Gian Lorenzo Bernini. Le Saint-Esprit sous la
forme d'une colombe, 1660,
Trône de Saint Pierre, Vatican
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Chers frères et sœurs,
Au cours des dernières
catéchèses, nous avons réfléchi sur la prière dans les Actes des
Apôtres ; aujourd’hui, je voudrais commencer à parler de la prière dans
les Lettres de saint Paul, l’apôtre des nations. Je voudrais avant
tout souligner que ce n’est pas un hasard si ses Lettres sont introduites et se
concluent par l’expression d’une prière : au début, l’action de grâce et la
louange, et, à la fin, le vœu afin que la grâce de Dieu guide le chemin des
communautés auxquelles s’adresse la lettre. Entre la formule d’ouverture « Je
rends grâce à mon Dieu par Jésus Christ » (Rm 1, 8) et le souhait final :
« Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec vous » (1 Co 16, 23), se
développent les contenus des Lettres de l’apôtre. La prière de saint Paul
manifeste une grande richesse de formes qui vont de l’action de grâce à la
bénédiction, de la louange à la demande et à l’intercession, de l’hymne à la
supplique : une variété d’expressions qui montre que la prière touche et
pénètre toutes les situations de la vie, tant celles des personnes que des
communautés auxquelles il s’adresse.
Un premier élément que
l’apôtre veut nous faire comprendre est que la prière ne doit pas être
considérée comme une simple bonne œuvre que nous accomplissons pour Dieu, comme
notre propre action. C’est avant tout un don, fruit de la présence vivante,
vivifiante du Père et de Jésus Christ en nous. Dans la Lettre aux
Romains, il écrit : « Bien plus, l’Esprit Saint vient au secours de notre
faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même
intervient pour nous par des cris inexprimables » (8, 26). Et nous savons
combien ce que dit l’apôtre est vrai : « Nous ne savons pas prier comme il faut
». Nous voulons prier, mais Dieu est loin, nous n’avons pas les paroles, le
langage, pour parler à Dieu, ni même la pensée. Nous pouvons seulement nous
ouvrir, mettre notre temps à la disposition de Dieu, attendre qu’il nous aide
lui-même à entrer dans le vrai dialogue. L’apôtre dit : ce manque de paroles,
cette absence de paroles, mais aussi ce désir d’entrer en contact avec Dieu,
est précisément la prière que l’Esprit Saint non seulement comprend, mais
apporte et interprète auprès de Dieu. Par l’intermédiaire de l’Esprit Saint,
notre faiblesse devient précisément une véritable prière, un véritable contact
avec Dieu. L’Esprit Saint est presque l’interprète qui nous fait comprendre à
nous-mêmes et à Dieu ce que nous voulons dire.
Dans la prière, plus que
dans les autres dimensions de notre existence, nous faisons l’expérience de
notre faiblesse, de notre pauvreté, de notre condition de créatures, car nous
sommes placés face à la toute-puissance et à la transcendance de Dieu. Et plus
nous progressons dans l’écoute et dans le dialogue avec Dieu, afin que la
prière devienne le souffle quotidien de notre âme, plus nous percevons le sens
de nos limites, non seulement face aux situations concrètes de tous les jours,
mais aussi dans notre relation même avec le Seigneur. Ainsi croît en nous le
besoin de lui faire confiance, de nous en remettre toujours davantage à Lui ;
nous comprenons que « nous ne savons pas... prier comme il faut » (Rm 8,
26). Et c’est l’Esprit Saint qui vient en aide à notre incapacité, qui éclaire
notre esprit et qui réchauffe notre cœur, en nous guidant lorsque nous nous
adressons à Dieu. Pour saint Paul, la prière est surtout l’œuvre de l’Esprit
dans notre humanité, pour assumer notre faiblesse et nous transformer, d’hommes
liés aux réalités matérielles en hommes spirituels. Dans la Première Lettre aux
Corinthiens, l’apôtre dit : « Et nous, l’esprit que nous avons reçu, ce n’est
pas celui du monde, c’est celui qui vient de Dieu, et ainsi nous avons
conscience des dons que Dieu nous a faits. Et nous proclamons cela avec un
langage que nous n’apprenons pas de la sagesse humaine, mais de l’Esprit, et
nous interprétons de manière spirituelle ce qui vient de l’Esprit » (2, 12-13).
En habitant notre fragilité humaine, l’Esprit Saint nous change, intercède pour
nous et nous élève jusqu’à Dieu (cf. Rm 8, 26).
Par cette présence de
l’Esprit Saint se réalise notre union au Christ car il s’agit de l’Esprit du
Fils de Dieu, en qui nous devenons fils. Saint Paul parle de l’Esprit du Christ
(cf. Rm 8, 9), et pas seulement de l’Esprit de Dieu. Cela est évident
: si le Christ est le Fils de Dieu, son Esprit est aussi l’Esprit de Dieu ;
ainsi, si l’Esprit de Dieu, l’Esprit du Christ, est devenu déjà très proche de
nous dans le Fils de Dieu et le Fils de l’homme, l’Esprit de Dieu devient aussi
un esprit humain et nous touche ; nous pouvons entrer dans la communion de
l’Esprit. C’est comme s’il disait que non seulement Dieu le Père s’est rendu
visible dans l’incarnation du Fils, mais aussi que l’Esprit de Dieu se
manifeste dans la vie et dans l’action de Jésus, de Jésus Christ, qui a vécu, a
été crucifié, est mort et ressuscité. L’apôtre rappelle que « personne n’est
capable de dire : “Jésus est le Seigneur” sans l’action de l’Esprit Saint »
(1 Co 12, 3). L’Esprit oriente donc notre cœur vers Jésus Christ, de
sorte que « ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (cf. Ga 2,
20). Dans ses Catéchèses sur les sacrements, en réfléchissant sur
l’Eucharistie, saint Ambroise affirme : « Celui qui s’enivre de l’Esprit est
enraciné dans le Christ » (5, 3, 17: pl 16, 450).
Je voudrais à présent
souligner trois conséquences pour notre vie chrétienne, lorsque nous laissons
agir en nous non pas l’esprit du monde, mais l’Esprit du Christ comme principe
intérieur de toutes nos actions.
Tout d’abord, avec la
prière animée par l’Esprit Saint, nous sommes mis en condition d’abandonner et
de surmonter toute forme de peur ou d’esclavage, en vivant la liberté
authentique des fils de Dieu. Sans la prière qui alimente chaque jour notre
être dans le Christ, dans une intimité croissante, nous nous trouvons dans la
condition décrite par saint Paul dans la Lettre aux Romains : nous ne
faisons pas le bien que nous voulons, mais le mal que nous ne voulons pas
(cf. Rm 7, 19). Telle est l’expression de l’aliénation de l’être
humain, de la destruction de notre liberté, à cause de la condition de notre
être marqué par le péché originel : nous voulons le bien que nous ne faisons
pas et nous faisons ce que nous ne voulons pas, le mal. L’apôtre veut faire
comprendre que ce n’est pas avant tout notre volonté qui nous libère de cette
condition, ni la Loi, mais l’Esprit Saint. Et puisque « là où l’Esprit du
Seigneur est présent, là est la liberté » (2 Co 3, 17), avec la
prière, nous faisons l’expérience de la liberté donnée par l’Esprit: une
liberté authentique, qui est une liberté du mal et du péché, pour le bien et
pour la vie, pour Dieu. La liberté de l’Esprit, continue saint Paul, ne
s’identifie jamais ni avec le libertinage, ni avec la possibilité de faire le
choix du mal, mais plutôt avec « ce que produit l’Esprit: amour, joie, paix,
patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi » (Ga 5,
22). Telle est la véritable liberté: pouvoir réellement suivre le désir du
bien, de la vraie joie, de la communion avec Dieu et ne pas être opprimé par
les circonstances qui nous attirent vers d’autres directions.
Une seconde conséquence
qui se produit dans notre vie, quand nous laissons agir en nous l’Esprit du
Christ, est que la relation même avec Dieu devient tellement profonde qu’elle
n’est affectée par aucune réalité ni situation. Nous comprenons alors qu’avec
la prière, nous ne sommes pas libérés des épreuves ou des souffrances, mais
nous pouvons les vivre en union avec le Christ, avec ses souffrances, dans la
perspective de participer également à sa gloire (cf. Rm 8, 17).
Souvent, dans notre prière, nous demandons à Dieu d’être libérés du mal
physique ou spirituel, et nous le faisons avec une grande confiance. Pourtant,
nous avons souvent l’impression de ne pas être écoutés et nous risquons alors
de nous décourager et de ne pas persévérer. En réalité, il n’y a pas un cri
humain qui ne soit écouté par Dieu et c’est précisément dans la prière
constante et fidèle que nous comprenons avec saint Paul qu’« il n’y a pas de
commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que Dieu va
bientôt révéler en nous » (Rm 8, 18). La prière ne nous épargne pas les
épreuves et les souffrances, au contraire — dit saint Paul — « nous crions en
nous-mêmes notre souffrance ;... nous attendons notre adoption et la délivrance
de notre corps » (Rm 8, 24) ; il dit que la prière ne nous épargne pas la
souffrance mais qu’elle nous permet de la vivre et de l’affronter avec une
force nouvelle, avec la même confiance que Jésus qui — selon la Lettre aux
Hébreux — « pendant les jours de sa vie mortelle,... a présenté, avec un grand
cri et dans les larmes, sa prière et sa supplication à Dieu qui pouvait le
sauver de la mort ; et, parce qu’il s’est soumis en tout, il a été exaucé » (5,
7). La réponse de Dieu le Père à son Fils, à ses cris puissants et à ses
larmes, n’a pas été la libération des souffrances, de la croix, de la mort,
mais une réalisation beaucoup plus grande, une réponse beaucoup plus profonde ;
à travers la croix et la mort, Dieu a répondu par la résurrection de son Fils,
par une vie nouvelle. La prière animée par l’Esprit Saint nous porte, nous
aussi, à vivre chaque jour le chemin de notre vie avec ses épreuves et ses
souffrances, dans la pleine espérance, dans la confiance en Dieu qui répond
comme il a répondu à son Fils.
Troisième point, la
prière du croyant s’ouvre aussi aux dimensions de l’humanité et de toute la
création, assumant « la création [qui] aspire de toutes ses forces à voir cette
révélation des fils de Dieu » (Rm 8, 19). Cela signifie que la prière,
soutenue par l’Esprit du Christ qui parle au plus profond de nous, ne reste
jamais fermée sur elle-même, n’est jamais seulement une prière pour moi, mais
qu’elle s’ouvre au partage des souffrances de notre temps, des autres. Elle
devient une intercession pour les autres et ainsi, la libération de moi-même,
le canal d’espérance pour toute la création, l’expression de cet amour de Dieu
qui est répandu dans nos cœurs par l’Esprit qui nous a été donné (cf. Rm 5,
5). Et ceci est justement le signe d’une véritable prière, qui ne prend pas fin
en nous-mêmes, mais qui s’ouvre aux autres et, ainsi, me libère et contribue à
la rédemption du monde.
Chers frères et sœurs,
saint Paul nous enseigne que, dans notre prière, nous devons nous ouvrir à la
présence de l’Esprit Saint, qui prie en nous par des cris inexprimables, pour
nous conduire à adhérer à Dieu de tout notre cœur et de tout notre être.
L’Esprit du Christ devient la force de notre « faible » prière, la lumière de
notre prière « éteinte », le feu de notre prière « sèche », et nous donne la
véritable liberté intérieure, nous enseignant à vivre en affrontant les
épreuves de l’existence, dans la certitude que nous ne sommes pas seuls, en
nous ouvrant aux horizons de l’humanité et de la création qui « crie sa
souffrance,... passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore » (Rm 8,
22). Merci.
* * *
Je salue les pèlerins
francophones, en particulier les frères du Sacré-Cœur, les Maronites de
Cotonou, les fidèles venus d’Haïti et de la Réunion, les amis de Madeleine
Delbrel et tous les jeunes ! Puissiez-vous laisser l’Esprit habiter en vous et
y imprimer le visage du Christ pour devenir libres et capables de vivre dans
l’amour de Dieu et des autres. Bon pèlerinage à tous !
© Copyright 2012 -
Libreria Editrice Vaticana
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la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20120516.html
Le Défenseur
« Viendra le
Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père » (Jn 15, 26). Avec
ces paroles, Jésus promet aux disciples l’Esprit Saint, le don définitif, le
don des dons. Il en parle en utilisant une expression particulière,
mystérieuse : Paraclet. Accueillons aujourd’hui ce mot, pas facile à
traduire car il contient plusieurs significations. Paraclet, en substance, veut
dire deux choses : Consolateur et Avocat. Nous tous, spécialement dans les
moments difficiles, nous cherchons des consolations. Mais souvent nous
recourons seulement aux consolations terrestres, qui s’estompent vite, ce sont
des consolations d’un moment. Jésus nous offre aujourd’hui la consolation du
Ciel, l’Esprit, le « Consolateur souverain ». Quelle est la
différence ? Les consolations du monde sont comme les anesthésiants :
elles donnent un soulagement momentané, mais elles ne soignent pas le mal
profond que nous portons à l’intérieur. Elles détournent, distraient, mais ne
guérissent pas à la racine. Elles agissent en superficie, au niveau des sens et
difficilement au niveau du cœur. Parce que seul celui qui nous fait sentir
aimés tels que nous sommes donne la paix du cœur. L’Esprit Saint, l’amour de
Dieu, fait ainsi : il descend à l’intérieur, car l’Esprit agit dans notre
esprit. Il visite « jusqu’à l’intime le cœur », comme « hôte
très doux de nos âmes ». Il est la tendresse même de Dieu.
Pape François
Jorge Mario Bergoglio, s.j., né en 1936 à Buenos Aires, a été élu pape sous le nom de François en 2013. / Homélie du 23 mai 2021, Librairie éditrice vaticane.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/lundi-15-mai-2/meditation-de-ce-jour-1/
Folio
14v of the Rabula Gospels (Florence, Biblioteca Mediceo Laurenziana, cod. Plut.
I, 560), Pentecost
La Pentecôte, miniature des Évangiles de Rabula, 586.
Qu’est-ce que l’Esprit
Saint ?
Homélie de Benoît XVI
lors de la Veillée de la Pentecôte 2006, avec les mouvements ecclésiaux
(24/5/2015)
Lorsque nous récitons le
Credo, nous disons:
Je crois en l'Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie
Il procède du Père et du Fils.
Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire.
Il a parlé par les prophètes.
Mais qu'est-ce que cela signifie? Et cet Esprit, dont se réclament abondamment
en ce moment ceux qui veulent changer la Doctrine de l'Eglise, qu'est-Il, au
juste?
C'est une question à laquelle il est difficile trouver une réponse qui
satisfasse à la fois la raison et la foi.
Et c'est la réponse de Benoît XVI que nous trouvons ici. Cette homélie,
inhabituellement longue, a été prononcée le samedi 3 juin 2006, lors de la
veillée de la Pentecôte, alors que le saint Père rencontrait les mouvements
ecclésiaux et les communautés nouvelles. Elle est particulièrement sublime, et
elle doit être relue plusieurs fois pour être longuement méditée.
[On trouvera toutes les homélies de Pentecôte de Benoît XVI, sur le site du
Vatican, ICI]
www.vatican.va/liturgical_year/pentecost/2006/pentecoste_fr.html#4
juin 2006
[après les salutations d'usage]
A présent, en cette Veillée de Pentecôte, nous nous demandons: qui est ou
qu'est-ce que l'Esprit Saint? Comment pouvons-nous le reconnaître? De quelle
façon allons-nous à Lui et Lui vient-il à nous? Qu'est-ce qu'il fait?
Une première réponse nous est donnée par le grand hymne de Pentecôte de
l'Eglise, par lequel nous avons commencé les Vêpres: "Veni, Creator
Spiritus... - Viens, Esprit Créateur..." (cf Annexe).
L'hymne fait ici référence aux premiers versets de la Bible qui évoquent, en
ayant recours à des images, la création de l'univers.
Il y est tout d'abord dit qu'au-dessus du chaos, sur les eaux des abîmes,
l'Esprit de Dieu planait. Le monde dans lequel nous vivons est l'oeuvre de
l'Esprit Créateur. La Pentecôte n'est pas seulement l'origine de l'Eglise et
donc, de manière particulière, sa fête; la Pentecôte est aussi une fête de la
création. Le monde n'existe pas tout seul; il provient de l'Esprit créateur de
Dieu, de la Parole créatrice de Dieu. C'est pourquoi il reflète également la
sagesse de Dieu. Celle-ci, dans son ampleur et dans la logique qui embrasse ses
lois sous tous leurs aspects, laisse entrevoir quelque chose de l'Esprit
Créateur de Dieu. Celle-ci nous appelle à la crainte révérentielle. Précisément
celui qui, en tant que chrétien, croit dans l'Esprit Créateur, prend conscience
du fait que nous ne pouvons pas user et abuser du monde et de la matière comme
d'un simple matériau au service de notre action et de notre volonté; que nous
devons considérer la création comme un don qui nous est confié non pour qu'il
soit détruit, mais pour qu'il devienne le jardin de Dieu et, ainsi, un jardin
de l'homme. Face aux multiples formes d'abus de la terre que nous voyons
aujourd'hui, nous entendons presque le gémissement de la création dont parle
saint Paul (Rm 8, 22); nous commençons à comprendre les paroles de l'Apôtre,
c'est-à-dire que la création attend avec impatience la révélation des fils de
Dieu, pour être libérée et atteindre sa splendeur.
Chers amis, nous voulons être ces fils de Dieu que la création attend, et nous
pouvons l'être, car dans le baptême, le Seigneur nous a rendus tels. Oui, la
création et l'histoire - celles-ci nous attendent, elles attendent des hommes
et des femmes qui soient réellement des fils de Dieu et qui se comportent en
conséquence.
Si nous regardons l'histoire, nous voyons de quelle manière, autour des monastères, la création a pu prospérer, tout comme avec le réveil de l'Esprit de Dieu dans le coeur des hommes, le rayonnement de l'Esprit Créateur est revenu également sur la terre - un rayonnement qui avait été obscurci par la barbarie de la soif de pouvoir de l'homme et parfois presque éteinte. Et à nouveau, autour de François d'Assise, la même chose se produit - cela se produit partout où l'Esprit de Dieu pénètre dans les âmes, cet Esprit que notre hymne qualifie de lumière, d'amour et de vigueur.
Nous avons ainsi trouvé une première réponse à la question sur ce qu'est
l'Esprit Saint, ce qu'il accomplit et comment nous pouvons le reconnaître. Il
vient à notre rencontre à travers la création et sa beauté. Toutefois, la bonne
création de Dieu, au cours de l'histoire des hommes, a été recouverte par une
épaisse couche de saleté qui rend, sinon impossible, du moins difficile de
reconnaître en elle le reflet du Créateur - même si face à un coucher de soleil
sur la mer, au cours d'une excursion en montagne ou devant une fleur à peine
éclose se réveille toujours à nouveau en nous, presque spontanément, la
conscience de l'existence du Créateur.
Mais l'Esprit Créateur vient à notre aide. Il est entré dans l'histoire et ainsi, il nous parle d'une manière nouvelle. En Jésus Christ, Dieu lui-même s'est fait homme et nous a accordé la possibilité, pour ainsi dire, de jeter un regard dans l'intimité de Dieu lui-même. Et nous voyons là une chose tout à fait inattendue: en Dieu existent un Moi et un Tu. Le Dieu mystérieux n'est pas une infinie solitude, Il est un événement d'amour.
Si, à partir du regard sur la création, nous pensons pouvoir entrevoir l'Esprit
Créateur, Dieu lui-même, presque comme des mathématiques créatives, comme un
pouvoir qui modèle les lois du monde et leur ordre, mais également, comme la beauté
- à présent nous le savons: l'Esprit Créateur a un coeur. Il est Amour. Il
existe le Fils, qui parle avec le Père. Et tous les deux sont une seule chose
dans l'Esprit qui est, pour ainsi dire, l'atmosphère du don et de l'amour qui
fait d'eux un Dieu unique. Cette unité d'amour, qui est Dieu, est une unité
beaucoup plus sublime que ne pourrait l'être l'unité d'une dernière particule
indivisible. Le Dieu trine est précisément le seul et unique Dieu.
Au moyen de Jésus, nous jetons, pour ainsi dire, un regard dans l'intimité de
Dieu.
Jean, dans son Evangile, l'a exprimé ainsi: "Dieu, personne ne l'a jamais vu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui a conduit à le connaître" (Jn 1, 18).
Mais Jésus ne nous a pas seulement laissé regarder dans l'intimité de Dieu;
avec Lui Dieu est également comme sorti de son intimité et il est venu à notre
rencontre. Cela a tout d'abord lieu dans sa vie, sa passion, sa mort et sa
résurrection; dans sa parole. Mais Jésus ne se contente pas de venir à notre
rencontre. Il veut davantage. Il veut l'unification. Telle est la signification
des images du banquet et des noces. Nous ne devons pas seulement savoir quelque
chose sur Lui, mais à travers Lui, nous devons être attirés en Dieu. C'est
pourquoi Il doit mourir et ressusciter. Car à présent, il ne se trouve plus
dans un lieu déterminé, mais désormais son Esprit, l'Esprit Saint, émane de Lui
et entre dans nos coeurs, nous mettant ainsi en liaison avec Jésus lui-même et
avec le Père - avec le Dieu Un et Trine.
La Pentecôte est cela: Jésus, et à travers Lui Dieu lui-même, vient à nous et
nous attire en Lui. "Il envoie l'Esprit Saint" - ainsi s'exprime
l'Ecriture.
Quel effet cela a-t-il?
Je voudrais tout d'abord noter deux aspects: l'Esprit Saint, à travers lequel
Dieu vient à nous, nous apporte la vie et la liberté.
Regardons ces deux choses d'un peu plus près.
"Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu'ils l'aient en
abondance", dit Jésus dans l'Evangile de Jean (10, 10).
Vie et liberté - ce sont les choses auxquelles nous aspirons tous. Mais qu'est-ce que cela veut dire? - où et comment trouvons-nous la "vie"?
Je pense que, spontanément, la très grande majorité des hommes a la même conception de la vie que le fils prodigue de l'Evangile. Il s'était fait donner sa part d'héritage, et à présent, il se sentait libre, il voulait finalement vivre en n'ayant plus le poids des devoirs de la maison, il voulait seulement vivre. Avoir de la vie tout ce qu'elle peut offrir. En profiter pleinement - vivre, seulement vivre, s'abreuver à l'abondance de la vie et ne rien perdre de ce qu'elle peut offrir de précieux. A la fin, il se retrouva gardien de porcs, enviant même ces animaux - sa vie était devenue vide à ce point, vaine à ce point. Et sa liberté aussi se révélait vaine.
N'est-ce pas ce qui se passe aujourd'hui aussi? Lorsqu'on veut uniquement devenir le maître de sa vie, celle-ci devient toujours plus vide, plus pauvre; on finit facilement par se réfugier dans la drogue, dans la grande illusion. Et le doute apparaît de savoir si vivre, en fin de compte, est vraiment un bien.
Non, de cette façon nous ne trouvons pas la vie.
La parole de Jésus sur la vie en abondance se trouve dans le discours du bon
Pasteur. C'est une parole qui se place dans un double contexte. A propos du
Pasteur, Jésus nous dit qu'il donne sa vie. "Personne ne me l'enlève, mais
je la donne de moi-même" (cf. Jn 10, 18). On ne trouve la vie qu'en la
donnant; on ne la trouve pas en voulant en prendre possession. C'est ce que nous
devons apprendre du Christ; et c'est ce que nous enseigne l'Esprit Saint, qui
est pur don, qui est Dieu qui se donne. Plus quelqu'un donne sa vie pour les
autres, pour le bien même, plus le fleuve de la vie coule en abondance.
En deuxième lieu, le Seigneur nous dit que la vie naît en allant avec le Pasteur qui connaît le pâturage - les lieux où jaillissent les sources de la vie. Nous trouvons la vie dans la communion avec Celui qui est la vie en personne - dans la communion avec le Dieu vivant, une communion dans laquelle l'Esprit Saint nous introduit, appelé par l'hymne des Vêpres "fons vivus", source vivante. Le pâturage, où coulent les sources de la vie, est la Parole de Dieu telle que nous la trouvons dans l'Ecriture, dans la foi de l'Eglise. Le pâturage est Dieu lui-même, que, dans la communion de la foi, nous apprenons à connaître à travers la puissance de l'Esprit Saint.
Chers amis, les Mouvements sont nés précisément de la soif de la vraie vie; ce sont des Mouvements pour la vie sous tous les aspects.
Là où ne s'écoule plus la source véritable de la vie, là où on s'approprie
seulement de la vie au lieu de la donner, la vie des autres se trouve également
en danger; on est disposé à exclure la vie sans défense qui n'est pas encore
née, car elle semble ôter de l'espace à sa propre vie. Si nous voulons protéger
la vie, nous devons alors surtout retrouver la source de la vie; la vie
elle-même doit alors réapparaître dans toute sa beauté et son caractère
sublime; nous devons alors nous laisser vivifier par l'Esprit Saint, source
créatrice de la vie.
Le thème de la liberté a déjà été évoqué il y a peu.
Dans le départ du fils prodigue se rejoignent justement les thèmes de la vie et de la liberté. Il veut la vie, et c'est pourquoi il veut être totalement libre.
Etre libre signifie, de ce point de vue, pouvoir faire tout ce que l'on veut; ne devoir accepter aucun critère en dehors ou au-dessus de moi-même. Suivre seulement mon désir et ma volonté. Qui vit ainsi s'opposera très vite à l'autre qui veut vivre de la même manière. La conséquence nécessaire de cette conception égoïste de la liberté est la violence, la destruction réciproque de la liberté et de la vie.
L'Ecriture Sainte relie en revanche le concept de liberté à celui de filiation,
dit saint Paul: "Aussi bien n'avez-vous pas reçu un esprit d'esclave pour
retomber dans la crainte; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous
fait nous écrier "Abba! Père"" (Rm 8, 15).
Qu'est-ce que cela signifie?
Saint Paul se réfère ici au système social du monde antique, dans lequel
existaient les esclaves, qui ne possédaient rien et qui ne pouvaient donc pas
être intéressés à un juste déroulement des choses. De manière correspondante,
il y avait les fils qui étaient également les héritiers et qui par conséquent
se préoccupaient de la préservation et de la bonne administration de leur
propriété ou de la conservation de l'Etat. Puisqu'ils étaient libres, ils
avaient également une responsabilité. En faisant abstraction de l'arrière-fond
sociologique de cette époque, le principe est toujours valable: liberté et
responsabilité vont de pair. La véritable liberté se démontre dans la
responsabilité, dans une manière d'agir qui prend sur soi la coresponsabilité
pour le monde, pour soi-même et pour les autres. Libre est le fils auquel appartient
quelque chose et qui ne permet donc pas qu'elle soit détruite. Toutes les
responsabilités de ce monde, dont nous avons parlé, ne sont que des
responsabilités partielles, dans un domaine déterminé, un Etat déterminé, etc.
L'Esprit Saint en revanche fait de nous des fils et des filles de Dieu. Il nous
fait participer à la responsabilité de Dieu lui-même pour son monde, pour
l'humanité tout entière. Il nous enseigne à regarder le monde, l'autre et
nous-mêmes avec les yeux de Dieu. Nous faisons le bien non comme des esclaves
qui ne sont pas libres de faire autrement, mais nous le faisons parce que nous
portons personnellement la responsabilité pour le monde; parce que nous aimons
la vérité et le bien, parce que nous aimons Dieu lui-même et donc ses créatures
également. Telle est la liberté véritable, à laquelle l'Esprit Saint veut nous
conduire.
Les Mouvements ecclésiaux veulent et doivent être des écoles de liberté, de
cette liberté véritable. Là nous voulons apprendre cette liberté véritable, non
celle d'esclaves qui visent à couper pour eux-mêmes une part du gâteau qui
appartient à tous, même si cette part doit ensuite manquer à l'autre. Nous
souhaitons la véritable et grande liberté, celle des héritiers, la liberté des
fils de Dieu. Dans ce monde, débordant de fausses libertés qui détruisent
l'environnement et l'homme, nous voulons, avec la force de l'Esprit Saint,
apprendre ensemble la liberté véritable; construire des écoles de liberté;
démontrer aux autres par notre vie que nous sommes libres et comme il est beau
de vivre véritablement libres dans la liberté véritable des enfants de Dieu.
L'Esprit Saint, en donnant la vie et la liberté, donne également l'unité. Il
s'agit ici de trois dons inséparables les uns des autres. J'ai déjà parlé
trop longuement; permettez-moi toutefois de dire encore un mot sur l'unité.
Pour la comprendre, une phrase peut se révéler utile même si, au premier abord,
elle semble plutôt nous éloigner de celle-ci.
A Nicodème qui, dans sa recherche de la vérité, vient une nuit poser des
questions à Jésus, celui-ci répond: "L'Esprit souffle où il veut"
(cf. Jn 3, 8).
Mais la volonté de l'Esprit n'est pas arbitraire. C'est la volonté de la vérité
et du bien. C'est pourquoi il ne souffle pas n'importe où, se tournant une fois
de ce côté-ci, et une autre de ce côté-là; son souffle ne nous disperse pas
mais nous réunit, parce que la vérité unit et l'amour unit. L'Esprit Saint est
l'Esprit de Jésus Christ, l'Esprit qui unit le Père avec le Fils dans l'Amour
qui, dans l'unique Dieu, donne et accueille. Il nous unit à ce point que saint
Paul a pu dire: "Vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus" (Ga 3,
28). L'Esprit Saint, par son souffle, nous pousse vers le Christ. L'Esprit
Saint oeuvre de façon corporelle; il n'oeuvre pas seulement subjectivement,
"spirituellement". Aux disciples qui voyaient en lui simplement un
"esprit", le Christ ressuscité dit: "C'est bien moi! touchez-moi
et rendez-vous compte qu'un esprit - un fantôme - n'a ni chair ni os, comme
vous voyez que j'en ai" (cf. Lc 24, 39). Cela vaut pour le Christ
ressuscité à toutes les époques de l'histoire. Le Christ ressuscité n'est pas
un fantôme, il n'est pas simplement un esprit, une pensée, une idée seulement.
Il est demeuré l'Incarné - celui qui a assumé notre chair - et il continue
toujours à édifier son Corps, il fait de nous son Corps. L'Esprit souffle où il
veut, et sa sainteté est l'unité faite corps, l'unité qui rencontre le monde et
le transforme.
Dans la Lettre aux Ephésiens, saint Paul nous dit que ce Corps du Christ qui
est l'Eglise, possède des jointures (cf. 4, 16), il les nomme également: ce
sont les apôtres, les prophètes, les évangélistes, les pasteurs et les docteurs
(cf. 4, 11).
L'Esprit dans ses dons prend de multiples formes - nous le voyons ici. Si nous
regardons l'histoire, si nous regardons cette assemblée ici sur la Place
Saint-Pierre - alors nous nous rendons compte qu'il suscite toujours de
nouveaux dons, nous voyons combien il crée d'organes différents, et comment, de
manière toujours nouvelle, il oeuvre corporellement. Mais en Lui la
multiplicité et l'unité vont de pair. Il souffle où il veut. Il le fait de
manière inattendue, dans des lieux inattendus et sous des formes qu'on ne peut
jamais imaginer à l'avance. Et avec quelle multiplicité de forme et quelle
corporéité il le fait! Et c'est précisément ici que la multiplicité des formes
et l'unité sont inséparables entre elles. Il veut que vous preniez de multiples
formes et il vous veut pour l'unique corps, dans l'union avec les ordres
durables - les jointures - de l'Eglise, avec les successeurs des apôtres et
avec le Successeur de saint Pierre. Il ne nous enlève pas la difficulté
d'apprendre comment nous rapporter les uns aux autres; il nous démontre
également qu'il oeuvre en vue de l'unique corps et dans l'unité de l'unique
corps. C'est vraiment uniquement de cette manière que l'unité trouve sa force
et sa beauté. Prendre part à l'édification de l'unique corps! Les pasteurs
seront attentifs à ne pas éteindre l'Esprit (cf. 1 Th 5, 19) et vous, vous ne cesserez
d'apporter vos dons à la communauté tout entière. Une fois de plus: l'Esprit
Saint souffle où il veut. Mais sa volonté est l'unité. Il nous conduit vers le
Christ, dans son Corps. "[du Christ] le Corps tout entier - nous dit saint
Paul - reçoit concorde et cohésion par toutes sortes de jointures qui le
nourrissent et l'actionnent selon le rôle de chaque partie, opérant ainsi sa
croissance et se construisant lui-même, dans la charité" (Ep 4, 16).
L'Esprit veut l'unité, il veut la totalité. C'est pourquoi sa présence se
démontre aussi surtout dans l'élan missionnaire. Qui a rencontré quelque chose
de vrai, de beau et de bon dans sa propre vie - le seul vrai trésor, la perle
précieuse! -, court le partager partout, dans sa famille et au travail, dans tous
les domaines de son existence. Il le fait sans aucune crainte, parce qu'il sait
qu'il a été adopté comme un fils; sans aucune présomption, parce que tout est
don; sans découragement, parce que l'Esprit de Dieu précède son action dans le
"coeur" des hommes et il est comme une semence dans les cultures et
les religions les plus diverses. Il le fait sans frontières, parce qu'il est
porteur d'une bonne nouvelle qui est pour tous les hommes, pour tous les
peuples. Chers amis, je vous demande d'être, plus encore, beaucoup plus, des
collaborateurs dans le ministère apostolique universel du Pape, en ouvrant les
portes au Christ. C'est le meilleur service que l'Eglise rend aux hommes et en
particulier aux pauvres, afin que la vie de la personne, un ordre plus juste
dans la société et la coexistence pacifique entre les nations trouvent dans le
Christ la "pierre angulaire" sur laquelle construire l'authentique
civilisation, la civilisation de l'amour. L'Esprit Saint donne aux croyants une
vision supérieure du monde, de la vie, de l'histoire et il fait d'eux des
gardiens de l'espérance qui ne déçoit pas.
Prions donc Dieu le Père, à travers notre Seigneur Jésus Christ, dans la grâce
de l'Esprit Saint, afin que la célébration de la solennité de la Pentecôte soit
comme un feu ardent et un vent impétueux pour la vie chrétienne et pour la
mission de toute l'Eglise. Je dépose les intentions de vos Mouvements et
Communautés dans le coeur de la Très Sainte Vierge Marie, présente au Cénacle
avec les Apôtres; puisse-t-elle obtenir par la prière leur réalisation
concrète. J'invoque sur vous tous l'effusion des dons de l'Esprit, afin qu'à
notre époque également, l'on puisse faire l'expérience d'une Pentecôte
renouvelée.
Amen!
SOURCE : https://benoit-et-moi.fr/2015-I/benoit-xvi/quest-ce-que-lesprit-saint.php
Juan
de Roelas (ca. 1615), La venida del Espíritu Santo, óleo sobre lienzo,
de para el retablo mayor de la iglesia del Hospital del Espíritu Santo,
Sevilla, Museo de Bellas Artes de Sevilla.
Lettre encyclique sur le
Saint Esprit du pape Léon XIII
Divinum Illud Munus
INTRODUCTION
La mission divine que
Jésus-Christ a reçue de son Père dans l’intérêt du genre humain, et qu’il a si
saintement accomplie, a pour fin dernière la béatitude des hommes au sein de la
gloire éternelle et pour fin prochaine, dans cette vie, la possession et la
conservation de la grâce divine dont la vie du ciel doit être le dernier
épanouissement. Aussi le Rédempteur ne cesse-t-il d’inviter avec une extrême
bonté les hommes de toutes les nations et de toute langue, à se rassembler dans
le sein de son Eglise : Venez tous à moi, Je suis la Vie ; Je suis le
Bon Pasteur [1].
Toutefois, il n’a pas
voulu, dans ses desseins insondables, achever lui-même cette mission sur toute
la terre, mais il a confié au Saint-Esprit le soin de couronner l’œuvre qu’il
avait reçue du Père. On se rappelle avec joie les paroles que le Christ
prononça, peu avant son départ, devant ses apôtres réunis : Il est de votre
intérêt que je m’en aille ; car si je ne m’en vais pas, le Paraclet ne
viendra pas vers vous ; si je pars, au contraire, je vous
l’enverrai [2]. Par cette affirmation, le Christ donnait la
meilleur raison possible de son départ et de son retour auprès du Père avant
tout les avantages que les disciples retireront de la venue de
l’Esprit-Saint ; Il montrait en même temps que ce dernier, envoyé par lui,
procédait de lui comme du Père, et qu’il devait terminer comme invocateur,
consolateur, précepteur, l’ouvrage accompli par le Fils durant sa vie mortelle.
C’est, en effet, à la vertu multiple de cet Esprit qui, lors de la création,
orna les cieux [3] et rempli l’univers [4],
que l’achèvement de l’œuvre rédemptrice était providentiellement réservée.
Nous nous sommes
continuellement efforcé, avec le secours du Christ-Sauveur, prince des pasteurs
et gardien de nos âmes, d’imiter les exemples qu’il nous a donnés, en nous
attachant religieusement à la fonction confiée par lui aux Apôtres, et
particulièrement à Pierre dont la dignité ne saurait défaillir, même dans un
héritier indigne [5].
Dans ce but, Nous avons fait converger vers deux fins principales tous les
travaux entrepris et poursuivis durant Notre pontificat déjà si long : en
premier lieu, la restauration de la vie chrétienne dans la société et dans la
famille, chez les princes et chez les peuples, toute véritable vie découlant du
Christ ; en second lieu, la réconciliation de tous ceux qu’un motif de foi
ou d’obéissance sépare de l’Eglise catholique, puisque le désir manifeste du
Christ est de réunir tous les hommes en un seul bercail sous un seul pasteur.
Aujourd’hui, voyant approcher le terme de Notre vie, Nous éprouvons plus
vivement que jamais le désir de recommander à l’Esprit-Saint, qui est amour
vivifiant, l’œuvre de Notre apostolat, quels que soient les résultats obtenus jusqu’ici,
pour qu’il la féconde et l’amène à pleine maturité.
Afin que ces fruits
soient meilleurs et plus abondants, Nous avons résolu, à l’occasion des
solennités de la Pentecôte, de vous entretenir de la présence et de la vertu
merveilleuse du Saint-Esprit, c’est-à-dire de l’action et de l’influence qu’il
exerce dans toute l’Eglise et dans chacune de nos âme par l’admirable abondance
de ses dons divins. Notre désir le plus ardent est de voir la foi au mystère de
l’auguste Trinité se ranimer à nouveau dans les esprits, et amener par là une
augmentation et un nouvel embrasement de piété à l’égard de cet Esprit divin,
auquel principalement doivent rendre grâces tous ceux qui suivent les voies de
la vérité et de la justice.
Car, comme l’a dit saint
Basile : Qui niera que les dons faits à l’homme par Dieu et par Notre
Sauveur Jésus-Christ, selon la bonté de Dieu, soient un effet de la grâce de
Esprit-Saint [6] ?
LE MYSTÈRE DE LA TRÈS SAINTE TRINITÉ « SUBSTANCE
DU NOUVEAU TESTAMENT »
a) Trinité des
personnes ; unité de l’essence.
Avant d’aborder Notre
sujet, il nous plaît et il sera utile de dire quelques mots du mystère de la
Très Sainte Trinité, appelé par les Docteurs la substance du Nouveau Testament,
c’est-à-dire le plus grand de tous les mystères, la source et le fondement de
tous les autres.
C’est pour le connaître
et le contempler que les anges ont été créés dans le ciel et les hommes sur la
terre. Ce mystère était voilé dans l’Ancien Testament, et c’est pour le
manifester plus clairement que Dieu lui-même est descendu du séjour des anges
vers les hommes : Jamais personne n’a vu Dieu ; le Fils unique de
Dieu, qui est dans le sein du Père, l’a révélé lui-même [7].
Donc quiconque écrit ou parle sur la Trinité, doit avoir devant les yeux le
sage conseil du Docteur angélique : Lorsque nous parlons de la Trinité, il
faut de la prudence et de la réserve, parce que, comme le dit saint Augustin,
il n’y a pas de sujet où l’erreur soit plus dangereuse, les investigations plus
laborieuses, ni les découvertes plus fructueuses [8].
Le danger, dans la foi ou dans le culte, est de confondre entre elles les
personnes divines ou de diviser leur nature unique ; car la foi catholique
vénère un seul Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l’unité. Aussi, Innocent
XII, Notre prédécesseur, refusa-t-il absolument, malgré de vives instances,
d’autoriser une fête spéciale en l’honneur du Père. Que si on fête en
particulier les mystères du Verbe incarné, il n’existe aucune fête honorant
uniquement la nature divine du Verbe, et les solennités de la Pentecôte
elles-mêmes ont été établies dès les premiers temps, non en vue d’honorer
exclusivement l’Esprit-Saint pour lui-même, mais pour rappeler sa descente,
c’est-à-dire sa mission extérieure.
Tout cela a été sagement
décidé, afin que la distinction des personnes n’entraîne pas une distinction
dans l’essence divine. En outre, pour maintenir ses enfants dans l’intégrité de
la foi, l’Eglise a institué une fête de la Sainte Trinité, rendue ensuite
obligatoire par Jean XXII ; elle permit de dédier à la Trinité des autels
et des églises, et après une manifestation de la volonté divine, elle approuva
un Ordre religieux fondé pour la délivrance des captifs, voué à la Trinité,
dont il porte le nom. Les preuves abondent à ce sujet.
En effet, le culte rendu
aux habitants des cieux, aux anges, à la Très Sainte Vierge Marie, au Christ,
rejaillit finalement sur la Trinité elle-même.
Dans les prières
adressées à l’une des trois personnes, on fait mention des autres ; dans
les litanies, une invocation commune accompagne l’invocation adressée
séparément à chacune des trois personnes. Dans les psaumes et les hymnes, la
même louange est adressée au Père et au Fils et au Saint-Esprit ; les
bénédictions, les cérémonies rituelles, les sacrements, sont accompagnés ou
suivis d’une prière à la Sainte Trinité. Ces pratiques nous avaient été déjà
conseillées depuis longtemps par l’Apôtre : Car tout est de lui, par lui
et en lui ; gloire à lui dans les siècles [9].
Ces paroles signifiaient d’une part la trinité des personnes, et d’autre part
affirmaient l’unité de nature.
Celle-ci étant la même
pour chaque personne, on doit également à chacun, comme à un seul et même Dieu,
la gloire éternelle due à la majesté divine. Saint Augustin, citant ce
témoignage, ajoute : Il ne faut pas prendre dans un sens vague ces mots de
l’Apôtre « De lui-même, par lui-même et en lui-même : Ex ipso, per
ipsum et in ipso » ; il dit « de lui-même » à cause du
Père, « par lui-même » à cause du Fils, « en lui-même » à
cause du Saint-Esprit [10].
b) La doctrine de
l’appropriation.
C’est avec beaucoup de raison
qu’on attribue habituellement au Père les œuvres divines où éclate la
puissance, au Fils celles où brille la sagesse, au Saint-Esprit celles où
domine l’amour.
Non que toutes les
perfections et toutes les œuvres extérieures ne soient communes aux personnes
divines ; en effet, les œuvres de La Trinité sont indivisibles comme
l’essence de la Trinité elle-même [11]parce que
l’action des trois Personnes divines est aussi inséparable que leur
essence [12]mais parce
que, en vertu d’une certaine comparaison, et, pour ainsi dire, d’une affinité
entre les œuvres et les propriétés des personnes, telle œuvre est attribuée ou,
comme on dit : appropriée, à telle personne plutôt qu’à telle autre :
les similitudes d’impressions et d’images fournies par les créatures nous
servent pour représenter les personnes divines, il en est de même pour de leurs
attributs essentiels ; cette manifestation des personnes par leurs
attributs essentiels s’appelle appropriation [13]. Il s’en suit que
le Père, principe de toute divinité [14], est en
même temps la cause créatrice de l’université des êtres, de l’Incarnation du
Verbe et de la sanctification des âmes : De lui sont toutes choses ;
l’Apôtre dit de lui, à cause du Père.
Le Fils, Verbe, image de
Dieu, est en même temps la cause exemplaire que reflètent toutes choses dans
leur forme et leur beauté, leur ordre et leur harmonie ; il est pour nous
la voie, la vérité, la vie, le réconciliateur de l’homme avec Dieu : par
lui sont toutes choses ; l’Apôtre dit par lui à cause du Fils. Le Saint-Esprit
est la cause finale de tous les êtres, parce que, de même que la volonté et
généralement toute chose se repose en sa fin, ainsi l’Esprit-Saint, qui est la
bonté divine et l’amour naturel du Père et du Fils, complète et achève par une
impulsion forte et douce les opérations secrètes qui ont pour résultat final le
salut éternel de l’homme : En lui sont toutes choses ; l’Apôtre dit
en lui à cause du Saint-Esprit.
Gardant avec un soin
jaloux le zèle religieux dû à la Trinité entière, et qu’il importe d’inculquer
de plus en plus au peuple chrétien, abordons enfin l’exposé de la vertu de
l’Esprit-Saint. Le premier aspect sous lequel il nous faut considérer le Christ
est celui de fondateur de la sainte Eglise et de rédempteur du genre humain.
Certes, parmi les œuvres extérieures de Dieu, la plus remarquable est le
mystère du Verbe incarné où la splendeur des perfections divines brille d’un
tel éclat qu’il est impossible d’imaginer plus grande splendeur ni rien de plus
salutaire pour l’humanité. Cette œuvre si grande, bien qu’appartenant à la
Trinité entière, est attribuée spécialement au Saint-Esprit ; aussi les
Evangiles parlent-ils de la Vierge en ces termes : Elle fut trouvée ayant
conçu du Saint-Esprit, et : Ce qu’elle a conçu est du Saint-Esprit [15]. C’est à bon droit qu’on attribue cette œuvre
à celui qui est l’amour du Père et du Fils, puisque ce grand témoignage
d’amour [16]vient de l’affection infinie de Dieu pour
les hommes, comme nous en avertit l’Apôtre saint Jean : Dieu a aimé le
monde au point de lui donner son Fils unique [17].
Ajoutez que la nature humaine a été élevée par là à l’union personnelle avec le
Verbe : cette dignité ne lui a été nullement accordée à cause de ses
mérites, mais par un pur effet de la grâce et, par suite, c’est un bienfait
propre du Saint-Esprit.
Il faut citer sur ce
sujet la judicieuse remarque de saint Augustin : La manière dont le Christ
a été conçu par l’opération du Saint-Esprit nous fait voir quelle est la bonté
de Dieu ; par elle, en effet, la nature humaine, sans aucun mérite
antérieur, fut unie, dès le premier instant de son existence, au Verbe de Dieu
dans une telle unité de personne que le Fils de Dieu fut le même être que le
Fils de l’homme et le Fils de l’homme le même être que le Fils de Dieu [18]. La vertu
de l’Esprit-Saint a opéré non seulement la conception du Christ, mais aussi la
sanctification de son âme appelée Onction par les Livres Saints [19] ;
tous ces actes, en particulier son sacrifice, furent accomplis sous l’influence
de l’Esprit-Saint [20]. C’est par l’Esprit-Saint
qu’il s’est offert lui-même à Dieu victime immaculée [21].
Pour qui pèse ces choses, quoi d’étonnant que les dons du Saint-Esprit aient
afflué dans l’âme du Christ ? En lui a résidé une telle abondance de grâce
qu’il ne peut y en avoir de plus grande ni de plus efficace ; en lui se
trouvaient tous les trésors de la sagesse et de la science, les grâces
gratuites, les vertus, en un mot tous les dons prédits par les oracles d’Isaïe
le prophète [22], symbolisés par la colombe du Jourdain
lorsque le Christ sanctifia ce fleuve par son baptême en vue de créer un
nouveau sacrement. Cette thèse s’appuie merveilleusement sur les paroles
suivantes de saint Augustin : Il est absurde de dire que le Christ reçut
l’Esprit-Saint à l’âge de trente ans, mais il vint au baptême sans péché et
partant avec l’Esprit-Saint. En cette circonstance, c’est-à-dire lors de son
baptême, il daigna symboliser à l’avance son corps mystique, l’Eglise, dans
laquelle les baptisés reçoivent le Saint-Esprit d’une manière spéciale [23]. Donc l’apparition visible du
Saint-Esprit au-dessus du Christ et son influence invisible dans l’âme du
Sauveur représentent sa double mission : l’une visible, dans
l’Eglise ; l’autre invisible, dans les âmes justes.
L’Eglise, déjà conçue, et
qui était sortie, pour ainsi dire, des flancs du nouvel Adam dormant sur la
Croix, s’est manifestée pour la première fois aux hommes d’une manière
éclatante le jour célèbre de la Pentecôte. En ce jour, le Saint-Esprit commença
à répandre ses bienfaits dans le corps mystique du Christ, par cette admirable
effusion que le prophète Joël avait vue longtemps à l’avance [24] ; car le Paraclet siège
au-dessus des Apôtres afin de placer sur leurs têtes, sous forme de langues de
feu, de nouvelles couronnes spirituelles [25].
Alors, écrit saint Jean
Chrysostome, les Apôtres descendirent de la montagne, portant en leurs mains,
non des tables de pierre comme Moïse, mais portant dans leur âme l’Esprit-Saint
qui répandait comme un trésor et un fleuve de vérités et de grâces [26]. Ainsi se réalisait la
dernière promesse du Christ à ses Apôtres, relative à l’envoi de l’Esprit-Saint
qui devait compléter par ses inspirations et sceller pour ainsi dire son
enseignement : J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne
pouvez les porter en ce moment. Lorsque l’Esprit de vérité sera venu, il vous
enseignera tout vérité [27].
Celui qui, procédant à la
fois du Père , vérité éternelle, et du Fils, vérité substantielle, est lui-même
Esprit de vérité, et tire de l’un et de l’autre l’essence et en même temps
toute vérité, donne à l’Eglise cette même vérité, veillant, par une présence et
un appui continus, à ce qu’elle ne soit jamais exposée à l’erreur, et qu’elle
puisse de jour en jour féconder plus abondamment les germes destinés à porter
des fruits de salut pour les peuples. Et comme l’Eglise, moyen de salut pour
les peuples, doit poursuivre sa tâche jusqu’à la fin des temps, l’Esprit-Saint
lui donne, pour l’accroître et la conserver, une vie et une force
éternelles : Je prierai mon Père et il vous donnera un autre Paraclet, l’Esprit
de vérité, pour qu’il demeure toujours avec vous [28]. C’est par lui que sont constitués les
évêques, dont le ministère engendre non seulement des fils, mais encore des
pères, c’est-à-dire les prêtres, pour gouverner l’Eglise et la nourrir de ce
sang du Christ qui l’a rachetée : l’Esprit-Saint a établi les évêques pour
gouverner l’Eglise de Dieu qu’il a acquise de son sang [29].
Les uns et les autres évêques et prêtres, par une grâce insigne du
Saint-Esprit, ont le pouvoir d’effacer les péchés, selon cette parole du Christ
aux Apôtres : Recevez le Saint-Esprit ; les péchés seront remis à
ceux à qui vous les remettrez et retenus à ceux à qui vous les
retiendrez [30]. Aucune preuve ne démontre plus clairement
la divinité de l’Eglise que la gloire dont le Saint-Esprit l’a revêtue. Qu’il
Nous suffise d’affirmer que, si le Christ est la tête de l’Eglise,
l’Esprit-Saint en est l’âme : l’Esprit-Saint est dans l’Eglise, corps
mystique du Christ, ce que l’âme est dans notre corps [31].
Cela étant, on ne saurait
attendre une plus grande et plus féconde manifestation de l’Esprit divin ;
celle qui a lieu maintenant dans l’Eglise est parfaite et elle durera jusqu’à
ce que l’Eglise, après avoir achevé la période de luttes, jouisse dans le ciel
de la joie du triomphe.
Comment et dans quelle
mesure le Saint-Esprit agit dans les âmes, cela n’est pas moins admirable, bien
que plus difficile à comprendre, par cela même que nos yeux ne le peuvent
saisir. Cette effusion de l’Esprit divin est si abondante que le Christ
lui-même, dont elle découle, l’a comparée à un fleuve très abondant, comme on
le voit dans saint Jean : Celui qui croit en moi, dit l’Ecriture, verra
des fleuves d’eau vive couler de son sein ;l’Evangéliste explique ce
témoignage : Il dit cela de l’Esprit-Saint que devait recevoir tous ceux
qui croiraient en lui [32].
Il est hors de doute que
l’Esprit-Saint a habité par la grâce dans les justes qui précédèrent le Christ,
comme cela est écrit des prophètes, de Zacharie, de Jean Baptiste, de Siméon et
d’Anne ; l’Esprit-Saint, en effet, est venu le jour de la Pentecôte, non
pour commencer à habiter l’âme des saints, mais pour la pénétrer
davantage ; non pour commencer à leur accorder ses dons, mais pour les en
combler ; non pour faire une œuvre nouvelle, mais pour augmenter la
générosité de ses largesses [33]. Cependant, si ces
hommes étaient comptés parmi les fils de Dieu, ils n’en demeuraient pas moins
semblables, par leur condition, à des esclaves, car le fils ne diffère en rien
de l’esclave tant qu’il est dans la main des tuteurs et des maîtres [34] ;
outre qu’il n’y avait pas en eux la justice, si ce n’est celle qui provenait
des mérites du Christ à venir, la communication de l’Esprit-Saint après la
venue du Christ fut incomparablement plus abondante et surpassa les
précédentes ; un peu comme la somme convenue l’emporte en valeur sur les
arrhes, comme la réalité l’emporte sur la figure. Saint Jean a donc pu
dire : L’Esprit-Saint n’avait pas encore été donné parce Jésus n’avait pas
été glorifié [35]. Aussitôt que le Christ, montant au ciel, eut
pris possession de la gloire de son royaume qu’il avait si laborieusement
acquise, il répandit généreusement les richesses de l’Esprit-Saint et fit part
de ses dons aux hommes [36].
Ce don, cet envoi du Saint-Esprit après la glorification du Christ était tel
qu’il n’y en avait jamais eu auparavant, non qu’auparavant il n’eût jamais été
envoyé, mais il n’avait jamais été envoyé de cette façon [37].
En effet, la nature
humaine est nécessairement servante de dieu : la créature est servante et
nous sommes les serviteurs de Dieu par nature [38].
En outre, à cause de la
faute commune, notre nature est tombée dans un tel abîme de vice et de honte
que nous étions devenus les ennemis de Dieu : Nous étions par nature fils
de colère [39].
Nulle puissance n’était
capable de nous arracher à cette ruine et de nous sauver de la perte éternelle.
Cette tâche, Dieu, créateur de l’homme, l’a accomplie dans sa souveraine
miséricorde par son Fils unique, grâce auquel nous avons été rétablis avec une
plus grande abondance de dons dans la dignité et la noblesse que nous avions
perdues. Dire quelle a été cette œuvre accomplie par la grâce divine dans l’âme
dans l’âme humaine est chose impossible ; aussi les Livres Saints et les
Pères de l’Eglise nous appellent-ils heureusement régénérés, créatures
nouvelles, participant de la nature divine, fils de Dieu, déifiés et autres
titres analogues. Ce n’est pas sans raison que de si grands bienfaits sont
attribués spécialement au Saint-Esprit. Il est l’Esprit d’adoption des fils par
lequel nous crions : Abba Père ; c’est lui qui répand dans le cœurs
la suavité de l’amour paternel : ce même Esprit nous fait comprendre que
nous sommes les fils de Dieu [40]. Pour l’expliquer, la similitude constatée
par l’Ange de l’école entre les deux œuvres de l’Esprit-Saint vient fort à
propos ; par lui, le Christ a été conçu dans la sainteté pour être le Fils
naturel de Dieu et les autres sont sanctifiés pour devenir fils adoptifs de
Dieu [41] ; ainsi, l’amour, mais
l’amour incréé, produit une régénération spirituelle bien supérieure à ce qui
pourrait se faire dans la nature.
Cette régénération et
rénovation commence pour l’homme au baptême : en ce sacrement, l’âme se
dépouille de l’esprit impur, est pénétrée pour la première fois de
l’Esprit-Saint qui la rend semblable à lui : Ce qui est né de l’Esprit est
esprit [42].
Ce même Esprit se donne
dans la Confirmation d’une façon plus abondante pour assurer la fermeté et la
vigueur de la vie chrétienne ; c’est à lui que les martyrs et les vierges
ont dû leurs triomphes sur les attraits de la corruption. L’Esprit-Saint,
disons-nous, se donne lui-même. L’amour de Dieu a été répandu en nos cœurs par
l’Esprit-Saint qui nous a été donné [43].
Non seulement il nous apporte les grâces divines, mais il en est l’auteur et il
est lui-même le don suprême ; procédant du mutuel amour du Père et du
Fils, il est et on l’appelle à juste titre le don du Dieu Très-Haut. Pour
mettre plus en lumière la nature et la force de ce don, il importe de rappeler
les explications données par les Docteurs d’après les enseignements des Saintes
Lettres : Dieu est présent en toutes choses par sa puissance, en tant que
tout lui est soumis ; par sa présence, en tant que tout est à découvert
devant ses yeux ; par son essence, en tant qu’il est pour tous les êtres
la cause de leur existence [44]. Mais Dieu n’est pas seulement
dans l’homme comme il est dans les choses ; il est, de plus, connu et aimé
de lui, puisque notre nature nous fait elle-même aimer, désirer et poursuivre
le bien. Enfin Dieu, par sa grâce, réside dans l’âme juste ainsi qu’en un
temple, d’une façon très intime et spéciale. De là ce lien d’amour qui unit
étroitement l’âme à Dieu plus qu’un ami ne peut l’être à son meilleur ami, et
la fait jouir de lui avec une pleine suavité.
Cette admirable union,
appelée inhabitation, dont l’état bienheureux des habitants du ciel ne diffère
que par la condition, est cependant produite très réellement par la présence de
toute la Trinité : Nous viendrons en lui et nous ferons en lui notre
demeure [45]. Elle est attribuée néanmoins d’une façon
spéciale au Saint-Esprit. En effet, des traces de la puissance et de la sagesse
divines se manifestent même chez un homme pervers ; mais le juste seul
participe à l’amour, qui est la caractéristique du Saint-Esprit. Ce qui le
confirme, c’est que cet Esprit est appelé Saint parce qu’étant le premier et le
suprême amour, il conduit les âmes à la sainteté qui, en dernière analyse,
consiste dans l’amour de Dieu. C’est pourquoi l’Apôtre, appelant les justes
temples de Dieu, ne les appelle pas expressément temple du Père ou du Fils,
mais du Saint-Esprit : Ne savez-vous pas que vos membres sont les temples
du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu [46] ? L’abondance des bienfaits célestes qui
résultent de la présence de Saint-Esprit dans les âmes pieuses se manifeste de
beaucoup de manières. Telle est, en effet, la doctrine de saint Thomas
d’Aquin : Puisque l’Esprit-Saint procède comme amour, il procède en
qualité de premier don ; c’est pourquoi saint Augustin dit que, par le don
qui est l’Esprit-Saint, beaucoup de dons particuliers sont distribués aux membres
du Christ [47].
Parmi ces dons se trouvent ces secrets avertissements, ces mystérieuses
invitations qui, par une impulsion de l’Esprit-Saint, sont faits aux âmes et
sans lesquels on ne peut ni s’engager dans la voie de la vertu, ni progresser,
ni parvenir au terme du salut éternel. Puisque ces paroles et ces influences se
produisent secrètement dans les âmes, c’est avec à-propos que les Saintes
Lettres les comparent quelquefois au souffle de la brise ; et le Docteur
Angélique les assimile avec raison aux mouvements du cœur dont toute la force
est cachée à l’être qu’il anime : Le cœur a une certaine influence
secrète, c’est pourquoi on lui compare l’Esprit-Saint qui vivifie et unit
l’Eglise d’une façon invisible [48].
De plus, le juste qui vit
déjà de la vie de la grâce, et chez lequel les vertus jouent le rôle des
facultés de l’âme, a absolument besoin des sept dons qu’on appelle plus
particulièrement dons du Saint-Esprit. Par ces dons, l’esprit se fortifie et
devient apte à obéir plus facilement et plus promptement aux paroles et aux
impulsions du Saint-Esprit ; aussi ces dons sont d’une telle efficacité
qu’ils conduisent l’homme au plus haut degré de la sainteté, ils sont si
excellents qu’ils demeureront les mêmes dans le royaume des cieux, quoique dans
un degré plus parfait. Grâce à eux, l’âme est amenée et excitée à acquérir les
béatitudes évangéliques, ces fleurs que le printemps voit éclore, signes
précurseurs de la béatitude éternelle. Enfin, quelle suavité dans ces fruits
énumérés par l’Apôtre [49],
apportés par l’Esprit-Saint aux âmes justes même en cette vie périssable,
pleins de douceur et d’allégresse, tels qu’il convient à l’Esprit de les produire,
lui qui est, dans la Trinité, la suavité du Père et du Fils, et qui répand sur
toutes les créatures ses généreuses et fécondes largesses [50] ! L’Esprit divin procédant
du Père et du Verbe dans l’éternelle lumière de la sainteté, en tant qu’amour
et don, après s’être montré dans l’Ancien Testament sous les voiles des
figures, s’est répandu lui-même avec abondance dans le Christ et dans l’Eglise
son corps mystique. Par sa présence et sa grâce, il a transformé les hommes
plongés dans la corruption et le vice d’une façon si complète que, n’étant plus
terrestres tout en restant sur la terre, ils deviennent semblables à des
habitants du Ciel.
Puisque ces dons sont si
grands et qu’ils montrent si nettement l’immense bonté de l’Esprit-Saint à
notre égard, ils nous obligent à lui témoigner la plus grande piété et
soumission. Nous y parviendrons aisément en nous appliquant chaque jour
davantage à le connaître, l’aimer, l’invoquer : puisse cette exhortation,
sortie de Notre cœur paternel, provoquer cet amour. - Peut-être y a-t-il encore
aujourd’hui des chrétiens qui, interrogés comme ceux auxquels l’Apôtre
demandait jadis s’ils avaient reçu le Saint-Esprit, répondraient comme
eux : Mais nous n’avons même pas entendu dire qu’il y eût un
Esprit-Saint [51].
Du moins beaucoup ne
connaissent pas cet Esprit ; Il le nomment souvent dans leurs exercices de
piété, mais avec une foi très peu éclairée. En conséquence, que les
prédicateurs et tous ceux qui ont charge d’âmes se souviennent qu’il leur
incombe le devoir de transmettre avec zèle et en détail tout ce qui concerne le
Saint-Esprit, en écartant toutefois les controverses ardues et subtiles, afin
d’éviter les vaines témérités de ceux qui voudraient imprudemment scruter tous
les mystères divins. Il importe plutôt de rappeler clairement les bienfaits
sans nombre qui ne cessent de découler sur nous de cette source divine ;
ainsi, ils dissiperont entièrement l’erreur et l’ignorance indignes des fils de
lumière. Nous insistons sur ce point, non seulement parce qu’il s’agit d’un
mystère qui nous conduit directement à la vie éternelle, et que, par
conséquent, nous devons croire fermement, mais encore parce que le bien est
d’autant plus aimé qu’il est plus connu. On doit aimer l’Esprit-Saint, - et
c’est le second sujet que Nous avions annoncé - parce qu’il est Dieu : Tu
aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes
tes forces [52]. On doit aussi l’aimer parce qu’il est l’Amour
premier, substantiel, éternel, et rien n’est plus aimable que l’amour ; on
doit l’aimer d’autant plus qu’il nous a comblés de plus grands bienfaits qui
témoignent de sa munificence et appellent notre gratitude. Cet amour a une
double utilité fort appréciable. Il nous excitera à acquérir chaque jour une
connaissance plus complète de l’Esprit-Saint : Celui qui aime dit le
Docteur Angélique, ne se contente pas d’un aperçu superficiel de l’objet
aimé ; mais il s’efforce d’en rechercher tous les détails intimes, et il
pénètre tellement dans son intimité, qu’on dit de l’Esprit-Saint, Amour de
Dieu, qu’il scrute même les profondeurs divines [53], et il
nous accordera ses dons célestes en abondance, d’autant plus que, si
l’ingratitude ferme la main du bienfaiteur, par contre, la reconnaissance la
fait rouvrir. Il faut veiller à ce que cet amour ne se borne pas à une aride
connaissance ni à hommage purement extérieur ; qu’il soit, au contraire,
prompt à agir, et surtout qu’il évite le péché, qui offense particulièrement le
Saint-Esprit. En effet, tout ce que nous sommes, nous le sommes par la bonté
divine, qui est attribuée spécialement au Saint-Esprit. Il offense donc son Bienfaiteur
celui qui pèche et qui, abusant de ses dons et de sa bonté, devient chaque jour
plus audacieux.
Comme Il est Esprit de
vérité, si quelqu’un tombe par faiblesse ou ignorance, il aura peut-être une
excuse aux yeux de Dieu, mais celui qui, par malice, combat la vérité et s’en
détourne, pèche gravement contre le Saint-Esprit. Cette faute s’est tellement
multipliée de nos jours, qu’il semble que nous soyons arrivés à cette époque
perverse prédite par saint Paul, où les hommes, aveuglés par un juste jugement
de Dieu, regarderont comme vrai ce qui est faux et croiront au Prince de ce
monde, qui est menteur et père du mensonge, comme s’il était le docteur de
vérité. Dieu leur enverra l’esprit d’erreur, afin qu’ils croient au
mensonge [54] ; dans les derniers jours, certains
abandonneront la foi, s’attachant à l’esprit d’erreur et aux doctrines
diabolique [55]. Mais puisque l’Esprit-Saint, comme Nous l’avons
dit, habite en nous ainsi qu’en un temple, il faut rappeler le précepte de
l’Apôtre : Ne contristez pas l’Esprit de Dieu dont vous portez le
signe [56]. Il ne suffit pas d’éviter le mal, mais le
chrétien doit briller de l’éclat de toutes les vertus, afin de plaire à un hôte
si grand et si bienfaisant ; au premier rang, doivent se trouver la pureté
et la sainteté, qualités qui conviennent à un temple.
C’est pourquoi le même
Apôtre dit : Ignorez-vous que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit
de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un profane le temple de Dieu, Dieu le
perdra ; car le temple que vous êtes est saint [57] ; menace terrible, il est vrai, mais
combien juste ! - Enfin, il faut prier le Saint-Esprit, car il n’est
personne qui n’ait le plus grand besoin de son aide et de son secours. Comme
nous sommes tous dépourvus de sagesse et de force, accablés par les épreuves,
portés au mal, nous devons tous chercher un refuge auprès de celui qui est la
source éternelle de la lumière, de la force, de la consolation, de la sainteté.
C’est à lui surtout qu’il faut demander ce bien indispensable aux hommes, la
rémission des péchés : le propre de l’Esprit-Saint est d’être le don du
Père et du Fils ; la rémission des péchés se fait par l’Esprit-Saint, en
tant que don de Dieu [58]. C’est de cet Esprit
que la liturgie dit expressément : il est la rémission de tous les
péchés [59]. Comment faut-il prier ?
L’Eglise nous l’enseigne très clairement, elle qui le supplie et l’adjure par
les noms les plus doux : Venez, Père des pauvres ; venez,
distributeur des grâces ; venez, lumière des cœurs ; consolateur
excellent, doux hôte de l’âme, agréable rafraîchissement ; elle le conjure
de laver, de purifier, de baigner nos esprits et nos cœurs, de donner à ceux
qui ont confiance en lui le mérite de la vertu, une heureuse mort et la joie
éternelle. Et l’on ne peut douter qu’il n’écoute ces prières, celui a écrit de
lui-même : l’Esprit lui-même supplie pour nous avec des gémissements
inénarrables [60]. Enfin, il faut lui demander assidûment et avec
confiance de nous éclairer de plus en plus, de nous brûler des feux de son
amour, afin qu’appuyés sur la foi et la charité, nous marchions avec ardeur
vers les récompenses éternelles, car il est le gage de notre héritage [61].
Vous connaissez
maintenant, vénérables Frères, les avis et les exhortations qu’il Nous a plu de
publier pour accentuer le culte de l’Esprit-Saint. Ces conseils, Nous n’en
doutons pas, porteront, avec le secours de votre zèle, des fruits excellents
parmi le peuple chrétiens. Pour y arriver, Nous ne négligerons aucun effort et
Nous travaillerons à nourrir encore cette piété par tous les moyens favorables.
Il y a deux ans, dans Notre Lettre Provida matris, Nous recommandions pour la
Pentecôte des prières destinées à hâter l’unité du peuple chrétien ;
aujourd’hui, il Nous plaît de prendre à ce sujet des décisions plus étendues.
