Saint Epipode
Martyr à Lyon (+ 177)
Martyr à Lyon avec Alexandre.
Deux jeunes chrétiens qui avaient échappé au carnage dont fut victime saint Pothin, leur évêque. Saint Epipode fut décapité et saint Alexandre crucifié.
À Lyon, en 178, saint Épipode, qui, après les combats glorieux des quarante-huit martyrs, l’année précédente, fut arrêté avec son ami très cher Alexandre, torturé sur le chevalet et eut enfin la tête tranchée, terminant ainsi son martyre.
Martyrologe romain
SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1018/Saint-Epipode.html
Saint Alexandre
Martyr à Lyon (+ 177)
Martyr à Lyon avec Epipode.
Deux jeunes chrétiens qui avaient échappé au carnage dont fut victime saint Pothin, leur évêque. Saint Epipode fut décapité et saint Alexandre crucifié.
À Lyon, en 178, saint Alexandre, martyr. Deux jours après la passion de son ami saint Épipode, il fut retiré de sa prison, déchiré sur tout le corps et enfin attaché en croix, où il rendit l’esprit.
Martyrologe romain
SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1016/Saint-Alexandre.html
LE MARTYRE DE SAINT ÉPIPODE ET DE SAINT ALEXANDRE
LES MARTYRS. Recueil de pièces authentiques sur les martyrs depuis les origines du Christianisme jusqu'au XXe siècle, traduites et publiées Par le R. P. Dom H. LECLERCQ, Moine bénédictin de Saint-Michel de Farnborough. TOME I Les Temps Néroniens et Le Deuxième Siècle. Précédé d'une introduction. Quatrième édition. Imprimi potest. FR. Ferdinandus Cabrol, Prior Sancti Michaelis Farnborough. Die 4 Maii 1903. Imprimatur. Turonibus, die 18 Octobris 1920. P. Bataille, vic. gén. ANIMULAE NECTAREAE EORGINAE FRANCISCAE STUART
SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/martyrs/martyrs0001.htm5) Les dévotions de l’Église à Lyon
a) Les martyrs de 177
Lors des persécutions de l’empereur Marc-Aurèle,
quarante-huit chrétiens furent martyrisés à Lyon. Parmi eux : Sacerdoce,
Sanctus 611, Maturus 612, Ponticus 613, Attale 614 , Blandine, Vettiu s615, Biblis 616, Julie, Epagathe, Pontique, Épipode (parfois appelé
Pipoy) 617 et Alexandre 618, Pothin. Saint Pothin, premier évêque de Lyon, très
âgé en 177, ne supporta pas l’emprisonnement et décéda vraisemblablement des
mauvais traitements et d’épuisement dans son cachot.
Ces saints 619 demeurent très peu, voire jamais
représentés ; cependant, étant des saints lyonnais, leur iconographie
typique est à remarquer. Saint Pothin 620 et sainte Blandine sont un peu plus
représentés, surtout à partir du XIXe siècle. Dans leur ville, des églises
leur sont respectivement consacrées. L’église Saint-Pothin a certainement perdu
ses statues lorsque le transept et le chœur furent réaménagés, il nous est
impossible de savoir si l’église a possédé une statue du saint évêque. L’église
Sainte-Blandine en possédait deux exemplaires : le tympan du porche et la
statue disparue de l’autel qui lui est consacré (p. 308).
De plus, il existe un Saint Pothin à
l’église Saint-Nizier (cat. 721), mais il fut réalisé en 1799 par Joseph
Chinard. Le saint évêque de Lyon, premier de la Gaule envoyé par saint
Polycarpe, est majestueusement représenté dans d’amples vêtements sacerdotaux,
avec la mitre et la crosse. Sa large barbe soignée contribue à lui donner une
allure très respectable. À ses côtés, une statuette de la Vierge à l’Enfant est
installée sur une colonnette. D’un geste auguste, il lève sa main gauche et la
tient suspendue au-dessus de la tête de la statuette qui se trouve ainsi
entourée des retombées de sa large manche. Dans cette œuvre peut-être un peu
froide, il n’y a aucune mièvrerie mais de la solennité et de la puissance.
Enfin, l’église Saint-Bernard possède une petite
statuette industrielle polychrome de Sainte Blandine, posée provisoirement
sur l’autel de la chapelle Sainte-Madeleine (cat. 472). La jeune sainte est habillée
simplement d’une tunique blanche, les bras ouverts, adossée contre un piquet de
bois, un lion couché à ses pieds. Cette statuette de dévotion commémore
l’épisode où Blandine fut attachée à un poteau élevé au milieu de l’arène,
soutenant ses compagnons qui subissaient diverses tortures et jetés aux bêtes,
alors qu’elle-même, aucune ne la toucha.
Une statue rarissime de Saint Épipode (cat.
761) existe à l’église Saint-Paul. Il s’agit d’une œuvre tardive, due à Louis
Prost en 1931. Le jeune homme est enveloppé dans une tunique et une toge, dans
un mouvement vers l’avant, il joint les mains et regarde le ciel. La modernité
de cette statue reste discrète, elle réside avant tout dans ce mouvement
général qui avance le corps du saint en une légère diagonale, ainsi que dans la
stylisation épurée et ferme des modelés.
Notes
611.
Diacre de Vienne.
612.
nouveau baptisé
613.
un jeune garçon de 15 ans
614.
« qui était la colonne et l’appui de notre
Église » et citoyen romain
615.
qui prenant leur défense aux premières arrestations
est à son tour condamné.
616.
qui revint de son reniement
617.
