Saint Dominique de Guzman
Fondateur de l'Ordre des Frères prêcheurs (+ 1221)
Le troisième fils de Félix de Guzman était un curieux étudiant à l'Université de Palencia en Espagne. La famine désolant la ville, il vendait ses livres pour secourir les pauvres. Tout saint Dominique est inscrit dans ce geste : étudier est une bonne chose, mais le souci des hommes est premier. Devenu chanoine régulier d'Osma en Vieille-Castille, il accompagne son évêque Diègue en voyage et c'est en traversant le midi de la France que tous deux sont frappés par les ravages de l'hérésie des cathares(*). Diègue et Dominique vont à Rome et obtiennent du pape Innocent III la mission de parcourir, avec quelques compagnons, les régions concernées et d'y prêcher l'Evangile par la parole et par l'exemple. La pauvreté évangélique et l'entrain joyeux caractérisent ces prédicateurs. Ils vont deux par deux, prêchant et mendiant leur nourriture. Saint Dominique s'appuie sur la prière du monastère de Prouilhe, près de Fanjeaux, où il a rassemblé quelques "parfaites" cathares converties. Afin de poursuivre et étendre son œuvre de prédication, il réunit ses premiers compagnons dans un couvent de Toulouse dans le même souci de radicale pauvreté. Le pape Honorius III approuve en 1216 son œuvre qui devient l'Ordre des Frères prêcheurs. Dès l'année suivante, ils les dispersent dans toute l'Europe afin d'y fonder des couvents. Il meurt d'épuisement à Bologne.
(*) voir sur le site internet du diocèse de Montpellier: "L'hérésie albigeoise (Cathares), au XIIIe siècle va secouer durement notre région" (annuaire du diocèse, document pdf page 132)
"La Maison de Saint Dominique à Fanjeaux du XIIIe siècle. Le saint y demeura 9 ans, luttant contre l'hérésie cathare."
"Un terroir traversé par l'histoire et la figure d'un saint: Dominique, l'homme aux semelles de vent!
D'origine castillane, Dominique de Guzman, est né vers 1170 à Caleruega. Venu en Toulousain dans le cadre d'une mission diplomatique où il accompagnait son évêque, tous deux ont mesuré combien une Eglise riche et puissante pouvait difficilement témoigner de Jésus Christ, ils iront vers les chrétiens dissidents, pauvres et mendiants, selon le modèle évangélique.
Pendant des années, Dominique n'aura de cesse de témoigner de l'Evangile en imitant les Apôtres. Il entraîne à sa suite des hommes et des femmes que l'Église ne touchait plus. A l'aube du XIIIe siècle, il devient, avec les frères et sœurs de la 'Sainte Prédication', la figure d'un renouveau au sein de l'Église Romaine.
Fanjeaux, cité médiévale, garde fidèlement la trace de son passage.*
La maison de Saint Dominique est ouverte en saison estivale, au cœur de l'agglomération. Au 'couvent' datant du XIVe siècle les dominicaines de la Sainte Famille accueillent touristes et pèlerins toute l'année. Au monastère de Prouilhe, la prière des moniales se poursuit depuis 8 siècles.
Deux grandes fêtes marquent la saison estivale: le 8 août pour la St Dominique (messe au monastère), et le 16 août pour la St Roch (procession et messe en occitan)."
(* De la plaine au massif pyrénéen - Les terres dominicaines, Balade en Pays d'Aude - diocèse de Carcassonne et Narbonne)
Chanoine d'Osma en Espagne il se fit humble ministre de la prédication dans les
régions troublées par l'hérésie des albigeois et vécut dans la condition
méprisée de pauvreté volontaire, ne cessant de parler avec Dieu. À la recherche
d'une nouvelle manière de propager la foi, il fonda, à Toulouse, l'Ordre des
Prêcheurs, pour restaurer dans l'Église la manière de vivre des apôtres, en
recommandant à ses frères de servir leur prochain par la prière, l'étude et le
ministère de la parole. Il mourut à Bologne, le 6 août 1221.
Martyrologe romain
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/1619/Saint-Dominique-de-Guzman.html
SAINT DOMINIQUE
Fondateur d'Ordre
(1170-1221)
Saint Dominique de Guzman naquit dans la
Vieille-Castille. Sa mère, avant sa naissance, eut une vision étrange; il lui
sembla voir l'enfant qu'elle allait mettre bientôt au monde sous la forme d'un
petit chien tenant un flambeau dans sa gueule et prêt à répandre le feu sur la
terre. Son enfance fut marquée par plusieurs autres présages merveilleux.
Jeune étudiant, il vivait déjà comme un saint. Il
avait chaque jour ses heures fixées pour la prière, et souvent il était ravi en
Dieu. Il jeûnait presque toujours, ne buvait jamais de vin, dormait fort peu et
n'avait d'autre lit que le plancher de sa chambre. Un jour, ayant tout donné,
il dit à une femme qui lui demandait de l'argent pour racheter son frère
captif: "Je n'ai ni or ni argent; mais prenez-moi et offrez-moi aux Maures
en échange de votre frère." La proposition héroïque ne fut pas acceptée,
mais Dominique en eut le mérite. Dans une maladie très grave, causée par son
travail et ses austérités, il fut guéri soudain par l'apparition de saint Jacques
le Majeur.
Dominique, ayant dû venir en France avec son évêque,
fut profondément touché du triste état auquel l'hérésie avait réduit les
provinces du Midi et résolut de travailler dans ce pays au triomphe de la foi.
Sentant son insuffisance pour évangéliser seul de si vastes contrées, il appela
à son secours des missionnaires pleins de zèle, dont il fit plus tard les
premiers religieux de son Ordre. C'est à cette époque que la Sainte Vierge lui
apparut et lui enseigna définitivement, en lui ordonnant de la répandre, la
dévotion du Rosaire, qui fut bientôt le plus terrible fléau de l'hérésie.
Parmi les miracles quotidiens que Dieu opérait en sa
faveur, on rapporte que, dans ses voyages, la pluie tombait souvent autour de
lui sans l'atteindre; qu'un jour, son sac et ses livres, étant tombés dans une
rivière, furent repêchés plusieurs jours après, sans qu'on y vît aucune trace
d'eau. Dominique fit le voyage de Rome pour obtenir l'approbation de l'Ordre
des Frêres-Prêcheurs. C'est là qu'il rencontra saint François d'Assise, et que
ces deux grands Saints de l'époque, qui étaient venus ensemble à Rome dans le
même but, se reconnurent pour s'être vus en songe, s'embrassèrent comme deux
frères et lièrent une amitié profonde qui dura jusqu'à la mort. Dominique opérait
une multitude de miracles, ressuscitait les morts, et se disait: "le plus
grand pécheur de l'univers".
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de
l'année, Tours, Mame, 1950.
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 3 février 2010
Saint Dominique Guzman
Chers frères et sœurs,
La semaine dernière, j'ai présenté la figure lumineuse
de François d'Assise et aujourd'hui, je voudrais vous parler d'un autre saint
qui, à la même époque, a apporté une contribution fondamentale au renouveau de
l'Eglise de son temps. Il s'agit de saint Dominique, le fondateur de l'Ordre
des prêcheurs, connus également sous le nom de Frères dominicains.
Son successeur à la tête de l'Ordre, le bienheureux
Jourdain de Saxe, offre un portrait complet de saint Dominique dans le texte
d'une célèbre prière: « Enflammé par le zèle de Dieu et par l'ardeur
surnaturelle, par ta charité sans fin et la ferveur de ton esprit véhément, tu
t'es consacré tout entier par le vœu de la pauvreté perpétuelle à l'observance
apostolique et à la prédication évangélique ». C'est précisément ce trait
fondamental du témoignage de Dominique qui est souligné: il parlait toujours
avec Dieu et de Dieu. Dans la vie des saints, l'amour pour le Seigneur et pour
le prochain, la recherche de la gloire de Dieu et du salut des âmes vont
toujours de pair.
Dominique est né en Espagne, à Caleruega, aux
alentours de 1170. Il appartenait à une noble famille de la Vieille Castille
et, soutenu par un oncle prêtre, il fut formé dans une célèbre école de
Palencia. Il se distingua immédiatement par son intérêt pour l'étude de
l'Ecriture Sainte et par son amour envers les pauvres, au point de vendre ses livres,
qui à l'époque représentaient un bien d'une grande valeur, pour venir en aide,
grâce à l'argent qu'il en tira, aux victimes d'une famine.
Ordonné prêtre, il fut élu chanoine du chapitre de la
cathédrale de son diocèse d'origine, Osma. Même si cette nomination pouvait
représenter pour lui un motif de prestige dans l'Eglise et dans la société, il
ne l'interpréta pas comme un privilège personnel, ni comme le début d'une
brillante carrière ecclésiastique, mais comme un service à rendre avec dévouement
et humilité. La tentation de la carrière n'est-elle pas une tentation dont ne
sont pas même exempts ceux qui ont un rôle d'animation et de gouvernement dans
l'Eglise? C'est ce que je rappelais, il y a quelques mois, à l'occasion de la
consécration de plusieurs évêques: « Ne recherchons pas le pouvoir, le
prestige, l'estime pour nous-mêmes... Nous savons que dans la société civile,
et souvent, même dans l'Eglise, les affaires souffrent du fait que beaucoup de
personnes, auxquelles a été confiée une responsabilité, œuvrent pour
elles-mêmes et non pas pour la communauté » (Homélie lors de la chapelle papale
pour l'ordination épiscopale de cinq prélats, 12 septembre 2009, cf. ORLF n. 37
du 15 septembre 2009).
L'évêque d'Osma, qui se nommait Diego, un véritable
pasteur zélé, remarqua très tôt les qualités spirituelles de Dominique, et
voulut bénéficier de sa collaboration. Ils allèrent ensemble en Europe du nord,
pour accomplir des missions diplomatiques qui leur avaient été confiées par le
roi de Castille. En voyageant, Dominique se rendit compte de deux immenses
défis pour l'Eglise de son temps: l'existence de peuples pas encore
évangélisés, aux frontières nord du continent européen et le déchirement
religieux qui affaiblissait la vie chrétienne dans le sud de la France, où
l'action de certains groupes hérétiques créait des troubles et éloignait de la
vérité de la foi. L'action missionnaire envers ceux qui ne connaissaient pas la
lumière de l'Evangile et l'œuvre de réévangélisation des communautés
chrétiennes devinrent ainsi les objectifs apostoliques que Dominique se proposa
de poursuivre. Ce fut le Pape, auprès duquel l'évêque Diego et Dominique se
rendirent pour lui demander conseil, qui demanda à ce dernier de se consacrer à
prêcher aux Albigeois, un groupe hérétique qui soutenait une conception
dualiste de la réalité, c'est-à-dire à travers deux principes créateurs
également puissants, le Bien et le Mal. Ce groupe, par conséquent méprisait la
matière comme provenant du principe du mal, refusant également le mariage,
allant jusqu'à nier l'incarnation du Christ, les sacrements dans lesquels le
Seigneur nous « touche » à travers la matière et la résurrection des corps. Les
Albigeois privilégiaient la vie pauvre et austère, – dans ce sens, il étaient
également exemplaires – et ils critiquaient la richesse du clergé de l'époque.
Dominique accepta avec enthousiasme cette mission, qu'il réalisa précisément à
travers l'exemple de son existence pauvre et austère, à travers la prédication
de l'Evangile et les débats publics. Il consacra le reste de sa vie à cette
mission de prêcher la Bonne Nouvelle. Ses fils devaient réaliser également les
autres rêves de saint Dominique: la mission ad gentes, c'est-à-dire à ceux qui
ne connaissaient pas encore Jésus, et la mission à ceux qui vivaient dans les
villes, surtout les villes universitaires, où les nouvelles tendances
intellectuelles étaient un défi pour la foi des personnes cultivées.
Ce grand saint nous rappelle que dans le cœur de
l'Eglise doit toujours brûler un feu missionnaire, qui incite sans cesse à
apporter la première annonce de l'Evangile et, là où cela est nécessaire, une
nouvelle évangélisation: en effet, le Christ est le bien le plus précieux que
les hommes et les femmes de chaque époque et de chaque lieu ont le droit de
connaître et d'aimer! Il est réconfortant de voir que dans l'Eglise
d'aujourd'hui également il existe tant de personnes – pasteurs et fidèles
laïcs, membres d'antiques ordres religieux et de nouveaux mouvements ecclésiaux
– qui donnent leur vie avec joie pour cet idéal suprême: annoncer et témoigner
de l'Evangile!
A Dominique Guzman s'associèrent ensuite d'autres
hommes, attirés par sa même aspiration. De cette manière, progressivement, à
partir de la première fondation de Toulouse, fut créé l'ordre des prêcheurs.
Dominique, en effet, en pleine obéissance aux directives des Papes de son
temps, Innocent III et Honorius III, adopta l'antique Règle de saint Augustin,
l'adaptant aux exigences de vie apostolique, qui le conduisaient, ainsi que ses
compagnons, à prêcher en se déplaçant d'un lieu à l'autre, mais en revenant
ensuite dans leurs propres couvents, lieux d'étude, de prière et de vie
communautaire. Dominique voulut souligner de manière particulière deux valeurs
considérées indispensables pour le succès de la mission évangélisatrice: la vie
communautaire dans la pauvreté et l'étude.
Dominique et les frères prêcheurs se présentaient tout
d'abord comme mendiants, c'est-à-dire sans de grandes propriétés foncières à
administrer. Cet élément les rendait plus disponibles à l'étude et à la
prédication itinérante et constituait un témoignage concret pour les personnes.
Le gouvernement interne des couvents et des provinces dominicaines s'organisa
sur le système des chapitres, qui élisaient leurs propres supérieurs, ensuite
confirmés par les supérieurs majeurs; une organisation qui stimulait donc la
vie fraternelle et la responsabilité de tous les membres de la communauté, en
exigeant de fortes convictions personnelles. Le choix de ce système naissait précisément
du fait que les dominicains, en tant que prêcheurs de la vérité de Dieu,
devaient être cohérents avec ce qu'ils annonçaient. La vérité étudiée et
partagée dans la charité avec les frères est le fondement le plus profond de la
joie. Le bienheureux Jourdain de Saxe dit à propos de saint Dominique: « Il
accueillait chaque homme dans le grand sein de la charité et, étant donné qu'il
aimait chacun, tous l'aimaient. Il s'était fait pour règle personnelle de se
réjouir avec les personnes heureuses et de pleurer avec ceux qui pleuraient »
(Libellus de principiis Ordinis Praedicatorum autore Iordano de Saxonia, ed.
H.C. Scheeben, [Monumenta Historica Sancti Patris Nostri Domiici, Romae,
1935]).
En second lieu, Dominique, par un geste courageux,
voulut que ses disciples reçoivent une solide formation théologique, il
n'hésita pas à les envoyer dans les universités de son temps, même si un grand
nombre d'ecclésiastiques regardaient avec défiance ces institutions
culturelles. Les Constitutions de l'Ordre des prêcheurs accordent une grande
importance à l'étude comme préparation à l'apostolat. Dominique voulut que ses
frères s'y consacrent sans compter, avec diligence et piété; une étude fondée
sur l'âme de tout savoir théologique, c'est-à-dire sur l'Ecriture Sainte, et
respectueuse des questions posées à la raison. Le développement de la culture
impose à ceux qui accomplissent le ministère de la Parole, aux différents
niveaux, d'être bien préparés. Il exhorte donc tous, pasteurs et laïcs, à
cultiver cette « dimension culturelle » de la foi, afin que la beauté de la
vérité chrétienne puisse être mieux comprise et que la foi puisse être vraiment
nourrie, renforcée et aussi défendue. En cette Année sacerdotale, j'invite les
séminaristes et les prêtres à estimer la valeur spirituelle de l'étude. La
qualité du ministère sacerdotal dépend aussi de la générosité avec laquelle on
s'applique à l'étude des vérités révélées.
Dominique, qui voulut fonder un Ordre religieux de
prêcheurs-théologiens, nous rappelle que la théologie a une dimension
spirituelle et pastorale, qui enrichit l'âme et la vie. Les prêtres, les
personnes consacrées, ainsi que tous les fidèles, peuvent trouver une profonde
« joie intérieure » dans la contemplation de la beauté de la vérité qui vient
de Dieu, une vérité toujours actuelle et toujours vivante. La devise des frères
prêcheurs – contemplata aliis tradere – nous aide à découvrir, ensuite, un élan
pastoral dans l'étude contemplative de cette vérité, du fait de l'exigence de
transmettre aux autres le fruit de notre propre contemplation.
Lorsque Dominique mourut en 1221, à Bologne, la ville
qui l'a choisi comme patron, son œuvre avait déjà rencontré un grand succès.
L'Ordre des prêcheurs, avec l'appui du Saint-Siège, s'était répandu dans de
nombreux pays d'Europe, au bénéfice de l'Eglise tout entière. Dominique fut
canonisé en 1234, et c'est lui-même qui, par sa sainteté, nous indique deux
moyens indispensables afin que l'action apostolique soit incisive. Tout d'abord
la dévotion mariale, qu'il cultiva avec tendresse et qu'il laissa comme
héritage précieux à ses fils spirituels, qui dans l'histoire de l'Eglise ont eu
le grand mérite de diffuser la prière du saint Rosaire, si chère au peuple
chrétien et si riche de valeurs évangéliques, une véritable école de foi et de
piété. En second lieu, Dominique, qui s'occupa de plusieurs monastères féminins
en France et à Rome, crut jusqu'au bout à la valeur de la prière d'intercession
pour le succès du travail apostolique. Ce n'est qu'au Paradis que nous comprendrons
combien la prière des religieuses contemplatives accompagne efficacement
l'action apostolique! A chacune d'elles, j'adresse ma pensée reconnaissante et
affectueuse.
Chers frères et sœurs, la vie de Dominique Guzman nous
engage tous à être fervents dans la prière, courageux à vivre la foi,
profondément amoureux de Jésus Christ. Par son intercession, nous demandons à
Dieu d'enrichir toujours l'Eglise d'authentiques prédicateurs de l'Evangile.
* * *
J’accueille avec joie les pèlerins francophones particulièrement les élèves et les professeurs des collèges Fénelon et du Sacré-Cœur, et ceux de l’Institut Saint Dominique, de Rome. Que Notre Dame du Rosaire, patronne le l’Ordre Dominicain, vous aide à découvrir la présence du Christ dans votre vie et à le suivre généreusement chaque jour. Que Dieu vous bénisse!
SOURCE : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100203_fr.html
Vie de saint Dominique de Guzman
1. Enfance et jeunesse en Castille
Comme nombre de vies de saints médiévaux, l'histoire
de Dominique commence par une légende. Jourdain de Saxe, le successeur du
fondateur dans la charge de maître de l'Ordre, écrit dans son " petit
livre " sur les débuts des prêcheurs que la mère de Dominique avait eu une
vision: " Il lui semblait porter en son sein un petit chien, qui tenait en
sa gueule une torche enflammée, puis, sortant du ventre maternel, paraissait
embraser le monde entier ", et quelques pages plus loin, à propos d'une
autre vision: " Sa mère le vit portant la lune [suivant un autre texte:
"une étoile"] sur le front: ce qui signifiait évidemment qu'il serait
un jour donné comme lumière des nations, pour illuminer ceux qui sont assis
dans les ténèbres et l'ombre de la mort. "
Son père était Félix de Guzmân. Sa mère, Jeanne,
appartenait à la lignée des Aza : les deux familles faisaient partie de la
noblesse castillane et possédaient de grandes propriétés foncières dans les
environs, proches et lointains, de Caleruega. Ce lieu, que Jourdain qualifie de
" village ", a gardé jusqu'aujourd'hui son aspect rural, bien qu'un
couvent de dominicaines contemplatives s'y trouve depuis le milieu du XIIIe
siècle et qu'un couvent de dominicains, plus tard, y ait été érigé à côté du
donjon seigneurial ou torreon. Caleruega est situé, en effet, à l'écart des
grandes voies de circulation, sur ce plateau castillan où règnent, selon un
dicton populaire, " neuf mois d'hiver et trois mois d'enfer ", tant
l'été y est sec et brûlant.
Dominique est né dans cette tour fortifiée, le
torreon, en 1170 ou 1171. De sa famille, de son enfance, nous savons bien peu
de choses sinon qu'il eut plusieurs frères, dont l'un devait entrer dans
l'ordre des prêcheurs. L'hagiographie du Moyen Age ne s'intéressait guère au
développement historique; alors que nous cherchons à analyser un homme d'après
ce qu'il a vécu dans son enfance, les écrivains de ce temps se contentaient de
quelques légendes destinées à faire voir que le " héros " futur,
enfant, se comportait déjà en héros.
Toujours est-il que nous savons, d'après des sources
anciennes, que dès l'âge de cinq ans l'enfant fut confié à un oncle
archiprêtre, chargé de faire son éducation. On peut donc penser que sa famille
le destinait à l'état clérical. Cette orientation, à l'époque, allait autant de
soi qu'aujourd'hui une préparation au métier d'avocat ou à celui de médecin. En
outre, à la fin du XIIe siècle, la Castille avait grand besoin de vocations
ecclésiastiques et monastiques : au cours des siècles passés, la région au nord
du Douro était tombée à plusieurs reprises sous la domination de l'islam, et
elle ne fut définitivement reconquise qu'au début du XIIe siècle par les comtes
de Castille.
C'est dans ce climat que grandit Dominique, et ce
climat marqua sans aucun doute certains traits de son caractère, certaines
façons qu'il eut de se comporter: son absence de timidité devant les princes,
les cardinaux, les papes (alors même qu'il se tenait devant eux en habit taché
et en sandales), son autorité naturelle à l'égard de ses frères, sans jamais
avoir besoin de se faire violence, enfin et surtout sa piété austère qui
n'avait rien de sentimental.
Jourdain et les biographes qui sont venus après lui se
sont surtout intéressés à un épisode de sa vie d'étudiant. Voici comment Jourdain
le raconte: " Au temps où il poursuivait ses études à Palencia , une
grande famine s'étendit sur presque toute l'Espagne. Ému par la détresse des
pauvres et brûlant de compassion, il résolut par une seule action d'obéir à la
fois aux conseils du Seigneur et de soulager de tout son pouvoir la misère
[...]. Il vendit donc les livres qu'il possédait, pourtant vraiment
indispensables, et toutes ses affaires. Constituant alors une aumône
[c'est-à-dire une fondation charitable], il dispersa ses biens et les donna aux
pauvres. " Le frère Étienne qui déposa au procès de canonisation ajoute
que Dominique avait dit: " Je ne veux pas étudier sur des peaux mortes
tandis que des hommes meurent de faim. "
2. Chanoine à Osma
En outre, le geste charitable de Palencia contribua à
orienter la destinée de Dominique. Diego, prieur du chapitre cathédral de la
ville d'Osma, entendit parler de lui et, au nom de l'évêque, l'invita à entrer
dans ce chapitre comme chanoine régulier. Une grande partie des domaines des
familles Guzman et Aza se trouvait dans les limites du diocèse, mais en
l'occurrence, ni la naissance ni les biens n'entraient en ligne de compte
l'évêque et son prieur ne voulaient, comme chanoines, que des clercs disposés à
travailler à la réforme du chapitre. Cette réforme avait été inaugurée par les
évêques précédents, qui avaient soumis les chanoines à la règle de saint
Augustin: mais après quelques premiers succès ce début de réforme en était au
point mort.
Ce qui faisait surtout problème pour ces chanoines,
c'était de s'astreindre à une vie commune et de renoncer à toute propriété
personnelle. Ils étaient, en majorité, issus de la noblesse habituée à jouir de
possessions foncières, ce renoncement leur était donc particulièrement pénible.
D'ailleurs, dans d'autres chapitres de cathédrale, ces prescriptions n'avaient
pas été promulguées et ils ne voyaient pas pourquoi il en serait autrement pour
eux, à Osma. Des chanoines d'origine noble, appelés au chapitre à l'instigation
de puissants barons, menaient un train de vie personnel et considéraient comme
bien privé leur part des prébendes de l'Eglise : ils avaient même le droit d'en
disposer par testament. Cette question avait une importance économique. De tels
legs, parfois en faveur de la famille du testateur, morcelaient les biens
d'Eglise qui non seulement faisaient vivre l'évêque et le chapitre, mais
devaient permettre l'édification de lieux de culte, d'hôpitaux, d'hospices.
Pour pouvoir subvenir à de telles dépenses, les évêques devaient s'opposer aux
prétentions de leurs chanoines.
C'est pourquoi le prieur Diego d'Acevedo (ou Diègue
d'Acébès) cherchait des clercs prêts à suivre la règle augustinienne. Un
étudiant en théologie vendant tout ce qu'il possédait pour nourrir des affamés
serait assurément mieux disposé à la vie canoniale réformée, que quelque
dignitaire ecclésiastique de haute naissance qui se faisait attribuer une part
des biens d'Église sans vouloir nullement renoncer à ses possessions privées.
Quant à la vie commune, elle cherchait son modèle dans
la vie que Jésus avait menée en commun avec ses apôtres. Un tel esprit était
loin de certains chanoines qui tenaient à conserver un mode de vie individuel.
Dans sa biographie, très complète, de saint Dominique, le Père M. H. Vicaire,
o.p., a bien montré que le chanoine, à cette époque, était appelé à une vie de
prière, souvent plus contemplative que celle des moines qui, dans les abbayes,
à côté des tâches multiples (travaux des champs, écoles) assuraient aussi des
charges pastorales. L'office chanté quotidien, la prière commune des heures, la
méditation et la lecture spirituelle en cellule traçaient pour le chanoine
régulier un cadre où pouvait s'épanouir la contemplation. Le jeune Dominique en
fut imprégné, en conserva l'esprit jusqu'à sa mort et, lorsqu'il fonda l'ordre
des prêcheurs, en fit la base de la vie religieuse.
Il pouvait avoir vingt-trois ou vingt-quatre ans
lorsqu'il reçut la robe blanche et le manteau noir des chanoines réguliers de
Saint-Augustin: ce vêtement, un peu simplifié, serait plus tard celui des
dominicains. Après un an de probation, il fit profession dans le chapitre,
puis, peu de temps après, fut ordonné prêtre. Sur ses activités au chapitre
d'Osma, nous sommes relativement bien informés. Nous savons qu'il lisait avec
prédilection les Conférences des Pères du désert du moine italien Jean Cassien
: ce livre consacré aux anachorètes africains servit à alimenter la vie
spirituelle de générations de chanoines et de moines au Moyen Age. Tel fut le
cas de Dominique, et Jourdain note que ce livre, " avec le concours de la
grâce, le fit parvenir à un degré difficile à atteindre de pureté de
conscience, à beaucoup de lumière sur la contemplation et à un grand sommet de
perfection ".
Manifestement, il eut aussi à l'occasion un rôle de
prédicateur dans la cathédrale d'Osma. Il y fut " sacristain ",
c'est-à-dire chargé de tout ce qui concernait le culte, et, en 1201, âgé de
vingt-huit ans environ, il était sous-prieur du chapitre. Pour cette charge, on
choisissait volontiers de jeunes membres, afin que, d'une part, leur dynamisme
donnât à la communauté une impulsion nouvelle et, d'autre part, afin de les
" tester ", c'est-à-dire vérifier s'ils pouvaient faire leurs preuves
dans un poste de direction. L'influence du prieur Diego a dû jouer aussi dans
ce choix de Dominique qui était " sa découverte " ; en outre, une
amitié unit très tôt ces deux hommes, le jeune et le plus âgé, amitié forgée
dans leurs communs efforts pour réaliser la réforme du chapitre.
En décembre 1201, Diego fut nommé évêque d'Osma. Pour
lui succéder dans la charge de prieur, Dominique était assurément encore trop
jeune. Mais il est permis de penser que quelques années plus tard, cette charge
lui aurait été confiée, préparant peut-être - comme il en avait été pour Diego
- une élévation à l'épiscopat. En fin de compte, tout devait se passer
autrement, mais ni Diego ni Dominique ne pouvaient le prévoir.
3. Prédicateur dans le Midi de la France
L'occasion qui devait profondément modifier
l'orientation de la vie de Dominique se trouva dans les deux voyages qu'il fit
pour accompagner jusqu'au Danemark son évêque, Diego. Un mariage était projeté
entre l'héritier du trône de Castille (un frère de Blanche de Castille qui
venait d'épouser Louis de France) et une parente du roi de Danemark: l'évêque
était chargé de négocier la conclusion de ce mariage. Ces voyages, en 1203 et
1205, représentèrent un tournant décisif dans la vie de ces deux hommes.
S'étant rendu ensuite auprès du pape Innocent III,
Diego lui demanda de l'autoriser à quitter l'évêché d'Osma, car il voulait s'en
aller comme missionnaire auprès des Cumans, un peuple encore païen qui habitait
l'est de la Hongrie. Dominique ne connaissait pas seulement l'intention de son
ami, il la partageait. Plus tard, il évoquait encore le désir (en 1219, puis en
1221 peu avant sa mort) d'aller évangéliser les païens de Prusse et de
Scandinavie. Cet élan missionnaire était à l'époque largement répandu. Il s'est
traduit par les tentatives de reconquête de régions du bassin méditerranéen
autrefois chrétiennes et tombées au pouvoir de l'islam, par les croisades vers
la Terre sainte, par la Reconquista de l'Espagne. Mais plus que la croisade,
l'intention missionnaire était liée à l'idée qu'on avait de la perfection
chrétienne: il s'agissait d'imiter les apôtres et de se préparer à un martyre
dont l'éventualité était très vraisemblable. Le consentement à donner jusqu'à
sa vie se trouve aussi dans certains ordres fondés alors pour le rachat des
captifs chrétiens: on s'y engageait à se faire prisonnier volontaire des
Sarrasins en échange d'un chrétien réduit par eux en esclavage.
Mais le pape ne voulut pas libérer l'évêque d'Osma
pour la mission. Il ne le pouvait pas: le diocèse avait besoin d'un évêque réformateur.
Et Innocent III était trop sage politique pour abandonner un but proche,
réalisable, en faveur d'un but lointain, aux contours vagues et au succès
incertain: aussi renvoya-t-il Diego à Osma. Mais il ne pouvait empêcher Diego
et Dominique d'être angoissés par un autre problème: la situation précaire de
l'Église dans le midi de la France. Dès leur premier voyage au Danemark, ils
s'étaient émus du mouvement religieux des cathares qui, depuis quelques
dizaines d'années, s'était étendu sur de larges territoires de la France
méridionale et de l'Italie du Nord, et se propageait même en Flandre et en
Rhénanie. Jourdain relate une discussion, à Toulouse, entre Dominique et un
cathare qui tenait l'auberge où s'étaient arrêtés l'évêque et son sous-prieur: "
Au cours de la nuit [...] le sous-prieur attaqua avec force et chaleur l'hôte
hérétique de la maison, multipliant les discussions et les arguments [...].
L'hérétique ne pouvait résister à la sagesse et à l'esprit qui s'exprimaient
[...] ; Dominique le réduisit à la foi. " Il ne soupçonnait pas encore que
de tels affrontements deviendraient la tâche de sa vie.
Sur le chemin du retour, en juin 1206, Diego et
Dominique rencontrèrent à Montpellier trois légats pontificaux chargés par
Innocent III de combattre les hérésies des cathares et des vaudois. Cette
rencontre devait avoir, pour tous ceux qui y participèrent, de grandes
conséquences.
Malgré tout ce qu'on a écrit (et peut-être à cause de
tout ce qu'on a écrit) sur les cathares, il est bien difficile de se faire une
idée précise de leurs origines, qui sont diverses, et des nuances de leurs
convictions. Nous n'en dirons que quelque mots, pour éclairer les motifs qu'il
y eut d'y voir une hérésie, en face de la foi de l'Église. Les cathares se
faisaient du monde une image dualiste. Pour eux, il y avait eu une création
bonne et une mauvaise, ce qui produisait une opposition entre l'esprit et la
chair, entre l'âme et le monde. Ils retrouvaient cette opposition dans la
Bible: le Dieu bon est celui de l'Évangile, le Dieu mauvais, celui de l'Ancien
Testament. Comme beaucoup de religions dualistes, celle-ci avait été influencée
par la gnose: elle imaginait des degrés, nettement séparés entre eux, dans la
connaissance et la perfection. Certains groupes croyaient aussi à la
métempsycose, à la réincarnation des âmes. Pour être finalement libérés de la
puissance du mal, du monde, les croyants devaient renoncer à presque toutes les
nécessités terrestres,. pratiquer l'abstinence sexuelle, abandonner toute
propriété privée. Cette ascèse qu'ils pratiquaient dans leur vie impressionnait
les populations. Alors même que seul un petit nombre de " purs ", de
" parfaits ", parvenait au plus haut degré de la connaissance, le
nombre des adeptes et sympathisants augmentait constamment.
