vendredi 9 décembre 2011

Au sujet des Douze Apôtres


Fyodor Zubov. Icône du ministère des apôtres, vers 1660, Musée d'Art de IaroslavlRussie.


Voici quelques éléments de distinctions concernant les apôtres, dont je puise l’essentiel dans l’excellent ouvrage, paru aux Editions Flohic, Points de repère pour comprendre le patrimoine. Cet ouvrage est aujourd’hui indisponible, sauf à le trouver chez des bouquinistes, en boutique ou sur internet.


Les attributs les plus fréquemment associés aux apôtres, dans l’iconographie chrétienne, sont :
Pour Pierre : le plus souvent la clé (portier du paradis), mais aussi la barque (symbole de l’Eglise dont il a eu la charge), le coq (son reniement), les chaînes (son emprisonnement), la croix renversée (son martyr) ou la croix à triple croisillon (dignité papale).
Pour André : habituellement la croix (sur laquelle il aurait été écartelé), et souvent représenté les pieds et les poings liés par des cordes.
Pour Jacques le Majeur : outre la coquille du pèlerin née avec le pèlerinage de Compostelle, et l’armure de chevalier en Espagne (le saint de la « Reconquista »), l’apôtre est aussi représenté portant un rouleau (La nouvelle Loi) et parfois une épée (l’arme de sa décapitation)
Pour Jean l’évangéliste : souvent représenté jeune et imberbe (le plus jeune des 12), parfois accompagné d’un chaudron d’eau bouillante (son supplice) et d’une palme (le martyre), très fréquemment aussi sous forme d’aigle (L’évangéliste théologien et auteur de l’Apocalypse). Il est aussi représenté portant un calice d’où sort une tête de serpent, en référence à un miracle selon lequel à Ephèse Aristodème l’aurait sommé de boire une coupe empoisonnée (cf La légende dorée de Jacques de Voragine, écrite au XIIIe siècle). Jean n’aurait été nullement incommodé, alors que les testeurs auraient succombé au poison. L’Apôtre aurait ensuite ramené à la vie les testeurs malheureux.
Pour Philippe : la croix à double ou triple traverse (son martyre), ou une croix renversée, car comme Pierre il fut crucifié la tête en bas; une pierre (sa lapidation). Souvent associé à Jacques le mineur fêté le même jour.
Pour Matthieu : bourse ou balance de pesage de l’or (le publicain), la lance ou l’épée (instrument de son supplice), l’ange (figure de l’Évangéliste). il est aussi parfois représenté avec une hache.
Pour Barthélemy, dit aussi Nathanaël : Représenté parfois dépouillé de sa peau ou portant sa dépouille sur son bras (son supplice), parfois doté d’un grand couteau (instrument du supplice).
Pour Thomas : son doigt dans la plaie du Christ est souvent représenté, l’équerre d’architecte (Évangélisateur de l’Inde, il y aurait bâti un palais pour le roi), la lance (instrument de son martyre).
Pour Jacques le Juste : coiffé d’une mitre (premier évêque de Jérusalem), avec une crosse en forme de massue (son crane fut fracassé), fréquemment confondu avec l’autre Jacques, y compris dans l’imagerie populaire.
Pour Simon le Zélote : représenté renversant les idoles des Perses puis égorgé par ces derniers, ou selon une autre tradition, coupé en deux d’où l’attribut d’une scie. Il accompagne fréquemment Jude Thaddée, son demi-frère.
Pour Jude Thaddée : la massue (instrument de son supplice)
Pour Matthias : tiré au sort pour remplacer Judas, ce 13e apôtre est rarement représenté au profit de saint Paul, préféré par de nombreux artistes. L’épée ou la hache, peuvent lui être attribués (instrument de son supplice).
Pour Judas Iscariote : représenté pendu (son suicide), ou une bourse à la main et donnant un baiser à Jésus (la trahison).
Aux apôtres, j’ajoute :
Pour Marc l’évangéliste : le lion (allusion au désert (début de son évangile); parfois coiffé d’un turban (l’évangélisateur de l’Egypte)
Pour Luc l’évangéliste : le bœuf ‘allusion à sa profession de médecin)
Pour Paul : sa chute de cheval (conversion sur le chemin de Damas) est souvent représentée. On lui fait également porter le livre ou le rouleau (La nouvelle loi ou ses épîtres), l’épée (sa décapitation).

Saint Jacques, le juste, ou « frère du « Seigneur », avec ce qui resterait du gourdin ou du bâton de foulon avec lequel fut assommé après sa lapidation

Saint Thomas avec ses équerres (et le haut de la lance manquante);


Saint Philippe et sa croix renversée;


Saint Matthias, qui remplaça Judas Iscariote, avec sa hache (attribut qu’il partage parfois avec Matthieu);


Saint Simon le Zélote avec la scie qui le coupa en deux);


Saint Pierre avec les clefs du paradis;


Saint André et sa croix en X


Saint Jacques le Majeur, tel le pèlerin vers Compostelle


Saint Jean, avec la coupe au serpent


Saint Barthélémy ou Nathanaël avec le couteau qui l’écorcha vif;


Saint Matthieu avec l’épée de son supplice

Il en manque un dont la statue a disparu de cette superbe galerie dans le narthex de la chapelle de Kermaria-an-Iskuit, à Plouha (Côtes d’Armor). Localement, on parle de la statue manquante, dérobée en 1902, comme étant celle de saint Luc. Mais comme Luc n’est pas Apôtre, sans doute la statue volée pourrait être plus probablement celle de Jude Thaddée.

De gauche à droite : Barthélemy, Simon, Jacques le Mineur (ou le juste), André, Jean et Pierre. BS pour Patrimoine-en-blog