SAINT JOSEPH-BENOÎT COTTOLENGO
Fondateur de la Piccola Casa de Turin
(1786-1842)
Joseph Cottolengo est le saint Vincent de Paul italien. Il est né en Piémont d'une famille pauvre de Turin. Aîné de 12 enfants, ce petit garçon vif qui a souvent du mal à ne pas s'emporter, se montre cependant très pieux et plein de coeur. Il partage son maigre déjeuner avec de plus pauvres et déjà, les mendiants prennent l'habitude d'accourir sur son passage.
A dix-huit ans, Joseph-Benoît entre au Séminaire où une éloquence naturelle le fait surnommer Cicéron; il s'efforce cependant de dissimuler humblement ses connaissances. En tête de ses cahiers, il écrit: "Je veux être saint."
Reçu docteur en théologie à Turin, il ne s'occupe que des indigents, leur donne tout ce qu'il possède et se constitue leur confesseur. Désintéressé, il se consacre entièrement à eux. Déjà, au faubourg de Val-d'Occo, il ouvre la Piccola Casa. Cette "Petite maison de la Providence", comme il l'appelait, fut l'origine d'une ville entière de plus de 7,000 pauvres, malades, orphelins, estropiés, simples d'esprit, pénitentes.
Pour cette oeuvre extraordinaire, saint Joseph-Benoît Cottolengo prenait à coeur d'enseigner ses auxiliaires à toute occasion. Il leur disait: "Ceux que vous devez le plus chérir, ce sont les plus abandonnés, les plus rebutants, les plus importuns. Tous sont des perles précieuses. Si vous compreniez bien quel personnage vous représentent les pauvres, vous les serviriez à genoux." Lui-même était un modèle de charité; son zèle ne connaissait point de bornes.
Pour cette oeuvre, toujours plus exigeante, le Saint fonda 14 sociétés qui sont aujourd'hui très répandues, surtout en Italie. Parmi ces fondations, il y en a quelques-unes qui sont purement contemplatives. Leur vie de prière doit attirer sur les autres la bénédiction du ciel, et compléter l'oeuvre de miséricorde corporelle par une oeuvre de miséricorde spirituelle, en priant pour ceux qui ont particulièrement besoin de secours, les mourants et les défunts.
Le Saint se confiait totalement à l'infinie bonté de Dieu, et comme le disait un de ses amis, il avait plus de confiance en Dieu que dans toute la ville de Turin. Quand on lui demandait quelle était la source de ses revenus, il répondait: "La Providence m'envoie tout." La confiance en Dieu ne faisait pas que le Saint se croisât les bras, pourtant. Il dormait quelques heures, souvent sur une chaise ou sur un banc, et retournait à son oeuvre quotidienne: prière et travail.
Le labeur, les veilles et les jeûnes hâtèrent la fin du saint fondateur. Que lui importe la mort, il a confié son oeuvre à la Providence. Pour rassurer ses auxiliaires alarmés: "Soyez tranquilles, dit-il, quand je serai au ciel, où l'on peut tout, je vous aiderai encore plus que maintenant. Je me pendrai au manteau de la Mère de Dieu et garderai les yeux fixés sur vous."
D'après W. Schamoni, Le Vrai Visage des Saints, p. 266; et d'un résumé O.D.M.
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/saint_joseph-benoit_cottolengo.html
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/saint_joseph-benoit_cottolengo.html
Saint Benoît Cottolengo
Joseph Benoît Cottolengo, l’aîné des 12 fils de Joseph Antoine Bernardino et d’Angèle Calerine Benoîte Chiarotti, naquit dans l’après-midi du 3 mai 1786 à Bras, en Italie. En raison des circonstances provoquées par la Révolution française, Cottolengo se vit obligé de faire une grande partie de ses études en vue du sacerdoce de façon clandestine. En juin 1811, il fut ordonné prêtre et peu après il devint coadjuteur à Corneliano d’Alba, où on le reconnu comme le seul prêtre qui célébrait la messe à 3 heures du matin pour que les paysans y puissent assister avant d’aller au travail. Il leur disait : « La moisson sera plus abondante avec la bénédiction de Dieu ».
A Turin, il obtint un doctorat en théologie et plus tard il fut nommé chanoine. Pourtant, cela ne le satisfait pas et il passe par de grandes crises religieuses parce qu’il sent le très grand désir de réaliser quelque chose pour la communauté chrétienne qui avait peu de ressources.
Peu de temps avait passé quand son dessein se révéla quand il assista, impuissant, à la mort d’Anne Marie Gonnet, une femme enceinte entourée de ses enfants en pleurs. Elle se trouvait très malade, d’un mal mystérieux, qui demandait des soins intensifs. Et même ainsi, on lui avait refusé l’aide la plus urgente dans plusieurs hôpitaux parce que sa grossesse était très avancée et elle était très pauvre. Alors que le prêtre faisait tous ses efforts pour l’aider à donner naissance dans l’étable d’une auberge, la femme mourut entre ses bras au moment où il lui donnait les derniers sacrements. De la même façon, Cottolengo réussit à baptiser le bébé avant sa mort. Devant la frustration de la mort de la mère et du fils, et les pleurs désespérés des cinq orphelins, le cœur du chanoine fut bouleversé. C’est alors qu’il vendit tout ce qu’il possédait et jusqu’à son manteau, loua quelques pièces et commença ainsi son œuvre de bienfaisance, offrant loger gratuitement une vieille femme paralytique le 17 janvier 1828 ; il l’appela la première semence « Volta Rossa ». En peu de temps, ce lieu se transforma en un centre hospitalier pour ces personnes qui n’étaient pas acceptées dans les hôpitaux.
Pie IX l’appela la « Maison du miracle ». Quand les autorités ordonnèrent au chanoine Cottolengo de fermer la première maison, déjà remplie de malades – par précaution devant une propagation de l’épidémie de choléra de 1831 – , il mit les peu de possessions qu’il avait sur le dos d’un âne et, accompagné de deux Sœurs, quitta la ville de Turin. Au lieu de se décourager, le prêtre disait : « Les plantes, pour bien grandir, ont besoin d’être transplantées, et c’est cela qui va nous arriver. Nous les transplanterons et de cette manière elles croîtront encore davantage ». Ainsi, il alla jusqu’en banlieue de cette ville, dans un quartier éloigné appelé Valdocco, où il trouva un étable vide à l’entrée duquel il plaça, un écriteau avec les paroles de saint Paul : « Caritas Christi urget nos ! » (La charité du Christ nous presse).
De cette manière, l’œuvre de Joseph Cottolengo devint ce que plus tard on appellera « La Petite Maison de la Divine Providence ». Peu à peu, on construisit d’autres bâtiments, maison après maison. L’une on l’appela « Maison de la foi », l’autre « Maison de l’Espérance », une troisième « Maison de Notre Dame » et encore une autre « Bethléem ». Lui appela l’ensemble de ces maisons « mon arche de Noé ». Là, il recevait tout genre de malades incurables. Il destina une maison pour les attardés mentaux, qu’il appelait « mes chers amis ». Une autre maison fut consacrée aux sourds-muets et il y avait un pavillon pour les invalides. Les orphelins, les abandonnés, ceux qui étaient rejetés des hôpitaux étaient reçus dans aucune condition dans la « Petite Maison de la Divine Providence ». Un écrivain français remarqua devant ces faits : « Ceci est l’université de la charité chrétienne ».
Il n’avait pas d’argent et, néanmoins, il pensait déjà à agrandir son hôpital. Il répétait à tous avec joie : « Pour la divine providence, ça coûte le même prix de nourrir 500 ou 5000 ». Les gens remarquaient que la « Petite Maison de la Divine Providence » était comme une pyramide à l’envers, qui s’appuyait sur un unique point : la grande confiance en la bonté de Dieu. Et c’est vrai que la manière de travailler de ce saint était totalement à l’envers de l’ordinaire. S’il manquait les aides nécessaires, il envoyait quelqu’un pour voir si par hasard il y avait un lit où il n’y avait pas de malade. Et s’il en rencontrait un, il exclamait : « Voilà pourquoi on ne nous aide pas ; c’est que nous sommes en train de faire des calculs et nous gardons des lits sans malades ». Quand ceux qui l’aidaient dans son œuvre de bienfaisance, lui disaient : « Il n’y a plus de lit », lui répondait : « Alors, acceptez davantage de malades ». Si on lui disait : « Il n’y a presque plus de pain et il manque tous les autres aliments », lui répondait : « Alors, recevez plus de pauvres ».
La foi aveugle qu’il avait en la Divine Providence était admirable. Et il expliquait continuellement à ses aides : « Les personnes peuvent nous faire faux bond ; les gouvernements peuvent nous faire faux bond ; mais Dieu ne nous lâchera jamais, pas même une fois ». Quand il nota que quelqu’un commençait à douter, il ajoutait : « Dieu répond avec de l’aide ordinaire à ceux qui ont une confiance ordinaire en lui, mais il répond avec des aides extraordinaire à ceux qui ont une confiance extraordinaire ». Et, effectivement, Dieu ne fit jamais défaut, pas une seule fois, à son ami qui avait de foi en ses aides opportunes.
Malheureusement, la nature humaine ne pardonne pas à ce miraculeux bienfaiteur. Sa santé commença à défaillir ; il n’avait plus la même force qu’au début. A 56 ans, il disait avec bonne humeur sur son lit de mort : « L’âne ne veut plus avancer ». Les dernières paroles entrecoupées qu’il prononça furent celles du psaumes 122 : « Quelle joie quand on m’a dit nous allons à la maison du Seigneur ! » Il mourut à Chieri, Italie, le samedi 30 avril 1849 et on l’enterra le 1 mai.
Il avait quitté la « Petite Maison de la Divine Providence » pour laisser la place à la nouvelle garde. Cottolengo fut béatifié par le Pape Benoît XV, en 1917, et plus tard fut défini comme « un génie du bien » par le Pape Pie XI qui le canonisa le 19 mars 1934, en même temps que son grand ami et voisin saint Jean Bosco.
SOURCE : http://www.amormisericordioso.org/ws/fr/famille-de-l-amour-mis-ricordieux/nos-saints-protecteurs/saint-beno-t-cottolengo.htm
Prière à Saint Joseph-Benoît Cottolengo
O San Joseph Cottolengo qui durant ta vie,
t’es montré tellement miséricordieux
envers les pauvres,
donne-moi un cœur bon et attentif
aux souffrances des frères les plus faibles.
Toi qui as eu une confiance incroyable
dans la Divine Providence,
donne-moi le regard de la foi
pour accueillir chaque jour les attentions
que Dieu le Père a pour moi.
Fais que, dans nos communautés et dans nos vies,
cette certitude simple et vraie
ne nous abandonne jamais: Dieu pourvoie !
O Saint Joseph Cottolengo,
tourne vers moi et vers ceux qui me sont chers
un regard de miséricorde :
secours-nous dans nos besoins, demande pour nous
les grâces qui nous sont nécessaires,
libère-nous de tous dangers,
fais-nous le don d’aimer Dieu par-dessus toute chose.
Saint Joseph Benoit Cottolengo,
Priez pour nous !
SOURCE : http://www.comunitacenacolo.it/viewpagina.asp?keypagina=2768
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Place Saint-Pierre
Mercredi 28 avril 2010
Saint Léonard Murialdo et Saint Joseph Benoît Cottolengo
Chers frères et sœurs,
Nous nous approchons de la conclusion de l'Année sacerdotale et, en ce dernier mercredi d'avril, je voudrais parler de deux saints prêtres exemplaires dans leur don à Dieu et dans le témoignage de charité, vécu dans l'Eglise et pour l'Eglise, à l'égard de leurs frères les plus nécessiteux; saint Léonard Murialdo et saint Joseph Benoît Cottolengo. Du premier, nous commémorons le 110 anniversaire de la mort et le 40 anniversaire de sa canonisation; les célébrations pour le deuxième centenaire de l'ordination sacerdotale du second viennent de débuter.