Une chapelle lui était consacrée vers Pierre-Scize. La
crypte de l’église subsiste dans les restes de l’Abbaye de l’Île-Barbe sur la
Saône. Enseveli à côté de saint Irénée.
618.
Les jeunes Épipode et Alexandre avaient échappé au
premier carnage, mais ils moururent après leur évêque saint Pothin : Saint
Épipode fut décapité et saint Alexandre crucifié.
619.
Vus ensemble sur la mosaïque de L’arrivée à Lyon
de saint Pothin, par Lameire ; peinture murale de l’église de
Couzon-au-Monts-d’Or (Rhône), par Ch. Franchet ( ?).
620.
F. Biard, Saint Pothin apportant une image de la
Vierge en Gaule, 1827, archevêché, Lyon ; L. Jamnot, 1846, Antiquaille,
Lyon ; H. Flandrin, 1853, église Saint-Vincent-de-Paul, Paris ; Ch.
Lameire, basilique de Fourvière, 1910, mosaïque, Lyon.
SOURCE : http://theses.univ-lyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.2008.penlou_s&part=153437
Anonyme (Ve siècle)
Les Actes des saints Épipode et Alexandre
traduction de Jean-Baptiste Drouet de Maupertuy (1732)
Si l’histoire prend soin de conserver la mémoire des hommes illustres, et de
consacrer par des éloges les actions généreuses de ceux qui ont donné leur vie,
ou pour défendre leur liberté, ou pour l’intérêt de leur patrie, ou seulement
pour acquérir une gloire vaine et stérile : si leurs vertus, quoique
fausses et purement naturelles ont été laissées à la postérité pour lui servir
d’exemple ; de quelles louanges ne doit-on pas relever la mort des
Martyrs, puisqu’elle renferme comme en un abrégé, des exemples admirables d’une
foi vive et d’une piété sincère, et que leur sang est un germe précieux d’où
l’on voit éclore la sainteté et la vie ? Ils ont combattu, non pour un roi
de la terre et pour un prince mortel, mais pour le Roi du ciel, et pour un
prince dont la puissance est infinie, et la durée éternelle. Si on les a vu
courir au trépas, ce n’est pas en faveur d’une patrie où l’on reçoit une vie
qu’on perd aussitôt, mais pour la patrie céleste, pour la véritable patrie,
dont les Saints sont les fondateurs, et dont les habitants sont immortels ;
où l’on jouit d’une liberté que l’enfer avec toute sa violence ne peut jamais
ravir, où l’on est comblé d’une gloire toute divine. Mais quoiqu’on ne puisse
avoir qu’une idée grossière de celle dont Dieu récompense les travaux des
Martyrs, parce qu’il n’est pas moins impossible de la comprendre que de la
mériter, il n’est rien toutefois qui soit plus digne de passer jusqu’aux
siècles à venir, que les combats et les triomphes des Saints ; rien qui
soit plus propre à faire naître dans le cœur des fidèles une noble ardeur qui
les porte à embrasser une vie pure, et qui soit une imitation du martyre par
une continuelle mortification des passions et des sens. C’est dans ce dessein
que nous avons entrepris de rapporter la glorieuse victoire que les bienheureux
Epipode et Alexandre ont obtenue sous les auspices de J.C. et par le secours de
sa grâce, afin que leur exemple augmente, fortifie et anime la foi des
chrétiens.
Il y avait dix-sept ans que Lucius-Verus et
Marc-Aurèle étaient assis sur le trône des Césars, lorsque la fureur des
Gentils se répandit comme un torrent impétueux dans toutes les provinces de
l’empire contre l’église. Mais ce fut particulièrement dans la province de Lyon
qu’elle causa de plus grands ravages ; et les traces qu’elle y laissa
furent d’autant plus funestes et en plus grand nombre, qu’elle la trouva
peuplée d’un plus grand nombre de fidèles. Les magistrats et les officiers
d’armée, les soldats et le peuple travaillaient de concert, et avec une égale animosité,
à détruire la religion, en employant contre elle toute sorte de tourments, et
persécutant sans relâche tout ce qui portait le nom de chrétien, sans faire de
distinction, ni d’âge, ni de sexe. Les noms de quelques-uns ont été conservés
avec les circonstances de leur mort ; mais il y en a beaucoup plus, qui,
pour avoir fini leurs jours dans les chaînes et dans l’obscurité d’une prison,
ou ayant péri dans quelque émotion populaire, ont été confondus dans la foule,
et ne sont écrits que dans le livre de la vie bienheureuse. Car après cet
horrible carnage des chrétiens dont le sang remplit la ville de Lyon, et fit
changer de couleur aux eaux du Rhône, les païens crurent avoir entièrement
éteint le nom de la religion de J.C. Ce fut pour lors qu’Epipode et Alexandre,
qui en faisaient une profession secrète, furent dénoncés au gouverneur par
leurs propres domestiques. Ce magistrat, en colère de ce que deux chrétiens
avoient échappé à l’exacte recherche qu’il croyait en avoir faite, donna des
ordres très-précis de les arrêter, s’imaginant pouvoir enfin achever d’abolir
en leur personne une religion qui lui étoit si odieuse.
Mais avant que de venir aux particularités de la mort
de ces Saints, il faut dire un mot de leur vie. Alexandre était Grec, Epipode
était natif de Lyon ; tous deux unis dès leur plus tendre enfance, par les
mêmes études et les mêmes exercices, mais plus unis encore dans la suite par
les liens d’une véritable charité. Leur amitié croissait avec leurs lumières,
et augmentait à mesure qu’ils faisaient de nouveaux progrès dans les sciences.
