LE MARTYRE DE LA VIERGE SAINTE FLAVIA
DOMITILLA ET DES SAINTS NÉRÉE ET ACHILLÉE
Domitilla, qui était chrétienne, avait été fiancée à Aurélien, fils d'un
consul. A l'approche du jour de ses noces, elle préparait ses riches parures
pour la fête, ses diamants et ses robes tissues d'or et de pourpre. Or, elle
avait attaché à sa personne deux serviteurs, Nérée et Achillée, que le
bienheureux apôtre de Dieu Pierre avait gagnés à Jésus-Christ. Ceux-ci, témoins
de ces préparatifs, en prirent occasion pour enseigner à leur maîtresse
l'excellence de la virginité, qui réjouit les cieux et que le Seigneur aime,
parce qu'elle nous rend semblables aux anges. « Les vierges chrétiennes,
ajoutaient-ils, ont un époux qu'aucun prince ne saurait égaler en beauté, en richesses,
en puissance. C'est le Seigneur Jésus-Christ, le Roi de gloire, le Fils du
Tout-Puissant, qui leur offre et son amour et sa foi. Dès ici-bas, il les
comble de ses divines caresses et les revêt du riche manteau de ses vertus, en
attendant qu'un jour il les couronne lui-même de sa gloire, au sein
d'éternelles délices.
Domitilla, en vierge très prudente, leur répondit : « Oh ! si cette science
de Dieu était venue plus tôt jusqu'à moi, jamais je n'aurais admis de fiancé,
et j'aurais pu prétendre à ce beau titre de sainteté que vous m'apprenez
aujourd'hui à connaître,
De même que dans le
baptême j'ai renoncé au culte des idoles, mieux instruite, j'eusse méprisé
aussi les voluptés sensuelles. Mais puisque Dieu, en ce moment, vous a ouvert
la bouche pour obtenir mon amour, j'ai la confiance qu'il vous inspirera aussi
sa sagesse, et que je pourrai par vous obtenir un bonheur que je désire
désormais uniquement. »
Aussitôt Nérée et Achillée se rendirent auprès du saint évêque Clément, et
lui dirent : a Vous avez mis toute votre gloire en Notre-Seigneur Jésus-Christ,
et pour lui vous avez foulé aux pieds les honneurs de ce monde. Cependant nous
savons que le consul Clément était le frère de votre père. Or, sa soeur
Plautilla nous avait pris à son service ; et quand le le bienheureux apôtre
Pierre lui fit connaître la parole de vie et la baptisa, nous deux avec elle,
ainsi que sa fille Domitilla, nous reçûmes en même temps le saint baptême, La
même année, le bienheureux apôtre Pierre alla recevoir des mains du Christ la
couronne du martyre, et Plautilla le suivit au ciel, laissant à la terre sa
dépouille mortelle. Cependant Domitilla sa fille était fiancée à un illustre
Romain, nommé Aurélien. Tout chétifs que nous sommes, nous lui avons appris la
parole sainte que nous avions nous-mêmes recueillie des lèvres de l'apôtre :
que la vierge qui, pour l'amour du Seigneur, garde la virginité, mérite d'avoir
le Christ pour époux, et qu'elle vivra avec lui dans cette heureuse union
pendant l'éternité comblée de bonheur et de gloire. Domitilla, dès qu'elle a
connu cette promesse, a demandé à être consacrée vierge, et à recevoir de vos
mains le voile saint de la virginité. » L'évêque Clément leur répondit : « Dans
les jours où nous vivons, une telle demande m'assure que Dieu nous appelle à
lui, et que vous et moi et la noble vierge nous touchons à la palme du martyre;
mais le Seigneur Jésus nous a ordonné de ne pas craindre ceux qui tuent le
corps,. de mépriser au contraire l'homme mortel, et de nous efforcer, quoi
qu'il arrive, d'obéir au Prince de la vie éternelle. » Le saint évêque Clément
vint donc trouver Domitilla et la consacra vierge du Christ.
Il serait trop long de raconter en détail les fureurs d'Aurélien, et toutes
les persécutions qu'il fit endurer à Domitilla. Enfin il obtint de l'empereur
Domitien que, si elle refusait de sacrifier, elle serait envoyée en exil dans
l'île Puntia. Il se flattait d'ébranler la constance de la noble vierge par les
ennuis de l'exil (1).
Ici commencent les actes du martyre des saints.