Dans la vie spirituelle, un rôle particulier était
joué par le consolamentum : une imposition des mains qui dispensait au fidèle
l'Esprit Saint, lui donnait l'assurance d'entrer dès sa mort dans la béatitude
éternelle. A l'origine, ce consolamentum n'était accordé qu'aux " parfaits
", mais on était venu à l'accorder aux simples croyants à l'heure de la
mort. Des nobles, de riches bourgeois entretenaient donc chez eux un parfait
pour recevoir de lui cet ultime secours et pouvaient en attendant continuer
leur vie sans se soucier de perfection: cela rappelle un peu l'époque
constantinienne où beaucoup de catéchumènes attendaient d'être sur leur lit de
mort pour recevoir le baptême.
Le mouvement vaudois, qui tient son nom du commerçant
lyonnais Pierre Valdo (ou Valdès) ne cherchait aucune complication sur le plan
du dogme. Au début, il était orienté vers la recherche de la pauvreté
évangélique dans la conduite de la vie. Mais quand les vaudois commencèrent à
prêcher cette pauvreté évangélique, ils entrèrent en conflit avec les autorités
ecclésiastiques. En 1184, au synode de Vérone, Valdo fut excommunié. Des
prédicateurs libres se répandirent alors, ayant rompu tout lien avec la
hiérarchie de l'Église et ne faisant plus de différence entre clercs et laïcs.
Ce qui qualifiait pour prêcher n'était plus l'ordination, mais la conscience
apostolique et la pauvreté de vie: les prédicateurs renonçaient à posséder quoi
que ce soit, ils devaient vivre d'aumônes. Mais par la force des choses une
certaine organisation se créa: on distingua les prédicateurs tenus à la
pauvreté évangélique et les simples croyants, qui se comportaient comme des
élèves à l'égard de leurs maîtres.
Cette pauvreté dont faisaient preuve les vaudois et
les cathares fit rapidement une très forte impression dans les populations, qui
comparaient leur comportement avec le mode de vie du clergé et surtout des
hauts dignitaires de l'Église. Dans le midi de la France, le clergé n'était
sans doute ni pire ni meilleur que dans les autres régions du pays, mais cette
comparaison l'exposait à la critique, et celle-ci alla croissant. En outre, la
petite noblesse méridionale était moins fortunée que les riches abbayes, et les
partages d'héritage l'appauvrissaient encore: chez ces possesseurs de terres,
l'équilibre économique était menacé. Parmi ces nobles il y avait, en ce début
du XIIIe siècle, des lignées de cathares de deux ou trois générations. Ils
faisaient élever leurs filles dans des écoles dirigées par des cathares, leurs
parentes célibataires vivaient dans des " couvents " cathares où la
vie était plus ascétique, la règle plus sévère que dans maints monastères
féminins de l'Église.
Devant les progrès des cathares et des vaudois, les
réactions ecclésiastiques se bornèrent d'abord à des mesures juridiques; elles
n'eurent le plus souvent quelque succès que dans les diocèses où les hérétiques
étaient en minorité: ceux-ci furent alors refoulés dans la clandestinité. Mais
dans les régions où les deux sectes avaient, relativement, de nombreux
adhérents, comme dans le diocèse d'Albi, ces mesures restèrent sans effet. La
ville d'Albi était une forteresse cathare, et l'évêque n'osait pas sévir
ouvertement contre les hérétiques, car il y en avait plusieurs dans sa propre
famille; il évita toute contestation avec eux, il n'en parlait pas dans les
rapports qu'il envoyait au pape. D'autres évêques, qui avaient entrepris de
lutter en face contre les doctrines cathares, durent affronter la noblesse, le
comte Raimond de Toulouse par exemple, ou la bourgeoisie des villes qui se
souleva contre eux: ils furent expulsés de leur siège ou même assassinés.
Innocent III, pape depuis 1198 (il avait alors
trente-sept ans), s'était empressé d'envoyer des légats pour lutter contre
l'hérésie. Il lui opposait l'antique loi de lèse-majesté, car les hérétiques
s'attaquaient à la majesté de Dieu même: sévir contre eux devenait un acte
politique. Mais ni les deux premiers légats ni les suivants n'obtinrent de
résultats. Les deux légats nommés en 1203 étaient des moines cisterciens: Pierre
de Castelnau et Raoul de Fontfroide, tous deux originaires du Midi et
connaissant de visu la situation. Ils obtinrent de quelques féodaux la promesse
de ne plus user de violence contre les établissements d'Église, et un capitoul
(magistrat municipal) de Toulouse prêta à l'Église serment de fidélité mais
lorsque les légats exigèrent qu'on expulsât de la ville les hérétiques, ils se
heurtèrent à l'opposition des bourgeois. Ils eurent des rapports difficiles
avec l'archevêque de Narbonne, qui résista à leur menace de censure et qui,
loin de se décider à combattre l'hérésie, se plaignit à Rome de ces légats qui,
disait-il, excédaient leurs pouvoirs. En 1204, le pape désigna comme troisième
légat l'abbé de Cîteaux, Arnaud Amaury, et donna aux trois légats de pleins
pouvoirs que ceux-ci s'empressèrent d'utiliser.
Cependant, des mesures de droit canon ne pouvaient
résoudre la question essentielle: comment ramener à l'Église la population qui
l'avait abandonnée - Innocent III, qui voyait parfaitement la situation,
insistait dans ses instructions aux légats sur la nécessité de regagner le
peuple. Il en revint au plan qu'avait eu auparavant saint Bernard: combattre
l'hérésie par la prédication. Le pape enjoignit donc aux légats d'envoyer dans
le Languedoc des prédicateurs cisterciens. Mais il semble que cette injonction
ait dépassé les moyens des légats. Ils s'efforcèrent bien d'obtenir comme
prédicateurs des frères de leur ordre; eux-mêmes, à diverses reprises,
prêchèrent au peuple. Mais leur comportement de légats pontificaux, à cheval,
suivis d'un train de serviteurs, les exposait aux critiques et aux railleries
des masses populaires qui le comparaient au mode de vie des prédicateurs
cathares et vaudois.
Innocent voyait bien le problème. Il leur écrivit:
" Nous voulons et nous vous exhortons à procéder de telle sorte que la
simplicité de votre attitude, manifeste aux yeux de chacun, ferme la bouche aux
ignorants comme aux gens dépourvus de bon sens, et que rien dans votre action
ni dans vos paroles n'apparaisse, que même un hérétique soit capable de cri
tiquer. " Mais devant les seigneurs féodaux et les évêques, il fallait
bien que des légats soient vus comme des ambassadeurs du pape ! Leur enjoindre
de troquer ce rôle contre celui d'un simple prêtre annonçant la Parole de Dieu,
c'était, probablement, trop leur demander.
Telle était la situation religieuse dans le midi de la
France lorsque eut lieu à Montpellier la rencontre entre, d'une part, l'évêque
d'Osma et Dominique, et, d'autre part, les légats qui tenaient conseil avec
d'autres cisterciens. C'était en juin 1206 et, selon la tradition dominicaine,
cette date représente la naissance précise de l'ordre des prêcheurs. Cette vue
est assez exacte, bien qu'elle ne soit révélée telle que rétrospectivement. Le
conciliabule entre les légats, l'évêque Diego et Dominique envisagea
certainement de façon très complète les moyens de ramener le peuple à la foi de
l'Église, et Diego en vint à cette déclaration essentielle: " Il me semble
impossible de ramener à la foi par des paroles seules des hommes qui s'appuient
avant tout sur des exemples. " C'était dire: la prédication ne sera
efficace que si les prédicateurs vivent ce qu'ils proclament. Certes la
doctrine des cathares, mélange de cosmogonies hétérogènes et de spéculation
gnostique, pouvait être disqualifiée, mais, subjectivement, la façon dont
vivaient les parfaits inspirait confiance. Il en était de même du comportement
des vaudois.
Jourdain de Saxe fait bien ressortir ce lien entre la
prédication et la vie personnelle. Renonçant à placer dans la bouche de Diego
un beau dis cours sur la pauvreté des apôtres, il le montre faisant tout
aussitôt un premier pas, après avoir répondu aux légats qui l'interrogeaient:
" Faites ce que vous me verrez faire ! " Et " envahi par
l'esprit du Seigneur, il appelle les siens, les renvoie à Osma avec son
équipage, son bagage et divers objets d'apparat qu'il avait emportés avec lui
[…] ". Il ne garda que quelques clercs, dont évidemment Dominique. Les
légats et les abbés cisterciens qui étaient présents suivirent son exemple.
Sous sa conduite, le petit groupe se dirigea, à pied, vers les régions où les
hérétiques étaient nombreux.
Estimant qu'un geste aussi spontané était surprenant,
certains historiens supposent que Diego avait reçu, au moins indirectement et
globalement, l'accord préalable du pape pour cette recherche de moyens d'action
nouveaux. Il se peut aussi que le pape lui ait ensuite donné par écrit son
approbation et ses encouragements. On peut supposer qu'au début tous les
participants à cette mission de prédication pensaient que ce serait une
entreprise unique et de courte durée. Les trois légats ne pouvaient guère
cheminer à pied durant des mois à travers les villages, et Diego devait
retourner dans son diocèse. L'abbé de Cîteaux, Arnaud - le troisième légat -
repartit d'ailleurs pour présider le chapitre de son ordre et trouver à cette
occasion quelques prédicateurs cisterciens.
Nous ne savons pas bien quelle idée se faisait le
groupe de son activité de prédication, ni quels résultats concrets il en
attendait. Le savait-il lui-même ? L'entreprise était inhabituelle, on ne
pouvait s'appuyer sur des précédents. Les premières expériences des légats
avaient été négatives. L'accueil fut très différent selon les endroits. En
pleine terre cathare, il ne fut pas précisément amical. Des rencontres
contradictoires avec les cathares influents attirèrent une grande affluence.
Dans la petite ville de Servian, près de Béziers, la discussion dura plus d'une
semaine. A Béziers même, plus de quinze jours. Quel fut l'effet de ces disputes
et de ces prêches, les sources n'en disent rien de précis. Il n'y eut pas de
conversions en masse: on ne pouvait guère en attendre. Mais on put penser qu'il
y avait quelque chose de gagné, quand on vit les habitants de Servian, dont
l'accueil avait été réservé ou franchement hostile, accompagner au départ les
prédicateurs sur la route de Béziers, sans rien d'inamical.
En si peu de temps, toutefois, il était impossible de
jeter un pont sur l'abîme qu'avait creusé une lutte de dix ans, menée des deux
côtés avec amertume, haine et emploi de la force.
Dans les relations qui nous sont parvenues de cette
mission de prédication sont souvent cités les noms de Diego et du légat Raoul,
moine de l'abbaye cistercienne de Fontfroide près de Narbonne. Mais Dominique
est à peine entrevu. Cela ne peut surprendre: il était le plus jeune, faisait
partie du groupe comme accompagnateur de son évêque et restait dans l'ombre de
celui-ci. On trouve cependant un écrit de lui mentionné dans la relation du
" miracle de Fanjeaux ". Dans cette ville se tenait un tribunal
d'arbitrage: des mémoires avaient été rédigés par des cathares, d'autres par
les défenseurs de la foi de l'Église, et parmi ces derniers celui de Dominique
avait été jugé le meilleur. Comme les arbitres ne se mettaient pas d'accord
pour décider de la valeur de ces mémoires, on en vint à l'épreuve du feu, alors
considérée comme jugement de Dieu pour affirmer soit l'innocence d'un accusé,
soit le bien-fondé d'un droit revendiqué. Selon Jourdain de Saxe, le mémoire
des hérétiques se consuma dès qu'il fut jeté dans les flammes. Celui de
Dominique " non seulement demeure intact, mais saute au-dessus des
flammes, en présence de tous ". Cet épisode - que d'autres récits placent
à Montréal - fut l'un de ceux qui inspirèrent le plus les artistes, et dans les
scènes de la vie de saint Dominique on voit souvent le livre jaillissant du
brasier (voir planche 17).
Au printemps de 1207, un important colloque fut
organisé à l'initiative des cathares dans la ville forte de Montréal. Ils n'en
avaient jamais proposé jusqu'alors, soit par crainte d'être persécutés, soit
parce qu'ils préféraient rester entre eux. S'ils se décidèrent à provoquer une
rencontre, ce fut sans doute à cause du bruit qu'avait fait la prédication de
Diego et des légats. Ces derniers accordèrent aux théologiens cathares un sauf
conduit - ce qui n'était pas d'usage auparavant - et acceptèrent Montréal comme
lieu de la rencontre, bien que ce fût le centre d'un fief cathare important.
Quatre " arbitres " furent désignés. Ce n'était nullement des
théologiens, mais deux chevaliers et deux bourgeois. Ils n'étaient donc guère
qualifiés pour départager les avis dans une controverse théologique, mais ils
jouaient, en fait, plutôt le rôle de présidents de séance: il s'agissait moins
de leur jugement que de l'exposition, devant un public nombreux, des thèses en
présence. Tout comme de nos jours les candidats paraissent à la télévision lors
d'une campagne présidentielle ou électorale, les disputes théologiques d'alors
trouvaient des auditeurs intéressés par la théologie comme nous le sommes par
la politique, la sécurité ou l'économie. La discussion dura quinze jours, avec
quelques interruptions. En fin de compte le jury refusa de rendre une sentence:
ce que les uns considérèrent comme une défaite, les autres comme une victoire.
Plus importante que de telles disputes, plus riche de
promesses pour l'avenir, fut la fondation dans le village de Prouille, près de
Fanjeaux, d'une maison destinée à recevoir des femmes et des jeunes filles.
Cette fondation devait devenir le couvent de dominicaines qui existe encore
aujourd'hui. C'était là, comme toute l'activité de prédication, une réponse à
l'action des cathares. Ceux-ci, nous l'avons vu, envoyaient leurs filles dans
des écoles dirigées par des parfaites. En créant une communauté féminine
catholique, on incitait les familles récemment converties à y envoyer leurs
filles. L'évêque de Toulouse, Foulques, qui venait d'entrer en charge (son
prédécesseur avait été déposé) donna son autorisation. Et ce fut surtout
Dominique qui se préoccupa d'assurer aux moniales un logis et les ressources
nécessaires à leur subsistance.
Vinrent à la même époque s'adjoindre au groupe de
prédicateurs douze abbés cisterciens, entraînés par Arnaud, l'abbé de Cîteaux.
Le groupe comptait à présent une quarantaine de religieux. Il put se
démultiplier en petits groupes et intensifier ainsi la prédication. Le pape
s'intéressait de près à cette oeuvre de conversion: on lui envoyait des
rapports détaillés auxquels il répondait en parlant de la " Prédication en
Narbonnaise ". Sur le sceau des missionnaires était inscrit: "
Prédication de Jésus-Christ. "Mais dès la fin de 1207, Arnaud et les
autres abbés cisterciens se retirèrent; ils avaient à se préoccuper des abbayes
dont ils étaient les chefs responsables et n'avaient sans doute envisagé leur
mission de prédication que comme une action limitée dans le temps. Peut-être
aussi avaient-ils été déçus de leur peu de succès. Deux rapports expriment
cette déception. Le premier note sobrement que les prédicateurs "
convertissent un petit nombre. Aux fidèles chrétiens, qui sont peu nombreux,
ils donnent un enseignement doctrinal et les affermissent dans la foi ".
Dans un autre rapport qui évoque la multitude des adeptes de l'hérésie, le ton
est plus amer: " Par Dieu ! je dois dire que ces gens se soucient des
prédicateurs autant que d'une pomme pourrie. "
De plus, en juillet, le légat Raoul était mort. Seuls
restaient Diego et Dominique, avec leur petit groupe. Dès lors, Diego fit ce à
quoi l'on pouvait s'attendre: il repartit pour son diocèse, espérant trouver
là-bas de nouveaux prédicateurs. Il n'y réussit pas, car en décembre il mourut
à Osma. La Prédication de Jésus-Christ perdait en lui son inspirateur et son
chef, et Dominique perdait son conseiller et son ami paternel. Quelle eût été
la vie de Dominique sans sa rencontre avec Diego et l'action commune qu'il mena
avec lui, il est vain de se le demander. Mais une chose est sûre: si Dominique
put fonder l'ordre des prêcheurs, il le doit à l'évêque d'Osma et trouva dans
la mission dont celui-ci fut l'instigateur le modèle de son ordre.
4. De la prédication à la fondation de l'Ordre des
Prêcheurs
La mort de l'évêque d'Osma représenta une coupure, non
seulement dans la mission en Narbonnaise, mais dans la vie de Dominique.
Personne sans doute, n'eût reproché à celui-ci de regagner à son tour son
église d'Osma. La Prédication de Jésus-Christ était si affaiblie par le départ
des cisterciens qu'il était douteux qu'on pût la poursuivre; sur ces entrefaites
le légat Pierre de Castelnau fut assassiné par un familier du comte Raimond de
Toulouse, et ce crime présageait une guerre, la longue " guerre des
albigeois " au cours de laquelle la prédication, oeuvre de paix, aurait
encore moins de chances de réussir. Il resta toutefois à Prouille et, malgré
les hostilités, maintint fermement la Prédication de Jésus-Christ. Il résidait
à Fanjeaux, à quelque vingt minutes à pied du couvent de Prouille, dont il
était prieur. Sa mission de prédication le conduisit en tous sens à travers les
diocèses de Toulouse et de Carcassonne, et parfois dans des régions purement
albigeoises. Certes, il ne pouvait s'absenter trop longtemps de Prouille, car
le couvent se trouvait assez souvent dans la zone des combats. Par les relations
contemporaines et par le procès de béatification, nous connaissons les noms
d'hérétiques qu'il ramena à la foi de l'Église. Sa tâche était déjà difficile
auparavant, elle dut l'être d'autant plus du fait de la guerre.
Son plus grand souci était assurément la prédication
et la recherche de nouveaux compagnons pour la mission. Il était bien intégré
alors dans l'Église du midi de la France et nous savons qu'il parlait bien la
langue d'oc. Il était donc normal qu'outre la Prédication de Jésus-Christ, d'autres
charges lui fussent confiées. En 1213, l'évêque de Carcassonne fit de lui son
vicaire pour le remplacer dans les questions spirituelles (mais sans pouvoirs
judiciaires ni administratifs). Au cours de la même année on lui proposa deux
fois un évêché; il refusa chaque fois, estimant que sa tâche de prédicateur
était plus pressante. Dès le début de la mission, il ne se fit plus appeler
sous-prieur, mais seulement " frère Dominique ". Il continua à
habiter avec quatre ou cinq collaborateurs dans une maison située derrière
l'église de Fanjeaux, et bien que la petite communauté ait reçu de Simon de
Montfort de quoi subvenir à ses besoins, elle vivait volontairement dans la
pauvreté: ils distribuaient des secours aux habitants dont beaucoup, du fait de
la guerre et des impôts, avaient à peine le minimum vital. Dans leurs tournées
de prédication ils ne prenaient pas d'argent avec eux, mais se contentaient de
ce qu'on leur donnait sur la route ou dans le lieu de la prédication.
Nous savons, par le procès de béatification et par
d'autres sources, que dès Palencia et Osma Dominique était ardent à la prière,
passant souvent des nuits entières à veiller et à prier. Lorsqu'il s'adonna à
la prédication, sa prière se fit surtout apostolique: il demandait à Dieu la conversion
des cathares et des vaudois. Il progressa en même temps dans la prière
apostolique et dans la prédication, qui formaient pour lui une unité. A coup
sûr, il avait toutes dispositions humaines pour être un bon prédicateur une
solide formation théologique et surtout une connaissance approfondie des
Écritures, une élocution claire, une parole qui savait émouvoir, encourager. Ce
n'était pas un prédicateur qui " remuait les masses ", comme l'avait
été Bernard de Clairvaux prêchant la croisade vers la Terre sainte, ou comme le
serait plus tard Bernardin de Sienne dans ses sermons appelant à la pénitence.
Quand ses compagnons et lui arrivaient dans un village ou une ville, souvent
peu de gens s'arrêtaient, sur une place ou devant l'église, pour écouter la
première prédication. A la deuxième ou à la troisième prédication, il y avait
un plus grand nombre d'auditeurs. Comme le thème choisi était destiné à
contredire l'enseignement des cathares et des vaudois, les partisans de ceux-ci
interrompaient les prêcheurs, discutaient avec eux. L'ambiance était sans doute
davantage celle du " coin des orateurs " à Hyde Park que celle d'un
sermon solennel prononcé en chaire par un Bossuet.
Des biographes postérieurs ont peut-être eu raison de
parler de " milliers d'hérétiques " ramenés à l'Église par la parole
de Dominique: mais ces " milliers " se répartissent sur plus de dix
ans de prédication et en de nombreux endroits. La " conversion " dont
il s'agissait alors était tout autre chose qu'un élan du coeur ou qu'une
décision de la volonté amenant à changer de vie. La " réconciliation
" qui permettait de faire à nouveau partie de l'Église était un fait
juridique, noté par écrit et lié à des oeuvres de pénitence. Au sermon qui
donnait l'impulsion première succédaient des entretiens particuliers qui
amenaient à recevoir le sacrement de pénitence. Lorsque ses anciens biographes
nous disent que dans sa prière il " combattait pour le salut des âmes
", n'y voyons pas une figure de rhétorique : l'expression révèle le
sérieux, le don de soi qui animaient Dominique et ses compagnons lorsqu'ils
s'efforçaient de reconquérir les hérétiques.
On s'est demandé pourquoi Dominique avait tenu à
obtenir pour sa communauté de prédicateurs le statut d'un ordre reconnu par le
pape. La plupart des historiens sont d'accord pour penser que, dès son
installation à Toulouse, il songeait à la fondation d'un ordre de prêcheurs
élargi aux dimensions de l'Église. Mais il y avait aussi des motivations plus
pratiques et immédiates. Son évêque, Foulques, était certes un protecteur aux
vues larges, mais dès qu'il aurait un successeur, celui-ci, se référant à la
tradition, pouvait abolir les innovations du prédécesseur et retirer ainsi à la
communauté de Toulouse les bases mêmes de son existence.
La convocation à Rome, pour 1215, du IVe concile de
Latran offrit l'occasion d'obtenir l'approbation du pape. Lorsque Innocent III
convoqua ce concile, il était politiquement au faîte de sa puissance. Ses
interventions auprès des souverains en Allemagne, en Angleterre et (dans une
moindre mesure) en France avaient consolidé la position de la papauté et obtenu
satisfaction pour les prétentions de l'Église. En convoquant un concile oecuménique,
il voulait travailler à la réforme intérieure de l'Église et préparer une
nouvelle croisade. Sans vouloir mentionner tout ce qui fut débattu et décidé
dans ce concile, nous retiendrons celles de ses conclusions qui concernent
l'action de Dominique et qui ont influencé la fondation de l'ordre des
prêcheurs.
Dominique revint à Toulouse, et la communauté se
décida pour la règle de saint Augustin. Un tel choix était prévisible:
Dominique lui-même était " chanoine régulier ", pratiquant cette
règle depuis son entrée au chapitre d'Osma, cette règle était l'une des plus
répandues à l'époque, et enfin (beaucoup moins précise dans ce qu'elle
ordonnait que la règle bénédictine) elle se bornait à poser les principes de la
vie religieuse communautaire: pauvreté personnelle, charité fraternelle,
obéissance à l'égard des supérieurs ; la façon de mettre en oeuvre concrètement
ces principes était laissée à la discrétion de chaque ordre.
Après cette décision, les frères s'attachèrent à
rédiger les statuts qui compléteraient la règle et leur donnèrent le titre
général de consuetudines : l'expression était empruntée au droit coutumier de
l'époque et désignait donc des " coutumes " ayant une sorte de valeur
juridique. Ces premières " coutumes " furent simplement des prescriptions
concernant la vie quotidienne (heures fixées pour les offices, le repas, le
sommeil) et ascétique (silence, recueillement, jeûne, exercices de
pénitence...). Elles étaient inspirées plus ou moins des observances
rigoureuses des prémontrés fondés par saint Norbert en 1120 - eux-mêmes
chanoines réguliers de Saint-Augustin.
Ce règlement minutieux de la vie quotidienne peut
apparaître aujourd'hui comme une limite à la liberté individuelle, mais l'homme
du Moyen Age ne ressentait pas les choses ainsi. La vie des clercs était
normalement réglée par des prescriptions ecclésiastiques, et celle des laïcs
l'était aussi par des ordonnances concernant le vêtement, par les corporations
pour les gens de métier, par les " coutumes " qu'observaient les
ruraux aussi exactement que si elles avaient force de loi. Dans un tel ordre on
se sentait à l'abri, protégé. La notion d'ordre n'était pas en contradiction
avec l'idée de liberté, mais avec l'idée de chaos, avec les forces de la nature
qui semblaient désordonnées, démoniaques: on les redoutait, on s'en protégeait
en établissant des règlements. Il faut comprendre ainsi le mot souvent cité de
saint Augustin: " Garde la règle pour que la règle te garde! "
A la fin de 1216, Dominique se rendit de nouveau à
Rome, accompagné de quelques frères, pour recevoir la confirmation de son
ordre, que le pape lui avait promise. Mais en juillet, Innocent III était mort.
Son successeur Honorius n'éleva toutefois aucune objection et, le 22 décembre
1216, il fit rédiger la bulle de confirmation qui faisait de la communauté de
Toulouse un ordre autonome. Le nom de cet ordre allait presque de soi. Les
frères étaient connus comme frères de la Prédication de Toulouse. La mission de
prédication en Languedoc était devenue " ordre des prêcheurs ".
5. L'envoi des frères par saint Dominique
La Pentecôte 1217 fut une date déterminante pour la
vie de saint Dominique et pour l'histoire de l'Ordre. Jourdain de Saxe raconte
ainsi l'événement: " Il invoqua le Saint-Esprit, convoqua tous les frères
et leur dit qu'il avait pris dans son coeur la décision de les envoyer tous à
travers le monde, en dépit de leur petit nombre [...]. Chacun s'étonna de
l'entendre prononcer catégoriquement une décision si rapidement prise. Mais
l'autorité manifeste que lui donnait la sainteté les animait si bien qu'ils
acquiescèrent avec assez de facilité. "
Il ne semble pourtant pas qu'ils se soient mis
d'accord si aisément... Les objections les plus justifiées furent assurément
celles qui vinrent de la communauté elle-même. C'était, et c'est toujours,
contraire à toute expérience humaine que de disperser et semer à tout vent les
membres d'une petite communauté récemment fondée. A quoi bon avoir prescrit des
observances bien pesées, à quoi bon avoir rédigé des instructions pour le
maître des novices, si ceux qui les avaient décidées n'avaient pas la
possibilité de les mettre à l'épreuve, au moins pendant quelque temps ? Si l'on
se bornait à considérer l'expérience, le plan de Dominique devait paraître
inconsidéré, dangereux. Effectivement, quelques-unes des intentions
fondamentales de Dominique échouèrent tout d'abord. Cela ne doit pas
surprendre. Dans ce petit groupe, il n'y avait guère de personnalités
dominantes. Le père Vicaire, dont le travail sur Dominique et l'origine de
l'ordre est exhaustif, note, à ce propos, que les premiers frères étaient
" simples en général et faiblement instruits pour la plupart. Il en est
qui ont peur des sacrifices, d'autres qui perdent pied dans les difficultés
matérielles ". Pour eux un temps de probation assez prolongé sous la
direction de Dominique eût été précieux. Mais le fondateur ne fut pas ébranlé,
et il répondit aux objections des frères: " Ne vous opposez pas à moi, je
sais ce que je fais. "
C'était là un argument d'autorité. N'essayons pas de
justifier cette attitude en remarquant que " l'histoire lui a donné raison
". On peut toujours commenter a posteriori les décisions historiques,
bonnes ou mauvaises. Dans ce cas la décision prise ne peut s'expliquer que par
ce qu'on appelle, en langage chrétien, " charisme " et "
inspiration " ; nous pénétrons là dans les secrets d'une relation intime
entre Dieu qui donne ce charisme, cette inspiration et celui qui les reçoit.
Quand on est à l'extérieur on ne peut que pressentir - à la seule condition
d'être ouvert à cette dimension de la foi - leur présence chez celui qui les a
reçus. Les frères y étaient certainement ouverts, et c'est ainsi qu'il faut
comprendre la conclusion de Jourdain de Saxe: les frères étaient " pleins
d'espoir quant à l'heureuse issue de cette décision ".
A l'Assomption, le petit groupe se réunit une dernière
fois pour célébrer la messe ensemble. Puis ils se séparèrent. Un certain
nombre, parmi eux, ne se revirent plus. Deux groupes se dirigèrent séparément
vers Paris pour s'y établir. Un autre groupe fit route vers Madrid. Un autre
encore se dirigea vers l'Espagne, mais il abandonna bientôt. Dans le couvent de
Toulouse restaient seulement quelques frères originaires de la ville ou de ses
environs immédiats.
Alors commença pour Dominique une période de voyages
qu'il fit à pied, en tant que prédicateur apostolique. Comme aux établissements
d'Espagne et de France s'ajoutèrent bientôt des fondations en Italie, il était
constamment sur les routes de ces pays. D'après les dépositions de ses frères,
dans aucun de ces couvents il n'avait de cellule personnelle: il couchait dans
la cellule d'un frère absent ou simplement sur une litière de paille dans un
coin d'une pièce vide; et d'ailleurs il passait une partie de ses nuits en
prière dans la chapelle ou l'église du couvent. Comme il allait à pied, il ne
prenait que le strict nécessaire. Certes, il recevait dans les couvents ce
qu'il lui fallait. Mais à longueur d'année ce renoncement au minimum de biens
personnels dont chacun, à vrai dire, a besoin pour pouvoir à l'occasion s'en
servir faisait partie de sa conception personnelle de la pauvreté apostolique,
qu'il n'imposa sans doute jamais à ses frères à ce point.
Dans les quelques années qui lui restaient encore à
vivre, il se consacra surtout aux couvents nouvellement fondés. Non seulement
il visitait les établissements déjà existants, mais il préparait aussi le
terrain pour de nouvelles fondations. Ainsi il est probable que la fondation du
couvent de Bologne fut due à son initiative lorsque, au cours de l'hiver 1217,
il alla de Toulouse à Rome, où il devait demander, et recevoir, de nouvelles
lettres de recommandation du pape pour l'ordre des prêcheurs. Ces bulles
étaient très importantes: d'abord, en dehors de la région de Toulouse et de
Narbonne, le nouvel ordre était encore tout à fait inconnu; ensuite, cette
forme de vie conventuelle et surtout cette activité de prédication, de la part
de clercs qui n'étaient pas des prélats (auxquels auparavant le soin de prêcher
était réservé), devaient, évidemment, rencontrer les réticences et la méfiance
des évêques et du clergé local.
Durant l'été 1218, il en fut de même lors de son
voyage en Espagne. Treize ans auparavant, à la suite de l'évêque d'Osma, il
avait, en se dirigeant vers la France et le Danemark, traversé à cheval les
Pyrénées: c'est ce que peut nous évoquer, sur le sarcophage du saint évêque
Pedro dans la salle du chapitre d'Osma, la chevauchée d'un chanoine accompagné
d'un serviteur (voir planche 14). Cette fois, avec un de ses frères, Dominique
franchit à pied les montagnes, prêchant dans les villes et les villages et vivant
des aumônes qu'on leur accordait.
A Madrid, il rendit visite aux deux frères qu'il y
avait envoyés l'année précédente et fonda le premier couvent espagnol de
moniales dominicaines. Ces religieuses reçurent une lettre de lui qui a été
conservée: c'est le seul document que nous connaissions écrit de sa main.
Rédigée en style très sobre, elle donne des avertissements d'ordre pratique et
d'ordre spirituel, entre autres celui-ci qui pourrait provenir des instructions
aux maîtres des novices que nous avons citées: " Ne bavardez pas entre
vous et ne perdez pas votre temps à des rencontres. " Pas un mot de trop,
pas une de ces fleurs de rhétorique pieuse dont les lettres d'édification sont
si riches au Moyen Age.
A Ségovie on donna à Dominique une maison. Quelques
frères s'y installèrent et en firent un couvent. (C'est ainsi que naquirent
bien d'autres couvents en Espagne, en France, en Italie et en Allemagne.) Vers
le mois de mai 1219, Dominique faisait route vers Toulouse pour visiter le
couvent Saint-Romain. Là, le frère Bertrand l'attendait avec des nouvelles de
Paris. Et tous deux repartirent pour cette ville.
Quelques semaines ne s'étaient pas écoulées que
Dominique repartait pour Bologne. Là, sous la direction du frère Réginald
d'Orléans, en peu de temps, d'un misérable hospice on avait fait un couvent,
près de l'église S. Niccolô. Comme à Paris ce furent surtout de jeunes
étudiants de l'université qui entrèrent dans l'ordre, mais des professeurs
aussi demandèrent à s'y agréger et, à leur tour, lui amenèrent de nouvelles
recrues. Évidemment, dans une communauté qui avait grandi aussi vite et dont
les racines étaient aussi diverses, il y eut des crises. Plusieurs des jeunes
gens qui étaient entrés avec enthousiasme capitulèrent devant les exigences sévères
de la pauvreté apostolique. Et Réginald dut avoir plus d'une fois recours à
toute son éloquence et à toute son autorité pour éviter des divisions à
l'intérieur de la communauté.