Nous décrétons donc et Nous ordonnons que dans tout le monde catholique, cette
année et les suivantes, une neuvaine soit faite avant la Pentecôte dans toutes
les églises paroissiales, et, si l’Ordinaire le juge bon, dans toutes les
églises. A tous ceux qui auront pris part à cette neuvaine et prié à Nos
intentions, Nous accordons une indulgence de sept ans et sept quarantaines pour
chaque jour ; Nous accordons une indulgence plénière pour l’un de ces
jours, soit le jour même de la Pentecôte, soit un jour de l’octave, à tous ceux
qui, s’étant confessés, auront communié et prié à Nos intentions. Ceux qui,
pour un motif légitime, ne pourront prendre part à ces prières publiques, ou
dans l’Eglise desquels elles ne pourront être faites d’après le jugement de
l’Ordinaire, participeront à ces mêmes faveurs spirituelles pourvu qu’après
avoir fait la neuvaine en particulier, ils remplissent les conditions
prescrites. Nous accordons en outre à perpétuité du trésor de l’Eglise, à ceux
qui réciteront chaque jour, en public ou en particulier, des prières au
Saint-Esprit depuis l’octave de la Pentecôte jusqu’à la fête de la Sainte
Trinité tout en remplissant les conditions indiquées plus haut, la faculté de
gagner les deux indulgences. Enfin, Nous permettons d’appliquer toutes ces
indulgences aux âmes du Purgatoire.
Notre esprit et Notre
attention se reportent maintenant aux vœux que nous émettions au début ;
Nous demandons et demanderons encore leur réalisation à l’Esprit-Saint par
d’ardentes prières. Unissez-vous à Nous, vénérables Frères, et que toutes les
nations catholiques joignent leurs voix à la Nôtre et s’adressent à la
puissante et bienheureuse Vierge Marie. Vous savez quels liens intimes et
admirables l’unissent à cet Esprit dont elle est appelée l’Epouse immaculée. Sa
prière contribua au mystère de l’Incarnation et à la descente du Saint-Esprit
sur les Apôtres. Qu’elle fortifie nos communes prières par son bienveillant
suffrage afin que l’Esprit renouvelle en faveur des malheureux de cette vie les
merveilles chantées par David : Vous enverrez votre Esprit-Saint et tout
sera créé, et vous renouvellerez la face de la terre [62].
Comme gage des faveurs célestes et en témoignage de Notre bienveillance, recevez,
vénérables Frères, pour vous, pour votre clergé et pour votre peuple, la
bénédiction apostolique que Nous vous accordons très affectueusement dans le
Seigneur.
Donné à Rome, près de
Saint-Pierre, le 9 mai 1897, la vingtième année de notre pontificat.
Notes
[1]Matth.,
XI, 28 ; Jean, XIV, 6 ; X, 11, 14.
[2]Jean,
XVI, 7.
[3]Job,
XXVI, 13.
[4]Sagesse,
I, 7.
[5]S.
Léon Le Grand, Sermo II, pour l’anniversaire de son élévation au
Pontificat ; P. L., LIV, 144
[6]De
Spiritu Sancto, C. XVI, 39.
[7]Jean,
I, 18.
[8]Somme
Théol. Ia, q. XXXI, a. 2. - S. Augustin, De Trinitate., I, 3 ; P.L., XLII,
822
[9]Rom.
XI, 36.
[10]S.
Augustin, De Trinitate, VI, 10 ; P.L., XLII, 932. et I, 6, P.L., XLII,
827.
[11]S.
Augustin, De Trinitate, I, 5 ; P.L., XLII, 824.
[12]S.
Augustin, De Trinitate, I, 4 ; P.L., XLII, 824.
[13]S.
Thomas, Somme Théol., I, q. XXXIV, art. 7.
[14]S.
Augustin, De Trinitate, IV, 20 ; P.L. XLII, 906.
[15]Matth.,
I, 18-20.
[16]I
Thimoth., III, 16
[17]Jean,
III, 16.
[18]Enchir.
Ch. XI. - S. Thom., p. III, q. XXXII, art. 1.
[19]Act.,
X, 38
[20]S.
Basile, De L’Esp.S., ch. XVI.
[21]Hébr.,
IX, 14.
[22]Ibid.
IV, 1 ; XI, 2,3.
[23]De
la Trinité., I. XV, ch. XXVI.
[24]De
la Trinité., II. XXIX.
[25]Cyrille
de Jérusalem, catéchèse 17.
[26]Hom.
Sur Matth., I. - II Cor., III, 3.
[27]S.
Jean, XVI, 12, 13.
[28]S.
Jean, XIV, 16, 17.
[29]Actes,
XX, 28.
[30]S.
Jean, XX, 22, 23.
[31]S.
Aug., Serm. CLXXXVII, sur le temps.
[32]S.
Jean , VII, 38-39.
[33]S.
Léon le G., Hom. III, De la Pentecôte.
[34]Gal.,
IV, 1,2.
[35]Jean,
VII, 39.
[36]Ephés.
VI, 8.
[37]S.
Aug.,De la Trinité, I. IV, c. 20.
[38]S.
Cyrille d’Alex., Thesaur. V, 5.
[39]Ephés.
II, 3.
[40]Rom.,
VIII, 15-16.
[41]S.
Thom. P. II, q. XXXII, art. 1.
[42]S.
Jean, III, 7.
[43]Rom.,
V, 5.
[44]S.
Thom., p. I, q . VIII, a. 3.
[45]S.
Jean, XIV, 23
[46]I
Cor., VI, 19.
[47]Somme
Théol., I,q. XXXVIII, art. 2. - S. Aug., De la Trinité, I. XV, ch. XIX
[48]Somme
Théol., III, q. VIII, art. 1, ad 3
[49]Galat.,
V, 22.
[50]S.
Aug. De la Trinité, VI, 9.
[51]Actes,
XIX, 2.
[52]Deut.,VI,
5.
[53]
ICor., II, 10. - Somme théol., Ia IIæ, q.XXVIII, a. 2.
[54]II
Thess., II, 10.
[55]I
Tim., IV, 1.
[56]Ephès.,
IV, 30.
[57]I
Cor., III, 16-17.
[58]Somme
théol., p. III, q. III, a. 6 ad 3.
[59]Missel
Romain. Mardi ap. Pent.
[60]Rom.,
VIII, 26
[61]Ephés.,
I, 14.
[62]Ps. CIII,
30.
SOURCE : https://www.icrsp.org/Magistere/Leon-XIII-Divinum%20illud%20munus.htm
Bénédiction
Vénérables Frères, chers
Fils et Filles,
Salut et Bénédiction Apostolique!
INTRODUCTION
1. Dans sa foi en l' Esprit
Saint, l'Eglise proclame qu'il «est Seigneur et qu'il donne la vie». C'est ce
qu'elle proclame dans le Symbole de la foi, dit de Nicée-Constantinople, du nom
des deux Conciles - de Nicée (325) et de Constantinople (381) -, où il fut
formulé ou promulgué. Il y est dit aussi que l'Esprit Saint «a parlé par les
prophètes».
Ces paroles, l'Eglise les
reçoit de la source même de la foi, Jésus Christ. En effet, selon l'Evangile de
Jean, l'Esprit Saint nous est donné avec la vie nouvelle, comme Jésus l'annonce
et le promet au grand jour de la fête des Tentes: «Si quelqu'un a soif, qu'il
vienne à moi, et qu'il boive, celui qui croit en moi! Selon le mot de
l'Ecriture: De son sein couleront des fleuves d'eau vive»1. Et l'évangéliste explique: «Il parlait de
l'Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui»2. C'est la même comparaison de l'eau que Jésus
emploie dans le dialogue avec la Samaritaine, quand il parle de la «source
d'eau jaillissant en vie éternelle»3, et dans le dialogue avec Nicodème, quand il
annonce la nécessité d'une nouvelle naissance «d'eau et d'Esprit» pour
«entrer dans le Royaume de Dieu»4.
Par conséquent, l'Eglise,
instruite par la parole du Christ, puisant dans l'expérience de la Pentecôte et
dans son histoire apostolique, proclame depuis le début sa foi en l'Esprit
Saint, celui qui donne la vie, celui par qui le Dieu un et trine,
insondable, se communique aux hommes, établissant en eux la source de
la vie éternelle.
2. Cette foi, professée
sans interruption par l'Eglise, doit être sans cesse ravivée et approfondie
dans la conscience du Peuple de Dieu. Depuis un siècle, cela a été proposé
plusieurs fois: de Léon XIII , qui publia l'Encyclique Divinum
illud munus (1897) entièrement consacrée à l'Esprit Saint, jusqu'à Pie
XII qui, dans l'Encyclique Mystici Corporis (1943), présentait
l'Esprit Saint comme le principe vital de l'Eglise où il est à l'œuvre en union
avec le Chef du Corps Mystique, le Christ5; et jusqu'au Concile Œcuménique Vatican II qui
a fait comprendre qu'une attention renouvelée à la doctrine sur l'Esprit Saint
était nécessaire, comme le soulignait Paul VI : « A la christologie
et spécialement à l'ecclésiologie du Concile, doivent succéder une étude
nouvelle et un culte nouveau de l'Esprit Saint, précisément comme complément
indispensable de l'enseignement du Concile»6.
Ainsi, à notre époque, la
foi de l'Eglise, la foi ancienne qui demeure et qui est toujours neuve,
nous appelle à renouveler notre approche de l'Esprit Saint comme celui qui
donne la vie. En cela, nous sommes aidés et encouragés par notre héritage
commun avec les Eglises orientales, qui ont conservé jalousement les
richesses extraordinaires de l'enseignement des Pères sur l'Esprit Saint. C'est
pourquoi on peut dire aussi que l'un des événements ecclésiaux les plus
importants de ces dernières années a été le XVIe centenaire du
Premier Concile de Constantinople, célébré simultanément à Constantinople et à
Rome en la solennité de la Pentecôte de l'année 1981. Dans la méditation sur le
mystère de l'Eglise, l'Esprit Saint est alors mieux apparu comme
celui qui ouvre les voies conduisant à l'unité des chrétiens, comme la source
suprême de l'unité qui vient de Dieu lui-même et que saint Paul a exprimée
particulièrement par les paroles prononcées fréquemment au début de la liturgie
eucharistique: «La grâce de Jésus notre Seigneur, l'amour de Dieu le Père et la
communion de l'Esprit Saint soient toujours avec vous»7.
C'est dans une telle
orientation que les précédentes Encycliques Redemptor hominis et Dives
in misericordia ont trouvé en quelque sorte un point de départ et une
inspiration: elles célèbrent l'événement de notre salut accompli dans le Fils
envoyé par le Père dans le monde «pour que le monde soit sauvé par lui»8 et «que toute langue proclame, de Jésus
Christ, qu'il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père»9. A cette même orientation répond
aujourd'hui la présente Encyclique sur l'Esprit Saint qui procède du
Père et du Fils; avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même
gloire: Personne divine, il est au cœur de la foi chrétienne et il est la
source et la force dynamique du renouveau de l'Eglise10. Cette Encyclique découle du plus profond
de l'héritage du Concile. En effet, les textes conciliaires, par leur
enseignement sur l'Eglise elle-même et sur l'Eglise dans le monde, nous
invitent à pénétrer toujours mieux le mystère trinitaire de Dieu, en suivant la
voie évangélique, patristique, liturgique: au Père, par le Christ, dans
l'Esprit Saint.
De cette manière,
l'Eglise répond aussi à certains désirs profonds qu'elle pense lire dans le
cœur des hommes d'aujourd'hui: une découverte nouvelle de Dieu dans sa réalité
transcendante d'Esprit infini, tel que Jésus le présente à la Samaritaine; le besoin
de l'adorer «en esprit et en vérité»11; l'espoir de trouver en lui le secret de
l'amour et la puissance d'une «création nouvelle»12: oui, vraiment celui qui donne la vie.
L'Eglise se sent appelée
à cette mission d'annoncer l'Esprit alors qu'avec la famille humaine,
elle arrive au terme du second millénaire après le Christ. Devant un ciel
et une terre qui «passent», elle sait bien que «les paroles qui ne passeront
point»13 revêtent une éloquence particulière. Ce
sont les paroles du Christ sur l'Esprit Saint, source inépuisable de l'«eau
jaillissant en vie éternelle»14, vérité et grâce du salut. Elle veut réfléchir
sur ces paroles, elle veut rappeler ces paroles aux croyants et à tous les
hommes, tandis qu'elle se prépare à célébrer - comme on le dira en son temps -
le grand Jubilé qui marquera le passage du deuxième au troisième millénaire
chrétien.
Naturellement, les
réflexions qui suivent n'ont pas pour but d'examiner de manière exhaustive la
très riche doctrine sur l'Esprit Saint, ni de privilégier telle ou telle
solution des questions encore ouvertes. Elles ont comme objectif principal de
développer dans l'Eglise la conscience que «l'Esprit Saint la pousse à coopérer
à la réalisation totale du dessein de Dieu qui a fait du Christ le principe du
salut pour le monde tout entier»15.
PREMIÈRE PARTIE - L'ESPRIT DU PERE ET DU FILS DONNE A L'EGLISE
1. La promesse et la
révélation de Jésus au cours du repas pascal
3. Quand pour Jésus
Christ l'heure était venue de quitter ce monde, il annonça aux Apôtres «un
autre Paraclet»16. L'évangéliste Jean, qui était présent, écrit
que, au cours du repas pascal, la veille de sa passion et de sa mort, Jésus
leur adressa ces paroles: «Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai,
afin que le Père soit glorifié dans le Fils... Je prierai le Père et il vous
donnera un autre Paraclet, pour qu'il soit avec vous à jamais, l'Esprit de
vérité»17.
Cet Esprit de vérité,
précisément, Jésus l'appelle le Paraclet - et Parakletos veut dire
«consolateur», et aussi «intercesseur» ou «défenseur». Et il dit qu'il est « un
autre » Paraclet, le second, parce que Jésus Christ lui-même est le premier
Paraclet18, car il est le premier qui porte et donne la
Bonne Nouvelle. L'Esprit Saint vient après lui et par lui pour poursuivre dans
le monde, grâce à l'Eglise, l'œuvre de la Bonne Nouvelle du salut. Cette
continuation de son œuvre par l'Esprit Saint, Jésus en parle plus d'une fois
pendant le même discours d'adieu où il préparait les Apôtres, réunis au
Cénacle, à son départ, c'est-à-dire à sa passion et à sa mort sur la Croix.
Les paroles auxquelles
nous nous référerons ici se trouvent dans l'Evangile de Jean. Chacune
d'elles ajoute un contenu nouveau à cette annonce et à cette promesse. En même
temps, elles sont étroitement reliées les unes aux autres, non seulement dans
la perspective des mêmes événements, mais aussi dans la perspective du mystère
du Père, du Fils et de l'Esprit Saint qui n'est sans doute exprimé avec autant
de relief dans aucun autre passage de la Sainte Ecriture.
4. Peu après l'annonce
rappelée ci-dessus, Jésus ajoute: «Mais le Paraclet, l'Esprit Saint, que le
Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et vous
rappellera tout ce que je vous ai dit»19. L'Esprit Saint sera le Consolateur des Apôtres
et de l'Eglise, toujours présent au milieu d'eux, même s'il demeure invisible,
comme maître de la Bonne Nouvelle que le Christ a annoncée. «Il enseignera» et
«il rappellera», cela signifie non seulement qu'il continuera, à sa manière qui
lui est propre, à inspirer la proclamation de l'Evangile du salut, mais aussi
qu'il aidera à comprendre le sens juste du contenu du message du Christ; qu'il
en maintiendra la continuité et l'identité de sens alors que changent les conditions
et les circonstances. L'Esprit Saint fera en sorte que dans l'Eglise demeure
toujours la vérité même que les Apôtres ont entendue de leur Maître.
5. Pour transmettre la
Bonne Nouvelle, les Apôtres seront associés à l'Esprit Saint d'une manière
particulière. Voici comment Jésus poursuit: «Lorsque viendra le Paraclet, que
je vous enverrai d'auprès du Père, l'Esprit de vérité, qui vient du Père,
il me rendra témoignage. Mais vous aussi, vous témoignerez, parce que vous
êtes avec moi depuis le commencement»20.
Les Apôtres ont été les
témoins directs, oculaires. Ils «ont entendu» et «ils ont vu de leurs yeux»,
«ils ont contemplé» et même «touché de leurs mains» le Christ, comme le dit le
même évangéliste Jean dans un autre passage21. Leur témoignage humain, oculaire et
«historique» sur le Christ est lié au témoignage de l'Esprit Saint: «Il me
rendra témoignage». Dans le témoignage de l'Esprit de vérité, le
témoignage humain des Apôtres trouvera son appui suprême. Et par la
suite, il trouvera aussi en lui le fondement intérieur de sa
continuation parmi les générations des disciples et des confesseurs du Christ
qui se succéderont au cours des siècles.
Si Jésus Christ lui-même
est la révélation suprême et la plus complète de Dieu à l'humanité, le témoignage
de l'Esprit en inspire, en garantit et en confirme la transmission fidèle
dans la prédication et dans les écrits apostoliques22, tandis que le témoignage des Apôtres en
assure l'expression humaine dans l'Eglise et dans l'histoire de l'humanité.
6. Cela ressort aussi de
l'étroite corrélation de contenu et d'intention avec l'annonce et la promesse
qui viennent d'être mentionnées, corrélation exprimée par les paroles qui
suivent dans le texte de Jean: «J'ai encore beaucoup à vous dire, mais vous ne
pouvez pas le porter à présent. Mais quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité,
il vous introduira dans la vérité tout entière; car il ne parlera pas de
lui-même, mais ce qu'il entendra, il le dira et il vous dévoilera les choses à
venir»23.
Par les paroles
précédentes, Jésus présente le Paraclet, l'Esprit de vérité, comme celui qui
«enseignera» et «rappellera», comme celui qui lui «rendra témoignage»; à
présent il dit: «Il vous introduira dans la vérité tout entière». Ces mots
«introduire dans la vérité tout entière», en rapport avec ce que les Apôtres
«ne peuvent pas porter à présent», sont en lien direct avec le
dépouillement du Christ par la passion et la mort en Croix qui étaient
imminentes lorsqu'il prononçait ces paroles.
Cependant il deviendra
clair, par la suite, que les mots «introduire dans la vérité tout entière» se
rattachent également, au-delà du scandalum Crucis, à tout ce que le Christ
«a fait et enseigné»24. En effet, le mysterium Christi dans
son intégralité exige la foi, parce que c'est la foi qui introduit
véritablement l'homme dans la réalité du mystère révélé. «Introduire dans la
vérité tout entière», cela s'accomplit donc dans la foi et par la foi: c'est
l'œuvre de l'Esprit de vérité et c'est le fruit de son action dans l'homme. En
cela, l'Esprit Saint doit être le guide suprême de l'homme, la lumière de
l'esprit humain. Cela vaut pour les Apôtres, témoins oculaires, qui doivent
désormais porter à tous les hommes l'annonce de ce que le Christ «a fait et
enseigné», et, spécialement, de sa Croix et de sa Résurrection. Dans une
perspective plus large, cela vaut aussi pour toutes les générations des
disciples et des confesseurs du Maître, car ils devront accueillir dans
la foi et proclamer avec fermeté le mystère de Dieu agissant dans
l'histoire de l'homme, le mystère révélé qui éclaire le sens ultime de cette
histoire.
7. Il existe donc entre
l'Estrie Saint et le Christ, dans l'économie du salut, un lien intime, par
lequel l'Esprit agit dans l'histoire de l'homme comme «un autre Paraclet»,
assurant durablement la transmission et le rayonnement de la Bonne Nouvelle
révélée par Jésus de Nazareth. C'est pourquoi la gloire du Christ resplendit
dans l'Esprit Saint Paraclet qui, dans le mystère et dans l'action de l'Eglise,
continue sans interruption la présence historique du Rédempteur sur la terre et
son œuvre de salut; c'est ce qu'attestent les paroles de Jean qui viennent
ensuite: «Lui (c'est-à-dire l'Esprit) me glorifiera, car c'est de mon bien
qu'il recevra et il vous le dévoilera»25. Ces paroles confirment une fois encore tout ce
qui a été dit précédemment: «Il enseignera..., il rappellera..., il rendra
témoignage». La révélation suprême et complète que Dieu fait de lui-même,
accomplie dans le Christ - la prédication des Apôtres lui rendant témoignage -
continue à être manifestée dans l'Eglise par la mission du Paraclet invisible,
l'Esprit de vérité. A quel point cette mission est intimement liée à la mission
du Christ, à quel point elle découle entièrement de cette mission du Christ, en
affermissant et en développant dans l'histoire ses fruits de salut, cela est
exprimé dans le verbe «recevoir»: «C'est de mon bien qu'il recevra et il vous
le dévoilera». Comme pour expliquer le mot «recevoir», et faire apparaître
clairement l'unité divine et trinitaire de la source, Jésus ajoute: «Tout ce
qu'a le Père est à moi. Voilà pourquoi j'ai dit que c'est de mon bien
qu'il reçoit et qu'il vous le dévoilera»26. En recevant de «mon bien», par là même il
puisera à «ce qu'a le Père».
Ainsi à la lumière de
cette expression «il recevra», peuvent s'expliquer aussi les autres paroles sur
l'Esprit Saint prononcées par Jésus au Cénacle avant la Pâque, paroles
significatives: «C'est votre intérêt que je parte; car si je ne pars pas, le
Paraclet ne viendra pas vers vous; mais si je pars, je vous
l'enverrai. Et lui, une fois venu, il établira la culpabilité du monde en fait
de péché, en fait de justice et en fait de jugement»27. Il conviendra de revenir encore sur ces
paroles dans une réflexion particulière.
2. Le Père, le Fils et l'Esprit
Saint
8. Il est caractéristique
du texte johannique que le Père, le Fils et l'Esprit Saint soient désignés
clairement comme des Personnes, la première étant distincte de la deuxième et
de la troisième, et aussi les trois entre elles. Jésus parle de
l'Esprit-Paraclet utilisant à plusieurs reprises le pronom personnel «Il», et
en même temps, dans tout le discours d'adieu, il dévoile les liens qui unissent
dans la réciprocité le Père, le Fils et le Paraclet. Ainsi donc «L'Esprit ...
vient du Père» 28 et le Père «donne» l'Esprit29. Le Père «envoie» l'Esprit au nom du Fils30, l'Esprit «rend témoignage» au Fils31. Le Fils demande au Père d'envoyer
l'Esprit-Paraclet32, mais, par ailleurs, il déclare et promet, en
rapport à son «départ» par la Croix: «Si je pars, je vous l'enverrai»33. Ainsi, le Père, par la puissance de sa
paternité, envoie l'Esprit Saint comme il a envoyé le Fils34; mais en même temps il l'envoie en vertu de la
puissance de la rédemption accomplie par le Christ - et, en ce sens, l'Esprit
Saint est envoyé aussi par le Fils: «Je vous l'enverrai».
Il faut noter ici que, si
toutes les autres promesses faites au Cénacle annonçaient la venue de l'Esprit
Saint après le départ du Christ, celle du texte de Jean 16,
7-8 implique aussi et souligne clairement le rapport d'interdépendance, on
pourrait dire de causalité, entre la manifestation de l'un et de l'autre:
«Si je pars, je vous l'enverrai». L'Esprit Saint viendra en fonction du départ
du Christ par la Croix: il viendra non seulement à la suite, mais à cause de
la rédemption accomplie par le Christ, selon la volonté et l'œuvre du Père.
9. Ainsi, dans le
discours pascal d'adieu on parvient, pouvons-nous dire, au sommet de la
révélation trinitaire. Au même moment, nous nous trouvons au seuil des
événements décisifs et des paroles suprêmes qui, à la fin, se traduiront par le
grand envoi en mission adressé aux Apôtres et, par leur intermédiaire, à
l'Eglise: «Allez donc, de toutes les nations faites des disciples», envoi en
mission qui comprend, en un sens, la formule trinitaire du baptême: «... les
baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit»35. La formule reflète le mystère intime de Dieu,
de la vie divine, qui est le Père, le Fils et l'Esprit Saint, unité divine de
la Trinité. On peut lire le discours d'adieu comme une préparation particulière
à cette formule trinitaire, où s'exprime la puissance vivifiante du sacrement
qui réalise la participation à la vie de Dieu un et trine, parce qu'il
donne à l'homme la grâce sanctifiante comme un don surnaturel. Par elle,
l'homme est appelé à participer à l'insondable vie de Dieu et il en reçoit la
«capacité».
10. Dans sa vie intime,
Dieu «est amour»36, un amour essentiel, commun aux trois
Personnes divines: l'Esprit Saint est l'amour personnel en tant qu'Esprit du
Père et du Fils. C'est pourquoi il «sonde jusqu'aux profondeurs de Dieu»37, en tant qu'Amour-Don incréé. On peut
dire que, dans l'Esprit Saint, la vie intime du Dieu un et trine se fait
totalement don, échange d'amour réciproque entre les Personnes divines, et que,
par l'Esprit Saint, Dieu «existe» sous le mode du don. C'est l'Esprit Saint qui
est l'expression personnelle d'un tel don de soi, de cet être-amour38. Il est Personne-amour. Il est Personne-don.
Cela nous montre, au sujet du concept de personne en Dieu, une richesse
insondable de la réalité et un approfondissement dépassant ce qui se peut
exprimer, tels que seule la Révélation peut nous les faire connaître.
En même temps, l'Esprit Saint, en tant que consubstantiel au Père et au Fils dans la divinité, est Amour et Don (incréé) d'où découle comme d'une source (fons vivus) tout don accordé aux créatures (don créé): le don de l'existence à toutes choses par la création; le don de la grâce aux hommes par toute l'économie du salut. Comme l'Apôtre Paul l'écrit: «L'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous fut donné»39.
3. Le don que Dieu fait
de lui-même dans l'Esprit Saint pour le salut
11. Le discours d'adieu
du Christ au cours du repas pascal se rattache particulièrement à ce «don» et à
ce «don de soi» de l'Esprit Saint. Dans l'Evangile de Jean se
dévoile, pour ainsi dire, la «logique» la plus profonde du mystère salvifique
inclus dans le dessein éternel de Dieu, comme extension de la communion
ineffable du Père, du Fils et de l'Esprit Saint. C'est la «logique» divine qui,
à partir du mystère de la Trinité, conduit au mystère de la Rédemption du monde
en Jésus Christ. La Rédemption accomplie par le Fils dans le cadre de
l'histoire terrestre de l'homme, accomplie en son «départ» par la Croix et par
la Résurrection, se trouve en même temps transmise, dans toute sa
puissance salvifique, à l'Esprit Saint, celui qui «recevra de mon bien»40. Les paroles du texte johannique montrent que,
selon le plan divin, le «départ» du Christ est une condition indispensable pour
l'«envoi» et la venue de l'Esprit Saint, mais elles disent aussi que commence
alors le nouveau don que Dieu fait de lui-même dans l'Esprit Saint pour le
salut.
12. C'est un nouveau
commencement par rapport au premier commencement, à l'origine du
don que Dieu a fait de lui-même pour le salut, qui s'identifie avec le mystère
même de la création. Voici ce que nous lisons dès les premiers mots du Livre
de la Genèse: «Au commencement Dieu créa le ciel et la terre..., et l'esprit de
Dieu (ruah Elohim) planait sur les eaux»41. Ce concept biblique de création comporte non
seulement l'appel à l'existence de l'être même du cosmos, c'est-à-dire le don
de l'existence, mais aussi la présence de l'Esprit de Dieu dans la création,
c'est-à-dire le commencement du don que Dieu fait de lui-même pour leur salut
aux choses qu'il a créées. Cela vaut avant tout pour l'homme, qui A
été créé à l'image et à la ressemblance de Dieu: «Faisons l'homme à notre
image, comme notre ressemblance»42. «Faisons»: peut-on considérer que le pluriel,
employé ici par le Créateur en parlant de lui-même, suggère déjà en quelque
façon le mystère trinitaire, la présence de la Trinité dans l'œuvre de la
création de l'homme? Le lecteur chrétien qui connaît déjà la révélation de ce
mystère peut aussi en reconnaître le reflet dans ces paroles. En tout cas, le
contexte du Livre de la Genèse nous permet de voir dans la création de l'homme
le premier commencement du don que Dieu fait de lui-même pour le salut dans la
mesure où il a accordé à l'homme d'être à «l'image» et à «la ressemblance» de
lui-même.
13. Il semble donc que
les paroles prononcées par Jésus dans le discours d'adieu doivent aussi être
relues en rapport avec ce «commencement» si lointain, mais fondamental, que nous
connaissons par le Livre de la Genèse. «Si je ne pars pas, le Paraclet ne
viendra pas vers vous; mais si je pars, je vous l'enverrai». En présentant son
«départ» comme une condition de la «venue» du Paraclet, le Christ
fait le lien entre le nouveau commencement du don que Dieu fait de lui-même par
l'Esprit Saint pour le salut, et le mystère de la Rédemption. C'est là un
nouveau commencement, avant tout parce que, entre le premier
commencement et toute l'histoire de l'homme, s'est interposé, à partir de
la chute originelle, le péché qui s'oppose à la présence de l'Esprit
de Dieu dans la création et qui, surtout, s'oppose au don que Dieu fait de
lui-même à l'homme pour son salut. Saint Paul écrit que, précisément à cause du
péché, «la création... fut assujettie à la vanité..., jusqu'à ce jour elle
gémit en travail d'enfantement» et «elle attend avec impatience la révélation
des fils de Dieu»43.
14. C'est pourquoi Jésus
dit au Cénacle: «C'est votre intérêt que je parte»; «si je pars, je vous
l'enverrai»44. Le «départ» du Christ par la Croix a la
puissance de la Rédemption - et cela signifie aussi une nouvelle présence de
l'Esprit de Dieu dans la création: le nouveau commencement du don que Dieu fait
de lui-même à l'homme dans l'Esprit Saint. «Et la preuve que vous êtes des
fils, c'est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l'Esprit de son Fils qui crie:
Abba! Père!», écrit l'Apôtre Paul dans la Lettre aux Galates45. L'Esprit Saint est l'Esprit du Père,
comme en témoignent les paroles du discours d'adieu au Cénacle. Il est, en même
temps, l'Esprit du Fils: il est l'Esprit de Jésus Christ, comme en
témoigneront les Apôtres et particulièrement Paul de Tarse46. Par l'envoi de cet Esprit «dans nos cœurs»,
commence à s'accomplir ce que «la création attend avec impatience», comme nous
le lisons dans la Lettre aux Romains.
L'Esprit Saint
vient au prix du «départ» du Christ. Si ce «départ» a provoqué la
tristesse des Apôtres47, qui devait atteindre son point culminant dans
la passion et dans la mort du Vendredi Saint, à son tour «cette tristesse se
changera en joie» 48. Le Christ, en effet, marquera son «départ»
rédempteur par la gloire de la résurrection et de l'ascension vers le Père.
Ainsi donc, la tristesse à travers laquelle transparaît la joie, voilà ce
qu'éprouvent les Apôtres dans la perspective du «départ» de leur Maître, un
départ qui a lieu «dans leur intérêt», parce que, grâce à lui, viendra un autre
«Paraclet»49. Au prix de la Croix où se réalise la
Rédemption, par la puissance de tout le mystère pascal de Jésus Christ,
l'Esprit Saint vient demeurer dès le jour de la Pentecôte avec les
Apôtres, pour demeurer avec l'Eglise et dans l'Eglise et, grâce à elle, dans le
monde.
De cette manière s'accomplit définitivement
ce nouveau commencement du don que le Dieu un et trine fait de
lui-même dans l'Esprit Saint par Jésus Christ, Rédempteur de l'homme et du
monde.
4. Le Messie, Oint de
l'Esprit Saint
15. La mission du Messie
s'accomplit aussi jusqu'à son terme, car elle est la mission de celui qui a
reçu la plénitude de l'Esprit Saint pour le Peuple élu de Dieu et pour
l'humanité entière. Littéralement, «Messie» veut dire «Christ», c'est-à-dire
«Oint», et, dans l'histoire du salut, le sens est «Oint de l'Esprit Saint».
Telle était la tradition prophétique de l'Ancien Testament. En s'y conformant,
Simon Pierre dira dans la maison de Corneille: «Vous savez ce qui s'est passé
dans toute la Judée: Jésus de Nazareth... après le baptême proclamé par Jean;
comment Dieu l'a consacré par l'Esprit Saint et rempli de sa force»50.
De ces paroles de Pierre
et de beaucoup d'autres semblables51, il convient de remonter avant tout à la
prophétie d'Isaïe, parfois appelée «le cinquième évangile» ou bien
«l'évangile de l'Ancien Testament». Evoquant la venue d'un personnage
mystérieux, que la révélation néo-testamentaire identifiera avec Jésus, Isaïe
en associe la personne et la mission avec une action spéciale de l'Esprit de
Dieu, l'Esprit du Seigneur. Voici les paroles du prophète:
«Un rejeton sortira de la
souche de Jessé,
un surgeon poussera de ses racines.
Sur lui reposera l'Esprit du Seigneur
esprit de sagesse et d'intelligence,
esprit de conseil et de force,
esprit de connaissance et de crainte du Seigneur:
son inspiration est dans la crainte du Seigneur»52.
Ce texte est important
pour toute la pneumatologie de l'Ancien Testament, car il constitue comme un
pont entre le concept biblique ancien de l'«esprit», entendu avant tout comme
un «souffle charismatique», et l'«Esprit» comme personne et comme don, don
pour la personne. Le Messie de la lignée de David («de la souche de Jessé») est
précisément la personne sur laquelle «reposera» l'Esprit du Seigneur. Il est
évident que, dans ce cas, on ne peut pas encore parler de la révélation du
Paraclet: cependant, avec cette allusion voilée à la figure du futur Messie
s'ouvre, pour ainsi dire, la voie sur laquelle est préparée la pleine
révélation de l'Esprit Saint dans l'unité du mystère trinitaire qui se manifestera
finalement dans la Nouvelle Alliance.
16. Cette voie, c'est
précisément le Messie. Dans l'Ancienne Alliance, l'onction était devenue le
symbole extérieur du don de l'Esprit. Le Messie (plus que tout autre personnage
oint dans l'Ancienne Alliance) est l'unique et grand Oint du Seigneur
lui-même. Il est l'Oint en ce sens qu'il possède la plénitude de l'Esprit de
Dieu. Et il sera lui-même le médiateur du don de cet Esprit au Peuple tout
entier. Voici, en effet, d'autres paroles du prophète:
«L'esprit du Seigneur
Dieu est sur moi,
car le Seigneur m'a consacré par l'onction;
il m'a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres,
panser les cœurs meurtris,
annoncer aux captifs la libération
et aux prisonniers la délivrance,
proclamer une année de grâce de la part du Seigneur»53.
L'Oint est aussi
envoyé «avec l'Esprit du Seigneur»:
«Et maintenant le Seigneur Dieu
m'a envoyé avec son esprit»54.
Selon le Livre
d'Isaïe, l'Oint, l'Envoyé avec l'Esprit du Seigneur, est aussi le Serviteur
du Seigneur élu, sur qui repose l'Esprit de Dieu:
«Voici mon serviteur que je soutiens,
mon élu en qui mon âme se complait.
J'ai mis sur lui mon esprit»55.
On sait que le Serviteur
du Seigneur est révélé dans le Livre d'Isaïe comme le véritable
Homme des douleurs: le Messie souffrant pour les péchés du monde56. Et, simultanément, il est celui même qui
reçoit la mission de porter de véritables fruits de salut pour toute
l'humanité: «Il présentera aux nations le droit ...»57; et il deviendra «l'alliance du peuple, la
lumière des nations ...»58; «pour que mon salut atteigne aux extrémités
de la terre»59.
Car: «Mon esprit qui est
sur toi,
et mes paroles que j'ai mises dans ta bouche
ne s'éloigneront pas de ta bouche,
ni de la bouche de ta descendance,
ni de la bouche de la descendance de ta descendance,
dit le Seigneur, dès maintenant et à jamais»60.
Les textes prophétiques
cités ici, nous devons les lire àla lumière de l'Evangile, de même
que, pour sa part, le Nouveau Testament reçoit de la lumière admirable de ces
textes vétéro-testamentaires une clarté particulière. Le prophète présente le
Messie comme celui qui vient dans l'Esprit Saint, comme celui qui possède
la plénitude de cet Esprit en lui et, en même temps, pour
les autres, pour Israël, pour toutes les nations, pour toute l'humanité. La
plénitude de l'Esprit de Dieu s'accompagne de nombreux dons, les biens du
salut, destinés spécialement aux pauvres et à ceux qui souffrent, à tous ceux
qui ouvrent leur cœur à ces dons, parfois à travers l'expérience douloureuse de
leur propre existence, mais avant tout dans la disponibilité intérieure qui
provient de la foi. Cela, le vieillard Syméon, «homme juste et pieux» sur qui
«reposait l'Esprit Saint», en eut l'intuition au moment de la présentation de
Jésus au Temple, lorsqu'il vit en lui «le salut préparé à la face de tous les
peuples» au prix de la grande souffrance, celle de la Croix, qu'il devait
éprouver en même temps que sa Mère61. La Vierge Marie comprenait cela encore mieux,
elle qui «avait conçu du Saint-Esprit»62, lorsqu'elle méditait en son cœur les
«mystères» du Messie auxquels elle était associée63.
17. Il convient de
souligner ici que l'«esprit du Seigneur», qui «repose» sur le futur Messie, est
clairement et avant tout un don de Dieu pour la personne de ce
Serviteur du Seigneur. Mais lui-même n'est pas une personne isolée et existant
par elle-même, parce qu'il agit par la volonté du Seigneur, en vertu de sa
décision ou de son choix. Même si, à la lumière des textes d'Isaïe, l'œuvre
salvifique du Messie, Serviteur du Seigneur, implique l'action de l'Esprit
accomplie à travers lui, dans leur contexte vétéro-testamentaire la distinction
des sujets ou des Personnes divines - telles que ces Personnes subsistent dans
le mystère trinitaire et seront révélées ensuite dans le Nouveau Testament -
n'est cependant pas suggérée. Que ce soit en Isaïe ou dans tout l'Ancien
Testament, la personnalité de l'Esprit Saint est complètement cachée:
cachée dans la révélation du Dieu unique, comme aussi dans l'annonce
prophétique du Messie à venir.
18. Au début de son activité messianique, Jesus Christ se réclamera de cette annonce que comprenaient les paroles d'Isaïe. Il le fera à Nazareth même où il avait passé trente années de sa vie dans la maison de Joseph le charpentier, aux côtés de Marie, la Vierge sa Mère. Quand il eut l'occasion de prendre la parole à la Synagogue, ouvrant le Livre d'Isaïe, il trouva le passage où il était écrit: «L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction» et, après avoir lu ce passage, il dit à l'assemblée: «Aujourd'hui, cette écriture est accomplie pour vous qui l'entendez»64. De cette manière, il confessait et il proclamait qu'il était celui qui «a reçu l'onction» du Père, qu'il était le Messie, c'est-a-dire celui en qui demeure l'Esprit Saint, le don de Dieu lui-même, celui qui possède la plénitude de cet Esprit, celui qui marque le «nouveau commencement» du don que Dieu fait à l'humanité dans l'Esprit.
5. Jésus de Nazareth,
«manifesté» dans l'Esprit Saint
19. Même si dans sa
propre ville de Nazareth Jésus n'est pas reconnu comme Messie, sa mission
messianique dans l'Esprit Saint est cependant révélée au peuple par
Jean-Baptiste aù commencement de son activité publique. Au bord du
Jourdain, Jean, fils de Zacharie et d'Elisabeth, annonce la venue du Messie et
administre le baptême de pénitence. Il dit: «Pour moi, je vous baptise avec de
l'eau, mais vient le plus fort que moi, et je ne suis pas digne de délier la
courroie de ses sandales: lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu»65.
Jean-Baptiste annonce le
Messie-Christ non seulement comme celui qui «vient» dans l'Esprit Saint, mais
aussi comme celui qui «porte» l'Esprit Saint, comme Jésus le révélera mieux au
Cénacle. Jean se fait ici l'écho fidèle des paroles d'Isaïe, qui concernaient
l'avenir chez le prophète ancien, tandis que dans son enseignement sur les
rives du Jourdain, elles constituent l'introduction immédiate à la réalité
messianique nouvelle. Jean n'est pas seulement prophète, il est aussi messager:
il est le précurseur du Christ. Ce qu'il annonce se réalise aux yeux de tous.
Jésus de Nazareth vient au Jourdain pour recevoir, lui aussi, le baptême de
pénitence. En voyant celui qui arrive, Jean proclame: «Voici l'agneau de Dieu,
qui enlève le péché du monde»66. Il dit cela sous l'inspiration du
Saint-Esprit67 et rend témoignage à l'accomplissement de
la prophétie d'Isaïe. En même temps, il proclame la foi en la mission
rédemptrice de Jésus de Nazareth. Sur les lèvres de Jean-Baptiste, «Agneau de
Dieu» est une expression de la vérité sur le Rédempteur qui n'a pas moins de
portée que celle de «Serviteur du Seigneur».
Ainsi, par le témoignage
de Jean au Jourdain, Jésus de Nazareth, rejeté par ses compatriotes, se
trouve manifesté aux yeux d'Israël comme le Messie, c'est-à-dire «l'Oint»
de l'Esprit Saint. Et ce témoignage est confirmé par un autre témoignage
supérieur, mentionné par les trois synoptiques. En effet, quand tout le peuple
fut baptisé et tandis que Jésus, ayant reçu le baptême, se trouvait en prière,
«le ciel s'ouvrit, et l'Esprit Saint descendit sur lui sous une forme
corporelle, comme une colombe»68 et, en même temps, «voici qu'une voix
venue des cieux disait: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma
faveur"»69.
C'est une théophanie
trinitaire, qui est un témoignage rendu à la glorification du Christ à
l'occasion de son baptême dans le Jourdain. Non seulement elle confirme le
témoignage de Jean-Baptiste, mais elle dévoile une dimension encore plus
profonde de la vérité sur Jésus de Nazareth comme Messie. Il est dit: le
Messie est le Fils bien-aimé du Père. Son investiture solennelle ne se
réduit pas à la mission messianique du «Serviteur du Seigneur». A la lumière de
la théophanie du Jourdain, c'est le mystère de la Personne même du Messie qui est
exalté. Il est glorifié parce qu'il est Fils de la complaisance divine. La voix
d'en haut dit: «Mon Fils».
20. La théophanie du
Jourdain n'éclaire que fugitivement le mystère de Jésus de Nazareth dont toute
l'activité se déroulera en présence de l'Esprit Saint70. Ce mystère sera révélé par Jésus lui-même et
peu à peu confirmé à travers tout ce qu'il «a fait et enseigné»71. Dans la ligne de cet enseignement et des
signes messianiques que Jésus accomplit avant de parvenir au discours d'adieu
du Cénacle, nous rencontrons des événements et des paroles qui représentent des
moments particulièrement importants de cette révélation progressive. Ainsi
l'évangéliste Luc, qui a déjà présenté Jésus «rempli d'Esprit Saint» et «mené
par l'Esprit à travers le désert»72, nous apprend que, après le retour des
soixante-douze disciples de la mission que le Maître leur avait confiée73, alors que, tout joyeux, ils décrivaient le
fruit de leur travail, à cette heure même, Jésus «tressaillit de joie sous
l'action de l'Esprit Saint et dit: "Je te bénis, Père, Seigneur du
ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de
l'avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir"»74. Jésus exulte à cause de la paternité divine;
il exulte parce qu'il lui est donné de révéler cette paternité; il exulte,
enfin, parce qu'il y a comme un rayonnement particulier de cette paternité
divine sur les «petits». Et l'évangéliste qualifie tout cela de «tressaillement
de joie dans l'Esprit Saint».
Un tel tressaillement de
joie, en un sens, entraîne Jésus à dire encore davantage. Ecoutons: «Tout m'a
été remis par mon Père, et nul ne sait qui est le Fils si ce n'est le
Père, ni qui est le Pere si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils veut
bien le révéler»75.
21. Ce qui, au cours de
la théophanie du Jourdain, est venu pour ainsi dire «de l'extérieur» d'en haut,
provient ici «de l'intérieur», c'est-à-dire du plus profond de ce qu'est
Jésus. C'est une autre révélation du Père et du Fils, unis dans l'Esprit Saint.
Jésus parle seulement de la paternité de Dieu et de sa propre filiation; il ne
parle pas explicitement de l'Esprit qui est Amour et, par là, union du Père et
du Fils. Néanmoins, ce qu'il dit du Père et de lui-même comme Fils résulte
de la plénitude de l'Esprit qui est en lui, qui remplit son cœur, pénètre
son propre «Moi», inspire et vivifie en profondeur son action. De là, ce
«tressaillement de joie dans l'Esprit Saint». L'union du Christ avec l'Esprit
Saint, dont il a une parfaite conscience, s'exprime dans ce «tressaillement de
joie» qui, en un sens, rend «perceptible» sa source secrète. Il en résulte une
manifestation et une exaltation particulières qui sont propres au Fils de
l'homme, au Christ-Messie dont l'humanité appartient à la personne du Fils de
Dieu, substantiellement un avec l'Esprit Saint dans la divinité.
Dans sa magnifique confession de la paternité de Dieu, Jésus de Nazareth se manifeste aussi lui-même, il manifeste son «Moi» divin: il est en effet le Fils «de la même substance», c'est pourquoi «nul ne sait qui est le Fils si ce n'est le Père, ni qui est le Père si ce n'est le Fils», ce Fils qui «pour nous et pour notre salut» s'est fait homme par l'Esprit Saint et est né d'une Vierge dont le nom était Marie.
6. «Recevez l'Esprit
Saint», dit le Christ ressuscité
22. Grâce à son récit,
Luc nous conduit à un point extrêmement proche de la vérité comprise dans le
discours au Cénacle. Jésus de Nazareth, «exalté» dans l'Esprit Saint, se
présente au cours de ce discours et de cet entretien comme celui qui
«porte» l'Esprit, comme celui qui doit le porter et le «donner» aux Apôtres et
à l'Eglise au prix de son «départ» par la Croix.
Par le verbe «porter» on
entend ici avant tout «révéler». L'Ancien Testament, depuis le Livre
de la Genèse, a fait connaître en quelque sorte l'Esprit de Dieu d'abord comme
le «souffle» de Dieu qui donne la vie, comme «un souffle vital» surnaturel.
Dans le Livre d'Isaïe, il est présenté comme un «don» pour la personne du
Messie, comme celui qui vient sur lui pour guider de l'intérieur toute son activité
salvifique. Au bord du Jourdain, l'annonce d'Isaïe a revêtu une forme concrète:
Jésus de Nazareth est celui qui vient dans l'Esprit Saint et le
porte comme le don propre de sa Personne même, pour le répandre grâce
à son humanité: «Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint»76. Dans l'évangile de Luc, cette révélation de
l'Esprit Saint est confirmée et enrichie, présentée comme la source intime de
la vie et de l'action messianique de Jésus Christ.
A la lumière de ce que
Jésus dit dans le discours après la Cène, l'Esprit Saint est révélé d'une
manière nouvelle et plus ample. Il n'est pas seulement le don à la personne (à
la personne du Messie), mais il est une Personne-Don. Jésus annonce sa
venue comme celle d'«un autre Paraclet» qui, étant l'Esprit de vérité, conduira
les Apôtres et l'Eglise «à la vérité tout entière»77. Cela s'accomplira en raison de la communion
particulière qui existe entre l'Esprit Saint et le Christ: «C'est de mon bien
qu'il recevra et il vous le dévoilera»78. Cette communion a sa source première
dans le Père: «Tout ce qu'a le Père est à moi. Voilà pourquoi j'ai dit que
c'est de mon bien qu'il reçoit et qu'il vous le dévoilera»79. Venant du Père, l'Esprit Saint est envoyé
d'auprès du Père80. L'Esprit Saint a d'abord été
envoyé comme don au Fils qui s'est fait homme, pour accomplir les
prophéties messianiques. Après le «départ» du Christ-Fils, suivant le texte
johannique, l'Esprit Saint «viendra» directement- c'est sa mission nouvelle -
pour achever l'œuvre du Fils. Ainsi, c'est lui qui mènera à son accomplissement
l'ère nouvelle de l'histoire du salut.
23. Nous nous trouvons au
seuil de l'événement pascal. La révélation nouvelle et définitive de l'Esprit
Saint comme Personne qui est le Don s'accomplit précisément à ce
moment. Les événements de Pâques- la passion, la mort et la résurrection
du Christ - sont aussi le temps de la nouvelle venue de l'Esprit
Saint comme Paraclet et Esprit de vérité. C'est le temps du «nouveau
commencement» du don que le Dieu un et trine fait de lui-même à l'humanité dans
l'Esprit Saint par l'action du Christ Rédempteur. Ce nouveau commencement est
la rédemption du monde: «Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils
unique»81. Déjà, dans le fait de «donner» le Fils, dans
le don du Fils, s'exprime l'essence la plus profonde de Dieu qui, comme Amour,
est une source inépuisable de libéralité. Dans le don fait par le Fils s'achèvent
la révélation et la libéralité de l'Amour éternel: l'Esprit Saint, qui
dans les profondeurs insondables de la divinité est une Personne-Don, par
l'œuvre du Fils, c'est-à-dire par le mystère pascal, est donné d'une manière
nouvelle aux Apôtres et à l'Eglise et, à travers eux, à l'humanité et au monde
entier.
24. L'expression
définitive de ce mystère apparaît le jour de la Résurrection. En ce
jour, Jésus de Nazareth, «issu de la lignée de David selon la chair», comme
l'écrit l'Apôtre Paul, est «établi Fils de Dieu avec puissance selon l'Esprit
de sainteté, par sa résurrection des morts»82. On peut donc dire que l'«exaltation»
messianique du Christ dans l'Esprit Saint atteint son sommet dans la
Résurrection; il se révèle alors comme Fils de Dieu, «rempli de
puissance». Et cette puissance, dont les sources jaillissent dans l'insondable
communion trinitaire, se manifeste avant tout dans le fait que si, d'une part,
le Christ ressuscité réalise la promesse de Dieu déjà exprimée par la voix du
prophète: «Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit
nouveau, ... mon esprit»83, d'autre part, il accomplit sa propre promesse
faite aux Apôtres par ces mots: «Si je pars, je vous l'enverrai»84. C'est lui, l'Esprit de vérité, le Paraclet
envoyé par le Christ ressuscité pour nous transformer et faire de nous l'image
même du ressuscité85.
Ecoutons: «Le soir, ce
même jour, le premier de la semaine, et les portes étant closes, la où se
trouvaient les disciples, par peur des juifs, Jésus vint et se tint au milieu
et il leur dit: «Paix à vous!». Ayant dit cela, il leur montra ses mains et son
côté. Les disciples furent remplis de joie à la vue du Seigneur. Il leur dit
alors, de nouveau: "Paix à vous! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je
vous envoie". Ayant dit cela, il souffla sur eux et leur dit: "Recevez
l'Esprit Saint"»86.
Tous les détails de ce
texte clé de l'Evangile de Jean ont une réelle portée, spécialement si nous les
relisons en relation avec les paroles prononcées dans le même Cénacle au début
des événements de Pâques. Désormais, ces événements - le triduum sacrum de
Jésus que le Père a consacré par l'onction et envoyé dans le monde - atteignent
leur achèvement. Le Christ, qui «avait remis l'esprit» sur la Croix87 comme Fils de l'homme et Agneau de Dieu,
une fois ressuscité, va vers les Apôtres pour «souffler sur eux» avec la
puissance dont parle la Lettre aux Romains88. La venue du Seigneur remplit de joie ceux qui
sont présents: «Leur tristesse se change en joie»89, comme il l'avait déjà promis lui-même avant
sa passion. Et surtout l'annonce essentielle du discours d'adieu se réalise: le
Christ ressuscité, comme inaugurant une création nouvelle, «porte» aux Apôtres
l'Esprit Saint. Il le leur porte au prix de son «départ»; il leur donne cet
Esprit en quelque sorte à travers les plaies de sa crucifixion: «Il leur montra
ses mains et son côté». C'est en vertu de cette crucifixion qu'il leur dit:
«Recevez l'Esprit Saint».
Un lien étroit s'établit ainsi entre l'envoi du Fils et celui de l'Esprit Saint. L'envoi de l'Esprit Saint (après le péché originel) ne peut avoir lieu sans la Croix et la Résurrection: «Si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous»90. Un lien étroit s'établit aussi entre la mission de l'Esprit Saint et celle du Fils dans la Rédemption. La mission du Fils, en un sens, trouve son «achèvement» dans la Rédemption. La mission de l'Esprit Saint «découle» de la Rédemption: «C'est de mon bien qu'il reçoit et il vous le dévoilera»91. La Rédemption est accomplie pleinement par le Fils comme l'Oint qui est venu et a agi par la puissance de l'Esprit Saint, s'offrant lui-même à la fin en sacrifice suprême sur le bois de la Croix. Et cette Rédemption est aussi accomplie continuellement dans les cœurs et les consciences des hommes - dans l'histoire du monde - par l'Esprit Saint qui est l'«autre Paraclet».
7. L'Esprit Saint et le
temps de l'Eglise
25. «Une fois achevée
l'œuvre que le Père avait chargé son Fils d'accomplir sur la terre (cf. Jn 17,
4), le jour de la Pentecôte, l'Esprit Saint fut envoyé qui devait
sanctifier l'Eglise en permanence et procurer ainsi aux croyants, par le
Christ, dans l'unique Esprit, l'accès auprès du Père (cf. Ep 2, 18).
C'est lui, l'Esprit de vie, la source d'eau jaillissant pour la vie éternelle
(cf. Jn 4, 14; 7, 38-39), par qui le Père donne la vie aux hommes que
le péché avait fait mourir, en attendant de ressusciter dans le Christ leur
corps mortel (cf. Rm 8, 10-11)»92.
C'est ainsi que le
Concile Vatican II parle de la naissance de l'Eglise le jour de la
Pentecôte. L'événement de la Pentecôte constitue la manifestation définitive de
ce qui s'était accompli dans le même Cénacle dès le dimanche de Pâques. Le
Christ ressuscité vint et «porta» aux Apôtres l'Esprit Saint. Il le leur donna
en disant: «Recevez l'Esprit Saint». Ce qui s'était produit alors à
l'intérieur du Cénacle, «les portes closes», plus tard, le jour de la
Pentecôte, fut manifesté aussi à l'extérieur, devant les hommes. Les portes du
Cénacle s'ouvrent et les Apôtres se dirigent vers les habitants et les pèlerins
rassemblés à Jérusalem à l'occasion de la fête, pour rendre témoignage au
Christ par la puissance de l'Esprit Saint. Ainsi se réalise la parole de Jésus:
«Il me rendra témoignage; mais vous aussi, vous témoignerez, parce
que vous êtes avec moi depuis le commencement»93.
Nous lisons dans un autre
document du Concile Vatican II: «Sans aucun doute, le Saint-Esprit était déjà à
l'œuvre dans le monde avant la glorification du Christ. Pourtant, le jour de la
Pentecôte, il descendit sur les disciples pour demeurer avec eux à jamais:
l'Eglise se manifesta publiquement devant la multitude, la diffusion de
l'Evangile commença avec la prédication parmi les païens»94.
Le temps de l'Eglise a
commencé par la «venue», c'est-à-dire par la descente de l'Esprit Saint sur les
Apôtres réunis au Cénacle de Jérusalem avec Marie, la Mère du Seigneur95. Le temps de l'Eglise a commencé au moment où
les promesses et les prophéties qui se rapportaient de manière très
explicite au Paraclet, à l'Esprit de vérité, ont commencé à se réaliser sur les
Apôtres avec puissance et de toute évidence, déterminant ainsi la naissance de
l'Eglise. Les Actes des Apôtres parlent de cela fréquemment, en de nombreux
passages. Il en résulte que, suivant la conscience de la communauté primitive
dont Luc exprime les certitudes, l'Esprit Saint a assuré la conduite, de
manière invisible mais d'une certaine façon «perceptible», de ceux qui,
après le départ du Seigneur Jésus, avaient profondément le sentiment d'être
restés orphelins. Par la venue de l'Esprit Saint, ils se sont sentis aptes à
accomplir la mission qui leur avait été confiée. Ils se sont sentis pleins de
force. C'est là précisément l'action de l'Esprit Saint en eux, et c'est son
action constante dans l'Eglise par leurs successeurs. En effet, la grâce de
l'Esprit Saint, que les Apôtres ont donnée à leurs collaborateurs par
l'imposition des mains, continue à être transmise par l'ordination épiscopale.
Puis, par le sacrement de l'ordre, les évêques font participer les ministres
sacrés à ce don spirituel, et ils font en sorte que tous ceux qui sont renés de
l'eau et de l'Esprit en soient fortifiés par le sacrement de la confirmation;
d'une certaine façon, la grâce de la Pentecôte est ainsi perpétuée dans
l'Eglise.
Comme l'écrit le Concile,
«l'Esprit demeure dans l'Eglise et dans le cœur des fidèles comme dans un
temple (cf. 1 Co 3, 16; 6, 19), en eux il prie et atteste leur
condition de fils de Dieu par adoption (cf. Ga 4, 6; Rm 8,
15-16. 26). Cette Eglise qu'il introduit dans la vérité tout entière (cf. Jn 16,
13), qu'il unifie par la communion et le ministère, l'Esprit lui fournit ses
moyens d'action et la dirige par la diversité de ses dons hiérarchiques et charismatiques,
et il l'embellit par ses fruits (cf. Ep 4, 11-12; 1 Co 12,
4; Ga 5, 22). Par la vertu de l'Evangile, il rajeunit l'Eglise et
il la renouvelle sans cesse, l'acheminant à l'union parfaite avec son
Epoux»96.
26. Les passages cités de
la Constitution conciliaire Lumen gentium nous disent que, par la
venue de l'Esprit Saint, commença le temps de l'Eglise. Ils nous disent aussi
que ce temps, le temps de l'Eglise, continue. Il dure au cours
des siècles et des générations. En notre siècle, où l'humanité est désormais
proche de la fin du deuxième millénaire après le Christ, ce temps de l'Eglise a
été particulièrement exprimé dans le Concile Vatican II , le concile
de notre siècle. On sait, en effet, qu'il a été spécialement un concile
«ecclésiologique»:un concile sur le thème de l'Eglise. En même temps,
l'enseignement de ce Concile est essentiellement «pneumatologique», pénétré
de la vérité sur l'Esprit Saint, âme de l'Eglise. Nous pouvons dire que, dans
la richesse de son magistère, le Concile Vatican II contient à proprement
parler tout ce «que l'Esprit dit aux Eglises»97 en fonction de la période actuelle de
l'histoire du salut.
Guidé par l'Esprit de
vérité et rendant témoignage avec lui, le Concile a donné une
particulière confirmation de la présence de l'Esprit Saint-Paraclet. En un
sens, il l'a rendu nouvellement «présent» dans notre époque difficile. On
comprend mieux, à la lumière de cette conviction, la grande importance de
toutes les initiatives tendant à la réalisation de Vatican II, de son magistère
et de sa visée pastorale et œcuménique. Dans cette perspective, il convient de
prendre en considération et d'apprécier les Assemblées du Synode des
Evêques, réunies par la suite, qui ont eu pour but de permettre que les fruits
de la Vérité et de l'Amour - les fruits authentiques de l'Esprit Saint -
deviennent un bien durable du Peuple de Dieu dans son pèlerinage terrestre au
cours des siècles. Ce travail de l'Eglise est indispensable, car il est destiné
à vérifier et à consolider les fruits salvifiques de l'Esprit accordés au
Concile. A cette fin, il est nécessaire de savoir les «discerner» attentivement
par rapport à tout ce qui peut, au contraire, provenir en premier lieu du
«Prince de ce monde»98. Ce discernement est d'autant plus nécessaire
dans la réalisation de l'œuvre du Concile que celui-ci s'est largement
ouvert au monde contemporain, comme on le voit clairement dans les
Constitutions importantes Gaudium et spes et Lumen gentium.
Nous lisons dans la
Constitution pastorale: «Leur communauté (celle des disciples du Christ) ...
s'édifie avec des hommes, rassemblés dans le Christ, conduits par l'Esprit
Saint dans leur marche vers le Royaume du Père, et porteurs d'un message de
salut qu'il leur faut proposer à tous. La communauté des chrétiens se reconnaît
donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire»99. «L'Eglise sait parfaitement que Dieu seul,
dont elle est la servante, répond aux plus profonds désirs du cœur humain que
jamais ne rassasient pleinement les nourritures terrestres»100. «L'Esprit de Dieu .... par une
providence admirable, conduit le cours des temps et rénove la face de la
terre»101.
DEUXIÈME PARTIE - L'ESPRIT QUI MET EN LUMIERE LE PECHE DU MONDE
1. Péché, justice et
jugement
27. Jésus, pendant son
discours au Cénacle, annonce la venue de l'Esprit Saint «au prix» de son propre
départ, et il promet: «Si je pars, je vous l'enverrai». Mais, dans ce même
contexte, il ajoute: «Et lui, une fois venu, il établira la culpabilité du
monde en fait de péché, en fait de justice et en fait de jugement»102. Le Paraclet lui-même, l'Esprit de vérité,
promis comme celui qui «enseignera» et «rappellera», comme celui qui «rendra
témoignage», comme celui qui «introduira dans la vérité tout entière», est
maintenant annoncé, par les paroles que nous venons de citer, comme celui qui
«établira la culpabilité du monde en fait de péché, en fait de justice et en
fait de jugement».
Le contexte semble
déjà significatif. Jésus relie cette annonce de la venue de l'Esprit Saint aux
paroles qui indiquent son «départ» par la Croix et qui en soulignent même la
nécessité: «C'est votre intérêt que je parte; car si je ne pars pas, le Paraclet
ne viendra pas vers vous»103.
Mais ce qui compte le
plus, c'est l'explication que Jésus ajoute lui-même à ces trois
mots: péché, justice, jugement. Il dit en effet: «Il établira la culpabilité du
monde en fait de péché, en fait de justice et en fait de jugement: de péché,
parce qu'ils ne croient pas en moi; de justice, parce que je vais vers le Père
et que vous ne me verrez plus; de jugement, parce que le Prince de ce monde est
jugé»104. Dans la pensée de Jésus, le péché, la
justice, le jugement ont un sens bien précis, différent de celui que l'on
aurait peut-être tendance à attribuer à ces mots indépendamment de
l'explication donnée par celui qui parle. Cette explication indique aussi
comment il faut comprendre l'expression «établir la culpabilité du monde», qui
est propre à l'action de l'Esprit Saint. Et ici, le sens de chaque mot importe,
et aussi le fait que Jésus les a unis entre eux dans la même phrase.
«Le péché», dans ce
texte, signifie l'incrédulité que Jésus rencontre parmi les «siens», à
commencer par ses concitoyens de Nazareth. Il signifie le refus de sa mission,
qui amènera les hommes à le condamner à mort. Lorsque, ensuite, il parle de «la
justice», Jésus semble envisager la justice définitive que lui rendra le Père
en l'entourant de la gloire de la résurrection et de l'ascension au ciel: «Je
m'en vais vers le Père». A son tour, dans le contexte du «péché» et de la
«justice» ainsi entendus, «le jugement» signifie que l'Esprit de vérité
montrera, dans la condamnation de Jésus à la mort en Croix, le péché du
«monde». Toutefois, le Christ n'est pas venu dans le monde uniquement pour le
juger et le condamner: il est venu pour le sauver105. La mise en lumière du péché et de la justice
a pour but le salut du monde, le salut des hommes. C'est bien cette vérité qui
semble soulignée par l'affirmation que «le jugement» concerne seulement le «Prince
de ce monde», à savoir Satan, celui qui, depuis le commencement, exploite
l'œuvre de la création contre le salut, contre l'alliance et l'union de l'homme
avec Dieu: il est «déjà jugé» depuis le commencement. Si l'Esprit-Paraclet doit
confondre le monde en fait de jugement, c'est pour continuer en lui l'œuvre
salvatrice du Christ.
28. Nous voulons ici
concentrer principalement notre attention sur cette mission de «manifester le
péché du monde», qui est celle de l'Esprit Saint, tout en respectant les
paroles de Jésus dans l'ensemble du contexte. L'Esprit Saint, qui reçoit du
Fils l'œuvre de la Rédemption du monde, assume par là même la tâche de
«manifester le péché» pour sauver. Cela se fait en référence permanente à
la «justice», c'est-à-dire au salut définitif en Dieu, à l'accomplissement de
l'économie qui a pour centre le Christ crucifié et glorifié. Et cette économie
salvifique de Dieu soustrait l'homme, en un sens, au «jugement», c'est-à-dire
à la damnation, qui a frappé le péché de Satan, le «Prince de ce monde»,
celui qui, à cause de son péché, est devenu «régisseur de ce monde de ténèbres»106. Et voici qu'en vertu de cette référence au
«jugement», s'ouvrent de vastes horizons pour la compréhension du «péché», et
aussi de la «justice». Montrant le péché, sur l'arrière-plan de la Croix
du Christ, dans l'économie du salut (on pourrait dire «le péché sauvé»),
l'Esprit Saint fait comprendre que sa mission est de mettre en évidence même le
péché qui a déjà été jugé définitivement («le péché condamné»).
29. Toutes les paroles
prononcées par le Rédempteur au Cénacle, à la veille de sa passion, s'inscrivent
dans le temps de l'Eglise, à commencer par celles qui concernent l'Esprit Saint
comme Paraclet et comme Esprit de vérité. Elles s'y inscrivent d'une manière
toujours nouvelle, à chaque génération, à chaque époque. Cela est confirmé,
pour ce qui est de notre siècle, par l'ensemble de l'enseignement du Concile
Vatican II, spécialement dans la Constitution pastorale «Gaudium et spes».
De nombreux passages de ce document montrent clairement que le Concile,
s'ouvrant à la lumière de l'Esprit de vérité, se présente comme le dépositaire
authentique de tout ce qui a été annoncé et promis par le Christ aux
Apôtres et à l'Eglise dans le discours d'adieu, en particulier de l'annonce
selon laquelle l'Esprit Saint doit «établir la culpabilité du monde en fait de
péché, en fait de justice et en fait de jugement».
C'est ce qu'indique déjà
le texte dans lequel le Concile explique ce qu'il entend par «monde»: «Le
monde qu'il (le Concile lui-même) a ainsi en vue est celui des hommes, la
famille humaine tout entière avec l'univers au sein duquel elle vit. C'est le
théâtre où se joue l'histoire du genre humain, le monde marqué par l'effort de
l'homme, ses défaites et ses victoires. Pour la foi des chrétiens, ce monde a
été fondé et demeure conservé par l'amour du Créateur; il est tombé,
certes, sous l'esclavage du péché, mais le Christ, par la Croix et la
Résurrection, a brisé le pouvoir du Malin et l'a libéré pour
qu'il soit transformé selon le dessein de Dieu et qu'il parvienne ainsi à son
accomplissement»107. Il faut, en référence à ce texte très
synthétique, lire les autres passages de la Constitution qui cherchent à
montrer, avec tout le réalisme de la foi, la situation du péché dans
le monde contemporain et aussi à expliquer son essence, en partant de divers
points de vue108.
Lorsque Jésus, la veille
de Pâques, parle de l'Eprit Saint comme de celui qui «mettra en lumière le
péché du monde», il faut, d'un côté, donner à cette affirmation la portée
la plus grande possible, en ce sens qu'elle comprend tout l'ensemble des péchés
qui marquent l'histoire de l'humanité. Mais, d'un autre côté, quand Jésus
explique que ce péché consiste dans le fait qu'«ils ne croient pas en lui», la
portée de l'affirmation semble se restreindre à ceux qui ont refusé
de reconnaître la mission messianique du Fils de l'homme, le condamnant à la
mort sur la Croix. Il est cependant difficile de ne pas remarquer que cette
portée plus «réduite» du sens du péché, située avec précision dans l'histoire,
s'élargit jusqu'à prendre une ampleur universelle en raison de
l'universalité de la Rédemption accomplie par la Croix. La révélation du
mystère de la Rédemption ouvre la voie à une intelligence de ce mystère selon
laquelle tout péché, quel que soit le lieu ou le temps où il a été commis, est
mis en rapport avec la Croix du Christ - et donc aussi, indirectement, avec le
péché de ceux qui «n'ont pas cru en lui» et ont condamné Jésus Christ à la mort
sur la Croix.
De ce point de vue, il nous faut revenir à l'événement de la Pentecôte.
2. Le témoignage du jour
de la Pentecôte
30. Le jour de la
Pentecôte, tout ce que le Christ avait annoncé lors de son discours
d'adieu fut confirmé de la manière la plus exacte et la plus directe,
en particulier l'annonce dont nous parlons ici: «Le Paraclet ... établira la
culpabilité du monde en fait de péché». Ce jour-là, l'Esprit Saint promis
descendit sur les Apôtres réunis dans la prière avec Marie, Mère de Jésus,
au Cénacle, comme nous le lisons dans les Actes des Apôtres: «Tous furent
alors remplis de l'Esprit Saint et commencèrent a parler en d'autres langues,
selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer»109, «l'Esprit ramenant ainsi à l'unité les races
séparées et offrant au Père les prémices de toutes les nations»110.
