vendredi 22 décembre 2017

Saint PAUL VI, EVANGELII NUNTIANDI



EVANGELII NUNTIANDI

EXHORTATION APOSTOLIQUE
DE SA SAINTETÉ LE PAPE PAUL  VI
SUR L’ÉVANGÉLISATION DANS LE MONDE MODERNE
À L'ÉPISCOPAT, AU CLERGÉ ET AUX FIDÈLES DE TOUTE L'ÉGLISE

Vénérables Frères et chers Fils, Salut et Bénédiction Apostolique

Encouragement particulier à l’évangélisation

1. L’effort pour annoncer l’Evangile aux hommes de notre temps, exaltés par l’espérance mais en même temps travaillés souvent par la peur et l’angoisse, est sans nul doute un service rendu à la communauté des chrétiens, mais aussi à toute l’humanité.

C’est pourquoi le devoir de confirmer les frères, que Nous avons reçu du Seigneur avec la charge de Successeur de Pierre[1], et qui est pour Nous une “ préoccupation quotidienne ”[2], un programme de vie et d’action, et un engagement fondamental de notre pontificat, ce devoir Nous paraît encore plus noble et nécessaire lorsqu’il s’agit d’encourager nos frères dans la mission d’évangélisateurs pour que, en ces temps d’incertitude et de désarroi, ils l’accomplissent avec toujours plus d’amour, de zèle et de joie.

A l’occasion de trois événements

2. C’est bien ce que Nous voulons faire ici, au terme de cette Année Sainte au long de laquelle l’Eglise, “ tendue de tout son effort vers la prédication de l’Evangile à tous les hommes ”[3], n’a voulu rien d’autre qu’accomplir son office de messagère de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, proclamée à partir de deux consignes fondamentales : “ Revêtez l’homme nouveau ”[4] et “ Laissez-vous réconcilier avec Dieu ”[5].

Nous voulons le faire en ce dixième anniversaire de la clôture du Concile Vatican II dont les objectifs se résument, en définitive, en un seul : rendre l’Eglise du XXe siècle encore plus apte à annoncer l’Evangile à l’humanité du XXe siècle.

Nous voulons le faire un an après la IIIe Assemblée générale du Synode des Evêques — consacrée, on le sait, à l’évangélisation — , d’autant plus que cela Nous a été demandé par les Pères synodaux eux-mêmes. En effet, à l’issue de cette mémorable Assemblée, ils ont décidé de remettre au Pasteur de l’Eglise universelle, avec beaucoup de confiance et de simplicité, le fruit de tout leur labeur, déclarant qu’ils attendaient du Pape un élan nouveau, capable de créer, dans une Eglise encore plus enracinée dans la force et la puissance immortelles de la Pentecôte, des temps nouveaux d’évangélisation[6].

Thème souvent souligné au cours de notre pontificat

3. Ce thème de l’évangélisation, Nous en avons souligné l’importance à plusieurs reprises, bien avant les journées du Synode. “ Les conditions de la société — disions-Nous au Sacré Collège des Cardinaux, le 22 juin 1973 — nous obligent tous à réviser les méthodes, à chercher par tous les moyens à étudier comment faire arriver à l’homme moderne le message chrétien dans lequel il peut trouver la réponse à ses interrogations et la force pour son engagement de solidarité humaine ”.[7] Et Nous ajoutions que pour donner une réponse valable aux exigences du Concile qui nous interpellent, il faut absolument nous mettre en face d’un patrimoine de foi que l’Église a le devoir de préserver dans sa pureté intangible, mais le devoir aussi de présenter aux hommes de notre temps, autant que possible, d’une façon compréhensible et persuasive.

Dans la ligne du Synode de 1974

4. Cette fidélité à un message dont nous sommes les serviteurs, et aux personnes à qui nous devons le transmettre intact et vivant, est l’axe central de l’évangélisation. Elle pose trois questions brûlantes, que le Synode de 1974 a eues constamment devant les yeux :

— Qu’est devenue, de nos jours, cette énergie cachée de la Bonne Nouvelle, capable de frapper profondément la conscience de l’homme ?

— Jusqu’à quel point et comment cette force évangélique est-elle en mesure de transformer vraiment l’homme de ce siècle ?

— Suivant quelles méthodes faut-il proclamer l’Evangile pour que sa puissance soit efficace ?

Ces interrogations explicitent, au fond, la question fondamentale que l’Eglise se pose aujourd’hui et que l’on pourrait traduire ainsi : après le Concile et grâce au Concile, qui a été pour elle une heure de Dieu en ce tournant de l’histoire, l’Eglise se trouve-t-elle, oui ou non, plus apte à annoncer l’Evangile et à l’insérer dans le cœur de l’homme avec conviction, liberté d’esprit et efficacité ?

Invitation à la réflexion

5. Nous voyons tous l’urgence de donner à cette question une réponse loyale, humble, courageuse, et d’agir en conséquence.

Dans notre “ sollicitude pour toutes les Eglises ”[8], Nous voudrions aider nos frères et fils à répondre à ces interpellations. Puissent nos paroles, qui voudraient être, à partir des richesses du Synode, une réflexion sur l’évangélisation, inviter à la même réflexion tout le Peuple de Dieu rassemblé dans l’Eglise, et servir d’élan nouveau à tous, spécialement à ceux “ qui peinent à la parole et à l’enseignement ”,[9] afin que chacun d’eux soit “ un fidèle dispensateur de la Parole de vérité ”[10], fasse œuvre de prédicateur de l’Evangile et s’acquitte à la perfection de son ministère.

Une telle Exhortation Nous est apparue capitale, car la présentation du message évangélique n’est pas pour l’Eglise une contribution facultative : c’est le devoir qui lui incombe, par mandat du Seigneur Jésus, afin que les hommes puissent croire et être sauvés. Oui, ce message est nécessaire. Il est unique. Il ne saurait être remplacé. Il ne souffre ni indifférence, ni syncrétisme, ni accommodation. C’est le salut des hommes qui est en cause. C’est la beauté de la Révélation qu’il représente. Il comporte une sagesse qui n’est pas de ce monde. Il est capable de susciter, par lui-même, la foi, une foi qui repose sur la puissance de Dieu[11]. Il est la Vérité. Il mérite que l’apôtre y consacre tout son temps, toutes ses énergies, y sacrifie, au besoin, sa propre vie.

I.

DU CHRIST ÉVANGÉLISATEUR À UNE ÉGLISE ÉVANGÉLISATRICE



Témoignage et mission de Jésus

6. Le témoignage que le Seigneur donne de lui-même et que saint Luc a recueilli dans son Evangile — “ Je dois annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu ”[12] — a sans doute une grande portée, car il définit d’un mot toute la mission de Jésus : “ Pour cela j’ai été envoyé ”[13]. Ces paroles prennent toute leur signification si on les rapproche des versets antérieurs où le Christ venait de s’appliquer à lui-même le mot du prophète Isaïe : “ L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres ”[14].

Proclamer de ville en ville, surtout aux plus pauvres qui sont souvent les plus accueillants, la joyeuse annonce de l’accomplissement des promesses et de l’Alliance proposées par Dieu, telle est la mission pour laquelle Jésus se déclare envoyé par le Père. Et tous les aspects de son Mystère — l’Incarnation elle-même, les miracles, l’enseignement, le rassemblement des disciples, l’envoi des Douze, la croix et la résurrection, la permanence de sa présence au milieu des siens — font partie de son activité évangélisatrice.

Jésus, premier Evangélisateur

7. Bien souvent au cours du Synode, les Evêques ont rappelé cette vérité : Jésus lui-même, Evangile de Dieu[15], a été le tout premier et le plus grand évangélisateur. Il l’a été jusqu’au bout : jusqu’à la perfection, jusqu’au sacrifice de sa vie terrestre.

Evangéliser : quelle signification cet impératif a-t-il eue pour le Christ ? Il n’est certes pas aisé d’exprimer, dans une synthèse complète, le sens, le contenu, les modes de l’évangélisation telle que Jésus la concevait et l’a réalisée. D’ailleurs une telle synthèse ne pourra jamais être terminée. Qu’il Nous suffise de rappeler quelques aspects essentiels.

L’annonce du Règne de Dieu

8. Evangélisateur, le Christ annonce tout d’abord un Règne, le Règne de Dieu, tellement important que, par rapport à lui, tout devient “ le reste ”, qui est “ donné par surcroît ”[16]. Seul le Règne est donc absolu et il relativise tout ce qui n’est pas lui. Le Seigneur se plaira à décrire sous mille formes diverses le bonheur d’appartenir à ce Règne, bonheur paradoxal fait de choses que le monde rejette[17] ; les exigences du Règne et sa charte[18], les hérauts du Règne[19], ses mystères[20], ses enfants[21], la vigilance et la fidélité demandées à quiconque attend son avènement définitif[22].

L’annonce du Salut libérateur

9. Comme noyau et centre de sa Bonne Nouvelle, le Christ annonce le salut, ce grand don de Dieu qui est libération de tout ce qui opprime l’homme mais qui est surtout libération du péché et du Malin, dans la joie de connaître Dieu et d’être connu de lui, de le voir, d’être livré à lui. Tout cela commence durant la vie du Christ, est définitivement acquis par sa mort et sa résurrection, mais doit être patiemment conduit au cours de l’histoire, pour être pleinement réalisé au jour de l’Avènement définitif du Christ, dont nul ne sait quand il aura lieu, sauf le Père[23].

Au prix d’un effort crucifiant

10. Ce Règne et ce salut, mots-clés de l’évangélisation de Jésus-Christ, tout homme peut les recevoir comme grâce et miséricorde, et pourtant simultanément chacun doit les conquérir par la force — ils appartiennent aux violents, dit le Seigneur[24] — par la fatigue et la souffrance, par une vie selon l’Evangile, par le renoncement et la croix, par l’esprit des béatitudes. Mais, avant tout, chacun les conquiert moyennant un total renversement intérieur que l’Evangile désigne sous le nom de “ metanoia ”, une conversion radicale, un changement profond du regard et du cœur.[25]

Prédication infatigable

11. Cette proclamation du Royaume de Dieu, le Christ l’accomplit par la prédication infatigable d’une parole dont on dira qu’elle ne trouve d’égale nulle part ailleurs : “ Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! ”[26] ; “ Et tous lui rendaient témoignage et étaient en admiration devant les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche ”[27] ; “ Jamais homme n’a parlé comme cet homme ! ”[28]. Ses paroles dévoilent le secret de Dieu, son dessein et sa promesse, et changent par là le cœur de l’homme et son destin.

Avec des signes évangéliques

12. Mais il réalise également cette proclamation par d’innombrables signes qui font la stupeur des foules et en même temps les entraînent vers lui pour le voir, l’écouter et se laisser transformer par lui : malades guéris, eau changée en vin, pain multiplié, morts qui reviennent à la vie. Et entre tous, le signe auquel il donne une grande importance : les petits, les pauvres sont évangélisés, deviennent ses disciples, se réunissent “ en son Nom ” dans la grande communauté de ceux qui croient en lui. Car ce Jésus qui déclarait : “ Je dois annoncer la bonne nouvelle du Royaume de Dieu ”[29] est le même Jésus dont Jean l’Evangéliste disait qu’il était venu et devait mourir “ pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés ”[30]. Ainsi achève-t-il sa révélation, en la complétant et en la confirmant, par toute la manifestation qu’il fait de lui-même, par paroles et oeuvres, par signes et miracles, et plus particulièrement par sa mort, par sa résurrection et par l’envoi de l’Esprit de Vérité[31].

Pour une communauté évangélisée et évangélisatrice

13. Ceux qui accueillent avec sincérité la Bonne Nouvelle, par la force de cet accueil et de la foi partagée, se réunissent donc au Nom de Jésus pour chercher ensemble le Règne, le construire, le vivre. Ils constituent une communauté qui est à son tour évangélisatrice. L’ordre donné aux Douze — “ Allez, proclamez la Bonne Nouvelle ” — vaut aussi, quoique d’une façon différente, pour tous les chrétiens. C’est bien pour cela que Pierre appelle ces derniers “ un peuple acquis en vue d’annoncer les merveilles ” de Dieu[32], ces mêmes merveilles que chacun a pu écouter dans sa propre langue[33]. Du reste, la Bonne Nouvelle du Règne qui vient et qui a commencé est pour tous les hommes de tous les temps. Ceux qui l’ont reçue, ceux qu’elle rassemble dans la communauté du salut, peuvent et doivent la communiquer et la diffuser.

Evangélisation, vocation propre de l’Eglise

14. L’Eglise le sait. Elle a une vive conscience que la parole du Sauveur — “ Je dois annoncer la bonne nouvelle du Royaume de Dieu ”[34] — s’applique en toute vérité à elle. Elle ajoute volontiers avec saint Paul : “ Pour moi, évangéliser ce n’est pas un titre de gloire, c’est une obligation. Malheur à moi se je n’évangélise pas ! ”[35]. C’est avec joie et réconfort que Nous avons entendu, au terme de la grande assemblée d’octobre 1974, ces paroles lumineuses : “ Nous voulons confirmer une fois de plus que la tâche d’évangéliser tous les hommes constitue la mission essentielle de l’Eglise ”[36], tâche et mission que les mutations vastes et profondes de la société actuelle ne rendent que plus urgentes. Evangéliser est, en effet, la grâce et la vocation propre de l’Eglise, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser, c’est-à-dire pour prêcher et enseigner, être le canal du don de la grâce, réconcilier les pécheurs avec Dieu, perpétuer le sacrifice du christ dans la sainte messe, qui est le mémorial de sa mort et de sa résurrection glorieuse.

Liens réciproques entre l’Eglise et l’évangélisation

15. Quiconque relit dans le Nouveau Testament les origines de l’Eglise suit pas à pas son histoire et la regarde vivre et agir, voit qu’elle est liée à l’évangélisation par ce qu’elle a de plus intime.

— L’Eglise naît de l’action évangélisatrice de Jésus et des Douze. Elle en est le fruit normal, voulu, le plus immédiat et le plus visible : “ Allez donc, de toutes les nations faites des disciples ”[37]. Or, “ ceux qui accueillirent la Parole furent baptisés et environ trois mille se sont réunis à eux... Et le Seigneur augmentait tous les jours ceux qui embrassaient le Salut ”[38].

— Née par conséquent de la mission, l’Eglise est à son tour envoyée par Jésus. L’Eglise reste dans le monde lorsque le Seigneur de gloire retourne au Père. Elle reste comme un signe à la fois opaque et lumineux d’une nouvelle présence de Jésus, de son départ et de sa permanence. Elle le prolonge et le continue. Or, c’est avant tout sa mission et sa condition d’évangélisateur qu’elle est appelée à continuer[39]. Car la communauté des chrétiens n’est jamais close en elle-même. En elle la vie intime — vie de prière, écoute de la Parole et de l’enseignement des Apôtres, charité fraternelle vécue, pain partagé[40] — n’a tout son sens que lorsqu’elle devient témoignage, provoque l’admiration et la conversion, se fait prédication et annonce de la Bonne Nouvelle. C’est ainsi toute l’Eglise qui reçoit mission d’évangéliser, et l’œuvre de chacun est importante pour le tout.

 — Evangélisatrice, l’Eglise commence par s’évangéliser elle-même. Communauté de croyants, communauté de l’espérance vécue et communiquée, communauté d’amour fraternel, elle a besoin d’écouter sans cesse ce qu’elle doit croire, ses raisons d’espérer, le commandement nouveau de l’amour. Peuple de Dieu immergé dans le monde, et souvent tenté par les idoles, elle a toujours besoin d’entendre proclamer les grandes oeuvres de Dieu[41] qui l’ont convertie au Seigneur, d’être à nouveau convoquée par lui et réunie. Cela veut dire, en un mot, qu’elle a toujours besoin d’être évangélisée, si elle veut garder fraîcheur, élan et force pour annoncer l’Evangile. Le Concile Vatican II a rappelé[42] et le Synode de 1974 a fortement repris ce thème de l’Eglise qui s’évangélise par une conversion et une rénovation constantes, pour évangéliser le monde avec crédibilité.

— L’Eglise est dépositaire de la Bonne Nouvelle à annoncer. Les promesses de l’Alliance Nouvelle en Jésus-Christ, l’enseignement du Seigneur et des Apôtres, la Parole de vie, les sources de la grâce et de la bénignité de Dieu, le chemin du salut, tout cela lui a été confié. C’est le contenu de l’Evangile, et donc de l’évangélisation, qu’elle garde comme un dépôt vivant et précieux, non pour le tenir caché mais pour le communiquer.

— Envoyée et évangélisée, l’Eglise elle-même envoie des évangélisateurs. Elle met dans leur bouche la Parole qui sauve, elle leur explique le message dont elle-même est dépositaire, elle leur donne le mandat qu’elle-même a reçu et les envoie prêcher. Prêcher non leurs propres personnes ou leurs idées personnelles[43], mais un Evangile dont ni eux ni elle ne sont maîtres et propriétaires absolus pour en disposer à leur gré, mais dont ils sont ministres pour le transmettre avec une extrême fidélité.

L’Eglise, inséparable du Christ

16. Il y a donc un lien profond entre le Christ, l’Eglise et l’évangélisation. Pendant ce “ tempus Ecclesiae ”, c’est l’Eglise qui a la tâche d’évangéliser. Cette tâche ne s’accomplit pas sans elle, encore moins contre elle.

Il convient certes de le rappeler à un moment où, non sans douleur, Nous pouvons entendre des personnes, que Nous voulons croire bien intentionnées mais certainement désorientées dans leur esprit, répéter qu’elles prétendent aimer le Christ mais sans l’Eglise, écouter le Christ mais non l’Eglise, être au Christ mais en dehors de l’Eglise. L’absurde de cette dichotomie apparaît nettement dans cette parole de l’Evangile : “ Qui vous rejette, me rejette ”[44}. Et comment vouloir aimer le Christ sans aimer l’Eglise, si le plus beau témoignage rendu au Christ est celui de saint Paul : “ Il a aimé l’Eglise, il s’est livré pour Elle ” ?[45]

II.

QU’EST-CE QU’ÉVANGÉLISER ?



Complexité de l’action évangélisatrice

17. Dans l’action évangélisatrice de l’Eglise, il y a certainement des éléments et des aspects à retenir. Certains sont tellement importants que l’on aura tendance à les identifier simplement avec l’évangélisation. L’on a pu ainsi définir l’évangélisation en termes d’annonce du Christ à ceux qui l’ignorent, de prédication, de catéchèse, de baptême et d’autres sacrements à conférer.

Aucune définition partielle et fragmentaire ne donne raison de la réalité riche, complexe et dynamique qu’est l’évangélisation, sinon au risque de l’appauvrir et même de la mutiler. Il est impossible de la saisir si l’on ne cherche pas à embrasser du regard tous ses éléments essentiels.

Ces éléments fortement soulignés au cours de Synode, on les approfondit souvent encore, ces temps-ci, sous l’influence du travail synodal. Nous nous réjouissons de ce qu’ils se situent, au fond, dans la ligne de ceux que le Concile Vatican II nous a transmis, surtout dans les Constitutions Lumen gentiumGaudium et spes et dans le Décret Ad gentes.

Renouvellement de l’humanité...

18. Evangéliser, pour l’Eglise, c’est porter la Bonne Nouvelle dans tous les milieux de l’humanité et, par son impact, transformer du dedans, rendre neuve l’humanité elle-même : “ Voici que je fais l’univers nouveau ! ”[46]. Mais il n’y a pas d’humanité nouvelle s’il n’y a pas d’abord d’hommes nouveaux, de la nouveauté du baptême[47] et de la vie selon l’Evangile[48]. Le but de l’évangélisation est donc bien ce changement intérieur et, s’il fallait le traduire d’un mot, le plus juste serait de dire que l’Eglise évangélise lorsque, par la seule puissance divine du Message qu’elle proclame[49], elle cherche à convertir en même temps la conscience personnelle et collective des hommes, l’activité dans laquelle ils s’engagent, la vie et le milieu concrets qui sont les leurs.

...et des zones d’humanité

19. Des zones d’humanité qui se transforment : pour l’Eglise il ne s’agit pas seulement de prêcher l’Evangile dans des tranches géographiques toujours plus vastes ou à des populations toujours plus massives, mais aussi d’atteindre et comme de bouleverser par la force de l’Evangile les critères de jugement, les valeurs déterminantes, les points d’intérêt, les lignes de pensée, les sources inspiratrices et les modèles de vie de l’humanité, qui sont en contraste avec la Parole de Dieu et le dessein du salut.

Evangélisation des cultures

20. Nous pourrions exprimer tout cela en disant : il importe d’évangéliser — non pas de façon décorative, comme par un vernis superficiel, mais de façon vitale, en profondeur et jusque dans leurs racines — la culture et les cultures de l’homme, dans le sens riche et large que ces termes ont dans Gaudium et spes [50], partant toujours de la personne et revenant toujours aux rapports des personnes entre elles et avec Dieu.

L’Evangile, et donc l’évangélisation, ne s’identifient certes pas avec la culture, et sont indépendants à l’égard de toutes les cultures. Et pourtant le Règne que l’Evangile annonce est vécu par des hommes profondément liés à une culture, et la construction du Royaume ne peut pas ne pas emprunter des éléments de la culture et des cultures humaines. Indépendants à l’égard des cultures, Evangile et évangélisation ne sont pas nécessairement incompatibles avec elles, mais capables de les imprégner toutes sans s’asservir à aucune.

La rupture entre Evangile et culture est sans doute le drame de notre époque, comme ce fut aussi celui d’autres époques. Aussi faut-il faire tous les efforts en vue d’une généreuse évangélisation de la culture, plus exactement des cultures. Elles doivent être régénérées par l’impact de la Bonne Nouvelle. Mais cet impact ne se produira pas si la Bonne Nouvelle n’est pas proclamée.

Importance primordiale du témoignage de vie

21. L’Evangile doit être proclamé d’abord par un témoignage. Voici un chrétien ou un groupe de chrétiens qui, au sein de la communauté humaine dans laquelle ils vivent, manifestent leur capacité de compréhension et d’accueil, leur communion de vie et de destin avec les autres, leur solidarité dans les efforts de tous pour tout ce qui est noble et bon. Voici que, en outre, ils rayonnent, d’une façon toute simple et spontanée, leur foi en des valeurs qui sont au-delà des valeurs courantes, et leur espérance en quelque chose qu’on ne voit pas, dont on n’oserait pas rêver. Par ce témoignage sans paroles, ces chrétiens font monter, dans le cœur de ceux qui les voient vivre, des questions irrésistibles : Pourquoi sont-ils ainsi ? Pourquoi vivent-ils de la sorte ? Qu’est-ce — ou qui est-ce — qui les inspire ? Pourquoi sont-ils au milieu de nous ? Un tel témoignage est déjà proclamation silencieuse mais très forte et efficace de la Bonne Nouvelle. Il y a là un geste initial d’évangélisation. Les questions que voilà seront peut-être les premières que se poseront beaucoup de non chrétiens, qu’ils soient des gens à qui le Christ n’avait jamais été annoncé, des baptisés non pratiquants, des gens qui vivent en chrétienté mais selon des principes nullement chrétiens, ou des gens qui cherchent, non sans souffrance, quelque chose ou Quelqu’un qu’ils devinent sans pouvoir le nommer. D’autres questions surgiront, plus profondes et plus engageantes, provoquées par ce témoignage qui comporte présence, participation, solidarité, et qui est un élément essentiel, généralement le tout premier, dans l’évangélisation[51].

A ce témoignage, tous les chrétiens sont appelés et peuvent être, sous cet aspect, de véritables évangélisateurs. Nous pensons spécialement à la responsabilité qui revient aux migrants dans les pays qui les reçoivent.

Nécessité d’une annonce explicite

22. Et cependant cela reste toujours insuffisant, car le plus beau témoignage se révélera à la longue impuissant s’il n’est pas éclairé, justifié — ce que Pierre appelait donner “ les raisons de son espérance ”[52] —, explicité par une annonce claire, sans équivoque, du Seigneur Jésus. La Bonne Nouvelle proclamée par le témoignage de vie devra donc être tôt ou tard proclamée par la parole de vie. Il n’y a pas d’évangélisation vraie si le nom, l’enseignement, la vie, les promesses, le Règne, le mystère de Jésus de Nazareth Fils de Dieu ne sont pas annoncés.

L’histoire de l’Eglise, depuis le discours de Pierre le matin de Pentecôte, s’entremêle et se confond avec l’histoire de cette annonce. À chaque nouvelle étape de l’histoire humaine, l’Eglise, constamment travaillée par le désir d’évangéliser, n’a qu’une hantise : qui envoyer annoncer le mystère de Jésus ? Dans quel langage annoncer ce mystère ? Comment faire pour qu’il retentisse et arrive à tous ceux qui doivent l’écouter ? Cette annonce — kérygme, prédication ou catéchèse — prend une telle place dans l’évangélisation qu’elle en est souvent devenue synonyme. Elle n’en est cependant qu’un aspect.

Pour une adhésion vitale et communautaire

23. L’annonce, en effet, n’acquiert toute sa dimension que lorsqu’elle est entendue, accueillie, assimilée et lorsqu’elle fait surgir dans celui qui l’a ainsi reçue une adhésion du cœur. Adhésion aux vérités que, par miséricorde, le Seigneur a révélées, oui. Mais plus encore, adhésion au programme de vie — vie désormais transformée — qu’il propose. Adhésion, en un mot, au Règne, c’est-à-dire au “ monde nouveau ”, au nouvel état de chose, à la nouvelle manière d’être, de vivre, de vivre ensemble, que l’Evangile inaugure. Une telle adhésion, qui ne peut pas demeurer abstraite et désincarnée, se révèle concrètement par une entrée palpable, visible, dans une communauté de fidèles. Ainsi donc, ceux dont la vie s’est transformée pénètrent dans une communauté qui est elle-même signe de la transformation, signe de la nouveauté de vie : c’est l’Eglise, sacrement visible du salut[53]. Mais à son tour, l’entrée dans la communauté ecclésiale s’exprimera à travers beaucoup d’autres signes qui prolongent et déploient le signe de l’Eglise. Dans le dynamisme de l’évangélisation, celui qui accueille l’Evangile comme Parole qui sauve[54] le traduit normalement en ces gestes sacramentels : adhésion à l’Eglise, accueil des sacrements qui manifestent et soutiennent cette adhésion, par la grâce qu’ils confèrent.

Entraînant un nouvel apostolat

24. Finalement, celui qui a été évangélisé évangélise à son tour. C’est là le test de vérité, la pierre de touche de l’évangélisation : Il est impensable qu’un homme ait accueilli la Parole et se soit donné au Règne sans devenir quelqu’un qui témoigne et annonce à son tour.

Au terme de ces considérations sur les sens de l’évangélisation, une dernière observation, que Nous estimons éclairante pour les réflexions qui suivent, doit être formulée.

L’évangélisation, avons-Nous dit, est une démarche complexe, aux éléments variés : renouveau de l’humanité, témoignage, annonce explicite, adhésion du cœur, entrée dans la communauté, accueil des signes, initiative d’apostolat. Ces éléments peuvent apparaître contrastants, voire exclusifs. Ils sont en réalité complémentaires et mutuellement enrichissants. Il faut toujours envisager chacun d’eux dans son intégration aux autres. La valeur du récent Synode a été de nous avoir constamment invités à composer ces éléments, plutôt qu’à les opposer entre eux, pour avoir la pleine compréhension de l’activité évangélisatrice de l’Eglise.

C’est cette vision globale que Nous voulons maintenant exposer, en examinant le contenu de l’Evangélisation, les moyens d’évangéliser, en précisant à qui s’adresse l’annonce évangélique et qui en a aujourd’hui la charge.

III.

LE CONTENU DE L’ÉVANGÉLISATION



Contenu essentiel et éléments secondaires

25. Dans le message que l’Eglise annonce, il y a certes beaucoup d’éléments secondaires. Leur présentation dépend fortement des circonstances changeantes. Ils changent aussi. Mais il y a le contenu essentiel, la substance vivante, qu’on ne pourrait modifier ni passer sous silence sans dénaturer gravement l’évangélisation elle-même.

Témoignage rendu à l’amour du Père

26. Il n’est pas superflu de le rappeler : évangéliser est tout d’abord témoigner, de façon simple et directe, du Dieu révélé par Jésus-Christ, dans l’Esprit Saint. Témoigner que dans son Fils il a aimé le monde ; que dans son Verbe Incarné il a donné l’être à toute chose et a appelé les hommes à la vie éternelle. Cette attestation de Dieu rejoindra peut-être pour beaucoup le Dieu inconnu[55] qu’ils adorent sans lui donner un nom, ou qu’ils cherchent par un appel secret du cœur lorsqu’ils font l’expérience de la vacuité de toutes les idoles. Mais elle est pleinement évangélisatrice en manifestant que, pour l’homme, le Créateur n’est pas une puissance anonyme et lointaine : il est Père. “ Nous sommes appelés fils de Dieu, nous le sommes effectivement ”[56] et nous sommes donc frères les uns des autres en Dieu.

Au centre du message : le salut en Jésus-Christ

27. L’évangélisation contiendra aussi toujours — base, centre et sommet à la fois de son dynamisme — une claire proclamation que, en Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait homme, mort et ressuscité, le salut est offert à tout homme, comme don de grâce et miséricorde de Dieu.[57] Et non pas un salut immanent, à la mesure des besoins matériels ou même spirituels s’épuisant dans le cadre de l’existence temporelle et s’identifiant totalement avec les désirs, les espoirs, les affaires et les combats temporels, mais un salut qui déborde toutes ces limites pour s’accomplir dans une communion avec le seul Absolu, celui de Dieu : salut transcendant, eschatologique, qui a certes son commencement en cette vie, mais qui s’accomplit dans l’éternité.

Sous le signe de l’espérance

28. L’évangélisation par conséquent ne peut pas ne pas contenir l’annonce prophétique d’un au-delà, vocation profonde et définitive de l’homme à la fois en continuité et en discontinuité avec la situation présente : au-delà du temps et de l’histoire, au-delà de la réalité de ce monde dont la figure passe, et des choses de ce monde dont une dimension cachée se manifestera un jour ; au-delà de l’homme lui-même dont le véritable destin ne s’épuise pas dans son visage temporel mais sera révélé dans la vie future.[58] L’évangélisation contient donc aussi la prédication de l’espérance dans les promesses faites par Dieu dans la nouvelle alliance en Jésus-Christ ; la prédication de l’amour de Dieu envers nous et de notre amour pour Dieu ; la prédication de l’amour fraternel pour tous les hommes — capacité de don et de pardon, de renoncement, d’aide aux frères — qui, dérivant de l’amour de Dieu, est le noyau de l’evangile ; la prédication du mystère du mal et de la recherche active du bien. Prédication, également, et celle-ci est toujours urgente, de la recherche de Dieu lui-même à travers la communion avec ce signe visible de la rencontre de Dieu qu’est l’eglise de Jésus-Christ, et cette communion s’exprime à son tour par la mise en œuvre de ces autres signes du Christ vivant et agissant dans l’Eglise que sont les sacrements. Vivre de la sorte les sacrements, de façon à mener leur célébration à une véritable plénitude, n’est pas, comme certains le prétendraient, mettre un obstacle à l’évangélisation ou en accepter une déviation, c’est lui donner toute son ampleur. Car la totalité de l’évangélisation, au-delà de la prédication d’un message, consiste à implanter l’Eglise, laquelle n’existe pas sans cette respiration qu’est la vie sacramentelle culminant dans l’Eucharistie.[59]

Message concernant toute la vie

29. Mais l’évangélisation ne serait pas complète si elle ne tenait pas compte des rapports concrets et permanents qui existent entre l’evangile et la vie, personnelle et sociale, de l’homme. C’est pourquoi l’évangélisation comporte un message explicite, adapté aux diverses situations, constamment actualisé, sur les droits et les devoirs de toute personne humaine, sur la vie familiale sans laquelle l’épanouissement personnel n’est guère possible,[60] sur la vie en commun dans la société, sur la vie internationale, la paix, la justice, le développement ; un message particulièrement vigoureux de nos jours sur la libération.

Un message de libération

30. On sait en quels termes en ont parlé, au récent Synode, de nombreux Evêques de tous les continents, surtout les Evêques du Tiers-Monde, avec un accent pastoral où vibrait la voix de millions de fils de l’Eglise qui forment ces peuples. Peuples engagés, avec toute leur énergie, dans l’effort et le combat de dépassement de tout ce qui les condamne à rester en marge de la vie : famines, maladies chroniques, analphabétisme, paupérisme, injustices dans les rapports internationaux et spécialement dans les échanges commerciaux, situations de néo-colonialisme économique et culturel parfois aussi cruel que l’ancien colonialisme politique. L’Eglise, ont répété les Evêques, a le devoir d’annoncer la libération de millions d’êtres humains, beaucoup d’entre eux étant ses propres enfants ; le devoir d’aider cette libération à naître, de témoigner pour elle, de faire qu’elle soit totale. Cela n’est pas étranger à l’évangélisation.

En rapport nécessaire avec la promotion humaine

31. Entre évangélisation et promotion humaine — développement, libération — il y a en effet des liens profonds. Liens d’ordre anthropologique, parce que l’homme à évangéliser n’est pas un être abstrait, mais qu’il est sujet aux questions sociales et économiques. Liens d’ordre théologique, puisqu’on ne peut pas dissocier le plan de la création du plan de la Rédemption qui, lui, atteint les situations très concrètes de l’injustice à combattre et de la justice à restaurer. Liens de cet ordre éminemment évangélique qui est celui de la charité : Comment en effet proclamer le commandement nouveau sans promouvoir dans la justice et la paix la véritable, l’authentique croissance de l’homme ? Nous avons tenu à le signaler Nous-même en rappelant qu’il est impossible d’accepter “ que l’œuvre d’évangélisation puisse ou doive négliger les questions extrêmement graves, tellement agitées aujourd’hui, concernant la justice, la libération, le développement et la paix dans le monde. Si cela arrivait, ce serait ignorer la doctrine de l’Evangile sur l’amour envers le prochain qui souffre ou est dans le besoin ”.[61]

Eh bien, les mêmes voix qui avec zèle, intelligence et courage ont abordé au cours du Synode ce thème brûlant, ont, à notre grande joie, fourni les principes illuminateurs pour bien saisir la portée et le sens profond de la libération telle que l’a annoncée et réalisée Jésus de Nazareth et telle que l’Eglise la prêche.

Sans réduction ni ambiguïté

32. Il ne faut pas nous cacher, en effet, que beaucoup de chrétiens généreux, sensibles aux questions dramatiques que recouvre le problème de la libération, en voulant engager l’Eglise dans l’effort de libération, ont fréquemment la tentation de réduire sa mission aux dimensions d’un projet simplement temporel ; ses buts à une visée anthropocentrique ; le salut dont elle est messagère et sacrement, à un bien-être matériel ; son activité, oubliant toute préoccupation spirituelle et religieuse, à des initiatives d’ordre politique ou social. Mais s’il en était ainsi, l’Eglise perdrait sa signification foncière. Son message de libération n’aurait plus aucune originalité et finirait par être facilement accaparé et manipulé par des systèmes idéologiques et des partis politiques. Elle n’aurait plus d’autorité pour annoncer, comme de la part de Dieu, la libération. C’est pourquoi nous avons voulu souligner dans la même allocution à l’ouverture de la troisième Assemblée synodale “ la nécessité de réaffirmer clairement la finalité spécifiquement religieuse de l’évangélisation. Cette dernière perdrait sa raison d’être si elle s’écartait de l’axe religieux qui la dirige : le Règne de Dieu avant toute autre chose, dans son sens pleinement théologique ”.[62]

La libération évangélique...

33. De la libération que l’évangélisation annonce et s’efforce de mettre en œuvre, il faut dire plutôt :

— elle ne peut pas se cantonner dans la simple et restreinte dimension économique, politique, sociale ou culturelle, mais elle doit viser l’homme tout entier, dans toutes ses dimensions, jusque et y compris dans son ouverture vers l’absolu, même l’Absolu de Dieu ;

— elle est donc rattachée à une certaine conception de l’homme, à une anthropologie qu’elle ne peut jamais sacrifier aux exigences d’une quelconque stratégie, d’une praxis ou d’une efficacité à court terme.

...axée sur le Règne de Dieu

34. C’est pourquoi, en prêchant la libération et en s’associant à ceux qui oeuvrent et souffrent pour elle, l’Eglise — sans accepter de circonscrire sa mission au seul domaine du religieux, en se désintéressant des problèmes temporels de l’homme — réaffirme la primauté de sa vocation spirituelle, elle refuse de remplacer l’annonce du Règne par la proclamation des libérations humaines, et elle proclame que même sa contribution à la libération est incomplète si elle néglige d’annoncer le salut en Jésus-Christ.

Sur une vision évangélique de l’homme...

35. L’Eglise rapproche mais n’identifie jamais libération humaine et salut en Jésus-Christ, car elle sait par révélation, par expérience historique et par réflexion de foi que toute notion de libération n’est pas forcément cohérente et compatible avec une vision évangélique de l’homme, des choses et des événements ; elle sait qu’il ne suffit pas d’instaurer la libération, de créer le bien-être et le développement, pour que le Règne de Dieu arrive.

Bien plus, l’Eglise a la ferme conviction que toute libération temporelle, toute libération politique — même si elle s’efforce de trouver sa justification dans telle ou telle page de l’Ancien ou de Nouveau Testament, même si elle réclame pour ses postulats idéologiques et ses normes d’action l’autorité des données et des conclusions théologiques, même si elle prétend être la théologie pour aujourd’hui — porte en elle-même le germe de sa propre négation et déchoit de l’idéal qu’elle se propose, tant que ses motifs profonds ne sont pas ceux de la justice dans la charité, tant que l’élan qui l’entraîne n’a pas de dimension vraiment spirituelle et que son but final n’est pas le salut et la béatitude en Dieu.

...comportant une nécessaire conversion...

36. L’Eglise tient certes comme important et urgent de bâtir des structures plus humaines, plus justes, plus respectueuses des droits de la personne, moins oppressives et moins asservissantes, mais elle est consciente que les meilleures structures, les systèmes les mieux conçus deviennent vite inhumains si les pentes inhumaines du cœur de l’homme ne sont pas assainies, s’il n’y a pas une conversion du cœur et du regard de ceux qui vivent dans ces structures ou les commandent.

...excluant la violence

37. L’Eglise ne peut pas accepter la violence, surtout la force des armes — incontrôlable lorsqu’elle se déchaîne — et la mort de qui que ce soit, comme chemin de libération, car elle sait que la violence appelle toujours la violence et engendre irrésistiblement de nouvelles formes d’oppression et d’esclavage souvent plus lourdes que celles dont elle prétendait libérer. Nous l’avons dit clairement au cours de notre voyage en Colombie : “ Permettez enfin que Nous vous exhortions à ne pas mettre votre confiance dans la violence et dans la révolution ; c’est contraire à l’esprit chrétien, et cela peut aussi retarder, et non favoriser, l’élévation sociale à laquelle vous aspirez à bon droit ”.[63] “ Nous devons dire et réaffirmer que la violence n’est ni chrétienne ni évangélique et que les changements brusques ou violents des structures seraient fallacieux, inefficaces en eux-mêmes et certainement non conformes à la dignité du peuple ”.[64]

Contribution spécifique de l’Eglise

38. Ceci dit, Nous nous réjouissons que l’Eglise prenne une conscience toujours plus vive de la façon propre, foncièrement évangélique, qu’elle a de collaborer à la libération des hommes. Et que fait-elle ? Elle cherche de plus en plus à susciter de nombreux chrétiens qui se donnent à la libération des autres. Elle fournit à ces chrétiens “ libérateurs ” une inspiration de foi, une motivation d’amour fraternel, un enseignement social auquel le vrai chrétien ne peut pas ne pas être attentif mais qu’il doit poser à la base de sa sagesse et de son expérience pour le traduire concrètement en des catégories d’action, de participation et d’engagement. Tout cela, sans se confondre avec des attitudes tactiques ni avec le service d’un système politique, doit caractériser l’élan du chrétien engagé. L’Eglise s’efforce d’insérer toujours le combat chrétien pour la libération dans le dessein global du salut qu’elle annonce elle-même.

Ce que Nous venons de rappeler ici émerge plus d’une fois dans les débats du Synode. Nous avions d’ailleurs voulu consacrer à ce thème quelques mots d’éclaircissement dans l’allocution que Nous adressions aux Pères à l’issue de l’Assemblée.[65]

Toutes ces considérations devraient aider, il faut l’espérer, à éviter l’ambiguïté que revêt très souvent le mot “ libération ” dans les idéologies, les systèmes ou les groupes politiques. La libération que proclame et prépare l’évangélisation est celle que le Christ lui-même a annoncée à l’homme par son sacrifice.

La liberté religieuse

39. De cette juste libération liée à l’évangélisation, qui cherche précisément à réaliser des structures sauvegardant la liberté humaine, on ne peut séparer la nécessité d’assurer tous les droits fondamentaux de l’homme, parmi lesquels la liberté religieuse tient une place de première importance. Nous avons récemment parlé de l’actualité de ce problème, en relevant “ combien de chrétiens, aujourd’hui encore, sont étouffés par une oppression systématique parce qu’ils sont chrétiens, parce qu’ils sont catholiques ! Le drame de la fidélité au Christ et de la liberté religieuse continue, même s’il est camouflé derrière des déclarations catégoriques en faveur des droits de la personne humaine et de la société ”.[66]

IV.

LES VOIES DE L’ÉVANGÉLISATION



A la recherche de moyens adaptés

40. L’importance évidente du contenu de l’évangélisation ne doit pas cacher l’importance des voies et des moyens.

Cette question du “ comment évangéliser ” reste toujours actuelle parce que les façons d’évangéliser varient suivant les diverses circonstances de temps, de lieu, de culture, et qu’elles offrent par là un certain défi à notre capacité de découvrir et d’adapter.

A nous spécialement, Pasteurs dans l’Eglise, incombe le souci de recréer avec audace et sagesse en toute fidélité à son contenu, les modes les plus adaptés et les plus efficaces pour communiquer le message évangélique aux hommes de notre temps. Qu’il Nous suffise, dans cette réflexion, de rappeler quelques voies qui, pour une raison ou pour une autre, ont une importance fondamentale.

Le témoignage de la vie

41. Et d’abord, sans répéter tout ce que Nous avons déjà rappelé plus haut, il est bon de souligner ceci : pour l’Eglise, le témoignage d’une vie authentiquement chrétienne, livrée à Dieu dans une communion que rien ne doit interrompre mais également donnée au prochain avec un zèle sans limite, est le premier moyen d’évangélisation. “ L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres — disions-Nous récemment à un groupe de laïcs — ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins ”.[67] Saint Pierre l’exprimait bien lorsqu’il évoquait le spectacle d’une vie pure et respectueuse, “ gagnant sans paroles même ceux qui refusent de croire à la Parole ”.[68] C’est donc par sa conduite, par sa vie, que l’Eglise évangélisera tout d’abord le monde, c’est-à-dire par son témoignage vécu de fidélité au Seigneur Jésus, de pauvreté et détachement, de liberté face aux pouvoirs de ce monde, en un mot, de sainteté.

Une prédication vivante

42. Il n’est pas superflu de souligner, ensuite, la portée et la nécessité de la prédication. “ Comment croire sans l’avoir entendu ? Et comment entendre sans prédicateur ? (...) Car la foi naît de la prédication et la prédication se fait par la parole du Christ ”.[69] Cette loi posée un jour par l’Apôtre Paul garde encore aujourd’hui toute sa force.

Oui, elle est toujours indispensable, la prédication, cette proclamation verbale d’un message. Nous savons bien que l’homme moderne rassasié de discours se révèle souvent fatigué d’entendre et, pire encore, immunisé contre la parole. Nous connaissons aussi les idées de nombreux psychologues et sociologues, lesquels affirment que l’homme moderne a dépassé la civilisation du verbe, désormais inefficace et inutile, et qu’il vit aujourd’hui dans la civilisation de l’image. Ces faits devraient nous pousser, certes, à mettre en œuvre dans la transmission du message évangélique les moyens modernes suscités par cette civilisation. Des efforts très valables, d’ailleurs, ont été déjà accomplis dans cette ligne. Nous ne pouvons que les louer et les encourager pour qu’ils se développent encore davantage. La fatigue que provoquent aujourd’hui tant de discours vides et l’actualité de bien d’autres formes de communication ne doivent cependant pas diminuer la vertu permanente de la parole ni faire perdre confiance en elle. La parole reste toujours actuelle, surtout lorsqu’elle est porteuse de la puissance de Dieu.[70] C’est pourquoi reste lui aussi d’actualité l’axiome de saint Paul : “ La foi vient de ce qu’on entend ”[71] : c’est la Parole entendue qui conduit à croire.