« Eutychès, Victorinus et Maro,
serviteurs de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à Marcellus. Lorsque tes lettres aux
bienheureux Nérée et Achillée sont arrivées ici, il y avait déjà trente jours
qu'ils avaient reçu la couronne. Ils avaient enseigné à leur maîtresse, la très
illustre vierge Flavia Domitilla, l'excellence de la virginité ; c'est pourquoi
Aurélien, son fiancé, qui se vit rejeté par elle, l'avait fait reléguer dans
cette île, sous prétexte d'attachement à la religion chrétienne. Il y vint lui-même
peu après, et chercha à gagner par des présents Nérée et Achillée, espérant par
leur moyen ébranler le coeur de la noble vierge. Mais les deux saints, ayant
rejeté de telles offres avec horreur, et fortifié davantage encore Domitilla
dans sa fidélité, Aurélien les condamna à une cruelle flagellation, puis les
fit conduire à Terracine, où ils furent remis aux mains du consulaire Memmius
Rufus. Celui-ci employa le chevalet et les torches ardentes pour les forcer à
sacrifier aux idoles ; mais tous deux répétaient qu'ayant été baptisés par le
bienheureux apôtre Pierre, rien ne pourrait les faire consentir à ces
sacrifices impies. On finit par leur trancher la tète.
« Leurs corps furent enlevés par Auspicius, un de leurs disciples, et qui
avait servi de père nourricier à la sainte vierge Domitilla. Il les transporta
sur une barque et vint les ensevelir dans l'arenarium de la maison de
campagne de Domitilla, sur la voie Ardéatine, à un mille et demi des murs de la
ville, non loin du tombeau de Pétronilla, la fille de l'apôtre Pierre. Nous
avons su tous ces détails par Auspicius lui-même. Nous prions votre charité de
ne point nous oublier et de vouloir bien nous envoyer quelqu'un qui nous donne
de vos nouvelles et console notre exil. C'est le quatre des ides de mai que les
deux martyrs sont nés à la vie bienheureuse du ciel. »
Quand Marcellus eut reçu cette lettre, il envoya dans l'île Pontia un de
ses parents, qui resta une année entière avec les confesseurs du Christ, et lui
fit connaître, à son tour, les faits qui vont suivre. Après le martyre de Nérée
et d'A chinée, on vint dire à Aurélien, qui cherchait toujours à obtenir le
consentement de Domitilla, que Eutychès, Victorinus et Maro possédaient
l'affection et la confiance de l'illustre vierge, plus encore que n'avaient
fait Nérée et Achillée. Il demanda donc à l'empereur Nerva de lui abandonner
ces trois chrétiens, s'ils ne voulaient pas sacrifier aux idoles. Eutychès,
Victorinus et Maro résistèrent avec courage aux séductions et aux menaces
d'Aurélien, qui les enleva de l'île, les sépara et les envoya servir, comme
esclaves, dans ses terres: Eutychès à seize milles de la ville, sur la voie
Nomentane; Victorinus à soixante milles et Maro à cent trente milles ; ces deux
derniers sur la voie Salaria. Durant tout le jour, ils creusaient la terre, et
le soir seulement ils recevaient une nourriture grossière. Mais le Dieu
tout-puissant, dans ces durs séjours de leur exil, leur donna sa grâce :
Eutychès délivra du démon la fille d'un conducteur des esclaves ; Victorinus
guérit par ses prières un intendant que la paralysie retenait sur le lit depuis
trois ans, et Maro rendit la santé au gouverneur de la ville de Septempeda, qui
était hydropique.
En même temps, ils parlaient au peuple et enseignaient à un grand nombre la
foi du Christ. Bientôt tous trois furent ordonnés prêtres, et ils multiplièrent
encore davantage le nombre des fidèles. Alors le diable souleva la colère
d'Aurélien, qui envoya des bourreaux avec ordre de les faire périr chacun dans
des supplices différents. Eutychès fut arrêté au milieu d'un chemin et accablé
de coups, jusqu'à ce qu'il expirât; son corps fut enlevé par les chrétiens et
enseveli avec honneur. Pour Victorinus, il fut pendu, la tète en bas, auprès
d'un lieu appelé Cotiliae, d'où découlent des eaux sulfureuses d'une
odeur méphitique ; son supplice dura trois jours, au bout desquels il alla
rejoindre, dans les cieux, le Seigneur, pour le nom duquel il avait souffert.