Leur union devint enfin si intime, et leurs sentiments se trouvèrent si
conformes en toutes choses, que quoiqu’ils eussent reçu de ceux qui leur
avoient donné la naissance une éducation très-sainte, ils ne cessaient
cependant de s’exciter l’un et l’autre par de réciproques et de continuelles
exhortations à tendre à une plus haute perfection. Ils y réussirent si bien,
que s’exerçant avec une attention toute particulière à la tempérance, à la
pauvreté, à la foi, à la chasteté, aux œuvres de miséricorde, et généralement à
toutes les vertus les plus excellentes du christianisme, ils se rendirent des
victimes dignes d’être immolées à Dieu ; et ils eurent par une heureuse
anticipation, tout le mérite du martyre avant que d’en souffrir la peine. Ils
éaoient dans la fleur de leur jeunesse, et ils n’avoient point voulu engager
leur liberté, ni se charger du joug du mariage. Dès qu’ils eurent aperçu les
premiers feux de la persécution, ils songèrent à suivre le conseil de l’évangile ;
car ne pouvant pas fuir de ville en ville, ils se contentèrent de chercher une
retraite, où ils pussent demeurer cachés, et y servir Dieu en secret. Ils la
trouvèrent dans un faubourg de Lyon, proche Pierre-Scize, et ce fut le petit
logis d’une veuve chrétienne et d’une singulière piété qui les mit d’abord à
couvert de la première enquête des persécuteurs. Ils y furent quelque temps
inconnus, par la fidélité que leur garda leur sainte hôtesse, et par le peu
d’apparence qu’avait leur asyle. Mais enfin ils furent découverts, et ils ne
purent échapper à l’importune et trop curieuse recherche d’un officier du
président. Ils furent arrêtés au passage étroit d’une petite chambre dans le
moment qu’ils se sauvaient, et ils demeurèrent si éperdus lorsqu’ils se virent
entre les mains cruelles des gardes du gouverneur, qu’Epipode perdit un de ses
souliers que sa charitable hôtesse trouva, et qu’elle conserva comme un riche
trésor.
Ils furent d’abord mis en prison, et avant même que
d’avoir été interrogés : le seul nom de chrétien portant avec soi une
conviction manifeste des plus grands crimes. Trois jours après, ils furent
conduits, ayant les mains attachées derrière le dos, au pied du tribunal du
gouverneur. Cet homme cruel leur demanda leur nom, et quelle était leur
profession ; une multitude innombrable de peuple remplissait l’audience,
et l’on voyait sur le visage de chacun la haine peinte avec les plus noires
couleurs. Les accusés dirent leur nom, et confessèrent naïvement qu’ils étaient
chrétiens. A cet aveu, et le juge et l’assemblée se récrient, s’emportent,
frémissent de rage. Toute une ville est en mouvement pour perdre deux innocents.
Quoi, dit le gouverneur d’un ton que la fureur rendait terrible, d’eux jeunes
téméraires oseront braver les immortels ? Les saintes ordonnances de nos
princes seront foulées aux pieds ? A quoi ont donc servi tant de
supplices ? C’est donc en vain qu’on a dressé des croix, qu’on a mis en
usage le fer et le feu ; en vain les bêtes se sont rassasiées des corps de
ces impies : où sont les chevalets, les lames de cuivre ardentes ? Où
sont les tourments les plus affreux, prolongés même jusqu’au-delà du
trépas ? Quoi, tout cela a été inutile ; les hommes ne sont plus,
leurs os ont été réduits en cendre ; à peine trouve-t-on la place où
furent leurs tombeaux ; et le nom de Christ retentit encore à nos
oreilles : des bouches sacrilèges font encore entendre ce nom odieux à la
vue des autels, devant les images sacrées des Césars ? Non, non,
n’attendez pas que cette audace criminelle demeure impunie. Le ciel et la terre
demandent votre supplice, il est juste de les satisfaire. Mais de crainte
qu’ils ne s’encouragent l’un l’autre, et qu’ils ne s’animent à souffrir par des
paroles ou par des signes, comme on sait assez que c’est la coutume de ces
gens-ci ; qu’on les sépare ; qu’on fasse retirer Alexandre qui parait
le plus vigoureux, et qu’on applique Epipode à la question. Le gouverneur crut
qu’il pourrait tirer quelque avantage de la conjoncture où se trouvait ce
pauvre jeune homme, privé du secours de son ami, abandonné à sa propre
faiblesse, et laissant présumer que dans une si grande jeunesse on ne devait
pas craindre une résistance trop opiniâtre. Suivant donc les traces de l’ancien
serpent, il commença par employer là douce persuasion, et à faire glisser dans
son âme le poison mortel de la flatterie. Ah ! C’est dommage, lui dit-il,
qu’un si aimable jeune homme périsse pour la défense d’une mauvaise
cause ; je sais que vous avez de la piété, que votre âme est remplie de tendres
sentiments de religion : mais nous croyez-vous des impies ?
N’avons-nous pas une religion et des dieux, et la piété est-elle bannie de nos
temples ? Toute la terre adore les mêmes divinités que nous, et nos
augustes princes sont les premiers à leur rendre leurs hommages. Au reste, nos
dieux aiment la joie : c’est au milieu des banquets somptueux qu’on leur
adresse des prières ; et les vœux qu’on leur fait ne sont jamais mieux
exaucés,, que lorsqu’on les accompagne de jeux, de danses et de charmants concerts.