Liturgie de la Parole

43. Cette prédication évangélisatrice prend plusieurs formes que le zèle inspirera de recréer presque à l’infini. Ils sont effectivement innombrables, les événements de la vie et les situations humaines qui offrent l’occasion d’une annonce discrète mais marquante de ce que le Seigneur a à dire dans cette circonstance. Il suffit d’avoir une vraie sensibilité spirituelle pour lire dans les événements le message de Dieu. Mais, à un moment où la liturgie renouvelée par le Concile a beaucoup valorisé la “ liturgie de la Parole ”, ce serait une erreur de ne pas voir dans l’homélie un instrument valable et très adapté d’évangélisation. Il faut certes connaître et mettre à profit les exigences et les possibilités de l’homélie pour qu’elle acquière toute son efficacité pastorale. Mais il faut surtout en être convaincu et s’y donner avec amour. Cette prédication singulièrement insérée dans la célébration eucharistique, dont elle reçoit force et vigueur particulières, a certainement un rôle spécial dans l’évangélisation, dans la mesure où elle exprime la foi profonde du ministre sacré qui prêche et où elle est imprégnée d’amour. Les fidèles rassemblés pour être une Eglise pascale célébrant la fête du Seigneur présent au milieu d’eux attendent beaucoup de cette prédication et de fait en reçoivent beaucoup de fruits, pourvu qu’elle soit simple, claire, directe, adaptée, profondément attachée à l’enseignement évangélique et fidèle au Magistère de l’Eglise, animée d’une ardeur apostolique équilibrée qui lui vient de son caractère propre, pleine d’espérance, nourrissante pour la foi, génératrice de paix et d’unité. Maintes communautés paroissiales ou autres vivent et se consolident grâce à l’homélie de chaque dimanche, lorsqu’elle a ces qualités.

Ajoutons que, grâce au même renouvellement de la liturgie, la célébration eucharistique n’est pas le seul moment approprié pour l’homélie. Celle-ci trouve sa place et ne doit pas être négligée dans la célébration de tous les sacrements, ou encore au cours de para-liturgies, dans le cadre d’assemblées de fidèles. Elle sera toujours une occasion privilégiée pour communiquer la Parole du Seigneur.

La catéchèse

44. Une voie à ne pas négliger dans l’évangélisation est celle de l’enseignement catéchétique. L’intelligence, surtout celle des enfants et des adolescents, a besoin d’apprendre, moyennant un enseignement religieux systématique, les données fondamentales, le contenu vivant de la vérité que Dieu a voulu nous transmettre et que l’Eglise a cherché à exprimer de façon toujours plus riche, au cours de sa longue histoire. Que cet enseignement doive être donné pour éduquer des habitudes de vie chrétienne et non pour demeurer seulement intellectuel, personne ne le contestera. Assurément, l’effort d’évangélisation gagnera beaucoup, au plan de l’enseignement catéchétique donné à l’église, dans les écoles là où cela est possible, en tout cas dans les foyers chrétiens, si les catéchètes disposent de textes appropriés, mis à jour avec sagesse et compétence, sous l’autorité des Évêques. Les méthodes devront être adaptées à l’âge, à la culture, à la capacité des personnes, en cherchant toujours à fixer dans la mémoire, l’intelligence et le cœur, les vérités essentielles qui devront imprégner la vie tout entière. Il faut surtout préparer de bons catéchètes — catéchistes paroissiaux, instituteurs, parents — soucieux de se perfectionner dans cet art supérieur, indispensable et exigeant de l’enseignement religieux. D’ailleurs, sans qu’il faille négliger en quoi que ce soit la formation des enfants, on observe que les conditions actuelles rendent toujours plus urgent l’enseignement catéchétique, sous la forme d’un catéchuménat, pour de nombreux jeunes et adultes qui, touchés par la grâce, découvrent peu à peu le visage du Christ et éprouvent le besoin de se donner à Lui.

Utilisation des mass media

45. Dans notre siècle marqué par les mass media ou moyens de communication sociale, la première annonce, la catéchèse ou l’approfondissement ultérieur de la foi, ne peuvent pas se passer de ces moyens, comme Nous l’avons déjà souligné.

Mis au service de l’Evangile, ils sont capables d’étendre presque à l’infini le champ d’écoute de la Parole de Dieu, et ils font arriver la Bonne Nouvelle à des millions de personnes. L’Eglise se sentirait coupable devant son Seigneur si elle ne mettait pas en œuvre ces puissants moyens que l’intelligence humaine rend chaque jour plus perfectionnés. C’est par eux qu’elle “ proclame sur les toits ”[72] le message dont elle est dépositaire. En eux elle trouve une version moderne et efficace de la chaire. Grâce à eux elle réussit à parler aux masses.

Cependant l’usage des moyens de communication sociale pour l’évangélisation présente un défi : c’est que le message évangélique devrait, à travers eux, arriver à des foules d’hommes, mais avec la capacité de percer la conscience de chacun, de se déposer dans le cœur de chacun comme s’il était unique, avec tout ce qu’il a de plus singulier et personnel, et de recueillir en sa faveur une adhésion, un engagement tout à fait personnels.

Indispensable contact personnel

46. C’est pourquoi, à côté de cette proclamation de l’Evangile sous forme générale, l’autre forme de sa transmission, de personne à personne, reste valide et importante. Le Seigneur l’a souvent pratiquée — les conversations avec Nicodème, Zachée, la Samaritaine, Simon le pharisien, par exemple, l’attestent —, les Apôtres aussi. Y aurait-il au fond une autre manière de livrer l’Evangile, que de transmettre à un autre sa propre expérience de la foi ? Il ne faudrait pas que l’urgence d’annoncer la Bonne Nouvelle aux masses d’hommes fasse oublier cette forme d’annonce par laquelle la conscience personnelle d’un homme est atteinte, touchée par une parole tout à fait extraordinaire qu’il reçoit d’un autre. Nous ne saurions dire le bien fait par les prêtres qui, à travers le sacrement de la pénitence ou à travers le dialogue pastoral, se montrent prêts à guider les personnes dans les voies de l’Evangile, à les affermir dans leur effort, à les relever si elles sont tombées, à les assister toujours avec discernement et disponibilité.

Le rôle des sacrements

47. Par ailleurs, on n’insistera jamais assez sur le fait que l’évangélisation ne s’épuise pas dans la prédication et l’enseignement d’une doctrine. Car elle doit atteindre la vie : la vie naturelle à laquelle elle donne un sens nouveau, grâce aux perspectives évangéliques qu’elle lui ouvre ; et la vie surnaturelle, qui n’est pas la négation, mais la purification et l’élévation de la vie naturelle.

Cette vie surnaturelle trouve son expression vivante dans les sept sacrements et dans l’admirable rayonnement de grâce et de sainteté qui est le leur.

L’évangélisation déploie ainsi toute sa richesse lorsqu’elle réalise la liaison la plus intime, et mieux encore une intercommunication jamais interrompue, entre la parole et les sacrements. En un certain sens, c’est une équivoque que d’opposer, comme on le fait parfois, l’évangélisation à la sacramentalisation. Il est bien vrai qu’une certaine façon de conférer les sacrements, sans un solide appui de la catéchèse de ces mêmes sacrements et d’une catéchèse globale, finirait par les priver en grande partie de leur efficacité. Le rôle de l’évangélisation est précisément d’éduquer tellement dans la foi qu’elle conduise chaque chrétien à vivre — et non à recevoir passivement, ou à subir — les sacrements comme de véritables sacrements de la foi.

La piété populaire

48. Ici Nous touchons à un aspect de l’évangélisation qui ne peut pas laisser insensible. Nous voulons parler de cette réalité que l’on désigne souvent aujourd’hui du terme de religiosité populaire.

Aussi bien dans les régions où l’Eglise est implantée depuis des siècles que là où elle est en voie d’implantation, on trouve chez le peuple des expressions particulières de la recherche de Dieu et de la foi. Regardées longtemps comme moins pures, quelquefois dédaignées, ces expressions font aujourd’hui un peu partout l’objet d’une redécouverte. Les Evêques en ont approfondi la signification, au cours du récent Synode, avec un réalisme pastoral et un zèle remarquables.

La religiosité populaire, on peut le dire, a certainement ses limites. Elle est fréquemment ouverte à la pénétration de maintes déformations de la religion voire de superstitions. Elle reste souvent au niveau de manifestations culturelles sans engager une véritable adhésion de foi. Elle peut même mener à la formation de sectes et mettre en danger la vraie communauté ecclésiale.

Mais si elle est bien orientée, surtout par une pédagogie d’évangélisation, elle est riche de valeurs. Elle traduit une soif de Dieu que seuls les simples et les pauvres peuvent connaître. Elle rend capable de générosité et de sacrifice jusqu’à l’héroïsme, lorsqu’il s’agit de manifester la foi. Elle comporte un sens aigu d’attributs profonds de Dieu : la paternité, la rovidence, la présence amoureuse et constante. Elle engendre des attitudes intérieures rarement observées ailleurs au même degré : patience, sens de la croix dans la vie quotidienne, détachement, ouverture aux autres, dévotion. En raison de ces aspects, Nous l’appelons volontiers “ piété populaire ”, c’est-à-dire religion du peuple, plutôt que religiosité.

La charité pastorale doit dicter, à tous ceux que le Seigneur a placés comme chefs de communautés ecclésiales, les normes de conduite à l’égard de cette réalité, à la fois si riche et si menacée. Avant tout, il faut y être sensible, savoir percevoir ses dimensions intérieures et ses valeurs indéniables, être disposé à l’aider à dépasser ses risques de déviation. Bien orientée, cette religiosité populaire peut être de plus en plus, pour nos masses populaires, une vraie rencontre avec Dieu en Jésus-Christ.

V.
LES DESTINATAIRES DE L’ÉVANGÉLISATION



Une destination universelle

49. Les dernières paroles de Jésus dans l’Evangile de Marc confèrent à l’évangélisation, dont le Seigneur charge les Apôtres, une universalité sans frontières : “ Allez par le monde entier, proclamez l’Evangile à toutes les créatures ”.[73]

Les Douze et la première génération de chrétiens ont bien compris la leçon de ce texte et d’autres semblables ; ils en ont fait un programme d’action. La persécution elle-même, en dispersant les Apôtres, a contribué à disséminer la Parole et à implanter l’Eglise dans des régions toujours plus lointaines. L’admission de Paul au rang des Apôtres et son charisme de prédicateur de l’Avènement de Jésus-Christ aux païens — non juifs — a encore souligné l’universalisme.

Malgré tous les obstacles

50. Au long de vingt siècles d’histoire, les générations chrétiennes ont affronté périodiquement divers obstacles à cette mission universaliste : d’un côté, de la part des évangélisateurs eux-mêmes, la tentation de rétrécir sous différents prétextes leur champ d’action missionnaire et d’autre part, les résistances souvent humainement insurmontables de ceux à qui s’adresse l’évangélisateur. Par ailleurs, Nous devons constater avec tristesse que l’œuvre évangélisatrice de l’Eglise est fortement contrariée, sinon empêchée, par des pouvoirs publics. Il se trouve, même de nos jours, que des annonciateurs de la Parole de Dieu soient privés de leurs droits, persécutés, menacés, éliminés pour le seul fait de prêcher Jésus-Christ et son Evangile. Mais Nous avons confiance que malgré ces épreuves douloureuses l’œuvre de ces apôtres ne fera finalement défaut en aucune région du monde.
En dépit de telles adversités, l’Eglise ranime toujours son inspiration la plus profonde, celle qui lui vient directement du Maître : Au monde entier! A toute créature! Jusqu’aux extrémités de la terre! Elle l’a fait de nouveau au récent Synode, comme un appel à ne pas emprisonner l’annonce évangélique en la limitant à un secteur de l’humanité, ou à une classe d’hommes ou à un seul type de culture. Quelques exemples pourraient être révélateurs.

Première annonce à ceux qui sont loin

51. Révéler Jésus-Christ et son Evangile à ceux qui ne les connaissent pas, tel est, depuis le matin de la Pentecôte, le programme fondamental que l’Eglise a assumé comme reçu de son Fondateur. Tout le Nouveau Testament, et de façon spéciale les Actes des Apôtres, témoignent d’un moment privilégié et en quelque sorte exemplaire de cet effort missionnaire qui jalonnera ensuite toute l’histoire de l’Eglise.

Cette première annonce de Jésus-Christ, elle la réalise par une activité complexe et diversifiée que l’on désigne quelquefois sous le nom de “ pré-évangélisation ”, mais qui est déjà à vrai dire l’évangélisation, quoique à son stade initial et bien incomplet. Une gamme presque infinie de moyens, la prédication explicite, certes, mais aussi l’art, l’approche scientifique, la recherche philosophique, le recours légitime aux sentiments du cœur de l’homme peuvent être mis en œuvre dans ce but.

 Annonce au monde déchristianisé

52. Si cette première annonce s’adresse spécialement à ceux qui n’ont jamais entendu la Bonne Nouvelle de Jésus ou aux enfants, elle s’avère toujours plus nécessaire également, à cause des situations de déchristianisation fréquentes de nos jours, pour des multitudes de personnes qui ont reçu le baptême mais vivent en dehors de toute vie chrétienne, pour des gens simples ayant une certaine foi mais connaissant mal les fondements de cette foi, pour des intellectuels qui sentent le besoin de connaître Jésus-Christ sous une lumière autre que l’enseignement reçu dans leur enfance, et pour beaucoup d’autres.

Les religions non chrétiennes

53. Elle s’adresse aussi à d’immenses portions d’humanité qui pratiquent des religions non chrétiennes que l’Eglise respecte et estime, car elles sont l’expression vivante de l’âme de vastes groupes humains. Elles portent en elles l’écho de millénaires de recherche de Dieu, recherche incomplète mais réalisée souvent avec sincérité et droiture de cœur. Elles possèdent un patrimoine impressionnant de textes profondément religieux. Elles ont appris à des générations de personnes à prier. Elles sont toutes parsemées d’innombrables “ semences du Verbe ”[74] et peuvent constituer une authentique “ préparation évangélique ”[75], pour reprendre un mot heureux du Concile Vatican II emprunté à Eusèbe de Césarée.

Une telle situation suscite, certes, des questions complexes et délicates, qu’il convient d’étudier à la lumière de la Tradition chrétienne et du Magistère de l’Eglise pour offrir aux missionnaires d’aujourd’hui et de demain de nouveaux horizons dans leurs contacts avec les religions non chrétiennes. Nous voulons relever surtout aujourd’hui que ni le respect et l’estime envers ces religions, ni la complexité des questions soulevées ne sont pour l’Eglise une invitation à taire devant les non chrétiens l’annonce de Jésus-Christ. Au contraire, elle pense que ces multitudes ont le droit de connaître la richesse du mystère du Christ[76] dans laquelle nous croyons que toute l’humanité peut trouver, dans une plénitude insoupçonnable, tout ce qu’elle cherche à tâtons au sujet de Dieu, de l’homme et de son destin, de la vie et de la mort, de la vérité. Même devant les expressions religieuses naturelles les plus dignes d’estime, l’Eglise s’appuie donc sur le fait que la religion de Jésus, qu’elle annonce à travers l’évangélisation, met objectivement l’homme en rapport avec le plan de Dieu, avec sa présence vivante, avec son action ; elle fait rencontrer ainsi le mystère de la Paternité divine qui se penche vers l’humanité ; en d’autres termes, notre religion instaure effectivement avec Dieu un rapport authentique et vivant que les autres religions ne réussissent pas à établir, bien qu’elles tiennent pour ainsi dire leurs bras tendus vers le ciel.

C’est pourquoi l’Eglise garde vivant son élan missionnaire, et même elle veut l’intensifier dans le moment historique qui est le nôtre. Elle se sent responsable devant des peuples entiers. Elle n’a pas de repos tant qu’elle n’a pas fait de son mieux pour proclamer la Bonne Nouvelle de Jésus Sauveur. Elle prépare toujours de nouvelles générations d’apôtres. Constatons-le avec joie au moment où ne manquent pas ceux qui pensent et même disent que l’ardeur et l’élan apostolique se sont épuisés, et que l’heure de l’envoi missionnaire est désormais passée. Le Synode vient de répondre que l’annonce missionnaire ne tarit pas et que l’Eglise sera toujours tendue vers l’accomplissement de celle-ci.

Soutien de la foi des fidèles

54. Cependant l’Eglise ne se sent pas dispensée d’une attention infatigable également envers ceux qui ont reçu la foi et qui, souvent depuis des générations, sont en contact avec l’Evangile. Elle cherche ainsi à approfondir, consolider, nourrir, rendre toujours plus mûre la foi de ceux qu’on appelle déjà fidèles ou croyants, afin qu’ils le soient davantage.

Cette foi est presque toujours, aujourd’hui, confrontée au sécularisme, voire à l’athéisme militant : elle est une foi en butte aux épreuves et menacée, bien plus, une foi assiégée et combattue. Elle risque de périr par asphyxie ou par inanition si elle n’est pas tous les jours alimentée et soutenue. Evangéliser doit donc être très souvent communiquer à la foi des fidèles — particulièrement par une catéchèse pleine de sève évangélique et munie d’un langage adapté aux temps et aux personnes — cet aliment et ce soutien nécessaires.

L’Eglise catholique garde également un vif souci des chrétiens qui ne sont pas en pleine communion avec elle : tout en préparant avec eux l’unité voulue par le Christ, et précisément pour réaliser l’unité dans la vérité, elle a conscience qu’elle manquerait gravement à son devoir si elle ne témoignait pas, auprès d’eux, de la plénitude de la révélation dont elle garde le dépôt.

Non croyants

55. Significative est aussi la préoccupation, présente au Synode, à l’égard de deux sphères très différentes l’une de l’autre, très proches cependant par le défi que, chacune à leur façon, elles lancent à l’évangélisation.

La première est ce qu’on peut appeler la montée de l’incroyance dans le monde moderne. Le Synode s’est attaché à décrire ce monde moderne : sous ce nom générique, que de courants de pensée, valeurs et contre-valeurs, aspirations latentes ou semences de destruction, convictions anciennes qui disparaissent et convictions nouvelles qui s’imposent !

Du point de vue spirituel, ce monde moderne semble se débattre toujours dans ce qu’un auteur contemporain a appelé naguère “ le drame de l’humanisme athée ”.[77]

D’une part, on est obligé de constater au cœur même de ce monde contemporain le phénomène qui devient presque sa marque la plus frappante : le sécularisme. Nous ne parlons pas de cette sécularisation qui est l’effort en lui-même juste et légitime, nullement incompatible avec la foi ou la religion, de déceler dans la création, en chaque chose ou en chaque événement de l’univers, les lois qui les régissent avec une certaine autonomie, dans la conviction intérieure que le Créateur y a posé ces lois. Le récent Concile a affirmé, en ce sens, l’autonomie légitime de la culture et particulièrement des sciences.[78] Nous envisageons ici un véritable sécularisme : une conception du monde d’après laquelle ce dernier s’explique par lui-même sans qu’il soit besoin de recourir à Dieu ; Dieu devenu ainsi superflu et encombrant. Un tel sécularisme, pour reconnaître le pouvoir de l’homme, finit donc par se passer de Dieu et même par renier Dieu.

Des formes nouvelles d’athéisme — un athéisme anthropocentrique, non plus abstrait et métaphysique mais pragmatique, programmatique et militant — semblent en découler. En liaison avec ce sécularisme athée, on nous propose tous les jours, sous les formes les plus diverses, une civilisation de consommation, l’hédonisme érigé en valeur suprême, une volonté de puissance et de domination, des discriminations de toute sorte : autant de pentes inhumaines de cet “ humanisme ”.

Dans ce même monde moderne, d’autre part, paradoxalement, on ne peut pas nier l’existence de véritables pierres d’attente chrétiennes, de valeurs évangéliques au moins sous la forme d’un vide ou d’une nostalgie. Il ne serait pas exagéré de parler d’un puissant et tragique appel à être évangélisé.

Non pratiquants

56. Une seconde sphère est celle des non pratiquants : aujourd’hui un grand nombre de baptisés qui, dans une large mesure, n’ont pas renié formellement leur baptême mais sont entièrement en marge de lui, n’en vivent pas. Le phénomène des non pratiquants est très ancien dans l’histoire du christianisme, il tient à une faiblesse naturelle, à une profonde incohérence que nous portons, hélas, au fond de nous-mêmes. Il présente cependant aujourd’hui des traits nouveaux. Il s’explique souvent par les déracinements typiques de notre époque. Il naît aussi du fait que les chrétiens côtoient les non croyants et reçoivent constamment le contrecoup de l’incroyance. D’ailleurs les non pratiquants contemporains, plus que ceux d’autrefois, cherchent à expliquer et justifier leur position au nom d’une religion intérieure, de l’autonomie ou de l’authenticité personnelles.

Athées et incroyants d’un côté, non pratiquants de l’autre, opposent donc à l’évangélisation des résistances non négligeables. Les premiers, la résistance d’un certain refus, l’incapacité de saisir le nouvel ordre des choses, le nouveau sens du monde, de la vie, de l’histoire, qui n’est pas possible si l’on ne part pas de l’Absolu de Dieu. Les autres, la résistance de l’inertie, l’attitude un peu hostile de quelqu’un qui se sent de la maison, qui affirme tout savoir, avoir goûté à tout, ne plus y croire.

Sécularisme athée et absence de pratique religieuse se trouvent chez les adultes et chez les jeunes, chez l’élite et dans les masses, dans tous les secteurs culturels, dans les vieilles comme dans les jeunes Eglises. L’action évangélisatrice de l’Eglise, qui ne peut pas ignorer ces deux mondes ni s’arrêter en face d’eux, doit chercher constamment les moyens et le langage adéquats pour leur proposer ou leur reproposer la révélation de Dieu et la foi en Jésus-Christ.

Au cœur des masses

 57. Comme le Christ durant le temps de sa prédication, comme les Douze le matin de la Pentecôte, l’Église aussi voit devant elle une immense foule humaine qui a besoin de l’Evangile et y a droit, puisque Dieu “ veut que tout homme soit sauvé et parvienne à la connaissance de la vérité ”.[79]

Sensible à son devoir de prêcher le salut à tous, sachant que le message évangélique n’est pas réservé à un petit groupe d’initiés, de privilégiés ou d’élus mais destiné à tous, l’Eglise fait sienne l’angoisse du Christ devant les foules errantes et prostrées “ comme des brebis qui n’ont pas de berger ” et répète souvent sa parole : “ J’ai pitié de cette foule ”.[80]

Mais elle est aussi consciente que, pour l’efficacité de la prédication évangélique, elle doit adresser son message, au cœur des masses, à des communautés de fidèles dont l’action peut et doit arriver aux autres.

Les communautés ecclésiales de base

58. Le Synode s’est beaucoup occupé de ces petites communautés ou “ communautés de base ”, parce que dans l’Eglise d’aujourd’hui elles sont souvent mentionnées. Que sont-elles et pourquoi seraient-elles destinataires spéciales d’évangélisation et en même temps évangélisatrices ?

Fleurissant un peu partout dans l’Eglise, à en croire les différents témoignages entendus au Synode, elles diffèrent beaucoup entre elles, au sein d’une même région et plus encore d’une région à l’autre.

Dans certaines régions, elles surgissent et se développent, sauf exception, à l’intérieur de l’Eglise, en étant solidaires de sa vie, nourries de son enseignement, attachées à ses pasteurs. Dans ces cas-là, elles naissent du besoin de vivre plus intensément encore la vie de l’Eglise ; ou du désir et de la recherche d’une dimension plus humaine, que des communautés ecclésiales plus grandes peuvent difficilement offrir, surtout dans les métropoles urbaines contemporaines favorisant à la fois la vie de masse et l’anonymat. Elles peuvent tout simplement prolonger à leur façon au niveau spirituel et religieux — culte, approfondissement de la foi, charité fraternelle, prière, communion avec les Pasteurs — la petite communauté sociologique, village ou autre. Ou bien encore elles veulent rassembler pour l’écoute et la méditation de la Parole, pour les sacrements et le lien de l’Agapè, des groupes que l’âge, la culture, l’état civil ou la situation sociale rendent homogènes — couples, jeunes, professionnels, etc. — ; des personnes que la vie trouve déjà réunies dans les combats pour la justice, pour l’aide fraternelle aux pauvres, pour la promotion humaine, etc. Ou bien enfin elles réunissent les chrétiens là où la pénurie de prêtres ne favorise pas la vie normale d’une communauté paroissiale. Tout cela est supposé à l’intérieur des communautés constituées de l’Eglise, surtout des Eglises particulières et des paroisses.

Dans d’autres régions, au contraire, des communautés de base s’assemblent dans un esprit de critique acerbe de l’Eglise qu’elles stigmatisent volontiers comme “ institutionnelle ” et à laquelle elles s’opposent comme des communautés charismatiques, libres de structures, inspirées seulement par l’Evangile. Elles ont donc comme caractéristique une évidente attitude de blâme et de refus à l’égard des expressions de l’Eglise : sa hiérarchie, ses signes. Elles contestent radicalement cette Eglise. Dans cette ligne, leur inspiration principale devient très vite idéologique, et il est rare qu’elles ne soient pas assez tôt la proie d’une option politique, d’un courant, puis d’un système, voire d’un parti, avec tout le risque que cela comporte d’en devenir l’instrument.

La différence est déjà notable : les communautés qui par leur esprit de contestation se coupent de l’Eglise, dont elles lèsent d’ailleurs l’unité, peuvent bien s’intituler “ communautés de base ”, mais c’est là une désignation strictement sociologique. Elles ne pourraient pas, sans abus de langage, s’intituler communautés ecclésiales de base, même si elles ont la prétention de persévérer dans l’unité de l’Eglise tout en étant hostiles à la Hiérarchie. Cette qualification appartient aux autres, à celles qui se réunissent en Eglise pour s’unir à l’Eglise et pour faire croître l’Eglise.

Ces dernières communautés seront un lieu d’évangélisation, au bénéfice des communautés plus vastes, spécialement des Eglises particulières et elles seront une espérance pour l’Eglise universelle, comme Nous l’avons dit au terme du Synode, dans la mesure où :

— elles cherchent leur aliment dans la Parole de Dieu et ne se laissent pas emprisonner par la polarisation politique ou par les idéologies à la mode, prêtes à exploiter leur immense potentiel humain ;

— elles évitent la tentation toujours menaçante de la contestation systématique et de l’esprit hypercritique, sous prétexte d’authenticité et d’esprit de collaboration ;

— elles restent fermement attachées à l’Eglise locale dans laquelle elles s’insèrent, et à l’Eglise universelle, évitant ainsi le danger — trop réel — de s’isoler en elles-mêmes, puis de se croire l’unique authentique Église du Christ, et donc d’anathématiser les autres communautés ecclésiales ;
— elles gardent une sincère communion avec les Pasteurs que le Seigneur donne à son Eglise et avec le Magistère que l’Esprit du Christ leur a confié ;

— elles ne se prennent jamais pour l’unique destinataire ou l’unique agent d’évangélisation — voire l’unique dépositaire de l’Evangile ! —; mais, conscientes que l’Eglise est beaucoup plus vaste et diversifiée, elles acceptent que cette Eglise s’incarne autrement qu’à travers elles ;

— elles croissent chaque jour en conscience, zèle, engagement et rayonnement missionnaire ;

— elles se montrent en tout universalistes et jamais sectaires.

A ces conditions-là, exigeantes certes mais exaltantes, les communautés ecclésiales de base correspondront à leur vocation la plus fondamentale : auditrices de l’Evangile qui leur est annoncé et destinataires privilégiées de l’évangélisation, elles deviendront elles-mêmes sans tarder annonciatrices de l’Evangile.

VI.

LES OUVRIERS DE L’ÉVANGÉLISATION



Eglise tout entière missionnaire

59. Si des hommes proclament dans le monde l’évangile du salut, c’est par ordre, au nom et avec la grâce du Christ Sauveur. “ Comment prêcher si l’on n’a pas d’abord reçu mission ? ”,[81] écrivait celui qui fut certainement l’un des plus grands évangélisateurs. Personne ne peut le faire à moins d’avoir été envoyé.

Mais qui donc a la mission d’évangéliser ?

Le Concile Vatican II a répondu avec clarté : “ Par mandat divin, incombe à l’Eglise la fonction d’aller dans le monde entier et d’annoncer l’Evangile à toute créature ”.[82] Et dans un autre texte du même Concile: “ l’Eglise tout entière est missionnaire ; l’oeuvre d’évangélisation est un devoir fondamental du peuple de Dieu ”.[83]

Nous avons déjà rappelé cette liaison intime entre l’Eglise et l’évangélisation. Lorsque l’Eglise annonce le Règne de Dieu et le construit, elle s’implante elle-même au coeur du monde comme signe et instrument de ce Règne qui est et qui vient. Le Concile a repris cette parole très significative de saint Augustin sur l’action missionnaire des Douze: “ En prêchant la parole de vérité, ils firent naître des Eglises ”.[84]

Un acte ecclésial

60. Que l’Eglise soit envoyée et mandatée pour l’évangélisation du monde, cette observation devrait éveiller en nous une double conviction.

La première : évangéliser n’est pour personne un acte individuel et isolé, mais c’est un acte profondément ecclésial. Lorsque le plus obscur prédicateur, catéchiste ou pasteur, dans la contrée la plus lointaine, prêche l’Evangile, rassemble sa petite communauté ou confère un sacrement, même seul, il fait un acte d’Eglise et son geste se rattache certainement, par des rapports institutionnels, mais aussi par des liens invisibles et par des racines souterraines de l’ordre de la grâce, à l’activité évangélisatrice de toute l’Eglise. Cela suppose qu’il le fasse, non pas par une mission qu’il s’attribue, ou par une inspiration personnelle, mais en union avec la mission de l’Eglise et en son nom.

De là, la seconde conviction : si chacun évangélise au nom de l’Eglise, qui le fait elle-même en vertu d’un mandat du Seigneur, aucun évangélisateur n’est le maître absolu de son action évangélisatrice, avec un pouvoir discrétionnaire, pour l’accomplir suivant des critères et perspectives individualistes, mais en communion avec l’Eglise et ses Pasteurs.

L’Eglise est tout entière évangélisatrice, avons-Nous remarqué. Cela signifie que, pour l’ensemble du monde et pour chaque portion du monde où elle se trouve, l’Eglise se sent responsable de la tâche de diffuser l’Evangile.

La perspective de l’Eglise universelle

61. A ce stade de notre réflexion, Nous nous arrêterons avec vous, Frères et Fils, sur une question particulièrement importante de nos jours. Dans leurs célébrations liturgiques, dans leur témoignage devant les juges et les bourreaux, dans leurs textes apologétiques, les premiers chrétiens exprimaient volontiers leur foi profonde dans l’Eglise en la désignant comme répandue par tout l’univers. Ils avaient pleinement conscience d’appartenir à une grande communauté que ni l’espace ni le temps ne sauraient limiter : “ Du juste Abel jusqu’au dernier élu ”,[85] “ jusqu’aux extrémités de la terre ”,[86] “ jusqu’à la fin des temps ”.[87]

C’est ainsi que le Seigneur a voulu son Eglise : Universelle, grand arbre dont les branches abritent les oiseaux du ciel,[88] filet qui recueille toutes sortes de poissons[89] ou que Pierre retire chargé de cent cinquante-trois gros poissons,[90] troupeau qu’un seul pasteur fait paître.[91] Eglise universelle sans bornes ni frontières sauf, hélas, celles du coeur et de l’esprit de l’homme pécheur.

La perspective de l’Eglise particulière

62. Néanmoins cette Eglise universelle s’incarne de fait dans les Eglises particulières constituées, elles, de telle ou telle portion d’humanité concrète, parlant telle langue, tributaire d’un héritage culturel, d’une vision du monde, d’un passé historique, d’un substrat humain déterminé. L’ouverture aux richesses de Eglise particulière répond à une sensibilité spéciale de l’homme contemporain.

Gardons-nous bien de concevoir Eglise universelle comme la somme, ou, si l’on peut dire, la fédération plus ou moins hétéroclite d’Eglises particulières essentiellement diverses. Dans la pensée du Seigneur c’est l’Eglise, universelle par vocation et par mission, qui, jetant ses racines dans la variété des terrains culturels, sociaux, humains, prend dans chaque portion du monde des visages, des expressions extérieures diverses.

Ainsi, chaque Eglise particulière qui se couperait volontairement de l’Eglise universelle perdrait sa référence au dessein de Dieu ; elle s’appauvrirait dans sa dimension ecclésiale. Mais par ailleurs, l’Eglise “ toto orbe diffusa ” deviendrait une abstraction si elle ne prenait pas corps et vie précisément à travers les Eglises particulières. Seule une attention permanente aux deux pôles de l’Eglise nous permettra de percevoir la richesse de ce rapport entre Eglise universelle et Eglises particulières.

Adaptation et fidélité du langage

63. Les Eglises particulières, profondément amalgamées avec les personnes mais aussi les aspirations, les richesses et limites, les façons de prier, d’aimer, de considérer la vie et le monde qui marquent tel ou tel ensemble humain, ont le rôle d’assimiler l’essentiel du message évangélique, de le transposer, sans la moindre trahison de sa vérité essentielle, dans le langage que ces hommes comprennent, puis de l’annoncer dans ce langage.

La transposition est à faire, avec le discernement, le sérieux, le respect et la compétence que la matière exige, dans le domaine des expressions liturgiques,[92] de la catéchèse, de la formulation théologique, des structures ecclésiales secondaires, des ministères. Et “ langage ” doit s’entendre ici moins sur le plan sémantique ou littéraire que sur celui qu’on peut appeler anthropologique et culturel.

La question perd beaucoup de sa force et de son efficacité si elle ne prend pas en considération le peuple concret auquel elle s’adresse, n’utilise pas sa langue, ses signes et symboles, ne répond pas aux questions qu’il pose, ne rejoint pas sa vie concrète. Mais d’autre part, l’évangélisation risque de perdre son âme et de s’évanouir si l’on vide ou dénature son contenu, sous prétexte de le traduire ; si, voulant adapter une réalité universelle à un espace local, on sacrifie cette réalité et on détruit l’unité sans laquelle il n’y a pas d’universalité. Or, seule une Eglise qui garde la conscience de son universalité et montre qu’elle est en fait universelle peut avoir un message capable d’être entendu par tous, au-delà des limites régionales.

Une légitime attention aux Eglises particulières ne peut qu’enrichir l’Eglise. Elle est indispensable et urgente. Elle répond aux aspirations les plus profondes des peuples et des communautés humaines, à trouver toujours davantage leur propre visage.

Ouverture à l’Eglise universelle

64. Mais cet enrichissement exige que les Eglises particulières gardent leur ouverture profonde à l’Eglise universelle. Il est bien remarquable, du reste, que les chrétiens les plus simples, les plus fidèles à l’Evangile, les plus ouverts au véritable sens de l’Eglise, ont une sensibilité toute spontanée à l’égard de cette dimension universelle, ils en sentent instinctivement et très fortement le besoin, ils se reconnaissent facilement en elle, vibrent avec elle et souffrent au plus profond d’eux-mêmes lorsque, au nom de théories qu’ils ne comprennent pas, on les contraint à une Eglise dépourvue de cette universalité, Eglise régionaliste, sans horizon.

Comme l’histoire le démontre d’ailleurs, chaque fois que telle ou telle Eglise particulière, parfois avec les meilleurs intentions avec des arguments théologiques, sociologiques, politiques ou pastoraux, ou même dans le désir d’une certaine liberté de mouvement ou d’action, s’est coupée de l’Eglise universelle et de son centre vivant et visible, elle n’a échappé que très difficilement — si tant est qu’elle y ait échappé — à deux dangers également graves : danger, d’une part, de l’isolationisme desséchant, et puis, à court terme, de l’effritement, chacune de ses cellules se séparant d’elle comme elle s’est séparée du noyau central ; et d’autre part danger de perdre sa liberté, lorsque, coupée du centre et des autres Eglises qui lui communiquaient force et énergie, elle se trouve livrée, seule, aux forces les plus diverses d’asservissement et d’exploitation.

Plus une Eglise particulière est attachée par des liens solides de communion à l’Eglise universelle — dans la charité et la loyauté, dans l’ouverture au Magistère de Pierre, dans l’unité de la “ Lex orandi ” qui est aussi “ Lex credendi ”, dans le souci de l’unité avec toutes les autres Églises qui composent l’universalité — plus cette Eglise sera capable de traduire le trésor de la foi dans la légitime variété des expressions de la profession de foi, de la prière et du culte, de la vie et du comportement chrétiens, du rayonnement du peuple dans lequel elle s’insère. Plus aussi elle sera vraiment évangélisatrice, c’est-à-dire capable de puiser dans le patrimoine universel pour en faire profiter son peuple comme de communiquer à l’Eglise universelle l’expérience et la vie de ce peuple, au bénéfice de tous.

L’inaltérable dépôt de la foi

65. Dans ce sens précisément Nous avons voulu prononcer, à la clôture de la troisième Assemblée du Synode, un mot clair et plein de paternelle affection, insistant sur le rôle du Successeur de Pierre comme principe visible, vivant et dynamique de l’unité entre les Eglises et donc de l’universalité de l’unique Eglise.[93] Nous insistions aussi sur la grave responsabilité qui Nous incombe, mais que Nous partageons avec nos Frères dans l’épiscopat, de garder inaltérable le contenu de la foi catholique que le Seigneur a confié aux Apôtres : traduit dans tous les langages, ce contenu ne doit pas être entamé ni mutilé revêtu des symboles propres à chaque peuple, explicité par des expressions théologiques qui tiennent compte des milieux culturels, sociaux et même raciaux divers, il doit rester le contenu de la foi catholique tel que le Magistère ecclésial l’a reçu et le transmet.

Tâches diversifiées

66. Toute l’Eglise est donc appelée à évangéliser et cependant dans son sein nous avons différentes tâches évangélisatrices à accomplir. Cette diversité de services dans l’unité de la même mission fait la richesse et la beauté de l’évangélisation. Ces tâches, Nous les rappellerons d’un mot.

Et tout d’abord, qu’il Nous soit permis de signaler dans les pages de l’Evangile l’insistance avec laquelle le Seigneur confie aux Apôtres la fonction d’annoncer la Parole. Il les a choisis[94], formés durant plusieurs années d’intimité[95], constitués[96] et mandatés[97] comme témoins et maîtres autorisés du message du salut. Et les Douze ont à leur tour envoyé leurs successeurs qui, dans la lignée apostolique, continuent à prêcher la Bonne Nouvelle.

Le Successeur de Pierre

67. Le Successeur de Pierre est ainsi, par la volonté du Christ, chargé du ministère prééminent d’enseigner la vérité révélée. Le Nouveau Testament montre souvent Pierre “ rempli de l’Esprit Saint ” prenant la parole au nom de tous[98]. C’est bien pour cela que saint Léon le Grand parle de lui comme de celui qui a mérité la primauté de l’apostolat[99]. C’est pourquoi aussi la voix de l’Eglise montre le Pape “ au sommet le plus haut — in apice, in specula — de l’apostolat ”.[100] Le Concile Vatican II a voulu le réaffirmer en déclarant que “ le mandat du Christ de prêcher l’Evangile à toute créature (cf. Mc. 16, 15) regarde avant tout et immédiatement les Évêques avec Pierre et sous la conduite de Pierre ”.[101]

Le pouvoir plénier, suprême et universel[102] que le Christ confie à son Vicaire pour le gouvernement pastoral de son Eglise, c’est donc spécialement dans l’activité de prêcher et faire prêcher la Bonne Nouvelle du salut que le Pape l’exerce.

Evêques et prêtres

68. Unis au Successeur de Pierre, les Evêques, successeurs des apôtres, reçoivent par la force de leur ordination épiscopale, l’autorité pour enseigner dans l’Eglise la vérité révélée. Ils sont les maîtres de la foi.

Aux Evêques sont associés dans le ministère de l’évangélisation, comme responsables à un titre spécial, ceux qui par l’ordination sacerdotale “ tiennent la place du Christ ”,[103] en tant qu’éducateurs du Peuple de Dieu dans la foi, prédicateurs, tout en étant ministres de l’Eucharistie et des autres sacrements.

Nous donc, Pasteurs, nous sommes tous invités à prendre conscience, plus que tout autre membre de l’Eglise, de ce devoir. Ce qui constitue la singularité de notre service sacerdotal, ce qui donne unité profonde aux mille tâches qui nous sollicitent au long de la journée et de la vie, ce qui confère à nos activités une note spécifique, c’est ce but présent en toute notre action : “ annoncer l’Evangile de Dieu ”.[104]

Voici un trait de notre identité, qu’aucun doute ne devrait entamer, aucune objection éclipser: Pasteurs, nous avons été choisis par la miséricorde du souverain Pasteur[105] malgré notre insuffisance, pour proclamer avec autorité la Parole de Dieu, pour rassembler le Peuple de Dieu qui était dispersé, pour alimenter ce Peuple avec les signes de l’action du Christ que sont les sacrements, pour le mettre sur la voie du salut, pour le maintenir dans cette unité dont nous sommes, à différents niveaux, des instruments actifs et vivants, pour animer sans cesse cette communauté réunie autour du Christ dans la ligne de sa vocation la plus intime. Et lorsque, dans la mesure de nos limites humaines et selon la grâce de Dieu, nous accomplissons tout cela, c’est une oeuvre d’évangélisation que nous réalisons, Nous, comme Pasteur de l’Eglise universelle, nos frères Evêques, à la tête des Eglises particulières, les prêtres et diacres liés à leurs Evêques, dont ils sont les collaborateurs, par une communion qui prend sa source dans le sacrement de l’ordre et dans la charité de l’Eglise.

Religieux

69. Les religieux, eux, trouvent dans leur vie consacrée un moyen privilégié d’évangélisation efficace. Par leur être le plus profond ils se situent dans le dynamisme de l’Eglise, assoiffée de l’Absolu de Dieu, appelée à la sainteté. C’est de cette sainteté qu’ils témoignent. Ils incarnent l’Eglise désireuse de se livrer au radicalisme des béatitudes. Ils sont par leur vie signes de totale disponibilité pour Dieu, pour l’Eglise, pour les frères.

En cela, ils ont une importance spéciale dans le cadre du témoignage qui est, Nous l’avons affirmé, primordial dans l’évangélisation. Ce témoignage silencieux de pauvreté et de dépouillement, de pureté et de transparence, d’abandon dans l’obéissance, peut devenir, en même temps qu’un appel adressé au monde et à l’Eglise elle-même, une éloquente prédication capable de toucher même les non chrétiens de bonne volonté, sensibles à certaines valeurs.

Dans une telle perspective, l’on devine le rôle joué dans l’évangélisation par des religieux et religieuses consacrés à la prière, au silence, à la pénitence, au sacrifice. D’autres religieux, en très grand nombre, se donnent directement à l’annonce du Christ. Leur action missionnaire dépend évidemment de la hiérarchie et doit être coordonnée avec la pastorale que celle-ci veut mettre en oeuvre. Mais qui ne mesure la part immense qu’ils ont apportée et qu’ils continuent d’apporter à l’évangélisation ? Grâce à leur consécration religieuse, ils sont par excellence volontaires et libres pour tout quitter et aller annoncer l’Evangile jusqu’aux confins du monde. Ils sont entreprenants, et leur apostolat est marqué souvent par une originalité, un génie qui forcent l’admiration. Ils sont généreux : on les trouve souvent aux avant-postes de la mission, et ils prennent les plus grands risques pour leur santé et leur propre vie. Oui, vraiment, l’Eglise leur doit beaucoup.

Laïcs

70. Les laïcs, que leur vocation spécifique place au coeur du monde et à la tête des tâches temporelles les plus variées, doivent exercer par là même une forme singulière d’évangélisation.

Leur tâche première et immédiate n’est pas l’institution et le développement de la communauté ecclésiale — c’est là le rôle spécifique des Pasteurs —, mais c’est la mise en oeuvre de toutes les possibilités chrétiennes et évangéliques cachées, mais déjà présentes et actives dans les choses du monde. Le champ propre de leur activité évangélisatrice, c’est le monde vaste et compliqué de la politique, du social, de l’économie, mais également de la culture, des sciences et des arts, de la vie internationale, des mass media ainsi que certaines autres réalités ouvertes à l’évangélisation comme sont l’amour, la famille, l’éducation des enfants et des adolescents, le travail professionnel, la souffrance. Plus il y aura de laïcs imprégnés d’évangile responsables de ces réalités et clairement engagés en elles, compétents pour les promouvoir et conscients qu’il faut déployer leur pleine capacité chrétienne souvent enfouie et asphyxiée, plus ces réalités sans rien perdre ou sacrifier de leur coefficient humain, mais manifestant une dimension transcendante souvent méconnue, se trouveront au service de l’édification du Règne de Dieu et donc du salut en Jésus-Christ.

Famille

71. Au sein de l’apostolat évangélisateur des laïcs, il est impossible de ne pas souligner l’action évangélisatrice de la famille. Elle a bien mérité, aux différents moments de l’histoire, le beau nom d’“ Eglise domestique ” sanctionné par le Concile Vatican II.[106]

Cela signifie, que, en chaque famille chrétienne, devraient se retrouver les divers aspects de l’Eglise entière. En outre, la famille, comme l’Eglise, se doit d’être un espace où l’Evangile est transmis et d’où l’Evangile rayonne.

Au sein donc d’une famille consciente de cette mission, tous les membres de la famille évangélisent et sont évangélisés. Les parents non seulement communiquent aux enfants l’Evangile mais peuvent recevoir d’eux ce même Evangile profondément vécu. Et une telle famille se fait évangélisatrice de beaucoup d’autres familles et du milieu dans lequel elle s’insère.

