Annuntiatio
26 Au sixième mois,
l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth,
27 vers une vierge qui
était fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph; et le nom de la
vierge était Marie.
28 Etant entré où elle
était, il lui dit : " Salut, pleine de grâce ! Le Seigneur est avec vous;
[vous êtes bénie entre les femmes]. "
29 Mais à cette parole
elle fut fort troublée, et elle se demandait ce que pouvait être cette
salutation.
30 L'ange lui dit :
" Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu.
31 Voici que vous
concevrez, et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus.
32 Il sera grand et sera
appelé fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son
père ;
33 il régnera
éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n'aura point de fin. "
34 Marie dit à l'ange :
" Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais point l'homme? "
35 L'ange lui répondit :
" L'Esprit-Saint viendra sur vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira
de son ombre. C'est pourquoi l'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu.
36 Et voici qu'Elisabeth,
votre parente, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse, et ce mois-ci
est le sixième pour elle que l'on appelait stérile,
37 car rien ne sera
impossible pour Dieu. "
38 Marie dit alors :
" Voici la servante du Seigneur : qu'il me soit fait selon votre parole !
" Et l'ange la quitta.
Évangile selon Saint LUC, I : 26-38
Annonciation du Seigneur
La scène nous est bien connue. Dieu propose et attend une réponse. Cette belle fête célèbre en Marie l’alliance de l’œuvre toute-puissante de Dieu et de la liberté humaine. Elle annonce l’aurore du Salut puisque celui qui prend chair ce jour dans le sein de la Vierge sera celui qui sur la Croix consommera le don total qu’il fait de lui à son Père pour racheter tous ses frères en humanité. La Vierge Marie y reçoit le titre inouï de « Mère de Dieu ». Faite de silence et de pudeur, cette célébration, à neuf mois de la bruyante fête de Noël, nous fait entrer dans le mystère de l’Incarnation d’une façon plus propice à en goûter la beauté et la profondeur.
Maurice Denis (1870–1943), L’Annonciation, 1912, 98 x 124, Luxembourg Museum, MUba Eugène-Leroy, Musée d'Orsay
[HOMÉLIE] Quand le
Seigneur entre dans ta vie en passant par la porte
Marc
Dumoulin - publié le 07/04/24
Curé de la paroisse
Notre-Dame de Vincennes, le père Marc Dumoulin commente l’évangile de la
solennité de l’Annonciation (Lc 1, 26-38). Cet ange qui vient pour nous
annoncer Jésus dans notre vie, comme il a visité Marie pour lui annoncer
qu’elle avait trouvé grâce auprès de Dieu, saurons-nous l’accueillir ?
Nazareth est aujourd’hui
une ville moyenne de Galilée, comme c’était un petit bourg du temps de Marie et
de Joseph. On n’en aurait jamais rien su si l’ange Gabriel n’y avait été envoyé
par Dieu. Il a choisi ce lieu pauvre et improbable pour commencer le salut
qu’il destine à tous les hommes. Pourquoi Dieu a-t-il choisi Marie ? Qui est
Marie ? Selon l’Évangile, une jeune fille encore vierge, fiancée à Joseph,
un homme de bonne famille descendant de David. Marie porte un nom répandu en
son temps, comme six autres femmes du Nouveau Testament. Rien ne nous est dit à
son sujet avant la venue de l’ange Gabriel.
Comblée de grâce
Un jour, l’ange entra
chez Marie. Rien de sensationnel pour cette entrée : ni ouragan, ni
tremblement de terre, ni feu. Gabriel franchit la porte de la maison de Marie
comme quiconque. Du reste, cette entrée ne bouleversa pas Marie ; mais
bien davantage la Parole que Gabriel lui adressera : « Réjouis-toi,
comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. Sois sans crainte Marie, car tu as
trouvé grâce auprès de Dieu » (Lc 1, 28). Voilà ce qui distingue Marie des autres
femmes : Marie est comblée de grâce, le Seigneur est avec elle et elle a
trouvé grâce auprès de Dieu. L’expérience radicale que fit Marie donne la
matrice de ce qui adviendra à ceux qui, après elle et comme elle, accueilleront
le Seigneur.
Comme Marie, aurons-nous
le cœur assez disponible pour recevoir l’ange du Seigneur et concevoir en nous
le Sauveur, et l’Esprit Saint venant sur nous ?
Nous aussi, comme à
Nazareth, nous avons souvent l’impression de vivre une vie ordinaire, dans une
ville ordinaire, menant des études ordinaires, exerçant un travail ordinaire,
pour employer les mots de la vénérable Madeleine Delbrêl. Pourtant, c’est bien dans ce
Nazareth-là qu’aujourd’hui, le Seigneur envoie son ange auprès de chacun de
nous. Un ange qui entre dans notre vie comme quiconque pénètre chez nous, sans
effet extraordinaire, en passant simplement par la porte. Cet ange nous dit, à
nous aussi : Le Seigneur soit avec vous, le Seigneur soit avec toi.
Il ne veut rien sinon te combler de sa grâce, car chacun trouve grâce auprès de
lui. Il veut naître et grandir en toi et souhaite que tu l’appelles par son
Nom : Jésus,
ce qui signifie Dieu sauve. Il ne souhaite rien tant que d’établir son
règne en toi, en nous, un règne qui n’a pas de fin. Car ce qu’il te donne,
c’est la vie éternelle.
Saurons-nous l’accueillir ?
Une question reste
posée : cette proposition inouïe que le Seigneur prépare pour chacun de
nous, saurons-nous l’accueillir ? Comme Marie, aurons-nous le cœur assez
disponible pour recevoir l’ange du Seigneur et concevoir en nous le Sauveur, et
l’Esprit Saint venant sur nous ? Accueillerons-nous Celui dont le
seul désir est d’établir en nous sa demeure ? Tous, nous demeurons plongés
dans nos pensées, nos affaires, les écrits, les oraux, les vacances à préparer.
Si troublés que nous soyons par des motifs légitimes : inquiétudes de
santé, obsession de réussir ses examens ou sa carrière, soucis financiers,
conflits familiaux, ambitions contrariées, si nous sommes ainsi préoccupés,
prendrons-nous le risque de rester aveugles à la venue du Seigneur ou de son
ange ? Car même si nous ne le voyons pas, le Seigneur ressuscité passe à
côté de nous. Il cogne à l’entrée de notre cœur. Lui offrirons-nous la porte
fermée d’une institution qui affiche complet ? Ou la porte ouverte de
notre maison intérieure, si modeste soit-elle, où Jésus pourra reposer en
mendiant notre oui, comme l’ange l’a demandé à Marie ?
Ne le laissons pas passer
sans le voir ni le recevoir. Lorsqu’il viendra dans notre cœur, alors sans rien
craindre, déposons nos fardeaux à ses pieds, nos peines et nos blessures, nos
déceptions et nos manques d’amour. Surtout, notre joie. Nous en recevrons la
vie qu’il veut pour nous, la vie qu’il nous donne, la vie éternelle.
PRIVILÈGE
DU MOIS DE MARS
La fête du 25 mars, dit
le père Faber, est de toutes les fêtes de 1’année la plus difficile à célébrer
dignement. La fête de l’Annonciation est la fête même de l’Incarnation.
Le mois de mars, disent
les Bollandistes, est le premier des mois.
C’est en mars, disent-ils,
que le monde a été créé, en mars que le Rédempteur a été conçu. Le mois de mars
est le premier mois que la lumière ait éclairé.
Le Fiat de Dieu qui a ordonné à la lumière de naître, et le Fiat de la Vierge qui a accepté la
maternité divine ont été prononcés tous deux en mars.
C’est en mars que
Jésus-Christ est mort, et c’est très probablement le 25 mars qui fut le jour de
son Incarnation.
Les Bollandistes croient
encore qu’en mars aura lieu la fin du monde. Le monde sera jugé dans le mois où
il a été fait. Le jugement dernier sera l’anniversaire de la création.
Le mois de mars serait
donc le mois des commencements et le mois des renouvellements.
Pour cette raison
peut-être il a été appelé Artion, du
mot Artius, qui veut dire complet .
Chez les Italiens son nom était Primus, le premier. Chez les Hébreux, il s’appelait
Nizan, et c’est par lui que
commençait l’année.
Les Romains l’appelèrent
Mars du nom de celui à qui la guerre était dédiée. Le premier des mois fut
affecté à la première des idoles, à l’idole préférée.
Les traditions les plus
antiques du monde attribuent au mois de mars les plus remarquables privilèges.
Il aurait vu, dit-on, la
première victoire de Dieu.
Ce serait le 25 mars que
Satan aurait été vaincu par saint Michel.
Les anges furent créés en
même temps que la lumière. Et la lumière fut séparée des ténèbres. La
séparation des bons et des mauvais anges est mystérieusement indiquée par cette
division.
La lumière existait, comme
l’ange, avant l’homme. Le 25 mars a donc pu voir le premier combat et la
première victoire.
Adam naît, pèche et
meurt. Son crâne, d’après la tradition, fut enterré le 25 mars sur la montagne
du Calvaire, que devait surmonter plus tard la croix du second Adam.
Toujours d’après la
tradition la plus antique, Abel, le premier martyr, a été assassiné le 25 mars,
Le jour du premier homicide doit être pour Adam un jour révélateur. La mort lui
avait été annoncée ; elle ne lui avait pas encore été montrée.
Toujours d’après la
tradition, c’est le 25 mars que Melchisédech aurait offert au Très-Haut le pain
et le vin.
Le mystérieux sacrifice
de Melchisédech portait sur le pain et le vin, pour annoncer l’Eucharistie, qui
devait être établie en mars.
Toujours d’après la
tradition, c'est en mars qu’Abraham, au jour de son épreuve, conduisit Isaac
sur le mont Moría, pour l’immoler. La victime véritable devait, après bien des
siècles, être immolée en mars. En mars devait s’accomplir la Réalité. En mars aussi se présenta la
figure ; Isaac était l’ombre et l’image de Celui qui plus tard gravit la
montagne du Calvaire, et qui ne fut pas remplacé par un bélier.
En mars, dit encore la
tradition, les Hébreux ont passé la mer Rouge. La première pâque s’accomplit en
mars. Sainte Véronique est morte en mars. Saint Pierre a été tiré de sa prison
par un ange au mois de mars.
Ces anniversaires ne sont
pas des coïncidences. Ils se répondent les uns aux autres comme les échos se
répondent de montagnes en montagnes.
Ils marquent les heures
sur l’horloge du temps. La nuit qui guidait les Hébreux dans le désert était
faite de lumière et d’ombre. Le plan gigantesque qui embrasse la création, la
Rédemption, la consommation est tantôt obscur et tantôt lumineux. La main qui
guide l’humanité tantôt baisse et tantôt soulève le voile derrière lequel
apparaissent les mystérieuses et solennelles harmonies.
Ernest
HELLO. Physionomies de saints.
SOURCE : https://archive.org/stream/PhysionomiesDeSaintsParErnestHello/physionomies%20de%20saints_djvu.txt
Fra
Angelico (vers 1395–1455), Annonciation du musée San Marco (Armadio degli Argenti), 1451, tempera sur panneau, 38,5 ×
37, musée national San Marco
25 mars
Solennité de
l'Annonciation
L'Ange Gabriel[1] fut envoyé par Dieu[2] dans une ville de Galilée, appelée
Nazareth[3], à une jeune fille, une vierge[4], accordée en mariage[5] à un homme de la maison de David,
appelé Joseph[6] ; et le nom de la jeune fille était
Marie.
L'Ange entra chez elle et
dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi.[7] » A cette parole, elle fut toute
bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.
L'Ange lui dit alors : « Sois sans crainte[8], Marie, car tu as trouvé grâce auprès de
Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donnera le
nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le
Seigneur Dieu lui donnera le trône de David[9] son père, il règnera pour toujours sur
la maison de Jacob[10], et son règne n'aura pas de fin. »
Marie dit à l'Ange :
« Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? »
L'Ange lui répondit : « L'Esprit Saint viendra sur toi, et la
puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi celui
qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. Et voici
qu'Elisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi un fils dans sa vieillesse et
elle en est à son sixième mois, alors qu'on l'appelait ‘ la femme
stérile ’. Car rien n'est impossible à Dieu. » Marie dit alors :
« Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta
parole. » Alors l'Ange la quitta.
[1] Ce
n'est pas un ange quelconque, c'est l'Archange Gabriel qui est envoyé : il
convenait que pour annoncer le mystère qui est le sommet de toutes choses, un
des anges les plus élevés fût envoyé. Gabriel, veut dire : « la
force de Dieu » ; il fallait que la force de Dieu annonçât ce Dieu
des vertus qui venait détruire l'empire des esprits mauvais (saint Grégoire
le Grand : homélie XXXIV sur les péricopes évangéliques).
On croit que Gabriel
était l’archange à qui la Vierge avait été confiée depuis sa naissance et que
seul il connut le dessein de Dieu à son égard (saint Bernard : traité
sur le Baptême, XXI).
[2] Les
Anges viennent vers nous, mais ils ne viennent pas d'eux-mêmes, ni pour nous
donner des ordres en leur nom personnel ; ils sont avant tout occupés à
l'adoration de Dieu et quand ils viennent vers nous, c'est là pour eux une
occupation accessoire (saint Basile : commentaire d’Isaïe, VI
185).