Que vous dirai-je enfin, l’amour et les plaisirs, la bonne chère et les vins
délicieux, la magnificence des spectacles, les agréables intrigues du
théâtre ; en un mot, les plus doux passe-temps de la vie font la plus
grande partie de leur culte. Mais pour vous, vous avez une religion sombre et
chagrine : vous adorez un homme qui a été cloué à une croix ; qui ne
peut souffrir qu’on jouisse de tous ces plaisirs, qui condamne la joie, qui se
plaît a avoir des adorateurs exténués par les jeûnes ; enfin, qui
conseille une chasteté triste et inféconde. Mais après tout, quel appui peut-on
attendre de ce Dieu, quel bien peut-il faire à ceux qui s’attachent à son
service, lui qui n’a pu garantir sa vie de l’attentat formé contre elle par les
derniers des hommes ? J’ai bien voulu vous représenter toutes ces choses,
afin que, renonçant à cette religion farouche et sauvage, vous ne songiez plus
qu’à passer votre jeunesse parmi les doux et tendres amusements de cet âge
destiné par la nature à la jouissance de tous les contentements que le monde
offre à ceux qui en savent faire un bon usage.
Le bienheureux Epipode répondit au gouverneur en ces
termes : La grâce de J. C. mon Maître, et la foi catholique que je
professe, ne me laisseront jamais surprendre à la douceur empoisonnée de vos
paroles. Vous feignez d être sensible aux maux que je me prépare ; mais
sachez que je ne regarde cette fausse compassion que comme une véritable
cruauté. La vie que vous me proposez est pour moi une éternelle mort ; et
la mort dont vous me menacez n’est qu’un passage à une vie qui ne finira
jamais ; il est glorieux de mourir d’une main comme la vôtre, accoutumée à
répandre le sang de ceux qui refusent d’abandonner le parti de la vertu. Au
reste, ce Dieu que nous adorons, ce souverain Seigneur de tout l’univers ;
en un mot, ce Jésus que vous dites avoir souffert. le supplice de la croix,
savez-vous qu’il est ressuscité : qu’Homme et Dieu tout ensemble il s’est
élevé dans le Ciel par sa propre vertu, traçant lui-même à ses serviteurs un
chemin à l’immortalité, et leur préparant là-haut des trônes tout brillants de
gloire. Mais, je m’aperçois que ces choses sont trop relevées pour vous, je
veux bien me rabaisser en votre faveur, et vous parler le langage des hommes.
Les ténèbres dont votre esprit est couvert sont-elles si épaisses, qu’elles ne
vous laissent pas voir que tout homme est composé de deux différentes
substances, l’âme et le corps ? Chez nous l’âme commande et le corps
obéit ; ces plaisirs infâmes que vous me vantez tant, et qui plaisent si
fort à vos dieux, flattent agréablement le corps, mais ils donnent la mort à
l’âme. Pour nous, nous prenons le parti de notre âme contre notre corps, et
nous la défendons des vices qui l’attaquent. Ne nous vantez point tant votre
piété envers vos dieux immortels : le premier et le plus grand de vos
dieux, c’est votre ventre ; vous lui sacrifiez la plus noble partie de
vous-même ; et vous rabaissant jusqu’à la nature des bêtes, après avoir
vécu comme elles, vous n’attendez, qu’une fin pareille à la leur. Mais lorsque
nous périssons par vos ordres, que font vos tourments, sinon de nous faire
passer, du temps à l’éternité, et des misères d’une vie mortelle au bonheur
d’une vie qui n’est plus sujette à la mort ?
Le gouverneur ne put refuser son admiration à un
discours si rempli de sagesse et de générosité, il en fut touché : mais ce
sentiment ne dura pas long-temps, et la honte, le dépit et la rage lui
succédèrent bientôt, avec toutes les horreurs qui les accompagnent. Ne pouvant
donc résister à ces trois furies, il commanda qu’on frappât à coups de poing
cette bouche qui avait parlé avec tant d’éloquence. La douleur que ressentit le
S. Martyr ne fit qu’affermir sa constance ; et malgré le sang qui sortait
de sa bouche avec une partie de ses dents, il ne laissa pas de proférer ces
paroles : Je confesse que Jésus-Christ est un seul Dieu, avec le Père et
le Saint-Esprit, il est juste que je lui rende une âme qui est sortie de ses
mains, et qu’il a rachetée de son sang. Ainsi la vie ne m’est point ôtée, elle
n’est que changée en une plus heureuse ; et il m’importe peu de quelle
manière ce corps cesse de vivre, pourvu que l’esprit qui l’anime retourne à
celui qui lui a donné l’être. A peine S. Epipode eut fini ces derniers mots,
que le juge le fit élever sur le chevalet, et placer des bourreaux à droite et
à gauche, qui lui déchirèrent les côtes avec des ongles de fer. Mais voilà que
tout à coup on entend un bruit effroyable : tout le peuple demande le
Martyr ; il veut qu’on le lui abandonne : les uns ramassent des
pierres pour l’en accabler ; les autres, plus furieux, s’offrent à le
mettre en pièces ; tous enfin trouvent la cruauté du gouverneur trop lente
à leur gré. Il n’est pas lui-même en sûreté : surpris de cette violence
inopinée, il craint qu’on ne viole le respect dû à son caractère ; et
désirant assoupir dès sa naissance ce commencement de sédition, il fait enlever
le Martyr, et sans donner le temps aux mutins de poursuivre leur attentat, il
le fait tuer d’un coup d’épée. Ainsi, par une disposition favorable de la
Providence, l’emportement des ennemis de S. Epipode ne fit que hâter la fin de
son martyre ; Jésus-Christ se hâtant lui-même-de couronner son serviteur.
