Gerald von Aurillac, Katholische Kirche Saint-Géraud
in Lempdes-sur-Allagnon im Département
Haute-Loire (Auvergne-Rhône-Alpes/Frankreich), Bleiglasfenster
Vita Geraldi Auriliacensis (1)
VIE DE GÉRAUD D'AURILLAC
par Odon, Abbé de Cluny
PRÉFACE
On voit très souvent mettre en doute l'authenticité
des faits qui nous sont rapportés du bienheureux Géraud. Certains vont à
l'extrême : " Non seulement inauthentiques, disent-ils, mais pures
rêveries ! "
Il en est aussi qui, pour se trouver des prétextes
à vivre dans le péché, mettent très haut notre saint, mais en déformant les
choses : " Géraud ! Mais il a eu haut rang et fortune, il a eu à sa portée
tous les plaisirs, et pourtant c'est un saint !... " C'est évidemment leur
vie à eux, toute livrée au plaisir, qu'ils voudraient pouvoir ainsi autoriser
de son exemple à lui. Ces façons de voir, nous voudrions, dans la mesure de nos
moyens, les discuter ici un instant.
Car nous aussi, et longtemps, le récit de ses
miracles ne nous trouva pas moins incrédule, cela pour la raison surtout qu'en
certains endroits, on voit, sur je ne sais quels bruits, se produire tout à
coup de ces grands concours de peuple, qui très vite aussi se dissipent comme
un vain rêve.
Mais une occasion s'étant présentée de rendre visite
à nos frères du monastère de Tulle, nous en profitâmes pour nous rendre à son
tombeau.
Là, nous demandâmes à voir quatre de ceux dont il
avait lui-même assuré l’éducation, savoir : le moine Hugues, le Prêtre Guibert,
et deux nobles laïcs, Guitard et un deuxième Guibert . C'est auprès d'eux, mais
aussi d'un grand nombre d'autres personnes, que nous avons soigneusement mené
notre enquête sur ses habitudes courantes et son genre de vie, prenant soin de
les interroger, tour à tour, ensemble ou séparément, pour bien voir ce sur quoi
ils étaient tous d'accord, ce sur quoi leurs dires ne concordaient pas tout en
examinant à part nous si cette vie était bien telle qu'il fût normal d'y
rencontrer des miracles.
L'enquête fut concluante en faveur d'une sainte vie.
Dieu a bien voulu maintenant, dans sa bonté, nous en fournir d'abondantes
preuves, et il ne nous est plus possible d'élever des doutes sur cette
sainteté.
Une chose qui accroît encore notre admiration,
c'est que, de nos jours, où la divine charité, aux approches de la venue de
l’Antéchrist, voit se refroidir à peu près complètement sa ferveur, il
semblerait que dussent disparaître aussi les miracles des saints.
I.1. 5. NÉ À AURILLAC
L'homme de Dieu que lut Géraud appartient par ses
origines à cette partie des Gaules que les Anciens appelaient " Gaule
Celtique ", plus précisément à la région qui se situe aux confins de
l'Auvergne et du Quercy, et même de l'Albigeois, et c'est dans l'oppidum ou
villa d'Aurillac qu'il vint au monde.
Son père avait nom Géraud, et sa mère Adeltrude.
Si la noblesse de sa naissance lui conféra un rang
supérieurement brillant, c'est qu'entre les nobles maisons des Gaules, sa
famille à lui révélait assez cette excellence aussi bien par la fortune que par
la probité morale.
L'honnêteté des mœurs, en effet, et l'esprit
religieux, dont ses parents donnèrent toujours des preuves, furent chez eux,
nous rapporte-t-on, comme une sorte de trésor héréditaire.
Deux témoins issus de la même souche en sont une
preuve qui se suffit largement à elle-même : à savoir Césaire l'évêque d’Arles,
et le bienheureux Abbé Yrieix.
Et comme Le Seigneur protège la lignée des justes,
que d'autre part la lignée dont est issu Géraud fut celle d'âmes à la recherche
du Seigneur, rien d'étonnant qu'on voie la Bénédiction de Dieu sur Cette lignée
de justes .
De fait, la fortune matérielle qui fut la leur, on
en a déjà une indication par ces vastes domaines, aux nombreuses fermes, et
dispersés un peu partout, qui échurent à ce même Géraud par droit de succession.
Quant aux vertus qui firent l'ornement de son âme,
et dont il avait puisé le germe en ses parents, il sut en lui les faire croître
et grandir et resplendir ; mais en ceux dont il naquit, il faut bien d'une
certaine manière que la grâce ait été non moins éclatante eux qui méritèrent de
donner le jour à un enfant qui en fut si richement comblé.
I.2. 6. UN SONGE DE SON PÈRE
Quoi qu'il en soit, son père s'attachait si bien,
dans le mariage même, à observer la chasteté, que, de temps à autre, il
renonçait au lit conjugal, et couchait seul, en vue, selon le mot de l'Apôtre,
de s'adonner, pour un temps, à la Prière .
Or, une nuit, déclare-t-on, et alors qu'il dormait,
il lui fut donné l’avis d'avoir commerce avec sa femme : un fils lui naîtrait
car il lui fut mandé également, ajoute-t-on, de lui donner le nom de Géraud, et
il lui fut dit, en outre, que cet enfant serait du tout premier mérite.
