mardi 28 avril 2015

Sainte THÉODORA et saint DIDYME, martyrs

Saints Théodora et Didyme

Martyrs à Alexandrie en Égypte ( 304)

Jeune fille chrétienne d'Alexandrie, arrêtée pendant la persécution de Dioclétien, elle voulait rester vierge, ce qui n'était pas l'intention du gouverneur. Celui-ci lui donna trois jours de réflexion avant de la condamner à être enfermée dans une maison de prostitution. Théodora resta inébranlable. Elle y fut enfermée, livrée à la débauche. Un soldat qui avait assisté à l'audience, vint et lui dit: "Je suis le premier." Quand ils furent seuls, il la décida à échanger sa tenue de soldat et son voile de prostituée. Elle put s'enfuir ainsi, mais Didyme le soldat passa en jugement et eut la tête tranchée.


Saint Ambroise, évêque de Milan qui nous rapporte cet épisode affirme que Théodora revint au tribunal pour faire délivrer Didyme, mais elle en partagea le martyre.


LES ACTES DES SAINTS DIDYME ET THÉODORA, A ALEXANDRIE, L'AN 303.


Ces Actes sont, pour le commencement et la fin, extraits mot à mot des registres du greffe ; le reste est tout à fait digne de créance.

Combien le trait le plus touchant de l’antiquité païenne est loin de la beauté de celui-ci ! Le généreux dévouement d'Oreste et de Pylade leur était dicté par l’amitié ; la douleur de se survivre les y entraînait. Ici, ce n'est point le moi humain, ni sa dualité plus humaine encore, c'est l'ardente et libre charité, fruit de la régénération et de la grâce. » (Mme Swetchine, Sa vie et ses oeuvres t. I, p. 181.)

BOLL.., 28/IV, April., III, 572. — RUINART, Acta sinc., p. 425 et suiv. — P. ALLARD, Hist. des persécutions, t. IV, p. 346 et suiv. — Cf. CHEVALIER, POTTHAST, et CORNEILLE., Theodor., act. III, scène 3.

LES ACTES DES SAINTS DIDYME ET THÉODORA


A Alexandrie, Procule ouvrit l'audience par ces mots: « Qu'on amène la vierge Théodora. »

Un huissier : « La voici. »

Procule : « De quelle condition es-tu

— Je suis chrétienne.

— Es-tu libre ou esclave ?

— Je te répète que je suis chrétienne : en venant sur la terre, le Christ m'a rendue libre ; au reste, mes parents sont nobles. »

Procule : « Faites venir le curateur de la cité » ; et quand il fut arrivé : « Que sais-tu sur cette jeune fille ? »

Lucius, le curateur, répondit : « Elle est libre, noble et de naissance illustre, la famille est fort honorable. »

Procule reprit: « Si tu es libre, pourquoi ne veux-tu pas te marier?

      Pour l'amour du Christ.

— En s'incarnant, il nous a délivrés de la corruption et nous a mérité la vie éternelle. J'ai embrassé sa foi, je crois qu'il est bon de demeurer vierge.

— Les empereurs ont ordonné que les vierges eussent à choisir, ou un sacrifice, ou le déshonneur.

— Je pense que tu n'ignores pas ceci : Dieu voit nos coeurs et considère en nous une seule chose, la volonté de demeurer chastes. Si donc tu me contrains à subir un outrage, je ne commettrai point de faute volontaire, je souffrirai violence. Je suis prête à livrer mon corps, sur lequel pouvoir t'a été donné, mais Dieu seul a pouvoir sur mon âme.

— Je connais la noblesse de ta naissance, ta beauté me touche, tu me fais pitié. Ainsi donc ne me méprise pas, car, par tous les dieux, tu n'as rien à y gagner. Je te le répète, les empereurs prescrivent pour les vierges le sacrifice ou la prostitution.

— Et moi, je te répète que Dieu ne considère que notre volonté. Il voit toutes nos pensées et les pénètre d'avance. Si donc je suis violée, je resterai pure. De même, si tu coupes ma tête, ma main, mon pied, si tu déchires tout mon corps, ce sera violence subie, mais non consentie. Ma volonté est de rester constamment fidèle à Dieu, car il a attaché ses promesses à mon voeu. La virginité et le martyre lui sont agréables. Lui, le Seigneur, sait bien nous donner sa grâce comme il l'entend. »

Procule l'interrompit : « Songe à ne pas couvrir ta famille de honte, à lui être un éternel opprobre, puisque, comme on l'a déposé, tu es de famille noble.

