Jacopo
Tintoretto (1519–1594), Ascensione del Signore nostro Gesù Cristo, 1579-1581, 538 x 325, Scuola Grande di San Rocco
Saint Évangile de notre
Seigneur Jésus-Christ selon Saint Luc (XXIV 46-53).
Jésus ressuscité,
apparaissant à ses disciples, leur disait [1] : « Il fallait que s'accomplît ce
qui était annoncé par l'Ecriture : les souffrances du Messie, sa résurrection
d'entre les morts le troisième jour, et la conversion proclamée en son nom pour
le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem [2].
C'est vous qui en êtes les témoins[3]. Et moi, je vais envoyer sur vous ce que
mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu'à ce que vous
soyez revêtus d'une force venue d'en haut ».
Puis il les emmena jusque
vers Béthanie [4] et, levant les mains, il les bénit. Tandis qu'il les
bénissait, il se sépara d'eux [5] et fut emporté au ciel [6]. Ils se
prosternèrent devant lui [7], puis ils retournèrent à Jérusalem, remplis de
joie [8]. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu [9].
Textes liturgiques ©
AELF, Paris
[1] Les jours qui
s'écoulèrent entre la résurrection du Seigneur et son ascension, mes
bien-aimés, n'ont pas été dépourvus d'événements : de grands mystères y ont
reçu leur confirmation, de grandes vérités y ont été révélées. C'est alors que
la crainte d'une mort amère est écartée, et que l'immortalité, non seulement de
l'âme mais aussi de la chair, est manifestée. C'est alors que, par le souffle
du Seigneur, le Saint-Esprit est communiqué à tous les Apôtres ; et le
bienheureux Apôtre Pierre, après avoir reçu les clefs du Royaume, se voit
confier, de préférence aux autres, la garde du bercail du Seigneur. En ces
jours-là, le Seigneur se joint à deux disciples et les accompagne en chemin ;
et, afin de dissiper en nous toute l'obscurité du doute, il reproche à ces
hommes apeurés leur lenteur à comprendre. Les cœurs qu'il éclaire voient
s'allumer en eux la flamme de la foi ; ils étaient tièdes, et ils deviennent
brûlants lorsque le Seigneur leur fait comprendre les Ecritures. A la fraction
du pain, les yeux des convives s'ouvrent. Ils ont un bonheur bien plus grand,
eux qui voient se manifester la glorification de leur nature humaine, que nos
premiers parents qui conçoivent de la honte pour leur désobéissance. (…)
Pendant tout ce temps qui s'est écoulé entre la résurrection du Seigneur et son
ascension, voilà, mes bien-aimés, de quoi la providence divine s'est occupée,
voilà ce qu'elle a enseigné, voilà ce qu'elle a fait comprendre aux yeux et aux
cœurs de ses amis : on reconnaîtrait que le Seigneur Jésus était vraiment
ressuscité, lui qui vraiment était né, avait souffert et était mort vraiment.
Aussi les bienheureux Apôtres et tous les disciples que la mort de la croix
avait apeurés et qui doutaient de la foi en la résurrection furent-ils
raffermis par l'évidence de la vérité ; si bien que, lorsque le Seigneur partit
vers les hauteurs des cieux, ils ne furent affectés d'aucune tristesse, mais
comblés d'une grande joie. Certes, c'était pour eux un motif puissant et
indicible de se réjouir puisque, devant le groupe des Apôtres, la nature
humaine recevait une dignité supérieure à celle de toutes les créatures
célestes ; elle allait dépasser les chœurs des anges et monter plus haut que
les archanges ; les êtres les plus sublimes ne pourraient mesurer son dogré
d'élévation, car elle allait être admise à trôner auprès du Père éternel en
étant associée à sa gloire, puisque la nature divine lui était unie dans la
personne du Fils (saint Léon le Grand : premier sermon pour l’Ascension, 2-4).
[2] Il fallait que tout
s'accomplît (…) Quoi donc ? Que le Christ souffrît, et qu'il ressuscitât
d'entre les morts le troisième jour. Ils l'ont vu : ils l'ont vu souffrir, ils
l'ont vu attaché à la croix, et ils le voient après sa résurrection, vivant et
présent parmi eux. Que ne voient-ils pas ? Son corps, c'est-à-dire l’Eglise. Le
Christ, ils le voient, mais elle, ils ne la voient pas. Ils voient l’Epoux,
l’Epouse est encore cachée (…) La conversion proclamée en son nom pour le
pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Voilà ce
que les disciples ne voient pas encore : l'Eglise répandue à travers toutes les
nations, en commençant par Jérusalem. Ils voient la tête et, sur sa parole, ils
croient à son corps (…) Nous leur sommes semblables : nous voyons quelque chose
qu'ils ne voyaient pas, mais nous ne voyons pas quelque chose qu’ils voyaient.
Que voyons-nous qu'ils ne voyaient pas ? L'Eglise répandue à travers les
nations. Que ne voyons-nous pas, mais qu'ils voyaient ? Le Christ vivant dans
la chair. Comment le voyaient-ils, tandis qu'ils croyaient à son corps ? De la
même façon que nous voyons le corps et croyons à la tête. En revanche, que ce
que nous ne voyons pas vienne à notre aide ! Voir le Christ a aidé les Onze à
croire à l’Eglise future. L’Eglise que nous voyons nous aide à croire que le
Christ est ressuscité. Leur foi a reçu son accomplissement : de même la nôtre.
La leur a été accomplie en ce qui concerne la tête, la nôtre l'est en ce qui
concerne le corps. Le Christ total s'est fait connaître d'eux et de nous. Mais
il n'a pas été connu tout entier par eux, ni tout entier par nous. Eux, ils ont
vu la tête, et ils ont cru au corps. Nous, nous avons vu le corps et nous avons
cru à la tête. Cependant le Christ ne fait défaut à personne: il est tout
entier en tous, et pourtant son corps lui demeure attaché (saint Augustin :
sermon CXVI, 1, 5-6).
[3] Si vous voulez
comprendre vous aussi vous serez les témoins du Christ. Vous êtes tentés par
l'esprit d'impureté mais craignant le jugement de Jésus-Christ vous avez voulu
conserver intacte la pureté de votre âme et de votre corps : vous êtes les
témoins de Jésus-Christ. Vous êtes tentés par l’esprit d’avarice qui vous porte
à usurper sur les droits du faible mais vous souvenant des préceptes divins
vous êtes résolus à prêter votre assistance plutôt qu'à commettre une injustice
: vous êtes les témoins du Christ. Vous êtes tentés par l’esprit de superbe
mais voyant votre Sauveur pauvre et humble votre cœur est touché et vous
choisissez l'humilité plutôt que l'arrogance : vous êtes les témoins du Christ,
non seulement les témoins de ce qu'il a dit mais de ce qu'il a fait (...)
Combien chaque jour sont nombreux ces martyrs du Christ qui lui rendent
témoignage dans le secret ! (saint Ambroise : commentaire du psaume CXVIII,
sermon XX 47-48).
[4] Béthanie est située
sur le flanc oriental du mont des Oliviers, à moins de trois kilomètres de
Jérusalem. Comme Béthanie équivaut pratiquement au mont des Oliviers, on peut
déduire une remarque théologique de la précision topographique. Deux textes de
l'Ancien Testament font mention de « la montagne qui se trouve à l'orient de la
ville » (Ezéchiel, XI 22-23), c'est-à-dire le Mont des Oliviers (Zacharie, XIV
4). Chez le prophète Ezéchiel, la gloire de Yahvé abandonne le Temple profané
et voué à la destruction, pour aller se poser sur la montagne à l’orient de la
ville. Chez le prophète Zacharie, à la fin des temps, lorsque Yahvé sortira
pour le combat et le jugement eschatologiques, « ses pieds se poseront sur le
Mont des Oliviers. » Ainsi le Mont des Oliviers est-il le lieu du départ et de
la venue glorieuse de Yahvé. En transférant ce qui est dit de Yahvé à Jésus qui
s'en va et qui viendra, saint Luc fait une profession de foi en la divinité de
Jésus.
[5] Elie était monté au
ciel dans un char de feu, emporté par des chevaux de feu : il n’était qu’un
homme et il avait besoin d’être soulevé par une force extérieure. Notre Sauveur
n’est pas emporté dans un char, il n’est pas soulevé par les anges : celui qui
a fait toutes choses s’élève par sa propre puissance au-dessus de toutes choses
(saint Grégoire le Grand : homélie XXIX sur les péricopes évangéliques, 5).
[6] Il repartait ainsi
vers le lieu d'où il était, il revenait d'un lieu où il continuait de séjourner
: en effet, au moment où il montait au Ciel avec son humanité, il unissait par
sa divinité le Ciel et la terre. Ce que nous avons à remarquer sérieusement
dans la solennité de ce jour, c'est la suppression du décret qui nous
condamnait, du jugement qui nous vouait à la corruption. En effet, la nature à
qui s'adressait ces mots : « Tu es poussière, et tu retourneras en poussière »,
cette nature est aujourd'hui montée au Ciel avec le Christ. Voilà pourquoi il
nous faut, de tout notre cœur, le suivre là où nous savons par la foi qu'il est
monté avec son corps. Fuyons les désirs de la terre : qu'aucun des liens
d'ici-bas ne nous plaise, à nous qui avons un Père dans les Cieux. Pensons
aussi au fait que Celui qui est monté au Ciel plein de douceur sera terrible à
son retour ; ce qu'il nous a demandé avec bonté, il l'exigera de nous avec
fermeté. Par conséquent, que personne ne néglige le temps qui lui reste pour
faire pénitence ; que chacun pense à son salut, pendant que cela lui est encore
possible, car, au jour du jugement, le Rédempteur sera d'autant plus sévère
qu'il aura été plus patient avant ce jugement. Voilà, mes frères, ce qui doit
guider votre action. Pensez-y continuellement. Même si vous êtes ballottés dans
le remous des affaires, jetez pourtant dès aujourd'hui l'ancre de l'espérance
dans la patrie éternelle. Que votre âme ne recherche que la véritable lumière.
Nous venons d'entendre lire que le Seigneur est monté au Ciel : pensons
sérieusement à ce que nous croyons. Malgré la faiblesse de la nature humaine
qui nous retient encore ici-bas, que l'amour nous attire à sa suite, car nous
sommes bien sûrs que celui qui nous a inspiré ce désir, Jésus-Christ, ne nous
décevra pas dans notre espérance (saint Grégoire le Grand : homélies sur les
péricopes évangéliques, XXIX 10-11).
[7] Il s'en allait en
tant qu'homme, mais demeurait en tant que Dieu. Ils allaient être privés de
cette présence restreinte à un lieu particulier, mais il devait demeurer avec
eux par cette présence qui remplit le monde entier. Devaient-ils se troubler
quand il se dérobait à leurs yeux, mais sans s'éloigner de leur coeur ? (Saint
Augustin : « Tractatus in Johannis evangelium », LXVIII 1).
[8] Puisque l’Ascension
du Christ est notre propre élévation, que le corps a l’espérance d’être un jour
où l’a précédé son chef glorieux, tressaillons donc de la plus grande joie et
marquons cette allégresse par de ferventes actions de grâces. Aujourd’hui, nous
n’avons pas seulement été affermis comme possesseurs du Paradis, mais, dans la
personne du Christ, nous avons pénétré au plus haut des cieux, obtenant plus
par sa grâce ineffable que nous n’avions perdu par l’envie du diable. En effet,
ceux là que le venimeux ennemi avait bannis de la félicité de leur première
demeure, le Fils de Dieu se les est incorporés pour les placer à la droite du
Père (saint Léon le Grand : sermon I sur la fête de l’Ascension).
[9] Il nous faut, de tout
notre cœur, le suivre là où nous savons par la foi qu'il est monté avec son
corps. Fuyons les désirs de la terre : qu'aucun des liens d'ici-bas ne nous
plaise, à nous qui avons un Père dans les Cieux. Pensons aussi que Celui qui
est monté au Ciel plein de douceur sera terrible à son retour; ce qu'il nous a
demandé avec bonté, il l'exigera de nous avec fermeté. Donc que nul ne néglige
le temps qui lui reste pour faire pénitence ; que chacun pense à son salut,
pendant que c’est encore possible, car, au jour du jugement, le Rédempteur sera
d'autant plus sévère qu'il aura été plus patient avant. Voilà ce qui doit guider
votre action. Pensez-y continuellement. Même si vous êtes ballottés dans le
remous des affaires, jetez pourtant dès aujourd'hui l'ancre de l'espérance dans
la patrie éternelle. Que votre âme ne recherche que la véritable lumière. Nous
venons d'entendre lire que le Seigneur est monté au Ciel : pensons sérieusement
à ce que nous croyons. Malgré la faiblesse de la nature humaine qui nous
retient encore ici-bas, que l'amour nous attire à sa suite, car nous sommes
bien sûrs que celui qui nous a inspiré ce désir, Jésus-Christ, ne nous décevra
pas dans notre espérance (saint Grégoire le Grand : homélie XXIX sur les
péricopes évangéliques, 11).
SOURCE : http://missel.free.fr/Annee_C/paques/ascension_3.html
Ascension de Jésus, ivoire, vers 400, Musée national de Bavière, ancienne collection Martin von Reider, Munich
Saint Évangile de notre
Seigneur Jésus-Christ selon Saint Matthieu (XXVIII 16-20).
Au temps de Pâques, les
onze disciples s'en allèrent en Galilée, à la montagne [1] où
Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent,
mais certains eurent des doutes. Jésus s'approcha d'eux et leur adressa ces
paroles :« Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre [2].
Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples [3],
baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit [4] ;
et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés [5].
Et moi, je suis avec vous [6] tous
les jours jusqu'à la fin des temps [7]. »
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[1]Il
veut nous apprendre que pas sa résurrection, il a revêtu d’une vertu céleste ce
corps qu’il a pris de la famille humaine, et qu’il est déjà au dessus de la
terre. Il veut avertir ses fidèles que, s’ils veulent contempler les grandeurs
de la Résurrection, ils doivent s’élever au dessus des pensées terrestres, et
n’avoir plus que le désir des choses d’en-haut (Raban Maur).
[2] Le
démon devait être vaincu par la justice plus encore que par la puissance (…) Car
il avait péché, par son amour excessif de la puissance, en attaquant la
justice ; et les hommes le suivent, quand négligeant ou haïssant la
justice, ils recherchent la puissance. Pour arracher l’homme à la puissance du
démon, Dieu voulut donc que le démon fût vaincu non par la puissance mais par
la justice (Saint Augustin : « De Trinitate », XIII
17).
[3]« Faites
des disciples » : cette mission répond tout à fait à la place
importante que ce mot occupe dans le premier évangile. L'emploi de ce mot après
la Résurrection signifie que la condition du disciple n'est pas réservée aux
seuls compagnons de Jésus durant sa vie, mais elle est la condition dans
laquelle tout homme est invité à rentrer. Devenir chrétien signifie devenir
disciple.
[4] « Baptisez-les
au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » : l'expression
« au nom de »indique que le baptisé se trouve mis en relation étroite
avec le Nom, c'est-à-dire avec les personnes mêmes du Père, du Fils et de
l'Esprit. Cette expérience du Dieu Trinité, l'Eglise la fait à travers la
célébration du Christ ressuscité dans les sacrements.
[5] « Apprenez-leur
à garder tous les commandements que je vous ai donnés » : ce passage
souligne l'importance dans la communauté chrétienne de la nécessité pour les
croyants de comprendre ce qu'ils croient, de la nécessité de l'intelligence de
la foi, une foi qui est vivante et agissante. Cet enseignement consiste à
rappeler les commandements du Seigneur, ceux qu'il a donnés dans le Sermon sur
la Montagne. Par ses commandements, Jésus accomplit en les dépassant les lois
de Moïse : « il a été dit... moi je vous dis. »(évangile selon
saint Matthieu, V 22 ss). Au commandement de l'amour sont suspendus la
loi et les prophètes, car pour Matthieu la véritable adoration de Dieu ne
consiste pas seulement à prononcer son nom du bout des lèvres, mais à faire sa
volonté (évangile selon saint Matthieu, VII 21).
[6] Il
s'en allait en tant qu'homme, et il demeurait en tant que Dieu. Ils allaient
être privés de cette présence qui est restreinte à un lieu particulier, mais il
devait demeurer avec eux par cette présence qui remplit le monde entier.
Devaient-ils se troubler quand il se dérobait à leurs yeux, mais sans
s'éloigner de leur cœur ? (Saint Augustin : « Tractatus in
Johannis evangelium », LXVIII 1).
[7] Comme
les apôtres à qui il parle en ce moment doivent mourir un jour, il promet donc
cette assistance à tous les fidèles qui doivent croire en eux, et qui formeront
un seul corps avec eux (saint Jean Chrysostome : homélie XC sur
l’évangile selon saint Matthieu, 2).
Folio 13v des Rabula Gospels, Mésopotamie, VIe siècle
Meister des Rabula-Evangeliums, Rabula-Evangelium, Szene: Christi Himmelfahrt, 586, 34 x 27, Florenz, Biblioteca Medicea-Laurenziana
Lecture du livre des
Actes des Apôtres (I 1-11)
Mon cher Théophile [1],
dans mon premier livre [2] j'ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné
depuis le commencement, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel après avoir,
dans l’Esprit-Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu'il avait choisis.
C'est à eux qu'il s'était montré vivant après sa Passion : il leur en avait
donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur était apparu,
et leur avait parlé du Royaume de Dieu [3].
Au cours d'un repas qu'il
prenait avec eux [4], il leur donna l'ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais
d'y attendre ce que le Père avait promis[5]. Il leur disait : « C'est la
promesse que vous avez entendue de ma bouche. Jean a baptisé avec de l'eau ;
mais vous, c'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés[6] d'ici quelques
jours »[7]. Réunis autour de lui, les Apôtres lui demandaient : « Seigneur,
est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ? » Jésus leur
répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les délais et les dates que
le Père a fixés dans sa liberté souveraine [8]. Mais vous allez recevoir une
force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins
[9] à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de
la terre » [10].
Après ces paroles, ils le
virent s'élever [11] et disparaître à leurs yeux dans une nuée [12]. Et comme
ils fixaient encore le ciel où Jésus s'en allait, voici que deux hommes en
vêtements blancs [13] se tenaient devant eux et disaient : « Galiléens,
pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du
milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller au
ciel » [14].
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[1] Théophile, en grec
Theophilos (ami de Dieu), est le destinataire de l'évangile et des Actes des
Apôtres écrits par saint Luc ; il s'agit d'un chrétien de l'Eglise d'Antioche
qui appartient à un rang élevé de la société puisque, dans la dédicace de son
évangile, saint Luc le qualifie de kratiste (éminent ou excellent), titre dont
on honorait les hauts fonctionnaires.
[2] L'évangile selon
saint Luc commence ainsi : « Puisque beaucoup ont entrepris de composer un
récit des évènements qui se sont accomplis parmi nous, selon ce que nous ont
transmis ceux qui, témoins oculaires dès le commencement, sont devenus ensuite
serviteurs de la Parole, j'ai décidé, moi aussi, après m'être informé
exactement de tout depuis le début, d'en écrire pour toi l'exposé suivi,
excellent Théophile, pour que tu te rendes bien compte de la sûreté des enseignements
que tu as reçus ».
[3] Le Nouveau Testament
cite onze apparitions de Jésus ressuscité :
- à Marie-Madeleine (S.Marc
XVI 9 et S. Jean XX 16) ;
- aux saintes femmes (S.
Matthieu XXVIII 9) ;
- à saint Pierre (S. Luc
XXIV 34, I Corinthiens XV 5) ;
- aux disciples d'Emmaüs
(S. Luc XXIV 13-32) ;
- aux disciples sans
Thomas (S. Luc XXIV 36-43, S. Jean XX 19-23)
- aux disciples avec
Thomas (S. Jean XX 26-29) ;
- aux disciples sur le
lac de Tibériade (S. Jean XXI 1-23) ;
- à plus de cinq cents
disciples en même temps (I Co.XV) ;
- à Jacques (I Corinthiens
XV 7) ;
- aux apôtres avant
l'Ascension (S. Marc XVI 19) ;
- à saint Paul (Actes IX
1-6, I Corinthiens XV 8).
