Saint Ignace d'Antioche
Evêque, martyr, Père de
l'Église (+ 115)
Antioche connaissait une
communauté chrétienne importante et très dynamique. N'est-ce pas là que, pour
la première fois, les disciples de Jésus furent appelés chrétiens? A la fin du
1er siècle, leur évêque s'appelle Ignace. Le gouverneur Pline le Jeune arrête
les plus déterminés et saint Ignace est l'un d'eux. Arrêté, il est condamné à
être dévoré par les fauves durant les fêtes romaines. Nous avons les
lettres qu'il écrivit aux diverses communautés chrétiennes durant le voyage qui
le conduisit à Rome. Elles sont poignantes dans leur confession d'une foi
inébranlable, pour la joie qu'elles expriment et pour l'imitation de
Jésus-Christ qu'elles proposent à tout chrétien. «ll n'y a plus en moi de feu
pour aimer la matière, mais une eau vive qui murmure et dit en moi: 'Viens vers
le Père'.»
A lire: l'audience
du pape Benoît XVI, le 14 mars 2007, consacrée à saint Ignace d'Antioche.
On le fête en Orient le
20 décembre.
Mémoire de saint Ignace,
évêque et martyr. Disciple de l'Apôtre saint Jean,
il dirigea l'Église d'Antioche, le second après saint Pierre et,
condamné aux bêtes sous l'empereur Trajan, il fut conduit à Rome en 107. En
cours de route, alors qu'il subissait la férocité de ses gardiens, tels des
léopards, il écrivit sept lettres, à diverses Églises, pour exhorter les frères
à servir Dieu dans l'unité avec leur évêque et à ne pas l'empêcher d'être
immolé en victime pour le Christ.
Martyrologe romain
Que je devienne donc la
pâture des bêtes. C'est par elles qu'il me sera donné d'aller jusqu'à Dieu. Je
suis le froment de Dieu. Que je sois donc moulu par les dents des bêtes pour
devenir le pain immaculé du Christ.
Saint Ignace - Lettre aux
Romains
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/2032/Saint-Ignace-d-Antioche.html
Voskopojë
( Albania ). Saint Nicholas church ( 1722 ) - Narthex: Frescos ( 1751 ) of
saints by Konstantin and Athanas Zografi.
Voskopojë
( Albanien ). St.Nikolaos-Kirche ( 1722 ) - Vorhalle: Fresken ( 1751 ) von
Heiligen von Konstantin und Athanas Zografi.
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 14 mars 2007
Saint Ignace d'Antioche
Chers frères et sœurs!
Comme nous l'avons déjà
fait mercredi, nous parlons des personnalités de l'Eglise naissante. La semaine
dernière, nous avons parlé du Pape Clément I, troisième Successeur de saint
Pierre. Aujourd'hui, nous parlons de saint Ignace, qui a été le troisième
Evêque d'Antioche, de 70 à 107, date de son martyre. A cette époque, Rome,
Alexandrie et Antioche étaient les trois grandes métropoles de l'empire romain.
Le Concile de Nicée parle de trois "primats": celui de Rome, mais
Alexandrie et Antioche également participent, d'une certaine manière, à un
"primat". Saint Ignace était Evêque d'Antioche, qui se trouve
aujourd'hui en Turquie. Là, à Antioche, comme nous l'apprenons des Actes des
Apôtres, se développa une communauté chrétienne florissante: le premier Evêque
fut l'apôtre Pierre - c'est ce que nous rapporte la tradition - et là,
"pour la première fois, les disciples reçurent le nom de chrétiens"
(Ac 11, 26). Eusèbe de Césarée, un historien du IV siècle, consacre un chapitre
entier de son Histoire ecclésiastique à la vie et à l'œuvre littéraire d'Ignace
(3, 36). "De Syrie", écrit-il, "Ignace fut envoyé à Rome pour
être livré en pâture aux bêtes sauvages, à cause du témoignage qu'il avait rendu
du Christ. En accomplissant son voyage à travers l'Asie, sous la surveillance
sévère des gardes" (qu'il appelle les "dix léopards" dans sa
Lettre aux Romains, 5, 1), "dans toutes les villes où il s'arrêtait, à
travers des prédications et des avertissements, il renforçait les Eglises; et
surtout, il exhortait, avec la plus grande vigueur, à se garder des hérésies,
qui commençaient alors à se multiplier, et recommandait de ne pas se détacher
de la tradition apostolique". La première étape du voyage d'Ignace vers le
martyre fut la ville de Smyrne, où était Evêque saint Polycarpe, disciple de
saint Jean. Ici, Ignace écrivit quatre lettres, respectivement aux Eglises
d'Ephèse, de Magnésie, de Tralles et de Rome. "Parti de Smyrne",
poursuit Eusèbe "Ignace arriva à Troade, et de là, envoya de nouvelles
lettres": deux aux Eglises de Philadelphie et de Smyrne, et une à l'Evêque
Polycarpe. Eusèbe complète ainsi la liste des lettres, qui nous sont parvenues
de l'Eglise du premier siècle comme un trésor précieux. En lisant ces textes,
on sent la fraîcheur de la foi de la génération qui avait encore connu les
Apôtres. On perçoit également dans ces lettres l'amour ardent d'un saint.
Enfin, de Troade, le martyr arriva à Rome où, dans l'amphithéâtre Flavien, il
fut livré aux bêtes féroces.
Aucun Père de l'Eglise
n'a exprimé avec autant d'intensité qu'Ignace l'ardent désir d'union avec le
Christ et de vie en Lui. C'est pourquoi nous avons lu le passage de l'Evangile
sur la vigne qui, selon l'Evangile de Jean, est Jésus. En réalité, en Ignace confluent
deux "courants" spirituels: celui de Paul, entièrement tendu vers
l'union avec le Christ, et celui de Jean, concentré sur la vie en Lui. A leur
tour, ces deux courants débouchent sur l'imitation du Christ, proclamé
plusieurs fois par Ignace comme "mon" ou "notre Dieu".
Ainsi, Ignace supplie les chrétiens de Rome de ne pas empêcher son martyre, car
il est impatient d'être "uni au Christ". Et il explique: "Il est
beau pour moi de mourir en allant vers (eis) Jésus Christ, plutôt que de régner
jusqu'aux confins de la terre. Je le cherche lui, qui est mort pour moi, je le
veux lui, qui est ressuscité pour moi... Laissez-moi imiter la Passion de mon
Dieu!" (Romains 5, 6). On peut saisir dans ces expressions ardentes
d'amour le "réalisme" christologique prononcé, typique de l'Eglise
d'Antioche, plus que jamais attentive à l'incarnation du Fils de Dieu et à son
humanité véritable et concrète: Jésus Christ, écrit Ignace aux Smyrniotes,
"est réellement de la souche de David", "il est réellement né
d'une vierge", "il fut réellement cloué pour nous" (1, 1).
L'irrésistible aspiration
d'Ignace vers l'union au Christ donne naissance à une véritable "mystique
de l'unité". Lui-même se définit comme "un homme auquel est confié le
devoir de l'unité" (Philadelphiens, 8, 1). Pour Ignace, l'unité est avant
tout une prérogative de Dieu qui, existant dans trois personnes, est Un dans
l'unité absolue. Il répète souvent que Dieu est unité, et que ce n'est qu'en
Dieu que celle-ci se trouve à l'état pur et originel. L'unité à réaliser sur
cette terre de la part des chrétiens n'est qu'une imitation, la plus conforme
possible à l'archétype divin. De cette façon, Ignace arrive à élaborer une
vision de l'Eglise qui rappelle de près certaines des expressions de la Lettre
aux Corinthiens de Clément l'Evêque de Rome. "Il est bon pour vous",
écrit-il par exemple aux chrétiens d'Ephèse, "de procéder ensemble en
accord avec la pensée de l'Evêque, chose que vous faites déjà. En effet, votre
collège des prêtres, à juste titre célèbre, digne de Dieu, est si
harmonieusement uni à l'Evêque comme les cordes à la cithare. C'est pourquoi
Jésus Christ est chanté dans votre concorde et dans votre amour symphonique. Et
ainsi, un par un, vous devenez un chœur, afin que dans la symphonie de la
concorde, après avoir pris le ton de Dieu dans l'unité, vous chantiez d'une
seule voix" (4, 1-2). Et après avoir recommandé aux Smyrniotes de ne
"rien entreprendre qui concerne l'Eglise sans l'évêque" (8, 1),
confie à Polycarpe: "J'offre ma vie pour ceux qui sont soumis à l'Evêque,
aux prêtres et aux diacres. Puissé-je avec eux être uni à Dieu. Travaillez
ensemble les uns pour les autres, luttez ensemble, courez ensemble, souffrez
ensemble, dormez et veillez ensemble comme administrateurs de Dieu, ses
assesseurs et ses serviteurs. Cherchez à plaire à Celui pour lequel vous
militez et dont vous recevez la récompense. Qu'aucun de nous ne soit jamais
surpris déserteur. Que votre baptême demeure comme un bouclier, la foi comme un
casque, la charité comme une lance, la patience comme une armure" (6,
1-2).
D'une manière générale,
on peut percevoir dans les Lettres d'Ignace une sorte de dialectique constante
et féconde entre les deux aspects caractéristiques de la vie chrétienne: d'une
part, la structure hiérarchique de la communauté ecclésiale, et de l'autre,
l'unité fondamentale qui lie entre eux les fidèles dans le Christ. Par
conséquent, les rôles ne peuvent pas s'opposer. Au contraire, l'insistance sur
la communauté des croyants entre eux et avec leurs pasteurs est continuellement
reformulée à travers des images et des analogies éloquentes: la cithare, la
corde, l'intonation, le concert, la symphonie. La responsabilité particulière
des Evêques, des prêtres et des diacres dans l'édification de la communauté est
évidente. C'est d'abord pour eux que vaut l'invitation à l'amour et à l'unité.
"Ne soyez qu'un", écrit Ignace aux Magnésiens, en reprenant la prière
de Jésus lors de la Dernière Cène: "Une seule supplique, un seul esprit,
une seule espérance dans l'amour; accourez tous à Jésus Christ comme à l'unique
temple de Dieu, comme à l'unique autel; il est un, et procédant du Père unique,
il est demeuré uni à Lui, et il est retourné à Lui dans l'unité" (7, 1-2).
Ignace, le premier dans la littérature chrétienne, attribue à l'Eglise
l'adjectif de "catholique", c'est-à-dire "universelle":
"Là où est Jésus Christ", affirme-t-il, "là est l'Eglise
catholique" (Smyrn. 8, 2). Et c'est précisément dans le service d'unité à
l'Eglise catholique que la communauté chrétienne de Rome exerce une sorte de
primat dans l'amour: "A Rome, celle-ci préside, digne de Dieu, vénérable,
digne d'être appelée bienheureuse... Elle préside à la charité, qui reçoit du
Christ la loi et porte le nom du Père" (Romains, prologue).
Comme on le voit, Ignace
est véritablement le "docteur de l'unité": unité de Dieu et unité du
Christ (au mépris des diverses hérésies qui commençaient à circuler et
divisaient l'homme et Dieu dans le Christ), unité de l'Eglise, unité des
fidèles "dans la foi et dans la charité, par rapport auxquelles il n'y a
rien de plus excellent" (Smyrn. 6, 1). En définitive, le
"réalisme" d'Ignace invite les fidèles d'hier et d'aujourd'hui, il
nous invite tous à une synthèse progressive entre la configuration au Christ
(union avec lui, vie en lui) et le dévouement à son Eglise (unité avec
l'Evêque, service généreux de la communauté et du monde). Bref, il faut
parvenir à une synthèse entre communion de l'Eglise à l'intérieur d'elle-même
et mission proclamation de l'Evangile pour les autres, jusqu'à ce que, à
travers une dimension, l'autre parle, et que les croyants soient toujours
davantage "dans la possession de l'esprit indivis, qui est Jésus Christ
lui-même" (Magn. 15). En implorant du Seigneur cette "grâce de
l'unité", et dans la conviction de présider à la charité de toute l'Eglise
(cf. Romains, prologue), je vous adresse le même souhait que celui qui conclut
la lettre d'Ignace aux chrétiens de Tralles: "Aimez-vous l'un l'autre avec
un cœur non divisé. Mon esprit s'offre en sacrifice pour vous, non seulement à
présent, mais également lorsqu'il aura rejoint Dieu... Dans le Christ,
puissiez-vous être trouvés sans tache" (13). Et nous prions afin que le
Seigneur nous aide à atteindre cette unité et à être enfin trouvés sans tache,
car c'est l'amour qui purifie les âmes.
* * *
Je salue cordialement les
pèlerins de langue française, en particulier les jeunes, les Petites Sœurs de
Jésus en session de renouveau et les membres de l’Association internationale
des Charités contre les pauvretés. Je vous invite à trouver dans l’unité entre
vous le dynamisme et la force pour témoigner de l’amour du Christ. Avec ma
Bénédiction apostolique.
© Copyright 2007 -
Libreria Editrice Vaticana
Greece,
Argolis, Epidavros: Icon of Ignatius of Antioch in the church of the monastery
of Panagia Polemarcha.
Griechenland,
Argolis, Epidavros: Ikone des Ignatius von Antiochien in der Kirche des
Klosters Panagia Polemarcha.
Saint Ignace d'Antioche
Patriarche d'Antioche,
Martyr
Certains auteurs assurent
qu'Ignace fut ce petit enfant que Notre-Seigneur plaça au milieu des Apôtres
lorsque, pour leur donner une leçon d'humilité, Il leur dit: Si vous ne devenez
semblables à de petits enfants, vous n'entrerez jamais dans le royaume des
Cieux. Ce qui est certain, c'est qu'il était un familier des premiers disciples
du Sauveur, disciple lui-même de saint Jean, l'Apôtre bien-aimé.
Ignace fut un grand
évêque, un homme d'une rare sainteté; mais sa gloire est surtout son martyre.
Conduit devant l'empereur Trajan, il subit un long interrogatoire:
"C'est donc toi,
vilain démon, qui insultes nos dieux?
-- Nul autre que vous n'a
jamais appelé Théophore un mauvais démon.
-- Qu'entends-tu par ce
mot Théophore?
-- Celui qui porte
Jésus-Christ dans son coeur.
-- Crois-tu donc que nous
ne portons pas nos dieux dans notre coeur?
-- Vos dieux! Ce ne sont
que des démons; il n'y a qu'un Dieu Créateur, un Jésus-Christ, Fils de Dieu,
dont le règne est éternel.
-- Sacrifie aux dieux, je
te ferai pontife de Jupiter et père du Sénat.
-- Tes honneurs ne sont
rien pour un prêtre du Christ."
Trajan, irrité, le fait
conduire en prison. "Quel honneur pour moi, Seigneur, s'écrie le martyr,
d'être mis dans les fers pour l'amour de Vous!" et il présente ses mains
aux chaînes en les baisant à genoux.
L'interrogatoire du
lendemain se termina par ces belles paroles d'Ignace: "Je ne sacrifierai
point; je ne crains ni les tourments, ni la mort, parce que j'ai hâte d'aller à
Dieu."
Condamné aux bêtes, il
fut conduit d'Antioche à Rome par Smyrne, Troade, Ostie. Son passage fut
partout un triomphe; il fit couler partout des larmes de douleur et
d'admiration:
"Je vais à la mort
avec joie, pouvait-il dire. Laissez-moi servir de pâture aux lions et aux ours.
Je suis le froment de Dieu; il faut que je sois moulu sous leurs dents pour
devenir un pain digne de Jésus-Christ. Rien ne me touche, tout m'est
indifférent, hors l'espérance de posséder mon Dieu. Que le feu me réduise en
cendres, que j'expire sur le gibet d'une mort infâme; que sous la dent des
tigres furieux et des lions affamés tout mon corps soit broyé; que les démons
se réunissent pour épuiser sur moi leur rage: je souffrirai tout avec joie,
pourvu que je jouisse de Jésus-Christ." Quel langage et quel amour!
Saint Ignace, dévoré par
un lion, répéta le nom de Jésus jusqu'au dernier soupir. Il ne resta de son
corps que quelques os qui furent transportés à Antioche.
Abbé L. Jaud, Vie
des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/saint_ignace_d_antioche.html
Ignatius
of Antioch, ortodox icon, before XVII c.
C’est à ses actes qu’on
reconnaît le chrétien
La foi et la charité sont
le commencement et la fin de la vie : le commencement, c’est la foi, et la
fin, la charité. Les deux réunies, c’est Dieu, et tout le reste qui conduit à
la perfection de l’homme ne fait que suivre. Nul, s’il professe la foi, ne pèche ;
nul, s’il possède la charité, ne hait.
« C’est à son fruit
qu’on reconnaît l’arbre » (Mt 12, 33) : ainsi ceux qui font
profession d’être du Christ se feront reconnaître à leurs œuvres. Car
maintenant, l’œuvre qui nous est demandée n’est pas simple profession de foi,
mais d’être trouvés jusqu’à la fin dans la force de la foi.
Mieux vaut se taire et
être que parler sans être. Il est bon d’enseigner, si celui qui parle
agit. Il n’y a donc qu’« un seul Maître » (Mt 23, 8), celui
qui a dit et tout a été fait (Ps 32, 9), et les choses qu’il a faites
dans le silence sont dignes de son Père. Celui qui possède en vérité la parole
de Jésus peut entendre même son silence, afin d’être parfait, afin d’agir par
sa parole et de se faire connaître par son silence. Rien n’est caché au
Seigneur, mais nos secrets mêmes sont près de lui. Faisons donc tout dans la
pensée qu’il habite en nous, afin que nous soyons ses temples et que lui soit
en nous notre Dieu.
St Ignace d’Antioche
Saint Ignace (iie
siècle), évêque d’Antioche, écrivit plusieurs lettres, avant de subir, selon
toute vraisemblance, le martyre. / Lettre aux Éphésiens, 14-15, trad. T.
Camelot, Paris, Cerf, 1969, Sources Chrétiennes 10, p. 71-73.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/mercredi-23-juin/meditation-de-ce-jour-1/
17 octobre
Saint Ignace d'Antioche
Vers l’an 34, des
chrétiens de Jérusalem, fuyant la persécution, entraient à Antioche, capitale
de la province romaine de Syrie et troisième ville de l'Empire, après Rome et
Alexandrie, par une belle route, pavée de pierres et sur quatre kilomètres
bordée de colonnes, construite par le roi Hérode. « Quelques-uns d'entre
eux, citoyens de Chypre et de Cyrène, arrivés à Antioche, commencèrent à parler
aussi aux Grecs, prêchant la Bonne Nouvelle du Seigneur Jésus. Et la main du
Seigneur était avec eux, et ainsi une grande multitude crut et se convertit au
Seigneur. La nouvelle parvint aux oreilles de l'Eglise de Jérusalem, laquelle
envoya Barnabé à Antioche.[1] »
On était en l'an 37 : « Quand il arriva et vit la grâce du Seigneur,
il se réjouit.[2] »
Barnabé, un homme fort et cordial, après avoir exhorté les chrétiens « à
persévérer d'un cœur résolu dans le Seigneur », était allé à Tarse pour
rejoindre Paul qui l'emmena à Antioche où « ils restèrent ensemble
une année entière et enseignèrent de grandes foules. A Antioche, disent
encore les Actes des Apôtres, pour la première fois les disciples furent
appelés chrétiens. » La nouvelle communauté devint presque plus grande et
plus importante que celle de Jérusalem qu’elle aidera dix ans plus tard, après
quoi, Pierre lui-même en prit la tête qu’il laissa à Hévodius, à qui, vers 70 succéda
Ignace.
Lorsqu'il fut élu évêque,
Ignace n'avait probablement pas plus de trente ans, et, outre Antioche, il
était également responsable de l'Eglise de Syrie et de Cilicie. Sans doute
natif d'Antioche, Ignace est peut-être le fils de deux des premiers convertis,
à moins que, né dans une famille païenne il se soit converti très jeune au
contact des chrétiens de la métropole. En tous cas, il habitait dans
cette ville régulièrement fréquentée par Pierre, Paul et d'autres Apôtres et
qu'assurément il les connut.
Après avoir gouverné
pendant au moins trois décennies, l’Eglise d’Antioche, il fut arrêté dans des
circonstances étranges, puisque après la mort de Domitien[3],
l'Eglise bénéficiait d’une courte période de paix. C’est à cette époque que, de
Bithynie, sur la Mer noire, Pline le Jeune[4],
gouverneur entre 111 et 113, écrivit à Trajan une lettre qui est le plus
ancien document officiel connu sur les rapports entre les chrétiens et l'Empire
romain ; Pline demandait comment il fallait se comporter avec les
chrétiens, et il rapportait avoir interrogé deux femmes chrétiennes et les
avoir soumises à la torture : « Je n'ai rien trouvé
d'autre, écrit-il, qu'une superstition méchante et effrénée. » Trajan
répondit qu'il ne fallait pas pourchasser les chrétiens (conquirendi non sunt),
mais qu'en cas de dénonciation privée, non anonyme, ils devaient être
condamnés. Ignace fut précisément l’objet d'une dénonciation qui émanait de
citoyens poussés par la haine. Il fut donc arrêté et, ayant avoué être
chrétien, il fut enchaîné et envoyé à Rome, sous la garde d'une féroce escorte militaire,
pour y subir l'exécution capitale.
Le voyage, par mer et par
terre, fut pour lui et ses compagnons une Via Crucis : « Je
lutte contre des animaux féroces, je suis enchaîné à dix léopards, un groupe de
soldats qui deviennent de plus en plus méchants même s'ils reçoivent des
bénéfices. En somme, je suis instruit au mieux sous leurs injustices.[5] »
Mais, malgré eux, cela devint chemin faisant un extraordinaire voyage
apostolique, qui confirma dans la foi toutes les communautés chrétiennes du
bassin méditerranéen. Le bateau sur lequel Ignace était enchaîné fit une longue
escale à Smyrne où les chrétiens, guidés par saint Polycarpe[6],
accueillirent des fidèles de toutes les communautés environnantes (Ephèse,
Magnésie, Tralle) qui voulaient rencontrer Ignace, lui dire leur affection,
l'écouter. Ignace leur écrivit et leur remit trois lettres de remerciement pour
leurs communautés. Il écrira aussi aux frères de Rome, où l'attendait le
martyre. Après Smyrne, le bateau fait escale à Troade d’où il écrivit aux
communautés de Philadelphie et de Smyrne, et aussi à Polycarpe.
Ces lettres constituent
l'un des plus anciens témoignages sur la vie des premiers chrétiens.
« Vous êtes tous des compagnons de route (...) qui avez Jésus-Christ parmi
vous. (...) Avec vous je suis dans l'allégresse. Priez sans cesse pour les
autres hommes. Car il y a pour eux l'espoir du repentir. (...) Soyez leurs
frères (...) demeurez en Jésus-Christ dans la chair et dans l'esprit. Où est le
sage ? Où est le débatteur ? Car notre Dieu, Jésus-Christ, a été
porté dans le sein de Marie, selon l'économie divine, est né de la race de
David et du Saint-Esprit (...) Tous les astres étaient troublés, se
demandant d'où venait pareille nouveauté, si différente d'eux. Alors toute
magie fut détruite, tout lien de malice aboli, l'ignorance fut dissipée, l'ancien
pouvoir ruiné, quand Dieu apparut sous forme humaine pour une nouveauté de vie
éternelle : ce qui avait été décrété par Dieu commençait à se réaliser.
Ainsi tout était troublé, parce que la destruction de la mort se préparait.[7] »
Evêque de la première
métropole païenne touchée par le christianisme, Ignace exhorte sans se lasser
les chrétiens à fuir les hérésies qui, déjà à cette époque, menaçait les
communautés : « Il faut les éviter, comme des bêtes sauvages. Ce sont
des chiens enragés qui mordent furtivement. Vous devez vous en garder, car
leurs morsures sont difficiles à guérir. Il n'y a qu'un seul médecin, charnel
et spirituel, engendré et non créé, venu dans la chair, vie véritable dans la
mort, né de Marie et né de Dieu, d'abord susceptible de souffrir et maintenant
impassible, Jésus-Christ notre Seigneur.[8] »
« Soyez donc sourds quand on vous parle d'autre chose que de Jésus-Christ,
de la lignée de David, né de Marie, qui est vraiment né, qui a mangé et qui a
bu, qui a vraiment été persécuté sous Ponce Pilate, qui a vraiment été
crucifié, et qui est mort, devant le ciel, la terre et les enfers, et puis qui
est vraiment ressuscité d'entre les morts. (...) Car si, comme le
soutiennent certains athées, à savoir des infidèles, il n'a souffert qu'en
apparence - alors eux-mêmes n'existent qu'en apparence, et moi, pourquoi suis-je
ici enchaîné ? Pourquoi donc désirer combattre contre les bêtes
sauvages ? C'est donc pour rien que je me livre à la mort. (...) Fuyez
donc ces mauvaises plantes parasites : elles donnent un fruit qui tue.[9] »
La plus bouleversante de
ses lettres est assurément celle qu’il écrivit de Smyrne à la communauté de
Rome ; il y souligne que l'Eglise de Rome préside à la pureté de
la foi et de la charité ; Comme c'était aussi une Eglise capable de
trouver des appuis jusque dans la maison de César (à vous il est
facile de faire ce que vous voulez), Ignace l’implorait de ne rien faire pour
lui, parce qu'il désirait offrir sa vie : « Je suis pour vous un
rachat ; il ne lui demandait qu’une seule : Priez pour que je
sois un vrai chrétien, car le christianisme n'est pas une affaire
d'éloquence humaine, mais une œuvre de puissance, quand il est haï par le
monde. »
Ignace est enthousiaste
de pouvoir mener cette ultime bataille pour Jésus-Christ. Mais, avec beaucoup
d'humanité, il avoue aussi sa faiblesse devant ce qui l'attend :
« Priez pour moi, pour que je surmonte l'épreuve car je suis encore en
danger. » Arrivé à Rome dans les chaînes, Ignace ne manqua pas
l'épreuve : conduit dans le cirque, il fut déchiré par les bêtes féroces.
[1] Actes
des Apôtres XI 20-22.
[2] Actes
des Apôtres XI 23.
[3] Domitien,
second fils de Vespasien, succéda à son frère Titus et fut empereur de 81 à 96.
Après l’assassinat de Domitien qui appartenait à la dynastie des Flaviens,
règne Nerva (de 96 à 98) qui commence le règne de la dynastie des Antonins
(Trajan, de 98 à 117 ; Hadrien, de 117 à 138 ; Antonin le
Pieux de 138 à 161 ; Marc Aurèle, de 161 à 180 ; Commode de 180
à 192).
[4] Fils
adoptif de Pline l’Ancien (23-79), Pline le
Jeune (61-114), avocat célèbre et grand orateur, fut consul en 100, puis
légat de l’Empereur en Bithynie (111-112).
[5] Epître
d’Ignace d’Antioche aux Romains.
[6] En
la personne de l'évêque Polycarpe, c'était le dernier témoin de l'âge
apostolique qui, le 23 février 155, montait sur le bûcher au milieu du théâtre
de Smyrne, en présence de tout le peuple. Polycarpe a ait été le disciple de
Jean. Il avait vu de ses yeux et entendu de ses oreilles celui dont les mains
avaient touché le Verbe de vie, et il avait recueilli du disciple que Jésus
aimait le commandement de l'amour fraternel. Aussi retrouvons-nous quelque
chose de la sérénité et de la tendresse propres aux écrits de Jean dans le
récit que les chrétiens de Smyrne ont laissé de la mort de leur évêque. Comme
le proconsul pressait Polycarpe de renier le Christ, celui-ci répondit : « Voilà
quatre-vingt-six ans que je le sers et jamais il ne m'a fait aucun mal.
Pourquoi donc blasphémerais-je mon Roi et mon Sauveur ? » Lié au
poteau du bûcher, il priait ainsi : « Dieu de toute la création, je
te bénis pour m'avoir jugé digne de ce jour et de cette heure, digne d'être
compté au nombre de tes martyrs et de participer au calice de ton Christ, pour
ressusciter à la vie éternelle de l'âme et du corps dans l'incorruptibilité de
l'Esprit Saint » (voir au 23 février).
[7] Epître
d’Ignace d’Antioche aux Ephésiens.
[8] Epître
d’Ignace d’Antioche aux Ephésiens.
[9] Epître
d’Ignace d’Antioche aux chrétiens de Tralle.
Saint
Ignatius of Antioch, before XVII c. http://days.pravoslavie.ru/Images/ii897&3009.htm
Epître
de saint Ignace d’Antioche aux Romains
Ignace, appelé aussi
Théophore, à l'Église, objet de la miséricorde et de la munificence du Père
très haut et de Jésus-Christ, son Fils unique ; à cette Eglise aimée de
Dieu et illuminée par la volonté de celui qui a voulu tout ce qui existe, en
vertu de la charité de Jésus-Christ, notre Dieu ; à l'Église qui préside
dans la capitale des Romains, sainte, vénérable, bienheureuse, digne d'éloges
et de succès, à l'Église toute pure qui préside à la charité et qui a reçu la loi
du Christ et le nom du Père : salut, au nom de Jésus-Christ, Fils du Père,
aux fidèles attachés de corps et d’âme à tous ses commandements, remplis pour
toujours de la grâce de Dieu, et pure de tout élément étranger, je souhaite une
pleine et sainte allégresse en Jésus-Christ, notre Dieu.
1. A force de prières,
j'ai obtenu de voir vos saints visages ; J'ai même reçu de Dieu plus que
je ne demandais : car c'est en qualité de prisonnier du Christ Jésus que
j'espère vous saluer, si toutefois Dieu daigne me faire la grâce d'aller
jusqu'au bout. L'affaire est bien engagée : puissé-je, avec la grâce de
Dieu, entrer sans obstacle en possession du lot qui m'est échu ! Je crains
que votre charité ne me soit dommageable. Car il vous est facile, à vous, de
faire ce que vous voulez, mais il me sera difficile, à moi, d'arriver à Dieu,
si vous n'avez pas pitié de moi.
2. Ce n'est pas la faveur
des hommes que je veux vous voir rechercher, mais celle de Dieu, qui d'ailleurs
vous est acquise. Jamais je ne retrouverai une pareille occasion d'aller à
Dieu, et vous, vous ne sauriez attacher votre nom à une meilleure œuvre qu'en
vous tenant tranquilles. Votre silence à mon sujet fera de moi une parole
de Dieu ; mais si vous aimez trop ma chair, je ne serai plus qu'une voix
ordinaire. Je ne vous demande qu'une chose : c'est de laisser offrir à
Dieu la libation de mon sang, tandis que l'autel est encore prêt : alors,
réunis tous en chœur par la charité, vous pourrez chanter dans le Christ Jésus,
une hymne à Dieu le Père, pour avoir daigné faire venir l'évêque de Syrie du
levant au couchant. Il est bon, en effet, de me coucher du monde en Dieu, pour
me lever en lui.
3. Vous n'avez jamais
porté envie à personne, vous avez donné à d'autres les enseignements : eh
bien ! ce que je veux, c'est précisément la mise en pratique de vos leçons
et de vos préceptes. Contentez-vous de demander pour moi la force intérieure et
extérieure, pour que je sois chrétien, non seulement de bouche, mais de cœur,
non seulement de non, mais de fait. Car si je me montre chrétien de fait, je
mériterai aussi ce nom, et c'est quand j'aurai disparu de ce monde que ma foi
apparaîtra avec le plus d’éclat. Rien de ce qui se voit n'est bon : même
notre Dieu, Jésus-Christ, ne s'est jamais mieux manifesté que depuis qu'il est
retourné au sein de son Père. Le christianisme, quand il est en butte à la
haine du monde, n'est plus objet de persuasion humaine, mais œuvre de puissance
divine.
4. J'écris à toutes les
églises : je mande à tous que je mourrai de grand cœur pour Dieu, si vous
ne m'en empêchez. Je vous en conjure, épargnez-moi une bienveillance
intempestive. Laissez-moi devenir la pâture des bêtes : c'est par elles
qu'il me sera donné d'arriver à Dieu. Je suis le froment de Dieu, et je suis
moulu par la dent des bêtes, pour devenir le pain immaculé du Christ.
Caressez-les plutôt, afin qu'elles soient mon tombeau, et qu'elles ne laissent
rien subsister de mon corps . Les funérailles ne seront ainsi à charge à
personne. C'est quand le monde ne verra même plus mon corps, que je serai un
véritable disciple de Jésus-Christ. Priez le Christ de daigner faire de moi,
par la dent des fauves, une victime pour Dieu. Je ne vous donne pas des ordres,
comme Pierre et Paul : ils étaient des Apôtres, et moi je ne suis qu'un
condamné, ils étaient libres, et moi, jusqu'à présent, je suis
esclave ; mais la mort fera de moi un affranchi de Jésus-Christ en qui je
ressusciterai libre. Pour le moment j'apprends dans les fers à ne rien désirer.
5. Depuis la Syrie
jusqu'à Rome, sur terre et sur mer, de nuit et de jour, je combats déjà entre
les bêtes, enchaîné que je suis à dix léopards : je veux parler des
soldats qui me gardent, et qui se montrent d'autant plus méchants qu'on leur
fait plus de bien. Leurs mauvais traitements sont pour moi une école à laquelle
je me forme tous les jours ; « mais je ne suis pas pour cela
justifié. » Quand donc serai-je en face des bêtes qui m’attendent !
Puissent-elles se jeter aussitôt sur moi ! Au besoin je les flatterai,
pour qu'elles me dévorent sur le champ, et qu'elles ne fassent pas comme pour
certains, qu’elles ont craint de toucher. Que si elles y mettent du mauvais
vouloir, je les forcerai. De grâce, laissez-moi faire : je sais, moi, ce
qui m'est préférable. C'est maintenant que je commence à être un vrai disciple.
