Saints
Martyrs Aeithalas, diacre; Acepsimus, évêque de Naeson; et Joseph
Saint Acepsimas et ses douze compagnons
Martyrs
perses (✝ 378)
Saint Acepsimas et
ses douze compagnons, dont saint Joseph, saint Aïthala, sainte Tarbula, martyrs
durant la persécution perse du roi Sapor. L'Eglise latine les fête à d'autres
dates et les Eglises d'Orient les réunissent au 22 avril. Les actes de martyrs perses
forment une des plus belles pages de l'histoire de l'Eglise, de par le courage
et la foi qu'ont montrés ces martyrs. Tarbula, sœur de
saint Syméon, accusée d'avoir provoqué la maladie de la
femme du roi par sorcellerie, fut sciée en deux puis les restes de son corps
furent pendus. Joseph et Aïthala eurent le corps écrasé, les genoux brisés et
les bras coupés. Puis on les décapita et, pour l'exemple, leurs têtes furent
suspendues devant le temple de Nabitis.
ACTES DU MARTYRE DES SAINTS AKEBSCHEMA, JOSEPH ET AITALLAHA.
En la
trente-septième année de notre persécution, un édit cruel fut porté contre tous
les chrétiens. On ordonna aux préfets de sévir contre les disciples de
Jésus-Christ, à l'aide des supplices les plus inusités, de les accabler de
coups de bâton, de les lapider, de les abreuver d'outrages et de misères. Les
magnanimes pasteurs, qui dans cette persécution ,avaient eu le courage de ne
pas craindre ceux qui la dirigeaient et de ne pas fuir dans les cavernes pour
les éviter, furent accusés. Leurs accusateurs disaient : « Juges, les chrétiens
qui enseignent le culte d'un seul Dieu mettent tous leurs soins à détruire
notre religion. Ils n'adorent ni le soleil ni le feu. Ils font servir l'eau à
des lotions obscènes. Ils défendent aux hommes le commerce de leurs femmes, de
crainte qu'ils élèvent des enfants qui entrent dans les armées du roi et tuent
quelqu'un. Mais ils permettent de tuer indistinctement tous les animaux, et
d'enterrer les cadavres. Ils disent, en outre, que les animaux rampants ont été
faits non par les démons, mais par Dieu, sans en excepter les serpents et les
scorpions. Ils ont détourné beaucoup de ceux qui ont des devoirs publics à
remplir, pour les porter à étudier leurs livres empoisonnés, qu'ils nomment les
Ecritures. » Quand les délateurs, trouvant les oreilles des juges disposées,
leur eurent dit bien souvent des choses semblables, ceux-ci entrèrent en colère
et s'enflammèrent comme du bois qui brûle au feu.
Or, dans ces jours
mêmes, un vénérable vieillard, né dans le bourg de Phacaa, et évêque de la
ville d'Honite, fut arrêté par leurs satellites. Il était plus qu'octogénaire,
cependant d'une bonne et forte santé. Il avait un air et une tenue agréables.
Il était, comme le voulaient les usages d'alors, issu de parents nobles.
C'était un homme né pour les oeuvres de charité; il était le refuge des pauvres
et des voyageurs, plus touché des misères du voisin que des siennes propres.
Par la prédication de la parole divine, il avait attiré plusieurs païens à la
religion chrétienne. Il jeûnait fort souvent, et tous les jours il vaquait si
continuellement à la contemplation et à la prière, que le lieu où il se
prosternait pour prier était sans cesse humide de ses larmes. Peu avant qu'il
fût arrêté par les satellites, un prêtre, de ses frères, qui avait le don de
prophétie, lui peignant par hasard les cheveux, chose que lui-même ne pouvait
faire, tant il était obèse et gras, lui embrassa le sommet de la tête en disant
: O bienheureuse tête qui dois mourir martyre de Jésus-Christ ! Akebschema embrassant
le prêtre : « Puisse ta prédiction s'accomplir, mon fils ; puisse Dieu avoir
pour agréable de m'accorder le sort que tu m'annonces ! » II y avait un autre
évêque assis auprès d'Akebschema ; celui-ci dit comme en plaisantant au prêtre
: « Voyons, pendant que vous êtes en train de prophétiser sur nous, ne craignez
pas de me dire quel sort m'est réservé. » Le prêtre lui dit : « Vous vous
mettrez en chemin pour la terre d'Aran et vous mourrez pendant le voyage. » Le
genre de mort des deux évêques prouva la vérité des prédictions du prêtre. Car
Akebschema mourut entre les mains des bourreaux, martyr de Jésus-Christ ; et
l'autre évêque, étant parti pour la province d'Aran, mourut en route.
Les satellites qui
conduisaient Akebschema l'avaient chargé de chaînes pesantes qui le serraient
très fort. Comme par hasard il passait devant sa maison, un chrétien, qui
l'accompagnait, lui dit de confier le soin de cette maison à quelqu'un, de peur
qu'étant déserte elle ne se détériorât. Saint Akebschema, la montrant du doigt,
dit : « Cette maison a en effet été la mienne ; mais je renonce à elle comme à
tout ce que j'ai possédé jusqu'ici. Désormais, le Christ me tiendra lieu de
tout, en lui je place tous mes désirs. »
Arrivé enfin à la
ville d'Arbelles, il fut amené devant le préfet Adarcurkasciarus, qui lui
demanda s'il était chrétien, et auquel il répondit d'une voix élevée : « Je
suis chrétien et j'adore le vrai Dieu.
— Tout ce qu'on m'a rapporté de toi dernièrement est donc vrai
: c'est par toi qu'en cette province est dirigée la secte qui refuse d'obéir
aux édits du roi des rois ?
— Tout ce qu'on t'a
dit de moi à cet égard est à peu près vrai ; car je prêche un seul Dieu à tous
les mortels, et je les engage à aller à lui de tout leur coeur ; à corriger
leurs moeurs dépravées par les vices et à vivre suivant les règles du bien qui
sont tracées dans nos livres saints.
« Le préfet lui
répondit : « On m'a dit depuis longtemps que tu étais un sage, et je vois que
tes travaux t'ont amené presque à la vieillesse. C'est pourquoi je m'étonne que
tu sois si loin de la vraie religion, que tu n'adores pas le soleil, qui est
l'objet du culte de presque tous les peuples qui sont à l'Orient, et que tu le
juges indigne de ton hommage.
— Tout l'Orient se
trompe assurément, car celui qui préfère les créatures au Créateur ne lui rend
aucun culte et les vénère, arrive à cette superstition stupide, à cette
corruption du sens humain qui existe chez vous et chez ceux qui ont embrassé
les idées de cette fausse religion ; il croit que toutes les choses qui
procèdent de la volonté et de l'esprit de Dieu, participent de la nature de
Dieu, qui par sa puissance éternelle a créé dès le commencement l'univers et
toutes ses parties, et le gouverne toujours.
— Ainsi, malheureux
que le supplice attend, toutes les choses que le roi regarde comme vraies et
comme raisonnables, toi, tu les nommes fausses et insensées ?
— Que puis-je voir
de vrai et de raisonnable dans vos dogmes qui nient la vérité elle-même, et qui
enseignent que les choses faites et créées sont par leur nature dignes de
recevoir un culte religieux ?
— Renonce à tout
cela, suivant l'édit du roi ; adore le soleil, si tu veux échapper aux
supplices qui te menacent. Quant à moi, j'ai pitié de ta vieillesse, et je
répugne à t'envoyer aux enfers par un supplice sanglant.
— Cesse ce langage
d'une bouche impie et coupable, n'afflige pas plus longtemps mes oreilles par
ce discours. La piété dont mon jeune âge s'est imprégné, je ne l'abandonnerai
pas, lorsque je suis à cet âge de la vie où il me convient le mieux de garder
un nom jusqu'ici sans tache et d'acquérir, par mon courage, la couronne qui
m'est promise. Quant à ce que tu me conseilles, je le regarde comme impie et je
le méprise. »
Sur l'ordre du
tyran, le bienheureux Akebschema fut couché par terre, les pieds attachés ave
de lourdes chaînes, et frappé avec une telle cruauté, qu'à tous les coups qu'on
lui donnait la chair déchirée laissait jaillir le sang.
Pendant ce temps,
le préfet lui dit : «Dans quel lieu de la terre est donc maintenant ton Dieu ?
que ne se hâte-t-il de venir t'arracher de mes mains ?
— Certes, mon Dieu
pourrait m'arracher de tes mains impures ; ne te laisse pas aller à des
discours extravagants, reconnais plutôt que tu es une plante débile et qui va
bientôt mourir. Bien plus, regarde-toi comme déjà mort, puisque cette vie que
tu as reçue en Dieu, notre Créateur, tu n'en jouiras jamais, puisque la mort va
t'arracher bientôt cette vie d'un jour dont tu jouis, et que suivra
nécessairement, quand ton corps descendra dans le cercueil, une mort éternelle
au milieu des feux de l'enfer. Et ce feu lui-même que tu crois digne des
honneurs divins, te saturera de douleurs, lorsque, ministre des justes
châtiments du Dieu que tu outrages, il fera subir à ton corps et à ton âme les
plus cruels supplices. »
Enfin Akebschema,
par l'ordre du préfet, fut jeté enchaîné dans une prison obscure.
A la même époque,
Joseph, prêtre du bourg de Beit Cathuba, vieillard septuagénaire, à cheveux
blancs, plein de ferveur pour la gloire de Dieu et rempli de sa crainte,
respectable par son caractère sacré et par la pureté de ses mœurs, d'ailleurs
plein de savoir et de courage, était tombé entre les mains des satellites.
