Fête de la Miséricorde
Divine
La première Fête de la Divine Miséricorde pour toute l'Eglise - instituée par
Jean-Paul II le 30 avril 2000 à l'occasion de la canonisation de Sœur Faustine
- a été célébrée le Dimanche 22 avril 2001. Elle est depuis célébrée tous les
ans, conformément aux demandes du Seigneur, le premier Dimanche après Pâques.
Le Dimanche de la
Miséricorde
Jésus disait à Sr
Faustine :
" Ma fille, parle au monde entier de mon inconcevable Miséricorde. Je
désire que la Fête de la Miséricorde soit le recours et le refuge pour toutes
les âmes, et surtout pour les pauvres pécheurs. En ce jour les entrailles de ma
Miséricorde sont ouvertes, je déverse tout un océan de grâces sur les âmes qui
s'approcheront de la source de ma miséricorde ; toute âme qui se confessera
(dans les huit jours qui précèdent ou suivent ce Dimanche de la Miséricorde) et
communiera, recevra le pardon complet de ses fautes et la remise de leur peine
; en ce jour sont ouvertes toutes les sources divines par lesquelles s'écoulent
les grâces ; qu'aucune âme n'ait peur de s'approcher de moi, même si ses péchés
sont comme l'écarlate. [...] La Fête de la Miséricorde est issue de mes
entrailles, je désire qu'elle soit fêtée solennellement le premier dimanche
après Pâques. Le genre humain ne trouvera pas la paix tant qu'il ne se tournera
pas vers la source de ma Miséricorde. " (Petit Journal, § 699).Le
Sacrement de la Confession" Ma fille, quand tu t'approches de la Sainte
Confession, de cette source de ma Miséricorde, le Sang et l'Eau qui sont sortis
de mon Coeur se déversent sur ton âme et l'ennoblissent. Chaque fois que tu te
confesses, plonge-toi tout entière dans ma Miséricorde avec grande confiance,
pour que je puisse répandre en ton âme toutes les largesses de ma grâce. Quand
tu vas te confesser, sache que c'est moi-même qui t'attends dans le
confessionnal. Je ne fais que me cacher derrière le prêtre, mais c'est moi seul
qui agis dans l'âme. Ici, la misère de l'âme rencontre le Dieu de Miséricorde.
Dis aux âmes qu'à cette source de Miséricorde elles ne puisent qu'avec le vase
de la confiance. Lorsque leur confiance est grande, il n'y a pas de borne à mes
largesses. Les torrents de ma grâce inondent les âmes humbles. Les orgueilleux
seront toujours dans la misère et la pauvreté car ma grâce se détourne d'eux
pour aller vers les âmes humbles. " (§ 1602)" Dis aux âmes qu'elles
doivent chercher la consolation au tribunal de la Miséricorde. Là, les plus
grands miracles se renouvellent sans cesse... Il suffit de se jeter avec foi
aux pieds de celui qui tient ma place, de lui dire sa misère, et le miracle de
la Divine Miséricorde se manifestera dans toute sa plénitude. Même si cette âme
était comme un cadavre en décomposition et même si, humainement parlant, il n'y
avait plus aucun espoir de retour à la vie et que tout semblait perdu, il n'en
est pas ainsi pour Dieu : le miracle de la Divine Miséricorde rendra la vie à
cette âme dans toute sa plénitude. Oh ! malheureux qui ne profitez pas
maintenant de ce miracle de la Divine Miséricorde, en vain vous appellerez, il
sera déjà trop tard ! " (§ 1448)La Sainte Communion" Je désire m'unir
aux âmes humaines, mon délice est de m'unir aux âmes. Sache-le, ma fille,
lorsque je viens dans un coeur humain dans la sainte communion, j'ai les mains
pleine de toutes sortes de grâces, et je désire les donner aux âmes. Mais les
âmes ne font même pas attention à moi, elles me laissent seul et s'occupent
d'autre chose. Oh, comme cela m'attriste que les âmes ne comprennent pas mon
amour ! " (§ 1385)" Combien il m'est douloureux que les âmes
s'unissent si peu à moi dans la sainte communion ! J'attends les âmes mais
elles sont indifférentes envers moi. Je les aime si sincèrement et avec tant de
tendresse, et elles se défient de moi ! Je veux les combler de grâces et elles
ne veulent pas les accepter. Elles me traitent comme une chose morte alors que
mon Coeur est rempli d'amour et de miséricorde. "" Ecris pour les
âmes religieuses que mon délice est de venir dans leur coeur par la Sainte
Communion. " (§ 1683)" Regarde, j'ai quitté mon trône céleste pour
m'unir à toi. Ce que tu vois, c'est à peine un pan du voile qui s'est soulevé
et déjà ton âme défaille d'amour. Mais lorsque tu me verras dans toute ma
gloire, quel saisissement pour ton coeur ! Laisse-moi te dire que la vie
éternelle doit commencer ici sur la terre par la sainte communion. Chaque
communion te rendra davantage capable de t'unir à Dieu pour toute l'éternité.
" (§ 1810)
Neuvaine à la Divine Miséricorde
C'est Jésus lui-même qui ordonna à Sr Faustine d'écrire cette Neuvaine et de la
réciter avant la Fête de la Miséricorde, le 1er dimanche après Pâques. On la
commence le Vendredi Saint (§ 1208).
Jésus disait à Sr Faustine :
"Je désire que durant ces neuf jours, tu amènes les âmes à la source de ma
miséricorde, afin qu'elles puisent force et fraîcheur, ainsi que toutes les
grâces dont elles ont besoin dans les difficultés de la vie et particulièrement
à l'heure de la mort. [...] Je ne refuserai rien aux âmes que tu amèneras à la
source de ma miséricorde. " (Petit Journal, § 1209)"J'exige de toi
des actes de miséricorde qui doivent découler de ton amour pour moi. [...] Je
te donne trois moyens pour exercer la miséricorde envers le prochain : 1°)
l'action, 2°) la parole, 3°) la prière ; ces trois degrés renferment la
plénitude de la miséricorde [...] " (Petit Journal, § 742).
Bien que cette Neuvaine obtienne des grâces particulières durant cette période,
elle peut être priée à tout moment de l'année.
Jésus disait à Sr Faustine :
"Chaque jour, tu amèneras à mon Cœur un groupe différent de ces âmes, et
tu les plongeras dans l'océan de ma Miséricorde. Moi, je ferai entrer toutes
ces âmes dans la demeure de mon Père. Tu feras cela dans cette vie et dans
l'autre. Je ne refuserai rien aux âmes que tu amèneras à la source de ma
Miséricorde. Chaque jour, par ma douloureuse Passion, tu solliciteras de mon
Père des grâces pour ces âmes." (Petit Journal, § 1209)
Le Dimanche de la Miséricorde
Jésus disait à Sr Faustine :
" Ma fille, parle au monde entier de mon inconcevable Miséricorde. Je
désire que la Fête de la Miséricorde soit le recours et le refuge pour toutes
les âmes, et surtout pour les pauvres pécheurs. En ce jour les entrailles de ma
Miséricorde sont ouvertes, je déverse tout un océan de grâces sur les âmes qui
s'approcheront de la source de ma miséricorde ; toute âme qui se confessera
(dans les huit jours qui précèdent ou suivent ce Dimanche de la Miséricorde) et
communiera, recevra le pardon complet de ses fautes et la remise de leur peine
; en ce jour sont ouvertes toutes les sources divines par lesquelles s'écoulent
les grâces ; qu'aucune âme n'ait peur de s'approcher de moi, même si ses péchés
sont comme l'écarlate. [...] La Fête de la Miséricorde est issue de mes
entrailles, je désire qu'elle soit fêtée solennellement le premier dimanche
après Pâques. Le genre humain ne trouvera pas la paix tant qu'il ne se tournera
pas vers la source de ma Miséricorde. " (Petit Journal, § 699).Le Sacrement
de la Confession" Ma fille, quand tu t'approches de la Sainte Confession,
de cette source de ma Miséricorde, le Sang et l'Eau qui sont sortis de mon
Coeur se déversent sur ton âme et l'ennoblissent. Chaque fois que tu te
confesses, plonge-toi tout entière dans ma Miséricorde avec grande confiance,
pour que je puisse répandre en ton âme toutes les largesses de ma grâce. Quand
tu vas te confesser, sache que c'est moi-même qui t'attends dans le
confessionnal. Je ne fais que me cacher derrière le prêtre, mais c'est moi seul
qui agis dans l'âme. Ici, la misère de l'âme rencontre le Dieu de Miséricorde.
Dis aux âmes qu'à cette source de Miséricorde elles ne puisent qu'avec le vase
de la confiance. Lorsque leur confiance est grande, il n'y a pas de borne à mes
largesses. Les torrents de ma grâce inondent les âmes humbles. Les orgueilleux
seront toujours dans la misère et la pauvreté car ma grâce se détourne d'eux
pour aller vers les âmes humbles. " (§ 1602)" Dis aux âmes qu'elles
doivent chercher la consolation au tribunal de la Miséricorde. Là, les plus
grands miracles se renouvellent sans cesse... Il suffit de se jeter avec foi
aux pieds de celui qui tient ma place, de lui dire sa misère, et le miracle de
la Divine Miséricorde se manifestera dans toute sa plénitude. Même si cette âme
était comme un cadavre en décomposition et même si, humainement parlant, il n'y
avait plus aucun espoir de retour à la vie et que tout semblait perdu, il n'en
est pas ainsi pour Dieu : le miracle de la Divine Miséricorde rendra la vie à
cette âme dans toute sa plénitude. Oh ! malheureux qui ne profitez pas
maintenant de ce miracle de la Divine Miséricorde, en vain vous appellerez, il
sera déjà trop tard ! " (§ 1448)La Sainte Communion" Je désire m'unir
aux âmes humaines, mon délice est de m'unir aux âmes. Sache-le, ma fille,
lorsque je viens dans un coeur humain dans la sainte communion, j'ai les mains
pleine de toutes sortes de grâces, et je désire les donner aux âmes. Mais les
âmes ne font même pas attention à moi, elles me laissent seul et s'occupent
d'autre chose. Oh, comme cela m'attriste que les âmes ne comprennent pas mon
amour ! " (§ 1385)" Combien il m'est douloureux que les âmes
s'unissent si peu à moi dans la sainte communion ! J'attends les âmes mais
elles sont indifférentes envers moi. Je les aime si sincèrement et avec tant de
tendresse, et elles se défient de moi ! Je veux les combler de grâces et elles
ne veulent pas les accepter. Elles me traitent comme une chose morte alors que
mon Coeur est rempli d'amour et de miséricorde. "" Ecris pour les
âmes religieuses que mon délice est de venir dans leur coeur par la Sainte
Communion. " (§ 1683)" Regarde, j'ai quitté mon trône céleste pour
m'unir à toi. Ce que tu vois, c'est à peine un pan du voile qui s'est soulevé
et déjà ton âme défaille d'amour. Mais lorsque tu me verras dans toute ma
gloire, quel saisissement pour ton coeur ! Laisse-moi te dire que la vie
éternelle doit commencer ici sur la terre par la sainte communion. Chaque
communion te rendra davantage capable de t'unir à Dieu pour toute l'éternité.
" (§ 1810)
Premier jour
"Aujourd'hui, amène-moi l'humanité entière et particulièrement tous les
pécheurs. Immerge-les dans l'océan de ma Miséricorde ; ainsi, tu me consoleras
de cette amère tristesse en laquelle me plonge la perte des âmes."Très
Miséricordieux Jésus, dont le propre est d'avoir compassion et de pardonner, ne
regarde pas nos péchés mais la confiance que nous plaçons en ton infinie bonté.
Reçois-nous tous dans la demeure de ton Cœur très compatissant et ne nous en
laisse jamais sortir. Nous t'en supplions par l'amour qui t'unit au Père et au
Saint-Esprit.
Chapelet
de la Divine Miséricorde
Père Eternel, pose ton regard de miséricorde sur l'humanité entière, et
particulièrement sur les pauvres pécheurs, enfermés dans le Cœur très
compatissant de Jésus. Par sa douloureuse Passion, montre-nous ta miséricorde
afin que nous glorifiions la toute puissance de ta miséricorde pour les siècles
sans fin. Amen.
Deuxième jour
"Aujourd'hui, amène-moi les âmes sacerdotales et religieuses et
immerge-les dans mon insondable Miséricorde. Ce sont elles qui m'ont donné la
force d'endurer mon amère Passion. Par elles comme par des canaux, ma
Miséricorde se répand sur l'humanité."Très Miséricordieux Jésus, de qui
provient tout bien, fais abonder ta grâce en nous afin que nous accomplissions
de dignes actes de miséricorde, et que ceux qui nous voient glorifient le Père
de miséricorde qui est au Ciel.
Chapelet
de la Divine Miséricorde
Père Eternel, pose ton regard de miséricorde sur ce groupe d'élus dans ta
vigne, les âmes des prêtres et des religieux. Comble-les de la puissance de ta
bénédiction. Par l'amour du Cœur de ton Fils dans lequel elles sont enfermées,
accorde-leur ta force et ta lumière, afin qu'elles puissent guider les autres
sur le chemin du salut et chanter d'une seule voix la gloire de ton insondable
miséricorde, pour les siècles sans fin. Amen.
Troisième jour
"Aujourd'hui, amène-moi toutes les âmes pieuses et fidèles et immerge-les
dans l'océan de ma Miséricorde. Ces âmes m'ont consolé sur le Chemin de la
Croix, elles furent cette goutte de consolation au milieu d'un océan
d'amertume."Très Miséricordieux Jésus, qui accorde à tous et avec
surabondance les trésors de ta Miséricorde, reçois-nous dans la demeure de ton
Cœur très compatissant et ne nous en laisse jamais sortir. Nous t'en supplions
par l'inconcevable amour dont brûle si ardemment ton Cœur pour le Père céleste.
Chapelet
de la Divine Miséricorde
Père Eternel, pose ton regard de miséricorde sur les âmes fidèles, l'héritage
de ton Fils. Par sa douloureuse Passion, accorde-leur ta bénédiction et
entoure-les de ta constante protection afin qu'elles ne manquent jamais à
l'amour ni ne perdent le trésor de la sainte foi ; mais, qu'avec le chœur des
anges et des saints, elles glorifient ton infinie miséricorde pour les siècles
sans fin. Amen.
Quatrième jour
"Aujourd'hui, amène-moi tous les païens et ceux qui ne me connaissent pas
encore. Je pensais également à eux durant mon amère Passion, et leur zèle futur
consolait mon Cœur. Immerge-les dans l'océan de ma Miséricorde."Très
compatissant Jésus, tu es la lumière du monde entier. Reçois dans la demeure de
ton Cœur très compatissant les âmes des païens qui ne te connaissent pas encore.
Que les rayons de ta grâce les illuminent, afin qu'elles aussi glorifient avec
nous les merveilles de ta Miséricorde, et ne les laisse pas sortir de la
demeure très compatissante de ton Cœur.
Chapelet
de la Divine Miséricorde
Père Eternel, pose ton regard de miséricorde sur les âmes des païens et de ceux
qui ne te connaissent pas encore, mais qui sont enfermées dans le Cœur très
compatissant de Jésus. Attire-les vers la lumière de l'Evangile. Ces âmes ne
connaissent pas le grand bonheur de t'aimer. Fais qu'elles aussi glorifient les
largesses de ta miséricorde dans les siècles sans fin. Amen.
Cinquième jour
"Aujourd'hui, amène-moi les âmes des hérétiques et des apostats et
immerge-les dans l'océan de ma Miséricorde. Dans mon amère Passion, elles
déchiraient mon Corps et mon Cœur, c'est à dire mon Eglise. Lorsqu'elles
reviennent à l'unité de l'Eglise, mes plaies guérissent, et ainsi elles me
soulagent dans ma Passion."Très Miséricordieux Jésus, qui est la bonté
même, tu ne refuses pas la lumière à ceux qui te la demandent. Reçois dans la
demeure de ton Cœur très compatissant les âmes des hérétiques et des apostats.
Par ta lumière, attire-les à l'unité de l'Eglise. Ne les laisse pas sortir de
la demeure de ton Cœur très compatissant mais fais qu'elles aussi glorifient
les largesses de ta Miséricorde.
Chapelet
de la Divine Miséricorde
Père Eternel, pose ton regard de miséricorde sur les âmes des hérétiques et des
apostats qui, ayant persisté obstinément dans leurs erreurs, gaspillèrent tes
bénédictions et abusèrent de tes grâces. Ne regarde pas leurs erreurs, mais
l'amour de ton Fils et l'amère Passion qu'il endura également pour elles,
puisqu'elles aussi sont enfermées dans le Cœur très compatissant de Jésus. Fais
qu'elles aussi glorifient ton immense miséricorde dans les siècles sans fin.
Amen.
Sixième jour
"Aujourd'hui, amène-moi les âmes douces et humbles, ainsi que celles des
petits enfants, et immerge-les dans ma Miséricorde. Ce sont elles qui
ressemblent le plus à mon Cœur. Elles m'ont réconforté dans mon amère agonie.
Je les voyais comme des anges terrestres veiller sur mes autels. Sur elles, je
verse des torrents de grâces. Seule une âme humble est capable de recevoir ma
grâce. En ces âmes-là, je mets ma confiance."Très Miséricordieux Jésus, tu
as dit toi-même : "Apprenez de moi que je suis doux et humble de
cœur", reçois dans la demeure de ton Cœur très compatissant toutes les
âmes douces et humbles ainsi que celles des petits enfants. Ces âmes plongent
dans le ravissement le Ciel entier et sont l'objet de prédilection du Père
Céleste. Elles forment un bouquet de fleurs odorantes devant le trône divin et
Dieu lui-même se délecte de leur parfum. Ces âmes demeurent pour toujours dans
ton Cœur très compatissant, ô Jésus, et chantent sans cesse l'hymne de l'amour
et de la Miséricorde.
Chapelet
de la Divine Miséricorde
Père Eternel, pose ton regard de miséricorde sur les âmes douces et humbles
ainsi que sur celles des petits enfants, enfermées dans la demeure du Cœur très
compatissant de Jésus. Ce sont ces âmes qui ressemblent le plus à ton Fils ;
leur parfum monte de la terre et s'élève jusqu'à ton trône. Père de miséricorde
et de toute bonté, je t'implore, par l'amour et la prédilection que tu as pour
ces âmes, de bénir le monde entier afin que toutes les âmes puissent chanter
ensemble la gloire de ta miséricorde pour l'éternité. Amen.
Septième jour
"Aujourd'hui, amène-moi les âmes qui honorent et glorifient ma Miséricorde
de manière spéciale et immerge-les dans ma Miséricorde. Ce sont ces âmes qui
ont le plus vivement compati aux souffrances de ma Passion et qui ont pénétré
le plus profondément en mon âme. Ces âmes brilleront d'un éclat particulier
dans l'autre vie ; aucune d'elles n'ira dans le feu de l'enfer. Je défendrai
chacune d'elles en particulier à l'heure de la mort."Très Miséricordieux
Jésus, dont le Cœur est l'amour même, reçois dans la demeure de ton Cœur très
compatissant les âmes qui honorent et glorifient particulièrement la grandeur
de ta Miséricorde. Ces âmes sont puissantes de la force même de Dieu. Au milieu
de tous les tourments et adversités, elles avancent, confiantes en ta
Miséricorde. Ces âmes sont unies à Jésus et portent l'humanité entière sur
leurs épaules. Ces âmes ne seront pas jugées sévèrement, mais ta Miséricorde
les entourera au moment de la dernière agonie.
Chapelet
de la Divine Miséricorde
Père Eternel, pose ton regard de miséricorde sur les âmes qui glorifient et
honorent ton plus grand attribut : ton infinie miséricorde. Enfermées dans le
Cœur de Jésus, ces âmes sont un vivant Evangile. Leurs mains sont pleines
d'actes de miséricorde et leur âme, débordante de joie, chante pour toi l'hymne
de la miséricorde, ô Très Haut ! Je t'en supplie, mon Dieu, montre-leur ta
miséricorde selon l'espérance et la confiance qu'elles ont placées en toi. Que
s'accomplisse en elles la promesse que Jésus leur a faite : "Les âmes qui
vénéreront ma Miséricorde, je les défendrai moi-même durant leur vie et
spécialement à l'heure de la mort, comme ma propre gloire".
Huitième jour
"Aujourd'hui, amène-moi les âmes de ceux qui sont dans la prison du
Purgatoire et immerge-les dans l'abîme de ma Miséricorde. Que les flots de mon
Sang rafraîchissent leurs brûlures ! Toutes ces âmes me sont très chères. Elles
s'acquittent envers ma Justice. Il est en ton pouvoir de leur apporter quelque
soulagement. Puise dans le trésor de mon Eglise toutes les indulgences, et
offre-les en leur nom... Oh ! si seulement tu connaissais leur supplice, tu offrirais
constamment pour elles l'aumône de tes prières, et tu paierais leurs dettes à
ma justice."Très Miséricordieux Jésus, toi-même a dit vouloir la
Miséricorde. J'amène alors à la demeure de ton Cœur très compatissant les âmes
du Purgatoire qui te sont très chères mais qui doivent pourtant s'acquitter
envers ta justice. Que les flots de Sang et d'Eau jaillis de ton Cœur éteignent
les flammes du Purgatoire afin que, là aussi, soit glorifiée la puissance de ta
Miséricorde.
Chapelet
de la Divine Miséricorde
Père Eternel, pose ton regard de miséricorde sur les âmes qui souffrent au
Purgatoire et qui sont enfermées dans le Cœur très compatissant de Jésus. Je
t'implore, par la douloureuse Passion de ton Fils Jésus et par toute l'amertume
dont son âme si sacrée fut inondée, montre ta miséricorde aux âmes qui se sont
soumises au regard de ta justice. Ne les regarde pas autrement qu'à travers les
plaies de Jésus, ton Fils bien-aimé, car nous croyons fermement que ta bonté et
ta compassion sont sans mesure. Amen.
Neuvième jour
"Aujourd'hui, amène-moi les âmes froides et immerge-les dans l'abîme de ma
Miséricorde. Ce sont ces âmes-là qui blessent le plus douloureusement mon Cœur.
Ce son ces âmes froides qui, au Jardin des Oliviers, m'inspirèrent la plus
grande aversion. C'est à cause d'elles que je me suis écrié : "Père,
éloigne de moi ce calice, si telle est ta volonté." Pour elles, l'ultime
planche de salut est de recourir à ma Miséricorde."Très compatissant
Jésus, qui es la bonté même, accueille dans la demeure de ton Cœur très
compatissant les âmes froides. Dans ce feu de ton pur amour, puissent ces âmes
glacées comme des cadavres qui t'emplissent d'un si profond dégoût, s'enflammer
à nouveau, ô très compatissant Jésus, use de la toute puissance de ta
Miséricorde et attire-les dans le brasier de ton amour. Accorde-leur le don du
Saint Amour car rien n'est au-delà de ton pouvoir.
Chapelet
de la Divine Miséricorde
Père Eternel, pose ton regard de miséricorde sur les âmes froides qui sont
cependant enfermées dans le Cœur très compatissant de Jésus. Père de
miséricorde, je t'en supplie : par l'amère Passion de ton Fils et par son
agonie de trois heures sur la Croix, permets qu'elles aussi célèbrent l'abîme
de ta miséricorde. Amen.
SOURCE : http://www.spiritualite-chretienne.com/faustine/misericorde.html
LETTRE ENCYCLIQUE
DIVES IN MISERICORDIA
DU SOUVERAIN PONTIFE
JEAN-PAUL II
SUR LA MISERICORDE DIVINE
Bénédiction
Vénérables Frères, chers Fils et Filles,
salut et Bénédiction Apostolique!
