mercredi 26 avril 2017

Saint RÁFAEL ARNAIZ BARÓN, religieux cistercien-trappiste


Saint Raphaël Arnaiz Baron

Religieux cistercien (+ 1938)

Encore novice au monastère de Saint-Isidore de Dueñas, en Espagne, il fut atteint d’une maladie grave, et supporta son état physique avec une extrême patience, mettant toujours sa confiance en Dieu. 

Béatifié le 27 septembre 1992 par Jean-Paul II - Canonisé le 11 octobre 2009 à Rome par Benoît XVI.

St Rafael Arnáiz Barón (1911-1938) biographie en anglais - site du Vatican. 

Il fait partie des Saints patrons des JMJ de Madrid

"Évoquant un des nouveaux saints espagnols Rafael Arnaiz, mort à l’âge de 27 ans, des suites d’une grave maladie alors qu’il était encore novice, Benoît XVI a tourné ses pensées vers les jeunes qui aspirent à la vérité pleine, à la joie indescriptible, des valeurs que l’on ne peut atteindre que grâce à l’amour de Dieu."

(source: Radio Vaticana - Cinq nouveaux saints pour l'Église universelle - 11 octobre 2009)

Martyrologe romain

SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/11129/Saint-Rapha%EBl-Arnaiz-Baron.html






    HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique Vaticane
Dimanche 11 octobre 2009 

Chers frères et sœurs!

"Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle?". C'est par cette question que commence le bref dialogue que nous avons écouté dans la page de l'Evangile entre un personnage, ailleurs identifié comme le jeune homme riche, et Jésus (cf. Mc 10, 17-30). Nous n'avons pas beaucoup de détails concernant ce personnage anonyme; de ces quelques traits, nous arrivons cependant à percevoir son désir sincère de parvenir à la vie éternelle en conduisant une honnête et vertueuse existence terrestre. Il connaît en effet les commandements et les observe fidèlement depuis le début de sa jeunesse. Et pourtant, tout ceci, qui est certes important, ne suffit pas - dit Jésus - une seule chose manque, mais elle est essentielle. En le voyant alors bien disposé, le divin Maître le fixe avec amour et lui propose le saut de qualité, l'appelle à l'héroïsme de la sainteté et lui demande de tout abandonner pour le suivre:  "Vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres (...) puis viens et suis-moi" (v. 21).

"Viens et suis-moi!". Voilà la vocation chrétienne qui jaillit d'une proposition d'amour du Seigneur et qui ne peut se réaliser que grâce à notre réponse d'amour. Jésus invite ses disciples au don total de leur vie, sans calcul ni intérêt humain, avec une confiance sans réserve en Dieu. Les saints accueillent cette invitation exigeante et se mettent, avec une humble docilité, à la suite du Christ crucifié et ressuscité. Leur perfection, dans la logique de la foi parfois humainement incompréhensible, consiste à ne plus se mettre au centre, mais à choisir d'aller à contre-courant en vivant selon l'Evangile. C'est ce qu'ont fait les cinq saints qui sont proposés aujourd'hui, avec grande joie, à la vénération de l'Eglise universelle:  Zygmunt Szczesny Felinski, Francisco Coll y Guitart, Jozef Damiaan de Veuster, Rafael Arnáiz Barón, et Marie de la Croix (Jeanne) Jugan. En eux, nous contemplons la réalisation des paroles de l'apôtre Pierre:  "Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre" (v. 28) et la consolante promesse de Jésus:  "personne n'aura quitté, à cause de moi et de l'Evangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre, sans qu'il reçoive, en ce temps déjà, le centuple: ... avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle" (vv 29-30).

Zygmunt Szczesny Felinski, Archevêque de Varsovie, fondateur de la Congrégation des Sœurs Franciscaines de la Famille de Marie, a été un grand témoin de la foi et de la charité pastorale à une époque très difficile pour la nation et pour l'Eglise en Pologne. Il s'occupait avec ferveur de la croissance spirituelle de ses fidèles, aidait les pauvres et les orphelins. A l'Académie ecclésiastique de Saint-Pétersbourg, il prit grand soin de la formation des prêtres. En tant qu'Archevêque de Varsovie, il invita avec ferveur tous les fidèles à un renouveau intérieur. Avant l'insurrection de 1863 contre l'annexion russe, il mit en garde le peuple contre une inutile effusion de sang. Quand pourtant l'émeute éclata et que les persécutions s'ensuivirent, il défendit courageusement les opprimés. Sur ordre du tsar russe, il passa vingt ans en exil à Jaroslaw sur la Volga, sans jamais pouvoir rentrer dans son diocèse. Il conserva en toute situation sa foi inébranlable dans la Providence divine et priait ainsi:  "Ô, Dieu, protège-nous des tribulations et des inquiétudes de ce monde... multiplie l'amour dans nos cœurs et fais que nous conservions avec la plus profonde humilité la confiance infinie dans Ton aide et dans Ta miséricorde...". Aujourd'hui, que son don de soi à Dieu et aux hommes, empli de confiance et d'amour, devienne un exemple éclatant pour toute l'Eglise.

Saint Paul nous rappelle dans la deuxième lecture que "la Parole de Dieu est vivante et énergique" (He 4, 12). En elle, le Père qui est aux cieux, converse amoureusement avec ses fils de tous les temps (cf. Dei Verbum, n. 21), leur communiquant son amour infini et, de cette manière, les encourageant, les consolant et leur offrant son dessein de salut pour l'humanité et pour chaque personne. Conscient de cela, saint Francisco Coll se consacra avec acharnement à la propager, accomplissant ainsi fidèlement sa vocation dans l'Ordre des Prêcheurs, dans lequel il fit profession. Sa passion était d'aller prêcher, en grande partie de manière itinérante et suivant la forme des "missions populaires" pour annoncer et raviver la Parole de Dieu dans les villages et les villes de la Catalogne, aidant ainsi les personnes à une rencontre profonde avec Lui. Une rencontre qui porte à la conversion du cœur, à recevoir avec joie la grâce divine et à maintenir un dialogue constant avec Notre Seigneur par la prière. Pour lui, son activité d'évangélisation comprenait un grand dévouement au Sacrement de la Réconciliation, une emphase remarquable sur l'Eucharistie et une insistance constante sur la prière. Francisco Coll atteignait le cœur des autres parce qu'il transmettait ce que lui-même vivait intérieurement avec passion, ce qui brûlait ardemment dans son cœur:  l'amour du Christ, son dévouement total à Lui. Pour que la semence de la Parole de Dieu rencontre un terrain fertile, Francisco fonda la Congrégation des Sœurs Dominicaines de l'Annonciation, dans le but de donner une éducation intégrale aux enfants et aux jeunes, de façon à ce qu'ils puissent découvrir la richesse insondable qu'est le Christ, l'ami fidèle qui ne nous abandonne jamais ni ne se lasse d'être à nos côtés, renforçant notre espérance avec sa Parole de vie.

Jozef De Veuster, qui reçut le nom de Damiaan dans la Congrégation des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, quitta la Flandre, son pays natal, en 1863, à l'âge de 23 ans, pour annoncer l'Evangile à l'autre bout du monde, sur les îles Hawaï. Son activité missionnaire, qui l'a tellement rempli de joie, atteint son sommet dans la charité. Non sans peur et sans répugnance, il fit le choix d'aller sur l'île de Molokai au service des lépreux qui s'y trouvaient, abandonnés de tous; c'est ainsi qu'il s'exposa à la maladie dont ils souffraient. Il se sentait chez lui avec eux. Le serviteur de la Parole devint ainsi un serviteur souffrant, lépreux parmi les lépreux, au cours des quatre dernières années de sa vie. Pour suivre le Christ, le Père Damien n'a pas seulement quitté sa patrie, mais a également mis en jeu sa santé:  c'est pour cela - comme le dit la parole de Jésus qui a été annoncée dans l'Evangile d'aujourd'hui - qu'il a reçu la vie éternelle (cf. Mc 10, 30). En ce 20 anniversaire de la canonisation d'un autre saint belge, le Frère Mutien-Marie, l'Église en Belgique est unie une nouvelle fois pour rendre grâce à Dieu pour l'un de ses fils reconnu comme un authentique serviteur de Dieu. Nous nous souvenons devant cette noble figure que c'est la charité qui fait l'unité:  elle l'enfante et la rend désirable. À la suite de saint Paul, saint Damien nous entraîne à choisir les bons combats (cf. 1 Tm 1, 18), non pas ceux qui portent la division, mais ceux qui rassemblent. Il nous invite à ouvrir les yeux sur les lèpres qui défigurent l'humanité de nos frères et appellent encore aujourd'hui, plus que notre générosité, la charité de notre présence servante.

En revenant à l'Evangile d'aujourd'hui, à la figure du jeune qui présente à Jésus son désir d'être bien plus qu'un bon exécuteur des devoirs que lui imposent la loi, répond la figure de Frère Rafael, canonisé aujourd'hui, mort à vingt-sept ans comme Oblat de la Trappe de San Isidro de Dueñas. Même s'il était de famille aisée et, comme il le disait lui-même, d'"âme un peu rêveuse", ses rêves ne se dissipèrent pas devant l'attachement aux biens matériels et à d'autres buts que la vie du monde propose parfois avec grande insistance. Il répondit oui à la proposition de suivre Jésus, de manière immédiate et décidée, sans limites ni conditions. De cette manière, il entreprit un chemin qui, du moment où il se rendit compte dans le Monastère, qu'il "ne savait pas prier", le porta en quelques années au sommet de sa vie spirituelle qu'il relate avec une grande simplicité et un grand naturel dans de nombreux écrits. Frère Rafael, encore proche de nous, continue à nous offrir par son exemple et son œuvre un parcours attractif, en particulier pour les jeunes qui ne se contentent pas facilement, mais aspirent à la plénitude de la vérité, à la plus indicible joie que l'on atteint pour l'amour de Dieu. "Vie d'amour... C'est là la seule raison de vivre" dit le nouveau Saint. Et il insiste:  "De l'amour de Dieu provient toute chose". Que le Seigneur écoute avec bienveillance l'une des dernières prières de Saint Rafael Arnáiz, lorsqu'il lui remit toute sa vie en suppliant:  "Prends moi et donne-Toi au monde". Qui se donne pour ranimer la vie intérieure des chrétiens d'aujourd'hui. Qui se donne pour que ses frères de la Trappe et les centres monastiques continuent à être le phare qui permet de découvrir le désir intime de Dieu qu'il a placé dans tout cœur humain.

Par son œuvre admirable au service des personnes âgées les plus démunies, Sainte Marie de la Croix est aussi comme un phare pour guider nos sociétés qui ont toujours à redécouvrir la place et l'apport unique de cette période de la vie. Née en 1792 à Cancale, en Bretagne, Jeanne Jugan a eu le souci de la dignité de ses frères et de ses sœurs en humanité, que l'âge a rendus vulnérables, reconnaissant en eux la personne même du Christ. "Regardez le pauvre avec compassion, disait-elle, et Jésus vous regardera avec bonté, à votre dernier jour". Ce regard de compassion sur les personnes âgées, puisé dans sa profonde communion avec Dieu, Jeanne Jugan l'a porté à travers son service joyeux et désintéressé, exercé avec douceur et humilité du cœur, se voulant elle-même pauvre parmi les pauvres. Jeanne a vécu le mystère d'amour en acceptant, en paix, l'obscurité et le dépouillement jusqu'à sa mort. Son charisme est toujours d'actualité, alors que tant de personnes âgées souffrent de multiples pauvretés et de solitude, étant parfois même abandonnées de leurs familles. L'esprit d'hospitalité et d'amour fraternel, fondé sur une confiance illimitée dans la Providence, dont Jeanne Jugan trouvait la source dans les Béatitudes, a illuminé toute son existence. Cet élan évangélique se poursuit aujourd'hui à travers le monde dans la Congrégation des Petites Sœurs des Pauvres, qu'elle a fondée et qui témoigne à sa suite de la miséricorde de Dieu et de l'amour compatissant du Cœur de Jésus pour les plus petits. Que sainte Jeanne Jugan soit pour les personnes âgées une source vive d'espérance et pour les personnes qui se mettent généreusement à leur service un puissant stimulant afin de poursuivre et de développer son œuvre!

Chers frères et sœurs, rendons grâce au Seigneur pour le don de la sainteté qui resplendit aujourd'hui dans l'Eglise avec une beauté singulière. Alors que je salue affectueusement chacun d'entre vous - Cardinaux, Evêques, autorités civiles et militaires, prêtres, religieux et religieuses, fidèles laïcs de différentes nationalités qui prenez part à cette solennelle célébration eucharistique -, je voudrais vous adresser à tous l'appel à vous laisser attirer par les lumineux exemples de ces saints, à vous laisser guider par leurs enseignements pour que toute notre existence devienne un cantique de louange à l'amour de Dieu. Que leur intercession céleste et surtout la protection maternelle de Marie, Reine des Saints et Mère de l'humanité, nous obtienne cette grâce. Amen.

© Copyright 2009 - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE :  http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2009/documents/hf_ben-xvi_hom_20091011_canonizzazioni.html



Ráfael Arnáiz Barón

1911-1938

Né le 9 avril 1911 à Burgos dans une famille de haute bourgeoisie espagnole, Ráfael était le premier des quatre garçons. Il fréquente l’école des Jésuites où très vite on remarque sa riche sensibilité, ses dons artistiques et intellectuels.