Qu'aucune créature, visible ou invisible, ne cherche à me ravir la possession
de Jésus-Christ ! Feu, croix, corps à corps avec les bêtes féroces,
lacération, écartèlement, dislocation des os, mutilation des membres, broiement
du corps entier : que les plus cruels supplices du diable tombent sur moi,
pourvu que je possède enfin Jésus-Christ !
6. Que me servirait la
possession du monde entier ? Qu’ai-je à faire des royaumes
d'ici-bas ? Il m'est bien plus glorieux de mourir pour le Christ Jésus,
que de régner jusqu'aux extrémités de la terre. C"est lui que je cherche,
ce Jésus qui est mort pour nous ! c'est lui que je veux, lui qui est
ressuscité à cause de nous ! Voici le moment où je vais être enfanté. De
grâce, frères, épargnez-moi : ne m’empêchez pas de naître à la vie, ne
cherchez pas ma mort. C'est à Dieu que je veux appartenir : ne me livrez
pas au monde ni aux séductions de la matière. Laissez-moi arriver à la pure
lumière : c'est alors que je serai vraiment homme. Permettez-moi d'imiter
la passion de mon Dieu. Si quelqu'un possède ce Dieu dans son cœur, que
celui-là comprenne mes désirs, et qu'il compatisse, puisqu'il la connaît, à
l'angoisse qui me serre.
7. Le prince de ce monde
veut m'arracher à Dieu et altérer les sentiments que j'ai pour lui. Spectateurs
de la lutte, qu'aucun de vous n'aille prêter main-forte au démon ! Prenez
plutôt parti pour moi, c'est-à-dire pour Dieu. N'ayez pas Jésus-Christ dans la
bouche, et le monde dans le cœur. Loin de vous l'envie ! Si, quand je
serai parmi vous, il m'arrive de vous supplier, ne m'écoutez pas ; faites
plutôt ce que je vous écris aujourd'hui : car c'est en pleine vie que je
vous exprime mon ardent désir de la mort. Mes passions terrestres ont été
crucifiées, et il n'existe plus en moi de feu pour la matière ; il n'y a
qu'une « eau vive », qui murmure au-dedans de moi et me dit : « Viens
vers le Père! » Je ne prends p1us de plaisir à la nourriture corruptible ni aux
joies de cette vie : ce que je veux, c'est « le pain le Dieu », ce pain
qui est la chair de Jésus-Christ, « le fils de David »; et pour breuvage je
veux son sang, qui est l'amour incorruptible.
8. Je ne veux plus vivre
de cette vie terrestre. Or, la réalisation de mon vœu dépend de votre bonne
volonté : montrez-en donc à mon égard, afin d'en trouver vous-mêmes à
votre tour. Ces quelques mots vous transmettront ma prière : croyez à mes paroles.
Jésus-Christ fera éclater à vos yeux la sincérité de mon cœur, lui, la bouche
infaillible par laquelle le Père a vraiment parlé. Priez pour que je réussisse.
Ce n'est pas la chair qui m’a dicté cette lettre, c'est l'esprit de Dieu. Mon
martyre sera la preuve de votre bienveillance, et le refus de m'y admettre
l'effet de votre haine.
9. Dans vos prières,
souvenez-vous de l'Eglise de Syrie, qui, depuis mon départ, n’a plus que Dieu
pour pasteur[10].
Elle n'aura d'autre évêque que Jésus-Christ et votre charité. Je rougis d'être
compté parmi ses membres : je n'en suis pas digne, moi, le dernier d'entre
eux, moi, un avorton. Mais, dans sa miséricorde, Dieu m'a fait la grâce d'être
quelqu'un, si j'arrive à lui. Mon esprit s'unit, pour vous saluer, aux
charitables églises qui m'ont accueilli au nom de Jésus-Christ, non comme un
simple passant ; car celles mêmes qui ne se trouvaient point sur mon
passage, j'entends sur le passage de mon corps, allaient m'attendre à la ville
la plus proche.
10. Je vous écris cette
lettre de Smyrne par l'intermédiaire d'Éphésiens, dignes d’être appelés
bienheureux. En compagnie de beaucoup d'autres, j'ai avec moi Crocus, dont la
personne m'est bien chère. Quant à ceux qui m'ont précédé de Syrie à Rome pour
la gloire de Dieu, ils vous sont maintenant connus, je pense, annoncez-leur ma
prochaine arrivée. Ils sont tous dignes de Dieu et dignes de vous. Il vous
convient de les soulager dans tous leurs besoins. Je vous écris le neuvième
jour avant les calendes de septembre[11].
Adieu, et courage jusqu'au bout à souffrir pour Jésus-Christ.
[10] Après
saint Ignace qui succédait à Evode, successeur de saint Pierre sur le siège
d’Antioche, vinrent Héron, Cornélius, puis Héros et Théophile (mort avant mars
181).
[11] 24
août.
SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/10/17.php
Lettre d'Ignace d'Antioche aux Ephésiens
Ignace,
dit aussi Théophore, à celle qui est bénie en grandeur dans la plénitude de
Dieu le Père, prédestinée avant les siècles à être en tout temps, pour une
gloire qui ne passe pas, inébranlablement unie et élue dans la passion
véritable du Christ, par la volonté du Père et de Jésus-Christ notre Dieu, --à
l'Église digne d'être appelée bienheureuse, qui est à Éphèse d'Asie, salut en
Jésus-Christ et dans une joie irréprochable.
I, 1. J'ai accueilli en
Dieu votre nom bien-aimé, que vous vous êtes acquis par votre nature juste,
selon la foi et la charité dans le Christ Jésus, notre Sauveur ; "
imitateurs de Dieu " (cf. Paul, Ep 6, 1), ranimés dans le sang de Dieu
(cf. Ac. 20, 28), vous avez achevé en perfection l'oeuvre qui convient à votre
nature. 2. Vous avez appris en effet que je venais de Syrie enchaîné pour le
Nom et l'espoir qui nous sont communs, espérant avoir le bonheur, grâce à vos
prières, de combattre contre les bêtes à Rome, pour pouvoir, si j'ai ce
bonheur, être un véritable disciple ; et vous vous êtes empressés de venir me
voir. 3. C'est donc bien toute votre communauté que j'ai reçue au nom de Dieu,
en Onésime, homme d'une indicible charité, votre évêque selon la chair. Je
souhaite que vous l'aimiez en Jésus-Christ, et que tous vous lui soyez semblables.
Béni soit celui qui vous a fait la grâce, à vous qui en étiez dignes, d'avoir
un tel évêque.
Il, 1. Pour Burrhus, mon
compagnon de service, votre diacre selon Dieu, béni en toutes choses, je
souhaite qu'il reste près de moi pour faire honneur à vous et à votre évêque.
Quant à Crocus, digne de Dieu et de vous, que j'ai reçu comme un exemplaire de
votre charité, il a été pour moi un réconfort en toutes choses : puisse le Père
de Jésus-Christ le réconforter lui aussi avec Onésime, et Burrhus, et Euplous
et Fronton ; en eux c'est vous tous que j'ai vus selon la charité. 2. Puissé-je
jouir de vous en tout temps, si je puis en être digne. Il convient donc de
glorifier en toutes manières Jésus-Christ, qui vous a glorifiés, afin que
rassemblés dans une même soumission, soumis à l'évêque et au presbyterium, vous
soyez sanctifiés en toutes choses.
III,1. Je ne vous donne
pas des ordres comme si j'étais quelqu'un. Car si je suis enchaîné pour le Nom,
je ne suis pas encore accompli en Jésus-Christ. Maintenant, je ne fais que
commencer à m'instruire, et je vous adresse la parole comme à mes condisciples.
C'est moi qui aurais besoin d'être oint par vous de foi, d'exhortations, de
patience, de longanimité. 2. Mais puisque la charité ne me permet pas de me
taire à votre sujet, c'est pour cela que j'ai pris les devants pour vous
exhorter à marcher d'accord avec la pensée de Dieu. Car Jésus-Christ, notre vie
inséparable, est la pensée du Père, comme aussi les évêques, établis jusqu'aux
extrémités de la terre, sont dans la pensée de Jésus-Christ.
IV, 1. Aussi convient-il
de marcher d'accord avec la pensée de votre évêque, ce que d'ailleurs vous
faites. Votre presbyterium justement réputé, digne de Dieu, est accordé à
l'évêque comme les cordes à la cithare ; ainsi, dans l'accord de vos sentiments
et l'harmonie de votre charité, vous chantez Jésus-Christ. 2. Que chacun de vous
aussi, vous deveniez un choeur, afin que, dans l'harmonie de votre accord,
prenant le ton de Dieu dans l'unité, vous chantiez d'une seule voix par
Jésus-Christ un hymne au Père, afin qu'il vous écoute et qu'il vous
reconnaisse, par vos bonnes oeuvres, comme les membres de son Fils. Il est donc
utile pour vous d'être dans une inséparable unité, afin de participer toujours
à Dieu.
V, 1. Si en effet,
moi-même j'ai en si peu de temps contracté avec votre évêque une telle
intimité, qui n'est pas humaine, mais toute spirituelle, combien plus je vous
félicite de lui être si profondément unis, comme l'Église l'est à Jésus-Christ,
et Jésus-Christ au Père, afin que toutes choses soient en accord dans l'unité.
2. Que personne ne s'égare ; si quelqu'un n'est pas à l'intérieur du
sanctuaire, il se prive " du pain de Dieu " (Jn 6, 33). Car si la
prière de deux personnes ensemble a une telle force (cf. Mt 18, 20), combien
plus celle de l'évêque et de toute l'Église. 3. Celui qui ne vient pas à la
réunion commune, celui-là déjà fait l'orgueilleux et il s'est jugé lui-même,
car il est écrit : " Dieu résiste aux orgueilleux " (Pr 3, 34 ; cf.
Jc 4, 6 ; 1 P 5, 5). Ayons donc soin de ne pas résister à l'évêque, pour être
soumis à Dieu.
VI, I. Et plus on voit
l'évêque garder le silence, plus il faut le révérer ; car celui que le maître
de maison envoie pour administrer sa maison (cf. Lc 12, 42 ; Mt 24, 25), il
faut que nous le recevions comme celui-là même qui l'a envoyé (cf. Mt 10, 40 ;
Mc 1, 37 ; Lc 7, 48 ; Jn 13, 20). Donc il est clair que nous devons regarder
l'évêque comme le Seigneur lui-même. 2. D'ailleurs, Onésime lui-même loue très
haut votre bon ordre en Dieu disant que tous vous vivez selon la vérité, et
qu'aucune hérésie ne demeure chez vous, mais que vous n'écoutez personne qui
vous parle d'autre chose que de Jésus-Christ dans la vérité.
VII, 1. Car des hommes à
la ruse perverse ont l'habitude de porter partout le nom de Dieu, mais agissent
autrement et de manière indigne de Dieu ; ceux-là, il vous faut les éviter comme
des bêtes sauvages. Ce sont des chiens enragés, qui mordent sournoisement. Il
faut vous en garder, car leurs morsures sont difficiles à guérir. 2. Il n'y a qu'un seul médecin, charnel et spirituel,
engendré et inengendré, venu en chair, Dieu, en la mort vie
véritable, né de Marie et né de Dieu, d'abord passible et maintenant
impassible, Jésus-Christ notre Seigneur.
VIII, 1. Que personne
donc ne vous trompe, comme d'ailleurs vous ne vous laissez pas tromper, étant
tout entiers à Dieu. Quand aucune querelle ne s'est abattue sur vous qui puisse
vous tourmenter, alors vraiment vous vivez selon Dieu. Je suis votre victime
expiatoire, et je m'offre en sacrifice pour votre Église, Éphésiens, qui est
renommée à travers les siècles. 2. Les charnels ne peuvent pas faire les
oeuvres spirituelles (cf. Rm 8, 5 ; 1 Co 2, 14), ni les spirituels les oeuvres
charnelles, comme la foi non plus ne peut faire les oeuvres de l'infidélité, ni
l'infidélité celles de la foi. Et celles-là même que vous faites dans la chair
sont spirituelles, car c'est en Jésus-Christ que vous faites tout.
IX, 1. J'ai appris que
certains venant de là-bas sont passés chez vous, porteurs d'une mauvaise
doctrine, mais vous ne les avez pas laissés semer chez vous, vous bouchant les
oreilles, pour ne pas recevoir ce qu'ils sèment, dans la pensée que vous êtes
les pierres du temple du Père, préparés pour la construction de Dieu le Père,
élevés jusqu'en haut par la machine de Jésus-Christ, qui est la croix, vous
servant comme câble de l'Esprit-Saint ; votre foi vous tire en haut, et la
charité est le chemin qui vous élève vers Dieu. 2. Vous êtes donc aussi tous
compagnons de route, porteurs de Dieu et porteurs du temple, porteurs du
Christ, porteurs des objets sacrés, ornés en tout des préceptes de Jésus-Christ.
Avec vous, je suis dans l'allégresse, puisque j'ai été jugé digne de
m'entretenir avec vous par cette lettre et de m'en réjouir avec vous de ce que
vivant d'une vie nouvelle, vous n'aimez rien que Dieu seul.
X, 1. " Priez sans
cesse " (1 Th 5, 17) pour les autres hommes. Car il y a en eux espoir de
repentir, pour qu'ils arrivent à Dieu. Permettez-leur donc au moins par vos
oeuvres d'être vos disciples. 2. En face de leurs colères, vous, soyez doux ;
de leurs vantardises, vous, soyez humbles ; de leurs blasphèmes, vous, montrez
vos prières ; de leurs erreurs, vous, soyez " fermes dans la foi "
(Col 1, 23) ; de leur sauvagerie, vous, soyez paisibles, sans chercher à les
imiter. 3. Soyons leurs frères par la bonté et cherchons à être les "
imitateurs du Seigneur " (1 Th 1, 6) : --qui davantage a été objet
d'injustice ? qui dépouillé ? qui repoussé ? --pour qu'aucune herbe du diable
ne se trouve parmi vous, mais qu'en toute pureté et tempérance, vous demeuriez
en Jésus-Christ, de chair et d'esprit.
XI, 1. Ce sont les
derniers temps (cf. 1 Jn 2, 18) ; désormais rougissons, et craignons que la
longanimité de Dieu ne tourne à notre condamnation. Ou bien craignons la colère
à venir (cf. Mt 3, 7), ou bien aimons la grâce présente : de deux choses l'une.
C'est seulement si nous sommes trouvés dans le Christ que nous entrerons dans
la vie véritable. 2. En dehors de lui (cf. saint Paul, Ph 3, 9) que rien n'ait
valeur pour vous, lui en qui je porte mes chaînes, perles spirituelles ; je
voudrais ressusciter avec elles, grâce à votre prière, à laquelle je voudrais
toujours participer pour être trouvé dans l'héritage des chrétiens d'Éphèse,
qui ont été toujours unis aux Apôtres, par la force de Jésus-Christ.
XII, 1. Je sais qui je
suis et à qui j'écris : moi je suis un condamné ; vous, vous avez obtenu
miséricorde ; moi, je suis dans le danger ; vous, vous êtes affermis. Vous êtes
le chemin par où passent ceux qui sont conduits à la mort pour aller à Dieu,
initiés aux mystères avec Paul le saint, qui a reçu témoignage, et est digne
d'être appelé bienheureux. Puissé-je être trouvé sur ses traces quand
j'obtiendrai Dieu ; dans toutes ses lettres, il se souvient de vous dans le
Christ Jésus.
XIII, 1. Ayez donc soin
de vous réunir plus fréquemment pour rendre à Dieu actions de grâces et
louange. Car quand vous vous rassemblez souvent, les puissances de Satan sont
abattues et son oeuvre de ruine détruite par la concorde de votre foi. 2. Rien
n'est meilleur que la paix qui réduit à rien toute guerre que nous font les
puissances célestes et terrestres.
XIV, 1. Rien de tout cela
ne vous est caché, si vous avez parfaitement pour Jésus-Christ la foi et la
charité, qui sont le commencement et la fin de la vie : le commencement, c'est
la foi, et la fin, la charité (cf. 1 Tm 1, 5). Les deux réunies, c'est Dieu, et
tout le reste qui conduit à la perfection de l'homme ne fait que suivre. 2.
Nul, s'il professe la foi, ne pèche ; nul, s'il possède la charité, ne hait.
" On connaît l'arbre à ses fruits " (Mt. 12, 33) : ainsi ceux qui
font profession d'être du Christ se feront reconnaître à leurs oeuvres. Car
maintenant l'oeuvre qui nous est demandée n'est pas simple profession de foi,
mais d'être trouvés jusqu'à la fin dans la pratique de la foi.
XV, 1. Mieux vaut se
taire et être que parler sans être. Il est bon d'enseigner, si celui qui parle
agit. Il n'y a donc qu'un seul maître (cf. Mt 23, 8), celui qui " a dit et
tout a été fait " (Ps 32, 9 ; 148, 5) et les choses qu'il a faites dans le
silence sont dignes de son Père. 2. Celui qui possède en vérité la parole de
Jésus peut entendre même son silence, afin d'être parfait, afin d'agir par sa
parole et de se faire connaître par son silence. Rien n'est caché au Seigneur,
mais nos secrets mêmes sont près de 1ui. 3. Faisons donc tout dans la pensée qu'il
habite en nous, afin que nous soyons ses temples (cf. 1 Co 3, 16 ; 6, 19), et
que lui soit en nous notre Dieu (cf. Ap 21, 3), ce qu'il est en effet, et ce
qu'il apparaîtra devant notre face si nous l'aimons justement.
XVI, 1. " Ne vous y
trompez pas ", mes frères : ceux qui corrompront les familles n'hériteront
pas du Royaume de Dieu " (1 Co 6, 9.10). 2. Si donc ceux faisaient cela
ont été mis à mort, combien plus celui qui corromprait par sa mauvaise doctrine
la foi de Dieu, pour laquelle Jésus-Christ a été crucifié ? Celui qui s'est
ainsi souillé ira au feu inextinguible et de même celui qui l'écoute.
XVII, 1. Si le Seigneur a
reçu une onction sur la tête, c'est afin d'exhaler pour son Église un parfum
d'incorruptibilité. Ne vous laissez donc pas oindre de la mauvaise odeur du
prince de ce monde (cf. Jn 12, 31 ; 14, 30), pour qu'il ne vous emmène pas en
captivité loin de la vie qui vous attend. 2. Pourquoi ne devenons-nous pas tous
sages, en recevant la connaissance de Dieu, qui est Jésus-Christ ? Pourquoi
périr follement, en méconnaissant le don que le Seigneur nous a véritablement
envoyé ?
XVIII, 1. Mon esprit est
la victime de la croix, qui est scandale pour les incroyants, mais pour nous
salut et vie éternelle (cf . 1 Co 1, 23, 25) : " Où est le sage ? où le
disputeur ? " (1 Co 1,20) où la vanité de ceux qu'on appelle savants ? 2.
Car notre Dieu, Jésus-Christ, a été porté dans le sein de Marie, selon
l'économie divine, né " de la race de David " (Jn 7,42 ; Rm 1,3 ; 2
Tm 2,8) et de l'Esprit-Saint. Il est né, et a été baptisé pour purifier l'eau
par sa passion.
XIX, 1. Le prince de ce
monde (Jn 12, 31 ; 14, 30) a ignoré la virginité de Marie, et son enfantement,
de même que la mort du Seigneur, trois mystères retentissants, qui furent
accomplis dans le silence de Dieu. 2. Comment donc furent-ils manifestés aux
siècles ? Un astre brilla dans le ciel plus que tous les astres, et sa lumière
était indicible, et sa nouveauté étonnait, et tous les autres astres avec le
soleil et la lune se formèrent en choeur autour de l'astre et lui projetait sa
lumière plus que tous les autres. 2. Et ils étaient troublés, se demandant d'où
venait cette nouveauté si différente d'eux-mêmes. 3. Alors était détruite toute
magie, et tout lien de malice aboli, l'ignorance était dissipée, et l'ancien
royaume ruiné, quand Dieu apparut en forme d'homme, " pour une nouveauté
de vie " éternelle (Rm 6, 4) ; ce qui avait été décidé par Dieu commençait
à se réaliser. Aussi tout était troublé, car la destruction de la mort se préparait.
XX, 1. Si Jésus-Christ
m'en rend digne grâce à vos prières, et si c'est la volonté de Dieu, je vous
expliquerai dans le second livret que je dois vous écrire l'économie dont j'ai
commencé à vous parler, concernant l'homme nouveau, Jésus-Christ. Elle consiste
dans la foi en lui et dans l'amour pour lui, dans sa souffrance et sa
résurrection... 2. Surtout si le Seigneur me révèle que chacun en particulier
et tous ensemble, dans la grâce qui vient de son nom, vous vous réunissez dans
une même foi, et en Jésus-Christ " de la race de David selon la chair
" (Rm 1,3), fils de l'homme et fils de Dieu, --pour obéir à l'évêque et au
presbyterium, dans une concorde sans tiraillements, rompant un même pain qui
est remède d'immortalité, antidote pour ne pas mourir, mais pour vivre en
Jésus-Christ pour toujours.
XXI, 1. Je suis votre
rançon, pour vous et pour ceux que, pour l'honneur de Dieu, vous avez envoyés à
Smyrne, d'où je vous écris, rendant grâces au Seigneur, et aimant Polycarpe
comme je vous aime vous aussi. Souvenez-vous de moi comme Jésus-Christ se
souvient de vous. 2. Priez pour l'Église qui est en Syrie, d'où je suis conduit
à Rome dans les chaînes, car étant le dernier des fidèles de là-bas, j'ai été
jugé digne de servir à l'honneur de Dieu. Portez-vous bien en Dieu le Père, et
en Jésus-Christ, notre commune espérance.
SOURCE : http://seigneurjesus.free.fr/lettreiganceephesiens.htm
Greece,
Argolis, Epidavros: Icon of Ignatius of Antioch in the church of the monastery
of Panagia Polemarcha.
Griechenland,
Argolis, Epidavros: Ikone des Ignatius von Antiochien in der Kirche des
Klosters Panagia Polemarcha.
SAINT IGNACE D’ANTIOCHE
Bien que St Ignace ait été jeté aux bêtes à Rome, l’Église Romaine
n’a pas retenu son natale, mais elle inscrivit dès le Vie siècle son nom au
Canon de la Messe. Les orientaux le célèbrent le 17 octobre. Au début du VIIIe
siècle sa fête se diffuse en Angleterre le 20 décembre (ou le 17 selon Bède le
Vénérable) qui serait la date de la translation de ses reliques. Sur le
continent on plaça sa mémoire le 1er février, selon une traduction latine
erronée des Actes grecs de sa passion. La fête entre au calendrier à Rome à
cette date aux XIe et XIIe siècle. St Pie V reçut la fête comme semi-double,
Pie IX l’éleva au rang de double.
Leçons des Matines avant
1960
Au deuxième nocturne.
Du Livre de saint Jérôme,
Prêtre : Des Écrivains Ecclésiastiques.
Quatrième leçon. Ignace,
troisième Évêque d’Antioche après l’Apôtre Pierre, ayant été condamné aux
bêtes, alors que sévissait la persécution, de Trajan, fut envoyé à Rome chargé
de liens. Pendant qu’on l’y transportait par mer le navire aborda à Smyrne, où
Polycarpe, disciple de Jean, était Évêque. Il y écrivit une lettre aux
Éphésiens, une autre aux Magnésiens, une troisième aux Tralliens, une quatrième
aux Romains. C’est en quittant cette ville qu’il écrivit aux Philadelphiens et
aux Smyrniens, et qu’il adressa à Polycarpe une lettre particulière, dans
laquelle il lui recommande l’Église d’Antioche, et où il rapporte sur la
personne du Christ un témoignage de l’Évangile que j’ai traduit naguère.
Cinquième leçon. Il
semble juste, puisque nous parlons d’un si grand homme, de citer quelques
lignes de l’épître qu’il écrivit aux Romains : « Depuis la Syrie jusqu’à Rome,
je lutte contre les bêtes, sur mer et sur terre, nuit et jour, lié que je suis
à dix léopards, c’est-à-dire à dix soldats qui me gardent et dont mes bienfaits
augmentent encore la méchanceté. Leur iniquité sert à m’instruire, mais je ne
suis pas pour cela justifié. Plaise à Dieu que j’aie la jouissance d’être livré
aux bêtes qui me sont préparées ; je demande qu’elles soient promptes à me
faire souffrir les supplices et la mort et excitées à’ me dévorer, de peur
qu’elles n’osent toucher à mon corps, comme il est arrivé pour d’autres
Martyrs. Si elles ne veulent pas venir à moi, je leur ferai violence, je me
jetterai devant elles pour être dévoré. Pardonnez-moi, mes petits enfants ; je
sais ce qui m’est avantageux.
Sixième leçon. C’est
maintenant que je commence à être disciple du Christ, ne désirant plus rien de
ce qui est visible, afin de trouver Jésus-Christ. Que le feu, la croix, les
bêtes, le brisement des os, la mutilation des membres, le broiement de tout le
corps et tous les tourments du diable fondent sur moi, mais seulement que je
jouisse de Jésus-Christ ! » Comme il était déjà exposé aux bêtes et qu’il
entendait les rugissements des lions, il dit, dans son ardeur de souffrir : «
Je suis le froment du Christ : que je sois broyé par les dents des bêtes, afin
que je devienne un pain vraiment pur ! » Il souffrit le martyre la onzième
année de Trajan. Les restes de son corps reposent à Antioche, dans le
cimetière, hors de la porte de Daphné.
Au troisième nocturne.
Lecture du saint Évangile
selon saint . Ioann. 12, 24-26.
En ce temps-là : Jésus
dit à ses disciples : En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé
tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul. Et le reste.
Homélie de saint
Augustin, Évêque.
Septième leçon. Le
Seigneur Jésus était lui-même ce grain qui devait mourir et se multiplier :
mourir victime de l’infidélité des Juifs, se multiplier par la foi des peuples.
Or, exhortant déjà à suivre les traces de sa passion : « Celui, dit-il, qui
aime son âme, la perdra ». Ces paroles peuvent s’entendre de deux manières. «
Celui qui l’aime, la perdra », c’est-à-dire : Si tu l’aimes, perds-la. Si tu
désires conserver la vie dans le Christ, ne crains pas de mourir pour le
Christ. On peut les entendre également d’une autre façon : « Celui qui aime son
âme, la perdra » ; ne l’aime pas, de peur que tu ne la perdes ; ne l’aime pas
en cette vie, pour ne pas la perdre dans la vie éternelle.
Huitième leçon. La
dernière explication que j’ai donnée semble être davantage le sens de
l’Évangile. Car on y lit ensuite : « Et celui qui hait son âme en ce monde, la
conserve pour la vie éternelle ». Donc, quand il est dit plus haut : « Celui
qui aime son âme », (il est sous-entendu : en ce monde), celui-là la perdra
assurément : mais celui qui hait son âme en ce monde, assurément celui-là la
garde pour la vie éternelle. Grande et étonnante sentence : d’où il ressort que
l’homme a pour son âme un amour qui cause sa perte, et une haine qui l’empêche
de périr. Si vous l’aimez mal, vous la haïssez ; si vous la haïssez bien, vous
l’aimez. Heureux ceux qui haïssent pour conserver, de crainte de perdre en
aimant.
Neuvième leçon. Mais
veille à ce qu’il ne s’insinue pas dans ton esprit la pensée de vouloir te
tuer, en comprenant ainsi le devoir de haïr ton âme en ce mondé : de là vient
que certains hommes méchants et pervers, cruels et impies, homicides
d’eux-mêmes, se livrent aux flammes, se noient, se jettent dans les précipices,
et périssent. Ce n’est pas là ce que le Christ a enseigné : au contraire, il a
même répondu au diable qui lui suggérait de se précipiter du haut du temple : «
Retire-toi, Satan, car il est écrit : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu
». De même le Seigneur dit à Pierre, indiquant par quelle mort il devait
glorifier Dieu :» Quand tu étais jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais
où tu voulais ; mais quand tu seras vieux, un autre te ceindra et te conduira
où tu ne voudras pas ». Paroles qui nous enseignent assez clairement que celui
qui marche à la suite de Jésus-Christ doit, non point se donner la mort mais la
recevoir d’un autre.
Dom Guéranger, l’Année
Liturgique
La veille du jour où va
expirer notre heureuse quarantaine, c’est un des plus fameux martyrs du Christ
qui paraît sur le Cycle : Ignace le Théophore, Évêque d’Antioche. Une antique
tradition nous dit que ce vieillard, qui confessa si généreusement le Crucifié
devant Trajan, avait été cet enfant que Jésus présenta un jour à ses disciples
comme le modèle de la simplicité que nous devons posséder pour parvenir au
Royaume des cieux. Aujourd’hui, il se montre à nous, tout près du berceau dans
lequel ce même Dieu nous donne les leçons de l’humilité et de l’enfance.
Ignace, à la Cour de
l’Emmanuel, s’appuie sur Pierre dont nous avons glorifié la Chaire ; car le
Prince des Apôtres l’a établi son second successeur sur son premier Siège à
Antioche. Ignace a puisé dans cette mission éclatante la fermeté qui lui a
donné de résister en face à un puissant empereur, de défier les bêtes de
l’amphithéâtre, de triompher par le plus glorieux martyre. Comme pour marquer
la dignité incommunicable du Siège de Rome, la providence de Dieu a voulu que,
sous les chaînes de sa captivité, il vînt aussi voir Pierre, et terminât sa
course dans la Ville sainte, mêlant son sang avec celui des Apôtres. Il eût
manqué à Rome quelque chose, si elle n’eût hérité de la gloire d’Ignace. Le
souvenir du combat de ce héros est le plus noble souvenir du Colisée, baigné du
sang de tant de milliers de Martyrs.
Le caractère d’Ignace est
l’impétuosité de l’amour ; il ne craint qu’une chose, c’est que les prières des
Romains n’enchaînent la férocité des lions, et qu’il ne soit frustré de son
désir d’être uni au Christ. Admirons cette force surhumaine qui se révèle tout
à coup au milieu de l’ancien monde, et reconnaissons qu’un si ardent amour pour
Dieu, un si brûlant désir de le voir n’ont pu naître qu’à la suite des
événements divins qui nous ont appris jusqu’à quel excès l’homme était aimé de
Dieu. Le sacrifice sanglant du Calvaire n’eût-il pas été offert, la Crèche de
Bethléhem suffirait à tout expliquer. Dieu descend du ciel pour l’homme ; il se
fait homme, il se fait enfant, il naît dans une crèche. De telles merveilles
d’amour auraient suffi pour sauver le monde coupable ; comment ne
solliciteraient-elles pas le cœur de l’homme à s’immoler à son tour ? Et
qu’est-ce que la vie terrestre à sacrifier, quand il ne s’agirait que de
reconnaître l’amour de Jésus, dans sa naissance parmi nous ?
La sainte Église nous
donne, dans les Leçons de l’Office de saint Ignace, la courte notice que saint
Jérôme a insérée dans son livre de Scriptoribus ecclesiasticis. Le saint
Docteur a eu l’heureuse pensée d’y insérer quelques traits brûlants de
l’admirable lettre du Martyr aux fidèles de Rome. Nous l’eussions donnée tout
entière, sans son extrême longueur ; et il nous en coûterait de la mutiler. Au
reste, les passages cités par saint Jérôme représentent les plus sublimes
traits qu’elle contient.
Nous trouvons dans les
Menées de l’Église Grecque, en la fête de saint Ignace, les strophes suivantes
:
Appelé à la succession de
celui qui est le sommet des Apôtres et des Théologiens, tu as marché sur leurs
traces ; ton lever a été à l’Orient, et tu t’es manifesté dans l’Occident, tout
éclatant des splendeurs de la prédication divine ; c’est de là que tu es parti
de ce monde pour t’élever à Dieu, couronné des feux de la grâce, ô homme plein
de sagesse !
Resplendissant comme un
soleil des rayons de l’Esprit-Saint, tu as illuminé d’une gracieuse splendeur
les confins du monde par l’éclat de tes combats, nous donnant dans ta ferveur,
nous écrivant dans ta vérité les documents de la piété ; c’est pourquoi tu es
devenu l’aliment du Maître qui, dans sa bonté incessante, nourrit tous les
êtres, ô bienheureux !
Ignace, qui portes Dieu
et réchauffais dans ton cœur le Christ ton amour, tu as reçu le prix du
sacrifice évangélique du Christ, qui se consomme par le sang ; c’est pour cela
que, devenu froment de l’immortel laboureur, tu as été moulu par la dent des
bêtes, et tu es devenu pour lui un pain agréable : supplie-le pour nous,
bienheureux athlète !
Que ton âme fut solide,
ferme comme le diamant, ô heureux Ignace ! Dévoré du désir qui te poussait vers
Celui qui t’aimait véritablement, tu disais : Ce n’est point un feu matériel
qui brûle dans ma poitrine, c’est bien plutôt une eau vive qui inonde mon âme
et qui dit en moi : Viens au Père. C’est pourquoi, enflammé du divin Esprit, tu
as irrité les bêtes, pour être plus tôt séparé du monde et rendu avec le Christ
que tu aimais ; prie-le de sauver nos âmes.