Aitallaha, diacre
du pays de Bethnuhadra, fut pris aussi ; c'était un vieillard plus que
sexagénaire, très éloquent et maniant très bien la controverse ; du reste, très
aimable à cause de son extrême modestie et agréable à tout le monde par sa
gaîté égale et constante. Il était enflammé de l'amour de Dieu, et aimait
Jésus-Christ du plus profond de son coeur.
Quand les
satellites eurent conduit ces saints martyrs à la ville d'Arbelles, ils les
amenèrent devant le préfet Adarcurkasciarus, qui leur dit : « Vous êtes
coupables et destinés aux plus cruels supplices ; jusques à quand
empoisonnerez-vous de votre doctrine le vulgaire ignorant et grossier ? »
Le bienheureux
Joseph : « Chrétiens, nous haïssons les maléfices, nous ne sommes pas
empoisonneurs, nous enseignons aux hommes de saintes doctrines, afin que,
renonçant au culte des simulacres morts, ils commencent à se servir de la vie.
»
Le préfet : «
Dis-moi donc, espèce d'insolent, laquelle de ces deux religions crois-tu la
vraie, de celle que le roi, le maître de toutes choses, les grands du royaume
et les riches professent, ou bien de celle que vous autres hommes de rien,
pauvres et manquant de tout, pratiquez ?
— En effet, notre
Dieu n'est pas un Dieu qui préfère les richesses et le faste ; par conséquent,
pour lui être agréable, nous préférons la misère, la pauvreté et la privation
de toute fortune et de tout luxe, afin de mériter, par cette pieuse disposition
de nos âmes, la gloire du siècle à venir qui succédera, en l'anéantissant, à
celui dans lequel maintenant nous vivons.
— En effet, vous
faites bien voir le peu que vous valez, en méprisant les richesses, les utiles
travaux qui les acquièrent, et en prêchant la pauvreté comme préférable.
— Quant à ce qui
regarde notre pauvreté, que tu nous reprochais tout à l'heure en nous appelant
pauvres, cherches-en la cause, et tu trouveras que nous serions beaucoup plus
riches que vous, s'il nous était donné de recevoir et d'accumuler le prix du
travail de nos mains. Ce que vous possédez vous vient de vos rapines et de vos
exactions. Mais nous, nous donnons nos richesses aux pauvres ; vous, vous les
leur extorquez.
— Le propre des
richesses, c'est d'attirer fortement les convoitises des hommes ; n'importe
quel mortel les désire. Qui donc croira celui qui vient dire : Nous, chrétiens,
détestons les richesses ?
— Nous savons
qu'elles sont passagères, et qu'elles ne restent pas à ceux qui les ont ; c'est
pourquoi nous pensons qu'elles ne sont pas désirables : et vous-mêmes qui les
aimez tant, ne les posséderez pas longtemps. Les richesses et les honneurs des
cours échappent aux riches et aux superbes ; tout cela devient poussière qu'on
foule aux pieds, sous les coups du sort commun à tous les mortels.
— Assez ; je n'ai
pas envie de t'entendre davantage. Réponds en peu de mots à mes questions. Dis,
te convient-il d'adorer le soleil ou non ? Si tu le fais, je promets de te
délivrer des tourments qui te sont destinés.
— Il faut que tu
sois aveugle pour croire que je sacrifierai jamais au soleil, moi qui ai
enseigné à tant de monde que le soleil est une vaine créature, n'ayant rien de
la divinité. »
Alors le préfet se
mit dans une grande colère et ordonna que Joseph, couché par terre, serait
frappé alternativement par dix licteurs armés de branches de grenadier, auxquelles
préalablement on aurait enlevé les épines. Cet ordre fut exécuté avec une si
grande cruauté, qu'on crut que le saint martyr était mort entre les mains des
bourreaux. Mais lui, levant les yeux au ciel, implorait tacitement de Dieu la
grâce et le courage : et voyant le sang qui coulait de toutes les parties de
son corps, il dit à haute voix : «Je vous rends grâces, Jésus-Christ, Fils de
Dieu, autant que je le puis, de ce que vous m'avez jugé digne d'un tel
bienfait, qui me permet de laver dans un second baptême les souillures de mon
âme et les taches de mes péchés. » Ces paroles ne faisaient qu'animer davantage
la fureur des bourreaux qui le brutalisaient plus furieusement encore. Aussi,
pas une place de son corps ne demeura intègre et sans blessure. Enfin, brisé
par les tourments, il fut chargé de chaînes et jeté dans la prison où saint
Akebsehema était détenu.
Le courageux
Aitallaha fut ensuite interrogé. Le préfet lui dit : « En peu de mots, voici ce
que je veux : adore le soleil, mange du sang, marie-toi et obéis au roi, tu
n'encourras aucune peine, tu échapperas aux supplices et à la mort cruelle que
les fois décrètent contre les chrétiens. »
Aitallaha lui
répondit à haute voix : « Je préfère mourir pour vivre éternellement, que de
vivre pour mourir éternellement. Cette détermination est irrévocable chez moi.
Mange du sang situ veux, chien vorace, adore le soleil, stupide que tu es, qui
fermes les yeux à l'éclatante lumière qui depuis déjà longtemps éclaire le
monde, et dont le nom et la renommée sont parvenus dans les pays divers
jusqu'aux confins de l'univers. »
Le préfet,
contenant la colère qui bouillonnait en lui et dissimulant, lui dit avec
tranquillité : « Malheureux qui cherches la mort comme si elle était préférable à la vie,
quelqu'un peut-il te croire quand tu lui dis de détester la vie et d'aimer la
mort, à moins qu'il ne soit aussi fou que tu l'es ? » — Aitallaha lui dit : Tu
te reconnais insensé ainsi que tes coreligionnaires. en avouant que vous ne
connaissez pas la vérité. Notre Maître nous a enseigné des préceptes contraires
aux vôtres : il veut que nous aimions cette vie que vous nommez la mort, et que
nous détestions cette mort que vous nommez la vie. »
Le tyran, qui
s'était contenu jusque-là, laissa déborder sa colère et commanda aux bourreaux
d'attacher au martyr les mains sous les genoux et qu'ensuite on lui mît sur les
épaules un gros madrier sous lequel douze hommes le presseraient en appuyant
successivement aux deux extrémités. Ce cruel supplice disloquait d'une manière
étrange le corps et tous les membres du saint vieillard. On en vint ensuite aux
coups de branches d'arbre. Le corps du saint martyr fut déchiré par une longue
flagellation, durant laquelle, insultant au préfet avec une constance
étonnante, il le traitait de chien impur, qui se délectait à boire du sang, de
corbeau vorace qui se jetait sur n'importe quelle victime. Le préfet, grinçant
des dents, et frémissant, reprochait aux bourreaux leur mollesse, parce qu'ils
n'avaient pas encore pu faire taire cet homme et briser son courage. Le saint
martyr, dans cette torture, perdit l'usage de ses membres; ses jointures
étaient luxées ou rompues, au point qu'on fut obligé de le porter dans la
prison avec ses compagnons.
Cinq jours après,
le préfet fit de nouveau comparaître les saints martyrs, qu'à cet effet on tira
de la prison pour les amener, dans un jardin qui était proche. Il leur dit : «
Eh bien, misérables empoisonneurs, avez-vous renoncé à votre erreur détestable
? avez-vous enfin résolu d'obéir aux édits du roi ? »
Les bienheureux
martyrs lui répondirent d'une voix unanime : « Une même et sainte pensée nous
unit tous trois ; un même esprit de vérité nous anime et une même foi qui ne
variera pas. Toutes les fois que tu nous adresseras la même question, toutes
les fois tu nous trouveras constants et fermes dans le même sentiment, car nous
avons résolu de ne point obéir à l'édit injuste du roi. Quant à toi, emploie
contre nous, au gré de ta haine, les moyens que tu voudras ou que tu
pourras. »
Alors, à l'ordre du
préfet, les bourreaux, jetant par terre les saints personnages, les attachent
avec des cordes de lin, qu'avec des bâtons, pour les tourner, ils leur
serraient tellement fort aux jambes, aux cuisses, aux côtés, qu'on entendait le
bruit des os qui se rompaient. Ceux qui présidaient à la question, au milieu
des atroces douleurs qu'enduraient les martyrs, les exhortaient à conserver
leur vie en obéissant aux édits du roi ; mais eux répondaient avec une constance
que prouvaient leurs paroles et leurs gestes: «Nous mettons notre espérance en
Dieu seul, nous n'obéirons pas aux ordres du roi. » C'est ainsi que pendant
tout le temps que dura ce supplice atroce, la gloire et le triomphe des saints
martyrs recevaient à chaque instant un nouvel éclat. Chaque jour, leurs
exécrables bourreaux inventaient contre eux quelque supplice plus effroyable ;
les coups, la faim, la soif, tout fut employé pour les tourmenter. Pendant ce
temps-là, nul ne pouvait leur porter de vêtements, de lits, de pain,
d'aliments. Le préfet l'avait défendu par un édit terrible, qui portait que
quiconque serait pris en flagrant délit recevrait cent coups de bâton et de
plus aurait les mains et le nez coupés. Or, ceux qui étaient dans la même prison
tâchaient d'aller de porte en porte mendier des vivres qu'ils leur apportaient,
et cela avec l'aide des gardiens de la prison, qui ne pouvaient voir sans pitié
les souffrances des saints martyrs dans un âge si avancé.