Même les familles issues d’un mariage mixte ont le devoir d’annoncer le Christ à leurs enfants avec tout ce qu’implique leur baptême commun ; elles ont aussi la tâche difficile de se faire les artisans de l’unité.

Jeunes

72. Les circonstances nous invitent à une attention toute spéciale aux jeunes. Leur montée numérique et leur présence croissante dans la société, les problèmes qui les assaillent, doivent éveiller en tous le souci de leur offrir avec zèle et intelligence l’idéal évangélique à connaître et à vivre. Mais il faut par ailleurs que les jeunes, bien formés dans la foi et la prière, deviennent toujours davantage les apôtres de la jeunesse. L’Eglise compte beaucoup sur cet apport et Nous-même, à bien des reprises, Nous avons manifesté notre pleine confiance envers eux.

Ministères diversifiés

73. Ainsi prend toute son importance la présence active des laïcs dans les réalités temporelles. Il ne faut pas pour autant négliger ou oublier l’autre dimension : les laïcs peuvent aussi se sentir appelés ou être appelés à collaborer avec leurs Pasteurs au service de la communauté ecclésiale, pour la croissance et la vie de celle-ci, exerçant des ministères très diversifiés, selon la grâce et les charismes que le Seigneur voudra bien déposer en eux.

Ce n’est pas sans éprouver intimement une grande joie que Nous voyons une légion de Pasteurs, religieux et laïcs, épris de leur mission évangélisatrice, chercher des façons toujours plus adaptées d’annoncer efficacement l’Evangile et Nous encourageons l’ouverture que, dans cette ligne et avec ce souci, l’Eglise accomplit aujourd’hui. Ouverture à la réflexion d’abord, puis à des ministères ecclésiaux capables de rajeunir et de renforcer son propre dynamisme évangélisateur.

Il est certain qu’à côté des ministères ordonnés, grâce auxquels certains sont mis au rang des Pasteurs et se consacrent d’une manière particulière au service de la communauté, l’Eglise reconnaît la place de ministères non ordonnés, mais qui sont aptes à assurer un service spécial de l’Eglise.

Un regard sur les origines de l’Eglise est très éclairant et fait bénéficier d’une antique expérience en matière de ministères, expérience d’autant plus valable qu’elle a permis à l’Eglise de se consolider, de croître et de s’étendre. Cette attention aux sources doit cependant être complétée par une autre : l’attention aux besoins actuels de l’humanité et de l’Eglise. S’abreuver à ces sources toujours inspiratrices, ne rien sacrifier de ces valeurs et savoir s’adapter aux exigences et aux besoins actuels, tels sont les axes qui permettront de rechercher avec sagesse et de mettre en lumière les ministères dont l’Eglise a besoin et que nombre de ses membres auront à coeur d’embrasser pour la plus grande vitalité de la communauté ecclésiale. Ces ministères auront une vraie valeur pastorale dans la mesure où ils s’établiront dans un respect absolu de l’unité, en bénéficiant de l’orientation des Pasteurs, qui sont précisément les responsables et les artisans de l’unité de l’Eglise.

De tels ministères, nouveaux en apparence mais très liés à des expériences vécues par l’Eglise tout au long de son existence — par exemple ceux de catéchètes, d’animateurs de la prière et du chant, des chrétiens voués au service de la Parole de Dieu ou à l’assistance des frères dans le besoin, ceux enfin des chefs de petites communautés, des responsables de mouvements apostoliques ou autres responsables —, sont précieux pour l’implantation, la vie et la croissance de l’Eglise et pour sa capacité d’irradier autour d’elle et vers ceux qui sont au loin. Nous devons aussi notre estime particulière à tous les laïcs qui acceptent de consacrer une partie de leur temps, de leurs énergies, et parfois leur vie entière, au service des missions.

Pour tous les ouvriers de l’évangélisation, une préparation sérieuse est nécessaire. Elle l’est d’autant plus pour ceux qui s’adonnent au ministère de la Parole. Animés de la conviction sans cesse approfondie de la grandeur et de la richesse de la Parole de Dieu, ceux qui ont mission de la transmettre doivent porter la plus grande attention à la dignité, à la précision, à l’adaptation de leur langage. Chacun sait que l’art de parler revêt aujourd’hui une très grande importance. Comment les prédicateurs et les catéchistes pourraient-ils le négliger ?

Nous souhaitons vivement que, dans chaque Eglise particulière, les Evêques veillent à la formation adéquate de tous les ministres de la Parole. Cette préparation sérieuse augmentera en eux l’assurance indispensable mais aussi l’enthousiasme pour annoncer Jésus-Christ aujourd’hui.

VII.

L’ESPRIT DE L’ÉVANGÉLISATION



Pressant appel

74. Nous ne voudrions pas mettre fin à cet entretien avec nos Frères et Fils bien-aimés, sans un dernier appel concernant les attitudes intérieures qui doivent animer les ouvriers de l’évangélisation.
Oui, au nom de Seigneur Jésus lui-même et au nom des Apôtres Pierre et Paul, Nous voudrions exhorter tous ceux qui, grâce aux charismes de l’Esprit et au mandat de l’Eglise, sont de véritables évangélisateurs, à être dignes de cette vocation, à l’exercer sans céder au doute ou à la peur, à ne pas négliger les conditions qui rendront cette évangélisation non seulement possible mais active et fructueuse. Voici, parmi bien d’autres, les conditions fondamentales que Nous tenons à souligner.

Sous le souffle de l’Esprit Saint

75. Il n’y aura jamais d’évangélisation possible sans l’action de l’Esprit Saint. Sur Jésus de Nazareth, l’Esprit descend au moment du baptême lorsque la voix du Père — “ Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur ”[107] — manifeste de façon sensible son élection et sa mission. C’est “ conduit par l’Esprit ” qu’il vit au désert le combat décisif et la suprême épreuve avant de commencer cette mission.[108] C’est “ avec la puissance de l’Esprit ”[109] qu’il revient en Galilée et inaugure à Nazareth sa prédication, s’appliquant à lui-même le passage d’Isaïe: “ L’esprit du Seigneur est sur moi ”. “ Aujourd’hui, proclame-t-il, cette Ecriture est accomplie ”.[110] Aux disciples qu’il est sur le point d’envoyer, il dit en soufflant sur eux : “ Recevez l’Esprit Saint ”.[111]

En fait, ce n’est qu’après la venue du Saint-Esprit, le jour de la Pentecôte, que les Apôtres partent vers tous les horizons du monde pour commencer la grande oeuvre d’évangélisation de l’Eglise, et Pierre explique l’événement comme la réalisation de la prophétie de Joël : “ Je répandrai mon Esprit ”.[112] Pierre est rempli de l’Esprit Saint pour parler au peuple de Jésus Fils de Dieu.[113] Paul, lui aussi, “ est rempli de l’Esprit Saint ”[114] avant de se livrer à son ministère apostolique, comme l’est Etienne lorsqu’il est choisi pour la diaconie et plus tard pour le témoignage du sang.[115] L’Esprit qui fait parler Pierre, Paul ou les Douze, inspirant les paroles qu’ils doivent prononcer, tombe aussi “ sur ceux qui écoutent la Parole ”.[116] C’est grâce à l’appui du Saint-Esprit que l’Eglise s’accroît.[117] Il est l’âme de cette Eglise. C’est lui qui explique aux fidèles le sens profond de l’enseignement de Jésus et son mystère. Il est celui qui, aujourd’hui comme aux débuts de l’Eglise, agit en chaque évangélisateur qui se laisse posséder et conduire par lui, et met dans sa bouche les mots que seul il ne pourrait trouver, tout en prédisposant aussi l’âme de celui qui écoute pour le rendre ouvert et accueillant à la Bonne Nouvelle et au Règne annoncé.

Les techniques d’évangélisation sont bonnes mais les plus perfectionnées ne sauraient remplacer l’action discrète de l’Esprit. La préparation la plus raffinée de l’évangélisateur n’opère rien sans lui. Sans lui, la dialectique la plus convaincante est impuissante sur l’esprit des hommes. Sans lui, les schémas sociologiques ou psychologiques les plus élaborés se révèlent vite dépourvus de valeur.

Nous vivons dans l’Eglise un moment privilégié de l’Esprit. On cherche partout à le connaître mieux, tel que l’Ecriture le révèle. On est heureux de se mettre sous sa mouvance. On s’assemble autour de lui. On veut se laisser conduire par lui.

Or, si l’Esprit de Dieu a une place éminente dans toute la vie de l’Eglise, c’est dans la mission évangélisatrice de celle-ci qu’il agit le plus. Ce n’est pas par hasard que le grand départ de l’évangélisation eut lieu le matin de Pentecôte, sous le souffle de l’Esprit.

On peut dire que l’Esprit Saint est l’agent principal de l’évangélisation : c’est lui qui pousse chacun à annoncer l’Evangile et c’est lui qui dans le tréfonds des consciences fait accepter et comprendre la Parole du salut.[118] Mais l’on peut dire également qu’il est le terme de l’évangélisation : lui seul suscite la nouvelle création, l’humanité nouvelle à laquelle l’évangélisation doit aboutir, avec l’unité dans la variété que l’évangélisation voudrait provoquer dans la communauté chrétienne. A travers lui l’Evangile pénètre au coeur du monde car c’est lui qui fait discerner les signes des temps — signes de Dieu — que l’évangélisation découvre et met en valeur à l’intérieur de l’histoire.

Le Synode des Evêques de 1974, qui a beaucoup insisté sur la place du Saint-Esprit dans l’évangélisation, a exprimé aussi le voeu que Pasteurs et théologiens — et Nous dirons aussi les fidèles marqués du sceau de l’Esprit par le baptême — étudient mieux la nature et le mode de l’action de l’Esprit Saint dans l’évangélisation aujourd’hui. C’est notre voeu aussi, en même temps que Nous exhortons les évangélisateurs quels qu’ils soient à prier sans cesse l’Esprit Saint avec foi et ferveur et à se laisser prudemment guider par lui comme l’inspirateur décisif de leurs plans, de leurs initiatives, de leur activité évangélisatrice.

Témoins authentiques

76. Considérons maintenant la personne même des évangélisateurs. On répète souvent, de nos jours, que ce siècle a soif d’authenticité. A propos des jeunes, surtout, on affirme qu’ils ont horreur du factice, du falsifié, et recherchent par-dessus tout la vérité et la transparence.

Ces “ signes du temps ” devraient nous trouver vigilants. Tacitement ou à grands cris, toujours avec force, l’on demande: Croyez-vous vraiment à ce que vous annoncez ? Vivez-vous ce que vous croyez ? Prêchez-vous vraiment ce que vous vivez ? Plus que jamais le témoignage de la vie est devenu une condition essentielle de l’efficacité profonde de la prédication. Par ce biais-là nous voici, jusqu’à un certain point, responsables de la marche de l’Evangile que nous proclamons.

“ Qu’en est-il de l’Eglise dix ans après la fin du Concile ? ” — demandions-Nous au début de cette méditation. Est-elle ancrée au coeur du monde et pourtant assez libre et indépendante pour s’adresser au monde ? Fait-elle preuve de solidarité avec les hommes et témoigne-t-elle en même temps de l’Absolu de Dieu ? Est-elle plus ardente dans la contemplation et l’adoration et plus zélée dans l’action missionnaire, caritative, libératrice ? Est-elle toujours plus engagée dans les efforts qui cherchent à rétablir la pleine unité des chrétiens, laquelle rend plus efficace le témoignage commun “ afin que le monde croie ” ?[119] Nous sommes tous responsables des réponses que l’on pourrait donner à ces interrogations.

Nous exhortons donc nos Frères dans l’épiscopat, placés par l’Esprit Saint pour gouverner l’Eglise.[120] Nous exhortons les prêtres et les diacres, collaborateurs des Evêques dans le rassemblement du peuple de Dieu et dans l’animation spirituelle des communautés locales. Nous exhortons les religieux, témoins d’une Eglise appelée à la sainteté et donc conviées eux-mêmes à une vie qui témoigne des béatitudes évangéliques. Nous exhortons les laïcs : familles chrétiennes, jeunes et adultes, tous ceux qui exercent un métier, les dirigeants, sans oublier les pauvres souvent riches de foi et d’espérance, tous les laïcs conscients de leur rôle évangélisateur au service de leur Eglise ou au coeur de la société et du monde. Nous leur disons à tous : il faut que notre zèle évangélisateur jaillisse d’une véritable sainteté de vie alimentée par la prière et surtout par l’amour de l’Eucharistie, et que, comme nous le suggère le Concile, la prédication à son tour fasse grandir en sainteté le prédicateur.[121]

Le monde qui, paradoxalement, malgré d’innombrables signes de refus de Dieu, le cherche cependant par des chemins inattendus et en ressent douloureusement le besoin, le monde réclame des évangélisateurs qui lui parlent d’un Dieu qu’ils connaissent et fréquentent comme s’ils voyaient l’invisible.[122] Le monde réclame et attend de nous simplicité de vie, esprit de prière, charité envers tous, spécialement envers les petits et les pauvres, obéissance et humilité, détachement de nous-mêmes et renoncement. Sans cette marque de sainteté, notre parole fera difficilement son chemin dans le coeur de l’homme de ce temps. Elle risque d’être vaine et inféconde.

Artisans d’unité

77. La force de l’évangélisation se trouvera bien diminuée si ceux qui annoncent l’Evangile sont divisés entre eux par toutes sortes de rupture. Ne serait-ce pas là l’un des grands malaises de l’évangélisation aujourd’hui ? En effet, si l’Evangile que nous proclamons apparaît déchiré par des querelles doctrinales, des polarisations idéologiques, ou des condamnations réciproques entre chrétiens, au gré de leurs vues différentes sur le Christ et sur l’Eglise et même à cause de leurs conceptions diverses de la société et des institutions humaines, comment ceux à qui s’adresse notre prédication ne s’en trouveraient-ils pas perturbés, désorientés sinon scandalisés ?

Le testament spirituel du Seigneur nous dit que l’unité entre ses disciples n’est pas seulement la preuve que nous sommes siens, mais aussi la preuve qu’il est envoyé du Père, test de crédibilité des chrétiens et du Christ lui-même. Evangélisateurs, nous devons offrir aux fidèles du Christ, non pas l’image d’hommes divisés et séparés par des litiges qui n’édifient point, mais celle de personnes mûries dans la foi, capables de se rencontrer au delà des tensions réelles grâce à la recherche commune, sincère et désintéressée de la vérité. Oui, le sort de l’évangélisation est certainement lié au témoignage d’unité donné par l’Eglise. Voilà une source de responsabilité mais aussi de réconfort.

Sur ce point, Nous voudrions insister sur le signe de l’unité entre tous les chrétiens comme voie et instrument d’évangélisation. La division des chrétiens est un grave état de fait qui parvient à entacher l’oeuvre même du Christ. Le Concile Vatican II affirme avec lucidité et fermeté qu’elle “ nuit à la cause sacrée de la prédication de l’Evangile à toute créature, et pour beaucoup elle ferme l’accès à la foi ”.[123] Voilà pourquoi, en annonçant l’Année Sainte, Nous avons cru nécessaire de rappeler à tous les fidèles du monde catholique que “ la réconciliation de tous les hommes avec Dieu, notre Père, présuppose, en effet, le rétablissement de la communion entre ceux qui ont déjà, dans la foi, reconnu et accueilli Jésus-Christ comme le Seigneur de la miséricorde qui libère les hommes et les unit dans l’Esprit d’amour et de vérité ”.[124]

Aussi est-ce avec un fort sentiment d’espérance que Nous regardons les efforts qui se font dans le monde chrétien pour ce rétablissement de la pleine unité voulue par le Christ. Saint Paul nous en donne l’assurance : “ L’espérance ne déçoit pas ”.[125] Tandis que Nous travaillons toujours pour obtenir du Seigneur la pleine unité, Nous voulons voir intensifiée la prière. En outre, Nous faisons nôtre le voeu exprimé par les Pères de la IIIe Assemblée générale du Synode des Evêques, à savoir que l’on collabore plus résolument avec nos frères chrétiens auxquels nous ne sommes pas encore unis par une communion parfaite, en nous fondant sur le baptême et sur le patrimoine de foi qui nous est commun, de façon à pouvoir dès maintenant, dans le même travail d’évangélisation, témoigner ensemble et plus largement du Christ dans le monde. Nous y sommes poussés par le commandement du Christ, c’est une exigence de l’oeuvre de prédication et du témoignage à rendre à l’Evangile.

Serviteurs de la vérité

78. L’Evangile dont nous avons la charge est aussi parole de vérité. Une vérité qui rend libres[126] et qui seule donne la paix du coeur, c’est ce que les gens viennent chercher lorsque nous leur annonçons la Bonne Nouvelle. Vérité sur Dieu, vérité sur l’homme et sa mystérieuse destinée, vérité sur le monde. Difficile vérité que nous recherchons dans la Parole de Dieu et dont nous ne sommes, encore une fois, ni les maîtres ni les propriétaires, mais les dépositaires, les hérauts, les serviteurs.

De tout évangélisateur on attend qu’il ait le culte de la vérité, d’autant plus que la vérité qu’il approfondit et communique n’est autre que la vérité révélée et donc, plus que tout autre, parcelle de la vérité première qu’est Dieu lui-même. Le prédicateur de l’Evangile sera donc quelqu’un qui, même au prix du renoncement personnel et de la souffrance, recherche toujours la vérité qu’il doit transmettre aux autres. Il ne trahit jamais ni ne dissimule la vérité par souci de plaire aux hommes, d’étonner ou de choquer, ni par originalité ou désir d’apparaître. Il ne refuse pas la vérité. Il n’obscurcit pas la vérité révélée par paresse de la rechercher, par commodité, par peur. Il ne néglige pas de l’étudier. Il la sert généreusement sans l’asservir.

Pasteurs du Peuple fidèle, notre service pastoral nous presse de garder, défendre et communiquer la vérité sans regarder les sacrifices. Tant d’éminents et saints Pasteurs nous ont laissé l’exemple de cet amour, en beaucoup de cas héroïque, de la vérité. Le Dieu de vérité attend de nous que nous en soyons les défenseurs vigilants et les prédicateurs dévoués.

Docteurs, que vous soyez théologiens, exégètes, historiens, l’oeuvre de l’évangélisation a besoin de votre infatigable labeur de recherche et aussi de votre attention et de votre délicatesse dans la transmission de la vérité, dont vos études vous rapprochent mais qui est toujours plus grande que le coeur de l’homme, car c’est la vérité même de Dieu.

Parents et maîtres, votre tâche, que les multiples conflits actuels ne rendent pas facile, est d’aider vos enfants et vos élèves dans la découverte de la vérité, y compris de la vérité religieuse et spirituelle.

Animés par l’amour

79. L’oeuvre de l’évangélisation suppose, dans l’évangélisateur, un amour fraternel toujours grandissant envers ceux qu’il évangélise. Ce modèle d’évangélisateur qu’est l’Apôtre Paul écrivait aux Thessaloniciens cette parole qui est un programme pour nous tous : “ Telle était notre tendresse pour vous que nous aurions voulu vous livrer, en même temps que l’Evangile de Dieu, notre propre vie, tant vous nous étiez devenus chers ”.[127] Quelle est cette affection ? Bien plus que celle d’un pédagogue, elle est celle d’un père ; et plus encore : celle d’une mère.[128] C’est cette affection que le Seigneur attend de chaque prédicateur de l’Evangile, de chaque bâtisseur de l’Eglise. Un signe d’amour sera le souci de donner la vérité et d’introduire dans l’Unité. Un signe d’amour sera également de se dévouer sans réserve ni retour à l’annonce de Jésus-Christ. Permettez-Nous de faire mention de quelques autres signes de cet amour.

Le premier est le respect de la situation religieuse et spirituelle des personnes qu’on évangélise. Respect de leur rythme qu’on n’a pas le droit de forcer outre mesure. Respect de leur conscience et de leurs convictions, à ne pas brusquer.

Un autre signe de cet amour est le souci de ne pas blesser l’autre, surtout s’il est faible dans sa foi,[129] avec des affirmations qui peuvent être claires pour les initiés, mais qui pour les fidèles peuvent être source de perturbation et de scandale, comme une blessure dans l’âme.

Un signe d’amour sera aussi l’effort de transmettre aux chrétiens non pas des doutes et des incertitudes nés d’une érudition mal assimilée, mais des certitudes solides, parce que ancrées dans la Parole de Dieu. Les fidèles ont besoin de ces certitudes pour leur vie chrétienne ; ils y ont droit, en tant qu’enfants de Dieu qui, entre ses bras, s’abandonnent entièrement aux exigences de l’amour.

Avec la ferveur des saints

80. Notre appel s’inspire de la ferveur des plus grands prédicateurs et évangélisateurs dont la vie fut donnée à l’apostolat : parmi eux il Nous plaît de relever ceux que Nous avons, au cours de l’Année Sainte, proposés à la vénération des fidèles. Ils ont su dépasser bien des obstacles à l’évangélisation.

Notre époque connaît également de nombreux obstacles, parmi lesquels Nous nous contenterons de mentionner le manque de ferveur. Il est d’autant plus grave qu’il vient du dedans ; il se manifeste dans la fatigue et le désenchantement, la routine et le désintérêt, et surtout le manque de joie et d’espérance. Nous exhortons donc tous ceux qui ont à quelque titre et à quelque échelon la tâche d’évangéliser à alimenter en eux la ferveur de l’esprit.[130]

Cette ferveur exige tout d’abord que nous sachions nous soustraire aux alibis qui peuvent nous détourner de l’évangélisation. Les plus insidieux sont certainement ceux pour lesquels l’on prétend trouver appui dans tel ou tel enseignement du Concile.

C’est ainsi qu’on entend dire trop souvent, sous diverses formes : imposer une vérité, fût-elle celle de l’Evangile, imposer une voie, fût-elle celle du salut, ne peut être qu’une violence à la liberté religieuse. Du reste, ajoute-t-on, pourquoi annoncer l’Evangile puisque tout le monde est sauvé par la droiture du coeur ? L’on sait bien d’ailleurs que le monde et l’histoire sont remplis de “ semences vu Verbe ” : n’est-ce pas une illusion de prétendre porter l’Evangile là où il est déjà dans ces semences que le Seigneur lui-même y a jetées ?

Quiconque se donne la peine d’approfondir, dans les documents conciliaires, les questions que ces alibis y puisent trop superficiellement, trouvera une toute autre vision de la réalité.

Ce serait certes une erreur d’imposer quoi que ce soit à la conscience de nos frères. Mais c’est tout autre chose de proposer à cette conscience la vérité évangélique et le salut en Jésus-Christ en pleine clarté et dans le respect absolu des options libres qu’elle fera — en évitant “ toute forme d’agissements qui ont un relent de coercition, de persuasion malhonnête ou peu loyale[131] — : loin d’être un attentat à la liberté religieuse, c’est un hommage à cette liberté à laquelle est offert le choix d’une voie que même les non croyants estiment noble et exaltante. Est-ce donc un crime contre la liberté d’autrui que de proclamer dans la joie une Bonne Nouvelle que l’on vient d’apprendre par la miséricorde du Seigneur ?[132] Et pourquoi seuls le mensonge et l’erreur, la dégradation et la pornographie, auraient-ils le droit d’être proposés et souvent, hélas, imposés par la propagande destructive des mass media, par la tolérance des législations, par la peur des bons et la hardiesse des méchants ? Cette façon respectueuse de proposer le Christ et son Royaume, plus qu’un droit, est un devoir de l’évangélisateur. Et s’est aussi un droit des hommes ses frères de recevoir de lui l’annonce de la Bonne Nouvelle du salut. Ce salut, Dieu peut l’accomplir en qui Il veut par des voies extraordinaires que lui seul connaît.[133] Et cependant, si son Fils est venu, ce fut précisément pour nous révéler, par sa parole et par sa vie, les chemins ordinaires du salut. Et il nous a ordonné de transmettre aux autres cette révélation avec la même autorité que lui. Il se serait pas inutile que chaque chrétien et chaque évangélisateur approfondisse dans la prière cette pensée : les hommes pourront se sauver aussi par d’autres chemins, grâce à la miséricorde de Dieu, même si nous ne leur annonçons pas l’Evangile ; mais nous, pouvons-nous nous sauver si par négligence, par peur, par honte — ce que saint Paul appelait “ rougir de l’Evangile ”[134] — ou par suite d’idées fausses nous omettons de l’annoncer ? Car ce serait alors trahir l’appel de Dieu qui, par la voix des ministres de l’Evangile, veut faire germer la semence ; et il dépendra de nous que celle-ci devienne un arbre et produise tout son fruit.

Gardons donc la ferveur de l’esprit. Gardons la douce et réconfortante joie d’évangéliser, même lorsque c’est dans les larmes qu’il faut semer. Que ce soit pour nous — comme pour Jean-Baptiste, pour Pierre et Paul, pour les autres Apôtres, pour une multitude d’admirables évangélisateurs tout au long de l’histoire de l’Eglise — un élan intérieur que personne ni rien ne saurait éteindre. Que ce soit la grande joie de nos vies données. Et que le monde de notre temps qui cherche, tantôt dans l’angoisse, tantôt dans l’espérance, puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non d’évangélisateurs tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais de ministres de l’Evangile dont la vie rayonne de ferveur, qui ont les premiers reçus en eux la joie du Christ, et qui acceptent de jouer leur vie pour que le Royaume soit annoncé et l’Eglise implantée au coeur du monde.

CONCLUSION

La consigne de l’Année Sainte

81. Voilà donc, Frères et Fils, le cri qui monte du fond de notre coeur, en écho à la voix de nos Frères réunis pour la troisième Assemblée générale du Synode des Evêques. Voilà la consigne que Nous avons voulu donner à la fin d’une Année Sainte qui Nous a permis de percevoir plus que jamais les besoins et les appels d’une multitude de frères, chrétiens et non chrétiens, qui attendent de l’Eglise la Parole du salut.

Que la lumière de l’Année Sainte, qui s’est levée dans les Eglises particulières et à Rome pour des millions de consciences réconciliées avec Dieu, puisse rayonner également après le Jubilé à travers un programme d’action pastorale, dont l’évangélisation est l’aspect fondamental, pour ces années qui marquent la veille d’un nouveau siècle, la veille aussi du troisième millénaire du christianisme !

Marie, Etoile de l’évangélisation

82. Tel est le voeu que Nous nous réjouissons de déposer entre les mains et dans le coeur de la Très Sainte Vierge Marie, l’Immaculée, en ce jour qui lui est spécialement consacré, au dixième anniversaire de la clôture du Concile Vatican II. Au matin de la Pentecôte, elle a présidé dans la prière au début de l’évangélisation sous l’action de l’Esprit Saint : qu’elle soit l’Etoile de l’évangélisation toujours renouvelée que l’Eglise, docile au mandat de son Seigneur, doit promouvoir et accomplir, surtout en ces temps à la fois difficiles et pleins d’espoir !

Au nom du Christ, Nous vous bénissons, vous, vos communautés, vos familles, tous ceux qui vous sont attachés, avec les paroles qu’adressait saint Paul aux Philippiens : “ Je rends grâce à mon Dieu chaque fois que je fais mémoire de vous, en tout temps dans toutes mes prières pour vous tous, prières que je fais avec joie, car je me rappelle la part que vous avez prise à l’Evangile (...). Je vous porte en mon coeur, vous qui (...) dans la défense et l’affermissement de l’Evangile, vous associez tous à la grâce qui m’est faite. Oui, Dieu m’est témoin que je vous aime tendrement dans le coeur du Christ Jésus ”. [135]

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 8 décembre 1975, en la solennité de l’Immaculée-Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, treizième année de notre Pontificat. 

NOTES

(1) Cf. Lc 22, 32.

(2) 2 Co 11, 28.

(3) Concile oecuménique Vatican II, Décret sur l’activité missionnaire de l’Eglise Ad Gentes, n. 1 : AAS 58 (1966), p. 947.

(4) Cf. Ep 4, 24 ; 2, 15 ; Col 3, 10 ; Ga 3, 27 ; Rm 13, 14 ; 2 Co 5, 17.

(5) 2 Co 5, 20.

(6) Cf. Paul VI, Allocution pour la clôture de la troisième Assemblée générale du Synode des Évêques (26 octobre 1974) : AAS 66 (1974), pp. 634-635, 637.

(7) AAS 65 (1973), p. 383.

(8) 2 Co 11, 28.

(9) 1 Tm 5, 17.

(10) 2 Tm 2 , 15.

(11) Cf. 1 Co 2, 5.

(12) Lc 4, 43.

(13) Ibid.

(14) Lc 4, 18 ; cf. Is 61, 1.

(15) Cf. Mc 1,1 ; Rm 1, 1-3.

(16) Cf. Mt 6, 33.

(17) Cf. Mt 5, 3-12.

(18) Cf. Mt 5-7.

(19) Cf. Mt 10.

(20) Cf. Mt 13.

(21) Cf. Mt 18.

(22) Cf. Mt 24-25.

(23) Cf. Mt 24, 36 ; Ac l, 7 ; 1 Tm 5, 1-2.

(24) Cf. Mt 11, 12 ; Lc 16, 16.

(25) Cf. Mt 4, 17.

(26) Mc 1, 27.

(27) Lc 4, 22.

(28) Jn 7, 46.

(29) Lc 4, 43.

(30) Jn 11, 52.

(31) Cf. Concile oecuménique Vatican II, Constitution dogmatique sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 4 : AAS 58 (1966), pp. 818-819.

(32) 1 P 2 9.

(33) Cf. Ac 2, 11.

(34) Lc 4, 43.

(35) 1 Co 9, 16.

(36) Déclaration des Pères du Synode, n. 4 : L’Osservatore Romano (27 octobre 1974), p. 6.

(37) Mt 28, 19.

(38) Ac 2, 41.47.

(39) Cf. Concile oecuménique Vatican II, Constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen gentium, n. 8 : AAS 57 (1965), p. 11 ; Décret sur l’activité missionnaire de l’Eglise Ad gentes, n. 5 : AAS 58 (1966), pp. 951-952.

(40) Cf. Ac 2, 42-46 ; 4, 32-35 ; 5, 12-16.

(41) Cf. Ac 2, 11 ; 1 P 2, 9.

(42) Cf. Décret sur l’activité missionnaire de l’Eglise Ad gentes, nn. 5, 11-12 : AAS 58 (1966), pp. 951-952, 959-961.

(43) Cf. 2 Co 4, 5 ; S. Augustin, Sermo XLVI, De Pastoribus : CCL XLI, pp. 529-530.

(44) Lc 10, 16 ; cf. S Cyprien, De unitate Ecclesiae, 14 ; PL 4, 527 ; S Augustin, Enarrat. 88, sermo, 2, 14 : PL 37, 1140 ; S. Jean Chrysostome, Hom. de capto Eutropio, 6 : PG 52, 402.

(45) Ep 5, 25.

(46) Ap 21, 5 ; cf. 2 Co 5, 17 ; Ga 6, 15.

(47) Cf. Rm 6, 4.

(48) Cf. Ep 4, 23-24 ; Col 3, 9-10.

(49) Cf. Rm 1, 16 ; 1 Co 1, 18 ; 2,4.

(50) Cf. n. 53 : AAS 58 (1966), p 1075.

(51) Cf. Tertullien, Apologeticum, 39 : CCL I, pp. 150-153 ; Minucius Félix, Octavius, 9 et 31 : CSLP, Turin 1963, pp. 11-13, 47-48.

(52) 1 P 3, 15.

(53) Cf. Concile oecuménique Vatican II, Constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen gentium, nn. 1, 9 et 48 : AAS 57 (1965), pp. 5, 12-14, 53-54 ; Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps Gaudium et spes, nn. 42 et 45 : AAS 58 (1966), pp. 1060-1061, 1065-1066 ; Décret sur l’activité missionnaire de l’Eglise Ad gentes, nn. 1 et 5 : AAS 58 (1966), pp. 947, 951-952.

(54) Cf. Rm 1, 16 ; 1 Co 1, 18.

(55) Cf. Ac 17, 22-23.

(56) 1 Jn 3, 1 ; cf. Rm 8, 14-17.

(57) Cf. Ep 2, 8 ; Rm 1, 16. Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Declaratio ad fidem tuendam in mysteria Incarnationis et SS. Trinitatis a quibusdam recentibus erroribus (21 février 1972) : AAS 64 (1972), pp. 237-241.

(58) Cf. 1 Jn 3, 2 ; Rm 8, 29 ; Ph 3, 20-21. Cf. Concile oecuménique Vatican II, Constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen gentium, nn. 48-51 : AAS 57 (1965), pp. 53-58.

(59) Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Declaratio circa Catholicam Doctrinam de Ecclesia contra nonnullos errores hodiernos tuendam (24 juin 1973) : AAS 65 (1973), pp. 396-408.

(60) Cf. Concile oecuménique Vatican II, Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps Gaudium et spes, nn. 47-52 : AAS 58 (1966), pp. 1067-1074 ; Paul VI, Encyclique Humanae vitae ; AAS 60 (1968) pp. 481-503.

(61) Allocution pour l’ouverture de la troisième Assemblée générale du Synode des Evêques (27 septembre 1974) : AAS 66 (1974), p 562.

(62) Ibid.

(63) Allocution aux “ Campesinos ” (23 août 1968) : AAS 60 (1969), p. 623.

(64) Paul VI, Allocution prononcée à Bogota, pour la “ Journée du Développement ” (23 août 1968) : AAS 60, p 627 ; cf. S Augustin, Epistola 229, 2 : PL 33, 1020.

(65) Allocution pour la clôture de la troisième Assemblée générale du Synode des Evêques (26 octobre 1974) : AAS 66 (1974), p. 637.

(66) Allocution à l’Audience générale du 15 octobre 1975 : cf. L’Osservatore Romano du 17 octobre 1975, p. 1.

(67) Allocution aux membres du Conseil des Laïcs (2 octobre 1974) : AAS 66 (1974), p. 568

(68) Cf. 1 P 3, 1.

(69) Rm 10, 14. 17.

(70) Cf. 1 Co 2, 1-5.

(71) Rm 10, 17.

(72) Cf. Mt 10, 27 ; Lc 12, 3.

(73) Mc 16, 15.

(74) Cf. S Justin, I Apologia, 46, 1-4 ; II Apologia 7 (8), 1-4 ; 10 1-3 ; 13, 3-4 ; Florilegium Patristicum II, Bonn 19112, pp. 81, 125, 129, 133 ; Clément d’Alexandrie, Stromata I, 19, 91, 94 : S Ch 30, pp. 117-118 ; 119-120 ; Concile oecuménique Vatican II, Décret sur l’activité missionnaire de l’Eglise Ad gentes, n. 11 : AAS 58 (1966), p. 960 ; Constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen gentium, n. 17. AAS 57 (1965), p. 20.

(75) Eusèbe de Césarée, Praeparatio Evangelica, I, 1 : PG 21, 26-28 ; cf. Concile oecuménique Vatican II, Constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen gentium, n. 16 : AAS 57 (1965), p. 20.

(76) Cf. Ep 3, 8.

(77) H. de Lubac, s.j., Le drame de l’humanisme athée, Ed. Spes, Paris 1945.

(78) Cf. Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps Gaudium et spes, n. 59 : AAS 58 (1966), p 1080.

(79)1 Tim 2, 4.

(80) Mt 9, 36 ; 15, 32.

(81) Rm 10, 15.

(82) Déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis humanae, n. 13 : AAS 58 (1966), p 939 ; cf. Constitution dogmatique sur l'EgliseLumen gentium, n. 5 : AAS 57 (1965), pp. 7-8 ; Décret sur l'activité missionnaire de l'Eglise Ad gentes, n. 1 : AAS 58 (1966), p. 947.

(83) Décret dur l'activité missionnaire de l'Eglise Ad gentes, n. 35 : AAS 58 (1966), p. 983.

(84) S. Augustin, Enarrat. in Ps 44, 23 : CCL XXXVIII, p. 510 ; cf. Décret sur l'activité missionnaire de l'Eglise, Ad gentes, n. 1 : AAS 58 (1966), p 947.

(85) S. Grégoire le Grand, Homil. in Evangelia, 19, 1 : PL 76, 1154.

(86) Ac 1, 8 ; cf. Didachè, 9, 1 : Funk, Patres Apostolici, 1, 22.

(87) Mt 28, 20.

(88) Cf. Mt 13, 32.

(89) Cf. Mt 13, 47.

(90) Cf. Jn 21, 11.

(91) Cf. Jn 10, 1-16.

(92) Cf. Concile oecuménique Vatican II, Constitution sur la sainte liturgie Sacrosanctum Concilium, nn. 37-38: AAS 56 (1964), p. 110 ; cf. aussi les livres liturgiques et les autres documents publiés ensuite par le Saint-Siège pour réaliser la réforme liturgique voulue par le Concile Vatican II.

(93) Allocution pour la clôture de la troisième Assemblée générale du Synode des Evêques (26 octobre 1974) ; AAS 66 (1974), p. 636.

(94) Cf. Jn 15, 16 ; Mc 3, 13-19 ; Lc 6 13-16.

(95) Cf. Ac 1, 21-22.

(96) Cf. Mc 3, 14.

(97) Cf, Mc 3, 14-15 ; Lc 9, 2.

(98) Ac 4, 8 ; cf. Ac 2, 14 ; 3, 12.

(99) Cf. S. Léon le Grand, Sermo 69, 3 ; Sermo 70, 1-3 ; Sermo 94, 3 ; Sermo 95, 2 : Sources chrétiennes 200, pp. 5052 ; 58-66 ; 258-260 ; 268.

(100) Cf. Concile oecuménique de Lyon I, Constitution Ad apostolicae dignitatis: Conciliorum Oecumenicorum Decreta, Ed. Istituto per le Scienze Religiose, Bologno 1973, p. 278 ; Concile oecuménique de Vienne, Constitution Ad providam Christi, ed. cit., p. 343 ; Concile oecuménique Latran V, Constitution In apostolici culminis, ed. cit., p. 608 ; Constitution Postquam ad universalis, ed. cit., p. 609 ; Constitution Supernae dispositionis. ed. cit., p. 614 ; Constitution Divina disponente clementia, ed cit., p 638.

(101) Décret sur l'activité missionnaire de Eglise Ad gentes n. 38 : AAS 58 (1966), p 985.

(102) Cf. Concile oecuménique Vatican II, Constitution dogmatique sur l'Eglise Lumen gentium, n. 22 : AAS 57 (1965), p. 26.

(103) Cf. Concile oecuménique Vatican II, Constitution dogmatique sur l'Eglise Lumen gentium, nn. 10, 37 : AAS 57 (1965), pp. 14, 43 ; Décret sur l'activité missionnaire de Ad gentes, n. 39 : AAS 58 (1966), p. 986 ; Décret sur le ministère et la vie des prêtresPresbyterorum ordinis, nn. 2, 12, 13 : AAS 58 (1966, pp. 992, 1010, 1011).

(104) Cf. 1 Th 2, 9.

(105) Cf. 1 P 5, 4.

(106) Constitution dogmatique sur l'Eglise Lumen gentium, n. 11 : AAS 57 (1965), p. 16 ; Décret sur l'apostolat des laïcsApostolicam actuositatem, n. 11 : AAS 58 (1966), p 848 ; S. Jean Chrysostome, In genesim Serm. VI, 2 ; VII, 1 : PG 54, 607-608.

(107) Mt 3, 17.

(108) Mt 4, 1.

(109) Lc 4, 14.

(110) Lc 4, 18. 21 ; cf. Is 61, 1.

(111) Jn 20, 22.

(112) Ac 2, 17.

(113) Cf. Ac 4, 8.

(114) Ac 9, 17.

(115) Cf. Ac 6, 5. 10 ; 7, 55.

(116) Ac 10, 44.

(117) Cf. Ac 9, 31.

(118) Cf. Concile oecuménique Vatican II, Décret sur l'activité missionnaire de l'Eglise Ad gentes, n. 4 : AAS 58 (1966), pp. 950-951.

(119) Jn 17, 21.

(120) Cf. Ac 20, 28.

(121) Cf. Concile oecuménique Vatican II, Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, n. 13 : AAS 58 (1966), p. 1011.

(122) Cf. He 11, 27.

(123) Décret sur l'activité missionnaire de l'Eglise Ad gentes, n. 6 : AAS 58 (1966), pp. 954-955 ; cf. Décret sur l'oecuménismeUnitatis redintegratio, n. 1 : AAS 57 (1965), pp. 90-91.

(124) Bulle Apostolorum Limina, VII : AAS 66 (1974), p. 305.

(125) Rm 5, 5.

(126) Cf. Jn 8, 32.

(127) 1 Th 2, 8 ; cf. Ph 1, 8.

(128) Cf. 1 Th 2, 7-11 ; 1 Co 4, 15 ; Ga 4, 19.

(129) Cf. 1 Co 8, 9-13.

(130) Cf. Rm 12, 11.

(131) Cf. Concile oecuménique Vatican II, Déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis humanae, n. 4 : AAS 58 91966), p 933.

(132) Cf. ibid., nn. 9-14, l. c. pp. 935-940.

(133) Cf. Concile Oecuménique Vatican II, Décret sur l'activité missionnaire de l'Eglise Ad gentes, n. 7 : AAS 58 (1966), p. 955.

(134) Cf. Rm 1, 16.

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EVANGELII NUNTIANDI

APOSTOLIC EXHORTATION
OF HIS HOLINESS
POPE PAUL VI
TO THE EPISCOPATE, TO THE CLERGY
AND TO ALL THE FAITHFUL
OF THE ENTIRE WORLD


Venerable brothers and dear sons and daughters:

health and the apostolic blessing.


1. There is no doubt that the effort to proclaim the Gospel to the people of today, who are buoyed up by hope but at the same time often oppressed by fear and distress, is a service rendered to the Christian community and also to the whole of humanity.

For this reason the duty of confirming the brethren - a duty which with the office of being the Successor of Peter[1] we have received from the Lord, and which is for us a "daily preoccupation,"[2] a program of life and action, and a fundamental commitment of our Pontificate - seems to us all the more noble and necessary when it is a matter of encouraging our brethren in their mission as evangelizers, in order that, in this time of uncertainty and confusion, they may accomplish this task with ever increasing love, zeal and joy.

2. This is precisely what we wish to do here, at the end of this Holy Year during which the Church, "striving to proclaim the Gospel to all people,"[3] has had the single aim of fulfilling her duty of being the messenger of the Good News of Jesus Christ - the Good News proclaimed through two fundamental commands: "Put on the new self"[4] and "Be reconciled to God."[5]

We wish to do so on this tenth anniversary of the closing of the Second Vatican Council, the objectives of which are definitively summed up in this single one: to make the Church of the twentieth century ever better fitted for proclaiming the Gospel to the people of the twentieth century
We wish to do so one year after the Third General Assembly of the Synod of Bishops, which as is well known, was devoted to evangelization; and we do so all the more willingly because it has been asked of us by the Synod Fathers themselves. In fact, at the end of that memorable Assembly, the Fathers decided to remit to the Pastor of the universal Church, with great trust and simplicity, the fruits of all their labors, stating that they awaited from him a fresh forward impulse, capable of creating within a Church still more firmly rooted in the undying power and strength of Pentecost a new period of evangelization.[6]

3. We have stressed the importance of this theme of evangelization on many occasions, well before the Synod took place. On June 22, 1973, we said to the Sacred College of Cardinals: "The conditions of the society in which we live oblige all of us therefore to revise methods, to seek by every means to study how we can bring the Christian message to modern man. For it is only in the Christian message that modern man can find the answer to his questions and the energy for his commitment of human solidarity."[7] And we added that in order to give a valid answer to the demands of the Council which call for our attention, it is absolutely necessary for us to take into account a heritage of faith that the Church has the duty of preserving in its untouchable purity, and of presenting it to the people of our time, in a way that is as understandable and persuasive as possible.

4. This fidelity both to a message whose servants we are and to the people to whom we must transmit it living and intact is the central axis of evangelization. It poses three burning questions, which the 1974 Synod kept constantly in mind:

- In our day, what has happened to that hidden energy of the Good News, which is able to have a powerful effect on man's conscience?

- To what extent and in what way is that evangelical force capable of really transforming the people of this century?

- What methods should be followed in order that the power of the Gospel may have its effect?

Basically, these inquiries make explicit the fundamental question that the Church is asking herself today and which may be expressed in the following terms: after the Council and thanks to the Council, which was a time given her by God, at this turning-point of history, does the Church or does she not find herself better equipped to proclaim the Gospel and to put it into people's hearts with conviction, freedom of spirit and effectiveness?

5. We can all see the urgency of giving a loyal, humble and courageous answer to this question, and of acting accordingly.

In our "anxiety for all the Churches,"[8] we would like to help our brethren and sons and daughters to reply to these inquiries. Our words come from the wealth of the Synod and are meant to be a meditation on evangelization. May they succeed in inviting the whole People of God assembled in the Church to make the same meditation; and may they give a fresh impulse to everyone, especially those "who are assiduous in preaching and teaching,"[9] so that each one of them may follow "a straight course in the message of the truth,"[10] and may work as a preacher of the Gospel and acquit himself perfectly of his ministry.

