vendredi 23 décembre 2011

Deuxième mystère lumineux : LE SIGNE DE CANA

HIERONYMUS BOSCH (circa 1450–1516). Les Noces de Cana, vers 1555,

 huile sur bois, 93 X 72, RotterdamMuseum Boijmans Van Beuningen 



Autorevelatio apud Cananense matrimonium

ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST SELON SAINT JEAN

01 Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là.

02 Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples.

03 Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. »

04 Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. »

05 Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »

06 Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres).

07 Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord.

08 Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent.

09 Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié

10 et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »

11 Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

12 Après cela, il descendit à Capharnaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples, et ils demeurèrent là-bas quelques jours.

SOURCE : https://www.aelf.org/bible/Jn/2

Marco d'Oggiono  (1470–). Nozze di Cana, fresque, 180 x 335, Pinacoteca del Castello Sforzesco


Textes de méditation sur les « Noces de Cana » de Saint Thomas d’Aquin :

Au sens mystique, les noces signifient l'union du Christ et de l'Église - « C'est là un grand mystère, je l'entends du Christ et de l'Église » (Ep 5,32). À la vérité, ces épousailles eurent leur commencement dans le sein de la Vierge, lorsque Dieu le Père unit la nature humaine à son Fils dans l'unité de la personne, en sorte que le lit nuptial de cette union - « Dans le soleil, il dressa sa tente » (Ps 18,5) - fut ce sein virginal. De ces noces il est dit : « Le Royaume des cieux ressemble à un roi qui fit les noces de son fils ». (Mt 22,2), ce qui se réalisa à l'heure où Dieu le Père a uni à son Verbe la nature humaine dans le sein virginal. Ce mariage fut rendu public lorsque l'Église s'est unie au Verbe par la foi - « Je t'épouserai dans la foi » dit le Seigneur (Os 2,22). De ces noces, l'Écriture dit : « Elles sont venues les noces de l'Agneau, et son épouse s'y est préparée » (Ap 19,7). Et ces épousailles seront consommées lorsque l'épouse, c'est-à-dire l'Église, sera introduite dans le lit nuptial de l'Époux, dans la gloire céleste : « Heureux ceux qui ont été appelés au repas des noces de l'Agneau » (Ap 19,9). Le fait que ces noces eurent lieu le troisième jour n'est pas sans signification. Le premier jour est en effet le temps de la loi naturelle, le second celui de la Loi écrite; quant au troisième, c'est le temps de la grâce où le Seigneur, né dans la chair, célébra ses noces - « Après deux jours, il nous rendra la vie; le troisième jour il nous relèvera et nous vivrons en sa présence » (Os 6,2). Au sens mystique, il faut comprendre qu'aux noces spirituelles, la Mère de Jésus, la Vierge bienheureuse, est présente en qualité de conseillère des noces, car c'est par son intercession que nous sommes unis au Christ par la grâce - « En moi est toute espérance de vie et de force » (Sir 24,25). Le Christ, Lui, y est présent en tant que véritable Époux de l'âme, comme le dit Jean Baptiste : « Celui qui a l'épouse est l'époux » (Jn 3,29). Quant aux disciples, ils sont là en qualité de compagnons des noces, pour unir l'Église au Christ, comme le dit l'un d'entre eux : « Je vous ai fiancés à un époux unique, comme une vierge pure à présenter au Christ» (2 Co 11,2).

(Textes extraits des commentaires sur l’Évangile de Saint Jean de Saint Thomas d’Aquin)

SOURCE : http://site-catholique.fr/index.php?post/Chapelet-Saint-Thomas-Mystere-Lumineux-Noces-de-Cana




(5-13 JUILLET 2015)

MESSE POUR LES FAMILLES

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

Parc des Samanes, Guayaquil (Équateur)

Lundi 6 juillet 2015


Le passage de l’Évangile que nous venons d’entendre est le premier signe prodigieux qui se réalise dans le récit de l’Évangile de Jean. La préoccupation de Marie, devenue requête à Jésus : “Ils n’ont pas de vin” – lui a-t-elle dit - la référence à “l’heure”, cette préoccupation se comprendra grâce aux récits de la Passion.

Et c’est bien qu’il en soit ainsi, parce que cela nous permet de voir la détermination de Jésus à enseigner, à accompagner, à guérir et à donner la joie à partir de cet appel au secours de la part de sa mère : “Ils n’ont pas de vin’’.

Les noces de Cana se répètent avec chaque génération, avec chaque famille, avec chacun de nous et nos tentatives pour faire en sorte que notre cœur arrive à se fixer sur des amours durables, sur des amours fécondes, sur des amours joyeuses. Donnons à Marie une place ; ‘‘la mère’’ comme le dit l’évangéliste. Et faisons avec elle maintenant l’itinéraire de Cana.

Marie est attentive, elle est attentive à ces noces déjà commencées, elle est sensible aux besoins des fiancés. Elle ne se replie pas sur elle-même, elle ne s’enferme pas, son amour fait d’elle un ‘‘être vers’’ les autres. Elle ne cherche pas non plus des amies pour parler de ce qui est en train de se passer et critiquer la mauvaise préparation des noces. Et comme elle est attentive, avec sa discrétion, elle se rend compte que manque le vin. Le vin est signe de joie, d’amour, d’abondance. Combien de nos adolescents et jeunes perçoivent que dans leurs maisons depuis un moment il n’y a plus de ce vin ! Combien de femmes seules et attristées se demandent quand l’amour s’en est allé, quand l’amour s’est dérobé de leur vie ! Combien de personnes âgées se sentent exclues de la fête de leurs familles, marginalisées et ne s’abreuvant pas de l’amour quotidien de ses enfants, de ses petits-fils, de ses arrière-petits-fils. Le manque de ce vin peut aussi être l’effet du manque de travail, l’effet de maladies, de situations problématiques que nos familles dans le monde entier traversent. Marie n’est pas une mère ‘‘qui réclame’’, elle n’est pas non plus une belle-mère qui surveille pour s’amuser de nos incapacités, de nos erreurs ou manques d’attention. Marie est simplement mère ! Elle est là, pleine d’attention et de sollicitude. C’est beau d’écouter cela : Marie est mère ! Voulez-vous le dire tous ensemble avec moi ? Allons : Marie est mère ! Une fois encore : Marie est mère ! Une fois encore : Marie est mère !

