Saint François de
Paule, ermite
Né à Paola en Calabre
(1416), François entendit très jeune l'appel à la vie d'ermite et il se retira
dans une grotte. Mais les foules vinrent à lui et les ermitages se
multiplièrent autour du sien. L'Ordre des Minimes devait en naître (1493).
François mourut en France, à Plessis-lez-Tours, où l'avait appelé la confiance
du roi Louis XI (1507).
Statua
di San Francesco di Paola, Alcamo
Saint François de Paule
Ermite, fondateur de
l'ordre des Minimes (+ 1507)
Confesseur.
Considéré par ses parents comme l'enfant d'un miracle accompli par le Poverello, saint François d'Assise, il en reçut le prénom. François Martotelli est né dans le villa de Paola en Calabre d'où son nom. Tout jeune, il entre chez les Cordeliers (une branche de la famille franciscaine). Il s'y distingue bien vite par des grâces exceptionnelles, comme de se retrouver en deux endroits en même temps. Après un pèlerinage, il se retire dans une grotte à quelque distance du couvent. D'autres solitaires le rejoignent : ils deviendront en 1460, l'Ordre des Minimes, religieux voués à l'humilité superlative. François continue bonnement ses humbles excentricités: on dit qu'il traversa le détroit de Messine en marchant sur la mer. Sur injonction du Pape Sixte IV, il se rend à Plessis-lès-Tours, au chevet du roi de France Louis XI. Après le décès du monarque, le fondateur va rester un quart de siècle à la cour de France. Affectueusement surnommé "le bonhomme" par le peuple qui le vénère, ce simple frère-laïc bénit inlassablement cierges et chapelets. Pourtant il gouverne à merveille la vie spirituelle des prêtres, évêques et rois.
- à lire: « Moi qui suis
le plus petit de tous les saints », François
de Paule et les minimes
Le 2 avril 2007, a été
fêté le 500ème anniversaire de la mort de Saint François de Paule (27 mars 1416
- 2 avril 1507).
Dans notre diocèse, le
culte auprès de ce grand saint a été considérable, à Bormes-les-Mimosas et à
Fréjus bien sûr mais aussi à Toulon (église Saint-François-de-Paule) et en
d'autres lieux où des couvents de Minimes furent fondés...
(Histoire
des saints de Provence - diocèse de Fréjus-Toulon)
Mémoire de saint François
de Paule, ermite. Fondateur de l'Ordre des Minimes en Calabre, il prescrivit à
ses disciples de vivre d'aumônes, de n'avoir rien en propre, de ne pas toucher
d'argent et de ne manger que des aliments permis pendant le carême. Appelé en
France par le roi Louis XI, qu'il assista à ses derniers moments, il mourut en
1507, à Plessis-lès-Tours, illustre par l'austérité de sa vie.
Martyrologe romain
Que notre Seigneur Jésus,
lui qui récompense magnifiquement, vous donne le salaire de votre peine...
Lettre
de St François de Paule (1486)
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/906/Saint-Francois-de-Paule.html
Remise du scapulaire à Saint-François-de-Paule. Bas-relief au retable de l'ancienne chapelle des Minimes de Saint-Pol-de-Léon
Saint François de Paule
Le 27 mars 1416, dans la
petite ville de Paola qui appartient au duché de Calabre, dans le royaume de
Naples, tandis que Viane de Fuscaldo, femme de Jacques Martotille, est en train
d’accoucher, des gens aperçoivent sa maison environnée de flammes, comme une
auréole de feu, et ils entendent des musiques surnaturelles. Les oracles
prédisent que ce nouveau-né étonnerait la chrétienté. Viane et Jacques qui,
habillés de bure, sans linge ni chaussures, mènent une vie sainte et mortifiée,
ont une dévotion si particulière pour saint François d'Assise, qu’ils mettent
leur fils sous sa protection en lui donnant son prénom.
Quelques mois après sa
naissance, comme François a un œil envahi d’une tumeur et manque de perdre la
vue, sa mère promet à Dieu que, si son fils guérit, elle le consacrerait toute
une année à son service. A douze ans, François est confié pour un an aux
Cordeliers de Notre-Dame de Saint-Marc (Cosenza) qui sont charmés par sa
modestie, son zèle et sa piété. A la fin de l'année, Jacques et Viane
reprennent leur fils qu’ils emmènent en pèlerinage à Assise, à Rome et au mont
Cassin. C'est pendant ce pèlerinage que François prend la résolution de se
retirer du monde.
A quatorze ans, avec
l’approbation de ses parents, François s’installe à quelques lieues de Paola,
dans un de leurs domaines qu'on appelle le Patrimoine. Pendant six ans, il vit
dans le désert, couchant à dans une caverne, se nourrissant d'herbes et buvant
l'eau des sources, disant, comme saint Jérôme, que les villes lui étaient des
prisons et la solitude un paradis de délices. Bientôt, la précoce sainteté de
cette existence émerveille les alentours : des disciples viennent se présenter
à lui et le supplient de les garder à ses côtés. François comprend que la
Providence lui marque le devoir de ne pas éloigner ceux qui viennent à lui et
il conçoit l'idée de leur donner une règle de vie commune. En 1435, avec ses
douze premiers compagnons, François Martotille construit son premier couvent
qu’il consacre à Notre-Dame-des-Anges. Ces nouveaux religieux qui se font
appeler les ermites de saint François d'Assise, reçoivent, en 1471, l'exemption
de Pirro Caracciolo, archevêque de Cosenza, que ratifie Sixte IV, en 1474, en
les plaçant sous sa juridiction directe avec les privilèges des ordres
mendiants.
Sa charité, déjà prodigue
en bienfaits, s'enrichit peu à peu d'une puissance extraordinaire et sous sa
bénédiction jaillissent les miracles : des aveugles voient, des lépreux sont
purifiés, des déments recouvrent la raison ; toutes les tares, toutes les
misères de l'humanité viennent à ses pieds implorer une aide surnaturelle, et
sont guéries. On peut dire, écrit le Frère minime François Dondé, que les mains
de ce bienheureux patriarche étaient un médicament souverain pour guérir toutes
sortes de maladie et comme un céleste antidote pour prévenir et remédier aux
accidents qui pourraient arriver. Il ressuscita sept morts dont l'un, Nicolas
d'Alesso, était le fils de sa sœur Brigitte.
Dès lors, la célébrité de
François Martotile se propage de ville en ville et la congrégation dont il était
l'âme se développe chaque jour, au point que le couvent de Notre-Dame-des-Anges
ne suffit plus à contenir les frères ermites. Tour à tour, d'autres maisons
s'ouvrent (l'Annonciade à Paterne, la Très-Sainte-Trinité à Coriliane, Jésus et
Marie à Cortone) que François dirige, après avoir participé à leur
construction.
Les mémoires du temps
nous apprennent que François, bien qu'il fût plus grand que la moyenne,
semblait petit tant son corps se courbait sous le poids des mortifications. Il
portait la barbe très longue : ses cheveux étaient blonds, son nez aquilin et
un peu gros, ses yeux verts. Il allait toujours nu-pieds, vêtu d'une seule robe
de bure, couchant sur le sol et se nourrissant à peine. Son corps était
naturellement odoriférant, comme s'il eût été parfumé d'ambre gris ou de musc.
En 1481, revenant de
Sicile où il avait fondé le couvent de Milazzo, François de Paule est appelé à
la cour de Ferdinand I° de Naples qui, après l’avoir quelque peu inquiété,
s'attache étroitement à lui.
Louis XI qui régne depuis
vingt ans sur la France, souffre cent misères : il est goutteux, congestif et
harassé de continuelles fièvres ; il a des troubles digestifs, des crises de
rein, d'affreux malaises de l'estomac et du foie. Ayant entendu parler des
miraculeuses guérisons obtenues par François de Paule, il le fait mander à sa
cour, pensant que le ciel ne résisterait pas à une pareille intercession. A la
demande du roi de France, le roi Ferdinand de Naples transmet à François de
Paule une invitation qui prenait les allures d'un ordre que le saint décline :
Ma place est sur ce coin de terre où des couvents se fondent de jour en jour
pour fortifier la congrégation dont Dieu m'a donné charge. Je n'ai que faire au
royaume de France. Louis XI s'adresse au pape Sixte IV et François de Paule
obéit aussitôt au Saint-Père. Avant de partir pour la France, il délègue l'un
de ses religieux dans les fonctions de général de l'Ordre et en choisit deux
autres pour l'accompagner, avec son neveu, André d'Alesso.
A petites journées, de
Paola à Paterne, de Paterne à Coriliano, de Coriliano à Salerne, de Salerne à
Castelmare, de Castelmare à Stibia, de Stibia à Naples, il vient se mettre à la
disposition de Guynot de Bousières, maître d'hôtel de Louis XI, qui doit le
conduire jusqu’au Roi.
François de Paule, qui a
été chaleureusement accueilli à Rome par Sixte IV, s'embarque à Ostie sur un
léger navire. Au milieu d'une tempête, le navire est attaqué par des pirates
mais un coup de vent providentiel l’éloigne tout à coup de la galère ennemie les
met bientôt hors d'atteinte. Ils ne peuvent débarquer ni à Marseille ni à
Toulon dont les ports sont fermés parce que les villes sont ravagées par la
peste. Bormes refuse de les laisser entrer mais François intervient et dit aux
gardes : Dieu est avec nous, permettez-nous d'entrer. Un tel rayonnement
émanait du saint homme que les gardes pressentent un secours providentiel et
ouvrent toute grande la porte des remparts. François de Paule, fidèle à sa
parole, va de maison en maison, de malade en malade, pose ses mains
libératrices sur les corps décharnés et guérit autant de gens qu’il touche. La
nouvelle de ses miracles se répand au-delà de Bormes et les habitants de
Fréjus, frappés par la noire maladie, le supplient de venir jusqu'à eux. En
reconnaissance de ces bienfaits, Fréjus fonde le couvent Notre-Dame-de-la-Pitié
qui fut, sur la terre de France, l'un des premiers asiles des Frères minimes.
Dès que Louis XI qui a
ordonné qu'on le reçoive comme si c'était notre Saint-Père, apprend l'arrivée
de François de Paule dans son royaume, il ressent une satisfaction sans
pareille : Je sens une telle joie, dit-il à son écuyer Jean Moreau, qui lui
apporta la nouvelle, et une si grande consolation pour les approches de ce
saint personnage que je ne sais si je suis au ciel ou en la terre, et pour
cette nouvelle si agréable, demandez-moi telle récompense que vous voudrez.
L'heureux messager sollicite un évêché pour son frère et dix mille écus d'or
pour lui.
La petite troupe quitte
Fréjus, traverse la Provence et le Dauphiné, entre à Lyon où François est reçu
avec de grandes marques de respect et de dévotion : tous s'empressent autour de
lui pour toucher sa robe. Par le Bourbonnais et l'Orléanais, on passe en
Touraine où, près du château du Plessis-les-Tours, le Roi, accompagné des
seigneurs de sa cour, vient à la rencontre saint François de Paule, se jette à
ses pieds et implore ses bénédictions (24 avril 1482). Puis, tenant le saint
par la main, il le conduit au logement préparé pour lui dans une aile du
château, près de la chapelle de Saint-Mathias.
Les premières cajoleries
passées, Louis XI juge que le moment est venu d'obtenir du saint homme les
faveurs qu'il en escompte. Il le fait appeler auprès de lui, et, par le
truchement de l'indispensable interprète, Ambroise Rombault, le Roi au corps
terrassé par l'âge, mais à l'esprit bouillonnant de convoitises, humblement
prosterné devant le villageois calabrais et lui dit, la voix pleine des
angoisses de la mort : Saint homme, saint homme, empêche-moi de mourir ! François
de Paule accueille les supplications royales avec une calme sérénité mais, pas
un instant, il ne laisse au monarque le moindre espoir d'un miracle. Tout ce
qu'il veut lui apporter, c'est le sentiment de la confiance en Dieu ; quand
Louis XI parle d'éternelle guérison, François de Paule parle de la mort
inévitable.
Louis XI n'insiste pas
mais son espoir est brisé. Le soupçon l'envahit d’autant mieux que le médecin
Coitier, craignant de trouver un rival, attise sa méfiance : Ce soi-disant
saint homme est un fourbe, ce qu'il cherche, c'est à vous faire payer les
miracles. Tentez-le avec de l'or, et vous verrez bien ! Louis XI qui, faute de
mieux, trouve l'idée subtile, tend à François de Paule un bonnet rempli d'écus
en disant : Acceptez cet argent, mon Père, il vous servira à construire à Rome
un monastère. Le moine refuse et Louis XI, voyant en lui un homme de bonne foi,
s'il ne le considère plus comme un sauveur, lui conserve son estime et sa
confiance. Il lui accorde une pension de 300 livres et charge l'intendant
Briçonnet de veiller à ses besoins ; souvent, il le fait venir ou va le trouver
dans sa chambre pour causer avec lui. Comynes raconte, dans ses Mémoires : Je
l'ai maintes fois ouï devant le roi, qui est de présent, où étaient tous les
grands du royaume... Mais il semblait qu'il fut inspiré de Dieu des choses
qu'il disait et remontrait, car autrement n'eut su parler de choses dont il
parlait. Et le prudent chroniqueur d'ajouter : Il est encore vif par quoi se
pourrait bien changer ou en mieux ou en pire et pour ce m'en tai. Malgré ces
bons rapports, le roi, toujours à l'affût d'une trahison ou d'une supercherie,
fait surveiller François de Paule jour et nuit. Pourtant, devant la pure
simplicité de la vie du moine, Louis XI peut se convaincre que celui-ci n'est
pas plus capable de ruse qu'il n'avait été - envers lui - capable de miracle...
Et cependant c'est sur Louis XI peut-être que le saint accomplit le plus beau,
le plus charitable de ses miracles.
Bien qu’il fut
formellement interdit de prononcer le cruel mot de la mort devant le Roi,
François de Paule lui en parle et, en août 1483, lorsque Louis XI sent qu'il
est perdu, le moine calabrais ne quitte plus le chevet du malade et lui fait
accepter le parti de trépasser. Aux exhortations de saint François de Paul,
Louis XI se résigne chrétiennement. L'âme inquiète, tortueuse, épouvantée, à
laquelle le saint Calabrais ouvre tranquillement les chemins de l'au-delà, peu
à peu, avec la certitude de la mort, trouve la confiance et la paix. Lucide jusqu'au
dernier instant, le Roi prend lui-même ses ultimes dispositions : il remet les
sceaux au Dauphin, appelle les Beaujeu pour leur confier le Royaume et son
petit le roi. le 30 août, à 9 heures du soir, tandis que François de Paule
récite la prière des agonisants, Louis XI murmure une dernière fois :
Notre-Dame d'Embrun, ma bonne maîtresse, aidez-moi, puis il rend l’esprit.
Charles VIII continue à
François de Paule les bonnes grâces de son père, Anne de Beaujeu, régente du
Royaume, le protégé ouvertement et lui conserve son logement au château de
Plessis-les-Tours. Sous le règne de Charles VIII, l'Ordre des Minimes prend un
développement considérable : en 1489, le roi fait bâtir les couvents de Tours
et d'Amboise qu’il dote de précieux privilèges ; A Rome, il donne aux Frères
minimes la maison de la Très-Sainte-Trinité, sur la colline des Jardins ; la
reine Anne de Bretagne fonde, à Chaillot, le couvent royal de
Notre-Dame-de-Toutes-les-Grâces et un monastère à Gien.
Après la mort de Charles
VIII, François de Paule, âgé de quatre-vingt-deux ans, veut retourner en
Calabre pour revoir sa maison familiale, les arbres à l'ombre desquels il a
tant prié, le premier couvent dont il a, de ses mains, posé les pierres sur les
pierres. Louis XII y consent, mais, dit le Père Hilarion de Coste, dès que
cette nouvelle fut sue à la cour, plusieurs princes et seigneurs, entre autres
Georges d'Amboise, archevêque de Rouen, remontrèrent à Sa Majesté que l'absence
d'un homme de vie si exemplaire, et si sainte, que l'es rois ses prédécesseurs
avaient fait rechercher avec tant de soin, serait une grande perte pour la
France, de sorte que ce Prince, qui était la bonté même, révoqua aussitôt le
pouvoir qu'il lui avait donné de sortir de ce royaume pour se retirer en
Calabre.
François de Paule renonce
à son projet et le nouveau roi comble le chef des Minimes de faveurs. L'Ordre
se répand du royaume de Naples en Sicile, de Rome en France, en Espagne, où les
religieux reçoivent le nom de Pères de la Victoire, leur arrivée ayant coïncidé
avec les succès remportés par Ferdinand V sur les Maures ; en Allemagne, où
l'empereur Maximilien les accueille avec dévotion. C'est en 1493 que les règles
de l'Ordre sont nettement établies par le saint. François de Paule rédige
successivement quatre règles approuvées par Rome pour son Ordre (1493, 1501,
1502 et 1507), propose une règle pour les gens du monde qui veulent vivre selon
son esprit, le tiers-ordre, (1501) et donne une règle pour des religieuses
(1506) dont le premier couvent est fondé en Espagne. La mortification nouvelle
qu'elles apportent et qui, jusqu'alors, n'a jamais été imposée, consiste dans
l'obligation de prononcer le vœu de jeûne perpétuel ou de la vie
quadragésimale. Il est interdit aux Minimes non seulement de consommer de la viande,
mais encore de manger quoi que ce soit provenant d'animaux. Les seuls aliments
tolérés sont le pain, l'eau et l'huile. La règle exige aussi l'entière
pauvreté, la robe noire taillée dans la plus grossière des laines ; les
religieux ne doivent rompre un continuel silence que par le chant des offices
divins et la confession publique de leurs fautes.
Admirable prédicateur
vanté par Commynes, François de Paule toujours pauvre et austère, recherchant
sans cesse la solitude pour prier, est, au dire de ses contemporains, humble et
doux, suave et plein de bénignité, mais aussi ferme que patient.
Ayant établi des lois
purifiantes, ayant autour de lui soulagé d'innombrables misères, tourné vers
Dieu d'innombrables repentirs, François de Paule sent que l'heure de son repos
va sonner. Il attend, avec une grande humilité, les approches, si belles pour
lui, de la mort. Le dimanche des rameaux de l'an 1507, étant en son couvent de
Plessis-lez-Tours, déjà épuisé par l'âge et par les mortifications, il est pris
d'une petite fièvre perfide. Couché comme à l'ordinaire sur une planche, il
réunit ses religieux pour leur faire part de ses ultimes recommandations. Cinq
jours après, le vendredi saint, 2 avril 1507, vers 10 heures du matin, l'ancien
ermite des forêts de Calabre, devenu, par la grâce de Dieu, le consolateur des
rois et des indigents, expire dans la plus douce sérénité, en murmurant le
verset du psaume : Seigneur, je remets mon esprit entre vos mains.
Jules II, en 1512, permet
l’ouverture d’un procès apostolique en vue de la canonisation de François de
Paule. Léon X qui, par le bref Illius, daté du 7 juillet 1513, avait autorisé
son culte privé, le canonise, le 12 mai 1519, par la bulle Excelsus Dominus, la
première canonisation de son pontificat, qui loue en saint François de Paule la
force confondue par la faiblesse, la science qui enfle cédant à la simplicité
qui édifie.
Le 2 avril 1745, à Paris, dans l’église des Minimes, Massillon prononça le panégyrique de saint François de Paule devant le chancelier d’Aguesseau et sa femme, Jeanne d’Ormesson, qui descendait de la sœur du saint, Brigitte d’Alesso.
SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/04/02.php
Bartolomé Esteban Murillo (1617–1682). San Francisco de Paula, 111 x 83, Museo del Prado
SAINT FRANÇOIS de PAULE
Fondateur de l'Ordre des
Frères Minimes
(1416-1508)
C'est dans la petite ville de Paule, en Calabre, que naquit le Saint qui poussa
l'humilité jusqu'à vouloir être appelé le plus petit, le Minime, parmi les
enfants de Jésus-Christ. François fut plus l'enfant de la grâce que de la
nature, car il vint au monde contre toute espérance, et l'on aperçut pendant la
nuit de sa naissance de vifs jets de lumière sur la toiture de la maison de ses
parents, symbole du flambeau qui venait de paraître dans l'Église.
L'enfance de ce petit prédestiné fut tout extraordinaire. Les veilles et les
abstinences lui furent inspirées du Ciel dès l'âge le plus tendre; aussitôt
après son lever, sa première pensée était de courir à l'église, où il passait
la grande partie de ses journées, ne s'ennuyant jamais avec le bon Dieu, comme
il disait dans son naïf langage.
Admirons la belle réponse qu'il fit un jour à sa mère, qui le pressait, par un
temps froid, de couvrir sa tête en récitant son rosaire: "Maman, lui
dit-il, si je parlais à une reine, vous me commanderiez de me tenir nu-tête;
mais la Sainte Vierge n'est-Elle pas plus que toutes les reines, puisqu'Elle
est la Mère de Dieu et la Souveraine de l'univers?"
Quand il eut treize ans, ses parents le placèrent pour un an dans un couvent de
Saint-François; sa vertu et sa régularité y furent confirmées par des miracles.
Un jour, le frère sacristain l'envoie chercher du feu pour l'encensoir; il y
court et, n'ayant pas d'instrument, remplit sa robe de charbons ardents, qu'il
dépose avec les doigts un à un dans l'encensoir, sans avoir ni sur les doigts
ni sur son vêtement la moindre trace de brûlure.
A quatorze ans, François se fit ermite et s'enfonça dans un rocher profond, au
bord de la mer, résolu d'y vivre et d'y mourir oublié des hommes. Mais Dieu,
qui le voulait fondateur d'un ordre religieux, lui envoya une foule de
disciples, si bien qu'au bout de six ans il lui fallut bâtir un grand monastère
où, nous dit un historien, François fit entrer plus de miracles que de pierres
et de pièces de bois.
Il guérit tant de malades, qu'il faisait le désespoir des médecins; il
ressuscita plusieurs morts; il traversa le bras de mer qui sépare la Calabre de
la Sicile sur son manteau, avec deux de ses frères. Mais le plus grand des
miracles, c'est sa sainteté elle-même. La nuit, pendant que ses frères
dormaient, il priait encore. Il allait toujours nu-pieds, à travers les
rochers, la neige et la boue; le cilice était son vêtement, la terre son lit. A
l'imitation de Notre-Seigneur, il passa des Carêmes entiers sans prendre de
nourriture.
C'est un fait d'histoire que le roi Louis XI, instruit de sa puissance
miraculeuse, le fit venir pour obtenir sa guérison d'une maladie mortelle. Le
Saint lui obtint plus que la santé du corps, il le prépara à mourir en
chrétien. François mourut en France, un vendredi, à 3 heures de l'après-midi.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame,
1950.
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/saint_francois_de_paule.html
La
Orotava ( Tenerife ). Church of San Agustin: High altar - Unidentified saint.
La
Orotava ( Tenerife ). Kirche San Agustin: Hochaltar - Heilliger.
St François de Paule
Fondateur de l’Ordre des
Frères Minimes (1416-1508)
C’est dans la petite
ville de Paule, en Calabre, que naquit le Saint qui poussa l’humilité jusqu’à
vouloir être appelé le plus petit, le Minime, parmi les enfants de
Jésus-Christ. François fut plus l’enfant de la grâce que de la nature, car il
vint au monde contre toute espérance, et l’on aperçut pendant la nuit de sa
naissance de vifs jets de lumière sur la toiture de la maison de ses parents,
symbole du flambeau qui venait de paraître dans l’Église.
L’enfance de ce petit
prédestiné fut tout extraordinaire. Les veilles et les abstinences lui furent
inspirées du Ciel dès l’âge le plus tendre ; aussitôt après son lever, sa
première pensée était de courir à l’église, où il passait la grande partie de
ses journées, ne s’ennuyant jamais avec le bon Dieu, comme il disait dans son
naïf langage.
Admirons la belle réponse
qu’il fit un jour à sa mère, qui le pressait, par un temps froid, de couvrir sa
tête en récitant son rosaire : \"Maman, lui dit-il, si je parlais à une
reine, vous me commanderiez de me tenir nu-tête ; mais la Sainte Vierge
n’est-Elle pas plus que toutes les reines, puisqu’Elle est la Mère de Dieu et
la Souveraine de l’univers ?\"
Quand il eut treize ans,
ses parents le placèrent pour un an dans un couvent de Saint-François ; sa
vertu et sa régularité y furent confirmées par des miracles. Un jour, le frère
sacristain l’envoie chercher du feu pour l’encensoir ; il y court et, n’ayant
pas d’instrument, remplit sa robe de charbons ardents, qu’il dépose avec les
doigts un à un dans l’encensoir, sans avoir ni sur les doigts ni sur son
vêtement la moindre trace de brûlure.
A quatorze ans, François
se fit ermite et s’enfonça dans un rocher profond, au bord de la mer, résolu
d’y vivre et d’y mourir oublié des hommes. Mais Dieu, qui le voulait fondateur
d’un ordre religieux, lui envoya une foule de disciples, si bien qu’au bout de
six ans il lui fallut bâtir un grand monastère où, nous dit un historien,
François fit entrer plus de miracles que de pierres et de pièces de bois.
Il guérit tant de
malades, qu’il faisait le désespoir des médecins ; il ressuscita plusieurs
morts ; il traversa le bras de mer qui sépare la Calabre de la Sicile sur son
manteau, avec deux de ses frères. Mais le plus grand des miracles, c’est sa
sainteté elle-même. La nuit, pendant que ses frères dormaient, il priait
encore. Il allait toujours nu-pieds, à travers les rochers, la neige et la boue
; le cilice était son vêtement, la terre son lit. A l’imitation de
Notre-Seigneur, il passa des Carêmes entiers sans prendre de nourriture.
C’est un fait d’histoire
que le roi Louis XI, instruit de sa puissance miraculeuse, le fit venir pour
obtenir sa guérison d’une maladie mortelle. Le Saint lui obtint plus que la
santé du corps, il le prépara à mourir en chrétien. François mourut en France,
un vendredi, à 3 heures de l’après-midi.
SOURCE : http://viechretienne.catholique.org/saints/984-st-francois-de-paule
Francesco
Cappella, Miracolo di San Francesco da Paola, 1750, olio su
tela; Cortona, Museo Diocesano
Lettre de St François de
Paule (1486)
"Que notre Seigneur
Jésus, lui qui récompense magnifiquement, vous donne le salaire de votre peine.
Fuyez le mal, repoussez
les occasions dangereuses. Nous et tous nos frères, quoique indignes, prions
continuellement Dieu le Père, son Fils Jésus Christ et la Vierge Marie, pour
qu'ils ne cessent de vous assister dans la recherche du salut de vos âmes et de
vos corps.
Quant à vous, mes frères,
je vous exhorte vivement à travailler avec prudence et ardeur au salut de vos
âmes: La mort est certaine, la vie est brève: elle s'évanouit comme la fumée.
Fixez donc votre esprit
sur la passion de notre Seigneur Jésus Christ: par amour pour nous, il est
descendu du ciel pour nous racheter; pour nous, il a subi tous les tourments de
l'âme et du corps, et n'a évité aucun supplice. Il nous a donné l'exemple de la
parfaite patience et de l'amour. Nous devons donc être patients devant tout ce
qui s'oppose à nous.
Abandonnez les haines et
les inimitiés; veillez à éviter les paroles dures; si elles se sont échappées
de votre bouche, ne répugnez pas à procurer le remède par cette bouche qui a
causé les blessures; ainsi pardonnez-vous mutuellement pour ensuite ne plus
vous souvenir de vos torts. Garder le souvenir du mal, c'est un tort, c'est le
chef-d'oeuvre de la colère, le maintien du péché, la haine de la justice; c'est
une flèche à la pointe rouillée, le poison de l'âme, la disparition des vertus,
le ver rongeur de l'esprit, le trouble de la prière, l'annulation des demandes
que l'on adresse à Dieu, la perte de la charité, l'iniquité toujours en éveil,
le péché toujours présent et la mort quotidienne.
Aimez la paix, le plus
précieux trésor que l'on puisse désirer. Vous savez déjâ que nos péchés
excitent la colère de Dieu : il faut donc que vous les regrettiez pour que
Dieu, dans sa miséricorde, vous pardonne. Ce que nous cachons aux hommes, Dieu
le connaît; il faut donc vous convertir d'un coeur sincère. Vivez de façon à
recueillir la bénédiction du Seigneur; et que la paix de Dieu notre Père soit
toujours avec vous."
Prière
Dieu qui relèves les
humbles, tu as donné la gloire des élus à saint François de Paule; fais qu'en
lui ressemblant, et avec son aide, nous obtenions le bonheur promis aux
humbles.
Biographie
St François de Paule,
ermite
Né à Paola en Calabre
(1416), François entendit très jeune l'appel à la vie d'ermite et il se retira
dans une grotte. Mais les foules vinrent à lui et les ermitages se
multiplièrent autour du sien. L'Ordre des Minimes devait en naître (1493).
François mourut en France, à Plessis-les-Tours, où l'avait appelé la confiance
du roi Louis XI (1507).
Préparé par l'Institut de
Spiritualité:
Université Pontificale
Saint Thomas d'Aquin
SOURCE : http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010402_francesco-paola_fr.html
AUDIENCE DU PAPE JEAN
PAUL II
AUX PARTICIPANTS AU
CHAPITRE GÉNÉRAL
DE L'ORDRE DES MINIMES
Lundi 3 juillet 2000
Très chers frères de
l'Ordre des Minimes!
1. Je vous accueille en
vous souhaitant une affectueuse bienvenue, reconnaissant pour la visite que
vous avez voulu me rendre au début de votre Chapitre général. Je salue
cordialement le
P. Giuseppe Fiorini
Morosoni, votre Supérieur général, les Pères capitulaires et les délégations
des moniales et des tertiaires qui interviendront au cours de la première
partie de votre importante réunion, ainsi que les religieux, les religieuses et
les laïcs qui composent les trois Ordres de la Famille religieuse fondée par
saint François de Paule.
Avec vous tous, je rends
grâce au Seigneur pour le bien accompli au cours d'une longue et méritoire
histoire au service de l'Evangile. Ma pensée remonte, en particulier, aux temps
difficiles pour la vie de l'Eglise, lors desquels saint François de Paule
s'engagea à réaliser une réforme qui entraîna sur un chemin de perfection
renouvelée ceux qui étaient "appelés par le désir d'une plus grande
pénitence et par l'amour de la vie quadragésimale" (IV Règle, chap. 2).
2. Animé par des
intentions apostoliques, il fonda l'Ordre des Minimes, un Institut religieux
clérical de voeux solennels, placé comme "un bon arbre dans le champ de
l'Eglise militante" (Alexandre VI) pour produire des fruits dignes de
pénitence sur les traces du Christ, qui "s'anéantit lui-même, prenant
condition d'esclave" (Ph 2, 7). En suivant l'exemple de son Fondateur,
votre Famille religieuse se propose de rendre un témoignage quotidien
particulier de la pénitence évangélique, à travers la vie quadragésimale, comme
conversion totale à Dieu, participation intime à l'expiation du Christ et
rappel des valeurs évangéliques du détachement du monde, de la primauté de
l'esprit sur la matière et de l'urgence de la pénitence, qui comporte la
pratique de la charité, l'amour de la prière et l'ascèse physique"
(Constitutions, art. 3).
Très chers amis,
inspirez-vous constamment de votre Fondateur, l'humble pénitent plongé en Dieu,
qui savait transmettre à ses frères une authentique expérience du Divin. En
lui, le Seigneur voulut réaliser de "grandes choses", en lui confiant
des tâches extraordinaires, qui le conduisirent à parcourir une grande partie
de l'Italie et de la France et à les illuminer par la splendeur de sa sainteté.
Au cours des presque cinq
siècles qui nous séparent de sa mort, qui eut lieu le 2 avril 1507, ses fils,
fidèles au charisme de leur Fondateur, ont continué à annoncer l'"Evangile
de la pénitence". Ils se sont efforcés de vivre son esprit d'humilité, de
pauvreté et de profonde oraison, en imitant sa tendre dévotion à l'Eucharistie,
au Crucifié et à la Madone. En particulier, ils ont continué à s'engager dans
l'observance du "quatrième voeu du carême perpétuel". Ainsi, ils ont
prolongé dans le monde entier le sillage lumineux de saint François de Paule,
en témoignant partout du rôle incontournable de la pénitence dans l'itinéraire
de la conversion et en enrichissant la vie de l'Eglise d'admirables oeuvres de
charité et de sainteté.
3. "Vous n'avez pas
seulement à vous rappeler et à raconter une histoire glorieuse, mais vous avez
à construire une grande histoire! Regardez vers l'avenir, où l'Esprit vous
envoie pour faire encore avec vous de grandes choses" En cette
circonstance particulière, je désire vous répéter ces paroles de l'Exhortation
apostolique Vita consecrata (n. 110), dans lesquelles se reflètent bien les
objectifs de votre Chapitre général. Celui-ci, en approfondissant le thème
"Identité et mission des Minimes au début du troisième millénaire après
500 ans d'histoire: Religieux et laïcs ensemble avec un unique charisme, pour
la même mission", se propose de repenser le charisme de la pénitence
quadragésimale, à la lumière des défis du monde d'aujourd'hui, en définissant
les nouveaux aréopages à privilégier pour l'annonce évangélique de la conversion
et de la réconciliation.
Cet engagement, déjà
apparu au cours de la dernière Assemblée ordinaire, demande à être traduit par
une présence significative et pleine d'amour des Minimes dans les contextes de
grande pauvreté spirituelle, à travers l'écoute, la direction spirituelle et la
formation des consciences à la réflexion et à la prière. Votre présence sur le
front de l'indigence matérielle pour apporter aux déshérités une solidarité
effective pourra être d'une grande importance, également grâce à la
participation aux oeuvres des organismes qui s'y consacrent. Je suis certain
que l'exemple de votre Fondateur, messager de la paix du Christ, vous
soutiendra dans votre mission d'apporter le don de la réconciliation et de la
communion dans les familles, dans les réalités ecclésiales, auprès des diverses
confessions chrétiennes, parmi ceux qui sont indifférents ou lointains.
4. En évangélisant les
nouveaux aréopages, il faut tout d'abord avoir à l'esprit que la créativité et
le dialogue avec les diverses cultures ne doivent pas amoindrir les richesses
de la propre identité et de la propre histoire. En effet, créativité et dialogue
deviennent des voies efficaces de l'annonce évangélique lorsqu'ils peuvent
compter sur la solide fidélité au propre charisme. Une vie conventuelle et
pénitentielle fervente constitue sûrement le préalable indispensable pour que
chaque religieux offre en lui l'image limpide du Christ, chaste, pauvre,
obéissant, image qui, seule, fascine et conquiert ceux qui sont à la recherche
de la vérité et de la paix.
Une pastorale authentique
et incarnée présuppose la sainteté, que les Minimes, suivant l'exemple de leur
fondateur, s'engageront à atteindre, en parcourant la voie de la pénitence.
Celle-ci, si elle consiste en particulier dans la conversion du coeur, repose
cependant également sur les moyens ascétiques propres à la tradition
spirituelle de l'Eglise et de l'Institut. Dans ce contexte, la fidélité au
quatrième voeu solennel de la vie quadragésimale, que saint François de Paule
voulut que professent les Frères et les Moniales des Ordres qu'il avait fondés,
acquiert une importance particulière. Ce signe particulier d'appartenance à
l'Ordre des Minimes, apparaît très efficace dans le témoignage des "choses
d'en-haut" à un monde distrait et plongé dans l'hédonisme. En effet, il
est non seulement un puissant moyen de sanctification personnelle, mais il
constitue une occasion pour réparer les péchés de tous les hommes et une façon
pour implorer pour eux la grâce d'un retour à Dieu.
La tendance dominante
dans la société contemporaine, et en particulier parmi les jeunes, à rechercher
une gratification immédiate, loin de conduire les Minimes à atténuer la
dimension quadragésimale de leur Institut, devra plutôt les engager à se placer
avec une ardeur renouvelée au service de leurs frères, pour les éduquer à la
grande voie spirituelle de la pénitence. Certes, il est nécessaire de
rechercher un langage et des motivations appropriées, mais il reste toujours
indispensable de témoigner de la joie qui est propre à celui qui renonce aux
commodités du monde pour trouver la perle précieuse du Royaume de Dieu (cf. Mt
13, 45-46). Ce témoignage constituera un don précieux que votre Ordre fera à
toute l'Eglise, en rappelant l'exigence pour tous d'accueillir l'Evangile de la
conversion et de l'ascèse.
5. Aux côtés des
religieux et des religieuses du premier et du second Ordre, saint François de
Paule voulut, avec une intuition prophétique, initier à la spiritualité de la
vie quadragésimale également les laïcs, pour lesquels il fonda le Tiers Ordre.
Ceux-ci, depuis presque cinq cents ans, participent à la mission de l'Ordre à
travers de multiples formes de partage et de collaboration.
La complexité et les
rapides mutations du monde contemporain exigent une prompte capacité de
discernement et une présence toujours plus qualifiée des chrétiens dans les
réalités du monde. Dans ce but, en s'enrichissant des expériences positives
accumulées au cours des années, il faut encourager et soutenir la collaboration
entre les laïcs et les religieux. En effet, de cette collaboration pourront
naître des approfondissements féconds et inattendus de certains aspects du
charisme (cf. Vita consecrata, n. 55). Dans cette optique, il faut que les
religieux se consacrent avec toujours plus de soin à la formation des laïcs:
qu'ils soient des guides experimentés de vie spirituelle, attentifs aux
personnes et aux signes des temps, des témoins joyeux du charisme qu'ils
entendent partager avec ceux qui oeuvrent plus directement dans le monde.
6. Très chers amis, le
grand Jubilé invite toute l'Eglise à contempler avec une gratitude renouvelée
le mystère de l'Incarnation pour annoncer avec une ardeur croissante l'Evangile
du Christ dans le nouveau millénaire: devant vous s'ouvre un vaste domaine de
pers-pectives et d'engagements.
Que votre Ordre, après
avoir surmonté de nombreux moments difficiles au cours de l'histoire, continue
à être la lumière qui illumine les pénitents de l'Eglise: qu'il appelle ceux
qui sont loin à la nécessité de la conversion et de la pénitence, qu'il
encourage par l'exemple et la prière ceux qui se sont mis en marche, qu'il
témoigne d'une vie quadragésimale qui, en suivant Jésus sur son chemin vers le
Calvaire, permette de goûter dès à présent, d'une certaine façon, la joie de la
Pâque éternelle.
Que vos communautés, en
puisant à leur propre trésor des choses nouvelles et des choses antiques (cf.
Mt 13, 53), soient l'expression de l'éternelle force de la voie de la pénitence
qui, en conduisant à renier l'homme ancien, établit les prémisses de la venue
du Royaume.
Je confie chacune de vos
intentions généreuses, ainsi que les travaux capitulaires, à la Sainte Vierge,
à saint François de Paule et aux nombreux saints et bienheureux qui
enrichissent votre histoire séculaire, afin qu'ils vous aident à reproposer
aujourd'hui votre charisme, comme signe éloquent de fécondité évangélique et de
renouvellement de la vie ecclésiale.
Avec ces voeux, je vous
donne volontiers, à vous ici présents et à tout l'Ordre des Minimes, dans la
triple expression des Frères, des Moniales et des Tertiaires, ma Bénédiction
apostolique spéciale.
François de Paule, un
saint calabrais à la cour du roi de France
Anne Bernet - publié
le 01/04/24
François de Paule,
franciscain Calabrais, fondateur de l’ordre des Minimes, débarqua un jour à la
cour du roi Louis XI, sur ordre du pape. Auteur de nombreux miracles, on le
sommait de sauver les mourants et de prédire l’avenir, mais mieux qu’un autre
il savait que seul Dieu décide…
Les charismes de certains
saints sont si éclatants qu’ils se transforment, à leur corps défendant, en
phénomènes de cirque que l’on vient voir, non pour admirer l’action de la grâce
divine en eux, mais les étrangetés qui les environnent, ou tenter d’en tirer
profit. Tel fut le cas de François de Paule, désireux de vivre en paix sa vie
érémitique et transformé, par obéissance, en conseiller des rois, voire en
pieux diseur de bonne aventure. Il ne tomba point toujours juste.
Une authentique vocation
À Paola, en Calabre, vit,
à l’aube du XVe siècle un couple de propriétaires fonciers riches, honnêtes,
pieux mais accablé d’une stérilité d’autant plus sans remède que Giacomo et
Vienna Martolilla avancent en âge. En désespoir de cause, ils font un vœu
à saint François d’Assise,
promettant de donner son prénom à l’enfant qu’ils espèrent. Le 27 mars 1416,
Vienna met au monde un fils, qu’un autre garçon et une fille suivront, aussitôt
baptisé François, comme promis. Hélas, Francesco marche à peine que le médecin
diagnostique une ophtalmie qui menace de le rendre aveugle. Nouveau vœu à son
saint patron : si l’enfant ne perd pas la vue, il passera une année comme oblat
dans un couvent franciscain, promesse scrupuleusement tenue après sa
guérison.