Aurélien avait ordonné que le corps ne fût point enseveli, et il resta un jour
entier à terre sans sépulture; mais les chrétiens d'Amiternum vinrent l'enlever
et le transportèrent sur leur territoire, où ils lui rendirent les derniers
honneurs. Enfin Turgius, ami d'Aurélien, avait ordre d'écraser Maro sous le
poids d'un énorme quartier de roche. On laissa donc tomber sur les épaules du
martyr une pierre que soixante-dix hommes auraient eu peine à remuer. Mais le
saint la souleva sans effort, comme il eût fait d'une paille légère, et n'en
souffrit même aucune contusion. A ce spectacle, tout le peuple de la province,
saisi d'admiration, crut à Jésus-Christ et demanda le baptême. Cependant le
consulaire Turgius, qui avait tout pouvoir d'Aurélien, fit périr le saint
martyr. Les fidèles creusèrent son tombeau dans la pierre même sous laquelle on
avait voulu l'écraser.
Aurélien, après
avoir ainsi enlevé à Domitilla tous les serviteurs de Dieu qui étaient sa
consolation et son appui, dit à Sulpitius et à Servilianus, jeunes Romains de
grande naissance : « Je sais que vous êtes fiancés à des vierges d'une haute
sagesse, Euphrosine et Théodora, toutes deux sœurs de lait de Domitilla. Mon
dessein est de transporter Domitilla de son île en Campanie; que vos deux
fiancées viennent alors la visiter et et qu'elles usent de leur influence pour
lui persuader de me rendre son affection. » En effet, Domitilla ayant été
conduite de l'île Pontia à Terracine, Euphrosine et Théodora vinrent la
visiter; et ce fut une grande joie pour les trois soeurs. Cependant, vint
l'heure du repas, et Domitilla, tout entière à la prière et aux jeûnes, ne
mangeait pas. Ses sœurs lui dirent : « Nous qui allons dans les festins et qui
avons été fiancées, nous ne pouvons plus honorer ton Dieu. » Domitilla leur
répondit : « Vous avez pour fiancés des personnages illustres; que feriez-vous
si des hommes grossiers et de la lie du peuple voulaient vous enlever à leur
amour pour vous épouser? » Elles dirent : « Dieu nous préserve d'un tel malheur
! — Qu’il en délivre donc aussi mon âme, reprit Domitilla ; car j'ai un noble
fiancé, le Fils de Dieu, qui est descendu du ciel. Il a promis à celles qui
aiment la virginité, et qui la gardent pour son amour, d'être leur époux et de
leur donner la vie éternelle. Au sortir de ce monde, il introduira leurs âmes
au ciel et pour toujours, dans le palais nuptial ; là, partageant le bonheur
des anges, au milieu des fleurs dont les délicieux parfums embaument le
paradis, dans un festin dont les douceurs se renouvelleront sans cesse. elles
rediront éternellement les hymnes de la joie et de la reconnaissance. Lorsque
le Fils de Dieu fit ces promesses, personne n'y voulut croire. Ma's bientôt on
le vit rendre la vue aux aveugles et la santé à tous-les malades, guérir les
lépreux et même ressusciter les morts; il se montrait à tous véritablement
Dieu. Tous alors reçurent ses divins enseignements et crurent en lui. »
Théodora répondit à ce discours : « J'ai un jeune frère, Hérodes, que tu
connais. Voilà un an qu'il a perdu la vue; si ce que tu dis est vrai, au nom de
ton Dieu, guéris-le. » Euphrosine, s'adressant à Théodora, lui dit : « Toi, ton
frère aveugle est resté à Rome ; mais moi j'ai ici la petite fille de ma
nourrice qu'une grave maladie a rendue muette: elle a conservé l'ouïe, mais
elle a perdu complètement la parole. » Alors Domitilla, se prosternant la face
contre terre, pria longtemps avec larmes; puis, se levant, elle étendit ses
mains vers le ciel et dit : a Seigneur Jésus-Christ, qui avez dit : Voilà que
je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles, montrez que le
témoignage que je rends à ma foi est véritable. » Après cette prière, elle fit
le signe de la croix sur les lèvres de la petite muette, en disant : « Au nom
de Jésus-Christ, mon Seigneur, parle. » Aussitôt l'enfant dit en jetant un
grand cri : « Il est le vrai Dieu, celui que tu adores, Domitilla; et toutes
les paroles sorties de tes lèvres sont véritables. » A ce cri, Euphrosine et
Théodora se jetèrent aux pieds de la sainte, firent profession de leur foi aux
mystères du Christ et furent consacrées. Cependant, on amena l'aveugle, le
frère de Théodora ; ses yeux s'ouvrirent à la prière de Domitilla, et en même
temps son intelligence fut éclairée des lumières de la foi. Tous les païens,
hommes et femmes, esclaves et libres, qui étaient accourus en grand nombre de
la ville, crurent au Christ, à la vue de ces miracles, et furent baptisés. La
maison où demeurait Domitilla devint comme une église.