On voit clairement le
rapport entre ce qu'avait annoncé le Christ et cet événement. Nous y
distinguons l'accomplissement premier et fondamental de la promesse concernant
le Paraclet. Envoyé par le Père, il vient «après» le départ du Christ, «au
prix» de ce départ. Ce départ s'effectue d'abord par la mort sur la Croix,
puis quarante jours après la résurrection, par l'ascension au ciel. Au moment
de l'ascension, Jésus ordonne encore aux Apôtres «de ne pas s'éloigner de
Jérusalem, mais d'y attendre ce que le Père avait promis»; «vous serez baptisés
dans l'Esprit Saint sous peu de jours»; «vous allez recevoir une force,
celle de l'Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à
Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la
terre»111.
Ces dernières paroles
contiennent un écho, ou un rappel, de l'annonce faite au Cénacle. Et le jour de
la Pentecôte, cette annonce se réalise de façon très précise. Agissant sous
l'influence de l'Esprit Saint reçu par les Apôtres pendant la prière au
Cénacle, devant une multitude de personnes de langues différentes réunies pour
la fête, Pierre se présente et parle. Il proclame ce qu'il n'aurait
certainement pas eu le courage de dire auparavant: «Hommes d'Israël ..., Jésus
le Nazaréen, cet homme que Dieu a accrédité auprès de vous par les miracles,
prodiges et signes qu'il a opérés par lui au milieu de vous ..., cet homme qui
avait été livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu, vous
l'avez pris et fait mourir en le clouant à la croix par la main des
impies, mais Dieu l'a ressuscité, le délivrant des affres de la mort. Aussi
bien n'était-il pas possible qu'il fût retenu en son pouvoir»112.
Jésus avait prédit et
promis: «Il me rendra témoignage... Mais vous aussi, vous témoignerez». Ce
«témoignage» trouve clairement son commencement dans le premier
discours de Pierre à Jérusalem: c'est le témoignage sur le Christ crucifié et
ressuscité. C'est le témoignage de l'Esprit-Paraclet et des Apôtres. Et selon
le contenu même de ce premier témoignage, l'Esprit de vérité, par la bouche de
Pierre, «met en lumière le péché du monde», à commencer par le péché qu'est le
refus du Christ jusqu'à le faire condamner à mort, jusqu'à la Croix du
Golgotha. Des proclamations de même contenu se répéteront, selon le texte
des Actes des Apôtres, en d'autres occasions et en différents endroits113.
31. Depuis ce témoignage
initial de la Pentecôte, l'action de l'Esprit de vérité, qui «manifeste le
péché du monde», celui de refuser le Christ, est en relation organique avec
le témoignage rendu au mystère pascal, au mystère du Crucifié et du
Ressuscité. Et dans cette relation, l'expression «manifester le péché» révèle
sa propre dimension salvifique. C'est en effet une «manifestation» qui n'a pas
pour but le seul fait d'accuser le monde, encore moins de le
condamner. Jésus Christ n'est pas venu dans le monde pour le juger et le
condamner, mais pour le sauver114. Cela est souligné dès ce premier discours,
lorsque Pierre s'écrie: «Que toute la maison d'Israël le sache donc avec
certitude: Dieu l'a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez
crucifié»115. Et par la suite, lorsque les personnes
présentes demandent à Pierre et aux Apôtres: «Frères, que devons-nous faire?»,
voici la réponse: «Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au
nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez
alors le don du Saint-Esprit»116.
De cette façon, la «manifestation du
péché» devient en même temps manifestation de la rémission des péchés, par
la puissance de l'Esprit Saint. Dans son discours de Jérusalem, Pierre exhorte
à la conversion, comme Jésus exhortait ses auditeurs au début de son activité
messianique117. La conversion requiert la mise en
lumière du péché, elle contient en elle-même le jugement intérieur de la
conscience. On peut y voir la preuve de l'action de l'Esprit de vérité au plus
profond de l'homme, et cela devient en même temps le commencement d'un nouveau
don de la grâce et de l'amour: «Recevez l'Esprit Saint»118. Ainsi, dans cette «mise en lumière du péché»,
nous découvrons un double don: le don de la vérité de la conscience et le
don de la certitude de la rédemption. L'Esprit de vérité et le Paraclet.
La manifestation du
péché, par le ministère de la prédication apostolique dans l'Eglise naissante,
est mise en relation - sous l'impulsion de l'Esprit reçu à la
Pentecôte - avec la puissance rédemptrice du Christ crucifié et
ressuscité. Ainsi s'accomplit la promesse relative à l'Esprit Saint qui a été
faite avant Pâques: «C'est de mon bien qu'il reçoit, et il vous le dévoilera».
Lorsque, pendant l'événement de la Pentecôte, Pierre parle du péché de
ceux qui «n'ont pas cru»119 et qui ont livré Jésus de Nazareth à une
mort ignominieuse, il rend donc témoignage à la victoire sur le péché, victoire
qui a été remportée, en un sens, à travers le péché le plus grand que l'homme
ait pu commettre: le meurtre de Jésus, Fils de Dieu, de même nature que le
Père! Pareillement, la mort du Fils de Dieu l'emporte sur la mort humaine: «Ero
mors tua, o mors», «j'étais ta mort, ô mort»120, de même que le péché d'avoir crucifié
le Fils de Dieu «l'emporte» sur le péché humain! Ce péché est celui qui a
été consommé à Jérusalem le jour du Vendredi Saint, et aussi tout péché de
l'homme. En effet, au plus grand des péchés commis par l'homme correspond, dans
le cœur du Rédempteur, l'offrande de l'amour suprême qui
surpasse le mal de tous les péchés des hommes. Se fondant sur cette certitude,
l'Eglise n'hésite pas à répéter chaque année, dans la liturgie romaine de la
veillée pascale, «O felix culpa! heureuse faute!», lors de l'annonce de la
résurrection que fait le diacre par le chant de l'«Exsultet».
32. Mais de cette vérité
ineffable, personne ne peut convaincre le monde, l'homme, la conscience
humaine, sinon Lui-même, l'Esprit de vérité. Il est l'Esprit qui
«sonde les profondeurs de Dieu»121. Face au mystère du péché, il faut sonder «les
profondeurs de Dieu» jusqu'au bout. Il ne suffit pas de sonder la
conscience humaine, en tant que mystère intime de l'homme; il est nécessaire de
pénétrer dans le mystère intime de Dieu, dans ces «profondeurs de Dieu» que
synthétise la formule: au Père, dans le Fils, par l'Esprit Saint. C'est
précisément l'Esprit Saint qui «sonde» ces profondeurs, et qui en tire la réponse
de Dieu au péché de l'homme. Avec cette réponse se conclut le processus de
«mise en lumière du péché», comme le montre clairement l'événement de la
Pentecôte.
En établissant la
culpabilité du «monde» pour ce qui est du péché du Golgotha, de la mort de
l'Agneau innocent, comme cela se produit le jour de la Pentecôte, l'Esprit
Saint fait de même pour tout péché commis en quelque lieu ou moment que ce soit
dans l'histoire de l'homme: il montre en effet son rapport avec la Croix
du Christ. Etablir la culpabilité, c'est montrer le mal qu'est le péché, tout
péché, par rapport à la Croix du Christ. Le péché, sous l'éclairage de ce
rapport, est vu dans toute la dimension du mal qui lui est propre, en
raison du mysterium iniquitatis122 qu'il contient et qu'il cache. L'homme ne
connaît pas cette dimension, il ne la connaît absolument pas en dehors de la
Croix du Christ. Il ne peut donc être «convaincu» de cela que par l'Esprit
Saint, Esprit de vérité mais aussi Paraclet.
Car le péché, mis en relation avec la Croix du Christ, est en même temps identifié dans la pleine dimension du «mysterium pietatis»123, comme l'a montré l'Exhortation apostolique post-synodale Reconciliatio et paenitentia124. Cette autre dimension du péché, l'homme ne la connaît absolument pas non plus en dehors de la Croix du Christ. Et il ne peut en être convaincu que par l'Esprit Saint, par celui qui sonde les profondeurs de Dieu.
3. Le témoignage du
commencement: la réalité originelle du péché
33. C'est la dimension du
péché que nous trouvons dans le témoignage sur le commencement tel que le donne
le Livre de la Genèse125. C'est le péché qui, selon la Parole de Dieu
révélée, constitue le principe et la racine de tous les autres péchés.
Nous nous trouvons en face de la réalité originelle du péché dans l'histoire de
l'homme, et en même temps dans l'ensemble de l'économie du salut. On peut dire
que le mysterium iniquitatis a son origine dans ce péché, mais que
c'est aussi le péché à l'égard duquel la puissance rédemptrice du mysterium
pietatis devient particulièrement transparente et efficace. C'est ce
qu'exprime saint Paul lorsque, à la «désobéissance» du premier Adam, il oppose
l'«obéissance» du Christ, second Adam: «L'obéissance jusqu'à la mort»126.
Selon le témoignage du
commencement, le péché, dans sa réalité originelle, se produit dans la volonté
- et dans la conscience - de l'homme, avant tout comme «désobéissance»,
c'est-à-dire comme opposition de la volonté de l'homme à la volonté de Dieu.
Cette désobéissance originelle présuppose le refus, ou au moins l'éloignement,
de la vérité contenue dans la Parole de Dieu qui crée le monde. Cette
Parole est le Verbe lui-même, qui était «au commencement avec Dieu», qui «était
Dieu» et sans qui «rien ne fut», car «le monde fut par lui»127. C'est le Verbe qui est aussi la Loi
éternelle, la source de toute loi, qui régit le monde et spécialement les
actions de l'homme. Lorsque, à la veille de sa passion, Jésus Christ parle du
péché de ceux qui «ne croient pas en lui», il y a donc, dans ces paroles
pleines de douleur, comme une allusion lointaine au péché qui s'inscrit obscurément
sous sa forme originelle dans le mystère même de la création. Celui qui parle
est, en effet, non seulement le Fils de l'homme, mais celui qui est aussi «le
premier-né de toute créature», «car c'est en lui qu'ont été créées toutes
choses...; tout a été créé par lui et pour lui»128. A la lumière de cette vérité, on comprend que
la «désobéissance», dans le mystère du commencement, présuppose en un sens la
même «non-foi», le même «ils n'ont pas cru» que l'on retrouvera face au mystère
pascal. Il s'agit, nous l'avons dit, du refus, ou au moins de l'éloignement, de
la vérité contenue dans la Parole du Père. Le refus s'exprime dans les faits
comme une «désobéissance», un acte accompli comme un effet de la tentation qui
provient du «père du mensonge»129. A la racine du péché humain, il y a donc le
mensonge en tant que refus radical de la vérité qui est
dans le Verbe du Père, par lequel s'exprime la toute-puissance aimante du
Créateur: la toute-puissance et en même temps l'amour «de Dieu le Père,
Créateur du ciel et de la terre».
34. «L'Esprit de Dieu»,
qui, selon la description biblique de la création, «planait sur les eaux»130, désigne le même «Esprit qui sonde les
profondeurs de Dieu»: il sonde les profondeurs du Père et du Verbe-Fils dans
le mystère de la création. Non seulement il est le témoin direct de leur amour
réciproque, d'où est issue la création, mais il est lui-même cet Amour.
Lui-même, comme Amour, est l'éternel don incréé. En lui se trouve la source
et le commencement de tout don fait aux créatures. Le témoignage du
commencement, que nous trouvons dans toute la Révélation, dès le Livre de
la Genèse, est clair et ne varie pas sur ce point. Créer veut dire appeler à
l'existence à partir du néant; créer signifie donc donner l'existence.
Et si le monde visible est créé pour l'homme, c'est donc à l'homme que le monde
est donné131. Simultanément, l'homme reçoit comme don, dans
son humanité, une particulière «image et ressemblance» de Dieu. Cela signifie
non seulement que la nature humaine possède d'une manière constitutive la
rationalité et la liberté, mais aussi que, depuis le commencement, l'homme est
capable d'un rapport personnel avec Dieu, comme «je» et «tu», et donc
qu'il est capable d'une alliance, qui sera établie grâce à la
communication salvifique que Dieu fait de lui-même à l'homme. Enfin, avec en
arrière-plan l'«image et ressemblance» de Dieu, «le don de l'Esprit»
signifie appel à l'amitié dans laquelle les transcendantes
«profondeurs de Dieu» s'ouvrent, en quelque sorte, à la participation de
l'homme. Le Concile Vatican II enseigne que «le Dieu invisible (cf. Col 1,
15; 1 Tm 1, 17) s'adresse aux hommes en son immense amour ainsi qu'à
des amis (cf. Ex 33, 11; Jn 15, 14-15), il s'entretient
avec eux (cf. Ba 3, 38) pour les inviter et les admettre à partager
sa propre vie»132.
35. En conséquence,
l'Esprit, «qui sonde tout, jusqu'aux profondeurs de Dieu», connaît depuis le
commencement «ce qui concerne l'homme»133. C'est précisément pour cela que lui
seul peut pleinement «mettre en lumière» le péché qui a existé au
commencement, ce péché qui est la racine de tous les autres et le foyer de la
perversité - qui ne disparaît jamais - de l'homme sur la terre. L'esprit de
vérité connaît la réalité originelle du péché suscité dans la volonté de
l'homme par l'œuvre du «père du mensonge», celui qui, déjà, «est jugé»134. L'Esprit Saint établit donc la culpabilité du
monde en fait de péché par rapport à ce «jugement», mais en menant constamment vers
la «justice» qui a été révélée à l'homme avec la Croix du Christ, par
l'«obéissance jusqu'à la mort»135.
Seul l'Esprit Saint peut
mettre en évidence le péché de l'origine de l'humanité, Lui qui est Amour du Père
et du Fils, Lui qui est Don, alors que le péché des origines de l'homme
consiste dans le mensonge et dans le refus du Don et de l'Amour qui
déterminent le commencement du monde et de l'homme.
36. Selon le témoignage
du commencement, que nous trouvons dans toute l'Ecriture et dans la Tradition,
après la première (et aussi la plus complète) description figurant dans
le Livre de la Genèse, le péché, dans sa forme originelle, est compris
comme une «désobéissance», ce qui a le sens simple et direct de transgression
d'une interdiction établie par Dieu136. Mais, à la lumière de tout le contexte, il
est clair aussi que les racines de cette désobéissance doivent être cherchées
en profondeur dans l'ensemble de la situation réelle de l'homme. Appelé à
l'existence, l'être humain - homme et femme - est une créature. L'«image de
Dieu», constituée par la rationalité et la liberté, indique la grandeur et la
dignité du sujet humain, qui est une personne. Mais ce sujet personnel reste
toujours une créature qui, dans son existence et dans son essence,
dépend du Créateur. Selon la Genèse, «l'arbre de la connaissance du bien
et du mal» devait exprimer et rappeler constamment à l'homme la «limite»
infranchissable pour un être créé. C'est en ce sens que l'on entend
l'interdiction posée par Dieu: le Créateur défend à l'homme et à la femme de
manger les fruits de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Les paroles
de l'incitation, c'est-à-dire de la tentation telle qu'elle est formulée dans
le texte sacré, poussent à transgresser cette interdiction, c'est-à-dire à
franchir cette «limite»: «Le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront
et vous serez comme des dieux, qui connaissent le bien et le mal»137.
La «désobéissance»
signifie justement le dépassement de cette limite, qui reste infranchissable
pour la volonté et la liberté de l'homme comme être créé. Le Dieu Créateur est
en effet la source unique et définitive de l'ordre moral dans le monde qu'il a
créé. L'homme ne peut par lui-même décider ce qui est bon et ce qui est
mauvais, il ne peut « connaître le bien et le mal», comme Dieu. Oui, dans le
monde créé, Dieu demeure la source première et suprême de la
décision du bien et du mal, à travers la vérité intime de l'être, vérité qui
est le reflet du Verbe, Fils éternel consubstantiel au Père. A l'homme
créé à l'image de Dieu, l'Esprit Saint accorde le don de la conscience,
afin qu'en elle l'image puisse refléter fidèlement son modèle, qui est en même
temps la Sagesse et la Loi éternelles, source de l'ordre moral dans l'homme et
dans le monde. La «désobéissance», comme dimension originelle du péché,
signifie le refus de cette source, motivé par la prétention de l'homme de
devenir source autonome et exclusive pour décider du bien et du mal. L'Esprit
qui «sonde ... les profondeurs de Dieu», et qui, en même temps, est pour
l'homme la lumière de la conscience et la source de l'ordre moral, connaît dans
toute son ampleur cette dimension du péché, qui s'inscrit dans le mystère du
commencement de l'humanité. Et il ne cesse d'en «convaincre le monde» en
relation avec la Croix du Christ au Golgotha.
37. Selon le témoignage
du commencement, Dieu, dans la création, s'est révélé lui-même comme
toute-puissance qui est Amour. En même temps, il a révélé à l'homme que, en
tant qu'«image et ressemblance» de son Créateur, il est appelé à
participer à la vérité et à l'amour. Cette participation veut dire vivre en
union avec Dieu, qui est la «vie éternelle»138. Mais l'homme, sous l'influence du «père du
mensonge», s'est détaché de cette participation. Dans quelle mesure? Certes pas
dans la mesure du péché d'un pur esprit, pas dans la mesure du péché de Satan.
L'esprit humain est incapable d'atteindre une telle mesure139. Dans la description de la Genèse, on
remarque aisément la différence de degré entre, d'un côté, le «souffle du
mal» de la part de celui qui «est pécheur (c'est-à-dire demeure dans le péché)
dès l'origine»140 et qui déjà «est jugé»141, et, d'un autre côté, le mal de la
désobéissance de la part de l'homme.
Cependant, cette
désobéissance signifie toujours que l'on tourne le dos à Dieu et, en
un sens, que la liberté humaine se ferme à lui. Elle signifie aussi
une certaine ouverture de cette liberté - de la connaissance et de la volonté
humaine - vers celui qui est le «père du mensonge». Cet acte de choix conscient
n'est pas seulement une «désobéissance» mais comporte aussi une certaine
adhésion à la motivation contenue dans la première incitation au péché et
constamment renouvelée durant toute l'histoire de l'homme sur la terre: «Dieu
sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme
des dieux, qui connaissent le bien et le mal».
Nous nous trouvons ici au
centre même de ce que l'on pourrait appeler l'«anti-Verbe», c'est-à-dire
l'«anti-vérité». Ainsi se trouve faussée la vérité de l'homme, à
savoir: ce qu'est l'homme et quelles sont les limites
infranchissables de son être et de sa liberté. Cette «antivérité» est
possible car, en même temps, est complètement «faussée» la vérité sur ce qu'est
Dieu. Le Dieu Créateur est mis en suspicion, et même en accusation, dans la
conscience de la créature. Pour la première fois dans l'histoire de l'homme
apparaît dans sa perversité le «génie du soupçon». Il cherche à «fausser» le
Bien lui-même, le Bien absolu, qui s'est justement manifesté dans l'œuvre de la
création comme le Bien qui donne d'une manière ineffable, comme bonum
diffusivum sui, comme Amour créateur. Qui peut pleinement «manifester le
péché», c'est-à-dire cette motivation de la désobéissance originelle de
l'homme, sinon celui qui seul est le Don et la source de toute largesse, sinon
l'Esprit, qui «sonde les profondeurs de Dieu» et qui est l'Amour du Père et du
Fils?
38. En effet, malgré tout
le témoignage de la création et de l'économie du salut qui s'y rattache, l'esprit
des ténèbres142 est capable de montrer Dieu comme un
ennemi de sa créature et, avant tout, comme un ennemi de l'homme, comme
une source de danger et de menace pour l'homme. Ainsi, Satan introduit
dans la psychologie de l'homme le germe de l'opposition à l'égard de celui qui,
«depuis l'origine», doit être considéré comme ennemi de l'homme, et non comme
Père. L'homme est poussé à devenir l'adversaire de Dieu!
L'analyse du péché dans sa dimension originelle montre que, de par le «père du mensonge», il y aura au cours de l'histoire de l'humanité une pression constante pour que l'homme refuse Dieu, jusqu'à le haïr: «L'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu», selon l'expression de saint Augustin143. L'homme sera enclin à voir en Dieu avant tout une limitation pour lui-même, et non la source de sa liberté et la plénitude du bien. Nous en voyons la confirmation à l'époque moderne où les idéologies athées tendent à extirper la religion en partant du présupposé qu'elle entraîne la radicale «aliénation» de l'homme, comme si l'homme était dépouillé de son humanité lorsque, après avoir accepté l'idée de Dieu, il attribue à ce dernier ce qui appartient à l'homme, et exclusivement à l'homme! D'où un processus de pensée et de comportement historique et sociologique où le refus de Dieu est allé jusqu'à déclarer sa «mort». C'est une absurdité, dans le concept et dans les termes! Mais l'idéologie de la «mort de Dieu» menace plutôt l'homme, comme le souligne Vatican II lorsque, se livrant à l'analyse de la question de l'«autonomie des réalités terrestres», il écrit: «La créature sans Créateur s'évanouit ... Et même, l'oubli de Dieu rend opaque la créature elle-même»144. L'idéologie de la «mort de Dieu» montre aisément par ses effets qu'elle est, sur le plan théorique comme sur le plan pratique, l'idéologie de la «mort de l'homme».
4. L'Esprit qui
transforme la souffrance en amour sauveur
39. L'Esprit, qui sonde
les profondeurs de Dieu, a été appelé par Jésus, dans son discours du Cénacle,
le Paraclet. En effet, depuis le commencement, «il est invoqué»145 pour «manifester le péché du monde». Il
est invoqué de façon définitive à travers la Croix du Christ. Manifester le
péché veut dire montrer le mal qu'il comporte. Ce qui revient à révéler
le mysterium iniquitatis. Il n'est pas possible de saisir le mal du péché
dans toute sa douloureuse réalité sans «sonder les profondeurs de Dieu». Depuis
les origines, le mystère obscur du péché s'est manifesté dans le monde avec en
arrière-plan la référence au Créateur de la liberté humaine. Il s'est manifesté
comme un acte de volonté de la créature-homme contraire à la volonté
de Dieu, à la volonté salvifique de Dieu; bien plus, il s'est manifesté en
opposition à la vérité, sur la base du mensonge désormais «jugé»
définitivement, ce mensonge qui a mis en état d'accusation, en état de
suspicion permanente, l'Amour créateur et sauveur lui-même. L'homme a suivi le
«père du mensonge», en s'opposant au Père de la vie et à l'Esprit de vérité.
«Manifester le péché» ne
devrait-il pas alors signifier également révéler la souffrance, révéler la
douleur, inconcevable et inexprimable, que, à cause du péché, le Livre saint
semble, dans sa vision anthropomorphique, entrevoir dans les «profondeurs de
Dieu» et, en un sens, au cœur même de l'inexprimable Trinité? L'Eglise,
s'inspirant de la Révélation, croit et professe que le péché est une
offense faite à Dieu. Qu'est-ce qui correspond, dans l'insondable intimité du
Père, du Verbe et de l'Esprit Saint, à cette «offense», à ce refus de l'Esprit
qui est Amour et Don? La conception de Dieu comme être nécessairement très
parfait exclut évidemment, en Dieu, toute souffrance provenant de carences ou
de blessures; mais dans les «profondeurs de Dieu», il y a un amour de Père qui,
face au péché de l'homme, réagit, selon le langage biblique, jusqu'à dire: «Je
me repens d'avoir fait l'homme»146. «Le Seigneur vit que la méchanceté de l'homme
était grande sur la terre... Le Seigneur se repentit d'avoir fait l'homme
sur la terre, et il s'affligea dans son cœur. Et le Seigneur dit... "je me
repens de les avoir faits" »147. Mais plus souvent le Livre saint nous parle
d'un Père qui éprouve de la compassion pour l'homme, comme s'il partageait sa
souffrance. En définitive, cette insondable et indescriptible «douleur» de
père donnera surtout naissance à l'admirable économie de l'amour
rédempteur en Jésus Christ, afin que, par le mysterium pietatis,
l'amour puisse, dans l'histoire de l'homme, se révéler plus fort que le péché.
Afin que prévale le «Don»!
L'Esprit Saint, qui,
selon les paroles de Jésus, «manifeste le péché», est l'Amour du Père et du
Fils, et, comme tel, il est le Don trinitaire tout en étant la source éternelle
de toute largesse divine aux créatures. En lui précisément, nous pouvons
concevoir comme personnifiée et réalisée d'une manière transcendante la
miséricorde que la tradition patristique et théologique, dans la ligne de
l'Ancien et du Nouveau Testament, attribue à Dieu. En l'homme, la miséricorde
inclut la douleur et la compassion pour les misères du prochain. En Dieu,
l'Esprit qui est Amour fait que la considération du péché humain se traduit par
de nouvelles libéralités de l'amour sauveur. De lui, dans l'unité avec le Père
et le Fils, naît l'économie du salut, qui remplit l'histoire de l'homme des
dons de la Rédemption. Si le péché, en refusant l'amour, a engendré la
«souffrance» de l'homme qui s'est étendue d'une certaine manière à toute la
création148, l'Esprit Saint entrera dans la
souffrance humaine et cosmique avec une nouvelle effusion d'amour qui rachètera
le monde. Et sur les lèvres de Jésus Rédempteur, dans l'humanité de qui se
concrétise la «souffrance» de Dieu, reviendra un mot par lequel se manifeste
l'Amour éternel plein de miséricorde: «Misereor», «j'ai pitié»149. Ainsi, pour l'Esprit Saint, «mettre en
lumière le péché» revient à manifester, devant la création «assujettie à la
vanité» et surtout au plus profond des consciences humaines, que le péché
est vaincu par le sacrifice de l'Agneau de Dieu, lequel est devenu «jusqu'à la
mort» le serviteur obéissant qui, remédiant à la désobéissance de
l'homme, opère la rédemption du monde. C'est de cette façon que l'Esprit de
vérité, le Paraclet, «met en lumière le péché».
40. La valeur rédemptrice
du sacrifice du Christ est exprimée en des phrases très significatives par l'auteur
de la Lettre aux Hébreux. Celui-ci, après avoir rappelé les sacrifices de
l'Ancienne Alliance, dans lesquels «le sang des boucs et des jeunes taureaux...
procurait la pureté de la chair», ajoute: «Combien plus le sang du
Christ, qui, par un Esprit éternel, s'est offert lui-même sans tache à
Dieu, purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes pour que nous rendions
un culte au Dieu vivant!»150. Certes, d'autres interprétations sont
possibles, mais nos considérations sur la présence de l'Esprit Saint dans toute
la vie du Christ nous portent à reconnaître dans ce texte comme une invitation
à réfléchir sur la présence de ce même Esprit Saint également dans le sacrifice
rédempteur du Verbe incarné.
Revenons donc d'abord sur
les paroles initiales qui traitent de ce sacrifice, puis, séparément, sur la
«purification de la conscience» qu'il opère. Il s'agit en effet d'un sacrifice
offert «par (= par l'œuvre de) un Esprit éternel», qui «reçoit» de
lui la force de «manifester le péché» pour le salut. C'est ce même Esprit Saint
que, selon la promesse faite au Cénacle, Jésus Christ «portera» aux
Apôtres le jour de sa résurrection, en se présentant à eux avec les plaies de
la crucifixion, et qu'il leur «donnera pour la rémission des péchés»: «Recevez
l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis»151.
Nous savons que «Dieu a
oint de l'Esprit Saint et de puissance Jésus de Nazareth», comme le disait
Simon Pierre dans la maison du centurion Corneille152. Nous connaissons le mystère pascal de son
«départ», selon l'Evangile de Jean. Les paroles de la Lettre aux Hébreux
nous expliquent maintenant de quelle façon le Christ «s'est offert lui-même
sans tache à Dieu», et nous disent qu'il l'a fait «par un Esprit éternel». Dans
le sacrifice du Fils de l'homme, l'Esprit Saint est présent et agit de la même
manière qu'il agissait dans sa conception, dans sa venue au monde, dans sa vie
cachée et dans son ministère public. Selon la Lettre aux Hébreux, en route
vers son «départ» à travers Gethsémani et le Golgotha, ce même Jésus
Christ s'est ouvert totalement, dans son humanité, à l'action de
l'Esprit-Paraclet qui, dans la souffrance, fait apparaître l'amour éternel
source de salut. Il a donc été «exaucé en raison de sa piété; tout Fils qu'il
était, il apprit, de ce qu'il souffrit, l'obéissance»153. Ainsi cette Lettre montre que l'humanité,
soumise au péché dans les descendants du premier Adam, est devenue en
Jésus Christ parfaitement soumise à Dieu et unie à lui, tout en étant
remplie de miséricorde à l'égard des hommes. Apparaît alors une nouvelle
humanité qui, en Jésus Christ, par la souffrance de la Croix, est revenue
à l'amour trahi par le péché d'Adam. Cette nouvelle humanité s'est retrouvée
dans la même source divine du don originel: dans l'Esprit, qui «sonde les
profondeurs de Dieu» et qui est lui-même Amour et Don.
Le Fils de Dieu, Jésus
Christ, en tant qu'homme, dans la prière ardente de sa passion, a permis à
l'Esprit Saint, qui avait déjà pénétré jusqu'au fond son humanité, de la
transformer en un sacrifice parfait par l'acte de sa mort, comme victime
d'amour sur la Croix. C'est seul qu'il a présenté cette offrande. Prêtre
unique, il «s'est offert lui-même sans tache à Dieu»154. Dans son humanité, il était digne de devenir
un tel sacrifice car lui seul était «sans tache». Mais il l'a offert
«par un Esprit éternel»: cela signifie que l'Esprit Saint a agi d'une manière
spéciale dans ce don absolu de lui-même réalisé par le Fils de l'homme pour
transformer la souffrance en amour rédempteur.
41. Dans l'Ancien
Testament, on parle souvent du «feu du ciel» qui brûlait les offrandes
présentées par les hommes155. Par analogie, on peut dire que l'Esprit Saint
est le «feu du ciel» qui agit au plus profond du mystère de la Croix.
Venant du Père, il tourne vers le Père le sacrifice du Fils, le faisant entrer
dans la divine réalité de la communion trinitaire. Si le péché a engendré
la souffrance, maintenant la douleur de Dieu dans le Christ crucifié acquiert,
par l'Esprit Saint, toute son expression humaine. On se trouve ainsi devant un
mystère paradoxal d'amour: dans le Christ souffre un Dieu repoussé par sa
propre créature: «Ils ne croient pas en moi!»; mais en même temps, devant
la profondeur de cette souffrance - et, indirectement, la
profondeur du péché même «de ne pas avoir cru» -, l'Esprit fait croître à
un degré nouveau le don fait à l'homme et à la création depuis le
commencement. Dans les profondeurs du mystère de la Croix, l'Amour agit, et cet
Amour amène l'homme à participer de nouveau à la vie qui est en Dieu même.
L'Esprit Saint, en tant
qu'Amour et Don, descend, en un sens, au cœur même du sacrifice offert
sur la Croix. En nous référant à la tradition biblique, nous pouvons dire qu'il
consomme ce sacrifice par le feu de l'Amour qui unit le Fils au Père dans
la communion trinitaire. Et comme le sacrifice de la Croix est un acte propre
du Christ, dans ce sacrifice aussi il «reçoit» l'Esprit Saint. Il le reçoit
d'une manière telle qu'il peut ensuite lui-même - et lui seul avec Dieu le Père
- «le donner» aux Apôtres, à l'Eglise, à l'humanité. Lui seul «l'envoie»
d'auprès du Père156. Lui seul se présente devant les Apôtres
réunis au Cénacle, «souffle sur eux» et dit: «Recevez l'Esprit Saint. Ceux à
qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis»157, ainsi que l'avait annoncé Jean-Baptiste: «Lui
vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu»158. Par ces paroles de Jésus, l'Esprit Saint
est révélé et en même temps rendu présent comme l'Amour qui agit au
plus profond du mystère pascal, comme source de la puissance salvifique de la
Croix du Christ, comme Don de la vie nouvelle et éternelle.
Cette vérité sur l'Esprit Saint est exprimée quotidiennement dans la liturgie romaine, lorsque le prêtre, avant la communion, prononce ces paroles significatives: «Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu vivant, selon la volonté du Père et avec la puissance du Saint-Esprit, tu as donné, par ta mort, la vie au monde ...». Et dans la troisième Prière eucharistique, se référant à cette même économie du salut, le prêtre demande à Dieu que l'Esprit Saint «fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire».
5. Le sang qui purifie la
conscience
42. Nous avons dit qu'au
point culminant du mystère pascal, l'Esprit Saint est définitivement révélé et
rendu présent d'une façon nouvelle. Le Christ ressuscité dit aux Apôtres:
«Recevez l'Esprit Saint». Ainsi est révélé l'Esprit Saint, car les paroles du
Christ constituent la confirmation des promesses et des annonces du discours du
Cénacle. Et par là même, le Paraclet est rendu présent d'une manière
nouvelle. En réalité, il agissait depuis le commencement dans le mystère de la
création et tout au long de l'histoire de l'Ancienne Alliance de Dieu avec
l'homme. Son action a été pleinement confirmée par la mission du Fils de
l'homme, le Messie venu dans la puissance de l'Esprit Saint. Au sommet de la
mission messianique de Jésus, l'Esprit Saint se rend présent au sein du mystère
pascal dans sa qualité de sujet divin: il est celui qui doit
maintenant continuer l'œuvre salvifique enracinée dans le sacrifice de la
Croix. Cette œuvre, bien sûr, est confiée par Jésus à des hommes: aux Apôtres,
à l'Eglise. Toutefois, en ces hommes et par eux, l'Esprit Saint demeure le
sujet transcendant de la réalisation de cette œuvre dans l'esprit de l'homme et
dans l'histoire du monde: lui, le Paraclet invisible tout en étant omniprésent!
L'Esprit qui «souffle où il veut» 159.
Les paroles prononcées
par le Christ ressuscité le «premier jour après le sabbat» mettent
particulièrement en relief la présence du Paraclet-Consolateur, celui qui
«établit la culpabilité du monde en fait de péché, en fait de justice et en
fait de jugement». C'est seulement dans ce rapport, en effet, que s'expliquent
les paroles que Jésus met en relation directe avec le «don» de l'Esprit Saint
aux Apôtres. Il dit: «Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les
péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront
retenus»160. Jésus confère aux Apôtres le pouvoir de
remettre les péchés, pour qu'ils le transmettent à leurs successeurs dans
l'Eglise. Toutefois, ce pouvoir, accordé aux hommes, présuppose et inclut
l'action salvifique de l'Esprit Saint. En devenant la «lumière des cœurs»161, c'est-à-dire des consciences, l'Esprit Saint
«manifeste le péché», c'est-à-dire fait connaître à l'homme son mal et
en même temps l'oriente vers le bien. Grâce à la multiplicité de ses dons
- on l'invoque comme le «Porteur des sept dons» -, la puissance salvifique de
Dieu peut atteindre tout péché, de quelque genre qu'il soit. En réalité, comme
le dit saint Bonaventure, «en vertu des sept dons de l'Esprit Saint, tous les
maux sont détruits tandis que sont réalisés tous les biens»162.
Sous l'influence du
Paraclet s'accomplit donc cette conversion du cœur humain qui est la
condition indispensable du pardon des péchés. Sans une vraie conversion, qui
suppose une contrition intérieure, et en l'absence d'une résolution ferme et
sincère de changement, les péchés restent «non remis», comme le dit Jésus, et
avec lui la Tradition de l'Ancienne et de la Nouvelle Alliance. En effet, les
premières paroles prononcées par Jésus au début de son ministère, selon
l'Evangile de Marc, sont les suivantes: «Convertissez-vous et croyez à
l'Evangile»163. Nous avons une confirmation de cette
exhortation dans la «mise en lumière du péché» que l'Esprit Saint entreprend
d'une manière nouvelle en vertu de la Rédemption opérée par le Sang du Fils de
l'homme. C'est pourquoi la Lettre aux Hébreux dit que ce «sang
purifie la conscience»164. Et donc celui-ci, pour ainsi dire, ouvre à
l'Esprit Saint la route qui conduit au cœur de l'homme, c'est-à-dire au
sanctuaire des consciences humaines.
43. Le Concile Vatican II
a rappelé l'enseignement catholique sur la conscience, en parlant de la vocation
de l'homme et en particulier de la dignité de la personne humaine. C'est
précisément la conscience qui détermine d'une manière spécifique
cette dignité. Elle est en effet «le centre le plus secret de l'homme, le
sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre». C'est
clairement qu'elle «dit dans l'intimité de son cœur: "Fais ceci, évite
cela"». Cette capacité de commander le bien et d'interdire le mal,
inscrite dans l'homme par le Créateur, est la propriété caractéristique du
sujet personnel. Mais en même temps, au fond de sa conscience, l'homme découvre
la présence d'une loi qu'il ne se donne pas lui-même, mais à laquelle il est
tenu d'obéir»165. La conscience n'est donc pas une source
autonome et exclusive pour décider ce qui est bon et ce qui est mauvais;
au contraire, en elle est profondément inscrit un principe d'obéissance à
l'égard de la norme objective qui fonde et conditionne la conformité
de ses décisions aux commandements et aux interdits qui sont à la base du
comportement humain, comme il apparaît dès la page du Livre de la Genèse déjà
évoquée166. En ce sens précis, la conscience est le
«sanctuaire secret» où «la voix de Dieu se fait entendre». Et c'est la «voix de
Dieu», même quand l'homme reconnaît exclusivement en elle le principe de
l'ordre moral dont on ne peut douter humainement, fût-ce sans référence directe
au Créateur: la conscience trouve toujours son fondement et sa justification
dans cette référence.
La «mise en lumière du
péché» sous l'influence de l'Esprit de vérité, dont parle l'Evangile, ne peut
se réaliser dans l'homme autrement que par le chemin de la conscience. Si
la conscience est droite, elle sert à trouver «selon la vérité la solution de
tant de problèmes moraux que soulèvent aussi bien la vie privée que la vie
sociale»; et alors, «les personnes et les groupes s'éloignent d'une décision
aveugle et tendent à se conformer aux normes objectives de la moralité»167.
Le premier fruit d'une
conscience droite est d'appeler par leur nom le bien et le mal, comme le
fait, par exemple, la même Constitution pastorale de Vatican II: «Tout ce qui
s'oppose à la vie elle-même, comme toute espèce d'homicide, le génocide,
l'avortement, l'euthanasie et même le suicide délibéré; tout ce qui constitue
une violation de l'intégrité de la personne humaine, comme les mutilations, la
torture physique ou morale, les contraintes psychologiques; tout ce qui est
offense à la dignité de l'homme, comme les conditions de vie sous-humaines, les
emprisonnements arbitraires, les déportations; l'esclavage, la prostitution, le
commerce des femmes et des jeunes; ou encore les conditions de travail
dégradantes qui réduisent les travailleurs au rang de purs instruments de
rapport, sans égard pour leur personnalité libre et responsable»; et, après
avoir appelé par leur nom les multiples péchés si fréquents et si répandus
en notre temps, la Constitution ajoute: «Toutes ces pratiques et d'autres
analogues sont, en vérité, infâmes. Tandis qu'elles corrompent la civilisation,
elles déshonorent ceux qui s'y livrent plus encore que ceux qui les subissent
et insultent gravement à l'honneur du Créateur»168.
En appelant par leur nom
les péchés les plus déshonorants pour l'homme, et en démontrant qu'ils sont un
mal moral qui s'inscrit au passif de tout bilan du progrès de l'humanité, le
Concile caractérise tout cela comme une étape «de la lutte, combien dramatique,
entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres», qui caractérise
«toute la vie des hommes, individuelle et collective»169. L'assemblée du Synode des Evêques de
1983 sur la réconciliation et la pénitence a précisé davantage encore la
signification personnelle et sociale du péché de l'homme170.
44. Au Cénacle, la veille
de sa Passion puis le soir de Pâques, Jésus Christ a fait appel à l'Esprit
Saint comme à celui qui témoigne que, dans l'histoire de l'humanité, le
péché continue à exister. Toutefois, le péché est soumis à la puissance
salvifique de la Rédemption. La «manifestation du péché du monde» ne s'arrête
pas au simple fait d'appeler celui-ci par son nom et de l'identifier pour ce
qu'il est dans toute l'étendue de sa nature. Dans la manifestation du péché du
monde, l'Esprit de vérité rencontre la voix des consciences humaines.
De cette façon, on en
arrive à mettre en évidence les racines du péché, qui se trouvent au cœur
de l'homme, comme le souligne la même Constitution pastorale: «En vérité, les
déséquilibres qui travaillent le monde moderne sont liés à un déséquilibre plus
fondamental, qui prend racine dans le cœur de l'homme. C'est en l'homme
lui-même, en effet, que de nombreux éléments se combattent. D'une part, comme
créature, il fait l'expérience de ses multiples limites; d'autre part, il se
sent illimité dans ses désirs et appelé à une vie supérieure. Sollicité de tant
de façons, il est sans cesse contraint de choisir et de renoncer. Pire: faible
et pécheur, il accomplit souvent ce qu'il ne veut pas et n'accomplit point ce
qu'il voudrait»171. Le texte conciliaire se réfère ici aux
paroles bien connues de saint Paul172.
La «mise en lumière du
péché», qui accompagne la conscience humaine chaque fois qu'elle réfléchit en
profondeur sur elle-même, conduit donc à la découverte des racines du péché
dans l'homme, et aussi des conditionnements de la conscience elle-même au cours
de l'histoire. Nous retrouvons de cette façon la réalité originelle du péché
dont nous avons déjà parlé. L'Esprit Saint «met en lumière le péché» par
rapport au mystère du commencement, en indiquant le fait que l'homme est
un être créé et qu'il est donc en totale dépendance ontologique et
éthique du Créateur, tout en rappelant la condition pécheresse héréditaire de
la nature humaine. Mais c'est toujours en relation avec la Croix du Christ que
l'Esprit Saint-Paraclet «met en lumière le péché». Dans cette relation, le
christianisme exclut toute «fatalité» du péché. «Un dur combat contre les
puissances des ténèbres passe à travers toute l'histoire des hommes; commencé
dès les origines, il durera, le Seigneur nous l'a dit, jusqu'au dernier jour»,
ainsi s'exprime le Concile173. «Mais le Seigneur en personne est venu pour
restaurer l'homme dans sa liberté et sa force»174. Loin de se laisser prendre au piège de sa
condition de pécheur, l'homme, s'appuyant sur la voix de sa propre conscience,
doit donc «sans cesse combattre pour s'attacher au bien; et ce n'est qu'au prix
de grands efforts, avec la grâce de Dieu, qu'il parvient à réaliser son
unité intérieure»175. A juste titre, le Concile voit dans le péché
le responsable de la rupture qui pèse sur la vie personnelle comme sur la vie
sociale de l'homme; mais en même temps il rappelle inlassablement la
possibilité de la victoire.
45. L'Esprit de vérité,
qui «met en évidence le péché du monde», rencontre les efforts de la conscience
humaine, dont les textes conciliaires parlent d'une manière très suggestive.
Ces efforts de la conscience déterminent aussi les voies de la
conversion humaine: tourner le dos au péché pour rebâtir la vérité et l'amour
au cœur même de l'homme. On sait que parfois il en coûte beaucoup de
reconnaître le mal en soi-même. On sait que non seulement la conscience commande
ou interdit, mais qu'elle juge à la lumière des ordres et des
défenses intérieurs. Elle est aussi la source des remords: l'homme souffre
intérieurement à cause du mal qu'il a commis. Cette souffrance n'est-elle pas
comme un écho lointain de ce «regret d'avoir créé l'homme» que le Livre saint,
dans un langage anthropomorphique, attribue à Dieu, de cette «réprobation» qui,
s'inscrivant au «cœur» de la Trinité, se traduit par la douleur de la Croix,
par l'obéissance du Christ jusqu'à la mort en vertu de l'amour éternel? Quand
l'Esprit de vérité permet à la conscience humaine de participer à cette
douleur, la souffrance de la conscience devient particulièrement profonde, mais
aussi particulièrement salvifique. Par un acte de contrition parfaite s'opère
alors la conversion authentique du cœur: c'est la «metanoia» évangélique.
Les efforts du cœur humain, les efforts de la conscience, grâce auxquels s'opère cette «metanoia» ou conversion, sont le reflet du processus par lequel la réprobation est transformée en amour salvifique qui accepte de souffrir. L'auteur caché de cette force salvatrice est l'Esprit Saint: Lui qui est appelé par l'Eglise «lumière des consciences» pénètre et remplit «jusqu'à l'intime les cœurs» humains176. Par une telle conversion dans l'Esprit Saint, l'homme s'ouvre au pardon, à la rémission des péchés. Et tout cet admirable dynamisme de la conversion-rémission confirme la vérité de ce qu'écrit saint Augustin sur le mystère de l'homme en commentant les paroles du psaume: «L'abîme appelle l'abîme»177. C'est précisément à l'égard de cette «profondeur abyssale» de l'homme, de la conscience humaine, que s'accomplit la mission du Fils et de l'Esprit Saint. L'Esprit Saint «vient» en vertu du «départ» du Christ dans le mystère pascal: il vient dans tout cas concret de conversion-rémission, en vertu du sacrifice de la Croix: en lui, en effet, «le sang du Christ ... purifie notre conscience des œuvres mortes pour que nous rendions un culte au Dieu vivant»178. Ainsi s'accomplissent continuellement les paroles sur l'Esprit Saint présenté comme «un autre Paraclet», paroles qui, au Cénacle, furent adressées aux Apôtres et indirectement à tous: «Vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure auprès de vous et qu'il sera en vous»179.
6. Le péché contre
l'Esprit Saint
46. Compte tenu de ce que
nous avons dit jusqu'à maintenant, certaines autres paroles impressionnantes et
saisissantes de Jésus deviennent plus compréhensibles. On pourrait les
appeler les paroles du «non-pardon». Elles nous sont rapportées par
les synoptiques, à propos d'un péché particulier qui est appelé «blasphème
contre l'Esprit Saint». Voici comment elles ont été rapportées dans les trois
rédactions:
Matthieu: «Tout péché et
blasphème sera remis aux hommes, mais le blasphème contre l'Esprit ne sera pas
remis. Et quiconque aura dit une parole contre le Fils de l'homme, cela lui
sera remis; mais quiconque aura parlé contre l'Esprit Saint, cela ne lui sera
remis ni en ce monde ni dans l'autre»180.
Marc: «Tout sera remis
aux enfants des hommes, les péchés et les blasphèmes tant qu'ils en auront
proférés; mais quiconque aura blasphémé contre l'Esprit Saint n'aura jamais de
rémission: il est coupable d'une faute éternelle»181.
Luc: «Quiconque dira une
parole contre le Fils de l'homme, cela lui sera remis, mais à qui aura
blasphémé contre le Saint-Esprit, cela ne sera pas remis»182.
Pourquoi le blasphème
contre l'Esprit Saint est-il impardonnable? En quel sens entendre ce
blasphème? Saint Thomas d'Aquin répond qu'il s'agit d'un péché «irrémissible de
par sa nature, parce qu'il exclut les éléments grâce auxquels est accordée la
rémission des péchés»183.
Selon une telle exégèse,
le «blasphème» ne consiste pas à proprement parler à offenser en paroles
l'Esprit Saint; mais il consiste à refuser de recevoir le salut que Dieu
offre à l'homme par l'Esprit Saint agissant en vertu du sacrifice de la
Croix. Si l'homme refuse la «manifestation du péché», qui vient de l'Esprit
Saint et qui a un caractère salvifique, il refuse en même temps la «venue» du
Paraclet, cette «venue» qui s'est effectuée dans le mystère de Pâques, en union
avec la puissance rédemptrice du Sang du Christ, le Sang qui «purifie la
conscience des œuvres mortes».
Nous savons que le fruit
d'une telle purification est la rémission des péchés. En conséquence, celui qui
refuse l'Esprit et le Sang demeure dans les «œuvres mortes», dans le péché. Et
le blasphème contre l'Esprit Saint consiste précisément dans le refus
radical de cette rémission dont Il est le dispensateur intime et qui
présuppose la conversion véritable qu'il opère dans la conscience. Si Jésus dit
que le péché contre l'Esprit Saint ne peut être remis ni en ce monde ni dans
l'autre, c'est parce que cette «non-rémission» est liée, comme à sa cause,
à la «non-pénitence», c'est-à-dire au refus radical de se convertir. Cela
signifie le refus de se tourner vers les sources de la Rédemption, qui restent
cependant «toujours» ouvertes dans l'économie du salut, dans laquelle
s'accomplit la mission de l'Esprit Saint. Celui-ci a le pouvoir infini de puiser
à ces sources: «C'est de mon bien qu'il reçoit», a dit Jésus. Il complète ainsi
dans les âmes humaines l'œuvre de la Rédemption accomplie par le Christ, en
leur partageant ses fruits. Or le blasphème contre l'Esprit Saint est le péché
commis par l'homme qui présume et revendique le «droit» de persévérer dans le
mal - dans le péché quel qu'il soit - et refuse par là même la Rédemption.
L'homme reste enfermé dans le péché, rendant donc impossible, pour sa part, sa
conversion et aussi, par conséquent, la rémission des péchés, qu'il ne juge pas
essentielle ni importante pour sa vie. Il y a là une situation de ruine
spirituelle, car le blasphème contre l'Esprit Saint ne permet pas à l'homme de
sortir de la prison où il s'est lui-même enfermé et de s'ouvrir aux sources
divines de la purification des consciences et de la rémission des péchés.
47. L'action de l'Esprit
de vérité, qui tend à la «mise en lumière du péché» pour le salut, se heurte,
dans l'homme qui se trouve en une telle situation, à une résistance intérieure,
presque une impénétrabilité de la conscience, un état d'âme que l'on dirait
durci en raison d'un libre choix: c'est ce que la Sainte Ecriture appelle
«l'endurcissement du cœur»184. De nos jours, à cette attitude de l'esprit et
du cœur fait peut-être écho la perte du sens du péché, à laquelle
l'Exhortation apostolique Reconciliatio et paenitentia a consacré de
nombreuses pages185. Déjà, le Pape Pie XII avait affirmé
que «le péché de ce siècle est la perte du sens du péché»186, et cela va de pair avec la «perte du sens de
Dieu». Dans l'Exhortation mentionnée ci-dessus, nous lisons: «En réalité, Dieu
est l'origine et la fin suprême de l'homme, et celui-ci porte en lui un germe
divin. C'est pourquoi, c'est le mystère de Dieu qui dévoile et éclaire le
mystère de l'homme. Il est donc vain d'espérer qu'un sens du péché puisse
prendre consistance par rapport à l'homme et aux valeurs humaines si fait
défaut le sens de l'offense commise contre Dieu, c'est-à-dire le véritable sens
du péché»187.
C'est pourquoi l'Eglise
ne cesse de demander à Dieu que la rectitude ne fasse jamais défaut
dans les consciences humaines, et que ne s'atténue pas leur saine sensibilité face
au bien et au mal. Cette rectitude et cette sensibilité sont intimement liées à
l'action de l'Esprit de vérité. Cet éclairage rend particulièrement éloquentes
les exhortations de l'Apôtre: «N'éteignez pas l'Esprit»; «ne contristez pas
l'Esprit Saint»188. Mais surtout, l'Eglise ne cesse de prier
intensément pour que n'augmente pas dans le monde le péché appelé par
l'Evangile «blasphème contre l'Esprit Saint», et, plus encore, pour qu'il régresse dans
les âmes - et par contrecoup dans les divers milieux et les différentes formes
de la société -, cédant la place à l'ouverture des consciences indispensable à
l'action salvifique de l'Esprit Saint. L'Eglise demande que le dangereux péché
contre l'Esprit laisse la place à une sainte disponibilité à accepter sa
mission de Paraclet, lorsqu'il vient «manifester la culpabilité du monde en fait
de péché, en fait de justice et en fait de jugement».
48. Dans son discours
d'adieu, Jésus a lié ces trois domaines de «la manifestation», qui sont
les composantes de la mission du Paraclet: le péché, la justice et le jugement.
Ils indiquent la place de ce mysterium pietatis qui, dans l'histoire
de l'homme, s'oppose au péché, au mysterium iniquitatis189. D'un côté, comme le dit saint Augustin, il y
a l'«amour de soi jusqu'au mépris de Dieu», et de l'autre, il y a l'«amour de
Dieu jusqu'au mépris de soi»190. L'Eglise fait continuellement monter sa
prière et accomplit sa tâche pour que l'histoire des consciences et l'histoire
des sociétés, dans la grande famille humaine, ne s'abaissent pas vers le
pôle du péché par le refus des commandements de Dieu «jusqu'au mépris de
Dieu», mais bien plutôt s'élèvent vers l'amour dans lequel se révèle
l'Esprit qui donne la vie.
Ceux qui acceptent la
«mise en évidence du péché» par l'Esprit Saint l'acceptent également pour «la
justice et le jugement». L'Esprit de vérité, qui aide les hommes, les
consciences humaines, à connaître la vérité du péché, fait en sorte, par
là même, qu'ils connaissent la vérité de la justice qui est entrée
dans l'histoire de l'homme avec la venue de Jésus Christ. Ainsi, ceux qui,
convaincus qu'ils sont pécheurs, se convertissent sous l'action du Paraclet,
sont en un sens conduits hors du cercle du «jugement», de ce «jugement» par
lequel «le Prince de ce monde est déjà jugé»191. La conversion, dans la profondeur de son
mystère divin et humain, signifie la rupture de tout lien par lequel le péché
unit l'homme à l'ensemble du mysterium iniquitatis. Donc, ceux qui se
convertissent sont conduits par l'Esprit Saint hors du cercle du «jugement»
et introduits dans la justice qui se trouve dans le Christ Jésus, et
qui s'y trouve parce qu'il la reçoit du Père192, comme un reflet de la sainteté trinitaire.
Telle est la justice de l'Evangile et de la Rédemption, la justice du Discours
sur la montagne et de la Croix, qui opère la purification de la conscience par
le sang de l'Agneau. C'est la justice que le Père rend au Fils et à tous
ceux qui lui sont unis dans la vérité et dans l'amour.
Dans cette justice,
l'Esprit Saint, Esprit du Père et du Fils, qui «manifeste le péché du monde»,
se révèle et se rend présent dans l'homme comme Esprit de vie éternelle.
TROISIÈME PARTIE - L'ESPRIT QUI DONNE LA VIE
1. Motif du Jubilé de
l'An 2000: le Christ, qui a été conçu du Saint-Esprit
49. C'est vers
l'Esprit Saint que se tournent la pensée et le cœur de l'Eglise en cette fin du
vingtième siècle et dans la perspective du troisième millénaire depuis la
venue au monde de Jésus Christ, tandis que nous portons notre regard vers le
grand Jubilé par lequel l'Eglise célébrera l'événement. Cette venue prend place
en effet, dans l'ordre du temps humain, comme un événement qui appartient à
l'histoire de l'homme sur la terre. La mesure du temps habituellement adoptée
situe les années, les siècles, les millénaires selon qu'ils s'écoulent avant ou après la
naissance du Christ. Mais il faut aussi avoir conscience que cet événement
signifie pour nous chrétiens, selon l'Apôtre, la «plénitude du temps»193, car, par lui, c'est la «mesure» de Dieu
lui-même qui a totalement marqué l'histoire de l'homme: une présence
transcendante dans le «nunc», l'Aujourd'hui éternel. «Celui qui est, qui était
et qui vient»; celui qui est «L'Alpha et l'Oméga, le Premier et le Dernier, le
Principe et la Fin»194. «Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a
donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais
ait la vie éternelle»195. «Quand vint la plénitude du temps, Dieu
envoya son Fils, né d'une femme ... afin de nous conférer l'adoption filiale»196. Et cette Incarnation du Fils-Verbe est
advenue par l'Esprit Saint.
Les deux évangélistes
auxquels nous devons le récit de la naissance et de l'enfance de Jésus de
Nazareth s'expriment sur cette question de la même manière. Selon Luc,
lors de l'annonciation de la naissance de Jésus, Marie demande: «Comment cela
sera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme?», et elle reçoit cette réponse:
«L'Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous
son ombre; c'est pourquoi l'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu»197.
Matthieu raconte
directement: «Telle fut la genèse de Jésus Christ. Marie, sa mère, était Sancée
à Joseph: or, avant qu'ils eussent mené vie commune, elle se trouva enceinte
par le fait de l'Esprit Saint»198. Troublé par cet état de choses, Joseph reçut,
durant son sommeil, l'explication suivante: «Ne crains pas de prendre chez toi
Marie, ta femme: car ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint;
elle enfantera un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus: car c'est lui qui
sauvera son peuple de ses péchés»199.
Aussi l'Eglise, depuis
les origines, professe-t-elle le mystère de l'Incarnation, ce mystère
central de la foi, en se référant à l'Esprit Saint. Ainsi s'exprime
le Symbole des Apôtres: «Il a été conçu du Saint-Esprit, est né de la
Vierge Marie». Ce n'est pas autrement que le Symbole de
Nicée-Constantinople atteste: «Par l'Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge
Marie, et s'est fait homme».
«Par l'Esprit Saint»
s'est fait homme celui dont l'Eglise proclame, selon les termes du même
Symbole, qu'il est le Fils de même nature que le Père: «Dieu, né de Dieu,
lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré, non pas créé».
Il s'est fait homme «en prenant chair de la Vierge Marie». Voilà ce qui
s'accomplit «quand vint la plénitude du temps».
50. Le grand Jubilé,
qui conclura le second millénaire et auquel l'Eglise se prépare déjà, a
directement un profil christologique: il s'agit en effet de célébrer la
naissance de Jésus Christ. En même temps, il a un profil pneumatologique,
puisque le mystère de l'Incarnation s'est accompli «par le Saint-Esprit». Ce
fut l'œuvre de cet Esprit qui, consubstantiel au Père et au Fils, est, dans le
mystère absolu de Dieu un et trine, la Personne-Amour, le Don incréé, source
éternelle de tout don qui provient de Dieu dans l'ordre de la création, le
principe direct et, en un sens, le sujet de la communication que Dieu fait de
lui-même dans l'ordre de la grâce. De ce don, de cette communication que Dieu
fait de lui-même, le mystère de l'Incarnation constitue le sommet.
En effet, la conception
et la naissance de Jésus Christ sont l'œuvre la plus grande accomplie par
l'Esprit Saint dans l'histoire de la création et du salut, c'est-à-dire la
grâce suprême - «la grâce d'union» -, source de toute autre grâce, comme
l'explique saint Thomas200. Le grand Jubilé se rapporte à cette œuvre et
se rapporte aussi, si nous approfondissons son sens, à l'artisan de cette
œuvre, à la Personne de l'Esprit Saint.
A la «plénitude du temps»
correspond, en effet, une particulière plénitude de la communication que le
Dieu un et trine fait de lui-même dans l'Esprit Saint. «Par le Saint-Esprit»
s'accomplit le mystère de l'«union hypostatique», c'est-à-dire de l'union de la
nature divine avec la nature humaine, de la divinité avec l'humanité dans
l'unique Personne du Verbe-Fils. Quand Marie, au moment de l'annonciation,
prononce son «fiat»: «Qu'il m'advienne selon ta parole»201, elle conçoit de façon virginale un homme, le
Fils de l'homme, qui est le Fils de Dieu. Grâce à une telle «humanisation»
du Verbe Fils, la communication que Dieu fait de lui-même atteint sa plénitude
définitive dans l'histoire de la création et du salut. Cette plénitude acquiert
une densité particulière et une éloquence très expressive dans le texte
de l'Evangile de Jean: «Le Verbe s'est fait chair»202. L'Incarnation de Dieu-Fils signifie que la
nature humaine est élevée à l'unité avec Dieu, mais aussi, en elle, en un
sens, tout ce qui est «chair»: toute l'humanité, tout le monde visible et
matériel. L'Incarnation a donc aussi un sens cosmique, une dimension cosmique.
Le «premier-né de toute créature»203, en s'incarnant dans l'humanité individuelle
du Christ, s'unit en quelque sorte avec toute la réalité de l'homme, qui est
aussi «chair»204, et, en elle, avec toute «chair» avec toute la
création.
51. Tout cela s'accomplit
par l'Esprit Saint, et appartient par conséquent au contenu du futur grand
Jubilé. L'Eglise ne peut se préparer à ce Jubilé autrement que
dans l'Esprit Saint. Ce qui, «dans la plénitude du temps», s'est accompli par
l'Esprit Saint, ne peut maintenant ressortir dans la mémoire de l'Eglise que
par lui. C'est par lui que cela peut être rendu présent dans la nouvelle phase
de l'histoire de l'homme sur la terre: l'An 2000 après la naissance du Christ.
L'Esprit Saint qui, par sa puissance, prit sous son ombre le corps virginal de Marie, réalisant en elle le début de la maternité divine, rendit en même temps son cœur parfaitement obéissant à l'égard de cette communication que Dieu fit de lui-même et qui surpassait toute pensée et toute capacité de l'homme. «Bienheureuse celle qui a cru!»205: voilà la salutation que reçoit Marie de la part de sa parente Elisabeth, elle aussi «remplie de l'Esprit Saint»206. Dans les paroles qui saluent «celle qui a cru», il semble que l'on puisse voir un contraste lointain (mais en réalité très proche) avec tous ceux dont le Christ dira qu'«ils n'ont pas cru»207. Marie est entrée dans l'histoire du salut du monde par l'obéissance de la foi. Et la foi, dans sa nature la plus profonde, est l'ouverture du cœur humain devant le Don, devant la communication que Dieu fait de lui-même dans l'Esprit Saint. Saint Paul écrit: «Le Seigneur, c'est l'Esprit, et où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté»208. Quand le Dieu un et trine s'ouvre à l'homme dans l'Esprit Saint, cette «ouverture» révèle et, en même temps, donne à la créature-homme la plénitude de la liberté. Cette plénitude s'est manifestée de façon sublime précisément dans la foi de Marie, par «l'obéissance de la foi»209: oui, «bienheureuse celle qui a cru!».
2. Motif du Jubilé: la
grâce s'est manifestée
52. Dans le mystère de
l'Incarnation, l'œuvre de l'Esprit, «qui donne la vie», atteint son
sommet. Il n'est possible de donner la vie, dont la plénitude est en Dieu,
qu'en en faisant la vie d'un Homme, à savoir le Christ dans son humanité
personnifiée par le Verbe dans l'union hypostatique. Et en même temps, par le
mystère de l'Incarnation, jaillit d'une nouvelle manière la source de
cette vie divine dans l'histoire de l'humanité: l'Esprit Saint. Le Verbe,
«premier-né de toute créature», devient «l'aîné d'une multitude de frères»210 et il devient ainsi la tête du corps
qu'est l'Eglise, laquelle naîtra de la Croix et sera manifestée le jour de la
Pentecôte, et, dans l'Eglise, il sera la tête de l'humanité, des hommes de
toute nation, de toute race, de tout pays et de toute culture, de toute langue
et de tout continent, tous appelés au salut. «Le Verbe s'est fait chair», lui
en qui «était la vie et la vie était la lumière des hommes ... A tous ceux
qui l'ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu»211. Mais tout cela s'est accompli et s'accomplit
sans cesse «par l'Esprit Saint».
Ils sont en effet
«enfants de Dieu», d'après l'enseignement de l'Apôtre, «tous ceux qu'anime
l'Esprit de Dieu»212. La filiation de l'adoption divine naît dans
les hommes à partir du mystère de l'Incarnation, donc grâce au Christ, le Fils
éternel. Mais la naissance, ou la renaissance, se réalise lorsque
Dieu le Père «envoie dans nos cœurs l'Esprit de son Fils»213. Car nous recevons alors «un esprit de fils
adoptifs qui nous fait nous écrier: "Abba! Père! "»214. Ainsi donc, cette filiation de Dieu, greffée
dans l'âme humaine par la grâce sanctifiante, est l'œuvre de l'Esprit Saint.
«L'Esprit en personne se joint à notre esprit pour attester que nous
sommes enfants de Dieu. Enfants, et donc héritiers; héritiers de
Dieu, et cohéritiers du Christ»215. La grâce sanctifiante est dans l'homme le
principe et la source de la vie nouvelle: vie divine, surnaturelle.
Le don de cette vie
nouvelle est comme la réponse définitive de Dieu aux paroles du psalmiste, dans
lesquelles, en quelque sorte, la voix de toutes les créatures trouve un écho:
«Tu envoies ton souffle, ils sont créés, tu renouvelles la face de la terre»216. Celui qui, dans le mystère de la
création, donne à l'homme et au cosmos la vie sous ses
multiples formes visibles et invisibles, la renouvelle encore par le
mystère de l'Incarnation. La création est ainsi complétée par l'Incarnation et
pénétrée dès lors par les forces de la Rédemption qui envahissent l'humanité et
toute la création. C'est ce que dit saint Paul; sa vision cosmique et
théologique semble reprendre les termes du psaume ancien: «La création en
attente aspire à la révélation des fils de Dieu»217, c'est-à-dire de ceux que Dieu a «d'avance
discernés», et aussi «prédestinés à reproduire l'image de son Fils»218. Les hommes connaissent ainsi une «adoption
filiale» surnaturelle, et le Saint-Esprit, Amour et Don, en est
l'origine. Comme tel, il est donné aux hommes. Et de la surabondance
du Don incréé, chaque homme reçoit dans son cœur le don créé particulier
par lequel les hommes «deviennent participants de la nature divine»219. Ainsi, la vie humaine est pénétrée de la vie
divine à laquelle elle participe, et elle acquiert, elle aussi, une dimension
divine, surnaturelle. Ainsi naît la vie nouvelle, par laquelle, en
participant au mystère de l'Incarnation, «les hommes... accèdent, dans l'Esprit
Saint, auprès du Père»220. Il y a donc une étroite dépendance de
causalité entre l'Esprit qui donne la vie, la grâce sanctifiante,
et la vitalité surnaturelle multiforme qui en découle dans l'homme:
entre l'Esprit incréé et l'esprit humain créé.
53. On peut dire
que tout cela rentre dans le cadre du grand Jubilé déjà
évoqué. Car il faut dépasser la dimension historique du fait, considéré
superficiellement. Il faut joindre au contenu christologique de l'événement la
dimension pneumatologique, en regardant dans la foi l'ensemble des deux
millénaires où s'est exercée l'action de l'Esprit de vérité: celui-ci, au
cours des siècles, a puisé au trésor de la Rédemption du Christ, donnant aux
hommes la vie nouvelle, réalisant en eux l'adoption dans le Fils unique, les
sanctifiant, en sorte qu'ils peuvent redire à la suite de saint Paul: « Nous
avons reçu l'Esprit de Dieu»221.
Mais, en considérant ce
motif du Jubilé, il n'est pas possible de se limiter aux deux mille ans écoulés
depuis la naissance du Christ. Il faut remonter en arrière, embrasser
aussi toute l'action de l'Esprit Saint avant le Christ - depuis le
commencement - dans le monde entier et spécialement dans l'économie de
l'Ancienne Alliance. Cette action, en effet, en tout lieu et en tout temps,
même en tout homme, s'est accomplie selon l'éternel dessein de salut, dans
lequel elle est étroitement unie au mystère de l'Incarnation et de la
Rédemption; ce mystère avait lui-même exercé son influence sur ceux qui
croyaient au Christ à venir. La Lettre aux Ephésiens l'atteste de
façon particulière222. Ainsi la grâce comporte en même temps un
caractère christologique et un caractère pneumatologique, qui se retrouvent
surtout en ceux qui adhèrent explicitement au Christ: «En lui (dans le Christ)
... vous avez été marqués d'un sceau par l'Esprit de la Promesse, cet Esprit
Saint qui constitue les arrhes de notre héritage et prépare la rédemption du
Peuple que Dieu s'est acquis»223.
Mais, toujours dans la
perspective du grand Jubilé, nous devons aussi porter plus loin notre regard et
avancer «vers le large», en sachant que «le vent soufile où il veut», selon
l'image employée par Jésus dans la conversation avec Nicodème224. Le Concile Vatican II, centré principalement
sur le thème de l'Eglise, nous rappelle que l'Esprit Saint agit aussi «à
l'extérieur» du corps visible de l'Eglise. Il parle justement de «tous les
hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce.
En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de
l'homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l'Esprit
Saint offre à tous, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être
associés au mystère pascal»225.
54. «Dieu est esprit, et
ceux qui adorent, c'est dans l'esprit et la vérité qu'ils doivent
adorer»226. Ces paroles, Jésus les a dites à la
Samaritaine dans un autre de ses dialogues. Le grand Jubilé, qui sera célébré
au terme de ce millénaire et au début du suivant, doit être un puissant appel
adressé à tous ceux qui «adorent Dieu dans l'esprit et la vérité». Il doit être
pour tous une occasion particulière de méditer le mystère de Dieu un et trine,
qui, en lui-même, est absolument transcendant par rapport au
monde, spécialement par rapport au monde visible; il est en effet Esprit au
sens absolu, «Dieu est esprit»227; et, en même temps, d'une façon admirable, il
est non seulement proche de ce monde, mais il y est présent et,
en un sens, immanent, il le pénètre et le vivifie de l'intérieur. Cela
vaut d'une manière spéciale pour l'homme: Dieu est présent dans la profondeur
de son être, de sa pensée, de sa conscience, de son cœur; réalité psychologique
et ontologique, qui faisait dire à saint Augustin, en parlant de Dieu: «interior
intimo meo»228. Ces paroles nous aident à mieux comprendre
celles que Jésus adressait à la Samaritaine: «Dieu est esprit». Seul l'Esprit
peut être interior intimo meo - plus intime à moi que moi-même -, au
niveau de l'être ou au niveau de l'expérience spirituelle; seul l'Esprit peut
être à ce point immanent à l'homme et au monde, en demeurant inviolable et sans
changement dans son absolue transcendance.