Such an exhortation seems to us to be of capital importance, for the presentation of the Gospel message is not an optional contribution for the Church. It is the duty incumbent on her by the command of the Lord Jesus, so that people can believe and be saved. This message is indeed necessary. It is unique. It cannot be replaced. It does not permit either indifference, syncretism or accommodation. It is a question of people's salvation. It is the beauty of the Revelation that it represents. It brings with it a wisdom that is not of this world. It is able to stir up by itself faith - faith that rests on the power of God.[11] It is truth. It merits having the apostle consecrate to it all his time and all his energies, and to sacrifice for it, if necessary, his own life.

6. The witness that the Lord gives of Himself and that Saint Luke gathered together in his Gospel - "I must proclaim the Good News of the kingdom of God"[12] - without doubt has enormous consequences, for it sums up the whole mission of Jesus: "That is what I was sent to do."[13] These words take on their full significance if one links them with the previous verses, in which Christ has just applied to Himself the words of the prophet Isaiah: "The Spirit of the Lord has been given to me, for he has anointed me. He has sent me to bring the good news to the poor."[14]

Going from town to town, preaching to the poorest - and frequently the most receptive - the joyful news of the fulfillment of the promises and of the Covenant offered by God is the mission for which Jesus declares that He is sent by the Father. And all the aspects of His mystery - the Incarnation itself, His miracles, His teaching, the gathering together of the disciples, the sending out of the Twelve, the cross and the resurrection, the permanence of His presence in the midst of His own - were components of His evangelizing activity.

7. During the Synod, the bishops very frequently referred to this truth: Jesus Himself, the Good News of God,[15] was the very first and the greatest evangelizer; He was so through and through: to perfection and to the point of the sacrifice of His earthly life.

To evangelize: what meaning did this imperative have for Christ? It is certainly not easy to express in a complete synthesis the meaning, the content and the modes of evangelization as Jesus conceived it and put it into practice. In any case the attempt to make such a synthesis will never end. Let it suffice for us to recall a few essential aspects.

8. As an evangelizer, Christ first of all proclaims a kingdom, the kingdom of God; and this is so important that, by comparison, everything else becomes "the rest," which is "given in addition."[16] Only the kingdom therefore is absolute and it makes everything else relative. The Lord will delight in describing in many ways the happiness of belonging to this kingdom (a paradoxical happiness which is made up of things that the world rejects),[17] the demands of the kingdom and its Magna Charta,[18] the heralds of the kingdom,[19] its mysteries,[20] its children,[21] the vigilance and fidelity demanded of whoever awaits its definitive coming.[22]

9. As the kernel and center of His Good News, Christ proclaims salvation, this great gift of God which is liberation from everything that oppresses man but which is above all liberation from sin and the Evil One, in the joy of knowing God and being known by Him, of seeing Him, and of being given over to Him. All of this is begun during the life of Christ and definitively accomplished by His death and resurrection. But it must be patiently carried on during the course of history, in order to be realized fully on the day of the final coming of Christ, whose date is known to no one except the Father.[23]

10. This kingdom and this salvation, which are the key words of Jesus Christ's evangelization, are available to every human being as grace and mercy, and yet at the same time each individual must gain them by force - they belong to the violent, says the Lord,[24] through toil and suffering, through a life lived according to the Gospel, through abnegation and the cross, through the spirit of the beatitudes. But above all each individual gains them through a total interior renewal which the Gospel calls metanoia; it is a radical conversion, a profound change of mind and heart.[25]

11. Christ accomplished this proclamation of the kingdom of God through the untiring preaching of a word which, it will be said, has no equal elsewhere: "Here is a teaching that is new, and with authority behind it."[26] "And he won the approval of all, and they were astonished by the gracious words that came from his lips.[27] There has never been anybody who has spoken like him."[28] His words reveal the secret of God, His plan and His promise, and thereby change the heart of man and his destiny.

12. But Christ also carries out this proclamation by innumerable signs, which amaze the crowds and at the same time draw them to Him in order to see Him, listen to Him and allow themselves to be transformed by Him: the sick are cured, water is changed into wine, bread is multiplied, the dead come back to life. And among all these signs there is the one to which He attaches great importance: the humble and the poor are evangelized, become His disciples and gather together "in His name" in the great community of those who believe in Him. For this Jesus who declared, "I must preach the Good News of the Kingdom of God"[29] is the same Jesus of whom John the Evangelist said that He had come and was to die "to gather together in unity the scattered children of God."[30] Thus He accomplishes His revelation, completing it and confirming it by the entire revelation that He makes of Himself, by words and deeds, by signs and miracles, and more especially by His death, by His resurrection and by the sending of the Spirit of Truth.[31]

13. Those who sincerely accept the Good News, through the power of this acceptance and of shared faith therefore gather together in Jesus' name in order to seek together the kingdom, build it up and live it. They make up a community which is in its turn evangelizing. The command to the Twelve to go out and proclaim the Good News is also valid for all Christians, though in a different way. It is precisely for this reason that Peter calls Christians "a people set apart to sing the praises of God,"[32] those marvelous things that each one was able to hear in his own language.[33] Moreover, the Good News of the kingdom which is coming and which has begun is meant for all people of all times. Those who have received the Good News and who have been gathered by it into the community of salvation can and must communicate and spread it.

14. The Church knows this. She has a vivid awareness of the fact that the Savior's words, "I must proclaim the Good News of the kingdom of God,"[34] apply in all truth to herself: She willingly adds with St. Paul: "Not that I boast of preaching the gospel, since it is a duty that has been laid on me; I should be punished if I did not preach it"[35] It is with joy and consolation that at the end of the great Assembly of 1974 we heard these illuminating words: "We wish to confirm once more that the task of evangelizing all people constitutes the essential mission of the Church."[36] It is a task and mission which the vast and profound changes of present-day society make all the more urgent. Evangelizing is in fact the grace and vocation proper to the Church, her deepest identity. She exists in order to evangelize, that is to say, in order to preach and teach, to be the channel of the gift of grace, to reconcile sinners with God, and to perpetuate Christ's sacrifice in the Mass, which is the memorial of His death and glorious resurrection.

15. Anyone who rereads in the New Testament the origins of the Church, follows her history step by step and watches her live and act, sees that she is linked to evangelization in her most intimate being:
- The Church is born of the evangelizing activity of Jesus and the Twelve. She is the normal, desired, most immediate and most visible fruit of this activity: "Go, therefore, make disciples of all the nations."[37] Now, "they accepted what he said and were baptized. That very day about three thousand were added to their number.... Day by day the Lord added to their community those destined to be saved."[38] - Having been born consequently out of being sent, the Church in her turn is sent by Jesus. The Church remains in the world when the Lord of glory returns to the Father. She remains as a sign - simultaneously obscure and luminous - of a new presence of Jesus, of His departure and of His permanent presence. She prolongs and continues Him. And it is above all His mission and His condition of being an evangelizer that she is called upon to continue.[39] For the Christian community is never closed in upon itself. The intimate life of this community - the life of listening to the Word and the apostles' teaching, charity lived in a fraternal way, the sharing of bread[40] this intimate life only acquires its full meaning when it becomes a witness, when it evokes admiration and conversion, and when it becomes the preaching and proclamation of the Good News. Thus it is the whole Church that receives the mission to evangelize, and the work of each individual member is important for the whole.

- The Church is an evangelizer, but she begins by being evangelized herself. She is the community of believers, the community of hope lived and communicated, the community of brotherly love, and she needs to listen unceasingly to what she must believe, to her reasons for hoping, to the new commandment of love. She is the People of God immersed in the world, and often tempted by idols, and she always needs to hear the proclamation of the "mighty works of God"[41] which converted her to the Lord; she always needs to be called together afresh by Him and reunited. In brief, this means that she has a constant need of being evangelized, if she wishes to retain freshness, vigor and strength in order to proclaim the Gospel. The Second Vatican Council recalled[42] and the 1974 Synod vigorously took up again this theme of the Church which is evangelized by constant conversion and renewal, in order to evangelize the world with credibility.

- The Church is the depositary of the Good News to be proclaimed. The promises of the New Alliance in Jesus Christ, the teaching of the Lord and the apostles, the Word of life, the sources of grace and of God's loving kindness, the path of salvation - all these things have been entrusted to her. It is the content of the Gospel, and therefore of evangelization, that she preserves as a precious living heritage, not in order to keep it hidden but to communicate it.

- Having been sent and evangelized, the Church herself sends out evangelizers. She puts on their lips the saving Word, she explains to them the message of which she herself is the depositary, she gives them the mandate which she herself has received and she sends them out to preach. To preach not their own selves or their personal ideas,[43] but a Gospel of which neither she nor they are the absolute masters and owners, to dispose of it as they wish, but a Gospel of which they are the ministers, in order to pass it on with complete fidelity.

16. There is thus a profound link between Christ, the Church and evangelization. During the period of the Church that we are living in, it is she who has the task of evangelizing. This mandate is not accomplished without her, and still less against her.

It is certainly fitting to recall this fact at a moment like the present one when it happens that not without sorrow we can hear people - whom we wish to believe are well-intentioned but who are certainly misguided in their attitude - continually claiming to love Christ but without the Church, to listen to Christ but not the Church, to belong to Christ but outside the Church. The absurdity of this dichotomy is clearly evident in this phrase of the Gospel: "Anyone who rejects you rejects me."[44] And how can one wish to love Christ without loving the Church, if the finest witness to Christ is that of St. Paul: "Christ loved the Church and sacrificed himself for her"?[45]

17. In the Church's evangelizing activity there are of course certain elements and aspects to be specially insisted on. Some of them are so important that there will be a tendency simply to identify them with evangelization. Thus it has been possible to define evangelization in terms of proclaiming Christ to those who do not know Him, of preaching, of catechesis, of conferring Baptism and the other sacraments.

Any partial and fragmentary definition which attempts to render the reality of evangelization in all its richness, complexity and dynamism does so only at the risk of impoverishing it and even of distorting it. It is impossible to grasp the concept of evangelization unless one tries to keep in view all its essential elements.

These elements were strongly emphasized at the last Synod, and are still the subject of frequent study, as a result of the Synod's work. We rejoice in the fact that these elements basically follow the lines of those transmitted to us by the Second Vatican Council, especially in "Lumen gentium," "Gaudium et spes" and "Ad gentes."

18. For the Church, evangelizing means bringing the Good News into all the strata of humanity, and through its influence transforming humanity from within and making it new: "Now I am making the whole of creation new."[46] But there is no new humanity if there are not first of all new persons renewed by Baptism[47] and by lives lived according to the Gospel.[48] The purpose of evangelization is therefore precisely this interior change, and if it had to be expressed in one sentence the best way of stating it would be to say that the Church evangelizes when she seeks to convert,[49] solely through the divine power of the message she proclaims, both the personal and collective consciences of people, the activities in which they engage, and the lives and concrete milieu which are theirs.

19. Strata of humanity which are transformed: for the Church it is a question not only of preaching the Gospel in ever wider geographic areas or to ever greater numbers of people, but also of affecting and as it were upsetting, through the power of the Gospel, mankind's criteria of judgment, determining values, points of interest, lines of thought, sources of inspiration and models of life, which are in contrast with the Word of God and the plan of salvation.

20. All this could he expressed in the following words: what matters is to evangelize man's culture and cultures (not in a purely decorative way, as it were, by applying a thin veneer, but in a vital way, in depth and right to their very roots), in the wide and rich sense which these terms have in Gaudium et spes,[50] always taking the person as one's starting-point and always coming back to the relationships of people among themselves and with God.

The Gospel, and therefore evangelization, are certainly not identical with culture, and they are independent in regard to all cultures. Nevertheless, the kingdom which the Gospel proclaims is lived by men who are profoundly linked to a culture, and the building up of the kingdom cannot avoid borrowing the elements of human culture or cultures. Though independent of cultures, the Gospel and evangelization are not necessarily incompatible with them; rather they are capable of permeating them all without becoming subject to any one of them.

The split between the Gospel and culture is without a doubt the drama of our time, just as it was of other times. Therefore every effort must be made to ensure a full evangelization of culture, or more correctly of cultures. They have to be regenerated by an encounter with the Gospel. But this encounter will not take place if the Gospel is not proclaimed.

21. Above all the Gospel must be proclaimed by witness. Take a Christian or a handful of Christians who, in the midst of their own community, show their capacity for understanding and acceptance, their sharing of life and destiny with other people, their solidarity with the efforts of all for whatever is noble and good. Let us suppose that, in addition, they radiate in an altogether simple and unaffected way their faith in values that go beyond current values, and their hope in something that is not seen and that one would not dare to imagine. Through this wordless witness these Christians stir up irresistible questions in the hearts of those who see how they live: Why are they like this? Why do they live in this way? What or who is it that inspires them? Why are they in our midst? Such a witness is already a silent proclamation of the Good News and a very powerful and effective one. Here we have an initial act of evangelization. The above questions will ask, whether they are people to whom Christ has never been proclaimed, or baptized people who do not practice, or people who live as nominal Christians but according to principles that are in no way Christian, or people who are seeking, and not without suffering, something or someone whom they sense but cannot name. Other questions will arise, deeper and more demanding ones, questions evoked by this witness which involves presence, sharing, solidarity, and which is an essential element, and generally the first one, in evangelization."[51]

All Christians are called to this witness, and in this way they can be real evangelizers. We are thinking especially of the responsibility incumbent on immigrants in the country that receives them.

22. Nevertheless this always remains insufficient, because even the finest witness will prove ineffective in the long run if it is not explained, justified - what Peter called always having "your answer ready for people who ask you the reason for the hope that you all have"[52] - and made explicit by a clear and unequivocal proclamation of the Lord Jesus. The Good News proclaimed by the witness of life sooner or later has to be proclaimed by the word of life. There is no true evangelization if the name, the teaching, the life, the promises, the kingdom and the mystery of Jesus of Nazareth, the Son of God are not proclaimed. The history of the Church, from the discourse of Peter on the morning of Pentecost onwards, has been intermingled and identified with the history of this proclamation. At every new phase of human history, the Church, constantly gripped by the desire to evangelize, has but one preoccupation: whom to send to proclaim the mystery of Jesus? In what way is this mystery to be proclaimed? How can one ensure that it will resound and reach all those who should hear it? This proclamation - kerygma, preaching or catechesis - occupies such an important place in evangelization that it has often become synonymous with it; and yet it is only one aspect of evangelization.

23. In fact the proclamation only reaches full development when it is listened to, accepted and assimilated, and when it arouses a genuine adherence in the one who has thus received it. An adherence to the truths which the Lord in His mercy has revealed; still more, an adherence to a program of life - a life henceforth transformed - which He proposes. In a word, adherence to the kingdom, that is to say, to the "new world," to the new state of things, to the new manner of being, of living, of living in community, which the Gospel inaugurates. Such an adherence, which cannot remain abstract and unincarnated, reveals itself concretely by a visible entry into a community of believers. Thus those whose life has been transformed enter a community which is itself a sign of transformation, a sign of newness of life: it is the Church, the visible sacrament of salvation.[53] Our entry into the ecclesial community will in its turn be expressed through many other signs which prolong and unfold the sign of the Church. In the dynamism of evangelization, a person who accepts the Church as the Word which saves[54] normally translates it into the following sacramental acts: adherence to the Church, and acceptance of the sacraments, which manifest and support this adherence through the grace which they confer.

24. Finally, the person who has been evangelized goes on to evangelize others. Here lies the test of truth, the touchstone of evangelization: it is unthinkable that a person should accept the Word and give himself to the kingdom without becoming a person who bears witness to it and proclaims it in his turn.

To complete these considerations on the meaning of evangelization, a final observation must be made, one which we consider will help to clarify the reflections that follow.

Evangelization, as we have said, is a complex process made up of varied elements: the renewal of humanity, witness, explicit proclamation, inner adherence, entry into the community, acceptance of signs, apostolic initiative. These elements may appear to be contradictory, indeed mutually exclusive. In fact they are complementary and mutually enriching. Each one must always be seen in relationship with the others. The value of the last Synod was to have constantly invited us to relate these elements rather than to place them in opposition one to the other, in order to reach a full understanding of the Church's evangelizing activity.

It is this global vision which we now wish to outline, by examining the content of evangelization and the methods of evangelizing and by clarifying to whom the Gospel message is addressed and who today is responsible for it.

25. In the message which the Church proclaims there are certainly many secondary elements. Their presentation depends greatly on changing circumstances. They themselves also change. But there is the essential content, the living substance, which cannot be modified or ignored without seriously diluting the nature of evangelization itself.

26. It is not superfluous to recall the following points: to evangelize is first of all to bear witness, in a simple and direct way, to God revealed by Jesus Christ, in the Holy Spirit, to bear witness that in His Son God has loved the world - that in His Incarnate Word He has given being to all things and has called men to eternal life. Perhaps this attestation of God will be for many people the unknown God[55] whom they adore without giving Him a name, or whom they seek by a secret call of the heart when they experience the emptiness of all idols. But it is fully evangelizing in manifesting the fact that for man the Creator is not an anonymous and remote power; He is the Father: "...that we should be called children of God; and so we are."[56] And thus we are one another's brothers and sisters in God.

27. Evangelization will also always contain - as the foundation, center, and at the same time, summit of its dynamism - a clear proclamation that, in Jesus Christ, the Son of God made man, who died and rose from the dead, salvation is offered to all men, as a gift of God's grace and mercy.[57] And not an immanent salvation, meeting material or even spiritual needs, restricted to the framework of temporal existence and completely identified with temporal desires, hopes, affairs and struggles, but a salvation which exceeds all these limits in order to reach fulfillment in a communion with the one and only divine Absolute: a transcendent and eschatological salvation, which indeed has its beginning in this life but which is fulfilled in eternity.

28. Consequently evangelization cannot but include the prophetic proclamation of a hereafter, man's profound and definitive calling, in both continuity and discontinuity with the present situation: beyond time and history, beyond the transient reality of this world, and beyond the things of this world, of which a hidden dimension will one day be revealed - beyond man himself, whose true destiny is not restricted to his temporal aspect but will be revealed in the future life.[58] Evangelization therefore also includes the preaching of hope in the promises made by God in the new Covenant in Jesus Christ; the preaching of God's love for us and of our love for God; the preaching of brotherly love for all men - the capacity of giving and forgiving, of self-denial, of helping one's brother and sister - which, springing from the love of God, is the kernel of the Gospel; the preaching of the mystery of evil and of the active search for good. The preaching likewise - and this is always urgent - of the search for God Himself through prayer which is principally that of adoration and thanksgiving, but also through communion with the visible sign of the encounter with God which is the Church of Jesus Christ; and this communion in its turn is expressed by the application of those other signs of Christ living and acting in the Church which are the sacraments. To live the sacraments in this way, bringing their celebration to a true fullness, is not, as some would claim, to impede or to accept a distortion of evangelization: it is rather to complete it. For in its totality, evangelization - over and above the preaching of a message - consists in the implantation of the Church, which does not exist without the driving force which is the sacramental life culminating in the Eucharist.[59]

29. But evangelization would not be complete if it did not take account of the unceasing interplay of the Gospel and of man's concrete life, both personal and social. This is why evangelization involves an explicit message, adapted to the different situations constantly being realized, about the rights and duties of every human being, about family life without which personal growth and development is hardly possible,[60] about life in society, about international life, peace, justice and development- a message especially energetic today about liberation.

30. It is well known in what terms numerous bishops from all the continents spoke of this at the last Synod, especially the bishops from the Third World, with a pastoral accent resonant with the voice of the millions of sons and daughters of the Church who make up those peoples. Peoples, as we know, engaged with all their energy in the effort and struggle to overcome everything which condemns them to remain on the margin of life: famine, chronic disease, illiteracy, poverty, injustices in international relations and especially in commercial exchanges, situations of economic and cultural neo-colonialism sometimes as cruel as the old political colonialism. The Church, as the bishops repeated, has the duty to proclaim the liberation of millions of human beings, many of whom are her own children- the duty of assisting the birth of this liberation, of giving witness to it, of ensuring that it is complete. This is not foreign to evangelization.

31. Between evangelization and human advancement- development and liberation- there are in fact profound links. These include links of an anthropological order, because the man who is to be evangelized is not an abstract being but is subject to social and economic questions. They also include links in the theological order, since one cannot dissociate the plan of creation from the plan of Redemption. The latter plan touches the very concrete situations of injustice to be combated and of justice to be restored. They include links of the eminently evangelical order, which is that of charity: how in fact can one proclaim the new commandment without promoting in justice and in peace the true, authentic advancement of man? We ourself have taken care to point this out, by recalling that it is impossible to accept "that in evangelization one could or should ignore the importance of the problems so much discussed today, concerning justice, liberation, development and peace in the world. This would be to forget the lesson which comes to us from the Gospel concerning love of our neighbor who is suffering and in need."[61]

The same voices which during the Synod touched on this burning theme with zeal, intelligence and courage have, to our great joy, furnished the enlightening principles for a proper understanding of the importance and profound meaning of liberation, such as it was proclaimed and achieved by Jesus of Nazareth and such as it is preached by the Church.

32. We must not ignore the fact that many, even generous Christians who are sensitive to the dramatic questions involved in the problem of liberation, in their wish to commit the Church to the liberation effort are frequently tempted to reduce her mission to the dimensions of a simply temporal project. They would reduce her aims to a man-centered goal; the salvation of which she is the messenger would be reduced to material well-being. Her activity, forgetful of all spiritual and religious preoccupation, would become initiatives of the political or social order. But if this were so, the Church would lose her fundamental meaning. Her message of liberation would no longer have any originality and would easily be open to monopolization and manipulation by ideological systems and political parties. She would have no more authority to proclaim freedom as in the name of God. This is why we have wished to emphasize, in the same address at the opening of the Synod, "the need to restate clearly the specifically religious finality of evangelization. This latter would lose its reason for existence if it were to diverge from the religious axis that guides it: the kingdom of God, before anything else, in its fully theological meaning...."[62]

33. With regard to the liberation which evangelization proclaims and strives to put into practice one should rather say this:

- it cannot be contained in the simple and restricted dimension of economics, politics, social or cultural life; it must envisage the whole man, in all his aspects, right up to and including his openness to the absolute, even the divine Absolute;

- it is therefore attached to a view of man which it can never sacrifice to the needs of any strategy, practice or short-term efficiency.

34. Hence, when preaching liberation and associating herself with those who are working and suffering for it, the Church is certainly not willing to restrict her mission only to the religious field and dissociate herself from man's temporal problems. Nevertheless she reaffirms the primacy of her spiritual vocation and refuses to replace the proclamation of the kingdom by the proclamation of forms of human liberation- she even states that her contribution to liberation is incomplete if she neglects to proclaim salvation in Jesus Christ.

35. The Church links human liberation and salvation in Jesus Christ, but she never identifies them, because she knows through revelation, historical experience and the reflection of faith that not every notion of liberation is necessarily consistent and compatible with an evangelical vision of man, of things and of events; she knows too that in order that God's kingdom should come it is not enough to establish liberation and to create well-being and development.

And what is more, the Church has the firm conviction that all temporal liberation, all political liberation- even if it endeavors to find its justification in such or such a page of the Old or New Testament, even if it claims for its ideological postulates and its norms of action theological data and conclusions, even if it pretends to be today's theology- carries within itself the germ of its own negation and fails to reach the ideal that it proposes for itself whenever its profound motives are not those of justice in charity, whenever its zeal lacks a truly spiritual dimension and whenever its final goal is not salvation and happiness in God.

36. The Church considers it to be undoubtedly important to build up structures which are more human, more just, more respectful of the rights of the person and less oppressive and less enslaving, but she is conscious that the best structures and the most idealized systems soon become inhuman if the inhuman inclinations of the human heart are not made wholesome, if those who live in these structures or who rule them do not undergo a conversion of heart and of outlook.

37. The Church cannot accept violence, especially the force of arms- which is uncontrollable once it is let loose- and indiscriminate death as the path to liberation, because she knows that violence always provokes violence and irresistibly engenders new forms of oppression and enslavement which are often harder to bear than those from which they claimed to bring freedom. We said this clearly during our journey in Colombia: "We exhort you not to place your trust in violence and revolution: that is contrary to the Christian spirit, and it can also delay instead of advancing that social uplifting to which you lawfully aspire."[63] "We must say and reaffirm that violence is not in accord with the Gospel, that it is not Christian; and that sudden or violent changes of structures would be deceitful, ineffective of themselves, and certainly not in conformity with the dignity of the people."[64]

38. Having said this, we rejoice that the Church is becoming ever more conscious of the proper manner and strictly evangelical means that she possesses in order to collaborate in the liberation of many. And what is she doing? She is trying more and more to encourage large numbers of Christians to devote themselves to the liberation of men. She is providing these Christian "liberators" with the inspiration of faith, the motivation of fraternal love, a social teaching which the true Christian cannot ignore and which he must make the foundation of his wisdom and of his experience in order to translate it concretely into forms of action, participation and commitment. All this must characterize the spirit of a committed Christian, without confusion with tactical attitudes or with the service of a political system. The Church strives always to insert the Christian struggle for liberation into the universal plan of salvation which she herself proclaims.

What we have just recalled comes out more than once in the Synod debates. In fact we devoted to this theme a few clarifying words in our address to the Fathers at the end of the assembly.[65]

It is to be hoped that all these considerations will help to remove the ambiguity which the word "liberation" very often takes on in ideologies, political systems or groups. The liberation which evangelization proclaims and prepares is the one which Christ Himself announced and gave to man by His sacrifice.

39. The necessity of ensuring fundamental human rights cannot be separated from this just liberation which is bound up with evangelization and which endeavors to secure structures safeguarding human freedoms. Among these fundamental human rights, religious liberty occupies a place of primary importance. We recently spoke of the relevance of this matter, emphasizing "how many Christians still today, because they are Christians, because they are Catholics, live oppressed by systematic persecution! The drama of fidelity to Christ and of the freedom of religion continues, even if it is disguised by categorical declarations in favor of the rights of the person and of life in society!"[66]
40. The obvious importance of the content of evangelization must not overshadow the importance of the ways and means.

This question of "how to evangelize" is permanently relevant, because the methods of evangelizing vary according to the different circumstances of time, place and culture, and because they thereby present a certain challenge to our capacity for discovery and adaptation.

On us particularly, the pastors of the Church, rests the responsibility for reshaping with boldness and wisdom, but in complete fidelity to the content of evangelization, the means that are most suitable and effective for communicating the Gospel message to the men and women of our times.

Let it suffice, in this meditation, to mention a number of methods which, for one reason or another, have a fundamental importance.

41. Without repeating everything that we have already mentioned, it is appropriate first of all to emphasize the following point: for the Church, the first means of evangelization is the witness of an authentically Christian life, given over to God in a communion that nothing should destroy and at the same time given to one's neighbor with limitless zeal. As we said recently to a group of lay people, "Modern man listens more willingly to witnesses than to teachers, and if he does listen to teachers, it is because they are witnesses."[67] St. Peter expressed this well when he held up the example of a reverent and chaste life that wins over even without a word those who refuse to obey the word.[68] It is therefore primarily by her conduct and by her life that the Church will evangelize the world, in other words, by her living witness of fidelity to the Lord Jesus- the witness of poverty and detachment, of freedom in the face of the powers of this world, in short, the witness of sanctity.

42. Secondly, it is not superfluous to emphasize the importance and necessity of preaching. "And how are they to believe in him of whom they have never heard? And how are they to hear without a preacher?... So faith comes from what is heard and what is heard comes by the preaching of Christ."[69] This law once laid down by the Apostle Paul maintains its full force today.

Preaching, the verbal proclamation of a message, is indeed always indispensable. We are well aware that modern man is sated by talk; he is obviously often tired of listening and, what is worse, impervious to words. We are also aware that many psychologists and sociologists express the view that modern man has passed beyond the civilization of the word, which is now ineffective and useless, and that today he lives in the civilization of the image. These facts should certainly impel us to employ, for the purpose of transmitting the Gospel message, the modern means which this civilization has produced. Very positive efforts have in fact already been made in this sphere. We cannot but praise them and encourage their further development. The fatigue produced these days by so much empty talk and the relevance of many other forms of communication must not however diminish the permanent power of the word, or cause a loss of confidence in it. The word remains ever relevant, especially when it is the bearer of the power of God.[70] This is why St. Paul's axiom, "Faith comes from what is heard,"[71] also retains its relevance: it is the Word that is heard which leads to belief.

43. This evangelizing preaching takes on many forms, and zeal will inspire the reshaping of them almost indefinitely. In fact there are innumerable events in life and human situations which offer the opportunity for a discreet but incisive statement of what the Lord has to say in this or that particular circumstance. It suffices to have true spiritual sensitivity for reading God's message in events. But at a time when the liturgy renewed by the Council has given greatly increased value to the Liturgy of the Word, it would be a mistake not to see in the homily an important and very adaptable instrument of evangelization. Of course it is necessary to know and put to good use the exigencies and the possibilities of the homily, so that it can acquire all its pastoral effectiveness. But above all it is necessary to be convinced of this and to devote oneself to it with love. This preaching, inserted in a unique way into the Eucharistic celebration, from which it receives special force and vigor, certainly has a particular role in evangelization, to the extent that it expresses the profound faith of the sacred minister and is impregnated with love. The faithful assembled as a Paschal Church, celebrating the feast of the Lord present in their midst, expect much from this preaching, and will greatly benefit from it provided that it is simple, clear, direct, well-adapted, profoundly dependent on Gospel teaching and faithful to the magisterium, animated by a balanced apostolic ardor coming from its own characteristic nature, full of hope, fostering belief, and productive of peace and unity. Many parochial or other communities live and are held together thanks to the Sunday homily, when it possesses these qualities.

Let us add that, thanks to the same liturgical renewal, the Eucharistic celebration is not the only appropriate moment for the homily. The homily has a place and must not be neglected in the celebration of all the sacraments, at paraliturgies, and in assemblies of the faithful. It will always be a privileged occasion for communicating the Word of the Lord.

44. A means of evangelization that must not be neglected is that of catechetical instruction. The intelligence, especially that of children and young people, needs to learn through systematic religious instruction the fundamental teachings, the living content of the truth which God has wished to convey to us and which the Church has sought to express in an ever richer fashion during the course of her long history. No one will deny that this instruction must be given to form patterns of Christian living and not to remain only notional. Truly the effort for evangelization will profit greatly- at the level of catechetical instruction given at church, in the schools, where this is possible, and in every case in Christian homes- if those giving catechetical instruction have suitable texts, updated with wisdom and competence, under the authority of the bishops. The methods must be adapted to the age, culture and aptitude of the persons concerned, they must seek always to fix in the memory, intelligence and heart the essential truths that must impregnate all of life. It is necessary above all to prepare good instructors- parochial catechists, teachers, parents- who are desirous of perfecting themselves in this superior art, which is indispensable and requires religious instruction. Moreover, without neglecting in any way the training of children, one sees that present conditions render ever more urgent catechetical instruction, under the form of the catechumenate, for innumerable young people and adults who, touched by grace, discover little by little the face of Christ and feel the need of giving themselves to Him.

45. Our century is characterized by the mass media or means of social communication, and the first proclamation, catechesis or the further deepening of faith cannot do without these means, as we have already emphasized.

When they are put at the service of the Gospel, they are capable of increasing almost indefinitely the area in which the Word of God is heard; they enable the Good News to reach millions of people. The Church would feel guilty before the Lord if she did not utilize these powerful means that human skill is daily rendering more perfect. It is through them that she proclaims "from the housetops"[72] the message of which she is the depositary. In them she finds a modern and effective version of the pulpit. Thanks to them she succeeds in speaking to the multitudes.

Nevertheless the use of the means of social communication for evangelization presents a challenge: through them the evangelical message should reach vast numbers of people, but with the capacity of piercing the conscience of each individual, of implanting itself in his heart as though he were the only person being addressed, with all his most individual and personal qualities, and evoke an entirely personal adherence and commitment.

46. For this reason, side by side with the collective proclamation of the Gospel, the other form of transmission, the person-to-person one, remains valid and important. The Lord often used it (for example, with Nicodemus, Zacchaeus, the Samaritan woman, Simon the Pharisee), and so did the apostles. In the long run, is there any other way of handing on the Gospel than by transmitting to another person one's personal experience of faith? It must not happen that the pressing need to proclaim the Good News to the multitudes should cause us to forget this form of proclamation whereby an individual's personal conscience is reached and touched by an entirely unique word that he receives from someone else. We can never sufficiently praise those priests who through the sacrament of Penance or through pastoral dialogue show their readiness to guide people in the ways of the Gospel, to support them in their efforts, to raise them up if they have fallen, and always to assist them with discernment and availability.

47. Yet, one can never sufficiently stress the fact that evangelization does not consist only of the preaching and teaching of a doctrine. For evangelization must touch life: the natural life to which it gives a new meaning, thanks to the evangelical perspectives that it reveals; and the supernatural life, which is not the negation but the purification and elevation of the natural life.

This supernatural life finds its living expression in the seven sacraments and in the admirable radiation of grace and holiness which they possess.

Evangelization thus exercises its full capacity when it achieves the most intimate relationship, or better still, a permanent and unbroken intercommunication, between the Word and the sacraments. In a certain sense it is a mistake to make a contrast between evangelization and sacramentalization, as is sometimes done. It is indeed true that a certain way of administering the sacraments, without the solid support of catechesis regarding these same sacraments and a global catechesis, could end up by depriving them of their effectiveness to a great extent. The role of evangelization is precisely to educate people in the faith in such a way as to lead each individual Christian to live the sacraments as true sacraments of faith- and not to receive them passively or reluctantly.

48. Here we touch upon an aspect of evangelization which cannot leave us insensitive. We wish to speak about what today is often called popular religiosity.

One finds among the people particular expressions of the search for God and for faith, both in the regions where the Church has been established for centuries and where she is in the course of becoming established. These expressions were for a long time regarded as less pure and were sometimes despised, but today they are almost everywhere being rediscovered. During the last Synod the bishops studied their significance with remarkable pastoral realism and zeal.

Popular religiosity, of course, certainly has its limits. It is often subject to penetration by many distortions of religion and even superstitions. It frequently remains at the level of forms of worship not involving a true acceptance by faith. It can even lead to the creation of sects and endanger the true ecclesial community.

But if it is well oriented, above all by a pedagogy of evangelization, it is rich in values. It manifests a thirst for God which only the simple and poor can know. It makes people capable of generosity and sacrifice even to the point of heroism, when it is a question of manifesting belief. It involves an acute awareness of profound attributes of God: fatherhood, providence, loving and constant presence. It engenders interior attitudes rarely observed to the same degree elsewhere: patience, the sense of the cross in daily life, detachment, openness to others, devotion. By reason of these aspects, we readily call it "popular piety," that is, religion of the people, rather than religiosity.

Pastoral charity must dictate to all those whom the Lord has placed as leaders of the ecclesial communities the proper attitude in regard to this reality, which is at the same time so rich and so vulnerable. Above all one must be sensitive to it, know how to perceive its interior dimensions and undeniable values, be ready to help it to overcome its risks of deviation. When it is well oriented, this popular religiosity call be more and more for multitudes of our people a true encounter with God in Jesus Christ.

49. Jesus' last words in St. Mark's Gospel confer on the evangelization which the Lord entrusts to His apostles a limitless universality: "Go out to the whole world; proclaim the Good News to all creation."[73]

The Twelve and the first generation of Christians understood well the lesson of this text and other similar ones; they made them into a program of action. Even persecution, by scattering the apostles, helped to spread the Word and to establish the Church in ever more distant regions. The admission of Paul to the rank of the apostles and his charism as the preacher to the pagans (the non Jews) of Jesus' Coming underlined this universality still more.

50. In the course of twenty centuries of history, the generations of Christians have periodically faced various obstacles to this universal mission. On the one hand, on the part of the evangelizers themselves, there has been the temptation for various reasons to narrow down the field of their missionary activity. On the other hand, there has been the often humanly insurmountable resistance of the people being addressed by the evangelizer. Furthermore, we must note with sadness that the evangelizing work of the Church is strongly opposed, if not prevented, by certain public powers Even in our own day it happens that preachers of God's Word are deprived of their rights, persecuted, threatened or eliminated solely for preaching Jesus Christ and His Gospel. But we are confident that despite these painful trials the activity of these apostles will never meet final failure in any part of the world.

Despite such adversities, the Church constantly renews her deepest inspiration, that which comes to her directly from the Lord: To the whole world! To all creation! Right to the ends of the earth! She did this once more at the last Synod, as an appeal not to imprison the proclamation of the Gospel by limiting it to one sector of mankind or to one class of people or to a single type of civilization. Some examples are revealing.

51. To reveal Jesus Christ and His Gospel to those who do not know them has been, ever since the morning of Pentecost, the fundamental program which the Church has taken on as received from her Founder. The whole of the New Testament, and in a special way the Acts of the Apostles, bears witness to a privileged and in a sense exemplary moment of this missionary effort which will subsequently leave its mark on the whole history of the Church.

She carries out this first proclamation of Jesus Christ by a complex and diversified activity which is sometimes termed "pre-evangelization" but which is already evangelization in a true sense, although at its initial and still incomplete stage. An almost indefinite range of means can be used for this purpose: explicit preaching, of course, but also art, the scientific approach, philosophical research and legitimate recourse to the sentiments of the human heart.

52. This first proclamation is addressed especially to those who have never heard the Good News of Jesus, or to children. But, as a result of the frequent situations of dechristianization in our day, it also proves equally necessary for innumerable people who have been baptized but who live quite outside Christian life, for simple people who have a certain faith but an imperfect knowledge of the foundations of that faith, for intellectuals who feel the need to know Jesus Christ in a light different from the instruction they received as children, and for many others.

53. This first proclamation is also addressed to the immense sections of mankind who practice non-Christian religions. The Church respects and esteems these non Christian religions because they are the living expression of the soul of vast groups of people. They carry within them the echo of thousands of years of searching for God, a quest which is incomplete but often made with great sincerity and righteousness of heart. They possess an impressive patrimony of deeply religious texts. They have taught generations of people how to pray. They are all impregnated with innumerable "seeds of the Word"[74] and can constitute a true "preparation for the Gospel,"[75] to quote a felicitous term used by the Second Vatican Council and borrowed from Eusebius of Caesarea.

Such a situation certainly raises complex and delicate questions that must be studied in the light of Christian Tradition and the Church's magisterium, in order to offer to the missionaries of today and of tomorrow new horizons in their contacts with non-Christian religions. We wish to point out, above all today, that neither respect and esteem for these religions nor the complexity of the questions raised is an invitation to the Church to withhold from these non-Christians the proclamation of Jesus Christ. On the contrary the Church holds that these multitudes have the right to know the riches of the mystery of Christ[76] - riches in which we believe that the whole of humanity can find, in unsuspected fullness, everything that it is gropingly searching for concerning God, man and his destiny, life and death, and truth. Even in the face of natural religious expressions most worthy of esteem, the Church finds support in the fact that the religion of Jesus, which she proclaims through evangelization, objectively places man in relation with the plan of God, with His living presence and with His action; she thus causes an encounter with the mystery of divine paternity that bends over towards humanity. In other words, our religion effectively establishes with God an authentic and living relationship which the other religions do not succeed in doing, even though they have, as it were, their arms stretched out towards heaven.

This is why the Church keeps her missionary spirit alive, and even wishes to intensify it in the moment of history in which we are living. She feels responsible before entire peoples. She has no rest so long as she has not done her best to proclaim the Good News of Jesus the Savior. She is always preparing new generations of apostles. Let us state this fact with joy at a time when there are not lacking those who think and even say that ardor and the apostolic spirit are exhausted, and that the time of the missions is now past. The Synod has replied that the missionary proclamation never ceases and that the Church will always be striving for the fulfillment of this proclamation.

54. Nevertheless the Church does not feel dispensed from paving unflagging attention also to those who have received the faith and who have been in contact with the Gospel often for generations. Thus she seeks to deepen, consolidate, nourish and make ever more mature the faith of those who are already called the faithful or believers, in order that they may be so still more.

This faith is nearly always today exposed to secularism, even to militant atheism. It is a faith exposed to trials and threats, and even more, a faith besieged and actively opposed. It runs the risk of perishing from suffocation or starvation if it is not fed and sustained each day. To evangelize must therefore very often be to give this necessary food and sustenance to the faith of believers, especially through a catechesis full of Gospel vitality and in a language suited to people and circumstances.

The Church also has a lively solicitude for the Christians who are not in full communion with her. While preparing with them the unity willed by Christ, and precisely in order to realize unity in truth, she has the consciousness that she would be gravely lacking in her duty if she did not give witness before them of the fullness of the revelation whose deposit she guards.

55. Also significant is the preoccupation of the last Synod in regard to two spheres which are very different from one another but which at the same time are very close by reason of the challenge which they make to evangelization, each in its own way.

The first sphere is the one which can be called the increase of unbelief in the modern world. The Synod endeavored to describe this modern world: how many currents of thought, values and countervalues, latent aspirations or seeds of destruction, old convictions which disappear and new convictions which arise are covered by this generic name!

From the spiritual point of view, the modern world seems to he forever immersed in what a modern author has termed "the drama of atheistic humanism."[77]

On the one hand one is forced to note in the very heart of this contemporary world the phenomenon which is becoming almost its most striking characteristic: secularism. We are not speaking of secularization, which is the effort, in itself just and legitimate and in no way incompatible with faith or religion, to discover in creation, in each thing or each happening in the universe, the laws which regulate them with a certain autonomy, but with the inner conviction that the Creator has placed these laws there. The last Council has in this sense affirmed the legitimate autonomy of culture and particularly of the sciences.[78] Here we are thinking of a true secularism: a concept of the world according to which the latter is self-explanatory, without any need for recourse to God, who thus becomes superfluous and an encumbrance. This sort of secularism, in order to recognize the power of man, therefore ends up by doing without God and even by denying Him.

New forms of atheism seem to flow from it: a man centered atheism, no longer abstract and metaphysical but pragmatic, systematic and militant. Hand in hand with this atheistic secularism, we are daily faced, under the most diverse forms, with a consumer society, the pursuit of pleasure set up as the supreme value, a desire for power and domination, and discrimination of every kind: the inhuman tendencies of this "humanism."

In this same modern world, on the other hand, and this is a paradox, one cannot deny the existence of real steppingstones to Christianity, and of evangelical values at least in the form of a sense of emptiness or nostalgia. It would not be an exaggeration to say that there exists a powerful and tragic appeal to be evangelized.

56. The second sphere is that of those who do not practice. Today there is a very large number of baptized people who for the most part have not formally renounced their Baptism but who are entirely indifferent to it and not living in accordance with it. The phenomenon of the non practicing is a very ancient one in the history of Christianity; it is the result of a natural weakness, a profound inconsistency which we unfortunately bear deep within us. Today however it shows certain new characteristics. It is often the result of the uprooting typical of our time. It also springs from the fact that Christians live in close proximity with non-believers and constantly experience the effects of unbelief. Furthermore, the non-practicing Christians of today, more so than those of previous periods, seek to explain and justify their position in the name of an interior religion, of personal independence or authenticity.

Thus we have atheists and unbelievers on the one side and those who do not practice on the other, and both groups put up a considerable resistance to evangelization. The resistance of the former takes the form of a certain refusal and an inability to grasp the new order of things, the new meaning of the world, of life and of history; such is not possible if one does not start from a divine absolute. The resistance of the second group takes the form of inertia and the slightly hostile attitude of the person who feels that he is one of the homily, who claims to know it all and to have tried it all and who no longer believes it.

Atheistic secularism and the absence of religious practice are found among adults and among the young, among the leaders of society and among the ordinary people, at all levels of education, and in both the old Churches and the young ones. The Church's evangelizing action cannot ignore these two worlds, nor must it come to a standstill when faced with them; it must constantly seek the proper means and language for presenting, or representing, to them God's revelation and faith in Jesus Christ.

57. Like Christ during the time of His preaching, like the Twelve on the morning of Pentecost, the Church too sees before her an immense multitude of people who need the Gospel and have a right to it, for God "wants everyone to be saved and reach full knowledge of the truth."[79]

The Church is deeply aware of her duty to preach salvation to all. Knowing that the Gospel message is not reserved to a small group of the initiated, the privileged or the elect, but is destined for everyone, she shares Christ's anguish at the sight of the wandering and exhausted crowds, "like sheep without a shepherd" and she often repeats His words: ''I feel sorry for all these people."[80] But the Church is also conscious of the fact that, if the preaching of the Gospel is to be effective, she must address her message to the heart of the multitudes, to communities of the faithful whose action can and must reach others.

58. The last Synod devoted considerable attention to these "small communities," or communautes de base, because they are often talked about in the Church today. What are they, and why should they be the special beneficiaries of evangelization and at the same time evangelizers themselves?

According to the various statements heard in the Synod, such communities flourish more or less throughout the Church. They differ greatly among themselves both within the same region and even more so from one region to another.

In some regions they appear and develop, almost without exception, within the Church, having solidarity with her life, being nourished by her teaching and united with her pastors. In these cases, they spring from the need to live the Church's life more intensely, or from the desire and quest for a more human dimension such as larger ecclesial communities can only offer with difficulty, especially in the big modern cities which lend themselves both to life in the mass and to anonymity. Such communities call quite simply be in their own way an extension on the spiritual and religious level- worship, deepening of faith, fraternal charity, prayer, contact with pastors-  of the small sociological community such as the village, etc. Or again their aim may be to bring together, for the purpose of listening to and meditating on the Word, for the sacraments and the bond of the agape, groups of people who are linked by age, culture, civil state or social situation: married couples, young people, professional people, etc.; people who already happen to be united in the struggle for justice, brotherly aid to the poor, human advancement. In still other cases they bring Christians together in places where the shortage of priests does not favor the normal life of a parish community. This is all presupposed within communities constituted by the Church, especially individual Churches and parishes.

