Saint Pierre : Je crois en Dieu le Père Tout Puissant créateur du ciel et de la terre
Saint André : Et en Jésus Christ son fils unique Notre Seigneur
Saint Jacques le Majeur : qui a été conçu du Saint Esprit, est né de la Vierge Marie
Saint Jean : a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli
Saint Thomas : est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts
Saint Jacques : est monté aux Cieux, est assis à la droite de Dieu le Père Tout Puissant
Saint Philippe : d’où Il viendra juger les vivants et les morts
Saintt Barthélemy : je crois en l’Esprit Saint
Saint Mathieu: à la sainte Église catholique
Saint Simon: à la Communion des saints, à la rémission des péchés
Saint Jude :À la résurrection de la chair
Saint Mathias: à la vie
éternelle
Twelve articles of faith set out by twelve apostles. Illuminated manuscript of the Apostles' Creed, 1300
Historique du symbole des
apôtres
Cours de patrologie de
soeur Gabriel Peters o.s.b., chapitre 1
Lundi 8 octobre 2007 —
Dernier ajout samedi 1er mai 2010
Vous trouverez ici le
premier chapitre du manuel de patrologie de Soeur Gabriel Peters. Il n’est plus
édité, mais il rendra encore service à ceux qui s’intéressent aux Pères de
l’Église.
Introduction :
justification de cette étude
-
1. Les deux étapes de la croyance populaire
-
2. Les trois étapes du travail scientifique et ses conclusions.
III.
Étapes de la rédaction du symbole baptismal romain
Conclusion :
en la Trinité consiste la foi de tous les chrétiens
Appendice :
Quelques textes sur l’Ichtus
INTRODUCTION :
JUSTIFICATION DE CETTE ÉTUDE
Pourquoi au seuil d’une
étude sur la patrologie étudier l’histoire du symbole des apôtres ?
Les Pères de l’Église
sont des témoins particulièrement autorisés de la foi. Mais cette foi dont ils
vivent et qu’ils nous transmettent, eux, comme nous, ils l’ont d’abord reçue.
Certes, tandis qu’ils la communiquent, ils l’approfondissent, tandis que jalousement,
ils la protègent et la défendent contre toutes les attaques et les erreurs, ils
sont amenés à en mieux préciser les données. Mais, encore une fois, ils l’ont
reçue : elle leur vient de Dieu, par le Christ, telle qu’elle s’est
transmise, dépôt sacré, dans l’Église, par l’enseignement des apôtres et de
leurs légitimes successeurs.
Or, le symbole des
apôtres a toujours été considéré pour ce qu’il est : un résumé de
l’enseignement apostolique. Il convient donc de nous y arrêter et d’en retracer
l’histoire. Cette étude nous invitera à garder, nous aussi, le dépôt :
En ce qu’il a reçu, nul
ne demeure, si ce n’est par l’amour.
Saint Augustin, De
fide et symbolo (en 393).
Retracer l’histoire du
symbole des apôtres, c’est parcourir les différentes étapes de sa rédaction et,
par le fait même, c’est préciser le sens exact de l’attribution de cette
rédaction aux apôtres.
I. LE SENS DU MOT SYMBOLE
Le catéchisme
du Concile de Trente, rédigé sous la direction de saint Charles Borromée
et approuvé par le pape Pie V, définit le mot symbole. Voyons donc comment ce
mot était compris au XVIe siècle, le catéchisme ayant été édité en
1566 [1] :
Cette profession de foi
et d’espérance chrétienne que les apôtres avaient composée, ils l’appelèrent
symbole, soit parce qu’ils la formèrent de l’ensemble des vérités différentes
que chacun d’eux formula, soit parce qu’ils s’en servirent comme d’une marque
et d’un mot d’ordre qui leur ferait distinguer aisément les vrais soldats de
Jésus-Christ des déserteurs et des faux frères qui se glissaient dans l’Église
pour corrompre l’Evangile (1, 1, 2).
Ensemble de vérités,
marque, mot d’ordre : trois définitions valables du mot symbole.
Cependant, le terme prend son sens le plus riche lorsqu’on remonte jusqu’à
l’origine afin de bien comprendre pourquoi ce mot fut choisi avec son sens
premier pour désigner l’ensemble des vérités de la foi. Certes, dès le
IVe siècle les auteurs chrétiens donnent à ce mot ses diverses acceptions,
mais le sens originel était unique, la valeur d’image du mot s’est estompée et
ternie par suite d’un long usage.
Pour découvrir ce sens
originel, il suffit d’ouvrir un bon dictionnaire grec ! Qu’est-ce que
le Symbolon ? Primitivement, le symbolon est un objet coupé
en deux dont deux hôtes conservaient chacun la moitié qu’ils transmettaient à
leurs enfants : les deux parties rapprochées servaient à faire reconnaître
les porteurs et à prouver les relations contractées antérieurement.
C’est bien cela : au
symbole des apôtres, le chrétien peut être reconnu comme tel et les liens qui
unissent les porteurs du symbole demeureront toujours. L’évêque d’Hippone,
saint Augustin, a encore ce sens en vue lorsqu’il s’adresse en ces termes à ses
catéchumènes :
Le temps est venu de vous
remettre le symbole qui renferme en peu de mots tout ce que vous devez croire
pour obtenir le salut éternel.
Le mot symbole est pris
ici par analogie dans un sens figuré en effet, les négociants font entre eux un
symbole, un pacte (pacto fidei) de confiance mutuelle pour affermir leur
société par ce contrat d’alliance.
Or, votre société a pour
objet un culte tout spirituel et vous ressemblez à des marchands qui cherchent
une perle de grand prix (Mt 13, 45). Cette perle, c’est la charité qui
sera répandue dans vos cœurs par l’Esprit Saint qui vous sera donné (Ro 5,
5). A cette charité, on parvient par la foi que contient ce symbole.
Sermon 222.
Vers l’an 200, Tertullien
disait déjà de même :
Voyons ce qu’a appris
l’Église romaine, ce qu’elle a enseigné, ce qu’elle a échangé en gage
(contesserarit) avec les Églises africaines.
De praescriptionibus
haereticorum 36.
La tessera latine
- ce tesson d’argile - est le symbolon grec.
Le symbole des apôtres
est donc le signe de reconnaissance du chrétien, il lui est solennellement
remis lors de la « tradition du symbole ». Le chrétien doit ensuite
le rendre à Dieu et le montrer à ses frères, intact : c’est la
« reddition du symbole » [2].
Il s’agit là d’un rite très important de la liturgie baptismale. Aussi bien,
retracer l’histoire du symbole né de l’antique regula fidei (règle de
foi) c’est faire, comme nous allons le voir, l’historique de la rédaction du
symbole de la liturgie baptismale romaine.
Il nous reste à
distinguer le terme symbole de deux autres expressions de signification
voisine : la règle de foi et la profession de foi.
• La règle de
foi ou règle de vérité [3] est
une formule antique, brève, synthétisant la foi chrétienne.
• Le symbole dont la formule doit être normalement assez brève est la règle de foi introduite dans la liturgie baptismale.
• La profession de
foi est un symbole plus long, plus détaillé, isolé de la liturgie
baptismale.
Dans la pratique, une
certaine confusion règne entre les deux derniers termes : symbole et
profession de foi.
II. L’HISTOIRE D’UNE
LÉGENDE
Selon une légende bien
ancienne qui ira en s’amplifiant à travers les siècles, les douze apôtres
auraient formulé, sous l’action de l’Esprit Saint, à la veille de leur
dispersion, le symbole des apôtres, chaque apôtre récitant un article…
Cette légende est, on le
comprend immédiatement, la stylisation naïve d’une profonde vérité : le
symbole remonte bien aux apôtres, encore faut-il voir en quel sens et comment.
Avançons dans cette règle
de foi,
l’Église l’a reçue des
apôtres,
les apôtres du Christ,
et le Christ de Dieu.
Tertullien († après
220) De praescriptione haereticorum, 37 (écrit en 200).
Lisons une fois de plus
le catéchisme du Concile de Trente dont le texte date de 1566 :
Ce que les chrétiens
doivent savoir tout d’abord ce sont les vérités que les saints apôtres, nos
maîtres et nos guides dans la foi, inspirés par l’Esprit de Dieu, ont renfermées
dans les douze articles du symbole. Après avoir reçu de Notre Seigneur l’ordre
d’aller remplir pour lui les fonctions d’ambassadeurs (2 Co 5, 20) et de
se répandre dans le monde entier pour prêcher l’Évangile à toute créature
(Mc 16, 15) ils jugèrent convenable de composer une formule de foi
chrétienne afin que tous eussent la même croyance et le même langage, qu’il n’y
eût ni division, ni schisme parmi ceux qu’ils allaient appeler à la même foi et
que tous fussent consommés dans un même esprit et un même sentiment (I, 1, 2).