— Avant tout rien ne m'empêchera de confesser Jésus-Christ, de qui je tiens la vraie liberté et la vraie noblesse; il sait bien comment il sauvera sa colombe.

— Pourquoi cette folie d'aller croire à un individu crucifié ? Penses-tu sortir sans tache de la maison publique? Tu es folle, tout le monde le dit.

— Je crois au Christ qui a souffert sous Ponce-Pilate; il me délivrera des mains de mes ennemis; si je persévère dans la foi, il me gardera sans tache, aussi je ne renie pas.

— Je t'ai laissé dire jusque maintenant et je t'ai épargné la torture ; si tu continues à désobéir, tu seras traitée en esclave. En faisant sur toi un exemple, les autres femmes réfléchiront.

— Je suis prête à livrer mon corps, sur lequel tu peux tout ; quant à mon âme, elle est à Dieu.
— Donnez-lui des soufflets et dites : Assez de folie, viens et sacrifie.

— Par le saint nom de Dieu, je ne sacrifie pas ; le Seigneur est mon appui. Je n'adore pas les démons.

— Folle, va, tu m'as réduit à te maltraiter malgré ta noblesse, et cela devant toute cette foule qui n'attend que ta condamnation.

— Est-ce une folie de confesser le Seigneur? Ce que tu appelles une injure sera ma gloire et mon bonheur à jamais.

— En voilà assez : je vais me conformer aux ordres des empereurs. J'ai patienté, espérant te désabuser, une plus longue indulgence serait infidélité de ma part.

— Bon ; ta crainte et ton empressement à exécuter les ordres des empereurs te feront comprendre pourquoi je m'empresse, de mon côté, de rendre à Dieu ce que je lui dois en refusant de le renier; moi aussi je crains de déplaire au Roi véritable.

— Tu méprises les ordres impériaux, tu me prends pour un fou. Attends que je ne te l'apprenne à tes dépens. Je te laisse un délai de trois jours : si tu t'obstines, on te mènera dans une maison de débauche, cela corrigera les autres femmes.

— Crois-tu qu'après trois jours, Dieu, qui est éternel, ne sera plus là pour me protéger ? Il ne permettra pas que je sois séparée de lui ; je te livre mon corps, car ces trois jours je les tiens déjà comme écoulés. A ton aise. Je réclame seulement d'être à l'abri de toute violence jusqu'après le prononcé de la sentence. »

Trois jours plus tard, Procule fit amener Théodora à l'audience :

« Si tu es corrigée, sacrifie et retire-toi ; sinon, tu seras prostituée.

— Je l'ai dit et je le répète, le Christ a promis de récompenser et de préserver la chasteté, il m'a accordé la virginité et lé martyre, il saura sauver la brebis fidèle.

— Par tous les dieux ! la crainte des empereurs m'oblige à porter la sentence, la retarder serait désobéir. Tu as cherché la prostitution, tu l'auras, puisque tu refuses de sacrifier. On verra bien s'il te garde, ton Christ, pour qui tu t'obstines.

— Dieu, qui connaît les secrets des coeurs et l'avenir, qui m'a gardée sans tache jusqu'à ce jour, saura bien me défendre contre les hommes immondes qui voudraient outrager sa servante. »
On conduisit Théodora dans une maison de prostitution.

En franchissant le seuil, elle leva les yeux au ciel : « Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, dit-elle, aidez-moi et délivrez-moi du péril où je suis. Vous qui avez secouru Pierre dans sa prison et l'en avez tiré sans qu'il reçût aucun mal, tirez-moi d'ici sans avoir perdu ma pureté, afin que tous voient que je suis votre servante. »

Une foule nombreuse assiégeait la porte, pareille à une bande de loups affamés se disputant à qui outragerait le premier la brebis de Dieu, comme des vautours qui vont se jeter sur une colombe.
Notre-Seigneur y pourvut.

Ce fut un chrétien, un soldat, qui, vrai scélérat, entra le premier.

Théodora, voyant un homme, fit en courant le tour de la chambre et se blottit dans un coin.

