vendredi 9 décembre 2011

CREDO - SYMBOLE DES APÔTRES


Saint Pierre : Je crois en Dieu le Père Tout Puissant créateur du ciel et de la terre

Saint André : Et en Jésus Christ son fils unique Notre Seigneur

Saint Jacques le Majeur : qui a été conçu du Saint Esprit, est  né de la Vierge Marie

Saint Jean : a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli

Saint Thomas : est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts

Saint Jacques : est monté aux Cieux, est assis à la droite de Dieu le Père Tout Puissant

Saint Philippe : d’où Il viendra juger les vivants et les morts

Saintt Barthélemy : je crois en l’Esprit Saint

Saint Mathieu: à la sainte Église catholique

Saint Simon: à la Communion des saints, à la rémission des péchés

Saint Jude :À la résurrection de la chair

Saint Mathias: à la vie éternelle

Twelve articles of faith set out by twelve apostles. Illuminated manuscript of the Apostles' Creed, 1300


Historique du symbole des apôtres

Cours de patrologie de soeur Gabriel Peters o.s.b., chapitre 1

Lundi 8 octobre 2007 — Dernier ajout samedi 1er mai 2010

Vous trouverez ici le premier chapitre du manuel de patrologie de Soeur Gabriel Peters. Il n’est plus édité, mais il rendra encore service à ceux qui s’intéressent aux Pères de l’Église.

Introduction : justification de cette étude

I. Le sens du mot symbole

II. L’histoire d’une légende

- 1. Les deux étapes de la croyance populaire

- 2. Les trois étapes du travail scientifique et ses conclusions.

III. Étapes de la rédaction du symbole baptismal romain

- 1. Les textes scripturaires

- 2. Les textes patristiques

Conclusion : en la Trinité consiste la foi de tous les chrétiens

Appendice : Quelques textes sur l’Ichtus

INTRODUCTION : JUSTIFICATION DE CETTE ÉTUDE

Pourquoi au seuil d’une étude sur la patrologie étudier l’histoire du symbole des apôtres ?

Les Pères de l’Église sont des témoins particulièrement autorisés de la foi. Mais cette foi dont ils vivent et qu’ils nous transmettent, eux, comme nous, ils l’ont d’abord reçue. Certes, tandis qu’ils la communiquent, ils l’approfondissent, tandis que jalousement, ils la protègent et la défendent contre toutes les attaques et les erreurs, ils sont amenés à en mieux préciser les données. Mais, encore une fois, ils l’ont reçue : elle leur vient de Dieu, par le Christ, telle qu’elle s’est transmise, dépôt sacré, dans l’Église, par l’enseignement des apôtres et de leurs légitimes successeurs.

Or, le symbole des apôtres a toujours été considéré pour ce qu’il est : un résumé de l’enseignement apostolique. Il convient donc de nous y arrêter et d’en retracer l’histoire. Cette étude nous invitera à garder, nous aussi, le dépôt :

En ce qu’il a reçu, nul ne demeure, si ce n’est par l’amour.

Saint Augustin, De fide et symbolo (en 393).

Retracer l’histoire du symbole des apôtres, c’est parcourir les différentes étapes de sa rédaction et, par le fait même, c’est préciser le sens exact de l’attribution de cette rédaction aux apôtres.

I. LE SENS DU MOT SYMBOLE

Le catéchisme du Concile de Trente, rédigé sous la direction de saint Charles Borromée et approuvé par le pape Pie V, définit le mot symbole. Voyons donc comment ce mot était compris au XVIe siècle, le catéchisme ayant été édité en 1566 [1] :

Cette profession de foi et d’espérance chrétienne que les apôtres avaient composée, ils l’appelèrent symbole, soit parce qu’ils la formèrent de l’ensemble des vérités différentes que chacun d’eux formula, soit parce qu’ils s’en servirent comme d’une marque et d’un mot d’ordre qui leur ferait distinguer aisément les vrais soldats de Jésus-Christ des déserteurs et des faux frères qui se glissaient dans l’Église pour corrompre l’Evangile (1, 1, 2).

Ensemble de vérités, marque, mot d’ordre : trois définitions valables du mot symbole. Cependant, le terme prend son sens le plus riche lorsqu’on remonte jusqu’à l’origine afin de bien comprendre pourquoi ce mot fut choisi avec son sens premier pour désigner l’ensemble des vérités de la foi. Certes, dès le IVe siècle les auteurs chrétiens donnent à ce mot ses diverses acceptions, mais le sens originel était unique, la valeur d’image du mot s’est estompée et ternie par suite d’un long usage.

Pour découvrir ce sens originel, il suffit d’ouvrir un bon dictionnaire grec ! Qu’est-ce que le Symbolon ? Primitivement, le symbolon est un objet coupé en deux dont deux hôtes conservaient chacun la moitié qu’ils transmettaient à leurs enfants : les deux parties rapprochées servaient à faire reconnaître les porteurs et à prouver les relations contractées antérieurement.

C’est bien cela : au symbole des apôtres, le chrétien peut être reconnu comme tel et les liens qui unissent les porteurs du symbole demeureront toujours. L’évêque d’Hippone, saint Augustin, a encore ce sens en vue lorsqu’il s’adresse en ces termes à ses catéchumènes :

Le temps est venu de vous remettre le symbole qui renferme en peu de mots tout ce que vous devez croire pour obtenir le salut éternel.

Le mot symbole est pris ici par analogie dans un sens figuré en effet, les négociants font entre eux un symbole, un pacte (pacto fidei) de confiance mutuelle pour affermir leur société par ce contrat d’alliance.

Or, votre société a pour objet un culte tout spirituel et vous ressemblez à des marchands qui cherchent une perle de grand prix (Mt 13, 45). Cette perle, c’est la charité qui sera répandue dans vos cœurs par l’Esprit Saint qui vous sera donné (Ro 5, 5). A cette charité, on parvient par la foi que contient ce symbole.

Sermon 222.

Vers l’an 200, Tertullien disait déjà de même :

Voyons ce qu’a appris l’Église romaine, ce qu’elle a enseigné, ce qu’elle a échangé en gage (contesserarit) avec les Églises africaines.

De praescriptionibus haereticorum 36.

La tessera latine - ce tesson d’argile - est le symbolon grec.

Le symbole des apôtres est donc le signe de reconnaissance du chrétien, il lui est solennellement remis lors de la « tradition du symbole ». Le chrétien doit ensuite le rendre à Dieu et le montrer à ses frères, intact : c’est la « reddition du symbole » [2]. Il s’agit là d’un rite très important de la liturgie baptismale. Aussi bien, retracer l’histoire du symbole né de l’antique regula fidei (règle de foi) c’est faire, comme nous allons le voir, l’historique de la rédaction du symbole de la liturgie baptismale romaine.

Il nous reste à distinguer le terme symbole de deux autres expressions de signification voisine : la règle de foi et la profession de foi.

• La règle de foi ou règle de vérité [3] est une formule antique, brève, synthétisant la foi chrétienne.

• Le symbole dont la formule doit être normalement assez brève est la règle de foi introduite dans la liturgie baptismale.

• La profession de foi est un symbole plus long, plus détaillé, isolé de la liturgie baptismale.

Dans la pratique, une certaine confusion règne entre les deux derniers termes : symbole et profession de foi.

II. L’HISTOIRE D’UNE LÉGENDE

Selon une légende bien ancienne qui ira en s’amplifiant à travers les siècles, les douze apôtres auraient formulé, sous l’action de l’Esprit Saint, à la veille de leur dispersion, le symbole des apôtres, chaque apôtre récitant un article…

Cette légende est, on le comprend immédiatement, la stylisation naïve d’une profonde vérité : le symbole remonte bien aux apôtres, encore faut-il voir en quel sens et comment.

Avançons dans cette règle de foi,

l’Église l’a reçue des apôtres,

les apôtres du Christ,

et le Christ de Dieu.

Tertullien († après 220) De praescriptione haereticorum, 37 (écrit en 200).