Mais Marie, en ce moment où elle se rend compte qu’il manque du vin, recourt à Jésus en toute confiance : cela signifie que Marie prie. Elle s’adresse à Jésus, elle prie. Elle ne s’adresse pas au majordome ; directement, elle présente la difficulté des mariés à son Fils. La réponse qu’elle reçoit semble décourageante : « Et que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue » (v. 4). Cependant, entre temps, elle a déjà remis le problème entre les mains de Dieu. Sa hâte quand il s’agit des besoins des autres accélère l’‘‘heure’’ de Jésus. Et Marie fait partie de cette heure, depuis la crèche jusqu’à la croix. Elle qui a su « transformer une grotte pour des animaux en maison de Jésus, avec de pauvres langes et une montagne de tendresse » (Evangelii Gaudium, n. 286) et qui nous a reçus comme fils quand une épée a traversé le cœur. Elle nous enseigne à remettre nos familles entre les mains de Dieu ; elle nous enseigne à prier, en allumant l’espérance qui nous indique que nos préoccupations aussi sont celles de Dieu.

Et prier nous fait toujours sortir du périmètre de nos soucis, nous fait transcender ce qui nous fait mal, ce qui nous secoue ou ce qui nous manque à nous-mêmes et ce qui nous aident à nous mettre dans la peau des autres, à nous mettre dans leurs souliers. La famille est une école où la prière nous rappelle aussi qu’il y a un nous, qu’il y a un prochain proche, sous les yeux : qui vit sous le même toit, qui partage la vie et se trouve dans le besoin.

Et, enfin, Marie agitLes paroles « Tout ce qu’il vous dira, faites-le » (v. 5), adressées à ceux qui servaient, sont une invitation à nous aussi, invitation à nous mettre à la disposition de Jésus, qui est venu servir et non pour être servi. Le service est le critère du vrai amour. Celui qui aime sert, il se met au service des autres. Et cela s’apprend spécialement en famille, où nous nous faisons par amour serviteurs les uns des autres. Au sein de la famille, personne n’est marginalisé ; tous sont égaux.

Je me souviens qu’une fois, on a demandé à ma maman lequel de ses cinq enfants – nous sommes cinq frères – lequel de ces cinq enfants elle aimait le plus. Et elle a dit [elle montre la main] : comme les doigts, si l’on pique celui-ci cela me fait mal de la même manière que si l’on pique celui-là. Une mère aime ses fils tels qu’ils sont. Et dans une famille les frères s’aiment tels qu’ils sont. Personne n’est rejeté.

Là en famille « on apprend à demander une permission avec respect, à dire ‘‘merci’’ comme expression d’une juste évaluation des choses qu’on reçoit, à dominer l’agressivité ou la voracité, et là on apprend également à demander pardon quand on cause un dommage, quand nous nous querellons. Car dans toutes les familles il y a des querelles. Le problème, c’est demander pardon après. Ces petits gestes de sincère courtoisie aident à construire une culture de la vie partagée et du respect pour ce qui nous entoure » (Laudato si’, n. 213). La famille est l’hôpital le plus proche, quand on est malade on y soigné, tant que c’est possible. La famille, c’est la première école des enfants, c’est le groupe de référence indispensable des jeunes, c’est la meilleure maison de retraite pour les personnes âgées. La famille constitue la grande ‘‘richesse sociale’’ que d’autres institutions ne peuvent pas remplacer, qui doit être aidée et renforcée, pour ne jamais perdre le sens juste des services que la société prête à ses citoyens. En effet, ces services que la société prête aux citoyens ne sont pas une aumône, mais une vraie “dette sociale” à l’endroit de l’institution familiale, qui est la base et qui apporte tant au bien commun de tous.

La famille forme aussi une petite Église, nous l’appelons “Église domestique” qui, avec la vie, achemine la tendresse et la miséricorde divine. Dans la famille, la foi se mélange au lait maternel : en expérimentant l’amour des parents, on sent plus proche l’amour de Dieu.

Et dans la famille – nous en sommes tous témoins - les miracles se réalisent avec ce qu’il y a, avec ce que nous sommes, avec ce que l’on a à portée de main... bien souvent ce n’est pas l’idéal, ce n’est pas ce dont nous rêvons, ni ce qui “devrait être”. Il y a un détail qui doit nous faire réfléchir : le vin nouveau, ce vin si bon selon le majordome des noces de Cana provient des jarres de purification, c’est-à-dire de l’endroit où tous avaient laissé leurs péchés... Il provient du ‘‘pire’’ parce que “là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé” (Rm 5, 20). Et dans la famille de chacun d’entre nous et dans la famille commune que nous formons tous, rien n’est écarté, rien n’est inutile. Peu avant le début de l’Année Jubilaire de la Miséricorde, l’Église célébrera le Synode Ordinaire consacré aux familles, pour faire mûrir un vrai discernement spirituel et trouver des solutions et des aides concrètes aux nombreuses difficultés et aux importants défis que la famille doit affronter aujourd’hui. Je vous invite à intensifier votre prière à cette intention, pour que même ce qui nous semble encore impur, comme l’eau dans les jarres, nous scandalise ou nous effraie, Dieu – en le faisant passer par son “heure” – puisse le transformer en miracle. La famille a besoin aujourd’hui de ce miracle.