I. QUI ME VOIT, VOIT LE PÈRE (cf. Jn 14, 9)
1. Révélation de la miséricorde
«DIEU RICHE EN MISÉRICORDE» 1. est Celui que Jésus-Christ nous a révélé comme
Père: c'est Lui, son Fils, qui nous l'a manifesté et fait connaître en lui-même
2. Mémorable, à cet égard, est le moment où Philippe, l'un des douze Apôtres,
s'adressant au Christ, lui dit: «Seigneur, montre-nous le Père et cela nous
suffit»; et Jésus lui répondit: «Voilà si longtemps que je suis avec vous et tu
ne me connais pas...? Qui m'a vu a vu le Père» 3. Ces paroles furent prononcées
durant le discours d'adieux, à la fin du repas pascal, que suivirent les
événements des saints jours qui devaient confirmer une fois pour toutes que
«Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont Il nous a
aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, nous a fait revivre
avec le Christ»
4. Suivant l'enseignement du Concile Vatican II, et considérant les nécessités
particulières des temps que nous vivons, j'ai consacré l'encyclique Redemptor
Hominis à la vérité sur l'homme, vérité qui, dans sa plénitude et sa
profondeur, nous est révélée dans le Christ. Une exigence aussi importante,
dans ces temps critiques et difficiles, me pousse à découvrir encore une fois
dans le Christ lui-même le visage du Père, qui est «le Père des miséricorde set
le Dieu de toute consolation» 5. On lit en effet, dans la constitution Gaudium
et Spes: «Nouvel Adam, le Christ ... manifeste pleinement l'homme à lui-même et
lui découvre la sublimité de sa vocation»: il le fait précisément «dans la
révélation même du mystère du Père et de son amour» 6. Ces paroles attestent
très clairement que la manifestation de l'homme, dans la pleine dignité de sa
nature, ne peut avoir lieu sans la référence non seulement conceptuelle mais
pleinement existentielle à Dieu. L'homme et sa vocation suprême se dévoilent
dans le Christ par la révélation du mystère du Père et de son amour.
C'est pour cela qu'il convient maintenant de nous tourner vers ce mystère: les
multiples expériences de l'Eglise et de l'homme contemporain nous y invitent,
tout comme l'exigent les aspirations de tant de cœurs humains, leurs
souffrances et leurs espérances, leurs angoisses et leurs attentes. S'il est
vrai que l'homme est en un certain sens la route de l'Eglise -comme je l'ai dit
dans l'encyclique Redemptor Hominis-, en même temps l'Evangile et toute la
Tradition nous indiquent constamment que nous devons parcourir cette route,
avec tout homme, telle que le Christ l'a tracée en révélant en lui-même le Père
et son amour 7. En Jésus-Christ, marcher vers l'homme de la manière assignée
une fois pour toutes à l'Eglise dans le cours changeant des temps, est en même
temps s'avancer vers le Père et vers son amour. Le Concile Vatican II a
confirmé cette vérité pour notre temps.
Plus la mission de l'Eglise est centrée sur l'homme -plus elle est, pour ainsi
dire, anthropocentrique-, plus aussi elle doit s'affirmer et se réaliser de
manière théocentrique, c'est-à-dire s'orienter en Jésus-Christ vers le Père.
Tandis que les divers courants de pensée, anciens et contemporains, étaient et
continuent à être enclins à séparer et même à opposer théocentrisme et
anthropocentrisme, l'Eglise au contraire, à la suite du Christ, cherche à
assurer leur conjonction organique et profonde dans l'histoire de l'homme.
C'est là un des principes fondamentaux, et peut être même le plus important, de
l'enseignement du dernier Concile. Si nous nous proposons donc comme tâche
principale, dans la phase actuelle de l'histoire de l'Eglise, de mettre en
œuvre l'enseignement de ce grand Concile, nous devons nous référer à ce
principe avec foi, ouverture d'esprit et de tout cœur. Dans mon encyclique
précédemment citée, j'ai essayé de souligner que l'approfondissement et
l'enrichissement multiforme de la conscience de l'Eglise, fruits du Concile,
doivent ouvrir plus largement notre intelligence et notre cœur au Christ.
Aujourd'hui, je désire dire que l'ouverture au Christ qui, comme Rédempteur du
monde, révèle pleinement l'homme à l'homme, ne peut s'accomplir autrement qu'à
travers une référence toujours plus profonde au Père et à son amour.
2. Incarnation de la miséricorde
Dieu, «qui habite une lumière inaccessible» 8, parle aussi à l'homme à travers
l'image du cosmos: en effet, «ce qu'il a d'invisible depuis la création du
monde se laisse voir à l'intelligence à travers ses œuvres, son éternelle
puissance et sa divinité» 9. Cette connaissance indirecte et imparfaite, œuvre
de l'intelligence qui cherche Dieu dans le monde visible à travers ses
créatures, n'est pas encore la «vision du Père». «Nul n'a jamais vu Dieu»,
écrit saint Jean pour donner plus de relief à la vérité selon laquelle «le Fils
unique, qui est dans le sein du Père, lui, l'a révélé» 10. Cette «révélation»
manifeste Dieu dans l'insondable mystère de son être -un et trine- entouré
«d'une lumière inaccessible» 11; cependant, dans cette «révélation» du Christ,
nous connaissons Dieu d'abord dans son amour envers l'homme, dans sa
«philanthropie» 12. Là, «ses perfections invisibles» deviennent «visibles»,
incomparablement plus visibles qu'à travers toutes les autres œuvres
«accomplies par lui»: elles deviennent visibles dans le Christ et par le
Christ, dans ses actions et ses paroles, et enfin dans sa mort sur la croix et
sa résurrection.
Ainsi, dans le Christ et par le Christ, Dieu devient visible dans sa
miséricorde, c'est-à-dire qu'est mis en relief l'attribut de la divinité que
l'Ancien Testament, à travers différents termes et concepts, avait déjà défini
comme la «miséricorde». Le Christ confère à toute la tradition
vétéro-testamentaire de la miséricorde divine sa signification définitive. Non
seulement il en parle et l'explique à l'aide d'images et de paraboles, mais
surtout il l'incarne et la personnife. Il est lui-même, en un certain sens, la
miséricorde. Pour qui la voit et la trouve en lui, Dieu devient «visible» comme
le Père «riche en miséricorde» 13.
Plus peut-être que celle de l'homme d'autrefois, la mentalité contemporaine
semble s'opposer au Dieu de miséricorde, et elle tend à éliminer de la vie et à
ôter du cœur humain la notion même de miséricorde. Le mot et l'idée de
miséricorde semblent mettre mal à l'aise l'homme qui, grâce à un développement
scientifique et technique inconnu jusqu'ici, est devenu maître de la terre
qu'il a soumise et dominée 14. Cette domination de la terre, entendue parfois
de façon unilatérale et superficielle, ne laisse pas de place, semble-t-il, à
la miséricorde. A ce sujet, cependant, nous pouvons nous référer avec profit à
l'image «de la condition de l'homme dans le monde contemporain» telle qu'elle
est tracée au début de la constitution Gaudium et Spes. On y lit entre autres:
«Ainsi le monde moderne apparaît à la fois comme puissant et faible, capable du
meilleur et du pire, et le chemin s'ouvre devant lui de la liberté ou de la
servitude, du progrès ou de la régression, de la fraternité ou de la haine.
D'autre part, l'homme prend conscience que de lui dépend la bonne orientation
des forces qu'il a mises en mouvement et qui peuvent l'écraser ou le servir»
15.
La situation du monde contemporain ne manifeste pas seulement des
transformations capables de faire espérer pour l'homme un avenir terrestre
meilleur, mais elle révèle aussi de multiples menaces, bien pires que celles
qu'on avait connues jusqu'ici. Sans cesser de dénoncer ces menaces en diverses
circonstances (comme dans les interventions à l'ONU, à l'UNESCO, à la FAO et
ailleurs), l'Eglise doit les regarder en même temps à la lumière de la vérité
reçue de Dieu.
Révélée dans le Christ, la vérité au sujet de Dieu «Père des miséricordes» 16
nous permet de le «voir» particulièrement proche de l'homme, surtout quand il
souffre, quand il est menacé dans le fondement même de son existence et de sa
dignité. Et c'est pourquoi, dans la situation actuelle de l'Eglise et du monde,
bien des hommes et bien des milieux, guidés par un sens aigu de la foi,
s'adressent, je dirais quasi spontanément, à la miséricorde de Dieu. Ils y sont
certainement poussés par le Christ, dont l'Esprit est à l'œuvre au fond des
cœurs. En effet, le mystère de Dieu comme «Père des miséricordes» qu'il nous a
révélé devient, en face des menaces actuelles contre l'homme, comme un appel
adressé à l'Eglise.
Je voudrais, dans la présente encyclique, répondre à cet appel. Je voudrais
reprendre le langage éternel, et en même temps incomparable de simplicité et de
profondeur, de la révélation et de la foi pour exprimer encore une fois, grâce
à lui, en face de Dieu et des hommes, les grandes préoccupations de notre temps.
En effet, la révélation et la foi nous apprennent moins à méditer de manière
abstraite le mystère de Dieu comme «Père des miséricordes» qu'à recourir à
cette miséricorde au nom du Christ et en union avec lui. Le Christ ne nous
a-t-il pas enseigné que notre Père, «qui voit dans le secret» 17, attend
pourrait-on dire continuellement que, recourant à lui dans tous nos besoins,
nous scrutions toujours son mystère, le mystère du Père et de son amour? 18
Je désire donc que les considérations présentes rendent ce mystère plus proche
pour tous, et qu'elles deviennent en même temps un vibrant appel de l'Eglise à
la miséricorde dont l'homme et le monde contemporain ont un si grand besoin.
Ils en ont besoin, même si souvent ils ne le savent pas.
II. MESSAGE MESSIANIQUE
3. Quand le Christ commença à agir et à enseigner
Devant ses compatriotes, à Nazareth, le Christ se réfère aux paroles du
prophète Isaïe: «L'Esprit du Seigneur est sur moi parce qu'il m'a consacré par
l'onction pour porter la bonne nouvelle aux pauvres; il m'a envoyé annoncer aux
captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté
les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur» 19. Selon saint Luc,
ces phrases constituent sa première déclaration messianique, qui sera suivie
des faits et des paroles que nous fait connaître l'Evangile. Par ces faits et
ces paroles, le Christ rend le Père présent parmi les hommes. Il est hautement
significatif que ces hommes soient surtout les pauvres, qui n'ont pas de moyens
de subsistance, ceux qui sont privés de la liberté, les aveugles qui ne voient
pas la beauté de la création, ceux qui vivent dans l'affliction du cœur ou qui
souffrent à cause de l'injustice sociale, et enfin les pécheurs. C'est surtout
à l'égard de ces hommes que le Messie devient un signe particulièrement lisible
du fait que Dieu est amour; il devient un signe du Père. Dans ce signe visible,
les hommes de notre époque, tout comme ceux d'alors, peuvent aussi voir le
Père.
Il est révélateur que Jésus, lorsque les messagers envoyés par Jean-Baptiste le
rejoignirent pour lui demander: «Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en
attendre un autre?» 20, se soit référé au témoignage par lequel il avait
inauguré son enseignement à Nazareth et leur ait répondu: «Allez rapporter à
Jean ce que vous avez vu et entendu: les aveugles voient, les boiteux marchent,
les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la
Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres», et qu'il ait ensuite conclu: «et heureux
celui qui ne sera pas scandalisé à mon sujet» 21.
Jésus a révélé, surtout par son style de vie et ses actions, comment l'amour
est présent dans le monde où nous vivons, l'amour actif, l'amour qui s'adresse
à l'homme et embrasse tout ce qui forme son humanité. Cet amour se remarque
surtout au contact de la souffrance, de l'injustice, de la pauvreté, au contact
de toute la «condition humaine» historique, qui manifeste de diverses manières
le caractère limité et fragile de l'homme, aussi bien physiquement que
moralement. Or la manière dont l'amour se manifeste et son domaine sont, dans
le langage biblique, appelés: «miséricorde».
Ainsi le Christ révèle Dieu qui est Père, qui est «amour», comme saint Jean le
dira dans sa première Lettre 22; il révèle Dieu «riche en miséricorde», comme
nous le lisons dans saint Paul 23. Plus que le thème d'un enseignement, cette
vérité est une réalité qui nous est rendue présente par le Christ. Manifester
le Père comme amour et miséricorde c'est, dans la conscience du Christ lui-même,
exprimer la vérité fondamentale de sa mission de Messie; les paroles,
prononcées d'abord dans la synagogue de Nazareth, puis devant ses disciples et
les envoyés de Jean-Baptiste, nous le confirment.
S'appuyant sur cette manière de manifester la présence de Dieu qui est Père,
amour et miséricorde, Jésus fait de la miséricorde un des principaux thèmes de
sa prédication. Comme d'habitude, ici encore il enseigne surtout «en
paraboles», car celles-ci expriment mieux l'essence même des choses. Il suffit
de rappeler la parabole de l'enfant prodigue 24, ou encore celle du bon
samaritain 25, mais aussi - par contraste - la parabole du serviteur sans pitié
26. Nombreux sont les passages de l'enseignement du Christ qui manifestent
l'amour-miséricorde sous un aspect toujours nouveau. Il suffit d'avoir devant
les yeux le bon pasteur, qui part à la recherche de la brebis perdue 27, ou
encore la femme qui balaie la maison à la recherche de la drachme perdue 28.
L'évangéliste qui traite particulièrement ces thèmes dans l'enseignement du
Christ est saint Luc, dont l'Evangile a mérité d'être appelé «l'Evangile de la
miséricorde».
Au sujet de cette prédication, se présente un problème d'importance capitale,
celui de la signification des termes et du contenu du concept, surtout du
concept de miséricorde (en relation avec le concept d'«amour»). Leur
compréhension est la clé qui permet de comprendre la réalité même de la
miséricorde. Et c'est cela qui nous importe le plus. Toutefois, avant de
consacrer une autre partie de nos considérations à ce sujet, c'est-à-dire avant
d'établir la signification des mots et le contenu propre du concept de
«miséricorde», nous devons constater que le Christ, en révélant
l'amour-miséricorde de Dieu, exigeait en même temps des hommes qu'ils se
laissent aussi guider dans leur vie par l'amour et la miséricorde. Cette
exigence fait partie de l'essence même du message messianique, et constitue
l'essence de la morale - de l'ethos - évangélique. Le Maître l'exprime aussi
bien au moyen du commandement défini par lui comme «le plus grand» 29 que sous
forme de bénédiction, lorsqu'il proclame dans le Sermon sur la montagne:
«Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde» 30.
De la sorte, le message messianique sur la miséricorde a une dimension divine
et humaine particulière. En devenant l'incarnation de l'amour qui se manifeste
avec une force particulière à l'égard de ceux qui souffrent, des malheureux et
des pécheurs, le Christ -accomplissement des prophéties messianiques- rend présent
et révèle aussi plus pleinement le Père, qui est le Dieu «riche en
miséricorde». En même temps, devenant pour les hommes le modèle de l'amour
miséricordieux envers les autres, le Christ proclame, par ses actes plus encore
que par ses paroles, l'appel à la miséricorde qui est une des composantes
essentielles de la morale de l'Evangile. Il ne s'agit pas seulement ici
d'accomplir un commandement ou une exigence de nature éthique, mais de remplir
une condition d'importance capitale pour que Dieu puisse se révéler dans sa
miséricorde envers l'homme: «Les miséricordieux... obtiendront miséricorde».
III. LA MISERICORDE DANS L'ANCIEN TESTAMENT
4. Dans l'Ancien Testament, le concept de «miséricorde» a une longue et
riche histoire. Nous devons remonter jusqu'à elle pour que resplendisse plus
pleinement la miséricorde que le Christ a révélée. En la faisant connaître par
ses actions et son enseignement, il s'adressait à des hommes qui non seulement
connaissaient l'idée de miséricorde, mais qui aussi, comme peuple de Dieu de
l'Ancienne Alliance, avaient tiré de leur histoire séculaire une expérience
particulière de la miséricorde de Dieu. Cette expérience fut sociale et
communautaire tout autant qu'individuelle et intérieure.
Israël en effet fut le peuple de l'alliance avec Dieu, alliance qu'il brisa de
nombreuses fois. Quand il prenait conscience de sa propre infidélité - et, tout
au long de l'histoire d'Israël, il ne manqua pas d'hommes et de prophètes pour
réveiller cette conscience -, il faisait appel à la miséricorde. Les Livres de
l'Ancien Testament nous rapportent de nombreux témoignages à ce sujet. Parmi
les faits et les textes les plus importants, on peut rappeler: le commencement
de l'histoire des Juges 31, la prière de Salomon lors de l'inauguration du Temple
32, la finale du prophète Michée 33, les assurances consolantes prodiguées par
Isaïe 34, la supplication des Hébreux exilés 35, le renouvellement de
l'alliance après le retour d'exil 36.
Il est significatif que les prophètes, dans leur prédication, relient la
miséricorde, dont ils parlent souvent à cause des péchés du peuple, à l'image
de l'amour ardent que Dieu lui porte. Le Seigneur aime Israël d'un amour
d'élection particulier, semblable à l'amour d'un époux 37; c'est pourquoi il
lui pardonne ses fautes, et jusqu'à ses infidélités et ses trahisons. S'il se
trouve en face de la pénitence, de la conversion authentique, il rétablit de
nouveau son peuple dans sa grâce 38. Dans la prédication des prophètes, la
miséricorde signifie une puissance particulière de l'amour, qui est plus fort
que le péché et l'infidélité du peuple élu.
Dans ce vaste contexte «social», la miséricorde apparaît en corrélation avec
l'expérience intérieure de chacun de ceux qui se trouvent en état de péché, qui
sont en proie à la souffrance ou au malheur. Le mal physique aussi bien que le
mal moral ou péché sont cause que les fils et les filles d'Israël s'adressent
au Seigneur en faisant appel à sa miséricorde. C'est de cette manière que
David, pleinement conscient de la gravité de sa faute, s'adresse à lui 39. De
même Job, après ses rébellions dans son terrible malheur 40. Esther s'adresse
également à lui, consciente de la menace mortelle qui plane sur son peuple 41.
Et nous trouvons encore bien d'autres exemples dans les Livres de l'Ancien
Testament 42.
A l'origine de cette conviction multiforme, communautaire et personnelle, dont
témoigne tout l'Ancien Testament au fil des siècles, se situe l'expérience
fondamentale du peuple élu vécue lors de l'exode: le Seigneur vit la misère de
son peuple réduit en esclavage, il entendit ses clameurs, perçut ses angoisses
et résolut de le délivrer 43. Dans cet acte de salut réalisé par le Seigneur,
le prophète discerne son amour et sa compassion 44. C'est là que s'enracine la
confiance de tout le peuple et de chacun de ses membres en la miséricorde
divine qu'on peut invoquer en toute circonstance tragique.
A cela s'ajoute que la misère de l'homme, c'est aussi son péché. Le peuple de
l'Ancienne Alliance connut cette misère dès le temps de l'exode, lorsqu'il
érigea le veau d'or. De cet acte de rupture d'alliance, le Seigneur lui-même
triompha en se déclarant solennellement à Moïse: «Dieu de tendresse et de
grâce, lent à la colère et plein de miséricorde et de fidélité» 45. C'est dans
cette révélation centrale que le peuple élu et chacun de ceux qui le
constituent trouveront, après toute faute, la force et la raison de se tourner
vers le Seigneur pour lui rappeler ce qu'il avait précisément révélé de
lui-même 46 et implorer son pardon.
Ainsi, en actes comme en paroles, le Seigneur a-t-il révélé sa miséricorde dès
les origines du peuple qu'il s'est choisi, et, tout au long de son histoire, ce
peuple s'en est continuellement remis, dans ses malheurs comme dans la prise de
conscience de son péché, au Dieu des miséricordes. Toutes les nuances de
l'amour se manifestent dans la miséricorde du Seigneur envers les siens: il est
leur Père 47, puisqu'Israël est son fils premier-né 48; il est aussi l'époux de
celle à qui le prophète annonce un nom nouveau: ruhama, «bien-aimée», parce que
miséricorde lui sera faite 49.
Même quand, excédé par l'infidélité de son peuple, le Seigneur envisage d'en
finir avec lui, c'est encore sa tendresse et son amour généreux pour les siens
qui l'emportent sur sa colère 50. On comprend alors pourquoi, quand les
psalmistes cherchèrent à chanter les plus hautes louanges du Seigneur, ils
entonnèrent des hymnes au Dieu d'amour, de tendresse, de miséricorde et de
fidélité 51.
Tout cela montre que la miséricorde ne fait pas partie seulement de la notion
de Dieu; elle caractérise la vie de tout le peuple d'Israël, de chacun de ses
fils et de ses filles: elle est le contenu de leur intimité avec le Seigneur,
le contenu de leur dialogue avec lui. Cet aspect de la miséricorde est exprimé
dans les différents Livres de l'Ancien Testament avec une grande richesse
d'expressions. Il serait sans doute difficile de chercher dans ces Livres une
réponse purement théorique à la question de savoir ce qu'est la miséricorde en
elle-même. Néanmoins, la terminologie qu'ils utilisent est déjà pleine
d'enseignements à ce sujet 52.
L'Ancien Testament proclame la miséricorde du Seigneur en utilisant de nombreux
termes de signification très voisine; s'ils ont des sens de contenu différent,
ils convergent, pourrait-on dire, vers un contenu fondamental unique, pour en
exprimer la richesse transcendantale et pour montrer en même temps combien,
sous divers aspects, celle-ci concerne l'homme. L'Ancien Testament encourage
les malheureux, surtout ceux qui sont chargés de péchés - comme aussi Israël
tout entier, qui avait adhéré à l'alliance avec Dieu -, à faire appel à la
miséricorde et il leur permet de compter sur elle; il la leur rappelle dans les
temps de chute et de découragement. Il rend aussi grâces et gloire pour la miséricorde
chaque fois qu'elle s'est manifestée et réalisée dans la vie du peuple ou d'une
personne.
Ainsi, la miséricorde se situe, en un certain sens, à l'opposé de la justice
divine, et elle se révèle en bien des cas non seulement plus puissante, mais
encore plus fondamentale qu'elle. L'Ancien Testament nous enseigne déjà que, si
la justice est une vertu humaine authentique, et si elle signifie en Dieu la
perfection transcendante, l'amour toutefois est plus «grand» qu'elle: il est
plus grand en ce sens qu'il est premier et fondamental. L'amour, pour ainsi
dire, est la condition de la justice et, en définitive, la justice est au
service de la charité. Le primat et la supériorité de la charité sur la justice
(qui est une caractéristique de toute la révélation) se manifestent précisément
dans la miséricorde. Cela parut tellement clair aux psalmistes et aux prophètes
que le terme de justice en vint à signifier le salut réalisé par le Seigneur et
sa miséricorde 53. La miséricorde diffère de la justice; cependant elle ne
s'oppose pas à elle si nous admettons,- comme le fait précisément l'Ancien
Testament -, que Dieu est présent dans l'histoire de l'homme et qu'il s'est
déjà, comme créateur, lié à sa créature par un amour particulier. Par nature,
l'amour exclut la haine et le désir du mal à l'égard de celui auquel on a une
fois fait don de soi-même: Nihil odisti eorum quae fecisti, «tu n'as de dégoût
pour rien de ce que tu as fait» 54. Ces paroles indiquent le fondement profond
du rapport qu'il y a en Dieu entre la justice et la miséricorde, dans ses
relations avec l'homme et avec le monde. Elles disent que nous devons chercher
les racines vivifiantes et les raisons intimes de ce rapport en remontant «au
commencement», dans le mystère même de la création. Et déjà dans le contexte de
l'Ancienne Alliance, elles annoncent à l'avance la pleine révélation de Dieu,
qui «est amour» 55.
Au mystère de la création est lié le mystère de l'élection, qui a modelé d'une
manière spéciale l'histoire du peuple dont Abraham est le père spirituel en
vertu de sa foi. Toutefois, par l'intermédiaire de ce peuple qui chemine tout
au long de l'histoire de l'Ancienne comme de la Nouvelle Alliance, ce mystère
d'élection concerne tout homme, toute la grande famille humaine. «D'un amour
éternel, je t'ai aimée, aussi t'ai-je maintenu ma faveur» 56. «Les montagnes
peuvent s'écarter..., mon amour ne s'écartera pas de toi, mon alliance de paix
ne chancellera pas» 57. Cette vérité, annoncée un jour à Israël, porte en elle
une vue anticipée de toute l'histoire: anticipation à la fois temporelle et
eschatologique 58. Le Christ révèle le Père dans cette perspective, et sur un
terrain déjà préparé, comme le montrent de larges pages de l'Ancien Testament.
Au terme de cette révélation, à la veille de sa mort, il dit à l'Apôtre
Philippe les paroles mémorables: «Voilà si longtemps que je suis avec vous, et
tu ne me connais pas...? Qui m'a vu a vu le Père» 59.
IV. LA PARABOLE DE L'ENFANT PRODIGUE
5. Analogie
Dès le seuil du Nouveau Testament, l'Evangile de saint Luc met en relief une
correspondance frappante entre deux paroles sur la miséricorde divine dans
lesquelles résonne intensément toute la tradition vétéro-testamentaire. La
signification des termes employés dans les Livres Anciens s'y exprime pleinement.