Dominique décida de s'établir définitivement à
Bologne. Selon Jourdain de Saxe, ce fut pour veiller sur les jeunes frères qui
s'y trouvaient déjà nombreux, pour " façonner l'enfance encore tendre de
la nouvelle pépinière ". D'autres motifs ont pu jouer, et notamment l'état
de sa santé. Mous savons que depuis des années il souffrait de l'estomac et de
l'intestin. Il n'en disait rien, continuait sa vie ascétique et consacrait de
longues heures à la prière nocturne dans l'église. Mais l'épuisement dû à de
longues marches, les voyages avec tout ce qu'ils entraînaient d'imprévu et d'incommodités
altéraient sa santé à la longue. Comme la situation du couvent de Paris restait
aussi difficile, il y envoya le frère Réginald. Il pensait que celui-ci,
français, était le plus désigné pour triompher des résistances, d'autant plus
qu'avant d'entrer dans l'ordre il avait été professeur à l'université de Paris
et doyen à Orléans. Mais peu de temps après son arrivée à Paris, Réginald
mourut.
Réginald était non seulement un éminent théologien,
mais un remarquable prédicateur qui, à Bologne, enthousiasmait ses auditeurs.
Jourdain en parle comme d'un " nouvel Élie " et dit qu'il "
mettait tout Bologne en effervescence ". Des étudiants qu'il avait conquis
pour l'ordre dans cette ville, il était aimé et honoré, et quand Dominique, à
regret, l'envoya à Paris, chacun des jeunes frères " pleura de se voir si
tôt arraché au sein aimant d'une mère à laquelle ils étaient accoutumés ".
L'expression peut sembler un peu trop imagée, mais elle caractérise bien cette
aptitude à aimer qui était chez lui un charisme particulier. Jourdain raconte
aussi à son sujet qu'un certain frère, qui l'avait connu dans le monde "
vaniteux et difficile dans sa délicatesse, l'interrogea avec étonnement :
"N'éprouvez-vous pas quelque répugnance, Maître, à cet habit que vous avez
pris ?" Mais lui, en baissant la tête: "Je crois n'avoir aucun mérite
à vivre dans cet ordre, car j'y ai toujours trouvé trop de joie." "
Sur le tombeau de Dominique à Bologne, Nicola Pisano a immortalisé cette amitié
en montrant Réginald faisant profession entre les mains du fondateur.
Réginald ne fut pas le seul à quitter Bologne:
Dominique partit bientôt, lui aussi, pour se rendre à Viterbe où, à la suite
d'une émeute à Rome, la cour pontificale s'était installée. Il voulait obtenir
du pape de nouvelles lettres de recommandation pour l'ordre, en particulier
pour le couvent de Paris. Honorius acquiesça à toutes ses demandes, fit envoyer
aux évêques de nouvelles bulles de recommandation et obtint finalement pour les
frères de Paris le droit de prêcher dans leur chapelle. Dominique demeura à
Viterbe et à Rome plus longtemps que prévu, et ses contacts avec le pape, au
cours de l'hiver 1219-1220, furent de plus en plus étroits et confiants.
Honorius III n'avait sans doute pas les capacités politiques de son prédécesseur
Innocent III et il ne conçut pas d'autre réforme de l'Église que celle
qu'Innocent avait exposée au concile de Latran, mais il appuya cette réforme
avec prudence et contribua à son exécution. Non seulement il se montra ouvert
aux idées de Dominique, mais il les soutint partout où il le put. Il lui confia
une nouvelle tâche qui entrait dans ce plan de réforme et correspondait,
d'ailleurs, aux intentions du fondateur des prêcheurs; celle de réformer, à
Rome, certains monastères de femmes.
Il s'agissait de couvents tombés en décadence
temporellement et spirituellement. Dominique forma le projet de rassembler les
moniales de plusieurs couvents dans le monastère de Saint-Sixte, que peu de
mois auparavant le pape Honorius III lui avait cédé et qui à force de travail
était devenu habitable pour quelques frères. Ce projet rencontra, comme on
pouvait 's'y attendre, une forte résistance de la part des religieuses - pour
la plupart issues de la noblesse romaine -, car il s'agissait d'abandonner des
lieux honorés de longue date. En outre, Saint-Sixte était situé dans un
quartier marécageux, et donc malsain. Enfin, on n'appréciait pas du tout le
projet de Dominique: faire venir des religieuses de Prouille pour veiller à ce
que la réforme soit observée. A force d'entretiens et d'exhortations, Dominique
réussit enfin à persuader les moniales de la nécessité de ce changement, malgré
leur répugnance à accepter la clôture stricte qu'il impliquait et à laquelle
elles n'étaient pas habituées. Il y eut, certes, des réactions violentes de la
part de leurs familles qui essayèrent de les retenir par la force. Mais en fin
de compte, en avril 1220, Dominique put recevoir dans la clôture le dernier
groupe de moniales.
A cette installation se rattache une légende. Dans le
monastère Sainte-Marie-in-Tempulo se trouvait une image vénérée de la Madone,
qu'on prétendait avoir été peinte par saint Luc. On affirmait que cette image
ne se laisserait jamais emporter ailleurs. Les soeurs posèrent donc comme
condition qu'elles pourraient revenir dans leur ancien couvent au cas où
l'image miraculeuse " résisterait " à son transfert à Saint-Sixte.
Dominique en fut d'accord. Comme on craignait un soulèvement de la population
romaine, l'image fut transportée de nuit en procession solennelle. Elle ne
manifesta nullement l'intention de retourner à l'emplacement primitif : les
soeurs restèrent donc à Saint-Sixte, et l'image se trouve toujours dans le
couvent qui a succédé à celui des soeurs de Saint-Sixte, au même endroit, sur
le Monte Mario.
Pour les frères qui jusqu'alors étaient installés à
Saint-Sixte, il fallait obtenir une nouvelle résidence: elle se trouva à
Sainte-Sabine, sur l'Aventin. Près de la célèbre basilique du Ve siècle, les
frères purent installer un modeste couvent. Aujourd'hui, ce couvent de
Sainte-Sabine est le siège du maître de l'ordre des prêcheurs, et il n'est pour
ainsi dire personne, parmi les nombreux dominicains qui se rendent à Rome au
cours de leur vie religieuse, qui néglige d'aller prier dans la cellule étroite
et basse que Dominique, quand il séjournait dans la ville, utilisait pour y
passer la nuit.
6. La mort à Bologne
Le pape Honorius confia à Dominique encore une autre
tâche: organiser et diriger une mission de prédication en Lombardie. Des
lettres pontificales furent envoyées à des religieux de divers couvents
italiens, leur enjoignant de se mettre à la disposition de Dominique, nommé
chef de la mission. Il s'agissait, tout comme dans les missions en Languedoc,
de regagner des cathares et des vaudois. Ainsi, au cours des années 1220 et
1221, Dominique chemina presque sans arrêt sur les routes du nord de l'Italie
pour y prêcher. Du succès de cette mission nous ne savons à peu près rien. Elle
fut à coup sûr aussi difficile qu'en France et on ne pouvait s'attendre à des
conversions en masse. Au fond, tout autre que Dominique aurait pu conduire
cette mission. Mais il était considéré par la curie comme un expert pour tout
ce qui touchait à la prédication. Cette nouvelle existence itinérante altéra
gravement sa santé. Les accès de faiblesse devenaient plus fréquents. Parfois
il ne pouvait avaler que des légumes et du bouillon d'herbes.
Lorsque, en mai 1221, il revint à Bologne où devait se
tenir le deuxième chapitre général de l'ordre, c'était un homme à bout de forces,
qui n'avait plus que quelques mois à vivre. Pourtant, comme toujours, il le
laissa à peine voir et ne se ménagea pas. Comme ses frères le relatèrent plus
tard, il ne se relâcha d'aucune des sévérités de la règle, alors qu'il
accordait généreusement des adoucissements aux frères malades ou épuisés, car
ces observances étaient ordonnées au but de l'ordre, c'est-à-dire à la
prédication, et n'étaient pas un but en soi. En 1220, la conclusion du premier
chapitre de Bologne l'avait précisé: "Que le supérieur ait en son couvent
pouvoir de dispenser les frères chaque fois qu'il l'estimera convenable,
principalement en ce qui paraîtrait faire obstacle à l'étude, à la prédication
ou au profit des âmes." Dominique, certes, blâmait sans indulgence les manquements
de certains frères et prescrivait les pénitences prévues mais il n'agissait
jamais sous le coup de la colère et préférait reprendre en particulier le frère
fautif.
Dans une seule occasion on le vit vraiment irrité.
Revenant à Bologne après une tournée de prédication, il s'aperçut qu'en
reconstruisant le couvent on avait agrandi les cellules. Il appela aussitôt le
frère responsable et lui ordonna de faire démolir le nouveau bâtiment. Il ne
s'agissait plus d'une faute individuelle mais du danger pour la communauté de
s'écarter du fondement de la pauvreté apostolique.
Cette obligation de pauvreté pour la communauté avait
déjà abouti, au premier chapitre général, à l'interdiction d'accepter soit des
biens fonciers, soit des revenus de n'importe quelle nature. Cela n'impliquait
pourtant pas qu'on dût refuser le don d'une maison, en toute propriété, pour y
fonder un couvent, car Dominique reçut de telles donations à maintes reprises.
Cette interdiction portait sur des rentes, des revenus fixes dont un couvent
aurait pu vivre. La communauté devait subsister à l'aide d'aumônes, comme
chaque frère en particulier. Il était donc interdit d'élever des constructions
qui seraient source de dépenses et dont l'entretien, trop lourd pour la
communauté, donnerait aussi motif à la population de se scandaliser.
A ce deuxième chapitre général, on peut dire que
Dominique, déjà gravement malade, procéda à la " mise en ordre de ses
affaires ". Il le fit d'abord en déléguant les pleins pouvoirs que
jusqu'alors il exerçait seul comme prieur et maître de l'ordre. A ce chapitre,
on décida que plusieurs couvents d'une région seraient groupés en une province
ayant à sa tête un prieur provincial: celui-ci " jouit dans sa province
des mêmes pouvoirs que le maître de l'ordre et ceux de la province lui rendent
les mêmes honneurs qu'ils font au maître de l'Ordre ".
Après la clôture du chapitre de Bologne, Dominique
reprit ses activités accoutumées: il travailla avec ardeur à la fondation d'un
couvent de religieuses à Bologne même, il alla prêcher en Lombardie. Fin
juillet, il revint à Bologne, épuisé, secoué à la fois par des accès de fièvre
et de violentes douleurs intestinales. Il put encore une fois rassembler ses
forces pour prendre part aux pourparlers concernant le couvent des religieuses.
Mais au début d'août il fut vaincu par la maladie. Couché sur un matelas dans
un coin du dortoir, il attendait la fin en priant et en méditant. Lorsque la
fièvre se calmait, il priait avec le frère qui le gardait ou s'entretenait avec
les novices qui venaient le voir. Les frères, qui n'avaient pas encore perdu l'espoir
d'une amélioration, le transportèrent au prieuré bénédictin de Monte Mario,
hors de la ville et de sa chaleur étouffante. Mais ce geste d'affection fut
inutile. Au matin du 6 août, les frères de Saint-Nicolas gravirent la colline
et Dominique fit devant les prêtres de la communauté une confession générale;
il reconnut n'avoir jamais eu dans sa vie de relation sexuelle, mais quand les
frères se furent retirés et qu'il resta seul avec l'un d'entre eux, il lui dit
: " J'ai mal fait de parler devant les frères de ma virginité, je n'aurais
pas dû le dire. " Lui qui ne parlait jamais de lui, qui jamais ne
s'offrait en modèle, ne se pardonnait pas d'être sorti de cette réserve à
l'heure de la mort.
Pendant qu'on lui administrait l'extrême-onction, un
incident se produisit, que nous avons peine à comprendre aujourd'hui (mais il
faut le situer dans le contexte juridique de l'Église de ce temps): le clerc
desservant la chapelle déclara que si Dominique mourait au prieuré, c'est là
qu'il devrait être enterré ! Les frères ne l'acceptèrent pas. Le mourant fut
ramené sur une civière au couvent Saint-Nicolas et couché, puisqu'il n'avait
pas de cellule à lui, dans la cellule d'un frère. C'est là qu'il mourut,
entouré de tous ses frères, au soir du 6 août 1221. Une tradition rapporte
qu'il leur dit: " Ne pleurez pas ! Je vous serai plus utile et porterai
pour vous plus de fruit après ma mort que je ne le fis dans ma vie. "
Une légende accompagne son entrée dans la vie, une
autre s'est répandue à propos de sa mort. Jourdain de Saxe la relate ainsi:
" Le même jour, à l'heure où il trépassa, frère Guala, prieur de Brescia,
puis évêque de la même ville, se reposait auprès du campanile des frères de
Brescia. Il s'était endormi d'un sommeil assez léger lorsqu'il aperçut une
sorte d'ouverture dans le ciel par laquelle descendaient deux échelles
radieuses.
Le Christ tenait le haut de la première échelle, sa
Mère le haut de l'autre; et les anges les parcouraient toutes deux, les
descendant et remontant. Un siège était placé en bas, entre les deux échelles,
et quelqu'un, sur le siège. Ce paraissait un frère de l'ordre; son visage était
voilé par la capuche comme nous avons coutume d'ensevelir nos morts. Le Christ
et sa Mère tiraient peu à peu vers le haut les échelles, jusqu'à ce que celui
qu'on avait installé tout en bas parvînt jusqu'au sommet. Quand on l'eut reçu
dans le ciel, au chant des anges, dans la splendeur d'une lumière immense,
l'étincelante ouverture du ciel se ferma et plus rien désormais ne se présenta.
Le frère qui avait eu la vision, quoiqu'il fût assez malade et faible, reprit
bientôt ses forces et partit sur-le-champ pour Bologne. Il y apprit que le même
jour, à la même heure, le Serviteur du Christ Dominique y était mort. "
(Source : Hertz, Anselm. Nils Loose, Helmuth. Dominique et les dominicains. Cerf, 1987.)
SOURCE : http://www.dominicains.ca/famille/vie_dominique.html
Claudio Coello (1642–1693), Santo Domingo de Guzmán, circa 1685, 240
x 160, Museo del Prado
8 août
Saint Dominique
Homme de Dieu sans partage et réalisant pleinement le
sens de son nom Dominique (qui appartient au Seigneur), il ne fut pas moins
totalement l'homme de la sainte Eglise, qui voit en lui un invincible champion
de la foi ; et l'Ordre des Prêcheurs, fondé par lui, s'est toujours montré un
des plus fermes remparts de l'Eglise romaine. Ce n'est donc pas seulement
pendant sa vie que Dominique fut le solide appui du temple [Eccl. L I ], il en
assura la défense pour les siècles à venir et ce sont bien, semble-t-il, des
paroles prophétiques que prononça Honorius III quand, en approuvant la règle
nouvelle, il fit cette déclaration : Nous entrevoyons dans les membres de ton
Ordre de futurs athlètes de la foi et de véritables lumières du monde.
En effet, chacun le sait, pour répandre le royaume de
Dieu, Jésus-Christ ne s'est servi d'autre instrument que de la prédication de
l'Evangile, c'est-à-dire de la voix éclatante de ses hérauts, envoyés semer à
travers le monde la doctrine du ciel : Enseignez, dit-il, toutes les nations
[Matth. XXVIII 19 ] ; préchez l'Evangile à toute créature [Marc XVI 15 ].
Ainsi, grâce à la prédication des apôtres, de saint Paul surtout, suivie plus
tard de l'enseignement des Pères et des Docteurs, les esprits s'illuminèrent
aux rayons de la vérité et les coeurs s'éprirent d'amour pour toutes les
vertus. Appliquant exactement la même méthode dans l'oeuvre du salut des âmes,
Dominique s'assigna comme but, pour lui et ses fils, de livrer aux autres le
fruit de leurs propres méditations ; c'est pourquoi, outre la pratique de la
pauvreté, de la chasteté et de l'obéissance religieuse, il fit à son Ordre un
devoir rigoureux et sacré de se livrer avec zèle à l'étude de la doctrine et à
la prédication de la vérité.
Or, trois éléments caractéristiques ont distingué la
prédication dominicaine : une grande solidité de doctrine, une docilité fidèle
et absolue à l'égard du Siège Apostolique, une piété toute spéciale envers la
Sainte Vierge.
Encore qu'il se soit senti de bonne heure la vocation
de prédicateur, Dominique, avant d'aborder ce ministère, étudia longuement la
philosophie et la théologie au collège de Palencia, et, prenant pour guides et
maîtres les saints Pères, dont il avait approfondi la doctrine, il s'assimila
la féconde substance de la Sainte Ecriture, particulièrement des écrits de
saint Paul.
La valeur de sa science des choses divines ne tarda
pas à se révéler dans les discussions que Dominique soutint contre les
hérétiques ; bien que ceux-ci fussent armés de toutes les ressources du talent
et de la fourberie pour donner l'assaut aux dogmes de la foi, on admirait avec
quelle vigueur il les confondait et les réfutait. On le vit surtout à Toulouse,
qui passait alors pour le centre et la capitale des hérésies, et où s'étaient
donné rendez-vous les plus doctes des ennemis de l'Eglise. L'histoire rapporte
comment, entouré de ses premiers compagnons, remarquables par leur activité et
leur talent de parole, il tint victorieusement tête à l'insolence des
hérétiques, et comment, non content de refréner leur audace, il toucha si bien
les coeurs par son éloquence et sa charité, qu'il en ramena un grand nombre
dans le sein de leur mère l'Eglise catholique. Dans ses luttes pour la foi, il
était assisté visiblement par Dieu lui-même ; un jour, notamment, comme il
avait accepté de subir une épreuve imposée par le hérétiques, épreuve
consistant, pour chaque docteur, à jeter son livre au feu, les flammes consumèrent
les autres ouvrages, ne respectant et ne laissant intact que le sien. L'oeuvre
puissante de Dominique délivra ainsi l'Europe du péril de l'hérésie des
Albigeois.
Dominique voulut que cette solidité de doctrine fût
également le glorieux apanage de ses fils. A peine eut-il obtenu du Siège
Apostolique l'approbation de son Ordre et la confirmation du noble titre de
Prêcheurs, qu'il décida de fonder ses couvents dans le voisinage immédiat des
plus célèbres Universités, pour permettre à ses religieux de se développer plus
aisément dans tous les ordres de connaissance et donner occasion à un plus
grand nombre d'étudiants d'entrer dans sa famille nouvelle.
Aussi, l'Institut dominicain s'est-il, dès le début,
signalé comme un ordre doctrinal. Ce fut toujours comme sa mission et son
privilège de guérir les maux causés par l'erreur sous ses diverses formes et de
répandre la lumière de la foi chrétienne : il n'est pas, en effet, de pire
obstacle au salut éternel que l'ignorance religieuse et la perversion des esprits.
Il n'est donc pas surprenant que tous les regards et l'attention générale se
soient tournés vers cette nouvelle et féconde forme d'apostolat, qui, à
l'Evangile et aux enseignements des Pères, qu'elle prenait pour base, joignait
le précieux appoint de connaissances de tout genre.
La sagesse divine elle-même sembla s'exprimer par la
bouche des fils de saint Dominique, alors que brillaient parmi eux de puissants
hérauts et défenseurs de la doctrine chrétienne, tels Hyacinthe de Pologne,
Pierre le Martyr, Vincent Ferrier ; des esprits remarquables pour leur génie et
versés dans les sciences les plus élevées, tels Albert le Grand, Raymond de
Pennafort, Thomas d'Aquin, ce fils de Dominique dont Dieu daigna se servir,
plus que de tout autre docteur, pour illuminer son Eglise. Aussi bien, cet
Ordre, qui fut toujours si apprécié pour son apostolat de la vérité, s'est-il
vu décerner son plus beau titre de gloire le jour où l'Eglise proclama que la
doctrine de saint Thomas était sa propre doctrine, et donna aux étudiants
catholiques pour maître et saint patron ce Docteur que les Papes avaient comblé
des éloges les plus insignes. (...)
C'est, en effet, en vouant à la Très Sainte Vierge une
affection toute filiale et en espérant par-dessus tout en son patronage, que Dominique
prit en mains la cause de la foi. Dans sa lutte contre les hérétiques
Albigeois, qui attaquaient, en proférant d'horribles blasphèmes, l'ensemble des
vérités de la foi et spécialement la maternité divine et la virginité de Marie,
Dominique, tout en vengeant de toutes ses forces la sainteté de ces dogmes,
implorait le secours de la Vierge Mère en lui adressant très fréquemment cette
invocation : Souffrez que je vous loue, Vierge sainte ; fortifiez-moi contre
vos ennemis.
Combien était agréable à la Reine du ciel cette
conduite de son très dévôt serviteur, on peut aisément le déduire du fait que
c'est par Dominique que Marie voulut enseigner à l'Eglise, Epouse de son Fils,
le très saint Rosaire : cette prière tout ensemble vocale et mentale - méditation
des principaux mystères de la religion accompagnant la récitation de quinze
Pater et d'autant de dizaines d'Ave Maria - est merveilleusement propre à
nourrir la piété et à exciter les âmes à la pratique des vertus.
Dominique était donc bien inspiré quand il demandait à
ses disciples de s'efforcer souvent et avec zèle, dans leurs prédications, de
rendre familière à leur auditoire cette forme de prière, dont il avait
pleinement constaté l'utilité. Il était, en effet, persuadé de deux choses :
d'une part, Marie est si puissante auprès de son divin Fils que toutes les
grâces accordées par Dieu aux hommes leur sont toujours données par
l'intermédiaire et au gré de la Sainte Vierge ; d'autre part, Marie est si
bonne et si miséricordieuse que, accoutumée à secourir spontanément ceux qui
souffrent, elle est absolument incapable de repousser ceux qui implorent son
secours. Aussi, celle que l'Eglise a l'habitude de saluer Mère de grâce et Mère
de miséricorde, s'est toujours montrée telle, surtout quand on a eu recours au
Saint Rosaire ; et c'est pourquoi les Pontifes Romains n'ont jamais négligé une
occasion d'exalter l'efficacité du Rosaire Marial et de l'enrichir du trésor
des indulgences.
St Dominique vu par Ste Catherine
Si tu regardes la barque de ton Père Dominique, mon
fils bien-aimé, tu verras qu'il y a parfaitement tout disposé pour m'honorer et
sauver les âmes par la lumière de la science... Il prit la charge du Verbe, mon
Fils unique, et il parut comme un apôtré dans le monde, tant il sema ma parole
avec ardeur, dissipant les ténèbres et répandant partout la lumière. Ce fut un
flambeau que je donnai aux hommes par l'intermédiaire de Marie pour detruire
les hérétiques... Ton Père Dominique a mis à sa barque trois cordages, qui sont
la chasteté, l'obéissance et la vraie pauvreté ; il a mis dans sa règle
une grande modération, puisqu'il n'y a pas obligé les âmes sous peine de péché
mortel... Dominique est ainsi d'accord avec ma Vérité, puisqu'il ne veut pas la
mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive. Aussi, sa religion
est toute large, toute joyeuse, toute parfumée. C'est un jardin de délices,
mais ceux qui n'en observent pas la règle le rendent inculte et sauvage. La
vertu y répand à peine quelque odeur, et la lumière de la science s'affaiblit
en ceux qui s'y nourrissent. Ce jardin si désirable n'était point ainsi dans
son principe ; les fleurs y abondaient, et les religieux y étaient d'une
grande perfection... Oui, Dominique et François étaient véritablement les deux
colonnes de l'Eglise : François par la pauvreté, et Dominique par la
science.
Sainte Catherine de Sienne - Dialogue CLVIII
Saint Dominique envoya sept de ses premiers disciples
à la conquête de l'université de Paris où ils arrivèrent le 12 septembre 1217 :
Matthieu, ancien prieur de Toulouse, originaire d'Ile-de-France, qui, à la
croisade de 1209, avait été chapelain de Simon de Montfort ; Bertrand ; Jean de
Navarre, Laurent l'Anglais, Mannès, propre frère de saint Dominique ;
l'espagnol Michel ; le frère convers normand, Authier. D'abord logés dans une
maison proche de la cathédrale, entre le palais épiscopal et l'Hôtel-Dieu, il
reçurent de l'Université et de Jean de Barastre, Doyen de Saint-Quentin, un
petit hospice, rue Saint-Jacques, en face de Saint-Etienne-des-Grès, où ils
s'établirent le 6 août 1218.
Saint Dominique, dit-on, vint à Paris avec Bertrand de
Garrigue, aux premiers jours de mai 1219 : il entra par la porte d'Orléans pour
rejoindre la maison de la rue Saint-Jacques qui comptait alors une trentaine de
religieux. On pense qu'il disposa lui-même le cloître, le réfectoire et les
dortoirs du couvent, qu'il prêcha la Saint-Jean à Notre-Dame, qu'il donna
l'habit à Guillaume de Montferrat et à Henri le Teutonique, qu'il convertit
Jourdain de Saxe et Reginald, qu'il rencontra Edme de Cartorbéry alors étudiant
en théologie. Avant de partir, il aurait envoyé Philippe à Reims, Guerric à
Metz, Guillaume à Poitiers, Pierre Calain à Limoges, Mannès avec Michel de
Fabra en Espagne et d'autres frères à Orléans. C'est de Bologne qu'il envoya
vers Paris le célèbre canoniste, maître Renaud (Réginald de Saint-Gilles) ;
ancien doyen de Saint-Aignan d'Orléans, Renaud après été un des grands
décrétistes parisiens, s'en était allé à Rome où, saint Dominique l'ayant
guérit miraculeusement, il se fit dominicain ; Renaud mourut en 1220 et comme
les Dominicains n'avaient pas encore de cimetière parisien, il fut enterré dans
celui des Bénédictins de Notre-Dame-des-Champs.
Encyclique adressée par S. S. Benoît XV aux
Patriarches, Primats, Archevêques, Evêques et autres Ordinaires, en paix et
communion avec le Saint-Siège à l'occasion du VII° centenaire de la mort de
saint Dominique.
Vénérables Frères, Salut et Bénédiction apostolique,
L'heureux jour approche où, il y a sept cents ans,
Dominique, cet astre de sainteté, a quitté ce séjour misérable pour le royaume
de l'éternelle félicité. Depuis longtemps, Nous sommes du nombre de ses plus
fervents dévôts, surtout depuis le jour où nous fut confiée l'Eglise de
Bologne, qui garde ses cendres avec une piété jalouse ; aussi Nous est-il fort
agréable de pouvoir convier, du haut de cett Chaire Apostolique, le peuple
chrétien à glorifier la mémoire de ce grand Saint. Satisfaction pour Notre
piété, cet appel nous paraît également le moyen de remplir un grand devoir de
gratitude envers le saint fondateur et son illustre famille.
Homme de Dieu sans partage et réalisant pleinement le
sens de son nom Dominique ( " qui appartient au Seigneur " ), il ne
fut pas moins totalement l'homme de la sainte Eglise, qui voit en lui un
invincible champion de la foi ; et l'Ordre des Prêcheurs, fondé par lui, s'est
toujours montré un des plus fermes remparts de l'Eglise romaine. Ce n'est donc
pas seulement pendant sa vie que Dominique fut le solide appui du temple [Eccl.
L, I ], il en assura la défense pour les siècles à venir et ce sont bien,
semble-t-il, des paroles prophétiques que prononça Honorius III quand, en
approuvant la règle nouvelle, il fit cette déclaration : " Nous
entrevoyons dans les membres de ton Ordre de futurs athlètes de la foi et de
véritables lumières du monde. "
Dominique et ses fils ont été, par leurs prédications,
le "solide appui du peuple chrétien"
En effet, chacun le sait, pour répandre le royaume de
Dieu, Jésus-Christ ne s'est servi d'autre instrument que de la prédication de
l'Evangile, c'est-à-dire de la voix éclatante de ses hérauts, envoyés semer à
travers le monde la doctrine du ciel : Enseignez, dit-il, toutes les nations
[Matth.XXVIII,19 ] ; préchez l'Evangile à toute créature [Marc. XVI, 15 ].
Ainsi, grâce à la prédication des apôtres, de saint Paul surtout, suivie plus
tard de l'enseignement des Pères et des Docteurs, les esprits s'illuminèrent
aux rayons de la vérité et les coeurs s'éprirent d'amour pour toutes les
vertus. Appliquant exactement la même méthode dans l'oeuvre du salut des âmes,
Dominique s'assigna comme but, pour lui et ses fils, de livrer aux autres le
fruit de leurs propres méditations ;c'est pourquoi, outre la pratique de la
pauvreté, de la chasteté et de l'obéissance religieuse, il fit à son Ordre un
devoir rigoureux et sacré de se livrer avec zèle à l'étude de la doctrine et à
la prédication de la vérité.
LES CARACTERISTIQUES DE LA PREDICATION DOMINICAINE
Or, trois éléments caractéristiques ont distingué la
prédication dominicaine : une grande solidité de doctrine, une docilité fidèle
et absolue à l'égard du Siège Apostolique, une piété toute spéciale envers la
Sainte Vierge.
Solidité de doctrine
Chez saint Dominique : l'étude prélude à
l'apostolat, sa science triomphe de l'hérésie albigeoise.
Encore qu'il se soit senti de bonne heure la vocation
de prédicateur, Dominique, avant d'aborder ce ministère, étudia longuement la
philosophie et la théologie au collège de Palencia, et, prenant pour guides et
maîtres les saints Pères, dont il avait approfondi la doctrine, il s'assimila
la féconde substance de la Sainte Ecriture, particulièrement des écrits de
saint Paul.
La valeur de sa science des choses divines ne tarda
pas à se révéler dans les discussions que Dominique soutint contre les
hérétiques ; bien que ceux-ci fussent armés de toutes les ressources du talent
et de la fourberie pour donner l'assaut aux dogmes de la foi, on admirait avec
quelle vigueur il les confondait et les réfutait. On le vit surtout à Toulouse,
qui passait alors pour le centre et la capitale des hérésies, et où s'étaient
donné rendez-vous les plus doctes des ennemis de l'Eglise. L'histoire rapporte
comment, entouré de ses premiers compagnons, remarquables par leur activité et
leur talent de parole, il tint victorieusement tête à l'insolence des
hérétiques, et comment, non content de refréner leur audace, il toucha si bien
les coeurs par son éloquence et sa charité, qu'il en ramena un grand nombre
dans le sein de leur mère l'Eglise catholique. Dans ses luttes pour la foi, il
était assisté visiblement par Dieu lui-même ; un jour, notamment, comme il
avait accepté de subir une épreuve imposée par le hérétiques, épreuve
consistant, pour chaque docteur, à jeter son livre au feu, les flammes
consumèrent les autres ouvrages, ne respectant et ne laissant intact que le
sien. L'oeuvre puissante de Dominique délivra ainsi l'Europe du péril de
l'hérésie des Albigeois.
Dans l'Ordre dominicain : rayonnement
doctrinal ; Thomas d'Aquin, joyau de son Ordre.
Dominique voulut que cette solidité de doctrine fût
également le glorieux apanage de ses fils. A peine eut-il obtenu du Siège
Apostolique l'approbation de son Ordre et la confirmation du noble titre de Prêcheurs,
qu'il décida de fonder ses couvents dans le voisinage immédiat des plus
célèbres Universités, pour permettre à ses religieux de se développer plus
aisément dans tous les ordres de connaissance et donner occasion à un plus
grand nombre d'étudiants d'entrer dans sa famille nouvelle.
Aussi, l'Institut dominicain s'est-il, dès le début,
signalé comme un ordre doctrinal. Ce fut toujours comme sa mission et son
privilège de guérir les maux causés par l'erreur sous ses diverses formes et de
répandre la lumière de la foi chrétienne : il n'est pas, en effet, de pire
obstacle au salut éternel que l'ignorance religieuse et la perversion des
esprits. Il n'est donc pas surprenant que tous les regards et l'attention
générale se soient tournés vers cette nouvelle et féconde forme d'apostolat,
qui, à l'Evangile et aux enseignements des Pères, qu'elle prenait pour base,
joignait le précieux appoint de connaissances de tout genre.
La sagesse divine elle-même sembla s'exprimer par la
bouche des fils de saint Dominique, alors que brillaient parmi eux de puissants
hérauts et défenseurs de la doctrine chrétienne, tels Hyacinthe de Pologne,
Pierre le Martyr, Vincent Ferrier ; des esprits remarquables pour leur génie et
versés dans les sciences les plus élevées, tels Albert le Grand, Raymond de
Pennafort, Thomas d'Aquin, ce fils de Dominique dont Dieu daigna se servir,
plus que de tout autre docteur, pour illuminer son Eglise. Aussi bien, cet
Ordre, qui fut toujours si apprécié pour son apostolat de la vérité, s'est-il
vu décerner son plus beau titre de gloire le jour où l'Eglise proclama que la
doctrine de saint Thomas était sa propre doctrine, et donna aux étudiants
catholiques pour maître et saint patron ce Docteur que les Papes avaient comblé
des éloges les plus insignes.