Lisons une fois de plus le catéchisme du Concile de Trente dont le texte date de 1566 :

Ce que les chrétiens doivent savoir tout d’abord ce sont les vérités que les saints apôtres, nos maîtres et nos guides dans la foi, inspirés par l’Esprit de Dieu, ont renfermées dans les douze articles du symbole. Après avoir reçu de Notre Seigneur l’ordre d’aller remplir pour lui les fonctions d’ambassadeurs (2 Co 5, 20) et de se répandre dans le monde entier pour prêcher l’Évangile à toute créature (Mc 16, 15) ils jugèrent convenable de composer une formule de foi chrétienne afin que tous eussent la même croyance et le même langage, qu’il n’y eût ni division, ni schisme parmi ceux qu’ils allaient appeler à la même foi et que tous fussent consommés dans un même esprit et un même sentiment (I, 1, 2).

Les termes sont clairs, ils disent nettement que le symbole fut composé par les apôtres…

Or, plus d’un siècle auparavant, l’origine apostolique du symbole avait été violemment contestée. C’était en 1438, les premières assises du Concile de l’Union appelé Concile de Florence [4] se tenaient, à Ferrare. Les Pères ayant invoqué l’autorité du symbole des apôtres, l’archevêque antiunioniste d’Éphèse, Marcos Eugenicos, appelé aussi Marc d’Éphèse, se leva et déclara aux latins consternés :

Pour nous, nous ne professons ni même ne connaissons ce symbole des apôtres ; s’il avait existé, le livre des Actes en aurait parlé.

Hardouin, Conciliorum collectio, tome 9, p. 842-843.

La surprise et l’indignation furent totales ! C’était vrai, cependant. L’Orient avait d’autres formules, plus longues et détaillées, bien semblables quant au fond, mais différentes.

Le branle était donné aux objections. Les attaques contre l’origine apostolique du symbole se succédèrent, mais elles furent l’occasion de longues, minutieuses et consciencieuses études. Nous allons en recueillir les résultats.

Écoutons deux voix qui disent, avec respect et modération d’ailleurs, que le symbole ne fut pas rédigé tel quel par les apôtres :

Si le symbole qu’on appelle des apôtres a été procuré par les apôtres eux-mêmes, je n’en sais rien ; du moins porte-t-il la marque de la majesté et de la pureté apostoliques.

Erasme, Opera omnia, tome 5, p. 92.

Je nomme le symbole des apôtres, mais je ne me soucie pas beaucoup de savoir qui en a été l’auteur… Quoi qu’il en soit, je ne doute nullement, de quelque part qu’il soit procédé, qu’il n’ait été dès le premier commencement de l’Église et même dès le temps des apôtres reçu comme une confession publique et certaine de la foi.

Calvin, De la foi, Paris, éd. Les Belles Lettres, 1937, tome 2, p. 45.

C’est en 1946 que les patientes études du jésuite belge, le Père Joseph de Ghellinck († en 1950), aboutirent à des résultats que tous considèrent comme définitifs, il fut aidé par les efforts de bien des savants. Voici la conclusion de ses recherches :

La doctrine du symbole des apôtres est apostolique, quant à sa forme, elle est celle de l’antique symbole baptismal de la liturgie romaine dont, à la suite du Père de Ghellinck, nous allons retracer l’histoire.

1) Les deux étapes de la croyance populaire

Il est impossible de dater la légende, mais au IVe siècle, les attestations abondent : ceux qui affirment sobrement, mais sans en douter, que les apôtres sont les rédacteurs du symbole sont les témoins d’une croyance très répandue dans l’Occident latin.

Au VIe siècle, deuxième étape, la légende s’enjolive et s’amplifie, le jeu de l’imagination se donne libre cours, non sans mettre ainsi en relief des vérités profondes.

a) Au IVe siècle.

Saint Ambroise de Milan (339-397) écrit ceci dans son Explication du symbole :

Si rien ne peut être enlevé des écrits d’un seul apôtre, coinment oserions-nous entacher le symbole que nous avons reçu dans sa tradition et dans sa composition des apôtres ?

Voici que selon les douze apôtres, douze sentences ont été exprimées.

Quant à Rufin d’Aquilée (345-410), il écrit vers l’an 400 :

Nos anciens rapportent (tradunt : c’est l’idée de tradition) qu’après l’ascension du Seigneur, lorsque le Saint-Esprit se fut reposé sur chacun des apôtres, sous forme de langues de feu, afin qu’ils pussent se faire entendre en toutes les langues, ils reçurent du Seigneur l’ordre de se séparer et d’aller dans toutes les nations pour prêcher la parole de Dieu. Avant de se quitter, ils établirent en commun une règle de la prédication qu’ils devaient faire afin que, une fois séparés, ils ne fussent exposés à enseigner une doctrine différente à ceux qu’ils attiraient à la foi du Christ. Etant donc tous réunis, remplis de l’Esprit Saint, ils composèrent ce bref résumé de leur future prédication, mettant en commun ce que chacun pensait et décidant que telle devra être la règle à donner aux croyants. Pour de multiples et très justes raisons, ils voulurent que cette règle s’appelât symbole.

Commentaire du symbole des apôtres, 2. (C’est dans cet écrit que se trouve le premier texte latin du symbole).

Nous avons bien, dans ce texte, tous les éléments de la légende qui va aller en s’amplifiant. D’où Rufin la tient-il ? Traducteur d’Origène, aurait-il interprété en ce sens une phrase beaucoup plus sobre du Traité des Principes ?

Il faut savoir que les saints apôtres prêchant la foi du Christ ont transmis en termes manifestes les points de doctrine qu’ils estimaient nécessaires.

Origène, Traité des Principes, préface.

Citons encore saint Jérôme :

Le symbole de notre foi et de notre espérance fut transmis par les apôtres.

Contre Jean de Jérusalem, 28.

b) Au VIe siècle.

La légende déjà exprimée en germe dans les passages cités ci-dessus va prendre une telle ampleur que, d’une part, il n’est plus possible de ne pas la reconnaître comme légende, mais que de l’autre, elle prêtera le concours de son genre littéraire très particulier à de profondes vérités doctrinales : notre foi est apostolique et, - le Moyen-Age va l’illustrer -, elle s’enracine dans l’Ancien Testament dont l’unité avec le Nouveau est profonde.

Deux sermons pseudo-augustiniens qui sont sans doute l’œuvre d’un prédicateur gaulois du VIe siècle nous transmettent une pittoresque leçon de catéchisme. Nous citons le plus court, on y explique la composition du symbole :

Pierre dit : Je crois en Dieu le Père tout-puissant,

Jean dit : Créateur du ciel et de la terre.

Jacob dit : Je crois aussi en Jésus-Christ son Fils unique Notre-Seigneur.

André dit : Qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie.

Philippe dit : A souffert sous Ponce-Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli.

Thomas dit : Est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité d’entre les morts.

Barthélemy dit : Est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant,

Matthieu dit : D’où il viendra juger les vivants et les morts.

Jacques, fils d’Alphée : Je crois au Saint-Esprit, la sainte Église catholique,

Simon le Zélote : La communion des saints, la rémission des péchés,

Judas, fils de Jacques : La résurrection de la chair,

Matthias acheva : La vie éternelle. Amen. [5]

Il est facile de remarquer que ce symbole composé par douze apôtres a quatorze articles : je crois au Saint-Esprit, la sainte Église catholique = 2, la communion des saints, la rémission des péchés = 2. La division artificielle du symbole en 12 articles est née de la légende et risque de masquer le rythme ternaire du symbole trinitaire.

Nous n’étudierons plus le développement et la permanence de la légende dans les siècles suivants. Mais il nous faut noter brièvement son retentissement dans l’art religieux.

Dans une église du diocèse de Lyon, celle de Charlieu, des peintures du XVe siècle montrent chacun des 12 apôtres tenant une banderole où est gravé un article du symbole. D’autre part, dans des miniatures de la fin du XIIIe siècle, à chaque apôtre portant en banderole son article du symbole, correspond un prophète qui annonce déjà ce même article : on voit l’unité et la continuité des deux Testaments [6]. Chaque apôtre, dit avec ingénuité mais non sans profondeur saint Bonaventure (XIIIe siècle), est venu poser son article à l’endroit voulu, pierre vivante, ferme et immuable, tirée de la profondeur des Écritures [7].