[4] Le corps glorieux n’a
pas besoin de nourriture, aussi Jésus n’a pas mangé par nécessité mais par
condescendance, voulant fonder dans ses apôtres, sur des bases solides, la foi
en sa résurrection ; il a pris une preuve qui était à la portée des apôtres.
Il mangea avant de monter
au ciel afin de bien établir la réalité de son corps (saint Grégoire le Grand :
homélie XXIX sur les péricopes évangéliques).
Pour moi, je sais et je
crois que, même après la Résurrection, Jésus était dans la chair (…) Après la
Résurrection, Jésus mangea et but avec eux, comme un être de chair, quoiqu’il
fût spirituellement uni à son Père (saint Ignace d’Antioche : lettre aux
Smyrniotes, III 1-3).
Avec quel soin ce bon
architecte travaille à l'édifice de notre foi ! Il n'avait pas faim, et il
demande à manger ; et quand il mange, il le fait par puissance et non par
nécessité (saint Augustin : sermon CXVI).
Le soleil quand il
absorbe, ne se comporte pas comme la terre quand elle a faim : l'un agit par
puissance et l'autre par indigence (saint Bède le Vénérable : commentaire de
l'évangile selon saint Luc).
[5] La première des
consignes que Jésus donne à ses apôtres est l'ordre de ne pas s'éloigner de
Jérusalem, que saint Luc a déjà rapporté (XXIV 47-49). Cette répétition
souligne le lien entre la présence des apôtres dans la ville et la première
manifestation de la « promesse du Père », à savoir le baptême dans l'Esprit
Saint. Jérusalem, qui a été au centre des événements de la Rédemption (passion,
mort et résurrection de Jésus) sera aussi le centre d'où rayonnera la prédication
apostolique.
[6] L’effusion de
l'Esprit Saint est mise par Jésus en parallèle avec le baptême de Jean : de
même que, dans le baptême de Jean, le corps était plongé dans l'eau, ainsi les
apôtres recevront bientôt une telle abondance de grâces où ils seront comme
plongés dans l’Esprit-Saint. Les apôtres y seront plongés comme en un brasier;
ils en ressortiront flammes brillantes et ardentes, devenus à leur tour foyers
de chaleur et de lumière. Le baptême dans l'Esprit désigne la Pentecôte.
[7] Source de
sanctification, lumière intelligible, il fournit par lui-même comme une sorte
de clarté à toute puissance rationnelle qui veut découvrir la vérité. Il est
inaccessible de sa nature, mais on peut saisir sa bonté. Il remplit tout par sa
puissance, mais il se communique seulement à ceux qui en sont dignes, et non
pas dans une mesure uniforme mais en distribuant son activité en proportion de
la foi. Il est simple par son essence, mais se manifeste par des miracles
variés. Il est tout entier présent à chacun, mais tout entier partout. Il se
divise, mais sans subir aucune atteinte. Il se donne en partage, mais garde son
intégrité: à l'image d'un rayon de soleil, dont la grâce est présente à celui
qui en jouit comme s'il était seul, mais qui brille sur la terre et la mer, et
s'est mélangé à l'air. C'est ainsi que l'Esprit, présent à chacun de ceux qui
peuvent le recevoir comme si celui-ci était seul, répand sur tous la grâce en
plénitude. Ceux qui y participent en jouissent autant qu'il est possible à leur
nature, mais non pas autant que lui-même peut se donner. Par lui les cœurs
s'élèvent, les faibles sont conduits par la main, ceux qui progressent
deviennent parfaits. C'est lui, en brillant chez ceux qui se sont purifiés de
toute souillure, qui les rend spirituels par leur communion avec lui. Comme les
objets nets et transparents, lorsqu'un rayon les frappe, deviennent eux-mêmes
resplendissants et tirent d'eux-mêmes une autre lumière; de même les âmes qui
portent l'Esprit, illuminées par l'Esprit, deviennent elles-mêmes spirituelles
et renvoient la grâce sur les autres. De là viennent la prévision de l'avenir,
I'intelligence des mystères, la compréhension des choses cachées, la
distribution des dons spirituels, la citoyenneté céleste, la danse avec les
anges, la joie sans fin, la demeure en Dieu, la ressemblance avec Dieu, et le
comble de ce que l'on peut désirer: devenir Dieu (saint Basile de Césarée : «
Le Saint-Esprit » XV 35).
[8] Si le Père « a tout
remis dans la main du Fils », le Fils a donc la plénitude de la puissance et de
la science divines, mais il aime à rappeler sa dépendance vis-à-vis du Père.
Adorons l’impénétrable
secret de Dieu et renfermons-nous dans les bornes où il a voulu terminer les
lumières de son Eglise (Bossuet : Méditations sur l’Evangile, 76° journée).
L’Apôtre nous a dit que «
tous les trésors de la sagesse et de la science étaient cachés en lui »
(Colossiens, II 3). Pourquoi a-t-il dit « cachés » ? Après sa résurrection,
interrogés une fois encore par les apôtres, il répondit : « Ce n’est pas à vous
de connaître les temps et les moments qui dépendent de la puissance du Père »
(Actes des Apôtres, I 7), montrant par là qu’il connaît ce jour, mais qu’il
n’est pas bon pour les apôtres de le connaître, afin qu’ignorant le moment de
l’arrivée du juge, ils vivent chaque jour comme s’ils devaient être jugés le
lendemain » (saint Jérôme : commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, V).
Ces trésors sont cachés
en lui : ils y sont parce qu’il est Dieu ; et ils sont cachés à cause du
mystère qu’il accomplit pour nous (saint Hilaire de Poitiers : De Trinitate, IX
6).
[9] Nous leur sommes
semblables : nous voyons quelque chose qu'ils ne voyaient pas ; et nous ne
voyons pas quelque chose qu'ils voyaient. Que voyons-nous qu'ils ne voyaient
pas ? L'Eglise répandue à travers les nations. Et qu'est-ce que nous ne voyons
pas, mais qu'ils voyaient ? Le Christ vivant dans la chair. Comment le
voyaient-ils tandis qu'ils croyaient à son corps ? De la même façon que
nous-mêmes voyons le corps et croyons à la tête. En revanche, que ce que nous
ne voyons pas vienne à notre aide ! Voir le Christ a aidé les Onze à croire à
l'Eglise future. L'Eglise que nous voyons nous aide à croire que le Christ est
ressuscité. Leur foi a reçu son accomplissement : de même la nôtre. La leur a
été accomplie en ce qui concerne la tête, la nôtre l'est en ce qui concerne le
corps. Le Christ total s'est fait connaître d'eux et s'est fait connaître de
nous. Mais il n'a pas été connu tout entier par eux, ni tout entier par nous.
Eux, ils ont vu la tête, et ils ont cru au corps. Nous, nous avons vu le corps
et nous avons cru à la tête. Cependant le Christ ne fait défaut à personne : il
est tout entier en tous, et pourtant son corps lui demeure attaché (Saint
Augustin : sermon CXVI).
[10] Quand notre Seigneur
Jésus Christ est monté au ciel le quarantième jour, il a recommandé son corps
qui devait rester sur la terre: il voyait que beaucoup de gens devaient
l'honorer parce qu'il était monté au ciel, et il voyait que cet honneur est
inutile si on foule aux pieds ses membres qui restent sur la terre... Voyez où
s'étend son corps, voyez où il ne veut pas être foulé aux pieds : « Vous serez
mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu'aux
extrémités de la terre. » Voilà où je reste, moi qui monte ; je monte parce que
je suis la tête. Mon corps reste encore sur la terre. Où est-il ? Sur toute la
terre. Prends garde à ne pas le frapper, à ne pas lui faire violence, à ne pas
le fouler aux pieds. Ce sont là les dernières paroles du Christ qui monte au
ciel (saint Augustin : Traité sur l’épître de saint Jean, X 9).
[11] Elie était monté au
ciel dans un char de feu, emporté par des chevaux de feu. Il n’était qu’un
homme, et il avait besoin d’être soulevé par une force extérieure. Notre
Sauveur n'est pas emporté dans un char, il n'est pas soulevé par les anges : celui
qui a fait toutes choses s'élève par sa propre puissance au-dessus de toutes
choses (saint Grégoire le Grand : homélie XXIX sur les péricopes évangéliques,
5).
[12] C'était un signe
qu’il allait bien au ciel. Ce n’était plus le char de feu qui avait enlevé le
prophète Elie ; c’était la nuée dont le Prophète avait dit en parlant de Dieu :
« il fait de la nuée son trône » (Psaume CIII 3). Sans doute cela avait était
dit du Père : la nuée sur laquelle il était représenté siégeant, était le
symbole de la puissance suprême. Si Jésus monte au ciel porté sur les nuées, il
y monte en Dieu (saint Jean Chrysostome : homélie II sur les Actes des Apôtres,
2).
[13] Les anges ont pris
des visages d'hommes afin de mieux rassurer les apôtres. Ils sont là, en
vêtements blancs, comme étaient les anges de la Résurrection. Ils sont deux :
le témoignage de deux témoins ne peut être contesté. Comme les anges de la
Résurrection, ils annoncent ce qu'avaient prédit les prophètes. Ils leur
montrent qu'ils connaissent leurs pensées secrètes (saint Jean Chrysostome :
homélie II sur les Actes des Apôtres, 3).
[14] Il est allé de
lui-même au ciel, il n’y a pas été emporté ; il en reviendra de même : il en
reviendra par lui-même, il ne sera pas envoyé. Il est remonté avec une puissance
souveraine, il en reviendra pour juger le monde. Il est remonté avec son corps,
il reviendra dans son corps pour exercer sa puissance judiciaire. Il est allé
par lui-même, la nuée n’a fait que venir à sa rencontre. De même quand il
reviendra, les nuées seront sous ses pieds et l'environneront (saint Jean
Chrysostome : homélie II sur les Actes des Apôtres, 3).
SOURCE : http://missel.free.fr/Annee_C/paques/ascension_1.html
The
Ascension, miniature, the Bamberg Apocalypse, MS A. II. 42, Bamberg State Library
Psaume 46
Tous les peuples, battez
des mains,
acclamez Dieu par vos
cris de joie :
c'est le Seigneur, le
Très Haut, l'Adorable,
le grand roi sur toute la
terre.
Dieu monte parmi
l'acclamation,
le Seigneur aux éclats du
cor !
Sonnez pour notre Dieu,
sonnez,
sonnez pour notre roi,
sonnez.
Car Dieu est le roi de la
terre :
que vos hymnes et vos
chants nous l'apprennent !
Dieu s'est fait le roi
des nations,
il est monté au-dessus de
tout.
SOURCE : http://missel.free.fr/Annee_C/paques/ascension_ps.html
Giotto (1266–1337), Ascensione del Signore nostro Gesù Cristo, Cycle of the Life of the Christ, fresco, 1303,
200 x 185, Scrovegni Chapel
Lecture de la première
lettre de saint Paul aux Éphésiens, (I 17-23) [1].
Frères, que le Dieu de
notre Seigneur Jésus Christ, le Père dans sa gloire, vous donne un esprit de
sagesse pour le découvrir et le connaître vraiment. Qu'il ouvre votre cœur à sa
lumière pour vous faire comprendre l'espérance que donne son appel, la gloire
sans prix de l'héritage que vous partagez avec les fidèles, et la puissance
infinie qu'il déploie pour nous, les croyants. C'est la force même, le pouvoir,
la vigueur, qu'il a mis en œuvre dans le Christ quand il l'a ressuscité d'entre
les morts et qu'il l'a fait asseoir à sa droite dans les cieux. Il l'a établi
au-dessus de toutes les puissances et de tous les êtres qui nous dominent,
quels que soient leurs noms, aussi bien dans le monde présent que dans le monde
à venir. Il lui a tout soumis et, le plaçant plus haut que tout, il a fait de
lui la tête de l'Église qui est son corps, et l'Église est l'accomplissement
total du Christ, lui que Dieu comble totalement de tout.
Textes liturgiques ©
AELF, Paris
[1] Dans ce passage de
l’épître aux Ephésiens qui célèbre le triomphe du Christ, transparaissent la
sagesse et la force de Dieu. A la bénédiction qui ouvre cette lettre (I 3-14),
saint Paul ajoute une prière qui remplace l’habituelle action de grâces ; il
fait monter vers Dieu les vœux qu'il formule pour des communautés qu'il n'a pas
fondées, mais dont il porte la continuelle sollicitude. Là (I 15-23), il joint
étroitement action de grâces et intercession (I 16). L'action de grâces jaillit
de la contemplation du salut actualisé dans la vie de la communauté.
L'intercession souligne que cela ne se réalise pas par notre propre force.
L'intercession est l'attitude de celui qui, en face de la grandeur de Dieu,
prend conscience de la faiblesse de l'homme et donc de la nécessité du
dynamisme de l'Esprit Saint. Ensemble l’action de grâces et l’intercession nous
situent dans le dynamisme qui emporte l’Eglise vers la plénitude que Dieu lui
réserve. Saint Paul rend grâces à Dieu pour la foi et pour l’amour au sein de
la communauté (I 15). L'espérance apparaît plus loin dans la prière
d'intercession (I 18), comme fruit d'une sagesse, d'une révélation, d'une connaissance
(I 17).
SOURCE : http://missel.free.fr/Annee_C/paques/ascension_2.html
Андрей
Рублев и Даниил, Вознесение. Из Праздничного чина ("Васильевский"), 1408,
Дерево, темпера 128 х 92, Tretyakov Gallery
Commentaires liturgiques
du Jour de l’Ascension
Dom
Guéranger, l’Année Liturgique
Le jour s’est levé
radieux, la terre qui s’émut à la naissance de l’Emmanuel [1] éprouve un tressaillement
inconnu ; l’ineffable succession des mystères de l’Homme-Dieu est sur le
point de recevoir son dernier complément. Mais l’allégresse de la terre est
montée jusqu’aux cieux ; les hiérarchies angéliques s’apprêtent à recevoir
le divin chef qui leur fut promis, et leurs princes sont attentifs aux portes,
prêts à les lever quand le signal de l’arrivée du triomphateur va retentir. Les
âmes saintes, délivrées des limbes depuis quarante jours, planent sur
Jérusalem, attendant l’heureux moment où la voie du ciel, fermée depuis quatre
mille ans par le péché, s’ouvrant tout à coup, elles vont s’y précipiter à la
suite de leur Rédempteur. L’heure presse, il est temps que notre divin
Ressuscité se montre, et qu’il reçoive les adieux de ceux qui l’attendent
d’heure en heure, et qu’il doit laisser encore dans cette vallée de larmes.
Tout à coup il apparaît
au milieu du Cénacle. Le cœur de Marie a tressailli, les disciples et les
saintes femmes adorent avec attendrissement celui qui se montre ici-bas pour la
dernière fois. Jésus daigne prendre place à table avec eux ; il condescend
jusqu’à partager un dernier repas, non plus dans le but de les rendre certains
de sa résurrection ; il sait qu’ils n’en doutent plus ; mais, au
moment d’aller s’asseoir à la droite du Père, il tient à leur donner cette
marque si chère de sa divine familiarité. O repas ineffable, où Marie goûte une
dernière fois en ce monde le charme d’être assise aux côtés de son fils, où la
sainte Église représentée par les disciples et par les saintes femmes est
encore présidée visiblement par son Chef et son Époux ! Qui pourrait
exprimer le respect, le recueillement, l’attention des convives, peindre leurs
regards fixés avec tant d’amour sur le Maître tant aimé ? Ils aspirent à
entendre encore une fois sa parole ; elle leur sera si chère à ce moment
du départ ! Enfin Jésus ouvre la bouche ; mais son accent est plus
grave que tendre. Il débute en leur rappelant l’incrédulité avec laquelle ils accueillirent
la nouvelle de sa résurrection [2]. Au moment de leur confier la plus imposante
mission qui ait jamais été transmise à des hommes, il veut les rappeler à
l’humilité. Sous peu de jours ils seront les oracles du monde, le monde devra
croire sur leur parole, et croire ce qu’il n’a pas vu, ce qu’eux seuls ont vu.
C’est la foi qui met les hommes en rapport avec Dieu ; et cette foi, eux-mêmes
ne l’ont pas eue tout d’abord : Jésus veut recevoir d’eux une dernière
réparation pour leur incrédulité passée, afin que leur apostolat soit établi
sur l’humilité.
Prenant ensuite le ton
d’autorité qui convient à lui seul, il leur dit : « Allez dans le
monde entier, prêchez l’Évangile à toute créature. Celui qui croira et sera
baptisé, sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas sera
condamné » [3]. Et cette mission de prêcher l’Évangile au monde
entier, comment l’accompliront-ils ? Par quel moyen réussiront-ils à
accréditer leur parole ? Jésus le leur indique : « Voici les
miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : ils chasseront les démons
en mon nom ; ils parleront des langues nouvelles ; ils prendront les
serpents avec la main ; s’ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur
nuira pas ; ils imposeront les mains sur les malades, et les malades
seront guéris » [4]. Il veut que le miracle soit le fondement de son
Église, comme il l’a choisi pour être l’argument de sa mission divine. La
suspension des lois de la nature annonce aux hommes que l’auteur de la nature
va parler ; c’est à eux alors d’écouter et de croire humblement.
Voilà donc ces hommes
inconnus au monde, dépourvus de tout moyen humain, les voilà investis de la
mission de conquérir la terre et d’y faire régner Jésus-Christ. Le monde ignore
jusqu’à leur existence ; sur son trône impérial, Tibère, qui vit dans la
frayeur des conjurations, ne soupçonne en rien cette expédition d’un nouveau
genre qui va s’ouvrir, et dont l’empire romain doit être la conquête. Mais à ces
guerriers il faut une armure, et une armure de trempe céleste. Jésus leur
annonce qu’ils sont au moment de la recevoir. « Demeurez dans la ville,
leur dit-il, jusqu’à ce que vous ayez été revêtus de la vertu d’en
haut » [5]. Or, quelle est cette armure ? Jésus va
le leur expliquer. Il leur rappelle la promesse du Père, « cette promesse,
dit-il, que vous avez entendue par ma bouche. Jean a baptisé dans l’eau ;
mais vous, sous peu de jours, vous serez baptisés dans le
Saint-Esprit » [6].
Mais l’heure de la
séparation est venue. Jésus se lève, et l’assistance tout entière se dispose à
suivre ses pas. Cent vingt personnes se trouvaient là réunies avec la mère du
divin triomphateur que le ciel réclamait. Le Cénacle était situé sur la
montagne de Sion, l’une des deux collines que renfermait l’enceinte de
Jérusalem. Le cortège traverse une partie de la ville, se dirigeant vers la
porte orientale qui ouvre sur la vallée de Josaphat. C’est la dernière fois que
Jésus parcourt les rues de la cité réprouvée. Invisible désormais aux yeux de
ce peuple qui l’a renié, il s’avance à la tête des siens, comme autrefois la
colonne lumineuse qui dirigeait les pas du peuple israélite. Qu’elle est belle
et imposante cette marche de Marie, des disciples et des saintes femmes, à la
suite de Jésus qui ne doit plus s’arrêter qu’au ciel, à la droite du
Père ! La piété du moyen âge la célébrait jadis par une solennelle
procession qui précédait la Messe de ce grand jour. Heureux siècles, où les
chrétiens aimaient à suivre chacune des traces du Rédempteur, et ne savaient
pas se contenter, comme nous, de quelques vagues notions qui ne peuvent
enfanter qu’une piété vague comme elles !
On songeait aussi alors
aux sentiments qui durent occuper le cœur de Marie durant ces derniers instants
qu’elle jouissait de la présence de son fils. On se demandait qui devait
l’emporter dans ce cœur maternel, de la tristesse de ne plus voir Jésus, ou du
bonheur de sentir qu’il allait entrer enfin dans la gloire qui lui était due.
La réponse venait promptement à la pensée de ces véritables chrétiens, et nous
aussi, nous nous la ferons à nous-mêmes. Jésus n’avait-il pas dit à ses
disciples : « Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je
m’en vais à mon Père ? » [7] Or, qui aima plus Jésus que ne l’aima
Marie ? Le cœur de la mère était donc dans l’allégresse au moment de cet
ineffable adieu. Marie ne pouvait songer à elle-même, quand il s’agissait du
triomphe dû à son fils et à son Dieu. Après les scènes du Calvaire,
pouvait-elle aspirer à autre chose qu’à voir glorifié enfin celui qu’elle
connaissait pour le souverain Seigneur de toutes choses, celui qu’elle avait vu
si peu de jours auparavant renié, blasphémé, expirant dans toutes les douleurs.