Mais, à San Marco
Argentano, Francesco se découvre une authentique vocation et décide d’entrer
dans l’Ordre. Il y a longtemps que, les Spirituels n’ayant pas eu gain de
cause, les fils du Poverello en ont rabattu des exigences de pauvreté de leur
fondateur, détail qui n’échappe pas à l’adolescent. Et, lorsque, en 1430, au
retour d’un pèlerinage à Assise, Lorette, Cassino et Rome, il croise dans la
ville un cardinal en somptueux équipage, il lui jette que le Christ n’a jamais
porté de soie pourpre ni habité un palais. Ce ne serait qu’insolence juvénile
si Francesco n’avait en tête un programme de réforme dans la grande tradition
de l’Assisiate.
Un crasseux au suave
parfum
De retour chez lui, il
obtient de ses parents d’aller vivre en ermite dans la grotte de Patrimonio,
coin reculé de leurs terres. C’est là qu’en 1535, il est dérangé par des
chasseurs qui courrent un malheureux faon ; celui-ci tombe à bout de forces aux
pieds de l’ermite qui, en un instant, le transforme en animal de compagnie,
fait si étonnant que le groupe de veneurs se convertit et, renonçant aux
plaisir du monde, supplie Francesco de les laisser partager sa sainte solitude.
Ainsi naît une communauté baptisée Ermites de saint François, appellation à
laquelle Francesco préfère celui de Minimes, autrement dit, Tout Petits. Le
jeune fondateur n’a pas encore 19 ans mais, bientôt, devient une figure
familière en Italie du Sud. Chacun connaît ce frère lai arpentant les chemins
par tous les temps, pieds nus, vêtu d’une bure usée, la barbe longue, jeûnant à
longueur de vie, se nourrissant de légumes et fruits.
Or, loin de sentir la
crasse, l’humble religieux répand, de l’avis unanime, un suave parfum d’ambre,
encens et musc, à faire pâlir d’envie un élégant : celui de ses vertus. Cette
odeur de sainteté ne suffit pas, un jour qu’il veut aller prêcher en Sicile, à
convaincre un patron pêcheur peu généreux de le transporter gratis sur l’île.
Imperturbable, Francesco retire son manteau troué, le pose sur l’eau, s’assied
dessus et traverse sans encombre en cet équipage le détroit de Messine, exploit
qui lui vaudra de devenir le patron des marins italiens.
À la cour de France
Des miracles, il en fait
sans cesse, guérissant tous ceux qui s’adressent à lui, ressuscitant au moins
sept défunts, prophétisant l’avenir, annonçant la prise par les Turcs
d’Otrante, qui adviendra en 1480, et sa délivrance par le roi de Naples. Approuvés
par l’évêque de Consenza, les Minimes ne cessent de se développer et la
reconnaissance canonique de l’Ordre par Sixte IV, en 1474, permet une floraison
de fondations, tandis que se répand la réputation du frère François et de ses
miracles ; elle atteint même la France. En cette année 1481, Louis XI est
malade et, terrifié à l’idée de mourir, réclame au pape l’envoi du thaumaturge
infaillible. Force est à François d’obéir…
Débarqué en Provence
après bien des difficultés, car la peste ravage la région, il commence par
écarter le fléau de toutes les villes où il passe et c’est précédé de la rumeur
de ces merveilles qu’il atteint Plessis-lez-Tours où réside le roi. Mais, pour
faire des miracles, encore faut-il la permission divine et Dieu estime que l’heure
de Louis XI est venue, réalité désagréable que Francesco doit faire accepter au
royal mourant. Qu’il l’amène à une vraie résignation chrétienne est en soi un
prodige. Le roi mort, l’échec du thaumaturge patent, Francesco pense regagner
sa Calabre ; il n’en est rien. S’il n’a pas guéri le souverain, il a opéré
maints autres prodiges, de sorte que Charles VIII se refuse à le laisser partir
et fait de lui son conseiller politique.
Sommé de prédire l’avenir
Jusqu’à sa mort, le
Vendredi saint 2 avril 1507, François ne quitte plus la Touraine et l’entourage
des souverains successifs, obtenant d’eux d’implanter les Minimes à Tours et
Amboise. Vivre parmi les Grands et les Puissants ne change rien aux
mortifications de cet ermite qui ne veut pas être de salon. Habitué aux
tentations des fastes royaux, Bossuet, évoquant saint François de Paule, écrira
: « Il fut solitaire jusque dans la Cour et ne trouva rien qui soit digne
de lui que le Ciel. » Ce ne sera pas faute d’être sollicité et sommé de
prédire l’avenir.
Ainsi en est-il de la
princesse Louise de Savoie, petitement mariée à un cadet de la famille royale,
le comte d’Angoulême, cousin éloigné du roi et si loin du trône qu’il faudrait
bien des hasards pour que ses rejetons puissent prétendre à la couronne. Pourtant,
Louise y croit. Encore faudrait-il qu’elle ait un fils car, pour l’heure, elle
n’a qu’une fille. Sera-t-elle mère d’un roi ? Telle est la question qu’elle
pose lors de sa grossesse de 1494 à François de Paule. Celui-ci répond qu’elle
aura un garçon, mais, étranger aux spéculations dynastiques de la jeune femme,
prédit qu’elle mettra au monde un grand saint. Ce sera un fils, en effet, qui
recevra le prénom du prophète calabrais mais ce sera, en l’affaire, le seul
éclat de clairvoyance de l’ermite car cet enfant, devenu roi en 1515 sous le
nom de François Ier ne risquera jamais l’auréole…
Lire aussi :Procula, la femme de Pilate, a-t-elle vraiment voulu sauver
Jésus?
Lire aussi :Jeanne-Marie de Maillé, toute à Dieu quoiqu’il arrive
St François de Paule,
confesseur
Mort au Plessis-lès-Tours
le 2 avril 1507, béatifié dès 1513, canonisé en 1519 par Léon X. Fête
introduite en 1557 comme semi-double mais supprimée par St Pie V en 1568.
Sixte-Quint la rétablit en 1585 comme double, Clément VII la ramena au rite
semi-double en 1602. Paul V en fit à nouveau un double en 1613 comme fête de
fondateur d’ordre.
Leçons des Matines avant
1960
Quatrième leçon. François
naquit dans une humble condition à Paule, ville de Calabre. Ses parents,
longtemps privés d’enfants, ayant fait un vœu, l’obtinrent du ciel par
l’intercession du bienheureux François (d’Assise). Dès son adolescence,
enflammé d’une divine ardeur, il se retira dans un lieu désert et il y mena
pendant six ans un genre de vie très rude, mais que la méditation des choses
célestes remplissait de douceur. Comme la renommée de ses vertus se répandait
au loin, et qu’un grand nombre de personnes accouraient vers lui dans le but de
servir Dieu, la charité fraternelle le décida à sortir de sa solitude ; il
bâtit une église près de Paule, et c’est là qu’il jeta les fondements de son
Ordre.
Cinquième leçon. François
avait le don de la parole à un degré merveilleux ; il garda une perpétuelle
virginité ; il pratiqua l’humilité au point de se dire le moindre de tous, et
voulut que ses disciples portassent le nom de Minimes. Son vêtement était
grossier, il marchait nu-pieds, et couchait sur la dure. Son abstinence fut
admirable : il ne mangeait qu’une fois par jour, après le coucher du soleil, et
sa nourriture n’était que du pain et de l’eau, auxquels il ajoutait à peine
l’assaisonnement qui est permis en Carême ; i obligea ses frères à promettre, par
un quatrième vœu, d’observer cette dernière pratique pendant toute l’année.
Sixième leçon. Dieu
voulut attester la sainteté de son serviteur par de nombreux miracles, entre
lesquels un des plus célèbres eut lieu lorsque François, repoussé par des matelots,
étendit son manteau sur les flots et passa ainsi le détroit de Sicile avec son
compagnon. Ayant reçu le don de prophétie, il annonça beaucoup d’événements
futurs. Louis XI, roi de France, souhaita de le voir et lui donna de grandes
marques d’estime. Enfin, âgé de quatre-vingt-onze ans, se trouvant à Tours, il
s’en alla vers le Seigneur, l’an du salut mil cinq cent sept. Pendant les onze
jours qu’on garda son corps sans l’ensevelir, il resta sans corruption,
exhalant même une odeur suave. Le Pape Léon X a mis François de Paule au nombre
des Saints.
Dom Guéranger, l’Année
Liturgique
Le fondateur d’une milice
d’humilité et de pénitence, François de Paule, nous offre aujourd’hui son
exemple et son patronage. Sa vie fut toujours innocente ; et néanmoins nous le
voyons embrasser, dès sa première jeunesse, une pénitence si austère, qu’il
semblerait trop sévère de l’exiger des plus grands pécheurs de nos jours.
Cependant les droits de la justice divine n’ont rien perdu de leur rigueur :
car Dieu ne change pas ; et l’offense que lui ont faite nos péchés ne nous sera
pas remise, si elle n’est pas réparée. Les saints ont expié toute leur vie et
avec la plus grande sévérité des fautes légères ; et l’Église a tant de peine à
arracher à notre mollesse, en ces jours, quelques œuvres de pénitence mitigées
à l’excès !
Est-ce la foi qui fait
défaut dans nos âmes ? Est-ce la charité qui languit dans nos cœurs ? C’est
l’un et l’autre, sans doute ; et la cause d’un tel affaiblissement est dans
l’amour de la vie présente qui nous fait insensiblement perdre l’unique point
de vue que nous devrions considérer : celui de l’éternité. Combien de chrétiens
de nos jours sont semblables, dans leurs sentiments, à ce roi de France qui,
après avoir obtenu du Pontife Romain que saint François de Paule vînt habiter
près de lui, se jeta aux pieds du serviteur de Dieu, en le suppliant de lui
prolonger la vie ! Louis XI, cependant, était un grand pécheur ; mais ce qui le
préoccupait n’était pas le désir de faire pénitence de ses crimes ; c’était
l’espoir d’obtenir du saint quelques jours de plus d’une vie déjà trop longue
pour le compte redoutable qui devait la suivre. Cet amour de la vie, nous le
portons à un excès pitoyable. On repousse le jeûne et l’abstinence, non parce
que l’obéissance à la loi de l’Église mettrait la vie en péril, non parce que
la santé en serait compromise : on sait trop bien que les prescriptions du
Carême cèdent en présence de semblables motifs ; mais on se dispense du jeûne
et de l’abstinence, parce que la mollesse dans laquelle on vit rend
insupportable jusqu’à l’idée d’une légère privation, d’un dérangement dans les
habitudes. On trouve des forces plus que suffisantes pour les affaires, pour
les fantaisies même et pour les plaisirs ; et quand il s’agit d’accomplir les
lois que l’Église n’a portées que dans l’intérêt des âmes et des corps, tout
semble impossible ; et l’on accoutume la conscience à ne plus même s’inquiéter
de ces prévarications annuelles, qui finissent par éteindre dans l’âme du
pécheur jusqu’à l’idée de la nécessité où il est de faire pénitence pour être
sauvé.
Apôtre de la Pénitence,
François de Paule, votre vie fut toujours sainte ; et nous sommes pécheurs.
Cependant nous osons, en ces jours, recourir à votre puissant patronage, pour
obtenir de Dieu que cette sainte carrière ne se termine pas sans avoir produit
en nous un véritable esprit de pénitence, qui serve d’appui à l’espoir que nous
avons conçu de notre pardon. Nous admirons les merveilles dont votre vie fut
remplie, et cette longévité des Patriarches qui parut en vous, afin que la
terre pût jouir plus longtemps du fruit de vos exemples. Maintenant que vous
êtes dans la gloire éternelle, souvenez-vous de nous et bénissez le peuple
fidèle qui implore votre suffrage. Par vos prières, faites descendre sur nous
la grâce de la componction qui animera les œuvres de notre pénitence. Bénissez
et conservez le saint Ordre que vous avez fondé. Notre patrie eut l’honneur de
vous posséder, ô François ! C’est de son sein que votre âme bénie s’éleva vers
les cieux, laissant à la piété de nos pères sa dépouille mortelle, qui devint
bientôt pour la France une source de laveurs et un gage de votre protection.
Mais hélas ! ce corps sacré, temple de l’Esprit-Saint, nous ne le possédons
plus ; la rage des hérétiques le poursuivit, il y a trois siècles, et un bûcher
sacrilège le réduisit en cendres. Homme de mansuétude et de paix, pardonnez aux
fils ce crime de leurs pères ; et, témoin dans les cieux des miséricordes
divines, soyez-nous propice, et ne vous souvenez des iniquités anciennes que
pour appeler sur la génération présente ces faveurs célestes qui convertissent
les peuples, et font revivre chez eux la foi et la piété des anciens jours.
San Francesco di Paola, Chiesa San Mauro
Bhx Cardinal
Schuster, Liber Sacramentorum
Fête en l’honneur de
l’humble thaumaturge de la « Charité » (+ 1508), date seulement de 1585, sous
Sixte-Quint. Deux temples insignes, dans la Ville sainte, rappellent le séjour
qu’y fit saint François de Paule, quand, par ordre de Sixte IV, il se rendit en
France à la cour de Louis XI. L’église dédiée à la Très Sainte Trinité sur
l’antique Collis ortorum ou Pincio, fut construite en 1493, par Charles VIII,
roi de France, pour les religieux Minimes, là même où leur saint Fondateur
aurait prédit que serait un jour le siège de sa famille à Rome. Un second
temple, sous le vocable de Saint-François de Paule, s’élève sur l’Esquilin,
près du Titre d’Eudoxie, et, comme la Sainte-Trinité sur le Pincio, est
remarquable par ses œuvres d’art et la richesse de ses marbres. Dans le couvent
voisin habita durant plusieurs années le vénérable Bernard Clausi.
La messe de saint
François de Paule est celle du Commun des simples Confesseurs, les collectes
sont propres et la première lecture sont propres.
La première prière met en
relief l’humilité profonde du thaumaturge de Paule, humilité qui attribua à la
famille religieuse instituée par lui le titre d’Ordre des Minimes.
La première lecture est
semblable à celle qui est assignée à la fête de saint Paul, premier ermite, le
15 janvier. Il faut tout donner pour posséder tout ; c’est-à-dire donner tout
le créé et la créature pour gagner ainsi le Créateur.
L’humble simplicité et la
candeur de l’âme sont les conditions les plus propices pour que la grâce de
Dieu puisse agir sans rencontrer d’obstacle. Ainsi s’explique le nombre
extraordinaire de prodiges opérés par saint François de Paule, parfois même
sans un but de grande importance apparemment, comme, par exemple, le jour où, à
table, il ressuscita des poissons déjà cuits et servis. Dans son amour humble
et confiant, il possédait le cœur de Dieu, et, s’inspirant de la charité, il
l’inclinait où il voulait.
José Jiménez Donoso (1632–1690). Visión de San Francisco de Paula, 165 x 172, Museo del Prado
Dom Pius Parsch, le Guide
dans l’année liturgique
Par charité.
Saint François : Jour de
mort : 2 avril 1507. — Tombeau : Son corps reposait autrefois dans l’église du
monastère de Plessis-les-Tours, mais il fut brûlé par les hérétiques. Image :
On le représente, avec l’habit de son Ordre, comme un vieillard ; au-dessus de
lui, formant auréole, se trouve inscrit le mot : Caritas. Vie : Saint François
de Paule est le fondateur de l’Ordre des Minimes qui est une branche de l’Ordre
franciscain. Ces « ermites de Saint-François d’Assise » doivent vivre ensemble
dans des petites maisons et mener, étant les « plus petits » frères, une vie
encore plus stricte, plus pauvre et plus humble que les frères « mineurs » de
Saint-François. Le saint opéra de nombreux miracles.
Sa maxime : Le saint
avait un mot de prédilection qui a été la caractéristique de sa personne et la
racine de sa sainteté : Cette parole était : « par charité ». Ce petit mot
avait une force merveilleuse pour lui et pour les autres. Quand on agissait «
par charité », la pierre la plus lourde devenait légère. C’est « dans la
charité » qu’il exhortait et réprimandait. « Dans la charité », il traversait
la mer sans bateau. « Un jour, le saint voulait se rendre du continent italien
en Sicile. Il y avait justement un bateau dans le port. François demanda au
patron de l’emmener, lui et ses deux compagnons. » « Si vous payez, moines »,
répondit rudement celui-ci, « je vous passerai ». « Par charité » ; répondit
humblement le saint, « je n’ai pas d’argent sur moi ». « Alors je n’ai pas de
bateau pour vous »), répondit en ricanant le marin. « Par charité », répondit
François, pardonnez-moi si je m’en vais. » Il s’écarta d’un jet de pierre,
s’agenouilla et bénit la mer. Quelle ne fut pas la stupéfaction des témoins
quand le saint se leva, s’avança sur les flots mouvants et, marchant de pied
ferme sur les vagues, traversa le détroit ! — Nous prenons la messe du Carême
avec mémoire du saint.
SOURCE : http://www.introibo.fr/02-04-St-Francois-de-Paule
Le roi de France Louis XI accueillant saint François, Iglesia de Saint-Nicolas de Cordoba
PREMIER PANÉGYRIQUE
DE SAINT FRANÇOIS DE
PAULE (a).
Charitas Christi urget
nos.
La charité de
Jésus-Christ nous presse. II Cor., V, 14.
Rendons cet honneur à
l'humilité, qu'elle est seule digne de louanges. La louange en cela est contraire
aux autres choses que nous estimons, qu'elle perd son prix étant recherchée, et
que sa valeur s'augmente quand on la méprise. Encore que les philosophes
fussent des animaux de gloire, comme les appelle Tertullien (Tertull. De animâ,
n. 1), Philosophus animal gloriœ, ils ont reconnu la vérité de ce que je viens
de vous dire; et voici la raison qu'ils en ont rendue : c'est que la gloire n'a
point de corps, sinon en tant qu'elle est attachée à la vertu, dont elle n'est
qu'une dépendance. C'est pourquoi, disaient-ils, il faut diriger ses intentions
à La vertu seule: la gloire, comme un de ses apanages, la doit suivre sans
qu'on y pense. Mais la religion chrétienne élève bien plus haut nos pensées :
elle nous apprend que Dieu est le seul qui a de la majesté et de la gloire, et
par conséquent que c'est à lui seul de la distribuer, ainsi qu'il lui plaît, à
ses créatures, selon qu'elles s'approchent de lui. Or, encore que Dieu soit
très-haut, il est néanmoins inaccessible aux âmes qui veulent trop s'élever, et
on ne l'approche qu'en s'abaissant : de sorte que la gloire n'est qu'une ombre
et un fantôme, si elle n'est soutenue par le fondement de l'humilité, qui
attire les louanges en les rejetant. De là vient que l'Eglise dit aujourd'hui
dans la Collecte de saint François: « O Dieu, qui êtes la gloire des humbles: »
Deus, humilium celsitudo. C'est à cette gloire solide qu'il faut porter notre
ambition.
Monseigneur, la gloire du
monde vous doit être devenue en quelque façon méprisable par votre propre
abondance. Certes, notre histoire ne se taira pas de vos fameuses expéditions,
et la postérité la plus éloignée ne pourra lire sans étonnement toutes les
merveilles de votre vie. Les peuples que vous conservez ne perdront jamais la
mémoire d'une si heureuse protection : ils diront à leurs descendants jusqu'aux
dernières générations que sous le grand maréchal de Schomberg, dans le
dérèglement des affaires et au milieu de la licence des armes, ils ont commencé
à jouir du calme et de la douceur de la paix.
Madame, votre piété,
votre sage conduite, votre charité si sincère et vos autres généreuses
inclinations auront aussi leur part dans cet applaudissement général de toutes
les conditions et de tous les âges ; mais je ne craindrai pas de vous dire que
cette gloire est bien peu de chose, si vous ne l'appuyez sur l'humilité.
Viendra, viendra le
temps, Monseigneur, que non-seulement les histoires, et les marbres, et les
trophées, mais encore les villes, et les forteresses, et les peuples, et les
nations seront consumés par le même feu ; et alors toute la gloire des hommes
s'évanouira en fumée, si elle n'est défendue de l'embrasement général par l'humilité
chrétienne. Alors le Sauveur Jésus descendra en sa majesté ; et assemblant le
ciel et la terre pour faire l'éloge de ses serviteurs, dans une telle multitude
il ne choisira, chrétiens, ni les César ni les Alexandre : il mettra en une
place éminente les plus humbles, les plus inconnus. Parce que le pauvre
François de Paule s'est humilié en ce monde, sa vertu sera honorée d'un
panégyrique éternel de la propre bouche du Fils de Dieu. C'est ce qui
m'encourage, mes Frères, à célébrer aujourd'hui ses louanges à la gloire de
notre grand Dieu et pour l'édification de nos âmes. Bien que sa vertu soit
couronnée dans le ciel, comme elle a été exercée sur la terre, il est juste
qu'elle y reçoive les éloges qui lui sont dus. Pour cela implorons la grâce de
Dieu, par l'entremise de celle qui a été l'exemplaire des humbles, et qui fut
élevée à la dignité la plus haute en même temps qu'elle s'abaissa par les
paroles les plus soumises, après que l'ange l'eut saluée en ces termes : Ave,
Maria.
Si nous avons jamais bien
compris ce que nous devenons par la grâce du saint baptême et par la profession
du christianisme, nous devons avoir entendu que nous sommes des hommes nouveaux
et de nouvelles créatures en Notre-Seigneur Jésus-Christ. C'est pourquoi
l'apôtre saint Paul nous exhorte de nous renouveler en notre âme et de ne
marcher plus selon le vieil homme , mais en la nouveauté de l'Esprit de Dieu
(Ephes., IV, 22 et seq.). De là vient que le Sauveur Jésus nous est donné comme
un nouvel homme et comme un nouvel Adam, ainsi que l'appelle le même saint Paul
(I Cor., XV, 45) ; et c'est lui qui selon la volonté de son Père est venu dans
la plénitude des temps, afin de nous réformer selon les premières idées de cet
excellent Ouvrier, qui dans l'origine des choses nous avait faits à sa
ressemblance. Par conséquent comme le Fils de Dieu est lui-même le nouvel
homme, personne ne peut espérer de participer à ses grâces, s'il n'est
renouvelé à l'exemple de Notre-Seigneur, qui nous est proposé comme l'Auteur de
notre salut et comme le Modèle de notre vie.
Mais d'autant qu'il était
impossible que cette nouveauté admirable se fit en nous par nos propres forces,
Dieu nous a donné l'Esprit de son Fils, ainsi que parle l'Apôtre : Misit Deus
Spiritum Filii sui (Galat., IV, 6); et c'est cet Esprit tout-puissant qui
venant habiter dans nos âmes, les change et les renouvelle, formant en nous les
traits naturels et une vive image de Notre-Seigneur Jésus-Christ, sur lequel
nous devons être moulés. Pour cela il exerce en nos cœurs deux excellentes opérations,
qu'il est nécessaire que vous entendiez, parce que c'est sur cette doctrine que
tout ce discours doit être fondé.
Considérez donc,
chrétiens, que l'homme, dans sa véritable constitution, ne pouvant avoir
d'autre appui que Dieu, ne pou-voit se retirer aussi de lui qu'il ne fît une
chute effroyable : et encore que par cette chute il ait été précipité
au-dessous de toutes les créatures, toutefois, dit saint Augustin, il tomba
premièrement sur soi-même : Primùm incidit in seipsum (De Trinit., lib. XII, cap.
XI, n. 16). Que veut dire ce grand personnage, que l'homme tomba sur soi-même?
Tombant sur une chose qui lui est si proche et si chère, il semble que la chute
n'en soit pas extrêmement dangereuse; et néanmoins cet incomparable docteur
prétend par là nous représenter une grande extrémité de misère. Pénétrons sa
pensée, et disons que l'homme par ce moyen devenu amoureux de soi-même, s'est
jeté dans un abîme de maux, courant aveuglément après ses désirs et consumant
ses forces après une vaine idole de félicité qu'il s'est figurée à sa
fantaisie.
Hé ! fidèles, qu'est-il
nécessaire d'employer ici beaucoup de paroles pour vous faire voir que c'est
l'amour-propre qui fait toutes nos actions? N'est-ce pas cet amour flatteur qui
nous cache nos défauts à nous- mêmes, et qui ne nous montre les choses que par
l’endroit agréable? Il ne nous abandonne pas un moment : et de même que si vous
rompez un miroir, votre visage semble en quelque sorte se multiplier dans
toutes les parties de cette glace cassée, cependant c'est toujours le même
visage : ainsi quoique notre âme s'étende et se partage en beaucoup
d'inclinations différentes, l'amour-propre y paraît partout. Etant la racine de
toutes nos passions, il fait couler dans toutes les branches ses vaines, mais
douces complaisances : si bien que l'homme s'arrêtant en soi-même, ne peut plus
s'élever à son Créateur. Et qui ne voit ici un désordre tout manifeste?
Car Dieu étant notre fin
dernière, en cette qualité notre cœur lui doit son premier tribut : et ne
savez-vous pas que le tribut du cœur, c'est l'amour? Ainsi nous attribuons à
nous-mêmes les droits qui n'appartiennent qu'à Dieu; nous nous faisons notre
fin dernière ; nous ne songeons qu'à nous plaire en toutes choses, même au
préjudice de la loi divine ; et par divers degrés nous venons à ce maudit amour
qui règne dans les enfants du siècle et que saint Augustin définit en ces
termes : Amor sui asque ad contemptum Dei (De Civit. Dei, lib. XIV, cap.
XXVIII) : « L'amour de soi-même qui passe jusqu'au mépris de Dieu. » C'est
contre cet amour criminel que le Fils de Dieu s'élève dans son Evangile, le
condamnant à jamais par cette irrévocable sentence : « Qui aime son âme la
perd, et qui l'abandonne la sauve : » Qui amat animam suam perdet eam, et qui
odit animam suam custodit eam (Joan., XII, 25). Voyant que c'est l'amour-propre
qui est cause de tous nos crimes, il avertit tous ceux qui veulent se ranger
sous sa discipline que, s'ils ne se baissent eux-mêmes, il ne les peut recevoir
en sa compagnie : « Celui qui ne veut pas renoncer à soi-même pour l'amour de
moi, n'est pas digne de moi (Matth., X, 38). » De cette sorte il nous arrache à
nous-mêmes par une espèce de violence ; et déclarant la guerre à cet
amour-propre qui s'élève en nous au mépris de Dieu, comme disait tout à l'heure
le saint évêque Augustin, il fait succéder en sa place l'amour de Dieu jusqu'au
mépris de nous-mêmes: Amor Dei usque ad contemptum sui, dit le même saint
Augustin (S. August., loco mox cit).
Par là vous voyez,
chrétiens, les deux opérations de l'Esprit de Dieu. Car pour nous faire la
guerre à nous-mêmes, ne faut-il pas qu'il y ait en nous quelque autre chose que
nous? Et comment irons-nous à Dieu, si son Saint-Esprit ne nous y élève? Par
conséquent il est nécessaire que cet Esprit tout-puissant lève le charme de
l'amour-propre, et nous détrompe de ses illusions ; et puisque faisant paraître
à nos yeux un rayon de cette ravissante beauté qui seule est capable de
satisfaire la vaste capacité de nos âmes, il embrase nos cœurs des flammes de
sa charité, en telle sorte que l'homme, pressé auparavant de l'amour qu'il
avait pour soi-même, puisse dire avec l'apôtre saint Paul : « La charité de
Jésus-Christ nous presse : Charitas Christi urget nos. Elle nous presse, nous
incitant contre nous ; elle nous presse, nous portant au-dessus de nous; elle
nous presse, nous détachant de nous-mêmes; elle nous presse, nous unissant à
Dieu; elle nous presse, non moins par les mouvements d'une sainte haine que par
les doux transports d'une bienheureuse dilection : Charitas Christi urget nos.
Voilà, mes Frères, voilà
ce que le Saint-Esprit opère en nos cœurs, et voilà le précis de la vie de
l'incomparable François de Paule. Vous le verrez ce grand personnage, vous le
verrez avec un visage toujours riant et toujours sévère. Il est toujours en
guerre et toujours en paix : toujours en guerre contre soi-même par les
austérités de la pénitence ; toujours en paix avec Dieu par les embrassements
de la chanté. Il épure la charité par la pénitence ; il sanctifie la pénitence
par la charité. Il considère son corps comme sa prison, et son Dieu comme sa
délivrance. D'une main, il rompt ses liens; et de l'autre il s'attache à
l'objet qui lui donne la liberté. Sa vie est un sacrifice continuel. Il détruit
sa chair par la pénitence; il l'offre et la consacre par la charité. Mais
pourquoi vous tenir si longtemps dans l'attente d'un si beau spectacle?
Fidèles, regardez ce combat: vous verrez l'admirable François de Paule
combattant l'amour-propre par l'amour de Dieu. Ce vieillard que vous voyez, c'est
le plus zélé ennemi de soi-même ; mais c'est aussi l'homme le plus passionné
pour la gloire de son Créateur : c'est le sujet de tout ce discours.
PREMIER POINT.
Si dans cette première
partie je vous annonce une doctrine sévère, si je ne vous prêche autre chose
que les rigueurs de la pénitence, fidèles, ne vous en étonnez pas. On ne peut
louer un grand politique qu'on ne parle de ses bons conseils, ni faire l'éloge
d'un capitaine fameux sans rapporter ses conquêtes. Partant que les chrétiens
délicats, qui aiment qu'on les flatte par une doctrine lâche et complaisante,
n'entendent pas les louanges du grave et austère François de Paule. Jamais
homme n'a mieux compris ce que nous enseigne saint Augustin (Serm. CCCLI, n. 3)
après les divines Ecritures, que la vie chrétienne est une pénitence
continuelle. Certes dans le bienheureux état de la justice originelle, ces mots
fâcheux de Mortification et de Pénitence n'étaient pas encore en usage, et
n'avoient point d'accès (Var. : D'entrée) dans un lieu si agréable et si
innocent. L'homme alors, tout occupé des louanges de son Dieu, ne connaissait
pas les gémissements : Non gemebat, sed laudabat (S. August., in Psal. XXIX,
enar. II, n. 18). Mais depuis que par son orgueil il eut mérité que Dieu le
chassât de ce paradis de délices, depuis que cet ange vengeur avec son épée
foudroyante fut établi à ses portes pour lui en empêcher les approches, que de
pleurs et que de regrets! Depuis ce temps-là, chrétiens, la vie humaine a été
condamnée à des gémissements éternels. Race maudite et infortunée d'un
misérable proscrit (Banni), nous n'avons plus à espérer de salut, si nous ne
fléchissons par nos larmes celui que nous avons irrité contre nous; et parce
que les pleurs ne s'accordent pas avec les plaisirs, il faut nécessairement que
nous confessions que nous sommes nés pour la pénitence. C'est ce que dit le
grave Tertullien dans le traité si saint et si orthodoxe qu'il a fait de cette
matière : « Pécheur que je suis, dit ce grand personnage, et né seulement pour
la pénitence : » Peccator omnium notarum cùm sim, nec ulli rei nisi pœnitentiœ
natus; « Comment est-ce que je m'en tairai, puisqu'Adam même, le premier auteur
et de notre vie et de notre crime, restitué en son paradis par la pénitence, ne
cesse de la publier ? » Super illâ tacere non possum, quant ipse quoque, et
stirpis humanœ et offensa? in Deum princeps Adam, exomologesi restitutus in
paradisum suum, non tacet (De Poenit., n. 12).
C'est pourquoi le Fils de
Dieu, venant sur la terre afin de porter nos péchés, s'est dévoué à la
pénitence ; et l'ayant consommée par sa mort, il nous a laissé la même
pratique, et c'est à quoi nous nous obligeons très-étroitement par le saint
baptême. Le baptême, n'en doutez pas , est un sacrement de pénitence, parce que
c'est un sacrement de mort et de sépulture. L'Apôtre ne dit-il pas aux Romains
qu'autant que nous sommes de baptisés, nous sommes baptisés en la mort de
Jésus, et que nous sommes ensevelis avec lui ? In morte Christi baptizati
estis, consepulti ei per baptismum (Rom., V, 3, 4). N'est-ce pas ce que nos
pères représentaient par cette mystérieuse manière d'administrer le baptême ?
On plongeait les hommes tout entiers, et on les ensevelissait sous les eaux. Et
comme les fidèles les voyaient se noyer pour ainsi dire dans les ondes de ce
bain salutaire, ils se les représentaient tout changés en un moment par la
vertu du Saint-Esprit, dont ces eaux étaient animées : comme si sortant de ce
inonde en même temps qu'ils disparaissaient à leur vue, ils fussent allés
mourir et s'ensevelir avec le Sauveur, selon la parole du saint Apôtre :
Consepulti ei per baptismum. Rendez-vous capables, mes Frères, de ces anciens
sentiments de l'Eglise, et ne vous étonnez pas si l'on vous parle souvent de
vous mortifier, puisque le sacrement par lequel vous êtes entrés dans l'Eglise
vous a inities tout ensemble et à la religion chrétienne et à une vie
pénitente.
Mais puisque nous sommes
sur cette matière , et d'ailleurs que la Providence divine semble avoir suscité
saint François de Paule, afin de renouveler en son siècle l'esprit de pénitence
presque entièrement éteint par la mollesse des hommes, il sera, ce me semble, à
propos avant que de vous raconter (Var. : Représenter) ses austérités, de vous
dire en peu de mots les raisons qui peuvent l'avoir obligé à une manière de
vivre si laborieuse, et tout ensemble de vous taire voir qu'un chrétien est un
pénitent qui ne doit point donner d'autres bornes à ses mortifications que
celles qui termineront le cours de sa vie. En voici la raison solide, que je
tire de saint Augustin, dans une excellente homélie qu'il a faite de la
pénitence (Serm. CCCLI, n. 3 et seq). Il y a deux sortes de chrétiens : les uns
ont perdu la candeur de l'innocence baptismale, et les autres l'ont conservée,
quoiqu'à notre grande honte le nombre de ces derniers soit si petit dans le
monde, qu'à peine doivent-ils être comptés. Or les uns et les autres sont
obligés à la pénitence jusqu'au dernier soupir, et partant la vie chrétienne
est une pénitence continuelle.
Car pour nous autres
misérables pécheurs, qui nous sommes dépouillés de Jésus-Christ dont nous
avions été revêtus par le saint baptême, et qui nonobstant tant de confessions
réitérées retournons toujours à nos mêmes crimes, quelles larmes assez amères
et quelles douleurs assez véhémentes peuvent égaler notre ingratitude?
N'avons-nous pas juste sujet de craindre que la bonté de Dieu, si indignement
méprisée, ne se tourne en une fureur implacable? Que si sa juste vengeance est
si grande contre les Gentils, qui ne sont jamais entrés dans son alliance, sa
colère ne sera-t-elle pas d'autant plus redoutable pour nous, qu'il est plus
sensible à un père d'avoir des enfants perfides que d'avoir de mauvais
serviteurs? Donc si la justice divine est si fort enflammée contre nous,
puisqu'il est impossible que nous lui puissions résister, que reste-t-il à
faire autre chose, sinon de prendre son parti contre nous-mêmes, et de venger
par nos propres mains les mystères de Jésus violés, et son sang profané, et son
Saint-Esprit affligé, comme parlent les Ecritures (Hebr., X, 29.), et sa
Majesté offensée? C'est ainsi, c'est ainsi, chrétiens, que prenant contre nous
le parti de la justice divine, nous obligerons sa miséricorde à prendre notre
parti contre sa justice. Plus nous déplorerons la misère où nous sommes tombés,
plus nous nous rapprocherons du bien que nous avons perdu : Dieu recevra en
pitié le sacrifice du cœur contrit, que nous lui offrirons pour la satisfaction
de nos crimes ; et sans considérer que les peines que nous nous imposons ne
sont pas une vengeance proportionnée, ce bon Père regardera seulement qu'elle
est volontaire. Ne cessons donc jamais de répandre des larmes si fructueuses :
frustrons l'attente du diable par la persévérance de notre douleur, qui étant
subrogée en la place d'un tourment d'une éternelle durée, doit imiter en
quelque sorte son intolérable perpétuité, en s'étcndant du moins jusqu'à notre
dernière agonie.
Mais s'il y avait
quelqu'un dans le monde qui eût conservé jusqu'à cette heure la grâce du saint
baptême, ô Dieu, le rare trésor pour l'Eglise ! Toutefois qu'il ne pense pas
qu'il soit exempt pour cela de la loi indispensable de la pénitence. Qui ne
tremblerait pas, chrétiens , en entendant les gémissements des âmes les plus
innocentes? Plus les saints s'avancent dans la vertu, plus ils déplorent leurs
dérèglements, non par une humilité contrefaite, mais par un sentiment véritable
de leurs propres infirmités. En voulez-vous savoir la raison? Voici celle de
saint Augustin prise des Ecritures divines ; c'est que nous avons un ennemi
domestique avec lequel si nous sommes en paix, nous ne sommes point en paix
avec Dieu. Et par combien d'expériences sensibles pourrais-je vous faire voir
que , depuis notre plus tendre (Var. : Première) enfance jusqu'à la fin de nos
jours, nous avons en nous-mêmes certaines passions malfaisantes et une
inclination au mal, que l'Apôtre appelle la Convoitise (Rom., VII, 8), qui ne
nous donne aucun relâche? Il est vrai que les saints la surmontent : mais bien
qu'elle soit surmontée, elle ne laisse pas de combattre. Dans un combat si
long, si opiniâtre, l'ennemi nous attaquant de si près, si nous donnons des
coups, nous en recevons : Percutimus et percutimur, dit saint Augustin ; « en
blessant, nous sommes blessés (Serm. CCCLI, n. 6) ; » et encore que dans les
saints ces blessures soient légères, et que chacune en particulier n'ait pas
assez de malignité pour leur faire perdre la vie, elles les accableraient
(Elles les épuiseraient) par leur multitude, s'ils n'y remédiaient par la
pénitence.
Ah ! quel déplaisir à une
âme vraiment touchée de l'amour de Dieu, de sentir tant de répugnance à faire
ce qu'elle aime le mieux ? Combien répand-elle de larmes , agitée en elle-même
de tant de diverses affections qui la sépareraient de son Dieu, si elle se
laissait emporter à leur violence? C'est ce qui afflige les saints; delà leurs
plaintes et leurs pénitences; de là cette sainte haine qu'ils ont pour
eux-mêmes ; de là cette guerre cruelle et innocente qu'ils se déclarent.
Imaginez-vous, chrétiens, qu'un traître ou un envieux tâche de vous animer par
de faux rapports contre vos amis les plus affidés. Combien souffrez-vous de
contrainte, lorsque vous êtes en sa compagnie ? Avec quels yeux le
regardez-vous, ce perfide, ce déloyal, qui veut vous ravir ce que vous avez de
plus cher ? Et quels sont donc les transports des amis de Dieu, sentant
l'amour-propre en eux-mêmes, qui par toutes sortes de flatteries les sollicite
de rompre avec Dieu? Cette seule pensée leur fait horreur. C'est elle qui les
arme contre leur propre chair : ils deviennent inventifs à se tourmenter.
Regardez, fidèles,
regardez le grand et l'incomparable François de Paule. O Dieu éternel, que
dirai-je, et par où entrerai-je dans l'éloge de sa pénitence? Qu'admirerai-je
le plus, ou qu'il l'ait si tôt commencée ou qu'il l'ait fait durer si longtemps
avec une pareille vigueur ? Sa tendre enfance l'a vue naître, sa vieillesse la
plus décrépite ne l'a jamais vue relâché. Par l'une de ces entreprises il a
imité Jean-Baptiste; et par l'autre il a égalé les Paul, les Antoine, les
Hilarion.
Ce vieillard vénérable,
que vous voyez marcher avec une contenance si grave et si simple, soutenant
d'un bâton ses membres cassés, il y a soixante et dix-neuf ans qu'il fait une
pénitence sévère. Dans sa treizième année il quitta la maison paternelle ; il
se jeta dès lors dans la solitude , il embrassa dès lors les austérités. A
quatre-vingt-onze ans, ni les veilles , ni les fatigues , ni l'extrême caducité
ne lui ont pu encore faire modérer l'étroite sévérité de sa vie, que Dieu n'a
étendue si longtemps qu'afin de nous faire voir une persévérance incroyable. Il
fait un carême éternel; et durant ce carême, il semble qu'il ne se nourrisse
que d'oraisons et de jeûnes. Un peu de pain est sa nourriture, de l'eau toute
pure étanche sa soif : à ses jours de réjouissance, il y ajoute quelques
légumes. Voilà les ragoûts de François de Paule. En santé et en maladie, tel
est son régime de vie ; et dans une vie si austère, il est plus content que les
rois. Il dit qu'il importe peu de quoi on sustente ce corps mortel, que la foi
change la nature des choses, que Dieu donne telle vertu qu'il lui plaît aux
nourritures que nous prenons ; et que pour ceux qui mettent leur espérance en
lui seul, tout est bon, tout est salutaire : et c'est pour confondre ceux qui
voulant se dispenser de la mortification commune, se figurent de vaines
appréhensions, afin de les faire servir d'excuse à leur délicatesse affectée.
Que vous dirai-je ici de
l'austérité de son jeûne? Il ne songe à prendre sa réfection que lorsqu'il sent
que la nuit approche. Après avoir vaqué tout le jour au service de son
Créateur, il croit avoir quelque droit de penser à l'infirmité de la. nature.