2) Les trois étapes du travail scientifique et ses conclusions

a) De 1439 à 1860

La polémique prédomine, hostile. On nie sans nuances l’origine de la rédaction apostolique, tendant ainsi à nier la doctrine ou en tout cas son caractère apostolique. Cependant, dès le XVIIe siècle, on découvre une forme plus ancienne du symbole et en cette forme plus ancienne, on doit reconnaître que le symbole qui en est issu se rattache à une règle de foi qui rejoint une tradition primitive. Dans le feu de la polémique, ce résultat si important passe inaperçu.

b) Après 1860 jusqu’en 1914

La forme la plus ancienne - forma antiquior - retient toute l’attention des savants. D’importantes études de comparaison de textes, méthodiquement organisées, tentent de reconstituer la forme du symbole ancien. On en arrive à la conclusion suivante : à côté du textus receptus, le nôtre qui remonte au VIe siècle, il existe une formule plus courte, le textus antiquus, qui compte 12 articles. C’est celle de l’ancien symbole baptismal romain composé non en latin, mais en grec.

c) Après 1914-1918

De minutieuses études de textes anciens aboutissent à la découverte d’une forme très ancienne : la forma antiquissima. On comprend enfin que le symbole baptismal romain, glorieux par sa survivance, ne fut pas le seul symbole ; bien plus, il n’est lui-même que le fruit d’une rédaction composite : deux formules, l’une trinitaire, courte, et l’autre christologique, plus longue, se sont amalgamées. Le texte trinitaire plus court serait, contrairement à ce que l’on a cru parfois, le plus ancien, on le trouve employé dans la liturgie baptismale, vers l’an 100. En disant ceci, nous ne voulons pas signifier qu’il ne dût exister dès l’origine une formule baptismale christologique, sans doute la plus ancienne, comme les Actes des Apôtres en font foi : « L’Esprit Saint n’était encore descendu sur aucun d’eux car ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus » [8].

A quelle époque les deux formules, trinitaire et christologique, se soudèrent-elles ? Certainement avant l’an 200, mais il n’est pas possible de fixer une date certaine. La plupart des savants s’accordent à dire : avant 150.

Miniature du manuscrit de Somme le Roy, xiiie siècle,

Les Apôtres en train de rédiger le Credo, en recevant l'inspiration de l'Esprit Saint.


III. ÉTAPES DE LA RÉDACTION DU SYMBOLE BAPTISMAL ROMAIN

Nous allons tenter de suivre les étapes du développement de la rédaction du symbole baptismal romain, à travers le dédale des textes qui ont pu lui donner naissance et forme.

Nous disons bien : le dédale des textes, car « manifestement, le nombre et le développement des anciennes professions de foi fut singulièrement riche et complexe » [9].

1) Les textes scripturaires

Nous citons en tout premier lieu les deux textes essentiels qui se rattachent directement à la liturgie baptismale.

a. Le texte trinitaire de saint Matthieu 28, 19

Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.

Cette formule baptismale trinitaire d’une frappe si nette fut longtemps suspecte aux critiques [10]. Mais ce n’est pas une seule formule que nous relevons dans les Écritures du Nouveau Testament : saint Paul écrit dans la Première lettre aux Corinthiens : « Vous avez été lavés, sanctifiés, justifiés par le nom du Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu (6, 11) ». La distinction entre les personnes de la Trinité est partout très nette dans le Nouveau Testament, encore que la théologie ne s’en développera que plus tard. En l’an 57, Paul écrit : « La grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous (2 Co 13, 13) ». Tous les manuscrits, sans exception, ont le texte connu de saint Matthieu et les auteurs chrétiens du IIe siècle (saint Justin et saint Irénée), comme ceux du IIIe siècle le citent toujours suivant sa teneur.

b. Le texte christologique des Actes 8, 37

Mais Philippe dit : « Si tu crois de tout ton cœur, c’est possible de te baptiser ». Et répondant, il dit : « Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu ».

Tel est le dialogue qu’échangent entre eux le diacre Philippe et l’eunuque éthiopien. Ce verset est absent des meilleurs manuscrits grecs. Par contre, l’antique Itala employée avec prédilection par saint Augustin, mais difficile à dater, porte ce texte [11]. Que faut-il en conclure ? Absent de la rédaction primitive des Actes, ce texte y fut ajouté, il est, selon toute probabilité, un vestige de la liturgie baptismale. Saint Irénée et saint Cyprien connaissent déjà cette glose [12].

c. Les autres textes scripturaires proches des professions de foi.

En ce qui concerne la fusion des deux textes, trinitaire et christologique, il y a lieu de souligner le texte du Livre des Actes 19, 1-5. Saint Paul demande à quelques disciples s’ils ont reçu l’Esprit Saint. Ceux-ci répondent : « Mais nous ne savons même pas qu’il y a un Esprit Saint ! ». Par cette réponse, saint Paul comprend qu’ils n’ont pu recevoir le baptême du Christ. Il les baptise alors au nom du Seigneur Jésus (formule christologique) et ils reçurent l’Esprit. Voit-on combien se montre étroite la liaison entre le baptême au nom de Jésus et le baptême dans l’Esprit ? Aucune formule trinitaire n’est exprimée ici, mais on n’en voit pas moins le point de rencontre vers lequel s’acheminera le symbole unissant la foi au Christ à celle du Dieu-Trinité qu’il révèle.

Citons maintenant trois professions de foi christologiques :

1 Co, 15, 3 (en l’an 55) : Je vous ai donc transmis tout d’abord ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures.

C’est tout le contenu du kérygme : message du salut. Remarquons combien le texte du symbole y reste fidèle.

Ro 1, 34 (vers 57-58) : Paul, serviteur du Christ Jésus… mis à part pour annoncer l’Évangile de Dieu que d’avance il avait promis par ses prophètes dans les saintes Ecritures, concernant son Fils issu de la lignée de David selon la chair, établi Fils de Dieu avec puissance selon l’Esprit de sainteté par sa résurrection des morts, Jésus-Christ notre Seigneur.

Ce texte nettement christologique est aussi trinitaire.

1 Pi 3, 18-22 (entre 62 et 64) : Le Christ lui-même est mort une fois pour les péchés, juste pour des injustes… mis à mort selon la chair, il a été vivifié selon l’Esprit, c’est en lui qu’il alla prêcher aux esprits en prison… Le baptême vous sauve à présent… c’est l’engagement à Dieu d’une bonne conscience par la résurrection de Jésus-Christ, lui qui passé au ciel est à la droite de Dieu.

2) Les textes patristiques

a. Au premier siècle

Dans la célèbre Lettre de saint Clément de Rome que l’on date de l’an 96, relevons ces deux textes :

Vive Dieu et vive le Seigneur Jésus-Christ et l’Esprit Saint, la foi et l’espoir des élus.

58, 2. Ce texte est cité par saint Basile dans son Traité du Saint-Esprit, ch. 29.

Est-ce que nous n’avons pas un seul Dieu et un seul Christ et un seul Esprit répandu sur nous, nous qui sommes un seul peuple appelé dans le Christ ?

46, 6.

b. Au deuxième siècle

Texte de saint Ignace d’Antioche (vers l’an 100)

Fermez l’oreille aux discours qui ne vous parlent pas de Jésus-Christ, né de la race de David, né de Marie, qui a été réellement engendré, a réellement mangé et bu, a réellement souffert persécution sous Ponce Pilate, a été réellement crucifié, est mort sous les regards du ciel, de la terre et des enfers, qui est aussi réellement ressuscité d’entre les morts. C’est son Père qui l’a ressuscité et c’est lui aussi qui nous ressuscitera en Jésus-Christ, nous qui croyons en lui en dehors de qui nous n’avons pas la vie véritable.

Lettre aux Tralliens, 9.

Texte de la Didachè

(date discutée : entre 50 et 70 ou vers 150) [13]

Baptisez au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit dans l’eau vive… Verse sur la tête trois fois de l’eau au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.

Textes de saint Justin (vers 155)

Ensuite, nous les conduisons en un endroit où il y a de l’eau et là, de la même manière que nous avons été régénérés nous-mêmes, ils sont régénérés à leur tour : au nom de Dieu le Père et le maître de toutes choses, et de Jésus-Christ, notre Sauveur, et du Saint-Esprit. Ils sont alors lavés dans l’eau… Voici la doctrine que les apôtres nous ont transmise sur ce sujet… : cette ablution s’appelle illumination parce que ceux qui reçoivent cette doctrine ont l’esprit rempli de lumière. Et aussi au nom de Jésus-Christ qui fut crucifié sous Ponce Pilate et au nom de l’Esprit Saint qui prédit par les prophètes toute l’histoire de Jésus, est lavé celui qui est illuminé.