C'est ainsi qu'au
milieu de ces souffrances, ils passèrent trois années en prison. On annonça que
le roi venait en Médie. Pour la circonstance, le préfet les fit sortir de la
prison publique. On n'eût plus dit des hommes, mais des fantômes, de sorte
qu'ils attiraient la compassion même des gens les moins miséricordieux, et
faisaient couler leurs larmes, par le spectacle de leur misère et des
témoignages de leurs douleurs. Ils furent amenés de la prison au palais du roi,
devant Adarsapor, prince des préfets de toutes les provinces d'Orient. Ils
refusèrent de l'adorer. Là ils furent ainsi interrogés, en présence d'une
grande quantité de préfets et de grands de la cour : « Dites, n'êtes-vous pas
chrétiens ? » Alors les saints martyrs : « Oui, nous sommes chrétiens et nous
adorons un seul Dieu et Seigneur, créateur de tout l'univers. — Vous êtes des
vieillards, dit le préfet, et je vois sur votre visage les traces des
souffrances que vous avez endurées.
Je vous avertis de ne pas courir à une mort certaine ;
adorez le soleil, obéissez au roi, vous agirez dans l'intérêt de votre salut.
Car la peine capitale est portée contre ceux de votre religion qui refusent de
sortir de leur erreur. » Alors Akebschema : « Vous aurez beaucoup de mal,
si ne renonçant pas à ce dessein, vous espérez, à l'aide de cette puissance
dont vous faites un sacrilège usage, amener qui que ce soit d'entre nous à
adopter cette erreur que vous vous efforcez de faire prévaloir. Que ne nous
laissez-vous en paix ? Que n'employez-vous les supplices? Hâtez-vous de nous y
conduire. Vos menaces ne nous effraient pas, aucune crainte ne nous amènera à
abjurer honteusement la foi du vrai Dieu pour obéir aux ordres du roi, soit
qu'on nous laisse la vie, soit qu'on nous mène à la mort. » Le préfet leur dit
: « La mort délivre les coupables. Je ne suis pas étonné que vous la demandiez.
Aussi ne veux-je pas vous tuer, mais vous faire souffrir; et ne vous ferai-je
mourir que quand, à force de supplices, je vous aurai rendu la vie plus
insupportable que la mort même. Mais déjà, malheureux, quelle existence
traînez-vous ? Je veux par votre supplice glacer d'horreur ceux qui font partie
de votre secte d'empoisonneurs. » Akebschema lui dit : «Tu insistes en vain,
nous ne craignons pi menaces, ni tourments, ni glaives ; nous espérons en Dieu
que nous posséderons un jour et qui nous a rendus, par sa propre force et par
sa grâce, invincibles et parfaitement indifférents aux supplices terribles que
déjà avant toi tes collègues nous ont fait endurer. Nous avons l'espoir de nous
montrer plus forts que vos supplices. Fais donc subir à ce corps chargé d'ans,
mais non pas encore dépourvu d'énergie, les tortures les plus cruelles que tu
pourras imaginer. Eprouve notre patience qui a sa force dans l'espérance
certaine que nous avons. Tu trouveras toujours en nous un courage invincible,
et notre constance te révélera l'erreur honteuse qui te domine. »
Alors le tyran dit
en montrant quatorze cordes neuves qu'il avait fait apporter à dessein en ce
lieu : « J'en jure par le dieu soleil et par la vertu du roi Sapor, si vous
n'obéissez promptement, je détruirai vos corps, je rougirai de sang vos cheveux
blancs, je n'aurai aucun respect pour vos restes, et je les ferai broyer
jusqu'à ce qu'ils soient réduits en poussière. » Akebschema lui dit : « Comme
tu as engagé ta foi à un témoin qui n'est pas Dieu et juré par la fortune d'un
nom vide, je doute que tu fasses ce que tu as dit. Quant à nous, nous aurons la
même foi en Dieu, soit que tu nous laisses la vie, soit que tu nous fasses
mourir. Nos corps sont à toi, nos âmes à Dieu ; hâte-toi donc d'exécuter ce que
tu as décidé : crois que nous ne désirons rien plus ardemment. »
Le préfet fit
écarteler le bienheureux Akebschema par trente hommes : quinze tiraient de
chaque côté. Pendant ce temps-là, deux licteurs le frappaient à coups redoublés
sur le dos et la poitrine. Ce supplice fut exécuté avec tarit de cruauté que,
la peau enlevée, chaque coup faisait voler avec le sang des lambeaux de chair.
Comme quelqu'un par derrière, pour lui sauver la vie, l'engageait à obéir, il
put encore parler et dit à haute voix : « Ce que je vais dire. est ma volonté
formelle : les édits iniques du roi ne sont rien pour moi, je ne veux que
demeurer fermement attaché à la foi sainte de mon Dieu. » Lorsqu'à bout de
force, il ne put plus articuler une seule parole, et qu'il ne pouvait plus
contredire par ses réponses ses adversaires qui l'engageaient encore à se
désister de sa résolution, et qui lui promettaient la vie sauve, s'il voulait
obéir aux ordres du roi, il éleva la tête, et fit signe qu'il improuvait tout
ce qu'on lui disait. Ce fut en montrant ce courage invincible que le saint
martyr succomba ; et cependant ceux qui le frappaient ne s'arrêtèrent pas, ceux
qui tiraient sur son corps pour l'écarteler, ne cessèrent pas leurs efforts, et
bien que le saint eût rendu l'âme, ils s'acharnèrent sur ses membres, et
tirèrent avec tant de violence, qu'ils lui désarticulèrent les épaules. Ce ne
fut qu'au bout d'un moment, que, voyant que le saint martyr était mort, les
bourreaux se retirèrent. Et on vit s'affaisser sur son corps la tête que ne
supportaient plus que les vertèbres dénudées et disloquées du cou. On traîna le
cadavre hors de la ville et on mit des gardes auprès du lieu où on l'avait
jeté. Cependant, au bout de trois jours, il fut enlevé clandestinement par les
soins de la fille du roi d'Arménie, qui était retenue comme otage dans une des
citadelles de la Médie. L'illustre Akebschema fut couronné le dix de la lune
d'octobre.
Après Akebschema,
ce fut au bienheureux Joseph d'être interrogé.
Le préfet Adarsapor lui dit : « As-tu vu comment ton collègue a péri
misérablement ? Il a porté la peine de son crime envers le roi. Quant à toi,
cesse de te tromper ainsi, écoute nos conseils : adore le soleil, obéis aux
édits du roi ; ainsi tu sauveras ta vie et échapperas à une mort terrible.
— Je n'adore pas le
soleil, parce qu'il n'est pas Dieu ; je n'obéis pas aux édits du roi, parce
qu'ils sont injustes. Car il n'est pas permis d'enlever à Dieu, souverain
créateur de l'univers, l'hommage qu'on lui doit, pour le transporter aux
créatures. Fais ce que tu as dessein de faire, et comme il te conviendra. »
Alors le préfet
ordonna que lui aussi fût écartelé par trente hommes et frappé pendant ce
temps-là par des bourreaux jusqu'à ce que, la peau étant enlevée de toutes
parts, son corps ne parût plus qu'une plaie. Aux spectateurs de cette boucherie
qui suppliaient le saint martyr de racheter sa vie et sa liberté en obéissant
aux ordres du roi, il répondait : « Il n'y a qu'un seul Dieu ; hors celui-là
point. Il n'y a qu'une seule foi, une seule vérité ; nous les connaissons et
les confessons. Nous sommes trois compagnons unis dans une même volonté, dans
un même courage. » Comme les tourments n'avaient pas de relâche, et que les
bourreaux précipitaient leurs coups, la respiration et la circulation furent
momentanément suspendues par suffocation, et on crut que le saint avait rendu
l'âme. Les bourreaux s'approchant, il s'affaissa comme un cadavre. Enlevé de ce
lieu, il fut jeté hors des murs ; peu après, comme on s'aperçut qu'il respirait
encore, on mit auprès de lui des gardes qui durent veiller.
Pendant ce
temps-là, l'intrépide Aitallaha fut amené devant le préfet. Celui-ci ayant
regardé le saint vieillard, lui dit : « A moins que tu n'aimes encore bien ta
croyance coupable qui a causé la mort de tes deux compagnons, adore le soleil
et obéis aux ordres du roi. Si tu le fais, tu éviteras la mort qui te menace. »
Aitallaha lui dit :
« J'admire vraiment que ton esprit soit aveuglé et dépourvu de raison à ce
point que tu puisses te montrer à moi aussi privé de sens et d'intelligence
qu'un animal stupide. Comment, après que ceux qui, plus âgés que moi, plus faibles
par conséquent, n'en ont pas moins vaincu tes tourments et conquis une gloire
immortelle par la mort que tu leur as procurée, et qu'ils ont volontairement
acceptée, je n'aurais pas honte d'agir moins courageusement, et de perdre par
une ignoble lâcheté le titre glorieux et la couronne immortelle qu'ils ont su
gagner ? Au reste, voici ma volonté irrévocable : Je ne trahirai ni ma foi, ni
mon Dieu, je n'obéirai pas aux édits du roi, qui depuis longtemps fait une
guerre honteuse à la vertu et à l'honnêteté. » A cette réponse, le préfet,
pensant que la majesté royale avait été outragée, ordonna que le saint fût tiré
en sens contraire par quarante hommes divisés en deux bandes, et pendant ce
temps-là cruellement frappé par les bourreaux armés de lanières neuves. Cet
ordre fut exécuté avec tant d'inhumanité, que, frappant sur le saint martyr
comme si t'eût été une pierre ou un tronc d'arbre, les bourreaux en un instant
mutilèrent, déchirèrent tout son corps. Pendant ce temps l'infatigable athlète
interpellant à haute voix le préfet : « Tyran sans vigueur, lui disait-il, tes
supplices sont trop doux et trop légers. Si tu en connais de plus terribles,
ordonne qu'on les emploie, car mon âme devient plus forte par la douleur et mon
corps prend de l'énergie dans les plaies qu'on lui fait. »
Alors le préfet,
regardant les assesseurs : « Comment se fait-il que ces empoisonneurs aiment la
mort et les tourments, comme si c'étaient des festins ? »
Ils dirent : «
C'est que leurs dogmes leur promettent une autre vie, que les yeux d'ici-bas ne
peuvent connaître. »
A la fin de cet
horrible supplice, pas une place du corps du saint martyr ne resta intacte :
tous ses membres furent disloqués, et parurent comme arrachés de leurs places
naturelles. Ses os étaient luxés, leurs ligaments rompus par cette épouvantable
et cruelle distension de tout le corps. On aurait cru que les membres
n'adhéraient plus, ne tenaient plus qu'à la peau. Les deux licteurs l'ayant
ramené an préfet, il fut de nouveau sollicité à abjurer la religion chrétienne.
