Saint Syméon
Évêque de Séleucie et ses compagnons martyrs au temps
du roi Sapor (4ème s.)
Siméon bar Sabas et les martyrs perses anonymes au
temps du roi Sapor.
Le nombre des chrétiens était grand en Perse au IVe siècle,
mais l'empereur Sapor pendant son long règne de 310 à 380, confondit l'empire
romain et la foi chrétienne. Il y eut ainsi trois grandes persécutions, dont
l'une condamnait les chrétiens à devenir esclaves. Saint Siméon écrivit à
l'empereur. Ce pourquoi il fut arrêté, chargé de chaînes et traîné de Séleucie
jusqu'à Suse. Le vieil évêque fut mené devant l'empereur lui-même qui le
condamna à être décapité. Il fut tiré de la prison en même temps qu'une
centaine d'autres chrétiens, prêtres et évêques qui furent tués, les uns après
les autres, saint Siméon le dernier, pour avoir refusé d'adorer le soleil.
Le roi des rois avait besoin d'argent pour mener ses
guerres contre les Romains. Il doubla les impôts sur les chrétiens qui furent
réduits souvent à l'indigence devant la cruauté des percepteurs. Beaucoup
renièrent leur foi pour survivre. D'autres, comme l'évêque de Séleucie, saint
Syméon Bar Sabbée, refusèrent de se soumettre. Les mages, de leur côté,
engagèrent le roi à faire disparaître ces chrétiens qui, par centaines, étaient
entassés dans les prisons. Le Vendredi Saint, le catholicos fut décapité et ce
martyre marqua le début d'une persécution générale pendant près de quarante
ans.
En Perse, l’an 341, la passion de saint Siméon bar
Sabas, évêque de Séleucie et Ctésiphon. Par ordre du roi des Perses Sapor II,
il fut arrêté, chargé de fers et, comme il refusait d’adorer le soleil et qu’il
rendait témoignage au Seigneur Jésus Christ d’une voix libre et assurée, il fut
d’abord enfermé dans une prison pour esclaves avec une troupe de plus de cent
compagnons, parmi lesquels des évêques, des prêtres et des clercs de divers
ordres. Ils y furent détenus longtemps, puis, le vendredi de la Passion du
Seigneur, tous les compagons de Siméon furent égorgés sous ses yeux, pendant
qu’il exhortait vivement chacun d’eux. Il fut enfin lui-même décapité, le
dernier de tous. Avec lui souffrirent encore Abdécalas et Ananie, ses prêtres,
personnages très distingués.
On commémore également un grand nombre de martyrs,
qui, après la mort de saint Siméon, furent frappés par l’épée à travers toute
la Perse, pour le nom du Christ, sous le même roi Sapor, de 341 à 345.
Martyrologe romain
SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/6583/Saint-Symeon.html
MARTYRE
DE SAINT SIMÉON, BAR-SABBAÉ, ÉVÊQUE DE SÉLEUCIE-CTÉSIPHON, ET DE SES COMPAGNONS
ARDHAICLAS ET HANANIAS, PRÊTRES, ET DE CENT AUTRES CHRÉTIENS DE DIVERS ORDRES,
AINSI QUE DE L'EUNUQUE GOUSCHTAZAD, QUI AVAIT ÉLEVÉ LE ROI, DE PRUSIKIUS, GRAND
CHAMBELLAN, ET DE SA FILLE, VIERGE CONSACRÉE A DIEU.
EN
L'ANNÉE 341
INTRODUCTION
Je vais dire
l'origine de l'asservissement de notre Église, et la cause des malheurs que
Dieu nous envoya comme châtiment et comme épreuve. L'orage qui fondit sur nous
ne peut être comparé qu'à l'horrible persécution du temps des Machabées : ces
temps-là, en effet, étaient vraiment les jours de la vengeance divine que le
prophète avait annoncés par cet oracle : « Malheur à qui vivra dans ces jours
de la colère de Dieu ! Des légions viendront des régions de l'Occident, et
désoleront la terre. » Ces paroles désignaient les Grecs, dont les Machabées
essuyèrent la fureur.
En la cent
quarante-troisième année de l'empire des Grecs, et la sixième de son règne,
Antiochus ayant pris Jérusalem, pilla la table d'or et tous les instruments du
culte, souilla le temple, dont il chassa les prêtres, y érigea des autels et y
introduisit des étrangers ; non content de ces impiétés, il ensanglanta la
terre sainte et exposa aux bêtes et aux oiseaux de proie les corps des saints.
Vaincus par tant de maux, plusieurs cédèrent au roi, et, abjurant la loi de
Dieu, se souillèrent par d'impies sacrifices ; d'autres, au contraire, des
hommes, des femmes, d'une haute naissance, confessèrent leur foi, et moururent.
Mille d'entre eux périrent le même jour pour l'observation du sabbat. Nous
mourons, disaient-ils, forts de leur innocence, nous mourons dans la simplicité
de notre coeur; mais nous prenons le ciel et la terre à témoin de notre
innocence et de votre injustice. Des femmes furent tuées pour avoir circoncis
leurs enfants, et ces petits enfants furent attachés au cou de leurs mères.
D'autres encore mouraient pour avoir refusé de manger, contrairement aux
défenses de la loi, une nourriture immonde. Et il y eut un grand deuil dans
Israël, et les princes, les anciens, les jeunes gens et les vierges gémirent,
et la beauté des femmes se voila dans les pleurs, et l'épouse pleura sur la
couche nuptiale, et toute la maison de Jacob fut remplie d'affliction et de
confusion, et Matathias gémit et s'écria : « Hélas ! hélas ! malheur à
nous ! Pourquoi nous a-t-il été donné de voir les maux de notre peuple, et
la désolation de la ville sainte et de son temple livré aux mains des
étrangers ! Notre gloire et notre force sont perdues : pourquoi
vivons-nous encore ? » Toutefois reprenant courage : « Pensez, disait-il,
que ceux qui ont mis en ,Dieu leur confiance ne seront pas confondus. Ne
tremblez pas aux paroles d'un pécheur, car sa gloire tombera en poussière, et il
sera mangé par les vers ; aujourd'hui il est élevé ; demain il ne sera plus ;
il retournera dans la terre, et toutes ses pensées périront. » Et Matathias,
qui parlait ainsi, donna l'exemple du courage. Ayant vu un concitoyen, un Juif,
abjurer sa religion et sacrifier publiquement aux idoles, devant l'outrage fait
à Dieu, cet homme si zélé pour la loi, enflammé d'une sainte colère, se jeta
sur le coupable, et l'immola, au milieu de son impie sacrifice, et au pied des
autels; il tua celui qui se livrait au culte des faux dieux ; il le renversa
sur le corps de la victime ; il souilla, par le contact d'un sang impur, celui
qui souillait la sainte loi. Et sur-le-champ, se jetant sur le ministre du roi,
qui contraignait le peuple à d'impies sacrifices, il le tua aussi. Matathias
fut donc le pontife pur qui, par le sang d'une victime impure, apaisa la colère
du ciel et rendit Dieu propice à son peuple.
Dans ces jours
malheureux, dans ces jours d'anxiété et de terreur, au milieu du bruit des
armes, la joie, la sécurité, le repos, disparurent : partout le glaive, la
solitude et la mort ; le tombeau dilata ses entrailles pour engloutir les
victimes, et reçut les justes confondus avec les pécheurs ; les justes
reposèrent doucement, les pécheurs furent engloutis dans les ténébreux abîmes,
parce qu'ils avaient induit Jacob dans l'iniquité, et plongé Israël dans
l'apostasie.
Mais enfin, les
trésors des miséricordes du Seigneur étant depuis trop longtemps fermés, quand
sa vengeance eut répandu assez de colère, quand le glaive eut été rassasié et
l'épée enivrée, alors tomba la pluie des grâces, la miséricorde coula à flots ;
un brillant soleil parut qui fondit à ses rayons les glaces de la superstition
païenne, tarit la source de l'infidélité, dessécha les eaux de l'idolâtrie,
dissipa la fange impure, essuya les plaies fétides, et fit briller de nouveau
la pureté et la sainteté dans le temple, Judas Machabée fut cet astre. Judas,
comme un jeune lion, rugit contre les bêtes malfaisantes, et son rugissement
les mit en fuite. Judas étendit la gloire du peuple, il exalta sa nation.
Prêtre et guerrier, il revêtit l'éphod sacré pour se rendre Dieu propice ; il
endossa la cuirasse terrible pour donner la mort comme un géant. Sa force l'a
égalé au lion : il s'est couché sur les nations immolées, il a dévoré les
chairs des princes ; dans sa colère, il a recherché les restes des pécheurs ;
la terreur de son nom a fait trembler les superbes, et les puissants sont
tombés de frayeur ; sa main a donné le salut, et il a désolé bien des rois. Il
a tué des milliers d'ennemis dans les montagnes, et des myriades dans la plaine
; ses exploits réjouirent Juda, ses hauts ,faits firent tressaillir Israël ; la
terre sauvée par lui se reposa et se délassa de la servitude. Son nom vola aux
extrémités du monde ; mais lui tomba avec gloire, en soldat, pour Dieu et pour
son peuple : son nom soit béni à jamais !