Voici Marie, entrant dans la maison de Zacharie, qui magnifie le Seigneur de
toute son âme «pour sa miséricorde», communiquée «de génération en génération»
aux hommes qui vivent dans la crainte de Dieu. Peu après, faisant mémoire de
l'élection d'Israël, elle proclame la miséricorde dont «se souvient» depuis
toujours celui qui l'a choisie 60. Par la suite, lors de la naissance de
Jean-Baptiste, et toujours dans cette même maison, son père Zacharie, bénissant
le Dieu d'Israël, glorifie la miséricorde qu'il a «faite... à nos pères, se
souvenant de son alliance sainte» 61.
Dans l'enseignement du Christ lui-même, cette image, héritée de l'Ancien
Testament, se simplifie et en même temps s'approfondit. Cela est peut-être
évident surtout dans la parabole de l'enfant prodigue 62, où l'essence de la
miséricorde divine - bien que le mot «miséricorde» ne s'y trouve pas - est
exprimée d'une manière particulièrement limpide. Cela vient moins des termes,
comme dans les Livres vétéro-testamentaires, que de l'exemple employé, qui
permet de mieux comprendre le mystère de la miséricorde, ce drame profond qui
se déroule entre l'amour du père et la prodigalité et le péché du fils.
Ce fils, qui reçoit de son Père la part d'héritage qui lui revient et qui
abandonne la maison pour tout dépenser dans un pays lointain «en vivant dans
l'inconduite», est en un certain sens l'homme de tous les temps, à commencer
par celui qui le premier perdit l'héritage de la grâce et de la justice
originelle. L'analogie est alors extrêmement large. La parabole touche
indirectement chaque rupture de l'alliance d'amour, chaque perte de la grâce,
chaque péché. L'infidélité du peuple d'Israël y est moins mise en relief que
dans la tradition prophétique, bien que l'exemple de l'enfant prodigue puisse aussi
s'y appliquer. Le fils, «quand il eut tout dépensé..., commença à sentir la
privation», d'autant plus que survint une grande famine «en cette contrée» où
il s'était rendu après avoir abandonné la maison paternelle. Et alors, «il
aurait bien voulu avoir de quoi se rassasier», fût-ce «avec les caroubes que
mangeaient les porcs» qu'il gardait pour le compte «d'un des habitants de cette
contrée». Mais cela même lui était refusé.
L'analogie se déplace clairement vers l'intérieur de l'homme. Le patrimoine reçu
de son père consistait en biens matériels, mais plus importante que ces biens
était sa dignité de fils dans la maison paternelle. La situation dans laquelle
il en était venu à se trouver au moment de la perte de ses biens matériels
aurait dû le rendre conscient de la perte de cette dignité. Il n'y avait pas
pensé auparavant, quand il avait demandé à son père de lui donner la part
d'héritage qui lui revenait pour s'en aller au loin. Et il semble qu'il n'en
soit pas encore conscient au moment où il se dit à lui-même: «Combien de
mercenaires de mon père ont du pain en surabondance, et moi je suis ici à périr
de faim». Il se mesure lui-même à la mesure des biens qu'il a perdus, qu'il ne
«possède» plus, tandis que les salariés dans la maison de son père, eux, les
«possèdent». Ces paroles expriment surtout son attitude envers les biens
matériels. Néanmoins, sous la surface des paroles, se cache le drame de la
dignité perdue, la conscience du caractère filial gâché.
Et c'est alors qu'il prend sa décision: «Je veux partir, aller vers mon père et
lui dire: Père, j'ai péché contre le Ciel et envers toi; je ne mérite plus
d'être appelé ton fils, traite-moi comme l'un de tes mercenaires» 63. Paroles
qui dévoilent plus à fond le problème essentiel. Dans la situation matérielle
difficile où l'enfant prodigue en était venu à se trouver à cause de sa
légèreté, à cause de son péché, avait aussi mûri le sens de la dignité perdue.
Quand il décide de retourner à la maison paternelle, de demander à son père
d'être accueilli non plus en vertu de son droit de fils, mais dans la condition
d'un mercenaire, il semble extérieurement agir poussé par la faim et la misère
dans laquelle il est tombé; pourtant ce motif est pénétré par la conscience
d'une perte plus profonde: être un mercenaire dans la maison de son propre père
est certainement une grande humiliation et une grande honte. Néanmoins,
l'enfant prodigue est prêt à affronter cette humiliation et cette honte. Il se
rend compte qu'il n'a plus aucun droit, sinon celui d'être un mercenaire dans
la maison de son père. Sa décision est prise dans la pleine conscience de ce
qu'il a mérité et de ce à quoi il peut encore avoir droit selon les normes de
la justice. Ce raisonnement montre bien que, au centre de la conscience de
l'enfant prodigue, émerge le sens de la dignité perdue, de cette dignité qui
jaillit du rapport entre le fils et son père. Et c'est après avoir pris cette
décision qu'il se met en route.
Dans la parabole de l'enfant prodigue on ne trouve pas une seule fois le terme
de «justice» ni même, dans le texte original, celui de «miséricorde».
Toutefois, le rapport de la justice avec l'amour, qui se manifeste comme
miséricorde, s'y inscrit avec une grande précision. Il apparaît clairement que
l'amour se transforme en miséricorde lorsqu'il faut dépasser la norme précise
de la justice, précise et souvent trop stricte. Une fois dépensés les biens
reçus de son père, l'enfant prodigue mérite - après son retour - de gagner sa
vie en travaillant dans la maison paternelle comme mercenaire, et de retrouver
éventuellement peu à peu une certaine quantité de biens matériels, mais sans
doute jamais autant qu'il en avait dilapidés. Voici ce qui serait exigé dans
l'ordre de la justice, d'autant plus que ce fils avait non seulement dissipé la
part d'héritage lui revenant, mais en outre touché au vif et offensé son père à
cause de sa conduite. Celle-ci, qui de son propre aveu l'avait privé de la
dignité de fils, ne pouvait pas être indifférente à son père, qui devait en
souffrir et se sentir mis en cause. Et pourtant il s'agissait en fin de compte
de son propre fils, et aucun comportement ne pouvait altérer ou détruire cette
relation. L'enfant prodigue en est conscient; et c'est précisément cette
conscience qui lui montre clairement sa dignité perdue et lui fait juger
correctement de la place qui pouvait encore être la sienne dans la maison de
son père.
6. Mise en relief particulière de la dignité humaine
La description précise de l'état d'ame de l'enfant prodigue nous permet de
comprendre avec exactitude en quoi consiste la miséricorde divine. Il n'y a
aucun doute que, dans cette simple mais pénétrante analogie, la figure du père
de famille nous révèle Dieu comme Père. Le comportement du père de la parabole,
sa manière d'agir, qui manifeste son attitude intérieure, nous permet de
retrouver les différents aspects de la vision vétéro-testamentaire de la
miséricorde dans une synthèse totalement nouvelle, pleine de simplicité et de
profondeur. Le père de l'enfant prodigue est fidèle à sa paternité, fidèle à
l'amour dont il comblait son fils depuis toujours. Cette fidélité ne s'exprime
pas seulement dans la parabole par la promptitude de l'accueil, lorsque le fils
revient à la maison après avoir dilapidé son héritage; elle s'exprime surtout
bien davantage par cette joie, par cette fête si généreuse à l'égard du
prodigue après son retour qu'elle suscite l'opposition et l'envie du frère aîné
qui, lui, ne s'était jamais éloigné de son père et n'avait jamais abandonné la
maison.
La fidélité à soi-même de la part du père - un aspect déjà connu par le terme
vétéro-testamentaire «hesed» - est en même temps exprimée d'une manière
particulièrement chargée d'affection. Nous lisons en effet que le père, voyant
l'enfant prodigue revenir à la maison, «fut pris de pitié, courut se jeter à
son cou et l'embrassa tendrement» 64. Il agit évidemment poussé par une
profonde affection, et cela peut expliquer aussi sa générosité envers son fils,
générosité qui indignera tellement le frère aîné. Cependant, les causes de
cette émotion doivent être recherchées plus profondément: le père est conscient
qu'un bien fondamental a été sauvé, l'humanité de son fils. Bien que celui-ci
ait dilapidé son héritage, son humanité est cependant sauve. Plus encore, elle
a été comme retrouvée. Les paroles que le père adresse au fils aîné nous le
disent: «Il fallait bien festoyer et se réjouir, puisque ton frère que voilà
était mort et il est revenu à la vie; il était perdu et il est retrouvé!» 65.
Dans le même chapitre XV de l'Evangile selon saint Luc, nous lisons la parabole
de la brebis perdue 66, puis celle de la drachme retrouvée 67. Chaque fois y
est mise en relief la même joie que dans le cas de l'enfant prodigue. La
fidélité du père à soi-même est totalement centrée sur l'humanité du fils perdu,
sur sa dignité. Ainsi s'explique surtout sa joyeuse émotion au moment du retour
à la maison.
Allant plus loin, on peut donc dire que l'amour envers le fils, cet amour qui
jaillit de l'essence même de la paternité, contraint pour ainsi dire le père à
avoir souci de la dignité de son fils. Cette sollicitude constitue la mesure de
son amour, cet amour dont saint Paul écrira plus tard: «La charité est
longanime, la charité est serviable.... elle ne cherche pas son intérêt, ne
s'irrite pas, ne tient pas compte du mal..., elle met sa joie dans la
vérité..., elle espère tout, supporte tout» et «ne passera jamais» 68. La
miséricorde - telle que le Christ l'a présentée dans la parabole de l'enfant
prodigue - a la forme intérieure de l'amour qui, dans le Nouveau Testament, est
appelé agapè. Cet amour est capable de se pencher sur chaque enfant prodigue,
sur chaque misère humaine, et surtout sur chaque misère morale, sur le péché.
Lorsqu'il en est ainsi, celui qui est objet de la miséricorde ne se sent pas
humilié, mais comme retrouvé et «revalorisé». Le père lui manifeste avant tout
sa joie de ce qu'il ait été «retrouvé» et soit «revenu à la vie». Cette joie
manifeste qu'un bien était demeuré intact: un fils, même prodigue, ne cesse pas
d'être réellement fils de son père; elle est en outre la marque d'un bien
retrouvé, qui dans le cas de l'enfant prodigue a été le retour à la vérité sur
lui-même.
Ce qui s'est passé, dans la parabole du Christ, entre le père et le fils, ne
peut être saisi «de l'extérieur». Nos préjugés au sujet de la miséricorde sont
le plus souvent le résultat d'une évaluation purement extérieure. Il nous
arrive parfois, en considérant les choses ainsi, de percevoir surtout dans la
miséricorde un rapport d'inégalité entre celui qui l'offre et celui qui la
reçoit. Et par conséquent, nous sommes prêts à en déduire que la miséricorde
offense celui qui en est l'objet, qu'elle offense la dignité de l'homme. La
parabole de l'enfant prodigue montre que la réalité est tout autre: la relation
de miséricorde se fonde sur l'expérience commune de ce bien qu'est l'homme, sur
l'expérience commune de la dignité qui lui est propre. Cette expérience commune
fait que l'enfant prodigue commence à se voir lui-même et à voir ses actions en
toute vérité (une telle vision dans la vérité est une authentique humilité); et
précisément à cause de cela, il devient au contraire pour son père un bien
nouveau: le père voit avec tant de clarté le bien qui s'est accompli grâce au
rayonnement mystérieux de la vérité et de l'amour, qu'il semble oublier tout le
mal que son fils avait commis.
La parabole de l'enfant prodigue exprime d'une façon simple, mais profonde, la
réalité de la conversion. Celle-ci est l'expression la plus concrète de l'œuvre
de l'amour et de la présence de la miséricorde dans le monde humain. La
signification véritable et propre de la miséricorde ne consiste pas seulement
dans le regard, fût-il le plus pénétrant et le plus chargé de compassion,
tourné vers le mal moral, corporel ou matériel: la miséricorde se manifeste
dans son aspect propre et véritable quand elle revalorise, quand elle promeut,
et quand elle tire le bien de toutes les formes de mal qui existent dans le
monde et dans l'homme. Ainsi entendue, elle constitue le contenu fondamental du
message messianique du Christ et la force constitutive de sa mission. C'est
ainsi que ses apôtres et ses disciples la comprenaient et la pratiquaient. Elle
ne cessa jamais de se révéler, dans leur cœur comme dans leurs actions, comme
une démonstration du dynamisme de l'amour qui ne se laisse «pas vaincre par le
mal», mais qui est «vainqueur du mal par le bien» 69. Il faut que le visage
authentique de la rniséricorde soit toujours dévoilé à nouveau. Malgré de
multiples préjugés, elle apparaît comme particulièrement nécessaire pour notre
époque.
V. LE MYSTERE PASCAL
7. Miséricorde révélée dans la croix et la Résurrection
Le message messianique du Christ et son activité parmi les hommes s'achèvent
avec la croix et la résurrection. Nous devons pénétrer profondément dans cet
événement final qui, spécialement dans le langage conciliaire, est défini comme
mysterium paschale, si nous voulons exprimer totalement la vérité sur la
miséricorde, telle qu'elle a été totalement révélée dans l'histoire de notre
salut. A ce point de nos réflexions, il faudra nous rapprocher encore plus du
contenu de l'encyclique Redemptor Hominis. En effet, si la réalité de la
rédemption, dans sa dimension humaine, dévoile la grandeur inouïe de l'homme,
qui talem ac tantum meruit habere Redemptorem 70, en même temps, la dimension
divine de la rédemption nous dévoile de manière, dirais-je, plus concrète et
«historique », la profondeur de l'amour qui ne recule pas devant
l'extraordinaire sacrifice du Fils pour satisfaire la fidélité du Créateur et
Père à l'égard des hommes créés à son image et choisis dès le «commencement» en
ce Fils, en vue de la grâce et de la gloire.
Les événements du Vendredi Saint, et auparavant encore la prière à Gethsémani,
introduisent dans tout le déroulement de la révélation de l'amour et de la
miséricorde, dans la mission messianique du Christ, un changement fondamental.
Celui qui «est passé en faisant le bien et en rendant la santé» 71, «en
guérissant toute maladie et toute langueur» 72, semble maintenant être lui-même
digne de la plus grande miséricorde, et faire appel à la miséricorde, quand il
est arrêté, outragé, condamné, flagellé, couronné d'épines, quand il est cloué
à la croix et expire dans d'atroces tourments 73. C'est alors qu'il est
particulièrement digne de la miséricorde des hommes qu'il a comblés de
bienfaits, et il ne la reçoit pas. Même ceux qui lui sont les plus proches ne
savent pas le protéger et l'arracher aux mains des oppresseurs. Dans cette
étape finale de la fonction messianique, s'accomplissent dans le Christ les
paroles des prophètes, et surtout celles d'Isaïe, au sujet du serviteur de
Yahvé: «Dans ses blessures, nous trouvons la guérison» 74.
Le Christ, en tant qu'homme qui souffre réellement et terriblement au jardin
des Oliviers et sur le Calvaire, s'adresse au Père, à ce Père dont il a annoncé
l'amour aux hommes, dont il a fait connaître la miséricorde par toutes ses
actions. Mais la terrible souffrance de la mort en croix ne lui est pas
épargnée, pas même à lui: «Celui qui n'avait pas connu le péché, Dieu l'a fait
péché pour nous» 75, écrira saint Paul, résumant en peu de mots toute la
profondeur du mystère de la croix et en même temps la dimension divine de la
réalité de la rédemption. Or cette rédemption est la révélation ultime et
définitive de la sainteté de Dieu, qui est la plénitude absolue de la
perfection: plénitude de la justice et de l'amour, puisque la justice se fonde
sur l'amour, provient de lui et tend vers lui. Dans la passion et la mort du
Christ - dans le fait que le Père n'a pas épargné son Fils, mais «l'a fait
péché pour nous» 76 -, s'exprime la justice absolue, car le Christ subit la
passion et la croix à cause des péchés de l'humanité. Il y a vraiment là une
«surabondance» de justice, puisque les péchés de l'homme se trouvent
«compensés» par le sacrifice de l'Homme-Dieu. Toutefois cette justice, qui est
au sens propre justice «à la mesure» de Dieu, naît tout entière de l'amour, de
l'amour du Père et du Fils, et elle s'épanouit tout entière dans l'amour. C'est
précisément pour cela que la justice divine révélée dans la croix du Christ est
«à la mesure» de Dieu, parce qu'elle naît de l'amour et s'accomplit dans
l'amour, en portant des fruits de salut. La dimension divine de la rédemption
ne se réalise pas seulement dans le fait de faire justice du péché, mais dans
celui de rendre à l'amour la force créatrice grâce à laquelle l'homme a de
nouveau accès à la plénitude de vie et de sainteté qui vient de Dieu. De la
sorte, la rédemption porte en soi la révélation de la miséricorde en sa
plénitude.
Le mystère pascal constitue le sommet de cette révélation et de cette mise en
œuvre de la miséricorde, qui est capable de justifier l'homme, de rétablir la
justice comme réalisation de l'ordre salvifique que Dieu avait voulu dès le
commencement dans l'homme, et, par l'homme, dans le monde. Le Christ souffrant
s'adresse d'une manière particulière à l'homme, et pas seulement au croyant.
Même l'homme incroyant saura découvrir en lui la solidarité éloquente avec la
destinée humaine, comme aussi la plénitude harmonieuse du don désintéressé à la
cause de l'homme, à la vérité et à l'amour. La dimension divine du mystère
pascal va toutefois encore plus loin. La croix plantée sur le calvaire, et sur
laquelle le Christ tient son ultime dialogue avec le Père, émerge du centre
même de l'amour dont l'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, a
été gratifié selon l'éternel dessein de Dieu. Dieu, tel que le Christ l'a
révélé, n'est pas seu]ement en rapport étroit avec le monde en tant que
Créateur et source ultime de l'existence. Il est aussi Père: il est uni à
l'homme, qu'il a appelé à l'existence dans le monde visible, par un lien encore
plus profond que celui de la création. C'est l'amour qui non seulement crée le
bien, mais qui fait participer à la vie même de Dieu Père, Fils et Esprit
Saint. En effet, celui qui aime désire se donner lui-même.
La croix du Christ au Calvaire se dresse sur le chemin de l'admirabile
commercium, de cette admirable communication de Dieu à l'homme qui contient en
même temps l'appel qui lui est adressé à participer, en s'offrant lui-même à
Dieu et en offrant avec lui le monde visible, à la vie divine; à participer en
tant que fils adoptif à la vérité et à l'amour qui sont en Dieu et proviennent
de Dieu. Sur le chemin de l'élection éternelle de l'homme à la dignité de fils
adoptif de Dieu, surgit précisément dans l'histoire la croix du Christ, Fils
unique, qui, «lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu» 77, est
venu donner l'ultime témoignage de l'admirable alliance de Dieu avec
l'humanité, de Dieu avec l'homme - avec chaque homme. Ancienne comme l'homme,
puisqu'elle remonte au mystère même de la création, puis rétablie bien des fois
avec un seul peuple élu, cette alliance est également l'alliance nouvelle et
définitive; établie là, sur le Calvaire, elle n'est plus limitée à un seul
peuple, à Israël, mais elle est ouverte à tous et à chacun.
Que nous dit la croix du Christ, qui est le dernier mot pour ainsi dire de son
message et de sa mission messianiques? Certes, elle n'est pas encore la parole
ultime du Dieu de l'Alliance, qui ne sera prononcée qu'aux lueurs de cette aube
où les femmes d'abord puis les Apôtres, venus au tombeau du Christ crucifié, le
trouveront vide et entendront pour la première fois cette annonce: «Il est
ressuscité». Ils la rediront à leur tour, et ils seront les témoins du Christ
ressuscité. Toutefois, même dans la glorification du Fils de Dieu, la croix ne
cesse d'être présente, cette croix qui - à travers tout le témoignage
messianique de l'Homme-Fils qui a subi la mort sur elle - parle et ne cesse
jamais de parler de Dieu-Père, qui est toujours fidèle à son amour éternel
envers l'homme, car «Il a tellement aimé le monde - donc l'homme dans le monde
- qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse
pas, mais ait la vie éternelle» 78. Croire dans le Fils crucifié signifie «voir
le Père» 79, signifie croire que l'amour est présent dans le monde, et que cet
amour est plus puissant que les maux de toutes sortes dans lesquels l'homme,
l'humanité et le monde sont plongés. Croire en un tel amour signifie croire
dans la miséricorde. Celle-ci en effet est la dimension indispensable de
l'amour; elle est comme son deuxième nom, et elle est en même temps la manière
propre dont il se révèle et se réalise pour s'opposer au mal qui est dans le
monde, qui tente et assiège l'homme, s'insinue jusque dans son cœur et peut «le
faire périr dans la géhenne» 80.
8. Amour plus fort que la mort, plus fort que le péché
La croix du Christ sur le Calvaire est aussi témoignage de la force du mal à
l'égard du Fils de Dieu lui-même, à l'égard de celui qui, seul parmi tous les
enfants des hommes, était par nature innocent et pur de tout péché, et dont la
venue dans le monde fut exempte de la désobéissance d'Adam et de l'héritage du
péché originel. Et voici qu'en lui, le Christ, justice est faite du péché au
prix de son sacrifice et de son obéissance «jusqu'à la mort» 81. Lui, qui était
sans péché, «Dieu l'a fait péché pour nous» 82. Justice est faite aussi de la
mort, qui depuis le commencement de l'histoire humaine s'était alliée au péché.
Et justice est faite de la mort au prix de la mort de celui qui était sans
péché et qui seul pouvait - par sa propre mort - détruire la mort elle-même 83.
De la sorte, la croix du Christ, sur laquelle le Fils, consubstantiel au Père,
rend pleine justice à Dieu, est aussi une révélation radicale de la
miséricorde, c'est-à-dire de l'amour qui s'oppose à ce qui constitue la racine
même du mal dans l'histoire, le péché et la mort.
La croix est le moyen le plus profond pour la divinité de se pencher sur
l'homme et sur ce que l'homme - surtout dans les moments difficiles et
douloureux - appelle son malheureux destin. La croix est comme un toucher de
l'amour éternel sur les blessures les plus douloureuses de l'existence
terrestre de l'homme, et l'accomplissement jusqu'au bout du programme
messianique que le Christ avait formulé dans la synagogue de Nazareth 84 puis
répété devant les messagers de Jean-Baptiste 85. Conformément aux paroles de
l'ancienne prophétie d'Isaïe 86, ce programme consistait dans la révélation de
l'amour miséricordieux envers les pauvres, ceux qui souffrent, les prisonniers,
envers les aveugles, les opprimés et les pécheurs. Dans le mystère pascal sont
dépassées les limites du mal multiforme auquel participe l'homme durant son
existence terrestre: la croix du Christ, en effet, nous fait comprendre que les
racines les plus profondes du mal plongent dans le péché et dans la mort; ainsi
devient-elle un signe eschatologique. C'est seulement à la fin des temps et
lors du renouvellement définitif du monde qu'en tous les élus l'amour vaincra
le mal en ses sources les plus profondes, en apportant comme un fruit
pleinement mûr le Règne de la vie, de la sainteté, de l'immortalité glorieuse.
Le fondement de cet accomplissement eschatologique est déjà contenu dans la
croix du Christ et dans sa mort. Le fait que le Christ «est ressuscité le
troisième jour» 87 est le signe qui marque l'achèvement de la mission
messianique, signe qui est le couronnement de la révélation complète de l'amour
miséricordieux dans un monde soumis au mal. Il constitue en même temps le signe
qui annonce à l'avance «un ciel nouveau et une terre nouvelle» 88, quand Dieu
«essuiera toute larme de leurs yeux; de mort, il n'y en aura plus; de pleur, de
cri et de peine, il n'y en aura plus; car l'ancien monde s'en est allé» 89.
Dans l'accomplissement eschatologique, la miséricorde se révélera comme amour,
tandis que dans le temps, dans l'histoire humaine qui est aussi une histoire de
péché et de mort, l'amour doit se révéler surtout comme miséricorde, et se
réaliser sous cette forme. Le programme messianique du Christ, programme de
miséricorde, devient celui de son peuple, de l'Eglise. Au centre même de ce
programme se tient toujours la croix, puisqu'en elle la révélation de l'amour
miséricordieux atteint son sommet. Tant que «l'ancien monde» ne sera pas passé
90, la croix demeurera ce «lieu» auquel on pourrait aussi appliquer ces autres
paroles de l'Apocalypse de saint Jean: «Voici que je me tiens à la porte et je
frappe; si quelqu'un entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai chez lui
pour souper, moi près de lui et lui près de moi» 91. Dieu révèle aussi
particulièrement sa miséricorde lorsqu'il appelle l'homme à exercer sa
«miséricorde» envers son propre Fils, envers le Crucifié.