Le cortège sacré a
traversé la vallée de Josaphat, il a passé le torrent de Cédron, et il se
dirige sur la pente du mont des Oliviers. Quels souvenirs se pressent à la
pensée ! Ce torrent, dont le Messie dans ses humiliations avait bu l’eau
bourbeuse, est devenu aujourd’hui le chemin de la gloire pour ce même Messie.
Ainsi l’avait annoncé David [8]. On laisse sur la gauche le jardin qui fut
témoin de la plus terrible des agonies, cette grotte où le calice de toutes les
expiations du monde fut présenté à Jésus et accepté par lui. Après avoir
franchi un espace que saint Luc mesure d’après celui qu’il était permis aux Juifs
de parcourir le jour du Sabbat, on arrive sur le territoire de Béthanie, cet
heureux village où Jésus, dans les jours de sa vie mortelle, recherchait
l’hospitalité dé Lazare et de ses sœurs. De cet endroit de la montagne des
Oliviers on avait la vue de Jérusalem, qui apparaissait superbe avec son temple
et ses palais. Cet aspect émeut les disciples. La patrie terrestre fait encore
battre le cœur de ces hommes ; un moment ils oublient la malédiction
prononcée sur l’ingrate cité de David, et semblent ne plus se souvenir que
Jésus vient de les faire citoyens et conquérants du monde entier. Le rêve de la
grandeur mondaine de Jérusalem les a séduits tout à coup, et ils osent adresser
cette question à leur Maître : « Seigneur, est-ce à ce moment que
vous rétablirez le royaume d’Israël ? »
Jésus répond avec une
sorte de sévérité à cette demande indiscrète : « Il ne vous
appartient pas de savoir les temps et les moments que le Père a réservés à son
pouvoir. » Ces paroles n’enlevaient pas l’espoir que Jérusalem fût un jour
réédifiée par Israël devenu chrétien ; mais ce rétablissement de la cité
de David ne devant avoir lieu que vers la fin des temps, il n’était pas à
propos que le Sauveur fît connaître le secret divin. La conversion du monde
païen, la fondation de l’Église, tels étaient les objets qui devaient
préoccuper les disciples. Jésus les ramène tout aussitôt à la mission qu’il
leur donnait il y a peu d’instants : « Vous allez recevoir, leur
dit-il, la vertu du Saint-Esprit qui descendra sur vous, et vous serez mes
témoins dans Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux
extrémités de la terre » [9].
Selon une tradition qui
remonte aux premiers siècles du christianisme [10], il était l’heure de
midi, l’heure à laquelle Jésus avait été élevé sur la croix, lorsque, jetant
sur l’assistance un regard de tendresse qui dut s’arrêter avec une complaisance
filiale sur Marie, il éleva les mains et les bénit tous. A ce moment ses pieds
se détachèrent de la terre, et il s’élevait au ciel [11]. Les assistants le suivaient du
regard ; mais bientôt il entra dans une nuée qui le déroba à leurs
yeux [12].
C’en était fait : la
terre avait perdu son Emmanuel. Quarante siècles l’avaient attendu, et il
s’était rendu enfin aux soupirs des Patriarches et aux vœux enflammés des
Prophètes. Nous l’adorâmes, captif de notre amour, dans les chastes flancs de
la Vierge bénie. Bientôt l’heureuse mère nous le présenta sous l’humble toit
d’une étable à Bethléhem. Nous le suivîmes en la terre d’Égypte, nous
l’accompagnâmes au retour, et nous vînmes nous fixer avec lui à Nazareth.
Lorsqu’il partit pour exercer sa mission de trois ans dans sa patrie terrestre,
nous nous attachâmes à ses pas, ravis des charmes de sa personne, écoutant ses
discours et ses paraboles, assistant à ses prodiges. La malice de ses ennemis
étant montée à son comble, et l’heure venue où il devait mettre le sceau à cet
amour qui l’avait attiré du ciel en terre par la mort sanglante et ignominieuse
de la croix, nous recueillîmes son dernier soupir et nous fûmes inondés de son
sang divin. Le troisième jour, il s’échappait de son sépulcre vivant et
victorieux, et nous étions là encore pour applaudir à son triomphe sur la mort,
par lequel il nous assurait la gloire d’une résurrection semblable à la sienne.
Durant les jours qu’il a daigné habiter encore cette terre, notre foi ne l’a
pas quitté ; nous eussions voulu le conserver toujours ; et voici
qu’à cette heure même il échappe à nos regards, et notre amour n’a pu le
retenir ! Plus heureuses que nous, les âmes des justes qu’il avait délivrées
des limbes l’ont suivi dans son vol rapide, et elles jouissent pour l’éternité
des délices de sa présence.
Les disciples tenaient
encore les yeux fixés au ciel, lorsque soudain deux Anges vêtus de blanc se
présentèrent à eux et leur dirent : « Hommes de Galilée, pourquoi
vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus qui vous a quittés pour
s’élever au ciel reviendra un jour en la même manière que vous l’avez vu
monter » [13]. Ainsi, le Sauveur est remonté, et le juge doit un
jour redescendre : toute la destinée de l’Église est comprise entre ces
deux termes. Nous vivons donc présentement sous le régime du Sauveur ; car
notre Emmanuel nous a dit que « le fils de l’homme n’est pas venu pour
juger le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui » [14] ; et c’est dans ce but miséricordieux
que les disciples viennent de recevoir la mission d’aller par toute la terre et
de convier les hommes au salut, pendant qu’il en est temps encore.
Quelle tâche immense
Jésus leur a confiée ! Et au moment où il s’agit pour eux de s’y livrer,
il les quitte ! Il leur faut descendre seuls cette montagne des Oliviers
d’où il est parti pour le ciel. Leur cœur cependant n’est pas triste ; ils
ont Marie avec eux, et la générosité de cette mère incomparable se communique à
leurs âmes. Ils aiment leur Maître ; leur bonheur est désormais de penser
qu’il est entré dans son repos. Les disciples rentrèrent dans Jérusalem,
« remplis d’une « vive allégresse », nous dit saint Luc [15], exprimant par ce seul mot l’un des
caractères de cette ineffable fête de l’Ascension, de cette fête empreinte
d’une si douce mélancolie, mais qui respire en même temps plus qu’aucune autre
la joie et le triomphe.
Durant son Octave, nous
essayerons d’en pénétrer les mystères et de la montrer dans toute sa
magnificence ; aujourd’hui nous nous bornerons à dire que cette solennité
est le complément de tous les mystères de notre divin Rédempteur, qu’elle est
du nombre de celles qui ont été instituées par les Apôtres eux-mêmes [16] ; enfin qu’elle a rendu
sacré pour jamais le jeudi de chaque semaine, jour rendu déjà si auguste par
l’institution de la divine Eucharistie.
Nous avons parlé de la
procession solennelle par laquelle on célébrait, au moyen âge, la marche de
Jésus et de ses disciples vers le mont des Oliviers ; nous devons rappeler
aussi qu’en ce jour on bénissait solennellement du pain et des fruits nouveaux,
en mémoire du dernier repas que le Sauveur avait pris dans le Cénacle. Imitons
la piété de ces temps où les chrétiens avaient à cœur de recueillir les
moindres traits de la vie de l’Homme-Dieu, et de se les rendre propres, pour
ainsi dire, en reproduisant dans leur manière de vivre toutes les circonstances
que le saint Évangile leur révélait. Jésus-Christ était véritablement aimé et
adoré dans ces temps où les hommes se souvenaient sans cesse qu’il est le
souverain Seigneur, comme il est le commun Rédempteur. De nos jours, c’est
l’homme qui règne, à ses risques et périls ; Jésus-Christ est refoulé dans
l’intime de la vie privée. Et pourtant il a droit à être notre préoccupation de
tous les jours et de toutes les heures ! Les Anges dirent aux
Apôtres : « En la manière que vous l’avez vu monter, ainsi un jour il
descendra. » Puissions-nous l’avoir aimé et servi durant son absence avec
assez d’empressement, pour oser soutenir ses regards lorsqu’il apparaîtra tout
à coup !
Nous ne donnons point ici
l’Office des premières Vêpres de l’Ascension, parce que cette fête étant fixe
au jeudi, sa Vigile ne peut jamais se rencontrer le dimanche, tandis qu’il en
est autrement pour les solennités auxquelles nous avons accordé ce
développement. Au reste, sauf le Verset et l’Antienne de Magnificat, les
premières et les secondes Vêpres de l’Ascension sont entièrement semblables.
A LA MESSE.
L’Église romaine indique
aujourd’hui pour la Station la basilique de Saint-Pierre. C’est une belle
pensée de réunir en un tel jour l’assemblée des fidèles autour du glorieux
tombeau d’un des principaux témoins de la triomphante Ascension de son Maître.
Cette Station est toujours maintenue ; mais, depuis plusieurs siècles, le
Pape se rend avec le sacré Collège des Cardinaux à la basilique du Latran, afin
de terminer dans cet antique sanctuaire, dédié par Constantin au Sauveur des
hommes, la série annuelle des mystères par lesquels le Fils de Dieu a opéré et
consomme aujourd’hui notre salut.
Dans ces deux augustes
basiliques, comme dans les plus humbles églises de la chrétienté, le symbole
liturgique de la fête est le Cierge pascal, que nous vîmes allumer dans la nuit
de la résurrection, et qui était destiné à figurer, par sa lumière de quarante
jours, la durée du séjour de notre divin Ressuscité au milieu de ceux qu’il a
daigné appeler ses frères. Les regards des fidèles rassemblés s’arrêtent avec
complaisance sur sa flamme scintillante, qui semble briller d’un éclat plus
vif, à mesure qu’approche l’instant où elle va succomber. Bénissons notre mère
la sainte Église à qui l’Esprit-Saint a inspiré l’art de nous instruire et de
nous émouvoir à l’aide de tant d’ineffables symboles, et rendons gloire au Fils
de Dieu qui a daigné nous dire : « Je suis la lumière du
monde » [17].
L’Introït annonce avec
éclat la grande solennité qui nous rassemble. Il est formé des paroles des
Anges aux Apôtres sur le mont des Oliviers. Jésus est monté aux cieux ;
Jésus en doit redescendre un jour.
La sainte Église
recueillant les vœux de ses enfants dans la Collecte, demande pour eux à Dieu
la grâce de tenir leurs cœurs attachés au divin Rédempteur, que leurs désirs
doivent désormais chercher jusqu’au ciel où il est monté le premier.
ÉPÎTRE.
Nous venons d’assister,
en suivant cet admirable récit, au départ de notre Emmanuel pour les cieux.
Est-il rien de plus attendrissant que ce regard des disciples fixé sur leur
Maître divin qui s’élève tout à coup en les bénissant ? Mais un nuage
vient s’interposer entre Jésus et eux, et leurs yeux mouillés de larmes ont
perdu la trace de son passage. Ils sont seuls désormais sur la montagne ;
Jésus leur a enlevé sa présence visible. Dans ce monde désert, quel ne serait
pas leur ennui, si sa grâce ne les soutenait, si l’Esprit divin n’était au
moment de descendre sur eux et de créer en eux un nouvel être ? Ce n’est
donc plus qu’au ciel qu’ils le reverront, celui qui, étant Dieu, daigna durant
trois années être leur Maître, et qui, à la dernière Cène, voulut bien les
appeler ses amis !
Mais le deuil n’est pas
pour eux seulement. Cette terre qui recevait en frémissant de bonheur la trace
des pas du Fils de Dieu, ne sera plus foulée par ses pieds sacrés. Elle a perdu
cette gloire qu’elle attendit quatre mille ans, la gloire de servir
d’habitation à son divin auteur. Les nations sont dans l’attente d’un
Libérateur ; mais, hors de la Judée et de la Galilée, les hommes ignorent
que ce Libérateur est venu et qu’il est remonté aux cieux. L’œuvre de Jésus
cependant n’en demeurera pas là. Le genre humain connaîtra sa venue ; et,
quant à son Ascension au ciel en ce jour, écoutez la voix de la sainte Église
qui dans les cinq parties du monde retentit et proclame le triomphe de
l’Emmanuel. Dix-huit siècles se sont écoulés depuis son départ, et nos adieux
pleins de respect et d’amour s’unissent encore à ceux que lui adressèrent ses
disciples, pendant qu’il s’élevait au ciel. Nous aussi nous pleurons son
absence ; mais nous sommes heureux aussi de le voir glorifié, couronné,
assis à la droite de son Père. Vous êtes entré dans votre repos,
Seigneur ; nous vous adorons sur votre trône, nous qui sommes vos rachetés,
votre conquête. Bénissez-nous, attirez-nous à vous, et daignez faire que votre
dernier avènement soit notre espoir et non notre crainte.
Les deux Versets de
l’Alléluia répètent les accents de David célébrant d’avance le Christ qui monte
dans sa gloire, les acclamations des Anges, les sons éclatants des trompettes
célestes, le superbe trophée que le vainqueur entraîne après lui dans ces
heureux captifs qu’il a délivrés de la prison des limbes.
ÉVANGILE.
Le diacre ayant achevé
l’Évangile, un acolyte monte à l’ambon, et éteint silencieusement le Cierge
mystérieux qui nous rappelait la présence de Jésus ressuscité. Ce rite
expressif annonce le commencement du veuvage de la sainte Église, et avertit
nos âmes que pour contempler désormais notre Sauveur, il nous faut aspirer au
ciel où il réside. Que rapide a été son passage ici-bas ! Que de
générations se sont succédé, que de générations se succéderont encore jusqu’à
ce qu’il se montre de nouveau !
Loin de lui, la sainte
Église ressent les langueurs de l’exil ; elle persévère néanmoins à
habiter cette vallée de larmes ; car c’est là qu’elle doit élever les
enfants dont le divin Époux l’a rendue mère par son Esprit ; mais la vue
de son Jésus lui manque, et si nous sommes chrétiens, elle doit nous manquer
aussi à nous-mêmes. Oh ! Quand viendra le jour où de nouveau revêtus de
notre chair, a nous nous élancerons dans les airs à la rencontre du Seigneur,
pour demeurer avec lui à jamais ! » [18] C’est alors, et seulement alors, que nous
aurons atteint la fin pour laquelle nous fûmes créés.
Tous les mystères du
Verbe incarné que nous avons vu se dérouler jusqu’ici devaient aboutir à son
Ascension ; toutes les grâces que nous recevons jour par jour doivent se
terminer à la nôtre. « Ce monde n’est qu’une figure qui
passe » [19] ; et nous sommes en marche pour aller
rejoindre notre divin Chef. En lui est notre vie, notre félicité ; c’est
en vain que nous voudrions les chercher ailleurs. Tout ce qui nous rapproche de
Jésus nous est bon ; tout ce qui nous en éloigne est mauvais et funeste.
Le mystère de l’Ascension est le dernier éclair que Dieu fait luire à nos
regards pour nous montrer la voie. Si notre cœur aspire à retrouver Jésus,
c’est qu’il vit de la vraie vie ; s’il est concentré dans les choses
créées, en sorte qu’il ne ressente plus l’attraction du céleste aimant qui est
Jésus, c’est qu’il serait mort.
Levons donc les yeux
comme les disciples, et suivons en désir celui qui monte aujourd’hui et qui va
nous préparer une place. En haut les cœurs ! Sursum corda ! C’est le
cri d’adieu que nous envoient nos frères qui montent à la suite du divin
Triomphateur ; c’est le cri des saints Anges accourus au-devant de
l’Emmanuel, et qui nous invitent à venir renforcer leurs rangs.
Sois donc béni, ô Cierge
de la Pâque, colonne lumineuse, qui nous as réjouis quarante jours par ta
flamme joyeuse et brillante. Tu nous parlais de Jésus, notre flambeau dans la
nuit de ce monde ; maintenant ta lumière éteinte nous avertit qu’ici-bas
on ne voit plus Jésus, et que pour le voir désormais, il faut s’élever au ciel.
Symbole chéri que la main maternelle de la sainte Église avait créé pour parler
à nos cœurs en attirant nos regards, nous te faisons nos adieux ; mais
nous conservons le souvenir des saintes émotions que ta vue nous fit ressentir
dans tout le cours de cet heureux Temps pascal que tu fus chargé de nous
annoncer, et qui à peine te survivra de quelques jours.
Pour Antienne de
l’Offertoire, l’Église emploie les mêmes paroles de David qu’elle a fait
retentir avant la lecture de l’Évangile. Elle n’a qu’une pensée : le
triomphe de son Époux, la joie du ciel qu’elle veut voir partagée par les
habitants de la terre.
Entrer à la suite de
Jésus dans la vie éternelle, éviter les obstacles qui peuvent se rencontrer
dans la voie, tels doivent être nos désirs en ce jour, telle est aussi la
demande que la sainte Église adresse pour nous à Dieu dans l’oraison Secrète.
Un nouveau verset de
David fournit l’Antienne de la Communion. Le roi-prophète y annonce, mille ans
à l’avance, que c’est à l’Orient que l’Emmanuel s’élèvera aux cieux. C’est en
effet de la montagne des Oliviers située au Levant de Jérusalem que nous avons
vu aujourd’hui Jésus partir pour le royaume de son Père.
Le peuple fidèle vient de
sceller son alliance avec son divin Chef en participant à l’auguste
Sacrement ; l’Église demande à Dieu que ce mystère, qui contient Jésus
désormais invisible, opère en nous ce qu’il exprime à l’extérieur.
MIDI.
Une tradition descendue
des premiers siècles et confirmée par les révélations des saints, nous apprend
que l’heure de l’Ascension du Sauveur fut l’heure de midi. Les Carmélites de la
réforme de sainte Thérèse honorent d’un culte particulier ce pieux souvenir. A
l’heure où nous sommes, elles sont réunies au chœur, vaquant debout à la
contemplation du dernier des mystères de Jésus, et suivant l’Emmanuel de la
pensée et du cœur aussi haut que son vol divin l’emporte.
Suivons-le aussi
nous-mêmes ; mais avant de fixer nos regards sur le radieux midi qui
éclaire son triomphe, revenons un moment par la pensée à son point de départ.
C’est à minuit, au sein des ténèbres, qu’il éclata tout à coup dans l’étable de
Bethléhem. Cette heure nocturne et silencieuse convenait au début de sa
mission. Son œuvre tout entière était devant lui, et trente-trois années
devaient être employées à l’accomplir. Cette mission se déroula année par
année, jour par jour, et elle allait touchant à sa fin, lorsque les hommes,
dans leur malice, se saisirent de lui et l’attachèrent à une croix. On était au
milieu du jour, lorsqu’il parut élevé dans les airs ; mais son Père ne
voulut pas que le soleil éclairât ce qui était une humiliation et non un
triomphe. D’épaisses ténèbres couvrirent la terre entière ; cette journée
fut sans midi. Quand le soleil reparut, il était déjà l’heure de None. Trois
jours après, il sortait du tombeau aux premiers rayons de l’aurore.
Aujourd’hui, à ce moment
même, son œuvre est consommée. Jésus a payé de son sang la rançon de nos
péchés, il a vaincu la mort en ressuscitant glorieux ; n’a-t-il pas le
droit de choisir pour son départ l’heure où le soleil, son image, verse tous
ses feux et inonde de lumière cette terre que son Rédempteur va échanger pour
le ciel ? Salut donc, heure de midi deux fois sacrée, puisque tu nous
redis chaque jour et la miséricorde et la victoire de notre Emmanuel !
Gloire à toi pour la double auréole que tu portes : le salut de l’homme
par la croix, et rentrée de l’homme au royaume des cieux !