Léonard Murialdo naquit à Turin, le 26 octobre 1828: c'est la Turin de saint Jean Bosco, de saint Joseph Cottolengo lui-même, une terre fécondée par de si nombreux exemples de sainteté de fidèles laïcs et de prêtres. Léonard est le huitième enfant d'une famille modeste. Enfant, avec son frère, il entra au collège des Pères scolopes de Savone, et suivit le cours élémentaire, le collège et le lycée: il trouva des éducateurs formés, dans une atmosphère de religiosité fondée sur une catéchèse sérieuse, avec des pratiques de piété régulières. Pendant son adolescence, il vécut toutefois une profonde crise existentielle et spirituelle qui le conduisit à anticiper le retour en famille et à conclure ses études à Turin, en s'inscrivant au cours biennal de philosophie. Le "retour à la lumière" eut lieu - comme il le raconte - quelques mois plus tard, avec la grâce d'une confession générale, dans laquelle il redécouvrit l'immense miséricorde de Dieu; il mûrit alors à 17 ans la décision de devenir prêtre, en réponse d'amour à Dieu dont l'amour l'avait saisi. Il fut ordonné le 20 septembre 1851. C'est à cette époque que, comme catéchiste de l'Oratoire de l'Ange gardien, Don Bosco fit sa connaissance, l'apprécia et le convainquit d'accepter la direction du nouvel Oratoire de Saint-Louis à Porta Nuova, qu'il dirigea jusqu'en 1865. Là, il fut au contact des graves problèmes des classes sociales les plus pauvres, il visita leurs maisons, mûrissant une profonde sensibilité sociale, éducative et apostolique qui le conduisit à se consacrer de manière autonome à de multiples initiatives en faveur de la jeunesse. Catéchèse, école, activités récréatives furent les fondements de sa méthode éducative à l'Oratoire. Don Bosco le voulut à nouveau à ses côtés lors de l'audience accordée par le bienheureux Pie ix en 1858.
En 1873, il fonda la Congrégation de Saint-Joseph, dont l'objectif apostolique fut, dès le départ, la formation de la jeunesse, en particulier la plus pauvre et abandonnée. Le contexte turinois de l'époque fut marqué par l'intense floraison d'œuvres et d'activités caritatives promues par Léonard Murialdo jusqu'à sa mort, le 30 mars 1900.
Je suis heureux de souligner que le noyau central de la spiritualité de Léonard Murialdo est la conviction de l'amour miséricordieux de Dieu: un Père toujours bon, patient et généreux, qui révèle la grandeur et l'immensité de sa miséricorde avec le pardon. Cette réalité, saint Léonard en fit l'expérience au niveau non pas intellectuel, mais existentiel, à travers la rencontre vivante avec le Seigneur. Il se considéra toujours comme un homme touché par la grâce du Seigneur: c'est pourquoi il vécut le sentiment joyeux de la gratitude au Seigneur, la conscience sereine de sa propre limite, le désir ardent de pénitence, l'engagement constant et généreux de conversion. Il voyait toute son existence non seulement illuminée, guidée, soutenue par cet amour, mais continuellement plongée dans la miséricorde infinie de Dieu. Il écrivit dans son Testament spirituel: "Ta miséricorde m'enveloppe, ô Seigneur... Comme Dieu est toujours et partout, de même il est toujours et partout amour, il est toujours et partout miséricorde". Se souvenant du moment de crise qu'il avait eu dans sa jeunesse, il notait: "Voici que le bon Dieu voulait faire resplendir encore sa bonté et sa générosité de manière tout à fait singulière. Non seulement il m'admit à nouveau dans son amitié, mais il m'appela à un choix de prédilection: il m'appela au sacerdoce, et ce à peine quelques mois après mon retour à lui". Saint Léonard vécut donc sa vocation sacerdotale comme un don gratuit de la miséricorde de Dieu avec le sens de la reconnaissance, la joie et l'amour. Il écrivit encore: "Dieu m'a choisi! Il m'a appelé, il m'a même forcé à l'honneur, à la gloire, au bonheur ineffable d'être son ministre, d'être "un autre Christ"... Où étais-je lorsque tu m'as cherché, mon Dieu? Au fond de l'abîme! J'étais là, et c'est là que Dieu vint me chercher; c'est là qu'il me fit entendre sa voix...".
Soulignant la grandeur de la mission du prêtre qui doit "continuer l'œuvre de la rédemption, la grande œuvre de Jésus Christ, l'Œuvre du Sauveur du monde", c'est-à-dire celle de "sauver les âmes", saint Léonard se rappelait toujours à lui-même, ainsi qu'à ses confrères, la responsabilité d'une vie cohérente avec le sacrement reçu. Amour de Dieu et amour pour Dieu: telle fut la force de son chemin de sainteté, la loi de son sacerdoce, la signification la plus profonde de son apostolat parmi les jeunes pauvres et la source de sa prière. Saint Léonard Murialdo s'est abandonné avec confiance à la Providence, en accomplissant généreusement la volonté divine, dans le contact avec Dieu et en se consacrant aux jeunes pauvres. De cette manière, il a uni le silence contemplatif à l'ardeur inlassable de l'action, la fidélité aux devoirs de chaque jour avec le caractère génial de ses initiatives, la force dans les difficultés avec la sérénité de l'esprit. Tel est son chemin de sainteté pour vivre le commandement de l'amour, envers Dieu et envers son prochain.
C'est avec le même esprit de charité qu'a vécu, quarante ans avant Léonard Murialdo, saint Joseph Benoît Cottolengo, fondateur de l'œuvre qu'il intitula lui-même "Petite maison de la divine Providence" et également appelée aujourd'hui "Cottolengo". Dimanche prochain, lors de ma visite pastorale à Turin, j'aurai l'occasion de vénérer la dépouille mortelle de ce saint et de rencontrer les hôtes de la "Petite maison".
Joseph Benoît Cottolengo naquit à Bra, une petite ville de la province de Cuneo, le 3 mai 1786. Aîné d'une famille de douze enfants, dont six moururent en bas âge, il fit preuve dès l'enfance d'une grande sensibilité envers les pauvres. Il suivit la voie du sacerdoce, imité également par deux de ses frères. Les années de sa jeunesse furent celles de l'aventure napoléonienne et des difficultés qui s'ensuivirent dans les domaines religieux et social. Cottolengo devint un bon prêtre, recherché par de nombreux pénitents et, dans la ville de Turin de l'époque, le prédicateur d'exercices spirituels et de conférences pour les étudiants universitaires, auprès desquels il remportait toujours un grand succès. A l'âge de 32 ans, il fut nommé chanoine de la Très Sainte Trinité, une congrégation de prêtres qui avait pour tâche d'officier dans l'Eglise du Corpus Domini et de conférer leur dignité aux cérémonies religieuses de la ville, mais cette situation ne le satisfaisait pas. Dieu le préparait à une mission particulière, et, précisément à la suite d'une rencontre inattendue et décisive, il lui fit comprendre quel aurait été son destin futur dans l'exercice de son ministère.
Le Seigneur place toujours des signes sur notre chemin pour nous guider selon sa volonté vers notre bien véritable. Pour Cottolengo, cela se produisit, de manière dramatique, le dimanche matin du 2 septembre 1827. Provenant de Milan, une diligence plus pleine que jamais arriva à Turin, dans laquelle s'entassait une famille française tout entière, dont la femme, avec ses cinq enfants, se trouvait dans un état de grossesse avancée et avec une forte fièvre. Après s'être rendue dans plusieurs hôpitaux, cette famille trouva un logement dans un dortoir public, mais la situation de la femme s'aggrava et plusieurs personnes se mirent à la recherche d'un prêtre. Par un mystérieux dessein, il croisèrent Cottolengo, et ce fut précisément lui qui, le cœur lourd et opprimé, accompagna cette jeune mère vers la mort, entourée du désespoir de toute sa famille. Après avoir accompli ce douloureux devoir, la mort dans l'âme, il se rendit devant le Très Saint Sacrement et éleva cette prière: "Mon Dieu, pourquoi? Pourquoi as-tu voulu que je sois témoin? Que veux-tu de moi? Il faut faire quelque chose!". Se relevant, il fit sonner toutes les cloches, fit allumer les bougies et, accueillant les curieux dans l'église, dit: "La grâce est faite! La grâce est faite!". A partir de ce moment, Joseph Benoît Cottolengo fut transformé: toutes ses capacités, en particulier ses talents de gestion et d'organisation furent utilisés pour donner naissance à des initiatives de soutien aux plus nécessiteux.
Il sut enrôler dans son entreprise des dizaines et des dizaines de collaborateurs et de volontaires. Se déplaçant à la périphérie de Turin pour étendre son œuvre, il créa une sorte de village, dans lequel à chaque bâtiment qu'il réussit à construire, il donna un nom significatif: "maison de la foi"; "maison de l'espérance", "maison de la charité". Il mit en acte le style des "familles", en constituant de véritables communautés de personnes, des volontaires, hommes et femmes, des religieux et laïcs, unis pour affronter et surmonter ensemble les difficultés qui se présentaient. Chacun dans la Petite maison de la divine Providence avait un devoir précis: qui travaillait, qui priait, qui servait, qui instruisait, qui administrait. Les bien-portants et les malades partageaient le même poids du quotidien. La vie religieuse elle aussi devint plus spécifique avec le temps, selon les besoins et les exigences particulières. Il pensa également à un séminaire propre, en vue d'une formation spécifique des prêtres de l'Ordre. Il fut toujours prêt à suivre et à servir la divine Providence, jamais à l'interroger. Il disait: "Je suis un bon à rien et je ne sais même pas ce que je me fais. Mais la divine Providence sait certainement ce qu'elle veut. Il ne me reste qu'à la suivre. En avant in Domino". Pour ses pauvres et les plus nécessiteux, il se définira toujours comme le "manœuvre de la divine Providence".
A côté des petites citadelles, il voulut fonder également cinq monastères de sœurs contemplatives et un d'ermites, et les considéra parmi ses réalisations les plus importantes: une sorte de "cœur" qui devait battre pour toute l'Œuvre. Il mourut le 30 avril 1842, en prononçant ces paroles: "Misericordia, Domine; Misericordia, Domine. Bonne et sainte Providence... Sainte Vierge, c'est à vous à présent". Sa vie, comme l'écrivit un journal de l'époque, avait été "une intense journée d'amour".
Chers amis, ces deux saints prêtres, dont j'ai présenté quelques traits, ont vécu leur ministère dans le don total de la vie aux plus pauvres, aux plus nécessiteux, aux derniers, trouvant toujours la racine profonde, la source inépuisable de leur action dans le rapport avec Dieu, en puisant à son amour, dans la conviction profonde qu'il n'est pas possible d'exercer la charité sans vivre dans le Christ et dans l'Eglise. Que leur intercession et leur exemple continuent d'illuminer le ministère de nombreux prêtres qui se dépensent avec générosité pour Dieu et pour le troupeau qui leur est confié, et qu'ils aident chacun à se donner avec joie et générosité à Dieu et au prochain.
* * *
Je salue les pèlerins francophones, en particulier, les jeunes, les étudiants et les servants d’autel présents, ainsi que l’Evêque de Pontoise qui accompagne un groupe paroissial. Je salue cordialement les séminaristes venus du Liban! Je n’oublie pas les Assomptionistes qui fêtent le 200ème anniversaire de la naissance de leur fondateur! Que Dieu vous bénisse et bon pèlerinage à tous!