Le Christ, le Crucifié, est le Verbe qui ne passe pas 92, il est celui qui se
tient à la porte et frappe au cœur de tout homme 93, sans contraindre sa
liberté, mais en cherchant à en faire surgir un amour qui soit non seulement
acte d'union au Fils de l'homme souffrant, mais aussi une forme de
«miséricorde» manifestée par chacun de nous au Fils du Père éternel. Dans ce
programme messianique du Christ et la révélation de la miséricorde par la
croix, la dignité de l'homme pourrait-elle être plus respectée et plus grande,
puisque cet homme, s'il est objet de la miséricorde, est aussi en même temps en
un certain sens celui qui «exerce la miséricorde»?
En définitive, n'est-ce pas la position du Christ à l'égard de l'homme,
lorsqu'il déclare: «Dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces petits....
c'est à moi que vous l'avez fait» 94. Les paroles du Sermon sur la montagne:
«Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde» 95 ne
constituent-elles pas, en un certain sens, une synthèse de toute la Bonne
Nouvelle, de tout «l'admirable échange» (admirabile commercium) contenu en elle
et qui est une loi simple, forte, mais aussi «suave», de l'économie même du
salut? Et ces paroles du Sermon sur la montagne, qui font voir dès le point de
départ les possibilités du «cœur humain» («être miséricordieux»), ne
révèlent-elles pas, dans la même perspective, la profondeur du mystère de Dieu:
l'inscrutable unité du Père, du Fils et de l'Esprit Saint, en qui l'amour,
contenant la justice, donne naissance à la miséricorde qui, à son tour, révèle
la perfection de la justice?
Le mystère pascal, c'est le Christ au sommet de la révélation de l'insondable
mystère de Dieu. C'est alors que s'accomplissent en plénitude les paroles
prononcées au Cénacle: «Qui m'a vu, a vu le Père» 96. En effet, le Christ, que
«le Père n'a pas épargné» 97 en faveur de l'homme, et qui, dans sa passion et
le supplice de la croix, n'a pas été l'objet de la miséricorde humaine, a
révélé dans sa résurrection la plénitude de l'amour que le Père nourrit envers
lui et, à travers lui, envers tous les hommes. «Il n'est pas le Dieu des morts,
mais des vivants» 98. Dans sa résurrection, le Christ a révélé le Dieu de
l'amour miséricordieux justement parce qu'il a accepté la croix comme chemin
vers la résurrection. Et c'est pourquoi, lorsque nous faisons mémoire de la
croix du Christ, de sa passion et de sa mort, notre foi et notre espérance se
fixent sur le Ressuscité: sur ce Christ qui, «le soir de ce même jour, le
premier de la semaine... vint au milieu de ses disciples» au Cénacle où «ils se
trouvaient, ... souffla sur eux, et leur dit: Recevez l'Esprit Saint. Ceux à
qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les
retiendrez, ils leur seront retenus » 99.
Voici que le Fils de Dieu, dans sa résurrection, a fait l'expérience radicale
de la miséricorde, c'est-à-dire de l'amour du Père plus fort que la mort. Et
c'est aussi le même Christ, fils de Dieu, qui, au terme - et en un certain sens
au-delà même du terme - de sa mission messianique, se révèle lui-même comme
source inépuisable de la miséricorde, de l'amour qui, dans la perspective
ultérieure de l'histoire du salut dans l'Eglise, doit continuellement se montrer
plus fort que le péché. Le Christ de Pâques est l'incarnation définitive de la
miséricorde, son signe vivant: signe du salut à la fois historique et
eschatologique. Dans le même esprit, la liturgie du temps pascal met sur nos
lèvres les paroles du Psaume: Misericordias Domini in aeternum cantabo, «Je
chanterai sans fin les miséricordes du Seigneur» 100.
9. La mère de la miséricorde
Dans ce chant pascal de l'Eglise, résonnent dans la plénitude de leur contenu
prophétique les paroles prononcées par Marie durant sa visite à Elisabeth,
l'épouse de Zacharie: «Sa miséricorde s'étend de génération en génération» 101.
Dès l'instant de l'incarnation, ces paroles ouvrent une nouvelle perspective de
l'histoire du salut. Après la résurrection du Christ, cette perspective
nouvelle devient historique et acquiert en même temps un sens eschatologique.
Depuis ce moment se succèdent toujours en nombre croissant de nouvelles
générations d'hommes dans l'immense famille humaine, et se succèdent aussi de
nouvelles générations du peuple de Dieu, marquées du signe de la croix et de la
résurrection, et «marquées d'un sceau» 102, celui du mystère pascal du Christ,
révélation absolue de cette miséricorde que Marie proclamait sur le seuil de la
maison de sa cousine: «Sa miséricorde s'étend de génération en génération» 103.
Marie est aussi celle qui, d'une manière particulière et exceptionnelle - plus
qu'aucune autre - a expérimenté la miséricorde, et en même temps - toujours
d'une manière exceptionnelle - a rendu possible par le sacrifice du cœur sa
propre participation à la révélation de la miséricorde divine. Ce sacrifice est
étroitement lié à la croix de son Fils, au pied de laquelle elle devait se
trouver sur le Calvaire. Le sacrifice de Marie est une participation spécifique
à la révélation de la miséricorde, c'est-à-dire de la fidélité absolue de Dieu
à son amour, à l'alliance qu'il a voulue de toute éternité et qu'il a conclue
dans le temps avec l'homme, avec le peuple, avec l'humanité; il est la
participation à la révélation qui s'est accomplie définitivement à travers la
croix. Personne n'a expérimenté autant que la Mère du Crucifié le mystère de la
croix, la rencontre bouleversante de la justice divine transcendante avec
l'amour: ce «baiser» donné par la miséricorde à la justice 104. Personne autant
qu'elle, Marie, n'a accueilli aussi profondément dans son cœur ce mystère:
mystère divin de la rédemption, qui se réalisa sur le Calvaire par la mort de
son Fils, accompagnée du sacrifice de son cœur de mère, de son «fiat» définitif.
Marie est donc celle qui connaît le plus à fond le mystère de la miséricorde
divine. Elle en sait le prix, et sait combien il est grand. En ce sens, nous
l'appelons aussi Mère de la miséricorde: Notre-Dame de miséricorde, ou Mère de
la divine miséricorde; en chacun de ces titres, il y a une signification
théologique profonde, parce qu'ils expriment la préparation particulière de son
âme, de toute sa personne, qui la rend capable de découvrir, d'abord à travers
les événements complexes d'Israël puis à travers ceux qui concernent tout homme
et toute l'humanité, cette miséricorde à laquelle tous participent «de
génération en génération» 105, selon l'éternel dessein de la Très Sainte
Trinité.
Cependant, ces titres que nous décernons à la Mère de Dieu parlent surtout
d'elle comme de la Mère du Crucifié et du Ressuscité; comme de celle qui, ayant
expérimenté la miséricorde d'une manière exceptionnelle, «mérite» dans la même
mesure cette miséricorde tout au long de son existence terrestre, et
particulièrement au pied de la croix de son Fils; enfin ils nous parlent d'elle
comme de celle qui, par sa participation cachée mais en même temps incomparable
à la tâche messianique de son Fils, a été appelée d'une manière spéciale à
rendre proche des hommes cet amour qu'il était venu révéler: amour qui trouve
sa manifestation la plus concrète à l'égard de ceux qui souffrent, des pauvres,
des prisonniers, des aveugles, des opprimés et des pécheurs, ainsi que le dit
le Christ avec les termes de la prophétie d'Isaïe, d'abord dans la synagogue de
Nazareth 106, puis en réponse aux envoyés de Jean-Baptiste 107.
A cet amour «miséricordieux», qui se manifeste surtout au contact du mal
physique et moral, le cœur de celle qui fut la Mère du Crucifié et du
Ressuscité participait d'une manière unique et exceptionnelle - Marie y
participait. Et cet amour ne cesse pas, en elle et grâce à elle, de se révéler
dans l'histoire de l'Eglise et de l'humanité. Cette révélation est
particulièrement fructueuse, car, chez la Mère de Dieu, elle se fonde sur le
tact particulier de son cœur maternel, sur sa sensibilité particulière, sur sa
capacité particulière de rejoindre tous ceux qui acceptent plus facilement
l'amour miséricordieux de la part d'une mère. C'est là un des grands et
vivifiants mystères chrétiens, mystère très intimement lié à celui de
l'incarnation.
«A partir du consentement qu'elle apporta par sa foi au jour de l'Annonciation
et qu'elle maintint sans hésitation sous la croix - nous dit le Concile Vatican
II -, cette maternité de Marie dans l'économie de la grâce se continue sans
interruption jusqu'à l'accession de tous les élus à la gloire éternelle. En
effet, après son Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s'interrompt
pas: par son intercession répétée, elle continue à nous obtenir les dons qui
assurent notre salut éternel. Son amour maternel la rend attentive aux frères
de son Fils dont le pèlerinage n'est pas achevé, ou qui se trouvent engagés
dans les périls et les épreuves, jusqu'à ce qu'ils parviennent à la patrie
bienheureuse» 108.
VI. «MISERICORDE ... DE GÉNÉRATION EN GÉNÉRATION»
10. Image de notre génération
Nous avons tout droit de croire que notre génération, elle aussi, a été
comprise dans les paroles de la Mère de Dieu, lorsqu'elle glorifiait cette
miséricorde dont participent «de génération en génération» tous ceux qui se
laissent conduire par la crainte de Dieu. Les paroles du Magnificat de Marie
ont un contenu prophétique, qui regarde non seulement le passé d'Israël, mais
aussi l'avenir du peuple de Dieu sur la terre. Nous tous en effet, qui vivons
actuellement sur la terre, nous sommes la génération qui est consciente de
l'approche du troisième millénaire, et qui ressent profondément le tournant
actuel de l'histoire. La présente génération se sait privilégiée car le progrès
lui offre d'immenses possibilités, insoupçonnées il y a quelques décennies
seulement. L'activité créatrice de l'homme, son intelligence et son travail,
ont provoqué de très grands changements tant dans le domaine de la science et
de la technique que dans la vie sociale et culturelle. L'homme a étendu son
pouvoir sur la nature; il a acquis une connaissance plus approfondie des lois
de son comportement social. Il a vu s'effondrer ou se rétrécir les obstacles et
les distances qui séparent hommes et nations grâce à un sens accru de
l'universel, une conscience plus nette de l'unité du genre humain et
l'acceptation de la dépendance réciproque dans une solidarité authentique,
grâce enfin au désir - et à la possibilité - d'entrer en relation avec ses frères
et sœurs par-delà les divisions artificielles de la géographie ou les
frontières nationales ou raciales. Les jeunes d'aujourd'hui, surtout, savent
que le progrès de la science et de la technique est capable d'apporter non
seulement de nouveaux biens matériels mais aussi une participation plus large à
la connaissance. L'essor de l'informatique, par exemple, multipliera les
capacités inventives de l'homme et permettra l'accès aux richesses
intellectuelles et culturelles des autres peuples. Les nouvelles techniques de
communication favoriseront une plus grande participation aux événements et un
échange croissant des idées. Les acquis des sciences biologiques,
psychologiques ou sociales aideront l'homme à mieux pénétrer la richesse de son
être propre. Et s'il est vrai qu'un tel progrès reste encore trop souvent le
privilège des pays industrialisés, on ne peut nier que la perspective d'en
faire bénéficier tous les peuples et tous les pays ne demeure plus longtemps
une simple utopie quand il existe une réelle volonté politique à cet effet.
Mais à côté de tout cela - ou plutôt en tout cela - il existe les difficultés
qui se manifestent dans toute croissance. Il existe des inquiétudes et des
impuissances qui touchent à la réponse profonde que l'homme sait devoir donner.
Le tableau du monde contemporain présente aussi des ombres et des déséquilibres
pas toujours superficiels. La constitution pastorale Gaudium et Spes du Concile
Vatican II n'est certainement pas le seul document qui traite de la vie de la
génération contemporaine, mais c'est un document d'une importance toute
spéciale. «En vérité - y lisons-nous -, les déséquilibres qui travaillent le
monde moderne sont liés à un déséquilibre plus fondamental, qui prend racine
dans le cœur même de l'homme. C'est en l'homme lui-même que de nombreux
éléments se combattent. D'une part, comme créature, il fait l'expérience de ses
multiples limites; d'autre part, il se sent illimité dans ses désirs et appelé
à une vie supérieure. Sollicité de tant de façons, il est sans cesse contraint
de choisir et de renoncer. Pire: faible et pécheur, il accomplit souvent ce
qu'il ne veut pas et n'accomplit point ce qu'il voudrait. En somme, c'est en
lui-même qu'il souffre de division, et c'est de là que naissent au sein de la
société tant et de si grandes discordes» 109.
Vers la fin de l'introduction, nous lisons encore: «... le nombre croît de ceux
qui, face à l'évolution présente du monde, se posent les questions les plus
fondamentales ou les perçoivent avec une acuité nouvelle: qu'est-ce que
l'homme? que signifient la souffrance, le mal, la mort, qui subsistent malgré
tant de progrès? à quoi bon ces victoires payées d'un si grand prix?» 110.
Quinze ans après le Concile Vatican II, ce tableau des tensions et des menaces
propres à notre époque serait-il devenu moins inquiétant? Il semble que non. Au
contraire, les tensions et les menaces qui, dans le document conciliaire,
paraissaient seulement s'esquisser, et ne pas manifester jusqu'au bout tout le
danger qu'elles portaient en elles, se sont bien davantage révélées au cours de
ces années, l'ont confirmé d'une autre manière, et ne permettent plus de
nourrir les illusions d'autrefois.
11. Sources d'inquiétude
C'est ainsi que grandit dans notre monde la conscience d'une menace, comme augmente
aussi la crainte existentielle liée surtout -comme je l'ai déjà indiqué dans
l'encyclique Redemptor Hominis -, à la perspective d'un conflit qui, en raison
des arsenaux atomiques actuels, pourrait signifier l'autodestruction partielle
de l'humanité. Toutefois, la menace ne concerne pas seulement ce que les hommes
peuvent faire à d'autres hommes en utilisant la technique militaire; elle
concerne aussi bien d'autres dangers, qui sont le produit d'une civilisation
matérialiste, laquelle - malgré les déclarations «humanistes» - accepte le
primat des choses sur la personne. L'homme contemporain a donc peur que, par
l'utilisation des moyens techniques inventés par ce type de civilisation, les
individus mais aussi les milieux, les communautés, les sociétés, les nations,
puissent être les victimes d'abus de pouvoir de la part d'autres individus,
milieux, sociétés. L'histoire de notre siècle en offre d'abondants exemples.
Malgré toutes les déclarations sur les droits de l'homme dans sa dimension
intégrale, c'est-à-dire dans son existence corporelle et spirituelle, nous ne
pouvons pas dire que ces exemples appartiennent seulement au passé.
A juste raison, l'homme a peur d'être victime d'une oppression qui lui ôte la
liberté intérieure, la possibilité de manifester publiquement la vérité dont il
est convaincu, la foi qu'il professe, la faculté d'obéir à la voix de sa
conscience qui lui indique le droit chemin. En effet, les moyens techniques
dont dispose la civilisation actuelle cachent non seulement la possibilité
d'une autodestruction réalisée par un conflit militaire, mais aussi la
possibilité d'un assujettissement «pacifique» des individus, des milieux de
vie, de sociétés entières et de nations qui, quel qu'en soit le motif, sont
gênants pour ceux qui disposent de ces moyens et sont prêts à les utiliser sans
scrupule. Que l'on pense aussi à la torture, qui existe encore dans le monde,
adoptée systématiquement par l'autorité comme instrument de domination ou de
suprématie politique, et pratiquée impunément par les subalternes.
Ainsi donc, à côté de la conscience de la menace contre la vie, grandit la
conscience d'une autre menace, qui détruit plus encore ce qui est essentiel à
l'homme, c'est-à-dire ce qui est intimement lié à sa dignité de personne, à son
droit à la vérité et à la liberté.
Et tout cela se déroule sur la toile de fond de l'immense remords constitué par
le fait que, à côté des hommes et des sociétés aisés et rassasiés, vivant dans
l'abondance, esclaves de la consommation et de la jouissance, il ne manque pas
dans la même famille humaine d'individus et de groupes sociaux qui souffrent de
la faim. Il ne manque pas d'enfants mourant de faim sous les yeux de leurs
mères. Il ne manque pas non plus, dans les diverses parties du monde et les
divers systèmes socio-économiques, de zones entières de misère, de disette et
de sous-développement. Ce fait est universellement connu. L'état d'inégalité
entre les hommes et les peuples non seulement dure, mais il augmente.
Aujourd'hui encore, à côté de ceux qui sont aisés et vivent dans l'abondance,
il y en a d'autres qui vivent dans l'indigence, souffrent de la misère, et
souvent même meurent de faim; leur nombre atteint des dizaines et des centaines
de millions. C'est pour cela que l'inquiétude morale est destinée à devenir
encore plus profonde. De toute évidence, il y a un défaut capital, ou plutôt un
ensemble de défauts et même un mécanisme défectueux à la base de l'économie
contemporaine et de la civilisation matérialiste, qui ne permettent pas à la
famille humaine de se sortir, dirais-je, de situations aussi radicalement
injustes.
Cette image du monde d'aujourd'hui, dans lequel il y a tant de mal physique et
moral qu'il en devient un monde enfermé dans le réseau de ses contradictions et
de ses tensions, et en même temps plein de menaces dirigées contre la liberté
humaine, la conscience et la religion, cette image explique l'inquiétude à
laquelle est soumis l'homme contemporain. Cette inquiétude est ressentie non
seulement par ceux qui sont désavantagés et opprimés, mais aussi par ceux qui
jouissent des privilèges de la richesse, du progrès, du pouvoir. Et même si ne
manquent pas aussi ceux qui cherchent à en découvrir les causes ou à réagir
avec les moyens que leur offrent la technique, la richesse et le pouvoir, cette
inquiétude toutefois, au plus profond de l'âme humaine, porte au-delà de ces
palliatifs. Comme le Concile Vatican II l'a justement noté dans ses analyses,
elle concerne les problèmes fondamentaux de toute l'existence humaine. Cette
inquiétude est liée au sens même de l'existence de l'homme dans le monde, et
elle est inquiétude pour l'avenir de l'homme et de toute l'humanité; elle exige
des résolutions décisives, qui semblent désormais s'imposer au genre humain.
12. La justice suffit-elle?
Il n'est pas difficile de constater que, dans le monde contemporain et sur une
vaste échelle, le sens de la justice s'est réveillé; et sans aucun doute, il
met plus en relief ce qui est opposé à la justice dans les rapports entre les
hommes, les groupes sociaux ou les «classes», comme entre les peuples et les
Etats, et jusqu'à des systèmes politiques entiers et même des «mondes» entiers.
Ce courant profond et multiforme, à la source duquel la conscience humaine
contemporaine a placé la justice, atteste le caractère éthique des tensions et
des luttes qui envahissent le monde.
L'Eglise partage avec les hommes de notre temps ce désir ardent et profond
d'une vie juste à tous points de vue, et elle n'omet pas non plus de réfléchir
aux divers aspects de la justice, telle que l'exige la vie des hommes et des
sociétés. Le développement de la doctrine sociale catholique au cours du
dernier siècle le confirme bien. Dans le sillage de cet enseignement se situent
aussi bien l'éducation et la formation des consciences humaines dans un esprit
de justice, que les initiatives particulières qui se développent dans cet
esprit, spécialement dans le cadre de l'apostolat des laïcs.
Cependant, il serait difficile de ne pas percevoir que, souvent, les programmes
fondés sur l'idée de justice et qui doivent servir à sa réalisation dans la vie
sociale des personnes, des groupes et des sociétés humaines, subissent en
pratique des déformations. Bien qu'il continuent toujours à se réclamer de
cette même idée de justice, l'expérience démontre que souvent des forces
négatives, comme la rancœur, la haine, et jusqu'à la cruauté, ont pris le pas
sur elle. Alors, le désir de réduire à rien l'adversaire, de limiter sa
liberté, ou même de lui imposer une dépendance totale, devient le motif
fondamental de l'action; et cela s'oppose à l'essence de la justice qui, par
nature, tend à établir l'égalité et l'équilibre entre les parties en conflit.
Cette espèce d'abus de l'idée de justice et son altération pratique montrent
combien l'action humaine peut s'éloigner de la justice elle-même, quand bien
même elle serait entreprise en son nom. Ce n'est pas pour rien que le Christ
reprochait à ses auditeurs, fidèles à la doctrine de l'Ancien Testament,
l'attitude qui se manifeste dans ces paroles: «Œil pour œil, dent pour dent»
111. Telle était la manière d'altérer la justice à cette époque; et les formes
modernes continuent à se modeler sur elle. Il est évident, en effet, qu'au nom
d'une prétendue justice (par exemple historique, ou de classe), on anéantit
parfois le prochain, on tue, on prive de la liberté, on dépouille des droits
humains les plus élémentaires. L'expérience du passé et de notre temps démontre
que la justice ne suffit pas à elle seule, et même qu'elle peut conduire à sa
propre négation et à sa propre ruine, si on ne permet pas à cette force plus
profonde qu'est l'amour de façonner la vie humaine dans ses diverses
dimensions. L'expérience de l'histoire a conduit à formuler l'axiome: summum
ius, summa iniuria, le summum du droit, summum de l'injustice. Cette affirmation
ne dévalue pas la justice, et n'atténue pas la signification de l'ordre qui se
fonde sur elle; mais elle indique seulement, sous un autre aspect, la nécessité
de recourir à ces forces encore plus profondes de l'esprit, qui conditionnent
l'ordre même de la justice.
Ayant devant les yeux l'image de la génération à laquelle nous appartenons,
I'Eglise partage l'inquiétude de tant d'hommes contemporains. D'autre part,
elle doit aussi se préoccuper du déclin de nombreuses valeurs fondamentales,
qui constituent un bien incontestable non seulement de la morale chrétienne,
mais simplement de la morale humaine, de la culture morale, comme sont le
respect de la vie humaine depuis le moment de la conception, le respect pour le
mariage dans son unité indissoluble, le respect pour la stabilité de la
famille. La permissivité morale frappe surtout ce milieu si sensible de la vie
et de la sociabilité. Avec cela vont de pair la crise de la vérité dans les
relations humaines, l'irresponsabilité dans la parole, l'utilitarisme dans les
rapports d'homme à homme, la diminution du sens du bien commun authentique et
la facilité avec laquelle ce dernier est sacrifié. Enfin, il y a la
désacralisation, qui se transforme souvent en «déshumanisation»: l'homme et la
société pour lesquels rien n'est «sacré» connaissent, malgré toutes les
apparences, la décadence morale.
VII. LA MISERICORDE DE DIEU DANS LA MISSION DE L'ÉGLISE
En relation avec cette image de notre génération, qui ne peut que susciter une
profonde inquiétude, nous reviennent à l'esprit les paroles qui résonnèrent
dans le Magnificat de Marie pour célébrer l'incarnation du Fils de Dieu et qui
chantent la «miséricorde... de génération en génération ». Il faut que l'Eglise
de notre temps, gardant toujours dans son cœur l'éloquence de ces paroles
inspirées et les appliquant aux expériences et aux souffrances de la grande
famille humaine, prenne une conscience plus profonde et plus motivée de la
nécessité de rendre témoignage à la miséricorde de Dieu dans toute sa mission, conformément
à la tradition de l'ancienne et de la nouvelle Alliance, et surtout à la suite
de Jésus-Christ lui-même et de ses Apôtres. L'Eglise doit rendre témoignage à
la miséricorde de Dieu révélée dans le Christ en toute sa mission de Messie, en
la professant tout d'abord comme vérité salvifique de foi nécessaire à une vie
en harmonie avec la foi, puis en cherchant à l'introduire et à l'incarner dans
la vie de ses fidèles, et autant que possible dans celle de tous les hommes de
bonne volonté. Enfin, l'Eglise - professant la miséricorde et lui demeurant
toujours fidèle - a le droit et le devoir d'en appeler à la miséricorde de
Dieu, de l'implorer en face de toutes les formes de mal physique et moral,
devant toutes les menaces qui s'appesantissent à l'horizon de la vie de
l'humanité contemporaine.