Il s'éveilla, et se trouvait tout heureux de sa
vision. Il se rendormit ensuite. Or, il lui sembla voir sortir du pouce de son
pied droit une sorte de rameau, qui peu à peu devenait un grand arbre, et qui,
finalement, poussant de tous côtés ses branches, s'étendait dans toutes les
directions.
Il appelle alors, lui parut-il, ses ouvriers, et
leur commande de l'étayer de piquets et d'échalas. Cependant, l'arbre avait
beau croître démesurément, lui ne le sentait pas peser le moins du monde sur
son orteil.
Assurément, les visions qu'on peut avoir en songe
ne sont pas nécessairement illusoires. Et s'il faut ajouter foi à un songe on
peut bien dire aussi que la vision qu'on nous raconte là s'accorde parfaitement
avec la réalité des faits qui suivirent.
En tout cas, il eut commerce avec sa femme, et,
selon ce qu'avait prédit la vision, elle conçut un fils.
Peut-être cependant, puisqu'il s'agit de songe, y
a-t-il place pour le doute. Mais, de la sainteté de Géraud, un autre signe,
bien assuré celui-ci, suivit bientôt le premier.
I.3. 7. UN " SIGNE " PRÉNATAL
Alors que sa mère approchait de ses couches, plus
exactement huit jours avant sa naissance, il arriva ceci : elle était au lit
avec son mari, aucun des deux ne dormait encore, et ils causaient entre eux de
je ne sais quoi, lorsque l'enfant fit entendre un petit cri que tous deux
entendirent très bien.
Tout surpris, et même stupéfaits, ils se
demandaient ce que ce pouvait être. Il leur était cependant impossible de
méconnaître que le cri s'était fait entendre dans le sein de la mère.
Le père sonne donc la chambrière, et lui dit
d'apporter de la lumière pour voir d'où a pu partir ce vagissement.
"Mais il n'y a absolument pas d'enfant ici
pour avoir poussé ce cri ! ", lui dit cette femme, non moins étonnée
qu'eux. Or, à ce moment, l'enfant, pour la seconde fois, se fit entendre. Et au
bout de quelques instants, une troisième fois encore, cri tout à fait analogue
aux vagissements ordinaires d'un nouveau-né.
C'est donc trois fois qu'on l'entendit dans le
ventre de sa mère, et le fait est certes assez extraordinaire pour qu'on puisse
affirmer qu'il est contraire aux lois de la nature.
Il n'est pas dû au hasard, mais à une disposition
particulière de Dieu auteur et ordonnateur de la Création.
Par conséquent, peut-être faut-il voir dans ce cri
un présage de ce fait que, dès la captivité dans cette vie mortelle, ses
actions auraient déjà leur source dans la seule vraie vie.
Si le fruit, en effet, que la mère porte dans son
sein a la vie, mais non la conscience, de même le genre humain tout entier,
ici-bas, après le péché du premier homme, se trouve pour ainsi dire enfermé
dans l'étroit réduit d'entrailles maternelles.
Sans doute, par la Foi, sa vie y connaît déjà
l'espérance de la Gloire des enfants de Dieu, mais cependant tout ce qui
suppose une vie consciente, comme le simple fait de voir, et, plus encore,
l'activité consciente au degré dont en put jouir le premier homme avant le
péché ou dont sont doués les Saints après cette vie, lui n'a aucun moyen de
l'exercer, en tout cas que difficilement et de façon très réduite.
Si donc Géraud encore dans le ventre de sa mère, se
fit très distinctement entendre, c'est que, apportant à sa Foi en la sainte
Trinité une ardeur bien supérieure à celle du commun des hommes, il voulut, par
ce tout petit cri, donner à comprendre l'heureuse renommée dont il allait
remplir le monde.
I.4. 8. PORTRAIT DE GÉRAUD ENFANT
Une fois sevré, et parvenu à cet âge encore bien
tendre où cependant se révèlent d'ordinaire les dispositions naturelles, on
voyait poindre en lui je ne sais quoi de sympathique et d'attirant où un regard
attentif pouvait lire d'avance la future sainteté de l'homme que nous
connaissons. C'est un fait d'expérience courante, en effet que, dans la prime
jeunesse, sous l'influence de la nature corrompue les enfants sont généralement
portés à la colère, à la jalousie, à satisfaire les désirs de vengeance, et
autres tendances analogues.
Chez Géraud enfant, au contraire, une sorte de
douceur de caractère, jointe à cette pudique retenue qui confère tant de
distinction à l'adolescence, firent le charme déjà même de son comportement en
son bas âge.
Par une disposition providentielle de la Grâce
Divine, on l'appliqua à l'étude des lettres, étant seulement bien entendu, aux
yeux de ses parents, qu'une fois les Heures dites, on l'occupait tout aussitôt
aux disciplines séculières, comme il est d'usage pour les jeunes gens de
famille noble, à savoir le lancer des chiens de chasse, le tir à l'arc, le
lâcher, avec la force voulue, des faucons et éperviers.
Mais, pour éviter que, entièrement pris par ce
frivole programme, il ne perdît inutilement le temps propice à l’étude des
Lettres, là encore intervint la volonté Divine, et il lui survint une assez
longue maladie un état général de fatigue de telle nature qu'elle lui interdit
les exercices séculiers d'entraînement, sans toutefois l'empêcher de s'adonner
aux études.
Tout son corps se couvrit de menues pustules, mais
qui persistèrent si longtemps, qu'on en vint à les juger incurables.