Les termes sont clairs,
ils disent nettement que le symbole fut composé par les apôtres…
Or, plus d’un siècle
auparavant, l’origine apostolique du symbole avait été violemment contestée.
C’était en 1438, les premières assises du Concile de l’Union appelé Concile de
Florence [4] se
tenaient, à Ferrare. Les Pères ayant invoqué l’autorité du symbole des apôtres,
l’archevêque antiunioniste d’Éphèse, Marcos Eugenicos, appelé aussi Marc
d’Éphèse, se leva et déclara aux latins consternés :
Pour nous, nous ne
professons ni même ne connaissons ce symbole des apôtres ; s’il avait
existé, le livre des Actes en aurait parlé.
Hardouin, Conciliorum
collectio, tome 9, p. 842-843.
La surprise et
l’indignation furent totales ! C’était vrai, cependant. L’Orient avait
d’autres formules, plus longues et détaillées, bien semblables quant au fond,
mais différentes.
Le branle était donné aux
objections. Les attaques contre l’origine apostolique du symbole se
succédèrent, mais elles furent l’occasion de longues, minutieuses et
consciencieuses études. Nous allons en recueillir les résultats.
Écoutons deux voix qui
disent, avec respect et modération d’ailleurs, que le symbole ne fut pas rédigé
tel quel par les apôtres :
Si le symbole qu’on
appelle des apôtres a été procuré par les apôtres eux-mêmes, je n’en sais
rien ; du moins porte-t-il la marque de la majesté et de la pureté
apostoliques.
Erasme, Opera omnia,
tome 5, p. 92.
Je nomme le symbole des
apôtres, mais je ne me soucie pas beaucoup de savoir qui en a été l’auteur…
Quoi qu’il en soit, je ne doute nullement, de quelque part qu’il soit procédé,
qu’il n’ait été dès le premier commencement de l’Église et même dès le temps
des apôtres reçu comme une confession publique et certaine de la foi.
Calvin, De la foi,
Paris, éd. Les Belles Lettres, 1937, tome 2, p. 45.
C’est en 1946 que les
patientes études du jésuite belge, le Père Joseph de Ghellinck († en 1950),
aboutirent à des résultats que tous considèrent comme définitifs, il fut aidé
par les efforts de bien des savants. Voici la conclusion de ses
recherches :
La doctrine du symbole
des apôtres est apostolique, quant à sa forme, elle est celle de l’antique
symbole baptismal de la liturgie romaine dont, à la suite du Père de Ghellinck,
nous allons retracer l’histoire.
1) Les deux étapes de la
croyance populaire
Il est impossible de
dater la légende, mais au IVe siècle, les attestations abondent :
ceux qui affirment sobrement, mais sans en douter, que les apôtres sont les
rédacteurs du symbole sont les témoins d’une croyance très répandue dans
l’Occident latin.
Au VIe siècle,
deuxième étape, la légende s’enjolive et s’amplifie, le jeu de l’imagination se
donne libre cours, non sans mettre ainsi en relief des vérités profondes.
a) Au
IVe siècle.
Saint Ambroise de Milan
(339-397) écrit ceci dans son Explication du symbole :
Si rien ne peut être
enlevé des écrits d’un seul apôtre, coinment oserions-nous entacher le symbole
que nous avons reçu dans sa tradition et dans sa composition des apôtres ?
Voici que selon les douze
apôtres, douze sentences ont été exprimées.
Quant à Rufin d’Aquilée
(345-410), il écrit vers l’an 400 :
Nos anciens
rapportent (tradunt : c’est l’idée de tradition) qu’après
l’ascension du Seigneur, lorsque le Saint-Esprit se fut reposé sur chacun des
apôtres, sous forme de langues de feu, afin qu’ils pussent se faire entendre en
toutes les langues, ils reçurent du Seigneur l’ordre de se séparer et d’aller
dans toutes les nations pour prêcher la parole de Dieu. Avant de se quitter,
ils établirent en commun une règle de la prédication qu’ils devaient faire afin
que, une fois séparés, ils ne fussent exposés à enseigner une doctrine
différente à ceux qu’ils attiraient à la foi du Christ. Etant donc tous réunis,
remplis de l’Esprit Saint, ils composèrent ce bref résumé de leur future
prédication, mettant en commun ce que chacun pensait et décidant que telle
devra être la règle à donner aux croyants. Pour de multiples et très justes
raisons, ils voulurent que cette règle s’appelât symbole.
Commentaire du symbole
des apôtres, 2. (C’est dans cet écrit que se trouve le premier texte latin du
symbole).
Nous avons bien, dans ce
texte, tous les éléments de la légende qui va aller en s’amplifiant. D’où Rufin
la tient-il ? Traducteur d’Origène, aurait-il interprété en ce sens une
phrase beaucoup plus sobre du Traité des Principes ?
Il faut savoir que les
saints apôtres prêchant la foi du Christ ont transmis en termes manifestes les
points de doctrine qu’ils estimaient nécessaires.
Origène, Traité des
Principes, préface.
Citons encore saint
Jérôme :
Le symbole de notre foi
et de notre espérance fut transmis par les apôtres.
Contre Jean de Jérusalem,
28.
b) Au
VIe siècle.
La légende déjà exprimée
en germe dans les passages cités ci-dessus va prendre une telle ampleur que,
d’une part, il n’est plus possible de ne pas la reconnaître comme légende, mais
que de l’autre, elle prêtera le concours de son genre littéraire très
particulier à de profondes vérités doctrinales : notre foi est apostolique
et, - le Moyen-Age va l’illustrer -, elle s’enracine dans l’Ancien Testament
dont l’unité avec le Nouveau est profonde.
Deux sermons
pseudo-augustiniens qui sont sans doute l’œuvre d’un prédicateur gaulois du
VIe siècle nous transmettent une pittoresque leçon de catéchisme. Nous
citons le plus court, on y explique la composition du symbole :
Pierre dit : Je
crois en Dieu le Père tout-puissant,
Jean dit : Créateur
du ciel et de la terre.
Jacob dit : Je crois
aussi en Jésus-Christ son Fils unique Notre-Seigneur.
André dit : Qui a
été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie.
Philippe dit : A
souffert sous Ponce-Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli.
Thomas dit : Est
descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité d’entre les morts.
Barthélemy dit : Est
monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant,
Matthieu dit : D’où
il viendra juger les vivants et les morts.
Jacques, fils
d’Alphée : Je crois au Saint-Esprit, la sainte Église catholique,
Simon le Zélote : La
communion des saints, la rémission des péchés,
Judas, fils de
Jacques : La résurrection de la chair,
Matthias acheva : La
vie éternelle. Amen. [5]
Il est facile de
remarquer que ce symbole composé par douze apôtres a quatorze articles :
je crois au Saint-Esprit, la sainte Église catholique = 2, la communion des
saints, la rémission des péchés = 2. La division artificielle du symbole en 12
articles est née de la légende et risque de masquer le rythme ternaire du
symbole trinitaire.
Nous n’étudierons plus le
développement et la permanence de la légende dans les siècles suivants. Mais il
nous faut noter brièvement son retentissement dans l’art religieux.
Dans une église du
diocèse de Lyon, celle de Charlieu, des peintures du XVe siècle montrent
chacun des 12 apôtres tenant une banderole où est gravé un article du symbole.
D’autre part, dans des miniatures de la fin du XIIIe siècle, à chaque apôtre
portant en banderole son article du symbole, correspond un prophète qui annonce
déjà ce même article : on voit l’unité et la continuité des deux
Testaments [6]. Chaque
apôtre, dit avec ingénuité mais non sans profondeur saint Bonaventure
(XIIIe siècle), est venu poser son article à l’endroit voulu, pierre
vivante, ferme et immuable, tirée de la profondeur des Écritures [7].
2) Les trois étapes du
travail scientifique et ses conclusions
a) De 1439 à 1860
La polémique prédomine,
hostile. On nie sans nuances l’origine de la rédaction apostolique, tendant
ainsi à nier la doctrine ou en tout cas son caractère apostolique. Cependant,
dès le XVIIe siècle, on découvre une forme plus ancienne du symbole et en
cette forme plus ancienne, on doit reconnaître que le symbole qui en est issu
se rattache à une règle de foi qui rejoint une tradition primitive. Dans le feu
de la polémique, ce résultat si important passe inaperçu.
b) Après 1860
jusqu’en 1914
La forme la plus ancienne
- forma antiquior - retient toute l’attention des savants.