Mais n’êtes-vous pas
aussi vous-même le Midi de nos âmes, ô Jésus, Soleil de justice ! Cette
plénitude de lumière à laquelle nous aspirons, cette ardeur de l’amour éternel
qui seul peut nous rendre heureux, où les trouverons-nous, sinon en vous qui
êtes venu ici-bas éclairer nos ténèbres et fondre nos glaces ? Dans cette
espérance, nous écoutons les mélodieuses paroles de Gertrude votre fidèle
épouse, et nous sollicitons la grâce de pouvoir un jour les répéter après
elle : « O amour, ô Midi dont l’ardeur est si douce, vous êtes a
l’heure du repos sacré, et la paix entière que l’on goûte en vous fait nos
délices. O mon Bien-Aimé, élu et choisi au-dessus de toute créature, faites-moi
savoir, montrez-moi le lieu où vous paissez votre troupeau, où vous prenez
votre repos à l’heure de midi. Mon cœur s’enflamme à la pensée de vos doux
loisirs à ce moment. Oh ! S’il m’était donné d’approcher de vous assez
près pour n’être plus seulement près de vous, mais en vous ! Par votre
influence, ô Soleil de justice, toutes les fleurs des vertus sortiraient de moi
qui ne suis que cendre et poussière. Fécondée par vos rayons, ô mon Maître et
mon Époux, mon âme produirait les nobles fruits de toute perfection. Enlevée de
cette vallée de misère, admise à contempler vos traits si désirés, mon bonheur
éternel serait de a penser que vous n’avez pas dédaigné, ô miroir sans tache,
de vous unir à une pécheresse telle que moi » [20].
A VÊPRES.
Le Seigneur Jésus a
disparu de la terre ; mais son souvenir et ses promesses sont demeurés au
fond du cœur de la sainte Église. Elle suit par la pensée le triomphe si
splendide de son Époux, triomphe si mérité après l’œuvre accomplie du salut des
hommes. Elle ressent son veuvage ; mais elle attend d’une foi ferme le Consolateur
promis. Cependant les heures s’écoulent, le soir approche ; elle rassemble
alors ses enfants, et dans l’Office des Vêpres, elle repasse avec eux le
profond mystère de ce grand jour.
Les Antiennes des Psaumes
reproduisent le récit de l’événement qui s’est accompli à l’heure de
midi ; elles sont mélodieuses, mais non sans une expression triste comme
il convient au jour des adieux.
L’Hymne, pleine de
suavité, a pour auteur saint Ambroise ; mais elle a été retouchée plus ou
moins heureusement au XVIIe siècle.
L’Antienne qui accompagne
le cantique de Marie est une invitation à Jésus de se souvenir de sa promesse,
et de ne pas tarder à consoler son Épouse par l’envoi du divin Esprit. La
sainte Église la répétera chaque jour, jusqu’à l’arrivée du don céleste.
Nous entendrons, dans
tout le cours de l’Octave, le concert des antiques Églises de la chrétienté,
célébrant sur des modes divers, mais dans un même sentiment, le médiateur de
Dieu et des hommes qui s’élève aux cieux par sa propre vertu. Donnons aujourd’hui
la parole à l’Église grecque qui, dans son génie pompeux, cherche à rendre les
magnificences du mystère. C’est l’Hymne de l’Office du soir.
IN ASSUMPTIONE DOMINI, AD
VESPERAS.
Lorsque tu fus arrivé, ô
Christ, sur le mont des Oliviers, afin d’accomplir la volonté du Père, les
Anges célestes furent dans l’étonnement, et les esprits infernaux frémirent.
Les disciples éprouvaient un sentiment de bonheur mêlé de crainte, tandis que
tu leur parlais. En face, à l’Orient, un nuage apparaissait semblable à un trône
prépare ; le ciel dont les portes étaient ouvertes se montrait dans toute
sa beauté ; et la terre allait apprendre comment Adam, après sa chute,
pourra remonter encore. Mais tout à coup tes pieds s’élèvent dans les airs,
comme si une main les soutenait, ô Christ ! Ta bouche répète des
bénédictions aussi longtemps que ses accents se font entendre ; le nuage
te reçoit, et bientôt le ciel lui-même. Telle est l’œuvre sublime que tu as
opérée, Seigneur, pour accomplir le salut de nos âmes.
La nature d’Adam qui
était tombée jusque dans les profondeurs de la terre, cette nature que tu as
renouvelée, ô Dieu, tu l’élevés aujourd’hui avec toi au-dessus des Principautés
et des Puissances. Dans ton amour pour elle, tu l’établis là même où tu
résides ; dans ta compassion, tu te l’étais unie, tu avais souffert en
elle, toi qui es impassible : et à cause de ses souffrances que tu as
partagées, tu l’associes aujourd’hui à ta gloire. Les esprits célestes se sont
écriés : « Quel est cet homme éclatant de beauté, et qui n’est pas
seulement un homme, mais un Dieu-homme, ayant les deux natures ? »
Cependant, d’autres Anges au vol rapide et vêtus de longues tuniques,
descendaient vers les disciples et leur disaient : « Hommes de
Galilée, Jésus, homme-Dieu, qui vient de vous quitter, reviendra Dieu-homme,
pour juger les vivants et les morts, et pour faire part à ceux qui croient en
lui du pardon et de sa grande miséricorde. »
Lorsque tu fus enlevé
dans la gloire aux regards de tes disciples, ô Christ Dieu, un nuage reçut ton
humanité, les portes du ciel s’élevèrent, le chœur des Anges tressaillit
d’allégresse et les Vertus célestes criaient avec transport :
« Princes, élevez vos portes, et le Roi de gloire entrera. »
Cependant, tes disciples dans la stupeur disaient : « Ne vous séparez
pas de nous, ô bon Pasteur, mais envoyez-nous votre Esprit très saint, pour
diriger et affermir nos âmes. » Après avoir accompli dans ta bonté,
Seigneur, le mystère qui avait été caché aux siècles et aux générations, tu es
venu sur le mont des Oliviers avec tes disciples, ayant avec toi celle qui t’a
enfanté, ô créateur et auteur de toutes choses ! Il était juste que celle
qui, dans ta Passion, avait souffert plus que tout autre dans son cœur
maternel, fût appelée à jouir aussi plus que tout autre du triomphe de ton
humanité. Nous donc qui entrons en participation de sa joie dans ton Ascension,
Seigneur, nous glorifions ta grande miséricorde envers nous.
Terminons la journée par
cette belle prière du Bréviaire mozarabe.
ORATIO.
Unigenite Dei Filius, qui
devicta morte de terrenis ad cœlestia transitum faciens, quasi filius hominis
apparens, in throno magnam claritatem habens, quem omnis militia cœlestis
exercitus Angelorum laudat : præbe nobis, ut nullis flagitiorum vinculis
in corde hujus sæculi illigemur, qui te ad Patrem ascendisse gloriosa fidei
devotione concinimus ; ut illic indesinenter cordis nostri dirigatur
obtutus, quo tu ascendisti post vulnera gloriosus. Amen.
Fils unique de Dieu, ô
vous qui, vainqueur de la mort, avez passé de la terre au ciel ; Fils de
l’Homme dans votre nature extérieure, éblouissant d’éclat sur votre trône,
objet continuel des louanges de toutes les milices célestes, ne permettez pas
que nous nous laissions enchaîner par les liens coupables de ce monde, nous
qui, dans les transports de notre foi, célébrons votre Ascension vers le Père.
Faites que l’œil de notre cœur soit à jamais fixe là où vous êtes monté plein
de gloire, après avoir été blessé ici-bas. Amen.
O notre Emmanuel !
Vous êtes donc enfin par-parvenu au terme de votre œuvre, et c’est aujourd’hui
même que nous vous voyons entrer dans votre repos. Au commencement du monde,
vous aviez employé six jours pour disposer toutes les parties de cet univers
créé par votre puissance ; après quoi vous rentrâtes dans votre repos.
Plus tard, lorsque vous eûtes résolu de relever votre œuvre tombée par la
malice de l’ange rebelle, votre amour vous fit passer, durant le cours de
trente-trois années, par une succession sublime d’actes à l’aide desquels
s’opéraient notre rédemption et notre rétablissement au degré de sainteté et de
gloire dont nous étions déchus. Vous n’avez rien oublié, ô Jésus, de ce qui
avait été arrêté éternellement dans les conseils de la glorieuse Trinité, de ce
que les Prophètes avaient annoncé de vous. Votre triomphante Ascension met le
sceau à la mission que vous avez daigné accomplir dans votre miséricorde. Pour
la seconde fois vous entrez dans votre repos ; mais vous y entrez avec la
nature humaine appelée désormais aux honneurs divins. Déjà les justes de notre
race que vous avez retirés des limbes prennent rang dans les chœurs angéliques,
et en partant vous nous avez dit à nous-mêmes : « Je vais vous
préparer une place » [21].
Confiants dans votre
parole, ô Emmanuel, résolus à vous suivre dans tous vos mystères qui n’ont été
accomplis que pour nous, à vous accompagner dans l’humilité de votre Bethléhem,
dans la participation aux douleurs de votre Calvaire, dans la résurrection de
votre Pâque, nous aspirons à imiter aussi, quand l’heure sera venue, votre
triomphante Ascension. En attendant, nous nous unissons aux chœurs des saints
Apôtres qui saluent votre arrivée, à nos Pères dont l’heureuse multitude vous
accompagne et vous suit. Tenez vos regards divins fixés sur nous, ô divin
Pasteur ! Le moment de la réunion n’est pas arrivé encore. Gardez vos
brebis, et veillez à ce que pas une ne s’égare et ne manque au rendez-vous.
Instruits désormais de la fin qui nous attend, fermes dans l’amour et la
méditation des mystères qui nous ont conduits à celui d’aujourd’hui, nous
l’adoptons en ce jour comme l’objet de notre attente, comme le terme de nos
désirs. C’est le but que vous vous êtes proposé en venant en ce monde,
descendant jusqu’à notre bassesse, pour nous enlever ensuite jusqu’à vos
grandeurs, vous faisant homme afin de faire de nous des dieux. Mais jusqu’au
moment qui nous réunira à vous, que ferions-nous ici-bas, si la Vertu du
Très-Haut que vous nous avez promise ne descendait bientôt sur nous, si elle ne
nous apportait la patience dans l’exil, la fidélité dans l’absence, l’amour
seul capable de soutenir un cœur qui soupire après la possession ? Venez
donc, ô divin Esprit ! Ne nous laissez pas languir, afin que notre œil
demeure fixé au ciel où Jésus règne et nous attend, et ne permettez pas que cet
œil mortel soit tenté, dans sa lassitude, de s’abaisser sur un monde terrestre
où Jésus ne se laissera plus voir.
[1] Psalm. XCV, XCVI, XCVII.
[2] Marc. XVI.
[3] Ibid.
[4] Ibid.
[5] Luc. XXIV, 49.
[6] Act. 1.
[7] Johan. XIV, 28.
[8] Psalm. CIX.
[9] Act. 1, 6-8.
[10] Constit. apost. lib. V, cap. XIX.
[11] Luc. XXIV, 51.
[12] Act. I.
[13] Act. I.
[14] Johan. III, 17.
[15] Luc. XXIV, 52.
[16] AUGUSTIN. Epist. ad Januar.
[17] Johan. VIII, 12.
[18] I Thess. IV, 16.
[19] I Cor. VII, 31.
[20] Exercitia S. Gertrudis. Die V.
[21] Johan. XIV, 2.
Andrea della Robbia, Ascension of Christ, glazed terracotta in
the Santuario della Verna, Chiusi.
Andrea della Robbia, Ascensione di Cristo. Terracotta smaltata nel Santuario della Verna, a Chiusi.
Andrea della Robbia, Ascension of Christ, glazed terracotta in
the Santuario della Verna, Chiusi.
Andrea della Robbia, Ascensione di Cristo. Terracotta smaltata nel Santuario della Verna, a Chiusi.
Bhx
Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum
Station à Saint-Pierre.
La solennité liturgique
de l’Ascension, moins antique que celle de la Pentecôte, est toutefois parmi
les plus anciennes du cycle, et bien qu’on ne la trouve pas dans les
témoignages documentaires antérieurs à Eusèbe [22], cette fête
était pourtant déjà si universelle que saint Augustin put en attribuer la
première institution aux apôtres eux-mêmes. Dans l’antiquité, la
caractéristique de la fête de ce jour était une solennelle procession qui se
faisait vers midi en souvenir des Apôtres accompagnant Jésus hors de la ville
sur le mont des Oliviers. A Rome, après les offices nocturnes et la messe
célébrée sur l’autel de Saint-Pierre, le Pape était couronné par les cardinaux
et, vers l’heure de sexte, se rendait au Latran, accompagné par les évêques et
par le clergé.
Aujourd’hui Jésus s’est
dérobé à la vue de ses fidèles disciples, lesquels gardent toutefois leurs yeux
levés au ciel, s’efforçant de revoir encore une fois le divin Maître. Mais
cette vie contemplative, toute absorbée dans la vision béatifique du Paradis,
est réservée aux élus de l’Église triomphante. Ceux-ci ont leur récompense in
mercede contemplationis [23],
comme le dit saint Augustin dans une homélie célèbre que la liturgie nous fait
lire au Bréviaire le jour de saint Jean l’Évangéliste. Notre vocation au
contraire doit être in opere actionis ; aussi, en ce jour, la liturgie,
dans l’introït, avec une mélodie qui est parmi les plus belles du recueil
grégorien, nous répète-t-elle les paroles des Anges aux Apôtres : « O
Galiléens, que regardez-vous dans le ciel ? Ce Jésus qui y est allé sous
vos yeux reviendra dans la même majesté. »
Ita veniet. Voilà notre
consolation dans les douleurs et l’isolement de la vie. Jésus s’est éloigné,
mais il reviendra certainement. Cette attente de Jésus doit déterminer, pour
ainsi dire, tout le rythme de notre vie intérieure, le cœur palpitant et les
yeux de la foi fixés là-haut vers le ciel.
La collecte est pleine de
beauté. Le Maître est monté au ciel pour nous y préparer une place. Il est
notre Chef, et c’est seulement par une espèce de violence que ses membres
mystiques sont contraints à rester encore sur la terre. Ne pouvant tout de suite
rejoindre Jésus en paradis, nous devons du moins habiter dans le ciel par nos
affections, nos pensées, nos désirs, en sorte que, exilés ici-bas avec notre
corps, nous puissions dire pourtant avec saint Paul : conversatio nostra
in cælis est [24].
La lecture est tirée des
Actes (I, 1-11) ; c’est le récit de l’Ascension. Jésus s’élève au ciel du
mont des Oliviers, où précisément il avait commencé la Passion, et par là il
nous enseigne que la Croix est l’unique moyen d’arriver au paradis. Il promet
aux Apôtres l’Esprit Saint, seulement après son entrée triomphale dans son
royaume, parce qu’il convenait que la plénitude de la gloire se répandît du
Chef dans les membres. Avant de se dérober à leurs regards, Jésus bénit les
Apôtres, pour les assurer de sa continuelle assistance, intime et invisible,
dans le secret du cœur. C’est là que Jésus, par l’opération du Saint-Esprit,
établit le temple où il vient résider avec son Divin Père. Les Anges invitent
les Apôtres à détourner du ciel leurs regards, parce que la vie présente est le
temps du labeur et non celui du repos. Maintenant l’on sème ; ensuite on
moissonnera. On sème dans les sueurs et dans la douleur, et l’on moissonnera
dans la joie. C’est pourquoi nous devons travailler ; mais même en ceci il
y a une règle à observer. Nous devons travailler comme font les Anges, quand
ils exercent leur fidèle ministère de garde à notre endroit. Ils nous assistent
et se tiennent continuellement à nos côtés, mais en même temps leur regard est
fixé en paradis, extasié dans la contemplation de la splendeur du Père Éternel
in quem desiderant Angeli prospicere [25].
Suit le verset
alléluiatique tiré du psaume 46 : Dieu s’est élevé dans la jubilation et
au son des trompettes des milices angéliques, qui l’acclament leur chef et
sauveur, et lui rendent grâces parce qu’au moyen de la rédemption des hommes il
comble dans leurs rangs les vides autrefois laissés par les Anges apostats.
Un autre motif qui rendit
plus belle l’Ascension de Jésus fut le fait que, selon toute probabilité, le
Sauveur fut accompagné dans son triomphe par ces saints Patriarches et
Prophètes qui sortirent de leurs tombes au moment où Jésus expira sur la croix,
et qui, après sa résurrection, se montrèrent visiblement à de nombreuses
personnes à Jérusalem.
Le verset précédant
l’Évangile provient du psaume 67 : Dieu qui se montra sur le Sinaï s’élève
maintenant et entraîne avec lui esclave l’esclavage lui-même, c’est-à-dire
qu’il triomphe du péché et du démon dont il foule aux pieds la puissance qu’il
tient enchaînée. Le chrétien ne doit donc pas craindre Satan. Il est comme un
chien attaché, qui ne peut mordre que ceux qui s’approchent imprudemment de
lui.
La lecture évangélique
avec le récit de l’Ascension est tirée de saint Marc (XVI, 14-20), lequel, dans
un unique tableau, recueille toute l’histoire des quarante jours passés par
Jésus ressuscité avec ses Apôtres, et aussi l’histoire ultérieure de l’Église.
Les disciples reçoivent la puissance d’opérer des miracles, pour confirmer la
divinité de leur mission, et ils vont prêcher sur tous les points de la terre.
Du haut du ciel, Jésus donne l’efficacité à leur parole, et ainsi l’Église, à
l’image du Divin Maître dont elle continue l’œuvre bienfaisante, passe à
travers le monde : pertransiit benefaciendo et sanando [26].
Il ne faut pas croire que ce tableau convient seulement à l’âge apostolique.
Non, l’Église est encore maintenant telle qu’elle était alors. Il n’est aucun
genre de bienfaisance corporelle et spirituelle auquel elle ne se consacre,
encore à présent, spécialement au moyen de ses admirables corporations
religieuses. Quant au don des miracles, lui aussi est un charisme qui n’a
jamais manqué à l’Église. Bien plus, il est en si intime relation avec sa note
de sainteté, que, dans sa sage prudence, l’Église, avant d’inscrire l’un de ses
membres au catalogue des Saints, exige que les prodiges obtenus par son
intercession soient d’abord juridiquement discutés, démontrés et approuvés. Et
ces procès apostoliques jugés par la Sacrée Congrégation des Rites, tribunal compétent
en la matière, sont toujours très nombreux.
L’antienne de
l’offertoire provient du psaume 46 : « Dieu monte au ciel au milieu
de la jubilation des anges qui soufflent dans les trompettes. » Le jour de
l’incarnation, ils annonçaient la gloire seulement au ciel : Gloria in
excelsis Deo ; sur la terre, tandis que le Sauveur s’humiliait, le don le
plus à propos était celui de la paix entre Dieu et les hommes : et in
terra pax hominibus bonae voluntatis. Mais aujourd’hui qu’est accomplie la
magnifique rédemption, la gloire du ciel se reflète aussi sur la terre, puisque
la barrière de division ayant été ôtée, des deux familles, angélique et
humaine, il ne s’en fait plus qu’une ; aussi, tandis que Jésus, caput
hominum et Angelorum [27], s’assied glorieux à la
droite du Père, les membres de son corps mystique, en qui il vit et opère
encore, se trouvent ici sur la terre. De même donc que le Sauveur réunit ces
deux attributions : le Chef est glorieux au ciel et les membres
travaillent dans le monde, ainsi l’Église milite ici-bas, mais, dans la
personne de son Chef, elle a déjà commencé la vie glorieuse du Paradis.
Dans la collecte sur les
oblations, nous rappelons aujourd’hui au Seigneur que l’offrande des dons est
consacrée à commémorer l’immense gloire de l’Ascension du Christ, conséquence
de sa Passion. C’est pourquoi nous le supplions d’aplanir aussi pour nous la
voie du ciel, étant de devant nos pas toutes les pierres d’achoppement, en
sorte que nous puissions sûrement atteindre le but désiré.
Il faut d’ailleurs
remarquer qu’ici nous ne demandons point que les soldats du Christ soient
absolument soustraits au combat et maintenus dans les quartiers d’hiver ;
— non, car la vie est le temps de la lutte — mais nous supplions Dieu d’écarter
de notre route l’unique vrai mal et péril que nous puissions rencontrer, celui
de l’offenser.
Dans l’anaphore
eucharistique d’introduction au trisagion, selon l’usage romain dont parlait le
pape Vigile écrivant à Profuturus de Braga, nous insérons durant toute l’octave
de l’Ascension la commémoration de ce sublime mystère : « Qui (le
Christ), après sa Résurrection, apparut indiscutablement à ses disciples, et,
sous leurs yeux, s’éleva au ciel, dans le but de nous donner part à sa
divinité » [28].