En raison de quoi, son père, avec l'accord de sa
mère, décide de l'occuper plus strictement à l'étude des Lettres.
Leur intention était évidente : au cas où leur fils
se trouverait peu en mesure de pouvoir remplir des fonctions séculières, que
lui fût donnée la formation voulue pour occuper des charges d'église .
Telle fut la circonstance qui décida pour lui non
seulement l'étude du chant, mais une première initiation à la grammaire.
Ce lui fut, dans la suite, de grand profit, car la
pratique de cette science, en affinant encore sa vivacité naturelle
d'intelligence, la rendit, où qu'il voulût l'appliquer, encore plus pénétrante.
En lui d'ailleurs brillait une vive finesse d'esprit, qui le mettait à même
d'aborder à peu près toutes les études qu'il lui plaisait.
I.5. 9. SON ÉDUCATION : LE PROFANE ET LE
SACRÉ
Au terme de son enfance, et maintenant adolescent,
une robuste constitution vint à bout des humeurs internes dangereuses pour sa
santé.
Il fut bientôt assez leste pour sauter par exemple
sans effort par-dessus la croupe d'un cheval. Et à le voir ainsi sans cesse
croître en force et en agilité, on se reprenait à le former au métier des
armes.
Mais la douceur des écritures déjà s'était insinuée
dans l'âme de l'adolescent, et c'est après cette étude qu'il soupirait avec le
plus d'inclination.
Aussi, bien qu'il excellât aux exercices
militaires, c'est le charme des Lettres qui l'attirait : se laissant aller à sa
répugnance, il ne se portait aux premiers qu'à contrecoeur, tandis que les
études le trouvaient toujours prêt.
Il se disait dès lors, je pense, que, comme
l'affirme l'Écriture, mieux vaut sagesse que force, et que c'est elle qui est
la vraie richesse.
Et comme on la découvre aisément quand on l'aime,
elle tenait une telle place dans la pensée de notre adolescent que d'elle-même
elle se dévoilait à lui pour être le doux entretien de sa méditation
intérieure.
Aussi nul obstacle ne parvenait à empêcher Géraud
de se livrer à ce goût si vif pour l'étude. Et le résultat, ce fut une
connaissance à peu près complète de l'ensemble des Livres Saints, en même temps
qu'une supériorité manifeste sur bien des clercs, si savants qu'ils se
prétendissent en ce domaine.
I.6. 10. COMTE D'AURILLAC À LA MORT DE SON
PÈRE
A la mort de ses parents, toute l'autorité passa
naturellement entre ses mains. Or, bien loin, comme il arrive d'ordinaire aux
jeunes gens, qui n'éprouvent qu'orgueil à se voir précocement les maîtres, bien
loin d'en faire l'important, rien ne vint altérer la modestie à laquelle il
s'était auparavant attaché.
Son autorité avait beau croître et s'étendre, son
humilité le gardait absolument de toute arrogance.
La protection et administration des biens dont il
avait pris possession, nous l'avons vu, par droit héréditaire, l'occupaient
nécessairement beaucoup, et, des douceurs spirituelles dont il avait déjà
expérimenté l'avant-goût, il lui fallait passer aux amertumes des affaires temporelles.
Quitter cette retraite intérieure lui coûtait
beaucoup, et, dès qu'il lui était possible, il y retournait.
D'ailleurs, alors qu'il pouvait paraître se
précipiter pour ainsi dire des hauteurs de la contemplation au travers des
affaires du siècle, en réalité, à la façon du chamois, qui, s'il saute d'un
rocher, sait très bien, pour ne pas se tuer, se recevoir sur les cornes, tout
de même, il avait recours à l'Amour Divin ou à la méditation de la Sainte
Ecriture, et échappait de la sorte au désastre de la mort spirituelle.
Dès lors, je crois, soufflait sur lui cet esprit de
ferveur qui jadis anima David et l'incitait à interdire tout sommeil à ses yeux
jusqu'à ce que, débarrassé des tracas de sa journée, il eût en lui ouvert la
porte au Seigneur, pour se livrer, dans cette intimité, à l'allégresse de la
louange, et pour y goûter quelle est la douceur du Seigneur.
Peut-être aussi, comme il est dit au Livre de Job,
peut-être la pierre qu'est Le Christ lui versait-elle ainsi des flots d'huile
pour empêcher que des eaux trop abondantes ne vinssent éteindre en lui la lampe
de l'Amour .
Vers cette réfection spirituelle se portaient
continûment sa pensée et ses désirs, mais, requis par le soin des affaires de
sa maison aussi bien que de ses familiers, il lui fallait sacrifier tout loisir
et se dépenser au service des autres.
I.7. 11. LE PROTECTEUR DES FAIBLES
Des soucis cuisants, il en trouvait dans les
plaintes et réclamations qu'il lui fallait bien, fût-ce malgré lui, accueillir.
Autour de lui, en effet, on se répandait en
reproches : Comment, disait-on, comment un homme de son rang pouvait-il
supporter de pareils attentats de la part de ces gens de rien qui venaient
dévaster ses terres ?
D'autant, ajoutait-on, que, s'étant bien rendu
compte qu'il répugnait à toute idée de vengeance, ils n'en ravageaient qu'avec
plus d'acharnement tout ce qui lui appartenait.