Mais, en Jésus Christ, la présence divine dans le monde et dans l'homme s'est manifestée de façon nouvelle et sous forme visible. En lui véritablement «la grâce s'est manifestée»229. L'amour de Dieu le Père, Don, grâce infinie, principe de vie, est devenu visible dans le Christ, et, par l'humanité du Christ, il est devenu «partie» de l'univers, du genre humain, de l'histoire. Cette «manifestation» de la grâce dans l'histoire de l'homme, en Jésus Christ, s'est accomplie par l'Esprit Saint, qui est le principe de toute action salvifique de Dieu dans le monde, lui, le «Dieu caché»230 qui, comme Amour et Don, «remplit l'univers»231. Toute la vie de l'Eglise, telle qu'elle se manifestera dans le grand Jubilé, signifie aller à la rencontre du Dieu invisible, à la rencontre de l'Esprit qui donne la vie.
3. L'Esprit Saint dans le
conflit interne de l'homme: La chair, en ses désirs, s'oppose à l'esprit et
l'esprit à la chair
55. Hélas, l'histoire du
salut le montre, cette proximité et cette présence de Dieu à l'homme et au
monde, cette admirable «condescendance» de l'Esprit, rencontre dans
notre réalité humaine résistance et opposition. Quelle éloquence revêtent,
de ce point de vue, les paroles prophétiques du vieillard Syméon qui, «poussé par
l'Esprit», vint au Temple de Jérusalem, pour annoncer devant le nouveau-né de
Bethléem qu'il devait «amener la chute et le relèvement d'un grand nombre en
Israël, signe en butte à la contradiction»!232 L'opposition à Dieu, qui est Esprit
invisible, naît déjà, dans une certaine mesure, sur le terrain de la différence
radicale du monde par rapport à Lui, c'est-à-dire de sa «visibilité» et de sa
«matérialité» par rapport à Lui qui est «invisible» et «Esprit au sens absolu»;
elle naît de son imperfection naturelle et inévitable par rapport à Lui, l'être
absolument parfait. Mais l'opposition devient conflit, rébellion, sur le plan
éthique, à cause du péché qui prend possession du cœur humain,
dans lequel «la chair s'oppose à l'esprit et l'esprit à la chair»233. Ce péché, l'Esprit Saint doit le «mettre en
lumière» dans le monde, comme nous l'avons dit.
Saint Paul est celui qui
décrit avec une particulière éloquence la tension et la lutte qui agitent le
cœur humain. «Ecoutez-moi - lisons-nous dans la Lettre aux Galates -: marchez
sous l'impulsion de l'Esprit et vous n'accomplirez plus ce que la chair désire.
Car la chair, en ses désirs, s'oppose à l'esprit et l'esprit à la chair; entre
eux, c'est l'antagonisme; aussi ne faites-vous pas ce que vous voulez»234. Déjà dans l'homme, parce qu'il est un être
composé, esprit et corps, il existe une certaine tension, il se déroule une
certaine lutte de tendances entre l'«esprit» et la «chair». Mais cette lutte,
en fait, appartient à l'héritage du péché, elle en est une conséquence et, en
même temps, une confirmation. Elle fait partie de l'expérience quotidienne.
Comme l'écrit l'Apôtre: «On sait bien tout ce que produit la chair:
fornication, impureté, débauche, ... orgies, ripailles et choses semblables».
Il s'agit là des péchés qu'on pourrait qualifier de «charnels». L'Apôtre en
ajoute d'autres encore: «Haines, discorde, jalousie, ... dissensions,
divisions, scissions, sentiments d'envie ...»235. Tout cela constitue «les œuvres de la chair».
Mais à ces œuvres qui
sont indubitablement mauvaises, Paul oppose «le fruit de l'Esprit», qui est
«charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les
autres, douceur, maîtrise de soi»236. Du contexte, il ressort clairement que, pour
l'Apôtre, il ne s'agit pas de mépriser et de condamner le corps qui, avec l'âme
spirituelle, constitue la nature de l'homme et sa personnalité de sujet; il
traite, par contre, des œuvres ou plutôt des dispositions stables -
vertus et vices - moralement bonnes ou mauvaises, qui sont le fruit
de la soumission (dans le premier cas) ou au contraire de la
résistance (dans le second cas) à l'action salvatrice de l'Esprit
Saint. C'est pourquoi l'Apôtre écrit: «Puisque l'Esprit est notre vie, que
l'Esprit nous fasse aussi agir»237. Et dans d'autres passages: «Ceux en effet qui
vivent selon la chair désirent ce qui est charnel; ceux qui vivent selon
l'esprit, ce qui est spirituel». «Vous êtes sous l'emprise de l'Esprit, puisque
l'Esprit de Dieu habite en vous»238. L'opposition que saint Paul montre entre la
vie «selon l'Esprit» et la vie «selon la chair» entraîne une autre opposition:
celle de la «vie» et celle de la «mort». «Le désir de la chair, c'est la mort,
tandis que le désir de l'esprit, c'est la vie et la paix»; d'où
l'avertissement: «Si vous vivez selon la chair, vous mourrez. Mais si par
l'Esprit vous faites mourir les œuvres du corps, vous vivrez»239.
Tout bien considéré, il y
a là une exhortation à vivre dans la vérité, c'est-à-dire selon les
exigences de la conscience droite, et il s'agit, en même temps, d'une
profession de foi dans l'Esprit de vérité, celui qui donne la vie. Le corps, en
effet, «est mort en raison du péché, mais l'Esprit est vie en raison de la
justice»; «ainsi donc ... nous sommes débiteurs, mais non point envers
la chair pour vivre selon la chair»240. Nous sommes plutôt débiteurs envers le Christ
qui, dans le mystère pascal, a accompli notre justification, en nous obtenant
l'Esprit Saint: «Quelqu'un a payé le prix de votre rachat»241.
Dans les textes de saint
Paul se superposent et s'imbriquent la dimension ontologique (la
chair et l'esprit), la dimension éthique (le bien et le mal moral),
la dimension pneumatologique (l'action de l'Esprit Saint dans l'ordre
de la grâce). Ses paroles (spécialement dans les Lettres aux Romains et aux
Galates) nous font connaître et ressentir vivement la vigueur de la tension et
de la lutte qui se déroulent dans l'homme entre, d'un côté, l'ouverture à
l'action de l'Esprit Saint, et, de l'autre, la résistance et l'opposition à son
égard, à son don salvifique. Les termes ou les pôles opposés sont, de la part
de l'homme, ses limitations et son caractère pécheur, points névralgiques de sa
réalité psychologique et éthique; et, de la part de Dieu, le mystère du
Don, ce don incessant de la vie divine dans l'Esprit Saint. Qui sera
victorieux? Celui qui aura su accueillir le Don.
56. Malheureusement, la
résistance à l'Esprit Saint, que saint Paul souligne dans sa dimension
intérieure et subjective comme une tension, une lutte, une rébellion
survenant dans le cœur humain, trouve, aux diverses époques de l'histoire, et
spécialement à l'époque moderne, sa dimension extérieure, concrétisée,
dans le contenu de la culture et de la civilisation, par les systèmes
philosophiques, les idéologies, les programmes d'action et de formation
des comportements humains. Elle trouve son expression la plus importante dans
le matérialisme, aussi bien sous sa forme théorique, comme système de
pensée, que sous sa forme pratique, comme méthode de lecture et d'évaluation
des faits et aussi comme programme pour des comportements correspondants. Le
système qui a donné le plus grand développement à cette forme de pensée,
d'idéologie et de praxis, et qui l'a portée aux plus extrêmes conséquences sur
le plan de l'action, est le matérialisme dialectique et historique, encore
reconnu comme le noyau substantiel du marxisme.
Par principe et en fait,
le matérialisme exclut radicalement la présence et l'action de Dieu,
qui est esprit, dans le monde et par-dessus tout dans l'homme, pour la raison
fondamentale qu'il n'accepte pas son existence, puisqu'il est, en soi et
dans son programme, un système athée. L'athéisme est le phénomène
impressionnant de notre temps: le Concile Vatican II lui a consacré quelques
pages significatives242. Même si l'on ne peut parler de l'athéisme de
manière univoque, et si l'on ne peut le réduire exclusivement à la philosophie
matérialiste, étant donné qu'il existe diverses formes d'athéisme et que l'on
peut dire sans doute que ce mot est souvent employé dans un sens équivoque, il
est toutefois certain qu'un matérialisme véritable, au sens propre du
terme, a un caractère athée, lorsqu'on l'entend comme une théorie qui explique
la réalité et lorsqu'on l'adopte pour premier principe de l'action personnelle
et sociale. L'horizon des valeurs et des fins de l'agir que le matérialisme
détermine est étroitement lié à l'interprétation de la totalité de la réalité
comme «matière». Si, parfois, il parle encore de l'«esprit» et des «questions
de l'esprit», par exemple dans le domaine de la culture ou de la morale, il le
fait seulement en considérant certains faits comme dérivés (épiphénomènes) de
la matière, qui est, selon ce système, la forme unique et exclusive de l'être.
Il s'ensuit que, selon cette interprétation, la religion ne peut se comprendre
que comme une sorte d'«illusion idéaliste», à combattre selon les manières et
les méthodes les plus appropriées aux lieux et aux circonstances historiques,
pour l'éliminer de la société et du cœur même de l'homme.
On peut donc dire que le
matérialisme est le développement systématique et cohérent de la «résistance»
et de l'opposition dénoncées par saint Paul lorsqu'il dit: «La chair ...
s'oppose à l'esprit». Cette réalité conflictuelle est cependant réciproque,
comme le souligne l'Apôtre dans la seconde partie de son aphorisme: «L'esprit s'oppose
à la chair». Celui qui veut vivre selon l'Esprit, en acceptant son action
salvifique et en s'y conformant, ne peut pas ne pas repousser les tendances et
les prétentions de la «chair», qu'elles soient intérieures ou extérieures, y
compris dans leur expression idéologique et historique de «matérialisme»
antireligieux. Sur cette toile de fond si caractéristique de notre temps, il
faut souligner les «désirs de l'esprit» dans la préparation du grand Jubilé:
ils sont des appels qui résonnent dans la nuit d'une nouvelle période d'Avent,
au terme de laquelle, comme il y a deux mille ans, «toute chair verra le salut
de Dieu»243. Voilà une possibilité et une espérance que
l'Eglise confie aux hommes d'aujourd'hui. Elle sait que la rencontre,
l'affrontement entre, d'une part, les «désirs contraires à l'Esprit», qui caractérisent
tant d'aspects de la civilisation contemporaine spécialement en certains
domaines, et, d'autre part, les «désirs contraires à la chair» - avec le fait
que Dieu s'est rendu proche de nous, avec son Incarnation, avec la
communication toujours nouvelle qu'il fait de lui-même dans l'Esprit Saint -,
peut présenter en certains cas un caractère dramatique et aboutir peut-être à
de nouvelles défaites humaines. Mais l'Eglise croit fermement que, pour sa
part, Dieu ne cesse de se donner lui-même pour le salut, de venir pour le
salut, et, au besoin, de «manifester le péché» pour le salut, par l'Esprit.
57. Dans l'opposition
paulinienne entre l'«Esprit» et la «chair» s'inscrit aussi l'opposition entre
la «vie» et la «mort». Il s'agit là d'un grave problème, et il faut dire
aussitôt à ce propos que le matérialisme, comme système de pensée, dans toutes
ses versions, signifie l'acceptation de la mort comme terme définitif
de l'existence humaine. Tout ce qui est matériel est corruptible et, par
conséquent, le corps humain (en tant qu'«animal») est mortel. Si l'homme, dans
son essence, n'est que «chair», la mort demeure pour lui une frontière et un
terme infranchissables. On comprend alors comment on arrive à dire que la vie
humaine n'est rien d'autre qu'un «exister pour mourir».
Il faut ajouter que, à
l'horizon de la civilisation contemporaine - spécialement là où elle s'est le
plus développée du point de vue technique et scientifique -, les signes et
les signaux de mort sont devenus particulièrement présents et fréquents.
Il suffit de penser à la course aux armements et au danger qu'elle comporte
d'une autodestruction nucléaire. D'autre part, tous peuvent constater de plus
en plus la situation grave de vastes régions de notre planète, affectées par
l'indigence et la faim porteuses de mort. Il ne s'agit pas seulement de
problèmes économiques, mais aussi et avant tout de problèmes éthiques.
Cependant, à l'horizon de notre époque s'accumulent des «signes de mort» encore
plus sombres: l'usage s'est répandu - et en certains lieux il risque de devenir
presque une institution - d'ôter la vie aux êtres humains avant même leur
naissance, ou avant qu'ils ne soient arrivés au seuil naturel de la mort. Il
faut ajouter que, malgré tant de nobles efforts en faveur de la paix, de
nouvelles guerres ont éclaté et sont en cours: elles privent de la vie ou de la
santé des centaines de milliers d'êtres humains. Et comment ne pas rappeler les
attentats contre la vie humaine qui viennent du terrorisme, organisé même à
l'échelle internationale?
Hélas, ce n'est là qu'une esquisse partielle et incomplète du tableau de mort qu'on est en train de composer à notre époque, alors que nous sommes de plus en plus proches de la fin du deuxième millénaire du christianisme. Est-ce que, des sombres couleurs de la civilisation matérialiste et en particulier de ces signes de mort qui se multiplient dans le cadre sociologique et historique où elle s'est développée, ne monte pas, plus ou moins consciente, une nouvelle invocation à l'Esprit qui donne la vie? En tout cas, même indépendamment de l'ampleur des espoirs ou des désespoirs humains, comme des illusions ou des duperies, qui résultent du développement des systèmes matérialistes de pensée et de vie, la certitude chrétienne demeure que l'Esprit souffle où il veut et que nous possédons «les prémices de l'Esprit», que, par conséquent, nous pouvons sans doute endurer les souffrances du temps qui passe, mais «nous gémissons... intérieurement dans l'attente de la rédemption de notre corps»244, c'est-à-dire de tout notre être humain qui est corporel et spirituel. Oui, nous gémissons, mais dans une attente chargée d'une espérance indéfectible, justement parce que Dieu, qui est Esprit, s'est rendu proche de cet être humain que nous sommes. Dieu le Père, «en envoyant son propre Fils avec une chair semblable à celle du péché et en vue du péché, a condamné le péché»245. Au sommet du mystère pascal, le Fils de Dieu, fait homme et crucifié pour les péchés du monde, s'est présenté au milieu de ses Apôtres après la résurrection, il a envoyé sur eux son souffle et il a dit: «Recevez l'Esprit Saint». Ce «souffle» continue toujours. Et voici que «l'Esprit vient au secours de notre faiblesse»246.
4. L'Esprit Saint vient
affermir l'«homme intérieur»
58. Le mystère de la
Résurrection et de la Pentecôte est annoncé et vécu par l'Eglise, qui reçoit et
continue le témoignage des Apôtres sur la Résurrection de Jésus Christ. Elle
est le témoin permanent de cette victoire sur la mort, qui a révélé la
puissance de l'Esprit Saint et qui a déterminé sa nouvelle venue, sa nouvelle
présence dans les hommes et dans le monde. En effet, à la Résurrection du
Christ, l'Esprit Saint-Paraclet s'est révélé surtout comme celui qui donne la
vie: «Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d'entre les morts donnera aussi la
vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous»247. Au nom de la Résurrection du
Christ, l'Eglise annonce la vie qui s'est manifestée au-delà des limites
de la mort, la vie qui est plus forte que la mort. En même temps, elle
annonce Celui qui donne cette vie: l'Esprit qui fait vivre; elle
l'annonce et elle coopère avec lui pour donner la vie. En effet, «bien que le
corps soit déjà mort en raison du péché, l'Esprit est vie en raison de la
justice»248 obtenue par le Christ crucifié et
ressuscité. Et au nom de la Résurrection du Christ, l'Eglise sert la vie qui
provient de Dieu lui-même, en étroite union avec l'Esprit, et humblement à son
service.
Par ce service, justement,
l'homme devient de façon toujours nouvelle la «route de l'Eglise»: je l'ai déjà
dit dans l'encyclique sur le Christ Rédempteur249 et je le redis aujourd'hui dans celle sur
l'Esprit Saint. Unie à l'Esprit, l'Eglise est consciente, plus que quiconque,
de la réalité de l'homme intérieur, des traits de l'homme les plus
profonds et les plus essentiels, parce que spirituels et incorruptibles. A
ce niveau, l'Esprit implante en lui la «racine de l'immortalité»250, d'où jaillit la vie nouvelle, c'est-à-dire la
vie de l'homme en Dieu, qui, comme fruit du don salvifique que Dieu fait de
lui-même dans l'Esprit Saint, ne peut se développer et se consolider que par
l'action de l'Esprit. C'est pourquoi l'Apôtre s'adresse à Dieu en faveur des
croyants, auxquels il déclare: «Je fléchis les genoux en présence du Père...
Qu'il daigne... vous armer de puissance par son Esprit pour que se
fortifie en vous l'homme intérieur»251.
Sous l'influence de
l'Esprit Saint, cet homme intérieur, c'est-à-dire «spirituel», mûrit et devient
plus fort. Grâce à cette communication divine, l'esprit humain qui «connaît ce
qui concerne l'homme» rencontre «l'Esprit qui sonde tout jusqu'aux profondeurs
de Dieu»252. Dans cet Esprit, qui est le Don éternel,
le Dieu un et trine s'ouvre à l'homme, à l'esprit humain. Le souffle caché
de l'Esprit divin fait que l'esprit humain s'ouvre à son tour en face de Dieu
qui s'ouvre à lui pour le sauver et le sanctifier. Par le don de la grâce
efficace qui vient de l'Esprit, l'homme entre dans «une vie nouvelle», il
est introduit dans la réalité surnaturelle de la vie divine elle-même et il
devient «une demeure de l'Esprit Saint», un «temple vivant de Dieu»253.
Par l'Esprit Saint, en
effet, le Père et le Fils viennent vers lui et établissent une demeure chez lui254. Dans la communion de grâce avec la Trinité
s'élargit «l'espace vital» de l'homme, élevé au niveau surnaturel de la vie
divine. L'homme vit en Dieu et de Dieu: il vit «selon l'Esprit» et «désire
ce qui est spirituel».
59. Grâce à la relation
d'intimité avec Dieu dans l'Esprit Saint, l'homme se comprend également
lui-même d'une façon nouvelle, il comprend sa propre humanité. L'image, la
ressemblance de Dieu qu'est l'homme depuis le commencement est ainsi pleinement
réalisée255. Cette vérité intime de l'être humain doit
être continuellement redécouverte à la lumière du Christ qui est le modèle du
rapport avec Dieu, et en lui doit être également redécouverte la raison pour
laquelle l'homme «ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de
lui-même» en union avec les autres hommes, comme l'écrit le Concile Vatican II,
justement en raison de la ressemblance avec Dieu qui «montre bien que l'homme
... (est) l'unique créature que Dieu a voulue pour elle-même» dans sa dignité
de personne, mais aussi dans son ouverture à l'intégration et à la communion
avec les autres256. La connaissance effective et la réalisation
plénière de cette vérité de l'être adviennent seulement par l'Esprit Saint.
L'homme apprend cette vérité de Jésus Christ, et il la met en œuvre dans sa
propre vie, par l'Esprit que lui-même nous a donné.
Sur ce chemin - sur le
chemin d'une telle maturation intérieure qui comporte la pleine découverte du
sens de l'humanité -, Dieu se rend intime à l'homme, il pénètre toujours plus à
fond dans tout le monde humain. Dieu un et trine, qui «existe» en lui-même
comme réalité transcendante du Don interpersonnel, en se communiquant dans
l'Esprit Saint comme Don à l'homme, transforme le monde humain de
l'intérieur, dans les cœurs et dans les consciences. Sur ce chemin, le monde,
rendu participant du Don divin, devient, comme l'enseigne le Concile, «toujours
plus humain, toujours plus profondément humain»257, tandis qu'en lui, à travers les cœurs et les
consciences des hommes, se développe le Règne dans lequel Dieu sera
définitivement «tout en tous»258, comme Don et Amour. Don et Amour: telle est
l'éternelle puissance du Dieu un et trine qui s'ouvre lui-même à l'homme et au
monde dans l'Esprit Saint.
Dans la perspective de
l'An 2000 après la naissance du Christ, il s'agit de parvenir à ce qu'un
nombre toujours plus grand d'hommes «puissent se trouver pleinement à travers
le don désintéressé d'eux-mêmes». Il s'agit de parvenir à la réalisation en
notre monde, sous l'action de l'Esprit-Paraclet, d'un processus de vraie
maturation dans l'humanité, dans la vie individuelle comme dans la vie
communautaire: c'est à ce propos que Jésus lui-même, «quand il prie le Père
pour que "tous soient un..., comme nous sommes un" (Jn 17,
21-22), ... nous suggère qu'il y a une certaine ressemblance entre
l'union des personnes divines et celle des fils de Dieu dans la vérité et
dans l'amour»259. Le Concile redit cette vérité sur l'homme, et
l'Eglise voit en elle une indication particulièrement forte et déterminante de
ses tâches apostoliques. Si, en effet, l'homme est la route de l'Eglise, cette
route pase à travers tout le mystère du Christ, modèle divin de l'homme. Sur
cette route, l'Esprit Saint, en affermissant en chacun de nous «l'homme
intérieur», fait que l'homme, toujours plus, «se trouve pleinement à travers le
don désintéressé de lui-même». On peut dire que, dans ces paroles de la Constitution
pastorale du Concile, est résumée toute l'anthropologie chrétienne, la
théorie et la pratique fondées sur l'Evangile, où l'homme découvre en lui-même
son appartenance au Christ et, en lui, son élévation à la dignité de fils de
Dieu; il comprend mieux aussi sa dignité d'homme, précisément parce qu'il est
le sujet de la présence de Dieu qui se rapproche de lui, le sujet de la
bienveillance divine, dans laquelle se trouvent la perspective et même la
racine de la glorification définitive. Alors on peut vraiment redire que «la
gloire de Dieu, c'est l'homme vivant, et la vie de l'homme, c'est la vision de
Dieu»260: l'homme, en vivant une vie divine, est la
gloire de Dieu; l'Esprit Saint est le dispensateur caché de cette vie et de
cette gloire. Selon Basile le Grand, «simple par son essence, mais se
manifestant par des actions variées, ... il se donne en partage, mais garde son
intégrité; ... présent à chacun de ceux qui peuvent le recevoir comme si
celui-ci était unique, il répand sur tous la grâce en plénitude»261.
60. Lorsque, sous
l'influence du Paraclet, les hommes découvrent cette dimension divine de leur
être et de leur vie, comme personnes ou comme communautés, ils sont en mesure
de se libérer des divers déterminismes qui résultent principalement
des fondements matérialistes de la pensée, de la praxis et de ses méthodes. A
notre époque, ces éléments ont réussi à pénétrer jusqu'au cœur de l'homme, dans
le sanctuaire de la conscience où sans cesse l'Esprit Saint fait entrer la
lumière et la force de la nouvelle vie selon la «liberté des enfants de Dieu».
La maturité de l'homme dans cette vie est entravée par les conditionnements et
par les pressions qu'exercent sur lui les structures et les mécanismes
dominants dans les divers secteurs de la société. On peut dire que, dans bien
des cas, les facteurs sociaux, loin de favoriser le développement et
l'expansion de l'esprit humain, finissent par l'arracher à la vérité
authentique de son être et de sa vie - sur laquelle veille l'Esprit Saint - et
par le soumettre au «Prince de ce monde».
Le grand Jubilé de l'An
2000 contient donc un message de libération par l'action de l'Esprit: seul
celui-ci peut aider les personnes et les communautés à se libérer des
déterminismes anciens et nouveaux, en les guidant par la «loi de l'Esprit qui
donne la vie dans le Christ Jésus»262, en agissant dans la plénitude de la vraie
liberté de l'homme ainsi découverte. En effet, comme l'écrit saint Paul, là «où
est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté»263. Cette révélation de la liberté et donc de la
véritable dignité de l'homme acquiert une particulière éloquence pour les
chrétiens et pour l'Eglise persécutés, soit dans les temps anciens soit
actuellement, car les témoins de la Vérité divine deviennent alors une preuve
vivante de l'action de l'Esprit de vérité, présent dans le cœur et dans la
conscience des fidèles, et il n'est pas rare qu'ils signent de leur martyre
l'exaltation suprême de la dignité humaine.
C'est aussi dans les conditions ordinaires de la société que les chrétiens, témoins de l'authentique dignité de l'homme, par leur obéissance à l'Esprit Saint, contribuent de bien des manières au «renouvellement de la face de la terre»: ils collaborent avec leurs frères pour réaliser et mettre en valeur tout ce qui est bon, noble et beau dans le progrès actuel de la civilisation, de la culture, de la science, de la technique et des autres secteurs de la pensée et de l'activité humaine264. Ils le font comme disciples du Christ qui, selon les mots du Concile, «constitué Seigneur par sa Résurrection ... agit désormais dans le cœur des hommes par la puissance de son Esprit; il n'y suscite pas seulement le désir du siècle à venir, mais par là même anime aussi, purifie et fortifie ces aspirations généreuses qui poussent la famille humaine à améliorer ses conditions de vie et à soumettre à cette fin la terre entière»265. Ainsi, ils affirment davantage encore la grandeur de l'homme fait à l'image et à la ressemblance de Dieu, grandeur que le mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu met en pleine lumière, car, dans la «plénitude du temps», il est entré dans l'histoire par l'Esprit Saint et il s'est manifesté homme véritable, lui qui est le premier-né de toute créature, lui «par qui tout existe et par qui nous sommes»266.
5. L'Eglise, sacrement de
l'union intime avec Dieu
61. A l'approche de la
conclusion du deuxième millénaire qui doit rappeler à tous et en quelque sorte
réactualiser l'avènement du Verbe dans la «plénitude du temps», l'Eglise
désire encore une fois saisir l'essence même de sa constitution divine et
humaine et de la mission qui la fait participer à la mission
messianique du Christ, selon l'enseignement et le projet, toujours valables, du
Concile Vatican II. Dans la même ligne, nous pouvons remonter jusqu'au Cénacle,
où Jésus Christ révèle l'Esprit Saint comme Paraclet, comme Esprit de vérité,
et parle de son «départ» par la Croix comme condition nécessaire de la «venue»
de l'Esprit: «C'est votre intérêt que je parte; car si je ne pars pas, le
Paraclet ne viendra pas vers vous; mais si je pars, je vous l'enverrai»267. Nous avons vu que cette annonce a connu sa
première réalisation dès le soir de Pâques et ensuite durant la célébration de
la Pentecôte à Jérusalem; depuis lors, elle s'accomplit par l'Eglise dans
l'histoire de l'humanité.
A la lumière de cette
annonce, ce que Jésus dit de sa nouvelle «venue», toujours durant la
dernière Cène, prend tout son sens. Il est en effet significatif que, dans le
même discours d'adieu, il annonce non seulement son «départ», mais aussi sa
nouvelle «venue». Il dit précisément: «Je ne vous laisserai pas orphelins. Je
viendrai vers vous»268. Et au moment de la séparation définitive
avant de monter au ciel, il redira encore plus explicitement: «Et voici
que je suis avec vous», et je le suis, «pour toujours jusqu'à la fin du
monde»269. La nouvelle «venue» du Christ, sa «venue»
continuelle, pour être avec les Apôtres et avec l'Eglise, sa parole: «Je suis
avec vous jusqu'à la fin du monde», ne changent certes pas le fait de son
«départ». A la suite de ce «départ», après la conclusion de l'activité
messianique du Christ sur la terre, sa nouvelle «venue» a lieu dans le
cadre de l'envoi de l'Esprit Saint qui a été annoncé, et, pour ainsi dire, elle
s'inscrit à l'intérieur de la mission même de l'Esprit. Et pourtant, elle
s'accomplit par l'œuvre de l'Esprit Saint, grâce auquel le Christ, qui
s'en est allé, vient maintenant et toujours de façon nouvelle. La nouvelle
«venue» du Christ par l'œuvre de l'Esprit Saint, sa présence et son action
constantes dans la vie spirituelle s'actualisent dans la réalité
sacramentelle. En elle, le Christ, qui, dans son humanité visible, s'en est
allé, vient, est présent et agit d'une manière si intime dans l'Eglise qu'il en
fait son Corps. C'est ainsi que l'Eglise vit, œuvre et croît «jusqu'à la fin du
monde». Tout cela se réalise par l'Esprit Saint.
62. L'expression
sacramentelle la plus complète du «départ» du Christ par le mystère de la Croix
et de la Résurrection est l'Eucharistie.
En elle, sa venue et sa
présence salvifiques se réalisent chaque fois sacramentellement: dans le
Sacrifice et dans la Communion. C'est là une œuvre de l'Esprit Saint, dans le
cadre de sa mission270. Par l'Eucharistie, l'Esprit Saint
«fortifie l'homme intérieur», comme le dit la Lettre aux Ephésiens271. Par l'Eucharistie, les personnes et les
communautés, sous l'action du Paraclet-Consolateur, apprennent à découvrir le
sens divin de la vie humaine, rappelé par le Concile, sens selon lequel Jésus
Christ «révèle pleinement l'homme à l'homme», en suggérant «une certaine ressemblance
entre l'union des Personnes divines et celle des fils de Dieu dans
la vérité et dans l'amour»272. Une telle union s'exprime et se réalise d'une
façon particulière par l'Eucharistie où l'homme, participant au sacrifice de la
Croix que cette célébration rend présent, apprend à «se trouver ... par le don
... de lui-même»273, dans la communion avec Dieu et avec les
autres hommes, ses frères.
C'est pour cela que les
premiers chrétiens, dès les jours qui ont suivi la descente de l'Esprit Saint,
«se montraient assidus ... à la fraction du pain et aux prières», formant ainsi
une communauté unie par l'enseignement des Apôtres274. De cette façon, ils «reconnaissaient» que
leur Seigneur ressuscité et déjà monté au ciel revenait au milieu d'eux dans
la communauté eucharistique de l'Eglise et grâce à elle. Depuis son
origine, l'Eglise, guidée par l'Esprit Saint, s'est exprimée et
s'est affermie par l'Eucharistie. Il en a toujours été ainsi, dans
toutes les générations chrétiennes, jusqu'à notre temps, jusqu'à cette veille
de l'achèvement du second millénaire chrétien. Certes, nous devons, hélas,
constater que ce millénaire, désormais écoulé, a été celui des grandes
séparations entre les chrétiens. Tous ceux qui croient dans le Christ devront
donc, à l'exemple des Apôtres, consacrer tous leurs efforts à accorder leur
pensée et leur action à la volonté de l'Esprit Saint, «principe de l'unité de
l'Eglise»275, afin que tous ceux qui ont été baptisés dans
un seul Esprit pour être un seul corps se retrouvent en frères unis dans la
célébration de la même Eucharistie, «sacrement de l'amour, signe de l'unité,
lien de la charité»276.
63. La présence eucharistique
du Christ - son «je suis avec vous» de portée sacramentelle - permet à l'Eglise
de découvrir toujours plus profondément son propre mystère,
comme l'atteste toute l'ecclésiologie du Concile Vatican II: pour celui-ci,
«l'Eglise (est), dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c'est-à-dire à
la fois le signe et le moyen de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout
le genre humain»277. Comme sacrement, l'Eglise se
développe à partir du mystère pascal du «départ» du Christ, en vivant sa
«venue» toujours nouvelle par l'Esprit Saint qui accomplit sa mission même de
Paraclet, Esprit de vérité. C'est précisément là le mystère essentiel de
l'Eglise, tel que le proclame le Concile.
Si, en vertu de la
création, Dieu est celui en qui tous «nous avons la vie, le mouvement et
l'être»278, pour sa part la puissance de la
Rédemption continue et se développe dans l'histoire de l'homme et du monde
comme en un double «mouvement» dont la source se trouve dans le Père éternel. D'un
côté, c'est le mouvement de la mission du Fils, qui est venu dans le monde
en naissant de la Vierge Marie par l'Esprit Saint; et, de l'autre, c'est aussi
le mouvement de la mission de l'Esprit Saint, qui a été révélé
définitivement par le Christ. A cause du «départ» du Fils, l'Esprit Saint est
venu et vient continuellement comme Paraclet et Esprit de vérité. Dans le cadre
de sa mission, en quelque sorte dans l'intimité de la présence invisible de
l'Esprit, le Fils, qui «s'en était allé» dans le mystère pascal, «vient» et est
continuellement présent dans le mystère de l'Eglise; tantôt il reste
caché, tantôt il se manifeste dans son histoire, sans cesser d'en conduire le
cours. Tout cela advient sous forme sacramentelle, par l'action de l'Esprit
Saint qui, puisant dans les richesses de la Rédemption du Christ, sans cesse
donne la vie. En prenant une conscience toujours plus vive de ce mystère,
l'Eglise saisit mieux son identité, surtout sacramentelle.
Cela se réalise aussi
parce que, par la volonté de son Seigneur, au moyen des divers sacrements,
l'Eglise assure son ministère de salut. Chaque fois que le ministère des
sacrements est accompli, il porte en soi le mystère du «départ» du Christ par
la Croix et la Résurrection, en vertu duquel l'Esprit Saint vient. Il vient et
il agit: «Il donne la vie». Les sacrements, en effet, signifient la grâce et
ils confèrent la grâce: ils expriment la vie et ils donnent la vie. L'Eglise
est la dispensatrice visible des signes sacrés, tandis que l'Esprit
Saint agit en eux comme le dispensateur invisible de la vie qu'ils
signifient. En union avec l'Esprit Saint, le Christ Jésus y est présent et il y
agit.
64. Si l'Eglise est le
sacrement de l'union intime avec Dieu, elle l'est en Jésus Christ, en qui cette
union s'accomplit comme réalité salvifique. Elle l'est en Jésus Christ,
par l'action de l'Esprit Saint. La plénitude de la réalité salvifique, qu'est
le Christ dans l'histoire, se communique sous le mode
sacramentel par la puissance de l'Esprit-Paraclet. En ce sens l'Esprit
Saint est «l'autre Paraclet» ou le nouveau Paraclet, car, par son action, la Bonne
Nouvelle pénètre dans les consciences et dans les cœurs humains et se diffuse
dans l'histoire. En tout cela, l'Esprit donne la vie.
Lorsque nous employons le
mot «sacrement» mis en rapport avec l'Eglise, nous devons tenir compte de ce
que, dans le texte conciliaire, la sacramentalité de l'Eglise apparait
distincte de celle qui est, au sens précis du terme, propre aux sacrements.
Nous lisons en effet: «L'Eglise (est) ... en quelque sorte le
sacrement, c'est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l'union intime avec
Dieu». Mais ce qui compte et ce qui ressort du sens analogique dans lequel le
mot est employé dans les deux cas, c'est le rapport de l'Eglise avec la
puissance de l'Esprit Saint, celui qui seul donne la vie: l'Eglise est le signe
et l'instrument de la présence et de l'action de l'Esprit vivifiant.
Vatican II ajoute que
l'Eglise est «le sacrement ... de l'unité de tout le genre humain». Il s'agit
évidemment, pour le genre humain - lui-même différencié de multiples façons -,
de l'unité qu'il tient de Dieu et qu'il a en Dieu. Elle s'enracine
dans le mystère de la création et elle acquiert une dimension nouvelle dans le
mystère de la Rédemption, en vue du salut universel. Puisque Dieu «veut que
tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité»279, la Rédemption concerne tous les hommes et,
d'une certaine façon, toute la création. Dans cette même dimension
universelle de la Rédemption, l'Esprit Saint agit en vertu du
«départ» du Christ. C'est pourquoi l'Eglise, enracinée par son propre mystère
dans l'économie trinitaire du salut, se comprend elle-même à juste titre comme
le «sacrement de l'unité de tout le genre humain». Elle a conscience de l'être
par la puissance de l'Esprit Saint dont elle est signe et instrument dans la
réalisation du plan salvifique de Dieu.
Ainsi se réalise la «condescendance» de l'Amour infini de la Trinité par lequel Dieu, Esprit invisible, se rend proche du monde visible. Dieu un et trine se communique à l'homme dans l'Esprit Saint depuis le commencement, grâce à son «image et ressemblance». Sous l'action du même Esprit, l'homme et, par son entremise, le monde créé, racheté par le Christ, avancent vers leur destinée définitive en Dieu. L'Eglise est «le sacrement, c'est-à-dire le signe et l'instrument» du rapprochement des deux pôles de la création et de la Rédemption, Dieu et l'homme. Elle œuvre pour rétablir et renforcer l'unité du genre humain à ses racines mêmes, dans le rapport de communion entre l'homme et Dieu, son Créateur, son Seigneur et son Rédempteur. Il y a là une vérité, fondée sur l'enseignement du Concile, que nous pouvons méditer, expliquer et appliquer dans toute l'ampleur de son sens, en cette période de passage du deuxième au troisième millénaire chrétien. Et il nous est bon de prendre une conscience toujours plus vive du fait que, à l'intérieur de l'action accomplie par l'Eglise dans l'histoire du salut, inscrite dans l'histoire de l'humanité, l'Esprit Saint est présent et agissant, lui qui anime par le souffle de la vie divine le pèlerinage terrestre de l'homme et fait converger toute la création, toute l'histoire, jusqu'à son terme ultime, dans l'océan infini de Dieu.
6. L'Esprit et l'Epouse
disent: «Viens!»
65. La manière la plus
simple et la plus commune dont l'Esprit Saint, le souffle de la vie divine,
s'exprime et entre dans l'expérience, c'est la prière. Il est beau et
salutaire de penser que, partout où l'on prie dans le monde, l'Esprit Saint,
souffle vital de la prière, est présent. Il est beau et salutaire de
reconnaître que, si la prière est répandue dans tout l'univers, hier,
aujourd'hui et demain, la présence et l'action de l'Esprit Saint sont tout
autant répandus, car l'Esprit «inspire» la prière au cœur de l'homme, dans la
diversité illimitée des situations et des conditions favorables ou contraires à
la vie spirituelle et religieuse. Maintes fois, sous l'action de l'Esprit Saint,
la prière monte du cœur de l'homme malgré les interdictions et les
persécutions, et même malgré les proclamations officielles affirmant le
caractère areligieux ou franchement athée de la vie publique. La prière demeure
toujours la voix de tous ceux qui apparemment n'ont pas de voix, et dans cette
voix résonne toujours la «violente clameur» attribuée au Christ par la Lettre
aux Hébreux280. La prière est aussi la révélation de
cet abîme qu'est le cœur de l'homme, une profondeur qui vient de
Dieu et que Dieu seul peut combler, précisément par l'Esprit
Saint. Nous lisons dans Luc: «Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner
de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il
l'Esprit Saint à ceux qui l'en prient!»281.
L'Esprit Saint est le Don
qui vient dans le cœur de l'homme en même temps que la prière. Dans la
prière, il se manifeste avant tout et par-dessus tout comme le Don qui «vient
au secours de notre faiblesse». C'est l'admirable pensée développée par saint
Paul dans la Lettre aux Romains, lorsqu'il écrit: «Nous ne savons pas que
demander pour prier comme il faut; mais l'Esprit lui-même intercède pour nous
en des gémissements inexprimables»282. Ainsi non seulement l'Esprit Saint nous amène
à prier, mais il nous guide «de l'intérieur» dans la prière, compensant notre
insuffisance, remédiant à notre incapacité de prier; il est présent dans notre
prière et il lui donne une dimension divine283. «Celui qui sonde les cœurs sait quel est
le désir de l'Esprit et que son intercession pour les saints correspond
aux vues de Dieu»284. La prière, grâce à l'Esprit Saint, devient
l'expression toujours plus mûre de l'homme nouveau qui, par elle, participe à
la vie divine.
Notre époque difficile a
particulièrement besoin de la prière. Si au cours de l'histoire, hier comme
aujourd'hui, des hommes et des femmes en grand nombre ont témoigné de
l'importance de la prière en se consacrant à la louange de Dieu et à la vie
d'oraison surtout dans les monastères, avec un grand profit pour l'Eglise, il y
a aussi, depuis quelques années, un nombre croissant de personnes qui, dans des
mouvements ou des groupes toujours plus développés, mettent la prière au
premier plan et y cherchent le renouveau de la vie spirituelle. C'est là
un fait significatif et réconfortant, puisque cette expérience apporte une
contribution réelle à la reprise de la prière parmi les fidèles, aidés à mieux
considérer l'Esprit Saint comme celui qui suscite dans les cœurs une profonde
aspiration à la sainteté.
Beaucoup de personnes et
beaucoup de communautés prennent davantage conscience de ce que, malgré tout le
progrès vertigineux de la civilisation technico-scientifique, et quels que
soient les conquêtes effectives et les objectifs réalisés, l'homme est
menacé, l'humanité est menacée. Face à ce péril, et plus encore en éprouvant de
l'inquiétude devant une réelle décadence spirituelle de l'homme, des individus
et des communautés entières, comme guidés par un sens intérieur de la foi,
cherchent la force capable de relever l'homme, de le sauver de lui-même, de ses
erreurs et de ses illusions, qui souvent rendent nocives ses propres conquêtes.
Et ainsi ils découvrent la prière, dans laquelle se manifeste l'«Esprit qui
vient au secours de notre faiblesse». C'est ainsi que les temps que nous vivons
rapprochent de l'Esprit Saint de nombreuses personnes qui reviennent à la
prière. Et je suis sûr que toutes trouveront dans l'enseignement de la présente
Encyclique une nourriture pour leur vie intérieure et qu'elles sauront, sous
l'action de l'Esprit, affermir leur engagement dans la prière en plein accord
avec l'Eglise et avec son Magistère.
66. Au milieu des
problèmes, des déceptions et des espoirs, des abandons et des retours que
connaît notre époque, l'Eglise demeure fidèle au mystère de sa naissance.
Si c'est un fait historique que l'Eglise est sortie du Cénacle le jour de la
Pentecôte, on peut dire qu'en un sens elle ne l'a jamais quitté.
Spirituellement, l'événement de la Pentecôte n'appartient pas seulement au
passé: l'Eglise est toujours au Cénacle, qui reste présent dans son cœur.
L'Eglise persévère dans la prière, comme les Apôtres, avec Marie,
Mère du Christ, et avec ceux qui, à Jérusalem, constituaient le premier noyau
de la communauté chrétienne et attendaient en priant la venue de l'Esprit
Saint.
L'Eglise persévère dans
la prière avec Marie. Cette union de l'Eglise en prière avec la Mère du Christ
fait partie du mystère de l'Eglise depuis son origine: nous voyons Marie
présente en ce mystère comme elle est présente dans le mystère de son Fils. Le
Concile le dit: «La bienheureuse Vierge..., enveloppée par l'Esprit Saint...,
engendra le Fils, dont Dieu a fait le premier-né parmi beaucoup de frères
(cf. Rm 8, 29), c'est-à-dire parmi les croyants, à la naissance et à
l'éducation desquels elle apporte la coopération de son amour maternel»; elle
se trouve, «de par les grâces et les fonctions singulières qui sont les
siennes..., en intime union avec l'Eglise: de l'Eglise (elle) est le
modèle...»285. «En contemplant la sainteté mystérieuse de la
Vierge et en imitant sa charité..., l'Eglise devient à son tour une Mère»
et, «imitant la Mère de son Seigneur, elle conserve par la vertu du
Saint-Esprit, dans leur pureté virginale, une foi intègre, une ferme espérance,
une charité sincère... Elle est aussi vierge, ayant donné à son Epoux sa foi»286.
On comprend ainsi le sens
profond du motif pour lequel, en union avec la Vierge-Mère, l'Eglise, comme
l'Epouse, se tourne continuellement vers son divin Epoux, ainsi que l'attestent
les paroles de l'Apocalypse citées par le Concile: «L'Esprit et l'Epouse disent
au Seigneur Jésus: Viens!»287. La prière de l'Eglise est cette invocation
incessante dans laquelle «l'Esprit lui-même intercède pour nous»; en un sens,
lui-même prononce la prière avec l'Eglise et dans l'Eglise.
L'Esprit, en effet, est donné à l'Eglise afin que, par sa puissance, toute la
communauté du Peuple de Dieu, dans sa diversité et ses multiples
manifestations, persévère dans l'Espérance, «car notre salut est objet
d'espérance»288. C'est l'espérance eschatologique,
l'espérance de l'accomplissement définitif en Dieu, l'espérance du Règne
éternel, qui se réalise dans la participation à la vie trinitaire. L'Esprit
Saint, donné aux Apôtres comme Paraclet, est le gardien et l'animateur de cette
espérance dans le cœur de l'Eglise.
Dans la perspective du
troisième millénaire après le Christ, tandis que «l'Esprit et l'Epouse disent
au Seigneur Jésus: Viens!», cette prière est chargée, comme toujours, d'une
portée eschatologique destinée à donner aussi sa plénitude de sens à la
célébration du grand Jubilé. C'est une prière tournée vers le salut à venir,
auquel l'Esprit Saint ouvre les cœurs par son action au cours de toute
l'histoire de l'homme sur la terre. En même temps, cependant, cette prière
s'oriente vers une étape précise de l'histoire marquée par l'An 2000, dans
laquelle est mise en relief la «plénitude du temps». L'Eglise désire se préparer à
ce Jubilé dans l'Esprit Saint, de même que c'est l'Esprit Saint qui
prépara la Vierge de Nazareth, en laquelle le Verbe s'est fait chair.
CONCLUSION
67. Nous voulons conclure
ces réflexions en nous plaçant au cœur de l'Eglise et dans le cœur de l'homme.
La route de l'Eglise passe à travers le cœur de l'homme, car c'est le lieu intime
de la rencontre salvifique avec l'Esprit Saint, avec le Dieu caché, et
c'est bien là que l'Esprit Saint devient une «source d'eau jaillissant en vie
éternelle»289. C'est jusque-là qu'il vient, comme l'Esprit
de vérité et le Paraclet promis par le Christ. De là il agit comme Consolateur,
Intercesseur, Défenseur, spécialement lorsque l'homme, lorsque l'humanité se
trouve affrontée au jugement de condamnation de l'«accusateur», dont l'Apocalypse
dit qu'il «accuse nos frères jour et nuit devant notre Dieu»290. L'Esprit Saint ne cesse d'être le
gardien de l'espérance dans le cœur de l'homme: de l'espérance de toutes
les créatures humaines et spécialement de celles qui «possèdent les prémices de
l'Esprit» et qui «attendent la rédemption de leur corps»291.
L'Esprit Saint, dans son
lien mystérieux de divine communion avec le Rédempteur de l'homme, est celui
qui assure la continuité de son œuvre: il reçoit ce qui est du Christ et le
transmet à tous, il entre sans cesse dans l'histoire du monde en venant dans le
cœur de l'homme. Il devient là, comme le proclame la Séquence liturgique de la
solennité de la Pentecôte, le véritable «père des pauvres, dispensateur des
dons, lumière de nos cœurs»; il y devient l'«hôte très doux de nos âmes»
que l'Eglise salue sans cesse au seuil de l'intériorité de tout homme. Il
apporte, en effet, «repos et réconfort» au milieu des fatigues, du travail des
bras et du travail de l'esprit humain; il apporte «repos» et «soulagement» au
milieu de la chaleur du jour, au milieu des préoccupations, des luttes et des
dangers de toute époque; il apporte enfin la «consolation», lorsque le cœur
humain pleure et connaît la tentation du désespoir.
C'est le sens de la
Séquence qui proclame: «Sans ta puissance divine il n'est rien en aucun
homme, rien qui ne soit perverti». Seul l'Esprit Saint, en effet, «met en
lumière le péché», le mal, dans le but de rétablir le bien dans l'homme et dans
le monde humain, pour «renouveler la face de la terre». C'est pourquoi il
purifie tout ce qui «souille» l'homme, «ce qui est sordide» il soigne les
blessures, même les plus profondes de l'existence humaine; il change l'aridité
intérieure des âmes et les transforme en champs fertiles de grâce et de
sainteté. Ce qui est «rigide», il «l'assouplit», ce qui est «froid», il le
«réchauffe», ce qui est «faussé», il le «rend droit» sur les chemins du salut292.
En priant ainsi, sans
cesse l'Eglise professe sa foi: il y a dans notre monde créé un Esprit qui
est un Don incréé. C'est l'Esprit du Père et du Fils: comme le Père et le Fils,
il est incréé, immense, éternel, tout-puissant, Dieu, Seigneur293. L'Esprit de Dieu «remplit l'univers», et tout
ce qui est créé reconnaît en lui la source de sa propre identité, découvre en
lui son expression transcendante, se tourne vers lui et l'attend, l'invoque de
tout son être. Vers lui, Paraclet, Esprit de vérité et d'amour, se tourne l'homme
qui vit de vérité et d'amour, et qui, sans la source de la vérité et de
l'amour, ne peut pas vivre. Vers lui se tourne l'Eglise, qui est au cœur
de l'humanité, afin d'implorer pour tous et de dispenser à tous les dons
de l'Amour qui, par lui, «a été répandu dans nos cœurs»294. Vers lui se tourne l'Eglise sur les chemins
escarpés du pèlerinage de l'homme sur la terre; et elle demande, elle demande
sans se lasser, la rectitude des actes humains, car elle est son œuvre;
elle demande la joie et la consolation que lui seul, le vrai
Consolateur, peut apporter en descendant au plus profond des cœurs humains295; elle demande la grâce des vertus qui
méritent la gloire céleste; elle demande, par la communication plénière de la
vie divine, le salut éternel auquel le Père a éternellement
«prédestiné» les hommes, créés par amour à l'image et à la ressemblance de la
très Sainte Trinité.
L'Eglise, qui inclut en
son cœur tous les cœurs humains, demande à l'Esprit Saint la béatitude qui
trouve en Dieu seul sa réalisation totale: la joie que «nul n'enlèvera»296, la joie qui est le fruit de l'amour et
donc fruit de Dieu qui est Amour; elle demande «la justice, la paix et la joie
dans l'Esprit Saint», qui constituent, selon saint Paul, «le Règne de Dieu»297.
La paix est aussi le
fruit de l'amour, la paix intérieure que l'homme accablé cherche dans la
profondeur de son être; la paix désirée par l'humanité, par la famille humaine,
par les peuples, par les nations, par les continents, avec l'espérance ardente
de l'obtenir lorsque l'on passera du deuxième au troisième millénaire chrétien.
Puisque le chemin de la paix passe en définitive par l'amour et tend
à créer la civilisation de l'amour, l'Eglise tient son regard fixé vers celui
qui est l'Amour du Père et du Fils et, malgré les menaces croissantes, elle ne
cesse d'avoir confiance, elle ne cesse d'implorer et de servir la paix de
l'homme sur la terre. Sa confiance se fonde sur celui qui, étant l'Esprit
d'Amour, est aussi l'Esprit de la paix et qui ne cesse d'être présent
dans notre monde humain, à l'horizon des consciences et des cœurs, pour
«remplir l'univers» d'amour et de paix.
Devant lui je fléchis les
genoux au terme de cette méditation: je le supplie, comme Esprit du Père et du
Fils, de nous accorder, à nous tous, la bénédiction et la grâce que
je désire transmettre, au nom de la très Sainte Trinité, aux fils et aux filles
de l'Eglise et à la famille humaine tout entière.
Donné à Rome, près de
Saint-Pierre, le 18 mai 1986, solennité de la Pentecôte, en la huitième année
de mon pontificat.
1 Jn 7, 37-38
2 Jn 7, 39
3 Jn 4, 14; Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II,
Const. dogm. sur l'Eglise Lumen gentium, n. 4.
4 Cf. Jn 3, 5.
5 Cf. LÉON XIII, Encycl. Divinium illud
munus (9 mai 1897): Acta Leonis, 17 (1898), PP. 125-148; PIE XII, Encycl.
Mystici Corporis (29 juin 1943): AAS 35 (1943), PP. 193-248.
6 Audience générale du 6 juin 1973:
Insegnamenti di Paolo VI, XI (1973), P. 477.
7 Missel romain; cf. 2 Co 13, 13.
8 Jn 3, 17.
9 Ph 2, 11.
10 Cf. CONC. ŒCUM VAT. II, Const. dogm. sur
l'Eglise Lumen gentium, n. 4; JEAN-PAUL II, Discours aux participants du
Congrès international de pneumatologie (26 mars 1982), n. 1: Insegnamenti V/1
(1982), p. 1004.
11 Cf. Jn 4, 24.
12 Cf. Rm 8, 22; Ga 6, 15.
13 Cf. Mt 24, 35.
14 Jn 4:14.
15 CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. dogm. sur
l'Eglise Lumen gentium, n. 17.
16 allon paracleton: Jn 14, 16.
17 Jn 14, 13. 16-17.
18 Cf 1 Jn 2, 1.
19 Jn 14, 26
20 Jn 15, 26-27
21 Cf. 1 Jn 1, 1-3; 4, 14
22 «La vérité divinement révélée, que
contiennent et présentent les livres de la Sainte Ecriture, y a été consignée
sous l'inspiration de l'Esprit Saint », et par conséquent « la Sainte Ecriture
doit être lue et interprétée à la lumière du même Esprit qui la fit rédiger »
CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, nn. 11.
12.
23 Jn 16, 12-13.
24 Ac 1, 1.
25 Jn 16, 24
26 Jn 16, 15
27 Jn 16, 7-8
28 Jn 15, 26
29 Jn 14, 16
30 Jn 14, 26
31 Jn 15, 26
32 Jn 14, 16
33 Jn 16, 7
34 Cf. Jn 3, 16-17. 34; 6, 57; 17, 3. 18.
23.
35 Mt 28, 19
36 Cf. 1 Jn 4, 8. 16.
37 Cf. 1 Co 2, 10
38 Cf. S. THOMAS D AQUIN, Somme théol., Ia
qq 37-38.
39 Rm 5, 5.
40 Jn 16, 14.
41 Gn 1, 1-2
42 Gn 1, 26.
43 Rm 8, 19-22.
44 Jn 16, 7.
45 Ga 4, 6; cf. Rm 8, 15.
46 Cf. Ga 4, 6; Pb 1, 19; Rm 8, 11.
47 Cf. Jn 16, 6.
48 Cf. Jn 16, 20.
49 Cf. Jn 16, 7.
50 Ac 10, 37-38
51 Cf. Lc 4, 16-21; 3, 16; 4, 14; Mc 1, 10
52 Is 11, 1-3
53 Is 61, 1-2
54 Is 48, 16
55 Is 42, 1
56 Cf. Is 53, 5-6. 8
57 Is 42, 1
58 Is 42, 6
59 Is 49, 6
60 Is 59, 21
61 Cf. Lc 2, 25-35
62 Cf. Lc 1, 35
63 Cf. Lc 2, 19. 51.
64 Cf. Lc 4, 16-21; Is 61, 1-2
65 Lc 3, 16; cf. Mt 3,11; Mc 1, 7-8; Jn 1,
33
66 Jn 1, 29
67 Cf Jn 1, 33-34
68 Lc 3, 21-22; cf. Mt 3, 16; Mc 1, 10
69 Mt 3, 17
70 Cf. S. BASILE, DE Spiritu Sancto, XVI,
39; PG 32, 139.
71 Ac 1, 1
72 Cf. Lc 4, 1
73 Cf. Lc 10, 17-20
74 Lc 10, 21; cf. Mt 11, 25-26
75 Lc 10, 22; cf Mt 11, 27
76 Mt 3, 11; Lc 3, 16
77 Jn 16, 13
78 Jn 16, 14
79 Jn 16, 15
80 Cf. Jn 14, 26; 15, 26.
81 Jn 3, 16
82 Rm 1, 3-4
83 Ez 36, 26-27; cf. Jn 7, 37-39; 19, 34
84 Jn 16, 7
85 Cf. S. CYRYLLE D'ALEXANDRIE, In Ioannis
Evangelium, livre V, chap. II: PG 73, 755
86 Jn 20, 1-22
87 Cf. Jn 19, 30
88 Cf. Rm 1, 4
89 Cf. Jn 16, 20
90 Jn 16, 7
91 Jn 16, 15
92 CONC. ŒCUM. CAT. II, Const. dogm. sur
l'Eglise Lumen gentium, n. 4
93 Œ 15, 26-27
94 Décret sur l'activité missionnaire de
l'Eglise Ad gentes, n. 4
95 Cf. Ac 1, 14
96 Const. dogm. sur l'Eglise Lumen
gentium, n. 4. I1 y a toute une tradition patristique et théologique en ce qui
Concerne l'union intime entre l'Esprit Saint et l'Eglise, union présentée
parfois en analogie avec le rapport entre l'âme et le corps dans l'homme: cf.
S. IRÉNÉE, Adversus haereses, III, 24, 1: SC 211, pp. 470-474, S. AUGUSTIN,
Sermo 267, 4, 4: PL 38, 1231; Sermo 268, 2: PL 38,1232; In Iohannis evangelium
tractatus, XXV, 13; XXVII, 6: CCL 36, 266, 272-273; S. GRÉGOIRE LE GRAND, In
septem psalmos poenitentiales expositio, psal V, 1: PL 79, 602; DIDYME D
ALEXANDRIE, De Trinitate, II, 1: PG 39, 449-450; S. ATHANASE, Oratio III contra
Arianos, 22, 23, 24: PG 26, 368369, 372-373; S. JEAN-CHRYSOSTOME, In Epistolam
ad Ephesios, Homil. IX, 3: PG 62, 72-73. SAINT THOMAS D AQUIN a synthétisé la
tradition patristique et théologique qui le précédait en présentant l'Esprit
Saint Comme le « cœur » et l'« âme » de l'Eglise: cf. Somme théol., III, q. 8,
a. 1, ad 3; In symbolum Apostolorum Expositio, a. IX; In Tertium Librum
Sententiarum, Dist. XIII, q. 2, a. 2, quaestiuncula 3.
97 Cf. Ap 2, 29; 3, 6. 13. 22.
98 Cf. Jn 12, 31; 14, 30; 16, 11
99 Gaudium et spes, n. 1
100 Ibid., n. 41
101 Ibid., n. 26
102 Jn 16, 7-8
103 Jn 16, 7
104 Jn 16, 8-11
105 Cf. Jn 3, 17; 12, 47
106 Cf. Ep 6, 12
107 Const. past. sur l'Eglise dans le monde
de ce temps Gaudium et spes, n. 2.
108 Cf. ibid, nn. 10, 13, 27, 37, 63, 73,
79, 80.
109 Ac 2, 4
110 Cf. S. IRÉNÉE, Adversus haereses, III,
17, 2: SC 211, pp. 330-332
111 Ac 1, 4. 5. 8.
112 Ac 2, 22-24
113 Cf. Ac 3, 14-15; 4, 10. 27-28; 7, 52;
10, 39; 13, 28-29; etc.
114 Cf. Jn 113, 17; 12, 47
115 Ac 2, 36
116 Ac 2, 37-38
117 Cf. Mc 1, 15
118 Jn 20, 22
119 Cf. Jn 16, 9
120 Os 13, 14 (Vulgate); cf. 1 Co 15, 55
121 Cf 1 Co 2, 10
122 Cf. 2 l h 2, 7.
123 Cf. 1 Tm 3, 16.
124 Cf. Reconciliatio et paenitentia (2
décembre 1984), nn. 1922: AAS 77 (1985), pp. 229-233.
125 Cf. Gn 1-3.
126 Cf. Rm 5, 19; Ph 2, 8
127 Cf. Jn 1, 1. 2. 3. 10.
128 Cf. Col 1, 15-18
129 Cf. Jn 8, 44
130 Cf. Gn 1, 2
131 Cf. Gn 1, 26. 28. 29.
132 Const. dogm. sur la Révélation divine
Dei Verbum, n. 2
133 Cf. 1 Co 2, 10-11
134 Cf. Jn 16, 11
135 Cf. Ph 2, 8
136 Cf. Gn 2, 16-17
137 Gn 3, 5
138 Cf. Gn 3, 22 à propos de l'« arbre de
vie »; Cf. aussi Jn 3, 36, 4, 14; 5, 24; 6, 40. 47; 10, 28; 12, 50; 14, 6; Ac
13, 48; Rm 6, 23; Ga 6, 8; 1 Tm 1, 16; Tt 1, 2; 3, 7; 1 P 3, 22; 1 Jn 1, 2; 2,
25; 5, 11. 13; Ap 2, 7.
139 Cf. S. THOMAS D AQUIN, Somme théol.,
Ia-IIae, q. 80, a. 4, ad 3.
140 1 Jn 3, 8.
141 In 16, 11
142 Cf. Ep 6, 12; Lc 22, 53
143 Cf. De Civitade Dei, XIV, 28: CCL 48,
451.
144 Const. past. sur l'Eglise dans le monde
de ce temps Gaudium et spes, n. 36.
145 En grec, le verbe est parakalein =
invoquer, appeler à soi.
146 Cf. Gn 6, 7
147 Gn 6, 5-7
148 Cf. Rm 8, 20-22
149 Cf. Mt 15, 32; Mc 8, 2
150 He 9, 13-14
151 Jn 20, 22-23
152 Ac 10, 38
153 He 5, 7-8
154 He 9, 14
155 Cf. Lv 9, 24; 1 R 18; 2 Ch 7, 1
156 Cf. Jn 15, 26
157 Jn 20, 22-23
158 Mt 3, 11
159 Cf. Jn 3, 8
160 Jn 20, 22-23
161 Cf. séquence Veni, Sancte Spiritus.
162 S. BONAVENTURE, De septem donis
Spiritus Sancti, Collatio II, 3: Ad Claras Aquas, V, 463.
163 Mc 1, 15.
164 Cf. He 9, 14.
165 Cf. Const. past. sur l'Eglise dans le
monde de ce temps Gaudium et spes, n. 16.
166 Cf. Gn 2, 9. 17.
167 CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. past. sur
l'Eglise dans le monde de ce temps Gaudium et spes, n. 16.
168 Ibid., n. 27.
169 Cf. ibid., n. 13.
170 Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. apost.
post-synodale Reconciliatio et paenitentia (2 décembre 1984), n. 16:
AAS 77 (1985), PP. 213-217.
171 Const. past. sur l'Eglise dans le monde
de ce temps Gaudium et spes, n. 10.
172 Cf. Rm 7, 14-15. 19.
173 Const. past. sur l'Eglise dans le monde
de ce temps Gaudium et spes, n. 37.
174 Ibid., n. 13.
175 Ibid., n. 37
176 Cf. séquence de la Pentecôte: « Reple
cordis intima ».
177 Cf. S. AUGUSTIN, Enarr. in Ps. XLI, 13:
CCL 38, 470: « Quel est cet abîme que l'abîme invoque? Si abîme veut dire
profondeur, ne pensons-nous pas que le cœur de l'homme est un abîme? Quoi de
plus profond que cet abîme? Les hommes peuvent parler, on peut les voir agir
avec leurs membres, on peut les entendre parler; mais de qui peut-on pénétrer
la pensée, de qui peut-on sonder le cœur? ».
178 Cf. He 9, 14.
179 Jn 14, 17.
180 Mt 12, 31-32.
181 Mc 3, 28-29.
182 Lc 12, 10.
183 S. THOMAS D'AQUIN, Somme théol., IIa-IIae-,
q. 14, a. 3; cf S. AUGUSTIN, Epist. 185, 11, 48-49: PL 33, 814-815; S.
BONAVENTURE, Comment. in Evang. S. Lucae, chap. XIV, 15-16: Ad Claras Aquas,
VII, 314-315.
184 Cf. Ps 81 [80], 13; Jr 7, 24; Mc 3, 5.
185 JEAN-PAUL II, Exhort. apost.
post-synodale Reconciliatio et paenitentia (2 décembre 1984), n. 18:
AAS 77 (1985), PP. 224228.
186 PIE XII, Radiomessage au Congrès
catéchétique national des Etats-Unis d'Amérique à Boston (26 octobre 1946):
Discorsi e Radiomessaggi, VIII (1946), 288.
187 JEAN-PAUL II, Exhort. apost.
post-synodale Reconciliatio et paenitentia (2 décembre 1984), n. 18:
AAS 77 (1985),
188 1 Th 5, 19; Ep 4, 30.
189 Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. apost.
post-synodale Reconciliatio et paenitentia (2 décembre 1984), nn.
14-22: AAS 77 (1985) pp. 211-233
190 Cf. S AUGUSTIN De Civitate Dei, XIV,
28: CCL 48, 451.
191 Cf. Jn 16, 11.
192 Cf. Jn 16, 15
193 Cf. Ga 4, 4
194 Ap 1, 8; 22, 13
195 Jn 3, 16
196 Ga 4, 4-5
197 Lc 1, 34-35
198 Mt 1, 18
199 Mt 1, 20-21
200 Cf. S. THOMAS D'AQUIN, Somme théol.,
IIIa, q. 2, aa. 1012; q. 6, a. 6; q. 7, a. 13.
201 Lc 1, 38.
202 Jn 1, 14.
203 Col 1, 15
204 Cf, Par exemple Gn 9, 11; Dt 5, 26; Jb
34, 15; Is 40, 6; 52, 10; Ps 145 [144], 21; Lc 3, 6; 1 P 1, 24.
205 Lc 1, 45
206 Cf. Lc 1, 41
207 Cf. Jn 16, 9
208 2 Co 3, 17
209 Cf. Rm 1, 5
210 Rm 8, 29
211 Cf. Jn 1, 14. 4. 12-13
212 Cf. Rm 8, 14
213 Cf. Ga 4, 6; Rm 5, 5; 2 Co 1, 22
214 Rm 8, 15
215 Rm 8, 16-17
216 Cf. Ps 104 [103], 30
217 Rm 8, 19
218 Rm 8, 29
219 Cf. 2 P 1, 4
220 Cf. Ep 2, 18; Const. dogm. sur la
Révélation divine Dei Verbum, n. 2
221 Cf. 1 Co 2, 12
222 Cf. Ep 1, 3-14
223 Ep 1, 13-14
224 Cf. Jn 3, 8.
225 Const. past. sur l'Eglise dans le monde
de ce temps Gaudium et spes, n. 22; cf. Const. dogm. sur l'Eglise Lumen
gentium, n. 16.
226 Jn 4, 24.
227 Ibid.
228 Cf S. AUGUSTIN, Confessions, III,
6, 11: CCL 27, 33.
229 Cf Tt 2, 11
230 Cf. Is 45, 15.
231 Cf. Sg 1, 7.
232 LC 2, 27 34.
233 Ga 5, 17
234 Ga 5, 16-17
235 Cf. Ga 5, 19-21
236 Ga 5, 22-23
237 Ga 5, 25
238 Cf. Rm 8, 5. 9.
239 Rm 8, 6. 13.
240 Rm 8, 10. 12
241 Cf. 1 Co 6, 20
242 Cf. Const. past. sur l'Eglise dans le
monde de ce temps Gadium et spes, nn. 19. 20. 21.
243 Lc 3, 6; cf. Is 40, 5
244 Cf. Rm 8, 23
245 Rm 8, 3
246 Rm 8, 26
247 Rm 8, 11
248 Rm 8, 10
249 Cf. Encycl. Remptor hominis (4
mars 1979) n. 14: AAS 71 (1979), pp. 284-285
250 Cf. Sg 15, 3.
251 Cf. Ep 3, 14-16.
252 Cf. 1 Co 2, 10-11.
253 Cf Rm 8, 9; 1 Co 6, 19.
254 Cf. Jn 14, 23; S. IRÉNÉE, Adversus
haereses, V, 6, 1: SC 153, PP. 72-80; S. HILAIRE, De Trinitate, VIII, 19. 21:
PL 10, 250. 252, S. AMBROISE, De Spiritu Sancto, I, 6, 8: PL 16, 752-753; S.
AUGUSTIN, Enarr. in Ps XLIX, 2: CCL 38, 575-576; S. CYRILLE D ALEXANDRIE, In
Ioannis Evangelium, lib. I; II: PG 73, 154-158, 246; lib. IX: PG 74, 262; S.
ATHANASE, Oratio III contra Arianos, 24: PG 26, 374-375; Epist. I ad
Serapionem, 24: PG 26, 586-587; DIDYME D ALEXANDRIE, De Trinitate, II, 6-7: PG
39, 523-530; S. JEAN-CHRYSOSTOME, In epist. ad Romanos homilia XIII, 8: PG 60,
519; S. THOMAS D'AQUIN, Somme théol., Ia q. 43, aa. 1, 3-6.
255 Cf. Gn 1, 26-27; S. THOMAS D'AQUIN,
Somme théol., Ia, q. 93, aa. 4. 5. 8.