« Si tu obéis aux
ordres du roi. je te donnerai des médecins qui panseront tes plaies, et qui
certainement te rendront à la santé.
— Bagatelles, dit
le saint vieillard, que promesses et médecins ; mais quand bien même tu
pourrais réparer tout le mal que tu m'as fait, et me rendre mes forces perdues,
jamais je n'abjurerais devant toi ma foi ; jamais je n'abjurerais le Seigneur
Dieu, créateur de l'univers, et n'adorerais le soleil qu'il a fait pour l'usage
du monde. »
Le préfet lui dit :
« Tes membres te restent, disloqués mais non rompus, tu peux encore nous obéir
et tu refuses de vivre? Je ferai par ton supplice un horrible exemple,
terrifiant pour ceux qui te ressemblent et qui ont ta témérité et ton
arrogance.
— Tu rends de vrais oracles, imprudent que tu es, car
j'espère que nous resterons un excellent exemple et que nous laisserons à
imiter à ceux qui nous suivront un triomphe qui ne sera pas sans gloire'; enfin
par notre courage dans le combat et par notre égalité d'âme dans les
souffrances, nous aurons conquis dans notre vieillesse des palmes verdoyantes
et une couronne formée de fleurs qui ne périront pas, et dont la verdeur
parfumant nos corps cassés de vieillesse, leur communiquera, au dernier jour du
monde, une force toute juvénile, et les rendra bien portants pour l'éternité. »
Alors Adarsapor
ayant appelé Adarcurkasciarus, préfet de l'Adiabène, lui parla en ces termes :
« Si ces misérables survivent, je veux qu'ils soient ramenés dans leur patrie,
et que là ils meurent lapidés par les gens de la même secte qu'eux. C'est
pourquoi je n'ai pas voulu qu'ils fussent tués en ce lieu. » On fit venir deux
chevaux sur lesquels on hissa les martyrs comme deux corps inertes, au point
qu'il fallut les attacher avec des cordes sur le dos de ces animaux, de peur
que les secousses de la marche ne les fissent tomber : cela fût arrivé, tant
leurs corps avaient été disloqués par les tortures, leurs os luxés, leurs
articulations rompues, et leurs membres déchirés. Quand on fut arrivé au lieu
où on devait s'arrêter et que les chevaux durent être soulagés de leurs
fardeaux, les satellites, qui étaient ennemis des martyrs et qui étaient encore
animés de colère contre eux, les jetèrent à terre, où ils restèrent gisants
comme eussent fait des pierres ou des madriers. Ce fut ainsi qu'ils allèrent
jus-qu'à Arbelles, où on les jeta en prison. Les saints vieillards, étendus
comme de froids cadavres, étaient, à cause de leurs plaies, mouillés de sanie
sanguinolente. Les gardiens avaient ordre de ne laisser pénétrer auprès d'eux aucun chrétien.
Il y avait dans la
ville d'Arbelles une femme illustre qui était chrétienne, dont la mémoire est restée en vénération et
dont le nom est cité avec éloge dans un ancien discours. Elle avait en grande
vénération les martyrs du Seigneur. On rapporte, en outre, qu'elle fournissait
à ses frais des aliments aux chrétiens qui étaient détenus dans la prison
publique de la ville d'Arbelles, pour le nom de Jésus-Christ. Cette noble
femme, ayant donc appris les souffrances et les infirmités des bienheureux
martyrs, fit venir le geôlier de la prison et obtint de lui, par ses prières et
en lui donnant une forte somme d'argent, de les emmener de la prison chez elle,
de sorte qu'elle jouit quelque temps de leur présence. Cela ne lui fut accordé
qu'avec peine et avec crainte par ce geôlier. Ce fut pendant la nuit qu'elle
envoya ses serviteurs pour les apporter chez elle. Elle pansa elle-même leurs
plaies, embrassant leurs membres disloqués par les tortures, contemplant l'état
déplorable dans lequel on les avait mis, elle ne pouvait retenir ses larmes et
ses gémissements. Ils étaient couchés comme exsangues et complètement privés de
sensibilité. Mais le bienheureux Joseph la voyant pleurer : a Ce ne serait pas
de la vertu, lui dit-il, que de verser sur notre mort des pleurs inopportuns. —
Ce n'est pas votre mort que je pleure, répondit-elle ; bien au contraire, je
vous féliciterais si vous eussiez été tués aussitôt que condamnés ; mais mon
chagrin violent vient de voir qu'on vous ait laissés dans l'état où vous
êtes... » Le bienheureux Joseph : « La persécution des méchants procure la tranquillité
à ceux qui se souviennent des paroles du Seigneur : « Combien est étroit et
difficile le chemin qui conduit à la vie éternelle, et combien peu y
arriveront ! » et ailleurs : « Celui qui aura persévéré jusqu'à la fin,
sera sauvé. » L'Apôtre a dit de lui-même : « Trois fois j'ai été flagellé, une
fois lapidé, et encore les tribulations ont été de la part des hommes de qui le
monde n'était pas digne. » C'est pourquoi, étant chrétienne, il est convenable
que vous vous réjouissiez, quand des chrétiens soutiennent de longs combats ;
plus ils auront souffert de supplices cruels, plus leur récompense sera grande,
plus leurs couronnes illustres. »
A l'aurore du jour
suivant, ils furent ramenés en prison, où pendant six mois, jusqu'en avril, ce
qu'ils eurent à souffrir de la puanteur du lieu et des autres incommodités ne
saurait se rendre. Pendant ce temps-là, le préfet qui avait assisté à l'interrogatoire
des martyrs, s'en alla et eut pour successeur un certain Zarusciates, beaucoup
plus méchant que lui, plus méchant même que les bêtes sauvages. Le roi lui
avait donné des ordres furibonds contre les chrétiens. Entre autres choses, il
avait commandé aux préfets de forcer, par toutes sortes de supplices, les
laïques qui professaient la religion chrétienne à lapider leurs pasteurs. Cet
édit jeta un grand trouble parmi les chrétiens, et fit que beaucoup d'hommes et
de femmes nobles, bien qu'indigènes, quittèrent les villes pour se réfugier
dans les montagnes et dans les cavernes, de peur d'être forcés à verser le sang
innocent.
