Assomption de la Vierge Marie
Mère de Jésus-Christ (Ier siècle.)
ou la Dormition de la Mère de Dieu.
"Tous d'un même coeur, étaient assidus à la prière, avec quelques femmes,
dont Marie, mère de Jésus et avec ses frères." (Actes
1. 14)Telle est la dernière mention explicite dans le Nouveau Testament, de
Marie, dont on sait qu'après la mort de Jésus, le disciple Jean l'a prise chez
lui. Que devient-elle alors? Une tradition la fait vivre quelque temps avec
Jean à Ephèse. Mais c'est sans doute à Jérusalem qu'elle termine son séjour
terrestre. D'après des récits apocryphes remontant au Ve siècle, les apôtres
furent mystérieusement avertis de se retrouver à Jérusalem. Ils purent alors
entourer la Mère de Dieu lors de ses derniers instants et de sa Dormition.
Trois jours après sa mort, les anges enlevèrent le corps ressuscité de Marie
vers le ciel. L'événement marial de ce jour correspond à la fois à la mort, à
la résurrection et à l'Ascension du Christ. Au VIe siècle, l'empereur byzantin
étend à l'ensemble de l'Église byzantine une fête mariale le 15 août et lui
donne le nom de Dormition de la Mère de Dieu. Cette fête se répand ensuite dans
l'Église universelle. En Occident elle prend le nom d'Assomption. Les deux
dénominations ne font que mettre l'accent sur deux aspects du même
mystère. Illustration: L'Assomption de la Vierge Marie - Michel Sittow, vers 1500.
"...Dans le triomphe de ce jour, Et dans sa joie, célébrons Dieu..."
(Hymne
pour la fête de l'Assomption par Saint Odilon - Église catholique en France)
La Vierge Marie, depuis 1638,
sous le règne de Louis XIII, est la patronne de la France, patronage
confirmé par le Pape Pie XI (2 mars 1922)
Solennité de l'Assomption de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de notre Dieu
et Seigneur Jésus Christ, qui, au terme de sa vie terrestre, fut élevée en son
corps et en son âme à la gloire du ciel. C'est la doctrine de foi, reçue de la
Tradition de l'Église, que le pape Pie XII a définie solennellement en 1950.
Martyrologe romain
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/980/Assomption-de-la-Vierge-Marie.html
Assomption de la très Sainte Vierge
vers l'an 57
Cette fête a pour objet de célébrer à la fois la bienheureuse Mort, la glorieuse Résurrection et la triomphante Assomption de la très Sainte Vierge au Ciel.
Jésus avait souffert la mort pour racheter le monde; Marie, dans le plan de la Providence, devait suivre Son divin Fils et mourir. Mais Sa mort ne ressembla en rien à celle du commun des hommes; elle eut pour unique cause l'excès de Son amour et de Ses désirs; elle ne fut accompagnée d'aucune douleur, ni suivie de la corruption du tombeau. Jésus devait tous ces privilèges à Sa sainte Mère.
La tradition rapporte que les Apôtres, dispersés dans l'univers pour prêcher l'Évangile, se trouvèrent miraculeusement réunis autour du lit de mort de Celle qui avait présidé à la naissance et aux premiers développements de l'Église. Trois jours après la mort de Marie, visitant le virginal tombeau avant de se séparer, ils furent les heureux témoins d'une grande merveille. On entendit dans les airs d'harmonieux cantiques; un parfum délicieux s'exhalait du tombeau de Marie; et lorsqu'on l'eut ouvert, on n'y trouva que des fleurs fraîches et vermeilles: les Anges avaient transporté dans les Cieux, en corps et en âme, la Mère du Sauveur.
On ne peut que soupçonner ici bas avec admiration l'accueil qui fut fait à Marie par la Très Sainte Trinité, à laquelle Elle avait été associée d'une manière si sublime dans le mystère du salut des hommes, par Jésus-Christ Son Fils bien-aimé, par les légions des Anges, les Patriarches, les Prophètes, tous les Saints de l'Ancien Testament et les élus de la loi nouvelle. Les plus grands serviteurs de Marie, dans leurs contemplations, se sont plu à dépeindre Son triomphe incomparable, Son couronnement, Sa gloire en ce grand jour.
Mais le triomphe et la gloire de Marie sont éternels. La fête de l'Assomption, outre Sa mort toute sainte, Sa Résurrection et Son couronnement, célèbre Sa royauté toute-puissante. Elle est la Reine du Ciel, la Reine des Anges et des Saints, la Reine de l'Église terrestre, la Reine de l'Église du Purgatoire; et c'est Elle que David a dépeinte dans ses Psaumes: "La Reine S'est assise à Votre droite, couverte d'un manteau d'or, environnée et tout étincelante des richesses les plus variées." L'Assomption de Marie réclamait une définition de foi: l'Église a proclamé ce dogme le 1er novembre 1950. Gloire à Marie!
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950
SOURCE :
http://magnificat.ca/cal/fr/saints/assomption_de_la_tres_sainte_vierge.html
Trésor du grégorien : l’alléluia « Assumpta est »
de la fête de l’Assomption
La Fête est attestée à Jérusalem au début du Ve siècle. Au VIe siècle, l’empereur Maurice impose sa célébration à tout l’Empire. Elle est attestée à Rome au VIIe siècle comme l’une des quatre grandes Fêtes mariales, sous le titre de ‘dormition’.
Au VIIIe siècle elle prend le titre d’Assumptio B.M.V., et est dotée d’une vigile et d’une octave par Léon IV (847-855).
La Messe de la Vigile s’est maintenue telle quelle, celle du jour de la Fête fut remplacée en 1950 par un formulaire plus explicite.
Santa Maria delle Grazie, Curtatone, Mantova
Historique
Pierre Jounel [1]
La fête mariale du 15 août a pris naissance à Jérusalem, où le lectionnaire de 415-417 déclare : « Le 15 août, de Marie, la Théotokos, au deuxième mille de Bethléem ». On y lit la prophétie de l’Emmanuel (Is. 7,10-16d), le texte de saint Paul sur le Christ « né de la femme » (Gal. 3,29 - 4,7) et le récit de la naissance de Jésus à Bethléem (Luc 2,1-7). Il ne s’agit donc pas encore de célébrer la Dormition de Marie, mais sa maternité divine. De Jérusalem la fête devait se répandre à travers l’Orient, puis atteindre la Gaule et Rome. L’évangéliaire romain de 645 ne connaît pas encore la fête du 15 août, mais celui de 740 annonce Sollemnia de pausatione sanctae Mariae et celui du 9e siècle fera de même. C’est sous ce titre, reçu de l’Orient, que la fête avait pénétré à Rome et qu’elle est mentionnée dans le Liber Pontificalis, qui énumère les quatre processions décrétée par le pape Sergius Ier diebus Adnuntiationis Domini, Dormitionis et Nativitatis sanctae Dei genetricis semperque virginis Mariae ac sancti Symeonis, quod Ypappanti Graeci appellant [2]. Cependant, dans les mêmes années, si l’on s’en rapporte à l’analyse d’A. Chavasse [3], le sacramentaire grégorien intitulait la fête du 15 août Adsumptio sanctae Mariae, comme on le faisait en Gaule, où l’Assomption était célébrée le 18 janvier. Le vocabulaire des martyrologes devait rester plus longtemps fidèle au modèle oriental. Mais la déclaration d’Usuard contre les apocryphes du type Transitus Mariae, le 15 août, ne l’empêche pas de noter, au 14, la vigilia Assumptionis. Au XIe siècle, le martyrologe de Saint-Pierre continue à tenir le langage de ses congénères, quand il annonce Sanctae Mariae dormitio.
Dans la seconde moitié du XIIe siècle, l’Assomption était célébrée au Latran avec la même solennité que Noël, au dire de l’Ordo, qui lui consacre une ample description. Il évoque, en particulier, la procession nocturne. Mais, bien qu’on célèbre l’Assomption avec ferveur au Latran, on y lit durant les vigiles et pendant toute l’octave l’opuscule pseudo-hiéronymien Cogitis me, o Paula dans lequel Paschase Radbert, sans nier explicitement l’assomption de Marie, met en doute sa résurrection corporelle et veut qu’on ne présente le fait que sous la forme d’une simple opinion [4]. Quant au missel du Latran, il reproduit les oraisons de l’Hadrianum, indiquant pour la station ad sanctum Adrianum l’oraison Veneranda, qui affirme explicitement la résurrection de la sainte Mère de Dieu : « Veneranda nobis domine huius est diei festivitas in qua sancta Dei genetrix mor-tem subiit temporalem, née tamen mortis nexibus deprimi potuit, qui Filium tuum dominum nostrum de se genuit incarnatum ».
En décrivant les manuscrits du passionnaire du Latran et de l’antiphonaire Vat. lat. 5379, on a relevé une anomalie : le premier ne contient aucune lecture pour le 15 août ; le second a une messe, le 14, in vigilia S. Marie, mais non le lendemain pour la fête. Sans doute faut-il expliquer cette absence par le fait qu’au début du 12e siècle le clergé du Latran participait à la procession, qui comportait la célébration de l’office nocturne à Sainte-Marie-la-Neuve et s’achevait par la messe à Sainte-Marie-Majeure.
[1] Cf. Pierre Jounel, Le Culte des Saints dans les Basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle, École Française de Rome, Palais Farnèse, 1977.
[2] L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, tome 1er, p. 376. Un siècle plus tard, le pape Adrien 1er fit exécuter un parement d’autel habentem adsumptionem sanctae Dei genetricis pour Sainte-Marie-Majeure (ibid., p. 500).
[3] A. Chavasse, Le sacramentaire gélasien, pp. 390-397.
[4] Pour le texte P.L. 30, col. 122-142. Pour son étude on trouvera une bibliographie dans la Clavis Patrum latinorum, editio altéra 1961, Coll. Sacris erudiri, p. 144, n° 633, epistola 9. La pensée de Paschase Radbert est identique à celle d’Usuard, mais Usuard lui-même n’a fait que reproduire, en l’abrégeant, un long développement qu’ Adon a inséré au 8 septembre (MA 594).
L.-F.
Gosse. Assomption de la Vierge Marie,
Église de
l'Assomption de Notre-Dame, bas-côté sud.
D’après L’Église en Prières, Martimort et alii.
La récente définition dogmatique de l’Assomption de la Vierge a eu pour conséquence une assez massive révision du formulaire antérieur de la fête, tant pour les hymnes et leçons du bréviaire que pour le missel, où les oraisons, les chants de l’introït, du graduel, de l’offertoire et de la communion, les textes de l’épître et de l’évangile sont nouveaux. Seul, le verset de l’Alléluia : « Assumpta est Maria in cælum, gaudet exercitus angelorum » a pu être maintenu, malgré son imprécision.
Ce fait massif ne mériterait pas d’être souligné s’il ne révélait, par contraste, combien discret et anormalement neutre fut jugé — et est en effet pour ce qui regarde l’assomption corporelle, — le formulaire romain antérieur, resté presqu’inchangé depuis les débuts, soit depuis le VIIe siècle [5].
Cette obstinée réserve, évidemment voulue à l’origine, perpétuait les scrupules des théologiens anciens — les Carolingiens surtout — inquiets du revêtement légendaire de la croyance. Déjà depuis Grégoire de Tours [6] (573-593), sa ferveur s’appuyait sur d’anciens récits apocryphes orientaux. La défiance datait de longtemps : les premiers sacramentaires en témoignent déjà, par une sorte de significative imprécision neutraliste des formules. En effet, lorsque, vers la fin du VIe siècle, un net décret de l’empereur Maurice (582-602) avait déjà rendu la fête obligatoire partout, le formulaire gélasien, composé de pièces empruntées à des sources romaines antérieures, n’accusait sa destination nouvelle que dans la secrète, par l’addition imprécise : « vel talis assumpta est ». Quant à l’Hadrianum, de ses trois oraisons [7] — celles-là même que reprendra et gardera le missel romain — seule la secrète évoque la fête par un « pro condicionis carnis migrasse cognoscimus » volontairement incolore.
Un siècle environ après saint Grégoire, soit vers l’an 700, le pape Serge Ier, syrien d’origine, voulant instituer à Rome trois processions stationnales pour l’Annonciation, la Dormition et la Nativité, faisait composer pour celle du 15 août une admirable oraison de départ du cortège, ainsi conçue [8] :
Veneranda nobis, Domine, huius est diei festivitas, in qua sancta Dei Genetrix mortem subiit temporalem, nec tamen mortis nexibus deprimi potuit, quæ Filium tuum, Dominum nostrum, de se genuit incarnatum. Per eumdem.
Vénérable est pour nous, Seigneur, la fête qui commémore ce jour en lequel la sainte Mère de Dieu subit la mort temporelle, mais néanmoins ne put être retenue par les liens de la mort, elle qui avait engendré de sa substance votre Fils, notre Seigneur incarné.
La netteté doctrinale de cette ardente prière fait contraste avec l’insignifiance calculée du formulaire romain antérieur. Au reste, une de ses sources d’inspiration semble bien avoir été le « kontakion » byzantin de la fête de l’Assomption, de doctrine si réfléchie :
La Theotokos, infatigable en ses intercessions, espoir inébranlable grâce à ses plaidoyers, ni le tombeau ni la mort ne l’ont retenue. Étant mère de la Vie, c’est à la Vie qu’elle fut transférée par Celui qu’avait renfermé son sein virginal.
Autant que le « kontakion » grec, l’oraison latine Veneranda est plus que simple louange : elle professe le privilège marial et en fournit soigneusement la justification théologique. Sans doute voulait-on, en imposant son texte si ferme, mettre fin à certaines hésitations doctrinales.
N’appartenant pas à la messe, mais créée en vue de la procession stationnale romaine, Veneranda devenait sans objet hors de la Ville éternelle. Elle finit par disparaître du formulaire, lorsque le Missale secundum consuetudinem Romanæ curiæ se fut répandu partout. Témoin insigne de la doctrine, on l’a maintenue, moyennant de légères retouches, à Lyon et à Milan, et elle est restée en usage dans plusieurs ordres religieux.
Aux autres incolores et trop prudentes formules romaines ont aujourd’hui succédé de lumineuses visions de gloire : la Mulier amicta sole et couronnée d’étoiles (introït), revêtue texturæ aureæ, intégralement ressuscitée comme son Fils, tota decora ingreditur (graduel).
5] On sait par le prologue au Supplément ajouté par Alcuin au Sacramentaire grégorien, que le texte primitif ne comportait pas l’Assomption (cf. éd. LIETZMANN, p. xix). D’autre part, l’Assomption est une des quatre fêtes mariales que le pape Serge Ier (687-701) dotera d’une procession.
[6] De gloria martyrum I, 4 ; PL 71 col. 708.
[7] Elles ne font pas partie du Grégorien primitif : cf. note 1.
[8] LIETZMANN, op. cit., p. 88, n. 147.
Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique
Marie a choisi la meilleure part.
Vers la fin de l’été, à l’époque où dans les jardins et les prés mûrissent les fruits, l’Église célèbre la plus grande fête de la moisson, qui annonce le retour de l’automne liturgique. Le fruit le plus précieux qui se soit épanoui sur la terre du royaume de Dieu est aujourd’hui déposé dans les granges célestes : Marie, la Très Sainte Vierge.
1. La Fête de l’Assomption. — Que célébrons-nous en ce jour ?
a) Avant tout la mort de Marie, la fête de la « Dormitio », comme on disait autrefois. Pour l’Église, l’anniversaire de la mort des saints est plus encore celui de leur naissance au ciel (natale).
b) C’est ensuite la réception de Marie au Paradis. La liturgie dépeint l’arrivée de la Mère de Dieu comme un cortège nuptial, comme une marche triomphale.
c) Poursuivons encore. Nous célébrons le couronnement de Marie comme Reine des Saints. Toutefois, c’est une pensée particulièrement chère à la piété populaire et au mysticisme du moyen âge dont la liturgie fait moins de cas.
d) Enfin, l’Église songe à l’Assomption corporelle de Marie dans le ciel, quoique la liturgie n’insiste guère non plus sur ce fait. Sur la mort de la sainte Vierge nous ne possédons aucun document historique certain ; nous en ignorons même le lieu (d’après la tradition : Éphèse ou Jérusalem).
L’Assomption est une des fêtes les plus anciennes de la Sainte Vierge. On la célébrait primitivement le 18 janvier ; l’empereur Maurice (582-602) en fixa la date actuelle. — La « bénédiction des plantes » qui a lieu également aujourd’hui dans certaines régions est une antique coutume sans rapport bien net avec la fête liturgique. L’office, il est vrai, compare Marie aux plantes et aux fleurs odoriférantes ; d’après la légende, au lieu d’un linceul ce sont des fleurs que l’on trouva dans son tombeau. Vraisemblablement pourtant, la bénédiction des plantes n’est que la survivance d’un vieil usage païen qu’on a voulu christianiser.
2. L’Office. — Efforçons-nous encore une fois de bien comprendre et de bien suivre toutes les phases de l’office liturgique. Les premières et les secondes vêpres annoncent déjà dans leurs antiennes quel est le mystère de la fête, et proclament la sainteté de la Mère de Dieu. Les matines, prière nocturne de l’Église, font l’exposé poétique et dramatique de tout ce que rappelle la solennité de l’Assomption : les versets et, mieux encore, les répons acclament en Marie la Reine et l’Épouse : « Assumpta est » — « Marie a été élevée au Ciel », y répète-t-on sans cesse.
Les leçons sont également très belles. Au troisième nocturne, nous entendons une homélie de saint Augustin sur l’évangile de la fête [127]. Les anciens insistent surtout sur le sens allégorique de cet évangile : les deux femmes symbolisent la vie active et la vie contemplative, mais elles représentent aussi la paix céleste de l’Église. Et c’est ce dernier motif qui explique le choix de cette péricope aujourd’hui : dans son Assomption « Marie a pris la meilleure part ». — A l’heure où l’aurore glisse ses premières clartés sur le sommet des montagnes, à l’heure où le soleil visible commence majestueusement sa carrière, l’Église entonne le Benedictus et salue le vrai « Soleil levant » (Oriens ex alto) ; mais aujourd’hui, c’est surtout la pensée de Marie entrant au ciel qui lui suggère cette image : « Quelle est celle qui s’élève comme l’aurore, belle comme la lune, radieuse comme le soleil, terrible comme une armée rangée en bataille ? »
3. La Messe. — Depuis la promulgation comme dogme du mystère de la fête de l’Assomption, un nouveau formulaire de messe a été prescrit conformément au décret de la Congrégation des Rites, en date du 31 octobre 1950. Ce formulaire souligne davantage encore que l’ancien la souveraine dignité de Marie.
La messe commence immédiatement par cette image de l’Apocalypse : « La femme revêtue du soleil, la lune à ses pieds et sur sa tête une couronne de douze étoiles ». Peut-il y avoir plus sublime image de la Reine du ciel qui brille de l’éclat des astres ? Marie est la première créature entrée, corporellement aussi, dans la glorification du Christ ; nous pouvons donc entonner un « cantique nouveau ». Le mot « nouveau » a dans la liturgie un sens tout à fait éminent et veut indiquer le monde surnaturel ; sur la terre la vie nouvelle de la grâce, dans l’autre monde, « un ciel nouveau et une nouvelle terre ». Le « cantique nouveau chante le corps humain glorifié de la Mère de Dieu, les « choses admirables accomplies en elle par Dieu.
Si nous considérons le psaume 97 dans son entier, nous pensons alors que la Mère de Dieu est entrée dans les parvis célestes en tant que première créature humaine glorifiée ; Ainsi, « le Seigneur a révélé son salut et dévoilé sa justice sous les yeux du monde ». Par la foi, « toutes les contrées de la terre voient le salut de notre Dieu ». A présent toute la création rend hommage au premier être humain glorifié, Marie. Car la création voit en elle les prémices de sa propre glorification : « Jouez en l’honneur du Seigneur sur la harpe... Que la mer se soulève avec ce qu’elle contient, la terre avec tous ses habitants. Que les fleuves applaudissent et qu’en même temps les montagnes tressaillent ». L’Introït est donc une magnifique ouverture pour cette messe.
La nouvelle Collecte est ainsi rédigée : « Dieu tout-puissant et éternel qui avez élevé en corps et en âme dans la gloire céleste l’immaculée Vierge Marie, Mère de votre Fils ; faites, nous vous en supplions, que, attentifs toujours aux choses d’en-haut, nous méritions de participer à sa gloire ». Cette Oraison constate donc que « la Vierge Immaculée » et « Mère du Fils de Dieu a été élevée « en corps et en âme dans les splendeurs du ciel » : elle en tire une double application : qu’ici-bas nous soyons « sans cesse occupés des choses du ciel » et « que nous participions un jour à sa gloire ». La Collecte indique donc la valeur vitale du mystère de la fête. C’est ce que nous demandons aussi en la fête de l’Ascension : « habiter de cœur dans le ciel ».
L’Épître est tirée du Livre de Judith (nous avons déjà le même texte dans le missel à la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs). L’éloge de cette femme héroïque est appliqué à Marie qui a foulé aux pieds le serpent : « Le Seigneur vous a bénie dans sa force ; car, par vous, il a anéanti nos ennemis (par la naissance de Jésus-Christ, le Vainqueur de la mort et de l’enfer). Ainsi, Marie « est bénie plus que toutes les femmes sur la terre... parce que le Seigneur a guidé sa main pour trancher la tête à notre plus grand ennemi ». Nous avons là un écho du texte de la Vulgate dans la Genèse : « elle t’écrasera la tête ». L’Épître parle donc de la tâche de Marie dans l’histoire du salut qui, en tant que Mère immaculée du Sauveur, a pris une part active à la défaite du démon. L’Épître ajoute encore cette phrase empruntée à un autre chapitre du même Livre : « Vous êtes la gloire de Jérusalem, la joie d’Israël, la couronne de notre peuple ». (Jérusalem, c’est l’Église, Israël la chrétienté). Nous voyons que l’Épître a été bien choisie.
Au Graduel, l’image de l’héroïne guerrière fait place à l’image pacifique de la fiancée ; nous voyons la Mère de Dieu sous les traits d’une fille de roi et d’une épouse royale, entrer dans le palais céleste. Nous entendons l’invitation : « Écoute, ma fille, vois et prête l’oreille ; le roi sera épris de ta beauté » ; puis nous voyons « la fille du roi richement parée, en vêtements aux franges dorées, entrer dans le ciel ».
Nous rencontrons dans l’Alléluia le point culminant de la fête, nous chantons au milieu des Alléluias célestes : « Marie a été transportée au ciel, l’armée des anges s’en réjouit. »
L’Évangile aussi est entièrement nouveau. L’ancien évangile qui rapportait la discussion entre les deux sœurs avait le défaut de ne pas parler de la Mère de Dieu ; mais pour l’ami de la liturgie il avait l’avantage de fournir le verset de la Communion « Marie a choisi la meilleure part qui ne lui sera pas ôtée ». La péricope nouvelle nous transporte dans la maison de Sainte Élisabeth qui continue la salutation de l’ange : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes et le fruit de vos entrailles est béni ». Nous avons donc ici une phrase répondant à celle de l’Épître. Ensuite nous entendons sur les lèvres de Marie une partie du Magnificat. Nous pouvons nous représenter la Sainte Vierge chantant, à son arrivée au ciel, son premier solennel Magnificat.
L’antienne de l’Offertoire n’est pas tirée d’un psaume, c’est la parole de Dieu au paradis terrestre : « Je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et son Fils ». Nous pouvons là aussi constater une correspondance avec l’Épître. Judith « a coupé la tête du chef des ennemis d’Israël » devant les portes du paradis perdu Dieu a peint l’image de Marie qui écraserait le serpent.
La Secrète est très solennelle ; elle commence par le mot « ascendat » ; instinctivement, on pense tout d’abord à l’Assomption de Marie mais, les mots suivants nous montrent qu’il s’agit des oblats que nous souhaitons voir monter vers Dieu ; dans la phrase qui suit nous demandons que l’Assomption de la Sainte Vierge enflamme nos cœurs du feu de l’amour divin. Les charbons allumés, l’encens fumant pendant l’offertoire sont les symboles de cette oraison.
A la Communion, nous voyons le ciel ouvert et la Mère de Dieu glorifiée chanter le Magnificat : « toutes les générations me proclameront bienheureuse, parce que le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses ». Nous pouvons chanter le Magnificat en entier, le cantique d’action de grâces pour notre salut.
La Postcommunion demande à Dieu que « nous soyons conduits à la gloire de la résurrection ». La liturgie aime beaucoup à diriger nos pensées vers la fin de la messe, sur la gloire céleste (cf. la Postcommunion de la Fête-Dieu « la jouissance éternelle de la divinité »). Cette nouvelle messe fait donc passer devant nous diverses scènes et images : d’abord la grandiose image de la Femme vêtue du soleil, l’héroïque Judith, l’entrée de la royale épouse, la Sainte Vierge frappant à la porte de Sainte Élisabeth, la femme qui écrase le serpent et enfin, la Reine du ciel chantant le Magnificat.
Constitution apostolique Munificentissimus Deus, 1950
Pie XII proclamant le dogme de l’Assomption en 1950
Constitution de Pie XII du 1er novembre 1950 définissant le dogme de l’Assomption.
1. Dans sa munificence, Dieu, qui peut tout, et dont le plan providentiel est fait de sagesse et d’amour, adoucit par un mystérieux dessein de sa pensée, les souffrances des peuples et des individus en y entremêlant des joies, afin que par des procédés divers et de diverses façons, toutes choses concourent au bien de ceux qui l’aiment [128].
2. Notre pontificat, tout comme l’époque actuelle, est accablé de multiples soucis, préoccupations et angoisses causés par les très graves calamités et les déviations de beaucoup d’hommes qui s’écartent de la vérité et de la vertu. Cependant, c’est pour Nous une grande consolation de voir des manifestations publiques et vivantes de la foi catholique, de voir la piété envers la Vierge Marie, Mère de Dieu, en plein essor, et croître chaque jour davantage, et offrir presque partout des présages d’une vie meilleure et plus sainte. Il arrive de la sorte que tandis que la Très Sainte Vierge remplit amoureusement ses fonctions de mère en faveur des âmes rachetées par le sang du Christ, les esprits et les cœurs des fils sont incités à contempler avec plus de soin ses privilèges.
3. Dieu, en effet, qui, de toute éternité, regarde la Vierge Marie avec une toute particulière complaisance « dès que vint la plénitude des temps [129] », réalisa le dessein de sa Providence de façon que les privilèges et les prérogatives dont il l’avait comblée avec une suprême libéralité, resplendissent dans une parfaite harmonie. Que si l’Église a toujours reconnu cette très grande libéralité et cette parfaite harmonie des grâces, et si, au cours des siècles, elle les a chaque jour explorées plus intimement, il était cependant réservé à notre temps de mettre en plus grande lumière le privilège de l’Assomption corporelle au ciel de la Vierge Marie, Mère de Dieu.
4. Ce privilège resplendit jadis d’un nouvel éclat lorsque Notre Prédécesseur d’immortelle mémoire, Pie IX, définit solennellement le Dogme de l’Immaculée Conception de la Mère de Dieu. Ces deux privilèges sont en effet très étroitement liés. Par sa propre mort, le Christ a vaincu le péché et la mort, et celui qui est surnaturellement régénéré par le baptême triomphe par le même Christ du péché et de la mort. Toutefois, en vertu d’une loi générale, Dieu ne veut pas accorder aux justes le plein effet de la victoire sur la mort, sinon quand viendra la fin des temps. C’est pourquoi, les corps même des justes sont dissous après la mort, et ne seront réunis, chacun à sa propre âme glorieuse qu’à la fin des temps.
5. Cependant, Dieu a voulu exempter de cette loi universelle la Bienheureuse Vierge Marie. Grâce à un privilège spécial, la Vierge Marie a vaincu le péché par son Immaculée Conception, et de ce fait, elle n’a pas été sujette à la loi de demeurer dans la corruption du tombeau, et elle ne dut pas non plus attendre jusqu’à la fin du monde la rédemption de son corps.
6. C’est pourquoi, lorsqu’il fut solennellement défini que la Vierge Marie, Mère de Dieu, a été préservée dès sa conception de la tache originelle, les fidèles furent remplis d’un plus grand espoir de voir définir le plus tôt possible, par le suprême magistère de l’Église, le Dogme de l’Assomption corporelle au ciel de la Vierge Marie.
7. En fait, on vit alors, non seulement les simples fidèles, mais encore les représentants des nations et des provinces ecclésiastiques, ainsi que de nombreux Pères du Concile du Vatican, postuler instamment cette définition auprès du Siège apostolique.
8. Au cours des siècles, ces pétitions et ces vœux, loin de diminuer, ne firent que croître en nombre et en instance. En effet, de pieuses croisades de prières furent organisées à cette fin ; de nombreux et éminents théologiens en firent l’objet de leurs études empressées et attentives, soit en particulier, soit dans des Athénées ou Facultés ecclésiastiques, soit d’autres Instituts destinés à l’enseignement des sciences sacrées ; des Congrès mariaux nationaux ou internationaux eurent lieu, en de nombreuses parties du monde. Ces études et ces recherches mirent en meilleure lumière le fait que, dans le dépôt de la foi chrétienne confié à l’Église, était également contenu le Dogme de l’Assomption au ciel de la Vierge Marie ; et généralement, il en résulta des pétitions dans lesquelles on priait instamment le Saint-Siège de définir solennellement cette vérité.
9. Dans cette pieuse campagne, les fidèles se montrèrent admirablement unis à leurs évêques, lesquels adressèrent en nombre vraiment imposant des pétitions de ce genre à cette Chaire de Saint-Pierre. Aussi, au moment de Notre élévation au trône du Souverain Pontife, plusieurs milliers de ces suppliques avaient été présentées au Siège apostolique de toutes les régions de la terre et par des personnes de toutes les classes sociales : par Nos chers Fils les cardinaux du Sacré-Collège, par Nos vénérables Frères les archevêques et évêques, par les diocèses et les paroisses.
10. En conséquence, tandis que Nous adressions à Dieu de ferventes prières afin d’obtenir pour Notre âme la lumière du Saint-Esprit en vue de la décision à prendre en une si grave affaire, Nous édictâmes des règles spéciales, pour que fussent entreprises dans un effort commun, des études plus rigoureuses sur cette question et pour que, pendant ce temps, fussent rassemblées et examinées avec soin toutes les pétitions concernant l’Assomption au ciel de la Bienheureuse Vierge Marie [130].
11. Mais comme il s’agissait d’une chose particulièrement grave et importante, Nous jugeâmes opportun de demander directement et officiellement à tous les vénérables Frères dans l’épiscopat de bien vouloir Nous exprimer ouvertement chacun son sentiment à ce sujet. C’est pourquoi, le 1er mai de l’année 1946, Nous leur adressâmes la lettre Deiparae Virginis Mariae, dans laquelle se trouvait ce qui suit : « Est-ce que vous, vénérable Frère, dans votre grande sagesse et prudence, vous pensez que l’Assomption corporelle de la Bienheureuse Vierge puisse être proposée et définie comme Dogme de foi et est-ce que vous, votre clergé et vos fidèles, vous désirez cela ? »
12. Et ceux que « l’Esprit-Saint a établis évêques pour gouverner l’Église de Dieu » [131] donnèrent à l’une et à l’autre question une réponse presque unanimement affirmative. Ce « singulier accord des évêques et des fidèles catholiques » [132], qui estiment que l’Assomption corporelle au ciel de la Mère de Dieu peut être définie comme un Dogme de foi, comme il nous offre l’accord de l’enseignement du magistère ordinaire de l’Église et de la foi concordante du peuple chrétien — que le même magistère soutient et dirige — manifeste donc par lui-même et d’une façon tout à fait certaine, et exempte de toute erreur, que ce privilège est une vérité révélée par Dieu et contenue dans le dépôt divin, confié par le Christ à son Épouse, pour qu’elle le garde fidèlement et le fasse connaître d’une façon infaillible [133], le magistère de l’Église, non point certes par des moyens purement humains, mais avec l’assistance de l’Esprit de vérité [134] et à cause de cela sans commettre absolument aucune erreur, remplit la mission qui lui a été confiée de conserver à travers tous les siècles, dans leur pureté et leur intégrité, les vérités révélées ; c’est pourquoi il les transmet, sans altération, sans y rien ajouter, sans y rien supprimer. « En effet, comme l’enseigne le Concile du Vatican, le Saint-Esprit ne fut pas promis aux successeurs de Saint-Pierre pour que, Lui révélant, ils enseignent une doctrine nouvelle, mais pour que, avec son assistance, ils gardent religieusement et exposent fidèlement la révélation transmise par les Apôtres, c’est-à-dire le dépôt de la foi » [135]. C’est pourquoi, de l’accord universel, du magistère ordinaire de l’Église, on tire un argument certain et solide servant à établir que l’Assomption corporelle au ciel de la Bienheureuse Vierge Marie — laquelle, en ce qui concerne la « glorification » céleste elle-même du corps virginal de la Mère de Dieu, ne pouvait être connue par les forces naturelles d’aucune faculté de l’âme humaine — est une vérité révélée par Dieu, et par conséquent elle doit être crue fermement et fidèlement par tous les enfants de l’Église. Car, ainsi que l’affirme le même Concile du Vatican, « on doit croire de foi divine et catholique toutes les choses contenues dans la parole de Dieu écrite ou transmise, et que l’Église propose à notre foi par son magistère ordinaire ou universel, comme des vérités révélées par Dieu » [136] .