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DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
VISITE PASTORALE À TURIN
RENCONTRE AVEC LES MALADES
Église de la Petite Maison de la Divine Providence-Cottolengo
Dimanche 2 mai 2010
Messieurs les cardinaux,
chers frères et sœurs!
Je désire exprimer à tous ma joie et ma reconnaissance au Seigneur qui m'a conduit jusqu'à vous, en ce lieu, où de tant de manières et selon un charisme particulier, se manifestent la charité et la Providence du Père céleste. Notre rencontre est une rencontre en harmonie avec mon pèlerinage auprès du Saint-Suaire, où nous pouvons lire tout le drame de la souffrance, mais également, à la lumière de la Résurrection du Christ, la pleine signification que celui-ci revêt pour la rédemption du monde. Je remercie Don Aldo Sarotto pour les paroles éloquentes qu'il m'a adressées: à travers lui, mes remerciements s'étendent à ceux qui œuvrent en ce lieu, la Petite Maison de la Divine Providence, comme voulut l'appeler saint Joseph Benoît Cottolengo. Je salue avec reconnaissance les trois familles religieuses nées du cœur de saint Cottolengo et de l'« imagination » de l'Esprit Saint. Merci à vous tous, chers malades, qui êtes le trésor précieux de cette maison et de cette Œuvre.
Comme vous le savez peut-être, au cours de l'Audience générale de mercredi dernier, avec la figure de saint Léonard Murialdo, j'ai également présenté le charisme de votre fondateur. Oui, il a été un véritable champion de la charité, dont les initiatives, comme des arbres luxuriants, se trouvent devant nos yeux et sous le regard du monde. En relisant les témoignages de l'époque, nous voyons qu'il ne fut pas facile pour Joseph Benoît Cottolengo de commencer son entreprise. Les nombreuses activités d'assistance présentes sur le territoire en faveur des plus démunis n'étaient pas suffisantes pour guérir la plaie de la pauvreté, qui frappait la ville de Turin. Saint Cottolengo chercha à apporter une réponse à cette situation, en accueillant les personnes en difficulté et en privilégiant celles qui n'était pas reçues et soignées par d'autres. Le premier noyau de la Maison de la Divine Providence ne connut pas une vie facile et ne dura pas longtemps. En 1832, dans le quartier de Valdocco, une nouvelle structure vit le jour, aidée également par plusieurs familles religieuses.
Saint Cottolengo, bien que traversant dans sa vie des moments dramatiques, conserva toujours une confiance sereine face aux événements; attentif à saisir les signes de la paternité de Dieu, il reconnut, dans toutes les situations, sa présence et sa miséricorde et, chez les pauvres, l'image la plus aimable de sa grandeur. Une conviction profonde le guidait: « Les pauvres sont Jésus – disait-il – ils ne sont pas son image. Ils sont Jésus en personne et, comme tels, il faut les servir. Tous les pauvres sont nos maîtres, et ceux qui sont si rebutants à la vue sont encore davantage nos maîtres, ils sont nos véritables trésors. Si nous ne les traitons pas bien, ils nous chassent de la Petite Maison. Ils sont Jésus ». Saint Jospeh Benoît Cottolengo voulut s'engager pour Dieu et pour l'homme, animé au plus profond de son cœur par la parole de l'apôtre Paul: La charité du Christ nous pousse (cf. 2 Co 5, 14). Il voulut la traduire par un dévouement total au service des plus pauvres et des laissés-pour-compte. Le principe fondamental de son œuvre fut, dès le début, l'exercice de la charité chrétienne envers tous, qui lui permettait de reconnaître en chaque homme, même s'il était en marge de la société, une grande dignité. Il avait compris que celui qui était frappé par la souffrance et par le rejet tend à se renfermer et à s'isoler et à manifester un manque de confiance envers la vie elle-même. C'est pourquoi, prendre sur soi tant de souffrances humaines signifiait, pour notre saint, créer des relations de proximité affective, familiale et spontanée, donnant vie à des structures qui puissent favoriser cette proximité, dans le style de cette famille qui se poursuit encore aujourd'hui.
Pour saint Joseph Benoît Cottolengo, retrouver la dignité personnelle signifiait rétablir et valoriser tout ce qui est humain: des besoins fondamentaux psycho-sociaux aux besoins moraux et spirituels, de la réhabilitation des fonctions physiques à la recherche d'un sens de la vie, en conduisant la personne à se sentir encore partie vivante de la communauté ecclésiale et du tissu social. Nous sommes reconnaissants à ce grand apôtre de la charité car, en visitant ces lieux, en rencontrant la souffrance quotidienne sur les visages et dans les membres de tant de nos frères et sœurs accueillis ici comme dans leur maison, nous faisons l'expérience de la valeur et de la signification la plus profonde de la souffrance et de la douleur.
Chers malades, vous accomplissez une œuvre importante: en vivant vos souffrances en union avec le Christ crucifié et ressuscité, vous participez au mystère de sa souffrance pour le salut du monde. En offrant notre douleur à Dieu au moyen du Christ, nous pouvons collaborer à la victoire du bien sur le mal, car Dieu rend féconds notre offrande, notre acte d'amour. Chers frères et sœurs, vous tous qui êtes ici, chacun pour sa part: ne vous sentez pas étrangers au destin du monde, mais sentez-vous comme les tesselles précieuses d'une très belle mosaïque que Dieu, comme un grand artiste, compose jour après jour également grâce à votre contribution. Le Christ, qui est mort sur la Croix pour nous sauver, s'est laissé clouer afin que de ce bois, de ce signe de mort, puisse fleurir la vie dans toute sa splendeur. Cette maison est l'un des fruits mûrs nés de la Croix et de la résurrection du Christ, et elle manifeste que la souffrance, le mal, la mort n'ont pas le dernier mot, car la vie peut renaître de la mort et de la souffrance. C'est ce dont a témoigné de manière exemplaire l'un de vous, que je désire rappeler: le vénérable frère Luigi Bordino, merveilleuse figure de religieux infirmier.
En ce lieu, nous comprenons alors mieux que si la passion de l'homme a été assumée par le Christ dans sa Passion, rien ne sera perdu. On comprend ici de manière particulière le message de cette solennelle ostension du Saint-Suaire: « Passio Christi – Passio hominis ». Nous prions le Seigneur crucifié et ressuscité afin qu'il illumine notre pèlerinage quotidien par la lumière de son Visage; qu'il illumine notre vie, le présent et l'avenir, la douleur et la joie, les difficultés et les espérances de l'humanité tout entière. Chers frères et sœurs, en invoquant l'intercession de la Vierge Marie et de saint Joseph Benoît Cottolengo, je donne de tout cœur à tous ma Bénédiction: qu'elle vous réconforte et vous console dans les épreuves et obtienne pour vous chaque grâce qui vient de Dieu, auteur et dispensateur de chaque don parfait. Merci !
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SOURCE : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2010/may/documents/hf_ben-xvi_spe_20100502_incontro-ammalati_fr.html
Saint Joseph-Benoît Cottolengo
Prêtre à Turin (✝ 1842)
(1786-1842)
Prêtre italien qui fonda à Turin 'la petite maison de la Providence' au service des nécessiteux et des malades. La fondation est devenue aujourd'hui une œuvre imposante.
Chemin de croix en compagnie des saints (pour le Jubilé des Prêtres) Texte du P. André Marie Sicari o.c.d.:
Ton prêtre, Saint Joseph Benoît Cottolengo, vécut de longues années de son sacerdoce en parcourant une voie riche d’aises et d’honneurs, jusqu’à ce que tu le fisses 'tomber' devant le grabat sanglant d’une pauvre parturiente, à laquelle tous avaient refusé l’assistance.
Il eut seulement le temps de donner l’extrême-onction à la mère et le baptême à l’enfant, avant de les voir mourir. Mais il se releva, saisi par la grâce. Il était devenu – comme ensuite il aimera se dénommer - 'le manoeuvre de la Divine Providence.'
À Chieri près de Turin, dans le Piémont, en 1842, saint Benoît-Joseph Cottolengo, prêtre. Mettant uniquement sa confiance dans l’aide de la divine Providence, il ouvrit une maison, où il s’efforça de recevoir les pauvres, les malades de tout genre et les abandonnés.
Martyrologe romain
Une île d’utopie au XXe siècle :
LE COTTOLENGO
par
Marianne Constance de GANAY
Le Cottolengo, qu’est-ce donc que cela ? Une personne ? Une chose ? Un endroit ? Tous les trois à la fois, car c’est une merveilleuse institution de charité et la voix populaire, en lui donnant le nom de son fondateur, a étendu ce nom au terrain considérable qu’elle couvre. Son appellation officielle est celle de Petite Maison de la divine Providence, mais on ne la connaît, à Turin, que sous le vocable du Cottolengo.
Aux environ de l’année 1830, un certain chanoine commença, sans bruit, à recueillir quelques pauvres malades et quelques enfants abandonnés. Il n’avait ni argent, ni influence, ni local pour loger ses protégés, ni personnel pour les servir. Il ne s’inquiétait pas pour si peu : toute sa sagesse et sa politique consistaient en une héroïque confiance en Dieu.
Il s’établit d’abord dans un faubourg mal famé de Turin, y acheta une vilaine petite maison et y installa ses pauvres ; puis, il acheta la maison voisine, et ainsi de proche en proche. Jamais, depuis, ces humbles constructions n’ont été jetées à bas pour faire place à d’autres, conçues d’après un plan d’ensemble. Au contraire, elles ont été cimentées entre elles par des additions, une aile par ci, un pavillon par là, quelquefois un passage souterrain ou un pont jeté par-dessus une ruelle, si bien qu’aujourd’hui la totalité des bâtiments a plus de 400 mètres de façade et recouvre une superficie d’au moins 120 000 mètres carrés.
Point d’entrée monumentale. On n’accède à ce royaume de la charité que par une porte mesquine, vrai trou percé dans le mur et qui fait songer à la porte basse par laquelle il faudra passer, en se baissant, pour entrer au paradis. De fait, on entre là au paradis de la misère.
Et qu’on ne croie pas que ce soit chose facile de visiter le Cottolengo : il faut des protections, si on n’a pas le mot de passe de la pénurie ou de la douleur. En France, une institution de ce genre aurait son comité de dames patronnesses, sa vente annuelle au Bazar. Là, rien ; pas même de parloir pour recevoir les visiteurs, comme si on espérait en avoir très peu. On dirait même qu’on fait tout ce qu’on peut pour les décourager, tant on redoute de tarir la source des bienfaits de Dieu par les calculs de la prudence humaine.
Dès l’entrée, une vaste salle, sombre et nue. Un banc de pierre règne autour des murs et s’offre impartialement à la femme du monde qui a obtenu de passer quelques heures dans la maison et au pauvre diable couvert de vermine qui vient demander, – presque réclamer comme un droit, – d’y être hébergé et servi sa vie durant. De là, on aperçoit un large escalier, lui aussi de pierre noirâtre. Des religieuses, en nombre incroyable, le montent et le descendent, sans se parler, sans se bousculer, tranquillement affairées. Leurs vêtements ne sont pas uniformes. Ces fourmis qui fourmillent sont bleues, sont brunes, sont grises ; elles ont un peu de vert, un ruban rouge, quelque chose qui met une note vive aux plus sombres livrées, et toutes ces taches montent et descendent dans un bariolage qui papillote aux yeux, vrai arc-en-ciel vivant.
C’est que, dans cette ville de sept à huit mille habitants, qui ne veut être appelée qu’une petite maison, il y a trente-quatre Familles distinctes, les unes d’hommes, les autres de femmes ; quatorze d’entre elles sont, à proprement parler, des congrégations religieuses, et, parmi celles-ci encore, sept sont cloîtrées.