Or il arriva que le
nouveau préfet Zarusciates vint dans la ville, et entra dans le temple, pour y
adorer le feu. Les gardiens du temple en prirent occasion pour accuser devant
lui les saints martyrs : « Il y a ici, disaient-ils, deux hommes de cette secte
d'empoisonneurs qu'on nomme des chrétiens ; ils ont déjà passé trois ans et
demi en prison, et le préfet Adarcurkasciarus leur a fait subir divers
supplices pour les amener à sa religion. » A ces mots, le préfet ordonna qu'on
lui amenât les saints martyrs. Quand ils furent présents, les regardant d'un
air terrible et cruel, il dit : « O race d'entêtés, pleine d'insolente
constance ! quoi ! rien ne vous émeut, ni les lois sévères, ni les
édits publics de Sapor roi des rois, seigneur de toutes choses, qui a renversé
le plus grand des royaumes, pris d'assaut tant de villes si bien fortifiées, et
vaincu toutes les nations du monde ? Ainsi donc, vous qui demeurez dans son
royaume et dans ses villes, vous méprisez ses édits et ses lois ? » Le
bienheureux Joseph lui répondit d'une voix haute et assurée en ces termes : «
Si nous conspirons, comme tu le dis, contre le roi, pourquoi ne fait-il pas la
guerre aux rebelles ? Pourquoi n'a-t-il pas une armée choisie? Pourquoi ne
conduit-il pas contre nous des soldats armés d'arcs et de lances pour nous forcer à faire ce
qu'il commande, comme il a fait à l'égard des nations que toi et lui avez subjuguées ? Oh ! non, pour cette campagne
c'est toi qu'il a choisi; toi le plus lâche des hommes qu'un frémissement de
feuilles ferait trembler. Homme sans énergie, au lieu d'aller chasser dans les
forêts avec les hommes, tu te livres à un repos honteux, ici, an milieu des
femmes. Rougis, misérable, aie honte de ton inique emploi, car tu n'es pas venu
comme un brave général pour combattre des peuples rebelles à ton roi, mais pour
encourager à renier leur Dieu, quelques chrétiens encore moins courageux qu'il ne le faudrait, moins
intrépides qu'ils ne devraient l'être. Mais tu perds tes efforts, si tu crois
pouvoir faire entrer dans nos oreilles ce fiel mortel, car notre volonté
insurmontable est de rester fidèles à notre Dieu. »
Alors le préfet : «
Empoisonneur, dit-il, discoureur impie, je supporterai patiemment tes injures
et tes malédictions ; tu espères que je vais te faire bien vite couper la tête,
et échapper par ce supplice aux longs tourments qui t'attendent ; mais je ne le
veux pas faire ainsi, j'attendrai une meilleure occasion. Pour le moment, je
m'en tiendrai à ce qu'on m'a ordonné de faire. » Le saint martyr lui répondit :
« Je vois la guerre que tu veux nous faire ; semblable à une vipère sourde, tu
dissimules à l'instant de mordre. Je le vois à ta couleur livide, semblable à
celle des vipères quand elles se préparent à mal faire. Que ne te sers-tu de ta
science, inventeur de tortures ? Que ne montres-tu ton autorité et ta puissance
? Tire ton fer mortel et rassasie dans notre sang innocent les cruelles
passions de ton coeur. O toi qui es dévoué aux supplices et aux peines
éternelles, je t'en prie, envoie-moi à la mort que j'aime, envoie-moi, chargé
de riches dépouilles, à ce séjour que nous autres chrétiens désirons, comme
tous aussi nous désirons ce royaume, dont la puissance brisera celle du vôtre
qui de toutes parts déjà voit ses forces chanceler. » Alors le préfet commanda
de suspendre le saint martyr la tête en bas, par les gros orteils ; puis il
ordonna que ses membres, labourés par les tortures précédentes, fussent frappés
à coups de cordes neuves par les bourreaux, jusqu'à ce que le dos, les côtés et
la poitrine du saint martyr fussent couverts de sang et de sanie, ce qui fit
couler abondamment les larmes des spectateurs. Pendant ce temps-là, les mages
lui disaient tout bas : « Si au milieu de cette grande assemblée tu as honte de
te soumettre en abjurant, nous allons te porter immédiatement au temple du feu,
et là, en adorant le soleil sans témoins, tu conquerras la liberté. » Le saint
martyr repoussa énergiquement les auteurs d'un si mauvais conseil, en criant à
haute voix : « Allez-vous-en d'ici, adorateurs du feu, qui l'aimez ; allez
l'alimenter ce feu qui vous dévorera ; rendez-lui votre culte, pendant que vous
avez le temps encore. »
Après que le
bienheureux vieillard eut été suspendu, comme nous l'avons dit, pendant deux
heures, au milieu des plus cruels supplices, le préfet ordonna qu'on le
détachât, et s'adressant à lui de nouveau : « Est-ce que tu ne fléchiras pas
ton esprit à l'obéissance, en prenant conseil de tes intérêts, espèce
d'effronté? » Le saint martyr lui dit : « Non, certainement, la grâce et le
salut qui me viendraient de toi ne me seraient ni agréables, ni utiles. » Alors
le préfet : « Et la mort que je te ferai subir ne te sera donc pas pénible ? »
Joseph répondit : « La mort que tu me donneras, c'est pour moi la vie ; au
contraire, si tu me donnais la vie, j'estimerais alors recevoir la mort. » Le
préfet reprenant : « Tu vois en quel état j'ai mis ton corps, il ne peut plus
être utile à rien pour les besoins de la vie. Mais l'âme qui te reste, je vais
la détruire et la perdre certainement par les supplices répétés que tu vas
endurer. » Joseph lui dit : « Tu ne peux certes détruire mon âme, car nous
avons l'Ecriture qui nous dit : « Ne craignez point ceux qui tuent le corps, et
ne peuvent tuer l'âme ; mais plutôt craignez celui qui peut précipiter l'âme et
le corps dans l'enfer ». Tu as pu torturer mon corps qui est en ton pouvoir,
mais tu ne peux arracher à mon âme l'espérance qui fait ses délices ; c'est
celle que nous avons, nous chrétiens, de la résurrection future des corps, hors
de laquelle, vous autres ennemis de la vraie piété, aurez pour part les
gémissements éternels et les grincements de dents. » Alors le tyran, se moquant
du saint vieillard : « Si cela arrive comme tu le dis, à quelle peine serai-je
exposé de votre part ? » Mais le saint lui répondit : « Notre-Seigneur, le Dieu
de miséricorde, nous a dit : « Priez pour vos ennemis, bénisse ceux qui vous maudissent
; faites du bien à ceux qui vous haïssent et qui vous persécutent. « Alors le
préfet, poursuivant sa moquerie : « Là je serai donc muni de la grâce que vous
m'accordez, pour tous les maux que je vous fais endurer? » — « Il n'y aura plus
alors de grâce à espérer, dit le saint. Mais dans ce monde actuel je prierai
mon Dieu de t'envoyer sa grâce, demandant qu'il te prenne en pitié, et qu'il
tourne ton esprit à le reconnaître, et à comprendre qu'il n'y a pas d'autre
Dieu que lui. » Alors le préfet lui dit sérieusement : « Tu t'occuperas de cela
dans ce monde que tu désires et vers lequel je vais t'envoyer. En attendant,
obéis au roi. » Le saint vieillard lui dit : « La mort dont tu me menaces fut
toujours l'objet de mes désirs; car c'est pour ce siècle à venir que j'endure
tous ces tourments. » Le préfet ajouta : « Je te ferai endurer des tourments
tels que tu ne les imagines pas, tes semblables en auront peur et céderont à
mes ordres. » Alors le saint martyr : « Les tourments que jusqu'ici vous m'avez
fait souffrir, je les ai supportés, je supporterai courageusement ceux que tu
pourras m'infliger, laissant un bel exemple aux jeunes gens témoins de ces
combats de ma vieillesse. Les chrétiens plus jeunes apprendront par là à ne pas
craindre ta vaine puissance, quand ils verront que moi, pauvre et faible
vieillard, je t'aurai vaincu avec la grâce de Dieu, qui met une si grande force
dans mon âme que non seulement je n'ai pas succombé devant toi, mais que
j'arriverai à la mort sans succomber. »
Le préfet ordonna
d'emmener le vieillard, et comme il ne pouvait marcher, des soldats le
portèrent à la prison.
Le préfet s'adressa
alors au bienheureux Aitallaha : « Toi aussi, tu persistes dans cette croyance
d'hommes perdus, et tu refuses d'adorer avec moi le soleil, afin de te sauver ?
— Tant que vivra le
Christ Fils de Dieu et mon unique espérance, jamais je n'abandonnerai cette
croyance qui est la seule vraie : mais j'y resterai attaché avec autant de
fidélité et de constance qu'il soit possible à un homme. Jamais je ne
préférerai les créatures au Créateur de toutes choses, et ne rendrai point aux
oeuvres l'honneur qui n'est dû qu'à l'ouvrier. »
Alors, sur l'ordre
du préfet, les satellites suspendirent égale-ment le saint martyr la tête en
bas, et il criait à haute voix durant ce supplice : « Je suis chrétien, je suis
chrétien, sachez tous que je suis chrétien, et que c'est pour cela que je
souffre. »
Dans la même
prison, était détenu un homme de la secte des Manichéens, qui, amené à la
question, fit ce que les Manichéens ont coutume de faire, parce que ce sont des
hommes lâches et versatiles ; sans aucune hésitation, il renia les dogmes de sa
vaine croyance. Saint Aitallaha fut détaché afin de voir cet homme ; et les
païens lui disaient : « Vois cet homme, comme il nous a immédiatement obéi ».
Mais, voyant que le manichéen avait abjuré sa religion, et tuait des fourmis
que ceux de la secte croient avoir une âme, il ne put contenir la joie qu'il
éprouvait ; mais il la fit voir sur son visage qui se colora d'un reflet rose,
et se mit à rire. Ses bras en furent remués, quoiqu'ils eussent perdu tout
mouvement par suite des tourments, et qu'ils fussent appendus à son corps comme
des masses inertes. En même temps il fit éclater sa joie par ses paroles en
disant : « Malheur à toi, Manès ! malheur ! car, vaincu, tu viens de
succomber, et ta chute a entraîné celle de ton dieu, qui n'en est pas un. Moi,
bienheureux au contraire, j'ai vaincu ; et en moi le Christ saint, fils de la
Vierge Marie, a vaincu, lui qui 'sera toujours et a toujours été. » Ces paroles
mirent le tyran en si grande colère, qu'il fit immédiatement apporter des
verges et fit de nouveau frapper le saint si cruellement qu'il se trouva mal.
On l'emporta évanoui, et on le jeta nu dans un lieu éloigné, et il fût resté nu
ainsi, car, privé de l'usage de ses mains, il ne pouvait mettre un vêtement, si
un mage, ému d'un sentiment de pitié et d'humanité, en le couvrant de son
propre manteau, ne l'eût soustrait à cette honte et aux insultes de la
populace.
Quelques mages fort
méchants, irrités de cela, accusèrent leur collègue devant le préfet. Celui-ci
ordonna que le coupable fût soumis à la traction, et flagellé pendant ce
temps-là. Le bon mage reçut deux cents coups qui furent comptés. Alors il tomba
sans connaissance. Il est probable qu'il fut, à cause de cela, l'objet de
quelque grâce spéciale de la part de Dieu. Bientôt saint Aitallaha fut emporté
en prison.
Cinq jours après,
on annonça que Thamsapor était arrivé dans son château de Beit-Thabaha. Or ce
mot, qu'on peut traduire par maison du boucher, avait une signification
bien adaptée. Ce fut dans ce château qu’en ce temps-là furent fabriquées les
lanières qui servirent à faire périr un grand nombre de chrétiens. Les deux
martyrs, par l'ordre du préfet, furent amenés devant Thamsapor. Il leur dit : «
Mangez du sang, et je vous rendrai la liberté ; ayez pitié de votre vieillesse.