Effectivement, très doué pour le dessin, il commence en 1930 des études d’architecture à Madrid. Cette même année, il découvre l’abbaye trappiste de San Isidro de Dueñas. Ráfael est un étudiant joyeux et sérieux à la fois, sportif, apprécié de tous. Mais il opte pour une voie meilleure et entre à l’abbaye le 15 janvier 1934.

Bien que la séparation de la famille lui coûte un peu, il s’adapte bien à sa nouvelle vie. Mais voilà que quelques mois après son entrée, se déclare un diabète foudroyant : en mai 1934, il perd vingt-quatre kilogrammes en huit jours. On lui conseille alors simplement de retourner chez lui pour y être bien soigné. Ráfael quitte le monastère la mort dans l’âme, mais avec l’espérance d’y revenir bientôt.

Ráfael ne se remettra pas. Pendant quatre ans, il fera de fréquents allers-et-retours entre le monastère et la maison de ses parents. Au monastère, la maladie l’empêche de suivre tout-à-fait la règle de la “stricte observance”, qui est assez rigide. En conséquence, il n’est pas autorisé à faire la profession religieuse consistant à promettre, selon la règle de Saint Benoît, obéissance, conversion de vie et stabilité dans le monastère. Il n’est donc pas vraiment moine à part entière. 

Dans cet état de souffrance et de déception, Ráfael reste fidèle dans son cœur et sa méditation s’approfondit ; il devient un authentique contemplatif, si bien que la communauté l’apprécie et l’accepte en tant qu’oblat régulier.

La guerre civile de 1936 ne favorise pas les choses, car les médicaments nécessaires n’arrivent pas au monastère, mais Ráfael est au moins déclaré inapte au service armé. 

Quand il voit que sa santé décline inexorablement, il préfère rester au monastère. Le Père Abbé lui remet l’habit monastique, la coule, que portent les moines profès, et lui promet de le faire ordonner prêtre dès qu’il aura achevé ses études théologiques.

Mais Ráfael décède bientôt, le 26 avril 1938.

Lors de son voyage apostolique à Compostelle, pour les Journées Mondiales de la Jeunesse, le pape Jean-Paul II a donné Ráfael comme modèle à tous les jeunes, le samedi 19 août 1989.

Ráfael sera béatifié en 1992, et canonisé en 2009. Le Martyrologe Romain le commémore le 26 avril.


Saint Rafael Arnaiz Barón

Cistercien-trappiste

Raphaël, en religion frère María Rafael, naît le 9 avril 1911 à Burgos en Espagne, de Rafael Arnáiz y Sanchez de la Campa et Mercedes Barón Torres ; premier de quatre enfants d'une famille aisée, catholique pratiquante.

Tout commence vraiment lorsqu'en 1930, tout jeune bachelier, il obtient comme cadeau de fin d'études de passer ses vacances d'été chez son oncle et sa tante, Leopoldo et María, ducs de Maqueda, non loin d'Avila. C'est le commencement d'une amitié spirituelle intense entre Raphaël et ses oncles, dont témoigne une correspondance abondante et profonde. C'est à l'issue de ces vacances que, sur le conseil de l'oncle, Raphaël passe son premier séjour à la Trappe de San Isidoro de Dueñas, en septembre 1930 : il est séduit par le silence, enthousiasmé par la beauté du lieu, ravi par les sonorités du Salve Regina entendu à Complies.

Raphaël, très doué pour le dessin, commence des études prometteuses d'architecture à Madrid. Mais il prend enfin la grande décision et entre au monastère le 15 janvier 1934, convaincu d'avoir trouvé sa vocation. Mais un diabète se déclare d'une façon foudroyante quatre mois après son entrée. Il oblige le novice presque moribond à quitter, triste et perplexe, son cher monastère.

Ce n'est qu'en janvier 1936, après une longue convalescence, qu'il peut entrer de nouveau à San Isidoro, cette fois en qualité de simple oblat, car sa maladie ne lui permet pas de suivre les exigences de la Règle. Pendant une deuxième sortie (septembre-décembre 1936) il est déclaré inapte à porter les armes dans le conflit qui ravage son pays. Après une troisième sortie (février-décembre 1937), il vit son dernier séjour à la Trappe, du 15 décembre 1937 au 26 avril 1938, comme son dernier carême et une préparation au dernier dépouillement, celui de sa vie sur la terre.

Le mystère de cette vie, jusqu'au bout, aura été de se laisser conduire à travers les perplexités d'une vocation embrassée avec enthousiasme et sans cesse contrariée: par la maladie, par la guerre, par l'impossibilité de prononcer ses vœux monastiques, par le manque de relations communautaires normales. Son noviciat sur la terre, accompli dans la solitude et la maladie humiliante, s'achève lorsqu'à Pâques, enfin revêtu de la coule par une faveur spéciale de son abbé, il entre, par son passage à la vraie vie, dans la communauté céleste.

Ce mystère de dépouillement si dramatique n'a pu être vécu que grâce à un amour débordant et à une joie qui possède, plutôt que de la naïveté, un certain humour, une certaine marque d'humilité. Le Dieu de Raphaël, son Christ, n'est pas l'objet d'étude mais le Compagnon d'une expérience vécue, transcendante, d'Amour absolu. Son seul désir était de vivre pour aimer : aimer Jésus, aimer Marie, aimer la Croix, aimer son cher monastère. L'exubérance de sa foi et l'enthousiasme de son amour se sont avérés invincibles.

Voilà la caractéristique foncière de sa spiritualité personnelle. Raphaël est « un trappiste fou et excité d'amour pour Dieu », qui sans cesse se retient de crier à tue-tête la miséricorde de Dieu à son égard. Et cette force le mène toujours davantage à l'essentiel, à ce qui comble son cœur en vérité: « Dieu seul! » Dans la solitude et le silence, la souffrance de la Croix devient le lieu propre où il renonce à lui-même, et sa propre souffrance, acceptée comme grâce de Dieu, permet le dépouillement ultime de l'humilité. Raphaël ne s'appartient plus, il n'y a que « Dieu seul! », le message fou de l'amour.

Rafael Arnaiz Barón a été béatifié le 27 septembre 1992, par Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005), et canonisé, par le Pape Benoît XVI (Joseph Ratzinger, 2005-2013), le 11 octobre 2009.

Pour un approfondissement biographique :


Sources principales : ocso.org/index; wikipédia.org (« Rév. x gpm »).

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Prière de Saint Rafael Arnáiz Barón

Voici la Prière « Seigneur Jésus, c’est seulement au pied de ta Croix que j’apprends l'humilité, la charité, le pardon, la bonté, … » de Saint Raphaël Arnaiz Baron (1911-1938), Moine Trappiste Cistercien Espagnol de l'Abbaye San Isidro de Dueñas en Espagne canonisé par le Pape Benoît XVI le 11 octobre 2009 

La Prière de St Raphaël Arnaiz Baron « Seigneur Jésus, c’est seulement au pied de ta Croix que j’apprends l'humilité, la charité, le pardon, la bonté, … » :

« Hier j'ai clairement vu qu'on apprend seulement en accourant à Toi, et que Toi seul Tu donnes des forces dans les épreuves et tentations ; que seulement au pied de ta Croix, Te voyant cloué sur Elle, on apprend le pardon, on apprend l'humilité, la charité, la bonté ... La prodigieuse, l'admirable, l'inexprimable leçon que Tu m'apprends depuis ta Croix me donne des forces pour tout. On T'a craché dessus, on T'a insulté, on T'a flagellé, on T'a cloué sur une Croix et, étant Dieu, Tu pardonnais, Tu te taisais humblement, et Tu t'offrais même. Que pourrais-je dire de ta Passion ? Il vaut mieux ne rien dire, et que, au fond de mon cœur, je médite ce que l'homme ne peut jamais arriver à comprendre ; que je me contente d'aimer profondément, passionnément, le Mystère de ta Passion ... Qu'Elle est douce la Croix de Jésus ! Qu'il est doux de souffrir en pardonnant ! Comment ne pas devenir fou ? Il me montre son Cœur ouvert aux hommes et méprisé. Où a-t-on jamais vu, et qui a jamais rêvé d'une douleur pareille ? Comme on vit bien dans le Cœur du Christ ! Ainsi soit-il. » 

Saint Raphaël Arnaiz Baron (1911-1938)

« La Croix du Christ ! Que peut-on dire de plus ? Je ne sais pas prier, je ne sais pas ce qu'est être bon, je n'ai pas l'esprit religieux, car je suis plein du monde. Je ne sais qu'une chose, une chose qui remplit mon âme de joie, tout en me voyant si pauvre en vertus et si riche en misères ; je sais seulement que j'ai un trésor que ne changerais pour rien ni pour personne : ma croix, la Croix de Jésus, cette Croix qui est mon seul repos. Comment expliquer cela ? Celui qui ne l'a pas expérimenté ne peut nullement soupçonner de quoi il s'agit. Ah, si tous les hommes aimaient la Croix du Christ ! Si le monde savait ce que c'est que d'embrasser pleinement, vraiment, sans réserve, en folie d'amour, la Croix du Christ !... Combien de temps perdu en causeries, dévotions et exercices qui sont saints et bons, mais ne sont pas la Croix de Jésus, ne sont pas ce qu'il y a de meilleur... Pauvre homme qui n'es bon à rien, qui ne sers à rien..., qui traînes ta vie, suivant comme tu peux les austérités de la règle, te contentant de cacher en silence tes ardeurs, aime à la folie ce que le monde méprise parce qu'il ne le connaît pas, adore en silence cette Croix, qui est ton trésor, sans que personne s'en aperçoive. Médite en silence devant Elle les grandeurs de Dieu, les merveilles de Marie, les misères de l'homme... Continue ta vie toujours en silence, aimant, adorant et t'unissant à la Croix. Que veux-tu de plus ? Savoure la Croix, comme a dit ce matin monseigneur l'évêque. Savourer la Croix ! » 

(Saint Raphaël Arnaiz Baron – « Ecrits spirituels ») 



Bhx Rafael Arnaiz Baron (1911-1938), frère trappiste (nom de religieux : frère Marie Raphaël).

Jean Paul II le donna en modèle pour tous les jeunes du monde à S. Jacques de Compostelle (1989). B XVI l’a nommé patron des JMJ Madrid 2011.

Rafael Arnáiz Barón est une bonne illustration de ce cor inquietum qui brûle de désirs infinis et divins. Dans la vie du frère Rafael, le désir de Dieu, l’Absolu et l’éternité, expliquent tout.

Né le 9 avril 1911 à Burgos en Espagne, premier de 4 enfants d’une famille aisée, catholique pratiquante. En 1930, tout jeune bachelier, il obtient comme cadeau de fin d’études de passer ses vacances d’été chez son oncle et sa tante, Leopoldo et María, ducs de Maqueda, non loin d’Avila. C’est le commencement d’une amitié spirituelle intense entre Raphaël et ses oncles, dont témoigne une correspondance abondante et profonde. A l’issue de ces vacances que, sur le conseil de l’oncle, Raphaël passe son premier séjour à la Trappe de San Isidoro de Dueñas, en septembre 1930 : il est séduit par le silence, enthousiasmé par la beauté du lieu, ravi par le Salve Regina entendu à Complies.

Très doué pour le dessin, il est étudiant en architecture à Madrid, mais prend enfin la grande décision et entre au monastère le 15 janvier 1934, convaincu d’avoir trouvé sa vocation. Un diabète se déclare d’une façon foudroyante 4 mois après son entrée (il perd 24 kg en 8 jours). Il oblige le novice presque moribond à quitter, triste et perplexe, son cher monastère.

En janvier 1936, après une longue convalescence, il peut entrer de nouveau à San Isidoro, cette fois en qualité de simple oblat, car sa maladie ne lui permet pas de suivre les exigences de la Règle. La guerre civile espagnole (1936-1939) ne permettra pas le bon approvisionnement des médicaments qui auraient pu le soigner. Pendant une deuxième sortie (septembre-décembre 1936) il est déclaré inapte à porter les armes dans le conflit qui ravage le pays. Après une troisième sortie (février-décembre 1937), il vit son dernier séjour à la Trappe, du 15 décembre 1937 au 26 avril 1938, comme son dernier carême et une préparation au dernier dépouillement, celui de sa vie sur la terre, avant d’avoir pu être ordonné prêtre.

Le mystère de cette vie, jusqu’au bout, aura été de se laisser conduire à travers les perplexités d’une vocation embrassée avec enthousiasme et sans cesse contrariée : par la maladie, par la guerre, par l’impossibilité de prononcer ses voeux monastiques, par le manque de relations communautaires normales. Son noviciat sur la terre, accompli dans la solitude et la maladie humiliante, s’achève lorsqu’à Pâques, enfin revêtu de la coule par une faveur spéciale de son abbé, il entre, par son passage à la vraie vie, dans la communauté céleste.