Apologie, I, 6 1.

On aura remarqué la tendance au développement christologique et à la fusion des formules : comparer la Première Lettre à Timothée 6, 13 : « Le Christ Jésus qui, devant Ponce Pilate, a rendu son beau témoignage ».

Nous adorons le Créateur de cet univers… nous adorons Jésus-Christ qui fut crucifié sous Ponce Pilate… nous voyons en lui le Fils du vrai Dieu, nous le mettons au second rang et, en troisième lieu, l’Esprit prophétique.

Apologie I, 13.

Jésus-Christ a été crucifié, est mort, est ressuscité et il est remonté au ciel où il règne. La bonne nouvelle répandue dans le monde entier par les apôtres est la joie de ceux qui attendent l’immortalité qu’il a promise.

Apologie I, 42.

(Ici c’est Tryphon, un Juif que Justin ne parvient pas à convaincre, qui parle) : Il te reste à prouver que celui-là ait consenti à naître homme d’une vierge, selon la volonté de son Père, démontre-le et aussi qu’il a été crucifié et qu’il est mort et prouve aussi qu’après tout cela, il est ressuscité et monté au ciel.

Dialogue avec Tryphon, 63.

Ce Fils de Dieu enfanté par une vierge qui s’est fait homme souffrant, crucifié sous Ponce Pilate par votre peuple, mort, ressuscité des morts, monté au ciel.

Dialogue avec Tryphon, 85.

Ce Jésus est le Christ, Fils de Dieu, il a été crucifié et il est ressuscité, monté au ciel et il reviendra comme juge de tous les hommes absolument, jusqu’à Adam lui-même.

Dialogue avec Tryphon, 132.

Les textes de saint Irénée de Lyon, ils datent des environs de 177 :

Voici l’enseignement méthodique de notre foi, la base de l’édifice et le fondement de notre salut : Dieu le Père incréé, inengendré, invisible, Dieu unique, Créateur de tout : c’est le premier article de notre foi. Quant au second article, le voici : c’est le Verbe de Dieu, le Fils de Dieu, Jésus-Christ, notre Seigneur qui est apparu aux prophètes en la forme décrite dans leurs oracles et selon l’économie spéciale du Père [14], le Verbe par qui tout a été fait et qui, dans la plénitude des temps, pour récapituler et contenir toutes choses, s’est fait homme, né des hommes, s’est rendu visible et palpable, afin de détruire la mort et de rétablir l’union entre Dieu et l’homme.

Quant au troisième article, c’est le Saint-Esprit qui a parlé par les prophètes, a enseigné à nos pères les choses divines et a conduit les justes dans la voie de la justice ; c’est lui qui, dans la plénitude des temps, a été répandu d’une manière nouvelle sur l’humanité tandis que Dieu renouvelait l’homme sur toute la terre.

Démonstration de la prédication apostolique, 6.

Voici ce que nous assure la foi, telle que les presbytres, disciples des apôtres, nous l’ont transmise. Tout d’abord, elle nous oblige à nous rappeler que nous avons reçu le baptême pour la rémission des péchés, au nom de Dieu le Père, et au nom de Jésus-Christ, le Fils de Dieu qui s’est incarné, est mort, et est ressuscité, et dans l’Esprit Saint de Dieu.

Démonstration… 3.

L’Église, bien qu’elle soit répandue dans tout l’univers jusqu’ aux extrémités de la terre, a reçu des apôtres et de leurs disciples, la foi en un seul Dieu, Père tout-puissant qui a fait le ciel et la terre et les mers et tout ce qui s’y trouve, et en un seul Christ Jésus, le Fils de Dieu qui s’est incarné pour notre salut, et en un Esprit Saint qui, par les prophètes, a annoncé les économies et les avènements et la naissance virginale et la passion et la résurrection d’entre les morts et l’ascension corporelle dans les cieux du bien-aimé Christ Jésus notre Seigneur et sa parousie quand des cieux il apparaîtra à la droite du Père pour tout restaurer et ressusciter toute chair de toute l’humanité afin que, devant le Christ Jésus notre Seigneur, Dieu, Sauveur et Roi, selon le bon plaisir du Père invisible, tout genou fléchisse au ciel, sur terre, aux enfers… C’est cette prédication que l’Église a reçue, c’est cette foi, comme nous l’avons dit, et bien qu’elle soit dispersée dans le monde entier, elle la garde soigneusement, comme si elle habitait une seule maison et elle y croit unanimement, comme si elle n’avait qu’une âme et un cœur, et d’un parfait accord, elle la prêche, elle l’enseigne, elle la transmet comme si elle n’avait qu’une seule bouche. Et sans doute, les langues sur la surface de la terre sont différentes, mais la force de la tradition est une et identique… De même que le soleil, cette créature de Dieu, est dans tout le monde un et identique, ainsi la prédication de la vérité brille partout et éclaire tous les hommes qui veulent parvenir à la connaissance de la vérité.

Contre les hérésies, 1, 10, 2

Au chapitre qui précédait celui dont est extrait ce passage, Irénée parlait du canon de la vérité reçu au baptême.

Dans tous les textes cités on remarque une certaine formulation fixe bien proche des textes du symbole.

Nous citons maintenant deux symboles élaborés. Tous deux doivent dater de la deuxième partie du second siècle. Ils prouvent avec certitude que, dès avant l’an 200, l’usage d’un symbole bref existait et cela dans des Églises très séparées l’une de l’autre.

Je crois au Père, le tout-puissant

et en Jésus-Christ, notre Sauveur,

et au Saint-Esprit le Paraclet

et à la sainte Église

et à la rémission des péchés.

Ce premier texte est tiré de la Lettre des Apôtres qui est une apocalypse apocryphe originaire d’Asie Mineure, composée en grec, après 150. C’est en ce symbole à cinq articles que l’on a reconnu la forme la plus ancienne de notre symbole des apôtres : la forma antiquissima.

Je crois en Dieu le Père tout-puissant,

et en son Fils unique notre Seigneur Jésus-Christ

et au Saint-Esprit

et en la résurrection de la chair

et en la sainte Église catholique.

Ce second texte est tiré d’un rituel égyptien de la fin du second siècle, le papyrus de Der-Balyzey.

c. Au troisième siècle

Vers 200, deux écrivains importants, saint Hippolyte et Tertullien, nous ont transmis chacun un texte du symbole romain. Le texte d’Hippolyte se trouve dans La Tradition apostolique au chapitre où il est question de la tradition du saint baptême. Le voici :

Que celui qui doit être baptisé descende dans l’eau et que celui qui le baptise lui impose la main sur la tête-en disant :

Crois-tu en Dieu le Père tout-puissant ?

Et que celui qui est baptisé réponde : Je crois.

Qu’il le baptise alors une fois en lui tenant la main posée sur la tête. Puis qu’il lui dise :

Crois-tu au Christ Jésus, le Fils de Dieu qui est né par l’Esprit Saint de la Vierge Marie, est mort et a été enseveli, est ressuscité vivant des morts le troisième jour, est monté aux cieux, est assis à la droite du Père, viendra juger les vivants et les morts ?

Et quand il aura dit : Je crois, qu’il le baptise de nouveau.

Qu’il lui dise de nouveau :

Crois-tu au Saint-Esprit, en la sainte Église et en la résurrection de la chair ?

Que celui qui est baptisé dise : Je crois.

Et ainsi qu’on le baptise une troisième fois.

Au lieu de reconstituer le symbole d’après Tertullien, nous préférons donner tels quels les textes dont on a tiré la reconstitution :

Il faut croire en un seul Dieu tout-puissant, créateur du monde et en son Fils Jésus-Christ, né de la Vierge Marie, crucifié sous Ponce Pilate, ressuscité le troisième jour des morts, reçu dans les cieux, assis maintenant à la droite du Père d’où il viendra juger les vivants et les morts par aussi la résurrection de la chair.

Du voile des vierges, 1

Nous croyons en un seul Dieu, au Fils de Dieu Jésus-Christ, né d’elle (de la Vierge) qui a souffert… est mort et a été enseveli… est ressuscité… a été pris dans les cieux pour s’y asseoir à la droite du Père d’où il viendra juger les vivants et les morts… et au Saint-Esprit.