Cependant le gouverneur brillait d’impatience de
tremper dans le sang d’Alexandre ses mains encore fumantes de celui de son cher
Epipode. Il l’avait laissé un jour en prison, et remettant son interrogatoire
au jour suivant, il se le fit amener dans le dessein de pouvoir, par son
supplice, rassasier sa fureur et celle de tout le peuple. Il fit toutefois un
effort sur lui-même, et retenant avec peine les mouvements impétueux d’un
courroux aveugle, il voulut bien tenter la voie de la douceur, avant que de
prendre celle des tourments. Vous voilà, lui dit-il, encore le maître de votre
destinée, profitez du délai qu’on vous donne, et de l’exemple de ceux qu’un fol
entêtement a fait périr. Grâces aux dieux immortels, nous avons fait une si
bonne guerre aux sectateurs du Christ, que vous êtes presque le seul qui soit
resté de ces misérables : car enfin apprenez que le compagnon de votre
impiété ne vit plus : cessez donc de vous promettre l’impunité, si vous
persévérez dans votre crime ; ayez pitié de vous-même, et venez remercier
les dieux d’une vie qu’ils ont la bonté de vous conserver.
C’est à mon Dieu que je dois toute ma reconnaissance,
répondit Alexandre, que son nom adorable soit béni à jamais. Vous croyez
m’épouvanter par le souvenir que vous rappelez dans ma mémoire des tourments que
tant de Martyrs ont endurés ; mais sachez que vous ne faites qu’enflammer
davantage l’ardeur que j’ai de les suivre, en retraçant à mes yeux leurs
triomphes. Pensez-vous avoir fait périr ces âmes bienheureuses que vous avez
chassé de leurs corps à force de supplices ? Désabusez-vous, elles sont
dans le Ciel, où elles règnent : mais le croirez-vous, ce sont les
persécuteurs eux-mêmes qui ont péri en cette rencontre. Que j’ai pitié de
l’erreur où je vous vois ; ce nom sacré que vous vous imaginez pouvoir
éteindre dans les flots de sang que vous versez, n’en est que plus éclatant.
Cette religion que vous prétendez renverser par vos faibles efforts, c’est Dieu
qui en a jeté les fondement, ils sont inébranlables ; la vie pure et
sainte des chrétiens soutient l’édifice, et leur mort précieuse l’augmente et
l’embellit. C’est ce même Dieu qui a fait le Ciel, il est le maître de la
terre, et il règne par sa justice dans les enfers. Apprenez que les âmes
auxquelles vous croyez donner la mort s’échappent de vos mains, et prennent
leur essor vers le ciel, où un royaume les attend ; au lieu que vous descendrez
dans l’enfer avec vos dieux. En faisant mourir mon cher frère, vous avez assuré
son bonheur, et je meurs d’impatience de le partager avec lui. Qu’attendez-vous
donc ? Je suis chrétien, je l’ai toujours été, je ne cesserai jamais de
l’être. Vous pouvez cependant tourmenter ce corps, qui étant formé de terre est
sujet aux puissances de la terre : mais mon âme d’une nature toute
céleste, ne reconnaît point votre pouvoir ; et celui qui l’a créée saura
bien la garantir de votre cruauté.
Ce discours ne fit qu’augmenter dans l’âme du
gouverneur la honte et la colère. Il fit étendre le S. Martyr les jambes
écartées, et trois bourreaux le frappaient sans relâche. Ce tourment ne diminua
rien de la sainte fierté de ce généreux athlète, et il ne s’adressa jamais qu’à
Dieu pour implorer son secours. Comme son courage ne se démentait point, et
qu’il commençait à lasser les bourreaux, qui s’étaient déjà relayés plusieurs
fois, le gouverneur lui demanda s’il persistait toujours dans sa première
confession : Oui, répondit-il d’un ton d’autorité, et qui témoignait la
grandeur de sa foi : car vos Dieux ne sont que de mauvais démons ;
mais le Dieu que j’adore, et qui seul est tout-puissant et éternel, me donnera
la force de le confesser jusqu’au dernier soupir : il sera le conservateur
et le gardien de ma foi. Le gouverneur dit alors : Je vois la pensée de
ces misérables, leur fureur insensée est montée à un tel point ; qu’ils
mettent toute leur gloire dans la durée de leurs souffrances ; et ils
croient par là avoir remporté une victoire signalée sur ceux qu’ils nomment
leurs persécuteurs ; mais il faut les guérir de cette folle présomption.
Puis s’efforçant de prendre un ton plus grave et plus modéré, il prononça cette
sentence : Etant une chose contraire au bon exemple, et au respect dû à la
religion des dieux, et à la dignité de notre siège, de souffrir plus long-temps
l’opiniâtreté impie du nommé Alexandre, convaincu de christianisme ; et
comme ce serait en quelque sorte s’en rendre complice, que d’en différer la
punition, nous ordonnons qu’il sera attaché à une croix pour y expier son crime
par sa mort. Les bourreaux prirent aussitôt ce Saint, et le lièrent à ce bois
qui est devenu le signe de notre salut. Il n’y demeura pas beaucoup sans y
expirer : car son corps avait été si fort déchiré dans cette cruelle
flagellation, que les côtes décharnées laissaient voir à découvert les
entrailles. Ayant donc son âme unie à J. C., il la lui rendit en invoquant son
saint Nom.