Et toute cette histoire a commencé parce qu’“ils n’avaient pas de vin”, et tout a pu se réaliser parce qu’une femme – la Vierge – était attentive, a su remettre dans les mains de Dieu ses préoccupations, et a agi avec bon sens et courage. Mais il y a un détail, le résultat final n’est pas moindre : ils ont goûté le meilleur des vins. Et voici la bonne nouvelle : le meilleur des vins est sur le point d’être savouré, le plus admirable, le plus profond et le plus beau pour la famille reste à venir. Le temps reste à venir, où nous savourerons l’amour quotidien, où nos enfants redécouvriront l’espace que nous partageons, et les personnes âgées seront présentes dans la joie de chaque jour. Le meilleur des vins est en espérance, il reste à venir pour chaque personne qui se risque à l’amour. Et en famille, il faut se risquer à l’amour, il faut se risquer à aimer. Et le meilleur des vins reste à venir même si tous les paramètres et les statistiques disent le contraire. Le meilleur vin reste à venir en ceux qui aujourd’hui voient tout s’effondrer. Murmurez-le jusqu’à le croire: le meilleur vin reste à venir. Murmurez-le chacun dans son cœur : le meilleur vin reste à venir. Et susurrez-le aux désespérés ou aux mal-aimés. Soyez patients, ayez de l’espérance, faites comme Marie, priez, agissez, ouvrez votre cœur, parce que le meilleur des vins va venir. Dieu s’approche toujours des périphéries de ceux qui sont restés sans vin, de ceux à qui il ne reste à boire que le découragement ; Jésus a un faible pour offrir en abondance le meilleur des vins à ceux qui pour une raison ou une autre, sentent déjà que toutes leurs jarres se sont cassées.

Comme Marie nous y invite, faisons “tout ce que Seigneur dira”. Faites ce qu’il vous dira. Et soyons reconnaissants que, à notre temps et à notre heure, le vin nouveau, le meilleur, nous fasse récupérer la joie de la famille, la joie de vivre en famille. Ainsi soit-il.

Intervention improvisée du Saint-Père à la fin de la Sainte Messe au Parc ‘‘Los Samanes’’, Guayaquil
Que Dieu vous bénisse, vous accompagne. Je prie pour la famille de chacun d’entre vous, et vous, faites comme Marie. Et, s’il vous plaît, je vous demande de ne pas oublier de prier pour moi.

Au revoir !

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Des Noces à Cana de Galilée
Saint Jean est le seul évangéliste à rapporter le premier signe de Jésus, lors de cette célébration à Cana. À la demande de la Sainte Vierge, il transforma l’eau en vin.
BIBLIOGRAPHIE ET ESSAIS12 déc. 2012