D’importantes études de comparaison de textes, méthodiquement organisées,
tentent de reconstituer la forme du symbole ancien. On en arrive à la
conclusion suivante : à côté du textus receptus, le nôtre qui
remonte au VIe siècle, il existe une formule plus courte, le textus
antiquus, qui compte 12 articles. C’est celle de l’ancien symbole
baptismal romain composé non en latin, mais en grec.
c) Après 1914-1918
De minutieuses études de
textes anciens aboutissent à la découverte d’une forme très ancienne :
la forma antiquissima. On comprend enfin que le symbole baptismal
romain, glorieux par sa survivance, ne fut pas le seul symbole ; bien
plus, il n’est lui-même que le fruit d’une rédaction composite : deux
formules, l’une trinitaire, courte, et l’autre christologique, plus longue, se
sont amalgamées. Le texte trinitaire plus court serait, contrairement à ce que
l’on a cru parfois, le plus ancien, on le trouve employé dans la liturgie baptismale,
vers l’an 100. En disant ceci, nous ne voulons pas signifier qu’il ne dût
exister dès l’origine une formule baptismale christologique, sans doute la plus
ancienne, comme les Actes des Apôtres en font foi :
« L’Esprit Saint n’était encore descendu sur aucun d’eux car ils avaient
seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus » [8].
A quelle époque les deux
formules, trinitaire et christologique, se soudèrent-elles ? Certainement
avant l’an 200, mais il n’est pas possible de fixer une date certaine. La
plupart des savants s’accordent à dire : avant 150.
Miniature
du manuscrit de Somme le Roy, xiiie siècle,
Les
Apôtres en train de rédiger le Credo, en recevant l'inspiration de l'Esprit
Saint.
III. ÉTAPES DE LA
RÉDACTION DU SYMBOLE BAPTISMAL ROMAIN
Nous allons tenter de suivre les étapes du développement de la rédaction du symbole baptismal romain, à travers le dédale des textes qui ont pu lui donner naissance et forme.
Nous disons bien :
le dédale des textes, car « manifestement, le nombre et le développement
des anciennes professions de foi fut singulièrement riche et
complexe » [9].
1) Les textes
scripturaires
Nous citons en tout
premier lieu les deux textes essentiels qui se rattachent directement à la
liturgie baptismale.
a. Le texte
trinitaire de saint Matthieu 28, 19
Allez donc, de toutes les
nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du
Saint-Esprit.
Cette formule baptismale
trinitaire d’une frappe si nette fut longtemps suspecte aux critiques [10].
Mais ce n’est pas une seule formule que nous relevons dans les Écritures du
Nouveau Testament : saint Paul écrit dans la Première lettre aux Corinthiens :
« Vous avez été lavés, sanctifiés, justifiés par le nom du Seigneur
Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu (6, 11) ». La distinction entre
les personnes de la Trinité est partout très nette dans le Nouveau Testament,
encore que la théologie ne s’en développera que plus tard. En l’an 57, Paul
écrit : « La grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu le Père
et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous (2 Co 13,
13) ». Tous les manuscrits, sans exception, ont le texte connu de saint
Matthieu et les auteurs chrétiens du IIe siècle (saint Justin et saint
Irénée), comme ceux du IIIe siècle le citent toujours suivant sa teneur.
b. Le texte
christologique des Actes 8, 37
Mais Philippe dit :
« Si tu crois de tout ton cœur, c’est possible de te baptiser ». Et
répondant, il dit : « Je crois que Jésus-Christ est le Fils de
Dieu ».
Tel est le dialogue
qu’échangent entre eux le diacre Philippe et l’eunuque éthiopien. Ce verset est
absent des meilleurs manuscrits grecs. Par contre, l’antique Itala employée
avec prédilection par saint Augustin, mais difficile à dater, porte ce
texte [11].
Que faut-il en conclure ? Absent de la rédaction primitive des Actes,
ce texte y fut ajouté, il est, selon toute probabilité, un vestige de la
liturgie baptismale. Saint Irénée et saint Cyprien connaissent déjà cette
glose [12].
c. Les autres textes
scripturaires proches des professions de foi.
En ce qui concerne la
fusion des deux textes, trinitaire et christologique, il y a lieu de souligner
le texte du Livre des Actes 19, 1-5. Saint Paul demande à quelques
disciples s’ils ont reçu l’Esprit Saint. Ceux-ci répondent : « Mais
nous ne savons même pas qu’il y a un Esprit Saint ! ». Par cette
réponse, saint Paul comprend qu’ils n’ont pu recevoir le baptême du Christ. Il
les baptise alors au nom du Seigneur Jésus (formule christologique) et ils
reçurent l’Esprit. Voit-on combien se montre étroite la liaison entre le
baptême au nom de Jésus et le baptême dans l’Esprit ? Aucune formule
trinitaire n’est exprimée ici, mais on n’en voit pas moins le point de
rencontre vers lequel s’acheminera le symbole unissant la foi au Christ à celle
du Dieu-Trinité qu’il révèle.
Citons maintenant trois
professions de foi christologiques :
1 Co, 15, 3 (en l’an
55) : Je vous ai donc transmis tout d’abord ce que j’avais moi-même reçu,
à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu’il a
été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour, selon les
Écritures.
C’est tout le contenu du
kérygme : message du salut. Remarquons combien le texte du symbole y reste
fidèle.
Ro 1, 34 (vers
57-58) : Paul, serviteur du Christ Jésus… mis à part pour annoncer
l’Évangile de Dieu que d’avance il avait promis par ses prophètes dans les
saintes Ecritures, concernant son Fils issu de la lignée de David selon la
chair, établi Fils de Dieu avec puissance selon l’Esprit de sainteté par sa
résurrection des morts, Jésus-Christ notre Seigneur.
Ce texte nettement
christologique est aussi trinitaire.
1 Pi 3, 18-22 (entre
62 et 64) : Le Christ lui-même est mort une fois pour les péchés, juste
pour des injustes… mis à mort selon la chair, il a été vivifié selon l’Esprit,
c’est en lui qu’il alla prêcher aux esprits en prison… Le baptême vous sauve à
présent… c’est l’engagement à Dieu d’une bonne conscience par la résurrection
de Jésus-Christ, lui qui passé au ciel est à la droite de Dieu.
2) Les textes
patristiques
a. Au premier siècle
Dans la
célèbre Lettre de saint Clément de Rome que l’on date de l’an 96,
relevons ces deux textes :
Vive Dieu et vive le
Seigneur Jésus-Christ et l’Esprit Saint, la foi et l’espoir des élus.
58, 2. Ce texte est cité
par saint Basile dans son Traité du Saint-Esprit, ch. 29.
Est-ce que nous n’avons
pas un seul Dieu et un seul Christ et un seul Esprit répandu sur nous, nous qui
sommes un seul peuple appelé dans le Christ ?
46, 6.
b. Au deuxième
siècle
Texte de saint Ignace
d’Antioche (vers l’an 100)
Fermez l’oreille aux
discours qui ne vous parlent pas de Jésus-Christ, né de la race de David, né de
Marie, qui a été réellement engendré, a réellement mangé et bu, a réellement
souffert persécution sous Ponce Pilate, a été réellement crucifié, est mort
sous les regards du ciel, de la terre et des enfers, qui est aussi réellement
ressuscité d’entre les morts. C’est son Père qui l’a ressuscité et c’est lui
aussi qui nous ressuscitera en Jésus-Christ, nous qui croyons en lui en dehors
de qui nous n’avons pas la vie véritable.
Lettre aux Tralliens, 9.
Texte de la Didachè
(date discutée :
entre 50 et 70 ou vers 150) [13]
Baptisez au nom du Père
et du Fils et du Saint-Esprit dans l’eau vive… Verse sur la tête trois fois de
l’eau au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
Textes de saint Justin
(vers 155)
Ensuite, nous les
conduisons en un endroit où il y a de l’eau et là, de la même manière que nous
avons été régénérés nous-mêmes, ils sont régénérés à leur tour : au nom de
Dieu le Père et le maître de toutes choses, et de Jésus-Christ, notre Sauveur,
et du Saint-Esprit. Ils sont alors lavés dans l’eau… Voici la doctrine que les
apôtres nous ont transmise sur ce sujet… : cette ablution s’appelle
illumination parce que ceux qui reçoivent cette doctrine ont l’esprit rempli de
lumière. Et aussi au nom de Jésus-Christ qui fut crucifié sous Ponce Pilate et
au nom de l’Esprit Saint qui prédit par les prophètes toute l’histoire de
Jésus, est lavé celui qui est illuminé.