Ce mystère de dépouillement si dramatique n’a pu être vécu que grâce à un amour débordant et à une joie qui possède, plutôt que de la naïveté, un certain humour, une certaine marque d’humilité. Le Dieu de Raphaël, son Christ, n’est pas l’objet d’étude mais le Compagnon d’une expérience vécue, transcendante, d’Amour absolu. Son seul désir était de vivre pour aimer : aimer Jésus, aimer Marie, aimer la Croix, aimer son cher monastère. L’exubérance de sa foi et l’enthousiasme de son amour se sont avérés invincibles.

Voilà la caractéristique foncière de sa spiritualité personnelle. Raphaël est "un trappiste fou et excité d’amour pour Dieu", qui sans cesse se retient de crier à tue-tête la miséricorde de Dieu à son égard. Et cette force le mène toujours davantage à l’essentiel, à ce qui comble son coeur en vérité : "Dieu seul !" Dans la solitude et le silence, la souffrance de la Croix devient le lieu propre où il renonce à lui-même, et sa propre souffrance, acceptée comme grâce de Dieu, permet le dépouillement ultime de l’humilité. Raphaël ne s’appartient plus, il n’y a que "Dieu seul", le message fou de l’amour.

A lire :

- P.Tomás Gallego, "Le frère Raphaël Arnáiz y Barón (1911-1938), témoin de la transcendance de Dieu", dans Collectanea Cisterciensia : (1987) pp.279-297 ; (1988) pp.57-75 et 335-371. 

- Xavier Morales, "Dieu et mon âme : Le dernier cahier (février 1937 - avril 1938)", idem : (2000) pp.101-153. 

Du site "spiritualitéchrétienne"

Textes du bhx RAPHAEL ARNAIZ BARON

Le dernier cahier, 23 février 1938. C’EST MOI, JÉSUS !

Dans mes va-et-vient précipités à travers le noviciat, sans savoir quoi faire, j’ai regardé à travers la fenêtre, contre mon habitude et mon règlement qui me l’interdit. Le soleil commençait à poindre. Une grande paix régnait sur la nature. Tout commençait à s’éveiller : la terre, le ciel, les oiseaux. Tout, peu à peu, s’éveillait doucement au commandement de Dieu. Tout obéissait à ses divines lois, sans plaintes et sans soubresauts, doucement, calmement, la lumière aussi bien que les ténèbres, le ciel bleu aussi bien que la terre dure couverte de la rosée de l’aube. Comme Dieu est bon, pensai-je. La paix habite partout sauf dans le cœur humain.

Et doucement, tranquillement, Dieu m’a appris à obéir, à moi aussi, par l’intermédiaire de cette aurore douce et tranquille. Une très grande paix s’empara de mon âme. Je pensai que Dieu seul est bon ; que tout est ordonné par Lui. Que m’importe ce que disent ou font les hommes. Il ne doit y avoir pour moi qu’une seule chose dans le monde : Dieu. Dieu qui ordonne tout pour mon bien. Dieu, qui tous les matins fait se lever le soleil, qui fait fondre le givre, qui fait chanter les oiseaux et change les nuages du ciel en mille suaves nuances. Dieu qui m’offre un coin sur la terre pour prier, qui me donne un coin où pouvoir attendre ce que j’attends. Dieu si bon avec moi, qui parle à mon cœur dans le silence, et m’apprend peu à peu, parfois avec des larmes, toujours avec des croix, à le détacher des créatures, à ne chercher la perfection qu’en Lui, à me montrer Marie, et me dire : "Voici la seule créature parfaite. En Elle tu trouveras l’amour et la charité que tu ne trouves pas chez les hommes". De quoi te plains-tu, Frère Raphaël ? Aime-Moi, souffre avec Moi, c’est Moi, Jésus.

Ah ! Vierge Marie, voilà la grande miséricorde de Dieu. Voilà comme Dieu oeuvre dans mon âme, tantôt dans la désolation, tantôt dans la consolation, mais toujours pour m’apprendre que ce n’est qu’en Lui seul que je dois mettre mon cœur, que ce n’est qu’en Lui seul que je dois vivre, que c’est Lui seul que je dois aimer, désirer, espérer, dans la foi pure, sans consolation ni secours d’humaine créature . Quel bonheur, ma Mère . Combien dois-je en être reconnaissant à Dieu. Comme Jésus est bon !

Quand je cessai de regarder le ciel par la fenêtre du noviciat, je pensai : le Seigneur fait d’un mal un bien. Si quelqu’un m’avait vu, il se serait dit : "Voilà un novice qui perd son temps !". Est-ce perdre son temps que d’adorer amoureusement Dieu ? La tentation a passé, le trouble aussi, et avec lui, je n’ai plus pensé à ce que j’avais entendu et qui m’avait troublé. Et après avoir fait un acte d’union à la volonté divine, chose que je fais à chaque fois que je m’en souviens, je suis descendu à l’église pour entendre la sainte messe ; et là, au pied du Tabernacle, j’ai élevé mon cœur vers Dieu et vers la Très Sainte Mère Marie.

Toi seul, mon Dieu, Toi seul ! Plus je me suis approché des créatures, plus je me suis vu loin d’elles, et plus je suis loin de l’homme, plus je suis proche de Dieu.

Le dernier cahier, 4 mars 1938. DIEU M’AIME !

Je prends aujourd’hui la plume au nom de Dieu, pour que mes mots, en se gravant sur le blanc papier, servent de perpétuelle louange au Dieu béni, auteur de ma vie, de mon âme et de mon cœur. J’aimerais que l’univers entier, avec toutes les planètes, tous les astres et les innombrables systèmes sidéraux, fussent une immense surface lisse où pouvoir écrire le nom de Dieu. J’aimerais que ma voix fût plus puissante que mille tonnerres, plus forte que le courant de la mer, et plus terrible que le vacarme des volcans, pour ne dire que : Dieu. J’aimerais que mon cœur fût aussi grand que le ciel, aussi pur que celui des anges, aussi simple que la colombe, pour avoir Dieu en lui. Mais puisque toute cette grandeur rêvée ne peut se voir réalisée, contente-toi de peu [de chose tangible ici-bas] Frère Raphaël, et puisque toi, tu n’es que néant, le néant doit te suffire.

Quelle hypocrisie que de dire qu’il n’a rien, celui qui a Dieu ! Oui ! Pourquoi le taire ? Pourquoi le dissimuler ? Pourquoi ne pas crier au monde entier, et publier aux quatre vents les merveilles de Dieu ? Pourquoi ne pas dire aux gens, et à tous ceux qui voudront bien l’entendre : "Vous voyez ce que je suis ? Vous voyez ce que j’ai été ? Vous voyez ma misère qui se traîne dans la fange ? Eh bien, ça ne fait rien, soyez émerveillés, malgré tout : j’ai Dieu ! Dieu est mon ami !". Que le sol se dérobe, que la mer se dessèche de stupeur, Dieu m’aime si tendrement, moi, que si le monde entier le comprenait, toutes les créatures deviendraient folles et rugiraient de stupéfaction ! Bien plus, tout cela n’est rien. Dieu m’aime tellement que les anges eux-mêmes ne le comprennent pas ( ?).

Comme est grande la miséricorde de Dieu ! M’aimer, moi ! Être mon ami, mon frère, mon père, mon maître ! Être Dieu, et moi, être ce que je suis ! Ah ! mon Jésus, je n’ai ni plume ni papier. Que dirai-je ! Comment ne pas devenir fou ! Comment peut-on vivre, manger, dormir, parler et avoir des relations avec tous ? Comment est-il possible que j’aie encore suffisamment de sérénité pour penser à quelque chose que le monde appelle raisonnable, moi qui perds la raison quand je pense à Toi ?

Comment est-ce possible, Seigneur ! Je sais, Tu me l’as expliqué déjà, c’est par le miracle de la grâce. Si le monde qui cherche Dieu le savait ! Ignorants et insensés qui cherchez Dieu où Il n’est pas. Écoutez, et soyez dans l’étonnement. Dieu est dans le cœur de l’homme, je le sais. Mais écoutez, Dieu vit dans le cœur de l’homme, quand ce cœur vit détaché de tout ce qui n’est pas Lui. Quand ce cœur se rend compte que Dieu frappe à sa porte, et qu’il balaie et nettoie tous ses appartements pour se disposer à recevoir le Seul qui comble vraiment. Comme il est doux de vivre ainsi, avec Dieu seul dans le cœur. Quelle grande douceur que de se voir rempli de Dieu. Comme il doit être facile de mourir ainsi.

Faire ce qu’Il veut demande bien peu, ou plutôt rien du tout, car on aime sa volonté ; même la souffrance et la douleur sont paix, car on souffre par amour. Dieu seul comble l’âme et la comble toute entière. Il n’y a ni créatures, ni monde, il n’y a rien pour la troubler, seule la pensée de pouvoir L’offenser et Le perdre la fait souffrir. Qu’ils viennent, les savants, demander où est Dieu. Dieu est où le savant à l’orgueilleuse science ne peut arriver. Dieu est dans le cœur détaché, il est dans le silence de la prière, dans le sacrifice volontaire de la douleur, dans le vide du monde et de ses créatures.

Dieu est sur la Croix, et tant que nous n’aimerons pas la Croix, nous ne Le verrons pas, nous ne Le sentirons pas.

Le dernier cahier, 23 février 1938. TRISTESSES ET CONSOLATIONS + + +

Ma vie est une continuelle alternance de désolations et de consolations. Les premières sont des tristesses et des peines, parfois très profondes, des pensées qui me troublent, des tentations qui me font souffrir. Les consolations sont la même chose, mais à l’envers : joies intérieures inconnues, désirs de souffrir et amour pour la Croix de Jésus, qui remplissent mon âme de paix et de tranquillité au milieu de ma solitude et de mes douleurs, ce que je ne changerais pour rien au monde.

Voici un exemple récent. L’autre jour, je voyais tout en noir : ma vie obscure et enfermée dans l’infirmerie, sans soleil, sans lumière, sans rien pour l’aider à supporter la charge que Dieu m’a imposée. Maladie, silence, abandon, je ne sais pas, mon âme souffrait beaucoup ; le souvenir du monde, de la liberté, m’accablait. Mes pensées étaient tristes, lugubres. Je me voyais sans amour pour Dieu, oublié des hommes, sans foi et sans lumière. L’habit me pesait. J’avais froid et sommeil. Je ne sais pas, tout s’accumulait. L’obscurité de l’église me rendait triste. Je regardais le Tabernacle, et il ne me disait rien. Je me voyais mort vivant, je me voyais enfermé dans le monastère, comme un mort dans un tombeau, et même pis que dans un tombeau, puisque là au moins on trouve le repos. Bref, voilà quelles étaient mes pensées, l’autre jour avant de recevoir le Seigneur à la communion.

L’idée que j’étais enterré vif m’obsédait, me rendait fou. Le démon s’attachait à me faire souffrir avec le souvenir du monde, de la lumière, de la liberté ; il évoquait en moi la joie de vivre. Les moines me semblaient des âmes en peine, eux qui étaient aussi des morts vivants, eux qui souffraient l’enfermement du tombeau.

Bon, je n’arrive pas à m’expliquer : j’aurais aimé, à cet instant, mourir vraiment, mais mourir pour ne plus souffrir. J’ai vu ensuite que c’était une tentation. C’est dans cet état d’âme que je me suis approché pour recevoir le Seigneur. Je venais de me mettre à genoux, avec le désir de demander à Jésus la tranquillité pour mon esprit, quand j’ai senti une ferveur très grande, un amour immense pour Jésus, et un oubli absolu de toutes mes pensées antérieures, au rappel de quelques mots que Jésus, je crois, m’inspira en cet instant : "Je suis la Résurrection et la Vie".

Comment exprimer combien mon âme fut consolée ! Je pleurais presque de joie en me voyant aux pieds de Jésus, enterré vif. Mes mains serraient le crucifix et mon cœur aurait voulu mourir, mais cette fois par amour pour Jésus, par amour pour la vie véritable, pour la véritable liberté. J’aurais voulu mourir à genoux en embrassant la Croix, en aimant la volonté de Dieu, en aimant ma maladie, mon enfermement, mon silence, mon obscurité, ma solitude. En aimant mes douleurs, qui, en un instant de lumière, et avec une étincelle d’amour de Dieu, sont si vite oubliées. Comme tout me paraissait petit : le monde avec toutes ses créatures ; comme ma vie me semblait insignifiante avec tant et tant d’attentions puériles. Comme les affaires humaines, le monastère me paraissait insignifiant, ses moines si petits, bref, comme tout disparaissait devant l’immense bonté d’un Dieu qui descend jusqu’à moi pour me dire : "Pourquoi souffres-tu ? Je suis le salut. Je suis la Vie. Que cherches-tu ici-bas ?".

Ah ! bon Jésus, si les hommes savaient ce que c’est que de t’aimer sur la Croix ! Si les hommes soupçonnaient ce que c’est que de renoncer à tout pour Toi ! Quelle joie de vivre sans volonté. Quel grand trésor que de n’être rien, d’être le dernier ! Quel grand trésor que la Croix de Jésus, et comme l’on vit bien en l’embrassant ! Personne ne peut s’en douter !

Le dernier cahier, 10 avril 1938. ABANDON :

Si nous sommes vraiment unis par amour à la volonté de Dieu, nous ne désirerons rien qu’Il ne désire, nous n’aimerons rien qu’Il n’aime, et en étant abandonnés à sa volonté, nous serons indifférents à quoi que ce soit qu’Il nous envoie, en quelque endroit qu’Il nous mette. Tout ce qu’Il voudra de nous, ne nous sera pas seulement indifférent : cela nous sera même agréable.