O pain glorieux et pur du
Christ votre Maître ! Vous avez donc obtenu l’effet de vos désirs ! Rome tout
entière, assise sur les degrés du superbe amphithéâtre, applaudissait, avec une
joie féroce, au déchirement de vos membres ; mais tandis que vos ossements
sacrés étaient broyés sous la dent des lions, votre âme, heureuse de rendre au
Christ vie pour vie, s’élançait d’un trait jusqu’à lui. Votre félicité suprême
était de souffrir, parce que la souffrance vous semblait une dette contractée
envers le Crucifié ; et vous ne désiriez son Royaume qu’après avoir donné en
retour de sa Passion les tourments de votre chair. Que votre gloire est
éclatante, dans la compagnie d’Etienne, de Sébastien, de Vincent, d’Agnès, et
que votre palme est belle auprès du berceau de l’Emmanuel ! Prenez pitié de
notre faiblesse, ô Martyr ! Obtenez-nous d’être du moins fidèles à notre
Sauveur, en face du démon, de la chair et du monde ; de donner notre cœur à son
amour, si nous ne sommes appelés à donner notre corps aux tourments pour son
Nom. Choisi dans vos premières années par ce Sauveur, pour servir de modèle au
chrétien par l’innocence de votre enfance, vous avez conservé cette candeur si précieuse
sous vos cheveux blancs ; demandez au Christ, le Roi des enfants, que cette
heureuse simplicité demeure toujours en nous, comme le fruit des mystères que
nous célébrons.
Successeur de Pierre à
Antioche, priez pour les Églises de votre Patriarcat ; rappelez-les à la vraie
foi et à l’unité catholique. Soutenez l’Église Romaine que vous avez arrosée de
votre sang, et qui est rentrée en possession de vos reliques sacrées, de ces
ossements que la dent des lions n’avait pu broyer entièrement. Veillez sur le
maintien de la discipline et de la subordination ecclésiastiques, dont vous
avez tracé de si belles règles dans vos immortelles Épîtres ; resserrez, par le
sentiment du devoir et de la charité, les liens qui doivent unir tous les
degrés de la hiérarchie, afin que l’Église de Dieu soit belle d’unité, et
terrible aux ennemis de Dieu, comme une armée rangée en bataille.
Bhx Cardinal
Schuster, Liber Sacramentorum
La fête de saint Ignace
dans le Missel romain réalise le vœu suprême du martyr, qui, écrivant aux
Romains, souhaitait que la nouvelle de son témoignage leur arrivât au moment
même où serait préparé l’autel pour le sacrifice, afin qu’en chœur ils pussent
tous élever une hymne d’action de grâces à Dieu, pour avoir, de la ville des
Césars et du sanglant amphithéâtre de Rome, daigné appeler à Lui 1’ « Évêque de
la Syrie ». Ignace fut déchiré par les lions le 17 octobre entre les années 110
et 118, mais dans le bas moyen âge sa mémoire fut assignée chez les Latins à ce
jour. Le nom du magnanime évêque fut inséré dans les diptyques de la messe dès
l’antiquité la plus reculée, mais comme il en fut pour tous les martyrs des
deux premiers siècles, on n’en célébra que très tard un office spécial. Pie IX
éleva la fête de saint Ignace au rite double.
L’Église romaine
commémore chaque jour le nom d’Ignace dans ce qu’on appelle la Grande
intercession, avant le Pater, sans que d’ailleurs les sacramentaires du moyen
âge indiquent aucune station ou synaxe quelconque en l’honneur d’Ignace. La
raison en est claire : la base matérielle de ce culte liturgique, la tombe,
manquait.
L’identification de
l’amphithéâtre où saint Ignace, à Rome, fut exposé aux bêtes féroces, avec
celui de Vespasien Flavius, est très probable, mais ne peut être absolument
prouvée, puisque la cité impériale avait alors plusieurs amphithéâtres. Quant
au culte spécial attribué au martyr dans la basilique de Saint-Clément, où une
tardive tradition veut précisément qu’ait été enseveli le grand évêque
d’Antioche, le premier document qui en parle ne remonte pas au delà du début du
XIIe siècle, et c’est l’inscription tracée sous la mosaïque de l’abside, où il
est seulement question d’une petite relique de saint Ignace, cachée dans le mur
sur lequel était représenté le Crucifix :
+ DE • LIGNO • CRVCIS •
IACOBI • DENTE • IGNATIIQVE
IN • SVPRASCRIPTI •
REQVIESCVNT • CORPORE • CHRISTI
L’antienne pour l’introït
est tirée de la lettre de saint Paul aux Galates (VI, 14) : « Qu’il n’arrive
jamais que je me glorifie, sinon dans la Croix de Jésus-Christ notre Seigneur,
par qui le monde est crucifié pour moi, et moi je le suis au monde. » Suit le
psaume 131.
La collecte est celle du
Commun des martyrs pontifes.
L’épître du martyr à
l’Église romaine, « Présidente de la société de l’amour » comme il l’appelle,
fut sûrement lue au IIe siècle dans l’assemblée des fidèles de Rome avant le
divin Sacrifice, à ce moment de l’Action sacrée. La discipline liturgique ne
permet plus maintenant une semblable liberté, et c’est pourquoi aujourd’hui on
récite à sa place un passage de l’épître de saint Paul aux Romains, tout
semblable, il est vrai, au style énergique du martyr antiochien, lequel soupire
après le moment où les bêtes féroces feront de lui la victime du Christ. Il
semble justement que saint Paul ait inspiré l’admirable passage correspondant
de saint Ignace.
Saint Paul (Rom., VIII,
35-39) tout enflammé d’amour en considérant celui que Dieu nous a prouvé en
nous donnant Jésus crucifié, se sent uni à lui si fermement, moyennant la vertu
surnaturelle de charité, qu’il s’écrie, dans la véhémence d’un saint
enthousiasme : quelle chose pourra jamais me séparer du Christ ? Ni la
persécution, ni la mort ; bien plus, l’éternité même ne pourra m’éloigner de
Dieu, dont le sceau d’ineffable amour est précisément mon Seigneur crucifié. —
Ainsi auparavant avait-il anticipé cette stabilité et cette confirmation en
grâce, à laquelle fait suite, dans le ciel, la vision béatifique, en méprisant
généreusement les dures épreuves de l’apostolat et le glaive du martyre qu’il
prévoyait déjà proche.
Le verset alléluiatique,
pour la fête de cette âme éprise de la Croix, est tiré de l’épître aux Galates
(II, 19-20) : « Je suis cloué à la croix avec le Christ ; je vis donc, mais non
plus moi : car c’est bien le Christ qui vit en moi. »
Voilà donc le secret de
tant de labeurs et d’austérités que se sont imposés les saints : ce n’était pas
tant eux-mêmes qui vivaient, que Jésus continuant en eux le mystère de sa croix
pour la rédemption du monde. C’est une belle pensée, qui, bien méditée, devrait
nous inspirer un profond respect pour cette vie mystique que le Sauveur veut mener
en chaque âme chrétienne, mais particulièrement en celles qui lui sont
consacrées d’une façon spéciale, comme les prêtres et les religieux.
Après la Septuagésime, au
lieu du verset alléluiatique, on dit le trait.
La lecture évangélique
(Ioann., XII, 24-26) est commune, en partie, au samedi avant le dimanche des
Rameaux. Jésus y compare la vie chrétienne à un grain de blé qui, pour germer,
doit d’abord pourrir en terre. Un tel exemple s’adapte fort bien à la fête de
saint Ignace qui, s’inspirant précisément de cette image évangélique, et
peut-être aussi d’un passage de la Didaché, écrivait : Je suis le froment du
Christ. Ah ! puisse-je être broyé sous les dents des lions, pour devenir un
pain blanc.
L’antienne du psaume
qu’on chantait durant la distribution de la communion rappelle le dernier cri
du martyr quand, dans le cirque, il entendait déjà les rugissements des lions
frémissants : « Je suis comme le froment du Christ. Puisse-je être broyé sous
les dents des bêtes féroces pour devenir un pain blanc. »
Ce cri suprême d’Ignace
trouva un profond écho dans l’Église, et saint Irénée de Lyon le rappelle lui
aussi : Quemadmodum quidam de nostris dixit, profiter martyrium in Deum
adiudicatus ad bestias : Quoniam frumentum sum Christi, et per dentes bestiarum
molar, ut mundus panis Deo inveniar [1].
La vertu le plus en
rapport avec la fête de saint Ignace et que, en ce jour, nous devons implorer
par son intercession, est un fidèle attachement à l’Église et à sa hiérarchie.
C’est la pensée sur laquelle revient avec le plus d’insistance le grand martyr
dans toutes ses épîtres : II ne peut y avoir d’Église là où n’est pas acceptée
la légitime autorité de l’évêque, des prêtres et des diacres. Or comme
l’hérésie, quelque occulte qu’elle soit, implique toujours l’insubordination
envers les maîtres et les pasteurs, les fidèles ont donc, dans l’intime
communion avec la hiérarchie établie par Jésus-Christ, un moyen aussi facile
qu’assuré d’échapper à toutes les menées trompeuses des novateurs.
[1] Adv. Haeres., v. 28,
4., P. G., VII, col. 1200-01.
Dom Pius Parsch, le Guide
dans l’année liturgique
Je suis le froment du
Christ.
Saint Ignace. — Jour de
mort : le 17 octobre entre 110 et 118. Tombeau : à Antioche. Sa vie : le
martyrologe relate : « A Rome, saint Ignace évêque et martyr, il fut le second
successeur de l’Apôtre saint Pierre sur le siège d’Antioche ; pendant la persécution
de Trajan, il fut condamné aux bêtes et amené enchaîné à Rome. Là, il fut, sur
l’ordre de Trajan, exposé, devant le Sénat, aux peines les plus cruelles et
ensuite jeté aux lions. Dévoré par leurs dents, il fut une victime pour le
Christ. »
Parmi les héros de la
primitive Église, saint Ignace est au premier rang. Son voyage pour le martyre
est un voyage nuptial et en même temps un chemin de Croix ; les sept lettres
qu’il écrivit, pendant ce voyage, sont, pour ainsi dire, sept stations du
chemin de la Croix ; mais chacune est comme un chant nuptial où le saint martyr
exhale son amour pour le Christ et son ardent désir d’être uni à lui. Ces
lettres sont l’un des legs les plus précieux que nous ait laissé la primitive
Église. La date de son martyre est inconnue. Peut-être mourut-il pendant les
fêtes de victoire où Trajan offrit, pour amuser la populace sanguinaire, la vie
de dix mille gladiateurs et celle de onze mille bêtes sauvages. C’est sans
doute dans l’immense Colisée, qui venait d’être achevé et qui brillait de tout
l’éclat de l’or et du marbre, que notre saint remporta la victoire du martyre.
La liturgie romaine
honore particulièrement la mémoire de saint Ignace en nommant chaque jour son
nom au Canon de la messe avec respect, et en choisissant une parole de ce saint
— honneur rare — comme antienne de Communion. « Depuis la Syrie jusqu’à Rome,
j’ai à lutter contre les bêtes sauvages sur terre et sur mer, car, nuit et
jour, je suis enchaîné avec dix léopards, c’est-à-dire, avec les soldats qui me
gardent et qui sont d’autant plus méchants qu’on leur fait plus de bien. Leurs
mauvais traitements sont pour moi une instruction, mais malgré cela je suis
encore loin d’être justifié. Oh ! si j’étais déjà arrivé auprès des ; bêtes
sauvages qui me sont destinées ! Je les prierai de se hâter de me donner la
mort et d’accélérer mon exécution. Je les exciterai à me dévorer, afin qu’elles
ne fassent pas comme avec d’autres martyrs, en s’abstenant de toucher à mon
corps. Si elles ne veulent pas se précipiter sur moi, je les forcerai à
m’attaquer et à me dévorer. Mes petits enfants, pardonnez-moi ces paroles, je
sais bien ce qui me convient. Maintenant. je commence à devenir un disciple du
Christ, je ne désire plus rien de visible afin de trouver Jésus. Le feu, la croix,
les bêtes féroces, la rupture de mes membres, l’écrasement de tout mon corps et
les tourments du diable peuvent venir, pourvu que je parvienne au Christ. »
Quand notre saint eut été condamné à combattre contre les bêtes féroces et que,
plein d’ardeur pour le martyre, il entendit le rugissement des lions, il
s’écria : « je suis le froment du Christ, je serai broyé par la dent des bêtes
afin d’être trouvé un pain pur (du Christ) » (Comm.).
La messe (Mihi autem). —
La messe a été composée spécialement pour saint Ignace et reflète sa vie. La
marque caractéristique de sa vie est l’ardent amour de la Croix, c’est pourquoi
la plupart des textes de la messe parlent de l’amour pour le Christ. Dès
l’Introït, nous nous chargeons joyeusement de la Croix ou plutôt nous prenons
place sur la Croix avec le Christ. L’Épître est le sublime passage de la lettre
aux Romains, où saint Paul proclame son amour pour le Christ : « Qui nous
séparera de l’amour du Christ ? Les tribulations, le besoin, la faim, la
nudité, le danger, la persécution ou le glaive ? » Quel bel accent a le verset
de l’Alléluia : « Avec le Christ, je suis attaché à la Croix, c’est pourquoi ce
n’est plus moi qui vis mais le Christ qui vit en moi ! » Cette belle parole est
encadrée par l’Alléluia. Mais ce qu’il y a de plus beau dans la messe, c’est
l’image du grain de froment. Cette image se retrouve dans toute la messe, dans
l’Évangile comme parabole, à l’Offrande sous l’aspect de l’hostie faite de pur
froment, à la Communion dans les paroles même de saint Ignace. A l’Évangile,
c’est tout d’abord le Christ qui est le grain de froment. On lit dans le
bréviaire d’aujourd’hui : « Le Seigneur Jésus était lui-même le grain de
froment qui devait mourir et se multiplier, mourir par l’incrédulité des Juifs,
se multiplier par la foi des peuples. Et il nous exhorte tous à marcher sur les
traces de sa Passion. Celui qui aime sa vie la perdra » (Saint Augustin). Par
la mort de ce grain de froment s’est produit un gros épi (le corps mystique,
l’Église). Chaque chrétien à son tour devient un grain de froment qui mûrit et
en même temps est moulu dans le martyre. Nous aussi, nous sommes ce grain de
froment. A la Communion, la parole de saint Ignace : je suis le froment du
Christ, s’applique non seulement au saint martyr, mais à nous aussi. Chacun de
nous doit être moulu. Qu’est-ce qui sera pour nous la dent des bêtes ?
Seront-ce les persécutions, les souffrances, les hommes ? Il est certain que le
grain de froment doit mourir, soit qu’il soit enfoui en terre pour devenir un nouveau
germe, soit qu’il soit moulu pour devenir du pain. Telle est notre tâche dans
la vie : mourir au monde, à la chair, à l’homme inférieur.
Les lettres du saint. —
Que ceux de nos lecteurs qui peuvent se procurer les sept lettres de saint
Ignace, en lisent l’une ou l’autre, aujourd’hui et les jours suivants, et les
considèrent comme des conseils que leur adresse personnellement le vieil
évêque. La lettre aux Romains, spécialement, respire un ardent désir de la
palme du martyre. Saint Ignace supplie les Romains de ne rien entreprendre pour
sa délivrance. Möhler appelle cette lettre « ce qu’il y a de plus charmant dans
la littérature chrétienne ». Une pensée revient sans cesse, dans toutes les
lettres : l’exhortation à la concorde et à l’unité, dans la communauté
chrétienne. Pour nous, amis de la liturgie, l’étude de ces lettres est
particulièrement importante, on y sent le souffle de cet esprit chrétien
antique qui a créé la liturgie. Nous devons nous approprier cet esprit afin de
parvenir à la piété liturgique.
SOURCE : http://www.introibo.fr/01-02-St-Ignace-d-Antioche-eveque
poss.
by Johann Apakass, 17th c., Pushkin museum
Святитель
Игнатий Богоносец. XVII век, Македония. Иоанн Апакасс (?). ГМИИ. 27х21 см.
Ж-2866. Реставрирована в 1970 г. в мастерской Государственного музея
Изобразительных Искусств им. А. С. Пушкина, реставратор В.Н.Зиновьева. Доска
цельная, ковчег. Утраты дерева, левкаса и красочного слоя, особенно в нижней
части. Стилистическая справка: Стиль иконы примитивный: гротескная поза
святого, лубочные львы, кричащий колорит, геометричные движки далеки от
средневековой традиции. Глаза трактованы с помощью черных и белых пятнышек.
Этому соответствует и растительный орнамент народного характера по полю иконы,
окруженный красной опушью. Икона, несомненно, происходит из провинциального
центра Македонии или Болгарии.
SAINT IGNACE
Ignace est ainsi nommé,
de ignem patiens, c'est-à-dire qu'il a enduré le feu de l’amour divin.
Saint Ignace fut disciple
de saint Jean et évêque d'Antioche. On dit qu'il adressa à la Sainte Vierge une
lettre conçue en ces termes: « A Marie Porte-Christ, Ignace son dévoué. Vous
avez dû fortifier et consoler en moi le néophyte et le disciple de votre Jean.
J'ai appris en effet de votre Jésus des choses admirables à dire, et j'ai été
stupéfait en les entendant. Or, j'attends de vous, qui avez toujours été unie
d'amitié avec lui, et qui étiez de tous ses secrets, que vous m’assuriez la
vérité de tout ce que j'ai entendu. » Une autre leçon ajoute ce qui suit: « Je
vous ai déjà écrit plusieurs fois, et vous ai demandé des explications. Adieu,
et que les néophytes qui sont avec moi reçoivent force de vous, par vous et en
vous.» Alors la bienheureuse Vierge Marie, mère de Dieu, lui répondit: « A
Ignace, son disciple chéri, l’humble servante de Jésus-Christ. Les choses que
vous avez apprises et entendues de Jean, touchant Jésus, sont vraies ;
croyez-les, étudiez-les, attachez-vous fermement à ce que vous avez promis à
Jésus-Christ, et conformez-y vos moeurs et votre vie. Je viendrai avec Jean,
vous voir et ceux qui sont avec vous. Soyez ferme et agissez avec les principes
de la foi, pour 'que la violence de la persécution ne vous ébranle pas, mais
que votre esprit soit fort et, ravi en Dieu voire sauveur; ainsi soit-il » *.
Or, saint Ignace jouissait d'une autorité si grande que Denys lui-même, le
disciple de l’apôtre saint Paul, qui fut si profond en philosophie et si
accompli dans la science divine, citait les paroles de saint Ignace comme une
autorité, pour prouver ce qu'il avançait. En son livre des Noms divins, il
rapporte que quelques-uns voulaient rejeter le nom d'amour en disant que dans
l’es choses divines il y avait plutôt dilection qu'amour; il dit, en voulant
montrer que ce mot d'amour devait être employé en tout dans les choses divines
: « Le divin Ignace a écrit : Mon amour a été crucifié. » On lit dans
l’Histoire tripartite(Liv. X, ch. IX.) que saint Ignace entendît les anges
chanter des Antiennes sur- une montagne, et dès lors il ordonna qu'on
chanterait dés Antiennes dans l’église et qu'on entonnerait des Psaumes sur les
Antiennes. Après avoir longuement prié le Seigneur pour la paix de l’église,
saint Ignace redoutant le péril, non pour lui, mais pour les faibles, alla
au-devant de l’empereur Trajan, qui commença à régner l’an 100, alors qu'à son
retour, après une victoire, il menaçait de mort tous lés chrétiens; il déclara
ouvertement qu'il était lui-même chrétien. Trajan le fit charger de chaînes, le
confia à dix soldats et ordonna de le conduire à Rome en le menaçant de, le
jeter en pâture aux bêtes. Or, pendant le trajet, Ignace préparait des lettres,
destinées à toutes les Eglises et, les confirmait dans la foi de Jésus-Christ.
Il y en avait une pour l’Eglise de Rome, ainsi que le rapporte l’Histoire
ecclésiastique, dans laquelle il priait qu'on ne fit rien pour, empêcher son
martyre. Voici ses paroles: « De la Syrie jusqu'à Rome, je combats avec les
bêtes par mer et parterre, le jour et la nuit, lié et attaché au milieu de dix
léopards (ce sont les soldats qui, me gardent), dont la cruauté augmente en
raison du bien que je leur fais: mais leur cruauté est mon instruction. O bêtes
salutaires, qui me sont réservées ! Quand viendront-elles ? Quand seront-elles
lâchées ? Quand leur sera-t-il permis de se nourrir de mes chairs ? Je les
inviterai à me dévorer, je les prierai pour qu'elles ne craignent pas de
toucher mon corps, comme elles l’ont fait à d'autres. Je ferai plus, si elles
tardent trop, je leur ferai violence, je me mettrai dans leur gueule.
Pardonnez-moi, je vous prie ; je sais ce qui m’est avantageux. Qu'on réunisse
contre moi le feu, les croix, les bêtes, que mes os soient broyés, que tous les
membres de mon corps soient mis en pièces, que tous les tourments inventés par
le diable soient amassés sur moi, pourvu que je mérite d'être uni à
Jésus-Christ. » Arrivé à, Rome et amené devant Trajan, cet empereur lui dit: «
Ignace, pourquoi fais-tu révolter Antioche et convertis-tu mon peuple à la
chrétienté? » Ignace lui répondit : « Plût à Dieu que je puisse te convertir
aussi, afin que. tu jouisses à toujours d'une autorité inébranlable. » Trajan
lui dit : « Sacrifie à mes Dieux et tu seras le premier de tous les prêtres. »
Ignace répondit: et Je ne sacrifierai point à tes dieux, et je n'ambitionne pas
la dignité que tu m’offres. Tu pourras faire de moi tout ce que tu veux, mais
jamais tu ne me changeras. » « Brisez-lui les épaules, reprit Trajan, avec des
fouets plombés, déchirez-lui les côtés et frottez ses blessures avec des
pierres aiguës. »
Il resta immobile au
milieu de tous les tourments, et Trajan dit ; «Apportez des charbons ardents,
et faites-le marcher dessus les, pieds nus.» Ignace lui dit : «Ni le feu ardent,
ni l’eau bouillante ne pourront éteindre en moi la charité de J-C. » Trajan
ajouta « C'est maléfice cela, de ne point céder après de pareilles tortures. »
Ignace lui répondit: « Nous autres chrétiens, nous n'usons pas de maléfices,
puisque dans notre loi, nous devons ôter la vie aux enchanteurs c'est vous, au
contraire, qui usez de maléfices, vous qui adorez des idoles.» Trajan reprit; «
Déchirez-lui le dos avec des ongles, de fer, et mettez du sel dans ses plaies.
» Ignace lui dit : « Les souffrances de la vie présente n'ont point de
proportion avec la gloire à venir. » Trajan insista: « Enlevez-le, attachez-le
avec des chaînes de fer à un poteau, gardez-le au fond d'un cachot, laissez-le
sans boire ni manger et dans trois jours, donnez-le à dévorer aux bêtes. » Le
troisième jour donc étant venu, l’Empereur, le Sénat et tout le peuple
s'assemblèrent pour voir l’évêque d'Antioche combattre les bêtes, et Trajan dit
: « Puisque Ignace est superbe et contumace, liez-le et lâchez deux lions sur
lui afin qu'il ne reste rien de sa personne. » Alors saint Ignace dit au peuple
présent : « Romains, qui assistez à ce spectacle, je n'ai pas travaillé pour
rien. Si je souffre, ce n'est pas pour avoir commis des crimes, mais c'est pour
ma piété envers Dieu. » Ensuite il se mit à dire, ainsi que le rapporte
l’Histoire ecclésiastique : « Je suis le froment de J.-C., je serai moulu par
les dents des bêtes afin de devenir un pain pur. » En entendant ces mots,
l’empereur dit: « La patience des, chrétiens est grande; quel est celui des
Grecs qui en endurerait autant pour son Dieu ? » Ignace répondit : « Ce n'a pas
été par ma vertu, mais avec l’aide de Dieu que j'ai supporté ces tourments.»
Alors saint Ignace) provoqua les lions pour qu'ils accourussent le dévorer.
Deux lions furieux accoururent donc et ne firent que l’étouffer sans toucher
aucunement sa chair. Trajan, à cette vue, se retira dans une grande admiration
en donnant l’ordre de ne pas empêcher que l’on vint enlever les restes du
martyr. C'est pourquoi les chrétiens prirent son corps et l’ensevelirent avec
honneur. Quand Trajan eut reçu une lettre, par laquelle Pline le jeune
recommandait vivement les chrétiens que l’empereur immolait, il fut affligé, de
ce qu'il avait fait endurer à Ignace, et ordonna qu'on ne recherchât plus les
chrétiens, mais que s'il en tombait quelqu'un entre les mains de la justice, il
fût puni.
On lit encore que saint
Ignace, au milieu de tant de tourments, ne cessait d'invoquer le nom de J.-C.
Comme ses bourreaux lui demandaient pourquoi il répétait si souvent ce nom, il
dit : « Ce nom, je le porte écrit dans mon coeur ; c'est la raison pour
laquelle je ne puis cesser de l’invoquer. » Or, après sa mort, ceux qui
l’avaient entendu parler ainsi ; voulurent s'assurer du fait; ils ôtent donc son
coeur de son corps, le coupent en deux, et trouvent ces mots gravés en lettres
d'or au milieu : « J.-C. » Ce qui donna la foi à plusieurs. Saint Bernard parle
ainsi de ce saint, dans son commentaire sur le Psaume : Qui habitat. « Le grand
saint Ignace fut l’élève du disciple que Jésus aimait ; il fut martyr aussi et
ses précieuses reliques enrichirent notre pauvreté. Dans plusieurs lettres
qu'il adressa à Marie, il la salue du nom de Porte-Christ : c'est un bien grand
titre de dignité et une recommandation d'un immense honneur! »
* Ces deux lettres
sont-elles authentiques? Les auteurs anciens disent oui, les modernes disent
non. Ce qu'il y a de certain c'est qu'elles remontent à une très haute
antiquité.
La Légende dorée de
Jacques de Voragine nouvellement traduite en français avec introduction,
notices, notes et recherches sur les sources par l'abbé J.-B. M. Roze, chanoine
honoraire de la Cathédrale d'Amiens, Édouard Rouveyre, éditeur, 76, rue de
Seine, 76, Paris mdccccii
SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome01/038.htm
Ignatios,
Hosios Loukas Monastery (south west chapel, south side), Boeotia, Greece
Les Pères apostoliques
(II) : Ignace d’Antioche
Cours de patrologie de
soeur Gabriel Peters o.s.b., chapitre 2
(…) Les Pères
apostoliques sont ceux qui sont réputés avoir connu les apôtres.
Introduction
I. Ignace d’Antioche
- 1. D’après les
témoignages anciens
- 2. D’après les lettres
d’Ignace
- 3. D’après la lettre de
Polycarpe de Smyrne aux Philippiens
- 4. Quelques déductions
et hypothèses
- 5. D’après les légendes
- 6. Le culte d’Ignace
II. Les sept lettres
authentiques
- 1. La question de
l’authenticité
- 2. Le style des lettres
- 3. Aperçu sur le texte
des lettres
- 4. La doctrine des
lettres
Conclusion : L’âme
d’Ignace d’Antioche
Appendice
• Honoré du titre le plus
glorieux, dans les fers que je promène, je chante les Églises. Je leur souhaite
l’union avec la chair et l’esprit de Jésus-Christ, notre éternelle vie ;
l’union dans la foi et la charité, cette charité que rien n’égale ; l’union
bien plus importante encore avec Jésus et le Père en qui nous résisterons à
toutes les menaces du Prince de ce monde ; nous y échapperons et nous
atteindrons Dieu.
Magnésiens, 1, 2.
INTRODUCTION
Ignace d’Antioche
IGNACE, évêque
d’Antioche, fut condamné à être livré aux bêtes à Rome. Il y subit le martyre
sous le règne de Trajan. Enchaîné et mené au supplice, il écrivit, pendant son
long parcours, sept lettres, soit six à des Églises locales et une à l’évêque
de l’une d’elles qui l’avait accueilli : Polycarpe de Smyrne.
Les sept lettres
authentiques d’Ignace
Ces sept lettres
authentiques d’Ignace d’Antioche nous renseignent sur la vie des Églises au
début du second siècle, sur leur organisation hiérarchique et sur les hérésies
menaçantes. La lettre aux Romains témoigne aussi de la primauté de Rome.
Ces lettres nous révèlent
l’âme ardente du grand martyr et la pureté de sa doctrine imprégnée des pensées
de saint Paul souvent cité, et tout autant de celles que nous retrouvons dans
les écrits johanniques.
I - IGNACE D’ANTIOCHE
L’âme d’Ignace nous
apparaîtra tout entière dans ses lettres très personnelles.
Quant à sa vie, en dehors
des nombreux détails que ses lettres nous donnent sur la route vers le
supplice, nous n’en savons pour ainsi dire rien. Il nous faut donc classer,
d’après les sources consultées, les renseignements fournis, afin d’être mieux à
même d’en évaluer la portée.
1. D’après les
témoignages anciens les plus autorisés
Remarquons que seuls ces
témoignages nous confirment le martyre d’Ignace que nul, bien entendu, ne met
en doute. Seuls aussi, ils nous fournissent le cadre chronologique des
événements ; tout d’ailleurs invite à l’accepter.
• Irénée et Origène
Vers 180, Irénée (Adv.
Haer., 5, 28) et vers 235 Origène (In Luc., 6) assurent qu’Ignace fut livré aux
bêtes. Origène nous dit qu’Ignace fut le deuxième évêque d’Antioche [1].
• Eusèbe
La Chronique d’Eusèbe
place le martyre d’Ignace la dixième année de Trajan, soit en 107. Cette
précision n’a qu’une valeur approximative, mais tous les savants s’accordent
pour accepter les environs de l’an 110.
L’Histoire Ecclésiastique
(3, 22) nous apprend, d’accord avec Origène, qu’Ignace, deuxième évêque
d’Antioche, succéda au successeur immédiat de saint Pierre, Evodius. Or, Eusèbe
avait sous les yeux les anciennes listes épiscopales d’Antioche (dans la
Chronique de Jules l’Africain († après 240), ami d’Origène.
Le chapitre de l’Histoire
Ecclésiastique, au livre 3, est consacré tout entier à Ignace, mais les
renseignements proviennent visiblement des lettres du martyr ; c’est donc là
que nous préférons les rechercher.
2. D’après les lettres
d’Ignace
L’évêque d’Antioche,
Ignace, appelé aussi Théophore, condamné à être livré aux bêtes à Rome, y fut
conduit enchaîné.
• Depuis la Syrie jusqu’à
Rome, je combats contre les bêtes, sur terre et sur mer, de nuit et de jour,
enchaîné que je suis à dix léopards, je veux parler des soldats qui me gardent.
A mesure qu’on leur fait plus de bien, ils en deviennent pires. Mais par leurs
mauvais traitements, je deviens davantage un disciple.
Lettre aux Romains, 5, 1
Pendant ce douloureux
voyage, le saint évêque, exultant de joie, écrivit aux Églises sept lettres qui
nous dévoilent son âme ardente et nous révèlent aussi ses préoccupations -
assurer l’union des Églises à leurs évêques, leur union entre elles et la fuite
de l’hérésie.
Il est aisé de retracer,
d’après les détails donnés, l’itinéraire parcouru par le condamné (voir carte
page suivante).
Il y eut trois escales
plus importantes : Philadelphie, Smyrne et Troas.
A Smyrne, Ignace fut
accueilli par l’évêque Polycarpe. Des délégations importantes d’autres Églises
d’Asie s’empressèrent de venir le saluer.
• … Les charitables
Églises m’ont accueilli au nom de Jésus-Christ, non comme un simple passant. Et
celles-là mêmes qui n’étaient pas sur ma route selon la chair venaient au
devant de moi de ville en ville.
Lettre aux Romains, 9, 3.
De Smyrne, Ignace écrit
quatre lettres
• les lettres aux
communautés d’Éphèse, de Magnésie, de Tralles pour les remercier de l’avoir
fait saluer par leurs délégués.
• et l’incomparable lettre
aux Romains pour supplier instamment ceux-ci de ne tenter aucune démarche en sa
faveur.
• Je crains que votre
charité ne me fasse tort… Jamais je ne retrouverai une pareille occasion
d’aller à Dieu… Si vous vous taisez, je deviendrai une parole de Dieu, mais si
vous aimez trop ma chair, je ne serai plus qu’une voix [2]… Je ne vous demande
qu’une chose, c’est de laisser offrir à Dieu la libation de mon sang tandis que
l’autel est encore prêt : alors, réunis tous en chœur par la charité, vous
pourrez chanter dans le Christ Jésus unE hymne à Dieu le Père pour avoir daigné
faire venir l’évêque de Syrie du levant au couchant. Il est bon de se coucher
loin du monde en Dieu pour se lever en Lui.
Lettre aux Romains, 1 et
2
À Troas, Ignace reçoit
une heureuse nouvelle : toute persécution a cessé dans son Église d’Antioche.
Il écrit alors trois lettres : les lettres aux communautés de Philadelphie et
de Smyrne
• la lettre à l’évêque de
Smyrne : Polycarpe.
Très semblables aux
lettres de remerciement et de conseils écrites de Smyrne, - celle aux Romains
exceptée -, ces lettres écrites de Troas n’en diffèrent que sur un point :
elles se terminent par la recommandation d’envoyer à Antioche un diacre, un «
courrier de Dieu ».
• On m’a annoncé que
grâce à votre prière et à la miséricorde que vous avez dans le Christ Jésus,
l’Église d’Antioche de Syrie est en paix ; il convient donc que vous, en tant
qu’Eglise de Dieu, vous élisiez un diacre, pour qu’il y aille en messager de
Dieu, pour se réjouir avec ceux qui sont rassemblés et glorifier le Nom.
Lettre aux Philippiens,
10, 1.