— Mange du sang
toi-même, dirent les saints martyrs, toi qui en particulier comme en public te
délectes dans des festins sanguinaires. » — Comme le tyran insistait, et que
les martyrs refusaient, on en vint aux coups. Pendant que le bourreau apprêtait
les verges, plusieurs assistants, qui avaient dessein de sauver les saints
martyrs, leur suggéraient un subterfuge. « Nous prendrons, disaient-ils, du jus
de raisin noir, nous ferons qu'il se fige comme du sang, vous le mangerez et
échapperez ainsi au supplice. » Les saints vieillards leur dirent : « Dieu vous
garde de couvrir notre vieillesse d'une telle infamie; nous ne dissimulerons
pas notre foi, vaincus parla crainte d'hommes méchants ut audacieux. » Après
cette réponse, ils reçurent chacun quarante coups de verges. Malgré cela,
l'interrogatoire ne fut pas interrompu, mais le tyran, les pressant de nouveau,
ordonna d'apporter de la chair d'un animal étouffé : « Mangez au moins
celle-là, et je vous renverrai. » Les martyrs lui dirent : « Toute chair qui
vient de vous, nous la tenons pour impure ; car obéir à vos conseils, c'est
assurément commettre une impiété et se faire une souillure. Ne vous arrêtez pas
à ces puérilités, et pensez quel genre de mort doit nous être infligé. Cela ne
vous sera pas difficile à vous qui êtes habitués à inventer des tortures. »
Ayant délibéré
entre eux, le préfet et Thamsapor rendirent enfin une sentence, qui portait que
les chrétiens nobles de la ville d'Arbelles et ceux du peuple des environs
seraient réunis et forcés de lapider l'un et l'autre martyrs. C'est pourquoi,
une grande multitude d'hommes, de femmes et d'enfants, pris par les soldats,
vint au lieu du supplice, pour que cette exécution eût lieu. Cette femme si
sainte et si digne de laquelle il a été question, Yazdândocht, tomba entre les
mains des soldats, et on voulait la contraindre à lapider les saints. Or il
arriva que, pendant ce temps-là, saint Joseph comparut de nouveau devant
Thamsapor, qu'environnaient les grands. Il avança au milieu d'eux, semblable à
un animal, car le séjour de la prison et les tourments avaient tellement changé
son visage, qu'il ne ressemblait plus â un homme. Au milieu de cette cruelle
assemblée privée de sens et de pitié, le préfet, les grands, les nobles, les
mages étaient assis. Un esclave soutenait avec peine Joseph, que ses pieds ne
pouvaient porter. Alors le bienheureux vieillard pria le préfet de s'approcher,
comme s'il eût voulu lui dire quelque chose à l'oreille. Sans hésiter le préfet
se leva, impatient de savoir ce qui allait arriver et croyant que Joseph
voulait lui dire secrètement qu'il avait changé d'avis. Il mit bien près son
oreille ; alors Joseph, toussant fortement, lui envoya au milieu du visage un
crachat qui le lui couvrit entièrement : « Va, lui dit-il, homme impur et cruel
! tu n'as pas honte de me ramener presque mourant à l'interrogatoire ? Il ne te
suffisait donc pas des précédentes questions, pour être bien sûr, bien
convaincu, qu'aucune violence, qu'aucun danger ne pourraient me faire
abandonner ma religion ? » Cela fit que Thamsapor et tous les grands qui
étaient présents, partirent d'éclats de rire immodérés, et se moquèrent de
l'empressement inconsidéré du préfet, qui demeura fort confus. « Qui vous a
engagé, disaient-ils, à aller près de lui? vous l'avez bien voulu. »
On ordonna que le
saint vieillard fût emmené au lieu du supplice, pour y être accablé de pierres,
et on entraîna au même lieu, de force, environ cinq cents chrétiens qui
devaient exécuter la sentence. Quand on fut arrivé au lieu de l'exécution, on
mit le saint vieillard enchaîné dans une fosse préparée à l'avance et on l'y
enterra jusqu'aux épaules. Alors les soldats, se tournant vers les assistants :
« Lapide-le », disaient-ils. Dans cette circonstance, la constance généreuse de
Yazdândocht fut mise à l'épreuve. On voulait qu'elle se joignît aux autres pour
lapider le martyr. Mais elle persista dans son refus avec un courage tout
viril, et parlant à haute voix à ceux qui lui donnaient ce conseil : « Jamais,
dit-elle, on n'en est encore venu à ce point, de vouloir que des femmes
remplissent contre des hommes l'office de bourreaux, ainsi que vous le voulez
aujourd'hui. Ainsi la guerre qu'on doit faire aux ennemis, vous la faites à vos
concitoyens ; vos armes, vous les tournez contre eux ; vous troublez, vous ensanglantez
une province qui jouissait d'une paix profonde. » Alors les soldats, présentant
à cette sainte femme une plume taillée en pointe : « Si ta religion, lui
dirent-ils, te défend de jeter des pierres à cet homme, étends seulement la
main, pique-le avec cette plume, afin de paraître obéir aux ordres du roi. »
Mais elle leur répondit avec gémissement et à haute voix : « J'aimerais mieux
qu'on m'enfonçât toute cette lance dans le corps, que de commettre un tel crime
sur cet athlète du Seigneur. Dans tous les cas, si vous êtes autorisés à m'ôter
la vie, rien ne m'arrête ; je mourrai plutôt avec lui que de sembler vouloir
tremper avec vous dans cette effusion du sang d'un innocent. » Pendant ce
temps-là, les pierres volaient, et déjà elles formaient un monceau, au centre
duquel tout le corps étant couvert apparaissait seulement la tête du saint
martyr, de laquelle coulaient du sang et la matière cérébrale. Un des
assistants les plus considérables, voyant qu'il laissait aller sa tête dans un
sens, puis un autre, et qu'il avait ainsi peine à mourir, obtint d'un soldat
comme une grâce qu'il lui brisât complètement la tête avec une pierre moins
cruelle que les autres. Le saint martyr rendit l'âme. On mit pendant deux jours
des gardes autour de la fosse ; mais, dans la nuit du troisième jour, une
tempête horrible s'éleva. Le ciel commença à gronder d'une façon terrible et
entre les coups de tonnerre, la grêle, les éclairs et les tourbillons
d'ouragan. Tout le pays fut terrifié de cette colère des cieux. Le feu et le
soufre qui pleuvaient durant la tempête, étouffèrent et consumèrent les gardes.
Dans cette confusion de toutes choses, le corps du saint martyr fut enlevé,
cela est certain ; fut-il inhumé par Dieu ou par les hommes ? on l'ignore.
Jusqu'à présent on n'a pu découvrir le lieu de sa sépulture. Le bienheureux
Joseph reçut la couronne du martyre le sixième jour de la première semaine de
la Pentecôte.
Saint Joseph étant
mort comme nous l'avons dit, Thamsapor ordonna de conduire Aitallaha dans la
ville populeuse de Dastgarar, en la province de Beit-Nuhadra. On rassembla les
hommes et les femmes nobles parmi les chrétiens, le seigneur même du lieu qui
s'était converti au Christ ; ils conduisirent le saint martyr hors des murs de
la ville, et l'ayant enchaîné, ils le firent mourir sous une grêle de pierres,
au lieu qu'on leur avait désigné. Ils exécutèrent cela avec une souveraine
impiété et accablèrent le bienheureux Aitallaha sous un monceau de pierres Des
gardes furent mis auprès de son corps. Après deux jours, pendant une nuit
orageuse, les chrétiens enlevèrent clandestinement son corps, et l'ensevelirent
en toute hâte et tremblants, profitant de l'occasion, au premier endroit qui
leur parut convenable. Dans le même temps et au même lieu, arriva un grand
miracle. Là où saint Aitallaha avait été accablé sous les pierres, crut un
myrte qui poussa de nombreux rameaux, qui, recueillis par les gens du pays et
employés avec foi par eux, guérissaient les malades. Cela dura cinq ans. Au
bout de ce temps, une main coupable arracha le myrte. Eu outre, plusieurs
témoins dignes de foi affirmaient avoir vu plusieurs nuits durant, au lieu où
le saint martyr avait été lapidé, une cohorte d'anges descendant des cieux et
ensuite y remontant en faisant entendre d'ineffables concerts. Saint Aitallaha
reçut la couronne du martyre le quatrième jour de la dernière semaine de la
Pentecôte.
CONCLUSION
Voilà l'histoire
des combats de nos martyrs, à commencer par ceux qui se sont levés les premiers
pour cette guerre jusqu'à ceux qui sont entrés les derniers dans la lice : tous
généreux et magnanimes, couverts d'armes invincibles, ils luttèrent avec gloire,
et comme de vaillants guerriers, ils tombèrent blessés par devant, et le visage
tourné vers l'ennemi. A nous qui venons après eux ils ont laissé, au prix de
leur sang, honneur et gloire, repos et prospérité.
Armés des armes de
la foi, de la cuirasse de la vérité, de l'épée de là parole de vie, de la lance
des saintes Ecritures, ils ont vaincu les tyrans. Siméon ouvrit la carrière,
glorieusement fermée par les trois vénérables vieillards dont nous venons de
raconter le martyre. Après quarante années d'une atroce persécution, le glaive
qui s'enivrait du sang des saints a cessé enfin de luire sur nos têtes : les
martyrs qu'il a immolés brillent d'une splendeur nouvelle, tandis que le tyran
est couché dans son tombeau. Ceux qu'il a écrasés sous la pierre se sont
relevés, et lui il est renversé dans la poussière ; au contraire ils vivent,
ils vivent glorieux ceux qui furent ses victimes. Il commença la persécution la
trente et unième année de son règne, et la soixante-dixième il cessa de vivre.
Il grandit dans le sang, il parvint à la vieillesse à
travers les massacres. Son glaive, aiguisé contre Siméon Bar-Sabâé, s'émoussa
enfin contre Acepsimas et ses compagnons ; main-tenant il attend son jugement,
et eux leur résurrection ; il attend ! enfer, et eux le ciel ; il attend
la damnation, et eux l'éternel royaume.