In other regions, on the other hand, communautes de base come together in a spirit of bitter criticism of the Church, which they are quick to stigmatize as "institutional" and to which they set themselves Up in opposition as charismatic communities, free from structures and inspired only by the Gospel. Thus their obvious characteristic is an attitude of fault-finding and of rejection with regard to the Church's outward manifestations: her hierarchy, her signs. They are radically opposed to the Church. By following these lines their main inspiration very quickly becomes ideological, and it rarely happens that they do not quickly fall victim to some political option or current of thought, and then to a system, even a party, with all the attendant risks of becoming its instrument.

The difference is already notable: the communities which by their spirit of opposition cut themselves off from the Church, and whose unity they wound, can well be called communautes de base, but in this case it is a strictly sociological name. They could not, without a misuse of terms, be called ecclesial communautes de base, even if while being hostile to the hierarchy, they claim to remain within the unity of the Church. This name belongs to the other groups, those which come together within the Church in order to unite themselves to the Church and to cause the Church to grow.

These latter communities will be a place of evangelization, for the benefit of the bigger communities, especially the individual Churches. And, as we said at the end of the last Synod, they will be a hope for the universal Church to the extent:

- that they seek their nourishment in the Word of God and do not allow themselves to be ensnared by political polarization or fashionable ideologies, which are ready to exploit their immense human potential;

- that they avoid the ever present temptation of systematic protest and a hypercritical attitude, under the pretext of authenticity and a spirit of collaboration;

- that they remain firmly attached to the local Church in which they are inserted, and to the universal Church, thus avoiding the very real danger of becoming isolated within themselves, then of believing themselves to be the only authentic Church of Christ, and hence of condemning the other ecclesial communities;

- that they maintain a sincere communion with the pastors whom the Lord gives to His Church, and with the magisterium which the Spirit of Christ has entrusted to these pastors;

- that they never look on themselves as the sole beneficiaries or sole agents of evangelization- or even the only depositaries of the Gospel- but, being aware that the Church is much more vast and diversified, accept the fact that this Church becomes incarnate in other ways than through themselves;
- that they constantly grow in missionary consciousness, fervor, commitment and zeal;

- that they show themselves to be universal in all things and never sectarian.

On these conditions, which are certainly demanding but also uplifting, the ecclesial communautes de base will correspond to their most fundamental vocation: as hearers of the Gospel which is proclaimed to them and privileged beneficiaries of evangelization, they will soon become proclaimers of the Gospel themselves.

59. If people proclaim in the world the Gospel of salvation, they do so by the command of, in the name of and with the grace of Christ the Savior. "They will never have a preacher unless one is sent,"[81] wrote he who was without doubt one of the greatest evangelizers. No one can do it without having been sent.

But who then has the mission of evangelizing?

The Second Vatican Council gave a clear reply to this question: it is upon the Church that "there rests, by divine mandate, the duty of going out into the whole world and preaching the gospel to every creature."[82] And in another text: "...the whole Church is missionary, and the work of evangelization is a basic duty of the People of God."[83]

We have already mentioned this intimate connection between the Church and evangelization. While the Church is proclaiming the kingdom of God and building it up, she is establishing herself in the midst of the world as the sign and instrument of this kingdom which is and which is to come. The Council repeats the following expression of St. Augustine on the missionary activity of the Twelve: "They preached the word of truth and brought forth Churches."[84]

60. The observation that the Church has been sent out and given a mandate to evangelize the world should awaken in us two convictions.

The first is this: evangelization is for no one an individual and isolated act; it is one that is deeply ecclesial. When the most obscure preacher, catechist or pastor in the most distant land preaches the Gospel, gathers his little community together or administers a sacrament, even alone, he is carrying out an ecclesial act, and his action is certainly attached to the evangelizing activity of the whole Church by institutional relationships, but also by profound invisible links in the order of grace. This presupposes that he acts not in virtue of a mission which he attributes to himself or by a personal inspiration, but in union with the mission of the Church and in her name.

From this flows the second conviction: if each individual evangelizes in the name of the Church, who herself does so by virtue of a mandate from the Lord, no evangelizer is the absolute master of his evangelizing action, with a discretionary power to carry it out in accordance with individualistic criteria and perspectives; he acts in communion with the Church and her pastors.

We have remarked that the Church is entirely and completely evangelizing. This means that, in the whole world and in each part of the world where she is present, the Church feels responsible for the task of spreading the Gospel.

61. Brothers and sons and daughters, at this stage of our reflection, we wish to pause with you at a question which is particularly important at the present time. In the celebration of the liturgy, in their witness before judges and executioners and in their apologetical texts, the first Christians readily expressed their deep faith in the Church by describing her as being spread throughout the universe. They were fully conscious of belonging to a large community which neither space nor time can limit: From the just Abel right to the last of the elect,[85] "indeed to the ends of the earth,[86] "to the end of time."[87]

This is how the Lord wanted His Church to be: universal, a great tree whose branches shelter the birds of the air,[88] a net which catches fish of every kind[89] or which Peter drew in filled with one hundred and fifty-three big fish,[90] a flock which a single shepherd pastures.[91] A universal Church without boundaries or frontiers except, alas, those of the heart and mind of sinful man.

62. Nevertheless this universal Church is in practice incarnate in the individual Churches made up of such or such an actual part of mankind, speaking such and such a language, heirs of a cultural patrimony, of a vision of the world, of an historical past, of a particular human substratum. Receptivity to the wealth of the individual Church corresponds to a special sensitivity of modern man.

Let us be very careful not to conceive of the universal Church as the sum, or, if one can say so, the more or less anomalous federation of essentially different individual Churches. In the mind of the Lord the Church is universal by vocation and mission, but when she puts down her roots in a variety of cultural, social and human terrains, she takes on different external expressions and appearances in each part of the world.

Thus each individual Church that would voluntarily cut itself off from the universal Church would lose its relationship to God's plan and would be impoverished in its ecclesial dimension. But, at the same time, a Church toto orbe diffusa would become an abstraction if she did not take body and life precisely through the individual Churches. Only continual attention to these two poles of the Church will enable us to perceive the richness of this relationship between the universal Church and the individual Churches.

63. The individual Churches, intimately built up not only of people but also of aspirations, of riches and limitations, of ways of praying, of loving, of looking at life and the world, which distinguish this or that human gathering, have the task of assimilating the essence of the Gospel message and of transposing it, without the slightest betrayal of its essential truth, into the language that these particular people understand, then of proclaiming it in this language.

The transposition has to be done with the discernment, seriousness, respect and competence which the matter calls for in the field of liturgical expression,[92] and in the areas of catechesis, theological formulation, secondary ecclesial structures, and ministries. And the word "language" should be understood here less in the semantic or literary sense than in the sense which one may call anthropological and cultural.

The question is undoubtedly a delicate one. Evangelization loses much of its force and effectiveness if it does not take into consideration the actual people to whom it is addresses, if it does not use their language, their signs and symbols, if it does not answer the questions they ask, and if it does not have an impact on their concrete life. But on the other hand, evangelization risks losing its power and disappearing altogether if one empties or adulterates its content under the pretext of translating it; if, in other words, one sacrifices this reality and destroys the unity without which there is no universality, out of a wish to adapt a universal reality to a local situation. Now, only a Church which preserves the awareness of her universality and shows that she is in fact universal is capable of having a message which can be heard by all, regardless of regional frontiers.

Legitimate attention to individual Churches cannot fail to enrich the Church. Such attention is indispensable and urgent. It responds to the very deep aspirations of peoples and human communities to find their own identity ever more clearly.

64. But this enrichment requires that the individual Churches should keep their profound openness towards the universal Church. It is quite remarkable, moreover, that the most simple Christians, the ones who are most faithful to the Gospel and most open to the true meaning of the Church, have a completely spontaneous sensitivity to this universal dimension. They instinctively and very strongly feel the need for it, they easily recognize themselves in such a dimension. They feel with it and suffer very deeply within themselves when, in the name of theories which they do not understand, they are forced to accept a Church deprived of this universality, a regionalist Church, with no horizon.

As history in fact shows, whenever an individual Church has cut itself off from the universal Church and from its living and visible center- sometimes with the best of intentions, with theological, sociological, political or pastoral arguments, or even in the desire for a certain freedom of movement or action- it has escaped only with great difficulty (if indeed it has escaped) from two equally serious dangers. The first danger is that of a withering isolationism, and then, before long, of a crumbling away, with each of its cells breaking away from it just as it itself has broken away from the central nucleus. The second danger is that of losing its freedom when, being cut off from the center and from the other Churches which gave it strength and energy, it finds itself all alone and a prey to the most varied forces of slavery and exploitation.

The more an individual Church is attached to the universal Church by solid bonds of communion, in charity and loyalty, in receptiveness to the Magisterium of Peter, in the unity of the lex orandi which is also the lex credendi, in the desire for unity with all the other Churches which make up the whole- the more such a Church will be capable of translating the treasure of faith into the legitimate variety of expressions of the profession of faith, of prayer and worship, of Christian life and conduct and of the spiritual influence on the people among which it dwells. The more will it also be truly evangelizing, that is to say, capable of drawing upon the universal patrimony in order to enable its own people to profit from it, and capable too of communicating to the universal Church the experience and the life of this people, for the benefit of all.

65. It was precisely in this sense that at the end of the last Synod we spoke clear words full of paternal affection, insisting on the role of Peter's Successor as a visible, living and dynamic principle of the unity between the Churches and thus of the universality of the one Church.[93] We also insisted on the grave responsibility incumbent upon us, but which we share with our Brothers in the Episcopate, of preserving unaltered the content of the Catholic faith which the Lord entrusted to the apostles. While being translated into all expressions, this content must be neither impaired nor mutilated. While being clothed with the outward forms proper to each people, and made explicit by theological expression which takes account of differing cultural, social and even racial milieu, it must remain the content of the Catholic faith just exactly as the ecclesial magisterium has received it and transmits it.

66. The whole Church therefore is called upon to evangelize, and yet within her we have different evangelizing tasks to accomplish. This diversity of services in the unity of the same mission makes up the richness and beauty of evangelization. We shall briefly recall these tasks.

First, we would point out in the pages of the Gospel the insistence with which the Lord entrusts to the apostles the task of proclaiming the Word. He chose them,[94] trained them during several years of intimate company,[95] constituted[96] and sent them out[97] as authorized witnesses and teachers of the message of salvation. And the Twelve in their turn sent out their successors who, in the apostolic line, continue to preach the Good News.

67. The Successor of Peter is thus, by the will of Christ, entrusted with the preeminent ministry of teaching the revealed truth. The New Testament often shows Peter "filled with the Holy Spirit" speaking in the name of all."[98] It is precisely for this reason that St. Leo the Great describes him as he who has merited the primacy of the apostolate.''[99] This is also why the voice of the Church shows the Pope "at the highest point- in apice, in specula- of the apostolate."[100] The Second Vatican Council wished to reaffirm this when it declared that "Christ's mandate to preach the Gospel to every creature (cf. Mk. 16:15) primarily and immediately concerns the bishops with Peter and under Peter."[101]

The full, supreme and universal power"[102] which Christ gives to His Vicar for the pastoral government of His Church is this especially exercised by the Pope in the activity of preaching and causing to be preached the Good News of salvation.

68. In union with the Successor of Peter, the bishops, who are successors of the apostles, receive through the power of their episcopal ordination the authority to teach the revealed truth in the Church. They are teachers of the faith.

Associated with the bishops in the ministry of evangelization and responsible by a special title are those who through priestly ordination "act in the person of Christ."[103] They are educators of the People of God in the faith and preachers, while at the same time being ministers of the Eucharist and of the other sacraments.

We pastors are therefore invited to take note of this duty, more than any other members of the Church. What identifies our priestly service, gives a profound unity to the thousand and one tasks which claim our attention day by day and throughout our lives, and confers a distinct character on our activities, is this aim, ever present in all our action: to proclaim the Gospel of God.[104]

A mark of our identity which no doubts ought to encroach upon and no objection eclipse is this: as pastors, we have been chosen by the mercy of the Supreme Pastor,[105] in spite of our inadequacy, to proclaim with authority the Word of God, to assemble the scattered People of God, to teed this People with the signs of the action of Christ which are the sacraments, to set this People on the road to salvation, to maintain it in that unity of which we are, at different levels, active and living instruments, and unceasingly to keep this community gathered around Christ faithful to its deepest vocation. And when we do all these things, within our human limits and by the grace of God, it is a work of evangelization that we are carrying out. This includes ourself as Pastor of the universal Church, our brother bishops at the head of the individual Churches, priests and deacons united with their bishops and whose assistants they are, by a communion which has its source in the sacrament of Orders and in the charity of the Church.

69. Religious, for their part, find in their consecrated life a privileged means of effective evangelization. At the deepest level of their being they are caught Up in the dynamism of the Church's life, which is thirsty for the divine Absolute and called to holiness. It is to this holiness that they bear witness. They embody the Church in her desire to give herself completely to the radical demands of the beatitudes. By their lives they are a sign of total availability to God, the Church and the brethren.

As such they have a special importance in the context of the witness which, as we have said, is of prime importance in evangelization. At the same time as being a challenge to the world and to the Church herself, this silent witness of poverty and abnegation, of purity and sincerity, of self-sacrifice in obedience, can become an eloquent witness capable of touching also non-Christians who have good will and are sensitive to certain values.

In this perspective one perceives the role played in evangelization by religious men and women consecrated to prayer, silence, penance and sacrifice. Other religious, in great numbers, give themselves directly to the proclamation of Christ. Their missionary activity depends clearly on the hierarchy and must be coordinated with the pastoral plan which the latter adopts. But who does not see the immense contribution that these religious have brought and continue to bring to evangelization? Thanks to their consecration they are eminently willing and free to leave everything and to go and proclaim the Gospel even to the ends of the earth. They are enterprising and their apostolate is often marked by an originality, by a genius that demands admiration. They are generous: often they are found at the outposts of the mission, and they take the greatest of risks for their health and their very lives. Truly the Church owes them much.

70. Lay people, whose particular vocation places them in the midst of the world and in charge of the most varied temporal tasks, must for this very reason exercise a very special form of evangelization.
Their primary and immediate task is not to establish and develop the ecclesial community- this is the specific role of the pastors- but to put to use every Christian and evangelical possibility latent but already present and active in the affairs of the world. Their own field of evangelizing activity is the vast and complicated world of politics, society and economics, but also the world of culture, of the sciences and the arts, of international life, of the mass media. It also includes other realities which are open to evangelization, such as human love, the family, the education of children and adolescents, professional work, suffering. The more Gospel-inspired lay people there are engaged in these realities, clearly involved in them, competent to promote them and conscious that they must exercise to the full their Christian powers which are often buried and suffocated, the more these realities will be at the service of the kingdom of God and therefore of salvation in Jesus Christ, without in any way losing or sacrificing their human content but rather pointing to a transcendent dimension which is often disregarded.

71. One cannot fail to stress the evangelizing action of the family in the evangelizing apostolate of the laity.

At different moments in the Church's history and also in the Second Vatican Council, the family has well deserved the beautiful name of "domestic Church."[106] This means that there should be found in every Christian family the various aspects of the entire Church. Furthermore, the family, like the Church, ought to be a place where the Gospel is transmitted and from which the Gospel radiates.

In a family which is conscious of this mission, all the members evangelize and are evangelized. The parents not only communicate the Gospel to their children, but from their children they can themselves receive the same Gospel as deeply lived by them.

And such a family becomes the evangelizer of many other families, and of the neighborhood of which it forms part. Families resulting from a mixed marriage also have the duty of proclaiming Christ to the children in the fullness of the consequences of a common Baptism; they have moreover the difficult task of becoming builders of unity.

72. Circumstances invite us to make special mention of the young. Their increasing number and growing presence in society and likewise the problems assailing them should awaken in every one the desire to offer them with zeal and intelligence the Gospel ideal as something to be known and lived. And on the other hand, young people who are well trained in faith and prayer must become more and more the apostles of youth. The Church counts greatly on their contribution, and we ourself have often manifested our full confidence in them.

73. Hence the active presence of the laity in the temporal realities takes on all its importance. One cannot, however, neglect or forget the other dimension: the laity can also feel themselves called, or be called, to work with their pastors in the service of the ecclesial community for its growth and life, by exercising a great variety of ministries according to the grace and charisms which the Lord is pleased to give them.

We cannot but experience a great inner joy when we see so many pastors, religious and lay people, fired with their mission to evangelize, seeking ever more suitable ways of proclaiming the Gospel effectively. We encourage the openness which the Church is showing today in this direction and with this solicitude. It is an openness to meditation first of all, and then to ecclesial ministries capable of renewing and strengthening the evangelizing vigor of the Church.

It is certain that, side by side with the ordained ministries, whereby certain people are appointed pastors and consecrate themselves in a special way to the service of the community, the Church recognizes the place of non-ordained ministries which are able to offer a particular service to the Church.

A glance at the origins of the Church is very illuminating, and gives the benefit of an early experience in the matter of ministries. It was an experience which was all the more valuable in that it enabled the Church to consolidate herself and to grow and spread. Attention to the sources however has to be complemented by attention to the present needs of mankind and of the Church. To drink at these ever inspiring sources without sacrificing anything of their values, and at the same time to know how to adapt oneself to the demands and needs of today- these are the criteria which will make it possible to seek wisely and to discover the ministries which the Church needs and which many of her members will gladly embrace for the sake of ensuring greater vitality in the ecclesial community. These ministries will have a real pastoral value to the extent that they are established with absolute respect for unity and adhering to the directives of the pastors, who are the ones who are responsible for the Church's unity and the builders thereof.

These ministries, apparently new but closely tied up with the Church's living experience down the centuries - such as catechists, directors of prayer and chant, Christians devoted to the service of God's Word or to assisting their brethren in need, the heads of small communities, or other persons charged with the responsibility of apostolic movements- these ministries are valuable for the establishment, life, and growth of the Church, and for her capacity to influence her surroundings and to reach those who are remote from her. We owe also our special esteem to all the lay people who accept to consecrate a part of their time, their energies, and sometimes their entire lives, to the service of the missions.

A serious preparation is needed for all workers for evangelization. Such preparation is all the more necessary for those who devote themselves to the ministry of the Word. Being animated by the conviction, ceaselessly deepened, of the greatness and riches of the Word of God, those who have the mission of transmitting it must give the maximum attention to the dignity, precision and adaptation of their language. Everyone knows that the art of speaking takes on today a very great importance. How would preachers and catechists be able to neglect this?

We earnestly desire that in each individual Church the bishops should be vigilant concerning the adequate formation of all the ministers of the Word. This serious preparation will increase in them the indispensable assurance and also the enthusiasm to proclaim today Jesus Christ.

74. We would not wish to end this encounter with our beloved brethren and sons and daughters without a pressing appeal concerning the interior attitudes which must animate those who work for evangelization.

In the name of the Lord Jesus Christ, and in the name of the Apostles Peter and Paul, we wish to exhort all those who, thanks to the charisms of the Holy Spirit and to the mandate of the Church, are true evangelizers to be worthy of this vocation, to exercise it without the reticence of doubt or fear, and not to neglect the conditions that will make this evangelization not only possible but also active and fruitful. These, among many others, are the fundamental conditions which we consider it important to emphasize.

75. Evangelization will never be possible without the action of the Holy Spirit. The Spirit descends on Jesus of Nazareth at the moment of His baptism when the voice of the Father- "This is my beloved Son with whom I am well pleased"[107]- manifests in an external way the election of Jesus and His mission. Jesus is "led by the Spirit" to experience in the desert the decisive combat and the supreme test before beginning this mission.[108] It is "in the power of the Spirit"[109] that He returns to Galilee and begins His preaching at Nazareth, applying to Himself the passage of Isaiah: "The Spirit of the Lord is upon me." And He proclaims: "Today this Scripture has been fulfilled."[110] To the disciples whom He was about to send forth He says, breathing on them, "Receive the Holy Spirit."[111]

In fact, it is only after the coming of the Holy Spirit on the day of Pentecost that the apostles depart to all the ends of the earth in order to begin the great work of the Church's evangelization. Peter explains this event as the fulfillment of the prophecy of Joel: "I will pour out my spirit."[112] Peter is filled with the Holy Spirit so that he can speak to the people about Jesus, the Son of God.[113] Paul too is filled with the Holy Spirit[114] before dedicating himself to his apostolic ministry, as is Stephen when he is chosen for the ministry of service and later on for the witness of blood.[115] The Spirit, who causes Peter, Paul and the Twelve to speak, and who inspires the words that they are to utter, also comes down "on those who heard the word."[116]

It is in the "consolation of the Holy Spirit" that the Church increases.[117] The Holy Spirit is the soul of the Church. It is He who explains to the faithful the deep meaning of the teaching of Jesus and of His mystery. It is the Holy Spirit who, today just as at the beginning of the Church, acts in every evangelizer who allows himself to be possessed and led by Him. The Holy Spirit places on his lips the words which he could not find by himself, and at the same time the Holy Spirit predisposes the soul of the hearer to be open and receptive to the Good News and to the kingdom being proclaimed.

Techniques of evangelization are good, but even the most advanced ones could not replace the gentle action of the Spirit. The most perfect preparation of the evangelizer has no effect without the Holy Spirit. Without the Holy Spirit the most convincing dialectic has no power over the heart of man. Without Him the most highly developed schemas resting on a sociological or psychological basis are quickly seen to be quite valueless.

We live in the Church at a privileged moment of the Spirit. Everywhere people are trying to know Him better, as the Scripture reveals Him. They are happy to place themselves under His inspiration. They are gathering about Him; they want to let themselves be led by Him. Now if the Spirit of God has a preeminent place in the whole life of the Church, it is in her evangelizing mission that He is most active. It is not by chance that the great inauguration of evangelization took place on the morning of Pentecost, under the inspiration of the Spirit.

It must be said that the Holy Spirit is the principal agent of evangelization: it is He who impels each individual to proclaim the Gospel, and it is He who in the depths of consciences causes the word of salvation to be accepted and understood.[118] But it can equally be said that He is the goal of evangelization: He alone stirs up the new creation, the new humanity of which evangelization is to be the result, with that unity in variety which evangelization wishes to achieve within the Christian community. Through the Holy Spirit the Gospel penetrates to the heart of the world, for it is He who causes people to discern the signs of the times- signs willed by God- which evangelization reveals and puts to use within history.

The Bishops' Synod of 1974, which insisted strongly on the place of the Holy Spirit in evangelization, also expressed the desire that pastors and theologians- and we would also say the faithful marked by the seal of the Spirit by Baptism- should study more thoroughly the nature and manner of the Holy Spirit's action in evangelization today. This is our desire too, and we exhort all evangelizers, whoever they may be, to pray without ceasing to the Holy Spirit with faith and fervor and to let themselves prudently be guided by Him as the decisive inspirer of their plans, their initiatives and their evangelizing activity.

76. Let us now consider the very persons of the evangelizers.

It is often said nowadays that the present century thirsts for authenticity. Especially in regard to young people it is said that they have a horror of the artificial or false and that they are searching above all for truth and honesty.

These "signs of the times" should find us vigilant. Either tacitly or aloud- but always forcefully- we are being asked: Do you really believe what you are proclaiming? Do you live what you believe? Do you really preach what you live? The witness of life has become more than ever an essential condition for real effectiveness in preaching. Precisely because of this we are, to a certain extent, responsible for the progress of the Gospel that we proclaim.

"What is the state of the Church ten years after the Council?" we asked at the beginning of this meditation. Is she firmly established in the midst of the world and yet free and independent enough to call for the world's attention? Does she testify to solidarity with people and at the same time to the divine Absolute? Is she more ardent in contemplation and adoration and more zealous in missionary, charitable and liberating action? Is she ever more committed to the effort to search for the restoration of the complete unity of Christians, a unity that makes more effective the common witness, "so that the world may believe"[119] We are all responsible for the answers that could be given to these questions.

We therefore address our exhortation to our brethren in the Episcopate, placed by the Holy Spirit to govern the Church.[120] We exhort the priests and deacons, the bishops' collaborators in assembling the People of God and in animating spiritually the local communities. We exhort the religious, witnesses of a Church called to holiness and hence themselves invited to a life that bears testimony to the beatitudes of the Gospel. We exhort the laity: Christian families, youth, adults, all those who exercise a trade or profession, leaders, without forgetting the poor who are often rich in faith and hope- all lay people who are conscious of their evangelizing role in the service of their Church or in the midst of society and the world. We say to all of them: our evangelizing zeal must spring from true holiness of life, and, as the Second Vatican Council suggests, preaching must in its turn make the preacher grow in holiness, which is nourished by prayer and above all by love for the Eucharist.[121]
The world which, paradoxically, despite innumerable signs of the denial of God, is nevertheless searching for Him in unexpected ways and painfully experiencing the need of Him- the world is calling for evangelizers to speak to it of a God whom the evangelists themselves should know and be familiar with as if they could see the invisible.[122] The world calls for and expects from us simplicity of life, the spirit of prayer, charity towards all, especially towards the lowly and the poor, obedience and humility, detachment and self-sacrifice. Without this mark of holiness, our word will have difficulty in touching the heart of modern man. It risks being vain and sterile.

77. The power of evangelization will find itself considerably diminished if those who proclaim the Gospel are divided among themselves in all sorts of ways. Is this not perhaps one of the great sicknesses of evangelization today? Indeed, if the Gospel that we proclaim is seen to be rent by doctrinal disputes, ideological polarizations or mutual condemnations among Christians, at the mercy of the latter's differing views on Christ and the Church and even because of their different concepts of society and human institutions, how can those to whom we address our preaching fail to be disturbed, disoriented, even scandalized?

The Lord's spiritual testament tells us that unity among His followers is not only the proof that we are His but also the proof that He is sent by the Father. It is the test of the credibility of Christians and of Christ Himself. As evangelizers, we must offer Christ's faithful not the image of people divided and separated by unedifying quarrels, but the image of people who are mature in faith and capable of finding a meeting-point beyond the real tensions, thanks to a shared, sincere and disinterested search for truth. Yes, the destiny of evangelization is certainly bound up with the witness of unity given by the Church. This is a source of responsibility and also of comfort.

At this point we wish to emphasize the sign of unity among all Christians as the way and instrument of evangelization. The division among Christians is a serious reality which impedes the very work of Christ. The Second Vatican Council states clearly and emphatically that this division "damages the most holy cause of preaching the Gospel to all men, and it impedes many from embracing the faith."[123] For this reason, in proclaiming the Holy Year we considered it necessary to recall to all the faithful of the Catholic world that "before all men can be brought together and restored to the grace of God our Father, communion must be reestablished between those who by faith have acknowledged and accepted Jesus Christ as the Lord of mercy who sets men free and unites them in the Spirit of love and truth."[124]

And it is with a strong feeling of Christian hope that look to the efforts being made in the Christian world for this restoration of the full unity willed by Christ. St. Paul assures us that "hope does not disappoint us."[125] While we still work to obtain full unity from the Lord, we wish to see prayer intensified. Moreover we make our own the desire of the Fathers of the Third General Assembly of the Synod of Bishops, for a collaboration marked by greater commitment with the Christian brethren with whom we are not yet united in perfect unity, taking as a basis the foundation of Baptism and the patrimony of faith which is common to us. By doing this we can already give a greater common witness to Christ before the world in the very work of evangelization. Christ's command urges us to do this; the duty of preaching and of giving witness to the Gospel requires this.

78. The Gospel entrusted to us is also the word of truth. A truth which liberates[126] and which alone gives peace of heart is what people are looking for when we proclaim the Good News to them. The truth about God, about man and his mysterious destiny, about the world; the difficult truth that we seek in the Word of God and of which, we repeat, we are neither the masters nor the owners, but the depositaries, the heralds and the servants.

Every evangelizer is expected to have a reverence for truth, especially since the truth that he studies and communicates is none other than revealed truth and hence, more than any other, a sharing in the first truth which is God Himself. The preacher of the Gospel will therefore be a person who even at the price of personal renunciation and suffering always seeks the truth that he must transmit to others. He never betrays or hides truth out of a desire to please men, in order to astonish or to shock, nor for the sake of originality or a desire to make an impression. He does not refuse truth. He does not obscure revealed truth by being too idle to search for it, or for the sake of his own comfort, or out of fear. He does not neglect to study it. He serves it generously, without making it serve him.

We are the pastors of the faithful people, and our pastoral service impels us to preserve, defend, and to communicate the truth regardless of the sacrifices that this involves. So many eminent and holy pastors have left us the example of this love of truth. In many cases it was an heroic love. The God of truth expects us to be the vigilant defenders and devoted preachers of truth.

Men of learning- whether you be theologians, exegetes or historians- the work of evangelization needs your tireless work of research, and also care and tact in transmitting the truth to which your studies lead you but which is always greater than the heart of man, being the very truth of God.

Parents and teachers, your task- and the many conflicts of the present day do not make it an easy one- is to help your children and your students to discover truth, including religious and spiritual truth.

79. The work of evangelization presupposes in the evangelizer an ever increasing love for those whom he is evangelizing. That model evangelizer, the Apostle Paul, wrote these words to the Thessalonians, and they are a program for us all: "With such yearning love we chose to impart to you not only the gospel of God but our very selves, so dear had you become to us."[127] What is this love? It is much more than that of a teacher; it is the love of a father; and again, it is the love of a mother.[128] It is this love that the Lord expects from every preacher of the Gospel, from every builder of the Church. A sign of love will be the concern to give the truth and to bring people into unity. Another sign of love will be a devotion to the proclamation of Jesus Christ, without reservation or turning back. Let us add some other signs of this love.

The first is respect for the religious and spiritual situation of those being evangelized. Respect for their tempo and pace; no one has the right to force them excessively. Respect for their conscience and convictions, which are not to be treated in a harsh manner.

Another sign of this love is concern not to wound the other person, especially if he or she is weak in faith,[129] with statements that may be clear for those who are already initiated but which for the faithful can be a source of bewilderment and scandal, like a wound in the soul.

Yet another sign of love will be the effort to transmit to Christians not doubts and uncertainties born of an erudition poorly assimilated but certainties that are solid because they are anchored in the Word of God. The faithful need these certainties for their Christian life; they have a right to them, as children of God who abandon themselves entirely into His arms and to the exigencies of love.

80. Our appeal here is inspired by the fervor of the greatest preachers and evangelizers, whose lives were devoted to the apostolate. Among these we are glad to point out those whom we have proposed to the veneration of the faithful during the course of the Holy Year. They have known how to overcome many obstacles to evangelization.

Such obstacles are also present today, and we shall limit ourself to mentioning the lack of fervor. It is all the more serious because it comes from within. It is manifested in fatigue, disenchantment, compromise, lack of interest and above all lack of joy and hope. We exhort all those who have the task of evangelizing, by whatever title and at whatever level, always to nourish spiritual fervor[130]

This fervor demands first of all that we should know how to put aside the excuses which would impede evangelization. The most insidious of these excuses are certainly the ones which people claim to find support for in such and such a teaching of the Council.

Thus one too frequently hears it said, in various terms, that to impose a truth, be it that of the Gospel, or to impose a way, be it that of salvation, cannot but be a violation of religious liberty. Besides, it is added, why proclaim the Gospel when the whole world is saved by uprightness of heart? We know likewise that the world and history are filled with "seeds of the Word"; is it not therefore an illusion to claim to bring the Gospel where it already exists in the seeds that the Lord Himself has sown?

Anyone who takes the trouble to study in the Council's documents the questions upon which these excuses draw too superficially will find quite a different view.

It would certainly be an error to impose something on the consciences of our brethren. But to propose to their consciences the truth of the Gospel and salvation in Jesus Christ, with complete clarity and with a total respect for the free options which it presents- "without coercion, or dishonorable or unworthy pressure"[131]- far from being an attack on religious liberty is fully to respect that liberty, which is offered the choice of a way that even non-believers consider noble and uplifting. Is it then a crime against others' freedom to proclaim with joy a Good News which one has come to know through the Lord's mercy?[132] And why should only falsehood and error, debasement and pornography have the right to be put before people and often unfortunately imposed on them by the destructive propaganda of the mass media, by the tolerance of legislation, the timidity of the good and the impudence of the wicked? The respectful presentation of Christ and His kingdom is more than the evangelizer's right; it is his duty. It is likewise the right of his fellow men to receive from him the proclamation of the Good News of salvation. God can accomplish this salvation in whomsoever He wishes by ways which He alone knows.[133] And yet, if His Son came, it was precisely in order to reveal to us, by His word and by His life, the ordinary paths of salvation. And He has commanded us to transmit this revelation to others with His own authority. It would be useful if every Christian and every evangelizer were to pray about the following thought: men can gain salvation also in other ways, by God's mercy, even though we do not preach the Gospel to them; but as for us, can we gain salvation if through negligence or fear or shame- what St. Paul called "blushing for the Gospel"[134] - or as a result of false ideas we fail to preach it? For that would be to betray the call of God, who wishes the seed to bear fruit through the voice of the ministers of the Gospel; and it will depend on us whether this grows into trees and produces its full fruit.

Let us therefore preserve our fervor of spirit. Let us preserve the delightful and comforting joy of evangelizing, even when it is in tears that we must sow. May it mean for us- as it did for John the Baptist, for Peter and Paul, for the other apostles and for a multitude of splendid evangelizers all through the Church's history- an interior enthusiasm that nobody and nothing can quench. May it be the great joy of our consecrated lives. And may the world of our time, which is searching, sometimes with anguish, sometimes with hope, be enabled to receive the Good News not from evangelizers who are dejected, discouraged, impatient or anxious, but from ministers of the Gospel whose lives glow with fervor, who have first received the joy of Christ, and who are willing to risk their lives so that the kingdom may be proclaimed and the Church established in the midst of the world.

81. This then, brothers and sons and daughters, is our heartfelt plea. It echoes the voice of our brethren assembled for the Third General Assembly of the Synod of Bishops. This is the task we have wished to give you at the close of a Holy Year which has enabled us to see better than ever the needs and the appeals of a multitude of brethren, both Christians and non-Christians, who await from the Church the Word of salvation.

May the light of the Holy Year, which has shone in the local Churches and in Rome for millions of consciences reconciled with God, continue to shine in the same way after the Jubilee through a program of pastoral action with evangelization as its basic feature, for these years which mark the eve of a new century, the eve also of the third millennium of Christianity.

82. This is the desire that we rejoice to entrust to the hands and the heart of the Immaculate Blessed Virgin Mary, on this day which is especially consecrated to her and which is also the tenth anniversary of the close of the Second Vatican Council. On the morning of Pentecost she watched over with her prayer the beginning of evangelization prompted by the Holy Spirit: may she be the Star of the evangelization ever renewed which the Church, docile to her Lord's command, must promote and accomplish, especially in these times which are difficult but full of hope!

In the name of Christ we bless you, your communities, your families, all those who are dear to you, in the words which Paul addressed to the Philippians: "I give thanks to my God every time I think of you- which is constantly, in every prayer I utter- rejoicing, as I plead on your behalf, at the way you have all continually helped to promote the gospel.... I hold all of you dear- you who...are sharers of my gracious lot...to defend the solid grounds on which the gospel rests. God himself can testify how much I long for each of you with the affection of Christ Jesus!"[135]


Given in Rome, at Saint Peter's, on the Solemnity of the Immaculate Conception of the Blessed Virgin Mary, December 8, 1975, the thirteenth year of our Pontificate.

PAULUS PP. VI


Notes

1. Cf. Lk 22:32.

2. 2 Cor 11:28.

3. Cf. Second Vatican Ecumenical Council, Decree on the Church's Missionary Activity Ad Gentes, 1: AAS 58 (1966), p. 947.

4. Cf. Eph 4:24, 2:15; Col 3:10; Gal 3:27; Rom 13:114; 2 Cor 5:17.

5. 2 Cor 5:20.

6. Cf. Paul VI, Address for the closing of the Third General Assembly of the Synod of Bishops (26 October 1974): AAS 66 (19740, PP. 634-635, 637.

7. Paul VI, Address to the College of Cardinals (22 June 1973): AAS 65 (1973), p. 383.

8. 2 Cor 11:28.

9. 1 Tim 5:17.

10. 2 Tim 2:15.

11. Cf. 1 Cor 2:5.

12. Lk 4:43.

13. Ibid.

14. Lk 4:18; cf. Is 61:1.

15. Cf. Mk 1:1; Rom 1:1-3.

16. Cf. Mt 6:33.

17. Cf. Mt 5:3-12.

18. Cf. Mt 5-7.

19. Cf. Mt 10.

20. Cf. Mt 13.

21. Mt 18.

22. Cf. Mt 24-25.

23. Cf. Mt. 24:36; Acts 1:7; 1 Thess 5:1-2.

24. Cf. Mt 11:12; Lk 16:16.

25. Cf. Mt 4:17.

26. Mk 1:27.

27. Lk 4:22.

28. Jn 7:46.

29. Lk 4:43.

30. Jn 11:52.

31. Cf. Second Vatican Ecumenical Council, Dogmatic Constitution on Divine Revelation Dei Verbum, 4: AAS 58 (1966), pp. 818-819.32. 1 Pt 2:9.

33. Cf. Acts 2:11.

34. Lk 4:43.

35. 1 Cor 9:16.

36. "Declaration of the Synod Fathers", 4: L'Osservatore Romano (27 October 1974), p. 6.

37. Mt 28:19.

38. Acts 2:41, 47.

39. Cf. Second Vatican Ecumenical Council, Dogmatic Constitution on the Church Lumen Gentium, 8: AAS 57 (1965), p. 11; Decree on the Church's Missionary Activity Ad Gentes, 5: AAS 58 (1966), pp 951-952.

40. Cf. Acts 2:42-46; 4:32-35; 5:12-16.

41. Cf. Acts 2:11; 1 Pt 2:9.

42. Cf. Decree on the Church's Missionary Activity Ad Gentes, 5, 11-12: AAS 58 (1966), pp. 951-952, 959-961.

43. Cf. 2 Cor 4:5; Saint Augustine Sermo XLVI, De Pastoribus: ccl XLI, pp. 529-530.

44. Lk 10:16; cf. Saint Cyprian, De Unitate Ecclesiae, 14: PL 4, 527; Saint Augustine, Enarrat. 88, Sermo, 2, 14: PL 37, 1140; Saint John Chrysostom, Hom. de capto Eutropio, 6: PG 52, 462.

45. Eph 5:25.

46. Rev. 21:5; cf. 2 Cor 5:17; Gal 6:15.

47. Cf. Rom 6:4.

48. Cf. Eph 4:24-25; Col 3:9-10.

49. Cf. Rom 1:16; 1 Cor 1:18, 2:4.

50. Cf. 53: AAS 58 (1966), p. 1075.

51. Cf. Tertullian Apologeticum, 39: CCL, I, PP. 150-153; Minucius Felix, Octavius 9 and 31: CSLP, Turin 1963, pp. 11-13, 47-48.

52. 1 Pt 3:15.

53.Cf. Second Vatican Ecumenical Council, Dogmatic Constitution on the Church Lumen Gentium, 1, 9, 48; AAS 57 (1965), pp. 5, 12-14, 53-54; Pastoral Constitution on the Church in the Modern World Gaudium et Spes, 42, 45, AAS 58 (1966), pp. 1060-1061, 1065-1066; Decree on the Church's Missionary Activity Ad Gentes, 1, 5: AAS 58 (1966), pp. 947, 951-952.

54. Cf. Rom 1:16; 1 Cor 1:18.

55. Cf. Acts 17:22-23.

56. 1 Jn 3:1; cf. Rom 8:14-17.

57. Cf. Eph 2:8; Rom 1:16. Cf. Sacred Congregation for the Doctrine of the Faith, Declaratio ad fidem tuendam in mysteria Incarnationis et SS. Trinitatis e quibusdam recentibus erroribus (21 February 1972): AAS 64 (1972), pp. 237-241.

58. Cf. 1 Jn 3:2; Rom 8:29; Phil 3: 20-21. Cf. Second Vatican Ecumenical Council, Dogmatic Constitution on the Church Lumen Gentium 48-51: AAS 57 (1965), pp. 53-58.

59. Cf. Sacred Congregation for the Doctrine of the Faith, Declaratio circa Catholicam Doctrinam de Ecclesia contra nonnullos errores hodiernos tuendam (24 June 1973): AAS 65 (1973), pp. 396-408.

60. Cf. Second Vatican Ecumenical Council, Pastoral Constitution on the Church in the Modern World Gaudium et Spes, 47-52: AAS 58 (1966): pp. 1067-1074; Paul VI, Encyclical Letter Humanae Vitae: AAS 60 (1968), pp. 481-503.

61. Paul VI, Address for the opening of the Third General Assembly of the Synod of Bishops (27 September 1974): AAS 66 (1974), p. 562.

62. Ibid.

63. Paul VI Address to the Campesinos of Colombia (23 August 1968): AAS 60 (1968), p. 623.

64. Paul VI, Address for the Day of Development at Bogota (23 August 1968): AAS 60 (1968), p. 627; Cf. Saint Augustine, Epistola229, 2: PL 33, 1020.

65. Paul VI, Address for the closing of the Third General Assembly of the Synod of Bishops (26 October 1974); AAS 66 (1974), p. 637.

66. Address given on 15 October 1975: L'Osservatore Romano (17 October 1975).

67. Pope Paul VI, Address to the Members of the Consilium de Laicis (2 October 1974): AAS 66 (1974), p. 568.

68. Cf. 1 Pt 3:1.

69. Rom 10:14, 17.

70. Cf. 1 Cor 2:1-5.

71. Rom 10:17.

723. Cf. Mt 10:27; Lk 12:3.

73. Mk 16:15.

74. Cf. Saint Justin, I Apol. 46, 1-4: PG 6, II Apol. 7 (8) 1-4; 10, 1-3; 13, 3-4; Florilegium Patristicum II, Bonn 1911, pp. 81, 125, 129, 133; Clement of Alexandria, Stromata I, 19, 91; 94; S. Ch. pp. 117-118; 119-110; Cf. Second Vatican Ecumenical Council, Decree on the Church's Missionary Activity Ad Gentes, 11: AAS 58 (1966), p. 960; cf. Second Vatican Ecumenical Council, Dogmatic Constitution on the Church Lumen Gentium, 17: AAS 57 (1965), p 20.

76. Cf. Eph 3:8.

77. Cf. Henri de Lubac, Le drame de l'humanisme athée, ed. Spes, Paris, 1945.

78. Cf. Pastoral Constitution on the Church in the Modern World Gaudium et Spes, 59: AAS 58 (1966), p. 1080.

79. 1 Tim 2:4.

80. Mt 9:36; 15:32.

81. Rom 10:15.

82. Declaration on Religious Liberty Dignitatis Humanae, 13: AAS 58 (1966), p 939; cf. Dogmatic Constitution on the Church Lumen Gentium, 5: AAS 57 (1965) pp. 7-8; Decree on the Church's Missionary Activity Ad Gentes, 1: AAS 58 (1966), p. 947.

83. Decree on the Church's Missionary Activity Ad Gentes, 35: AAS 58 (1966), p. 983.

84. Saint Augustine, Enarratio in Ps 44:23: CCL XXXVIII, p. 510; cf Decree on the Church's Missionary Activity Ad Gentes, 1: AAS 58 (1966), p. 947.

85. Saint Gregory the Great, Homil. in Evangelia 19, 1: PL 76, 1154.

86. Acta 1:8; cf. Didache 9, 1: Fund Patres Apostolici, 1, 22.

87. Mt 28:20.

88. Cf. Mt 13:32.

89. Cf. Mt 13:47.

90. Cf. Jn 21:11.

91. Cf. Jn 10:1-16.

92. Cf. Second Vatican Ecumenical Council, Constitution on the Sacred Liturgy Sacrosanctum Concilium 37-38: AAS 56 (1964), p. 110; cf. also the liturgical books and other documents subsequently issued by the Holy See for the putting into practice of the liturgical reform desired by the same Council.

93. Paul VI, Address for the closing of the Third General Assembly of the Synod of Bishops (26 October 1974): AAS 66 (1974), p. 636.

94. Cf. Jn 15:16; Mk 3:13-19; Lk 6:13-16.

95. Cf. Acts 1:21-22.

96. Cf. Mk 3:14.

97. Cf. Mk 3:14-15; Lk 9:2.

98. Acts 4:8; cf. 2:14; 3:12.

99. Cf. St. Leo the Great, Sermo 69, 3; Sermo 70, 1-3; Sermo 94, 3; Sermo 95 2: S.C. 200, pp. 50-52; 58-66; 258-260; 268.

100. Cf. First Ecumenical Council of Lyons, Constitution Ad apostolicae dignitaties: Conciliorum Oecumenicorum Decreta, ed. Istituto per le Scienze Religiose, Bologna 1973, p. 278; Ecumenical Council of Vienne, Constitution Ad providam Christi, ed. cit., p. 343; Fifth Lateran Ecumenical Council, Constitution In apostolici culminis, ed. cit., p. 608; Constitution Postquam ad universalis, ed. cit., p. 614; Constitution Divina disponente clementia, ed. cit., p. 638.