Pour l'œuvre de cette
réparation qui devait faire sentir ses effets partout, il convenait qu'il y eût
le concours de la triple hiérarchie divine, angélique et humaine (saint Albert
le Grand : Somme théologique, IV 7).
[3] Nazareth (en
grec Nazara) qui n’est pas mentionné dans l’Ancien Testament, est un
village de Galilée situé à vingt-quatre kilomètres au sud-ouest de Tibériade.
[4] Il
y a de l'affinité entre les anges et les vierges. Vivre dans la chair en-dehors
de la chair, n'est plus une vie selon la terre, mais une vie selon le ciel (saint Jérôme :
sermon sur l’Assomption).
Si vous voulez savoir ce
que c'est qu'une vierge, vous l'apprendrez par celle-ci : vous
l'apprendrez par son maintien, par sa modestie, par les paroles qui lui sont
dites, par le mystère qui s'accomplit en elle. Elle était seule dans la partie
la plus retirée de la maison et un ange seul pouvait pénétrer jusqu’à elle
(saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc, II 8).
[5] A
l’exception des mariages relevant de catégories particulières, comme le mariage
de Samson, les Israélites distinguaient deux temps dans le mariage :
l'accord sur le mariage et le mariage proprement dit. C'est le premier acte,
l’accord sur le mariage, qu'on appelle les fiançailles.
Les fiançailles réglaient
l'accord entre les deux familles. Les deux familles étaient liées au paiement
du mohar qui était un don fait par le futur mari à la famille se sa
fiancée ; sans doute cet accord était-il accompagné d'une fête. La femme
« fiancée » n'était pas encore appelée « épouse », mais son
statut était toutefois modifié par cet accord préalable. Toute infidélité était
sévèrement punie, car elle portait atteinte à des droits acquis. Les
fiançailles pouvaient durer assez longtemps, et dans ce cas, le fiancé était
dispensé de service militaire. Les fiançailles prenaient fin, soit par la
rupture du contrat entre les deux familles (le mohar était restitué),
soit par la tradition de la jeune fille à son mari qui normalement prenait sa
fiancée chez lui ; cependant il suffisait que le père ait mis à sa
disposition une chambre où il pût retrouver celle qui était désormais sa femme.
C’est sans doute au moment où la jeune fille abandonnait la protection
paternelle qu'elle recevait une bénédiction, avec des souhaits pour sa
fécondité.
Lesfiançailles de Joseph
et de Marie s'expliquent en fonction de ces institutions. Marie a été fiancée à
Joseph. Celui-ci ne l'a pas encore prise chez lui, ou d'une manière plus
générale ils n'ont pas encore habité ensemble, lorsqu'il s'aperçoit qu'elle est
enceinte. Il peut rompre le contrat et songe à le faire discrètement, mais une
intervention surnaturelle le fait changer d'avis.
[6] Il
fallait donc que la bienheureuse Marie eut un époux qui fût le témoin le plus
assuré de son intégrité et le nourricier très fidèle de notre Seigneur et
Sauveur ; pour cet enfant, il apporterait au Temple les victimes exigées par la
loi ; au moment de la persécution, il l'emporterait en Égypte avec sa mère et
l'en ramènerait, enfin il lui procurerait bien d'autres services exigés par la
fragilité de la nature assumée (saint Bède le Vénérable :
Homélies pour l'Avent, I 3).
[7] L’Ange
ne dit pas le « Seigneur est en vous », mais « le
Seigneur est avec vous. » Dieu qui est partout, est présent d’une
façon particulière dans les créatures raisonnables, et plus intime encore dans
les bons. Il l’est dans les créatures sans raison mais elles ne l’embrassent
pas. Les créatures raisonnables l’embrassent par l’intelligence, et les bons
l’embrassent avec le cœur. Combien cette union fut grande en Marie :
c’était non seulement la volonté, mais la chair de Marie que Dieu s’unissait,
de façon à produire de la substance de Dieu et de celle de Marie un seul être,
le Christ (saint Bernard : Homélie III Missus est, 4).
[8] On
ne sait plus aimer quand on craint ; la crainte est plus dure à l’homme
que la mort : Caïn, après le meurtre de son frère, désirait la mort pour
échapper à la crainte. La crainte assiégeant l’homme de toutes parts, l’avait
détourné du culte du Créateur et l’avait asservi au culte des idoles. dieu, voyant
donc que la crainte écrasait l’homme, voulut le ramener à lui par
l’amour (saint Pierre Chrysologue : sermon CXLIV).
[9] Le
trône de David désigne ici le pouvoir sur le peuple d'Israël, que David
gouverna en son temps avec un zèle plein de foi, en obéissant aux ordres du
Seigneur et en bénéficiant de son secours. Donc le Seigneur a donné à notre
Rédempteur le trône de David son père, quand il décida de le faire s'incarner
dans la race de David. Ce peuple, que David dirigea par son pouvoir temporel,
le Christ va l'entraîner par une grâce spirituelle vers le royaume éternel dont
l'Apôtre dit : Il nous a arrachés au pouvoir des ténèbres, il nous a
fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé (saint Bède le Vénérable :
Homélies pour l'Avent, I 3).
[10] La
maison de Jacob désigne l'Eglise qui, par la foi et le témoignage rendus au
Christ, se rattache à la destinée des Patriarches, soit de ceux qui ont tiré
leur origine charnelle de leur souche, soit de ceux qui, nés d'une autre
nation, sont renés dans le Christ par le baptême. C'est sur cette maison de
Jacob qu'il régnera éternellement. Oui, il règne sur elle sur la terre,
lorsqu'il gouverne le cœur des élus où il habite, par leur foi et leur amour
envers lui ; et il les gouverne par sa continuelle protection, pour leur
faire parvenir les dons de la rétribution céleste ; il règne dans
l'avenir, lorsque, une fois achevé l'état de l'exil temporel, il les introduit
dans le séjour de la patrie céleste. Et là, ils se réjouissent de ce que sa
présence visible leur rappelle continuellement qu'ils n'ont rien à faire d'autre
que de chanter ses louanges (saint Bède le Vénérable : Homélies
pour l'Avent, I 3).
Fra
Angelico (vers 1395–1455), L'Annonciation de Cortone, 1433-1434,
tempera sur panneau, 175 x
180, musée diocésain à Cortone
L'Ange du Seigneur annonça à Marie qu'elle serait la Mère du Sauveur ;
- Et elle conçut par l'opération du Saint-Esprit.
Je vous salue Marie,
pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les
femmes et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de
Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort.
Amen.
Voici la servante du Seigneur.
- Qu'il me soit fait selon votre parole.
Je vous salue Marie,
pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les
femmes et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de
Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort.
Amen.
Et le Verbe s'est fait chair ;
- Et il a habité parmi nous.
Je vous salue Marie,
pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les
femmes et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de
Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort.
Amen.
Priez pour nous, sainte
Mère de Dieu.
- Afin que nous soyons dignes des promesses de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Prions. Daignez,
Seigneur, répandre votre grâce en nos âmes, afin qu'ayant connu par la voix de
l'Ange l'Incarnation de Jésus-Christ, votre Fils, nous parvenions par sa
Passion et par sa Croix à la gloire de sa Résurrection. Par le même
Jésus-Christ, Notre-Seigneur. - Amen.
Longtemps populaire et
souvent récité privément ou en famille, l'Angelus, faussement attribué à Urbain
II prêchant à Clermont la première croisade, s'est lentement élaboré entre
le XIII° et le XVI° siècle ; c'est une prière liturgique dialoguée que l'Eglise
recommande de faire, en dehors du temps pascal où il est remplacé par le Régina
caeli, le matin, le midi et le soir, au son de la cloche, pour confesser le
mystère de l'Incarnation en rappelant l'Annonciation.
Il s'agit de trois Ave
Maria, précédés chacun d'un verset et de son répons, l'ensemble étant conclu
par une oraison, elle aussi introduite par un verset avec son répons. Les trois
ensembles initiaux verset-répons sont tout droit puisés dans l'Ecriture ;
les deux premiers dans le récit de l'Annonciation de l'évangile selon saint Luc
(I 28-35 et I 38) et le troisième dans le prologue de l'évangile selon saint
Jean (I 14), tandis que le dernier est une invocation coutumière du secours de
la Vierge, avec son oraison propre.
Il est convenable de
sonner trois coups de cloche aux trois premiers versets et trente-trois coups
ou une longue volée pour l'oraison. Cette prière, longtemps intitulée pardon en
raison des nombreuses indulgences dont on l'avait enrichie, a pris, au milieu
du XVII° siècle, du premier mot que l'on y dit, son titre actuel, Angelus,
d'ailleurs souvent encore inusité en Italie où on la nomme plus
volontiers Ave Maria.
A partir du synode de
Caen de 1061, se propagea dans les villes l'habitude de faire sonner une cloche
en fin de journée, tant pour marquer la clôture des travaux que pour appeler
les fidèles à la prière avant qu'ils se retirassent chez eux. Nulle indication
de prière particulière ne semble avoir été donnée et ce n'est qu'au XIII° siècle,
que le pape Grégoire IX ordonna que l'on priât pour les croisés et
que saint Bonaventure demanda aux frères mineurs d'y faire réciter
un Ave Maria (chapitre général de 1269).
Il était alors depuis
longtemps courant, dans un grand nombre de monastères, surtout ceux qui
servaient d'alumna, qu'après les complies, on fît réciter aux enfants, pendant
que les moines disaient les trois oriationes et que sonnait la cloche, trois
prières qui devinrent des Ave Maria ; c'est cette pieuse coutume qui
se répandit dans le peuple, surtout grâce aux efforts des franciscains, et dont
on trouve pour la première fois, en Hongrie, réglementée l'obligation enrichie
de dix jours d'indulgence (synode d'Esztergom de 1309).
La récitation vespérale
d'un ou de trois Ave Maria se répandit d'autant plus rapidement que
c'était un moyen efficace d'apprendre aux fidèles une formule de prière qui
venait seulement d'être composée dans la forme que nous connaissons, aussi, dès
le XIV° siècle, intéressa-t-elle les papes.
Si l'on peut douter que,
de Carpentras, en 1314, Clément V y attacha dix jours d'indulgence,
il est en revanche sûr, qu'en 1318, Jean XXII accorda une indulgence
de dix jours à tous ceux qui réciteraient, à genoux, trois Ave Maria en
entendant la cloche du soir qui pouvait être ou non distincte de celle du
couvre-feu mais qui, en tous cas, lui est historiquement antérieure ; d'aucuns
pensent que les trois triples sonneries, les plus anciennes, appartiennent à la
dévotion alors que la volée serait le signal du couvre-feu dont la conjugaison
avec le ou les Ave Maria (l'évêque de Winchester voulait que l'on
allât jusqu'à neuf) n'est attestée qu'au cours du XIV° siècle (Tréguier 1334,
synode de Paris 1346). C'est encore Jean XXII qui introduisit cet
usage à Rome par un décret envoyé à l'évêque Ange de Viterbe, alors
vicaire à Rome, scellé le 7 mai 1327.
Comme dans les monastères
les prières des complies, se faisaient de la même manière à prime, l'usage du
soir s'appliqua aussi au matin et se répandit dans les paroisses plus vite
encore. Il semble que Pavie, avant 1330, fut le premier diocèse à adopter l'Angelus du
matin, ouvrant la voie à un usage qui devint quasi universel dès avant la fin
du XIV° siècle ; en 1390, un bref de Boniface IX au clergé de
Bavière recommandait de faire sonner à l'aurore les cloches des églises comme,
disait-il, on le faisait déjà à Rome et dans toute l'Italie.
On ne sait trop comment
est arrivée la coutume de faire à midi ce que l'on faisait déjà le soir et le
matin, encore, qu'au cours du XIV° siècle, en de nombreux endroits et pour des
raisons particulières (liturgiques, sociales ou politiques), on se mit à appeler
le peuple à prier, au milieu du jour, par une sonnerie exceptionnelle.
En 1456, fort de cet
usage, Callixte III, pour conjurer le danger turc, ordonna, entre none et
vêpres, trois Pater et trois Ave Maria. Louis XI prescrivit
pour tout son royaume un Ave Maria à midi (1472), dévotion à
laquelle Sixte IV appliqua trois cents jours d'indulgence. Alexandre
VI confirma la décision de Callixte III.
Le XVI° siècle équivaut
les trois prières et leur donne peu à peu la forme que nous utilisons encore,
normalisée en 1612 ; les versets et leurs répons apparaissent dans un
catéchisme vénitien de 1560, reproduit dans un petit office romain de la Sainte
Vierge publié sous Pie V (1568). Benoît XIII recommande
vivement la récitation de l'Angélus (14 septembre 1734), Benoît XIV en
porte les indulgences à cent jours (20 avril 1742), et un décret de Léon
XIII (15 mars 1884) le réglemente jusqu'à une époque récente. Jean
XXIII y avait ajouté la pratique de trois Gloria Patri (lettre
pastorale au peuple romain du 2 février 1959) ce que ne reprendra pas Paul
VI dans l'Exhortation apostolique Marialis Cultus (2 février
1974) où, en demandant qu'on récitât l'Angelus, se refusait à le rénover et,
dans l'enchiridion qu'il fit publier en 1968, lui accordait l'indulgence
partielle, disposition gardée par Jean-Paul II (1986).