Sur ces entrefaites, Aurélien vint avec les deux fiancés. Il amenait aussi
avec lui trois musiciens, espérant faire célébrer en un même jour le mariage
des trois vierges. Mais Sulpitius et Servilianus voyant la muette qui parlait,
et le frère de Théodora, Hérodes, dont les yeux s'étaient ouverts à la lumière,
et apprenant en même temps tout ce qui s'était dit et fait, embrassèrent la foi.
En vain Aurélien redoubla ses exhortations et ses prières, pour leur faire
épouser le même jour leurs aïeux fiancées; Sulpitius et Servilianus, en hommes
sages et prudents, lui dirent : « Rends gloire au Dieu dont nous voyons la
puissance dans cette muette qui parle et dans cet aveugle qui voit. » Aurélien,
insensible à ces conseils, fit enfermer Domitilla dans une salle, espérant
triompher d'elle par la violence, plus facilement et sans danger. En attendant,
les musiciens, après le repas, jouèrent de leurs instruments, et Aurélien, tout
joyeux, ouvrit la danse, selon la coutume au jour des noces. Mais à peine
avait-il commencé, qu'il fut saisi dans tous ses membres d'une violente
agitation, dont il mourut au bout de deux jours. Un châtiment si visible du ciel
fit embrasser la foi à tous ceux qui en furent les témoins.
Cependant le frère d'Aurélien, nommé Luxurius, obtint de l'empereur Trajan
un plein pouvoir pour contraindre tons ces chrétiens à sacrifier aux idoles, ou
pour les faire périr dans des supplices de son choix, s'ils refusaient. En
conséquence, il fit livrer Sulpitius et Servilianus au préfet de la ville,
Anianus. Celui-ci, après avoir entendu leur profession de foi et fait de vains
efforts pour les amener à sacrifier aux idoles, leur fit trancher la tête. Les
chrétiens ensevelirent leurs corps dans un terrain qui leur appartenait, à deux
milles de la ville, sur la voie Latine; et Dieu honore tous les jours leur
tombeau par de nouveaux miracles.
Luxurius se rendit ensuite à Terracine, auprès des vierges du Christ; sur
leur refus de sacrifier aux dieux, il ferma la chambre où elles étaient réunies
et y fit mettre le feu. Le lendemain, un saint diacre nommé Caesarius trouva
les corps des trois vierges intacts; la flamme les avait respectés. Prosternées
la face contre terre, elles avaient rendu leurs âmes au Seigneur dans la
prière. Caesarius enferma leurs corps dans un sarcophage qui n'avait pas encore
servi, et l'enfouit profondément dans la terre.
LES MARTYRS,
TOME II. LE TROISIÈME SIÈCLE, DIOCLÉTIEN. Recueil de
pièces authentiques sur les martre depuis les origines du christianisme
jusqu'au XXe siècle traduites et publiées par le B. P. DOM
H. LECLERCQ, Moine bénédictin de Saint-Michel de Farnborough. Imprimi potest
FR. FERDINANDUS CABROL, Abbas Sancti Michaelis Farnborough. Die 15 Martii 1903. Imprimatur. Pictavii, die
24 Martii 1903. + HENRICUS, Ep. Pictaviensis.
Maro, Eutyches &
Victorinus MM (RM)
Died c. 99. Maro, Eutyches, and Victorinus belonged to the entourage of Saint
Flavia Domitilla, whom they accompanied in her exile to the island of Ponza.
Eventually they returned to Rome and were martyred under Trajan. Eutyches was
stabbed; Victorinus, hung upside down over a sulphur spring; Maro, beheaded
(Benedictines).
San Marone Martire
Le più
antiche notizie rinviano al tempo in cui a Roma sul trono imperiale sedeva
Domiziano (81-96), della dinastia dei Flavi. Apparteneva alla famiglia dei
Flavi anche Domitilla, giovanissima cugina dell'imperatore, "pecora
nera" nella famiglia imperiale, perché cristiana. Promessa sposa, già da
bambina, ad Aureliano, di nobile famiglia senatoria, venne dissuasa dalle nozze
da Marone, insieme ai suoi amici Eutiche e Vittorino, cristiani anch'essi.