Apologie, I, 6 1.
On aura remarqué la
tendance au développement christologique et à la fusion des formules :
comparer la Première Lettre à Timothée 6, 13 : « Le Christ
Jésus qui, devant Ponce Pilate, a rendu son beau témoignage ».
Nous adorons le Créateur
de cet univers… nous adorons Jésus-Christ qui fut crucifié sous Ponce Pilate…
nous voyons en lui le Fils du vrai Dieu, nous le mettons au second rang et, en
troisième lieu, l’Esprit prophétique.
Apologie I, 13.
Jésus-Christ a été crucifié,
est mort, est ressuscité et il est remonté au ciel où il règne. La bonne
nouvelle répandue dans le monde entier par les apôtres est la joie de ceux qui
attendent l’immortalité qu’il a promise.
Apologie I, 42.
(Ici c’est Tryphon, un
Juif que Justin ne parvient pas à convaincre, qui parle) : Il te reste à
prouver que celui-là ait consenti à naître homme d’une vierge, selon la volonté
de son Père, démontre-le et aussi qu’il a été crucifié et qu’il est mort et
prouve aussi qu’après tout cela, il est ressuscité et monté au ciel.
Dialogue avec Tryphon,
63.
Ce Fils de Dieu enfanté
par une vierge qui s’est fait homme souffrant, crucifié sous Ponce Pilate par
votre peuple, mort, ressuscité des morts, monté au ciel.
Dialogue avec Tryphon,
85.
Ce Jésus est le Christ,
Fils de Dieu, il a été crucifié et il est ressuscité, monté au ciel et il
reviendra comme juge de tous les hommes absolument, jusqu’à Adam lui-même.
Dialogue avec Tryphon,
132.
Les textes de saint
Irénée de Lyon, ils datent des environs de 177 :
Voici l’enseignement
méthodique de notre foi, la base de l’édifice et le fondement de notre
salut : Dieu le Père incréé, inengendré, invisible, Dieu unique, Créateur
de tout : c’est le premier article de notre foi. Quant au second article,
le voici : c’est le Verbe de Dieu, le Fils de Dieu, Jésus-Christ, notre
Seigneur qui est apparu aux prophètes en la forme décrite dans leurs oracles et
selon l’économie spéciale du Père [14],
le Verbe par qui tout a été fait et qui, dans la plénitude des temps, pour
récapituler et contenir toutes choses, s’est fait homme, né des hommes, s’est
rendu visible et palpable, afin de détruire la mort et de rétablir l’union
entre Dieu et l’homme.
Quant au troisième
article, c’est le Saint-Esprit qui a parlé par les prophètes, a enseigné à nos
pères les choses divines et a conduit les justes dans la voie de la
justice ; c’est lui qui, dans la plénitude des temps, a été répandu d’une
manière nouvelle sur l’humanité tandis que Dieu renouvelait l’homme sur toute
la terre.
Démonstration de la
prédication apostolique, 6.
Voici ce que nous assure
la foi, telle que les presbytres, disciples des apôtres, nous l’ont transmise.
Tout d’abord, elle nous oblige à nous rappeler que nous avons reçu le baptême
pour la rémission des péchés, au nom de Dieu le Père, et au nom de
Jésus-Christ, le Fils de Dieu qui s’est incarné, est mort, et est ressuscité,
et dans l’Esprit Saint de Dieu.
Démonstration… 3.
L’Église, bien qu’elle
soit répandue dans tout l’univers jusqu’ aux extrémités de la terre, a reçu des
apôtres et de leurs disciples, la foi en un seul Dieu, Père tout-puissant qui a
fait le ciel et la terre et les mers et tout ce qui s’y trouve, et en un seul
Christ Jésus, le Fils de Dieu qui s’est incarné pour notre salut, et en un
Esprit Saint qui, par les prophètes, a annoncé les économies et les avènements
et la naissance virginale et la passion et la résurrection d’entre les morts et
l’ascension corporelle dans les cieux du bien-aimé Christ Jésus notre Seigneur
et sa parousie quand des cieux il apparaîtra à la droite du Père pour tout
restaurer et ressusciter toute chair de toute l’humanité afin que, devant le
Christ Jésus notre Seigneur, Dieu, Sauveur et Roi, selon le bon plaisir du Père
invisible, tout genou fléchisse au ciel, sur terre, aux enfers… C’est cette
prédication que l’Église a reçue, c’est cette foi, comme nous l’avons dit, et
bien qu’elle soit dispersée dans le monde entier, elle la garde soigneusement, comme
si elle habitait une seule maison et elle y croit unanimement, comme si elle
n’avait qu’une âme et un cœur, et d’un parfait accord, elle la prêche, elle
l’enseigne, elle la transmet comme si elle n’avait qu’une seule bouche. Et sans
doute, les langues sur la surface de la terre sont différentes, mais la force
de la tradition est une et identique… De même que le soleil, cette créature de
Dieu, est dans tout le monde un et identique, ainsi la prédication de la vérité
brille partout et éclaire tous les hommes qui veulent parvenir à la
connaissance de la vérité.
Contre les hérésies, 1,
10, 2
Au chapitre qui précédait
celui dont est extrait ce passage, Irénée parlait du canon de la vérité reçu au
baptême.
Dans tous les textes
cités on remarque une certaine formulation fixe bien proche des textes du
symbole.
Nous citons maintenant
deux symboles élaborés. Tous deux doivent dater de la deuxième partie du second
siècle. Ils prouvent avec certitude que, dès avant l’an 200, l’usage d’un
symbole bref existait et cela dans des Églises très séparées l’une de l’autre.
Je crois au Père, le
tout-puissant
et en Jésus-Christ, notre
Sauveur,
et au Saint-Esprit le
Paraclet
et à la sainte Église
et à la rémission des
péchés.
Ce premier texte est tiré
de la Lettre des Apôtres qui est une apocalypse apocryphe originaire
d’Asie Mineure, composée en grec, après 150. C’est en ce symbole à cinq
articles que l’on a reconnu la forme la plus ancienne de notre symbole des apôtres :
la forma antiquissima.
Je crois en Dieu le Père
tout-puissant,
et en son Fils unique
notre Seigneur Jésus-Christ
et au Saint-Esprit
et en la résurrection de
la chair
et en la sainte Église
catholique.
Ce second texte est tiré
d’un rituel égyptien de la fin du second siècle, le papyrus de
Der-Balyzey.
c. Au troisième
siècle
Vers 200, deux écrivains
importants, saint Hippolyte et Tertullien, nous ont transmis chacun un texte du
symbole romain. Le texte d’Hippolyte se trouve dans La Tradition
apostolique au chapitre où il est question de la tradition du saint
baptême. Le voici :
Que celui qui doit être
baptisé descende dans l’eau et que celui qui le baptise lui impose la main sur
la tête-en disant :
Crois-tu en Dieu le Père
tout-puissant ?
Et que celui qui est baptisé
réponde : Je crois.
Qu’il le baptise alors
une fois en lui tenant la main posée sur la tête. Puis qu’il lui dise :
Crois-tu au Christ Jésus,
le Fils de Dieu qui est né par l’Esprit Saint de la Vierge Marie, est mort et a
été enseveli, est ressuscité vivant des morts le troisième jour, est monté aux
cieux, est assis à la droite du Père, viendra juger les vivants et les
morts ?
Et quand il aura
dit : Je crois, qu’il le baptise de nouveau.
Qu’il lui dise de
nouveau :
Crois-tu au Saint-Esprit,
en la sainte Église et en la résurrection de la chair ?
Que celui qui est baptisé
dise : Je crois.
Et ainsi qu’on le baptise
une troisième fois.
Au lieu de reconstituer
le symbole d’après Tertullien, nous préférons donner tels quels les textes dont
on a tiré la reconstitution :
Il faut croire en un seul
Dieu tout-puissant, créateur du monde et en son Fils Jésus-Christ, né de la
Vierge Marie, crucifié sous Ponce Pilate, ressuscité le troisième jour des
morts, reçu dans les cieux, assis maintenant à la droite du Père d’où il
viendra juger les vivants et les morts par aussi la résurrection de la chair.
Du voile des vierges, 1
Nous croyons en un seul
Dieu, au Fils de Dieu Jésus-Christ, né d’elle (de la Vierge) qui a souffert…
est mort et a été enseveli… est ressuscité… a été pris dans les cieux pour s’y
asseoir à la droite du Père d’où il viendra juger les vivants et les morts… et
au Saint-Esprit.