• J’ai appris que
l’Église d’Antioche en Syrie a, grâce à votre prière, recouvré la paix. Cette
nouvelle a relevé mon courage, et maintenant que Dieu m’a rendu la
tranquillité, je n’ai plus qu’un seul souci : celui d’arriver à lui par le
martyre et d’être, grâce à vous, compté parmi les vrais disciples au jour de la
résurrection. Il convient, bienheureux Polycarpe, de convoquer une assemblée
agréable à Dieu et d’élire quelqu’un qui vous soit très cher et qui soit actif,
on pourra l’appeler le courrier de Dieu, il serait chargé d’aller porter en
Syrie, pour l’honneur de Dieu, le glorieux témoignage de votre ardente charité.
Un chrétien ne s’appartient pas, il appartient au service de Dieu.
À Polycarpe, 7, 1-3.
Ignace se proposait
d’écrire bien d’autres lettres encore.
• J’écris à toutes les
Eglises : je mande à tous que je mourrai de grand cœur pour Dieu, si vous ne
m’en empêchez.
Lettre aux Romains 4, 1.
N’avait-il pas annoncé,
dans sa lettre aux Éphésiens, la plus longue, un « deuxième livret » qui leur
exposerait plus en détail « l’économie concernant l’homme nouveau Jésus-Christ
» (Éph. 20, 1) ?
Les derniers mots de la
lettre à Polycarpe sont les derniers que nous entendrons d’Ignace :
• Je vous dis un éternel
adieu en Jésus-Christ notre Dieu. Puissiez-vous demeurer toujours en Lui, dans
l’unité de Dieu et sous sa surveillance [3]. Je salue Alcé dont le nom m’est si
cher. Adieu dans le Seigneur.
8, 2
3. D’après la lettre de
S. Polycarpe aux Philippiens
Les Philippiens ont eux
aussi reçu Ignace sur son passage, ils écrivent à Polycarpe, demandant l’envoi
des précieuses lettres du martyr. Et Polycarpe répond à leur désir :
• Les épîtres d’Ignace,
tant celles qu’il nous a adressées que d’autres que nous possédons de lui, nous
vous les envoyons toutes selon votre demande, elles sont jointes à la présente
lettre. Vous pourrez en tirer un grand profit car elles sont pleines de foi, de
patience, de tout ce qui peut édifier et porter à Notre Seigneur. De votre
côté, si vous avez des nouvelles sûres d’Ignace et de ses compagnons, veuillez
me les communiquer.
13, 2
Polycarpe n’a donc aucune
nouvelle sûre de l’évêque d’Antioche, cependant, il n’en doute pas : il a,
comme ses compagnons, subi le martyre.
• Montrez cette
indéfectible patience que vous avez contemplée de vos propres yeux, non
seulement dans les bienheureux Ignace, Zosime et Rufus, mais aussi en d’autres
qui étaient de chez vous, en Paul lui-même et dans les autres apôtres, bien
persuadés que ces hommes n’ont pas couru en vain (Phil., 2, 16), mais dans la
foi et la justice, et que maintenant, ils occupent auprès du Seigneur, dont ils
ont partagé les souffrances, la place qui leur est due.
9, 1-2
C’est la lettre de
Polycarpe qui nous apprend que, du moins à son arrivée à Philippes, d’autres
condamnés furent adjoints à Ignace (1, 1 ; 9, 1 ; 13, 2).
4. Quelques déductions et
hypothèses plausibles
Ignace semble bien être
Syrien d’origine. Il n’est pas citoyen romain, car jamais un citoyen romain ne
fut condamné aux bêtes. Rien n’indique qu’il soit Juif : il s’oppose avec
fermeté aux coutumes juives (Magn., 8 et 9) et aux judaïsants.
On considère volontiers
Ignace comme un converti et on le met en parallèle sur ce point avec Paul,
l’ancien persécuteur. De part et d’autre, mêmes protestations d’humilité, même
vive conscience des grâces reçues.
• Je ne vous donne pas
des ordres comme si j’étais un personnage. Je suis bien, il est vrai, chargé de
fers pour le Nom, mais je n’ai pas encore atteint la perfection en
Jésus-Christ. Je ne fais que débuter à son école et si je m’adresse à vous,
c’est comme à mes condisciples.
Lettre aux Éphésiens, 3,
1
• Bien que je sois le
dernier des fidèles dAntioche, Dieu a daigné me choisir pour le glorifier.
Lettre aux Éphésiens, 21,
2
• Bien que je sois dans
les fers et que vous, vous soyez libres, je ne suis pas à comparer à un seul
d’entre vous.
Lettre aux Magnésiens, 12
• J’ai de grandes pensées
en Dieu, mais je m’impose à moi-même une mesure, pour ne pas me perdre par ma
vanterie. Car c’est maintenant surtout que je dois me tenir sur mes gardes et
éviter de prêter l’oreille à la flatterie. Ceux qui me flattent me flagellent.
Assurément je désire souffrir, mais j’ignore si j’en suis digne, car si mon
irritation échappe aux yeux d’un grand nombre, elle ne m’en fait pas moins une
guerre très acharnée… Oui, je pourrais, dans cette lettre, vous parler des
choses du ciel. Mais vous êtes si enfants encore et je crains de vous faire
mal. Excusez-moi donc : incapables d’avaler, vous pourriez vous étrangler.
Moi-même, bien que prisonnier, et en état de concevoir les choses du ciel, de
connaître les hiérarchies des anges, les armées des principautés, les choses
visibles et invisibles, je ne suis pas encore pour autant un vrai disciple.
Nous manquons de tant de choses pour que Dieu ne nous manque pas.
Lettre aux Tralliens, 4
et 5
• Je ne suis pas digne de
faire partie de cette Église (= Antioche) moi, le dernier de ses membres. C’est
à la volonté de Dieu que je dois cet honneur, non à mes mérites, mais à sa
grâce. Puissé-je, grâce à vos prières, la recevoir dans toute sa plénitude pour
parvenir enfin à atteindre Dieu.
Lettre aux Smyrniotes,
11.
Une loi du Digeste romain
spécifie que les hommes (gladiateurs ou condamnés) dirigés vers Rome doivent
être « dignes d’être exhibés au peuple romain » (si eius roboris vel artifis
sint ut digne populo romano exhiberi possint, Digeste, 48, 19, 31). Ignace fut
donc désigné comme une victime de choix.
5. D’après les légendes
Il existe cinq récits
différents ou « Actes » du martyre d’Ignace : les deux principaux sont les
Actes antiochiens (le Martyrium Colbertinum) et les Actes romains (le Martyrium
Vaticanum). On les consulte pour fixer la suite de l’itinéraire d’Ignace, la
date du martyre, etc., mais tout y est légendaire.
Une légende tardive (IXe
s. - d’Anastase le Bibliothécaire) a souligné l’humilité d’Ignace : elle voit
en lui le petit enfant que Jésus prit entre ses bras pour le montrer en exemple
à ses apôtres et justifie ainsi son nom de Théophore [4]. Une autre légende
étrange (de saint Vincent de Beauvais, dominicain du XIIIe s.) prétend que sur
chacun des morceaux du cœur d’Ignace, on lisait une lettre en or : ces lettres
recomposaient le nom de Jésus-Christ… On ne se trompe pas en affirmant que le
cœur d’Ignace était possédé de l’amour du Christ, mais ceci est exprimé par trop
naïvement ! Les lettres d’Ignace nous le disent bien mieux.
6. Le culte d’Ignace
Des reliques d’Ignace
seraient conservées à Antioche et d’autres à Rome, à l’église de S. Clément. Ce
qui est sûr, c’est que le culte d’Ignace se répandit aussitôt après sa mort.
Saint Jean Chrysostome prononça à Antioche le panégyrique du saint martyr en
son dies natalis, le 17 octobre [5] : « Rome fut arrosée de son sang, vous avez
recueilli ses dépouilles… Vous aviez envoyé un évêque, on vous a rendu un
martyr » In sanct. mart. Ignatium, 5
II - LES SEPT LETTRES
AUTHENTIQUES D’IGNACE
1. La question de
l’authenticité
Pendant plus de deux
siècles, la question de l’authenticité des sept lettres d’Ignace d’Antioche fut
âprement débattue. Vers la fin du XIXe s., la quasi unanimité se fit : la force
et la convergence des arguments, tant externes qu’internes, qui plaident en
faveur de l’authenticité, fit cesser la bataille.
Eusèbe de Césarée, au
livre III de l’Histoire Ecclésiastique, consacre, nous l’avons vu, tout le chapitre
36 à Ignace et à ses lettres. Il les a manifestement sous les yeux et la liste
qu’il en dresse est exactement celle des sept lettres que nous étudions. Il
cite en outre le témoignage si précieux de Polycarpe, l’évêque de Smyrne qui
accueillit Ignace lorsque celui-ci s’acheminait vers le martyre. Polycarpe,
dont l’écrit est aussi venu jusqu’à nous, envoie aux Philippiens qui la lui
demandent la collection des lettres d’Ignace. Eusèbe nous rappelle encore
qu’Irénée cite dans ses œuvres la lettre d’Ignace aux Romains.
Comment, devant de tels
témoignages, a-t-on même pu douter de l’authenticité des sept lettres ?
Deux motifs furent à la
base de la controverse
a) Trois recensions
différentes des lettres d’Ignace existent. L’une (la recension courte) ne
comprend que des extraits, la troisième (la recension longue) contient nos
lettres, mais aussi six lettres additionnelles apocryphes. La critique dut donc
déchiffrer l’énigme et elle a admis comme seule authentique la recension
moyenne, celle qui correspond en tous points au relevé d’Eusèbe.
b) Renan voyait, dans les
lettres d’Ignace, « un plaidoyer pour l’orthodoxie et l’épiscopat ». De fait,
les lettres d’Ignace sont la source unique qui permet de retracer
l’organisation hiérarchique si ferme de l’Église à une époque aussi ancienne.
Chaque Église est réunie autour de la hiérarchie : évêque, presbytres, diacres.
La plupart des savants se refusaient à admettre ce fait.
2. Le style des lettres
Le style des lettres
d’Ignace d’Antioche est d’une originalité saisissante.
Ce style, « qualités et
défauts, grammaire et vocabulaire, est exactement le même dans les sept lettres
et sa parfaite unité, d’un bout à l’autre de la collection, trahit l’unité
d’auteur » [6].
Rien de composé ni
d’étudié, bien au contraire, mais un langage direct et ardent. L’évêque
d’Antioche sait que ces mots heurtés, qu’il dicte à la hâte, sous le regard
hostile de ses malveillants gardiens, seront son testament spirituel et, tandis
que son esprit embrasse tout l’horizon de l’Église catholique qui se soude dans
l’unité, il lègue ce testament, toujours identique, à chacune des Églises
locales qu’il peut atteindre.
Répétitions incessantes,
images maladroites et trop fortes, phrases inachevées, brisées soudain par le
jaillissement d’une idée nouvelle : ces défauts littéraires, que l’on a
signalés à l’envi, ne lasseront que ceux qui ne peuvent communier aux
convictions profondes de cette âme passionnée, tendue vers le Christ et vers
Dieu.
Le jugement d’un fin
littérateur comme Renan fut sévère : « Si l’on excepte en effet l’épître aux
Romains, pleine d’une énergie étrange, d’une sorte de feu sombre, et empreinte
d’un caractère particulier d’originalité, les six autres épîtres, à part deux
ou trois passages sont froides, sans accent, d’une désespérante monotonie »
[7].
Il est très vrai que
l’incomparable Lettre aux Romains est d’une beauté unique : « On n’écrit pas
dans sa vie deux lettres comme celle-là », mais « la différence est de degré,
non de nature » et ce que Renan nomme monotonie, d’autres le nommeront
insistance [8].
Le jugement de Tixeront
nous semble si juste et si bien exprimé que nous le transcrivons ici : « Ignace
ignore l’atticisme et l’art des périodes harmonieuses et savantes. Mais nul
auteur, si ce n’est saint Paul à qui il ressemble beaucoup, n’a fait, mieux que
lui, passer dans ses écrits toute sa personnalité et toute son âme. Un
mouvement que l’on sent irrésistible entraîne cette composition incorrecte et
heurtée, un feu court sous ses phrases où, parfois, un mot à l’emporte-pièce
jaillit comme un éclair. La beauté de l’équilibre classique a fait place à une
beauté d’ordre supérieur, parfois étrange, dont la source est dans l’intensité
du sentiment et dans les profondeurs de la piété du martyr » [9].
3. Aperçu sur les
différentes lettres
Voici comment se présente
la collection des lettres d’Ignace :
a) Les quatre lettres
écrites de Smyrne : • aux Éphésiens • aux Magnésiens • aux Tralliens • aux
Romains
b) Les trois lettres
écrites de Troas : • aux Philadelphiens • aux Smyrniotes • à l’évêque de Smyrne
: Polycarpe.
Cinq de ces lettres ont,
en ce qui concerne les idées traitées, un contenu absolument identique. Ce sont
les lettres 1 - 2 - 3 et 5 - 6, soit toutes les lettres écrites aux Églises,
celle aux Romains mise à part.
En voici, non pas le plan
- car la disposition des sujets traités varie quelque peu -, mais le relevé des
idées :
Salutation
Éloge des qualités de la
communauté
Recommandations
pressantes : fuir l’hérésie, s’attacher à l’unité dans la soumission à l’évêque
Salut final et demande de
prières pour la Syrie ou de l’envoi d’un diacre (les lettres de Troas).
Quant à la lettre à
l’évêque de Smyrne, Polycarpe, elle est bien semblable aux cinq lettres aux
Églises, mais les conseils y ont évidemment un accent plus personnel et direct.
Ignace se rend compte cependant que cette lettre aussi sera lue à toute
l’assemblée, car, en une deuxième partie, il la termine en s’adressant à toute
l’Église, lui recommandant la soumission à l’évêque.
Contre quelle hérésie
Ignace met-il en garde les chrétiens ?
Ignace s’attaque à deux
erreurs : le judéo-christianisme qui consiste à mêler les rites et les
pratiques du judaïsme au christianisme et le ascétisme qui ne voit dans le
corps de Jésus-Christ qu’un fantôme sans réalité objective.
Nous allons passer en
revue chacune des lettres d’Ignace. Dans les citations, nous suivrons l’ordre
des chapitres.
a) Les quatre lettres
écrites de Smyrne
1 - LA LETTRE AUX
ÉPHÉSIENS
Cette lettre est la plus
longue, presque le double des autres et Ignace y annonce une deuxième lettre.
Il y exhorte les Éphésiens à l’unité entre eux et avec leur évêque, il les met
en garde contre l’hérésie et les remercie de l’envoi de leurs représentants.
Soumission à l’évêque :
• Vous ne devez avoir
avec votre évêque qu’une seule et même pensée… Votre vénérable presbyterium
vraiment digne de Dieu est uni à l’évêque comme les cordes à la lyre et c’est
ainsi que du parfait accord de vos sentiments et de l’harmonie de votre
charité, s’élève un chant vers Jésus-Christ. Que chacun de vous entre dans ce
chœur. Alors, dans l’harmonie de la concorde, vous prendrez par votre unité
même le ton de Dieu, et vous chanterez tous d’une seule voix par Jésus-Christ,
les louanges du Père qui vous entendra et, à vos bonnes œuvres, vous
reconnaîtra pour les membres de son Fils. Il vous est bon de vous tenir dans
une irréprochable unité : c’est par là que vous jouirez d’une constante unité
avec Dieu lui-même.
4, 2
L’unité :
• Quel n’est pas votre
bonheur à vous qui êtes étroitement unis à l’évêque comme l’Église l’est à
Jésus-Christ et Jésus-Christ à son Père, dans l’harmonie de l’universelle
unité.
5, 1
Mise en garde contre
l’hérésie :
• Ne vous laissez jamais
séduire par personne… car vous vous êtes donnés tout entiers à Dieu.
8
À Éphèse, les processions
en l’honneur de la grande Artémis étaient célèbres. Ignace s’empare de l’image
et montre dans les chrétiens les « théophores », les « christophores », les
porteurs des objets sacrés :
• Vous êtes tous
compagnons de route, portant votre Dieu et son temple, le Christ, les objets
sacrés, et parés des préceptes de Jésus-Christ.
9, 2
Bonté pour tous :
• Priez aussi sans cesse
pour les autres hommes : on peut espérer les voir arriver à Dieu par la
pénitence. Donnez-leur au moins la leçon de vos exemples. À leurs emportements,
opposez la douceur, à leur orgueil, l’humilité ; à leurs blasphèmes, la prière
; à leurs erreurs, la fermeté dans la foi ; à leur caractère sauvage,
l’humilité, sans jamais chercher à rendre le mal qu’ils vous font.
Montrons-nous vraiment leurs frères par la bonté. Efforçons-nous d’imiter le
Seigneur en rivalisant à qui souffrira davantage l’injustice, le dépouillement
et le mépris.
10
Amour du Christ :
• L’essentiel, c’est
d’être trouvé par notre union avec le Christ Jésus dignes de la véritable vie.
N’aimez rien en dehors de Lui. C’est pour Lui que je promène mes chaînes qui
sont mes perles spirituelles. Puissé-je ressusciter avec elles grâce à vos prières
11
Le silence de Jésus :
• Celui qui entend en
vérité la parole de Jésus, celui-là peut entendre en vérité son silence même ;
c’est alors qu’il sera parfait : il agira par sa parole et se manifestera par
son silence.
15
• Si le Seigneur s’est
laissé répandre un parfum sur la tête, c’est pour communiquer à l’Église son
incorruptibilité.
17
• Pourquoi ne pas
acquérir tous la sagesse en recevant la connaissance de Dieu qui est
Jésus-Christ ? Pourquoi courir follement à notre perte en méconnaissant le don
que le Seigneur nous a véritablement envoyé ?
17
Au chapitre 19, Ignace
fait mention d’une étoile miraculeuse « qui fit pâlir toutes les autres » et
manifesta « les mystères éclatants que Dieu opéra dans le silence » (la
virginité de Marie, son enfantement, la mort du Seigneur). Cette croyance, écho
de celle qui se trouve dans l’Évangile de Matthieu, se retrouvera encore dans
un évangile apocryphe (le Protévangile de Jacques) et dans Clément
d’Alexandrie.
2 - LA LETTRE AUX
MAGNÉSIENS
Ignace remercie les
Magnésiens de l’envoi de leurs représentants, il les exhorte au respect et à la
soumission envers leur évêque et, leur recommandant de garder l’unité de la
foi, il les met en garde contre l’hérésie des judaïsants.
Damas, le saint évêque de
Magnésie, est très jeune encore, aussi Ignace met-il en garde les fidèles :
• La jeunesse de votre
évêque ne doit pas être pour vous le prétexte d’une trop grande familiarité :
c’est la puissance même de Dieu le Père que vous devez pleinement révérer en
lui… Ce n’est pas à lui que va la soumission des presbytres, mais au Père de
Jésus-Christ, à l’évêque universel.
3, 1
De qui est cette monnaie
?
• Il y a pour ainsi dire
deux sortes de monnaies : celle de Dieu et celle du monde, et chacune d’elles a
son effigie propre ; les infidèles portent l’effigie de ce monde ; les fidèles,
que la charité anime, l’empreinte de Dieu le Père.
5
Faire tout « en commun »
dans l’unité :
• De même que le Seigneur
n’a rien fait, ni par lui-même, ni par ses apôtres, sans son Père (cf. Jn, 5,
19) avec lequel il est un, ainsi, vous non plus, ne faites rien sans l’évêque
et les presbytres. C’est en vain que vous essaierez de faire passer pour
raisonnable une action accomplie à part vous, faites donc tout en commun : une
même prière, une même supplication, un seul et même esprit, une même espérance
animés par la charité dans une joie innocente. Tout cela, c’est Jésus-Christ
au-dessus duquel il n’y a rien… Accourez tous vous réunir dans le même temple
de Dieu, au pied du même autel, en Jésus-Christ un, qui est sorti du Père un et
qui demeurait dans l’unité du Père et qui est retourné à Lui (cf. Jn, 16, 28).
7
Comment pourrions-nous
vivre sans Jésus-Christ ?
• Ce mystère (la
résurrection de Jésus) nié par plusieurs est la source de notre foi et par là
de la patience avec laquelle nous souffrons pour devenir de vrais disciples de
Jésus-Christ, notre unique Maître. Comment donc pourrions-nous vivre sans lui
quand les prophètes eux-mêmes, ses disciples en esprit, l’attendaient comme
leur Maître ?
9
• Ne restons donc pas
insensibles à sa bonté. S’il vient à régler sa conduite sur la nôtre, c’en est
fait de nous. Apprenons donc à son école à vivre selon le christianisme [10].
10, 1
3 - LA LETTRE AUX
TRALLIENS
Ignace remercie les
Tralliens de l’envoi de leurs représentants, il fait l’éloge des Tralliens, les
félicitant surtout de leur soumission à leur évêque. Il les met en garde contre
l’hérésie et leur recommande de demeurer dans l’unité.
Ignace a une réelle
affection, presque une prédilection, pour ses chers diacres. Il a une
conception très haute de leur service :
• Ils ne sont pas en
effet de simples distributeurs d’aliments et de boissons, ils sont les
serviteurs de l’Église de Dieu.
2, 1
Nous rappelons que nous
avons déjà cité, emprunté à la lettre aux Tralliens (ch. 9), un texte important
qui est à l’origine du Symbole des apôtres : profession de foi dont les termes
se fixent déjà [11]. Au chapitre 10, on relève une vive protestation contre le
docétisme et ce lyrisme passionné est bien semblable à celui qui anime toute la
lettre aux Romains :
• S’il (= Jésus-Christ)
n’a souffert qu’en apparence, comme le prétendent certains athées, c’est-à-dire
certains incrédules qui ne sont eux-mêmes qu’une apparence, à quoi bon alors
les fers que je porte ? Pourquoi brûler de combattre contre les bêtes ? C’est
donc en vain que je meurs ! Ce que je dis du Seigneur n’est donc qu’une fable !
10
C’est dans les lettres
d’Ignace que se rencontre pour la première fois l’image devenue si courante de
« l’arbre de la croix », arbre de vie [12] :
• Fuyez les rameaux
parasites et dangereux (= les incrédules) ils portent des fruits qui donnent la
mort, si quelqu’un en goûte, il meurt sur-le-champ. Ceux-là ne sont pas la
plantation du Père. S’ils l’étaient, ils apparaîtraient comme des rameaux de la
croix, et leur fruit serait incorruptible [13].
11, 1-2
Et ce texte se poursuit
par cet émouvant appel à l’unité :
• Par sa croix, dans sa
passion, Jésus-Christ vous appelle à lui, vous qui êtes ses membres. La tête,
en effet, ne peut pas être engendrée sans les membres et c’est Dieu qui nous
promet cette unité : Dieu qui est lui-même unité.
11, 2
4 - LA LETTRE AUX ROMAINS
Cette lettre a un seul
but : implorer les Romains de ne pas intervenir pour éloigner d’Ignace le
supplice qu’il considère comme la grâce suprême de sa vie. Elle est tout
entière un cri passionné d’amour. Elle est la première et la plus belle
expression de ce « désir du martyre » qui enflammera les chrétiens fervents des
premiers siècles, qui dictera à un Origène et à un saint Cyprien leur
Exhortation au martyre et sera à l’origine de la naissance et de la diffusion
du monachisme ancien.
Il faut aussi retenir le
témoignage que cette lettre apporte à la primauté romaine.
• Contentez-vous de
demander pour moi la force intérieure et extérieure, pour que je sois chrétien,
non seulement de bouche mais de cœur ; non seulement de nom mais de fait, car
si je me montre chrétien de fait, je mériterai aussi ce nom, et c’est quand
j’aurai disparu de ce monde que ma foi apparaîtra avec le plus d’éclat. Rien de
ce qui se voit n’est bon : même notre Dieu, Jésus-Christ ne s’est jamais mieux
manifesté que depuis qu ’il est retourné au sein du Père. Le christianisme, en
butte à la haine du monde, n’est plus objet de persuasion (humaine) mais œuvre
de puissance.
3, 1-2
• Laissez-moi devenir la
pâture des bêtes : c’est par elles qu’il me sera donné d’arriver à Dieu. Je
suis le froment de Dieu et je suis moulu par, la dent des bêtes pour devenir le
pain immaculé du Christ. Caressez-les plutôt, afin « elles soient mon tombeau
et qu’elles ne laissent rien subsister de mon corps, mes funérailles ne seront
ainsi à charge à personne.
4, 1-2
• Il m’est bien plus
glorieux de mourir pour le Christ Jésus que de régner jusqu’aux extrémités de
la terre. C’est lui que je cherche, qui est mort pour nous ! C’est lui que je
veux, qui est ressuscité pour nous ! Voici le moment où je vais être enfanté.
De grâce, frères, épargnez-moi : ne m’empêchez pas de naître à la vie, ne
cherchez pas ma mort… Laissez-moi arriver à la pure lumière : c’est alors que
je serai vraiment homme. Permettez-moi d’imiter la passion de mon Dieu.
6
• Mes passions terrestres
ont été crucifiées, il n’existe plus en moi de feu pour la matière il n’y a
plus qu’une eau vive qui murmure au-dedans de moi « Viens vers le Père ».
7
La lettre aux Romains est
datée, Ignace veut annoncer son arrivée :
• Je vous écris de
Smyrne, par l’intermédiaire d’Éphésiens… Je vous écris le neuvième jour avant
les calendes de septembre (= 24 août).
10
b) Les trois lettres écrites
de Troas
5 - LA LETTRE AUX
PHILADELPHIENS
Après avoir fait l’éloge
de leur évêque, Ignace recommande aux Philadelphiens de fuir l’hérésie, il
signale surtout celle des judaïsants, il exhorte à rechercher l’unité dans
l’eucharistie et il demande d’envoyer un diacre comme délégué à Antioche.
Il est remarquable
qu’Ignace, malgré la sévérité de sa mise en garde constante contre l’hérésie et
les hérétiques, demeure profondément bienveillant pour les personnes dont il ne
cesse d’espérer le retour à la vérité, à l’unité :
L’hérésie :
• Abstenez-vous de ces
plantes vénéneuses : Jésus-Christ ne les cultive pas parce qu’elles n’ont point
été plantées par le Père… Tous ceux qui appartiennent à Dieu et à Jésus-Christ
restent unis à l’évêque ; et tous ceux que le repentir ramène dans l’unité de
l’Église appartiendront, eux aussi, à Dieu, pour vivre selon Jésus-Christ.
3, 1-2
La charité :
• Serrez-vous les uns
contre les autres dans l’indivisible unité de vos cœurs.
6, 2
Le repentir :
• Dieu pardonne toujours
au repentir pourvu que ce repentir ramène à l’union avec Dieu et à la communion
avec l’évêque.
8, 1
Nous citons ci-après un
passage important dont le sens est très discuté : il semble bien qu’il s’agit
de répondre à ceux qui opposent l’autorité de l’Ancien Testament à celle de
l’Évangile [14].
• Je vous en prie,
inspirez-vous toujours dans votre conduite, non de l’esprit de discorde, mais
de la doctrine du Christ. J’ai entendu dire à certaines gens : « Ce que je ne
trouve pas dans nos archives, je ne l’admets pas dans l’Évangile ». Et quand je
leur disais : « Mais, c’est écrit », ils me répondaient : « Là est justement
toute la question ». Mes archives à moi, c’est Jésus-Christ ; mes inviolables
archives, c’est sa croix, sa mort, sa résurrection et la foi dont il est l’auteur.
Voilà d’où j’attends, avec l’aide de vos prières, d’être justifié.
8, 2
Il n’y a d’ailleurs chez
Ignace aucune opposition entre l’Ancien Testament et l’Évangile, c’est à
plusieurs reprises qu’il parlera avec grand éloge des prophètes :
• Tout cela [15] n’a
qu’un but : notre union avec Dieu, mais il y a dans l’Évangile un trait tout
particulier : c’est l’avènement du Sauveur, notre Seigneur Jésus-Christ, sa
passion et sa résurrection. Car les bien-aimés prophètes n’avaient fait que
l’annoncer, tandis que l’Évangile est la consommation de la vie éternelle.
9, 2
6 - LA LETTRE AUX
SMYRNIOTES
Ignace met les Smyrniotes
en garde contre l’hérésie du docétisme. Il leur recommande l’union à l’évêque
et les prie d’envoyer un délégué à Antioche.
La lettre débute par un
passage qui, lui aussi, est bien proche d’une profession de foi : voir chap. 1
et 2 (cf. Trall. 9).
Nouvelle mise en garde
contre le docétisme :
• Mon but est de vous
mettre en garde contre les bêtes féroces à figure humaine, que non seulement
vous ne devez pas accueillir, mais dont vous devez même, si c’est possible,
éviter la rencontre, vous contentant de prier pour leur conversion, chose
d’ailleurs bien difficile, mais possible pourtant à Jésus-Christ, notre
véritable vie. Si c’est seulement en apparence que notre Seigneur a agi, ce
n’est aussi qu’en apparence que je suis chargé de fers. Alors, pourquoi me
suis-je voué à la mort, par le feu, le glaive, les bêtes ?… C’est pour
m’associer à sa passion que j’endure tout et c’est lui qui m’en donne la force,
lui qui s’est fait complètement homme.
4
Ignace souhaite que la
pénitence ramène les infidèles
• à la foi en la passion
qui est notre résurrection.
5, 3
Nous citons le texte qui
est le plus ancien exemple de l’emploi du mot Église catholique dans le sens
d’Église universelle [16] :
• Ne regardez comme
valide que l’Eucharistie célébrée sous la présidence de l’évêque ou de son
délégué. Partout où paraît l’évêque, que là aussi soit la communauté, de même
que partout où est le Christ-Jésus, là est l’Église catholique.
8
Nous avons la preuve
qu’Ignace dictait ses lettres, car il dit qu’il écrit aux Smyrniotes par la
main de Burrhus (ch. 12).
7 - LA LETTRE A POLYCARPE
On a toujours remarqué
que le ton de la lettre d’Ignace à Polycarpe, s’il est bienveillant certes, est
aussi quelque peu protecteur : tout suggère que Polycarpe est plus jeune
qu’Ignace et encore assez inexpérimenté.
L’évêque de Smyrne « est
soumis lui-même à l’épiscopat de Dieu le Père et du Seigneur Jésus-Christ », il
lui est dit « d’avancer avec plus d’ardeur dans sa course » et de demander «
une sagesse plus grande que celle qu’il a » (ch. 1).
• Prends soin de l’unité,
le plus grand de tous les biens. Aide tous les autres, comme le Seigneur t’aide
toi-même. Parle à chacun en particulier à l’exemple de Dieu. Quant aux choses
invisibles, prie pour qu’elles te soient révélées, tu ne manqueras ainsi de
rien et tu auras les dons spirituels en abondance.
2, 2
En faisant semblable
recommandation à Polycarpe, Ignace nous livre un secret de son âme qui a la «
révélation de l’invisible ».
• Comme le pilote réclame
les vents et comme l’homme livré à la tempête réclame le port, ainsi le moment
présent te réclame pour te mener jusqu’à Dieu.
2, 3
• J’offre pour toi ma vie
et ces fers pour lesquels tu as montré tant de charité.
2, 3
• Tiens ferme comme
l’enclume sous le marteau. Un grand athlète triomphe malgré les coups qui le
déchirent.
3, 1
Le texte cité ci-dessus
est bien émouvant lorsqu’on le rapproche de la pensée du martyre de Polycarpe.
On a d’ailleurs souvent souligné combien cette lettre d’Ignace convenait au
futur martyr qui eut en une vision la « révélation de l’invisible », qui est
loué pour sa piété solidement établie comme sur un roc inébranlable et qui est
appelé à deux reprises un athlète (« Porte, en athlète accompli, les infirmités
de tous » ch. 1).
A partir du ch. 6, la
lettre s’adresse à tous :
• Écoutez votre évêque
pour que Dieu lui-même vous écoute… soyez les uns pour les autres indulgents et
doux, comme Dieu l’est pour vous.
6
La lettre se termine en
annonçant le départ précipité :
• Je ne puis écrire à
toutes les Églises car on nous fait embarquer précipitamment à Troas pour
Néapolis, ainsi l’ordonne la volonté.
8, 1
4. La doctrine des
lettres
Les lettres d’Ignace «
ont une importance incalculable pour l’histoire du dogme » [17].
« Comme à ses grands
docteurs, l’Église lui doit certains traits qui resteront acquis pour toujours
: pour la doctrine de l’Incarnation et de la Rédemption, de l’Église ou de
l’Eucharistie, Ignace a apporté à la construction du dogme catholique des pierres
solides et bien appareillées qui resteront à la base de l’édifice » [18].
« Du IIe au IVe s., la
langue théologique a changé, mais la pensée est la même » [19].
On voit suffisamment par
ces trois citations l’importance doctrinale des lettres d’Ignace d’Antioche :
elle est d’autant plus remarquable qu’il s’agit de lettres hâtivement rédigées
et occasionnelles.
Nous allons rapidement
dresser ci-après un relevé de quelques textes majeurs soulignant les sujets
suivants :
• Unité de Dieu et Trinité
• Divinité de Jésus
• Réalité de
l’Incarnation
• Rédemption
• Eucharistie
• Église
• Virginité de Marie
Unité de Dieu
• Magn. 8, 2 - Il n’y a
qu’un Dieu qui s’est manifesté par Jésus-Christ, son Fils qui est son Verbe
sorti du silence [20].
Trinité
• Éph. 9, 1 - Vous êtes
les pierres du temple du Père, destinées à l’édifice que construit Dieu le
Père, élevées jusqu’au faîte par la machine de Jésus-Christ qui est sa croix,
avec le Saint-Esprit pour câble [21].
Magn. 13, 1 - Ayez soin
de vous tenir dans la foi et la charité avec le Fils, le Père et l’Esprit.
Magn. 13, 2 - Soyez
soumis à l’évêque… comme les apôtres le furent au Christ, au Père et à l’Esprit
[22].