Je suis chaque jour plus heureux en mon complet abandon entre ses mains. Je vois sa volonté jusque dans les choses les plus petites et minuscules qui puissent m’arriver. De tout, je tire un enseignement qui me sert pour comprendre davantage sa miséricorde envers moi. J’aime avec tendresse ses desseins et cela me suffit. Je suis un pauvre homme ignorant ce qui me convient, et Dieu veille sur moi comme personne ne peut s’en douter.

Si l’on me disait en détail ce que je dois faire pour être saint et agréable à Dieu, je crois qu’avec l’aide de Dieu et de Marie, je le ferais en entier. Avec Jésus à mes côtés, rien ne me paraît difficile, et le chemin de la sainteté me semble à chaque fois plus facile. Il me paraît consister plus à enlever des choses qu’à en ajouter. Il se réduit peu à peu à la simplicité, plutôt qu’il ne se complique de choses nouvelles. Et au fur et à mesure que l’on se détache d’un si grand amour désordonné pour les créatures, et pour nous-mêmes, il me semble que l’on s’approche de plus en plus de l’unique amour, de l’unique désir, de l’unique but de cette vie, de la vraie sainteté, et c’est Dieu.

Comme Dieu est bon, Lui qui m’apprend peu à peu tout cela ! Comme Dieu est bon envers moi ! Saurai-je agir en retour comme je le dois ? Seigneur, ne regarde pas mes actes, ni mes paroles, regarde mon intention et si elle n’est pas bien dirigée vers Toi, redresse-la. Ne permets pas, mon Seigneur, que je sois ingrat et que je perde mon temps.

Comme l’on vit bien, loin des hommes et près de Toi. Quand j’entends le bruit que fait le monde ; quand je vois le soleil qui inonde les champs et illumine les oiseaux en liberté ; quand je me rappelle les jours heureux que j’ai passés dans mon foyer, je ferme les yeux, je me bouche les oreilles et j’étouffe les voix du souvenir et je dis : quel bonheur c’est de vivre avec le Christ. Je n’ai rien et j’ai le Christ. Je ne possède rien ni ne désire rien, et je possède et je désire le Christ. Je ne jouis de rien et ma joie, c’est le Christ. Et là, dans mon cœur, je suis complètement heureux, même si ce n’est pas le mot pour désigner l’état de mon âme.

Les créatures me sont indifférentes, si elles ne me conduisent pas à Dieu. Je ne veux pas de la liberté, si elle ne me conduit pas à Dieu. Je ne veux pas de consolations, de plaisirs et de joies, je ne veux que la solitude avec Jésus, l’amour pour la Croix et les larmes de la pénitence. Mon Jésus, mon doux amour, ne permets pas que je sois séparé de Toi. Marie, ma Mère, sois ma seule consolation.

L’autre jour, j’ai essayé la coule que le Révérend Père Abbé me laissera revêtir, par une faveur spéciale, à partir du jour de Pâques. J’ai toujours eu une grande envie de pouvoir porter un jour la coule cistercienne. Mais... elle est si neuve et si blanche, qu’ensuite j’ai eu beaucoup de honte de ce désir puéril ; car ce n’est pour moi qu’une vanité devant les hommes. Le Christ, qui est mon Maître, en ces jours, a été dépouillé devant la foule qui l’insultait, et moi, on m’habille. Puis-je en tirer un vain orgueil ? Je serais bien insensé de ne pas voir une grande humiliation le jour de Pâques, quand moi, le dernier disciple du Christ, je me présenterai à la Communauté avec la coule neuve et reluisante de l’Ordre cistercien. Il aurait valu bien mieux me revêtir d’un "sac".

Mais cela encore aurait été une vanité puérile, et en réalité, aujourd’hui, je suis arrivé à la conclusion que ça m’est égal. Au bout du compte, vêtu de soie de laine ou de sac, cela ne doit en rien changer mon cœur. Il est ce qui, un jour, aura de la valeur aux yeux de Dieu.

Bhx Raphael Arnaiz Baron : Dans le monde on souffre... ce ne sont que soucis, désirs, espoirs... bien peu souvent réalisés. Dans le monde on pleure pour des affaires matérielles, viles et périssables. Dans le monde on pleure peu pour le Christ. Dans le monde on souffre peu pour Dieu.

Dans mes va-et-vient à travers le noviciat, sans savoir quoi faire... j’ai regardé ô travers la fenêtre, contre mon habitude... Le soleil commençait à poindre. Une grande paix régnait sur la nature... Tout commençait à s’éveiller_ la terre, le ciel, les oiseaux... Tout, peu à peu, s’éveillait doucement... Tout obéissait aux divines lois, sans plaintes, et sans soubresauts, doucement, calmement, la lumière aussi bien que les ténèbres, le ciel bleu aussi bien que la terre dure couverte de la rosée de l’aube... Comme Dieu est bon, pensai-je... La paix habite partout sauf dans le coeur humain.

Le dernier cahier, 8 mars 1938. AUPRÈS DE TON CŒUR

Dieu et sa volonté sont la seule chose qui occupe ma vie. Par sa miséricorde infinie, ce qui auparavant était désir véhément se tempère peu à peu. Comme la grâce de Dieu est immense, quand peu à peu, Il emplit une âme. Comme peu à peu se précise de plus en plus la vanité de tout ce qui est humain, et comme on parvient au contraire à se convaincre qu’en Dieu seul se trouve la sagesse véritable, la paix véritable, la vie véritable, l’unique nécessaire et l’unique amour et désir de l’âme.

L’autre jour, j’étais avec le Révérend Père Abbé. J’ai été lui demander de me concéder une pénitence pour ce saint temps du Carême, chose qu’il me refusa, et à la place, il me dit que le jour de Pâques, il me donnerait la coule monacale et le scapulaire noir. Quelle joie j’éprouvai, bon Jésus ! J’aurais embrassé le Révérend Père Abbé. Il est trop bon avec moi !

Quel désir j’avais depuis déjà un certain temps de pouvoir revêtir la coule ! Quel grand bonheur me donna la pensée de ce que, à brève échéance, je ne me distinguerais en rien d’un vrai religieux. Mais après avoir été rendre grâce au Seigneur pour cette grâce, je vis clairement qu’en moi, c’est vanité. J’ai vu que c’est un honneur que me fait la communauté, et cela me désole plus qu’autre chose. Ah ! s’il m’avait donné l’habit de convers, comme je le lui ai suggéré, ç’aurait été autre chose. Mais ça m’est égal : en marron ou en blanc, avec ou sans coule, je suis le même devant Dieu. Tout ce qui est extérieur m’est indifférent. Je veux seulement aimer Dieu, et je le fais à l’intérieur et sans que les hommes s’en aperçoivent. Cela m’est égal, Seigneur, de connaître l’honneur ou le mépris. La joie vaine et un peu infantile de revêtir la coule s’est déjà calmée. J’aimerais, Seigneur, que rien au monde ne me trouble, et qu’aucune des créatures ne m’enlève la paix et la tranquillité de n’aimer que ta volonté. Et je vois ainsi, Seigneur, que tout est vanité. Tu n’es ni dans l’habit, ni dans la couronne. Alors ? Tu n’es, Seigneur, que dans le cœur détaché de tout.

Bon Jésus, mon divin Bien-aimé, Tu as tes délices. Ah ! Seigneur, que vais-je dire ? Tu as tes délices dans le cœur de l’homme. Je T’offre le mien. Laisse-moi faire ma cellule dans le tien. Laisse-moi faire ma couche auprès de lui. Laisse-moi vivre seul et nu de tout, auprès de ton Cœur Divin, et me moquer des habits, des couronnes, et... des barbes de tous les convers du monde. Je serai toujours le même pour Toi, n’est-ce pas, Jésus ?

Comme le monde est ignorant et puéril ! Quelle joie nous procure un chiffon et quelle tristesse un nuage ! Avec quelle facilité nous considérons-nous heureux d’une puérilité, et sommes-nous abattus et désespérés avec une autre ! Comme nous sommes peu de chose..., comme nous vivons sur le plan extérieur, sans penser que tout n’est rien, excepté de T’aimer et de Te servir, Toi, mon Jésus ! Guenon de soie vêtue .... guenon demeure !

J’aimerais, Seigneur, passer ce Carême, à mourir peu à peu, de tout ce qui me manque encore, pour ne vivre que pour Toi. Pour qu’un jour, Tu me laisses, Seigneur, pénétrer par la plaie de ton côté, et m’y faire une cellule auprès de ton Divin Cœur. Tu me le permettras ? Je le demande avec ferveur à la Très Sainte Vierge Marie. 

Un jour où la petite croix que Jésus m’envoyait me semblait bien grande, un jour où, en pensant à ce qui me reste de vie, en pensant à cette vie de trappiste, enfermé ici pour toujours, cela me paraissait bien long, bref, un jour où je souffrais parce que mon chemin me paraissait long et pénible, j’ai lu des mots qui me disaient : "Rien de ce qui a une fin n’est grand !"

Dieu seul, p. 26 : Les gens disent que le silence dans le monastère est triste et qu’il est difficile d’observer la Règle... Il n’y a pas d’opinion plus erronée...Le silence à la Trappe est le plus joyeux langage que les hommes puissent soupçonner... Ah ! Si Dieu nous donnait la faculté de voir dans les cœurs, alors nous verrions que, de l’âme de ce trappiste d’aspect extérieur misérable et qui vit dans le silence, jaillit abondamment et sans arrêt un glorieux chant d’allégresse, plein d’amour et de joie envers son Créateur, envers son Dieu, envers un Père affectueux qui prend soin de lui et le console... Dans le silence, ils parlent avec Dieu.

Réf. dans l’Osservatore Romano : 1992 n.39. Réf. dans la Documentation catholique : 1992 n.19 p. 919.

Né à Burgos (Espagne) le 09.04.1911, retourné à Dieu le 26 04 1938, béatifié le 27 09 1992 par Jean-Paul II, béatifié le 11 10 2009 par B XVI. 

1934 : entre au monastère cistercien de San Isidoro (Palencia).

Il avait interrompu ses études d’architecte pour entrer au monastère cistercien de Sant’Isidro, en Espagne en 1934 ; la maladie le contraignit à quitter 3 fois le monastère où il revenait aussitôt. 

Ce que fut sa sainteté ? Une photo très belle le suggère qui le représente, sans autre détail, assis au soleil, les yeux mi-clos, souriant à un interlocuteur invisible.


Capilla del Beato Rafael Arnaiz, en el Monasterio de San Isidro de Dueñas (La Trapa), en Venta de Baños

Tombe de saint Raphaël Arnáiz à la trappe San Isidro


Saint Rafael Arnáiz Barón

Also known as
  • María Rafael
Profile

An artistic young man, he studied architecture in Madrid, Spain. However, he felt a call to the religious life, and on 15 April 1934 Rafael became an oblate friar of the Order of Cistercians of the Strict Observance (Trappist). Suffered from acute diabetes, a condition that forced him to leave the monastery three times, but each time, as soon as he was sufficiently healed, he returned to the monastic life.

Born






HOMILY OF HIS HOLINESS BENEDICT XVI

Vatican Basilica
Sunday, 11 October 2009

Dear Brothers and Sisters,

"What must I do to inherit eternal life?". The brief conversation we heard in the Gospel passage, between a man identified elsewhere as the rich young man and Jesus, begins with this question (cf. Mk 10: 17-30). We do not have many details about this anonymous figure; yet from a few characteristics we succeed in perceiving his sincere desire to attain eternal life by leading an honest and virtuous earthly existence. In fact he knows the commandments and has observed them faithfully from his youth. Yet, all this which is of course important is not enough. Jesus says he lacks one thing, but it is something essential. Then, seeing him well disposed, the divine Teacher looks at him lovingly and suggests to him a leap in quality; he calls the young man to heroism in holiness, he asks him to abandon everything to follow him: "go, sell what you have, and give to the poor... and come, follow me" (v. 21).

"Come, follow me". This is the Christian vocation which is born from the Lord's proposal of love and can only be fulfilled in our loving response. Jesus invites his disciples to give their lives completely, without calculation or personal interest, with unreserved trust in God. Saints accept this demanding invitation and set out with humble docility in the following of the Crucified and Risen Christ. Their perfection, in the logic of faith sometimes humanly incomprehensible consists in no longer putting themselves at the centre but in choosing to go against the tide, living in line with the Gospel. This is what the five Saints did who are held up today with great joy for the veneration of the universal Church: Zygmunt Szczęsny Feliński, Francisco Coll y Guitart, Jozef Damien de Veuster, Rafael Arnáiz Barón and Mary of the Cross (Jeanne Jugan). In them we contemplate the Apostle Peter's words fulfilled: "Lo, we have left everything and followed you" (v. 28), and Jesus' comforting reassurance: "there is no one who has left house or brothers or sisters or mother or father or children or lands, for my sake and for the Gospel, who will not receive a hundredfold now in this time... with persecutions, and in the age to come eternal life" (vv. 29-30).