13. L'Église professe la miséricorde de Dieu et la proclame
L'Eglise doit professer et proclamer la miséricorde divine dans toute sa
vérité, telle qu'elle nous est attestée par la révélation. Dans les pages qui précèdent,
nous avons cherché à dessiner au moins les grandes lignes de cette vérité, qui
s'exprime avec tant de richesse dans toute la Sainte Ecriture et la Tradition.
Dans la vie quotidienne de l'Eglise, la vérité sur la miséricorde de Dieu,
exposée dans la Bible, trouve constamment un écho dans de nombreuses lectures
de la sainte liturgie. Et le peuple, dans son sens authentique de la foi, le
perçoit bien, comme l'attestent de nombreuses expressions de la piété
personnelle et communautaire. Il serait certainement difficile de les énumérer
et de les résumer toutes, car la majeure partie d'entre elles est fortement
gravée au plus profond des cœurs et des consciences. Des théologiens affirment
que la miséricorde est le plus grand des attributs de Dieu, la plus grande de
ses perfections; la Bible, la Tradition et toute la vie de foi du peuple de
Dieu en fournissent des témoignages inépuisables. Il ne s'agit pas ici de la
perfection de l'inscrutable essence de Dieu dans le mystère même de sa
divinité, mais de la perfection et de l'attribut grâce auxquels l'homme, dans
la vérité intérieure de son existence, entre en relation le plus intimement et
le plus souvent avec le Dieu vivant. Conformément aux paroles que le Christ
adressa à Philippe 112, la «vision du Père» - vision de Dieu par la foi -
trouve dans la rencontre avec sa miséricorde un degré de simplicité et de
vérité intérieure semblable à celui que nous trouvons dans la parabole de
l'enfant prodigue.
«Qui m'a vu a vu le Père» 113. L'Eglise professe la miséricorde de Dieu,
l'Eglise en vit, dans sa vaste expérience de foi, et aussi dans son
enseignement, en contemplant constamment le Christ, en se concentrant en lui,
sur sa vie et son Evangile, sur sa croix et sa résurrection, sur son mystère
tout entier. Tout ce qui forme la «vision» du Christ dans la foi vive et dans
l'enseignement de l'Eglise nous rapproche de la «vision du Père» dans la
sainteté de sa miséricorde. L'Eglise semble professer et vénérer d'une manière
particulière la miséricorde de Dieu quand elle s'adresse au cœur du Christ. En
effet, nous approcher du Christ dans le mystère de son cœur nous permet de nous
arrêter sur ce point - point central en un certain sens, et en même temps le
plus accessible au plan humain - de la révélation de l'amour miséricordieux du
Père, qui a constitué le contenu central de la mission messianique du Fils de
l'homme.
L'Eglise vit d'une vie authentique lorsqu'elle professe et proclame la
miséricorde, attribut le plus admirable du Créateur et du Rédempteur, et
lorsqu'elle conduit les hommes aux sources de la miséricorde du Sauveur, dont
elle est la dépositaire et la dispensatrice. Dans ce cadre, la méditation
constante de la parole de Dieu, et surtout la participation consciente et
réfléchie à l'Eucharistie et au sacrement de pénitence ou de réconciliation,
ont une grande signification. L'Eucharistie nous rapproche toujours de cet
amour plus fort que la mort: «Chaque fois en eflet que nous mangeons ce pain et
que nous buvons cette coupe», non seulement nous annonçons la mort du
Rédempteur, mais nous proclamons aussi sa résurrection, «dans l'attente de sa
venue» dans la gloire 114. La liturgie eucharistique, célébrée en mémoire de
celui qui dans sa mission messianique nous a révélé le Père par sa parole et
par sa croix, atteste l'inépuisable amour en vertu duquel il désire toujours
s'unir à nous et ne faire qu'un avec nous, allant à la rencontre de tous les
cœurs humains. C'est le sacrement de la pénitence ou de la réconciliation qui
aplanit la route de chacun, même quand il est accablé par de lourdes fautes.
Dans ce sacrement, tout homme peut expérimenter de manière unique la
miséricorde, c'est-à-dire l'amour qui est plus fort que le péché. L'encyclique
Redemptor Hominis a déjà abordé ce point; il conviendrait pourtant de revenir
encore une fois sur ce thème fondamental.
Parce que le péché existe dans ce monde que «Dieu a tant aimé qu'il a donné son
Fils unique » 115, Dieu qui «est amour» 116 ne peut se révéler autrement que
comme miséricorde. Cela correspond non seulement à la vérité la plus profonde
de cet amour qu'est Dieu, mais aussi à la vérité intérieure de l'homme et du
monde qui est sa patrie temporaire.
La miséricorde, en tant que perfection du Dieu infini, est elle-même infinie.
Infinie donc, et inépuisable, est la promptitude du Père à accueillir les fils
prodigues qui reviennent à sa maison. Infinies sont aussi la promptitude et
l'intensité du pardon qui jaillit continuellement de l'admirable valeur du
sacrifice du Fils. Aucun péché de l'homme ne peut prévaloir sur cette force ni
la limiter. Du côté de l'homme, seul peut la limiter le manque de bonne
volonté, le manque de promptitude dans la conversion et la pénitence,
c'est-à-dire l'obstination continuelle qui s'oppose à la grâce et à la vérité,
spécialement face au témoignage de la croix et de la résurrection du Christ.
C'est pourquoi l'Eglise annonce la conversion et y appelle. La conversion à
Dieu consiste toujours dans la découverte de sa miséricorde, c'est-à-dire de
cet amour patient et doux 117 comme l'est Dieu Créateur et Père: l'amour,
auquel «le Dieu et Père de Notre Seigneur Jésus-Christ» 118 est fidèle jusqu'à
ses conséquences extrêmes dans l'histoire de l'alliance avec l'homme, jusqu'à
la croix, à la mort et à la résurrection de son Fils. La conversion à Dieu est
toujours le fruit du retour au Père riche en miséricorde.
La connaissance authentique du Dieu de la miséricorde, Dieu de l'amour
bienveillant, est une force de conversion constante et inépuisable, non
seulement comme acte intérieur d'un instant, mais aussi comme disposition
permanente, comme état d'âme. Ceux qui arrivent à connaître Dieu ainsi, ceux
qui le «voient» ainsi, ne peuvent pas vivre autrement qu'en se convertissant à
lui continuellement. Ils vivent donc in statu conversionis, en état de
conversion; et c'est cet état qui constitue la composante la plus profonde du
pèlerinage de tout homme sur la terre in statu viatoris, en état de
cheminement. Il est évident que l'Eglise professe la miséricorde de Dieu
révélée dans le Christ crucifié et ressuscité non seulement par les paroles de
son enseignement, mais surtout par la pulsation la plus intense de la vie de
tout le peuple de Dieu. Grâce à ce témoignage de vie, l'Eglise accomplit sa
mission propre de peuple de Dieu, mission qui participe à la mission
messianique du Christ lui-même et qui, en un certain sens, la continue.
L'Eglise contemporaine est vivement consciente que c'est seulement sur la base
de la miséricorde de Dieu qu'elle pourra réaliser les tâches qui découlent de
l'enseignement du Concile Vatican II, et en premier lieu la tâche œcuménique
consistant à unir tous ceux qui croient au Christ. En engageant de multiples
efforts dans cette direction, l'Eglise reconnaît avec humilité que seul cet
amour, plus puissant que la faiblesse des divisions humaines, peut réaliser
définitivement cette unité que le Christ implorait de son Père, et que l'Esprit
ne cesse d'implorer pour nous «avec des gémissements inexprimables» 119.
14. L'Église s'efforce de mettre en oeuvre la miséricorde
Jésus-Christ nous a enseigné que l'homme non seulement reçoit et expérimente la
miséricorde de Dieu, mais aussi qu'il est appelé à «faire miséricorde» aux
autres: «Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde» 120.
Dans ces paroles, l'Eglise voit un appel à l'action, et elle s'efforce de
pratiquer la miséricorde. Si toutes les béatitudes du Sermon sur la montagne
indiquent la route de la conversion et du changement de vie, celle qui concerne
les miséricordieux est, à cet égard, particulièrement parlante. L'homme
parvient à l'amour miséricordieux de Dieu, à sa miséricorde, dans la mesure où
lui-même se transforme intérieurement dans l'esprit d'un tel amour envers le
prochain.
Ce processus authentiquement évangélique ne réalise pas seulement une transformation
spirituelle une fois pour toutes, mais il est tout un style de vie, une
caractéristique essentielle et continuelle de la vocation chrétienne. Il
consiste dans la découverte constante et dans la mise en œuvre persévérante de
l'amour en tant que force à la fois unifiante et élevante, en dépit de toutes
les difficultés psychologiques ou sociales: il s'agit, en effet, d'un amour
miséricordieux qui est par essence un amour créateur. L'amour miséricordieux,
dans les rapports humains, n'est jamais un acte ou un processus unilatéral.
Même dans les cas où tout semblerait indiquer qu'une seule partie donne et
offre, et que l'autre ne fait que prendre et recevoir (par exemple dans le cas
du médecin qui soigne, du maître qui enseigne, des parents qui élèvent et
éduquent leurs enfants, du bienfaiteur qui secourt ceux qui sont dans le
besoin), en réalité cependant, même celui qui donne en tire toujours avantage.
De toute manière, il peut facilement se retrouver lui aussi dans la situation
de celui qui reçoit, qui obtient un bienfait, qui rencontre l'amour
miséricordieux, qui se trouve être objet de miséricorde.
En ce sens, le Christ crucifié est pour nous le modèle, l'inspiration et
l'incitation la plus haute. En nous fondant sur ce modèle émouvant, nous pouvons
en toute humilité manifester de la miséricorde envers les autres, sachant qu'il
la reçoit comme si elle était témoignée à lui-même 121. D'après ce modèle, nous
devons aussi purifier continuellement toutes nos actions et toutes nos
intentions dans lesquelles la miséricorde est comprise et pratiquée d'une
manière unilatérale, comme un bien qui est fait aux autres. Car elle est
réellement un acte d'amour miséricordieux seulement lorsque, en la réalisant,
nous sommes profondément convaincus que nous la recevons en même temps de ceux
qui l'acceptent de nous. Si cet aspect bilatéral et cette réciprocité font
défaut, nos actions ne sont pas encore des actes authentiques de miséricorde;
la conversion, dont le chemin nous a été enseigné par le Christ dans ses paroles
et son exemple jusqu'à la croix, ne s'est pas encore pleinement accomplie en
nous; et nous ne participons pas encore complètement à la source magnifique de
l'amour miséricordieux, qui nous a été révélée en lui.
Ainsi donc, le chemin que le Christ nous a indiqué dans le Sermon sur la
montagne avec la béatitude des miséricordieux est bien plus riche que ce que
nous pouvons parfois découvrir dans la façon dont on parle habituellement de la
miséricorde. On considère communément la miséricorde comme un acte ou un
processus unilatéral, qui présuppose et maintient les distances entre celui qui
fait miséricorde et celui qui la reçoit, entre celui qui fait le bien et celui
qui en est gratifié. De là vient la prétention de libérer les rapports humains
et sociaux de la miséricorde, et de les fonder seulement sur la justice. Mais
ces opinions sur la miséricorde ne tiennent pas compte du lien fondamental
entre la miséricorde et la justice dont parlent toute la tradition biblique et
surtout la mission messianique de Jésus-Christ. La miséricorde authentique est,
pour ainsi dire, la source la plus profonde de la justice. Si cette dernière
est de soi propre à «arbitrer» entre les hommes pour répartir entre eux de
manière juste les biens matériels, l'amour au contraire, et seulement lui (et
donc aussi cet amour bienveillant que nous appelons «miséricorde»), est capable
de rendre l'homme à lui-même.
La miséricorde véritablement chrétienne est également, dans un certain sens, la
plus parfaite incarnation de l'«égalité» entre les hommes, et donc aussi
l'incarnation la plus parfaite de la justice, en tant que celle-ci, dans son
propre domaine, vise au même résultat. L'égalité introduite par la justice se
limite cependant au domaine des biens objectifs et extérieurs, tandis que
l'amour et la miséricorde permettent aux hommes de se rencontrer entre eux dans
cette valeur qu'est l'homme même, avec la dignité qui lui est propre. En même
temps, l'«égalité» née de l'amour «patient et bienveillant» 122 n'efface pas
les différences: celui qui donne devient plus généreux lorsqu'il se sent payé
en retour par celui qui accepte son don; réciproquement, celui qui sait
recevoir le don avec la conscience que lui aussi fait du bien en l'acceptant,
sert pour sa part la grande cause de la dignité de la personne, et donc
contribue à unir les hommes entre eux d'une manière plus profonde.
Ainsi donc, la miséricorde devient un élément indispensable pour façonner les
rapports mutuels entre les hommes, dans un esprit de grand respect envers ce
qui est humain et envers la fraternité réciproque. Il n'est pas possible
d'obtenir l'établissement de ce lien entre les hommes si l'on veut régler leurs
rapports mutuels uniquement en fonction de la justice. Celle-ci, dans toute la
sphère des rapports entre hommes, doit subir pour ainsi dire une «refonte»
importante de la part de l'amour qui est - comme le proclame saint Paul -
«patient» et «bienveillant», ou, en d'autres termes, qui porte en soi les
caractéristiques de l'amour miséricordieux, si essentielles pour l'Evangile et
pour le christianisme. Rappelons en outre que l'amour miséricordieux comporte
aussi cette tendresse et cette sensibilité du cœur dont nous parle si
éloquemment la parabole de l'enfant prodigue 123, ou encore celles de la brebis
et de la drachme perdues 124. Aussi l'amour miséricordieux est-il indispensable
surtout entre ceux qui sont les plus proches: entre les époux, entre parents et
enfants, entre amis; il est indispensable dans l'éducation et la pastorale.
Cependant, son champ d'action ne se borne pas à cela. Si Paul VI a indiqué à
plusieurs reprises que la «civilisation de l'amour» 125 était le but vers
lequel devaient tendre tous les efforts dans le domaine social et culturel
comme dans le domaine économique et politique, il convient d'ajouter que ce but
ne sera jamais atteint tant que, dans nos conceptions et nos réalisations
concernant le domaine large et complexe de la vie en commun, nous nous en
tiendrons au principe «œil pour œil et dent pour dent» 126; tant que nous ne
tendrons pas, au contraire, à le transformer dans son essence, en agissant dans
un autre esprit. Il est certain que c'est aussi dans cette direction que nous
conduit le Concile Vatican II, lorsque, parlant d'une manière répétée de la
nécessité de rendre le monde plus humain 127, il présente la mission de
l'Eglise dans le monde contemporain comme la réalisation de cette tâche. Le
monde des hommes ne pourra devenir toujours plus humain que si nous
introduisons dans le cadre multiforme des rapports interpersonnels et sociaux,
en même temps que la justice, cet «amour miséricordieux» qui constitue le
message messianique de l'Evangile.
Le monde des hommes pourra devenir «toujours plus humain» seulement lorsque
nous introduirons, dans tous les rapports réciproques qui modèlent son visage
moral, le moment du pardon, si essentiel pour l'Evangile. Le pardon atteste
qu'est présent dans le monde l'amour plus fort que le péché. En outre, le
pardon est la condition première de la réconciliation, non seulement dans les
rapports de Dieu avec l'homme, mais aussi dans les relations entre les hommes.
Un monde d'où on éliminerait le pardon serait seulement un monde de justice
froide et irrespectueuse, au nom de laquelle chacun revendiquerait ses propres
droits vis-à-vis de l'autre; ainsi, les égoïsmes de toute espèce qui
sommeillent dans l'homme pourraient transformer la vie et la société humaine en
un système d'oppression des plus faibles par les plus forts, ou encore en arène
d'une lutte permanente des uns contre les autres.
C'est pourquoi l'Eglise doit considérer comme un de ses principaux devoirs - à
chaque étape de l'histoire, et spécialement à l'époque contemporaine - de
proclamer et d'introduire dans la vie le mystère de la miséricorde, révélé à
son plus haut degré en Jésus-Christ. Ce mystère est, non seulement pour
l'Eglise elle-même comme communauté des croyants mais aussi, en un certain
sens, pour tous les hommes, source d'une vie différente de celle qu'est capable
de construire l'homme exposé aux forces tyranniques de la triple concupiscence
qui sont à l'œuvre en lui 128. Et c'est au nom de ce mystère que le Christ nous
enseigne à toujours pardonner. Combien de fois répétons-nous les paroles de la
prière que lui-même nous a enseignée, en demandant: «Pardonne-nous nos offenses
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés», c'est-à-dire à ceux
qui sont coupables à notre égard 129! Il est vraiment difficile d'exprimer la
valeur profonde de l'attitude que de telles paroles définissent et inculquent.
Que ne révèlent-elles pas à tout homme, sur son semblable et sur lui-même! La
conscience d'être débiteurs les uns envers les autres va de pair avec l'appel à
la solidarité fraternelle que saint Paul a exprimé avec concision en nous
invitant à nous supporter «les uns les autres avec charité» 130. Quelle leçon
d'humilité est ici renfermée à l'égard de l'homme, du prochain en même temps
que de nous-mêmes! Quelle école de bonne volonté pour la vie en commun de
chaque jour, dans les diverses conditions de notre existence! Si nous nous désintéressions
d'une telle leçon, que resterait-il de n'importe programme «humaniste» de vie
et d'éducation?
Le Christ souligne avec insistance la nécessité de pardonner aux autres:
lorsque Pierre lui demande combien de fois il devrait pardonner à son prochain,
il lui indique le chiffre symbolique de «soixante-dix fois sept fois» 131,
voulant lui montrer ainsi qu'il devrait savoir pardonner à tous et toujours. Il
est évident qu'une exigence aussi généreuse de pardon n'annule pas les
exigences objectives de la justice. La justice bien comprise constitue pour
ainsi dire le but du pardon. Dans aucun passage du message évangélique, le
pardon, ni même la miséricorde qui en est la source, ne signifient indulgence
envers le mal, envers le scandale, envers le tort causé ou les offenses. En
chaque cas, la réparation du mal et du scandale, le dédommagement du tort
causé, la satisfaction de l'offense sont conditions du pardon.
Ainsi donc, la structure foncière de la justice entre toujours dans le champ de
la miséricorde. Celle-ci toutefois a la force de conférer à la justice un
contenu nouveau, qui s'exprime de la manière la plus simple et la plus complète
dans le pardon. Le pardon en effet manifeste qu'en plus du processus de
«compensation» et de «trêve» caractéristique de la justice, l'amour est
nécessaire pour que l'homme s'affirme comme tel. L'accomplissement des
conditions de la justice est indispensable surtout pour que l'amour puisse
révéler son propre visage. Dans l'analyse de la parabole de l'enfant prodigue,
nous avons déjà attiré l'attention sur le fait que celui qui pardonne et celui
qui est pardonné se rencontrent sur un point essentiel, qui est la dignité ou
la valeur essentielle de l'homme, qui ne peut être perdue et dont l'affirmation
ou la redécouverte sont la source de la plus grande joie 132.
L'Eglise estime à juste titre que son devoir, que le but de sa mission,
consistent à assurer l'authenticité du pardon, aussi bien dans la vie et le
comportement que dans l'éducation et la pastorale. Elle ne la protège pas
autrement qu'en gardant sa source, c'est-à-dire le mystère de la miséricorde de
Dieu lui-même, révélé en Jésus-Christ.
A la base de la mission de l'Eglise, dans tous les domaines dont parlent de
nombreux textes du récent Concile et l'expérience séculaire de l'apostolat, il
n'y a rien d'autre que: «Puiser aux sources du Sauveur» 133. Il y a là de
multiples orientations pour la mission de l'Eglise dans la vie des chrétiens,
des communautés et de tout le Peuple de Dieu. «Puiser aux sources du Sauveur» ne
peut se réaliser que dans l'esprit de pauvreté auquel le Seigneur nous a
appelés par sa parole et son exemple: «Vous avez reçu gratuitement, donnez
gratuitement» 134. Ainsi, sur tous les chemins de la vie et du ministère de
l'Eglise - à travers la pauvreté évangélique de ses ministres et dispensateurs,
ainsi que du peuple tout entier, qui rend témoignage «à toutes les merveilles»
de son Seigneur - se manifeste encore mieux le Dieu «qui est riche en
miséricorde».
VIII. PRIERE DE L'ÉGLISE DE NOTRE TEMPS
15. L'Église fait appel à la miséricorde divine
L'Eglise proclame la vérité de la miséricorde de Dieu, révélée dans le Christ
crucifié et ressuscité, et elle la professe de différentes manières. Elle
cherche en outre à exercer la miséricorde envers les hommes grâce aux hommes,
voyant en cela une condition indispensable de sa préoccupation pour un monde
meilleur et «plus humain», aujourd'hui et demain. Cependant, à aucun moment ni
en aucune période de l'histoire - surtout à une époque aussi critique que la nôtre
-, l'Eglise ne peut oublier la prière qui est un cri d'appel à la miséricorde
de Dieu face aux multiples formes de mal qui pèsent sur l'humanité et la
menacent. Tel est le droit et le devoir fondamental de l'Eglise, dans le Christ
Jésus: c'est le droit et le devoir de l'Eglise envers Dieu et envers les
hommes. Plus la conscience humaine, succombant à la sécularisation, oublie la
signification même du mot de «miséricorde»; plus, en s'éloignant de Dieu, elle
s'éloigne du mystère de la miséricorde, plus aussi l'Eglise a le droit et le
devoir de faire appel au Dieu de la miséricorde «avec de grands cris» 135. Ces
«grands cris» doivent caractériser l'Eglise de notre temps; ils doivent être
adressés à Dieu pour implorer sa miséricorde, dont l'Eglise professe et
proclame que la manifestation certaine est advenue en Jésus crucifié et
ressuscité, c'est-à-dire dans le mystère pascal. C'est ce mystère qui porte en
soi la révélation la plus complète de la miséricorde, de l'amour plus fort que
la mort, plus fort que le péché et que tout mal, de l'amour qui retient l'homme
dans ses chutes les plus profondes et le libère des plus grandes menaces.
L'homme contemporain sent ces menaces. Ce qui a été dit plus haut sur ce point
n'est qu'une simple esquisse. L'homme contemporain s'interroge souvent, avec
beaucoup d'anxiété, sur la solution des terribles tensions qui se sont
accumulées sur le monde et qui s'enchevêtrent parmi les hommes. Et si, parfois,
il n'a pas le courage de prononcer le mot de «miséricorde», ou si, dans sa
conscience dépouillée de tout sens religieux, il n'en trouve pas l'équivalent,
il est d'autant plus nécessaire que l'Eglise prononce ce mot, pas seulement en
son propre nom, mais aussi au nom de tous les hommes de notre temps.
Il faut donc que tout ce que j'ai dit dans ce document sur la miséricorde se
transforme en une ardente prière: qu'il se transforme continuellement en un cri
qui implore la miséricorde selon les nécessités de l'homme dans le monde
contemporain. Que ce cri soit lourd de toute cette vérité sur la miséricorde
qui a trouvé une si riche expression dans l'Ecriture Sainte et dans la
Tradition, comme aussi dans l'authentique vie de foi de tant de générations du
peuple de Dieu. Par un tel cri, comme les auteurs sacrés, faisons appel au Dieu
qui ne peut mépriser rien de ce qu'il a créé 136, au Dieu qui est fidèle à
lui-même, à sa paternité, à son amour! Comme les prophètes, faisons appel à
l'aspect maternel de cet amour qui, comme une mère, suit chacun de ses fils,
chacune des brebis perdues; et cela même s'il y avait des millions d'égarés,
même si dans le monde l'iniquité prévalait sur l'honnêteté, même si l'humanité
contemporaine méritait pour ses péchés un nouveau «déluge», comme le mérita
jadis la génération de Noé! Ayons recours à l'amour paternel que le Christ nous
a révélé par sa mission messianique, et qui a atteint son sommet dans sa croix,
sa mort et sa résurrection! Ayons recours à Dieu par le Christ, nous souvenant
des paroles du Magnificat de Marie, proclamant la miséricorde «de génération en
génération»! Implorons la miséricorde divine pour la génération contemporaine!
Que l'Eglise, qui cherche à l'exemple de Marie à être en Dieu la mère des
hommes, exprime en cette prière sa sollicitude maternelle, et aussi son amour
confiant, dont naît la plus ardente nécessité de la prière!