N'était-il pas préférable, aux yeux de Dieu comme
aux yeux des hommes, de recourir au droit de se défendre à main armée, de tirer
l'épée contre des ennemis, de mettre un terme à l'insolence de ces furieux ?
Ne valait-il pas mieux écraser leur audace par la
force des armes que d'abandonner à leurs iniques agressions des paysans sans
défense ?
Géraud écoutait : docile à la voix non de la
colère, mais de la raison, il se laissait incliner du côté de la pitié et du
secours à porter.
Se confiant entièrement à la providence et à la
Miséricorde Divine, il délibérait à part lui comment il serait fidèle, selon le
précepte apostolique, à défendre la veuve et 1'orphelin tout en se gardant de
toute souillure du siècle
I.8. 12. CONTRE LES AGRESSEURS ET LES
PILLARDS
Il se fit donc dès lors un devoir de se porter à la
répression de ces agresseurs, prenant toutefois, et surtout, bien soin de se
dire tout prêt à la Paix et à la réconciliation avec eux.
S'il prenait ce soin, c'était évidemment, soit pour
vaincre le mal par le bien , soit, au cas où ils refuseraient l'accord, afin
que, aux yeux de Dieu, sa cause à lui fût considérée comme la plus juste.
Il lui arrivait, par cette Bonté, de les gagner, et
de les ramener à la paix. Mais si, par incurable perversité, tels ou tels
répondaient par la dérision à ses dispositions pacifiques, alors, donnant libre
cours à tout son mécontentement, il brisait les mâchoires de l'homme injuste,
afin, selon le mot de Job, de leur arracher d'entre les dents leur proie.
Il le faisait, non certes, comme il arrive trop
souvent, emporté par la passion de la vengeance, ni séduit par le désir de la
gloire du monde, mais enflammé d'ardent Amour pour de pauvres gens incapables
de pourvoir par eux-mêmes à leur défense.
Il agissait de la sorte pour ne pas paraître
s'endormir dans une lâche inaction, et négliger ainsi son devoir d'être tout au
soin des pauvres. Car il est fait commandement d'arracher le pauvre, de
délivrer l'indigent, de la main des méchants. C'est donc en toute justice qu'il
ne voulait pas laisser le dernier mot au malfaiteur.
Parfois cependant, quand il se voyait contraint
d'en venir à engager le combat, il lui arriva de donner l'ordre formel de
tourner en arrière la pointe des épées, pour attaquer garde en avant. C'eût
été-là, pour l'ennemi, chose simplement ridicule, si Géraud, puisant en Dieu sa
force, n'avait été très vite la terreur insurmontable de ses adversaires.
Eux aussi, ses hommes n'auraient vu là qu'une
parfaite absurdité, s'ils n'avaient eu par expérience la preuve que Géraud,
bien que mis en état d'infériorité, au moment critique de la bataille, par ses
sentiments religieux, l'emportait finalement toujours.
Alors, le voyant victorieux malgré cette étrange
façon de se battre en y faisant intervenir la religion, la raillerie faisait
place à l'admiration.
Et même, assurés de vaincre, ils exécutaient sans
hésitation tous ses ordres. Car on n'entendit jamais dire que soit lui soit les
soldats qui lui donnèrent en guerre leurs loyaux services aient vu démentir par
l'événement leur confiance en la victoire. Une chose non moins certaine, c'est
qu'il ne porta jamais une blessure à qui que ce soit, pas plus qu'il n'en reçut
lui-même de personne.
C'est que Le Christ, comme il est écrit, était à
son côté, pénétrant les intentions de son âme et voyant bien que c'était par
Amour pour Lui qu'il se montrait si bon, au point même de ne pas vouloir s'en
prendre à la vie de ses ennemis, mais seulement rabattre leur insolence.
En tout cas, qu'on n'aille pas se laisser troubler
par le fait qu'un homme juste comme lui ait eu parfois recours à la pratique de
la guerre, comme paraissant incompatible avec la religion. Quiconque voudra
bien peser la question sans fausser la balance, se rendra compte que, sous ce
rapport-là, la gloire de Géraud échappe à toute tentative de dénigrement.
Plus d'un d'ailleurs parmi les Patriarches
eux-mêmes, et des plus irréprochables, des plus longanimes, eurent
énergiquement recours aux armes contre leurs adversaires : Abraham par exemple,
qui, pour délivrer son neveu, mit en déroute une masse considérable d'ennemis ;
quant au roi David, c'est même contre son propre fils qu'il lança ses troupes.
13. LE SOUCI DE JUSTICE
Si Géraud entrait en campagne, ce n'était pas pour
s'emparer du bien d'autrui, mais pour protéger le sien, ou, mieux encore, pour
protéger les droits de ses sujets.
Il n'en était pas à ignorer ce buffle de l'Écriture
symbole de tous les dépositaires de 1'autorité qu'on attache avec des courroies
pour lui faire retourner et briser les glèbes de la vallée, savoir les
oppresseurs des petites gens.
L'Apôtre l'a dit : Ce n'est pas sans raison que le
magistrat porte glaive : c'est qu'il a la charge de défendre les droits de
Dieu.
Il est donc parfaitement normal que, laïc, il ait
porté le glaive, à son poste, dans la bataille, pour protéger une population
désarmée, comme il eût fait, pour parler comme l'Écriture , d'un troupeau
inoffensif, contre les loups du soir.