Contre Praxéas, 2

Il faut croire qu’il y a un seul Dieu, aucun autre que le Créateur du monde, et son Fils porté par l’Esprit dans la Vierge Marie, né d’elle, Jésus-Christ fixé à la croix, il est ressuscité le troisième jour, il fut emporté (ereptum) dans les cieux, il est assis à la droite du Père d’où il viendra pour juger les profanes (profanos) avec la restitution de la chair.

La prescription des hérétiques, 13

Il connaît un seul Dieu, créateur de l’univers et le Christ Jésus, Fils du Dieu Créateur, né de la Vierge, et la résurrection de la chair.

La prescription des hérétiques, 36

La conclusion qui ressort de ces textes, c’est que l’Église romaine vers la fin du second siècle (ces textes datent de 200), avait déjà un symbole baptismal complet, nous voulons dire par là que le développement christologique de la deuxième partie du symbole avait fusionné avec le symbole trinitaire.

Le texte de ce symbole n’a cependant pas encore la fixité qu’il aura plus tard.

Au troisième siècle aussi, les représentations d’un symbole christologique et baptismal vont se multiplier, celle de l’Ichtus, du poisson qui représente tout à la fois le Christ et le chrétien. Les lettres grecques du mot ICHTUS forment un acrostiche où se retrouvent les premières lettres de la formule suivante :

Ιησοῦς Χριστὸς Θεοῦ Ὑιὸς Σωτήρ=

Jésus Christ, Fils du Dieu Sauveur.

Nous voici bien près de la formule de l’initiation chrétienne insérée dans les Actes 8, 37 : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu.

Le poisson peut représenter aussi le chrétien pris par les apôtres dans le filet de l’Église et purifié, régénéré dans l’eau salutaire du baptême. Le poisson dont le symbole premier désigne toujours le Christ, évoque aussi le sacrement de l’Eucharistie : le chrétien y reçoit l’Ichtus (rappel de la multiplication des pains et des poissons : signe eucharistique).

Vu l’importance de ce signe christologique et baptismal, nous en donnons ci-après la première mention connue dans l’épitaphe d’Abercius. Cette épitaphe est à dater d’avant l’année 216, puisqu’à cette date une inscription funéraire en constitue un grossier plagiat. L’origine chrétienne du texte fut longtemps contestée, mais elle est maintenant fermement établie. La pierre funéraire de l’évêque Abercius fut retrouvée en Phrygie en 1883. Les deux fragments furent offerts au pape Léon XIII et ils sont conservés au musée du Latran.

Citoyen d’une cité distinguée, j’ai fait ce tombeau de mon vivant afin d’y avoir un jour pour mon corps une place,

mon nom est Abercius, je suis le disciple d’un pasteur pur,

qui paît ses troupeaux de brebis par monts et plaines,

qui a des yeux très grands qui voient tout.

C’est lui qui m’enseigna les Écritures fidèles,

qui m’envoya à Rome contempler la (cité) souveraine,

et voir la reine aux vêtements d’or, aux chaussures d’or,

je vis là un peuple qui porte un sceau brillant.

J’ai vu aussi la plaine de Syrie, et toutes les villes de Nisibe,

par delà l’Euphrate, partout j’ai eu des confrères,

j’avais Paul pour… (compagnon ?) et la foi partout me conduisait.

Partout, elle me servit un poisson de source,

très grand, pur, qu’a pêché une vierge pure,

elle le donnait sans cesse à manger aux amis,

elle a un vin délicieux, elle le donne avec du pain.

Abercius, j’ai ordonné d’écrire ces choses ici,

à l’âge de soixante et douze ans, véritablement,

que le confrère qui comprend prie pour Abercius.

On ne doit pas mettre un tombeau au-dessus du mien :

sinon deux mille pièces d’or (d’amende) pour le fisc romain,

mille pour ma chère patrie Hiéropolis. [15]

Les érudits sont unanimes à tenir l’épitaphe comme un témoin de première valeur de la foi chrétienne, en ce qui regarde le baptême (le sceau brillant, le poisson de source), l’eucharistie (poisson, pain, vin) et peut-être la conception virginale (un poisson pêché par une vierge pure - cependant, il se pourrait que cette vierge soit l’Église, d’après le contexte : c’est elle qui donne le poisson, le pain, le vin). Les catholiques soulignent aussi l’importance donnée à Rome. Il faut signaler encore que le symbolisme mystérieux du texte est voulu : enterré parmi les païens, l’évêque s’adresse au confrère qui peut comprendre… Le signe du poisson est une profession de foi.

d. Au quatrième siècle

Si le symbole romain est attesté au IIe et au IIIe s. par tant de textes différents qui nous invitent à tenter de le reconstituer, nous ne le trouvons cependant nulle part cité en entier. Au IVe s., au contraire, nous le trouvons entièrement transcrit en latin par Rufin et en grec par Marcel, évêque d’Ancyre, dans une lettre qu’il écrit en 340 au pape Jules pour l’assurer de sa communauté de foi avec l’Église de Rome.

Le voici, son sigle admis est R = symbole Romain primitif

Je crois en Dieu le Père tout-puissant

Et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur,

Qui est né du Saint-Esprit et de la Vierge Marie,

Qui, sous Ponce Pilate, a été crucifié et enseveli,

Le troisième jour est ressuscité des morts,

Est monté aux cieux,

Est assis à la droite du Père

D’où à viendra juger les vivants et les morts,

Et au Saint-Esprit,

A la sainte Église,

A la rémission des péchés,

A la résurrection de la chair. Amen.

On voit que les différences avec le symbole des apôtres dans son texte reçu (textus receptus) sont minimes. Afin de bien les faire apparaître, nous en recopions le texte, en soulignant les divergences dont la principale est celle-ci : notre symbole actuel a 14 articles et non pas 12 comme le symbole primitif. La communion des saints (textus receptus) est en fait un doublet de la sainte Église catholique qui est cette communion des saints. La vie éternelle en est presque un aussi de la résurrection de la chair, encore que l’on puisse comprendre la distinction.

Je crois en Dieu le Père tout-puissant,

Créateur du ciel et de la terre,

Et en Jésus-Christ son Fils unique Notre-Seigneur,

Qui a été conçu du Saint-Esprit,

est né de la Vierge Marie,

A souffert sous Ponce Pilate,

a été crucifié, est mort et a été enseveli,

Est descendu aux enfers,

le troisième jour est ressuscité d’entre les morts,

Est monté aux cieux, Est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant,

D’où il viendra juger les vivants et les morts.

Je crois au Saint-Esprit,

la sainte Eglise catholique,

la communion des saints,

la rémission des péchés,

la résurrection de la chair,

la vie éternelle. Amen.

CONCLUSION

On a pu dire du symbole des apôtres qu’il était le « catéchisme le plus ancien de la chrétienté » [16]. Il est l’ancien symbole de foi de l’Église de Rome, il est l’engagement baptismal du chrétien et, pour cette raison, il se dit au singulier : je crois.

Il n’est nullement une sèche énumération de vérités à croire, il s’articule de manière à former un ensemble organique [17] d’une unité saisissante. Notre symbole est trinitaire et il nous révèle une trinité « économique » [18] : Dieu nous ouvre son être intime en nous dévoilant son dessein d’amour, le salut des hommes par l’Incarnation rédemptrice de son Fils qui nous introduit dans la connaissance et dans l’amour de la Trinité.

En la Trinité consiste la foi de tous les chrétiens.

 [19]

L’abbé Monchanin, qui fonda en Inde un ermitage contemplatif, disait : « Si je suis chrétien, c’est à cause de la sainte Trinité ». « L’adoration de la Trinité est notre unique dessein », expliquait-il pour justifier sa vocation. Et encore : « Ma vie n’a pas d’autre sens que celui de la louange et de la contemplation de cet unique et total mystère ».

L’ensemble des textes patristiques qui témoignent de l’élaboration de la rédaction du symbole mettent la structure du symbole et sa signification profonde en vive lumière, ces textes sont le meilleur et le plus authentique commentaire de notre profession de foi.

Nous terminerons ce chapitre en citant quelques extraits des sermons de saint Augustin sur le symbole, ils s’adressent à des catéchumènes :

L’Esprit Saint lui-même écrira ce symbole dans vos cœurs afin que ce que vous croyez, vous puissiez l’aimer, et que ce soit par l’amour que la foi opère en vous (cf. Ga 5, 6).