Cette persécution
d'Antiochus est l'image de la nôtre. En effet, le peuple chrétien fut écrasé
par d'excessifs impôts, et les prêtres accablés de vexations ; l'on vit les
superbes insulter les humbles, les impies piétiner les saints, la calomnie
opprimer l'innocence. La plus dure servitude remplaça la sainte liberté donnée
par le Christ à son Eglise, et tous les efforts furent tentés, tous les moyens
mis en oeuvre pour empêcher l'observance de la loi de Dieu, pour arrêter par la
ruse, par la violence, par toutes les voies, ou même pour égarer complètement
ceux qui marchaient dans le droit chemin de la vérité.
Ce fut la cent
dix-septième année de l'empire des Perses, et la trente et unième année du
régne de Sapor, roi des rois, que cette calamité tomba sur notre Église. Siméon
Bar-Sabbâé, (fils du Foulon), nom qu'il justifia parfaitement, était alors
évêque de Séleucie-Ctésiphon ; si son père teignait la pourpre qui orne les
rois impies, lui-même il rougit de son sang celle qu'il porta dans le ciel.
Siméon donna volontairement sa vie pour Dieu et pour son peuple ; et, révolté
des attentats de l'impiété contre l'.glise, il imita Judas Machabée, qui, lui
aussi, dans des temps non moins malheureux, chercha la mort. O couple illustre
de pontifes, Judas, Siméon ! Tous deux reconquirent la liberté de leur peuple,
l'un par ses armes, l'autre par son martyre. L'un fut vainqueur et s'illustra
par sa victoire ; l'autre triompha en succombant. Judas, en versant le sang de
l'étranger, éleva son pays au faîte de la puissance et de la gloire ; Siméon,
en versant son propre sang, brisa le joug de la servitude qui pesait sur son Église. Tous deux avaient reçu le souverain sacerdoce, tous deux portaient
l'éphod sacré, tous deux servirent dignement à l'autel et honorèrent leur
ministère auguste par leurs vertus ; tous deux, pieux et fervents, se
purifiaient dans les eaux saintes et présentaient à Dieu le sang de la vigne ;
tous deux portaient le peuple à la vertu par des paroles brûlantes ; tous deux,
terribles dans le combat, volèrent au-devant de la mort, provoquèrent les
bourreaux, se jetèrent tête baissée sur le glaive ; tous deux enfin lavèrent
leur âme dans leur sang. Fidèles à la parole du Maître, ils l'accomplirent avec
amour ; ils se dévouèrent à la pratique et à la défense de la loi divine. L'un
remplit le précepte du Seigneur comme un juge, rendant la mort pour la mort,
mourant lui-même pour le salut des siens ; et l'autre, comme un obéissant
serviteur, selon la parole évangélique : «Si l'on vous frappe sur la joue
droite, présentez encore la joue gauche, » tendit sa tête au glaive du
bourreau. Par les expiations de son sacerdoce; l'un soulageait les âmes captives
dans les limbes ; l'autre rappelait à la vie ceux qui dormaient de la mort du
péché. L'un mourut en soldat en massacrant les ennemis ; l'autre accomplit
obscurément son sacrifice. Oh ! qu'elle est belle et glorieuse la mort des
saints, surtout après la victoire du Sauveur sur le péché ! Judas, fort de la
force de Dieu, souverain Seigneur, délivra sa nation des tributs qu'elle payait
aux rois grecs et syriens ; Siméon, triomphant avec le secours du Fils de Dieu,
du Sauveur Jésus, affranchit' son peuple accablé par d'intolérables exactions,
et gémissant sous le joug des rois de Perse. Vrais pasteurs, ils sont morts
pour préserver leurs brebis de la ruine ; ils se sont dévoués avec amour, pour
écarter leur troupeau des pâturages empoisonnés, des eaux troublées par les
pieds des infidèles ; ils périrent pour que Ces brebis, sauvées par la mort et
ramenées au bercail, goûtassent les fruits de leur victoire.
LE MARTYRE
Ainsi donc, Siméon,
le pontife illustre, plaçant toute sa confiance en Dieu, fit répondre au roi :
« Le Christ a racheté son Église par sa mort, et acquis la liberté à son peuple
par son sang; il a fait tomber de nos têtes le joug de la servitude, et nous a
délivrés des lourds fardeaux. De plus, en nous promettant de magnifiques récompenses
pour la vie future, il a enflammé nos espérances : car son empire est éternel
et ne périra jamais. Donc, tant que Jésus sera le Roi des rois, nous sommes
résolus à ne pas courber la tête sous ton joug : Dieu nous garde de renoncer à
la liberté qu'il nous a donnée pour devenir tes esclaves ! Le Seigneur à qui
nous avons juré obéissance et fidélité est l'auteur et le modérateur de ta
puissance : nous ne souffrirons pas l'injuste domination de ceux qui ne sont,
comme nous, que ses serviteurs. Sache-le encore, notre Dieu est le créateur des
choses que tu adores à sa place, et selon nous ce serait une impiété et un
crime d'égaler au Dieu suprême les choses qu'il a créées, et qui., te sont
semblables. Et puis, tu nous demandes de l'or ; sache que le Seigneur nous a
défendu d'avoir ni or ni argent, enfin l'Apôtre nous a dit : « Vous avez été
achetés un grand prix, ne vous faites pas les esclaves des hommes. » Ainsi
parla Siméon.
On le rapporta
sur-le-champ au roi, qui s'indigna et fit répondre à l'évêque : « Tues fou,
d'exposer par ton audace téméraire ta vie et celle de ton peuple, et d'attirer
sur toi et sur lui une mort certaine. Ton incroyable orgueil te pousse à
l'entraîner dans la désobéissance. Eh bien ! je vais sur-le-champ rompre
ce pernicieux complot, et vous bannir à jamais de la société et de la mémoire
des hommes. » Ainsi parla le roi.
Siméon, nullement
troublé, répondit : « Jésus s'est offert à la mort la plus cruelle pour
racheter le monde, et moi, néant, je craindrais de donner ma vie pour ce
peuple, quand je me suis dévoué volontairement à son salut ! Sache bien,
sire, que Siméon mourra plutôt que de livrer son troupeau à tes exacteurs. Je
ne tiens pas à la vie si je ne puis que vivre criminel, et pour la prolonger de
quelques jours, je ne laisserai pas accabler des misères de la servitude ceux
que mon Dieu a affranchis. Oserais-je rechercher l'oisiveté et les délices ?
Dieu me garde d'assurer ma sécurité en perdant ceux qu'il a rachetés de son
sang, d'acheter les commodités de la vie au prix des âmes que le Christ a
aimées, de m'assurer des jouissances par l'affliction de ceux que la mort du
Sauveur a délivrés de l'esclavage. Non, je ne suis pas tellement lâche, je n'ai
pas aux pieds ide telles entraves, que je n'ose marcher sur les traces de
Jésus, que je tremble de suivre la voie de sa passion, que je frémisse de
m'associer au sacrifice par lequel ce véritable pontife s'est immolé. Je veux
tendre ma tête au glaive; et mourir pour mon peuple. Et que mon sacrifice est
peu de chose comparé à celui de mon maître ! Quant à la ruine dont tu menaces
mes fidèles, c'est ton impiété qui en sera cause, et non mon dévouement pour
Dieu et son peuple ; et par conséquent ton sang et non le mien devra laver ce
crime ; mon peuple et moi en serons innocents. Mon peuple est prêt comme moi à
donner sa vie au salut de son âme : tu le sauras bientôt. »
Alors le roi,
pareil au lion qui, ayant flairé le sang humain, ne respire plus que le
carnage, se livra à une colère folle, et l'agitation de son âme se manifesta par
le trouble de tout son corps. Il grinçait des dents, frémissait, menaçait de
tout renverser, de tout détruire; il cédait aux mouvements les plus désordonnés
de la fureur, impatient de boire le sang innocent et de dévorer les chairs des
saints. Enfin il fit entendre un rugissement effroyable, et publia un édit
terrible, qui ordonnait de poursuivre aussitôt les prêtres et les lévites, de
renverser les églises de fond en comble, de souiller et de faire profaner les
instruments du culte divin. « Siméon, disait le roi, Siméon, ce chef de
magiciens, méprise la majesté royale ; il n'obéit qu'à César, n'adore que le
Dieu de César, il insulte et outrage le mien : qu'on me l'amène et qu'on
instruise son procès en ma présence. »
L'occasion était
belle pour les Juifs, ces constants ennemis des chrétiens ; ils mirent tout en
œuvre pour animer encore la colère du prince, et assurer la perte de Siméon et
de son Église ; on les retrouve toujours, dans les temps de persécution,
fidèles à leur haine implacable, et ne reculant devant aucune accusation
calomnieuse. C'est ainsi qu'autrefois leurs clameurs forcenées contraignirent
Pilate à condamner Jésus-Christ. Voici, dans la circonstance présente, ce
qu'ils osaient dire : « Sire, si tu écrivais à César les lettres les plus
magnifiques, accompagnées des plus beaux présents, César n'en ferait aucun cas.
Que Siméon, au contraire, lui écrive un billet, quelques mots seulement,
aussitôt César se lève, il adore cette misérable page, il la prend
respectueusement dans ses deux mains, et commande que sur-le-champ on y
satisfasse. » Combien ces délateurs de Siméon ressemblent à ces témoins
menteurs qui se levèrent contre le Seigneur ! Pauvres Juifs, provocateurs
de la mort du Sauveur, de quel degré d'honneur et dans quel abîme d'ignominie
ils sont tombés ! Les voilà, chargés de leur déicide, exilés, fugitifs,
vagabonds par toute la terre ! Quant aux accusateurs de Siméon, l'infamie, le
mépris, la malédiction universelle furent leur juste châtiment ; et le saint
évêque fut assez vengé par ce glaive qui en fit périr soudain un si grand
nombre, lorsque, entraînés par un imposteur, ils accouraient en foule pour
rebâtir Jérusalem.