Dévouement absolu au Saint-Siège
Chez saint Dominique : le vision d'Innocent
III - le Tiers-Ordre dominicain, milice défensive de la chrétienté.
Cette ardente préoccupation de demeurer fidèle à la
foi et de la défendre s'accompagnait, chez Dominique, d'un absolu dévouement au
Saint-Siège. C'est ainsi que l'on rapporte que, prosterné aux pieds de Notre
prédécesseur Innocent III, il se voua à la défense du Pontificat Romain, et que
ce même pape le vit en songe, la nuit suivante, soutenant vigoureusement de ses
épaules l'édifice chancelant de la Basilique de Latran. L'histoire relate cet
autre fait : à l'époque où il formait à la perfection chrétienne les premiers
disciples qui s'étaient mis à son école, Dominique eut l'idée de constituer
comme une sainte milice composée de laïques pieux et dévoués, qui aurait pour
double objet de défendre les droits de l'Eglise et de barrer énergiquement la
route aux hérésies. C'est de cette pensée que naquit le Tiers-Ordre dominicain,
qui, en répandant chez les gens du monde la pratique de la vie parfaite, devait
être pour notre Mère la Sainte Eglise un glorieux fleuron en même temps qu'un
véritable rempart.
Dans l'Ordre dominicain : les défenseurs
traditionnels du Saint-Siège - sainte Catherine de Sienne, saint Pie V.
Du fondateur, cet attachement si étroit à la Chaire de
saint Pierre passa en héritage à ses fils. Chaque fois que, par suite de
l'égarement où les erreurs plongeaient les esprits, l'Eglise eut à souffrir des
soulèvements populaires ou des injustices des princes, , le Saint-Siège trouva
dans les fils de saint Dominique de valeureux défenseurs de la vérité et du
droit, dont le concours lui était fort utile pour conserver le prestige de son
autorité. Qui ne souvient des éminents services rendus dans cet ordre d'idées
par la fille de saint Dominique Catherine de Sienne ? Poussée par l'amour de
Jésus-Christ, elle surmonta d'incroyables difficultés pour décider le Souverain
Pontife - personne n'y avait réussi avant elle -à revenir, après une absence de
soixante-dix ans, sur son siège de Rome ; plus tard, à l'heure où un schisme
affreux déchire l'Eglise d'Occident, elle retient une grande partie de la
chrétienté dans la fidélité et le dévouement au Pape légitime.
Enfin, pour ne point parler des autres titres de
gloire, on ne saurait oublier que la famille dominicaine a donné à l'Eglise
quatre Papes célèbres : le dernier, saint Pie V, a rendu d'immortels services à
la religion et à la société : après s'être assuré,à force d'instances et
d'exhortations, l'alliance militaire des princes chrétiens, il défit
définitivement les forces turques près des Iles Echinades, sous l'égide et avec
le secours de Très Sainte Vierge, qu'il ordonna, pour ce fait, d'invoquer sous
le titre de Secours des chrétiens (Auxilium christianorum ).
Tendre dévotion à la Sainte Vierge
Le même épisode met aussi en vive lumière le troisième
élément qui caractérise, disions-Nous, la prédication dominicaine : Une
dévotion toute spéciale enver la puissante Mère de Dieu. On raconte, en effet,
que le Pape apprit miraculeusement que l'on remportait la victoire de Lépante
au moment même où, dans tout l'univers catholique, les Confréries pieuses
invoquaient Marie en se servant de la formule du saint Rosaire que le fondateur
des Prêcheurs avait lui-même instituée et qu'il avait ensuite donné mission à
ses fils de répandre dans le monde entier.
Chez saint Dominique : le Rosaire fut l'arme
qui le rendit victorieux des Albigeois.
C'est, en effet, en vouant à la Très Sainte Vierge une
affection toute filiale et en espérant par-dessus tout en son patronage, que
Dominique prit en mains la cause de la foi. Dans sa lutte contre les hérétiques
Albigeois, qui attaquaient, en proférant d'horribles blasphèmes, l'ensemble des
vérités de la foi et spécialement la maternité divine et la virginité de Marie,
Dominique, tout en vengeant de toutes ses forces la sainteté de ces dogmes,
implorait le secours de la Vierge Mère en lui adressant très fréquemment cette
invocation : " Souffrez que je vous loue, Vierge sainte ; fortifiez-moi
contre vos ennemis. "
Combien était agréable à la Reine du ciel cette
conduite de son très dévôt serviteur, on peut aisément le déduire du fait que
c'est par Dominique que Marie voulut enseigner à l'Eglise, Epouse de son Fils,
le très saint Rosaire : cette prière tout ensemble vocale et mentale -
méditation des principaux mystères de la religion accompagnant la récitation de
quinze Pater et d'autant de dizaines d'Ave Maria - est merveilleusement propre
à nourrir la piété et à exciter les âmes à la pratique des vertus.
Dans l'Ordre dominicain : les apôtres du
Rosaire.
Dominique était donc bien inspiré quand il demandait à
ses disciples de s'efforcer souvent et avec zèle, dans leurs prédications, de
rendre familière à leur auditoire cette forme de prière, dont il avait
pleinement constaté l'utilité. Il était, en effet, persuadé de deux choses :
d'une part, Marie est si puissante auprès de son divin Fils que toutes les
grâces accordées par Dieu aux hommes leur sont toujours données par
l'intermédiaire et au gré de la Sainte Vierge ; d'autre part, Marie est si
bonne et si miséricordieuse que, accoutumée à secourir spontanément ceux qui
souffrent, elle est absolument incapable de repousser ceux qui implorent son
secours. Aussi, celle que l'Eglise a l'habitude de saluer Mère de grâce et Mère
de miséricorde, s'est toujours montrée telle, surtout quand on a eu recours au
Saint Rosaire ; et c'est pourquoi les Pontifes Romains n'ont jamais négligé une
occasion d'exalter l'efficacité du Rosaire Marial et de l'enrichir du trésor
des indulgences.
La tâche actuelle des Dominicains, moines et
tertiaires.
De nos jours - vous le comprendrez sans peine,
Vénérables Frères, - l'Institut dominicain n'est pas appelé à rendre de moins
grands services qu'à l'époque de sa fondation. Que d'âmes aujourd'hui privées
de ce pain de vie qu'est la doctrine céleste et qui se meurent d'une sorte
d'inanition ! que d'esprits séduits par une apparence de vérité et que
détournent de la foi les déguisements multiples de l'erreur ! Et si les prêtres
veulent, en leur distribuant la parole de Dieu, apporter à toutes ces détresses
les secours qu'elles attendent, combien il importe qu'ils soient enflammés du
désir de sauver leurs frères en même temps qu'armés d'une solide connaissance
des choses de Dieu ! Que de fils de l'Eglise également, ingrats et infidèles,
qui se sont détournés du Vicaire de Jésus-Christ par ignorance ou perversion de
volonté, et qu'il faut ramener dans le sein de notre commune Mère ! Pour porter
remède à ces maux et aux calamités de tout genre dont souffre le monde, combien
nous est nécessaire le maternel patronage de Marie !
Les fils de saint Dominique ont donc un champ
d'apostolat presque sans bornes où déployer très utilement leur zèle en vue du
salut de tous. Aussi Nous demandons instamment qu'à l'occasion de ce centenaire
tous les membres de cet Ordre se renouvellent pour ainsi dire sur le modèle de
leur très saint Fondateur et prennent la résolution de se montrer chaque jour
plus dignes d'un tel Père. Ceux de ses fils qui appartiennent au premier Ordre
donneront, comme il convient, l'exemple aux autres sur ce point et se livreront
dorénavant avec plus de zèle encore à la prédication de la parole de Dieu, en
vue de développer parmi les fidèles, en même temps que l'attachement au
successeur de saint Pierre et la dévotion à la Vierge Marie, la connaissance et
la défense de la vérité. Mais l'Eglise espère beaucoup aussi du dévouement des
Tertiaires dominicains, s'ils s'appliquent avec ardeur à se régler sur l'esprit
de leur Patriarche, en enseignant aux ignorants les préceptes de la doctrine
chrétienne. Nous désirons et souhaitons qu'ils s'adonnent nombreux et empressés
à cet apostolat, qui est de la plus haute importance pour le salut des âmes.
Nous demandons enfin que tous les enfants de saint Dominique se préoccupent de
rendre habituelle chez tous les chrétiens la récitation du Rosaire Marial, que
Nous-même, à la suite de Nos prédécesseurs, notamment Léon XIII, d'heureuse
mémoire, Nous avons recommandée lorsque l'occasion s'en est présentée et que
nous reccommandons encore avec insistance en cette époque si troublée ; si l'on
parvient à généraliser ainsi cette pratique de dévotion, Nous estimons que les
fêtes de ce centenaire auront eu un résultat satisfaisant.
Dès maintenant, comme gage des divines faveurs et en
témoignage de Notre bienveillance, Nous vous accordons avec une religieuse
affection, à vous, Vénérables Frères, à votre clergé et à vos fidèles, la
Bénédiction Apostolique.
Donné à Rome, près Saint-Pierre, en la fête des
Princes des Apôtres, le 29 juin 1921, septième année de Notre Pontificat.
Le culte qui s'était spontanément développé, à
Bologne, autour du corps de Dominique (mort le 6 août 1221), grandit encore
lors de la translation (23-24 mai 1233) où l'on sentit un parfum surnaturel et
où l'on vit de nombreux miracles. Les autorités de Bologne obtinrent de
l'ouverture de son procès de canonisation où l'on entendit trois cents témoins
(Bologne, Prouille et Pamiers). Saint Dominique fut canonisé par Grégoire IX le
3 juillet 1234. Le portrait qui suit est tiré des actes de canonisation.
Dominique avait une telle intégrité morale, il était
emporté par un tel élan de ferveur qu'on découvrait en lui de façon évidente un
chef-d'œuvre de noblesse et de grâce. Il régnait en lui une parfaite égalité
d'esprit, sauf quand il était bouleversé de compassion et de miséricorde. Et
puisque le cœur en joie se reflète dans la gaîté du visage, il manifestait au
dehors l'équilibre paisible de sa vie intérieure par l'amabilité et la sérénité
de ses traits.
En toute circonstance, par ses paroles et sa conduite,
il se montrait un homme évangélique. Pendant la journée, avec ses frères ou ses
compagnons, personne n'était plus simple et plus joyeux. Pendant la nuit,
personne n'était plus adonné à toutes sortes de veilles et de prières. Il ne
parlait guère qu'avec Dieu, dans l'oraison, ou de Dieu, et il exhortait ses
frères à en faire autant.
Il adressa fréquemment à Dieu cette demande
particulière : qu'il daignât lui accorder une vraie charité, capable de
rechercher et d'obtenir le salut des hommes ; il estimait qu'il serait
véritablement un membre du Christ, s'il se dépensait avant tout, totalement et
de toutes ses forces, à gagner des âmes, de même que le Seigneur Jésus, Sauveur
de tous, s'est offert sans réserve pour notre salut. Et c'est pour cette œuvre
que, selon le dessein prémédité par la Providence, il institua l'Ordre des
Frère Prêcheurs.
Il exhortait souvent les frères de cet Ordre, de vive
voix et par lettres, à étudier sans cesse le Nouveau et l'Ancien Testament. Il
portait toujours sur lui l'évangile de saint Matthieu et les lettres de saint
Paul, et il les étudiait tellement qu'il les savait à peu près par cœur.
Il fut désigné deux ou trois fois pour l'épiscopat et
il refusa toujours, préférant vivre dans la pauvreté avec ses frères, plutôt
que d'avoir un évêché. Il garda intacte jusqu'à la fin la délicatesse d'une
chasteté absolue. Il désirait être flagellé, coupé en morceaux, et mourir pour
la foi du Christ. Le pape Grégoire IX a dit de lui : Je l'ai connu comme
un homme qui suivait parfaitement la règle des Apôtres, et je ne doute pas
qu'il soit au ciel associé à leur gloire.
SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/08/08.php
Leçons des Matines avant 1960.
Au deuxième nocturne.
Quatrième leçon. Dominique naquit à Calahorra en
Espagne, de la noble famille des Gusman. Il s’appliqua à Palencia à l’étude de
la littérature et de la théologie ; et les grands succès qu’il y obtint lui
valurent un bénéfice de Chanoine régulier de l’église d’Osma. Plus tard, il
fonda l’Ordre des Frères Prêcheurs. Sa mère avait eu un songe pendant sa
grossesse : il lui semblait porter en elle un petit chien tenant dans sa gueule
une torche allumée avec laquelle, une fois sorti de son sein, il embraserait
tout l’univers. Ce songe présageait que la sainteté et la doctrine éclatantes
de Dominique enflammeraient les populations d’une grande ardeur pour la
pratique de la piété chrétienne. Ce qui arriva dans la suite vérifia le présage
; lui-même en a commencé la réalisation, et il l’a continuée par les membres de
son Ordre.
Cinquième leçon. Ce en quoi son talent et sa vigueur
se signalèrent le plus, ce fut à combattre les hérétiques, qui essayaient de
pervertir les Toulousains par de pernicieuses erreurs. Il employa sept ans à
cette œuvre ; après quoi il se rendit à Rome, au concile de Latran, avec
l’Évêque de Toulouse, pour obtenir d’Innocent III la confirmation de l’Ordre
qu’il avait institué. Pendant qu’on en délibérait, Dominique retourna vers ses
disciples, sur le conseil des Pontifes, afin de choisir une règle. Quand il
revint à Rome, Honorius III, successeur immédiat d’Innocent, lui accorda la
confirmation de l’Ordre des Prêcheurs. Il établit à Rome deux couvents, l’un
d’hommes, l’autre de femmes. Il rappela trois morts à la vie et fit beaucoup
d’autres miracles qui contribuèrent singulièrement à propager son Ordre.
Sixième leçon. Grâce à lui, des couvents s’étaient
élevés partout, et un très grand nombre de personnes réglaient leur vie selon
la religion et la piété, lorsqu’il fut pris de la fièvre à Bologne, l’an du
Christ mil deux cent vingt et un. Comprenant qu’il allait mourir, il appela ses
frères et ceux qui se formaient sous sa direction ; il les exhorta à
l’innocence et à l’intégrité des mœurs. Enfin il leur laissa en testament,
comme patrimoine assuré, la chanté, l’humilité et la pauvreté. Au moment où
tous les frères en prières dirent ces mots ; « Saints de Dieu, venez à son
secours ; Anges, venez à sa rencontre » il s’endormit dans le Seigneur, le
huitième jour des ides d’août. Dans la suite, le Pape Grégoire IX le mit au
nombre des Saints.
Au troisième nocturne.
Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 12,
35-40.
En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Que vos
reins soient ceints, et les lampes allumées dans vos mains. Et le reste.
Homélie de saint Grégoire, Pape. Homilia 13 in Evang.
Septième leçon. Mes très chers frères, le sens de la
lecture du saint Évangile que vous venez d’entendre est très clair. Mais de
crainte qu’elle ne paraisse, à cause de sa simplicité même, trop élevée à
quelques-uns, nous la parcourrons brièvement, afin d’en exposer la
signification à ceux qui l’ignorent, sans cependant être à charge à ceux qui la
connaissent. Le Seigneur dit : « Que vos reins soient ceints ». Nous ceignons
nos reins lorsque nous réprimons les penchants de la chair par la continence.
Mais parce que c’est peu de chose de s’abstenir du mal, si l’on ne s’applique également,
et par des efforts assidus, à faire du bien, notre Seigneur ajoute aussitôt : «
Ayez en vos mains des lampes allumées ». Nous tenons en nos mains des lampes
allumées, lorsque nous donnons à notre prochain, par nos bonnes œuvres, des
exemples qui l’éclairent. Le Maître désigne assurément ces œuvres-là, quand il
dit : « Que votre lumière luise devant les hommes, afin qu’ils voient vos
bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux ».
Huitième leçon. Voilà donc les deux choses commandées
: ceindre ses reins, et tenir des lampes ; ce qui signifie que la chasteté doit
parer notre corps, et la lumière de la vérité briller dans nos œuvres. L’une de
ces vertus n’est nullement capable de plaire à notre Rédempteur si l’autre ne
l’accompagne. Celui qui fait des bonnes actions ne peut lui être agréable s’il
n’a renoncé à se souiller par la luxure, ni celui qui garde une chasteté
parfaite, s’il ne s’exerce à la pratique des bonnes œuvres. La chasteté n’est
donc point une grande vertu sans les bonnes œuvres, et les bonnes œuvres ne
sont rien sans la chasteté. Mais si quelqu’un observe les deux préceptes, il
lui reste le devoir de tendre par l’espérance à la patrie céleste, et de
prendre garde qu’en s’éloignant des vices, il ne le fasse pour l’honneur de ce
monde.
Neuvième leçon. « Et vous, soyez semblables à des
hommes qui attendent que leur maître revienne des noces, afin que lorsqu’il
viendra et frappera à la porte, ils lui ouvrent aussitôt ». Le Seigneur vient
en effet quand il se prépare à nous juger ; et il frappe à la porte, lorsque,
par les peines de la maladie, il nous annonce une mort prochaine. Nous lui
ouvrons aussitôt, si nous l’accueillons avec amour. Il ne veut pas ouvrir à son
juge lorsqu’il frappe, celui qui tremble de quitter son corps, et redoute de
voir ce juge qu’il se souvient avoir méprisé ; mais celui qui se sent rassuré,
et par son espérance et par ses œuvres, ouvre aussitôt au Seigneur lorsqu’il
frappe à la porte, car il reçoit son Juge avec joie. Et quand le moment de la
mort arrive, sa joie redouble à la pensée d’une glorieuse récompense.
Dom Guéranger, l’Année Liturgique
Aux lieux où protégée par le Lion de Castille est
assise l’heureuse Callaroga, naquit l’amant passionné de la foi chrétienne, le
saint athlète, doux aux siens et dur aux ennemis. A peine créée, son âme fut
remplie d’une vertu si vive que, dans sa mère encore, il prophétisa. Quand sur
les fonts sacrés furent conclues entre lui et la foi les fiançailles, la
répondante qui pour lui donna consentement vit en songe le fruit merveilleux
qui devait sortir de lui et de sa race. Dominique il fut appelé, étant tout au
Seigneur ; ô bien nommé aussi son père Félix, ô bien nommée Jeanne sa mère, si
ces noms signifient ce qu’on dit [1] ! Plein de doctrine et aussi d’énergie,
sous l’impulsion apostolique, il fut le torrent qui s’échappe d’une veine
profonde ; plus impétueux là où plus forte était la résistance, il s’élançait
déracinant les hérésies ; puis il se partagea en plusieurs ruisseaux qui arrosent
le jardin catholique et ravivent ses plantes » [2].
Éloge vraiment digne des cieux, placé par Dante, au
paradis, sur les lèvres du plus illustre fils du pauvre d’Assise. Dans le
voyage du grand poète à travers l’empyrée, il convenait que Bonaventure exaltât
le patriarche des Prêcheurs, comme, au chant précédent, Thomas d’Aquin, fils de
Dominique, avait célébré le père de la famille à l’humble cordon. François et
Dominique donnés pour guides au monde « afin que s’approchât du Bien-Aimé, plus
confiante et plus fidèle, l’Épouse de celui qui, jetant un grand cri vers son
Père, s’unit à elle dans son sang béni ! parler de l’un, c’est célébrer les
deux, tant leurs œuvres allèrent à même fin ; l’un fut tout séraphique en son
ardeur, l’autre parut un rayonnement de la lumière des chérubins » [3]. Sagesse
du Père, vous fûtes à tous deux leur amour ; pauvreté de François, vrai trésor
de l’âme, foi de Dominique, incomparable splendeur de l’exil : deux aspects
d’ici-bas traduisant, pour le temps de l’épreuve et de l’ombre, votre adorable
unité.
En effet, dit avec non moins de profondeur et une
autorité plus grande l’immortel Pontife Grégoire IX, « la source de la Sagesse,
le Verbe du Père, notre Seigneur Jésus-Christ, dont la nature est bonté, dont
l’œuvre est miséricorde, n’abandonne point dans la traversée des siècles la
vigne qu’il a tirée de l’Égypte ; il subvient par des signes nouveaux à
l’instabilité des âmes, il adapte ses merveilles aux défaillances de
l’incrédulité. Lors donc que le jour penchait déjà vers le soir et que,
l’abondance du mal glaçant la charité, le rayon de la justice inclinait au
couchant, le Père de famille voulut rassembler les ouvriers propres aux travaux
de la onzième heure ; pour dégager sa vigne des ronces qui l’avaient envahie et
en chasser la multitude funeste des petits renards qui travaillaient à la
détruire [4], il suscita les bataillons des Frères Prêcheurs et Mineurs avec
leurs chefs armés pour le combat » [5].
Or, dans cette expédition du Dieu des armées,
Dominique fut « le coursier de sa gloire, poussant intrépide, dans le feu de la
foi, le hennissement de la divine prédication » [6]. Octobre dira la très large
part qu’eut au combat le compagnon que lui donna le ciel, apparaissant comme
l’étendard vivant du Christ en croix, au milieu d’une société où la triple
concupiscence prêtait la main à toute erreur pour battre en brèche sur tous les
points le christianisme même.
Comme François, Dominique, rencontrant partout cette
complicité de la cupidité avec l’hérésie qui sera désormais la principale force
des faux prédicants, prescrivit aux siens la plus absolue désappropriation des
biens de ce monde et se fit lui aussi mendiant pour le Christ. Le temps n’était
plus où les peuples, acclamant toutes les conséquences de la divine Incarnation,
constituaient à l’Homme-Dieu le plus immense domaine territorial qui fut
jamais, en même temps qu’ils plaçaient son vicaire à la tête des rois. Après
avoir tenté vainement d’humilier l’Épouse en soumettant le sacerdoce à
l’empire, les descendants indignes des fiers chrétiens d’autrefois reprochaient
à l’Église la possession de ces biens dont elle n’était que la dépositaire au
nom du Seigneur ; pour la Colombe du saint Cantique, l’heure avait sonné de
commencer par l’abandon du sol son mouvement de retraite vers les cieux.
Mais si les deux princes de la lutte mémorable qui
enraya un temps le progrès de l’ennemi se rencontrèrent dans l’accueil fait par
eux à la sainte pauvreté, celle-ci pourtant resta plus spécialement la
souveraine aimée du patriarche d’Assise, Dominique, qui comme lui n’avait en
vue que l’honneur de Dieu et le salut des âmes, reçut à cette fin en partage
plus direct la science ; partage excellent [7], plus fertile que celui de la
fille de Caleb [8] : moins de cinquante ans après que Dominique en eut transmis
l’héritage à sa descendance, l’irrigation sagement combinée des eaux
inférieures et supérieures de la raison et de la foi y amenait à plein
développement l’arbre de la science théologique, aux racines puissantes, aux
rameaux plus élevés que tout nuage montant de la terre, où les oiseaux de
toutes les tribus qui sont sous le ciel aiment à venir se poser sans crainte et
fixer le soleil.
Ce fut bien « sur la lumière », dit Dieu à sainte
Catherine de Sienne, « que le père des Prêcheurs établit son principe, en en
faisant son objet propre et son arme de combat ; il prit pour lui l’office du
Verbe mon Fils, semant ma parole, dissipant les ténèbres, éclairant la terre ;
Marie, par qui je le présentai au monde, en fit l’extirpateur des hérésies »
[9]. Ainsi, nous l’avons vu, disait de son côté un demi-siècle plus tôt le
poète florentin ; l’Ordre appelé à devenir le principal appui du Pontife
suprême dans la poursuite des doctrines subversives devait, s’il se peut,
justifier l’expression mieux encore que son patriarche : le premier des
tribunaux de la sainte Église, la sainte Inquisition romaine universelle, le
Saint-Office, investi en toute vérité de l’office du Verbe au glaive à deux
tranchants [10]) pour convertir ou châtier, n’eut pas d’instrument plus fidèle
et plus sûr.
Pas plus que la vierge de Sienne, l’illustre auteur de
la Divine Comédie n’eût soupçonné qu’un temps dût venir, où le premier titre de
la famille dominicaine à l’amour reconnaissant des peuples serait discuté en
certaine école apologétique, et là écarté comme une insulte ou dissimulé comme
une gêne. Le siècle présent met sa gloire dans un libéralisme qui a fait ses
preuves en multipliant les ruines et, philosophiquement, ne repose que sur
l’étrange confusion de la licence avec la liberté ; il ne fallait rien moins
que cet affaissement intellectuel de nos tristes temps, pour ne plus comprendre
que, dans une société où la foi est la base des institutions comme elle est le
principe du salut de tous, nul crime n’égale celui d’ébranler le fondement sur
lequel repose ainsi avec l’intérêt social le bien le plus précieux des
particuliers. Ni l’idéal de la justice, ni davantage celui de la liberté, ne
consiste à laisser à la merci du mal ou du mauvais le faible qui ne peut se
garder lui-même : la chevalerie fit de cette vérité son axiome, et ce fut sa
gloire ; les frères de Pierre Martyr dévouèrent leur vie à protéger contre les
surprises du fort armé [11] et la contagion qui se glisse dans la nuit [12] la
sécurité des enfants de Dieu : ce fut l’honneur « de la troupe sainte que
Dominique conduit par un chemin où l’on profite, si l’on ne s’égare pas » [13].
Et quels plus vrais chevaliers que ces athlètes de la
foi [14], prenant leur engagement sacré sous forme d’hommage lige [15], et
choisissant pour Dame celle qui, puissante comme une armée [16], extermine
seule les hérésies dans le monde entier [17] ? Au bouclier de la vérité [18])
au glaive de la parole [19], celle qui garde en Sion les armures des forts [20]
joignait pour ses dévoués féaux le Rosaire, signe plus spécial de sa propre
milice ; elle leur assignait l’habit de son choix comme étant leur vrai chef de
guerre, et les oignait de ses mains pour la lutte dans la personne du
Bienheureux Réginald. Elle-même encore veillait au recrutement de la sainte
phalange, prélevant pour elle dans la jeunesse d’élite des universités les âmes
les plus pures, les plus généreux dévouements, les plus nobles intelligences ;
Paris, la capitale de la théologie, Bologne, celle de la jurisprudence et du
droit, voyaient maîtres, écoliers, disciples de toute science, poursuivis et
atteints par la douce souveraine au milieu d’incidents plus du ciel que de la
terre.
Que de grâce dans ces origines où la sérénité
virginale de Dominique semblait entourer tous ses fils ! C’était bien dans cet
Ordre de la lumière qu’apparaissait la vérité de la parole évangélique :
Heureux les purs de cœur, car ils verront Dieu [21]. Des yeux éclairés d’en
haut apercevaient sous la figure de champs de lis les fondations des Prêcheurs
; aussi Marie, par qui nous est venue la splendeur de la lumière éternelle
[22], se faisait leur céleste maîtresse et, de toute science, les conduisait à
la Sagesse, amie des cœurs non souillés [23].
En la compagnie de Cécile et de Catherine, elle
descendait pour bénir leur repos de la nuit, mais ne partageait avec aucune de
ses nobles suivantes le soin de les couvrir de son royal manteau près du trône
du Seigneur. Comment dès lors s’étonner de la limpidité suave qui après
Dominique, et durant les généralats des Jourdain de Saxe, Raymond de Pegnafort,
Jean le Teutonique, Humbert de Romans, continue de régner dans ces Vies des
Frères et ces Vies des Sœurs dont des plumes heureuses ont transmis jusqu’à
nous les récits d’une exquise fraîcheur ? Discrète leçon, en môme temps que
secours puissant pour les Frères : dans la famille dominicaine vouée à
l’apostolat par essence, les Sœurs furent de dix ans les aînées, comme pour
marquer que, dans l’Église de Dieu, l’action ne peut être féconde, si elle
n’est précédée et ne demeure accompagnée de la contemplation qui lui vaut
bénédiction et toute grâce.
Notre-Dame de Prouille, au pied des Pyrénées, ne fut
pas seulement par ce droit de primogéniture le principe de tout l’Ordre ; c’est
à son ombre protectrice que les premiers compagnons de Dominique arrêtèrent
avec lui le choix de leur Règle et se partagèrent le monde, allant de là fonder
Saint-Romain de Toulouse, puis Saint-Jacques de Paris, Saint-Nicolas de
Bologne, Saint-Sixte et Sainte-Sabine dans la Ville éternelle. Vers la même
époque, l’établissement de la Milice de Jésus-Christ plaçait sous la direction
des Prêcheurs les séculiers qui, en face de l’hérésie militante, s’engageaient
à défendre par tous les moyens en leur pouvoir les biens de l’Église et sa
liberté ; quand les sectaires eurent posé les armes, laissant la paix au monde
pour un temps, l’association ne disparut pas : elle porta le combat sur le
terrain de la lutte spirituelle, et changea son nom en celui de Tiers-Ordre des
Frères et Sœurs de la Pénitence de saint Dominique.
Quel cortège est celui que vous forment vos fils et
vos filles sur le Cycle sacré ! Accompagné en ce mois même de Rose de Lima et
d’Hyacinthe, voilà que dès longtemps vous annonçaient au ciel de la Liturgie
les Raymond de Pegnafort, les Thomas d’Aquin, les Vincent Ferrier, les Pierre
Martyr, les Catherine de Sienne, les Pie V, les Antonin. Enfin brille au
firmament l’astre nouveau dont la splendeur écarte l’ignorance, confond
l’hérésie, accroît la foi des croyants. O Dominique, votre bienheureuse mère
d’ici-bas, qui vous a devancé dans les cieux, pénètre maintenant dans sa
plénitude le sens fortuné de la vision mystérieuse qui jadis excitait ses
craintes ; et cet autre Dominique, gloire de l’antique Silos, au tombeau duquel
elle reçut la promesse de votre bénie naissance, applaudit à l’éclat décuplé
dont ce beau nom qu’il vous transmit resplendira par vous dans les siècles
éternels. Mais quel accueil surtout vous est fait par la Mère de toute grâce,
elle qui naguère, embrassant les pieds du Seigneur irrité, se portait garante
que vous ramèneriez le monde à son Sauveur ! à peine quelques années ont passé
: et partout l’erreur en déroute pressent qu’une lutte à mort est engagée entre
elle et les vôtres ; et l’Église du Latran, maîtresse et mère, a vu ses murs menaçant
ruine raffermis pour un temps ; et les deux princes des Apôtres, qui vous
avaient dit Va et prêche, applaudissent à la Parole qui de nouveau parcourt la
terre et retentit sur toute plage [24].
Frappées déjà de stérilité, les nations, que
l’Apocalypse assimile aux grandes eaux [25], semblaient se corrompre pour
toujours ; la prostituée de Babylone, devançant l’heure, y dressait son trône :
lorsqu’à l’imitation d’Élisée [26], mettant le sel de la Sagesse dans le vase
neuf de l’Ordre par vous fondé, vous avez répandu dans les eaux malades ce sel
divin, neutralisé les poisons de la bête de blasphème si tôt reparue, et, en
dépit d’embûches qui ne cesseront plus, rendu de nouveau la terre habitable.
Mais comme, une fois de plus, votre exemple nous montre que ceux-là seuls sont
puissants pour Dieu sur les peuples, qui se livrent à lui sans chercher rien
autre et ne donnent à autrui que de leur plénitude ! Dédaignant toute rencontre
et toute science où ne se montrait pas l’éternelle Sagesse, nous disent vos historiens,
ce fut d’elle uniquement que s’éprit votre adolescence [27] ; elle qui prévient
ceux qui la désirent [28] vous inonda dès ces premiers ans de la lumière et des
suavités anticipées de la patrie. C’était d’elle que s’écoulait sur vous la
sérénité radieuse qui frappait vos contemporains et qu’aucun événement n’altéra
jamais. Dans une paix des cieux, vous buviez à longs traits l’eau de ce puits
sans fond qui rejaillit à la vie éternelle [29] ; mais en même temps qu’au plus
intime secret de l’âme vous abreuvait ainsi son amour, une fécondité
merveilleuse se déclarait dans la source divine, et ses ruisseaux devenus
vôtres s’échappaient au dehors et les places publiques bénéficiaient des flots
de votre surabondance [30].