“Nuptiæ factæ sunt in Cana Galilææ” (Jn 2, 1).Il y eut des Noces à Cana de Galilée. Saint Jean est le seul évangéliste à rapporter le premier signe de Jésus, lors de cette célébration à Cana. À la demande de la Sainte Vierge, il transforma l’eau en vin. C’est aussi en cette localité de Galilée qu’il place le deuxième de ses miracles, la guérison du fils d’un fonctionnaire royal, malade à Capharnaüm (cf. Jn 4, 46-54).
La simplicité du récit de Cana, riche en nuances, est étonnante. « Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée. La mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples. Or il n’y avait plus de vin car le vin des noces était épuisé. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont plus de vin. » Jésus lui répondit : « Que me veux-tu, femme » ? Mon heure n’est pas encore venue ». Sa mère dit aux servants : « Tout ce qu’Il vous dira, faites-le. » Il y avait là six jarres de pierre destinées aux rites de purification des Juifs ; elles contenaient chacune deux ou trois mesures. Jésus dit aux servants : « Remplissez d’eau ces jarres. » Ils les remplirent jusqu’au bord. « Puisez maintenant, leur dit-il et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Le maître du repas goûta l’eau changée en vin : comme il en ignorait la provenance— tandis que les servants la connaissaient, eux qui avaient puisé l’eau, — le maître du repas interpelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert d’abord le bon vin et, quand les gens sont gais, le moins bon. Toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. Tel fut le premier des signes de Jésus. Il l’accomplit à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en Lui. (Jn 2, 1-11).
De nombreux témoins parlent d’un sanctuaire construit par les chrétiens en mémoire de ce premier miracle de Jésus
Les récits chrétiens les plus anciens, évoquant Cana de Galilée comme un lieu de pèlerinage, situent cette localité près de Nazareth : « Pas loin de là, se trouve Cana, où l’eau fut transformée en vin » (Saint Jérôme, Épître XLVI. Paulae et Eustochiae ad Marcellam, 13), affirme saint Jérôme dans une lettre écrite entre 386 et 392. Dans un document postérieur, il laisse entendre que la ville était sur la route vers la mer de Génésareth :« On traversa d’un bon pas, Nazareth, la ville nourricière du Seigneur, Cana et Capharnaüm, témoins de ses miracles, le lac de Tibériade, sanctifié par les traversées du Seigneur et le désert où plusieurs milliers de personnes furent rassasiées avec quelques pains dont les restes remplirent autant de corbeilles qu’il y a de tribus en Israël » (Saint Jérôme, Épitre CVIII, Epitaphium Sanctae Paulae, 13).
De nombreux témoins parlent d’un sanctuaire construit par les chrétiens en mémoire de ce premier miracle de Jésus. Ils affirment aussi que l’on conserve une ou deux de ces jarres et qu’il y avait une source au village. C’est le récit d’un pèlerin anonyme du VIème siècle qui en est la preuve la plus ancienne. Il était parti de Sepphoris-Diocésarée : « Après avoir parcouru trois milles, nous sommes arrivés à Cana, où le Seigneur assista aux noces et nous nous sommes reposés en ce lieu. C’est là qu’indignement j’ai gravé le nom de mes parents. On y trouve encore deux jarres, j’en ai rempli une d’eau et j’y ai versé du vin. Je l’ai prise sur mon épaule et l’ai posée sur l’autel. Après nous nous sommes lavés à la source des bénédictions » (Itinerarium Antonini Piacentini, 4).
Deux lieux
Bien que ces deux témoignages aient une grande valeur, ils n’apportent pas de données définitives pour pouvoir situer Cana puisqu’ils peuvent aussi bien faire allusion aux deux lieux du même nom, au nord de Nazareth : les ruines de Khirbet Qana, un hameau déserté depuis sept siècles ; et la ville de Kefer Kenna, qui a aujourd’hui 17.000 habitants, dont un quart de chrétiens.
Khirbet Qana était au sommet d’une colline, sur la vallée de Netufa, près de la route qui reliait Acre à la mer de Génésareth. Elle était à neuf kilomètres de Sepphoris et à quatorze de Nazareth. Les fouilles archéologiques ont découvert les ruines d’un petit hameau qui a survécu jusqu’au XIIIème ou au XIVème siècles et où il y a une grotte avec des vestiges de culte chrétien d’époque byzantine et de nombreuses citernes creusées dans le roc pour retenir l’eau de pluie puisqu’il n’y avait pas de sources dans cette zone.
Kefer Kenna est à six kilomètres de Nazareth, sur la route qui descend vers Tiberias. Ce lieu alimenté par une source, datée au moins du IIème siècle avant le Christ. Il semble qu’au XVIème siècle, ses habitants, musulmans pour la plupart, gardaient la tradition du lieu où Jésus avait fait le miracle. Les pèlerins y trouvèrent une pièce souterraine à laquelle on avait accès à partir des ruines de ce qui semblait avoir été une église dont ils attribuèrent la construction à l’empereur Constantin et à sainte Hélène, sa mère. En 1641, des Franciscains arrivés en ce lieu ont fait des démarches pour récupérer ces vestiges qui ne leur furent octroyés qu’en 1879. En 1880, on bâtit une petite église qui fut agrandie entre 1897 et 1906. En 1886, on construisit aussi à cent mètres de là, une chapelle en l’honneur de saint Barthélemy, Nathanaël, qui était originaire de Cana (cf. Jn 21, 2).
À l’occasion du Jubilée de l’an 2000, le sanctuaire fut restructuré et on en profita pour faire des fouilles archéologiques pouvant compléter les recherches de 1969. Ces fouilles ont fait ressortir qu’avec l’église médiévale, il y a ce qui pourrait avoir été une synagogue des III ème et IV ème siècles, construite sur les ruines d’habitations précédentes remontant au Ier siècle. Cette synagogue avait un atrium pavé de mosaïques et un vestibule-portique avec une grande citerne au centre qui existe encore au sous-sol du temple actuel. Les colonnes et les chapiteaux du portique furent aussi utilisés pour la nef. Dans l’abside septentrionale de l’église on trouva une abside encore plus ancienne avec des sépultures des siècles V et VI. La tombe type semble indiquer une présence chrétienne sur ce lieu durant la période byzantine. Tout comme les témoignages historiques, l’archéologie n’a pas apporté de preuves concluantes pour situer Cana de Galilée, lieu où Jésus convertit l’eau en vin.
Signes
Depuis les plus anciens temps, la richesse et la densité du récit de saint Jean sur les premiers pas du Seigneur dans sa vie publique ont nourri la réflexion chrétienne. Grâce à ce récit si riche au point de vue théologique, et dont nous n’allons pas faire le tour en cet article, le miracle de Cana marque les débuts des signes messianiques, annonce déjà l’Heure de la glorification du Christ et manifeste la foi que les apôtres avaient en Lui. Aussi, est-il significatif que saint Jean ait parlé de la présence et de l’action de Notre Dame à ce moment-là.
En la fête de ces noces, Sainte Marie remarque que le vin vient à manquer et elle en parle à Jésus pour qu’il subvienne aux besoins des époux. « À première vue, écrit Benoît XVI, le miracle de Cana semble s’écarter un peu des autres signes utilisés par Jésus. Quel peut être le sens de ce signe où Jésus crée pour une fête privée une profusion de vin, environ 520 litres? » (Joseph Ratzinger/Benoît XVI, Jésus de Nazareth. Du Baptême à la Transfiguration, p. 276). Pour le saint-père, c’est le signe de la grandeur de l’amour qui est au centre de l’histoire du salut : Dieu « qui se prodigue lui-même pour la pauvre créature qu’est l’homme, (…). L’abondance de Cana est par conséquent un signe indiquant que la fête de Dieu avec l’humanité, le don de lui-même aux hommes, a commencé » (Joseph Ratzinger/Benoît XVI, Jésus de Nazareth. Du Baptême à la Transfiguration, p. 279)
Le cadre de cet épisode, un banquet de noces, devient ainsi à son tour l’image d’un « autre banquet, celui des noces de l’Agneau qui livre son Corps et son Sang à la demande de l’Église, son épouse » Catéchisme de l’Église catholique, n. 2618.
L’intercession de la Sainte Vierge
Le don du Seigneur aux hommes a son heure et elle n’est pas encore arrivée à Cana. Cependant, Jésus l’anticipe grâce à l’intercession de la Très Sainte Vierge : « Marie se place entre son Fils et les hommes dans la réalité de leurs privations, de leur indigence et de leurs souffrances. Elle se met « au milieu », c’est-à-dire qu’elle devient médiatrice non pas comme une étrangère mais dans son rôle de mère, consciente qu’en tant que telle elle peut —et qui plus est « elle a le droit de »— présenter à son Fils les nécessités des hommes ». (Jean-Paul II, Litt. enc. Redemptoris Mater, 25-III-1987, n. 21).
De ce fait, de nombreux auteurs ont eu raison de mettre en parallèle le miracle de Cana, où Notre Dame s’occupe avec une sollicitude maternelle de ceux qui l’entourent, et le moment du Calvaire, où saint Jean la reçoit comme mère de tous les hommes. En s’appuyant sur cette réalité, saint Josémaria l’appelait fréquemment « Mère de Dieu et notre Mère » et il suggérait de la traiter en tant que fils : « Marie tient assurément à ce que nous l’invoquions, à ce que nous nous approchions d’Elle en toute confiance, en faisant appel à sa maternité, en lui demandant de montrer qu’Elle est notre Mère. Or Elle est une mère qui ne se fait pas prier, voire qui devance notre supplication, parce qu’Elle connaît nos besoins et qu’elle vient nous aider promptement, en montrant par ses œuvres qu’elle pense constamment à ses enfants »
(Quand le Christ passe, n. 141).
Marie intervient comme médiatrice non pas comme une étrangère, mais dans son rôle de mère. En même temps, il y a un autre élément essentiel de sa maternité qui se dévoile quand elle s’adresse aux serviteurs : « Faites ce qu’Il vous dira » (Jn 2, 5). “Notre Dame, sans cesser d’agir en tant que Mère, sait placer ses enfants devant leurs responsabilités précises. À ceux qui s’en approchent et contemplent sa vie, Marie fait toujours l’immense faveur de les conduire vers la Croix, face à l’exemple du Fils de Dieu. Et c’est dans cette confrontation que la vie chrétienne se décide, Marie intercède pour que notre conduite aboutisse à une réconciliation du petit frère — toi et moi— avec le Fils Unique du Père.
Une rencontre avec Marie est à la source de beaucoup de conversions, de beaucoup de décisions de se livrer au service de Dieu. Notre Dame a cultivé cette envie de chercher, elle a activé maternellement l’inquiétude de l’âme, elle a fait que l’on aspire à un changement, à une nouvelle vie. Et son « Faites ce qu’Il vous dira » s’est transformé en des réalités de don de soi plein d’amour, en une vocation qui éclaire désormais toute notre vie personnelle » (Quand le Christ passe, n. 149).