Et afin aussi, dans le cas de gens qu'une censure
de l'église ne suffit pas à contraindre, afin de les réduire soit par la loi de
la guerre soit par autorité de justice.
Pas la moindre ombre, par conséquent, sur sa
gloire, du fait qu'il se soit battu pour la cause de Dieu, puisqu'il est écrit
que pour Dieu contre les insensés combat l'univers entier. Il est bien
davantage à sa louange qu'il ait toujours vaincu au grand jour, sans tromper
personne, sans jamais user de pièges, et que malgré cela il ait eu sur lui la
protection Divine au point, nous l'avons dit plus haut, de n'avoir jamais
trempé son glaive de sang humain.
Ainsi donc, si comme lui on prend les armes contre
l'ennemi, que, comme lui aussi, on cherche non son intérêt propre mais le bien
commun.
Car on en voit qui, pour la gloire ou pour le
profit, s'exposent hardiment à tous les périls, et qui, pour l'amour de ce
monde, acceptent volontiers d'en affronter les maux : ce sont, il est vrai, ses
peines qu'ils trouvent, tandis que, si je puis ainsi parler, ils perdent ses
joies qu'ils cherchaient.
Mais, ces gens-là, c'est une autre affaire. Le
comportement de Géraud, lui, est transparent, parce qu'il a sa source dans la
simplicité du coeur.
I.9. 14. TENTATION CONTRE SA CHASTETÉ
L'antique séducteur du genre humain observait
depuis longtemps la conduite de notre adolescent : remarquant chez lui je ne
sais quoi de tout divin, il brûlait de jalousie, et en conséquence s'ingéniait
de son mieux pour le prendre au piège des diverses tentations qu'il pouvait
dresser contre lui.
Mais le jeune homme savait déjà recourir à la
Prière et se remettre entre les mains de la Divine Bonté, pour repousser, par
la Grâce du Christ, les ruses du démon.
Dans sa haine insatiable, cependant, l'ennemi,
s'étant par expérience rendu compte que ce n'était pas par la volupté charnelle
qu'il parviendrait à le dominer, préféra se servir de malhonnêtes gens pour
soulever contre lui, comme nous venons de le dire, les désordres de la guerre :
ces gens-là pourraient se porter à l'attaque de cette citadelle de sainteté qui
s'élevait dans son cœur et qu'il lui était, à lui, impossible d'aborder
directement.
Mais pour en revenir cependant à son jeune âge, sa
chasteté, que, dès son enfance, il aima chèrement, provoquait chez ce maître en
fourberie le plus amer dépit.
Car c'était pour lui chose inouïe et sans exemple
qu'un jeune garçon ait pu sans peine échapper au naufrage de sa vertu.
I1 se mit donc, sans trêve, à lui suggérer des
pensées sensuelles, le plus efficace, peut-être le tout premier des moyens dont
il dispose pour suborner le genre humain.
Repoussé complètement, l'ennemi se désespérait : il
ne pouvait même pas les faire pénétrer jusqu'aux portes de son cœur. I1 revint
donc à sa vieille ruse, et eut recours au procédé de séduction dont il usa
ordinairement, soit pour Adam, soit pour sa postérité, je veux dire : une
femme.
Il le mit, raconte-t-on, en présence d'une jeune
fille. Imprudent il arrêta son attention sur l'éclat de ce teint si frais, et
se laissa bientôt toucher par le plaisir qu'il y prit.
Ah ! Si, plus sage, il avait su comprendre ce que
recouvrait cette apparence ! Car qu'est-ce qui fait la beauté corporelle, sinon
simplement ces brillantes couleurs ?
Il détourne sa vue, mais 1'image que ses yeux ont
transmise à son cœur y reste gravée. Le voilà à se tourmenter, à se laisser
fasciner et aveugler par la flamme qui le brûle. Finalement, il cède, et envoie
dire à la mère de la jeune fille qu'il viendra à la nuit.
Se mettant à son tour en chemin, il se précipitait,
dans sa folie, vers la perte de son âme. Toutefois, à la manière des captifs
qui dans leurs fers, se rappellent en gémissant leur liberté première Géraud
poussait des soupirs, et repassait dans sa mémoire les douceurs familières de
l'Amour Divin. Et, bien qu'à contrecoeur, il priait Dieu de ne pas permettre
qu'il succombât irrémédiablement à cette tentation.
On arrive à l'endroit convenu, et la jeune fille
entre dans la chambre. Comme il faisait froid, elle se tint tournée vers le feu
qu'on avait allumé.
Sur Géraud cependant, s'était porté le regard de la
Grâce Divine. Cette jeune fille lui parut alors tellement laide qu'il ne
pouvait croire que ce fût la même qu'il avait vue auparavant : il lui fallut
pour cela que le père le lui affirmât.
Il comprit qu'il y avait là une intervention Divine,
pour que la même jeune personne n'eût plus ainsi, pour lui, même beauté : il se
tourne vers la Miséricorde du Christ, soupire amèrement, et, tout troublé par
cette aventure, monte à cheval. Sans retard, et rendant grâces à Dieu, il
presse tout aussitôt son départ.
15. SA PÉNITENCE
Il se trouve qu'il faisait un froid absolument
glacial. Il s'y laissa tout exprès griller toute la nuit, certainement pour se
punir, par l'âpreté de cette température, d'avoir en quelque mesure cédé aux
tièdes attraits de la volupté.