Vous aviez accueilli la Sagesse, et elle vous exaltait
[31] ; non contente d’orner votre front des rayons de l’étoile mystérieuse
[32], elle vous donnait la gloire des patriarches et multipliait de toutes
celles de vos fils vos années et vos œuvres [33]. Vous n’avez point cessé
d’être en eux l’un des puissants contreforts de l’Église. La science a rendu
leur nom illustre parmi les peuples, et à cause d’elle leur jeunesse fut
honorée des vieillards [34] : qu’elle soit toujours pour eux, comme elle le fut
pour leurs aînés, et le fruit de la Sagesse, et le chemin qui y conduit ;
qu’elle s’alimente à la prière, dont la part est demeurée si belle en votre
saint Ordre, que plus qu’aucun autre il se rapproche par ce côté des anciens
Ordres monastiques Louer, bénir et prêcher sera jusqu’à la fin sa devise aimée,
l’apostolat devant être chez lui, selon le mot du Psaume, l’effusion débordante
du souvenir des suavités goûtées dans le commerce divin [35]. Ainsi affermie en
Sion, ainsi bénie dans son glorieux rôle de propagatrice et de gardienne de la
vérité [36], votre noble descendance méritera d’entendre toujours de la bouche
de Notre-Dame même cet encouragement au-dessus de toute louange : « Fortiter,
fortiter, viri fortes ! Courage, courage, hommes courageux ! »
[1] Dominique, qui appartient au Seigneur ; Félix,
heureux ; Jeanne, grâce.
[2] Dante, la Divine Comédie, Paradis, chant XII.
[3] Dante, la Divine Comédie, Paradis, chant XI.
[4] Cant. II, 15.
[5] Bulla Fons Sapientiae, de canonizatione S.
Dominici.
[6] Ibid.
[7] Psalm. XV, 5-7.
[8] Jos. XV, 16-19.
[9] Dialogue, CLVIII.
[10] Apoc. XIX, 11-16.
[11] Luc, XI, 21.
[12] Psalm. XC, 6.
[13] Dante, Paradis, chant X.
[14] Honorius III, Diploma confirmans Ordinem.
[15] Promitto obedientiam Deo et B. Mariæ.
Constitutiones Fratr. Ord. Prædicat Ia distinctio, cap. XV de Professione.
[16] Cant. VI, 3,9.
[17] Ant. festorum
B. M.V. in IIIo Nocturno.
[18] Psalm. XC, 5.
[19] Eph. VI, 17.
[20] Cant. IV, 4.
[21] Matth. V, 8.
[22] Sap. VII, 26.
[23] Ibid. VIII.
[24] Psalm. XVIII.
[25] Apoc. XVII.
[26] IV Reg. II, 19-22.
[27] Sap. VIII, 2.
[28] Ibid. VI, 74.
[29] Johan. IV, 14.
[30] Prov. V, 15-19.
[31] Ibid. IV, 8.
[32] Ibid. 9.
[33] Ibid. 10.
[34] Sap. VIII, 10.
[35] Memoriam abundantiæ suavititis tuæ eructabunt. Psalm,
CXLIV, 7 : Ils proclameront le souvenir de l’abondance de votre bonté.
[36] Isai. XXVI, 1-2.
Saint Dominic, attributed to Domenico Ghirlandaio, 1480-1485, tempera on wood, Portland Art Museum, Portland, Oregon
Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum
On ne saurait faire un plus bel éloge de saint
Dominique que celui que, dans son Paradis, Dante a placé sur les lèvres de
saint Bonaventure. De même qu’au temps des Apôtres la grande tâche de
l’apostolat fut divisée — à Pierre les circoncis, à Paul les Gentils — ainsi,
au XIIIe siècle, la Providence sembla partager le champ de l’Église entre saint
Dominique et saint François. Au Poverello d’Assise, les petites gens, —les
Minores de l’époque communale, — chez lesquels, grâce à l’exemple de la
pauvreté évangélique et d’une tendre dévotion aux mystères de l’Humanité du
Rédempteur, il fallait retarder de quelques siècles le déchaînement de
l’incendie socialiste. A Dominique au contraire, magister generalis d’un Ordre
de savants prédicateurs, la défense de la doctrine catholique et la guerre
contre les hérésies naissantes.
Dès leurs débuts, la vie de ces deux patriarches fut
une prophétie ; ils occupèrent respectivement la place providentielle que Dieu,
à travers les siècles, réservait à leurs Ordres. Le Poverello soutient sur ses
épaules le Latran ébranlé ; puis il s’en va, pèlerin, en Terre sainte, pour
commencer les missions d’Orient. Quant à Dominique, avant que soit confiée à
ses fils la sainte Inquisition, il exerce le premier, dans le Palais
apostolique même, la charge de maître et de censeur.
Rome est riche de souvenirs de saint Dominique, en
particulier dans les titres de Saint-Sixte et de Sainte-Sabine, où il vécut et
opéra des miracles éclatants. Il mourut le 6 août 1221, mais ce jour étant
dédié à une autre fête, son office fut anticipé au 4.
La messe emprunte presque tous ses chants et
l’Évangile à celle des Confesseurs.
Prière. — « Seigneur qui avez daigné éclairer votre
Église par les mérites et l’enseignement de votre bienheureux confesseur Dominique,
faites que, par son intercession, elle ne soit pas privée des secours
temporels, et qu’elle avance de plus en plus dans les voies spirituelles ». On
demande donc ici deux choses : les temporalia auxilia pour le corps, et les
spiritualia incrementa pour l’âme. Remarquons le langage significatif de
l’Église. Les temporalia auxilia sont demandés en vue des spiritualia
incrementa, car toutes les choses créées sont des moyens et non une fin. Elles
ont pour but d’aider l’âme à atteindre Dieu, sa fin dernière surnaturelle.
La première lecture est celle de la messe des Docteurs
et prédicateurs.
Sur les oblations. — « Sanctifiez, Seigneur,
l’offrande que nous vous consacrons, afin que, par les mérites du bienheureux
Dominique, elle apporte le remède à nos maux ». Que veut dire la liturgie,
quand elle demande la sanctification des offrandes ? Deux choses : d’abord une
préparation convenable de la matière du sacrifice, de même qu’on bénit l’eau
baptismale, qu’on consacre le chrême, etc., avant de les employer à
l’administration des Sacrements. En second lieu, la grâce divine sur ceux qui
offrent le Sacrifice, pour que celui-ci, en tant qu’il est leur sacrifice, soit
agréable à Dieu, et profitable à eux.
On observera peut-être : mais les Sacrements opèrent ex
opere operato, et pour cette raison la messe est toujours agréable au Seigneur.
Nous répondrons en faisant une distinction : le Sacrifice eucharistique, en
tant que Sacrifice de Jésus, Souverain Prêtre et Victime, est toujours agréable
et cher à l’Auguste Trinité. Mais quant au ministère de celui qui l’offre à la
manière d’un instrument, la messe peut être plus ou moins agréable à Dieu,
selon les dispositions du célébrant. Il est certain que la messe d’un prêtre
qui célébrerait en état de péché mortel, offenserait le Seigneur et chargerait
la conscience de ce prêtre d’un affreux sacrilège.
Après la Communion. — « Faites, ô Dieu tout-puissant,
que le patronage de votre bienheureux confesseur Dominique soulage notre
conscience du poids des fautes dont nous sommes accablés ». Le remords et la
contrition sont un principe de salut, car tant qu’une plaie est douloureuse,
elle réclame remède et soin. C’est un signe terrible pour une âme, d’arriver à
un tel point d’éloignement de Dieu qu’elle n’éprouve plus aucun remords de ses
fautes, selon cette parole de l’Esprit Saint : « quand l’insensé est tombé dans
l’abîme du péché, alors il devient moqueur » [37].
[37] Prov., XVIII, 3.
Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique
Il embrasera le globe terrestre avec une torche
ardente.
1. Saint Dominique. — Jour de mort : 6 août 1221.
Tombeau : à Bologne, primitivement dans l’église Saint-Nicolas, et, depuis
1267, dans celle qui porte ; son nom. Image : Un dominicain, le rosaire à la
main, ou avec un chien tenant une torche dans sa gueule, Vie : Voici son éloge
d’après le martyrologe : « A Boulogne (Italie supérieure), saint Dominique, le
pieux et savant fondateur des Frères prêcheurs. Il conserva toujours une
virginité parfaite et obtint, par ses mérites de rappeler trois morts à la vie.
Par sa parole, il étouffa les hérésies en germe, et amena beaucoup dames à la
piété et à la vie religieuse, jusqu’à ce qu’il s’endormît paisiblement dans la
mort ». Dominique naquit en Espagne (1170) de la noble famille des Guzman. Il
fut d’abord chanoine régulier, et fonda plus tard l’institut religieux le plus
puissant au moyen âge avec celui des Franciscains, l’Ordre des Dominicains qui
produisit des prédicateurs et des savants éminents (saint Vincent Ferrier,
saint Thomas d’Aquin, saint Pie V). Il contribua beaucoup à préserver la pureté
de la foi. Le nom de Dominique rappelle l’origine de la dévotion du Rosaire
qu’il travailla avec succès à répandre. Par leur prestige personnel et celui de
leurs instituts, saint Dominique et saint François d’Assise furent
simultanément les plus remarquables promoteurs du grand mouvement intellectuel
du moyen âge. – « La mère de Dominique, eut un songe pendant sa grossesse ; il
lui sembla qu’elle portait en son sein un petit chien tenant entre les dents
une torche avec laquelle, après sa naissance, il embraserait tout l’univers.
C’était le présage que, par l’éclat de sa sainteté et de ses enseignements, son
fils enflammerait les populations d’une vive piété » (Légende du Bréviaire). —
Saint Dominique mourut à Bologne, au moment où on prononçait ces mots de la
prière pour les agonisants : « Saints de Dieu, venez à son secours, Anges,
venez à sa rencontre ! »
2. La Messe (Os justi). — Elle est formée de textes du
commun des confesseurs et de textes d’autres communs (Épître et communion).
L’Épître (commun des docteurs) fait allusion au zèle de saint Dominique comme
prédicateur, et parle de la « couronne de justice » accordée au fidèle soldat
après sa mort.
3. La liturgie et les Ordres religieux. — La fête de saint Dominique, fondateur d’un Ordre religieux, fait naturellement songer aux rapports de la vie conventuelle avec la liturgie. Une communauté est une société liturgique idéale. Par suite de leurs soucis domestiques et des exigences de leur condition, les gens du monde ne sont pas à même de s’associer au rythme liturgique de la journée et de l’année chrétienne. Les religieux, au contraire, ont le bonheur d’y adapter chacun de leurs instants. Ils peuvent faire de la messe le centre de leur journée, ils peuvent faire graviter les heures de l’office comme des planètes autour du soleil du Saint-Sacrifice, transformer leur repas en commun en agapes fraternelles, suite du banquet eucharistique. Ils peuvent observer, de point en point et à cœur joie, les fêtes et les saisons du calendrier ecclésiastique. Les ordres religieux sont ainsi les modèles des sociétés liturgiques dans le monde, avec tout ce qu’elles comportent d’instructif et d’édifiant pour les individus. Une tâche nouvelle leur incombe actuellement : celle d’être pour les pieux laïcs, fervents de la liturgie, des guides avertis. Beaucoup de communautés ont reconnu cette mission, et organisent des fêtes et des journées liturgiques pour les gens du monde qu’ils initient ainsi au charme de leur vie intime. Ces exercices sont, pour un grand nombre, une révélation : ils y apprennent pour eux-mêmes le secret de la véritable vie liturgique. Puissent les cloîtres cultiver de plus en plus cette nouvelle méthode d’apostolat ! Il n’en est pas de meilleure.
SOURCE : http://www.introibo.fr/04-08-St-Dominique-confesseur
Also known as
Dominic of Osma
Dominic of Caleruega
24 May –
translation of his relics
Profile
Born of wealthy Spanish nobility.
Son of Blessed Joan
of Aza. Joan had difficulty
conceiving, and prayed at
the shrine of Saint Dominic
of Silos who had a tradition of patronage of
that problem;
when she became pregnant she
named the child Dominic in
honour of the Saint.
While pregnant, Blessed Joan mother had
a vision that her unborn child was
a dog who
would set the world on fire with a torch it carried in its mouth; a dog with
a torch in its mouth became a symbol for the Order which
he founded, the Dominicans.
At Dominic’s baptism, Blessed Joan saw
a star shining from his chest, which became another of his symbols in art,
and led to his patronage of astronomy.
Studied philosophy and theology at
the University of Palencia. Priest. Canon of
the cathedral of
Osma, Spain. Augustinian.
Worked for clerical reform.
Had a lifelong apostolate among heretics,
especially Albigensians,
and especially in France.
Worked with Blessed Peter
of Castelnau. Founded the Order of
Friars Preachers (Dominicans) in 1215,
a group who live a simple, austere life, and an order of nuns dedicated
to the care of young girls.
Friend of Saint Amata
of Assisi.
At one point Dominic became discouraged at the
progress of his mission; no matter how much he worked, the heresies remained.
But he received a vision from Our Lady who
showed him a wreath of roses,
representing the rosary.
She told him to say the rosary daily,
teach it to all who would listen, and eventually the true
faith would win out. Dominic is often credited with the invention of
the rosary;
it actually pre-dates him, but he certainly spread devotion to it, and used it
to strengthen his own spiritual life.
Reported miracle worker
who brought four people back from the dead.
Legend says that Dominic received a vision of a beggar who,
like Dominic, would do great things for the Faith.
Dominic met the beggar the
next day. He embraced him and said, “You are my companion and must walk with
me. If we hold together, no earthly power can withstand us.” The beggar was Saint Francis
of Assisi.
Born
1170 at
Calaruega, Burgos, Old Castile
noon 6 August 1221 at Bologna, Italy
13 July 1234 by Pope Gregory
IX at Rieti, Italy
Name Meaning
belonging to God
—
in Brazil
in Italy
Batanes-Babuyanes, Philippines,
prelature of
Bayombong, Philippines, diocese of
Santo
Domingo, Dominican
Republic
Dominican carrying
a rosary and
a tall cross
Dominican with star shining
above his head
Dominican receiving
the rosary from
the Blessed
Virgin Mary
Additional Information
A
Garner of Saints, by Allen Banks Hinds, M.A.
As
The Morning Star: Life of Saint Dominic, by Father Jerome
Wilms, O.P.
Book
of Saints, by Father Lawrence
George Lovasik, S.V.D.
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Devotion
of Saint Dominic to the Blessed Virgin, by Father Hyacinthe-Marie
Cornier, O.P.
Foundation
of the Order of Preachers, by Bede Jarrett
Illustrated
Catholic Family Annual
Legend
of Saint Dominic, by Blessed Cecilia
Cesarine
Legend
of Saint Dominic, by Gerard de Frachet
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Lives
of the Saints, by Father Francis
Xavier Weninger
Pope
Benedict XVI, General Audience, 3
February 2010
Saint
Dominic and the Order of Preachers, by Father John
Bonaventure O’Connor, O.P.
Short
Lives of the Saints, by Eleanor Cecilia Donnelly
Stories
of the Saints for Children, by Mary Seymour
books
Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
other sites in english
1001 Patron Saints and Their Feast Days, Australian
Catholic Truth Society
Breviarium SOP: Dominican Tertiary Indulgence Alert
Breviarium SOP: Holy Father, Saint Dominic
Breviarium SOP: Novena to Saint Dominic
Breviarium SOP: Octave of Saint Dominic
Breviarium SOP: Lost Feast – October of Our Holy Father
Breviarium SOP: Lost Feast – Commemoration of Our Holy
Father Saint Dominic in Suriano
Breviarium SOP: Devotion of the 15 Tuesdays to Saint
Dominic
Breviarium SOP: Translation of Our Holy Father
Christian Biographies, by James Keifer
Dominican
Monastery of Saint Jude, Marbury, Alabama
Kevin Vost: Saint Dominic’s Mission: To Pray, To Preach, To
Bless
Lay Fraternities of Saint Dominic
New Liturgical Movement: Saint Dominic’s Cell in Rome
Richard Becker: The Success (and Failures) of Saint Dominic
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Nine Ways of Prayer: 1st Way
Nine Ways of Prayer: 2nd Way
Nine Ways of Prayer: 3rd Way
Nine Ways of Prayer: 4th Way
Nine Ways of Prayer: 5th Way
Nine Ways of Prayer: 6th Way
Nine Ways of Prayer: 7th Way
Nine Ways of Prayer: 8th Way
Nine Ways of Prayer: 9th Way
Doctors of the Church, with Bert Ghezzi
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History
of Saint Dominic, by Austuga Theodosia Drane
Life
of Saint Dominic, by Archbishop Joseph Sadoc Alemany
Life
of Saint Dominic, by Father Jean Baptiste Henri D Lacordaire
Saint
Dominic, by Jean Guiraud
sitios en español
Martirologio Romano, 2001 edición
sites en français
Abbé Christian-Philippe Chanut
fonti in italiano
Readings
A man who governs his passions is master of his world.
We must either command them or be enslaved by them. It is better to be a hammer
than an anvil. – Saint Dominic
Dominic possessed such great integrity and was so
strongly motivated by divine love, that without a doubt he proved to be a
bearer of honor and grace. And since a joyful heart animates the face, he
displayed the peaceful composure of a spiritual man in the kindness he
manifested outwardly and by the cheerfulness of his countenance. Wherever he
went he showed himself in word and deed to be a man of the Gospel. During the
day no one was more community-minded or pleasant toward his brothers and
associates. During the night hours no one was more persistent in every kind of
vigil and supplication. He seldom spoke unless it was with God, that is, in
prayer, or about God; and in this matter he instructed his brothers. Frequently
he made a special personal petition that God would deign to grant him genuine
charity in caring for and obtaining the salvation of men. For he believed that
only then would he be truly a member of Christ, when he had given himself
totally for the salvation of men, just as the Lord Jesus, the Savior of all,
had offered himself completely for our salvation. So, for this work, after a
lengthy period of careful and provident planning, he founded the Orders of
Friars Preachers. In his conversations and letters he often urged the brothers
of the Order to study constantly the Old and New Testaments. He always carried
with him the gospel according to Matthew and the epistles of Paul, and so well
did he study them that he almost knew them from memory. Two or three times he
was chosen bishop,
but he always refused, preferring to live with his brothers in poverty. Of
him Pope Gregory
IX declared: “I knew him as a steadfast follower of the apostolic way
of life. There is no doubt that he is in heaven, sharing in the glory of the
apostles themselves.” – from various writings on the history of the Order
of Preachers
MLA Citation
“Saint Dominic de Guzman“. CatholicSaints.Info.
18 April 2021. Web. 12 August 2021. <https://catholicsaints.info/saint-dominic-de-guzman/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-dominic-de-guzman/
Saint Dominic
St. Dominic was the son of Felix Guzman and Bl. Joan
of Aza, he was born at Calaruega, Spain, studied at the Univ. at Palencia, was
probably ordained there while pursuing his studies and was appointed canon at
Osma in 1199. There he became prior superior of the chapter, which was noted
for its strict adherence to the rule of St. Benedict.
In 1203 he accompanied Bishop Diego de Avezedo of Osma
to Languedoc where Dominic preached against the Albigensians (heresy) and
helped reform the Cistercians. Dominic founded an institute for women at
Prouille in Albigensian territory in 1206 and attached several preaching friars
to it. When papal legate Peter of Castelnan was murdered by the Albigensians in
1208, Pope Innocent III launched a crusade against them headed by Count Simon
IV of Montfort which was to continue for the next seven years. Dominic followed
the army and preached to the heretics but with no great success.
In 1208 in the Church of Prouille, he complained to
Our Lady while in pious prayer. She in turn answered him saying,
‘Wonder not that you have obtained so little fruit by
your labors, you have spent them on barren soil, not yet watered with the dew
of Divine Grace. When GOD willed to renew the face of the earth, He began by
sending down on it the fertilizing rain of the Angelic Salutation. Therefore
preach my Psalter composed of 150 Angelic Salutations and 15 Our Fathers, and
you will obtain an abundant harvest’.
This revelation of the origin of the Rosary was
affirmed by Pope Leo XIII, and the tradition that Mary first revealed the
Rosary to St. Dominic is supported by 13 Popes. St. Dominic now found great
success in this new devotion and brought about the conversion of the
Albigensians. Our Blessed Lady made known to St. Dominic, a kind of preaching
then unknown; which she said would be one of the most powerful weapons against
future errors and in future difficulties.
In 1214 Simon gave him a castle at Casseneuil and
Dominic with six followers founded an order devoted to the conversion of the
Albigensians; the order was canonically approved by the bishop of Toulouse the
following year. He failed to gain approval for his order of preachers at the
fourth General Council of the Lateran in 1215 but received Pope Honorius III’s
approval in the following year, and the Order of Preachers (the Dominicans) was
founded.
Dominic spent the last years of this life organizing
the order, traveling all over Italy, Spain and France preaching and attracting
new members and establishing new houses. The new order was phenomenally
successful in conversion work as it applied Dominic’s concept of harmonizing
the intellectual life with popular needs. He convoked the first general council
of the order at Bologna in 1220 and died there the following year on August 6,
after being forced by illness to return from a preaching tour in Hungary.
Centuries later the Dominican Pope, St. Pius V, called
for a rosary crusade to defeat the muslims that were once again invading
Christendom. On October 7, 1571, in response to this prayer of the rosary from
many people, the Battle of Lepanto was won and the Turks were defeated and
turned back.This great victory saved Europe from the Mohammedan peril. God revealed
to the Holy Father the news of this great victory before human endeavors could
reveal it. That date is now the Feast of the Most Holy Rosary and the Popes
have worn this Dominican white as their special cassock ever since to
commemerate this Dominican Pope and the power of praying the Rosary.
SOURCE :http://www.ucatholic.com/saints/saint-dominic/
St. Dominic
Founder of the Order
of Preachers, commonly known as the Dominican
Order; born at Calaroga, in Old
Castile, c. 1170; died 6 August, 1221. His parents, Felix Guzman and
Joanna of Aza, undoubtedly belonged to the nobility of Spain,
though probably neither was connected with the reigning house of Castile,
as some of the saint's biographers
assert. Of Felix Guzman, personally, little is known, except that he
was in every sense the worthy head of a family of saints.
To nobility of blood Joanna of Aza added a nobility of soul which
so enshrined her in the popular veneration that in 1828 she was solemnly beatified by Leo
XII. The example of such parents was
not without its effect upon their children. Not only Saint Dominic but
also his brothers, Antonio and Manes, were distinguished for their
extraordinary sanctity. Antonio,
the eldest, became a secular
priest and, having distributed his patrimony to the poor,
entered a hospital where
he spent his life ministering to the sick. Manes, following in the
footsteps of Dominic, became a Friar Preacher, and was beatified by Gregory
XVI.
The birth and infancy of the saint were
attended by many marvels forecasting his heroic sanctity and
great achievements in the cause of religion. From his seventh to his
fourteenth year he pursued his elementary studies under the tutelage of his
maternal uncle, the archpriest of
Gumiel d'Izan, not far distant from Calaroga. In 1184 Saint Dominic
entered the University of Palencia.
Here he remained for ten years prosecuting his studies with
such ardour and success that throughout the
ephemeral existence of that institution he was held up to the
admiration of its scholars as all that a student should be. Amid the
frivolities and dissipations of a university city,
the life of the future saint was characterized by
seriousness of purpose and an austerity of manner which singled him out as one
from whom great things might be expected in the future. But more than once
he proved that
under this austere exterior he carried a heart as tender as a woman's.
On one occasion he sold his books, annotated with his own hand, to relieve the
starving poor of Palencia.
His biographer and contemporary, Bartholomew of Trent, states
that twice he tried to sell himself into slavery to obtain money for
the liberation of those who were held in captivity by the Moors.
These facts are worthy of mention in view of the cynical and
saturnine character which some non-Catholic writers have endeavoured
to foist upon one of the most charitable of men. Concerning
the date of
his ordination his
biographers are silent; nor is there anything from which that date can
be inferred with any degree of certainty.
According to
the deposition of Brother Stephen, Prior Provincial of Lombardy,
given in the process of canonization,
Dominic was still a student at Palencia when
Don Martin de Bazan, the Bishop of Osma,
called him to membership in the cathedral chapter for
the purpose of assisting in its reform. The bishop realized
the importance to his plan of reform of having constantly before
his canons the example of one of Dominic's eminent holiness.
Nor was he disappointed in the result. In recognition of the part he had taken
in converting its members into canons regular, Dominic was
appointed sub-prior of the reformed chapter. On the accession of
Don Diego d'Azevedo to the Bishopric of Osma in
1201, Dominic became superior of the chapter with the title
of prior. As a canon of Osma,
he spent nine years of his life hidden in God and
rapt in contemplation, scarcely passing beyond the confines of the chapter
house.
In 1203 Alfonso IX, King of Castile, deputed
the Bishop of Osma to
demand from the Lord of the Marches, presumably a Danish prince,
the hand of his daughter on behalf of the king's
son, Prince Ferdinand. For his companion on this embassy
Don Diego chose Saint Dominic. Passing through Toulouse in
the pursuit of their mission, they beheld with amazement and sorrow the work
of spiritual ruin wrought by the Albigensian
heresy. It was in the contemplation of this scene that Dominic
first conceived the idea of
founding an order for the purpose of combating heresy and
spreading the light of the Gospel by preaching to the ends of the
then known world. Their mission having ended successfully, Diego and
Dominic were dispatched on a second embassy, accompanied by a splendid retinue,
to escort the betrothed princess
to Castile. This mission, however, was brought to a sudden close by the
death of the young woman in
question. The two ecclesiastics were
now free to go where they would, and they set out for Rome,
arriving there towards the end of 1204. The purpose of this was to
enable Diego to resign his bishopric that
he might devote himself to the conversion of unbelievers in distant
lands. Innocent
III, however, refused to approve this project, and instead sent the bishop and
his companion to Languedoc to join forces with the Cistercians,
to whom he had entrusted the crusade against
the Albigenses.
The scene that confronted them on their arrival in Languedoc was by no means an
encouraging one. The Cistercians,
on account of their worldly manner of living, had made little or no headway
against the Albigenses.
They had entered upon their work with considerable pomp, attended by a
brilliant retinue, and well provided with the comforts of life. To this
display of worldliness the leaders of the heretics opposed
a rigid asceticism which commanded the respect and admiration of
their followers. Diego and Dominic quickly saw that the failure of
the Cistercian apostolate
was due to the monks' indulgent habits,
and finally prevailed upon them to adopt a more austere manner of
life. The result was at once apparent in a greatly increased number
of converts. Theological disputations played a prominent part in
the propaganda of the heretics.
Dominic and his companion, therefore, lost no time in engaging their opponents
in this kind of theological exposition.
Whenever the opportunity offered, they accepted the gage of
battle. The thorough training that the saint had
received at Palencia now proved of
inestimable value to him in his encounters with the heretics.
Unable to refute his arguments or counteract the influence of his preaching,
they visited their hatred upon
him by means of repeated insults and threats of physical violence.
With Prouille for his head-quarters, he laboured by turns
in Fanjeaux, Montpellier, Servian,
Béziers, and Carcassonne.
Early in his apostolate around Prouille the saint realized
the necessity of an institution that would protect the women of
that country from the influence of the heretics.
Many of them had already embraced Albigensianism and
were its most active propagandists. These women erected convents,
to which the children of the Catholic nobility
were often sent—for want of something better—to receive an education,
and, in effect, if not on purpose, to be tainted with the spirit of heresy.
It was needful, too, that women converted from heresy should
be safeguarded against the evil influence
of their own homes. To supply these deficiencies, Saint Dominic, with the
permission of Foulques, Bishop of Toulouse,
established a convent at
Prouille in 1206. To this community, and afterwards to that
of Saint Sixtus, at Rome,
he gave the rule and constitutions which have ever since guided the nuns of
the Second Order
of Saint Dominic.
The year 1208 opens a new epoch in the
eventful life of the founder. On 15 January of that year Pierre
de Castelnau, one of the Cistercian legates,
was assassinated. This abominable crime precipitated the crusade under Simon
de Montfort, which led to the temporary subjugation of the heretics. Saint
Dominic participated in the stirring scenes that followed, but always on the
side of mercy, wielding the arms of the spirit while others wrought
death and desolation with the sword. Some historians assert that
during the sack of Béziers, Dominic appeared in the streets of that
city, cross in hand, interceding for the lives of the women and
children, the aged and the infirm. This testimony, however, is based upon
documents which Touron regards
as certainly apocryphal.
The testimony of the most reliable historians tends
to prove that the saint was
neither in the city nor in its vicinity when Béziers was sacked by the crusaders.
We find him generally during this period following the Catholic army,
reviving religion and reconciling heretics in
the cities that had capitulated to, or had been taken by, the victorious
de Montfort. It was probably 1 September, 1209, that Saint Dominic
first came in contact with Simon de Montfort and formed with him that
intimate friendship which was to last till the death of the brave crusader under
the walls of Toulouse (25
June, 1218). We find him by the side of de Montfort at the siege of
Lavaur in 1211, and again in 1212, at the capture of La Penne d'Ajen. In the
latter part of 1212 he was at Pamiers labouring,
at the invitation of de Montfort, for the restoration
of religion and morality. Lastly, just before the battle
of Muret, 12 September, 1213, the saint is
again found in the council that preceded the battle. During the
progress of the conflict, he knelt before
the altar in the church of Saint-Jacques, praying for
the triumph of the Catholic arms.
So remarkable was the victory of the crusaders at
Muret that Simon de Montfort regarded it as altogether miraculous,
and piously attributed it to the prayers of Saint
Dominic. In gratitude to God for
this decisive victory, the crusader erected
a chapel in
the church of Saint-Jacques, which he dedicated, it is said,
to Our
Lady of the Rosary.
It would appear, therefore, that the devotion of the Rosary,
which tradition says was revealed to Saint Dominic,
had come into general use about this time. To this period, too, has been
ascribed the foundation of the Inquisition by Saint
Dominic, and his appointment as the first Inquisitor.
As both these much controverted questions will receive special treatment
elsewhere in this work, it will suffice for our present purpose to note that
the Inquisition was
in operation in 1198, or seven years before the saint took
part in the apostolate in Languedoc, and while he was still an obscure canon
regular at Osma.
If he was for a certain time identified with the operations of
the Inquisition,
it was only in the capacity of a theologian passing
upon the orthodoxy of
the accused. Whatever influence he may have had with the judges of
that much maligned institution was always employed on the side of mercy and
forbearance, as witness the classic case of Ponce Roger.
In the meantime, the saint's increasing reputation for
heroic sanctity, apostolic
zeal, and profound learning caused him
to be much sought after as a candidate for various bishoprics.
Three distinct efforts were made to raise him to the episcopate. In July,
1212, the chapter of Béziers chose him for their bishop.
Again, the canons of Saint-Lizier wished him to
succeed Garcias de l'Orte as Bishop of
Comminges. Lastly, in 1215 an effort was made by Garcias de l'Orte
himself, who had been transferred from Comminges to Auch,
to make him Bishop of Navarre.
But Saint Dominic absolutely refused all episcopal honours,
saying that he would rather take flight in the night, with nothing but
his staff, than accept the episcopate. From Muret Dominic
returned to Carcassonne,
where he resumed his preaching with unqualified success. It was not until 1214
that he returned to Toulouse.
In the meantime the influence of his preaching and the eminent holiness of
his life had drawn around him a little band of devoted disciples eager
to follow wherever he might lead. Saint Dominic had never for a moment
forgotten his purpose, formed eleven years before, of founding a religious order
to combat heresy and
propagate religious truth.
The time now seemed opportune for the realization of his plan. With
the approval of Bishop Foulques of Toulouse,
he began the organization of his little band of followers. That Dominic and his
companions might possess a fixed source of revenue Foulques made
him chaplain of Fanjeaux and
in July, 1215, canonically established the community as
a religious congregation of his diocese,
whose mission was the propagation of true doctrine and good morals,
and the extirpation of heresy.
During this same year Pierre Seilan, a wealthy citizen of Toulouse,
who had placed himself under the direction of Saint Dominic, put at their
disposal his own commodious dwelling. In this way the first convent of
the Order
of Preachers was founded on 25 April, 1215. But they dwelt here only a
year when Foulques established them in the church of Saints
Romanus. Though the little community had proved amply
the need of its mission and the efficiency of its service to the Church,
it was far from satisfying the full purpose of its founder. It was at best but
a diocesan congregation,
and Saint Dominic had dreamed of a world-order that
would carry its apostolate to the ends of the earth. But, unknown to the saint,
events were shaping themselves for the realization of his hopes. In
November, 1215, an ecumenical
council was to meet at Rome "to
deliberate on the improvement of morals,
the extinction of heresy,
and the strengthening of the faith".
This was identically the mission Saint Dominic had determined on for his
order. With the Bishop of Toulouse,
he was present at the deliberations of this council. From the very first
session it seemed that events conspired to bring his plans to a successful
issue. The council bitterly arraigned the bishops for
their neglect of preaching. In canon X they were directed to delegate
capable men to preach the word of God to
the people. Under these circumstances, it would reasonably appear
that Dominic's request for confirmation of an order designed
to carry out the mandates of the council would
be joyfully granted. But while the council was anxious that
these reforms should be put into effect as speedily as possible, it
was at the same time opposed to the institution of any new religious orders,
and had legislated to that effect in no uncertain terms. Moreover, preaching
had always been looked upon as primarily a function of the episcopate. To
bestow this office on an unknown and untried body of simple priests seemed
too original and too bold in its conception to appeal to the
conservative prelates who
influenced the deliberations of the council. When, therefore,
his petition for the approbation of
his infant institute was refused, it could not have been wholly unexpected
by Saint Dominic.