101. Decree on the Church's Missionary Activity Ad Gentes, 38: AAS 58 (1966), p. 985.

102. Second Vatican Ecumenical Council, Dogmatic Constitution on the Church Lumen Gentium, 22: AAS 57 (1965), p. 26.

103. Cf. Second Vatican Ecumenical Council, Dogmatic Constitution on the Church Lumen Gentium, 10, 37; AAS 57 1965), pp. 14, 43; Decree on the Church's Missionary Activity Ad Gentes, 39: AAS 58 (1966), p. 986; Decree on the Ministry and Life of PriestsPresbyterorum Ordinis, 2, 12, 13: AAS 58 (1966), pp. 992, 1010, 1011.

104. Cf. 1 Thess 2:9.

105. Cf. 1 Pt 5:4.

106. Dogmatic Constitution on the Church Lumen Gentium, 11: AAS 57 (1965), p. 16; Decree on the Apostolate of the LaityApostolicam Actuositatem, 11, AAS 58 (1966), p. 848; Saint John Chrysostom, In Genesim Serm. VI, 2; VII, 1: PG 54, 607-68.

107. Mt. 3:17.

108. Mt. 4:1.

109. Lk 4:14.

110. Lk 4:O[18], 21; cf. Is 61:1.

111. Jn 20:22.

112. Acts 2:17.

113 Cf. Acts 4:8.

114 Cf. Acts 9:17.

115. Cf. Acts 6:5, 10; 7:55.

116. Acts 10:44.

117. Acts 9:31.

118. Cf. Second Vatican Ecumenical Council, Decree on the Church's Missionary Activity Ad Gentes, 4:AAS 58 (1966), pp. 950-951.

119. Jn 17:21.

120. Cf. Acts 20:28.

121. Cf. Decree on the Ministry and Life of Priests Presbyterorum Ordinis, 13: AAS 58 (1966), p. 1011.

122. Cf. Heb 11:27.

123. Decree on the Church's Missionary Activity Ad Gentes, 6: AAS 58 (1966), pp. 954-955; cf. Decree on Ecumenism Unitatis Redintegratio, 1: AAS 57 (1965), pp. 90-91.

124. Bull Apostolorum Limina, VII: AAS 66 (1974), p. 305.

125. Rom 5:5.

126. Cf. Jn 8:32.

127. 1 Thess 2:8; cf. Phil 1:8.

128. Cf. 1 Thess 2:7-11; 1 Cor 4:15; Gal 4:19.

129. Cf. 1 Cor 8:9-13; Rom 14:15.

130. Cf. Rom 12:11.

131. Cf. Second Vatican Council, Declaration on Religious Liberty Dignitaties Humanae, 4: AAS 58 (1966), p. 933.

132. Cf. Ibid., 9-14: Loc. Cit., pp. 935-940.

133. Cf. Second Vatican Ecumenical Council, Decree on the Church's Missionary Activity Ad Gentes, 7: AAS 58 (1966), p. 955.

134. Cf. Rom 1:16.

135. Phil 1:3-4, 7-8.
  
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EVANGELII NUNTIANDI
ESORTAZIONE APOSTOLICA
DI SUA SANTITÀ
PAOLO VI

Venerabili Fratelli e diletti Figli, salute e Apostolica Benedizione


Introduzione

IMPEGNO PARTICOLARE PER L'EVANGELIZZAZIONE

1. L'impegno di annunziare il Vangelo agli uomini del nostro tempo animati dalla speranza, ma, parimente, spesso travagliati dalla paura e dall'angoscia, è senza alcun dubbio un servizio reso non solo alla comunità cristiana, ma anche a tutta l'umanità. Di qui il dovere di confermare i fratelli, che Noi abbiamo ricevuto dal Signore con l'ufficio di Successore di Pietro [1], e che è per Noi un «assillo quotidiano» [2], un programma di vita e d'azione, e un impegno fondamentale del Nostro Pontificato; questo dovere Ci sembra ancora più nobile e necessario allorché si tratta di incoraggiare i nostri fratelli nella missione di evangelizzatori, affinché, in questi tempi d'incertezza e di disordine, essi la compiano con amore, zelo e gioia sempre maggiori.

IN OCCASIONE DI TRE AVVENIMENTI

2. È proprio ciò che Noi vogliamo fare qui, al termine di questo Anno Santo, nel corso del quale la Chiesa, «protesa con ogni sforzo verso la predicazione del Vangelo a tutti gli uomini» [3], non ha voluto fare altro che compiere il proprio ufficio di messaggera della Buona Novella di Gesù Cristo, proclamata in virtù di due consegne fondamentali: «Rivestitevi dell'uomo nuovo» [4], e «Lasciatevi riconciliare con Dio» [5].

Vogliamo farlo in questo decimo anniversario della chiusura del Concilio Vaticano II, i cui obiettivi si riassumono, in definitiva, in uno solo: rendere la Chiesa del XX secolo sempre più idonea ad annunziare il Vangelo all'umanità del XX secolo.

Vogliamo farlo ad un anno dalla terza Assemblea Generale del Sinodo dei Vescovi - dedicata, come è noto, all'evangelizzazione - tanto più che questo Ci è stato richiesto dagli stessi Padri Sinodali. Infatti, alla fine di quella memorabile Assemblea, essi hanno deciso di rimettere al Pastore della Chiesa universale, con grande fiducia e semplicità, il frutto del loro lavoro, dichiarando che si aspettavano dal Papa uno slancio nuovo capace di creare, in una Chiesa ancor più radicata nella forza e nella potenza perenni della Pentecoste, nuovi tempi d'evangelizzazione [6].

TEMA SPESSO SOTTOLINEATO DURANTE IL NOSTRO PONTIFICATO

3. Di questo tema dell'evangelizzazione, Noi abbiamo sottolineato, a più riprese, l'importanza molto prima della celebrazione del Sinodo. «Le condizioni della società - dicevamo al Sacro Collegio dei Cardinali, il 22 giugno 1973 - ci obbligano tutti a rivedere i metodi, a cercare con ogni mezzo di studiare come portare all'uomo moderno il messaggio cristiano, nel quale, soltanto, egli può trovare la risposta ai suoi interrogativi e la forza per il suo impegno di solidarietà umana» [7]. E Noi aggiungiamo che per dare una risposta valida alle esigenze del Concilio, le quali ci interpellano, è assolutamente necessario metterci di fronte ad un patrimonio di fede che la Chiesa ha il dovere di preservare nella sua purezza intangibile, ma anche di presentare agli uomini del nostro tempo, per quanto possibile, in modo comprensibile e persuasivo.

NELLA LINEA DEL SINODO DEL 1974

4. Questa fedeltà a un messaggio, del quale noi siamo i servitori, e alle persone a cui noi dobbiamo trasmetterlo intatto e vivo, è l'asse centrale dell'evangelizzazione. Essa pone tre brucianti domande, che il Sinodo del 1974 ha avuto costantemente davanti agli occhi: 

- Che ne è oggi di questa energia nascosta della Buona Novella, capace di colpire profondamente la coscienza dell'uomo? 

- Fino a quale punto e come questa forza evangelica è in grado di trasformare veramente l'uomo di questo secolo? 

- Quali metodi bisogna seguire nel proclamare il Vangelo affinché la sua potenza possa raggiungere i suoi effetti? 

Questi interrogativi esplicitano, in realtà, la domanda fondamentale che la Chiesa si pone oggi e che si potrebbe tradurre così: dopo il Concilio e grazie al Concilio, che è stato per essa un'ora di Dio in questo scorcio della storia, la Chiesa si sente o no più adatta ad annunziare il Vangelo e ad inserirlo nel cuore dell'uomo con convinzione, libertà di spirito ed efficacia?

INVITO ALLA RIFLESSIONE

5. Noi tutti vediamo l'urgenza di dare a questa domanda una risposta leale, umile, coraggiosa, e di agire di conseguenza. Nella nostra «sollecitudine per tutte le Chiese» [8].

Noi vorremmo aiutare i nostri Fratelli e Figli a rispondere a questi interrogativi. Possano le nostre parole, che vorrebbero essere, partendo dalle ricchezze del Sinodo, una riflessione sulla evangelizzazione, invitare alla medesima riflessione tutto il Popolo di Dio adunato nella Chiesa e dare nuovo slancio a tutti, specialmente a «quelli che si affaticano nella parola e nell'Insegnamento» [9], affinché ciascuno di essi sia «un fedele dispensatore della parola della verità» [10] e faccia opera di predicatore del Vangelo, assolvendo alla perfezione il proprio ministero. Una tale Esortazione Ci è parsa di capitale importanza, perché la presentazione del messaggio evangelico non è per la Chiesa un contributo facoltativo: è il dovere che le incombe per mandato del Signore Gesù, affinché gli uomini possano credere ed essere salvati. Sì, questo messaggio è necessario. È unico. È insostituibile. Non sopporta né indifferenza, né sincretismi, né accomodamenti. È in causa la salvezza degli uomini. Esso rappresenta la bellezza della rivelazione. Comporta una saggezza che non è di questo mondo. È capace di suscitare, per se stesso, la fede, una fede che poggia sulla potenza di Dio [11]. Esso è la Verità. Merita che l'Apostolo vi consacri tutto il suo tempo, tutte le sue energie, e vi sacrifichi, se necessario, la propria vita.

I. Dal Cristo evangelizzatore alla Chiesa evangelizzatrice

TESTIMONIANZA E MISSIONE DI GESÙ

6. La testimonianza che il Signore dà di se stesso e che San Luca ha raccolto nel suo Vangelo - «Devo annunziare la Buona Novella del Regno di Dio» [12] - ha senza dubbio una grande portata, perché definisce con una parola la missione di Gesù: «Per questo sono stato mandato» [13]. Queste parole acquistano tutta la loro significazione, se si accostano ai versetti precedenti, dove il Cristo aveva applicato a se stesso l'espressione del profeta Isaia: «Lo Spirito del Signore è sopra di me, per questo mi ha consacrato con l'unzione, e mi ha mandato per annunziare ai poveri un lieto annuncio» [14].

Proclamare di città in città, soprattutto ai più poveri, spesso più disposti, il gioioso annuncio del compimento delle promesse e dell'Alleanza proposta da Dio: tale è la missione per la quale Gesù si dichiara inviato dal Padre. E tutti gli aspetti del suo Ministero - la stessa Incarnazione, i miracoli, l'insegnamento, la chiamata dei discepoli, l'invio dei Dodici, la Croce e la risurrezione, la permanenza della sua presenza in mezzo ai suoi - sono componenti della sua attività evangelizzatrice.

GESÙ PRIMO EVANGELIZZATORE

7. Molto spesso nel corso del Sinodo, i Vescovi hanno ricordato questa verità: Gesù medesimo, Vangelo di Dio [15], è stato assolutamente il primo e il più grande evangelizzatore. Lo è stato fino alla fine: fino alla perfezione e fino al sacrificio della sua vita terrena.

Evangelizzare: quale significato ha avuto questo imperativo per Cristo? Non è certo facile esprimere, in una sintesi completa, il senso, il contenuto, i modi dell'evangelizzazione, quale il Cristo la concepiva e l'ha realizzata. D'altra parte questa sintesi non potrà mai essere terminata. Ci basti ricordare alcuni aspetti essenziali.

L'ANNUNCIO DEL REGNO DI DIO

8. Evangelizzatore, il Cristo annunzia prima di tutto un Regno, il Regno di Dio, il quale è tanto importante, rispetto a lui, che tutto diventa «il resto», che è «dato in aggiunta» [16]. Solo il Regno è dunque assoluto e rende relativa ogni altra cosa. Il Signore si compiace di descrivere, sotto innumerevoli forme diverse, la felicità di appartenere a questo Regno, felicità paradossale fatta di cose che il mondo rifiuta [17]; le esigenze del Regno e la sua Magna Charta [18], gli araldi del Regno [19], i suoi misteri [20]; i suoi piccoli [21], la vigilanza e la fedeltà richieste a chiunque attende il suo avvento definitivo [22].

L'ANNUNCIO DELLA SALVEZZA LIBERATRICE

9. Come nucleo e centro della Buona Novella, il Cristo annunzia la salvezza, dono grande di Dio, che non solo è liberazione da tutto ciò che opprime l'uomo, ma è soprattutto liberazione dal peccato e dal Maligno, nella gioia di conoscere Dio e di essere conosciuti da lui, di vederlo, di abbandonarsi a lui. Tutto ciò comincia durante la vita del Cristo, è definitivamente acquisito mediante la sua morte e la sua risurrezione, ma deve essere pazientemente condotto nel corso della storia, per essere pienamente realizzato nel giorno della venuta definitiva del Cristo, che nessuno sa quanto avrà luogo, eccetto il Padre [23].

A PREZZO DI UNO SFORZO CROCIFIGGENTE

10. Questo Regno e questa salvezza, parole-chiave dell'evangelizzazione di Gesù Cristo, ogni uomo può riceverli come grazia e misericordia, e nondimeno ciascuno deve, al tempo stesso, conquistarli con la forza - appartengono ai violenti, dice il Signore [24] - con la fatica e la sofferenza, con una vita secondo il Vangelo, con la rinunzia e la croce, con lo spirito delle beatitudini. Ma, prima di tutto, ciascuno li conquista mediante un totale capovolgimento interiore che il Vangelo designa col nome di «metánoia», una conversione radicale, un cambiamento profondo della mente e del cuore [25].

PREDICAZIONE INSTANCABILE

11. Questa proclamazione del Regno di Dio, il Cristo la compie mediante la predicazione instancabile di una parola, di cui non si trova l'eguale in nessuna altra parte: «Ecco una dottrina nuova insegnata con autorità!» [26]; «Tutti gli rendevano testimonianza ed erano meravigliati delle parole di grazia che uscivano dalla sua bocca» [27]; «Mai un uomo ha parlato come parla quest'uomo!»[28]. Le sue parole svelano il segreto di Dio, il suo disegno e Ia sua promessa, e cambiano perciò il cuore dell'uomo e il suo destino.

CON SEGNI EVANGELICI

12. Ma egli attua parimente questa proclamazione attraverso innumerevoli segni, che formano Io stupore delle folle e, nel contempo, le trascinano verso di lui per vederlo, ascoltarlo e lasciarsi trasformare da lai: malati guariti, acqua cambiata in vino, pane moltiplicato, morti che ritornano alla vita. E tra tutti, il segno al quale egli dà una grande importanza: i piccoli, i poveri sono evangelizzati, diventano suoi discepoli, si riuniscono «nel suo nome» nella grande comunità di quelli che credono in lui. Perché il Gesù che dichiarava: «Devo annunziare la buona novella del Regno di Dio» [29], è lo stesso Gesù di cui Giovanni Evangelista diceva che era venuto e doveva morire «per riunire insieme i figli di Dio dispersi» [30]. Così egli compie la rivelazione, completandola e confermandola con ogni manifestazione che fa di se medesimo, mediante le parole e le opere, i segni e i miracoli, e più particolarmente mediante Ia sua morte, la sua risurrezione e l'invio dello Spirito di Verità [31].

PER UNA COMUNITÀ EVANGELIZZATA ED EVANGELIZZATRICE

13. Coloro che accolgono con sincerità la Buona Novella, proprio in virtù di questo accoglimento e della fede partecipata, si riuniscono nel nome di Gesù per cercare insieme il Regno, costruirlo, viverlo. L'ordine dato agli Apostoli - «Andate, proclamate la Buona Novella» - vale anche, sebbene in modo differente, per tutti i cristiani. È proprio per ciò che Pietro chiama questi ultimi «Popolo che Dio si è acquistato perché proclami le sue opere meravigliose [32], quelle medesime meraviglie che ciascuno ha potuto ascoltare nella propria lingua [33]. Del resto, la Buona Novella del Regno, che viene e che è iniziato, è per tutti gli uomini di tutti i tempi. Quelli che l'hanno ricevuta e quelli che essa raccoglie nella comunità della salvezza, possono e devono comunicarla e diffonderla.

EVANGELIZZAZIONE, VOCAZIONE PROPRIA DELLA CHIESA

14. La Chiesa lo sa. Essa ha una viva consapevolezza che la parola del Salvatore - «Devo annunziare la buona novella del Regno di Dio» [34] - si applica in tutta verità a lei stessa. E volentieri aggiunge con S. Paolo: «Per me evangelizzare non è un titolo di gloria, ma un dovere. Guai a me se non predicassi il Vangelo!» [35]. È con gioia e conforto che Noi abbiamo inteso, al termine della grande Assemblea dell'ottobre 1974, queste parole luminose: «Vogliamo nuovamente confermare che il mandato d'evangelizzare tutti gli uomini costituisce la missione essenziale della Chiesa» [36], compito e missione che i vasti e profondi mutamenti della società attuale non rendono meno urgenti. Evangelizzare, infatti, è la grazia e la vocazione propria della Chiesa, la sua identità più profonda. Essa esiste per evangelizzare, vale a dire per predicare ed insegnare, essere il canale del dono della grazia, riconciliare i peccatori con Dio, perpetuare il sacrificio del Cristo nella S. Messa che è il memoriale della sua morte e della sua gloriosa risurrezione.

LEGAMI RECIPROCI TRA LA CHIESA E L'EVANGELIZZAZIONE

15. Chiunque rilegge, nel Nuovo Testamento, le origini della Chiesa, seguendo passo passo la sua storia e considerandola nel suo vivere e agire, scorge che è legata all'evangelizzazione da ciò che essa ha di più intimo: - La Chiesa nasce dall'azione evangelizzatrice di Gesù e dei Dodici. Ne è il frutto normale, voluto, più immediato e più visibile: «Andate dunque, fate dei discepoli in tutte le nazioni» [37]. Ora, «coloro che accolsero la sua parola furono battezzati e circa tremila si unirono ad essi . . . E il Signore ogni giorno aggiungeva alla comunità quelli che erano salvati» [38].

- Nata, di conseguenza, della missione, la Chiesa è, a sua volta, inviata da Gesù. La Chiesa resta nel mondo, mentre il Signore della gloria ritorna al Padre. Essa resta come un segno insieme opaco e luminoso di una nuova presenza di Gesù, della sua dipartita e della sua permanenza. Essa la prolunga e lo continua. Ed è appunto la sua missione e la sua condizione di evangelizzatore che, anzitutto, è chiamata a continuare [39]. Infatti la comunità dei cristiani non è mai chiusa in se stessa. In essa la vita intima - la vita di preghiera, l'ascolto della Parola e dell'insegnamento degli Apostoli, la carità fraterna vissuta, il pane spezzato [40] - non acquista tutto il suo significato se non quando essa diventa testimonianza, provoca l'ammirazione e la conversione, si fa predicazione e annuncio della Buona Novella. Così tutta la Chiesa riceve la missione di evangelizzare, e l'opera di ciascuno è importante per il tutto.

- Evangelizzatrice, la Chiesa comincia con l'evangelizzare se stessa. Comunità di credenti, comunità di speranza vissuta e partecipata, comunità d'amore fraterno, essa ha bisogno di ascoltare di continuo ciò che deve credere, le ragioni della sua speranza, il comandamento nuovo dell'amore. Popolo di Dio immerso nel mondo, e spesso tentato dagli idoli, essa ha sempre bisogno di sentir proclamare «le grandi opere di Dio» [41], che l'hanno convertita al Signore, e d'essere nuovamente convocata e riunita da lui. Ciò vuol dire, in una parola, che essa ha sempre bisogno d'essere evangelizzata, se vuol conservare freschezza, slancio e forza per annunziare il Vangelo. Il Concilio Vaticano II ha ricordato [42] e il Sinodo del 1974 ha fortemente ripreso questo tema della Chiesa che si evangelizza mediante una conversione e un rinnovamento costanti, per evangelizzare il mondo con credibilità.

- La Chiesa è depositaria della Buona Novella che si deve annunziare. Le promesse della Nuova Alleanza in Gesù Cristo, l'insegnamento del Signore e degli Apostoli, la Parola di vita, le fonti della grazia e della benignità di Dio, il cammino della salvezza: tutto ciò le è stato affidato. Il contenuto del Vangelo, e quindi dell'evangelizzazione, essa lo conserva come un deposito vivente e prezioso, non per tenerlo nascosto, ma per comunicarlo.

- Inviata ed evangelizzata, la Chiesa, a sua volta, invia gli evangelizzatori. Mette nella loro bocca la Parola che salva, spiega loro il messaggio di cui essa stessa è depositaria, dà loro il mandato che essa stessa ha ricevuto e li manda a predicare: ma non a predicare le proprie persone o le loro idee personali [43], bensì un Vangelo di cui né essi, né essa sono padroni e proprietari assoluti per disporne a loro arbitrio, ma ministri per trasmetterlo con estrema fedeltà.

LA CHIESA, INSEPARABILE DAL CRISTO

16. C'è dunque un legame profondo tra il Cristo, la Chiesa e l'evangelizzazione. Durante questo tempo della Chiesa è lei che ha il mandato di evangelizzare. Questo mandato non si adempie senza di essa, né, e ancor meno, contro di essa.

È bene accennare a un momento come questo, quando avviene di sentire, non senza dolore, persone, che vogliamo credere ben intenzionate, ma certamente disorientate nel loro spirito, ripetere che esse desiderano amare il Cristo, ma non la Chiesa, ascoltare il Cristo, ma non la Chiesa, appartenere al Cristo, ma al di fuori della Chiesa. L'assurdo di questa dicotomia appare nettamente in queste parole del Vangelo: «Chi respinge voi, respinge me» [44]. E come si può voler amare il Cristo senza amare la Chiesa, se la più bella testimonianza resa a Cristo è quella di S. Paolo: «Egli ha amato la Chiesa e ha dato se stesso per lei»? [45]

II. Che cosa significa evangelizzare

COMPLESSITÀ DELL'AZIONE EVANGELIZZATRICE

17. Nell'azione evangelizzatrice della Chiesa, ci sono certamente degli elementi e degli aspetti da ritenere. Alcuni sono talmente importanti che si tende ad identificarli semplicemente con l'evangelizzazione. Si è potuto così definire l'evangelizzazione in termini di annuncio del Cristo a coloro che lo ignorano, di predicazione, di catechesi, di Battesimo e di altri Sacramenti da conferire. 

Nessuna definizione parziale e frammentaria può dare ragione della realtà ricca, complessa e dinamica, quale è quella dell'evangelizzazione, senza correre il rischio di impoverirla e perfino di mutilarla. È impossibile capirla, se non si cerca di abbracciare con lo sguardo tutti gli elementi essenziali.

Questi elementi chiaramente sottolineati durante il menzionato Sinodo, vengono ancora approfonditi, di questi tempi, sotto l'influsso dei lavori sinodali, Siamo lieti che essi si collochino, in fondo, nella linea di quelli a noi trasmessi dal Concilio Vaticano II, soprattutto nelle Costituzioni «Lumen Gentium», «Gaudium et Spes», e nel Decreto «Ad Gentes».

RINNOVAMENTO DELL'UMANITÀ . . .

18. Evangelizzare, per la Chiesa, è portare la Buona Novella in tutti gli strati dell'umanità, è, col suo influsso, trasformare dal di dentro, rendere nuova l'umanità stessa: «Ecco io faccio nuove tutte le cose» [46]. Ma non c'è nuova umanità, se prima non ci sono uomini nuovi, della novità del battesimo [47] e della vita secondo il Vangelo [48]. Lo scopo dell'evangelizzazione è appunto questo cambiamento interiore e, se occorre tradurlo in una parola, più giusto sarebbe dire che la Chiesa evangelizza allorquando, in virtù della sola potenza divina del Messaggio che essa proclama [49], cerca di convertire la coscienza personale e insieme collettiva degli uomini, l'attività nella quale essi sono impegnati, la vita e l'ambiente concreto loro propri.

. . . E DEGLI STRATI DELL'UMANITÀ

19. Strati dell'umanità che si trasformano: per la Chiesa non si tratta soltanto di predicare il Vangelo in fasce geografiche sempre più vaste o a popolazioni sempre più estese, ma anche di raggiungere e quasi sconvolgere mediante la forza del Vangelo i criteri di giudizio, i valori determinanti, i punti di interesse, le linee di pensiero, le fonti ispiratrici e i modelli di vita dell'umanità, che sono in contrasto con la Parola di Dio e col disegno della salvezza.

EVANGELIZZAZIONE DELLE CULTURE

20. Si potrebbe esprimere tutto ciò dicendo così: occorre evangelizzare - non in maniera decorativa, a somiglianza di vernice superficiale, ma in modo vitale, in profondità e fino alle radici - la cultura e le culture dell'uomo, nel senso ricco ed esteso che questi termini hanno nella Costituzione «Gaudium et Spes» [50], partendo sempre dalla persona e tornando sempre ai rapporti delle persone tra loro e con Dio.

Il Vangelo, e quindi l'evangelizzazione, non si identificano certo con la cultura, e sono indipendenti rispetto a tutte le culture, Tuttavia il Regno, che il Vangelo annunzia, è vissuto da uomini profondamente legati a una cultura, e la costruzione del Regno non può non avvalersi degli elementi della cultura e delle culture umane. Indipendenti di fronte alle culture, il Vangelo e l'evangelizzazione non sono necessariamente incompatibili con esse, ma capaci di impregnarle tutte, senza asservirsi ad alcuna.

La rottura tra Vangelo e cultura è senza dubbio il dramma della nostra epoca, come lo fu anche di altre. Occorre quindi fare tutti gli sforzi in vista di una generosa evangelizzazione della cultura, più esattamente delle culture. Esse devono essere rigenerate mediante l'incontro con la Buona Novella. Ma questo incontro non si produrrà, se la Buona Novella non è proclamata.

IMPORTANZA PRIMORDIALE DELLA TESTIMONIANZA DI VITA

21. Ed essa deve essere anzitutto proclamata mediante la testimonianza. Ecco: un cristiano o un gruppo di cristiani, in seno alla comunità d'uomini nella quale vivono, manifestano capacità di comprensione e di accoglimento, comunione di vita e di destino con gli altri, solidarietà negli sforzi di tutti per tutto ciò che è nobile e buono. Ecco: essi irradiano, inoltre, in maniera molto semplice e spontanea, la fede in alcuni valori che sono al di là dei valori correnti, e la speranza in qualche cosa che non si vede, e che non si oserebbe immaginare. Allora con tale testimonianza senza parole, questi cristiani fanno salire nel cuore di coloro che li vedono vivere, domande irresistibili: perché sono così? Perché vivono in tal modo? Che cosa o chi li ispira? Perché sono in mezzo a noi? Ebbene, una tale testimonianza è già una proclamazione silenziosa, ma molto forte ed efficace della Buona Novella. Vi è qui un gesto iniziale di evangelizzazione. Forse tali domande saranno le prime che si porranno molti non cristiani, siano essi persone a cui il Cristo non era mai stato annunziato, battezzati non praticanti, individui che vivono nella cristianità ma secondo principii per nulla cristiani, oppure persone che cercano, non senza sofferenza, qualche cosa o Qualcuno che essi presagiscono senza poterlo nominare.

Altre domande sorgeranno, più profonde e più impegnative; provocate da questa testimonianza che comporta presenza, partecipazione, solidarietà, e che è un elemento essenziale, generalmente il primo, nella evangelizzazione [51]. A questa testimonianza tutti i cristiani sono chiamati e possono essere, sotto questo aspetto, dei veri evangelizzatori. Pensiamo soprattutto alla responsabilità che spetta agli emigranti nei Paesi che li ricevono.

NECESSITÀ DI UN ANNUNCIO ESPLICITO

22. Tuttavia ciò resta sempre insufficiente, perché anche la più bella testimonianza si rivelerà a lungo impotente, se non è illuminata, giustificata - ciò che Pietro chiamava «dare le ragioni della propria speranza» [52], - esplicitata da un annuncio chiaro e inequivocabile del Signore Gesù. La Buona Novella, proclamata dalla testimonianza di vita, dovrà dunque essere presto o tardi annunziata dalla parola di vita. Non c'è vera evangelizzazione se il nome, l'insegnamento, la vita, le promesse, il Regno, il mistero di Gesù di Nazareth, Figlio di Dio, non siano proclamati.

La storia della Chiesa, a partire dal discorso di Pietro la mattina di Pentecoste, si mescola e si confonde con la storia di questo annuncio. Ad ogni nuova tappa della storia umana, la Chiesa, continuamente travagliata dal desiderio di evangelizzare, non ha che un assillo: chi inviare ad annunziare il mistero di Gesù? In quale linguaggio annunziare questo mistero? Come fare affinché esso si faccia sentire e arrivi a tutti quelli che devono ascoltarlo? Questo annuncio - kerigma, predicazione o catechesi - occupa un tale posto nell'evangelizzazione che ne è divenuto spesso sinonimo. Esso tuttavia non ne è che un aspetto.

PER UN'ADESIONE VITALE E COMUNITARIA

23. L'annuncio, in effetti, non acquista tutta la sua dimensione, se non quando è inteso, accolto, assimilato e allorché fa sorgere in colui che l'ha ricevuto un'adesione del cuore. Adesione alle verità che, per misericordia, il Signore ha rivelate. Ma più ancora, adesione al programma di vita - vita ormai trasformata - che esso propone. Adesione, in una parola, al Regno, cioè al «mondo nuovo», al nuovo stato di cose, alla nuova maniera di essere, di vivere, di vivere insieme, che il Vangelo inaugura. Una tale adesione, che non può restare astratta e disincarnata, si rivela concretamente mediante un ingresso visibile nella comunità dei fedeli. Così dunque, quelli, la cui vita si è trasformata, penetrano in una comunità che è di per sé segno di trasformazione e di novità di vita: è la Chiesa, sacramento visibile della salvezza [53]. Ma, a sua volta, l'ingresso nella comunità ecclesiale si esprimerà attraverso molti altri segni che prolungano e dispiegano il segno della Chiesa. Nel dinamismo dell'evangelizzazione, colui che accoglie il Vangelo come Parola che salva [54], lo traduce normalmente in questi gesti sacramentali: adesione alla Chiesa, accoglimento dei Sacramenti, che manifestano e sostengono questa adesione mediante la grazia, che conferiscono.

FA SORGERE UN NUOVO APOSTOLATO

24. Finalmente, chi è stato evangelizzato a sua volta evangelizza. Qui è la prova della verità, la pietra di paragone dell'evangelizzazione: è impensabile che un uomo abbia accolto la Parola e si sia dato al Regno, senza diventare uno che a sua volta testimonia e annunzia. Al termine di queste considerazioni sul senso dell'evangelizzazione, occorre presentare un'ultima osservazione, che Noi stimiamo illuminante per le riflessioni che seguono.

L'Evangelizzazione, abbiamo detto, è un processo complesso e dagli elementi vari: rinnovamento dell'umanità, testimonianza, annuncio esplicito, adesione del cuore, ingresso nella comunità, accoglimento dei segni, iniziative di apostolato.

Questi elementi possono apparire contrastanti e persino esclusivi. Ma in realtà sono complementari e si arricchiscono vicendevolmente. Bisogna sempre guardare ciascuno di essi integrandolo con gli altri. Il merito del recente Sinodo sta nell'averci costantemente invitati a comporre questi elementi, più che ad opporli tra di loro, al fine di avere la piena comprensione dell'attività evangelizzatrice della Chiesa.

È questa visione globale, che ora vogliamo esporre nell'esaminare il contenuto dell'evangelizzazione, i mezzi per evangelizzare, e nel precisare a chi si indirizza l'annuncio evangelico e chi ne ha oggi l'incarico.

III. Il contenuto dell'evangelizzazione

CONTENUTO ESSENZIALE ED ELEMENTI SECONDARI

25. Nel messaggio che la Chiesa annunzia, ci sono certamente molti elementi secondari. La loro presentazione dipende molto dalle circostanze mutevoli. Essi pure cambiano. Ma c'è il contenuto essenziale, la sostanza viva, che non si può modificare né passare sotto silenzio, senza snaturare gravemente la stessa evangelizzazione.

TESTIMONIANZA RESA ALL'AMORE DEL PADRE

26. Non è superfluo ricordarlo: evangelizzare è anzitutto testimoniare, in maniera semplice e diretta, Dio rivelato da Gesù Cristo, nello Spirito Santo. Testimoniare che nel suo Figlio ha amato il mondo; che nel suo Verbo incarnato ha dato ad ogni cosa l'essere ed ha chiamato gli uomini alla vita eterna. Questa attestazione di Dio farà raggiungere forse a molti il Dio ignoto [55], che essi adorano senza dargli un nome, o che cercano per una ispirazione segreta del cuore allorquando fanno l'esperienza della vacuità di tutti gli idoli. Ma è pienamente evangelizzatrice quando manifesta che, per l'uomo, il Creatore non è una potenza anonima e lontana: è il Padre. «Siamo chiamati figli di Dio, e lo siamo realmente!» [56] e siamo dunque fratelli gli uni gli altri in Dio.

AL CENTRO DEL MESSAGGIO: LA SALVEZZA IN GESÙ CRISTO

27. La evangelizzazione conterrà sempre anche - come base, centro e insieme vertice del suo dinamismo - una chiara proclamazione che, in Gesù Cristo, Figlio di Dio fatto uomo, morto e risuscitato, la salvezza è offerta ad ogni uomo, come dono di grazia e misericordia di Dio stesso [57]. E non già una salvezza immanente, a misura dei bisogni materiali o anche spirituali che si esauriscono nel quadro dell'esistenza temporale e si identificano totalmente con i desideri, le speranze, le occupazioni, le lotte temporali, ma altresì una salvezza che oltrepassa tutti questi limiti per attuarsi in una comunione con l'unico Assoluto, quello di Dio: salvezza trascendente, escatologica, che ha certamente il suo inizio in questa vita, ma che si compie nell'eternità.

SOTTO IL SEGNO DELLA SPERANZA

28. La evangelizzazione, di conseguenza, non può non contenere l'annuncio profetico di un al di là, vocazione profonda e definitiva dell'uomo, in continuità e insieme in discontinuità con la situazione presente: al di là del tempo e della storia, al di là della realtà di questo mondo la cui figura passa, e delle cose di questo mondo, del quale un giorno si manifesterà una dimensione nascosta; al di là dell'uomo stesso, il cui vero destino non si esaurisce nel suo aspetto temporale, ma sarà rivelato nella vita futura [58].

L'evangelizzazione contiene dunque anche la predicazione della speranza nelle promesse fatte da Dio nella nuova Alleanza in Gesù Cristo; la predicazione dell'amore di Dio verso di noi e del nostro amore verso Dio; la predicazione dell'amore fraterno per tutti gli uomini - capacità di dono e di perdono, di abnegazione, di aiuto ai fratelli - che, derivando dall'amore di Dio, è il nucleo del Vangelo; la predicazione del mistero del male e della ricerca attiva del bene. Predicazione, ugualmente - e questa è sempre urgente - della ricerca di Dio stesso attraverso a preghiera principalmente adorante e riconoscente, ma anche attraverso la comunione con quel segno visibile dell'incontro con Dio che è la Chiesa di Gesù Cristo, e questa comunione si esprime a sua volta mediante la realizzazione di quegli altri segni del Cristo, vivente ed operante nella Chiesa, quali sono i Sacramenti. Vivere in tal modo i Sacramenti, sì da portare la loro celebrazione ad una vera pienezza, non significa, come taluno pretenderebbe, mettere un ostacolo o accettare una deviazione dell'evangelizzazione, ma darle invece la sua completezza. Perché l'evangelizzazione nella sua totalità, oltre che nella predicazione di un messaggio, consiste nell'impiantare la Chiesa, la quale non esiste senza questo respiro, che è la vita sacramentale culminante nell'Eucaristia [59].

MESSAGGIO CHE COINVOLGE TUTTA LA VITA

29. Ma l'evangelizzazione non sarebbe completa se non tenesse conto del reciproco appello, che si fanno continuamente il Vangelo e la vita concreta, personale e sociale, dell'uomo. Per questo l'evangelizzazione comporta un messaggio esplicito, adattato alle diverse situazioni, costantemente attualizzato, sui diritti e sui doveri di ogni persona umana, sulla vita familiare senza la quale la crescita personale difficilmente è possibile [60], sulla vita in comune nella società, sulla vita internazionale, la pace, la giustizia, lo sviluppo; un messaggio, particolarmente vigoroso nei nostri giorni, sulla liberazione.

UN MESSAGGIO DI LIBERAZIONE

30. È noto in quali termini ne abbiano parlato, al recente Sinodo, numerosi Vescovi di tutti i Continenti, soprattutto i Vescovi del Terzo Mondo, con un accento pastorale in cui vibrava la voce di milioni di figli della Chiesa che formano quei popoli. Popoli impegnati, Noi lo sappiamo, con tutta la loro energia, nello sforzo e nella lotta di superare tutto ciò che li condanna a restare ai margini della vita: carestie, malattie croniche, analfabetismo, pauperismo, ingiustizia nei rapporti internazionali e specialmente negli scambi commerciali, situazioni di neo-colonialismo economico e culturale talvolta altrettanto crudele quanto l'antico colonialismo politico. La Chiesa, hanno ripetuto i Vescovi, ha il dovere di annunziare la liberazione di milioni di esseri umani, essendo molti di essi figli suoi; il dovere di aiutare questa liberazione a nascere, di testimoniare per essa, di fare sì che sia totale. Tutto ciò non è estraneo all'evangelizzazione.

IN LEGAME NECESSARIO CON LA PROMOZIONE UMANA

31. Tra evangelizzazione e promozione umana - sviluppo, liberazione - ci sono infatti dei legami profondi. Legami di ordine antropologico, perché l'uomo da evangelizzare non è un essere astratto, ma è condizionato dalle questioni sociali ed economiche. Legami di ordine teologico, poiché non si può dissociare il piano della creazione da quello della Redenzione che arriva fino alle situazioni molto concrete dell'ingiustizia da combattere e della giustizia da restaurare. Legami dell'ordine eminentemente evangelico, quale è quello della carità: come infatti proclamare il comandamento nuovo senza promuovere nella giustizia e nella pace la vera, l'autentica crescita dell'uomo? Noi abbiamo voluto sottolineare questo ricordando che è impossibile accettare che «nell'evangelizzazione si possa o si debba trascurare l'importanza dei problemi, oggi così dibattuti, che riguardano la giustizia, la liberazione, lo sviluppo e la pace nel mondo. Sarebbe dimenticare la lezione che ci viene dal Vangelo sull'amore del prossimo sofferente e bisognoso»[61].

Ebbene, le medesime voci che con zelo, intelligenza e coraggio hanno affrontato nel corso del citato Sinodo questo tema cruciale, hanno offerto, con nostra grande gioia, i principii illuminanti per cogliere la portata e il senso profondo della liberazione quale l'ha annunziata e realizzata Gesù di Nazareth, e quale la predica la Chiesa.

SENZA RIDUZIONE NÉ AMBIGUITÀ

32. Non dobbiamo nasconderci, infatti, che molti cristiani, anche generosi e sensibili alle questioni drammatiche che racchiude il problema della liberazione, volendo impegnare la Chiesa nello sforzo di liberazione, hanno spesso la tentazione di ridurre la sua missione alle dimensioni di un progetto semplicemente temporale; i suoi compiti a un disegno antropologico; la salvezza, di cui essa è messaggera e sacramento, a un benessere materiale; la sua attività, trascurando ogni preoccupazione spirituale e religiosa, a iniziative di ordine politico o sociale. Ma se così fosse, la Chiesa perderebbe la sua significazione fondamentale. Il suo messaggio di liberazione non avrebbe più alcuna originalità e finirebbe facilmente per essere accaparrato e manipolato da sistemi ideologici e da partiti politici. Essa non avrebbe più autorità per annunziare, come da parte di Dio, la liberazione. Per questo Noi abbiamo voluto sottolineare nella medesima allocuzione all'inizio della terza Assemblea Sinodale «la necessità di riaffermare chiaramente la finalità specificamente religiosa dell'evangelizzazione. Questa perderebbe la sua ragion d'essere se si scostasse dall'asse religioso che la governa: il Regno di Dio prima di ogni altra cosa, nel suo senso pienamente teologico» [62].

LA LIBERAZIONE EVANGELICA

33. Circa la liberazione, che l'evangelizzazione annunzia e si sforza di realizzare, bisogna dire piuttosto: 

- essa non può limitarsi alla semplice e ristretta dimensione economica, politica, sociale o culturale, ma deve mirare all'uomo intero, in ogni sua dimensione, compresa la sua apertura verso l'assoluto, anche l'Assoluto di Dio; 

- è dunque radicata in una certa concezione dell'uomo, in una antropologia, che non può mai sacrificare alle esigenze di una qualsivoglia strategia, di una prassi o di una efficacia a breve scadenza.

FONDATA SUL REGNO DI DIO

34. Per questo, col predicare la liberazione e con l'associarsi a coloro che operano e soffrono per essa, la Chiesa - senza accettare di circoscrivere la propria missione al solo campo religioso, disinteressandosi dei problemi temporali dell'uomo - riafferma il primato della sua vocazione spirituale, rifiuta di sostituire l'annuncio del Regno con la proclamazione delle liberazioni umane, e sostiene che anche il suo contributo alla liberazione è incompleto se trascura di annunziare la salvezza in Gesù Cristo.

SU UNA VISIONE EVANGELICA DELL'UOMO

35. La Chiesa collega ma non identifica giammai liberazione umana e salvezza in Gesù Cristo, perché sa per rivelazione, per esperienza storica e per riflessione di fede, che non ogni nozione di liberazione è necessariamente coerente e compatibile con una visione evangelica dell'uomo, delle cose e degli avvenimenti; sa che non basta instaurare la liberazione, creare il benessere e lo sviluppo, perché venga il Regno di Dio.

Ben più, la Chiesa ha la ferma convinzione che ogni liberazione temporale, ogni liberazione politica - anche se si sforza di trovare la propria giustificazione in questa o in quella pagina dell'Antico o del Nuovo Testamento, anche se rivendica per i suoi postulati ideologici e per le sue norme di azione l'autorità dei dati e delle conclusioni teologiche, anche se pretende di essere la teologia per i nostri giorni - porta in se stessa il germe della propria negazione e decade dall'ideale che si propone sia perché i suoi motivi non sono quelli della giustizia nella carità, sia perché lo slancio che la trascina non ha una dimensione veramente spirituale e perché il suo scopo finale non è la salvezza e la beatitudine in Dio.

ESIGE UNA NECESSARIA CONVERSIONE

36. La Chiesa reputa certamente importante ed urgente edificare strutture più umane, più giuste, più rispettose dei diritti della persona, meno oppressive e meno coercitive, ma è cosciente che le migliori strutture, i sistemi meglio idealizzati diventano presto inumani se le inclinazioni inumane del cuore dell'uomo non sono risanate, se non c'è una conversione del cuore e della mente di coloro che vivono in queste strutture o le dominano.

ESCLUDE LA VIOLENZA

37. La Chiesa non può accettare la violenza, soprattutto la forza delle armi - incontrollabile quando si 'scatena - né la morte di chicchessia, come cammino di liberazione, perché sa che la violenza chiama sempre la violenza e genera irresistibilmente nuove forme di oppressione e di schiavitù più pesanti di quelle dalle quali essa pretendeva liberare. Lo dicemmo chiaramente nel nostro viaggio in Colombia: «Vi esortiamo a non porre la vostra fiducia nella violenza, né nella rivoluzione; tale atteggiamento è contrario allo spirito cristiano e può anche ritardare, e non favorire, l'elevazione sociale alla quale legittimamente aspirate» [63]; «dobbiamo dire e riaffermare che la violenza non è né cristiana né evangelica e che i mutamenti bruschi o violenti delle strutture sarebbero fallaci, inefficaci in se stessi e certamente non conformi alla dignità del popolo» [64].

CONTRIBUTO SPECIFICO DELLA CHIESA

38. Detto questo, Noi siamo lieti che la Chiesa prenda coscienza sempre più viva della maniera propria, fondamentalmente evangelica, che essa ha di collaborare alla liberazione degli uomini. E che cosa fa? Cerca sempre più di suscitare numerosi cristiani che si dedichino alla liberazione degli altri. Offre a questi cristiani «liberatori» una ispirazione di fede, una motivazione di amore fraterno, un insegnamento sociale al quale il vero cristiano non può non essere attento, ma che deve porre alla base della sua sapienza, della sua esperienza per tradurlo concretamente in categorie di azione, di partecipazione e di impegno. Tutto questo, senza confondersi con atteggiamenti tattici né col servizio di un sistema politico, deve caratterizzare lo slancio del cristiano impegnato. La Chiesa si sforza di inserire sempre la lotta cristiana per la liberazione nel disegno globale della salvezza che essa stessa annunzia.

Ciò che Noi abbiamo qui ricordato emerge più di una volta dai dibattiti del Sinodo. Noi abbiamo d'altronde voluto consacrare a questo tema alcune parole di chiarificazione nel Discorso indirizzato ai Padri alla chiusura dell'Assemblea [65].

Tutte queste considerazioni dovrebbero aiutare, bisogna sperarlo, ad evitare l'ambiguità che riveste troppo spesso la parola «liberazione» nelle ideologie, nei sistemi o nei gruppi politici. La liberazione che proclama e prepara l'evangelizzazione è quella che il Cristo stesso ha annunziato e donato all'uomo mediante il suo sacrificio.