Voilà la signification de
la fête de ce jour, et la fin que se propose le Christ en montant au ciel. Il
atteint pleinement ce but le jour de la Pentecôte, quand il nous donne avec
l’Esprit Saint, sa vie divine elle-même, le cœur même de la divinité.
Au commencement des
diptyques apostoliques, l’on fait aussi mémoire de la solennité du jour :
« Commémorant le jour très sacré où votre Fils unique et notre Seigneur
fit asseoir à votre droite glorieuse notre fragile nature, qu’il avait voulu
unir à sa personne divine... » [29]
L’antienne pour la Communion
est tirée du psaume 67 : « Chantez des hymnes au Seigneur qui, du
côté de l’Orient, monte au plus haut des cieux. » Le plus haut des cieux
signifie ici le trône même de la divinité, qu’aujourd’hui va occuper la sainte
humanité de Jésus. Il s’élève du côté de l’Orient, parce que toutes les œuvres
de Dieu sont resplendissantes, lumineuses, sans que l’Église ait jamais eu,
comme les théosophes modernes, deux doctrines, l’une cachée, réservée aux
initiés, et l’autre commune, pour le grand public. Dieu fait ses œuvres à la
lumière du soleil. Le Christ meurt sur une colline, en présence de tout un
peuple, au grand jour de la Parascève de Jérusalem ; Jésus ressuscite et
se fait voir, non seulement aux Apôtres mais aux saintes Femmes et même à cinq
cents personnes rassemblées. Aujourd’hui il monte au ciel, mais sur une
colline, en présence de onze personnes au moins, sans compter la Bienheureuse
Vierge et les membres de sa parenté.
Dans l’Eucharistie, ou
prière de remerciement, nous supplions la divine clémence de faire que le signe
visible de la grâce, c’est-à-dire le Sacrement, atteigne intérieurement la
plénitude de son effet. Nous demandons par là que l’incorporation matérielle à
la Victime du sacrifice eucharistique nous unisse spirituellement à Jésus.
La suprême glorification
du Chef qui, aujourd’hui, va s’asseoir à la droite du Père dans le ciel, se
répand dans les membres, à l’égal de ce baume parfumé qui, selon le psaume 132,
descendit de la tête d’Aaron sur sa barbe et sur ses splendides vêtements pontificaux.
Cette onction spirituelle est le charisme du Saint-Esprit qu’en ce jour Jésus,
du ciel, obtient à l’Église. Le lien est donc très intime, entre l’Ascension et
la Pentecôte. L’une ne s’explique pas sans l’autre.
[22] De Sol. Pasch., c. v. P. G., XXIV, col. 699.
[23] « Dans la récompense de la contemplation »,
St Augustin, Tract. 124 in Joan. Post med. : 7ème leçon des Matines
du 27 décembre.
[24] « Notre vie est dans les cieux », Philip. 3,
20.
[25] « Que les Anges désirent contempler à
fond », I Petr. 1, 12.
[26] « Il est allé de lieu en lieu en faisant le bien,
et en guérissant », Act. 10, 38.
[27] « Chef des hommes et des Anges ».
[28] « Qui post resurrectiónem suam
ómnibus discípulis suis maniféstus appáruit,
et, ipsis cernéntibus, est elevátus in cælum,
ut nos divinitátis suæ
tribúeret esse partícipes. », Préface de l’Ascension.
[29] « Diem sacratíssimum celebrántes quo Dóminus noster,
unigénitus Fílius tuus, unítam sibi fragilitátis nostræ substántiam in glóriæ
tuæ déxtera collocávit », Communicántes de l’Ascension.
Andrea Mantegna (1431–1506), Ascensione del Signore nostro Gesù Cristo, circa 1461, tempera on wood, 86 x 42.5, Uffizi Gallery
Andrea Mantegna. Ascension, panneaux du Triptyque des Offices, vers 1461, tempera sur bois, 86 x 42,5
Dom
Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique
STATION A SAINT PIERRE
L’Ascension du Christ est
notre élévation.
Après le chant de
l’Évangile, le diacre éteint le cierge pascal, le symbole de la Résurrection.
Par cette simple cérémonie, la liturgie veut exprimer que le Christ est monté
aujourd’hui au ciel. A chaque messe, le prêtre dit : « Nous nous
rappelons la bienheureuse Passion, la Résurrection des morts et la glorieuse
Ascension de ton Fils... » [30].
1. Premières
impressions. — Quand des personnes chères se séparent de nous, nous nous
affligeons, même si nous savons qu’elles rencontreront un sort meilleur. Aussi
nous pourrions penser que l’Église assistera à l’Ascension avec mélancolie. Il
n’en est rien. La fête est exclusivement une fête de joie. Une double joie
remplit nos cœurs ; nous nous réjouissons pour le Seigneur et pour
nous-mêmes.
a) La journée de
l’Ascension est un triomphe du Christ, une fête de victoire. Le Seigneur a bien
mérité son triomphe. Rappelons-nous toutes les phases et toutes les étapes de
sa vie terrestre. Il a quitté le trône de son Père et s’est abaissé dans le
sein de la Vierge, il a été couché sur la rude paille de la Crèche de Bethléem,
il a dû fuir en Égypte, fuir son propre peuple ; il a vécu dans
l’obscurité à Nazareth, comme un simple artisan ; puis il s’est fatigué à
parcourir la Galilée et la Judée à la recherche de la brebis perdue. Il a été
méconnu, il n’a pas été aimé par ses frères. Enfin, il a enduré sa Passion
rédemptrice depuis le mont des Oliviers jusqu’au Golgotha. Pourquoi tout
cela ? Parce qu’il nous a aimés. Quel but poursuivait-il ? Nous
racheter du pouvoir du diable et nous introduire dans la patrie céleste. Et
maintenant son œuvre, à laquelle il a consacré son amour et le sang de ses
veines, est achevée. Il peut, aujourd’hui, jeter un regard joyeux sur sa vie
écoulée. Hier,
la liturgie nous a montré son Ascension en deux images : le vainqueur
s’avance triomphant, il entraîne avec lui dans son triomphe les prisonniers,
c’est-à-dire nous-mêmes, les enfants de Dieu rachetés par lui ; il fait
part de son butin, c’est-à-dire des grâces de la Rédemption à l’Église. Le Fils
rentre dans la maison paternelle, il est reçu avec joie par son Père ;
mais il lui présente des nouveaux frères et sœurs, l’humanité rachetée. Nous
pouvons dire que la fête de l’Ascension est, en même temps, l’accession au
trône et le couronnement du Christ comme Roi du ciel et de la terre.
b) Cette fête est aussi
un jour de joie pour nous. La glorification du Seigneur dans son Ascension est
aussi l’élévation de la nature humaine ; c’est notre glorification. C’est
là une pensée qui a profondément impressionné les Pères. Notre nature humaine
participe aux plus hauts honneurs divins. Le Christ. en effet, est entré au
ciel avec son corps humain, avec sa nature humaine ; il est assis sur le
trône de Dieu et il restera avec sa nature humaine éternellement. C’est là une
distinction inouïe pour les hommes. L’un des nôtres, notre chef, est assis sur
le trône de Dieu ; ainsi donc nous aussi, les membres de son corps, nous
sommes divinisés. C’est pourquoi la préface de la fête chante d’une manière
significative : « Il a été élevé pour nous faire participer à sa
divinité ». C’est là une divine noblesse qui nous est communiquée par
l’Ascension. Mais cela constitue, pour nous, une impérieuse exigence :
Sursum corda. Le péché ne monte pas au ciel avec le Christ. Le péché est comme
une chaîne qui nous lie à la terre. Brisons ces liens du péché. Nous devons
d’abord monter au ciel avec la volonté et le désir (« demeurer de cœur au
ciel »). Ensuite, nous y suivrons le Seigneur en corps et en âme.
2. Solennité du
jour. — Cette fois encore, célébrons cette fête entièrement avec l’Église,
dans la prière des Heures et à la messe. Hier, nous avons récité les Heures du
soir en commun ou, tout au moins, nous avons récité les vêpres dans notre
particulier. Dans les antiennes, nous voyons le Roi montant au ciel. L’image
centrale, au bréviaire comme à la messe, est celle-ci : « Hommes de
Galilée, pourquoi regardez-vous vers le ciel ? Comme vous l’avez vu monter
au ciel, ainsi il reviendra, Alléluia » (I. Ant. Intr.). L’hymne est d’un
magnifique mouvement (Salutis humanae Sator) :
Auteur du salut des
humains,
Jésus, délices de nos
cœurs,
Du monde racheté tu fus
le Créateur
Et te chaste clarté
brille sur ceux qui t’aiment.
Sois, vers le ciel, le
guide et le sentier,
Sois l’idéal de tous nos
cœurs,
Sois, dans nos pleurs, le
réconfort,
Sois, de la vie, la douce
récompense.
A l’antienne de
Magnificat, nous voyons le Seigneur sur le seuil de la céleste maison
paternelle : « Père, j’ai annoncé ton nom parmi les hommes que tu
m’as donnés : maintenant, je te prie pour eux, non pour le monde, car je
viens vers toi, Alléluia »
Dans la nuit ou de bonne
heure le matin, nous récitons les Matines. C’est la réunion des psaumes royaux.
Les antiennes font ressortir avec prédilection des expressions comme
celle-ci : exalter, élever (exaltare, elevare). Les leçons du deuxième et
du troisième nocturnes sont très riches de pensées et d’autant plus précieuses
que toutes les deux furent prononcées comme homélies par les papes saint Léon
1er et saint Grégoire 1er. « Il y avait vraiment une grande et ineffable
cause de nous réjouir quand la nature humaine qui était unie au Fils de Dieu
s’éleva devant les yeux de la sainte troupe des disciples, bien au-dessus de
tous les Esprits célestes, bien au-dessus des chœurs des anges et même
au-dessus des hauteurs des archanges. Elle devait dépasser toutes les
hiérarchies célestes et ne s’arrêter qu’au trône de Dieu, où elle participerait
à sa gloire puisqu’elle est unie à sa nature dans la Personne du Fils. Puisque
l’Ascension du Christ est notre propre élévation, et puisque là où nous a
précédés le Chef glorieux le corps (mystique) peut lui aussi diriger son
espérance, tressaillons, mes bien-aimés, d’une joie profonde et que de pieuses
actions de grâces s’unissent à notre joie. Aujourd’hui, en effet, nous ne
recouvrons pas seulement le paradis (perdu), mais nous avons pénétré dans les
hauteurs du ciel. Nous avons beaucoup plus reçu par la grâce ineffable du
Christ que nous n’avions perdu par l’envie du diable. Car les enfants d’Adam,
que l’ennemi venimeux avait chassés du bonheur de leur premier séjour, le Fils
de Dieu se les est incorporés et les a placés à la droite du Père » (Saint
Léon).
« Quand nous lisons
que les disciples ne crurent à la Résurrection du Seigneur qu’après une longue
hésitation, pensons moins à leur faiblesse qu’à ce que je pourrais appeler
notre future fermeté dans la foi. Car, précisément, par ce fait qu’ils
doutèrent, la Résurrection fut démontrée par de nombreuses preuves. Et nous qui
lisons maintenant ce récit, nous sommes, par leur doute, affermis dans la foi.
Assurément Marie-Madeleine m’a moins servi que Thomas qui douta longtemps.
Celui-ci, en effet, parce qu’il douta, toucha les cicatrices des blessures et,
ainsi, guérit les blessures du doute dans notre cœur » (Saint Grégoire).
Il conviendrait de
réciter les Laudes sur une hauteur (de se transporter en esprit sur le mont des
Oliviers). Notre âme ressent aujourd’hui toute la fraîcheur de la joie et tous
les transports de l’allégresse. Quand le soleil se lève, nous entendons le
Sauveur qui nous quitte nous adresser ces paroles : « Je monte vers
mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu, Alléluia ».
3. La messe (Viri
Galilæi). — Après les petites Heures de Prime et de Tierce, nous célébrons
la messe solennelle. C’est le point culminant de la fête et la réalisation
mystique de son mystère. L’église de station est Saint-Pierre. Nous nous
réunissons dans la grande église mondiale de Rome pour célébrer les saints
mystères, dans cette église où saint Léon et saint Grégoire prononcèrent les
homélies que nous avons lues au bréviaire. Les fêtes du Christ-Roi se célèbrent
à Saint-Pierre (Noël, Épiphanie). Mais Saint-Pierre est aujourd’hui, pour nous,
Jérusalem ; nous y prenons notre repas avec le Christ (Leçon et Évang.).
C’est aussi le mont des Oliviers où nous accompagnons le Seigneur et d’où nous
le voyons monter au ciel.
L’Introït nous présente
une belle image. Les Apôtres lèvent les yeux vers le ciel. C’est un symbole de
l’Église. Depuis que le Christ est remonté au ciel, elle ne cesse de regarder
vers le ciel dans une ardente attente jusqu’à ce qu’il « revienne »
(Ici aussi, le désir de parousie de l’Église se fait jour). Nous chantons le psaume
proprement dit de l’Ascension (46) qui revient aujourd’hui dans presque tous
les chants psalmodiques : « Que tous les peuples battent des
mains » (nous sommes dans l’église Saint-Pierre qui est l’église des
gentils).
Oraison : Depuis que
le Maître est au ciel, « nous devons aussi demeurer de cœur au
ciel ». Dans la leçon et l’Évangile, nous prenons part aux dernières
heures terrestres du Seigneur.
Les deux lectures font
remarquer que le Seigneur apparut aux siens « pendant le repas ». Il
nous apparaît aussi à nous, maintenant, pendant le banquet eucharistique :
Après le chant de l’Évangile, on éteint le cierge pascal, le symbole au
Ressuscité. Dans la procession de l’Offrande, nous formons un cortège de fête
et nous accompagnons le Seigneur montant au ciel, avec des chants d’allégresse
et au son des trompettes. A la procession de la Communion, nous nous dirigeons
encore vers l’« Est » et nous voyons le Seigneur s’élever au-dessus
de tous les cieux.
4. Le psaume de
l’Ascension (ps. 46).
I. Le Roi de son peuple
Vous tous, peuples,
battez des mains, célébrez Dieu par des cris d’allégresse ;
Car Dieu, le Très-Haut, est redoutable, le grand Roi du monde entier.
C’est lui qui nous assujettit les peuples, qui met les nations sous nos pieds.
Pour nous, il nous a choisis pour son héritage, il a aimé le beau pays de
Jacob.
II. Le Roi des Gentils.
Dieu s’élève au milieu
des acclamations, le Seigneur monte au son des trompettes.
Louez notre Dieu, oui, louez-le, chantez notre Roi, chantez,
Car Dieu est le Roi de toute la terre ; jouez d’une main habile
Dieu règne aussi sur les Gentils, il siège sur son trône saint.
Les princes des peuples se réunissent au Dieu d’Abraham ;
Les puissants rois de la terre se sont élevés bien haut.
Sens littéral et
construction. — Le psaume est court, d’une construction simple et facile à
comprendre. Ce cantique se divise en deux strophes de quatre vers (le dernier
vers est peut-être une addition postérieure.)
Nous nous demandons
quelle fut l’occasion du psaume et quel fut son sens originaire. Le peuple juif
était en guerre avec les païens. On apporta l’arche d’alliance au-dessus de
laquelle se manifestait la présence de Dieu dans la nuée sainte, car le Dieu
d’alliance s’avançait lui-même au combat avec l’armée de son peuple. L’objet du
combat était le saint « héritage », la « gloire de Jacob »,
la terre promise. Israël fut vainqueur de ses ennemis et le peuple, dans des
chants de victoire et d’allégresse, accompagne le divin Roi, le Dieu de
l’alliance qui trône sur l’arche d’alliance, jusque sur les hauteurs du mont
Sion. — Maintenant, le psaume est intelligible : Tous les peuples sont
invités à rendre hommage au Dieu vainqueur (le battement de mains était un
signe d’hommage, cf. IV Rois, XI, 12). Cette victoire est la continuation de
celle de Josué qui prit possession de la terre promise. Il
« assujettit » les peuples de Chanaan (« les nations sous nos
pieds »). Depuis, le divin Roi a « choisi Israël pour son héritage et
a aimé le beau pays de Jacob ». Dans la seconde strophe, nous suivons le
cortège triomphal vers le mont Sion « au milieu des acclamations et au son
des trompettes » ; le Roi monte. Les musiciens du temple sont invités
à jouer de leurs instruments pour recevoir le Roi. Le psaume s’achève par une
vue de l’avenir messianique. Le psalmiste voit, dans une vision prophétique,
les gentils, sous la direction de leurs princes, entrer dans le royaume de Dieu
et le Christ régner sur l’Église unie des Gentils et des Juifs (le dernier
verset est un peu obscur).
Application liturgique.
Pour nous, chrétiens, le Christ est le divin Roi. Lui aussi est entré en lutte
avec les princes du monde. Ce fut le combat de la Rédemption ; sur le
champ de bataille du Golgotha, l’ennemi héréditaire fut vaincu et le Christ
conquit un butin (Psaume LXVII, 18-19) : Tu montes sur la hauteur,
emmenant la foule des captifs, tu partages le butin parmi les hommes, et
maintenant tu emmènes dans les hauteurs l’humanité rachetée, y compris les
rebelles (les Gentils). Aujourd’hui, en la fête de l’Ascension, nous suivons le
Christ dans son entrée triomphale au ciel « avec des acclamations et au
son des trompettes ». Nous rendons hommage au Roi de tous les peuples, au
Père de son peuple. Le verset typique de l’Ascension est celui-ci. « Dieu
s’élève dans les hauteurs au milieu des acclamations, le Seigneur monte au son
des trompettes ». Nous entendons trois fois ce verset au cours de la
messe, à des moments profondément impressionnants. La première fois, c’est au
moment de l’entrée du prêtre (de l’évêque) : L’Église voit dans le prêtre
qui s’avance vers l’autel, revêtu de ses ornements de fête, le Christ-Roi
faisant son entrée dans le sanctuaire du ciel (vers. ad repetendum). La seconde
fois, c’est au moment de la procession de l’Évangile : Le diacre porte l’Évangile
sur l’ambon — c’est encore l’image du Christ montant au ciel. La troisième
fois, c’est au moment de la procession de l’Offrande. Les fidèles eux-mêmes
participent à la procession d’Offrande du ciel avec le Christ, leur Roi.
[30] Canon Romain.
SOURCE : http://www.introibo.fr/Commentaires-liturgiques-du-Jour,953
L’Ascension, Les Très Riches Heures du duc de Berry (Category:Très Riches Heures du Duc de Berry) , Folio 184r, Musée Condé, Chantilly
L’Ascension : un mystère
toujours actuel ?
P.
Benedikt Mohelník | 18 mai 2017
L’Ascension est l’avant
dernier mystère du Christ en sa chair. Avant dernier ? Quel est alors le
dernier ?
L’Incarnation, célébrée à
l’Annonciation, et la Nativité, célébrée le jour de Noël, se rapportent
évidemment à des événements passés. Comme d’ailleurs le Baptême et la
Transfiguration, signes donnés aux disciples pour saisir quelle était la
mission de Jésus. Même sa Passion, sa mort et sa Résurrection, rendues
présentes par le sacrement de l’Eucharistie et dont les fruits demeureront
actifs tant que durera le monde, s’inscrivent dans la vie temporelle de Jésus.
L’Ascension également, que les Actes des Apôtres situent quarante jours après
la Résurrection. Pour autant ce jour-là, le Christ s’est assis à la droite du
Père où il demeure aujourd’hui, continuant à se donner, à Lui et pour nous. À
l’Ascension, l’humanité s’est donc rapprochée de Dieu en la personne du Christ
qui nous ouvre la voie. Quel sera, alors, le dernier mystère du Christ en sa
chair ? La Parousie, son retour dans la gloire, au dernier jour.