Il traite son corps comme un mercenaire à qui il donne son pain. De peur de
manger pour le plaisir, il attend la dernière nécessité : par une nourriture
modique il se prépare à un sommeil léger, louant la munificence divine de ce
qu'elle le sustente de peu.
Qu'est-il nécessaire de
vois raconter ses autres austérités? Sa vie est égale partout ; toutes les
parties en sont réglées par la discipline de la pénitence. Demandez-lui la
raison d'une telle sévérité? Il vous répondra avec l'apôtre saint Paul : « Ne
pensez pas, mes Frères, que je travaille en vain : » Sic curro, non quasi in
incertum (I Cor., IX, 26, 27). — Et que faites-vous donc, grand François de
Paule ? — « Ha ! dit-il, je châtie mon corps : » Castigo corpus meum. — O le
soin inutile, diront les fols amateurs du siècle ! — Mais par ce moyen, dit
saint Paul et après lui notre Saint, par ce moyen « je réduis en servitude ma
chair : » In servitutem corpus meum redigo. — Et pourquoi se donner tant de
peines? — «C'est de peur, dit-il, qu'après avoir enseigné les autres, moi-même
je ne sois réprouvé : » Ne forte cùm aliis prœdicaverim, ipse reprobus
efficiar. Je me perdrais par l'amour de moi-même ; par la haine de moi-même je
me veux sauver : je ne prends pas ce que le monde appelle commodités, de peur
que par un chemin si glissant je ne tombe insensiblement dans les voluptés.
Puisque l'amour-propre me presse si fort, je veux me raidir au contraire :
pressé plus vivement par la charité de Jésus-Christ, de crainte de m'aimer
trop, je me persécute.
C'est ainsi que nos pères
ont été nourris. L'Eglise dès son berceau a eu des persécuteurs; et plusieurs
siècles se sont passés, pendant lesquels les puissances du mon le faisaient
pour ainsi dire continuellement rejaillir sur elle le sang de ses propres
en-fans. Dieu la voulait élever de la sorte), dans les hasards et dans les
combats et parmi de durs exercices, de peur qu'efféminée par l'amour des
plaisirs de la terre, elle n'eût pas le courage assez ferme, ni digne des
grandeurs auxquelles elle était appelée. Sectateurs d'une doctrine établie par
tant de supplices, s'il était coulé en nos veines une goutte du sang de nos
braves et invincibles ancêtres, nous ne soupirerions pas, comme nous faisons,
après ces molles délices qui énervent la vigueur de notre foi, et font tomber
par terre cette première générosité du christianisme.
Quelle est ici votre
pensée, chrétiens? Vous dites que ces maximes sont extrêmement rigoureuses.
Elles ne m'étonnent pas moins que vous : toutefois je ne puis vous dissimuler
qu'elles sont extrêmement chrétiennes. Jésus, notre Sauveur, dont nous faisons
gloire d'être les disciples, après nous les avoir annoncées, les a confirmées
par sa mort et nous les a laissées par son Testament. Regardez-le au jardin des
Olives, c'est une pieuse remarque de saint Augustin; toutes les parties de son
corps furent teintes par cette mystérieuse sueur. « Que veut dire cela , dit
saint Augustin? C'est qu'il avait dessein de nous faire voir que l'Eglise, qui
est son corps, devait de toutes parts dégoutter de sang : » Quid ostendebat,
quandò per corpus orantis globi sanguinis destillabant, nisi quia corpus ejus,
quod est Ecclesia, martyrum sanguine jam fluebat (Enar. in Psal. LXXXV, n. 1) ?
Vous me direz peut-être
que les persécutions sont cessées. Il est vrai, les persécutions sont cessées,
mais les martyres ne sont pas cessés. Le martyre de la pénitence est
inséparable de la sainte Eglise. Ce martyre, à la vérité, n'a pas un appareil
si terrible; mais ce qui semble lui manquer du côté de la violence, il le
récompense par la durée. Pendant toute l'étendue des siècles, il faut que
l'Eglise dégoutte de sang ; si ce n'est du sang que répand la tyrannie, c'est
du sang que verse la pénitence. « Les larmes, selon la pensée de saint
Augustin, sont le sang le plus pur de l’âme : » Sanguis animœ per lacrymas
profluat (Serm. CCCLI, n. 7). C'est ce sang qu'épanche la pénitence. Et
pourquoi ne comparerai-je pas la pénitence au martyre? Autant que les saints
retranchent de mauvais désirs, ne se font-ils pas autant de salutaires
blessures? En déracinant l'amour-propre, ils arrachent comme un membre du cœur,
selon le précepte de l'Evangile. Car l'amour-propre ne tient pas moins au cœur
que les membres tiennent au corps : c'est le vrai sens de cette parole : « Si
votre main droite vous scandalise, coupez, tranchez, dit le Fils de Dieu : »
Abscide illam (Marc, IX, 42). C'est-à-dire, si nous l'entendons, qu'il faut
porter le couteau jusqu'au cœur, jusqu'aux plus intimes inclinations. L'Apôtre
a prononcé pour tous les hommes et pour tous les temps, que « tous ceux qui
veulent vivre pieusement en Jésus-Christ, souffriront persécution : » Omnes qui
piè volunt vivere in Christo Jesu, persecutionem patientur (II Timoth., III,
12). Ainsi au défaut des tyrans les saints se persécutent eux-mêmes, tant il
est nécessaire que l'Eglise souffre. Une haine injuste et cruelle animait les empereurs
contre les gens de bien : une sainte haine anime les gens de bien contre
eux-mêmes.
O nouveau genre de
martyre, où le martyr patient et le persécuteur sont également agréables; où
Dieu, d'une même main, soutient celui qui souffre et couronne celui qui
persécute. C'est le martyre de saint François, c'est où il a paru invincible;
et quoique vous l'ayez déjà vu dans ce que je vous ai rapporté de sa vie, il
faut encore ajouter un trait au tableau que j'ai commencé de sa pénitence, et
puis nous passerons à sa charité.
Je dis donc qu'il y a
deux choses qui composent la pénitence : la mortification du corps et
l'abaissement de l'esprit. Car la pénitence, comme je l'ai touché au
commencement de ce discours, est un sacrifice de tout l'homme, qui se jugeant digne
du dernier supplice, se détruit en quelque façon devant Dieu. Par conséquent il
est nécessaire, afin que le sacrifice soit plein et entier, de dompter et
l'esprit et le corps : le corps par les mortifications, et l'esprit par
l'humilité. Et d'autant que le sacrifice est plus agréable lorsque la victime
est plus noble, il ne faut point douter que ce ne soit une action sans
comparaison plus excellente, d'humilier son esprit devant Dieu que de châtier
son corps pour l'amour de lui : de sorte que l'humilité est la partie la plus
essentielle de la pénitence chrétienne. C'est pourquoi le docte Tertullien
donne cette belle définition à la pénitence : « La pénitence dit-il c'est la
science d'humilier l'homme : » Prosternendi et humilificandi hominis disciplina
(De Pœnit., n. 9). D'où passant plus outre, je dis que si la vie chrétienne est
une pénitence continuelle, ainsi que nous l'avons établi par la doctrine de
saint Augustin, ce qui fait le vrai pénitent, c'est ce qui fait le vrai
chrétien; et partant c'est en l'humilité que consiste la souveraine perfection
du christianisme.
Ainsi ne vous persuadez
pas avoir vu toute la pénitence de François de Paule, quand je vous ai fait
contempler ses austérités : je ne vous ai encore montré que l'écorce. Tout sec
et exténué qu'il est en son corps par les jeûnes et par les veilles, il est
encore plus mortifié en esprit. Son âme est en quelque sorte pins exténuée ;
elle est entièrement vide de ces vaines pensées qui nous enflent. Dans une
pureté angélique, dans une vertu si constante, si consommée, il se compte pour
un serviteur inutile, il s'estime le moindre de tous ses frères. Le souverain
Pontife lui parle de le faire prêtre : François de Paule est effrayé du seul
nom de prêtre. — Ha ! faire prêtre un pécheur comme moi ! — Cette proposition
le fait trembler jusqu'au fond de l’âme. O confusion de notre siècle ! Des
hommes tout sensuels comme nous se présentent audacieusement à ce redoutable
(Var. : Terrible) ministère, dont le seul nom épouvante cet ange terrestre !
Pour les honneurs du siècle, jamais homme les a-t-il plus méprisés? Il ne peut
seulement comprendre pour quelle raison on tes nomme honneurs. O Dieu, quel
coup de tonnerre fut-ce pour lui, lorsqu'on lui apporta la nouvelle que le roi
Louis XI le voulait avoir à sa Cour, que le pape lui ordonnait d'y aller, et
auparavant de passer à Rome! Combien regrettât-il la douce retraite de sa
solitude, et la bienheureuse obscurité de sa vie ! Et pourquoi, disait-il,
pourquoi faut-il que ce pauvre ermite soit connu des grands de la terre? Hé!
dans quel coin pourrai-je dorénavant me cacher, puisque dans les déserts même
de la Calabre je suis connu par un roi de France ?
C'est ici, chrétiens, où
je vous prie de vous rendre attentifs à ce que va faire François de Paule :
voici le plus grand miracle de ce saint homme. Certes je ne m'étonne plus qu'il
ait tant de fois passé au milieu des flammes sans en avoir été offensé; ni de
ce que domptant la fureur de ce terrible détroit de Sicile, fameux par tant de
naufrages, il ait trouvé sur son seul manteau l'assurance que les plus adroits
nautonniers ne pouvaient trouver dans leurs grands navires. La Cour qu'il a
surmontée a des flammes plus dévorantes, elle a des écueils plus dangereux; et
bien que les inventions hardies de l'expression poétique n'aient pu nous
représenter la mer de Sicile si horrible que la nature l'a faite, la Cour a des
vagues plus furieuses, des abîmes plus creux et des tempêtes plus redoutables.
Comme c’est de la Cour que dépendent toutes les affaires et que c'est aussi là
qu'elles aboutissent, l'ennemi du genre humain y jette tous ses appas, y étale
toute sa pompe. Là est l'empire de l'intérêt; là est le théâtre des passions;
là elles se montrent les plus violentes; là elles sont les plus déguisées.
Voici donc François de Paule dans un nouveau monde. Il regarde ce mouvement,
ces révolutions, cet empressement éternel, et uniquement pour des biens
périssables, et pour une fortune qui n'a rien de plus assuré que sa décadence;
il croit que Dieu ne l'a amené en ce lieu, que pour connaître mieux jusqu'où se
peut porter la folie des hommes.
A Rome, le pape lui rend
des honneurs extraordinaires; tous les cardinaux le visitent. En France trois
grands rois le caressent, et après cela je vous laisse à penser si tout le
monde lui applaudit. A peine peut-il comprendre pourquoi on le respecte si
fort. Il ne s'élève point parmi des faveurs si inespérées; c'est toujours le
même homme, toujours humble, toujours soumis. Il parle aux grands et aux petits
avec la même franchise, avec la même liberté : il traite avec tous
indifféremment par des discours simples, mais bien sensés, qui ne tendent qu'à
la gloire de Dieu et au salut de leurs âmes. O personnage vraiment admirable!
Doux attraits de la Cour, combien avez-vous corrompu d'innocents? Ceux qui vous
ont goûtés ne peuvent presque goûter autre chose. Combien avons-nous vu de
personnes, je dis même des personnes pieuses, qui se laissaient comme entraîner
à la Cour sans dessein de s'y engager? Oh! non, ils se donneront bien de garde
de se laisser ainsi captiver. Enfin l'occasion s'est présentée belle, le moment
fatal est venu, la vague les a poussés et les a emportés ainsi que les autres.
Ils n'étaient venus, disaient-ils, que pour être spectateurs de la comédie; à
la fin, à force de la regarder, ils en ont trouvé l'intrigue si belle, qu'ils
ont voulu jouer leur personnage. La piété même s'y glisse, souvent elle ouvre
des entrées favorables; et après que l'on a bu de cette eau, tout le monde le
dit, les histoires le publient, l’âme est toute changée par une espèce
d'enchantement : c'est un breuvage charmé, qui enivre les plus sobres.
Cependant l'incomparable
François de Paule est solitaire jusque dans la Cour : rien ne l'ébranlé, rien
ne l'émeut; il ne demande rien, il ne s'empresse de rien, non pas même pour
l'établissement de son Ordre ; il s'en remet à la Providence. Pour lui, il ne
fait que ce qu'il a à faire, d'instruire ceux que Dieu lui envoie et d'édifier
l'Église par ses bons exemples. Je pense que je ne dirai rien qui soit éloigné
de la vérité, si je dis que la Cour de Louis XI devait être la plus raffinée de
l'Europe : car s'il est vrai que l'humeur du prince règle les passions de ses
courtisans, sous un prince si rusé tout le monde raffinait sans doute; c'était
la manie du siècle, c'était la fantaisie de la Cour. François de Paule regarde
leurs souplesses avec un certain mépris. Pour lui, bien qu'il soit obligé de
converser souvent avec eux, il conserve cette bonté si franche et si cordiale,
et cette naïve enfance de son innocente simplicité. Chacun admire une si grande
candeur, et tout le monde demeure d'accord qu'elle vaut mieux que toutes les
finesses.
Ici il me vient une
pensée, de considérer lequel a l’âme plus grande et plus royale, de Louis ou de
François de Paule. Oui, j'ose comparer un pauvre moine avec un des plus grands
rois et des plus politiques qui ait jamais porté la couronne; et sans délibérer
davantage, je donne la préférence à l'humble François. En quoi mettons-nous la
grandeur de l’âme? Est-ce à prendre de nobles desseins ? Tous ceux de Louis
sont enfermés dans la terre : François ne trouve rien qui soit digne de lui que
le ciel. Louis, pour exécuter ce qu'il prétendait, cherchait mille pratiques et
mille détours; et avec sa puissance royale, il ne pouvait si bien nouer ses
intrigues, que souvent un petit ressort venant à manquer, toute l'entreprise ne
fût renversée. François se propose de plus grands desseins, et sans aucun
détour y va par des voies très-courtes et très-assurées. Louis, à ce que
remarque l'histoire avec tous ses impôts et tous ses tributs (var. : Avec
toutes ses extorsions violentes), à peine a-t-il assez d'argent dans ses
coffres pour réparer les défauts de sa politique. François rachète tous ses
péchés, François gagne le ciel par ses larmes et par de pieux désirs; ce sont
ses richesses les plus précieuses, et il en a dans son cœur un trésor immense
et une source infinie. Louis, en une infinité de rencontres, est contraint de
plier sous les coups de sa mauvaise fortune : et la fortune et le monde sont
au-dessous de François. Enfin, pour vous faire voir la royauté de François,
considérez ce prince qui tremble dans ses forteresses et au milieu de ses
gardes. Il sent approcher une ennemie qui tranchera toutes ses espérances, et
néanmoins il ne peut éviter ses attaques. Fidèles, vous entendez bien que c'est
de la mort dont je parle. Regardez maintenant le pauvre François, voyez, voyez
si la mort lui fait seulement froncer les sourcils : il la contemple avec un
visage riant, il lui tend de bon cœur les mains, il lui montre l’endroit où
elle doit frapper, il lui présente cette pourriture du corps. O mort, lui
dit-il, quoique le monde t'appelle cruelle, tu ne me feras aucun mal, tu ne
m'ôteras rien de ce que j'aime : tu ne rompras pas le cours de mes desseins; au
contraire tu ne feras qu'achever l'ouvrage que j'ai commencé; tu me déferas
tout à fait des choses dont il y a si longtemps que je tâche de me dépouiller ;
tu me délivreras de ce corps. O mort, je t'en remercie : il y a près de
quatre-vingts ans que je travaille moi-même à m'en décharger.
O fermeté invincible de
François de Paule ! ô grande âme et vraiment royale! Que les rois de la terre
se glorifient dans leur vaine magnificence : il n'y a point de royauté pareille
à celle de François de Paule. Il règne sur ses appétits : il est paisible, il
est satisfait. La vie la plus heureuse est celle qui appréhende le moins la
mort. Et qui de nous aime si fort le monde, qu'il ne désirât plutôt de mourir
comme le pauvre François de Paule que comme le roi Louis XI? Que si nous
voulons mourir comme lui, il faudrait vivre aussi comme lui. Sa vie a donc été
bienheureuse. Il est vrai qu'il s'est affligé par diverses austérités; mais
souffrant pour l'amour de celui qui seul avait gagné ses affections, sa charité
charmait tous ses maux, elle adoucissait toutes ses douleurs. O puissance de la
charité ! direz-vous. Mais le voulez-vous voir par l'exemple de saint François,
un moment d'audience satisfera ce pieux désir.
SECOND POINT.
Ne vous étonnez pas, chrétiens, si dans une vie si dure, si laborieuse,
l'admirable François de Paule a toujours un air riant et toujours un visage
content. Il aimait, et c'est tout vous dire, parce que, dit saint Augustin, «
celui qui aime ne travaille pas : » Qui amat non laborat (In Joan., tract.
XLVIII, n. 1). Voyez les folles amours du siècle, comme elles triomphent parmi
les souffrances. Or la charité de Jésus venant d'une source plus haute, est
aussi plus pressante et plus forte: Charitas Christi urget nos. Et encore que
son cours soit plus réglé, il n'en est pas moins impétueux. Certes, il faut
l'avouer, mes chers Frères, à notre grande confusion, que nous entendons peu ce
que l'on nous dit de son énergie. Le langage de l'amour de Dieu nous est un
langage barbare. Les âmes froides et languissantes, comme les nôtres, ne
comprennent pas ces discours, qui sont pleins d'une ardeur si divine : Non
capit ignitum eloquium frigidum pectus, disait le dévot saint Bernard (In
Cant., serm. LXXIX, n. 1). Si je vous dis que l'amour de Dieu fait oublier toutes
choses aux âmes qui en sont frappées ; si je vous dis qu'en étant possédées,
elles en perdent le soin de leur corps, qu'elles ne songent presque plus ni à
l'habiller, ni à le nourrir, comme peut-être vous ne ressentez pas ces
mouvements en vous-mêmes, vous prendrez peut-être ces vérités pour des rêveries
agréables; et moi, qui suis bien éloigné d'une expérience si sainte, je ne
pourrais jamais vous parler des doux transports de la charité, si je
n'empruntais les sentiments des saints Pères.
Ecoutez donc le grand
saint Basile, l'ornement de l'Eglise orientale, le rempart de la foi catholique
contre la perfidie arienne. Voici comme parle ce saint évêque: « Sitôt que
quelque rayon de cette première beauté commence à paraître sur nous, notre
esprit transporté par une ravissante douceur, perd aussitôt la mémoire de
toutes ses autres occupations: il oublie toutes les nécessités de la vie. Nous
aimons tellement cet amour bienheureux et céleste, que nous ne pouvons plus
sentir d'autres flammes. » Fidèles, que veut-il dire, que nous aimons cet amour
tout céleste? Cœlestem illum ac planè beatum amantes amorem (In Psal. XLIV, n.
6). C'est par l'amour qu'on aime: mais comment se peut-il faire qu'on aime
l'amour? Ah! c'est que l’âme fidèle, blessée de l'amour de son Dieu, aimant
elle sent qu'elle aime, elle s'en réjouit, elle en triomphe de joie; elle
commence à s'aimer elle-même, non pas pour elle-même, mais elle s'aime de ce
qu'elle aime Dieu : Cœlestem illum ac planè beatum amantes amorem. Et cet amour
lui plaît tellement, qu'en faisant toutes ses délices, elle regarde tout le
reste avec indifférence. C'est ce que dit le tendre et affectueux saint
Bernard, que celui qui aime, il aime: Qui amat, amat (In Cant., serm. LXXXIII,
n. 3). Ce n'est pas, ce semble, une grande merveille. Il aime, c'est-à-dire, il
ne sait autre chose qu'aimer; il aime, et c'est tout, si vous me permettez
cette façon de parler familière. L'amour de Dieu, quand il est dans une âme, il
change tout en soi-même: il ne souffre ni douleur, ni crainte, ni espérance que
celles qu'il donne.
François de Paule, ô
l'ardent amoureux! Il est blessé, il est transporté; on ne peut le tirer de sa
chère cellule, parce qu'il y embrasse son Dieu en paix et en solitude. L'heure
de manger arrive : il a une nourriture plus agréable, goûtant les douceurs de
la charité. La nuit l'invite au repos : il trouve son véritable repos dans les
chastes embrassements de son Dieu. Le roi le demande avec une extrême
impatience: il a affaire, il ne peut quitter; il est renfermé avec Dieu dans de
secrètes communications. On frappe à sa porte avec violence: la charité, qui a
occupé tous ses sens par le ravissement de l'esprit, ne lui permet d'entendre
autre chose que ce que Dieu lui dit au fond de son cœur dans un saint et
ineffable silence. C'est qu'il aime son Dieu et qu'il aime tellement cet amour,
qu'il veut le voir tout seul dans son cœur; et autant qu'il lui est possible,
il en chasse tous les autres mouvements. Comme chacun parle de ce qu'il aime,
et que l'aimable François de Paule n'aime que ce saint et divin amour, aussi ne
parle-t-il d'autre chose. Il avait gravée bien profondément au fond de son âme
cette belle sentence du saint Apôtre : Omnia vestra in charitate fiant (I Cor.,
XVI, 14) : « Que toutes vos actions se fassent en charité. » Allons en charité,
disait-il, faisons par charité : c'était la façon de parler ordinaire que ce
saint homme avait toujours à la bouche, fidèle interprète du cœur. De cette
sorte tous ses discours étaient des cantiques de l'amour divin, qui calmaient
tous ses mouvements, qui enflammaient ses pieux désirs, qui charmaient toutes
les douleurs de cette vie misérable.
Mais encore est-il
nécessaire que je tâche de vous faire comprendre la force de cette parole, qui
était si familière au Saint dont nous célébrons les louanges. Comprenez,
comprenez, chrétiens, combien doivent être divins les mouvements des âmes
fidèles. L'antiquité profane consacrait toutes nos affections, et en faisait
ses divinités; et l'amour avait ses temples dans Rome, pour ne pas parler en ce
lieu de ceux de la peur et des autres passions plus basses. Quand ils se
sentaient possédés de quelque mouvement extraordinaire, ils croyaient qu'il
venait d'un Dieu, ou bien que ce désir violent était lui-même leur Dieu : An
sua cuique Deus fit dira cupido (Virg., Aeneid., lib. IX, V. 185) ?
Permettez-moi ce petit mot d'un auteur profane, que je m'en vais tâcher
d'effacer par un passage admirable d'un auteur sacré. Il n'y a que les
chrétiens qui puissent se vanter que leur amour est un Dieu. « Dieu est amour;
Dieu est charité, » dit le bien-aimé disciple: Deus charitas est (I Joan., IV,
16). « Et puisque Dieu est charité, poursuit-il, celui qui demeure en charité,
demeure en Dieu et Dieu en lui : » Et qui manet in charitate, in Deo manet et
Deus in eo. O divine théologie! Comprendrons-nous bien ce mystère? Oui, certes,
nous le comprendrons avec l'assistance divine, en suivant les vestiges des
anciens docteurs.
Pour cela élevez vos
esprits jusqu'aux choses les plus hautes, que la foi chrétienne nous
représente. Contemplez dans la Trinité adorable le Père et le Fils, qui
enflammés l'un pour l'autre par le même amour, produisent un torrent de
flammes, un amour personnel et subsistant, que l'Ecriture appelle le
Saint-Esprit; amour qui est commun au Père et au Fils, parce qu'il procède du
Père et du Fils. C'est ce Dieu qui est charité, selon que dit l'apôtre saint
Jean : Deus charitas est. Car de même que le Fils de Dieu procédant par
intelligence, il est intelligence et par soi : ainsi le Saint-Esprit procédant
par amour est amour. C'est pourquoi le dévot saint Bernard voulant nous
exprimer que le Saint-Esprit est amour, il l'appelle le baiser de la bouche de
Dieu, un fleuve de joie, un fleuve de vin pur, un fleuve de feu céleste, un qui
vient de deux, qui unit les deux, lien vital et vivant : Unus ex duobus, uniens
ambos, vivificum gluten (In Cant., serm. VIII, n. 2; in Ascens Dom., serm. V,
n. 13; in Fest. Pent. serm. III, n. 1). En quoi il suit la profonde théologie
de son maître saint Augustin, qui appelle le Saint-Esprit le lien commun du
Père et du Fils (S. August., serm. LXXI, 11. 18; serm. CCXIII, n. 6; Enchir.,
cap. LVI, n. 15) : et de là vient que les Pères l'ont appelé le saint
complément de la Trinité (S. Basil., lib. de Spir. sancto, cap. XVIII, n. 45) ;
d'autant que l'union, c'est ce qui achève les choses : tout est accompli quand
l'union est faite, on ne peut plus rien ajouter.
C'est donc ce Dieu
charité qui est l'amour du Père et du Fils, qui descendant en nos cœurs y opère
la charité. « Celui, dit saint Augustin, qui lie la société du Père et du Fils,
c'est lui qui lie la société et entre nous et avec le Père et le Fils. Ils nous
réduisent en un par le Saint-Esprit, qui est commun à l'un et à l'autre, qui
est Dieu et amour de Dieu : » Quod ergò commune est Patri et Filio, per hoc nos
voluerunt habere communionem et inter nos et secum, et per illud donum nos
colligere in unum quod, ambo habent unum, hoc est, per Spiritum sanctum Deum et
donum Dei (S. August., serai, LXXI, n. 18). C'est donc le Saint-Esprit qui
étant dès l'éternité le lien du Père et du Fils, puis se communiquant à nous
par une miséricordieuse condescendance, nous attache premièrement à Dieu par un
pur amour et par le même nœud nous unit les uns aux autres. Telle est l'origine
de la charité, qui est la chaîne qui lie toutes choses : c'est ce Dieu charité.
Il n'est pas plutôt en nos âmes que lui, qui est amour et charité, il les
embrase de ses feux, il y coule un amour qui lui ressemble en quelque sorte : à
cause qu'il est le Dieu charité, il nous donne la charité. Remplis de cet amour
qui procède du Père et du Fils, nous aimons le Père et le Fils, et nous aimons
aussi avec le Père et le Fils cet amour bienheureux qui nous fait aimer le Père
et le Fils, dit saint Augustin. Ne vous souvient-il pas de ce que nous disions
tout à l'heure, que nous aimions l'amour? C'est le sens profond de cette parole
de saint Basile, que nous n'avions pour lors que légèrement effleuré. Ce baiser
divin, souvenez-vous que c'est saint Bernard qui appelle ainsi le Saint-Esprit,
ce baiser mutuel que le Père et le Fils se donnent dans l'éternité et qu'ils
nous donnent après dans le temps, nous nous le donnons les uns aux autres par
un épanchement d'amour. C'est en cette manière que la charité passe du ciel en
la terre, du cœur de Dieu dans le cœur de l'homme, où, comme dit l'Apôtre
(Rom., V, 5), « elle est répandue par le Saint-Esprit qui nous est donné. » Par
où vous voyez ces deux choses, que le Saint-Esprit nous est donné, et que par
lui la charité nous est donnée; et partant il y a en nos cœurs, premièrement la
charité incréée qui est le Saint Esprit, et après, la charité créée qui nous
est donnée par le Saint-Esprit. De là vient que l'apôtre saint Jean, qui a dit
que Dieu est charité, dit dans le même endroit que la charité est de Dieu :
Charitas ex Deo est (I Joan., IV, 7). Car le Saint-Esprit n'est pas plutôt dans
nos âmes, que les embrasant de ses feux, il y coule un amour qui lui est en
quelque sorte semblable : étant le Dieu charité, il y opère la charité. C'est
pourquoi l'apôtre saint Jean considérant le ruisseau dans sa source, et la
source dans le ruisseau, prononce cette haute parole que « Dieu est charité, »
et que « qui demeure en charité, demeure en Dieu et Dieu en lui. »
Que dirai-je maintenant
de vous, ô admirable François de Paule, qui n'avez que la charité dans la
bouche, parce que vous n'avez que la charité dans le cœur? Je ne m'étonne pas,
chrétiens, de ce que dit de ce saint personnage le judicieux Philippe de
Comines, qui l'avait vu souvent en la Cour de Louis XI : « Je ne pense, dit-il,
jamais avoir vu homme vivant de si sainte vie, où il semblât mieux que le
Saint-Esprit parlait par sa bouche. » C'est que ses paroles et son action étant
animées parla charité, semblaient n'avoir rien de mortel, mais faisaient
éclater tout visiblement l'opération de l'Esprit de Dieu, souverain moteur de
son âme. De là vient ce que remarque le, même auteur, que bien qu'il fût
ignorant et sans lettres, il parlait si bien des choses divines et dans un sens
si profond, que tout le monde en était étonné. C'est que ce maître
tout-puissant l'enseignait par son onction. Enfin c'était par sa charité qu'il
semblait avoir sur toutes les créatures un commandement absolu, parce que uni à
Dieu par une amitié si sincère, il était comme un Dieu sur la terre, selon ce
que dit l'apôtre saint Paul, que « qui s'attache à Dieu est un même esprit avec
lui : » Qui autem adhaeret Domino, unus spiritus est (I Cor., VI, 17).
C'est une chose
admirable, que la miséricorde de notre Dieu ait porté cette majesté souveraine
à se rabaisser jusqu'à nous, non-seulement par une amitié cordiale, mais encore
quelquefois, si je l'ose dire, par une étroite familiarité. « Je viens, dit-il,
frapper à la porte; si quelqu'un m'ouvre, j'entrerai avec lui et je souperai
avec lui, et lui avec moi : » Ecce sto ad ostium et pulso ; si quis audierit
vocem meam et aperuerit mihi januam, intrabo ad illum et cœnabo cum illo, et
ipse mecum (Apoc., III, 20). Se peut-il rien de plus libre? François de Paule,
ce bon ami, étant ainsi familier avec Dieu à cause de son innocence, il
disposait librement des biens de son Dieu, qui semblait lui avoir tout mis à la
main. Aussi certes, s'il m'est permis de parler comme nous parlons dans les
choses humaines, ce n'était pas une connaissance d'un jour. Le saint homme
François de Paule ayant commencé sa retraite à douze ans, et ayant toujours
donné dès sa tendre enfance des marques d'une pieté extraordinaire, il y a
grande apparence qu'il a toujours conservé l'intégrité baptismale; et ce sont
ces âmes que Dieu chérit, ces âmes toujours fraîches et toujours nouvelles, qui
gardant inviolablement leur première fidélité, après une longue suite d'années
paraissent telles devant sa face, aussi saintes, aussi innocentes qu'elles sortirent
des eaux du baptême. Et c'est, mes Frères, ce qui me confond. O Dieu de mon
cœur, quand je considère que cette âme si chaste, si virginale, cette âme qui
est toujours demeurée dans la première enfance du saint baptême, fait une
pénitence si rigoureuse, je frémis jusqu'au fond de l’âme. Fidèles, quelle
indignité! Les innocents font pénitence, et les criminels vivent dans les
délices.
O sainte pénitence,
autrefois si honorée dans l'Eglise, en quel endroit du monde t'es-tu maintenant
retirée? Elle n'a plus aucun rang dans le siècle : rebutée de tout le monde,
elle s'est jetée dans les cloîtres ; et néanmoins ce n'est pas là qu'elle est
le plus nécessaire. C'est là que se retirent les personnes les plus pures; et
nous qui demeurons dans les attachements de la terre, nous que les vains désirs
du siècle embarrassent en tant de pratiques criminelles, nous nous moquons de
la pénitence, qui est le seul remède de nos désordres. Consultons-nous dans nos
consciences : sommes-nous véritablement chrétiens? Les chrétiens sont les
enfants de Dieu, et les enfants de Dieu sont poussés par l'Esprit de Dieu; et
ceux qui sont poussés par L'Esprit de Dieu, la charité de Jésus les presse.
Hélas! oserions-nous bien dire que l'amour de Jésus nous presse, nous qui
n'avons d'empressement que pour les biens de la terre, qui ne donnons pas à
Dieu un moment de temps bien entier? Chauds pour les intérêts du monde, froids
et languissants pour le service du Sauveur Jésus. Certes, si nous étions, je ne
dis pas pressés, nous n'en sommes plus à ces termes ; mais si nous étions tant
soit peu émus par la charité de Jésus, nous ne ferions pas tant de résolutions
inutiles : le saint jour de Pâque ne nous verrait pas toujours chargés des
mêmes crimes, dont nous nous sommes confessés les années passées. Fidèles, qui
vous étonnez de tant de fréquentes rechutes, ah ! que la cause en est bien
visible ! Nous ne voulons point nous faire de violence, nous voulons trop avoir
nos commodités, et les commodités nous mènent insensiblement dans les voluptés:
ainsi accoutumés à une vie molle, nous ne pouvons souffrir le joug de Jésus.
Nous nous impatientons contre Dieu des moindres disgrâces qui nous arrivent, au
lieu de les recevoir de sa main pour l'expiation de nos fautes; et dans une si
grande délicatesse, nous pensons pouvoir honorer les Saints, nous faisons nos
dévotions à la mémoire de François de Paule. Est-ce honorer les Saints, que de
condamner leur vie par une vie toute opposée? Est-ce honorer les Saints, que
d'entendre parler de leurs vertus, et n'être pas touchés du désir de les imiter
? Est-ce honorer les Saints, que de regarder le chemin par lequel ils sont
montés dans le ciel, et de prendre une route contraire?
Figurez-vous, mes Frères,
que le vénérable François de Paule vous paraît aujourd'hui sur ces terribles
autels, et qu'avec sa gravité et sa simplicité ordinaire : Chrétiens, vous
dit-il, qu'êtes-vous venus faire en ce temple ? Ce n'est pas pour m'y rendre
vos adorations : vous savez qu'elles ne sont dues qu'à Dieu seul. Vous voulez
peut-être que je m'intéresse de vos folles prétentions. Vous me demandez une
vie aisée, à moi qui ai mené une vie toujours rigoureuse. Je présenterai
volontiers vos vœux à notre grand Dieu, au nom de son cher Fils Jésus-Christ,
pourvu que ce soit des vœux qui paraissent dignes de chrétiens. Mais apprenez
de moi que si vous désirez que nous autres amis de Dieu priions pour vous notre
commun Maître, il veut que vous craigniez ce que nous avons craint, et que vous
aimiez ce que nous avons aimé sur la terre. Eu vivant de la sorte, vous nous
trouverez de vrais frères et de charitables intercesseurs.
Allons donc tous
ensemble, fidèles, allons rendre les vrais honneurs à l'humble François de
Paule. Je vous ai apporté en ce lieu des reliques de ce saint homme : l'odeur
qui nous reste de sa sainteté et la mémoire de ses vertus, c'est ce qu'il a
laissé sur la terre de meilleur et de plus utile : ce sont les reliques de son
âme. Baisons ces précieuses reliques, enchâssons-les dans nos cœurs comme dans
un saint reliquaire. Ne souhaitons pas une vie si douce ni si aisée; ne soyons
pas fâchés quand elle sera détrempée de quelques amertumes. Le soldat est trop
lâche, qui veut avoir tous ses plaisirs pendant la campagne : le laboureur est
indigne de vivre, qui ne veut point travailler avant la moisson. Et toi, dit
Tertullien (De Spectac., n. 28), tu es trop délicat chrétien, si tu désires les
voluptés même dans le siècle. Notre temps de délices viendra- c'est ici le
temps d'épreuve et de pénitence. Les impies ont leur temps dans le siècle,
parce que leur félicité ne peut pas être éternelle : le nôtre est différé après
cette vie, afin qu'il puisse s'étendre dans les siècles des siècles. Nous
devons pleurer ici-bas, pendant qu'ils se réjouissent: quand l'heure de notre
triomphe sera venue, ils commenceront à pleurer. Gardons-nous bien de rire avec
eux, de peur de pleurer aussi avec eux : pleurons plutôt avec les Saints, afin
de nous réjouir en leur compagnie. Gémissons en ce monde, comme a fait le
pauvre François : soyons imitateurs de sa pénitence, et nous serons compagnons
de sa gloire. Amen.
(a) Prêché à Metz, devant
le maréchal et Mme de Schomberg, le 2 avril 1635.
Que ce panégyrique ait
été prêché devant le maréchal de Schomberg, rien de plus certain; car,
s'adressant à un illustre personnage, l'orateur dit dans l'exorde: « Les
peuples que vous conservez ne perdront jamais la mémoire d'une si heureuse
protection: ils diront à leurs descendants que,... sous le grand maréchal de
Schomberg,... ils ont commencé à jouir du calme et de la douceur de la paix. »
A ce premier fait, si
nous ajoutons celui-ci, que le maréchal de Schomberg arriva comme gouverneur à
Metz dans le mois d'août 1652, et quitta cette ville dans le mois de mars 1656,
nous verrons que le Panégyrique de saint François de Paule fut prêché de 1653 à
1655; puis si nous en considérons le style, nous le daterons de cette dernière
année 1655.
Pour le jour, on lit dans
l'exorde : « L'Église dit aujourd'hui dans la Collecte de saint François :
Deus, humilium celsitudo. » Le panégyrique a donc été prononcé le jour de la
fête, c'est à-dire le 2 avril.
Cédant au goût de
l'époque, Bossuet cite, dans le second point, un vers de Virgile. Plus tard il
bannira de la chaire sacrée toute citation profane.
Les apologistes du XIXe
siècle, après ceux du XVIIIe, représentent souvent les maisons religieuses
comme des refuges ouverts aux grandes passions, aux grands pécheurs, aux grands
criminels. Bossuet connaissait, lui, les asiles de la piété, de l'innocence et
de la vertu; il dit dans le dernier point: «C'est là que se retirent les
personnes les plus pures. »
Oeuvres complètes de Bossuet.
F. Lachat. Paris, Librairie de Louis Vivès Éditeur, rue Delambre 5, 1862
SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/bossuet/volume012/010.htm
Portada, Lucas de Montoya. Crónica general de la Orden de los Mínimos de san Francisco de Paula. Bernardino de Guzmán. Madrid. 1619.
SECOND PANÉGYRIQUE
DE SAINT FRANÇOIS DE
PAULE (a).
Fili, tu semper mecum es,
et omnia mea tua sunt.
Mon fils, vous êtes
toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à vous. Luc., XV, 31.
Je ne pouvais désirer,
Messieurs, une rencontre plus heureuse ni plus favorable, que de faire ici mon
dernier discours en produisant dans cette audience le grand et admirable saint
France lis de Paule. L'adieu que doivent dire aux fidèles les prédicateurs de
l'Evangile, ne doit être autre chose qu'un pieux désir par lequel ils tâchent
d'attirer sur eux les bénédictions célestes; et c'est ce que fait l'apôtre
saint Paul, lorsque se séparant des Ephésiens, il les recommande au grand Dieu
et à sa grâce toute-puissante : Et nunc commendo vos Deo et verbo gratiae
ipsius (Act., XX, 32). Je ne doute pas, chrétiens, que les vœux de ce saint
Apôtre n'aient été suivis de L'exécution; mais ne pouvant pas espérer un pareil
effet de prières comme les miennes, ce m'est une consolation particulière de
vous faire paraître saint François de Paule pour vous bénir en Nôtre-Seigneur.
Ce sera donc ce grand patriarche qui, vous trouvant assemblés dans une église
qui porte son nom, étendra aujourd'hui les mains sur vous ; ce sera lui qui
vous obtiendra les grâces du Ciel, et qui laissant dans vos esprits l'idée de
sa sainteté et la mémoire de ses vertus, confirmera par ses beaux exemples les
vérités évangéliques qui vous ont été précitées durant ce Carême. Animé de
cette pensée, je commencerai ce discours avec une bonne espérance; et de peur
qu'elle ne soit vaine, je prie Dieu de la confirmer par la grâce de son
Saint-Esprit, que je lui demande humblement par l'intercession de la sainte
Vierge. Ave.
Ne parlons pas toujours
du pécheur qui fait pénitence, ni du prodigue qui retourne dans la maison
paternelle. Qu'on n'entende pas toujours dans les chaires la joie de ce père
miséricordieux qui a retrouvé son cadet qu'il avait perdu. Cet aîné fidèle et
obéissant, qui est toujours demeuré auprès de son père avec toutes les
soumissions d'un bon fils, mérite bien aussi qu'on loue quelquefois sa
persévérance. Il ne faut pas laisser dans l'oubli cette partie de la parabole ;
et l'innocence toujours conservée, telle que nous la voyons en François de
Paule, doit aussi avoir ses panégyriques. Il est vrai que l'Evangile semble ne
retentir de toutes parts que du retour de ce prodigue : il occupe, ce semble,
tout l'esprit du père; vous diriez qu'il n'y ait que lui qui le touche au cœur.