Divinité de Jésus-Christ
[23]
• Éph. 1, 1 Après vous
être retrempés dans le sang de Dieu…
Éph. 7, 2 Il n’y a qu’un
seul médecin, à la fois chair et esprit, engendré et non engendré [24], Dieu
fait chair, vraie vie au sein de la mort, né de Marie et de Dieu, d’abord
passible et maintenant impassible, Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Éph. 18, 2 - Notre Dieu
Jésus-Christ a été selon le plan divin porté dans le sein de Marie, issu du
sang de David et aussi du Saint-Esprit. Il est né et a été baptisé pour
purifier l’eau par sa passion.
Magn. 6, 1 - Jésus-Christ
qui était auprès du Père avant les siècles et qui s’est révélé à la fin des
temps.
Rom. 3, 3 - Rien de ce
qui est visible n’est bon. Même notre Dieu Jésus-Christ ne s’est jamais mieux
manifesté que depuis qu’il est retourné au sein du Père.
Rom. 6, 3 - Permettez-moi
d’imiter la passion de mon Dieu.
Réalité de l’Incarnation
On pourrait relever ici
tous les textes qui visiblement s’opposent au docétisme. Rappelons la fervente
exclamation :
• Smyrn. 4, 1-2 - Il faut
prier pour leur conversion (des docètes), chose bien difficile mais possible
pourtant à Jésus-Christ, notre véritable vie. Si c’est seulement en apparence
que Notre-Seigneur a agi, ce n’est aussi qu’en apparence que je suis chargé de
fers. Alors pourquoi me suis-je voué à la mort, par le feu, le glaive, les
bêtes ?.. C’est pour m’associer à sa passion que j’endure tout, et c’est lui
qui m’en donne la force, lui qui s’est fait complètement homme.
Rédemption
Quelques textes cités à
la suite l’un de l’autre prouveront l’insistance d’Ignace sur ce point :
• Jésus-Christ est mort
pour nous afin de vous préserver de la mort par la foi en sa mort (Trall., 2,
1). C’est pour notre salut qu’il a enduré toutes ces souffrances (Smyrn., 2,
1). Il est mort pour nous, ressuscité à cause de nous (Rom., 6, 1). Il a été
réellement percé de clous pour nous en sa chair sous Ponce-Pilate et Hérode le
Tétrarque ; c’est au fruit de sa croix, à sa sainte et divine passion que nous
devons la vie (Smyrn, 1, 2). Ceux qui sont plantés par le Père sont des
rejetons de la croix et leur fruit est incorruptible (Trall., 11, 2).
Le Christ révèle son Père
• Rom. 8, 2 -
Jésus-Christ, Lui, la bouche infaillible par laquelle le Père a vraiment parlé.
Le Christ, tête du corps
de l’Église
• Éph. 4, 2 - À vos
bonnes œuvres, le Père vous reconnaîtra pour les membres de son Fils. Trall.
11, 2 - Par sa croix, dans sa passion, Jésus-Christ vous appelle à lui, vous
qui êtes ses membres.
Eucharistie
• Éph. 13, 1 - Ayez donc
soin de tenir des réunions plus fréquentes pour offrir à Dieu votre Eucharistie
et vos louanges. Éph. 20, 2 -… si le Seigneur me fait savoir que, chacun en
particulier et tous ensemble… vous êtes unis de cœur dans une inébranlable
soumission à l’évêque et au presbyterium, rompant tous un même pain, ce pain
qui est un remède d’immortalité, un antidote destiné à nous préserver de la
mort et à nous assurer pour toujours la vie en Jésus-Christ. Philad. 4 - Ayez
donc soin de ne participer qu’à une seule Eucharistie. Il n’y a en effet qu’une
seule chair de Notre Seigneur, une seule coupe pour nous unir dans son sang, un
seul autel comme il n’y a qu’un seul évêque, entouré du presbyterium et des
diacres, les associés de mon ministère. Smyrn. 7, 1 - Ils (les docètes)
s’abstiennent de l’Eucharistie et de la prière parce qu’ils ne veulent pas
reconnaître dans l’Eucharistie la chair de Jésus-Christ notre Sauveur, cette
chair qui a souffert pour nos péchés et que le Père, dans sa bonté, a
ressuscitée.
Église
Ignace a souvent nommé
les trois degrés de la hiérarchie ecclésiastique :
• Magn. 6, 1 - Je vous en
conjure, accomplissez toutes vos actions dans cet esprit de concorde qui plaît
à Dieu, sous la présidence de l’évêque qui tient la place de Dieu, des
presbytres qui représentent le sénat des apôtres, des diacres, objets de ma particulière
affection, chargés du service de Jésus-Christ qui était auprès du Père avant
les siècles et qui s’est révélé à la fin des temps. Trall. 3 - Vous devez tous
révérer les diacres comme Jésus-Christ lui-même, l’évêque comme l’image du
Père, les presbytres comme le sénat de Dieu et le collège des Apôtres ; sans
eux, il n’y a point d’Église.
Il ne cesse de
recommander l’union à l’évêque
• Philad. 7, 1 - Pendant
mon séjour parmi vous, j’ai crié, j’ai dit bien haut d’une voix qui était la
voix même de Dieu : Tenez-vous étroitement unis à votre évêque, au presbyterium
et aux diacres… C’est l’Esprit qui disait bien haut : n’agissez jamais en
dehors de votre évêque… aimez l’unité, fuyez les divisions.
Il voit l’Église dans son
unité et dans sa catholicité, cette unité est à la fois intérieure et
extérieure :
• Magn. 13, 2 - Soyez
soumis à l’évêque et les uns aux autres, comme Jésus-Christ dans sa chair le
fut à son Père, et comme les Apôtres le furent au Christ, au Père et à
l’Esprit, et qu’ainsi votre union soit à la fois extérieure et intérieure.
Smym. 1, 2 - Par sa résurrection, il a levé son étendard sur les siècles pour
grouper ses saints et ses fidèles, tant du sein du judaïsme que de celui de la
gentilité en un seul et même corps qui est l’Église. Éph. 3, 2 - Les évêques
établis jusqu’aux extrémités du monde ne sont qu’un avec l’Esprit de
Jésus-Christ. Smyrn. 8, 2 - Là où paraît l’évêque, que là soit la communauté,
de même que là où est le Christ Jésus, là est l’Église catholique.
Virginité de Marie
• Éph. 19, 2 - Le prince
de ce monde n’eut connaissance ni de la virginité de Marie, ni de son
enfantement, ni de la mort du Seigneur : trois mystères éclatants que Dieu
opéra dans le silence. Éph. 7, 2 - Il n’y a qu’un seul médecin… né de Marie et
de Dieu. Éph.18, 2 - Jésus-Christ a été selon le plan divin, porté dans le sein
de Marie, issu du sang de David et aussi du Saint-Esprit…
CONCLUSION : L’ÂME
D’IGNACE D’ANTIOCHE
Le nom d’Ignace, on le
souligne volontiers, vient du mot latin : ignis, le feu. Une âme de feu, telle
est bien l’âme passionnée de l’humble et mystique évêque d’Antioche, et sa
passion suprême, c’est le Christ, c’est lui que cherche Ignace, « Lui qui est
mort pour nous ; lui qui est ressuscité à cause de nous » [25].
Dans les lettres de saint
Ignace d’Antioche, les pensées dominantes de saint Paul et de saint Jean
fusionnent : union du Christ et de l’Église et vie dans le Christ. Le thème
majeur qui les parcourt est celui de l’union : union à Dieu et au Christ, union
à l’évêque et entre tous les chrétiens.
Cette intime union à son
Dieu qui l’appelle est la source vive où Ignace puise le désir ardent et la
force de l’imiter dans sa patience et jusque dans sa mort glorieuse. Mais c’est
en pleine conscience de son absolue faiblesse que « dernier des fidèles
d’Antioche » [26], il s’élance à la suite de son Maître : « Pour s’associer à
sa passion, il endure tout » mais - il le sait et le proclame -, seul « lui en
donne la force celui qui s’est fait parfaitement homme » [em].
Dans une foi ferme,
animée d’espérance et d’amour, Ignace contemple son « Sauveur » [em] « né de
Marie et de Dieu » [27], « l’invisible qui à cause de nous s’est rendu visible
» [28], et cette foi le mène à l’imitation du Christ.
Par cette imitation, et
comme d’étape en étape, tel le prisonnier mené d’Antioche à Rome, l’humble
disciple sera mené à la plus haute contemplation : c’est ce que met si bien en
valeur le beau tropaire de la liturgie byzantine [29] :
• Émule des apôtres dans
leur vie, leur successeur sur leurs trônes, tu as trouvé dans la pratique des
vertus, ô inspiré de Dieu, la voie qui mène à la contemplation. Aussi,
dispensant fidèlement la parole de vérité, tu as lutté pour la foi jusqu’au
sang, ô Pontife martyr Ignace. Prie le Christ-Dieu de sauver nos âmes.
APPENDICE
1. Ignace d’Antioche :
emprunts johanniques
d’après M.J. LAGRANGE,
Évangile selon S. Jean, Paris, 1925, p. XXVI.
JEAN
Le vent souffle où il
veut, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. 3, 8
Le Fils ne peut rien
faire de lui-même rien qu’il ne voit faire au Père. 5, 19 Le Père qui demeure
en moi, accomplit les œuvres. 14, 10 En dehors de moi, vous ne pouvez rien
faire. 15, 5
Travaillez, non pour la
nourriture périssable. 6, 27 Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du
ciel. 6, 33 Qui mange ma chair et boit mon sang. 6, 54
J’ai manifesté ton nom…
17, 6 Le Verbe. 1, 1 Le Fils unique, lui, l’a fait connaître. 1, 18 Celui qui
m’a envoyé est avec moi… Je fais toujours ce qui lui plaît. 8, 29
… Pour qu’ils soient un
comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi, pour qu’ils soient parfaitement
un. 17, 22
Et le pain que moi je
donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde 6, 51 Si vous ne mangez la chair
du Fils de l’Homme… vous n’aurez pas la vie en vous. 6, 53 Qui mange ma chair,
je le ressusciterai. 6, 54
IGNACE
On ne trompe pas
l’Esprit, car il vient de Dieu, il sait d’où il vient et où il va, il pénètre
les secrets les plus cachés. Ph. 7, 1
De même que le Seigneur,
soit par lui-même, soit par ses apôtres, n’a rien fait sans le Père avec lequel
il n’est qu’un, vous non plus, en dehors de l’évêque et des presbytres. Magn.
8, 1
Je ne prends plus plaisir
à la nourriture corruptible ce que je veux, c’est le pain de Dieu, ce pain qui
est la chair de J.C., le Fils de David, et pour breuvage je veux son sang qui
est l’amour incorruptible. Rom. 7, 3
Il n’y a qu’un Dieu et ce
Dieu s’est manifesté par J.C., son Fils, qui est son Verbe sorti du silence,
celui qui accomplit fidèlement les volontés de celui qui l’a envoyé. Magn. 8, 2
Quel n’est pas votre
bonheur à vous qui lui (Le. à l’évêque) êtes étroitement unis, comme 1’Eglise
l’est à J.C. et J.C. à son Père, dans l’harmonie de l’universelle unité. Éph.
5, 1
Ils s’abstiennent de
l’Eucharistie et de la prière, parce qu’ils ne veulent pas reconnaître dans
l’Eucharistie la chair de J.C. notre Sauveur… Cette chair qui a souffert pour
nos péchés… ceux qui le nient n’ont pas la vie. Ils feraient mieux de pratiquer
la charité (agapè) pour avoir part à la résurrection. Smyrn. 7, 1
2. Lettre aux Romains, 7,
2
Le sens des mots : « Eau
vive »
• Mes passions terrestres
ont été crucifiées et il n’existe plus en moi de feu pour la matière, il n’y a
qu’une eau vive (Jn 4, 10 & 7, 38) qui murmure au-dedans de moi : « Viens
vers le Père ».
Si, comme semble
l’indiquer, la dépendance des lettres d’Ignace par rapport à la doctrine
johannique, les mots « eau vive » sont empruntés au vocabulaire de Jean (Cf.
aussi Za 14, 8 et Jr 2, 3), le sens en est certainement, selon saint Jean
lui-même, l’Esprit Saint ; dès lors, la beauté de l’expression se revêt d’une
forme doctrinale très importante.
• Or le dernier jour, le
plus solennel de la fête, Jésus se tenait debout et il s’écria : « Si quelqu’un
a soif qu’il vienne vers moi et qu’il boive, celui qui croit en moi. Comme a
dit l’Ecriture : des fleuves d’eau vive couleront de son sein ». Il dit cela de
l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui ; car il n’y avait
pas encore d’Esprit, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié.
Jn 7, 37-39
À l’appui de cette
hypothèse, nous citons deux textes de saint Irénée qui, au second siècle,
désigne certainement l’Esprit Saint par l’eau vive.
• L’Esprit ramène à
l’Unité les races éloignées, il offre au Père les prémices des nations. Le
Seigneur nous a promis le Paraclet pour nous adapter à Dieu : comme la farine
sèche ne peut, sans eau, devenir une seule pâte, un seul pain, ainsi, nous
tous, nous ne pouvions non plus devenir un dans le Christ Jésus, sans l’eau qui
vient du ciel. La terre aride, si elle ne reçoit l’eau, ne fructifie point,
ainsi nous-mêmes qui étions d’abord du bois sec, nous n’aurions jamais porté de
fruits de vie sans cette eau, pluie librement donnée d’en haut. Dans le
baptême, nos corps, par le bain de l’eau, ont reçu l’Unité qui les rend
incorruptibles, et nos âmes la reçoivent par l’Esprit. La Samaritaine avait
forniqué en des noces multiples, Notre-Seigneur lui a montré et Il lui a promis
l’Eau vive. Désormais elle aura en elle le breuvage qui jaillit pour la vie
éternelle, ce breuvage que le Seigneur Jésus a reçu en don du Père et qu’il a
donné lui aussi, à ceux qui participent de lui, en envoyant son Esprit Saint
sur la terre entière.
IRENEE, Adv. Haer., II,
17, 2.
• … ceux qui ne
participent pas à l’Esprit ne puisent pas au sein de leur Mère (I’Eglise) la
nourriture de Vie ; ils ne reçoivent rien de la source très pure qui coule du
corps du Christ.
IRENEE, Adv. Haer., III,
24, 1.
3. Lettre aux
Philadelphiens, 6, 1
Le sens de l’Ancien
Testament
• Si quelqu’un vous
interprète les prophètes dans le sens du judaïsme, ne l’écoutez pas : mieux
vaut entendre le christianisme prêché par un circoncis, que le judaïsme par un
incirconcis. S’ils ne vous parlent ni l’un ni l’autre de Jésus-Christ, ils ne sont
à mes yeux que des cippes funéraires et des tombeaux sur lesquels ne sont
inscrits que des noms d’hommes.
Il nous semble ne pouvoir
mieux commenter ce passage très important d’Ignace d’Antioche qu’en citant le
Père Durwell [30] : « Pour faire un juste départ dans l’interprétation des
textes messianiques et donner son dû à chacun des deux peuples, il faut les
entendre successivement en un sens « charnel » et en un sens « spirituel » ; il
faut accorder à l’économie ancienne le bénéfice des promesses terrestres, puis
faire mourir ces textes à leur signification charnelle, les ensevelissant avec
le Christ pour les ressusciter avec lui dans l’Esprit et les donner ainsi à
l’Église ».
« Il ne faut cependant
pas soumettre ces prophéties à une désincarnation, mais à une résurrection
corporelle spiritualisante. »
4. Lettre aux Éphésiens,
18, 2
Le baptême du Christ
• Notre Dieu,
Jésus-Christ… a été baptisé pour purifier l’eau par sa passion.
Il ne nous est pas
habituel de voir dans la scène du baptême du Christ une anticipation, une
préfiguration de la Passion et du baptême chrétien en tant qu’il nous plonge
dans cette Passion rédemptrice. Or, seule cette perspective explique ce texte
d’Ignace d’Antioche. Nous citons une nouvelle fois le Père Durwell qui explicite
ce point de vue : « Deux logia de Jésus (Mc 10, 38 ; Lc 12, 50) relient l’idée
de baptême à celle de la passion et posent pour les synoptiques le problème des
relations du baptême à la mort et à la résurrection.
Une tradition très
ancienne se prévaut par contre du récit des synoptiques, pour placer, dans le
baptême de Jésus au Jourdain, l’institution du baptême chrétien et en faire le
prototype, au détriment de la doctrine baptismale de saint Paul et des
relations du sacrement avec la mort et la résurrection.
Le baptême de Jésus est
une préfiguration du rite chrétien, mais loin de revendiquer pour lui
l’institution du baptême aux dépens de la mort et de la résurrection, il est
lui-même dans la pensée de Jésus et selon la comparaison des faits, tourné vers
l’acte rédempteur et expliqué par lui.
La théophanie du Jourdain
marque l’inauguration de la vie publique du Christ. Dieu accrédite Jésus de
Nazareth : la voix d’en haut le manifeste comme le Fils ; la présence de
l’Esprit révèle en lui le Messie, l’Oint de Yahvé sur lequel repose la force
divine. Sous l’impulsion de l’Esprit, pareil aux héros des anciens temps, Jésus
entre dans sa carrière (Lc 4, 1.14).
Telle est la portée de
l’apparition divine. Mais, pris dans son ensemble, le sens du baptême de Jésus
déborde en une signification plus complexe.
Quand le Baptiste se voit
pour la première fois, en présence de celui dont il avait contemplé la terrible
grandeur (Mt 3, 11), il s’écrie : « C’est à moi d’être baptisé par toi, et tu
viens à moi » ? Jésus répond : « Laisse-moi faire en ce moment, car c’est ainsi
qu’il nous convient d’accomplir toute justice » (Mt 3, 14 s.). Quel est ce
devoir imposé à tous deux ? Jean est le héraut qui ouvre la voie, l’ami qui
introduit. Pour lui, la justice à parfaire, c’est le chemin à frayer, le grand
ami à introduire. Pour Jésus, c’est d’être le sauveur du peuple pécheur (Mt 1,
21 et Lc 1, 77). En cette rencontre, Jean atteint au sommet de sa mission, il
introduit le Christ dans son œuvre rédemptrice. Et Jésus s’y engage. Le baptême
est le prélude de la rédemption, là est son mystère.
Ce prélude est
significatif en même temps que réel, l’acte rédempteur s’y reflète tout entier
et s’y trouve inauguré. Jésus devait se ranger parmi les pécheurs et se
soumettre au « baptême dans la pénitence ». Plus tard, il aura à subir un autre
baptême : « J’ai à recevoir un baptême » (Lc 12, 50). « Êtes-vous capables de
recevoir le baptême que je vais recevoir ? » (Mc 10, 38). L’immersion dans les
eaux de la pénitence anticipait et figurait le bain de sang et d’angoisse. A
l’abaissement momentané répond aussitôt la glorification : « Dès qu’il fut
baptisé, Jésus remonta de l’eau. » Et voici que le ciel s’ouvrit à lui et il
vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venant sur lui. Et une voix
du ciel disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je prends mes
complaisances » (Mt 3, 16 ; Mc 1, 10 s.). Jésus sort des eaux du Jourdain comme
plus tard il ressuscitera dans la gloire de l’Esprit, dans la manifestation de
la divine filiation ; déjà s’annonce la création nouvelle qui se réalisera dans
la résurrection
Le baptême d’eau auquel
Jésus doit se soumettre se relie donc au devoir essentiel, celui de la mort et
de la résurrection : du geste rédempteur, il est une première esquisse. Depuis
lors, Jean-Baptiste, qui ne l’avait pas connu (Jn 1, 33) sinon comme un juge
redoutable, l’appelle « l’Agneau de Dieu, celui qui ôte les péchés du monde »
(Jn 1, 29). Par ailleurs, cette anticipation du drame rédempteur est réalisée
par un rite d’eau : Jésus expérimente sa mort et sa résurrection par
l’immersion et l’émersion baptismales.
La doctrine baptismale
des synoptiques est donc pleine de suggestions. Le baptême chrétien se relie à
la grandiose promesse des prophètes et du précurseur, au baptême eschatologique
dans l’Esprit dont naîtra le peuple messianique. La théologie ultérieure
rattachera cette effusion de l’Esprit à la glorification de Jésus. Mais déjà le
récit du baptême de Jésus évoque tout le drame rédempteur et permet aux
chrétiens de voir dans le sacrement de l’eau une extension sur eux de
l’événement eschatologique, de la mort et de la Résurrection » [31].
Quelques témoignages des
Pères
• Jean baptise, Jésus
s’approche… pour ensevelir dans l’eau tout le vieil Adam.
SAINT GREGOIRE DE
NAZIANZE, Or. 39, In sancta lumina, 25.
• Tu verras Jésus se
purifiant dans le Jourdain pour une purification, ou plutôt (car il n’avait pas
besoin d’être purifié, lui qui ôte les péchés du monde), purifiant les eaux par
sa purification…
SAINT GREGOIRE DE
NAZIANZE, Or. 38, In Theophania, 16.
• Le Seigneur a donc été
baptisé ; il voulait non pas être purifié, mais purifier les eaux, afin que
lavées par la chair du Christ qui n’a pas commis le péché, elles eussent le
pouvoir de baptiser. Ainsi quiconque vient au baptême du Christ y laisse ses
péchés.
SAINT AMBROISE, Traité sur
l’Évangile de saint Luc, II, 83
• Pour nous le Christ
s’est lavé, ou mieux, il nous a lavés dans son corps. Seul il s’est plongé,
mais il a relevé le monde entier.
SAINT AMBROISE, Traité
sur l’Évangile de saint Luc, II, 91
• Jésus est baptisé, bénissant
les eaux et les purifiant pour nous…
SAINT CYRILLE
D’ALEXANDRIE, Comm. in Luc, 3, 21
L’iconographie orientale
illustre au mieux cette doctrine.
Sources :
SOEUR GABRIEL
PETERS, Lire les Pères de l’Église. Cours de patrologie, DDB, 1981.
Avec l’aimable
autorisation des Éditions Migne.
[1] Lire dans les Actes des apôtres, ch. 11,
le récit de la fondation de l’Église d’Antioche.
[2] Nous avons adopté le
texte des anciennes versions : parole… voix. Si nous le signalons, c’est parce
que ce texte est discuté.
[3] Il faudrait oser
traduire « sous son épiscopat » car le rapprochement est certainement voulu par
Ignace : le Père de Jésus-Christ est « l’évêque universel » (Magn., 3, 1). Le
mot grec episcopos signifie surveillant.
[4] Selon l’accentuation
du mot grec, Théophore signifie qui porte Dieu ou porté par Dieu. C’est la
première signification qui est celle d’Ignace Théophore. La liturgie des
Églises d’Orient fête saint Ignace Théophore le 20 décembre et a choisi comme
évangile : Mc 9, 33-4 1.
[5] La fête de saint
Ignace qui se célébrait le 1er février dans la liturgie latine, est désormais
fixée plus justement au 17 octobre.
[6] Voir LELONG, Les
Pères apostoliques, III, Paris, 1927, Introduction.
[7] Voir RENAN, Les
Évangiles, 1877, Préface, p. XVII. Renan n’acceptait l’authenticité que de la
seule lettre aux Romains, reconnaissant cependant que de « fortes présomptions
» existaient en faveur de l’authenticité. En effet, Lucien de Samosate, un
rhéteur anti-chrétien, vers 165-170, fait dans son œuvre des emprunts évidents
aux lettres d’Ignace.
[8] Voir LELONG, Les
Pères apostoliques, III, Paris, 1927, Introduction.
[9] Dictionnaire des
Connaissances religieuses, BRICOUT, art. « Ignace d’Antioche », par Tixeront.
[10] C’est ici le premier
emploi connu de ce mot. Le terme « chrétien » est fréquent chez Ignace. D’après
les Ac 11, 26, c’est à Antioche que fut employé la première fois le nom de «
chrétien ».
[11] Voir au chapitre I
de ce cours, les textes patristiques.
[12] D’après TH. CAMELOT,
Ignace d’Antioche, Paris, 1944, SC N° 10, p. 120, note 1, « A notre
connaissance », dit Camelot.
[13] La mosaïque de
l’abside de l’église de saint Clément à Rome est une illustration de ce thème.
[14] Ignace parle
plusieurs fois de l’Évangile. Certains veulent y voir une mention des écrits
évangéliques. Il n’est pas douteux que ces écrits circulaient déjà, mais il est
plus probable qu’Ignace parle de la doctrine du Seigneur. On sait que le canon des
Écritures ne sera défini qu’au Concile de Trente (en 1546) qui sanctionnait
ainsi un très long usage. Vers 130 déjà, le canon comprenant les quatre
Évangiles et le recueil des épîtres de saint Paul est constitué en fait. Le
Canon de Muratori est la plus ancienne liste qui soit parvenue jusqu’à nous
(fin du second siècle). Ces listes, collections d’écrits dits inspirés, ne
seront pas partout identiques durant les premiers siècles. Plus haut déjà, dans
la même lettre, Ignace disait : « Mon refuge, c’est l’Évangile qui est pour moi
Jésus lui-même en chair, et les Apôtres qui sont à mes yeux le presbyterium de
l’Église. Aimons de même les prophètes, car eux aussi c’est l’Évangile qu’ils
avaient en vue dans leurs prophéties ; c’est le Christ qui faisait l’objet de
leur espérance et de leur attente… » Phil., 5, 1 et 2. - Cf. SAINT JÉRÔME, Ad
psalm. 147 : Ego corpus Jesu evangelium puto, sanctas scripturas puto doctrinam
ejus. « L’Évangile, d’après ma pensée, c’est le corps de Jésus, les saintes
Écritures sont sa doctrine ».
[15] Tout cela = l’Ancien
Testament.
[16] Dans le Martyre de
S. Polycarpe, ce mot employé encore, prendra sa seconde acception : Église
orthodoxe (par opposition aux sectes hérétiques ou schismatiques).
[17] Cf. J. QUASTEN,
Initiation aux Pères de l’Église, Paris 1955, 1, p.76.
[18] Cf. TH. CAMELOT,
Ignace d’Antioche, Paris 1958, SC N° 10, p. 58.
[19] Cf. J. LEBRETON,
Histoire du dogme de la Trinité, Paris 1928, tome 2 p. 311.
[20] Ce texte fameux a
été rétabli ainsi par Lightfoot sur l’autorité de la version arménienne et
d’une citation de Sévère d’Antioche. D’autres témoins du texte portent « qui
est son Verbe non sorti du silence » : ce texte serait alors postérieur au
gnosticisme valentinien (vers 140-160) qui disait que le Verbe était émané de
la Vérité procédant du Silence.
[21] Ceci est l’exemple
le plus frappant du style parfois étrange d’Ignace.
[22] Remarquez que dans
ces deux derniers textes, Ignace place le Christ en premier lieu.
[23] Les textes sont
extrêmement nombreux, on en trouvera la liste exhaustive dans J. LEBRETON,
Histoire du dogme de la Trinité, Paris 1928, tome 2, p. 297-298.
[24] Ce texte a fait
couler des flots d’encre. Pour étudier de plus près sa portée théologique, on
pourra se reporter à J. LEBRETON, op. cit., 11, p.314 et p. 635-647. Qu’il
suffise ici de souligner que le vocabulaire théologique - genitum non factum -
tel qu’il se fixera au Concile de Nicée (325) n’a pas encore cette précision au
début du second siècle. Saint Athanase, qui a pris une telle part à
l’élaboration de ce vocabulaire, reconnaît, en s’y arrêtant, la parfaite
orthodoxie du texte de S. Ignace : le sens qu’Ignace a en vue, nous dit-il,
n’est pas celui-ci : « qui n’a aucune cause, aucun principe », mais bien
celui-ci : « non fait, non créé, éternel ». Emprunté à la langue philosophique
grecque, le terme inengendré d’Ignace se rapporte à l’essence divine, sans
envisager le mystère de la génération du Verbe procédant du Père.
[25] Rom., 6.
[26] Éph., 21.
[em] Smyrn., 4. Ce serait
fausser les perspectives que de voir en Ignace un surhomme ou même un modèle
inimitable. N’ira-t-il pas jusqu’à avouer qu’il se sent capable de reculer à
l’heure de l’épreuve : « Si, quand je serai parmi vous, il m’arrive de vous
supplier, ne m’écoutez pas. Faites plutôt ce que je vous écris aujourd’hui, car
c’est en pleine vie que je vous exprime mon ardent désir de la mort » (Rom., 7,
2). Ce désir naît en lui de la voix de Dieu qui l’appelle : « Si quelqu’un
possède Dieu dans son cœur, que celui-là comprenne mes désirs et qu’il
compatisse, puisqu’il la connaît, à l’angoisse qui me serre ». « Une eau vive
murmure au-dedans de moi : viens vers le Père » (Rom., 5-6).
[em] Éph., 1 et Magn.,
adresse.
[27] Éph., 7.
[28] Polyc., 3.
[29] Au 20 décembre,
mémoire du saint martyr Ignace le Théophore. Remarquez aussi le choix de
l’Évangile. Il fait allusion à la touchante légende qui veut que l’humble «
Théophore » ait été ce petit enfant porté et embrassé par Jésus : Mc 9, 33-41 «
Puis, prenant un petit enfant, il le plaça au milieu d’eux et, l’ayant
embrassé, il leur dit… ».
[30] Cf. F.X. DURWELL, La
Résurrection de Jésus, Mystère de salut, Paris 1950, p. 237 et note 82.
[31] Cf. F.X. DURWELL,
op. cit., p. 363 à 365.
SOURCE : http://www.patristique.org/Les-Peres-apostoliques-II-Ignace-d-Antioche.html
Фреска
во манастирската црква „Св. Илија“ на Мелничкиот Манастир во Мариово, 1881
Fresco
in St. Elijah Church in Melnica, 1881, Macedonia
Fresko
in Melnica Kloster, 1881, Mazedonien
Also
known as
God-Bearer
Theophoros
formerly 1
February
29
January (translation of relics)
Profile
Convert from paganism to Christianity.
Succeeded Saint Peter
the Apostle as bishop of Antioch, Syria.
Served during persecution of Domitian.
During the persecution of
Trajan, he was ordered taken to Rome to
be killed by wild
animals. On the way, a journey which took months, he wrote a series of
encouraging letters to the churches under his care. First writer to
use the term the Catholic
Church. Martyr. Apostolic
Father. His name occurs in the “Nobis quoque peccatoribus” in
the Canon
of the Mass. Legend says he was the infant that Jesus took into his arms in
Mark 9.
Born
thrown
to wild animals c.107 at Rome, Italy
relics at Saint
Peter’s Basilica, Rome
Church
in eastern Mediterranean
Additional
Information
Book
of Saints, by Father Lawrence
George Lovasik, S.V.D.
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Golden
Legend, by Jacobus
de Voragine
Legends
of the Blessed Sacrament
Lives
of Illustrious Men, by Saint Jerome
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Martyrs
of the First Ages, by Saint Alphonsus de Liguori
Pope
Benedict XVI, General Audience, 14
March 2007
Saints
of the Canon, by Monsignor John T McMahon
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of the Day, by Katherine Rabenstein
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Lives of the Saints, by Eleanor Cecilia Donnelly
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Ignatius: Hear the Silence of Jesus
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Early
Church Fathers – Saint Ignatius of Antioch – narration of his seven
epistles by Joe McClane
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en español
Martirologio
Romano, 2001 edición
sites
en français
Abbé
Christian-Philippe Chanut
fonti
in italiano
Martirologio
Romano, 2005 edition
Readings
I am writing to all the
churches to let it be known that I will gladly die for God if only you do not
stand in my way. I plead with you: show me no untimely kindness. Let me be food
for the wild beasts, for they are my way to God. I am God’s wheat and bread.
Pray to Christ for me that the animals will be the means of making me a
sacrificial victim for God.
No earthly pleasures, no kingdoms of this world can benefit me in any way. I
prefer death in Christ Jesus to power over the farthest limits of the earth. He
who died in place of us is the one object of my quest. He who rose for our
sakes is my one desire. The prince of this world is determined to lay hold of
me and to undermine my will which is intent on God. Let none of you here help
him; instead show yourselves on my side, which is also God’s side. Believe
instead what I am now writing to you. For though I am alive as I write to you,
still my real desire is to die. My love of this life has been crucified, and
there is no yearning in my for any earthly thing. Rather within me is the
living water which says deep inside me: “Come to the Father.” I no longer take
pleasure in perishable food or in the delights of this world I want only God‘s
bread, which is the flesh of Jesus Christ, formed from the seed of David, and
for drink I crave his blood, which is love that cannot perish. Pray for me that
I may obtain my desire. I have not written to you as a mere man would, but as
one who knows the mind of God.
Ask for me this only in
your prayers, that strength may be given me of the Lord that I may not be
called but proved to be a Christian. Then shall I be seen to be faithful when
the world no longer sees me. For nothing that appeareth is eternal. For the
things which are perceived are temporal, but the things which are not seen are
eternal. I write to the Churches and charge you all that willingly I die for
Christ, if you prevent me not. I ask of you that your love for me be not
untimely; allow me to be devoured of wild beasts, through whom I may attain
unto God. I am the grain of God ground between the teeth of wild beasts, that I
may be found to be the pure bread of Christ. Then indeed shall I be the true
disciple of Christ when the world shall no longer behold my body. Beseech
Christ on my behalf that through these means I may be found a perfect sacrifice.