Elevons nos supplications, guidés par la foi, l'espérance et la charité, que le
Christ a implantées dans nos cœurs! Cette attitude est également amour envers
ce Dieu que l'homme contemporain a parfois tellement éloigné de soi, considéré
comme étranger à lui-même, en proclamant de diverses manières qu'il est
«inutile». Elle est donc amour de Dieu, dont nous ressentons profondément
combien l'homme contemporain l'offense et le refuse, ce pourquoi nous sommes
prêts à crier comme le Christ en croix: «Père, pardonne-leur; ils ne savent ce
qu'ils font » 137. Elle est en même temps amour des hommes, de tous les hommes,
sans aucune exception ou discrimination: sans différence de race, de culture,
de langue, de conception du monde, sans distinction entre amis et ennemis. Tel
est l'amour envers les hommes, qui désire le bien véritable pour chacun d'eux
et pour chaque communauté humaine, pour chaque famille, pour chaque nation,
pour chaque groupe social, pour les jeunes, les adultes, les parents, les
anciens, les malades: c'est un amour envers tous, sans exception. Tel est
l'amour, cette sollicitude empressée pour garantir à chacun tout bien
authentique, pour éloigner de lui et conjurer toute espèce de mal.
Et si tel ou tel de nos contemporains ne partage pas la foi et l'espérance qui
me conduisent, en tant que serviteur du Christ et ministre des mystères de Dieu
138, à implorer en cette heure de l'histoire la miséricorde de Dieu pour
l'humanité, qu'il cherche au moins à comprendre la raison de cet empressement.
Il est dicté par l'amour envers l'homme, envers tout ce qui est humain, et qui,
selon l'intuition d'une grande partie des hommes de ce temps, est menacé par un
péril immense. Le mystère du Christ qui, en nous révélant la haute vocation de
l'homme, m'a poussé à rappeler dans l'encyclique Redemptor Hominis sa dignité
incomparable, m'oblige aussi à proclamer la miséricorde en tant qu'amour
miséricordieux de Dieu révélé dans ce mystère. Il me conduit également à en
appeler à cette miséricorde et à l'implorer dans cette phase difficile et
critique de l'histoire de l'Eglise et du monde, alors que nous arrivons au
terme du second millénaire. Au nom de Jésus-Christ crucifié et ressuscité, dans
l'esprit de sa mission messianique toujours présente dans l'histoire de
l'humanité, nous élevons notre voix et nos supplications pour que se révèle
encore une fois, à cette étape de l'histoire, l'Amour qui est dans le Père;
pour que, par l'action du Fils et du Saint-Esprit, il manifeste sa présence
dans notre monde contemporain, plus fort que le mal, plus fort que le péché et
que la mort. Nous supplions par l'intermédiaire de Celle qui ne cesse de
proclamer «la miséricorde de génération en génération», et aussi de ceux qui
ont déjà vu s'accomplir totalement en eux les paroles du Sermon sur la
montagne: «Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde»
139.
En poursuivant la grande tâche de la mise en œuvre du Concile Vatican II, dans
lequel nous pouvons voir à juste titre une nouvelle phase de l'auto-réalisation
de l'Eglise - à la mesure de l'époque où il nous est donné de vivre -, l'Eglise
elle-même doit être toujours guidée par la pleine conscience qu'il ne lui est
permis à aucun prix, dans cette œuvre, de se replier sur elle-même. Sa raison
d'être est en effet de révéler Dieu, c'est-à-dire le Père qui nous permet de le
«voir» dans le Christ 140. Si grande que puisse être la résistance de
l'histoire humaine, si marqué le caractère hétérogène de la civilisation
contemporaine, si forte enfin la négation de Dieu dans le monde humain, plus
grande toutefois doit être la proximité de ce mystère qui, caché depuis les
siècles en Dieu, a été ensuite réellement communiqué dans le temps à l'homme
par Jésus-Christ.
Avec ma Bénédiction Apostolique.
Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 30 novembre 1980, premier dimanche de
l'Avent, en la troisième année de mon pontificat.
SOURCE : http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_30111980_dives-in-misericordia_fr.html
CHAPELLE PAPALE POUR LA CANONISATION
DE LA BIENHEUREUSE MARIA
FAUSTYNA KOWALSKA
HOMÉLIE DU PAPE JEAN PAUL
II
Dimanche 30 avril 2000
1. "Confitemini Domino quoniam bonus, quoniam in saeculum misericordia
eius", "Rendez grâce à Yahvé, car il est bon, car éternel est son
amour!" (Ps 118, 1). C'est ce que chante l'Eglise en l'Octave de Pâques,
recueillant presque des lèvres du Christ ces paroles du Psaume; des lèvres du
Christ ressuscité, qui dans le Cénacle, apporte la grande annonce de la
miséricorde divine et en confie le ministère aux apôtres: "Paix à vous!
Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie [...] Recevez l'Esprit
Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui
vous les retiendrez, ils leur seront retenus" (Jn 20, 21-23).
Avant de prononcer ces paroles, Jésus montre ses mains et son côté.
C'est-à-dire qu'il montre les blessures de la Passion, en particulier la
blessure du coeur, source d'où jaillit la grande vague de miséricorde qui se
déverse sur l'humanité. De ce coeur, Soeur Faustyna Kowalska, la bienheureuse
que dorénavant nous appellerons sainte, verra partir deux faisceaux de lumière
qui illuminent le monde. "Les deux rayons, lui expliqua un jour Jésus
lui-même, représentent le sang et l'eau" (Journal, Librairie éditrice
vaticane, p. 132).
2. Sang et eau! La pensée s'envole vers le témoignage de l'évangéliste Jean,
qui, lorsqu'un soldat sur le Calvaire frappa de sa lance le côté du Christ, en
vit sortir "du sang et de l'eau" (cf. Jn 19, 34). Et si le sang
évoque le sacrifice de la croix et le don eucharistique, l'eau, dans la
symbolique de Jean, rappelle non seulement le Baptême, mais également le don de
l'Esprit Saint (cf. Jn 3, 5; 4, 14; 7, 37-39).
A travers le coeur du Christ crucifié, la miséricorde divine atteint les
hommes: "Ma Fille, dis que je suis l'Amour et la Miséricorde en
personne", demandera Jésus à Soeur Faustyna (Journal, 374). Cette
miséricorde, le Christ la diffuse sur l'humanité à travers l'envoi de l'Esprit
qui, dans la Trinité, est la Personne-Amour. Et la miséricorde n'est-elle pas
le "second nom" de l'amour (cf. Dives in misericordia, n. 7), saisi
dans son aspect le plus profond et le plus tendre, dans son aptitude à se
charger de chaque besoin, en particulier dans son immense capacité de pardon?
Aujourd'hui, ma joie est véritablement grande de proposer à toute l'Eglise, qui
est presque un don de Dieu pour notre temps, la vie et le témoignage de Soeur
Faustyna Kowalska. La Divine Providence a voulu que la vie de cette humble
fille de la Pologne soit totalement liée à l'histoire du vingtième siècle, le
siècle que nous venons de quitter. C'est, en effet, entre la Première et la
Seconde Guerre mondiale que le Christ lui a confié son message de miséricorde.
Ceux qui se souviennent, qui furent témoins et qui prirent part aux événements
de ces années et des atroces souffrances qui en découlèrent pour des millions
d'hommes, savent bien combien le message de la miséricorde était nécessaire.
Jésus dit à Soeur Faustyna: "L'humanité n'aura de paix que lorsqu'elle
s'asdressera avec confiance à la Divine Miséricorde" (Journal, p. 132). A
travers l'oeuvre de la religieuse polonaise, ce message s'est lié à jamais au
vingtième siècle, dernier du second millénaire et pont vers le troisième
millénaire. Il ne s'agit pas d'un message nouveau, mais on peut le considérer
comme un don d'illumination particulière, qui nous aide à revivre plus
intensément l'Evangile de Pâques, pour l'offrir comme un rayon de lumière aux
hommes et aux femmes de notre temps.
3. Que nous apporteront les années qui s'ouvrent à nous? Quel sera l'avenir de
l'homme sur la terre? Nous ne pouvons pas le savoir. Il est toutefois certain
qu'à côté de nouveaux progrès ne manqueront pas, malheureusement, les
expériences douloureuses. Mais la lumière de la miséricorde divine, que le
Seigneur a presque voulu remettre au monde à travers le charisme de Soeur
Faustyna, illuminera le chemin des hommes du troisième millénaire.
Comme les Apôtres autrefois, il est toutefois nécessaire que l'humanité
d'aujourd'hui accueille elle aussi dans le cénacle de l'histoire le Christ
ressuscié, qui montre les blessures de sa crucifixion et répète: Paix à vous!
Il faut que l'humanité se laisse atteindre et imprégner par l'Esprit que le
Christ ressuscité lui donne. C'est l'Esprit qui guérit les blessures du coeur,
abat les barrières qui nous éloignent de Dieu et qui nous divisent entre nous,
restitue la joie de l'amour du Père et celle de l'unité fraternelle.
4. Il est alors important que nous recevions entièrement le message qui
provient de la Parole de Dieu en ce deuxième Dimanche de Pâques, qui
dorénavant, dans toute l'Eglise, prendra le nom de "Dimanche de la
Miséricorde divine". Dans les diverses lectures, la liturgie semble
désigner le chemin de la miséricorde qui, tandis qu'elle reconstruit le rapport
de chacun avec Dieu, suscite également parmi les hommes de nouveaux rapports de
solidarité fraternelle. Le Christ nous a enseigné que "l'homme non
seulement reçoit et expérimente la miséricorde de Dieu, mais aussi qu'il est
appelé à "faire miséricorde" aux autres: "Bienheureux les
miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde" (Mt 5, 7)" (Dives in
misericordia, n. 14). Il nous a ensuite indiqué les multiples voies de la
miséricorde, qui ne pardonne pas seulement les péchés, mais répond également à
toutes les nécessités de l'homme. Jésus s'incline sur toute forme de pauvreté
humaine, matérielle et spirituelle.
Son message de miséricorde continue de nous atteindre à travers le geste de ses
mains tendues vers l'homme qui souffre. C'est ainsi que l'a vu et l'a annoncé
aux hommes de tous les continents Soeur Faustyna, qui, cachée dans son couvent de
Lagiewniki, à Cracovie, a fait de son existence un chant à la miséricorde:
Misericordias Domini in aeternum cantabo.
Le Saint-Père a ensuite poursuivi en polonais:
5. La canonisation de Soeur Faustyna revêt une éloquence particulière: à
travers cet acte, j'entends transmettre aujourd'hui ce message au nouveau
millénaire. Je le transmets à tous les hommes afin qu'ils apprennent à
connaître toujours mieux le véritable visage de Dieu et le véritable visage de
leurs frères.
L'amour de Dieu et l'amour des frères sont en effet indissociables, comme nous
l'a rappelé la première Epître de Jean: "Nous reconnaissons que nous
aimons les enfants de Dieu à ce que nous aimons Dieu et que nous pratiquons ses
commandements" (5, 2). L'Apôtre nous rappelle ici à la vérité de l'amour,
nous montrant dans l'observance des commandements la mesure et le critère.
Il n'est pas facile, en effet, d'aimer d'un amour profond, fait de don
authentique de soi. Cet amour ne s'apprend qu'à l'école de Dieu, à la chaleur
de sa charité. En fixant le regard sur Lui, en nous syntonisant sur son coeur
de Père, nous devenons capables de regarder nos frères avec des yeux nouveaux,
dans une attitude de gratuité et de partage, de générosité et de pardon. Tout
cela est la miséricorde!
Dans la mesure où l'humanité saura apprendre le secret de ce regard
miséricordieux, la description idéale de la première lecture se révèle être une
perspective réalisable: "La multitude des croyants n'avait qu'un coeur et
qu'une âme. Nul ne disait sien ce qui lui appartenait, mais entre eux tout
était commun" (Ac 4, 32). Ici, la miséricorde du coeur est devenue
également un style de rapports, un projet de communauté, un partage de biens.
Ici ont fleuri les "oeuvres de miséricorde" spirituelles et corporelles.
Ici, la miséricorde est devenue une façon concrète d'être le
"prochain" des frères les plus indigents.
6. Soeur Faustyna Kowalska a écrit dans son journal: "J'éprouve une
douleur atroce, lorsque j'observe les souffrances du prochain. Toutes les
souffrances du prochain se répercutent dans mon coeur; je porte dans mon coeur
leurs angoisses, de sorte qu'elles m'anéantissent également physiquement. Je
voudrais que toutes les douleurs retombent sur moi, pour soulager mon
prochain" (Journal, p. 365). Voilà à quel point de partage conduit l'amour
lorsqu'il se mesure à l'amour de Dieu!
C'est de cet amour que l'humanité d'aujourd'hui doit s'inspirer pour affronter
la crise de sens, les défis des besoins les plus divers, en particulier
l'exigence de sauvegarder la dignité de chaque personne humaine. Le message de
la divine miséricorde est ainsi, de façon implicite, également un message sur
la valeur de chaque homme. Chaque personne est précieuse aux yeux de Dieu, le
Christ a donné sa vie pour chacun, le Père fait don à tous de son Esprit et
offre l'accès à son intimité.
7. Ce message réconfortant s'adresse en particulier à celui qui, touché par une
épreuve particulièrement dure ou écrasé par le poids des péchés commis, a perdu
toute confiance dans la vie et est tenter de céder au désespoir. C'est à lui
que se présente le visage doux du Christ, c'est sur lui qu'arrivent ces rayons
qui partent de son coeur et qui illuminent, réchauffent, indiquent le chemin et
diffusent l'espérance. Combien d'âmes a déjà réconforté l'invocation:
"Jésus, j'ai confiance en Toi", que la Providence a suggérée à Soeur
Faustyna! Cet acte simple d'abandon à Jésus dissipe les nuages les plus épais
et fait pénétrer un rayon de lumière dans la vie de chacun.
8. Misericordia Domini in aeternum cantabo (Ps 88 [89], 2). A la voix de la
Très sainte Vierge Marie, la "Mère de la miséricorde", à la voix de
cette nouvelle sainte, qui dans la Jérusalem céleste chante la miséricorde avec
tous les amis de Dieu, nous unissons nous aussi, Eglise en pèlerinage, notre voix.
Et toi, Faustyna, don de Dieu à notre temps, don de la terre de Pologne à toute
l'Eglise, obtiens-nous de percevoir la profondeur de la miséricorde divine,
aide-nous à en faire l'expérience vivante et à en témoigner à nos frères. Que
ton message de lumière et d'espérance se diffuse dans le monde entier, pousse
les pécheurs à la conversion, dissipe les rivalités et les haines, incite les
hommes et les nations à la pratique de la fraternité. Aujourd'hui, en tournant
le regard avec toi vers le visage du Christ ressuscité, nous faisons nôtre ta
prière d'abandon confiant et nous disons avec une ferme espérance: Jésus, j'ai
confiance en Toi!
SOURCE : http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/homilies/2000/documents/hf_jp-ii_hom_20000430_faustina_fr.html
PENITENCERIE APOSTOLIQUE
DECRET
Indulgences attachées aux
actes de culte accomplis en l'honneur de la Divine Miséricorde
"Ta miséricorde, ô
Dieu, ne connaît pas de limites et le trésor de ta bonté est infini..." (Prière
après l'hymne "Te Deum") et "Ô Dieu, qui révèles ta
toute-puissance en particulier à travers ta miséricorde et ton pardon..."
(Prière du XXVI Dimanche du Temps ordinaire), chantent humblement et fidèlement
notre Sainte Mère l'Eglise. En effet, l'immense bienveillance de Dieu, que ce
soit à l'égard du genre humain dans son ensemble, ou à l'égard de chaque homme,
resplendit de façon particulière lorsque ce même Dieu tout-puissant remet les
péchés et les fautes morales et que les coupables sont paternellement réadmis à
jouir de son amitié, qu'ils avaient perdue à juste titre.
Les fidèles, dont l'âme
éprouve une profonde affection, sont incités pour cette raison à commémorer les
mystères du pardon divin et à les célébrer pleinement, et ils comprennent
clairement la grande nécessité, ou plutôt le devoir que le peuple de Dieu loue
la Divine Miséricorde à travers des formules de prière particulières et, dans
le même temps, après avoir accompli avec une âme reconnaissante les oeuvres
demandées et en ayant rempli les conditions requises, qu'il obtienne les
avantages spirituels dérivant du Trésor de l'Eglise. "Le mystère pascal
constitue le sommet de cette révélation et de cette mise en oeuvre de la
miséricorde, qui est capable de justifier l'homme, de rétablir la justice comme
réalisation de l'ordre salvifique que Dieu avait voulu dès le commencement dans
l'homme, et, par l'homme, dans le monde" (Lettre encyclique Dives
in misericordia, n. 7).
En vérité, la Miséricorde
Divine sait pardonner également les péchés les plus graves, mais en le faisant,
elle invite les fidèles à ressentir une douleur surnaturelle, et non pas
purement psychologique, de leurs propres péchés, de sorte que, toujours avec
l'aide de la grâce divine, ils formulent la ferme intention de ne plus pécher.
Ces dispositions de l'âme permettent effectivement le pardon des péchés
mortels, lorsque le fidèle reçoit de façon fructueuse le sacrement de la
Pénitence ou qu'il se repent de ceux-ci à travers un acte de charité parfaite
et de douleur parfaite, dans l'intention de s'approcher au plus tôt du
sacrement même de la Pénitence: en effet, Notre Seigneur Jésus-Christ,
dans la parabole du fils prodigue, nous enseigne que le pécheur doit confesser
sa misère à Dieu en disant: "Père, j'ai péché contre le Ciel et envers
toi; je ne mérite plus d'être appelé ton fils" (Lc 15, 18-19), ressentant
que cela est l'oeuvre de Dieu: "[Il] était mort et il est revenu à
la vie; il était perdu et il est retrouvé" (Lc 15, 32).
C'est pourquoi, avec une
sensibilité pastorale providentielle, le Souverain Pontife Jean-Paul II, afin
d'imprimer profondément dans l'âme des fidèles ces préceptes et ces
enseignements de la foi chrétienne, poussé par la tendre considération du Père
de la Miséricorde, a voulu que le deuxième Dimanche de Pâques soit consacré à rappeler
avec une dévotion particulière ces dons de la grâce, en attribuant à ce
Dimanche la dénomination de "Dimanche de la Divine Miséricorde"
(Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, Décret Misericors
et miserator, 5 mai 2000).
L'Evangile du deuxième
Dimanche de Pâques raconte les choses admirables accomplies par le Christ le
jour même de la résurrection, lors de sa première apparition publique: "Le
soir, ce même jour, le premier de la semaine, et les portes étant closes, là où
se trouvaient les disciples, par peur des juifs, Jésus vint et se tint au
milieu et il leur dit: "Paix à vous!" Ayant dit cela, il leur
montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie à la vue du
Seigneur. Il leur dit alors, de nouveau: "Paix à vous! Comme le Père
m'a envoyé, moi aussi je vous envoie". Ayant dit cela, il souffla sur eux
et leur dit: "Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les
péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront
retenus"" (Jn 2, 19-23).
Pour faire en sorte que
les fidèles vivent avec une intense piété cette célébration, le Souverain
Pontife a lui-même décidé que ce dimanche soit enrichi par l'Indulgence
plénière, comme il sera indiqué plus avant, afin que les fidèles puissent
recevoir plus pleinement le don de la consolation de l'Esprit Saint et nourrir
ainsi une charité croissante envers Dieu et envers leur prochain; et que
ceux-ci, ayant obtenu le pardon de Dieu, soient à leur tour poussés à pardonner
promptement leurs frères.
Ainsi, les fidèles
observeront plus parfaitement l'Esprit de l'Evangile, en accueillant en eux le
renouveau illustré et introduit par le Concile oecuménique Vatican II: "Se
souvenant de la parole du Seigneur: "En ceci tous connaîtront que
vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres" (Jn 13,
35), les chrétiens ne peuvent pas former de souhait plus vif que celui de
rendre service aux hommes de leur temps... Car la volonté du Père est qu'en
tout homme, nous reconnaissions le Christ notre frère et que nous aimions
chacun pour de bon, en action et en parole" (Const. past. Gaudium
et spes, n. 93).
Lors de l'audience
accordée le 13 juin 2002 aux responsables de la Pénitencerie apostolique cités
plus loin, le Souverain Pontife, animé par un désir ardent de favoriser au
maximum ces sentiments de piété envers la Miséricorde Divine dans le Peuple
chrétien, en raison des très riches fruits spirituels que l'on peut en
attendre, a donc daigné accorder des indulgences selon les termes qui
suivent:
On accorde l'Indulgence
plénière aux conditions habituelles (Confession sacramentelle, Communion
eucharistique et prière selon l'intention du Souverain Pontife) au fidèle qui,
le deuxième Dimanche de Pâques, c'est-à-dire de la "Divine
Miséricorde", dans chaque église ou chapelle, l'âme totalement détachée de
tout péché, même véniel, participe à des pratiques de piété accomplies en
l'honneur de la Divine Miséricorde, ou tout au moins qui récite, en présence du
Très Saint Sacrement de l'Eucharistie, publiquement exposé ou conservé dans le
Tabernacle, le Notre Père et le Credo, en ajoutant une pieuse
invocation au Seigneur Jésus miséricordieux (par exemple "Jésus
miséricorideux, j'ai confiance en toi").
On accorde l'Indulgence
partielle au fidèle qui, ayant tout au moins le coeur contrit, élève au
Seigneur Jésus miséricordieux l'une des pieuses invocations légitimement approuvées.
En outre, les personnes qui travaillent en mer, exerçant leur devoir sur son
immense étendue; nos innombrables frères que les désastres de la guerre, les
événements politiques, l'inclémence des lieux, ainsi que d'autres causes de ce
genre ont éloigné de leur patrie; les malades et ceux qui les assistent, et
tous ceux qui pour une juste cause ne peuvent abandonner
leur foyer ou qui exercent une activité au profit de la communauté
qui ne peut pas être renvoyée, pourront obtenir l'Indulgence plénière le
Dimanche de la Divine Miséricorde si, refusant toute forme de péché comme il a
été dit plus haut, et avec l'intention d'observer, dès que possible, les trois
conditions habituelles, ils récitent, face à une image pieuse de Notre Seigneur
Jésus miséricordieux, le Notre Père et le Credo, en ajoutant une
pieuse invocation au Seigneur Jésus miséricordieux (par exemple "Jésus
miséricordieux, j'ai confiance en toi").
Si cela ne pouvait pas
non plus être fait, il sera possible, en ce même jour, d'obtenir l'Indulgence
plénière à ceux qui s'uniront en intention d'esprit à ceux qui pratiquent
de façon ordinaire l'oeuvre prescrite pour l'Indulgence et qui offriront à Dieu
Miséricorideux une prière et, en même temps, les souffrances de leur maladie et
les difficultés de leur vie, ayant eux aussi l'intention d'accomplir dès que
possible les trois conditions prescrites pour l'acquisition de l'Indulgence
plénière.
Les prêtres qui exercent
le ministère pastoral, en particulier les curés, doivent informer d'une façon
adaptée leurs fidèles de cette disposition salutaire de l'Eglise, ils doivent
écouter, avec une âme disponible et généreuse, leurs confessions et, lors du
Dimanche de la Divine Miséricorde, après la célébration de la Messe ou des
Vêpres, ou bien au cours d'un exercice pieux en l'honneur de la Divine
Miséricorde, ils doivent guider avec la dignité propre au rite, la récitation
des prières susmentionnées; enfin, étant "Heureux les miséricordeiux, car
ils obtiendront miséricorde" (Mt 5, 7), en effectuant leur catéchèse, ils
doivent inciter avec douceur les fidèles à pratiquer le plus fréquemment
possible des oeuvres de charité ou de miséricorde, en suivant l'exemple et le
mandat de Jésus-Christ, comme il est indiqué dans la deuxième concession
générale de l'"Enchiridion Indulgentiarum".
Le présent décret a
valeur perpétuelle, nonobstant toute disposition contraire.
Rome, Siège de la Pénitencerie apostolique, le 29 juin 2002, en la solennité
des saints Apôtres Pierre et Paul 2002.
S.Exc. Mgr Luigi DE
MAGISTRIS
Archevêque titulaire de Nova
Pro-Pénitencier majeur
R.P. Gianfranco GIROTTI,
o.f.m. conv.
Régent
Dimanche de la divine Miséricorde,
30 mars 2008
Chers frères et sœurs !