256 Cf. Const. past. sur l'Eglise dans le
monde de ce temps Gaudium et spes, n. 24; cf. aussi n. 25.
257 Cf ibid., nn. 38. 40
258 Cf. 1 Co 15, 28.
259 Cf. Const. past. sur l'Eglise dans le
monde de ce temps Gaudium et spes, n. 24.
260 Cf. S. IRÉNÉE, Adversus haereses, IV,
20, 7: SC 100/2, P. 648
261 S. BASILE, De Spiritu Sancto, IX, 22:
PG 32, 110.
262 Rm 8, 2.
263 2 Co 3, 17.
264 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. past.
sur l'Eglise dans le monde de ce temps Gaudium et spes, nn. 53-59.
265 Ibid., n. 38.
266 1 Co 8, 6.
267 Jn 16, 7.
268 Jn 14, 18.
269 Mt 28, 20.
270 C'est ce qu'exprime 1'« épiclèse »
avant la consécration: « Sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton
Esprit; qu'elles deviennent pour nous le corps et le sang de Jésus, le Christ,
notre Seigneur » (Prière eucharistique II).
271 Cf. Ep 3, 16
272 Const. past. sur l'Eglise dans le monde
de ce temps Gaudium et spes, n. 24.
273 Ibid.
274 Cf. Ac 2, 42
275 CONC. ŒCUM. VAT. II, Décret sur l'œcuménisme
Unitatis redintegratio, n. 2.
276 S. AUGUSTIN, In Iohannis Evangelium
Tractatus XXVI, 13: CCL 36, 266. Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. sur la sainte
Liturgie Sacrosanctum Concilium, n. 47.
277 Const. dogm. sur l'Eglise Lumen
gentium, n. 1.
278 Ac 17, 28.
279 1 Tm 2, 4
280 Cf. He 5, 7
281 Lc 11, 13.
282 Rm 8, 26
283 Cf ORIGÈNE De oratione, 2: PG 11,
419-423.
284 Rm 8, 27.
285 Const. dogm. sur l'Eglise Lumen
gentium, n. 63.
286 Ibid., n. 64.
287 Const. dogm. sur l'Eglise Lumen
gentium, n. 4; cf. Ap 22, 17
288 Cf. Rm 8, 24.
289 Cf. Jn 4, 14; Const. dogm. sur
l'Eglise Lumer gentium, n. 4.
290 Cf Ap 12, 10
291 Cf. Rm 8, 23
292 Cf. séquence Veni, Sancte Spiritus.
293 Cf. symbole Quicumque: DS 75.
294 Cf. Rm 5, 5.
295 Il convient de rappeler l'importante
Exhortation apostolique Gaudete in Domino publiée par le Pape Paul VI, de
vénérée mémoire, le 9 mai de l'Année Sainte 1975, car elle vaut toujours,
l'invitation qui y était exprimée à « implorer de l'Esprit Saint ce don de la
joie » et aussi à « goûter la joie proprement spirituelle, qui est un fruit de
l'Esprit Saint »: AAS 67 (1975), pp. 289, 302.
296 Cf. Jn 16 22.
297 Cf. Rm 14, 17; Ga 5, 22
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la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana
L’Esprit saint, ou le mystère de l’amour
Jean-Michel
Castaing - publié le 30/05/20
Fête de l'effusion de
l'Esprit saint sur le monde, la Pentecôte est l'occasion de mieux connaître la
troisième et la plus mystérieuse personne de la Trinité. Car le secret de
l'Esprit consiste dans son effacement au profit du Père et du Fils.
Une des causes du mystère
qui entoure l’Esprit
saint réside dans son anonymat. En effet, l’Esprit ne possède pas de
nom propre, contrairement aux deux autres Personnes divines. “Saint” et
“Esprit” peuvent être dits également du Père et du Fils. Dieu est esprit et, de
surcroît, il est saint. L’Esprit recueille donc en lui, condense dans sa
personne, toute la nature divine, tout ce qui fait que Dieu est Dieu. Son nom
désignant ce qui est commun à Dieu, il est logique qu’il soit Celui qui scelle
l’unité du Père et du Fils, comme il est Celui qui consolide l’unité de
l’Église.
À cet anonymat s’ajoute
sa discrétion. L’Esprit saint se cache dans ses manifestations. Il
s’efface derrière les charismes et les dons qu’il prodigue à l’Église. D’ailleurs, les
images qui le symbolisent sont évanescentes et nous glissent entre les mains :
le souffle, le feu, l’eau, le parfum, l’onction, la colombe. Ces symboles
signifient qu’il est impossible de saisir l’Esprit saint, de mettre la main sur
lui. Mais n’en va-t-il pas pareillement pour Dieu ? C’est la raison pour
laquelle il est pertinent d’affirmer que la troisième Personne de la Trinité
représente la personnification de la nature divine.
L’Esprit saint n’ajoute
rien à la Parole de Dieu
Ce qui rend l’Esprit
encore plus mystérieux, ce sont les rapports qu’il entretient avec la Parole de
Dieu — Parole qui s’est incarnée en Jésus de
Nazareth. On pourrait penser que la venue de l’Esprit allait ajouter un “plus”
à la révélation divine réalisée en Jésus-Christ. Or, ce n’est pas ce que
l’Écriture nous apprend. Jésus dit de l’Esprit “ce qu’il dira ne viendra pas de
lui-même […] L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître”
(Jn 16, 13-14).
L’Esprit ne nous amène pas au-delà de la Parole. Il s’en constitue au contraire
à la fois le gardien, l’approfondissement et l’intériorisation en nous. Il ne
situe pas à côté d’elle, mais en elle. N’ajoutant rien à la Parole divine, il
en déploie toutes les implications pratiques et théoriques dans le temps et
l’espace. Il porte le Verbe à toutes les nations. À cette fin, il aiguillonne
l’inventivité des hommes.
L’Esprit du Père
De plus, comme il est
également l’Esprit du Père (Jn 16, 7 ; Jn 14, 16) de
qui il procède éternellement, et dont il opère avec le Fils l’œuvre de salut,
il est au service des deux premières personnes de la Trinité. Ici encore,
l’Esprit semble s’effacer afin de révéler aux croyants la paternité essentielle
de Dieu en répandant dans nos cœur l’amour filial « qui nous fait nous
écrier : “Abba, Père !” » (Rm 8, 15).
Paul insiste sur ce point : « C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à
notre esprit que nous sommes enfants de Dieu » (Rm 8, 16). Ne
désirant pas retenir l’attention des disciples sur lui-même, l’Esprit conduit
au Père, de la même façon qu’il glorifie le Fils et fait fructifier son œuvre
de salut dans l’Église.
L’Esprit Saint est oubli
de soi
Ainsi, que ce soit avec
la Parole ou avec la source de la Trinité, le Père, chaque fois l’Esprit saint se donne à
nous afin de nous faire entrer dans le mystère des deux autres personnes
divines. Il est comme le milieu spirituel où nous rendons gloire au Père par le
Fils. L’Esprit est oubli de soi à leur profit et à celui des croyants. À son école, nous apprenons que vivre selon les mœurs de
Dieu, cela consiste à se donner soi-même. Le Père ne donne-t-Il pas la divinité
à son Fils en l’engendrant ? Et de son côté, le Fils ne se donne-t-il pas en
retour à son Père dans l’éternité, comme il le fera dans le temps par le
sacrifice du Calvaire ? Personnification de la nature intime du Dieu-Amour,
l’Esprit s’efface devant le Père et le Fils en œuvrant à leur gloire, tout en
poussant les hommes à louer le Dieu trois fois saint.
Le mystère de l’amour
Nous avons résolu en
partie l’énigme de l’Esprit. Son mystère tient dans son effacement. Voilà pourquoi il est Celui qui rend Jésus
présent dans l’Église, les charismes et les sacrements. L’amour est oubli de
soi au bénéfice de l’aimé. C’est la raison pour laquelle l’Esprit est aussi
indicible que l’amour que nous portons à celui, ou celle, qui est l’objet de
notre dilection.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/2020/05/30/lesprit-saint-ou-le-mystere-de-lamour/
L’Esprit saint “ne peut
pas être enfermé dans une bouteille”, lance le Pape
Philippine
Renaudin - avec I.Media - publié le 05/06/24
L’Esprit saint est un
“souffle” qui ne peut pas être enfermé dans des concepts ou institutions, a
rappelé le pape François ce mercredi 5 juin lors de l’audience générale.
“L’Esprit saint est
“souffle, vent, respiration”, et “le vent est la seule chose que l’on ne peut
pas brider, que l’on ne peut pas ‘mettre en bouteille’ ou ‘en boîte’”. Le pape
François n’a pas mâché ses mots lors de l’audience générale de ce mercredi 5
juin 2024 sur la Place Saint-Pierre. L’évêque de Rome a récemment démarré un cycle de catéchèse sur l’Esprit saint. Devant les
quelque milliers de personnes venues l’écouter, il a réaffirmé des vérités trop
oubliées, alors que l’on connaît aujourd’hui si mal la troisième personne
de la Trinité. Après avoir entamé sa réflexion par une rapide
étude étymologique, le Pape s’attaque à un développement en deux points.
Depuis le bouleversement
qu’a opéré la philosophie cartésienne, nos cultures ont une forte tendance à
vouloir tout rationaliser, au dépit des vérités de la foi. Cela s’incarne
notamment par une volonté de tout nommer selon des concepts. Lorsqu’il s’agit
de l’Esprit saint, le Pape avertit: “Prétendre enfermer l’Esprit saint dans des
concepts, des définitions, des thèses ou des traités, comme le rationalisme
moderne a parfois tenté de le faire, c’est le perdre, l’annuler ou le réduire à
l’esprit humain pur et simple”.
Le discours rationnel ne
peut expliquer un tel mystère de la foi, car nous nous situons sur deux niveaux
différents: la raison et la foi. Il ne s’agit en aucun cas de tomber dans un
fidéisme, mais seulement de faire la part des choses entre ce qui se trouve
dans tel ou tel domaine. Le seul discours que l’on peut tenir sur Lui pour Le
comprendre ? L’Esprit saint est “souffle, vent, respiration”, et “le vent est
la seule chose que l’on ne peut pas brider, que l’on ne peut pas ‘mettre en
bouteille’ ou ‘en boîte’”, a encore martelé le pape François.
Là où l’Esprit du
Seigneur est présent, là est la liberté.
Si l’Esprit saint peut
être une brise, il est surtout un vent, “une force impétueuse et indomptable”,
qui est “capable de déplacer les océans”. En effet, l’omnipotence divine
s’exprime dans une toute puissance de l’Esprit saint, “l’expression ‘Esprit et
puissance’, ou ‘puissance de l’Esprit’ est une combinaison récurrente dans
la Bible”
or “l’image du vent sert avant tout à exprimer lapuissance de l’Esprit divin”
rappelle François.
Cependant, le Christ
vient donner une nouvelle dimension à ce qu’est l’Esprit saint. S’Il est
puissance, Il est aussi liberté. En effet, “là où l’Esprit du Seigneur est
présent, là est la liberté”. Il ne s’agit non pas de la liberté telle que nos
sociétés contemporaines la comprennent, c’est-à-dire le fait de faire ce que
l’on veut tant que l’on ne gène pas les autres. Cette conception individualiste
n’est pas celle que le Christ nous invite à suivre. Par ailleurs, il ne s’agit
pas non plus d’être libre de faire le bien ou le mal, et d’être indifférent
face au Bien qui nous finalise, mais “la liberté de faire le bien et de le
faire librement, c’est-à-dire par attraction et non par contrainte”. Le Pape
met d’ailleurs en valeur “la liberté des enfants, et non des esclaves”.
Revivez en images l’audience générale du 5 juin 2024 :
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saint
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Petit mode d’emploi pour
nourrir son amitié avec l’Esprit saint
Sept conseils pour se
lier d'amitié avec l'Esprit saint
Anne-Sophie
Retailleau - publié le 21/05/24
Souffle de vie,
consolateur et avocat, l'Esprit saint est essentiel à l'existence du
chrétien. Alors que la fête de la Pentecôte est derrière nous, voici quelques
conseils pour entretenir une véritable relation d'amitié avec Celui qui nous
fait vivre.
Si la fête de la
Pentecôte est désormais derrière nous, ce n’est pas pour autant le moment de
mettre au placard les prières adressées au Saint-Esprit.
Troisième Personne de la Trinité, il est encore souvent perçu à tort comme abstrait,
voire inaccessible. Pourtant, entretenir une relation avec l’Esprit saint est
une nécessité pour tout chrétien qui veut avancer sur le chemin de la sainteté.
C’est ce qu’affirme Thomas Belleil dans son dernier livre, Présence d’Esprit. Petit guide pour vivre l’amitié avec le
Saint-Esprit.
Au-delà d’être un enjeu “de vie ou de mort spirituelle”, se lier d’amitié avec le Saint-Esprit transforme profondément chaque pan de sa vie, y compris dans la banalité du quotidien, pour se rapprocher de Dieu. Voici quelques conseils pour nouer et entretenir une solide relation d’amitié avec le Saint-Esprit.
LE RECONNAÎTRE COMME UNE PERSONNE
Pour aimer quelqu’un, encore faut-il savoir qui il est. Le premier pas à faire lorsque l’on veut rencontrer le Saint-Esprit, c’est de “prendre conscience que c’est une personne”, assure Thomas Belleil. Il est plus aisé de se représenter le Père et le Fils que l’Esprit saint, dont l’identité comprend peut-être une plus grande part encore de mystère. L’Esprit, c’est le souffle, de l’hébreu ruah. Loin d’être abstrait, Il est le souffle qui “donne vie à la matière, à ce qui est sans relief”. “La Bible nous aide à comprendre que le Saint-Esprit est bien une Personne, assure l’auteur. Il a des émotions, une pensée, une intelligence et une volonté. Il est dit qu’Il nous guide, qu’Il nous enseigne, qu’Il nous console.”
RÉALISER QUE L’ESPRIT SAINT HABITE EN NOUS
Dieu nous a fait don de son Esprit. C’est ce que célèbre l’Église le jour de la Pentecôte, mais c’est aussi une réalité pour chaque chrétien dans les sacrements, en particulier celui de la confirmation. “Je n’ai pas besoin d’aller le chercher dans les étoiles, explique Thomas Belleil. Il est présent en moi, dans mon sanctuaire intérieur ; chaque seconde de mon existence et partout où je suis, le Saint-Esprit s’y trouve.” La clé est donc de se connecter à cette présence intérieure, de se “rendre présent à sa présence”. “Cela passe essentiellement par le désir, il faut avoir soif du Saint-Esprit”, ajoute-t-il.
LUI DEMANDER DE SE RÉVÉLER À NOUS
Souffle de vie, avocat et consolateur, le Saint-Esprit est une véritable personne, à qui il faut s’adresser comme telle. “Si l’on a un blocage avec le Saint-Esprit, le mieux est de lui demander directement qui il est ! explique Thomas Belleil. Il faut lui demander de venir se révéler à nous, cela crée une ouverture.” La première chose peut donc simplement être de lui poser cette question : qui es-Tu ?
ÊTRE ATTENTIF À SA PRÉSENCE
Cette présence du Saint-Esprit est discrète, elle est comme une “brise légère”. Si nous voulons l’entendre, encore faut-il nous mettre à l’écoute, guetter sa voix. “Le Saint-Esprit est nous, mais si on ne le laisse pas se déployer dans toutes les dimensions de notre vie, il va rester très discret !” Pour être attentif à sa présence, il faut apprendre à reconnaître le son de sa voix. “Il parle par différents canaux : la Bible, l’Église mais aussi dans nos désirs, ou encore par des émotions intérieures”, détaille Thomas Belleil.
PRENDRE DES MOMENTS DE QUALITÉ AVEC LUI
Comme avec chaque personne, une relation d’amitié se nourrit par des moments de qualité passés ensemble. Il en est de même avec le Saint-Esprit. “Cela passe par la lecture de la Bible, mais aussi les temps de prière, précise Thomas Belleil. C’est essentiel pour entendre sa voix, comprendre comment Il se fait présent et comment Il nous parle.” Il s’agit de moments privilégiés, bien choisis et organisés pour entrer en relation avec Lui. Ce peut être des temps de prière longs et des retraites. Mais chaque soir, on peut aussi commencer par relire sa journée.
L’EMMENER PARTOUT AVEC SOI
Le Saint-Esprit s’intéresse à chaque détail de notre quotidien, avance Thomas Belleil. On a parfois l’impression qu’on ne peut le solliciter que pour les grands enjeux de notre vie… Mais le Saint-Esprit est la présence de Dieu pour nous sanctifier et nous diviniser, ce sont donc les petites choses de notre vie qui l’intéressent. Il faut lui ouvrir notre temps : vivre un instant après l’autre ouvert à la présence du Saint-Esprit.” Ainsi, n’importe où, n’importe quand, on peut s’adresser à l’Esprit comme à un ami, attentif à ce que nous vivons. “Puisqu’Il est en moi, quel que soit le lieu où je vais, je l’emmène avec moi, sourit Thomas Belleil. Quand je lui ouvre la réalité que je suis en train de vivre, le Saint-Esprit vient la transformer, même si c’est une chose très simple.”
LE SOLLICITER À L’ENVIE
Pour vivre une belle
amitié avec l’Esprit saint, il faut savoir changer profondément son regard et
ses habitudes. “Tout ce que j’ai l’habitude de faire sans le Saint-Esprit, je
vais commencer à le faire avec Lui.” Pour Thomas Belleil, cela revient à entrer
dans une dépendance positive avec l’Esprit saint “qui nous connaît et nous
aime”. “Plus on va vivre en relation avec lui, plus on va se déployer
nous-même, et plus Il va transformer notre quotidien”, ajoute-t-il. De manière
concrète, avant une décision et une action de la vie quotidienne, comme une
réunion au travail, on peut opérer un temps de recul pour demander à l’Esprit
saint de nous guider.
Pratique
Présence
d’Esprit. Petit guide pour vivre l’amitié avec le Saint-Esprit,par Thomas
Belleil, Éditions des Béatitudes, 2024.
Lire aussi :Comment l’Esprit saint se donne à tous ?
Lire aussi :Qu’est-ce
qu’un charisme ?
Dirc
van Delf (1365–1404), Seven Gifts of the Holy Spirit, folio from
Walters manuscript W.171, 1400-1404, encre et pigments sur parchemin,
18,8 x 13,7, Walters Art Museum
Dom
Guéranger, l’Année Liturgique
Les Commentaires de Dom
Guéranger sur la Pentecôte forment un véritable traité du Saint-Esprit.
Outre le mystère même de
la fête expliqué ici pour le jour de la Pentecôte, on trouvera :
Le Saint-Esprit
pour faire connaître au monde le Christ Sauveur : Lundi
de la Pentecôte
Le Saint-Esprit âme
de l’Église, Épouse du Christ : Mardi
de la Pentecôte
Le Saint-Esprit âme
de l’Église unique, notre Mère : Mercredi
de la Pentecôte
Le Saint-Esprit âme
de l’Église, Vérité du Christ et Sainte : Jeudi
de la Pentecôte
Le Saint-Esprit
dans le cœur du chrétien : Vendredi
de la Pentecôte
Les opérations du
Saint-Esprit dans l’âme, le Saint-Esprit et Marie : Samedi
de la Pentecôte
Les
dons du Saint-Esprit, expliqués chaque jour de l’Octave
La grande journée qui
consomme l’œuvre divine sur la race humaine a lui enfin sur le monde.
« Les jours de la Pentecôte, comme parle saint Luc, sont
accomplis » [1].
Depuis la Pâque, nous avons vu se dérouler sept semaines ; voici le jour
qui fait suite et amène le nombre mystérieux de cinquante. Ce jour est le
Dimanche, consacré par les augustes souvenirs de la création de la lumière et
de la résurrection du Christ ; son dernier caractère lui va être imposé,
et par lui nous allons recevoir « la plénitude de Dieu » [2].
Sous le règne des
figures, le Seigneur marqua déjà la gloire future du cinquantième jour. Israël
avait opéré, sous les auspices de l’agneau de la Pâque, son passage à travers
les eaux de la mer Rouge. Sept semaines s’écoulèrent dans ce désert qui devait conduire
à la terre promise, et le jour qui suivit les sept semaines fut celui où
l’alliance fut scellée entre Dieu et son peuple. La Pentecôte (le cinquantième
jour) fut marquée par la promulgation des dix préceptes de la loi divine, et ce
grand souvenir resta dans Israël avec la commémoration annuelle d’un tel
événement. Mais ainsi que la Pâque, la Pentecôte était prophétique : il
devait y avoir une seconde Pentecôte pour tous les peuples, de même qu’une
seconde Pâque pour le rachat du genre humain. Au Fils de Dieu, vainqueur de la
mort, la Pâque avec tous ses triomphes ; à l’Esprit-Saint, la Pentecôte,
qui le voit entrer comme législateur dans le monde placé désormais sous sa loi.
Mais quelle dissemblance
entre les deux Pentecôtes ! La première sur les rochers sauvages de
l’Arabie, au milieu des éclairs et des tonnerres, intimant une loi gravée sur
des tables de pierre ; la seconde en Jérusalem, sur laquelle la
malédiction n’a pas éclaté encore, parce qu’elle contient dans son sein jusqu’à
cette heure les prémices du peuple nouveau sur lequel doit s’exercer l’empire
de l’Esprit d’amour. En cette seconde Pentecôte, le ciel ne s’assombrit pas, on
n’entend pas le roulement de la foudre ; les cœurs des hommes ne sont pas
glacés d’effroi comme autour du Sinaï ; ils battent sous l’impression du
repentir et de la reconnaissance. Un feu divin s’est emparé d’eux, et ce feu
embrasera la terre entière. Jésus avait dit : « Je suis venu apporter
le feu sur la terre, « et quel est mon vœu, sinon de le voir
s’éprendre [3] ? »
L’heure est venue, et celui qui en Dieu est l’Amour, la flamme éternelle et
incréée, descend du ciel pour remplir l’intention miséricordieuse de
l’Emmanuel.
En ce moment où le
recueillement plane sur le Cénacle tout entier, Jérusalem est remplie de
pèlerins accourus de toutes les régions de la gentilité, et quelque chose
d’inconnu se remue au fond du cœur de ces hommes. Ce sont des Juifs venus pour
les fêtes de la Pâque et de la Pentecôte de tous les lieux où Israël est allé
établir ses synagogues. L’Asie, l’Afrique, Rome elle-même, ont fourni leur
contingent. Mêlés à ces Juifs de pure race, on aperçoit des gentils qu’un
mouvement de piété a portés à embrasser la loi de Moïse et ses pratiques :
on les appelle Prosélytes. Cette population mobile qui doit se disperser sous
peu de jours, et que le seul désir d’accomplir la loi a rassemblée dans
Jérusalem, représente, par la diversité des langages, la confusion de
Babel ; mais ceux qui la composent sont moins influencés que les habitants
de la Judée par l’orgueil et les préjugés. Arrivés d’hier, ils n’ont pas, comme
ces derniers, connu et repoussé le Messie, ni blasphémé ses œuvres qui
rendaient témoignage de lui. S’ils ont crié devant Pilate avec les autres Juifs
pour demander que le Juste fût crucifié, c’est qu’ils étaient entraînés par
l’ascendant des prêtres et des magistrats de cette Jérusalem vers laquelle leur
piété et leur docilité à la loi les avaient amenés.
Mais l’heure est venue,
l’heure de Tierce, l’heure prédestinée de toute éternité, et le dessein des
trois divines personnes conçu et arrêté avant tous les temps se déclare et
s’accomplit. De même que le Père, sur l’heure de minuit, envoya en ce monde
pour y prendre chair au sein de Marie, son propre Fils qu’il engendre
éternellement : ainsi, le Père et le Fils envoient à cette heure de Tierce
sur la terre l’Esprit-Saint qui procède de tous deux, pour y remplir jusqu’à la
fin des temps la mission de former l’Église épouse et empire du Christ, de
l’assister, de la maintenir, de sauver et de sanctifier les âmes.
Soudain un vent violent
qui venait du ciel se fait entendre ; il mugit au dehors et remplit le
Cénacle de son souffle puissant. Au dehors il convoque autour de l’auguste
édifice que porte la montagne de Sion une foule d’habitants de Jérusalem et
d’étrangers ; au dedans il ébranle tout, il soulève les cent vingt
disciples du Sauveur, et montre que rien ne lui résiste. Jésus avait dit de
lui : « C’est un vent qui souffle où il veut, et vous entendez
retentir sa voix » [4] ;
puissance invisible qui creuse jusqu’aux abîmes dans les profondeurs de la mer,
et lance les vagues jusqu’aux nues. Désormais ce vent parcourra la terre en
tous sens, et rien ne pourra l’arrêter dans son domaine.
Cependant l’assemblée
sainte qui était assise tout entière dans l’extase de l’attente, a conservé la
même attitude. Passive sous l’effort du divin envoyé, elle s’abandonne à lui.
Mais le souffle n’a été qu’une préparation pour le dedans du Cénacle, en même
temps qu’il est un appel pour le dehors. Tout à coup une pluie silencieuse se
répand dans l’intérieur de l’édifice ; pluie de feu, dit la sainte Église,
« qui éclaire sans brûler, qui luit sans consumer » [5] ;
des flocons enflammés avant la forme de langues, viennent se poser sur la tête
de chacun des cent vingt disciples. C’est l’Esprit divin qui prend possession
de l’assemblée dans chacun de ses membres. L’Église n’est plus seulement en
Marie ; elle est aussi dans les cent vingt disciples. Tous sont maintenant
à l’Esprit qui est descendu sur eux ; son règne est ouvert, il est
déclaré, et de nouvelles conquêtes se préparent.
Mais admirons le symbole
sous lequel une si divine révolution s’opère. Celui qui naguère se montra au
Jourdain sous la forme gracieuse d’une colombe, apparaît aujourd’hui sous celle
du feu. Dans l’essence divine il est amour ; or, l’amour n’est pas tout
entier dans la douceur et la tendresse ; il est ardent comme le feu.
Maintenant donc que le monde est livré à l’Esprit-Saint, il faut qu’il brûle,
et l’incendie ne s’arrêtera plus. Et pourquoi cette forme de langues ?
Sinon parce que la parole sera le moyen par lequel se propagera le divin incendie.
Ces cent vingt disciples n’auront qu’à parler du Fils de Dieu fait homme et
rédempteur de tous, de l’Esprit-Saint qui renouvelle les âmes, du Père céleste
qui les aime et les adopte : leur parole sera accueillie d’un grand
nombre. Tous ceux qui l’auront reçue seront unis dans une même foi, et
l’ensemble qu’ils formeront s’appellera l’Église catholique, universelle,
répandue en tous les temps et en tous les lieux. Le Seigneur Jésus avait
dit : « Allez, enseignez toutes les nations ; » l’Esprit
divin apporte du ciel sur la terre et la langue qui fera retentir cette parole,
et l’amour de Dieu et des hommes qui l’inspirera. Cette langue et cet amour se
sont arrêtés sur ces hommes, et par le secours de l’Esprit divin, ces hommes
les transmettront à d’autres jusqu’à la fin des siècles.
Un obstacle cependant
semble se dresser à l’encontre d’une telle mission. Depuis Babel, le langage
humain est divisé, et la parole ne circule pas d’un peuple à l’autre. Comment
donc la parole pourra-t elle être l’instrument de la conquête de tant de nations,
et réunir en une seule famille tant de races qui s’ignorent ? Ne craignez
pas : le tout-puissant Esprit y a pourvu. Dans l’ivresse sacrée qu’il
inspire aux cent vingt disciples, il leur a conféré le don d’entendre toutes
langues et de se faire entendre eux-mêmes en toute langue. A l’instant même,
dans un transport sublime, ils s’essayent à parler tous les idiomes de la
terre, et leur langue, comme leur oreille, se prête non seulement sans effort,
mais avec délices, à cette plénitude de la parole qui va rétablir la communion
des hommes entre eux. L’Esprit d’amour a fait cesser en un moment la séparation
de Babel, et la fraternité première reparaît dans l’unité du langage. Que vous
êtes belle, ô Église de Dieu, rendue sensible dans cet auguste prodige de l’Esprit
divin qui agit désormais sans limites ! Vous nous retracez le magnifique
spectacle qu’offrait la terre, lorsque la race humaine ne parlait qu’un seul
langage. Et cette merveille ne sera pas seulement pour la journée de la
Pentecôte, et elle ne durera pas seulement la vie de ceux en qui elle éclate en
ce moment. Après la prédication des Apôtres, la forme première du prodige
s’effacera peu à peu, parce qu’elle cessera d’être nécessaire ; mais
jusqu’à la fin des siècles, ô Église, vous continuerez de parler toutes les
langues ; car vous ne serez pas confinée dans un seul pays, mais vous
habiterez tous les pays du monde. Partout on entendra exprimer une même foi
dans la langue de chaque peuple, et ainsi le miracle de la Pentecôte, renouvelé
et transformé, vous accompagnera toujours, ô Église ! et demeurera l’un de
vos principaux caractères. C’est ce qui fait dire au grand docteur saint
Augustin parlant aux fidèles, ces paroles admirables : « L’Église
répandue parmi les nations parle toutes les langues. Qu’est cette Église, sinon
le corps du Christ ? Dans ce corps vous êtes un membre. Étant donc membre
d’un corps qui parle toutes les langues, vous avez droit de vous considérer
vous-même comme participant au même don » [6].
Durant les siècles de foi, la sainte Église, source unique de tout véritable
progrès dans l’humanité, avait fait plus encore ; elle était parvenue à
réunir dans une même forme de langage les peuples qu’elle avait conquis. La
langue latine fut longtemps le lien du monde civilisé. En dépit des distances,
les relations de peuple à peuple, les communications de la science, les
affaires même des particuliers lui étaient confiées ; l’homme qui parlait
cette langue n’était étranger nulle part dans tout l’Occident et au delà. La
grande hérésie du XVIe siècle émancipa les nations de ce bienfait comme de tant
d’autres, et l’Europe, scindée pour longtemps, cherche, sans le trouver, ce
centre commun que l’Église seule et sa langue pouvaient lui offrir. Mais
retournons au Cénacle dont les portes ne se sont pas encore ouvertes, et continuons
à y contempler les merveilles du divin Esprit.
Nos yeux tout d’abord
cherchent respectueusement Marie, Marie plus que jamais « pleine de
grâce ». Il eût semblé qu’après les dons immenses qui lui furent prodigués
dans sa conception immaculée, après les trésors de sainteté que versa en elle
la présence du Verbe incarné durant les neuf mois qu’elle le posséda dans son
sein, après les secours spéciaux quelle reçut pour agir et souffrir en union
avec son fils dans l’œuvre de la Rédemption, après les faveurs dont Jésus la
combla au milieu des splendeurs de la résurrection, le Ciel avait épuisé la
mesure des dons qu’il avait à répandre sur une simple créature, si élevée
qu’elle pût être dans le plan éternel. Il n’en est pas ainsi. Une nouvelle
mission s’ouvre pour Marie : à cette heure, la sainte Église est enfantée
par elle ; Marie vient de mettre au jour l’Épouse de son Fils, et de
nouveaux devoirs l’appellent. Jésus est monté seul dans les cieux ; il l’a
laissée sur la terre, afin qu’elle prodigue à son tendre fruit ses soins
maternels. Qu’elle est touchante, mais aussi qu’elle est glorieuse cette
enfance de notre Église bien-aimée, reçue dans les bras de Marie, allaitée par
elle, soutenue de son appui dès les premiers pas de sa carrière en ce
monde ! Il faut donc à la nouvelle Ève, à la véritable « Mère des
vivants », un surcroît de grâces pour répondre à une telle mission :
aussi est-elle l’objet premier des faveurs de l’Esprit-Saint. Il la féconda
autrefois pour être la mère du Fils de Dieu ; en ce moment il forme en
elle la mère des chrétiens. « Le fleuve de la grâce, comme parle le
Roi-prophète, submerge de ses eaux cette Cité de Dieu qui les reçoit avec
délices » [7] ;
l’Esprit d’amour accomplit à ce moment l’oracle divin du Rédempteur mourant sur
la croix. Il avait dit, en désignant l’homme : « Femme, voilà votre
fils » ; l’heure est arrivée, et Marie a reçu avec une plénitude
merveilleuse cette grâce maternelle qu’elle commence à appliquer dès
aujourd’hui, et qui l’accompagnera jusque sur son trône de reine, lorsqu’enfin
la sainte Église ayant pris un accroissement suffisant, sa céleste nourrice
pourra quitter la terre, monter aux cieux et ceindre le diadème qui l’attend.
Contemplons cette
nouvelle beauté qui éclate dans les traits de celle en qui le Seigneur vient de
déclarer une seconde maternité : cette beauté est le chef-d’œuvre de
l’Esprit-Saint en cette journée. Un feu divin transporte Marie, un amour
nouveau s’est allumé dans son cœur ; elle est tout entière à cette autre
mission pour laquelle elle avait été laissée ici-bas. La grâce apostolique est
descendue en elle. La langue de feu qu’elle a reçue ne parlera pas dans les
prédications publiques ; mais elle parlera aux Apôtres, les dirigera, les
consolera dans leurs labeurs. Elle s’énoncera, cette langue bénie, avec autant
de douceur que de force, à l’oreille des fidèles qui sentiront l’attraction
vers celle en qui le Seigneur a fait l’essai de toutes ses merveilles. Comme un
lait généreux, la parole irrésistible de cette mère universelle donnera aux
premiers enfants de l’Église la vigueur qui les fera triompher des assauts de
l’enfer ; et c’est en partant d’auprès d’elle qu’Etienne ira ouvrir la
noble carrière des martyrs.
Regardons maintenant le
collège apostolique. Ces hommes que quarante jours de relations avec leur
Maître ressuscité avaient relevés, et que nous trouvions déjà si différents
d’eux-mêmes, que sont-ils devenus depuis l’instant où l’Esprit divin les a
saisis ? Ne sentez-vous pas qu’ils sont transformés, qu’un feu divin
éclate dans leur poitrine, et que dans un moment ils vont s’élancer à la
conquête du monde ? Tout ce que le Maître leur avait annoncé est accompli
en eux ; et c’est véritablement la Vertu d’en haut qui est descendue pour
les armer au combat. Où sont-ils ceux qui tremblaient devant les ennemis de
Jésus, ceux qui doutaient de sa résurrection î La vérité que le Maître leur a
enseignée brille aux regards de leur intelligence ; ils voient tout, ils
comprennent tout. L’Esprit-Saint leur a infus le don de la foi dans un degré
sublime, et leur cœur brûle du désir de répandre au plus tôt cette foi dans le
monde entier. Loin de craindre désormais, ils n’aspirent qu’à affronter tous
les périls en prêchant, comme Jésus le leur a commandé, à toutes les nations
son nom et sa gloire.
Contemplez Pierre. Vous
le reconnaissez aisément à cette majesté douce que tempère une ineffable
humilité. Hier son aspect était imposant mais tranquille ; aujourd’hui,
sans rien perdre de leur dignité, ses traits ont pris une expression
d’enthousiasme que nul n’avait encore vue en lui. L’Esprit divin s’est emparé
puissamment du Vicaire de Jésus ; car Pierre est le prince de la parole et
le maître de la doctrine. Près de Pierre, c’est André son frère aîné, qui
conçoit en ce moment cette passion ardente pour la croix qui sera son type à
jamais glorieux ; c’est Jean dont les traits semblaient naguère ne
respirer que la douceur, et qui subitement ont pris l’expression forte et
inspirée du prophète de Pathmos ; à ses côtés, c’est Jacques son frère,
l’autre « fils du tonnerre », se dressant avec toute la vigueur du
vaillant chevalier qui s’élancera bientôt à la conquête de l’Ibérie. Le second
Jacques, celui qui est aimé sous le nom de « frère du Seigneur »,
puise dans la vertu du divin Esprit qui le transporte, un nouveau degré de
charme et de béatitude. Matthieu est illuminé d’une splendeur qui fait
pressentir en lui le premier des écrivains du nouveau Testament. Thomas sent en
son cœur la foi qu’il a reçue au contact des membres de son Maître ressuscité,
prendre un accroissement sans mesure : il est prêt à partir pour ses
laborieuses missions dans l’extrême Orient ; tous, en un mot, sont un
hymne vivant à la gloire de l’Esprit tout-puissant, qui s’annonce avec un tel
empire dès les premiers instants de son arrivée.
Dans un rang inférieur
apparaissent les disciples, moins favorisés dans cette visite que les douze
princes du collège apostolique, mais pénétrés du même feu ; car eux aussi
marcheront à la conquête du monde et fonderont de nombreuses chrétientés. Le
groupe des saintes femmes n’a pas moins ressenti que le reste de l’assemblée la
descente du Dieu qui s’annonce sous l’emblème du feu. L’amour qui les retint au
pied de la croix de Jésus et qui les conduisit les premières à son sépulcre au
matin de la Pâque, s’est enflammé d’une ardeur nouvelle. La langue de feu s’est
arrêtée sur chacune d’elles, et elles seront éloquentes à parler de leur Maître
aux Juifs et aux gentils. En vain la synagogue expulsera Madeleine et ses
compagnes ; la Gaule méridionale les écoutera à son tour, et ne sera pas
rebelle à leur parole.
Cependant, la foule des
Juifs qui avait entendu le bruit de la tempête annonçant la venue de l’Esprit
divin, s’est amassée en grand nombre autour du mystérieux Cénacle. Ce même
Esprit qui agit au dedans avec tant de magnificence, les pousse à faire le
siège de cette maison qui contient dans ses murs l’Église du Christ dont la
naissance vient d’éclater. Leurs clameurs retentissent, et bientôt le zèle
apostolique qui vient de naître pour ne plus s’éteindre, ne peut plus tenir
dans de si étroites limites. En un moment l’assemblée inspirée se précipite aux
portes du Cénacle, et se met en rapport avec cette multitude avide de connaître
le nouveau prodige que vient d’opérer le Dieu d’Israël.
Mais, ô merveille !
La foule composée de toutes les nations, qui s’attendait à entendre le parler
grossier des Galiléens, est tout à coup saisie de stupeur. Ces Galiléens n’ont
fait encore que s’énoncer en paroles confuses et inarticulées, et chacun les
entend parler dans sa propre langue. Le symbole de l’unité apparaît dans toute
sa splendeur. L’Église chrétienne est montrée à tous les peuples représentés
dans cette multitude. Elle sera une, cette Église ; car les barrières que
Dieu plaça autrefois, dans sa justice, pour isoler les nations, viennent de s’écrouler.
Voici les messagers de la foi du Christ ; ils sont prêts, ils vont partir,
leur parole fera le tour de la terre.
Dans la foule cependant,
quelques hommes, insensibles au prodige, se scandalisent de l’ivresse divine
dans laquelle ils voient les Apôtres : « Ces hommes, disent-ils, sont
pleins de vin. » C’est le langage du rationalisme qui veut tout expliquer
par des raisons humaines. Et pourtant ces Galiléens prétendus ivres abattront à
leurs pieds le monde entier, et l’Esprit divin qui est en eux, ils le
communiqueront avec son ivresse à toutes les races du genre humain. Les saints
Apôtres sentent que le moment est venu ; il faut que la seconde Pentecôte
soit proclamée en ce jour anniversaire de la première. Mais dans cette
proclamation de la loi de miséricorde et d’amour qui vient remplacer la loi de
la justice et de la crainte, quel sera le Moïse ?
L’Emmanuel, avant de
monter au ciel, l’avait désigné : c’est Pierre, le fondement de l’Église.
Il est temps que tout ce peuple le voie et l’entende ; le troupeau va se
former, il est temps que le pasteur se montre. Écoutons l’Esprit-Saint qui va
s’énoncer par son principal organe, en présence de cette multitude ravie et
silencieuse ; chaque mot que va dire l’Apôtre qui ne parle qu’une seule
langue est compris de chacun des auditeurs, à quelque idiome, à quelque pays de
la terre qu’il appartienne. Un tel discours est à lui seul la démonstration de
la vérité et de la divinité de la loi nouvelle.
« Hommes juifs,
s’écrie dans la plus haute éloquence le pêcheur du lac de Génésareth, hommes
juifs et vous tous qui habitez en ce moment Jérusalem, apprenez ceci et prêtez
l’oreille à mes paroles. Non, ces hommes que vous voyez ne sont pas ivres comme
vous l’avez pensé ; car il n’est encore que l’heure de tierce ; mais
en ce moment s’accomplit ce qu’avait prédit le prophète Joël : « Dans
les derniers temps, dit le Seigneur, je répandrai mon Esprit sur toute chair,
et vos fils et vos filles prophétiseront, et vos jeunes gens seront favorisés
de visions, et vos vieillards auront des songes prophétiques. Et dans ces
jours, je répandrai mon Esprit sur mes serviteurs et sur mes servantes, et ils
prophétiseront ». Hommes Israélites, écoutez ceci. Vous vous rappelez
Jésus de Nazareth, que Dieu même avait accrédité au milieu de vous par les
prodiges au moyen desquels il opérait par lui, ainsi que vous le savez
vous-mêmes. Or, ce Jésus, selon le décret divin résolu à l’avance, a été livré
à ses ennemis, et vous-mêmes vous l’avez fait mourir par la main des impies.
Mais Dieu l’a ressuscite, en l’arrachant à l’humiliation du tombeau qui ne
pouvait le retenir. David n’avait-il pas dit de lui : « Ma chair
reposera dans l’espérance ; car vous ne permettrez pas, Seigneur, que
celui qui est votre Saint éprouve la corruption du tombeau » ? Ce
n’était pas en son propre nom que David parlait ; car il est mort, et son
sépulcre est encore sous nos yeux ; mais il annonçait la résurrection du
Christ qui n’a point été laissé dans le tombeau, et dont la chair n’a pas connu
la corruption. Ce Jésus, Dieu lui-même l’a ressuscité, et nous en sommes tous
témoins. Élevé à la droite de Dieu, il a, selon la promesse qu’en avait faite
le Père, répandu sur la terre le Saint-Esprit, ainsi que vous le voyez et
l’entendez. Sachez donc, maison d’Israël, et sachez-le avec toute certitude,
que ce Jésus crucifié par vous, Dieu en a fait le Seigneur et le
Christ. » [8]
Ainsi fut accomplie la
promulgation de la loi nouvelle par la bouche du nouveau Moïse. Comment les
auditeurs n’eussent-ils pas accueilli le don inestimable de cette seconde
Pentecôte, qui venait dissiper les ombres de l’ancienne et produire au grand
jour les divines réalités ? Dieu se révélait, et, comme toujours, il le
faisait par les miracles. Pierre rappelle les prodiges de Jésus dont la
Synagogue n’a pas voulu tenir compte, et qui rendaient témoignage de lui. Il
annonce la descente de l’Esprit-Saint, et en preuve il allègue le prodige inouï
que les auditeurs ont sous les yeux, dans le don des langues départi aux
habitants du Cénacle.
Poursuivant son œuvre
sublime, l’Esprit-Saint qui planait sur cette foule, féconde par son action
divine ces cœurs prédestinés. La foi naît et se développe tout d’un coup dans
ces disciples du Sinaï accourus de tous les points du monde pour une Pâque et
une Pentecôte désormais stériles. Saisis de crainte et de regret d’avoir
demandé la mort du Juste, dont ils confessent la résurrection et l’ascension au
ciel, ces Juifs de toute nation poussent un cri pénétrant vers Pierre et ses
compagnons : « Qu’avons-nous donc à faire, ô vous qui êtes nos
frères [9] ? »
Admirable disposition pour recevoir la foi ! Le désir de croire, et le
dessein arrêté de conformer ses actes à sa croyance. Pierre reprend son
discours : « Repentez-vous, leur dit-il, et que chacun de vous soit
baptisé au nom de Jésus-Christ, et vous aurez part, vous aussi, au don du
Saint-Esprit. La promesse a été faite pour vous et pour vos fils et également
pour ceux qui sont loin, c’est-à-dire les gentils : en un mot, pour tous
ceux qu’appelle le Seigneur notre Dieu » [10].
A chaque parole du
nouveau Moïse, la Pentecôte judaïque s’efface, et la Pentecôte chrétienne
resplendit d’une lumière toujours plus splendide à l’horizon. Le règne de
l’Esprit divin est inauguré dans Jérusalem, à la face du temple condamné à
s’écrouler sur lui-même. Pierre parla encore ; mais le livre sacré des
Actes n’a recueilli que ces paroles qui retentirent comme le dernier appel au
salut : « Sauvez-vous, enfants d’Israël, sauvez-vous de cette
génération perverse » [11].
Il fallait rompre, en
effet, avec les siens, mériter par le sacrifice les faveurs de la nouvelle
Pentecôte, passer de la Synagogue dans l’Église. Plus d’un combat se livra dans
les cœurs de ces hommes ; mais le triomphe de l’Esprit-Saint fut complet
en ce premier jour. Trois mille personnes se déclarèrent disciples de Jésus, et
furent marquées aujourd’hui même du sceau de l’adoption. O Église du Dieu
vivant, qu’ils sont beaux vos progrès sous le souffle du divin Esprit !
D’abord vous avez résidé en Marie l’immaculée, pleine de grâce et mère de
Dieu ; votre second pas vous a donné les cent vingt disciples du
Cénacle ; et voici que le troisième vous dote de trois mille écus, nos
ancêtres, qui vont bientôt quitter Jérusalem la répudiée, et porter dans les
pays d’où ils sont partis les prémices du peuple nouveau. Demain c’est au
temple même que Pierre parlera, et à sa voix cinq mille personnes se
déchireront à leur tour disciples de Jésus de Nazareth. Salut donc, ô Église,
noble et dernière création de l’Esprit-Saint, société immortelle qui militez
ici-bas, en même temps que vous triomphez dans les cieux. O Pentecôte, jour
sacré de notre naissance, vous ouvrez avec gloire la série des siècles que doit
parcourir en ce monde l’Épouse de l’Emmanuel. Vous nous donnez l’Esprit divin
qui vient écrire, non plus sur la pierre, mais dans nos cœurs, la loi qui
régira les disciples de Jésus. O Pentecôte promulguée dans Jérusalem, mais qui
devez étendre vos bienfaits à ceux « qui sont au loin », c’est-à-dire
aux peuples de la gentilité, vous venez remplir les espérances que nous fit
concevoir le touchant mystère de l’Épiphanie. Les mages venaient de
l’Orient ; nous les suivîmes au berceau de l’Entant divin, et nous savions
que notre tour viendrait. Votre grâce, ô Esprit-Saint, les avait secrètement
attirés à Bethléhem ; mais dans cette Pentecôte qui déclare votre
souverain empire avec tant d’énergie, vous nous appelez tous ; l’étoile
est transformée en langues de feu, et la face de la terre va être renouvelée.
Puissent nos cœurs conserver les dons que vous nous apportez, ces dons que le
Père et le Fils qui vous envoient nous ont destinés !
L’importance du mystère
de la Pentecôte étant si principale dans l’économie du christianisme, on ne
doit pas s’étonner que l’Église lui ait assigné dans la sainte Liturgie un rang
aussi distingué que celui qu’elle attribue à la Pâque elle-même. La Pâque est
le rachat de l’homme par la victoire du Christ : dans la Pentecôte
l’Esprit-Saint prend possession de l’homme racheté ; l’Ascension est le
mystère intermédiaire. D’un côté, elle consomme la Pâque en établissant
l’Homme-Dieu, vainqueur de la mort et chef de ses fidèles, à la droite du
Père ; de l’autre, elle détermine l’envoi de l’Esprit-Saint sur la terre.
Cet envoi ne pouvait avoir lieu avant la glorification de Jésus, comme nous dit
saint Jean [12],
et de nombreuses raisons alléguées par les Pères nous aident à le comprendre.
Il fallait que le Fils de Dieu, qui avec le Père est le principe de la
procession du Saint-Esprit dans l’essence divine, envoyât personnellement aussi
cet Esprit sur la terre. La mission extérieure de l’une des divines personnes
n’est qu’une suite et une manifestation de la production mystérieuse et
éternelle qui a lieu au sein de la divinité. Ainsi le Père n’est envoyé ni par
le Fils ni par le Saint-Esprit, parce qu’il n’est pas produit par eux. Le Fils
a été envoyé aux hommes par le Père, étant engendré par lui éternellement. Le
Saint-Esprit est envoyé par le Père et par le Fils, parce qu’il procède de l’un
et de l’autre. Mais pour que la mission du Saint-Esprit s’accomplit de manière
à donner plus de gloire au Fils, il était juste qu’elle n’eût lieu qu’après
l’intronisation du Verbe incarné à la droite du Père, et il était
souverainement glorieux pour la nature humaine qu’au moment de cette mission
elle fût indissolublement unie à la nature divine dans la personne du Fils de
Dieu, en sorte qu’il fût vrai de dire que l’Homme-Dieu a envoyé le Saint-Esprit
sur la terre.
Cette auguste mission ne
devait être donnée à L’Esprit divin que lorsque les hommes auraient perdu la
vue de l’humanité de Jésus. Ainsi que nous l’avons dit, il fallait désormais
que les yeux et les cœurs des fidèles poursuivissent le divin absent d’un amour
plus pur et tout spirituel. Or, à qui appartenait-il d’apporter aux hommes cet
amour nouveau, sinon à l’Esprit tout-puissant qui est le lien du Père et du
Fils dans un amour éternel ? Cet Esprit qui embrase et qui unit est appelé
dans les saintes Écritures le « don de Dieu » ; et c’est
aujourd’hui que le Père et le Fils nous envoient ce don ineffable.
Rappelons-nous la parole de notre Emmanuel à la femme de Samarie, au bord du
puits de Sichar : « Oh ! Si tu connaissais le don de Dieu [13] ! »
Il n’était pas descendu encore ; il ne se manifestait jusqu’alors aux
hommes que par des bienfaits partiels. A partir d’aujourd’hui, c’est une
inondation de feu qui couvre la terre : l’Esprit divin anime tout, agit en
tous lieux. Nous connaissons le don de Dieu ; nous n’avons plus qu’à
l’accepter, qu’à lui ouvrir l’entrée de nos cœurs, comme les trois mille
auditeurs fidèles que vient de rencontrer la parole de Pierre.
Mais voyez à quel moment
de l’année l’Esprit divin vient prendre possession de son domaine. Nous avons
vu notre Emmanuel, Soleil de justice, s’élever timidement du sein des ombres du
solstice d’hiver et monter d’une course lente à son zénith. Dans un sublime
contraste, l’Esprit du Père et du Fils a cherche d’autres harmonies. Il est
feu, feu qui consume [14] ;
il éclate sur le monde au moment où le soleil brille de toute sa splendeur, où
cet astre contemple couverte de fleurs et de fruits naissants la terre qu’il
caresse de ses rayons. Accueillons de même la chaleur vivifiante du divin
Esprit, et demandons humblement qu’elle ne se ralentisse plus en nous. A ce
moment de l’Année liturgique, nous sommes en pleine possession de la vérité par
le Verbe incarné ; veillons à entretenir fidèlement l’amour que
l’Esprit-Saint vient nous apportera son tour.
Fondée sur un passé de
quatre mille ans quant aux figures, la Pentecôte chrétienne, le vrai
quinquagénaire, est du nombre des fêtes instituées par les Apôtres eux-mêmes.
Nous avons vu qu’elle partagea avec la Pâque, dans l’antiquité, l’honneur de
conduire les catéchumènes à la fontaine sacrée, et de les en ramener néophytes
et régénérés. Son Octave, comme celle de Pâques, ne dépasse pas le samedi par
une raison identique. Le baptême se conférait dans la nuit du samedi au
dimanche, et pour les néophytes la solennité de la Pentecôte s’ouvrait au
moment même de leur baptême. Comme ceux de la Pâque, ils revêtaient alors les
habits blancs, et ils les déposaient le samedi suivant, qui était compté pour
le huitième jour.
Le moyen âge donna à la
fête de la Pentecôte le gracieux nom de Pâque des roses ; nous avons vu
celui de Dimanche des roses imposé dans les mêmes siècles de foi au Dimanche
dans l’Octave de l’Ascension. La couleur vermeille de la rose et son parfum
rappelaient à nos pères ces langues enflammées qui descendirent dans le Cénacle
sur chacun des cent vingt disciples, comme les pétales effeuillés de la rose
divine qui répandait l’amour et la plénitude de la grâce sur l’Église
naissante. La sainte Liturgie est entrée dans la même pensée en choisissant la
couleur rouge pour le saint Sacrifice durant toute l’Octave. Durand de Mende,
dans son rational si précieux pour la connaissance des usages liturgiques du
moyen âge, nous apprend qu’au treizième siècle, dans nos églises, à la Messe de
la Pentecôte, on lâchait des colombes qui voltigeaient au-dessus des fidèles en
souvenir de la première manifestation de l’Esprit-Saint au Jourdain, et que
l’on répandait de la voûte des étoupes enflammées et des fleurs en souvenir de
la seconde au Cénacle.
A Rome, la Station est
dans la Basilique de Saint-Pierre. Il était juste de rendre hommage au prince
des Apôtres en ce jour où son éloquence inspirée par l’Esprit-Saint conquit à
l’Église les trois mille chrétiens dont nous sommes les descendants.
Actuellement, la Station demeure toujours fixée à Saint-Pierre avec les
indulgences qui s’y rapportent ; mais le Souverain Pontife et le sacré
Collège se rendent pour la Fonction à la Basilique du Latran, Mère et Chef de
toutes les églises de la ville et du monde.
A TIERCE.
La sainte Église célèbre
aujourd’hui l’heure de Tierce avec une solennité particulière, afin de se
maintenir dans un rapport plus intime avec les heureux habitants du Cénacle.
Elle a même choisi cette heure, dans tout le cours de l’année, comme la plus
propice pour l’offrande du saint Sacrifice, auquel préside l’Esprit-Saint dans
toute la puissance de son opération. Cette heure de Tierce, qui répond à neuf
heures du matin selon notre manière de compter, est remarquable chaque jour par
une invocation au Saint-Esprit formulée dans une Hymne de saint Ambroise ;
mais aujourd’hui ce n’est pas l’Hymne ordinaire de Tierce que l’Église adresse
au divin Paraclet ; c’est le cantique si mystérieux et si grandiose que le
IXe siècle nous a légué, en nous transmettant la tradition qui donne
Charlemagne pour auteur de cette œuvre sublime. La pensée d’en enrichir
l’Office de Tierce au jour de la Pentecôte appartient à saint Hugues, abbé de
Cluny au XIe siècle ; et cette pratique a semblé si belle, que l’Église
Romaine a fini par l’adopter dans sa Liturgie. De là est venu que dans les
Églises même où l’on ne célèbre pas l’Office canonial, on chante du moins
le Veni creator avant la Messe du jour de la Pentecôte. A cette heure
si solennelle, aux accents inspirés de cette Hymne si tendre à la fois et si
imposante, l’assemblée des fidèles se recueille ; elle adore et appelle
l’Esprit divin. A ce moment, il plane sur tous les temples de la chrétienté, et
descend invisiblement dans tous les cœurs qui l’attendent avec ferveur.
Exprimons-lui le besoin que nous éprouvons de sa présence, le suppliant de
demeurer en nous, et de ne jamais s’en éloigner. Montrons-lui notre âme marquée
de son sceau ineffaçable dans le Baptême et dans la Confirmation ;
prions-le de veiller sur son œuvre. Nous sommes sa propriété ; qu’il
daigne faire en nous ce que nous le prions d’y accomplir ; mais que notre
bouche parle avec sincérité, et souvenons-nous que pour recevoir et conserver
l’Esprit-Saint, il faut renoncer à l’esprit du monde ; car le Seigneur a
dit : « Nul ne peut servir deux maîtres » [15].
La première strophe de
cette Hymne vénérable se chante toujours à genoux ; on se lève ensuite, et
l’on chante debout les strophes suivantes.
A LA MESSE.
Le moment de célébrer le
saint Sacrifice est arrivé. Remplie de l’Esprit divin, l’Église va payer le tribut
auguste de sa reconnaissance en offrant la victime qui nous a mérité un tel don
par son immolation. Déjà l’Introït retentit avec un éclat et une mélodie non
pareils. Le chant grégorien s’élève rarement à un tel enthousiasme. Les paroles
contiennent un oracle du livre de la Sagesse, qui reçoit son accomplissement
aujourd’hui. C’est l’Esprit divin se répandant sur le monde, et comme gage de
sa présence donnant aux saints Apôtres la science de la parole dont il est la
source.
La Collecte nous fournit
l’expression de nos vœux pour un si grand jour. Elle nous avertit en même temps
que l’Esprit divin nous apporte deux dons principaux : le goût des choses
divines et la consolation du cœur ; demandons que l’un et l’autre
demeurent en nous, afin que nous devenions parfaits chrétiens.
ÉPÎTRE.
Quatre grands événements
signalent l’existence de la race humaine sur la terre, et tous les quatre
témoignent de la bonté infinie de Dieu envers nous. Le premier est la création
de l’homme et sa vocation à l’état surnaturel, qui lui donne pour fin dernière
la vision et la possession éternelle de Dieu. Le second est l’incarnation du
Verbe divin qui, unissant la nature humaine à la nature divine dans le Christ,
élevé l’être créé à la participation de la divinité, et fournit en même temps
la victime nécessaire pour racheter Adam et sa race de leur prévarication. Le
troisième événement est la descente du Saint-Esprit, dont nous célébrons
l’anniversaire en ce jour. Enfin le quatrième est le second avènement du Fils
de Dieu qui viendra délivrer l’Église son épouse, et l’emmènera au ciel pour
célébrer avec elle les noces éternelles. Ces quatre opérations divines, dont la
dernière n’est pas accomplie encore, sont la clef de l’histoire humaine ;
rien n’est en dehors d’elles ; mais l’homme animal ne les voit même pas,
il n’y songe pas. « La lumière a lui dans les ténèbres, et les ténèbres ne
l’ont pas comprise » [16].
Béni soit donc le Dieu de
miséricorde qui « nous a appelés des ténèbres à l’admirable lumière de la
foi » [17].
Il nous a faits enfants de cette génération « qui n’est ni de la chair et
du sang, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu » [18].
Par cette grâce, nous voici aujourd’hui attentifs à la troisième des opérations
divines sur ce monde, à la descente de l’Esprit-Saint, et nous avons entendu le
récit émouvant de sa venue. Cette tempête mystérieuse, ce feu, ces langues,
cette ivresse sacrée, tout nous transporte au centre même des divins conseils,
et nous nous écrions : « Dieu a-t-il donc tant aimé ce
monde ? » Jésus, quand il était avec nous sur la terre, nous le
disait : « Oui, Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils
unique » [19].
Aujourd’hui il nous faut compléter cette sublime parole et dire :
« Le Père et le Fils ont tant aimé le monde, qu’ils lui ont donné leur
Esprit-Saint. »
Acceptons un tel don, et
comprenons enfin ce qu’est l’homme. Le rationalisme, le naturalisme, prétendent
le grandir en s’efforçant de le captiver sous le joug de l’orgueil et de la
sensualité ; la foi chrétienne nous impose l’humilité et le renoncement ;
mais pour prix elle nous montre Dieu lui-même se donnant à nous.
Le premier Verset
alléluiatique est formé des paroles de David où L’Esprit-Saint est montré comme
l’auteur d’une création nouvelle, comme le rénovateur de la terre. Le second
est la touchante prière par laquelle la sainte Église appelle sur ses enfants
l’Esprit d’amour. On la chante toujours à genoux.
Vient ensuite la
Séquence, œuvre d’enthousiasme et en même temps d’une ineffable tendresse pour
celui qui vit et règne éternellement dans la société du Père et du Fils, et qui
va désormais établir son empire dans nos cœurs. Cette pièce est de la fin du
XIIe siècle, et on l’attribue, avec vraisemblance, au grand Pape Innocent III.
ÉVANGILE.
La venue de
l’Esprit-Saint n’est pas seulement un événement qui intéresse la race humaine
considérée en général ; chaque homme est appelé à recevoir cette même
visite qui aujourd’hui « renouvelle la face de la terre
entière » [20].
Le dessein miséricordieux du souverain Seigneur de toutes choses s’étend
jusqu’à vouloir contracter une alliance individuelle avec chacun de nous. Jésus
ne demande de nous qu’une seule chose : il veut que nous l’aimions et que
nous gardions sa parole. A cette condition, il nous promet que son Père nous
aimera, et viendra avec lui habiter notre âme. Mais ce n’est pas tout encore.
Il nous annonce la venue de l’Esprit-Saint, qui par sa présence complétera
l’habitation de Dieu en nous. L’auguste Trinité tout entière se fera comme un
nouveau ciel de cette humble demeure, en attendant que nous soyons transportés
après cette vie au séjour même où nous contemplerons l’hôte divin, Père, Fils
et Saint-Esprit, qui a tant aimé sa créature humaine.
Jésus nous enseigne
encore dans ce passage, tiré du discours qu’il adressa à ses disciples après la
Cène, que le divin Esprit qui descend sur nous aujourd’hui est envoyé par le
Père, mais par le Père « au nom du Fils » ; de même que dans un
autre endroit Jésus dit que « c’est lui-même qui enverra
l’Esprit-Saint » [21].
Ces diverses manières de s’exprimer ont pour but de nous révéler les relations
qui existent dans la Trinité divine entre les deux premières personnes et le
Saint-Esprit. Ce divin Esprit est du Père, mais il est aussi du Fils ;
c’est le Père qui l’envoie ; mais le Fils l’envoie aussi ; car il
procède de l’un et de l’autre comme d’un même principe. En ce grand jour de la
Pentecôte, notre reconnaissance doit donc être la même envers le Père qui est
la Puissance, et envers le Fils qui est la Sagesse ; car le don qui nous
arrive du ciel vient de tous les deux. Éternellement le Père a engendré son
Fils, et quand la plénitude des temps fut venue, il l’a donné aux hommes pour
être dans la nature humaine leur médiateur et leur sauveur ; éternellement
le Père et le Fils ont produit l’Esprit-Saint, et, à l’heure marquée, ils l’ont
envoyé ici-bas pour être dans les hommes le principe d’amour, comme il l’est
entre le Père et le Fils. Jésus nous enseigne que la mission de l’Esprit est
postérieure à la sienne, parce qu’il a fallu que les hommes fussent d’abord
initiés à la vérité par celui qui est la Sagesse. En effet, ils n’auraient pu
aimer ce qu’ils ne connaissaient pas. Mais lorsque Jésus a consommé son œuvre
tout entière, qu’il a fait asseoir son humanité sur le trône de Dieu son Père,
de concert avec le Père il envoie l’Esprit divin pour conserver en nous cette
parole qui est « esprit et vie » [22],
et qui est en nous la préparation de l’amour.
L’Offertoire est formé
des paroles du Psaume LXVII, où David prophétise l’arrivée de l’Esprit dont la
mission est de confirmer ce que Jésus a opéré. Le Cénacle efface toutes les
splendeurs du temple de Jérusalem : désormais il n’y a plus que l’Église
catholique qui recevra bientôt dans son sein les rois et les peuples.
En présence des dons
sacrés qui vont être offerts et qui reposent sur l’autel, l’Église, dans la
Secrète, demande que la venue du divin Esprit soit pour les fidèles un feu qui
consume leurs souillures, et une lumière qui éclaire leur esprit par une plus
complète intelligence des enseignements du Fils de Dieu.
L’Antienne de la
Communion célèbre par les paroles du texte sacré le moment de l’avènement de
l’Esprit divin. Le Seigneur Jésus s’est donné à ses fidèles dans l’aliment
eucharistique ; mais c’est l’Esprit qui les a préparés à une telle faveur,
lui qui a change sur l’autel le pain et le vin en le corps et le sang de la
victime sainte, lui qui les aidera à conserver en eux l’aliment sacré qui garde
les âmes pour la vie éternelle.
Mise en possession de son
Époux par le sacré Mystère, l’Église, dans la Postcommunion, implore pour ses
fidèles la permanence de l’Esprit-Saint dans leurs âmes, en même temps qu’elle
nous révèle une des prérogatives de ce divin Esprit, qui, trouvant nos âmes
arides et incapables de fructifier par elles-mêmes, se transforme en rosée pour
les féconder.
A VÊPRES.
La grande journée avance
dans son cours, et remplis du Saint-Esprit comme nous l’avons été à l’heure de
Tierce, nous ne pouvons nous détacher du sublime spectacle dont Jérusalem est
témoin Du cœur des saints Apôtres le feu divin a passé dans la foule qui les
entoure. Le regret d’avoir crucifié « le Seigneur de gloire » [23]
a dompté l’orgueil juif dans ces hommes qui avaient accompagné la victime de
leurs clameurs et de leurs malédictions sur la Voie douloureuse. Que leur
manque-t-il maintenant pour être chrétiens ? Connaître et croire, puis
être baptisés. Du milieu du tourbillon de l’Esprit-Saint qui les enveloppe, la
voix de Pierre et de ses frères retentit : « Celui qui a souffert sur
la croix et qui est ressuscité d’entre les morts est le propre Fils de Dieu
engendre éternellement du Père ; l’Esprit qui se manifeste en ce moment
est la troisième personne dans l’unique et divine essence. » La Trinité,
l’Incarnation, la Rédemption, resplendissent aux yeux de ces disciples de
Moïse, les ombres s’effacent et font place au jour radieux de la nouvelle
alliance. Il est temps que s’accomplisse la parole de Jean-Baptiste au bord du
Jourdain, cette parole dont plusieurs des assistants ont gardé mémoire,
« Au milieu de vous est quelqu’un que vous ne connaissez pas, dont je ne
suis pas même digne de délier la chaussure. Moi, je vous baptise dans
l’eau ; mais lui vous baptisera dans le Saint-Esprit et dans le
feu » [24].
Toutefois ce baptême de
feu, c’est par l’eau qu’il doit s’administrer. L’Esprit qui est feu opère par
l’eau, et il est appelé lui-même « la fontaine d’eau vive ».
L’antique prophète Ézéchiel avait salué de loin cette heure solennelle,
lorsqu’il rendait en ces termes l’oracle divin : « Voici que je
répandrai sur vous une eau pure, et vous serez lavés de toutes vos souillures,
et je vous purifierai de toutes vos idoles. Et je vous donnerai un « cœur
nouveau, et je placerai au milieu de vous un esprit nouveau. Et j’ôterai de
votre poitrine votre cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. Et
je placerai mon Esprit au milieu de vous, et je vous ferai marcher dans la voie
de mes commandements. Et vous garderez ma loi sainte ; et vous serez mon
peuple, et je serai votre Dieu » [25].
La prophétie était
claire, et l’heure à laquelle l’Esprit arrivait était la même où l’eau allait
couler. Cet élément sur lequel planait l’Esprit divin à la première origine de
ce monde, nous l’avons vu, dans l’Épiphanie, recevoir au Jourdain le contact de
la chair sacrée du Verbe incarné, et la céleste colombe unir son action
sanctifiante à celle du Fils de Dieu. Récemment nous vîmes la main du Pontife,
au Samedi saint, dans la consécration de la fontaine baptismale, plonger le
cierge, type du Christ, dans les eaux, et nous l’entendîmes faire cette
prière : « Qu’elle descende dans cette fontaine, la grâce et la vertu
de l’Esprit-Saint ! »
Aujourd’hui la source
purifiante répand ses eaux dans Jérusalem ; la main de Pierre et celles de
ses frères plongent dans l’élément sacré ces fils d’Israël, et trois mille
hommes ont relevé un front chrétien et régénéré. Qu’ils sont beaux, ces ancêtres
de notre foi, en qui nous vénérons les prémices de l’accomplissement des
prophéties ! Plus beaux encore que les trois Mages que nous vîmes
autrefois avec tant de joie descendre de leurs chameaux et pénétrer dans
l’étable, pour déposer aux pieds du divin Roi des Juifs les offrandes mystiques
de l’Orient. Maintenant toute la série des mystères est accomplie ; nous
sommes rachetés, Jésus est assis à la droite de son Père, et l’Esprit divin,
envoyé par lui, vient de nous arriver, et il doit demeurer avec nous jusqu’à la
fin des siècles. Voilà pourquoi les sources des Sacrements sont ouvertes. A
cette heure, l’Esprit du Père et du Fils a levé le premier des sceaux, et l’eau
baptismale coule pour ne plus s’arrêter dans son cours, jusqu’à ce qu’elle ait
régénéré le dernier des chrétiens qui doit passer sur cette terre. Mais le
divin Esprit est le « Don du Dieu Très-Haut » ; les saints
Apôtres sont en possession de ce don fait aux hommes : ils ne doivent pas
le retenir pour eux. Un second sceau est donc levé, et le sacrement de
Confirmation fait descendre sur les néophytes l’Esprit qui a éclaté dans le
Cénacle. Par la vertu qui est en eux, Pierre et ses frères, pontifes de la loi
nouvelle, communiquent à ces hommes, dans le Saint-Esprit, la force divine qui
leur sera désormais nécessaire pour confesser ce Jésus de Nazareth dont ils
sont pour jamais les heureux membres.