Mais, par ailleurs, il fait dire au père de la
jeune fille de la marier tout de suite. Quant à elle, il l'affranchit, et lui
fit don d'une petite propriété, avec droit de transmission par héritage.
S'il fit ainsi presser le mariage, c'est peut-être
parce qu'il redouta sa fragilité C'est pourquoi, au titre d'œuvre pieuse, il
lui accorda aussi sa liberté, pour que lui fût promptement trouvé un bon parti.
Mais comment se peut-il que toi, qui devais un jour
être cèdre du Paradis, tu aies connu pareille tempête ?
Sans nul doute, pour t'apprendre ce que tu étais,
livré à toi-même. Car ton illustre Patron, je veux dire le Prince des Apôtres,
à qui dans la suite tu te donnas totalement, toi et tes biens, lui non plus ne
se serait pas suffisamment connu sans l'assaut inopiné de la tentation.
Maintenant que tu sais par expérience ce qu'est
l'homme par ses seules forces, et ce qu'il est par la Grâce de Dieu, ne refuse
pas de compatir à la fragilité de ceux qui implorent ton Pardon.
Par ailleurs, sachons, nous, que la tentation n'est
pas une chose inconnue des Saints. A leur naissance, en effet, ils portent en
eux les mauvais penchants de la nature corrompue, pour qu'ils trouvent sur leur
route le combat, que le combat soit victorieux, et que leur victoire soit
couronnée.
Ce qui importe, c'est de voir si on consentira à la
délectation du péché pour y succomber, ou bien si on la repoussera
victorieusement, pour donner dans son cœur la première place à la délectation
de la vertu, et ainsi chasser loin de soi le poison de la délectation coupable
qu'on aura peut-être un instant absorbé par le contrepoison d'une ardente
imploration.
Pour revenir à notre adolescent, mieux instruit par
l'expérience du danger, et comme quelqu'un qui vient de glisser et de
trébucher, il mettait maintenant plus de circonspection dans son comportement,
évitant soigneusement que de ses yeux ne vînt à son cœur rien qui fût de nature
à apporter en même temps, par cette fenêtre, la mort à son âme.
I.10. 16. SA PUNITION
Toutefois, s'il est bon, le Seigneur est juste
aussi : la douceur de sa bonté avait préservé son serviteur Géraud de cette
souillure, la sévérité de sa justice ne négligea pas de le punir pour son
mauvais désir.
Au bout de quelques jours à peine, le coupable se
vit affliger d'un glaucome qui, pour toute une année et même plus, le rendit
aveugle, afin que, de ses yeux, dont il avait mésusé il n'eût plus, pour un
temps, même l'usage normal.
Cependant, ni sur les paupières ni sur les
prunelles des yeux on ne distinguait la moindre marque du mal.
Son entourage ordinaire était au courant de cette
cécité, des regards pénétrants prenaient grand soin de la laisser ignorer aux
gens de l'extérieur.
Pour lui il s'humiliait sous la main de Dieu qui le
frappait, et, comme s'il fût tout disposé à accepter ces coups, il n'en parlait
jamais.
Il ne refusait pas pour autant de se soigner, mais
ne s'en mettait pas tellement en peine : il attendait simplement avec patience
le moment et la manière dont son Maître, sa décision de le frapper une fois
parvenue à ses fins, jugerait bon de mettre fin aux coups.
Car il savait bien que pour un fils le fouet est
d'usage. Quant au juge qui lit dans les cœurs, il nettoie dès cette vie, chez
ses élus même les plus petites taches, pour qu'il n'y reste rien qui plus tard
puisse offenser ses regards.
Et voilà pourquoi, à Géraud aussi il infligea ce
châtiment : afin de purifier pour le passé sa jeune âme et, pour l'avenir, de
la garder plus pure.
Quand donc Dieu eut réalisé sur lui son dessein, il
écarta le mal, et rendit à ses yeux la lumière.
I.13. l 9. SA SOBRIÉTÉ
I1 était soucieux de tempérance, et se surveillait,
lui et aussi les siens, contre l'ivresse. A sa table, il n'admettait l'excès ni
du manger ni du boire.
Il ne forçait jamais ses invités à boire, et ne
buvait lui-même pas plus souvent que le reste des convives. Il savait si bien,
pour les repas, régler les choses, qu'on ne se levait de table ni ivre ni trop
triste.
Ses hôtes, à qui il consacrait tous ses soins, il
lui arrivait de les mener se restaurer dès le matin : lui, jamais avant la
troisième heure du jour, et, les jours de jeûne, avant la neuvième.
Il était fidèle à ce précepte de l'Écriture :
Heureux le prince qui ne mange qu'à l'heure voulue, pour soutenir ses forces et
non pas pour se livrer à l'intempérance.
Qu’est-il en effet pour lui de plus recommandable à
éviter que l'ivrognerie, puisque, outre qu'elle est la mort de l'âme, et que,
au témoignage de l'Apôtre, elle interdit, au même titre que l'homicide,
l'entrée au royaume de Dieu, il est reconnu que pour le corps aussi elle est la
source de bien des maux.
Les forces déclinent, les tremblements surviennent,
les organes des sens se débilitent : bref, on se voit affliger d'une vieillesse
prématurée.
La vue, la parole, les traits du visage, tout se
dégrade, et peu à peu dépérit aussi notre belle parure, la piété.