Pseudo-Jacquemart  (fl. from 1380 until 1415 ), Les Grandes Heures du duc de Berry - Les Noces de Cana, 1407-1409, tempera on vellum, 40 x 30, Bibliothèque nationale de France  


Le vin miraculeux des noces de Cana

Marc Paitier - Publié le 01/09/21

Fruit de la vigne et du travail des hommes, le vin occupe une place importante dans la Bible. Plus de 440 passages mettent ainsi en scène le vigneron, la vigne et le vin. Alors que les vendanges commencent, le général Marc Paitier nous emmènent pendant plusieurs semaines à travers les Saintes Écritures afin de découvrir toute la richesse de cette image, symbole de l'amour de Dieu pour son peuple, qui s'accomplit ultimement dans le sacrifice de son Fils, la vigne véritable. Découvrez aujourd’hui les noces de Cana. (7/17)

Après trente ans de vie cachée, le temps vint où Jésus inaugura sa mission de Rédempteur. Il avait quitté sa mère depuis quelques semaines et revenait du Jourdain en Galilée où Il avait rencontré Jean-Baptiste. Il y avait avec lui les premiers disciples : Jean, Pierre, André, Philippe et Nathanaël. Avec eux, il se rend à Cana, petite bourgade située à six kilomètres de Nazareth sur la route du lac de Tibériade. Marie est là, invitée à un mariage. Sans doute est-elle la proche parente de l’un des époux. L’apôtre Jean a rapporté les faits dont il a été le témoin (Jn 2 1-11) :

Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là.

Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples.

Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. »

Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. »

Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »

Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres).

Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord.

Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent.

Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié

et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »

Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

Le vin servi lors de ces noces provient vraisemblablement des collines autour de Cana ou du tout proche secteur du Mont-Carmel réputé pour son vignoble, Carmel signifiant « vigne de Dieu ».  Nous sommes dans une région viticole. Le vin est l’ornement indispensable des fêtes. Les époux des noces de Cana sont de condition modeste, tous les invités sont des personnes simples qui affrontent avec dignité les difficultés de la vie quotidienne. Cette fête qui regroupe toute la parenté et le voisinage, vient interrompre pour peu de temps, une vie de labeur et de renoncement, c’est la raison pour laquelle elle dure plusieurs jours, pas moins d’une semaine entière. Pour recevoir dignement les hôtes, veiller au bon déroulement du service lors des repas, il faut un majordome, un « maître du festin ». Sa mission consiste principalement à diriger les serviteurs. Il n’a pas la main sur la préparation des plats qui concerne les femmes mais il doit prévoir la quantité suffisante de vin, compte tenu de la participation et de la durée de la noce. Évaluation difficile quand il se présente davantage d’hôtes qu’on n’en attendait.

Marie souffre pour eux et veut leur éviter une humiliation. Elle, qui vraisemblablement n’en buvait pas, sait combien le vin participe à la joie des noces.

C’est ainsi que vers la fin des noces, le cinquième ou le sixième jour, le vin manqua. Marie est la première à se rendre compte que la provision de vin est épuisée ce qui indique qu’elle prête vraisemblablement son concours à la préparation du repas. Elle va trouver discrètement son Fils et lui dit : « Ils n’ont plus de vin ».Ces simples mots révèlent la délicatesse et la miséricorde du cœur de Marie. Elle est simplement émue par le désarroi de ses hôtes. Elle souffre pour eux et veut leur éviter une humiliation. Elle, qui vraisemblablement n’en buvait pas, sait combien le vin participe à la joie des noces. L’échange avec son fils se déroule à voix basse, loin des regards. Marie expose la situation en formulant un simple constat sans se perdre en considérations inutiles. Nulle explication, nulle demande. 

La réponse de Jésus est déconcertante « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue ». L’appellation « Femme » qui sonne froidement à nos oreilles est d’usage courant dans la vie de famille en Orient. C’est ici une manière solennelle de désigner celle qui est la Femme par excellence, la nouvelle Eve, celle à laquelle l’Ange a dit : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes. » Les paroles qui suivent, en revanche, pourraient paraître blessantes dans la bouche d’un fils s’adressant à sa mère. Elles doivent être considérées au regard de la mission divine du Christ-Jésus. Il y a deux parts dans sa vie, comme il y a deux natures dans sa personne. En tant qu’homme, il est l’enfant obéissant et aimant de Marie ; en tant que Dieu, Il ne relève que de son Père et considère que son heure, c’est-à-dire celle de sa vie publique pour accomplir l’œuvre de la Rédemption, n’est pas encore venue. Il attend pour cela un signe de son Père. Marie, non seulement ne s’en offusque pas, mais invite au miracle avec une ferme confiance. S’adressant aux serviteurs, elle leur dit « Faites tout ce qu’Il vous dira ». Pour Jésus, cette injonction est le signe attendu. Il ne peut rien refuser à cette mère choisie qui est ici la voix de son Père, la médiatrice. Il obtempère et donne ses ordres aux serviteurs. 

Notons qu’il n’est pas indifférent que le miracle se soit opéré dans des urnes destinées aux ablutions, c’est-à-dire à un rite de purification. Celles-ci, en effet, étaient maintenues dans un état de parfaite propreté ce qui exclut de penser – comme ceux qui nient le miracle – que l’eau ait pu prendre le goût du vin en se mélangeant avec de la lie que ces contenants auraient conservée. La « mesure » dont il est question dans cette péricope évangélique est une unité de volume qui correspond à quarante litres. Chaque urne avait donc une contenance de quatre-vingts ou cent vingt litres ; le Seigneur se manifeste généreusement dans ses bienfaits, distribuant en quantité ses largesses : pas moins de six cents litres de vin pour que les invités de la noce puissent continuer à profiter de la fête. Il faut souligner la docilité et l’obéissance des serviteurs qui font confiance à Jésus et suivent à la lettre les étranges instructions qu’Il leur transmet. Ils nous donnent une leçon de foi.