Toutefois au milieu du ravissement que lui donne son cadet retrouvé, il dit
deux ou trois mots à l'aîné, qui lui témoignent une affection bien particulière
: « Mon fils, vous êtes toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à vous
; » et je vous prie, ne vous fâchez pas si je laisse aujourd'hui épancher ma
joie sur votre frère que j'avais perdu, et que j'ai retrouvé contre mon attente
: Fili, tu semper mecum es; c'est-à-dire si nous l'entendons : Mon fils, je
sais bien reconnaître votre obéissance toujours constante, et elle m'inspire
pour vous un fond d'amitié laquelle ne laisse pas d'être plus forte, encore que
vous ne la voyiez pas accompagnée de cette émotion sensible que me donne le
retour inopiné de votre frère : « Vous êtes toujours avec moi, et tout ce qui
est à moi est à vous ; nos cœurs et nos intérêts ne sont qu'un : » Tu semper
mecum es, et omnia mea tua sunt. Voilà une parole bien tendre : cet aîné a un
beau partage, et garde bien sa place dans le cœur du père.
Cette parole, Messieurs,
se traite rarement dans les chaires, parce que cette fidélité inviolable ne se
trouve guère dans les mœurs. Qui de nous n'est jamais sorti de la maison de son
père? Qui de nous n'a pas été prodigue? Qui n'a pas dissipé sa substance par
une vie déréglée et licencieuse? Qui n'a pas repu les pourceaux, c'est-à-dire
ses passions corrompues ? Puisqu'il y en a si peu dans l'Eglise qui aient su
garder sans tache l'intégrité de leur baptême, il est beaucoup plus nécessaire
de rappeler les pécheurs que de parler des avantages de l'innocence. Et
toutefois, chrétiens, comme l'Eglise nous montre aujourd'hui en la personne de
saint François de Paule une sainteté extraordinaire, qui s'est commencée dès
l'enfance et qui s'est toujours augmentée jusqu'à son extrême vieillesse, comme
nous voyons en ce grand homme un religieux accompli, comme nous admirons dans
sa longue vie un siècle presque tout entier d'une piété toujours également
soutenue : prodigues que nous sommes, respectons cet aîné toujours fidèle, et
célébrons les prérogatives de la sainteté baptismale si soigneusement
conservée.
Je les trouve toutes
ramassées dans les paroles de mon texte. Etre toujours avec Jésus-Christ sur sa
croix et dans ses souffrances, dans le mépris du monde et des vanités; et être
toujours avec Jésus-Christ par une sainte correspondance de charité et une
véritable unité de cœur: voilà deux choses qui sont renfermées dans la première
partie de mon texte : Fili, tu semper mecum es : « Mon fils, vous êtes toujours
avec moi. » Mais il ajoute, pour comble de gloire : « El tout ce qui est à moi
est à vous : » Et omnia mea tua sunt; c'est-à-dire que l'innocence a un droit
acquis sur tous les biens de son Créateur. Ce sont, mes Frères, les trois
avantages qu'a donnés à François de Paule l'intégrité baptismale. Nous
commençons dans le saint baptême à être avec Jésus-Christ sur la croix, parce
que nous y professons le mépris du monde : saint François, dès son enfance, a
éternellement rompu le commerce avec lui par une vie pénitente et mortifiée.
Nous commençons dans le saint baptême à nous unir à Dieu par la charité : il
n'a jamais cessé d'avancer toujours dans cette bienheureuse communication. Nous
acquérons dans le saint baptême un droit particulier sur les biens de Dieu : et
saint François a tellement conservé et même encore augmenté ce droit, qu'on l'a
vu maître de soi-même et de toutes choses par une puissance miraculeuse que
Dieu lui avait donnée presque sur toutes les créatures. Ces trois merveilleux
avantages delà sainteté baptismale, tous ramassés dans mon texte et dans la
personne de François de Paule, feront le partage de ce discours et le sujet de
vos attentions.
PREMIER POINT.
C'est une fausse
imagination que de croire que l'obligation de quitter le monde ne regarde que
les cloîtres et les monastères. Ce qu'a dit l'apôtre saint Paul (Rom., VI, 3,
4), que nous sommes morts et ensevelis avec Jésus-Christ, étant une dépendance
de notre baptême, oblige également tous les fidèles et leur impose une
nécessité indispensable de rompre tout commerce avec le monde. Et en effet,
Messieurs, les liens qui nous attachent au monde se formant en nous par la
naissance, il est clair qu'ils se doivent rompre par la mort. Les morts ne sont
plus de rien, ils n'ont plus de part à la société humaine : c'est pourquoi les
tombeaux sont appelés des solitudes: Aedificant sibi solitudines (Job, III,
14). Si donc nous sommes morts en Jésus-Christ par le saint baptême, nous avons
par conséquent renoncé au monde.
Le grand apôtre saint
Paul nous a expliqué profondément ce que c'est que cette mort spirituelle,
lorsqu'il a parlé en ces termes : « Le monde, dit-il, est crucifié pour moi, et
moi je suis crucifié pour le monde (a) : » Mihi mundus crucifixus est, et ego
mundo (Galat., VI, 14) Le docte et éloquent saint Jean Chrysostome fait une
belle réflexion sur ces paroles : Ce n'est pas assez, dit-il (De compunct.,
lib. II, n. 2), à l'Apôtre que le chrétien soit mort au monde; mais il ajoute
encore : Il faut que le monde soit mort pour le chrétien; et cela pour nous
faire entendre que le commerce est rompu des deux côtés ; et qu'il n'y a plus
aucune alliance. Car, poursuit ce docte interprète, l'Apôtre considérait que
non-seulement les vivants ont quelques sentiments les uns pour les autres, mais
qu'il leur reste encore quelque affection pour les morts : ils en conservent le
souvenir, ils leur rendent quelques honneurs, ne seroit-ce que ceux de la
sépulture. C'est pourquoi l'apôtre saint Paul ayant entrepris de nous faire
entendre jusqu'à quelle extrémité le fidèle doit se dégager de l'amour du monde
: Ce n'est pas assez, nous dit-il, que le commerce soit rompu entre le monde et
le chrétien, comme il l'est entre les vivants et les morts; car il y a souvent
quelque affection des vivants aux morts, qui va les rechercher dans le tombeau
même. Il faut une plus grande rupture; et afin qu'il n'y reste aucune alliance,
tel qu'est un mort à l'égard d'un mort, tel doit être le monde et le chrétien :
Mihi mundus crucifixus est, et ego mundo. Où va cela, chrétiens, et où nous
conduit ce raisonnement ? Il faut vous en donner en peu de paroles une idée
plus particulière.
Ce qui nous fait vivre au
monde, c'est l'inclination pour le monde : ce qui fait vivre le monde pour
nous, c'est un certain éclat qui nous charme dans les biens du monde. La mort
éteint les inclinations, la mort ternit le lustre de toutes choses : C'est
pourquoi, dit saint Paul, je suis mort au monde; je n'ai plus d'inclination
pour le monde : le monde est mort pour moi, il n'a plus d'éclat pour mes yeux.
Comme on voit dans le plus beau corps du monde qu'aussitôt que l’âme s'en est
retirée, encore que les linéaments soient presque les mêmes, cette fleur de
beauté se passe et cette bonne grâce s'évanouit : ainsi le monde est mort pour
le chrétien ; il n'a plus d'appas qui l'attirent, ni de charmes qui touchent
son cœur. Voilà cette mort spirituelle, qui sépare le monde et le chrétien :
telle est l'obligation du baptême. Mais si nous avons si mal observé les
promesses que nous avons faites, admirons, du moins aujourd'hui, la sainte obstination
de saint François de Paule à combattre la nature et ses sentiments; admirons la
fidélité inviolable de ce grand homme qui a été envoyé de Dieu pour faire
revivre en son siècle cet esprit de mortification et de pénitence, c'est-à-dire
le véritable esprit du christianisme presque entièrement aboli par la mollesse.
Que dirai-je ici,
chrétiens, et par où commencerai-je l'éloge de sa pénitence ? Qu'admirerai-je
le plus, ou qu'il l'ait sitôt commencée, ou qu'il l'ait fait durer si longtemps
avec une pareille vigueur? Sa tendre enfance l'a vue naître en lui, sa
vieillesse la plus décrépite ne l'a jamais vue relâchée. Par l'une de ces
entreprises il a imité Jean-Baptiste ; et par l'autre il a égalé les Paul, les
Antoine, les Hillarion. Vous allez voir, Messieurs, en ce grand homme un
terrible renversement de la nature; et afin de le bien entendre,
représentez-vous en vous-mêmes quelles sont ordinairement dans tous les hommes
les deux extrémités de la vie, je veux dire l'enfance et la vieillesse. Elles ont
déjà cela de commun, que la faiblesse et L'infirmité sont leur partage.
L'enfance est faible, parce qu'elle ne fait que commencer; la vieillesse ,
parce qu'elle approche de sa ruine, prête à tomber par terre. Dans l'enfance,
le corps est semblable à un bâtiment encore imparfait; et il ressemble dans la
vieillesse à un édifice caduc, dont les fondements sont ébranlés. Les désirs en
l'une et en l'autre sont proportionnés à leur état. Avec le même empressement
que l'enfance montre pour la nourriture, la vieillesse s'étudie aux
précautions, parce que l'une veut acquérir ce qui lui manque, et l'autre
retenir ce qui lui échappe. Ainsi l'une demande (b) des secours pour s'avancer
à sa perfection, et l'autre cherche des appuis pour soutenir sa défaillance.
C'est pourquoi elles sont toutes deux entièrement appliquées à ce qui touche le
corps, la dernière sollicitée par la crainte, et la première poussée par un
secret instinct de la nature.
François de Paule,
Messieurs, est un homme que Dieu a voulu envoyer au monde pour nous montrer que
les lois de la nature cèdent, quand il lui plaît, aux lois de la grâce. Nous
voyons en cet homme admirable, contre tout l'ordre de la nature, un enfant qui
modère ses désirs, un vieillard qui n'épargne pas son peu de force. C'est ce fils
fidèle et persévérant, qui est toujours avec Jésus-Christ. Jésus a toujours été
dans les travaux : In laboribus à juventute meà (Psal. LXXXVII, 16) ; il a
toujours été sur la croix. François de Paule, enfant, commence les travaux de
sa pénitence. Il n'avait que six ou sept ans, que des religieux très-réformés
admiraient sa vie austère et mortifiée. A treize ans, il quitte le monde et se
jette dans un désert, de peur de souiller son innocence par la contagion du
siècle. Grâce du baptême, mort spirituelle, où as-tu jamais paru avec plus de
force ? Cet enfant est déjà crucifié au monde, cet enfant est déjà mort au
monde, auquel il n'a jamais commencé de vivre. Cela est admirable, sans doute :
mais voici qui ne l'est pas moins.
A quatre-vingt-onze ans,
ni ses fatigues continuelles, ni son extrême caducité ne le peuvent obliger de
modérer la sévérité de sa vie. Il fait un carême éternel ; et dans la rigueur
de son jeune, un peu de pain est sa nourriture, de l'eau toute pure étanche sa
soif: à ses jours de réjouissance, il y ajoute quelques légumes : voilà les
ragoûts de François de Paule. Au milieu de cette rigueur, de peur de manger
pour le plaisir, il attend toujours la dernière nécessité. Il ne songe à
prendre sa réfection, que lorsqu'il sent que la nuit approche. Après avoir
vaqué tout le jour au service de son Créateur, il croit avoir quelque droit de
penser pourvoir à l'infirmité de la nature. Il traite son corps comme un
mercenaire, à qui il donne son pain quand il a achevé sa journée. Par une
nourriture modique, il se prépare à un sommeil léger, louant la munificente
divine de ce qu'elle lui apprend si bien à se contenter de peu. Telle est la
conduite de saint François en santé et en maladie ; tel est son régime de
vivre. Une vigueur spirituelle, qui se renouvelle et se fortifie de jour en
jour, ne permet pas à son âme de sentir la caducité de l'âge. C'est cette
jeunesse intérieure qui soutenait ses membres cassés dans sa vieillesse
décrépite, et lui a fait continuer sa pénitence jusqu'à la fin de sa vie.
Voici, mes Frères, un
grand exemple pour confondre notre mollesse. O Dieu de mon cœur, quand je
considère que cet homme si pur et si innocent, cet homme qui est toujours
demeuré dans l'enfance et la simplicité du saint baptême, fait une pénitence si
rigoureuse, je frémis jusqu'au fond de l’âme, et les continuelles
mortifications de cet innocent me font trembler pour les criminels qui vivent
dans les délices. Quand nous aurions toujours conservé la sainteté baptismale,
la seule conformité avec Jésus-Christ nous oblige d'embrasser sa croix, en
mortifiant nos mauvais désirs. Mais lorsque nous avons été assez malheureux
pour perdre la sainteté et la grâce par quelque faute mortelle, il est bien
aisé déjuger combien alors cette obligation est redoublée. Car l'apôtre saint
Paul nous enseigne que quiconque déchait de la grâce, crucifie de nouveau
Jésus-Christ (Hebr., VI, 6), qu'il perce encore une fois ses pieds et ses
mains; que non-seulement il répand, mais encore qu'il foule aux pieds son sang
précieux (Ibid., X, 29). S'il est ainsi, chrétiens mes frères, pour réparer cet
attentat par lequel nous crucifions Jésus-Christ, que pouvons-nous faire autre
chose, sinon de nous crucifier nous-mêmes, et de venger sur nos propres corps
l'injure que nous avons faite à notre Sauveur?
Tout autant que nous
sommes de pécheurs, prenons aujourd'hui ces sentiments, et imprimons vivement
en nos esprits cette obligation indispensable de venger Jésus-Christ en
nous-mêmes. Je ne vous demande pas pour cela, ni des jeûnes continuels, ni des
macérations extraordinaires, quoique, hélas! quand nous le ferions, la justice
divine aurait droit d'en exiger encore beaucoup davantage : mais notre lâcheté
et notre faiblesse ne permettent pas seulement que l'on nous propose une
médecine si forte. Du moins corrigeons nos mauvais désirs ; du moins ne pensons
jamais à nos crimes, sans nous affliger devant Dieu de notre prodigieuse
ingratitude. Ne donnons point de bornes à une si juste douleur ; et songeons
qu'étant subrogée à une peine d'une éternelle durée, elle doit imiter en
quelque sorte son intolérable perpétuité : faisons-la donc durer du moins
jusqu'à la fin de notre vie (a). Heureux ceux que la mort vient surprendre dans
les humbles sentiments de la pénitence. Je parle mal, chrétiens; la mort ne les
surprend pas. La mort, pour eux, n'est pas une mort ; elle n'est mort que pour
ceux qui vivent enivrés de l'amour du monde.
Notre incomparable
François était en la Cour de Louis XI, où l'on voyait tous les jours et le
pouvoir de la mort, et son impuissance : son pouvoir, sur ce grand monarque;
son impuissance, sur ce pauvre ermite. Louis, resserré dans ses forteresses et
environné de ses gardes, ne sait à qui confier sa vie ; et la crainte de la
mort le saisit de telle sotte, qu'elle lui fait méconnaître ses meilleurs amis.
Vous voyez un prince, Messieurs, que la mort réduit en un triste état :
toujours tremblant, toujours inquiet, il craint généralement tout ce qui
l'approche ; et il n'est précaution qu'il ne cherche pour se garantir de cette
ennemie qui saura bien éluder ses soins et les vains raffinements de sa
politique.
Regardez maintenant le
pauvre François, et voyez si elle lui fera seulement froncer les sourcils. Il
la contemple avec un visage riant : elle ne lui est pas inconnue, et il y a déjà
trop longtemps qu'il s'est familiarisé avec elle pour être étonné de ses
approches. La mortification l'a accoutumé à la mort ; les jeûnes et la
pénitence, dit Tertullien (Tertull., De Jejun., n. 12), la lui ont déjà fait
voir de près, et l'ont souvent avancé dans son voisinage : Sœpè jejunans,
mortem de proximo novit. Il sortira du monde plus légèrement : il s'est déjà
déchargé lui-même d'une partie de son corps, comme d'un empêchement importun à
l’âme : Prœmisso jam sanguinis succo, tanquam animœ impedimento. C'est
pourquoi, sentant (cl) approcher la mort, il lui tend de bon cœur les bras; il
lui présente avec joie ce qui lui reste de corps: et d'un visage riant il lui
désigne l’endroit où elle doit frapper son dernier coup. O mort, lui dit-il,
quoique le monde te nomme cruelle et inexorable, tu ne me feras aucun mal,
parce que tu ne m'ôteras rien de ce que j'aime. Bien loin de rompre le cours de
mes desseins, tu ne feras qu'achever l'ouvrage que j'ai commencé, en me
défaisant de toutes les choses dont je tâche de me défaire il y a longtemps. Tu
me déchargeras de ce corps : ô mort, je t’en remercie ; il y a plus de
quatre-vingts ans que je travaille moi-même à m'en décharger. J'ai professé
dans le baptême que ces désirs ne me touchaient pas : j'ai tâché de les couper
pendant tout le cours de ma vie : ton secours, ô mort, m'était nécessaire pour
en arracher la racine; tu ne détruis pas ce que je suis, mais tu achèves ce que
je fais.
Telle est la force de la
pénitence. Celui qui aime ses exercices a toujours son âme en ses mains, et est
prêt à tout moment de la rendre. L'admirable François de Paule, tout rempli de
ces sentiments et nourri dès sa tendre enfance sur la croix de notre Sauveur,
n'avait garde de craindre la mort. Mais nous parlons déjà de sa mort, et nous
ne faisons encore que de commencer les merveilles de sa sainte vie : l'ordre
des choses nous y a conduits. Mais continuons la suite de notre dessein ; et
après avoir vu notre grand saint François uni si étroitement avec Jésus-Christ
dans la société de ses souffrances, voyons-le dans la bienheureuse
participation de sa sainte familiarité : Tu semper mecum es : c'est ma seconde
partie.
SECOND POINT.
Saint Paul écrivant aux
Hébreux, a prononcé cette sentence dans le chapitre vi de cette Epitre admirable
: « Il est impossible, dit-il, que ceux qui ont reçu une fois dans le saint
baptême les lumières de la grâce, qui ont goûté le don céleste, qui ont été
faits participais du Saint-Esprit et sont tombés volontairement de cet état
bienheureux, soient jamais renouvelés par la pénitence : » Impossibile est
rursùm renovari ad pœnitentiam (Hebr., VI, 4, 6), Je m'éloignerais de la
vérité, si je voulais conclure de ce passage, comme faisaient les novatiens,
que ceux qui sont une fois déchus de la grâce n'y peuvent jamais être rétablis
: mais je ne croirai pas me tromper, si j'en lire cette conséquence, qu'il y a
je ne sais quoi de particulier dans l'intégrité baptismale , qu'on ne retrouve;
jamais quand on l'a perdue : Impossibile est rursùm renovari. Rendez-lui sa
première robe, dit ce père miséricordieux, parlant du prodigue pénitent,
c'est-à-dire rendez-lui la justice dont il s'était dépouillé lui-même. Cette
robe lui est rendue, je le confesse : qu'elle est belle et resplendissante!
mais elle aurait encore un éclat plus grand, si elle n'avait jamais été
souillée. Le père, je le sais bien, reçoit son fils dans sa maison, et il le
fait rentrer dans ses premiers droits ; mais néanmoins il ne lui dit pas : «
Mon fils, tu es toujours avec moi : » Fili, tu semper mecum es; et il montre
bien par cette parole que cette innocence toujours entière, cette fidélité
jamais violée, sait bien conserver ses avantages.
En quoi consiste ce
privilège? C'est ce qu'il est malaisé d'entendre. La tendresse extraordinaire
que Dieu témoigne dans son Ecriture pour les pécheurs convertis, semble nous
obliger de croire qu'il n'use avec eux d'aucune réserve. Ne peut-on pas même
juger qu'il les préfète aux justes en quelque façon, puisqu'il quitte les
justes, dit l'Evangile (Luc., XV, 4), pour aller chercher les pécheurs ; et que
bien loin de diminuer pour eux son affection, il prend plaisir au contraire de
la redoubler? Et toutefois, chrétiens, il ne nous est pas permis de douter que
ce Dieu, qui est juste dans toutes ses œuvres, ne sache bien garder la
prérogative qui est due naturellement à l'innocence: et lorsqu'il semble que
les saintes Lettres accordent aux pécheurs convertis quelque sorte de
préférence, voici en quel sens il le faut entendre. Cette décision est tirée du
grand saint Thomas, qui faisant la comparaison de l'état du juste qui persévère
et du pécheur qui se convertit, dit qu'il faut considérer en l'un ce qu'il a,
et en l'autre d'où il est sorti. Après cette distinction il conclut
judicieusement à son ordinaire que Dieu conserve au juste un plus grand don, et
qu'il retire le pécheur d'un plus grand mal : et partant que le juste est sans
doute plus avantagé, si l'on a égard à son mérite; mais que le pécheur semblera
plus favorisé, si l'on regarde son indignité. D'où il s'ensuit que l'état du
juste est toujours absolument le meilleur ; et par conséquent il faut croire
que ces mouvements de tendresse que ressent la bonté divine pour les pécheurs
convertis, qui sont sa nouvelle conquête, n'ôtent pas la prérogative d'une
estime particulière aux justes, qui sont ses anciens amis; et qu'enfin ce
chaste amateur de la sainteté et de l'innocence trouve je ne sais quel attrait
particulier dans ces âmes qui n'ont jamais rejeté sa grâce, ni affligé son
esprit ; qui étant toujours fraîches et toujours nouvelles et gardant
inviolablement leur première foi, après une longue suite d'années paraissent
aussi saintes, aussi innocentes, qu'elles sortirent des eaux du baptême comme a
fait, par exemple, saint François de Paule.
Quelles douceurs, quelle
affection, quelle familiarité particulière Dieu réserve à ces innocents ; c'est
un secret de sa grâce, que je n'entreprends pas de pénétrer. Je sais seulement
que François de Paule accoutumé dès sa tendre enfance à communiquer avec Dieu,
ne pouvait plus vivre un moment sans lui. Semblable à ces amis empressés qui
contractent une habitude si forte de converser librement ensemble, que la
moindre séparation ne leur paraît pas supportable : ainsi vivait saint François
de Paule. O mon Dieu, disait-il avec David, du plus loin que je me souvienne et
presque dès le ventre de ma mère, vous êtes mon Dieu : De ventre matris meœ
Deus meus es tu, ne discesseris à me (Psal. XXI, 11, 12). Jamais mon cœur n'a
aimé que vous, il n'a jamais brûlé d'autres flammes. Eh! mon Dieu, ne me
quittez pas : Ne discesseris à me. Je ne puis subsister un moment sans vous.
Son cœur étant ainsi disposé, c'était, Messieurs, lui ôter la vie, que de le
tirer de sa solitude. En effet, dit le dévot saint Bernard, c'est une espèce de
mort violente que de se sentir arracher de la douce société de Jésus-Christ par
les affaires du monde: Morividentur sibi..., et reverà mortis species est à
contemplatione candidi Jesu ad has tenebras rursùs avelli (Tract. De pass.
Dom., cap. XXVII, in Appen. Op. S. Bernardi). Jugez donc des douleurs de
François de Paule, quand il reçut l'ordre du Pape d'aller à la Cour de Louis
XI, qui le demandait avec instance. O solitude, ô retraite qu'on le force
d'abandonner! Combien regretta-t-il de vous perdre ! Mais enfin il faut obéir;
et je vois qu'il vous quitte bien résolu néanmoins de se faire une solitude
dans le tumulte, au milieu de tout le bruit de la Cour et de ses empressements
éternels.
C'est ici, c'est ici,
chrétiens, où je vous prie de vous rendre attentifs à ce que va faire François
de Paule. Voici sans doute son plus grand miracle, d'avoir été si solitaire et
si recueilli au milieu des faveurs des rois et dans les applaudissements de
toute leur Cour. Je ne m'étonne plus, quand je lis dans l'histoire de saint François
qu'il a passé au milieu des flammes sans en avoir été offensé, ni que domptant
la fureur de ce détroit de Sicile, fameux par tant de naufrages, il ait trouvé
sur son manteau la sûreté que les plus adroits pilotes ont peine à trouver dans
leurs grands vaisseaux. La Cour a des flammes plus dévorantes, elle a des
écueils plus dangereux ; et bien que les inventions hardies des expressions
poétiques n'aient pu nous représenter la mer de Sicile aussi horrible que la
nature l'a faite, la Cour a des vagues plus furieuses, et des abîmes plus
creux, et des tempêtes plus redoutables. Comme c'est de la Cour que dépendent
toutes les affaires et que c’est là aussi qu'elles aboutissent, l'ennemi du
genre humain y jette tous ses appâts, y étale toute sa pompe : là est l'empire
de l'intérêt, là est le théâtre des passions: là elles sont les plus violentes,
là elles sont les plus déguisées.
Voici donc François de
Paule dans un nouveau monde, chéri et honoré par trois de nos rois; et après
cela vous ne doutez pas que toute la Cour ne lui applaudisse. Tout cela ne le
touche pas: la douce méditation des choses divines et cette sainte union avec
Jésus-Christ, l'ont désabusé pour jamais de tout ce qui éclate dans le monde.
Doux attraits de la Cour, combien avez-vous corrompu d'innocents ! Combien en
a-t-on vus qui se laissent comme entraîner à la Cour par force, sans dessein de
s'y engager! Enfin l'occasion s'est présentée belle ; le moment fatal est venu
; la vague les a poussés et les a emportés, ainsi que les autres. Ils n'étaient
venus, disaient-ils, que pour être spectateurs de la comédie : à la fin ils en
ont trouvé l'intrigue si belle, qu'ils y ont voulu jouer leur personnage.
Souvent même l'on s'est servi de la piété pour s'ouvrir des entrées favorables
; et après que l'on a bu de cette eau, l’âme est toute changée par une espèce
d'enchantement. C'est un breuvage charmé, qui enivre les plus sobres; et la
plupart de ceux qui en ont goûté ne peuvent presque plus goûter autre chose.
Cependant l'admirable
saint François de Paule est solitaire jusque dans la Cour, et toujours
recueilli en Dieu parmi ce tumulte : on ne peut presque le tirer de sa cellule,
où cette âme pure et innocente embrasse son Dieu en secret. L'heure de manger
arrive : il goûte une nourriture plus agréable dans les douceurs de son
oraison. La nuit l'invite au repos : il trouve son véritable repos à répandre
son cœur devant Dieu. Le roi le demande en personne avec une extrême impatience
: il a affaire, il ne peut quitter, il est enfermé avec Dieu dans de secrètes
communications. On frappe à sa porte avec violence : l'amour divin, qui a
occupé tous ses sens par le ravissement de l'esprit, ne lui permet pas
«l'entendre autre chose que ce que Dieu lui dit au fond de son cœur, dans un
saint et admirable silence. O homme vraiment uni avec Dieu et digne d'entendre
de su bouche : Fili, tu semper mecum es, « Mon fils, vous êtes toujours avec
moi ! » Il est accoutumé avec Dieu, il ne connaît que lui : il est né, il est
crû sous son aile; il ne peut le quitter ni vivre sans lui un seul moment, privé
des délices de son amour.
Sainte familiarité avec
Jésus-Christ, oraison, prière, méditation, entretiens sacrés de l’âme avec
Dieu, que ne savons-nous goûter vos douceurs ! Pour les goûter, mes Frères, il
faut se retirer quelquefois du bruit et du tumulte du monde, afin d'écouter
Jésus en secret. « Il est malaisé, dit saint Augustin, de trouver Jésus-Christ
dans le grand monde : il faut pour cela une solitude : » Difficile est in turbà
videre Jesum : solitudo quœdam necessaria est (In Joan., tract. XVII, n. 11).
Faisons-nous une solitude ; rentrons en nous-mêmes pour penser à Dieu;
ramassons tout notre esprit en cette haute partie de notre âme, pour nous
exciter à louer Dieu ; ne permettons pas, chrétiens, qu'aucune autre pensée
nous vienne troubler.
Mais que les hommes du
monde sont éloignés de ces sentiments! Converser avec Dieu leur paraît une
rêverie : le seul mot de retraite et de solitude leur donne un ennui qu'ils ne
peuvent vaincre. Ils passent éternellement d'affaire en affaire, et de visite
en visite; et je ne m'en étonne pas, dit saint Bernard : ils n'ont pas cette
oreille intérieure, pour écouter la voix de Dieu dans leur conscience, ni cette
bouche spirituelle pour lui parler secrètement au dedans du cœur. C'est pourquoi
ils cherchent à tromper le temps par mille sortes d'occupations (d) ; et ne
sachant à quoi passer les heures du jour, dont la lenteur leur est à charge,
ils charment l'ennui qui les accable par des amusements inutiles : Longitudinem
temporis, quâ gravantur, inutilibus confabulationibus expendere satagunt
(Tract, de Pass. Dom., cap. XXVII, in Append. Oper. S. Bern). Regardez cet
homme d'intrigues environné de la troupe de ses clients, qui se croit honoré
par l'assiduité des devoirs qu'ils s'empressent de lui rendre; il regarde comme
une grande peine de se trouver vis-à-vis de lui-même: Stipatus clientium
cuneis, frequentiore comitatu officiosi agminis hic honestatus, pœnam putat
esse cùm solus est (S. Cyprian., Epist. ad Donat., n. 2). Toujours ce lui est
un supplice que d'être seul, comme si ce n'était pas assez de lui-même pour
pouvoir s'occuper agréablement dans l'affaire de son saint. Cependant il est
véritable, vous vous fuyez vous-même, vous refusez de converser avec vous-même,
vous cherchez continuellement les autres, et vous ne pouvez vous souffrir
vous-même. Usque adeo adeò charus est hic mundus hominibus, ut sibimetipsis
viluerint (S. August., ep. XLIII, cap. I): « Ce monde tient si fort au cœur des
hommes (a), qu'ils se dédaignent eux-mêmes, » qu'ils en oublient leurs propres
affaires. Désabusez-vous, ô mortels! Que vous servent ces liaisons et ces
nouvelles intrigues où vous vous jetez tous les jours? C'est pour vous donner
du crédit, pour avoir de l'autorité. Mais unissez-vous avec Dieu, et apprenez
de François de Paule que c'est par là qu'on peut acquérir la véritable
puissance : Omnia mea tua sunt: c'est ma troisième partie.
TROISIÈME POINT.
Nous apprenons de
Tertullien que l'hérétique Marcion avait l'insolence de reprocher hautement au
Dieu d'Abraham qu'il ne s'accordait pas avec lui-même. Tantôt il paraissait
dans son Ecriture avec une majesté si terrible, qu'on n'en osait approcher sans
crainte ; et tantôt il avait, dit-il, des faiblesses, des facilités, des
bassesses et des enfances : Pusillitates et incongruentias Dei (Tertull., Adv.
Marcion., lib. II, n. 26, 27), comme il avait l'audace de s'exprimer, jusqu'à
craindre de fâcher Moïse et à le prier de le laisser faire : Dimitte me ut
irascatur furor meus (Exod., XXXII, 10) : « Laissez-moi lâcher la bride à ma
colère contre ce peuple infidèle. » D'où cet hérétique concluait que le Dieu
que servaient les Juifs avait une conduite irrégulière, qui se démentait
elle-même.
Ce qui servait de
prétexte à cette rêverie sacrilège, c'est en effet, Messieurs, que nous voyons
dans les saintes Écritures que Dieu change en quelque façon de conduite selon
la diversité des personnes. Quand les hommes présument d'eux-mêmes, ou qu'ils
manquent à la soumission qui lui est due, ou qu'ils prennent peu de soin de se
rendre dignes de s'approcher de Sa Majesté, il ne se relâche jamais d'aucun de
ses droits et il conserve avec eux toute sa grandeur (a). Voyez comme il traite
Achah, comme il se plaît à l'humilier. Au contraire quand on obéit, et que l'on
agit avec lui en simplicité de cœur, il se dépouille en quelque sorte de sa
puissance, et il n'y a aucune partie de son domaine ; dont il ne mette en
possession ses serviteurs. « Vive le Seigneur, dit Elie, en la présence duquel
je suis : il n'y aura ni pluie ni rosée que par mon congé : » Vivit Dominus, in
cujus conspectu sto, si erit annis his ros et pluvia nisi juxta oris mei verba
(III Reg., XVII, 1). Voilà un homme qui paraît bien vindicatif, et cependant
voyez-en la suite. C'est un homme qui jure, et Dieu se sent lié par ce serment
; et pour délivrer la parole de son serviteur, confirmée par son jurement, il
ferme le ciel durant trois années avec une rigueur inflexible.
Que veut dire ceci,
chrétiens, si ce n'est, comme dit si bien saint Augustin, que Dieu se fait servir
par les hommes, et qu'il les sert aussi réciproquement? Ses fidèles serviteurs
lui disent avec le Psalmiste : « Nous voilà tout prêts, ô Seigneur, d'accomplir
constamment votre volonté : » Ecce venio ut faciam, Deus, voluntatem tuam
(Psal. XXXIX, 8, 9). Vous voyez les hommes qui servent Dieu ; mais écoutez le
même Psalmiste : « Dieu fera la volonté de ceux qui le craignent : » Voluntatem
timentium se faciet (Psal. CXLIV, 19) Voilà Dieu qui leur rend le change , et
les sert aussi à son tour. Vous servez Dieu, Dieu vous sert; vous faites sa
volonté, et il fait la vôtre : Si ideo times Deum ut facias ejus voluntatem,
ille quodam modo ministrat tibi, facit voluntatem tuam (Enar. in Psal. CXLIV,
n. 23, Dimitte me ut irascatur furor meus, faciamque te in gentem magnam); pour
nous apprendre chrétiens, que Dieu est un ami sincère, qui n'a rien de réservé
pour les siens, et qui étudiant les désirs de ceux qui le craignent, leur
permet d'user de ses biens avec une espèce d'empire : Voluntatem timentium se
faciet.
Mais encore que cette
bonté s'étende généralement sur tous ses amis, c'est-à-dire sur tous les
justes, les paroles de mon texte nous font bien connaître que ces justes
persévérants, ces enfants qui n'ont jamais quitté sa maison, ont un droit tout
particulier de disposer des biens paternels ; et c'est à ceux-là qu'il dit dans
son Évangile ces paroles, avec un sentiment de tendresse extraordinaire et
singulier : « Mon Fils, vous avez toujours été avec moi, et tout ce qui est à
moi est à vous : » Fili, tu semper mecum es, et omnia mea tua sunt. Pourquoi me
reprochez-vous que je ne vous donne rien? Usez vous-même de votre droit, et
disposez comme maître de tout ce qu'il y a dans ma maison.
C'est donc en vertu de
cette innocence et de cette parole de l'Évangile, que le grand saint François
de Paule n'a jamais cru rien d'impossible. Cette sainte familiarité d'un fils
qui sent l'amour de son père, lui donnait la confiance de tout entreprendre :
et un prélat de la Cour de Rome, que le Pape lui avait envoyé pour l'examiner,
lui représentant les difficultés de l'établissement de son ordre si austère, si
pénitent, si mortifié, fut ravi en admiration d'entendre dire à notre grand
saint avec une ferveur d'esprit incroyable que tout est possible quand on aime
Dieu et qu'on s'étudie de lui plaire ; et qu'alors les créatures les plus
rebelles sont forcées, par une secrète vertu, de faire la volonté de celui qui
s'applique à faire celle de son Dieu. Il n'a point été trompé dans son attente
: son ordre fleurit dans toute l'Église avec cette constante régularité qu'il
avait si bien établie, et qui se soutient sans relâchement depuis deux cents
ans.
Ce n'est pas en cette
seule rencontre que Dieu a fait connaître à son serviteur, qu'il écoutait (a)
ses désirs. Tous les peuples où il a passé ont ressenti mille et mille fois des
effets considérables de ses prières ; et quatre de nos rois successivement lui
ont rendu ce glorieux témoignage, que dans leurs affaires très-importantes ils
n'avoient point trouvé de secours plus prompt, ni de protection plus assurée.
Presque toutes les créatures ont senti cette puissance si peu limitée que Dieu
lui donnait sur ses biens ; et je vous raconterais avec joie les miracles
presque infinis que Dieu faisait par son ministère, non-seulement dans les
grands besoins, mais encore, s'il se peut dire, sans nécessité, n'était que ce
détail serait ennuyeux, et apporterait peu de fruit. Mais comme de tels
miracles qui se font particulièrement hors des grands besoins, sont le sujet le
plus ordinaire de la raillerie des incrédules (b), il faut qu'à l'occasion du
grand saint François, je tâche aujourd'hui de leur apprendre par une doctrine
solide à parler plus révèremment des œuvres de Dieu. Voici donc ce que j'ai vu
dans les saintes Lettres touchant ces sortes de miracles.
Je trouve deux raisons
principales pour lesquelles Dieu étend son bras à des opérations miraculeuses :
la première, c'est pour montrer sa grandeur et convaincre les hommes de sa
puissance ; la seconde, pour faire voir sa bonté et combien il est indulgent à
ses serviteurs. Or je remarque cette différence dans ces deux espèces de
miracles, que lorsque Dieu veut faire un miracle pour montrer seulement sa
toute-puissance, il choisit des occasions extraordinaires. Mais quand il veut
faire encore sentir sa bonté il ne néglige pas les occasions les plus communes.
Cela vient de la différence de ces deux divins attributs. La toute-puissance
semble surmonter de plus grands obstacles ; la bonté descend à des soins plus
particuliers. L'Écriture nous le fait voir en deux chapitres consécutifs du IVe
Livre des Rois. Élisée guérit Naaman le lépreux, capitaine général de la milice
du roi de Syrie et chef des armées de tout son royaume : voilà une occasion
extraordinaire, où Dieu veut montrer son pouvoir aux nations infidèles. « Qu'il
vienne à moi, dit Élisée, et qu'il sache qu'Israël n'est point sans prophète :
» Veniat ad me, et sciat esse prophetam in Israël (IV Reg., V, 8.). Mais au
chapitre suivant, comme les enfants des prophètes travaillaient sur le bord
d'un fleuve, l'un d'eux laisse tomber sa cognée dans l'eau, et aussitôt crie à Élisée : Heu ! heu ! heu! domine mi, et hoc ipsum mutuò acceperam » (Ibid., VI,
5); « Hélas! cette cognée n'était pas à moi; je l'avais empruntée. » Et encore
qu'une rencontre si peu importante semblât ne mériter pas un miracle, néanmoins
Dieu, qui se plaît à faire connaître qu'il aime la simplicité de ses serviteurs
et prévient leurs désirs dans les moindres choses, fit nager miraculeusement ce
fer sur les eaux au commandement d'Élisée , et le rendit à celui qui l'avait
perdu. Et d'où vient cela, chrétiens, si ce n'est que notre grand Dieu, qui
n'est pas moins bon que puissant, nous montrant sa toute-puissance dans les
entreprises éclatantes, veut bien aussi quand il lui plaît montrer dans les
moindres la facilité incroyable avec laquelle il s'abandonne à ses serviteurs,
pour justifier cette parole : Omnia mea tua sunt ?
Puisque le grand saint
François de Paule a été choisi de Dieu en son temps, pour faire éclater en sa
personne cette merveilleuse communication qu'il donne de sa puissance à ses
bons amis, je ne m'étonne pas, chrétiens, si les fidèles de Jésus-Christ ont eu
tant de confiance en lui durant sa vie, ni si elle dure encore et a pris de
nouvelles forces après sa mort. Je ne m'étonne pas de voir sa mémoire
singulièrement honorée par la dévotion publique, son ordre révéré par toute
l'Église, et les temples qui portent son nom et sont consacrés à sa mémoire,
fréquentés avec grand concours par tous les fidèles (a).
Mais ce qui m'étonne, mes
Frères, ce que je ne puis vous dissimuler, ce que je voudrais pouvoir dire
avec, tant de force que les cœurs les plus durs en fussent touchés, c'est
lorsqu'il arrive que ces mêmes temples où la mémoire de François de Paule, où
les bons exemples de ses religieux, enfin pour abréger ce discours, où toutes
choses inspirent la dévotion, deviennent le théâtre de l'irrévérence de
quelques particuliers audacieux. Je n'accuse pas tout le monde, et je ne doute
pas au contraire que cette église ne soit fréquentée par des personnes d'une
piété très-recommandable. Mais qui pourrait souffrir sans douleur que sa
sainteté soit déshonorée par les désordres de ceux qui, ne respectant ni Dieu
ni les hommes, la profanent tous les jours par leurs insolences? Que s'il y
avait dans cet auditoire quelques-uns de cette troupe scandaleuse,
permettez-moi de leur demander que leur a fait ce saint lieu qu'ils choisissent
pour le profaner par leurs paroles, par leurs actions, par leurs contenances
impies (Var. : Trouvez bon, je vous prie, Messieurs, que je leur adresse la
parole : Mes Frères, qui que vous soyez, je vous appelle encore de ce nom; car
quoique vous ayez perdu le respect pour Dieu, il ne laisse pas malgré vous
d'être votre Père. Que vous a fait cette église, et pourquoi la choisissez-vous
pour y faire paraître vos impiétés)? Que leur ont fait ces religieux, vrais
enfants et imitateurs du grand saint François de Paule ? et leur vie a-t-elle
mérité, au milieu de tant de travaux que leur fait subir volontairement leur
mortification et leur pénitence, qu'on leur ajoute encore cette peine, qui est
la seule qui les afflige, de voir mépriser à leurs yeux le Maître qu'ils
servent?