13. Des témoignages, des indices, des traces multiples de cette foi commune de l’Église ont apparu au cours des siècles, depuis l’antiquité, et cette même foi s’est manifestée dans une lumière plus vive de jour en jour.
14. En effet, sous la direction et la conduite de leurs pasteurs, les fidèles ont appris par la Sainte Écriture que la Vierge Marie a mené au cours de son pèlerinage ici-bas, une vie de soucis, d’angoisses et de souffrances ; ils ont su, de plus, que s’est réalisée la prédiction du saint vieillard : qu’un glaive acéré lui transperça le cœur au pied de la croix de son divin Fils, notre Rédempteur. Les fidèles ont également admis sans peine que l’admirable Mère de Dieu, à l’imitation de son Fils unique, quitta cette vie. Mais cela ne les a aucunement empêchés de croire et de professer ouvertement que son corps si saint ne fut jamais soumis à la corruption du tombeau et que cet auguste tabernacle du Verbe divin ne fût pas réduit en pourriture et en poussière. Bien plus, éclairés par la grâce divine, et poussés par leur piété envers Celle qui est la Mère de Dieu et aussi notre très douce Mère, ils ont contemplé dans une lumière chaque jour plus vive l’admirable harmonie et concordance des privilèges que Dieu, dans son infinie Providence, a accordés à cette sainte associée de notre Rédempteur, privilèges si élevés que nulle autre créature, en dehors de Marie, sauf la nature humaine de Jésus-Christ, n’atteignit jamais pareil sommet.
15. Cette même croyance est clairement attestée par d’innombrables églises consacrées à Dieu en l’honneur de la Vierge Marie dans son Assomption ; elle l’est aussi par les images sacrées exposées dans les églises à la vénération des fidèles et représentant aux yeux de tous ce singulier triomphe de la Bienheureuse Vierge. En outre, des villes, des diocèses, des régions furent placés sous la protection et le patronage spéciaux de la Vierge, Mère de Dieu, élevée au ciel. Pareillement, des Instituts religieux approuvés par l’Église furent créés, qui portent le nom de ce privilège de Marie. On ne doit pas non plus passer sous silence que dans le rosaire mariai, dont le Siège apostolique recommande tant la récitation, est proposé à la méditation un mystère ayant trait, comme chacun sait, à l’Assomption au ciel de la Bienheureuse Vierge.
16. Mais cette foi des pasteurs de l’Église et des fidèles s’est manifestée d’une façon universelle et plus éclatante lorsque, depuis les temps anciens, en Orient, comme en Occident, furent célébrées des solennités liturgiques en l’honneur de l’Assomption. Les Pères et Docteurs de l’Église, en effet, n’ont jamais manqué de puiser là un lumineux argument, attendu que la liturgie sacrée, ainsi que tous le savent, « étant aussi une profession des vérités célestes, soumises au magistère suprême de l’Église, elle peut fournir des preuves et des témoignages de grande valeur pour décider de quelque point particulier de la doctrine chrétienne [137] ».
17. Dans les livres liturgiques où l’on trouve la fête, soit de la Dormition, soit de l’Assomption de Sainte Marie, il y a des expressions en quelque sorte concordantes pour attester que lorsque la Sainte Vierge, Mère de Dieu, quitta cet exil pour les demeures éternelles, il arriva pour son corps sacré, par une disposition de la divine Providence, ce qui était en harmonie avec sa dignité de Mère du Verbe incarné, et avec les autres privilèges qui lui avaient été accordés. Ces expressions, pour en donner un remarquable exemple, se lisent dans le Sacramentaire, que Notre prédécesseur d’immortelle mémoire, Adrien I, envoya à l’empereur Charlemagne. Il y est dit, en effet : « Vénérable est pour nous, Seigneur, la fête de ce jour, en lequel la Sainte Mère de Dieu subit la mort temporelle, mais cependant ne put être humiliée par les liens de la mort, elle qui engendra de sa chair, ton Fils, Notre-Seigneur » [138].
18. Ce qu’indique dans sa sobriété verbale habituelle la liturgie romaine, est exprimé avec plus de détails et de clarté dans les autres livres de l’ancienne liturgie, tant orientale qu’occidentale. Le Sacramentaire Gallican, pour apporter un seul exemple, qualifie ce privilège de Marie d’« inexplicable mystère, d’autant plus admirable qu’il est exceptionnel parmi les hommes, par l’Assomption de la Vierge ». Et, dans la liturgie byzantine, l’Assomption corporelle de la Vierge Marie est reliée plus d’une fois, non seulement à la dignité de Mère de Dieu, mais encore à ses autres privilèges, à un titre particulier à sa maternité virginale, faveur qu’elle doit à un singulier dessein de la divine Providence : « Dieu, le Roi de l’univers, t’a accordé des choses qui dépassent la nature, car, de même qu’il te garda vierge lorsque tu enfantas, de même il préserva ton corps de la corruption du tombeau et le glorifia par une divine translation » [139].
19. Cependant, le fait que le Siège apostolique, héritier de la mission confiée au Prince des apôtres de confirmer les frères dans la foi rendit, en vertu de son autorité, de plus en plus solennelle cette fête, a porté l’esprit des fidèles à considérer chaque jour davantage la grandeur du mystère qui était commémoré. C’est pourquoi la fête de l’Assomption, du rang honorable qu’elle obtint dès le commencement parmi les autres fêtes mariales, fut élevée au rang des fêtes les plus solennelles de tout le cycle liturgique. Et Notre prédécesseur, saint Serge I, prescrivant la litanie ou procession stationnale pour les quatre fêtes mariales, énumère ensemble les fêtes de la Nativité, de l’Annonciation, de la Purification et de la Dormition de la Vierge Marie [140]. Plus tard, saint Léon IV eut à cœur de faire célébrer encore avec plus de solennité la fête déjà établie sous le titre d’Assomption de la Bienheureuse Mère de Dieu ; à cet effet, il en institua la vigile, puis il prescrivit des prières pour son octave ; et lui-même, heureux de profiter de cette occasion, entouré d’une immense foule, tint à participer à la célébration des solennités [141]. Enfin, on déduit très clairement l’obligation, remontant à une date ancienne, de jeûner la veille de cette solennité, des déclarations de Notre prédécesseur saint Nicolas Ier, au sujet des principaux jeûnes « que la Sainte Église romaine reçut en tradition et qu’elle observe encore » [142].
20. Vu que la liturgie catholique n’engendre pas la foi catholique, mais plutôt en est la conséquence, et que, comme les fruits d’un arbre, en proviennent les rites du culte sacré, les Saints Pères et les grands Docteurs, à cause de cela même, n’y puisèrent pas cette doctrine comme d’une source première dans les homélies et discours qu’ils adressaient au peuple ; mais ils en parlaient plutôt comme d’une chose déjà connue des fidèles et par eux acceptée. Ils l’ont mise en plus grande lumière. Ils en ont exposé le fait et le sens par des raisons plus profondes, mettant surtout en un jour plus lumineux ce que les livres liturgiques très souvent touchaient brièvement et succinctement : à savoir que cette fête rappelait non seulement qu’il n’y eut aucune corruption du corps inanimé de la Bienheureuse Vierge Marie, mais encore son triomphe remporté sur la mort et sa « glorification » céleste, à l’exemple de son Fils unique Jésus-Christ.
21. C’est pourquoi saint Jean Damascène, qui demeure parmi tant d’autres, le héraut par excellence de cette vérité dans la tradition, lorsqu’il compare l’Assomption corporelle de l’auguste Mère de Dieu avec tous les autres dons et privilèges, proclame avec une puissante éloquence : « Il fallait que Celle qui avait conservé sans tache sa virginité dans l’enfantement, conservât son corps sans corruption même après la mort. Il fallait que Celle qui avait porté le Créateur comme enfant dans son sein, demeurât dans les divins tabernacles. Il fallait que l’Épouse que le Père s’était unie habitât le séjour du ciel. Il fallait que Celle qui avait vu son Fils sur la croix et avait échappé au glaive de douleur en le mettant au monde, l’avait reçu en son sein, le contemplât encore siégeant avec son Père. Il fallait que la Mère de Dieu possédât tout ce qui appartient à son Fils et qu’elle fût honorée par toute créature comme la Mère de Dieu et sa servante » [143].
22. Cette voix de saint Jean Damascène répond fidèlement à celle des autres qui soutiennent la même doctrine. Car on trouve des déclarations non moins claires et exactes dans tous ces discours que les Pères de la même époque ou de la précédente ont tenus généralement à l’occasion de cette fête. C’est pourquoi, pour en venir à d’autres exemples, saint Germain de Constantinople estimait que l’incorruption du corps de la Vierge Marie, Mère de Dieu, et son élévation au ciel, non seulement convenaient à sa maternité divine, mais encore à la sainteté particulière de son corps virginal : « Tu apparais, comme il est écrit, en splendeur ; et ton corps virginal est entièrement saint, entièrement chaste, entièrement la demeure de Dieu ; de sorte que, de ce fait, il est ensuite exempt de tomber en poussière ; transformé dans son humanité en une sublime vie d’incorruptibilité, vivant lui-même et très glorieux, intact, et participant de la vie parfaite » [144]. Un autre écrivain des plus anciens déclare : « A titre donc de très glorieuse Mère du Christ, le Sauveur notre Dieu, Auteur de la vie et de l’immortalité, elle est vivifiée, dans une incorruptibilité éternelle de son corps, par Celui-là même qui l’a ressuscitée du tombeau et l’a élevée jusqu’à lui, comme lui seul la connaît » [145].
23. Comme cette fête liturgique se célébrait chaque jour en plus de lieux et avec une piété plus considérable, les pasteurs de l’Église et les orateurs sacrés, d’un nombre toujours croissant, estimèrent qu’il était de leur devoir d’exposer clairement et ouvertement le mystère que rappelle cette fête et de déclarer qu’il est très lié avec les autres vérités révélées.
24. Parmi les théologiens scolastiques, il n’en manqua pas qui, voulant approfondir les vérités divinement révélées et désirant offrir cet accord parfait qui se trouve entre la raison théologique et la foi catholique, pensèrent qu’il fallait reconnaître que ce privilège de l’Assomption de la Vierge Marie s’accorde d’une façon admirable avec les vérités divines que nous livrent les Saintes Lettres.
25. En partant de là par voie de raisonnement, ils ont présenté des arguments variés qui éclairent ce privilège marial, et le premier, pour ainsi dire, de ces arguments, déclaraient-ils, est le fait que Jésus-Christ, à cause de sa piété à l’égard de sa Mère, a voulu l’élever au ciel. Et la force de ces arguments s’appuyait sur l’incomparable dignité de sa maternité divine et de toutes les grâces qui en découlent, à savoir : sa sainteté insigne qui surpasse la sainteté de tous les hommes et des anges : l’intime union de la Mère avec son Fils, et ce sentiment d’amour privilégié dont le Fils honorait sa très digne Mère.
26. Souvent ainsi, des théologiens et des orateurs sacrés se présentent qui, suivant les traces des Saints Pères [146], pour illustrer leur foi en l’Assomption, usant d’une certaine liberté, rapportent des événements et des paroles qu’ils empruntent aux Saintes Lettres. Pour Nous en tenir à quelques citations qui sont sur ce sujet le plus souvent employées, il y a des orateurs qui citent la parole du psalmiste : « Lève-toi, Seigneur, au lieu de ton repos, toi et l’arche de ta majesté [147] ; et ils envisagent l’« Arche d’alliance » faite de bois incorruptible et placée dans le temple de Dieu, comme une image du corps très pur de la Vierge Marie, gardé exempt de toute corruption du sépulcre et élevé à une telle gloire dans le ciel. De la même façon, en traitant de cette question, ils décrivent la Reine entrant triomphalement dans la cour des cieux et siégeant à la droite du divin Rédempteur [148] ; ainsi ils présentent l’Épouse du Cantique « qui monte du désert comme une colonne de fumée exhalant la myrrhe et l’encens » pour ceindre la couronne [149]. Ils proposent ce qui précède comme des images de cette Reine du ciel, cette Épouse céleste qui, en union avec son Époux divin, est élevée à la cour des cieux.
27. Et de plus, les Docteurs scolastiques, non seulement dans les diverses figures de l’Ancien Testament, mais aussi dans cette Femme revêtue de soleil que contempla l’Apôtre Jean dans l’île de Patmos [150], ont vu l’indication de l’Assomption de la Vierge Mère de Dieu. De même, des passages du Nouveau Testament, ils ont proposé avec un soin particulier à leur considération ces mots : « Salut pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes » [151], alors qu’ils voyaient dans le mystère de l’Assomption le complément de cette surabondante grâce accordée à la Bienheureuse Vierge, et cette bénédiction unique en opposition avec la malédiction d’Ève.
28. C’est pourquoi, au début de la théologie scolastique, cet homme très pieux, Amédée, évêque de Lausanne, affirme que la chair de la Vierge Marie est restée sans corruption — car on ne peut croire que son corps ait vu la corruption — puisqu’il a, en effet, été uni de nouveau à son âme et conjointement avec elle, dans la cour céleste, couronné de la gloire d’En-Haut. « Elle était, en effet, pleine de grâce et bénie entre les femmes » [152]. Seule, elle a mérité de concevoir le vrai Dieu de vrai Dieu, que vierge elle a mis au monde, que vierge, elle a allaité, le pressant sur son sein, et qu’elle a servi en toute chose d’une sainte obéissance [153].
29. Parmi les saints écrivains qui, à cette époque, se sont servis des textes et de diverses similitudes ou analogies des Saintes Écritures pour illustrer ou confirmer la doctrine de l’Assomption, objet d’une pieuse croyance, le Docteur évangélique saint Antoine de Padoue occupe une place à part. C’est lui, en effet, qui, le jour de l’Assomption, expliquait ces paroles du Prophète Isaïe : « Je glorifierai le lieu où reposent mes pieds » [154], affirma d’une façon certaine que le divin Rédempteur a orné de la plus haute gloire sa Mère très chère, dont il avait pris sa chair d’homme. « Par là, vous savez clairement, dit-il, que la Bienheureuse Vierge dans son corps, où fut le lieu où reposèrent les pieds du Seigneur, a été élevée (au ciel). » C’est pourquoi le Psalmiste sacré écrit : « Lève-toi, Seigneur, au lieu de ton repos, toi, et l’arche de ta majesté. » De la même façon, comme il l’affirme lui-même, que Jésus-Christ est ressuscité en triomphant de la mort, et monté à la droite de son Père, ainsi pareillement « est ressuscitée aussi l’Arche de sa sanctification lorsqu’en ce jour, la Vierge Mère a été élevée dans la demeure céleste » [155].
30. Au moyen âge, alors que la théologie scolastique était dans tout son éclat, saint Albert le Grand, après avoir réuni, pour en établir la preuve, divers arguments fondés sur les Saintes Lettres, les textes de la tradition ancienne et enfin la liturgie et le raisonnement théologique, comme on dit, conclut ainsi : « Pour toutes ces raisons, et ces témoignages qui font autorité, il est clair que la Bienheureuse Mère de Dieu a été élevée en âme et en corps au-dessus des chœurs des anges. Et nous croyons que cela est vrai de toutes façons » [156]. Dans le sermon qu’il prononça le saint jour de l’Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie, en expliquant ces paroles de l’Ange la saluant : « Ave, gratia plena »..., le Docteur universel, comparant à Ève la Très Sainte Vierge, soutient clairement et expressément qu’elle fut exempte de la quadruple malédiction qui frappa Ève [157].
31. Le Docteur angélique, à la suite de son remarquable Maître, bien qu’il n’ait jamais traité expressément la question, chaque fois cependant qu’incidemment il y touche, maintient constamment en union avec l’Église catholique que le corps de Marie a été élevé au ciel avec son âme [158].
32. Le Docteur séraphique, entre beaucoup d’autres, se déclare dans le même sens. Pour lui, il est tout à fait certain que Dieu, de la même façon qu’il a gardé Marie, la Très Sainte, exempte de la violation de son intégrité virginale et de sa pureté virginale, soit quand elle a conçu, soit quand elle enfanta, ainsi Dieu n’a pas permis en aucune façon que son corps fût réduit à la corruption ou réduit en cendres [159]. En interprétant ces paroles de la Sainte Écriture et les appliquant en un certain sens accomodatice à la Bienheureuse Vierge : Quae est ista, quae ascendit de deserto, deliciis affluens, innixa super dilectum suum. « Quelle est celle-ci qui monte du désert, pleine de délices, appuyée sur son bien-aimé [160] ? », il raisonne ainsi : « De là encore, il résulte qu’elle s’y trouve en corps... Car, en effet, sa béatitude ne serait pas consommée si elle ne s’y trouvait pas en personne, mais c’est l’union (du corps et de l’âme) qui la constitue ; il est évident qu’en tant que suivant cette union, c’est-à-dire en son corps et en son âme, elle s’y trouve : sans quoi, elle n’aurait pas la jouissance béatifique achevée » [161].
33. A une époque plus tardive de la théologie scolastique, soit au XVe siècle, saint Bernardin de Sienne, reprenant d’une manière générale, et étudiant de nouveau avec soin tout ce que les théologiens du Moyen Age avaient déclaré et discuté sur cette question, ne se contenta pas de rapporter les principales considérations que les docteurs du temps passé avaient proposées, mais il en ajouta de nouvelles. A savoir la ressemblance de la divine Mère et de son divin Fils pour ce qui touche à la noblesse et à la dignité de l’âme et du corps — à cause de cette ressemblance, nous ne pouvons pas même penser que la Reine du Ciel soit séparée du Roi du Ciel — demande que Marie « ne puisse se trouver que là où est le Christ » [162], et, d’autre part, il est conforme à la raison et convenable que de même que pour l’homme, ainsi le corps et l’âme de la femme arrivent à la gloire éternelle dans le ciel ; et, enfin, puisque l’Église n’a jamais recherché les restes de la Bienheureuse Vierge et ne les a jamais proposés au culte du peuple. Il y a là un argument qu’on peut offrir, « comme une preuve sensible » [163].
34. En des temps plus récents, ces déclarations des Saints Pères et Docteurs que nous avons rapportées furent d’un usage commun. Embrassant cette unanimité des chrétiens dans la tradition des siècles antérieurs, saint Robert Bellarmin s’écrie : « Et qui pourrait croire, je vous prie, que l’arche de la sainteté, la demeure du Verbe, le temple de l’Esprit-Saint se soit écroulé ? Mon âme répugne franchement même à penser que cette chair virginale qui a engendré Dieu, lui a donné le jour, l’a allaité, l’a porté, ou soit tombée en cendres ou ait été livrée à la pâture des vers » [164].
35. De la même façon, saint François de Sales, après avoir soutenu qu’on ne peut mettre en doute que Jésus-Christ a accompli à la perfection le commandement divin qui prescrit aux fils d’honorer leurs parents, se pose cette question : « Qui est l’enfant qui ne ressuscitast sa bonne mère s’il pouvoit et ne la mist en paradis après qu’elle seroit décédée [165] ? » Et saint Alphonse écrit : « Jésus n’a pas voulu que le corps de Marie se corrompît après sa mort, car c’eût été un objet de honte pour lui si sa chair virginale était tombée en pourriture, cette chair dont lui-même avait pris la sienne » [166].
36. Mais comme ce mystère, objet de la célébration de cette fête, se trouvait déjà mis en lumière, il ne manqua pas de Docteurs qui, plutôt que de se servir des arguments théologiques qui démontrent qu’il convient absolument et qu’il est logique de croire à l’Assomption au ciel de la Bienheureuse Vierge Marie en son corps, tournaient leur esprit et leur cœur à la foi de l’Église, Épouse mystique du Christ qui n’a ni tache ni ride [167], et que l’Apôtre appelle « la colonne et la base de la vérité » [168] ; appuyés sur cette foi commune, ils pensaient que l’opinion contraire était téméraire pour ne pas dire hérétique. Du moins, saint Pierre Canisius, comme tant d’autres, après avoir déclaré que le mot même d’Assomption signifie « glorification » non seulement de l’âme, mais encore du corps, et que l’Église, déjà au cours de nombreux siècles, vénère et célèbre avec solennité ce mystère marial de l’Assomption, remarque ce qui suit : « Ce sentiment prévaut déjà depuis des siècles ; il est ancré au cœur des pieux fidèles et confié ainsi à toute l’Église. Par conséquent, on ne doit pas supporter d’entendre ceux qui nient que le corps de Marie a été élevé dans le ciel, mais on doit les siffler, à l’occasion, comme des gens trop entêtés, et par ailleurs téméraires, et comme des gens imbus d’un esprit plus hérétique que catholique » [169].
37. A la même époque, le Docteur excellent qui professait cette règle en mariologie que « les mystères de grâce opérés par Dieu dans la Vierge ne doivent pas se mesurer aux règles ordinaires, mais à la toute-puissance divine, étant supposée la convenance de ce dont il s’agit et que cela ne soit pas en contradiction avec les Saintes Écritures ou inconciliable avec le texte sacré » [170], en ce qui concerne le mystère de l’Assomption, fort de la foi commune de l’Église tout entière, il pouvait conclure que ce mystère doit être cru avec la même fermeté d’âme que l’Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, et déjà il affirmait que ces vérités pouvaient être définies.
38. Tous ces arguments et considérations des Saints Pères et des théologiens s’appuient sur les Saintes Lettres comme sur leur premier fondement. Celles-ci nous proposent, comme sous nos yeux, l’auguste Mère de Dieu dans l’union la plus étroite avec son divin Fils et partageant toujours son sort. C’est pourquoi il est impossible de considérer Celle qui a conçu le Christ, l’a mis au monde, nourri de son lait, porté dans ses bras et serré sur son sein, séparée de lui, après cette vie terrestre, sinon dans son âme, du moins dans son corps. Puisque notre Rédempteur est le Fils de Marie, il ne pouvait certainement pas, lui qui fut l’observateur de la loi divine le plus parfait, ne pas honorer, avec son Père éternel, sa Mère très aimée. Or, il pouvait la parer d’un si grand honneur qu’il la garderait exempte de la corruption du tombeau. Il faut donc croire que c’est ce qu’il a fait en réalité.
39. Il faut surtout se souvenir que, depuis le IIe siècle, les Saints Pères proposent la Vierge Marie comme une Ève nouvelle en face du nouvel Adam et, si elle lui est soumise, elle lui est étroitement unie dans cette lutte contre l’ennemi infernal, lutte qui devait, ainsi que l’annonçait le Protévangile [171], aboutir à une complète victoire sur le péché et la mort, qui sont toujours liés l’un à l’autre dans les écrits de l’Apôtre des Nations [172]. C’est pourquoi, de même que la glorieuse Résurrection du Christ fut la partie essentielle de cette victoire et comme son suprême trophée, ainsi le combat commun de la Bienheureuse Vierge et de son Fils devait se terminer par la « glorification » de son corps virginal ; car, comme le dit ce même Apôtre, « lorsque ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la parole qui est écrite : la mort a été engloutie dans sa victoire » [173].
40. C’est pourquoi l’auguste Mère de Dieu, unie de toute éternité à Jésus-Christ, d’une manière mystérieuse, par « un même et unique décret » [174] de prédestination, immaculée dans sa conception, Vierge très pure dans sa divine Maternité, généreuse associée du Divin Rédempteur qui remporta un complet triomphe du péché et de ses suites, a enfin obtenu comme suprême couronnement de ses privilèges d’être gardée intacte de la corruption du sépulcre, en sorte que, comme son Fils, déjà auparavant, après sa victoire sur la mort, elle fut élevée dans son corps et dans son âme, à la gloire suprême du ciel où Reine, elle resplendirait à la droite de son fils, Roi immortel des siècles » [175].
41. Alors, puisque l’Église universelle, en laquelle vit l’Esprit de vérité, cet Esprit qui la dirige infailliblement pour parfaire la connaissance des vérités révélées, a manifesté de multiples façons sa foi au cours des siècles, et puisque les évêques du monde entier, d’un sentiment presque unanime, demandent que soit définie, comme dogme de foi divine et catholique, la vérité de l’Assomption au ciel de la Bienheureuse Vierge Marie — vérité qui s’appuie sur les Saintes Lettres et ancrée profondément dans l’âme des fidèles, approuvée depuis la plus haute antiquité par le culte de l’Église, en parfait accord avec les autres vérités révélées, démontrée et expliquée par l’étude, la science et la sagesse des théologiens, — nous pensons que le moment, fixé par le dessein de Dieu dans sa Providence, est maintenant arrivé où nous devons déclarer solennellement cet insigne privilège de la Vierge Marie.
42. Nous, qui avons confié Notre pontificat au patronage particulier de la Très Sainte Vierge, vers qui Nous Nous réfugions en tant de vicissitudes des plus tristes réalités, Nous qui avons consacré à son Cœur Immaculé le genre humain tout entier en une cérémonie publique, et qui avons éprouvé souvent sa très puissante assistance, Nous avons une entière confiance que cette proclamation et définition solennelle de son Assomption apportera un profit non négligeable à la société humaine, car elle tournera à la gloire de la Très Sainte Trinité à laquelle la Vierge Mère de Dieu est unie par des liens tout particuliers. Il faut, en effet, espérer que tous les fidèles seront portés à une piété plus grande envers leur céleste Mère ; que les âmes de tous ceux qui se glorifient du nom de chrétiens, seront poussées au désir de participer à l’unité du Corps mystique de Jésus-Christ et d’augmenter leur amour envers Celle qui, à l’égard de tous les membres de cet auguste corps, garde un cœur maternel. Et il faut également espérer que ceux qui méditent les glorieux exemples de Marie se persuaderont de plus en plus de quelle grande valeur est la vie humaine si elle est entièrement vouée à l’accomplissement de la volonté du Père céleste et au bien à procurer au prochain ; que, alors que les inventions du « matérialisme » et la corruption des mœurs qui en découle menacent de submerger l’existence de la vertu et, en excitant les guerres, de perdre les vies humaines, sera manifesté le plus clairement possible, en pleine lumière, aux yeux de tous, à quel but sublime sont destinés notre âme et notre, corps ; et enfin que la foi de l’Assomption céleste de Marie dans son corps rendra plus ferme notre foi en notre propre résurrection, et la rendra plus active.
43. Ce Nous est une très grande joie que cet événement solennel arrive, par un dessein de la Providence de Dieu, alors que l’Année Sainte suit son cours, car ainsi nous pouvons, pendant la célébration du très grand Jubilé, orner le front de la Vierge Mère de Dieu de ce brillant joyau et laisser un souvenir plus durable que l’airain de Notre piété très ardente envers la Mère de Dieu.
44. C’est pourquoi, après avoir adressé à Dieu d’incessantes et suppliantes prières, et invoqué les lumières de l’Esprit de vérité, pour la gloire du Dieu Tout-Puissant, qui prodigua sa particulière bienveillance à la Vierge Marie, pour l’honneur de son Fils, Roi immortel des siècles et vainqueur de la mort et du péché, pour accroître la gloire de son auguste Mère et pour la joie et l’exultation de l’Église tout entière, par l’autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul, et par la Nôtre, Nous proclamons, déclarons et définissons que c’est un dogme divinement révélé que Marie, l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste.
45. C’est pourquoi, si quelqu’un — ce qu’à Dieu ne plaise — osait volontairement nier ou mettre en doute ce que Nous avons défini, qu’il sache qu’il a fait complètement défection dans la foi divine et catholique.
46. Et pour que Notre définition de l’Assomption au ciel de la Vierge Marie dans son corps parvienne à la connaissance de l’Église universelle, Nous voulons que Nos lettres apostoliques présentes demeurent pour en perpétuer la mémoire, ordonnant que les copies qui en seront faites, ou même les exemplaires qui en seront imprimés, contresignés de la main d’un notaire public, et munis du sceau d’une personne constituée en dignité ecclésiastique, obtiennent foi absolument auprès de tous, comme le feraient les présentes Lettres elles-mêmes si elles étaient exhibées ou montrées.
47. Qu’il ne soit permis à qui que ce soit de détruire ou d’attaquer ou contredire, par une audacieuse témérité, cet écrit de Notre déclaration, décision et définition. Si quelqu’un avait la présomption d’y attenter, qu’il sache qu’il encourrait l’indignation du Dieu Tout-Puissant et des bienheureux apôtres Pierre et Paul.
48. Donné à Rome, près de Saint-Pierre, l’année du très saint Jubilé mil neuf cent cinquante, le premier novembre, en la fête de tous les Saints, de Notre pontificat la douzième année.
[128] Rom. 8, 28.
[129] Gal. 4, 4.
[130] Cf. Hentrich-Von Moos, Petitiones de Assumptione corporea B. Virginis Mariae in Caelum definienda ad S. Sedem delatae, 2 volumes, Typis Polyglottis Vaticanis, 1942.
[131] Act. 20, 28.
[132] Bulle Ineffabilis Deus, Acta Pii IX, pars 1 , Vol. 1, p. 615.
[133] Concile du Vatican, Constitution Dei Filius, c. 4.
[134] Jean. 14, 26.
[135] Concile du Vatican, Constitution Pastor Aeternus, c. 4.
[136] Ibid., Dei Filius, c. III.
[137] Encyclique Mediator Dei, Acta Apostolicae Sedis, XXXIX, 541.
[138] Sacramentorum Gregorianum.
[139] Menaei Totius Anni.
[140] Liber Pontificalis.
[141] Ibid.
[142] Responsa Nicolai Papae I ad Consulta Bulgarorum.
[143] S. Jean Damascène, Encomium in Dormitionem Dei Genitricis Semperque Virginis Mariae, hom. II, n. 14 ; cf. également ibid., n. 3.
[144] S. Germain de Constantinople, In sanctae Dei Genitricis Dormitionem, sermon I.
[145] Encomium in Dormitionem Sanctissimae Dominae Nostrate Deiparae Semperque Virginis Mariae, attribué à S. Modeste de Jérusalem, n. 14.
[146] Cf. S. Jean Damascène, op. cit., Hom. II, n. 11 ; et aussi l’Encomium attribué à saint Modeste.
[147] Ps. 131, 8.
[148] Ps. 44, 10-14.
[149] Cant. 3, 6 ; cf. 4, 8 ; 6, 9.
[150] Ap. 12, 1 et seq., IV.
[151] Luc. 1, 23
[152] Luc. 1, 28.
[153] Amédée de Lausanne, De Beatae Virginis Obitu, Assumptione in Caelum Exaltatione ad Filii Dexteram.
[154] Is. 61,13.
[155] S. Antoine de Padoue, Sermones dominicales et in solemnitatibus, In Assumptione S. Mariae Virginis sermo.
[156] S. Albert le Grand, Mariale, q. 132.
[157] S. Albert le Grand, Sermones de Sanctis, sermon XV in Annuntiatione B. Mariae ; cf. également Mariale, q. 132.
[158] St. Thomas d’Aquin, Summa Theol., I, lla ; q. 27, a. 1 ; q. 83, a. 5, ad 8 ; Expositio Salutationis Angelicae ; In Symb. Apostolorum Expositio, a. S ; In IV Sent., d. 12, q. 1, a. 3, sol. 3 ; d. 43, q. 1, a. 3, sol. 1, 2.
[159] S. Bonaventure, De Nativitate B. Mariae Virginis, Sermon V.
[160] Cant. 8, 5.
[161] S. Bonaventure, De Assumptione B. Mariae Virginis, sermon 1.
[162] S. Bernardin de Sienne, in Assumptione Beatae Mariae Virginis, sermon 11.
[163] Ibid.
[164] S. Robert Bellarmin, Contiones habitae Lovanii, n. 40, De Assumptione B. Mariae Virginis.
[165] Œuvres de S. François de Sales, sermon pour la fête de l’Assomption.
[166] S. Alphonse de Liguori, Les Gloires de Marie, Part. 2, d. 1.
[167] Eph. 5, 27.
[168] I Tim. 3, 15.
[169] S. Pierre Canisius, De Maria Virgine.
[170] Suarez, In Tertiam Partem D. Thomae, q.27, a. 2, disp. 3, seq. 5, n. 31.
[171] Gen. 3, 15.
[172] Rom. 5-6 ; I Cor. 15, 21-26, 54-57.
[173] I Cor. 15, 54.
[174] Bulle Ineffabilis Deus, doc. cit., p. 599.
[175] I Tim. 1, 17.
SOURCE :
http://www.introibo.fr/Commentaires-liturgiques-de-la,1032
Bref historique de la doctrine de
l'Assomption
La Tradition de l'Église Judéo-chrétienne, avec ses
apocryphes, a évoqué
très vite la fin de la destinée terrestre de Marie. Le texte le plus ancien,
partiellement conservé en grec et plus complètement en éthiopien, est attribué
à un certain Leucio, disciple de saint Jean. Mais cette tradition est
passée sous silence dans les quatre premiers siècles de l'histoire de l'Église.
C'est seulement au V° et VI° siècle, que ces récits apocryphes connaissent une
diffusion extraordinaire.
Saint Ephrem († 373) exprime déjà l'idée que le corps de Marie n'a pas
connu la corruption après la mort.
Epiphane, évêque de
Salamine, dans une lettre adressée aux chrétiens de l'Arabie en 377, pose la
question théologique de la mort de Marie.
« En effet l'Écriture se situe
au-dessus de l'esprit humain et elle a laissé dans l'incertitude l'événement
par respect envers cette vierge incomparable, pour couper court à toute pensée
vulgaire et charnelle dans son égard. Nous ignorons si elle est morte ou si
elle a été enterrée. »[1]
Pour lui, on ne sait pas comment Marie
est morte, ni où c'est son corps.