Quant à moi, homme
impuissant, homme de néant, si j'ai osé, malgré ma faiblesse, raconter leur
histoire, oh ! ce n'est pas présomption ni audace ; mais je voulais entrer en
communion avec ces saints martyrs, et j'espérais de leur mémoire le pardon de
mes péchés ; je voulais répondre aussi à un désir ardent de quelques âmes
pieuses qui brûlent d'entendre le récit des combats et des triomphes des
saints, de ceux surtout qui ont illustré nos provinces d'Orient. Si mon style
est pâle et décoloré, leur sang, mêlé à ma parole, lui donnera, je l'espère,
assez d'éclat, d'éloquence et de beauté.
Au reste, tout ce
que j'ai raconté des martyrs, de leurs tortures, de leurs flagellations ; de
leurs différents genres de mort, soit par le glaive, soit par la lapidation ;
de leur patience, de leurs magnanimes réponses devant les juges, tout cela m'a
été raconté par des vieillards ; j'ai eu aussi entre les mains une histoire
écrite avec simplicité, mais sans aucun ordre.
On dira peut-être :
Tout ce que vous avez raconté de la cruauté des tyrans contre les martyrs de
Dieu est incroyable ; il est impossible qu'on ait imaginé contre eux de tels
supplices, et qu'on leur ait fait souffrir de si affreuses morts. Je répondrai
que je n'ai pas dit la centième partie de;la vérité. Ceux qui étaient condamnés
par le roi lui-même périssaient par le glaive ; mais ceux que les gouverneurs
faisaient mourir, et dont on ne connaît ni les noms ni le nombre, étaient
tourmentés de la manière que j'ai rapportée. Quant à ceux dont j'ai retracé le
martyre et les actes judiciaires, quelques-uns étaient mes contemporains, et
j'ai été témoin oculaire de leur martyre ; pour les autres, je n'en ai rien dit
que sur le témoignage d'évêques, de prêtres et de témoins très dignes de foi,
qui m'avaient raconté des choses arrivées de leur temps et sous leurs yeux. Je
prie donc le lecteur, au nom de notre amour commun pour les martyrs, de
demander et pour celui qui le premier a rassemblé les matériaux de cette
histoire, et pour celui qui l'a rédigée après lui, la grâce et la miséricorde
de Dieu, et la puissante intercession des martyrs, dont ils ont dévoilé les
glorieux combats ensevelis dans l'ombre de leur prison.
LES MARTYRS. TOME III. JULIEN L'APOSTAT, SAPOR, GENSÉRIC. Recueil de pièces authentiques sur les martyrs depuis les origines du christianisme jusqu'au XXe siècle. Traduites et publiées Par le R. P. Dom H. LECLERCQ, Moine bénédictin de Saint-Michel de Farnborough, 1921, DEUXIÈME ÉDITION. Imprimatur. Turonibus, 18 Octobris 1920. P. BATAILLE, V. G. Imprimi potest. FR. FERDINANDUS CABROL, Abbas Sancti Michaelis Farnborough. Die 19 Martii 1904. IVLIO CREZ S. J. LEONI CAPART S. J. AEMILIO ETTERLÉ S. J. D.D.
Acepsimas of Hnaita BM
(RM)
(also known as Acesimus of Honit)
Died October 10, 376. Saint Acepsimas, an octogenarian bishop of Hnaita
(Honita) in Assyria (western Persia), was racked and flogged to death under
Shapur II. His acta are quite authentic-- recorded by Saint Maruthas, a near
contemporary, and mentioned by Sozomen. The priests Aithala and Joseph suffered
with him. The Roman Martyrology commemorates many others who suffered about
this time in the same persecution. Maruthas writes that in the 37th of the 40
years of persecution a new edict was published that stated: "They abolish
our doctrine; they teach men to worship one only God, and forbid them to adore
the sun or fire; they use water for profane washing; they forbid persons to
marry, to be soldiers in the king's armies, or to strike any one; they permit
all sorts of animals to be killed, and they suffer the dead to be buried; they
say that serpents and scorpions were made, not by the devil, but by God
himself."
These were the charges laid
upon the ancient Bishop Acepsimas, who was arrested and taken to the governor
in Arbela. When asked how he could deny the divinity of the sun, the bishop
expressed astonishment that any man would prefer a creature to the Creator. For
this insolence he was thrown to the ground, scourged, and then imprisoned.
Meanwhile the priest Joseph
of Bethcatuba and Deacon Aithalas of Beth-nudra, who was renowned for his
eloquence, sanctity, and learning, were brought before the same governor.
Joseph answered the charges much as Acepsimas did: that he was a Christian, and
had always taught the sun to be an inanimate creature. This response resulted
him Joseph being stretched on the ground and beaten successively by ten
executioners until his body seemed to be one open wound. Seeing what they had
done to his body, Joseph said: "I return you the greatest thanks I am
able, Christ, the Son of God, who have granted me this mercy, and washed me
with this second baptism of my blood, to wipe away my sins." This
infuriated his persecutors, who redoubled their efforts to tear his body apart
(Benedictines). In art, Saint Acepsimas is an Oriental bishop loaded with
chains. He is venerated in the Eastern Church (Roeder).
Saint Aceptismas of Hnaita
Also known as
- Acepsimas
- 22 April
- 3 November (Greek Orthodox)
- 2 September (Syriac Orthodox)
Profile
Bishop of Hnaita, Persia. Over 80 years old, he was tortured and martyred in the persecutions of King Sapor II.
- beaten to death on 10 October 376 in Persia
Chapter XIII.—Martyrdom of St. Acepsimas and of his
Companions.
About this period they arrested Acepsimas the bishop,
and many of his clergy. After having taken counsel together, they satisfied
themselves with the hunt after the leader only; they dismissed the rest after
they had taken away their property. James, however, who was one of the
presbyters, voluntarily followed Acepsimas, obtained permission from the Magi
to share his prison, and spiritedly ministered to the old man, lightened his
misfortunes as far as he was able, and dressed his wounds; for not long after
his apprehension, the Magi had injuriously tortured him with raw thongs in
forcing him to worship the sun; and on his refusal to do so had retained him
again in bonds. Two presbyters named Aithalas and James, and two deacons, by
name Azadanes and Abdiesus, after being scourged most injuriously by the Magi,
were compelled to live in prison, on account of their opinions. After a long
time had elapsed, the great Arch-Magi communicated to the king the facts about
them to be punished; and having received permission to deal with them as he
pleased, unless they would consent to worship the sun, he made known this
decision of Sapor’s to the prisoners. They replied openly, that they would
never betray the cause of Christ nor worship the sun; he tortured them
unsparingly. Acepsimas persevered in the manly confession of his faith, till
death put an end to his torments. Certain Armenians, whom the Persians retained
as hostages, secretly carried away his body and buried it. The other prisoners,
although not less scourged, lived as by a miracle, and as they would not change
their judgment, were again put in bonds. Among these was Aithalas, who was
stretched out while thus beaten, and his arms were torn out of his shoulders by
the very great wrench; and he carried his hands about as dead and swinging
loosely, so that others had to convey food to his mouth. Under this rule, an
innumerable multitude of presbyters, deacons, monks, holy virgins, and others
who served the churches and were set apart for its dogma, terminated their
lives by martyrdom. The following are the names of the bishops, so far as I
have been able to ascertain: Barbasymes, Paulus, Gaddiabes, Sabinus, Mareas,
Mocius, John, Hormisdas, Papas, James, Romas, Maares, Agas, Bochres, Abdas,
Abdiesus, John, Abramins, Agdelas, Sapores, Isaac, and Dausas. The latter had
been made prisoner by the Persians, and brought from a place named Zabdæus.11621162 He died about this time in defense of
the dogma; and Mareabdes, a chorepiscopus, and about two hundred and fifty of
his clergy, who had also been captured by the Persians, suffered with him.
The Ecclesiastical History of Sozomen Book 2, Chapter 13 by Salaminius Hermias
Sozomen]
Butler’s
Lives of the Saints – Saints Acepsimas, Bishop; Joseph, Priest; and Aithilahas,
Deacon, Martyrs
Article
Saint Maruthas
closes with the acts of these martyrs, his history of the persecution of King
Sapor, which raged without intermission during forty years. The venerable
author assures us, that, living in the neighbourhood, he had carefully informed
himself of the several circumstances of their combats from those who were
eye-witnesses, and ushers in his account with the following address: “Be
propitious to me, O Lord, through the prayers of these martyrs. Being assisted
by the divine grace, and strengthened by your protection, O ye incomparable
men, I presume to draw the outlines of your heroic virtues and incredible
torments. But the remembrance of your bitter sufferings covers me with shame,
confusion, and tears, for myself and my sins. O! you who hear this relation,
count the days and the hours of three years and a half which they spent in
prison, and remember they passed no month without frequent tortures, no day
free from pain, no hour without the threat of immediate death. The festivals
and new moons were black to them by fresh racks, beatings, clubs, chains,
hanging by their limbs, dislocations of their joints, etc.” In the
thirty-seventh year of this persecution, a fresh edict was published,
commanding the governors and magistrates to punish all Christians with racks,
scourges, stoning, and every sort of death, laying to their charge the
following articles: “They abolish our doctrine; they teach men to worship one
only God, and forbid them to adore the sun or fire; they use water for profane
washing; they forbid persons to marry, to be soldiers in the king’s armies, or
to strike any one; they permit all sorts of animals to be killed, and they
suffer the dead to be buried; they say that serpents and scorpions were made,
not by the devil, but by God himself.”
Acepsimas, bishop of
Honita in Assyria, a man above fourscore years old, but of a vigorous and
strong constitution of body, was apprehended, and conducted in chains to
Arbela, before the governor. This judge admired how he could deny the divinity
of the sun, which all the East adored. The martyr answered him, expressing his
astonishment how men could prefer a creature to the Creator. By the orders of
the governor he was laid on the ground with his feet bound, and in that posture
barbarously scourged, till his whole body was covered with blood; after which
he was thrown into prison.