Mais laissons les hommes
mortels, et parlons des intérêts du Sauveur des âmes. Que leur a fait
Jésus-Christ, qu'ils viennent outrager jusque clans son temple ? Pendant que le
prêtre est saisi de crainte, dans une profonde considération des sacrements
dont il est ministre; pendant que le Saint-Esprit descend sur l'autel pour y
opérer les sacrés mystères, que les anges les révèrent, que les démons
tremblent, que les âmes saintes et pieuses de nos frères qui sont décédés
attendent leur soulagement des saints sacrifices, ces impies discourent aussi
librement, que si tout ce mystère était une fable (Que si Jésus-Christ n'y
était pas). D'où leur vient cette hardiesse devant Jésus-Christ? Est-ce qu'ils
ne le connaissent pas, parce qu'il se cache ; ou qu'ils le méprisent, parce
qu'il se tait? Vive le Seigneur tout-puissant en la présence duquel je parle :
ce Dieu qui se tait maintenant, ne se taira pas toujours; ce Dieu qui se tient
maintenant caché, saura bien quelque jour paraître pour leur confusion
éternelle. J'ai cru que je ne devais pas (Ne devoir pas) quitter cette chaire,
sans leur donner ce charitable avertissement. C'est honorer saint François de
Paule, que de travailler, comme nous pouvons, à purger son église de ces
scandaleux ; et je les exhorte en Notre-Seigneur de profiter de cette
instruction, s'ils ne veulent être regardés comme des profanateurs publics de
tous les mystères du christianisme.
Mais après leur avoir
parlé, je retourne à vous, chrétiens, qui venez en ce temple pour adorer Dieu,
et pour y écouter sa sainte parole. Que vous dirai-je aujourd'hui, et par où
conclurai-je ce dernier discours? Ce sera par ces beaux mots de l'Apôtre : Deus
autem spei repleat vos gaudio et pace in credendo, ut abundetis in spe et
virtute Spiritûs sancti (Rom., XV, 13) : « Que le Dieu de mon espérance vous
remplisse de joie et de paix, en croyant à la parole de son Évangile, afin que
vous abondiez en espérance et en la vertu du Saint-Esprit. » C'est l'adieu que
j'ai à vous dire : nos remerciements sont des vœux, nos adieux des instructions
et des prières. Que ce grand Dieu de notre espérance, pour vous récompenser de
l'attention que vous avez donnée à son Évangile, vous fasse la grâce d'en
profiter. C'est ce que je demande pour vous : demandez pour moi réciproquement
que je puisse tous les jours apprendre à traiter saintement et fidèlement la parole
de vérité ; que non-seulement je la traite, mais que je m'en nourrisse et que
j'en vive. Je vous quitte avec ce mot; et ce ne sera pas néanmoins sans vous
avoir désiré à tous, dans toute l'étendue de mon cœur, la félicité éternelle,
au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Amen.
(a) Prêché en 1660, pour
la clôture du Carême, aux Minimes de la Place-Royale.
Les éditeurs disent,
après l'abbé Ledieu, que le Panégyrique de saint François de Paule fut prêché
en 1658.Cette indication ne peut être exacte; car, en 1658, Bossuet fut retenu
à Meta , pendant le Carême, par la mission qu'il donna avec les prêches de
saint Vincent de Paul, dans le mois d'avril pour l'assemblée des Trois Ordres
dont il signa les procès-verbaux.
En 1000, au contraire, il
prêcha le Carême à Paris dans l'église des Minimes, et son discours de clôture
fut le panégyrique du saint fondateur de ces religieux, de saint François de
Paule. Voilà pourquoi l'orateur dit, dés le commencement de l'exorde : «Je ne
pouvais désirer une rencontre plus heureuse ni plus favorable, que de faire ici
mon dernier discours en produisant dans cette audience le grand et admirable
saint François de Paule;» et dans la péroraison: «... C'est l'adieu mie j'ai à
vous dire : nos remerciements sont des vœux, nos adieux des instructions et des
prières, » etc.
Les Minimes de la
Place-Royale avoient vu s'établir dans leur église un grand abus : des gens du
bel air s'y rendaient pendant les divins offices, disent, les auteurs du temps,
pour y nouer des intrigues et des conversations profanes, sans crainte
d'outrager la majesté du Très-Haut dans ses redoutables mystères. Bossuet
s'éleva contre ces profanations sacrilèges avec toute la fermeté du zèle
apostolique : « Mais ce qui m'étonne, mes Frères, dit-il dans le commencement
de la péroraison; ce que je ne puis dissimuler, ce que je voudrais pouvoir dire
avec tant de force que les cœurs les plus durs eu fussent touchés, » etc.
Les théologiens formés
dans le commencement de ce siècle rejettent sans examen, par une fin de
non-recevoir, les miracles qui n'éclatent pas comme un coup de foudre dans des
circonstances solennelles, pour confirmer la foi de tout un peuple, lis
pourront apprendre ici, par l'enseignement du grand Bossuet, à mieux apprécier
les œuvres de la bonté divine.
Plusieurs personnages
distingués dans les lettres et dans les sciences entendirent le Panégyrique de
saint François de Paule. Qu'il nous suffise dénommer: François de la Noüe,
philologue, historien, astronome, théologien; Giry, auteur des Vies des Saints;
le P. Lefèvre d'Ormesson et le P. Hilarion de Coste : tous deux arrière-neveux
de saint François; le premier, prédicateur estimé; le second, auteur de la Vie
de son saint parent, du Parfait ecclésiastique, etc.
Oeuvres complètes de
Bossuet. F. Lachat. Paris, Librairie de Louis Vivès Éditeur, rue Delambre 5,
1862
SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/bossuet/volume012/011.htm
Peter Paul Rubens (1577–1640), The
Miracles of Saint Francis of Paola, circa 1627-1628, 97.5 x 77.2, Getty
Center
Also
known as
Franciscus de Paula
Francis the Fire Handler
Francesco di Paola
Francisco de Paula
Profile
Francis’s parents were childless for
many years, but following prayers for
the intercession of Saint Francis
of Assisi, they had three children;
Francis was the oldest. Following a pilgrimage in
his teens to Rome and Assisi in Italy,
he became a hermit in
a cave near Paola.
Before he was 20 years old he began to attract followers. By the 1450‘s
the followers had become so numerous that he established a Rule for them and
sought Church approval.
This was the founding of the Hermits of Saint Francis of Assisi, who were
approved by the Holy See in 1474.
In 1492 they
were renamed the Franciscan
Order of Minim Fiars, which means they count themselves the least of the
family of God.
Prophet. Miracle worker.
Reputed to read minds. In 1464 Francis
wanted to cross the Straits of Messina to
reach Sicily,
but a boatman refused
to take him. Francis laid his cloak on
the water, tied one end to his staff to make a sail, and sailed across with his
companions. Franz Liszt wrote a piece of music inspired
by the incident.
Defender of the poor and
oppressed. Gave unwanted counsel and admonitions to King Ferdinand
of Naples and
his sons. Traveled to Paris at
the request of Pope Sixtus
IV to help Louis XI prepare for death.
Used this position to influence the course of national politics, helping
restore peace between France and Brittany by
advising a marriage between
the ruling families, and between France and Spain by
persuading Louis XI to return some disputed land.
In an old tradition that
has certain saints opposing
on an equivalent demon,
Francis is the adversary of Belial since his simple humility cancels the demons raging
pride.
Born
27
March 1416 at
Paola, Calabria,
Kingdom of Italy (part
of modern Italy)
2
April 1507 (Good
Friday) at Plessis, France of
natural causes
in 1562 Huguenots broke
open his tomb, found his body incorrupt, and burned it; the bones were salvaged
by Catholics,
and distributed as relics to
various churches
in Brazil
in Italy
Calabria (proclaimed
by Pope John
XXIII in 1963)
man with the word
“charitas” levitated above
a crowd
man holding a skull and
scourge
man sailing on his cloak
green rose
Storefront
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Information
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Saints
of the Day, by Katherine Rabenstein
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1001
Patron Saints and Their Feast Days, Australian Catholic Truth Society
Vatican:
reading from the letters of Saint Francis
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Readings
Fix your minds on the
passion of our Lord Jesus Christ. Inflamed with love for us, he came down from
heaven to redeem us. For our sake he endured every torment of body and soul and
shrank from no bodily pain. He himself gave us an example of perfect patience
and love. We, then, are to be patient in adversity.
Take pains to refrain
from sharp words. Pardon one another so that later on you will not remember the
injury. The recollection of an injury is itself wrong. It adds to our anger,
nurtures our sins and hates what is good. It is a rusty arrow and poison for
the soul. It puts all virtue to flight.
Be peace-loving. Peace is
a precious treasure to be sought with great zeal. You are well aware that our
sins arouse God’s anger. You must change your life, therefore, so that God in
his mercy will pardon you. What we conceal from men is known to God.
Be converted, then, with a sincere heart. Live your life that you may receive
the blessing of the Lord. Then the peace of God our Father will be with you
always. – from a letter by Saint Francis
of Paola
MLA
Citation
“Saint Francis of
Paola“. CatholicSaints.Info. 13 June 2020. Web. 21 December 2020.
<https://catholicsaints.info/saint-francis-of-paola/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-francis-of-paola/
Saint Francis of Paola, in Aikin, John, 1747-1822 Enfield, William, 1741-1797. General biography; or, Lives, critical and historical, of the most eminent persons of all ages, countries, conditions, and professions, arranged according to alphabetical order, London : Smeeton, 1818
Saint Francis of Paola, founder
of the Order of Minims, was born in 1416 in Paula in Calabria, Italy. His
parents were remarkable for the holiness of their lives. Remaining childless
for some years after their marriage they had recourse to prayer, especially
commending themselves to the intercession of St. Francis of Assisi. Francis was
the eldest of three children. He suffered from a swelling which endangered the
sight of one of his eyes. His parents again had recourse to Francis of Assisi,
and made a vow that their son should pass an entire year in the “little habit”
of St Francis in one of the convents of his order, a not uncommon practice in
the Middle Ages. The child was immediately cured.
From his early years
Francis showed signs of extraordinary sanctity, and at the age of thirteen,
being admonished by a vision of a Franciscan friar, he entered a convent of the
Franciscan Order in order to fulfill the vow made by his parents. Here he gave
great edification by his love of prayer and mortification, his profound
humility, and his prompt obedience. At the completion of the year he went with
his parents on a pilgrimage to Assisi, Rome, and other places of devotion.
Returning to Paula he selected a retired spot on his father’s estate, and there
lived in solitude; but later on he found a more retired dwelling in a cave on
the sea coast. Here he remained alone for about six years giving himself to
prayer and mortification.
In 1435 two companions
joined him in his retreat, and to accommodate them Francis caused three cells
and a chapel to be built: in this way the new order was begun. The number of
his disciples gradually increased, and about 1454, with the permission of
Pyrrhus, Archbishop of Cosenza, Francis built a large monastery and church. The
building of this monastery was the occasion of a great outburst of enthusiasm
and devotion on the part of the people towards Francis: even the nobles carried
stones and joined in the work. Their devotion was increased by the many
miracles which the saint wrought in answer to their prayers. The rule of life
adopted by Francis and his religious was one of extraordinary severity. They
observed perpetual abstinence and lived in great poverty, but the
distinguishing mark of the order was humility. They were to seek to live
unknown and hidden from the world. To express this character which he would
have his disciples cultivate, Francis eventually obtained from the Holy See
that they should be styled Minims, the least of all religious.
In 1474 Sixtus IV gave
him permission to write a rule for his community, and to assume the title of
Hermits of St. Francis: this rule was formally approved by Alexander VI, who,
however, changed their title into that of Minims. After the approbation of the
order, Francis founded several new monasteries in Calabria and Sicily. He also
established convents of nuns, and a third order for people living in the world,
after the example of St. Francis of Assisi.
The last three mouths of
his life he spent in entire solitude, preparing for death. On Maundy Thursday
he gathered his community around him and exhorted them especially to have
mutual charity amongst themselves and to maintain the rigour of their life and
in particular perpetual abstinence. The next day, Good Friday, he again called
them together and gave them his last instructions and appointed a
vicar-general. He then received the last sacraments and asked to have the
Passion according to St. John read out to him, and whilst this was being read,
his soul passed away. Leo X canonized him in 1519.
In 1562 the Huguenots broke
open his tomb and found his body incorrupt. They dragged it forth and burnt it,
but some of the bones were preserved by the Catholics and enshrined in various
churches of his order. The Order of Minims does not seem at any time to have
been very extensive, but they had houses in many countries. The definitive rule
was approved in 1506 by Julius II, who also approved a rule for the nuns of the
order. The feast of St. Francis of Paola is kept by the universal Church on
April 2, the day on which he died in 1507.
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/saint-francis-of-paola/
Lavinia Fontana (1552–1614), San Francesco di Paola benedice il figlio di
Luisa di Savoia / St. Francis
of Paola Blessing the Son of Louisa of
Savoy, 1590, 212.3 x 139.2, Pinacoteca Nazionale di Bologna
SPEECH OF THE HOLY FATHER
JOHN PAUL II
TO THE PARTICIPANTS IN
THE
GENERAL CHAPTER OF THE
ORDER OF MINIMS
1. I affectionately
welcome you and am grateful for the visit you wanted to pay me at the
beginnning of your General Chapter. I cordially greet Fr Giuseppe Fiorini
Morosini, your Superior General, the Chapter fathers and the delegations of
nuns and tertiaries who will be taking part in the first part of this important
meeting, as well as the religious and lay people who form the three orders of
the religious family founded by St Francis of Paola.
I thank the Lord with all
of you for the good accomplished in your long and praiseworthy history of
service to the Gospel. My thoughts turn in particular to those difficult times
for the Church when St Francis of Paola was engaged in carrying out a reform which
drew to a new way of perfection all who were "moved by the desire for
greater penance and love of the Lenten life" (IV Rule, chap. 2).
2. Inspired by apostolic
goals, he founded the Order of Minims, a clerical religious institute with
solemn vows, planted like "a good tree in the field of the Church
militant" (Alexander VI) to produce worthy fruits of penance in the
footsteps of Christ, who "emptied himself, taking the form of a
servant" (Phil 2: 7). Following the founder's example, your religious
family "intends to bear a special daily witness to Gospel penance by a
Lenten life, that is, by total conversion to God, deep participation in the
expiation of Christ and a call to the Gospel values of detachment from the
world, the primacy of the spirit over matter and the urgent need for penance,
which entails the practice of charity, love of prayer and physical
ascesis" (Constitutions, art. 3).
Dear friends, draw
constant inspiration from your founder, the humble penitent immersed in God who
knew how to pass on to his brothers an authentic experience of the Divine. In
him the Lord wanted to do "great things", entrusting him with
extraordinary tasks which prompted him to travel across most of Italy and
France and to illumine them with the brightness of his holiness.
In the almost five
centuries since his death on 2 April 1507, his sons, faithful to their
founder's charism, have continued to proclaim the "Gospel of
penance". They have endeavoured to live his spirit of humility, poverty
and deep prayer, and to imitate his tender devotion to the Eucharist, to the
Crucified Lord and to Our Lady. In particular, they are still committed to the
"fourth vow of perpetual Lent". Thus they have extended the shining
path of St Francis of Paola throughout the world, bearing witness everywhere to
the indispensable role of penance on the journey of conversion and enriching
the Church's life with wonderful works of charity and holiness.
3. "You have not
only a glorious history to remember and to recount, but also a great history to
build! Look to the future, where the Spirit is sending you in order to do even
greater things". On this particular occasion I would like to repeat to you
these words of the Apostolic Exhortation Vita consecrata (n. 110),
which clearly reflect the objectives of your General Chapter.
With the examination of
the theme: "Missionary Identity of the Minims at the Beginning of the
Third Millennium after 500 Years of History: Religious and Lay People Together,
with One Charism for the Same Mission", the Chapter intends to revisit the
charism of Lenten penance in the light of the challenges of the contemporary
world, identifying the new areopagi which must receive the Gospel proclamation
of conversion and reconciliation.
This commitment, which
was already made at the order's previous assembly, needs to be translated into
a significant and loving presence of Minims in situations of intense spiritual
poverty through listening, spiritual direction and the formation of consciences
in reflection and prayer. Your presence on the frontiers of material poverty
can be very important for showing active solidarity to the needy, thanks also
to your participation in bodies organized for this purpose. I am confident that
the example of the founder, a messenger of Christ's peace, will sustain you in
your mission of bringing the gift of reconciliation and communion to families,
ecclesial groups, various Christian denominations and those who are indifferent
and distant.
4. In evangelizing the
new areopagi, you must first keep in mind that creativity and dialogue with the
various cultures should not weaken your rich identity and history. Indeed,
creativity and dialogue become effective vehicles of Gospel proclamation when
they can rely on sound fidelity to one's own charism. A fervent community and
penitential life are certainly the indispensable premise for each religious to
bear in himself that transparent image of the chaste, poor and obedient Christ
which alone attracts and wins over those who are seeking truth and peace.
An authentic and
incarnated ministry presupposes holiness, which the Minims, after their
founder's example, will seek to attain by following the way of penance. If this
consists primarily in conversion of heart, it nonetheless employs the typical
ascetical practices of the spiritual tradition of the Church and of your
institute. In this regard, fidelity to the fourth solemn vow of the Lenten
life, which St Francis of Paola wanted the friars and nuns of the orders he
founded to profess, has particular importance.
This special sign of
membership in the Order of Minims is very effective for bearing witness to the
"things that are above" in a world that is distracted and immersed in
hedonism. For in addition to being a powerful means of personal sanctification,
it is an opportunity to atone for the sins of all and a way to implore for them
the grace of their return to God.
The tendency to seek
immediate gratification, prevalent in contemporary society especially among
young people, far from prompting the Minims to lessen the Lenten dimension of
their institute, should commit them instead to serving their brethren with
renewed zeal, in order to teach them the great spiritual way of penance. Of
course, appropriate language and reasons must be found, but it remains indispensable
to bear witness to the joy that comes to those who renounce worldly comforts to
seek the precious pearl of God's kingdom (cf. Mt 13: 45-46). This
witness will be a valuable gift that your order will offer to the entire Church
by reminding everyone of the need to accept the Gospel of conversion and
ascesis.
5. Beside the men and
women religious of the first and second orders, St Francis of Paola wanted,
with prophetic insight, to introduce lay people to the spirituality of the
Lenten life and so founded the third order for them. For almost 500 years they
have participated in the order's mission through many forms of sharing and
collaboration.
The complexity and rapid
changes of the contemporary world demand of Christians a ready capacity for discernment
and an increasingly effective presence in secular affairs. To this end,
collaboration between lay people and religious should be encouraged and
supported by treasuring the positive experiences gained over the years. In
fact, unexpected and fruitful insights into certain aspects of the charism can
come from this collaboration (cf. Vita consecrata, n. 55). Therefore, all
religious should devote ever greater care to the formation of lay people: may
they be experienced spiritual guides, attentive to individuals and to the signs
of the times, joyful witnesses of the charism which they intend to share with
all who work more directly in the world.
6. Dear friends, the
Great Jubilee invites the whole Church to contemplate the mystery of the
Incarnation with renewed gratitude, in order to proclaim Christ's Gospel in the
new millennium with increasing ardour: it opens before you a vast horizon of
prospects and tasks.
May your order, after
overcoming so many difficult moments in the course of its history, continue to
be a shining light for the penitents of the Church: may it remind those far
away of the need for conversion and repentance; may it encourage by example and
prayer all who set out on this way; may it bear witness to a Lenten life which,
by following Jesus on his way to Calvary, offers a certain foretaste of the joy
of the eternal Easter already in this life.
May your communities draw
from their treasure what is new and what is old (cf. Mt 13: 52), and
thus be an expression of the ever-valid power of the way of penance which, by
leading man to renounce his old self, prepares the way for the coming of the
kingdom.
I entrust all your
generous intentions and the Chapter's work to the Blessed Virgin, to St Francis
of Paola and to the many saints and blesseds who enrich your centuries of
history, so that they may help you today to offer your charism anew as an
eloquent sign of evangelical fruitfulness and of the renewal of Church
life.
With these wishes, I
gladly impart a special Apostolic Blessing to all of you here and to the entire
Order of Minims in their threefold expression as friars, nuns and tertiaries.
© Copyright 2000 -
Libreria Editrice Vaticana
Round relief of Saint Francis of Paola, upon the baroque-style facade of San Francesco di Paola church in Via Manzoni street in Milan, Italy. Picture by Giovanni Dall'Orto, March 25 2007.
St. Francis of Paula
Founder of
the Order of Minims; b. in 1416, at Paula, in Calabria, Italy;
d. 2 April, 1507, at Plessis, France.
Hisparents were
remarkable for the holiness of
their lives. Remaining childless for some years after
their marriagethey had recourse to prayer,
especially commending themselves to the intercession of St.
Francis of Assisi. Three children were eventually born to them, eldest of
whom was Francis. When still in the cradle he suffered from a swelling
which endangered the sight of one of his eyes. His parents again
had recourse to Francis
of Assisi, and made a vow that
their son should pass an entire year in the "little habit"
of St Francis in one of theconvents of
his order, a not uncommon practice in the Middle
Ages. The child was immediately cured. From his early
years Francis showed signs of extraordinary sanctity,
and at the age of thirteen, being admonished by avision of
a Franciscan friar,
he entered a convent of
the Franciscan
Order in order to fulfil the vow made
by hisparents.
Here he gave great edification by his love of prayer and mortification,
his profound humility,
and his prompt obedience. At the completion of the year he went with
his parents on
a pilgrimage to Assisi, Rome,
and other places of devotion. Returning to Paula he selected a
retired spot on his father's estate,
and there lived in solitude; but later on he found a more retired dwelling in a
cave on the sea coast. Here he remained alone for about six years giving
himself to prayer and mortification.
In 1435 two companions
joined him in his retreat, and to accommodate
them Francis caused three cells and achapel to
be built: in this way the new order was begun. The number of
his disciples gradually increased, and about 1454, with the
permission of Pyrrhus, Archbishop of Cosenza, Francis built
a large monastery and church.
The building of this monastery was
the occasion of a great outburst of enthusiasm and devotion on the
part of the people towards Francis: even the nobles
carried stones and joined in the work. Their devotion was
increased by the many miracles which
the saint wrought
in answer to their prayers.
The rule of life adopted byFrancis and
his religious was one of extraordinary severity. They observed
perpetual abstinence and lived in great poverty, but the
distinguishing mark of the order was humility.
They were to seek to live unknown and hidden from the world. To express
this character which he would have
his disciples cultivate, Francis eventually obtained from
the Holy
See that they should be styled Minims, the least of
all religious. In 1474 Sixtus
IV gave him permission to write a rule for his community, and
to assume the title of Hermits of St.
Francis: this rule was formally approved by Alexander
VI, who, however, changed their title into that of Minims. After theapprobation of
the order, Francis founded several new monasteries in
Calabria and Sicily.
He also establishedconvents of nuns,
and a third order for people living in the world, after the example of St.
Francis of Assisi.
He had an
extraordinary gift of prophecy: thus he foretold the capture
of Otranto by
the Turks in
1480, and its subsequent recovery by the King of Naples.
Also he was gifted with discernment of consciences. He was no
respecter of persons of
whatever rank or position. He rebuked the King of Naples for
his ill-doing and in consequence suffered much persecution.
When Louis XI was in his last illness he sent an embassy to Calabria
to beg the saint to
visit him. Francis refused to come nor could he be prevailed upon
until the pope ordered
him to go. He then went to the king at Plessis-les-Tours and was with
him at his death. Charles VIII, Louis'ssuccessor, much admired the saint and
during his reign kept him near the court and frequently consulted him. This
king built a monastery for Minims at Plessis and
another at Rome on
the Pincian Hill. The regard in which Charles VIII held the saint was
shared by Louis XII, who succeeded to the throne in
1498. Francis was now anxious to return to Italy,
but the king would not permit him, not wishing to lose his counsels and
direction. The last three mouths of his life he spent in entire
solitude, preparing for death. On Maundy
Thursday he gathered his community around him and exhorted them especially
to have mutual charity amongst themselves and to maintain the rigour
of their life and in particular perpetual abstinence. The next
day, Good
Friday, he again called them together and gave them his last instructions
and appointed a vicar-general.
He then received the last sacraments and
asked to have the Passion according to St. John read out to
him, and whilst this was being read, his soul passed
away. Leo
X canonized him
in 1519. In 1562 the Huguenots broke
open his tomband
found his body incorrupt. They dragged it forth and burnt it, but some of the
bones were preserved by theCatholics and
enshrined in various churches of his order.
The Order of Minims does not seem at any time to
have been very extensive, but they had houses in many countries.
The definitive rule was approved in 1506 byJulius
II, who also approved a rule for the nuns of
the order. The feast of St. Francis of Paula is kept by
theuniversal Church on 2 April, the day on which he died.
Hess,
Lawrence. "St. Francis of Paula." The Catholic
Encyclopedia. Vol. 6. New York: Robert Appleton
Company, 1909. 2 Apr.
2016 <http://www.newadvent.org/cathen/06231a.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Joseph P. Thomas. In memory of
Fr. Joseph Paredom M.C.B.S.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. September 1, 1909. Remy Lafort,
Censor. Imprimatur. +John M. Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin
Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/06231a.htm
Statua
di San Francesco di Paola, San Fili, province de Cosenza, région de Calabre
Francis of Paola, O.
Min., Hermit (RM)
Born in Paola, Calabria,
Italy, in 1416; died at Plessis-les-Tours, France, on April 2, 1507; canonized
in 1519.
Francis's parents were of
modest means and very devout. They were childless after many years of married
life and prayed earnestly for a son. When God granted their prayer, they named
the child after Saint Francis of Assisi, who was their special intercessor.
At 13, he joined the
Franciscans at San Marco. There he was taught to read and learned to live
austerely, which he did for the rest of his life. At 14, he accompanied his
parents on a pilgrimage to Assisi and Rome. When they returned, he retired for
a time to a place about a half mile from the town, and later, at age 15, to a
more solitary place by the sea, where he lived in a cave as a hermit.
He was eventually joined
by two other men (1436). Neighbors built them three cells and a chapel, where
they sang the divine praises and where Mass was said for them by a priest from
a nearby church. The foundation of his order in 1452 is said to have been
called the Minimi fratres ('least brothers'), who accounted themselves least in
the service of God. Their rule of life was notably austere.
About 17 years later, a
church and monastery were built for them by the people of the area who had
grown to love them, under the sanction of the archbishop of Cosenza. Francis
maintained a regular discipline in the community. His bed was on a plank or the
ground, with a log or stone for a pillow. He did not allow himself a mat until
he was quite old. Charity was the motto he espoused, and humility was the
virtue he urged his followers to seek. He asked that they observe a perpetual
Lent, abstaining from meat, eggs, and dairy products.
The order received the
approval of Pope Sixtus IV in 1474. The rule Francis wrote emphasized penance,
charity, and humility. In addition to the three monastic vows he added one of
fasting and abstention from meat. The friars were then called the Hermits of
Saint Francis of Assisi (until the name was changed to Minim Friars in 1492),
and they were composed of uneducated men with one priest. Francis also penned a
rule for tertiaries and nuns.
If you read the long
testimonies of the healed and the witnesses in the Acta Sanctorum, you would
understand how Francis came by this reputation as a miracle-worker, and for
other spiritual powers, especially his gifts of reading minds and prophecy.
Francis attained such
fame as a worker of miracles that, in 1481, the dying King Louis XI of France
sent for Francis, wishing the hermit to heal him, and promising to assist the
order. Francis declined the invitation, but Louis appealed to Pope Sixtus IV,
who ordered Francis to go. The king sent the dauphin to escort him to
Plessis-les-Tours. When Louis fell on his knees before Francis and begged him
to heal him, Francis told him that the lives of kings are in the hands of God
and that Louis should pray to God.
The king and Francis had
many discussions, and although Francis was an uneducated man, Philip de
Commines, who was often present, wrote that he was so wise that hearers were
convinced that the Holy Spirit spoke through him. He brought about a change of
heart in the king, and Louis died, comforted, in his arms.
For a time he was tutor
to Charles VIII, who respected Francis as his father had, and asked his advice
on spiritual and state matters. Francis is credited with helping to restore
peace between France and Brittany, and between France and Spain.
Charles built a monastery
for Francis and his followers in the park of Plessis and another at Amboise, on
the spot where they had first met. In Rome, he built the monastery at Santa
Trinità del Monte on the Pincian Hill, to which only French Minims were
admitted.
From the French court the
renown of the saint spread to Germany and to Spain. The Emperor Maximilian and
Ferdinand the Catholic founded new monasteries for him in their domains.
But Francis was so
beloved that the French kings would not allow him to leave, and thus he spent
the last 25 years of his life in France. He became famous for prophecies and
miracles. He spent the last three months of his life in solitude in his cell,
preparing himself for death.
On Palm Sunday, he became
ill, and on Maundy Thursday, he assembled his brethren and urged them to love
God, to be charitable, and to strictly observe the duties of their rule. He
received the sacraments barefoot with a rope around his neck, according to the
custom of the order, and died the following day.
As a witness at the
canonization proceedings, "the worthy Jean Bourdichon, painter and
chamberlain to our lord the king," testified that he had gone to the
monastery of the Minimi after the death of Brother Francis and, in order to
paint a likeness after the actual visage, had made a mold and cast of the face.
The saint died on the
morning of Good Friday at ten and the burial took place on the morning of
Easter Monday. Regarding the funeral, Bourdichon says that a vast crowd of
believers assembled and went home gladdened and greatly consoled by the sight
of the deceased.
The same witness further
testified that since the body was interred in a spot very frequently flooded by
the nearby river, the brothers decided, on the advice of the princess, in order
that it should not decay more quickly than it need, to disinter him and to
rebury him in a stone sarcophagus in a higher grave. This took place 12 days
after the funeral.
The witness was present
when the corpse was taken out of the earth and laid in the sarcophagus. He saw
the face as sound, unravaged, and without trace of dissolution as it was before
interment. He knew this, because he purposely laid his face against that of the
dead, in order to detect decomposition by the sense of smell.
He regarded the absence
of decomposition as a miracle. He deposed further that he made another mask to
enable him to make a more accurate and better painting. Asked whether, after
the brother's death, the body had been eviscerated or opened, he declared that
he knew nothing about this. The next witness said such proceedings had not
taken place. As late as 1527, the corpse was still completely unchanged. Later
it was burned by the Huguenots (Attwater, Benedictines, Delaney, Encyclopedia,
Gill, Schamoni, Walsh, White).
In art, dressed as a
venerable friar, Saint Francis's emblem is the word Caritas in a circle of
rays. At times he may be portrayed (1) standing on his cloak in the sea (a
story told of several saints) (Roeder, White); (2) levitated above the crowd;
kneeling in ecstasy with staff and book; (3) with the scourge and a skull
(Roeder).
Saint Francis is the
patron saint of sailors, naval officers, navigators, and all people associated
with the sea. This patronage originated from an incident that was said to have
occurred in 1464. Francis wished to cross the Straits of Messina to Sicily but
was refused a boat. He lay his cloak on the sea, tying one end to his staff to
make a sail, then sailed across with his companions (White). He is also invoked
against plague and sterility (Roeder).
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0402.shtml
Basilica reale pontificia di San Francesco di Paola, Piazza del Plebiscito Napoli Italia
Foto Wolfgang
Pehlemann, 2014, P1070687
Königliche
Basilika San Francesco di Paola in Neapel
Basilica reale pontificia di San Francesco di Paola, Piazza del Plebiscito, Napoli, facciata
della chiesa
April 2
St. Francis of Paula,
Founder of the Order of Minims, Confessor
From the bull of his
canonization, and the memoirs relating to it, with the notes of Papebroke, t.
1. Apr. p. 103. also Philip Commines, b. 6. c. 8. See Le Fevre, Cont. of
Fleury, b. 115. n. 111. 120. 144. Helyot, Hist. des Ord. Relig. t. 9. p. 426.
Giry, a provincial of his order, in his Lives of Saints, and in a particular
dissertation; and De Coste, of the same order, in his judicious and accurate
life of this saint, in quarto.
A.D. 1508
THIS saint was born about
the year 1416, at Paula, a small city near the Tyrrhenian sea, in Calabria, the
midway from Naples to Reggio. His parents were very poor, but industrious, and
happy in their condition, making the will and love of God the sole object of
all their desires and endeavours. Their whole conduct was, as it were, one
straight line directed to this point. Having lived together several years
without issue, they earnestly begged of God, through the intercession of St.
Francis of Assisium, a son who might faithfully and assiduously serve him, and
become an instrument to glorify his name, to whose service they solemnly
devoted him. A son some time after this was born, whom they considered as the
fruit of their prayers, named him after their patron, St. Francis, and made it
their chief care to inspire him with pious sentiments, and give him an
education suitable to his holy destination. Francis, whilst yet a child, made
abstinence, solitude, and prayer his delight. In the thirteenth year of his age,
his father, whose name was James Martotille, placed him in the convent of
Franciscan friars at St. Mark’s, an episcopal town of that province, where he
learned to read, and laid the foundation of the austere life which he ever
after led. He, from that time, denied himself all use of linen and flesh meat;
and though he had not professed the rule of that Order, he seemed, even in that
tender age, to surpass all the religious in a scrupulous observance of every
thing prescribed by it. Having spent one year here, he performed, with his
parents, a pilgrimage to Assisium, the Portiuncula, and Rome. When he was
returned to Paula, with their consent, he retired to a lonesome solitude about
half a mile from the town: and, to avoid the distraction of visits, he shortly
after chose a more remote retreat in the corner of a rock upon the sea-coast,
where he made himself a cave. He was scarcely fifteen years old, when he shut
himself up in this hermitage, in 1432. He had no other bed than the rock
itself, nor other food than the herbs which he gathered in the neighbouring
wood, or what was sometimes brought him by his friends. Before he was quite
twenty years old, two other devoutly inclined persons joined him, imitating his
holy exercises. The neighbours built them three cells and a chapel, in which
they sung the divine praises, and a certain priest from the parish church came,
and said mass for them. This is reputed the first foundation of his religious
Order, in 1436. Near seventeen years after, their number being much increased,
with the approbation of the archbishop of Cosenza, a large church and monastery
were built for them in the same place, towards the year 1454. So great was the
devotion of the people, that the whole country joined, and all hands were set
to this work; even noblemen would share in carrying burdens. During the
erection of this building, our saint performed
several miracles. Among others, a person deposed upon oath in
the process of the saint’s canonization, that he himself was healed in an
instant of a painful lameness in his thigh by the prayer of the servant of
God.—When the house was completed, he applied himself to establish regularity
and uniformity in his community, not abating in the least of his former
severity with regard to himself. His bed was no longer indeed the rock, but it
was a board or the bare floor, with a stone or a log of wood for his pillow,
till, in his old age, he made use of a mat. He allowed himself no more sleep
than was absolutely necessary to refresh weary nature, and to enable him to
resume his devout exercises with greater vigour. He took but one repast a day,
in the evening, and usually nothing but bread and water. Sometimes he passed
two days without taking any food, especially before great festivals.
Penance, charity, and
humility he laid down for the groundwork and basis of his rule. He obliged his
followers to observe a perpetual Lent, and always to abstain not only from
flesh, but also from all white meats, or food made of milk, such as cheese,
butter, &c., also from eggs, all which the ancient canons forbid in Lent.
In order more effectually to enforce obedience to this injunction, he
prescribed a fourth vow, by which every religious of his Order binds himself to
observe it. His intention in enjoining this perpetual abstinence was to repair,
in some sort, the abuses of Lent among Christians. He always lamented to see
that holy fast so much relaxed by the mitigations which the church has been
obliged to tolerate, in condescension to the lukewarmness of the generality of
her children. He hoped also, by example, to open the eyes of the rest of the
faithful, to whom the sight of such a perpetual Lent compared to their
remissness in one of only forty days, might be a continual reproach and silent
preaching, perhaps more effectual than by words. The saint took charity for the
motto and symbol of his Order, to show it was to be its
soul, and its most distinguishing characteristic, whereby to
signify the intimate union of all its members, not only with one another, but
with all the faithful, by their ardent love of God, that divine flame which
glowed so warmly in his own breast, and which he eagerly endeavoured to kindle
in all others. Humility, however, was his darling virtue. The greater he was
before God, and the more he was distinguished in the sight of heaven, the less
he appeared in his own eyes; and the more he was exalted among men, honoured
and reverenced by popes and kings, the more earnestly did he study to live
concealed and to debase himself beneath all creatures. It was his fondness for
living concealed, unknown, and entirely forgotten by all men, that inspired him
with the design in his earliest years of burying himself in a desert: in which
part of his life, we know nothing of his sublime contemplations and his
heavenly raptures, or of his severe penance, emulating the Eliases and the
Baptists, because he sought to live hidden from the eyes of men, according to
that maxim of true humility, love to be unknown; nor did he only seek to
conceal himself and draw a veil over his other virtues, but also over his
humility itself. A humility which sets itself forth, with an exterior show of
piety, which draws respect, and receives honour, is generally false; only the
shadow of that virtue, and in reality a subtle refined pride. At least it is
always dangerous, and much to be suspected. But the humility of Francis was
both true and secure, because hidden. When God discovered him to the world, the
saint conversed with it so as always to retain the same spirit. Not yet twenty
years old, he was the legislator and oracle of all who approached him: yet he
was no ways elated on this account, he assumed nothing to himself, and
professed that he knew nothing save Jesus Christ crucified, and that there is
no virtue, no happiness, but in knowing our own littleness, and in being humble
of heart with, our divine Master. By this humility he was filled with the
spirit of God, and by a wonderful prodigy of grace, at nineteen years of age,
became the founder of an eminent religious Order. Other Orders have their
principal end and distinguishing characters; some being remarkable for their
poverty, others for austerity, others for prayer, holy zeal, &c. That of
St. Francis of Paula eminently includes all the above-mentioned; but to show his
value for humility, which he most earnestly recommended to his followers as the
ground of all Christian virtues, he gave them a name that might express it, and
begged of the pope, as a singular privilege, that his religious might be called
Minims, to signify that they were the least in the house of God. Moreover, as
in every community there must be a supreme, St. Francis would have the superior
of each house in his Order called Corrector, to put him in continual
remembrance that he is only the servant of all the rest, according to that of
Luke xxii. He who is greater among you, let him be as the least. But
the more this saint humbled himself, the more did God exalt him.