Epiphane était palestinien, il n'est pas
possible qu'il ignorât toute la littérature apocryphe mais pour lui, elle n'a
pas de valeur.
D'autres pères de l'Eglise retiennent
quelques éléments des récits apocryphes.
Le patriarche
d'Alexandrie Théodose († 566) nous renseigne sur une
double célébration : une fête pour commémorer la mort de la Vierge était
célébrée le 16 janvier, et le 9 Août était célébré la fête de sa résurrection[2]. Théodose met un intervalle de 206 jours
donc entre les deux événements, en éludant le problème de la corruption. La
résurrection corporelle est la conséquence de sa maternité divine. Au ciel, la
Vierge intercède.
La fête liturgique qui commémore le
départ de la Vierge de ce monde a été fixée, pour l'église de Constantinople,
le 15 Août, par un décret de l'empereur Maurice en l'an 600, avec la
dénomination de Koimesis (Dormizione).
Vers l'an 600, l'empereur Maurice décréta que serait célébrée le 15 août « la Dormition de
Sainte Marie » dans tout l'empire, avec la plus haute révérence en observant
tout le repos festif.
Qui dit liturgie, dit aussi homélie.
L'homélie de Théotecno sur l'Assomption de Marie au ciel constitue une des
premières, sinon la première homélie composée pour ce mystère, vers l'an 600.
Il exhorte à la joie et au chant pour célébrer "cette fête des fêtes,
l'Assomption de la toujours vierge"
[3]. Parce qu'il était opportun que le corps
qui a porté Dieu et fut le réceptacle divinisé, incorruptible, éclairé par la
lumière divine, fût élevé dans la gloire avec l'âme agréable à Dieu".
[4]
A
Constantinople, en imitant les liturgies de Jérusalem,
deux sanctuaires, aujourd'hui détruits commémorent la mort et l'Assomption de
Marie : Chalkoprateia
et surtout Blacherne avec
la source miraculeuse, les icônes, entre autre la Blachernitissa appelé
aujourd'hui la Vierge du Signe et les traditions des reliques (qui remontent au
VII° et VIII° siècle).
En Occident,
le pape Grégoire le Grand (540-604), dans son sacramentaire,
présente un formulaire liturgique de la « fête où la sainte Mère de Dieu a
subi la mort temporelle, sans cependant connaître l'humiliation de l'esclavage
de la mort », parce que Dieu l'a exaltée au-dessus des anges.
Dans le
Missel gothique-gallican, du VI-VII° siècle, le
jour de l'Assomption est un « sacrement [= un mystère] qui n'est pas
explicable », et il est « à honorer plus que les autres jours »,
parce que « la Vierge Mère de Dieu a émigré du monde au Christ. Elle n'a
pas été contaminée par la corruption et elle n'a pas subi l'esclavage du
sépulcre. »
L'âge d'or de la réflexion se situe au 8° siècle, avec notamment saint Germain de Constantinople († 733). Le
ton très serein de toutes ces homélies, montre que la réflexion doctrinale
s'est déroulée sans heurts, dans la joie de la fête liturgique.
Pendant des siècles, l'Eglise vit cette foi à travers la
liturgie.
Le dogme catholique
L'Eglise catholique romaine, dans un acte de louange envers
Dieu, promulgue le dogme de l'Assomption le 1° novembre 1950, jour de
Toussaint, signe que l'Assomption de Marie est une espérance pour la destinée
de tous.
[1]
Panarion, Haer. 78,11
[2]
Cf. M. Chaine, Sermon de Théodose, patriarche d'Alexandrie, sur la dormition et
l'assomption de la Vierge, « Revue de l'Orient Chrétien » 29
(1933-1934),273-313. (texte copte et texte français). Il existe une version
arabe : Vatic. Arabo 698.
[3]
Homélie sur l'Assomption de la Sainte Mère de Dieu, 31
Faculté théologique pontificale
"Marianum", Rome
La mort de Marie selon les pères de l’Eglise
Nombreux sont les pères de l'Eglise qui font une référence
explicite à la mort de Marie ; les
motivations qui sont alléguées sont toutes de convenance :
Marie est morte à cause de sa nature humaine
[1],en tant que descendante d'Adam
[2] elle suit,
elle aussi, les lois de la nature
[3],elle est morte parce que le Christ aussi est mort selon la chair
[4], et parce
qu'elle a aussi bu le calice
[5].
D'autre part, ces affirmations sont considérablement adoucies ou réduites.
La mort naturelle de Marie ne comporte pas - comme pour toute l'humanité -
un esclavage, mais elle consiste presque dans un sommeil extatique, semblable
au sommeil d'Adam quand de son côté Ève a été formée
[6].
Il ne faudrait donc pas appeler son départ du monde une « mort »,
mais il est plus logique de le définir « dormition » ou
« passage » ou plutôt une « entrée dans la demeure de
Dieu »: en effet, elle entre dans une condition meilleure
[7],
il
s'agit d'un sommeil bienheureux[8]
d'un passage glorieux de la terre au ciel[9].
[1] Germain de
Constantinople, deuxième discours sur la dormition
[2] s.
Augustin, Explication du Psaume 34,2.3
[3] Andrée de
Crète, Sermon sur la dormition
[4] Jean
Damascène, 2e homélie sur la dormition 10
[5]
Jacques de Sarug, sermon sur le passage
[6]
André de Crète, sermon sur la dormition
[7]
Jean Damascène, 1e Homélie sur la dormition, 10
[8]
Modeste de Jérusalem, Homélie (louange) sur la dormition, 7
[9]
Germain de Constantinople, 1e discours sur la dormition
L’incorruptibilité du corps
de Marie selon les pères de l'Eglise
Le corps de Marie n'a pas connu la décomposition et il n'a
pas été réduit en poussière.
Le premier argument est le
mystère de l'incarnation, thème répété
avec une fréquence considérable. Le corps de Marie est incorruptible parce que
durant sa vie terrestre il a accueilli le corps du Christ
[1], parce qu'il a été "temple vivant du
Fils unique de Dieu"
[2], parce qu'elle a reçu la vie
[3].
Le second argument se
rattache au mystère de la virginité dans la conception et l'enfantement. En effet, « comment peut-elle supporter la sépulture
celle qui n'a pas connu le rapport viril?»
[4]. De même que l'utérus de Marie est resté
intègre lors de l'accouchement, de la même façon, sa chair ne s'est pas
dissolue lors de sa mort. Elle a échappé à la corruption de l'accouchement et
le sépulcre ne l'a pas accueilli dans l'extrême corruption de la mort
[5].
Le troisième argument est
déduit du rôle de Marie dans l'œuvre de la rédemption réalisée par le Christ. « En effet, comment ta chair pouvait-elle se dissoudre
en cendre et se réduire en poussière, alors que tu avais libéré le genre humain
de la corruption de la mort, par l'incarnation de celui qui est né de toi?»
[6]
[1] Modeste
de Jérusalem, Homélie (louange) sur la dormition, 7
[2] Germain
de Constantinople, 1
e Discours
sur la dormition
[3] Germain
de Constantinople, 2
e discours
sur la dormition
[4] Giovanni
Damasceno, canon sur la dormition, 4
[5] André
de Crète, 2
e Sermon
sur la dormition
[6] Germain
de Constantinople, 1
e discours
sur la dormition
Marie dans la gloire de Dieu
La condition
post-temporelle de Marie est vue par les pères de l'Eglise comme
une élévation dans la gloire du Seigneur :
- « Le Christ notre Dieu a établi et
fixé, en conformité au consentement de son Père et de l'Esprit Saint de faire
monter auprès de lui sa mère pour qu'elle soit avec lui exaltée dans la gloire.
» [1]
- Libre de la corruption, le Fils l'a
assumée auprès de lui[2].
- Le Christ l'a appelée au siège de la
béatitude[3].
- « Ton âme assurément n'est pas
descendue dans l'Hadès mais bien plus, ta chair elle-même "n'a pas vu la
corruption"[4] Ton corps
sans souillure et très pur ne fut pas abandonné à la terre : mais aux demeures
royales des cieux tu fus emportée, toi, la reine, la souveraine, la maîtresse,
la Mère de Dieu, la vraie Théotokos. »[5]
Pendant que
Marie est transférée dans la gloire le cosmos est bouleversé
:
« Qu'advient-il alors ? Je suppose les
éléments ébranlés et bouleversés, des voix, des rumeurs, des fracas (...) Alors
les maladies étaient en fuite, les bandes de démons en déroute, de partout
refoulées aux demeures souterraines. L'air, l'éther, le ciel étaient sanctifiés
par la montée de l'esprit, la terre par la déposition du corps. (...) Dans la
langue des anges, un hymne se fait entendre, tel qu'ils peuvent le moduler,
tandis que les Apôtres et les Pères tout remplis de Dieu chantent des cantiques
divins composés par l'Esprit »[6]
N.B. Pour rendre plus compréhensible
l'Assomption de Marie dans la gloire, les pères de l'Eglise prendront la figure
d'Elie ou celle de l'arche d'Alliance.
[1] Modeste de
Jérusalem, Homélie (louange) sur la dormition, 2
[2] Germain de
Constantinople, 1e discours sur la dormition
[3] Modeste de
Jérusalem, Homélie (louange) sur la dormition, 10
[4] Act. 2,31.
Cf. Ps. 16,10. Application à la Théotokos de ce qui est dit de son Fils,
préservé de la corruption.
[5] Saint Jean
Damascène, sur la dormition I,12, in sources chrétiennes 80, par P.VOULET,
Cerf, Paris, 1961, p. 117.
[6] Saint Jean
Damascène, sur la dormition II,11, in sources chrétiennes 80, par P.VOULET,
Cerf, Paris, 1961, p. 151-153
Le ‘Transitus Virginis’ ou ‘Dormitio Mariae’
Contenu
Le 'Transitus Virginis' ou
'Dormitio Mariae' est un document
[1] qui
présente les derniers instants de la vie terrestre de Marie et se préoccupe de
faire pressentir au lecteur que dans le cas de Marie le corps ne subit pas les
effets de la décomposition du sépulcre, mais il fut porté au ciel.
Datation
Le texte le plus ancien,
partiellement conservé en grec et plus complètement en éthiopien, est attribué
à un certain Leucio, disciple de saint Jean.
La composition dans la forme
actuelle remonte au
IV-V°
siècle. Mais dans ce document « sont conservés des informations
et des formes littéraires Judéo-chrétiennes, plus évidentes dans le code
Vatican grec 1892, qui autorisent l'hypothèse d'un
archétype datant des II ou III° siècle.
[2]. Le spécialiste B. Bagatti qui a beaucoup
approfondi ce document en lien aussi avec les découvertes archéologiques
affirme que sa rédaction primitive doit être datée à une période très
antérieure au IV° siècle
[3].
Harmonie avec l'archéologie
Ce qui frappe beaucoup dans ce
document c'est la coïncidence surprenante avec les données offertes par les
découvertes archéologiques : les trois chambres sépulcrales mises au jour
par les fouilles correspondent aux trois chambres décrites dans la version
syrienne du document.
Importance
Ce document n'a pas eu de chance
auprès des Pères des quatre premiers siècles parce qu'il provenait de l'église
Judéo-chrétienne qui avait une activité séparée des chrétiens d'origine
païenne. On ne doit oublier que l'Église Judéo-chrétienne fut considérée comme
schismatique pendant les premiers siècles de l'Église
[4].
Le message fondamental du
pseudo-épigraphe remontant au II-III° siècle, maintenant perdu, mais
substantiellement présent dans les codes du IV-V° siècle devait être
celui-ci : le corps de Marie Vierge Mère du Seigneur ne se décomposa pas,
mais il suivit le sort de son Fils.
Si cette hypothèse d'étude
correspond au déroulement réel des faits, alors nous pouvons conclure que la
foi de l'Église dans l'Assomption corporelle de Marie au ciel rentre dans une
tradition ininterrompue et vivante même si l'événement est enveloppé dans le
voile du mystère.
[1] cf B.
BAGATTI, Le due redazioni del "Transitus Mariae", in
«Marianum» 32 (1970), 279-287; E. PERETTO, o.c., 112-113.
[2] Cf.
A. WENGER, L'Assomption de la T. S. Vierge dans la tradition
byzantine, du VIe au Xe siècle, études et documents, p. 209-241; B.
BAGATTI, S. Pietro nella "Dormitio Mariae", in «Bibbia e
Oriente» 13 (1971), 42-49.
[3] B.
BAGATTI, Le due redazioni del "Transitus Mariae", o.c., 287.
[4] Cf. G.
BESUTTI, Ricerche storiche sull'Assunzione di Maria, in «Riparazione
Mariana» 1978/4, 5-6.
Les Églises syro-occidentales et syro-orientales célèbrent la fête du
"Shunoyo" : l'Assomption, la Dormition et la migration de Marie.
C'est "la grande solennité", ou la "fête divine". On s'y
prépare par un jeûne (5 jours chez les Nestoriens) et on prolonge la fête pendant
8 jours.
L’existence de la fête de l'Assomption est postérieure à saint Ephrem de
plusieurs siècles.
Cependant, saint Ephrem avait déjà chanté l’événement de l’Assomption de
la Vierge Marie.
Son hymne est
traditionnel dans la liturgie syrienne (hymnes à Marie pour la liturgie des heures,
n° 16) :
Le corps de Marie est
resté vierge après l’enfantement, ce corps ne connaît pas la corruption après
la mort.
Elle est celle qui a
porté le Créateur devenu enfant dans son sein, qu’elle habite désormais dans
les demeures divines, et que l’épouse de Dieu entre dans la maison du ciel.
Elle a vu son propre
fils en croix, et reçu dans son corps la douleur qu’elle n’a pas soufferte
durant l’enfantement. Elle le contemple siégeant à la droite du Père, et elle
ne connaît pas la corruption après la mort. […]
Qu’elle soit honorée
par toutes les créatures comme la mère et la servante de Dieu.
Cet hymne de saint Ephrem est présenté par :
La ceinture ou le maphorion de la Vierge
Les traditions relatives à la ceinture ou au maphorion de la Vierge
remontent au VII° et VIII° siècle, l'âge d'or de la réflexion sur l'Assomption
de Marie.
La trame du récit.
La Vierge en train de monter au
ciel apparut à saint Thomas. Elle le salua et, à la demande de l'apôtre, laissa
choir sa ceinture (ou son « maphorion », manteau) comme preuve de son
Assomption.
Les premières sources.
Les premiers récits de cet épisode
datent du VII° et VIII° siècle, et sont obscurs. Le fait est signalé pour la
première fois dans un tropaire de Maxime le Confesseur (580-662)
[1]. Il est mentionné dans le
Transitus Mariae du Pseudo-Joseph d'Arimathie
[2]. Il l'est également au chapitre 4 du
Livre arabe du passage de la
Bienheureuse Vierge Marie, ou
Dormitio arabe dite des « Six Livres ».
Un discours anonyme
[3] évoque
l'invention et la déposition de la ceinture de la Vierge.
Les sanctuaires et la
liturgie de Constantinople.
Germain, patriarche de
Constantinople (715 à 729), évoque les « langes de Jésus » et la ceinture de la
Vierge dans son discours sur les reliques de l'église des Chalcopratia
[4].
Euthyme de Constantinople,
patriarche de 907 à 912, évoque la fête de la ceinture de Marie, déposée,
indique-t-il, dans la châsse sous le règne d'Arcadius, empereur de 395 à 408,
selon une inscription trouvée dans la châsse.
Autour de l'an mil, plusieurs
textes font mention de la « ceinture » de Marie : le Synaxaire de Constantinople (Xe siècle), et le Ménologe de Basile II le
Bulgaroctone, empereur de 963-1025 (PG, t. CXVII, col. 613),
selon lequel la relique aurait été trouvée chez une femme pieuse de Jérusalem
puis conservée dans l'église des Chalcopratia à Constantinople où l'on
célébrait la fête de la « Déposition de la relique de la ceinture de Marie ».
L'Occident a reprend cette
tradition.
Depuis le XIII° siècle est
conservée dans la cathédrale de Prato (Italie, Toscane) une « ceinture de la
Vierge ». Jacques de Voragine (archevêque de Gênes † 1298) a repris les récits
orientaux dans sa Légende
dorée (sans distance
critique).
[1] En
géorgien, S. Mimouni, Dormition et Assomption de Marie. Histoire des
traditions anciennes, Paris, Beauchesne, 1995, 624-628, p. 625
[2] Vatican
lat. 4363, BHL 5348- 5350
[3] Publié par
F. Combefils, Bibliothecae Patrum Novum Auctuarium, t. II, Paris,
1648, col. 789-804
[4] BHG 1086
et PG, t. XCVIII, col. 372-384
On pourra lire aussi :
G. Bianchini, Notizie istoriche
della SS. Cintura di Maria Vergine, Prato, 1766, 30-34 ; T. Casini, La
Sacra Cintura, Prato, 1954 ;
F. Piccardi, Il S. Cingolo Mariano
in Prato fino alla Traslazione del 1395, Prato, 1895 et rééd., 1937.
L. Réau, Iconographie de l'art
chrétien, t. II/2, Paris, 1957, 61-63.
Patrick Sbalchiero, article « Thomas (apôtre) »,
dans : René Laurentin et Patrick Sbalchiero,
Dictionnaire
encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos
jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard,
Paris 2007.
L'ASSOMPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE
Un livre apocryphe, attribué à saint Jean l'évangéliste,
nous apprend les circonstances de l'Assomption de la bienheureuse vierge Marie.
Tandis que les apôtres parcouraient les différentes parties du monde pour y
prêcher, la bienheureuse Vierge resta, dit-on, dans une maison près
de la montagne de Sion. Elle visita, tant qu'elle vécut, avec une grande
dévotion, tous les endroits qui lui rappelaient son Fils, comme les lieux
témoins de son baptême, de son jeûne, de sa prière, de sa passion, de sa
sépulture, de sa résurrection et de son ascension, et d'après Epiphane, elle
survécut de vingt-quatre ans à l'ascension de son Fils. Il rapporte donc que la
Sainte Vierge était âgée de quatorze ans quand elle conçut J. C., qu'elle le
mit au monde à quinze, et qu'elle vécut avec lui trente-trois ans, et
vingt-quatre autres après la mort de J.-C. D'après cela, elle avait
soixante-douze ans quand elle mourut. Toutefois ce qu'on lit ailleurs parait
plus probable, savoir, qu'elle survécut de douze ans à son Fils, et qu'elle
était sexagénaire, lors de son assomption, puisque les apôtres employèrent
douze ans à prêcher dans la Judée et les pays d'alentour, selon le récit de l'Histoire
ecclésiastique. Or, un jour que le coeur de la Vierge était fortement embrasé
du regret de son Fils, son esprit enflammé s'émeut et elle répand une grande
abondance de larmes. Comme elle ne pouvait facilement se consoler de la perte
de ce fils qui lui avait été soustrait pour un temps, voici que lui
apparut, environné d'une grande lumière, un ange qui la salua en ces termes,
avec révérence, comme la mère du Seigneur : « Salut, Marie qui êtes bénie ;
recevez la bénédiction de celui quia donné le salut à Jacob. Or, voici une
branche de palmier que je vous ai apportée du paradis comme à ma dame; vous la
ferez porter devant le cercueil; car dans trois jours, vous serez enlevée de
votre corps ; votre Fils attend sa révérende mère. » Marie lui répondit : « Si
j'ai trouvé grâce devant vos yeux, je vous conjure de daigner me révéler votre
nom. Mais ce que je demande plus instamment encore, c'est que mes fils et
frères les apôtres soient réunis auprès de moi, afin de les voir des yeux du
corps, avant que je meure, et d'être ensevelie par eux après que j'aurai rendu
en leur présence mon esprit au Seigneur. Il est encore une autre chose que je
réclame avec instance, c'est que mon âme, en sortant du corps, ne voie aucun
mauvais esprit, et que pas une des puissances de Satan ne se présente sur mon
passage. » L'ange lui dit : « Pourquoi, ô dame, désirez-vous savoir mon nom qui
est admirable et grand ? Quant aux apôtres, ils viendront tous et seront réunis
auprès de vous; ils feront de magnifiques funérailles lors de votre trépas qui
aura lieu en leur présence. Car celui qui autrefois a porté en un clin d'oeil,
par un cheveu, le prophète de la Judée à Babylone, celui-là assurément pourra
en un instant amener les apôtres auprès de vous. Mais pourquoi craignez-vous de
voir l'esprit malin, puisque vous lui avez entièrement brisé la tête et que
vous l'avez dépouillé de toute sa puissance ? soit faite cependant votre
volonté, afin que vous ne les voyiez pas. » Après avoir dit ces mots, l'ange
monta aux cieux au milieu d'une grande lumière. Or, cette palme resplendissait
d'un très grand éclat, et par sa verdure elle était en tout semblable à une
branche; mais ses feuilles brillaient comme 1'étoile du matin. Or, il arriva
que, comme Jean était à prêcher à Ephèse, un coup de tonnerre éclata tout à
coup, et une nuée blanche l'enleva, et l'apporta devant la porte de Marie. Il
frappa, entra dans l'intérieur de la maison, et avec grande révérence, l'apôtre
vierge salua la Vierge. L'heureuse Marie en le voyant fut saisie d'une grande
crainte et ne put retenir ses larmes, tant elle éprouva de joie. Alors elle lui
dit: « Jean, mon fils, aie souvenance des paroles de ton maître, quand
il m'a confiée à toi comme un fils, et quand il t'a confié à moi
comme à une mère. Me voici appelée par le Seigneur à payer le tribut à la
condition humaine, et je te recommande d'avoir un soin particulier de mon
corps. J'ai appris que les Juifs s'étaient réunis et avaient dit : « Attendons,
concitoyens et frères, attendons jusqu'au moment où celle qui a porté « Jésus
subira la mort, aussitôt nous ravirons son corps « et nous le jetterons pour
être la pâture du feu. » Tu feras porter alors cette palme devant mon cercueil,
lorsque vous porterez -mon corps au tombeau. » Et Jean dit : « Oh ! plût à
Dieu que tous les apôtres mes frères fussent ici, afin de pouvoir célébrer
convenablement vos obsèques et vous rendre les honneurs dont vous êtes digne. »
Pendant qu'il parlait ainsi, tous les apôtres sont enlevés sur des nuées, des
endroits où ils: prêchaient et sont déposés devant la porte de Marie. En se
voyant réunis tous au même lieu, ils étaient remplis d'admiration : « Quelle
est, se disaient-ils, la cause pour laquelle le Seigneur nous a rassemblés ici
en même temps? » Alors Jean sortit et vint les trouver pour les prévenir que
leur dame allait trépasser ; puis il ajouta: « Mes frères, quand elle sera
morte, que personne ne la pleure, de crainte que le peuple témoin de cela ne se
trouble et dise : « Voyez comme, ils craignent la mort, ces hommes qui prêchent
aux autres la résurrection. »
Denys, disciple de saint Paul, raconte les mêmes faits
dans son livre des Noms divins (ch. III). Il dit qu'à la mort de la
Vierge, les apôtres furent réunis et y assistèrent ensemble; ensuite que chacun
d'eux fit un discours en l'honneur de J.-C. et de la Vierge. Et voici comme il
s'exprime 'en parlant à Timothée : « Tu as appris que nous et beaucoup de
saints qui sont nos frères, nous nous réunîmes pour voir le corps qui a produit
la vie et porté Dieu. Or, se trouvaient là Jacques, le frère du Seigneur, et
Pierre, coryphée et chef suprême des théologiens. Ensuite il parut convenable
que toutes les hiérarchies célébrassent, chacune selon son pouvoir, la bonté
toute-puissante de Dieu qui s'était revêtu de notre infirmité. » Quand donc la
bienheureuse Marie eut vu tous les apôtres rassemblés, elle bénit le Seigneur,
et s'assit au milieu d'eux, après qu'on eut allumé des lampes et des flambeaux.
Or, vers la troisième heure de la nuit, Jésus arriva avec les anges, l'assemblée
des patriarches, la troupe des martyrs, l'armée des confesseurs et les choeurs
des vierges. Tous se rangent devant le trône de la Vierge et chantent à l'envi
de doux cantiques. On apprend dans le livre attribué à saint Jean quelles ont
été les funérailles qui furent alors célébrées. Jésus commença le premier et
dit : « Venez, vous que j'ai choisie, et je vous placerai sur mon trône parce
que j'ai désiré votre beauté. » Et Marie répondit : « Mon coeur est prêt,
Seigneur, mon coeur est prêt. » Alors taus ceux qui étaient venus avec Jésus
entonnèrent ces paroles avec douceur : « C'est elle qui a conservé sa couche
pure et sans tache; elle recevra la récompense qui appartient aux âmes saintes.
» Ensuite la Vierge chanta en disant d'elle-même : « Toutes les
nations m'appelleront bienheureuse ; car le Tout-Puissant a fait de
grandes choses en ma faveur : et son nom est saint. » Enfin le chantre donna le
ton à tous en prenant plus haut: « Venez du Liban, mon épouse, venez du Liban,
vous serez couronnée. » Et Marie reprit : « Me voici, je viens; car il est
écrit de moi dans tout le livre de la loi : que je ferais votre volonté, ô mon
Dieu; parce que mon esprit est ravi de joie en Dieu mon Sauveur. » C'est ainsi que
l'âme de Marie sortit de son corps et s'envola dans les bras de son
Fils. Elle fut affranchie de la douleur de la chair, comme elle avait été
exempte de la corruption. Et le Seigneur dit aux apôtres
Portez le corps de la Vierge-Mère dans la vallée de Josaphat
et renfermez-le dans un sépulcre neuf que vous y trouverez. Après quoi, pendant
trois jours, vous m'attendrez jusqu'à ce que je vienne. » Aussitôt
les fleurs des roses l'environnèrent; c'était l'assemblée des martyrs, puis les
lys des vallées qui sont les compagnies des anges; des confesseurs et des
vierges. Les apôtres se mirent à s'écrier en s'adressant à elle: « Vierge
pleine de prudence, où dirigez-vous vos pas? Souvenez-vous de nous, ô notre
Dame! » Alors les choeurs de ceux qui étaient restés au ciel, en entendant le
concert de ceux qui montaient, furent remplis d'admiration et s'avancèrent à
leur rencontre; à la vue de leur roi portant dans ses bras l'âme d'une femme
qui s'appuyait sur lui, ils furent stupéfaits et se mirent à crier : «
Quelle est celle-ci qui monte du désert, remplie de délices, appuyée sur son
bien-aimé ? » Ceux qui l'accompagnaient leur répondirent : « C'est celle qui
est belle au-dessus des filles de Jérusalem. Vous l'avez déjà vue pleine de
charité et d'amour. » Ainsi fut-elle reçue toute pleine de joie dans le ciel et
placée à la droite de son Fils sur un trône de gloire. Quant aux apôtres ils
virent son âme éclatant d'une telle blancheur qu'aucune langue humaine ne le
pourrait raconter.
Trois vierges qui se trouvaient là, dépouillèrent le
corps de Marie pour le laver. Aussitôt ce corps resplendit d'une si grande
clarté qu'on pouvait bien le toucher, mais qu'il était impossible de le voir :
cette lumière brilla jusqu'à ce que le corps eût été entièrement lavé par les
vierges. Alors les apôtres prirent ce saint corps avec révérence et le
placèrent sur un brancard. Et Jean dit à Pierre : « Pierre, vous porterez cette
palme devant le brancard; car le Seigneur vous a mis à notre tête et vous a
ordonné le pasteur et le prince de ses brebis. » Pierre lui répondit : « C'est
plutôt à vous à la porter ; vous avez été élu vierge par le Seigneur, et il est
digne que celui qui est vierge porte la palme' d'une vierge. Vous avez eu l'honneur
de reposer sur la poitrine du Seigneur, et vous y avez puisé plus que les
autres des torrents de sagesse et de grâce, il paraît juste qu'ayant reçu plus
de dons du Fils, vous rendiez plus d'honneur à la Vierge. Vous donc, devez
porter cette. palme de lumière aux obsèques de la sainteté, puisque vous vous
êtes enivré à la coupe de la lumière, de la source de l'éternelle clarté. Pour
moi, je porterai ce saint corps avec le brancard et nos autres frères qui
seront à l'entour célébreront la gloire de Dieu. » Alors Paul dit: « Et moi qui
suis le plus petit d'entre vous tous, je, le porterai avec vous. » C'est
pourquoi Pierre et Paul enlevèrent la bière ; Pierre se mit à
chanter : « Israël sortit de l'Egypte, alleluia. » Puis les autres apôtres
continuèrent ce chant doucement. Or, le Seigneur enveloppa d'un nuage le
brancard et les apôtres, en sorte qu'on ne voyait rien, seulement on les
entendait chanter. Des anges aussi unirent leurs voix à celle des apôtres et
remplirent toute la terre d'une mélodie pleine de suavité. Tous les habitants
furent réveillés par ces doux sons et cette mélodie : ils se précipitèrent hors
de la ville en demandant avec empressement ce qu'il y avait. Les uns dirent : «
Ce sont les disciples de Jésus qui portent Marie décédée. C'est autour d'elle
qu'ils chantent cette mélodie que vous entendez. » Aussitôt ils courent aux
armes, et s'excitent les uns les autres en disant : « Venez, tuons tous les
disciples et livrons au feu ce corps qui a porté ce séducteur. » Or, le prince
des prêtres, en voyant cela, fut stupéfait et il dit avec colère: « Voici le
tabernacle de celui qui a jeté le trouble parmi nous et dans notre race. Quelle
gloire il reçoit en ce moment ! » Or, en parlant ainsi il leva les mains vers
le lit funèbre avec la volonté de le renverser et de, le jeter par terre. Mais
aussitôt ses mains se séchèrent et s'attachèrent au brancard, en sorte qu'il y
était suspendu : il poussait des hurlements lamentables, tant ses douleurs
étaient atroces, Le reste du peuple fut frappé d'aveuglement par les anges qui
étaient dans la nuée. Quant au prince des prêtres, il criait en disant : «
Saint-Pierre, ne m'abandonnez pas dans la tribulation où je me
trouve; mais je vous en conjure, priez pour moi, car vous devez vous rappeler
qu'autrefois je vous suis venu en aide et, que je vous ai excusé lors de l'accusation
de la servante. » Pierre lui répondit : « Nous sommes retenus par les
funérailles de Notre-Dame et nous ne pouvons nous occuper de votre guérison :
néanmoins si vous vouliez croire eu Notre-Seigneur J.-C. et en celle qui l'a
engendré et qui l'a porté, j'ai lieu d'espérer que vous pourriez être guéri de
suite. » Il répondit : « Je crois que le Seigneur Jésus est vraiment le Fils de
Dieu que voilà sa très sainte mère. » A l'instant ses mains se détachèrent du
cercueil ; cependant ses bras restaient desséchés et la douleur violente ne
disparaissait pas. Alors Pierre lui dit : «Baisez le cercueil et dites : «
Je crois en Dieu Jésus-Christ que celle-ci a porté dans ses entrailles tout en
restant vierge après l'enfantement. »Quand il l'eut fait, il fut incontinent
guéri. Alors Pierre lui; dit : « Prenez cette palme des mains de notre frère
Jean et vous la placerez sur ce peuple aveuglé quiconque voudra croire
recouvrera la vue; mais celui qui ne voudra pas croire ne verra plus jamais. »
Or; les apôtres qui portaient Marie la mirent dans le tombeau, autour duquel
ils s'assirent, ainsi que le Seigneur lavait ordonné. Le troisième jour, Jésus
arriva avec une multitude d'anges et les salua en disant: « La paix soit avec
vous. » Ils répondirent: « Gloire à vous, ô Dieu, qui seul faites des prodiges
étonnants. » Et le Seigneur dit aux apôtres: « Quelle grâce et quel, honneur
vous semble-t-il que je doive conférer aujourd'hui à ma mère ? » « Il paraît
juste, Seigneur, répondirent-ils, à vos serviteurs que, comme vous qui régnez
dans les siècles après avoir vaincu la mort, vous ressuscitiez, ô Jésus, le
corps de votre mère et que vous le placiez à votre droite pour l'éternité. » Et
il l'octroya: alors l'archange Michel se présenta aussitôt et présenta l'âme de
Marie devant le Seigneur. Le Sauveur lui parla ainsi: « Levez-vous, ma mère;
ma. colombe, tabernacle de gloire, vase de vie, temple céleste; et de même que,
lors de ma conception, vous n'avez pas été souillée par la tache du crime, de
même, dans le sépulcre, vous ne subirez aucune dissolution du corps. » Et
aussitôt l'âme de Marie s'approcha de son corps qui sortit glorieux du tombeau.
Ce fut ainsi qu'elle fut enlevée au palais céleste dans la compagnie d'une
multitude d'anges. Or, Thomas n'était pas là, et quand il vint, il ne voulut
pas croire, quand tout à coup, tomba de l'air la ceinture qui entourait la
sainte Vierge; il la reçut tout entière afin qu'il comprît ainsi qu'elle était
montée tout entière au ciel.