Si la salutation
angélique continuée de celle d'Elisabeth à la Visitation était connue de la
liturgie latine depuis saint Grégoire le Grand, l'Ave Maria qui en
découle s'est composé très lentement. Alors que les deux salutations groupées
commençaient à être récitées, Urbain IV y aurait ajouté le nom de
Jésus et, à partir du XV° siècle, sans qu'on puisse dire avec assurance
comment, le dernier paragraphe se serait progressivement mis en place jusqu'à
devenir la formule que nous récitons aujourd'hui et qui n'a trouvé sa forme
définitive qu'au XVI° siècle où Pie V l'introduit dans le bréviaire
romain (1568).
Bien avant de connaître
sa forme définitive, l'Ave Maria, avec le Pater et le Credo,
fait partie des prières exigées des fidèles qui s'y attachent si fort qu'à
partir du XII° siècle ils commencent à le répéter et c'est l'origine de la
récitation du chapelet dont on trouve une première description dans un
manuscrit cambridgien du XII° siècle. Saint Dominique avait
l'habitude, avant de prêcher sur un mystère, de faire réciter le Pater et
un Ave Maria que ces disciples multiplièrent par dix et à quoi un
chartreux de Cologne, Henri Egher, fit ajouter la doxologie (1393).
Dans cette auguste
journée, en laquelle le Père céleste avait résolu d'associer la divine Vierge à
sa génération éternelle en la faisant Mère de son Fils unique, comme il savait,
Chrétiens, que la fécondité de la nature n'était pas capable d'atteindre à un
ouvrage si haut, il résolut aussi tout ensemble de lui communiquer un rayon de
sa fécondité infinie. Aussitôt qu'il l'eut ainsi ordonné, cette chaste et
bénite créature parut tout d'un coup environnée de son Saint-Esprit et couverte
de toutes parts de l'ombre de sa vertu toute-puissante. Le Père éternel
s'approche en personne, qui ayant engendré en elle ce même Fils tout-puissant
qu'il engendre en lui-même devant tous les siècles, par un miracle surprenant
une femme devient la Mère d'un Dieu, et celui qui est si grand et si infini, si
je puis parler de la sorte, qu'il n'avait pu jusqu'alors être contenu que dans
l'immensité du sein paternel, se trouve en un instant renfermé dans ses
entrailles sacrées.
Cependant comme Dieu
lui-même avait entrepris la formation de ce corps dont le Verbe devait être
revêtu, la nature et la convoitise, qui ont accoutumé de s'unir dans les
conceptions ordinaires, eurent ordre de se retirer ; ou plutôt la
convoitise déjà éloignée depuis fort longtemps du corps et de l'esprit de Marie,
n'osa pas seulement paraître dans ce mystère de grâce et de sainteté ; et
pour ce qui est de la nature, qui est toujours respectueuse envers son Auteur,
elle n'avait garde de mettre la main dans un ouvrage qu'il entreprenait d'une
manière si haute ; mais s'arrêtant à considérer non sans un profond
étonnement cette nouvelle manière de former et de faire naître un corps humain,
elle crut que toutes ses lois allaient être à jamais renversées. C'est à peu
près ce qui s'accomplit aujourd'hui dans les entrailles de la sainte Vierge, et
ce qui nous oblige de nous écrier avec cette femme de notre évangile qu'elles
sont vraiment bienheureuses. Mais comme le fond d'un si grand mystère est
entièrement impénétrable, je n'ose pas seulement penser à vous en donner l'explication ;
et je me contenterai de demander humblement à Dieu qu'il lui plaise me donner
ses saintes lumières pour vous faire entendre les fruits infinis qui en
reviennent à notre nature. Encore cette grâce est-elle si grande, que je n'ose
pas espérer de l'obtenir de moi-même.
Ce n'est plus une femme
particulière, c'est toute l'Eglise catholique qui adorant aujourd'hui le Verbe
divin incarné dans les entrailles de la sainte Vierge, s'écrie avec transport
que ces entrailles sont bienheureuses, dans lesquelles s'est accompli un si
grand mystère. Je me propose de vous faire entendre, autant que ma médiocrité
le pourra permettre, la force de cette parole ; et comme le bonheur de la
sainte Vierge ne consiste pas seulement dans les grâces qui lui sont données,
mais dans celles que nous recevons par son entremise, je vous expliquerai, si
Dieu le permet, le miracle qui s'est fait en elle pour notre commune félicité,
afin que vous compreniez avec combien de raison ses entrailles sont appelées
bienheureuses. Je suivrai dans cette matière les traces que saint Augustin nous
a marquées, et je réduirai à trois chefs ce qui s'opère aujourd'hui dans la
sainte Vierge. Regardez, dit ce saint évêque, cette chaste
servante de Dieu, vierge et mère tout ensemble. C'est là que le Fils de Dieu a
pris la forme d'esclave, c'est là qu'il s'est appauvri, c'est là qu'il a
enrichi les hommes. Voilà trois choses que cette sainte journée à vues
s'accomplir dans les entrailles de la sainte Vierge, l'humiliation,
l'appauvrissement, permettez-moi d'user de ce mot, la libéralité du Verbe fait
chair. Il y a pris la forme d'esclave, voilà qui marque l'humiliation ; il
y a pris notre pauvreté, vous voyez comme il s'est ainsi appauvri
lui-même ; il nous a communiqué ses richesses, c'est par là qu'il a exercé
sur nous sa libéralité infinie. Ce sont les trois grands ouvrages dans lesquels
saint Augustin a cru renfermer tout ce qui s'accomplit aujourd'hui.
Et en effet, si nous
entendons l'ordre et l'économie du mystère, nous verrons que tout est compris
dans ces trois paroles. Car pour remonter jusqu'au principe, ce Dieu qui prend
une chair humaine dans le ventre sacré de Marie, ne se charge de notre nature
que dans le dessein de la réparer ; et pour cela trois choses étaient
nécessaires : de confondre notre orgueil, de relever notre bassesse, d'enrichir
notre pauvreté.
Il fallait confondre
l'orgueil, qui était la plus grande plaie de notre nature et le plus grand
obstacle à la guérison ; et pour cela est-il rien de plus efficace que de
voir un Dieu rabaissé jusqu'à prendre la forme d'esclave ? Mais l'ouvrage
de notre salut n'est pas encore achevé, et l'orgueil étant confondu, il faut
encourager la faiblesse, de peu que notre nature n'étant plus occupée que de
son néant, n'osât pas même s'approcher de Dieu, ni même regarder le ciel ;
et au lieu qu'elle se perdait par l'orgueil, elle ne pérît encore plus par le
désespoir. pour lui donner du courage, Dieu se fait pauvre, dit saint
Augustin, de peur que l'homme pauvre et misérable, étant effrayé par
l'éclat et la pompe de ses richesses, n'ose pas s'approcher de lui avec sa
pauvreté et sa misère.
Ayant donc ainsi relevé
notre courage abattu, que reste-t-il maintenant à faire, sinon qu'il rende le
bien à ceux auxquels il a déjà rendu l'espérance ? Et c'est ce qu'il fait,
se donnant à nous avec ses trésors et ses grâces par son incarnation
bienheureuse. Par où vous découvrez maintenant la suite des paroles de saint
Augustin, et tout ensemble l'ordre merveilleux du mystère qui s'accomplit en la
sainte Vierge. O entrailles vraiment bienheureuses, dans lesquelles la nature
humaine reçoit tant de grâces ! Là un Dieu a pris la forme
d'esclave, afin de confondre notre orgueil ; là un Dieu s'est
revêtu de notre indigence, afin d'encourager notre bassesse ; là
un Dieu se donne lui-même avec tous ses biens, afin d'enrichir notre
pauvreté . Dieu me fasse la grâce d'expliquer saintement ces trois
vérités, qui feront le partage de ce discours.
Premier Point
Tous les saints Pères ont
dit d'un commun accord que l'orgueil était le principe de notre ruine, et la
raison en est évidente. Nous apprenons par les saintes Lettres que le genre
humain est tombé par l'impulsion de Satan. Comme un grand bâtiment qu'on jette
par terre, qui en accable un moindre sur lequel il tombe, ainsi cet esprit
superbe, en tombant du ciel, est venu fondre sur nous et nous enveloppe dans sa
ruine. En tombant sur nous de la sorte, il a, dit saint
Augustin, imprimé en nous un mouvement semblable à celui qui le précipite
lui-même. Etant donc abattu par son propre orgueil, il nous a entraînés, en
nous renversant, dans le même sentiment dont il est poussé ; de sorte que
nous sommes superbes aussi bien que lui, et c'est le vice le plus dangereux de
notre nature. Je dis le plus dangereux, parce que ce vice est celui de tous qui
s'oppose le plus au remède, qui éloigne le plus la miséricorde. Car l'homme
étant misérable, il se serait rendu aisément digne de pitié, s'il n'eût été
orgueilleux. il est assez naturel d'user de clémence envers un malheureux qui
se soumet ; mais est-il rien de plus indigne de compassion qu'un
misérable superbe, qui joint l'arrogance avec la faiblesse ? C'était
l'état où nous étions, faibles et altiers tout ensemble, impuissants et
audacieux. Cette présomption fermait la porte à la clémence ; ainsi, pour
soulager notre misère, il fallait avant toutes choses guérir notre
orgueil ; pour attirer sur nous la compassion, il fallait nous apprendre
l'humilité ; c'est pourquoi un Dieu s'humilie dans les entrailles de la
sainte Vierge, et y prend aujourd'hui la forme d'esclave.
C'est ici qu'il faut
admirer la méthode dont Dieu s'est servi pour guérir l'arrogance humaine, et
pour cela il est nécessaire de vous expliquer la nature de cette maladie
invétérée. je suivrai les traces de saint Augustin, qui est celui des saints
Pères qui l'a mieux connue. L'orgueil, dit saint Augustin, est
une fausse et pernicieuse imitation de la divine grandeur : Ceux qui
s'élèvent contre vous, vous imitent désordonnément. Cette parole est
pleine de sens ; mais une belle distinction du même saint Augustin nous en
fera entendre le fond. Il y a des choses, dit-il, où Dieu nous permet
de l'imiter, et d'autres où il le défend. Il est vrai que ce qui l'excite à la
jalousie, c'est lorsque l'homme se veut faire Dieu et entreprend de lui
ressembler ; mais il ne s'offense pas de toute sorte de ressemblance.
Car premièrement, il nous
a faits son image ; nous portons empreints sur nous-mêmes les traits de sa
face et les caractères de ses perfections. Il y a de ses attribut dans lesquels
il n'est pas jaloux que nous tâchions de lui ressembler ; au contraire il
nous le commande. Par exemple, voyez sa miséricorde, dont il est dit dans son
Ecriture qu'elle éclate par-dessus ses autres ouvrages ; il nous
est ordonné de nous conformer à cet admirable modèle.
Dieu est patient sur les
pécheurs et les invitant à la pénitence, il fait luire en attendant son soleil
sur eux ; il veut que nous nous montrions ses enfants, en imitant cette
patience à l'égard de nos ennemis. Ainsi comme il est véritable, vous pouvez
l'imiter dans sa vérité ; il est juste, vous pouvez le suivre dans sa
justice ; il est saint, et encore que sa sainteté semble être entièrement
incommunicable, il ne se fâche pas néanmoins que vous osiez porter vos
prétentions jusqu'à l'honneur de lui ressembler dans ce merveilleux
attribut ; au contraire il vous le commande.
Quelle est donc cette
ressemblance qui lui cause tant de jalousie ? C'est lorsque nous lui
voulons ressembler dans l'honneur de l'indépendance, en prenant notre volonté
pour loi souveraine, comme lui-même n'a point d'autre loi que sa volonté
absolue. C'est sur ce point qu'il est chatouilleux, c'est là l'endroit
délicat ; c'est alors qu'il repousse avec violence tous ceux qui veulent
ainsi attenter à la majesté de son empire. Soyons des dieux, il nous le permet
par l'imitation de sa sainteté, de sa justice, de sa patience, de sa
miséricorde toujours bienfaisante ; quand il s'agira de puissance,
tenons-nous dans les bornes d'une créature et ne portons pas nos désirs à une
ressemblance si dangereuse.
Voilà la règle immuable
qui distingue ce que nous pouvons, et ce que nous ne pouvons pas imiter en
Dieu. Mais, ô voies corrompues des enfants d'Adam ! ô étrange dépravation
de notre cœur nous renversons ce bel ordre. Dans les choses où il se propose pour
modèle, nous ne voulons pas l'imiter ; en celle où il veut être unique et
inimitable, nous entreprenons de le contrefaire. Car si nous l'imitions dans sa
sainteté, le Prophète se serait-il écrié : Sauvez-moi, Seigneur,
parce qu'il n'y a plus de saints sur la terre ? Si dans sa fidélité
ou dans sa justice, le prophète Michée dirait-il : Il n'y a plus de
droiture parmi les hommes ; le grand demande et le juge lui donne tout ce
qui lui plaît ; il n'y a plus de foi parmi les amis, la terre n'est plaine
que de tromperie ? Ainsi nous ne voulons pas imiter Dieu dans ces
excellents attributs, dont il est bien aise de voir en nous une vive image.
Cette souveraineté, cette indépendance où il ne nous est pas permis de
prétendre, c'est à cela que nous attendons, c'est ce droit sacré et inviolable
que nous osons usurper.