The archbishop of Cosenza
approved the rule and Order of this holy man, in 1471. Pope Sixtus IV.
confirmed it by a bull, dated the 23rd of May, in 1474, and established Francis
superior-general. This Order was then chiefly composed of laymen, with a few
clerks, and only one priest, Balthasar de Spino, doctor of laws, afterward
confessor to Innocent VIII. About the year 1476, the saint founded another
convent at Paterno, on the gulf of Tarentum; and a third at Spezza, in the
diocess of Cosenza. In the year 1479, being invited into Sicily, he was
received there as an angel from heaven, wrought miracles, and built several
monasteries in that island, where he continued a whole year. Being returned
into Calabria, in 1480, his built another at Corigliano, in the diocess of
Rossano.—Ferdinand, king of Naples, provoked at some wholesome advice the saint
had given him and his two sons, Alphonsus, duke of Calabria, and John, cardinal
of Arragon, persecuted him: but his third son, Frederic, prince of Tarentum,
was his friend.—The king, alleging that he had built monasteries without the
royal assent, ordered a messenger to apprehend him at Paterno, and bring him
prisoner to Naples. But, the officer approaching to seize his person, was so
moved at his humility, and the readiness with which he disposed himself to
follow him, that, struck with awe, he returned to Naples, and dissuaded the
king from attempting any thing against the servant of God. The holy man was
favoured with an eminent spirit of prophecy. He foretold to several persons, in
the years 1447, 1448, and 1449, the taking of Constantinople by the Turks, which
happened on the 29th of May, in 1453, under the command of Mahomet II., when
Constantine Palæologus, the last Christian emperor, was slain, fighting
tumultuously in the streets. He also foretold that Otranto, one of the most
important places and keys of the kingdom of Naples, would fall into the hands
of the same infidels, three months before Achmat Bacha surprised it on the last
day of August, 1480, to the great consternation of Italy and all Europe. But
the servant of God promised the Christians, especially the pious John, count of
Arena, one of the generals of Ferdinand I., king of Naples, certain success the
year following, when they recovered that city, and drove the infidels out of
Italy, their victory being facilitated by the death of the Turkish emperor, and
a civil war between the two brothers, Bajazet II., and Zizimes. The authentic
depositions of many unexceptionable witnesses, given with all the formalities
which both the civil and canon law require, prove these and many other
illustrious predictions of the holy man, on several public and private
occasions, 1 with
regard to the kings of Naples, Ferdinand I., and Alphonsus II., and Louisa of
Savoy, countess, afterward Dutchess of Angouleme, mother of King Francis I. in
France, and many others. Lawrence bishop of Grenoble, of the most noble house
of Alemans, in Dauphiné, uncle to the most valiant and pious captain De Bayard, 2 in
his letter to Pope Leo X. for the canonization of St. Francis, writes: “Most
holy Father, he revealed to me many things which were known only to God and
myself.” In 1469, Pope Paul II. sent one of his chamberlains, an ecclesiastic
of the noble family of Adorno in Genoa, into Calabria, to inform himself of the
truth of the wonderful things that were related of the saint. The chamberlain
addressed himself to the vigilant archbishop of Cosenza, who assured him, from
his own intimacy with the saint, of his sincere virtue and extraordinary
sanctity, and sent one of his ecclesiastics, named Charles Pyrrho, a canon of
Cosenza, a man of great learning and probity, to attend him to Paula. This
Pyrrho had been himself healed ten years before of a violent tooth-ache by the
man of God touching his cheek with his hand, (of which the authentic
depositions are extant,) and had from that time frequently visited him. The
saint was at work, according to his custom, among the masons who were laying
the foundation of his church; but seeing two strangers coming towards him, left
his work, and came to meet them. He made them a low obeisance; and when the
chamberlain offered to kiss his hand, according to the Italian custom of
saluting priests and religious men, he would by no means allow it, and falling
on his knees, said he was bound to kiss his hands, which God had consecrated
for the thirty years he had said mass. The chamberlain was exceedingly struck
at his answer, hearing him, who was an entire stranger to his person, tell him
so exactly how long he had been a priest; but concealing himself and his
commission, desired to converse with him in his convent. The saint conducted
him into a chamber. The chamberlain, who was a very eloquent man, made him a
long discourse, in which, to try his virtue, he censured his institute as too
austere, spoke much on the illusions and dangers to which extraordinary and
miraculous gifts are liable, and exhorted him to walk in ordinary paths,
trodden by eminent servants of God. The saint answered his objections with
great modesty and humility; but seeing him not yet satisfied, he went to the
fire, and taking out some burning coals, held them a considerable time in his
hand without receiving any harm, saying: “All creatures obey those who serve
God with a perfect heart.”—Which golden words are inserted by Leo X. in the
bull of his canonization. The chamberlain returned to Cosenza full of
veneration for the holy man, and told both the archbishop and his holiness at
his return to Rome, that the sanctity of Francis was greater than his
reputation in the world. A youth, nephew to the saint, being dead, his mother,
the saint’s own sister, applied to him for comfort, and filled his apartment
with lamentations. After the mass and divine office had been said for the
repose of his soul, St. Francis ordered the corpse to be
earned from the church into his cell, where he ceased not to pray till, to her
great astonishment, he had restored him to life and presented him to her in
perfect health. The young man entered his Order, and is the celebrated Nicholas
Alesso, who afterward followed his uncle into France, and was famous for
sanctity and many great actions. 3
Lewis XI. king of France,
a prince perhaps the most absolute, the most tenacious of his authority,
jealous of his prerogative, and impatient of control, that ever wore that
crown, after an apoplectic fit fell into a lingering decay. 4 Never
had any man a stronger passion for life, or a greater dread of the very
thoughts of death. Such was his frowardness and impatience, that every one
trembled to approach him: nor durst any ask him a favour. He gave his physician
ten thousand crowns a month, as long as he should prolong his life, and stood
in the greatest awe of him. He shut himself up in his palace or castle of
Plessis-les-Tours, near the city of Tours. Jesters, buffoons, and dancers were
employed to divert his melancholy and peevishness, but in vain. He ordered
prayers, processions, and pilgrimages for his health, and even against the
north-wind, which he found injurious to him, and he caused holy relics from the
remotest places to be brought to Plessis, into his chamber. His distemper still
increasing, he sent an ambassador to our holy hermit in Calabria, begging he
would come to see him, and restore his health, making the greatest promises to
serve both him and his Order. Hearing that the man of God would not be
prevailed on by his promises to comply with his request, he entreated
Ferdinand, king of Naples, to send him. Francis answered positively, that he
could not tempt God, nor undertake a voyage of a thousand miles to work a
miracle, which was asked upon low and merely human motives. Lewis did not yet
desist, but desired the pope to interpose in favour of his request. Sixtus IV.
by two briefs, commanded Francis immediately to repair to the king. Hereupon
the obedient saint, without delay, set out and passed through Naples, where he
was exceedingly honoured by King Ferdinand. He took also Rome in his way, where
he was treated with the highest distinction by the pope and cardinals.
Embarking at Ostia, he landed in France, and cured many sick of the plague, in
Provence, as he passed. Lewis, in great joy, gave a purse of ten thousand
crowns to him who brought the first news of the Saint’s arrival in his
dominions, and sent the dauphin, with the principal lords of his court, to meet
him at Amboise, and to conduct him to his palace. The saint arrived at Plessis,
on the 24th of April, in 1482. The king went out to meet him, attended with all
his court, and falling on his knees, conjured him to obtain of God the
prolongation of his life. St. Francis told him, no wise man ought to entertain
such a desire. To which he added this useful lesson, that the lives of kings
had their appointed limits no less than those of his meanest subjects, that
God’s decree was unchangeable, and that there remained nothing to be done but
for his majesty to resign himself to the divine will, and prepare for a happy
death. The king gave orders that he should be lodged in an apartment in his
palace, near the chapel, and assigned him an interpreter. St. Francis often
spoke to his majesty both in private and before his courtiers, and always with
such wisdom, though a man without learning, that Philip Commines, who
frequently heard him, says, that all present were persuaded the Holy Ghost
spoke by his mouth. By his prayers and exhortations he effected a perfect change
in the king’s heart, who, having recommended to him his three children, and the
repose of his soul, died in his arms, perfectly resigned, on the 30th of
August, in 1483.
King Charles VIII.
honoured the saint even more than his father Lewis had done; would do nothing
in the affairs of his conscience, or even in those of the state, without his
advice; visited him every day as long as he stayed at Plessis, standing before
him as a disciple, and engaged him to stand godfather to his son the dauphin,
to whom he gave the name of our saint. He built for him a beautiful convent in
the park of Plessis, in a place called Montils: and another at Amboise, and
upon the very spot where he met him when he was dauphin: and going to Rome in
1495, where he made a triumphant entry, and was saluted Emperor of
Constantinople by Pope Alexander VI., he built there, on Mount Pincio, a
stately monastery for this Order, under the name of the Blessed Trinity, in
which none but Frenchmen can be admitted. In his reign the saint founded the
convent of Nigeon, near Paris, on which occasion two doctors, who had violently
opposed the institute before the bishop of Paris, were so moved by the sight of
the saint at Plessis, that they entered his Order in 1506. Pope Julius II.
again approved the rule, in which the saint had made some alterations. King
Charles VIII. dying in 1498, Lewis XII. succeeded him. He at first gave the
saint leave to return to Italy; but quickly recalled it, and heaped honours and
benefactions on all his relations. St. Francis spent the three last months of
his life within his cell, to prepare himself for a happy death, denying himself
all communication with mankind, that nothing might divert his thoughts from
death and eternity. He fell sick of a fever on Palm-Sunday, in 1506. On
Maundy-Thursday he assembled all his religious in the sacristy, and exhorted
them to the love of God, charity with one another and with all men, and to a
punctual observance of all the duties of their rule. After having made his
confession, he communicated barefoot, and with a cord about his neck, which is
the custom of his Order. He died on the 2nd of April, in 1508, being ninety-one
years old. 5 He
was canonized by Leo X. in 1519. His body remained uncorrupted in the church of
Plessis-les-Tours, till the year 1562, when the Hugonots broke open the shrine
and found it entire, fifty-five years after his death. They dragged it about
the streets, and burned it in a fire which they had made with the wood of a
great crucifix. 6 Some
of his bones were recovered by the Catholics, and are kept in several churches
of his Order at Plessis, Nigeon, Paris, Aix, Naples, Paula, and Madrid. In
Tours the same Calvinists burned the body of St. Martin, Alcuin, and many
others. But Lewis of Bourbon, Duke of Montpensier, governor of Anjou, Touraine,
and Maine, a virtuous and valiant prince, soon gave chase to those sacrilegious
plunderers, and restored the churches and religious places to their former
possessors. 7 St.
Francis wrote two rules for his friars, with a Correctorium, or method of
enjoining penances, and a third rule for nuns; all approved by Pope Julius II.
in 1506.
Vanity and the love of
the world make men fond of producing themselves in public, and by having never
cultivated an acquaintance with themselves, they shun the very means, look upon
retirement as intolerable, and pass their life in wandering always from home,
and in a studied series of dissipation, in which they secretly seek the
gratification of their vanity, sloth, and other passions, but meet only with
emptiness, trouble, and vexation. Man can find happiness only in God and in his
own heart. This he flies who cannot bear to converse with God
and his own heart. On the contrary, he who is endued with the spirit of prayer,
finds the greatest relish in the interior exercises of compunction and
contemplation, and in conversing with heaven. Solitude is his chief delight,
and his centre: here he lives sequestered from creatures, and as if there were
only God and himself in the world, except that he ceases not to recommend all
men to God. In paying the debts of charity, and other exterior duties to his
neighbours, his heart is fixed on God, and he has purely his divine will in
view; so that, even in his public actions, he deposits his intention and
sentiments in the bosom of his God and Redeemer, and has no regard to creatures
but as he considers God and his holy will in them. You are dead, says
the apostle, 8 and
your life is hidden with God in Jesus Christ.
Note
1. See many of these depositions in De Coste, part 2. and
Bollandus.
Note
2. Surnamed Le Chevalier sans peur et sans reproche.
Note
3. This miracle may be read with a detail of the circumstances in the
life of this saint, by F. Giry. Among other testimonies in confirmation of it,
Bollandus produces the following extracts. Ex processu facto in
Castellione. SSmo ac Bmo Dno Leoni X. Loysius de Agno, Baro Castellionis,
&c. Die 27 Nov. An. 1516. de prodigiis Beati Viri talia quæ subsequuntuur,
coram nobis a subinsertis testibus recitata et enarrata fuerunt.
D. Petrus de
Paula, Consentinus, Terræ Castellioni Prætor, retulit quod Nicolaus nepos beati
viri fuit ab ipso in Paula resuscitatus; et hoc miraculum est vulgatum in
Calabria, et potissimum in Casalibus civitatis Consentinæ.
Ex processu facto
in terra Xiliani. Supplicatur sanctitati vestræ pro parte syndicorum et
magistrorum juratorum universitatis, et hujusmodi pertinentiarum turræ Xiliani
Diæc. Marthuranæ.—
After several
other miracles, related with the certificates of the witnesses upon oath, is
added, n. 88.
Donna Andiana
deponit per dictum sui patris, qualiter pater ejus vidit nepotem Fr. Francisci
deportatum ad eum mortuum de duobus diebus, et vidit ipsum resuscitatum in
conventu Paterni.
This nephew, Nicholas
d’Alesso, was son of Andrew d’Alesso. The author of the life of St. Francis of
Paula, who was a religious man of the saint’s own convent, and lived many years
with him at Paula, speaks of this miracle as happening before the year 1460.
Six other persons are related to have been raised from death by this saint: the
authentic proofs of which, and many other miracles, may be seen in the
Bollandists, and in De Coste’s life of this saint.
Note
4. Commines, b. 6. c. 7, 8. 12. Mezeray, &c.
Note
5. F. Papebroke wrote, that St. Francis was born only in 1438, and
died sixty-nine years old; but retracted this mistake after he had seen the
dissertation of F. Giry.
Note
6. Baillet; Helyot, Hist. des Ord. Relig. Le Fevre; the Contin. of
Fleury; Croisset.
Note
7. See the verbal process and informations relating to the sacrileges
committed in pillaging this church and convent in Plessis, taken in the presidial
court of Tours, in 1562 and 1565, in De Coste, p. 482. His rich tomb, though
empty, is shown in the church of his great convent at Plessis-les-Tours, a mile
from the city of Tours. The church and convent are also stripped by several
accidents of a great part of their rich ornaments and plate. Very near, the
favourite place of Lewis XI. is still standing, though in a decaying
condition.
Rev. Alban Butler (1711–73). Volume IV: April. The Lives of the Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/4/021.html
Francesco Capella, Miracolo di San Francesco di Paola, circa 1750, Olio su
tela, 250 x180, Diocesan Museum in Cortona
San Francesco da
Paola Eremita e fondatore
- Memoria Facoltativa
Paola, Cosenza, 27 marzo
1416 - Plessis-les-Tours, Francia, 2 aprile 1507
La sua vita fu avvolta in
un'aura di soprannaturale dalla nascita alla morte. Nacque a Paola (Cosenza)
nel 1416 da genitori in età avanzata devoti di san Francesco, che proprio
all'intercessione del santo di Assisi attribuirono la nascita del loro bambino.
Di qui il nome e la decisione di indirizzarlo alla vita religiosa nell'ordine
francescano. Dopo un anno di prova, tuttavia, il giovane lasciò il convento e
proseguì la sua ricerca vocazionale con viaggi e pellegrinaggi. Scelse infine
la vita eremitica e si ritirò a Paola in un territorio di proprietà della
famiglia. Qui si dedicò alla contemplazione e alle mortificazioni corporali,
suscitando stupore e ammirazione tra i concittadini. Ben presto iniziarono ad
affluire al suo eremo molte persone desiderose di porsi sotto la sua guida
spirituale. Seguirono la fondazione di numerosi eremi e la nascita della
congregazione eremitica paolana detta anche Ordine dei Minimi. La sua
approvazione fu agevolata dalla grande fama di taumaturgo di Francesco che
operava prodigi a favore di tutti, in particolare dei poveri e degli
oppressi. Lo stupore per i miracoli giunse fino in Francia, alla corte di
Luigi XI, allora infermo. Il re chiese al papa Sisto IV di far arrivare
l'eremita paolano al suo capezzale. L'obbedienza prestata dal solitario
costretto ad abbandonare l'eremo per trasferirsi a corte fu gravosa ma
feconda. Luigi XI non ottenne la guarigione, Francesco fu tuttavia ben
voluto ed avviò un periodo di rapporti favorevoli tra il papato e la corte
francese. Nei 25 anni che restò in Francia egli rimase un uomo di Dio, un
riformatore della vita religiosa. Morì nei pressi di Tours il 2 aprile 1507.
Patronato: Calabria,
Naviganti, pescatori.
Etimologia: Francesco =
libero, dall'antico tedesco
Martirologio Romano: San
Francesco da Paola, eremita: fondò l’Ordine dei Minimi in Calabria,
prescrivendo ai suoi discepoli di vivere di elemosine, senza possedere nulla di
proprio né mai toccare denaro, e di mangiare sempre soltanto cibi quaresimali;
chiamato in Francia dal re Luigi XI, gli fu vicino nel momento della morte;
morì a Plessy presso Tours, celebre per la sua austerità di vita.
La sua vita fu uno
stupore continuo sin dalla nascita, infatti Francesco nacque il 27 marzo 1416
da una coppia di genitori già avanti negli anni, il padre Giacomo Alessio detto
“Martolilla” e la madre Vienna di Fuscaldo, durante i quindici anni di
matrimonio già trascorsi, avevano atteso invano la nascita di un figlio, per
questo pregavano s. Francesco, il ‘Poverello’ di Assisi, di intercedere per
loro e inaspettatamente alla fine il figlio arrivò.
Riconoscenti i giubilanti
genitori lo chiamarono Francesco; il santo di Assisi intervenne ancora nella
vita di quel bimbo nato a Paola, cittadina calabrese sul Mar Tirreno in
provincia di Cosenza; dopo appena un mese si scoprì che era affetto da un
ascesso all’occhio sinistro che si estese fino alla cornea, i medici
disperavano di salvare l’occhio.
La madre fece un voto a
s. Francesco, di tenere il figlio in un convento di Frati Minori per un intero
anno, vestendolo dell’abito proprio dei Francescani, il voto dell’abito è
usanza ancora esistente nell’Italia Meridionale. Dopo qualche giorno l’ascesso
scomparve completamente.
Fu allevato senza agi, ma
non mancò mai il necessario; imparò a leggere e scrivere verso i 13 anni,
quando i genitori volendo esaudire il voto fatto a s. Francesco, lo portarono
al convento dei Francescani di San Marco Argentano, a nord di Cosenza.
In quell’anno
l’adolescente rivelò subito doti eccezionali, stupiva i frati dormendo per
terra, con continui digiuni e preghiera intensa e già si cominciava a
raccontare di prodigi straordinari, come quando assorto in preghiera in chiesa,
si era dimenticato di accendere il fuoco sotto la pentola dei legumi per il
pranzo dei frati, allora tutto confuso corse in cucina, dove con un segno di
croce accese il fuoco di legna e dopo pochi istanti i legumi furono subito
cotti.
Un’altra volta dimenticò
di mettere le carbonelle accese nel turibolo dell’incenso, alle rimostranze del
sacrestano andò a prenderle ma senza un recipiente adatto, allora le depose nel
lembo della tonaca senza che la stoffa si bruciasse.
Trascorso l’anno del
voto, Francesco volle tornare a Paola fra il dispiacere dei frati e d’accordo
con i genitori intrapresero insieme un pellegrinaggio ad Assisi alla tomba di
s. Francesco, era convinto che quel viaggio gli avrebbe permesso d’individuare
la strada da seguire nel futuro.
Fecero tappe a Loreto, Montecassino,
Monteluco e Roma, nella ‘Città eterna’ mentre camminava per una strada,
incrociò una sfarzosa carrozza che trasportava un cardinale pomposamente
vestito, il giovanetto non esitò e avvicinatosi rimproverò il cardinale dello
sfarzo ostentato; il porporato stupito cercò di spiegare che era necessario per
conservare la stima e il prestigio della Chiesa agli occhi degli uomini.
Nella tappa di Monteluco,
Francesco poté conoscere in quell’eremo fondato nel 528 da s. Isacco, un monaco
siriano fuggito in Occidente, gli eremiti che occupavano le celle sparse per la
montagna; fu molto colpito dal loro stile di vita, al punto che tornato a
Paola, appena tredicenne e in netta opposizione al dire del cardinale romano,
si ritirò a vita eremitica in un campo che apparteneva al padre, a quasi un
chilometro dal paese, era il 1429.
Si riparò prima in una
capanna di frasche e poi spostandosi in altro luogo in una grotta, che egli
stesso allargò scavando il tufo con una zappa; detta grotta è oggi conservata
all’interno del Santuario di Paola; in questo luogo visse altri cinque anni in
penitenza e contemplazione.
La fama del giovane
eremita si sparse nella zona e tanti cominciarono a raggiungerlo per chiedere
consigli e conforto; lo spazio era poco per questo via vai, per cui Francesco
si spostò di nuovo più a valle costruendo una cella su un terreno del padre;
dopo poco tempo alcuni giovani dopo più visite, gli chiesero di poter vivere
come lui nella preghiera e solitudine.
Così nel 1436, con una
cappella e tre celle, si costituì il primo nucleo del futuro Ordine dei Minimi;
la piccola Comunità si chiamò “Eremiti di frate Francesco”.
Prima di accoglierli,
Francesco chiese il permesso al suo vescovo di Cosenza mons. Bernardino
Caracciolo, il quale avendo conosciuto il carisma del giovane eremita
acconsentì; per qualche anno il gruppo visse alimentandosi con un cibo di tipo
quaresimale, pane, legumi, erbe e qualche pesce, offerti come elemosine dai
fedeli; non erano ancora una vera comunità ma pregavano insieme nella cappella
a determinate ore.
Fu in seguito necessario
allargare gli edifici e nel 1452 Francesco cominciò a costruire la seconda
chiesa e un piccolo convento intorno ad un chiostro, tuttora conservati nel
complesso del Santuario.
Durante i lavori di
costruzione Francesco operò altri prodigi, un grosso masso che stava rotolando
sugli edifici venne fermato con un gesto del santo e ancora oggi esiste sotto
la strada del Santuario; entrò nella fornace per la calce a ripararne il tetto,
passando fra le fiamme e rimanendo illeso; inoltre fece sgorgare una fonte con
un tocco del bastone, per dissetare gli operai, oggi è chiamata “l’acqua della
cucchiarella”, perché i pellegrini usano attingerne con un cucchiaio.
Ormai la fama di
taumaturgo si estendeva sempre più e il papa Paolo II (1464-1471), inviò nel
1470 un prelato a verificare; giunto a Paola fu accolto da Francesco che aveva
fatto portare un braciere per scaldare l’ambiente; il prelato lo rimproverò per
l’eccessivo rigore che professava insieme ai suoi seguaci e allora Francesco
prese dal braciere con le mani nude, i carboni accesi senza scottarsi, volendo
così significare se con l’aiuto di Dio si poteva fare ciò, tanto più si poteva
accettare il rigore di vita.
La morte improvvisa del
papa nel 1471, impedì il riconoscimento pontificio della Comunità, che intanto
era stata approvata dal vescovo di Cosenza Pirro Caracciolo; il consenso
pontificio arrivò comunque tre anni più tardi ad opera del nuovo papa Sisto IV
(1471-1484).
Secondo la tradizione,
uno Spirito celeste, forse l’arcangelo Michele, gli apparve mentre pregava,
tenendo fra le mani uno scudo luminoso su cui si leggeva la parola “Charitas” e
porgendoglielo disse: “Questo sarà lo stemma del tuo Ordine”.
La fama di questo monaco
dalla grossa corporatura, con barba e capelli lunghi che non tagliava mai, si
diffondeva in tutto il Sud, per cui fu costretto a muoversi da Paola per
fondare altri conventi in varie località della Calabria.
Gli fu chiesto di avviare
una comunità anche a Milazzo in Sicilia, pertanto con due confratelli si
accinse ad attraversare lo Stretto di Messina, qui chiese ad un pescatore se
per amor di Dio l’avesse traghettato all’altra sponda, ma questi rifiutò visto
che non potevano pagarlo; senza scomporsi Francesco legò un bordo del mantello
al bastone, vi salì sopra con i due frati e attraversò lo Stretto con quella
barca a vela improvvisata.
Il miracolo fra i più
clamorosi di quelli operati da Francesco, fu in seguito confermato da testimoni
oculari, compreso il pescatore Pietro Colosa di Catona, piccolo porto della
costa calabra, che si rammaricava e non si dava pace per il suo rifiuto.
Risanava gli infermi,
aiutava i bisognosi, ‘risuscitò’ il suo nipote Nicola, giovane figlio della
sorella Brigida, anche suo padre Giacomo Alessio, rimasto vedovo entrò a far
parte degli eremiti, diventando discepolo di suo figlio fino alla morte.
Francesco alzava spesso
la voce contro i potenti in favore degli oppressi, le sue prediche e invettive
erano violente, per cui fu ritenuto pericoloso e sovversivo dal re di Napoli
Ferdinando I (detto Ferrante) d’Aragona, che mandò i suoi soldati per farlo
zittire, ma essi non poterono fare niente, perché il santo eremita si rendeva
invisibile ai loro occhi; il re alla fine si calmò, diede disposizione che
Francesco poteva aprire quanti conventi volesse, anzi lo invitò ad aprirne uno
a Napoli (un’altro era stato già aperto nel 1480 a Castellammare di Stabia.
A Napoli giunsero due
fraticelli che si sistemarono in una cappella campestre, là dove poi nel 1846
venne costruita la grande, scenografica, reale Basilica di S. Francesco da
Paola, nella celebre Piazza del Plebiscito.
Intanto si approssimava
una grande, imprevista, né desiderata svolta della sua vita; nel 1482 un
mercante italiano, di passaggio a Plessis-les-Tours in Francia, dove risiedeva
in quel periodo il re Luigi XI (1423-1482), gravemente ammalato, ne parlò ad
uno scudiero reale, che informò il sovrano.
Il re inviò subito un suo
maggiordomo in Calabria ad invitare il santo eremita, affinché si recasse in
Francia per aiutarlo, ma Francesco rifiutò, nonostante che anche il re di
Napoli Ferrante appoggiasse la richiesta.
Allora il re francese si
rivolse al papa Sisto IV, il quale per motivi politici ed economici, non voleva
scontentare il sovrano e allora ordinò all’eremita di partire per la Francia,
con grande sgomento e dolore di Francesco, costretto a lasciare la sua terra e
i suoi eremiti ad un’età avanzata, aveva 67 anni e malandato in salute.
Nella sua tappa a Napoli,
fu ricevuto con tutti gli onori da re Ferrante I, incuriosito di conoscere quel
frate che aveva osato opporsi a lui; il sovrano assisté non visto ad una
levitazione da terra di Francesco, assorto in preghiera nella sua stanza; poi
cercò di conquistarne l’amicizia offrendogli un piatto di monete d’oro, da
utilizzare per la costruzione di un convento a Napoli.
Si narra che Francesco
presone una la spezzò e ne uscì del sangue e rivolto al re disse: “Sire questo
è il sangue dei tuoi sudditi che opprimi e che grida vendetta al cospetto di
Dio”, predicendogli anche la fine della monarchia aragonese, che avvenne
puntualmente nei primi anni del 1500.
Sempre vestito del suo
consunto saio e con in mano il rustico bastone, fu ripreso di nascosto da un
pittore, incaricato dal re di fargli un ritratto, che è conservato nella Chiesa
dell’Annunziata a Napoli, mentre una copia è nella Chiesa di S. Francesco da
Paola ai Monti in Roma; si ritiene che sia il dipinto più somigliante quando
Francesco aveva 67 anni.
Passando per Roma andò a
visitare il pontefice Sisto IV (1471-1484), che lo accolse cordialmente; nel
maggio 1489 arrivò al castello di Plessis-du-Parc, dov’era ammalato il re Luigi
XI, nel suo passaggio in terra francese liberò Bormes e Frejus da un’epidemia.
A Corte fu accolto con
grande rispetto, col re ebbe numerosi colloqui, per lo più miranti a far
accettare al sovrano l’ineluttabilità della condizione umana, uguale per tutti
e per quante insistenze facesse il re di fare qualcosa per guarirlo, Francesco
rimase coerentemente sulla sua posizione, giungendo alla fine a convincerlo ad
accettare la morte imminente, che avvenne nel 1482, dopo aver risolto le
divergenze in corso con la Chiesa.
Dopo la morte di Luigi
XI, il frate che viveva in una misera cella, chiese di poter ritornare in
Calabria, ma la reggente Anna di Beaujeu e poi anche il re Carlo VIII
(1470-1498) si opposero; considerandolo loro consigliere e direttore
spirituale.
Giocoforza dovette
accettare quest’ultimo sacrificio di vivere il resto della sua vita in Francia,
qui promosse la diffusione del suo Ordine, perfezionò la Regola dei suoi frati
“Minimi”, approvata definitivamente nel 1496 da papa Alessandro VI, fondò il
Secondo Ordine e il Terzo riservato ai laici, iniziò la devozione dei Tredici
Venerdì consecutivi.
Francesco morì il 2
aprile 1507 a Plessis-les-Tours, vicino Tours dove fu sepolto, era un Venerdì
Santo ed aveva 91 anni e sei giorni.
Già sei anni dopo papa
Leone X nel 1513 lo proclamò beato e nel 1519 lo canonizzò; la sua tomba
diventò meta di pellegrinaggi, finché nel 1562 fu profanata dagli Ugonotti che
bruciarono il corpo; rimasero solo le ceneri e qualche pezzo d’osso.
Queste reliquie subirono
oltraggi anche durante la Rivoluzione Francese; nel 1803 fu ripristinato il
culto. Dopo altre ripartizioni in varie chiese e conventi, esse furono riunite
e dal 1935 e 1955 si trovano nel Santuario di Paola; dopo quasi cinque secoli
il santo eremita ritornò nella sua Calabria di cui è patrono, come lo è di
Paola e Cosenza.
Nel 1943 papa Pio XII, in
memoria della traversata dello Stretto, lo nominò protettore della gente di
mare italiana. Quasi subito dopo la sua canonizzazione, furono erette in suo
onore basiliche reali a Parigi, Torino, Palermo e Napoli e il suo culto si
diffuse rapidamente nell’Italia Meridionale, ne è testimonianza l’afflusso
continuo di pellegrini al suo Santuario, eretto fra i monti della costa calabra
che sovrastano Paola, sui primi angusti e suggestivi ambienti in cui visse e
dove si sviluppò il suo Ordine dei ‘Minimi’.
Autore: Antonio
Borrelli
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/26550
Bartolomé Esteban Murillo pinta
(1665-1669) a San Francisco de Paula para
el Convento de San Francisco
(Sevilla). Museo de Málaga. El J. Paul Getty de Los Ángeles, expone otra
versión, The Vision of Saint Francis of Paola, (ca. 1670)
Lunedì, 3 Luglio 2000
Carissimi Fratelli
dell'Ordine dei Minimi!
1. Vi accolgo con un
affettuoso benvenuto, grato per la visita che avete voluto rendermi all'inizio
del vostro Capitolo Generale. Saluto con viva cordialità il P. Giuseppe Fiorini
Morosini, vostro Superiore Generale, i Padri Capitolari e le delegazioni delle
Monache e dei Terziari che interverranno alla prima parte dell'importante
assise, come pure i religiosi, le religiose ed i laici, che compongono i tre
Ordini della Famiglia religiosa fondata da san Francesco di Paola.
Con tutti voi rendo
grazie al Signore per il bene compiuto nel corso di una lunga e benemerita
storia al servizio del Vangelo. Il pensiero va, in particolare, ai tempi
difficili per la vita della Chiesa, nei quali san Francesco di Paola si impegnò
a realizzare una riforma che trascinò in un rinnovato cammino di perfezione
quanti erano "mossi dal desiderio di maggiore penitenza e dall'amore alla
vita quaresimale" (IV Regola, cap. 2).
2. Animato da intenti
apostolici, egli fondò l'Ordine dei Minimi, Istituto religioso clericale di
voti solenni, posto come «albero buono nel campo della Chiesa militante»
(Alessandro VI) per produrre frutti degni di penitenza sulle orme di Cristo, il
quale "spogliò se stesso assumendo la condizione di servo"
(Fil 2,7). Seguendo l'esempio del Fondatore, la vostra Famiglia religiosa
"si propone di dare particolare e quotidiana testimonianza alla penitenza
evangelica con la vita quaresimale, quale totale conversione a Dio, intima
partecipazione all'espiazione di Cristo e richiamo ai valori evangelici del
distacco dal mondo, del primato dello spirito sulla materia e dell'urgenza
della penitenza, che comporta la pratica della carità, l'amore alla preghiera e
l'ascesi fisica" (Costituzioni, art. 3).
Ispiratevi, carissimi,
costantemente al vostro Fondatore, l'umile penitente immerso in Dio, che sapeva
trasmettere ai fratelli un'autentica esperienza del Divino. In lui il Signore
volle realizzare «cose grandi», affidandogli compiti straordinari, che lo
portarono a percorrere gran parte dell'Italia e della Francia e ad illuminarle
con lo splendore della sua santità.
Nei quasi cinque secoli
che ci separano dalla sua morte, avvenuta il 2 aprile 1507, i suoi figli,
fedeli al carisma del Fondatore, hanno continuato ad annunciare il «Vangelo
della penitenza». Essi si sono sforzati di vivere il suo spirito di umiltà, di
povertà e di profonda orazione, imitandone la tenera devozione all'Eucaristia,
al Crocifisso ed alla Madonna. In particolare, essi hanno continuato ad
impegnarsi nell'osservanza del «quarto voto della quaresima perpetua». Così
essi hanno prolungato in tutto il mondo la scia luminosa di San Francesco di
Paola, testimoniando ovunque l'irrinunciabile ruolo della penitenza
nell'itinerario di conversione e arricchendo la vita della Chiesa di mirabili
opere di carità e di santità.
3. "Voi non avete
solo una gloriosa storia da ricordare e da raccontare, ma una grande storia da
costruire! Guardate al futuro, nel quale lo Spirito vi proietta per fare con
voi ancora cose grandi". In questa particolare circostanza, desidero
ripetere a voi queste parole dell'Esortazione apostolica Vita
Consecrata (n. 110), in cui ben si rispecchiano gli obiettivi del vostro
Capitolo Generale. Questo, con l'approfondimento del tema "Identità e
missione dei Minimi all'inizio del terzo millennio dopo 500 anni di storia:
Religiosi e laici assieme con l'unico carisma, per la stessa missione", si
propone di ripensare il carisma della penitenza quaresimale, alla luce delle
sfide del mondo d'oggi, individuando i nuovi areopaghi da privilegiare per
l'annuncio evangelico della conversione e della riconciliazione.
Tale impegno, già emerso
nell'ultima Assemblea dell'Ordine, chiede di essere tradotto in una presenza
significativa ed amorevole dei Minimi nei contesti di forte povertà spirituale,
attraverso l'ascolto, la direzione spirituale e la formazione delle coscienze
alla riflessione ed alla preghiera. Di grande rilievo potrà essere la vostra
presenza sulle frontiere dell'indigenza materiale per recare ai bisognosi una
solidarietà fattiva, grazie anche alla partecipazione agli organismi a ciò
deputati. Confido che l'esempio del Fondatore, messaggero della pace di Cristo,
vi sostenga nella missione di recare il dono della riconciliazione e della
comunione nella famiglie, nelle realtà ecclesiali, presso le varie confessioni
cristiane, tra gli indifferenti e i lontani.
4. Nell'evangelizzare i
nuovi areopaghi, occorre innanzitutto tener presente che la creatività ed il
dialogo con le diverse culture non devono stemperare le ricchezze della propria
identità e della propria storia. Creatività e dialogo, infatti, diventano
efficaci vie dell'annuncio evangelico, quando possono contare sulla solida
fedeltà al proprio carisma. Una vita conventuale e penitenziale fervente
costituisce sicuramente la premessa indispensabile perché ciascun religioso
offra in sé quell'immagine trasparente di Cristo casto, povero, obbediente,
che, sola, affascina e conquista quanti sono in ricerca della verità e della
pace.
Una pastorale autentica
ed incarnata presuppone la santità, che i Minimi, seguendo l'esempio del
Fondatore, si impegneranno a raggiungere, percorrendo la via della penitenza.
Questa, se consiste innanzitutto nella conversione del cuore, si avvale però
anche dei mezzi ascetici tipici della tradizione spirituale della Chiesa e del
proprio Istituto. In tale contesto, acquista singolare rilievo la fedeltà al
quarto voto solenne della vita quaresimale, che San Francesco di Paola volle
professato dai Frati e dalle Monache degli Ordini da lui fondati. Questo
peculiare segno di appartenenza all'Ordine dei Minimi, risulta molto efficace
nella testimonianza delle «cose di lassù» ad un mondo distratto ed immerso
nell'edonismo. Esso, infatti, oltre che un potente mezzo di santificazione
personale, costituisce un'occasione per riparare i peccati di tutti gli uomini
ed un modo per impetrare per loro la grazia del ritorno a Dio.
La tendenza dominante
nella società contemporanea, e soprattutto tra i giovani, a ricercare la
gratificazione immediata lungi dal portare i Minimi ad attenuare la dimensione
quaresimale del loro Istituto, dovrà piuttosto impegnarli a porsi con rinnovato
ardore al servizio dei fratelli, per educarli alla grande via spirituale della
penitenza. Certo, è necessario ricercare un linguaggio e motivazioni adeguate,
ma resta sempre indispensabile testimoniare la gioia che è propria di chi
rinuncia agli agi del mondo per trovare la perla preziosa del Regno di Dio
(cfr Mt 13,45-46). Questa testimonianza costituirà un prezioso dono
che il vostro Ordine farà all'intera Chiesa, richiamando l'esigenza per tutti
di accogliere il Vangelo della conversione e dell'ascesi.
5. Accanto ai religiosi
ed alle religiose del primo e del secondo Ordine, San Francesco di Paola con
intuizione profetica volle iniziare alla spiritualità della vita quaresimale
anche i laici, per i quali fondò il Terzo Ordine. Essi da quasi cinquecento
anni partecipano alla missione dell'Ordine, attraverso molteplici forme di
condivisione e di collaborazione.
La complessità ed i
rapidi mutamenti del mondo contemporaneo esigono una pronta capacità di
discernimento ed una sempre più qualificata presenza dei cristiani nelle realtà
mondane. A tale scopo, facendo tesoro delle positive esperienze accumulate con
gli anni, va incoraggiata e sostenuta la collaborazione fra i laici e i
religiosi. Da questa collaborazione, infatti, potranno scaturire inattesi e
fecondi approfondimenti di alcuni aspetti del carisma (cfr Vita
Consecrata, 55). A tal fine, occorre che i religiosi si dedichino con sempre
maggior cura alla formazione dei laici: siano guide esperte di vita spirituale,
attenti alle persone ed ai segni dei tempi, testimoni gioiosi del carisma che
intendono condividere con quanti più direttamente operano nel mondo.
6. Carissimi, il Grande
Giubileo invita tutta la Chiesa a contemplare con rinnovata gratitudine il
mistero dell'Incarnazione per annunciare con ardore crescente il Vangelo di
Cristo nel nuovo millennio: esso apre davanti a voi un vasto campo di
prospettive e di impegni.
Il vostro Ordine, dopo
aver superato tanti momenti difficili nel corso della storia, continui ad
essere luce che illumina i penitenti della Chiesa: richiami i lontani alla
necessità della conversione e della penitenza, incoraggi con l'esempio e la
preghiera quanti si sono messi in cammino, testimoni una vita quaresimale che,
seguendo Gesù nel suo cammino verso il Calvario, consenta di pregustare in
qualche modo fin d'ora la gioia della Pasqua eterna.
Le vostre comunità,
traendo dal proprio tesoro cose nuove e cose antiche (cfr Mt 13,52),
siano espressione della intramontabile forza della via della penitenza, che
portando a rinnegare l'uomo vecchio pone le premesse per la venuta del Regno.
Affido ogni vostro
generoso proposito come pure i lavori capitolari alla Vergine Santa, a San
Francesco di Paola ed ai numerosi Santi e Beati che arricchiscono la vostra
storia secolare, perché vi aiutino a riproporre oggi il vostro carisma, quale
segno eloquente di fecondità evangelica e di rinnovamento della vita
ecclesiale.
Con tali voti, volentieri
imparto a voi qui presenti ed all'intero Ordine dei Minimi, nella triplice
espressione dei Frati, delle Monache e dei Terziari, una speciale Benedizione
Apostolica.
© Copyright 2000 -
Libreria Editrice Vaticana
Statua di San Francesco di Paola, Palermo
FRANCESCO di Paola, santo
di Silvano Giordano -
Dizionario Biografico degli Italiani - Volume 49 (1997)
FRANCESCO di Paola,
santo. - Nacque a Paola, nella diocesi di Cosenza, il 27 marzo 1416 da Giacomo
d'Alessio e Vienna da Fuscaldo, piccoli agricoltori. Raggiunta l'età di tredici
anni rivestì l'abito votivo di oblato presso i francescani conventuali di San
Marco Argentano, rimanendovi per un anno, al termine del quale, nel 1430,
accompagnato dai genitori, intraprese un pellegrinaggio ad Assisi. Visitò Roma,
i romitaggi di Monte Luco e il cenobio benedettino di S. Giuliano presso
Spoleto e il monastero di Montecassino.
Tornato al suo paese, F.
si ritirò a vita eremitica, prendendo dimora in una cavità naturale presso il
torrente Isca. Poco tempo dopo si inoltrò nel bosco alla ricerca di un luogo
più appartato in cui praticare una vita dedita alla penitenza e al lavoro
manuale. Acquisita fama di taumaturgo, F. attirò l'attenzione di persone
appartenenti a ogni ceto sociale, compreso quello più elevato. Alla corte
napoletana l'eremita fu conosciuto quale difensore dei ceti più umili contro le
vessazioni regie, in particolare contro l'esosa riscossione delle imposte.
Dapprima venne considerato con atteggiamento ostile, per cui gli fu contestata
l'apertura dell'eremo, avvenuta senza autorizzazione del re, Ferrante
d'Aragona, fino al punto che un drappello di soldati fu inviato per arrestarlo.
A partire dal 1473, eccezion fatta per un nuovo periodo di rapporti tesi, con
la concessione all'eremita e ai suoi seguaci della protezione regia, la figura
di F. fu accettata.
Col tempo si unirono a
lui uomini interessati al suo genere di vita, animati dal proposito di vivere
sotto la sua guida nelle grotte circostanti. La tradizione fa risalire al 1435
l'inizio del movimento. La vita dei primi eremiti si svolgeva attorno a una
chiesetta dedicata a S. Francesco d'Assisi. Trascorsi alcuni anni, col consenso
dell'arcivescovo di Cosenza si iniziò la costruzione di una nuova chiesa e di
un piccolo convento.
Nel 1467 Paolo II inviò
un suo familiare, identificato con il chierico savonese Baldassarre de
Gutrossis, divenuto poi seguace di F. con il nome di Baldassarre di Spigno, ad
assumere informazioni dirette circa la miraculorumfama dell'eremita.
Con il suo arrivo all'eremo di Paola s'iniziò il cammino verso il
riconoscimento giuridico del gruppo di eremiti, avvenuto per mezzo della
costituzione Decet nos, data in San Lucido il 30 nov. 1471
dall'arcivescovo di Cosenza Pirro Caracciolo, che conosceva personalmente
Francesco. Il documento concedeva agli eremiti l'esenzione da ogni
giurisdizione, eccetto quella della Sede apostolica, istituiva F. come
superiore degli eremiti e conferiva al gruppo il potere di amministrare e
ricevere i sacramenti e di darsi statuti. Dopo l'approvazione episcopale
sorsero nuovi eremitori: Paternò Calabro, Spezzano, Corigliano Calabro,
Crotone. Consolidato il gruppo calabrese, F. stabilì un convento a Milazzo, in
Sicilia.