Toutes les misères, les infirmités, les tares sont admises et chacune de ces catégories de l’humanité malheureuse ou coupable forme une famille à laquelle est attachée une famille religieuse correspondante, spécialement chargée de se dévouer à elle. Telle congrégation de quatre-vingts sœurs ne fait autre chose, du matin an soir et d’un bout de l’année à l’autre, que de s’occuper de la lessive, pendant que les Crocine, en brun clair, sont à la lingerie en nombre égal et que les gentilles Pastorelle, tout de bleu vêtues, ne songent qu’à faire le catéchisme aux ignorants, jeunes et vieux.
Une autre congrégation, pourvue d’un costume différent et ayant son autonomie, n’a d’autre horizon que les cuisines, d’autre fonction, en dehors des exercices religieux communs à tous, que de peiner sans relâche pour nourrir ce peuple de vieillards, d’infirmes, d’orphelins, d’aveugles, de sourds et muets, d’épileptiques, d’idiots, de crétins, avec ceux qui sont consacrés à leur service. Ce n’est pas une sinécure, on le devine, de donner à manger à tant de monde. Les malades de l’hôpital ont un régime ; les enfants en ont un autre. Il faut des plats substantiels pour les Frères et les Sœurs qui s’épuisent journellement dans le dur labeur des infirmeries. Il faut un menu tout spécial de terribles panades à l’huile et d’herbes à l’ail pour les familles cloîtrées, chez lesquelles la règle est d’une austérité effrayante et qui font pénitence pour le salut du genre humain, – telles les Taidine, ou filles repenties, – ou bien qui intercèdent pour les âmes du purgatoire, comme les Suffragine.
Les hospitalisés, appelés du nom générique de ricoverati, recueillis, fabriquent une grande partie de ce qu’ils consomment, notamment les pâtes, si chères aux Piémontais, et le pain. Quand on pense que, de ce dernier, il faut 1600 kilos par jour, on comprend que, à elles seules, la meunerie et la boulangerie occupent la majorité des hommes un tant soit peu valides. La plupart d’entre eux ne peuvent presque rien faire : ils sont âgés, débiles ou estropiés, et il en faut dix quelquefois pour faire la besogne d’un ouvrier ordinaire.
Pour le vêtement comme pour la nourriture, tout se fait sur une vaste échelle et, autant que possible, au Cottolengo même ; aussi trouvons-nous deux familles religieuses cloîtrées (environ cent cinquante personnes), dont la tâche particulière est de fournir les layettes aux tout petits, les habits de travail aux hommes, aux femmes, aux jeunes gens, les costumes variés et compliqués aux religieux et religieuses divers.
Entrons maintenant à l’hôpital. Ses huit cents malades ne sont, presque tous, que des hôtes temporaires ; mais, de quelle sollicitude ne sont-ils pas l’objet ! Une trentaine de médecins de la ville, et non des moindres, se disputent l’honneur de les soigner, n’acceptant jamais la plus légère rétribution. Rien n’est trop beau, rien n’est trop bon, de ce qui peut aider à guérir, ou seulement à soulager. Les salles d’opération sont munies des derniers perfectionnements, et à la pharmacie, où évolue un essaim de cornettes, il se consume pour cinq cents francs de produits chimiques par jour.
Les épileptiques, les idiots, les crétins sont les enfants de prédilection. Les premiers ont un logement entièrement capitonné ; un personnel éprouvé s’approche seul de leur quartier, car ce n’est pas tout le monde dont les nerfs résistent à l’horrible tension de vivre sans cesse parmi les contorsions et les cris. Quant aux autres, malheur à qui les appellerait idiots ou crétins ! Ces termes sont sévèrement bannis. Il n’est jamais question que de Bons-Enfants, Bons-Garçons, ou Bonnes-Filles. Cottolengo voulait qu’on les regardât comme le palladium le plus sacré de la maison ; il disait que si la Providence bénissait son œuvre, c’était à raison de l’accueil fait à ses chers Bons-Enfants, et Dieu sait si les hautes vallées des Alpes en fournissent à souhait !
Les sourds-muets aussi sont nombreux. C’est un spectacle émouvant de les voir, à l’église, lorsque toutes les familles y sont réunies, mimer avec ensemble et d’un rythme impeccable, en leurs gestes d’un naïf et ingénieux symbolisme, les prières, en même temps qu’elles sont chantées par ceux qui ont l’usage de la parole.
Bien plus, il y a, chose unique au monde, un monastère de sourdes-muettes, cloîtrées et adonnées à la vie contemplative. Elles sont placées sous le vocable du Saint Cœur de Marie, ce cœur qui « conservait toutes ces choses » et qui, rempli des mystères de notre salut, se trahissait si peu par la parole. Leur supérieure est une parlante : il le faut bien, pour des raisons d’ordre pratique. Sauf les rares occasions où il y a une affaire à traiter avec une personne ignorant le langage des signes, cette parlante vit comme les muettes et, sans y être obligée par l’infirmité, garde un perpétuel silence. Le logis est étroit et pauvre, la règle dure, et cependant on est surpris de l’intelligence, de la vivacité que l’on trouve sur ces physionomies. Toute la vie semble réfugiée au bout des doigts qui volent, volent, avec souplesse, avec grâce, et dans les yeux qui saisissent sur vos lèvres les mots que les oreilles n’entendront jamais.
Est-ce pour mettre un rayon de lumière dans ce tombeau, je ne sais, mais Cottolengo a donné à ses Sœurs sourdes-muettes un éclatant costume bleu céleste, agrémenté de jaune et de vert, et il leur a assigné pour tâche la confection des broderies d’église. Elles y consacrent tout le temps que leur laissent leurs longues oraisons. Les doigts, rendus fins et déliés par un mouvement perpétuel, font naître sur le satin les fleurs aux nuances vives et les arabesques d’or, quand ils ne scandent pas les strophes des hymnes sacrées : on peut dire que, sans cesse, ou ils peignent, ou ils chantent. Lorsqu’on se retire, salué par ces jolis gestes discrets, par ces aimables et silencieux sourires, on aime à penser que, dans cette existence emmurée, il reste, du moins, une note de plaisir humain légitimé par l’obéissance, et que ces infortunées, encore femmes, après tout, même en devenant des saintes, ont un peu de joie à créer des choses exquises.
La part faite à la prière est partout généreuse, même dans les salles d’hôpital. Tous y sont astreints dans une mesure qui, en assimilant les hospitalisés et même les enfants, à des religieux, nous semblerait, à nous Français, un peu onéreuse et arbitraire. Toutefois, personne ne reste au Cottolengo contraint et forcé, et par conséquent, il n’y a rien d’excessif à ce que ceux qui y demeurent librement soient tenus de se plier aux usages de la maison. Du reste, les Italiens du peuple se plaisent naturellement à l’église. Ils aiment les offices, les cérémonies se déployant sous leurs yeux et fournissant un cadre tout préparé à leurs pensées, fidèles en cela à cette loi du moindre effort qui a partout tant de prise sur eux. Ils y sont un peu passifs, peut-être, et y trouvent une sorte de quiétude béate où le corps et l’esprit prennent leur repos. En même temps, ils y apportent, – les vieillards surtout, – un fond de foi profonde et un je ne sais quoi d’enfantin, qui est, pour leur mentalité simpliste, une expression de leur confiance envers le bon Dieu.
Qui donc gouverne cette moderne île d’Utopie, où il n’y a que des heureux dans la pauvreté, l’infirmité, le travail ? C’est celui que tous indistinctement appellent le Père tout court et que Turin, après eux, appelle le Père du Cottolengo. Jamais monarque, en ses rêves les plus ambitieux, n’a osé souhaiter un empire aussi absolu. Le moindre détail, comme la plus importante affaire, dépend de lui, et de lui seul. Ses huit mille sujets, qui sont pour lui huit mille enfants, lui obéissent aveuglément. S’il envoie au-dehors, pour fonder des écoles et des salles d’asile, les Vincenzine, dont il a deux mille, ou les Marlane, dont il a cinq cents, leurs supérieures locales ne peuvent, même dans les postes relativement éloignés, prendre la moindre initiative. Pour être sans cesse à la disposition d’un chacun, le Père ne sort jamais. S’agit-il d’une démarche grave à faire en ville, il donne une procuration, valable pour une seule fois, à l’un des prêtres de la maison, et celui-ci traite en son nom.
La transmission des pouvoirs est simplifiée à l’excès ; le Père désigne son successeur. Cottolengo disait au roi Charles-Albert que ce n’était pas plus compliqué que la relève d’une sentinelle : le soldat, avant de quitter son poste, dit un mot, à voix basse, à celui qui lui succède. L’homme est changé, la fonction continue.
Le Cottolengo ne possède aucun revenu assuré ; il ne vit que d’aumônes, car, si les hospitalisés font quelques efforts pour subvenir aux nécessités quotidiennes de l’institution, cela ne constitue pas un travail rémunéré. Lorsque des biens-fonds lui sont légués, ce qui arrive souvent, il ne doit pas les conserver : il doit s’en défaire au plus vite. Le produit de la vente ne doit pas être capitalisé : il doit être employé, sans souci de demain, pour les besoins d’aujourd’hui. Cette manière de faire est contraire à la loi italienne relative aux œuvres de bienfaisance. Celles-ci, considérées comme mineures et soumises à des curateurs, sont ordinairement obligées à un remploi de tout capital important. Pour le Cottolengo, il n’y a pas de loi qui tienne et les pouvoirs publics, cependant peu suspects de partialité envers les cléricaux, le laissent suivre en paix la folie de sa sublime imprévoyance.
Là ne se borne pas le traitement de faveur accordé à une œuvre dont la beauté force l’admiration et la sympathie de ceux même qui n’admettent pas les principes dont elle s’inspire. Le Cottolengo est aussi unique dans son administration que dans son gouvernement. Point de conseil. Point de secrétariat. Absence complète de bureaucratie. Cottolengo n’admettait aucune statistique, prétendant que ce serait faire injure à la Providence que de dénombrer de trop près ses bienfaits. C’est pour cela qu’on nous dit, aujourd’hui encore, que l’institution compte environ tant de personnes et recouvre à peu près telle superficie.
Pour l’argent, c’est bien pis encore. Il y a de quoi horripiler les dévots du fonctionnarisme. Aucune inscription de sommes reçues : Cottolengo jugeait que ce serait, une fois de plus, faire injure à la Providence que de paraître prendre des précautions contre elle. Toutefois, si la comptabilité Avoir reste dans une incurie peu commune, la comptabilité Devoir est, par contre, tenue à jour avec la plus scrupuleuse exactitude. Tout s’achète en gros, tout se paie comptant, et il n’y a pas de fournisseur qui n’ambitionne d’avoir parmi ses clients une « petite maison » dont les commandes se chiffrent par millions de kilos, de litres et de mètres. Approximativement, la dépense annuelle, dans son ensemble, se monte à trois millions au moins, et comme, au bout de l’année, il ne reste pas un sou de dettes ni un sou en caisse, on en conclut que les aumônes reçues, dont une forte proportion provient du tronc de la porte d’entrée, se montent, elles aussi, à trois millions. Voilà l’arithmétique du Cottolengo.