Siméon fut enchaîné
et conduit au pays des Huzites, avec deux des douze prêtres de son église, qui
se nommaient Ardhaïclas et Hananias. En traversant Suse, sa patrie, une église
chrétienne se trouva sur son passage ; il pria ses gardes de faire un détour,
parce que peu de jours auparavant les mages avaient livré cette église aux
Juifs, qui en avaient fait une synagogue. « Je crains, disait l'évêque, que la
vue d'une église ruinée n'ébranle mon courage, réservé à des épreuves plus
rudes encore.»
Ses gardes se
hâtèrent, et, en peu de jours, Siméon arriva à Lédan. Dès que le grand préfet
l'apprit, il annonça au roi l'arrivée du chef des chrétiens ; aussitôt Siméon
fut introduit ; mais il ne se prosterna pas devant le roi, qui s'en indigna. «
Je vois, dit-il, la vérité de tout ce que l'on m'a rapporté contre toi.
Autrefois, vil esclave, tu te prosternais sans difficulté en ma présence :
pourquoi aujourd'hui me refuses-tu cet honneur ? — C'est, répondit Siméon,
qu'autrefois je ne paraissais pas devant toi enchaîné, ni pour être forcé,
comme aujourd'hui, à renier le vrai Dieu. »
Les mages, présents
en grand nombre, disaient au roi : « Sire, il conspire contre l'empire et
contre toi, il refuse de payer les impôts ; qui doutera qu'il mérite la mort ?
— Misérables, s'écriait Siméon, n'est-ce point assez pour vous d'avoir
abandonné Dieu et perdu ce royaume ? faut-il encore que vous cherchiez à nous
faire partager le même crime et le même malheur ? »
Le roi, adoucissant
alors son visage, lui dit : « Assez, Siméon. Crois-moi, je te veux du bien.
Adore le soleil, et tu te sauves, toi et les tiens. »
SIMÉON : « Je ne
peux pas t'adorer, sire, quoique tu sois bien supérieur au soleil, puisque tu
as esprit et sagesse, et je serais assez fou pour adorer un dieu sans âme, sans
intelligence, incapable de nous discerner toi et moi, ni de te récompenser toi
qui le sers, et de me punir moi qui lui insulte ! Tu disais qu'en t'écoutant je
sauverais mon peuple ; mais apprends que nous, chrétiens, nous n'avons qu'un
seul Sauveur, le Christ, attaché à la croix ; et moi, le dernier de ses
serviteurs, je mourrai pour lui, pour mon peuple, pour moi-même. Arrière la
frayeur ; je me sens invincible, j'éviterai la bassesse et le déshonneur, je
mériterai la gloire. Je ne suis pas un enfant qu'on gagne par des bagatelles ;
je suis vieux et je garderai la dignité de mon caractère, j'achèverai fidèlement,
saintement, mon oeuvre. Au reste, ce m'est pas à moi, qu'une lumière supérieure
et divine éclaire, à en disputer avec toi. »
LE ROI : « Si au
moins tu adorais un Dieu vivant, ta folie serait excusable ; mais tu dis que
ton Dieu est mort supplicié. Laisse ces chimères, Siméon, et adore le soleil,
par qui tout ce qui est subsiste ; si tu y consens, je te promets richesses,
honneurs, dignités, tout ce que tu voudras. »
SIMÉON : « Jésus
est le créateur du soleil et du genre humain : quand il expira entre les mains
de ses ennemis, le soleil, comme un serviteur qui prend le deuil à la mort de
sons maître, s'éclipsa ; pour lui, il ressuscita des morts après trois jours,
et monta aux cieux au milieu des concerts des anges. En vain tu espères me
séduire par tes présents, tes dignités, tes honneurs ; j'en attends de bien
plus magnifiques, et si grands, que tu n'en as pas l'idée ; mais moi, ma
religion et ma foi me l'apprennent.
LE ROI : « Siméon,
que tu es sot ! Pour un fol attachement à tes idées, à tes rêvés, tu vas faire
périr tout un peuple. Siméon, épargne la vie, épargne le sang d'une multitude
que je punirai à cause de toi, avec rigueur. »
SIMÉON : « Si tu
verses le sang des chrétiens, tu sentiras l'énormité de ton crime au jour où
tes oeuvres seront examinées à la face de tout l'univers, en ce jour, sire, où
tu rendras compte de ta vie. Des chrétiens ne font qu'échanger la jouissance
d'une vie qui passe contre un royaume éternel. Quant à moi, rien ne nie fera
renoncer à la vie qui m'est réservée dans le Christ ; pour cette vie fragile et
mortelle, je te l'abandonne ; elle est dans tes mains ; elle est à toi ;
prends-la donc, si tu la veux, hâte-toi de la prendre. »
LE ROI : « Quelle
audace ! Il méprise sa vie. Mais j'aurai pitié de tes sectateurs, et j'espère,
par la sévérité de ton châtiment, les guérir d'une pareille folie. »
SIMÉON : « Essaie,
et tu verras si les chrétiens sacrifieront la vie qui les attend dans le sein
de Dieu, pour celle qu'ils partageraient avec toi ici-bas. Allume la flamme de
tes bûchers, jettes-y cet or, et tu reconnaîtras que la fermeté des chrétiens
est invincible, et que tes cruautés n'en triompheront jamais. Nous avons tous
de la vérité de notre foi une persuasion intime et profonde, et à cause de cela
nous souffrirons tous les tourments plutôt que de la trahir. Je ne veux te dire
que ce mot, sire : notre nom de chrétien, ce nom auguste et immortel chi nous
vient du Christ notre Sauveur, nous ne consentirions jamais à l'échanger contre
ton grand nom lui-même. »
LE ROI : «Eh bien,
si tu ne me rends en présence de ma cour les honneurs accoutumés, ou si tu
refuses de m'adorer avec le soleil, divinité de tout l'Orient, dés demain, je
défigure ta face si belle, je mets en sang tout ton corps, d'un aspect si
vénérable et si auguste. »
SIMÉON : « Tu dis
que le soleil est Dieu, et tu l'égales à toi, qui es un homme ; car tu
réclamais tout à l'heure le même culte que lui. En réalité cependant, tu es
plus grand que lui. Ensuite tu me fais des menaces, tu veux défigurer je ne
sais quelle beauté de mon corps. Qu'importe ? Ce corps a un réparateur qui le
ressuscitera un jour, et lui rendra avec usure cet éclat de beauté d'ailleurs
bien méprisable : c'est lui qui l'a créé de rien, c'est lui aussi qui l'a orné.
»
A la fin, le roi
fit mettre aux fers Siméon, et on le garda dans, un cachot jusqu'au lendemain ;
il ne doutait pas que la réflexion le changerait.
Il y avait à la
porte du palais par où devait passer Siméon un vieil eunuque qui avait élevé le
roi, et qui exerçait la charge d'arzabade, ou grand chambellan ; c'était un
homme très considéré dans le royaume ; il s'appelait Gouschtazad. Par crainte
de la persécution, il avait abjuré la foi, et adoré publiquement le soleil.
Quand Siméon passa devant lui, il s'agenouilla et le salua. Mais le saint
évêque, pour ne pas voir l'apostat, détourna les yeux avec horreur. Ce reproche
toucha l'eunuque, il se rappela son apostasie, gémit, pleura et se dit à
lui-même : « Si Siméon, qui a été mon ami, a conçu une telle indignation contre
moi, que fera Dieu, que j'ai trahi ? » Là-dessus, il court à sa maison, quitte
ses habits somptueux, prend ses vêtements noirs, et avec ces marques de deuil
revient s'asseoir dans le palais, à la même place.
Cette action étonna
tout le monde ; le roi lui-même en eut connaissance, et il envoya demander à
l'eunuque le motif d'une conduite si étrange. « Pourquoi, quand le roi est en
bonne santé, et porte sa couronne, t'imagines-tu de prendre des habits de
deuil, et de paraître ainsi en public? As-tu perdu ton fils? ton épouse
repose-t-elle dans ta maison, attendant- la sépulture? S'il n'en peut être
ainsi, pourquoi avoir pris le deuil, comme si tu avais essuyé ces malheurs? »
Voilà ce que le roi fit dire à l'eunuque.
L'eunuque lui fit
répondre : « Je suis coupable, je l'avoue ; punis-moi du dernier supplice, je
le mérite.»
Le roi, ne
comprenant rien à cette réponse, se le fit amener, afin de lui demander à
lui-même la raison de ces étrangetés. Quand on le lui eut amené, il lui dit : «
Il faut que quelque malin esprit te possède, pour menacer mon règne de ce
funeste présage.
— Non, répondit
Gouschtazad, aucun malin esprit ne me possède, je suis tout à fait maître de
moi, et mes pensées conviennent parfaitement à un vieillard.
— Pourquoi donc
alors, dit le roi, as-tu paru tout à coup avec ces habits de deuil, comme un
furieux ? Pourquoi as-tu répondu à mon envoyé que tu étais indigne de vivre.
— J'ai pris le
deuil, répondit Gouschtazad, à cause de ma double perfidie envers mon Dieu et
envers toi : envers mon Dieu, car j'ai violé la foi que je lui avais jurée ;
j'ai préféré à sa vérité ta faveur ; envers toi, car, contraint d'adorer le
soleil, je l'ai fait avec feinte et hypocrisie ; mon coeur intérieurement
protestait contre ma conduite.