Ce qui vient d'être raconté est apocryphe en tout
point; et voici ce qu'en dit saint Jérôme dans sa lettre, ou autrement dit, son
discours à Paul et à Eustochium : « On doit regarder ce libelle comme
entièrement apocryphe, à l'exception de quelques détails dignes de croyance,
paraissant jouir de l'approbation de saints personnages et qui sont au nombre
de neuf, savoir : que toute espèce de consolation a été promise et accordée à
la Vierge; que les apôtres furent tous réunis; qu'elle trépassa sans douleur ;
qu'on disposa sa sépulture dans la vallée de Josaphat ; que ses funérailles se
firent avec dévotion ; que J.-C. et toute la cour céleste vint au-devant
d'elle; que les Juifs l'insultèrent; qu'il éclata dès miracles en toute
circonstance convenable; enfin qu'elle fut enlevée en corps et en âme. Mais il
y a, dans ce récit, beaucoup de circonstances controuvées et qui s'éloignent de
la vérité, comme par exemple, l'absence et l'incrédulité de saint. Thomas, et
autres semblables, qu'il faut rejeter et taire. On dit que les vêtements de la
sainte Vierge restèrent dans son tombeau pour servir de consolation
aux fidèles, et qu'une partie opéra le miracle qui suit : Lors du siège de la
ville de Chartres par un général normand, l'évêque de cette ville attacha à une
lance, en forme de drapeau, la tunique de la sainte Vierge, qui s'y conserve,
et suivi de tout le peuple, il s'avança sans crainte contré l'ennemi. Aussitôt,
l'armée des Normands fut frappée de démence et d'aveuglement, et, elle restait
tremblante; son coeur et son courage étaient paralysés. A cette vue, les
habitants de la ville entrent dans les vues du jugement de Dieu, et font un
horrible massacre des ennemis. Ce qui parut déplaire à la bienheureuse Marie;
car aussitôt cette tunique disparut, et à l'instant les Normands recouvrèrent
la vue. On lit dans les révélations de sainte Elisabeth qu'un jour,
étant ravie en esprit, elle vit, dans un lieu fort éloigné, un sépulcre
environné d'une grande lumière, et au-dedans, comme l'apparence d'une femme
entourée d'une foule d'anges ; et peu d'instants après, elle fut enlevée du
sépulcre et élevée en l'air avec toute la multitude qui se trouvait là. Et
voici qu'un personnage admirable et plein de gloire vint du ciel à sa
rencontre, portant en sa droite l'étendard de la croix, et avec lui, des
milliers d'anges. Ce fut au milieu des concerts d'allégresse qu'ils la
conduisirent jusqu'au ciel. Peu de temps après, sainte Elisabeth demandait à un
ange, avec lequel elle avait de fréquents entretiens, l'explication de cette
vision. L'ange lui répondit : « Il t'a été montré alors comment Notre Dame a
été enlevée au ciel en corps et en âme. ». Elle dit encore dans le même livre,
qu'il lui fut révélé que la sainte Vierge fut portée au ciel en son corps,
quarante jours après soit trépas. Car la bienheureuse Marie lui dit en
s'entretenant avec elle : « Après l'ascension du Seigneur; j'ai vécu un an
entier et tant de jours qu'il y en a, depuis l'ascension jusqu'à mon
assomption. Or, tous les apôtres assistèrent à mon trépas et ensevelirent
honorablement mon corps; mais quarante jours après, je ressuscitai. » Et comme
sainte Elisabeth lui demandait si elle découvrirait ou si elle cèlerait cela,
la sainte, Vierge lui dit : « Il ne faut pas le révéler, aux hommes charnels et
aux incrédules, et il ne' faut pas le cacher aux personnes dévotes et fidèles.
»
Observons que la glorieuse vierge Marie fut
transportée et élevée au ciel intégralement, honorablement, joyeusement et,
excellemment. Elle fut transportée intégralement en corps et en âme, selon une
pieuse croyance de l'Eglise. Un grand nombre de saints ne se contentent pas de
l'avancer, mais ils s'attachent à en donner une quantité de preuves. Voici
celle de saint Bernard : « Dieu s'est plu singulièrement à honorer les corps
des saints. Ainsi, il a rendu les dépouilles de saint Pierre et de saint
Jacques tellement vénérables, et il les a décorées d'honneurs si étonnants,
qu'il a choisi, pour leur rendre des hommages, un lieu vers lequel accourt le
monde entier. Si donc on disait que le corps de Marie fût sur la terre sans .
que la dévotion des fidèles s'y portât avec affluence, et que ce, lieu ne jouit
d'aucun honneur, on pourrait croire que J.-C. ne se serait point intéressé à la
gloire de sa mère, quand il honore ainsi sur la terre les corps des autres
saints. » Saint Jérôme avance de son côté que la sainte Vierge monta au ciel le
18 des calendes de septembre. Quant à l'assomption corporelle de Marie, il dit
que l.Eglise se contente de rester en suspens sans se prononcer. Plus loin, il
s'attache à en prouver la croyance de cette manière « S'il en est qui disent
que dans ceux dont là résurrection a coïncidé avec celle de J.-C., la
résurrection soit accomplie pour toujours à leur égard, et s'il en est un
certain nombre qui croient que saint Jean, le gardien de la: sainte Vierge,
jouisse du bonheur du ciel avec J.-C. et dans sa chair qui a été glorifiée, à
plus forte raison doit-on le croire de la mère du Sauveur? Car celui qui a dit
: « Honore ton père et ta « mère; », et qui, a dit encore : « Je ne suis
pas venu détruire la loi, mais l'accomplir » ; celui-là, certainement, a honoré
sa mère, et ce n'est pas pour nous le sujet d'une ombre de doute. » Saint
Augustin ne J'affirme pas seulement, mais il en donne trois preuves. La première,
c'est que la chair de J. C. et celle de la Vierge ne font qu'une : « Puisque,
dit-il, ;la nature humaine est condamnée à la pourriture et aux vers, et que
d'ailleurs J.-C. ne fut pas exposé à cet outrage, la nature de Marie en est
donc exempte, car dans elle, J.-C. a pris la sienne. » La seconde raison qu'il
en donne est tirée de la dignité de son corps « C'est, dit-il, le trône de
Dieu, le lit nuptial du Seigneur, le tabernacle de J.-C. doit être où il est
lui-même. Il est plus digne de conserver ce trésor dans le ciel que sur la
terre. » La troisième raison, c'est la parfaite intégrité de sa chair
virginale. Voici ses paroles : « Réjouissez-vous, ô Marie, d'une joie
ineffable, dans votre corps et dans votre âme, en J.-C. votre propre fils, avec
votre propre fils et par votre propre fils : La peine de la corruption
n'est pas le partage de celle qui n'a pas éprouvé de corruption dans son
intégrité; quand elle a engendré son divin fils. Toujours elle sera à l'abri de
la corruption, celle qui a été comblée de tant de grâces ; il faut qu'elle vive
dans toute l'intégrité de sa nature, celle qui a mis au monde l'auteur de la
perfection et de la plénitude dans la vie; il faut qu'elle demeure auprès de
celui qu'elle a porté dans ses entrailles; il faut qu'elle soit à côté de celui
qu'elle a engendré, qu'elle a réchauffé, qu'elle a nourri. C'est Marie, c'est
la mère de Dieu, c'est la nourrice, c'est la servante de Dieu. Je n'oserais
penser autrement, et ce serait présomption de ma part de dire autre chose. » Un
poète élégant s'en exprime comme il suit:
Scandit ad Aethera
Virgo puerpera,
Virgula Jesse.
Non sine corpore
Sed sine tempore,
Tendit ad esse.
Elle monte au ciel
La Vierge mère,
La Vierge de Jessé.
C'est avec son corps
Et pour léternité,
Qu'elle s'élève jusqu'à celui qui est.
Secondement. Elle fut transportée au ciel au milieu de
la joie. Gérard, évêque et martyr, dit à ce propos : « En ce jour, les
cieux ont reçu la bienheureuse Vierge. avec joie. Les Anges se réjouissent, les
Archanges jubilent, les Trônes s'animent, les Dominations la célèbrent dans les
cantiques, les Principautés ;unissent leurs voix, les Puissances accompagnent
de leurs instruments de musique, les Chérubins et les Séraphins entonnent des
hymnes. Tous la conduisent jusqu'au souverain tribunal de la divine Majesté. »
Troisièmement elle fut élevée au ciel au milieu de
grands honneurs. Jésus lui-même et la milice céleste vinrent au-devant d'elle.
« Qui pourrait s'imaginer, dit saint Jérôme, quelle fut la gloire dont la Reine
du monde fut environnée lors de son passage ? Quel respect affectueux! Quelle
multitude de légions célestes allant à sa rencontre ! Qu'ils étaient beaux les
cantiques qui l'accompagnèrent jusqu'à son trône ! Quelle majesté, quelle
grandeur dans les divins embrassements de son Fils qui la reçoit et l'élève
au-dessus de toutes les créatures ! » « Il est à croire, dit ailleurs le même
Père, gaze la milice des cieux alla en triomphe au devant de la mère de
Dieu, et qu'elle l'environna d'une immense lumière,
qu'elle la conduisit en chantant ses louanges et des cantiques jusqu'au trône
de Dieu. La milice de la Jérusalem céleste tressaille d'une joie ineffable :
elle est fière de tant d'amour et de reconnaissance. Cette fête; qui n'arrive
qu'une fois pour nous dans le cours de l'année, ne doit point avoir eu de terme
dans les cieux. On croit encore que le Sauveur vint au-devant d'elle de sa
personne, dans cette fête, et qu'il la fit asseoir plein de joie auprès de lui
sur le trône. Autrement il n'eût point accompli ce que lui-même a ordonné par
cette loi : « Honore ton père et ta mère. » Quatrièmement: Elle fut reçue avec
magnificence. » C'est le jour, dit saint Jérôme, où la mère sans souillure : la
Vierge s'avança jusqu'à son trône élevé, où elle s'assit glorieuse auprès de
J.-C. » Voici comment le bienheureux Gérard montre en ses homélies à quel degré
de gloire et d'honneur elle fut élevée: « N.-S. J.-C. a pu seul la grandir
comme il l'a fait pour qu'elle reçût de la majesté elle-même la louange et l'honneur
à toujours. Elle est environnée des choeurs angéliques, entourée des troupes
archangéliques, accompagnée des Trônes pleins d'allégresse, au milieu de l'enthousiasme
des Dominations; les Principautés la vénèrent : les. Puissances lui
applaudissent : elle est honorée parles Vertus, chantée par les Chérubins et
louée par les hymnes des Séraphins. La très ineffable Trinité lui applaudit
elle-même avec des transports qui n'ont point de fin, et la grâce dont elle l'inonde
tout entière fait que tous ne pensent qu'à cette Reine. L'illustre compagnie
des Apôtres l'élève au-dessus de toute louange, la multitude des martyrs est
toute en suppliante autour d'une si grande Maîtresse: l'innombrable armée des
confesseurs lui adresse des chants magnifiques, le choeur, des Vierges aux vêtements
blancs célèbre sa gloire avec des accents ineffables : L'enfer lui-même hurle
de rage, et les démons insolents l'acclament » (Saint Pierre Damien, op.
XXXIV). Un; clerc très dévot à la Vierge Marie voulait pour ainsi dire consoler
Notre-Dame au sujet des cinq plaies de N.-S. J.-C., en: lui adressant tous les
jours cette prière: « Réjouissez-vous, Mère de Dieu, Vierge immaculée;
réjouissez-vous, puisqu'un ange vous apporte la joie; réjouissez-vous puisque
vous avez enfanté la clarté de la lumière éternelle; réjouissez-vous, Mère;
réjouissez-vous, Sainte Vierge, Mère de Dieu. Vous seule êtes la Mère-Vierge:
toutes créatures vous louent: O mère de lumière, je vous en prie, ne cessez
d'intercéder pour nous. » Atteint d'une grave maladie ce clerc, réduit à l'extrémité,
fut troublé par- la frayeur. La sainte Vierge lui apparut et lui dit : « Mon
fils, pourquoi une si grande crainte de ta part ? toi qui si
souvent mas annoncé la réjouissance. Réjouis-toi aussi toi-même et
pour te réjouir éternellement, viens avec moi (1). » Un soldat fort puissant et
riche avait dissipé tout son bien en libéralités mal entendues. Il devint si
pauvre qu'après avoir donné avec profusion, il. fut réduit à manquer des
moindres choses. Or, il avait une femme très honnête et fort dévote à la
bienheureuse Vierge Marie. A l'approche d'une solennité; où il avait coutume de
distribuer de grandes largesses, comme il n'avait plus rien à donner, il fut
poussé par la honte et la confusion à se retirer, jusqu'à ce que cette solennité
fût passée, dans un lieu désert où il pourrait soulager sa tristesse, pleurer
les inconvénients de sa, position, et éviter la honte: tout à coup paraît un
cheval fougueux sur lequel était monté un homme terrible qui s'approche de lui
et lui demande le motif d'une tristesse si profonde. Le soldat lui ayant fait
le récit détaillé de tout ce qui lui était arrivé, le cavalier lui dit : « Si
tu veux te soumettre à un léger acte d'obéissance, tu auras de la gloire et des
richesses en plus grande abondance que par le passé. » Il promet au, prince des
ténèbres d'exécuter volontiers ce qu'il lui commandera, pourvu qu'il
accomplisse à son égard ce qu'il a promis lui-même. Et le diable lui dit: «
Va-t'en chez toi, cherche dans tel endroit de la maison, tu y trouveras des
masses d'or et d'argent en telle quantité et tant de pierres précieuses : Mais
aie soin tel jour de m'amener ici ta femme. » Sur cette promesse le soldat
retourne à sa maison, et dans l'endroit désigné, il trouve tout ce qui lui
avait été annoncé. Il achète aussitôt des palais, il répand des largesses, il
rachète ses biens, il se procure des esclaves. Or, le jour fixé étant proche,
il appela sa femme et lui dit: « Montez à cheval, car il vous faut aller avec
moi en un lieu assez éloigné. » La dame tremblante et effrayée, n'osant pas
aller contre ses ordres, se recommanda bien dévotement à la bienheureuse Vierge
Marie et suivit son époux. Parvenus assez loin, ils rencontrèrent une église
sur leur chemin; la femme descendit de son cheval et entra, pendant que son
mari attendait dehors. Elle se recommandait avec dévotion à la bienheureuse
Marie, quand tout à coup elle s'endormit et la glorieuse Vierge, semblable en
tout à cette dame dans ses habits et dans ses manières, s'avança de l'autel;
sortit et monta à cheval pendant que la - dame elle-même restait endormie dans
l'église. Le mari persuadé que c'était sa femme continua son chemin. Quand ils
furent arrivés au lieu convenu, le prince des ténèbres accourut de son côté
avec grand fracas. A peine s'est-il approché que tout d'un coup il frémit et
tremblant de stupeur il n'osa avancer. Alors il dit au soldat: « O le plus
félon des hommes, pourquoi m'as-tu joué ainsi et pourquoi te
comportes-tu de cette manière quand je t'ai comblé de bienfaits? Je t'avais
bien dit de m'amener ta femme et tu m'as amené la mère du
Seigneur. Je voulais ta femme et tu as amené Marie. Car ta femme ne cesse de me
faire tort; je voulais me venger sur elle, et tu m'as amené celle-là
pour qu'elle me tourmentât et qu'elle m'envoyât dans l'enfer. » En
entendant ces paroles, cet homme était stupéfait, la crainte et l'étonnement l'empêchaient
de parler. La bienheureuse Vierge Marie dit alors : « Quelle a été ta témérité,
esprit méchant, d'oser nuire à une personne pleine de dévotion Pour moi ? Tu ne
l'auras pas fait impunément. Voici maintenant la sentence que je lance contre
toi: c'est que tu descendes en enfer, et que tu n'aies plus désormais la
présomption de nuire à quiconque m'invoquera avec dévotion. » Et le
diable se retira en poussant de grands hurlements. Alors le mari, sautant à bas
de son cheval, se prosterna aux pieds de la sainte Vierge, qui le réprimanda et
lui ordonna de retourner vers sa femme encore endormie dans l'église et de se dépouiller
de tontes les richesses du démon. Et quand il revint, il trouva sa femme qui
dormait encore, la réveilla et lui raconta ce qui lui était arrivé. Revenus
chez eux, ils jetèrent toutes les richesses du démon, ne cessèrent d'adresser
des louanges en l'honneur de fa sainte Vierge qui leur accorda dans la suite
une grande fortune.
Un homme accablé sous le poids du péché fut ravi en
vision au jugement de Dieu (2). Et voilà que Satan vint dire : « Il n'y a
rien eu cette âme qui vous appartienne en propre; elle est plutôt de mon
domaine, d'ailleurs j'ai un titre authentique. » Et le Seigneur lui dit : « Où
est ton titre ? » Satan reprit : « J'ai un titre; vous l'avez dicté de votre
propre bouche, et vous lui avez donné une sanction éternelle. Vous avez dit en
effet: « En même temps que vous en mangerez, « vous mourrez très certainement.
» Comme donc il est de la race de ceux qui ont mangé le fruit défendu, à ce
titre authentique il doit être condamné à mourir avec moi. » Alors le Seigneur
dit : « O homme, il t'est permis de te défendre. » Or, l'homme se tut. Le démon
ajouta: « D'ailleurs je l'ai par prescription, depuis trente ans je possède son
âme, et il m'a servi comme un esclave qui est ma propriété. « Cet
homme continua à se taire. Le démon reprit : « Cette âme est à moi, car quand
elle aurait fait quelque bien, ses mauvaises actions l'emportent
incomparablement sur les bonnes. » Mais le Seigneur qui ne voulait pas porter
de suite une condamnation contre ce pécheur lui assigna un délai de huit jours,
afin que, ce terme expiré, il comparût devant lui et s'expliquât sur tout ce
qui lui était reproché. Or, comme il s'en allait de devant le Seigneur, tout
tremblant et pleurant, il rencontra une personne qui lui demanda la cause d'une
tristesse aussi vive. Et comme il lui eut raconté tout en détail, l'autre lui
dit : « Ne crains rien, n'appréhende rien, car sur le premier point je
t'aiderai fortement. » Le pécheur lui ayant demandé comment il s'appelait, il
lui fut répondu : « La Vérité est mon nom. » Il en trouva une seconde qui lui
promit de l'aide sur la deuxième accusation. Il lui demanda comment elle
s'appelait et il lui fut répondu : « Je suis la Justice. » Or, le huitième
jour, il comparut en jugement et le démon lui objecta le premier chef
d'accusation ; la Vérité répondit : « Nous savons qu'il y a deux sortes de
mort,, celle du corps et celle de l'enfer : Or, démon, ce titre que tu
invoques. en ta faveur ne parle pas de la mort de l'enfer, mais de celle du
corps. Ce qui est évident, puisque tout le monde subit cette sentence,
c'est-à-dire que tous meurent corporellement, sans cependant que tous meurent
des feux -, de l'enfer. Quant à la mort du corps, oui, elle aura toujours lieu
; mais quant à la mort de l'âme, l'arrêter a été révoqué par le sang de J.-C. »
Alors le démon, voyant qu'il avait succombé sur le premier chef, se mit à lui objecter
le second. Mais la Justice se présenta et répondit ainsi pour cet homme : «
Quoique tu aies possédé cet homme comme ton esclave pendant nombre d'années,
cependant toujours la raison voulait le contraire; toujours la raison murmurait
de servir un si cruel maître. » A la troisième objection, il n'eut personne
pour le défendre. Et, le Seigneur dit : « Qu'on apporte une balance et qu'on
pèse les bonnes actions et toutes les mauvaises. Alors la Vérité et la Justice
dirent au. pécheur : « Voici la mère de miséricorde assise auprès du Seigneur,
aie recours à elle de toute ton âme et essaie de l'appeler à ton aide. » Quand
il l'eut fait, la sainte Vierge Marie vint à son secours et elle mit la main
sur la balance du côté où se trouvait le pet de bien; mais le diable
s'efforçait de faire baisser l'autre plateau ; cependant la mère de miséricorde
l'emporta et délivra le pécheur. Celui-ci, revenu alors à lui, se corrigea.
Dans la ville de Bourges (Evagre, Histoire ecclés., l.
IV, c. XXXV, rapporte un fait semblable arrivé à C. P.), vers l'an du Seigneur
527, comme les chrétiens communiaient le jour de Pâques, un enfant juif
s'approcha de l'autel avec les enfants des chrétiens et reçut comme eux le
corps du Seigneur. Revenu chez lui, son père lui ayant demandé d'où il venait,
l'enfant répondit qu'il avait été à l'église avec les enfants chrétiens, écoliers
comme lui, et qu'il avait communié avec eux. Alors le père, rempli de fureur,
prit l'enfant et le jeta dans une fournaise ardente qui se trouvait là. A l'instant
la mère de Dieu se présenta à l'enfant sous les traits d'une image qu'il avait
vue sur l'autel, et le protégea contre le feu dont il ne reçut aucune atteinte.
Alors la mère de l'enfant rassembla par ses clameurs un grand nombre de chrétiens
et, de juifs. En voyant dans la fournaise l'enfant qui n'avait éprouvé aucun
accident, ils l'en retirèrent et lui demandèrent comment il avait pu en échapper.
Il répondit : « C'est que cette révérende Dame qui était sur l'autel m'a
prêté du secours et a écarté de moi tout le feu. » Les chrétiens, qui
comprirent que c'était de l'image de la sainte Vierge que l'enfant parlait,
prirent le père. de l'enfant et le jetèrent dans la fournaise où il fut brûlé
aussitôt et consumé entièrement. Quelques moines étaient avant le
jour auprès d'un fleuve et s'entretenaient de bagatelles et de discours oiseux.
Et voici qu'ils entendent des rameurs qui passaient sur le fleuve avec une
grande rapidité. Les moines leur dirent : « Qui êtes-vous ? » Et ils
répondirent : « Nous sommes des démons, et nous portons en enfer l'âme
d'Ebroïn, prévôt du roi des Francs qui a apostasié du monastère de Saint-Gall. »
En entendant cela, les moines furent saisis d'une très violente peur, et s'écrièrent
de toutes leurs forces: « Sainte Marie, priez pour nous. » Et les démons leur
dirent : « Vous avez bien fait d'invoquer Marie, car nous voulions vous
démembrer et vous noyer, parce que nous vous trouvons à une heure indue vous
livrant à des conversations déréglées. » Alors les moines rentrèrent au couvent
et les démons se hâtèrent d'aller en enfer (Gauthier de Cluny, Miracles de la
sainte Vierge, c. IV.).
Il y avait un moine fort lubrique, mais fort
dévot à la bienheureuse Vierge Marie. Une nuit qu'il allait commettre son crime
habituel, il passa devant un autel, salua la sainte Vierge, et sortit de l'église.
Comme il voulait traverser un fleuve, il tomba dans l'eau et mourut. Or, comme
les démons s'étaient saisis de son âme, vinrent des anges pour la délivrer. Les
démons leur dirent : « Pourquoi êtes-vous venus ici? vous n'avez rien en cette
âme. » Et aussitôt la bienheureuse Vierge Marie se présenta et les reprit de ce
qu'ils avaient osé ravir l'âme du moine. Ils lui répondirent qu'ils l'avaient
trouvé au moment où il finissait sa vie dans de mauvaises oeuvres. La sainte
Vierge leur dit : « Ce que vous dites est faux, car je sais que s'il allait
quelque part, il me saluait d'abord et à son retour, il en faisait autant; que
si vous dites que l'on vous fait violence, posons la question au tribunal du
souverain Juge. » Et comme on discutait devant le Seigneur, il lui plut que l'âme
retournerait à son corps et ferait pénitence de ses actions. Pendant ce
temps-là, les frères voyant que l'heure des matines s'écoulait sans qu'on les
sonnât (Le moine était sonneur.) cherchent le sacristain; ils vont jusqu'à ce
fleuve et le trouvent noyé. Après avoir retiré le corps de l'eau, ils
s'émerveillaient de cet accident, quand tout à coup le moine revint à la vie et
raconta ce qui était arrivé. Il passa le reste de sa vie dans de bonnes
oeuvres. Une femme souffrait une foule d'importunités de la part du
démon qui lui apparaissait visiblement sous la forme d'un homme : elle
employait quantité de moyens de se préserver; tantôt c'était de l'eau bénite,
tantôt une chose, tantôt une autre, sans que le démon cessât de la tourmenter.
Un saint homme lui conseilla, quand le démon s'approcherait d'elle, de lever
les mains et de crier aussitôt : « Sancta Maria, adjuva me. Sainte
Marie, aidez-moi. » Et quand elle l.eut fait, le diable, comme s'il eût été
frappé d'une pierre, s'arrêta effrayé; après quoi il dit « Qu'un mauvais diable
entre dans la bouche de celui qui t'a enseigné cela. » Et aussitôt il disparut
et il ne s'approcha plus d'elle dans la suite.
(1) On voyait dans l'église de l'abbaye de Marsilly
(baronnie de Bourgogne), où les seigneurs de Noyers avaient leur sépulture, une
inscription ainsi conçue : « En l'an mil deux cent, sous le reigne de Philippe
Dieu donné, un nommé Geoffroy Lebrun, maistre d'hostel du roy, estant disgracié
de la cour et sans aucun moyen, comme il passait au travers. de la, forêt
Darnois, autrement Darnaux, le diable lui apparut qui luy promit de grandes
richesses, à condition qu'il luy livreroit sa femme: ce que, ledit Lebrun luy
promit, et. à cet effet luy en donna une cédule signée de son sang. Ce que
voulant exécuter il monta à cheval, mit sa ditte femme en trousse, et se mit en
chemin pour s'en aller au rendez-vous, qui estoit dans la susditte forêt; et
comme son chemin estoit de passer au-devant de l'église de Nostre-Dame de
Marsilly, la veille de lAssomption de N.-D., la ditte femme entendit sonner une
messe et demanda à son mari d'entrer dans léglise, et comme ledit Lebrun
voulut sortir pour achever son voyage, la Vierge prit la figure, de sa femme,
monta sur la croupe de son cheval derrière luy : et estant au
rendez-vous, on entendit un grand bruit qui se faisoit dans la forêt, et en
mesme temps la Vierge enleva dans les bras du diable la cédule dudit Lebrun et
la rendit à sa femme, laquelle fut trouvée dans laditte église où elle s'estoit
endormie, et la Vierge lui ayant apparu luy ordonna de prier pour la conversion
de son mari, et disparut. » (Cabin. hist., t. I, P. 158).
(2) Saint Antonin rapporte dans sa Somme un
fait qui n'offre qu'une légère variante avec le texte de la Légende. Summa,4,
hart., tit. XV, c. V. § 1.
MODE DE L'ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE MARIE
Le mode de l’Assomption de la très sainte Vierge Marie
est rapporté dans un sermon compilé de divers écrits des saints, qu'on lit
solennellement dans plusieurs églises, et où l'on, trouve, ce qui suit : «Tout
ce que j'ai pu rencontrer dans les récits des saints Pères, du monde entier,
touchant le vénérable trépas de la Mère de Dieu, j'ai pris soin d'en faire
mémoire en son honneur. Saint Côme, surnommé Vestitor, rapporte des choses
qu'il a apprises par une relation certaine de la bouche des descendants de ceux
qui en ont été les témoins. Il faut en tenir compte. Voici ses paroles : Quand
J.-C. eut décidé de faire venir auprès de soi la Mère de la vie, il lui fit
annoncer par l'ange qu'il lui avait déjà envoyé, comment elle devait s'endormir
(1), de crainte que la mort survenant inopinément ne lui apportât quelque
trouble. Elle avait conjuré son fils face à face, alors qu'il était encore sur
la terre avec elle, de ne lui laisser voir aucun des esprits malins. Il envoya
donc en avant un ange avec ordre de lui parler ainsi : « Il est temps, ma mère,
de vous prendre auprès de moi. De même que vous avez rempli la terre de joie,
de même vous devez réjouir le ciel. Rendez agréables les demeures de mon Père;
consolez les esprits de mes saints ; ne vous troublez pas de quitter un monde
corruptible avec toutes ses vaines convoitises, puisque vous devez habiter le
palais céleste. O ma Mère, que votre séparation de la chair ne vous effraie
pas, puisque vous êtes appelée à une vie qui n'aura pas de fin, à une joie sans
bornes, au repos de la paix, à un genre de vie sûr, à un repos qui n'aura aucun
terme, à une lumière inaccessible, à un jour qui n'aura pas de soir, à une
gloire inénarrable, à moi-même votre Fils, le créateur de l'univers! Car je
suis la vie éternelle, l'amour incomparable, la demeure ineffable, la lumière
sans ombre, la bonté inestimable. Rendez sans crainte à la terre ce qui lui
appartient. Jamais personne ne vous ravira de ma main, puisque la terre, dans
toute son étendue, est en ma main. Donnez-moi votre corps, parce que j'ai mis
ma divinité dans votre sein. La mort ne tirera aucune gloire de vous, parce que
vous avez engendré la vie. L'obscurité ne vous enveloppera point de ses ombres
parce que vous avez mis ail monde la lumière ; vous ne subirez ni meurtrissure,
ni brisure, car vous avez mérité d'être le vaisseau qui m'a reçu.
Venez à celui qui est né de vous afin de recevoir la récompense qui vous est
due pour l'avoir porté dans votre sein, pour l'avoir nourri de votre lait;
venez habiter avec votre Fils unique; hâtez-vous de vous réunir à lui. Je sais
qu'aucun antre amour que celui de votre Fils ne vous tourmente. C'est comme
vierge-mère que je vous ai présentée; je vous présente comme le mur qui soutient
le monde entier, comme l'arche de ceux qui doivent être sauvés, la planche du
naufragé, le bâton des faibles, l'échelle de ceux qui montent au ciel, et la
protectrice des pécheurs. Alors j'amènerai auprès de vous les apôtres qui vous
enseveliront de leurs mains comme si c'était des miennes. Il convient en effet
que les enfants de ma lumière spirituelle, auxquels j'ai donné le Saint-Esprit,
ensevelissent votre corps et me remplacent à vos admirables funérailles. »
Après ce récit lange donne pour gage à la Vierge une palme, cueillie dans le
paradis, afin de la rendre assurée de sa, victoire contre la corruption de la
mort, il y ajoute des vêtements funèbres; ensuite il regagne le ciel d'où il
était venu.
La Bienheureuse Vierge Marie convoqua ses amis et ses
parents et leur dit : « Je vous apprends qu'aujourd'hui je dois quitter la vie
temporelle; il faut donc veiller, car au trépas de tout le monde, viennent
auprès du lit du mourant la vertu divine des anges et les esprits malins. » A
ces mots, tous se mirent à pleurer et à dire : « Vous craignez, vous la
présence des esprits; quand vous avez été digne d'être la mère de l'auteur de
toutes choses, quand vous avez engendré celui qui a dépouillé l'enfer, quand
vous avez mérité d'avoir un trône préparé au-dessus des chérubins et des
séraphins! Que ferons-nous donc, nous autres? comment fuirons-nous? » Il y
avait là une multitude de femmes qui pleuraient et lui demandaient de ne pas
les laisser orphelines. Alors la sainte Vierge leur dit pour les consoler : «
Si vous qui êtes les mères d'enfants soumis à la corruption, vous ne pouvez
supporter d'en être séparées pour un peu de temps, comment donc moi qui suis
mère et vierge ne désirerais-je pas d'aller trouver mon fils, le Fils unique de
Dieu le Père? Si chacune de vous quand elle a perdu quelqu'un de ses fils, se
console en celui qui survit ou dans celui qui doit naître, moi qui n'ai que ce
fils, et qui reste pure, comment ne me hâterai-je pas de mettre fin à mes
angoisses en allant à lui qui est la vie de tous ? » Or, pendant que ceci se
passait, saint Jean arrive et s'informe de ce qui a lieu. Quand la Vierge lui
eut annoncé son départ pour le ciel, il se prosterna par terre et s'écria en
pleurant : « Que sommes-nous, Seigneur, puisque vous nous réservez de si
grandes tribulations ? Pourquoi plutôt ne m'avez-vous dépouillé de,
mon corps? J'aurais mieux aimé être enseveli par la mère de mon Seigneur, que
d'être obligé d'assister à ses funérailles. » Alors la sainte Vierge le mena
tout en pleurs dans sa chambre et lui montra la palme et les vêtements ; après
quoi elle s'assit sur le lit qui avait, été préparé pour sa sépulture. Et voici
qu'on entend un violent coup de tonnerre; un' tourbillon semblable à une nuée
blanche se forme, et les apôtres sont déposés, comme la pluie qui tombe, devant
la porte de la maison de la sainte Vierge. Ils s'étonnent de ce qui arrive,
mais saint Jean vient à eux et leur révèle ce qui a été annoncé par l'ange à la
sainte Vierge: comme ils pleuraient tous, saint Jean les consola. Ils
essuyèrent donc leurs larmes, entrèrent, et après avoir salué la Bienheureuse
Vierge avec. respect, ils l'adorèrent. Et elle dit : « Salut, les enfants de
mon Fils unique. » Après avoir écouté le récit qu'ils lui firent de leur
arrivée, elle leur manifesta tout. Les apôtres lui dirent : « C'est en
tournant nos regards vers vous, très honorable Vierge comme vers notre maître
lui-même et notre Seigneur, que nous nous consolions ; c'était là notre seule
ressource d'espérer que nous vous avions pour médiatrice auprès de Dieu. »
Après qu'elle eut salué Paul en l'appelant par son nom, celui-ci lui dit
« Je vous salue, reine de ma consolation ; car bien
que je n'aie pas vu J.-C. dans sa chair, cependant, quand je vous vois, je suis
consolé comme si je le voyais lui-même. Jusqu'à ce jour je prêchais aux nations
que vous aviez engendré Dieu, maintenant j'enseignerai que vous êtes allée à
lui. » Après quoi la sainte Vierge montra ce que l'ange lui avait apporté, et
les avertit de ne point éteindre les lampes jusques après son trépas. Il y
avait là cent vingt vierges occupées à la servir. Après quoi elle revêtit ses
vêtements funèbres et en disant adieu à tous, elle place son corps sur son lit
pour mourir; saint Pierre était placé à la tête, saint Jean à ses pieds, les autres
apôtres autour du lit, adressant des louanges à la mère de Dieu. Alors saint
Pierre prit la parole en ces termes : « Réjouissez-vous, épouse du lit céleste,
candélabre à trois branches de la lumière éclatante, par qui a été manifestée la
clarté éternelle. » Saint Germain, archevêque de Constantinople atteste aussi
que les apôtres se rassemblèrent pour le sommeil de la très sainte Vierge,
quand il dit : « O sainte Mère de Dieu, quoique vous ayez été soumise à la mort
que ne saurait éviter aucune créature humaine, cependant votre oeil qui nous
garde ne s'assoupira point ni ne s'endormira point : car votre trépas n'eut pas
lieu sans témoins et votre sommeil est certain. Le ciel raconte la gloire de
ceux qui chantèrent sur votre dépouille; la terre rend hommage à la véracité;
les nuages proclament les hommages que vous en avez reçus. Les anges, célèbrent
les bons offices qui vous ont été rendus, en ce que les ; apôtres se
rassemblèrent auprès de vous dans Jérusalem. » Le grand Denys l'aréopagite
atteste aussi la même chose en disant : « Ainsi que tu le sais bien, nous nous
sommes rassemblés avec beaucoup de nos frères pour voir le corps de celle qui a
reçu le Seigneur.-» Or, se trouvaient là Jacques, frère de Dieu, avec Pierre le
souverain chef des Théologiens. Ensuite il sembla bon, après ce qu'on avait,
vu, que tous les souverains prêtres chantassent des hymnes, selon que chacun
avait en soi d'énergie, de bonté vivifiante ou de faiblesse.