Mais ils ne sont pas
assez divinisés encore, ces nouveau-nés à la grâce céleste, marqués déjà d’un
double caractère ; il leur reste à communier au Christ, au divin
instituteur des Sacrements, au médiateur et rédempteur qui a réuni Dieu et
l’homme. Il faut qu’un troisième sceau soit levé, que le sacerdoce nouveau
agissant pour la première fois par les Apôtres, produise Jésus, le Pain de vie,
et que cette multitude saintement affamée goûte cette manne qui ne nourrit pas
seulement le corps comme celle du désert, « mais qui donne la vie au
monde » [26].
L’auguste Cénacle, tout embaumé encore du souvenir de la merveille que le
Christ y opéra la veille de sa Passion, revoit le sublime prodige dont il fut
témoin. Entouré de ses frères, Pierre consacre le pain et le vin par les
paroles divines que sa bouche n’avait pas prononcées encore, et l’opération de
l’Esprit d’amour produit entre ses mains le corps et le sang de Jésus. Le
Sacrifice nouveau est inauguré, et désormais il sera offert chaque jour jusqu’à
la consommation des siècles. Les néophytes s’approchent, et par les mains des
saints Apôtres ils entrent en possession de l’aliment céleste qui consomme leur
union avec Dieu, par Jésus Pontife éternel selon l’ordre de Melchisédech.
Mais n’oublions pas en ce
grand jour, à ce premier Sacrifice offert par Pierre, assisté de ses collègues
dans l’apostolat, la participation de Marie à cette chair divine dont son sein
virginal a été la source. Embrasée des feux de l’Esprit-Saint qui est venu
confirmer en elle cette maternité à l’égard des hommes que Jésus lui confia sur
la croix, elle s’unit dans le mystère d’amour à ce fils bien-aimé qui s’en est
allé aux cieux, et qui l’a chargée de veiller sur son Église naissante.
Désormais le Pain de vie lui rendra son fils chaque jour, jusqu’à ce
qu’elle-même soit enlevée à son tour dans les cieux pour jouir éternellement de
sa vue, recevoir ses caresses et lui prodiguer les siennes.
Quel ne fut pas le
bonheur de ceux des néophytes auxquels il fut donné, en cette heureuse journée,
d’approcher d’une si auguste reine, de la Vierge-Mère, à qui il avait été donné
de porter dans ses chastes flancs celui qui était l’espérance d’Israël !
Ils contemplèrent les traits de la nouvelle Ève, ils entendirent sa voix, ils
éprouvèrent le sentiment filial qu’elle inspire à tous les disciples de Jésus.
Dans une autre saison, la sainte Liturgie nous parlera de ces hommes
fortunés ; nous ne rappelons en ce moment leur bonheur que pour montrer
combien fut grande et complète cette journée qui vit le commencement de la
sainte Église. La hiérarchie sacrée apparut dans Pierre, Vicaire du Christ,
dans les Apôtres ses frères, dans les disciples choisis par Jésus lui-même. La
semence de la parole divine fut jetée dans la bonne terre, l’eau baptismale
régénéra l’élite des enfants d’Israël, l’Esprit-Saint leur fut communiqué dans
sa force, le Verbe divin les nourrit de sa chair qui est vraiment une
nourriture et de son sang qui est vraiment un breuvage [27],
et Marie les reçut à leur nouvelle naissance dans ses bras maternels.
Unissons-nous maintenant
à la sainte Église, et chantons avec elle les louanges du divin Esprit qui,
descendu à l’heure de Tierce, a rempli de tant de merveilles ce premier jour où
il débute dans sa divine mission.
L’Office
des Vêpres s’ouvre par la proclamation du nombre quinquagénaire qui
réunit les deux Pentecôtes. L’Antienne nous montre en même temps les disciples
au Cénacle dans l’attente de l’arrivée du Don promis.
Le Psaume CIX que
l’Église chante sous cette Antienne représente le triomphe du Christ dans son
Ascension. Il s’assied à la droite du Père, et c’est de là que, Dieu et homme,
il consolide son règne sur la terre, en envoyant aujourd’hui son Esprit pour
habiter avec nous jusqu’à ce que lui-même redescende, vengeur de son Église,
qu’il affranchira du joug de ses ennemis, et emmènera avec lui dans la gloire
éternelle.
L’attente des disciples a
été comblée, l’Esprit divin est descendu sur eux, mais il ne s’est pas borné à
visiter leurs âmes ; dès aujourd’hui, c’est le monde tout entier qu’il
vient conquérir.
Le second Psaume, CX,
célèbre les bienfaits de Dieu envers son peuple : l’alliance promise, qui
se consomme aujourd’hui, la rédemption de l’homme et la fidélité du Seigneur à
ses promesses. La mission du Saint-Esprit avait été annoncée par les Prophètes
et par Jésus lui-même : le Seigneur a daigné dégager sa parole en ce jour.
L’Esprit divin s’empare
des disciples, il les rend aptes à parler ; car c’est par la parole qu’ils
feront la conquête du monde.
Le troisième Psaume, CXI,
chante la félicité de l’homme juste et ses espérances. La lumière qui s’élance
du sein des ténèbres, c’est Jésus, le Fils éternel de Dieu ; c’est ensuite
l’Esprit-Saint qui éclate tout à coup aujourd’hui. Le pécheur qui s’irrite à la
vue des dons de Dieu, c’est le Juif incrédule qui ferme les yeux à la lumière
et repousse le divin Esprit, comme il avait repoussé le Fils du Père céleste.
Dans son allégresse la
pensée des trois mille néophytes de ce jour, la sainte Église chante la
fontaine d’eau vive que l’Esprit divin a fait jaillir pour leur
régénération ; elle nous les montre comme d’heureux poissons qui s’agitent
dans les ondes du salut.
Le quatrième Psaume,
CXII, est un chant de louange au Seigneur qui, du haut du ciel, a pris pitié de
la nature humaine, et qui, pour la relever de l’abaissement où elle
languissait, lui a d’abord envoyé son propre Fils, et aujourd’hui fait descendre
vers elle son divin Esprit.
En ce grand jour,
l’Esprit-Saint a conquis le monde ; mais c’est par la parole des Apôtres
qu’il s’en est rendu le maître, cette parole d’une éloquence miraculeuse qu’il
a formée en eux, et à laquelle il a joint sa toute-puissance.
Le cinquième Psaume,
CXIII, rappelle d’abord la première Pâque, la sortie de l’Égypte et les
prodiges qui l’accompagnèrent et la suivirent. On y voit ensuite les nations
devenues esclaves de leurs idoles ; mais aujourd’hui le divin Esprit
suscite des conquérants qui abattront ces vains simulacres. La maison d’Israël
et la maison d’Aaron ne se vanteront plus d’être les seules à servir le vrai
Dieu. Instruits par les hommes à la langue de l’eu, tous les peuples acquerront
la crainte du Seigneur et espéreront en lui. Nous ne sommes plus au nombre de
ces morts qui ne louent pas Dieu ; mais nous vivons de la vie surnaturelle
que le Fils de Dieu a conquise pour nous par sa Passion et par sa Résurrection,
et que l’Esprit-Saint fait pénétrer en nous par le divin mystère de ce jour.
L’Hymne est celle que
nous avons déjà chantée à Tierce, à l’heure même où le divin Esprit descendit
dans le Cénacle. La grandeur des pensées et l’onction du sentiment forment le
caractère de ce sublime cantique, toujours nouveau et toujours inépuisable.
Vient ensuite le Cantique
de Marie, partie essentielle de l’Office du soir, accompagné du solennel
encensement de l’autel. L’accent de cet hymne divin s’est enrichi encore. Ce
n’est plus seulement la Vierge portant en elle le Fils éternel du Père que l’on
entend épancher les émotions de son âme ; c’est la Mère de Dieu inondée
des feux de l’Esprit-Saint, et préparée pour le nouveau ministère qui l’attend.
Le cantique est harmonisé pour la fête au moyen de la magnifique Antienne qui
le précède : « Aujourd’hui sont accomplis les jours de la Pentecôte,
alléluia. Aujourd’hui l’Esprit-Saint a apparu aux disciples sous la forme du
feu, et il a répandu en eux les dons de ses grâces. Il les a envoyés dans le
monde entier prêcher et rendre témoignage. Celui qui croira et sera baptisé
sera sauvé, alléluia. »
Selon notre usage, nous
achèverons une si sainte journée en réunissant, comme dans un concert, les voix
de toutes les Églises célébrant le glorieux mystère de la Pentecôte chrétienne.
Nous nous sommes unis à la sainte Église Romaine dans tous les cantiques de ce
jour ; il nous faut entendre maintenant la voix de l’Église grecque. Saint
Jean Damascène est autour de l’Hymne qui suit, et que nous empruntons au
Pentecostarion.
HYMNE.
Au sortir du nuage divin,
le prophète dont la langue était tardive promulgua la loi écrite par le doigt
de Dieu ; guéri de son infirmité, il avait contemplé de l’œil de l’âme
celui qui est, et il célébra dans de sacres cantiques la science de l’Esprit
qu’il avait reçu.
Le grave et auguste
Maître avait dit à ses disciples : « Ne vous séparez point, ô mes
amis ! Lorsque je serai assis sur le trône sublime de mon Père, je
répandrai la grâce infinie de l’Esprit dans tout son éclat sur vous qui désirez
la connaître. »
Sa carrière étant terminée,
le Verbe, fidèle à sa promesse, remplit leurs cœurs d’un doux recueillement.
Ayant achevé son œuvre, il répand sur ses amis d’abord un souffle violent,
bientôt des langues enflammées ; lui le Christ, il leur donne l’Esprit et
dégage ainsi sa parole.
Le pouvoir divin dépasse
toute borne ; de gens illettrés il fait des orateurs, leur parole réduira
les sophistes au silence, et semblable à un éclair éblouissant, l’Esprit
enlèvera à leur nuit profonde des peuples innombrables.
Cet Esprit tout-puissant,
splendide, incorruptible, procédait de la lumière incréée, de la substance que
le Père transmet au Fils ; aujourd’hui, langue de feu dans Sion, il
manifeste aux nations cette lumière qu’il puise dans la divinité.
Et toi, ô Fils de Dieu
qui as réuni deux natures, tu prépares le bain divin de la régénération ;
l’eau d’un tel bain s’est épanchée de ton côté, ô Verbe, et l’ardeur puissante
de l’Esprit en est le sceau.
Vous êtes les vrais
serviteurs du Dieu souverain, vous qui adorez l’essence trois lois lumineuse.
Le Christ met aujourd’hui la dernière main à son bienfait surnaturel, envoyant
pour notre salut celui qu’exprime le feu, versant sur nous la grâce universelle
de l’Esprit.
Enfants de l’Église, fils
de la lumière, recevez la rosée enflammée de l’Esprit, et par elle la rémission
et l’affranchissement de vos péchés ; car aujourd’hui la loi est sortie de
Sion, la grâce du Saint-Esprit, sous a forme d’une langue de feu.
Autrefois on entendit un
concert d’instruments qui conviait les hommes à adorer la statue d’or
inanimée ; maintenant, c’est la grâce lumineuse du Paraclet qui les rend
dignes de s’écrier : O Trinité unique, égale en pouvoir, sans
commencement, nous te bénissons.
Oubliant l’oracle du
Prophète, des insensés disaient que l’ivresse des Apôtres était produite par le
vin ; on entendait retentir tous les langages étrangers ; pour nous,
nous n’avons qu’un cri : Toi qui renouvelles divinement l’univers, sois
béni.
L’heure de Tierce fut
choisie pour l’effusion d’une telle grâce ; elle signifiait que l’on
devait adorer trois personnes dans l’unité de puissance ; en ce jour du
Dimanche, le premier des jours, ô Père, o Fils, ô Esprit, soyez béni.
L’Église arménienne
mérite d’être écoutée à son tour. Les strophes suivantes si majestueuses et si
remplies de mystère remontent au cinquième siècle. La tradition les attribue à
Moïse de Khorène, ou à Jean Matagouni.
CANON PRIMAE DIEI.
La colombe envoyée aux
hommes est descendue des cieux, annoncée par un grand bruit ; voilée sous
l’emblème d’une lumière éclatante, elle a couvert d’une armure de feu, sans
qu’ils en fussent brûlés, les disciples qui étaient encore assis dans le sacré
cénacle.
C’est la colombe
immatérielle, insondable, qui pénètre les profondeurs de Dieu, qui annonce le
second et terrible avènement, qui procède du Père, et que l’on nous enseigne
lui être consubstantielle.
Gloire au plus haut des
cieux, à l’Esprit-Saint qui procède du Père ! Les Apôtres ont été enivrés
à son calice immortel, et ils ont invité la terre à s’unir au ciel.
Esprit divin et
vivifiant, rempli de bonté pour les hommes, tu as éclairé par les langues de
feu ceux qui étaient rassemblés par le lien d’un mutuel amour ; c’est
pourquoi nous célébrons aujourd’hui ton avènement sacré.
Les saints Apôtres ont
été comblés de délices à ton arrivée ; en parlant diverses langues ils ont
attiré des disciples qu’aucun lien n’aurait réunis ; c’est pourquoi nous
célébrons aujourd’hui ton avènement sacré.
Tu t’es servi d’eux pour
embellir, par le saint et spirituel baptême, la terre entière ; tu l’as
couverte de vêtements nouveaux d’une blancheur éclatante ; c’est pourquoi
nous célébrons aujourd’hui ton avènement sacré.
Toi qui reposes sur le
char des chérubins, Esprit-Saint, tu es descendu aujourd’hui des cieux sur le
chœur apostolique : sois béni, roi immortel !
Toi qui t’avances sur
l’aile des vents, Esprit-Saint, tu t’es partagé en langues de feu, et tu t’es
reposé sur les Apôtres : sois béni, roi immortel !
Toi qui prends soin de
toutes les créatures dans ta providence, Esprit-Saint, tu es venu aujourd’hui
pour affermir ton Église : sois béni, roi immortel !
La Liturgie ambrosienne
nous donne cette belle Préface qui, dans sa concision, réunit tous les mystères
de la Pentecôte.
PRÉFACE.
Æquum et salutare, nos in
hac præcipua festivitate gaudere, qua sacratissimum Pascha quinquaginta dierum
mysteriis tegitur, et mysticus numerus adimpletur, et dispersio linguarum, quæ
dudum per superbiam in confusione facta fuerat, nunc per Spiritum Sanctum
adunatur. Hodie enim de cœlis repente sonum audientes Apostoli unius fidei
symbolum exceperunt, et linguis variis Evangelii tui gloriam cunctis gentibus
tradiderunt. Per Christum Dominum nostrum.
Il est juste et salutaire
que nous nous laissions aller à la joie, en cette illustre solennité qui vient
ajouter à la Pâque sacrée le mystère des cinquante jours et compléter ainsi le
nombre mystique. C’est pareillement en ce jour que la division des langues, qui
avait été opérée autrefois pour humilier l’orgueil, fait place maintenant à
leur réunion par le Saint-Esprit. C’est aujourd’hui que les Apôtres, après
avoir entendu soudain un bruit qui venait du ciel, ont reçu le symbole de la
foi unique, et parlant diverses langues, ont révélé à toutes les nations la
gloire de votre Évangile. Par le Christ notre Seigneur.
L’Église gothique
d’Espagne procède avec son abondance et son enthousiasme accoutumés, dans cette
magnifique Illation que nous fournit son Missel mozarabe.
ILLATIO.
Dignum et justum est, omnipotens
Deus, pro possibilitate carnali munerum tuorum beneficia confiteri, et indultum
hodierno die donum salutis æternæ anniversaria semper commemoratione celebrare.
Etenim pro adventu Spiritus tui Sancti tacere quis audeat ? cum omnis per
Apostolos tuos etiam gentium barbararum lingua non taceat. Quis enim enarrare
valet hujus hodierno die ignis illapsum, sic distributa discipulis genera
universa linguarum ; ut nec Latinus Hebræo, nec Græcus Ægyptio, nec Scytha
Indo, propria dum quisque et peregrina audiens loquitur lingua, detrimentum vel
alienigeni fecerit, vel sui senserit intellectus ? Quaque virtute sit
actum, quod dicentis veritatis præconibus per spatia immensa terrarum unius
atque indivisibilis donum doctrinæ cœlestis pro potestate voluntaria partiretur ?
Nihil agens unitati fidei dissonum, quamvis multiplicis scientia ;
distributione pulcherrimum, et multimoda mirificum exstiterit varietate
sermonum. Ostendens quod confessioni dominicæ non impedit diversitas linguas,
nec interest quod vario quis sermone fateatur, dummodo unus sit ille qui
creditur.
Obsecramus igitur,
Domine, ut hæc nostra confessio de cordibus filiorum promissionis emissa, tibi
Pater gloriæ, semper accepta sit, et ad speranda ac promerenda ea quæ tuis
fidelibus promisisti, sensus nostros divini Spiritus infusione benedicas atque
sanctifices. Effusa etenim ad nostram indulgentiam tuæ glorias largitate inter
innumera dona atque opera Sancti Spiritus, nihil sublimius Ecclesiæ exordiis
collatum fuisse cognoscimus, quam ut præconium Evangelii tui ora linguis
universarum gentium loquerentur. Et hoc non nisi Sancti Spiritus tui gratia
revelante, qui nobis post Resurrectionis Filii tui gloriam, transactis septem
hebdomadibus venit : ostendens quod etsi septiformis est, tamen in uno
gradu omnium concordantium sibi virtutum summa consistit. Ac sicut septem
unum in numeris est, sic septem inveniuntur in singulis. Hi sunt sine dubio
septem gradus templi tui, per quos ad cœlorum regna conscenditur. Hic est
quinquagesimus remissionis annus olim in legis tropologiis prædicatus. Hic
est fructus messis novæ, qui hodie mandatur offerri. Qui licet ante omnia
sæcula semper æternus sit : tamen nobis quum innotuit, tunc novus effectus
est.
Nec illud sine mysterio
esse significans, quod post Ascensionem Filii tui decima nobis die hoc munus
infunditur, ostendens quod cultoribus vineæ hic esset a patrefamilias denarius
repromissus. Magnum autem et præ omnibus necessarium fuit hoc tibi divini
muneris signum, quod quum super capita discipulorum ignea conscendisset forma
linguarum, de cordibus credentium nec dissonum aliquid faceret prodire nec
tepidum ; sed prædicatores Verbi tui et intelligentia essent unanimes, et
charitate ferventes. O ignis exurendo fœcundans ! Hunc igitur omnipotentem
esse Dominum omnis intellectualis creatura vivificatione fatetur, cujus etiam
Cherubin et Seraphin, ferventes copiosius igne, speciali ejus vocabulo
sanctitatis divinæ magnificantes æqualitatem atque omnipotentiam Trinitatis,
requiem non habentes, nec tali unquam officio lassescentes, cœlestium
exercituum præcinentibus choris, perenni jubilatione decantant, adorant atque
magnificant, ita dicentes : Sanctus ! Sanctus ! Sanctus’
Il est juste et
raisonnable ô Dieu tout-puissant, que nous célébrions, dans la faiblesse de
notre nature, vos dons et vos bienfaits, et que chaque année nous honorions
particulièrement la mémoire de celui que vous avez daigné nous faire
aujourd’hui pour notre éternel salut. Qui oserait garder le silence sur
l’arrivée de votre Esprit-Saint, en ce jour où pas une seule langue des nations
barbares n’est oubliée par vos Apôtres ? Mais qui pourrait raconter
dignement le mystère de ce feu qui descend aujourd’hui, et les idiomes de tous
les peuples inspirés aux disciples, en sorte que le Latin et l’Hébreu, le Grec
et l’Égyptien, le Scythe et l’Indien, s’exprimant dans une langue qui leur
était inconnue, n’altèrent en rien l’idiome qui leur est étranger, et entendent
parler sans altération celui qui leur est propre ? Qui pourrait décrire le
divin pouvoir qui vient à son gré répandre sur ceux qui devront prêcher la
vérité parlante par toute la terre, le don d une doctrine céleste, une et
indivisible ? Ni la science ainsi distribuée dans la plus riche variété,
ni la diversité merveilleuse des langages, n’enlèvent rien à l’unité de la foi.
Nous apprenons ici que la dissemblance des idiomes n’arrête en rien la louange
du Seigneur, et que peu importe la langue dont on se sert, si le même Dieu est
l’objet d’une même foi.
Nous vous supplions donc,
Seigneur, Père de la gloire, d’agréer notre confession qui s’élève vers vous du
cœur des enfants de la promesse. Daignez par l’infusion du divin Esprit, bénir
et sanctifier nos âmes, les rendant capables d’espérer et de mériter la
récompense que vous avez promise à vos fidèles. Dans l’effusion que votre
munificence pleine de gloire a faite pour notre salut, entre les œuvres et les
dons de votre Esprit-Saint, nous ne voyons rien déplus sublime, à l’origine de
l’Église, que la prédication de votre Évangile accomplie par des bouches qui
parlaient les langues de toutes les nations Un tel prodige ne pouvait être
produit que par la grâce de l’Esprit-Saint, qui est venu à nous sept semaines
après la glorieuse Résurrection de votre Fils, montrant ainsi que s’il est
septiforme, toutes ses puissances se concentrent dans une harmonieuse unité, et
que de même que sept est à part dans les nombres, ainsi sept se retrouve en
chacun d’eux. De là les sept degrés de votre temple par lesquels nous entrons
au royaume des deux. De là la cinquantième année, celle de la rémission si
célèbre dans les mystères de la loi. C’est le fruit de la moisson nouvelle
qu’il nous est commandé d’offrir aujourd’hui. Il est avant tous les siècles, il
est éternel ; mais pour nous il est devenu nouveau, quand il nous a
apparu.
Ce n’est pas non plus
sans mystère qu’un tel don est répandu sur nous le dixième jour après
l’Ascension de votre Fils ; nous y reconnaissons ce denier promis par le
Père de famille aux ouvriers de la vigne. Il nous fallait ce signe imposant de
votre divine bonté qui s’est montrée lorsque la forme des langues apparaissant
en feu sur es têtes des disciples, elle fit produire aux cœurs des croyants ces
nouveaux accents dans lesquels ne paraissait rien de dissonant ni de tiède.
Prédicateurs de votre Verbe, on les vit unanimes dans l’intelligence et embrasés
de charité. O feu qui brûles et fécondes en même temps ! Toute créature
éclairée par le principe de vie confesse que ce feu est le Seigneur
tout-puissant. C’est lui dont l’ardeur embrase les Chérubins et les ardents
Séraphins désignés par son nom, et qui glorifiant avec transport l’égalité de
la sainteté divine et la toute-puissance de la Trinité, n’ont pas de repos, et
sans jamais se lasser chantent, adorent et glorifient dans une jubilation
éternelle, disant en commun avec les chœurs des armées célestes :
Saint ! Saint ! Saint !
Le moyen âge des Églises latines a célébré le
mystère de la Pentecôte dans de magnifiques Séquences. Nous en insérons
quelques-unes dans le cours de l’Octave. Aujourd’hui nous reproduisons celle
qui fut longtemps attribuée au pieux roi Robert. Cette pièce intéressante, dont
Notker est le véritable auteur, a disparu des Missels romains-français au XVIIe
siècle, et on l’y a remplacée par la Séquence romaine, Veni, Sancte Spiritus.
Nous avons pensé que l’on ne devait pas laisser périr ce noble cantique dont
parlent nos anciens chroniqueurs, et que tous les historiens modernes
confondent à l’envi avec la Séquence du Missel romain, qui n’a dans sa
composition et dans son rythme aucun rapport avec les Séquences du XIe siècle.
SÉQUENCE.
Sancti Spiritus
Adsit nobis gratia.
Quæ corda nostra
Sibi faciat
Habitaculum,
Expulsis inde
Cunctis vitiis
Spiritualibus.
Spiritus alme,
Horridas
Nostræ mentis
Purga tenebras.
Amator sancte
Sensatorum
Semper cogitatuum.
Infunde unctionem
tuam
Clemens nostris sensibus.
Tu, purificator
Omnium flagitiorum,
Spiritus.
Purifica nostri
oculum
Interioris hominis.
Ut videri
Supremus Genitor
Possit a nobis.
Mundi cordis
Quem soli cernere
Possunt oculi.
Prophetas tu
inspirasti,
Ut præconia Christi
Præcinuissent inclyta.
Apostolos
confortasti,
Ut trophæum Christi
Per totum mundum veherent.
Quando machinam
Per Verbum suum
Fecit Deus
Cœli, terræ, marium,
Tu, super aquas
Foturus eas,
Numen Tuum expandisti,
Spiritus
Tu animabus
Vivificandis
Aquas fœcundas.
Tu aspirando
Das spiritales
Esse homines.
Tu divisum
Per linguas mundum et
ritus
Adunasti, Domine.
Idololatras
Ad cultum Dei revocas.
Magistrorum optime.
Ergo nos
Supplicantes tibi
Exaudi propitius,
Sancte Spiritus.
Sine quo preces
omnes
Cassæ creduntur
Et indignæ Dei auribus
Tu qui
Omnium sæculorum
sanctos
Tui numinis docuisti instinctu,
Amplectendo Spiritus.
Ipse hodie
Apostolos Christi
Donans munere insolito
Et cunctis inaudito sæculis,
Hunc diem gloriosum fecisti.
Amen
Que la grâce de
l’Esprit-Saint daigne nous assister
Qu’elle fasse de nos
cœurs son habitation,
Qu’elle en expulse les
vices de notre esprit.
O vous qui éclairez les
hommes, Esprit plein de bonté,
Chassez les sombres
ténèbres qui attristent notre âme.
Vous qui êtes l’ami des
sages pensées, bon et saint,
Répandez votre onction
dans nos âmes.
O Esprit, c’est vous qui
nous purifiez de tous nos péchés.
Purifiez en nous l’œil de
l’homme intérieur,
Afin que nous puissions
un jour contempler le Père suprême,
Qu’il n’est donné de voir
qu’à ceux qui ont le cœur pur.
C’est vous qui avez
inspiré les Prophètes, et leur avez fait célébrer d’avance les louanges du
Christ.
Vous avez fortifié les
Apôtres pour élever le trophée du Christ par le monde entier.
Lorsque Dieu, par son
Verbe, créa le ciel, la terre et la mer,
Vous fîtes planer votre
divinité sur les eaux pour les féconder, ô Esprit !
Maintenant vous donnez à
ces eaux la vertu de vivifier les âmes.
Votre souffle rend les
hommes spirituels.
Le monde divisé en
diverses langues et en divers cultes, vous l’avez réuni en un seul, ô
Seigneur !
O Docteur rempli de
bonté, c’est vous qui avez rappelé les idolâtres au culte du vrai Dieu.
Daignez donc,
Esprit-Saint, exaucer nos supplications.
Sans vous toutes nos
prières seraient vaines et indignes de monter jusqu’à l’oreille de Dieu.
C’est vous qui, par vos
divines caresses, avez instruit et dirigé les saints dans tous les siècles, ô
Esprit !
Décorant aujourd’hui les
Apôtres de dons nouveaux et inconnus aux âges précédents,
Vous avez rendu ce jour
glorieux à jamais. Amen
[1]
Act II, 1.
[2]
Ephes. III, 19.
[3]
Luc. XII, 49.
[4]
Johan III, 8.
[5]
1er Répons du Jeudi de la Pentecôte.
[6]
In Johan. Tract. XXII.
[7]
Psalm. XLV.
[8]
Act. II.
[9]
Act. II, 37.
[10]
Act. II, 38-39.
[11]
Act. II, 40.
[12]
Johan. VII, 39.
[13]
Johan. IV, 10.
[14]
Deut. IV, 24.
[15]
Matth. VI, 24.
[16]
Johan. I, 5.
[17]
I Petr. II, 9.
[18]
Johan. I, 13.
[19]
Ibid. III, 16.
[20]
Psalm. CIII, 30.
[21]
Johan. XV, 26.
[22]
Ibid. VI, 64.
[23]
I Cor. II, 8.
[24]
Johan. I, 26.
[25]
Ézech. XXXVI, 25-28.
[26]
Johan. VI, 33.
[27]
Johan. VI, 56.
Bhx
Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum
Station à Saint-Pierre.
En ce jour, moyennant
l’effusion de l’Esprit Saint, Jésus, ressuscité des morts et assis à la droite
du Père, communique aux membres de son corps mystique sa vie divine. Ainsi
l’Église qui, jusqu’à présent, vagissait comme en un berceau entre les murs étroits
du Cénacle, ayant atteint son entière perfection, toute rayonnante de sainteté
et de vérité, fait sa première apparition au monde. Le Saint-Esprit qui pénètre
aujourd’hui ses membres vierges lui communique la vie de Jésus, l’associant à
son idéal et à son œuvre rédemptrice ; aussi saint Paul a-t-il pu dire que
les labeurs apostoliques des ouvriers de l’Évangile font partie de l’œuvre de
la Rédemption ; bien plus, le Sauveur sur le chemin de Damas a déclaré au
même Apôtre qu’il était persécuté lui-même et souffrait dans les membres de son
Église.
Le protagoniste de la
première Pentecôte chrétienne est Pierre, autour de qui se serre le petit
troupeau de Sion : il commence aujourd’hui l’exercice de la primauté
pontificale en annonçant le premier la nouvelle évangélique aux représentants
des diverses nations sans distinction de patrie ni d’origine, sans différence
de frontières, de royaumes ou de cités ; au nom de l’Église entière, c’est
également Pierre qui proteste contre la vulgaire calomnie d’ébriété lancée
contre les apôtres ; c’est lui enfin qui, dans cette première prédication,
convertit et baptise les trois mille premiers néophytes qui augmentent la
famille du Nazaréen.
C’est pourquoi la station
de ce jour, à la différence de celle de Pâques, est dans la basilique vaticane,
où, autrefois, le Pape célébrait les premières vêpres, les vigiles nocturnes et
la messe. Selon le rit romain des plus grandes solennités de l’année, cette
nuit l’office vigilial était double : d’abord on en célébrait un dans l’hypogée
où l’on vénérait la châsse sépulcrale de l’Apôtre, puis un second à l’autel
majeur. En ce dernier office qui était le plus solennel, les chanoines
chantaient la première leçon, les cardinaux la seconde et le Pape lui-même la
troisième. Après la messe, le Pontife était couronné du regnum et retournait
processionnellement au Latran.
L’introït, emprunté à la
Sagesse (I, 7), demande à être goûté à travers la mélodie à la fois majestueuse
et joyeuse dont l’orna l’antique génie musical grégorien. On sait que tous les
textes actuels du Missel et du Bréviaire sont revêtus de riches mélodies. De
même que celui qui veut goûter une œuvre théâtrale ne se borne pas à-lire le
livret du poète, mais doit entendre la musique et voir la mise en scène de
l’œuvre, ainsi, pour bien saisir la beauté, le génie de la sainte liturgie, sa
puissance d’action sur le peuple chrétien, faut-il la voir intégralement
reproduite dans toute la splendeur que lui donnent l’édifice, les ministres
sacrés, leurs vêtements, les chants, les harmonies et les rites, et ne pas se
contenter d’en juger d’après quelque réduction amoindrie.
« L’esprit de Dieu a
rempli la terre, et ce cosmos qui contient tout dit des paroles de
sagesse. » Cela fut dit d’abord de la sagesse et de la bonté dont Dieu a
laissé de profondes traces dans la création, mais convient beaucoup plus encore
à l’ordre surnaturel auquel Dieu nous a élevés. Le Seigneur a répandu son
Paraclet sur tous les chrétiens ; la prédication évangélique, moyennant
laquelle le Saint-Esprit initie les croyants aux intimes secrets de la
Divinité, a retenti dans tous les royaumes, jusqu’aux derniers confins du
monde ; et aujourd’hui, grâce à son catéchisme, une pauvre vieille femme
de village en sait plus sur Dieu et sur sa propre fin dernière que tous les
anciens sages d’Athènes et de Rome.
Le beau psaume 67 suit
l’antienne : « Que Dieu se lève et que ses adversaires soient mis en
déroute ; que ceux qui l’ont haï fuient devant lui. » Cet hymne de
guerre convient fort bien à la manifestation sur terre du Paraclet. Il est venu
venger l’innocence de Jésus, et il le fait en comblant l’Église d’une telle
transcendance de sainteté, qu’elle forme comme un feu préludant au jugement
final des ennemis de Dieu. Celui qui ne croit pas et n’aime pas a déjà été jugé
par le Paraclet. Il s’est mis de lui-même hors de la voie du salut.
La collecte est la
suivante : « O Dieu qui, en ce jour, avez enseigné les cœurs de vos
disciples par les lumières du Paraclet, accordez-nous, grâce à son assistance,
de penser avec rectitude, et ainsi d’avoir part également à ses
consolations. » L’Église demande ici deux grâces : la première est le
sens des choses de Dieu, ce qui dénote une certaine santé spirituelle et est la
conséquence de la vie intérieure que le Paraclet alimente dans notre âme. La
seconde est de recevoir le réconfort de l’Esprit Saint qui s’appelle
précisément Paraclet parce que Jésus nous l’a donné pour nous encourager à
soutenir les luttes de la vie chrétienne, par ses consolations spirituelles, et
nous détourner de chercher celles de la nature corrompue, lesquelles nous
seraient nuisibles.
Dans la lecture tirée des
Actes des Apôtres (II, 1-11) il est question du miracle de la descente du
Saint-Esprit sur les Apôtres. Il faut en remarquer les circonstances. Les Onze
s’y étaient préparés par leur retraite de dix jours dans la compagnie et sous
les auspices de la Très Sainte Vierge. Ils vivaient en commun, dans la paix et
l’harmonie, sous l’obéissance de Pierre. Ils vaquaient à la prière durant
l’heure de Tierce. L’Esprit Saint descendit sur eux sous la forme de langues de
feu. Que doit nous enseigner tout cet ensemble de circonstances, sinon l’esprit
de recueillement, une tendre dévotion à la sainte Vierge, une soumission
absolue au Vicaire du Christ, un grand amour pour la concorde et pour la
charité fraternelle, même au prix de notre trop susceptible personnalité, et
enfin une ardeur infatigable pour la prière ?
Ce sont là les meilleures
conditions pour obtenir le don de l’amour de Dieu. C’est aussi ce qui nous est
demandé, afin que l’Esprit Saint nous transforme en apôtres, ce dont bénéficiera
notre prochain également.
Le verset alléluiatique
est tiré du psaume 103, précisément comme l’offertoire
de cette nuit. Le Saint-Esprit change l’aspect de la terre, puisque, de
fils d’Adam pécheur il nous élève à la hauteur vertigineuse de fils de Dieu. Le
règne du péché et le régime de la douloureuse servitude étant détruits, l’ère
messianique commence dans le monde. La nature elle-même semble se hâter de devancer
par ses vœux ce jour où elle sera vengée de la honte où maintenant elle est
retenue captive par le pécheur, alors que celui-ci se sert d’elle pour des fins
déréglées, et, malgré elle, la déflore et la prostitue à ses propres passions.
C’est saint Paul qui, dans une pensée pleine d’énergie, nous représente cette
création regardant au loin, dans l’attente de son libérateur : Exspectatio
enim creaturae revelationem filiorum Dei exspectat [28].
Enfin viendra le jour de la revanche, quand la nature tout entière se lèvera en
armes avec son Créateur pour tirer vengeance de son injuste oppresseur :
Et armabit creaturam ad ultionem inimicorum, et pugnabit pro illo or bis
terrarum contra insensatos [29].
Toutefois cette réhabilitation de la créature commence déjà, puisque, comme
l’Église le dit au Martyrologe le jour de Noël, Jésus mundum volens adventu suo
piissimo consecrare [30],
a décidé que la terre serait le théâtre des mystères de sa vie, de sa passion
et de sa mort. En outre, par les sacrements et les sacramentaux, il a élevé la
matière à la dignité de véhicule par quoi est transmise aux fidèles la grâce cm
Saint-Esprit.
Ainsi cette nature qui,
au commencement, par ses attraits, séduisit et égara l’homme, et fut enveloppée
dans sa malédiction, est bénie par le Paraclet dans le Nouveau Testament, et
concourt ainsi à la sanctification de ceux qui s’en servent loyalement avec foi
et avec une âme reconnaissante envers Dieu qui nous l’a concédée.
Le verset précédant
l’Évangile est, par le texte et par la mélodie, parmi les plus inspirés de tout
l’Antiphonaire Grégorien. La liturgie le répète à l’occasion de la consécration
des nouveaux autels, lorsque, sur la table encore humide de saint Chrême, on
fait brûler cinq petits cierges posés, en forme de croix, chacun sur un grain
d’encens. Tout l’autel apparaît alors enveloppé de flammes rappelant le feu
céleste qui dans l’Ancien Testament consumait parfois les victimes.
« Alléluia. Venez, ô divin Esprit, remplissez les cœurs de vos fidèles, et
tous les chrétiens le sont, parce que le baptême dans la Trinité les consacre
définitivement à la gloire et à la sainteté du Père, du Fils et du
Saint-Esprit. Allumez en eux la flamme du divin amour, ou mieux, soyez
vous-même cette flamme inextinguible qui détruise dans notre cœur toutes les
scories, toute la paille, tout ce qui n’est pas métal élu et ne sert pas, comme
dit saint Paul, à la construction de l’édifice spirituel du temple divin qui
doit s’élever en nous. » Il est prescrit par la rubrique que cette
invocation à l’Esprit Saint, pleine de tendresse, soit chantée à genoux.
Sancti Spiritus
Adsit nobis gratia,
Quæ corda nostra sibi
Faciat habitaculum,
Expulsis inde cunctis
Vitiis spiritualibus.
Spiritus alme,
illustrator hominum,
Horridas nostræ mentis
Purga tenebras.
Amator sancte sensatorum
Semper cogitatuum,
Infunde unctionem tuam
Clemens nostris sensibus.
Tu, purificator omnium
Flagitiorum, Spiritus,
Purifica nostri oculum
Interioris hominis.
Ut videri supremus
Genitor possit a nobis,
Mundi cordis quem soli
Cernere possunt oculi.
Prophetas tu inspirasti,
ut præconia
Christi præcinuissent
inclita.
Apostolos confortasti, ut
trophæum
Christi per totum mundum
veherent.
Quando machinam per
Verbum suum
Fecit Deus cœli, terræ,
maris,
Tu, super aquas foturus
eas, numen
Tuum expandisti,
Spiritus.
Tu animabus vivificandis
Aquas fœcundas.
Tu adspirando da
spiritales
Esse homines,
Tu divisum per linguas
mundum
Et ritus adunasti,
Spiritus.
Idololatras ad cultum Dei
revocas.
Magistrorum optime,
Ergo nos supplicantes
tibi
Exaudi propitius, sancte
Spiritus,
Sine quo preces omnes
cassæ
Creduntur et indignæ Dei
auribus.
Tu qui omnium sæculorum
sanctos
Tui numinis docuisti
instinctu,
Amplectendo spiritus,
Ipse hodie Apostolos
Christi
Donans munere insolito
Et cunctis inaudito
sæculis
Hunc diem gloriosum
fecisti.
De l’Esprit Saint
Que nous assiste la grâce
Pour que nos cœurs
Deviennent son
habitation,
Étant d’elle tous
expulsés
Les vices spirituels.
Esprit Saint, lumière des
hommes.
Chassez de notre âme
Les horribles ténèbres.
Vous qui aimez toujours
Les pensées judicieuses,
Répandez votre onction
Avec clémence dans nos
sens.
Vous Esprit purificateur
De toutes les hontes,
Purifiez l’œil
De notre homme intérieur.
Afin que puisse être vu
Par nous, le Père
Que seuls peuvent voir
Les yeux des cœurs purs.
Vous avez inspiré les
Prophètes afin qu’ils célébrassent
Les louanges illustres du
Christ.
Vous avez réconforté les
Apôtres,
Afin qu’ils portent à
travers tout le monde le trophée du Christ.
Quand Dieu fit par son
Verbe
Le ciel, la terre, la
mer,
Vous, planant sur les
eaux,
Vous avez étendu votre
puissance ô Esprit.
Pour vivifier les êtres,
Vous fécondez les eaux.
Par votre souffle vous
donnez
Aux hommes d’être
spirituels.
Le monde divisé par les
langues
Et par les mœurs, vous
l’avez réuni, ô Esprit.
Vous appelez au culte de
Dieu les idolâtres.
O le meilleur des
maîtres,
Nous vous supplions donc,
Exaucez-nous
favorablement, Esprit Saint,
Sans qui toutes les
prières sont vaines,
Et indignes des oreilles
de Dieu, nous le croyons.
Vous qui, dans tous les
siècles, avez enseigné les saints
Par une impulsion de
votre volonté,
Les entourant de
l’Esprit ;
Aujourd’hui, aux Apôtres
du Christ
Donnant un présent
inaccoutumé
Et inouï à travers les
siècles,
Vous avez fait ce jour
glorieux
Voici le texte de la
pieuse séquence qui a été accueillie dans le Missel Romain réformé par saint
Pie V :
Veni, Sancte
Spíritus,
et emítte cǽlitus
lucis tuæ rádium.
Veni, pater
páuperum ;
veni, dator
múnerum ;
veni, lumen córdium
Consolátor óptime,
dulcis hospes
ánimæ,
dulce refrigérium.
In labóre réquies,
in æstu tempéries,
in fletu solácium.
O lux beatíssima,
reple cordis íntima
tuórum fidélium.
Sine tuo númine
nihil est in
hómine,
nihil est innóxium.
Lava quod est
sórdidum,
riga quod est
áridum,
sana quod est sáucium.
Flecte quod est
rígidum,
fove quod est
frígidum,
rege quod est dévium.
Da tuis fidélibus,
in te confidéntibus,
sacrum septenárium
Da virtútis
méritum,
da salútis éxitum,
da perénne gáudium.
Amen. Allelúia
Venez ô Saint-Esprit,
Et envoyez du ciel
Un rayon de votre lumière
Venez, Père des
pauvres,
Venez, distributeur des
dons,
Venez, lumière des cœurs.
Très bon
Consolateur,
Doux hôte de l’âme,
Doux rafraîchissement.
Vous êtes le repos dans
le labeur,
Abri dans les ardeurs
brûlantes.
Consolation dans les pleurs.
O lumière
bienheureuse,
Remplissez jusqu’au plus
intime les cœurs
De vos fidèles.
Sans votre volonté,
Il n’est rien dans
l’homme,
Rien d’innocent.
Purifiez ce qui est
souillé,
Arrosez ce qui est
aride,
Guérissez ce qui est blessé.
Ployez ce qui est
rigide,
Réchauffez ce qui est
froid,
Ramenez ce qui est égaré.
Donnez à vos
fidèles,
Qui se confient en
vous,
Vos sept dons sacrés.
Donnez le mérite de la
vertu,
Donnez l’issue du
salut,
Donnez la joie éternelle.
Ainsi soit-il. Alléluia. On répète cette séquence pendant toute l’octave.
La lecture évangélique
est empruntée à saint Jean (XIV, 23-31). Si quelqu’un aime vraiment Jésus, si
bien qu’en lui ce feu sacré de la charité ait dévoré tout autre élément
terrestre désordonné, alors le règne de Dieu arrive dans son cœur à son plein
et stable développement. C’est la divine Trinité qui vient établir en lui sa
mystique demeure, grâce à une union très forte et très intime de l’âme avec
Dieu. Le nœud de cette union entre l’âme, fiancée à Jésus, et son virginal
Époux, c’est l’Esprit Saint, qui, avec une surabondance de ses charismes,
dispose l’heureuse créature au jour fortuné de ses noces définitives avec Dieu.
Un tel état, observent les mystiques, est très élevé, et rares sont les âmes
qui y arrivent, faute de générosité pour se donner tout entières à Dieu et se
laisser emporter par son Esprit dans des régions plus hautes que la pauvre
nature.
Jésus continue dans le
saint Évangile à décrire la mission ordinaire du Paraclet au milieu des fidèles.
Il doit compléter la formation des Apôtres et, moyennant l’indéfectible
assistance qu’il prête à l’Église enseignante, il doit ainsi conférer un
caractère d’éternité à cette joyeuse annonce de l’Évangile du Royaume, ordonné
au salut des âmes.
Les Apôtres s’attristent
du départ imminent de Jésus. Ils considèrent ce fait selon le jugement de la
raison humaine, sans s’élever jusqu’aux régions supérieures de la foi, où l’on
entrevoit la sainte humanité de Jésus glorifiée par le Père. Cette
glorification du Chef commence aussi celle des membres, en sorte que les
Apôtres, au lieu de se lamenter, devraient se réjouir du départ du divin
Maître.
Il n’est pas nécessaire
d’insister sur les circonstances qui accompagnent ce départ, c’est-à-dire la
haine de Satan, qui incite ses adeptes à mettre Jésus à mort. Une feuille ne
tombe pas sans que Dieu le veuille. Jésus ne succombe pas à la colère du démon,
qui effectivement n’a sur lui aucun droit ni aucun pouvoir. Si Jésus mourut, ce
ne fut pas par la volonté des juifs et du diable leur père, mais plutôt parce
que, librement, il daigna prendre sur lui les péchés du genre humain, s’offrant
à Dieu sur l’autel de la Croix, Victime agréable et volontaire, hostie
d’adoration glorifiant la sainteté du Père.
L’antienne pour l’offertoire
est tirée du psaume 67. La scène survenue dans le Cénacle de Jérusalem — le
premier temple chrétien — n’a pas un caractère transitoire ; elle inaugure
une économie stable d’amour et de salut, puisque, au moyen des Apôtres, Dieu
donne encore aux fidèles cette brillante σφραγίς, c’est-à-dire ce sceau
spirituel et précieux qui est le gage indéfectible de notre adoption comme fils
de Dieu. Le peuple chrétien devient donc une famille de rois. Il offre au
Seigneur les dons mêmes qui lui conviennent — nous sommes au moment de
l’offertoire. Ces dons sont justement symbolisés par les oblations qu’on
présente à l’autel, grâce auxquelles le sacrifice du peuple est uni à celui du
Christ, tout comme dans le calice sacré l’eau est mélangée avec le suc de la vigne.
La collecte sur les
oblations est identique à celle de cette nuit. On y demande deux choses au
Seigneur : que le feu du Paraclet consume le sacrifice de notre cœur qui,
grâce au don de la piété, se consacre tout à Dieu et commence à vibrer, holocauste
perpétuel, uniquement pour lui ; et aussi que ce même Paraclet descende
sur l’offrande que nous venons de déposer sur le saint autel, afin que les
sentiments d’intense dévotion qu’il nous inspire fassent de l’Eucharistie un
sacrement utile et efficace pour notre sanctification.
Durant toute l’octave de
la Pentecôte on insère dans le Canon consécratoire les commémoraisons du
Saint-Esprit que nous avons déjà reproduites en parlant de la messe
de la vigile. Cette fois, de telles évocations de la primitive Pentecôte
chrétienne dans le Cénacle sur la colline de Sion sont d’autant plus émouvantes
qu’on pense à la fonction spéciale accomplie par le Saint-Esprit sur le
Calvaire. Dans les ardeurs de son ineffable sainteté, il consuma alors la
divine Victime qui, per Spiritum Sanctum semetipsum obtulit immaculatum
Deo [32].
Aussi les Pères, invoquant le Paraclet dans les antiques épiclèses
eucharistiques, l’invitaient-ils à descendre sur l’autel et à couvrir de son
ombre les oblations sacrées, à titre de testis passionum Christi tui [33].
C’est toujours la fonction du Saint-Esprit : Ille testimonium perhibebit
de me [34].
Lui qui connaissait bien l’ineffable martyre du Crucifié, puisqu’il l’avait
sanctifié de ses ardeurs, doit maintenant en rendre témoignage au monde. Et de
quelle manière ? En assurant dans les âmes les effets de la rédemption au
moyen de l’effusion des dons charismatiques.
L’antienne pour la
Communion est tirée de la lecture des Actes des Apôtres. On entendit une
rumeur, comme le bruit d’un ouragan impétueux. Les disciples furent remplis du
Saint-Esprit et commencèrent à publier les grandeurs de Dieu. Le vent impétueux
est là pour indiquer la force et en même temps la suavité de la motion de
l’Esprit Saint. La force, car qui peut résister à Dieu ? La suavité, parce
que cette motion n’entraîne avec soi aucune violation de la liberté de
l’arbitre humain, mais c’est Dieu même qui le forme et le dirige selon son bon
plaisir. Il ne nous meut pas contre notre vouloir — ce serait nous faire
violence — mais il nous donne de vouloir le bien.
La collecte eucharistique
est celle de la messe de la vigile. L’Esprit Saint est comparé à une rosée
délicieuse qui, tout en effaçant les taches de notre cœur, le rend fécond pour
faire le bien.
Sans cette rosée, notre
pauvre cœur est comme un terrain brûlé par le soleil. Le feu impur de la
concupiscence le dessèche et en fait une masse pierreuse où ne peut germer
aucune herbe. L’Esprit Saint survient et éteint ces profanes ardeurs ; la
terre desséchée du cœur reçoit alors la bienfaisante rosée céleste et le
Saint-Esprit y dépose les germes des vertus les meilleures.
Tertullien a défini le
Chrétien : un composé de corps, d’âme et d’Esprit Saint. Cette phrase
semble paradoxale, mais elle doit être expliquée dans le sens où l’entendait
son auteur. C’est l’Esprit Saint qui, par sa grâce, élève intérieurement l’âme
à l’être surnaturel de fille adoptive de Dieu. La motion du Paraclet est donc
ce qui détermine tous nos actes méritoires ; en sorte que, quand nous
invoquons Jésus, quand nous gémissons à ses pieds, quand nous souffrons, quand
nous agissons pour Dieu, c’est toujours le Saint-Esprit qui prie, gémit, opère
en nous. En outre c’est lui qui testimonium reddit spiritui nostro quod sumus
filii Dei [35] ;
bien plus, c’est précisément le Spiritum Filii sui [36],
que Dieu a répandu en nous pour nous donner part, avec Jésus, au caractère de
fils de prédilection. Ce même Esprit qui, durant notre vie, habite en nous et
nous imprime l’impulsion vers le ciel, ne termine pas son œuvre à notre mort.
Au dernier jour, il exige la réédification du temple mystique qu’il s’est formé
dans l’âme croyante, et cela propter inhabitantem Spiritum eius in nobis [37].
[28]
« Aussi la créature attend-elle d’une vive attente la manifestation des
enfants de Dieu. » Rom. 8, 19.
[29]
« Il armera les créatures pour se venger de ses ennemis, et tout l’univers
combattra avec Lui contre les insensés. » Sap. 5, 18 & 21.
[30]
« Voulant consacrer le monde par sa très sainte venue. »
[31]
Dom Guéranger donne aussi ce texte dans son commentaire plus haut : mais
il y a quelques variantes et dans le texte latin et dans la traduction dans la
version donnée par le Bhx Schuster.
[32]
« Par l’Esprit-Saint s’est offert Lui-même sans tache à Dieu » »
Heb. 9, 14.
[33]
« Témoin des souffrances de votre Christ. » Cf. I Petr. 5, 1.
[34]
« Il rendra témoignage de moi. » Jn. 15, 26.
[35]
« L’Esprit Lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants
de Dieu. » Rom. 8, 16.
[36]
« L’Esprit de son Fils. » Gal. 4, 6.
[37]
« Par son Esprit qui habite en nous. » Cf. Rom. 8, 11.
Dom
Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique
LA GRANDE FÊTE DE LA
PENTECÔTE
La Pentecôte (d’un mot
grec qui veut dire le cinquantième jour) est l’octave double et jubilaire de la
fête de Pâques (7 X 7 + 1). C’est en même temps le second point culminant du
cycle festival de Pâques. La Pentecôte n’est donc pas une fête
indépendante ; c’est l’achèvement et la conclusion de la fête de Pâques.
Nous pourrions peut-être dire que la Pentecôte est pour Pâques ce que l’Épiphanie
est pour Noël. Il faut cependant tenir compte de la différence
essentielle [38].
Si nous voulions établir
un parallèle, nous pourrions dire : A Pâques, le Christ, le divin Soleil,
s’est levé ; à la Pentecôte, il est à son zénith, il chauffe, mûrit et
apporte la vie.
Ou bien une autre
comparaison. A Pâques, le jardin de l’Église est dans sa plus riche floraison
avec les nouveaux baptisés et les chrétiens renouvelés. A la Pentecôte, les
fleurs sont devenues des fruits qui chargent les branches des arbres. Le
jardinier est le Sauveur Jésus-Christ qui fait pousser les jeunes plantes ;
le soleil qui a fait mûrir les fruits, c’est le Saint-Esprit.
Encore une troisième
comparaison. A Pâques, nous sommes nés de nouveau, comme enfants de Dieu. Comme
des enfants nouveau-nés, nous ne demandions que le lait maternel de
l’Eucharistie, nous grandissions dans la maison natale de l’Église, heureux et
insouciants comme des enfants. Mais nous avons grandi. L’Église notre Mère, n’a
pas tardé à nous avertir que cet heureux temps passe, que nous sommes ici-bas
des pèlerins et des étrangers, qu’il nous faudra souffrir et endurer des peines
(elle nous a donné cet avertissement, le
troisième dimanche après Pâques). A la Pentecôte, nous sommes déclarés
majeurs. C’est ce que signifie aussi le sacrement de la maturité, la Confirmation.
L’Ancien Testament avait
déjà sa fête de la Pentecôte qu’on appelait aussi la fête des semaines. C’était
une fête d’action de grâces pour la moisson, c’était le mémorial de la
promulgation de la loi sur le mont Sinaï, dans le désert. C’était une figure de
la fête chrétienne de la Pentecôte. C’est maintenant aussi que commence la
moisson, la moisson des âmes. Avec la Pentecôte, commencent aussi le travail et
l’action du Saint-Esprit. Le Sauveur a promis, avant de nous quitter, qu’il ne
nous laisserait pas orphelins, mais qu’il nous enverrait un autre Paraclet ou
consolateur qui nous enseignerait tout et nous rappellerait tout. C’est
pourquoi la Pentecôte est la fête du Saint-Esprit. Il importe de nous rappeler,
de nouveau, son action dans l’Église et dans les âmes. Pensons donc davantage
au Saint-Esprit que nous rencontrons partout. Il demeure dans notre âme et,
depuis le baptême, il fait de notre corps et de notre âme son temple, la maison
de Dieu ; « Ne savez-vous pas que vos corps sont les temples du
Saint-Esprit qui demeure en vous ? Portez donc et honorez Dieu dans votre
corps ». Quelle vie sainte nous mènerions si nous avions toujours
conscience que le Saint-Esprit demeure en nous !
Dans l’Église, son action
embrasse tout. Il nous sanctifie par les sacrements, surtout par la sainte
Eucharistie.
Le Christ est au ciel. Il
y participe au gouvernement du monde, il y est notre médiateur auprès du Père.
Mais son Église sur la terre est dirigée et conduite par le Saint Esprit. Dans
l’Eucharistie, le Christ est assurément présent, mais il ne veut pas y
continuer son action telle qu’il l’exerça en Judée. Dans l’Eucharistie, il veut
seulement être notre victime et notre nourriture. Bien plus, l’Eucharistie est
un instrument dont se sert l’Esprit-Saint pour nous sanctifier et nous
glorifier.
Le Saint-Esprit est l’âme
de l’Église. Nous avons souvent entendu dire que l’Église est le corps mystique
du Christ ; mais ce corps est vivant et la vie suppose une âme. Cette âme,
c’est le Saint-Esprit. Si nous pouvions bien saisir cette vérité ! Quelle
est l’importance de l’âme dans le corps ? Elle est le principe vital. Dès
que l’âme se sépare du corps, le corps est mort, incapable de sensation, de
pensée, de vouloir ; bref, le corps sans âme se dissout. Or le Saint-Esprit
est l’âme du grand corps de l’Église. Il est le principe de vie pour l’Église
et pour l’âme ; c’est lui qui nous donne et nous conserve la vie divine.
Ce n’est que par lui que nous pouvons prier, ce n’est que par lui que nous
pouvons faire quelque chose de bien.
Il y a trois lieux dans
l’Église où le Saint-Esprit agit particulièrement : le confessionnal, la
chaire et l’autel. Au-dessus de ces trois lieux, le Saint-Esprit plane
invisiblement. C’est par le Saint-Esprit qu’est conféré aux prêtres le pouvoir
de remettre les péchés : « Recevez le Saint-Esprit, les péchés seront
remis à ceux à qui vous les remettrez », dit le Sauveur au soir de sa
Résurrection. La rémission des péchés par le prêtre est une œuvre du
Saint-Esprit. La prédication aussi est une œuvre du Saint-Esprit. Nous savons
que la prédication n’est pas le discours ordinaire d’un homme ; c’est la
parole de Dieu. Le prédicateur prête à Dieu sa langue et sa bouche. Mais c’est
le Saint-Esprit qui donne au magistère de l’Église l’infaillibilité.
Enfin, c’est surtout la
sainte messe qui est une œuvre du Saint-Esprit. De même qu’autrefois la sainte
humanité du Christ fut formée par le Saint-Esprit (« il a été conçu du
Saint-Esprit »), de même c’est le Saint-Esprit qui change le pain et le vin
au corps et au sang de Jésus-Christ. Aussi, au moment de l’Offertoire, on
implore la descente du Saint-Esprit sur les oblats.
Célébrons donc la grande
fête de la Pentecôte avec un triple sentiment. D’abord dans un sentiment de
joie. Dans aucune autre fête, nous n’entendons des paroles comme celles de la
préface d’aujourd’hui : « C’est pourquoi, dans une abondance de
joies, le monde entier tressaille sur la surface de la terre ». Comme le
chrétien est donc heureux ! Ayons ensuite une foi forte et ferme à la
présence et à l’action puissante du Saint-Esprit dans l’Église et dans l’âme.
Nous devons sentir formellement l’action du Saint-Esprit dans l’Église et dans
notre âme. Parce que l’Église et notre âme ne sont pas encore parfaites, nous
devons éprouver un troisième sentiment, un désir ardent de la venue du
Saint-Esprit qui nous portera à implorer cette venue : « Viens,
Saint-Esprit, remplis les cœurs de tes fidèles. »
Si nous voulons célébrer
comme il faut la Pentecôte, remplissons-nous de cette persuasion. Aujourd’hui
se renouvelle mystiquement dans nos âmes le miracle de la première Pentecôte
chrétienne. Au Saint-Sacrifice, le Saint-Esprit est « versé sur les
enfants de miséricorde ». C’est ainsi que nous célèbrerons une belle et
sainte fête de Pentecôte.
DIMANCHE DE LA PENTECÔTE
STATION A SAINT PIERRE
« Aujourd’hui est
venu le jour de la Pentecôte. Alléluia ; Aujourd’hui le Saint-Esprit est
apparu aux disciples dans le feu, et leur a communiqué ses dons de grâce :
Il les a envoyés dans le monde entier pour prêcher et rendre témoignage :
celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, Alléluia » (Ant. Magn., IImes
Vêpres). « Le Jour de la Pentecôte, dans lequel, à Jérusalem, le
Saint-Esprit descendit sur les disciples sous la forme de langues de feu »
(Martyrologe.).
Les grandes fêtes doivent
être célébrées entièrement avec l’Église ; la journée doit être sanctifiée
par la prière des Heures qui est divisée selon le temps, mais le point
culminant doit être la messe. (Je suppose que les lecteurs possèdent l’office
de la Pentecôte).
1. L’office des
Heures. — La Pentecôte, comme toutes les grandes fêtes, est encadrée par
deux vêpres, les premières, au commencement, et les secondes la fin. Elles sont
l’introduction et la conclusion de la fête.
Aux premières vêpres,
nous entendons déjà tous les thèmes de la Pentecôte. Nous célébrons l’action du
Saint-Esprit ; on entend même le thème du baptême (4e antienne), mais nous
chantons surtout l’Esprit Créateur qui répand la vie (hymne). Au magnificat,
nous célébrons joyeusement le retour du Christ dans son Église par le
Saint-Esprit.
Ce qui n’est qu’indiqué
d’une manière thématique est développé et exposé dans les matines de la fête.
Les matines sont le drame de prière d’une fête. Les matines de la Pentecôte,
comme celles de Pâques, n’ont qu’un nocturne. En effet, dans la nuit de la Pentecôte
comme dans la nuit de Pâques, avaient lieu les cérémonies du baptême et il ne
restait plus qu’une veille de nuit pour la prière nocturne. Les trois psaumes
peuvent être comparés à un triptyque qui montre trois images :
Ière image :
le fait historique et l’importance du miracle de la Pentecôte : sous le
voile du Psaume 47 , nous
voyons l’action puissante de l’ouragan de la Pentecôte.
2e image :
L’action du Saint-Esprit dans son Église. Si difficile que soit le Psaume 67 (c’est un
des plus obscurs du psautier), il est cependant clair qu’il s’agit de la marche
victorieuse de Dieu par l’arche d’alliance, de l’Égypte à travers le désert
jusqu’à la terre promise et à la-colline de Sion, d’où le Dieu d’alliance étend
son empire sur le monde. Cet empire universel se développe dans le Christ et
son Église — sous l’action du Saint-Esprit.
<
3e image : La
nouvelle création par le Saint-Esprit, Le Psaume 103 est une
description très poétique de l’œuvre des six jours. La magnificence de la
Création visible est une image et un symbole de ta Création spirituelle et
invisible, qui est l’œuvre du Saint-Esprit dans l’âme et dans l’Église.
Les leçons de Matines
sont tirées d’un sermon de saint Grégoire 1er, que ce grand pape prononça, il y
a plus de 1300 ans, dans une cérémonie liturgique de la Pentecôte, à
Saint-Pierre de Rome. (Ces leçons nous indiquent qu’à cette époque (vers 600)
et certainement aussi, longtemps avant, les deux lectures de la messe étaient
les mêmes).
« Et mon Père
l’aimera et nous viendrons à lui et nous établirons notre demeure chez lui.
Considérez, très chers frères, quelle dignité c’est que de donner l’hospitalité
à Dieu dans son cœur ! Si un ami riche ou puissant venait dans notre maison,
est-ce qu’on ne nettoierait pas en toute hâte la maison, afin qu’il ne s’y
trouvât rien qui pût déplaire à l’ami au moment de son entrée ? Qu’il
écarte donc les souillures des mauvaises œuvres, celui qui prépare la maison de
son cœur pour Dieu ! Mais observez bien ce que dit la divine vérité :
« Nous viendrons et nous établirons notre demeure chez lui ». Dieu
vient sans doute dans le cœur de certains hommes, mais il ne prend pas demeure
en eux, car bien qu’ils cherchent Dieu au temps de la componction, au temps de
la tentation ils oublient tout ce qui les avait amenés à la componction et ils
reviennent à leur ancienne vie de péché, comme s’ils n’avaient jamais pleuré
leurs péchés ».
Les Laudes sont la prière
du matin, dans laquelle nous unissons la louange matinale de la Création à la
célébration de la nouvelle Création spirituelle opérée par le Saint-Esprit.
Parmi les petites Heures (prières du jour), l’Heure de tierce (qui se récite
vers 9 heures) a une importance particulière, parce que c’est justement à cette
heure-là que le Saint-Esprit descendit, le jour de la Pentecôte C’est pourquoi
Tierce est consacrée, toute l’année, au Saint-Esprit (chaque jour, dans
l’hymne, on implore sa descente). Pendant toute l’Octave, cette petite Heure
est caractérisée par ce fait qu’on y chante la belle hymne : Veni Creator.
2. La messe
(Spiritus Domini). — L’Église s’adapte encore d’une manière précise à la
succession du temps. Cinquante jours après Pâques, l’Église se réunit dans le
« Cénacle » de la maison de Dieu. Elle se réunit vers la
« troisième heure » (l’heure de tierce — 9 heures — est consacrée au
Saint-Esprit ; c’est aussi, les jours de fêtes, l’heure où l’Église désire
que l’on célèbre la messe), et attend la plénitude du Saint-Esprit dans le
sacrifice eucharistique.
La messe de la fête est
donc la célébration du mystère de la descente du Saint-Esprit. Nous sommes à
Saint-Pierre, l’église des peuples, comme jadis, le jour de la première
Pentecôte, les peuples de toutes langues se rassemblaient autour du Cénacle.
Introït : L’Esprit
vit désormais dans les cœurs des hommes de tous les peuples ; il unit les
langues alors que le péché les avait brouillées. Dans le psaume 67, nous
chantons le triomphe de l’Église à travers les temps. La leçon décrit le
miracle historique de la Pentecôte. Ce miracle se renouvelle et, même, se
réalise d’une manière plus complète qu’alors. Et pourtant, le miracle de la
Pentecôte est loin d’être achevé en nous. Tant que nous vivons et tant que
l’Église demeure sur la terre, il faut que les langues de feu descendent sur
nous.
C’est pourquoi les textes
contiennent de si instantes implorations : « Veni — Viens.
Saint-Esprit... » (Alléluia et Séquence) Ce Veni Sancte Spiritus n’est pas
une parole de l’Écriture ; c’est un texte composé par l’Église. Mais il
lui est si cher : qu’elle le chante et le récite à genoux. Il a quelque
chose du Maranatha de la primitive Église. La Séquence n’est qu’une méditation
sur cet impérissable « Veni Sancte Spiritus ».
Dans l’Évangile, (le
dernier passage du discours d’adieu qui parle du Saint-Esprit), le Seigneur
lui-même décrit l’action du Saint-Esprit : il fait de nous le temple de la
Trinité (pensée chère à saint Paul et à la primitive Église), il est notre
docteur et notre inspirateur, il nous confère le don de la paix, il nous
insuffle l’esprit du martyre. Ce don, nous le recevons, aujourd’hui et chaque
jour, dans le sacrifice eucharistique.
Une pièce d’une
particulière beauté est l’Offertoire. En tant que rois (nous avons été remplis
de l’esprit des princes), nous faisons notre procession d’offrande vers
Jérusalem (c’est notre autel) ; nous portons nos présents et nous
demandons le renouvellement de la Confirmation (confirma) et l’affermissement
de l’œuvre pascale en nous (la Pentecôte est l’achèvement de Pâques).
La communion est le
renouvellement de l’envoi du Saint-Esprit et le miracle de la Pentecôte
s’accomplit en nous (Comm.).
3. Le miracle de la
Pentecôte. — Racontons maintenant comment le Saint-Esprit descendit sur
les Apôtres. Comme on le sait, après l’Ascension du Seigneur les Apôtres et les
disciples retournèrent à Jérusalem. Ils demeurèrent ensemble dans la salle du
Cénacle, dans ce lieu sacré où le Sauveur était si souvent apparu, dans ce lieu
qui fut la première église chrétienne. Ils étaient rassemblés, là, environ 120
personnes. C’est là qu’ils élurent Matthias Apôtre à la place du malheureux
Judas ; c’est là qu’ils prièrent et qu’ils attendirent le Saint-Esprit.
Dix jours étaient passés
depuis l’Ascension du Seigneur. C’était un dimanche, un jour de
Résurrection ; vers 9 heures du matin, ils se trouvaient réunis et ils
priaient avec ferveur. C’est alors que le Saint-Esprit descendit sur eux.
Remarquons bien que tous les grands événements, dans la vie du Christ, se
produisirent pendant qu’il priait. Au moment où le Sauveur, après son baptême,
priait, le ciel s’ouvrit et le Saint-Esprit apparut sous la forme d’une
colombe ; de même, c’est pendant qu’il priait sur le mont Thabor que le
Seigneur fut transfiguré. Sans doute, c’est pendant qu’elle priait que la
Sainte Vierge reçut le message de l’ange et fut couverte de l’ombre du
Saint-Esprit. Il en est de même ici. C’est par la prière que la petite
communauté prépara la voie à l’Esprit qui descendit sur elle. Il en est de même
aujourd’hui à la messe et, en définitive, dans toutes les messes. Par la
prière, nous rendons notre âme apte à recevoir le Saint-Esprit.
La descente du
Saint-Esprit sur les Apôtres fut, il est vrai, intérieure et invisible, mais
elle fut accompagnée de manifestations extérieures. Ces manifestations furent
les suivantes : Il se fit un grand bruit, comme si avait soufflé un vent
violent. Ce bruit vint soudain du ciel ; ce n’était pas une tempête qui
faisait rage autour de la maison, mais ce bruit remplit toute la maison ;
le Cénacle où ils étaient assis. Ce n’était donc pas un vent naturel, mais un
miracle de Pentecôte.
La seconde manifestation
consista en des langues de feu qui se reposèrent sur chacun des Apôtres et des
disciples. Ces langues étaient le signe visible qui indiquait la venue du
Saint-Esprit en eux. Quand nous célébrons aujourd’hui la sainte messe, surtout
au moment de la Communion, la force du Saint-Esprit descend aussi sur nous. Sans
doute nous ne voyons pas de langues de feu, mais nous recevons tout ce
qu’indiquent les langues de feu.