— Est-ce
là, vieil imbécile, la cause de ta douleur? Je t'aurai bientôt guéri si tu
persistes.
—
J'atteste le Dieu du ciel et de la terre que désormais je n'obéirai plus à tes
ordres, et qu'on ne me verra plus faire ce que je gémis d'avoir fait. Je suis
chrétien, et je ne sacrifierai plus le vrai Dieu à un perfide.
— J'ai
pitié de ta vieillesse ; il m'en coûte de te voir perdre le prix de tes longs
services envers mon père et envers moi. Je t'en prie, abandonne les rêveries de
ces imposteurs, si tu ne veux périr misérablement avec eux.
— Sire,
ni toi, ni tous les grands de ton empire, ne me persuaderez jamais de préférer
la créature au Créateur, et d'outrager le Dieu suprême en adorant les œuvres de
ses mains.
—
Coquin, est-ce donc que j'adore des créatures ?
— Si au
moins tu adorais des créatures vivantes et animées ! Mais, c'est honteux,
tu adores des êtres privés de vie et de raison, une matière destinée au service
de l'homme. »
La fureur du roi ne
connut plus de bornes, et sur-le-champ il condamna à mort Gouschtazad. Les
officiers insistaient pour l'exécution immédiate. « Donnez-moi une heure, leur
dit Gouschtazad, j'ai encore quelques mots à faire dire au roi. » Il appela un
eunuque, et le pria de porter au roi ces paroles : e Tu as toi-même tout à
l'heure rendu témoignage à mon zèle et à mon dévouement ; tu sais combien
fidèlement j'ai servi toi et ton père. Pour récompense, je ne te demande qu'une
grâce, c'est de faire annoncer par la voix du crieur public que Gouschtazad est
conduit au supplice, non pour avoir trahi les secrets du roi, non pour avoir
comploté, mais parce qu'il est chrétien et qu'il a refusé de renier son Dieu. »
Mon apostasie, se disait-il, a été connue de tous, et peut-être ma lâcheté en
a-t-elle ébranlé plusieurs. Si l'on apprend maintenant mon supplice, et qu'on
en ignore la cause, il ne sera d'aucun exemple aux fidèles. Je les fortifierai,
au contraire, si je leur fais savoir ma pénitence, et s'ils me voient mourir
pour Jésus-Christ. Mon martyre sera pour les chrétiens un éternel exemple de
courage, qui raffermira leurs âmes et rallumera leur ardeur. Il avait bien
raison, ce sage vieillard. La voix du crieur public, qui fit connaître à tous
son sacrifice, fut comme une trompette guerrière qui donna aux athlètes de la
justice le signal du combat, et les avertit de préparer leurs armes.
Le roi accéda au
désir de Gouschtazad, et fit proclamer par un crieur tout ce qu'il avait
souhaité. Il crut que cet exemple effraierait la multitude et lui ferait
abandonner la foi chrétienne, et il ne comprit pas, l'insensé tyran, que ce
courageux repentir serait l'aiguillon qui pousserait les fidèles à la mort, et
que les brebis accourent où les cris de leurs compagnes mourantes les
appellent.
Le saint vieillard
mourut pour Jésus-Christ le treizième jour de la lune d'avril, la cinquième
férie de la semaine des azymes (le jeudi saint). O Siméon, tu me rappelles
Simon Pierre le pêcheur ! Car c'est toi qui fis subitement cette pêche
miraculeuse.
Le saint évêque
apprit dans sa prison ce merveilleux et heureux événement, et il en fut tout
réjoui. Dans son ravissement, il s'écriait : « Qu'elle est grande ta charité, ô
Christ ! qu'elle est ineffable ta bonté, ô notre Dieu ! qu'elle est forte
ta grâce, ô Jésus ! qu'elle est puissante ta droite, ô notre Sauveur ! Tu
rappelles les morts du tombeau, tu relèves ceux qui sont tombés ; tu convertis
les pécheurs, tu rends l'espérance aux désespérés. Celui que je tenais pour le
dernier, le voilà, selon mon désir, le premier. Celui qui marchait dans des
voies contraires aux miennes, le voilà devenu le compagnon de mon sacrifice.
Celui qui s'était écarté de la vérité, le voilà revenu à ma foi. Celui qui
était tombé dans les ténèbres, le voilà convive du festin céleste. Son
apostasie l'avait éloigné de moi, sa confession généreuse me le ramène ; je le
précédais, et il me précède ; j'allais passer devant lui, et il me devance. Il
a franchi le seuil redoutable de la mort, il m'a montré le chemin de la vie, il
m'a rempli de joie et de force. Il s'est fait mon guide dans la voie étroite,
il dirige mes pas dans le sentier de la tribulation. Et moi, que tardé-je à le
suivre ? qui peut m'arrêter ? son exemple me crie : « Allons, hâte-toi » ; sa
voix m'appelle et me presse. Je vois sa face rayonnante se tourner vers moi, je
l'entends me crier : « Siméon, tu ne me feras plus de reproches maintenant ; ta
vue ne me causera plus de honte ni de remords. A ton tour, Siméon, viens dans
la demeure que tu m'as montrée, dans le repos que tu m'as fait trouver. Là nous
goûterons ensemble une félicité éternelle et immuable, au lieu du bonheur
fragile et passager que nous partagions ici-bas. » C'est donc ma faute si
quelque chose encore m'empêche de le suivre, si ce bonheur se fait attendre
plus longtemps, si je ne romps pas tout de suite tous les retards. O l'heureux
jour que celui de mon supplice ! ce jour me délivrera de tous les maux que
j'endure ! ce jour dissipera tous les ennuis qui m'accablent ! » Puis
le saint évêque adressait à Dieu cette prière : « Cette couronne, l'objet de
tous mes voeux, cette couronne après laquelle, tu le sais, depuis si longtemps
je soupire, daigne me l'accorder, ô mon Dieu ! et si pendant tout le cours
de ma vie je t'ai aimé, Seigneur, et tu sais que je t'ai aimé de toute mon âme,
je ne te demande maintenant qu'une seule grâce : c'est de te voir, c'est de
jouir de toi, c'est de me reposer dans ton sein; c'est de ne pas être retenu
plus longtemps sur cette terre, témoin des calamités de mon peuple, de la ruine
de tes églises, du renversement de tes autels, de la profanation de ta sainte loi.
Prends-moi, que je ne voie pas la chute des faibles, l'apostasie des lâches, la
crainte d'un tyran dispersant mon troupeau, et ces faux amis qui cachent sous
un visage riant une haine mortelle, ces faux amis qui s'enfuient et nous
délaissent au jour du malheur ; épargne-moi le spectacle du triomphe insultant
des ennemis du nom chrétien, et de leurs cruautés contre l'Église. Je suis
prêt, Seigneur, à remplir toute l'étendue de mes devoirs, à achever
généreusement mon sacrifice, à donner à tout l'Orient l'exemple du courage ;
assis le premier à la table sacrée, je tomberai le premier sous le glaive, pour
m'en aller, de là, parmi les bienheureux, qui ne connaissent ni les ennuis, ni
les angoisses, ni les douleurs ; où nul ne persécute, nul n'est persécuté ; nul
ne tyrannise, nul n'est tyrannisé ; rien ne chagrine, rien ne fait peine. Là on
ne redoute plus les menaces des rois ou le visage irrité des ministres ;
personne ne vous repousse ou ne vous frappe, personne n'inquiète ou ne fait
trembler. Là, ô Christ, tu délasseras nos pieds meurtris par ]les aspérités du
chemin ; tu ranimeras, onction céleste, nos membres fatigués par les labeurs ;
tu noieras, coupe de vie, toutes nos douleurs ; tu essuieras, source de joie,
de nos yeux toute larme. »
Le bienheureux
Siméon tenait, en faisant cette prière, ses mains élevées vers le ciel. Les
deux vieillards pris et emprisonnés avec lui, comme nous l'avons raconté,
contemplaient avec admiration son visage tout illuminé d'une joie céleste : on
eût dit une rose épanouie, une fleur fraîche et toute belle.
C'était la nuit qui
précède le jour de la mort du Sauveur : Siméon, résistant au besoin du sommeil,
et chassant toute distraction, priait ; « Tout indigne que j'en suis, Seigneur,
exauce ma prière : fais que ce soit au jour même, à l'heure même de ta mort que
je boive aussi le calice. Que les siècles à venir publient que j'ai été mis à
mort le même jour que mon Sauveur ; que les pères répètent à leurs enfants :
Siméon a écouté l'appel de son Dieu, et, comme son maître, il fut martyr, le
quatorzième jour, la sixième férie. »
Et en effet, le
jour même du vendredi saint, à la troisième heure, le roi fit prendre par ses
gardes et amener devant le tribunal Siméon, qui, cette fois encore, ne se
prosterna pas devant le roi. « Eh bien, entêté, lui dit le prince, as-tu
réfléchi cette nuit? Vas-tu profiter de ma bienveillance, qui t'offre la vie?
Ou veux-tu demeurer rebelle et mourir?
— Oui,
oui, je persévère, et toute cette nuit la pensée de mon salut a éloigné de moi
le sommeil, et j'ai compris combien ton inimitié est plus précieuse pour moi
que ta bienveillance.
— Adore
le soleil une fois, une fois seulement, et je me déclare ton protecteur contre
tous tes ennemis.