Saint Cosme poursuit ainsi sa narration : « Après
cela, un fort coup de tonnerre ébranla la maison entière, et un vent doux la
remplit d'une odeur si suave, qu'un sommeil profond s'empara de ceux qui s'y
trouvaient, à l'exception.des apôtres et de trois vierges qui portaient des
flambeaux; car le Seigneur descendit avec une multitude d'anges et enleva l'âme
de sa mère. Or, l'éclat de cette âme était si resplendissant qu'aucun des
apôtres ne la pouvait regarder. Et le Seigneur dit à saint Pierre : «
Ensevelissez le corps de ma mère avec le plus grand respect, et gardez-le soigneusement
pendant trois jours, car je viendrai alors, et le transporterai dans le lieu où
n'existe point la corruption; ensuite je le revêtirai d'une clarté semblable à
la mienne, afin qu'il y ait union et accord entre ce qui a été reçu et ce qui'
a reçu. » Saint Cosme rapporte encore un mystère étrange et merveilleux, et qui
ne souffre ni investigation curieuse, ni discussion ordinaire : puisque tout ce
qu'on dit de la mère de Dieu est surnaturel, admirable, redoutable, plutôt que
sujet à discussion. « Car, dit-il, quand l'âme sortit de son corps, ce corps
prononça ces mots : « Je vous rends grâces, Seigneur, car je suis digne de
votre gloire. Souvenez-vous de moi puisque je suis votre oeuvre, et que j'ai
conservé ce que vous m'avez confié. » Quand ceux qui dormaient
furent éveillés, continue saint Cosme, et qu'ils virent sans vie le corps de la
Vierge, ils se livrèrent à une grande tristesse et .
poussèrent des gémissements. Les apôtres prirent donc
le corps qu'ils portèrent au monument, en même temps que saint Pierre commença
le Psaume : In exitu Israël de Aegypto. Les choeurs des anges louaient la
Vierge de telle sorte que Jérusalem fut émue à l'occasion de cette grande
gloire. Alors les grands-prêtres envoient une multitude de gens armés d'épées
et de bâtons. Un d'eux se rue sur le grabat, avec l'intention de
jeter par terre le corps de Marie, mère de Dieu. Mais parce qu'il l'ose toucher
avec impiété, il mérite d'être privé de l'usage de ses mains; elles s'arrachent
toutes les deux de ses bras; et restent suspendues au lit funèbre ; en même
temps, il éprouve des tourments horribles. Cependant, il implore son pardon, et
promet de s'amender. Pierre lui dit : « Tu ne pourras jamais obtenir le
pardon, si tu n'embrasses le corps de celle qui a toujours été vierge, et situ
ne confesses que J.-C., qui est né d'elle, est le Fils de Dieu. » Quand il l'eut
fait, ses mains se rejoignirent aux coudes d'où elles avaient été arrachées. Et
saint Pierre prit une datte de la palme et lui dit : « Va, rentre dans la
ville, et pose-la sur les infirmes, et tous ceux qui croiront recevront la
santé (Nicéphore Calliste., Hist., l. II ; c. XXI.). » Quand les apôtres
arrivèrent au champ de Gethsémani, ils y trouvèrent un sépulcre semblable au
glorieux sépulcre de J.-C.; ils y déposèrent le corps avec beaucoup de respect,
sans oser toucher au très saint vaisseau de Dieu, mais ils le prirent par les
coins du suaire et le placèrent dans le sépulcre, qu'ils scellèrent. Pendant ce
temps, les apôtres et les disciples du Seigneur restèrent autour du tombeau,
selon l'ordre qu'ils en avaient reçu de leur maître. Le troisième jour, une
nuée toute resplendissante l'environne, les voix angéliques se font entendre,
une odeur ineffable se répand, tous sont dans une immense stupeur; alors, ils
voient que le Seigneur est descendu, et qu'il transporte le corps de la Vierge
avec une gloire ineffable. Les apôtres embrassèrent le sépulcre et retournèrent
chez saint Jean l'évangéliste et le théologien, en le louant d'avoir été le
gardien de la sainte Vierge. Or, il y eut lui des apôtres qui n'assista pas à
cette solennité. Dans l'admiration où le jetait le récit de choses si
merveilleuses, il suppliait qu'on ouvrît le tombeau pour s'assurer de la
vérité. Les apôtres s'y refusaient sous le prétexte que ce qu'ils lui
racontaient devait suffire, dans la crainte que si les infidèles en avaient
connaissance, ils publiassent que le corps avait été volé. Mais l'apôtre
contristé disait : « Pourquoi me privez-vous de partager un trésor qui nous est
commun, quand je suis autant que vous? » Enfin, ils ouvrirent le tombeau, où
ils ne trouvèrent pas le corps, mais seulement les vêtements et le suaire.
Au livre III, chap. XL de l'Histoire Euthimiata, saint
Germain, archevêque de Constantinople, dit avoir découvert, et le grand
Damascène l'atteste comme: lui, que, du temps de l'empereur Marcien, l'impératrice
Pulchérie, de sainte mémoire, après avoir fait bâtir à C. P. beaucoup
d'églises, en éleva entre autres une admirable auprès des Blaquermes, en l'honneur
de la sainte Vierge. Elle convoqua Juvénal, archevêque de Jérusalem, et
d'autres évêques de la Palestine, qui restaient alors dans le capitale pour le
concile qui se tint à Chalcédoine, et leur dit : « Nous avons appris que le
corps de la très sainte Vierge fut enterré dans le champ de Gethsémani; nous
voulons donc, pour garder cette ville, y transporter ce corps avec un respect
convenable. » Or, comme Juvénal lui eut répondu que ce corps, d'après ce qu'il
en avait appris dans les anciennes histoires, avait été transporté dans la
gloire et qu'il n'était resté dans le tombeau que les vêtements avec le suaire,
le même Juvénal envoya ces vêtements à C. P., où ils sont placés avec honneur
dans l’église dont on vient de parler (Nicéphore Calliste, Hist., l. XV, ch.
XIV.). » Et que personne ne pense que j'aie forgé ce récit à l'aide de mon
imagination, mais j'ai raconté ce que j'ai connu par l'enseignement, et d'après
lés recherches de ceux qui ont appris ces faits de leurs devanciers, par une
tradition digne de toute créance. Ce qui est rapporté jusqu'ici, se trouve dans
le discours dont il a été question plus haut. Or, saint Jean Damascènes:, Grec
d'origine, raconte plusieurs circonstances merveilleuses au sujet de la très
sainte assomption de la sainte Vierge. Il dit donc dans ses sermons :
« Aujourd'hui la très sainte Vierge est transportée
dans le lit nuptial du ciel ; aujourd'hui cette arche sainte et vivante qui a
porté en soi celui qui la créée, est placée dans un temple que n'a pas
construit la main des hommes; aujourd'hui la très sainte colombe pleine
d'innocence et de simplicité, s'est envolée de l'arche, c'est-à-dire de ce
corps qui a reçu Dieu ; elle a trouvé où poser les pieds; aujourd'hui l'immaculée
Vierge que n'ont pas souillée les passions terrestres, mais au contraire qui a
été instruite par les intelligences célestes, ne s'en est pas allée dans la
terre, mais appelée à juste raison, un ciel animé, elle habite dans les
tabernacles célestes. Bien que votre bienheureuse âme soit séparée d'après la
loi de la nature de votre glorieux corps, et que ce corps soit confié à la
sépulture, cependant il ne reste pas la propriété de la mort, et il n'est pas
dissous par la corruption : car dans celle qui a enfanté, la virginité est
restée intacte ; dans celle qui meurt, le corps reste toujours indissoluble, et
il passe à une meilleure et plus sainte vie ; la mort ne le détruit pas, car il
doit même durer éternellement. De même que ce soleil éclatant, qui verse la
lumière, paraît s'éclipser un instant quand il est caché par un corps
sublunaire, sans pourtant perdre rien de sa lumière intarissable, de même,
vous, fontaine de vraie lumière, trésor inépuisable de vie, quoique condamnée à
subir la mort corporelle pour un court espace de temps, vous versez cependant
sur nous avec abondance la clarté d'une lumière qui ne s'altère jamais. De là
vient que votre sommeil ne doit pas recevoir le nom de mort, mais de passage,
de retraite, ou mieux encore d'arrivée. En quittant votre corps, vous arrivez
au ciel. Les anges et les archanges viennent au-devant, de vous : les
esprits immondes redoutent votre ascension. Bienheureuse Vierge, vous n'avez
pas été enlevée au ciel, comme Elie, vous n'êtes pas montée comme Paul jusqu'au
troisième ciel, mais vous avez atteint au trône royal de votre Fils. On bénit
la mort des autres saints parce qu'elle démontre qu'ils sont heureux, mais cela
n'existe pas chez vous. Ni votre mort, ni votre, béatitude, ni votre trépas, ni
votre départ, pas même votre retraite n'ajoutent rien à la sécurité de votre
bonheur; car vous êtes le principe, le moyen et la fin de tous les biens que ne
saurait comprendre l'intelligence de l'homme. Votre sécurité, votre avancement
réel, votre conception surnaturelle s'expliquent : vous êtes l'habitation de
Dieu. Aussi avez-vous dit avec vérité que ce n'est pas à dater de votre mort,
mais du moment de votre conception que toutes les générations vous béniraient.
La mort ne vous a pas rendue heureuse, mais vous-même vous avez ennobli la
mort; nonobstant la tristesse qui l'accompagne,-vous l'avez changée en joie. En
effet si Dieu a dit : De crainte que le premier homme n'étende la main et ne
cueille du fruit de l'arbre de vie et qu'il ne vive pour toujours; comment
celle qui a porté la vie elle-même, la vie qui n'a pas eu de commencement, la
vie qui n'aura point de fin, comment ne vivrait-elle point dans le Siècle qui
doit durer toujours? Dieu autrefois a chassé du paradis les auteurs du genre
humain endormis dans la mort du péché, ensevelis dans les profondeurs de la désobéissance;
et qui déjà étaient gâtés par l'infection du péché ; il les a exilés; mais
aujourd'hui celle qui a apporté la vie à tout le genre humain, qui a donné des
preuves de son obéissance à Dieu le Père, qui a chassé toutes les impressions
du vice, comment le paradis ne la recevrait-il pas ? comment le ciel joyeux ne
lui ouvrirait-il pas ses portes ? Eve a prêté l'oreille au serpent; elle a
avalé la coupe empoisonnée; elle se laisse allécher par la volupté ; elle
enfante dans la douleur: elle est condamnée avec Adam. Mais celle qui est
véritablement bienheureuse, qui prêta l'oreille à la voix de Dieu, qui. fut
remplie du Saint-Esprit, qui porta la miséricorde du Père en son sein, qui
conçut sans l'entremise de l'homme, qui enfanta sans douleur, comment la mort
en fera-t-elle sa proie ? comment la corruption osera-t-elle quelque chose sur
un corps qui a porté la vie elle-même? »
Le Damascène dit encore dans ses sermons : « Il est
vrai que, dispersés par toute la terre et occupés à pêcher des hommes, jetant
le filet de la parole pour les amener hors des ténèbres où ils étaient
ensevelis à la table céleste et aux noces solennelles du Père, les apôtres
furent rassemblés et réunis par l'ordre de Dieu, et furent apportés des confins
du monde à Jérusalem, enveloppés dans une nuée comme dans un filet. En ce
moment nos premiers parents Adam et Eve s'écrièrent : « Venez à nous, ô sacrée
et salutaire nourriture, vous avez comblé notre joie ! » De son côté la
compagnie des saints qui se trouvait corporellement présente disait : a
Demeurez avec nous ; vous êtes notre consolation ; ne nous laissez pas
orphelins ; vous êtes notre soutien dans nos travaux, notre rafraîchissement
dans nos fatigues; c'est notre gloire de vivre ou de mourir avec vous : car la
vie n'est rien pour nous, si nous sommes privés de votre présence. » Je pense
que ce furent ces paroles ou d'autres semblables que les apôtres exprimaient au
milieu des sanglots de tous ceux qui composaient l'assemblée. Marie se tournant
vers son fils: « Soyez vous-même, lui dit-elle, le consolateur de ceux qu'il
vous a plu appeler vos frères et qui sont dans la douleur à cause de mon
départ; et ajoutez bénédiction sur bénédiction à l'imposition des mains que je
vais faire sur eux. » Ensuite elle étendit les mains et bénit le collège des
fidèles, puis elle ajouta : « Seigneur, je remets mon esprit entre vos mains :
recevez mon âme qui vous est si chère et que j'ai conservée pure. C'est à vous
et non à la terre que je confie mon corps ; conservez-le entier puisqu'il vous
a plu l'habiter; Transportez-moi auprès de vous, afin que là où vous êtes,
vous, le fruit de mes entrailles, j'y sois et j'y habite avec vous. » Ce fut
alors que les fidèles entendirent ces paroles : « Levez-vous, venez, ô ma
bien-aimée, ô la plus belle des femmes ; vous êtes belle, mon amie, et il n'y a
pas de tache en vous. » En entendant ces paroles, la Vierge recommande son
esprit aux soins de son Fils. Alors les apôtres répandent dés torrents de
larmes, et couvrent de baisers le tabernacle du Seigneur : le contact de ce
sacré corps les remplit de bénédiction et de sainteté. Les maladies
disparaissent, les démons s'enfuient, l'air et le ciel sont sanctifiés par la
présence de son esprit qui s'élève, la terre l'est à son tour, parce que son
corps y est déposé; comme aussi l'eau, par l'ablution de son corps. En effet,
ce corps sacré est lavé dans une eau très limpide qui n'a pu le nettoyer, mais
qui en a été sanctifiée. Ensuite le saint corps enveloppé d'un suaire blanc est
placé sur un lit, les lampes resplendissent, les parfums répandent leur douce
odeur, et l'air retentit du chant des hymnes angéliques. Ce fut au milieu du
concert que les apôtres et les autres saints qui se trouvaient là, faisaient
entendre, en chantant des cantiques divins, que l'arche du Seigneur, soutenue
sur les tètes sacrées des apôtres, est amenée de la montagne à la sainte terre
de Gethsémani. Les anges la précèdent et la suivent, les autres étendent des
voiles sur le précieux corps, toute l’Eglise l'accompagne. Il s'y trouva aussi
des Juifs endurcis par le vieux levain de la méchanceté. On raconte encore que
comme ceux qui portaient le corps sacré de la mère de Dieu descendaient de la
montagne de Sion, un hébreu, un instrument du diable, poussé par un mouvement
téméraire et conduit par une inspiration infernale s'approcha, en courant, du
saint corps auprès duquel les anges eux-mêmes tremblaient de s'approcher, et
comme un furieux, prit de ses deux mains le lit funèbre qu'il renversa à terre.
Mais on dit qu'une de ses mains se sécha comme bois et tomba. C'était merveille
de le voir semblable à un tronc inutile, tant que la foi n'eut changé son
coeur, et ne l'eut fait repentir avec larmes de son crime. Alors ceux qui
portaient le cercueil s'arrêtèrent, jusqu'à ce que le misérable mettant sa main
sur le très saint corps, reçut une guérison complète à l'instant qu'il l'eut
touché. De là on arrive à Gethsémani, où le saint corps est déposé dans un
tombeau vénérable, après qu'il eut reçu les baisers, les embrassements, les
larmes des fidèles couverts de sueur et chantant des hymnes sacrés. Mais votre
âme ne fut pas laissée dans l'enfer et votre corps n'a pas été atteint par la
corruption. Il convenait que le sein de la, terre ne retînt pas le sanctuaire
de Dieu, la fontaine qui n'a pas été creusée, le champ vierge, la vigne qui
n'avait pas reçu la rosée, l'olivier fécond. Il fut convenable que la Mère fût
élevée par le Fils, afin qu'elle montât vers lui comme il était descendu en
elle, afin que celle qui a conservé sa virginité dans son enfantement
n'éprouvât pas les atteintes de la corruption en son corps, et que celle qui a
porté son créateur, dans son sein habitât les divins tabernacles.. Le Père lavait
prise pour épouse, elle doit être gardée dans le palais céleste : la mère doit
jouir de ce qui appartient au Fils. » (Saint Jean Damascène.)
Saint Augustin s'étend aussi fort longuement dans un
sermon sur la très sainte Assomption de Marie toujours vierge: « Avant, dit-il,
de parler du très saint corps de celle qui toujours a été vierge, et de l'assomption
de sa bienheureuse âme, nous commençons par dire que l'Ecriture ne parle pas
d'elle après que le Seigneur l'eut recommandée sur la croix au disciple, si ce
n'est ce que saint Luc rapporte dans les Actes des apôtres: « Ils étaient tous,
dit-il, persévérants unanimement dans la prière avec Marie, mère de Jésus
(Actes, I). » Que dire donc de sa mort? Que dire de son assomption? Puisque
l’Ecriture se tait, il ne faut demander à la raison que ce qui est conforme à
la vérité. Que la vérité donc soit notre autorité puisque sans elle il n'y a
même pas d'autorité. Nous nous basons sur la connaissance que nous avons de la
condition humaine quand nous n'hésitons pas à dire qu'elle a souffert la mort
temporelle (2) ; mais si nous disons qu'elle fut la pâture de la pourriture,
des vers et de la cendre, il faut examiner si cet état convient à la sainteté
qui la distingue et aux prérogatives qui appartiennent à cette merveilleuse
habitation de Dieu. vous savons bien qu'il a été dit à notre premier père : «
Tu es poussière et tu retourneras en poussière. » La chair de J.-C. ne subit
pas cette condamnation puisqu'elle ne fut pas soumise à la corruption, Donc
elle fut exceptée de la sentence générale la nature qui fut prise de la Vierge.
Le Seigneur dit aussi à la femme: « Je t'affligerai de nombreuses misères : tu
enfanteras dans la douleur.» Marie a bien enduré les angoisses, puisqu'un
glaive perça son âme ; cependant elle enfanta sans douleur. Donc Marie, quoique
partageant les angoisses d'Eve, ne les partagea pas en enfantant avec douleur.
Donc celle qui jouit d'une prérogative immense est exceptée de la règle
générale. Si donc l'on dit qu'elle a souffert la mort sans cependant que la
mort l'ait retenue dans ses liens, serait-ce une impiété de dire qu'il n'ait
pas voulu préserver sa mère contre les horreurs de la pourriture, quand il a
voulu conserver intacte la pudeur de sa virginité? Est-ce qu'il n'appartenait
pas à la bonté du Seigneur de conserver l'honneur de sa mère, lui qui était
venu non pour détruire la loi, mais pour l'accomplir ? S'il -1'a honorée
pendant sa vie plus que toute autre par la grâce qu'il lui fit de le concevoir,
c'est donc chose pieuse de croire qu'il l'honora dans sa mort d'une préservation
particulière et d'une grâce spéciale. La pourriture et les vers, c'est la honte
de la condition humaine. Or, comme J.-C. est exempt de cet opprobre, Marie en
est exempte aussi, puisque J.-C-. est né d'elle. Car la chair de Jésus, c'est
la chair de Marie, qu'il éleva au-dessus des astres, honorant par là la nature
humaine, mais plus encore celle de sa mère. Si le fils a la nature de la mère,
il est de toute convenance que la mère possède la nature du Fils, non pas quant
à l'unité de la personne, mais quant à l'unité de la nature corporelle. Si la
grâce peut faire qu'il y ait unité sans qu'il y ait communauté de nature, à
plus forte raison quand il y a unité en grâce et naissance corporelle en
particulier. Il y a unité de grâce comme celle des disciples avec J.-C., selon
qu'il en parle lui-même quand il dit : « Afin qu'ils soient un comme nous
sommes un » et ailleurs : « Mon père, je veux qu'ils soient avec moi partout où
je suis. » Si donc J.-C. veut avoir avec soi ceux qui, réunis par la foi en lui,
sont censés' ne faire qu'un avec lui, que penser, par rapport à sa mère, du
lieu où elle soit digne de se trouver, sinon en présence de son Fils? Autant
que je puis le comprendre, autant que je puis le croire, l'âme de Marie est,
honorée par son Fils d'une prérogative plus excellente encore, puisqu'elle
possède en J.-C. le corps de ce Fils qu'elle a engendré avec les caractères de
la gloire. Et pourquoi ce corps ne serait-il pas le sien, puisqu'elle le conçut
par lui ? S'il n'a pas été au-devant d'elle, je ne reconnais pas là son
autorité. Oui, je crois que c'est par lui qu'elle a engendré; car une si grande
sainteté est plus digne du ciel que de la terre. Le trône de Dieu, le lit de l'époux,
la maison du Seigneur et le tabernacle de J.-C. a le droit d'être où il est
lui-même. Le ciel est plus digne que la terre de conserver tin si précieux
trésor. L'incorruptibilité et non la dissolution causée par la pourriture est
la conséquence directe d'une si grande intégrité. Que ce très saint corps ait
été abandonné aux vers comme à leur pâture, je rougirais de le penser, j'aurais
honte de le dire! Les grâces incomparables qui lui ont été départies sont de
nature à me faire rejeter cette pensée. Plusieurs passages de l'Écriture
viennent à l'appui de ce que j'avance. La vérité a dit autrefois à ses
ministres : « Où je suis, là aussi sera mon ministre.; » Si cette sentence
générale regarde tous ceux qui servent J.-C. par leur croyance et leurs
oeuvres, elle s'applique bien mieux encore à Marie qui, sans le moindre doute,
l'a aidé par toutes ses oeuvres. Elle l'a porté dans ses entrailles, elle l'a
mis au monde, elle l'a nourri, elle l'a réchauffé, elle l'a couché dans la
crèche, dans la fuite en Egypte elle l'a caché, elle a guidé les pas de son
enfance, elle l'a suivi jusqu'à la croix. Elle ne pouvait douter qu'il fût
Dieu, puisqu'elle savait l'avoir conçu non par les voies ordinaires, mais par l'aspiration
divine. Elle n'hésite pas à croire à sa puissance comme à la puissance d'un
dieu quand elle dit, lorsque le vin manquait: « Ils n'ont pas de vin. » Il
accueillit sa demande par un miracle; elle savait qu'il le pouvait faire. Donc,
il est clair que Marie par sa foi et par ses oeuvres a aidé J.-C. Mais si elle
n'est pas où J.-C. veut que soient ses ministres, où donc sera-t-elle ? Et si
elle y est, serait-ce à titre égal ? Et si c'est à titre égal, où est l'égalité
devant Dieu s'il ne rend à chacun selon ses mérites? Si c'est avec justice que
la sainte Vierge a reçu pendant sa vie une plus grande abondance de grâ ces que
les autres, pourquoi donc lui soustraire cette grâce quand elle est morte? Non
certes! car si la mort de tous les saints est précaire, la mort de Marie est
évidemment très précieuse. Je pense donc qu'il faut déclarer que Marie, élevée
aux joies de l'éternité par la bonté de a été reçue avec plus d'honneur que les
autres, puisqu'il l'a honorée de sa grâce plus que les autres : et qu'elle n'a
point eu à subir après sa mort ce que les autres hommes subissent, la
pourriture, les vers et la poussière, puisqu'elle a engendré son Sauveur et
celui de tous les hommes. Si la divine volonté a daigné conserver intacts au
milieu des flammes les vêtements des enfants, pourquoi ne garderait-elle pas,
dans sa propre mère, ce qu'il a gardé dans les vêtements des autres? La miséricorde
seule a voulu conserver vivant Jonas dans le ventre de la baleine, et la grâce
ne conservera pas Marie contre la corruption ? Daniel fut conservé malgré la
faim dévorante des lions, et Marie ne se serait pas conservée après que ses
mérites l'ont élevée à une si haute dignité? Puisque dans ce que nous venons de
dire, nous reconnaissons que tout a été fait contre les. lois de la nature,
nous sommes certains aussi que la grâce a plus fait que la nature pour l'intégrité
de Marie. Donc J.-C.; comme fils de Marie, fait qu'elle tire sa joie de
lui-même dans son âme et dans son corps. Il ne la soumet pas au supplice de la
corruption, puisqu'en enfantant ce divin fils, elle ne fut pas soumise à la
perte de sa virginité; en sorte qu'elle est incorruptible en raison des grâces
qui l'ont inondée, qu'elle vit intégralement parce qu'elle a mis au monde celui
qui est la vie entière de tous. O Jésus, si j'ai parlé comme je l'ai dû,
approuvez-moi, vous et les vôtres. Si j'ai parlé autrement que je ne le dois,
je vous en conjure, vous et les vôtres, pardonnez-le moi. »
(1) On s'est servi depuis les premiers siècles de l’Église,
tant chez les Latins que chez les Grecs de l'expression dormitio pour
signifier le trépas, et même la fête de l'Assomption de la sainte Vierge. On
donna encore à ce jour le nom dedepositio, pausatio, transitus. L'Eglise
d'orient n'emploie que le mot koirèsis; dormitio, sommeil.
(2) Il paraît par ce passage que l'oraison Veneranda qui
se récitait dans les liturgies modernes au jour de la fête de l’Assomption, est
d'une très haute antiquité.
La Légende dorée de Jacques de Voragine nouvellement
traduite en français avec introduction, notices, notes et recherches sur les
sources par l'abbé J.-B. M. Roze, chanoine honoraire de la Cathédrale d'Amiens,
Édouard Rouveyre, éditeur, 76, rue de Seine, 76, Paris mdcccci
SOURCE : https://livres-mystiques.com/partieTEXTES/voragine/tome02/120.htm
The Feast of the Assumption
The Feast of the Assumption of the Blessed
Virgin Mary, 15 August; also called in old liturgical
books Pausatio, Nativitas (for heaven),Mors, Depositio, Dormitio
S. Mariae.
This feast has
a double object: (1) the happy departure
of Mary from
this life;
(2) the assumption of her body into heaven.
It is the principal feast of
the Blessed
Virgin.
The fact of the Assumption
Regarding the day, year, and manner of Our
Lady's death, nothing certain is known.
The earliest known literary
reference to the Assumption is found in the Greek work De Obitu S. Dominae. Catholic faith,
however, has always derived our knowledge of
the mysteryfrom Apostolic
Tradition. Epiphanius (d.
403) acknowledged that he knew nothing
definite about it (Haer., lxxix, 11). The dates assigned
for it vary between three and fifteen years after Christ's
Ascension. Two cities claim to be the place of her departure: Jerusalem andEphesus.
Common consent favours Jerusalem,
where her tomb is
shown; but some argue in favour of Ephesus. The first six centuries did
not know of
the tomb
of Mary at Jerusalem.
The belief in
the corporeal assumption of Mary is
founded on the apocryphal treatise De
Obitu S. Dominae, bearing the name of St.
John, which belongs however to the fourth or fifth century. It is also
found in the book De Transitu Virginis, falsely ascribed to St.
Melito of Sardis, and in a spurious letter attributed to St.
Denis the Areopagite. If we consult genuine writings
in the East,
it is mentioned in thesermons of St.
Andrew of Crete, St.
John Damascene, St. Modestus of Jerusalem and others. In the West, St.
Gregory of Tours (De gloria mart., I, iv) mentions it first. The sermons of St.
Jerome and St.
Augustine for this feast,
however, are spurious. St.
John of Damascus(P.G., I, 96) thus formulates the tradition of
the Church of Jerusalem:
St. Juvenal, Bishop of Jerusalem,
at the Council
of Chalcedon (451), made known to the Emperor
Marcian and Pulcheria,
who wished to possess the body of the Mother
of God, that Mary died
in the presence of all the Apostles,
but that her tomb,
when opened, upon the request of St.
Thomas, was found empty; wherefrom the Apostles concluded
that the body was taken up to heaven.
Today, the belief in
the corporeal assumption of Mary is
universal in the East and
in the West;
according to Benedict
XIV (De Festis B.V.M., I, viii, 18) it is a probable opinion, which to
deny were impious and blasphemous.
The feast of the Assumption
Regarding the origin of the feast we
are also uncertain. It is more probably the anniversary of the dedication of
some church than
the actual anniversary of Our
Lady's death. That it originated at the time of the Council
of Ephesus, or that St.
Damasus introduced it in Rome is
only a hypothesis.
According to the life of
St. Theodosius (d. 529) it was celebrated in Palestine before the year 500,
probably in August (Baeumer,
Brevier, 185). In Egypt and Arabia,
however, it was kept in January, and since the monks of Gaul adopted
many usages from the Egyptian monks(Baeumer,
Brevier, 163), we find this feast in Gaul in
the sixth century, in January [mediante mense undecimo (Greg. Turon., De
gloria mart., I, ix)]. The Gallican Liturgy has
it on the 18th of January, under the title: Depositio, Assumptio, or
Festivitas S. Mariae (cf. the notes of Mabillon on
the Gallican Liturgy,
P.L., LXXII, 180). This custom was
kept up in the Gallican
Church to the time of the introduction of the Roman
rite. In the Greek
Church, it seems, some kept this feast in
January, with the monks of Egypt;
others in August, with those of Palestine; wherefore the Emperor
Maurice (d. 602), if the account of the "Liber
Pontificalis" (II, 508) be correct, set the feast for
theGreek
Empire on 15 August.
In Rome (Batiffol,
Brev. Rom., 134) the oldest and only feast of Our
Lady was 1 January, the octave of Christ's
birth. It was celebrated first at Santa Maria Maggiore, later at Santa
Maria ad Martyres. The other feasts are
of Byzantine origin.
Duchesne thinks (Origines du culte chr., 262) that before the seventh century
no other feast was
kept at Rome,
and that consequently the feast of
the Assumption, found in the sacramentaries of Gelasius and Gregory,
is a spurious addition made in the eighth or seventh century. Probst, however
(Sacramentarien, 264 sqq.), brings forth good arguments to prove that
the Mass of
the Blessed
Virgin Mary, found on the 15th of August in the Gelasianum, is genuine,
since it does not mention the corporeal assumption of Mary;
that, consequently, the feast was
celebrated in the church of Santa Maria Maggiore at Rome at
least in the sixth century. He proves,
furthermore, that the Mass of
the Gregorian Sacramentary, such as we have it, is of Gallican origin
(since the belief in
the bodily assumption of Mary,
under the influence of theapocryphal writings,
is older in Gaul than
in Rome),
and that it supplanted the old Gelasian Mass. At the time of Sergius
I (700) this feastwas
one of the principal festivities in Rome;
the procession started
from the church of St. Hadrian. It was always a double of the first class and
a Holy
Day of obligation.
The octave was
added in 847 by Leo
IV; in Germany this octave was
not observed in several dioceses up
to the time of the Reformation.
The Church
of Milan has not accepted it up to this day (Ordo Ambros., 1906).
The octave is privileged in
the dioceses of
the provinces ofSienna, Fermo, Michoacan,
etc.
The Greek
Church continues this feast to
23 August, inclusive, and in some monasteries of Mount
Athos it is protracted to 29 August (Menaea Graeca, Venice, 1880), or
was, at least, formerly. In the dioceses of Bavaria a
thirtieth day (a species of
month's mind)
of the Assumption was celebrated during the Middle
Ages, 13 Sept., with the Office of
the Assumption (double); today, only the Diocese
of Augsburg has retained this old custom.
Some of the Bavarian dioceses and
those of Brandenburg, Mainz, Frankfort,
etc., on 23 Sept. kept the feast of
the "Second Assumption", or the "Fortieth Day of the
Assumption" (double) believing,
according to the revelations of St.
Elizabeth of Schönau (d. 1165) and of St. Bertrand, O.C. (d. 1170),
that the B.V.
Mary was taken up to heaven on
the fortieth day after her death (Grotefend, Calendaria 2, 136). The Brigittines kept
the feast of
the "Glorification of Mary" (double) 30 Aug., since St.