Returning to Languedoc at the close of
the council in December, 1215, the founder gathered about him his
little band of followers and informed them of the wish of
the council that there should be no new rules for religious orders.
Thereupon they adopted the ancient rule of Saint Augustine,
which, on account of its generality, would easily lend itself to
any form they might wish to give it. This done, Saint Dominic
again appeared before the pope in
the month of August, 1216, and
again solicited the confirmation of his order.
This time he was received more favourably, and on 22 December, 1216,
the Bull of confirmation was
issued.
Saint Dominic spent the following Lent preaching
in various churches in Rome,
and before the pope and
the papal court.
It was at this time that he received the office and title of Master
of the Sacred Palace, or Pope's Theologian, as it is more
commonly called. This office has been held uninterruptedly by members of the
order from the founder's time to the present day. On 15 August, 1217,
he gathered the brethren about him at Prouille to deliberate on the affairs of
the order. He had determined upon the heroic plan of dispersing his little band
of seventeen unformed followers over all Europe.
The result proved the
wisdom of an act which, to the eye of human prudence at
least, seemed little short of suicidal.
To facilitate the spread of the order, Honorius
III, on 11 Feb., 1218, addressed a Bull to
all archbishops, bishops, abbots,
and priors,
requesting their favour on behalf of the Order
of Preachers. By another Bull, dated 3
Dec., 1218, Honorius
III bestowed upon the order
the church of Saint Sixtus in Rome.
Here, amid the tombs of
the Appian Way, was founded the first monastery of
the order in Rome.
Shortly after taking possession of Saint Sixtus, at the
invitation of Honorius, Saint Dominic began the somewhat difficult
task of restoring the pristine observance
of religious discipline among the various Roman communities
of women.
In a comparatively short time the work was accomplished, to the great
satisfaction of the pope.
His own career at the University of Palencia,
and the practical use to which he had put it in his encounters with the Albigenses,
as well as his keen appreciation of the needs of the time, convinced the saint that
to ensure the highest efficiency of the work of the apostolate, his followers
should be afforded the best educational advantages
obtainable. It was for this reason that on the dispersal of the brethren at
Prouille he dispatched Matthew of France and
two companions to Paris.
A foundation was made in the vicinity of the university,
and the friars took
possession in October, 1217. Matthew of France was
appointed superior, and Michael de Fabra was placed in charge of the studies
with the title of Lecturer. On 6 August of the following year, Jean de
Barastre, dean of Saint-Quentin and professor of theology,
bestowed on the community the hospice of Saint-Jaques, which he had
built for his own use. Having effected a foundation at the University
of Paris, Saint Dominic next determined upon a settlement at the University
of Bologna. Bertrand of Garrigua, who had been summoned from Paris,
and John of Navarre, set out from Rome,
with letters from Pope
Honorius, to make the desired foundation. On their arrival
at Bologna, the church of Santa Maria della Mascarella was
placed at their disposal. So rapidly did the Roman community
of Saint Sixtus grow that the need of more commodious quarters
soon became urgent. Honorius, who seemed to delight in supplying every
need of the order and furthering its interests to the utmost of his
power, met the emergency by bestowing on Saint Dominic
the basilica of Santa Sabina.
Towards the end of 1218, having
appointed Reginald of Orléans his vicar in Italy,
the saint,
accompanied by several of his brethren, set out for Spain. Bologna,
Prouille, Toulouse,
and Fanjeaux were visited on the way. From Prouille two of the
brethren were sent to establish a convent at Lyons. Segovia was
reached just before Christmas.
In February of the following year he founded the first monastery of
the order in Spain.
Turning southward, he established a convent for women at Madrid,
similar to the one at Prouille. It is quite probable that on this journey he
personally presided over the erection of a convent in
connexion with his alma mater, the University of Palencia.
At the invitation of the Bishop of Barcelona,
a house of the order was established in that city. Again bending his steps
towards Rome he
recrossed the Pyrenees and visited the foundations at Toulouse and Paris.
During his stay in the latter place he caused houses to be erected
at Limoges, Metz, Reims, Poitiers,
and Orléans, which in a short time became centres of Dominican activity.
From Paris he
directed his course towards Italy,
arriving in Bologna in July, 1219. Here he devoted several months to
the religious formation of the brethren he found awaiting him, and
then, as at Prouille, dispersed them over Italy.
Among the foundations made at this time were those at Bergamo, Asti, Verona, Florence, Brescia,
and Faenza.
From Bologna he went to Viterbo.
His arrival at the papal court
was the signal for the showering of new favours on the order. Notable among
these marks of esteem were many complimentary letters addressed
by Honorius to all those who had assisted the Fathers in
their vinous foundations. In March of this same year Honorius, through his
representatives, bestowed upon the order the church of San
Eustorgio in Milan.
At the same time a foundation at Viterbo was
authorized. On his return to Rome,
towards the end of 1219, Dominic sent out letters to all the convents announcing
the first general chapter of the order, to be held
at Bologna on the feast of the following Pentecost.
Shortly before, Honorius
III, by a special Brief,
had conferred upon the founder the title of Master General, which till
then he had held only by tacit consent. At the very first session of
the chapter in the following spring the saint startled
his brethren by offering his resignation as master general. It is
needless to say the resignation was not accepted and the founder remained at
the head of the institute till the end of his life.
Soon after the close of
the chapter of Bologna, Honorius
III addressed letters to the abbeys and priories of San
Vittorio, Sillia, Mansu, Floria, Vallombrosa, and Aquila, ordering
that several of their religious be deputed to begin, under the
leadership of Saint Dominic, a preaching crusade in Lombardy,
where heresy had
developed alarming proportions. For some reason or other the plans of
the pope were
never realized. The promised support failing, Dominic, with a little band of
his own brethren, threw himself into the field, and, as the event proved,
spent himself in an effort to bring back the heretics to
their allegiance to the Church.
It is said that 100,000 unbelievers were converted by the preaching
and the miracles of
the saint.
According to Lacordaire and
others, it was during his preaching in Lombardy that
the saint instituted
the Militia of Jesus Christ, or the third order, as it is commonly called,
consisting of men and women living
in the world, to protect the rights and property
of the Church. Towards the end of 1221 Saint Dominic returned to Rome for
the sixth and last time. Here he received many new and valuable concessions for
the order. In January, February, and March of 1221 three consecutive Bulls were
issued commending the order to all the prelates of
the Church. The thirtieth of May, 1221, found him again
at Bologna presiding over the second general chapter of the
order. At the close of the chapter he set out for Venice to
visit Cardinal
Ugolino, to whom he was especially indebted for
many substantial acts of kindness. He had scarcely returned
to Bologna when a fatal illness attacked him. He died after three
weeks of sickness, the many trials of which he bore with heroic patience. In
a Bull dated at Spoleto,
13 July, 1234, Gregory
IX made his cult obligatory throughout
the Church.
The life of St. Dominic was one of
tireless effort in the, service of God. While he journeyed from place to
place he prayed and
preached almost uninterruptedly. His penances were of such
a nature as to cause the brethren,
who accidentally discovered them, to fear the effect upon
his life. While his charity was boundless he never permitted it to
interfere with the stern sense of duty that
guided every action of his life. If he abominated heresy and
laboured untiringly for its extirpation it was because he loved truth and loved the souls of
those among whom he laboured. He never failed to distinguish between sin and
the sinner. It is not to be wondered at, therefore, if this athlete of Christ,
who had conquered himself before attempting the reformation of others, was more
than once chosen to show forth the power of God.
The failure of the fire at Fanjeaux to consume the dissertation he
had employed against the heretics,
and which was thrice thrown into the flames; the raising
to life of Napoleone Orsini; the appearance of the annals
in the refectory of Saint Sixtus in response to his prayers,
are but a few of the supernatural happenings
by which God was
pleased to attest the eminent holiness of
His servant. We are not surprised, therefore, that, after signing the Bull of canonization on
13 July, 1234, Gregory
IX declared that he no more doubted the saintliness of Saint
Dominic than he did that of Saint Peter and Saint
Paul.
O'Connor, John Bonaventure. "St. Dominic." The Catholic
Encyclopedia. Vol. 5. New York: Robert Appleton
Company, 1909. 8 Aug.
2017 <http://www.newadvent.org/cathen/05106a.htm>.
Transcription. This article was transcribed for
New Advent by Martin Wallace, O.P.
Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. May
1, 1909. Remy Lafort, Censor. Imprimatur. +John M. Farley, Archbishop
of New York.
Copyright © 2020 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/05106a.htm
Anonymous (Venice). Saint Dominic, from 1550 until 1600, 94.5 x 77.5, Rijksmuseum
St. Dominic, Confessor
From the Chronicle of the Origin of this Order,
compiled by B. Jordan of Saxony; also from the five lives of this saint, all
written by contemporary grave authors, namely, F. Theodoric of Apolda,
Constantine, bishop of Orvieto, Bartholomew, bishop of Trent, F. Humbert, and
Nicholas Trevet. See his life elegantly compiled by F. Touron: likewise F.
James Echard, the learned French Dominican, De Script. Ord. S. Dominici, t. 1.
Mamachi, &c.
A.D. 1221.
[Founder of the Friar Preachers.] ST.
DOMINIC was born, in 1170, at Calaruega, anciently called Calaroga, in Old
Castille, in the diocess of Osma. He was of the illustrious house of the
Guzmans, which has been frequently ennobled by alliances with divers royal
families, and which still flourishes divided into several branches, of which
some are grandees of the first class, as the dukes of Medina-Sidonia, and of
Medina de las Torres; the Marquisses of Azdales, of Monte Alegre, &c., the
Counts of Niebla, of Olivares, &c. The Duke of Medina-Sidonia, who is chief
of this noble house, is acknowledged patron of the whole order of St. Dominic.
This honourable pedigree of our saint has been demonstrated by Echard, 1 Touron, 2 and
Bremond, 3 from
the archives of Bologna, drawn up in the saint’s life-time, and from other
undoubted monuments of the same age in which he lived; though a Christian
derives his true nobility from his spiritual regeneration and grace, and it is
the chief glory of the saints that they despised all worldly advantages for
Christ. St. Dominic’s father was called Felix of Guzman, and his mother was
Jane of Asa, which family continues still in a flourishing condition in Spain.
Their eldest son, Antony, was a priest, and devoted himself to the service of
the poor in an hospital, in which employment he died in the odour of sanctity.
Mames, the second, embraced our saint’s order, and followed him in his
missions. Dominic was the third, and had younger brothers. His mother, whilst
she was with child of him, dreamed that she brought forth a whelp which carried
in its mouth a burning torch, with which it set the whole world on fire. After
his birth it was her first care to procure him speedily the grace of baptism,
in which sacrament he received the name of Dominic, in honour of a holy abbot called
Dominic of Silos. By her early instructions he was taught happily to turn the
first dawning of his reason towards his Creator. Such was his fervour in his
childhood that he accustomed himself to rise often in the night to pray, and,
leaving his soft bed, used to take his rest lying on the hard boards. His uncle
by the mother, the holy archpriest of Gumiel, was his first preceptor. He
assisted with this uncle at all the divine offices; and the rest of his time
which his studies and other necessary duties left free, he devoted entirely to
private prayer, serious or pious reading, and charitable employments; spending
none of his moments in the usual amusements of youth, which yet may be
sanctified by moderation and a good intention, inasmuch as some exercise is
necessary in that tender age to maintain the vigour both of the body and mind.
The saint at fourteen years of age was sent to the
public schools of Palentia, which were soon after transferred to Salamanca,
where the university, which is the most famous and best provided in all Spain,
was erected in the middle of the thirteenth century. Dominic here laid in a
solid stock of learning, and became a great proficient in rhetoric, philosophy,
and divinity. He was well versed in the knowledge of the holy scriptures and
fathers. Instructed by the oracle of the Holy Ghost that the spirit of the Lord
rests only on chaste souls, he watched with the utmost attention over his
heart, and its avenues, which are the senses; these he kept in constant
subjection by austere mortification. Always walking in the presence of God he
made his conversation even with the virtuous very short. Boards or the floor
were the only bed on which he took his rest. The death of his mother was a
sensible affliction to him; but he improved it to a more perfect disengagement
of his heart from the world. From her example he had learned a tender devotion
to the holy Mother of God, and an extraordinary affection for the poor; to
assist whom, in a famine, he not only gave all his money and goods, but sold
even his books and his own writings and commentaries. This was in the
twenty-first year of his age. So heroic a charity touched the hearts of all the
masters, scholars, and citizens; the latter opened their granaries, and the
former emptied their purses to supply the necessitous. Thus Dominic, yet a
scholar, became by his example a preacher to his masters. The charity with
which his heart was moved towards all who were in distress seemed to have no
bounds. A poor woman one day begged of him with many tears an alms to redeem
her brother, who was made a slave by the Moors. The saint’s heart seemed rent
with compassion, and having already given away all his money to others, he said
to her: “I have neither gold nor silver; but am able to work. Offer me to the
Moor in exchange for your brother. I am willing to be his slave.” The woman,
astonished at such a proposal, durst not accept it; but Dominic’s charity was
not less before God. As soon as he had finished his studies and taken his
degrees, he explained the holy scriptures in the schools, and preached the word
of God to the people at Palentia with wonderful reputation and success. Every
one looked upon the man of God as an oracle, consulted him in all doubts,
whether of learning or of conscience, and acquiesced in his decisions.
Azebedo, a zealous pastor, being made bishop of Osma
in 1198, reformed his chapter, introducing into it regular canons of St.
Austin, and invited St. Dominic, who was a native of his diocess, to accept a
canonry. The disciple of Jesus Christ, believing that he heard the voice of God
himself in that of his pastor, left Palentia, and received the habit of the
regular canons, being then twenty-eight years old. 4 Blessed
Jordan, who was familiarly acquainted with St. Dominic, informs us, that the
holy canon had no sooner taken possession of his prebend, than he began to
shine as a bright star in the church of Osma. He practised all the austerities
of the ancient fathers of the desert, and attained to that purity of heart and
perfect disengagement from creatures which made up the character of those great
saints. He read the conferences of Cassian, and made them the rule of his
conduct. Whilst
he thus laboured to make his own soul pleasing to God,
the fire of divine love was daily more and more enkindled in his breast, and he
was consumed with an ardent zeal for the salvation of infidels and sinners. To
move the divine mercy to regard them with pity, he spent often whole nights in
the church at prayer, watering the steps of the altar with abundance of tears,
in which he was heard to sigh and groan before the Father of mercy, in the
earnestness and deep affliction of his heart; never ceasing to beg with the
greatest ardour, the grace to gain some of those unhappy souls to Christ. He
studied to conceal from the eyes of men as much as possible the holy severity
with which he treated his own body; but its effects appeared sensibly in the
decay of his strength. His bishop therefore ordered him to mix a little wine
with the water which he drank. He still found means to redouble the macerations
of his flesh, as he saw the loss of souls and the offences of God multiplied by
the growth of heresy and impiety. Since the reformation of the chapter, the
titles and offices of dean and provost were changed into those of prior and
subprior. The bishop himself was prior and St. Dominic subprior, or the
immediate head and superior of that body. He also assisted his prelate in the
government and reformation of the whole diocess, and preached in it assiduously
with incredible zeal and fruit during five years.
Alphonsus IX., king of Castille, chose the bishop of
Osma to go ambassador into La Marche, to negotiate a match between the daughter
of the earl of that country and his son, Prince Ferdinand. Some take this La
Marche for a province in the north of Germany or in Sweden; others for the
territory of that name in Limosin, in France. The bishop took Dominic with him.
In their way they passed through Languedoc, which was then filled with the
abominations of the heresy of the Albigenses. He in whose house they lodged at
Toulouse was tainted with it. St. Dominic, pierced to the heart with compassion
for the unhappy condition of his soul, in that one night made him a perfect
convert. The treaty of marriage being concluded, the ambassadors returned to
Spain; but were sent back with a sumptuous equipage to conduct the princess thither.
They arrived at her father’s house only to assist at the melancholy ceremony of
her funeral. Being desirous to devote themselves to labour for the conversion
of souls deprived of the light of faith, they sent back their equipage into
Spain, and went themselves to Rome, to ask of Pope Innocent III. leave either
to stay at Languedoc, to labour among the Albigenses, or to go to preach the
gospel to the infidels in the north. His holiness, charmed with their zeal and
virtue, exhorted them rather to choose the neighbouring harvest, and to oppose
a heresy which threatened the church with the utmost fury. The holy bishop
begged he might be allowed to resign his episcopal see in Spain. This his
holiness would not consent to, but gave him leave to stay two years in
Languedoc. In their return they made a visit of devotion to Citeaux, a place
then renowned for the sanctity of the monks that inhabited it. They arrived at
Montpellier towards the end of the year 1205, where they met several Cistercian
abbots, who were commissioned by the pope to oppose the reigning heresies. The
archbishop and Dominic proposed that to labour with success, they ought to
employ persuasion and example rather than terror: and that their preachers
should imitate the poverty of Christ and the apostles, travelling on foot,
without money, equipage, or provisions. The abbots readily came into the
proposal, and sent away their horses and servants. 5 These
missionaries saw the dangers and difficulties that attended the undertaking,
but they were persuaded they should be abundantly recompensed for all they
could suffer if they should be so happy as to become instrumental in rescuing
one soul from the slavery of sin, or to lay down their life in such a cause.
The prodigious growth of impiety in that country, and the obstinacy of the
disease moved them to compassion, but did not terrify them, though the evils
seemed extreme. The heretics, not content to fill their own country with terror
and desolation, overran several other provinces in troops of four, five, or
eight thousand men, pillaged the countries, and massacred the priests, flaying
some alive and scourging others to death; in plundering the churches, they
broke and profaned the sacred vessels, and sacrilegiously converted the
ornaments of the altars into women’s clothes. King Philip Augustus cut in
pieces ten thousand of these banditti in the province of Berri, they having
penetrated into the very centre of his kingdom. 6 Dominic
undertook to stem the torrent by his feeble voice; and God was pleased to make
his preaching the instrument of his grace to strike the rocks, to open the
uncircumcised ears, and to soften the hardened hearts of many which even the
thunder of a St. Bernard had not been able to move. The conversion of many most
obstinate sinners may be regarded as the greatest of our saint’s miracles.
The first conference of the missionaries with the
heretics was held in a borough near Montpellier and lasted eight days; during
which, each day several remarkable conversions were wrought. The apostolic men
preached after this eight days at Beziers, where they gained several, though
the far greater number shut their ears against the Catholic faith. Diego and
Dominic proceeded thence to Carcassone and Montreal. At this last place they
disputed during fifteen days with the four chiefs of the Albigensian sect, by
which conference a hundred and fifty persons were brought over to the truth.
St. Dominic drew up in writing a short exposition of the Catholic faith, with
proofs of each article from the New Testament. This writing he gave to the
heretics to examine. Their ministers and chiefs, after much altercation about
it, agreed to throw it into the fire, saying, that if it burned, they would
regard the doctrine which it contained as false. Being cast thrice into the
flames it was not damaged by them. Nevertheless, only one officer who was
present, and afterwards publicly attested the miracle, was converted by it.
This, Peter of Vaux-Sernay 7 assures
us he heard St. Dominic himself relate. At Fanjaux, the bishop and St. Dominic
were met by Arnold, abbot of Citeaux, and twelve other abbots, and another
great disputation was there held with the heretics before arbitrators. The
judges and ministers here proposed to cast the same writing of St. Dominic into
the fire. All present agreed to this trial, and a great fire being made in the
middle of the company, it was again thrice thrown into it, and as often taken
out without receiving any damage. This miracle is recorded by Jordan, and by
the ancient writers of St. Dominic’s life; and Theodoric of Apolda, Bernard
Guidonis, and F. Humbert, expressly assure us that this miracle at Fanjaux must
not be confounded with the like which had been wrought before at Montreal. This
latter was performed in the castle of Raymund Durfort, whose posterity built in
it a chapel in honour of St. Dominic, and gave this castle to his Order. 8 The
fruit of this public miracle was the conversion of great numbers of heretics of
both sexes.
St. Dominic saw with grief that many children of
Catholic parents, for want of the means of procuring a proper education, were
neglected in their youth, or fell into the hands of those who corrupted their
morals or their faith. To cut off the source of this fatal disorder, being
assisted by the liberality of several bishops, he founded the numerous nunnery of
our Lady of Prouille, near Fanjaux, in 1206, which he put under the rule of St.
Austin, adding certain particular constitutions, which were approved by Gregory
IX. This house became a sanctuary to many ladies, who desired to find a secure
retreat from the corruption of the world, and a nursery of religion and piety
for those who were afterwards to encounter its dangers. This monastery is
regarded to this day as the chief or mother-house of all the nuns of this
Order. In 1207 a great conference was opened between he Catholic preachers and
the heretics, in the palace of Raymund Roger, count of Foix, who treated both
parties in their turns at his table. His countess and one of his sisters
followed the Waldenses; his other sister adhered to the Albigenses. The issue
of this disputation was the conversion of a great number of heretics of
distinction, and of him who had been appointed judge or arbitrator, a man of
learning, who had been a warm abettor of the sect of the Albigenses. After this
conference the Cistercians returned to their monasteries, and the holy Bishop
of Osma to his diocess, the two years allowed him by the pope being almost
expired. The heretics themselves had a great opinion of his sanctity, and
called him one of the predestinate. He died soon after his arrival at
Osma.
He had been almost two years superior of the mission
in Languedoc, in which charge, at his departure, he appointed St. Dominic his
successor, to whom Pope Innocent III. confirmed the same in 1207. The saint,
vested with this authority, established wholesome regulations to be observed by
the zealous preachers who laboured with him. Some date from this time, but
improperly, the institution of his Order. The murder of the pope’s legate,
Peter of Castelnau or Chateauneuf, who was assassinated by a servant of the
Count of Toulouse and another ruffian, on the 15th of January, 1208, and other
outrages committed by the heretics, set all Christendom in a flame, and an army
was set on foot to extirpate the authors of these violences. St. Dominic had no
share in those transactions, and made use of no other arms to repulse injuries
than those of meekness and patience. He never complained of any affronts or
evils which he received, courageously encountered every danger wherever the
good of souls called him, being desirous to glorify God by shedding his blood
in his cause if called to such a happiness, and he studied only to procure all
the good in his power to those who hated and persecuted him. A certain heretic,
who was unknown to the saint, offered himself one day to be his guide; but led
him through rough ways over stones and briers, so that the saint’s feet were
much wounded, for he always walked barefoot. The meekness with which Dominic
received the affront, and the joy with which he comforted his treacherous guide
when he saw him in confusion, calling his blood the subject of his triumph, so
moved the heretic that he became a Catholic. At another time the heretics
posted two assassins to murder the saint, at a place between Prouille and
Fanjaux, which to this day, from that black attempt, retains the name of Al
siccari; but he escaped their hands. Afterwards some of that party asked
the saint what he would have done if he had met them: “I would have thanked
God,” said he, “and would have begged as a favour that my blood might have been
let out drop by drop, and my limbs lopt off one by one, to prolong my torments,
and enhance my crown;” with which answer his enemies were exceedingly affected. 9 A
poor man, infected with the heresy of the Albigenses, confessed the
abominations of that sect, but declared he could not abandon those upon whom he
depended for his daily subsistence. St. Dominic hearing him make this answer,
was moved with so tender a compassion for a soul upon the brink of perishing,
that he offered to sell himself for a slave to procure this man means for his
subsistence, that he might serve God; and he would have done it, had not God
furnished the poor man with a provision otherwise, says B. Jordan and
Theodoric. When the army of the crusade approached, the saint redoubled his
earnestness among an obstinate people, and saved many. When he went among the
crusards, the disorders, vices, and ignorance of the mysteries of faith and
duties of a Christian life, which he found in many who had joined that army
merely for the sake of plunder, moved his compassion and zeal, and he laboured
among them with no less diligence than he had done among the Albigenses. The
Count of Montfort was so taken with his sanctity, that he thought he could
never give him sufficient marks of his affection and esteem. The condition of
this disjointed army was such, that the troops of which it was composed
returned home as they pleased, after having served forty days, and the general
who sometimes saw two hundred thousand men under his banner, was often so much
abandoned as to be scarcely able to assemble a thousand. At a time when he had
with him only twelve hundred men, he was attacked by an army of above a hundred
thousand, some say two hundred thousand; yet St. Dominic assured him God would
grant him a glorious victory. The Count of Montfort threw himself into Muret, a
small fortress, and in a sally on the 12th of September, 1213, by his
incredible valour and address, routed and dispersed this great army, which left
the king of Arragon and sixteen thousand men dead in the field. This prediction
was the only share which the original historians mention St. Dominic to have
had in this war, whatever certain moderns with Baillet may affirm. The
continuators of Bollandus pretend, that in quality of inquisitor he delivered
those among the Albigenses that were taken, and persisted obstinate, to the
secular judges, that they might put them to death. But this is mere conjecture
founded on mistake, as the learned fathers Echard 10 and
Touron 11 have
shown. St. Dominic never appears to have any way concurred to the execution of
any of those unhappy persons who then suffered. The authors of his life
mention, that by his credit and entreaties, he saved the life of a young man
who was going to the place where he was to be burnt, the saint assuring the
judges that he would die in the Catholic faith; which was verified when, some
years after, he became a zealous Catholic, and made a happy end in the holy
Order of our saint. But the original historians mention no other arms to have
been used by him against the heretics than those of instruction, patience,
penance, fasting, watching, tears, and prayer.
So ardent was his zeal for the salvation of souls, that he was consumed with a burning desire to sacrifice for them his liberty, health, and life. Inured to continual labours, he was indefatigable in his apostolic functions; and the greatest difficulties, far from abating, seemed to raise his courage, and to give new vigour to his heroic soul. To his incredible labours he added the austerities of penance. He often allowed himself, in his fasts, especially during all lent, no other nourishment than bread and water; and spending with his companion a great part of the night in prayer, he reserved only a short time for rest, which he took lying on a board. Regardless of dangers, he never discontinued his missions or preaching among the Albigenses, how much soever their rage was exasperated. He often boldly exposed himself to the most cruel torments and death among them; he even courageously met a band of ruffians near Carcassone, who were still reeking with the blood of a Cistercian abbot and monk whom they had barbarously slain. But God was his protector, and prayer his shield and strength. During the great battle of Muret, St. Dominic was not in the field, as some moderns have pretended, but in the church, within the fortress, at his prayers. 12 The same was his practice on other like occasions. Theodoric, Stephen of Sasenhac, and others relate, that when St. Dominic was employed on his mission at Castres, the abbot of St. Vincent’s one day desired his company at dinner. After sermon, the saint continued at his devotions in the church so long, that he quite forgot the necessities of the body, which he was frequently apt to do. At the hour of dinner, the abbot sent a clerk to seek for him. The messenger knew the church to be the place where he was generally to be found, and going thither, saw him ravished in an ecstacy, raised several cubits above the ground, and without motion. He contemplated him a considerable time in that posture, and waited till the saint, coming to himself, gently fell to the ground, before he durst approach him.
St. Dominic, during his apostolical labours in
Languedoc, instituted the celebrated devotion of the Rosary, consisting of the
recital of fifteen Our Fathers and a hundred and fifty Hail Marys, in honour of
the fifteen principal mysteries of the life and sufferings of our Blessed
Saviour, and of his holy Mother. The divine and most excellent prayer which our
Redeemer, who promises to grant all that we request in his name, has drawn up
as the form of our supplications, contains the petitions of all those things we
are to ask or hope for of God, and comprises the exercise of all the sublime
virtues, by which we pay to him the rational homage of our affections. In the
Angelical Salutation are comprised our praises and thanks to God for the great
mysteries of the incarnation and of our redemption, the source of all our good;
and these praises are expressed in words of which the Holy Ghost himself was
the author, which, though addressed to the Virgin Mary, contain much more the
praises of her Divine Son, whom we acknowledge the cause of all hers and our
happiness. The earnest intercession of this Mother of God, and of mercy is also
implored in our behalf both at present and for the tremendous moment of our
departure hence; and to move hers and her Divine Son’s compassion, we acknowledge
our own deep sense of our miseries, which we display before the eyes of heaven
under the extensive and most expressive humbling title of sinners. These
prayers are so disposed in the Rosary, 13 as
to comprise an abstract of the history of our blessed Redeemer’s holy life and
sufferings, the great object of the continual devotion and meditation of
Christians; for each mystery whereof we praise God, and through it ask his
graces and blessings for ourselves and others. The ignorance of many, and the
blasphemies of others among the Albigenses, with regard to these most sacred
mysteries, moved the zealous and apostolic servant of God to teach the people
to honour them by an easy method equally adapted to persons of the weakest
understanding, and to those who are most learned, or the most advanced in the
exercises of sublime contemplation, who find in it an inexhausted fund of the
highest acts of faith, hope, divine love, praise, and thanksgiving, with a
supplication for succour in all spiritual and corporal necessities, which they
always repeat with fresh ardour. St. Dominic afterwards established the same
method of devotion at Bologna and in other places.
The saint, after having founded his nunnery of
Prouille, established an institute afterwards called his third Order, in which
the strictest regularity is observed, but no extraordinary austerities are
prescribed. Some persons of this third Order live in monasteries, and are
properly nuns; others live in their own houses, and endeavour to sanctify their
work and the duties of a civil life by certain exercises of regularity and
devotion, and by dedicating part of their time to works of mercy, especially in
serving the poor in hospitals and prisons. 14 St.
Dominic had spent ten years in preaching in Languedoc, when, in 1215, he
founded his religious Order of Preaching Friars, the plan of which he had
meditated some time before. He had till then worn the habit of a regular canon
of St. Austin, and followed that rule. But he earnestly desired to revive an
apostolic spirit in the ministers of the altar, the want of which in many was a
subject of great scandal to the people, and a great source of the overflowings
of vice and heresy. This spirit is founded on a sincere contempt of the world,
and a perfect disinterestedness; for so long as the love of the world, or a
relish for its vanity, delights, and riches, keeps possession of a heart, there
can be no room for the Holy Ghost. The fences by which this spirit had been
formerly maintained in the clergy, were then by custom easily broken through by
many without scruple; wherefore he conceived a design of raising others that
might be stronger. With this view he established an Order of religious men, not
like the ancient monks of the desert, who were laymen and merely
contemplatives, but who, with the strictest retirement and assiduous exercises
of contemplation, should join a close application of sacred studies, and all
the functions of a pastoral life, especially that of preaching. He prescribed
austere fasts, perpetual abstinence from flesh, (which the reformed monasteries
of this Order still observe,) and the most severe poverty, ordaining that his
friars should receive their coarse subsistence from the alms of the faithful,
though their houses are not forbidden, like the Franciscans, to enjoy in common
small rents in money. The principal aim of the saint by this institution was to
multiply in the church zealous preachers, whose spirit and example might be a
means more easily to spread the light of faith, and the fire of divine charity,
and to assist the pastors in healing the wounds which the church had received
by the inundation of heresy and vice.
St. Dominic for a long time recommended his design to God
by fervent prayer, and communicated it to the bishops of Languedoc and
Provence, who all applauded the project, and pressed him to hasten the
execution. Every one judged him worthy to be the father of preachers, who was
their perfect model. Sixteen of his fellow-missionaries came readily into his
project; and Peter Cellani, one of this number, gave some houses he was
possessed of in Toulouse, in which they formed themselves into a regular
community, under the protection of the bishop. This was the first convent of
the Order. To establish it the founder was obliged to go to Rome, whither he
accompanied Fulco, the bishop of Toulouse, who was called to assist at the
fourth general council of Lateran. Pope Innocent III. who had then governed the
church eighteen years, received the saint with great demonstrations of
kindness, on account of the reputation of his sanctity, and the recommendation
of his bishop. He had himself drawn up a decree which he inserted in the tenth
chapter of the council, to enforce the obligation of preaching, and the
necessity of choosing for pastors men who are powerful in words and works, who
will instruct and edify their flocks both by example and preaching, a neglect
of which was the source of the ignorance, disorders, and heresies that then
reigned in several provinces. Nevertheless, though the saint’s design was most
agreeable to his Holiness, Theodoric the bishop of Orvieto, and Vincent of
Beauvois say, that he at first made some difficulty to approve his Order, upon
late complaints that too great a multiplication of Orders would bring
confusion, and that it was better to reform those that were already
established. But the same authors add, that the night following, the pope
dreamed he saw the Lateran church in danger of falling, and that St. Dominic
stept in, and supported it with his shoulders. Be that as it will, B. Jordan
and F. Humbert assure us, that the pope approved the new Order by word of
mouth, bidding the founder draw up the constitutions, and lay them before him.