Nos vies quotidiennes
avec ce qu’elles ont de banal et d’ordinaire : couple, enfants, famille,
travail, loisirs, vie politique, joies, querelles et soucis, quand nous portons
sur elles un regard chrétien, se révèlent appartenir à la fois au présent de
nos existences et au présent des mystères du Christ en sa chair, avec son passé
dernière nous et l’avenir devant nous. Le passé, où Dieu s’est fait homme, a
souffert, est mort et a été ressuscité par son Père ; le présent, où il
vit à la droite du Père depuis l’Ascension ; le futur, quand il reviendra
et nous prendra avec lui. L’histoire de chacune de nos vies est en permanence
contemporaine avec l’historicité des mystères du Verbe incarné.
« Quand l’homme
touche le fond de l’échec et de l’incapacité, a déclaré le pape François en
Égypte, quand il se défait de l’illusion d’être le meilleur, d’être
autosuffisant, d’être le centre du monde, alors Dieu lui tend la main pour
transformer sa nuit en aube, son affliction en joie, sa mort en résurrection,
sa marche en un retour vers Jérusalem, c’est-à-dire vers la vie et vers la
victoire de la Croix. » (29 avril 2017).
Pour tenir notre place de
témoin dans le monde d’aujourd’hui, il faut bien sûr s’efforcer de vivre en
chrétien. Mais que signifie : « Vivre en chrétien » ? Être
toujours fidèle, saint, sans défaut, sans maladresse, généreux, détaché de
tout ? Qui pourrait prétendre vivre sur ces hauteurs ? Vivre en
chrétien, n’est-ce pas plutôt développer d’abord un regard de foi sur la
réalité – visible et invisible –, sur le cadre contemporain de nos vies :
nous, et Jésus assis à la droite du Père ? Alors, il devient possible de
s’orienter. « Ces moments où l’on se sent mauvais et tout à l’envers,
explique le cardinal Journet, ils peuvent être des moments de grande humilité
devant Dieu. On voit bien que l’on ne peut rien de soi-même. Alors on comprend
qu’on a le droit de tout lui demander. Et que c’est pour qu’on le fasse, qu’il
permet que nous nous sentions si désemparés, si impuissants à l’égard de
nous-mêmes. » (Comme une flèche de feu, Ad Solem).
« Est-ce que nous
pouvons aimer notre propre cœur, continue-t-il, avec tous ses égoïsmes, ses
hypocrisies, ses nœuds ? À certains moments, non, non, non. C’est Dieu qui
vient nous délivrer de notre pauvre cœur. Et ce pauvre cœur qui est en nous, il
est aussi dans les autres. Alors pour pouvoir aimer les autres, il n’y a pas
d’autre moyen que de passer par Dieu, et descendre à travers Dieu, à partir de
Dieu, vers eux. Alors on voit qu’il y a un regard de tendresse… ». Ce
regard de tendresse nous accompagne depuis que Jésus siège à la droite du Père
et nous accompagnera inlassablement jusqu’à son retour dans la gloire.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/2017/05/18/lascension-un-mystere-toujours-actuel/
Pietro Perugino (1448–1523), The
Ascension of Jesus
Christ, San Pietro Polyptych, 1495-1498, oil from
wood transferred to canvas, 325 x 265, Museum of Fine Arts of Lyon, 1816:
given by Pius VII
Qu’est-ce que la fête de
l’Ascension ?
Aliénor
Gamerdinger | 19 mai 2017
Le jour de l'Ascension
est important au point d'être classé par l'Église comme fête d'obligation. Cela
signifie que les catholiques sont obligés d'assister à la messe ce jour-là.
Mais pourquoi cet événement mystérieux, assez peu décrit dans les Évangiles,
est-il essentiel pour l'Église ?
Retour sur le texte.
Saint Luc dit : « Tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et
fut emporté au Ciel » (24, 51),
et les Actes des apôtres ajoutent : « Et comme ils fixaient encore le
ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en
vêtements blancs, qui leur dirent : “Galiléens, pourquoi restez-vous là à
regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de
vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel.” »
(1,
9-11)
Le sens de l’Ascension se
trouve dans les paroles des anges
Mener sa vie dans le
désir constant du Ciel, c’est être focalisé sur ses fins dernières, sur
l’éternité, sur le Salut. C’est ce qu’ont fait les apôtres après l’Ascension.
Pour Dieu, ils n’ont eu peur ni du martyre ni de la prison, « Car celui
qui veut sauver sa vie la perdra » (Mc
8, 35). Pour les disciples, plus rien d’autre que le Ciel, ne comptait.
À quoi ressemblerait
notre vie si nous vivions dans la même optique que les apôtres après
l’Ascension ? Tous nos malheurs ne seraient-ils pas de moindre
importance ? Lorsque l’on fait face à un deuil, à une maladie, ou à une
épreuve quelconque, et que l’on a la présence d’esprit de penser à Dieu et au
Paradis, le poids de la souffrance ne diminue-t-il pas ? Les chrétiens ont
pour patrie le Ciel, ils appartiennent au Ciel, que peut-il y avoir de plus
rassurant, de plus réjouissant, et de plus important ? La Sainte Vierge,
en dévoilant son identité aux enfants à Fatima en
1917, s’en est tenue à : « Je suis du Ciel »… Elle l’a dit comme
si aucun nom ne pouvait mieux la décrire. Alors, toutes les choses du monde
présent, souvent difficiles, parfois cruelles, ne semblent-elles pas futiles
par leur caractère éphémère ? Pourrait-on dire que nous n’envions pas les
apôtres d’avoir connu le Christ sur Terre, alors même qu’ils sont presque tous
morts dans d’affreux martyres ? Nous ne le dirions pas, et ce toujours
pour la même raison : ce qui compte, c’est le Ciel.
En tant que chrétiens,
nous appartenons à la communion des saints, à l’armée qui se bat contre Satan.
Nous connaissons la gravité du péché car « Nul ne peut servir deux
maîtres » (Mat
6, 24), et que « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi » (Mat
12, 30). Le désir du Ciel permet de ne jamais perdre de vue ces réalités, à
la différence de Lucifer et Ève, les deux premiers à les avoir oubliées.
L’Ascension, ou l’annonce
de la Pentecôte
« Il déclara : cette
promesse, vous l’avez entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé
avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit saint que vous serez baptisés d’ici peu
de jours. » (Actes
1, 4-5)
Alors qu’à la Pentecôte les
juifs fêtent la réception des dix commandements sur le Mont Sinaï, les
chrétiens fêtent le don de l’Esprit saint, bien plus fort, car ne touchant pas
l’intelligence, il touche le cœur. C’est alors l’occasion de se remémorer que
l’on a reçu l’Esprit saint, par la confirmation pour les catholiques, et qu’il
nous a donné ses sept dons (sagesse, intelligence, connaissance,
conseil, force, amour du Père, crainte de Dieu). Avec lui, la vie peut être
vécue main dans la main avec Dieu : « Mais, quand on vous livrera, ne vous
inquiétez ni de la manière dont vous parlerez ni de ce que vous direz : ce que
vous aurez à dire vous sera donné à l’heure même car ce n’est pas vous qui
parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. » (Mat
10, 19)
La fête de l’Ascension
éclairée par Dom Guéranger
Angélique
Provost | 24 mai 2017
Jeudi 25 mai, l’Église
fêtera l’Ascension du Christ. Dom Guéranger, refondateur de Solesmes, a laissé
de superbes méditations sur ce rendez-vous majeur du calendrier liturgique.
« Tandis qu’il les
bénissait, il se sépara d’eux et fut emporté au Ciel » (Luc 24, 51).
« Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que,
devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, qui leur dirent :
“Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui
a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous
l’avez vu s’en aller vers le ciel.” » (Actes, 1,
9-11)
Le jour de son Ascension
dans le Ciel, quarante jours après la Résurrection, le Christ s’est assis à la
droite du Père où il demeure aujourd’hui et pour « les siècles des
siècles ». À
l’Ascension, l’humanité s’est donc rapprochée de Dieu en la personne du Christ
qui nous ouvre la voie. Quel sera, alors, le dernier mystère du Christ en
sa chair ? La Parousie, son retour dans la gloire, au dernier jour. De
manière surprenante, Dom Guéranger propose une
lecture mariale du mystère « christocentré » par excellence.
Maître spirituel, Dom Prosper Guéranger fut le refondateur de l’abbaye de
Solesmes (un 14 juillet 1837) et de tout l’ordre bénédictin en France, balayé
par la Révolution Française en 1790. Son influence fut essentielle dans le
renouveau liturgique français du XIXesiècle.
« On songeait (…)
aux sentiments qui durent occuper le cœur de Marie durant ces derniers instants
qu’elle jouissait de la présence de son fils. On se demandait qui devait
l’emporter dans ce cœur maternel, de la tristesse de ne plus voir Jésus, ou du
bonheur de sentir qu’il allait entrer enfin dans la gloire qui lui était due.
La réponse venait promptement à la pensée de ces véritables chrétiens, et nous
aussi, nous nous la ferons à nous-mêmes. Jésus n’avait-il pas dit à ses
disciples : “Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je m’en vais
à mon Père ?” (Jean, 14, 28). Or, qui aima plus Jésus que ne
l’aima Marie ? Le cœur de la mère était donc dans l’allégresse au moment
de cet ineffable adieu. Marie ne pouvait songer à elle-même, quand il
s’agissait du triomphe dû à son fils et à son Dieu. Après les scènes du
calvaire, pouvait-elle aspirer à autre chose qu’à voir glorifié enfin celui
qu’elle connaissait pour le souverain Seigneur de toutes choses, celui qu’elle
avait vu si peu de jours auparavant renié, blasphémé, expirant dans toutes les
douleurs. » (L’année liturgique, commentaires
liturgiques du jour de l’Ascension, 1845)
Il dut être beau, ce
dernier repas d’une mère et son Fils. Ce fut une seconde cène, devenue légère
après que la Croix ait passée du rang de fardeau à celui de triomphe. Dom
Guéranger continue ainsi, passant de la mariologie à l’ecclésiologie :
« C’en était
fait : la terre avait perdu son Emmanuel. Quarante siècles l’avaient
attendu, et il s’était rendu, enfin, aux soupirs des patriarches et aux vœux
enflammés des prophètes. »
Quarante siècles ont
spéculé sur la venue du Messie. Et le voilà qui a vécu, qui est mort, ressuscité,
et retourné au Père. Que fait-on maintenant ? Les prophètes ne l’ont pas
dit. Le monde est neuf, brillant de pureté, racheté par le Fils de Dieu, et
pourtant les disciples se sentent seuls. Que fait-on quand la paix
revient ? La réponse fut l’Église. Elle deviendra la gardienne de la Paix
du Christ.
« Quelle tâche
immense Jésus leur a confiée ! Et au moment où il s’agit pour eux de s’y
livrer, il les quitte ! »
Il ne les laisse pas tout
à fait seuls, puisque la Pentecôte vient leur insuffler l’élan nécessaire à la
construction de cette Église. Nous pouvons conclure, à nouveau avec Dom
Guéranger :
« Leur bonheur est
désormais de penser qu’il est entré dans son repos. “Les disciples rentrèrent
dans Jérusalem, remplis d’une vive allégresse”, dit saint Luc (Luc 24,
52), exprimant par ce seul mot l’un des caractères de cette ineffable fête de
l’Ascension, de cette fête empreinte d’une si douce mélancolie, mais qui
respire en même temps, plus qu’aucune autre la joie, et le triomphe. »
SOURCE : https://fr.aleteia.org/2017/05/24/la-fete-de-lascension-eclairee-par-dom-gueranger/
Rebecca Dulcibella Orpen (1830–1923),
The Risen Christ (Ascension of Jesus), 1877, 27.9 x 20.3, National Trust
Ascension : pourquoi
Jésus monte-t-il au Ciel ?
Jean-Michel
Castaing | 29 mai 2019
Le mystère de l'Ascension
nous invite à nous préoccuper des réalités d'en haut, à fixer nos yeux sur
notre patrie véritable : le Ciel. Mais qu'est-ce que le Ciel, où Jésus s'élève
le jour de l'Ascension ?
Le monde céleste n’est
pas seulement un espace différent par nature du nôtre, ici-bas. Il représente
surtout une nouvelle façon d’exister : vivre avec la
Trinité. C’est Jésus qui « inaugure » le Ciel pour la nature
humaine, en s’élevant du mont des Oliviers vers son Père, quarante jours après
Pâques. Avant son Ascension, le Ciel n’existait pas pour nous. Faisant entrer
la nature humaine dans la Vie divine en ce Jour, le Christ nous y réserve une
place, ainsi qu’il l’a assuré à ses disciples : « Je vais vous
préparer une place » (Jn
14,2). Le Ciel consiste en effet à passer l’éternité en sa compagnie, comme
il l’a promis au bon larron : « Aujourd’hui tu seras avec moi au
paradis ».
Jésus nous a-t-il
abandonnés ?
Après l’Ascension, Jésus
ne nous est plus présent charnellement. À l’instar des apôtres, nous devons
accepter cette absence corporelle afin de le suivre dans son élan vers Dieu, à
nous approprier son désir de monter vers son Père et notre Père, son Dieu et
notre Dieu. Comme cet élan vers le Père s’opère maintenant pour nous en l’absence
sensible de Jésus, il est tout spirituel. Mais nous ne montons pas vers le Père
sans Jésus, mais avec lui. Après son départ, le Fils vivra en effet en nous
afin que son élan vers Dieu devienne le nôtre.
Durant les quarante jours
des apparitions post-pascales, qui courent du dimanche
de Pâques jusqu’au jour de l’Ascension, Jésus est resté encore
extérieur à ses disciples. Il était proche d’eux, face à eux, en un face à face
incarné, très concret. Cependant, il ne vivait pas encore en eux. Pourtant,
saint Paul nous dit qu’il est rendu « esprit vivifiant » par sa résurrection.
Comment comprendre cette expression ? Un esprit peut-il rester extérieur à ceux
auxquels il est censé donner la vie ? Est-il en mesure d’agir à distance ? Ne
doit-il pas au contraire opérer de l’intérieur même des personnes qu’il
sanctifie, de telle sorte que cette sanctification soit à la fois l’œuvre de
Dieu et celle de l’homme ?
Le Christ intérieur
Comment Jésus devient-il
alors intérieur à ses disciples ? Ce sera là l’œuvre de l’Esprit-Saint qui,
prenant le relais de Jésus après ses apparitions sensibles d’après Pâques
(sensibles parce que ses disciples sont encore en mesure, jusqu’à l’Ascension,
de le voir avec leurs yeux de chair, de le toucher avec les mains, de manger
avec lui), intériorisera le Christ en eux à Pentecôte. En effet, Jésus avait
fait de son départ pour la maison du Père la condition de l’envoi du second
Paraclet, l’Esprit-Saint : « Il vaut mieux pour vous que je parte ;
car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas à vous ; mais si je
pars, je vous l’enverrai » (Jn
16,7). Voilà pourquoi ces mêmes disciples sont sevrés d’apparitions à
partir de la montée au Ciel de leur Maître. Désormais, le Christ ne sera plus
extérieur à eux, mais vivra en eux. Telle est la raison d’être de
l’Ascension dans l’économie du salut. Avec la fin des apparitions d’après
Pâques débute l’intériorisation du Christ en nous.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/2019/05/29/ascension-pourquoi-jesus-monte-t-il-au-ciel/
Rembrandt (1606–1669). L’Ascension, 1636, 93 x 68,7, Munich, Alte Pinakothek
Les clefs d’une œuvre :
« L’Ascension » de Rembrandt van Rijn
Sophie
Roubertie | 29 mai 2019
Pleinement Dieu et
pleinement homme, le Christ rejoint le Père sous les yeux des apôtres.
"L’Ascension" de Rembrandt, peinte en 1636, nous invite à la
méditation de ce mystère : Jésus emporté avec son corps dans la lumière du
Ciel.
Les disciples semblent
plongés dans la nuit, comme dans un grand vide. Et pourtant, ils savaient qu’il
partirait, Jésus les y avaient préparés : « Mais moi, vous ne m’aurez
pas toujours » (Ac
1,9). Oui, ils le savaient, mais, après la douleur de la Passion, ils
L’avaient vu revenir, ressuscité, le jour de la Pâque. Alors, pourquoi ne
resterait-Il pas avec eux, continuer à les enseigner ? Leurs sentiments
sont mêlés, car, si leur surprise est grande, paraît aussi la peur, peur de
rester seuls, à nouveau, dans ce noir absolu et l’émerveillement devant cet
événement incroyable.
En blanc, le disciple
aimé
Il est difficile de
savoir qui, dans le cercle des apôtres, a été représenté. Il semble néanmoins
que saint Jean, le disciple que Jésus aimait, puisse être reconnu sous les
traits juvéniles de l’homme vêtu de blanc.
Le Christ tourne les yeux vers le Créateur, Esprit saint représenté sous la
forme d’une colombe, nimbée de ce halo lumineux, source vivifiante qui rayonne
jusque sur la terre. La figure du Père n’est pas montrée. Une seconde source de
lumière provient de Jésus lui-même, éclairant les visages et les regards
tournés lui. Son vêtement est blanc, couleur de la Résurrection et du baptême,
couleur aussi des temps liturgiques de fête.
La joie du Ciel
« Sous leurs
regards, il s’éleva, et une nuée le déroba à leurs yeux » (Ac
1,9). Rembrandt donne à cette nuée la forme d’un nuage soutenu par un
groupe de chérubins, petits anges nus aux ailes colorées, joie du Ciel, tandis
que d’autres se cachent dans la lumière céleste pour accueillir leur divin
maître.
Sur la terre enténébrée,
le peintre ne nous donne rien à voir, nous laissant seulement deviner la
silhouette d’un palmier qui unit le ciel et la terre. Maigre décor de la scène
où l’essentiel n’est pas dans le paysage, mais dans une création nouvelle,
puisque la terre que nous voyons ici « informe et vide », va
accueillir à nouveau Jésus : « Ce Jésus qui été enlevé au ciel
d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller
vers le ciel » (Ac
1,9). Malgré l’inquiétude exprimée par les disciples, la Pentecôte est
proche.
Il entre dans la gloire
Le Christ entre dans la
gloire, les apôtres en sont témoins. Étienne le déclarera : « Voici que je
contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de
Dieu » (Ac
7, 56).
Ascension du Christ, icône de Novgorod, XIVe siècle
Also
known as
Analepsis
40th day after Easter
Derivation
Latin: ad,
to; scandere, to climb
Article
The elevation of Christ
into heaven through His own power on the fortieth day after His Resurrection,
in the presence of His disciples (Mark 16; Luke 24; Acts 1). It probably took
place on Mount Olivet; an oratory has been erected on the site, the
original Christian basilica having
been destroyed and rebuilt and finally destroyed by the Mohammedans. It is
commemorated on Thursday, the fortieth day after Easter, and is an
aecumenical feast and
consequently a holy day
of obligation, having a vigil and an octave. According
to Saint Augustine
of Hippo, the observance of the feast is of Apostolic origin.
Early customs connected with the liturgy were
the blessing of
beans and grapes after the Commemoration of the Dead in the Canon of the
Mass, blessing of
first fruits, blessing of
a candle,
wearing of mitres by deacon and
subdeacon. The paschal candle is
extinguished after the Gospel of the Mass. Among the many
masters who have painted the subject of the Ascension are Fra Angelico,
Perugino, Tintorretto, Della Robbia, and Pinturicchio.
Additional
Information
Catholic
Encyclopedia: Ascension
Catholic
Encyclopedia: Feast of the Ascension
Light
From the Altar, edited by Father James
J McGovern
Message
of the Glorious Mysteries, by Father Aloysius
Biskupek
New Catholic Dictionary
Breviary Hymns and Missal
Sequences
other
sites in english
Pope Francis: Address of 1 June 2014
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fonti
in italiano
MLA
Citation
“Ascension“. CatholicSaints.Info.
24 October 2022. Web. 18 April 2024.
<https://catholicsaints.info/ascension/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/ascension/
Ascension, Église Sainte-Ursule de Cologne
The Solemnity Of The
Ascension
The Ascension of Our
Lord, which occurred 40 days after Jesus Christ rose from the dead on Easter
Sunday, is the final act of our redemption that Christ began on Good Friday. On
this day, the risen Christ, in the sight of His apostles, ascended bodily into
Heaven (Luke 24:51; Mark 16:19; Acts 1:9-11).
The reality of the
Ascension is so important that the creeds (the basic statements of belief) of
Christianity all affirm, in the words of the Apostles’ Creed, that “He ascended
into heaven, sits at the right hand of God the Father almighty; from thence He
shall come to judge the living and the dead.” The denial of the Ascension is as
grave a departure from Christian teaching as is denial of Christ’s
Resurrection.