Brigitta of Sweden says (Revel., VI, l) that Marywas
taken into heaven fifteen
days after her departure (Colvenerius, Cal. Mar., 30 Aug.). In Central America
a special feast of
the Coronation of Mary in heaven (double
major) is celebrated 18 August. The city of Gerace in
Calabria keeps three successive days with the rite of
a double first class, commemorating: 15th of August, the death of Mary;
16th of August, her Coronation.
At Piazza,
in Sicily,
there is a commemoration of the Assumption of Mary (double second class) the
20th of February, the anniversary of the earthquake of 1743. A similar feast (double
major with octave)
is kept at Martano, Diocese
of Otranto, in Apulia, 19th of November.
Note: By promulgating the Bull Munificentissimus
Deus, 1 November, 1950, Pope Pius XII declared infallibly that
the Assumption of the Blessed Virgin Mary was a dogma of
the Catholic Faith.
Likewise, the Second Vatican Council taught in the Dogmatic Constitution Lumen
Gentium that "the Immaculate
Virgin, preserved free from all stain of original
sin, was taken up body and soul into heavenly glory,
when her earthly life was
over, and exalted by the Lord as
Queen over all things (n. 59)."
Holweck, Frederick. "The Feast of the
Assumption." The Catholic Encyclopedia. Vol. 2. New York:
Robert Appleton Company, 1907. 15 Aug.
2015 <http://www.newadvent.org/cathen/02006b.htm>.
Transcription. This article was transcribed for
New Advent by Janet Grayson.
Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. 1907.
Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John M. Farley, Archbishop
of New York.
Copyright © 2020 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/02006b.htm
DEFINING THE DOGMA OF THE ASSUMPTION
Munificentissimus Deus
Apostolic Constitution of
Pope Pius XII issued November 1, 1950
1. The most bountiful God, who is almighty, the plan of whose providence
rests upon wisdom and love, tempers, in the secret purpose of his own mind, the
sorrows of peoples and of individual men by means of joys that he interposes in
their lives from time to time, in such a way that, under different conditions
and in different ways, all things may work together unto good for those who
love him.[1]
2. Now, just like the present age, our pontificate is weighed down by
ever so many cares, anxieties, and troubles, by reason of very severe
calamities that have taken place and by reason of the fact that many have
strayed away from truth and virtue. Nevertheless, we are greatly consoled to
see that, while the Catholic faith is being professed publicly and vigorously,
piety toward the Virgin Mother of God is flourishing and daily growing more
fervent, and that almost everywhere on earth it is showing indications of a
better and holier life. Thus, while the Blessed Virgin is fulfilling in the
most affectionate manner her maternal duties on behalf of those redeemed by the
blood of Christ, the minds and the hearts of her children are being vigorously
aroused to a more assiduous consideration of her prerogatives.
3. Actually God, who from all eternity regards Mary with a most
favorable and unique affection, has "when the fullness of time
came"[2] put the plan of his providence into effect in such a way that all
the privileges and prerogatives he had granted to her in his sovereign
generosity were to shine forth in her in a kind of perfect harmony. And,
although the Church has always recognized this supreme generosity and the
perfect harmony of graces and has daily studied them more and more throughout
the course of the centuries, still it is in our own age that the privilege of
the bodily Assumption into heaven of Mary, the Virgin Mother of God, has
certainly shone forth more clearly.
4. That privilege has shone forth in new radiance since our predecessor
of immortal memory, Pius IX, solemnly proclaimed the dogma of the loving Mother
of God's Immaculate Conception. These two privileges are most closely bound to
one another. Christ overcame sin and death by his own death, and one who
through Baptism has been born again in a supernatural way has conquered sin and
death through the same Christ. Yet, according to the general rule, God does not
will to grant to the just the full effect of the victory over death until the
end of time has come. And so it is that the bodies of even the just are
corrupted after death, and only on the last day will they be joined, each to
its own glorious soul.
5. Now God has willed that the Blessed Virgin Mary should be exempted
from this general rule. She, by an entirely unique privilege, completely
overcame sin by her Immaculate Conception, and as a result she was not subject
to the law of remaining in the corruption of the grave, and she did not have to
wait until the end of time for the redemption of her body.
6. Thus, when it was solemnly proclaimed that Mary, the Virgin Mother of
God, was from the very beginning free from the taint of original sin, the minds
of the faithful were filled with a stronger hope that the day might soon come
when the dogma of the Virgin Mary's bodily Assumption into heaven would also be
defined by the Church's supreme teaching authority.
7. Actually it was seen that not only individual Catholics, but also
those who could speak for nations or ecclesiastical provinces, and even a
considerable number of the Fathers of the Vatican Council, urgently petitioned
the Apostolic See to this effect.
8. During the course of time such postulations and petitions did not
decrease but rather grew continually in number and in urgency. In this cause
there were pious crusades of prayer. Many outstanding theologians eagerly and
zealously carried out investigations on this subject either privately or in
public ecclesiastical institutions and in other schools where the sacred
disciplines are taught. Marian Congresses, both national and international in
scope, have been held in many parts of the Catholic world. These studies and
investigations have brought out into even clearer light the fact that the dogma
of the Virgin Mary's Assumption into heaven is contained in the deposit of
Christian faith entrusted to the Church. They have resulted in many more
petitions, begging and urging the Apostolic See that this truth be solemnly
defined.
9. In this pious striving, the faithful have been associated in a
wonderful way with their own holy bishops, who have sent petitions of this
kind, truly remarkable in number, to this See of the Blessed Peter.
Consequently, when we were elevated to the throne of the supreme pontificate,
petitions of this sort had already been addressed by the thousands from every
part of the world and from every class of people, from our beloved sons the
Cardinals of the Sacred College, from our venerable brethren, archbishops and
bishops, from dioceses and from parishes.
10. Consequently, while we sent up earnest prayers to God that he might
grant to our mind the light of the Holy Spirit, to enable us to make a decision
on this most serious subject, we issued special orders in which we commanded
that, by corporate effort, more advanced inquiries into this matter should be
begun and that, in the meantime, all the petitions about the Assumption of the
Blessed Virgin Mary into heaven which had been sent to this Apostolic See from
the time of Pius IX, our predecessor of happy memory, down to our own days
should be gathered together and carefully evaluated.[3]
11. And, since we were dealing with a matter of such great moment and of
such importance, we considered it opportune to ask all our venerable brethren
in the episcopate directly and authoritatively that each of them should make
known to us his mind in a formal statement. Hence, on May 1, 1946, we gave them
our letter "Deiparae Virginis Mariae," a letter in which these
words are contained: "Do you, venerable brethren, in your outstanding
wisdom and prudence, judge that the bodily Assumption of the Blessed Virgin can
be proposed and defined as a dogma of faith? Do you, with your clergy and
people, desire it?"
12. But those whom "the Holy Spirit has placed as bishops to rule
the Church of God"[4] gave an almost unanimous affirmative response to
both these questions. This "outstanding agreement of the Catholic prelates
and the faithful,"[5] affirming that the bodily Assumption of God's Mother
into heaven can be defined as a dogma of faith, since it shows us the
concordant teaching of the Church's ordinary doctrinal authority and the concordant
faith of the Christian people which the same doctrinal authority sustains and
directs, thus by itself and in an entirely certain and infallible way,
manifests this privilege as a truth revealed by God and contained in that
divine deposit which Christ has delivered to his Spouse to be guarded
faithfully and to be taught infallibly.[6] Certainly this teaching authority of
the Church, not by any merely human effort but under the protection of the
Spirit of Truth,[7] and therefore absolutely without error, carries out the
commission entrusted to it, that of preserving the revealed truths pure and
entire throughout every age, in such a way that it presents them undefiled,
adding nothing to them and taking nothing away from them. For, as the Vatican
Council teaches, "the Holy Spirit was not promised to the successors of
Peter in such a way that, by his revelation, they might manifest new doctrine,
but so that, by his assistance, they might guard as sacred and might faithfully
propose the revelation delivered through the apostles, or the deposit of
faith."[8] Thus, from the universal agreement of the Church's ordinary
teaching authority we have a certain and firm proof, demonstrating that the
Blessed Virgin Mary's bodily Assumption into heaven- which surely no faculty of
the human mind could know by its own natural powers, as far as the heavenly
glorification of the virginal body of the loving Mother of God is concerned-is
a truth that has been revealed by God and consequently something that must be
firmly and faithfully believed by all children of the Church. For, as the
Vatican Council asserts, "all those things are to be believed by divine
and Catholic faith which are contained in the written Word of God or in
Tradition, and which are proposed by the Church, either in solemn judgment or
in its ordinary and universal teaching office, as divinely revealed truths
which must be believed."[9]
13. Various testimonies, indications and signs of this common belief of
the Church are evident from remote times down through the course of the
centuries; and this same belief becomes more clearly manifest from day to day.
14. Christ's faithful, through the teaching and the leadership of their
pastors, have learned from the sacred books that the Virgin Mary, throughout
the course of her earthly pilgrimage, led a life troubled by cares, hardships,
and sorrows, and that, moreover, what the holy old man Simeon had foretold
actually came to pass, that is, that a terribly sharp sword pierced her heart
as she stood under the cross of her divine Son, our Redeemer. In the same way,
it was not difficult for them to admit that the great Mother of God, like her
only begotten Son, had actually passed from this life. But this in no way
prevented them from believing and from professing openly that her sacred body
had never been subject to the corruption of the tomb, and that the august
tabernacle of the Divine Word had never been reduced to dust and ashes.
Actually, enlightened by divine grace and moved by affection for her, God's
Mother and our own dearest Mother, they have contemplated in an ever clearer
light the wonderful harmony and order of those privileges which the most
provident God has lavished upon this loving associate of our Redeemer,
privileges which reach such an exalted plane that, except for her, nothing
created by God other than the human nature of Jesus Christ has ever reached
this level.
15. The innumerable temples which have been dedicated to the Virgin Mary
assumed into heaven clearly attest this faith. So do those sacred images,
exposed therein for the veneration of the faithful, which bring this unique
triumph of the Blessed Virgin before the eyes of all men. Moreover, cities,
dioceses, and individual regions have been placed under the special patronage
and guardianship of the Virgin Mother of God assumed into heaven. In the same
way, religious institutes, with the approval of the Church, have been founded
and have taken their name from this privilege. Nor can we pass over in silence
the fact that in the Rosary of Mary, the recitation of which this Apostolic See
so urgently recommends, there is one mystery proposed for pious meditation
which, as all know, deals with the Blessed Virgin's Assumption into heaven.
16. This belief of the sacred pastors and of Christ's faithful is
universally manifested still more splendidly by the fact that, since ancient
times, there have been both in the East and in the West solemn liturgical
offices commemorating this privilege. The holy Fathers and Doctors of the
Church have never failed to draw enlightenment from this fact since, as
everyone knows, the sacred liturgy, "because it is the profession, subject
to the supreme teaching authority within the Church, of heavenly truths, can
supply proofs and testimonies of no small value for deciding a particular point
of Christian doctrine."[10]
17. In the liturgical books which deal with the feast either of the
dormition or of the Assumption of the Blessed Virgin there are expressions that
agree in testifying that, when the Virgin Mother of God passed from this
earthly exile to heaven, what happened to her sacred body was, by the decree of
divine Providence, in keeping with the dignity of the Mother of the Word
Incarnate, and with the other privileges she had been accorded. Thus, to cite
an illustrious example, this is set forth in that sacramentary which Adrian I,
our predecessor of immortal memory, sent to the Emperor Charlemagne. These
words are found in this volume: "Venerable to us, O Lord, is the festivity
of this day on which the holy Mother of God suffered temporal death, but still
could not be kept down by the bonds of death, who has begotten your Son our
Lord incarnate from herself."[11]
18. What is here indicated in that sobriety characteristic of the Roman
liturgy is presented more clearly and completely in other ancient liturgical
books. To take one as an example, the Gallican sacramentary designates this
privilege of Mary's as "an ineffable mystery all the more worthy of praise
as the Virgin's Assumption is something unique among men." And, in the
Byzantine liturgy, not only is the Virgin Mary's bodily Assumption connected
time and time again with the dignity of the Mother of God, but also with the
other privileges, and in particular with the virginal motherhood granted her by
a singular decree of God's Providence. "God, the King of the universe, has
granted you favors that surpass nature. As he kept you a virgin in childbirth,
thus he has kept your body incorrupt in the tomb and has glorified it by his
divine act of transferring it from the tomb."[12]
19. The fact that the Apostolic See, which has inherited the function
entrusted to the Prince of the Apostles, the function of confirming the
brethren in the faith,[13] has by its own authority, made the celebration of
this feast ever more solemn, has certainly and effectively moved the attentive
minds of the faithful to appreciate always more completely the magnitude of the
mystery it commemorates. So it was that the Feast of the Assumption was
elevated from the rank which it had occupied from the beginning among the other
Marian feasts to be classed among the more solemn celebrations of the entire
liturgical cycle. And, when our predecessor St. Sergius I prescribed what is
known as the litany, or the stational procession, to be held on four Marian
feasts, he specified together the Feasts of the Nativity, the Annunciation, the
Purification, and the Dormition of the Virgin Mary.[14] Again, St. Leo IV saw
to it that the feast, which was already being celebrated under the title of the
Assumption of the Blessed Mother of God, should be observed in even a more
solemn way when he ordered a vigil to be held on the day before it and
prescribed prayers to be recited after it until the octave day. When this had
been done, he decided to take part himself in the celebration, in the midst of
a great multitude of the faithful.[15] Moreover, the fact that a holy fast had
been ordered from ancient times for the day prior to the feast is made very evident
by what our predecessor St. Nicholas I testifies in treating of the principal
fasts which "the Holy Roman Church has observed for a long time, and still
observes."[16]
20. However, since the liturgy of the Church does not engender the
Catholic faith, but rather springs from it, in such a way that the practices of
the sacred worship proceed from the faith as the fruit comes from the tree, it
follows that the holy Fathers and the great Doctors, in the homilies and
sermons they gave the people on this feast day, did not draw their teaching
from the feast itself as from a primary source, but rather they spoke of this
doctrine as something already known and accepted by Christ's faithful. They
presented it more clearly. They offered more profound explanations of its
meaning and nature, bringing out into sharper light the fact that this feast
shows, not only that the dead body of the Blessed Virgin Mary remained
incorrupt, but that she gained a triumph out of death, her heavenly
glorification after the example of her only begotten Son, Jesus Christ-truths
that the liturgical books had frequently touched upon concisely and briefly.
21. Thus St. John Damascene, an outstanding herald of this traditional
truth, spoke out with powerful eloquence when he compared the bodily Assumption
of the loving Mother of God with her other prerogatives and privileges.
"It was fitting that she, who had kept her virginity intact in childbirth,
should keep her own body free from all corruption even after death. It was
fitting that she, who had carried the Creator as a child at her breast, should
dwell in the divine tabernacles. It was fitting that the spouse, whom the
Father had taken to himself, should live in the divine mansions. It was fitting
that she, who had seen her Son upon the cross and who had thereby received into
her heart the sword of sorrow which she had escaped in the act of giving birth
to him, should look upon him as he sits with the Father. It was fitting that
God's Mother should possess what belongs to her Son, and that she should be
honored by every creature as the Mother and as the handmaid of God."[17]
22. These words of St. John Damascene agree perfectly with what others
have taught on this same subject. Statements no less clear and accurate are to
be found in sermons delivered by Fathers of an earlier time or of the same
period, particularly on the occasion of this feast. And so, to cite some other
examples, St. Germanus of Constantinople considered the fact that the body of
Mary, the virgin Mother of God, was incorrupt and had been taken up into heaven
to be in keeping, not only with her divine motherhood, but also with the
special holiness of her virginal body. "You are she who, as it is written,
appears in beauty, and your virginal body is all holy, all chaste, entirely the
dwelling place of God, so that it is henceforth completely exempt from
dissolution into dust. Though still human, it is changed into the heavenly life
of incorruptibility, truly living and glorious, undamaged and sharing in
perfect life."[18] And another very ancient writer asserts: "As the
most glorious Mother of Christ, our Savior and God and the giver of life and
immortality, has been endowed with life by him, she has received an eternal
incorruptibility of the body together with him who has raised her up from the
tomb and has taken her up to himself in a way known only to him."[19]
23. When this liturgical feast was being celebrated ever more widely and
with ever increasing devotion and piety, the bishops of the Church and its
preachers in continually greater numbers considered it their duty openly and
clearly to explain the mystery that the feast commemorates, and to explain how
it is intimately connected with the other revealed truths.
24. Among the scholastic theologians there have not been lacking those
who, wishing to inquire more profoundly into divinely revealed truths and
desirous of showing the harmony that exists between what is termed the
theological demonstration and the Catholic faith, have always considered it
worthy of note that this privilege of the Virgin Mary's Assumption is in
wonderful accord with those divine truths given us in Holy Scripture.
25. When they go on to explain this point, they adduce various proofs to
throw light on this privilege of Mary. As the first element of these
demonstrations, they insist upon the fact that, out of filial love for his
mother, Jesus Christ has willed that she be assumed into heaven. They base the
strength of their proofs on the incomparable dignity of her divine motherhood
and of all those prerogatives which follow from it. These include her exalted
holiness, entirely surpassing the sanctity of all men and of the angels, the
intimate union of Mary with her Son, and the affection of preeminent love which
the Son has for his most worthy Mother.
26. Often there are theologians and preachers who, following in the
footsteps of the holy Fathers,[20] have been rather free in their use of events
and expressions taken from Sacred Scripture to explain their belief in the
Assumption. Thus, to mention only a few of the texts rather frequently cited in
this fashion, some have employed the words of the psalmist: "Arise, O
Lord, into your resting place: you and the ark, which you have
sanctified"[21]; and have looked upon the Ark of the Covenant, built of
incorruptible wood and placed in the Lord's temple, as a type of the most pure
body of the Virgin Mary, preserved and exempt from all the corruption of the
tomb and raised up to such glory in heaven. Treating of this subject, they also
describe her as the Queen entering triumphantly into the royal halls of heaven
and sitting at the right hand of the divine Redeemer.[22] Likewise they mention
the Spouse of the Canticles "that goes up by the desert, as a pillar of
smoke of aromatical spices, of myrrh and frankincense" to be crowned.[23]
These are proposed as depicting that heavenly Queen and heavenly Spouse who has
been lifted up to the courts of heaven with the divine Bridegroom.
27. Moreover, the scholastic Doctors have recognized the Assumption of the
Virgin Mother of God as something signified, not only in various figures of the
Old Testament, but also in that woman clothed with the sun whom John the
Apostle contemplated on the Island of Patmos.[24] Similarly they have given
special attention to these words of the New Testament: "Hail, full of
grace, the Lord is with you, blessed are you among women,"[25] since they
saw, in the mystery of the Assumption, the fulfillment of that most perfect
grace granted to the Blessed Virgin and the special blessing that countered the
curse of Eve.
28. Thus, during the earliest period of scholastic theology, that most
pious man, Amadeus, Bishop of Lausarme, held that the Virgin Mary's flesh had
remained incorrupt-for it is wrong to believe that her body has seen corruption-because
it was really united again to her soul and, together with it, crowned with
great glory in the heavenly courts. "For she was full of grace and blessed
among women. She alone merited to conceive the true God of true God, whom as a
virgin, she brought forth, to whom as a virgin she gave milk, fondling him in
her lap, and in all things she waited upon him with loving care."[26]
29. Among the holy writers who at that time employed statements and
various images and analogies of Sacred Scripture to Illustrate and to confirm
the doctrine of the Assumption, which was piously believed, the Evangelical
Doctor, St. Anthony of Padua, holds a special place. On the feast day of the
Assumption, while explaining the prophet's words: "I will glorify the place
of my feet,"[27] he stated it as certain that the divine Redeemer had
bedecked with supreme glory his most beloved Mother from whom he had received
human flesh. He asserts that "you have here a clear statement that the
Blessed Virgin has been assumed in her body, where was the place of the Lord's
feet. Hence it is that the holy Psalmist writes: 'Arise, O Lord, into your
resting place: you and the ark which you have sanctified."' And he asserts
that, just as Jesus Christ has risen from the death over which he triumphed and
has ascended to the right hand of the Father, so likewise the ark of his
sanctification "has risen up, since on this day the Virgin Mother has been
taken up to her heavenly dwelling."[28]
30. When, during the Middle Ages, scholastic theology was especially
flourishing, St. Albert the Great who, to establish this teaching, had gathered
together many proofs from Sacred Scripture, from the statements of older
writers, and finally from the liturgy and from what is known as theological
reasoning, concluded in this way: "From these proofs and authorities and
from many others, it is manifest that the most blessed Mother of God has been
assumed above the choirs of angels. And this we believe in every way to be
true."[29] And, in a sermon which he delivered on the sacred day of the
Blessed Virgin Mary's annunciation, explained the words "Hail, full of
grace"-words used by the angel who addressed her-the Universal Doctor,
comparing the Blessed Virgin with Eve, stated clearly and incisively that she was
exempted from the fourfold curse that had been laid upon Eve.[30]
31. Following the footsteps of his distinguished teacher, the Angelic
Doctor, despite the fact that he never dealt directly with this question,
nevertheless, whenever he touched upon it, always held together with the
Catholic Church, that Mary's body had been assumed into heaven along with her
soul.[31]
32. Along with many others, the Seraphic Doctor held the same views. He
considered it as entirely certain that, as God had preserved the most holy
Virgin Mary from the violation of her virginal purity and integrity in
conceiving and in childbirth, he would never have permitted her body to have
been resolved into dust and ashes.[32] Explaining these words of Sacred
Scripture: "Who is this that comes up from the desert, flowing with
delights, leaning upon her beloved?"[33] and applying them in a kind of
accommodated sense to the Blessed Virgin, he reasons thus: "From this we
can see that she is there bodily...her blessedness would not have been complete
unless she were there as a person. The soul is not a person, but the soul,
joined to the body, is a person. It is manifest that she is there in soul and
in body. Otherwise she would not possess her complete beatitude.[34]
33. In the fifteenth century, during a later period of scholastic
theology, St. Bernardine of Siena collected and diligently evaluated all that
the medieval theologians had said and taught on this question. He was not
content with setting down the principal considerations which these writers of
an earlier day had already expressed, but he added others of his own. The
likeness between God's Mother and her divine Son, in the way of the nobility
and dignity of body and of soul-a likeness that forbids us to think of the
heavenly Queen as being separated from the heavenly Kingmakes it entirely
imperative that Mary "should be only where Christ is."[35] Moreover,
it is reasonable and fitting that not only the soul and body of a man, but also
the soul and body of a woman should have obtained heavenly glory. Finally,
since the Church has never looked for the bodily relics of the Blessed Virgin
nor proposed them for the veneration of the people, we have a proof on the
order of a sensible experience.[36]
34. The above-mentioned teachings of the holy Fathers and of the Doctors
have been in common use during more recent times. Gathering together the
testimonies of the Christians of earlier days, St. Robert Bellarmine exclaimed:
"And who, I ask, could believe that the ark of holiness, the dwelling
place of the Word of God, the temple of the Holy Spirit, could be reduced to
ruin? My soul is filled with horror at the thought that this virginal flesh
which had begotten God, had brought him into the world, had nourished and
carried him, could have been turned into ashes or given over to be food for
worms."[37]
35. In like manner St. Francis of Sales, after asserting that it is
wrong to doubt that Jesus Christ has himself observed, in the most perfect way,
the divine commandment by which children are ordered to honor their parents,
asks this question: "What son would not bring his mother back to life and
would not bring her into paradise after her death if he could?"[38] And
St. Alphonsus writes that "Jesus did not wish to have the body of Mary
corrupted after death, since it would have redounded to his own dishonor to
have her virginal flesh, from which he himself had assumed flesh, reduced to
dust."[39]
36. Once the mystery which is commemorated in this feast had been placed
in its proper light, there were not lacking teachers who, instead of dealing
with the theological reasonings that show why it is fitting and right to
believe the bodily Assumption of the Blessed Virgin Mary into heaven, chose to
focus their mind and attention on the faith of the Church itself, which is the
Mystical Body of Christ without stain or wrinkle[40] and is called by the
Apostle "the pillar and ground of truth."[41] Relying on this common
faith, they considered the teaching opposed to the doctrine of our Lady's
Assumption as temerarious, if not heretical. Thus, like not a few others, St.
Peter Canisius, after he had declared that the very word "assumption"
signifies the glorification, not only of the soul but also of the body, and
that the Church has venerated and has solemnly celebrated this mystery of
Mary's Assumption for many centuries, adds these words of warning: "This
teaching has already been accepted for some centuries, it has been held as
certain in the minds of the pious people, and it has been taught to the entire
Church in such a way that those who deny that Mary's body has been assumed into
heaven are not to be listened to patiently but are everywhere to be denounced
as over-contentious or rash men, and as imbued with a spirit that is heretical
rather than Catholic."[42]
37. At the same time the great Suarez was professing in the field of
mariology the norm that "keeping in mind the standards of propriety, and
when there is no contradiction or repugnance on the part of Scripture, the
mysteries of grace which God has wrought in the Virgin must be measured, not by
the ordinary laws, but by the divine omnipotence."[43] Supported by the
common faith of the entire Church on the subject of the mystery of the
Assumption, he could conclude that this mystery was to be believed with the
same firmness of assent as that given to the Immaculate Conception of the
Blessed Virgin. Thus he already held that such truths could be defined.
38. All these proofs and considerations of the holy Fathers and the
theologians are based upon the Sacred Writings as their ultimate foundation.
These set the loving Mother of God as it were before our very eyes as most
intimately joined to her divine Son and as always sharing his lot. Consequently
it seems impossible to think of her, the one who conceived Christ, brought him
forth, nursed him with her milk, held him in her arms, and clasped him to her
breast, as being apart from him in body, even though not in soul, after this
earthly life. Since our Redeemer is the Son of Mary, he could not do otherwise,
as the perfect observer of God's law, than to honor, not only his eternal
Father, but also his most beloved Mother. And, since it was within his power to
grant her this great honor, to preserve her from the corruption of the tomb, we
must believe that he really acted in this way.
39. We must remember especially that, since the second century, the
Virgin Mary has been designated by the holy Fathers as the new Eve, who,
although subject to the new Adam, is most intimately associated with him in
that struggle against the infernal foe which, as foretold in the
protoevangelium,[44] would finally result in that most complete victory over
the sin and death which are always mentioned together in the writings of the
Apostle of the Gentiles.[45] Consequently, just as the glorious resurrection of
Christ was an essential part and the final sign of this victory, so that
struggle which was common to the Blessed Virgin and her divine Son should be
brought to a close by the glorification of her virginal body, for the same
Apostle says: "When this mortal thing hath put on immortality, then shall
come to pass the saying that is written: Death is swallowed up in
victory."[46]
40. Hence the revered Mother of God, from all eternity joined in a
hidden way with Jesus Christ in one and the same decree of predestination,[47]
immaculate in her conception, a most perfect virgin in her divine motherhood,
the noble associate of the divine Redeemer who has won a complete triumph over
sin and its consequences, finally obtained, as the supreme culmination of her
privileges, that she should be preserved free from the corruption of the tomb
and that, like her own Son, having overcome death, she might be taken up body
and soul to the glory of heaven where, as Queen, she sits in splendor at the
right hand of her Son, the immortal King of the Ages.[48]
41. Since the universal Church, within which dwells the Spirit of Truth
who infallibly directs it toward an ever more perfect knowledge of the revealed
truths, has expressed its own belief many times over the course of the
centuries, and since the bishops of the entire world are almost unanimously
petitioning that the truth of the bodily Assumption of the Blessed Virgin Mary
into heaven should be defined as a dogma of divine and Catholic faith-this
truth which is based on the Sacred Writings, which is thoroughly rooted in the
minds of the faithful, which has been approved in ecclesiastical worship from
the most remote times, which is completely in harmony with the other revealed
truths, and which has been expounded and explained magnificently in the work,
the science, and the wisdom of the theologians-we believe that the moment
appointed in the plan of divine providence for the solemn proclamation of this
outstanding privilege of the Virgin Mary has already arrived.
42. We, who have placed our pontificate under the special patronage of
the most holy Virgin, to whom we have had recourse so often in times of grave
trouble, we who have consecrated the entire human race to her Immaculate Heart
in public ceremonies, and who have time and time again experienced her powerful
protection, are confident that this solemn proclamation and definition of the
Assumption will contribute in no small way to the advantage of human society,
since it redounds to the glory of the Most Blessed Trinity, to which the
Blessed Mother of God is bound by such singular bonds. It is to be hoped that
all the faithful will be stirred up to a stronger piety toward their heavenly
Mother, and that the souls of all those who glory in the Christian name may be
moved by the desire of sharing in the unity of Jesus Christ's Mystical Body and
of increasing their love for her who shows her motherly heart to all the
members of this august body. And so we may hope that those who meditate upon
the glorious example Mary offers us may be more and more convinced of the value
of a human life entirely devoted to carrying out the heavenly Father's will and
to bringing good to others. Thus, while the illusory teachings of materialism
and the corruption of morals that follows from these teachings threaten to
extinguish the light of virtue and to ruin the lives of men by exciting discord
among them, in this magnificent way all may see clearly to what a lofty goal
our bodies and souls are destined. Finally it is our hope that belief in Mary's
bodily Assumption into heaven will make our belief in our own resurrection
stronger and render it more effective.
43. We rejoice greatly that this solemn event falls, according to the
design of God's providence, during this Holy Year, so that we are able, while
the great Jubilee is being observed, to adorn the brow of God's Virgin Mother
with this brilliant gem, and to leave a monument more enduring than bronze of
our own most fervent love for the Mother of God.
44. For which reason, after we have poured forth prayers of supplication
again and again to God, and have invoked the light of the Spirit of Truth, for
the glory of Almighty God who has lavished his special affection upon the
Virgin Mary, for the honor of her Son, the immortal King of the Ages and the
Victor over sin and death, for the increase of the glory of that same august
Mother, and for the joy and exultation of the entire Church; by the authority
of our Lord Jesus Christ, of the Blessed Apostles Peter and Paul, and by our
own authority, we pronounce, declare, and define it to be a divinely revealed
dogma: that the Immaculate Mother of God, the ever Virgin Mary, having
completed the course of her earthly life, was assumed body and soul into
heavenly glory.
45. Hence if anyone, which God forbid, should dare willfully to deny or
to call into doubt that which we have defined, let him know that he has fallen
away completely from the divine and Catholic Faith.
46. In order that this, our definition of the bodily Assumption of the
Virgin Mary into heaven may be brought to the attention of the universal
Church, we desire that this, our Apostolic Letter, should stand for perpetual
remembrance, commanding that written copies of it, or even printed copies,
signed by the hand of any public notary and bearing the seal of a person
constituted in ecclesiastical dignity, should be accorded by all men the same
reception they would give to this present letter, were it tendered or shown.
47. It is forbidden to any man to change this, our declaration,
pronouncement, and definition or, by rash attempt, to oppose and counter it. If
any man should presume to make such an attempt, let him know that he will incur
the wrath of Almighty God and of the Blessed Apostles Peter and Paul.
48. Given at Rome, at St. Peter's, in the year of the great Jubilee,
1950, on the first day of the month of November, on the Feast of All Saints, in
the twelfth year of our pontificate.
I, PIUS, Bishop of the Catholic Church, have signed, so defining.
ENDNOTES
1. Rom 8:28.
2. Gal 4:4.
3. Cf. Hentrich-Von Moos, Petitiones
de Assumptione Corporea B. Virginis Mariae in Caelum Definienda ad S. Sedem
Delatae, 2 volumes (Vatican Polyglot Press, 1942).
4. Acts 20:28.
5. The Bull Ineffabilis Deus,
in the Acta Pii IX, pars 1, Vol. 1, p. 615.
6. The Vatican Council,
Constitution Dei filius, c. 4.
7. Jn 14:26.
8. Vatican Council, Constitution
Pastor Aeternus, c. 4.
9. Ibid., Dei Filius, c.
3.
10. The encyclical Mediator
Dei (Acta Apostolicae Sedis, XXXIX, 541).
11. Sacramentarium
Gregorianum.
12. Menaei Totius Anni.
13. Lk 22:32.
14. Liber Pontificalis.
15. Ibid.
16. Responsa Nicolai Papae
I ad Consulta Bulgarorum.
17. St. John Damascene, Encomium
in Dormitionem Dei Genetricis Semperque Virginis Mariae, Hom. II, n. 14;
cf. also ibid, n. 3.
18. St. Germanus of
Constantinople, In Sanctae Dei Genetricis Dormitionem, Sermo I.
19. The Encomium in
Dormitionem Sanctissimae Dominae Nostrate Deiparae Semperque Virginis Mariae,
attributed to St. Modestus of Jerusalem, n. 14.
20. Cf. St. John Damascene, op.
cit., Hom. II, n. 11; and also the Encomium attributed to St.
Modestus.
21. Ps 131:8.
22. Ps 44:10-14ff.
23. Song 3:6; cf. also 4:8; 6:9.
24. Rv 12:1ff.
25. Lk 1:28.
26. Amadeus of Lausanne, De
Beatae Virginis Obitu, Assumptione in Caelum Exaltatione ad Filii Dexteram.
27. Is 61:13.
28. St. Anthony of Padua, Sermones
Dominicales et in Solemnitatibus, In Assumptione S. Mariae Virginis Sermo.
29. St. Albert the Great, Mariale,
q. 132.
30. St. Albert the Great, Sermones
de Sanctis, Sermo XV in Annuntiatione B. Mariae; cf. also Mariale,
q. 132.