Contre Praxéas, 2
Il faut croire qu’il y a
un seul Dieu, aucun autre que le Créateur du monde, et son Fils porté par
l’Esprit dans la Vierge Marie, né d’elle, Jésus-Christ fixé à la croix, il est
ressuscité le troisième jour, il fut emporté (ereptum) dans les cieux,
il est assis à la droite du Père d’où il viendra pour juger les
profanes (profanos) avec la restitution de la chair.
La prescription des
hérétiques, 13
Il connaît un seul Dieu,
créateur de l’univers et le Christ Jésus, Fils du Dieu Créateur, né de la
Vierge, et la résurrection de la chair.
La prescription des
hérétiques, 36
La conclusion qui ressort
de ces textes, c’est que l’Église romaine vers la fin du second siècle (ces
textes datent de 200), avait déjà un symbole baptismal complet, nous voulons
dire par là que le développement christologique de la deuxième partie du
symbole avait fusionné avec le symbole trinitaire.
Le texte de ce symbole
n’a cependant pas encore la fixité qu’il aura plus tard.
Au troisième siècle
aussi, les représentations d’un symbole christologique et baptismal vont se
multiplier, celle de l’Ichtus, du poisson qui représente tout à la
fois le Christ et le chrétien. Les lettres grecques du
mot ICHTUS forment un acrostiche où se retrouvent les premières
lettres de la formule suivante :
Ιησοῦς Χριστὸς Θεοῦ Ὑιὸς Σωτήρ=
Jésus Christ, Fils du
Dieu Sauveur.
Nous voici bien près de
la formule de l’initiation chrétienne insérée dans les Actes 8,
37 : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu.
Le poisson peut
représenter aussi le chrétien pris par les apôtres dans le filet de l’Église et
purifié, régénéré dans l’eau salutaire du baptême. Le poisson dont le symbole
premier désigne toujours le Christ, évoque aussi le sacrement de
l’Eucharistie : le chrétien y reçoit l’Ichtus (rappel de la
multiplication des pains et des poissons : signe eucharistique).
Vu l’importance de ce
signe christologique et baptismal, nous en donnons ci-après la première mention
connue dans l’épitaphe d’Abercius. Cette épitaphe est à dater d’avant l’année
216, puisqu’à cette date une inscription funéraire en constitue un grossier
plagiat. L’origine chrétienne du texte fut longtemps contestée, mais elle est
maintenant fermement établie. La pierre funéraire de l’évêque Abercius fut
retrouvée en Phrygie en 1883. Les deux fragments furent offerts au pape Léon
XIII et ils sont conservés au musée du Latran.
Citoyen d’une cité
distinguée, j’ai fait ce tombeau de mon vivant afin d’y avoir un jour pour mon
corps une place,
mon nom est Abercius, je
suis le disciple d’un pasteur pur,
qui paît ses troupeaux de
brebis par monts et plaines,
qui a des yeux très
grands qui voient tout.
C’est lui qui m’enseigna
les Écritures fidèles,
qui m’envoya à Rome
contempler la (cité) souveraine,
et voir la reine aux
vêtements d’or, aux chaussures d’or,
je vis là un peuple qui
porte un sceau brillant.
J’ai vu aussi la plaine
de Syrie, et toutes les villes de Nisibe,
par delà l’Euphrate,
partout j’ai eu des confrères,
j’avais Paul pour…
(compagnon ?) et la foi partout me conduisait.
Partout, elle me servit un
poisson de source,
très grand, pur, qu’a
pêché une vierge pure,
elle le donnait sans
cesse à manger aux amis,
elle a un vin délicieux,
elle le donne avec du pain.
Abercius, j’ai ordonné
d’écrire ces choses ici,
à l’âge de soixante et
douze ans, véritablement,
que le confrère qui
comprend prie pour Abercius.
On ne doit pas mettre un
tombeau au-dessus du mien :
sinon deux mille pièces
d’or (d’amende) pour le fisc romain,
mille pour ma chère
patrie Hiéropolis. [15]
Les érudits sont unanimes
à tenir l’épitaphe comme un témoin de première valeur de la foi chrétienne, en
ce qui regarde le baptême (le sceau brillant, le poisson de source),
l’eucharistie (poisson, pain, vin) et peut-être la conception virginale (un
poisson pêché par une vierge pure - cependant, il se pourrait que cette vierge
soit l’Église, d’après le contexte : c’est elle qui donne le poisson, le
pain, le vin). Les catholiques soulignent aussi l’importance donnée à Rome. Il
faut signaler encore que le symbolisme mystérieux du texte est voulu :
enterré parmi les païens, l’évêque s’adresse au confrère qui peut comprendre…
Le signe du poisson est une profession de foi.
d. Au quatrième
siècle
Si le symbole romain est
attesté au IIe et au IIIe s. par tant de textes différents qui nous
invitent à tenter de le reconstituer, nous ne le trouvons cependant nulle part
cité en entier. Au IVe s., au contraire, nous le trouvons entièrement
transcrit en latin par Rufin et en grec par Marcel, évêque d’Ancyre, dans une
lettre qu’il écrit en 340 au pape Jules pour l’assurer de sa communauté de foi
avec l’Église de Rome.
Le voici, son sigle admis
est R = symbole Romain primitif
Je crois en Dieu le Père
tout-puissant
Et en Jésus-Christ, son
Fils unique, notre Seigneur,
Qui est né du
Saint-Esprit et de la Vierge Marie,
Qui, sous Ponce Pilate, a
été crucifié et enseveli,
Le troisième jour est
ressuscité des morts,
Est monté aux cieux,
Est assis à la droite du
Père
D’où à viendra juger les
vivants et les morts,
Et au Saint-Esprit,
A la sainte Église,
A la rémission des
péchés,
A la résurrection de la
chair. Amen.
On voit que les
différences avec le symbole des apôtres dans son texte reçu (textus receptus)
sont minimes. Afin de bien les faire apparaître, nous en recopions le texte, en
soulignant les divergences dont la principale est celle-ci : notre symbole
actuel a 14 articles et non pas 12 comme le symbole primitif. La communion
des saints (textus receptus) est en fait un doublet de la sainte
Église catholique qui est cette communion des saints. La vie
éternelle en est presque un aussi de la résurrection de la chair, encore
que l’on puisse comprendre la distinction.
Je crois en Dieu le Père
tout-puissant,
Créateur du ciel et de la
terre,
Et en Jésus-Christ son
Fils unique Notre-Seigneur,
Qui a
été conçu du Saint-Esprit,
est né de la Vierge
Marie,
A souffert sous Ponce
Pilate,
a été crucifié, est
mort et a été enseveli,
Est descendu aux enfers,
le troisième jour est
ressuscité d’entre les morts,
Est monté aux cieux, Est
assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant,
D’où il viendra juger les
vivants et les morts.
Je crois au
Saint-Esprit,
la sainte
Eglise catholique,
la communion des saints,
la rémission des péchés,
la résurrection de
la chair,
la vie
éternelle. Amen.
CONCLUSION
On a pu dire du symbole
des apôtres qu’il était le « catéchisme le plus ancien de la chrétienté » [16].
Il est l’ancien symbole de foi de l’Église de Rome, il est l’engagement baptismal
du chrétien et, pour cette raison, il se dit au singulier : je crois.
Il n’est nullement une
sèche énumération de vérités à croire, il s’articule de manière à former un
ensemble organique [17] d’une
unité saisissante. Notre symbole est trinitaire et il nous révèle une trinité
« économique » [18] :
Dieu nous ouvre son être intime en nous dévoilant son dessein d’amour, le salut
des hommes par l’Incarnation rédemptrice de son Fils qui nous introduit dans la
connaissance et dans l’amour de la Trinité.
En la Trinité consiste la
foi de tous les chrétiens.
[19]
L’abbé Monchanin, qui
fonda en Inde un ermitage contemplatif, disait : « Si je suis
chrétien, c’est à cause de la sainte Trinité ». « L’adoration de la
Trinité est notre unique dessein », expliquait-il pour justifier sa vocation.
Et encore : « Ma vie n’a pas d’autre sens que celui de la louange et
de la contemplation de cet unique et total mystère ».
L’ensemble des textes
patristiques qui témoignent de l’élaboration de la rédaction du symbole mettent
la structure du symbole et sa signification profonde en vive lumière, ces
textes sont le meilleur et le plus authentique commentaire de notre profession
de foi.
Nous terminerons ce
chapitre en citant quelques extraits des sermons de saint Augustin sur le
symbole, ils s’adressent à des catéchumènes :
L’Esprit Saint lui-même
écrira ce symbole dans vos cœurs afin que ce que vous croyez, vous puissiez
l’aimer, et que ce soit par l’amour que la foi opère en vous
(cf. Ga 5, 6).