On nous parle encore d’un
troisième effet extérieur de la descente du Saint-Esprit. Les Apôtres et les
disciples purent parler en plusieurs langues. L’Écriture nous raconte encore
qu’en entendant le grand bruit, de nombreux pèlerins, venus pour la fête, se
hâtèrent vers le Cénacle. La Pentecôte, en effet, était une des trois grandes
fêtes juives pour lesquelles les Juifs devaient se rendre à Jérusalem. A ces
fêtes, venaient aussi, volontiers, des Juifs des pays étrangers, et aussi des
païens qui avaient adopté la religion juive. Il y avait donc là une multitude
variée de gens qui parlaient toutes sortes de langue. Ce furent ces gens qui
vinrent. Alors, s’avancèrent les Apôtres. Ces hommes, jusque-là si timides et
qui se renfermaient par peur, sortirent de la maison et chacun se mit à parler
dans une langue différente. Les étrangers furent frappés de stupeur. Les
Apôtres n’étaient pourtant que de simples Galiléens qui ne savaient que leur
langue maternelle, et voilà qu’ils parlaient dans toutes les langues du monde.
Comment cela pouvait-il se faire ? Mais les juifs malveillants ne
tardèrent pas à arriver à leur tour. Ils voulurent détruire l’effet du miracle
de la Pentecôte. Tous ces Galiléens, dirent-ils, sont ivres et c’est dans
l’ivresse qu’ils prononcent ces paroles. Mais Pierre fut prompt à la riposte.
Il dit immédiatement : Non, frères, ce n’est pas cela ; nous ne
sommes pas ivres. Il n’est que 9 heures du matin et les hommes ne sont pas
ivres à cette heure-là. Mais ce que vous voyez est l’accomplissement de la
prophétie de Joël qui dit : Aux jours du Messie, Dieu répandra son Esprit
sur les hommes et ils prophétiseront... Puis, Pierre reproche aux Juifs d’avoir
mis Jésus à mort en le suspendant à la Croix. Cependant, Dieu l’a ressuscité.
Remonté au ciel, il a envoyé le Saint-Esprit sur les Apôtres. — Quand les
nombreux pèlerins eurent entendu le premier sermon de Pentecôte, ils rentrèrent
en eux-mêmes et demandèrent à Pierre : Que devons-nous faire ? Pierre
répondit : Convertissez-vous, faites-vous baptiser, alors vous recevrez le
don du Saint-Esprit. En ce même jour, 3.000 personnes reçurent le baptême.
Nous nous demanderons
peut-être : quelle est l’importance du miracle des langues ?
Rappelons-nous la tour de Babel. Les hommes, alors, voulurent, dans leur
orgueil, élever une tour jusqu’au ciel. Dieu, pour les punir, brouilla leurs
langages. Le péché sépara et désunit les hommes. Mais le Christ est venu pour
rassembler tous les hommes dans une seule Église et les unir avec lui. Il faut
qu’il n’y ait plus désormais qu’une seule famille de peuples. C’est ce que veut
indiquer le miracle des langues. Nous aussi, chrétiens, nous avons reçu un don
des langues qui fait que tous les hommes nous comprennent. Ce don des langues,
c’est la charité qui a été répandue en nous par le Saint-Esprit. La charité
unit tous les peuples ; par la charité, on peut se faire entendre de tous
les hommes.
[38]
Cf. Tome Ier : « Les deux cycles festivaux de l’année liturgique sont
construits de la même manière : il y a d’abord une montée qui est la
préparation, ensuite un cheminement sur les hauteurs pendant le temps des
fêtes, puis une descente dans la plaine pendant le temps où s’achève le cycle.
Le temps de préparation du cycle d’hiver est l’Avent que nous venons d’achever.
Maintenant que ce temps est achevé, nous restons étonnés devant les richesses
de poésie symbolique et dramatique que l’Église a réunies. Intentionnellement
nous avons laissé la liturgie elle-même parler dans ses chants et ses leçons,
afin de pouvoir admirer cette richesse. Nous pouvons affirmer qu’aucun temps de
l’année liturgique ne possède une telle surabondance de cantiques, de versets,
de chants. Comme d’une corne d’abondance la liturgie nous verse la profusion
variée de ses chants.
Maintenant suit, sans
solution de continuité, comme une émanation naturelle de l’Avent, la fête de
Noël. Le temps festival des deux cycles a encore ceci de commun qu’il comprend,
dans l’un et l’autre cas, deux grandes fêtes, qui sont comme les piles du pont
qui supportent tout le temps festival. Dans le cycle d’hiver, nous avons Noël
et l’Épiphanie ; dans le cycle d’été, Pâques et la Pentecôte. Il y a
cependant une différence entre ces deux couples de fêtes. Pâques et la Pentecôte
représentent un développement organique de la même pensée de salut, Noël et
l’Épiphanie sont la répétition de la même pensée. La célébration de ces deux
fêtes ne s’explique que par des raisons historiques. Noël est la fête de la
Nativité de l’Occident et l’Épiphanie celle de l’Orient. L’Occident a adopté
l’Épiphanie et l’Orient Noël. Ces deux fêtes de l’Orient et de l’Occident sont
un monument vénérable de l’union qui régnait autrefois entre les deux Églises,
union que nous voudrions voir renaître, après une séparation millénaire.
L’union malgré toute la différence d’idées et de sentiments !
Les circonstances
historiques qui ont fait de ces deux fêtes des doublets nous aideront à
comprendre bien des particularités et à résoudre bien des difficultés qui
résultent de ce double emploi. Pour nous autres Occidentaux, la fête de Noël
paraîtra toujours plus importante que celle de l’Épiphanie, malgré le rang plus
élevé de cette dernière. Noël est et demeure notre fête, l’Épiphanie nous
touche de moins près. Après quatre semaines où le désir a tendu fortement notre
esprit, Noël est le véritable accomplissement de l’Avent. Il faut cependant
avouer qu’entre l’Avent et l’Épiphanie la parenté de pensées est plus étroite.
Noël est cependant bien la clôture de l’Avent. Il suffit de parcourir les
textes de la Vigile. Nous reprenons toujours ce chant : Demain le péché
originel sera détruit. Noël est la fête de la Rédemption. Par contre, il nous
faut attendre jusqu’à l’Épiphanie pour voir se réaliser la glorieuse visite du
Roi dont la pensée domine l’Avent.
D’ailleurs Noël et
l’Épiphanie ne sont pas de simples doublets. L’Église Occidentale a reçu de
l’Église Orientale sa fête de la Nativité avec son contenu spirituel oriental
et elle l’a développée selon son génie propre. Elle l’a magnifiquement fécondée
et enrichie. Son regard s’est élevé du cercle historique étroit de la naissance
du Seigneur jusqu’à la perspective de la royauté du Christ qui domine les
temps. L’Avent de l’Occident et sa fête de Noël ont bénéficié de cet
élargissement de vues. Finalement les deux fêtes de la Nativité sont devenues
deux solennités distinctes avec un objet indépendant et une progression
intérieure.
Nous avons désormais
quelque chose d’analogue à ce que nous voyons dans le cycle de Pâques. A Pâques
le soleil de la Résurrection se lève et éclaire le monde de ses rayons
brillants. A la Pentecôte, ce soleil est à son midi et sa chaude lumière crée
la vie et la fécondité. A Noël, le soleil de la Nativité se lève sur les
plaines de Bethléem, à l’Épiphanie « la gloire du Seigneur » rayonne
sur Jérusalem. A Noël nous naissons et renaissons avec le Christ notre frère, à
l’Épiphanie le Christ célèbre avec l’Église et l’âme ses noces mystiques. A
Noël « le Christ nous est né » ; c’est comme une fête intime de
famille à laquelle ne participent que quelques privilégiés avec Marie et les
bergers ; à l’Épiphanie, « le Christ nous est apparu »,
c’est-à-dire il a manifesté son apparition au monde ».
SOURCE : http://www.introibo.fr/Commentaires-liturgiques-du-Jour,951#nh1
BENEDICT XVI
GENERAL AUDIENCE
Dear Brothers and Sisters,
In recent catecheses we
reflected on prayer in the Acts of the Apostles, today I would like to begin to
speak about prayer in the Letters of St Paul, the Apostle to the Gentiles.
First of all, I would like to note that it is by no accident that his Letters
open and close with expressions of prayer: at the beginning thanksgiving and
praise, and at the end the hope that the grace of God may guide the path of the
community to whom the Letter is addressed. Between the opening formula: “I
thank my God through Jesus Christ” (Rom 1:8), and his final wish: “The grace of
the Lord Jesus be with you all” (1 Cor 16:23), the Apostle’s letters unfold. St
Paul’s prayer is one which manifests itself in a great many ways that move from
thanksgiving to blessing, from praise to petitions and intercessions, from
hymns to supplication. He uses a variety of expressions which demonstrate how
prayer concerns and penetrates every one of life’s situations, whether they be
personal or of the communities, whom he is addressing.
One element that the
Apostle would have us understand is that prayer should not be seen simply as a
good deed done by us to God, our own action. It is, above all, a gift, the
fruit of the living presence, the life-giving presence of the Father and of
Jesus Christ in us. In the Letter to the Romans, he writes: “Likewise the
Spirit helps us in our weakness; for we do not know how to pray as we ought,
but the Spirit himself intercedes for us with sighs too deep for words” (8:26).
And we know how true it is when the Apostle says: “we do not know how to pray
as we ought”. We want to pray, but God is far, we do not have the words, the
language, to speak with God, not even the thought. We can only open ourselves,
set our time at the disposal of God, waiting for him to help us enter into true
dialogue. The Apostle says: this very lack of words, this absence of words,
even the desire to enter into contact with God is a prayer that the Holy Spirit
not only understands, but carries, interprets, to God. It is precisely our weakness
which becomes, through the Holy Spirit, true prayer, true contact with God. The
Holy Spirit is almost the interpreter who makes God and us ourselves understand
what we want to say.
In prayer we experience,
more so than in other dimensions of life, our weakness, our poverty, our being
created, because we stand before the omnipotence and the transcendence of God.
And the more we progress in listening to and dialoguing with God, for prayer
becomes the daily breathe of our soul, the more we perceive the meaning of our
limits, not just before the concrete situations of every day but in our
relationship with the Lord too. Growing within us is the need to trust, to
trust ever more in him; we understand that “we do not know how to pray as we
ought” (Rom 8:26). And it is the Holy Spirit who helps us in our incapacity,
who illuminates our minds and warms our hearts, guiding us to turn to God. For
St Paul prayer is above all the work of the Spirit in our humanity, taking
charge of our weakness and transforming us from men attached to the material
world into spiritual men. In the First Letter to the Corinthians he writes:
“Now we have received not the spirit of the world, but the Spirit which is from
God, that we might understand the gifts bestowed on us by God. And we impart
this in words not taught by human wisdom but taught by the Spirit, interpreting
spiritual truths to those who possess the Spirit” (2:12-13). With his dwelling
in our human frailty, the Holy Spirit changes us, intercedes for us, leads us
toward the heights of God (cf. Rom 8:26).
With this presence of the
Holy Spirit our union with Christ is realized, for it is the Spirit of the Son
of God in whom we are made children. St Paul speaks of the Spirit of Christ
(cf. Rom 8:9), and not only the Spirit of God. Clearly: if Christ is the Son of
God, his Spirit is also the Spirit of God, and thus if the Spirit of God, the
Spirit of Christ, had already become very close to us in the Son of God and the
Son of man, the Spirit of God too becomes human spirit and touches us; we can
enter into the communion of the Spirit.
It was as if he had said
that not only God the Father was made visible in the Incarnation of the Son,
but also the Spirit of God is manifest in the life and action of Jesus, of
Jesus Christ who lived, was crucified, died and rose again. The Apostle reminds
us that “No one can say ‘Jesus is Lord’ except by the Holy Spirit” (1 Cor
12:3). Therefore, the Spirit directs our heart towards Jesus Christ, in such a
way that “it is no longer we who live, but Christ who lives in us” (cf. Gal
2:20). In his De sacramentis, reflecting on the Eucharist, St Ambrose
says: “Whoever is drunk of the Spirit is rooted in Christ” (5, 3, 12: PL 16,
450).
And now I would like to
underline three consequences in Christian life when we let work within us not
the spirit of the world but the Spirit of Christ as the interior principle of
our entire action.
First, with prayer
animated by the Spirit we are enabled to abandon and overcome every form of
fear and slavery, living the authentic freedom of the children of God. Without
prayer which every day nourishes our being in Christ, in an intimacy which
progressively grows, we find ourselves in the state described by St Paul in his
Letter to the Romans: we do not do the good we want, but the evil we do not
want (cf. Rom 7:19). And this is the expression of the alienation of human
beings, of the destruction of our freedom, the circumstances of our being
because of original sin: we want the good that we do not do and we do what we
do not want to do: evil. The Apostle wants to make us understand that it is not
primarily our will that frees us from these conditions, nor even the law, but
the Holy Spirit. And since “where the Spirit of the Lord is, there is freedom”
(2 Cor 3:17), in prayer we experience the freedom given by the Spirit: an
authentic freedom, which is freedom from evil and sin for the good and for
life, for God. The freedom of the Spirit, St Paul continues, is never
identified with licentiousness, nor with the possibility to choose evil, but
rather with “the fruit of the Spirit is love, joy, peace, patience, kindness,
goodness, faithfulness, gentleness, self control” (Gal 5:22). This is true
freedom: actually to be able to follow our desire for good, for true joy, for
communion with God and to be free from the oppression of circumstances that
pull us in other directions.
A second consequence
occurs in our life when we let work within us the Spirit of Christ and when the
very relationship with God becomes so profound that no other reality or
situation affects it. We understand that with prayer we are not liberated from
trials and suffering, but we can live through them in union with Christ, with
his suffering, in the hope of also participating in his glory (cf. Rom 8:17).
Many times, in our prayer, we ask God to be freed from physical and spiritual
evil, and we do it with great trust. However, often we have the impression of
not being heard and we may well feel discouraged and fail to persevere. In
reality, there is no human cry that is not heard by God and it is precisely in
constant and faithful prayer that we comprehend with St Paul that “the
sufferings of this present time are not worth comparing with the glory that is
to be revealed to us” (Rom 8:18). Prayer does not exempt us from trial and
suffering, indeed — St Paul says — we “groan inwardly as we wait for adoption
as sons, the redemption of our bodies” (Rom 8:23). He says that prayer does not
exempt us from suffering but prayer does permit us to live through it and face
it with a new strength, with the confidence of Jesus, who — according to the
Letter to the Hebrews — “In the days of his flesh, Jesus offered up prayers and
supplications, with loud cries and tears, to him [God] who was able to save him
from death, and he was heard for his godly fear” (5:7). The answer of God the
Father to the Son, to his loud cries and tears, was not freedom from suffering,
from the cross, from death, but a much greater fulfillment, an answer much more
profound; through the cross and death God responded with the Resurrection of
the Son, with new life. Prayer animated by the Holy Spirit leads us too to live
every day a journey of life with its trials and sufferings, with the fullness
of hope, with trust in God who answers us as he answered the Son.
And, the third, the
prayer of the believer opens also to the dimensions of humanity and of all
creation, in the expectation that “creation waits with eager longing for the
revealing of the sons of God” (Rom 8:19). This means that prayer, sustained by
the Spirit of Christ speaking in the depths of each one of us, does not stay
closed in on itself. It is never just prayer for me, but opens itself to
sharing the suffering of our time, of others. It becomes intercession for
others, and like this deliverance from me, a channel of hope for all creation,
the expression of that love of God that is poured into our hearts through the
Spirit whom he has given to us (cf. Rom 5:5). And precisely this is a sign of
true prayer, which does not end in us, but opens itself to others and like this
delivers me, and thus helps in the redemption of the world.
Dear brothers and
sisters, St Paul teaches us that in our prayer we must open ourselves to the
presence of the Holy Spirit, who prays in us with sighs too deep for words, to lead
us to adhere to God with all our heart and with all our being. The Spirit of
Christ becomes the strength of our “weak” prayers, the light of our “darkened”
prayer, the fire of our “barren” prayer, giving us true inner freedom, teaching
us to live facing the trials of existence, in the certainty of not being alone,
opening us to the horizons of humanity and of creation which “has been groaning
in travail” (Rom 8:22). Thank you.
To special groups:
I greet all the English-speaking
visitors present at today’s Audience, including those from, Ireland, India,
Indonesia, Japan, the Philippines, Canada and the United States. I welcome in
particular the pilgrimage groups from Australia. Upon you and your families I
cordially invoke the joy and peace of the Risen Lord.
I am pleased to greet
Cardinal Oscar Rodríguez Maradiaga, President of Caritas Internationalis,
together with Members of the Executive Board and Representative Council. Your
presence here today expresses your communion with the Successor of Peter and
your readiness to welcome the new juridical framework of your organization. I
thank you for this and I am certain that the new structures will support and
encourage your important service to those most in need.
My thoughts now turn
to young people, the sick and newly weds. The Solemnity of
the Ascension of the Lord, which we will celebrate tomorrow, invites us to look
to Jesus who, by ascending to Heaven, entrusts to the Apostles the mandate to
carry his message of salvation throughout the world. Dear young people,
commit yourselves to setting your enthusiasm at the service of the Gospel. You,
dear sick people, live out your suffering united to the Lord, to
offer your own precious contribution to the spreading of the Kingdom of God.
And you, dear newlyweds, witness to the love of Christ with your marital
love.
© Copyright 2012 -
Libreria Editrice Vaticana
Copyright © Dicastero per
la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/en/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20120516.html
Jean
Fouquet (–1478), L'illumination des fidèles par le Saint-Esprit,
miniature extraite des Heures d’Étienne Chevalier, vers 1452-1460, miniature sur parchemin,
16,5 x 12, musée Condé
Holy Ghost
Synopsis of the dogma
The doctrine of
the Catholic Church concerning
the Holy Ghost forms an integral part of her teaching on themystery of
the Holy
Trinity, of which St.
Augustine (On
the Holy Trinity I.3.5), speaking with diffidence, says: "In no
other subject is the danger of erring so
great, or the progress so difficult, or the fruit of a careful study so
appreciable". The essential points
of the dogma may
be resumed in the following propositions:
The Holy Ghost is
the Third Person of the Blessed Trinity.
Though really distinct,
as a Person,
from the Father and the Son, He is consubstantial with
Them; being Godlike
Them, He possesses with Them one and the same Divine Essence or Nature.
He proceeds, not by way
of generation, but by way of spiration, from the Father and
the Son together, as from a single principle.
Such is the belief the Catholic faith demands.
Chief errors
All the theories and all
the Christian sects that
have contradicted or impugned, in any way, the dogma of
theTrinity, have, as a logical consequence,
threatened likewise the faith in
the Holy Ghost. Among these, historymentions the following:
In the second and third
centuries, the dynamic or modalistic Monarchians (certain Ebionites,
it is said, Theodotus of Byzantium, Paul
of Samosata, Praxeas,
Noëtus, Sabellius, and the Patripassians generally) held that the same
Divine Person,
according to His different operations or manifestations, is in turn called the
Father, the Son, and the Holy Ghost; so they recognized a purely
nominal Trinity.
In the fourth century and
later, the Arians and
their numerous heretical offspring:
Anomans or Eunomians,Semi-Arians, Acacians,
etc., while admitting the triple personality,
denied the consubstantiality. Arianismhad
been preceded by the Subordination theory of some ante-Nicene writers, who
affirmed a difference and a gradation between the
Divine Persons other than those that arise from their relations in
point of origin.
In the sixteenth century,
the Socinians explicitly
rejected, in the name of reason,
along with all themysteries of Christianity,
the doctrine of Three
Persons in One God.
Mention may also be made
of the teachings of Johannes Philoponus (sixth century), Roscellinus, Gilbert
de la Porrée, Joachim
of Flora (eleventh and twelfth centuries), and, in modern times, Günther,
who, by denying or obscuring the doctrine of
the numerical unity of the Divine Nature,
in reality set up a triple deity.
In addition to these
systems and these writers, who came in conflict with the true doctrine about
the Holy Ghost only indirectly and as a logical result
of previous errors,
there were others who attacked the truth directly:
Towards the middle of the
fourth century, Macedonius, Bishop of Constantinople,
and, after him a number ofSemi-Arians,
while apparently admitting the Divinity of the Word,
denied that of the Holy Ghost. They placed Him among the spirits,
inferior ministers of God,
but higher than the angels.
They were, under the name ofPneumatomachians,
condemned by the Council
of Constantinople, in 381 (Mansi,
III, col. 560).
Since the days of Photius,
the schismatic
Greeks maintain that the Holy Ghost, true
God like the Father and the Son, proceeds from the former alone.
The Third Person of the
Blessed Trinity
This heading implies
two truths:
The Holy Ghost is
a Person really
distinct as such from the Father and the Son;
He is God and consubstantial with
the Father and the Son.
The first statement is
directly opposed to Monarchianism and
to Socinianism;
the second to Subordinationism, to the different forms of Arianism,
and to Macedonianism in particular. The same arguments drawn
from Scriptureand Tradition may
be used generally to prove either
assertion. We will, therefore, bring forward the proofs of
the two truths together,
but first call particular attention to some passages that demonstrate more
explicitly the distinction of personality.
Scripture
In the New
Testament the word spirit and, perhaps, even the
expression spirit of God signify
at times the soul orman himself,
inasmuch as he is under the influence of God and
aspires to things above; more frequently, especially in St.
Paul, they signify God acting
in man;
but they are used, besides, to designate not only a working of God in
general, but a Divine Person,
Who is neither the Father nor the Son, Who is named together with the
Father, or the Son, or with Both, without the context allowing them to be
identified. A few instances are given here. We read in John
14:16-17: "And I will ask the Father, and he shall give you
another Paraclete,
that he may abide with, you for ever. The spirit of truth,
whom the world cannot receive"; and in John
15:26: "But when theParaclete cometh,
whom I will send you from the Father, the Spirit of truth,
who proceedeth from the Father, he shall give testimony of me." St.
Peter addresses his first
epistle, 1:1-2, "to the strangers dispersed . . . elect,
according to the foreknowledge of God the
Father, unto the sanctification of the Spirit,
unto obedience and sprinkling of the blood of Jesus
Christ". The Spirit of consolation and of truth is
also clearly distinguished in John
16:7, 13-15, from the Son, from Whom He receives all He is to teach
the Apostles,
and from the Father, who has nothing that the Son also does not
possess. Both send Him, but He is not separated from Them, for the Father and
the Son come with Him when He descends into our souls (John
14:23).
Many other texts declare
quite as clearly that the Holy Ghost is a Person,
a Person distinct
from the Father and the Son, and yet One
God with Them. In several places St.
Paul speaks of Him as if speaking of God.
In Acts
28:25, he says to the Jews:
"Well did the Holy Ghost speak to our fathers by Isaias the prophet";
now theprophecy contained
in the next two verses is taken from Isaiah
6:9-10, where it is put in the mouth of the "King the Lord of hosts".
In other places he uses the words God and Holy Ghost as
plainly synonymous. Thus he writes (1
Corinthians 3:16): "Know you not, that you are
the temple of God,
and that the Spirit of God dwelleth in you?" and in 6:19:
"Or know you
not, that your members are the temple of the Holy Ghost, who is
in you . . . ?" St. Peter asserts the same identity when he thus
remonstrates with Ananias (Acts
5:3-4): "Why hath Satan temptedthy
heart, that thou shouldst lie to
the Holy Ghost . . . ? Thou hast not lied to men,
but to God."
The sacred writers attribute to the Holy Ghost all the works
characteristic of Divine power. It is in His name, as in the name of the Father
and of the Son,
that baptism is
to be given (Matthew
28:19). It is by His operation that the greatest of Divine
mysteries, the Incarnation of
the Word,
is accomplished (Matthew
1:18, 20; Luke
1:35). It is also in His name and by His power that sins are
forgiven and souls sanctified:
"Receive ye the Holy Ghost. Whose sins you
shall forgive, they are forgiven them" (John
20:22-23); "But you are washed, but you are sanctified, but you arejustified in
the name of our
Lord Jesus Christ, and the Spirit of our God" (1
Corinthians 6:11); "The charity of Godis
poured forth in our hearts, by the Holy Ghost, who is given to us" (Romans
5:5). He is essentially the Spirit oftruth (John
14:16-17; 15:26),
Whose office it is to strengthen faith (Acts
6:5), to bestow wisdom (Acts
6:3), to give testimony of Christ,
that is to say, to confirm His teaching inwardly (John
15:26), and to teach the Apostlesthe
full meaning of it (John
14:26; 16:13).
With these Apostles He
will abide for ever (John
14:16). Having descended on them at Pentecost, He will guide them in
their work (Acts
8:29), for He will inspire the newprophets (Acts
11:28; 13:9),
as He inspired the Prophets of
the Old
Law (Acts
7:51). He is the source of gracesand gifts (1
Corinthians 12:3-11); He, in particular, grants the gift
of tongues (Acts
2:4; 10:44-47).
And as he dwells in our bodies sanctifies them (1
Corinthians 3:16; 6:19), so
will and them he raise them again, one day, from the dead (Romans
8:11). But he operates especially in the soul,
giving it a new life (Romans
8:9 sq.), being the pledge that God has
given us that we are his children (Romans
8:14-16; 2
Corinthians 1:22; 5:5; Galatians
4:6). He is the Spirit of God, and at the same time the Spirit
of Christ (Romans
8:9); because He is in God,
Heknows the deepest mysteries of God (1
Corinthians 2:10-11), and He possesses all knowledge. St.
Paul ends hisSecond
Epistle to the Corinthians (13:13) with this formula of benediction,
which might be called a blessing of
theTrinity: "The grace of our
Lord Jesus Christ, and the charity of God,
and the communication of the Holy Ghost be with you all." — Cf.
Tixeront, "Hist. des dogmes", Paris, 1905, I, 80, 89, 90, 100, 101.
Tradition
While corroborating and
explaining the testimony of Scripture, Tradition brings
more clearly before us the various stages of the evolution of this doctrine.
As early as the first
century, St.
Clement of Rome gives us important teaching about the Holy Ghost.
His "Epistle
to the Corinthians" not only tells us that the Spirit inspired and
guided the holy writers
(8.1; 45.2);
that He is the voice of Jesus
Christ speaking to us in the Old
Testament (22.1
sq.); but it contains further, two very explicit statements about
the Trinity. In 46.6 (Funk,
"Patres apostolici", 2nd ed., I,158), we read that "we have only
oneGod,
one Christ, one only Spirit of grace within us, one
same vocation in Christ". In 58.2 (Funk,
ibid., 172), the author makes this solemn affirmation; zo
gar ho theos, kai zo ho kyrios Iesous Christos kai to pneuma to hagion, he te
pistis kai he elpis ton eklekton, oti . . . which we may compare with the
formula so frequently met with in the Old
Testament: zo kyrios. From this it follows that,
in Clement's view, kyrios was equally applicable to ho
theos (the Father), ho kyrios Iesous Christos, and to pneuma to
hagion; and that we have three witnesses of
equal authority, whose Trinity, moreover, is the foundation of Christian faith and hope.
The same doctrine is
declared, in the second and third centuries, by the lips of the martyrs,
and is found in the writings of the Fathers. St.
Polycarp (d. 155), in his torments, thus professed his faith in
the Three
Adorable Persons ("Martyrium
sancti Polycarpi" in Funk,
op. cit., I, 330): "Lord
God Almighty, Father of Thy blessed and well beloved Son, Jesus
Christ . . . in everything I praise Thee, I bless Thee,
I glorify Thee by the eternal and
celestial pontiff Jesus
Christ, Thy well beloved Son, by whom, to Thee, with Him and with
the Holy Ghost, glorynow
and for ever!"
St. Epipodius spoke more
distinctly still (Ruinart, "Acta mart.", Verona edition,
p. 65): "I confess that Christ isGod with
the Father and the Holy Ghost, and it is fitting that I should give back
my soul to
Him Who is my Creator and
my Redeemer."
Among the apologists, Athenagoras mentions
the Holy Ghost along with, and on the same plane as, the Father and
the Son. "Who would not be astonished", says he (A
Plea for the Christians 10), "to hear us called atheists,
us who confess God
the Father, God
the Son and the Holy Ghost, and hold them one in power and distinct
in order [. . . ten en te henosei dynamin, kai ten en te taxei diairesin]?"
Theophilus
of Antioch, who sometimes gives to the Holy Ghost, as to the Son,
the name of Wisdom (sophia), mentions besides (To
Autolycus I.7 and II.18)
the three terms theos, logos, sophia and, being the first to apply
the characteristic word that was afterwards adopted, says expressly (II.15)
that they form a trinity (trias).
Irenæus looks
upon the Holy Ghost as eternal (Against
Heresies V.12.2), existing in God ante
omnem constitutionem, and produced by him at the beginning of His ways (IV.20.3).
Considered with regard to the Father, the Holy Ghost is his wisdom (IV.20.3);
the Son and He are the "two hands" by which God created man(IV.Preface.4, IV.20.20 and V.6.1).
Considered with regard to the Church,
the same Spirit is truth, grace,
a pledge of immortality,
a principle of union with God;
intimately united to the Church,
He gives the sacramentstheir
efficacy and virtue (III.17.2, III.24.1, IV.33.7 and V.8.1).
St.
Hippolytus, though he does not speak at all clearly of the Holy Ghost
regarded as a distinct person,
supposes him, however, to be God,
as well as the Father and the Son (Against
Noetus 8, 12).
Tertullian is
one of the writers of this age whose tendency to Subordinationism is
most apparent, and that in spite of his being the author of the definitive
formula: "Three persons,
one substance".
And yet his teaching on theHoly Ghost is in every way remarkable. He seems to
have been the first among the Fathers to affirm His Divinity in a
clear and absolutely precise manner. In his work "Adversus
Praxean" he dwells at length on the greatness of the Paraclete.
The Holy Ghost, he says, is God (13);
of the substance of
the Father (3 and 4);
one and the sameGod with
the Father and the Son (2);
proceeding from the Father through the Son (4, 8);
teaching all truth (2).
St.
Gregory Thaumaturgus, or at least the Ekthesis tes pisteos, which is
commonly attributed to him, and which dates from the period 260-270, gives us
this remarkable passage (P.G., X, 933 sqq.): "One is God,
Father of theliving Word, of the subsisting Wisdom. . . . One the Lord, one of
one, God of God,
invisible of invisible. . .One theHoly Ghost, having His subsistence from God.
. . . Perfect Trinity, which in eternity, glory,
and power, is neither divided, nor separated. . . . Unchanging and
immutable Trinity."
In 304, the martyr St.
Vincent said (Ruinart, op. cit., 325): "I confess the Lord
Jesus Christ, Son of the Father most High, one of one; I
recognize Him as one God with
the Father and the Holy Ghost."
But we must come down
towards the year 360 to find the doctrine on
the Holy Ghost explained both fully and clearly. It is St.
Athanasius who does so in his "Letters to Serapion" (P.G.,
XXVI, col. 525 sq.). He had been informed that certain Christians held
that the Third Person of the Blessed Trinity was a creature. To refute
them he questions the Scriptures,
and they furnish him with arguments as solid as they are numerous. They tell
him, in particular, that the Holy Ghost is united to the Son by
relations just like those existing between the Son and the Father;
that He is sent by the Son; that He is His mouth-piece and glorifies Him;
that, unlike creatures, He has not been made out of nothing, but comes forth
from God;
that He performs a sanctifying work among men,
of which no creature is capable; that in possessing Him we possess God;
that the Father created everything
by Him; that, in fine, He is immutable, has the attributes of
immensity, oneness, and has a right to
all the appellations that are used to express the dignity of the Son. Most
of these conclusions he supports by means of Scripturaltexts,
a few from amongst which are given above. But the writer lays special stress on
what is read in Matthew
28:19. "The Lord", he writes (Ad Serap., III, n. 6, in P.G.,
XXVI, 633 sq.), "founded the Faith of
the Church on
the Trinity, when He said to His Apostles:
'Going therefore, teach ye all nations; baptizing them
in the name of the Father, and of the Son,
and of the Holy Ghost.' If the Holy Ghost were a creature, Christ would
not have associated Him with the Father; He would have avoided making a
heterogeneous Trinity, composed of unlike elements. What did God stand
in need of? Did He need to join to Himself a being of different nature?
. . . No, theTrinity is not composed of the Creator and the
creature."
A little later, St.
Basil, Didymus
of Alexandria, St.
Epiphanius, St.
Gregory of Nazianzus, St.
Ambrose, and St.
Gregory of Nyssa took up the same thesis ex professo, supporting
it for the most part with the same proofs.
All these writings had prepared the way for the Council
of Constantinople which, in 381, condemned thePneumatomachians and solemnly proclaimed
the true doctrine.
This teaching forms part of the Creed
of Constantinople, as it is called, where the symbol refers to
the Holy Ghost, "Who is also our Lord and Who gives life; Who
proceeds from the Father, Who is adored and glorified together
with the Father and the Son; Who spoke by the prophets".
Was this creed,
with these particular words, approved by the council
of 381? Formerly that was the common opinion, and even in recent times it
has been held by authorities like Hefele, Hergenröther,
andFunk;
other historians,
amongst whom are Harnack and Duchesne, are of the contrary opinion; but all
agree in admitting that the creed of
which we are speaking was received and approved by the Council
of Chalcedon, in 451, and that, at least from that time, it became the
official formula of Catholic orthodoxy.
Procession of the Holy
Ghost
We need not dwell at
length on the precise meaning of the Procession in God.
(See TRINITY.)
It will suffice here to remark that by this word we mean the relation of origin
that exists between one Divine Person and
another, or between one and the two others as its principle of origin.
The Son proceeds from the Father; the Holy Ghost proceeds from
the Father and the Son. The latter truth will
be specially treated here.
A
That the Holy Ghost
proceeds from the Father has always been admitted by all Christians;
the truth is
expressly stated in John
15:26. But the Greeks, after Photius,
deny that He proceeds from the Son. And yet such is manifestly the
teaching of Holy
Scripture and the Fathers.
In the New Testament
(a) The Holy Ghost
is called the Spirit of Christ (Romans
8:9), the Spirit of the Son (Galatians
4:6), the Spirit ofJesus (Acts
16:7). These terms imply a relation of the Spirit to the Son, which
can only be a relation of origin. This conclusion is so much the more
indisputable as all admit the similar argument to explain why the Holy
Ghost is called the Spirit of the Father. Thus St.
Augustine argues (Tractate
99 on the Gospel of John, nos. 6-7): "You hear
the Lord himself declare: 'It is not you that speak, but the Spirit
of your Father that speaketh in you'. Likewise you hear the Apostle declare:
'God hath
sent the Spirit of His Son into your hearts. Could there then be
two spirits,
one the spirit of the Father, the other the spirit of
the Son? Certainly not. Just as there is only one Father, just as there is
only one Lord or one Son, so there is only one Spirit, Who is,
consequently, the Spirit of both. . . Why then should you refuse to believe that
He proceeds also from the Son, since He is also the Spirit of
the Son? If He did not proceed from Him, Jesus,
when He appeared to His disciples after
His Resurrection,
would not have breathed on them, saying: 'Receive ye the Holy Ghost'.
What, indeed, does this breathing signify, but that the Spirit proceeds also
from Him?" St.
Athanasius had argued in exactly the same way (De Trinit. et Spir. S.,
n. 19, in P.G., XXVI, 1212), and concluded: "We say that the Son
of God is also the source of the Spirit."
(b) The Holy
Ghost receives from the Son, according to John
16:13-15: "When he, the Spirit of truth,
is come he will teach you all truth.
For he shall not speak of himself; but what things soever he shall hear, he
shall speak; and the things that are to come, he shall shew you. He
shall glorify me; because he shall receive of mine, and shall
shew it to you. All things whatsoever the Father hath, are mine.
Therefore I said, that he shall receive of mine, and shew it to
you." Now, one Divine Person can
receive from another only by Procession, being related to that other as to a
principle. What the Paraclete will
receive from the Son is immanent knowledge,
which He will afterwards manifest exteriorly. But this immanent knowledge is
the very essence of
the Holy Ghost. The latter, therefore, has His origin in the Son,
the Holy Ghost proceeds from the Son. "He shall not speak of
Himself", saysSt.
Augustine (Tractate
99 on the Gospel of John, no. 4), "because He is not from Himself, but
He shall tell you all He shall have heard. He shall hear from him from whom He
proceeds. In His case, to hear is to know,
and toknow is
to be. He derives His knowledge from
Him from Whom He derives His essence." St.
Cyril of Alexandriaremarks that the words: "He shall receive of
mine" signify "the nature"
which the Holy Ghost has from the Son, as the Son has His
from the Father (De Trinit., dialog. vi, in P.G., LXXV, 1011). Besides, Jesus gives
this reason of His assertion: "He shall receive of mine": "All
things whatsoever the Father hath, are mine Now, since the Father has with
regard to the Holy Ghost the relation we term Active Spiration,
the Son has it also; and in theHoly Ghost there exists, consequently,
with regard to both, Passive Spiration or Procession.
The same truth has been
constantly held by the Fathers
This fact is undisputed
as far as the Western Fathers are
concerned; but the Greeks deny it in the case of theEasterns. We will
cite, therefore, a few witnesses from among the latter. The testimony of St.
Athanasius has been quoted above, to the effect that
"the Son is the source of the Spirit", and the
statement of Cyril
of Alexandria that the Holy Ghost has His "nature" from
the Son. The latter saint further asserts (Thesaur., assert.
xxxiv in P.G., LXXV, 585); "When the Holy Ghost comes into our
hearts, He makes us like to God,
because He proceeds from the Father and the Son"; and again (Epist.,
xvii, Ad Nestorium, De excommunicatione in P.G., LXXVII, 117):
"The Holy Ghost is not unconnected with the Son, for He is
called the Spirit of Truth,
and Christ is the Truth;
so He proceeds from Him as well as from God
the Father." St.
Basil (On
the Holy Spirit 18) wishes us not to depart from the traditional order
in mentioning the Three Divine Persons, because "as
the Son is to the Father, so is the Spirit to the Son, in
accordance with the ancient order of the names in the formula of baptism".St.
Epiphanius writes (Ancor., viii, in P.G., XLIII, 29, 30) that
the Paraclete "is
not to be considered as unconnected with the Father and the Son, for He is
with Them one in substance and
divinity", and states that "He is from the Father and
the Son"; a little further, he adds (op. cit., xi, in P.G., XLIII,
35): "No one knows theSpirit, besides the Father, except
the Son, from Whom He proceeds and of Whom He receives." Lastly,
a councilheld at Seleucia in
410 proclaims its faith "in
the Holy Living Spirit, the Holy
Living Paraclete, Who proceeds from the Father and the Son" (Lamy,
"Concilium Seleuciæ", Louvain, 1868).
However, when we compare
the Latin writers, as a body, with the Eastern writers,
we notice a difference in language: while the former almost unanimously affirm
that the Holy Ghost proceeds from the Father and from theSon,
the latter generally say that He proceeds from the Father through the Son.
In reality the thought expressed by
both Greeks and Latins is one and the same, only the manner
of expressing it is slightly different: the Greekformula ek tou
patros dia tou ouiou expresses directly the order according to which the
Father and the Son are the principle of the Holy Ghost, and
implies their equality as principle; the Latin formula expresses
directly this equality, and implies the order. As the Son Himself
proceeds from the Father, it is from the Father that He receives, with
everything else, the virtue that makes Him the principle of the Holy
Ghost. Thus, the Father alone is principium absque principio, aitia
anarchos prokatarktike, and, comparatively, the Son is an
intermediate principle. The distinct use of the two prepositions, ek (from)
and dia (through), implies nothing else. In the thirteenth and
fourteenth centuries, the Greek theologians Blemmidus, Beccus, Calecas,
and Bessarion called
attention to this, explaining that the two particles have the same
signification, but that from is better suited to the First Person,
Who is the source of the others, and through to the Second Person,
Who comes from the Father. Long before their time St.
Basil had written (On
the Holy Spirit 8.21): "The expression di ou expresses
acknowledgment of the primordial principle [ tes prokatarktikes aitias]";
and St.
Chrysostom (Homily
5 on the Gospel of John, no. 2): "If it be said through Him, it
is said solely in order that no one may imagine that the Sonis not generated":
It may be added that the terminology used by the Eastern and Western writers,
respectively, to express the idea is
far from being invariable. Just as Cyril, Epiphanius,
and other Greeks affirm the Processionex utroque, so
several Latin writers did not consider they were departing from the
teaching of their
Church in expressing themselves like the Greeks. Thus Tertullian (Against
Praxeas 4): "Spiritum non aliunde puto quam a Patre per
Filium"; and St. Hilary (On
the Holy Trinity XII.57), addressing himself to the Father, protests
that he wishes to adore,
with Him and the Son "Thy Holy Spirit, Who comes from Thee
through thy only Son". And yet the same writer had said, a little
higher (op. cit., lib. II, 29, in P.L., X, 69), "that we must confess
the Holy Ghost coming from the Father and the Son", a
clear proof that
the two formulæ were regarded as substantially equivalent.
B
Proceeding both from the
Father and the Son, the Holy Ghost, nevertheless, proceeds from Them
as from a single principle. This truth is,
at the very least insinuated in the passage of John
16:15 (cited above), where Christestablishes a necessary connection
between His own sharing in all the Father has and the Procession of
the Holy Ghost. Hence it follows, indeed, that the Holy Ghost
proceeds from the two other Persons, not in so far as They are distinct,
but inasmuch as Their Divine perfection is numerically one. Besides, such is
the explicit teaching ofecclesiastical
tradition, which is concisely put by St.
Augustine (On
the Holy Trinity V.14): "As the Father and theSon are only
one God and,
relatively to the creature, only one Creator and one Lord, so, relatively to
the Holy Ghost, They are only one principle." This doctrine was defined in
the following words by the Second
Ecumenical Council of Lyons [Denzinger,
"Enchiridion" (1908), n. 460]: "We confess that the Holy
Ghost proceeds eternallyfrom
the Father and the Son, not as from two principles, but as from one
principle, not by two spirations, but by one single spiration." The
teaching was again laid down by the Council
of Florence (ibid., n. 691), and by Eugene
IV in his Bull "Cantate
Domino" (ibid., n. 703 sq.).
C
It is likewise an article
of faith that the Holy Ghost does not proceed, like the
Second Person of
the Trinity, by way of generation. Not only is the Second Person alone
called Son in the Scriptures,
not only is He alone said to be begotten, but He is also called
the only Son
of God; the ancient symbol that bears the name of Saint
Athanasius states expressly that "the Holy Ghost comes from
the Father and from the Son not made, not created,
not generated, but proceeding". As we are utterly incapable of otherwise
fixing the meaning of the mysteriousmode
affecting this relation of origin, we apply to it the name spiration, the
signification of which is principally negative and by way of contrast, in the
sense that it affirms a Procession peculiar to the Holy Ghost and
exclusive of filiation. But though we distinguish absolutely
and essentially between generation and spiration, it is a very
delicate and difficult task to say what the difference is. St.
Thomas (I.27),
following St.
Augustine (On
the Holy Trinity XV.27), finds the explanation and, as it the were,
the epitome, of the doctrine in
principle that, in God,
theSon proceeds through the Intellect and
the Holy Ghost through the Will. The Son is, in the
language of Scripture,
the image of the Invisible
God, His Word,
His uncreated wisdom. God contemplates
Himself and knows Himself from all eternity,
and, knowing Himself, He forms within Himself a substantial idea of
Himself, and this substantialthought
is His Word.
Now every act of knowledge is
accomplished by the production in the intellect of
a representation of the object known;
from this head, then the process offers a certain analogy with
generation, which is the production by a living being of a being partaking of
the same nature;
and the analogy is
only so much the more striking when there is question of this act of Divine knowledge,
the eternal term
of which is asubstantial being,
consubstantial within the knowing subject. As to the Holy Ghost,
according to the commondoctrine of theologians,
He proceeds through the will. The Holy Spirit, as His name indicates,
is Holy in
virtue of His origin, His spiration; He comes therefore from a holy principle;
now holiness resides
in the will, as wisdom is in the intellect.
That is also the reason why He is so often called par excellence, in
the writings of the Fathers,Love and Charity. The Father
and the Son love one
another from all eternity,
with a perfect ineffable love;
the term of this infinite fruitful
mutual love is
Their Spirit Who is co-eternal and con-substantial with Them. Only, theHoly
Ghost is not indebted to the manner of His Procession precisely for this
perfect resemblance to His principle, in other words for His consubstantiality;
for to will or love an
object does not formally imply the production of itsimmanent image
in the soul that loves,
but rather a tendency, a movement of the will towards the thing loved,
to be united to it and enjoy it. So, making every allowance for the feebleness
of our intellects in knowing,
and the unsuitability of our words for expressing the mysteries of
the Divine life, if we can grasp how the wordgeneration, freed from all
the imperfections of the material order may be applied by analogy to
the Procession of the Word,
so we may see that the term can in no way befittingly applied to the Procession
of the Holy Ghost.
Filioque
Having treated of the
part taken by the Son in the Procession of the Holy Ghost, we
come next to consider the introduction of the expression Filioque into
the Creed of Constantinople.
The author of the addition is unknown, but the first trace of it is found
in Spain.
The Filioque was
successively introduced into the Symbol of
the Councilof Toledo in 447, then, in pursuance of an order of
another synod held
in the same place (589), it was inserted in the Niceno-Constantinopolitan
Creed. Admitted likewise into the Symbol Quicumque,
it began to appear in Francein
the eighth century. It was chanted in
767, in Charlemagne's chapel at
Gentilly, where it was heard by ambassadors from Constantine Copronymnus.
The Greeks were astonished and protested, explanations were given by
the Latins, and many discussions followed. The Archbishop of Aquileia, Paulinus,
defended the addition at the Council of Friuli, in 796. It was
afterwards accepted by a council held at Aachen,
in 809. However, as it proved a stumbling-block to the Greeks Pope
Leo III disapproved of it; and, though he entirely agreed with theFranks on
the question of the doctrine,
he advised them to omit the new word. He himself caused two large silver
tablets, on which the creed with
the disputed expression omitted was engraved to be erected in St.
Peter's. His advice was unheeded by the Franks;
and, as the conduct and schism of Photius seemed
to justify the Westerns in
paying no more regard to the feelings of the Greeks, the addition of the
words was accepted by the Roman
Church under Benedict
VIII (cf. Funk,
"Kirchengeschichte", Paderborn, 1902, p. 243).
The Greeks have
always blamed the Latins for making the addition. They considered
that, quite apart from the question of doctrine involved
by the expression, the insertion was made in violation of a decree of
the Council
of Ephesus, forbidding anyone "to produce, write, or compose
a confession of faith other than the one defined by
the Fathers of Nicæa". Such a reason will not bear
examination. Supposing the truth of
the dogma (established
above), it is inadmissible that the Church could
or would have deprived herself of the right to
mention it in thesymbol. If the opinion be adhered to, and it has strong
arguments to support it, which considers that the developments of the Creed in
what concerns the Holy Ghost were approved by the Council
of Constantinople (381), at once it might be laid down that the bishops at Ephesus (431)
certainly did not think of condemning or blaming those of Constantinople.
But, from the fact that the disputed expression was authorized by the Council
of Chalcedon, in 451, we conclude that the prohibition of the Council
of Ephesus was never understood, and ought not to be understood, in an
absolute sense. It may be considered either as a doctrinal,
or as a merely disciplinary pronouncement. In the first case it would exclude
any addition or modification opposed to, or at variance with, the deposit
of Revelation; and such seems to be its historic import, for it
was proposed and accepted by theFathers to oppose a formula tainted
with Nestorianism.
In the second case considered as a disciplinary measure, it can bind only those
who are not the depositaries of the supreme power in the Church.
The latter, as it is theirduty to
teach the revealed truth and
to preserve it from error,
possess, by Divine authority, the power and rightto
draw up and propose to the faithful such confessions
of faith as circumstances may demand. This right is
as unconfinable as it is inalienable.
Gifts of the Holy Ghost
This title and the theory
connected with it, like the theory of the fruits of the Holy Ghost and
that of the sinsagainst
the Holy Ghost, imply what theologians call appropriation.
By this term is meant attributing especially to one Divine Person perfections
and exterior works which seem to us more clearly or more immediately to be
connected with Him, when we consider His personal characteristics, but which in
reality are common to the ThreePersons. It is in this sense that we attribute
to the Father the perfection of omnipotence,
with its most striking manifestations, e.g. the Creation,
because He is the principle of the two other Persons; to
the Son we attribute wisdom and the works of wisdom, because He
proceeds from the Father by the Intellect;
to the Holy Ghost we attribute the operations of grace and the
sanctification of souls,
and in particular spiritual gifts and fruits,
because He proceeds from the Father and the Son as Their mutual love and
is called in Holy
Writ the goodness and
thecharity of God.
The gifts of
the Holy Ghost are of two kinds: the first are specially intended for the
sanctification of the personwho
receives them; the second, more properly called charismata,
are extraordinary favours granted for the help of another, favours, too, which
do not sanctify by themselves, and may even be separated from sanctifying
grace. Those of the first class are accounted seven in number, as
enumerated by Isaias (11:2-3),
where theprophet sees
and describes them in the Messias.
They are the gifts of
wisdom, understanding, counsel, fortitude,knowledge, piety (godliness),
and fear of the Lord.
The gift of
wisdom, by detaching us from the world, makes us relish and love only
the things of heaven.
The gift of
understanding helps us to grasp the truths of religion as
far as is necessary.
The gift of
counsel springs from supernatural prudence,
and enables us to see and choose correctly what will help most to the glory of God and
our own salvation.
By the gift of fortitude we
receive courage to
overcome the obstacles and difficulties that arise in the practice of
our religious duties.
The gift of knowledge points
out to us the path to follow and the dangers to avoid in order to reach heaven.
The gift of piety,
by inspiring us with a tender and filial confidence in God,
makes us joyfully embrace all that pertains to His service.
Lastly, the gift of
fear fills us with a sovereign respect for God,
and makes us dread, above all things, to offend Him.
As to the inner nature of
these gifts, theologians consider
them to be supernatural and
permanent qualities,
which make us attentive to the voice of God,
which render us susceptible to the workings of actual
grace, which make us love the
things of God,
and, consequently, render us more obedient and
docile to the inspirations of the Holy Ghost.
But how do they differ
from the virtues?
Some writers think they are not really distinct from them, that they are
the virtues inasmuch
as the latter are free
gifts of God, and that they are
identified essentially with grace,charity, and the virtues.
That opinion has the particular merit of avoiding a multiplication of the
entities infused into the soul.
Other writers look upon the gifts as
perfections of a higher order than the virtues;
the latter, they say, dispose us to follow the impulse and guidance of reason;
the former are functionally intended to render thewill obedient and docile
to the inspirations of the Holy Ghost. For the former opinion, see
Bellevüe, "L'uvre du Saint-Esprit" (Paris, 1902), 99 sq.; and for the
latter, see St.
Thomas, I-II.68.1,
and Froget, "De l'habitation du Saint-Esprit dans les âmes justes"
(Paris, 1900), 378 sq.
The gifts of
the second class, or charismata,
are known to
us partly from St.
Paul, and partly from the history of the primitive Church,
in the bosom of which God plentifully
bestowed them. Of these "manifestations of the Spirit", "all
these things [that] one and the same Spirit worketh, dividing to every one
according as he will", the Apostle speaks
to us, particularly in 1
Corinthians 12:6-11 and 12:28-31;
and Romans
12:6-8.
In the first of these
three passages we find nine charismata mentioned:
the gift of
speaking with wisdom, the giftof
speaking with knowledge, faith,
the grace of healing, the gift
of miracles, the gift
of prophecy, the gift
of discerning spirits, the gift
of tongues, the gift of
interpreting speeches. To this list we must at least add, as being found in the
other two passages indicated, the gift of
government, the gift of
helps, and perhaps what Paul callsdistributio and misericordia.
However, exegetes are
not all agreed as to the number of the charismata,
or thenature of
each one of them; long ago, St.
Chrysostom and St.
Augustine had pointed out the obscurity of the question. Adhering to
the most probable views on the subject, we may at once classify the charismata and
explain the meaning of most of them as follows. They form four natural
groups:
Two charismata which
regard the teaching of Divine things: sermo sapientiæ, sermo scientiæ, the
former relating to the exposition of the higher
mysteries, the latter to the body of Christian truths.
Three charismata that
lend support to this teaching: fides, gratia sanitatum, operatio virtutum. The faithhere
spoken of is faith in
the sense used by Matthew
17:19: that which works wonders; so it is, as it were, acondition and
a part of the two gifts mentioned
with it.
Four charismata that
served to edify, exhort, and encourage the faithful,
and to confound the unbelievers:prophetia, discretio spirituum, genera
linguarum, interpretatio sermonum. These four seem to fall logicallyinto
two groups; for prophecy,
which is essentially inspired pronouncement on
different religious subjects, the declaration of the future being
only of secondary import, finds its complement and, as it were, its check in
the gift of discerning
spirits; and what, as a rule, would be the use of glossololia —
the gift of speaking
with tongues — if the gift of
interpreting them were wanting?
Lastly there remain
the charismata that
seem to have as object the administration of temporal affairs, amidworks
of charity: gubernationes, opitulationes, distributiones. Judging
by the context, these gifts,
though conferred and useful for the direction and comfort of one's neighbour,
were in no way necessarily found in allecclesiastical superiors.
The charismata,
being extraordinary favours and not requisite for the sanctification of
the individual,
were not bestowed indiscriminately on all Christians.
However, in the Apostolic Age,
they were comparatively common, especially in the communities of Jerusalem, Rome,
and Corinth.
The reason of this is apparent: in the infantChurches the charismata were
extremely useful, and even morally necessary,
to strengthen the faith of believers,
to confound the infidels,
to make them reflect, and to counterbalance the false miracles with
which they sometimes prevailed. St.
Paul was careful (1
Corinthians 12-14) to restrict authoritatively the use of thesecharismata within
the ends for which they were bestowed, and thus insist upon their subordination
to the power of the hierarchy. Cf.
Batiffol, "L'Église naissante et le catholicisme" (Paris, 1909), 36.
(See CHARISMATA.)
Fruits of the Holy Ghost
Some writers extend this
term to all the supernatural virtues,
or rather to the acts of all these virtues,
inasmuch as they are the results of the mysterious workings
of the Holy Ghost in our souls by
means of His grace. But, withSt.
Thomas, I-II.70.2,
the word is ordinarily restricted to mean only those supernatural works
that are donejoyfully and with peace of soul.
This is the sense in which most authorities apply the term to the list
mentioned bySt.
Paul (Galatians
5:22-23): "But the fruit of the Spirit is, charity, joy,
peace, patience, benignity, goodness,
longanimity, mildness, faith,
modesty, continency, chastity."
Moreover, there is no doubt that
this list of twelve — three of the twelve are omitted in
several Greek and Latin manuscripts —
is not to be taken in a strictly limited sense, but, according to the rules
of Scriptural language,
as capable of being extended to include all acts of a similar character.
That is why the Angelic
Doctor says: "Every virtuous act which man performs
with pleasure is a fruit." The fruits of the Holy Ghost are
not habits, permanent qualities,
but acts.
They cannot, therefore, be confounded with the virtues and
the gifts,
from which they are distinguished as the effect is from its cause,
or the stream from its source. The charity, patience, mildness, etc., of
which the Apostle speaks
in this passage, are not then the virtues themselves,
but rather their acts or operations; for,
however perfect the virtues may
be, they cannot be considered as the ultimate effects of grace, being
themselves intended, inasmuch as they are active principles, to produce
something else, i.e. their acts. Further, in order that
these acts may fully justify their metaphorical name of fruits, they
must belong to that class which are performed with ease and pleasure; in other
words, the difficulty involved in performing them must disappear in presence of
the delight and satisfaction resulting from the good accomplished.
Sins against the Holy
Ghost
The sin or blasphemy against
the Holy Ghost is mentioned in Matthew
12:22-32; Mark
3:22-30; Luke
12:10 (cf.11:14-23);
and Christ everywhere declares that it shall not be pardoned. In what
does it consist? If we examine all the passages alluded to, there can be
little doubt as
to the reply.
Let us take, for
instance, the account given by St.
Matthew which is more complete than that of the otherSynoptics.
There had been brought to Christ "one possessed with
a devil,
blind and dumb: and he healed him, so that he spoke and saw". While the
crowd is wondering, and asking: "Is not this the Son
of David?", the Pharisees,
yielding to their wonted jealousy,
and shutting their eyes to the light of evidence, say: "This man casteth
not out devils but by Beelzebub the
prince of the devils." Jesus then proves to
them this absurdity, and, consequently, the malice of
their explanation; He shows them that it is by "the Spirit of God"
that He casts
out devils, and then He concludes: "therefore I say to you:
Every sin and blasphemy shall
be forgiven men,
but the blasphemy of
the Spirit shall not be forgiven. And whosoever shall speak a word against
the Son
of man, it shall be forgiven him: but he that shall speak against
the Holy Ghost, it shall not he forgiven him, neither in this world, nor
in the world to come."
So, to sin against
the Holy Ghost is to confound Him with the spirit of evil,
it is to deny, from pure malice,
the Divine character of
works manifestly Divine. This is the sense in which St.
Mark also defines the sin question;
for, after reciting the words of the Master:
"But he that shall blaspheme against
the Holy Ghost shall never have forgiveness", he adds at once:
"Because they said: He hath an unclean spirit." With this sin of
pure downrightmalice, Jesus contrasts
the sin "against
the Son
of man", that is the sin committed
against Himself as man,
the wrong done to His humanity in
judging Him by His humble and
lowly appearance. This fault, unlike the former, might he excused as the result
of man's ignorance and
misunderstanding.
But the Fathers
of the Church, commenting on the Gospel texts we are
treating of, did not confine themselves to the meaning given above. Whether it
be that they wished to group together all objectively analogous cases, or
whether they hesitated and wavered when confronted with this point of doctrine,
which St.
Augustine declares (Serm. ii de verbis Domini, c. v) one of the most
difficult in Scripture,
they have proposed different interpretations or explanations.
St.
Thomas, whom we may safely follow, gives a very good summary of opinions
in II-II.14.
He says thatblasphemy against
the Holy Ghost was and may be explained in three ways.
Sometimes, and in its
most literal signification, it has been taken to mean the uttering of an insult
against the Divine Spirit, applying the appellation either to the Holy
Ghost or to all three Divine persons.
This was the sin of
the Pharisees,
who spoke at first against "the
Son of Man", criticizing the works and human ways
of Jesus,
accusing Him of loving good cheer
and wine, of associating with the publicans,
and who, later on, with undoubted bad faith, traduced His Divine works,
the miracles which
He wrought by virtue of His own Divinity.
On the other hand, St.
Augustine frequently explains blasphemy against
the Holy Ghost to be final impenitence, perseverance
till death in mortal sin.
This impenitence is against the Holy Ghost, in the sense that it
frustrates and is absolutely opposed to the remission of sins,
and this remission is appropriated to
theHoly Ghost, the mutual love of
the Father and the Son. In this view, Jesus,
in Matthew
12 and Mark
3 did not really accuse the Pharisees of blaspheming the Holy
Ghost, He only warned them against the danger they were in of doing so.
Finally, several Fathers,
and after them, many scholastic
theologians, apply the expression to all sins directly
opposed to that quality which
is, by appropriation,
the characteristic quality of
the Third Divine Person.Charity and goodness are
especially attributed to the Holy Ghost, as power is to the Father and
wisdom to the Son. Just, then, as they termed sins against
the Father those that resulted from frailty, and sins against
the Son those that sprang from ignorance,
so the sins against
the Holy Ghost are those that are committed from downright malice,
either by despising or rejecting the inspirations and impulses which, having
been stirred in man's soul by
the Holy Ghost, would turn him away or deliver him from evil.
It is easy to see how
this wide explanation suits all the circumstances of the case
where Christ addresses the words to the Pharisees.
These sins are
commonly reckoned six: despair, presumption,
impenitence or a fixed determination not to repent, obstinacy, resisting
the known truth,
and envy of
another's spiritual welfare.
The sins against
the Holy Ghost are said to be unpardonable, but the meaning of this
assertion will vary very much according to which of the three explanations
given above is accepted. As to final impenitence it is absolute; and this is
easily understood, for even God cannot
pardon where there is no repentance,
and the moment of death is the fatal instant after which no mortal sin is
remitted. It was because St.
Augustine considered Christ'swords
to imply absolute unpardonableness that he held the sin against
the Holy Ghost to be solely final impenitence. In the other two
explanations, according to St.
Thomas, the sin against
the Holy Ghost is remissable — not absolutely and always, but inasmuch as
(considered in itself) it has not the claims and extenuating circumstance,
inclining towards a pardon, that might be alleged in the case of sins of
weakness and ignorance.
He who, from pure and deliberate malice,
refuses to recognize the manifest work of God,
or rejects the necessarymeans
of salvation,
acts exactly like a sick man who not only refuses all medicine and all food,
but who does all in his power to increase his illness, and whose malady becomes
incurable, due to his own action. It is true,
that in either case, God could,
by a miracle,
overcome the evil;
He could, by His omnipotent intervention,
either nullify the natural causes of bodily death, or radically
change the will of the stubborn sinner; but such intervention is not
in accordance with His ordinary providence;
and if he allows the secondary causes to act,
if He offers the free human will of ordinary but
sufficient grace, who shall seek cause of complaint? In a word, the
irremissableness of the sins against
the Holy Ghost is exclusively on the part of the sinner, on account of the
sinner's act.
Sources
On the dogma see: ST.
THOMAS, Summa Theol., I, Q. xxxvi-xliii; FRANZELIN, De Deo Trino (Rome,
1881); C. PESCH, Pælectiones dogmaticæ, II (Freiburg im Br., 1895)
POHLE, Lehrbuch der Dogmatik, I (Paderborn, 1902); TANQUEREY, Synop.
Theol. dogm. spec., I, II (Rome, 1907-8). Concerning the Scriptural arguments
for the dogma: WINSTANLEY, Spirit in the New Testament (Cambridge,
1908); LEMONNYER, Epîtres de S. Paul, I (Paris, 1905). Concerning
tradition: PETAVIUS, De Deo Trino in his Dogmata theologica;
SCHWANE, Dogmengeschichte, I (Freiburg im Br., 1892); DE REGNON, Etudes
théologiques sur la Sainte Trinité (Paris, 1892); TIXERONT, Hist. Des
dogmes, I (Paris, 1905); TURMEL, Hist. de la théol. positive (Paris,
1904).
Forget,
Jacques. "Holy Ghost." The Catholic Encyclopedia. Vol.
7. New York: Robert Appleton Company, 1910. 4 Jun.
2017<http://www.newadvent.org/cathen/07409a.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by W.S. French, Jr.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. June 1, 1910. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2021 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/07409a.htm
Devotion
to the Holy Spirit, by Father Joseph McSorley, C.S.P.
“I have long thought that
the secret but real cause of the so-called Reformation was that the office of
the Holy Ghost had been much obscured in popular belief.” – Cardinal
Manning
Surely we shall not
exaggerate, if we declare that Pope Leo’s Encyclical Letter on Devotion to the
Holy Spirit, is one of the most timely and significant of that long and
splendid series of pronouncements which distinguished his reign. In the
outspoken and emphatic language characteristic of Catholic authority, this
document commended devotion to the Holy Spirit as most dear to the Pope’s own
heart, and as a salutary and efficient remedy for prevalent evils. A yearly
novena was prescribed for the season of Pentecost, the frequent preaching of
sermons and conferences on the Holy Spirit was suggested, and all entrusted with
the direction of souls were charged that “it is their duty to impart to the
people with more zeal and fullness the teachings relative to the Holy Ghost.”
For, said the Holy Father, “perhaps even today there are Christians who would
answer as of old the Ephesians answered the Apostle Paul: ‘We have not even
heard if there be a Holy Spirit.'”
Now, the effect of this
letter of the Supreme Pontiff was at once to awaken new love for the Holy
Spirit throughout the length and breadth of the Catholic world. Nor has this
beneficent influence yet ceased. Since, however, progress is ever possible, and
since the directions of authority become fruitful in proportion as they succeed
in arousing our personal zeal and diligent cooperation, we must ever be
striving to lend new impetus to the movement. We know that authority aims at
eliciting personal effort from us. Neither God nor Church will save us without
ourselves, and we are never freed from the necessity of zestfully laboring as
God and Church direct. Considering, then, the important part played by special
devotions in the spiritual life, and the supreme wisdom of heartily obeying
even the slightest suggestions of authority, we must feel it incumbent on us to
make devotion to the Holy Spirit a predominant influence in every life that we
can shape or sway. And because, in the words of Pope Leo, our “love of a good
is proportioned to the fullness and clearness of our knowledge,” we must often
think, and read, and pray about this matter that, by gaining fuller knowledge, we
may attain to deeper love.
As the Holy Father has
pointed out, a proper understanding of this devotion in question necessitates
some knowledge of Catholic doctrine concerning the Most Blessed Trinity. In
regard to that mystery, then, let us recall the teaching which bears most
directly upon our subject.
Theological Aspects
God, the Infinite Creator
of all things, is in Personality threefold, but in Nature a simple Being, one
and undivided. This Triple Personality, however, in no way militates against
Divine Unity, for the distinction of Persons is confined to Their relationship
with each other. Outside the Trinity, in operations which affect creatures, no
One Person acts separately from the other Two. The Trinity is the efficient
cause of the creation of men, as of their sanctification. Theologians, though,
indulge in a form of speech called “appropriation,” by which certain acts
common to the whole Trinity are specially assigned to One or Other of the
Persons, the reason being the peculiar harmony of these acts with the personal
characteristic distinguishing that Person from the other Two.
Now, it is the teaching
of faith that the human soul is constituted in the life of grace by the
indwelling presence of God. The Creator is, of course, always and necessarily
present in every creature both by ubiquity and by omnipotence, but sanctifying
grace implies that He is present in a new way, dwelling in the soul now by
love, as previously He dwelt in virtue of His immensity. “God by His grace
dwells in our souls as in a temple, intimately and specially. Hence arise these
bonds of love whereby the soul is more closely united to God than a friend to
his dearest friend, enjoying Him fully and sweetly. This wonderful union –
Indwelling, as it is called – is produced in reality by the presence of the
whole Trinity, and only on the part of the recipient differs from that which
makes the saints in heaven blessed.”
The Indwelling of the
Holy Spirit
This indwelling of God in
the soul is by “appropriation” assigned to the Holy Ghost. The reason is that
it seems to be peculiarly in accord with what we know of his Personal
characteristic. For the note which distinguishes Him from Father and Son
consists in this, that He is the flowing forth of Divine Love – Amor
Procedens – and his proper name is said to be Donum (Gift). Hence we
appropriate to him that indwelling by which God, the Blessed Trinity, is
bestowed on man and made present in the soul in this new and marvelous manner.
This union of God with
the soul occurs whenever a human creature, being invested with sanctifying
grace, becomes a participant in the divine nature. For by grace it shares in a
life and power naturally proper to God alone, and thus transcends the rank of
all created natures. This deification – as it has been called by the Fathers of
the Church – is effected not by destroying human nature, not by nullifying its
powers, but by elevating these to a new and higher order wherein they become of
greater and divine worth. It is the indwelling Spirit of God Who, by uniting
His Divine Substance with His beloved creature, through grace, thus raises man
to the sublime dignity of Divine Sonship.
This fact that God
actually and substantially dwells within the sanctified soul is, then, the
explicit teaching of the Catholic Church. The life of grace means this: it
means that there has been effected between the soul and God a union closer and
more real than any other, the union of the two natures of Christ alone
excepted. Since the human race began the Holy Spirit has been thus active among
the souls of men, ever sanctifying by His Presence such as clung to God with
firm and generous hearts. So it was with Adam when he became the son of God by
grace, so it was with David, Elias, Zacharias, John the Baptist, Simeon and
Anna. So it has been with every soul within or without the body of the church
that has been raised to the supernatural life of grace. Each has been
sanctified by the presence of the Holy Spirit. For, on Pentecost “the Holy
Ghost did not come to commence His indwelling in the souls of His saints, but
to penetrate more deeply into them, not beginning at that time to bestow His
gifts, but pouring them out in greater abundance, performing no new work, but
continuing what He had already begun.”
Degrees of Union
But as in human
friendship, so in this mysterious union of the soul with God, there are degrees
and gradations. Sanctity varies in the individual; so also the intimacy of
union with God. And since the Pentecostal advent of the Holy Spirit, this grace
of union has been bestowed to an extent utterly inconceivable. “For this gift,
‘this sending of the Holy Ghost, after the glorification of Christ, was to be
such as had never been before; not that it had never been given before, but
that it had never been given to the same degree.” So abundant is this
outpouring that the Christian soul can go on ever strengthening the divine life
within, ever binding itself more intimately to God, gaining new titles to love,
forging stronger chains of affection, winning closer embraces. As flame in the
blazing fire, as a lover in the arms of his beloved, so is God in the soul.
Personally, and literally by the actual presence of His Divine Substance, He
rests in His creature as truly as He dwells in the Tabernacle containing the
consecrated Host.