31. St. Thomas Aquinas, Summa
Theol., Illa; q. 27, a. 1; q. 83, a. 5, ad 8; Expositio Salutationis
Angelicae; In Symb. Apostolorum Expositio, a. S; In IV Sent.,
d. 12, q. 1, a. 3, sol. 3; d. 43, q. 1, a. 3, sol. 1, 2.
32. St. Bonaventure, De
Nativitate B. Mariae Virginis, Sermo V.
33. Song 8:5.
34. St. Bonaventure, De
Assumptione B. Mariae Virginis, Sermo 1.
35. St. Bernardine of Siena, In
Assumptione B. Mariae Virginis, Sermo 11.
36. Ibid.
37. St. Robert Bellarmine, Conciones
Habitae Lovanii, n. 40, De Assumption B. Mariae Virginis.
38. Oeuvres de St. Francois
De Sales, sermon for the Feast of the Assumption.
39. St. Alphonsus Liguori, The
Glories of Mary, Part 2, d. 1.
40. Eph 5:27.
41. I Tm 3:15.
42. St. Peter Canisius, De
Maria Virgine.
43. Suarez, In Tertiam Partem
D. Thomae, q. 27, a. 2, disp. 3, sec. 5, n. 31.
44. Gn 3:15.
45. Rm 5-6; I Cor. 15:21-26,
54-57.
46. I Cor 15:54.
47. The Bull Ineffabilis Deus,
loc. cit., p. 599.
48. I Tm 1:17.
For hundreds of years, Catholics observed
the feast of the Assumption of the Blessed Virgin Mary on August 15 —
celebrating Mary’s being taken bodily to Heaven after her death — but it was
not until 1950 that the Church proclaimed this teaching a dogma of the Church —
one of the essential beliefs of the Catholic faith.
August 15 is the day that Catholics have long
celebrated what is called the Dormition (falling asleep) or Assumption of the
Virgin Mary. The Feast of the Assumption celebrates both the happy departure of
Mary from this life by her natural death, and her assumption bodily into
heaven. Along with the Feast of the Immaculate Conception (December 8th)
the Assumption is a principal feast of the Blessed Virgin and a Holy Day of
Obligation — one of the most important feasts of the Church year.
The idea of the assumption of Mary into heaven
after her death is first expressed in narratives of the fifth and sixth
centuries. Even though these were never official, they bear witness to the very
early belief in a teaching of the Catholic Church which was not formally
defined as a dogma (a teaching essential to the Catholic faith) until 50 years
ago.
Though it was almost universally believed for more
than a thousand years, the Bible contains no mention of the assumption of Mary
into heaven. The first Church writer to speak of Mary’s being taken up into
heaven by God is Saint Gregory of Tours (594). Other early sermons on the Feast
of Mary’s entry into heaven are those of Ps.-Modestus of Jerusalem (ca. 700).
On May 1, 1946, Pope Pius XII, asked all bishops in
the world whether they thought this belief in the assumption of Mary into
heaven should be defined as a proposition of faith, and whether they with their
clergy and people desired the definition. Almost all the bishops replied in the
affirmative.
On November 1, 1950, the Feast of All Saints, Pope
Pius XII declared as a dogma revealed by God that “Mary, the immaculate
perpetually Virgin Mother of God, after the completion of her earthly life, was
assumed body and soul into the glory of Heaven”.
We have no real knowledge of the day, year, and
manner of Our Lady’s death. The dates which have been assigned to her death
vary between three and fifteen years after Christ’s Ascension. Both Jerusalem
and Ephesus claim to be the place where she died. (By tradition, Mary lived at
Ephesus after the death of Jesus.) Mary’s tomb was presumably found in
Jerusalem. It is believed that Mary died in the presence of all the Apostles,
but that after her burial, her tomb, when opened, was found empty. Therefore,
they concluded that her body had been taken up (assumed) into heaven.
Saint Gregory of Tour provided a rationale for the
tradition, which is related to her having been preserved from original sin. He
said that it is inconceivable to think Mary’s sinless body, likened to the Ark
of the Covenant which was made of incorruptible wood, should decay in the
grave. The text, ‘Rise thou and the ark of thy strength’ (Ps 132/1:8) was
understood to mean that it was God’s will that, as Christ had ascended, so too
Mary would be received into heaven.
There is an important difference, of course,
between the ascension of Jesus into Heaven after His Resurrection, and the
assumption of Mary. To ascend is to rise up under one’s own power; while to be
assumed means something that is done to one. Jesus, being the Second Person of
the Trinity, had no need of assistance; whereas Mary did not have this power.
(A pastor once demonstrated this difference in an unusual way. He asked two
children to come to the front of the church. He told one child to walk from one
side of the sanctuary to the other; and the other child he carried across.)
According to one tradition, Mary was warned of her
approaching end by Saint Michael the Archangel, who conducts souls to Heaven,
and was surrounded on her death-bed by the apostles, who were miraculously
transported to her bedside from their various mission-fields. It was said that
Jesus appeared, bore away her soul, and returned three days after her burial,
when angels carried her body to Paradise where it was reunited with her soul
under the Tree of Life.
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/assumption/
The
Assumption of the Blessed Virgin Mary
ON this festival
the church commemorates the happy departure of the Virgin Mary, and her
translation into the kingdom of her Son, in which she received from him a crown
of immortal glory, and a throne above all the other saints and heavenly
spirits. After Christ, as the triumphant conqueror of death and hell, ascended
into heaven, his blessed Mother remained at Jerusalem, persevering in prayer
with the disciples, till, with them she had received the Holy Ghost. St. John,
the Evangelist, to whom Christ recommended her on his cross, took her under his
protection. The prelates assembled in the general council which was held at
Ephesus in 431, mention as the highest prerogative of that city, that it had
received a great lustre from St. John the Evangelist, and the Mother of God,
saying, In which John the Theologian, and the Virgin Mother of God, the holy
Mary, conversed, or rather, are honoured with churches held in special
veneration. 1 Tillemont and some others conjecture from this
passage, that she died at Ephesus; but others think rather at Jerusalem, where,
in later ages, mention is made of her sepulchre cut in a rock at Gethsemani. 2 All agree that she lived to a very advanced age, 3 improving daily in perfect charity, and in the most
heroic exercise of all other virtues. She paid the common debt of nature, none
among the children of Adam being exempt from that rigorous law. But the death
of the saints is rather to be called a sweet sleep than death; much more that
of the queen of saints, who had been exempt from all sin.
It is a
traditionary pious belief, that the body of the Blessed Virgin was raised by
God soon after her death, and assumed to glory, by a singular privilege, before
the general resurrection of the dead. This is mentioned by the learned Andrew
of Crete, 4 in the east in the seventh, and by St. Gregory of
Tours, 5 in the west in the sixth century. It is an opinion
perfectly conformable to the sentiments of piety and respect which we owe to
the glorious Mother of God. This preservation from corruption, and speedy
assumption to glory, was a privilege which seems justly due to that sacred
body, which was never defiled by any sin, which was ever the most holy and pure
temple of God, preserved from all contagion of Adam, and the common curse of
mankind; to that body from which the Eternal Word received his own adorable
flesh, by whose hands he was pleased to be nourished and clothed on earth, and
whom he vouchsafed to obey and honour as his mother. So great was the respect
and veneration of the fathers towards this most holy and most exalted of all
pure creatures, that St. Epiphanius durst not affirm that she ever died,
because he had never found any mention of her death, and because she might have
been preserved immortal, and translated to glory without dying. 6 Much more ought piety to incline us to receive with
deference a tradition so ancient and so well recommended to us as is this of
the corporal assumption of the Virgin Mary; an opinion which the church so far
favours as to read, from the works of St. John Damascen and St. Bernard, an
account of it in the breviary as proper to edify, and excite the devotion of
her children. 7 But then, that our piety may be discreet, we must
imitate the moderation and cautious reserve of our holy mother the church, and
not put mere opinions any way upon a level with articles of faith, or matters
of divine revelation.
This solemnity,
in ancient Martyrologies, is promiscuously called the assumption, passage, or
repose of the Virgin Mary. Whether this assumption was of her soul only, or of
both soul and body, is no part of faith. The latter is the truth, but were it
not so, the object of the present festival is still the same; for, as we honour
the departure of other saints out of this world, so we have great reason to
rejoice and praise God on this day, when the mother of Christ entered into the
possession of those joys which he had prepared for her. We ought certainly to
employ this festival in pouring forth our souls before God, in most holy
transports of thanksgiving for the high degree of grace and glory to which, in
his infinite mercy, he has exalted her; secondly, in imitating her virtues;
thirdly, in imploring his clemency and bounty through her patronage and
intercession. We shall excite ourselves to these duties by considering on one
side to how great a crown she is raised, and by what means she attained to it,
and on the other, how powerful an advocate God hath given us in her.
The assumption
of the Virgin Mary is the greatest of all the festivals which the church
celebrates in her honour. It is the consummation of all the other great
mysteries, by which her life was rendered most wonderful; it is the birthday of
her true greatness and glory, and the crowning of all the virtues of her whole
life, which we admire singly in her other festivals. It is for all these gifts
conferred on her that we are on this day to praise and thank him who is the
author of them; but especially for that glory with which he hath crowned her.
In this we must join our homages and joy with all the blessed spirits in
heaven. What must have been their exultation and triumph on this occasion! With
what honour do we think God himself received his mother into his kingdom! What
glory did he bestow on her whom he exalted above the highest cherubim, and
placed on a throne raised above all the choirs of his blessed spirits! The
seraphim, angels, and all the other glorious inhabitants of his kingdom, seeing
the graces with which she was adorned, and the dazzling beauty and lustre with
which she shone forth as she mounted on high from the earth, cried out in
amazement: Who is she that cometh up from the desert flowing with charms and
delights, leaning upon her beloved? 8 Accustomed as they were to the wonders of heaven, in
which God displayeth the magnificence of his power and greatness, they are,
nevertheless, astonished to behold the glory of Mary; and much more so, to see
the earth which had been loaded with maledictions, and covered with monsters of
abomination and horror, now produce so great a treasure, and send to them so
rich a present. They pronounce it blessed for having given her birth; but their
heaven much more so in now receiving her for eternity.
But ought we not
rather to stop our inquiries in silent raptures of admiration and praise, than
presume to pursue them in an object which is the astonishment of the highest
angels? This made St. Bernard say on this subject: 9 “Nothing more delights me, yet nothing terrifies me
more than to discourse of the glory of the Virgin Mary.” It is presumption to
offer to dive into God’s secret mysteries, by pretending to fathom or measure
the degree of bliss to which she is raised. Let it then suffice that we know
her honour now is proportioned to the incomprehensible dignity of Mother of God
which she bears, and to the transcendent degree of grace and merits which she
possessed on earth, and which she had never ceased to increase every moment of
her life. We extol her incomparable dignity in being the mother of her Creator;
a dignity which no mortal tongue can express; but we may confidently say that
the glory with which Christ received her in heaven is no less above the reach
of our understanding. Martha was highly favoured when she had the honour to
harbour Jesus under her roof; the history of which is read in the gospel of
this festival. But that was only an emblem or shadow of the happiness of the
Virgin Mary, who not only received her Creator into her house, but conceived
and bore him in her womb. Yet this so high a dignity only met with its
recompense in the happiness to which she was admitted on this day, on which she
was received by him in his glory, as she had harboured him on earth in her womb
and under her roof. He who rewards so richly those who for his sake serve or
relieve the least of his members on earth, though they should only give them a
cup of cold water, displays his liberality with the utmost profusion of great
gifts in favour of a mother the most faithful to his graces, the most fervent
in his love, and the most constant in his service. He remembers the affection,
piety, and fervour with which she sanctified herself before she conceived him,
and during the remainder of her life; with which she bore him in her womb,
cherished and served him in his mortal body upon earth, and suffered with him, by
compassion, on Mount Calvary; and now he repays her by the honour with which he
receives and crowns her. This he does in a manner so much the more wonderful,
as he is infinite in power, love, and goodness, and as his ways are infinitely
exalted above those of creatures. Moreover, his own honour is here interested
that he should glorify one that stands in so near a relation to himself, and
that he should exalt his mother by the gifts of his glory as he enriched her
with his most extraordinary graces when he first chose her to that dignity.
She is said to
be clothed with the sun—that is, with a glory transcending that of the other
blessed, as the brightness of the sun surpasseth the stars; it is added, that
the moon is placed under her feet. “Of this heavenly queen,” says St. Francis
of Sales, 10 “from my heart I proclaim this loving and true
thought. The angels and saints are only compared to stars, and the first of
those to the fairest of these. But she is fair as the moon, as easily to be
discerned from the other saints as the sun is from the stars.” She receives a
crown not like those of other saints, but of twelve stars. 11 If she rejoice exceedingly in her own bliss, much
more will she overflow with joy in the glory of her divine Son. What a singular
pleasure must she feel to behold him whom she had with so much solicitude
ministered to, so affectionately attended, and so grievously mourned for, now
placed on the throne of his majesty, resplendent with the glory of the
divinity, and proclaimed every where the Lord of all things! What raptures of
love and joy must transport her soul at this sight! And with what tenderness
does he address, and say to her: “You ministered to me far above all others in
my state of humiliation; and I will minister to you more abundantly than to any
other in my glory. I received from you my humanity, and I will bestow on you
the riches of my immortality.” The devil, beholding her exaltation, swells with
rage to see his seduction of the first Eve become an occasion of so great a
dignity and glory to Mary. All the holy choirs of heaven contemplating her
exaltation, praise the mercies and gifts of God in her. We on earth are bound,
on many accounts, to join them in the duty of thanksgiving and joy.
Whilst we
contemplate the glory to which Mary is raised by her triumph on this day, in
profound sentiments of veneration, astonishment, and praise, we ought, for our
own advantage, to consider by what means she arrived at this sublime degree of
honour and happiness, that we may walk in her steps. That she should be the
mother of her Creator was the most wonderful miracle, and the highest dignity;
yet it was not properly this that God crowned in her, as Christ himself assures
us. 12 So near a relation to God was to be adorned with the
greatest graces; and Mary’s fidelity to them was the measure of her glory. It
was her virtue that God considered in the recompense he bestowed upon her;
herein he regarded her charity, her profound humility, her purity, her
patience, her meekness, holy zeal, and ardour in paying to God the most perfect
homage of adoration, love, praise, and thanksgiving. Charity, or the love of
God, is the queen and the most excellent of all virtues; it is also their form,
or soul; because no other virtue can be meritorious of eternal life, unless it
be animated, and proceed from the motive of holy charity. In this consists the
perfection of all true sanctity. Mary surpassed all others in sanctity in
proportion as she excelled them in the most pure, most ardent, and most perfect
charity. This virtue she exercised and improved continually in her soul, by the
ardour with which she served Christ both in person and in his members, the
poor; by the most constant and perfect obedience to the divine law in all
things; by the most entire resignation and sacrifice of herself to God’s will;
the most invincible patience and meekness, and by all other virtues; especially
assiduous acts of adoration, hope, praise, thanksgiving, supplication, and the
like parts of prayer, in which she employed her holy soul with all her affections.
But if charity was the perfection of her eminent sanctity, its groundwork was
her sincere and most profound humility. This was the source of her transcendent
charity, and of all her other virtues, by drawing from heaven those graces into
her soul. This chiefly attracted God from the seat of his glory into her chaste
womb; the same raised her to the highest throne among the blessed. Yes; the
assumption of Mary in glory was only the triumph of her humility. Hereof we
have the most authentic assurance. 13 She was exalted in virtue, dignity, and glory above
all other pure or mere creatures, because she was of all others the most
humble. Therefore did charity and every other virtue shoot so deep roots in her
heart, and raise their head like a palm-tree in Cades, and is like a cedar on
Libanus; spreading their shade like a cypress-tree on mount Sion, and diffusing
their sweet odour as a rose-plant in Jericho, like cinnamon and aromatic balm,
and like the best myrrh. 14 Therefore she ascends so high, because in her own
sentiments of herself she was so lowly.
Meekness and
patience are the sister-virtues and inseparable companions of humility. By
these was Mary to purchase her great crown; and to furnish her with occasions
for the most perfect exercise of these and all other virtues in the most heroic
degree, God was pleased to visit her with the sharpest trials. Though she was
the mother of God, never defiled with the least stain of sin, and by a singular
privilege of grace free from concupiscence, yet she was not exempted from the
cross of her Son. Nay, how much nearer a relation she bore to him, and how much
dearer and more precious she was in his sight, so much a larger portion of his
cup did he present to her above his other saints. Though she had no sins to
satisfy for, yet her virtue was to be exercised and improved by trials, and the
highest degree of glory was prepared for her, by so much the more severe
crosses was it to be earned. Besides these reasons for suffering, we who are
criminal sinners have immense debts to cancel, an unruly concupiscence to keep
under, and a fund of inordinate self-love to fight against and subdue. Yet we
would live without mortification and suffering, and are inclined to murmur at
what ought to be the subject of our joy and ambition. God was pleased to
conduct his mother through hard and rigorous ways in virtue, that her example might
be a model and consolation to us under interior trials. They are painful to
nature, but the ordinary exercise of heroic souls in pure and perfect love.
Consolations, even those that are spiritual, are rather supports of our
weakness than the test and school of solid virtue; the character of which is to
suffer with patience and constancy. The path of prosperity, if uninterrupted,
exposes souls to much illusion; in it many are filled only with self-love
whilst they flatter themselves they are walking with God, and reaping the
fruits of virtue. The road of privations is the most secure as well as most
fruitful in heroic virtues. Certainly nothing can be more sublime, or better
for us, seeing God had nothing greater for his mother. This consideration suffices
alone to fill us with comfort and joy under all afflictions, that in them we
are in good company, even with Christ himself, with his blessed mother, and his
saints, who have all walked in this path before us, carrying their heavy
crosses, which were the sources of their greatest blessings.
Let us consider
a little the life of Mary. What must she have suffered from the hardships of
poverty, the alarming persecution of Herod, the banishment into Egypt, living
after her return in a kind of exile for fear of Archelaus! Under these, and
many like circumstances, we may easily imagine what continual crosses she had
to bear together with her divine infant. What must she feel to see him in want,
suffering cold and all other inconveniences! What, when she lost him in the
temple, and saw him exposed to hardships and ill treatment on other occasions!
He was persecuted and reviled by the Pharisees and others, his meekness
despised, and his most holy doctrine contradicted. It was also a continual
affliction to her tender heart, always full of zeal for the honour of God, and
of charity for men, to see the whole world filled with sins, blasphemies
against so good a God, scandals, abuses, and wrecks of souls. But what was her
grief to see her most amiable and divine Son in his sacred passion, covered
with ignominies, overwhelmed with the blackest calumnies, bound, scourged,
crowned with thorns, and dying on a cross! How sharp a sword of most bitter
grief must have then pierced the soul of this mother of sorrows! After her
divine son had left the earth, how earnest were her sighs to be united to him
in glory! How bitter must the prolongation of her banishment amidst the sins of
the world have been to her, whose burning charity surpassed that of all other
saints! Only patience, meekness, submission to the will of God, entire
confidence in him, and the assiduous exercise of prayer and divine love were
her support, her comfort, and the rich harvest which she reaped from her
sufferings. The weight and duration of these crosses, and the great virtues
which she practised under them, are the measure of that height of glory to
which she is exalted. We see the means by which Mary mounted to the happiness
which she now enjoys. No other way is open to us. The same path which conducted
her to glory will also lead us thither; we shall be partners in her reward, if
we copy her virtues. Her example is both our model and our encouragement. From
her assumption we derive another great advantage, that of her patronage. Mary
crowned in heaven is an advocate with her Son in favour of us sinners
The prayers of
the holy Virgin Mary, whilst she lived on earth, were certainly of great
efficacy; much more than those of Abraham, Job, or Elias. Now raised to a state
of bliss she cannot have lost the power to intercede with God for us; this on
the contrary must be much greater as she is now seated near the throne of
mercy. If the angels who are before the throne of God offer our prayers to him,
and pray themselves for us; if the saints in glory employ their intercession in
our favour, shall not the most holy mother of God be able to do the same office
for us? Can any be so bold as to pretend, either that she is not willing, or
that she cannot exert her charity in our behalf? That she is most ready and
desirous, no one can doubt, seeing that, among all pure creatures, there never
was any zeal or charity equal to hers who bore charity itself in her womb. She
received from him that zeal for the glory of God, and those bowels of
tenderness and compassion for the souls of poor sinners, which surpassed those
of all angels and men. Now she beholds the divine essence, and is made all love
by being transformed in glory, and united to him who is love itself; now she
sees all that can inflame her charity, in our miseries, in God’s goodness, and
in the glory which will redound to him from our salvation, can she forget us?
No, certainly. With her zeal for the divine honour, and her charity for poor
sinners, her compassion for us must be much increased. Nor can she have less
power and credit with her Son; but the more she is honoured by him, the more
prevalent must her intercession be. If Esther could prevail with Assuerus in
favour of her nation; if the Thecuit could move David to show mercy to Absalom;
if Judith could save her people by her prayers; if the saints both on earth and
reigning with Christ in heaven could often avert the divine vengeance, and work
wonders, what shall we not be able to obtain through the intercession of Mary!
As St. Bonaventure 15 repeats from St. Bernard: “You have secure access to
God where you have the Mother addressing the Son, and the Son before the Father
in your behalf. She shows to her Son in your favour the breasts which gave him
suck, and the Son presents to the Father his wounds and open side.”
The
constant doctrine and tradition of the church, through all ages, renders us
secure in the practice of invoking this holy Virgin. 16 The Protestant century-writers of Magdeburg trace it
for us as high as the second century, and charge St. Irenæus with teaching it
in the same manner that the Catholic church does at this day. This is their remark
upon those words of that great and primitive doctor: “The Virgin Mary is made
the advocate of Eve,” that is, for men upon whom their first mother entailed a
curse. 17 St. Irenæus is one of the first in the list of the
fathers; and this holy and wholesome devotion he learned from his masters, St.
Polycarp and other immediate disciples of the apostles; and the same has been
delivered down by the pastors of the church with the whole sacred deposit of
our faith, without changing one iota; for its faith is always the same and
unalterable. This is easy to prove with regard to the present point from the
clear testimonies of ancient venerable fathers. But it would be superfluous and
tedious to load a discourse with the quotations of all those writers who are,
in every age, vouchers of this article of the Catholic faith, and witnesses of
the homages which the church, instructed by the Holy Ghost, has never failed to
pay to the glorious Mother of God. It is confirmed from the watchful attention
with which the church has condemned all errors that have been broached contrary
to it.
St.
Epiphanius informs us, 18 that in the fourth age, among the Apollinarists
sprung up in Arabia the heretics called Antidicomarianitæ, or adversaries of
Mary, who affirmed that she had not remained a virgin, and that after the birth
of Christ she had children by St. Joseph. He tells us, 19 that there arose at the same time, and in the same
country, another heresy quite contrary to the former, the professors of which
were called Collyridians, from certain cakes, called in Greek Collyrides, which
they offered to the Virgin Mary, honouring her with sacrifices as a kind of
divinity, and thus changing piety and devotion into superstition and idolatry.
St. Epiphanius discoursing against this heresy, concludes that Mary ought to be
honoured, but God alone adored. This error was immediately crushed by the
authority of the church; but it shows that the faithful then paid solemn
devotion to this queen of heaven, which some ignorant people took occasion
impiously to pervert. Likewise when Nestorius blasphemously denied to the
Virgin Mary the title and dignity of Mother of God, this heresy but awakened
the piety of the faithful, and the error, as it always happens, served to
establish the truth with greater lustre by the decisions of councils, and the
most authentic public monuments and writings of the fathers, full of devotion
and the strongest addresses to this glorious advocate of sinners, as may be
seen in several works of St. Cyril of Alexandria against Nestorius, in the
discourses of St. Proclus on the Virgin Mary against the same heresiarch, and
others.
The fathers
moreover encourage us to place a confidence in her holy patronage, by frequent
miraculous instances which they have recorded. St. Gregory of Nyssa tells us, 20 that the Blessed Virgin and St. John Evangelist, in a
vision, delivered to St. Gregory Thaumaturgus, in the year 244, a creed which
afterwards preserved the church of Neocæsarea from the Arian heresy. St.
Gregory Nazianzen relates, 21 that the holy virgin and martyr Justina, in the reign
of Dioclesian, besought the Virgin Mary to assist her against infamous
tempters, and the magical charms of Cyprian, and was wonderfully succoured,
Cyprian himself being converted, and becoming a glorious martyr. St. Sophronius
and John Moschus in the Spiritual Meadow, 22 mention a certain merchant of Alexandria, who setting
out on a voyage to Constantinople, recommended his wife and little daughter to
“our Lady the holy Mother of God;” and by her patronage they were both
miraculously preserved during his absence from being robbed and murdered. Many
other such instances might be gathered from the writings of the most holy and
illustrious fathers of the church, than which nothing can more clearly prove
what were their sentiments and practice, and those of the whole church from the
earliest times, with regard to this devotion to the Mother of God. We are
encouraged to be fervent in this great means of mercy by the experience of her
powerful intercession, confirmed by illustrious examples. “Let him cease to
extol thy clemency, O holy Virgin,” cries out her devout client St. Bernard, 23 “who ever invoked thy aid in his necessities, and
found it to fail him.” Hence, not only the Cistercian, but many other religious
Orders, and numberless pious confraternities have solemnly put themselves under
the special patronage of the Mother of God; and many kingdoms have done the
same, as Hungary by the devotion of St. Stephen, and France by the vow of Lewis
XIII. in 1638, in memory of which an annual most solemn procession is performed
in all parts of that kingdom on this festival of the assumption. The church
strongly recommends to us this wholesome devotion by establishing so many
feasts in honour of this holy virgin. This of her assumption was celebrated
with the utmost solemnity at Jerusalem in the fifth and sixth ages, as appears
from the life of St. Theodosius. 24 St. Proclus, on this day of her festival in 428,
delivered his famous sermon against Nestorius, in his presence, proving the
Virgin Mary to be the Mother of God. We find churches dedicated to God in her
honour in all parts of the Christian world, as soon as that liberty was allowed
under the first Christian emperors. The great church of Ephesus bore her name
when the general council was assembled in it against Nestorius in 431. St. Mary
Major was built in Rome in the time of Pope Liberius, and consecrated by Sixtus
III. about the year 433, as is proved by the Bollandists. 25 Theodorus Lector 26 mentions that the empress Pulcheria built two
churches in her honour at Constantinople. About the same time one was built at
Jerusalem by St. Sabas, &c.
The voice of the
church, the example of so many eminent saints, and the most powerful motives of
religion, recommend to us a singular devotion to the glorious Mother of God.
St. Teresa, in her childhood, grieving for the loss of her mother, cast herself
on her knees before a picture of the Blessed Virgin, beseeching her with many
tears to take her under her special patronage, and to be to her a tender mother
and tutoress. 27 In like manner we may, by a solemn dedication of
ourselves to God under the patronage of the Virgin Mary, choose her for our
principal advocate with him, and commend ourselves most earnestly to her
intercession. This recommendation of ourselves to her we may renew in our
morning and night devotions, and in a more solemn manner on all her festivals;
imploring, moreover, her intercession in all temptations, and necessities,
spiritual or corporal. Base and unworthy sinners as we are, can we do better
than strengthen our prayers by the joint intercession of such an advocate, and
by invoking her as our secure refuge? St. Bernard 28 puts into our mouths the following address to her: “O
blessed finder of grace, mother of life, mother of salvation, may we through
you have access to your Son, and that he who was given us through you, may
receive us through you. May your integrity and innocence excuse before him the
stain of our corruption; may your humility, so agreeable to God, obtain the
pardon of our vanity; may your abundant charity cover the multitude of our
sins, and your glorious fruitfulness supply our indigence of merits. Our lady,
our mediatrix, our advocate, reconcile us to your Son, commend us to your Son,
present us to your Son. By the grace with which you are honoured, by the mercy
which you have brought forth, obtain that he who through you put on our
weakness, may through you make us partakers of his bliss and glory.” But to
obtain the protection of the Mother of God, we must not content ourselves to
implore it barely in words, but must do this also with our hearts, and with a
sincere desire of serving God with fervour. To be devout to the Mother we must
copy her virtues, and live faithful to the holy law of her Son. She is the
refuge of sinners; but of such as sue for pardon with sincere repentance; not
of those who wilfully continue to crucify her Son. She detests the false
confidence of such, and can never countenance their presumption and impiety. An
imitation of her virtues and spirit is the most solid proof of a true devotion
to her, and the means to honour her, and to recommend our petitions through her
to her divine Son.
Note 1. Con. t. 3, pp. 5, 73. [back]
Note 2. That St. John the Evangelist retired to Ephesus in his
old age is manifest from incontestable monuments of history. It is reasonable
to be presumed that he carried with him some memorials of this dear and blessed
person. Some think she went with him thither, and died at Ephesus. But it seems
more probable that she died at Jerusalem. St. Willibald, who flourished in 740,
in his voyage to Jerusalem, was shown the tomb of the Blessed Virgin, which was
empty, in the valley of Josaphat, at the foot of Mount Olivet. (Apud. Canis. t.
2, p. 102, ed Basnagii.) Adamnan, the Irish monk, who visited Palestine in the
close of the seventh century, (in Itiner. ap. Mab. Sæc. 3, Bened. par. 2, l. 1,
c. 9,) and Bede (De locis Sanct. p. 502,) mention it in the same place. Among
the Greeks, Andrew of Crete, who lived in the seventh and eighth ages, says the
Blessed Virgin lived upon Mount Sion at Jerusalem, and died there. (Or. in
Dormit. B. M.) St. Germanus, patriarch of Constantinople, who died in 730,
affirms, that she died at Jerusalem. (Or. in Dormit. Deiparæ, pp. 1450, 1462.)
The Armenians (Conc. Armen. in 1342, ap. Martenne, t. 8, Vet. Scrip. p. 351.)
and the Muscovites agree that she was buried at Gethsemani. Gregory Barebræus,
the Nestorian, (ap. Jos. Assemani Bibl. Orient. t. 3, par. 1, p. 318,) and some
others, who say she accompanied St. John to Ephesus, seem to have grounded
their opinion only on conjecture. St. John probably staid in Judæa and that
neighbourhood till after her death, and seems not to have come to Ephesus
before SS. Peter and Paul had left the East, or even before their martyrdom.
St. Paul established St. Timothy bishop of Ephesus in 64, and in his second
epistle to that disciple, during his last imprisonment, (in which he invites
him to come from Ephesus to Rome,) takes no notice of St. John being at
Ephesus. The Blessed Virgin must have been sixty-one or sixty-three years old,
at least twenty years before that time. See the Fr. Comm. on
the Bible. an. 1750. Diss. sur le Trépas de la Ste. Vierge, t. 12, p.
59. [back]
Note 3. See Suarez Tr. de Mysteriis B. V. Mariæ. [back]
Note 4. Or. 2, de laudibus Assumptæ Virg. p. 132; also by
German. patriarch of Constantinople, Or. 1, de Dormit. Deiparæ,
&c. [back]
Note 5. L. de Glor. Mart. c. 4; also St. Ildefonse, Serm. 6,
de Assumptione; and the old Gallican or Gothic Missal, published by Card.
Thomasius, and by Mabillon. See Card. Lambertini, (afterwards Pope Ben. XIV.) Comment.
de D. N. J. Christi Matrisque ejus Festis, par. 2, c. 112, p. 100. [back]
Note 6. St. Epiph. hær. 78, c. 11 and 23, pp. 1034,
1035. [back]
Note 7. The history of many circumstances relating to the
assumption of the Blessed Virgin, falsely ascribed to Melito of Sardis, is
rejected by the whole world as an invention of some unknown Greek author, about
the sixth century. But that her body was assumed to glory soon after her death
is the constant opinion in the Latin, and in all the Oriental churches. See the
old English Martyrology, p. 656, and many others, published by Solier the
Bollandist, (t. 7, Junii,) others by Martenne. (Anec. t. 3, pp. 1559, 1568, et
t. 5, p. 76; also Collect. Vet. Script. t. 6, p. 656.) Likewise the liturgies
of the Visigoths and Franks, used before the reign of Charlemagne. (Ap.
Mabillon, pp. 212, 213, et ap. Thomas, pp. 291, 292.) Consult Le Quien (in Op.
S. Jo. Damasc. p. 857,)
and Florentinius. (Ad 15 Aug. and 18 Jan.) The corporal assumption of the
Mother of God is well proved by the anonymous author of the dissertation on
this subject against Launoy, under the name of the Advocate; and by Claude
Joli, precentor of the metropolitan church of Paris. (De Verbis Martyrol.
Usuardi.) But that this historical tradition and pious belief or opinion is no
article of faith, is proved by Baronius. Not. in Martyr. Melchior Cano, l. 12,
de Locis Theol. c. 10; Suarez, 3, p. q. 37, art. 4, disp. 21, sect. 2;
Theophilus Raynaudus in Dypticis Marianis, t. 7. Op. p. 220; Thomassin, Tr. des
Fêtes, l. 2, c. 20; Nat. Alex. Hist. sæc. 2, c. 4, in Addit. ad Censor. Card.
Gotti, t. 4, de Verit. Relig. Christian. c. 41; Benedict XIV. loc. cit. c. 115,
et t. 1, de Canoniz. Sanctor. l. 1, c. 42, n. 15; Bourdeloue, Serm.