Ce symbole est la règle
de votre foi exprimée en un bref résumé. Sans accabler la mémoire, il instruit
l’esprit. Il se dit en bien peu de mots, mais par lui s’acquiert un si grand
bien.
Je crois en Dieu le Père
tout-puissant.
Vois : c’est dit si
vite, et cependant en ces mots, quelle richesse ! Il est Dieu, Il est
Père. Dieu par la puissance, Père par la bonté. Combien nous sommes
heureux ; nous qui comme Seigneur avons trouvé un Père !
Croyons donc en Lui, et
espérons tout de sa miséricorde, car Il est tout-puissant. Et que personne ne
dise : « Il ne peut me remettre mes péchés ». Comment ne le
pourrait-Il pas : Il est le Tout-Puissant.
(Haec fides imbuat corda
vestra…) Que cette foi pénètre vos cœurs… et ce que vous venez d’entendre,
croyez-le, afin de parvenir à le comprendre. C’est la foi chrétienne, c’est la
foi catholique, c’est la foi apostolique.
Sermons 212, 213 et
214
APPENDICE : QUELQUES
TEXTES SUR L’ICHTUS
• Inscription de Pectorius
d’Autun (avant 200)
Grâce divine
de l’Ichtus céleste,
Reçois avec un cœur plein
de respect
la vie immortelle parmi
les mortels,
rajeunis ton âme, ami,
dans les eaux divines
par les flots éternels de
la Sagesse qui donne les trésors.
Reçois l’aliment doux
comme le miel du Sauveur des saints.
Mange à ta faim, bois à
ta soif,
tu tiens
l’Ichtus dans les paumes de tes mains [20]
Nourris donc, Maître et
Sauveur, avec l’Ichtus.
Que ma mère repose en
paix, je t’en prie, lumière des morts.
Aschandius, mon père,
avec ma douce mère et mes frères,
de toute la gratitude de
mon âme,
je vous demande, dans la
paix de l’Ichtus,
souvenez-vous de
Pectorius.
• Tertullien († après
220) dit que le chrétien baptisé devient « le petit poisson » pris
par les apôtres, pêcheurs d’hommes dans le filet de l’Eglise.
• Clément d’Alexandrie (†
avant 215) demande aux chrétiens de faire graver l’Ichtus sur leurs
anneaux pour se souvenir de leur origine chrétienne. Il écrit :
Tu es le pêcheur des
mortels
que tu as sauvés de la
mer méchante.
Tu jettes l’appât
pour amener hors du flot
les saints poissons
les appelant à une vie de
douceur.
Hymne au Christ qui
termine Le Pédagogue.
Saint Ambroise (339-397)
écrit, parlant du baptême :
Imite le poisson. Il doit
être pour toi une merveille !
La tempête fait rage, les
vents violents soufflent, mais le poisson nage, il ne coule pas car il a
l’habitude de nager !
Pour toi, la mer, c’est
le monde ; elle a des courants divers, de grosses vagues, des tempêtes
furieuses.
Sois, toi aussi, un
poisson ! Que la vague du monde ne t’engloutisse pas !
Sources :
Soeur Gabriel
Peters, Lire les Pères de l’Église. Cours de patrologie, DDB, 1981.
Avec l’aimable
autorisation des Éditions Migne.
[1] L’autorité du Catéchisme de Trente est grande, mais
il est évident qu’il n’a pas la valeur d’un acte officiel de l’Église.
[2] A Rome, au temps de saint Augustin, les néophytes
montaient pour la redditio, symboli sur une estrade pour
proclamer le symbole devant toute l’assemblée des fidèles. Voir le beau récit
de la conversion de Victorin dans les Confessions de saint Augustin,
VIII, 5 : « D’une voix pleine d’assurance, Victorin prononça le
symbole de notre foi et tous auraient voulu le porter en leur cœur, par leur
amour et par leur joie, ils le porteraient … » .
[3] À la lumière de l’expression règle de foi, on
comprend mieux le rêve de sainte Monique voyant son fils Augustin debout à ses
côtés sur une règle de bois (image de la règle ferme de la
foi), Confessions, III, 19. Augustin lui-même interprète ainsi le sens de
cette règle vue par Monique : voir Conf. VIII, 30 :
« J’étais debout sur la règle de la foi… ».
[4] Les conciles de Ferrare, de Florence et de Rome ou
du Latran sont les trois périodes du Concile de Florence.
[5] Sermon 241, voir aussi le Sermon 240.
[6] Voir De Lubac, La Foi chrétienne, Paris,
1969, p. 41-45.
[7] Commentaire des Sentences de Pierre Lombard, in
3 Sent., 25.
[8] Ac 8, 16. Voir aussi 2, 38 ; 10,
48 ; 22, 16.
[9] Voir Dom Bernard Capelle, Origines du
symbole romain, 1930. De Lubac voit en Dom B. Capelle l’un des meilleurs
connaisseurs de l’histoire du symbole : La Foi chrétienne, Paris,
1969, p. 115.
[10] Voir J. Lebreton, Les origines du dogme
de la Trinité, Paris, 1910, p. 478-489.
[11] Voir De Doctrina christiana, 2, 15-22 :
saint Augustin y dit que tout en se référant à la Septante, il faut
préférer l’Itala à toute autre version de l’Ecriture.
[12] Voir Saint Irénée, Adv. haer., 3, 12,
8.
[13] Entre 50 et 70 selon J.P. Audet. Se reporter au
paragraphe 7 ci-dessous sur la Didachè.
[14] L’économie est le dessein de Dieu, son œuvre de
salut, c’est l’incarnation rédemptrice et divinisatrice. Dans ce beau texte, la
théologie (la révélation de la Trinité) et l’économie se rejoignent.
[15] En appendice, on trouvera d’autres textes sur
l’Ichtus.
[16] Voir Ja. Jungmann, L’annonce de la foi,
Mulhouse, 1965, p. 20.
[17] Voir Saint Thomas, Somme
théologique, secunda secundae, q. 1, art. 6.
[18] Lire à ce sujet les chap. 2 et 3 du beau livre de
De Lubac sur le symbole : La Foi chrétienne, Paris, 1969.
[19] Saint Césaire d’Arles, Sermon 9.
[20] Allusion à la façon antique de communier, remise
actuellement en honneur dans la liturgie.
SOURCE : http://www.patristique.org/Historique-du-symbole-des-apotres.html
http://www.patristique.org/Historique-du-symbole-des-apotres.html
Giovanni de Campo, Apostles, frescoes of the apse, 1461, Caltignaga, Chiesa dei Santi Nazzaro e Celso (Sologno)
Apostles' Creed
A formula containing in brief statements, or
"articles," the fundamental tenets of Christian belief, and having for
its authors, according to tradition, the Twelve Apostles.
Origin of the creed
Throughout the Middle Ages it was
generally believed that
the Apostles, on
the day of Pentecost, while still under the direct inspiration of the Holy Ghost, composed our
present Creed between
them, each of the Apostles contributing
one of the twelve articles. This legend dates back to the sixth century (see
Pseudo-Augustine in Migne,
P.L., XXXIX, 2189, and Pirminius, ibid., LXXXIX, 1034), and it is foreshadowed
still earlier in a sermon attributed
to St. Ambrose (Migne, P.L., XVII, 671;
Kattenbusch, I, 81), which takes notice that the Creed was
"pieced together by twelve separate workmen". About the same date (c.
400) Rufinus (Migne, P.L., XXI, 337)
gives a detailed account of the composition of the Creed, which account he
professes to have received from earlier ages (tradunt majores nostri). Although
he does not explicitly assign each article to the authorship of a
separate Apostle,
he states that it was the joint work of all, and implies that the deliberation
took place on the day of Pentecost. Moreover, he declares that "they for
many just reasons decided that this rule of faith should
be called the Symbol",
which Greek word he explains to mean both indicium, i.e. a token or
password by which Christians might
recognize each other, and collatio, that is to say an offering made up of
separate contributions. A few years before this (c. 390), the letter addressed
to Pope Siricius by
the Council of Milan (Migne, P.L., XVI, 1213)
supplies the earliest known instance
of the combination Symbolum Apostolorum ("Creed of the
Apostles") in these striking words: "If you credit not the teachings
of the priests .
. . let credit at least be given to the Symbol of the Apostles which the Roman Church always
preserves and maintains inviolate." The word Symbolum in this
sense, standing alone, meets us first about the middle of the third century in
the correspondence of St.
Cyprian and St.