Quel était le goût du vin des noces de Cana ?

Quel était le goût du vin du miracle ? La question n’est pas aussi futile qu’il n’y paraît et il n’est pas interdit de tenter d’y répondre. Il s’agit d’évidence, d’un très grand vin. Il y a au moins deux bonnes raisons de l’affirmer. La première se trouve dans l’Évangile lui-même. Les convives dont les sens sont nettement affaiblis par les nombreuses libations qui ont précédé, ont pourtant été frappés par la qualité du vin qui leur était servi. Ils ont ressenti une vive émotion. Ils n’en avaient jamais dégusté d’aussi bon de toute leur vie. La seconde qui peut sembler pure spéculation, est une évidence pour l’homme de foi. Ce vin était l’œuvre de Dieu lui-même. Il ne pouvait pas s’agir d’un vin quelconque, ni même d’un simple bon vin. Ce ne pouvait être qu’une pure merveille, un nectar, un « grand cru » hors classe qui annonce le vin de l’Eucharistie et qui anticipe celui qui sera servi pour l’Éternité au banquet céleste. Son style, ses saveurs, sa texture, sa consistance sublimaient certainement les qualités des grands vins produits dans l’Empire romain. Les vins étaient alors, principalement élaborés à partir de raisins noirs. Ces raisins produisent naturellement un jus blanc. Le foulage qui s’effectuait avec les pieds prenait du temps et favorisait plus ou moins la libération des pigments colorants contenus dans les peaux. La robe du vin pouvait prendre une teinte allant d’une couleur très pâle proche du blanc au rouge très léger, que l’on peut comparer au vin clairet. Le vin rouge issu de longues macérations tel que nous le connaissons aujourd’hui n’existait pas. 

Compte tenu de la façon dont il est vinifié et élevé avec l’adjonction de nombreux ingrédients pour le stabiliser et le parfumer, il prend une couleur ambrée et cuivrée. C’est un vin épais et chaleureux combinant un goût oxydatif, une douceur sucrée et des notes épicées. Les Romains utilisent un mot grec pour définir cette saveur : « drimutès », qui correspond à la douce amertume des vins madérisés. Le vin de Cana dérouterait nos palais modernes. Il correspond aux canons de son époque. N’oublions pas que ces vins très consistants, imbuvables purs, étaient consommés, additionnés d’eau. 

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Le maître du festin agissant en qualité d’échanson était chargé de mettre plus ou moins d’eau dans le vin, selon sa force. C’est en procédant à cette opération que le maître du festin de Cana dira à l’Époux : « Tout le monde sert d’abord le bon vin, et, quand les gens sont enivrés, le moins bon ; mais toi tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant ! » C’était contraire à tous les usages et sans doute faut-il voir dans cette remarque une certaine ironie empreinte d’humour et d’incompréhension ; l’homme ayant été touché dans son amour propre de ne pas avoir été mis dans la confidence. Seuls Marie et les serviteurs qui ont suivi les consignes de Jésus connaissaient l’origine miraculeuse de ce vin qui a fait couler beaucoup d’encre depuis deux mille ans, don de la bonté toute-puissante de Jésus et de la prévenante charité de sa mère.

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SOURCE : https://fr.aleteia.org/2021/09/01/le-vin-miraculeux-des-noces-de-cana/?utm_campaign=NL_fr&utm_content=NL_fr&utm_medium=mail&utm_source=daily_newsletter

Fernando Gallego et atelier  (1440–1507), Las bodas de Caná / Changing the Water into Wine, vers 1480-1488, , tabla procedente del retablo de Ciudad Rodrigo, University of Arizona Museum of Art  , Cook collection, Samuel H. Kress Collection


Cana

A city of Galilee, Palestine, famous throughout all ages as the scene of Our Lord's first miracle, when He turned water into wine at the Marriage Feast (John 2). It is mentioned by the same Evangelist in two other passages, once (iv, 46) in connection with another miracle, when He cured the ruler's son at a distance, and once (xxi, 2) as the birthplace of Nathaniel, or St. Bartholomew. No direct indication can be gathered of its locality, except that it was not far from either Nazareth or Capharnaum, and higher than the latter city, as indeed all the land west of the Plain of Genesareth is; and that an ordinary traveler from Jerusalem to Nazareth would pass through or near it. It is not mentioned by either of the Synoptists, nor indeed anywhere else in the Scriptures. An old tradition identifies the site of Cana with modern Kefr' Kenna, a village of about 600 inhabitants. This lies some four or five miles northeast of Nazareth, on the road from thence to Tiberias, at the foot of a short, steep hill. The tradition dates back at least to the eighth century, and probably a good deal earlier, while the site fulfills all the requisite conditions mentioned above. At the time of the Crusades, or before, there was a church which was believed to be on the spot where the miracle of Our Lord was worked. This site is now in the hands of the Franciscans, who have built a large new church. In recent years some interesting excavations have been carried out within its walls, discovering parts of the old church beneath. The Greeks also have a church close by, inside which are two large jars, said to be the original "water pots of stone" in which the water was turned into wine; but the probability of their being genuine is not great. The fountain still existing in the village, however, must have been the actual source from which the water was drawn. The inhabitants of the village are very rough and uncivilized. About one-third of them are Christians, the majority belonging to the Greek Church.

Towards the far end of the town, there is a church dedicated to St. Bartholomew, said to be on the site of his house, though this tradition cannot be traced back very far. A curious light is thrown on the ease with which such traditions used to originate by the existence of a similar church on the supposed site of the house of Simon the Cananean. The name Cananean must have deceived some, who consequently sought for the site of his house, and the demand created the supply. In reality, however, the Chanaanites were a strict national sect among the Jews, and the name is wholly unconnected with Cana. The site of Kefr' Kenna held almost undisputed possession for many centuries. It is only in recent years that its authenticity has been seriously questioned. There are now two other claimants for the site. One of these, Kenet-el-Jalil, is some six miles further north, on the slope of a hill. There is nothing there now but ruins. Some remains of cisterns have been discovered but there is no fount or spring. It seems to have been known in quite early times as possibly the site of Cana, and has in its favor that the name is said to be a closer equivalent than that of Kefr' Kenna. Recently as third site has been put forward by Dr. Robinson, Ain Kana, which is somewhat nearer to Nazareth. The site is accepted by Dr. Condor; although the name is said to be still closer etymologically than either of the other two, there is no tradition whatever to support this hypothesis.