Plus d’une fois les commissions officielles, les préfets, ont voulu mettre ordre à cela et faire rentrer cet insubordonné dans le rang des opere pie, pupilles de l’État. Ces efforts ont toujours été inutiles. Le Père reconnaît tout le premier que l’institution est hors la loi. En même temps, il déclare que, le jour où il faudrait se soumettre aux règlements, aux formalités, il abandonnerait la direction pour remettre les clefs, – et avec elles tous les malades, les infirmes, les crétins, – à qui consentirait à lui succéder. Ces simples mots, prononcés sans forfanterie et accompagnés d’un fin sourire, derrière lequel ont sent une volonté de fer, soutenue par la conviction d’un devoir à remplir, ont raison sans retard de toute tentative des pouvoirs publics. De plus, c’est une opinion très fortement accréditée à Turin que, si on venait à changer l’organisation actuelle d’une œuvre unique en son genre et destinée, par vocation, à échapper aux règles ordinaires de la prudence, on tarirait, par là même, les sources, depuis près d’un siècle intarissables, qui l’alimentent.
La fondation du vénérable chanoine piémontais est admirable par ce dévouement aux misères du prochain qui est l’une des formes les plus héroïques, les plus solides aussi, de l’amour surnaturel envers Dieu. Cependant, hâtons-nous de l’avouer, d’autres pays, d’autres époques, nous ont montré des initiatives aussi belles, quoique peut-être moins universelles dans leur réalisation pratique. Parcourez les annales de l’Église : vous trouverez les matrones du temps de saint Jérôme établissant des hôpitaux dans leurs palais ; sainte Élisabeth de Hongrie rendant aux petits pouilleux des services que le pinceau de Murillo a immortalisés ; de nos jours, le Père Damien, vivant au milieu des lépreux de l’Océanie et envisageant sans illusion la quasi-certitude de mourir de leur horrible mal. Par son côté charitable, si merveilleux qu’il soit, le Cottolengo n’est donc ni une nouveauté, ni une exception, et ceci, il faut le dire bien haut à la gloire de la charité chrétienne.
Ce qu’il présente d’imprévu, de stupéfiant, ce par quoi il subsiste et se développe en opposition directe avec l’esprit de notre siècle, c’est sa confiance, humainement absurde et chaque jour pleinement justifiée, en la paternelle providence de Dieu, et par suite, son désintéressement des richesses de ce monde. Ce n’est pas l’attitude méprisante d’un Diogène se drapant dans un manteau troué qui est la sienne ; pas davantage celle d’un partageux à l’éloquence sonore parce qu’elle est creuse. C’est celle de ce détachement calme et lumineux que la langue de l’Évangile nomme l’esprit de pauvreté.
Le Christ en a fait une béatitude. Il ne nous a pas dit que les pauvres en esprit posséderont le royaume des cieux. Il nous a ordonné de tenir pour très certain qu’ils le possèdent dès à présent, sur la terre.
Marianne Constance de GANAY.
Paru dans La Vie spirituelle en 1920.
SOURCE : http://www.biblisem.net/etudes/ganayile.htm
Joseph Benedict Cottolengo (RM)
Born in Bra (near Turin), Piedmont, Italy, on May 3, 1786; died at Chieri,
Italy, on April 30, 1842; beatified in 1917; canonized in 1934; feast day
formerly April 30.
Joseph Benedict
Cottolengo's middle-class mother once surprised him as he was measuring his
room with a stick. He explained that he wished to see how many beds he could
get into the room because he wanted to turn the house into a hospital when he
grew up.
He attended the seminary in
Turin, and, in 1811, he was ordained a priest and engaged in pastoral work for
a short time in his native city and in Corneliano, before continuing his
studies in Turin and taking his degree there. In 1819, he entered the
congregation of secular priests of the Order of Corpus Domini and was named
canon of the Church of the Trinity in Turin.
In 1828, he was called to a
very sick woman, who had not been able to obtain admission to any hospital. The
saint rented an unfurnished room, and placed a few beds in it for the poorest
and most neglected. Following the example of Saint Vincent de Paul, here no one
was to be refused admittance. A doctor, who was his friend, and a benevolent
pharmacist helped him. He sought out pious women to nurse the sick and men to
serve the male sick. When it became to expand, he organized the volunteers who
had been manning it into the Brothers of Saint Vincent and the Daughters of
Saint Vincent (Vincentian Sisters). The congregation of young girls he founded
renounced the world and were to devote themselves wholly to God and the care of
the sick.
Cottolengo had overcome the
initial difficulties and his work was growing when, in 1831, cholera broke out.
The police closed the hospice, so the Vincentians nursed the poor in their own
homes until Joseph was allowed to open a new one outside the city at Valdocco.
There they continued ministering to the stricken.
It was opened in the
following year and was known as the Little House of Divine Providence. God's
providence had moved the little house out to that spot so that it might grow up
to be a whole city. Soon there rose about it a House of Faith, a House of Hope,
and a House of Love to minister to the crippled, insane, and wayward girls.
His Piccola Casa became a
gigantic set of institutions, a city really of more than 7,000 paupers,
patients, orphans, cripples, idiots, and penitent women. Today it serves an
average of 8,000 to 9,000 inmates daily, and the Cottolengo Institute has
several foundations in other areas of the world. Today the Little House at
Turin, with its thousands of beneficiaries, is one of the most impressive
places in Europe. Here can be seen on a large scale human suffering in its most
horrifying forms side by side with human selflessness and love raised to a
supernatural degree by a Power beyond itself.
For his growing organization,
the saint founded 14 communities, some of which were purely contemplative and
were to assist the others by their life of prayer, and to supplement, by
spiritual charity, the temporal works of mercy through prayer for those who
needed special assistance, above all the dying and the dead. These
congregations included the Daughters of Compassion, the Daughters of the Good
Shepherd, the Hermits of the Holy Rosary, and the Priests of the Holy Trinity.
The saint relied completely
on the boundless mercy of God, and, as one of his friends used to say, had more
trust in God than all the citizens of Turin together. As soon as money was
given to him, it was spent. Queried about the secret sources of the money with
which one tried to explain his gigantic achievements, he answered:
"Providence sends me everything." He learned, however, that
Providence may provide bread for today, but not at the same time for tomorrow
or the day after. (Remember the story of the Manna in the desert.)
He paid everything, yet
amid constant difficulties. "In the Little House," he used to say,
"we progress as long as we possess nothing. We decline when we live on
endowments." Saint Joseph would have had problems today. He depended upon
alms to maintain these many and varied institutions, yet he kept no books of
accounts and made no investments.
King Charles Albert
frequently proposed to let the government take over the protectorate of the
foundations. "Why?" answered Cottolengo. "They are under the
protection of Divine Providence; protection by the state is superfluous."
This trust in Providence,
however, did not keep him from strenuous work and effort. He slept but a few
hours, often only on a chair or a bench, and persevered in his task of prayer
and work. But therewith he wore himself out.
In 1842, he handed the
administration of the institutes to his successor. The doctors persuaded him to
go to his brothers at Chieri, where he died a few days later of typhoid. He had
promised the sisters as he left: "When I am in Heaven, where everything is
possible, I will cling to the mantle of the Mother of God and I will not turn
my eyes from you. But do not forget what this poor old man has said to
you."
Saint
Joseph Cottolengo's example was one of the inspirations for Saint John Bosco,
who in the earlier years of his priesthood helped occasionally at the Piccola
Casa (Attwater, Benedictines, Delaney, Farmer, Schamoni, White).
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0429.shtml
Basterebbe, per provarlo, considerare il fatto che una delle due “porte sante” della diocesi torinese, nell’Anno Santo della Misericordia, è stata aperta proprio nel grandioso complesso della carità che dal suo fondatore prende nome, anche se alla parola Cottolengo si collega più facilmente la struttura, l’edificio, la realtà caritativa, che non la persona. A quest’ultima possiamo dedicare solo alcune rapide pennellate, scegliendole tra quelle più strettamente connesse con la misericordia.
Prendiamo le mosse dalle origini della famiglia Couttolenc, che non sono italiane, ma francesi, precisamente di Saint-Pons de Barcellonette nell’Alta Provenza, mentre di origini italianissime è la mamma, Benedetta Chiarotti, nata a Savigliano, dove di recente hanno individuato la casa abitata fino al giorno del matrimonio da questa donna, alla cui fede e devozione siamo debitori delle tre vocazioni sacerdotali sbocciate tra i suoi figli e, almeno in parte, della santità del suo primogenito.
Giuseppe Benedetto nasce a Bra nel 1886 e fatica a realizzare la sua vocazione per tutte le limitazioni che Napoleone impone in quegli anni ai seminari e agli istituti religiosi, ma fa in tempo ad essere ordinato prete alla soglia dei suoi 25 anni.
Lo mandano viceparroco a Corneliano d’Alba e qui stupisce tutti perché prega, lavora, veglia i malati di notte, si dedica ai poveri con una generosità tale che ci rimette di salute e mamma è talmente preoccupata da convincerlo e riprendere gli studi ed a pensare un po’ di più a se stesso.
Don Giuseppe ubbidisce fin troppo: torna a Torino, riprende i libri in mano, si laurea in teologia e diventa un canonico dotto, stimato e ricercato da molta gente come predicatore e confessore. Non si dimentica dei poveri, svolge addirittura una qualche attività sociale a favore dei più bisognosi, ma fondamentalmente resta un prete ben “sistemato”, con una bella camera, uno stipendio più che buono e la prospettiva di una carriera brillante.
Tutto questo però gli lascia l’amaro in bocca, reso inquieto, incerto, talvolta scostante e burbero, spesso anche triste e taciturno: un prete insoddisfatto, insomma, che è quanto di meno ci si possa augurare, soprattutto se si considera che ad andare in crisi esistenziale non è un seminarista o un giovane prete, bensì un uomo di 42 anni. Che ha sì, come egli stesso scrive a mamma, «la faccia rotonda qual luna piena», il che sarebbe indice di buona salute, ma l’animo cupo di chi si accorge di non aver ancora fatto nulla di buono nella vita, tanto che il superiore gli ordina di leggere la vita di San Vincenzo de’ Paoli perché almeno abbia un argomento su cui discutere con i confratelli a tavola.
La svolta (o «la grazia della Madonna», come la chiama lui) arriva il 2 settembre 1827, quando la misericordia irrompe nella sua vita in modo tragico e imprevedibile. In quella notte accorre, chiamato per gli ultimi sacramenti, accanto al pagliericcio di un dormitorio pubblico, su cui agonizza Giovanna Gonnet, una giovane francese, mamma di tre figli e in avanzato stato di gravidanza, non ricoverata negli ospedali torinesi perché incinta, rifiutata dal reparto di maternità perché tubercolotica. La vicenda si chiude nel modo più tragico, con una bimba nata prematura che vive poche ore appena, seguita subito nella tomba dalla mamma, uccisa dalla tubercolosi.
Impietrito e sconvolto, domandandosi perché proprio a lui sia toccato essere testimone di una simile tragedia, improvvisamente si accorge che la misericordia ha fatto irruzione nella sua vita, sconvolgendola e rivoluzionandola in pieno. Per questo accende tutte le candele dell’altare, fa suonare le campane e intona le litanie lauretane: da quel giorno non sarà più il prete che fa anche «qualcosa per i poveri», perché la Madonna gli ha fatto la grazia di trasformarlo nel «prete dei poveri», che saranno i suoi veri «signori e padroni».
D’ora in poi, tutta l’attività del Canonico, repentinamente convertito alla causa dei poveri, si svolge all’insegna del paolino «Caritas Christi urget nos!», motto che ci siamo abituati a veder inciso a caratteri cubitali, anche dalle nostre parti, ovunque sono state chiamate ad operare le suore del Cottolengo, quasi a esplicitare, se mai ce ne fosse bisogno, la forza motrice, che da quel momento letteralmente lo spinge.