Firmilia, the latter in particular speaking of the Creed as the
"Symbol of the Trinity", and recognizing it as an integral part of
the rite of baptism (Migne, P.L., III, 1165,
1143). It should be added, moreover, that Kattenbusch (II, p. 80, note) believes that the
same use of the words can be traced as far back as Tertullian. Still, in
the first two centuries after Christ, though we often find mention of the Creed under other
designations (e.g. regula fidei, doctrina, traditio), the name symbolum does
not occur. Rufinus was
therefore wrong when he declared that the Apostles themselves
had "for many just reasons" selected this very term. This fact,
joined with the intrinsic improbability of the story, and the surprising
silence of the New
Testament and of the Ante-Nicene Fathers, leaves us no choice but to
regard the circumstantial narrative of Rufinus as
unhistorical.
Among recent critics, some have assigned to the Creed an origin
much later than the Apostolic Age.
Harnack, e.g., asserts that in its present form it represents only the baptismal confession
of the Church of
Southern Gaul, dating at
earliest from the second half of the fifth century (Das apostolische
Glaubensbekenntniss, 1892, p. 3). Strictly construed, the terms of this
statement are accurate enough; though it seems probable that it was not
in Gaul, but
in Rome, that
the Creed really
assumed its final shape (see Burn in the "Journal of Theol. Studies",
July, 1902). But the stress laid by Harnack on the lateness of our received
text (T) is, to say the least, somewhat misleading. It is certain, as Harnack
allows, that another and older form of the Creed (R) had come
into existence, in Rome itself,
before the middle of the second century. Moreover, as we shall see, the
differences between R and T are not very important and it is also probable that
R, if not itself drawn up by the Apostles, is at least
based upon an outline which dates back to the Apostolic age.
Thus, taking the document as a whole, we may say confidently, in the words of a
modern Protestant authority,
that "in and with our Creed we confess
that which since the days of the Apostles has been
the faith of
united Christendom"
(Zahn, Apostles' Creed, tr., p, 222). The question of the apostolicity of
the Creed ought
not to be dismissed without due attention being paid to the following five
considerations:
(1) There are very suggestive traces in the New Testament of
the recognition of a certain "form of doctrine" (typos
didaches, Romans
6:17) which moulded, as it were, the faith of new converts to Christ's law, and which involved
not only the word of faith believed in the
heart, but "with the mouth confession made unto salvation" (Romans 10:8-10). In
close connection with this we must recall the profession of faith in Jesus Christ exacted
of the eunuch (Acts
8:37) as a preliminary to baptism (Augustine,
"De Fide et Operibus", cap. ix; Migne, P.L., LVII, 205)
and the formula of baptism itself
in the name of the Three Persons of the Blessed Trinity (Matthew 28:19; and
cf. the Didache 7:2,
and 9:5).
Moreover, as soon as we begin to obtain any sort of detailed description of
the ceremonial of baptism we find
that, as a preliminary to the actual immersion, a profession of faith was exacted
of the convert,
which exhibits from the earliest times a clearly divided and separate
confession of Father, Son, and Holy Ghost,
corresponding to the Divine Persons invoked in the formula of baptism. As we do not
find in any earlier document the full form of the profession of faith, we cannot be sure
that it is identical with our Creed, but, on the other
hand, it is certain that
nothing has yet been discovered which is inconsistent with such a supposition.
See, for example, the "Canons of Hippolytus" (c. 220) or the
"Didascalia" (c. 250) in Hahn's "Bibliothek der Symbole"
(8, 14, 35); together with the slighter allusions in Justin Martyr and Cyprian.
(2) Whatever difficulties may be raised regarding
the existence of
the Disciplina
Arcani in early times (Kattenbusch, II, 97 sqq.), there can be no
question that in Cyril
of Jerusalem, Hilary, Augustine, Leo, the Gelasian Sacramentary, and many
other sources of the fourth and fifth centuries the idea is greatly
insisted upon; that according to ancient tradition the Creed was to be
learned by heart, and never to be consigned to writing. This undoubtedly
provides a plausible explanation of the fact that in the case of no
primitive creed is
the text preserved to us complete or in a continuous form. What we know of
these formulae in their earliest state is derived from what we can piece
together from the quotations, more or less scattered, which are found in such
writers, for example, as Irenaeus and Tertullian.
(3) Though no uniform type of Creed can be surely
recognized among the earlier Eastern writers
before the Council
of Nicaea, an argument which has been considered by many to disprove
the existence of
any Apostolic formula,
it is a striking fact that the Eastern Churches in
the fourth century are found in possession of a Creed which
reproduces with variations the old Roman type. This fact is full admitted by
such Protestant authorities
as Harnack (in Hauck's Realencyclopädie, I, 747) and Kattenbusch (I, 380 sq.;
II, 194 sqq., and 737 sq.). It is obvious that these data would harmonize very
well with the theory that a primitive Creed had been
delivered to the Christian community
of Rome, either
by Sts. Peter and Paul themselves or by their immediate successors, and in the
course of time had
spread throughout the world.
(4) Furthermore note that towards the end of the
second century we can extract from the writings of St. Irenæus in
southern Gaul and of Tertullian in
far-off Africa two
almost complete Creeds agreeing
closely both with the old Roman Creed (R), as
we know it
from Rufinus,
and with one another. It will be useful to translate from Burn (Introduction to
the Creeds, pp. 50, 51) his tabular presentation of the evidence in the case
of Tertullian.
(Cf. MacDonald in "Ecclesiastical Review", February, 1903):
THE OLD ROMAN CREED AS QUOTED BY TERTULLIAN (c. 200)
De Virg. Vel., 1 |
De Praecept., 13 and 26 |
|
(1) Believing in one God Almighty,
maker of the world, |
(1) We believe one only God, |
|
(2) and His Son, Jesus Christ, |
(2) and the son of God Jesus Christ, |
(2) the Word, called His Son, Jesus Christ, |
(3) born of the Virgin Mary, |
(3) born of the Virgin, |
(3) by the Spirit and power of God the Father made
flesh in Mary's womb, and born of her |
(4) crucified under Pontius Pilate, |
(4) Him suffered died, and buried, |
(4) fastened to a cross. |
(5) on the third day brought to life from the dead, |
(5) brought back to life, |
(5) He rose the third day, |
(6) received in heaven, |
(6) taken again into heaven, |
(6) was caught up into heaven, |
(7) sitting now at the right hand of the Father, |
(7) sits at the right hand of the Father, |
(7) set at the right hand of the Father, |
(8) will come to judge the living and the dead |
(8) will come to judge the living and the dead |
(8) will come with glory to take the
good into life eternal,
and condemn the wicked to perpetual fire, |
(9) who has sent from the Father the Holy Ghost. |
(9) sent the vicarious power of His Holy Spirit, |
|
(10) to govern believers (In this passage articles 9
and 10 precede 8) |
||
(12) through resurrection of the flesh. |
(12) restoration of the flesh. |
Such a table serves admirably to show how incomplete
is the evidence provided by mere quotations of the Creed, and how
cautiously it must be dealt with. Had we possessed only the "De Virginibus
Velandis", we might have said that the article concerning the Holy Ghost did not
form part of Tertullian's Creed. Had the "De Virginibus
Velandis" been destroyed, we should have declared that Tertullian knew nothing of the
clause "suffered under Pontius Pilate".
And so forth.
(5) It must not be forgotten that while no explicit
statement of the composition of a formula of faith by the Apostles is
forthcoming before the close of the fourth century, earlier Fathers such
as Tertullian and St. Irenæus insist
in a very emphatic way that the "rule of faith" is
part of the apostolic
tradition. Tertullian in
particular in his "De
Praescriptione", after showing that by this rule (regula doctrinoe) he
understands something practically identical with our Creed, insists that the
rule was instituted by Christ and
delivered to us (tradita) as from Christ by the Apostles (Migne. P.L., II, 26, 27,
33, 50). As a conclusion from this evidence the present writer, agreeing on the
whole with such authorities as Semeria and Batiffol that we cannot safely
affirm the Apostolic composition
of the Creed,
considers at the same time that to deny the possibility of such origin is to go
further than our data at present warrant. A more pronouncedly conservative view
is urged by MacDonald in the "Ecclesiastical Review", January to
July, 1903.
The old Roman creed
The Catechism of the Council of
Trent apparently assumes the Apostolic origin of
our existing Creed,
but such a pronouncement has no dogmatic force and
leaves opinion free. Modern apologists, in defending
the claim to apostolicity,
extend it only to the old Roman form (R), and are somewhat hampered by the
objection that if R had been really held to be the inspired utterance of
the Apostles, it
would not have been modified at pleasure by various local churches (Rufinus, for example,
testifies to such expansion in the case of the Church of Aquileia), and in
particular would never have been entirely supplanted by T, our existing form.