— A Dieu ne plaise
que je donne à ceux qui me poursuivent d'une haine injuste ce sujet de
triomphe, et que mes ennemis puissent dire jamais : Siméon est un lâche, qui,
par peur de la mort, a sacrifié son Dieu à une vaine idole.
— Le souvenir de
notre ancienne amitié m'avait porté à la douceur, à t'aider de mes conseils, à
chercher à te sauver ; mais, puisque tous mes efforts ont été inutiles, les
suites te regardent.
— Peines perdues. Que tardes-tu à me faire mourir !
L'heure a sonné : hâte-toi donc, un repas céleste m'attend, la table est
servie, et on me demande pourquoi je tarde encore. »
Cependant le roi,
en présence même de Siméon, dit aux satrapes et aux officiers qui l'entouraient
: « Voyez-vous, quel beau visage, quel port majestueux ! J'ai voyagé au loin et
dans tout mon royaume, et nulle part je n'ai vu tant de grâce unie à tant de
dignité. Imaginez maintenant la folie de cet homme qui se sacrifie à des
chimères !
— Il ne
serait pas sage, sire, répondirent unanimement les satrapes, de t'arrêter à la
beauté d'un seul homme, et de fermer les yeux au grand nombre des victimes
qu'il a séduites et entraînées dans l'erreur. »
Siméon fut condamné
à mort et conduit immédiatement au supplice.
Il y avait aussi
dans les prisons cent autres chrétiens, parmi lesquels des évêques, des
prêtres, des diacres ou des clercs. Ils furent tous tirés de prison en même
temps, et conduits à la mort. Quand le grand juge leur lut l'édit du roi, conçu
en ces termes : « Que celui qui veut sauver sa vie adore le soleil », ils
répondirent tous ensemble : « Nous croyons au seul Dieu véritable, et notre foi
se moque de vos supplices ; nous aimons le Christ, et notre amour se fait un
jeu de la mort ; vos glaives ne sont encore pas assez tranchants pour enlever
de nos coeurs l'espérance de notre future résurrection. Nous l'avons tous juré,
nous n'adorerons pas le soleil, nous ne suivrons pas vos conseils impies.
Bourreau, fais ton métier. »
Le roi avait
commandé de frapper cette troupe de saints sous les yeux de Siméon : il
espérait que l'horreur de leur supplice l'ébranlerait. Mais pendant que ces
glorieux martyrs tombaient sous le glaive, Siméon, debout devant eux, leur
criait : « Courage, mes frères, et confiance en Dieu. Votre résurrection
descendra avec vous dans la tombe, et quand la trompette de l'ange réveillera
les morts, vous l'entendrez, et vous vous lèverez. Le Christ aussi a été
immolé, et il est vivant : par votre mort vous trouverez la vie en lui.
Souvenez-vous de ses paroles : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais
qui ne peuvent tuer l'âme. Quiconque perd sa vie pour moi la retrouvera dans la
vie éternelle. La marque du vrai amour, c'est de mourir pour celui qu'on aime.
» Et puisque vous mourez par amour, vous recevrez la récompense des amis.
Ecoutez l'Apôtre qui vous crie : « Rappelez-vous que Jésus-Christ est
ressuscité des morts. Par conséquent, si nous mourons avec lui, nous vivrons
aussi avec lui. Et si nous partageons sa passion, nous partagerons aussi sa
gloire. Et si nous donnons notre vie pour Jésus, la vie de Jésus se manifestera
aussi un jour dans notre corps mortel. Il semble maintenant que la mort est en
nous, et la vie en vous ; mais sachez, très chers frères, qu'à notre mort
succédera une vie éternelle, et à votre vie une éternelle mort ; car celui qui
nie Dieu n'aura pas la vie. Et si maintenant nous souffrons un peu, une gloire
immense, un éternel bonheur seront le prix de ces souffrances. Au dehors, notre
corps tombe en poussière ; mais au dedans, notre âme se renouvelle ; car celui
qui a rappelé Notre-Seigneur Jésus-Christ des morts, nous ressuscitera aussi
pour régner avec lui. Si, pendant notre séjour ici-bas, nous sommes morts pour
le Seigneur, en quittant cette terre nous irons avec le Seigneur dans la
gloire. » A nous d'aimer, à lui de nous sauver; à nous d'être fidèles, à lui
d'être généreux; à nous de travailler, à lui de nous récompenser ; à nous de
souffrir, à lui de nous ressusciter ; à nous de verser notre sang, à lui de
nous donner la couronne, le repos, la joie, les délices, et de nous nous dire :
Venez, bons serviteurs, entrez dans la joie de votre maître ; vous avez fait
fructifier les talents que je vous avais confiés. »
Quand les martyrs
furent décapités, et couronnés de leurs cent couronnes, une triple palme fut
encore offerte à la très sainte Trinité par Siméon et les deux vieillards ses
compagnons, qui furent immolés les derniers.
Au moment du
supplice, un des compagnons de Siméon pendant qu'il ôtait ses habits et que les
bourreaux l'attachaient, fut tout à coup saisi d'une crainte involontaire, et
se mit à trembler de tout son corps ; son coeur toutefois demeurait
inébranlable. A cette vue, Possi, personnage considérable, nommé tout récemment
intendant des travaux publics, encouragea le tremblant vieillard. « Courage,
Hananias , lui cria-t-il, ferme un instant les yeux, et tu les ouvriras à la
lumière du Christ. » Il fut conduit sur-le-champ au roi pour rendre compte de
cette parole. Le roi lui dit : « Ingrat, voilà le cas que tu fais de mes
bienfaits 1 Elevé par moi à une haute dignité, tu en négliges les devoirs, pour
aller voir mourir des coquins !
— Cette négligence,
répondit Possi, c'était mon devoir, et je voudrais échanger ma vie pour leur
mort. La dignité dont vous m'avez décoré est pleine de troubles et de peines,
et j'en fais volontiers le sacrifice ; mais leur mort est à mes yeux le comble
du bonheur, je la désire et la demande.
— Tu es assez fou
de préférer leur supplice à ton emploi, et de vouloir partager leur sort ?
— Oui, oui. Je suis
chrétien, et mon espérance au Dieu des chrétiens est si ferme et si sûre, que
j'attache infiniment plus de prix au supplice des martyrs qu'à tous les
honneurs.
Le roi, furieux,
dit aux bourreaux : « Pour celui-ci, il ne faut pas un supplice ordinaire.
Puisqu'il a eu l'audace de fouler aux pieds les dignités dont je l'avais honoré,
puisqu'il a insulté ma majesté royale, percez-lui le cou et arrachez-lui sa
langue insolente ; que l'atrocité de son supplice épouvante tous ceux qui en
seront témoins. » Les bourreaux exécutèrent cet ordre avec une cruauté barbare,
et Possi mourut dans cette horrible torture.
Il avait
une fille, qui avait consacré à Dieu sa virginité. Accusée aussi d'être
chrétienne, elle mourut pour Jésus-Christ, son espérance et son Sauveur.
LES MARTYRS. TOME III : Julien l'Apostat, Sapor, Genséric. Recueil de pièces authentiques sur les martyrs depuis
les origines du christianisme jusqu'au XXe siècle. Traduites et
publiées par
le R. P. Dom H. LECLERCQ, Moine
bénédictin de Saint-Michel de Farnborough. 1921. DEUXIÈME ÉDITION. Imprimatur. Turonibus,
18 Octobris 1920. P. BATAILLE, V. G. Imprimi potest. FR. FERDINANDUS CABROL, Abbas
Sancti Michaelis Farnborough. Die 19 Martii 1904. IVLIO CREZ S. J. LEONI CAPART S. J. AEMILIO
ETTERLÉ S. J. D.D.
Also known as
- Shemon bar Sabbae
- Shimoun Barsabae
- Simeó bar Sabas
- Simeon Barsabae
- Symeon bar Sabba
- 21
April (Roman Catholic)
- 14
April (Syrian Church)
- 17
April (Greek Orthodox Church)
- 30
April (Melchite Church)
- Friday after Easter (Syriac Orthodox Church;
Assyrian Church of the East)
Profile
SOURCE :
http://catholicsaints.info/saint-simeon-of-ctesiphon/
Simeon Barsabae B and Companions MM (RM)
Died at Ctesiphon, Persia, in 341. One of the longest entries in the Roman
Martyrology is devoted to Saint Simeon and his companions, who were martyred in
Persia during the extremely cruel and violent persecution of Christians under
King Shapur. Simeon was appointed metropolitan of Persia (Seleucia and
Ctesiphon) by the Council of Nicaea. He was accused by Shapur of treasonable
correspondence with the Christian Roman emperor, Constantius II, and of other
offenses. He was ordered to conform to the Zoroastrian religion and worship the
sun.
He protested his loyalty to
the crown, but refused to apostatize: "The sun," he said, "went
into mourning when its Creator and Master died on the cross." For refusing
Simeon was tortured and imprisoned.
On Good Friday, Simeon was
forced to witness the beheading of some 100 of his flock, including Abdechalas
(priest), Ananias (priest), Usthazanes (the king's tutor and repentant
apostate), Pusicius (oversee of the king's workmen who had encouraged Ananias),
and others. Then, he himself was beheaded. Some time later Simeon's sister,
Saint Pherbutha (Tarbula), a dedicated virgin, was charged with witchcraft.
She, her sister, and another woman were sawn to death.