LA LIBERTÀ RELIGIOSA

39. Da questa giusta liberazione legata all'evangelizzazione, che mira ad ottenere strutture salvaguardanti le libertà umane, non può essere separata l'assicurazione di tutti i fondamentali diritti dell'uomo, fra i quali la libertà religiosa occupa un posto di primaria importanza. Abbiamo recentemente parlato dell'attualità di tale questione, mettendo in rilievo «quanti cristiani, ancora oggi, perché cristiani, perché cattolici vivono soffocati da una sistematica oppressione! Il dramma della fedeltà a Cristo, e della libertà di religione, se pure mascherato da categoriche dichiarazioni in favore dei diritti della persona e della socialità umana, continua!»[66].

IV. Le vie dell'evangelizzazione

ALLA RICERCA DEI MEZZI ADATTI

40. L'importanza evidente del contenuto dell'evangelizzazione non deve nasconderne l'importanza delle vie e dei mezzi. 

Questo problema del «come evangelizzare» resta sempre attuale perché i modi variano secondo le circostanze di tempo, di luogo, di cultura, e lanciano pertanto una certa sfida alla nostra capacità di scoperta e di adattamento.

A noi specialmente, Pastori nella Chiesa, incombe la cura di ricreare con audacia e saggezza, in piena fedeltà al suo contenuto, i modi più adatti e più efficaci per comunicare il messaggio evangelico agli uomini del nostro tempo. Ci basti, in questa riflessione, ricordare alcune vie che, per una ragione o per l'altra, hanno un'importanza fondamentale.

LA TESTIMONIANZA DELLA VITA

41. Ed anzitutto, senza ripetere tutto quello che abbiamo già sopra ricordato, è bene sottolineare questo: per la Chiesa, la testimonianza di una vita autenticamente cristiana, abbandonata in Dio in una comunione che nulla deve interrompere, ma ugualmente donata al prossimo con uno zelo senza limiti, è il primo mezzo di evangelizzazione. «L'uomo contemporaneo ascolta più volentieri i testimoni che i maestri, - dicevamo lo scorso anno a un gruppo di laici - o se ascolta i maestri lo fa perché sono dei testimoni» [67]. S. Pietro esprimeva bene ciò quando descriveva lo spettacolo di una vita casta e rispettosa che «conquista senza bisogno di parole quelli che si rifiutano di credere alla Parola» [68]. È dunque mediante la sua condotta, mediante la sua vita, che la Chiesa evangelizzerà innanzitutto il mondo, vale a dire mediante la sua testimonianza vissuta di fedeltà al Signore Gesù, di povertà e di distacco, di libertà di fronte ai poteri di questo mondo, in una parola, di santità.

UNA PREDICAZIONE VIVENTE

42. Non è superfluo sottolineare, inoltre, l'importanza e la necessità della predicazione. «Come potranno credere, senza averne sentito parlare? E come potranno sentirne parlare senza uno che lo annunzi? . . . La fede dipende dunque dalla predicazione e la predicazione a sua volta si attua per la parola di Cristo» [69]. Questa legge posta un giorno dall'Apostolo Paolo conserva ancor oggi tutta la sua forza.

Sì, è sempre indispensabile la predicazione, questa proclamazione verbale di un messaggio. Sappiamo bene che l'uomo moderno sazio di discorsi si mostra spesso stanco di ascoltare e, peggio ancora, immunizzato contro la parola. Conosciamo anche le idee di numerosi psicologi e sociologi, i quali affermano che l'uomo moderno ha superato la civiltà della parola, ormai inefficace ed inutile, e vive oggi nella civiltà dell'immagine. Questi fatti dovrebbero spingerci, certo, a mettere in opera nella trasmissione del messaggio evangelico i mezzi moderni escogitati da tale civiltà. Tentativi molto validi, d'altronde, sono stati già compiuti in tal senso. Noi non possiamo che lodarli ed incoraggiarli perché si sviluppino ancora di più. La fatica che provocano al giorno d'oggi tanti discorsi vuoti, e l'attualità di molte altre forme di comunicazione non debbono tuttavia diminuire la forza permanente della parola, né far perdere fiducia in essa. La parola resta sempre attuale, soprattutto quando è portatrice della potenza di Dio [70] Per questo resta ancora attuale l'assioma di S. Paolo: «La fede dipende dalla predicazione» [71]: è appunto la Parola ascoltata che porta a credere.

LITURGIA DELLA PAROLA

43. Questa predicazione evangelizzatrice assume parecchie forme, che lo zelo ispirerà a ricreare quasi all'infinito. Sono effettivamente innumerevoli gli avvenimenti della vita e le situazioni umane che offrono l'occasione di un annuncio discreto, ma incisivo, di ciò che il Signore ha da dire in questa circostanza. Basta una vera sensibilità spirituale per saper leggere negli avvenimenti il messaggio di Dio. Ma, dal momento che la liturgia rinnovata dal Concilio ha molto valorizzato la «Liturgia della Parola», sarebbe un errore non vedere nell'omelia uno strumento valido ed adattissimo di evangelizzazione. Bisogna certo conoscere e mettere a profitto le esigenze e le possibilità dell'omelia perché essa acquisti tutta la sua efficacia pastorale. Bisogna, però, soprattutto esserne convinti e dedicarvisi con amore. Questa predicazione particolarmente inserita nella celebrazione eucaristica da cui riceve forza e vigore particolari, ha certamente un ruolo speciale nell'evangelizzazione, nella misura in cui esprime la fede profonda del ministro sacro che predica, ed è impregnata di amore. I fedeli riuniti per formare una Chiesa pasquale, che celebra la festa del Signore presente in mezzo ad essi, si attendono molto da questa predicazione, e ne ricavano frutto purché essa sia semplice, chiara, diretta, adatta, profondamente radicata nell'insegnamento evangelico e fedele al Magistero della Chiesa, animata da un ardore apostolico equilibrato che le viene dal suo proprio carattere, piena di speranza, nutriente per la fede, generatrice di pace e di unità. Molte comunità parrocchiali o di altro tipo vivono e si consolidano grazie alla omelia di ogni domenica, quando essa ha tali qualità.

Aggiungiamo che, grazie al medesimo rinnovamento liturgico, la celebrazione eucaristica non è il solo momento appropriato per l'omelia. Questa trova il suo posto e non deve essere trascurata nella celebrazione di tutti i Sacramenti, o ancora nel corso di para-liturgie, nell'ambito di assemblee di fedeli. Sarà sempre un'occasione privilegiata per comunicare la Parola del Signore.

LA CATECHESI

44. Una via da non trascurare nella evangelizzazione è quella dell'insegnamento catechetico. L'intelligenza, soprattutto quella dei fanciulli e degli adolescenti, ha bisogno di apprendere, mediante un insegnamento religioso sistematico, i dati fondamentali, il contenuto vivo della verità che Dio ha voluto trasmetterci e che la Chiesa ha cercato di esprimere in maniera sempre più ricca, nel corso della sua lunga storia. Che questo insegnamento debba essere impartito per formare abitudini di vita cristiana e non per rimanere solamente intellettuale, nessuno lo contesterà. Certamente, lo sforzo di evangelizzazione trarrà un grande profitto, sul piano dell'insegnamento catechetico dato in chiesa, nelle scuole, là dove è possibile, in ogni caso nelle famiglie cristiane, se i catechisti dispongono di testi appropriati, aggiornati con saggezza e competenza, sotto l'autorità dei Vescovi. 1 metodi dovranno essere adattati all'età, alla cultura, alla capacità delle persone, nella costante ricerca di fissare nella memoria, nella intelligenza e nel cuore le verità essenziali che dovranno impregnare la vita intera. Bisogna soprattutto preparare buoni catechisti - catechisti parrocchiali, istitutori, genitori - preoccupati di perfezionarsi in questa arte superiore, indispensabile ed esigente dell'insegnamento religioso. D'altronde, senza che si rischi di trascurare in qualunque cosa la formazione dei fanciulli, si osserva che le condizioni attuali rendono sempre più urgente l'insegnamento catechistico sotto la forma di un catecumenato, per numerosi giovani e adulti, che, toccati dalla grazia, scoprono a poco a poco il volto di Cristo e provano il bisogno di donarsi a lui.

UTILIZZAZIONE DEI «MASS MEDIA»

45. Nel nostro secolo, contrassegnato dai mass media o strumenti di comunicazione sociale, il primo annuncio, la catechesi o l'approfondimento ulteriore della fede, non possono fare a meno di questi mezzi come abbiamo già sottolineato.

Posti al servizio del Vangelo, essi sono capaci di estendere quasi all'infinito il campo di ascolto della Parola di Dio, e fanno giungere la Buona Novella a milioni di persone. La Chiesa si sentirebbe colpevole di fronte al suo Signore se non adoperasse questi potenti mezzi, che l'intelligenza umana rende ogni giorno più perfezionati; servendosi di essi la Chiesa «predica sui tetti» [72] il messaggio di cui è depositaria; in loro essa trova una versione moderna ed efficace del pulpito. Grazie ad essi riesce a parlare alle moltitudini.

Tuttavia l'uso degli strumenti di comunicazione sociale per l'evangelizzazione presenta una sfida: il messaggio evangelico dovrebbe, per il loro tramite, giungere a folle di uomini, ma con la capacità di penetrare nella coscienza di ciascuno, di depositarsi nel cuore di ciascuno come se questi fosse l'unico, con tutto ciò che egli ha di più singolare e personale, e di ottenere a proprio favore un'adesione, un impegno del tutto personale.

INDISPENSABILE CONTATTO PERSONALE

46. Perciò, accanto alla proclamazione fatta in forma generale del Vangelo, l'altra forma della sua trasmissione, da persona a persona, resta valida ed importante. Il Signore l'ha spesso praticata - come ad esempio attestano le conversazioni con Nicodemo, Zaccheo, la Samaritana, Simone il fariseo e con altri - ed anche gli Apostoli. C'è forse in fondo, una forma diversa di esporre il Vangelo, che trasmettere ad altri la propria esperienza di fede? Non dovrebbe accadere che l'urgenza di annunziare la Buona Novella a masse di uomini facesse dimenticare questa forma di annuncio mediante la quale la coscienza personale di un uomo è raggiunta, toccata da una parola del tutto straordinaria che egli riceve da un altro. Noi non potremmo lodare a sufficienza quei sacerdoti che, attraverso il Sacramento della Penitenza o attraverso il dialogo pastorale, si mostrano pronti a guidare le persone nelle vie del Vangelo, a confermarle nei loro sforzi, a rialzarle se sono cadute, ad assisterle sempre con discernimento e disponibilità.

IL RUOLO DEI SACRAMENTI

47. Peraltro non si insisterà mai abbastanza sul fatto che l'evangelizzazione non si esaurisce nella predicazione e nell'insegnamento di una dottrina. Essa deve raggiungere la vita: la vita naturale alla quale dà un senso nuovo, grazie alle prospettive evangeliche che le apre; e la vita soprannaturale, che non è la negazione, ma la purificazione e la elevazione della vita naturale. Questa vita soprannaturale trova la sua espressione vivente nei sette Sacramenti e nella loro mirabile irradiazione di grazia e di santità.

L'evangelizzazione dispiega così tutta la sua ricchezza quando realizza il legame più intimo e, meglio ancora, una intercomunicazione ininterrotta, tra la Parola e i Sacramenti. In un certo senso, è un equivoco l'opporre, come si fa talvolta, l'evangelizzazione e la sacramentalizzazione. È vero che un certo modo di conferire i Sacramenti, senza un solido sostegno della catechesi circa questi medesimi Sacramenti e di una catechesi globale, finirebbe per privarli in gran parte della loro efficacia. Il compito dell'evangelizzazione è precisamente quello di educare nella fede in modo tale che essa conduca ciascun cristiano a vivere i Sacramenti come veri Sacramenti della fede, e non a riceverli passivamente, o a subirli.

LA PIETÀ POPOLARE

48. Qui noi tocchiamo un aspetto dell'evangelizzazione che non può lasciare insensibili. Vogliamo parlare di quella realtà che si designa spesso oggi col termine di religiosità popolare.

Sia nelle regioni in cui la Chiesa è impiantata da secoli, sia là dove essa è in via di essere impiantata, si trovano presso il popolo espressioni particolari della ricerca di Dio e della fede. Per lungo tempo considerate meno pure, talvolta disprezzate, queste espressioni formano oggi un po' dappertutto l'oggetto di una riscoperta. I Vescovi ne hanno approfondito il significato, nel corso del recente Sinodo, con un realismo pastorale e uno zelo notevoli.

La religiosità popolare, si può dire, ha certamente i suoi limiti. È frequentemente aperta alla penetrazione di molte deformazioni della religione, anzi di superstizioni. Resta spesso a livello di manifestazioni cultuali senza impegnare un'autentica adesione di fede. Può anche portare alla formazione di sètte e mettere in pericolo la vera comunità ecclesiale.

Ma se è ben orientata, soprattutto mediante una pedagogia di evangelizzazione, è ricca di valori. Essa manifesta una sete di Dio che solo i semplici e i poveri possono conoscere; rende capaci di generosità e di sacrificio fino all'eroismo, quando si tratta di manifestare la fede; comporta un senso acuto degli attributi profondi di Dio: la paternità, la provvidenza, la presenza amorosa e costante; genera atteggiamenti interiori raramente osservati altrove al medesimo grado: pazienza, senso della croce nella vita quotidiana, distacco, apertura agli altri, devozione. A motivo di questi aspetti, Noi la chiamiamo volentieri «pietà popolare», cioè religione del popolo, piuttosto che religiosità.

La carità pastorale deve suggerire a tutti quelli, che il Signore ha posto come capi di comunità ecclesiali, le norme di comportamento nei confronti di questa realtà, così ricca e insieme così vulnerabile. Prima di tutto, occorre esservi sensibili, saper cogliere le sue dimensioni interiori e i suoi valori innegabili, essere disposti ad aiutarla a superare i suoi rischi di deviazione. Ben orientata, questa religiosità popolare può essere sempre più, per le nostre masse popolari, un vero incontro con Dio in Gesù Cristo.

V. I destinatari dell'evangelizzazione

UNA DESTINAZIONE UNIVERSALE

49. Le ultime parole di Gesù nel Vangelo di Marco conferiscono alla evangelizzazione, di cui il Signore incarica gli Apostoli, una universalità senza frontiere: «Andate in tutto il mondo e predicate il vangelo ad ogni creatura» [73].

I Dodici e la prima generazione dei cristiani hanno ben compreso la lezione di questo testo e di altri simili; ne hanno fatto un programma di azione. La stessa persecuzione, disperdendo gli Apostoli, ha contribuito a disseminare la Parola e a far impiantare la Chiesa in regioni sempre più lontane. L'ammissione di Paolo al rango degli Apostoli e il suo carisma di predicatore ai pagani - non giudei - della venuta di Gesù Cristo ha ulteriormente sottolineato questo universalismo.

NONOSTANTE TUTTI GLI OSTACOLI

50. Lungo venti secoli di storia, le generazioni cristiane hanno affrontato periodicamente diversi ostacoli, che si frapponevano a questa missione universalistica. Da un lato, la tentazione, da parte degli stessi evangelizzatori, di limitare con differenti pretesti il loro campo di azione missionaria. Dall'altro, le resistenze, spesso umanamente insuperabili, di coloro ai quali si indirizza l'evangelizzatore. D'altronde, Noi dobbiamo costatare con tristezza che l'opera evangelizzatrice della Chiesa è fortemente contrastata, se non impedita, da poteri pubblici. Avviene, anche ai nostri giorni, che annunziatori della Parola di Dio siano privati dei loro diritti, perseguitati, minacciati, eliminati per il solo fatto di predicare Gesù Cristo e il suo Vangelo. Ma Noi abbiamo fiducia che, malgrado queste prove dolorose, alla fin fine l'opera di questi apostoli non verrà meno in nessuna regione del mondo.

Nonostante tali avversità, la Chiesa ravviva sempre la sua ispirazione più profonda, quella che le viene direttamente dal Maestro: A tutto il mondo! A tutte le creature! Fino agli estremi confini della terra! Essa lo ha fatto di nuovo nel recente Sinodo, come un appello a non imprigionare l'annuncio evangelico limitandolo a un settore dell'umanità, o a una classe di uomini, o a un solo tipo di cultura. Altri esempi potrebbero essere rivelatori.

PRIMO ANNUNCIO AI LONTANI

51. Rivelare Gesù Cristo e il suo Vangelo a quelli che non li conoscono, questo è, fin dal mattino della Pentecoste, il programma fondamentale che la Chiesa ha assunto come ricevuto dal suo Fondatore. Tutto il Nuovo Testamento, e in modo speciale gli Atti degli Apostoli, testimoniano un momento privilegiato e, in un certo senso, esemplare di questo sforzo missionario che si riscontrerà poi lungo tutta la storia della Chiesa.

Questo primo annuncio di Gesù Cristo, essa lo realizza mediante un'attività complessa e diversificata, che si designa talvolta col nome di «pre-evangelizzazione», ma che è già, a dire il vero, l'evangelizzazione, benché al suo stadio iniziale ed ancora incompleto. Una gamma quasi infinita di mezzi, la predicazione esplicita, certamente, ma anche l'arte, l'approccio scientifico, la ricerca filosofica, il ricorso legittimo ai sentimenti del cuore umano possono essere adoperati a questo scopo.

ANNUNCIO AL MONDO SCRISTIANIZZATO

52. Se questo primo annuncio si rivolge specialmente a coloro, che non hanno mai inteso la Buona Novella di Gesù, oppure ai fanciulli, esso si dimostra ugualmente sempre più necessario, a causa delle situazioni di scristianizzazione frequenti ai nostri giorni, per moltitudini di persone che hanno ricevuto il battesimo ma vivono completamente al di fuori della vita cristiana, per gente semplice che ha una certa fede ma ne conosce male i fondamenti, per intellettuali che sentono il bisogno di conoscere Gesù Cristo in una luce diversa dall'insegnamento ricevuto nella loro infanzia, e per molti altri.

LE RELIGIONI NON CRISTIANE

53. Esso si rivolge anche a immense porzioni di umanità che praticano religioni non cristiane, che la Chiesa rispetta e stima perché sono l'espressione viva dell'anima di vasti gruppi umani. Esse portano in sé l'eco di millenni di ricerca di Dio, ricerca incompleta, ma realizzata spesso con sincerità e rettitudine di cuore. Posseggono un patrimonio impressionante di testi profondamente religiosi. Hanno insegnato a generazioni di persone a pregare. Sono tutte cosparse di innumerevoli «germi del Verbo» [74] e possono costituire una autentica «preparazione evangelica» [75] per riprendere una felice espressione del Concilio Vaticano II tratta da Eusebio di Cesarea. Tale situazione suscita, certamente, questioni complesse e delicate, che conviene studiare alla luce della Tradizione cristiana e del Magistero della Chiesa per offrire ai missionari di oggi e di domani nuovi orizzonti nei loro contatti con le religioni non cristiane.

Vogliamo rilevare, soprattutto oggi, che né il rispetto e la stima verso queste religioni, né la complessità dei problemi sollevati sono per la Chiesa un invito a tacere l'annuncio di Cristo di fronte ai non cristiani. Al contrario, essa pensa che queste moltitudini hanno il diritto di conoscere la ricchezza del mistero di Cristo [76], nella quale noi crediamo che tutta l'umanità può trovare, in una pienezza insospettabile, tutto ciò che essa cerca a tentoni su Dio, sull'uomo e sul suo destino, sulla vita e sulla morte, sulla verità. Anche di fronte alle espressioni religiose naturali più degne di stima, la Chiesa si basa dunque sul fatto che la religione di Gesù, che essa annunzia mediante l'evangelizzazione, mette oggettivamente l'uomo in rapporto con il piano di Dio, con la sua presenza vivente, con la sua azione; essa fa così incontrare il mistero della Paternità divina che si china sull'umanità; in altri termini, la nostra religione instaura effettivamente con Dio un rapporto autentico e vivente, che le altre religioni non riescono a stabilire, sebbene esse tengano, per così dire, le loro braccia tese verso il cielo.

Per questo la Chiesa mantiene vivo il suo slancio missionario, e vuole altresì intensificarlo nel nostro momento storico. Essa si sente responsabile di fronte a popoli interi. Non ha riposo fin quando non abbia fatto del suo meglio per proclamare la Buona Novella di Gesù Salvatore. Prepara sempre nuove generazioni di apostoli. Lo costatiamo con gioia nel momento in cui non mancano di quelli che pensano ed anche dicono che l'ardore e lo slancio apostolico si sono esauriti, e che l'epoca delle Missioni è ormai tramontata. Il Sinodo ha risposto che l'annuncio missionario non si inaridisce e che la Chiesa sarà sempre tesa verso il suo adempimento.

SOSTEGNO DELLA FEDE DEI FEDELI

54. Tuttavia la Chiesa non si sente dispensata da una attenzione altrettanto infaticabile nei confronti di coloro che hanno ricevuto la fede e che, spesso da generazioni, sono a contatto col Vangelo. Essa cerca così di approfondire, consolidare, nutrire, rendere sempre più matura la fede di coloro che si dicono già fedeli e credenti, affinché lo siano maggiormente.

Questa fede è quasi sempre, oggi, posta a confronto col secolarismo, anzi con l'ateismo militante: è una fede esposta alle prove e minacciata: di più, una fede assediata e combattuta. Essa rischia di perire per asfissia o per inedia se non è continuamente alimentata e sostenuta. Evangelizzare comporta dunque, molto spesso, comunicare alla fede dei credenti - particolarmente mediante una catechesi piena di linfa evangelica e corredata da un linguaggio adatto ai tempi e alle persone - questo necessario alimento e questo sostentamento.

La Chiesa cattolica ha egualmente una viva sollecitudine per i cristiani che non sono in piena comunione con essa: mentre prepara con loro l'unità voluta dal Cristo, e precisamente per realizzare l'unità nella verità, è consapevole che mancherebbe gravemente al suo dovere se non testimoniasse presso di loro la pienezza della rivelazione, di cui custodisce il deposito.

NON CREDENTI

55. Significativa è anche la preoccupazione, manifestatasi nel citato Sinodo, nei riguardi delle due sfere molto differenti l'una dall'altra, e tuttavia molto vicine per la sfida che, ciascuna a suo modo, lancia all'evangelizzazione.

La prima è quella che si può chiamare il progressivo aumento della non credenza nel mondo moderno. Il Sinodo ha cercato di descrivere questo mondo moderno: sotto questo nome generico, quante correnti di pensiero, valori e contro-valori, aspirazioni latenti o semi di distruzione, convinzioni antiche che scompaiono e convinzioni nuove che si impongono! Dal punto di vista spirituale, questo mondo moderno sembra dibattersi in quello che un autore contemporaneo ha chiamato «il dramma dell'umanesimo ateo» [77]. Da una parte, si è obbligati a costatare nel cuore stesso di questo mondo contemporaneo il fenomeno che diviene quasi la sua nota più sorprendente: il secolarismo. Noi non parliamo della secolarizzazione, che è lo sforzo in sé giusto e legittimo, per nulla incompatibile con la fede o con la religione, di scoprire nella creazione, in ogni cosa o in ogni evento dell'universo, le leggi che li reggono con una certa autonomia, nell'intima convinzione che il Creatore vi ha posto queste leggi. Il recente Concilio ha affermato, in questo senso la legittima autonomia della cultura e particolarmente delle scienze [78]. Noi vediamo qui un vero secolarismo: una concezione del mondo, nella quale questo si spiega da sé senza che ci sia bisogno di ricorrere a Dio, divenuto in tal modo superfluo ed ingombrante. Un simile secolarismo, per riconoscere il potere dell'uomo, finisce dunque col fare a meno di Dio ed anche col negarlo.

Nuove forme di ateismo - un ateismo antropocentrico, non più astratto e metafisico ma pragmatico, programmatico e militante - sembrano derivarne. In connessione con questo secolarismo ateo, ci vengono proposti tutti i giorni, sotto le forme più svariate, la civiltà dei consumi, l'edonismo elevato a valore supremo, la volontà di potere e di dominio, discriminazioni di ogni tipo: altrettante inclinazioni inumane di questo umanesimo.

In questo stesso mondo moderno d'altra parte, paradossalmente, non si può negare l'esistenza di veri addentellati cristiani, di valori evangelici, per lo meno sotto forma di un vuoto o di una nostalgia. Non sarebbe esagerato parlare di una possente e tragica invocazione ad essere evangelizzato.

NON PRATICANTI

56. Una seconda sfera è quella dei non praticanti, oggi un gran numero di battezzati che, in larga misura, non hanno rinnegato formalmente il loro Battesimo, ma ne sono completamente al margine, e non lo vivono. Il fenomeno dei non praticanti è molto antico nella storia del cristianesimo, è legato ad una debolezza naturale, ad una profonda incoerenza che, purtroppo, ci portiamo dentro di noi. Esso presenta tuttavia oggi delle caratteristiche nuove. Si spiega spesso mediante gli sradicamenti tipici della nostra epoca. Nasce anche dal fatto che i cristiani oggi vivono a fianco con i non credenti e ricevono continuamente i contraccolpi della non credenza. D'altronde, i non praticanti contemporanei, più di quelli di altri tempi, cercano di spiegare e di giustificare la loro posizione in nome di una religione interiore, dell'autonomia o dell'autenticità personali.

Atei e non credenti da una parte, non praticanti dall'altra, oppongono dunque all'evangelizzazione resistenze non trascurabili. I primi, la resistenza di un certo rifiuto, l'incapacità di cogliere il nuovo ordine delle cose, il nuovo senso del mondo, della vita, della storia, che non è possibile se non si parte dall'Assoluto di Dio. Gli altri, la resistenza dell'inerzia, l'atteggiamento un po' ostile di qualcuno che si sente di casa, che afferma di saper tutto, di aver gustato tutto, di non credervi più. Secolarismo ateo e assenza di pratica religiosa si trovano presso gli adulti e presso i giovani, presso l'élite e nelle masse, in tutti i settori culturali, nelle antiche come nelle giovani Chiese. L'azione evangelizzatrice della Chiesa, che non può ignorare questi due mondi né arrestarsi di fronte ad essi, deve cercare costantemente i mezzi e il linguaggio adeguati per proporre o riproporre loro la rivelazione di Dio e la fede in Gesù Cristo.

NEL CUORE DELLE MASSE

57. Come Cristo durante il tempo della sua predicazione, come i Dodici al mattino della Pentecoste, anche la Chiesa vede davanti a sé una immensa folla umana che ha bisogno del Vangelo e vi ha diritto, perché Dio «vuole che tutti gli uomini siano salvati e arrivino alla conoscenza della verità» [79].

Conscia del suo dovere di predicare la salvezza a tutti, sapendo che il messaggio evangelico non è riservato a un piccolo gruppo di iniziati, di privilegiati o di eletti, ma destinato a tutti, la Chiesa fa propria l'angoscia di Cristo di fronte alle folle sbandate e sfinite «come pecore senza pastore» e ripete spesso la sua parola: «Sento compassione di questa folla» [80]. Ma è anche cosciente che, per l'efficacia della predicazione evangelica, nel cuore delle masse, essa deve indirizzare il suo messaggio a comunità di fedeli, la cui azione può e deve giungere agli altri.

LE COMUNITÀ ECCLESIALI DI BASE

58. Il recente Sinodo si è molto occupato di queste piccole comunità o «comunità di base», perché nella Chiesa d'oggi sono spesso menzionate. Che cosa sono e per quale motivo queste sarebbero destinatarie speciali di evangelizzazione e, nello stesso tempo, evangelizzatrici?

Fiorendo un po' dappertutto nella Chiesa, secondo le differenti testimonianze sentite al Sinodo, esse differiscono molto fra di loro, in seno alla stessa regione e, più ancora, da una regione all'altra.
In alcune regioni sorgono e si sviluppano, salvo eccezioni, all'interno della Chiesa, solidali con la sua vita, nutrite del suo insegnamento, unite ai suoi pastori. In questo caso, nascono dal bisogno di vivere ancora più intensamente la vita della Chiesa; oppure dal desiderio e dalla ricerca di una dimensione più umana, che comunità ecclesiali più vaste possono difficilmente offrire, soprattutto nelle metropoli urbane contemporanee che favoriscono la vita di massa e insieme l'anonimato. Esse possono soltanto prolungare, a modo loro, a livello spirituale e religioso - culto, approfondimento della fede, carità fraterna, preghiera, comunione con i Pastori - la piccola comunità sociologica, villaggio o simili.

Oppure esse vogliono riunire per l'ascolto e la meditazione della Parola, per i Sacramenti e il vincolo dell'Agape, gruppi che l'età, la cultura, lo stato civile o la situazione sociale rendono omogenei, coppie, giovani, professionisti, eccetera; persone che la vita trova già riunite nella lotta per la giustizia, per l'aiuto fraterno ai poveri, per la promozione umana. Oppure, infine, esse radunano i cristiani là dove la penuria dei sacerdoti non favorisce la vita normale di una comunità parrocchiale. Tutto questo è supposto all'interno delle comunità costituite della Chiesa, soprattutto delle Chiese particolari e delle parrocchie.

In altre regioni, al contrario, comunità di base si radunano in uno spirito di critica acerba nei confronti della Chiesa, che esse stimmatizzano volentieri come «istituzionale» e alla quale si oppongono come comunità carismatiche, libere da strutture, ispirate soltanto al Vangelo.

Esse hanno dunque come caratteristica un evidente atteggiamento di biasimo e di rifiuto nei riguardi delle espressioni della Chiesa: la sua gerarchia, i suoi segni. Contestano radicalmente questa Chiesa. In tale linea, la loro ispirazione diviene molto presto ideologica, ed è raro che non diventino quindi preda di una opzione politica, di una corrente, quindi di un sistema, anzi di un partito, con tutto il rischio, che ciò comporta, di esserne strumentalizzate.

La differenza è già notevole: le comunità che per il loro spirito di contestazione si tagliano fuori dalla Chiesa, di cui d'altronde danneggiano l'unità, possono sì intitolarsi «comunità di base», ma è questa una designazione strettamente sociologica. Esse non potrebbero chiamarsi, senza abuso di linguaggio, comunità ecclesiali di base, anche se, rimanendo ostili alla Gerarchia, hanno la pretesa di perseverare nell'unità della Chiesa. Questa qualifica appartiene alle altre, a quelle che si radunano nella Chiesa per far crescere la Chiesa.

Queste ultime comunità saranno un luogo di evangelizzazione, a beneficio delle comunità più vaste, specialmente delle Chiese particolari, e saranno una speranza per la Chiesa universale, come abbiamo detto al termine del menzionato Sinodo, nella misura in cui: 

- cercano il loro alimento nella Parola di Dio e non si lasciano imprigionare dalla polarizzazione politica o dalle ideologie di moda, pronte sempre a sfruttare il loro immenso potenziale umano; 

- evitano la tentazione sempre minacciosa della contestazione sistematica e dello spirito ipercritico, col pretesto di autenticità e di spirito di collaborazione; 

- restano fermamente attaccate alla Chiesa particolare, nella quale si inseriscono, e alla Chiesa universale, evitando così il pericolo - purtroppo reale! - di isolarsi in se stesse, di credersi poi l'unica autentica Chiesa di Cristo, e quindi di anatematizzare le altre comunità ecclesiali; 

- conservano una sincera comunione con i Pastori che il Signore dà alla sua Chiesa e col Magistero, che lo Spirito del Cristo ha loro affidato; 

- non si considerano giammai come l'unico destinatario o l'unico artefice di evangelizzazione - anche l'unico depositario del Vangelo! -; ma, consapevoli che la Chiesa è molto più vasta e diversificata, accettano che questa Chiesa si incarni anche in modi diversi da quelli, che avvengono in esse; 

- crescono ogni giorno in consapevolezza, zelo, impegno, ed irradiazione missionari; 

- si mostrano in tutto universalistiche e non mai settarie.
Alle suddette condizioni, certamente esigenti ma esaltanti, le comunità ecclesiali di base corrisponderanno alla loro fondamentale vocazione: ascoltatrici del Vangelo, che è ad esse annunziato, e destinatarie privilegiate dell'evangelizzazione, diverranno senza indugio annunciatrici del Vangelo.

VI. Gli operai dell'evangelizzazione

CHIESA TUTTA INTERA MISSIONARIA

59. Se vi sono uomini che proclamano nel mondo il Vangelo della salvezza, lo fanno per ordine, nel nome e con la grazia del Cristo Salvatore. «Come lo annunzieranno, senza essere prima inviati?» [81] scriveva colui che fu indubbiamente uno dei più grandi evangelizzatori. Nessuno può esercitare tale compito senza esservi stato inviato.

Ma chi ha, dunque, la missione di evangelizzare?

Il Concilio Vaticano II ha risposto con chiarezza: alla Chiesa «per mandato divino incombe l'obbligo di andare nel mondo universo a predicare il Vangelo ad ogni creatura» [82]. E in un altro testo: «Tutta la Chiesa è missionaria, e l'opera evangelizzatrice è un dovere fondamentale del Popolo di Dio . . . » [83].

Abbiamo già accennato a questo intimo legame tra Chiesa ed evangelizzazione. Quando la Chiesa annunzia il Regno di Dio e lo edifica, essa stessa affonda le radici nel cuore del mondo come segno e strumento di questo Regno che è presente e che viene. Il Concilio ha riportato questa espressione molto significativa di Sant'Agostino sull'attività missionaria dei Dodici: «Generarono le Chiese predicando la parola di verità» [84].

UN ATTO ECCLESIALE

60. La constatazione che la Chiesa è inviata e destinata all'evangelizzazione, dovrebbe suscitare in noi due convinzioni. 

La prima: evangelizzare non è mai per nessuno un atto individuale e isolato, ma profondamente ecclesiale. Allorché il più sconosciuto predicatore, catechista o pastore, nel luogo più remoto, predica il Vangelo, raduna la sua piccola comunità o amministra un Sacramento, anche se si trova solo compie un atto di Chiesa, e il suo gesto è certamente collegato mediante rapporti istituzionali, ma anche mediante vincoli invisibili e radici profonde dell'ordine della grazia, all'attività evangelizzatrice di tutta la Chiesa. Ciò presuppone che egli agisca non per una missione arrogatasi, né in forza di un'ispirazione personale, ma in unione con la missione della Chiesa e in nome di essa. Come conseguenza, la seconda convinzione: se ciascuno evangelizza in nome della Chiesa, la quale a sua volta lo fa in virtù di un mandato del Signore, nessun evangelizzatore è padrone assoluto della propria azione evangelizzatrice, con potere discrezionale di svolgerla secondo criteri e prospettive individualistiche, ma deve farlo in comunione con la Chiesa e con i suoi Pastori. La Chiesa, l'abbiamo già rilevato, è tutta intera evangelizzatrice. Ciò significa che, per il mondo nel suo insieme e per ogni singola parte del mondo ove si trovi, la Chiesa si sente responsabile del compito di diffondere il Vangelo.

LA PROSPETTIVA DELLA CHIESA UNIVERSALE

61. A questo punto della nostra riflessione sostiamo con voi, Fratelli e Figli, su d'una questione oggi particolarmente importante. I primi cristiani esprimevano volentieri - nella celebrazione liturgica, nella loro testimonianza davanti ai giudici e ai carnefici, nei loro testi apologetici - una fede profonda nella Chiesa, indicandola come diffusa in tutto l'universo. Avevano pienamente coscienza di appartenere ad una grande comunità che né lo spazio né il tempo potrebbero limitare: «Dal giusto Abele fino all'ultimo eletto» [85]«fino agli estremi confini della terra» [86] «fino alla fine del mondo» [87].

Così il Signore ha voluto la sua Chiesa: universale, grande albero fra i cui rami si annidano gli uccelli del cielo [88] rete che raccoglie ogni sorta di pesci [89] o che Pietro trae a riva piena di centocinquantatré grossi pesci [90], gregge portato al pascolo da un solo pastore [91]. Chiesa universale senza confini né frontiere eccetto, purtroppo, quelle del cuore e dello spirito del peccatore.

LA PROSPETTIVA DELLA CHIESA PARTICOLARE

62. Tuttavia questa Chiesa universale si incarna di fatto nelle Chiese particolari, costituite a loro volta dall'una o dall'altra concreta porzione di umanità, che parlano una data lingua, che sono tributarie di un loro retaggio culturale, di un determinato sostrato umano. L'apertura alle ricchezze della Chiesa particolare risponde ad una specifica sensibilità dell'uomo contemporaneo.

Ma dobbiamo ben guardarci dal concepire la Chiesa universale come la somma o, se così si può dire, la federazione più o meno eteroclita di Chiese particolari essenzialmente diverse. Secondo il pensiero del Signore, è la stessa Chiesa che, essendo universale per vocazione e per missione, quando getta le sue radici nella varietà dei terreni culturali, sociali, umani, assume in ogni parte del mondo fisionomie ed espressioni esteriori diverse.

In tal modo ogni Chiesa particolare, che si separasse volontariamente dalla Chiesa universale, perderebbe il suo riferimento al disegno di Dio, si impoverirebbe nella sua dimensione ecclesiale. D'altra parte, la Chiesa «toto orbe diffusa» diventerebbe un'astrazione se non prendesse corpo e vita precisamente attraverso le Chiese particolari. Solo una permanente attenzione ai due poli della Chiesa ci consentirà di percepire la ricchezza di questo rapporto tra Chiesa universale e Chiese particolari.

ADATTAMENTO E FEDELTÀ DEL LINGUAGGIO

63. Le Chiese particolari profondamente amalgamate non solo con le persone, ma anche con le aspirazioni, le ricchezze e i limiti, i modi di pregare, di amare, di considerare la vita e il mondo, che contrassegnano un determinato ambito umano, hanno il compito di assimilare l'essenziale del messaggio evangelico, di trasfonderlo, senza la minima alterazione della sua verità fondamentale, nel linguaggio compreso da questi uomini e quindi di annunziarlo nel medesimo linguaggio.

La trasposizione dev'essere fatta - con il discernimento, la serietà, il rispetto e la competenza che la materia esige - nel campo delle espressioni liturgiche [92], della catechesi, della formulazione teologica, delle strutture ecclesiali secondarie, dei ministeri. E il termine «linguaggio» deve essere qui inteso meno nel senso semantico o letterario che in quello che si può chiamare antropologico e culturale. 

La questione è indubbiamente delicata. La evangelizzazione perde molto della sua forza e della sua efficacia se non tiene in considerazione il popolo concreto al quale si rivolge, se non utilizza la sua lingua, i suoi segni e simboli, se non risponde ai problemi da esso posti, se non interessa la sua vita reale. Ma d'altra parte l'evangelizzazione rischia di perdere la propria anima e di svanire, se il suo contenuto resta svuotato o snaturato col pretesto di tradurlo o se, volendo adattare una realtà universale ad uno spazio locale, si sacrifica questa realtà e si distrugge l'unità senza la quale non c'è universalità. Orbene, soltanto una Chiesa che conservi la consapevolezza della propria universalità e che dimostri di essere effettivamente universale, può avere un messaggio da tutti comprensibile, al di là dei confini regionali.

Del resto una legittima attenzione alle Chiese particolari non può che arricchire la Chiesa. È anzi indispensabile e urgente. Corrisponde alle aspirazioni più profonde dei popoli e delle comunità umane di scoprire sempre maggiormente la propria fisionomia.

APERTURA ALLA CHIESA UNIVERSALE

64. Ma questo arricchimento esige che le Chiese particolari si conservino profondamente aperte verso la Chiesa universale. Bisogna ben rilevare, del resto, che i cristiani più semplici, più fedeli al Vangelo, più aperti al senso vero della Chiesa, hanno una spontanea sensibilità circa questa dimensione universale, ne sentono istintivamente e molto fortemente il bisogno, si riconoscono facilmente in essa, vibrano all'unisono con essa e soffrono nel più intimo di se stessi quando, in nome di teorie che non comprendono, li si vuole comprimere in una Chiesa priva di questa universalità, chiesa regionalista, senza orizzonte.

D'altronde, come la storia ben dimostra, ogni volta che l'una o l'altra Chiesa particolare, pur con le migliori intenzioni, con argomenti teologici, sociologici, politici o pastorali, o anche nel desiderio d'una certa libertà di movimento e d'azione, si è tagliata fuori dalla Chiesa universale e dal suo centro vitale e visibile, molto difficilmente è sfuggita, quando vi è sfuggita, a due pericoli ugualmente gravi: da una parte il pericolo dell'isolazionismo disseccante, e in seguito, in breve tempo, del disgregamento, poiché ciascuna delle sue cellule si separava da essa, com'essa s'era separata dal nucleo centrale; e d'altra parte, il pericolo di perdere la propria libertà quando, staccata dal centro e dalle altre Chiese che le comunicavano forza ed energia, si è trovata, essendo sola, in preda alle forze più diverse di asservimento e di sfruttamento.

Quanto più una Chiesa particolare è unita con solidi legami di comunione alla Chiesa universale - nella carità e nella fedeltà, nell'apertura al magistero di Pietro, nell'unità della «Lex orandi» che è anche «Lex credendi», nella sollecitudine dell'unità con tutte le altre Chiese che costituiscono l'universalità - tanto più questa stessa Chiesa sarà capace di tradurre il tesoro della fede nella legittima varietà delle espressioni della professione di fede, della preghiera e del culto, della vita del comportamento cristiani, dell'influsso spirituale del popolo nel quale è inserita; tanto più, ancora, essa sarà veramente evangelizzatrice, cioè capace di attingere nel patrimonio universale a profitto del suo popolo, come pure di comunicare alla Chiesa universale l'esperienza e la vita dello stesso popolo, a beneficio di tutti.

L'INALTERABILE DEPOSITO DELLA FEDE

65. Precisamente in questo senso abbiamo voluto dire, alla chiusura della terza Assemblea Generale del Sinodo, una parola chiara e piena di paterno affetto, insistendo sul ruolo del Successore di Pietro come principio visibile, vivente e dinamico dell'unità fra le Chiese, e quindi dell'universalità dell'unica Chiesa [93]. Insistevamo anche sulla grave responsabilità che Ci incombe, ma che condividiamo con i Nostri Fratelli nell'episcopato, di conservare inalterabile il contenuto della fede cattolica, che il Signore ha affidato agli Apostoli: anche se tradotto in tutti i linguaggi, questo contenuto non dev'essere né intaccato né mutilato; pur se rivestito dei simboli propri di ciascun popolo, esplicitato mediante formulazioni teologiche che tengano conto degli ambienti culturali, sociali ed anche razziali diversi, deve restare il contenuto della fede cattolica, quale il Magistero ecclesiale l'ha ricevuto e lo trasmette.

COMPITI DIVERSIFICATI

66. Tutta la Chiesa è dunque chiamata ad evangelizzare, e tuttavia vi sono da adempiere attività tra loro differenti nel suo ambito di evangelizzazione. Questa diversità di servizi nell'unità della stessa missione costituisce la ricchezza e la bellezza dell'evangelizzazione. Ricordiamo brevemente questi compiti.

Prima di tutto Ci sia permesso di segnalare l'insistenza con la quale il Signore, nelle pagine del Vangelo, affida agli Apostoli la funzione di annunziare la Parola. Egli li ha scelti [94], li ha formati durante diversi anni di familiarità [95], li ha costituiti [96] e mandati [97] come testimoni e maestri autorizzati del messaggio della salvezza. E i Dodici hanno a loro volta inviato i loro successori, i quali continuano a predicare la Buona Novella sulla linea apostolica.

IL SUCCESSORE DI PIETRO

67. Così il Successore di Pietro è investito, per volontà di Cristo, del ministero preminente di insegnare la verità rivelata. Il Nuovo Testamento mostra spesso Pietro «pieno di Spirito Santo» che prende la parola a nome di tutti [98]. Per questo san Leone Magno parla di Pietro come di colui che ha meritato il primato dell'apostolato [99]. Per questo, inoltre, la voce della Chiesa presenta il Papa «al vertice più alto - in apice, in specula - dell'apostolato» [100]. Il Concilio Vaticano II ha voluto ribadirlo dichiarando che «il comando di Cristo di predicare il Vangelo ad ogni creatura (cfr. Marc. 16, 15), riguarda innanzitutto e immediatamente proprio loro (i vescovi), insieme con Pietro e sotto la guida di Pietro» [101].

La potestà piena, suprema e universale [102] che Cristo ha conferito al suo Vicario per il governo pastorale della Chiesa, consiste dunque specialmente nell'attività, esercitata dal Papa, di predicare e di far predicare la Buona Novella della salvezza.

VESCOVI E SACERDOTI

68. Uniti al Successore di Pietro, i Vescovi, successori degli Apostoli, ricevono, in forza dell'ordinazione episcopale, l'autorità per insegnare nella Chiesa la verità rivelata. Essi sono i maestri della fede.

Ai Vescovi sono associati nel ministero dell'evangelizzazione, come responsabili a titolo speciale, coloro che mediante l'ordinazione sacerdotale «agiscono in persona di Cristo» [103], in quanto educatori del Popolo di Dio nella fede, predicatori, fungendo in pari tempo da ministri del- l'Eucaristia e degli altri Sacramenti.