Zygmunt Szczęsny Feliński, Archbishop of Warsaw, the Founder of the Congregation of the Franciscan Sisters of the Family of Mary, was a great witness of faith and pastoral charity in very troubled times for the nation and for the Church in Poland. He zealously concerned himself with the spiritual development of the faithful, he helped the poor and orphans. At the Ecclesiastical Academy in St Petersburg he saw to the sound formation of priests and as Archbishop of Warsaw he instilled in everyone the desire for inner renewal. Before the January 1863 Uprising against Russian annexation he put the people on guard against useless bloodshed. However, when the rebellion broke out and there were repressions he courageously defended the oppressed. On the Tsar of Russia's orders he spent 20 years in exile at Jaroslaw on the Volga, without ever being able to return to his diocese. In every situation he retained his steadfast trust in Divine Providence and prayed: "O God, protect us not from the tribulations and worries of this world... only multiply love in our hearts and obtain that in deepest humility we may keep our infinite trust in your help and your mercy". Today his gift of himself to God and to humankind, full of trust and love, becomes a luminous example for the whole Church.

St Paul reminds us in the Second Reading that "the word of God is living and active" (Heb 4: 12). In it the Father who is in Heaven speaks lovingly to his children in all the epochs (cf. Dei Verbum, n. 21), making them know his infinite love and, in this way, encouraging them, consoling them and offering them his plan of salvation for humanity and for every person. Aware of this, St Francisco Coll dedicated himself eagerly to disseminating it, thus faithfully fulfilling his vocation in the Order of Preachers, in which he had made his profession. His passion was for preaching, mainly as an itinerant preacher, following the form of the "popular missions". Thus he aimed to proclaim and to revive the word of God in the villages and towns of Catalonia, thereby guiding people to profound encounter with God. This encounter leads to conversion of heart, to receiving divine grace joyfully and to keeping up a constant conversation with Our Lord through prayer. For this reason his evangelizing activity included great dedication to the sacrament of Reconciliation, a special emphasis on the Eucharist and constant insistence on prayer. Francisco Coll moved the hearts of others because he conveyed to them what he himself lived passionately within, what set his own heart on fire: love for Christ and surrender to him. To ensure that the seed of the word of God fell on good ground, Francisco founded the Congregation of the Dominican Sisters of the Anunciata to give an integral education to children and young women so that they might continue to discover the unfathomable treasure that is Christ, the faithful friend who never abandons us and never wearies of being beside us, enlivening our hope with his word of life.

Jozef De Veuster received the name of Damien in the Congregation of the Sacred Hearts of Jesus and Mary. When he was 23 years old, in 1863, he left Flanders, the land of his birth, to proclaim the Gospel on the other side of the world in the Hawaiian Islands. His missionary activity, which gave him such joy, reached its peak in charity. Not without fear and repugnance, he chose to go to the Island of Molokai to serve the lepers who lived there, abandoned by all. Thus he was exposed to the disease from which they suffered. He felt at home with them. The servant of the Word consequently became a suffering servant, a leper with the lepers, for the last four years of his life. In order to follow Christ, Fr Damien not only left his homeland but also risked his health: therefore as the word of Jesus proclaimed to us in today's Gospel says he received eternal life (cf. Mk 10: 30). On this 20th anniversary of the Canonization of another Belgian Saint, Bro. Mutien-Marie, the Church in Belgium has once again come together to give thanks to God for the recognition of one of its sons as an authentic servant of God. Let us remember before this noble figure that it is charity which makes unity, brings it forth and makes it desirable. Following in St Paul's footsteps, St Damien prompts us to choose the good warfare (cf. 1 Tim 1: 18), not the kind that brings division but the kind that gathers people together. He invites us to open our eyes to the forms of leprosy that disfigure the humanity of our brethren and still today call for the charity of our presence as servants, beyond that of our generosity.

Turning to today's Gospel, the figure of the young man who tells Jesus of his desire to be something more than one who fulfils to the letter the duties imposed by the law contrasts with Bro. Rafael, canonized today, who died at age 26 as an oblate at the Trappist Monastery of San Isidro de Dueñas. Bro. Rafael also came from a rich family and, as he himself said, was of a "somewhat dreamy disposition", but his dreams did not vanish before the attraction of material goods and the other aims that the worldly life sometimes proposes with great insistence. He said "yes" to the call to follow Jesus, instantly and with determination, without limits or conditions. So it was that he set out on a journey which, from the moment when he realized at the Monastery that "he did not know how to pray", brought him in just a few years to the peak of spiritual life, which he recounts in a very frank and natural style in many of his letters. Bro. Rafael, who is also near to us, continues with his example and his actions to offer us an attractive path, especially for young people who are not content with little but aspire to the full truth, the ineffable happiness which is attained through God's love. "A life of love.... This is the only reason for living", the new Saint said. And he insisted: "All things come from God's love". May the Lord listen kindly to one of the last prayers of St Rafael Arnáiz, when he offered God his whole life, imploring him: "Take me to yourself and give yourself to the world". May he give himself to revive the inner life of today's Christians. May he give himself so that his Brother Trappists and monastic centres continue to be beacons that reveal the intimate yearning for God which he himself instilled in every human heart.

By her admirable work at the service of the most deprived elderly, St Mary of the Cross is also like a beacon to guide our societies which must always rediscover the place and the unique contribution of this period of life. Born in 1792 at Cancale in Brittany, Jeanne Jugan was concerned with the dignity of her brothers and sisters in humanity whom age had made more vulnerable, recognizing in them the Person of Christ himself. "Look upon the poor with compassion", she would say, "and Jesus will look kindly upon you on your last day". Jeanne Jugan focused upon the elderly a compassionate gaze drawn from her profound communion with God in her joyful, disinterested service, which she carried out with gentleness and humility of heart, desiring herself to be poor among the poor. Jeanne lived the mystery of love, peacefully accepting obscurity and self-emptying until her death. Her charism is ever timely while so many elderly people are suffering from numerous forms of poverty and solitude and are sometimes also abandoned by their families. In the Beatitudes Jeanne Jugan found the source of the spirit of hospitality and fraternal love, founded on unlimited trust in Providence, which illuminated her whole life. This evangelical dynamism is continued today across the world in the Congregation of Little Sisters of the Poor, which she founded and which testifies, after her example, to the mercy of God and the compassionate love of the Heart of Jesus for the lowliest. May St Jeanne Jugan be for elderly people a living source of hope and for those who generously commit themselves to serving them, a powerful incentive to pursue and develop her work!

Dear brothers and sisters, let us thank the Lord for the gift of holiness which shines out in the Church today with unique beauty. While I greet with affection each one of you Cardinals, Bishops, civil and military authorities, priests, men and women religious and members of the lay faithful of various nationalities who are taking part in this solemn Eucharistic celebration I would like to address to all the invitation to let yourselves be attracted by the luminous examples of these Saints, to let yourselves be guided by their teaching so that our entire life may become a song of praise to God's love. May their heavenly intercession obtain for us this grace and, especially, the motherly protection of Mary, Queen and Mother of humanity. Amen.

© Copyright 2009 - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/en/homilies/2009/documents/hf_ben-xvi_hom_20091011_canonizzazioni.html

St Rafael Arnáiz Barón (1911-1938) 

St Rafael Arnáiz Barón was born in Burgos, Spain, on 9 April 1911 into a well-to-do Christian family. He was the eldest of four. As a boy he attended several schools run by Jesuits and his sensitivity to spiritual topics and to art was apparent from boyhood. These qualities were remarkably well balanced giving him an open, joyful attitude to the world, combined with exuberant good humour, respect and humility.

Bouts of fever and pleurisy interrupted his education. When he had recovered his father took him to Zaragoza to consecrate him to Our Lady of the Pillar and his family moved to Oviedo where he completed his secondary schooling.

In 1930 Rafael embarked on architectural studies in Madrid. It was in this year that his deeper commitment to Christ began. After completing his secondary schooling, that summer he had spent a holiday near Avila at the home of his uncle and aunt, the Duke and Duchess of Maqueda. It was they who introduced him to the Trappist Monastery of San Isidoro de Dueñas whose beauty and prayerful atmosphere attracted him.

He was called up but declared unfit for active duty. He decided to abandon his architectural studies in Madrid and seek the mystery of the "Absolute" in this Cistercian Monastery of the Strict Observance, which he entered on 16 January 1934 and joyfully received the white habit. He was 23. He said upon entering that this decision had not been prompted by suffering or disappointments but rather by God who, "in his infinite goodness" had given him far more in life than he deserved. Rafael felt deeply suited to the monastic rhythm of Gregorian chant and the Liturgy of the Hours. He wrote many letters to his mother, who after his death collected them in a book, and to his uncle and aunt with whom he had a close friendship.

Four months after entering the monastery, after an austere Lent, he was smitten by a serious form of diabetes mellitus which forced him to go home for treatment. Indeed, he was obliged to go back and forth between his home and the monastery again and again between 1935 and 1937. It was at the height of the Spanish Civil War.

Thus, on his final return to the monastery, he was made an oblate, taking the last place and living on the fringes of the community. Canon law at the time did not permit a person in his condition of poor health to take monastic vows.

He died in the monastery's infirmary on 26 April 1938 after a final attack of the disease at only 27 years old. He was buried in the monastery cemetery and his remains were later translated to the Abbey Church.

Despite his brief life, he embodies the Cistercian grace in a remarkably pure way. From beginning to end he let himself be led through a series of bewildering contradictions and perplexities illness, war, the inability to pronounce his vows, abnormal community relations until he totally renounced himself. Humiliation was his constant companion.

His one desire was to live in order to love: to love Jesus, Mary, the Cross, his Trappist monastery. His reputation for holiness spread rapidly throughout Spain and his grave at San Isidro became a place of pilgrimage where many favours were received.

On 19 August 1989, at the World Youth Day in Santiago de Compostela, John Paul II proposed Bro. Rafael as a model for young people today, and beatified him on 27 September 1992, in Rome. In his Homily at the beatification Mass, the late Pope said of this Spanish Trappist that he set an example, especially for young people, "of a loving and unconditional response to the divine call".

SOURCE : http://www.vatican.va/news_services/liturgy/saints/2009/ns_lit_doc_20091011_arnaiz_en.html

Saint Rafael Arnaiz Baron

1911- 1938

Canonized October 11, 2009

(by Alberico Feliz)

Brother Rafael was not and could not be other than young. His life of only 27 years was framed between a Palm Sunday and an Easter Sunday. His life is condensed principally in his youth, because it is in youth that the most promising hopes are sown and germinated. What is seed and germ today will be flower and fruit tomorrow.

With a brilliant intelligence, distinguished manners, a jovial character, frank and happy, but still, with all this, extremely simple, Rafael, as he grew in age and in development of his personality grew also in spiritual experience and in the Christian life, toward which he felt drawn from his earliest childhood, giving clear signs of an attraction toward the things of God. The Lord roused within Rafael's well-disposed heart the invitation to give himself completely to God by means of a special consecration in the monastic life. It happened that one day Christ crossed his path, and Rafael, following Him very closely, tried to overtake Him, leaving behind his promising career as architect, with all its dreams and prospects, and entering not only once but twice, three, and four times the Cistercian Monastery of San Isidro de Duenas, first as a Novice, then as an Oblate, so that he might be, within the simplicity of the hidden life, a heroic witness of the Passion of Jesus Christ.

In his incurable illness of diabetes, he embraced the Cross with an almost savage love and came to desire the will of God with such a deep-seated determination that he made of it his only norm and rule: "I want nothing other than God, and His Will shall be my will . . ." "Happy the man who sees nothing more than the will of God...." "My only desire is to unity myself absolutely and entirely with the will of Jesus...." "I want to die loving the will of God."

The perfume of his life and his numerious writing continues to spread in all directions and to be well received for the good of all those who, through them, enter into contact with his spirituality. It is a spirituality rich in nuances, but it can be condensed within a phrase, which for him covered everything: "God alone!" Fascinated by God, he consumed his life in love. A very significant trait of his spirituality was his heart-felt love for Mary. She was his help and his light, and in her he took shelter with tenderness, confidence, and simplicity.

SOURCE : http://www.trappists.org/becoming-trappist/modern-saints/blessed-rafael-arnaiz-baron

Blessed Maria Rafael Arnáiz Barón

A Gifted Boy

Today is also the memorial of Blessed Rafael Arnáiz Barón (1911- 1938), a Trappist Cistercian Oblate of the Abbey of San Isidoro de Dueñas in Spain. I commemorated him at Mass, using Eucharistic Prayer III. Rafael Arnáiz, -- or Brother María Rafael as he was known in his monastery -- was born on 9 April 1911 in the city of Burgos, Spain. He was the first of four sons born to an upper class family with profoundly Catholic values. As a boy Rafael went to Jesuit schools. As Rafael's personality emerged and affirmed itself, it became evident that he had a rich sensibility, as well as intellectual, artistic, and spiritual gifts.

Fully Alive

Rafael was not, by any means, a pious curmudgeon nor was he one of those morbidly pious adolescents without social skills. He was handsome. He loved beauty. He was open to the good things the world had to offer. Rafael was joyful. The rich artistic side of his personality was tempered and perfected by grace.