Simeon's successors in the
see of Seleucia-Ctesiphon--Saint Shahdost and Saint Barba'shmin--were both
martyred. Thereafter, the see was vacant for nearly 40 years. Thousands of
Christians perished and many fled abroad during the persecution (Attwater,
Attwater2, Benedictines, Delaney, Encyclopedia).
SOURCE :
http://www.saintpatrickdc.org/ss/0421.shtml
St. Simeon, Bishop of Ctesiphon, and His Companions,
Martyrs
From their genuine acts published by Assemani, Acta Mart. Orient. t. 1. p. 1; Sozom. b.
2, c. 8, 9, 10, &c.
A.D. 341.
THIS holy primate of the church of
Persia was its most illustrious champion, in the great persecution of Sapor
II., surnamed the long-lived. 1 The haughtiness of this prince
appears from his letter to Constantine the Great, preserved by Ammianus
Marcellinus, 2 in which he styles himself king of
kings, partner with the stars, brother of the sun and moon, and says, “That
whereas in valour and virtue he surpassed all his predecessors, he ought to
have demanded the largest extent of empire that any of them had possessed.
Nevertheless, though their dominions had formerly reached as far as Macedonia,
he contented himself with insisting only on the restitution of the eastern
parts, which had been usurped by the Romans.” It was as much out of hatred of
the Roman name, as of the faith, that this haughty tyrant vented his rage on
the Christians of his empire in three bloody persecutions. The first he raised
in the eighteenth year of his reign, of Christ 327, in which were crowned
Jonas, Barachisius, and others, mentioned on the 29th of March: the second in
his thirtieth year, in which died SS. Sapor, Isaac, &c., whom we
commemorate on the 20th of November; and the third, of all others the most
cruel, in his thirty-first year. This was continued with the utmost rage,
during the last forty years of his reign. Sozomen writes, 3 that the names of sixteen thousand
who were crowned by it, were upon record; but adds, with St. Maruthas, that
those whose names were not known on earth, were innumerable.— 4 Of these glorious martyrs, St.
Simeon and his companions were the most illustrious.
St. Simeon was surnamed Barsaboe,
signifying the son of a fuller, from the trade of his father, according to the
custom of the Orientals. He was a disciple of Papa, bishop of Ctesiphon, and by
him made his coadjutor, in 314; from which time he sat twenty-six years and
some months; some time with Papa, afterwards alone. The council of Nice
declared the bishop of Ctesiphon metropolitan of all Persia, which happened in
St. Simeon’s time: for he assisted at that council, not in person, but by his
priest, who was afterwards his successor, and named Sciadhustes, as Ebedjesus
and St. Maruthas testify. 5 The Chaldaic acts of the martyrdom
of St. Simeon, written by St. Maruthas, give us the following account of his
triumph.
In the hundred and seventeenth year
of the kingdom of the Persians, the thirty-first of Sapor, the king of kings,
of Christ, the three hundred and fortieth, king Sapor, resolving to abolish the
Christian religion, decreed, that whoever embraced it should be made a slave,
and oppressed the Christians with unsupportable taxes. St. Simeon wrote to him
a letter, with that courage which nothing but a truly apostolic spirit could
dictate. And to the threats of the king against him and his people, he
answered: “As Jesus willingly offered himself to death for the whole world, and
by dying redeemed it, why shall I be afraid to lay down my life for a people,
with the care of whose salvation I am charged? I desire not to live, unless I
may continue unspotted and undefiled. God forbid that I should purchase life at
the hazard of those souls for which Jesus died. I am not so slothful as to fear
to walk in his steps, to tread the path of his passion, and to share in the
communion of his sacrifice. As to your threats against my people, they do not
want for courage to die for their salvation.” The king, receiving this answer,
trembled with wrath, and immediately dictated a decree, commanding all priests
and deacons to be put to death, the churches to be levelled with the ground, and
the sacred vessels to be converted to profane use. He added: “And let Simeon,
the leader of wicked men, who despises my royal majesty, worships only the God
of Cæsar, and despises my divinity, be brought and arraigned before me.” The
Jews, naturally enemies to the Christians, seeing the circumstances favourable
to their malice, said to the king: “If you, O king, write to Cæsar, he will
take no notice of your letter: but at a poor line from Simeon he will arise,
adore, and embrace it with both hands, and command all things contained in it
to be instantly put in execution.” Simeon, pursuant to the king’s orders, was
apprehended and bound in chains with two others of the twelve priests of his
church, Abdhaicla and Hananias. As he was led through his native city Susan, he
begged he might not pass by a great Christian church lately converted into a
Jewish synagogue, by the authority of the Magians, 6 lest the very sight should make him
fall into a swoon. Being hurried on by the guards in great haste, they made a
long journey in very few days, and arrived at Ledan, the capital of the
Huzites, or, as it is called by the Latins, the province of Uxia, upon the
river Oxios, to the East, adjoining to the province of Susan. The governor had
no sooner informed the king, that the leader of the Christians was brought
thither, than Simeon was ordered to appear before him. The holy bishop refusing
to prostrate himself according to the Persian custom, the king asked why he did
not adore him as he had formerly been accustomed to do.—Simeon answered;
“Because I was never before brought to you bound, and with the view of
compelling me to deny the true God.” The Magians told the king that Simeon
ought to be put to death as a conspirator against his throne. Simeon said to
them: “Impious men, are not you content to have corrupted the kingdom? Must you
endeavour to draw us Christians also into your wickedness.” The king, then
putting on a milder countenance, said: “Take my advice, Simeon, who wish you
well: adore the deity of the sun: nothing can be more for your own and your
whole people’s advantage.” Simeon answered: “I would not adore you, O king; and
you far excel the sun, being endued with reason. We Christians have no Lord but
Christ, who was crucified.” “If you adored a living God,” said the king, “I
would excuse your folly; but you give the title of God to a man who expired on
an ignominious tree. Lay aside that madness, and adore the sun, by whose
divinity all things subsist. If you do this, riches, honours, and the greatest
dignities of my kingdom shall be yours.” Simeon replied: “That sun mourned at
the death of Christ its Lord and the Creator of men, who rose again glorious,
and ascended into heaven. Your honours tempt not me, who know much greater are
prepared for me in heaven, with which you are unacquainted.” The king said:
“Spare your own life, and the lives of an infinite multitude, who, I am
resolved, shall all die, if you are obstinate.” Simeon boldly answered: “Were
you to commit such a crime, you would find cause to repent of it on the day
when you will be called upon to give an account of all your actions; you will
then know the heinousness of your offence.—I resign to your pleasure this
miserable short life.” Then the king said: “Though you have no compassion for
yourself, I pity at least your followers, and will endeavour to cure them of
their folly, by the severity of your punishment.” Simeon answered: “You will
learn by experience that Christians will not lose their lives in God, for the
sake of living here with you; nor would we exchange the eternal name we have
received from Christ, for the diadem which you wear.” The king said: “If you
will not honour me before my nobles, nor adore me with this sun, the deity of
all the East, I will to-morrow cause the beauty of your face, and the venerable
comeliness of your body, to be disfigured by blows, and stained with your
blood.” Simeon replied: “You make the sun and yourself equally gods; but you
are greater than the sun. If you disfigure this body, it has a repairer who
will raise it again, and restore with interest this beauty which he created,
and which is now despicable.” The king then commanded he should be kept in
close confinement till the next day. It is remarked that St. Simeon was
exceeding comely in his person, and venerable and graceful in his aspect.
There sat at the palace gate, as
Simeon was led through it, an old eunuch, in the highest favour with the king,
who had been trained up by him from his infancy. He was then the first nobleman
in the whole kingdom, and the Arzabades, that is, the keeper of the king’s
chamber, or the lord high chamberlain: his name was Guhsciatazades, which in
Chaldaic signifies nobleman. Sozomen calls him Usthazanes. He was a Christian,
but, fearing his master’s displeasure, had some time before publicly adored the
sun. This minister seeing the saint pass by, as he was led back to prison, rose
up and prostrated himself before him. But the bishop, having been informed that
he had been guilty of an outward act of idolatry, reprimanded him sharply for
it, and turned away from him. This touched the eunuch to the quick, who
entering into a sense of the enormity of his crime, burst into loud cries and
many tears, filling the court with his lamentations, saying to himself: “If
Simeon’s aversion and rebuke be so grievous to me, how shall I be able to bear
the anger and indignation of God, whom I have basely denied.” Whereupon,
hastening home, he threw off his rich garments, and put on black for mourning,
according to the Persian custom, still in use, under any affliction. In this
dress he returned, and sat in grief at the palace gate in his usual place. The
king, being informed of it, sent to inquire why he mourned, whilst his
sovereign enjoyed his crown and health.—He answered, that it was for a double
fault, the renouncing the true God, by adoring the sun, and the imposing on the
emperor, by an insincere act of worship, acting therein contrary to the
dictates of his reason and conscience. The king, enraged hereat, said: “I will
soon rid you of this mad grief, if you continue obstinate in your present
opinion.” Guhsciatazades replied: “I call to witness the Lord of heaven and
earth, that I will never more obey you in this, nor repeat that of which I
heartily repent. I am a Christian, and will never more be guilty of so base a
perfidy against the true God to please man.” The king said: “I pity your old
age: I grieve to think you should lose the merit of your long services to my father
and myself. I beg you, lay aside the opinion of wicked men, that you may not
perish together with them.” The eunuch answered: “Know, O king, that I will
never abandon God, and pay divine worship to creatures.” “Do I then worship
creatures?” said the king.—“Yes,” said the nobleman, “even creatures destitute
of reason and life.” Hereupon the king commanded him to be put to the torture,
but at the request of the nobility changed his mind, and gave orders for his
immediate execution. As he was led out to be beheaded he sent a faithful eunuch
to the king, begging, as the last and only favour for all his past services,
that a crier might proclaim before him, that he was not put to death for any
crime, but purely for being a Christian. This he desired, that he might repair
the scandal which his apostacy had given. The king the more readily assented to
the proposal, because he thought it would the more effectually deter his
subjects from a religion, which he punished with death even in a faithful
domestic, and a kind of foster-father: not considering how much so great an
example would encourage them. The holy old man was beheaded on
Maunday-Thursday, the thirteenth lunar day in April. St. Simeon being informed
in his dungeon of the martyrdom of Guhsciatazades, gave most hearty thanks to
God for his triumph, and earnestly begged his own might be hastened, crying
out: “O happy day, which will call me to execution! It will free me from all
dangers and miseries, and present me with my long desired crown: it will end all
my sorrows, and wipe away all my tears.” Whilst he poured forth his soul in
languishing sighs and long prayer, with his hands lifted up to heaven, the two
priests, who had been apprehended with him, saw and admired his countenance
most beautiful and shining, expressing the inward joy of his soul, and his
longing hope and desires. Maunday-Thursday night the saint spent in prayer,
crying out: “Hear me, O Jesus, though most undeserving and unworthy, grant that
I may drink this cup on this day, and at the hour of your passion. May all know
that Simeon was obedient to his Lord and was sacrificed with him.”