The miracle which has made Cana forever famous was worked by Christ before His public life had fully commenced. This is usually taken to be the meaning of the words "My hour is not yet come". He had however, already five disciples — Sts. Peter, Andrew, John, Phillip, and Bartholomew (Nathaniel). They had followed Him from the banks of the Jordan, but had received as yet no permanent call, such as is recorded later on in the other Gospels. Our Lord was on His way back to Nazareth when He passed by Cana. From the language of the Gospel we should infer that the marriage which was taking place was that of a close relative of the Blessed Virgin, for it is said without comment that she was there; and it was no doubt in her honor that Christ was invited. Again, the cause of the shortage of wine is not explained by St. John; but it has been inferred that it may have been due to the presence of Our Lord and the five Disciples that accompanied Him, who would have made a substantial increase in a small and modest party. If this was so, it would explain the confidence with which Our Lady appealed to Him when she noticed it. The answer of Christ, which has been variously rendered, has given rise to long discussion, and cannot be said to be even yet properly understood. The Greek ti emoi kai soi, gynai; is translated in the Vulgate, "Quid mihi et tibi est mulier?" In most English Catholic Bibles this is rendered "Woman, what is it to me and to thee?" The translation adopted in the Authorized and Revised Versions, "Woman, what have I to do with thee?", even if better idiomatically conveys a wrong impression, for it gives the idea of a rebuke which is totally against the context. Father Rickaby, S.J., in his short commentary on St. John suggests as a fair English equivalent, "Leave me alone, Lady". At any rate, she at once told the waiters to take orders from Our Lord. They filled the jars with water, which Jesus converted into wine. Taking the narrative as it stands, we have one of the best authenticated of Our Lord's miracles; for, unlike the case of the cure of bodily ailments, the waiters were comparatively disinterested parties, and yet they bore witness that the water had become wine and was even the best wine of the feast. Not only the miracle but also the whole incident of Christ's attendance at the marriage feast has always been taken as setting His seal on the sanctity of marriage, and on the propriety of humble rejoicing on such occasions. And if the bride or bridegroom was, as is believed, a relative of Our Lady, we may take it as an example of the sympathy which family ties should bring in the ordinary joys, no less than in the sorrows of life.

Sources

Ewing in Hast., Dict. of the Bible, s.v.; Thompson, The Land and the Book (1876), 425; Stanley, Sinai and Palestine; Sanday, Sacred Sites of the Gospel.

Ward, Bernard. "Cana." The Catholic Encyclopedia. Vol. 3. New York: Robert Appleton Company, 1908. 29 Jan. 2022 <http://www.newadvent.org/cathen/03226a.htm>.

Transcription. This article was transcribed for New Advent by Tom Crossett.

Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. November 1, 1908. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.

Copyright © 2021 by Kevin Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.

SOURCE : https://www.newadvent.org/cathen/03226a.htm

Gérard David  (vers 1450/1460–1523), Les Noces de Cana, 100 x 128, musée du Louvre


Gli sposi di Cana

Narra l’evangelista Giovanni: «Tre giorni dopo, ci fu uno sposalizio a Cana di Galilea» (Gv 2,1-11). Sì, tre giorni dopo l’incontro a Betania di Gesù con Natanaele, il quale era appunto di Cana (cf. Gv 21,2). Allo sposalizio di quella coppia che conosceva sicuramente Gesù, c’era già sua madre, Maria, andata alla festa, anche a servire gli sposi novelli.

La Cana oggi comunemente visitata da pellegrini e turisti, è Kefr Kenna, a 10 chilometri a nord di Nazareth: siamo dunque nei luoghi dove Gesù era vissuto fino ad allora, come “figlio del carpentiere”, allo sguardo dei più. Quindi, giunto in Galilea, è invitato anche Lui con i suoi primi discepoli: Pietro, Andrea, Giovanni, Filippo, Natanaele. Le nozze di Cana erano i “nissu’ in” nel cerimoniale giudaico, in cui la sposa, dopo l’anno ufficiale di fidanzamento, veniva accolta nella casa dello sposo con la benedizione nuziale, il convito e la festa che durava più giorni.

Si è soliti dire che a Cana, Gesù ha cambiato l’acqua in vino che era venuto a mancare, e Maria Santissima era stata tra i primi, se non la prima, ad accorgersene. Il miracolo era stato “strappato”, anticipato da Maria, la Madre premurosa e sollecita, al suo Figlio Gesù. Si dice, anche sorridendo, che non era un miracolo né necessario né indispensabile, almeno a prima vista, così che Gesù si sarebbe reso complice del “farsi alticcio” da parte di qualche commensale. Ma ha la salvato la festa: senza vino che festa è? Manca qualcosa di davvero importante!

Altri commentatori, come si usa dire oggi, sottolineano che Gesù era un tipo assai conviviale, fino quasi a meritarsi l’accusa di farisei e scribi che lo dicevano “mangione e beone”, “amico dei pubblicani e delle donne di malaffare”, contrapponendolo all’austero suo precursore, Giovanni il Battista. Altri ancora dicono che a Cana avvenne il preludio (con la trasmutazione dell’acqua in vino) del Cenacolo, dove Gesù transustanziò il pane e il vino nel suo Corpo e Sangue santissimi offerti in sacrificio di espiazione al Padre.

Sono tutte “letture” vere, o che almeno contengono molto di vero. Ma io ho in mente la luminosa catechesi che il mio indimenticabile parroco don Renato Cellino (1910-1982) teneva quando questo Vangelo veniva letto nella II domenica dopo l’Epifania (oggi II domenica del Tempo Ordinario) o alla Messa per un matrimonio.

