monte Carmelo, 2003 (8.ª ed.).
Bibl.: M. Muñoz Garnica, San Juan de la Cruz. Ensayo histórico, Jaén, Imprenta de los Señores Rubio, 1875; J. Baruzi, Saint Jean de la Croix et le problème de l’experience mystique, Paris, 1924 y 1931; Crisógono de Jesús, San Juan de la Cruz. Su obra científica y su obra literaria, Ávila, Imprenta S. Díaz, 1929, 2 vols.; Bruno de Jésus-Marie, Saint Jean de la Croix, Paris, Librairie Plon, 1929; J. Sepich, San Juan de la Cruz, místico y poeta, Buenos Aires, Talleres Gráficos San Pablo, 1942; D. Alonso, La poesía de san Juan de la Cruz (Desde esta ladera), Madrid, Consejo Superior de Investigaciones Científicas (CSIC), 1942; Crisógono de Jesús, Vida de san Juan de la Cruz, Madrid, Editorial Católica-Biblioteca de Autores Cristianos, 1946; J. Vilnet, Bible et mystique chez saint Jean de la Croix, Paris, Desclée de Brouwer, 1949; E. A. Peers, San Juan de la Cruz, espíritu de llama, trad. de Eulalia Galvarriato, Madrid, CSIC, 1950; H. Sanson, L’esprit humain selon saint Jean de la Croix, París, PUF, 1953; F. Urbina, La persona humana en san Juan de la Cruz, Madrid, Instituto Social León XIII, 1956; E. Orozco Díaz, Poesía y mística. Introducción a la lírica de san Juan de la Cruz, Madrid, Ediciones Guadarrama, 1959; G. Morel, Le sens de l’existence selon saint Jean de la Croix, Paris, Aubier, 1960, 3 vols.; J. Orcibal, Saint Jean de la Croix et les Mystiques Rhéno-flamands, Bruges, Desclée de Brouwer, 1966; Lucien-Marie de Saint-Joseph, L’éxperience de Dieu. Actualité du message du saint Jean de la Croix, Paris, Cerf, 1968; F. Ruiz Salvador, Introducción a san Juan de la Cruz: el escritor, los escritos, el sistema, Madrid, Editorial Católica-BAC, 1968; E. Pacho, San Juan de la Cruz y sus escritos, Madrid, Ediciones Cristiandad, 1969; M. Florisoone, Jean de la Croix. Iconographie générale selon le catalogue raisonné, Bruges, Desclée de Brouwer, 1975; Colin P. T hompson, The Poet and the Mystic. A Study of the Cántico espiritual of San Juan de la Cruz, Oxford, University Press, 1977; K. Wojtyla, La fe según san Juan de la Cruz, Madrid, Edica, 1979; M. J. Mancho Duque, El símbolo de la noche en San Juan de la Cruz. Estudio léxico-semántico, Salamanca, Universidad, 1982; F. García Muñoz, Cristología de san Juan de la Cruz, Madrid, Fundación Universitaria Española, 1982; E. Pacho, Introducción a san Juan de la Cruz, Burgos, Monte Carmelo, 1982; L. López-Baralt, San Juan de la Cruz y el Islam (Estudio sobre las filiaciones semíticas de su literatura mística), México, El Colegio de México, 1985; F. Ruiz Salvador, Místico y Maestro. San Juan de la Cruz, Madrid, Editorial de Espiritualidad, 1986; I. Bengoechea, San Juan de la Cruz y la mujer, Burgos-Cádiz, Monte Carmelo, 1986; G. T avard, Saint Jean de la Croix, poète mystique, Paris, Cerf, 1987; A. Bord, Pascal et Jean de la Croix, Paris, Beauchesne, 1987; E. Pacho, Reto a la crítica. Debate histórico sobre el ‘Cántico espiritual’, Burgos, Monte Carmelo, 1988; J. L. Astigarraga y A. Borrel, Concordancias de los escritos de san Juan de la Cruz, Roma, Teresianum 1990; M. Á. Díez, San Pablo en Juan de la Cruz. Sabiduría y ciencia de Dios, Burgos, Monte Carmelo, 1990; C. García, Juan de la Cruz y el misterio del hombre, Burgos, Monte Carmelo, 1990; J. G. García Valdecasas, “¿A dónde te escondiste?”, y E. Pacho, “Cántico Espiritual definitivo”, en ABC Literario, n.