Aussi bien est-il impossible de s'emplir à la fois
de vin et de L'Esprit-Saint, et nul moyen pour Jérusalem de se préserver des
atteintes du feu de la fornication si elle refuse de s'employer à faire lever
le siège à Nabuzardan, je veux dire au chef cuisinier.
I.14. 20. L'ACCUEIL AUX PAUVRES
On prévoyait toujours devant lui des bancs pour les
pauvres ; parfois même, c'était des tables qu'on y préparait pour eux : il tenait
à voir par lui-même ce qu'on leur donnait, et en quelle quantité, pour les
sustenter.
Et pas de limite fixée d'avance au nombre de gens à
accueillir : s'il s'en présentait plus que prévu, pourvu seulement qu'on vît
bien qu'ils étaient de la condition requise pour être admis, on introduisait
tout le monde auprès de lui.
A personne d'ailleurs on n'eût fermé la porte sans
lui avoir fait l'aumône. Ses serviteurs veillaient à ce qu'il eût toujours sous
la main de quoi donner à manger, pour pouvoir le donner lui-même.
On y mettait aussi de quoi boire : il regardait,
goûtait, puis il le leur passait, pour que fussent les premiers à boire ceux
avec qui il partageait aussi son pain.
Pleinement convaincu qu'en leur personne c'est Le
Christ qu'il recevait, c'est à Lui aussi qu'en eux, avec grande révérence, il
rendait honneur, et en eux toujours, il accueillait en sa demeure Celui, dit le
Prophète , qui console en rendant ses forces à qui est las.
Comme ils compromettent déplorablement la
récompense qui les attendait, ceux qui, tout en faisant remettre une aumône à
la porte, ne font pas entrer les pauvres auprès d'eux ! Car Le Christ a dit :
J'étais étranger, et vous m'avez accueilli ; or, en agissant de la sorte, ils
semblent lui interdire leur demeure.
Puis, pour s'élever, comme l'a demandé Le Seigneur,
plus haut que la justice des Pharisiens, il faisait mettre à part la neuvième
partie du revenu de ses terres.
C'est sur ces réserves qu'en certaines de ses
maisons on nourrissait les pauvres, et c'est par ce moyen aussi qu'on leur
fournissait vêtements et chaussures.
Quant aux pauvres qu'il rencontrait en chemin, il
prenait toujours de l'argent en prévision du cas, et, soit de sa main, soit par
un serviteur de confiance, il le leur faisait distribuer sur place, avec la
discrétion voulue.
Lors de distributions d'argent faites au nom de
quelque personnage, il lui arriva, mêlé aux nécessiteux, d'en recevoir comme
eux, tout heureux et au comble de ses vœux de se voir ainsi assimilé aux
pauvres.
Toutefois il en faisait aussitôt don, cependant que
par reconnaissance il offrait une bonne partie de son office Divin à
l'intention de ceux dont il avait reçu ce même cadeau.
I.15. 21. GÉRAUD À TABLE
Pendant le repas, on lui témoignait la plus grande
déférence. Ce n'est ni le bavardage ni la bouffonnerie qui régnaient : la
conversation portait soit sur un sujet imposé par les circonstances, soit sur
tout autre qui respectât seulement les bienséances, soit mieux encore sur la
Parole de Dieu.
En tout temps en effet, il se mettait à table une
fois seulement par jour, sauf cependant durant l'été, où il soupait avec
quelques restes ou quelques fruits.
A sa table on commençait par une assez longue
lecture ; mais, pour s'accommoder aux séculiers, il faisait interrompre un
instant, et demandait aux clercs d'expliquer ce dont il y était question à
ceux, du moins, qu'il savait capables de répondre.
Il faut savoir en effet qu'il avait chez lui des
clercs de famille noble, de qui il réclamait l'honnêteté des mœurs non moins
que les connaissances intellectuelles.
Envers les jeunes gens en effet, il se montrait
plutôt réservé, disant à combien de périls est exposé l'âge où l'adolescent
cesse de ressembler, de la voix ou du visage, à sa mère, pour prendre peu à peu
la voix ou la figure du père, et que, si on savait à cet âge se préserver de
ces périls, on pouvait facilement dans la suite vaincre les sollicitations de
la chair.
Il interrogeait, disions-nous, au sujet de la
lecture : ceux à qui il s'adressait le priaient de prendre plutôt lui-même la
parole.
Il s'y prêtait finalement, et leur faisait part, à
sa manière habituelle, de ce que lui inspirait, non pas une érudition
solennelle, mais une science habillée de simplicité.
Naturellement, comme, en cette conjoncture, il ne
manquait pas d'habitués de la plaisanterie et de la facétie, il les modérait,
non pas en manifestant un mécontentement qui les eût blessés, mais en répondant
sur le même ton plaisant. Ce qu'il n'acceptait jamais, cependant, c'était qu'on
vînt devant lui étaler sa vanité.
Il savait que tous les chrétiens sans exception
sont invités à manger leur pain en observant chacun de son côté le silence.
Sur la fin du repas, toutefois, le lecteur
reprenait toujours la lecture. De la sorte, Géraud passait la plus grande
partie de son repas soit à parler de Dieu soit à écouter Dieu lui parler dans
la lecture qu'on lui faisait.
Ils devraient bien retenir l'exemple qu'il leur
donne, ceux qui sourds aux reproches du Prophète, font jouer de la cithare et
du luth à leurs festins.