Ce symbole est la règle de votre foi exprimée en un bref résumé. Sans accabler la mémoire, il instruit l’esprit. Il se dit en bien peu de mots, mais par lui s’acquiert un si grand bien.

Je crois en Dieu le Père tout-puissant.

Vois : c’est dit si vite, et cependant en ces mots, quelle richesse ! Il est Dieu, Il est Père. Dieu par la puissance, Père par la bonté. Combien nous sommes heureux ; nous qui comme Seigneur avons trouvé un Père !

Croyons donc en Lui, et espérons tout de sa miséricorde, car Il est tout-puissant. Et que personne ne dise : « Il ne peut me remettre mes péchés ». Comment ne le pourrait-Il pas : Il est le Tout-Puissant.

(Haec fides imbuat corda vestra…) Que cette foi pénètre vos cœurs… et ce que vous venez d’entendre, croyez-le, afin de parvenir à le comprendre. C’est la foi chrétienne, c’est la foi catholique, c’est la foi apostolique.

Sermons 212, 213 et 214

APPENDICE : QUELQUES TEXTES SUR L’ICHTUS

• Inscription de Pectorius d’Autun (avant 200)

Grâce divine de l’Ichtus céleste,

Reçois avec un cœur plein de respect

la vie immortelle parmi les mortels,

rajeunis ton âme, ami, dans les eaux divines

par les flots éternels de la Sagesse qui donne les trésors.

Reçois l’aliment doux comme le miel du Sauveur des saints.

Mange à ta faim, bois à ta soif,

tu tiens l’Ichtus dans les paumes de tes mains [20]

Nourris donc, Maître et Sauveur, avec l’Ichtus.

Que ma mère repose en paix, je t’en prie, lumière des morts.

Aschandius, mon père, avec ma douce mère et mes frères,

de toute la gratitude de mon âme,

je vous demande, dans la paix de l’Ichtus,

souvenez-vous de Pectorius.

• Tertullien († après 220) dit que le chrétien baptisé devient « le petit poisson » pris par les apôtres, pêcheurs d’hommes dans le filet de l’Eglise.

• Clément d’Alexandrie († avant 215) demande aux chrétiens de faire graver l’Ichtus sur leurs anneaux pour se souvenir de leur origine chrétienne. Il écrit :

Tu es le pêcheur des mortels

que tu as sauvés de la mer méchante.

Tu jettes l’appât

pour amener hors du flot les saints poissons

les appelant à une vie de douceur.

Hymne au Christ qui termine Le Pédagogue.

Saint Ambroise (339-397) écrit, parlant du baptême :

Imite le poisson. Il doit être pour toi une merveille !

La tempête fait rage, les vents violents soufflent, mais le poisson nage, il ne coule pas car il a l’habitude de nager !

Pour toi, la mer, c’est le monde ; elle a des courants divers, de grosses vagues, des tempêtes furieuses.

Sois, toi aussi, un poisson ! Que la vague du monde ne t’engloutisse pas !

Sources :

Soeur Gabriel Peters, Lire les Pères de l’Église. Cours de patrologie, DDB, 1981.

Avec l’aimable autorisation des Éditions Migne.

[1] L’autorité du Catéchisme de Trente est grande, mais il est évident qu’il n’a pas la valeur d’un acte officiel de l’Église.

[2] A Rome, au temps de saint Augustin, les néophytes montaient pour la redditio, symboli sur une estrade pour proclamer le symbole devant toute l’assemblée des fidèles. Voir le beau récit de la conversion de Victorin dans les Confessions de saint Augustin, VIII, 5 : « D’une voix pleine d’assurance, Victorin prononça le symbole de notre foi et tous auraient voulu le porter en leur cœur, par leur amour et par leur joie, ils le porteraient … » .

[3] À la lumière de l’expression règle de foi, on comprend mieux le rêve de sainte Monique voyant son fils Augustin debout à ses côtés sur une règle de bois (image de la règle ferme de la foi), Confessions, III, 19. Augustin lui-même interprète ainsi le sens de cette règle vue par Monique : voir Conf. VIII, 30 : « J’étais debout sur la règle de la foi… ».

[4] Les conciles de Ferrare, de Florence et de Rome ou du Latran sont les trois périodes du Concile de Florence.

[5] Sermon 241, voir aussi le Sermon 240.

[6] Voir De Lubac, La Foi chrétienne, Paris, 1969, p. 41-45.

[7] Commentaire des Sentences de Pierre Lombard, in 3 Sent., 25.

[8] Ac 8, 16. Voir aussi 2, 38 ; 10, 48 ; 22, 16.

[9] Voir Dom Bernard Capelle, Origines du symbole romain, 1930. De Lubac voit en Dom B. Capelle l’un des meilleurs connaisseurs de l’histoire du symbole : La Foi chrétienne, Paris, 1969, p. 115.

[10] Voir J. Lebreton, Les origines du dogme de la Trinité, Paris, 1910, p. 478-489.

[11] Voir De Doctrina christiana, 2, 15-22 : saint Augustin y dit que tout en se référant à la Septante, il faut préférer l’Itala à toute autre version de l’Ecriture.

[12] Voir Saint Irénée, Adv. haer., 3, 12, 8.

[13] Entre 50 et 70 selon J.P. Audet. Se reporter au paragraphe 7 ci-dessous sur la Didachè.

[14] L’économie est le dessein de Dieu, son œuvre de salut, c’est l’incarnation rédemptrice et divinisatrice. Dans ce beau texte, la théologie (la révélation de la Trinité) et l’économie se rejoignent.

[15] En appendice, on trouvera d’autres textes sur l’Ichtus.

[16] Voir Ja. Jungmann, L’annonce de la foi, Mulhouse, 1965, p. 20.

[17] Voir Saint Thomas, Somme théologique, secunda secundae, q. 1, art. 6.

[18] Lire à ce sujet les chap. 2 et 3 du beau livre de De Lubac sur le symbole : La Foi chrétienne, Paris, 1969.

[19] Saint Césaire d’Arles, Sermon 9.

[20] Allusion à la façon antique de communier, remise actuellement en honneur dans la liturgie.

SOURCE : http://www.patristique.org/Historique-du-symbole-des-apotres.html

http://www.patristique.org/Historique-du-symbole-des-apotres.html



Giovanni de Campo, Apostles, frescoes of the apse, 1461, Caltignaga, Chiesa dei Santi Nazzaro e Celso (Sologno)


Apostles' Creed

A formula containing in brief statements, or "articles," the fundamental tenets of Christian belief, and having for its authors, according to tradition, the Twelve Apostles.

Origin of the creed

Throughout the Middle Ages it was generally believed that the Apostles, on the day of Pentecost, while still under the direct inspiration of the Holy Ghost, composed our present Creed between them, each of the Apostles contributing one of the twelve articles. This legend dates back to the sixth century (see Pseudo-Augustine in Migne, P.L., XXXIX, 2189, and Pirminius, ibid., LXXXIX, 1034), and it is foreshadowed still earlier in a sermon attributed to St. Ambrose (Migne, P.L., XVII, 671; Kattenbusch, I, 81), which takes notice that the Creed was "pieced together by twelve separate workmen". About the same date (c. 400) Rufinus (Migne, P.L., XXI, 337) gives a detailed account of the composition of the Creed, which account he professes to have received from earlier ages (tradunt majores nostri). Although he does not explicitly assign each article to the authorship of a separate Apostle, he states that it was the joint work of all, and implies that the deliberation took place on the day of Pentecost. Moreover, he declares that "they for many just reasons decided that this rule of faith should be called the Symbol", which Greek word he explains to mean both indicium, i.e. a token or password by which Christians might recognize each other, and collatio, that is to say an offering made up of separate contributions. A few years before this (c. 390), the letter addressed to Pope Siricius by the Council of Milan (Migne, P.L., XVI, 1213) supplies the earliest known instance of the combination Symbolum Apostolorum ("Creed of the Apostles") in these striking words: "If you credit not the teachings of the priests . . . let credit at least be given to the Symbol of the Apostles which the Roman Church always preserves and maintains inviolate." The word Symbolum in this sense, standing alone, meets us first about the middle of the third century in the correspondence of St. Cyprian and St. Firmilia, the latter in particular speaking of the Creed as the "Symbol of the Trinity", and recognizing it as an integral part of the rite of baptism (Migne, P.L., III, 1165, 1143). It should be added, moreover, that Kattenbusch (II, p. 80, note) believes that the same use of the words can be traced as far back as Tertullian. Still, in the first two centuries after Christ, though we often find mention of the Creed under other designations (e.g. regula fidei, doctrina, traditio), the name symbolum does not occur. Rufinus was therefore wrong when he declared that the Apostles themselves had "for many just reasons" selected this very term. This fact, joined with the intrinsic improbability of the story, and the surprising silence of the New Testament and of the Ante-Nicene Fathers, leaves us no choice but to regard the circumstantial narrative of Rufinus as unhistorical.