Not as Peter and Paul do I command you. They were apostles, I am the least of
them; they were free, but I am a slave even unto this day, but, if you wish, I
shall be the freedman of Jesus Christ, and in Him I shall rise again and be
free. Amen. – from a letter to the Romans from Saint Ignatius
of Antioch
Follow your bishop, every
one of you, as obediently as Jesus Christ followed the Father. Obey your clergy
too as you would the apostles; give your deacons the same reverence that you
would to a command of God. Make sure that no step affecting the Church is ever
taken by anyone without the bishop’s sanction. The sole Eucharist you should
consider valid is one that is celebrated by the bishop himself, or by some
person authorized by him. Where the bishop is to be seen, there let all his
people be; just as, wherever Jesus Christ is present, there is the catholic
Church. – Saint Ignatius
of Antioch
MLA
Citation
“Saint Ignatius of
Antioch“. CatholicSaints.Info. 1 April 2021. Web. 23 June 2021.
<https://catholicsaints.info/saint-ignatius-of-antioch/>
SOURCE ` https://catholicsaints.info/saint-ignatius-of-antioch/
Roma, chiesa di Sant'Ignazio di Antiochia. Organo a canne e mosaico dell'abside
BENEDICT XVI
GENERAL AUDIENCE
St Peter's Square
Wednesday, 14 March 2007
Saint Ignatius of Antioch
Dear Brothers and
Sisters,
As we already did last
Wednesday, we are speaking about the figures of the early Church. Last week we
spoke of Pope Clement I, the third Successor of St Peter. Today, we will be
speaking of St Ignatius, who was the third Bishop of Antioch from 70 to 107,
the date of his martyrdom. At that time, Rome, Alexandria and Antioch were the
three great metropolises of the Roman Empire. The Council of Nicea mentioned
three "primacies": Rome, but also Alexandria and Antioch participated
in a certain sense in a "primacy".
St Ignatius was Bishop of
Antioch, which today is located in Turkey. Here in Antioch, as we know from the
Acts of the Apostles, a flourishing Christian community developed. Its first
Bishop was the Apostle Peter - or so tradition claims - and it was there that
the disciples were "for the first time called Christians" (Acts
11: 26). Eusebius of Caesarea, a fourth-century historian, dedicated an entire
chapter of his Church History to the life and literary works of
Ignatius (cf. 3: 36).
Eusebius writes:
"The Report says that he [Ignatius] was sent from Syria to Rome, and
became food for wild beasts on account of his testimony to Christ. And as he
made the journey through Asia under the strictest military surveillance"
(he called the guards "ten leopards" in his Letter to the
Romans, 5: 1), "he fortified the parishes in the various cities where
he stopped by homilies and exhortations, and warned them above all to be
especially on their guard against the heresies that were then beginning to
prevail, and exhorted them to hold fast to the tradition of the Apostles".
The first place Ignatius
stopped on the way to his martyrdom was the city of Smyrna, where St Polycarp,
a disciple of St John, was Bishop. Here, Ignatius wrote four letters,
respectively to the Churches of Ephesus, Magnesia, Tralli and Rome.
"Having left Smyrna", Eusebius continues, Ignatius reached Troas and
"wrote again": two letters to the Churches of Philadelphia and
Smyrna, and one to Bishop Polycarp.
Thus, Eusebius completes
the list of his letters, which have come down to us from the Church of the
first century as a precious treasure. In reading these texts one feels the
freshness of the faith of the generation which had still known the Apostles. In
these letters, the ardent love of a saint can also be felt.
Lastly, the martyr
travelled from Troas to Rome, where he was thrown to fierce wild animals in the
Flavian Amphitheatre.
No Church Father has
expressed the longing for union with Christ and for life in
him with the intensity of Ignatius. We therefore read the Gospel passage on the
vine, which according to John's Gospel is Jesus. In fact, two spiritual
"currents" converge in Ignatius, that of Paul, straining with all his
might for union with Christ, and that of John, concentrated
on life in him. In turn, these two currents translate into
the imitation of Christ, whom Ignatius several times proclaimed as
"my" or "our God".
Thus, Ignatius implores
the Christians of Rome not to prevent his martyrdom since he is impatient "to
attain to Jesus Christ". And he explains, "It is better for me to die
on behalf of Jesus Christ than to reign over all the ends of the earth.... Him
I seek, who died for us: him I desire, who rose again for our sake.... Permit
me to be an imitator of the Passion of my God!" (Romans, 5-6).
One can perceive in these
words on fire with love, the pronounced Christological "realism"
typical of the Church of Antioch, more focused than ever on the Incarnation of
the Son of God and on his true and concrete humanity: "Jesus Christ",
St Ignatius wrote to the Smyrnaeans, "was truly of the seed of
David", "he was truly born of a virgin", "and
was truly nailed [to the Cross] for us" (1: 1).
Ignatius' irresistible longing for union with Christ was the foundation of a real
"mysticism of unity". He describes himself: "I therefore did
what befitted me as a man devoted to unity" (Philadelphians, 8: 1).
For Ignatius unity was
first and foremost a prerogative of God, who, since he exists as Three Persons,
is One in absolute unity. Ignatius often used to repeat that God is unity and
that in God alone is unity found in its pure and original state. Unity to be
brought about on this earth by Christians is no more than an imitation as close
as possible to the divine archetype.
Thus, Ignatius reached
the point of being able to work out a vision of the Church strongly reminiscent
of certain expressions in Clement of Rome's Letter to the Corinthians.
For example, he wrote to
the Christians of Ephesus: "It is fitting that you should concur with the
will of your Bishop, which you also do. For your justly renowned presbytery,
worthy of God, is fitted as exactly to the Bishop as the strings are to the
harp. Therefore, in your concord and harmonious love, Jesus Christ is sung. And
man by man, you become a choir, that being harmonious in love and taking up the
song of God in unison you may with one voice sing to the Father..." (4:
1-2).
And after recommending to
the Smyrnaeans: "Let no man do anything connected with Church without the
Bishop", he confides to Polycarp: "I offer my life for those who are
submissive to the Bishop, to the presbyters, and to the deacons, and may I
along with them obtain my portion in God! Labour together with one another;
strive in company together; run together; suffer together; sleep together; and
awake together as the stewards and associates and servants of God. Please him
under whom you fight, and from whom you receive your wages. Let none of you be
found a deserter. Let your Baptism endure as your arms; your faith as your
helmet; your love as your spear; your patience as a complete panoply"
(Polycarp, 6: 1-2).
Overall, it is possible
to grasp in the Letters of Ignatius a sort of constant and fruitful
dialectic between two characteristic aspects of Christian life: on the one
hand, the hierarchical structure of the Ecclesial Community, and on the other,
the fundamental unity that binds all the faithful in Christ.
Consequently, their roles cannot be opposed to one another. On the contrary,
the insistence on communion among believers and of believers with their Pastors
was constantly reformulated in eloquent images and analogies: the harp,
strings, intonation, the concert, the symphony. The special responsibility of
Bishops, priests and deacons in building the community is clear.
This applies first of all
to their invitation to love and unity. "Be one", Ignatius wrote to
the Magnesians, echoing the prayer of Jesus at the Last Supper: "one
supplication, one mind, one hope in love.... Therefore, all run together as into
one temple of God, as to one altar, as to one Jesus Christ who came forth from
one Father, and is with and has gone to one" (7: 1-2).
Ignatius was the first
person in Christian literature to attribute to the Church the adjective
"catholic" or "universal": "Wherever Jesus Christ
is", he said, "there is the Catholic Church"
(Smyrnaeans, 8: 2). And precisely in the service of unity to the Catholic
Church, the Christian community of Rome exercised a sort of primacy of love:
"The Church which presides in the place of the region of the Romans, and
which is worthy of God, worthy of honour, worthy of the highest happiness...
and which presides over love, is named from Christ, and from the
Father..." (Romans, Prologue).
As can be seen, Ignatius
is truly the "Doctor of Unity": unity of God and unity of Christ
(despite the various heresies gaining ground which separated the human and the
divine in Christ), unity of the Church, unity of the faithful in "faith
and love, to which nothing is to be preferred" (Smyrnaeans, 6: 1).
Ultimately, Ignatius'
realism invites the faithful of yesterday and today, invites us all, to make a
gradual synthesis between configuration to Christ (union with him,
life in him) and dedication to his Church (unity with the Bishop, generous
service to the community and to the world).
To summarize, it is
necessary to achieve a synthesis between communion of the Church
within herself and mission, the proclamation of the Gospel to others,
until the other speaks through one dimension and believers increasingly
"have obtained the inseparable Spirit, who is Jesus Christ"
(Magnesians, 15).
Imploring from the Lord
this "grace of unity" and in the conviction that the whole Church
presides in charity (cf. Romans, Prologue), I address to you
yourselves the same hope with which Ignatius ended his Letter to the
Trallians: "Love one another with an undivided heart. Let my spirit
be sanctified by yours, not only now, but also when I shall attain to God....
In [Jesus Christ] may you be found unblemished" (13).
And let us pray that the
Lord will help us to attain this unity and to be found at last unstained,
because it is love that purifies souls.
* * *
I welcome all the English
speaking visitors present today, including the Cardinals and Bishops of
the Vox Clara committee, gathered in Rome to advise the Congregation
for Divine Worship on the new English translation of the Roman Missal. I thank
them and their assistants for their important work. Upon all of you I invoke
God’s abundant blessings of joy and peace.
© Copyright 2007 -
Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/en/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070314.html
St. Ignatius of Antioch
Also called Theophorus (ho
Theophoros); born in Syria,
around the year 50; died at Rome between
98 and 117.
More than one of the
earliest ecclesiastical writers
have given credence, though apparently without good reason, to
the legend that Ignatius was the child whom the Savior took
up in His arms, as described in Mark
9:35. It is also believed, and with great probability, that, with his
friend Polycarp,
he was among the auditors of the ApostleSt. John. If we
include St. Peter, Ignatius was the third Bishop of Antioch and
the immediate successor of Evodius (Eusebius, Church
History II.3.22). Theodoret ("Dial. Immutab.", I,
iv, 33a, Paris, 1642) is the authority for the statement that St.
Peter appointed Ignatius to the See of Antioch. St.
John Chrysostom lays special emphasis on the honor conferred
upon the martyr in
receiving his episcopal consecration at
the hands of theApostles themselves ("Hom. in St. Ig.", IV.
587). Natalis Alexander quotes Theodoret to the same effect
(III, xii, art. xvi, p. 53).
All the
sterling qualities of ideal pastor and
a true soldier
of Christ were possessed by the Bishop of Antioch in
a preeminent degree. Accordingly, when the storm of the persecution of Domitian broke
in its full fury upon theChristians of Syria,
it found their faithful leader prepared and watchful. He was
unremitting in his vigilance and tireless in his efforts
to inspire hope and to strengthen the weaklings of his flock
against the terrors of the persecution.
The restoration of peace, though it was short-lived, greatly comforted him. But
it was not for himself that he rejoiced, as the one great and ever-present wish
of his chivalrous soul was
that he might receive the fullness of Christian discipleship through
the medium of martyrdom.
His desire was not to remain long unsatisfied. Associated with the writings
of St. Ignatius is a work called "Martyrium Ignatii", which
purports to be an account by eyewitnesses of the martyrdom of St.
Ignatius and the acts leading up to it. In this work, which such
competent Protestant critics as
Pearson and Ussher regard as genuine, the full history of that
eventful journey from Syria to Rome is faithfully recorded
for the edification of the Church
of Antioch. It is certainly very ancient and
is reputed to have been written by Philo, deacon of Tarsus,
and Rheus Agathopus, a Syrian,
who accompanied Ignatius to Rome.
It is generally admitted, even by those who regarded it as authentic, that
this work has been greatly interpolated. Its most reliable form is
that found in the "Martyrium Colbertinum" which closes the mixed
recension and is so called because its oldest witness is the
tenth-century Codex Colbertinus(Paris).
According to
these Acts, in the ninth year of his reign, Trajan,
flushed with victory over the Scythians andDacians, sought
to perfect the universality of his dominion by
a species of religious conquest. He decreed,
therefore, that the Christians should
unite with their pagan neighbors
in the worship of the gods. A general persecution was
threatened, and death was named as the penalty for all who refused
to offer the prescribedsacrifice. Instantly alert to the
danger that threatened, Ignatius availed himself of all the means
within his reach to thwart the purpose of the emperor. The success of his zealous efforts
did not long remain hidden from the Church's persecutors.
He was soon arrested and led before Trajan,
who was then sojourning in Antioch.
Accused by the emperor himself of violating the imperial edict, and of inciting
others to
like transgressions, Ignatiusvaliantly bore witness to
the faith of Christ.
If we may believe the account given in the "Martyrium", his
bearing before Trajan was
characterized by inspired eloquence, sublime courage,
and even a spirit of exultation.Incapable of appreciating the
motives that animated him, the emperor ordered him to be put in chains and
taken to Rome,
there to become the food of wild beasts and a spectacle for the
people.
That the trials of this
journey to Rome were
great we gather from his letter to the Romans (par. 5):
"From Syria even
to Rome I
fight with wild beasts, by land and sea, by night and by day, being bound amidst
ten leopards, even a company of soldiers, who only grow worse when they are
kindly treated." Despite all this, his journey was a kind of triumph. News
of his fate, his destination, and his probable itinerary had
gone swiftly before. At several places along the road his fellow-Christians
greeted him with words of comfort and reverential homage. It is probable that
he embarked on his way to Rome at Seleucia,
in Syria,
the nearest port to Antioch,
for eitherTarsus in Cilicia, or Attalia in Pamphylia, and
thence, as we gather from his letters, he journeyed overland through Asia
Minor. At Laodicea, on the River Lycus, where a choice of routes
presented itself, his guards selected the more northerly, which brought the
prospective martyr through Philadelphia and
Sardis, and finally toSmyrna,
where Polycarp,
his fellow-disciple in the school of St.
John, was bishop.
The stay at Smyrna,
which was a protracted one, gave the representatives of the various Christian communities
in Asia
Minor an opportunity of greeting the illustrious prisoner,
and offering him the homage of the Churches they
represented. From thecongregations of Ephesus, Magnesia,
and Tralles, deputations came to comfort him. To each of these Christiancommunities
he addressed letters from Smyrna,
exhorting them to obedience to their respective bishops,
and warning them to avoid the contamination of heresy.
These, letters are redolent with the spirit of Christian
charity, apostolic
zeal, and pastoral solicitude. While still there he wrote also to
the Christians of Rome,
begging them to do nothing to deprive him of the opportunity of martyrdom.
From Smyrna his
captors took him to Troas,
from which place he dispatched letters to the Christians ofPhiladelphia and Smyrna,
and to Polycarp.
Besides these letters, Ignatius had intended to address others to theChristian communities
of Asia
Minor, inviting them to give public expression to their sympathy with the
brethren in Antioch,
but the altered plans of his guards, necessitating a hurried departure,
from Troas,
defeated his purpose, and he was obliged to
content himself with delegating this office to his friend Polycarp.
At Troas they took ship for Neapolis. From this place their journey
led them overland through Macedonia and Illyria.
The next port of embarkation was probably Dyrrhachium (Durazzo).
Whether having arrived at the shores of the Adriatic, he completed his journey
by land or sea, it is impossible to determine. Not long after his arrival
in Rome he
won his long-coveted crown of martyrdom in
the Flavian
amphitheater. The relics of
the holy martyr were
borne back to Antioch by the deacon Philo of
Cilicia, and Rheus Agathopus, a Syrian,
and were interred outside
the gates not far from the beautiful suburb of Daphne. They were afterwards
removed by the Emperor Theodosius II to the Tychaeum, or Temple of Fortune
which was then converted into a Christian church under
the patronage of themartyr whose relics it
sheltered. In 637 they were translated to St. Clement's at Rome,
where they now rest. TheChurch celebrates
the feast of St. Ignatius on 1 February.
The character of St.
Ignatius, as deduced from
his own and the extant writings of his contemporaries, is that of atrue athlete
of Christ. The triple honor of apostle, bishop,
and martyr was
well merited by this energetic soldier of the Faith. An
enthusiastic devotion to duty,
a passionate love of sacrifice,
and an utter fearlessness in the defense of Christian truth,
were his chief characteristics. Zeal for
the spiritual well-being of those under his charge breathes from
every line of his writings. Ever vigilant lest they be infected by the rampant heresies of
those early days; praying for
them, that their faith and courage may
not be wanting in the hour of persecution;
constantly exhorting them to unfailing obedience to their bishops;
teaching them all Catholic truth;
eagerly sighing for the crown of martyrdom,
that his own blood may fructify in added graces in
the souls of
his flock, heproves himself in every sense a true, pastor of souls,
the good shepherd that lays down his life for his sheep.
Collections
The oldest collection of
the writings of St. Ignatius known to have existed was that
made use of by the historianEusebius in
the first half of the fourth century, but which unfortunately is no longer
extant. It was made up of the seven letters written
by Ignatius whilst on his way to Rome;
These letters were addressed to the Christians
of Ephesus (Pros
Ephesious);
of Magnesia (Magnesieusin);
of Tralles (Trallianois);
of Rome (Pros
Romaious);
of Philadelphia (Philadelpheusin);
of Smyrna (Smyrnaiois);
and
to Polycarp (Pros
Polykarpon).
We find these seven
mentioned not only by Eusebius (Church
History III.36) but also by St.
Jerome (De viris illust., c. xvi). Of later collections of Ignatian letters
which have been preserved, the oldest is known as the "long
recension". This collection, the author of which is unknown, dates
from the latter part of the fourth century. It contains the seven genuine and
six spurious letters, but even the genuine epistles were greatly
interpolated to lend weight to the personal views of its author. For this
reason they are incapable of bearing witness to the original form.
The spurious letters in this recension are those that purport to be
from Ignatius
to Mary of Cassobola (Pros Marian Kassoboliten);
to the Tarsians (Pros
tous en tarso);
to
the Philippians (Pros Philippesious);
to
the Antiochenes (Pros Antiocheis);
to Hero a deacon of Antioch (Pros
Erona diakonon Antiocheias). Associated with the foregoing is
a letter
from Mary of Cassobola to Ignatius.
It is extremely probable
that the interpolation of the genuine, the addition of the spurious letters,
and the union of both in the long recension was the work of an Apollinarist of Syria or Egypt,
who wrote towards the beginning of the fifth century. Funk identifies
him with the compiler of the Apostolic Constitutions, which came out
of Syriain
the early part of the same century. Subsequently there was added to
this collection a panegyric on St. Ignatiusentitled, "Laus
Heronis". Though in the original it was probably written in Greek, it
is now extant only in Latin andCoptic texts. There is also a
third recension, designated by Funk as the
"mixed collection". The time of its origin can be only
vaguely determined as being between that of the collection known
to Eusebius and
the long recension. Besides the seven genuine letters of Ignatius in
their original form, it also contains the six spurious ones, with the exception
of that to the Philippians.
In
this collection is also to be found the "Martyrium
Colbertinum". The Greek original of this recension is contained
in a single codex, the famous Mediceo-Laurentianus manuscript at Florence.
This codex is incomplete, wanting the letter to the Romans,
which, however, is to be found associated with the "Martyrium
Colbertinum" in the Codex Colbertinus, at Paris.
The mixed collection is regarded as the most reliable of all in
determining what was the authentic text of the
genuine Ignatian letters. There is also an
ancient Latin version which is an unusually exact rendering of
the Greek. Critics are generally inclined to look upon this
version as a translation of some Greek manuscript of
the same type as that of the Medicean Codex. This version
owes its discovery to Archbishop Ussher, of Ireland,
who found it in two manuscripts in English libraries and
published it in 1644. It was the work of Robert
Grosseteste, a Franciscan friar and Bishop of Lincoln (c.
1250). The original Syriacversion has come down to us in its entirety only
in an Armenian translation.
It also contains the seven genuine and six spurious letters.
This collection in the original Syriac would be invaluable
in determining the exact text ofIgnatius, were it in existence, for the
reason that it could not have been later than the fourth or fifth century. The
deficiencies of the Armenian version
are in part supplied by the abridged recension in the original Syriac.
This abridgment contains the three genuine letters to the Ephesians,
the Romans, and to Polycarp. The manuscriptwas
discovered by Cureton in a collection of Syriac manuscripts obtained
in 1843 from the monastery of St.
MaryDeipara in the Desert of Nitria. Also there are three
letters extant only in Latin. Two of the three purport to be
from Ignatius to St.
John the Apostle, and one to the Blessed
Virgin, with her reply to the same. These are probably
of Western origin, dating no further back than the twelfth
century.
The controversy
At intervals during the
last several centuries a warm controversy has been carried on
by patrologists concerning the authenticity of
the Ignatian letters. Each particular recension has had
its apologists and its opponents. Each has been favored to the
exclusion of all the others, and all, in turn, have been collectively rejected,
especially by the coreligionists of Calvin.
The reformer himself, in language as violent as it is
uncritical (Institutes, 1-3), repudiates in globo the letters which
so completely discredit his own peculiar views on ecclesiastical government.
The convincing evidence which the letters bear to the Divine origin of Catholic
doctrine is not conducive to predisposing
non-Catholic critics in their favor, in fact, it has added not a
little to the heat of the controversy. In general, Catholic and Anglican scholars
are ranged on the side of the letters written to
the Ephesians,Magnesians, Trallians, Romans, Philadelphians, Smyrniots,
and to Polycarp; whilst Presbyterians,
as a rule, and perhaps a priori, repudiate everything
claiming Ignatian authorship.
The two letters to
the Apostle St. John and the one to the Blessed
Virgin, which exist only in Latin, are unanimously admitted
to be spurious. The great body of critics who acknowledge
the authenticity of the Ignatianletters restrict their approval
to those mentioned by Eusebius and St.
Jerome. The six others are not defended by any of the early Fathers.
The majority of those who acknowledge
the Ignatian authorship of the seven letters do so conditionally,
rejecting what they consider the obvious interpolations in these letters. In
1623, whilst the controversy was at its height, Vedelius gave expression to
this latter opinion by publishing at Geneva an
edition of the Ignatian letters in which the seven genuine letters
are set apart from the five spurious. In the genuine letters he indicated what
was regarded as interpolations. The reformer Dallaeus, at Geneva,
in 1666, published a work entitled "De scriptis quae sub
Dionysii Areop. et Ignatii Antioch.
nominibus circumferuntur", in which (lib. II) he called into question
the authenticity of all seven letters. To this the Anglican Pearson
replied spiritedly in a work called "Vindiciae epistolarum S.
Ignatii", published at Cambridge,
1672. So convincing were the arguments adduced in this scholarly work that for
two hundred years the controversy remained closed in favor of thegenuineness of
the seven letters. The discussion was reopened by Cureton's discovery
(1843) of the abridgedSyriac version, containing the letters
of Ignatius to the Ephesians, Romans, and to Polycarp.
In a work entitled "Vindiciae Ignatianae" London, 1846), he defended
the position that only the letters contained in his
abridgedSyriac recension, and in the form therein contained,
were genuine, and that all others were interpolated or forgedoutright.
This position was vigorously combated by several British and German critics,
including the CatholicsDenzinger and Hefele,
who successfully defended the genuineness of the entire
seven epistles. It is now generally admitted
that Cureton's Syriac version is only
an abbreviation of the original.
While it can hardly be
said that there is at present any unanimous agreement on the subject, the best
moderncriticism favors the authenticity of the seven letters
mentioned by Eusebius.
Even such eminent non-Catholiccritics as Zahn, Lightfoot, and Harnack hold
this view. Perhaps the best evidence of their authenticity is to be
found in the letter of Polycarp to the Philippians, which
mentions each of them by name. As an intimate friend ofIgnatius, Polycarp,
writing shortly after the martyr's death,
bears contemporaneous witness to the authenticity of these
letters, unless, indeed, that of Polycarp itself be regarded as
interpolated or forged. When, furthermore, we take into consideration the
passage of Irenaeus (Adv. Haer.,
V, xxviii, 4) found in the original Greek in Eusebius(Church
History III.36), in which he refers to the letter to the Romans.
(iv, I) in the following words: "Just as one of our brethren said,
condemned to the wild beasts in martyrdom for
his faith", the evidence of authenticitybecomes compelling. The
romance of Lucian of Samosata,
"De morte peregrini", written in 167, bears incontestable evidence
that the writer was not only familiar with the Ignatian letters, but
even made use of them. Harnack, who was not always so minded, describes
these proofs as
"testimony as strong to the genuineness of
the epistles as any that can be conceived of" (Expositor, ser.
3, III, p. 11).
Contents of the letters
It is scarcely possible
to exaggerate the importance of the testimony which
the Ignatian letters offer to thedogmatic character of Apostolic Christianity.
The martyred Bishop of Antioch constitutes
a most important link between the Apostles and
the Fathers of the early Church.
Receiving from the Apostles themselves, whoseauditor he was, not
only the substance of revelation,
but also their own inspired interpretation of it; dwelling, as it
were, at the very fountain-head of Gospel truth,
his testimony must necessarily carry with it the greatest weight and
demand the most serious consideration. Cardinal
Newman did not exaggerate the matter when he said
("The Theology of the Seven Epistles of St.
Ignatius", in "Historical Sketches", I, London, 1890) that
"the whole system of Catholic
doctrine may be discovered, at least in outline, not to say in parts
filled up, in the course of his seven epistles". Among the many Catholic
doctrines to be found in the letters are the following:
the Church was
Divinely established as a visible society,
the salvation of souls is
its end, and those who separate themselves from it cut themselves off
from God (Philadelphians 3)
the hierarchy
of the Church was instituted by Christ (Introduction
to Philadelphians; Ephesians 6)
the
threefold character of the hierarchy (Magnesians 6)
the order of the episcopacy superior
by Divine authority to that of the priesthood (Magnesians 6
and 13;Smyrnæans 8; Trallians 3)
the unity
of the Church (Trallians 6; Philadelphians 3; Magnesians 13)
the holiness of
the Church (Smyrnæans, Ephesians, Magnesians, Trallians and Romans)
the catholicity of
the Church (Smyrnæans 8);
the infallibility
of the Church (Philadelphians 3; Ephesians 16-17)
the doctrine of
the Eucharist (Smyrnæans 8),
which word we find for the first time applied to the Blessed
Sacrament, just as in Smyrnæans 8,
we meet for the first time the phrase "Catholic Church", used to
designate all Christians
the Incarnation (Ephesians 18);
the supernatural virtue of virginity,
already much esteemed and made the subject of a vow (Polycarp 5)
the religious character of matrimony (Polycarp 5)
the value of united prayer (Ephesians 13)
the primacy of
the See
of Rome (Introduction
to Romans 13)
He, moreover, denounces
in principle the Protestant doctrine of
private judgment in matters of religion(Philadelphians 3),
The heresy against
which he chiefly inveighs is Docetism.
Neither do the Judaizing heresiesescape
his vigorous condemnation.
Editions
The four letters found
in Latin only were printed in Paris in
1495. The common Latin version of eleven letters, together with a
letter of Polycarp and some reputed works of Dionysius
the Areopagite, was printed in Paris,
1498, by Lefèvre
d'Etaples. Another edition of the seven genuine and six spurious letters,
including the one toMary of Cassobola, was edited by Symphorianus
Champerius, of Lyons,
Paris, 1516. Valentinus Paceus published a Greek edition of twelve
letters (Dillingen, 1557). A similar edition was brought out at Zurich,
in 1559, byAndrew Gesner; a Latin version of the work
of John Brunner accompanied it. Both of these editions made use of
the Greek text of the long recension. In 1644 Archbishop Ussher edited the
letters of Ignatius and Polycarp.
The common Latin version, with three of the
four Latin letters, was subjoined. It also contained
the Latin version of eleven letters taken from Ussher's manuscripts.
In 1646 Isaac Voss published at Amsterdam an
edition from the famous Medicean Codex at Florence. Ussher
brought out another edition in 1647, entitled "Appendix Ignatiana",
which contained the Greek text of the genuine epistles and
the Latin version of the "Martyrium Ignatii".
In 1672
J.B. Cotelier's edition appeared at Paris,
containing all the letters, genuine and supposititious, ofIgnatius, with those
of the other Apostolic
Fathers. A new edition of this work was printed by Le Clerc at Antwerp,
in 1698. It was reprinted at Venice,
1765-1767, and at Paris by Migne in
1857. The letter to the Romans was published from the "Martyrium
Colbertinum" at Paris,
by Ruinart, in 1689. In 1724 Le Clerc brought out atAmsterdam a
second edition of Cotelier's "Patres Apostolici", which
contains all the letters, both genuine and spurious,
in Greek and Latin versions. It also includes the letters
of Mary of Cassobola and those purporting to be from
the Blessed Virgin in the "Martyrium Ignatii", the
"Vindiciae Ignatianae" of Pearson, and several dissertations. The
first edition of the Armenian version
was published at Constantinople in 1783. In 1839 Hefeleedited
the Ignatian letters in a work entitled "Opera
Patrum Apostolicorum", which appeared at Tübingen. Mignetook
his text from the third edition of this work (Tübingen, 1847). Bardenhewer
designates the following as the best editions: Zahn, "Ignatii et Polycarpi
epistulae martyria, fragmenta" in "Patr. apostol. opp.
rec.", ed. by de Gebhardt, Harnack, Zahn, fasc. II, Leipzig,
1876; Funk, "Opp. Patr. apostol.", I, Tübingen, 1878, 1887,
1901; Lightfoot, "The Apostolic Fathers", part II, London, 1885,
1889; an English version of the letters to be found
inLightfoot's "Apostolic Fathers", London, 1907, from which are
taken all the quotations of the letters in this article, and to which all
citations refer.
O'Connor, John Bonaventure. "St. Ignatius of Antioch." The
Catholic Encyclopedia. Vol. 7. New York: Robert Appleton
Company, 1910. 17 Oct. 2016 <http://www.newadvent.org/cathen/07644a.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Charles Sweeney, S.J.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. June 1, 1910. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin
Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/07644a.htm
St. Ignatius of Antioch
The second Bishop of
Antioch, Syria, this disciple of the beloved Disciple John was consecrated
Bishop around the year 69 by the Apostle Peter, the first Pope. A holy man who
was deeply loved by the Christian faithful, he always made it his special care to
defend “orthodoxy” (right teaching) and “orthopraxy” (right practice) among the
early Christians.
In 107, during the reign
of the brutal Emperor Trajan, this holy Bishop was wrongfully sentenced to
death because he refused to renounce the Christian faith. He was taken under
guard to Rome where he was to be brutally devoured by wild beasts in a public spectacle.
During his journey, his travels took him through Asia Minor and Greece. He made
good use of the time by writing seven letters of encouragement, instruction and
inspiration to the Christians in those communities. We still have these letters
as a great treasure of the Church today.
The content of the
letters addressed the hierarchy and structure of the Church as well as the
content of the orthodox Christian faith. It was Bishop Ignatius who first used
the term “catholic” to describe the whole Church. These letters connect us to
the early Church and the unbroken, clear teaching of the Apostles which was
given to them directly by Jesus Christ. They also reveal the holiness of a man
of God who became himself a living letter of Christ. The shedding his blood in
the witness of holy martyrdom was the culmination of a life lived conformed to
Jesus Christ. Ignatius sought to offer himself, in Christ, for the sake of the
Church which he loved. His holy martyrdom occurred in the year 107.
In his pastoral letters
he regularly thanked his brother and sister Christians for their concern for
his well being but insisted on following through in his final witness of
fidelity: “I know what is to my advantage. At last I am becom¬ing his disciple.
May nothing entice me till I happily make my way to Jesus Christ! Fire, cross,
struggles with wild beasts, wrenching of bones, mangling of limbs-let them come
to me, provided only I make my way to Jesus Christ. I would rather die and come
to Jesus Christ than be king over the entire earth. Him I seek who died for us;
him I love who rose again because of us.”
Bishop Ignatius was not
afraid of death. He knew that it had been defeated by the Master. He followed
the Lord Jesus into his Passion, knowing that he would rise with Him in his
Resurrection. He wrote to the disciples in Rome: “Permit me to imitate my
suffering God … I am God’s wheat and I shall be ground by the teeth of beasts,
that I may become the pure bread of Christ.” The beauty of this Eucharistic
symbolism in these words reflects the deep theology of a mystic.
He was dedicated to
defending the true teaching handed down by the Apostles so that the brothers
and sisters in the early Christian communities, and we who stand on their
shoulders, would never be led astray by false teaching. He urged them to always
listen to their Bishops because they were the successors of the Apostles. He
died a Martyrs death in Rome, devoured by two lions in one of the cruel
demonstrations of Roman excess and animosity toward the true faith.
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/saint-ignatius-of-antioch/
Saint
Ignatius of Antioch on stained-glass window in All Saints Anglican Church,
Brisbane
ST. IGNATIUS, BISHOP,
MARTYR.
ST. IGNATIUS, Bishop of
Antioch, was the disciple of St. John. When Domitian persecuted the Church, St.
Ignatius obtained peace for his own flock by fasting and prayer. But for his
part he desired to suffer with Christ, and to prove himself a perfect disciple.
In the year 107, Trajan came to Antioch, and forced the Christians to choose
between apostasy and death, "Who art thou, poor devil," the emperor
said, when Ignatius was brought before him, "who settest our commands at
naught?" "Call not him 'poor devil,' " Ignatius answered, "who
bears God within him." And when the emperor questioned him about his
meaning, Ignatius explained that he bore in his heart Christ crucified for his
sake. Thereupon the emperor condemned him to be torn to pieces by wild beasts
at Rome. St. Ignatius thanked God, who had so honored him, "binding him in
the chains of Paul, His apostle." He journeyed to Rome, guarded by
soldiers, and with no fear, except of losing the martyr's crown. He was
devoured by lions in the Roman amphitheatre. The wild beasts left nothing of
his body, except a few bones, which were reverently treasured at Antioch, until
their removal to the Church of St. Clement, at Rome, in 637. After the martyr's
death, several Christians saw him in vision standing before Christ, and
interceding for them.