Simeon being brought to the bar the
next day, it being Good-Friday, and refusing, as before, to adore the king, he
said to him: “Simeon, what is the result of this night’s deliberation? Do you
accept of my mercy, or do you persist in disobeying me, and choose death? Adore
the sun but for once, and never adore it again, unless you please. On that
condition, I promise you all liberty, security, and protection.” Simeon
replied: “I will never be guilty of such a crime and scandal.” The king said:
“I call to remembrance our former friendship: on which account I wished you
well, and have given you signal proofs of my lenity: but you contemn my
benevolence. Impute therefore all to yourself.” Simeon said: “Flatter me not:
why am not I speedily sacrificed? The table is ready prepared for me, and the
happy hour of my banquet calls me.” The king, turning to his nobles, said:
“Behold the wonderful dignity of his countenance, and the venerable majesty of
his person. I have seen many countries, but never beheld so graceful a face,
and such comely limbs. Yet see the madness of the man; he is obstinately bent
on dying for his error.” To this they all answered him: “O king, your wisdom
cannot so much admire the beauty of his body, as not to regard more the minds
which he has corrupted.” Then the king condemned him to be beheaded, and he was
immediately conducted to execution. A hundred other Christians were led out to
suffer with him: among whom were five bishops, some priests and deacons, the
rest were of the inferior clergy. The chief judge said to them: “If any one of
you will adore the sun, the great god, let him step forth: his life shall be
granted him.” But not one of them accepted life at this rate, all crying out:
“Our faith in God teaches us to contemn your torments, your swords cannot cut
off our firm hopes of our resurrection. Your pretended deity we will never
adore.” The officers accordingly began to despatch them, while St. Simeon,
standing in the midst of them, continued exhorting them to constancy in the
assured hope of a happy resurrection. After the hundred martyrs were executed,
St. Simeon also received himself the stroke of the axe, together with his two
companions, Abdhaicla and Hananias. The latter, as he was putting off his
clothes, was seized with a violent but involuntary trembling; which being
observed by Phusikius, or Phasic, who had been a few days before created by the
king the Karugabarus, or prefect of all the king’s workmen, cried out:
“Hananias, banish all fear: shut your eyes one moment, and you will behold the
light of Christ.” He had no sooner said this, than he was seized and carried
before the king, who reproached him as ungrateful for the honour lately
conferred upon him. Phusikius answered: “I could desire to exchange my life for
their faith. I renounce this your honour, full of cares and trouble, and beg
their death, than which nothing can be more happy.” Then the king said: “Do you
despise your dignity, and prefer death? Are you lunatic?” Phusikius answered:
“I am a Christian; and, by a most certain hope in God, I prefer their death to
your honours.” The king being enraged, said to his attendants: “This man must
not die by any common death;” and commanded that the back of his neck should be
cut through into his mouth, and his tongue plucked out by the roots through the
wound. This was executed with extreme cruelty, and Phusikius expired the same
hour. He had a daughter who had consecrated her virginity to God, who was also
apprehended, and crowned with a no less glorious martyrdom in 341. St. Simeon
and all this troop are mentioned with most honourable encomiums in the Roman,
and all the Eastern martyrologies. St. Maruthas translated the relics of St.
Simeon, and deposited them in the church of his own episcopal city, which from
thence took the name of Martyropolis. St. Simeon suffered on the 17th of April,
in 341, the second year of the great persecution, and is named in the Roman
Martyrology on the 21st of this month: but is honoured in the Greek Menæa on
the 17th, and in the menology of the emperor Basil on the 14th of this month.
Note 1. King Hormisdas dying left his queen
with child, and the infant in the womb was immediately proclaimed king by the
Magians, who went so far as to crown it yet unborn, by placing the diadem for
that purpose upon the mother. Thus Sapor was born king in 310, and lived
seventy years, dying in 380; and the beginning of his reign was dated in 309,
some months before his birth. He was the ninth king of the Saxanite, or fourth
dynasty of the Persian kings, founded by Artaxerxes, a Persian, who defeated
and slew Artabanus, king of Parthia, in whom ended the Parthian empire, in the
year of Christ 223, of the Greeks or the Seleucidæ 534, the third of the
Emperor Alexander. St. Maruthas, in the acts of the martyrs, with the Persians
of his time, computes the years from this epoch: thus he says the great
persecution was begun in the thirty-first year of King Sapor, and the hundred
and seventeenth of the Persian empire, i. e. of the reign of the
Saxanite, or last dynasty, which held that empire four hundred and eighteen
years, till the rise of the Mahometan kingdom. [
back]
Note 2. B. 17, c. 5. [back]
Note 3. Soz. b. 2, c. 15. [back]
Note 4. The Christian faith was planted in
the Parthian empire by the apostles. St. Ambrose, (in Ps. 45,) St. Paulinus,
(carm. 26,) &c. testify that St. Matthew preached to the Ethiopians, and
afterwards to the Parthians, Persians, and Medes. Eusebius and Theodorus the
Studite say, that St. Bartholomew also preached in India and Persia. Some are
of opinion, from St. John’s epistle being inscribed to the Parthians, that they
had been, in part, his conquest to Christ. The Chaldæans and Persians all agree
that St. Thomas the Apostle, and Thaddæus, one of the seventy-two disciples,
with his two disciples, Maris and Aghæus, were the principal apostles of the
East, and to them they ascribe the foundation of the see of Seleucia and
Ctesiphon. Their testimonies may be seen in Assemani’s Bibliotheca Orientalis,
t. 3, par. 2, p. 4. Eusebius shows, that there were many Christians in Persia
in the second century. [
back]
Note 5. Seleucia, called by the Syrians
Selik, was built by Seleucus Nicator, or his son, and so called from him.
Ctesiphon was situated on the opposite eastern bank of the Tigris, built by the
Parthians in a most fruitful plain, separated from Seleucia by the river,
though Strabo, &c. make the distance three miles. They were the two capital
cities of Assyria and of the Persian empire, during the reigns of the Arsacide
kings, the ruins of whose palace long subsisted there. The archiepiscopal see
of Seleucia and Ctesiphon enjoyed the right of primacy over all the churches in
Persia, and the first general council of Nice decreed that it should be the
first in rank and dignity after the great patriarchates, as is mentioned in the
Arabic canons, (can. Arabic, 38, alias 33,) and as the Orientals assure us. St.
Simeon is said to have been the first archbishop to whom the title of
Catholicus of Persia was given. (See Steph. Evod. Assemani, p. 4.) Seleucia and
Ctesiphon having been destroyed in the wars, in 762, Abdalla Abugiapharus
Almansores, the second of the Abbacide caliphs, built Bagdad, or new Babylon,
on the western bank of the Tigris, about the place where Seleucia had stood.
The Nestorian patriarch, who pretends to succeed the ancient Catholicus of
Seleucia, resides at Bagdad. (See Steph. Evod. Assemani, p. 38.) Old Babylon
stood on the Euphrates, probably on a channel diverging to the Tigris. The
distance between the Tigris and Euphrates, where nearest, about Seleucia and
Babylon, was above two hundred furlongs, according to Strabo, l. 16, near the
mouths of the two rivers, twenty-five Roman miles, according to Pliny, l. 6, c.
27.
Susa, the capital of the old Persian kings, lay to the east from
Seleucia, according to Pliny, l. 6, c. 27, four hundred and fifty Roman miles;
from Ecbatana, capital of Media, where the ancient kings of Persia passed the summer,
as the winter at Susa, (see Cellarius, t. 2, p. 668, ad Lipsiens, 1732,) also
four hundred and fifty Roman miles; from whence twenty to the Portæ Caspiæ, or
Streights in the Caspian mountains, (separating Media from Parthia.) From Susa
to the Persian gulf Pliny counts two hundred and fifty miles. Herodotus (l. 5,)
counts from Sardes to Susa four hundred and fifty parasangs, (each of thirty
furlongs,) or thirteen thousand five hundred furlongs, and from Ephesus to
Sardes five hundred and forty furlongs, that is, from Ephesus to Susa, fourteen
thousand and forty furlongs.