Alla fine del 1472
Baldassarre di Spigno fu inviato a Roma per ottenere il riconoscimento
pontificio. Con il breve Iis quae pro, del 19 giugno 1473, Sisto IV affidò
a Goffredo de Cola, vescovo di San Marco Argentano, il compito di verificare la
validità della Decet nos e il potere di confermare auctoritate
apostolica le concessioni in essa contenute, qualora ne risultasse provata
la legittimità. Quanto allo statuto giuridico, gli eremiti di Paola avrebbero
dovuto essere assimilati ai seguaci di Pietro Gambacorta da Pisa. Il
riconoscimento pontificio giunse con la bolla di Sisto IV Sedes
apostolica del 17 maggio 1474.
Nel 1480 il re di
Francia, Luigi XI, colpito da una forma di apoplessia, conosciuta la fama di
taumaturgo di cui godeva F., inviò in Calabria una delegazione con il compito
di condurlo a Plessis-les-Tours, ma soltanto il 2 febbr. 1483 F., su richiesta
del papa, lasciò il suo eremo di Paternò Calabro, accompagnato da due eremiti,
Bernardino di Cropalati e Giovanni Cadurio della Rocca, e dagli inviati
francesi. Il 27 febbraio giunse a Napoli, ricevuto con solennità dal re e dalla
corte. A Roma si intrattenne con Sisto IV; sembra tuttavia che il papa non
comprendesse la specificità degli eremiti paolani, ritenendoli piuttosto una
riforma all'interno dell'Ordine francescano.
Alla fine di aprile o ai
primi di maggio del 1483 F. giunse alla corte di Francia. Luigi XI, per
accertarsi di non essere stato ingannato sulla reale identità del presunto
taumaturgo, incaricò G. de Boussière di sorvegliarne i movimenti. I sospetti
del re parvero dissiparsi quando i suoi incaricati gli riferirono la vita
penitente dell'eremita.
Sisto IV - che inviò alla
corte di Francia due brevi destinati a F., in cui ingiungeva a questo di far sì
che Luigi XI recuperasse la salute - si valse di F. per tentare un
miglioramento dei rapporti con la corte francese. Il concordato del 1472, che
attribuiva al Papato importanti concessioni circa la provvisione dei benefici
maggiori e minori e la competenza dei tribunali, restava vago e forniva materia
di discussione sulle prerogative finanziarie della S. Sede. Esso venne
osservato, pur con qualche difficoltà, fino al 1475; dopo di che le relazioni
si inasprirono e ripresero vigore l'agitazione gallicana e le minacce da parte
del re di convocare un concilio generale. Luigi XI non mancò di intervenire
pesantemente nelle nomine dei benefici maggiori, allontanando metodicamente
dalle loro sedi i prelati che giudicava ostili alla sua linea politica.
Tuttavia durante i suoi ultimi anni il re di Francia si mostrò più
condiscendente che in passato verso Sisto IV e a questo cambiamento non fu
estranea l'opera di Francesco. Riguardo al pagamento delle decime, le sue
pressioni furono tali da indurre il re a manifestare perplessità a Roma. Con il
breve Scribit ad nos, del 6 luglio 1483, Sisto IV invitò l'eremita a non
insinuare scrupoli nella coscienza del re. Ulteriori istruzioni furono
recapitate a F. dal referendario G.A. Grimaldi.
Notevole fu l'influsso di
F. sul re nel momento in cui Sisto IV, il 24 maggio 1483, comminò l'interdetto
contro Venezia, che proseguiva le ostilità contro Ferrara. I sovrani cristiani
furono invitati a pubblicare la bolla e a rompere le relazioni diplomatiche con
la Serenissima, ciò che Luigi XI eseguì con prontezza. Con il breve Agimus
Maiestati del 16 ag. 1483, Sisto IV incaricò F. di ringraziare il re per
il suo gesto e di adoperarsi affinché l'ambasciatore veneziano non fosse
ascoltato prima dell'arrivo in Francia dei messi papali. Anche Ferrante, re di
Napoli, poté trarre vantaggio dalla presenza alla corte francese di F. per
migliorare i suoi rapporti precari con Luigi XI.
Con il favore di Luigi XI
F. poté fondare il primo eremo in terra francese nella stessa corte, presso la
cappella di S. Matteo. Allo stesso tempo si valse dell'appoggio del re al fine
di sollecitare l'approvazione pontificia per un testo di costituzioni destinato
al suo istituto, progetto però accantonato con la morte del sovrano.
F. godette della stima
anche del nuovo re Carlo VIII. Il governo di questo si aprì con la riunione
degli Stati generali a Tours il 15 genn. 1484, in cui si trattò della riforma
della Chiesa, della giustizia, delle finanze; della richiesta di rimettere in
vigore la prammatica sanzione di Bourges del 1438, che limitava i diritti del
romano pontefice; dell'opposizione all'esportazione di denaro verso Roma sotto
forma di tasse ecclesiastiche. F. si fece interprete presso il re e il suo
Consiglio del punto di vista pontificio, e forse si deve a questo intervento se
la prammatica sanzione non venne al momento applicata.
A partire dal 1485, con
l'appoggio di R. de Lenoncourt, arcivescovo di Tours, e sotto la spinta dei
postulanti, F. si adoperò per stabilire i suoi eremiti in terra francese. Nel
1486 Carlo VIII intervenne contro coloro che volevano espellere F. e i suoi
compagni dalla cappella di S. Matteo. Con lettere patenti del 18 apr. 1488 il
re autorizzò gli eremiti a pubblicare i privilegi ricevuti da Sisto IV e da
Innocenzo VIII, così da poter ricevere liberamente i luoghi che fossero loro
offerti.
F. sostenne il matrimonio
tra Carlo VIII e Anna di Bretagna; si adoperò affinché il re restituisse alla
Spagna il Rossiglione e la Cerdaña, in conformità con le ultime volontà di
Luigi XI, cosa che avvenne con la firma del trattato di Tours e Barcellona del
1493. Non è invece chiara la sua opinione circa la campagna d'Italia di Carlo
VIII del 1494. È certo che F. era preoccupato del pericolo turco incombente, come
dimostrano il suo interessamento per i fatti relativi alla presa di Otranto nel
1480 da parte delle truppe di Maometto II e la conoscenza dei diritti sul
Napoletano accampati dai re di Francia, riconosciuti dai pontefici Sisto IV e
Innocenzo VIII e inizialmente anche da Alessandro VI. Sembra molto probabile
che F. sconsigliasse una seconda discesa in Italia che il re stava preparando
nel 1496, favorendo al contrario, dietro richiesta del papa, la riconciliazione
tra Carlo VIII e Ferdinando il Cattolico.
Morto Carlo VIII, F.
chiese al successore, Luigi XII, il permesso di tornare in Calabria, cosa che
gli fu in un primo momento concessa, ma in seguito revocata per intervento del
cardinale G. d'Amboise, arcivescovo di Rouen. Con il nuovo sovrano l'influsso a
corte di F. diminuì sensibilmente.
Durante la residenza
francese di F. si consolidò la struttura del gruppo da lui fondato attraverso
successive approvazioni di statuti da parte dei pontefici romani.
Con la
bolla Pastoris officium del 23 marzo 1486 Innocenzo VIII aveva
confermato la Sedes apostolica di Sisto IV. La bolla Meritis
religiosae vitae di Alessandro VI, del 26 febbr. 1493, ottenuta anche a
istanza di Carlo VIII, approvava un testo presentato da Francesco. Non si
trattava di una nuova regola, ma piuttosto di statuti propri degli eremiti, che
ricevettero una nuova denominazione: Ordo minimorum fratrum heremitarum
fratris Francisci de Paula.
Nel 1501, sostenuto da
Luigi XII, F. presentò ad Alessandro VI un nuovo testo dei suoi statuti. La
nuova stesura attenuava l'elemento eremitico, caratteristico del gruppo durante
il primo cinquantennio di esistenza, in favore di quello cenobitico. La
bolla Ad ea quae del 1° maggio 1501 sancì il nuovo nome della
Congregazione, Fratres minimi fratris Francisci de Paula, e approvò il
carattere penitenziale dell'Ordine ponendo il voto di vita quaresimale sullo
stesso piano dei tre voti usuali di povertà, castità e obbedienza.
Contemporaneamente venne approvata una regola in sette capitoli destinata ai
terziari.
A breve distanza di
tempo, F. presentò alla Curia romana una nuova revisione degli statuti
dell'Ordine, probabilmente in seguito alle resistenze incontrate per
l'applicazione delle rigorose prescrizioni relative al quarto voto. La nuova
stesura fu approvata con la bolla Ad fructus uberes del 20 maggio
1502, che confermava vita natural durante F. correttore generale del suo Ordine
e attenuava leggermente il rigore quaresimale. Ulteriori difficoltà
consigliarono a F. un nuovo ricorso al papa. Essendo stati smarriti gli
originali delle concessioni pontificie, erano stati avanzati dubbi all'interno
dell'Ordine circa la validità degli statuti (segno del malcontento seguito
all'entrata in vigore della legislazione approvata nel 1502) e all'esterno
circa il diritto all'esistenza dell'Ordine stesso. Il nuovo testo fu approvato
da Giulio II il 28 luglio 1506 con la bolla Inter coeteros, che sancì la
ramificazione dell'Ordine in frati, monache e terziari. Il gruppo di F., nato
come eremitico, si era dunque avvicinato allo stile degli ordini mendicanti.
Il genere di vita
propugnato da F., fondato sulla rigida penitenza e sullo stretto rispetto della
povertà, trovò rispondenza nell'ambiente ecclesiale francese desideroso di
riforma. A Tours F. si presentò come una persona allo stesso tempo molto in
vista e molto ritirata: consigliere politico ascoltato, almeno fino al 1498,
ispiratore dei riformatori della Chiesa gallicana, ma allo stesso tempo
attaccato alla sua solitudine e alla sua vita austera di contadino calabrese.
Continuò ad accompagnarlo la fama di taumaturgo, soprattutto in favore delle
donne e delle madri, ma F. non fu un personaggio conosciuto tra le folle; solo
un circolo ristretto di dame, familiari del castello e persone di alto livello
accolse con fervore lui e i suoi fratelli minimi.
Morì nel convento di
Tours il 2 apr. 1507, venerdì santo, dopo aver designato come suo successore il
calabrese Bernardino da Cropalati e aver visto i minimi stabilirsi nelle terre
d'Italia, Francia, Spagna e dell'Impero. Il suo sepolcro divenne meta di
pellegrinaggi.
Nel 1512 Giulio II
autorizzò i processi di canonizzazione, promossi dalla corte francese. Nel 1513
Leone X ne approvò il culto in forma privata per l'Ordine dei minimi. I
difficili rapporti tra la Curia pontificia e la Francia ritardarono la
prosecuzione del processo di canonizzazione, che fu ripreso nel 1517, dopo la
stipulazione del concordato, e si concluse il 1° maggio 1519. Il corpo di F.
venne bruciato dagli ugonotti nel gennaio del 1562; le poche reliquie
conservatesi furono trasportate a Paola nel 1935.
Fonti e Bibl.: Una
bibliografia di F. in F. Russo, Bibliografia di s. F. di P., I-II, Roma
1957-1967. In particolare: I codici autografi dei processi cosentino e
turonense per la canonizzazione di s. F. di P. (1512-1513), a cura di M.
Pinzuti, Roma 1964; Vita di s. F. di P., scritta da un discepolo anonimo…,
a cura di N. Lusito, Paola 1967; A. Castiglione, Redazioni della regola e
correttorio dei minimi. Testo latino e versione ital., Roma 1978; G. Roberti, San
F. di P., fondatore dell'Ordine dei minimi. Storia della sua vita, Roma 1963;
A. Galuzzi, Origini dell'Ordine dei minimi, Roma 1967; Id., La
canonizzazione dell'eremita di Paola. L'approvazione del culto e la
canonizzazione con documentazione ined., in Boll. uff. dell'Ordine dei
minimi, XV (1969), pp. 17-54; E. Pontieri, Per la storia del regno di
Ferrante I d'Aragona re di Napoli. Studi e ricerche, Napoli 1969, pp. 373-443;
G. Vezin, Saint François de Paule, fondateur des minimes et la France,
Paris 1972; R. Fiot, Saint François de Paule Amboise, Tours 1975; P.
Addante, Il processo cosentino e turonense a F. di P. Ricerche
storico-critiche, Bari 1979; R. Fiot, Saint François de Paule et la
réforme des réguliers, in Revue d'histoire de l'Eglise en France, LXV
(1979), pp. 55-74; Chi era s. F. di P.…, Milazzo 1980; S. F. di
P., Chiesa e società del suo tempo…, Roma 1984; Fede, pietà e
religiosità popolare. S. F. di P. Atti del II Convegno internaz. di
studio (Paola 1990), Roma 1992.
SOURCE : https://www.treccani.it/enciclopedia/francesco-di-paola-santo_(Dizionario-Biografico)
Den hellige Frans av
Paola (1416-1507)
Minnedag: 2.
april
Skytshelgen for Calabria
(1963), Paola og Cosenza; for Napoli; for Carapelle og Orta Nova i provinsen
Foggia og for Savelletri i provinsen Brindisi; for italienske sjøfarende (1943)
og eremitter, mot pest og sterilitet, for mannlig avkom
Den hellige Frans Martolilla
(it: Francesco) ble født den 27. mars 1416 i den lille byen Paola (lat: Paula;
kalabresisk: Pàula; bys.gr: Patikon) i hertugdømmet Calabria i kongeriket
Napoli, nå i kommunen Paola i provinsen Cosenza i regionen Calabria i
Sør-Italia (Italias «tå»). Den lærde 1600-tallsbollandisten F. Papebroke SJ
skrev at Frans ble født først i 1438 og var 69 år gammel da han døde, men han
trakk tilbake denne feilaktige opplysningen etter at han hadde sett
avhandlingen til p. François Giry (1635-88), tidligere provinsial for
minstebrødrene i Frankrike.
Frans’ foreldre var Jakob
Alexius Martolilla (it: Giacomo Alessio) [en del kilder kaller ham Martotilla
eller Martotelli] og hustruen Vienna di Fuscaldo (Viane), en from, men fattig
småbondefamilie. De var barnløse selv etter femten års ekteskap, og de fryktet
at de ikke kunne få barn. Men etter at de ba den hellige Frans av Assisi (1182-1226)
om forbønn, ble Vienna gravid, og de takknemlige foreldrene lovte å kalle opp
barnet etter denne helgenen. Bare en måned etter fødselen ble det oppdaget at
den lille gutten var alvorlig syk med en byll i sitt venstre øye, som spredte
seg til hornhinnen. Mens legene fortvilet prøvde å redde øyet, lovte foreldrene
at dersom han ble helbredet, skulle han i ett år bære fransiskanerkutte. Etter
noen dager var byllen helt forsvunnet.
Senere fikk de enda to
barn, blant dem datteren Brigida, men de viste spesiell oppmerksomhet til den
eldste sønnens religiøse oppdragelse. Han vokste opp uten luksus, men manglet
aldri det nødvendigste. Da han var tretten år gammel, brakte foreldrene ham til
klosteret San Marco Argentano nord for Cosenza i provinsen av samme navn, som
ble drevet av fransiskanerkonventualene (Ordo Fratrum Minorum
Conventualium – OFMConv). Der bodde og studerte han i ett år som oblat i
henhold til det løftet foreldrene hadde avlagt.
Begrepet konventualer
kommer av latin conventualis («tilhørende et konvent»), og de er en
gren av fransiskanerordenen som følger en moderat observans av
fattigdomsidealet. Konventualene legger vekt på lydighetsløftet overfor ordenen
og Kirken og prioriterer studier og lærdom høyere enn det ekstreme
fattigdomsidealet som ble forfektet av spiritualene. Striden om
fattigdomsidealet oppsto på 1200-tallet, og i 1517 ble ordenen splittet i to.
Ordenen fikk etter hvert enda flere grener, men i 1897 ble de strenge grenene,
observanter (OFM (Regularis) Observantiae – OFMObs), reformater (OFM
(Strictoris Observantiae) Reformatorum – OFMRef), rekollekter (OFM
(Strictoris Observantiae) Recollectorum – OFMRec) og alkantrinere (OFM
Strictoris Observantiae Discalceatorum eller OFM Alcantarinarum –
OFMAlc), slått sammen til den forente grenen (Ordo Fratrum Minorum –
OFM) eller mindrebrødrene, slik at det fra da av var tre fransiskanske
ordensgrener, fransiskanerne (OFM), konventualene (OFMConv) og
kapusinerne (OFM Capuccinorum – OFMCap). Hovedgrenen OFM er den
største i fransiskanerordenen – større enn konventualene og kapusinerne til
sammen.
I klosteret lærte Frans å
lese og skrive, men han la også grunnlaget for det asketiske livet han skulle
føre så lenge han levde. Han overrasket brødrene ved å sove rett på bakken og
med sin konstante og intense bønn og faste. Han fremhevet seg for sin fromhet,
sine asketiske tilbøyeligheter, sin lydighet og gjennom små mirakler. Hans
biografer skriver om flere mirakler som skal ha skjedd ham eller blitt utført
av ham i det året han tilbrakte i klosteret. Spesielt ble han tilskrevet evnen
til bilokasjon (å være til stede to steder samtidig), slik at han for
eksempel kunne gjøre tjeneste ved messen samtidig som han ble sett mens han
hjalp til på kjøkkenet. Uansett grunnlaget for disse historiene er det klart at
Frans hadde ry for den største fromhet allerede mens han var i tenårene, og han
ble konsultert i åndelige spørsmål av ulike mennesker.
Etter et år kom hans
foreldre for å hente ham i klosteret, mens munkene protesterte og ønsket å
beholde ham. Frans takket munkene for all deres kjærlighet og sa: «Ærverdige
patre! Dere vil nok med tiden erkjenne hvorfor det ikke var Guds vilje at jeg
skulle være blant dere lenger». De skjønte ikke hva gutten mente med det, og
ingen ante at han var kalt til å grunnlegge en ny orden som en gren på det
treet som den serafiske far Frans av Assisi hadde plantet.
Først dro han sammen med
sine foreldre på valfart til Assisi og Frans’ grav. De gjorde stopp i
Montecassino, Monteluco og Roma, og han ble skrekkslagen over all den luksusen
og verdsligheten han så i Roma. Da han gikk nedover en gate i «den evige stad»,
ble den krysset av en praktfull vogn med en kardinal som var overdådig kledd,
kardinal Nicola Cusano (1401-64). Den unge mannen nølte ikke med å gå bort til
kardinalen og skjelle ham ut for hans prangende skryt. Den overraskete
kardinalen prøvde å forklare at det var nødvendig for å bevare Kirkens respekt
og prestisje i menneskenes øyne, men lite tyder på at unggutten slo seg til ro
med svaret. Han påpekte for kardinalen at Jesus selv ikke hadde slike
overdådige klær. Denne episoden viser at i den unge mannen begynte det å modnes
en ide om en geistlig livsstil basert på fattigdom.
Ved deres stopp i
Monteluco i kommunen Spoleto i Umbria, hvor Frans av Assisi levde en kort
periode i 1218, kunne Frans studere den eremittbosetningen som var blitt
grunnlagt i 528 av den hellige Isak (d. ca 550), en syrisk munk som hadde
flyktet til Vesten, og de eremittene som okkuperte cellene som var spredt rundt
på fjellet. Han ble svært imponert over deres levemåte.
Så da Frans kom tilbake
til Paola, begynte han som femtenåring, med foreldrenes og Kirkens tillatelse,
et liv som eremitt. Først bodde han i en hytte laget av greiner på et
avsidesliggende sted på farens eiendom en kilometer fra byen. Men senere
flyttet han til en hule like ved byen med utsikt over havet. Han utvidet hulen
ved å grave med en hakke i tuffsteinen, en porøs bergart som består av rester
fra vulkanske utbrudd. Denne hulen finnes i dag i Santuario San Francesco i
Paola. På dette stedet levde han fem år i bot og ettertanke, preget av streng
faste og bot.
Ryktet om den unge
eremitten spredte seg i området, og mange mennesker begynte å komme til ham for
å søke råd og trøst. Etter hvert ble plassen for liten, så Frans flyttet igjen
lenger nedstrøms og bygde en celle på en tomt som ble eid av hans far. Etter en
stund var det noen unge mennesker som etter flere besøk spurte ham om de kunne
leve som ham i bønn og ensomhet. Etter fem år i ensomhet og streng askese
sluttet to andre seg til ham i 1436, da han var tyve år gammel, og dette regnes
som grunnleggelsen av Frans’ orden.
Før han ønsket dem
velkommen, ba Frans om tillatelse fra biskop Bernardino Caracciolo av Cosenza,
som hadde kjent karismaen til den unge eremitten og sa ja. Folk i nabolaget
bygde et kapell og tre celler for dem, imponert over deres levesett og deres
fastholdelse av de opprinnelige fransiskanske idealene fattigdom og enkelhet. I
noen år levde gruppen av den typen mat man brukte i fasten, brød, grønnsaker,
urter og noen få fisk, som de fikk som almisser fra de troende. De var ennå
ikke et ekte fellesskap, men ba tidebønnene sammen i kapellet på bestemte
tider, og en prest fra en nærliggende kirke kom og leste messe for dem.
Senere sluttet også andre
seg til dem, og det ble nødvendig å utvide bygningene, og i 1452 begynte Frans
å bygge den andre kirken og et lite kloster rundt en klostergang, som fortsatt
er bevart i Santuario San Francesco i Paola. Kirken og et regelbundet ordenshus
for Frans og hans ledsagere ble åpnet i 1454. Under byggingen av kirken og
klosteret skal Frans igjen ha utført flere mirakler for å påskynde byggingen
eller redde håndverkere fra skader. En stor kampestein som kom rullende mot
bygningene, ble stoppet med en gest av helgenen og eksisterer fortsatt ved
veien til helligdommen; Han gikk inn i kalkovnen gjennom flammene for å
reparere taket, og han forble uskadd. En kilde strømmet også frem og ga drikke
til arbeiderne etter at han hadde berørt bakken med sin stav.
Fellesskapet utviklet seg
til en brødreorden som først fikk navnet «Eremitter av St Frans av Assisi».
Frans skrev en regel for dem på grunnlag av en skjerpet fransiskansk regel med
vekt på bot, ydmykhet og nestekjærlig arbeid. Forstanderen for et hus ga han
tittelen korrektor, og han ville at han alltid skulle huske at han var de
øvriges tjener. Han la også til et fjerde klosterløfte om evig faste og
avholdenhet fra kjøtt og alle animalske produkter, som egg, fett, smør, ost og
melk, som alle var forbudt i fasten i Kirkens gamle canones. Frans
betraktet faste som hovedmiddelet til selvovervinnelse, og hans intensjon med
evigvarende abstinens var å reparere til en viss grad misbruken av fasten blant
kristne.
Han sørget alltid over å
se at den hellige fasten bli så avslappet gjennom de lettelsene som Kirken var
blitt tvunget til å tolerere på grunn av så mange kristnes lunkenhet. Han håpet
også gjennom sitt eksempel å åpne øynene til resten av de troende, for synet av
en slik evigvarende faste sammenlignet med deres egen manglende evne til å
klare førti dager, kunne bli en kontinuerlig irettesettelse og stille
forkynnelse, kanskje mer effektiv enn gjennom ord.
Også de strengeste
botsøvelser og taushetsforskrifter hørte til det leveviset som han påla sine
munker. Deres livsform var påfallende streng, og deres nestekjærlighet og
askese tiltrakk mange. Selv om Frans’ seng ikke lenger var en klippe, var den
en planke når han ikke sov rett på gulvet, med en tømmerstokk eller en stein
som pute. Først da han ble svært gammel, tillot han seg den luksus å sove på en
matte!
Det er ikke bevart noe i
Frans’ egne ord om hans åndelige utvikling eller metoder for bønn og
meditasjon, men det ytre bildet vi har fra hans samtidige, er av en person som
fullt og helt var viet til et liv av askese og ensomhet (han er ofte
sammenlignet med den hellige Johannes Døperen),
konstant i bønn, med en spesiell hengivenhet for Kristi lidelse (han anbefalte
hengivenhet til De fem sår) og for Jomfru Maria, Hans
klostre var nesten alltid viet til «Jesus-Maria». Frans var svært opptatt av de
vanskeligheter som Kirken opplevde og av den moralske slappheten i selve
Kirken. Dette kan forklare hans stadige understreking av behovet for bot og
hvorfor det virker å ha vært så lite av Frans av Assisi glede i hans liv og
lære. Vi må huske at han hentet like mye inspirasjon fra ørkenfedrene som fra
Frans. Tradisjonen forteller at en himmelsk Ånd, kanskje erkeengelen Mikael, viste
seg for ham mens han ba, og i hendene holdt han et lysende skjold hvor det sto
ordet «Caritas». Engelen overlot det til ham og sa: «Dette skal være emblemet
for din orden».
I 1464 skal han ha ønsket
å krysse Messinastredet fra Calabria til Sicilia, men fikk ikke tak i noen båt.
Han spurte en fisker om han for Guds kjærlighets skyld kunne frakte dem over,
men han nektet fordi de ikke kunne betale ham. Frans la da kappen på vannet,
knyttet en ende til staven sin for å lage et seil og seilte over stredet sammen
med sine ledsagere med kappen som båt. Dette mirakelet er et av de mest
oppsiktsvekkende av dem som Frans skal ha utført, og det ble senere bekreftet
av øyenvitner, inkludert fiskeren Pietro Colosa fra Catona, en liten havn på
kysten av Calabria, som angret og ikke fikk fred for at han hadde gitt helgenen
avslag. Da hans far Giacomo Alessio ble enkemann, ble han eremitt og en
disippel av sin sønn til han døde. Frans helbredet også de syke og hjalp de
trengende, og han gjenoppvekket sin nevø Nikolas, den unge sønnen til sin
søster Brigida og hennes mann, Andrea d’Alesso.
Etter at nevøen døde, kom
guttens mor til Frans for å få trøst og fylte hans celle med klagerop. Etter at
messen og officiet var lest for hans sjels hvile, ga Frans ordre om at liket
skulle bæres fra kirken og inn i sin celle, hvor han fortsatte å be inntil, til
søsterens store forbløffelse, gutten ble brakt tilbake til livet og Frans
presenterte ham til moren ved perfekt helse. Den unge mannen trådte inn i
onkelens orden og er den berømte Nikolas av Alesso, som senere fulgte onkelen
til Frankrike og var berømt for hellighet og mange store gjerninger.
Men det var ikke bare
enighet rundt den unge eremitten og hans ledsagere. Roma og pave Paul II
(1464-71) fulgte med på utviklingen helt sør i Italia, og var opptatt av en
gruppe som hadde en livsstil i fattigdom og bot som virket å ligge svært tett
opptil de såkalte Fraticelli, et fellesnavn på flere avvikende og
heterodokse fransiskanske grupper i Italia.
I 1467 sendte paven som
apostolisk visitator Baldassare de Gutrossis, opprinnelig fra byen Spigno i
Liguria, ekspert på kirkerett og svært innflytelsesrik i Den romerske kurie.
Han møtte først erkebiskop Pirro, som roste Frans i høye ordelag for de gode
fruktene som fulgte hans arbeid, spesielt med tanke på forsoning og fred blant
folket. Så dro visitatoren til Paola og møtte Frans, og han irettesatte ham for
hans livsstil, som etter hans mening ikke kunne bli observert av alle mennesker
som ønsket å følge ham.
For å demonstrere at hans
forslag til livsstil var gjennomførbare, tok Frans glødende kull i hendene og
sa: «For den som elsker Gud, er alt mulig». Monsignoren knelte da for å kysse
Frans’ hånd. Da reiste Frans seg og avslørte hvor mange år av han hadde vært
prest, det vil si null. Monsignoren ble så fascinert av eremitten at da han kom
tilbake til Roma, søkte han dispensasjon fra paven for å bli med i bevegelsen.
Frans understreket de
asketiske og monastiske elementene ved det fransiskanske ideal, og han tiltrakk
seg mange tilhengere. I begynnelsen var det hovedsakelig en orden for legfolk,
for lærdom ble ikke regnet som særlig viktig. I begynnelsen hadde de noen få
geistlige og bare én prest, Balthasar de Spino, doktor i sivil- og kirkerett,
som senere ble skriftefar for pave Innocent VIII (1484-92). Senere var det
vanligvis bare en prest i hver kommunitet, de fleste andre hadde svært lite
utdannelse. Av ekte ydmykhet avsto Frans selv fra å bli presteviet, og her som
så ofte ellers fulgte han Frans av Assisis eksempel.
Ordenen og dens regel ble
godkjent i 1471 av den lokale erkebiskopen Pyrrhus Caracciolo av Cosenza (it:
Pirro), som var blitt utnevnt den 31. august 1452, men pave Paul IIs (1464-71)
plutselige død i 1471 hindret en pavelig anerkjennelse av ordenen. Men det
pavelige samtykket kom den 23. mai 1474, da pave Sixtus IV (1471-84) godkjente
ordenen med en bulle og utnevnte Frans til generalsuperior. Paven befridde
ordenen fra biskopenes jurisdiksjon og satte ordenen direkte under sin egen
jurisdiksjon og beskyttelse og ga den alle privilegiene som de andre
tiggerordenene hadde.
Ryktet om denne digre
munken, skjeggete og med langt hår og i en grov kutte, spredte seg over hele
Sør-Italia, slik at hans ry og de kravene som ble stilt til ham, ble store at
han ble tvunget til å flytte fra Paola for å grunnlegge andre klostre i ulike
steder i Calabria og på Sicilia. Etter at ordenen var blitt godkjent, blomstret
eneboerklostrene etter modell av Paola i Calabria og Sicilia. De første var
Paterno Calabro ved Taranto-bukten i 1472, Spezzano della Sila i 1474,
Corigliano Calabro i 1476 og Milazzo i 1480. Frans slo seg ned i Paterno
Calabro. Omkring 1476 grunnla han et nytt kloster i Spezza i bispedømmet
Cosenza. I 1479 ble han invitert til Sicilia, der han ble mottatt som en engel
fra himmelen, utførte mirakler og bygde flere klostre på øya, hvor han ble i et
helt år. Etter at han vendte tilbake til Calabria i 1480 bygde han et nytt
kloster i Corigliano i bispedømmet Rossano. Kommuniteter vokste raskt opp over
store deler av Europa.
I 1492 bestemte Frans at
ordenen skulle kalles Minstebrødrene på grunn av sin ydmykhet, og fordi de
skulle være de minste av alle ordensbrødre – enda mindre enn Frans av Assisis
Mindrebrødre, som også ble kalt minoritter. Den nye ordenen ble kalt Ordo
Fratrum Minimorum, «Ordenen av de minste brødrene», men siden forkortelsen da
ville bli OFM, det samme som fransiskanerne, brukte man navnet Minimi
Fratres eller bare Minimi, eller Ordo Minimorum (OM eller
OMinim). Dette navnet har de beholdt siden.
Frans ble kjent for sin
åndskraft, især for sine gaver til å lese sjelene, og allerede mens han levde
ble han berømt for profetier og mirakler, blant annet mirakuløse helbredelser.
Han forutsa til flere personer i 1447, 1448 og 1449 at tyrkerne ville ta
Konstantinopel, noe som skjedde den 29. mai 1453 under kommando av den 21-årige
Mehmet II (Muhammed) (1430-81). Han forutså også at Otranto, et av de viktigste
stedene i kongeriket Napoli, ville falle i hendene på de samme vantro, tre
måneder før Achmat Bacha tok byen ved et overraskelsesangrep den 31. august
1480, til stor forferdelse for Italia og Europa, se den hellige Antonius Primaldo
og martyrene av Otranto (d. 1480). Men Frans lovte de kristne,
spesielt den fromme grev Johannes av Arena, en av kong Ferrantes generaler, at
de skulle få suksess året etter, da de gjenerobret byen og drev de vantro ut av
Italia. Deres seier ble gjort lettere av den tyrkiske keiserens død og en
borgerkrig mellom de brødrene Bajazet II og Zizimes.
Det finnes mange
legendariske historier om Frans’ godhet for dyr. En biograf skriver at Frans
hadde en favoritt-ørret som han kalte «Antonella». En dag så en av prestene som
kom til kommuniteten for å feire messeofferet og administrere andre
sakramenter, ørreten som svømte omkring i sin dam. For ham var fisken bare en
velsmakende rett, så han fanget den og tok den med hjem, hvor den straks havnet
i stekepannen. Frans savnet «Antonella» og forsto hva som hadde skjedd. Han ba
en av sine disipler om å gå til presten for å få den tilbake. Presten ble
irritert over denne store omsorgen bare for en fisk, så han kastet den stekte
ørreten på bakken og rev den i flere biter. Eremitten som var sendt av Frans,
samlet sammen bitene i sine hender og brakte dem tilbake til Frans. Han la
stykkene tilbake i dammen og mens han så opp mot himmelen, ba han: «Antonella,
i nestekjærlighetens navn, vend tilbake til livet». Ørreten ble straks hel og
svømte glad rundt i sin dam som om ingenting hadde hendt. Medbrødrene og
arbeiderne som var vitne til mirakelet, ble dypt imponert over helgenens
forbløffende krefter.
Frans gjenopplivet også
et lam han hadde som kjæledyr og som han kalte «Martinello», etter at det hadde
blitt spist av arbeidere. De hadde ikke noe mat, så de fanget og slaktet
Martinello og stekte lammet i sin kalkovn. De drev og spiste da helgenen kom
bort til dem og lette etter sitt lam. De fortalte ham at de hadde spist det,
ettersom de ikke hadde noen annen mat. Han spurte dem hva de hadde gjort med
skinnet og beina, og de fortalte at de hadde kastet det i ildovnen. Frans gikk
over til ildovnen, så inn i flammene og ropte: «Martinello, kom ut!» Lammet
hoppet ut, fullstendig uskadd, mens det brekte lykkelig over å se sin herre.
Frans hevet ofte sin røst
mot de mektige på vegne av undertrykte, og hans prekener var fornærmende og
voldsomme. Han ble en levende samvittighet for tyranniske herskere som kongen
av Napoli, Ferdinand I av Aragón (kalt Ferrante) (1458-94). Kongen anså ham som
farlig og undergravende og var provosert over noen gode råd som Frans hadde
gitt ham og hans to sønner, hertug Alfons av Calabria og kardinal Johannes av
Aragón, og forfulgte Frans. Men kongens tredje sønn, prins Fredrik av Taranto,
var Frans’ venn.
Kongen ga ordre til en
budbringer om å pågripe Frans i Paterno og bringe ham som fange til Napoli
under påskudd av at han hadde bygd klostre uten kongelig samtykke. Men
offiseren som kom for å gripe ham, ble så beveget over hans ydmykhet og den
villighet han viste til å følge med ham, at han full av ærefrykt vendte tilbake
til Napoli og overtalte kongen fra å foreta seg noe mot Guds tjener. Kongen
roet seg til slutt og ga ordre om at Frans kunne åpne så mange klostre han
ønsket, og selv inviterte kongen ham til å åpne et kloster i Napoli. Et annet
var allerede åpnet i 1480 i Castellammare di Stabia. Til Napoli kom to
minstebrødre som slo seg ned i et kapell på landet, hvor det i 1846 ble bygd
den store og spektakulære kongelige Basilica di San Francesco da Paola ved
den berømte Piazza del Plebiscito.
I mellomtiden nærmet det
seg et stort, uventet og uønsket vendepunkt i Frans’ liv. I 1482 dro en
italiensk kjøpmann ved navn Matteo Coppola gjennom Plessis-lès-Tours i
Frankrike, hvor en annen tyrannisk hersker, kong Ludvig XI (1423-1482), bodde
på den tiden. Han var alvorlig syk og døden nær av overtroisk redsel.
Kjøpmannen fortalte en kongelig godseier om Frans av Paola, som informerte
kongen. Kongen sendte umiddelbart en av sine hushovmestere til Calabria for å
invitere den hellige eremitten til å komme til Frankrike for å hjelpe kongen,
og han hadde med rike gaver fra det franske hoffet. Ludvig var den første som
bar tittelen Rex christianissimus, «den aller kristeligste majestet».
Frans avviste gavene med forakt og avslo å reise, til tross for det faktum at
selv kong Ferdinand I av Napoli motvillig ga sin støtte til forespørselen.
Men da appellerte kongen
til pave Sixtus IV (1471-84), som av politiske og økonomiske årsaker ikke
ønsket å skuffe monarken. Paven og kongen av Napoli ville benytte anledningen
til å styrke det skjøre forholdet til det da så sterke Frankrike, og de håpet på
muligheten til å inngå en avtale om å avskaffe «Den pragmatiske sanksjon av
Bourges» fra 1438, hvor den franske geistligheten fremholdt den franske kirkens
rett til å administrere sin verdslige eiendom uavhengig av Den hellige stol, og
forbød pavelige utnevnelser til ledige kall og avgrenset appellretten til den
pavelige domstol. Samtidig ble paveskatten annata opphevet der.
Det tok et par måneder å
overtale Frans til å forlate sitt land for å krysse Alpene, og å oppgi sin
strenge livsstil for å dra for å leve i et palass. Det endte med at paven
beordret eremitten til å reise til Frankrike, til Frans’ store forferdelse og
sorg. Han ble tvunget til å forlate sitt land og sine eremitter i en avansert
alder på 67 år og med svekket helse. Men Frans adlød og reiste av gårde
barføtt, avviste all spesiell gjestfrihet underveis og ba det meste av tiden –
reisen ble en form for ydmyk triumfmarsj. Før avreisen til Frankrike utnevnte
han en av sine munker til fungerende ordensgeneral og valgte to andre til å
følge ham, sammen med sin nevø Andrea d'Alesso.
Den 2. februar 1483 dro
Frans fra Paterno Calabro sammen med Bernardino Otranto fra Cropalati, og han
forlot Calabria for å dra til Frankrike. De gikk gjennom Vallo di Diano og
stanset først i Polla, deretter i klosteret Santa Maria La Nova i Campagna og i
Salerno. Deretter gikk de til Napoli, hvor Frans ble ønsket velkommen av en
stor folkemengde. Han ble mottatt med fulle æresbevisninger av kong Ferdinand
I, som var fascinert over å treffe den munken som hadde våget å sette seg opp
mot ham. Monarken ble vitne til at Frans leviterte (ble løftet fra bakken) mens
han var hensunket i bønn på sitt rom. Da forsøkte kongen å vinne hans vennskap
ved å tilby ham en tallerken med gullmynter, som skulle brukes til bygging av et
kloster i Napoli. Frans tok da en av gullmyntene, brøt den i stykker og viste
kongen hvordan det dryppet blod fra mynten. Han sa: «Det er blodet du har sugd
ut av dine undersåtter, som skriker etter hevn for Gud». Dette var en
forutsigelse av slutten på det aragonske monarkiet, som skjedde i de første
årene av 1500-tallet.
Alltid kledd i sin slitte
tunika og med en rustikk stav i hånden ble han betraktet i hemmelighet av en
maler, som på oppdrag av kongen malte Frans’ portrett, som er bevart i Chiesa
dell’Annunziata i Napoli, mens en kopi er i kirken San Francesco da Paola ai
Monti i Roma. Det antas at maleriet ble malt da Frans var 67 år gammel. Frans
fortsatte sin reise til fots nordover, og da han kom til Roma, dro han for å
treffe pave Sixtus IV, som tok hjertelig imot ham. De møttes flere ganger og
paven ga ham ulike oppdrag. Deretter la Frans ut fra Romas havneby
Civitavecchia for å dra sjøveien til Frankrike. På veien gjennom fransk
territorium befridde han Bormes-les-Mimosas og Fréjus i det nåværende departementet
Var i regionen Provençe-Alpes-Côte d'Azur i det sørøstre Frankrike fra en
pestepidemi.
Den lille flokken dro fra
Fréjus, gjennom Provençe og Dauphiné og inn i Lyon hvor Frans ble mottatt med
store tegn på respekt og hengivenhet, og alle strømmet til for å berøre hans
tunika. Via Bourbonnais og Orléanais kom de til Touraine og endelig til Château
du Plessis-lès-Tours den 24. april 1483 kom han til slottet i
Plessis-lès-Tours, hvor kong Ludvig XI lå syk og sendte dauphinen (kronprinsen)
ut for å eskortere Frans det siste stykket. Ved hoffet i Plessis ble Frans
mottatt med stor respekt. Ludvig XI hadde regjert i Frankrike i tyve år og led
av en rekke plager. Han hadde podagra og hjertesvikt, var herjet av konstant
feber, fordøyelsesplager, nyresvikt og av fryktelige plager i mage og lever.
Kongen falt på kne og tryglet Frans om å helbrede ham. Men han svarte at
kongers liv er i Guds hender og har sine fastsatte grenser, og at bønner måtte
rettes til Gud. Men han kunne forberede kongen på en kristen død. Dette
aksepterte faktisk Ludvig, og deretter fulgte mange samtaler mellom kongen og
hans gjest. Selv om Frans var en ulærd mann, skrev Philip de Commines, som ofte
hørte ham, at hans ord var så fulle av visdom at alle de tilstedeværende var
overbevist om at Den Hellige Ånd snakket gjennom hans lepper.