Car comme Dieu n'a
personne au-dessus de lui qui le règle et qui le gouverne, nous voulons être, dit
saint Augustin, les arbitres souverains de notre conduite, afin qu'en
secouant le joug, en rompant les rênes, en rejetant le frein du commandement
qui retient notre liberté égarée, nous ne relevions point d'une autre puissance
et soyons comme des dieux sur la terre. Par ce désir et cette fausse opinion
d'indépendance, nous nous irritons contre les lois ; qui nous défend, nous
incite ; comme si nous disions en notre cœur : Quoi ! on veut me
commander. Et n'est-ce pas ce que Dieu lui-même reproche aux superbes sous
l'image du roi de Tyr ? Ton cœur comme le cœur d'un dieu ; tu
n'a voulu ni de règle, ni de dépendance ; tu t'es rempli de toi-même, et
tu t'es attribué toutes choses ; lorsque tu as vu ta fortune bien établie
par ton adresse et par ton intrigue, tu n'as pas fait réflexion sur la main de
Dieu, et tu as dit avec Pharaon : Ce fleuve est à moi, tout ce
grand domaine m'appartient, c'est le fruit de mon industrie, et je me suis
fait moi-même.
Ainsi notre orgueil
aveugle nous érige en petits dieux. Eh bien, ô superbe, ô petit dieu, voici le
grand Dieu vivant qui s'abaisse pour te confondre ! Un homme se fait dieu
par orgueil, un Dieu se fait homme par humilité ; l'homme s'attribue
faussement la grandeur de Dieu, Dieu prend véritablement le néant de l'homme.
Car considérons, chrétiens, ce qui s'accomplit en ce jour dans les entrailles
bienheureuses de la sainte Vierge : là un Dieu s'épuise et s'anéantit en
prenant la forme d'esclave, afin que l'esclave soit confondu, quand il veut
faire le maître et le souverain. O homme, viens apprendre à t'humilier ;
homme, pécheur, superbe, humilié et honteux de ton orgueil même : homme,
quoi de plus infirme ? pécheur, quoi de plus injuste ? superbe, quoi
de plus insensé ?
Mais voici un nouveau
secret de la miséricorde divine. Elle ne veut pas seulement confondre
l'orgueil, elle a assez de condescendance pour vouloir en quelque sorte le
satisfaire. Car il a fallu donner quelque chose à cette passion indocile, qui
ne se rend jamais tout à fait. L'homme avait osé aspirer à l'indépendance
divine. On ne peut le contenter en ce point, le trône ne se partage pas, la
majesté souveraine ne peut souffrir d'égal.
Mais si nous ne pouvons
ressembler à Dieu dans cette souveraine indépendance, il veut nous ressembler
dans l'humilité : l'homme ne peut devenir indépendant, un Dieu pour le
contenter deviendra soumis. Sa souveraine grandeur ne souffre pas qu'il
s'abaisse tant qu'il demeurera dans lui-même ; cette nature infiniment
abondante ne refuse pas d'aller à l'emprunt pour s'enrichir par
l'humilité, afin, dit saint Augustin, que l'homme qui méprise
l'humilité, qu'il appelle simplicité et bassesse quand il la voit dans les
autres hommes, ne dédaignât plus de la pratiquer en la voyant dans un dieu.
Voilà le conseil de notre Dieu pour guérir l'arrogance humaine. Il veut
arracher du fond de nos cœurs cette fierté indocile qui ne veut rien voir sur
sa tête ; qui nous fait toujours regarder ceux qui sont soumis avec
dédain, ceux qui dominent avec envie ; qui ne peut souffrir aucun joug ni
céder à aucunes lois, pas même à celle de Dieu. C'est pourquoi il n'y a
bassesse, il n'y a servitude où il ne descende ; il s'abandonne lui-même à
la volonté de son Père.
Mais pesons davantage sur
cette parole. Il a pris la forme d'esclave ; il a pris la nature humaine
qui l'oblige à être sujet, lui qui était né souverain. Il descend encore un
autre degré ; il a pris la forme d'esclave, parce qu'il a paru comme
pécheur, qu'il s'est revêtu lui-même de la ressemblance de la chair de péché,
qu'en cette qualité il a porté sur lui les marques d'esclave, par exemple la
circoncision, et qu'il a mené une vie servile. Il s'abaisse beaucoup plus
bas ; il a pris la forme d'esclave, parce qu'il est non seulement
semblable au pécheur, mais qu'il est la victime publique pour tous les
pécheurs. Dès le premier moment de sa conception, en entrant au
monde, dit le saint Apôtre, il s'est mis en cet état de victime.
Mais peut-être qu'en se
soumettant à la volonté de son Père, vous croirez qu'il veut s'exempter de
dépendre de la volonté des hommes. Non, mes Frères, ne le croyez pas, car la
volonté de son Père est qu'il soit livré comme une victime à la volonté des
hommes pécheurs, à la volonté de l'enfer. Il n'a pas attendu la croix pour
faire cet acte de soumission. Marie a été l'autel où il s'est premièrement
immolé, où s'est vu la première fois ce grand et admirable spectacle d'un Dieu soumis
et obéissant jusqu'à se dévouer à la mort, jusqu'à se livrer aux pécheurs et à
l'enfer même, pour faire de lui à leur volonté. Pourquoi cet abaissement ?
Je vous ai déjà dit que c'est pour confondre l'orgueil.
A la vue d'un abaissement
si profond, qui pourrait refuser de se soumettre ? Vous vivez dans une
conduite qui vous doit faire trouver la soumission non seulement fructueuse,
mais encore douce et désirable. Mais quand vous auriez a souffrir un autre
gouvernement, de quelle obéissance pourriez-vous vous plaindre, en voyant à la
volonté de quels hommes se dévoue aujourd'hui le Sauveur des âmes ? A
celle du lâche Pilate, à celle du traître Judas, à celle des Juifs et des
pontifes, à celles des soldats inhumains, qui ne garant avec lui aucune mesure,
ont fait de lui ce qu'ils ont voulu. Après cet exemple de soumission, vous ne
sauriez descendre assez bas ; et vous devez chérir les dernières places,
qui après les abaissements du Dieu incarné, sont devenues désormais les plus
honorables.
Marie entre aujourd'hui
dans ses sentiments ; quoique sa pureté angélique ait été un puissant
attrait pour faire naître Jésus-Christ en elle, ce n'est pas néanmoins cette
pureté qui a consommé le mystère, c’est l'humilité et l'obéissance. Si Marie
n'avait dit qu'elle était servante, en vain elle eût été vierge, et nous ne
nous écrierions pas aujourd'hui que ses entrailles sont bienheureuses. Vierges
de Jésus-Christ, profitez de cette leçon, et méditez attentivement cette
vérité : le dessein du Fils de Dieu n'est pas tant de faire des vierges
pudiques que des servantes soumises. Mais ce n'est pas assez au Verbe fait
chair d'avoir confondu l'orgueil, il faut relever l'espérance, et c'est ce
qu'il va faire en s'appauvrissant ; il ne confond la présomption que pour
donner place à l'espérance. C'est ma seconde partie.
Deuxième Point
L'appauvrissement du
Verbe fait chair est la principale partie du mystère, et celle par conséquent
qu'il est le plus malaisé de bien faire entendre. Car, lorsque le saint Apôtre
dit que le Fils de Dieu s'est fait pauvre, il me semble, âmes chrétiennes, qu'il
ne suffit pas de comprendre qu'il s'est appauvri en qualité d'homme, en
s'unissant à une nature dont le partage est la pauvreté.
En naissant de parents
obscurs, dans la lie du peuple, en vivant sur la terre sans retraite, sans lieu
de repos et sans avoir seulement un gîte assuré où il pût reposer sa tête.
Cette pauvreté mystérieuse a quelque chose de plus caché, qui ne sera jamais
assez entendu, jusqu'à ce que nous disions que c'est la Divinité qui s'est
elle-même appauvrie.
Je ne suis point trop
hardi, quand je parle ainsi, et je ne fais que suivre l'Apôtre : Il
s'est anéanti lui-même, ou pour traduire ce mot proprement, il s'est vidé
et répandu tout entier, comme un vase qui était plein et qu'on vide en le
répandant. C'est l'idée que nous donne le divin Apôtre, et c'est dans cette
effusion que consiste l'appauvrissement du Verbe fait chair. Ce dépouillement
est-il véritable ? Dieu a-t-il perdu quelque chose en se faisant homme ?
Et n'est-ce pas un article de notre foi, que la Divinité toujours immuable ne
s'est ni altérée ni diminuée dans ce mélange ? Comment donc le Fils de
Dieu s'est-il dépouillé ? Voici le secret du mystère.
On dépouille quelqu'un en
deux sortes, ou quand on lui ôte la propriété, ou quand on le prive de l'usage.
Car quoiqu'on laisse à un homme la propriété de son patrimoine, si on lui lie
les mains pour l'usage, il est pauvre parmi les richesses dont il ne peut pas
se servir. Ce principe étant supposé, il est bien aisé de comprendre
l'appauvrissement du Verbe divin. Si je considère la propriété, il n'est rien
de plus véritable que l'oracle du grand saint Léon, dans la célèbre épître à
Flavien, que comme la forme de Dieu n'a pas détruit la forme d'esclave, la
forme d'esclave n'a diminué en rien la forme de Dieu. Ainsi la nature divine
n'est dépouillée en Jésus-Christ d'aucune partie de son domaine ; de sorte
que son appauvrissement, c'est qu'elle y perd l'usage de la plus grande partie
de ses attributs. Mais que dis-je, de la plus grande partie ! Quel de ses
divins attributs voyons-nous paraître en ce Dieu enfant que le Saint-Esprit a
formé dans les entrailles de la sainte Vierge ? Que voyons-nous qui sente
le Dieu dans les trente premières années de sa vie ? Mais encore dans les
trois dernières, qui sont les plus éclatantes, s'il paraît quelques rayons de
sa sagesse dans sa doctrine, de sa puissance dans ses miracles, ce ne sont que
des rayons affaiblis, et non pas la lumière dans son midi. La sagesse se cache
sous des paraboles et sous le voile sacré de paroles simples ; et lorsque
la puissance étend son bras à des ouvrages miraculeux, comme si elle avait peur
de paraître, en même temps elle le retire. Car la véritable grandeur de la
puissance divine, c'est de paraître agir de son chef, et c'est ce que le Fils
de Dieu n'a pas voulu faire. Il rapporte tout à son Père ; et il semble
qu'il n'agisse et qu'il ne parle que par une autorité empruntée. Ainsi la nature
divine devait être en lui, durant les jours de sa chair, privée de l'usage de
sa puissance et de ses divines perfections. (...) Comme un homme interdit par
les lois, qui a la propriété de son bien et n'en a pas la disposition. ainsi
étant interdit en vertu de cette loi suprême qui l'envoyait sur la terre pour y
être dans un état de dépouillement, il n'avait pas l'usage de son propre bien,
et il n'en reçoit la pleine disposition qu'après qu'il est retourné au lieu de
sa gloire, c'est-à-dire au sein de son Père.
Tel est l'appauvrissement
du Verbe fait chair ; le Fils de Dieu s'y est engagé par sa première
naissance qu'il prend d'une mère mortelle. C'est pourquoi son Père immortel,
pour l'en délivrer, le ressuscite des morts ; et lui donnant de nouveau la
vie, il le fait jouir de tous les droits de sa naissance éternelle. O Dieu
appauvri ! ô Dieu dépouillé ! je vous adore : vous méritez
d'autant plus nos adorations, ô Dieu interdit !
Il pourrait sembler que
cette pauvreté du Verbe fait chair serait un moyen peu sûr pour relever la
bassesse de notre nature. Car est-ce une espérance pour des malheureux, qu'un
Dieu en vienne augmenter le nombre ? Est-ce une ressource à notre
faiblesse, que notre Libérateur se dépouille de sa puissance ? Ne
semble-t-il pas au contraire que le joug qui accable les enfants d'Adam est
d'autant plus dur et inévitable, qu'un Dieu même est assujetti à le
supporter ? Cela serait vrai si sa pauvreté était forcée, s'il y était
tombé par nécessité, et non pas descendu par miséricorde. Mais que ne devons-nous
pas espérer d'un Dieu qui descend pour se joindre à nous ; dont
l'abaissement n'est pas une chute, mais une condescendance ; qui n'a pris
notre pauvreté, comme il a déjà été dit, que de peu qu'étant si pauvres et si
misérables, nous n'osassions approcher de lui avec notre misère et notre
indigence ? Il ne tombe pas pour être abattu, mais il descend pour
nous relever.
C'est ce qui fait dire à
saint Augustin, que le fils de Dieu a été porté au mystère de
l'incarnation par une bonté populaire. Comme un grand orateur plein de
riches conceptions, pour se rendre populaire et intelligible, se rabaisse par
un discours simple à la capacité des esprits communs ; comme un grand
environné d'un éclat superbe, qui étonne de pauvre peuple et ne lui permet pas
d'approcher, quitte tout ce pompeux appareil et par une familiarité populaire
vit à la mode de la multitude, dont il se propose de gagner l'esprit :
ainsi la Sagesse incréée par un conseil de condescendance se rabaisse en
prenant un corps et se rend sensible ; ainsi la Majesté souveraine par une
facilité populaire se dépouille de son éclat et de ses richesses, de son
immensité et de sa puissance, pour converser librement avec les hommes. Elevez
votre courage, ô enfants d'Adam : dans la dispensation de sa chair, ne
croyez pas que ce soit en vain qu'il semble appréhender de paraître Dieu ;
il l'est, et vous pouvez attendre de lui tout ce que l'on peut espérer d'un
Dieu. Mais il cache tous ses divins attributs ; approchez avec la même
familiarité, avec la même franchise, avec la même liberté de cœur, que si ce
n'était qu'un mortel.