It is this privilege of
the Christian which surpasses all others, as it is the one to which all others
tend. The time of Sacramental Communion is a moment of ineffable sweetness
indeed, and human nature can never mount beyond the height reached when Jesus
Christ, God and Man, comes to rest in the arms of His devout lover. Still, the
physical presence of the Body of Christ does not last for long. With the
corruption of the elements, the physical and bodily union between the
worshipper and his Lord comes to an end. But grace remains. The Holy Ghost, the
Spirit of Jesus, abides in the soul; and with Him, both Jesus and the Father.
This indwelling is invisible, as indeed the union of the Second Person with the
humanity of Christ was invisible. Like the transformation of bread into the
body and soul and divinity of Jesus Christ, it produces no sensible result. But
just as surely as Transubstantiation makes Christ’s Body present where
previously It was not, so surely does the sanctification of the soul by the
entrance of the Holy Spirit bring God Himself into the human heart, there to
abide as a King upon His own throne.
Sense of Doctrinal
Proportions
Such, then, is the
doctrine at the basis of devotion to the Holy Ghost. That devotion takes its
rise in the consciousness that through the indwelling of the Holy Ghost the
Christian soul has become the temple of God, that it has been consecrated by
the Divine Presence as truly as if it were a tabernacle marked by the lighted
lamp as the abiding place of Jesus Christ. For this consciousness naturally
impels the soul to direct special thought and nourish special affection towards
that Person of the Most Blessed Trinity through Whom this grace is bestowed.
What rank this devotion
holds in the spiritual life we learn from the Holy Father’s emphatic eulogy.
Deaf to his teaching and blind to all spiritual perspective would we be if we
ignored this great truth, while exerting ourselves to gain vogue for the pretty
little specialties begotten of pious imaginations. It is true that in every
household use can be found for small things as well as for great, and the
wondrous number and variety of Catholic devotions may well justify pride and
admiration. Nevertheless, the sense of doctrinal proportion must be respected,
and it were most unseemly if those ardent in carrying on the propaganda of
minor devotions should remain “wrapped in error and ignorance as to the
benefits and graces that have always flowed and still flow from this Divine
source – error and ignorance, indeed, unbefitting the children of light.”
Characteristics of the
Divine Comforter
Individually, at least,
each one of us can do something toward dissipating that ignorance by
enlightening our own souls; and though the subject seems to be fathomless, that
does not excuse us from the endeavor to learn something concerning it. It is
true, even the personal characteristic of the Third Person of the Blessed
Trinity seems to be shrouded in peculiarly deep mystery. The names of Father
and Son in nowise adequately or exhaustively describe the proper personality of
Those so named, but we imagine, at least, that we understand Their relationship
to the Divine Nature far better than we do that of the Third Person. Of His
characteristic we gain but the merest hint in such unsatisfying statements as
theology ventures to advance. Nevertheless the symbols assigned to Him, and the
works appropriated to Him, do afford some aid. First of all, we notice how they
seem to throw about Him the kindly light of tenderness and love. The gentle
air, the brooding dove, the soft, clinging cloud-shadow, the dawning light, the
parted tongues of fire – these symbols intimate to us how sweetly lovable must
be this Best Gift of the Father and the Son. And then the offices appropriated
to Him as most in harmony with His personal character – to sanctify the human
soul, to inspire the patriarchs with longing for the Messias’ coming, to pour
sweet strains of heavenly music into psalmist-souls, and illumine the prophets
with the gleam of a light never seen upon earth – these, and the espousing of
Mary, and the forming of the body of Jesus, and His baptism, and the
consecrating of the Apostles, all indicate how greatly our love and worship
would increase did we but know the Third Person of the Godhead better. For all
the precious graces that come in the Sacraments are His Gift, and all the
sweetness and strength and comfort infused in prayer, and every good deed of
all the millions of priests He has anointed with His holy unction since the
Church began – all these are His work, too.
So out from the obscurity
breaks a glimmering of the loveliness of that Divine Comforter Whose advent it
was expedient we should purchase even at the cost of Christ’s departure. Surely
devotion to Him will bring some new nobility into our sordidly selfish lives.
What Is Implied by the
Devotion
And now what is implied
by devotion to the Holy Spirit? First of all, an endeavor constantly to attend
to His Presence in our souls. If we were to do that well and lovingly, we
should need no other form of recollection. To gaze affectionately on the face
of God unveiled is the life of the blessed in heaven. To remain close to Him
each moment while here upon earth, to acquire the habit of ever directing the
will lovingly toward Him, to contemplate Him hidden in the soul’s depths under
the veil of faith, that is a life of the best and highest prayer, a life that
has transformed thousands of men and women into saints. Like Adam in the
garden, we walk daily in the company of God. Like the Virgin after the angelic
salutation, we bear within us the Holy Ghost, the Spirit of the Most High. And
as the Sacred Heart of our Divine Saviour was thrilled with the ineffable and
measureless graces poured into It by the Holy Spirit, we, too, are quickened
and sanctified and made more than human by His loving touch.
The flame-illumined crystal,
shot through and through with splendor, but typifies our souls when by the
indwelling Spirit we are made partakers of Divinity. God’s spirit in the
innermost depths of our being is soothing, healing, livening, strengthening,
uplifting, comforting, purifying us, hour by hour. He is ever gently stirring
our souls as the summer air that breathes so softly amid the forest leaves.
Truly God is with us. Truly we are His temples, bearing Him in our bodies – a
precious treasure in earthen vessels.
When first this truth is
presented to our minds, we draw back in astonishment and doubt. Then, as
conviction slowly dawns, we feel stunned and bewildered. We have been walking
among crowded sand-hills that shut away the view on every side, and suddenly we
come out upon a great shoreless sea stretching away into infinite space. The
mist is gathered thick above the water. Nothing can be seen except brooding
mist, and nothing heard but the thunder of the hidden surf. We are humbled,
awed, terrified. The great God dwelling in us! What can it mean?
And then the story of
Bishop Cheverus come back to us, perhaps; how the sainted priest confessed his
humiliation when someone said to him: “What! you believe that Jesus Christ, the
Incarnate God, descends from heaven each morning to enter your bosom? Why, you
would be rapt into the ecstasy of a saint!” “At these words,” said the good old
prelate, “I blushed, with shame, for so it should be.”
The Ever-Living Presence
Within Us
Thus we find it beyond
belief that we are still so worldly and selfish and sinful, with the Spirit of
God really dwelling in us. But it is a fact that cannot be gainsaid. The
privilege is not optional. Whether we will it or not, we have been “born again”
into the life of grace, the supernatural order, and have come into the company
of the saints; for our great glory should we persevere, for our inevitable and
well-deserved shame and ruin were we now to become castaway. Far better the
mollusk on the seashore, or the toad imprisoned in a rock, than a soul turned
away from God. But though the issue is in our own hands, the choice of evading
responsibility has not been given us. We are equipped for the struggle, but its
necessity is upon us; we must face it, whether for better or for worse. “Your
members are the members of Christ.” “Your body is God’s temple.” “Be ye,
therefore, perfect even as your Heavenly Father is perfect.”
It is true that the first
deep realization of this truth may be fearful and oppressive; the initial step
in devotion to the Holy Ghost is apt to be made in dread and trembling. “This
indeed is an awful place: for God was in this spot and I knew it not,” we say
at our first long look into the depths of our souls. It is as if, while
imagining yourself to be alone at night, you were to turn about and suddenly
see a face in the dark, with great eyes that seemed to pierce you through and
through. But, as you recover from the momentary terror, you find that the face
is as sweet and loving as that of the mother who used to bend over your
childhood crib, and that the eyes resting on you are soft and winning, and deep
with an infinite tenderness beyond all ever seen before. And then your heart
leaps up in an answering love, as if now at last its quest were ended and it
had found an object worthy of all its loving worship.
The Soul Enshrining the
Deity
And so it really is.
There is a hunger in the human soul unsatisfied by all the joys that creatures
can bestow. There is a love best appreciated when the eyes are closed, and
mentioned only with bated breath, as something too sacred to be conversed about
in common tones. It is the love of God, surpassing the love of woman, and its
joys transcend the bliss of the mother and her smiling babe, of the bridegroom
and his bride, of the faithful pair that have seen their golden jubilee of
wedded life. Searching for this love we ever tend to make gods of our
fellow-creatures. But no creature can remain our God for long, and left without
a God we become again unhappy and restless.
“We seek Him down the
nights and down the days;
We seek Him down the arches of the years.”
And at last,
Augustine-like, we find Him within – God, the Holy Ghost; and, as Catherine of
Siena, building a little chapel in the soul we worship Him there with fervor
for evermore. Now is our God always with us, embracing, caressing us in the
sacred privacy of love’s communion: “I to my Beloved, and His turning is toward
me.”
The old charm of
selfishness is gone now. From morn till night we are under the eyes of the God
Who loves us. The most trifling infidelity is now become an unpardonable crime,
as if grieving the Holy Spirit were the same with neglecting the slightest wish
of the dear invalid whose sensitive, restless eyes ever follow the nurse moving
about the sick-room. A venial sin seems like a sacrilege now, as if we were
close to the Tabernacle, or at the altar-rail. Dreadfully wearing all this!
some-one says. Ah! but the reward. Who can describe the joys of the saint? On
the edge of the sun-scorched desert is the cool wood with its heavy leaves, and
its damp moss, and its running stream. And here, far from the worry of
creatures and the taint of sin, the soul finds rest and peace and a Divine
Comforter. And that dear solitude is loved as no other spot on earth. In the
shadow, unseen of men, here within my heart, God dwells with me and I with Him.
No pulse of mine can beat, no breath be drawn, but He knows it. I live, now not
I, but He lives within me. And sooner than lose that sweet consciousness of His
Presence, that sense of His watchful eye, I would suffer the bitterest pain.
For with Him pain is paradise, and without Him life is a dreary torment.
Obedience to Inspirations
But mere loving attention
to the fact of God’s indwelling is not the last of our relationship with Him.
The will must enter actively into our intimacy, our contemplation must be that
of faithful servants, whose eyes are bent upon their master’s hands, and who
await only the signal to obey with alacrity and exactness. If, then, our
devotion to the Holy Spirit be real, it will imply ready and perfect obedience
to His inspirations. And as attention to Him is the perfection of the life of
prayer, so obedience to His inspirations is the perfection of the active life.
For what are the gifts of the Holy Spirit if not habits of soul disposing us to
do God’s will promptly and perfectly.
Consideration of this
simple truth may help us to realize the true ideal of spiritual direction,
namely, that God is the supreme director of souls, and that all human
consultation is of use in proportion as it leads to the recognition and
fulfillment of the Divine Will. We need to be instructed and perhaps encouraged
by others, but we must also make large use of our own enlightened common sense,
and the impulses of grace in our souls. The frequent advice of others may be
perfectly in- dispensable to our success, and consequently is to be sought; but
we should not neglect opportunities of useful work, merely because no one has
suggested our embracing them. Nor can we always have a director within call,
unless indeed it be the indwelling Spirit. And therefore the best direction is
that which trains men in prompt and spontaneous fidelity to the guidance of
God’s Holy Spirit, as the normal spiritual life is that wherein the soul,
instead of merely shaping itself on the minute details of a model provided by
an adviser, uses its own intelligence to recognize, and its own will to
execute, God’s particular designs in its regard. How simple in sublimity the
rule of life which has for its supreme principle the conscience, instructed by
authoritative teaching, and energized by the promptings of the Holy Spirit!
Safety in External
Standards
But does this not render
the individual lawless and his conduct arbitrary? In the spiritual life, thus
conceived, there must be danger of pride, fanaticism, vagrant fancies,
illusions, and the worst possible self-deception. That is true; and ruin would
be imminent were there no balance, no corrective, no external standard of
guidance. Here, as always, the beautiful symmetry of Catholic doctrine is
manifested, and its unity made evident. The inner promptings of the voice of
God are to be tested by their harmony with the external direction of authority.
God will not contradict Himself; the less obvious and certain direction is to
be corrected by the clearer. Hence, in case of conflict, the supposed
inspiration must always give way to the explicit direction of lawfully
constituted authority. This rule has been well illustrated in the lives of
saints like Teresa, who professed that they would obey the command of a lawful
superior more readily than they would follow any interior suggestion, though it
seemed clearly to proceed from the Holy Spirit. Thus it is that fidelity to the
integral Catholic ideal has ever enabled men to steer safely between the fatal
alternatives of fanaticism and indolent passivity. The plumb-line of the mason,
the rudder of a ship, the beacon on a lee-shore, external authority constantly
guides and directs the human activity initiated perhaps by an internal
prompting, but liable to end in disaster if it neglects the corrective of
direction from without. For the demon may whisper within us in the guise of an
angel of light. Obeying legitimate superiors, however, we cannot go astray. The
wall will be true to a hair’s breadth, the ship will safely weather the
foam-bathed rocks; and it is the certainty of being thus guarded against danger
which enables the loyal Catholic to work out God’s plan with untroubled
serenity.
Fidelity to Inspirations
All this is certain; but
we must not forget that God’s plan is a harmony, that in the perfect observance
of inner and outer lies the fulfilling of the law. To work lawlessly were
crime. To work only when expressly commanded by external authority were
indolence. The danger-signals and the limits of progress are marked from
without; the impulse to act is often from within. The careful watch of lawfully
constituted guardians, like the swaddling-clothes of infancy, protects against
fatal chill; but the Christian, like the babe, lives not in virtue of
swaddling-clothes alone. Faithful and energetic correspondence to the Will of
God, manifested externally by superiors or by circumstances, and hearty
cooperation with the suggestions of the indwelling Spirit – both are necessary
elements in the building up of God’s household. The Gentile missions of Paul,
the reformed foundations of Teresa, the new institute of Ignatius, were deeds
inspired by secret whispers that the Divine Master communicated to these saints
in the privacy of their own souls. External authority did not give birth to
these movements. What it did, and did thoroughly, was to provide against all
possibility of disaster.
Many a one, no doubt, is
ready to say: “But I never have any such inspirations. I never hear the voice
of God within my soul.” Cleanse away sin, shut out the world, purify self-love,
and then listen. Why, to the worst of men God whispers His admonitions through
the voice of conscience, and it must be that He will speak more often and more
explicitly to souls sanctified by grace. If we are attentive we shall certainly
not fail to receive suggestions from Him. If we are faithful to the light
given, it will go on always increasing. Evening and morning, at our going out
and at our coming in, now amid the bustle of daily duties and now in the
retirement of a church, the good impulse may be felt. Sometimes an inclination
to prayer and again a summons to action, first a call to mortification and then
to kindness, this time the suggestion of a pleasant duty and later on one that
is bitterly repugnant – so the motions of the Spirit vary as he listeth. But
they gather about our pathway, ever and always – at one time as a soothing dew
and again as a scorching fire, now as soft, low music, and now as the
trumpet-call to battle – for all ways are His. He is ever beside us, ever within
us, and His inspirations fall athwart our souls as constantly as the long
shadows on the quiet surface of a mountain lake. So Jesus with the disciples
trained them for their work. So, instructed by the guiding Spirit, the
Apostolic twelve revolutionized the world. Ever contemplating and ever obeying
God, we, too, will be transformed into some greater likeness to Him, as friends
dwelling together for years grow to resemble one another.
Spiritual Perfection the
Result
The result of this
devotion is, in one word, Perfection. Its examples are the saints who in every
age and land, with an infinite variety of dispositions and faculties, have
learned to become perfect instruments of the God abiding in their souls. They
have exhibited in fullness those gifts and graces which are the proper fruits
of devotion to the Holy Spirit: wisdom, understanding, knowledge, counsel,
piety, fortitude, fear, charity, joy, peace, patience, benignity, goodness,
longanimity, mildness, faith, modesty, continency, chastity – gifts and graces
in which every good Christian shares to some extent, but which are capable of
indefinite and lasting increase. Thus will our lives be rounded out and
perfected if we, too, learn to love the Spirit of God and faithfully follow His
guidance. For are not all other things for the sake of this, the visible on
account of the invisible? Surely it is so. And the ultimate end of human
existence is but the perfecting of the relationship begun by the Holy Spirit’s
entrance into the soul.
Many times the pursuit of
this ideal will conflict with prevalent notions and cherished traditions
perhaps, but it must be pursued faithfully none the less. The world will move,
be the denials of that fact ever so numerous and loud. And as it moves, God
inclines men first in this direction and then in another. Human wills must be
free and ready to follow the divine. Ad majorem Dei gloriam must be our
ultimate principle of action, and it must stand supreme. “God first” was the
interpretation given to this maxim by the saint who has made it a household
word among modern Catholics, and the Exercises he invented were framed to train
the soul so that, purged of attachment to minor goods and means, it might ever
aim at whole-hearted loyalty to the Supreme Good, the end of its existence, and
always elect to follow him.
The Devotion Especially
Suited to Our Day
There is more than one
reason why it seems as though devotion to the Holy Spirit were especially
suited for our age, and above all for the people of this country – earnest,
intelligent, active and liberty-loving. Mindful of the significance of those
acts of the Holy Father which officially bear upon the whole Christian world,
we may well consider his directions to be a heaven-sent indication of the
spiritual ideals that will best avail for the perfecting of the existing social
order. In consecrating the whole human race to “the Sacred Heart, the symbol
and sensible image of the infinite love of Jesus Christ,” he has directed
attention toward that devotion which attaches men most firmly to the person of
Him Who is their Way, their Truth and their Life. In renewing devotion to the
Holy Spirit, he has influenced men to turn their thoughts inward and learn the
ineffable dignity of the life of grace, and he has encouraged that love of
internal personal religion, that loyalty to the inner promptings of grace, that
cultivation of the highest form of prayer, and that sense of individual freedom
and individual responsibility so well fostered by this devotion, and in default
of which vital spirituality is so likely to decay.
A Guard Against Spiritual
Dangers
“I have long thought,”
said Cardinal Manning, “that the secret but real cause of the so-called
Reformation was that the office of the Holy Ghost had been much obscured in
popular belief.” But the new religionists brought about a far worse state of
affairs- Making no headway themselves, they still obstructed the path of
others. For wild fanaticism such as they displayed was the one thing most
likely to discourage authority from reposing confidently in the personal
fidelity of the subject. Catholics were forced to concentrate all resources on
the defence of points attacked. External authority Was of necessity emphasized
most strongly and became all dominant, while individual initiative in action
and individual freedom in methods were suspected to be, and often developed into,
the false and fanatical vagaries of heresy.
But today the siege is
nigh over. Protestantism has all but completed its process of
self-disintegration, and now the evil most to be feared is indifferentism and
infidelity. To this our century tends, as is evident, and the national genius
of our own country is such that naturalism, as the Holy Father has warned us,
is the point of danger. And how thoroughly is this danger counteracted by the
two great devotions which the Pontiff has seen fit to commend so specially –
devotion to the sacred symbol of the God-Man’s love for us, and devotion to the
indwelling of the Holy Spirit! We tend to humanism, therefore our natural bent
is caught and directed upward to the transfixed Heart of the Saviour of
Mankind. Again, we tend to exaggerate liberty, our sacred birthright – that
liberty of which the Pontiff wrote, “it is the greatest of man’s natural gifts”
– and therefore devotion to the Holy Spirit is commended, that human liberty
may be bound in the chains of divine love, and made over to God in the free and
spontaneous consecration of our wills to the will of the Divinity reigning
within us. Thus has the highest authority in the Church stamped his supreme
approval on a devotion which already had been marked as specially fitted for
our day by the decree of the Baltimore Council, by the action of the American
College at Rome, by the books and pamphlets and burning speeches of cardinals,
archbishops, bishops and saintly priests throughout the English-speaking world.
What indeed can be better adapted to bring about that desire so dear to the
venerable Pontiff’s heart and so repeatedly mentioned in his letters – the
renewal of Christian life in human society and the reconciliation to the faith
of all those outside the Church? Surely the finger of God points out this
devotion as one which, earnestly cultivated, will lead all dissenters into the
Catholic fold and inspire all Catholics to lives of sanctity.
Each of us, then, may
feel specially called to cherish it. How greatly it helps to simplify our
lives! Neither badge, medal nor affiliation is necessary to its practice; the
sole equipment is a lovingly attentive heart, and this all Christians may lay
claim to, if they will, in any place, at any time, and under any circumstances.
Love and obey the Spirit, His outer and inner voice, and it is enough. As a
pillar of cloud and a pillar of fire, He will lead you on and into the land of
promise. The glad spring sunshine, the grateful perfume of the pine woods, the
murmurs of splashing fountains – none of these is delightful compared to the
gracious caress and the sweet whisper of the indwelling Spirit, the Spouse of
our souls. It was once a custom in Catholic countries to symbolize the advent
of the Holy Ghost at Pentecost by letting fragrant blossoms and lighted fleece
fall from the ceiling of the church. Well did those symbols recall the love and
light bestowed on those who become His disciples.
Among the splendid old
hymns that have thrilled the church for centuries there is one, the “Veni,
Creator Spiritus,” unique in its wonderful history. To the echo of its music
kings have been anointed and emperors crowned. While its cry went up from the
kneeling thousands, bishops have knelt beneath the consecrating oil, priests
have been ordained, and temples erected to God. Under its inspiration spotless
souls have consecrated their chastity to Christ, preachers have stirred sinners
to lifelong penitence, and showers of Pentecostal grace have flowed down on
men. May it find new echo within each Catholic soul today! Veni, Creator
Spiritus! May His advent each Pentecost awaken us to the joyous consciousness
that He is come indeed, and is abiding within us, never more to depart until in
Heaven our eyes open to gaze eternally upon His uncovered Face!
SOURCE : https://catholicsaints.info/devotion-to-the-holy-spirit-by-father-joseph-mcsorley-c-s-p/
Unknown
Miniaturist, French (active 12th century in Limoges), Pentecost, XIIe siècle,
miniature sur parchemin,
Bibliothèque nationale de France
Pentecoste
28 maggio (celebrazione mobile)
Per gli Ebrei è la festa
che ricorda il giorno in cui sul Monte Sinai, Dio diede a Mosè le tavole della
Legge. Per la Chiesa Cattolica è la festa che ricorda la discesa dello
Spirito Santo sugli Apostoli.
Martirologio
Romano: Giorno di Pentecoste, in cui si conclude il tempo sacro dei
cinquanta giorni di Pasqua e, con l’effusione dello Spirito Santo sui discepoli
a Gerusalemme, si fa memoria dei primordi della Chiesa e dell’inizio della
missione degli Apostoli fra tutte le tribù, lingue, popoli e nazioni.
Origini della festa
Presso gli Ebrei la festa era inizialmente denominata “festa della mietitura” e “festa dei primi frutti”; si celebrava il 50° giorno dopo la Pasqua ebraica e segnava l’inizio della mietitura del grano; nei testi biblici è sempre una gioiosa festa agricola.
È chiamata anche “festa delle Settimane”, per la sua ricorrenza di sette settimane dopo la Pasqua; nel greco ‘Pentecoste’ significa 50ª giornata. Il termine Pentecoste, riferendosi alla “festa delle Settimane”, è citato in Tobia 2,1 e 2 Maccabei, 12, 31-32..
Quindi lo scopo primitivo di questa festa, era il ringraziamento a Dio per i frutti della terra, cui si aggiunse più tardi, il ricordo del più grande dono fatto da Dio al popolo ebraico, cioè la promulgazione della Legge mosaica sul Monte Sinai.
Secondo il rituale ebraico, la festa comportava il pellegrinaggio di tutti gli
uomini a Gerusalemme, l’astensione totale da qualsiasi lavoro, un’adunanza
sacra e particolari sacrifici; ed era una delle tre feste di pellegrinaggio
(Pasqua, Capanne, Pentecoste), che ogni devoto ebreo era invitato a celebrare a
Gerusalemme.
La discesa dello Spirito Santo
L’episodio della discesa dello Spirito Santo è narrato negli Atti degli Apostoli, cap. 2; gli apostoli insieme a Maria, la madre di Gesù, erano riuniti a Gerusalemme nel Cenacolo, probabilmente della casa della vedova Maria, madre del giovane Marco, il futuro evangelista, dove presero poi a radunarsi abitualmente quando erano in città; e come da tradizione, erano affluiti a Gerusalemme gli ebrei in gran numero, per festeggiare la Pentecoste con il prescritto pellegrinaggio.
“Mentre stava per compiersi il giorno di Pentecoste, si trovavano tutti insieme nello stesso luogo. Venne all’improvviso dal cielo un rombo, come di vento che si abbatte gagliardo e riempì tutta la casa dove si trovavano.
Apparvero loro lingue di fuoco, che si dividevano e si posarono su ciascuno di
loro; ed essi furono tutti pieni di Spirito Santo e cominciarono a parlare in
altre lingue, come lo Spirito dava loro di esprimersi.
Si trovavano allora in Gerusalemme giudei osservanti, di ogni Nazione che è
sotto il cielo. Venuto quel fragore, la folla si radunò e rimase sbigottita,
perché ciascuno li sentiva parlare nella propria lingua.
Erano stupefatti e, fuori di sé per lo stupore, dicevano: ‘Costoro che parlano non sono forse tutti Galilei? E com’è che li sentiamo ciascuno parlare la nostra lingua nativa?…”.
Il passo degli Atti degli Apostoli, scritti dall’evangelista Luca in un greco
accurato, prosegue con la prima predicazione dell’apostolo Pietro, che
unitamente a Paolo, narrato nei capitoli successivi, aprono il cristianesimo
all’orizzonte universale, sottolineando l’unità e la cattolicità della fede
cristiana, dono dello Spirito Santo.
Lo Spirito Santo
È il nome della terza persona della SS. Trinità, principio di santificazione dei fedeli, di unificazione della Chiesa, di ispirazione negli autori della Sacra Scrittura. È colui che assiste il magistero della Chiesa e tutti i fedeli nella conoscenza della verità (è detto anche ‘Paraclito’, cioè ‘Consolatore’).
L’Antico Testamento, non contiene una vera e propria indicazione sullo Spirito Santo come persona divina. Lo “spirito di Dio”, vi appare come forza divina che produce la vita naturale cosmica, i doni profetici e gli altri carismi, la capacità morale di obbedire ai comandamenti.
Nel Nuovo Testamento, lo Spirito appare talora ancora come forza impersonale carismatica. Insieme però, avviene la rivelazione della ‘personalità’ e della ‘divinità’ dello Spirito Santo, specialmente nel Vangelo di san Giovanni, dove Gesù afferma di pregare il Padre perché mandi il Paraclito, che rimanga sempre con i suoi discepoli e li ammaestri nella verità (Giov. 14-16) e in san Paolo, dove la dottrina dello Spirito Santo è congiunta con quella della divina redenzione.
Il magistero della Chiesa insegna che la terza Persona procede dalla prima e dalla seconda, come da un solo principio e come loro reciproco amore; che lo Spirito Santo è inviato per via di ‘missione’ nel mondo, e che esso ‘inabita’ nell’anima di chi possiede la Grazia santificante.
Concesso a tutti i battezzati (1 Corinzi, 12, 13), lo Spirito fonda l’uguale dignità di tutti i credenti. Ma nello stesso tempo, in quanto conferisce carismi e ministeri diversi, l’unico Spirito, costruisce la Chiesa con l’apporto di una molteplicità di doni.
L’insegnamento tradizionale, seguendo un testo di Isaia (11, 1 sgg.) enumera
sette doni particolari, sapienza, intelletto, consiglio, fortezza, scienza,
pietà e timore di Dio. Essi sono donati inizialmente con la grazia del
Battesimo e confermati dal Sacramento della Cresima.
Simbologia
Lo Spirito Santo, rarissimamente è stato rappresentato sotto forma umana;
mentre nell’Annunciazione e nel Battesimo di Gesù è sotto forma di colomba, e
nella Trasfigurazione è come una nube luminosa.
Ma nel Nuovo Testamento, lo Spirito divino è esplicitamente indicato, come
lingue di fuoco nella Pentecoste e come soffio nel Vangelo di Giovanni (20,
22); “Gesù disse loro di nuovo: Pace a voi! Come il Padre ha mandato me,
anch’io mando voi. Dopo aver detto questo, soffiò su di loro e disse: Ricevete
lo Spirito Santo; a chi rimetterete i peccati, saranno rimessi e a chi non li
rimetterete, resteranno non rimessi”.
Lo Spirito Santo, più volte preannunciato nei Vangeli da Gesù, è stato soprattutto assimilato al fuoco che come l’acqua è simbolo paradossale di vita e di morte.
In tutte le religiosità, il fuoco ha un posto fondamentale nel culto ed è spesso simbolo della divinità e come tale adorato. Il dio sumerico del fuoco, Gibil, era considerato portatore di luce e di purificazione; a Roma c’era una fiamma sempre accesa custodita dalle Vestali, simbolo di vita e di forza.
Nell’Antico Testamento, Dio si rivela a Mosè sotto forma di fuoco nel roveto ardente che non si consuma; nella colonna di fuoco Dio Illumina e guida il popolo ebraico nelle notti dell’Esodo; durante la consegna delle Tavole della Legge a Mosè, per la presenza di Dio il Monte Sinai era tutto avvolto da fuoco.
Nelle visioni profetiche dell’Antico Testamento, il fuoco è sempre presente e
Dio apparirà alla fine dei tempi con il fuoco e farà giustizia su tutta la
terra; anche nel Nuovo Testamento, Giovanni Battista annuncia Gesù come colui
che battezza in Spirito Santo e fuoco (Matteo, 3, 11).
La Pentecoste nel cristianesimo
I cristiani inizialmente chiamarono Pentecoste, il periodo di cinquanta giorni dopo la Pasqua. A quanto sembra, fu Tertulliano, apologista cristiano (155-220), il primo a parlarne come di una festa particolare in onore dello Spirito Santo. Alla fine del IV secolo, la Pentecoste era una festa solenne, durante la quale era conferito il Battesimo a chi non aveva potuto riceverlo durante la veglia pasquale.
Le costituzioni apostoliche testimoniano l’Ottava di Pentecoste per l’Oriente, mentre in Occidente compare in età carolingia. L’Ottava liturgica si conservò fino al 1969; mentre i giorni festivi di Pentecoste furono invece ridotti nel 1094, ai primi tre giorni della settimana; ridotti a due dalle riforme del Settecento.
All’inizio del XX secolo, fu eliminato anche il lunedì di Pentecoste, che tuttavia è conservato come festa in Francia e nei Paesi protestanti.
La Chiesa, nella festa di Pentecoste, vede il suo vero atto di nascita d’inizio
missionario, considerandola insieme alla Pasqua, la festa più solenne di tutto
il calendario cristiano.
La Pentecoste nell’arte
Il tema della Pentecoste, ha una vasta iconografia, particolarmente nell’arte medioevale, che fissò l’uso di raffigurare lo Spirito Santo che discende sulla Vergine e sugli apostoli nel Cenacolo, sotto la forma simbolica di lingue di fuoco e non di colomba.
Lo schema compositivo richiama spesso quello dell’Ultima Cena, trovandosi nello stesso luogo, cioè il Cenacolo, e lo stesso gruppo di persone: Gesù è sostituito da Maria e il posto lasciato vuoto da Giuda viene occupato da Mattia.
Viene così a comunicarsi il valore dell’unità dell’aggregazione e successione
apostolica, oltre che la sua disposizione a raggiungere i confini del mondo.
Nella Liturgia
Lo Spirito Santo viene invocato nel conferimento dei Sacramenti e da vero protagonista nel Battesimo e nella Cresima e con liturgia solenne nell’Ordine Sacro; e in ogni cerimonia liturgica, ove s’implora l’aiuto divino, con il magnifico e suggestivo inno del “Veni Creator”, il cui testo in latino è incomparabile.
Nella solennità di Pentecoste si recita la Sequenza, il cui testo della più
alta innologia liturgica, si riporta a conclusione di questa scheda come
preghiera, meditazione, invocazione allo Spirito Santo.
Veni creator
Veni, creator Spiritus,
mentes tuorum visita,
imple superna gratia
quae tu creasti pectora.
Qui diceris Paraclitus,
donum Dei altissimi,
fons vivus, ignis, caritas
et spiritalis unctio.
Tu semptiformis munere,
dextrae Dei tu digitus,
tu rite promissum Patris
sermone ditans guttura.
Accende lumen sensibus,
infunde amorem cordibus,
infirma nostri corporis
virtute firmans perpeti.
Hostem repellas longius
pacemque dones protinus;
ductore sic te praevio
vitemus omne noxium.
Per te sciamus da Patrem,
noscamus atque Filium,
te utriusque Spiritum
credamus omni tempore.
Amen.
Vieni Santo Spirito
(Sequenza)
Vieni, Santo Spirito,
manda a noi dal cielo
un raggio della tua luce.
Vieni padre dei poveri,
vieni datore dei doni,
vieni, luce dei cuori.
Consolatore perfetto,
ospite dolce dell’anima,
dolcissimo sollievo.
Nella fatica, riposo,
nella calura, riparo,
nel pianto conforto.
O luce beatissima,
invadi nell’intimo
il cuore dei tuoi fedeli.
Senza la tua forza,
nulla è nell’uomo,
nulla senza colpa.
Lava ciò che è sordido,
bagna ciò che è arido,
sana ciò che sanguina.
Piega ciò che è rigido,
scalda ciò che è gelido,
sana ciò ch’è sviato.
Dona ai tuoi fedeli
che solo in te confidano
i tuoi santi doni
Dona virtù e premio,
dona morte santa,
dona gioia eterna.
Amen.
Autore: Antonio Borrelli
SOURCE : https://www.santiebeati.it/dettaglio/20266
Arnau
Bassa (–1348), Pentecosta, Il·luminació al foli 160v, del Llibre
d'hores de Maria de Navarra, 1337, Manuscrit il·luminat, 17 x 11.3, Biblioteca
Marciana, Venècia, Itàlia
BENEDETTO XVI
UDIENZA GENERALE
Cari fratelli e sorelle,
nelle ultime catechesi
abbiamo riflettuto sulla preghiera negli Atti degli Apostoli, oggi vorrei
iniziare a parlare della preghiera nelle Lettere di san Paolo,
l’Apostolo delle genti. Anzitutto vorrei notare come non sia un caso che le sue
Lettere siano introdotte e si chiudano con espressioni di preghiera: all’inizio
ringraziamento e lode, e alla fine augurio affinché la grazia di Dio guidi il
cammino delle comunità a cui è indirizzato lo scritto. Tra la formula di
apertura: «ringrazio il mio Dio per mezzo di Gesù Cristo» (Rm 1,8), e
l’augurio finale: la «grazia del Signore Gesù Cristo sia con tutti voi» (1Cor 16,23),
si sviluppano i contenuti delle Lettere dell’Apostolo. Quella di san Paolo è
una preghiera che si manifesta in una grande ricchezza di forme che vanno dal
ringraziamento alla benedizione, dalla lode alla richiesta e all’intercessione,
dall’inno alla supplica: una varietà di espressioni che dimostra come la
preghiera coinvolga e penetri tutte le situazioni della vita, sia quelle
personali, sia quelle delle comunità a cui si rivolge.
Un primo elemento che
l’Apostolo vuole farci comprendere è che la preghiera non deve essere vista
come una semplice opera buona compiuta da noi verso Dio, una nostra azione. E’
anzitutto un dono, frutto della presenza viva, vivificante del Padre e di Gesù
Cristo in noi. Nella Lettera ai Romani scrive: «Allo stesso modo
anche lo Spirito viene in aiuto alla nostra debolezza: non sappiamo infatti
come pregare in modo conveniente, ma lo Spirito stesso intercede con gemiti
inesprimibili» (8,26). E sappiamo come è vero quanto dice l'Apostolo: «Non
sappiamo come pregare in modo conveniente». Vogliamo pregare, ma Dio è lontano,
non abbiamo le parole, il linguaggio, per parlare con Dio, neppure il pensiero.
Solo possiamo aprirci, mettere il nostro tempo a disposizione di Dio, aspettare
che Lui ci aiuti ad entrare nel vero dialogo. L'Apostolo dice: proprio questa
mancanza di parole, questa assenza di parole, eppure questo desiderio di
entrare in contatto con Dio, è preghiera che lo Spirito Santo non solo capisce,
ma porta, interpreta, presso Dio. Proprio questa nostra debolezza diventa,
tramite lo Spirito Santo, vera preghiera, vero contatto con Dio. Lo Spirito
Santo è quasi l'interprete che fa capire a noi stessi e a Dio che cosa vogliamo
dire.
Nella preghiera noi
sperimentiamo, più che in altre dimensioni dell’esistenza, la nostra debolezza,
la nostra povertà, il nostro essere creature, poiché siamo posti di fronte
all’onnipotenza e alla trascendenza di Dio. E quanto più progrediamo
nell’ascolto e nel dialogo con Dio, perché la preghiera diventi il respiro quotidiano
della nostra anima, tanto più percepiamo ancheil senso del nostro limite, non
solo davanti alle situazioni concrete di ogni giorno, ma anche nello stesso
rapporto con il Signore. Cresce allora in noi il bisogno di fidarci, di
affidarci sempre più a Lui; comprendiamo che «non sappiamo… come pregare in
modo conveniente» (Rm 8,26). Ed è lo Spirito Santo che aiuta la nostra
incapacità, illumina la nostra mente e scalda il nostro cuore, guidando il
nostro rivolgerci a Dio. Per san Paolo la preghiera è soprattutto operare dello
Spirito nella nostra umanità, per farsi carico della nostra debolezza e
trasformarci da uomini legati alle realtà materiali in uomini spirituali.
Nella Prima Lettera ai Corinti dice: «Ora, noi non abbiamo ricevuto
lo spirito del mondo, ma lo Spirito di Dio per conoscere ciò che Dio ci ha
donato. Di queste cose noi parliamo, con parole non suggerite dalla sapienza
umana, bensì insegnate dallo Spirito, esprimendo cose spirituali in termini
spirituali» (2,12-13). Con il suo abitare nella nostra fragilità umana, lo
Spirito Santo ci cambia, intercede per noi, ci conduce verso le altezze di Dio
(cfr Rm 8,26).
Con questa presenza dello
Spirito Santo si realizza la nostra unione a Cristo, poiché si tratta dello
Spirito del Figlio di Dio, nel quale siamo resi figli. San Paolo parla dello
Spirito di Cristo (cfr Rm 8,9), non solo dello Spirito di Dio. E'
ovvio: se Cristo è il Figlio di Dio, il suo Spirito è anche Spirito di Dio e
così se lo Spirito di Dio, Spirito di Cristo, divenne già molto vicino a noi
nel Figlio di Dio e Figlio dell'uomo, lo Spirito di Dio diventa anche spirito
umano e ci tocca; possiamo entrare nella comunione dello Spirito. E' come se
dicesse che non solamente Dio Padre si è fatto visibile nell’Incarnazione del
Figlio, ma anche lo Spirito di Dio si manifesta nella vita e nell’azione di
Gesù, di Gesù Cristo, che ha vissuto, è stato crocifisso, è morto e risorto.
L’Apostolo ricorda che «nessuno può dire “Gesù è Signore”, se non sotto
l’azione dello Spirito Santo» (1Cor 12,3). Dunque lo Spirito orienta il
nostro cuore verso Gesù Cristo, in modo che «non siamo più noi a vivere, ma
Cristo vive in noi» (cfr Gal 2,20). Nelle sue Catechesi sui
Sacramenti, riflettendo sull’Eucaristia, sant’Ambrogio afferma: «Chi si inebria
dello Spirito è radicato in Cristo» (5, 3, 17: PL 16, 450).
E vorrei adesso
evidenziare tre conseguenze nella nostra vita cristiana quando lasciamo operare
in noi non lo spirito del mondo, ma lo Spirito di Cristo come principio
interiore di tutto il nostro agire.
Anzitutto con la
preghiera animata dallo Spirito siamo messi in condizione di abbandonare e
superare ogni forma di paura o di schiavitù, vivendo l’autentica libertà dei
figli di Dio. Senza la preghiera che alimenta ogni giorno il nostro essere in
Cristo, in una intimità che cresce progressivamente, ci troviamo nella
condizione descritta da san Paolo nella Lettera ai Romani: non facciamo il
bene che vogliamo, bensì il male che non vogliamo (cfr Rm 7,19). E
questa è l'espressione dell'alienazione dell'essere umano, della distruzione
della nostra libertà, per le circostanze del nostro essere per il peccato
originale: vogliamo il bene che non facciamo e facciamo ciò che non vogliamo,
il male. L’Apostolo vuole far capire che non è anzitutto la nostra volontà a
liberarci da queste condizioni e neppure la Legge, bensì lo Spirito Santo. E
poiché «dove c’è lo Spirito del Signore c’è libertà» (2Cor 3,17), con la
preghiera sperimentiamo la libertà donata dallo Spirito: una libertà autentica,
che è libertà dal male e dal peccato per il bene e per la vita, per Dio. La
libertà dello Spirito, continua san Paolo, non s’identifica mai né con il
libertinaggio, né con la possibilità di fare la scelta del male, bensì con il
«frutto dello Spirito che è amore, gioia, pace, magnanimità, benevolenza,
bontà, fedeltà, mitezza e dominio di sé» (Gal 5,22). Questa è la vera
libertà: poter realmente seguire il desiderio del bene, della vera gioia, della
comunione con Dio e non essere oppresso dalle circostanze che ci chiedono altre
direzioni.
Una seconda conseguenza
che si verifica nella nostra vita quando lasciamo operare in noi lo Spirito di
Cristo è che il rapporto stesso con Dio diventa talmente profondo da non essere
intaccato da alcuna realtà o situazione. Comprendiamo allora che con la preghiera
non siamo liberati dalle prove o dalle sofferenze, ma possiamo viverle in
unione con Cristo, con le sue sofferenze, nella prospettiva di partecipare
anche della sua gloria (cfr Rm 8,17). Molte volte, nella nostra
preghiera, chiediamo a Dio di essere liberati dal male fisico e spirituale, e
lo facciamo con grande fiducia. Tuttavia spesso abbiamo l’impressione di non
essere ascoltati e allora rischiamo di scoraggiarci e di non perseverare. In
realtà non c’è grido umano che non sia ascoltato da Dio e proprio nella
preghiera costante e fedele comprendiamo con san Paolo che «le sofferenze del
tempo presente non ostacolano la gloria futura che sarà rivelata in noi» (Rm 8,18).
La preghiera non ci esenta dalla prova e dalle sofferenze, anzi – dice san
Paolo - noi «gemiamo interiormente aspettando l’adozione a figli, la redenzione
del nostro corpo» (Rm 8, 26); egli dice che la preghiera non ci esenta
dalla sofferenza ma la preghiera ci permette di viverla e affrontarla con una
forza nuova, con la stessa fiducia di Gesù, il quale – secondo la Lettera
agli Ebrei - «nei giorni della sua vita terrena offrì preghiere e
suppliche con forti grida e lacrime, a Dio che poteva salvarlo dalla morte e,
per il suo pieno abbandono a lui, venne esaudito» (5,7). La risposta di Dio
Padre al Figlio, alle sue forti grida e lacrime, non è stata la liberazione
dalle sofferenze, dalla croce, dalla morte, ma è stata un esaudimento molto più
grande, una risposta molto più profonda; attraverso la croce e la morte Dio ha
risposto con la risurrezione del Figlio, con la nuova vita. La preghiera
animata dallo Spirito Santo porta anche noi a vivere ogni giorno il cammino
della vita con le sue prove e sofferenze, nella piena speranza, nella fiducia
in Dio che risponde come ha risposto al Figlio.
E, terzo, la preghiera
del credente si apre anche alle dimensioni dell’umanità e dell’intero creato,
facendosi carico dell’«ardente aspettativa della creazione, protesa verso la
rivelazione dei figli di Dio» (Rm 8,19). Questo significa che la
preghiera, sostenuta dallo Spirito di Cristo che parla nell’intimo di noi
stessi, non rimane mai chiusa in se stessa, non è mai solo preghiera per me, ma
si apre alla condivisione delle sofferenze del nostro tempo, degli altri.
Diventa intercessione per gli altri, e così liberazione da me, canale di
speranza per tutta la creazione, espressione di quell’amore di Dio che è
riversato nei nostri cuori per mezzo dello Spirito che ci è stato dato
(cfr Rm 5,5). E proprio questo è un segno di una vera preghiera, che
non finisce in noi stessi, ma si apre per gli altri e così mi libera, così
aiuta per la redenzione del mondo.
Cari fratelli e sorelle,
san Paolo ci insegna che nella nostra preghiera dobbiamo aprirci alla presenza
dello Spirito Santo, il quale prega in noi con gemiti inesprimibili, per
portarci ad aderire a Dio con tutto il nostro cuore e con tutto il nostro
essere. Lo Spirito di Cristo diventa la forza della nostra preghiera «debole»,
la luce della nostra preghiera «spenta», il fuoco della nostra preghiera
«arida», donandoci la vera libertà interiore, insegnandoci a vivere affrontando
le prove dell’esistenza, nella certezza di non essere soli, aprendoci agli
orizzonti dell’umanità e della creazione «che geme e soffre le doglie del
parto» (Rm 8,22). Grazie.
Saluti:
Je salue les pèlerins
francophones, en particulier les Frères du Sacré-Cœur, les Maronites de
Cotonou, les fidèles venus d’Haïti et de la Réunion, les Amis de Madeleine
Delbrel et tous les jeunes ! Puissiez-vous laisser l’Esprit habiter en vous et
y imprimer le visage du Christ pour devenir libres et capables de vivre dans
l’amour de Dieu et des autres. Bon pèlerinage à tous !
I greet all the
English-speaking visitors present at today’s Audience, including those from,
Ireland, India, Indonesia, Japan, the Philippines, Canada and the United
States. I welcome in particular the pilgrimage groups from Australia. Upon you
and your families I cordially invoke the joy and peace of the Risen Lord.
I am pleased to greet Cardinal Oscar Rodríguez Maradiaga, President of Caritas
Internationalis, together with Members of the Executive Board and
Representative Council. Your presence here today expresses your communion with
the Successor of Peter and your readiness to welcome the new juridical
framework of your organization. I thank you for this and I am certain that the
new structures will support and encourage your important service to those most
in need.
Von Herzen grüße ich die
Pilger und Besucher aus den Ländern deutscher Sprache wie auch die Schüler aus
den Niederlanden. Besonders danke ich auch der Blaskapelle von Dettingen für
das schöne »Großer Gott«. Herzlichen Dank! Der Heilige Geist stärke und
entflamme unser armseliges Gebet, er schenke uns die wahre Freiheit und das
Licht, das Gute zu erkennen. Er geleite euch auf allen euren Wegen.
Saludo cordialmente a los
grupos de lengua española, en particular al de la Institución Teresiana, en el
centenario de su fundación y fiel servicio a la Iglesia, así como a los
provenientes de España, México, Costa Rica, Guatemala, Argentina y otros países
latinoamericanos. Invito a todos a pedir al Señor, que su Espíritu sea nuestra
fuerza para afrontar las pruebas con la esperanza de estar radicados en Dios.
Muchas gracias.
Amados peregrinos de
língua portuguesa, em particular os vários grupos vindos do Brasil, cuja
peregrinação se detém hoje junto do túmulo de São Pedro e neste Encontro com o
seu Sucessor: Obrigado pela vossa presença e oração! A todos saúdo, confiando à
Virgem Maria os vossos corações e os vossos passos para que neles se mantenha
viva a luz de Deus. Para vós e vossas famílias, a minha Bênção!
Saluto in lingua polacca:
Witam uczestniczących w
tej audiencji pielgrzymów polskich. Bracia i siostry, klękając do codziennej
modlitwy bądźmy otwarci na działanie Ducha Świętego. Święty Paweł nam
przypomina, że sam Duch wstawia się za nami w błaganiach, gdy nie umiemy się
modlić tak, jak trzeba. Prośmy Chrystusa, by wspierał naszą modlitwę mocą swego
Ducha, opromieniał ją swoim światłem, uczynił ją zgodną z wolą Bożą. Wam
wszystkim tu obecnym i waszym bliskim z serca błogosławię.
Traduzione italiana:
Do il mio benvenuto ai
pellegrini polacchi partecipanti a quest’udienza. Fratelli e sorelle,
inginocchiandoci per la preghiera quotidiana ci apriamo all’azione dello
Spirito Santo. San Paolo ci ricorda che è lo stesso Spirito a intercedere per
noi con gemiti inesprimibili. Domandiamo a Cristo di sostenere la nostra
preghiera con la potenza del Suo Spirito, di illuminarla con la Sua luce, di
renderla conforme alla volontà di Dio. Benedico di cuore voi qui presenti e i
vostri cari.
Saluto in lingua ceca:
Zdravím české poutníky na
cestě víry k hrobům apoštolů a po stopách svatého Benedikta. Ať modlitba na
těchto místech posílí vaši víru a naději.
Traduzione italiana
Saluto i pellegrini della
Repubblica Ceca, in cammino di fede alle tombe degli Apostoli e ai luoghi di
San Benedetto. Auspico che queste soste di preghiera rafforzino la vostra fede
e sostengano la vostra speranza.
Saluto in lingua croata:
Radosno pozdravljam sve
hrvatske hodočasnike, a osobito profesore i studente Visoke škole za
međunarodne odnose i diplomaciju iz Zagreba. Dragi prijatelji, prošle nam je
nedjelje Krist dao temelj svakog odnosa, a to je: Ljubite jedni druge kao
što sam ja vas ljubio! Nosite ovu zapovijed u svom srcu i vršite je uvijek
i na svakom mjestu. Hvaljen Isus i Marija!
Traduzione italiana:
Con gioia saluto tutti i
pellegrini croati, particolarmente i docenti e studenti della Scuola superiore
per i rapporti internazionali e di diplomazia di Zagabria. Cari amici, domenica
scorsa Cristo ci ha dato il fondamento di ogni relazione, cioè: Amatevi
gli uni gli altri, come io vi ho amati! Portate questo comandamento nel
vostro cuore e praticatelo sempre e in ogni luogo. Siano lodati Gesù e Maria!
Saluto in lingua
slovacca:
S láskou pozdravujem
slovenských pútnikov, osobitne z farností Nové Mesto nad Váhom, Humenné, Tulčík,
Žilina a Rajecká Lesná.
Bratia a sestry, Cirkev na Slovensku zajtra bude sláviť sviatok
Nanebovstúpenia. Pán má pripravené miesto pre každého a očakáva nás. Tam, na
nebeskú domovinu, nech sú nasmerované naše myšlienky i skutky.
Zo srdca vás žehnám.
Pochválený buď Ježiš Kristus!
Traduzione in italiano:
Saluto con affetto i
pellegrini slovacchi, specialmente quelli provenienti dalle parrocchie di Nové
Mesto nad Váhom, Humenné, Tulčík, Žilina e Rajecká Lesná.
Fratelli e sorelle, la Chiesa in Slovacchia domani celebrerà la festa
dell’Ascensione. Il Signore ha preparato un posto per ognuno e ci attende. I
nostri pensieri e le nostre opere siano rivolti verso la patria celeste.
Di cuore vi benedico.
Sia lodato Gesù Cristo!
Saluto in lingua ucraina:
Вітаю військовиків з
України, учасників військового паломництва до Люрду, і заохочую їх великодушно
трудитись для безпеки та миру, з радістю даючи свідчення Євангелію Христа.
Traduzione italiana
Saluto i militari
provenienti dall’Ucraina, partecipanti al pellegrinaggio militare a Lourdes, e
li incoraggio a lavorare generosamente per la sicurezza e la pace,
testimoniando con gioia il Vangelo di Cristo. Cristo è risorto!
Saluto in lingua bulgara:
Поздравявам поклонниците
от България. Скъпи приятели, поверявам вас и вашата Родина на Дева Мария: нека
Нейното Непорочно Сърце винаги ви води в търсенето на истината и истинския мир.
Да бъде хвален Исус Христос.
Traduzione italiana:
Saluto i pellegrini
provenienti dalla Bulgaria. Cari amici affido voi e la vostra Patria alla
Vergine Maria: il suo Cuore Immacolato vi guidi sempre nella ricerca della
verità e dell’autentica pace. Sia lodato Gesù Cristo.
APPELLO
Ieri, martedì 15 maggio,
si è celebrata la Giornata Internazionale delle Famiglie, istituita dalle
Nazioni Unite e dedicata quest’anno all’equilibrio fra due questioni
strettamente connesse: la famiglia e il lavoro. Quest’ultimo non dovrebbe
ostacolare la famiglia, ma piuttosto sostenerla e unirla, aiutarla ad aprirsi
alla vita e ad entrare in relazione con la società e con la Chiesa. Auspico,
inoltre, che la Domenica, giorno del Signore e Pasqua della settimana, sia
giorno di riposo e occasione per rafforzare i legami familiari.
* * *
Rivolgo ora un cordiale
saluto ai pellegrini di lingua italiana, in particolare ai fedeli
dell’Arcidiocesi de L’Aquila, accompagnati dal loro Pastore Mons. Giuseppe
Molinari, come pure a quelli di Rocca Santo Stefano qui convenuti con il loro
Vescovo Mons. Domenico Sigalini: invoco su ciascuno una rinnovata effusione di
grazia divina per una sempre più feconda e lieta adesione a Cristo. Saluto i
genitori e gli alunni della Scuola «Regina Apostolorum» delle Suore Francescane
dell’Immacolata in Roma, ed auspico che continui con rinnovato slancio
spirituale l’opera educativa e sociale iniziata cinquant’anni orsono. Saluto i
sacerdoti e i diaconi del Collegio Urbano di Roma, assicurando la mia preghiera
affinché siano rafforzati nei generosi propositi di fedeltà alla chiamata del
Signore.
Il mio pensiero va ora ai
rappresentanti della Comunità cattolica «Shalom». Cari amici, voi festeggiate
il 30° anniversario di fondazione. Cari amici, grazie per la vostra presenza!
Questa ricorrenza, come pure l’approvazione dei vostri statuti, siano di
incoraggiamento a proseguire con entusiasmo nella testimonianza evangelica. Ma
vedo già il vostro entusiasmo! Vi accompagno con la mia preghiera e la mia
benedizione, affinché possiate essere gioiosi strumenti dell’amore e della
misericordia di Dio tra quanti incontrate nel vostro impegno missionario.
Il mio pensiero si
rivolge adesso ai giovani, ai malati ed agli sposi novelli. La Solennità
dell’Ascensione del Signore, che domani celebreremo, ci invita a guardare a
Gesù che, salendo al cielo, affida agli Apostoli il mandato di portare il suo
messaggio di salvezza in tutto il mondo. Cari giovani, impegnatevi a mettere il
vostro entusiasmo a servizio del Vangelo. Voi, cari malati, vivete le vostre
sofferenze uniti al Signore, per offrire un contributo prezioso alla crescita
del Regno di Dio. E voi, cari sposi novelli, testimoniate l’amore di Cristo con
il vostro amore coniugale.
© Copyright 2012 -
Libreria Editrice Vaticana
Copyright © Dicastero per
la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/it/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20120516.html
BENEDICTO XVI
AUDIENCIA GENERAL
La oración en las Cartas de
san Pablo
Queridos hermanos y
hermanas:
En las últimas catequesis
hemos reflexionado sobre la oración en los Hechos de los Apóstoles, hoy
quiero comenzar a hablar de la oración en las Cartas de san Pablo, el
Apóstol de los gentiles. Ante todo, quiero notar cómo no es casualidad que sus
Cartas comiencen y concluyan con expresiones de oración: al inicio, acción de
gracias y alabanza; y, al final, deseo de que la gracia de Dios guíe el camino
de la comunidad a la que está dirigida la carta. Entre la fórmula de apertura:
«Doy gracias a mi Dios por medio de Jesucristo» (Rm 1, 8), y el deseo
final: «La gracia del Señor Jesús esté con vosotros» (1 Co 16, 23), se
desarrollan los contenidos de las Cartas del Apóstol. La oración de san Pablo
se manifiesta en una gran riqueza de formas que van de la acción de gracias a
la bendición, de la alabanza a la petición y a la intercesión, del himno a la
súplica: una variedad de expresiones que demuestra cómo la oración implica y
penetra todas las situaciones de la vida, tanto las personales como las de las
comunidades a las que se dirige.
Un primer elemento que el
Apóstol quiere hacernos comprender es que la oración no se debe ver como una
simple obra buena realizada por nosotros con respecto de Dios, una acción
nuestra. Es ante todo un don, fruto de la presencia viva, vivificante del Padre
y de Jesucristo en nosotros. En la Carta a los Romanos escribe: «Del
mismo modo el Espíritu acude en ayuda de nuestra debilidad, pues nosotros no
sabemos orar como conviene, pero el Espíritu mismo intercede por nosotros con
gemidos inefables» (8, 26). Y sabemos que es verdad lo que dice el Apóstol: «No
sabemos orar como conviene». Queremos orar, pero Dios está lejos, no tenemos
las palabras, el lenguaje, para hablar con Dios, ni siquiera el pensamiento.
Sólo podemos abrirnos, poner nuestro tiempo a disposición de Dios, esperar que
él nos ayude a entrar en el verdadero diálogo. El Apóstol dice: precisamente
esta falta de palabras, esta ausencia de palabras, incluso este deseo de entrar
en contacto con Dios, es oración que el Espíritu Santo no sólo comprende, sino
que lleva, interpreta ante Dios. Precisamente esta debilidad nuestra se
transforma, a través del Espíritu Santo, en verdadera oración, en verdadero
contacto con Dios. El Espíritu Santo es, en cierto modo, intérprete que nos
hace comprender a nosotros mismos y a Dios lo que queremos decir.
En la oración, más que en
otras dimensiones de la existencia, experimentamos nuestra debilidad, nuestra
pobreza, nuestro ser criaturas, pues nos encontramos ante la omnipotencia y la
trascendencia de Dios. Y cuanto más progresamos en la escucha y en el diálogo
con Dios, para que la oración se convierta en la respiración diaria de nuestra
alma, tanto más percibimos incluso el sentido de nuestra limitación, no sólo
ante las situaciones concretas de cada día, sino también en la misma relación
con el Señor. Entonces aumenta en nosotros la necesidad de fiarnos, de
abandonarnos cada vez más a él; comprendemos que «no sabemos orar como conviene»
(Rm 8, 26). Y el Espíritu Santo nos ayuda en nuestra incapacidad, ilumina
nuestra mente y calienta nuestro corazón, guiando nuestra oración a Dios. Para
san Pablo la oración es sobre todo obra del Espíritu en nuestra humanidad, para
hacerse cargo de nuestra debilidad y transformarnos de hombres vinculados a las
realidades materiales en hombres espirituales. En la Primera Carta a los
Corintios dice: «Nosotros hemos recibido un Espíritu que no es del mundo;
es el Espíritu que viene de Dios, para que conozcamos los dones que de Dios
recibimos. Cuando explicamos verdades espirituales a hombres de espíritu, no
las exponemos en el lenguaje que enseña el saber humano, sino en el que enseña
el Espíritu» (2, 12-13). Al habitar en nuestra fragilidad humana, el Espíritu
Santo nos cambia, intercede por nosotros y nos conduce hacia las alturas de
Dios (cf. Rm 8, 26).
Con esta presencia del
Espíritu Santo se realiza nuestra unión con Cristo, pues se trata del Espíritu
del Hijo de Dios, en el que hemos sido hecho hijos. San Pablo habla del
Espíritu de Cristo (cf. Rm 8, 9) y no sólo del Espíritu de Dios. Es
obvio: si Cristo es el Hijo de Dios, su Espíritu es también Espíritu de Dios, y
así si el Espíritu de Dios, el Espíritu de Cristo, se hizo ya muy cercano a
nosotros en el Hijo de Dios e Hijo del hombre, el Espíritu de Dios también se
hace espíritu humano y nos toca; podemos entrar en la comunión del Espíritu. Es
como si dijera que no solamente Dios Padre se hizo visible en la encarnación
del Hijo, sino también el Espíritu de Dios se manifiesta en la vida y en la
acción de Jesús, de Jesucristo, que vivió, fue crucificado, murió y resucitó.
El Apóstol recuerda que «nadie puede decir “Jesús es Señor”, sino por el
Espíritu Santo» (1 Co 12, 3). Así pues, el Espíritu orienta nuestro
corazón hacia Jesucristo, de manera que «ya no somos nosotros quienes vivimos,
sino que es Cristo quien vive en nosotros» (cf. Ga 2, 20). En
sus Catequesis sobre los sacramentos, san Ambrosio, reflexionando sobre la
Eucaristía, afirma: «Quien se embriaga del Espíritu está arraigado en Cristo»
(5, 3, 17: pl 16, 450).
Y ahora quiero poner de
relieve tres consecuencias en nuestra vida cristiana cuando dejamos actuar en
nosotros, no el espíritu del mundo, sino el Espíritu de Cristo como principio
interior de todo nuestro obrar.
Ante todo, con la oración
animada por el Espíritu somos capaces de abandonar y superar cualquier forma de
miedo o de esclavitud, viviendo la auténtica libertad de los hijos de Dios. Sin
la oración que alimenta cada día nuestro ser en Cristo, en una intimidad que
crece progresivamente, nos encontramos en la situación descrita por san Pablo
en la Carta a los Romanos: no hacemos el bien que queremos, sino el mal
que no queremos (cf. Rm 7, 19). Y esta es la expresión de la
alienación del ser humano, de la destrucción de nuestra libertad, por las
circunstancias de nuestro ser a causa del pecado original: queremos el bien que
no hacemos y hacemos lo que no queremos, el mal. El Apóstol quiere darnos a
entender que no es en primer lugar nuestra voluntad lo que nos libra de estas
condiciones, y tampoco la Ley, sino el Espíritu Santo. Y dado que «donde está
el Espíritu del Señor hay libertad» (2 Co 3, 17), con la oración
experimentamos la libertad que nos ha dado el Espíritu: una libertad auténtica,
que es libertad del mal y del pecado para el bien y para la vida, para Dios. La
libertad del Espíritu, prosigue san Pablo, no se identifica nunca ni con el
libertinaje ni con la posibilidad de optar por el mal, sino con el «fruto del
Espíritu que es: amor, alegría, paz, paciencia, afabilidad, bondad, lealtad,
modestia, dominio de sí» (Ga 5, 22). Esta es la verdadera libertad: poder
seguir realmente el deseo del bien, de la verdadera alegría, de la comunión con
Dios, y no ser oprimido por las circunstancias que nos llevan a otras
direcciones.
Una segunda consecuencia
que se verifica en nuestra vida cuando dejamos actuar en nosotros al Espíritu
de Cristo es que la relación misma con Dios se hace tan profunda que no la
altera ninguna realidad o situación. Entonces comprendemos que con la oración
no somos liberados de las pruebas o de los sufrimientos, sino que podemos
vivirlos en unión con Cristo, con sus sufrimientos, en la perspectiva de
participar también de su gloria (cf. Rm 8, 17). Muchas veces, en
nuestra oración, pedimos a Dios que nos libre del mal físico y espiritual, y lo
hacemos con gran confianza. Sin embargo, a menudo tenemos la impresión de que
no nos escucha y entonces corremos el peligro de desalentarnos y de no
perseverar. En realidad, no hay grito humano que Dios no escuche, y
precisamente en la oración constante y fiel comprendemos con san Pablo que «los
sufrimientos de ahora no se pueden comparar con la gloria que un día se nos
manifestará» (Rm 8, 18). La oración no nos libra de la prueba y de los
sufrimientos; más aún —dice san Pablo— nosotros «gemimos en nuestro interior,
aguardando la adopción filial, la redención de nuestro cuerpo» (Rm 8, 23);
él dice que la oración no nos libra del sufrimiento, pero la oración nos
permite vivirlo y afrontarlo con una fuerza nueva, con la misma confianza de
Jesús, el cual —según la Carta a los Hebreos— «en los días de su vida
mortal, a gritos y con lágrimas, presentó oraciones y súplicas al que podía
salvarlo de la muerte, siendo escuchado por su piedad filial» (5, 7). La
respuesta de Dios Padre al Hijo, a sus fuertes gritos y lágrimas, no fue la
liberación de los sufrimientos, de la cruz, de la muerte, sino que fue una
escucha mucho más grande, una respuesta mucho más profunda; a través de la cruz
y la muerte, Dios respondió con la resurrección del Hijo, con la nueva vida. La
oración animada por el Espíritu Santo nos lleva también a nosotros a vivir cada
día el camino de la vida con sus pruebas y sufrimientos, en la plena esperanza,
en la confianza en Dios que responde como respondió al Hijo.
Y, en tercer lugar, la
oración del creyente se abre también a las dimensiones de la humanidad y de
toda la creación, que, «expectante, está aguardando la manifestación de los
hijos de Dios» (Rm 8, 19). Esto significa que la oración, sostenida por el
Espíritu de Cristo que habla en lo más íntimo de nosotros mismos, no permanece
nunca cerrada en sí misma, nunca es sólo oración por mí, sino que se abre a
compartir los sufrimientos de nuestro tiempo, de los demás. Se transforma en
intercesión por los demás, y así en mi liberación, en canal de esperanza para
toda la creación, en expresión de aquel amor de Dios que ha sido derramado en
nuestros corazones por medio del Espíritu que se nos ha dado (cf. Rm 5,
5). Y precisamente este es un signo de una verdadera oración, que no acaba en
nosotros mismos, sino que se abre a los demás, y así me libera, así ayuda a la
redención del mundo.
Queridos hermanos y
hermanas, san Pablo nos enseña que en nuestra oración debemos abrirnos a la presencia
del Espíritu Santo, el cual ruega en nosotros con gemidos inefables, para
llevarnos a adherirnos a Dios con todo nuestro corazón y con todo nuestro ser.
El Espíritu de Cristo se convierte en la fuerza de nuestra oración «débil», en
la luz de nuestra oración «apagada», en el fuego de nuestra oración «árida»,
dándonos la verdadera libertad interior, enseñándonos a vivir afrontando las
pruebas de la existencia, con la certeza de que no estamos solos, abriéndonos a
los horizontes de la humanidad y de la creación «que gime y sufre dolores de
parto» (Rm 8, 22). Gracias.
Saludos
Saludo cordialmente a los
grupos de lengua española, en particular al de la Institución Teresiana, en el
centenario de su fundación y fiel servicio a la Iglesia, así como a los provenientes
de España, México, Costa Rica, Guatemala, Argentina y otros países
latinoamericanos. Invito a todos a pedir al Señor, que su Espíritu sea nuestra
fuerza para afrontar las pruebas con la esperanza de estar radicados en Dios.
Muchas gracias.
Copyright © Dicastero per
la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/es/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20120516.html
Freska
u kaloti krstionice, manastir Žiča, Srbija
Fresque médiévale
représentant le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe, monastère de Žiča, Serbie.
Catéchisme
de l'Eglise Catholique
CATÉCHISME DE L'ÉGLISE
CATHOLIQUE:
L'Eglise,
Temple de l'Esprit Saint
L'Esprit
et l'Eglise à la fin des temps
Dominum
et Vivificantem (18 mai 1986)
[Anglais, Espagnol, Français, Italien, Polonais, Portugais]
Redemptoris
Missio (7 décembre 1990)
[Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Polonais, Portugais]
Lettre
aux Artistes, (4 avril 1999)
[Allemand, Anglais, Arabe, Espagnol, Français, Italien, Polonais, Portugais]
Christifideles
Laici (30 décembre 1988)
[Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Polonais, Portugais]
Catéchèse sur les dons de
l'Esprit Saint
"Regina Coeli" et "Angelus" prononcé par le Saint Père en
1989:
Réflexion sur les sept
dons de l'Esprit Saint (2 avril 1989)
[Anglais, Italien]
Don de la Sagesse (9
avril 1989)
[Anglais, Italien]
Don de l'Intelligence (16
avril 1989)
[Anglais, Italien]
Don de la Science (23
avril 1989)
[Anglais, Italien]
Don du Conseil (7 mai
1989)
[Anglais, Italien]
Don de la Force (14 mai
1989)
[Anglais, Italien]
Don de la Piété (28 mai
1989)
[Anglais, Italien]
Don de la Crainte de Dieu
(11 juin 1989)
[Anglais, Italien]
Ecclesiam
Suam (6 août 1964)
[Anglais, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
Mysterium
Fidei (3 septembre 1965)
[Anglais, Français, Italien, Portugais]
Catéchèses du Pape Paul VI
sur l'Esprit Saint
(Italien)
Perenne
la presenza e l'azione dello Spirito Santo (12/10/1966)
Perenni
e vitali doni della Pentecoste (17/05/1967)
Lo
Spirito Santo "Fons vivus ignis caritas..." (26/05/1971)
Lo
Spirito Santo animatore e santificatore della Chiesa (29/11/1972)
Un'esperienza
spirituale che è un invito alla fede (10/05/1975)
Andare
all'incontro con il Dio vivo (18/05/1975)
Dall'Ascensione
alla Pentecoste (22/05/1977)
Ai
ragazzi dell'Azione Cattolica (20/05/1978)
Message
radio de Pentecôte (1er juin 1941)
Spiritus Paraclitus (15
septembre 1920)
[Anglais, Espagnol]
Divinum Illud Munus (9
mai 1897)
[Anglais, Espagnol]
Décret
"Ad Gentes" (7 décembre 1965)
[Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Portugais, Swahili, Tchèque]
SOURCE : https://www.vatican.va/liturgical_year/pentecost/2006/pentecoste_fr.html#LEONE%20XIII