L'homme dit : «Je ne suis pas ce que tu crois. Le loup est un agneau. Ce vêtement qui t'effraye est un déguisement. Je suis ton frère dans la foi et dans la volonté de servir Dieu. J'ai pris le costume des serviteurs du démon afin de te sauver. Je suis venu pour chercher et délivrer le trésor de mon Dieu, car tu es la servante fidèle et la colombe chérie du Seigneur. Changeons d'habits, et sors d'ici, à la garde de Dieu. Ne crains rien, je n'ai pas oublié la parole de l'Apôtre : Soyez comme moi.»

Théodora revêtit le costume militaire, se coiffa d'un chapeau à larges bords que Didyme avait apporté, comme pour se mieux cacher en sortant. Il conseilla à la vierge de sortir les yeux baissés, de ne parler à personne, mais de marcher vers Celui qui est la véritable porte par laquelle ceux qui entrent sont sauvés. Elle sortit donc, élevant ses ailes comme un petit oiseau tiré des serres du vautour.

Son libérateur demeura seul, couvert du voile de la vierge, ceint de sa ceinture. Il était assis.

Après quelque temps, un autre débauché entra dans la chambre et trouva un homme au lieu d'une vierge ; il en fut stupéfait. « Ah ça, Jésus change donc les femmes en hommes? Celui qui était entré est cependant sorti. » Il éleva la voix : « Qui est assis là ? Où est passée la fille ? L'on m'avait dit que Jésus change l'eau en vin, je croyais que c'était une fable : voilà bien plus fort, une femme changée en homme ; eh ! mais, il va me changer en femme, moi. »

Le libérateur de Théodora lui dit : « Dieu n'a rien changé, mais il a béni la femme et moi-même. Votre proie vous a échappé, prenez donc ce qui vous reste. Ma récompense sera double, sauveur d'une vierge, soldat du Christ. »

L'homme alla faire son rapport au juge, qui se fit amener le chrétien.

On procéda à l'interrogatoire.

« Ton nom ?

— Didyme. »

Le proconsul : « Qui t'a envoyé pour faire ce que tu as fait ?

— Dieu m'a inspiré ce dessein.

— Confesse tout, avant que j'aie recours aux tortures. Où est Théodora ?

— Par Jésus-Christ Fils de Dieu, je n'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est qu'elle est fidèle à Dieu, et qu'après avoir confessé le Christ, elle est demeurée pure; car le Seigneur l'a préservée de toute souillure. Ce n'est pas à moi que j'attribue ce qui s'est fait, mais à Dieu, qui a récompensé sa foi, comme tu le sais toi-même, quoique tu ne veuilles pas l'avouer.

— Quelle est ta condition ?

— Je suis chrétien : le Christ m'a rendu libre.

— On te fera subir un double supplice : l'un à cause de ta foi, l'autre à cause de ton audace.

— Je te supplie de faire sans retard ce qui t'est commandé par les empereurs.

— Par les dieux, si tu ne sacrifies, tu vas subir un double supplice, et pour ton refus d'obéissance, et pour le coup que tu as osé faire.

— « Je veux te montrer que je suis vraiment le soldat de Dieu, et que je suis prêt à souffrir pour ma foi. C'est pour cela que j'ai résolu et de sauver l'honneur de cette vierge, et de confesser publiquement la foi ; tant que je conserverai cette foi, les tourments ne pourront me nuire. Fais vite, car je ne sacrifierai pas aux démons, quand même tu me ferais brûler.

— A cause de ton audace on te coupera la tête, et parce que tu n'as pas obéi aux ordres de nos maîtres les empereurs, le reste de ton corps sera brûlé. »

Didyme répondit : « Soyez béni, ô Dieu, Père de mon Seigneur Jésus-Christ, qui avez daigné bénir et faire réussir ma résolution. Vous avez sauvé votre servante Théodora, et par cette double sentence rendue contre moi, vous m'avez assuré une double couronne. »

Le jugement ayant donc été rendu, on lui trancha la tête et on brûla son corps. Il consomma ainsi son martyre, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui est honneur, gloire et puissance dans tous les siècles des siècles. Amen.