Voilà l'effet admirable
que produit le dépouillement du Verbe incarné ; de sorte que nous pouvons
dire qu'il ne s'appauvrit en toute autre chose, que pour être riche en amour et
abondant en miséricorde. C'est le seul de ses attributs dont il se laisse
l'usage ; et dans sa pauvreté mystérieuse rien n'est plus riche que son
amour, qui coule sur nous de source, qui n'a même rien en nous qui l'attire,
mais qui se répand sur nous de lui-même, et se déborde par sa propre
abondance : tel est l'amour de notre Dieu. Que reste-t-il maintenant,
sinon que nous lui rendions amour pour amour ? Certainement le cœur est
trop dur, qui non content de ne lui pas donner son amour, refuse même de le lui
rendre ; qui n'allant pas à Dieu le premier, ne le suit pas du moins quand
il le cherche. Que si nous aimons ce divin Sauveur, observons ses
commandements, et marchons par les voies qu'il nous a marquées. Et ne disons
pas en nos cœurs : Aimer ses ennemis, se haïr soi-même, ce commandement
est trop haut, il n'y a pas moyen de l'atteindre ; la doctrine évangélique
est trop relevée, et passe de trop loin la portée des hommes.
Quiconque parle ainsi
n'entend pas le mystère d'un Dieu abaissé. Ce Dieu facile, ce Dieu populaire,
qui se dépouille et qui s'appauvrit pour se mettre en égalité avec nous,
mettra-t-il au-dessus de nous ses préceptes ? Et celui qui veut que nous
atteignions à sa personne, voudra-t-il que nous ne puissions atteindre à sa
doctrine ? Prendre une telle pensée, c'est peu connaître un Dieu
appauvri ; une telle hauteur ne s'accorde pas avec un telle
condescendance. Non, je ne crois plus rien d'impossible. Il n'y a vertu où je
n'aspire, il n'y a sainteté où je ne prétende. Mais si vous y prétendez, il faut
encore ajouter : Il n'y a passion que je ne combatte. Ah ! vous
commencez à ne plus entendre et à trouver la chose impossible. Un Dieu descend
et vous tend la main ; il n'est que d'oser et d'entreprendre. Heureuses
les entrailles de la Vierge, où s'accomplit un si grand mystère, dans
lesquelles un Dieu appauvri ouvre une si belle carrière à nos espérances !
Mais laissons les espérances et venons aux biens véritables dont il comble
notre pauvreté : c'est ce qu'il faut méditer dans la dernière partie.
Troisième Point
Ni dans l'ordre de la
grâce, ni dans l'ordre de la nature, la terre pauvre et indigente ne peut
s'enrichir que par le commerce avec le ciel. Dans l'ordre de la nature elle ne
porte jamais de riches moissons, si le ciel ne lui envoie ses pluies, ses
rosées, sa chaleur vivifiante et ses influences ; dans l'ordre de la
grâce, on n'y verra jamais fleurir les vertus, ni fructifier les bonnes œuvres,
si elle ne reçoit avec abondance les dons du ciel. Jugez quelle devait être
notre pauvreté, puisque ce sacré commerce avait été rompu depuis tant de
siècles par la guerre que nous avions déclarée au Ciel ; et juger par la
même raison quelles seront dorénavant nos richesses, puisqu'il se rétablit
aujourd'hui par le mystère de l'incarnation. car ce n'est pas sans raison que
l'Eglise nous expliquant ce divin mystère, l'appelle un commerce
admirable !
Voilà un commerce
admirable, dans lequel il est aisé de comprendre que tout se fait pour notre
avantage. Deux sortes de commerce parmi les hommes : un commerce de
besoin, pour emprunter ce qui nous manque ; un commerce d'amitié et de
bienveillance, pour partager avec nos amis ce que nous avons.
Dans l'un et l'autre de
ces commerces l'on trouve de l'avantage. Dans le premier on a le plaisir
d'acquérir ce qu'on n'avait pas ; dans le second, le plaisir de jouir de
ce qu'on possède : plaisir qui serait sans goût, si nul n'y avait part
avec nous.
Mais il n'est est pas
ainsi de notre Dieu, qui est suffisant à lui-même, parce qu'il trouve
tout, dit saint Augustin, dans la grandeur abondante de son unité. Il
n'a besoin de personne pour posséder tout le bien, parce qu'il le ramasse tout
entier en sa propre essence ; il n'a besoin de personne pour le plaisir
d'en jouir, qu'il goûte parfaitement en lui-même. Donc s'il entre en commerce
avec les hommes, qui doute que ce ne soit pour notre avantage ? Quand il
semble venir à l'emprunt, c'est qu'il a dessein de nous enrichir ; s'il
recherche notre compagnie, c'est qu'il veut se donner à nous. C'est ce qu'il
fait aujourd'hui dans les entrailles de la Vierge, et saint Augustin de dire
: C'est là qu'il nous enrichit.
Et en effet, considérons,
je vous prie, quel commerce le Fils de Dieu y commence, ce qu'il y reçoit, et
ce qu'il y donne ; épanchons ici notre cœur dans la célébration de ses
bienfaits. Il est venu ce charitable négociateur, il est venu trafiquer avec
une nation étrangère. Dites-moi, qu'a-t-il pris de nous ? Il a pris les
fruits malheureux que produit cette terre ingrate : la faiblesse, la
misère, la corruption. Et que nous a-t-il donné en échange ? Il nous a
apporté les biens véritables qui croissent en son royaume céleste, qui est son
domaine et son patrimoine : l'innocence, la paix, l'immortalité, l'honneur
de l'adoption, l'assurance de l'héritage, la grâce et la communication du
Saint-Esprit. Qui ne voit que tout se fait pou notre avantage dans cet
admirable trafic ?
Mais voyons maintenant
cet autre commerce de société et d'affection. Peut-on nier que sans sa bonté
notre compagnie lui serait à charge ? Si donc il épouse la nature humaine
dans les entrailles de la sainte Vierge, s'il entre dans notre alliance par le
nœud sacré de ce mariage, puisqu'il n'y a pas la moindre apparence que cette
société lui profite, reconnaissons plutôt qu'il veut être à nous, et enrichir notre
pauvreté, non-seulement par la profusion de tous ses biens, mais encore en se
donnant lui-même.
Ce n'est pas moi qui tire
cette conséquence ; c'est le grand apôtre Paul, qui considérant en
lui-même cette charité infinie par laquelle Dieu a aimé tellement le monde
qu'il lui a donné son Fils unique, s'écrie ensuite avec transport : Celui
qui ne nous a pas épargné son Fils, mais nous l'a donné tout entier et par sa
naissance et par sa mort, que nous poura-t-il refuser ? et ne nous
donne-t-il pas en lui toutes choses ? Quand il a donné son Fils aussi
cher que lui-même, son unique, son bien-aimé, ses délices, son trésor, il nous
a ouvert le fond de son cœur ; et après que sa divine libéralité a ainsi
épanché son cœur, ne faut-il pas que tout coule sur nous par cette
ouverture ? Que plût à Dieu faire entendre la force de cette
parole ! Il se donnera de nouveau, parce qu'il s'est déjà donné une
fois. La libéralité des hommes est bientôt à sec. En Dieu un bienfait est
une promesse, une grâce, un engagement pour un nouveau don. Comme dans une
chaîne d'or, un anneau en attire un autre, ainsi les bienfaits de Dieu
s'entre-suivent par un enchaînement admirable. Celui qui s'est donné une fois
ne laissera pas tarir la source infinie de sa divine miséricorde, et il fera
encore à notre nature un nouveau présent de lui-même. En Jésus-Christ mortel,
les dons de la grâce ; en Jésus-Christ immortel, les dons de la gloire. Il
s'est donné à nous comme mortel, parce que les peines qu'il a endurées ont été
la source de toutes nos grâces : il se donnera à nous comme immortel,
parce que la clarté dont il est plein sera le principe de notre gloire.
Mais faisons en ce lieu
une réflexion sérieuse sur la grandeur incompréhensible de la sainte Vierge.
Car si nous recevons tant de grâces et de bonheur parce que Dieu nous donne son
Fils, que pourrons-nous penser de Marie, à qui ce Fils est donné avec une
prérogative si éminente ? Si nous sommes si avantagés parce qu'il nous le
donne comme Sauveur, quelle sera la gloire de cette Vierge à laquelle il l'a
donné comme Fils, c'est-à-dire en la même qualité qu'il est à lui-même ? Heureuses
mille et mille fois les entrailles qui ont porté Jésus-Christ ! Jésus-Christ
sera donné à tout le monde ; Marie le reçoit la première, et Dieu le donne
au monde par son entremise. Jésus-Christ est un bien universel ; mais
Marie durant sa grossesse le possédera toute seule. Elle a cela de commun avec
tous les hommes, que Jésus donnera pour elle sa vie ; mais elle a cela de
singulier, qu'il l'a premièrement reçue d'elle.
Elle a cela de commun,
que son sang coulera sur elle pour la sanctifier ; mais elle a cela de
particulier, qu'elle en est la source. C'est le privilège extraordinaire que
lui donne le mystère de cette journée ; mais puisque ce mystère adorable nous
donne Jésus-Christ aussi bien qu'à elle, quoique ce ne soit pas au même degré
d'alliance, apprenons de cette Mère divine à recevoir saintement ce dieu qui se
donne à nous.
Jésus-Christ mortel est à
nous, Jésus-Christ immortel est à nous encore. Nous avons le gage de l'un et de
l'autre dans le mystère de l'Eucharistie. Il est effectivement immortel, et il
porte la marque et le caractère, non-seulement de sa mortalité, mais de sa mort
même : il se donne à nous en cet état, afin que nous entendions que tout
ce qu'il mérite par sa mort, et tout ce il possède dans son immortalité est le
bien de tous ses fidèles : recevons-le dans cette pensée. La disposition
nécessaire pour recevoir un Dieu qui se donne à nous, est la résolution de s'en
bien servir. Car quiconque en ne recevant pas son présent fait injure à la
miséricorde divine. Au contraire, quelle source de gloire, quel torrent de
délices, quelle abondance de dons, quelle inondation de félicité !
Le fruit de ce discours,
dans ces paroles : Utamur nostro in nostram utilitatem, de Salvatore
salutem operemur. Sortons de cette prédication avec une sainte ardeur de
travailler à notre salut, puisque nous recevons un Sauveur... nous sauver, etc.
S'il n'y avait point de Sauveur, je ne vous parlerais point de la sorte. S'il
est à nous, mes Frères, servons-nous-en pour notre profit, et puisqu'il est le
Sauveur, faisons de lui notre salut : Utamur nostro in nostram utilitatem,
de Salvatore salutam operemur.
prêché par Jacques-Bénigne Bossuet, le 25 mars 1661
aux Grandes Carmélites de la rue Saint-Jacques
SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/03/25.php
Annunciation
of the Blessed Virgin Mary
Also
known as
Annunciation of the Lord
Annuntiatio Christi
Annuntiatio Dominica
Annuntiatio Mariae
Annuntio Domini
Christ’s conception
Christ’s incarnation
Conceptio Christi
Feast of the Incarnation
Festum Incarnationis
Incarnation Christi
Initium Redemptionis
Conceptio Christi
Lady Day
Mary’s Annunciation
Profile
The annunciation to
the Blessed
Virgin Mary by Gabriel
the Archangel that she was to be the Mother of God (Luke 1), the Word
being made flesh through the power of the Holy Spirit. The feast probably
originated about the time of the Council
of Ephesus, c.431,
and is first mentioned in the Sacramentary of Pope Gelasius (died 496).
The Annunciation is represented in art by
many masters, among them Fra
Angelico, Hubert Van Eyck, Jan Van Eyck, Ghirlandajo, Holbein the Elder,
Lippi, Pinturicchio, and Del Sarto.
Name
Meaning
Latin: ad, to; nuntius,
messenger
Stockton, California, diocese of
in Italy
Additional
Information
Catholic Encyclopedia
Handbook
of Christian Feasts and Customs
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Meditations
on the Gospels for Every Day in the Year, by Father Médaille
Message
of the Joyful Mysteries, by Father Aloysius
Biskupek, SVD
Our
Lady’s Feasts, by Sister Mary Jean Dorcy, O.P.
Saints
of the Day, by Katherine Rabenstein
Short
Lives of the Saints, by Eleanor Cecilia Donnelly
The
Annunciation in Art, by Mary F. Nixon-Roulet
Veneration
of the Blessed Virgin Mary, by Father B
Rohner, OSB
other
sites in english
Mystagogy: Annunciation in Early Christian Art
images
video
webseiten
auf deutsch
sitios
en español
Martirologio Romano, 2001 edición
sites
en français
Father
Christian-Philippe Chanut
fonti
in italiano
Wikipedia:
Annunciazione
Wikipedia: Santi patroni della città di Venezia
nettsteder
i norsk
strony
w jezyku polskim
MLA
Citation
“Annunciation of the
Blessed Virgin Mary“. CatholicSaints.Info. 7 April 2024. Web. 8 April
2024.