Talmente “spinto” da non poter perdere tempo: il 17 gennaio 1828, cioè appena pochi mesi dopo lo sconvolgente dramma vissuto il precedente 2 settembre, già prende in affitto alcune stanze nella casa detta della “Volta Rossa”, al civico 19 di Via Palazzo di Città, in pieno centro urbano, per farne il “Deposito de’ poveri infermi del Corpus Domini”.
È costretto a vendere tutto, anche il mantello, per far fronte alle prime spese per i ricoverati, che non si fanno attendere, visto che in quella stessa giornata le porte già si aprono per accogliere i primi due, Giuseppe Dana e Margherita Andrà; di lei si sa che è completamente paralitica e senza parenti, abbandonata a se stessa.
Fin dal primo giorno si delineano così le caratteristiche della nuova istituzione, nata per rispondere alle esigenze di chi non ha veramente nulla, neppure i parenti, e che nessuno vuole ricoverare, in quanto incurabile.
Perché a Torino non mancherebbero le istituzioni di assistenza e beneficenza; sono piuttosto le rigidissime regole interne ad impedire di fatto che ne usufruiscano i più bisognosi, il più delle volte ad esclusivo carico di famiglie magari già ridotte in stato di indigenza o, peggio ancora, completamente abbandonati a se stessi.
Ed è principalmente di questi che vuole farsi carico il Cottolengo, e con un tale ardore e così tanta abnegazione da incontrare fin da subito l’opposizione ed i contrasti dei parenti e dei confratelli, con l’unica eccezione del suo diretto superiore, che gli fa da sponda, raccomandando a tutti di «lasciarlo fare».
A dar sollievo a chi lamenta che quella strada e quella casa sono ormai diventati ricettacolo di ogni umana miseria, arriva il colera, con la chiusura dell’ospedaletto per paura del contagio. Non conoscerebbe a fondo il Cottolengo chi pensasse che possa bastare un’epidemia per farlo desistere; da buon braidese esperto di orticoltura, sa benissimo che «i cavoli trapiantati riescono meglio» e con questa speranza in cuore, ad aprile 1832, “trapianta” la sua neonata creatura in zona Valdocco, Borgo Dora: non più semplice “ospedaletto” di emergenza sanitaria, ma vera e propria “Casa”, intitolata a chi di quella struttura è la vera unica proprietaria, cioè la Divina Provvidenza.
Per non far torto alla quale non vuole saperne di contabilità o di rendiconti, profondamente convinto che “a chi straordinariamente confida, Dio straordinariamente provvede”. Lo sperimenta tutti i giorni, toccando con mano fin dove sa arrivare il buon Dio, con un‘eleganza ed una tempestività che ha dello strepitoso e che in pratica equivale al sigillo celeste sull’intera istituzione.
In base alle esigenze che di volta in volta gli si appalesano, nascono numerosi gruppi che denomina “famiglie”: l’ospedale per i malati, la casa per uomini e donne anziani, le famiglie dei sordomuti, degli epilettici, dei disabili psichici detti “Buoni Figli” e “Buone Figlie”, dove l’aggettivo “buono” sembra aggiunto apposta per esplicitare la tenerezza di Dio nei confronti dei più poveri tra i poveri e che il Cottolengo si sforza di tradurre in gesti concreti di carità.
Fior fior di medici e farmacisti, tra cui anche il farmacista regio, si alternano a volontari, professionisti, muratori e benefattori che mettono a servizio della Provvidenza e dei poveri le proprie capacità e il proprio tempo.
Fioriscono come dal nulla le Suore Vincenzine, poi le Suore della Divina Pastora, a seguire le Carmelitane Scalze, le Suore del Suffragio e le Suore Penitenti; sul versante maschile, i Fratelli di San Vincenzo e i Sacerdoti della SS. Trinità. Non male per un prete che, appena qualche anno prima, tirava stancamente la sua vocazione, senza slancio e senza entusiasmo.
Il “manovale della Provvidenza” muore a Chieri il 30 aprile 1842, a 56 anni, più di 40 dei quali vissuti nel più assoluto anonimato e solo gli ultimi 14 all’insegna della misericordia, che lo aveva tuttavia spinto a scelte concrete e a volte scomode per i poveri, come ad esempio quella di far fare anticamera al vescovo di Vercelli per terminare una partita di bocce con un ricoverato: perché l’amore e la tenerezza sanno dare anche queste precedenze.
Già terziario francescano, il 2 ottobre 1802 il Cottolengo ricevette la veste talare dalle mani del parroco. Nel 1805 entrò nel seminario di Asti, che però dopo due anni fu chiuso ed il santo fu costretto a continuare in famiglia gli studi sino all’ordinazione presbiterale che gli fu conferita l’8 giugno 1811. Rendendosi conto della deficienza degli studi teologici condotti, in particolare in occasione delle confessioni a Bra ed a Corneliano d’Alba, dove era stato inviato come vicecurato, chiese con insistenza di poter integrare i suoi studi a Torino. Nel 1816 finalmente conseguì così il dottorato in teologia. Dopo aver svolto ancora per due anni il suo ministero nella terra natia, nel 1818 ricevette la nomina a canonico della basilica torinese del Corpus Domini, dove per nove anni profuse instancabilmente le sue forze, supplicando il sacrista di lasciare in pace i canonici più anziani: “Io sono giovane, diceva, chiamate me per ogni occorrenza. Che ci sto qui a fare se non mi occupo?”. Divenne così ben presto l’apostolo della confessione, il consolatore dei malati ed il soccorritore dei poveri. A questi ultimi donava tutto quanto gli fosse possibile: i compensi delle predicazioni, le elemosine delle Messe, i regali ricevuti dalla famiglia e le elargizioni dei bottegai. Per sollevare dalla miseria il più grande numero possibile di indigenti il Cottolengo persino d’inverno faceva economia nel proprio abbigliamento e nel riscaldamento. I torinesi del tempo presero a chiamarlo il “canonico buono”, ma il santo preferiva continuare a considerarsi un contadino di Bra incapace di tutto se non che di piantare cavoli.
Il Cottolengo percepiva però che quella non era veramente la sua vocazione ed ipotizzò di essere chiamato alla vita religiosa, ma il suo confessore Padre Fontana, oratoriano di San Filippo Neri, all’inizio del 1826 gli disse apertamente: “Voi non sarete né Filippino, né claustrale, ma un povero sacerdote di Torino, perché Dio vuole servirsi di voi per opere di sua gloria”. Dopo aver letto la vita di San Vincenzo de’ Paoli, il Cottolengo comprese allora che la sua vera strada era quella della carità. La definitiva vocazione gli fu svelata da un pietoso episodio nel settembre 1827, quando la famiglia Gonet, con tre bambini, transitante da Milano a Lione, aveva trovato ristoro in un’osteria della parrocchia del Corpus Domini. La moglie si disponeva già a ripartire, quando, colta da grave malore, morì assistita dal “Canonico buono” dopo essere stata respinta dall’ospedale dei tubercolotici poiché incinta e dall’ospizio di maternità in quanto malata. Il santo pensò allora di istituire un ricovero che potessero spalancare le porte ad ogni sorta di infelici. L’opera prese il via il 17 gennaio 1828 con quattro letti in alcune stanze affittate nella casa detta della Volta Rossa. Non mancò di trovare forte opposizione tra i confratelli ed i parenti, ma a tutti Padre Fontana ripeteva: “Lasciatelo fare”. I primi collaboratori furono il medico Lorenzo Granetti, il farmacista regio Paolo Anglesio e dodici visitatrici dei malati dette “Dame di Carità”, che riunì sotto la direzione della ricca vedova Marianna Nasi.
Quando a Torino nel 1831 scoppiò il colera, l’ospedaletto fu chiuso a causa del pericolo di contagi. Il Cottolengo, convinto che “i cavoli, perché prosperino, devono essere trapiantati”, comprò un casetta a Valdocco, proprio nella zona ove poco dopo sarebbe fiorite anche le opere fondate da Giulia di Barolo e San Giovanni Bosco, e vi si trasferì il 27 aprile 1832 con due suore ed un canceroso, adagiato su di un carretto trainato da un asinello. Queste furono le umilissime origini della Piccola Casa della Divina Provvidenza. Il vasto terreno, con l’aiuto di parecchi benefattori e specialmente del Cavalier Ferrero, si costellò ben presto di vari ospedaletti, asili e orfanotrofi. L’unico valido mezzo per portare a compimento la grandiosa opera fu un’illimitata fiducia nella Provvidenza Divina, invocata con costante orazione, e nessuna diretta richiesta fu mai rivolta alla generosità dei torinesi o della corte. Per non far torto alla Provvidenza, il padre fondatore non volle saperne di contabilità o di rendiconti, profondamente convinto che “a chi straordinariamente confida, Dio straordinariamente provvede”. Sulle sue labbra non risuonavano che espressioni del tipo “Avanti in Domino, Provvidenza e Deo gratis”.
Nel 1833 il re Carlo Alberto di Savoia eresse l’opera ad ente morale e nominò il Giuseppe Benedetto Cottolengo cavaliere dell’Ordine Mauriziano. Il santo accettò sentenziando: “Passino i doni ai miei poveri. Io ritengo la croce. Provvidenza e croce sono due cose che vanno unite”. Al termine dell’anno era già pronto un primo grande ospedale da 200 posti letto, al quale ne seguì un altro per tutti i soggetti rifiutati dalla società. Egli stesso riceveva i malati alla porta a capo scoperto, per affidarli alle suore dicendo: “Sono doni di Dio. Siano le vostre pietre preziose”. Al servizio di questa nascente cittadella della carità, il Cottolengo istituì nel 1833 le Suore Vincenzine; nel 1841 le Suore della Divina Pastora per curare la preparazione delle ricoverate ai sacramenti; nel 1839 le Suore Carmelitane Scalze dedite alla via contemplativa; nel 1840 le Suore del Suffragio per i lavori di cucito e le Suore Penitenti di Santa Taide per la conversione delle traviate; infine nel 1841 le Suore della Pietà per assistere i morenti. Era solito ripetere alle sue più strette collaboratrici: “Presenza di Dio, occhi bassi, testa alta, abitino al collo e rosario al fianco. Così, in mezzo ad un reggimento di soldati, sarete senza timore”. Per l’assistenza ai malati di sesso maschile istituì i “Fratelli di San Vincenzo”, per l’amministrazione dei sacramenti i “Sacerdoti della Santissima Trinità”, nonché il reparto giovanile dei “Tommasini”, cioè seminaristi aspiranti al sacerdozio. A tutti ripeteva spesso: “Non lasciatemi mai, a qualunque costo, la comunione quotidiana! Ciò che tiene in piedi la Piccola Casa sono le preghiere e la comunione”. Infatti, quando era a corto di viveri o di soldi, il santo era solito inginocchiarsi ai piedi della Vergine ed ottenere così infallibilmente tutto quanto gli occorreva.