The Monastic Enchantment

In September 1930, after graduating from Secondary School, Rafael spent his summer holiday with relatives near Avila. During that fateful summer he had his first exposure to monastic life at the Trappist Abbey of San Isidoro de Dueñas. The Cistercian silence called to his soul. The chant of the monks enchanted him. The solemn Salve Regina at the end of Compline took hold of his heart. Three years later, after completing studies in architecture, Rafael entered the monastery as a postulant and, shortly thereafter, was clothed in the white habit of the Cistercian novice.

The Cross

Rafael had only four more years to live. A few months after entering the monastery, he was diagnosed with a virulent form of diabetes. The illness brought with it melancholy and perplexity. Three times the novice’s superiors sent him home to rest and recover his strength. Drafted into the Nationalist Army at the very height of the Spanish Civil War, Rafael was declared unfit for active duty. Returning to the monastery for the last time, he was received as a regular oblate, that is, a man living within the cloister without vows and following a personal rule of life approved by the abbot. Regular oblates were, at that time, somewhat marginalized in monastic communities. Their peculiar status -- monks living without vows and without the security that comes from having made profession -- was not without its own challenges. Rafael entered fully into the vocation of the oblate, understanding that the oblate is destined for the altar, that is, for sacrifice.

Contradictions and Uncertainties

Blessed Rafael, in spite of the brevity and discontinuity of his monastic experience, lived it fully. He remained faithful in the face of bewildering contradictions, uncertainties, and apparent failure. He found the Will of God in weakness, in illness, in war, in the inability to make monastic profession, and in the sufferings inherent in community life.

Maria, Spes Nostra

The Virgin Mary was the love and consolation of Rafael’s life. “It is a pity,” he wrote, “that David [the psalmist] didn’t know the Most Holy Virgin! What marvelous things he would have said about her! A heart as big as his would certainly have been full of love for Mary! Mary! If only I knew how to write!”

Humble Unto Death

Brother Rafael Maria was humble because he accepted one humiliation after another without ever despairing of the mercy of God. He died stripped of everything, without having fulfilled even the legitimate human aspirations that so appealed to him. Configured to the poor and crucified Jesus, he died in the splendour of the resurrection on 26 April 1938 at the age of 27.

A Model For Today's Youth

Pope John Paul II proclaimed Rafael a model for today’s youth and beatified him in 1992. In some ways Blessed Rafael reminds me of the Passionist Saint Gabriel of the Sorrowful Mother; in other ways he reminds me of Saint Benedict Joseph Labre, and also of Blessed Marie-Joseph Cassant. I wonder if his life did not, in some way, inspire that remarkable novel about Cistercian life, Cosmas, or the Love of God by Pierre de Calan.

The whole community is gathered in adoration

to ask the Lord for peace,

to pray for those who are dying and to make reparation for so many sins . . .

But one mustn't spread discouragement. . . .

When we ask for mercy and pardon, we are doing as David did . . .

that is, the Lord will blot out all our sins and those of the whole world,

not by any poor merits of ours,

but by the multitude and the greatness of His mercy.

Blessed Rafael Arnáiz Barón

August 2, 1936

SOURCE : http://vultus.stblogs.org/2007/04/blessed-maria-rafael.html


Monumento al Beato Fray María Rafael Arnáiz Barón (Villasandino, Burgos)


San Raffaele Arnaiz Baron Religioso trappista


Burgos, Spagna, 9 aprile 1911 – Duenas, Spagna, 26 aprile 1938

Nel monastero di sant’Isidoro di Duenas il beato spagnolo Raffaele Arnàiz Baròn, fratello dell’Ordine dei Cistercensi Riformati o di Stretta Osservanza, colpito ancora novizio da grave malattia, sopportò con grande pazienza l’infermità, confidando sempre nel Signore. Giovanni Paolo II lo beatificò il 27 settembre 1992. Benedetto XVI lo ha canonizzato in Piazza San Pietro l'11 ottobre 2009.

Martirologio Romano: Nel monastero di Sant’Isidoro di Dueñas in Spagna, beato Raffaele Arnáiz Barón, religioso dell’Ordine Cistercense, che, colpito ancora novizio da una grave malattia, con strenua pazienza sopportò la malferma salute confidando sempre in Dio.

C’è uno zio, particolarmente devoto e illuminato, sulla strada dello spagnolo Raffaele Arnaiz Baròn verso la Trappa. Non è che i suoi genitori non siano buoni cristiani, anzi: papà, ingegnere forestale di Burgos, e mamma, devotissima e dalla messa quotidiana, sono ricchi tanto di beni e di proprietà terriere quanto di fede viva e profonda. Ma è a zio Leopoldo, duca di Maqueda, che Raffaele apre il suo cuore.

Nato nel 1911, è un giovane esuberante, pieno di vita, intelligente e brillante negli studi, avviato ad una promettente carriera. In lui però si scorgono anche, chiari ed evidenti, i segni di una religiosità profonda, di una fede viva, di un forte desiderio di interiorità; è un ragazzo dalla comunione quotidiana, dalla prolungata adorazione eucaristica, dalla penitenza e dalla mortificazione ormai abituali. Ha imparato anche ad esercitarsi nella carità, cominciando da quelli a lui più prossimi, cioè le persone di servizio, per estendersi poi ai tanti bisognosi che sua mamma già soccorre ed agli altri che lui va a scovare.

Leggendo la biografia di un trappista francese che lo zio ha fatto pubblicare e facendo a 21 anni gli esercizi spirituali in una trappa, comincia a sentirsi irresistibilmente attratto verso questa vita di silenzio, preghiera e austerità. E’ naturalmente zio Leopoldo il primo ad essere messo al corrente della sua decisione di entrare nella Trappa ed il primo a gioirne, anche se poi la gioia si estende a tutta la famiglia, che pure avrebbe desiderato vederlo prima laureato.

A metà febbraio 1934 Raffaele entra come novizio nella Trappa di San Isidro di Duenas. Pieno di salute e di vitalità come sempre, scrive a casa di essere convinto che “Dio ha fatto la Trappa per me e me per la Trappa”; confida a papà che quando è nel coro con i confratelli “possono passare ore e ore senza che me ne accorga”; confessa candidamente a mamma di provare i morsi della fame, del freddo e del sonno, ma di non essersi “mai alzato da tavola così contento come in quei venerdì di quaresima in cui non abbiamo mangiato che pane ed acqua”. Eppure, incredibile a dirsi, in quel ragazzone che scoppia di salute si verifica il crollo della salute in meno di un mese. Arriva il diabete mellito a minare il suo fisico forte e in appena otto giorni perde 24 chili di peso. Lo rimandano a casa, malgrado la sua disperazione, dove si riprende in fretta, tanto da poter tornare nella Trappa, ma ormai le sue condizioni di salute sono incompatibili con la vita monastica.

Chiede allora di essere accolto come semplice “oblato”, abitando a fasi alterne nell’infermeria come ospite (difatti papà pagherà per lui una pensione giornaliera), con l’unica ambizione di “vivere la mia vita di infermo nella Trappa con il sorriso sulle labbra”, pienamente convinto che “il mio centro non è la Trappa, né il mondo, né alcuna creatura, ma solo Dio, Dio crocifisso”, offrendo e soffrendo da “oblato infermo e inutile..per i peccati dei miei fratelli, per i sacerdoti, i missionari, per le necessità della chiesa, per i peccati del mondo”. Arso dalla febbre, divorato da un tormentoso senso di fame e di sete, fra Raffaele muore il 26 aprile 1938, ad appena 27 anni, dopo 19 mesi e 12 giorni di permanenza nella Trappa.

Giovanni Paolo II° lo ha beatificato nel 1992 e i tanti scritti spirituali che ha lasciato fanno oggi di lui uno dei più grandi mistici del XX secolo.

Autore: Gianpiero Pettiti






OMELIA DEL SANTO PADRE BENEDETTO XVI

Basilica Vaticana
Domenica, 11 ottobre 2009 

Cari fratelli e sorelle!

“Che cosa devo fare per avere in eredità la vita eterna?”. Con questa domanda ha inizio il breve dialogo, che abbiamo ascoltato nella pagina evangelica, tra un tale, altrove identificato come il giovane ricco, e Gesù (cfr Mc 10,17-30). Non abbiamo molti dettagli circa questo anonimo personaggio; dai pochi tratti riusciamo tuttavia a percepire il suo sincero desiderio di giungere alla vita eterna conducendo un’onesta e virtuosa esistenza terrena. Conosce infatti i comandamenti e li osserva fedelmente sin dalla giovinezza. Eppure tutto questo, che è certo importante, non basta, - dice Gesù - manca una cosa soltanto, ma qualcosa di essenziale. Vedendolo allora ben disposto, il divino Maestro lo fissa con amore e gli propone il salto di qualità, lo chiama all'eroismo della santità, gli chiede di abbandonare tutto per seguirlo: “Vendi quello che hai e dallo ai poveri... e vieni e seguimi!” (v. 21).

“Vieni e seguimi!”. Ecco la vocazione cristiana che scaturisce da una proposta di amore del Signore, e che può realizzarsi solo grazie a una nostra risposta di amore. Gesù invita i suoi discepoli al dono totale della loro vita, senza calcolo e tornaconto umano, con una fiducia senza riserve in Dio. I santi accolgono quest'invito esigente, e si mettono con umile docilità alla sequela di Cristo crocifisso e risorto. La loro perfezione, nella logica della fede talora umanamente incomprensibile, consiste nel non mettere più al centro se stessi, ma nello scegliere di andare controcorrente vivendo secondo il Vangelo. Così hanno fatto i cinque santi che oggi, con grande gioia, vengono posti alla venerazione della Chiesa universale: Zygmunt Szczęsny Feliński, Francisco Coll y Guitart, Jozef Damiaan de Veuster, Rafael Arnáiz Barón e Marie de la Croix (Jeanne) Jugan. In essi contempliamo realizzate le parole dell’apostolo Pietro: “Ecco, noi abbiamo lasciato tutto e ti abbiamo seguito” (v. 28) e la consolante assicurazione di Gesù: “non c'è nessuno che abbia lasciato casa o fratelli o sorelle o madre o padre o figli o campi per causa mia e per causa del Vangelo , che non riceva già ora... cento volte tanto... insieme a persecuzioni, e la vita eterna nel tempo che verrà” (vv. 29-30)

Zygmunt Szczęsny Feliński, arcybiskup Warszawy, założyciel zgromadzenia Franciszkanek Rodziny Maryi, był wielkim świadkiem wiary i duszpasterskiej miłości w czasach bardzo trudnych dla narodu i Kościoła w Polsce. Gorliwie dbał o duchowy wzrost wiernych i pomagał ubogim i sierotom. W Akademii Duchownej w Petersburgu starał się o solidną formację przyszłych kapłanów. Jako arcybiskup warszawski zapalał wszystkich do wewnętrznej odnowy. Przed wybuchem powstania styczniowego ostrzegał przed niepotrzebnym rozlewem krwi. Jednak, gdy powstanie się rozpoczęło i gdy nastąpiły represje, odważnie stanął w obronie uciśnionych. Z rozkazu cara rosyjskiego spędził dwadzieścia lat na wygnaniu w Jarosławiu nad Wołgą. Nigdy już nie mógł powrócić do swojej diecezji. W każdej sytuacji zachował niewzruszoną ufność w Bożą Opatrzność i tak się modlił: „O Boże, nie od udręczeń i trosk tego świata nas ochraniaj... pomnażaj tylko miłość w sercach naszych i daj, abyśmy przy najgłębszej pokorze zachowali nieograniczoną ufność w pomoc i miłosierdzie Twoje”. Dziś jego ufne i pełne miłości oddanie Bogu i ludziom staje się świetlanym wzorem dla całego Kościoła.

[Zygmunt Szczęsny Feliński, Arcivescovo di Varsavia, fondatore della congregazione delle Francescane della Famiglia di Maria, è stato un grande testimone della fede e della carità pastorale in tempi molto difficili per la nazione e per la Chiesa in Polonia. Si preoccupò con zelo della crescita spirituale dei fedeli, aiutava i poveri e gli orfani. All’Accademia Ecclesiastica di San Pietroburgo curò una solida formazione dei sacerdoti. Come Arcivescovo di Varsavia infiammò tutti verso un rinnovamento interiore. Prima dell’insurrezione del gennaio 1863 contro l’annessione russa mise in guardia il popolo dall’inutile spargimento del sangue. Quando però scoppiò la sommossa e ci furono le repressioni, coraggiosamente difese gli oppressi. Per ordine dello zar russo passò vent’anni in esilio a Jaroslaw sul Volga, senza poter fare mai più ritorno nella sua diocesi. In ogni situazione conservò incrollabile la fiducia nella Divina Provvidenza, e così pregava: “Oh, Dio, proteggici non dalle tribolazioni e dalle preoccupazioni di questo mondo… solo moltiplica l’amore nei nostri cuori e fa che con la più profonda umiltà manteniamo l’infinita fiducia nel Tuo aiuto e nella Tua misericordia…”. Oggi il suo donarsi a Dio e agli uomini, pieno di fiducia e di amore, diventa un fulgido esempio per tutta la Chiesa.]