<https://catholicsaints.info/annunciation-of-the-blessed-virgin-mary/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/annunciation-of-the-blessed-virgin-mary/
Giovanni da Milano (1325–1370), Prato
Polyptych, Annunciation
The Annunciation
The fact of the
Annunciation of the Blessed
Virgin Mary is related in Luke 1:26-38.
The Evangelist tells
us that in the sixth month after the conception of St. John the Baptist by
Elizabeth, the angel
Gabriel was sent from God to the Virgin
Mary, at Nazareth,
a small town in the mountains of Galilee. Mary was of the
house of David,
and was espoused (i.e. married) to Joseph, of the same royal family. She had,
however, not yet entered the household of her spouse, but was still in her
mother's house, working, perhaps, over her dowry. (Bardenhewer, Maria Verk.,
69). And the angel having
taken the figure and the form of man, came into the house and said to her:
"Hail, full of grace (to whom is given grace, favoured one), the Lord is
with thee." Mary having heard the greeting words did not speak; she was
troubled in spirit, since she knew not the angel, nor the cause of
his coming, nor the meaning of the salutation. And the angel continued and
said: "Fear not, Mary, for thou hast found grace with God. Behold thou shalt
conceive in thy womb, and shalt bring forth a son; and thou shalt call his
name Jesus. He
shall be great, and shall be called the Son of the Most High;
and the Lord God shall
give unto him the throne of David his father; and he shall
reign in the house of
Jacob forever. And of his kingdom there shall be no end." The
Virgin understood that there was question of the coming Redeemer. But, why
should she be elected from amongst women for the
splendid dignity of being the mother of the Messiah, having vowed
her virginity to God?
(St. Augustine).
Therefore, not doubting the word of God like
Zachary, but filled with fear and astonishment, she said: "How shall this
be done, because I know not
man?"
The angel to remove
Mary's anxiety and to assure her that her virginity would be spared, answered:
"The Holy Ghost shall come upon thee and the power of the Most High shall
overshadow thee. And therefore also the Holy which shall be born of thee shall
be called the Son of
God." In token of the truth of his word
he made known to her the conception of St. John, the miraculous pregnancy
of her relative now old and sterile: "And behold, thy cousin Elizabeth;
she also has conceived a son in her old age, and this is the sixth month with
her that is called barren: because no word shall be impossible with God." Mary may not
yet have fully understood the meaning of the heavenly message and how the
maternity might be reconciled with her vow of virginity,
but clinging to the first words of the angel and trusting
to the Omnipotence
of God she said: "Behold the handmaid of the Lord, be it done to
me according to thy word."
Since 1889 Holzmann and
many Protestant writers
have tried to show that the verses Luke 1:34-35, containing
the message of conception through the Holy Ghost are interpolated. Usener
derives the origin of the "myth" from the heathen hero
worship; but Harnack tries to prove that it is of Judaic origin (Isaiah 7:14, Behold
a Virgin shall conceive, etc.). Bardenhewer, however, has fully established the
authenticity of the text (p. 13). St. Luke may have taken his knowledge of the
event from an older account, written in Aramaic or Hebrew. The words:
"Blessed art thou among women" (v. 28), are
spurious and taken from verse 42, the account of the Visitation. Cardinal Cajetan wanted
to understand the words: "because I know not man", not of the future,
but only of the past: up to this hour I do not know man. This
manifest error,
which contradicts the words of the text, has been universally rejected by
all Catholic authors.
The opinion that Joseph at the time of the Annunciation was an aged widower and
Mary twelve or fifteen years of age, is founded only upon apocryphal documents.
The local tradition of Nazareth pretends
that the angel met
Mary and greeted her at the fountain, and when she fled from him in fear, he
followed her into the house and there continued his message. (Buhl, Geogr. v.
Palaest., 1896.) The year and day of the Annunciation cannot be determined as
long as new material does not throw more light on the subject. The present date
of the feast (25 March) depends upon the date of the older
feast of Christmas.
The Annunciation is the
beginning of Jesus in
His human nature. Through His
mother He is a member of the human race. If the
virginity of Mary before, during, and after the conception of her Divine Son was
always considered part of the deposit of faith, this was done
only on account of the historical facts and testimonials. The Incarnation of
the Son of God did
not in itself necessitate this exception from the laws of nature.
Only reasons of expediency are given for it, chiefly, the end of the
Incarnation. About to found a new generation of the children of God, The Redeemer does
not arrive in the way of earthly generations: the power of the Holy Spirit
enters the chaste womb of the Virgin, forming the humanity of Christ. Many holy
fathers (Sts. Jerome, Cyril, Ephrem, Augustine) say that the
consent of Mary was essential to the redemption. It was the
will of God, St. Thomas says (Summa III:30),
that the redemption of mankind should
depend upon the consent of the Virgin Mary. This does not mean that God in His plans
was bound by the will of a creature, and that man would not have been redeemed,
if Mary had not consented. It only means that the consent of Mary was foreseen
from all eternity,
and therefore was received as essential into the design of God.
Holweck,
Frederick. "The Annunciation." The Catholic Encyclopedia. Vol.
1. New York: Robert Appleton
Company, 1907. <http://www.newadvent.org/cathen/01541c.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Nicolette Ormsbee.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. March 1, 1907. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
SOURCE : https://www.newadvent.org/cathen/01541c.htm
The Feast of the
Annunciation
The Feast of the Annunciation
of the Blessed Virgin Mary (25 March), also called in old calendars:
FESTUM INCARNATIONIS, INITIUM REDEMPTIONIS CONCEPTIO CHRISTI, ANNUNTIATIO
CHRISTI, ANNUNTIATIO DOMINICA. In the Orient, where the part which Mary took in
the Redemption is celebrated by a special feast, 26 December, the Annunciation
is a feast of Christ; in the Latin
Church, it is a feast of Mary. It probably originated shortly before or
after the council of Ephesus (c. 431). At the time of the Synod of Laodicea (372)
it was not known; St.
Proclus, Bishop of
Constantinople (d. 446), however, seems to mention it in one of his homilies.
He says, that the feast of the coming of Our
Lord and Saviour, when He vested Himself with the nature of man (quo
hominum genus indutus), was celebrated during the entire fifth century.
This homily,
however, may not be genuine, or the words may be understood of the feast
of Christmas.
In the Latin
Church this feast is first mentioned in the Sacramentarium of Pope
Gelasius (d. 496), which we possess in a manuscript of
the seventh century; it is also contained in the Sacramentarium of St.
Gregory (d. 604), one manuscript of
which dates back to the eighth century. Since these sacramentaries contain
additions posterior to the time of Gelasius and Gregory,
Duchesne (Origines du culte chrétien, 118, 261) ascribes the origin of this
feast in Rome to
the seventh century; Probst, however, (Sacramentarien, 264) thinks that it
really belongs to the time of Pope Gelasius. The tenth Synod of Toledo (656),
and Trullan Synod (692) speak of this feast as one universally celebrated in
the Catholic Church.
All Christian antiquity
(against all astronomical possibility)
recognized the 25th of March as the actual day of Our
Lord's death. The opinion that the Incarnation also took place on
that date is
found in the pseudo-Cyprianic work "De Pascha Computus", c. 240. It
argues that the coming of Our
Lord and His death must have coincided with the creation and fall of
Adam. And since the world was created in spring, the Saviour was also conceived
and died shortly after the equinox of spring. Similar fanciful calculations are
found in the early and later Middle
Ages, and to them, no doubt, the dates of the feast of the Annunciation and
of Christmas owe
their origin. Consequently the ancient martyrologies assign
to the 25th of March the creation of Adam and the crucifixion of Our
Lord; also, the fall of Lucifer, the passing of Israel through
the Red
Sea and the immolation of Isaac. (Thruston, Christmas and the
Christian Calendar, Amer. Eccl. Rev., XIX, 568.) The original date of
this feast was
the 25th of March. Although in olden times most of the churches kept no feast
in Lent,
the Greek
Church in the Trullan Synod (in 692; can. 52) made an exception in
favour of the Annunciation. In Rome,
it was always celebrated on the 25th of March. The Spanish Church transferred
it to the 18th of December, and when some tried to introduce the Roman
observance of it on the 25th of March, the 18th of December was officially
confirmed in the whole Spanish Church by the tenth Synod of Toledo (656). This
law was abolished when the Roman liturgy was accepted in Spain.
The church of Milan,
up to our times, assigns the office of this feast to the last Sunday in Advent.
On the 25th of March a Mass is sung in honour of
the Annunciation. (Ordo Ambrosianus, 1906; Magistretti, Beroldus, 136.)
The schismatic Armenians now
celebrate this feast on the 7th of April. Since Epiphany for them is the feast
of the birth of Christ,
the Armenian Church
formerly assigned the Annunciation to 5 January, the vigil of Epiphany. This
feast was always a holy day of obligation in
the Universal Church. As such it was abrogated first for France and
the French dependencies, 9 April, 1802; and for the United
States, by the Third Council of Baltimore,
in 1884. By a decree of
the S.R.C., 23 April, 1895, the rank of the feast was raised from a double of
the second class to a double of the first class. If this feast falls
within Holy
Week or Easter
Week, its office is transferred to the Monday after the octave of Easter.
In some German churches it was the custom to keep its office the Saturday
before Palm
Sunday if the 25th of March fell in Holy
Week. The Greek
Church, when the 25th of March occurs on one of the three last days
in Holy
Week, transfers the Annunciation to Easter Monday;
on all other days, even on Easter
Sunday, its office is kept together with the office of the day. Although no
octaves are permitted in Lent,
the Dioceses of Loreto and of the Province of Venice,
the Carmelites, Dominicans, Servites,
and Redemptorists,
celebrate this feast with an octave.
Sources
Kellner, Heortologie (Freiburg,
1901), 146; Holweck, Fasti Mariani (Herder, 1892), 45; Schrod,
in Kirchenlex., VIII, 82.
Holweck, Frederick.
"The Feast of the Annunciation." The Catholic Encyclopedia. Vol. 1.
New York: Robert Appleton Company, 1907. 4 Apr. 2016
<http://www.newadvent.org/cathen/01542a.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Nicolette Ormsbee.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. March 1, 1907. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2021 by Kevin
Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/01542a.htm
Benedetto
Bonfigli, The Annunciation, circa 1455, tempera and gold on panel, 51 x
36.5, Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid (https://www.museothyssen.org/en/collection/artists/bonfigli-benedetto/annunciation)
Annunciazione del Signore
25
marzo (nel 2018: 9 aprile)
Festa del Signore,
l'Annunciazione inaugura l'evento in cui il figlio di Dio si fa carne per
consumare il suo sacrificio redentivo in obbedienza al Padre e per essere il
primo dei risorti. La Chiesa, come Maria, si associa all'obbedienza del
Cristo, vivendo sacramentalmente nella fede il significato pasquale della
annunciazione. Maria è la figlia di Sion che, a coronamento della lunga attesa,
accoglie con il suo 'Fiat' e concepisce per opera dello Spirito santo il
Salvatore. In lei Vergine e Madre il popolo della promessa diventa il nuovo
Israele, Chiesa di Cristo. I nove mesi tra la concezione e la nascita del
Salvatore spiegano la data odierna rispetto alla solennità del 25 dicembre.
Calcoli eruditi e considerazioni mistiche fissavano ugualmente al 25 marzo
l'evento della prima creazione e della rinnovazione del mondo nella Pasqua. (Mess.
Rom.)
Martirologio Romano: Solennità dell’Annunciazione del Signore, quando nella città di Nazareth l’angelo del Signore diede l’annuncio a Maria: «Ecco, concepirai un figlio, lo darai alla luce e verrà chiamato Figlio dell’Altissimo», e Maria rispondendo disse: «Ecco la serva del Signore; avvenga per me secondo la tua parola». E così, compiutasi la pienezza dei tempi, Colui che era prima dei secoli, l’Unigenito Figlio di Dio, per noi uomini e per la nostra salvezza si incarnò nel seno di Maria Vergine per opera dello Spirito Santo e si è fatto uomo.
Ogni discorso serio intorno alla Vergine Maria non può prescindere dal
riferimento diretto immediato e indissolubile a suo figlio, Cristo Gesù.
Teologicamente, in base al disegno divino rivelato: “Benedetto Dio, Padre del
Signore Gesù Cristo, che ci ha benedetto con ogni benedizione spirituale nei
cieli in Cristo. In lui [Cristo] ci ha scelti prima della creazione del mondo,
per essere santi e immacolati al suo cospetto nella carità, predestinandoci a
essere suoi figli adottivi [del Padre], per opera di Gesù Cristo, secondo il
beneplacito della sua volontà” (Ef 1, 3-6); e “nella pienezza del tempo Cristo
nasce da donna” (Gal 4, 4). Liturgicamente, invece, secondo le indicazioni del
concilio Vaticano II: “Nella celebrazione del ciclo annuale dei misteri di
Cristo, la santa Chiesa venera con speciale amore la beata Maria Madre di Dio,
congiunta indissolubilmente con l’opera salvifica del Figlio suo; in Maria
ammira ed esalta il frutto più eccelso della redenzione e contempla con gioia,
come in un’immagine purissima, ciò che essa tutta desidera e spera di essere”
(SC 103); e relative applicazioni di Paolo VI sia sulla riforma liturgica
generale, con Lettera apostolica Mysterii pasqualis (14 marzo 1969), che
approva il nuovo Calendarium Romanum e la nuova edizione del Missale Romanum
(26 marzo1970), e sia di quella specifica mariana con l’Esortazione apostolica
Marialis cultus (2 febbraio 1974).