º 535 (11 de mayo de 1991), págs. VI-VIII; J. M. Javierre, Juan de la Cruz, un caso límite, Salamanca, Sígueme, 1991; E. Pacho, San Juan de la Cruz, Doctor de la Iglesia: documentación relativa a la declaración oficial, Roma, Teresianum, 1991; “Nuevo manuscrito del Cántico Espiritual”, en Monte Carmelo, 99 (1991), págs. 243-271; O. Steggink (coord.), “Juan de la Cruz, espíritu de llama”. Estudios con ocasión del cuarto centenario de su muerte, Roma, Institutum Carmelitanum, 1991; S. Ros (dir.), Introducción a la lectura de san Juan de la Cruz, Valladolid, Junta de Castilla y León, 1991; Efrén de la Madre de Dios y O. Steggink, Tiempo y vida de san Juan de la Cruz, Madrid, Biblioteca de Autores Cristianos, 1992; L. E. Rodríguez y San Pedro Bezares, La formación universitaria de san Juan de la Cruz, Valladolid, Junta de Castilla y León, 1992; M. J. Macho Duque, Palabras y símbolos en san Juan de la Cruz, Madrid, Fundación Universitaria Española, 1993; I. Matthew, The Impact of God. Soundings from St. John of the Cross, London, Hodder & Stoughton, 1995; E. Pacho, Estudios sanjuanistas, Burgos, Monte Carmelo, 1997, 2 vols.; M. Diego Sánchez, Bibliografía sistemática de san Juan de la Cruz, Madrid, Editorial de Espiritualidad, 2000; E. Pacho (dir.), Diccionario de San Juan de la Cruz, Burgos, Monte Carmelo, 2000; M. Norbert Ubarri, Las categorías de espacio y tiempo en san Juan de la Cruz (La articulación de lo inefable), Madrid, Editorial de Espiritualidad, 2002.
Eulogio Pacho Polvorinos
SOURCE : https://dbe.rah.es/biografias/13455/san-juan-de-la-cruz
Monumento
a San Juan de la Cruz en Ávila
Voir
aussi : Écrits de Saint Jean de la Croix :
La Montée du Carmel_(pdf)
;
La Nuit Obscure_(pdf) ;
La Vive Flamme
d'Amour _(pdf) ;
Cantiques Spirituels de
l'Ame et de Jésus-Christ_(pdf) ;
Sentences
Spirituelles_(pdf) ;
Maximes Spirituelles_(pdf)
;
Lettres
Spirituelles_(pdf)
ainsi que Vie et
Oeuvre de saint Jean de la Croix : http://jesusmarie.free.fr/jean_de_la_croix.html
Autel consacré à Jean de la Croix dans
l'église de Los Descalzos à Écija
LES ŒUVRES SPIRITUELLES
DE SAINT JEAN DE LA CROIX nouvelle édition augmentée des LETTRES DU PÈRE
BERTHIER SUR LA DOCTRINE SPIRITUELLE DE SAINT JEAN DE LA CROIX et précédée
d'une lettre de M. ALBRAND, SUPÉRIEUR DU SEMINAIRE DES MISSIONS ÉTRANGÈRES.
LIBRAIRIE CATHOLIQUE DE PERISSE FRÈRES (NOUVELLE MAISON)RÉGIS RUFFET ET Cie
SUCCESSEURS, PARIS, 38, RUE SAINT-SULPICE. BRUXELLES, PARVIS SAINTE-GUDULE, 4.
LYON (ancienne maison), RUE MERCIÈRE, 49. 1864. Numérisation : Abbaye Saint
Benoît de Port-Valais :
http://www.carmel.asso.fr/Vie-de-Jean-de-la-Croix.html
Inscripción
del Cántico Espiritual de San Juan de la Cruz, Ávila, España.
JUAN DE YEPES ÁLVAREZ, Obras :
Poemas Mayores
(Entre paréntesis se
indica el primer verso)
Cántico espiritual (1578) (¿Adónde te
escondiste)
Noche
oscura (En una noche oscura)
Llama de amor viva (O llama de amor viva)
Glosas
(Entre paréntesis se
indica el primer verso)
Coplas hechas
sobre un éxtasis de harta contemplación (Yo no supe dónde estaba)
Coplas del alma que pena por
ver a Dios (En mí yo no vivo ya)
Otras del mismo a lo divino (Tras
de un amoroso lance)
Glosa (Sin arrimo y con arrimo)
Glosa a lo divino (Por toda la hermosura)
Cantares
(Entre paréntesis se
indica el primer verso)
Cantar del alma
que se huelga de conocer a Dios por fe (Qué bien sé yo la fonte que
mane y corre)
Otras canciones a lo divino (Un
pastorcico solo está penando)
Romances
(Entre paréntesis se
indica el primer verso)
Romance sobre el Evangelio (En el
principio moraba)
Super flumina Babylonis (Encima de las
corrientes)
SOURCE : https://es.m.wikisource.org/wiki/Autor:Juan_de_la_Cruz