Aureliano spinse così l'imperatore a condannarla all'esilio sull'isola di
Ponza. Accompagnarono Domitilla, per curarne la formazione, anche i tre amici
cristiani Marone, Eutiche e Vittorino, che agli occhi di Aureliano apparvero
come i responsabili del rifiuto da parte di Domitilla. Marone fu condannato ai
lavori forzati e inviato sulla Salaria, a 130 miglia da Roma, dove morì
nell'anno 100. (Avvenire)
Patronato:
Civitanova Marche
Emblema:
Palma
Martirologio
Romano: Sul Monte d’Oro nelle Marche, san Marone, martire.
Le più
antiche notizie su San Marone le troviamo negli Acta SS. Nerei et Achillei e
rinviano al tempo in cui a Roma sul trono imperiale sedeva Domiziano (81-96),
della dinastia dei Flavi. Apparteneva alla famiglia dei Flavi anche Domitilla,
giovanissima cugina dell'imperatore, "pecora nera" nella famiglia
imperiale, perché cristiana. A Roma c'era già una comunità cristiana organizzatasi
in seguito alla predicazione di San Pietro, martire nella persecuzione
scatenata nel 64 da Nerone (54-68). Domitilla era orfana di padre e di madre.
La allevava lo zio Flavio Clemente, zio anche dell'imperatore. Clemente l'aveva
promessa sposa, già da bambina, ad Aureliano, di nobile famiglia senatoria, che
con quel matrimonio avrebbe stretto vincoli di parentela con la famiglia
imperiale, avrebbe messo le mani sul cospicuo patrimonio della fanciulla orfana
e, chissà, avrebbe potuto aspirare a divenire imperatore dopo Domiziano, che
già gli aveva conferito la carica di console.
Marone, insieme ai suoi amici Eutiche e Vittorino, cristiani anch'essi, era ben
inserito nell'ambito dei Flavi, almeno quel ramo della famiglia che si era
convertito al Cristianesimo. Quando ormai Domitilla, poco più che una bambina,
avrebbe dovuto sposarsi, alcuni, tra cui Marone, le consigliarono di non farlo,
e Domitilla rifiutò di sposare Aureliano, che tanto contava su quel matrimonio
e sul patrimonio della nobile orfana. Aureliano andò su tutte le furie e volle
che Domitilla fosse punita, non perché aveva rifiutato di sposarlo, ma perché
era cristiana. Domitilla era però una Flavia come Domiziano, l'imperatore suo
cugino, che non poteva mettere a morte la cugina. Trovò un modo per cavarsi
d'impaccio, pur rispettando le leggi persecutorie contro i cristiani: condannò
Domitilla all'esilio sull'isola di Ponza. Ma è probabile che fosse un
espediente concordato col console promesso sposo, perché la ragazza,
allontanata dalla comunità cristiana di Roma e relegata su un'isola, ci
ripensasse e consentisse alle nozze.
Domitilla si recò a Ponza, ed essendo una nobile della famiglia imperiale, fu
accompagnata nel quasi esilio o quasi villeggiatura, da un seguito al suo
servizio, ancelle e servitori, fra cui Nereo e Achilleo, due cristiani, che
finirono però martiri a Ponza stessa, per contrasti con aderenti alla setta
religiosa fondata da Simon Mago, diffusasi dall'Oriente e ben radicata
sull'isola. Nell'occidente dell'impero romano, col paganesimo in totale crisi
di credibilità, col continuo afflusso dall'Oriente di militari, mercanti e
schiavi, pullulavano ovunque svariate sette e movimenti religiosi di origine
orientale. Accompagnarono Domitilla a Ponza, per curarne la formazione, anche i
tre amici cristiani Marone, Eutiche e Vittorino, ai quali Aureliano raccomandò
di convincere la ragazza a sposarlo.
A Roma intanto il potere dell' imperatore Domiziano degenerò in violenta
dittatura, finche nel 96 fu ucciso, vittima di una congiura ordita da senatori.
Il potere imperiale fu preso da Nerva (96-98), un senatore che attenuò le
persecuzioni contro i cristiani e fece rientrare dall'esilio i perseguitati per
motivi religiosi. Anche Domitilla potè rientrare a Roma col suo seguito, ma
Aureliano, l'aspirante sposo di Domitilla, riconquistò potere politico e con
Nerva divenne ancora una volta console. Non avendo potuto piegare Domitilla al
suo volere, si accanì contro Marone, Vittorino e Eutiche, responsabili ai suoi
occhi dello scacco matrimoniale subito. Li condannò come cristiani ai lavori
forzati, ognuno in un suo diverso possedimento. Marone fu inviato sulla
Salaria, a 130 miglia da Roma, perche zappasse tutto il giorno su poderi che
Aureliano possedeva nel Piceno, ma egli, nonostante fosse trattato come
schiavo, godeva di prestigio e aumentava il numero dei cristiani. Nel frattempo
era divenuto sàcerdote e compiva anche miracoli.