Origini
Il nome “Annunciazione” deriva dall’annunzio dell’angelo Gabriele a Maria circa la nascita del Messia, secondo il racconto del Vangelo di Luca (1, 26-38). Per la sua importanza, questo annunzio si colloca al centro della storia della salvezza, cioè nella “pienezza del tempo”. In quanto tale, è l’inizio cronologico del disegno divino “le [cui] origini sono dall’antichità, dai giorni più remoti” (Mi 5, 1); e segna, anche, l’inizio dei tempi nuovi, ossia dell’Incarnazione storica del Messia, l’inizio dell’avventura umana di Cristo, la deificazione dell’uomo con la relativa rinnovazione del creato.
Sembra utile distinguere il fatto storico dell’Annunciazione dalla relativa festa liturgica del 25 marzo. Il racconto evangelico dell’Annunciazione è stato sempre presente nella comunità cristiana, almeno dal tempo dell’istituzione del Natale, perché i due episodi sono strettamente legati; mentre le origini della festa del 25 marzo, probabilmente, risale al IV secolo in Palestina, dove si celebrava il ricordo dell’Incarnazione e, quindi, della relativa Annunciazione. La denominazione mariana della festa, come “Annunciazione della Beata della Vergine Maria” sembra risalga in oriente al V secolo; e in occidente, invece, viene introdotta nel VII sec., prima in Spagna, e, poi, a Roma, da Papa Sergio I, con una certa fluttuazione del titolo: prima come riferimento all’“Annunciazione del Signore”, e poi come “Annunciazione della Beata Vergine Maria”. La connotazione mariana della festa si è conservata fino alla riforma conciliare del Vaticano II, quando Paolo VI, nell’applicare le nuove direttive liturgiche, ha recuperato il vero senso originario e autentico con il riferimento all’annuncio della nascita del Signore, motivandola teologicamente, pur conservando l’inevitabile riferimento mariano. La data della celebrazione al 25 marzo è legata, tradizionalmente, a quella del 25 dicembre del Natale.
La festa del 25 marzo, pertanto, pur essendo la festa dell’Annunciazione della nascita del Signore, conserva, tuttavia, anche la sua consistenza mariana. Difatti, Paolo VI, nella Marialis cultus, precisa: “Per la solennità dell’Incarnazione del Verbo, nel Calendario Romano, con motivata risoluzione, è stata ripristinata l’antica denominazione di Annunciazione del Signore, ma la celebrazione era ed è festa congiunta di Cristo e della Vergine: del Verbo che si fa figlio di Maria (Mc 6, 3), e della Vergine che diviene Madre di Dio. Relativamente a Cristo, l’Oriente e l’Occidente, nelle inesauribili ricchezze delle loro Liturgie, celebrano tale solennità come memoria del fiat salvifico del Verbo Incarnato, che entrando nel mondo disse: ‘Ecco, io vengo [...] per fare, o Dio, la tua volontà’ (Eb 10, 7; Sal 39, 8-9); come commemorazione dell’inizio della redenzione e dell’indissolubile e sponsale unione della natura divina con la natura umana nell’unica Persona del Verbo. Relativamente a Maria, come festa della nuova Eva, vergine obbediente e fedele, che con il suo fiat generoso (Lc 1, 38) divenne, per opera dello Spirito, Madre di Dio, ma anche vera Madre dei viventi e, accogliendo nel suo grembo l’unico Mediatore (1Tm 2, 5), vera Arca dell’Alleanza e vero tempio di Dio; come memoria di un momento culminante del dialogo di salvezza tra Dio e l’uomo, e commemorazione del libero consenso della Vergine e del suo concorso al piano della redenzione” (MC 6). E ancora: “nel tempo di Avvento, la liturgia ricorda frequentemente la beata Vergine soprattutto nelle ferie dal 17 al 24 dicembre e, segnatamente, nella domenica che precede il Natale, nella quale fa risuonare antiche voci profetiche sulla Vergine Madre del Messia e legge episodi evangelici relativi alla nascita imminente del Cristo e del suo Precursore” (MC 3).
In realtà, tutto il tempo di Avvento, è una celebrazione dell’economia della
salvezza, preannunciata nell’AT, in cui Maria è presente da sempre per la sua
predestinazione assoluta, insieme al suo Figlio. Nel breve spazio delle quattro
settimane, si celebrano, infatti, tre ricorrenze mariane: il mistero
dell’Immacolata Concezione, l’Annunciazione a Maria e la Visitazione di Maria a
Elisabetta. La prima celebrazione è autonoma; mentre le altre e due,
commemorate nella settimana che precede il Natale, hanno, nel corso dell’anno
liturgico, una appropriata celebrazione autonoma: il 25 marzo e il 31 maggio.
Specialmente, nelle ferie dal 17 al 24 dicembre, Maria, Madre dell’Avvento,
diventa protagonista del mistero, testimone silenziosa del compimento delle
promesse: si leggono i vangeli dell’infanzia e gli episodi in cui Maria appare
come protagonista nell’annunciazione e nella visitazione. Nei formulari
liturgici della Messa sono stati ricuperati preziosi testi eucologici, fra i
quali bisogna segnalare la colletta del 20 dicembre, mirabile sintesi di
teologia e di pietà; e per la spiritualità dell’attesa messianica, l’inciso
del prefazio II dell’Avvento: “La Vergine Madre lo attese e lo portò in grembo
con ineffabile amore”.
Il contenuto
Nella festa dell’Annunciazione del Signore si ricorda il momento in cui, nel piccolo borgo di Nazareth, l’angelo Gabriele portò l’annuncio a Maria: “Ecco, concepirai un figlio, lo darai alla luce e lo chiamerai Gesù”, e Maria rispose: “Eccomi, sono la serva del Signore! Avvenga di me quello che hai detto”. E così, il Predestinato per eccellenza, Cristo Gesù “nella pienezza del tempo nasce da donna” (Gal 4, 4).
Il racconto lucano (Lc 1, 26-38) supera ogni schema delle annunciazioni
dell’AT, perché dichiara le grandi novità della storia della salvezza: il
concepimento verginale del Figlio di Dio Incarnato, la Maternità divina di
Maria, e la compartecipazione della Madre al mistero pasquale del Figlio; e si
articola in diversi punti: apparizione dell’angelo a Maria; saluto, turbamento
di Maria e messaggio; chiarimento chiesto da Maria; risposta dell’angelo;
conferimento di un segno; risposta di Maria e partenza dell’angelo.
Apparizione dell’angelo a Maria
L’evangelista inizia il suo racconto specificando che l’evento ha avuto luogo sei mesi dopo l’apparizione dell’angelo a Zaccaria, nella “città” di Nazaret, che in realtà era un piccolo villaggio rurale della Galilea. Vengono presentati i personaggi: Gabriele e Maria. L’angelo Gabriele appartiene alla terza gerarchia della corte celeste: Serafini Cherubini e Troni; Dominazioni Virtù e Potestà; e Principati Arcangeli e Angeli. Nella tradizione biblica, degli arcangeli (archànghelos: capo degli angeli) si conoscono tre nomi: Michele (“Chi è come Dio?”); Raffaele (“Medicina di Dio”) e Gabriele (“Dio si manifesta forte potente e onnipotente”). A portare l’annuncio a Maria è proprio Gabriele, che rivela l’onnipotenza di Dio: “nulla è impossibile a Dio” (Lc 1, 37).
Il nome Maria etimologicamente esprime almeno tre significati importanti e interdipendenti tra loro, perché svela il mistero della sua esistenza. Dall’aramaico: “mia principessa, mia signora, mia regina, che il greco traduce con Kyria, Signora, femminile di Kyrios, Signore”; dall’ebraico: “colei che vede e che fa vedere”, ossia “colei che rende visibile l’Invisibile”; dall’egizio: “colei che è amata da Dio”. La stessa scelta del nome “Maria”, quindi, è tutto un programma, perché predestinata da sempre e associata strettamente o “indissolubilmente” al mistero di Cristo.
Per comprendere a pieno il progetto di Dio su Maria, è indispensabile tener presente, a rivelazione compiuta, le principali testimonianze bibliche su di Lei. Quelle profetiche: il protovangelo del Genesi (3, 15: “la stirpe della donna schiaccerà la testa al serpente”); l’annuncio dell’Emmanuele in Isaia (7, 14: “Ecco, la vergine concepirà e partorirà un figlio, che chiamerà Emmanuele”); la profezia su Betlemme di Michea (5, 3: “Colei che deve partorire partorirà”); e il portentoso segno celeste dell’Apocalisse (12, 1: “una donna vestita di sole”). Quelle storiche, invece, abbracciano tutto l’aro della storia della salvezza da Abramo a Davide, da Davide a Cristo; le testimonianze estetiche, infine, riguardano tutte quelle immagini o figure bibliche che direttamente o indirettamente prefigurano “colei che è amata da Dio”.
Il semplice nome di “Maria”, pertanto, è talmente evocativo da rivelare sia il mistero della sua esistenza che della sua vocazione, insieme al motivo per cui è sempre Amata da Dio, perché voluta in modo assoluto insieme a Cristo nell’unico e medesimo atto di predestinazione. Tutte le testimonianze mariane di natura profetica costituiscono un’unica grande profezia che rivela gradualmente il mistero di Cristo, cui è associato “indissolubilmente” quello della Vergine Madre. Pur essendo unico il soggetto principale della grande profezia, tuttavia nel suo sviluppo storico, Cristo si manifesta sempre insieme alla Madre, così da costituire una “coppia sui generis”, originale e originante: Figlio-Madre, da cui tutto proviene e nell’ordine soprannaturale e nell’ordine naturale.
Lo stato sociale di Maria è quella di una giovane fanciulla vergine e nubile,
ma idonea al matrimonio. Tale è il senso del termine ebraico almah, tradotto in
greco dai LXX con parthenos, e recepito nel NT: “Tutto questo avvenne perché si
adempisse ciò che era stato detto dal Signore per mezzo del profeta: ‘Ecco, la
vergine concepirà un figlio che sarà chiamato Emmanuele’” (Mt 1, 22-23).
Saluto a Maria
“Rallegrati, o piena di grazia/ il Signore è con te”.
La comprensione di questo angelico saluto merita un po’ di attenzione. Il termine “rallegrati”, con cui l’angelo introduce l’annuncio, è la traduzione del greco chàire che, nell’uso comune, esprime il generico augurio di gioia, equivalente all’italiano “buon giorno”. Per l’influsso, però, dell’AT, il termine si carica anche di un significato religioso e spirituale, fino a designare la gioia messianica ed escatologica, ossia quella particolare gioia che proviene da Dio o dalla sua presenza.
La motivazione di questa speciale gioia è subito data dalle parole “piena di grazia”, che traducono il greco kecharitòmene, un participio perfetto passato del verbo charitòo, derivante dal sostantivo charis, che in sé indica fascino bellezza grazia muliebri; mentre per influsso dell’AT, viene a significare anche favore benevolenza compiacimento. Senza escludere il primo significato, il termine kecharitòmene esprime stabilmente il compiacimento del Signore che si china verso Colei che ama. L’intero saluto, pertanto, potrebbe essere così commentato: “gioisci, o tutta bella, su di te riposa stabilmente la benevolenza divina”, o più semplicemente: “gioisci, o amata da Dio”. Da notare che il termine kecharitòmene indica anche il massimo della grazia che una creatura possa contenere in quanto creatura!
Il saluto dell’angelo indica tanto la presenza di Dio quanto la sua protezione. Maria, pertanto, riceve stabilmente sia l’abbondanza della grazia sia l’assistenza continua da parte di Dio per compiere l’opera messianica dell’Emmanuele, Dio-con-noi. È un’opera che si incarna in Maria come responsabilità sublime della maternità divina e spirituale a un tempo.
È un strano modo di salutare quello dell’angelo, che non chiama per nome la
persona cui si rivolge, come farà dopo: “Non temere, Maria…” (v. 30). Che cosa
pensare? La spiegazione più ovvia sembra quella della sostituzione del nome
proprio con l’espressione “piena di grazia”, come suggerisce il contesto e
anche l’etimologia di “Maria”. Nel linguaggio semitico, infatti, il nome
portato da una persona definisce ciò che, in realtà, è il personaggio. Nel caso
di Maria, il ruolo che ella ha nella storia della salvezza, secondo il disegno
preordinato dall’eternità da Dio stesso, in Cristo Gesù.
Turbamento e messaggio
“A queste parole ella rimase turbata…”.
La causa immediata del “turbamento” di Maria non è l’apparizione dell’angelo, bensì le “parole” del suo saluto. Come a dire: Maria è “turbata” meno dalla presenza misteriosa e improvvisa del messaggero, che dal suo “strano” modo di salutarla. Il timore di Maria è di silenzio pensoso e riflessivo, e non di paura. La sua comprensione si evidenziata meglio dal confronto con il precedente episodio di Zaccaria, che “si turbò…e fu invaso da timore” (Lc 1, 12). Per esprimere il turbamento di Zaccaria, l’evangelista usa il termine etaraché, che denota spavento e paura; mentre per quello di Maria, dietaraché, “rimase turbata” (Lc 1, 29), che indica un turbamento dell’anima, benché profondo, nel tentativo di penetrare, nel breve intervallo di silenzio, il significato del “saluto”. Il turbamento di Maria, pertanto, appare più come conseguenza dello sforzo interiore e profondo dell’attività intellettiva di comprensione che un vero e proprio disagio timoroso o di paura.