Reflection.—Ask St.
Ignatius to obtain for you the grace of profiting by all you have to suffer,
and rejoicing in it as a means of likeness to your crucified Redeemer.
INTERCESSORY PRAYER: Saint Ignatius, please pray for (state your prayer request).
SOURCE : http://jesus-passion.com/saint_ignatius3.htm
Mor Ignatius Jacobite Syrian Orthodox Cathedral, Churches Complex, Jebel Ali Village, Dubai, UAE.
Ignatius of Antioch BM (RM)
Died c. 107; feast
formerly on February 1. Saint Ignatius gives us the earliest documentary
evidence of primacy of the bishop of Rome. Information about his letters can be
found in any history of the early Church. This is simply a synopsis.
However, little is known
of his life, although his passio was recorded for his flock. He was probably of
Syrian origin, and legend identified him with the child whom Christ set down
among his disciples (Matthew 18:1-6). Some sources say that Ignatius may have
been a persecutor of Christians, who then became a convert and disciple of
Saint John the Evangelist or Saints Peter and Paul.
He called himself both a
disciple and the "bearer of God" (theophoros), so sure was he of the
presence of God in himself.
In any case he became the
second or third bishop of the great Christian center of Antioch in Syria.
Legend holds that he was appointed and consecrated by Saint Peter after Peter
left the deathbed of Saint Evodius, the previous bishop. Ignatius governed for
40 years.
During Trajan's
persecutions, Ignatius was seized by a guard of ten soldiers, bound, and taken
to Rome by them. The soldiers boarded a ship that traveled along the southern
and western shores of Asia Minor instead of going straight to Italy. Ignatius
was greeted by crowds of Christians wherever the ship touched port, but he was
ill-treated by his captors. In one of his letters he says:
"From Syria to Rome
I seem to be fighting with wild beasts, night and day, on land and sea, bound
to ten leopards. I mean a bunch of soldiers whose treatment of me grows harsher
the kinder I am to them."
The many stopovers
enabled Ignatius to reaffirm religious fervor in various ports along the way.
They stopped for a time at Smyrna, where Ignatius was met by Saint Polycarp,
then a young man. Here the first four letters were written: to the Ephesians,
to the churches of Magnesia and Tralles-- whose bishops had come to visit
him--and to the Christians in Rome. The guards were anxious to leave Smyrna in
order to reach Rome before the games were over; distinguished victims drew
great crowds.
They sailed on to Troas,
where they learned that peace had been restored to the church at Antioch. Then
at Lystra, before crossing into Europe, he wrote three more, to the Christians
at Philadelphia and Smyrna, and a farewell letter of advice to Bishop Saint
Polycarp. (The letters can also be found in short and long versions on the New
Advent site at http://www.knight.org/advent/fathers.)
As the ship approached
Rome, Christians are said to have gathered to greet Ignatius, and although they
wished to work for his release, he begged them not to interfere with his
martyrdom. He wrote, "I pray that they will be prompt with me. I shall
entice them to eat me speedily."
Legend has it that he arrived
in Rome on December 20, the last day of the public games, was rushed to the
amphitheater (probably the Colosseum), and was killed by lions in the arena. As
he was offered to the animals, he described himself as "wheat of
Christ."
The saint insisted that
in spite of his sufferings, he remained a sinner, saved only because of the
love of his Lord, who had been crucified for him.
His relics are kept at
Saint Peter's in Rome. A detailed description of the trip to Rome is provided
by Agathopus and a deacon named Philo, who were with him, and who also wrote
down his dictation of the seven letters of instruction on the Church, marriage,
the Trinity, the Incarnation, Redemption, and the Eucharist.
These letters of Ignatius
(English translation, 1934 et alia) are among the most valuable documents of
the ancient Church because of the light they throw on Christian belief and
practice less than a century after Christ's Ascension. Ignatius continually
urges his readers to maintain unity amongst themselves, meeting together in the
Eucharist under the presidency of their bishop.
Through his letters we
have access also to the mind and personality of a man who loved vivid images to
express his beliefs. The Eucharist he described as 'the medicine of
immortality, the antidote against death.' To him, Jesus on the Cross lured the
devil, like a fish, with the bait of his own body.
The best-known letter is
the one sent in advance to the Roman Christians. In it he implores them not to
try to get him reprieved. It reveals a patient, gentle man, so passionately
devoted to Christ that he could not ear to miss the chance of dying a violent
death for his sake: 'Let me follow the example of the suffering of my God'
(Attwater, Bentley, Delaney, White).
He is portrayed in art
looking at a crucifix, with a lion at his side; or standing between two lions;
or in chains; or holding a heart with IHS upon it; or with a heart with the IHS
torn out by the lions according to White.
Depicted as a bishop
holding a heart with IHS on it. Sometimes he is shown with the image of Christ
on his breast because the image of Jesus was found on his heart after his
martyrdom; holding a fiery globe; or in an arena with lions. One Greek icon of
Saint Ignatius can be found at the Saint Isaac of Syria Skete site. Saint
Ignatius is highly venerated in the Eastern Church (Roeder).
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/1017.shtml
Saint
Ignatius of Antioch, 1486, 116 x 45, Iscrizioni in basso: Scs Igniazius.
Pischapus. Martirus. 1486, Rijksmuseum
February 1
St. Ignatius, Bishop of
Antioch, Martyr
From his genuine
epistles; also from the acts of his martyrdom, St. Chrys. Hom. in St. Ignat. M.
t. 2. p. 592. Ed. Nov. Eusebius. See Tillemont, t. 2. p. 191. Cave, t. 1. p.
100. Dom Ceillier, Dom Marechal, Concordance des Pères Grecs et Latins, t. 1.
p. 58.
A.D. 107.
ST. IGNATIUS, surnamed
Theophorus, 1 a
word implying a divine or heavenly person, was a zealous convert and an
intimate disciple of St. John the Evangelist, as his acts assure us; also the
apostles SS. Peter and Paul, who united their labours in planting the faith at
Antioch. 2 It
was by their direction that he succeeded Evodius in the government of that
important see, as we are told by St. Chrysostom, 3 who
represents him as a perfect model of virtue in that station, in which he
continued upwards of forty years. During the persecution of Domitian, St.
Ignatius defended his flock by prayer, fasting, and daily preaching the word of
God. He rejoiced to see peace restored to the church on the death of that
emperor, so far as this calm might be beneficial to those committed to his
charge: but was apprehensive that he had not attained to the perfect love of
Christ, nor the dignity of a true disciple, because he had not as yet been called
to seal the truth of his religion with his blood, an honour he somewhat
impatiently longed for. The peaceable reign of Nerva lasted only fifteen
months. The governors of several provinces renewed the persecution under Trajan
his successor; and it appears from Trajan’s letter to Pliny the younger,
governor of Bithynia, that the Christians were ordered to be put to death, if
accused; but it was forbidden to make any inquiry after them. That emperor
sullied his clemency and bounty and his other pagan virtues, by incest with his
sister, by an excessive vanity, which procured him the surname of Parietmus,
(or dauber of every wall with the inscription of his name and actions,) and by
blind superstition, which rendered him a persecutor of the true followers of
virtue, out of a notion of gratitude to his imaginary deities, especially after
his victories over the Daci and Scythians in 101 and 105. In the year 106,
which was the ninth of his reign, he set out for the East on an expedition
against the Parthians, and made his entry into Antioch on the 7th of January,
107, with the pomp of a triumph. His first concern was about the affair of
religion and worship of the gods, and for this reason he resolved to compel the
Christians either to acknowledge their divinity and sacrifice to them, or
suffer death in case of refusal.
Ignatius, as a courageous
soldier, being concerned only for his flock, willingly suffered himself to be
taken, and carried before Trajan, who thus accosted him: “Who art thou, wicked
demon, that durst transgress my commands, and persuade others to perish?” The
saint answered: “No one calls Theophorus a wicked demon.” Trajan said: “Who is
Theophorus?” Ignatius answered: “He who carrieth Christ in his breast.” Trajan
replied: “And do not we seem to thee to bear the gods in our breasts, whom we
have assisting us against our enemies?” Ignatius said: “You err in calling
those gods who are no better than devils: for there is only one God, who made
heaven and earth, and all things that are in them: and one Jesus Christ his
only Son, into whose kingdom I earnestly desire to be admitted.” Trajan said:
“Do not you mean him that was crucified under Pontius Pilate?” Ignatius
answered: “The very same, who by his death has crucified with sin its author,
who overcame the malice of the devils, and has enabled those, who bear him in
their heart, to trample on them.” Trajan said: “Dost thou carry about Christ
within thee?” Ignatius replied: “Yes; for it is written: I will dwell and
walk in them?” 4 Then
Trajan dictated the following sentence: “It is our will that Ignatius, who
saith that he carrieth the crucified man within himself, be bound and conducted
to Rome, to be devoured there by wild beasts, for the entertainment of the
people.” The holy martyr hearing this sentence, cried out with joy: “I thank
thee, O Lord, for vouchsafing to honour me with this token of perfect love for
thee, and to be bound with chains of iron in imitation of thy apostle Paul, for
thy sake.” Having said this, and prayed for the church and recommended it with
tears to God, he joyfully put on the chains, and was hurried away by a savage
troop of soldiers to be conveyed to Rome. His inflamed desire of laying down
his life for Christ made him embrace his sufferings with great joy.
On his arrival at
Selucia, a sea-port, about sixteen miles from Antioch, he was put on board a
ship which was to coast the southern and western parts of Asia Minor. Why this
route was pitched upon, consisting of so many windings, preferably to a more
direct passage from Selucia to Rome, is not known; probably to render the
terror of his punishment the more extensive, and of the greater force, to deter
men from embracing and persevering in the faith: but providence seems to have
ordained it for the comfort and edification of many churches. Several
Christians of Antioch, taking a shorter way, got to Rome before him, where they
waited his arrival. He was accompanied thither from Syria, by Reus, Philo a
deacon, and Agathopodus, who seem to have written these acts of his martyrdom.
He was guarded night and day, both by sea and land, by ten soldiers, whom he
calls ten leopards, on account of their inhumanity and merciless usage: who, the
kinder he was to them, were the more fierce and cruel to him. This voyage,
however, gave him the opportunity of confirming in faith and piety the several
churches he saw on his route; giving them the strictest caution against
heresies and schism, and recommending to them an inviolable attachment to the
tradition of the apostles. St. Chrysostom adds, that he taught them admirably
to despise the present life, to love only the good things to come, and never to
fear any temporal evils whatever. The faithful flocked from the several
churches he came near, to see him, and to render him all the service in their
power, hoping to receive benefit from the plenitude of his benediction. The
cities of Asia besides, deputing to him their bishops and priests to express their
veneration for him, sent also deputies in their name to bear him company the
remainder of his journey; so that he says he had many churches with him. So
great was his fervour and desire of suffering, that by the fatigues and length
of the voyage, which was a very bad one, he appeared the stronger and more
courageous. On their reaching Smyrna, he was suffered to go ashore, which he
did with great joy to salute St. Polycarp, who had been his fellow-disciple,
under St. John the Evangelist. Their conversation was upon topics suitable to
their character, and St. Polycarp felicitated him on his chains and sufferings
in so good a cause. At Smyrna he was met by deputies of several churches, who
were sent to salute him. Those from Ephesus were Onesimus the bishop, Burrhus
the deacon, Crocus, Euplus, and Fronto. From Magnesia in Lydia, Damas the
bishop, Bassus and Apollo, priests, and Sotio deacon. From Tralles, also in
Lydia, Polybius the bishop. From Smyrna St. Ignatius wrote four letters: in
that to the church of Ephesus, he commands the bishop Onesimus and the piety
and concord of the people, and their zeal against all heresies, and exhorts
them to glorify God all manner of ways: to be subject, in unanimity, to their
bishop and priests, to assemble as often as possible with them in public
prayer, by which the power of Satan is weakened: to oppose only meekness to
anger, humility to boasting, prayers to curses and reproaches, and to suffer
all injuries without murmuring. He says, that because they are spiritual, and
perform all they do in a spiritual manner, that all, even their ordinary
actions, are spiritualized, because they do all in Jesus Christ. That he ought
to have been admonished by them, but his charity would not suffer him to be
silent: wherefore he prevents them, by admonishing first, that both might meet
in the will of God. He bids them not be solicitous to speak, but to live well,
and to edify others by their actions; and recommends himself and his
widow-church of Antioch to their prayers. Himself he calls their outcast, yet
declares that he is ready to be immolated for their sake, and says they were
persons who had found mercy, but he a condemned man: they were strengthened in
grace, but he straggling in the midst of dangers. He calls them fellow-travellers
in the road to God, which is charity, and says they bore God and Christ in
their breasts, and were his temples, embellished with all virtues, and that he
exulted exceedingly for the honour of being made worthy to write to them, and
rejoice in God with them: for setting a true value on the life to come, they
loved nothing but God alone. Speaking of heretics, he says, that he who
corrupts the faith for which Christ died, will go into unquenchable fire, and
also he who heareth him. It is observed by him that God concealed from the
devil three mysteries: the virginity of Mary, her bringing forth, and the death
of the Lord: and he calls the Eucharist, the medicine of immortality, the
antidote against death, by which we always live in Christ. “Remember me, as I
pray that Jesus Christ be mindful of you. Pray for the church of Syria, from
whence I am carried in chains to Rome, being the last of the faithful who are
there—Farewell in God the Father, and in Jesus Christ our common hope.” The
like instructions he repeats with a new and most moving turn of thought, in his
letters to the churches of Magnesia, and of the Trallians, inculcates the
greatest abhorrence of schism and heresy, and begs their prayers for himself
and his church in Syria, of which he is not worthy to be called a member, being
the last of them. 5 His
fourth letter was written to the Christians of Rome. The saint knew the
all-powerful efficacy of the prayers of the saints, and feared lest they should
obtain of God his deliverance from death. He therefore besought St. Polycarp
and others at Smyrna, to join their prayers with his, that the cruelty of the
wild beasts might quickly rid the world of him, that he might be presented
before Jesus Christ. With this view he wrote to the faithful at Rome, to beg
that they would not endeavour to obtain of God that the beasts might spare him
as they had several other martyrs; which might induce the people to release him,
and so disappoint him of his crown.
The ardour of divine love
which the saint breathes throughout this letter is as inflamed as the subject
is extraordinary. In it he writes: “I fear your charity lest it prejudice me.
For it is easy for you to do what you please; but it will be difficult for me
to attain unto God if you spare me. I shall never have such an opportunity of
enjoying God: nor can you, if ye shall now be silent, ever be entitled to the
honour of a better work. For if ye be silent in my behalf, I shall be made
partarker of God; but if ye love my body, I shall have my course to run again.
Therefore, a greater kindness you cannot do me, than suffer me to be sacrificed
unto God, whilst the altar is now ready: that so becoming a choir in love, in your
hymns ye may give thanks to the Father by Jesus Christ, that God has vouchsafed
to bring me, the bishop of Syria, from the East unto the West, to pass out of
the world unto God, that I may rise again unto him. Ye have never envied any
one. Ye have taught others. I desire therefore that you will firmly observe
that which in your instructions you have prescribed to others. Only pray for
me, that God would give me both inward and outward strength, that I may not
only say, but do: that I may not only be called a Christian but be found one:
for if I shall be found a Christian, I may then deservedly be called one; and
be thought faithful, when I shall no longer appear to the world. Nothing is
good that is seen. A Christian is not a work of opinion, but of greatness, when
he is hated by the world. I write to the churches, and signify to them all,
that I am willing to die for God, unless you hinder me. I beseech you that you
show not an unseasonable good-will towards me. Suffer me to be the food of wild
beasts, whereby I may attain unto God: I am the wheat of God, and I am to be
ground by the teeth of the wild beasts, that I may be found the pure bread of
Christ. Rather entice the beasts to my sepulchre, that they may leave nothing
of my body, that, being dead, I may not be troublesome to any. Then shall I be
a true disciple of Jesus Christ, when the world shall not see so much as my
body. Pray to Christ for me, that in this I may become a sacrifice to God. I do
not, as Peter and Paul, command you: they were apostles, I am an inconsiderable
person: they were free, I am even yet a slave. But if I suffer I shall then
become the freeman of Jesus Christ, and shall arise a freeman in him. Now I am
in bonds for him, I learn to have no worldly or vain desires. From Syria even
unto Rome I fight with wild beasts both by sea and land, both night and day,
bound to ten leopards, that is, to a band of soldiers; who are the worse for
kind treatment. But I am the more instructed by their injuries; yet I am not
thereby justified. 6 I
earnestly wish for the wild beasts that are prepared for me, which I heartily
desire may soon despatch me; whom I will entice to devour me entirely and
suddenly, and not serve me as they have done some whom they have been afraid to
touch; but if they are unwilling to meddle with me, I will even compel them to
it. 7 Pardon
me this matter, I know what is good for me. Now I begin to be a disciple. So
that I have no desire after anything visible or invisible, that I may attain to
Jesus Christ. Let fire, or the cross, or the concourse of wild beasts, let
cutting or tearing of the flesh, let breaking of bones and cutting off limbs,
let the shattering in pieces of my whole body, and all the wicked torments of
the devil come upon me, so that I may but attain to Jesus Christ. All the
compass of the earth, and the kingdoms of this world will profit me nothing. It
is better for me to die for the sake of Jesus Christ, than to rule unto the
ends of the earth. Him I seek who died for us; Him I desire who rose again for
us. He is my gain at hand. Pardon me, brethren: be not my hindrance in
attaining to life, for Jesus Christ is the life of the faithful: whilst I
desire to belong to God, do not ye yield me back to the world. Suffer me to
partake of the pure light. When I shall be there, I shall be a man of God.
Permit me to imitate the passion of Christ my God. If any one has him within
himself, let him consider what I desire, and let him have compassion on me, as
knowing how I am straitened. The prince of this world endeavours to snatch me
away, and to change the desire with which I burn of being united to God. Let
none of you who are present attempt to succour me. Be rather on my side, that
is, on God’s. Entertain no desires of the world, having Jesus Christ in your
mouths. Let no envy find place in your breasts. Even were I myself to entreat
you when present, do not obey me; but rather believe what I now signify to you
by letter. Though I am alive at the writing of this, yet my desire is to die.
My love is crucified. The fire that is within me does not crave any water; but
being alive and springing within, says: Come to the Father. I take no pleasure
in the food of corruption, nor in the pleasure of this life. I desire the bread
of God, which is the flesh of Jesus Christ, and for drink his blood, which is
incorruptible charity. I desire to live no longer according to men; and this
will be if you are willing. Be then willing, that you may be accepted by God.
Pray for me that I may possess God. If I shall suffer, ye have loved me: If I
shall be rejected, ye have hated me. Remember in your prayers the church of
Syria, which now enjoys God for its shepherd instead of me. I am ashamed to be
called of their number, for I am not worthy, being the last of them, and an
abortive: but through mercy I have obtained that I shall be something, if I enjoy
God.” The martyr gloried in his sufferings as in the highest honour, and
regarded his chains as most precious jewels. His soul was raised above either
the love or the fear of anything on earth, and as St. Chrysostom says, he could
lay down his life with as much ease and willingness as another man could put
off his clothes. He even wished every step of his journey to meet with the wild
beasts; and though that death was most shocking and barbarous, and presented
the most frightful ideas, sufficient to startle the firmest resolution; yet it
was incapable of making the least impression upon his courageous soul. The
perfect mortification of his affections appears from his heavenly meekness; and
he expressed how perfectly he was dead to himself and the world, living only to
God in his heart, by that admirable sentence: “My love is crucified.” 8 To
signify, as he explains himself afterwards, that his appetites and desires were
crucified to the world, and to all the lusts and pleasures of it.
The guards pressed the
saint to leave Smyrna, that they might arrive at Rome before the shows were
over. He rejoiced exceedingly at their hurry, desiring impatiently to enjoy God
by martyrdom. They sailed to Troas, where he was informed that God had restored
peace to his church at Antioch: which freed him from the anxiety he had been
under, fearing lest there should be some weak ones in his flock. At Troas he
wrote three other letters, one to the church of Philadelphia, and a second to
the Smyrnæans, in which he calls the heretics who denied Christ to have assumed
true flesh, and the Eucharist to be his flesh, wild beasts in human shape; and
forbids all communication with them only allowing them to be prayed for, that
they may be brought to repentance, which is very difficult. His last letter is
addressed to St. Polycarp, whom he exhorts to labour for Christ without sparing
himself; for the measure of his labour will be that of his reward. 9 The
style of the martyr every where follows the impulses of a burning charity,
rather than the rules of grammar, and his pen is never able to express the sublimity
of his thoughts. In every word there is a fire and a beauty not to be
paralleled: every thing is full of a deep sense. He every where breathes the
most profound humility and contempt of himself as an abortive, and the last of
men; a great zeal for the church, and abhorrence of schisms; the most ardent
love of God and his neighbour, and tenderness for his own flock: begging the
prayers of all the churches in its behalf to whom he wrote, and entreating of
several that they would send an embassy to his church at Antioch, to comfort
and exhort them. The seven epistles of this apostolic father, the same which
were quoted by St. Irenæus, Origen, Eusebius, St. Athanasius, St. Chrysostom,
Theodoret, Gildas, &c. are published genuine by Usher, Vossius, Cotelier,
&c. and in English by archbishop Wake, in 1710.
St. Ignatius, not being
allowed time to write to the other churches of Asia, commissioned St. Polycarp
to do it for him. From Troas they sailed to Neapolis in Macedonia, and went
thence to Philippi, from which place they crossed Macedonia and Epirus on foot;
but took shipping again at Epidamnum in Dalmatia, and sailing by Rhegium and
Puteoli were carried by a strong gale into the Roman port, the great station of
the navy near Ostia, at the mouth of the Tiber, sixteen miles from Rome. He
would gladly have landed at Puteoli, to have traced St. Paul’s steps, by going
on foot from that place to Rome, but the wind rendered it impracticable. On
landing, the authors of these acts, who were his companions, say they were
seized with great grief, seeing they were soon to be separated from their dear
master; but he rejoiced to find himself so near the end of his race. The
soldiers hastened him on, because the public shows were drawing to an end. The
faithful of Rome came out to meet him, rejoicing at the sight of him, but
grieving that they were so soon to lose him by a barbarous death. They
earnestly wished that he might be released at the request of the people. The
martyr knew in spirit their thoughts, and said much more to them than he had
done in his letter on the subject of true charity, conjuring them not to
obstruct his going to the Lord. Then kneeling with all the brethren, he prayed
to the Son of God for the Church, for the ceasing of the persecution, and for perpetual
charity and unanimity among the faithful. He arrived at Rome the 20th of
December, the last day of the public entertainments, and was presented to the
prefect of the city, to whom the emperor’s letter was delivered at the same
time. He was then hurried by the soldiers into the amphitheatre. The saint
hearing the lions roar, cried out: “I am the wheat of the Lord; I must be
ground by the teeth of these beasts to be made the pure bread of Christ.” Two
fierce lions being set upon him, they instantly devoured him, leaving nothing
of his body but the larger bones: thus his prayer was heard. “After having been
present at this sorrowful spectacle,” say our authors, “which made us shed many
tears, we spent the following night in our house in watching and prayer,
begging of God to afford us some comfort by certifying us of his glory.” They
relate, that their prayer was heard, and that several of them in their slumber
saw him in great bliss. They are exact in setting down the day of his death,
that they might assemble yearly thereon to honour his martyrdom. 10 They
add, that his bones were taken up and carried to Antioch, and there laid in a
chest as an inestimable treasure. St. Chrysostom says, his relics were carried
in triumph on the shoulders of all the cities from Rome to Antioch. They were
first laid in the cemetery without the Daphnitic gate, but in the reign of
Theodosius the younger were translated thence with great pomp to a church in
the city, which had been a temple of Fortune, but from this time bore his name,
as Evagrius relates. 11 St.
Chrysostom exhorts all people to visit them, assuring them they would receive
thereby many advantages, spiritual and corporal, which he proves at
length. 12 They
are now at Rome, in the church of St. Clement, pope, whither they were brought
about the time when Antioch fell into the hands of the Saracens in the reign of
Heraclius, in 637. 13 The
regular canons at Arouaise near Bapaume in Artois, the Benedictin monks at
Liesse in Haynault, and some other churches, have obtained each some bone of
this glorious martyr. 14 The
Greeks keep his feast a holyday on the day of his death, the 20th of December.
His martyrdom happened in 107.
The perfect spirit of
humility, meekness, patience, charity, and all other Christian virtues, which
the seven epistles of St. Ignatius breathe in every part, cannot fail deeply to
affect all who attentively read them. Critics confess that they find in them a
sublimity, an energy and beauty of thought and expression, which they cannot
sufficiently admire. But the Christian is far more astonished at the saint’s
perfect disengagement of heart from the world, the ardour of his love for God,
and the earnestness of his desire of martyrdom. Every period in them is full of
profound sense, which must be attentively meditated on before we can discover
the divine sentiments of all virtues which are here expressed. Nor can we
consider them without being inspired by some degree of the same, and being
covered with confusion to find ourselves fall so far short of the humility and
fervour of the primitive saints. Let us listen to the instructions which this
true disciple of Christ gives in his letter to the Philadelphians, an abstract
of his other six epistles being given above. He begins it by a strenuous
recommendation of union with their bishop, priests, and deacons; and gives to
their bishop (whom he does not name) great praises, especially for his humility
and meekness, insomuch that he says his silence was more powerful than the vain
discourses of others, and that conversing with an unchangeable serenity of
mind, and in the sweetness of the living God, he was utterly a stranger to
anger. He charges them to refrain from the pernicious weeds of heresy and
schism, which are not planted by the Father, nor kept by Christ. “Whoever
belong to God and Jesus Christ, these are with the bishop. If any one follows
him who maketh a schism, he obtains not the inheritance of the kingdom of God.
He who walks in the simplicity of obedience is not enslaved to his passion. Use
one eucharist: for the flesh of the Lord Jesus Christ is one, and the cup is
one in the unity of his blood. There is one altar, as there is one bishop, with
the college of the priesthood and the deacons, my fellow-servants, that you may
do all things according to God. My brethren, my heart is exceedingly dilated in
the tender love which I bear you, and exulting beyond bounds, I render you
secure and cautious: not I indeed, but Jesus Christ, in whom being bound, I
fear the more for myself, being yet imperfect. But your prayer with God will
make me perfect, that I may obtain the portion which his mercy assigns me.”
Having cautioned them against adopting Jewish ceremonies, and against divisions
and schisms, he mentions one that had lately happened among them, and speaks of
a revelation which he had received of it as follows: “When I was amongst you, I
cried out with a loud voice, with the voice of God, saying: Hearken to your
bishop, and the priesthood, and the deacons. Some suspected that I said this
from a foresight of the division which some afterwards made. But He for whom I
am in chains is my witness, that I knew it not from man, but the Spirit
declared it, saying: Do ye nothing without your bishop. Keep your body holy as
the temple of God. Be lovers of unity; shun all divisions. Be ye imitators of
Jesus Christ, as he is of the Father, I therefore did what lay in me, as one
framed to maintain union. Where disagreement or anger is found, there God never
dwells. But God forgives all penitents.” He charges them to send some person of
honour from their church to congratulate with his church in Syria upon peace
being restored to it, and calls him blessed who should be honoured with this
commission.
Note 1. The accent
placed on the penultima of [Greek], as the word is written in the saint’s acts,
denotes it of an active signification, one that carrieth God; but of
the passive, carried of God, if placed on the antepenultima. [back]
Note 2. St. Gregory
tells us, (l. 4. ep. 37.) that he was a disciple of St. Peter. The Apostolic
Constitutions add, also of St. Paul. (l. 7. c. 46.) We are assured by St.
Chrysostom (Hom. in St. Ignat.) and Theodoret, (Dial. 1. p. 33.) that he was made
bishop by the direction of the apostles, and by the imposition of their hands.
St. Chrysostom says, that St. Peter appointed him bishop to govern the see of
Antioch, when he quitted it himself; which seems also to be affirmed by Origen,
(in Luc. Hom. 6.) St. Athanasius, (de Syn. p. 922.) Facundus, &c. Baronius
thinks he was left by St. Peter, bishop of the Jewish converts, and became
bishop also of the Gentiles in 68: for Eusebius (Hist. l. 3. c. 22. 36.) says,
that St. Evodius succeeded St. Peter at Antioch; he adds in his chronicle, in
the year 43, that he died in 68, and was succeeded by St. Ignatius. Some think
there is a mistake in the chronicle of Eusebius, as to the year of the death of
Evodius, and that this happened before the martyrdom of St. Peter, who
appointed St. Ignatius his successor. See Cotelier, not. p. 299. Tillem. not.
t. 2. p. 619. The Greek Menæa mentions Evodius on the 7th of September. [back]
Note 3. Hom. in St.
Ignat. t. 2. p. 592. See also Theodoret, Dial. 1. p. 33. [back]
Note 5. In his
letter to the Magnesians, after saluting them, he says, he rejoices exceedingly
in their charity and faith, and adds: “Having the honour to bear a name of
divine dignity, on account of the chains which I carry, I sing the glory of the
churches, and wish them the union of the flesh and spirit of Jesus Christ our
perpetual life, of faith, and of charity, than which nothing is more excellent;
and what is chiefest, of Jesus and the Father, in whom, hearing with patience,
the whole power of the prince of this world, and escaping him, we shall possess
God.” The saint much commends their bishop Damas, and exhorts them to yield him
perfect obedience, notwithstanding his youth. Setting death before their eyes
as near at hand to every one, he puts them in mind that we must bear the mark
of Jesus Christ, (which is charity,) not that of the world. “If we are not ready
to die, in imitation of his sufferings, his life is not in us,” says he—“I
recommend to you that you do all things in the concord of God, the bishop
presiding for God, the priests in the place of the college of the apostles, and
my dearest deacons, to whom is the ministry of Jesus Christ, who was with the
Father before all ages, and has appeared in the end. Therefore, following all
the same conduct, respect one another, and let no one consider his neighbour
according to the flesh; but ever love each other, in Jesus Christ. As the Lord
did nothing without the Father, so neither do you any thing without the
priests. Meeting together, have one prayer, one mind, one hope in charity, in
holy joy.—All of you meet as in one church of God, as to one altar, as to one
Jesus Christ, who proceeds from one Father, exists in one, and returns to him
in Unity.” He cautions them against admitting the Jewish ceremonies, and
against the errors of the Docetes. Then adds: “I shall enjoy you in all things
if I am worthy. For though I am in chains, I am not to be compared to any one
of you who enjoy your liberty. I know there is in you no pride: for you have
Jesus Christ within you. And when I commend you, I know that you are more
confounded, as it is written: The just man is his own
accuser.” Prov. xviii.
18. He again tenderly exhorts them to concord, and to obedience to their
bishop, and commends himself, that he may attain to God and his church, of
which he is not worthy to be called one, to their prayers, adding: “I stand
much in need of your united prayer and charity in God, that the church in Syria
may deserve to be watered by your church.”
The epistle to the
Trallians he begins thus: “I know that your sentiments are pure, your hearts
inseparable in patience and meekness, which is not passing, but as it were
natural; as I learn from your bishop Polybius who congratulated with me in my
chains in Christ Jesus, in such manner that in him I beheld your whole
multitude. Receiving through him your good will in God, I gloried, finding you
to be, as I knew, imitators of God. As you are subject to the bishop as to
Christ, you seem not to live according to men, but according to Jesus Christ.” He
bids them respect the deacons (whom he calls the ministers of the mysteries of
Jesus Christ) as the precept of Christ; the priests as the senate of God, and
the bishop as representing God. “Without these the very name of a church is not
given,” says he—“I know many things in God, but I measure myself, lest by
glorying I perish. Now I have reason more to fear: nor must I listen to those
who speak kindly to me; for they who speak to commend me, scourge me. I desire
indeed to suffer: but I know not whether I am worthy.—Though I am in chains,
and understand heavenly things, the ranks of angels and principalities, things
visible and invisible; am I on this account a disciple? for many things are
wanting to us that we be not separated from God. I conjure you, not I, but the
charity of Jesus Christ, to use Christian food, and to refrain from foreign
weed, which is heresy. Heretics join Jesus Christ with what is defiled, giving
a deadly poison in a mixture of wine and honey, which they who take, drink with
pleasure their own death without knowing it. Refrain from such; which you will
do if you remain united to God, Jesus Christ, and the bishop and the precepts
of the apostles. He who is within the altar is clean, but he who is without it,
that is, without the bishop, priests, and deacons, is not clean.” He adds his
usual exhortations to union, and begs their prayers for himself and his church,
of which he is not worthy to be called one, being the last of them, and yet
fighting in danger. “May my spirit sanctify you, not only now, but also when I
shall enjoy God.” [back]
Note 7. Not that he
would really excite the beasts to despatch him, without a special inspiration,
because that would have been self-murder; but this expresses the courage and
desire of his soul. [back]
Note
8. [Greek]. [back]
Note 9. See an
account of these two last in the life of St. Polycarp. Orsi draws a proof in
favour of the supremacy of the see of Rome, from the title which St. Ignatius
gives it at the head of his epistle. In directing his other letters, and
saluting other churches, he only writes: “To the blessed church which is at
Ephesus:” [Greek] “at Magnesia near the Mæander: at Tralles: at Philadelphia:
at Smyrna:” but in that to the Romans he changes his style, and addresses his
letter: “To the beloved church which is enlightened, (by the will of Him who
ordaineth all things which are according to the charity of Jesus Christ our
God,) which presides in the country of the Romans, [Greek], worthy of God, most
adorned, justly happy, most commended, fitly regulated and governed, most
chaste, and presiding in charity, &c.” [back]
Note 10. According
to the common opinion, St. Ignatius was crowned with martyrdom in the year 107.