Christ’s bodily Ascension
foreshadows our own entrance into Heaven not simply as souls, after our death,
but as glorified bodies, after the resurrection of the dead at the Final
Judgment. In redeeming mankind, Christ not only offered salvation to our souls
but began the restoration of the material world itself to the glory that God
intended before Adam’s fall.
The Feast of the
Ascension marks the beginning of the first novena, or nine days of prayer.
Before His Ascension, Christ promised to send the Holy Spirt to His apostles.
Their prayer for the coming of the Holy Spirit, which began on Ascension
Thursday, ended with the descent of the Holy Spirit on Pentecost Sunday, ten
days later.
The observance of this
feast is of great antiquity. Although no documentary evidence of it exists
prior to the beginning of the fifth century, St. Augustine says that it is of
Apostolic origin, and he speaks of it in a way that shows it was the universal
observance of the Church long before his time. Frequent mention of it is made
in the writings of St. John Chrysostom, St. Gregory of Nyssa, and in the
Constitution of the Apostles. The Pilgrimage of Sylvia (Peregrinatio Etheriae)
speaks of the vigil of this feast and of the feast itself, as they were kept in
the church built over the grotto in Bethlehem in which Christ was born (Duchesne,
Christian Worship, 491-515).
It may be that prior to
the fifth century the fact narrated in the Gospels was commemorated in
conjunction with the feast of Easter or Pentecost. Some believe that the
much-disputed forty-third decree of the Council of Elvira (c. 300) condemning
the practice of observing a feast on the fortieth day after Easter and
neglecting to keep Pentecost on the fiftieth day, implies that the proper usage
of the time was to commemorate the Ascension along with Pentecost.
Representations of the mystery are found in diptychs and frescoes dating as
early as the fifth century.
Certain customs were
connected with the liturgy of this feast, such as the blessing of beans and
grapes after the Commemoration of the Dead in the Canon of the Mass, the
blessing of first fruits, afterwards done on Rogation Days, the blessing of a
candle, the wearing of mitres by deacon and subdeacon, the extinction of the
paschal candle, and triumphal processions with torches and banners outside the
churches to commemorate the entry of Christ into heaven. There was the English
custom of carrying at the head of the procession the banner bearing the device
of the lion and at the foot the banner of the dragon, to symbolize the triumph of
Christ in His ascension over the evil one. In some churches the scene of the
Ascension was vividly reproduced by elevating the figure of Christ above the
altar through an opening in the roof of the church. In others, whilst the
figure of Christ was made to ascend, that of the devil was made to descend.
In the liturgies
generally the day is meant to celebrate the completion of the work of our
salvation, the pledge of our glorification with Christ, and His entry into
heaven with our human nature glorified.
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/ascension/
Vitrail
de la cathédrale
Notre-Dame-des-Anges de Los Angeles
Ascension
The elevation of Christ into heaven by
His own power in presence of His disciples the
fortieth day after His Resurrection.
It is narrated in Mark
16:19, Luke
24:51, and in the first
chapter of the Acts
of the Apostles.
Although the place of the Ascension is not distinctly stated, it
would appear from the Acts that
it was Mount
Olivet. Since after the Ascension the disciples are
described as returning to Jerusalem from
the mount that is called Olivet, which is near Jerusalem,
within a Sabbath
day's journey. Tradition has consecrated this
site as the Mount of Ascension and Christian piety has
memorialized the event by erecting over the site a basilica. St.
Helena built the first memorial, which was destroyed by the Persians in
614, rebuilt in the eighth century, to be destroyed again, but rebuilt a second
time by the crusaders.
This the Moslems also
destroyed, leaving only the octagonal structure which encloses the stone said
to bear the imprint of the feet of Christ,
that is now used as an oratory.
Not only is the fact of the Ascension related in the passages
of Scripture cited
above, but it is also elsewhere predicted and spoken of as an established fact.
Thus, in John
6:63, Christ asks
the Jews:
"If then you shall see the son
of Man ascend up where He was before?" and 20:17,
He says to Mary
Magdalen: "Do not touch Me, for I am not yet ascended to My Father,
but go to My brethren,
and say to them: I ascend to My Father and to your Father, to My God and
to your God."
Again, in Ephesians
4:8-10, and in Timothy
3:16, the Ascension of Christ is
spoken of as an accepted fact.
The language used by the Evangelists to
describe the Ascension must be interpreted according to usage. To say
that He was taken up or that He ascended, does not necessarily imply
that they locate heaven directly
above the earth; no more than the words "sitteth on the right hand
of God"
mean that this is His actual posture. In disappearing from their view "He
was raised up and a cloud received Him out of their sight" (Acts
1:9), and entering into glory He
dwells with the Father in
the honour and
power denoted by the scripture phrase.
Wynne,
John. "Ascension." The Catholic Encyclopedia. Vol.
1. New York: Robert Appleton Company, 1907. 28 May
2017<http://www.newadvent.org/cathen/01767a.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Joseph P. Thomas.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. March 1, 1907. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin
Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/01767a.htm
John Singleton Copley, Jesus' Ascension,
1775, 81,2 x 73, The
Museum of Fine Arts, Boston
Feast of the Ascension
The fortieth day after Easter
Sunday, commemorating the Ascension of Christ into heaven,
according to Mark
16:19, Luke
24:51, and Acts
1:2.
In the Eastern
Church this feast was
known as analepsis, the taking up, and also as the episozomene,
the salvation,
denoting that by ascending into His glory Christ completed
the work of our redemption.
The terms used in the West, ascensio and,
occasionally, ascensa, signify that Christ was
raised up by His own powers. Tradition designates Mount
Olivet near Bethany as
the place where Christ left
the earth. The feast falls
on Thursday. It is one of the Ecumenical feasts ranking
with the feasts of
the Passion,
of Easter and
of Pentecost among
the most solemn in
the calendar,
has a vigil and,
since the fifteenth century, an octave which
is set apart for a novena of
preparation for Pentecost,
in accordance with the directions of Leo
XIII.
History
The observance of
this feast is
of great antiquity. Although no documentary evidence of it exists prior to the
beginning of the fifth century, St.
Augustine says that it is of Apostolic origin,
and he speaks of it in a way that shows it was the universal observance of
the Church long
before his time.
Frequent mention of it is made in the writings of St.
John Chrysostom, St.
Gregory of Nyssa, and in the Constitution
of the Apostles. The Pilgrimage of
Sylvia (Peregrinatio Etheriae) speaks of the vigil of
this feast and
of the feast itself,
as they were kept in the church built over the grotto in Bethlehem in
which Christ was
born (Duchesne, Christian Worship, 491-515). It may be that prior to the
fifth century the fact narrated in the Gospels was
commemorated in conjunction with the feast of Easter or Pentecost.
Some believe that
the much-disputed forty-third decree of
the Council
of Elvira (c. 300) condemning the practice of observing a feast on
the fortieth day after Easter and
neglecting to keep Pentecost on
the fiftieth day, implies that the proper usage of the time was
to commemorate the Ascension along
with Pentecost.
Representations of the mystery are
found in diptychs and
frescoes dating as early as the fifth century.
Customs
Certain customs were
connected with the liturgy of
this feast,
such as the blessing of
beans and grapes after the Commemoration of the Dead in the Canon
of the Mass, the blessing of first
fruits, afterwards done on Rogation
Days, the blessing of
a candle,
the wearing of mitres by deacon and subdeacon,
the extinction of the paschal
candle, and triumphal processions with
torches and banners outside the churches to commemorate the entry
of Christ into heaven. Rock records
the English custom of
carrying at the head of the procession the
banner bearing the device of the lion and at the foot the banner of the dragon,
to symbolize the triumph of Christ in
His ascension over
the evil
one. In some churches the scene of the Ascension was
vividly reproduced by elevating the figure of Christ above
the altar through
an opening in the roof of the church. In others, whilst the figure
of Christ was
made to ascend, that of the devil was
made to descend.
In the liturgies generally
the day is meant to celebrate the completion of the work of our salvation,
the pledge of our glorification with Christ,
and His entry into heaven with
our human nature glorified.
Sources
DUCHESNE, Christian
Worship (London, 1904); NILLES Kalendarium Utriusque
Ecclesiae (Innsbruck, 1897), II. 362-374; CABROL, in Dict. d'arch.
chrét. et liturg. BUTLER, Feasts and Fasts; GUÉRANGER, III, s.v.
Wynne,
John. "Feast of the Ascension." The Catholic
Encyclopedia. Vol. 1. New York: Robert Appleton Company, 1907. 28
May 2017 <http://www.newadvent.org/cathen/01767b.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by the Cloistered Dominican Nuns of the
Monastery of the Infant Jesus, Lufkin, Texas. Dedicated to Christ the
King.
Ecclesiastical approbation. Nihil
Obstat. March 1, 1907. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin
Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/01767b.htm
Bronze-Taufbecken, St. Marien Rostock, um 1290 (http://marienkirche-rostock.de/sehenswertes/tauffuente)
Detail
Bronzefünte Marienkirche Rostock
St. Leo the Great
Sermon 73
(On
the Lord's Ascension, I.)
I. The events recorded as
happening after the Resurrection were intended to convince us of its truth
Since
the blessed and glorious Resurrection of our
Lord Jesus Christ, whereby the Divine power in three
days raised the true Temple of God,
which the wickedness of
the Jews had
overthrown, the sacred forty days, dearly-beloved, are today ended,
which by most holy appointment
were devoted to our most profitable instruction, so that, during the period
that the Lord thus protracted the lingering of His bodily presence,
our faith in
the Resurrection might be fortified by needful proofs.
For Christ's Death had much disturbed the disciples' hearts,
and a kind of torpor of distrust had crept over their
grief-laden minds at His torture on the cross,
at His giving up the ghost, at His lifeless body's burial. For, when
the holy women,
as the Gospel-story has revealed, brought word of the stone rolled away
from the tomb, the sepulchre emptied of the body, and the angels bearing witness to
the living Lord, their words seemed like ravings to
the Apostles and other disciples.
Which doubtfulness, the result of human weakness,
the Spirit of Truth would most assuredly not have permitted
to exist in His own preacher's breasts, had not their
trembling anxiety and careful hesitation laid the foundations of our faith.
It was our perplexities and our dangers that were provided for in
the Apostles: it was ourselves who in these men were taught how
to meet the cavillings of the ungodly and the arguments of earthly
wisdom. We are instructed by their lookings, we are
taught by their hearings, we are convinced by their handlings.
Let us give thanks to the Divine management and the holy Father.' necessary slowness
of belief. Others doubted,
that we might not doubt.
II. And therefore they
are in the highest degree instructive
Those days, therefore,
dearly-beloved, which intervened between
the Lord's Resurrection and Ascension did not pass by
in uneventful leisure, but great mysteries were
ratified in them, deep truths revealed. In them the fear of
awful death was removed, and the immortality not
only of the soul but
also of the flesh established. In them, through the Lord's breathing
upon them, the Holy
Ghost is poured upon all the Apostles, and to
the blessed Apostle Peter beyond the rest the care of
the Lord's flock is entrusted, in addition to the keys of
the kingdom. Then it was that the Lord joined the two disciples as
a companion on the way, and, to the sweeping away of all the clouds of our
uncertainty, upbraided them with the slowness of their timorous hearts. Their
enlightened hearts catch the flame of faith,
and lukewarm as they have been, are made to burn while
the Lord unfolds the Scriptures.
In the breaking of bread also their eyes are opened as they eat with Him: how
far more blessed is the opening of their eyes, to whom
the glorification of their nature is revealed than
that of our first parents,
on whom fell the disastrous consequences of their transgression.
III. They prove the
Resurrection of the flesh
And in the course of
these and other miracles,
when the disciples were
harassed by bewildering thoughts, and the Lord had appeared in
their midst and said, Peace be unto you , that what was passing
through their hearts might not be their fixed opinion (for they thought they
saw a spirit not flesh), He refutes their thoughts so discordant with
the Truth, offers to the doubters' eyes the marks of
the cross that remained in His hands and feet, and invites them to
handle Him with careful scrutiny, because the traces of the nails and spear
had been retained to heal the wounds of unbelieving hearts, so that not with
wavering faith,
but with most steadfast knowledge they
might comprehend that the Nature which had been lain in
the sepulchre was to sit on God the
Father's throne.
IV. Christ's ascension
has given us greater privileges and joys than the devil had taken from us
Accordingly,
dearly-beloved, throughout this time which elapsed between
the Lord's Resurrection and Ascension, God's Providence had
this in view, to teach and impress upon both the eyes and hearts of His own
people that the Lord
Jesus Christ might be acknowledged to have as truly risen,
as He was truly born,
suffered, and died. And hence the most blessed Apostles and all
the disciples,
who had been both bewildered at His death on the cross and backward
in believing His Resurrection, were so strengthened by the
clearness of the truth that
when the Lord entered the heights of heaven, not only were they
affected with no sadness, but were even filled with great joy.
And truly great
and unspeakable was their cause for joy,
when in the sight of the holy multitude,
above the dignity of all heavenly creatures,
the Nature of mankind went
up, to pass above the angels' ranks
and to rise beyond the archangels' heights, and to have Its
uplifting limited by no elevation until, received to sit with
the Eternal Father, It should be associated on the throne with
His glory,
to Whose Nature It was united in the Son. Since
then Christ's Ascension is our uplifting, and
the hope of the Body is raised, whither the glory of
the Head has gone before, let us exult, dearly-beloved, with worthy joy and
delight in the loyal paying of thanks. For today not only are
we confirmed as possessors of paradise, but have also
in Christ penetrated the heights of heaven, and have gained
still greater things through Christ's unspeakable grace than
we had lost through the devil's malice.
For us, whom our virulent enemy had driven out from the bliss of our
first abode, the Son
of God has made members of Himself and placed at the right hand of
the Father,
with Whom He lives and reigns in the unity of the Holy
Spirit, God for ever and ever. Amen.
Source. Translated
by Charles Lett Feltoe. From Nicene and Post-Nicene Fathers, Second
Series, Vol. 12. Edited by Philip Schaff and Henry
Wace. (Buffalo, NY: Christian Literature Publishing
Co., 1895.) Revised and edited for New Advent by Kevin
Knight.<http://www.newadvent.org/fathers/360373.htm>.
SOURCE : http://www.newadvent.org/fathers/360373.htm
Dosso Dossi (Giovanni di Niccolò de Lutero ou Luteri) ( 1489, Mantoue -1542, Ferrare), Ascension
of Christ, XVIth century, 128 x 95.5, Palazzo dei Diamanti,
Ascensione del Signore
nostro Gesù Cristo
Settima Domenica di Pasqua (celebrazione mobile)
L'Ascensione di Gesù, celebrata 40 giorni dopo Pasqua, segna il suo ritorno al Padre dopo la vittoria sulla morte e la risurrezione. Il Nuovo Testamento narra l'evento in diversi testi con alcune varianti. L'Ascensione ha un profondo significato teologico: completa l'opera di redenzione di Gesù, inaugura l'era della Chiesa guidata dallo Spirito Santo, apre la via al cielo per i credenti e manifesta la sua divinità. È un evento di grande gioia per i cristiani che celebrano la vittoria di Cristo sulla morte e la sua gloriosa entrata nel regno dei cieli. È anche un momento di speranza, perché ci ricorda che in Gesù abbiamo la promessa della vita eterna.
Nel giorno
dell'Ascensione Gesù, prima di salire al Padre, manda nel mondo i suoi
testimoni: saranno loro, e tutto il popolo profetico, a manifestare Gesù Cristo
salvatore.
Martirologio Romano:
Solennità dell’Ascensione del Signore nostro Gesù Cristo, in cui egli, a
quaranta giorni dalla risurrezione, fu elevato in cielo davanti ai suoi
discepoli, per sedere alla destra del Padre, finché verrà nella gloria a
giudicare i vivi e i morti.
L'Ascensione di Gesù Cristo, celebrata 40 giorni dopo la Pasqua, è un evento fondamentale della fede cristiana che segna il ritorno trionfante di Gesù al Padre, dopo la sua vittoria sulla morte e la risurrezione dai morti. Il Nuovo Testamento narra l'Ascensione in diversi testi, con alcune varianti: in Marco 16,19-20 Gesù, dopo aver dato l'ultimo comando agli apostoli di predicare il Vangelo a tutte le creature, ascende al cielo e siede alla destra di Dio; in Luca 24,50-53 Gesù conduce gli apostoli in Betania e, mentre li benedice, si eleva da terra e sale al cielo, scomparendo tra una nube; in Atti 1,6-12 gli apostoli, radunati sul monte degli Ulivi, assistono all'ascensione di Gesù, che viene avvolto da una nube e due angeli annunciano il suo ritorno; in Giovanni 20,17-18 Gesù appare a Maria Maddalena e le dice di non trattenerlo perché deve salire al Padre, poi appare ai discepoli e soffia su di loro lo Spirito Santo.
Ha un profondo significato teologico:
- completa la sua opera di redenzione: Gesù, risorto dalla morte, ascende al cielo per assumere il posto che gli spetta alla destra del Padre, come re e signore dell'universo;
- inaugura una nuova era: con l'ascensione di Gesù inizia l'era della Chiesa, guidata dallo Spirito Santo, che porta avanti la sua missione di salvezza nel mondo;
- apre la via al cielo: Gesù, salendo al cielo, ha aperto la strada per tutti i credenti, che in lui hanno la speranza di risorgere e raggiungere la vita eterna;
- manifesta la sua divinità: l'ascensione di Gesù è un segno evidente della sua natura divina, che lo rende superiore a tutte le creature e lo pone al di sopra di ogni potere e autorità.
L'Ascensione è un evento di grande gioia per i cristiani, che celebrano la vittoria di Cristo sulla morte e la sua gloriosa entrata nel regno dei cieli. È anche un momento di speranza, perché ci ricorda che in Gesù abbiamo la promessa della vita eterna e che un giorno saremo con lui nella gloria del Padre.
La festa è celebrata quaranta giorni dopo la Pasqua, in un giorno che varia a seconda del calendario liturgico. La liturgia della Chiesa celebra questo evento con canti, preghiere e letture bibliche che sottolineano il significato teologico e spirituale dell'Ascensione.
L'Ascensione di Gesù è un evento raffigurato in molte opere d'arte, tra cui
mosaici, affreschi, sculture e pitture. Le immagini dell'Ascensione spesso
mostrano Gesù che sale al cielo in una nube, circondato da angeli, mentre gli
apostoli lo guardano con stupore e riverenza.
Autore: Franco
Dieghi
La gloriosa Ascensione completa l’architettonica dei misteri cristologici. Per essa infatti, l’Uomo-Dio, compiuta la sua missione nel mondo, ritorna al suo principio, descrivendo un circolo. Gesù stesso lo sintetizza: «Io sono uscito dal Padre e venni nel mondo; ora lascio il mondo e vado al Padre» (Gv 18,28).
Il Verbo eterno discende dall’alto dei Cieli, dal seno del Padre, s’incarna nel Grembo della Vergine Immacolata, nasce a Betlemme, vive nascosto a Nazareth, esce a predicare il Vangelo del Regno (cf. Mt 4,23), è crocifisso e muore sulla croce, risuscita all’alba del terzo giorno e ascende al Cielo dalla cima del monte degli Olivi, che conobbe la sua dolorosa agonia e il suo «fiat» sanguinante.
Realmente mirabile, gloriosa, l’Ascensione del Signore: quella sua Umanità, debole come la nostra, soggetta all’infermità, alla sofferenza e alla morte, entra vittoriosa nei Cieli, ed è trapiantata, ormai impassibile, nella esistenza eterna di Dio. Gesù di Nazareth, che era apparso come «il figlio del fabbro» (Mt 13,55), entra nella sua Gloria (cf. Lc 24,26), in anima e corpo, e vive eterno nella pienezza divina.