Pertanto tutti noi Pastori siamo invitati, più di qualunque altro membro della Chiesa, a prendere coscienza di questo dovere. Ciò che costituisce la singolarità del nostro servizio sacerdotale, ciò che dà un'unità profonda alle mille occupazioni che ci sollecitano durante tutto il corso della nostra vita, ciò che conferisce alle nostre attività una nota specifica, è questa finalità presente in ogni nostra azione: «Annunziare il Vangelo di Dio» [104].

Ecco un tratto della nostra identità che nessun dubbio dovrebbe mai incrinare, nessuna obiezione mai eclissare: come Pastori, siamo stati scelti dalla misericordia del sovrano Pastore [105] nonostante la nostra insufficienza, per proclamare con autorità la Parola di Dio, per radunare il Popolo di Dio che era disperso, per nutrire questo popolo con i segni dell'azione di Cristo, che sono i Sacramenti, per condurlo sulla via della salvezza, per conservarlo in quella unità di cui noi stessi siamo, a differenti livelli, strumenti attivi e vitali, per animare incessantemente questa comunità raccolta attorno al Cristo secondo la sua più intima vocazione. E quando, nella misura dei nostri limiti umani e secondo la grazia di Dio, adempiamo tutto questo, noi realizziamo un'opera di evangelizzazione: Noi come Pastore della Chiesa universale, i Nostri Fratelli nell'episcopato alla guida delle Chiese particolari, i sacerdoti e i diaconi uniti con i propri Vescovi, di cui sono collaboratori, mediante una comunione che ha la sua sorgente nel Sacramento dell'Ordine sacro e nella carità della Chiesa.

RELIGIOSI

69. I religiosi, a loro volta, trovano nella vita consacrata un mezzo privilegiato per una evangelizzazione efficace. Con la stessa intima natura del loro essere si collocano nel dinamismo della Chiesa, assetata dell'Assoluto di Dio, chiamata alla santità. Di questa santità essi sono testimoni. Incarnano la Chiesa in quanto desiderosa di abbandonarsi al radicalismo delle beatitudini. Con la loro vita sono il segno della totale disponibilità verso Dio, verso la Chiesa, verso i fratelli.

In questo essi rivestono un'importanza speciale nel contesto di una testimonianza che, come abbiamo affermato, è primordiale nell'evangelizzazione. Questa silenziosa testimonianza di povertà e di distacco, di purezza e di trasparenza, di abbandono nell'ubbidienza, può diventare, oltre che una provocazione al mondo e alla Chiesa stessa, anche una predicazione eloquente, capace di impressionare anche i non cristiani di buona volontà, sensibili a certi valori.

In questa prospettiva, si intuisce il ruolo svolto nell'evangelizzazione da religiosi e religiose consacrati alla preghiera, al silenzio, alla penitenza, al sacrificio. Altri religiosi, in grandissimo numero, si dedicano direttamente all'annuncio del Cristo. La loro azione missionaria dipende evidentemente dalla gerarchia e deve essere coordinata con la pastorale che questa vuol mettere in opera. Ma chi non considera l'apporto immenso che essi hanno dato e che continuano a dare all'evangelizzazione? Grazie alla loro consacrazione religiosa, essi sono per eccellenza volontari e liberi per lasciare tutto e per andare ad annunziare il Vangelo fino ai confini del mondo. Essi sono intraprendenti, e il loro apostolato è spesso contrassegnato da una originalità, una genialità che costringono all'ammirazione. Sono generosi: li si trova spesso agli avamposti della missione, ed assumono i più grandi rischi per la loro salute e per la loro stessa vita. Sì, veramente, la Chiesa deve molto a loro.

LAICI

70. I laici, che la loro vocazione specifica pone in mezzo al mondo e alla guida dei più svariati compiti temporali, devono esercitare con ciò stesso una forma singolare di evangelizzazione.

Il loro compito primario e immediato non è l'istituzione e lo sviluppo della comunità ecclesiale - che è il ruolo specifico dei Pastori - ma è la messa in atto di tutte le possibilità cristiane ed evangeliche nascoste, ma già presenti e operanti nelle realtà del mondo. Il campo proprio della loro attività evangelizzatrice è il mondo vasto e complicato della politica, della realtà sociale, dell'economia; così pure della cultura, delle scienze e delle arti, della vita internazionale, degli strumenti della comunicazione sociale; ed anche di altre realtà particolarmente aperte all'evangelizzazione, quali l'amore, la famiglia, l'educazione dei bambini e degli adolescenti, il lavoro professionale, la sofferenza. Più ci saranno laici penetrati di spirito evangelico, responsabili di queste realtà ed esplicitamente impegnati in esse, competenti nel promuoverle e consapevoli di dover sviluppare tutta la loro capacità cristiana spesso tenuta nascosta e soffocata, tanto più queste realtà, senza nulla perdere né sacrificare del loro coefficiente umano, ma manifestando una dimensione trascendente spesso sconosciuta, si troveranno al servizio dell'edificazione del Regno di Dio, e quindi della salvezza in Gesù Cristo.

FAMIGLIA

71. Nell'ambito dell'apostolato di evangelizzazione proprio dei laici, è impossibile non rilevare l'azione evangelizzatrice della famiglia. Essa ha ben meritato, nei diversi momenti della storia della Chiesa, la bella definizione di «Chiesa domestica», sancita dal Concilio Vaticano II [106]. Ciò significa che, in ogni famiglia cristiana, dovrebbero riscontrarsi i diversi aspetti della Chiesa intera. Inoltre la famiglia, come la Chiesa, deve essere uno spazio in cui il Vangelo è trasmesso e da cui il Vangelo si irradia.

Dunque nell'intimo di una famiglia cosciente di questa missione, tutti i componenti evangelizzano e sono evangelizzati. I genitori non soltanto comunicano ai figli il Vangelo, ma possono ricevere da loro lo stesso Vangelo profondamente vissuto. E una simile famiglia diventa evangelizzatrice di molte altre famiglie e dell'ambiente nel quale è inserita. Anche le famiglie sorte da un matrimonio misto hanno il dovere di annunziare Cristo alla prole nella pienezza delle implicazioni del comune Battesimo; esse hanno inoltre il non facile compito di rendersi artefici di unità.

GIOVANI

72. Le circostanze ci invitano a rivolgere un'attenzione tutta speciale ai giovani. Il loro aumento numerico e la loro presenza crescente nella società, i problemi che li assillano devono risvegliare in tutti la preoccupazione di offrire loro, con zelo e con intelligenza, l'ideale evangelico da conoscere e da vivere. Ma d'altra parte occorre che i giovani, ben formati nella fede e nella preghiera, diventino sempre più gli apostoli della gioventù. La Chiesa fa molto affidamento sul loro apporto e Noi stessi, a diverse riprese, abbiamo manifestato la Nostra piena fiducia verso di essi.

MINISTERI DIVERSIFICATI

73. Così acquista tutta la sua importanza la presenza attiva dei laici nelle realtà temporali. Non bisogna tuttavia trascurare o dimenticare l'altra dimensione: i laici possono anche sentirsi chiamati o essere chiamati a collaborare con i loro Pastori nel servizio della comunità ecclesiale, per la crescita e la vitalità della medesima, esercitando ministeri diversissimi, secondo la grazia e i carismi che il Signore vorrà loro dispensare.

Non senza provare nel Nostro intimo una grande gioia osserviamo una legione di Pastori, di religiosi e di laici i quali, appassionati della loro missione evangelizzatrice, cercano modi sempre più adatti di annunziare efficacemente il Vangelo. Noi incoraggiamo l'apertura che, in questa linea e con questa sollecitudine, la Chiesa sta oggi realizzando. Innanzitutto apertura alla riflessione, poi a ministeri ecclesiastici capaci di ringiovanire e di rafforzare il suo dinamismo evangelizzatore. Certamente, accanto ai ministeri ordinati, grazie ai quali alcuni sono annoverati tra i Pastori e si consacrano in maniera particolare al servizio della comunità, la Chiesa riconosce il ruolo di ministeri non ordinati ma adatti ad assicurare speciali servizi della Chiesa stessa.

Uno sguardo alle origini della Chiesa è molto illuminante e permette di usufruire di un'antica esperienza, tanto più valida in quanto ha permesso alla Chiesa di consolidarsi, di crescere, e di espandersi. Ma questa attenzione alle fonti dev'essere completata da quella dovuta alle necessità presenti dell'umanità e della Chiesa. Dissetarsi a queste sorgenti sempre ispiratrici, nulla sacrificare di questi valori e sapersi adattare alle esigenze e ai bisogni attuali: queste sono le linee maestre che permetteranno di ricercare con saggezza e di valorizzare i ministeri, di cui la Chiesa ha bisogno e che molti suoi membri saranno lieti di abbracciare per la maggiore vitalità della comunità ecclesiale. Questi ministeri avranno un autentico valore pastorale nella misura in cui si stabiliranno nell'assoluto rispetto dell'unità, attenendosi all'orientamento dato dai Pastori, che sono appunto i responsabili e gli artefici dell'unità della Chiesa.

Tali ministeri, nuovi in apparenza ma molto legati ad esperienze vissute dalla Chiesa nel corso della sua esistenza, - per esempio quelli di catechista, di animatori della preghiera e del canto, di cristiani dedicati al servizio della Parola di Dio o all'assistenza dei fratelli bisognosi, quelli infine dei capi di piccole comunità, dei responsabili di movimenti apostolici, o di altri responsabili - sono preziosi per la «plantatio», la vita e la crescita della Chiesa e per una capacità di irradiazione intorno a se stessa e verso coloro che sono lontani. Noi dobbiamo anche la nostra particolare stima a tutti i laici che accettano di consacrare una parte del loro tempo, delle loro energie, e talvolta la loro vita intera, al servizio delle missioni.

Per tutti gli operai dell'evangelizzazione è necessaria una seria preparazione. Lo è ancor più per coloro che si dedicano al ministero della Parola. Animati dalla convinzione continuamente approfondita della grandezza e della ricchezza della Parola di Dio, quelli che hanno il compito di trasmetterla devono manifestare la più grande attenzione alla dignità, alla precisione, all'adattamento del loro linguaggio. Tutti sanno che l'arte di parlare ha oggi una grandissima importanza. Come potrebbero trascurarla i predicatori e i catechisti?

Noi auspichiamo vivamente che, in ciascuna Chiesa particolare, i Vescovi vigilino alla formazione adeguata di tutti i ministri della Parola. Questa seria preparazione accrescerà in questi la sicurezza indispensabile ma anche l'entusiasmo per annunziare Gesù Cristo oggi.

VII. Lo spirito dell'evangelizzazione

PRESSANTE APPELLO

74. Non vorremmo terminare questo colloquio con i Nostri Fratelli e Figli amatissimi, senza un pressante appello riguardante le attitudini interiori che devono animare gli operai dell'evangelizzazione.

Nel nome del Signore Gesù Cristo, e nel nome degli Apostoli Pietro e Paolo, Noi esortiamo tutti coloro che, grazie ai carismi dello Spirito Santo e al mandato della Chiesa, sono veri evangelizzatori, ad essere degni di questa vocazione, ad esercitarla senza le reticenze del dubbio e della paura, e a non trascurare le condizioni che renderanno tale evangelizzazione non soltanto possibile ma anche attiva e fruttuosa. Ecco le condizioni fondamentali che, fra molte altre, Noi desideriamo mettere in rilievo.

AL SOFFIO DELLO SPIRITO SANTO

75. L'evangelizzazione non sarà mai possibile senza l'azione dello Spirito Santo. Su Gesù di Nazareth, lo Spirito discende nel momento del battesimo, quando la voce del Padre - «Questi è il Figlio mio prediletto, nel quale mi sono compiaciuto» [107] - manifesta in modo sensibile la sua elezione e la sua missione. «Condotto dallo Spirito», egli vive nel deserto la lotta decisiva e la prova suprema prima di iniziare tale missione [108]. «Con la potenza dello Spirito» [109] egli ritorna in Galilea, e a Nazareth dà inizio alla sua predicazione, applicando a se stesso il brano di Isaia: «Lo Spirito del Signore è sopra di me». «Oggi - egli proclama - si è adempiuta questa Scrittura» [110]. Ai discepoli quando è sul punto di inviarli, dice alitando su di loro: «Ricevete lo Spirito Santo» [111].

Di fatto, soltanto dopo la discesa dello Spirito Santo, nel giorno della Pentecoste, gli apostoli partono verso tutte le direzioni del mondo per cominciare la grande opera di evangelizzazione della Chiesa, e Pietro spiega l'evento come realizzazione della profezia di Gioele: «Io effonderò il mio Spirito» [112]. Pietro è ricolmato di Spirito Santo per parlare al popolo su Gesù, Figlio di Dio [113]. Paolo a sua volta, è riempito di Spirito Santo [114] prima di dedicarsi al suo ministero apostolico, come pure lo è Stefano quando è scelto per esercitare la diaconia, e più tardi per la testimonianza del martirio [115]. Lo stesso Spirito che fa parlare Pietro, Paolo o gli altri Apostoli, ispirando loro le parole da dire, discende anche «sopra tutti coloro che ascoltavano il discorso» [116].

«Colma del conforto dello Spirito Santo», la Chiesa «cresce» [117]. Lo Spirito è l'anima di questa Chiesa. È lui che spiega ai fedeli il significato profondo dell'insegnamento di Gesù e del suo mistero. È lui che, oggi come agli inizi della Chiesa, opera in ogni evangelizzatore che si lasci possedere e condurre da lui, che gli suggerisce le parole che da solo non saprebbe trovare, predisponendo nello stesso tempo l'animo di chi ascolta perché sia aperto ad accogliere la Buona Novella e il Regno annunziato.

Le tecniche dell'evangelizzazione sono buone, ma neppure le più perfette tra di esse potrebbero sostituire l'azione discreta dello Spirito. Anche la preparazione più raffinata dell'evangelizzatore, non opera nulla senza di lui. Senza di lui la dialettica più convincente è impotente sullo spirito degli uomini. Senza di lui, i più elaborati schemi a base sociologica, o psicologica, si rivelano vuoti e privi di valore.

Noi stiamo vivendo nella Chiesa un momento privilegiato dello Spirito. Si cerca da per tutto di conoscerlo meglio, quale è rivelato dalle Sacre Scritture. Si è felici di porsi sotto la sua mozione. Ci si raccoglie attorno a lui e ci si vuol lasciar guidare da lui. Ebbene, se lo Spirito di Dio ha un posto eminente in tutta la vita della Chiesa, egli agisce Soprattutto nella missione evangelizzatrice: non a caso il grande inizio dell'evangelizzazione avvenne il mattino di Pentecoste, sotto il soffio dello Spirito.

Si può dire che lo Spirito Santo è l'agente principale dell'evangelizzazione: è lui che spinge ad annunziare il Vangelo e che nell'intimo delle coscienze fa accogliere e comprendere la parola della salvezza [118]. Ma si può parimente dire che egli è il termine dell'evangelizzazione: egli solo suscita la nuova creazione, l'umanità nuova a cui l'evangelizzazione deve mirare, con quella unità nella varietà che l'evangelizzazione tende a provocare nella comunità cristiana. Per mezzo di lui il Vangelo penetra nel cuore del mondo, perché egli guida al discernimento dei segni dei tempi - segni di Dio - che l'evangelizzazione discopre e mette in valore nella storia. Il Sinodo dei Vescovi del 1974, che ha molto insistito sul ruolo dello Spirito Santo nell'evangelizzazione, ha espresso anche il voto che Pastori e teologi - e Noi aggiungeremo anche i fedeli, segnati dal sigillo dello Spirito per mezzo del Battesimo - studino meglio la natura e il modo di agire dello Spirito Santo nell'odierna evangelizzazione. Facciamo nostro questo voto, mentre esortiamo in pari tempo gli evangelizzatori - chiunque essi siano - a pregare incessantemente lo Spirito Santo con fede e fervore, e a lasciarsi prudentemente guidare da lui quale ispiratore decisivo dei loro programmi, delle loro iniziative, della loro attività evangelizzatrice.

TESTIMONI AUTENTICI

76. Consideriamo ora la persona stessa degli evangelizzatori. Si ripete spesso, oggi, che il nostro secolo ha sete di autenticità. Soprattutto a proposito dei giovani, si afferma che hanno orrore del fittizio, del falso, e ricercano sopra ogni cosa la verità e la trasparenza.

Questi «segni dei tempi» dovrebbero trovarci all'erta. Tacitamente o con alte grida, ma sempre con forza, ci domandano: Credete veramente a quello che annunziate? Vivete quello che credete? Predicate veramente quello che vivete? La testimonianza della vita è divenuta più che mai una condizione essenziale per l'efficacia profonda della predicazione. Per questo motivo, eccoci responsabili, fino ad un certo punto, della riuscita del Vangelo che proclamiamo.

«Che ne è della Chiesa a dieci anni dalla fine del Concilio?», ci domandavamo all'inizio di questa meditazione. È veramente radicata nel cuore del mondo, e tuttavia abbastanza libera e indipendente per interpellare il mondo? Rende testimonianza della propria solidarietà verso gli uomini, e nello stesso tempo verso l'Assoluto di Dio? È più ardente nella contemplazione e nell'adorazione, e in pari tempo più zelante nell'azione missionaria, caritativa, di liberazione? È sempre più impegnata nello sforzo di ricercare il ristabilimento della piena unità dei cristiani, che rende più efficace la testimonianza comune «affinché il mondo creda»? [119]Siamo tutti responsabili delle risposte che si potrebbero dare a questi interrogativi.

Noi esortiamo dunque i nostri Fratelli nell'episcopato, posti dallo Spirito Santo a governare la Chiesa [120]. Esortiamo i sacerdoti e i diaconi, collaboratori dei Vescovi nel radunare il popolo di Dio e nell'animazione spirituale delle comunità locali. Esortiamo i religiosi, testimoni d'una Chiesa chiamata alla santità, e quindi partecipi essi stessi di una vita che esprime le beatitudini evangeliche. Esortiamo i laici: famiglie cristiane, giovani e adulti, quanti esercitano un mestiere, i dirigenti, senza dimenticare i poveri spesso ricchi di fede e di speranza, tutti i laici consapevoli del loro ruolo di evangelizzazione al servizio della Chiesa o in mezzo alla società e al mondo. Lo diciamo a tutti: bisogna che il nostro zelo per l'evangelizzazione scaturisca da una vera santità di vita, e che la predicazione, alimentata dalla preghiera e soprattutto dall'amore all'Eucaristia, a sua volta - come ci ricorda il Concilio Vaticano II - faccia crescere in santità colui che predica [121].

Il mondo, che nonostante innumerevoli segni di rifiuto di Dio, paradossalmente lo cerca attraverso vie inaspettate e ne sente dolorosamente il bisogno, reclama evangelizzatori che gli parlino di un Dio, che essi conoscano e che sia a loro familiare, come se vedessero l'Invisibile [122]. Il mondo esige e si aspetta da noi semplicità di vita, spirito di preghiera, carità verso tutti e specialmente verso i piccoli e i poveri, ubbidienza e umiltà, distacco da noi stessi e rinuncia. Senza questo contrassegno di santità, la nostra parola difficilmente si aprirà la strada nel cuore dell'uomo del nostro tempo, ma rischia di essere vana e infeconda.

ARTEFICI DI UNITÀ

77. La forza dell'evangelizzazione risulterà molto diminuita se coloro che annunziano il Vangelo sono divisi tra di loro da tante specie di rotture. Non starebbe forse qui uno dei grandi malesseri dell'evangelizzazione oggi? Infatti, se il Vangelo che proclamiamo appare lacerato da discussioni dottrinali, da polarizzazioni ideologiche o da condanne reciproche tra cristiani in balìa delle loro diverse teorie sul Cristo e sulla Chiesa, ed anche a causa delle loro diverse concezioni su la società e le istituzioni umane, come potrebbero coloro a cui è rivolta la nostra predicazione non sentirsene turbati, disorientati, se non addirittura scandalizzati?

Il testamento spirituale del Signore ci dice che l'unità tra i suoi seguaci non è soltanto la prova che noi siamo suoi, ma anche che egli è l'inviato del Padre, criterio di credibilità dei cristiani e del Cristo medesimo. In quanto evangelizzatori, noi dobbiamo offrire ai fedeli di Cristo l'immagine non di uomini divisi e separati da litigi che non edificano affatto, ma di persone mature nella fede, capaci di ritrovarsi insieme al di sopra delle tensioni concrete, grazie alla ricerca comune, sincera e disinteressata della verità. Sì, la sorte dell'evangelizzazione è certamente legata alla testimonianza di unità data dalla Chiesa. È questo un motivo di responsabilità ma anche di conforto.

A questo punto vogliamo sottolineare il segno dell'unità tra tutti i cristiani come via e strumento di evangelizzazione. La divisione dei cristiani è un grave stato di fatto che perviene ad intaccare la stessa opera di Cristo. Il Concilio Vaticano II afferma con lucidità e fermezza che essa «è di grave pregiudizio alla santa causa della predicazione del Vangelo a tutti gli uomini e impedisce a molti di abbracciare la fede» [123]. Per questo, nell'indire l'Anno Santo abbiamo creduto necessario ricordare a tutti i fedeli del mondo cattolico che «la riconciliazione di tutti gli uomini con Dio, nostro Padre, dipende dal ristabilimento della comunione di coloro che già hanno riconosciuto ed accolto nella fede Gesù Cristo come il Signore della misericordia che libera gli uomini e li unisce nello Spirito di amore e di verità» [124].

È con un forte sentimento di speranza che Noi guardiamo agli sforzi che si fanno nel mondo cristiano per tale ristabilimento della piena unità voluta da Cristo. S. Paolo ce ne assicura: «la speranza non delude» [125].

Mentre lavoriamo ancora per ottenere dal Signore la piena unità, vogliamo intensificata la preghiera. Inoltre facciamo Nostro il voto dei Padri della terza Assemblea Generale del Sinodo dei Vescovi, che si collabori con maggiore impegno con i fratelli cristiani, basandoci sul fondamento del Battesimo e sul patrimonio di fede che ci è comune, per rendere sin d'ora, nella stessa opera di evangelizzazione, una più larga testimonianza comune a Cristo di fronte al mondo. Ci spinge a ciò il Comando di Cristo, lo richiede il dovere di predicare e di rendere testimonianza al Vangelo.

SERVITORI DELLA VERITÀ

78. Il Vangelo che ci è stato affidato è anche parola di verità. Una verità che rende liberi [126] e che sola può donare la pace del cuore: questo cercano gli uomini quando annunziamo loro la Buona Novella. Verità su Dio, verità sull'uomo e sul suo destino misterioso, verità sul mondo. Verità difficile che ricerchiamo nella Parola di Dio ma di cui non siamo, lo ripetiamo, né padroni né arbitri, ma i depositari, gli araldi, i servitori.

Da ogni evangelizzatore ci si attende che abbia il culto della verità, tanto più che la verità da lui approfondita e comunicata è la verità rivelata e quindi - più d'ogni altra - parte della verità primordiale, che è Dio stesso. Il predicatore del Vangelo sarà dunque colui che, anche a prezzo della rinuncia personale e della sofferenza, ricerca sempre la verità che deve trasmettere agli altri. Egli non tradisce né dissimula mai la verità per piacere agli uomini, per stupire o sbalordire, né per originalità o desiderio di mettersi in mostra. Egli non rifiuta la verità; non offusca la verità rivelata per pigrizia nel ricercarla, per comodità o per paura. Non trascura di studiarla; la serve generosamente senza asservirla. In quanto pastori del popolo fedele, il nostro servizio pastorale ci sprona a custodire, difendere e comunicare la verità senza badare a sacrifici. Numerosi eminenti e santi Pastori ci hanno lasciato l'esempio di questo amore - in molti casi eroico - della verità. Il Dio di verità attende che noi ne siamo i difensori vigilanti e i predicatori devoti. Quanti siete dottori, teologi, esegeti, studiosi di storia: l'opera di evangelizzazione ha bisogno del vostro indefesso lavoro di ricerca, nonché della vostra attenzione e delicatezza nella trasmissione della verità a cui i vostri studi vi avvicinano, ma che è sempre più grande del cuore dell'uomo, perché è la verità stessa di Dio.

Genitori c maestri, il vostro compito - che i molteplici conflitti attuali non rendono certo facile - consiste nell'aiutare i vostri figli e i vostri alunni nella scoperta della verità, compresa la verità religiosa e spirituale.

ANIMATI DALL'AMORE

79. L'opera dell'evangelizzazione suppone nell'evangelizzatore un amore fraterno sempre crescente verso coloro che egli evangelizza. L'Apostolo Paolo, modello di ogni evangelizzatore, scriveva ai Tessalonicesi queste parole. che sono un programma per tutti noi: «Così affezionati a voi, avremmo desiderato darvi non solo il Vangelo di Dio, ma la nostra stessa vita, perché ci siete diventati cari» [127]. Quale è questa affezione? Ben più di quella di un pedagogo, essa è quella di un padre; e ancor più: quella di una madre [128]. Il Signore attende da ciascun predicatore del Vangelo e da ogni costruttore della Chiesa tale affezione. Un segno d'amore sarà la cura di donare la verità e di introdurre nell'unità. Un segno d'amore sarà parimente dedicarsi senza riserve, né sotterfugi all'annuncio di Gesù Cristo. Aggiungiamo qualche altro segno di questo amore.

Il primo è il rispetto della situazione religiosa e spirituale delle persone che vengono evangelizzate, Rispetto del loro ritmo, che non si ha diritto di forzare oltre misura. Rispetto della loro coscienza e delle loro convinzioni, senza alcuna durezza.

Un altro segno è l'attenzione a non ferire l'altro, soprattutto se egli è debole nella fede [129], con affermazioni che possono essere chiare per gli iniziati, ma diventare per i fedeli fonte di turbamento e di scandalo, come una ferita nell'anima.

Un segno d'amore sarà anche lo sforzo di trasmettere ai cristiani, non dubbi e incertezze nati da una erudizione male assimilata, ma al, cune certezze solide, perché ancorate nella Parola di Dio. I fedeli hanno bisogno di queste certezze per la loro vita cristiana, ne hanno diritto in quanto sono figli di Dio che, tra le sue braccia, s'abbandonano interamente alle esigenze dell'amore.

COL FERVORE DEI SANTI

80. Il Nostro appello si ispira qui al fervore dei più grandi predicatori ed evangelizzatori, la cui vita fu dedicata all'apostolato: e tra essi Ci piace particolarmente mettere in rilievo quelli che Noi, in questo Anno Santo, abbiamo proposto alla venerazione dei fedeli. Essi hanno saputo superare tanti ostacoli alla evangelizzazione.

Tra tali ostacoli, che sono anche dei nostri tempi, Noi ci limiteremo a segnalare la mancanza di fervore, tanto più grave perché nasce dal di dentro; essa si manifesta nella negligenza e soprattutto nella mancanza di gioia e di speranza. Noi, pertanto, esortiamo tutti quelli che hanno, a qualche titolo e a qualche livello, il compito dell'evangelizzazione ad alimentare il fervore dello spirito [130]. Questo fervore esige prima di tutto che sappiamo sottrarci agli alibi che possono sviare dall'evangelizzazione. I più insidiosi sono certamente quelli per i quali si pretende di trovare appoggio nel tale o tal altro insegnamento del Concilio.

Avviene così che si sente dire troppo spesso, sotto diverse forme: imporre una verità, sia pure quella del Vangelo, imporre una via, sia pure quella della salvezza, non può essere che una violenza alla libertà religiosa. Del resto, aggiungono, perché annunziare il Vangelo dal momento che tutti sono salvati dalla rettitudine del cuore? Se, d'altra parte, il mondo e la storia sono pieni dei «germi del Verbo», non è una illusione pretendere di portare il Vangelo là dove esso già si trova nei semi, che il Signore stesso vi ha sparsi?

Chiunque si prenda cura di approfondire, nei documenti conciliari, le domande che questi alibi vi attingono troppo superficialmente, troverà tutt'altra visione della realtà.

Sarebbe certo un errore imporre qualcosa alla coscienza dei nostri fratelli. Ma proporre a questa coscienza la verità evangelica e la salvezza in Gesù Cristo con piena chiarezza e nel rispetto assoluto delle libere opzioni che essa farà - senza «spinte coercitive o sollecitazioni disoneste o stimoli meno retti» [131] - lungi dall'essere un attentato alla libertà religiosa, è un omaggio a questa libertà, alla quale è offerta la scelta di una via, che gli stessi non credenti stimano nobile ed esaltante. È dunque un crimine contro la libertà altrui proclamare nella gioia una Buona Novella che si è appresa per misericordia del Signore? [132] E perché solo la menzogna e l'errore, la degradazione e la pornografia avrebbero il diritto di essere proposti e spesso, purtroppo, imposti dalla propaganda distruttiva dei mass media, dalla tolleranza delle leggi, dalla timidezza dei buoni e dalla temerità dei cattivi? Questo modo rispettoso di proporre il Cristo e il suo Regno, più che un diritto, è un dovere dell'evangelizzatore. Ed è parimente un diritto degli uomini suoi fratelli di ricevere da lui l'annuncio della Buona Novella della salvezza. Questa salvezza Dio la può compiere in chi egli vuole attraverso vie straordinarie che solo lui conosce [133]. Peraltro se il Figlio è venuto, ciò è stato precisamente per rivelarci, mediante la sua parola e la sua vita, i sentieri ordinari della salvezza. E ci ha ordinato di trasmettere agli altri questa rivelazione con la sua stessa autorità. Non sarà inutile che ciascun cristiano e ciascun evangelizzatore approfondisca nella preghiera questo pensiero: gli uomini potranno salvarsi anche per altri sentieri, grazie alla misericordia di Dio, benché noi non annunziamo loro il Vangelo; ma potremo noi salvarci se, per negligenza, per paura, per vergogna - ciò che S. Paolo chiamava «arrossire del Vangelo» [134] - o in conseguenza di idee false, trascuriamo di annunziarlo? Perché questo sarebbe allora tradire la chiamata di Dio che, per bocca dei ministri del Vangelo, vuole far germinare la semente; dipenderà da noi che questa diventi un albero e produca tutto il suo frutto.

Conserviamo dunque il fervore dello spirito. Conserviamo la dolce e confortante gioia d'evangelizzare, anche quando occorre seminare nelle lacrime. Sia questo per noi - come lo fu per Giovanni Battista, per Pietro e Paolo, per gli altri Apostoli, per una moltitudine di straordinari evangelizzatori lungo il corso della storia della Chiesa - uno slancio interiore che nessuno, né alcuna cosa potrà spegnere. Sia questa la grande gioia delle nostre vite impegnate. Possa il mondo del nostro tempo, che cerca ora nell'angoscia, ora nella speranza, ricevere la Buona Novella non da evangelizzatori tristi e scoraggiati, impazienti e ansiosi, ma da ministri del Vangelo, la cui vita irradii fervore, che abbiano per primi ricevuto in loro la gioia del Cristo, e accettino di mettere in gioco la propria vita affinché il Regno sia annunziato e la Chiesa sia impiantata nel cuore del mondo.

Conclusione

LA CONSEGNA DELL'ANNO SANTO

81. Ecco dunque, Fratelli e Figli, il grido che sale dal fondo del Nostro cuore, in eco alla voce dei Nostri Fratelli riuniti per la terza Assemblea Generale del Sinodo dei Vescovi. Ecco la consegna che abbiamo voluto dare alla fine di un Anno Santo, che Ci ha permesso di percepire più che mai la necessità e le invocazioni di una moltitudine di fratelli, cristiani e non cristiani, che attendono dalla Chiesa la Parola della salvezza. Possa la luce dell'Anno Santo, che si è levata nelle Chiese particolari e a Roma per milioni di coscienze riconciliate con Dio, irradiarsi egualmente dopo il Giubileo attraverso un programma di azione pastorale, di cui l'evangelizzazione è l'aspetto fondamentale, per questi anni che segnano la vigilia di un nuovo secolo, la vigilia anche del terzo millennio del cristianesimo.

MARIA, STELLA DELL'EVANGELIZZAZIONE

82. Tale è il voto che siamo lieti di deporre nelle mani e nel cuore della Santissima Vergine Maria, l'Immacolata, in questo giorno che Le è particolarmente consacrato, nel decimo anniversario della chiusura del Concilio Vaticano II. Al mattino della Pentecoste, Ella ha presieduto con la sua preghiera all'inizio dell'evangelizzazione sotto l'azione dello Spirito Santo: sia lei la Stella dell'evangelizzazione sempre rinnovata che la Chiesa, docile al mandato del suo Signore, deve promuovere e adempiere, soprattutto in questi tempi difficili ma pieni di speranza! Nel nome di Cristo, benediciamo voi, le vostre comunità, le vostre famiglie, tutti coloro che vi sono cari, con le parole che San Paolo rivolgeva ai Filippesi: «Ringrazio il mio Dio ogni volta ch'io mi ricordo di voi, pregando sempre con gioia per voi in ogni mia preghiera a motivo della vostra cooperazione alla diffusione del Vangelo . . . Vi porto nel cuore, voi che siete tutti partecipi della grazia che mi è stata concessa, . . . nella difesa e nel consolidamento del Vangelo. Infatti, Dio mi è testimonio del profondo affetto che ho per tutti voi nell'amore di Cristo Gesù» [135].


Dato a Roma, presso S. Pietro, l'8 dicembre, nella Solennità dell'Immacolata Concezione della B. V. Maria, dell'anno 1975, XIII del Nostro Pontificato.

PAOLO PP. VI


[1] Cfr. Luc 22, 32

[2] 2 Cor. 11, 28

[3] Cfr. Ad Gentes, 1: AAS 58, 1966, p. 947

[4] Cfr. Eph. 4, 24; 2, 15; Col. 3, 10; Gal. 3, 27; Rom. 13, 14; 2 Cor. 5, 17

[5] 2 Cor. 5, 20

[7] PAOLO PP. VI, Discorso al Sacro Collegio dei Cardinali (22 giugno 1973): AAS 65, 1973, p. 383

[8] 2 Cor. 11, 28

[9] 1 Tim. 5, 17

[10] 2 Tim. 2, 15

[11] Cfr. 1 Cor. 2, 5

[12] Luc. 4, 43

[13] Ibid.

[14] Luc. 4, 18; cfr. Is. 61, 1

[15] Cfr. Marc. 1, 1; Rom. 1, 1-3

[16] Cfr. Matth. 6, 33

[17] Cfr. Matth. 5, 3-12

[18] Cfr. Ibid. 5-7

[19] Cfr. Ibid. 10

[20] Cfr. Ibid. 13

[21] Cfr. Ibid. 18

[22] Cfr. Ibid. 24-25

[23] Cfr. Ibid. 24, 36; Act. 1, 7; 1 Thess. 5, 1-2

[24] Cfr. Matth. 11, 12; Luc. 16, 16

[25] Cfr. Matth. 4. 17

[26] Marc. 1, 27

[27] Luc. 4, 22

[28] Io. 7, 46

[29] Luc. 4, 43

[30] Io. 11, 52

[31] Cfr. Dei Verbum, 4: AAS 58, 1966, pp. 818-819

[32] Cfr. 1 Petr. 2, 9

[33] Cfr. Act. 2, 11

[34] Luc. 4, 43

[35] 1 Cor. 9, 16

[36] Cfr. Dichiarazioni dei Padri Sinodali, 4: L'Osservatore Romano, 27 ottobre 1974, p. 6

[37] Matth. 28, 19

[38] Act. 2, 41. 47

[39] Cfr. Lumen Gentium, 8: AAS 57, 1965, p. 11; Ad Gentes, 5: AAS 58, 1966, pp. 951-952

[40] Cfr. Act. 2, 42-46; 4, 32-35; 5, 12-16

[41] Cfr. Ibid. 2, 11; 1 Petr. 2, 9

[42] Cfr. Ad Gentes, 5, 11, 12: AAS 58, 1966, pp. 951-952, 959-961

[43] Cfr. 2 Cor. 4, 5; S. AUGUSTINI Sermo XLVI, De Pastoribus: CCL XLI, pp. 529-530

[44] Luc. 10, 16; cfr. S. CYPRIANI De Unitate Ecclesiae, 14: PL 4, 527; S. AU GUSTINI Enarrat. 88, sermo 2, 14: PL 37, 1140; S. IOANNIS CHRYSOSTOMI Hom. de capto Eutropio, 6: PG 52, 402

[45] Eph. 5, 25

[46] Apoc. 21, 5; cfr. 2 Cor. 5, 17; Gal. 6, 15

[47] Cfr. Rom. 6, 4

[48] Cfr. Eph. 4, 23-24; Col. 3, 9-10

[49] Cfr. Rom. 1, 16; 1 Cor. 1, 18; 2, 4

[50] Cfr. Gaudium et Spes, 53: AAS 58, 1966, p. 1075

[51] Cfr. TERTULLIANI Apologeticum, 39: CCL 1, pp. 150.153; MINUCII FELICIS Octavius, 9 et 31: CSLP, Augustae Taurinorum 19632, pp. 11.13, 47.48

[52] 1 Petr. 3, 15

[53] Cfr. Lumen Gentium, 1, 9, 48: AAS 57, 1965, pp. 5, 12-14, 53-54; Gaudium et Spes, 42, 45: AAS 58, 1966, pp. 1060-1061, 1065-1066; Ad Gentes, 1, 5: AAS 58, 1966, pp. 947, 951-952

[54] Cfr. Rom. 1, 16; 1 Cor. 1, 18

[55] Cfr. Act. 17, 22-23

[56] 1 Io. 3, 1; cfr. Rom. 8, 14-17

[57] Cfr. Eph. 2, 8; Rom. 1, 16 et SACRAE CONGREGATIONIS PRO DOCTRINA FIDEI Declaratio ad fidem tuendam in mysteria Incarnationis et SS. Trinitatis a quibusdam recentibus erroribus (21 Februarii 1972): AAS 64, 1972, pp. 237-241

[58] Cfr. 1 Io. 3, 2; Rom. 8, 29; Phil. 3, 20-21 et Lumen Gentium, 48-51: AAS 57, 1965, pp. 53-58

[59] Cfr. SACRAE CONGREGATIONIS PRO DOCTRINA FIDEI Declaratio circa Catholicam Doctrinam de Ecclesia contra nonnullos errores hodiernos tuendam (24 Iunii 1973): AAS 65, 1973, pp. 396-408

[60] Cfr. Gaudium et Spes, 47-52: AAS 58, 1966, pp. 1067-1074; PAULI PP. VI Humanae vitae: AAS 60, 1968, pp. 481-503

[63] PAOLO PP. VI, Discorso ai «Campesinos» della Columbia (23 agosto 1968): AAS 60, 1968, p. 623

[64] IDEM, Discorso per la «Giornata dello Sviluppo» a Bogotà (23 agosto 1968): AAS 60, 1968, p. 627; cfr. S. AGOSTINO, Epistola 229, 2: PL 33, 1020

[66] PAOLO PP. VI, Discorso del 15 ottobre 1975: L'Osservatore Romano, 17 ottobre 1975

[67] PAOLO PP. VI, Discorso ai Membri del «Consilium de Laicis» (2 ottobre 1974): AAS 66, 1974, p. 568

[68] Cfr. 1 Petr. 3, 1

[69] Rom. 10, 14. 17

[70] Cfr. 1 Cor. 2, 1-5

[71] Rom. 10, 17

[72] Cfr. Matth. 10, 27; Luc. 12, 3

[73] Marc. 16, 15

[74] Cfr. S. IUSTINI I Apologia, 46, 1-4; II Apologia, 7 (8), l-4; 10, 1-3; 13, 3-4: Florilegium Patristicum II, Bonn 1911-2, pp. 81, 125, 129, 133; CLEMENTIS ALEXANDRINI Stremata 1, 19, 91, 94: S. Ch. 30, pp. 117-118, 119-120; Ad Gentes, 11: AAS 58, 1966, p. 960; Lumen Gentium, 17: AAS 57, 1965, p. 21

[75] EUSEBII CAESARIENSIS Praeparatio Evangelica, 1, 1: PG 21, 26-28; cfr. Lumen Gentium, 16: AAS 57, 1965, p. 20

[76] Cfr. Eph. 3, 8

[77] HENRI DE LUBAC, Le drame de l'humanisme athée, Ed. Spes, Paris 1945.

[78] Cfr. Gaudium et Spes, 59: AAS 58, 1966, p. 1080

[79] 1 Tim. 2, 4

[80] Matth. 9, 36; 15, 32

[81] Rom. 10, 15

[82] Dignitatis Humanae, 13: AAS 58, 1966, 939; p. cfr. Lumen Gentium, 5: AAS 57, 1965, pp. 7-8; Ad Gentes, 1: AAS 58, 1966, p. 947

[83] Cfr. Ad Gentes, 35: AAS 58, 1966, p. 983

[84] S. AUGUSTINI Enarrat. in Ps. 44, 23: CCL XXXVIII, p. 510; cfr. Ad Gentes, 1: AAS 58, 1966, p. 947

[85] S. GREGORII MAGNI Homil. in Evangelia, 19, 1: PL 76, 1154

[86] Act. 1, 8; cfr. Didachè, 9, 1: FUNK , Patres Apostolici, 1, 22

[87] Matth. 28, 20

[88] Cfr. Ibid. 13, 32

[89] Cfr. Ibid. 47

[90] Cfr. Io. 21, 11

[91] Cfr. Ibid. 10, l-16

[92] Cfr. Sacrosanctum Concilium, 37-38: AAS 56, 1964, p. 110; cfr. anche i libri liturgici e gli altri Documenti emanati successivamente dalla Santa Sede per l'attuazione della riforma liturgica voluta dal medesimo Concilio.

[94] Cfr. Io. 15, 16; Marc. 3, 13-19; Luc. 6, 13-16

[95] Cfr. Act. 1, 21-22

[96] Cfr. Marc. 3, 14

[97] Cfr. Ibid. 3, 15; Luc. 9, 2


[98] Act. 4, 8; cfr. Ibid. 2, 14; 3, 12

[99] Cfr. S. LEONIS MAGNI Sermo 69, 3; Sermo 70, 1-3; Sermo 94, 3; Sermo 95, 2: S. Ch. 200, pp. 50-52; 58-66; 258-260; 268

[100] Cfr. CONC. OECUM. LUGDUNENSIS I Ad apostolicae dignitatis: Conciliorum Oecumenicorum Decreta, Ed. Istituto per le Scienze Religiose, Bologna 19733, p. 278; CONC. OECUM. VIENNENSIS Ad providam Christi, ed. mem., p. 343; CONC. OECUM. LATERANENSIS V In apostolici culminis, ed. mem., p. 608; Postquam ad universalis, ed. mem., p. 609; Supernae dispositionis, ed. mem., p. 614; Divina disponente clementia, ed. mem., p. 638
[101] Ad Gentes, 38: AAS 58, 1966, p. 985

[102] Cfr. Lumen Gentium, 22: AAS 57, 1965, p. 26

[103] Lumen Gentium, 10, 37: AAS 57, 1965, pp. 14, 43; Ad Gentes, 39: AAS 58, 1966, p. 986; Presbyterorum Ordinis, 2, 12, 13:AAS 58, 1966, pp. 992, 1010, 1011

[104] Cfr. 1 Thess. 2, 9

[105] Cfr. 1 Petr. 5, 4

[106] Lumen Gentium, 11: AAS 57, 1965, p. 16; Apostolicam Actuositatem, 11: AAS 58, 1966, p. 848; S. IOANNIS CHRYSOSTOMI. In Genesim Serm. VI, 2; VII, 1: PG 54, 607-608

[107] Matth. 3, 17

[108] Ibid. 4, 1

[109] Luc. 4, 14

[110] Luc. 4, 18. 21; cfr. Is. 61, 1

[111] Io. 20, 22

[112] Act. 2, 17

[113] Cfr. Ibid. 4, 8

[114] Cfr. Ibid. 9, 17

[115] Cfr. Ibid. 6, 5. 10; 7, 55

[116] Cfr. Ibid. 10, 44

[117] Cfr. Ibid. 9, 31

[118] Cfr. Ad Gentes, 4: AAS 58, 1966, pp. 950-951

[119] Io. 17, 21

[120] Cfr. Act. 20, 28

[121] Cfr. Presbyterorum Ordinis, 13: AAS 58, 1966, p. 1011

[122] Cfr. Hebr. 11, 27

[123] Ad Gentes, 6: AAS 58, 1966, 954955; pp. cfr. Unitatis Redintegratio, 1: AAS 57, 1965, pp. 90-91

[124] Apostolorum Limina, VII: AAS 66, 1974, p. 305

[125] Rom. 5, 5

[126] Cfr. Io. 8, 32

[127] 1 Thess. 2, 8; cfr. Phil. 1, 8

[128] Cfr. 1 Thess. 2, 7. 11; 1 Cor. 4, 15; Gal. 4, 19

[129] Cfr. 1 Cor. 8, 9-13; Rom. 14, 15

[130] Cfr. Rom. 12, 11

[131] Cfr. Dignitatis Humanae, 4: AAS 58, 1966, p. 933

[132] Ibid. 9-14: AAS 58, 1966, pp. 935-940

[133] Cfr. Ad Gentes, 7: AAS 58, 1966, p. 955

[134] Cfr. Rom. 1, 16

[135] Phil. 1, 3-4. 7-8  


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