The Greek copies of a homily of the sixth age, on the False Prophets, among the
works of St. Chrysostom, say on the 20th; but Bede, in his Martyrology, on the
17th of December. Antoni Pagi, convinced by the letter of Dr. Loyde, bishop of
St. Asaph’s, places his martyrdom about the end of the year 116: for John
Malalas of Antioch tells us the great earthquake, in which Dion Cassius
mentions that Trajan narrowly escaped at Antioch, happened in that journey of
Trajan in which he condemned St. Ignatius. Now Trajan marching to the Parthian
war, arrived at Antioch on the 8th of January, in 113, the sixteenth year of
his reign: and in his return from the East, above two years later, passed again
through Antioch in 116, when this earthquake happened. St. Ignatius suffered at
Rome towards the end of that year. Le Quien prefers this date, because it best
agrees with the chronology of his successors to Theophilus. Oriens Christ. T.
2. p. 700. [back]
Note 11. Evagr.
Hist. Eccl. l. 1. c. 16. Ed. Vales. [back]
Note 12. Or. in S.
Ignat. t. 2. p. 600. Ed. Nov. [back]
Note 13. See Baron,
Annal. ad an. 637, and Not. ad Martyr. Rom. ad 17 Dec. [back]
Note 14. See
Henschenius, Feb. t. 1. p. 35. [back]
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume II: February.The Lives of the Saints. 1866.
SOURCE : https://www.bartleby.com/210/2/011.html
Alfonso
Boschi (attr.), Sant'Ignazio di Antiochia sbranato dal leone, Basilica di
San Lorenzo, Firenze
Martyrs
of the First Ages – Saint Ignatius, Bishop of Antioch, by Saint Alphonsus de
Liguori
Saint Ignatius, also
called Theophorus, that is, one that carries God, lived in the first century of
the Church. He was a disciple of the apostles, particularly of Saint John;
by them he was baptized, and subsequently ordained Bishop of the Church of
Antioch which had the honor of having been founded by the Apostle Saint Peter,
and as the place where the disciples of Jesus Christ were first called
Christians.
Saint Ignatius undertook
the government of this church after the death of Evodius, the successor of
Saint Peter, which occurred in the year of the Lord 69; although Cardinal Orsi
cites the opinion of some who would have it that Saint Ignatius was the
immediate successor of Saint Peter. Our saint governed his flock with such zeal
that all the churches of Syria consulted him as an oracle. In the persecution
of Domitian he had to suffer much, and labored, at the risk of his life, for
the preservation of the faith, animating his flock to be faithful to the death.
He longed for the glory of martyrdom, frequently saying that he could not be
persuaded of his love for Christ till he had testified it with his blood.
Upon the death of
Domitian in the year 96, the tempest abated under Nerva, his successor. But
during this time heretics did not cease to trouble the Church; this is the
reason why the saint, writing to the faithful of Smyrna, recommended them not
to have any communication with them: “Be satisfied,” he said to them, “with
merely praying to God for those who abstain from the Eucharist, because they
deny it to be the flesh of Jesus Christ, who died for our sins.”
In the year 105 the
persecution was renewed by the Emperor Trajan. This prince, after his conquest
of the Scythians and the Dacians, published an edict which obliged all, under
pain of death, to offer sacrifice to the gods. Marching afterwards against the
Parthians, he arrived at Antioch; and, hearing with how much zeal and success
Saint Ignatius propagated the Christian religion, he called him to his presence
and thus addressed him: “Art thou that wicked demon called Theophorus, who
taketh pleasure in violating our edict of sacrificing to the gods, and dost
continue to seduce the inhabitants of this city by preaching the law of
Christ?” Ignatius replied: “Yes, prince, I am called Theophorus; by no one can
Theophorus be called a demon, because the devils fly from the servants of God.
If thou callest me a devil because I endeavor to defeat the machinations of the
devil, I well deserve the name.” Trajan asked him the signification of the term
Theophorus; the saint replied, “It signifies the bearer of God.” The emperor
replied: “Thou earnest God in thy heart; and we, have we not also in our selves
the gods that assist us ?” The saint answered with enthusiasm: “It is an error,
O prince! to give the name of gods to the demons that you adore: there is only
one true God, the Creator of heaven and earth, and Jesus Christ, His only
begotten Son.” The emperor replied, “Dost thou speak of Him who vas crucified
under Pontius Pilate?” “Yes,” answered the saint, “of Him I speak who has
confounded the malice of devils, and placed them beneath the feet of those
Christians who carry God in their hearts.” He added that Trajan would be more
happy, and his empire more prosperous, if he would believe in the Lord Jesus;
but the emperor, heedless of these exhortations, offered to make him a priest
of Jupiter and a member of the senate if he would sacrifice to the gods. The
saint replied that he was content to be a priest of Jesus Christ, for whom he
ardently desired to shed his blood. Trajan, filled with anger, then pronounced
sentence upon the saint that he should be conducted in chains to Rome, and
devoured by wild beasts at the public games.
Saint Ignatius having
heard the sentence, raised his eyes to heaven, and exclaimed: “I thank Thee, O
Lord, because that Thou hast vouchsafed to make me worthy of giving Thee a
proof of my love by sacrificing my life for Thy faith; I desire, O Lord, that
the beasts may hasten to devour me, that I may make to Thee the sacrifice of
myself.” He then stretched forth his hands to be chained, kissing the manacles
as they bound him; and with tears recommending his church to God, he was
conducted by the soldiers to Seleucia, and thence to Smyrna, accompanied by two
of his deacons, Philo and Agathopodus, who are believed to be the authors of
his acts. Wherever the saint passed, he ceased not his exhortations to the
faithful to persevere in faith and prayer, to be enamoured of the riches of
heaven, and to despise those of this earth. The Christians came, in great
numbers, to meet him and to receive his blessing, especially the bishops and
priests of the churches of Asia, who, as they perceived him going so joyfully
to martyrdom, wept in the tenderness of affection. Having arrived at Smyrna, he
embraced Saint Polycarp, and they mutually consoled each other; he thence wrote
to the churches of Ephesus, Magnesia, and Trallia. Amongst other things, he
says to the Ephesians: “I carry my chains for Christ, which are to me spiritual
pearls, more prized than all the treasures of the world.”
Knowing that from Smyrna
some Ephesians had to go to Rome by a route shorter than his, he conveyed by
them his celebrated letter to the Romans; the letter is long, but a few
passages are particularly worthy of being transcribed; they are as follows:
“Suffer me to be the food
of wild beasts, whereby I may attain unto God. I am the wheat of God, and am to
be ground by the teeth of wild beasts, in order that I may be found the pure
bread of Christ…. I earnestly wish for the wild beasts that are prepared for
me, whom I heartily desire may soon dispatch me; I will entice them to devour
me entirely and suddenly, that they may not spare me as they have others whom
they feared to touch; but, if they are unwilling to meddle with me, I will even
compel them to it. Pardon me, my children, I know what is good for me; I now
commence to be a disciple of Christ, since I have no desire for anything
visible or invisible, so that I may attain to Jesus Christ. Let fire or the
cross, or the con course of wild beasts let cutting or tearing of the flesh let
breaking of bones and cutting off limbs let the shattering in pieces of my
entire body, and all the tor ments invented by the devil, come upon me, so I
may but attain unto Jesus Christ…. It is better for me to die for the sake of
Jesus Christ, than to rule to the ends of the earth…. Pardon me, brethren; be
not my hindrance in attaining to life, for Jesus Christ is the life of the
faithful; whilst I desire to belong to God, do not ye yield me back to the
world…. Permit me to imitate the Passion of Christ my God; let none of you who
are present attempt to succor me be rather on my side, that is, on God’s;
entertain no desire of the world; having Jesus Christ in your mouths, let no
envy find place in your breasts. Even were I myself to en treat you, when
present, do not obey me, but rather believe what I now signify to you by
letter…. My love is crucified! … I take no pleasure in the food of corruption,
nor in the enjoyment of this life. I desire the bread of God, which is the
flesh of Jesus Christ, and for drink his blood. . . . Pray for me, that I may
possess God. If I consummate my sacrifice this will be a sign that you have
given your consent, and that ye truly love me.”
He next arrived at Troas,
whence he wrote epistles to the churches of Philadelphia and Smyrna, and to his
friend Saint Polycarp, to whom he recommended the church of Antioch. The
soldiers fearing that they would arrive too late at Rome, because the public
games were nearly at an end, hastened their march, to the great satisfaction of
the holy martyr, who ardently de sired to be at the place of execution. When he
was near Rome, the Christians came in great numbers to meet and salute him.
They thought, as Fleury relates, to induce the people to solicit his pardon,
but the saint re peated what he had stated in his letters, and prevented all
interference. On entering Rome, he knelt down with the other Christians to
offer himself to God, and fervently prayed that peace might be restored to the
Church. He was then conducted to the amphitheatre, where immense numbers were
assembled; and, hearing the bellowings of the wild beasts, he repeated the
memorable words of his epistle to the Romans: “I am the wheat of God, and am to
be ground by the teeth of wild beasts, in order that I may be found the pure
bread of Christ.” The saint was instantly devoured by lions, as he had desired
to be, and at the moment of his death he was heard to invoke the adorable name
of Jesus.
Only the larger bones of
his body were left; these were collected and brought to Antioch by his two
deacons, to whom he appeared on the following night, resplendent with glory.
His martyrdom took place on the 20th December, of the year 107. After the
destruction of Antioch by the Saracens, his relics were removed to Rome, and
placed in the Church of Saint Clement where at the present day they are
venerated with great devotion. His name has been inserted in the canon of Mass.
The acts of the martyrdom of Saint Ignatius are found in the collection of
Ruinart, entitled: Acta Primorum Martyrum Sincera.
Neapolitan
School of Painting, possibly Cesare Fracanzano (1605-1651). Saint Ignace
d’Antioche, XVIIe siècle, Galleria Borghese, Rome
Sant' Ignazio di
Antiochia Vescovo e martire
m. 107 circa
Fu il terzo vescovo di
Antiochia, in Siria, terza metropoli del mondo antico dopo Roma e Alessandria
d'Egitto e di cui san Pietro era stato il primo vescovo. Non era cittadino
romano, e pare che non fosse nato cristiano, convertendosi in età non più
giovanissima. Mentre era vescovo ad Antiochia, l'Imperatore Traiano dette
inizio alla sua persecuzione. Arrestato e condannato, Ignazio fu condotto, in
catene, da Antiochia a Roma dove si allestivano feste in onore dell'Imperatore
e i cristiani dovevano servire da spettacolo, nel circo, sbranati dalle
belve. Durante il viaggio da Antiochia a Roma, Ignazio scrisse sette
lettere, in cui raccomandava di fuggire il peccato, di guardarsi dagli errori
degli Gnostici, di mantenere l'unità della Chiesa. Di un'altra cosa poi si
raccomandava, soprattutto ai cristiani di Roma: di non intervenire in suo
favore e di non salvarlo dal martirio. Nell'anno 107 fu dunque sbranato dalle
belve verso le quali dimostrò grande tenerezza. «Accarezzatele " scriveva
" affinché siano la mia tomba e non faccian restare nulla del mio corpo, e
i miei funerali non siano a carico di nessuno». (Avvenire)
Etimologia: Ignazio = di
fuoco, igneo, dal latino
Emblema: Bastone
pastorale, Palma
Martirologio Romano:
Memoria di sant’Ignazio, vescovo e martire, che, discepolo di san Giovanni
Apostolo, resse per secondo dopo san Pietro la Chiesa di Antiochia. Condannato
alle fiere sotto l’imperatore Traiano, fu portato a Roma e qui coronato da un glorioso
martirio: durante il viaggio, mentre sperimentava la ferocia delle guardie,
simile a quella dei leopardi, scrisse sette lettere a Chiese diverse, nelle
quali esortava i fratelli a servire Dio in comunione con i vescovi e a non
impedire che egli fosse immolato come vittima per Cristo.
Dalla data del 1°
febbraio, la memoria di Sant'Ignazio Martire è stata riportata ad oggi, data
tradizionale del suo martirio, dal nuovo Calendario ecclesiastico, che la
prescrive come obbligatoria per tutta la Chiesa.
Sant'Ignazio fu il terzo
Vescovo di Antiochia, in Siria, cioè della terza metropoli del mondo antico
dopo Roma e Alessandria d'Egitto.
Lo stesso San Pietro era
stato primo Vescovo di Antiochia, e Ignazio fu suo degno successore: un
pilastro della Chiesa primitiva così come Antiochia era uno dei pilastri del
mondo antico.
Non era cittadino romano,
e pare che non fosse nato cristiano, e che anzi si convertisse assai tardi. Ciò
non toglie che egli sia stato uomo d'ingegno acutissimo e pastore ardente di zelo.
I suoi discepoli dicevano di lui che era " di fuoco ", e non soltanto
per il nome, dato che ignis in latino vuol dire fuoco.
Mentre era Vescovo ad
Antiochia, l'Imperatore Traiano dette inizio alla sua persecuzione, che privò
la Chiesa degli uomini più in alto nella scala gerarchica e più chiari nella
fama e nella santità.
Arrestato e condannato ad
bestias, Ignazio fu condotto, in catene, con un lunghissimo e penoso viaggio,
da Antiochia a Roma dove si allestivano feste in onore dell'Imperatore vittorioso
nella Dacia e i Martiri cristiani dovevano servire da spettacolo, nel circo,
sbranati e divorati dalle belve.
Durante il suo viaggio,
da Antiochia a Roma, il Vescovo Ignazio scrisse sette lettere, che sono
considerate non inferiori a quelle di San Paolo: ardenti di misticismo come
quelle sono sfolgoranti di carità. In queste lettere, il Vescovo avviato alla
morte raccomandava ai fedeli di fuggire il peccato; di guardarsi dagli errori
degli Gnostici; soprattutto di mantenere l'unità della Chiesa.
D'un'altra cosa poi si
raccomandava, scrivendo particolarmente ai cristiani di Roma: di non
intervenire in suo favore e di non tentare neppure di salvarlo dal martirio.
"lo guadagnerei un
tanto - scriveva - se fossi in faccia alle belve, che mi aspettano. Spero di
trovarle ben disposte. Le accarezzerei, anzi, perché mi divorassero d'un
tratto, e non facessero come a certuni, che han timore di toccarli: se
manifestassero queste intenzioni, io le forzerei ".
E a chi s'illudeva di
poterlo liberare, implorava: " Voi non perdete nulla, ed io perdo Iddio,
se riesco a salvarmi. Mai più mi capiterà una simile ventura per riunirmi a
Lui. Lasciatemi dunque immolare, ora che l'altare è pronto! Uniti tutti nel
coro della carità, cantate: Dio s'è degnato di mandare dall'Oriente in
Occidente il Vescovo di Siria! ".
Infine prorompeva in una
di quelle immagini che sono rimaste famose nella storia dei Martiri: "
Lasciatemi essere il nutrimento delle belve, dalle quali mi sarà dato di godere
Dio. lo sono frumento di Dio. Bisogna che sia macinato dai denti delle
belve, affinché sia trovato puro pane di Cristo ".
E, giunto a Roma,
nell'anno 107, il Vescovo di Antiochia fu veramente " macinato "
dalle innocenti belve del Circo, per le quali il Martire trovò espressioni di una
insolita tenerezza e poesia: " Accarezzatele, scriveva infatti, affinché
siano la mia tomba e non faccian restare nulla del mio corpo, e i miei funerali
non siano a carico di nessuno ".
Fonte : Archivio
Parrocchia
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/24900
Martyrdom
of St Ignatius of Antioch, XVI sec.
BENEDETTO XVI
UDIENZA GENERALE
Piazza San Pietro
Mercoledì, 14 marzo 2007
Sant’Ignazio d’Antiochia
Cari fratelli e sorelle,
nel nostro nuovo ciclo di
catechesi appena iniziato stiamo passando in rassegna le principali personalità
della Chiesa nascente. La scorsa settimana abbiamo parlato di Papa Clemente I,
terzo Successore di san Pietro. Oggi parliamo di sant’Ignazio, che è stato il
terzo Vescovo di Antiochia, dal 70 al 107, data del suo martirio. In quel tempo
Roma, Alessandria e Antiochia erano le tre grandi metropoli dell’Impero romano.
Il Concilio di Nicea parla di tre «primati»: ovviamente, quello di Roma, ma vi
erano poi anche Alessandria e Antiochia che vantavano un loro «primato».
Sant’Ignazio, come s’è detto, era Vescovo di Antiochia, che oggi si trova in
Turchia. Qui, in Antiochia, come sappiamo dagli Atti degli Apostoli, sorse una
comunità cristiana fiorente: primo Vescovo ne fu l’apostolo Pietro – così ci
dice la tradizione –, e lì «per la prima volta i discepoli furono
chiamati cristiani» (At 11,26). Eusebio di Cesarea, uno storico
del IV secolo, dedica un intero capitolo della sua Storia Ecclesiastica alla
vita e all’opera letteraria di Ignazio (3,36). «Dalla Siria», egli scrive,
«Ignazio fu mandato a Roma per essere gettato in pasto alle belve, a causa
della testimonianza da lui resa a Cristo. Compiendo il suo viaggio attraverso
l’Asia, sotto la custodia severa delle guardie» [che lui chiama «dieci
leopardi» nella sua Lettera ai Romani 5,1], «nelle singole città dove
sostava, con prediche e ammonizioni, andava rinsaldando le Chiese; soprattutto
esortava, col calore più vivo, di guardarsi dalle eresie, che allora
cominciavano a pullulare, e raccomandava di non staccarsi dalla tradizione
apostolica» (3,36,3-4). La prima tappa del viaggio di Ignazio verso il martirio
fu la città di Smirne, dove era Vescovo san Policarpo, discepolo di san Giovanni.
Qui Ignazio scrisse quattro lettere, rispettivamente alle Chiese di Efeso, di
Magnesia, di Tralli e di Roma. «Partito da Smirne», prosegue Eusebio, «Ignazio
venne a Troade, e di là spedì nuove lettere»: due alle Chiese di Filadelfia e
di Smirne, e una al Vescovo Policarpo. Eusebio completa così l’elenco delle
lettere, che sono giunte a noi come un prezioso tesoro. Leggendo questi testi
si sente la freschezza della fede della generazione che ancora aveva conosciuto
gli Apostoli. Si sente anche in queste lettere l’amore ardente di un Santo.
Finalmente da Troade il martire giunse a Roma, dove, nell’Anfiteatro Flavio,
venne dato in pasto alle bestie feroci.
Nessun Padre della Chiesa
ha espresso con l’intensità di Ignazio l’anelito all’unione con Cristo e
alla vita in Lui. Perciò abbiamo letto il brano evangelico sulla vigna,
che secondo il Vangelo di Giovanni è Gesù. In realtà, confluiscono in Ignazio
due «correnti» spirituali: quella di Paolo, tutta tesa all’unione con
Cristo, e quella di Giovanni, concentrata sulla vita in Lui. A loro volta,
queste due correnti sfociano nell’imitazione di Cristo, più volte
proclamato da Ignazio come «il mio» o «il nostro Dio». Così Ignazio supplica i
cristiani di Roma di non impedire il suo martirio, perché è impaziente di «congiungersi
con Gesù Cristo». E spiega: «E’ bello per me morire andando verso
(eis) Gesù Cristo, piuttosto che regnare sino ai confini della terra.
Cerco Lui, che è morto per me, voglio Lui, che è risorto per noi ... Lasciate
che io sia imitatore della Passione del mio Dio!» (Romani 5-6). Si può
cogliere in queste espressioni brucianti d’amore lo spiccato «realismo»
cristologico tipico della Chiesa di Antiochia, più che mai attento
all’incarnazione del Figlio di Dio e alla sua vera e concreta umanità: Gesù Cristo,
scrive Ignazio agli Smirnesi, «è realmente dalla stirpe di Davide»,
«realmente è nato da una vergine», «realmente fu inchiodato per noi»
(1,1).
L’irresistibile tensione
di Ignazio verso l’unione con Cristo fonda una vera e propria «mistica
dell’unità». Egli stesso si definisce «un uomo al quale è affidato il compito
dell’unità» (Filadelfiesi 8,1). Per Ignazio l’unità è anzitutto una
prerogativa di Dio che, esistendo in tre Persone, è Uno in assoluta unità. Egli
ripete spesso che Dio è unità, e che solo in Dio essa si trova allo stato puro
e originario. L’unità da realizzare su questa terra da parte dei cristiani non
è altro che un’imitazione, il più possibile conforme all’archétipo divino. In
questo modo Ignazio giunge a elaborare una visione della Chiesa, che richiama
da vicino alcune espressioni della Lettera ai Corinti di Clemente
Romano. «E’ bene per voi», scrive per esempio ai cristiani di Efeso, «procedere
insieme d’accordo col pensiero del Vescovo, cosa che già fate. Infatti il vostro
collegio dei presbiteri, giustamente famoso, degno di Dio, è così armonicamente
unito al Vescovo come le corde alla cetra. Per questo nella vostra concordia e
nel vostro amore sinfonico Gesù Cristo è cantato. E così voi, ad uno ad uno,
diventate coro, affinché nella sinfonia della concordia, dopo aver preso il
tono di Dio nell’unità, cantiate a una sola voce» (4,1-2). E dopo aver
raccomandato agli Smirnesi di non «intraprendere nulla di ciò che riguarda la
Chiesa senza il Vescovo» (8,1), confida a Policarpo: «Io offro la mia vita per
quelli che sono sottomessi al Vescovo, ai presbiteri e ai diaconi. Possa io con
loro avere parte con Dio. Lavorate insieme gli uni per gli altri, lottate
insieme, correte insieme, soffrite insieme, dormite e vegliate insieme come
amministratori di Dio, suoi assessori e servi. Cercate di piacere a Colui per
il quale militate e dal quale ricevete la mercede. Nessuno di voi sia trovato
disertore. Il vostro Battesimo rimanga come uno scudo, la fede come un elmo, la
carità come una lancia, la pazienza come un’armatura» (6,1-2).
Complessivamente si può
cogliere nelle Lettere di Ignazio una sorta di dialettica costante e
feconda tra due aspetti caratteristici della vita cristiana: da una parte la
struttura gerarchica della comunità ecclesiale, e dall’altra l’unità
fondamentale che lega fra loro tutti i fedeli in Cristo. Di conseguenza, i
ruoli non si possono contrapporre. Al contrario, l’insistenza sulla comunione
dei credenti tra loro e con i propri pastori è continuamente riformulata
attraverso eloquenti immagini e analogie: la cetra, le corde, l’intonazione, il
concerto, la sinfonia. E’ evidente la responsabilità peculiare dei Vescovi, dei
presbiteri e dei diaconi nell’edificazione della comunità. Vale anzitutto per
loro l’invito all’amore e all’unità. «Siate una cosa sola», scrive Ignazio ai
Magnesi, riprendendo la preghiera di Gesù nell’Ultima Cena: «Un’unica supplica,
un’unica mente, un’unica speranza nell’amore ... Accorrete tutti a Gesù Cristo
come all’unico tempio di Dio, come all’unico altare: Egli è uno, e procedendo
dall’unico Padre, è rimasto a Lui unito, e a Lui è ritornato nell’unità»
(7,1-2). Ignazio, per primo nella letteratura cristiana, attribuisce alla
Chiesa l’aggettivo «cattolica», cioè «universale»: «Dove è Gesù Cristo», egli afferma,
«lì è la Chiesa cattolica» (Smirnesi 8,2). E proprio nel servizio di unità
alla Chiesa cattolica, la comunità cristiana di Roma esercita una sorta di
primato nell’amore: «In Roma essa presiede degna di Dio, venerabile, degna di
essere chiamata beata ... Presiede alla carità, che ha la legge di Cristo e
porta il nome del Padre» (Romani, prologo).
Come si vede, Ignazio è
veramente il «dottore dell’unità»: unità di Dio e unità di Cristo (a dispetto
delle varie eresie che iniziavano a circolare e dividevano l’uomo e Dio in
Cristo), unità della Chiesa, unità dei fedeli «nella fede e nella carità, delle
quali non vi è nulla di più eccellente» (Smirnesi 6,1). In definitiva, il
«realismo» di Ignazio invita i fedeli di ieri e di oggi, invita noi tutti a una
sintesi progressiva tra configurazione a Cristo (unione con Lui, vita in
Lui) e dedizione alla sua Chiesa (unità con il Vescovo, servizio generoso
alla comunità e al mondo). Insomma, occorre pervenire a una sintesi tra
comunione della Chiesa all’interno di sé e missione-proclamazione del
Vangelo per gli altri, fino a che attraverso una dimensione parli l’altra,
e i credenti siano sempre più «nel possesso di quello Spirito indiviso, che è
Gesù Cristo stesso» (Magnesi 15).
Implorando dal Signore
questa «grazia di unità», e nella convinzione di presiedere alla carità di
tutta la Chiesa (cfr Romani, prologo), rivolgo a voi lo stesso
augurio che conclude la lettera di Ignazio ai cristiani di Tralli: «Amatevi
l’un l’altro con cuore non diviso. Il mio spirito si offre in sacrificio per
voi, non solo ora, ma anche quando avrà raggiunto Dio ... In Cristo possiate
essere trovati senza macchia» (13). E preghiamo affinché il Signore ci aiuti a
raggiungere questa unità e ad essere trovati finalmente senza macchia, perché è
l’amore che purifica le anime.
Saluti:
Je salue cordialement les
pèlerins de langue française, en particulier les jeunes, les Petites Sœurs de
Jésus en session de renouveau et les membres de l’Association internationale
des Charités contre les pauvretés. Je vous invite à trouver dans l’unité entre
vous le dynamisme et la force pour témoigner de l’amour du Christ. Avec ma
Bénédiction apostolique.
I welcome all the English
speaking visitors present today, including the Cardinals and Bishops of
the Vox Clara committee, gathered in Rome to advise the Congregation
for Divine Worship on the new English translation of the Roman Missal. I thank
them and their assistants for their important work. Upon all of you I
invoke God’s abundant blessings of joy and peace.
Mit Freude begrüße ich
alle Pilger und Besucher deutscher Sprache. Das Beispiel und die Lehre des
heiligen Ignatius von Antiochien seien uns Ansporn auf unserem Weg der
Nachfolge Christi in der Gemeinschaft der Kirche. Wenn wir mit Christus vereint
sind, wird unser Dienst an unseren Brüdern und Schwestern und unser Dienst für
die Welt reiche Frucht bringen. Der Herr schenke euch und euren Familien seinen
reichen Segen und gesegnete Tage hier in Rom!
Saludo cordialmente a los
visitantes de lengua española. En particular a la Hermandad de Veteranos de las
Fuerzas Armadas y Guardia Civil de España, con su consiliario nacional,
Monseñor José Manuel Estepa; a la Delegación de Pastoral de la Salud, de Santiago
de Compostela, acompañados de su Arzobispo Monseñor Julián Barrio; así como a
los demás grupos de España, México y otros países latinoamericanos. Os animo a
estar muy unidos a Cristo, y a trabajar por la salvación de todos los hombres,
superando toda forma de división. ¡Gracias por vuestra visita!
Ao dar-vos as
boas-vindas, saúdo a todos os presentes, de modo particular os grupos
de portugueses e de brasileiros, neles incluindo a Comunidade
“Shalom” de Fortaleza, com os votos de que leveis avivada a consciência de
serdes Igreja missionária, desejosa de contribuir para a unidade de todos os
homens na verdade e no amor! Com a minha Bênção, extensiva aos vossos
familiares e comunidades eclesiais.
Saluto in lingua croata:
Od srca pozdravljam sve
hrvatske hodočasnike, a osobito vas iz župe Solinskih mučenika te iz
Zapadnohercegovačke županije! Konkretnom brigom za duhovno i materijalno
potrebne, nasljedujte Krista, milosrdnoga Spasitelja. Hvaljen Isus i Marija!
Traduzione italiana del
saluto in lingua croata:
Di cuore saluto i
pellegrini croati, particolarmente voi dalla Parrocchia dei Martiri di Salona e
dalla Contea di Ovest-Erzegovina! Seguite il Cristo, Salvatore misericordioso,
curando concretamente quelli che si trovano nel bisogno spirituale o materiale.
Siano lodati Gesù e Maria!
Saluto in lingua polacca:
Pozdrawiam pielgrzymów z
Polski. Wczoraj została opublikowana adhortacja Sacramentum
caritatis, poświęcona Eucharystii. Dziś św. Ignacy z Antiochii zachęca nas
do życia w zjednoczeniu z Chrystusem, który za nas umarł i zmartwychwstał, a
Jego osoba i dzieło odkupienia jest obecne pośród nas w tajemnicy Eucharystii.
Niech ten sakrament będzie dla wszystkich obfitym źródłem łaski. Niech Bóg wam
błogosławi!
Traduzione italiana del
saluto in lingua polacca:
Saluto i pellegrini
provenienti dalla Polonia. Ieri è stata pubblicata
l’esortazione Sacramentum caritatis, dedicata all’Eucaristia. Oggi san
Ignazio d’Antiochia ci invita a vivere nell’unione con Cristo che è morto e
risorto per noi, e la sua persona e l’opera redentrice sono presenti tra noi
nel mistero dell’Eucaristia. Questo sacramento sia per tutti un’abbondante
sorgente di grazia. Dio vi benedica!
Saluto in lingua
slovacca:
Srdečne pozdravujem
pútnikov zo Slovenska, osobitne študentov Trnavskej univerzity. Milí mladí,
bratia a sestry, Pôstna doba nás pozýva na obrátenie cez modlitbu, skutky
milosrdenstva a počúvanie Božieho Slova. Na také prežívanie Pôstu vám rád
žehnám. Pochválený buď Ježiš Kristus!
Traduzione italiana del
saluto in lingua slovacca:
Saluto cordialmente i
pellegrini dalla Slovacchia, particolarmente gli studenti dell’Università di
Trnava. Cari giovani, fratelli e sorelle, la Quaresima ci invita alla
conversione per mezzo della preghiera, dell’esercizio delle opere di
misericordia e dell’ascolto della Parola di Dio. Vi accompagno con la mia
Benedizione. Sia lodato Gesù Cristo!
Saluto in lingua slovena:
Lepo pozdravljam vernike
iz župnije Sveti Urban - Destrnik v Sloveniji! Naj vam sveta apostola Peter in
Pavel, ki sta v tem mestu dopolnila svojo življenjsko daritev, izprosita obilje
milosti za ta postni čas in za globoko obhajanje Kristusovega vstajenja. Iz
srca vam podeljujem svoj blagoslov!
Traduzione italiana del
saluto in lingua slovena:
Rivolgo un cordiale
saluto ai fedeli della Parrocchia S. Urbano - Destrnik in Slovenia! I santi
Apostoli Pietro e Paolo, che in questa città sacrificarono la loro vita, vi
ottengano, con la loro intercessione, le grazie abbondanti per questo tempo di
quaresima e per una più sentita celebrazione della Risurrezione di Cristo. Di
cuore vi imparto la mia Benedizione!
Saluto in lingua
ungherese:
Szeretettel köszöntöm a
magyar híveket, különösen is a pécsi Ciszterci Gimnázium csoportját. A Nagyböjt
folyamán kérjük az Urtól az igazi és szívből jövő megtérés kegyelmét. E
kívánsággal szívből megáldlak titeket és minden családtagotokat. Dicsértessék a
Jézus Krisztus!
Traduzione italiana del
saluto in lingua ungherese:
Saluto con affetto i
fedeli ungheresi, specialmente il gruppo del Liceo dei Cisterciensi a Pécs. Carissimi,
in questo tempo di Quaresima chiediamo al Signore una vera e profonda
conversione. Con questi voti benedico di cuore voi e i vostri cari Sia lodato
Gesù Cristo!
* * *
Cari fratelli e sorelle,
rivolgo un cordiale benvenuto ai pellegrini di lingua italiana. In particolare
saluto i fedeli delle Diocesi della Puglia, convenuti con i loro Vescovi in
occasione della Visita ad Limina Apostolorum. Benvenuti, grazie per la
vostra visita! Cari amici, vi incoraggio a sentirvi sempre più coinvolti nella
missione della Chiesa per venire incontro con rinnovato slancio apostolico alle
numerose sfide sociali e religiose dell'epoca attuale. Nei colloqui con i
vostri Vescovi ho già sentito come in Puglia la Chiesa è ancora viva, dinamica
e piena di fede. Vediamo la vivacità di questa Chiesa della Puglia! E voi, cari
Fratelli nell'Episcopato, non stancatevi di sollecitare quanti sono affidati
alle vostre cure pastorali ad incontrare personalmente Cristo vivo in mezzo a
noi, aderendo integralmente al suo Vangelo e alle esigenze morali che da esso
scaturiscono.
Saluto poi i fedeli
della parrocchia di san Lino in Roma, qui presenti in occasione del
50° anniversario di fondazione della loro comunità cristiana; i rappresentanti
del Credito Cooperativo di Viterbo; gli studenti del Liceo
"Omodeo", di Mortara e quelli dell'Istituto San Vincenzo de' Paoli,
di Reggio Emilia.
Infine, il mio saluto va
ai giovani ai malati e agli sposi novelli.
Cari giovani, ricercate sinceramente l'amore di Dio e siate a Lui fedeli
sempre. Cari malati, non permettete che la sofferenza spenga in voi la
luce della fede in Cristo, il quale vi è vicino e vi sostiene nella prova. E
voi, cari sposi novelli, chiamati da Dio a formare una nuova famiglia,
fate della vostra esistenza una missione di amore fedele e generoso.
© Copyright 2007 -
Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/it/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070314.html
Voir aussi : St.
Ignatius of Antioch: The Iconography : https://www.christianiconography.info/ignatiusAntioch.html