Gregorio XVI con un breve approvò l’operato del Cottolengo, ma il padre dei poveri non si montò la testa e continuò ad essere l’umile servo della Divina Provvidenza, sempre pronto a giocare con i più idioti, a trasportare fasci di legna o ceste di verdure, a fare le pulizie calzando zoccoli di legno e rivestito di una vecchia tonaca, restando nella sua ferma convinzione di essere soltanto un contadino capace di piantare cavoli. Eppure Dio gli aveva addirittura concesso il dono di leggere nei cuori altrui, di prevedere il futuro e di conoscere anche le circostanze della propria morte. Nel febbraio 1842 il santo passò diverse settimane a sbrigare affari che non parevano urgenti, dopodichè visitò tutte le case che aveva fondato ed ovunque lasciò chiaramente intendere che quello era il suo ultimo addio. “Pregate per me, che sono alla fine dei miei giorni. Vi benedico per l’ultima volta. Ora non posso più nulla per la Piccola Casa, ma giunto in cielo pregherò e continuerò ad essere il vostro padre, e voi ricordate le parole che vi disse questo povero vecchio”. Il 21 aprile 1842 affidò al Canonico Luigi Anglesio la direzione della sua opera per potersi ritirare presso il fratello, canonico nella collegiata di Chieri. In tale città morì santamente il 30 aprile 1842 nel letto che dodici ani prima si era fatto preparare, dopo aver esclamato: “Mi sono rallegrato perché mi è stato detto: Andiamo nella casa del Signore”. Il re Carlo Alberto, saputo della sua dipartita, rimpianse la perdita del grande amico. Giuseppe Benedetto Cottolengo fu sepolto a Torino nella Piccola Casa, in una cappella della chiesa principale, dove riposa ancora oggi. In seguito ai numerosi miracoli verificatisi per sua intercessione, il pontefice Benedetto XV lo beatificò il 28 aprile 1917 e Pio XI infine lo canonizzò il 19 marzo 1934. Oltre alla commemorazione nel Martyrologium Romanum, calendario ufficiale della Chiesa Cattolica, il santo Cottolengo per le sue peculiari opere caritatevoli ha meritato di essere citato nella prima lettera enciclica del papa Benedetto XVI “Deus caritas est”.
Autore: Fabio Arduino
San Giuseppe Benedetto Cottolengo Sacerdote
Bra, Cuneo, 3 maggio 1786 –
Chieri, Torino, 30 aprile 1842
Portato fin da piccolo verso i bisognosi, divenuto sacerdote a Torino,
aprì nella regione di Valdocco le Piccole Case della Divina Provvidenza, prima
per i malati rifiutati da tutti, poi per “famiglie“ di handicappati, orfani,
ragazze in pericolo e invalidi.Le Piccole Case , oltre a dare rifugio e
assistenza materiale, tendevano a costruire una identità umana e cristiana
nelle persone completamente emarginate. Con Giuseppe nacquero i preti della Santissima
Trinità, varie famiglie di suore, i fratelli di S. Vincenzo, il seminario dei
Tommasini. Apostolo, asceta, penitente, mistico, devotissimo alla Madonna, egli
portò nelle sue case una vita spirituale intensa. Fu formatore di vita
religiosa e precursore dell’assistenza ospedaliera.
Etimologia:
Giuseppe = aggiunto (in famiglia), dall'ebraico
Martirologio
Romano: A Chieri presso Torino, san Giuseppe Benedetto Cottolengo, sacerdote,
che, confidando nel solo aiuto della divina Provvidenza, aprì una casa in cui
si adoperò nell’accoglienza di poveri, infermi ed emarginati di ogni genere.
La gente
lo chiama “il canonico buono” e tale è senz’altro, almeno per l’arcinota
locuzione secondo cui la “vox populi” è facilmente identificabile con la “vox
Dei”. Il che, tuttavia, non significa che “buono” equivalga a “convertito”,
essendo la conversione una questione di cuore, che riguarda squisitamente il
rapporto della creatura con il suo Creatore ed alla quale, il più delle volte,
si arriva percorrendo la strada dei poveri: così è successo per madre Teresa di
Calcutta, altrettanto per il canonico Giuseppe Benedetto Cottolengo, che della
misericordia incarnata con la fantasia della carità è icona quantomai
eloquente.
Basterebbe, per provarlo, considerare il fatto che una delle due “porte sante” della diocesi torinese, nell’Anno Santo della Misericordia, è stata aperta proprio nel grandioso complesso della carità che dal suo fondatore prende nome, anche se alla parola Cottolengo si collega più facilmente la struttura, l’edificio, la realtà caritativa, che non la persona. A quest’ultima possiamo dedicare solo alcune rapide pennellate, scegliendole tra quelle più strettamente connesse con la misericordia.
Prendiamo le mosse dalle origini della famiglia Couttolenc, che non sono italiane, ma francesi, precisamente di Saint-Pons de Barcellonette nell’Alta Provenza, mentre di origini italianissime è la mamma, Benedetta Chiarotti, nata a Savigliano, dove di recente hanno individuato la casa abitata fino al giorno del matrimonio da questa donna, alla cui fede e devozione siamo debitori delle tre vocazioni sacerdotali sbocciate tra i suoi figli e, almeno in parte, della santità del suo primogenito.
Giuseppe Benedetto nasce a Bra nel 1886 e fatica a realizzare la sua vocazione per tutte le limitazioni che Napoleone impone in quegli anni ai seminari e agli istituti religiosi, ma fa in tempo ad essere ordinato prete alla soglia dei suoi 25 anni.
Lo mandano viceparroco a Corneliano d’Alba e qui stupisce tutti perché prega, lavora, veglia i malati di notte, si dedica ai poveri con una generosità tale che ci rimette di salute e mamma è talmente preoccupata da convincerlo e riprendere gli studi ed a pensare un po’ di più a se stesso.
Don Giuseppe ubbidisce fin troppo: torna a Torino, riprende i libri in mano, si laurea in teologia e diventa un canonico dotto, stimato e ricercato da molta gente come predicatore e confessore. Non si dimentica dei poveri, svolge addirittura una qualche attività sociale a favore dei più bisognosi, ma fondamentalmente resta un prete ben “sistemato”, con una bella camera, uno stipendio più che buono e la prospettiva di una carriera brillante.
Tutto questo però gli lascia l’amaro in bocca, reso inquieto, incerto, talvolta scostante e burbero, spesso anche triste e taciturno: un prete insoddisfatto, insomma, che è quanto di meno ci si possa augurare, soprattutto se si considera che ad andare in crisi esistenziale non è un seminarista o un giovane prete, bensì un uomo di 42 anni. Che ha sì, come egli stesso scrive a mamma, «la faccia rotonda qual luna piena», il che sarebbe indice di buona salute, ma l’animo cupo di chi si accorge di non aver ancora fatto nulla di buono nella vita, tanto che il superiore gli ordina di leggere la vita di San Vincenzo de’ Paoli perché almeno abbia un argomento su cui discutere con i confratelli a tavola.
La svolta (o «la grazia della Madonna», come la chiama lui) arriva il 2 settembre 1827, quando la misericordia irrompe nella sua vita in modo tragico e imprevedibile. In quella notte accorre, chiamato per gli ultimi sacramenti, accanto al pagliericcio di un dormitorio pubblico, su cui agonizza Giovanna Gonnet, una giovane francese, mamma di tre figli e in avanzato stato di gravidanza, non ricoverata negli ospedali torinesi perché incinta, rifiutata dal reparto di maternità perché tubercolotica. La vicenda si chiude nel modo più tragico, con una bimba nata prematura che vive poche ore appena, seguita subito nella tomba dalla mamma, uccisa dalla tubercolosi.
Impietrito e sconvolto, domandandosi perché proprio a lui sia toccato essere testimone di una simile tragedia, improvvisamente si accorge che la misericordia ha fatto irruzione nella sua vita, sconvolgendola e rivoluzionandola in pieno. Per questo accende tutte le candele dell’altare, fa suonare le campane e intona le litanie lauretane: da quel giorno non sarà più il prete che fa anche «qualcosa per i poveri», perché la Madonna gli ha fatto la grazia di trasformarlo nel «prete dei poveri», che saranno i suoi veri «signori e padroni».
D’ora in poi, tutta l’attività del Canonico, repentinamente convertito alla causa dei poveri, si svolge all’insegna del paolino «Caritas Christi urget nos!», motto che ci siamo abituati a veder inciso a caratteri cubitali, anche dalle nostre parti, ovunque sono state chiamate ad operare le suore del Cottolengo, quasi a esplicitare, se mai ce ne fosse bisogno, la forza motrice, che da quel momento letteralmente lo spinge.
Talmente “spinto” da non poter perdere tempo: il 17 gennaio 1828, cioè appena pochi mesi dopo lo sconvolgente dramma vissuto il precedente 2 settembre, già prende in affitto alcune stanze nella casa detta della “Volta Rossa”, al civico 19 di Via Palazzo di Città, in pieno centro urbano, per farne il “Deposito de’ poveri infermi del Corpus Domini”.
È costretto a vendere tutto, anche il mantello, per far fronte alle prime spese per i ricoverati, che non si fanno attendere, visto che in quella stessa giornata le porte già si aprono per accogliere i primi due, Giuseppe Dana e Margherita Andrà; di lei si sa che è completamente paralitica e senza parenti, abbandonata a se stessa.
Fin dal primo giorno si delineano così le caratteristiche della nuova istituzione, nata per rispondere alle esigenze di chi non ha veramente nulla, neppure i parenti, e che nessuno vuole ricoverare, in quanto incurabile.
Perché a Torino non mancherebbero le istituzioni di assistenza e beneficenza; sono piuttosto le rigidissime regole interne ad impedire di fatto che ne usufruiscano i più bisognosi, il più delle volte ad esclusivo carico di famiglie magari già ridotte in stato di indigenza o, peggio ancora, completamente abbandonati a se stessi.
Ed è principalmente di questi che vuole farsi carico il Cottolengo, e con un tale ardore e così tanta abnegazione da incontrare fin da subito l’opposizione ed i contrasti dei parenti e dei confratelli, con l’unica eccezione del suo diretto superiore, che gli fa da sponda, raccomandando a tutti di «lasciarlo fare».
A dar sollievo a chi lamenta che quella strada e quella casa sono ormai diventati ricettacolo di ogni umana miseria, arriva il colera, con la chiusura dell’ospedaletto per paura del contagio. Non conoscerebbe a fondo il Cottolengo chi pensasse che possa bastare un’epidemia per farlo desistere; da buon braidese esperto di orticoltura, sa benissimo che «i cavoli trapiantati riescono meglio» e con questa speranza in cuore, ad aprile 1832, “trapianta” la sua neonata creatura in zona Valdocco, Borgo Dora: non più semplice “ospedaletto” di emergenza sanitaria, ma vera e propria “Casa”, intitolata a chi di quella struttura è la vera unica proprietaria, cioè la Divina Provvidenza.
Per non far torto alla quale non vuole saperne di contabilità o di rendiconti, profondamente convinto che “a chi straordinariamente confida, Dio straordinariamente provvede”. Lo sperimenta tutti i giorni, toccando con mano fin dove sa arrivare il buon Dio, con un‘eleganza ed una tempestività che ha dello strepitoso e che in pratica equivale al sigillo celeste sull’intera istituzione.
In base alle esigenze che di volta in volta gli si appalesano, nascono numerosi gruppi che denomina “famiglie”: l’ospedale per i malati, la casa per uomini e donne anziani, le famiglie dei sordomuti, degli epilettici, dei disabili psichici detti “Buoni Figli” e “Buone Figlie”, dove l’aggettivo “buono” sembra aggiunto apposta per esplicitare la tenerezza di Dio nei confronti dei più poveri tra i poveri e che il Cottolengo si sforza di tradurre in gesti concreti di carità.
Fior fior di medici e farmacisti, tra cui anche il farmacista regio, si alternano a volontari, professionisti, muratori e benefattori che mettono a servizio della Provvidenza e dei poveri le proprie capacità e il proprio tempo.
Fioriscono come dal nulla le Suore Vincenzine, poi le Suore della Divina Pastora, a seguire le Carmelitane Scalze, le Suore del Suffragio e le Suore Penitenti; sul versante maschile, i Fratelli di San Vincenzo e i Sacerdoti della SS. Trinità. Non male per un prete che, appena qualche anno prima, tirava stancamente la sua vocazione, senza slancio e senza entusiasmo.