The saint was present at the fourth council of
Lateran, which, though very numerous and splendid, lasted only three weeks,
having condemned the errors of the Albigenses and other heretics, framed
several canons for the reformation of manners, and taken into consideration a
new crusade for the recovery of the Holy Land, which had been lately conquered
by the infidels a second time. The twenty-first is the famous canon which
enjoins, that all the faithful who are arrived to years of discretion, shall
confess all their sins at least once a year to their own proper priest, and
shall receive the eucharist at least every Easter, unless, with the advice of
their proper priest, they abstain from it for some time, upon some reasonable
account. The thirteenth prohibits the erecting of any new religious Order. The
council, which consisted of four hundred and twelve bishops, and near eight
hundred abbots, priors, and deputies of absent prelates, broke up about the end
of November, 1215, and St. Dominic arrived at Toulouse the beginning of the
following year. After mature consultation with his sixteen colleagues, of whom
eight were Frenchmen, seven Spaniards, and one Englishman, he made choice of
the rule of the canons of the great St. Austin, who was himself an eminent
preacher. He added certain particular constitutions, and borrowed from the
Order of Premontré the rule of observing perpetual abstinence from flesh, and a
rigorous fast from the feast of the Exaltation of the Cross to Easter. Pope
Innocent III. famous for his great actions, and for several learned and pious
books which he composed, died on the 16th of July, 1216, having filled the
pontifical chair from January, 1198. Honorius III. was chosen in his place.
This change retarded St. Dominic’s second journey to Rome; and, in the mean
time, he finished his first convent at Toulouse, to which the bishop gave the
church of St. Romanus. The bishop of Fermo in Italy, a great admirer of our
saint’s virtue, also gave him at the same time the church of St. Thomas, with a
convent for his Order in that city.
St. Dominic arrived at Rome with a copy of his rules
in September, 1216. He found access to his Holiness difficult for some time,
but was encouraged by a vision recorded by Theodoric, and copied by Fleury. 15 Pope
Honorius III. confirmed his Order and its constitutions by two bulls, both
dated on the 26th of December, in the same year. He detained the saint several
months in Rome to preach in that city; which commission he executed with
incredible applause and success. He put the pope in mind that several persons
who attended his court could not seek instructions abroad, and therefore a domestic
master of the sacred studies in his palace would be of great advantage. His
holiness hereupon created the office of Master of the Sacred Palace, who by his
place is the pope’s domestic theologian, assists at all consistories, whether
public or private, confers the degree of doctor at court, approves all theses
and books, and nominates the pope’s preachers. If he be absent from court, he
has a right to substitute another in his place. Pope Honorius obliged St.
Dominic to take upon himself that charge, which has been ever since committed
to one of his Order. The saint at Rome dictated comments on the epistles of St.
Paul, which are much commended by several writers of that age, though they are
now lost. He had learned from St. Chrysostom what an inexhausted treasure of
piety and spiritual knowledge a Christian preacher will draw from assiduous
meditation on the inspired writings of this apostle, which he strongly
recommended to his religious, and he carried always a copy of that sacred book
in his pocket. When not employed in public functions or necessary duties, he
was always to be found in the church, or in retirement. When, out of necessity,
he conversed with others, his discourse was usually only on God, and always
seasoned with so much unction and prudence that worldlings never thought it
importunate; and pious persons sought his conversation with extreme eagerness.
With the consent of his Holiness he returned to Toulouse in May, and spent some
time in forming his religious brethren in the practice of the most perfect
maxims of an interior life, the most necessary qualification in preachers of
the divine word. He exhorted them strenuously to promote the study of
literature in his Order, to attend in the first place to the sanctification of
their own souls, and to remember they were the successors of the apostles in
establishing every where the kingdom of Christ. He added excellent instructions
on humility, a perfect distrust in themselves, and an entire confidence in God
alone, by which they were to stand invincible under afflictions and
persecutions, and courageously to carry on the war in which they were engaged
against the world and the powers of hell. After this discourse, on the feast of
the Assumption of our Lady, he dismissed some of his religious to Spain and
Portugal, and some to Paris, appointing F. Matthew superior among these latter,
and sending with him his own brother Manez de Guzman. The extraordinary
reputation of St. Dominic and his preaching friars drew many learned doctors
and other eminent men into this new Order, and the saint settled convents at
Lyons, Montpellier, Bayonne, &c.
St. Dominic went again to Rome in 1217, and the pope
desiring that his Order should have a house in that city, gave him the church
of St. Sixtus; and whilst a convent was building there, the saint, by order of
his Holiness, read lectures of theology both in the palace and in the city, and
preached in St. Peter’s church with such eloquence and zeal as drew on him the
attention and admiration of the whole city. The many illustrious miracles by
which God honoured his ministry in that city, procured him the name of the
Thaumaturgus of that age. Among others, Theodoric relates, 16 that
a certain gentlewoman named Gutadona, coming one day home from hearing his
sermon, found her little child dead. In her grief she took him in her arms out
of the cradle, and carrying him to St. Sixtus’s, laid him at the feet of the
saint. She said nothing; but her sorrow spoke without words. The servant of God
was moved to compassion, and after saying a fervent prayer, made the sign of
the cross on the child, and restored him to life. The pope would have published
this miracle in the pulpit; but the tears, entreaties, and confusion of the
saint prevented him. St. Dominic likewise raised, whole and sound, a mason who
had been crushed to death by the fall of a vault in building the convent of St.
Sixtus. He restored to health a religious man, the procurator of his convent,
whilst the brethren were reciting by his bed-side the prayers appointed for one
in the agony. The bishop of Ovieto assures us, that he had the account of this
miracle from the mouth of the person who had been thus miraculously delivered
from the gates of death, and recovered in a moment a state of perfect health
which he long enjoyed, and of which he made a very good use. 17
St. Dominic, besides many other miracles, raised a
third man to life in this monastery of St. Sixtus, in the presence of a great
multitude of honourable persons. This was the young Lord Napoleon. The fact is
related by Theodoric of Apolda, 18 F.
Humbert, 19 a
third very ancient historian quoted by F. Echard, 20 John
Longinus, 21 Malvenda,
and many others, and happened on the following occasion:—Several nuns lived in
Rome without keeping enclosure, and almost without regularity, some dispersed
in small monasteries, others in the houses of their parents or friends; for,
before the council of Trent, strict perpetual enclosure was not always a necessary
part of that state; and though, since that council, Bonacina, and some other
canonists, call it an essential law, yet some nunneries in Flanders plead an
exemption upon pretence of ancient prescription. Pope Innocent III. had made
several attempts to assemble all such nuns then in Rome into one enclosed
house, but had not been able, with all his address and authority, to compass
it. Honorius III., seeing all other methods miscarry, committed the management
of this reformation to St. Dominic. The saint desired that three cardinals
should be nominated commissaries with him, in order to facilitate the success
of the commission, and his holiness appointed Hugolin dean of the sacred
college, Nicholas bishop of Tusculum, and Stephen of Fossa Nuova, cardinal
priest of the twelve apostles. St. Dominic, in order to remove several
difficulties, offered to leave to these nuns his own monastery of St. Sixtus,
which was built and then ready to receive them, and which Innocent III. had
formerly offered them; and he undertook to build for his friars a new convent
at St. Sabina; 22 to
which the pope willingly agreed. The monastery of St. Mary, beyond the Tiber,
was the principal and most obstinate of those that were to be thus reformed.
The saint repaired thither with the three cardinals, and exhorted the nuns to a
compliance, with such force of reasoning, and so much charity in his heart,
that the truth was victorious in his mouth. The abbess first of all, then all
the nuns, except one, entered into a voluntary engagement to obey; but the
devil was not so easily to be triumphed over. No sooner were the commissaries
gone but the parents, friends, and protectors of the nuns ran thither, and
buzzed it in their ears, that they would repent at leisure of so hasty a step,
which could never be recalled; that their house was too ancient and noble,
their conduct too virtuous and irreproachable, their privileges of too old a
standing to be struck at, and that no authority could oblige them to rules of
that sort, to which they had never engaged themselves, and under which they
would never have embraced that manner of life. Such discourses were too
flattering not to please persons to whom their present independence seemed too
dear and valuable a right to be given up. Accordingly, the whole community
changed their former resolution, and were determined never to comply. St.
Dominic gave them some days to reflect, and prevented the pope from having
recourse to violent measures, which never gain the heart, and are seldom
expedient in duties which must be voluntary; in the mean time he fasted and prayed,
recommending the matter to God. After some days he went again to St. Mary’s,
said mass there, and after he had offered the holy sacrifice, made a second
discourse to the nuns, mildly reproaching them for their reluctancy, saying:
“Can you then repent of a promise you have made to God? can you refuse to give
yourselves up to him without reserve, and to serve him with your whole hearts?”
He tempered his discourse with that natural sweetness which it was hard for any
one to resist, and at the same time, his exhortation was so strong and
affecting, that, at the end of it, the abbess and all her nuns confirmed to him
by vow their readiness to comply in all things with his holiness’s
inclinations. They moreover begged that the saint himself would be their director,
and give them his own rule; to which he agreed. Whilst things were making ready
for their removal, he shut up the avenues of the cloister, to prevent their
friends having access, who might any more endeavour to stagger their
resolution.
On Ash Wednesday in 1218, the abbess and some of her
nuns went to their new monastery of St. Sixtus, to take possession of it. They
were in the chapter house with St. Dominic and the three cardinals above
mentioned, treating of the rights, revenues, and administration of the new
community, when, on a sudden, there came in a person, tearing his hair, and
making great lamentation, crying out that the Lord Napoleon, Cardinal Stephen’s
nephew, was thrown from his horse, and killed by the fall. At this news the
afflicted uncle fell speechless with his head upon the breast of St. Dominic,
who sat by his side; and his silence was more expressive of his sorrow than any
words could have been. The saint endeavoured at first to alleviate his grief;
then ordered the body of Napoleon to be brought into the house, and bid brother
Tancred make an altar ready that he might say mass. When he had prepared
himself, the cardinals, with their attendants, the abbess, with her nuns, the
Dominican friars, and a great concourse of people went to the church. The
saint, in celebrating the divine mysteries, shed a flood of tears, and while he
elevated the body of Christ in his pure hands, was himself in an ecstacy lifted
up a whole cubit from the ground, in the sight and to the amazement of all who
were present. The sacrifice being ended, the blessed man went to the corpse, to
implore the mercy of God, being followed by all the company; and standing by
the body, he disposed the bruised limbs in their proper places; and then betook
himself to prayer. After some time, he rose up, and made the sign of the cross
over the corpse; then, lifting up his hands to heaven, he himself being, by the
power of God, at the same time raised from the ground, and suspended in the
air, cried out with a loud voice: “Napoleon, I say to thee, in the name of our
Lord Jesus Christ, arise.” 23 That
instant, in the sight of the whole multitude, the young man arose sound and
whole. Not only all present, but the whole city, particularly the sacred
college, and the pope, gave solemn thanks to the Almighty, who, in their
unhappy days, had vouchsafed to renew the wonders which he had wrought in the
establishment of his church. The Dominican friars having taken possession of
the church and convent of Saint Sabina, the nuns of St. Mary were settled in
that of St. Sixtus before the first Sunday in Lent, receiving a new habit from
the hands of St. Dominic, together with his rule. Yvo, bishop of Cracow, and
chancellor of Poland, was at Rome when Napoleon was raised to life, 24 and
an eye-witness to that stupendous miracle. He entreated St. Dominic to give the
habit of his order to his two nephews, SS. Hyacinth and Ceslas, and to two
others of his domestics. The saint sent certain religious brethren to Bologna
in 1217, there to lay the foundation of a convent, which has continued ever
since one of the most flourishing monasteries in the world.
In 1218 he took a journey from Rome, through
Languedoc, into Spain, and founded a famous convent at Segovia, and another at
Madrid. He returned to Toulouse in April, 1219, and from thence went to Paris.
This seems by all the ancient histories of his life to have been the first
visit he made to that city, though Baillet pretends, without grounds, as Touron
shows, that he had been there before. He did not stay many weeks in that
capital; but gained souls to God by his sermons and instructions, and received
into his order many persons of eminence. Alexander II., king of Scotland, happened
to be then at Paris, being come to pay a visit to Queen Blanche, the mother of
St. Lewis. He was much taken with the discourse and sanctity of the holy
founder, and obtained of him a promise that he would send some of his religious
brethren into Scotland, as Hector Boëtus and Bishop Lesley inform us. The saint
settled in good order his great convent, which was founded in the street of St.
Jacques, from which the Dominican friars are usually called in France Jacobins.
After this he left Paris, and having founded convents on his road at Avignon,
Asti, and Bergamo, arrived at Bologna about the end of summer in 1219, 25 which
city he made from that time his ordinary residence to the end of his life,
though he sometimes made excursions to Rome, Florence, and other places. At
Bologna, the curate of Saint Nicholas, with the bishop’s consent, bestowed his
church on the saint, and he and several archdeacons, doctors, and eminent
professors, entered themselves in his order. In 1220 he waited on Pope Honorius
III. at Viterbo, and met St. Francis at Rome, in the house of Cardinal Hugolin,
their common friend, who afterwards succeeding Honorius III., under the name of
Gregory IX., chose out of the order of St. Dominic thirty-three bishops, one
patriarch of Antioch, and eight legates. St. Dominic had till then taken no
other title but that of superior. In 1220 Honorius III. commanded him to be
styled general; and the saint returning to Bologna, there held a chapter of all
the superiors in his order, at Whitsuntide the same year
Wherever the saint travelled, he frequently preached,
even on the road; and always with that incredible success which can only be the
fruit of continual prayer, animated with the most ardent charity. The greatest
part of the night he often spent in churches, at the foot of the altars. Though
he was superior, he was distinguished in nothing from the lowest among his
brethren, but by his more profound humility, and more rigorous abstinence. The
people at Bologna attended his sermons with such insatiable avidity, that
whilst he staid there he usually preached every day, and often several times
the same day.
The incredible fatigues which this apostolic life cost
the servant of God, were no motive with him to abate his continual fasts and
other austerities; so different is the spirit of fervour with which the saints
are animated, from the sloth of those Christians who seek every shadow of
pretence for dispensing themselves even from fasts of precept, to serve as a
cloak to cover their sensuality and remissness. The saint, on the contrary,
burned with a holy zeal to make his body a perpetual victim of penance; and therefore
allowed it no condescension but what necessity made indispensable. He embraced
with joy the occasions of suffering which were continual in his ministry, and
when, by walking barefoot in the roughest roads, his feet were bruised or sore,
he cheerfully called it a part of his penance. To nourish in his heart a
perfect contempt of the world, and disengagement from its toys, he was a
sincere lover of holy poverty, being sensible how easily a secret glue sticks
to the affections, amidst riches, vanity and abundance. A perfect spirit of
disinterestedness being essential to virtue, and the strictest obligation of a
state in which the preliminary condition is, that the heart be, in the most
perfect manner, dead to the world, the holy man was most scrupulous that no
pretence should weaken this virtue, which was deeply rooted in his soul. He
took all possible precautions to prevent riches ever becoming the portion and
the bane of his Order. He strenuously refused to accept large or superfluous
donations. When a rich man of Bologna by a public deed which he had procured
secretly to be ratified by the bishop, hoping that the prelate’s authority
might overcome the saint’s reluctance, had settled his estate on his convent of
St. Nicholas, the holy founder was no sooner apprized of it than he renounced
the donation for ever; and, notwithstanding the entreaties of many, publicly
tore the deed in presence of the benefactor, as F. Ralph of Faënza, 26 an
eyewitness, relates. Much more was he an enemy to sordid presents, any indirect
ways of procuring them, or that importunity in asking which is a kind of
extortion, and, when for superfluities, a robbery of the poor. That minister of
the altar debases the dignity of the sacred character with which he is
invested, and of the divine mysteries with the dispensation of which he is
honoured, who suffers any view of temporal interest to steal into his heart, or
secretly to have any share in his motives of action. Such a one is a hireling,
and by covetousness loses the fruits of his labours. He who serves the altar is
entitled to live by it; but a faithful minister is careful not to lose his
eternal reward by seeking one that is temporal, and fears to impair the divine
honour by suffering the purity of his intention in seeking only God
in all that he does, to be sullied by the least mixture or deliberate thought
of any thing else. To prevent, as much as possible, the danger of such a snare,
St. Dominic desired to cut off all superfluities in his Order, and the more
easily to remove the passions and desires which they beget in the heart, he
would have all that could be spared given immediately to the poor, and allowed
no one to be solicitous for the morrow. To one so perfectly dead to himself and
the world, the victory over his passions seemed natural and easy; and its
visible fruit was a happy tranquillity and evenness of soul, which nothing
seemed able to disturb, or ever move to the least impatience or complaint. By
these virtues and happy dispositions, he was fitted for an admirable purity of
heart, and sublime grace of prayer, to which we are chiefly to ascribe the high
degree of sanctity to which he was raised, and the wonderful fruits of his zeal
in converting so many hardened sinners, and in promoting the spiritual
advancement of others. He never began to instruct any one, or to do any other spiritual
function, without first imploring on his knees the intercession of the Mother
of God. Prayer and holy meditation were his darling exercises, to which he
devoted both his days and nights, whenever other duties or necessary functions
allowed it. In conversing with others it was his delight to speak only of God
and heavenly things; and in travelling he often used to say to his companions:
“Walk a little before, and let us think on our Redeemer.” This he did that he
might give a freer scope to his sighs and tears.
Humility gave his prayer its force and efficacy.
Before he came into any town he fell on the ground, and begged of God that the
entrance of such a sinner might not draw down his vengeance on the people. He
behaved himself as the servant of all his brethren, and desired as much as
possible to bear the burdens of every one; and if he lay under a necessity of
giving an account of his actions, his modesty and sincere humility appeared in
all his words. He extolled the zeal and charity of the bishops and magistrates,
and the devotion and piety of the people; forgetting only the share which he
had in what was properly his own work. He never spoke of his birth, the success
of his labours, his great enterprises, or any thing else that could tend to his
honour. It was his study to conceal his charities to the poor, and the graces
which he received from God. Nevertheless, to show the excess of the divine mercy,
he sometimes communicated certain secret sentiments of his heart to some
intimate friends who were great servants of God. Thus, as he was one day
conversing with a devout prior of the Cistercian Order, who was afterwards
bishop of Alatri, speaking of the goodness of God, he said, that he had never
asked any particular favour of the divine Goodness which he had not obtained.
“Why then,” said the prior, “do not you ask that master Conrad may receive a
call from God to enter himself in your Order?” This Conrad was a German, a man
in the highest repute, doctor and professor in laws, and in his inclinations
most opposite to such a state. St. Dominic spent that night in the church at
prayer, begging this favour of God. Next morning, at the hour of prime, Conrad
came into the church, and threw himself at the holy founder’s feet, begging
that he might be admitted to the habit; and he became a great ornament to this
Order by his learning, and much more by the sanctity of his life. Constantine,
bishop of Orvieto, assures us that he received this account from the aforesaid
prior when he was bishop of Alatri. St. Dominic never ceased to pray for the
conversion of infidels and sinners. It was his earnest desire, if it had been
God’s will, to shed his blood for Christ, and to travel over all the barbarous
nations of the earth to announce to them the happy doctrine of eternal life. In
these warm sentiments of holy zeal he made the ministry of the divine word the
chief end of his institute; would have all his religious to be applied to it,
every one according to his capacity, and those who had particular talents for
it, never to discontinue the office of preaching, except in certain intervals
allotted to retirement, that they might preach to themselves in silence. To this
great function he prepared his religious by long habits of virtue, especially
of prayer, humility, self-denial, and obedience. It was a maxim which he
frequently inculcated to them, “That a man who governs his passions is master
of the world. We must either command them or be enslaved to them. It is better
to be the hammer than the anvil.” He taught his missionaries the art of
preaching to the heart by animating them with an ardent zeal and charity. Being
once asked after preaching, in what book he had studied his sermon? “In no
other,” said he, “than in that of charity.”
Though mild, and in things indifferent full of
condescension to all, he was inflexible in maintaining the severe discipline he
had established in his Order. St. Francis of Assisium, coming to Bologna in
1220, was so much offended to find the convent of his friars in that city built
in a stately manner, and not consistent with his idea of the austere poverty
and penance which he professed by his rule, that he would not lodge in it, and
went to the monastery of Saint Dominic, which was mean and low, where he staid
some days to enjoy our saint’s conversation. St. Dominic made frequent missionary
excursions; and founded convents at Bergamo, Brescia, Faënza, and Viterbo, and
visited those he had already founded. He sent some of his religious into
Morocco, Portugal, Sweden, Norway, and Ireland; and brother Gilbert with twelve
others into England, who established monasteries of this Order in Canterbury,
London, and Oxford. 27 The
holy patriarch, in his second general chapter, held at Bologna in 1221, divided
his Order into eight provinces, and sent some of his religious into Hungary,
Greece, Palestine, and other countries. Among these missionaries F. Paul of
Hungary founded in Lower Hungary the monasteries of Gever and Vesprim,
converted great numbers of idolaters in Croatia, Sclavonia, Transylvania,
Valachia, Moldavia, Bosnia, and Servia; and leaving the churches which he had
there founded under the care of other labourers, preached with like success in
Cumania, the inhabitants of which country were most savage and barbarous. He
baptized among them a duke called Brut, with his vassals, and one of the chief
princes of the country named Bernborch, Andrew the king of Hungary and father
of St. Elizabeth, standing godfather. This zealous apostle of so many nations
suffered a glorious martyrdom with ninety religious friars of his Order,
dispersed in those parts; some being beheaded, others shot with arrows, stabbed
with lances, or burnt by the Tartars in 1242, in their great irruption into
those countries. 28 Bishop
Sadoc, with forty-nine religious of this Order, were butchered for the faith by
these barbarians in a second irruption in 1260, at Sendomir in Poland, and are
honoured on the 2d of June.
St. Dominic had a foresight of his happy death long
before it happened. Setting out on a journey from Bologna for Milan, he said to
his friends there: “You now see me well in health; but before the glorious
assumption of the Virgin Mother I shall depart hence to the Lord.” He returned
to Bologna in the heats of summer, and was seized with a burning fever, which
from the beginning was judged mortal. Nevertheless, according to his custom, he
desired to pass a great part of the night in the church at prayer; but after
matins was obliged to retire to his chamber, though he did not lie down on a
bed. During his sickness he continued always cheerful in his countenance. When
he was grown very weak he assembled his religious brethren, and in a moving
discourse which he called his last testament, and the inheritance which he left
them, he exhorted them to constant humility, poverty, fervour and watchfulness,
in particular against the enemy of purity. Seeing them weep about him, he
promised never to forget them when he should be gone to God. After having
received the last sacraments he continued in secret prayer till he calmly
expired on the 6th of August, 1221, being fifty-one years old. Cardinal Hugolin,
at the news of his death, hastened to Bologna, performed his funeral obsequies,
and composed his epitaph. A history of a great number of miracles performed by
means of this saint, and attested by eye-witnesses, may be read in the
Bollandists. 29 His
relics were taken up, and translated to a more honourable place in the church,
with the greatest pomp and devotion, by an order of Gregory IX. in 1233, twelve
years after his death. They have been since enclosed in a mausoleum, which is
one of the finest monuments in Italy, and the church is one of the best
finished, whether we consider the structure, or the riches, order, taste, and
beauty of the ornaments. St. Dominic was canonized by Gregory IX. in 1234.
The characteristical virtue of this saint was an
eminent spirit of prayer, and the constant recollection of his soul in God: and
this practice he recommended above all others to his disciples. One of the
greatest lights of his Order, and of the church, Bartholomew de Martyribus,
archbishop of Braga, addresses himself to all pastors on this subject as
follows: 30 “Woe
to you, ministers of the Lord, if the source of devotion be dried up in your
souls. This tender and sincere spirit of piety is the spring of living water
which communicates fertility to all our virtues, and sanctifies all our
exercises and actions, which, without it, are dry and barren. This is a
heavenly wine which fortifies our hearts with a joy altogether divine. This is
the balsam which heals our passions. It is also the tongue with which we speak
to God, and without which our souls are dumb before him. It is this that draws
down upon us the heavenly dew that strengthens our hearts, and is the spiritual
nourishment which enables us to labour with fruit in the vineyard of the Lord.”
Note
1. James Echard, Bibl. Script. Ord. Prædic. t. 1
Note
2. Touron, Vie de S. Domin. p. 744.
Note
3. Bremond, general of this Order, in his dissertations entitled
Epistolæ ad quosdam viros eruditos; viz. the Bollandists who, before the
original authorities were produced, had called in question this circumstance.
Note
4. Baillet is evidently mistaken when he antedates these four years;
and again, when he relates the saint’s missions into Galicia, his being taken
by pirates, &c., facts not mentioned by any original writer, and absolutely
inconsistent with the narratives of his disciples, who agree that he never left
the diocess of Osma whilst he remained in that chapter. Nor could he have
converted Reinerius the heresiarch, afterwards the famous preacher in the Order
of St. Dominic in Italy, which seems to have been the work of St. Peter the
Martyr.
Note
5. The Waldenses or Vaudois were so called from Peter Valdo, a rich
merchant of Lyons, who, about the year 1160, was so struck at the sudden death
of one who suddenly fell down and expired as they were conversing together with
some other merchants, that he gave all his goods to the poor, and pretended to
imitate the manner of living of the apostles. Several others joined him, and
they were called “The poor men of Lyons.” They soon after began to preach and
teach the people in imitation of the apostles, though they were mere laymen,
and had no mission. The clergy reproved them for this irregularity, and for
affecting superstitiously to wear a kind of sandals, cut on the top, to show
their bare feet, fancying that the apostles went so shod; and the pope enjoined
them silence. Wanting humility to submit, and seeing the pope, to whom some of
them applied for the approbation of their institute, reject it, as irregular,
and, in some things, superstitious, they haughtily gave out, that the clergy
condemned them because they envied their sanctity and morals. Nor was it long
before they added heresy to their enthusiasm and disobedience. Pope Lucius III.
excommunicated them. Their sect being spread in Languedoc, Alphonsus II. king
of Arragon, condemned them in 1194, and Barnard, archbishop of Narbonne, in a
conference, convicted them of many errors in faith.
Reinerius Sacho, who from a minister of the Waldenses
became a Catholic, and a Dominican friar, in 1250, in his treatise against the
Waldenses, tells us, that among other errors, they affirmed that the church had
failed ever since St. Sylvester, by possessing temporalities; that it is
unlawful for the clergy to have estates or prebends, and that they ought to
work with their hands as the apostles did; that no rents or tithes ought to be
paid to them, and nothing bequeathed to churches; that all bishops are
murderers, because they tolerate wars; that it is never lawful to swear; and
that a man ought rather to die than to take an oath, even in a court of
judicature and upon any necessity. They condemned all ecclesiastical judgments;
also all princes and judges, pretending that it is never lawful to punish
malefactors, or to put any man to death. They denied purgatory, and rejected
prayers for the dead, indulgences, all festivals, even Easter-day; also the
invocation of saints, and veneration of images, crosses, or relics; they
affirmed that absolution or any other sacrament is null if administered by a
bad priest; but that a good laic has power to remit sins, and to confer the
Holy Ghost by the imposition of hands; that it is a grievous sin for a man to
cohabit with his wife when she is past child-bearing. They rejected the
exorcisms, benedictions, and sureties in baptism, and said that the washing of
infants did not avail them. Concerning the eucharist, they said that priests
who are in mortal sin, cannot consecrate, and that transubstantiation is not
effected in the hands of him who consecrates unworthily, but in the mouth of
him who receives worthily. They rejected the canon of the mass, only reciting
in the vulgar tongue the words of consecration. They taught that all the laics
are as so many priests, and that it is better to confess to a good laic than to
a bad priest. Peliedorfius, who wrote against the Waldenses one hundred years
after Reinerius, gives the same history of their original, and ascribes to them
the same errors.
The Waldenses or Vaudois subsisted in certain valleys
of Piedmont, till, in 1530, Oecolampadius and the Sacramentarians of
Switzerland entered into a treaty with them, but could not bring it to any
conclusion. Six years after this, Farel and other Calvinistical ministers, by
showing them that their temporal safety made it necessary, effected a union,
but obliged them to reject several errors which they maintained, and to
acknowledge that a Christian might sometimes lawfully swear before a
magistrate, and punish malefactors with death; also that the ministers of the
altar might possess temporal estates, and that wicked ministers validly confer
the sacraments. They likewise engaged them to maintain that the body of Christ
is not in the eucharist, and that there is no necessity of confessing one’s
sins: which points were contrary to their former doctrine. Notwithstanding this
union, most of the Vaudois adhered to their own principles till, in 1630, they
were compelled for protection to receive Calvinistical ministers. On the
Waldenses and Albigenses, see Bossuet, in his History of the Variations, l. 11;
De Marca in the History of Bearn. Fleury, b. 73, n. 12; F. Fontenai, in the
ninth, tenth, and eleventh tomes of the Continuation of F. Longueval’s Church
History of France, and the late History of Languedoc.
Other heresies prevailed in these parts in the twelfth
and thirteenth centuries. The Petrobrusians took their name from Peter Bruys, a
native of Dauphiné. He was yet young when he commenced reformer: began by a
most austere singular manner of life to gain a reputation among the populace
and women, though the writers of that age accuse him of covering most wicked actions
and corrupt morals under a hypocritical garb. He went very sorrily clothed, and
his ordinary retreats were the cottages of peasants. Having a ready tongue, he
first gained attention by declaiming against the riches and manners of the
clergy, and afterwards boldly sowed his errors in Provence, Languedoc, and
Gascony. Peter the Venerable, abbot of Cluni, who wrote against them, reduces
them to five: viz. That he denied the validity of infant baptism; condemned the
use of churches and altars, and, wherever his rabble was strong enough, beat
them down; rejected the mass; denied that alms and prayers avail the dead, and
forbade the singing of the divine praises in churches; rejected the veneration
of crosses, broke them down, and made bonfires of the wood, on which he boiled
great pots of broth and meat, for a banquet, to which he invited the poor.
Peter Abaillard (Introd. ad Theol. p. 1086,) and other writers of that age give
the same account of his heresies. He was taken, strangled, and his body burnt
for his riots at St. Giles’s, in 1126.
His disciple Henry, a pretended hermit, an eloquent
but illiterate man, propagated his errors. Hildebert, the zealous and pious
bishop of Mans, famous for his elegant letters, sermons and other works, tells
us, that while he went to Rome to procure the pope’s leave to retire to Cluni,
(which he did not obtain,) that hypocrite, who went barefoot even in the middle
of the winter, and ate and slept on some hill in the open air, obtained
surreptitiously leave to preach penance in his diocess. When he had gained
crowds of innumerable followers, by railing against their superiors and the
clergy, then he openly discovered his heresies. Regardless of the censures
which the clergy fulminated against him, he continued his seditious discourses,
though the clergy convicted him of having committed adultery on Whitsunday,
&c. Fanaticism often extinguishes all sense of modesty and decency. Henry,
attaching lewd women to his party, persuaded them that they obtained the pardon
of all past sins by public immodesties in the church, and made innumerable
marriages among the people, all which he caused to be contracted with the like
shameful ceremonies, as is related in the History of the bishop of Mans, Acta
Epist. Cenoman. Hildebert, upon his return, was surprised to see the havoc
which the wolf had made in his flock, but in a short time regained their
confidence, convicted Henry publicly of ignorance and imposture, and obliged
him to leave his diocess, and return to his own country.—Hist. de l’Egl. de Fr.
l. 22, t. 8, p. 191
Arnold of Bresia taught the same doctrine with these
heretics concerning infant baptism and the sacraments; and also, that the pope
and bishops cannot hold any temporal estates, which ought to be given to kings
or the commonwealth. He had dogmatized in Lombardy and Switzerland, when, upon
information that many seditious persons at Rome desired to see him there, he
repaired thither; and stirred up great disturbances, attempting to restore the
senate, under six succeeding popes, Innocent II., Celestine II., Lucius II.,
Eugenius III., Honorius II., Anastasius IV., and Adrian IV., the English pope.
Under this last, he was obliged to fly to Otricoli in 1155, and being taken,
was brought back to Rome, and condemned by the governor to be hanged and burnt.
See Baronius and Spondan. The followers of this heresiarch were called
Publicans or Poplicans. They became powerful in Gascony, and possessed
themselves there of several castles.