In the mean time one
Joseph, a holy priest of Bethcatuba, and Aithilahas, a deacon of Beth-nudra,
famed for eloquence, sanctity, and learning, were brought before the same
governor. To his interrogatories, Joseph answered that he was a Christian, and
had always taught the sun to be an inanimate creature. The issue was, that he
was stretched flat on the ground, and beaten with thick twigs stripped of the
thorns, by ten executioners, who succeeded one another, till his body seemed
one continued wound. At the sight of himself in this condition the martyr with
joy said: “I return you the greatest thanks I am able, Christ, the Son of God,
who have granted me this mercy, and washed me with this second baptism of my
blood, to wipe away my sins.” His courage the persecutors deemed an insult, and
redoubled their fury in tearing and bruising his blessed body. After he was
loosened, loaded with heavy chains, and cast into the same dungeon with
Acepsimas, Aithilahas was called upon. The governor said to him: “Adore the
sun, which is a divinity, eat blood, marry, and obey the king, and you shall live.”
The martyr answered: “It is better to die, in order to live eternally.” By the
judge’s command, his hands were tied under his knees, and his body fastened to
a beam: in this posture it was squeezed and pulled many ways, and afterwards
scourged. His bones were in many places broken or dislocated, and his flesh
mangled. At length, not being able to stand, he was carried back to prison on
mens’ shoulders. On the next day, they were all three again brought forth, and
stretched on the ground, bound fast with cords, and their legs, thighs, and
ribs so squeezed and strained by stakes, that the noise of the bones breaking
filled the place with horror. Yet to every solicitation of the judge or
officers, their answer was: “We trust in one God, and we will not obey the
king’s edicts.” Scarcely a day passed in which some new torture or other was
not invented and tried upon them.
After they had for
three years suffered the hardships of imprisonment and daily torments, the king
coming into Media, the martyrs were brought before Adarsapor, the chief of all
the governors of the East, several other satrapes and governors sitting with
him in the palace. They were carried thither, for they were not able to walk,
and they scarcely retained the figure of human bodies. The very sight of such
spectacles moved all who saw them to compassion, and many to tears. They
courageously professed themselves Christians, and declared that they would
never abandon their faith. Adarsapor said, he saw by their wounds what they had
already suffered, and used both threats and entreaties to work them into a
compliance with the law. When they begged him to hasten the execution of his
threats, he told them: “Death frees criminals from pain: but I will render life
to you as grievous as a continued death, that others of your sect may tremble.”
Acepsimas said: “In vain do you threaten. God, in whom we trust, will give us
courage and constancy.” At this answer, fury flashed in the eyes of Adarsapor,
and he swore by the fortune of King Sapor, that if they did not that instant
obey the edicts, he would sprinkle their grey hairs with their blood, would
destroy their bodies, and would cause their dead remains to be beaten to
powder. Acepsimas said: “To you we resign our bodies, and commend to God our
souls. Execute what you threaten. It is what we desire.” The tyrant, with rage
painted in every feature of his countenance, ordered the venerable old man to
be stretched on the ground, and thirty men, fifteen on each side, to pull and
haul him by cords tied to his arms, legs, and other limbs, so as to dislocate
and almost tear them asunder; and two hangmen in the mean time to scourge his
body with so much cruelty, as to mangle and tear off the flesh in many parts:
under which torment the martyr expired. His body was watched by guards
appointed for that purpose, till after three days it was stolen away by the
Christians, and buried by the care of a daughter of the king of Armenia, who
was at that time a hostage in Media.
Joseph and
Aithilahas underwent the same punishment, but came alive out of the hands of
the executioners. The latter said to the judge under his torments: “Your
tortures are too mild, increase them as you please.” Adarsapor, struck with
astonishment at their courage, said: “These men are greedy of torments as if
they were banquets, and are fond of a kingdom that is invisible.” He then
caused them to be tormented afresh, so that every part of their bodies was
mangled, and their shoulders and arms disjointed. Adarsapor gave an order that
if they did not die of their torments, they should be carried back into their
own country, to be there put to death. The two martyrs, not being able to sit,
were tied on the backs of beasts, and conveyed with great pain to Arbela, their
guards treating them on the way with no more compassion than if they had been
stones. Jazdundocta, an illustrious lady of the city of Arhela, for a great sum
of money, obtained leave of the governor, that they should be brought to her
house, to take a short refreshment. She dressed their wounds, bathed their
bodies with her tears, and was exceedingly encouraged by their faith and
extortions. The blessed martyrs were soon taken from her house to prison, where
they languished six months longer. A new governor at length came into that
province, the most savage of men, bringing an edict of the king, commanding,
that Christians who were condemned to death, should be stoned by those who
professed the same religion. The news of his arrival drove the Christians into
the woods and deserts, that they might not be compelled to imbrue their hands
in the blood of martyrs. But soldiers there hunted them like wild beasts, and
many were taken. The two confessors were presented before this new judge.
Joseph was hung up by the toes, and scourged during two hours in the presence
of the judge, who hearing him discourse on the resurrection, said: “In that
resurrection how do you design to punish me?” The martyr replied: “We are
taught meekness, to return good for evil, and to pray for enemies.” “Well,”
said the judge, “then I shall meet with kindness from your hands for the evil
which you here receive from me.” To which the martyr answered: “There will be
then no room for pardon or favour: nor will one be able to help another. I will
pray that God may bring you to the knowledge of himself in this life.” The
judge said: “Consider these things in the next world, whither I am going to
send you: at present obey the king.” The old man answered: “Death is our
desire.” The emperor then began to interrogate Aithilahas, and caused him to be
hung up by the heels a long time together. He was at length taken down, and to
move him to a compliance, he was shown a certain Manichæan heretic who had
renounced his religion for fear of torments, and was killing ants, which those
heretics held unlawful, teaching that insects and beasts have rational souls.
The saint, lying on the ground, was scourged till he fell into a swoon, and
then was hauled aside like a dog. A certain Magian, out of pity, threw a coat
over his wounds to cover his naked body; for which act of compassion he
received two hundred lashes till he fainted. Thamsaphor arriving at his castle
of Beth-Thabala, in that country, the governor caused the martyrs to be carried
before him. They were ordered to eat the blood of beasts: which they refused to
do. One told them, that if they would eat the juice of red grapes curdled,
which the people might think to be blood, this would satisfy the judges. They
answered: “God forbid we should dissemble our faith.” We have elsewhere taken notice
that the Christians then observed in many places the positive temporary law of
the apostles. Thamsapor and the governor, after a short consultation, condemned
both to be stoned to death by the Christians. Joseph was executed at Arbela. He
was put into the ground up to the neck. The guards had drawn together five
hundred Christians to his execution. The noble lady Jazdundocta was brought
thither, and earnestly pressed to throw but a feather at the martyr that she
might seem to obey the order of the king. But she resolutely resisted their
entreaties and threats, desiring to die with the servant of God. Many, however,
having the weakness to comply, a shower of stones fell upon the martyr, which
put an end to his life. When he was dead, guards were set to watch his body;
but the Christians found means to steal it away on the third night, during a
dark tempest. Saint Aithilahas suffered in the province of Beth-Nuhadra; the
lord of that country, who had been a Christian, by a base apostasy, becoming
one of his murderers. Saint Maruthas adds, that angels were heard singing at
the place of this martyrdom, and many miracles wrought. These martyrs suffered
in the year 380, the seventieth and last of the reign of Sapor, and the
fortieth of his persecution. They are mentioned by Sozomen, and are named in
the Roman Martyrology on the 22nd of April.
MLA Citation
- Father Alban Butler. “Saints Acepsimas, Bishop;
Joseph, Priest; and Aithilahas, Deacon, Martyrs”. Lives of the Fathers, Martyrs, and Principal Saints, 1866. CatholicSaints.Info. 14 March 2013. Web.
22 April 2017. < http://catholicsaints.info/butlers-lives-of-the-saints-saints-acepsimas-bishop-joseph-priest-and-aithilahas-deacon-martyrs/>
Martyr Akepsimas the Bishop of Persia
Commemorated on November 3
Martyrs Akepsimas the Bishop,
Joseph the Presbyter and Aethalas the Deacon of Persia were leaders of the
Christian Church in the Persian city of Naesson. His flock devotedly loved
their hierarch for his ascetic life and tireless pastoral work.
The emperor Sapor ordered his men
to seek out and kill Christian clergy. Saint Akepsimas also was arrested, even
though he was already an eighty-year-old man. They took him to the city of
Arbela, where he came before the judge Ardarkh, a pagan priest of the sun god.
The holy Elder refused to offer sacrifice to the Persian gods. For this he was
fiercely beaten and thrown into prison, where on the following day the
seventy-year-old priest Joseph and the deacon Aethalas were severely beaten and
thrown into jail with him. For three years the saints were held in confinement,
and suffered from hunger and thirst.
Emperor Sapor came to the temple
of the god of fire, located not far from Arbela, and wanted to take a look at
the three holy martyrs. Exhausted and covered with festering wounds, the saints
were brought before the emperor. When he asked them to worship the pagan gods
they firmly refused, confessing their faith in Christ instead.
The holy bishop was beheaded, but
the presbyter and deacon were taken into the city to be stoned.
The execution of the presbyter
Joseph was prolonged for several hours. A guard was placed near the place of
execution, so that Christians would not take the body of the holy martyr. On
the fourth night a strong windstorm raged near the city, lightning killed the
guard, the wind tossed stones about, and the body of Saint Joseph disappeared.
Deacon Aethalas was taken to the
village of Patrias, where he was stoned. Christians secretly buried his body. A
tree grew on the saint’s grave, and its fruit brought healings.