Among recent critics, some have assigned to the Creed an origin much later than the Apostolic Age. Harnack, e.g., asserts that in its present form it represents only the baptismal confession of the Church of Southern Gaul, dating at earliest from the second half of the fifth century (Das apostolische Glaubensbekenntniss, 1892, p. 3). Strictly construed, the terms of this statement are accurate enough; though it seems probable that it was not in Gaul, but in Rome, that the Creed really assumed its final shape (see Burn in the "Journal of Theol. Studies", July, 1902). But the stress laid by Harnack on the lateness of our received text (T) is, to say the least, somewhat misleading. It is certain, as Harnack allows, that another and older form of the Creed (R) had come into existence, in Rome itself, before the middle of the second century. Moreover, as we shall see, the differences between R and T are not very important and it is also probable that R, if not itself drawn up by the Apostles, is at least based upon an outline which dates back to the Apostolic age. Thus, taking the document as a whole, we may say confidently, in the words of a modern Protestant authority, that "in and with our Creed we confess that which since the days of the Apostles has been the faith of united Christendom" (Zahn, Apostles' Creed, tr., p, 222). The question of the apostolicity of the Creed ought not to be dismissed without due attention being paid to the following five considerations:

(1) There are very suggestive traces in the New Testament of the recognition of a certain "form of doctrine" (typos didaches, Romans 6:17) which moulded, as it were, the faith of new converts to Christ's law, and which involved not only the word of faith believed in the heart, but "with the mouth confession made unto salvation" (Romans 10:8-10). In close connection with this we must recall the profession of faith in Jesus Christ exacted of the eunuch (Acts 8:37) as a preliminary to baptism (Augustine, "De Fide et Operibus", cap. ix; Migne, P.L., LVII, 205) and the formula of baptism itself in the name of the Three Persons of the Blessed Trinity (Matthew 28:19; and cf. the Didache 7:2, and 9:5). Moreover, as soon as we begin to obtain any sort of detailed description of the ceremonial of baptism we find that, as a preliminary to the actual immersion, a profession of faith was exacted of the convert, which exhibits from the earliest times a clearly divided and separate confession of Father, Son, and Holy Ghost, corresponding to the Divine Persons invoked in the formula of baptism. As we do not find in any earlier document the full form of the profession of faith, we cannot be sure that it is identical with our Creed, but, on the other hand, it is certain that nothing has yet been discovered which is inconsistent with such a supposition. See, for example, the "Canons of Hippolytus" (c. 220) or the "Didascalia" (c. 250) in Hahn's "Bibliothek der Symbole" (8, 14, 35); together with the slighter allusions in Justin Martyr and Cyprian.

(2) Whatever difficulties may be raised regarding the existence of the Disciplina Arcani in early times (Kattenbusch, II, 97 sqq.), there can be no question that in Cyril of Jerusalem, Hilary, Augustine, Leo, the Gelasian Sacramentary, and many other sources of the fourth and fifth centuries the idea is greatly insisted upon; that according to ancient tradition the Creed was to be learned by heart, and never to be consigned to writing. This undoubtedly provides a plausible explanation of the fact that in the case of no primitive creed is the text preserved to us complete or in a continuous form. What we know of these formulae in their earliest state is derived from what we can piece together from the quotations, more or less scattered, which are found in such writers, for example, as Irenaeus and Tertullian.

(3) Though no uniform type of Creed can be surely recognized among the earlier Eastern writers before the Council of Nicaea, an argument which has been considered by many to disprove the existence of any Apostolic formula, it is a striking fact that the Eastern Churches in the fourth century are found in possession of a Creed which reproduces with variations the old Roman type. This fact is full admitted by such Protestant authorities as Harnack (in Hauck's Realencyclopädie, I, 747) and Kattenbusch (I, 380 sq.; II, 194 sqq., and 737 sq.). It is obvious that these data would harmonize very well with the theory that a primitive Creed had been delivered to the Christian community of Rome, either by Sts. Peter and Paul themselves or by their immediate successors, and in the course of time had spread throughout the world.

(4) Furthermore note that towards the end of the second century we can extract from the writings of St. Irenæus in southern Gaul and of Tertullian in far-off Africa two almost complete Creeds agreeing closely both with the old Roman Creed (R), as we know it from Rufinus, and with one another. It will be useful to translate from Burn (Introduction to the Creeds, pp. 50, 51) his tabular presentation of the evidence in the case of Tertullian. (Cf. MacDonald in "Ecclesiastical Review", February, 1903):

THE OLD ROMAN CREED AS QUOTED BY TERTULLIAN (c. 200)

De Virg. Vel., 1

Against Praxeas 2

De Praecept., 13 and 26

(1) Believing in one God Almighty, maker of the world,

(1) We believe one only God,

(1) I believe in one God, maker of the world,

(2) and His SonJesus Christ,

(2) and the son of God Jesus Christ,

(2) the Word, called His SonJesus Christ,

(3) born of the Virgin Mary,

(3) born of the Virgin,

(3) by the Spirit and power of God the Father made flesh in Mary's womb, and born of her

(4) crucified under Pontius Pilate,

(4) Him suffered died, and buried,

(4) fastened to a cross.

(5) on the third day brought to life from the dead,

(5) brought back to life,

(5) He rose the third day,

(6) received in heaven,

(6) taken again into heaven,

(6) was caught up into heaven,

(7) sitting now at the right hand of the Father,

(7) sits at the right hand of the Father,

(7) set at the right hand of the Father,

(8) will come to judge the living and the dead

(8) will come to judge the living and the dead

(8) will come with glory to take the good into life eternal, and condemn the wicked to perpetual fire,

(9) who has sent from the Father the Holy Ghost.

(9) sent the vicarious power of His Holy Spirit,

(10) to govern believers (In this passage articles 9 and 10 precede 8)

(12) through resurrection of the flesh.

(12) restoration of the flesh.

Such a table serves admirably to show how incomplete is the evidence provided by mere quotations of the Creed, and how cautiously it must be dealt with. Had we possessed only the "De Virginibus Velandis", we might have said that the article concerning the Holy Ghost did not form part of Tertullian's Creed. Had the "De Virginibus Velandis" been destroyed, we should have declared that Tertullian knew nothing of the clause "suffered under Pontius Pilate". And so forth.

(5) It must not be forgotten that while no explicit statement of the composition of a formula of faith by the Apostles is forthcoming before the close of the fourth century, earlier Fathers such as Tertullian and St. Irenæus insist in a very emphatic way that the "rule of faith" is part of the apostolic traditionTertullian in particular in his "De Praescriptione", after showing that by this rule (regula doctrinoe) he understands something practically identical with our Creed, insists that the rule was instituted by Christ and delivered to us (tradita) as from Christ by the Apostles (Migne. P.L., II, 26, 27, 33, 50). As a conclusion from this evidence the present writer, agreeing on the whole with such authorities as Semeria and Batiffol that we cannot safely affirm the Apostolic composition of the Creed, considers at the same time that to deny the possibility of such origin is to go further than our data at present warrant. A more pronouncedly conservative view is urged by MacDonald in the "Ecclesiastical Review", January to July, 1903.

The old Roman creed

The Catechism of the Council of Trent apparently assumes the Apostolic origin of our existing Creed, but such a pronouncement has no dogmatic force and leaves opinion free. Modern apologists, in defending the claim to apostolicity, extend it only to the old Roman form (R), and are somewhat hampered by the objection that if R had been really held to be the inspired utterance of the Apostles, it would not have been modified at pleasure by various local churches (Rufinus, for example, testifies to such expansion in the case of the Church of Aquileia), and in particular would never have been entirely supplanted by T, our existing form. The difference between the two will best be seen by printing them side by side (Creeds R and T):

R.