San Pablo nos recuerda en la segunda lectura que «la Palabra de Dios es viva y eficaz» (Hb 4,12). En ella, el Padre, que está en el cielo, conversa amorosamente con sus hijos de todos los tiempos (cf. Dei Verbum, 21), dándoles a conocer su infinito amor y, de este modo, alentarlos, consolarlos y ofrecerles su designio de salvación para la humanidad y para cada persona. Consciente de ello, San Francisco Coll se dedicó con ahínco a propagarla, cumpliendo así fielmente su vocación en la Orden de Predicadores, en la que profesó. Su pasión fue predicar, en gran parte de manera itinerante y siguiendo la forma de «misiones populares», con el fin de anunciar y reavivar por pueblos y ciudades de Cataluña la Palabra de Dios, ayudando así a las gentes al encuentro profundo con Él. Un encuentro que lleva a la conversión del corazón, a recibir con gozo la gracia divina y a mantener un diálogo constante con Nuestro Señor mediante la oración. Por eso, su actividad evangelizadora incluía una gran entrega al sacramento de la Reconciliación, un énfasis destacado en la Eucaristía y una insistencia constante en la oración. Francisco Coll llegaba al corazón de los demás porque trasmitía lo que él mismo vivía con pasión en su inte­rior, lo que ardía en su corazón: el amor de Cristo, su entrega a Él. Para que la semilla de la Palabra de Dios encontrara buena tierra, Francisco fundó la congregación de las Hermanas Dominicas de la Anunciata, con el fin de dar una educación integral a niños y jóvenes, de modo que pudieran ir descubriendo la riqueza insondable que es Cristo, ese amigo fiel que nunca nos abandona ni se cansa de estar a nuestro lado, animando nuestra esperanza con su Palabra de vida.

[San Paolo nella seconda lettura ci ricorda che "la Parola di Dio è viva, efficace" (Eb 4, 12). In essa, il Padre, che è in cielo, conversa amorevolmente con i suoi figli in ogni tempo (cfr. Dei Verbum, n. 22), facendo conoscere loro il suo infinito amore e, in tal modo, incoraggiarli, consolarli e offrire loro il suo disegno di salvezza per l'umanità e per ogni persona. Consapevole di ciò, san Francisco Coll si dedicò con impegno a diffonderla, compiendo così fedelmente la sua vocazione nell'Ordine dei Predicatori, nel quale emise la professione. La sua passione fu predicare, in gran parte in modo itinerante e seguendo la forma delle "missioni popolari", al fine di annunciare e di ravvivare nei paesi e nelle città della Catalogna la Parola di Dio, guidando così le persone all'incontro profondo con Lui. Un incontro che porta alla conversione del cuore, a ricevere con gioia la grazia divina e a mantenere un dialogo costante con Nostro Signore mediante la preghiera. Per questo, la sua attività evangelizzatrice includeva una grande dedizione al sacramento della Riconciliazione, un'enfasi particolare sull'Eucarestia e un'insistenza costante sulla preghiera. Francisco Coll giungeva al cuore degli altri perché trasmetteva quello che egli stesso viveva con passione nel suo intimo, quello che ardeva nel suo cuore:  l'amore a Cristo, il suo dono di sé a Lui. Affinché il seme della Parola di Dio trovasse un terreno buono, Francisco fondò la congregazione delle Suore Domenicane dell'Annunciazione, al fine di offrire un'educazione integrale ai bambini e ai giovani, di modo che potessero scoprire la ricchezza insondabile che è Cristo, questo amico fedele che non ci abbandona mai e non si stanca di stare al nostro fianco, animando la nostra speranza con la sua Parola di vita].

Jozef De Veuster, die de naam Damiaan verkreeg in de Congregatie van de Heilige Harten van Jezus en Maria, verliet zijn geboorteland Vlaanderen toen hij drie en twintig (23) jaar oud was, in achttienhonderd drie en zestig (1863), en wel om het Evangelie te verkondigen aan de andere kant van de wereld in de Hawaï-eilanden. Zijn missieactiviteit, die hem zoveel vreugde heeft verschaft, gaat zijn hoogtepunt vinden in de naastenliefde. Niet zonder vrees en weerzin, heeft hij ervoor gekozen naar het eiland Molokaï te gaan ten dienste van de melaatsen die zich daar bevinden, door iedereen verlaten; zo stelt hij zich bloot aan de ziekte waaronder ze lijden. Hij voelt zich bij hen thuis. De dienaar van het Woord is een lijdende dienaar geworden, melaats met de melaatsen gedurende de laatste vier jaar van zijn leven. Um Christus nachzufolgen, hat Pater Damian nicht nur seine Heimat verlassen, sondern auch seine eigene Gesundheit aufs Spiel gesezt: deshalb hat er - nach dem Wort, das Jesus uns heute im Evangelium verkündet - das ewige Leben bekommen (vgl. Mk 10,30). En ce 20ème anniversaire de la canonisation d’un autre saint belge, le Frère Mutien-Marie, l’Eglise en Belgique est unie une nouvelle fois pour rendre grâce à Dieu pour l’un de ses fils reconnu comme un authentique serviteur de Dieu. Nous nous souvenons devant cette noble figure que c’est la charité qui fait l’unité : elle l’enfante et la rend désirable. À la suite de saint Paul, saint Damien nous entraîne à choisir les bons combats (cf. 1 Tim 1, 18), non pas ceux qui portent la division, mais ceux qui rassemblent. Il nous invite à ouvrir les yeux sur les lèpres qui défigurent l’humanité de nos frères et appellent encore aujourd’hui, plus que notre générosité, la charité de notre présence servante.

[Jozef De Veuster, che nella Congregazione dei Sacri Cuori di Gesù e di Maria ha ricevuto il nome di Damiaan, quando aveva ventitré (23) anni, nel 1863, lasciò il suo Paese natale, le Fiandre, per annunciare il Vangelo all'altra parte del mondo, nelle Isole Hawaii. La sua attività missionaria, che gli ha dato tanta gioia, raggiunge il suo culmine nella carità. Non senza paura e ripugnanza, fece la scelta di andare nell'Isola di Molokai al servizio dei lebbrosi che si trovavano là, abbandonati da tutti; così si espose alla malattia della quale essi soffrivano. Con loro si sentì a casa. Il servitore della Parola divenne così un servitore sofferente, lebbroso con i lebbrosi, durante gli ultimi quattro anni della sua vita.

Per seguire Cristo, il Padre Damiano non ha solo lasciato la sua patria, ma ha anche messo in gioco la sua salute: perciò egli - come dice la parola di Gesù che ci è stata annunciata nel Vangelo di oggi - ha ricevuto la vita eterna (cfr. Mc 10, 30)

In questo ventesimo anniversario della canonizzazione di un altro santo belga, Fratel Mutien-Marie, la Chiesa in Belgio è riunita ancora una volta per rendere grazie a Dio per uno dei suoi figli, riconosciuto come un autentico servitore di Dio. Dinanzi a questa nobile figura ricordiamo che è la carità che fa l'unità: la genera e la rende desiderabile. Seguendo san Paolo, san Damiaan ci porta a scegliere le buone battaglie (cfr. 1 Tm 1, 18), non quelle che portano alla divisione, ma quelle che riuniscono. Ci invita ad aprire gli occhi sulle lebbre che sfigurano l'umanità dei nostri fratelli e chiedono, ancora oggi, più che la nostra generosità, la carità della nostra presenza di servitori.]

A la figura del joven que presenta a Jesús sus deseos de ser algo más que un buen cumplidor de los deberes que impone la ley, volviendo al Evangelio de hoy, hace de contraluz el Hermano Rafael, hoy canonizado, fallecido a los veintisiete años como Oblato en la Trapa de San Isidro de Dueñas. También él era de familia acomodada y, como él mismo dice, de “alma un poco soñadora”, pero cuyos sueños no se desvanecen ante el apego a los bienes materiales y a otras metas que la vida del mundo propone a veces con gran insistencia. Él dijo sí a la propuesta de seguir a Jesús, de manera inmediata y decidida, sin límites ni condiciones. De este modo, inició un camino que, desde aquel momento en que se dio cuenta en el Monasterio de que “no sabía rezar”, le llevó en pocos años a las cumbres de la vida espiritual, que él relata con gran llaneza y naturalidad en numerosos escritos. El Hermano Rafael, aún cercano a nosotros, nos sigue ofreciendo con su ejemplo y sus obras un recorrido atractivo, especialmente para los jóvenes que no se conforman con poco, sino que aspiran a la plena verdad, a la más indecible alegría, que se alcanzan por el amor de Dios. “Vida de amor... He aquí la única razón de vivir”, dice el nuevo Santo. E insiste: “Del amor de Dios sale todo”. Que el Señor escuche benigno una de las últimas plegarias de San Rafael Arnáiz, cuando le entregaba toda su vida, suplicando: “Tómame a mí y date Tú al mundo”. Que se dé para reanimar la vida interior de los cristianos de hoy. Que se dé para que sus Hermanos de la Trapa y los centros monásticos sigan siendo ese faro que hace descubrir el íntimo anhelo de Dios que Él ha puesto en cada corazón humano.

[Alla figura del giovane che esprime a Gesù il suo desiderio di fare qualcosa di più di adempiere semplicemente ai doveri che la legge impone, tornando al Vangelo di oggi, fa dà contrappunto fratel Rafael, oggi canonizzato, morto a ventisette anni come oblato nella trappa di San Isidro de Deuñas. Anche lui apparteneva a una famiglia agiata e, come egli stesso dice, era di "animo un po' sognatore", ma i suoi sogni non svaniscono dinanzi all'attaccamento ai beni materiali e ad altre mete che la vita del mondo a volte propone con grande insistenza. Disse sì alla proposta di seguire Gesù, in maniera immediata e decisa, senza limiti né condizioni. In tal modo, iniziò un cammino che, dal momento in cui nel monastero si rese conto che "non sapeva pregare", lo condusse in pochi anni sulla vetta della vita spirituale, che descrive con grande semplicità e naturalezza in numerosi scritti. Fratel Rafael, ancora vicino a noi, continua a offrirci con il suo esempio e con le sue opere un percorso attraente, soprattutto per i giovani che non si accontentano di poco, ma aspirano alla piena verità, alla più indicibile gioia, che si raggiungono solo attraverso l'amore di Dio. "Vita di amore... Ecco l'unica ragione per vivere", dice il nuovo santo. E insiste: "Dall'amore di Dio viene tutto". Che il Signore ascolti benigno una delle ultime preghiere di san Rafael Arnáiz, quando, nel donargli tutta la sua vita, lo supplicava:  "Prendi me e donati Tu al mondo". Che si doni per ravvivare la vita interiore dei cristiani di oggi! Che si doni affinché i suoi fratelli della trappa e i centri monastici continuino a essere quel faro che fa scoprire l'intimo anelito di Dio che Egli ha posto in ogni cuore umano].

Par son œuvre admirable au service des personnes âgées les plus démunies, Sainte Marie de la Croix est aussi comme un phare pour guider nos sociétés qui ont toujours à redécouvrir la place et l’apport unique de cette période de la vie. Née en 1792 à Cancale, en Bretagne, Jeanne Jugan a eu le souci de la dignité de ses frères et de ses sœurs en humanité, que l’âge a rendus vulnérables, reconnaissant en eux la personne même du Christ. « Regardez le pauvre avec compassion, disait-elle, et Jésus vous regardera avec bonté, à votre dernier jour ». Ce regard de compassion sur les personnes âgées, puisé dans sa profonde communion avec Dieu, Jeanne Jugan l’a porté à travers son service joyeux et désintéressé, exercé avec douceur et humilité du cœur, se voulant elle-même pauvre parmi les pauvres. Jeanne a vécu le mystère d’amour en acceptant, en paix, l’obscurité et le dépouillement jusqu’à sa mort. Son charisme est toujours d’actualité, alors que tant de personnes âgées souffrent de multiples pauvretés et de solitude, étant parfois même abandonnées de leurs familles. L’esprit d’hospitalité et d’amour fraternel, fondé sur une confiance illimitée dans la Providence, dont Jeanne Jugan trouvait la source dans les Béatitudes, a illuminé toute son existence. Cet élan évangélique se poursuit aujourd’hui à travers le monde dans la Congrégation des Petites Sœurs des Pauvres, qu’elle a fondée et qui témoigne à sa suite de la miséricorde de Dieu et de l’amour compatissant du Cœur de Jésus pour les plus petits. Que sainte Jeanne Jugan soit pour les personnes âgées une source vive d’espérance et pour les personnes qui se mettent généreusement à leur service un puissant stimulant afin de poursuivre et de développer son œuvre !