Gesù dopo la sua Risurrezione appare agli Apostoli, ai Discepoli, alle pie donne; dà gli ultimi ammaestramenti; compare e scompare, quasi volesse abituare i suoi, per gradi, alla sua partenza definitiva. Poi li lascia. Lascia la terra, gli uomini; o meglio, li priva della sua presenza visibile, e si nasconde in Dio. Li ha preparati con tre anni d’insegnamento – ma non ha detto tutto: molte cose «non le avrebbero potute sostenere» (Gv 16,12) prima della sua morte e della venuta dello Spirito Santo –; li ha confortati dando loro le prove della sua vittoria sulla morte; poi si sottrae, e manda loro il Paraclito.
È come se li considerasse maturi per la prova, capaci di vivere di fede, senza nemmeno più la Sua presenza visibile – che pure esigeva la fede per credere alla sua Divinità –, come figli ormai usciti di tutela, che affrontano la vita con la loro piena responsabilità. Si inizia la vita della Chiesa, in cui il Cristo opera, ma in modo misterioso mediante il suo Spirito. Si inizia la «prova» per l’umanità, la grande storia dei secoli cristiani, l’espansione della Buona Novella, le persecuzioni e le lotte, le vicende dolorose e gloriose che avranno termine solo quando il Figlio dell’uomo verrà per la seconda volta in tutta la sua maestà, sulle nubi (cf. Mt 26,64), per giudicare tutti gli uomini.
Per questo i Cristiani delle prime generazioni, che avevano visto Gesù scomparire dietro le nubi del cielo, ne sentivano prossima la seconda venuta – «Il momento è vicino» – e l’invocavano: «Vieni, Signore Gesù» (Ap 1,3; 22,20). Non avevano torto: in realtà la storia dei secoli e dei millenni è un soffio di fronte all’eternità; un soffio questa vicenda umana in cui siamo ingolfati e che ci pare non aver fine: Cristo ieri è asceso al Cielo e domani ritornerà. Un soffio la vicenda dell’umanità che si conta a millenni; un lievissimo soffio la vicenda di ogni uomo che nasce e muore. La prova dell’umanità e la prova di ogni uomo è conchiusa entro brevissimi confini: e al termine dell’una e dell’altra sta il Cristo che, asceso al Cielo, ritorna; e si presenta Giudice a ogni uomo al termine della sua vita; e si presenterà giudice all’umanità intera alla fine dei tempi.
La vita come prova e come attesa: ecco l’insegnamento del mistero
dell’Ascensione.
«Alla destra del Padre»
«Il Signore ha detto al mio Signore: “Siedi alla mia destra, finché io ponga i
tuoi nemici come sgabello sotto i tuoi piedi”» (Sal 109,1). Il Salmo parla del
Messia e ne predice la gloria con un’espressione figurata («sedere alla destra
di Dio») di significato chiarissimo. Gesù stesso l’ha ripresa, richiamandosi
espressamente al Salmo, e l’ha applicata a Sé (cf. Mt 22,41-44; Mc 12,35-37; Lc
20,41-44), gli Evangelisti (cf. Mc 26,19), san Paolo (cf. Rm 8,34; Col 3,1; Ef
1,20-22), il Simbolo della nostra Fede, la ripetono fedelmente (1).
Gesù dunque ha presentato agli uomini la fine della sua esistenza mortale come un ritorno al Padre e un ingresso nella gloria, a occupare, accanto a Lui, il posto d’onore. «Vado al Padre» ripete nel discorso dopo l’Ultima Cena; e più chiaramente: «Sono uscito dal Padre e sono venuto nel mondo; ora lascio il mondo e vado al Padre» (Gv 16,28). Sembra quasi che la Passione imminente non conti, per Lui, o sia solo una brevissima parentesi: Gesù guarda al di là, sente prossimo il suo ritorno al Padre, la sua glorificazione; chiede, anzi, questa glorificazione, a cui è stato predestinato «prima che il mondo fosse» (Gv 17,5). Di questa gloria parlerà apertamente anche davanti al sommo Pontefice, suscitandone lo sdegno: «Tu l’hai detto (che io sono il Figlio di Dio); e io vi dico: tra poco vedrete il Figlio dell’uomo seduto alla destra della Potenza (di Dio) venire sulle nubi del cielo» (Mt 26,64; Mc 14,62; Lc 22,69).
Stefano, il primo Martire, confermerà: «Ecco che io vedo i cieli aperti, e il Figlio dell’uomo seduto alla destra di Dio» (At 7,55-56). E san Paolo: «...l’ha risuscitato dai morti e l’ha fatto sedere alla sua destra nei cieli, al di sopra di ogni Principato, Potenza, Virtù, Dominazione... E ha messo tutto sotto i suoi piedi» (Ef 1,20-22).
Ma soprattutto nell’Epistola agli Ebrei, destinata proprio a coloro che erano depositari delle Scritture e delle Profezie, quell’espressione, «siede alla destra di Dio», che indica la suprema glorificazione di Cristo da parte del Padre, ritorna più volte, con un evidente richiamo al Salmo da cui deriva (cf. Eb 1,3.13; 8,1; 10,-12-13; 12,2) (2).
Ma che portata ha in realtà questa espressione? Essa è quasi sempre messa in relazione con la Risurrezione e l’Ascensione di Cristo: indica la gloria che Egli ha stabilmente presso il Padre, dal momento in cui ne è entrato in possesso, e per tutta l’eternità. È un modo figurato, quasi plastico, per indicare il suo primato universale e l’onore che il Padre rende a Lui, proprio in quanto uomo. Egli stesso infatti rivendica questo onore a Sé come «Figlio dell’uomo», e san Paolo lo presenta come una ricompensa (cf. Eb 22,2). Riferita al Verbo l’espressione sarebbe impropria e inesatta: il Verbo è sempre col Padre, non può «uscire da Lui e ritornare a Lui», non ha bisogno di alcun riconoscimento di una supremazia sulle creature «messe come sgabello sotto i suoi piedi», perché esse sono soggette al Verbo come al Padre e come allo Spirito Santo.
Gesù dunque ascende al Cielo con la sua Umanità per sedere alla destra del Padre: per dare inizio al «regno che non avrà mai fine», profetizzato dall’Angelo alla Madre sua al momento del suo verginale concepimento (Lc 1,33). Ascende “per andare a preparare anche a noi un posto” (cf. Gv 14,2), per rimanere accanto al Padre con la sua Umanità gloriosa, e presentargli eternamente, nella beatitudine e nella gloria, l’omaggio di adorazione, di lode, di ringraziamento, di propiziazione che gli aveva offerto nel dolore, immolandosi sulla croce; per mostrargli le sue ferite gloriose, documento del suo amore a Dio e agli uomini, e «intercedere per noi», suoi fratelli, ripetendo la preghiera più sublime della sua carità misericordiosa: «Padre, perdona loro, poiché non sanno quello che fanno» (Lc 23,34), e la preghiera sacerdotale, che gli Apostoli udirono alla vigilia della sua morte, e che sembra già pronunciata al di là della morte, nella gloria dei Cieli: «Padre Santo, conserva nel Tuo nome quelli che mi hai dato; affinché siano una cosa sola, come noi... Non chiedo che Tu li tolga dal mondo, ma che Tu li preservi dal male... Santificali nella verità... Padre, quelli che mi hai dato, voglio che siano con me dove sono io, affinché vedano la gloria che Tu mi hai data...» (Gv 17).
Finché, alla fine dei tempi, Egli verrà ancora «nella gloria a giudicare i vivi e i morti, e il suo regno non avrà fine» (Simbolo niceno). È la Gerusalemme celeste vista dal Profeta di Patmos; la Città di Dio, che non ha bisogno «del sole né della luna, perché lo splendore di Dio la illumina, e l’Agnello ne è la lampada. E le genti cammineranno nella sua luce...». «E regneranno nei secoli dei secoli». «Ed essi saranno il suo popolo... e Dio astergerà ogni lacrima dai loro occhi, né vi sarà più la morte, né lutto, né grida, né dolore», ma «nuovi cieli e nuova terra». «Chi vincerà, possiederà ciò, e io gli sarò Dio, ed Egli mi sarà figlio».
Il primo, il più grande vincitore, è Lui, l’Agnello che è stato immolato, «Re
dei re, e Signore dei dominanti» (Ap 19,16) (3); e dietro a Lui la
moltitudine innumerevole dei redenti dal suo Sangue.
Il significato profondo di questo mistero sta dunque nel trionfo di Cristo, che
come Uomo prende possesso della sua gloria.
È la glorificazione dell’Umanità di Lui, anche come Capo del Corpo Mistico; una glorificazione che precede e prepara quella dei suoi membri, come un annuncio gioioso, che allarga il cuore alla speranza. È una glorificazione e un onore per Lui, ma lo è anche per noi; perché noi sappiamo che alla destra del Padre siede Uno di noi, il nostro Fratello maggiore, il migliore della nostra stirpe, il nostro Re.
Il mistero dell’Ascensione offre dunque alla nostra meditazione:
- il compimento del disegno divino con la glorificazione di Cristo;
- la beatitudine eterna a cui noi tutti siamo chiamati;
- la nostra conformità a Cristo che ne è la condizione;
- la vita concepita come attesa, nella speranza della gloria di Lassù, dove
saremo eternamente con Cristo in Dio.
Note
1) Cf. il discorso di san Pietro in At 2,33-35, e in 1Pt 3,22.
2) Cf L. Cerfaus, Le Christ dans la theologie de saint Paul, Paris 1951, p. 44.
3) Sul mistero della glorificazione e dei Novissimi, cf. M. J. Scheeben, I
misteri del Cristianesimo, cap. IX, pp. 645ss.
Autore: Padre Marciano M. Ciccarelli
Fonte: Il Settimanale di
Padre Pio
Giotto di Bondone. Ascension, vers 1300, fresque, 500 x 400, Upper Basilica of San Francesco d'Assisi
L’Ascensione di Gesù al Cielo, è la grandiosa conclusione della permanenza visibile di Dio fra gli uomini, preludio della Pentecoste, inizia la storia della Chiesa e apre la diffusione del cristianesimo nel mondo.
Senso biblico del termine ‘Ascensione’
Secondo una concezione spontanea e universale, riconosciuta dalla Bibbia, Dio abita in un luogo superiore e l’uomo per incontrarlo deve elevarsi, salire.
L’idea dell’avvicinamento con Dio, è data spontaneamente dal monte e nell’Esodo (19,3), a Mosè viene trasmessa la proibizione di salire verso il Sinai, che sottintendeva soprattutto quest’avvicinamento al Signore; “Delimita il monte tutt’intorno e dì al popolo; non salite sul monte e non toccate le falde. Chiunque toccherà le falde sarà messo a morte”.
Il comando di Iavhè non si riferisce tanto ad una salita locale, ma ad un avvicinamento spirituale; bisogna prima purificarsi e raccogliersi per poter udire la sua voce. Non solo Dio abita in alto, ma ha scelto i luoghi elevati per stabilirvi la sua dimora; anche per andare ai suoi santuari bisogna ‘salire’.
Così lungo tutta la Bibbia, i riferimenti al ‘salire’ sono tanti e continui e quando Gerusalemme prende il posto degli antici santuari, le folle dei pellegrini ‘salgono’ festose il monte santo; “Ascendere” a Gerusalemme, significava andare a Iavhè, e il termine, obbligato dalla reale posizione geografica, veniva usato sia dalla simbologia popolare per chi entrava nella terra promessa, come per chi ‘saliva’ nella città santa.
Nel Nuovo Testamento, lo stesso Gesù ‘sale’ a Gerusalemme con i genitori,
quando si incontra con i dottori nel Tempio e ancora ‘sale’ alla città santa,
quale preludio all’”elevazione” sulla croce e alla gloriosa Ascensione.
I testi che segnalano l’Ascensione
I Libri del Nuovo Testamento contengono sporadici accenni al mistero dell’Ascensione; i Vangeli di Matteo e di Giovanni non ne parlano e ambedue terminano con il racconto di apparizioni posteriori alla Resurrezione.
Marco finisce dicendo: “Gesù… fu assunto in cielo e si assise alla destra di Dio” (XVI, 10); ne parla invece Luca: “Poi li condusse fin verso Betania, e alzate le mani, li benedisse. E avvenne che nel benedirli si staccò da loro e fu portato verso il cielo” (XXIV, 50-51).
Ancora Luca negli Atti degli Apostoli, attribuitigli come autore sin dai primi tempi, al capitolo iniziale (1, 11), colloca l’Ascensione sul Monte degli Ulivi, al 40° giorno dopo la Pasqua e aggiunge: “Detto questo, fu elevato in alto sotto i loro occhi e una nube lo sottrasse al loro sguardo. E poiché essi stavano fissando il cielo mentre egli se ne andava, ecco due uomini in bianche vesti si presentarono a loro e dissero: Uomini di Galilea, perché state a guardare il cielo? Questo Gesù, che è stato tra di voi assunto fino al cielo, tornerà un giorno allo stesso modo in cui l’avete visto andare in cielo”.
Gli altri autori accennano solo saltuariamente al fatto o lo presuppongono, lo stesso s. Paolo pur conoscendo il rapporto tra la Risurrezione e la glorificazione, non si pone il problema del come Gesù sia entrato nel mondo celeste e si sia trasfigurato; infatti nelle varie lettere egli non menziona il passaggio dalla fase terrestre a quella celeste.
Ma essi ribadiscono l’intronizzazione di Cristo alla destra del Padre, dove
rimarrà fino alla fine dei secoli, ammantato di potenza e di gloria; “Se dunque
siete risorti con Cristo, cercate le cose di lassù, dove Cristo sta assiso alla
destra di Dio; pensate alle cose di lassù, non a quelle della terra; siete morti
infatti, e la vostra vita è nascosta con Cristo in Dio!” (Colossesi, 3, 1-3).
I dati storici dell’Ascensione
Luca, il terzo evangelista, negli “Atti degli Apostoli” specifica che Gesù dopo la sua passione, si mostrò agli undici apostoli rimasti, con molte prove, apparendo loro per quaranta giorni e parlando del Regno di Dio; bisogna dire che il numero di ‘quaranta giorni’ è denso di simbolismi, che ricorre spesso negli avvenimenti del popolo ebraico errante, ma anche con Gesù, che digiunò nel deserto per 40 giorni.
San Paolo negli stessi ‘Atti’ (13, 31) dice che il Signore si fece vedere dai suoi per “molti giorni”, senza specificarne il numero, quindi è ipotesi attendibile, che si tratti di un numero simbolico.
L’Ascensione secondo Luca, avvenne sul Monte degli Ulivi, quando Gesù con gli Apostoli ai quali era apparso, si avviava verso Betania, dopo aver ripetuto le sue promesse e invocato su di loro la protezione e l’assistenza divina, ed elevandosi verso il cielo come descritto prima (Atti, 1-11).
Il monte Oliveto, da cui Gesù salì al Cielo, fu abbellito da sant’Elena, madre dell’imperatore Costantino con una bella basilica; verso la fine del secolo IV, la ricca matrona Poemenia edificò un’altra grande basilica, ricca di mosaici e marmi pregiati, sul tipo del Pantheon di Roma, nel luogo preciso dell’Ascensione segnato al centro da una piccola rotonda.
Poi nelle alterne vicende che videro nei secoli contrapposti Musulmani e
Cristiani, Arabi e Crociati, alla fine le basiliche furono distrutte; nel 1920-27
per voto del mondo cattolico, sui resti degli scavi fu eretto un grandioso
tempio al Sacro Cuore, mentre l’edicola rotonda della chiesa di Poemenia,
divenne dal secolo XVI una piccola moschea ottagonale.
Il significato dell’Ascensione
San Giovanni nel quarto Vangelo, pone il trionfo di Cristo nella sua completezza nella Resurrezione, e del resto anche gli altri evangelisti dando scarso rilievo all’Ascensione, confermano che la vera ascensione, cioè la trasfigurazione e il passaggio di Gesù nel mondo della gloria, sia avvenuta il mattino di Pasqua, evento sfuggito ad ogni esperienza e fuori da ogni umano controllo.
Quindi correggendo una mentalità sufficientemente diffusa, i testi evangelici invitano a collocare l’ascensione e l’intronizzazione di Gesù alla destra del Padre, nello stesso giorno della sua morte, egli è tornato poi dal Cielo per manifestarsi ai suoi e completare la sua predicazione per un periodo di ‘quaranta’ giorni.
Quindi l’Ascensione raccontata da Luca, Marco e dagli Atti degli Apostoli, non si riferisce al primo ingresso del Salvatore nella gloria, quanto piuttosto l’ultima apparizione e partenza che chiude le sue manifestazioni visibili sulla terra.
Pertanto l’intento dei racconti dell’Ascensione non è quello di descrivere il reale ritorno al Padre, ma di far conoscere alcuni tratti dell’ultima manifestazione di Gesù, una manifestazione di congedo, necessaria perché Egli deve ritornare al Padre per completare tutta la Redenzione: “Se non vado non verrà a voi il Consolatore, se invece vado ve lo manderò” (Giov. 16, 5-7).
Il catechismo della Chiesa Cattolica dà all’Ascensione questa definizione:
“Dopo quaranta giorni da quando si era mostrato agli Apostoli sotto i tratti di
un’umanità ordinaria, che velavano la sua gloria di Risorto, Cristo sale al
cielo e siede alla destra del Padre. Egli è il Signore, che regna ormai con la
sua umanità nella gloria eterna di Figlio di Dio e intercede incessantemente in
nostro favore presso il Padre. Ci manda il suo Spirito e ci dà la speranza di raggiungerlo
un giorno, avendoci preparato un posto”.
La celebrazione della festa liturgica e civile
La prima testimonianza della festa dell’Ascensione, è data dallo storico delle origini della Chiesa, il vescovo di Cesarea, Eusebio (265-340); la festa cadendo nel giovedì che segue la quinta domenica dopo Pasqua, è festa mobile e in alcune Nazioni cattoliche è festa di precetto, riconosciuta nel calendario civile a tutti gli effetti.
In Italia previo accordo con lo Stato Italiano, che richiedeva una riforma delle festività, per eliminare alcuni ponti festivi, la CEI ha fissato la festa liturgica e civile, nella domenica successiva ai canonici 40 giorni dopo Pasqua.
Al giorno dell’Ascensione si collegano molte feste popolari italiane in cui rivivono antiche tradizioni, soprattutto legate al valore terapeutico, che verrebbe conferito da una benedizione divina alle acque (o in altre regioni alle uova).
A Venezia aveva luogo una grande fiera, accompagnata dallo ‘Sposalizio del
mare’, cerimonia nella quale il Doge a bordo del ‘Bucintoro’, gettava nelle
acque della laguna un anello, per simboleggiare il dominio di Venezia sul mare;
a Bari la benedizione delle acque marine, a Firenze si celebra la ‘Festa del
grillo’.
L’Ascensione nell’arte
Il racconto scritturale dell’Ascensione di Gesù Cristo e la celebrazione liturgica di questo mistero, ispirarono numerose figurazioni, che possiamo trovare in miniature di codici famosi, fra tutti l’Evangeliario siriano di Rabula nella Biblioteca Laurenziana di Firenze, e in mosaici ed avori a partire dal sec. V.
Il tema dell’Ascensione, si adattò bene al ritmo verticaleggiante dei timpani, sovrastanti le porte delle chiese romaniche e gotiche; esempio insigne il timpano della porta settentrionale della cattedrale di Chartres (XII sec.).
Ma la rappresentazione, raggiunse notevole valore artistico con Giotto (1266-1337) che raffigurò l’Ascensione nella Cappella degli Scrovegni a Padova. Si ricorda inoltre un affresco di Buffalmacco (XIII sec.) nel Camposanto di Pisa; una terracotta di Luca Della Robbia (1400-1482) nel Museo Nazionale di Firenze; un affresco di Melozzo da Forlì († 1494) ora nel Palazzo del Quirinale a Roma; una tavola del Mantegna (1431-1506) a Firenze, Galleria degli Uffizi; una pala del Perugino († 1523) ora nel Museo di Lione; il noto affresco del Correggio († 1534) nella cupola della Chiesa di S. Giovanni a Parma; l’affresco del Tintoretto († 1594) nella Scuola di S. Rocco a Venezia; ecc.
In un’ampolla del tesoro del Duomo di Monza, Cristo ascende in cielo, secondo una tipica iconografia orientale, assiso in trono; in altre raffigurazioni Egli ascende al Cielo fra uno stuolo di Angeli, di fronte agli sguardi estatici degli Apostoli e della Vergine.
Autore: Antonio Borrelli