The difference between the two will best be seen by printing them side by side
(Creeds R and T):
R. |
T. |
(1) I believe in God the Father Almighty; |
(1) I believe in God the Father Almighty Creator
of Heaven and
earth |
(2) And in Jesus Christ, His only
Son, our Lord; |
(2) And in Jesus Christ, His only
Son, our Lord; |
(3) Who was born of (de) the Holy Ghost and of
(ex) the Virgin Mary; |
(3) Who was conceived by the Holy Ghost, born of
the Virgin Mary, |
(4) Crucified under Pontius Pilate and
buried; |
(4) Suffered under Pontius Pilate, was
crucified, dead, and buried; |
(5) The third day He rose again from the dead, |
(5) He descended into hell; the third day
He rose again from
the dead; |
(6) He ascended into Heaven, |
(6) He ascended into Heaven,
sitteth at the right hand of God the
Father Almighty; |
(7) Sitteth at the right hand of the Father, |
(7) From thence He shall come to judge the living
and the dead. |
(8) Whence He shall come to judge the living and the
dead. |
(8) I believe in
the Holy Ghost, |
(9) And in the Holy Ghost, |
(9) The Holy Catholic Church, the communion of saints |
(10) The forgiveness of sins, |
|
(11) The forgiveness of sins; |
(11) The resurrection of the body,
and |
(12) The resurrection of the body. |
(12) life everlasting. |
Neglecting minor points of difference, which indeed
for their adequate discussion would require a study of the Latin text, we may
note that R does not contain the clauses "Creator of heaven and
earth", "descended into hell",
"the communion
of saints", "life everlasting", nor the words
"conceived", "suffered", "died", and
"Catholic". Many of these additions, but not quite all, were
probably known to St. Jerome in
Palestine (c. 380.--See Morin in Revue Benedictine, January, 1904) and about
the same date to
the Dalmatian,
Niceta (Burn, Niceta of Remesiana, 1905). Further additions appear in the creeds of southern
Gaul at the beginning of the next century, but T probably assumed its final
shape in Rome itself
some time before A.D. 700 (Burn, Introduction, 239; and Journal of Theol.
Studies, July, 1902). We know nothing certain as to the
reasons which led to the adoption of T in preference to R.
Articles of the creed
Although T really contains more than twelve articles,
it has always been customary to maintain the twelvefold division which
originated with, and more strictly applies to, R. A few of the more debated
items call for some brief comment. The first article of R presents a
difficulty. From the language of Tertullian it is
contended that R originally omitted the word Father and added the
word one; thus, "I believe in
one God Almighty".
Hence Zahn infers an underlying Greek original still partly surviving in
the Nicene Creed,
and holds that the first article of the Creed suffered
modification to counteract the teachings of the Monarchian heresy. It must suffice
to say here that although the original language of R may possibly be Greek,
Zahn's premises regarding the wording of the first article are not accepted by
such authorities as Kattenbusch and Harnack.
Another textual difficulty turns upon the inclusion of
the word only in the second article; but a more serious question is
raised by Harnack's refusal to recognize, either in the first or second article
of R, any acknowledgment of a pre-existent or eternal relation of
Sonship and Fatherhood of the Divine Persons. The Trinitarian theology of later
ages, he declares, has read into the text a meaning which it did not possess
for its framers. And he says, again, with regard to the ninth article, that the
writer of the Creed did
not conceive the Holy
Ghost as a Person,
but as a power and gift.
"No proof can
be shown that about the middle of the second century the Holy Ghost was believed in as
a Person."
It is impossible to do more here than direct the reader to such Catholic answers as
those of Baumer and Blume; and among Anglicans to the
very convenient volume of Swete. To quote but one illustration of early patristic teaching,
St. Ignatius at the end of the first century repeatedly refers to a Sonship
which lies beyond the limits of time: "Jesus Christ . . .
came forth from one Father", "was with the Father before the world
was" (Letter
to the Magnesians 6-7). While, with regard to the Holy Ghost, St. Clement of Rome at
a still earlier date writes:
"As God lives,
and the Lord Jesus
Christ lives, and the Holy Spirit, the faith and hope of the elect" (cap.
lviii). This and other like passages clearly indicate the consciousness of a
distinction between God and
the Spirit of God analogous
to that recognized to exist between God and the Logos. A similar appeal
to early writers must be made in connection with the third article, that
affirming the Virgin
Birth. Harnack admits that the words "conceived of the Holy Ghost" (T),
really add nothing to the "born of the Holy Ghost" (R). He
admits consequently that "at the beginning of the second century the belief in the miraculous conception had
become an established part of Church tradition". But he denies that
the doctrine formed
part of the earliest Gospel preaching, and he thinks it consequently impossible
that the article could have been formulated in the first century. We can only
answer here that the burden of proof rests with
him, and that the teaching of the Apostolic Fathers, as
quoted by Swete and others, points to a very different conclusion.
Rufinus (c. 400) explicitly states that the
words descended into hell were not in
the Roman Creed,
but existed in that of Aquileia. They are also
in some Greek Creeds and
in that of St.
Jerome, lately recovered by Morin. It was no doubt a remembrance of 1 Peter 3:19, as
interpreted by Irenaeus and
others, which caused their
insertion. The clause, "communion of
saints", which appears first in Niceta and St. Jerome, should
unquestionably be regarded as a mere expansion of the article "holy Church". Saints,
as used here, originally meant no more than the living members of the Church (see the
article by Morin in Revue d'histoire et de litterature ecclesiastique. May,
1904, and the monograph of J.P. Kirsch, Die Lehre von der Gemeinschaft der
Heiligen, 1900). For the rest we can only note that the word
"Catholic", which appears first in Niceta, is dealt with separately;
and that "forgiveness of sins" is probably
to be understood primarily of baptism and should
be compared with the "one baptism for the
forgiveness of sins"
of the Nicene Creed.
Use and authority of the creed
As already indicated, we must turn to the ritual of Baptism for the
most primitive and important use of the Apostles' Creed. It is highly probable
that the Creed was
originally nothing else than a profession of faith in the
Father, Son, and Holy
Ghost of the baptismal formula.
The fully developed ceremonial which
we find in the seventh Roman Ordo, and the Gelasian Sacramentary, and which
probably represented the practice of the fifth century, assigns a special day
of "scrutiny", for the imparting of the Creed (traditio
symboli), and another, immediately before the actual administration of
the Sacrament,
for the redditio symboli, when the neophyte gave proof of his
proficiency by reciting the Creed aloud. An
imposing address accompanied the traditio and in an important
article, Dom de Puniet (Revue d'Histoire Ecclesiastique, October, 1904) has
recently shown that this address is almost certainly the composition of St. Leo the Great.
Further, three questions (interrogationes) were put to the candidate in the
very act of baptism, which questions
are themselves only a summary of the oldest form of the Creed. Both the
recitation of the Creed and
the questions are still retained in the Ordo baptizandi of our
actual Roman ritual;
while the Creed in
an interrogative form appears also in the Baptismal Service of the Anglican "Book of
Common Prayer". Outside of the administration of baptism the
Apostles' Creed is recited daily in the Church, not only at the
beginning of Matins and Prime and the end
of Compline, but
also ferially in the course of Prime and Compline. Many medieval synods enjoin that
it must be learnt by all the faithful, and there is a
great deal of evidence to show that, even in such countries as England and France, it was formerly
learnt in Latin. As a result of this intimate association with the liturgy and
teaching of the Church,
the Apostles' Creed has always been held to have the authority of an ex cathedra utterance.
It is commonly taught that all points of doctrine contained
in it are part of the Catholic Faith, and cannot be
called in question under pain of heresy (St. Thomas, Summa Theologica,
II-II:1:9). Hence Catholics have
generally been content to accept the Creed in the form,
and in the sense, in which it has been authoritatively expounded by the living voice of
the Church. For
the Protestants who
accept it only in so far as it represents the evangelical teaching of the Apostolic Age, it
became a matter of supreme importance to investigate its original form and
meaning. This explains the preponderating amount of research devoted to this
subject by Protestant scholars
as compared with the contributions of their Catholic rivals.
Thurston, Herbert. "Apostles'
Creed." The Catholic Encyclopedia. Vol. 1. New York: Robert
Appleton Company, 1907. 14 Nov.
2020 <http://www.newadvent.org/cathen/01629a.htm>.
Transcription. This article was transcribed for
New Advent by Donald J. Boon. Dedicated to Jack and Kathy Graham, faithful
friends in the Church Universal.
Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. March
1, 1907. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal
Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.