LES MARTYRS. Recueil de pièces authentiques sur les martyrs depuis les origines du Christianisme jusqu'au XXe siècle, traduites et publiées Par le R. P. Dom H. LECLERCQ, Moine bénédictin de Saint-Michel de Farnborough TOME II. LE TROISIÈME SIÈCLE, DIOCLÉTIEN Précédé d'une introduction. Quatrième édition. Imprimi potest. FR. Ferdinandus Cabrol, Prior Sancti Michaelis Farnborough. Die 4 Maii 1903. Imprimatur. Turonibus, die 18 Octobris 1920. P. Bataille, vic. gén. ANIMULAE NECTAREAE EORGINAE FRANCISCAE STUART


Saints Martyrs THEODORA et DIDYME

Au temps de la persécution de Dioclétien et Maximien (289-305), on arrêta à Alexandrie la vierge consacrée à Dieu : Théodora. Après avoir courageusement confessé le Christ devant le gouverneur, elle fut livrée à une maison de prostitution. Le premier homme qui se présenta pour abuser d'elle était un noble militaire du nom de Didyme. Aussitôt converti par la pureté rayonnante de Théodora, il la revêtit de son costume militaire, lui donna ses armes et elle put ainsi sortir saine et sauve. Quand la supercherie fut découverte, on mena Didyme avec un grand tapage auprès du gouverneur. Comme on lui demandait la raison de son acte, il répondit calmement qu'il en attendait une double couronne : pour avoir délivrée l'épouse du Christ des hommes débauchés d'une part, et d'autre part celle du martyre qui l'attendait. Il fut décapité en rendant gloire à Dieu, et son corps fut livré aux flammes. Sainte Théodora remporta aussi la couronne du martyre en étant brûlée vive.


SS. Didymus and Theodora, Martyrs

From their beautiful acts, copied in part from the presidial registers, the rest being added by an eye-witness, extant in Ruinart and the Bollandists, t. 3, Apr. in Append. p. lxiii. See also St. Ambrose de Virgin. l. 2, c. 4.

A.D. 304.