Lors du Jubilé
de l'an 2000, le bien-aimé Serviteur de Dieu Jean-Paul II a décidé que dans
toute l'Eglise, le Dimanche après Pâques soit appelé non seulement Dimanche in
Albis, mais aussi Dimanche de la divine Miséricorde. Ceci a eu lieu au moment
de la canonisation de Faustine Kowalska, une humble religieuse polonaise née en
1905 et morte en 1938, messagère zélée de Jésus miséricordieux. La miséricorde
est en réalité le noyau central du message évangélique, c'est le nom même de
Dieu, le visage par lequel Il s'est révélé dans l'ancienne Alliance et
pleinement en Jésus Christ, incarnation de l'Amour créateur et rédempteur. Cet
amour de miséricorde illumine également le visage de l'Eglise et se manifeste
aussi bien à travers les sacrements, en particulier celui de la réconciliation,
qu'à travers les œuvres de charité, communautaires et individuelles. Tout ce
que l'Eglise dit et fait, manifeste la miséricorde que Dieu nourrit pour les
hommes, donc pour nous. Lorsque l'Eglise doit rappeler une vérité méconnue, ou
un bien trahi, elle le fait toujours poussée par l'amour miséricordieux, afin
que les hommes aient la vie et l'aient en abondance (cf. Jn 10, 10). De la
miséricorde divine, qui pacifie les cœurs, naît ensuite la paix authentique
dans le monde, la paix entre peuples, cultures et religions diverses.
Comme Sœur Faustine, Jean-Paul
II s'est fait à son tour apôtre de la divine Miséricorde. Le soir de
l'inoubliable samedi 2 avril 2005, quand il ferma les yeux à ce monde, était
précisément la veille du deuxième Dimanche de Pâques, et nombreux sont ceux qui
notèrent la singulière coïncidence, par laquelle la dimension mariale - le
premier samedi du mois - se trouvait unie à celle de la divine Miséricorde.
C'est là, en effet, que se trouve le noyau central de son pontificat long et
multiforme; toute sa mission au service de la vérité sur Dieu et sur l'homme et
de la paix dans le monde est résumée dans cette annonce, comme il le dit
lui-même à Cracovie-Lagiewniki
en 2002, lorsqu'il inaugura le grand sanctuaire de la divine Miséricorde:
"Il n'y a aucune source d'espérance pour les êtres humains en dehors de la
miséricorde de Dieu". Son message, comme celui de sainte Faustine, renvoie
donc au visage du Christ, révélation suprême de la miséricorde de Dieu.
Contempler constamment ce Visage: voilà l'héritage qu'il nous a laissé, que
nous accueillons avec joie et que nous faisons nôtre.
On réfléchira de manière particulière, dans les prochains jours, sur la divine
Miséricorde, à l'occasion du premier Congrès apostolique mondial de la divine
Miséricorde, qui aura lieu à Rome et s'ouvrira, s'il plaît à Dieu, par une
messe que je présiderai le mercredi matin, 2 avril, troisième anniversaire de
la pieuse mort du Serviteur de Dieu Jean-Paul II. Plaçons le Congrès sous la
protection céleste de la Très Sainte Vierge Marie Mater Misericordiae. Nous lui
confions la grande cause de la paix dans le monde, afin que la miséricorde de
Dieu réalise ce qui est impossible aux seules forces humaines, et distille dans
les cœurs le courage du dialogue et de la réconciliation.
A l'issue du Regina Caeli
J'adresse avant tout une salutation cordiale aux nombreux pèlerins rassemblés
en ce moment place Saint-Pierre, en particulier ceux qui ont participé à la
messe célébrée dans l'église du Santo Spirito in Sassia, par le Cardinal
Tarcisio Bertone, à l'occasion de la fête de la divine Miséricorde. Chers
frères et soeurs, que l'intercession de sainte Faustine et du Serviteur de Dieu
Jean-Paul II vous aident à être des témoins authentiques de l'amour miséricordieux.
Je suis heureux d'indiquer aujourd'hui comme exemple à imiter, Mère Celestina
Donati, fondatrice de la Congrégation des Figlie povere di San Giuseppe
Calasanzio, qui sera proclamée bienheureuse aujourd'hui à Florence.
A l'occasion de la prière mariale du Regina caeli, je vous salue chers pèlerins
francophones, en particulier les Religieuses de Saint-Joseph de l'Apparition de
Syrie, ainsi que les jeunes du Centre Madeleine Daniélou de Rueil et les élèves
de Saint-Jean de Passy venus à Rome pour leur profession de foi. Dans la prière
et dans la vie sacramentelle, puissiez-vous contempler le Ressuscité, qui nous
apporte la paix profonde et qui nous révèle le visage de miséricorde de notre
Père des Cieux. Demeurez dans la lumière de Pâques, source de notre joie.
Je salue tous les pèlerins et visiteurs de langue anglaise présents ici
aujourd'hui. L'Evangile de ce dimanche nous rappelle qu'à travers la foi nous
reconnaissons la présence du Seigneur ressuscité dans l'Eglise et que nous
recevons de lui le don de l'Esprit Saint. Puissions-nous au cours de ce temps
pascal, renforcer notre désir de témoigner de la Bonne nouvelle de Jésus Christ
qui nous appelle à une vie de paix et de joie. Sur vous tous ici présents et
sur vos familles, j'invoque de Dieu des grâces de bonheur et de sagesse.
En ce Dimanche in Albis, je salue tous les pèlerins et visiteurs de langue
allemande présents ici à Castel Gandolfo. Jésus, qui, après sa résurrection,
donne aux apôtres les pleins pouvoirs pour pardonner les péchés, et conduit
Thomas à la foi, nous révèle la divine Miséricorde. Faisons, nous aussi,
toujours confiance au pouvoir salvifique des blessures du Christ qui nous a
sauvés par son précieux sang. Que le Seigneur vous accorde, à vous et à vos
familles, un temps pascal plein de grâces.
Je rentre aujourd'hui à Rome; nous nous verrons, si Dieu le veut, en juillet.
Je vous souhaite à tous une bonne semaine. Au revoir et bon dimanche.
SOURCE : : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/angelus/2008/documents/hf_ben-xvi_reg_20080330_fr.html
François, Jean-Paul II et
la Miséricorde Divine: à ceux qui souffrent
Le premier dimanche après
Pâques, autrement appelé dimanche de Saint Thomas, l’Église universelle célèbre
la fête de la Divine Miséricorde. Elle fut instituée il y a 20 ans par Saint
Jean-Paul II, le jour de la canonisation de Sœur Faustine Kowalska.
Alessandro Di Bussolo -
Cité du Vatican
Saint Jean-Paul II, Pape
venu de Pologne, avait instituée la «fête de la Divine Miséricorde» il
y a vingt ans, le 30 avril 2000, «en réponse à la demande de Jésus
transmise à Sainte Faustine», avait expliqué le Pape François lors de
l'audience générale du 15 avril 2020.
Sœur Faustine Kowalska,
religieuse polonaise, vénérée comme l'apôtre de la Divine Miséricorde, eut en
effet de nombreuses visions du Christ ressuscité durant l’entre-deux guerres.
La vision de sœur
Faustine
«Je désire que la
fête de la Miséricorde soit le recours et le refuge pour toutes les âmes, et
surtout pour les pauvres pécheurs. En ce jour les entrailles de ma miséricorde
sont ouvertes, je déverse tout un océan de grâces sur les âmes qui
s'approcheront de la source de ma miséricorde; toute âme qui se confessera et
communiera recevra le pardon complet de ses fautes et la remise de leur
punition; en ce jour sont ouvertes toutes les sources divines par lesquelles
s'écoulent les grâces», promit Jésus à Sœur Faustine, qui rapporte ces paroles
dans son journal.
06/04/2018
La Miséricorde Divine vue par
les papes
«L'humanité ne trouvera
pas la paix tant qu'elle ne se tournera pas vers la source de ma miséricorde».
Du cœur transpercé du Christ, sœur Faustine vit deux faisceaux de lumière qui
illuminent le monde, deux rayons qui représentent le sang et l’eau, a rappelé
le Pape Jean-Paul II dans l'homélie de la canonisation de la religieuse, le
premier dimanche après Pâques en l’an 2000. De ce cœur, jaillit la grande vague
de miséricorde qui se déverse sur l'humanité, commentait le Souverain Pontife
originaire de Cracovie. Instituée en 1985 par le cardinal Franciszek Macharski,
pour le diocèse de Cracovie, la fête de la Miséricorde Divine fut donc étendue
à l’Église universelle sous Jean-Paul II.
Deux Papes unis par la
Miséricorde Divine
La Miséricorde Divine est
aussi l'un des thèmes forts qui lient Jean-Paul II et François. L'encyclique
écrite par le Pape polonais dans les premières années de son pontificat, Dives
in Misericordia, du 30 novembre 1980, est constamment reprise par le Pape
François dans ses actes, dans ses paroles; on retrouve aussi son essence dans
la convocation par le Pape argentin du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde,
du 8 décembre 2015 au 20 novembre 2016.
Les deux Papes sont issus
de situations marquées par des bouleversements sociaux et des difficultés
historiques. Et la sensibilité humaine, le concret historique et l'attention
qu'ils portent tous deux à la dignité humaine, aux questions des plus pauvres,
les rendent si proches qu’ils rappellent à l'Église et au monde la puissance de
la Miséricorde Divine.
1980, Dives in
Misericordia
La miséricorde n'élimine
pas la justice, mais la surpasse, démontrait Jean-Paul II dans son encyclique
consacrée à «Dieu riche en miséricorde», en intitulant un chapitre «La justice
est-elle suffisante?».
Selon lui, l'Eglise est
appelée à proclamer et à proclamer la miséricorde précisément comme la plus
haute forme de justice dans l'amour. Car la miséricorde n'est pas la bonté,
mais la justice humaine sans Dieu conduit à la négation de l'homme, à un
système d'esclavage et à la négation de la dignité de la personne.
30 avril 2000,
canonisation de Sœur Faustine
Vingt ans après avoir
écrit Dives in Misericordia, au cœur du grand jubilé de l'an 2000, Karol
Wojtyla a canonisé Sœur Maria Faustina Kowalska, morte à Cracovie le 5 octobre
1938, à l'âge de 33 ans seulement.
Il n'est pas possible de
penser à la Miséricorde Divine sans la Résurrection du Seigneur, expliquait
alors saint Jean-Paul II, car c'est le point culminant de la révélation de la
Miséricorde de Dieu, l'ouverture à la vie éternelle, le don suprême que Dieu
dans le Christ offre à l'homme, et Jésus est venu dans le monde précisément
pour révéler le visage miséricordieux de Dieu. «Son message de
miséricorde - a-t-il conclu dans son homélie de canonisation - continue
à nous parvenir par le geste de ses mains tendues vers l'homme qui souffre.
C'est ainsi que Sœur Faustine l'a vu et l'a annoncé aux hommes de tous les
continents qui, cachés dans son couvent de Lagiewniki, à Cracovie, ont fait de
son existence un chant de miséricorde: Misericordias Domini in aeternum
cantabo».
François et la
miséricorde
Près de 13 ans plus tard,
le 17 mars 2013, en la petite église Sainte-Anne-des-Palefreniers l’une des
deux paroisses du Vatican, le Pape François, élu 4 jours plus tôt, célébrait sa
première messe ouverte aux fidèles, après celle de la chapelle Sixtine pour les
cardinaux.
«Il est le Père aimant
qui pardonne toujours, qui a ce cœur de miséricorde pour nous tous. Et nous
aussi, nous apprenons à être miséricordieux envers tout le monde. Invoquons
l'intercession de Notre-Dame qui avait dans ses bras la Miséricorde de Dieu
fait homme». Déjà apparaissait tout le magistère du Pape François sur la
miséricorde, à commencer par sa devise même - miserando atque eligando.
Dans la bulle d'indiction
du Jubilé, Misericordiae vultus, il nous a invités à nous laisser «surprendre
par Dieu» qui «ne se lasse pas d'ouvrir la porte de son cœur pour nous
répéter qu'il nous aime et qu'il veut partager sa vie avec nous».
Les vendredis et les
missionnaires de la Miséricorde
Une Année Sainte
instituée «pour redécouvrir et rendre féconde la miséricorde de Dieu»,
expliquait François dans l'annonce du 13 mars 2015, deuxième anniversaire de
son élection, lors d'une célébration pénitentielle, «par laquelle nous sommes
tous appelés à donner une consolation à tout homme et à toute femme de notre
temps». Pendant le Jubilé, le Pape n'a pas seulement parlé, mais il a aussi
concrétisé la miséricorde, en poursuivant ses gestes continus de proximité, en
inaugurant les «Vendredis de la miséricorde».
Des visites sous forme
privée aux communautés et aux structures d'accueil et de solidarité pour ceux
qui souffrent et en envoyant des milliers de «missionnaires de la miséricorde» dans
le monde, pour offrir le pardon de Dieu à tous à travers le sacrement de la
Réconciliation.
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article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre
d’information en cliquant ici
Dix ressources pour le
dimanche de la Divine Miséricorde 2025
La fête de la Miséricorde
Divine est célébrée le dimanche après Pâques. Cette fête a été proposée par
Saint Jean-Paul II en 2000. Quelques ressources pour s’y préparer.
2025-04-24
SœurFaustina Kowalska
(1905-1938) a reçu le message de la miséricorde de Dieu, qui appelle à la
confiance en Dieu et à une attitude de miséricorde envers le prochain. Il
appelle à proclamer et à prier pour la Miséricorde divine pour le monde, y
compris en pratiquant de nouvelles formes de culte.
La dévotion à la Divine
Miséricorde s'est développée très rapidement après la béatification (18 avril
1993) et la canonisation (30 avril 2000) de Sœur Faustine, ainsi qu'à la suite
des pèlerinages du pape Jean-Paul II à Lagiewniki (1997 et 2002).
En 2000, le pape
Jean-Paul II a canonisé sainte Faustine et, au cours de la cérémonie, il a
déclaré : « Il est donc important que nous acceptions dans son intégralité le
message que la parole de Dieu nous transmet en ce deuxième dimanche de Pâques,
qui sera désormais appelé dans toute l'Église “dimanche de la Divine
Miséricorde” » (Homélie, 30 avril 2000). (Homélie, 30 avril 2000). Benoît XVI
et le pape François ont tous deux recommandé cette dévotion.
. Évangile du dimanche de la Miséricorde
. Le bienheureux Alvaro et la miséricorde divine
.Homélie du Pape Benoit XVI pour le Dimanche de la Miséricorde
(15 avril 2007)
. Visite du Pape François au sanctuaire de la Divine Miséricorde
(30 juillet 2016)
. Lettre apostolique Lettre apostolique Misericordia et
misera
. Saint Josémaria, homélie "Le Cœur du Christ, paix des
chrétiens"
. Saint Josémaria et la dévotion à l’Amour Miséricordieux
. Mgr Echeverria : Ouvrir les portes à la miséricorde
. L'Alliance dévoilée
. Ebook : Les clés de l’Année de la miséricorde (2015)
SOURCE : https://opusdei.org/fr-ca/article/a-lapproche-du-dimanche-de-la-misericorde-divine/
Credopedia
Dimanche de la
Miséricorde Divine
En ce dimanche de la
miséricorde divine, nous nous concentrons sur le message de Jésus concernant sa
miséricorde, écrit dans le journal de sainte Faustine.
Martin Kornas
C’est quoi ?
Le Dimanche qui suit le
jour de Pâques est célébré dans l'Église Catholique Romaine comme le Dimanche
de la Divine Miséricorde (aussi appelé "Fête de la Miséricorde").
Cette fête a été introduite grâce à l'initiative du Saint-Père, Saint Jean-Paul
II, qui, dans son homélie lors de la canonisation de Sœur Faustina Kowalska le
30 avril 2000, a suivi son inspiration visionnaire : "Ma Fille, dis que je
suis l'Amour et la Miséricorde en personne" (Journal, 374). Il est alors
important que nous recevions entièrement le message qui provient de la Parole
de Dieu en ce deuxième Dimanche de Pâques, qui dorénavant, dans toute l'Eglise,
prendra le nom de "Dimanche de la Miséricorde divine". La miséricorde
est reconnue dans le christianisme comme le premier attribut de Dieu. Elle se
distingue de la compassion et de la charité qui en découle souvent par le fait
que la miséricorde est désintéressée et sans limites.
Que dit la Bible ?
YOUCAT 314 aborde la
question : Comment savons-nous que Dieu est miséricordieux ? La
réponse est : Dans de nombreux passages de l'Écriture Sainte, Dieu montre qu'il
est miséricordieux, en particulier dans la parabole du père miséricordieux (Lc
15) qui va à la rencontre de son fils prodigue, l'accepte inconditionnellement
et célèbre son retour et leur réconciliation par un banquet joyeux. Déjà dans
l'Ancien Testament, Dieu dit par l'intermédiaire du prophète Ezéchiel :
"Je ne prends pas plaisir à la mort des hommes : "Je ne prends pas
plaisir à la mort du méchant, mais je veux que le méchant se détourne de sa
voie et qu'il vive" (Ez 33,11). Jésus est envoyé "aux brebis perdues
de la maison d'Israël" (Mt 15,24), et il sait que "ceux qui se
portent bien n'ont pas besoin de médecin, mais ceux qui sont malades" (Mt
9,12). C'est pourquoi il mange avec les collecteurs d'impôts et les pécheurs
et, vers la fin de sa vie terrestre, il interprète même sa mort comme une
initiative de l'amour miséricordieux de Dieu : "Ceci est mon sang, le sang
de l'alliance, qui est versé pour la multitude en vue de la rémission des
péchés" (Mt 26,28).
Le mot araméen avec
lequel l'Ancien Testament décrit la miséricorde de Dieu - rákham - a deux
significations : maternité et miséricorde. Dieu prend soin de l'homme comme une
mère prend soin de son enfant dès avant sa naissance. Il ne peut supporter la
misère de ses enfants : « Qui est Dieu comme toi, pour enlever le crime, pour
passer sur la révolte comme tu le fais à l’égard du reste, ton héritage : un
Dieu qui ne s’obstine pas pour toujours dans sa colère mais se plaît à
manifester sa faveur ? De nouveau, tu nous montreras ta miséricorde, tu
fouleras aux pieds nos crimes, tu jetteras au fond de la mer tous nos péchés !
» (Mi 7, 18-19).
La petite catéchèse de
YOUCAT
Quelle est l'histoire du
Dimanche de la Divine Miséricorde ?
Tout a commencé en
Pologne, au couvent des Sœurs de Notre-Dame de la Miséricorde, où Jésus a
révélé, entre autres, à une religieuse simple mais douée de dons mystiques -
Sœur Faustine - le message suivant : « Que l’âme faible et pécheresse ne
craigne pas de s’approcher de moi, car, même si elle compte plus de péchés
qu’il n’y a de grains de sable sur la terre, tout sombrera dans l’océan de ma
miséricorde. » (Journal, 1059)
Dans une autre vision,
Jésus a demandé que la fête de la Miséricorde soit introduite le premier
Dimanche après Pâques. Faustine a présenté cette demande à son directeur
spirituel, le père Michal Sopoćko. Elle-même avait des doutes sur le fait de
demander à l'Église d'introduire cette nouvelle fête. Elle a interrogé l'évêque
de Vilnius, ce à quoi il a répondu : " Si Dieu le veut, un jour il y aura
une telle fête. " Cette réponse n'était pas encourageante, et Faustine
s'est plainte auprès du Seigneur : « Mais je voudrais encore te dire un mot,
Jésus : cela m’étonne beaucoup que tu m’ordonnes de parler de la fête, car
cette fête, me dit-on, existe déjà. Alors, pourquoi dois-je en parler ? »
(Journal, 341)
Le projet a nécessité
encore beaucoup de patience (et de nombreux rebondissements de l'histoire) ;
après tout, la fête de la Miséricorde n'a été instituée que 66 ans après la
première inspiration de Faustine. Pendant la Seconde Guerre mondiale, grâce aux
efforts du père Sopoćko, l'image de Jésus Miséricordieux (une image dont sœur
Faustine elle-même n'était pas tout-à-fait satisfaite) et le chapelet dit de la
Divine Miséricorde, ont été déployés en Pologne. Au début, beaucoup ne
comprenaient pas de quoi il s'agissait et des dévotions étranges ont été
introduites, qui ne correspondaient pas aux enseignements de l'Église. En
conséquence, le Vatican a interdit toute référence aux révélations à Sœur
Faustine jusqu'à ce qu'elles aient été vérifiées théologiquement. L'évêque
Karol Wojtyla a demandé au théologien Ignacy Różycki d'enquêter sur le sujet,
mais celui-ci s'est d'abord montré sceptique à l'égard de sœur Faustine et de
ses révélations et a remis l'affaire à plus tard. Vingt ans plus tard, il s'est
de nouveau penché sur les textes et s'est dès lors enthousiasmé pour eux.
L'étude du père Różycki a
été envoyée au Vatican et l'interdiction a été levée. Après cela, tout s'est
passé assez rapidement. Wojtyla est devenu Pape et a continué à faire des
recherches sur le sujet de la Divine Miséricorde. Lorsque les miracles réalisés
par l'intercession de Sœur Faustine ont été connus, le pape a tenté de mener à
bien le processus de béatification et a déclaré Faustine Kowalska bienheureuse
en 1993. La question d'une " Fête de la Divine Miséricorde "
distincte restait ouverte. Étant donné que Sœur Faustine n'était pas encore
reconnue dans le monde entier et que la fête devait être introduite pour toute
l'Église, cela impliquait encore beaucoup d’effort pour le pape Jean-Paul II.
L'Église traite à juste
titre les révélations privées avec discrétion. Même les fameuses révélations de
Fatima ont nécessité les examens les plus critiques et les études théologiques
les plus approfondies, chacune d'entre elles ayant d'abord servi à prouver
qu'elles étaient exemptes de contradictions avec la révélation de l'Ancien et
du Nouveau Testament et avec les enseignements de l'Église. Par conséquent,
dans le cas de la Fête de la Miséricorde, il a été décidé d'attendre que des
miracles par l'intercession de la Bienheureuse Faustine soient connus dans
d'autres parties du monde, et pas seulement en Pologne. C'était le dernier obstacle
à surmonter pour la canonisation.
Le contenu du Petit
Journal de Sœur Faustine a également été examiné. Ils ont souvent été
estampillés comme étant typiquement polonais, traditionalistes et locaux.
Beaucoup les considéraient comme non pertinents pour l'Église universelle.
Cependant, l'Encyclique Apostolique de Jean-Paul II sur la Divine Miséricorde
(1980) explique que la vision de Sœur Faustine nous rappelle ce que Dieu
essayait de nous communiquer dans l'Evangile et dans l'enseignement de l'Eglise
depuis le début : "Je suis Miséricorde !" C'est sur cette base que le
Saint Père a introduit la Fête de la Miséricorde en l'an 2000. (Décret
"Misericors et miserator", 5 mai 2000).
Pâques n'est-il pas
suffisant ? Avons-nous besoin d'une sorte de bonus ?
La "Fête de la
Miséricorde" est célébrée dans l'Octave de Pâques, exactement huit jours
après la Résurrection. Nous savons que Jésus est apparu à ses disciples et à
beaucoup de ceux qui doutaient de la Résurrection à ce moment-là. Il savait que
personne ne serait en mesure de comprendre ce qui avait changé dans le ciel et
sur la terre à cause de sa Résurrection. Depuis deux mille ans, nous avons
compris que par la mort et la résurrection de Jésus, les portes du ciel se sont
ouvertes pour nous aussi. Mais qu'est-ce que cela signifie ?
Sœur Faustine nous
rappelle que la résurrection du Christ ne nous donne pas un billet gratuit pour
le ciel. Le Christ a ouvert la porte du ciel, mais c'est à nous de la franchir
ou non. De plus, à la fin du monde, Jésus devra traiter chacun avec justice,
selon sa vie. C'est ce qui est écrit dans le Petit Journal de Sainte Faustine:
« Écris : avant de venir comme Juge équitable, j’ouvre d’abord toute grande la
porte de ma miséricorde. Qui ne veut pas passer par la porte de ma miséricorde
devra passer par la porte de ma justice… » (Journal, 1146)
D'après les écrits de
Faustine, cette Fête de la Miséricorde est un complément de Pâques. Nous devons
nous convertir personnellement à la miséricorde de Dieu et rassembler notre
confiance dans la foi dans cette prière inspirée par Sœur Faustine, qui est
devenue la prière favorite pour beaucoup de personnes ces dernières années :
"Ô Jésus, j'ai confiance en toi !" Et nous devons savoir ce que le
Pape Jean-Paul II, à la suite de Sr Faustine, a souligné encore et encore : «
L’humanité ne trouvera pas la paix tant qu’elle ne se tournera pas avec
confiance vers ma miséricorde. » (Journal, 300) C'est aussi le sens d'une
" Neuvaine de la Divine Miséricorde " spéciale, particulièrement
recommandée pendant les neuf jours précédant le Dimanche de la Miséricorde.