Il quadro storico fin qui delineato può essere considerato attendibile, ma nel
corso del Medioevo la figura del santo si colorò di elementi chiaramente
leggendari, anche se "leggendario" non significa necessariamente
"falso", perche ogni leggenda si forma per trasformazione o
rielaborazione di un nucleo originario corrispondente a verità. Comunque, il culto
del martire San Marone mise salde radici nelle città romane lungo il corso del
Chienti e del Potenza: a Septempeda, oggi San Severino, fu venerato e ricordato
anche per aver guarito dall'idropisia il "procurator" della città. A
Tolentino il suo culto è testimoniato dal fatto che è protettore della città
insieme a San Catervo. Identica situazione si ritrova ad Urbisaglia, ove San
Marone è ancor oggi comprotettore della cittadina insieme a San Giorgio;
questo, forse, ha fatto attribuire a San Marone il miracolo della principessa
liberata dal drago, altrove attribuito sempre a San Giorgio: alla foce del
Chienti, un drago sarebbe emerso dal mare per mangiarsi una principessa, in
questo caso la figlia del re di Urbisaglia, probabile evocazione popolare dei
locali re carolingi o sassoni. San Marone la salvò.
Nell'anno 100 dopo Cristo San Marone morì martire in VaI di Chienti, nei pressi
del santuario del dio Granno.
Marone si fece araldo del vangelo sul territorio piceno attraversato da quel
tratto della Salaria che, diramandosi dalla valle del Tronto, si addentrava nel
Piceno costeggiando i Sibillini. Subì il martirio sul territorio dell'attuale
Urbisaglia, ove sorgeva il santuario dedicato all'antico dio italico Granno,
identificato poi col dio greco Apollo.
All'interno del themenos o recinto sacro del tempio, sgorgavano sorgenti di
acque calde, e i pagani credevano che il dio conferisse loro virtù curative;
era quindi molto frequentato. Al santuario del dio Apollo-Granno inviò più
volte donativi, per ottenere la guarigione, anche l'imperatore romano Caracalla
(212-217), che una volta vi si recò anche in pellegrinaggio. Lo riferisce lo
scrittore greco Dione Cassio. Le rovine del Palazzo di Carlo Magno in VaI di
Chienti erano ancora visibili nel 1500. In quel secolo Andrea Dacci di
Sant'Elpidio additava nella piana del Chienti i resti di un "Palazzo
antico" che la tradizione riteneva "il Palazzo di Re Carlo".
Nell'anno 100 dopo Cristo, a Roma Aureliano si convinse che per Marone non era
sufficiente la condanna ai lavori forzati. Doveva morire. Il favore con cui le
masse del Piceno accoglievano la predicazione del Cristianesimo comprometteva
gli interessi di chi viveva dei proventi del culto del dio Grannus, e anche
quelli personali del console Aureliano, che nel Piceno aveva possedimenti e
quindi interessi da tutelare. A Roma dovettero anche giungere formali proteste
e Aureliano inviò Turgio, un ex console suo amico, per far processare Marone.
Avevano già tentato di linciarlo facendolo morire schiacciato da un grosso
macigno ma, stando alla tradizione, non ci erano riusciti per la protezione di
Dio. Turgio, in qualità di magistrato romano, fece applicare la legge, che per
la condanna a morte di un cittadino romano prevedeva la decapitazione, e Marone
fu decapitato. Gli antichi martirologi concludono il racconto del martirio con
queste parole: il popolo cristiano prese il suo corpo e gli diede onorevole
sepoltura. Era il 15 aprile dell'anno 100.
I cristiani del Piceno poterono certamente dar sepoltura al corpo del martire,
perche la legge romana, per il seppellimento dei morti prevedeva disposizioni
da rispettare come sacre, emanate già nel periodo repubblicano di Roma, quando
erano state redatte le leggi delle Dodici Tavole: Deorum Manium jura sancta
sunto, i diritti degli dei Mani (dei defunti) siano rispettati come sacri.
Autore: Don Marco Tesi