The southern countries of France were also deeply
infected with the poison of the Manichees, which had been introduced from the
East into Europe. It penetrated into Bulgary in the eighth century, whence
these heretics were often called in Europe Bulgarians. In the twelfth century,
the army of Frederic being composed of many such, these communicated their
dangerous principles to many malecontents in Lombardy during the wars; out of
which country they spread throughout Provence, Languedoc, and Gascony, under
the names of Cathari or Puritans, New Manichees, New Arians, Bons-hommes,
&c. This last name they acquired by their affected hypocrisy, and were
known by it when they were cited and examined as to their faith, by a council
held at Lombez in Gascony, eight leagues from Toulouse. Being interrogated by
the Bishop of Lodeve, by order of the Bishop of Albi, they declared, that they
did not receive the law of Moses, nor the prophets, nor the psalms, but only
the books of the New Testament; that they believed any good man, whether priest
or laic, could consecrate the eucharist; that contrition and confession
sufficed for the pardon of sins without penances, fasts, alms-deeds, or the
like; that bishops, who have not the qualifications required by St. Paul, are
wolves and devourers, not pastors, and that no obedience is due to them,
&c. Their errors were confuted by Pontius, archbishop of Narbonne,
Arnulphus, bishop of Nismes, and two abbots, who only made use of the New
Testament against them. After which a solemn sentence was pronounced, in 1176,
by the Bishop of Lodeve in the name of the council, condemning these heretical
opinions, and excommunicating Oliver and the other heretics of Lombez, and all
others who held the same doctrine with them. The heretics protested against the
sentence, saying the bishop who pronounced it was a heretic, a hypocrite, and
their enemy; and that none of the bishops were pastors, but hirelings.
These heretics were named Albigenses towards the beginning of the twelfth age, not from Albe in the Vivarais, as De Thou conjectures, but either from the city Albi, or rather, as the learned authors of the history of Languedoc show, from the province called ever since the fifth century Albigensis, and the people Albigenses, about Beziers and Castres. They were composed of all the former sects, and differed in opinions among themselves. Alanus, a Cistercian monk, who for his skill in all the sciences was surnamed at Paris the Universal Doctor, wrote two books against the Albigenses and Waldenses about the year 1212: and Peter of Vaux-Sernay, a Cistercian monastery in the diocess of Paris, who accompanied his abbot Guy into Languedoc (he being one of the twelve Cistercian abbots commissioned by Innocent III. to preach against the Albigenses) wrote, by order of that pope, a history of the Albigenses. These two writers charge them in general with the following errors: they owned two Principles or Creators, the one good, the other bad; the former the Creator of the invisible spiritual world, the latter the Creator of bodies, the author of the Jewish dispensation, and author of the Old Testament; they admitted two Christs, the one bad, who appeared upon earth, and the other good, who never lived in this world; they denied the resurrection of the flesh, and believed that our souls were demons, confined to our bodies in punishment of sins committed by them in a former state of existence; they condemned all the sacraments, rejected baptism as useless, abominated the eucharist, practised neither confession nor penance, believed marriage unlawful, and ridiculed purgatory, praying for the dead, images, crucifixes, and the ceremonies of the church. They distinguished themselves into two sorts, The Perfect, who boasted of living continently, neither ate flesh, nor eggs, nor cheese, abhorred lying, and never swore; and The Believers, who lived and ate as other men did, and were irregular in their manners, but were persuaded that they were saved by the faith of the Perfect, and that none of those who received the imposition of their hands were damned.
Luke, bishop of Tuy in Spain, about the year 1270,
wrote three books against the Albigenses. In the first he establishes the
intercession of saints, purgatory, and prayers for the dead; in the second, the
sacraments, sacrifice, and benedictions of the church, and the veneration of
crosses and images; and in the third, he detects their fallacies, lies,
dissembling of their sentiments, setting up false miracles, and corrupting the
writings of Catholic doctors.
Reinerius, above-quoted, says the Cathari
were divided into three general sects: one of which, called the Albanois, had
two heads, one, whom they called Bishop of Verona in Italy, the other was one
John of Lyons in France. He informs us that the common errors of the Cathari
were, that the devil was the author of this world, that marriage is a mortal
sin, as well as the eating of flesh, eggs, and cheese; and that there is no
purgatory. They allowed of four sacraments, but such as agreed only in name
with those of the church; for instead of baptism they made use of the
imposition of hands; instead of consecrating the eucharist, they blessed a loaf
before meals, and after having said the Lord’s Prayer, broke it, and
distributed it to all who were present: they taught that the imposition of
hands remits entirely the punishment and guilt of sin, and made no confession
besides a public acknowledgment of their sins in general; they allowed of four
degrees of orders, the bishop, the first son, the second son, and the deacon:
they denied purgatory, and the resurrection of the body. Among these the
Buncarii or Patarini maintained, that no mortal sin is committed by the lower
part of the body. The Ortlibenses or Orbibarians denied the Trinity, taught
that Jesus Christ was the son of Joseph and Mary, and that he did not suffer
really; believed the world eternal, denied the resurrection, and the last
judgment, &c. Thus Reinerius.It must be observed from the contemporary
authors, that among the heretics of that age, two sorts of errors prevailed.
The first were common to all the heretics of that century, for the Albigenses
and Cathari adopted the errors of the Waldenses against the hierarchical order
of the church, its usages, ceremonies, and sacraments; and to these a spirit of
revolt which prevailed in many places, gave rise: for men could not withdraw
themselves from superiors without making a breach, and seeking some pretence.
The second sort of errors was peculiar to certain sects which fell into strange
extravagancies and abominable disorders. These, who came under the general name
of Albigenses or New Manichees, made great progress in the southern parts of
France, under the protection of certain powerful princes, the lure of
independence and of rich spoils.
Charles the Bald, king of France, in 855, made
Raymund, son of the governor of Toulouse, hereditary governor and count,
reserving only a homage to be paid to himself and successors. Raymund V. the
tenth sovereign count of Toulouse, duke of Narbonne, and marquis of Provence,
died a zealous Catholic, in 1194. His son Raymund VI. openly protected these
impious heretics, who in armed troops expelled the bishops, priests, and monks,
demolished monasteries, and plundered churches. They were also countenanced in
their seditions and violences by the Earls of Foix and Comminge, the Viscount
of Bearn, and other princes in those parts. Pope Innocent III. ordered Arnold,
abbot of Citeaux, to employ his monks in preaching against these heretics in
Languedoc. Accordingly twelve abbots of that Order were charged with that
commission. But the princes opposed their endeavours, and Peter of
Chateau-neuf, a Cistercian monk, the pope’s legate in Languedoc, who exerted
his authority against the heretics, was assassinated on the banks of the Rhone,
near the town of St. Giles’s, where he and some other missionaries were coming
out from a conference with the Count of Toulouse, in 1208. The pope
excommunicated the murderers, and especially the Count of Toulouse, who was
looked upon as the principal author; and exhorted Philip Augustus, king of
France, and the lords of that kingdom, to raise a crusade against the
Albigenses and the said count.
Raymund had often made his peace with the church; but
his repentance not being sincere, he changed every moment. Seeing now an army
assembled against him, he reconciled himself to the pope, and engaged himself
to re-establish the Bishops of Carpentras and Vaison, to maintain the liberties
and immunities of churches, and to abandon and expel the heretics, submitting
himself and his successors to the forfeiture of his estates if he did not
observe what was contained in his oath. The crusaders wore their crosses on
their breasts, not on their shoulders, as in the wars against the Saracens.
They assembled at Lyons in 1209, and having then no more contest with the Count
of Toulouse, besieged Beziers where the Albigenses had fortified themselves,
and having taken the town by assault, barbarously put the inhabitants to the
sword, to the number of fifteen thousand. The inhumanity of which action is not
to be palliated, though the inhabitants of that town were robbers and
plunderers, and guilty of all manner of crimes, as Peter of Vaux-Sernay, (c.
16,) and, from him Fleury, observes; and though the innocent perished by their
own fault, by refusing to separate themselves from the guilty, when required so
to do. The army also took Carcassonne, and after this chose for their general,
Simon of Montfort, the seventh count of Montfort, which title is taken from
Montfort-Amauri, a place ten leagues from Paris. This Simon had signalized
himself for his valour in the wars against the Saracens in the East. His zeal
and piety equalled him to the apostolic men, says Joinville. He every day heard
mass and said the office of the church, went every week to confession, and
behaved on many occasions as a true Christian hero. Nevertheless, in Languedoc
the crusards exercised cruelties and injustices which no principles could
justify. Crimes and seditions are not to be punished or revenged by other
crimes. Avarice, ambition, or revenge in many, only covered themselves under a
cloak of zeal for religion.
The Count of Toulouse still persisting to succour the
Albigenses; and breaking his other engagements, was excommunicated by the
pope’s legate, and war was proclaimed against him by Simon of Montfort, who
being besieged in Castlenau by the Count of Foix, defeated him, and obliged him
to retire. Peter, king of Arragon, being related to the Count of Toulouse, came
to his succour, and with the Counts of Toulouse, Foix, Comminge, and Bearn, at
the head of above a hundred thousand men, besieged Simon in Muret, a small town
on the Garonne, near Toulouse. Simon made a vigorous sally with only a thousand
men, and with this small body threw the whole army into disorder, and the King
of Arragon being killed in the engagement, all his troops fled, and disbanded
themselves. Upon this victory the city of Toulouse surrendered itself, and in
1215 the pope confirmed to Simon that county, the duchy of Narbonne, and all
the other estates of Raymund, on condition that he received the investiture
from the King of France, and paid him the feodal rights. Raymund, however,
recovered the city of Toulouse, and Simon was slain whilst he besieged it the
same year. His younger son Simon inherited his title of Earl of Leicester with
his estates in England, and settling here, became an active malecontent in the
barons’ wars against Henry III. But his eldest son Amauri succeeded him in
Montfort and Toulouse; and finding himself too weak to maintain these conquests
in Languedoc, surrendered them to King Lewis VIII. and was made Constable of
France. Raymund VI. died under the censures of the church, in 1222, though in
his last moments he professed himself penitent.
His son Raymund VII. reconciled himself to the church,
and received from St. Lewis the counties of Toulouse and Agen. His only
daughter and heiress married Alphonsus, count of Poitiers, brother to St.
Lewis; and she dying without children, these estates fell to Philip III. king
of France. King Lewis VIII. carried on the war in person against the
Albigenses, who were extinguished during the minority of Lewis IX. Basnage
(Hist. de l’Egl. l. 24,) pretends that the Albigenses were not generally
Manichees, but agreed in doctrine with the Waldenses. That some of these latter
were intermingled with the Manichees in Languedoc seems not to be doubted; and
to dispossess the clergy of their estates seems to have been the capital
principle of the Waldenses, and the source of the disorders by which they
became enemies to public peace, and to the laws of civil society. Note
6. Le Gendre, Hist. de Fr. t. 2, p. 364.
Note
7. Petr. Vallis. Hist. Albig. c. 7. Fleury, l. 76, n. 28.
Note
8. Echard, t. 1, p. 6. Touron, c. 8, p. 61.
Note
9. Manriquez and Baillet make the legate Peter of Castelnau the first
inquisitor, in 1204. Fleury (l. 73, n. 54,) dates the origin of that tribunal
from the decree of the council of Verona in 1184, in which it is ordained that
the bishops in Lombardy make diligent search to detect heretics, and deliver up
those that are obstinate to the civil magistrate to be corporally punished.
Malvenda (ad an. 1215) says, that St. Dominic received from the pope a
commission like that before sent to Peter of Castlenau, to judge and deliver to
punishment apostates, relapsed and obstinate heretics. Whence some have called
St. Dominic the first inquisitor, as the Bollandists show in a long dissertation.
(Aug. tom. 1.) But Touron observes (ch. 13, p. 88,) that the Albigenses in
Languedoc neither were, nor could be the object of such a court as an
inquisition while St. Dominic preached there; far from being occult, they were
armed, preached publicly, and had the princes in their interest. He, secondly,
takes notice that St. Dominic is never mentioned by the original authors of his
life to have employed against the heretics any other arms than those of
instruction and prayer, in which they descend to a very particular detail.
“Mansit in Tolosanis partibus multo tempore——vir per omnia apostolicus,
propugnans fidem, expugnans hæresim verbis, exemplis, miraculis,” says
Theodoric of Apolda, c. 2, n. 33. Whence F. Fontenai (Cont. of F. Longueval’s
History of the church of France, t. 11, l. 35, p. 90 and 129,) says
judiciously, that the Cistercian monks were first charged with a commission by
the pope to denounce the Albigenses to the civil magistrate, where it could be
done; which was a prelude to the inquisition; the project of which court was
first formed in the council of Toulouse in 1229; and Pope Gregory IX. in 1233,
nominated two Dominican friars in Languedoc the first inquisitors, as William
of Puy-Laurens, chaplain to Raymund VII. count of Toulouse, in his Chronicle,
(c. 43,) and Bernard Guidonis relate. This tribunal has been since established
under different regulations in some parts of Italy, in Malta, Spain, and
Portugal; whilst other kingdoms have always been most jealous to exclude it.
The author of the History of Languedoc (t. 3, l. 21, p. 13,) says that Rainer
and Guy, two Cistercian monks, in 1198, were first charged with the functions
of those who were afterwards called Inquisitors. Note
10. Echard De Script. Ord. Prædic. t. 1, pp. 55, 88.
Note
11. Ch. 18, p. 130.
Note
12. So Malvenda, the ancient chronicle called Præclara Francorum
Facinora, ad an. 1213, &c.
Note
13. The Bollandists seem to dispute problematically about the author
of the Rosary, which some French critics have also done. But though the
frequent repetition of the Lord’s Prayer be as ancient a practice as the
gospel, and some forms of this and the Angelical Salutation be found to have
been in use before St. Dominic, this of the Rosary is ascribed to him by
Luminosi de Aposa, who had often heard him preach at Bologna, and who describes
the solemn devotion and confraternity of the Rosary instituted there by the
same St. Dominic Guzman. Other chronicles and monuments, especially of Bologna,
which attest the same, are produced in a dissertation printed at Ferrara in
1735, under the title of Vindicia, by Alex. Machiar. See also Touron, ch. 14.
St. Albert of Crespin, Peter the Hermit, and several others, are said long
before St. Dominic to have taught those among the laity who could not recite
the Psalter, to say a certain number of Our Fathers and Hail Marys for each
canonical hour of the church office.
Note
14. Touron, l. 1, c. 17.
Note
15. L. 78, n. 5.
Note
16. C. 7. Fleury, l. 78, n. 31.
Note
17. Apud Holland. p. 459.
Note
18. Theodoric, c. 7, n. 89.
Note
19. C. 33.
Note
20. Echard, t. 1, p. 30; Fleury, l. 78, n. 32.
Note
21. L. 6, Hist. Polonicæ, ad. an. 1218.
Note
22. The Dominicanesses were removed by St. Pius V. from St. Sixtus’s
to the stately monastery of Magnanapoli, in which ladies of the first quality
often take the veil. The convent of St. Sixtus was restored to the Dominican
friars in 1602, by Clement VIII. who, in the bull of this grant mentions, that
St. Dominic had in that place raised three persons to life. The Dominicans are still
possessed of the two convents of St. Sixtus and St. Sabina; but their principal
house is that of St. Mary at Minerva, it being built in part upon the ruins of
Pompey’s temple of Minerva. This great monastery was bestowed on the Dominicans
by Gregory XI. in 1375.
Note
23. “O adolescens Napoleo, in nomine Domini nostri Jesu Christi tibi
dice, surge—statim videntibus cunctis sanus et incolumis surrexit.”—Theodoric,
n. 92, p. 579.
Note
24. “Omnibus quæ circa resuscitatum agebantur, aderat.” Joan Longin.
loc. cit.
Note
25. By this account it is evident that St. Dominic could never have
met St. Francis at his great chapter held in his convent of the Portiuncula at
Whitsuntide, in 1219, nor have there had any conferences with him, as Wadding,
and some of the continuators of Bollandus are willing to believe; (see Touron,
l. 2, c. 12;) neither had he any conference with St. Francis at Perugia, as
Fleury imagined. (l. 78, n. 19.)
Note
26. Apud. Bolland, t. 1, Aug. p. 640, n. 40; Fleury, l. 78, n.
49.
Note 27. Bishop Tanner counts forty-three houses of preaching friars in England at the dissolution of monasteries; but could not discover in this kingdom any house of nuns of this Order. The first habit of these friars was that of the regular canons; but this they changed for a white robe with a white hood; over which, when they go out; they wear a black cloak with a black hood; from which they were called in England Black Friars, as the Carmelites were known by the name of White Friars. This Order hath given the church five popes, forty-eight cardinals, twenty-three patriarchs, fifteen hundred bishops, six hundred archbishops, seventy-one masters of the sacred palace, and a great number of eminent doctors and writers. The history of these latter is compiled by F. James Echard, a French Dominican friar, with so much order, erudition, judgment, and eloquence, as to be a model for all such works; it was printed in 1719, in two volumes folio. F. A. Touron compiled the history of all the eminent men of this Order in six large volumes, besides two others, containing the lives of St. Dominic and St. Thomas Aquinas. The work is written in an elegant style, and has deserved the repeated eulogiums of Pope Benedict XIV. in several letters with which he honoured the author upon each volume, whom he afterwards called to Rome. F. Helyot and Mr. Stevens inform us, that this numerous Order is at present divided into forty-five provinces, besides twelve particular congregations or reforms, governed by so many general vicars.
Note
28. Bern. Guidonis in Chron. Greg. IX. in Bulla. Prædic. t. 1. p.
26. Theodor. n. 322. Bzovius in Annal. Mamachi, Annal. ad 1221
Note
29. P. 541.
Note
30. Barthol. de Martyr, in Stimulo Pastor, c. 4.
Rev. Alban Butler (1711–73). Volume
VIII: August. The Lives of the Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/8/041.html
San Domenico di Guzman Sacerdote e fondatore dei
Predicatori
Caleruega, Spagna, 1170 - Bologna, 6 agosto 1221
Nato nel 1170 a Caleruega, un villaggio montano della
Vecchia Castiglia (Spagna), si distinse fin da giovane per carità e povertà.
Convinto che bisognasse riportare il clero a quella austerità di vita che era
alla base dell'eresia degli Albigesi e dei Valdesi, fondò a Tolosa l'Ordine dei
Frati Predicatori che, nato sulla Regola agostiniana, divenne nella sostanza
qualcosa di totalmente nuovo, basato sulla predicazione itinerante, la
mendicità (per la prima volta legata ad un ordine clericale), una serie di
osservanze di tipo monastico e lo studio approfondito. San Domenico si
distinse per rettitudine, spirito di sacrificio e zelo apostolico. Le
Costituzioni dell'Ordine dei Frati Predicatori attestano la chiarezza di
pensiero, lo spirito costruttivo ed equilibrato e il senso pratico che si
rispecchiano nel suo Ordine, uno dei più importanti della Chiesa. Sfinito dal
lavoro apostolico ed estenuato dalle grandi penitenze, il 6 agosto 1221 muore
circondato dai suoi frati, nel suo amatissimo convento di Bologna, in una cella
non sua, perché lui, il Fondatore, non l'aveva. Gregorio IX, a lui legato da
una profonda amicizia, lo canonizzerà il 3 luglio 1234. (Avvenire)
Patronato: Astronomi
Etimologia: Domenico = consacrato al Signore, dal
latino
Emblema: Stella in fronte, Giglio, Cane, Libro
Martirologio Romano: Memoria di San Domenico, sacerdote, che, canonico di Osma, umile ministro della predicazione nelle regioni sconvolte dall’eresia albigese, visse per sua scelta nella più misera povertà, parlando continuamente con Dio o di Dio. Desideroso di trovare un nuovo modo di propagare la fede, fondò l’Ordine dei Predicatori, al fine di ripristinare nella Chiesa la forma di vita degli Apostoli, e raccomandò ai suoi confratelli di servire il prossimo con la preghiera, lo studio e il ministero della parola. La sua morte avvenne a Bologna il 6 agosto.
(6 agosto: A Bologna, anniversario della morte di san Domenico, sacerdote, la
cui memoria si celebra tra due giorni).
«Era di media statura ed esile di corpo; aveva un bel viso e la carnagione rosea; i capelli e la barba tendevano al rosso; gli occhi erano belli. Dalla sua fronte e di tra le ciglia, irradiava come uno splendore che a tutti ispirava rispetto e simpatia. Rimaneva sempre sereno e sorridente, tranne quando era addolorato per qualche angustia del prossimo. Aveva lunghe e belle mani e una voce forte e armoniosa. Non fu mai calvo, ma aveva la corona della rasura tutta intera, cosparsa di qualche capello bianco».
A presentarlo così in tutto il suo fascino umano e soprannaturale è la beata
Cecilia Cesarini, che da san Domenico di Guzman nel 1220 aveva ricevuto il
santo abito religioso. Il medesimo fascino verso di lui lo sentirono quelli che
lo conobbero di persona o soltanto ne sentirono raccontare, così da mettersi
alla sua sequela, per vivere più intensamente sulle sue orme, la sequela
Christi.
“Innamorato di Cristo”
Era nato, Domenico di Guzman, a Caleruega nella vecchia Castiglia, da Felice di
Guzman e da Giovanna d’Aza, nel 1171. Ancora fanciullo, era stato affidato allo
zio Prete perché venisse introdotto nei primi elementi del sapere e alle Verità
della Fede. Fin dalla sua giovanissima età – dicono i biografi – ardeva di
uno sconfinato amore a Gesù. A 15 anni, passò a Palencia per frequentare le
scuole – le arti liberali e la Teologia – nella città.
Al termine degli studi, fu ordinato Sacerdote ed entrò (1196-1197) nel Capitolo dei Canonici di Osma, per invito dello stesso Priore, Diego di Azevedo. Vita di studio e di preghiera, di raccoglimento e di celestiale purezza distinsero Domenico nei primi anni di Sacerdozio (e poi per sempre). Dante Alighieri che sentì, quasi cento anni dopo, il fascino di lui, pensando a questo periodo di silenzio, già scrisse: «Domenico fu detto; e io ne parlo / sì come de l’agricola che Cristo / elesse all’orto suo per aiutarlo» (Paradiso XII, 70-72).
Dio lo preparava a una grande missione. Quando nel 1201 Diego diventò Vescovo di Osma e subito dovette partire per un incarico in Danimarca, si scelse come compagno di viaggio lo stesso Domenico: nei dintorni di Tolosa, i due viaggiatori scoprirono il dilagare dell’eresia catara: dal nome della città di Alby, dove si erano insediati, gli eretici saranno in seguito chiamati “albigesi”.
Era, la loro, una collezione di gravissimi errori, radicati nella negazione dell’Incarnazione del Figlio di Dio, nel rifiuto fondamentale di Gesù, come Uomo-Dio. Domenico una notte discusse a lungo con l’oste che lo ospitava, un cataro, e lo convertì alla Chiesa Cattolica. Comprende che il bisogno di Verità in quella terra e nel suo tempo era grandissimo: decise con il Vescovo Diego di darsi alla loro conversione. Anche le popolazioni nordiche d’Europa (“i cumani”) ancora pagane lo spingevano a farsi missionario.
Scesi entrambi a Roma, nel 1206, Papa Innocenzo III orientò Domenico a dedicarsi alla conversione degli albigesi. Rimasto presto solo per la morte di Diego, Domenico non si ritirò di fronte all’impresa immane di affrontare degli avversari implacabili e agguerriti. Dante ne scriverà: «In picciol tempo, gran dottor si feo... / Poi con dottrina e con volere insieme, / con l’officio apostolico si mosse, / quasi torrente ch’alta vena preme» (Paradiso XII, 85, 97-99). In una parola, il “vir canonicus” che era stato fino ad allora, nell’osservanza di una regola di preghiera, si fece vir totus apostolicus. Uomo di apostolato, di predicazione, mai lasciando però la preghiera e la contemplazione, in una mirabile sintesi di vita e di azione.
Stabilitosi a Fanjeaux, in un’umile casetta (che c’è ancora), vivendo pressoché
solo per circa dieci anni, dal 1206 al 1215, con pubblici dibattiti, colloqui
personali, trattative, predicazione, opera di persuasione, preghiera e
penitenza, soprattutto con l’autorevolezza di una vita intensamente conforme a
Gesù solo, l’unico sconfinato Amore della sua esistenza, con la forza della
devozione alla Madonna, Domenico portò a compimento un’opera straordinaria, che
si impone agli avversari: “Incendiario di amore a Cristo” – come lo definirà
Georges Bernanos – conquistatore di amore a Lui per amor suo.
Il Fondatore
A cominciare dal 1215, a Domenico si unirono alcuni amici, presi dallo stesso
suo ideale: contemplare Gesù-Verità, trasmettere agli altri Gesù-Verità. Il suo
stile di vita è splendido, come narrano i testimoni: «Domenico si dimostrava
dappertutto uomo secondo il Vangelo, nelle parole e nelle opere. Durante il
giorno, nessuno era più socievole, nessuno più affabile con i fratelli e con
gli altri. Di notte, nessuno era più assiduo e più impegnato nel vegliare e nel
pregare. Era assai parco di parole e, se apriva bocca, era o per parlare con
Dio nella preghiera o per parlare di Dio nella predicazione. Questa era la sua
norma che seguiva e raccomandava agli altri».
Ecco, Domenico di Guzman parlava o con Gesù o di Gesù. Meraviglioso. Era la vita secondo “la sapienza della croce”, per “Gesù Cristo e Lui crocifisso” (1Cor 2,1-8). Con i suoi amici, che ne condividevano l’ideale, nacque così uno dei più grandi Ordini della Chiesa, l’Ordine dei Predicatori – i Domenicani – che Papa Onorio III il 22 dicembre 1216 approvò in modo definitivo e lanciò nel mondo a conquistare i fratelli a Cristo, tramite lo studio, la contemplazione e la predicazione di Gesù Verità: «Contemplari. Contemplata aliis tradere».
Scriverà Padre Lacordaire (1802-1861): «Si rispose a Domenico come si era risposto a Pierre l’Ermite: si divenne Frati predicatori come prima si era divenuti crociati. Le università d’Europa andarono a gara nell’offrire a Domenico i loro docenti che prima della bolla di Onorio III non disponeva che di 16 collaboratori, fondò 60 conventi popolati di uomini scelti e di una schiera entusiasta di giovani. Amavano Dio, lo amavano veramente. Amavano il prossimo più di se stessi. Erano anime appassionate».
Rapidamente Domenico disseminò i suoi “figli” in Europa avviandoli a occupare i centri universitari, come Bologna e Parigi. Viaggiando senza posa, da Tolosa a Roma, da Bologna a Parigi (anche la piccola Asti, la mia città, ebbe il Convento domenicano fondato personalmente da lui!) per diffondere e consolidare la sua opera, in appena 5 anni, riempì l’Europa dei suoi “bianchi” Frati, i predicatori della Verità, che la gente del popolo chiamava “i Frati di Maria”, per la loro devozione straordinaria alla Madonna. I loro nomi illustri partono da lui e giungono sino a noi, da san Tommaso d’Aquino a Savonarola, da san Pio V a Garrigou-Lagrange.
Il 6 agosto 1221, Domenico di Guzman va all’incontro con Dio promettendo ai
suoi Frati (cf. Responsorio “O spem miram”) che sarebbe stato più utile loro in
Cielo che sulla terra. Appena 13 anni dopo, nel 1234, Papa Gregorio IX, che
l’aveva conosciuto di persona, lo iscrisse tra i Santi. L’elogio più alto di
lui venne da Dio Padre stesso a santa Caterina da Siena, la sua più illustre
“figlia”: «San Domenico è l’immagine viva del mio Verbo Incarnato,
Gesù... Io ho generato questi due figli, uno, Gesù, per natura; l’altro,
Domenico, per amore. Per dono mio speciale, furono in Domenico somiglianti a
quelle di Gesù le fattezze naturali del volto e della persona».
Davvero l’irresistibile fascino che lungo i secoli ha fatto dire a diversi
giovani, messisi alla sua scuola, come Maestro Tommaso d’Aquino: «Io sono degli
agni della santa greggia / che Domenico mena per cammino, / u’ ben s’impingua,
se non si vaneggia» (Paradiso X, 94-96). Proprio così, alla scuola di san
Domenico ci si fa grandi Santi, a patto che non si vaneggi.
Autore: Paolo Risso
Domenico nacque nel 1170 a Caleruega, un villaggio
montano della Vecchia Castiglia (Spagna) da Felice di Gusmán e da Giovanna
d'Aza.
A 15 anni passò a Palencia per frequentare i corsi regolari (arti liberali e
teologia) nelle celebri scuole di quella città. Qui viene a contatto con le
miserie causate dalle continue guerre e dalla carestia: molta gente muore di
fame e nessuno si muove! Allora vende le suppellettili della propria stanza e
le preziose pergamene per costituire un fondo per i poveri. A chi gli esprime
stupore per quel gesto risponde: "Come posso studiare su pelli morte,
mentre tanti miei fratelli muoiono di fame?"
Terminati gli studi, a 24 anni, il giovane, assecondando la chiamata del
Signore, entra tra i "canonici regolari" della cattedrale di Osma,
dove viene consacrato sacerdote. Nel 1203 Diego, vescovo di Osma, dovendo
compiere una delicata missione diplomatica in Danimarca per incarico di Alfonso
VIII, re di Castiglia, si sceglie come compagno Domenico, dal quale non si
separerà più.
Il contatto vivo con le popolazioni della Francia meridionale in balìa degli
eretici catari, e l'entusiasmo delle cristianità nordiche per le grandi imprese
missionarie verso l'Est, costituiscono per Diego e Domenico una rivelazione:
anch'essi saranno missionari. Di ritorno da un secondo viaggio in Danimarca
scendono a Roma (1206) e chiedono al papa di potersi dedicare
all'evangelizzazione dei pagani.
Ma Innocenzo III orienta il loro zelo missionario verso quella predicazione
nell'Albigese (Francia) da lui ardentemente e autorevolmente promossa fin dal
1203. Domenico accetta la nuova consegna e rimarrà eroicamente sulla breccia
anche quando si dissolverà la Legazione pontificia, e l'improvvisa morte di
Diego (30 dicembre 1207) lo lascerà solo. Pubblici e logoranti dibattiti,
colloqui personali, trattative, predicazione, opera di persuasione, preghiera e
penitenza occupano questi anni di intensa attività; cosi fino al 1215 quando
Folco, vescovo di Tolosa, che nel 1206 gli aveva concesso S. Maria di Prouille
per raccogliere le donne che abbandonavano l'eresia e per farne un centro della
predicazione, lo nomina predicatore della sua diocesi.
Intanto alcuni amici si stringono attorno a Domenico che sta maturando un
ardito piano: dare all Predicazione forma stabile e organizzata. Insieme a
Folco si reca nell'ottobre del 1215 a Roma per partecipare al Concilio
Lateranense IV e anche per sottoporre il suo progetto a Innocenzo III che lo
approva. L'anno successivo, il 22 dicembre, Onorio III darà l'approvazione
ufficiale e definitiva. E il suo Ordine si chiamerà "Ordine dei Frati
Predicatori".
Il 15 agosto 1217 il santo Fondatore dissemina i suoi figli in Europa,
inviandoli soprattutto a Parigi e a Bologna, principali centri universitari del
tempo. Poi con un'attività meravigliosa e sorprendente prodiga tutte le energie
alla diffusione della sua opera. Nel 1220 e nel 1221 presiede in Bologna ai
primi due Capitoli Generali destinati a redigere la "magna carta" e a
precisare gli elementi fondamentali dell'Ordine: predicazione, studio, povertà
mendicante, vita comune, legislazione, distribuzione geografica, spedizioni
missionarie.
Sfinito dal lavoro apostolico ed estenuato dalle grandi penitenze, il 6 agosto
1221 muore circondato dai suoi frati, nel suo amatissimo convento di Bologna,
in una cella non sua, perché lui, il Fondatore, non l'aveva. Gregorio IX, a lui
legato da una profonda amicizia, lo canonizzerà il 3 luglio 1234. Il suo
corpo dal 5 giugno 1267 è custodito in una preziosa Arca marmorea. I
numerosi miracoli e le continue grazie ottenute per l'intercessione del Santo
fanno accorrere al suo sepolcro fedeli da ogni parte d'Italia e d'Europa,
mentre il popolo bolognese lo proclama "Patrono e Difensore perpetuo della
città;".
La fisionomia spirituale di S. Domenico è inconfondibile; egli stesso negli
anni duri dell'apostolato albigese si era definito: "umile ministro della
predicazione". Dalle lunghe notti passate in chiesa accanto all'altare e da
una tenerissima devozione verso Maria, aveva conosciuto la misericordia di Dio
e "a quale prezzo siamo stati redenti", per questo cercherà di
testimoniare l'amore di Dio dinanzi ai fratelli. Egli fonda un Ordine che ha
come scopo la salvezza delle anime mediante la predicazione che scaturisce
dalla contemplazione: contemplata aliis tradere sarà la felice formula con cui
s.Tommaso d'Aquino esprimerà l'ispirazione di s. Domenico e l'anima
dell'Ordine. Per questo nell'Ordine da lui fondato hanno una grande importanza
lo studio, la vita liturgica, la vita comune, la povertà evangelica.
Ardito, prudente, risoluto e rispettoso verso l'altrui giudizio, geniale nelle
iniziative e obbediente alle direttive della Chiesa, Domenico è l'apostolo che
non conosce compromessi né irrigidimenti: "tenero come una mamma, forte
come un diamante", lo ha definito Lacordaire.
Fonte : Edizioni Studio Domenicano, Bologna
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/23950
Voir aussi : http://www.christianiconography.info/dominic.html