Il “manovale della Provvidenza” muore a Chieri il 30 aprile 1842, a 56 anni, più di 40 dei quali vissuti nel più assoluto anonimato e solo gli ultimi 14 all’insegna della misericordia, che lo aveva tuttavia spinto a scelte concrete e a volte scomode per i poveri, come ad esempio quella di far fare anticamera al vescovo di Vercelli per terminare una partita di bocce con un ricoverato: perché l’amore e la tenerezza sanno dare anche queste precedenze.
Autore:
Gianpiero Pettiti
La parola
“Cottolengo” è solita evocare nell’immaginario collettivo più una struttura
gestita da suore ospitante ammalati gravi, piuttosto che rimandare alla figura
del santo fondatore, la cui vicenda terrena cade spesso in secondo piano e
vuole dunque essere oggetto della presente scheda agiografica.
Giuseppe Benedetto Cottolengonacque a Bra (Cuneo) il 3 maggio 1786, primogenito di dodici fratelli, da un modesto esattore del pubblico erario. Dalla mamma ereditò quel tenero amore per i poveri e i malati che lo contraddistinse per l’intera vita. Quando il figlio aveva cinque anni ella lo sorprese a misurare le pareti di una stanza, che egli già sognava di poter riempire di letti per i sofferenti non appena ne avesse avute le possibilità. Crebbe con una corporatura assai gracile ed a scuola, dove assolutamente non eccelleva, solo dopo una novena a San Tommaso d’Aquino poté divenire uno dei primi della classe. All’età di soli dieci anni Giuseppe si propose di vivere alla presenza di Dio e di farsi santo. Trasportato da un innato fervore religioso, di giorno era solito animare la casa con i canti imparati in parrocchia ed alla sera, al suono di un ferro di cucina, richiamava i familiari a pregare dinanzi al quadro della Vergine Maria.
Giuseppe Benedetto Cottolengonacque a Bra (Cuneo) il 3 maggio 1786, primogenito di dodici fratelli, da un modesto esattore del pubblico erario. Dalla mamma ereditò quel tenero amore per i poveri e i malati che lo contraddistinse per l’intera vita. Quando il figlio aveva cinque anni ella lo sorprese a misurare le pareti di una stanza, che egli già sognava di poter riempire di letti per i sofferenti non appena ne avesse avute le possibilità. Crebbe con una corporatura assai gracile ed a scuola, dove assolutamente non eccelleva, solo dopo una novena a San Tommaso d’Aquino poté divenire uno dei primi della classe. All’età di soli dieci anni Giuseppe si propose di vivere alla presenza di Dio e di farsi santo. Trasportato da un innato fervore religioso, di giorno era solito animare la casa con i canti imparati in parrocchia ed alla sera, al suono di un ferro di cucina, richiamava i familiari a pregare dinanzi al quadro della Vergine Maria.
Già terziario francescano, il 2 ottobre 1802 il Cottolengo ricevette la veste talare dalle mani del parroco. Nel 1805 entrò nel seminario di Asti, che però dopo due anni fu chiuso ed il santo fu costretto a continuare in famiglia gli studi sino all’ordinazione presbiterale che gli fu conferita l’8 giugno 1811. Rendendosi conto della deficienza degli studi teologici condotti, in particolare in occasione delle confessioni a Bra ed a Corneliano d’Alba, dove era stato inviato come vicecurato, chiese con insistenza di poter integrare i suoi studi a Torino. Nel 1816 finalmente conseguì così il dottorato in teologia. Dopo aver svolto ancora per due anni il suo ministero nella terra natia, nel 1818 ricevette la nomina a canonico della basilica torinese del Corpus Domini, dove per nove anni profuse instancabilmente le sue forze, supplicando il sacrista di lasciare in pace i canonici più anziani: “Io sono giovane, diceva, chiamate me per ogni occorrenza. Che ci sto qui a fare se non mi occupo?”. Divenne così ben presto l’apostolo della confessione, il consolatore dei malati ed il soccorritore dei poveri. A questi ultimi donava tutto quanto gli fosse possibile: i compensi delle predicazioni, le elemosine delle Messe, i regali ricevuti dalla famiglia e le elargizioni dei bottegai. Per sollevare dalla miseria il più grande numero possibile di indigenti il Cottolengo persino d’inverno faceva economia nel proprio abbigliamento e nel riscaldamento. I torinesi del tempo presero a chiamarlo il “canonico buono”, ma il santo preferiva continuare a considerarsi un contadino di Bra incapace di tutto se non che di piantare cavoli.
Il Cottolengo percepiva però che quella non era veramente la sua vocazione ed ipotizzò di essere chiamato alla vita religiosa, ma il suo confessore Padre Fontana, oratoriano di San Filippo Neri, all’inizio del 1826 gli disse apertamente: “Voi non sarete né Filippino, né claustrale, ma un povero sacerdote di Torino, perché Dio vuole servirsi di voi per opere di sua gloria”. Dopo aver letto la vita di San Vincenzo de’ Paoli, il Cottolengo comprese allora che la sua vera strada era quella della carità. La definitiva vocazione gli fu svelata da un pietoso episodio nel settembre 1827, quando la famiglia Gonet, con tre bambini, transitante da Milano a Lione, aveva trovato ristoro in un’osteria della parrocchia del Corpus Domini. La moglie si disponeva già a ripartire, quando, colta da grave malore, morì assistita dal “Canonico buono” dopo essere stata respinta dall’ospedale dei tubercolotici poiché incinta e dall’ospizio di maternità in quanto malata. Il santo pensò allora di istituire un ricovero che potessero spalancare le porte ad ogni sorta di infelici. L’opera prese il via il 17 gennaio 1828 con quattro letti in alcune stanze affittate nella casa detta della Volta Rossa. Non mancò di trovare forte opposizione tra i confratelli ed i parenti, ma a tutti Padre Fontana ripeteva: “Lasciatelo fare”. I primi collaboratori furono il medico Lorenzo Granetti, il farmacista regio Paolo Anglesio e dodici visitatrici dei malati dette “Dame di Carità”, che riunì sotto la direzione della ricca vedova Marianna Nasi.
Quando a Torino nel 1831 scoppiò il colera, l’ospedaletto fu chiuso a causa del pericolo di contagi. Il Cottolengo, convinto che “i cavoli, perché prosperino, devono essere trapiantati”, comprò un casetta a Valdocco, proprio nella zona ove poco dopo sarebbe fiorite anche le opere fondate da Giulia di Barolo e San Giovanni Bosco, e vi si trasferì il 27 aprile 1832 con due suore ed un canceroso, adagiato su di un carretto trainato da un asinello. Queste furono le umilissime origini della Piccola Casa della Divina Provvidenza. Il vasto terreno, con l’aiuto di parecchi benefattori e specialmente del Cavalier Ferrero, si costellò ben presto di vari ospedaletti, asili e orfanotrofi. L’unico valido mezzo per portare a compimento la grandiosa opera fu un’illimitata fiducia nella Provvidenza Divina, invocata con costante orazione, e nessuna diretta richiesta fu mai rivolta alla generosità dei torinesi o della corte. Per non far torto alla Provvidenza, il padre fondatore non volle saperne di contabilità o di rendiconti, profondamente convinto che “a chi straordinariamente confida, Dio straordinariamente provvede”. Sulle sue labbra non risuonavano che espressioni del tipo “Avanti in Domino, Provvidenza e Deo gratis”.
Nel 1833 il re Carlo Alberto di Savoia eresse l’opera ad ente morale e nominò il Giuseppe Benedetto Cottolengo cavaliere dell’Ordine Mauriziano. Il santo accettò sentenziando: “Passino i doni ai miei poveri. Io ritengo la croce. Provvidenza e croce sono due cose che vanno unite”. Al termine dell’anno era già pronto un primo grande ospedale da 200 posti letto, al quale ne seguì un altro per tutti i soggetti rifiutati dalla società. Egli stesso riceveva i malati alla porta a capo scoperto, per affidarli alle suore dicendo: “Sono doni di Dio. Siano le vostre pietre preziose”. Al servizio di questa nascente cittadella della carità, il Cottolengo istituì nel 1833 le Suore Vincenzine; nel 1841 le Suore della Divina Pastora per curare la preparazione delle ricoverate ai sacramenti; nel 1839 le Suore Carmelitane Scalze dedite alla via contemplativa; nel 1840 le Suore del Suffragio per i lavori di cucito e le Suore Penitenti di Santa Taide per la conversione delle traviate; infine nel 1841 le Suore della Pietà per assistere i morenti. Era solito ripetere alle sue più strette collaboratrici: “Presenza di Dio, occhi bassi, testa alta, abitino al collo e rosario al fianco. Così, in mezzo ad un reggimento di soldati, sarete senza timore”. Per l’assistenza ai malati di sesso maschile istituì i “Fratelli di San Vincenzo”, per l’amministrazione dei sacramenti i “Sacerdoti della Santissima Trinità”, nonché il reparto giovanile dei “Tommasini”, cioè seminaristi aspiranti al sacerdozio. A tutti ripeteva spesso: “Non lasciatemi mai, a qualunque costo, la comunione quotidiana! Ciò che tiene in piedi la Piccola Casa sono le preghiere e la comunione”. Infatti, quando era a corto di viveri o di soldi, il santo era solito inginocchiarsi ai piedi della Vergine ed ottenere così infallibilmente tutto quanto gli occorreva.
Gregorio XVI con un breve approvò l’operato del Cottolengo, ma il padre dei poveri non si montò la testa e continuò ad essere l’umile servo della Divina Provvidenza, sempre pronto a giocare con i più idioti, a trasportare fasci di legna o ceste di verdure, a fare le pulizie calzando zoccoli di legno e rivestito di una vecchia tonaca, restando nella sua ferma convinzione di essere soltanto un contadino capace di piantare cavoli. Eppure Dio gli aveva addirittura concesso il dono di leggere nei cuori altrui, di prevedere il futuro e di conoscere anche le circostanze della propria morte. Nel febbraio 1842 il santo passò diverse settimane a sbrigare affari che non parevano urgenti, dopodichè visitò tutte le case che aveva fondato ed ovunque lasciò chiaramente intendere che quello era il suo ultimo addio. “Pregate per me, che sono alla fine dei miei giorni. Vi benedico per l’ultima volta. Ora non posso più nulla per la Piccola Casa, ma giunto in cielo pregherò e continuerò ad essere il vostro padre, e voi ricordate le parole che vi disse questo povero vecchio”. Il 21 aprile 1842 affidò al Canonico Luigi Anglesio la direzione della sua opera per potersi ritirare presso il fratello, canonico nella collegiata di Chieri. In tale città morì santamente il 30 aprile 1842 nel letto che dodici ani prima si era fatto preparare, dopo aver esclamato: “Mi sono rallegrato perché mi è stato detto: Andiamo nella casa del Signore”. Il re Carlo Alberto, saputo della sua dipartita, rimpianse la perdita del grande amico. Giuseppe Benedetto Cottolengo fu sepolto a Torino nella Piccola Casa, in una cappella della chiesa principale, dove riposa ancora oggi. In seguito ai numerosi miracoli verificatisi per sua intercessione, il pontefice Benedetto XV lo beatificò il 28 aprile 1917 e Pio XI infine lo canonizzò il 19 marzo 1934. Oltre alla commemorazione nel Martyrologium Romanum, calendario ufficiale della Chiesa Cattolica, il santo Cottolengo per le sue peculiari opere caritatevoli ha meritato di essere citato nella prima lettera enciclica del papa Benedetto XVI “Deus caritas est”.
Autore: Fabio Arduino
Voir aussi : http://www.catholickingdom.com/People/Lady_Gwen/s_scrapbook/tales/sos_T_001/sos-T-001_01.html
http://www.inxl6.catholique.fr/article2883.php