Le tombeau réunit deux amis, que la mort seule avait
pu séparer durant quelques moments ; les fidèles ayant enlevé secrètement
leurs corps, allèrent cacher ce pieux larcin dans un endroit inconnu aux
infidèles. Il y avait sur le penchant d’une des colline de la ville, un
enfoncement couvert d’arbres épais ; là, parmi des broussailles on
trouvait une espèce dé grotte : la chute des eaux l’avait insensiblement
creusée, et leur humidité féconde avait fait naître à l'entour des ronces et
des épines, qui en dérobaient la vue à ceux que le hasard conduisait en ces lieux
écartés. Ce fut cette caverne qui fut choisie pour être la dépositaire des
sacrées dépouilles de nos Martyrs, et qui les mit à couvert d’une seconde
persécution des païens, qui par une inhumanité inconnue aux peuples les plus
barbares refusaient aux morts le repos de la sépulture. Ce lieu est devenu dans
la suite célèbre par les miracles qui s’y opèrent tous les jours, et qui y
attirent la dévotion du peuple. Et voici ce qui commença à le mettre en
réputation.
Une maladie contagieuse ravageant toute la ville de
Lyon, un jeune homme de condition consumé des ardeurs d’une fièvre maligne, fut
averti en songe d’avoir recours aux remèdes que lui donnerait une certaine
femme qui lui fut nommée. C’était celle-là même qui avait le soulier de saint
Epipode. Elle fut fort surprise de la prière qu’on lui faisAit de vouloir
s’employer à la guérison de ce jeune gentilhomme ; elle dit ingénument
qu’elle n’avait aucune connaissance de la médecine, qu’à la vérité elle avAit
guéri plusieurs maladies par le moyen du soulier qui avAit servi à un saint
Martyr, et que Dieu avAit fait tomber entre ses mains, pour la récompenser de
l’hospitalité qu’elle avAit exercée envers ses serviteurs. En même-temps Lucie
(c’est ainsi que se nommAit cette charitable veuve) fit la bénédiction sur un
verre d’eau qu’elle présenta au malade ; il ne l’eut pas plutôt pris, que
le feu de sa fièvre s’éteignit, non par un effet naturel, mais par un miracle
de la toute-puissance divine. Le bruit de cette merveille se répand par toute
la ville ; la foi chrétienne est exaltée, le pouvoir des Saints est
reconnu. Une multitude de peuple court en foule au tombeau des Martyrs, demande
la santé, la reçoit, et avec la santé la grâce du Ciel et la lumière de
l’évangile : on ne cherche que la guérison du corps, et on obtient encore
celle de l’âme. Les miracles se multiplient ; et à l’aspect de cette
sainte caverne, les démons sortent des corps, les maladies prennent la fuite,
tous les maux disparAissent, et il s’y passe de si grandes choses, que
l’incrédulité est obligée de se rendre malgré elle à l’évidence des faits.
Gardons-nous donc d’être incrédules ; la puissance de Dieu aime à se
découvrir aux esprits dociles, elle les favorise, elle les aime ; mais
elle se réserve pour ceux qui doutent, et elle ne daigne rien opérer en leur
faveur.
SOURCE : https://fr.wikisource.org/wiki/Actes_des_saints_%C3%89pipode_et_Alexandre
Le 22 avril, mémoire des Saints Martyrs EPIPODE et
ALEXANDRE de LYON
Sous la persécution de Marc-Aurèle (177), quand les
païens crurent avoir fait disparaître de Lyon tous les Chrétiens en vue après
le martyre de Saint Pothin et de ses compagnons (cf. 2 juin), Alexandre et
Epipode, qui étaient liés depuis leur enfance d'une étroite amitié spirituelle,
s'étaient enfuis de la ville et avaient trouvé refuge, dans un faubourg, chez
une veuve chrétienne. Mais ils furent finalement découverts et jetés en prison
avant d'être emmenés au tribunal. Quand ils se déclarèrent Chrétiens, la foule
poussa de grands cris et le magistrat, saisi d'une violente colère en
constatant que tant de sang répandu n'avait pas réussi à éliminer les disciples
du Christ, ordonna de les séparer et de soumettre Epipode à la torture.
Aux paroles doucereuses du juge qui tentait de vaincre
sa résolution, Epipode répliqua : «La vie que tu me proposes est pour moi une
éternelle mort; et la mort dont tu me menaces est un passage à une vie qui ne
finira jamais ! Lorsque nous périssons par vos ordres, vos tourments nous font
passer du temps à l'éternité, des misères d'une vie mortelle au bonheur d'une
vie qui n'est plus sujette à la mort.» Après avoir fait frapper la bouche qui
avait proféré ces paroles, le juge le fit élever sur le chevalet et les
bourreaux lui déchirèrent les côtes avec des ongles de fer. Le peuple, avide de
sang, se souleva soudain, réclamant qu'on lui livrât ce Chrétien. Par crainte
d'une sédition, le juge fit alors décapiter sans retard Saint Epipode.
Le lendemain, il fit comparaître Alexandre et essaya
de l'effrayer en lui rappelant les supplices endurés par les Martyrs. Alexandre
répondit : «Tu crois m'épouvanter par le souvenir des tourments que tant de
Martyrs ont endurés ? Sache bien que tu enflammes ainsi mon ardeur de les
suivre. Le nom de Chrétien que tu prétends éteindre en devient, par là, plus
éclatant !» Le juge le fit frapper sans relâche par trois bourreaux, puis
désespérant de le vaincre, il le condamna à être crucifié.
De pieux Chrétiens vinrent ensuite dérober les corps
des deux Martyrs et les cachèrent dans une grotte, aux environs de Lyon, qui
devint célèbre par les miracles qui s'y accomplissaient.
SOURCE : http://calendrier.egliseorthodoxe.com/sts/stsavril/avril22.html
Jean-Baptiste Martin. Histoire des églises et chapelles de Lyon. H. Lardanchet, 1908 (tome I, p. 185-186).