EUSTRATIUS PROCULUS, imperial prefect of Alexandria, being seated on his tribunal, said:—“Call hither the virgin Theodora.” A sergeant of the court answered:—“She is here.” The prefect said to her:—“Of what condition are you?” Theodora replied:—“I am a Christian.” Prefect.—“Are you a slave or a free woman?” Theodora.—“I am a Christian, and made free by Christ; I am also born of what the world calls free parents.” Prefect.—“Call hither the bailiff 1 of the city.” When he was come, the prefect asked him what he knew of the virgin Theodora. Lucias, the bailiff, answered:—“I know her to be a free woman, and of a very good family in the city.” “What is the reason, then,” said the judge to Theodora, “that you are not married?” Theodora.—“That I may render myself the more pleasing and acceptable to Jesus Christ, who, being become man, hath withdrawn us from corruption; and as long as I continue faithful to him, will, I hope, preserve me from all defilement.” Prefect.—“The emperors have ordered that you virgins shall either sacrifice to the gods, or be exposed in infamous places.” Theodora.—“I believe you are not ignorant that it is the will which God regards in every action; and that if my soul continue chaste and pure, it can receive no prejudice from outward violence.” Prefect.—“Your birth and beauty make me pity you: but this compassion shall not save you unless you obey. I swear by the gods, you shall either sacrifice or be made the disgrace of your family, and the scorn of all virtuous and honourable persons.” He then repeated the ordinance of the emperors, to which Theodora made the same reply as before, and added:—“If you cut off unjustly my arm or head, will the guilt be charged to me or to him that commits the outrage? I am united to God by the vow I have made to him of my virginity; he is the master of my body and my soul, and into his hands I commit the protection of both my faith and chastity.” Prefect.—“Remember your birth: will you dishonour your family by an eternal infamy?” Theodora.—“The source of true honour is Jesus Christ: my soul draws all its lustre from him. He will preserve his dove from falling into the power of the hawk.” Prefect.—“Alas, silly woman! do you place your confidence in a crucified man? do you imagine it will be in his power to protect your virtue if you expose it to the trial?” Theodora.—“Yes; I most firmly believe that Jesus, who suffered under Pilate, will deliver me from all who have conspired my ruin, and will preserve me pure and spotless. Judge, then, if I can renounce him.” Prefect.—“I bear with you a long time, and do not yet put you to the torture. But if you continue thus obstinate, I will have no more regard for you than for the most despicable slave.” Theodora.—“You are master of my body: the law has left that at your disposal; but my soul you cannot touch, it is in the power of God alone.” Prefect.—“Give her two great buffets to cure her of her folly, and teach her to sacrifice.” Theodora.—“Through the assistance of Jesus Christ, I will never sacrifice to, nor adore devils. He is my protector.” Prefect.—“You compel me, notwithstanding your quality, to affront you before all the people. This is a degree of madness.” Theodora.—“This holy madness is true wisdom; and what you call an affront will be my eternal glory.” Prefect.—“I am out of patience; I will execute the edict. I should myself be guilty of disobeying the emperors, were I to dally any longer.” Theodora.—“You are afraid of displeasing a man, and can you reproach me because I refuse to offend God, because I stand in awe of the emperor of heaven and earth, and seek to obey his will?” Prefect.—“In the mean time you make no scruple of slighting the commands of the emperors, and abusing my patience. I will, notwithstanding, allow you three days to consider what to do; if within that term you do not comply with what I require, by the gods, you shall be exposed, that all other women may take warning from your example.” Theodora.—“Look on these three days as already expired. You will find me the same then as now. There is a God who will not forsake me. Do what you please. My only request is, that I may be screened in the mean time from insults on my chastity.” Prefect.—“That is but just. I therefore ordain that Theodora be under guard for three days, and that no violence be offered her during that time, nor rudeness shown her, out of regard to her birth and quality.” The three days being elapsed, Proculus ordered Theodora to be brought before him: and seeing she persisted in her resolution said: “The just fear of incurring the indignation of the emperors obliges me to execute their commands: wherefore sacrifice to the gods, or I pronounce the threatened sentence. We shall see if your Christ, for whose sake you continue thus obstinate, will deliver you from the infamy to which the edict of the emperors condemns you.” Theodora.—“Be in no pain about that.” Sentence hereupon being pronounced, the saint was conducted to the infamous place. On entering it she lifted up her eyes to God and said: “Father of our Lord Jesus Christ, assist me and take me hence: Thou who deliveredst St. Peter from prison without his sustaining any hurt, guard and protect my chastity here, that all may know I am thy servant.” A troop of debauchees quickly surrounded the house, and looked on this innocent beauty as their prey. But Jesus Christ watched over his spouse, and sent one of his servants to deliver her. Among the Christians of Alexandria, there was a zealous young man, named Didymus, who desiring earnestly to rescue the virgin of Christ out of her danger, habited himself like a soldier, and went boldly into the room where she was. Theodora, seeing him approach her, was at first much troubled, and fled from him into the several corners of the room. He, overtaking her, said to her: “Sister, fear nothing from me. I am not such a one as you take me to be. I am your brother in Christ, and have thus disguised myself on purpose to deliver you. Come, let us change habits: take you my clothes and go out, and I will remain here in yours: thus disguised, save yourself.” Theodora did as she was desired: she also put on his armour, and he pulled down the hat over her eyes, and charged her in going out to cast them on the ground, and not stop to speak to any one, but walk fast, in imitation of a person seeming ashamed, and fearing to be known after the perpetration of an infamous action. When Theodora was by this stratagem out of danger, her soul took its flight towards heaven, in ardent ejaculations to God her deliverer.

A short time after, came in one of the lewd crew on a wicked intent, but was extremely surprised to find a man there instead of the virgin: and hearing from him the history of what had passed, went out and published it abroad. The judge, being informed of the affair, sent for the voluntary prisoner, and asked him his name. He answered:—“I am called Didymus.” The prefect then asked him, who put him upon this extraordinary adventure? Didymus told him it was God who had inspired him with this method to rescue his handmaid. The prefect then said:—“Before I put you to the torture, declare where Theodora is.” Didymus.—“By Christ, the Son of God, I know not. All that I certainly know of her is, that she is a servant of God, and that he has preserved her spotless: God hath done to her according to her faith in him.” Prefect.—“Of what condition are you?” Didymus.—“I am a Christian, and delivered by Jesus Christ.” Prefect.—“Put him to the torture doubly to what is usual, as the excess of his insolence deserves.” Didymus.—“I beg you to execute speedily on me the orders of your masters, whatever they may be.” Prefect.—“By the gods, the torture doubled is your immediate lot, unless you sacrifice: if you do this your first crime shall be forgiven you.” Didymus.—“I have already given proof that I am a champion of Christ, and fear not to suffer in his cause. My intention in this matter was twofold, to prevent the virgin’s being deflowered, and to give an instance of my steady faith and hope in Christ; being assured I shall survive all the torments you can inflict upon me. The dread of the cruellest death you can devise will not prevail on me to sacrifice to devils.” Prefect.—“For your bold rashness, and because you have contemned the commands of our lords the emperors, you shall be beheaded and your corpse shall be burnt.” Didymus.—“Blessed be God, the Father of our Lord Jesus Christ, who hath not despised my offering, and hath preserved spotless his handmaid Theodora. He crowns me doubly.” Didymus was, according to this sentence, beheaded, and his body burnt. Thus far the acts.