This feast of
the assumption of the Blessed Virgin Mary is mentioned as celebrated with great
solemnity before the sixth age, both in the Latin and Greek Church, as appears
from the most ancient Sacramentaries extant, with complete calendars, before
the time of Pope Sergius, as is clear from the pontifical; and before the reign
of the Emperor Mauritius, as is gathered from Nicephorus, l. 17, c. 28. See
Baron. Annot. in Martyr.; Mabillon in Liturg, Gallic. l. 2, p. 118; Pagi in
Brev. Gest. Rom. Pontif. in Sergio, n. 26; Martenne de Ant. Eccl. discipl. in
div. offic. celebr. c. 33, n. 25; Thomassin, &c. It is called by the Greeks
[Greek], or Translatio; by the Latins, Dormitio, Pausatio, Transitus,
Assumptio; by the Muscovites Uspenie, i. e. Dormitio. See Falconius,
archbishop of San-Severino, Comm. in Tabulas Ruthenas Cappomanis, p. 126, Romæ,
1755. And Jos. Assemani, Comm. in Calend. Univ. ad 15 Aug. Romæ, 1766. The
Emperor Constantine Porphyrogenetta (l. 2, de Cæremoniis Aulæ Constantinopl. c.
29, p. 312, ed. Leips. 1754,) describes the solemn procession made by the court
and clergy at Constantinople, on the great festival of the repose of the
Blessed Virgin Mary. The emperor himself often passed the vigil watching all
the night in the great church of our Lady at Blachernæ on the coast some miles
below Constantinople, whither he went in great state attended by his court,
either by land or in a yacht.
Benedict XIV. (c. 120,) shows these terms, death, repose, passage,
&c., to coincide with the word assumption; and this last to have been
sometimes used of other saints, as St. Gregory of Tours mentions the assumption
of St. Avitus of Vienne. (l. de Glor. Confess. c. 49, &c.) Thomassin proves
this promiscuous use of the word assumption from Beleth, an eminent theologian
at Paris, in 1200. (Rationale Div. Offic. c. 4 et 146.) See
Thomassin, Tr. des Fêtes, l. 2, c. 20, n. 17. [back]
Note 9. Serm. 4, de Assumpt. [back]
Note 10. L. 3, On the Love of God, c. 8. [back]
Note 11. Apoc. xii. 1. [back]
Note 14. Ecclus. xxiv. [back]
Note 15. S. Bonav. Solil. fol. 60. [back]
Note 16. “Quod ab illâ (viz. Ecclesiâ) didici securus teneo.” St.
Bernard. [back]
Note 17. S. Iren. l. 5, c. 21, (ol. 19,) p. 352. [back]
Note 18. Hær.
77, n. 26, et hær. 78. [back]
Note 19. S. Epiph. hær. 79. [back]
Note 20. S. Gr. Nyss. t. 3, p. 543. [back]
Note 21. Or. 18, pp. 279, 280. [back]
Note 22. Prat. Spirit. c. 75. [back]
Note 23. S. Bern. Serm. 4, de Assumpt. [back]
Note 24. In Bollandus ad 11 Jan. n. 31. [back]
Note 25. Ad Martii 28, p. 716, c. 9. [back]
Note 26. Pages
552, 563. [back]
Note 27. Her own Life, ch. 1. [back]
Note 28. S. Bern. Serm. 2, in Adv. n. 5, p. 723. [back]
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume VIII: August. The Lives of the Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/8/151.html
Assunzione della Beata Vergine
Maria
L'Immacolata Vergine, preservata immune da ogni colpa originale, finito il
corso della sua vita, fu assunta alla celeste gloria in anima e corpo e dal
Signore esaltata quale regina dell'universo, perché fosse più pienamente
conforme al Figlio suo, Signore dei dominanti e vincitore del peccato e della
morte'. (Conc. Vat. II, 'Lumen gentium', 59). L'Assunta è primizia della Chiesa
celeste e segno di consolazione e di sicura speranza per la chiesa pellegrina.
La 'dormitio Virginis' e l'assunzione, in Oriente e in Occidente, sono fra le
più antiche feste mariane. Questa antica testimonianza liturgica fu esplicitata
e solennemente proclamata con la definizione dommatica di Pio XII nel 1950.
(Mess.
Rom.)
Martirologio
Romano: Solennità dell’Assunzione della beata Vergine Maria, Madre di Dio
e Signore nostro Gesù Cristo, che, completato il corso della sua vita terrena,
fu assunta anima e corpo nella gloria celeste. Questa verità di fede ricevuta
dalla tradizione della Chiesa fu solennemente definita dal papa Pio XII.
Definizione
Nell’etere del 1° novembre 1950 sono state diffuse le solenni e autorevoli
parole della definizione dogmatica pronunciate da Pio XII: “L’immacolata Madre
di Dio sempre vergine Maria, terminato il corso della vita terrena, fu assunta
alla gloria celeste in anima e corpo”. In ordine di tempo, è l’ultimo dogma
definito della Chiesa cattolica, quasi un secolo dopo quello dell’Immacolata
Concezione, proclamato da Pio IX l’8 dicembre 1854.
La breve e solenne proposizione dogmatica racchiude insieme le tre verità più
importanti della Chiesa cattolica circa la Vergine Maria: Immacolata fin dalla
sua concezione; Madre di Dio nella sua missione salvifica; e Assunta in cielo
nella sua predestinazione finale accanto a Cristo, primizia della Chiesa. Con questa
definizione, Pio XII riconosce il valore prezioso della costante fede del
popolo di Dio, o sensus fidelium, nell’assunzione gloriosa della Madre di Dio
nei Cieli. Una credenza da sempre presente nella tradizione cristiana, espressa
sia nella pietà popolare che nella vita liturgica, sia nei padri che nei
teologi, sia nel consenso unanime dell’Episcopato che nel dato rivelato sulla
divina Maternità e sull’Immacolata Concezione della Vergine Maria. Il
pronunciamento del Sommo Pontefice, infatti, corona una credenza da tempo
universalmente professata dal popolo di Dio nel suo insieme.
Sviluppo storico
Contrariamente al pensare comune, le definizioni dogmatiche, più che essere
delle imposizioni dall’alto che piovono sui credenti, sono, invece, riconoscimenti
e ufficializzazioni di credenze e tradizioni già diffuse nel seno della
comunità della Chiesa. Spesso, nella storia, sono state proclamate delle verità
non per affermare qualcosa di nuovo nel campo della fede, ma semplicemente per
difendere una tradizione già esistente da attacchi contrari alla stessa fede.
Così, ad esempio, la definizione circa la divinità di Cristo, che il Concilio
di Nicea, nel 325, ha definito e affermato contro gli attacchi dell’arianesimo;
lo stesso avvenne per il concilio di Efeso, nel 431, che proclamò Maria Madre
di Dio, contro il nestorianesimo.
Per quanto riguarda l’Assunzione, l’antica tradizione, unanimemente accettata
da parte della Chiesa cattolica, non necessitava di nessuna difesa, e quindi la
relativa proclamazione del dogma si è lentamente precisata e maturata fino al
momento storico, ritenuto come favorevole e prestabilito dalla provvidenza
divina, per proclamare solennemente questo privilegio di Maria Vergine. Certo,
le occasioni storiche hanno la loro importanza, se interpretate nella
prospettiva del disegno generale di Dio e saggiamente intuite dalla competente
autorità e pronunciarsi solennemente. Nella definizione dell’Assunzione di
Maria al cielo, non sono da sottovalutare la posizione puntuale per difendere
o, meglio, per rendere più ferma e più operosa la fede del popolo di Dio nella
risurrezione dei corpi dal galoppante materialismo e dal secolarismo imperante
del XX secolo.
La stessa proclamazione, in sé stessa considerata, ha reso completo il grande
mistero della Donna biblica, Predestinata insieme al Cristo Gesù in modo
assoluto e indipendente con l’unico e medesimo atto di volontà di Dio, prima
della creazione e prima della seconda venuta dello stesso Cristo alla fine del
tempo, per estendere l’eterno presente dell’eternità, unica misura della
divinità e di chi partecipa di essa.
Le origini
Quanto allo sviluppo storico della festa dell’Assunzione, le prime
testimonianze risalgono già verso la fine del secolo IV e l’inizio del V
secolo, come documentano gli scritti specialmente di sant’Efrem il Siro († 373)
e di sant’Epifanio di Salamina († 403). Questi, nel suo Panarion, circa la
morte di Maria, enuncia tre ipotesi possibili e sostenute, all’epoca, da autori
diversi: Maria non è morta, ma è stata trasferita da Dio in un luogo migliore;
Maria è morta martire; Maria è morta di morte naturale. Egli non sa scegliere
con sicurezza fra le tre ipotesi, poiché “nessuno ha conosciuto la sua fine”,
ma pensa che in ogni modo la fine di Maria deve essere stata gloriosa e degna
di lei.
La testimonianza di Epifanio, comunque, assicura che nella Chiesa, alla fine
del V secolo, non esisteva ancora una tradizione precisa, né di carattere
storico, né di carattere dogmatico, circa la morte di Maria. E la stessa
terminologia delle primitive testimonianze è legata probabilmente alla festa in
onore della Dormitio Mariae, in ricordo, forse, della chiesa costruita e
dedicata in suo onore sul monte Sion (in Gerusalemme) all’inizio del V dai
cristiani Bizantini.
Dopo Epifanio, i primi testimoni sulla Dormitio Mariae sono gli scritti
apocrifi. Quelli più conosciuti sono circa una ventina. Hanno origini
differenti e appartengono a diverse famiglie: i più antichi sembrano quelli
siri egiziani e greci. Non ci si può attendere nulla di sicuro da essi dal
punto di vista storico; rappresentano, invece, chiaramente la reazione della
fede popolare nei secoli V e VI, alla domanda circa il transito di Maria.
Pensiero comune a tutti gli apocrifi è che il corpo di Maria non può essere
andato soggetto alla corruzione del sepolcro.
Un’evoluzione analoga presentano i testi del culto liturgico. Le origini della
festa dell’Assunzione si trovano in Oriente, nella metà del VI sec., come
risulta dalla narrazione dei pellegrini che hanno visitato Gerusalemme in
quegli anni. Verso la fine del VII, l’imperatore Maurizio estende la festa a
tutte le regioni dell’Impero, fissandola al 15 agosto. In Occidente, i primi
segni di una festa “in memoria” della Vergine appaiono nel VI secolo,
precisamente nella Gallia, dove viene celebrata il 18 gennaio sotto il titolo
di Depositio Sanctae Mariae.
A Roma la celebrazione della festa dell’Assunzione viene introdotta nel VII
secolo da papa Sergio I, assieme ad altre feste mariane: la Purificazione,
l’Annunciazione e la Natività; e ben presto diviene anche la più importante di
tutte, conservando fin dalle origini sia il nome sia il significato attuali. Da
Roma poi si estende rapidamente, durante i secoli VIII e IX, a tutto
l’Occidente, anche nella Gallia, precisando il contenuto e stabilendo la data
della festa al 15 di agosto.
In Oriente, gli autori nel spiegare e giustificare la festa dell’Assunzione si
richiamano facilmente agli apocrifi, e alle ragioni desunte dalla mariologia
generale: la consacrazione del corpo di Maria mediante la maternità divina,
l’onore dovuto dal Figlio alla Madre, l’unione effettiva tra la Madre e il
Figlio, la concezione e la nascita verginale del Figlio, l’onore di Maria come
Nuova Eva.
In Occidente, invece, lo sviluppo dottrinale fu molto più lento. Nonostante la
chiara indicazione del culto liturgico, molti autori, dal VII al IX secolo, si
esprimono in modo dubbioso. Uno scrittore anonimo del IX secolo afferma: “è
meglio lasciare tutto a Dio, al quale nulla è impossibile, piuttosto che
definire temerariamente di nostra autorità ciò che non possiamo provare”. E un
altro, del X sec., è di opinione opposta e dice che, non essendovi una
trattazione sicura circa l’Assunzione di Maria, occorre esaminare con la
ragione quale sia la verità, così che “la verità faccia da autorità”. La
ragione fondamentale è la grazia e la dignità singolare con cui Dio ha onorato
Maria.
Il contributo della Teologia
Grande impulso la dottrina dell’Assunzione riceve dai teologi della Scolastica,
specialmente da quelli della Scuola francescana, come è documentato dalla
stessa Costituzione dogmatica Munificentissimus Deus. Così per esempio, oltre
alle esplicite affermazioni positive e favorevoli di sant’Alberto Magno, si
distinguono tra i francescani sant’Antonio di Padova, san Bonaventura da
Bagnoregio e san Bernardino da Siena. Nel II sermone della festa
dell’Assunzione, sant’Antonio, commentando le parole d’Isaia: Glorificherò il
luogo dove posano i miei piedi (Is 60, 13), afferma con sicurezza: “Il luogo
dove il Signore pose i suoi piedi fu la beata Vergine dalla quale prese
l’umanità. Questo luogo è stato dal Signore glorificato,
esaltando Maria al di sopra dei cori angelici. Da ciò è manifesto che la Vergine fu
assunta in cielo anche con il corpo, che fu il luogo dove pose i piedi il
Signore. A questo mistero alludeva il Salmista, quando cantava: Alzati, Signore
verso il luogo del tuo riposo, tu e l’arca della tua potenza (Sal 132, 8). Il
Signore è risorto quando ascese alla destra dl Padre; è risorta anche l’Arca
[Maria], dove egli ha riposato, quando la Vergine Madre fu assunta al talamo
celeste” (Assunzione della Beata Vergine Maria, sermo II, 142).
Dello stesso parere è anche san Bonaventura, il quale ritiene assolutamente
certo che, come Dio preservò Maria santissima dalla violazione del pudore e
dell’integrità verginale nella concezione e nel parto, così non ha permesso che
il suo corpo si disfacesse in putredine e cenere. Scrive: “La gloriosa Vergine
Maria, come nella sua vita e nella sua concezione (del Verbo) non soggiacque
alla corruzione della concupiscenza attuale, così anche spirando e nella sua
morte non soggiacque alla corruzione del suo corpo” (De Nativitate B. Mariae
Virginis, sermo 5). Interpretando, poi, e applicando in senso accomodatizio
alla beata Vergine le parole del Cantico dei Cantici: Chi è costei che sale dal
deserto, ricolma di delizie, appoggiata al suo diletto? (Ct 8, 5), così
ragiona: “E così si può constare che Maria è ivi (in Cielo) corporalmente. La
beatitudine, infatti, non sarebbe consumata (ossia di massima pienezza), se ivi
non vi fosse di persona; e poiché la persona non è soltanto l’anima, ma
l’intero composto umano, è chiaro che ivi è presente nel composto, cioè in
corpo e anima, altrimenti non potrebbe essere consumata la fruizione o godimento
beatifico” (De Assumptione B. Mariae Virginis, sermo 1).
Nel secolo XV, san Bernardino, riassumendo e trattando con diligenza tutto ciò
che i teologi della Scolastica avevano detto e discusso sull’Assunzione,
aggiunge altre considerazioni. Specialmente insiste sulla stretta somiglianza
della divina Madre col Figlio divino, quanto alla nobiltà e dignità dell’anima
e del corpo: per cui non si può pensare che la celeste Regina sia separata dal
Re dei cieli. Anzi esige apertamente che “Maria non debba essere se non dov’è
Cristo; inoltre è ragionevole e conveniente che si trovino già glorificati in
cielo l’anima e il corpo, come dell’uomo, così anche della donna; infine il
fatto che la Chiesa non ha mai cercato e proposto alla venerazione dei fedeli
le reliquie corporee della beata Vergine, fornisce un argomento che si può dire
quasi una riprova sensibile” (In Assumptione B. M. Virginis, sermo 2).
A partire dalla seconda metà del XV secolo, cioè dopo san Bernardino, la
dottrina dell’Assunzione, chiaramente contenuta nella festa liturgica e
universalmente ammessa dalla totalità dei Teologi, appare ormai così certa che
sarebbe imprudente e scandaloso non ammetterla. Pensiero che si trova espresso
in tanti santi che hanno magnificato l’Assunzione e la glorificazione della
Vergine Maria, come per esempio: san Roberto Bellarmino, san Francesco di
Sales, sant’Alfonso dei Liguori e tanti altri. Qualcuno comincia a dirla già di
fede, perché universalmente creduta nella Chiesa; qualche altro la colloca
sullo stesso piano della dottrina dell’Immacolata, e dice che un giorno la
Chiesa potrà arrivare a definirla.
E così restano le posizioni fino al 1854.
E difatti, nel domandare a Pio IX la definizione dell’Immacolata Concezione di
Maria Vergine, non pochi vescovi esprimono contemporaneamente il desiderio che
venga definita anche l’Assunzione; desiderio e proposta fatti propri anche da
molti Padri del Concilio Vaticano I. La conclusione anticipata del Concilio non
ha permesso di approfondire la richiesta; tuttavia, l’idea ha avuto un seguito
con l’origine del così detto “movimento assunzionistico francescano”, che tanto
si è prodigato per la diffusione e l’approfondimento delle relative
problematiche mariane connesse con la possibilità di una definizione
dell’Assunzione di Maria Vergine al cielo. Specialmente, poi, tra il 1944 il
1950, ad opera del francescano Carlo Balic, vengono celebrati con grande
partecipazione e profondo interesse ben sette “Congressi assunzionisti
francescani”, in varie parti del mondo, sempre per approfondire meglio le
questioni inerenti all’Assunzione, come supporto e preparazione per una
eventuale definizione.
Difatti, il 1º maggio 1946, Pio XII, dopo avere esaminate le tantissime istanze
pervenute dal 1849 al 1940, che “supplicano che sia definita e proclamata, come
dogma di fede, l’Assunzione corporea della beata Vergine Maria in Cielo,
insieme a quasi duecento Padri del concilio Vaticano”, chiedeva ufficialmente
ai Vescovi del mondo cattolico se ritenessero possibile e opportuno che si
procedesse alla definizione dell’Assunzione come verità di fede. La risposta è
stata unanimemente positiva e affermativa.
I teologi, invece, continuavano a discutere sulla possibilità e sui fondamenti
di una eventuale definizione dogmatica, specialmente intorno alla morte della
Vergine Maria. Le discussioni terminarono soltanto con l’annuncio della
prossima definizione, pubblicato il 14 agosto 1950 da Pio XII.
La questione della morte di Maria
La Chiesa professa che Maria è, con Gesù, l’unica persona in tutta la storia
dell’umanità a essere ufficialmente riconosciuta assunta in cielo (quindi in
corpo e anima) già ora, prima della seconda venuta del Cristo. Ciò è possibile
perché Maria, secondo la Chiesa, è l’unica persona a essere preservata dalla
macchia del peccato originale che ha coinvolto l’intera umanità. Per questo, la
tradizione dell’Assunzione e il dogma che, poi, ne è scaturito, sono in stretta
connessione logica con i corrispettivi inerenti all’Immacolata Concezione,
benché la tradizione di questa è successiva nel tempo rispetto a quella
dell’Assunzione, e anche più elaborata e discussa teologicamente.
Pio XII, nella definizione dogmatica dell’Assunzione, ha deliberatamente
evitato di pronunciarsi sulla questione se Maria sia prima morta, per poi
risorgere, oppure sia stata assunta immediatamente senza passare attraverso la
morte. Il fatto che il Papa non si sia pronunciato è degno di nota, poiché
molti pensavano che l’Assunzione andasse necessariamente intesa come
un’anticipata risurrezione, in modo da implicare necessariamente la morte. Ed
erano state fatte pressioni sul Sommo Pontefice perché nella definizione
dogmatica facesse riferimento anche alla morte, cosa che egli non ha fatto.
La questione della morte o non morte di Maria rimane dunque lasciata alla
libera ricerca dei teologi, anche se bisogna riconoscere che l’opinione dei
mortalisti, per chiamarla così, è di gran lunga più diffusa di quella degli
immortalisti. La Vergine Santissima, l’Immacolata, - afferma Paolo VI nella
Solemnis Professio fidei (30 giugno 1968) - “associata ai misteri
dell’Incarnazione e della Redenzione con un vincolo stretto e indissolubile, al
termine della sua vita terrena, è stata elevata in corpo e anima alla gloria
celeste e configurata a suo Figlio risorto, anticipando la sorte futura di
tutti i giusti”. Anche papa Giovanni Paolo II, nella sua catechesi del 25
giugno 1997, pur senza l’intenzione di chiudere il dibattito, ha detto: “È
possibile che Maria di Nazaret abbia sperimentato nella carne il dramma della
morte? Riflettendo sul destino di Maria e sul suo rapporto con il suo divin
Figlio, sembra legittimo rispondere positivamente, dal momento che Cristo è
morto, sarebbe difficile sostenere il contrario per la Madre”. La possibilità
della morte naturale, o dormizione, di Maria, è presentata come di un fatto
comunemente ammesso.
La tesi della morte naturale di Maria è presente nella tradizionale almeno dal
IV secolo in poi; dal medioevo è stata fatta sostenuta specialmente dai teologi
della Scuola francescana, e, oggi, appartiene al Magistero della Chiesa.
L’argomento più forte dei mortalisti sembra essere quello che la Beata Vergine
doveva essere configurata a Cristo nella sua morte e risurrezione, per poter
essere così il modello universale dei redenti.
Intorno a questa delicata e complessa questione, si distingue il pensiero del
“Maestro più qualificato della scuola francescana”, Giovanni Duns Scoto
(1266-1308), per la sua sottigliezza concretezza e fedeltà nell’interpretare la
Parola rivelata. Difatti, in sintonia con la sua visione globale del mistero di
Cristo, egli instaura una forma di perfetta analogia: come Cristo è morto ed è
risorto, così anche Maria è morta ed è stata assunta in cielo. E trova il
fondamento biblico nel commento al passo del Genesi: sei polvere e in polvere
ritornerai (Gn 3, 19), il cui “valore - scrive - è così generale che non
ammette eccezione, neppure per Cristo e Maria” (Reportata Parisiensia, IV, d.
43, q. 5, n. 8).
Questo pensiero del Cantore dell’Immacolata diventa ancora più chiaro alla luce
della sottile e delicata differenza che egli, solo, introduce tra “legge
naturale” e “legge morale”. La morte appartiene alla “legge naturale”, che, di
per sé, non ammette eccezioni di sorta; il peccato originale, invece, alla
“legge morale”, che sopporta l’eccezione, come di fatto è avvenuto nella storia
della salvezza, proprio per la Vergine Maria. In questo modo, si comprende
meglio anche la differenza dell’universalità del peccato con l’universalità
della morte. Di per sé, la morte è una conseguenza del peccato, cioè è un
demerito o una punizione; in Cristo e Maria, invece, la morte risponde alla
legge naturale e non alla legge morale, dal momento che essi sono esenti dal
peccato d’origine e attuale, e, quindi, “per privazione dell’abbondanza di gloria
di per sé nel corpo” (Ordinatio, III, d. 16, q. 1, n. 5).
E commentando anche il testo paolino: la morte è entrata nel mondo per il
peccato (Rm 5, 12), annota: “sì, la morte è entrata nel mondo per il peccato,
ma è stata preceduta dalla potenza di morire” (Reportata Parisiensia, II, d.
19, q. unica, n. 3). La morte, perciò, secondo Duns Scoto più che al peccato,
anche se con esso è una punizione, appartiene alla legge di natura materiale
del corpo che è mortale intrinsecamente e metafisicamente, perché è un
composto. Allora anche Maria è passata attraverso il dolce sonno della morte
alla beata assunzione in cielo, come suo Figlio, anche se con modalità
differenti, proprio in forza dei meriti de condigno che Cristo ha acquistato
per gli altri.
Applicazione spirituale
Al termine di questo breve e veloce viaggio storico-dottrinale sulla verità
dogmatica dell’Assunzione, si può notare la differenza complementare tra la
Munificentissimus Deus di Pio XII, che mette in risalto i profondi risvolti
cristologici; e l’ecclesiologia del concilio Vaticano II, che rende presenta
l’Assunzione come Primizia e Icona della Chiesa. Maria, perciò, viene
presentata come Icona non statica ma dinamica, nel senso che esprime la
perfetta sintesi del progetto di grazia, che Dio, per Cristo nello Spirito,
compie a favore del genere umano, ed è soprattutto incitamento e stimolo a
percorrere con gioia la via tracciata da Dio per l’attuazione del suo disegno
salvifico.
La gloria celeste di cui si parla nella definizione dogmatica dell’Assunzione è
lo stato di beatitudine nel quale si trova attualmente l’umanità santissima di
Gesù Cristo, e al quale giungeranno tutti gli eletti alla fine del mondo. Il
privilegio dell’Assunzione concesso a Maria consiste, quindi, nel dono
dell’anticipata glorificazione integrale del suo essere, anima e corpo, a
somiglianza del suo Figlio, che è asceso al Cielo.
E questo perché - commenta il Cantore dell’Immacolata - Cristo e Maria, essendo
stati predestinati insieme con l’unico e medesimo atto di predestinazione da
parte di Dio Padre nel suo grandioso meraviglioso e sublime disegno d’amore (Ef
1, 3-6), non possono essere distaccati nella vita celeste del Regno: Cristo è
Re e Maria, Regina dei Cieli. Pertanto, l’espressione “assunta alla gloria
celeste” non designa, di per sé, una traslazione locale del corpo della Vergine
Maria dalla terra al cielo, ma il passaggio dalla condizione dell’esistenza
terrena alla condizione dell’esistenza propria della beatitudine celeste. I
teologi ammettono comunemente che il “cielo” non significhi soltanto uno
“stato”, ma anche un “luogo”: il luogo dove si trova appunto Cristo risorto e
glorioso, in anima e corpo, e dove si trova Maria accanto a Lui. Precisare
ulteriormente dove si trovi, e in quale ordine di rapporti con il nostro
universo visibile è assolutamente impossibile. Quanto alle condizioni di
esistenza della Vergine Assunta e del suo corpo glorioso, si possono applicare
tutti i concetti che la teologia, fondandosi principalmente su S. Paolo (1Cor
15, 35-52), ha elaborato per illustrare le condizioni di esistenza sia di
Cristo risorto che dei beati dopo la risurrezione finale.
Autore: P. Giovanni Lauriola ofm
La “dormitio Virginis” e l'assunzione, in Oriente e
in Occidente, sono fra le più antiche feste mariane. Fu papa Pio XII il 1°
novembre del 1950, Anno Santo, a proclamare solennemente per la Chiesa
cattolica come dogma di fede l’Assunzione della Vergine Maria al cielo
con la Costituzione apostolica Munificentissimus Deus: « Pertanto, dopo
avere innalzato ancora a Dio supplici istanze, e avere invocato la luce dello Spirito
di Verità, a gloria di Dio onnipotente, che ha riversato in Maria vergine la
sua speciale benevolenza a onore del suo Figlio, Re immortale dei secoli e
vincitore del peccato e della morte, a maggior gloria della sua augusta Madre e
a gioia ed esultanza di tutta la chiesa, per l'autorità di nostro Signore Gesù
Cristo, dei santi apostoli Pietro e Paolo e Nostra, pronunziamo, dichiariamo e
definiamo essere dogma da Dio rivelato che: l'immacolata Madre di Dio sempre
vergine Maria, terminato il corso della vita terrena, fu assunta alla gloria
celeste in anima e corpo. Perciò, se alcuno, che Dio non voglia, osasse negare
o porre in dubbio volontariamente ciò che da Noi è stato definito, sappia che è
venuto meno alla fede divina e cattolica».
La Chiesa ortodossa e la Chiesa apostolica armena celebrano il 15 agosto la
festa della Dormizione di Maria.
Cosa si festeggia in questa solennità?
L'Immacolata Vergine la quale, preservata immune da ogni colpa originale,
finito il corso della sua vita, fu assunta, cioè accolta, alla celeste gloria
in anima e corpo e dal Signore esaltata quale regina dell'universo, perché
fosse più pienamente conforme al Figlio suo, Signore dei dominanti e vincitore
del peccato e della morte. (Conc. Vat. II, Lumen gentium, 59). La Vergine
Assunta, recita il Messale romano, è primizia della Chiesa celeste e segno di
consolazione e di sicura speranza per la chiesa pellegrina. Questo perché
l'Assunzione di Maria è un'anticipazione della resurrezione della carne, che
per tutti gli altri uomini avverrà soltanto alla fine dei tempi, con il
Giudizio universale. È una solennità che, corrispondendo al natalis
(morte) degli altri santi, è considerata la festa principale della Vergine.
Il 15 agosto ricorda con probabilità la dedicazione di una grande chiesa a Maria
in Gerusalemme.
Qual è la differenza tra “assunzione” e “dormizione”?
La differenza principale tra Dormizione e Assunzione è che la seconda non
implica necessariamente la morte, ma neppure la esclude.
Quali sono le fonti?
Il primo scritto attendibile che narra dell’Assunzione di Maria Vergine
in Cielo, come la tradizione fino ad allora aveva tramandato oralmente, reca la
firma del Vescovo san Gregorio di Tours ( 538 ca.- 594), storico e
agiografo gallo-romano: «Infine, quando la beata Vergine, avendo completato il
corso della sua esistenza terrena, stava per essere chiamata da questo mondo,
tutti gli apostoli, provenienti dalle loro differenti regioni, si riunirono
nella sua casa. Quando sentirono che essa stava per lasciare il mondo,
vegliarono insieme con lei. Ma ecco che il Signore Gesù venne con i suoi angeli
e, presa la sua anima, la consegnò all’arcangelo Michele e si allontanò.
All’alba gli apostoli sollevarono il suo corpo su un giaciglio, lo deposero su
un sepolcro e lo custodirono, in attesa della venuta del Signore. Ed ecco che
per la seconda volta il Signore si presentò a loro, ordinò che il sacro corpo
fosse preso e portato in Paradiso».
Qual è il significato teologico?
Il Dottore della Chiesa san Giovanni Damasceno (676 ca.- 749) scriverà: «Era
conveniente che colei che nel parto aveva conservato integra la sua verginità
conservasse integro da corruzione il suo corpo dopo la morte. Era conveniente
che colei che aveva portato nel seno il Creatore fatto bambino abitasse nella
dimora divina. Era conveniente che la Sposa di Dio entrasse nella casa celeste.
Era conveniente che colei che aveva visto il proprio figlio sulla Croce,
ricevendo nel corpo il dolore che le era stato risparmiato nel parto, lo
contemplasse seduto alla destra del Padre. Era conveniente che la Madre di Dio
possedesse ciò che le era dovuto a motivo di suo figlio e che fosse onorata da
tutte le creature quale Madre e schiava di Dio». La Madre di Dio, che era stata
risparmiata dalla corruzione del peccato originale, fu risparmiata dalla
corruzione del suo corpo immacolato, Colei che aveva ospitato il Verbo doveva
entrare nel Regno dei Cieli con il suo corpo glorioso.
Cosa dicono i Padri della Chiesa?
San Germano di Costantinopoli (635 ca.-733), considerato il vertice della
mariologia patristica, è in favore dell’Assunzione e per tre principali
ragioni: pone sulla bocca di Gesù queste parole: «Vieni di buon grado
presso colui che è stato da te generato. Con dovere di figlio io voglio
rallegrarti; voglio ripagare la dimora nel seno materno, il soldo
dell’allattamento, il compenso dell’educazione; voglio dare la certezza al tuo
cuore. O Madre, tu che mi hai avuto come figlio unigenito, scegli piuttosto di
abitare con me». Altra ragione è data dalla totale purezza e integrità di
Maria. Terzo: il ruolo di intercessione e di mediazione che la Vergine è
chiamata a svolgere davanti al Figlio in favore degli uomini.
Leggiamo ancora nel suo scritto dell’Omelia I sulla Dormizione, che attinge a
sua volta da San Giovanni Arcivescovo di Tessalonica ( tra il 610 e il 649 ca.)
e da un testo di quest’ultimo, che descrive dettagliatamente le origini della
festa dell’Assunzione, dato certo nella Chiesa Orientale dei primi secoli:
«Essendo umano (il tuo corpo) si è trasformato per adattarsi alla suprema vita
dell’immortalità; tuttavia è rimasto integro e gloriosissimo, dotato di
perfetta vitalità e non soggetto al sonno (della morte), proprio perché non era
possibile che fosse posseduto da un sepolcro, compagno della morte, quel vaso
che conteneva Dio e quel tempio vivente della divinità santissima
dell’Unigenito». Poi prosegue: «Tu, secondo
ciò che è stato scritto, sei bella e il tuo corpo verginale è tutto santo,
tutto casto, tutto abitazione di Dio: perciò è anche estraneo al dissolvimento in
polvere. Infatti, come un figlio cerca e desidera la propria madre, e la madre
ama vivere con il figlio, così fu giusto che anche tu, che possedevi un cuore
colmo di amore materno verso il Figlio tuo e Dio, ritornassi a lui; e fu anche
del tutto conveniente che a sua volta Dio, il quale nei tuoi riguardi aveva
quel sentimento d’amore che si prova per una madre, ti rendesse partecipe della
sua comunanza di vita con se stesso».
Perché il giorno dell'Assunta è detto anche Ferragosto?
Il termine Ferragosto deriva dalla locuzione latina feriae Augusti (riposo di
Augusto) indicante una festività istituita dall'imperatore Augusto nel 18 a.C.
che si aggiungeva alle esistenti e antichissime festività cadenti nello stesso
mese, come i Vinalia rustica o i Consualia, per celebrare i raccolti e la fine
dei principali lavori agricoli. L'antico Ferragosto, oltre agli evidenti fini
di auto-promozione politica, aveva lo scopo di collegare le principali
festività agostane per fornire un adeguato periodo di riposo, anche detto
Augustali, necessario dopo le grandi fatiche profuse durante le settimane
precedenti.