Ved det franske hoffet
fortsatte Frans å leve så enkelt og avsondret som mulig. Han tilbrakte timer av
gangen i bønn og synes ofte å være i ekstase. Han fastet flere dager i strekk,
gikk alltid rundt barføtt og sov på et bord. Selv om han ikke kunne helbrede
kong Ludvig, forberedte han ham på døden. Dette gjorde han på en slik måte at
han vant Ludvigs sønn Karls varige vennskap. En tid var Frans også lærer for
ham. Frans hjalp også til med å gjenskape freden mellom Frankrike og Spania ved
å overtale kong Ludvig XI til å gi tilbake noe omstridt land.
Etter å ha løst sine
konflikter med Kirken døde kong Ludvig XI den 30. august 1483 i Frans’ armer.
Den nye kongen Karl VIII (1483-98) var bare tretten år gammel, så hans eldre
søster Anne av Beaujeu fungerte som regent sammen med sin mann, hertug Peter II
av Bourbon, til 1491, da kongen fylte 21 år og ble myndig. Etter farens død
ville ikke den unge kongen la sin rådgiver og åndelig veileder Frans vende
tilbake til Italia, så han ble værende i Frankrike etter ønske fra regenten.
Frans bidro også til å gjenskape freden mellom Frankrike og Bretagne ved å
foreslå et ekteskap mellom de herskende familiene. I 1491 giftet kong Karl seg
med den fjortenårige hertuginne Anne av Bretagne. Kongen ba Frans om å være
gudfar for sin andre sønn, som han ga navnet Frans (fr: François) etter ham,
men gutten døde etter mindre enn en måned. Ingen av Karls seks barn vokste opp,
men han hadde i tillegg fem utenomekteskapelige døtre.
Frans bodde i Frankrike i
hele resten av sitt liv, og med hjelp fra kongene Karl VIII og hans fetter og
etterfølger Ludvig XII (1498-1515) utbredte han sin orden til
Plessis-lès-Tours, Amboise, Paris og andre steder. Kong Karl VIII bygde klostre
for Frans’ brødre i Plessis og i Amboise, hvor de først hadde møttes. Frans
bodde selv i Plessis-lès-Tours. Kongen bygde også et kloster ved kirken Santa
Trinità del Monte på Monte Pincio i Roma, og der hadde bare franske
minstebrødre adgang. Roma omfatter det gamle Romas syv høyder: Kapitol,
Palatin, Monte Celio, Quirinal, Viminal, Esquilin og Aventin. I tillegg kommer
Monte Pincio, Gianicolo og Monte Mario. Etter at Karl VIII døde i 1498, ble han
etterfulgt av Ludvig XII. Den 82-årige Frans ba da om tillatelse til å vende
tilbake til Italia. Kongen ga først helgenen tillatelse, men han trakk raskt
tillatelsen tilbake og dynget ned alle hans forbindelser med æresbevisninger og
gaver.
I klosteret Nigeon i
Paris ble hans munker kalt Bons hommes («gode menn»). I Spania, hvor Frans sendte munker fra klosteret i
Plessis-lès-Tours, fikk de navnet «patre av seieren», fordi kong Ferdinand II
den katolske av Spania (1474-1504) tilskrev det hans forbønn at Málaga ble
fravristet maurerne. I 1497 slo også munker seg ned i Tyskland etter bønn fra
keiser Maximilian I (1493-1519), hvor de fikk tre klostre, og fra dem ble flere
andre grunnlagt.
I 1493 ble regelen
endelig fastsatt skriftlig. Den relativt beryktede Borgia-paven Alexander VI
(1492-1503) stadfestet ordenen definitivt i 1503 og stadfestet navnet Minimi.
Pave Pius IV (1559-65) godkjente 1560 ordensregelen definitivt. Frans reviderte
sin regel fire ganger (1493, 1501, 1502 og 1507), og noe av den opprinnelige
strengheten ble mildnet i de senere utgavene. I 1495 grunnla Frans i Andújar i
Spania den kvinnelige grenen av ordenen, Minstesøstrene («minimitinnene»), som
ikke lenger eksisterer. I Plessis-lès-Tours trakk han også opp retningslinjer
for tertiarer (1501) – det vil si legfolk av begge kjønn som ønsket å slutte
seg til hans tredjeorden. Men tredjeordenen forble ubetydelig. Frans skrev to
regler for sine brødre og en tredje regel for nonner, alle godkjent den 28.
juli 1506 av pave Julius II (1503-13) etter at Frans hadde foretatt noen
korreksjoner i brødrenes regel.
På Frans’ forbønn fikk
hertug Peter II av Bourbon og hans hustru Anne, tvillinger, og for Louise av
Savoia forkynte han at den senere kong Frans I (1515-47) ville bli født. Derfor
er han skytshelgen mot ufruktbarhet og for å få mannlige arvinger. Louise av
Savoia og hennes ektemann, greven av Angoulême, bestemte seg for å kalle barnet
som ble født den 12. september 1494, for Frans til ære for helgenen.
Frans bodde i Frankrike i
rundt 25 år og var i stand til å bli verdsatt av både enkle mennesker og av de
lærde fra Sorbonne. Mange fransiskanere, benediktinere og eremitter ble
fascinert av hans livsstil og sluttet seg til ham i Frankrike, noe som bidro
til å universalisere hans orden. Blant dem var benediktinerpateren Francesco
Binet, som senere ble minstebrødrenes første generalkorrektor etter Frans’ død,
den høyt utdannede fransiskanerpateren Pietro Gebert OFMObs og den spanske
eneboeren på Montserrat p. Bernardo Buyl, som fulgte Columbus på hans andre
reise til Amerika som den første apostoliske vikar. Mens Frans bodde i Plessis,
var han åndelig veileder for den salige Margareta av
Lorraine (1463-1521).
Frans tilbrakte de siste
tre månedene av sitt liv i ensomhet i sin celle i det klosteret som kong Karl
VIII bygde for ham i Plessis-lès-Tours, hvor han forberedte seg på døden. På
palmesøndag 1507 ble han syk, og skjærtorsdag samlet han alle brødrene i
sakristiet. Han formante dem til å elske Gud, hverandre og alle mennesker og
overholde regelen. Etter å ha skriftet mottok han kommunionen barføtt og med et
tau rundt halsen, noe som er skikken i hans orden. Han døde på langfredag den
2. april 1507 i Plessis-lès-Tours, 91 år og seks dager gammel, og ble gravlagt
der på andre påskedag.
Men han ble gravlagt på
et sted som ofte ble oversvømmet av den nærliggende elven. Derfor bestemte
brødrene etter råd fra prinsessen å flytte ham, for at hans legeme ikke skulle
råtne raskere enn nødvendig. Derfor ble hans levninger gravd opp og flyttet til
en steinsarkofag i en høyereliggende grav. Denne translasjonen fant sted tolv
dager etter begravelsen.
Ved ordensgrunnleggerens
død i 1507 hadde ordenen fem provinser i Italia, Frankrike, Spania og Tyskland.
Ordenen nådde sitt høydepunkt i første halvdel av 1500-tallet, da den hadde
rundt 450 hus og vitnet om styrken i den katolske reformbevegelsen. Ordenen svant
hen fra slutten av 1700-tallet, da mange av deres klostre ble ødelagt under Den
franske revolusjon, og ordenen er nå avgrenset til Italia og Spania. Noen
steder kalles ordenen Paulanere etter sin grunnlegger, noe som kan føre til at
de blandes sammen med Paulinerne (Ordo Fratrum Sancti Pauli Primi Eremita –
OSPPE), den eneste ungarske eremittkongregasjonen, grunnlagt rundt 1250, som
fortsatt eksisterer.
Frans’ ry for hellighet
og som reformator var utbredt, og han ble betraktet som en av tidens største
undergjørerne. Hans helligkåringsprosess ble innledet allerede i 1512 av pave
Julius II og han ble saligkåret den 7. juli 1513 av Medici-paven Leo X
(1513-21), som Frans hadde spådd at ville bli pave da Leo fortsatt var barn,
men som kanskje er mest kjent for bannlysningen av Martin Luther.
Helligkåringen måtte vente til etter avslutningen av konkordatet med Frankrike
i 1517, men den 1. mai 1519 ble han helligkåret av Leo X med bullen Excelsus
Dominus. Dette var den første helligkåringen i Leos pontifikat. En helligkåring
bare tolv år etter kandidatens død var svært sjelden på denne tiden. Så sent
som i 1527 var Frans’ legeme fullstendig uforandret.
I 1562 brøt hugenotter
(franske protestanter) opp hans grav og fant hans legeme intakt, 55 år etter
hans død. De trakk det gjennom byen og brente det på et bål laget av et stort
krusifiks, og det eneste som var igjen, var aske og noen få biter av bein. De
ble reddet av katolikker og skrinlagt ordenens kirker i Plessis-lès-Tours,
Nigeon, Paris, Aix, Napoli, Madrid og selvsagt Paola. I Tours brente de samme
kalvinistene de jordiske rester av de hellige Martin, Alkuin og
mange andre. Frans’ relikvier ble skjendet for andre gang under Den franske
revolusjon. I 1935 og 1955 ble de gjenværende relikviene forent og plassert i
helligdommen i Paola. Etter nesten fem århundrer returnerte den hellige
eremitten til sitt Calabria, som han er skytshelgen for, i tillegg til for
Paola og Cosenza.
Mange av Frans’ mirakler
var knyttet til sjøen, og derfor ble han i 1943 utropt til skytshelgen for
italienske sjøfolk av den ærverdige pave Pius XII (1939-58). Frans er spesielt
populær i Italia, Frankrike og Mexico. Ordenens hovedkloster er i dag i Roma.
Han er også skytshelgen for eneboere og mot pest, etter at han gjennom bønn
hadde forskånet ulike byer som Napoli, Fréjus og andre steder for pesten. Den
hellige pave Johannes
XXIII (1958-63) utropte i 1963 Frans til skytshelgen for Calabria. Han
var den høye beskytter av kongeriket De to Sicilier (1816-61), også kalt Begge
Sicilier, det vil si kongeriket Napoli og kongeriket Sicilia, og han er
skytshelgen for byen Napoli.
Han har en spesiell kult
i Cinque Reali Siti, et landbruksområde i provinsen Foggia i regionen
Puglia som omfatter kommunene Ordona, Carapelle, Orta Nova, Stornara e
Stornarella. I Carapelle kalles han skytshelgen (santo patrono), mens i
Orta Nova kalles han beskytter (santo protettore). Han er også skytshelgen
for Savelletri i provinsen Brindisi, hvor det i anledning patronatsfesten på
den andre søndagen i august skjer en prosesjon til sjøs.
Minstebrødrene feirer sin
grunnlegger som høytid den 4. mai, men hans minnedag i den nyeste utgaven av
Martyrologium Romanum (2004) er dødsdagen 2. april, hvor han står som nummer
en:
Sancti Francísci de
Paula, eremítæ, qui, Ordinis Minimórum institútor in Calábria, discípulis suis
præscrípsit ut eleemósynis viverent, nec próprium habéntes nec pecúnias
tangéntes, et semper solis quadragesimálibus cibis uteréntur. A Ludovíco rege
Undécimo in Gálliam vocátus, ei moriénti ádfuit et Plexítii prope Turónos,
austeritáte vitæ clarus, decéssit.
Den hellige Frans av
Paola, eremitt, som grunnla Minstebrødrenes orden i Calabria, foreskrev for
sine disipler at de skulle leve av almisser, uten å eie noe og aldri røre
penger, og å alltid bare spise mat som i fasten. Han ble kalt til Frankrike av
kong Ludvig XI, hvor han var helt til sin død. Han døde i Plessis-lès-Tours nær
Tours, berømt for sitt asketiske liv.
Hans fest er dødsdagen 2.
april, dagen for hans fødsel i himmelen. Men det var ikke mulig å feire hans
fest så ofte, fordi den nesten alltid faller i fastetiden. Så i hjembyen Paola
feires han hvert år på årsdagen for hans helligkåring, som fant sted den 1. mai
1519. Nyheten kom imidlertid til Paola først tre dager senere, og derfor holdes
festen fra 1. til 4. mai.
I tillegg til de ulike
versjonene av regelen er det bevart noen av Frans’ brev. De dreier seg
hovedsakelig om forretningssaker, med bare sporadiske skrifthenvisninger eller
åndelige råd. Han etterlot seg også sin Correctorium, som var en håndbok i
bot for dem som brøt regelen.
Ut fra dødsmasken malte
de franske kongenes hoffmaler Jean Bourdichon (ca 1457-1521) et portrett av
ham, som kong Frans I ga til pave Leo X ved helligkåringen i 1519. Etter denne
originalen, som er forsvunnet, ble det i tidens løp malt mange portretter av
ham. Blant artistene som har malt ham, er Bartolomé Esteban Murillo (1617-82),
Diego Velásquez (1599-1660), Francisco José de Goya y Lucientes, bedre kjent
som Goya (1746-1828), de to brødrene Ubaldo Gandolfi (1728-81) og Gaetano
Gandolfi (1734-1802), Jacopo Comin, bedre kjent som Tintoretto (1518-94),
Giambattista Tiépolo (1696-1770) og Sebastiano Ricci (1659-1734).
I kunsten fremstilles
Frans gjerne i svart ordensdrakt, med en stav i hånden og et stort, hvitt
skjegg; mens han krysser Messinastredet på sin kappe; kledd i kappe mens han
holder en hodeskalle i en hånd og en pisk i den andre; mens han leviterer over
en flokk troende og ved siden av ham mottoet Charitas. Frans Liszts
pianostudie Legende nr 2: St Frans av Paola går på vannet er et
stykke som fortsatt spilles ofte. Paulaner-Brauerei i München har
sitt navn fra ordenen paulanerne, og sterkølet Salvator går tilbake til dem.
Med dette sterkølet pleide munkene å feire ordensgrunnleggerens festdag den 2.
april.
Pave Klemens XII
(1730-40) promulgerte i det pavelige brev Coelestium Munerum Dispensatio av
2. desember 1738 en avlat til alle de troende som på alle de påfølgende tretten
fredager etter festen for den hellige Frans av Paola (2. april), eller på en
hvilken som helt periode i året, til ære for denne helgenen besøker en kirke
for minstebrødrene og ber der for Kirken. I dette brevet nevnes det en andakt
som kom fra Frans selv, som på hver påfølgende av tretten fredager pleide å
resitere tretten Paternoster og tretten Ave Maria, og denne andakten spredte
han muntlig og i brev til sine egne fromme disipler, som et effektivt middel
for å få fra Gud de nådebevis de ønsket, så sant de var for sine sjelers større
gode.
Paola er et italiensk
stedsnavn som på latin heter Paula, og hans navn har ikke noe med kvinnenavnet
Paula å gjøre. På flere språk kalles han «Frans av Paula» (fr:
Saint-François-de-Paule), men på norsk oversetter vi sjelden stedsnavn (selv om
vi kan gi dem en norsk uttale), så det korrekte må være Frans av Paola.
Kilder: Attwater
(dk), Attwater/John, Attwater/Cumming, Farmer, Jones, Hallam, Lodi, Butler,
Butler (IV), Benedictines, Delaney, Bunson, Engelhart, Schnitzler,
Schauber/Schindler, Melchers, Dammer/Adam, KIR, CE, CSO, CatholicSaints.Info,
Infocatho, Bautz, Heiligenlexikon, Butler 1866, santiebeati.it,
en.wikipedia.org, it.wikipedia.org, zeno.org, heiligen-3s.nl, nominis.cef.fr,
kathpedia.com, stpetersbasilica.info, sanfrancescodapaola.com,
santuariopaola.it, missel.free.fr, EWTN, CB - Kompilasjon og
oversettelse: p.
Per Einar Odden
SOURCE : https://www.katolsk.no/biografier/historisk/frapaola
Charles Mellin (1597, Nancy-21 September 1649, Rome), Saint François de Paule aux pieds de Sixte IV, circa 1750, Musée des beaux-arts, Rouen
Franciscus a Paola,
Plessis, Frankrijk; ordestichter; † 1508.
Feest 2 april.
Franciscus is genoemd
naar Franciscus van Assisi. Zijn ouders waren zeer arme mensen. Ze woonden in
Paola, een klein plaatsje aan de Calabrische kust ten zuiden van Napels.
Geruime tijd bleef hun huwelijk kinderloos. Vandaar, dat ze de inspraak van
Franciscus van Assisi inriepen en God om een kind vroegen. Toen dan ook enige
tijd daarna een kind geboren werd, beschouwden ze dat als een regelrechte
gebedsverhoring, en noemden het naar Franciscus van Assisi.
Van jongs af aan bleek
het kind gevoelig voor de dingen van God. Het vastte veel en leidde een zeer
sober leven. Het werd voor een religieuze opvoeding toevertrouwd aan de
franciscaner monniken van een klooster uit de buurt. Op 15-jarige leeftijd trok
hij zich in de eenzaamheid terug in een grot om het leven van een kluizenaar te
leiden. Hij sliep op de rotsgrond, at de planten en kruiden die hij in het
naburig bos vond, of soms van wat zijn vrienden hem brachten. Veel was het in
ieder geval niet. Nog voor zijn 20e sloten zich twee andere jongemannen bij hem
aan. Deze harde leefgemeenschap groeide uit tot een heuse religieuze orde,
welke in 1436 werd gesticht en in 1474 officieel goedgekeurd: de Minimi of
Miniemen; zo genoemd, omdat zij werkelijk de minsten wilden zijn naar het
voorbeeld van Jezus.
Er werd een huis gebouwd,
en een grote kerk; en er ontstond steeds meer toeloop. Maar de levenswijze
bleef streng: men sliep op een matje op de rotsgrond; een blok hout of grote
steen diende als hoofdkussen; men sliep niet meer dan strikt noodzakelijk was;
men gebruikte één maaltijd per dag, en deze bestond meestal alleen uit water en
brood. Bereidde men zich voor op een feestdag, dan at men de twee dagen tevoren
meestal helemaal niets. Franciscus betreurde het, dat de regels voor de vasten
in de Kerk telkens weer verslapten; hij was ervan overtuigd, dat de gelovigen
de weldaad van consequent vasten en het zich ontzeggen van allerlei
levensbehoeften niet beseften.
Over Franciscus worden
wonderlijke verhalen verteld. In de jaren 1447, 1448 en 1449 zou hij bij
herhaling de verovering van Constantinopel door de Turken hebben voorspeld:
deze vond inderdaad plaats in 1453. Er zijn zelfs heel wat officiële documenten
bewaard gebleven, waarin met bijna wetenschappelijke bewijzen wordt gestaafd
hoe vaak hij allerlei kerkelijke en maatschappelijke gebeurtenissen had
voorspeld. Daarnaast zijn er ook genezingen en andere wonderen bekend.
Eens kwam een hoge
ambtenaar naar hem toe om hem duidelijk te maken, dat al te grote gestrengheid
in het geestelijk leven tot misgroei en zelfs hoogmoed kon leiden. Franciscus
hoorde hem geduldig en vriendelijk aan, en ging zeer liefdevol in op de
opmerkingen van de man. Maar deze was zichtbaar niet overtuigd. Daarop nam
Franciscus een vurige kool uit het brandende vuur en hield deze geruime tijd in
zijn hand voor de ogen van de ambtenaar, en hij zei: "Alle schepselen
gehoorzamen aan mensen die God met een zuiver hart dienen."
Koning Lodewijk XI van
Frankrijk († 1483) lag doodziek in zijn verblijf te Plessis. Maar de zucht naar
het leven was zo sterk, dat hij niet alleen koning Ferdinand van Napels, maar
ook de Paus de opdracht gaf de beroemde Franciscus naar hem toe te sturen; met
de bedoeling dat deze hem zou genezen, en hem zou redden van een vroegtijdige
dood. Hij loofde een hoge beloning uit voor de eerste die hem zou komen
berichten, dat Franciscus voet op Franse bodem had gezet, en stuurde vervolgens
de kroonprins op hem af bij wijze van geleide. Op 24 april 1482 kwam de man
Gods in Plessis aan. De koning kwam zelf naar buiten om hem te begroeten. Hij
viel hem te voet en smeekte, dat hij God zou vragen om een langer leven voor
hem, de koning van Frankrijk. Maar Franciscus antwoordde ter plekke, dat hij
zoiets nooit zou beloven; en bracht hem vervolgens onder ogen, dat het leven
van een koning evenzeer aan een bepaalde grens gebonden was als dat van de
allerlaagst geplaatste mens. Het zag er naar uit, dat Gods besluit met hem,
Lodewijk, vaststond. De koning deed er beter aan zich bij de feiten neer te
leggen en de resterende tijd te gebruiken om zich op gepaste wijze voor te
bereiden op zijn dood. Dat deed de koning, zodat deze in vrede afscheid kon
nemen van zijn vrouw en kinderen: hij stierf in de armen van Franciscus op 30
augustus van hetzelfde jaar.
Zijn zoon en opvolger,
Karel VIII, vatte een grote bewondering voor hem op, en overlaadde hem met
gunsten. Hij bouwde overal kloosters voor hem, en zorgde aldus voor een
geweldige verbreiding van zijn orde. Franciscus bleef in Plessis. In die tijd
was hij onder meer geestelijk leidsman van de zalige Margaretha van Lotharingen
(† 1521; feest 2 november). Tenslotte stierf hij te Plessis op 2 april 1508,
ruim 91 jaar oud.
Verering & Cultuur
Reeds in 1519 werd hij officieel heilig verklaard.
Zijn relieken werden tijdens de woelingen van de Reformatie op een 13e april
door ketters verbrand.
Muziek
Frans Liszt (R17) componeerde in 1865 ‘Légende 2: Saint François de Paule
marchant sur les eaux’ (Sint Franciscus a Paola loopt over het water).
Hij is patroon van de kluizenaars en sinds 1943 van de Italiaanse
zeelieden (ooit zou hij bij gebrek aan een boot op zijn mantel de zee naar
Sicilië zijn overgestoken); hij wordt met name aangeroepen door onvruchtbare
echtparen om kinderen te krijgen, in tijden van lijden, en tegen de pest.
Afbeelding
Hij wordt afgebeeld in een zwart religieus habijt, waarvan de kraag tot over de
gordel omlaag valt. Vaak met het woord 'glorie' ergens op de afbeelding,
meestal boven hem; of als asceet met gesel, boek en doodskop.
[101a; 106; 190p:166; 229; 500; Dries van den Akker s.j./2016.01.14]
© A. van den Akker
s.j.
SOURCE : https://heiligen-3s.nl/heiligen/04/02/04-02-1508-franciscus.php
Giovanni Marco Pitteri (1702–1786), After Federiko Benković (1677–1753), Der hl. Franziskus von Paola, etching print, 24 x 18
Franz von Paola
deutsch: von Paula
italienischer Name: Francesco d'Alessios
Gedenktag katholisch: 2. April
nicht gebotener Gedenktag
Hochfest im Paulanerorden: 4. Mai
Einäscherung durch die Calvinisten: 13. April
Tag der Heiligsprechung: 1. Mai
Name bedeutet: der
Franke (latein.)
Einsiedler, Ordensgründer
* 27. März 1416 in Paola bei Cosenza in Italien
† 2. April 1507 in Plessis-les-Tours in
Frankreich
Franz' Eltern hatten
befürchtet, keine Kinder haben zu können; als aber ihr Gesuch an Franziskus
von Assisi um Fürbitte mit einer Schwangerschaft endete, versprachen
die dankbaren Eltern, ihr Kind nach diesem Heiligen zu benennen; als der kleine
Junge schwer erkrankte, versprachen die Eltern, im Falle einer Heilung solle er
ein Jahr lang die Franziskanerkutte
tragen.
Mit dreizehn Jahren ließ
Franz sich als Oblat im Franziskanerkloster
in San
Marco Argentano aufnehmen und fiel dort bald durch seine Frömmigkeit,
seine asketischen Neigungen, seinen Gehorsam und durch kleine Wundertaten auf.
Mit fünfzehn verließ er das Kloster, ab 1435 lebte er dann als Einsiedler in
einer Felsengrotte nahe
seines Heimatortes Paola. Bald schon wurde seine Höhle zu einem Ort, wo viele
Menschen Rat und Hilfe suchten; andere kamen, um ebenso wie Franz zu leben.
Weitere Einsiedeleien folgten: 1444 in Paterno Calabro bei Cosenza, wo 1477
das Kloster vollendet
wurde, 1453 in Spezzano della Sila bei Cosenza, später zum Kloster erweitert,
und 1458 in Corigliano Calabro bei Cosenza, aus der dort ebenfalls ein Kloster wuchs.
Schon 1452 war aus der
Einsiedelei in Paola das dortige Kloster für
Franz und seine Gefährten - die Eremiten des heiligen Franz
von Assisi, der Paulanerorden -
geworden; beim Bau des Klosters soll Franz mit vielen Wundern geholfen haben.
Franz wurde mit
diesem Kloster in
Paola der Gründer des Ordo fratrum minimorum, des Ordens der
mindersten Brüder, auch Paulanerorden genannt.
Franz legte eine verschärfte Franziskanerregel
zugrunde, der ein viertes Gelübde hinzugefügt wurde: der Genuss von Fleisch und
jeglichen Tierprodukten wie Eier, Fett, Butter, Käse und Milch war untersagt;
auch strengste Kasteiungen und Schweigevorschriften gehörten zur Lebensweise.
Papst Sixtus IV.
bestätigte 1474 den Paulanerorden und
ernannte Franz zum Generalsuperior. 1479 reiste Franz nach Sizilien, wo in
Milazzo das Kloster gegründet
wurde. 1493 wurde die Ordensregel schriftlich fixiert. Papst Alexander
VI. bestätigte 1503 den Orden endgültig, verlieh ihm die Privilegien
der Bettelorden und gab ihm die Bezeichnung Minimi, weil sie noch
bescheidener lebten als die franziskanischen
Minoriten. Die Zahl der Klöster wuchs trotz - oder wegen - der Strenge der
Vorschriften, auch in Deutschland gründete Franz Niederlassungen.
Zahlreiche Heilungen und
Totenerweckungen werden Franz zugeschrieben, glühende Kohlen soll er ohne
Schaden in der Hand gehalten, auf seinem Mantel stehend die Meerenge von Messina durchfahren
haben.
1482 wurde Franz zu König
Ludwig XI. von Frankreich nach Plessis-les-Tours gerufen,
damit er diesen von schwerer Krankheit heile. Unterwegs machte er Station
in Fréjus und
befreite lokaler Tradition zufolge die Stadt von der Pest. Am Ziel angekommen,
teilte Franz der Überlieferung nach dem oft grausam herrschenden König mit,
dass er ihn nicht von seiner Krankheit befreien könne, ihn aber auf einen
christlichen Tod vorbereiten wolle - ein Angebot, das der König tatsächlich
akzeptierte; der König starb 1483 in seinen Armen. Franz behielt auch am
königlichen Hof seinen asketischen Lebensstil bei und vermochte nicht zuletzt
deswegen Frieden vermittelnd zu wirken und im Sinne von Kirche und Papst Sixtus
IV. Einfluss auf Ludwig XI. und dann auf seine Nachfolger Karl VIII. und Ludwig
XI. auszuüben. Karl VIII. ermöglichte Franz den Bau von zwei Klöstern in
Frankreich: in Plessis-lès-Tours und in Amboise.
1495 gründete Franz
in Andújar in
Spanien den weiblichen Zweiten Orden, die Minimitinnen,
die mindesten Schwestern, der heute nicht mehr besteht. Der von ihm
gestiftete Dritte Orden für Laien beiderlei Geschlechts blieb
unbedeutend.
In dem für Franz von
König Karl VIII. erbauten Kloster in Plessis-les-Tours starb
er nach einem Leben in strengster Askese mit 91 Jahren und wurde dort
bestattet. Beim Tod seines Gründers hatte der Orden fünf Provinzen in Italien,
Frankreich, Spanien und Deutschland. Von den Calvinisten wurden
1562 Franz' - damals angeblich noch unversehrten - Gebeine in
der Reformationszeit verbrannt. Fromme Katholiken konnten einige Reliquien
retten und sie ins Kloster von Plessis, ins damalige Kloster in
Nigeon / Chaillot - einem heutigen Stadtteil von Paris -, ins damalige
Kloster de la place Royal in Paris,
ins damalige Kloster in
Mane bei Aix-en-Provence, ins Kloster - an der Stelle der heutigen Königlichen
Basilika San Francesco di Paola - nach Neapel, ins Mutterkloster
nach Paola und
ins damalige Kloster
de la Victoria nach Madrid bringen.
Papst Pius IV. bestätigte
1560 die Ordensregel endgültig. Die größte Ausdehnung erlebte der Orden im 16.
Jahrhundert mit 450 Klöstern. Vom 2. bis 4. April wird Franz in seinem Heimatort gefeiert,
auch mit einer Schiffsprozession. 1963 ernannte Papst Johannes
XXIII. Franz zum Patron von Kalabrien.
Patron von Cagliari wurde
er 1907, weil er 1739 die Stadt von einer Dürre befreit hatte.
Kanonisation: Das Verfahren zur Heiligsprechung wurde schon 1512 eingeleitet, am 9. Juli 1513 wurde Franz durch Papst Leo X. seliggesprochen; erst nach Abschluss des Konkordats mit Frankreich 1517 erfolgte am 1. Mai 1519 die Heiligsprechung, ebenfalls durch Papst Leo X.
Patron von Kalabrien und Sizilien,
von Cagliari;
der Einsiedler, Leidenden und Seeleute; für Nachkommenschaft; gegen Pest
Worte des Heiligen
Aus einem Brief an seine
Ordensmitbrüder: Bekehrt euch mit aufrichtigem Herzen!
Unser Herr Jesus Christus, der mit höchstem Großmut vergilt, belohne euch für
eure Arbeit. Flieht das Böse, überwindet die Gefahren! Wir und alle unsere
Brüder bitten, obwohl wir dessen nicht wert sind, Gott den Vater, seinen Sohn
Jesus Christus und die jungfräuliche Mutter unablässig, dass sie euch im
Streben nach Heil von Leib und Seele nicht ohne Hilfe lassen.
Ich ermahne euch eindringlich, liebe Brüder, dass ihr euch klug und fleißig um euer Seelenheil bemüht. Der Tod ist sicher, das Leben ist kurz und vergeht wie Rauch.
Darum richtet euren Geist auf das Leiden unseres Herrn Jesus Christus, der, von Liebe zu uns entzündet, vom Himmel kam, uns zu erlösen. Er trug für uns jede Pein der Seele und des Leibes und wich keinem Urteil aus. Er gab uns das Beispiel vollendeter Geduld und Liebe. Wir müssen im Unglück geduldig sein.
Legt Hass und Feindschaft ab, seid sparsam mit harten Worten, die aus eurem Mund kommen. Er hat Wunden geschlagen und soll auch Mittel zur Heilung hervorbringen. Verzeiht einander, damit ihr nicht weiterhin an das Unrecht denkt, das ihr einander zugefügt habt.
An die Bosheit zurückdenken bedeutet neues Unrecht, ist die Vollendung des Zorns, Festhalten an der Sünde, Hass gegen die Gerechtigkeit, Zerstörung der Tugend, Verwirrung im Gebet, Zerrissenheit beim Bitten, das wir vor Gott bringen, Entfremdung von der Liebe, Nagel, der in der Seele steckt, niemals schlafende Bosheit, nie endende Sünde, täglicher Tod.
Liebt den Frieden! Er ist ein Schatz, den wir uns am meisten wünschen sollen.
Ihr wisst, dass unsere Sünden Gott zum Zorn reizen. Ihr müsst also Buße tun,
damit Gott euch in seinem Erbarmen verschont. Was wir Menschen verbergen, für
Gott liegt es offen; bekehrt euch also mit aufrichtigem Herzen! Lebt so, dass
ihr den Segen des Herrn erntet, und der Friede Gottes, unseres Vaters, sei
allezeit mit euch.
Quelle: Francesco di
Paola: Epistola. In: A. Galucci: Origini dell' ordine dei Minimi. Rom 1967, S.
121f; zitiert nach Monastisches Lektionar zum 2. April
Zitate von Franz von
Paola:
Tun wir das, um der Liebe willen; gehen wir, um der Liebe willen!
Wer Gott liebt, dem ist alles möglich.
Geh, reinige dein Haus, d. h. dein Gewissen, dann kehre zurück!
Meidet das zu viel Sprechen, denn es ist nie frei von Schuld!
zusammengestellt von Abt em. Dr. Emmeram Kränkl OSB,
Benediktinerabtei Schäftlarn,
für die Katholische
SonntagsZeitung
Bilder
aus dem Santuario Franz von Paola
Stadlers
Vollständiges Heiligenlexikon
Web 3.0 -
Leserkommentare:
Hallo,
Franz von Paola heißt eingedeutscht auch Franz von Paula. Die Paulaner-Brauerei in München hat den Namen vom Orden der Paulaner. Auf diese Paulaner-Brüder geht das Starkbier zurück, der Salvator. Mit diesem Starkbier haben die Mönche seinerzeit den Namenstag ihres Ordensgründers, eben Franz von Paola, am 2. April gefeiert.
Der Beginn der Starkbierzeit in München (Nockerberg etc.) hat damit indirekt etwas zu tun.
Genaues müssen sie selber rausfinden. Betreiben sie mal ordentliche Recherche!
(das Heilgenlexikon ist ziemlich oberflächlich. Mehr Klasse statt Masse!)
Gruß
L. Albrecht über E-Mail,
29. Februar 2010
Es heißt richtig: Nockherberg!
J. Schäfer
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Autor: Joachim
Schäfer - zuletzt aktualisiert am 28.07.2022
Quellen:
• Vera Schauber, Hanns Michael Schindler: Heilige und Patrone im Jahreslauf.
Pattloch, München 2001
• Erhard Gorys: Lexikon der Heiligen. dtv, München 1997
• Hiltgard L. Keller: Reclams Lexikon der Heiligen und der biblischen Gestalten. Reclam, Ditzingen 1984
• Charlotte Bretscher-Gisinger, Thomas Meier (Hg.): Lexikon des Mittelalters. CD-ROM-Ausgabe J.B. Metzler, Stuttgart / Weimar 2000
• Friedrich-Wilhelm Bautz. In: Friedrich-Wilhelm Bautz (Hg.): Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon, Bd. II, Hamm 1990
• Lexikon für Theologie und Kirche, begr. von Michael Buchberger. Hrsg. von Walter Kasper, 3., völlig neu bearb. Aufl., Bd. 4. Herder, Freiburg im Breisgau 1995
• http://web.tiscalinet.it/romiovitali/Il%20santuarioC.htm - abgerufen am 25.02.2022
• https://www.cagliariturismo.it/it/luoghi/i-luoghi-della-fede-313/conventi-e-monasteri-195/convento-di-san-francesco-di-paola-222
- abgerufen am 25.02.2022
korrekt zitieren: Joachim Schäfer: Artikel Franz von Paola, aus dem Ökumenischen Heiligenlexikon - https://www.heiligenlexikon.de/BiographienF/Franz_von_Paola.htm, abgerufen am 13. 4. 2024
Die Deutsche Nationalbibliothek verzeichnet das Ökumenische
Heiligenlexikon in der Deutschen Nationalbibliografie; detaillierte
bibliografische Daten sind im Internet über https://d-nb.info/1175439177 und https://d-nb.info/969828497 abrufbar.
SOURCE : https://www.heiligenlexikon.de/BiographienF/Franz_von_Paola.htm
Quadre
de sant Francesc de Paula, atribuït a Vicent Macip, església de sant Sebastià
de València.
Santo Fransiskus de Paola
Francis of Paola,
Franciscus de Paula, Francis the Fire Handler
Diterbitkan :
05 Agustus 2013
Diperbaharui :
01 April 2016
Orang suci ini dilahirkan
di sebuah dusun kecil di Paola, Italia sekitar tahun 1416. Orang tuanya miskin,
tetapi bersahaja dan kudus. Mereka mohon bantuan doa St. Fransiskus
dari Asisi agar dikaruniai seorang putera. Ketika ia akhirnya
dilahirkan, ia diberi nama Fransiskus. Anak itu tumbuh besar dan pergi ke
sekolah di mana para pengajarnya adalah imam-imam Fransiskan. Di
sanalah Fransiskus belajar membaca. Ketika berusia limabelas tahun, seijin
orangtuanya, Fransiskus tinggal di sebuah gua. Ia ingin menjadi seorang pertapa
dan melewatkan hidupnya hanya bersama Tuhan saja.
Ketika usianya duapuluh tahun, pemuda-pemuda lain ikut bergabung dengannya. St.
Fransiskus meninggalkan gua kediamannya. Penduduk kota Paola membangun sebuah
gereja dan juga biara untuk Fransiskus dan para pengikutnya. Ia menyebut ordo
religiusnya yang baru dengan nama “Minims”. “Minims” artinya “yang terkecil
dari semuanya.”
Semua orang mengasihi St. Fransiskus. Ia berdoa bagi mereka dan melakukan
banyak mukjizat. Ia terkenal dapat membaca pikiran orang lain. Salah satu
mujizatnya yang paling terkenal terjadi pada tahun 1464. Saat itu Santo
Fransiskus dan para pengikutnya ingin menyeberangi Selat Messina menuju
Sisilia, tapi tukang perahu yang menolak untuk membawa mereka. Santo Fransiskus
meletakkan jubahnya di atas air, diikat salah satu ujungnya ke tongkatnya untuk
dapat membuat berlayar. Ia dan para pengikutnya kemudian berlayar menyeberangi
selat itu diatas jubah. Komponis Franz Liszt menulis sebuah komposisi musik
yang indah terinspirasi oleh mujizat yang dibuat oleh Santo pelindungnya itu.
Ia menasehati para
pengikutnya agar senantiasa lemah lembut dan rendah hati, serta melakukan
banyak matiraga. Ia sendiri merupakan teladan terbaik dari segala keutamaan
yang diajarkannya. Suatu ketika, seorang yang mengunjungi Fransiskus
menghinanya. Ketika orang itu selesai berbicara, Fransiskus melakukan sesuatu
yang aneh. Dengan tenang diambilnya batu bara panas dari tempat perapian dan
digenggamnya dengan erat dalam tangannya. Namun demikian, tangannya tidak
terbakar sedikit pun.
“Mari, hangatkanlah dirimu” katanya dengan lembut sambil menyerahkan batu yang
merah membara tersebut pada pendakwanya.
“Engkau gemetar oleh sebab engkau membutuhkan sedikit belas kasihan.”
Dengan gemetar si pendakwa menolak menerima batu yang membara itu dari tangan
Fransiskus. Mujizat ini kemudian merubah pandangannya terhadap Fransiskus.
Sejak saat itu, ia amat mengagumi St. Fransiskus.
Raja Louis XI dari Perancis tidak hidup dengan baik. Ketika raja sedang
sekarat, ia meminta St. Fransiskus datang kepadanya. Pikiran akan segera
menemui ajalnya telah membuat raja gemetar ketakutan. Ia menghendaki agar Fransiskus
melakukan mukjizat dan menyembuhkannya. Sebaliknya, yang dilakukan orang kudus
tersebut adalah dengan lemah lembut membantu raja yang ketakutan itu
mempersiapkan diri sebaik-baiknya agar dapat meninggal dengan kudus. Hati raja
berubah. Ia menerima kehendak Tuhan dan wafat dengan tenang dalam pelukan
Fransiskus.
St. Fransiskus menikmati umur panjang untuk memuliakan serta mengasihi Tuhan.
Ia wafat pada hari Jumat Agung pada tahun 1507, dalam usia sembilan puluh satu
tahun.
Arti nama
Fransiskus berasal
dari nama Latin Franciscus yang berarti "Orang
Perancis". Nama ini diturunkan dari kata
"Francus" (yang berarti : "Seorang Franc", atau
"Seorang bebas"). Akar kata ini berasal dari kata Perancis
kuno "Franc" yang berarti "Bebas".
Variasi Nama
Francis,
Frances (English), François, Francisque (French), Frantziska,
Frantzisko, Patxi (Basque), Franseza (Breton), Francesc,
Francesca (Catalan), Frane, Franjo, Franka, Franko, Frano,
Fran (Croatian), František, Františka (Czech), Frans (Danish),
Franciscus, Frans (Dutch), Frans, Ransu (Finnish), Franz, Franziska,
Fränze, Franzi, Ziska (German), Ferenc, Franciska, Fanni, Feri, Ferkó,
Franci (Hungarian), Proinsias (Irish), Franca, Francesca, Francesco,
Franco (Italian), Francisca, Franciscus (Late Roman), Frens,
Frenske (Limburgish), Pranciškus (Lithuanian),
Frans (Norwegian), Franciszek, Franciszka (Polish), Francisca,
Francisco, Chica, Chico (Portuguese), Frang, Frangag (Scottish),
Franjo (Serbian), Franc, Frančišek, Frančiška, Fran,
Francka (Slovene), Francisca, Francisco, Curro, Fran, Paca, Paco, Pancho,
Paquita, Paquito (Spanish), Frans (Swedish), Ffransis (Welsh)
Bentuk Pendek :
Frank, Cissy, Fannie, Fanny, Fran, Frankie, Frannie, Franny, Sissie,
Sissy (English)
Bentuk Feminim : Frances (English), Françoise (French)
SOURCE : https://katakombe.org/para-kudus/item/fransiskus-de-paola.html