Dans YOUCAT 337, nous
lisons : “Aucun homme ne peut se sauver par lui-même. En effet, le salut est
libération du péché et, par-delà la « zone de la mort », participation à une
vie sans fin dans le face-à-face avec Dieu. »
La parabole de l'enfant prodigue exprime d'une façon simple, mais profonde, la réalité de la conversion. Celle-ci est l'expression la plus concrète de l'œuvre de l'amour et de la présence de la miséricorde dans le monde humain. (Jean-Paul II, DIVES IN MISERICORDIA).
SOURCE : https://youcat.org/fr/credopedia/dimanche-de-la-misericorde-divine/
Divine Mercy Sunday
During the course of Jesus’ revelations to Saint Faustina on the Divine Mercy
He asked on numerous occasions that a feast day be dedicated to the Divine
Mercy and that this feast be celebrated on the Sunday after Easter. The
liturgical texts of that day, the 2nd Sunday of Easter, concern the institution
of the Sacrament of Penance, the Tribunal of the Divine Mercy, and are thus
already suited to the request of Our Lord. This Feast, which had already been
granted to the nation of Poland and been celebrated within Vatican City, was
granted to the Universal Church by Pope John Paul II on the occasion of the
canonization of Sr. Faustina on 30 April 2000.
In a decree dated 23 May 2000, the Congregation for Divine Worship and the
Discipline of the Sacraments stated that “throughout the world the Second
Sunday of Easter will receive the name Divine Mercy Sunday, a perennial
invitation to the Christian world to face, with confidence in divine
benevolence, the difficulties and trials that mankind will experience in the
years to come.” These papal acts represent the highest endorsement that the
Church can give to a private revelation, an act of papal infallibility
proclaiming the certain sanctity of the mystic, and the granting of a universal
feast, as requested by Our Lord to St. Faustina.
A plenary indulgence (the forgiveness of all temporal punishment resulting from
sins that have already been confessed) is granted on the Feast of Divine Mercy
if to all the faithful who go to Confession, receive Holy Communion, pray for
the intentions of the Holy Father, and “in any church or chapel, in a spirit
that is completely detached from the affection for a sin, even a venial sin,
take part in the prayers and devotions held in honour of Divine Mercy, or who,
in the presence of the Blessed Sacrament exposed or reserved in the tabernacle,
recite the Our Father and the Creed, adding a devout prayer to the merciful
Lord Jesus (e.g. ‘Merciful Jesus, I trust in you!’).”
A partial indulgence (the remission of some temporal punishment from sin) is
granted to the faithful “who, at least with a contrite heart, pray to the
merciful Lord Jesus a legitimately approved invocation.”
According to revelations that our Lord made to the saint, he promised to grant
complete forgiveness of sins and punishment on the Feast of Mercy, if we should
:
1. Celebrate the Feast on the Sunday after Easter;2. Sincerely repent for all
our sins;3. Place our complete trust in Jesus;4. Go to Confession, preferably
before that Sunday;5. Receive Holy Communion on the day of the Feast;6.
Venerate the Image of The Divine Mercy;7. Be merciful to others, through our
actions, words, and prayers on their behalf.
According to revelations that our Lord made to the saint, he promised to grant
complete forgiveness of sins and punishment on the Feast of Mercy, if we
should:1. Celebrate the Feast on the Sunday after Easter; 2. Sincerely repent
for all our sins;3. Place our complete trust in Jesus;4. Go to Confession,
preferably before that Sunday;5. Receive Holy Communion on the day of the
Feast;6. Venerate the Image of The Divine Mercy;7. Be merciful to others,
through our actions, words, and prayers on their behalf.
Concerning the Feast of Mercy Jesus said :
Whoever approaches the Fountain of Life on this day will be granted complete
forgiveness of sins and punishment. (Diary 300)
I want the image solemnly blessed on the first Sunday after Easter, and I want
it to be venerated publicly so that every soul may know about it. (Diary 341)
This Feast emerged from the very depths of My mercy, and it is confirmed in the
vast depths of my tender mercies. (Diary 420)
On one occasion, I heard these words: My daughter, tell the whole world about
My Inconceivable mercy. I desire that the Feast of Mercy be a refuge and
shelter for all souls, and especially for poor sinners. On that day the very
depths of My tender mercy are open. I pour out a whole ocean of graces upon
those souls who approach the fount of My mercy. The soul that will go to
Confession and receive Holy Communion shall obtain complete forgiveness of sins
and punishment. On that day all the divine floodgates through which grace flow
are opened. Let no soul fear to draw near to Me, even though its sins be as
scarlet. My mercy is so great that no mind, be it of man or of angel, will be
able to fathom it throughout all eternity. Everything that exists has come
forth from the very depths of My most tender mercy. Every soul in its relation
to Me will I contemplate My love and mercy throughout eternity. The Feast of
Mercy emerged from My very depths of tenderness. It is My desire that it be
solemnly celebrated on the first Sunday after Easter. Mankind will not have
peace until it turns to the Fount of My Mercy. (Diary 699)
Yes, the first Sunday after Easter is the Feast of Mercy, but there must also
be deeds of mercy, which are to arise out of love for Me. You are to show mercy
to our neighbors always and everywhere. You must not shrink from this or try to
absolve yourself from it. (Diary 742)
I want to grant complete pardon to the souls that will go to Confession and
receive Holy Communion on the Feast of My mercy. (Diary 1109)
As you can see the Lord’s desire for the Feast includes the solemn, public
veneration of the Image of Divine Mercy by the Church, as well as personal acts
of veneration and mercy. The great promise for the individual soul is that a
devotional act of sacramental penance and Communion will obtain for that soul
the plenitude of the divine mercy on the Feast.
Source : http://www.ucatholic.com/saints/divine-mercy-sunday-2/
What are the red and
white rays in the Divine Mercy image?
Philip Kosloski - published
on 04/16/23
The red and white rays in
the Divine Mercy image have many layers of meaning.
When Jesus appeared to
St. Faustina, she wrote that "slightly drawn aside at the breast, there
were emanating two large rays, one red, the other pale" (Diary, 47).
This vision would become
the basis of the Divine Mercy image, where red and white rays radiate
from Jesus' heart.
St. Faustina asked Jesus
about these rays and he responded with the following message.
During prayer I heard
these words within me: The two rays denote Blood and Water. The pale
ray stands for the water that makes souls righteous. The red ray
stands for the Blood which is the life of souls ... These two rays
issued forth from the very depths of My tender mercy when my agonized
Heart was opened by a lance on the Cross.
Diary, 299
First of all, these two
rays correspond to the biblical account of Jesus's passion and death.
[W]hen they came to Jesus
and saw that he was already dead, they did not break his legs. But one of
the soldiers pierced his side with a spear, and at once there came out blood
and water.
John 19:33-34
Read also :God’s
scandalous preferences
Secondly, it is believed
that Jesus was referring to the sacrament of Baptism when
highlighting the "water that makes souls righteous."
The red blood is
often seen as a symbol of Jesus's sacrifice, as well as the sacrament
of the Eucharist.
Both sacraments are often
described as having been "born from Jesus' side" on the cross.
Red is also frequently a
reminder of Jesus' intense love for humanity, and a symbol of Jesus'
Divine Mercy.
The Divine Mercy image
has much symbolism and provides a beautiful encapsulation of the Gospel
message.
Read also :Is
there a certain Divine Mercy image that is best?
Read also :How
to pray the Divine Mercy Chaplet
SOURCE : https://aleteia.org/2023/04/16/what-are-the-red-and-white-rays-in-the-divine-mercy-image/
The first Divine Mercy painting by Kazimierowski (1934) at the Divine Mercy Sanctuary (Vilnius) - (Dievo Gailestingumo šventovė). Dominikonų g. 12
Gesù misericordioso dipinto da Eugeniusz
Kazimirowski (1873-1939)
Domenica della Divina
Misericordia
Seconda
domenica di Pasqua (celebrazione mobile)
« Desidero che la prima
domenica dopo Pasqua sia la Festa della Mia Misericordia. Figlia Mia, parla a
tutto il mondo della Mia incommensurabile Misericordia ! L’Anima che in quel
giorno si sarà confessata e comunicata, otterrà piena remissione di colpe e castighi.
Desidero che questa Festa si celebri solennemente in tutta la Chiesa. » (Gesù a
S. Faustina)
E' la più importante di
tutte le forme di devozione alla Divina Misericordia. Gesù parlò per la prima
volta del desiderio di istituire questa festa a suor Faustina a Płock nel 1931,
quando le trasmetteva la sua volontà per quanto riguardava il quadro: "Io
desidero che vi sia una festa della Misericordia. Voglio che l'immagine, che
dipingerai con il pennello, venga solennemente benedetta nella prima domenica
dopo Pasqua; questa domenica deve essere la festa della Misericordia".
Negli anni successivi - secondo gli studi di don I. Rozycki - Gesù è ritornato
a fare questa richiesta addirittura in 14 apparizioni definendo con precisione
il giorno della festa nel calendario liturgico della Chiesa, la causa e lo
scopo della sua istituzione, il modo di prepararla e di celebrarla come pure le
grazie ad essa legate.
La scelta della prima
domenica dopo Pasqua ha un suo profondo senso teologico: indica lo stretto legame
tra il mistero pasquale della Redenzione e la festa della Misericordia, cosa
che ha notato anche suor Faustina: "Ora vedo che l'opera della Redenzione
è collegata con l'opera della Misericordia richiesta dal Signore". Questo
legame è sottolineato ulteriormente dalla novena che precede la festa e che
inizia il Venerdì Santo.
Gesù ha spiegato la
ragione per cui ha chiesto l'istituzione della festa: "Le anime periscono,
nonostante la Mia dolorosa Passione (...). Se non adoreranno la Mia
misericordia, periranno per sempre".
La preparazione alla
festa deve essere una novena, che consiste nella recita, cominciando dal
Venerdì Santo, della coroncina alla Divina Misericordia. Questa novena è stata
desiderata da Gesù ed Egli ha detto a proposito di essa che "elargirà
grazie di ogni genere".
Per quanto riguarda il
modo di celebrare la festa Gesù ha espresso due desideri:
- che il quadro della
Misericordia sia quel giorno solennemente benedetto e pubblicamente, cioè
liturgicamente, venerato;
- che i sacerdoti parlino
alle anime di questa grande e insondabile misericordia Divina e in tal modo
risveglino nei fedeli la fiducia.
"Sì, - ha detto Gesù
- la prima domenica dopo Pasqua è la festa della Misericordia, ma deve esserci
anche l'azione ed esigo il culto della Mia misericordia con la solenne
celebrazione di questa festa e col culto all'immagine che è stata
dipinta".
La grandezza di questa
festa è dimostrata dalle promesse:
- "In quel giorno,
chi si accosterà alla sorgente della vita questi conseguirà la remissione
totale delle colpe e delle pene" - ha detto Gesù. Una particolare grazia è
legata alla Comunione ricevuta quel giorno in modo degno: "la remissione
totale delle colpe e castighi". Questa grazia - spiega don I. Rozycki - "è
qualcosa di decisamente più grande che la indulgenza plenaria. Quest'ultima
consiste infatti solo nel rimettere le pene temporali, meritate per i peccati
commessi (...). E' essenzialmente più grande anche delle grazie dei sei
sacramenti, tranne il sacramento del battesimo, poiché‚ la remissione delle
colpe e dei castighi è solo una grazia sacramentale del santo battesimo. Invece
nelle promesse riportate Cristo ha legato la remissione dei peccati e dei
castighi con la Comunione ricevuta nella festa della Misericordia, ossia da
questo punto di vista l'ha innalzata al rango di "secondo battesimo".
E' chiaro che la Comunione ricevuta nella festa della Misericordia deve essere
non solo degna, ma anche adempiere alle fondamentali esigenze della devozione
alla Divina Misericordia". La comunione deve essere ricevuta il giorno
della festa della Misericordia, invece la confessione - come dice don I.
Rozycki - può essere fatta prima (anche qualche giorno). L'importante è non
avere alcun peccato.
Gesù non ha limitato la
sua generosità solo a questa, anche se eccezionale, grazia. Infatti ha detto
che "riverserà tutto un mare di grazie sulle anime che si avvicinano alla
sorgente della Mia misericordia", poiché‚ "in quel giorno sono aperti
tutti i canali attraverso i quali scorrono le grazie divine. Nessuna anima
abbia paura di accostarsi a Me anche se i suoi peccati fossero come lo
scarlatto". Don I. Rozycki scrive che una incomparabile grandezza delle
grazie legate a questa festa si manifesta in tre modi:
- tutte le persone, anche
quelle che prima non nutrivano devozione alla Divina Misericordia e persino i
peccatori che solo quel giorno si convertissero, possono partecipare alle
grazie che Gesù ha preparato per la festa;
- Gesù vuole in quel
giorno regalare agli uomini non solo le grazie salvificanti, ma anche benefici
terreni - sia alle singole persone sia ad intere comunità;
- tutte le grazie e
benefici sono in quel giorno accessibili per tutti, a patto che siano chieste
con grande fiducia.
Questa grande ricchezza
di grazie e benefici non è stata da Cristo legata ad alcuna altra forma di
devozione alla Divina Misericordia.
Numerosi sono stati gli
sforzi di don M. Sopocko affinché‚ questa festa fosse istituita nella Chiesa.
Egli non ne ha vissuto però l'introduzione. Dieci anni dopo la sua morte, il
card. Franciszek Macharski con la Lettera Pastorale per la Quaresima (1985) ha
introdotto la festa nella diocesi di Cracovia e seguendo il suo esempio, negli
anni successivi, lo hanno fatto i vescovi di altre diocesi in Polonia.
Il culto della Divina
Misericordia nella prima domenica dopo Pasqua nel santuario di Cracovia -
Lagiewniki era già presente nel 1944. La partecipazione alle funzioni era così
numerosa che la Congregazione ha ottenuto l'indulgenza plenaria, concessa nel
1951 per sette anni dal card. Adam Sapieha. Dalle pagine del Diario sappiamo
che suor Faustina fu la prima a celebrare individualmente questa festa, con il
permesso del confessore.
Fonte : www.festadelladivinamisericordia.com
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/92639
Suor
Faustina Kowalska Apostola della Divina Misericordia
L’Immagine, la
festa, la coroncina, l’ora santa: le forme del culto alla Divina
Misericordia
Józef Bart
La prima forma del culto
della Divina Misericordia si esprime nella venerazione dell’Immagine di
Gesù Misericordioso. Gesù chiede la venerazione pubblica di questa
Immagine nelle Chiese di tutto il mondo. Questa venerazione deve essere solenne
nel giorno della Misericordia e cioè nella prima Domenica dopo Pasqua. Il ruolo
dell'Immagine è duplice: 1) Essa serve sia a Gesù sia agli uomini.
Per Gesù l'Immagine è uno strumento attraverso il quale distribuisce la sua
Grazia. Agli uomini l'Immagine serve come un recipiente con il quale attingono
la Grazia dalla fonte della Misericordia (Quaderni di Suor Faustina, Parte I,
n. 138). 2) L'Immagine è un segno che ricorda agli uomini la
richiesta di compiere atti di misericordia o attraverso l’azione, o attraverso
la parola, o attraverso la preghiera (Quaderni… , II, 162). Non
dimentichiamo che la venerazione dell'Immagine senza la fiducia nella Divina
Misericordia e la pratica di questa virtù non è adorazione della Divina
Misericordia. Se veneriamo l'Immagine pieni di fiducia otteniamo da Gesù
che la Sua Misericordia non soltanto ci salverà dalla perdizione eterna ma,
come ha promesso Gesù, si occuperà dei nostri problemi puramente terreni, come
se fossero i suoi. In breve, la promessa legata all'autentica venerazione
dell'Immagine riguarda il progresso sulla strada della santità, la buona morte
e la salvezza eterna.
La festa della Divina
Misericordia
La seconda forma del
culto della Divina Misericordia riguarda la festa della Divina Misericordia.
Essa occupa nel Diario di Suor Faustina un posto centrale. Infatti Gesù già
nella prima rivelazione ha fatto conoscere a Faustina la sua volontà di
istituire questa festa e di celebrarla la prima Domenica dopo Pasqua. La scelta
di questa Domenica indica chiaramente che nei piani di Dio esiste uno stretto
legame tra il mistero pasquale della Redenzione e questa festa dedicata a far
capire l'aspetto della Misericordia compreso nel mistero della nostra
Redenzione. Gesù richiede che questa festa sia preceduta dalla Novena che
consiste nella recita della Coroncina alla Misericordia. Il Signore acclude a
questa Novena la promessa: "Durante questa novena elargirò alle anime grazie
di ogni genere" (Quaderni…, II, 197). Gesù chiede che durante la
Festa della Misericordia venga solennemente benedetta I'Immagine che
rappresenta la stessa Divina Misericordia e chiede la venerazione pubblica di
tale Immagine in quel giorno. Oltre a questo, il Signore vuole che i sacerdoti
in quel giorno parlino nell'omelia della Divina Misericordia e dimostrino alle
anime l’inconcepibile Misericordia di Gesù nella sua Passione e in tutta
l'opera della Redenzione. La Festa della Divina Misericordia, secondo
l’intenzione di Gesù, deve essere il giorno di riparazione e di rifugio per
tutte le anime e specialmente per quelle dei poveri peccatori. In questo
giorno, infatti, l’immensa generosità di Gesù si spande completamente sulle
anime infondendo grazie di ogni genere e grado, senza alcun limite, anche le
più impensabili. Ne è la prova la grazia particolarissima che Gesù ha legato
alla festa della Misericordia. Essa consiste nella totale remissione dei
peccati che non sono stati ancora rimessi e di tutte le pene derivanti da
questi peccati. La grandezza di questa grazia è in grado di ravvivare in noi la
fiducia illimitata che Gesù desidera offrirci in questa giornata della
Misericordia. La peculiarità della festa della Divina Misericordia che la
distingue da tutte le altre feste e da tutte le altre forme di culto sta: 1) Nell'universalità
dell'offerta di Dio a tutti gli uomini, anche a quelli che fino a questo
momento non hanno mai praticato il culto alla Divina Misericordia e cioè anche
i peccatori che si sono convertiti. Essi sono chiamati a partecipare a tutte le
grazie che Gesù ha promesso di elargire il giorno della Festa. 2) La
perfezione e la straordinarietà della festa della Misericordia si rivela nel
fatto che durante questa giornata vengono offerti agli uomini tutti i generi di
grazie, sia spirituali che corporali, sia per i singoli, per le comunità e per
l’umanità intera. 3) Infine tutti i gradi della grazia sono in questo
giorno alla portata di tutti, "In quel giorno sono aperti tutti i canali
attraverso i quali scorrono le grazie divine" ( Quaderni…, II,
138). Proprio tale generosità di Gesù estesa contemporaneamente a tutte le
anime è il motivo che permette di supplicare la Divina Misericordia con una
grande ed illimitata fiducia per tutti i doni della Grazia che il Signore vuole
distribuire durante questa festa. Infatti è proprio questa fiducia che apre a
noi i tesori della misericordia. Ora è chiara la portata universale del
desiderio di Gesù di celebrare questa festa quale rifugio di tutte le anime.
La Coroncina alla Divina
Misericordia
Il terzo modo di adorare
la Divina Misericordia si esprime, secondo l’intenzione di Gesù, per mezzo
della preghiera della Coroncina alla Divina Misericordia. Attraverso questa
preghiera noi offriamo al Padre Eterno tutta la Persona di Gesù, cioè la Sua divinità
e tutta la Sua umanità che comprende corpo, sangue e anima. Offrendo al Padre
Eterno il Figlio amatissimo, ci richiamiamo all'amore del Padre per il Figlio
che soffre per noi. La preghiera della Coroncina si può recitare in comune o
individualmente. Le parole pronunciate da Gesù a Suor Faustina, dimostrano che
il bene della comunità e di tutta l’umanità si trova al primo posto: "Con
la recita della Coroncina avvicini a Me il genere umano" (Quaderni…, II,
281) Alla recita della Coroncina Gesù ha legato la promessa generale: "Per
la recita di questa Coroncina Mi piace concedere tutto ciò che Mi
chiederanno" (Quaderni…, V, 124 -125). Nello scopo per il quale viene
recitata la Coroncina Gesù ha posto la condizione dell'efficacia di questa
preghiera: "Con la Coroncina otterrai tutto, se quello che chiedi è
conforme alla Mia Misericordia" (Quaderni…, VI, 93). In altre
parole, il bene che chiediamo deve essere assolutamente conforme alla volontà
di Dio. Gesù ha promesso chiaramente di concedere grazie eccezionalmente grandi
a quelli che reciteranno la Coroncina. Si tratta delle tre grandi
promesse: 1) Chiunque reciterà la Coroncina alla Divina Misericordia
otterrà tanta misericordia nell'ora della morte - cioè la grazia della
conversione e la morte in stato di grazia - anche se si trattasse del peccatore
più incallito (Quaderni…, II, 122). 2) Gesù ha promesso la grazia
della conversione e della remissione dei peccati agli agonizzanti in
conseguenza della recita della Coroncina da parte degli stessi agonizzanti o
degli altri (Quaderni…, II, 204 - 205). 3) Tutte le anime che
adoreranno la Mia Misericordia e reciteranno la Coroncina nell'ora della morte
non avranno paura. La Mia Misericordia li proteggerà in quell'ultima lotta
(Quaderni…, V, 124). Poiché queste tre promesse sono molto grandi e
riguardano il momento decisivo del nostro destino, Gesù rivolge proprio ai
sacerdoti un appello affinché consiglino ai peccatori la recita della Coroncina
alla Divina Misericordia come ultima zattera di salvezza (Quaderni…, 11, 129).
L'Ora della Misericordia
La quarta forma del Culto
della Divina Misericordia è la preghiera delle ore tre del pomeriggio, in altre
parole l’Ora della Misericordia. In quest'ora Gesù ci chiede di meditare sulla
Sua Passione percorrendo magari la Via Crucis o, in mancanza di tempo, di
raccoglierci per un breve momento in preghiera recitando per esempio la breve
orazione: "Oh Sangue ed Acqua che scaturisti dal Cuore di Gesù come
sorgente di Misericordia per noi, confido in Te" (Quaderni…, 1,
99). In quell'ora Gesù suggeriva a Faustina di chiedere Misericordia per
tutto il mondo e per tutti i peccatori. Sappiamo che le tre pomeridiane
sono l’ora della morte di Gesù e quindi l’ora della grande Misericordia per
tutto il mondo. In quell'ora Gesù promette: "Non rifiuterò nulla a chi Mi
prega per la Mia Passione" (Quaderni…, IV, 59). Gesù ha posto tre
condizioni perché questa preghiera sia esaudita: - deve essere rivolta a
Lui; - deve aver luogo alle tre del pomeriggio; - deve basarsi sul
valore e sui meriti della Sua Passione. Certamente, oltre a ciò, come per
tutte le promesse legate alle altre forme della devozione, la preghiera deve
essere fiduciosa e costante e chi prega deve praticare la Misericordia. L'ora
della Misericordia è destinata ad essere praticata da tutti gli uomini.
Diffusione del culto
Il quinto modo per
adorare la Divina Misericordia consiste nel diffondere le varie forme di questo
Culto. Dobbiamo essere consapevoli che invitare gli altri al culto della
Misericordia è oggettivamente servizio maggiore di quello che si pratica da
soli. Gesù ha legato a questa forma del culto alla Divina Misericordia due
promesse: La prima è la protezione materna: "Le anime che diffondono il
Culto della Mia Misericordia le proteggo per tutta la vita come una tenera
madre protegge il suo bambino" (Q III, 20 - 21); La seconda promessa
riguarda l’ora della morte: "Verso le anime che esalteranno e faranno
conoscere ad altri la Mia Misericordia nell'ora della morte mi comporterò
secondo la Mia Misericordia infinita" (Q III, 161); Infine, ai sacerdoti
che parleranno della Misericordia di Dio Gesù ha promesso che i peccatori
induriti si inteneriranno alle loro parole. Questo vuol dire che le omelie
incentrate sulla Divina Misericordia hanno un'efficacia straordinaria per la
conversione dei peccatori.
SOURCE : http://www.vatican.va/jubilee_2000/pilgrim/documents/ju_gp_30042000_p-1b_it.html
Spiritualite Chretienne Le Dimanche de la Divine Miséricorde : https://www.spiritualite-chretienne.com/faustine/misericorde.html
What is the meaning of
Divine Mercy Sunday? : https://missions.ewtn.com/seasonsandfeastdays/divinemercy/