Gesù – diceva don Renato – era andato al fiume Giordano, dove il Battista battezzava con un battesimo di penitenza, per manifestare che Lui è venuto per addossarsi i peccati del mondo, degli uomini che stavano in fila con Lui, e iniziare con il riconoscimento da parte del Padre della sua missione di Redentore dell’umanità, ma anche per inaugurare il suo battesimo nell’acqua e nello Spirito Santo, la vera rinascita alla vita nuova di Dio, la grazia santificante. Insomma, per inaugurare il vero Battesimo, che ci fa figli di Dio e fratelli suoi: “La porta della Fede che tu credi”, come direbbe Dante.

Quindi Gesù già inizia la sua Chiesa con la prima chiamata di quelli che ne saranno le colonne, Pietro, Andrea, Giovanni... Non c’è forse in tutto questo – si domandava don Renato – l’ombra, l’immagine dell’Ordine sacro? E sì, che c’è! O si può intravedere!

Ed eccolo a Cana, dove c’è un matrimonio di suoi amici, che lo hanno invitato a venire da loro e a stare con loro, all’inizio della loro umana avventura di sposi. Ora contemplate la scena, l’icona, l’immagine suggestiva e avvincente. C’è lo sposo e la sua sposa. Ci sono i loro parenti e i loro amici. C’è la Madre di Gesù. E c’è Gesù, Lui in persona, Lui con la sua dolce umanità, la sua vera divinità, la sua santità, la sua benedizione, Lui che è la benedizione di tutte le genti.

Ecco, Gesù è andato alla festa degli sposi di Cana, per rendere santo l’inizio della loro vita coniugale e familiare, per fare del matrimonio voluto da Dio, fin dall’inizio dell’umanità, tra il primo uomo e la prima donna, una realtà santa, un sacramento che comunica la grazia divina agli sposi e dà la luce e la forza per camminare insieme nella vita fino al Paradiso.

Concludeva don Cellino: «Amici dilettissimi, per sposarsi, occorre essere in tre: lo sposo, la sposa e Gesù. Per questo, avete deciso di sposarvi non davanti al sindaco, tanto meno di andare a vivere insieme, “finché la barca va”, ma di sposarvi in questa nostra chiesa, davanti a Gesù, con Gesù che volete nella vostra casa, nel vostro amore, nella vostra vita».

Questa bella catechesi dell’antico “don” è stata uno dei tanti semi di Vangelo che ho ricevuto da quel parroco che credeva in Dio e nel Figlio suo Gesù Cristo, e a mia volta l’ho approfondita per conto mio e l’ho trasmessa ad altri ragazzi/e a scuola, in parrocchia, negli incontri personali, con qualche frutto di bene e che mi fa sorridere anche alla sera della vita.

L’ho detto a qualcuno, nei miei incontri, che Gesù a Cana ha reso santo, “ha sacramentalizzato” il matrimonio voluto da Dio fin dall’inizio. Rimango fermo nella mia convinzione, appoggiata dai Padri della Chiesa e da illustri commentatori del Vangelo, come il biblista padre Alberto Vaccari, SJ, il quale nelle sue note al Vangelo di Giovanni scrive: «Invitato alle nozze di Cana, Gesù volle così consacrare con la sua presenza uno degli avvenimenti più importanti della vita dell’uomo, il fondarsi di una famiglia, di un nuovo focolare domestico».

Altri esegeti autorevoli, riguardo alla pagina delle nozze di Cana affermano: «Per dimostrare la bontà di tutti gli stati di vita […] Gesù si degnò di nascere dal seno purissimo della Vergine Maria; appena nato, gradì le lodi che gli venivano dalle labbra profetiche della vedova Anna, così come da giovane invitato dagli sposi di Cana, onorò le nozze con la sua presenza divina». Questa presenza di Gesù alle nozze di Cana è segno che Egli benedice l’amore tra l’uomo e la donna, sigillato con il matrimonio. Dio infatti istituì il matrimonio all’inizio della creazione (cf. Gen 27-28) e Gesù Cristo lo ha confermato ed elevato alla dignità di Sacramento (cf. Mt 19,6).

Gesù aveva onorata e santificata la sua famiglia d’origine, con la sua obbedienza trentennale; ora che inizia il suo ministero pubblico uscendo dalla sua famiglia, vuole santificare alle nozze di Cana il suo principio morale costitutivo. Per questa ragione, Gesù, il nato da Vergine e che morirà vergine, interviene a nozze, al termine della sua vita privata e al cominciare di quella pubblica».

Ecco amici, questo è il matrimonio cristiano, fatto in tre; lo sposo, la sposa e Gesù. Gesù che non è un intralcio né un peso per la vita coniugale-familiare, ma la più grande risorsa per la medesima vita, per il medesimo amore, perché Lui è la Luce, Lui l’Amore vero, che non tramonta, e che rende durevole l’amore in eterno.

Uno dei giovani cui ho spiegato “Cana di Galilea”, dopo dieci anni di matrimonio felice, che oggi continua sempre più bello e più felice, nonostante le tribolazioni di questo mondo pazzo, ha saputo dare la definizione più bella del matrimonio cristiano, con queste parole: «Che cos’è per me il matrimonio? È Gesù vivo in me che ama la mia sposa, è Gesù vivo nella mia sposa che ama me».

Capito, amici? Se volete approfondire il discorso, leggete il libro del venerabile Fulton Sheen, Sposarsi in tre (Fede & Cultura, Verona) da cui facciamo nostro questo pensiero: «Non tu e io soltanto, abbiamo importanza l’uno per l’altro, ma anche quel Terzo – Gesù, l’Amore – che ci unì fin dal principio, sebbene una Luce abbagliante lo occultasse ai nostri occhi, quando noi due ci incontrammo, ed eravamo inconsapevoli che quel Terzo fosse più potente di ciascuno di noi. Ma adesso lo sappiamo. Egli si è rivelato a noi tra il tuo isolamento e il mio, e il nostro amore è diventato una testimonianza della nostra stessa impotenza ad amare; il legame che ci unisce si è fatto la rivelazione di Qualcuno che è al di sopra di noi. Ora lo conosciamo».

È il Cristo presente come a Cana, il Cristo che cambia l’egoismo in amore. Il Cristo che rende sempre più buono e inesauribile l’amore. Come l’acqua cambiata nel vino più buono che con Lui ci sarà sempre.

Autore: Paolo Risso

Fonte : www.settimanaleppio.it

SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/99424