SAINT-ÉPIPODE
Il vient d’être question à plusieurs reprises de la
Recluserie Saint-Épipoy ; voici l’origine de cette appellation et
l’histoire de sa chapelle.
Parmi les confesseurs de la foi des premiers siècles lyonnais, deux se rattachent plus intimement à la paroisse Saint-Paul, saint Épipode ou Épipoy et saint Alexandre, martyrisés en 178. Une étroite amitié les liait ainsi qu’une commune origine grecque. Durant la persécution de 177, ils se réfugièrent chez une pauvre veuve, du nom de Lucie, à peu de distance de la porte de Pierre-Scize. Après un an, ils furent découverts et conduits au supplice : Épipode était vraisemblablement citoyen romain, car on lui trancha la tête ; Alexandre mourut sur la croix. Dans un premier mouvement, son ami avait tenté de fuir ; courant le long d’un réservoir qui retenait, auprès de la demeure de Lucie, les eaux d’une source, il y laissa choir sa sandale. Dès lors, la piété des fidèles attribua à ce réservoir des vertus curatives miraculeuses. Un oratoire fut élevé sur le lieu qu’avait occupé la maison de Lucie, et saint Eucher y mit un religieux pour le desservir. La chapelle Saint-Épipoy dépendit d’abord des chanoines de Saint-Jean ; elle passa, en 1489, à l’administration du chapitre de Saint-Paul qui y entretint un gardien. Le clergé de la cathédrale se rendait en procession à l’église Saint-Paul la veille de Saint-Épipode, nom que le peuple prononçait plus volontiers Épipoy ; il allait à l’église Saint-Irénée, les jours de Saint-Irénée et de Saint-Épipode. Le chapitre de Saint-Paul se rendait, lui aussi, processionnellement vers la recluserie, la veille de Saint-Épipode : le reclus devait donner au céroféraire un cierge d’un quarteron. De la chapelle Saint-Épipode, il ne reste hélas ! plus que le souvenir ; il est heureux du moins que les anciens plans de Lyon nous aient conservé et l’indication de son emplacement exact et une silhouette sommaire qui permet de restituer la forme de cet édifice.
SOURCE : https://fr.wikisource.org/wiki/Histoire_des_%C3%A9glises_et_chapelles_de_Lyon/Saint-%C3%89pipode
Short
Lives of the Saints – Saints Alexander and Epipodius, Martyrs
Entry
These two saints were united from their early youth in
the purest and closest friendship; and studying under the same master, they
manifested a holy emulation in all good and noble deeds. During the persecution
of Lucius Verus, Alexander and Epipodius were cast into chains and subjected to
various tortures. As they suffered the ordeal bravely together, the judge had
them separated, and then tried to work upon the very love they bore each other
in order to effect their destruction. He represented to one of them that his
friend had already apostatized, and that he, in his turn, would also do well to
renounce Christianity. But the noble sufferers could not be deceived by these
falsehoods, and persevered with unwavering fidelity. Finally, about the year
165, Epipodius was beheaded, and Alexander expired on the cross.
So love springs up in noble breasts, and there
Has its appointed space,
As heat in the bright flame finds its allotted place.
– from the Italian of Guido Guinicelli
Favorite Practice – To remember that friendship
is only faithful in so far as it is Christian.
MLA Citation
Eleanor Cecilia Donnelly. “Saints Alexander and
Epipodius, Martyrs”. Short
Lives of the Saints, 1910. CatholicSaints.Info.
14 April 2021. Web. 22 April 2021.
<https://catholicsaints.info/short-lives-of-the-saints-saints-alexander-and-epipodius-martyrs/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/short-lives-of-the-saints-saints-alexander-and-epipodius-martyrs/
April 22- 2nd
century at Lyon,
France
- beheaded
in 178
- relics
at the church of Saint Irenaeus at Lyon,
France
- miracles
reported at the tomb
Saint Alexander of Lyon
Sts. Epipodius and Alexander
Two Inseparable Friends
THE example of two Christians who lived in the second
century will help us to perceive the value of a truly Christian friendship. One
was called Epipodius, the other Alexander. They had been close friends since
childhood. Epipodius was born in Lyon. Alexander was of Greek origin. But they
had grown up together, studied together, and known, loved and served our Lord
Jesus Christ together. Their relatives were among the most powerful people in
the Empire; but the two friends had resolved to live their lives in poverty,
chastity, and devotion to relieving all the misery of their fellow-men. They
had therefore refused to marry or to accept the fine positions offered to them.
In 177, in the reign of Marcus Aurelius, persecution
flared up again. In Lyon, such a great slaughter of Christians was carried out
that the waters of the Rhone were colored with their blood. Epipodius and
Alexander, in order to keep the precepts of Jesus Christ, first hid in a town
near Lyon, at the house of a good Christian widow. They lived there unknown for
some time. But finally they were discovered and arrested just as they were
about to escape through a narrow passage. In his hurried flight, Epipodius even
lost one of his shoes, which the saintly widow picked up and kept as a rich
treasure, and indeed, God used it to work several miracles.
After spending three days in prison, Epipodius and
Alexander were brought before the tribunal of the governor. They were asked
their names, and they replied that they were Christians. This brave affirmation
of their faith made all the people filling the hall seethe with anger. The
governor, renowned for his cruelty, told them that they would not defy the
majesty of the gods and the regulations of the emperors with impunity. He
reminded them of the crosses that had been set up, the animals that had been
satiated with Christians, the racks, the blades reddened in the fire, and
stakes that had devoured everything to the bones. "And after so much
torture," he exclaimed furiously, "the odious name of this Christ
still resounds in our ears in front of the sacred images of the Caesar!