T.

(1) I believe in God the Father Almighty;

(1) I believe in God the Father Almighty Creator of Heaven and earth

(2) And in Jesus Christ, His only Son, our Lord;

(2) And in Jesus Christ, His only Son, our Lord;

(3) Who was born of (de) the Holy Ghost and of (ex) the Virgin Mary;

(3) Who was conceived by the Holy Ghost, born of the Virgin Mary,

(4) Crucified under Pontius Pilate and buried;

(4) Suffered under Pontius Pilate, was crucified, dead, and buried;

(5) The third day He rose again from the dead,

(5) He descended into hell; the third day He rose again from the dead;

(6) He ascended into Heaven,

(6) He ascended into Heaven, sitteth at the right hand of God the Father Almighty;

(7) Sitteth at the right hand of the Father,

(7) From thence He shall come to judge the living and the dead.

(8) Whence He shall come to judge the living and the dead.

(8) I believe in the Holy Ghost,

(9) And in the Holy Ghost,

(9) The Holy Catholic Church, the communion of saints

(10) The Holy Church,

(10) The forgiveness of sins,

(11) The forgiveness of sins;

(11) The resurrection of the body, and

(12) The resurrection of the body.

(12) life everlasting.

Neglecting minor points of difference, which indeed for their adequate discussion would require a study of the Latin text, we may note that R does not contain the clauses "Creator of heaven and earth", "descended into hell", "the communion of saints", "life everlasting", nor the words "conceived", "suffered", "died", and "Catholic". Many of these additions, but not quite all, were probably known to St. Jerome in Palestine (c. 380.--See Morin in Revue Benedictine, January, 1904) and about the same date to the Dalmatian, Niceta (Burn, Niceta of Remesiana, 1905). Further additions appear in the creeds of southern Gaul at the beginning of the next century, but T probably assumed its final shape in Rome itself some time before A.D. 700 (Burn, Introduction, 239; and Journal of Theol. Studies, July, 1902). We know nothing certain as to the reasons which led to the adoption of T in preference to R.

Articles of the creed

Although T really contains more than twelve articles, it has always been customary to maintain the twelvefold division which originated with, and more strictly applies to, R. A few of the more debated items call for some brief comment. The first article of R presents a difficulty. From the language of Tertullian it is contended that R originally omitted the word Father and added the word one; thus, "I believe in one God Almighty". Hence Zahn infers an underlying Greek original still partly surviving in the Nicene Creed, and holds that the first article of the Creed suffered modification to counteract the teachings of the Monarchian heresy. It must suffice to say here that although the original language of R may possibly be Greek, Zahn's premises regarding the wording of the first article are not accepted by such authorities as Kattenbusch and Harnack.

Another textual difficulty turns upon the inclusion of the word only in the second article; but a more serious question is raised by Harnack's refusal to recognize, either in the first or second article of R, any acknowledgment of a pre-existent or eternal relation of Sonship and Fatherhood of the Divine Persons. The Trinitarian theology of later ages, he declares, has read into the text a meaning which it did not possess for its framers. And he says, again, with regard to the ninth article, that the writer of the Creed did not conceive the Holy Ghost as a Person, but as a power and gift. "No proof can be shown that about the middle of the second century the Holy Ghost was believed in as a Person." It is impossible to do more here than direct the reader to such Catholic answers as those of Baumer and Blume; and among Anglicans to the very convenient volume of Swete. To quote but one illustration of early patristic teaching, St. Ignatius at the end of the first century repeatedly refers to a Sonship which lies beyond the limits of time: "Jesus Christ . . . came forth from one Father", "was with the Father before the world was" (Letter to the Magnesians 6-7). While, with regard to the Holy GhostSt. Clement of Rome at a still earlier date writes: "As God lives, and the Lord Jesus Christ lives, and the Holy Spirit, the faith and hope of the elect" (cap. lviii). This and other like passages clearly indicate the consciousness of a distinction between God and the Spirit of God analogous to that recognized to exist between God and the Logos. A similar appeal to early writers must be made in connection with the third article, that affirming the Virgin Birth. Harnack admits that the words "conceived of the Holy Ghost" (T), really add nothing to the "born of the Holy Ghost" (R). He admits consequently that "at the beginning of the second century the belief in the miraculous conception had become an established part of Church tradition". But he denies that the doctrine formed part of the earliest Gospel preaching, and he thinks it consequently impossible that the article could have been formulated in the first century. We can only answer here that the burden of proof rests with him, and that the teaching of the Apostolic Fathers, as quoted by Swete and others, points to a very different conclusion.

Rufinus (c. 400) explicitly states that the words descended into hell were not in the Roman Creed, but existed in that of Aquileia. They are also in some Greek Creeds and in that of St. Jerome, lately recovered by Morin. It was no doubt a remembrance of 1 Peter 3:19, as interpreted by Irenaeus and others, which caused their insertion. The clause, "communion of saints", which appears first in Niceta and St. Jerome, should unquestionably be regarded as a mere expansion of the article "holy Church". Saints, as used here, originally meant no more than the living members of the Church (see the article by Morin in Revue d'histoire et de litterature ecclesiastique. May, 1904, and the monograph of J.P. Kirsch, Die Lehre von der Gemeinschaft der Heiligen, 1900). For the rest we can only note that the word "Catholic", which appears first in Niceta, is dealt with separately; and that "forgiveness of sins" is probably to be understood primarily of baptism and should be compared with the "one baptism for the forgiveness of sins" of the Nicene Creed.

Use and authority of the creed

As already indicated, we must turn to the ritual of Baptism for the most primitive and important use of the Apostles' Creed. It is highly probable that the Creed was originally nothing else than a profession of faith in the Father, Son, and Holy Ghost of the baptismal formula. The fully developed ceremonial which we find in the seventh Roman Ordo, and the Gelasian Sacramentary, and which probably represented the practice of the fifth century, assigns a special day of "scrutiny", for the imparting of the Creed (traditio symboli), and another, immediately before the actual administration of the Sacrament, for the redditio symboli, when the neophyte gave proof of his proficiency by reciting the Creed aloud. An imposing address accompanied the traditio and in an important article, Dom de Puniet (Revue d'Histoire Ecclesiastique, October, 1904) has recently shown that this address is almost certainly the composition of St. Leo the Great. Further, three questions (interrogationes) were put to the candidate in the very act of baptism, which questions are themselves only a summary of the oldest form of the Creed. Both the recitation of the Creed and the questions are still retained in the Ordo baptizandi of our actual Roman ritual; while the Creed in an interrogative form appears also in the Baptismal Service of the Anglican "Book of Common Prayer". Outside of the administration of baptism the Apostles' Creed is recited daily in the Church, not only at the beginning of Matins and Prime and the end of Compline, but also ferially in the course of Prime and Compline. Many medieval synods enjoin that it must be learnt by all the faithful, and there is a great deal of evidence to show that, even in such countries as England and France, it was formerly learnt in Latin. As a result of this intimate association with the liturgy and teaching of the Church, the Apostles' Creed has always been held to have the authority of an ex cathedra utterance. It is commonly taught that all points of doctrine contained in it are part of the Catholic Faith, and cannot be called in question under pain of heresy (St. ThomasSumma Theologica, II-II:1:9). Hence Catholics have generally been content to accept the Creed in the form, and in the sense, in which it has been authoritatively expounded by the living voice of the Church. For the Protestants who accept it only in so far as it represents the evangelical teaching of the Apostolic Age, it became a matter of supreme importance to investigate its original form and meaning. This explains the preponderating amount of research devoted to this subject by Protestant scholars as compared with the contributions of their Catholic rivals.

Thurston, Herbert. "Apostles' Creed." The Catholic Encyclopedia. Vol. 1. New York: Robert Appleton Company, 1907. 14 Nov. 2020 <http://www.newadvent.org/cathen/01629a.htm>.

Transcription. This article was transcribed for New Advent by Donald J. Boon. Dedicated to Jack and Kathy Graham, faithful friends in the Church Universal.

Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. March 1, 1907. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.

Copyright © 2020 by Kevin Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.

SOURCE : https://www.newadvent.org/cathen/01629a.htm