[back]
N. B. Pliny informs us that the Persian parasang was not always of the
same measure: and the same is to be said of the Parthian schœnus. Hasius proves
that in Xenophon the parasangs are in such a proportion that thirty-three
measured a degree on the equator, that is, sixty modern Italian, or
seventy-five old Roman miles. As eight furlongs made a Roman mile, De l’Isle
counts six hundred in a degree, or seventy-five Roman miles. A German mile
comprises four Italian, or five old Roman miles or forty furlongs. One furlong
contained six hundred and twenty-five Roman, or six hundred Grecian feet, i.
e. five hundred and seventy-one Paris feet. The confusion found in the
mensurations of roads in Pliny, Diodorus, &c., is thought by Hasius to
proceed from a great difference in the old furlong, of which he thinks a degree
contained one thousand one hundred. F. Hardouin, in his notes on Pliny, (l. 6,
c. 27,) takes notice, that a Persian parasang was of sixty, or of thirty or
forty furlongs; and that there was as great a difference in the Egyptian
schœnus.
Note 6. The Magians had always a great sway in the Persian government, till the
Mahometans possessed themselves of that empire, who put many of them to death,
and abolished their sect in the cities, though some still remain in the
mountains and in Caramania. The word in Chaldaic signifies mediators. They were
philosophers, much addicted to the folly of judiciary astrology and
divinations. [
back]
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume IV: April. The Lives of the Saints. 1866.
The Hieromartyr Simeon, Bishop of
Persia, suffered during a persecution against Christians under the Persian
emperor Sapor II (310-381). They accused the saint of collaborating with the
Roman Empire and of subversive activities against the Persian emperor.
In the year 344, the emperor
issued an edict which imposed a heavy tax upon Christians. When some of them
refused to pay it, this was regarded as an act of rebellion, so the emperor
began a fierce persecution against Christians.
St Simeon was brought to trial in
iron fetters as a supposed enemy of the Persian realm, together with the two
hieromartyrs Habdelai and Ananias. The holy bishop would not even bow to the
emperor, who asked why he would not show him the proper respect. The saint
answered, “Formerly, I bowed because of your rank, but now, when you ask me to
renounce my God and abandon my faith, it is not proper for me to bow to you.”
The emperor urged him to worship
the sun, and he threatened to eradicate Christianity in his land if he refused.
But neither urgings nor threats could shake the steadfast saint, and they led
him off to prison. Along the way the eunuch Usphazanes, a counsellor of the
emperor, saw the saint. He stood up and bowed to the bishop, but the saint
turned away from him because he, a former Christian, out of fear of the
emperor, now worshipped the sun.
The eunuch repented with all his
heart, he exchanged his fine attire for coarse garb, and sitting at the doors
of the court, he cried out bitterly, “Woe to me, when I stand before my God,
from Whom I am cut off. Here was Simeon, and he has turned his back on me!”
The emperor Sapor learned about
the grief of his beloved tutor and asked him what had happened. He told the
emperor that he bitterly regretted his apostasy and would no more worship the
sun, but only the one true God. The emperor was surprised at the old man’s
sudden decision, and he urged him not to abjure the gods whom their fathers had
reverenced. But Usphazanes was unyielding, and they condemned him to death. St
Usphazanes asked that the city heralds report that he died not for crimes
against the emperor, but for being a Christian. The emperor granted his request.
St Simeon also learned about the
death of Usphazanes, and he gave thanks to the Lord. When they brought him
before the emperor a second time, St Simeon again refused to worship the pagan
gods and confessed his faith in Christ. The enraged emperor gave orders to
behead all the Christians in the prison before the saint’s eyes.
Without fear the Christians went
to execution, blessed by the holy hierarch, and they bent their heads beneath
the sword. St Simeon’s companion, the Priest Habdelai, was also beheaded. When
they came to the Priest Ananias, he suddenly trembled. Then one of the
dignitaries, St Phusicus, a secret Christian, was afraid that Ananias would
renounce Christ, and he cried out, “Do not fear the sword, Elder, and you will
see the divine light of our Lord Jesus Christ.”
St Phusicus betrayed himself by
this outburst. The emperor gave orders to pluck out his tongue and to flay the
skin off him. Along with St Phusicus, his daughter Askitrea was also martyred.
St Simeon was the last to go before the executioner, and he placed his head on
the chopping-block (April 13, 344). Executions continued all during Bright Week
until April 23.
St Azates the Eunuch, a close
official to the emperor, also received the crown of martyrdom. The sources
indicate that 1,150 Martyrs perished because they refused to accept the Persian
religion.
Santi Simeone Bar Sabba’e, Usthazade e compagni Martiri
in Persia
17 aprile
Persia, 341-344
San Simeone, detto Bar Sabba’e ossia «figlio del
follatore», fu nominato vescovo (catholicos) di Seleucia-Ctesifonte in Persia,
in seguito alla deposizione del vescovo precedente nel 324. Quando nel 340 il
re persiano Sapore II riaccese le feroci persecuzioni contro i cristiani, non
esitò ad imporre loro il pagamento raddoppiato delle tasse e a decretare la
chiusura di tutti gli edifici di culto. Constatando la povertà della maggior
parte della gente, Simeone rifiutò di raccogliere il denaro richiesto e venne
perciò arrestato. Condotto poi dinnanzi al re, non volle prostrarsi al suo
cospetto, ne adorare il dio sole, e ciò costituì per le autorità un pretesto
per imprigionarlo con un centinaio di persone. Simeone riuscì a riguadagnare
alla fede cristiana anche Usthazade, eunuco della sala reale nonché educatore
del sovrano stesso, che fu poi martirizzato. Simeone restò a lungo incarcerato
con oltre cento compagni, vescovi, presbiteri e membri di diversi ordini
religiosi e infine fu decapitato per ultimo dopo aver visto sgozzati davanti ai
suoi occhi tutti i suoi compagni. (Avvenire)
Martirologio Romano: In Persia, passione di san
Simeone bar Sabas, vescovo di Seleucia e Ctesifonte: arrestato e incatenato per
ordine del re di Persia Sabor II per essersi rifiutato di adorare il sole e
aver dato con libertà e fermezza testimonianza della sua fede in Gesù Cristo
Signore, fu dapprima tenuto a marcire per qualche tempo in una prigione insieme
a una folla di oltre cento compagni tra vescovi, sacerdoti e chierici di ordini
diversi; poi, nel venerdì della Passione del Signore, dopo che già tutti erano
stati sgozzati con la spada sotto gli occhi di Simeone che esortava frattanto
ciascuno di loro con coraggio, fu infine anch’egli decapitato.
Parimenti si commemorano i moltissimi martiri, che, dopo la morte di san
Simeone, in tutta la Persia morirono per il nome di cristo trafitti con la
spada per ordine del medesimo re Sabor II; tra questi sant’Ustazhad che, eunuco
di corte e precettore dello stesso Sabor, subì il martirio nella reggia di
Artaserse, fratello di Sabor, alle prime avvisaglie delle persecuzioni nella
provincia dell’Adiabene, nel territorio dell’odierno Iraq.
San Simeone, detto Bar Sabba’e ossia “figlio del
follatore”, fu nominato vescovo (catholicos) di Seleucia-Ctesifonte in Persia,
in seguito alla deposizione del vescovo precedente nel 324. Ben presto Simeone
fu però retrocesso al ruolo di ausiliario, a causa della mancata conferma della
sentenza di deposizione, e non ci è noto quando sia potuto effettivamente
diventare vescovo titolare. Quando nel 340 il re persiano Sapore II riaccese le
feroci persecuzioni contro i cristiani, non esitò ad imporre loro il pagamento
raddoppiato delle tasse ed a decretare la chiusura di tutti gli edifici di
culto. Constatando la povertà della maggior parte della gente, Simeone rifiutò
di raccogliere il denaro richiesto e venne perciò arrestato.
Condotto poi dinnanzi al re, non volle prostrarsi al suo cospetto, ne adorare
il dio sole, e ciò costituì per le autorità un pretesto per imprigionarlo con
un centinaio di persone. Simeone riuscì a riguadagnare alla fede cristiana
anche Usthazade, eunuco della sala reale nonché educatore del sovrano stesso,
che poi patì anch’egli il martirio.
Simeone restò a lungo incarcerato con oltre cento compagni, vescovi, presbiteri
e membri di diversi ordini religiosi ed infine fu decapitato per ultimo dopo
aver visto sgozzati davanti ai suoi occhi tutti i suoi compagni di fede e di
prigionia, che egli aveva rincuorato con grande forza d’animo. Nelle precedenti
edizioni del Martyrologium Romanum erano citati esplicitamente i nomi di alcuni
dei compagni di martirio di Simeone: i sacerdoti Abdhaykla e Hananya, nonché
l’ufficiale regio Pusayk. Simeone è posto quale capogruppo nel Breviarium
siriano del 412, nonché dal nuovo Martirologio Romano che pone la loro memoria
al 17 aprile.
Sempre in tale data il calendario cattolico dedica un’apposita citazione al
suddetto Usthazade, che con altri numerosi cristiani di ogni regione della
Persia subì il martirio sempre per ordine del re Sapore II. Tale sorte tocco al
santo precettore nella stanza di Artaserse, fratello dello stesso sovrano,
nella provincia di Abiadena, mentre infuriava il primo impeto della
persecuzione.
Autore: Fabio Arduino
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/92746