Separate them! Withdraw Alexander, who seems to be stronger, and submit
Epipodius to torture."
However, before having him tortured, he tried to take
him by kindness. He said to Epipodius with false compassion: "It is a
great pity that such a likeable young man should perish in such a bad cause. I
know that you have piety; but do you take us for impious people? Have we not
gods that all the world worships with us? Gods to whom the princes governing us
are the first to pay homage? These gods are not strict. They have to be honored
with feasts, concerts and dances. They command us to live joyfully and to seek
the pleasures of the flesh, delicious wines, spectacles in which the beauty of
the body is presented in all its seduction, while you Christians worship a man
nailed to a cross who speaks of temperance, penitence and fasts, and even
advises chastity! What, then, can you expect from a God who is not able to
defend his life against the least of men? Renounce your grim, wild religion,
and enjoy all the pleasures that your youth promises you!"
"The grace of my Master Jesus Christ,"
replied Epipodius quietly, "will not allow me to be deceived by the
poisoned sweet-ness of your words. Your compassion is for me only one of
cruelty. The tiny life that you offer me soon ends in death and leads to hell.
The death that you threaten me with is the triumphant door leading to eternal
life. You must understand, with a little logic, that my choice is made. And
then, this God whom we worship, this sovereign Lord of the universe, this Jesus
who has suffered the torture of the cross—know that after being raised from the
dead he ascended to Heaven; he has opened the way to it for us. He has prepared
a splendid place for us. Are the shadows that cover your spirit so dense that
they prevent you from seeing that in a man there are two substances, a soul and
a body? With us, the soul commands and the body obeys. These pleasures which
you extol to me intoxicate the body, but give death to the soul. That is why we
take the side of our soul against our body, preserving it from the vices that
defile it. As for you, do not boast so much of your piety towards the gods, for
the first and greatest of all is your belly. You sacrifice to it the most noble
part of yourselves by living like beasts, and await only an end similar to
theirs: a frightening reality will make your illusions fall. As for us, in
exchange for time, your tortures give us eternity, and in exchange for a
miserable life, happiness that will never end."
The enraged governor immediately ordered that this
eloquent mouth which had just covered him with shame should be closed. The
executioners broke the Christian's jaw. His blood flowed freely, but the martyr
did not cease repeating in a loud voice that Jesus Christ is the only God, with
the Father and the Holy Spirit, that it was just that he give back his soul,
created and redeemed by him.
Carried away by his fury, the governor had Epipodius
stretched on the rack and torn with iron nails. The people themselves, mixing
with the executioners, gave howls and picked up rocks to stone the martyr. But
the governor had him killed with a sword stroke, so as to quiet the sedition
and not allow "the majesty of justice" to be violated.
Two days later, Alexander was taken to the tribunal.
"Thanks to the immortal gods," said the governor, "you are
almost the last one remaining of the miserable followers of Christ. Your
companion in impiety is dead. Think of yourself, and come and thank the gods
who have preserved your life."
"I owe recognition only to God," replied
Alexander. "You think to frighten me by reminding me of the tortures of
the martyrs, but you only increase the desire that I have to follow them. Those
blessed souls, that you have chased from their bodies by means of torture, have
not perished: they live in heaven. The Sacred Name that you believe you have
extinguished in rivers of blood, is more resplendent than ever. The religion
that you are trying to overthrow is unshakable. It is God who has laid its
foundations. The pure and holy life of Christians protects it, their death
enlarges and affirms it. It is the same God who made Heaven; he is Maser on
earth; he reigns through his justice in hell. The souls that you believe you
have destroyed have in Heaven a Kingdom that awaits them, while you will go to
the everlasting fire with your gods, who are devils. By killing my very dear
brother, you have ensured his happiness, and I am dying of impatience to share
with him that eternal felicity. What are you waiting for? I am a Christian."
Immediately the martyr was stretched out and all his
limbs extended. The executioners who hit him with all their strength became
tired, and they had to be relieved several times. Alexander remained firm and
fearless, asking for help only from God.
"Are you still alive?" asked the governor
finally.
"Yes," replied the martyr, your gods are
only images of Satan. But the God whom I worship is all-powerful and eternal.
He will give me the strength to affirm my faith until my last breath."
"Fix him to the cross," shouted the
governor. They did so, but almost immediately he expired; for the flagellation
had been so cruel that his entrails showed through his ribs, which were denuded
of flesh. The Christians managed to take away the bodies of the two martyrs and
bury them together.
In the 6th century the relics of St. Epipodius
and St. Alexander were placed together with those of St. Irenaeus, under the
altar of St. John's Cathedral in Lyon.
Everlasting Happiness and Joy
For 18 centuries these two souls have enjoyed, and for
ever and ever will enjoy, infinite happiness, always new; there is nothing
lacking to their perfect joy. There, nothing can displease them, but everything
that can be pleasant for them. In this world, we see God only through his
creatures, through dust, as in a mirror (1 Cor. 13, 12). In heaven,
detached from the shadows, we shall see this happiness, so sought after, so
desired, face to face, as he is (1 Jn. 3, 2). We shall see God,
infinite kindness, infinite beauty, infinite knowledge, infinite love; to
express the infinite Reality, all the words on earth are but as a few ashes on
our lips of stone.
Let us ask the saints to put a little of their joy into our hearts, while we wait to join them for ever, in the heavenly Jerusalem, the glorious city of God, where the elect praise him for ever and ever.