St. Ambrose, 2 who relates this history of Theodora, (whom he calls by mistake a virgin of Antioch,) adds, that she ran to the place of execution to Didymus, and would needs die in his place, and that she was also beheaded; which the Greeks say happened shortly after his martyrdom. St. Ambrose most beautifully paints the strife of these holy martyrs, at the place of execution, which of the two should bear away the palm of martyrdom. The virgin urged, that she owed indeed to him the preservation of her corporal integrity; but would not yield to him the privilege of carrying away her crown. “You were bail,” said she, “for my modesty, not for my life. If my virginity be in danger, your bond holds good: if my life be required, this debt I myself can discharge. The sentence of condemnation was passed upon me: I am further obnoxious, not only by my flight, but by giving occasion to the death of another. I fled, not from death, but from an injury to my virtue. This body, which is not to be exposed to an insult against its integrity, is capable of suffering for Christ. If you rob me of my crown, you have not saved but deceived me.” The two saints, thus contending for the palm, both conquered: the crown was not divided, but given to each. St. Didymus is looked upon to have suffered under Dioclesian, in 304, and at Alexandria. The Roman Martyrology commemorates these two saints on this day.

Note 1. Curatorem civitatis. Curateur, Fleury; Bailiff, Ainsworth. [back]

Note 2. De Virgin, b. 2, c. 4. [back]

Rev. Alban Butler (1711–73).  Volume IV: April.The Lives of the Saints.  1866.

Theodora and Didymus MM (RM)


Died 304. A pious fiction tells of Theodora, a beautiful young girl in Alexandria, who was arrested and sentenced to live in a house of prostitution for refusing to sacrifice to pagan gods during the persecution of Emperor Diocletian. Didymus, a fellow Christian, helped her escape by exchanging clothes with her. It was a brilliant idea, properly executed, but when the trickery was discovered, Didymus was arrested and sentenced to death. Theodora returned to the city from hiding, hoping to secure the release of Didymus by surrendering her own life. But so great was the fury of the prefect that he ordered both of them to be killed.

Another version says that Theodora fell dead when she was rescued by Didymus; when Didymus's act was discovered, he was beheaded. Sometimes Didymus is portrayed as a pagan converted by her purity in the brothel (Attwater2, Benedictines, Delaney, Encyclopedia).

Virginmartyr Theodora of Alexandria

Commemorated on May 27

The Holy Martyrs Theodora the Virgin and Didymus the Soldier suffered for Christ during the persecution against Christians under the emperor Diocletian (284-305), in the city of Alexandria in either the year 303 or 304.

The Virgin Martyr Theodora, standing trial before the prefect Eustratius of Alexandria, bravely confessed herself a Christian. When the prefect asked why she had not married, the saint replied that she had dedicated herself to God, and had resolved to remain a virgin for the name of Christ.

Eustratius ordered the holy virgin to be taken to prison, giving her three days to make up her mind, and he threatened to have her taken to a brothel if she persisted in her disobedience. Brought again to trial three days later, St Theodora remained as resolute in her faith as before.

The saint was taken to the brothel, where dissolute youths began to argue which of them should be the first to have her. At this moment the Christian Didymus, dressed in soldier’s garb, entered the brothel without hindrance. He chased the frightened profligates out and saved the holy virgin, giving her his clothes so she could escape.

Upon learning what had happened, Eustratius interrogated St Didymus. Brought before the angry judge, St Didymus told how he had set the holy virgin free, and for this he was sentenced to death. St Theodora appeared at the place of execution, and said that she wanted to die with St Didymus. The prefect gave orders to execute both of them . The first to bend the neck beneath the sword was the holy martyr Theodora, and then the holy Martyr Didymus. The bodies of the martyrs were then burned.