Indirettamente, la stessa espressione -“Maria si domandava che senso avesse un tale saluto” - orienta verso tale interpretazione, in quanto il testo, oltre alla sua intrinseca misteriosità delle parole, designa chiaramente anche una forte carica di grandezza: “piena di grazia” e “il Signore è con te” (Lc 1, 28). Per cui, il “si domandava” di Maria - espresso in greco con l’imperfetto dieloghizeto - indica proprio un’azione continuativa, per tutto il breve silenzio a disposizione, nel tentativo di comprendere non solo il senso delle parole, ma anche il loro significato di grandezza. Il “turbamento” di Maria, perciò, si risolve nel contesto del duale sforzo interiore e auto-riflettente di comprendere, in toto, il reale “senso del saluto”.
Oltre all’effetto psicofisico, percepito da Maria come “turbamento”, bisogna
aggiungere anche la profonda ripercussione della novativa forma augurale di
grandezza che il messaggio celeste provoca nella delicata e giovane persona
della fanciulla di Nazareth, che si vede spalancati davanti a sé sublimi
orizzonti, evocativi di una storia antichissima e contemporanea insieme. Per
questo l’angelo sente il bisogno di rassicurarla nel modo più sicuro e dolce:
“Non temere, Maria, perché hai trovato grazia presso Dio (e, per questo,)
concepirai un Figlio, lo darai alla luce e lo chiamerai Gesù. Sarà grande e
chiamato Figlio dell’Altissimo; il Signore Dio gli darà il trono di Davide, suo
padre, e regnerà per sempre sulla casa di Giacobbe e il suo trono non avrà
fine” (Lc 1, 30-33).
Chiarimento di Maria
Di fronte al silenzioso momento meditativo di Maria, l’angelo le annuncia il grandioso invito della maternità divina del “Figlio dell’Altissimo”, che deve rendere visibile l’invisibilità di Dio, per chiamare ogni creatura alla lode e al ringraziamento di questo gesto liberissimo e graditissimo di auto-rivelarsi nella storia, attraverso il mistero dell’Incarnazione del Verbo. A questo stupendo e sublime invito non c’è mistero da comprendere, ma soltanto chiarimento da chiedere. E difatti, Maria subito: “Come è possibile? Non conosco uomo” (Lc 1, 34).
Sono le prime parole di Maria: una richiesta prudente e riflessiva di chiarimento non tanto per comprendere il mistero dell’annuncio, quanto più possibile personale e volontaria rendere la risposta. Il loro significato non è per nulla facile: fiumi di inchiostro è stato versato per penetrarlo, ma invano. Restano ancora circonfuse da un alone misterioso che desta sempre curiosità e fascino. Oltre a rivelare la profonda identità di chi le ha pronunciate, costituiscono anche il momento storico in cui il divino e l’umano s’incontrano, per dare senso e significato all’intera esistenza umana e cosmica insieme. Parole semplici e riservate che ovattano con solenne delicatezza l’evento storico per eccellenza: l’inizio dell’avventura umana del Verbo di Dio.
Imprevedibile e affascinante è il modo di agire di Dio. Nel momento in cui chiama storicamente Maria a diventare Madre del suo “Figlio”, nello stesso momento lei si auto-dichiara fisiologicamente indisposta! E Dio, proprio per dimostrare la divinità del suo Figlio sulla terra, accetta la “provocazione” di Maria, trascendendo, in un certo qual modo, alla legge naturale della generazione. Senza alcuna velleità di penetrare nelle molteplici questioni sottese alla richiesta di chiarimento, piace interpretare le parole di Maria nel modo più semplice e ovvio possibile, pur nella convinzione di non sollevare alcun velo del mistero che nascondono.
Dal contesto immediato del racconto, risulta che Maria è “una vergine fidanzata a un uomo di nome Giuseppe”. Ora, nella legislazione ebraica dell’epoca, il fidanzamento aveva effetti giuridici, non era cioè una semplice promessa di futuro matrimonio, ma un perfetto contratto di matrimonio, senza la coabitazione sotto lo stesso tetto, che avveniva, invece, dopo la celebrazione delle nozze.
Nel tempo tra il fidanzamento e le nozze, la ragazza fidanzata era riconosciuta a tutti gli effetti come “moglie” dalla legge. In pratica: poteva ricevere il libello di divorzio o essere punita, se colpevole di infedeltà; se il promesso fidanzato veniva a mancare, la promessa sposa era ritenuta giuridicamente “vedova”.
Se la condizione di Maria è di una ragazza fidanzata, che senso ha la sua richiesta di chiarimento?
Non certamente di natura temporale di non ancora, che sarebbe un non senso, perché
ciò che non è ancora possibile, lo sarebbe stato a nozze celebrate. Resta,
perciò, di esprimere molto velatamente e con tanta delicatezza il proposito o
voto di restare vergine per sempre! Come suggerisce la stessa forma indicativa
del presente aoristo del verbo greco “ou ghinosko”, (non conosco), che indica
la volontà di restare in tale condizione anche per il futuro, cioè per sempre.
L’uso del presente “non conosco”, infatti, non potrebbe essere portato come
ostacolo, in ordine al futuro “concepirai”. Sembra plausibile, pertanto, che il
chiarimento di Maria contenga velatamente la segreta ferma e decisa volontà di
restare nello stato di verginità per sempre.
Risposta dell’angelo
L’angelo sembra confermare la segreta volontà di Maria di restare sempre
“vergine”. Le assicura, infatti, che la sua maternità non sarà per via
naturale, ma attraverso “l’ombra della potenza dell’Altissimo”, per opera dello
Spirito Santo, perché “Nulla è impossibile a Dio” (Lc 1, 37). Il nascituro sarà
“Santo e chiamato Figlio di Dio”, a cui darai nome di “Gesù, Figlio
dell’Altissimo”.
Conferimento di un segno
Al termine del suo annunzio, l’angelo rivela a Maria la gravidanza di
Elisabetta, sua parente. Questo evento, tenuto gelosamente segreto dai diretti
interessati, diventa il segno visibile che conferma l’autenticità della
rivelazione dell’angelo. Esso infatti mostra nel modo più convincente che
“nulla è impossibile a Dio”. Con l’accenno a questo segno, s’intrecciano
nuovamente i due racconti di annunciazione; d’altro canto la parola dell’angelo
prepara direttamente il racconto seguente della visita di Maria a Elisabetta.
Risposta di Maria
Alle parole chiarificatrici dell’angelo, Maria risponde: “Eccomi, sono la serva del Signore…”. Con la sua risposta, Maria si rende disponibile al progetto di Dio e ne diventa partecipe fino in fondo. Si apre così la via all’intervento dello Spirito Santo, che rende possibile la nascita storica del Figlio di Dio, predestinato nel disegno divino (Rm 1, 3-4; Ef 1, 3-6). La risposta di Maria costituisce, da un lato, la condizione fondamentale per manifestare il più grande amore di Dio, ossia il suo Capolavoro, e, dall’altro, segna per sempre la storia, evocando in nuce l’intero progetto di salvezza, voluto benevolmente da Dio e manifestato totalmente in Cristo Gesù.
Al segno non richiesto, Maria non batte ciglio, ma, nella perfetta coscienza di essere stata prescelta a Madre del Signore, risponde semplicemente: “Eccomi, sono la serva del Signore! Avvenga di me quello che hai detto” (Lc 1, 38). La risposta di Maria è un semplice “sì” di perfetto acconsentimento e di totale abbandono alla volontà di Dio. Il Signore la eleva alla massima dignità, alla maternità divina, e Maria, consapevole della sua condizione creaturale, si auto-definisce la schiava del Signore. Il termine greco doule esprime più realisticamente la condizione di chi non ha alcun potere sopra di sé, ma lo riconosce al suo Padrone o Signore.
Nel linguaggio comune lo schiavo è considerato come una res, una cosa; in quello teologico, invece, pur conservando il carattere di incondizionata sottomissione, perde la nota dispregiativa, e diventa anche onorifico (Sl 88, 3). Nell’uso religioso-liturgico, perciò, conserva sempre la consapevolezza dell’infinita distanza e della totale dipendenza da Dio.
La risposta di Maria esprime con tutta sincerità e consapevolezza
l’appartenenza a Dio e la anche la dipendenza da Dio. Di fronte a Dio, Maria sa
di essere una creatura, anche se fatto oggetto di un dono d’amore infinito, e
accetta di essere amata da Dio e si abbandona alla sua volontà. Inizia così
l’avventura umana dell’Incarnazione del Verbo di Dio.
Autore: P. Giovanni Lauriola ofm
Lorenzo Monaco (vers 1370–vers 1425), L’Annonciation, entre 1410 et 1415, tempera sur panneau, 130 x 230, Galleria dell'Accademia de Florence
La vicenda unica
dell'Annunciazione a Maria di Nazareth (Lc 1,26-37) ha molto da insegnarci su
cosa possa scaturire dall'incontro tra il Signore ed una sua creatura. Tale
annuncio, che è come uno spartiacque nella storia della salvezza, è il modo
nuovo che Egli inaugura per rapportarsi con le persone.
Un incontro unico
Maria e Nazareth: nomi accomunati dalla caratteristica di un'apparente
insignificanza, a riprova del fatto che Dio ama incontrare ciò che è piccolo,
sconosciuto. Questo privilegio fa parte della sua misericordia. Proprio in quel
luogo, proprio per quella giovane donna, l'incontro è segnato da un saluto del
tutto speciale: "Rallegrati, piena di grazia: il Signore è con te".
Ci troviamo ad un livello di saluto profondo che rinsalda il cuore e squaderna
orizzonti nuovi. Il Signore sta dicendo a Maria di averle dato la sua grazia,
vale a dire la totalità dei doni che una volta ricevuti non lasciano come
prima, ma trasformano, fanno nuovi, abilitano a compiere quanto Lui stesso
chiede. Maria percepisce la grandezza dell'incontro, per questo è
"turbata": di cosa sarà portatore quell'incontro e saluto? Ella sente
il bisogno di riservarsi un tempo. Scrive bene l'Evangelista appuntando che la
Vergine non risponde immediatamente, ma invoca per sé un tempo di prolungata
riflessione, come se si raccogliesse in un dialogo amoroso col suo Signore.
Un incontro che crea sconcerto
Attraverso il suo Angelo, è Dio in persona che viene nuovamente incontro a
Maria, mostrando un'iniziativa che non la schiaccia, ma la corrobora. Le
assicura di essere al suo fianco e di averle già garantito la sua grazia perché
possa concepire un figlio, darlo alla luce e chiamarlo Gesù (cfr. il v. 31):
egli "Sarà grande e verrà chiamato Figlio dell'Altissimo". L'Angelo
parla dando compimento alle profezie di Isaia (7,14) e di Natan (2Sam 7,12-16):
il re che doveva discendere dalla casa di Davide, sta per venire nel mondo!
Dio, che non poteva prima essere neppure visto, sta per essere concepito. La
promessa si fa ora realtà per la nostra salvezza. Il Signore garantisce,
spiega, e Maria, così come è proprio di un incontro, senza voler oscurare
l'iniziativa del suo Dio, chiede spiegazione: "Come avverrà questo?".
Non pare proprio di poter leggere in ciò una qualche difficoltà da parte sua,
quanto piuttosto l'esplicitazione di un sentimento di totale spoliazione di sé
per amore: Dio crea sconcerto anche in chi lo accoglie e decide per Lui!
Il frutto dell'incontro
Il dialogo, nota tipica di questo incontro, continua. Il Signore mediante il suo Angelo delinea ora la potenza della propria azione che si compirà per mezzo dello Spirito Santo, che è Spirito creatore e datore di vita; è la sua onnipotenza creatrice che avvolge di sé una creatura! Come unico è l'intervento dell'Onnipotente nella vita della donna di Nazareth che per sempre sarà detta beata, altrettanto unica è la santità del Bambino promesso: Santo è il nome di colui che nascerà, perché costui è Dio stesso che si fa uomo. Il Signore crea in Maria un cuore immune da ogni macchia: ora in quel cuore purissimo Egli chiede, non impone, di poter porre la propria dimora, riversando lì tutto il bene che serbava in cuor suo. Di fronte alla richiesta del Signore, Maria "piena di grazia" si proclama sua "serva" e dichiara completa disponibilità: "Avvenga per me secondo la tua parola". Ecco come si conclude questo incontro che non smette di sorprenderci, malgrado lo conosciamo quasi a memoria! A quel meraviglioso "Voglio" di Maria, Dio scende in lei con la forza dello Spirito Santo, la rende feconda ed esaltandone la verginità la rende Madre del Cristo. A tanto Ella arriva perché permette al Signore di incontrarla e perché ascoltandolo entra in intimo dialogo con Lui! L'ascolto e la pratica della Parola, fanno sì che ogni suo incontro non rimanga infruttuoso. In Maria il frutto è ineguagliabile: è Gesù, il Frutto Benedetto del suo grembo.
Autore: Marco Rossetti sdb
Note: La data della Solennità dell’Annunciazione in alcuni anni viene
trasferita. Questo avviene quando il 25 marzo cade nella Settimana santa (ad
esempio, nel 2013, nel 2016 e nel 2018), nella Settimana di Pasqua o coincide
con una Domenica di Quaresima (nel 2012) o di Pasqua (nel 2008).