[Con la sua ammirevole opera al servizio delle persone anziane e più bisognose, Santa Marie de la Croix è a sua volta un faro che guida le nostre società, che devono sempre riscoprire il posto e il contributo unico di questo periodo della vita. Nata nel 1792 a Cancale, in Bretagna, Jeanne Jugan si preoccupò della dignità dei suoi fratelli e delle sue sorelle in umanità che l'età rendeva vulnerabili, riconoscendo in essi la persona stessa di Cristo. "Guardate il povero con compassione", diceva, "e Gesù vi guarderà con bontà, nel vostro ultimo giorno". Questo sguardo compassionevole verso le persone anziane, che veniva dalla sua profonda comunione con Dio, Jeanne Jugan l'ha mostrato nel suo servizio gioioso e disinteressato, esercitato con dolcezza e umiltà di cuore, volendo essere essa stessa povera fa i poveri. Jeanne ha vissuto il mistero di amore accettando, in pace, l'oscurità e la spoliazione fino alla sua morte. Il suo carisma è sempre attuale, poiché tante persone anziane soffrono di molteplici povertà e di solitudine, venendo a volte persino abbandonate dalle loro famiglie. Lo spirito di ospitalità e di amore fraterno, fondato su una fiducia illimitata nella Provvidenza, la cui sorgente Jeanne Jugan trovava nelle Beatitudini, ha illuminato tutta la sua esistenza. Questo slancio evangelico continua oggi in tutto il mondo nella Congregazione delle Piccole Sorelle dei Poveri, che fondò e che, sul suo esempio, rende testimonianza della misericordia di Dio e dell'amore compassionevole del Cuore di Gesù per i più piccoli. Che Santa Jeanne Jugan sia per le persone anziane una fonte viva di speranza e per le persone che si mettono generosamente al loro servizio un potente stimolo al fine di proseguire e di sviluppare la sua opera!].

Cari fratelli e sorelle, rendiamo grazie al Signore per il dono della santità, che quest'oggi rifulge nella Chiesa con singolare bellezza. Mentre con affetto saluto ciascuno di voi - Cardinali, Vescovi, Autorità civili e militari, sacerdoti, religiosi e religiose, fedeli laici di varie nazionalità che prendete parte a questa solenne celebrazione eucaristica, - vorrei rivolgere a tutti l'invito a lasciarsi attrarre dagli esempi luminosi di questi Santi, a lasciarsi guidare dai loro insegnamenti perché tutta la nostra esistenza diventi un cantico di lode all'amore di Dio. Ci ottenga questa grazia la loro celeste intercessione e soprattutto la materna protezione di Maria, Regina dei Santi e Madre dell'umanità. Amen.

© Copyright 2009 - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/it/homilies/2009/documents/hf_ben-xvi_hom_20091011_canonizzazioni.html






HOMILÍA DEL SANTO PADRE BENEDICTO XVI

Basílica de San Pedro
Domingo 11 de octubre de 2009

Queridos hermanos y hermanas:

"¿Qué debo hacer para heredar la vida eterna?". Con esta pregunta comienza el breve diálogo, que hemos oído en la página evangélica, entre una persona, identificada en otro pasaje como el joven rico, y Jesús (cf. Mc 10, 17-30). No conocemos muchos detalles sobre este anónimo personaje; sin embargo, con los pocos rasgos logramos percibir su deseo sincero de alcanzar la vida eterna llevando una existencia terrena honesta y virtuosa. De hecho conoce los mandamientos y los cumple fielmente desde su juventud. Pero todo esto, que ciertamente es importante, no basta —dice Jesús—; falta sólo una cosa, pero es algo esencial. Viendo entonces que tenía buena disposición, el divino Maestro lo mira con amor y le propone el salto de calidad, lo llama al heroísmo de la santidad, le pide que lo deje todo para seguirlo: "Vende todo lo que tienes y dalo a los pobres... ¡y ven y sígueme!" (v. 21).

"¡Ven y sígueme!". He aquí la vocación cristiana que surge de una propuesta de amor del Señor, y que sólo puede realizarse gracias a una respuesta nuestra de amor. Jesús invita a sus discípulos a la entrega total de su vida, sin cálculo ni interés humano, con una confianza sin reservas en Dios. Los santos aceptan esta exigente invitación y emprenden, con humilde docilidad, el seguimiento de Cristo crucificado y resucitado. Su perfección, en la lógica de la fe a veces humanamente incomprensible, consiste en no ponerse ya ellos mismos en el centro, sino en optar por ir a contracorriente viviendo según el Evangelio. Así hicieron los cinco santos que hoy, con gran alegría, se presentan a la veneración de la Iglesia universal: Segismundo Félix Felinski, Francisco Coll y Guitart, José Damián de Veuster, Rafael Arnáiz Barón y María de la Cruz (Juana) Jugan. En ellos contemplamos realizadas las palabras del apóstol san Pedro: "Nosotros lo hemos dejado todo y te hemos seguido" (v. 28) y la consoladora confirmación de Jesús: "Nadie que haya dejado casa, hermanos, hermanas, madre, padre, hijos o hacienda por mí y por el Evangelio, quedará sin recibir el ciento por uno: ahora al presente..., con persecuciones, y en el mundo venidero, vida eterna" (vv. 29-30).

Segismundo Félix Felinski, arzobispo de Varsovia, fundador de la congregación de las Franciscanas de la Familia de María, fue un gran testigo de la fe y de la caridad pastoral en tiempos muy difíciles para la nación y para la Iglesia en Polonia. Se preocupó con celo del crecimiento espiritual de los fieles; ayudaba a los pobres y a los huérfanos. En la Academia eclesiástica de San Petersburgo cuidó una sólida formación de los sacerdotes. Como arzobispo de Varsovia impulsó a todos hacia una renovación interior. Antes de la insurrección de enero de 1863 contra la anexión rusa, alertó al pueblo del inútil derramamiento de sangre. Pero cuando estalló la sublevación y se desencadenaron las represiones, defendió valientemente a los oprimidos. Por orden del zar ruso pasó veinte años de destierro en Jaroslavl, junto al Volga, sin poder regresar jamás a su diócesis. En toda situación conservó una confianza inquebrantable en la Divina Providencia, y oraba así: "Oh Dios, protégenos no de las tribulaciones y de las preocupaciones de este mundo... Sólo multiplica el amor en nuestro corazón y haz que, con la humildad más profunda, mantengamos la infinita confianza en tu ayuda y en tu misericordia". Hoy, su entrega a Dios y a los hombres, llena de confianza y de amor, se convierte en un luminoso ejemplo para toda la Iglesia.

San Pablo nos recuerda en la segunda lectura que "la Palabra de Dios es viva y eficaz" (Hb 4, 12). En ella, el Padre, que está en el cielo, conversa amorosamente con sus hijos de todos los tiempos (cf. Dei Verbum, 21), dándoles a conocer su infinito amor y, de este modo, alentarlos, consolarlos y ofrecerles su designio de salvación para la humanidad y para cada persona. Consciente de ello, san Francisco Coll se dedicó con ahínco a propagarla, cumpliendo así fielmente su vocación en la Orden de Predicadores, en la que profesó. Su pasión fue predicar, en gran parte de manera itinerante y siguiendo la forma de "misiones populares", con el fin de anunciar y reavivar por pueblos y ciudades de Cataluña la Palabra de Dios, ayudando así a las gentes al encuentro profundo con él. Un encuentro que lleva a la conversión del corazón, a recibir con gozo la gracia divina y a mantener un diálogo constante con nuestro Señor mediante la oración. Por eso, su actividad evangelizadora incluía una gran entrega al sacramento de la Reconciliación, un énfasis destacado en la Eucaristía y una insistencia constante en la oración. Francisco Coll llegaba al corazón de los demás porque trasmitía lo que él mismo vivía con pasión en su interior, lo que ardía en su corazón: el amor de Cristo, su entrega a él. Para que la semilla de la Palabra de Dios encontrara buena tierra, Francisco fundó la congregación de las Hermanas Dominicas de la Anunciata, con el fin de dar una educación integral a niños y jóvenes, de modo que pudieran ir descubriendo la riqueza insondable que es Cristo, ese amigo fiel que nunca nos abandona ni se cansa de estar a nuestro lado, animando nuestra esperanza con su Palabra de vida.

José De Veuster, que en la congregación de los Sagrados Corazones de Jesús y de María recibió el nombre de Damián, a la edad de 23 años, en 1863 dejó su tierra natal, Flandes, para anunciar el Evangelio en el otro lado del mundo, en las islas Hawai. Su actividad misionera, que le dio tanta alegría, llegó a su cima en la caridad. No sin miedo ni repugnancia, eligió ir a la isla de Molokai al servicio de los leprosos que allí se encontraban, abandonados de todos; así se expuso a la enfermedad que padecían. Con ellos se sintió en casa. El servidor de la Palabra se convirtió de esta forma en un servidor sufriente, leproso con los leprosos, durante los últimos cuatro años de su vida.

Por seguir a Cristo, el padre Damián no sólo dejó su patria, sino que también arriesgó la salud: por ello —como dice la palabra de Jesús que se nos ha proclamado en el Evangelio de hoy— recibió la vida eterna (cf. Mc 10, 30).

En este vigésimo aniversario de la canonización de otro santo belga, el hermano Muciano María, la Iglesia en Bélgica se ha reunido una vez más para dar gracias a Dios por uno de sus hijos, reconocido como un auténtico servidor de Dios. Ante esta noble figura recordamos que la caridad es la que realiza la unidad: la genera y la hace deseable. Siguiendo a san Pablo, san Damián nos lleva a elegir los buenos combates (cf. 1 Tm 1, 18), no los que conducen a la división, sino los que reúnen. Nos invita a abrir los ojos a las lepras que desfiguran la humanidad de nuestros hermanos y piden, todavía hoy, más que nuestra generosidad, la caridad de nuestra presencia de servidores.

A la figura del joven que presenta a Jesús sus deseos de ser algo más que un buen cumplidor de los deberes que impone la ley, volviendo al Evangelio de hoy, hace de contraluz el hermano Rafael, hoy canonizado, fallecido a los veintisiete años como Oblato en la trapa de San Isidro de Dueñas. También él era de familia acomodada y, como él mismo dice, de "alma un poco soñadora", pero cuyos sueños no se desvanecen ante el apego a los bienes materiales y a otras metas que la vida del mundo propone a veces con gran insistencia. Él dijo sí a la propuesta de seguir a Jesús, de manera inmediata y decidida, sin límites ni condiciones. De este modo inició un camino que, desde aquel momento en que se dio cuenta en el monasterio de que "no sabía rezar", le llevó en pocos años a las cumbres de la vida espiritual, que él relata con gran llaneza y naturalidad en numerosos escritos. El hermano Rafael, aún cercano a nosotros, nos sigue ofreciendo con su ejemplo y sus obras un recorrido atractivo, especialmente para los jóvenes que no se conforman con poco, sino que aspiran a la plena verdad, a la más indecible alegría, que se alcanzan por el amor de Dios. "Vida de amor... He aquí la única razón de vivir", dice el nuevo santo. E insiste: "Del amor de Dios sale todo". Que el Señor escuche benigno una de las últimas plegarias de san Rafael Arnáiz, cuando le entregaba toda su vida, suplicando: "Tómame a mí y date tú al mundo". Que se dé para reanimar la vida interior de los cristianos de hoy. Que se dé para que sus hermanos de la trapa y los centros monásticos sigan siendo ese faro que hace descubrir el íntimo anhelo de Dios que él ha puesto en cada corazón humano.

Con su admirable obra al servicio de las personas ancianas más necesitadas, santa María de la Cruz es a su vez un faro para guiar nuestras sociedades, que deben redescubrir siempre el lugar y la contribución única de este período de la vida. Nacida en 1792 en Cancale, en Bretaña, Juana Jugan se preocupó de la dignidad de sus hermanos y hermanas en la humanidad que la edad hacía vulnerables, reconociendo en ellos la persona misma de Cristo. "Mirad al pobre con compasión —decía— y Jesús os mirará con bondad en vuestro último día". Esta mirada compasiva a las personas ancianas, que procedía de su profunda comunión con Dios, Juana Jugan la mostró en su servicio alegre y desinteresado, ejercido con dulzura y humildad de corazón, deseando ser ella misma pobre entre los pobres. Juana vivió el misterio de amor aceptando, con paz, la oscuridad y el expolio hasta su muerte. Su carisma es siempre actual, pues muchas personas ancianas sufren múltiples pobrezas y soledad, a veces incluso abandonadas por sus familias. El espíritu de hospitalidad y de amor fraterno, fundado en una confianza ilimitada en la Providencia, cuya fuente Juana Jugan encontraba en las Bienaventuranzas, iluminó toda su existencia. Este impulso evangelizador prosigue hoy en todo el mundo en la congregación de las Hermanitas de los Pobres, que fundó y que, siguiendo su ejemplo, da testimonio de la misericordia de Dios y del amor compasivo del Corazón de Jesús por los más pequeños. Que santa Juana Jugan sea para las personas ancianas una fuente viva de esperanza y para cuantos se ponen generosamente a su servicio un fuerte estímulo para proseguir y desarrollar su obra.

Queridos hermanos y hermanas, demos gracias al Señor por el don de la santidad que hoy resplandece en la Iglesia con singular belleza. A la vez que os saludo con afecto a cada uno —cardenales, obispos, autoridades civiles y militares, sacerdotes, religiosos y religiosas, fieles laicos de diversas nacionalidades que participáis en esta solemne celebración eucarística—, deseo dirigir a todos la invitación a dejarse atraer por los ejemplos luminosos de estos santos, a dejarse guiar por sus enseñanzas a fin de que toda nuestra vida se convierta en un canto de alabanza al amor de Dios. Que nos obtenga esta gracia su celestial intercesión y sobre todo la protección maternal de María, Reina de los santos y Madre de la humanidad. Amén.

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SOURCE : http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/es/homilies/2009/documents/hf_ben-xvi_hom_20091011_canonizzazioni.html