Cette musique les enchante, le son des instruments
les transporte. Ils ne songent certes pas à en faire une louange pour Dieu,
puisqu'à travers ce vacarme ils n'entendent même pas les cris du pauvre.
Eh bien ! Véritable est la parole qu'a dite Le
Christ, la Vérité même, à savoir que la bouche parle de l'abondance du cœur.
Ces gens qui ne s'entretiennent que des choses du
siècle, et rarement, ou peu, de Dieu, que peuvent-ils aimer en dehors de là ?
Et qu'est-ce qui peut bien abonder de leur cœur ?
22. GÉRAUD ET LE JEÛNE
Que ne songent-ils, comme Géraud, à la fin qui les
attend ; que ne suivent-ils le précepte de 1'Apôtre, de tout faire, qu'on mange
ou qu'on boive, pour la Gloire de Dieu.
Trois jours par semaine, et tous les jours par
temps de Jeune, il s'abstenait de viande. Si cependant quelque fête
annuellement célébrée tombait en un de ces jours, il levait l'abstinence, mais
prenait soin de la reprendre au premier jour libre, en compensation de celle
qu'il avait passée, alors que pourtant, en raison de cette fête, il avait déjà
invité un pauvre en plus de ceux qu'on accueillait à l'accoutumée.
Si le jeûne prévu tombait un dimanche, il ne s'en
dispensait nullement, et ne profitait pas de cette coïncidence pour l'omettre :
il s'acquittait en toute rigueur de ce jeûne le samedi qui précédait.
Que s'il semblait choquant de voir chez un saint
cette levée de l'abstinence, celui qui s'en affecterait doit se souvenir que
tout est pur aux purs, savoir à ceux qui prennent leur nourriture sans le faire
par sensualité, sans regarder à la nature de l'aliment qu'il prend, mais plutôt
au besoin qu'il en a, ou au contraire à la convoitise avec laquelle il le prend
et cela c'est la conscience qui, intérieurement, en juge.
Cette façon de voir, le prophète Elie, et Ésaü,
l'appuient de leur exemple. Il était donc permis à un laïc, un si saint laïc
surtout, d'user de ces permissions.
Mais ce n'est pas permis à ceux à qui leur
profession religieuse l'interdit. Si l'arbre du paradis terrestre apporta la
mort, ce n'est pas qu'il fût pernicieux de soi, mais qu'il avait fait l'objet
d'une interdiction de principe...
I.17. 24. GÉRAUD RENDANT LA JUSTICE
Les pauvres, et les victimes d'une injustice,
avaient toujours libre entrée auprès de lui. Et nul besoin, pour recommander
leur cause à son attention, de lui apporter un présent. Car plus il les voyait
dans une étroite indigence, plus c'était là pour eux le meilleur moyen de
plaider à ses yeux leur infortune.
Le renom de cette bonté se répandait non seulement
aux alentours, mais même en pays éloignés. Et comme tout le monde savait que sa
bienfaisance s'étendait à tout le monde, beaucoup venaient lui demander la
solution de leurs difficultés.
I1 ne dédaignait pas de s'occuper ainsi, soit
directement, soit par ses gens, des affaires des pauvres, et, dans toute la
mesure du possible, de leur accorder son appui.
Souvent, en effet, apprenant que des gens se
faisaient une guerre sans merci, le jour où leur affaire devait passer devant
lui, il faisait célébrer des messes à leur intention.
Et s'il ne voyait pas de moyen humain de porter
remède, il implorait en ces cas-là le secours Divin.
Une chose qu'il ne pouvait souffrir, c'était qu'un
seigneur, sur le premier caprice de colère venu, pût s'emparer des terres d'un
de ses hommes : il faisait alors évoquer l'affaire, et, partie par persuasion,
partie d'autorité, il calmait la colère de cet homme déchaîné.
Un trait suffirait à montrer que son souci de
justice se faisait sans cesse plus ferme et plus exigeant : dès qu'un pauvre se
trouvait dans la dépendance de plus puissant que lui, il avait grand soin, tout
en soutenant le plus faible, de fléchir le plus fort sans léser ses droits.
Bref, dans sa soif si sincère de justice, il ne
souffrait de la voir offenser ni chez ses sujets ni chez des étrangers.
I.20. 27. COMPLICE DE LEUR ÉVASION
De même encore, on avait emprisonné deux hommes qui
s'étaient rendus coupables à son égard d'un méfait considérable. On les lui
présenta.
Les accusateurs le pressaient de les condamner
sur-le-champ à être pendus. Lui se dérobait, ne voulant pas remettre
ouvertement ces gens en liberté.
Car, pour ces gestes de bonté, il s'arrangeait
toujours pour que sa bonté ne parût pas passer la mesure.
Il se tourna vers les accusateurs, et leur dit :
" Si, comme vous l'affirmez, ils doivent mourir, commençons, selon
l'usage, par les faire restaurer. "
Il leur fait alors apporter pour manger et pour
boire, et, pour leur permettre de prendre ce repas, leur fait ôter les chaînes.
Une fois restaurés, il leur donne son couteau à lui, et leur dit : " Allez
chercher vous-mêmes l'osier qu'il nous faut pour vous pendre, et apportez-le.
"
Pas très loin de là, il y avait un bois où le
taillis poussait très épais. Ils y pénètrent, et, faisant semblant de chercher
leur arbrisseau, ils s'enfoncent toujours plus avant, bientôt disparaissent, et
de la sorte échappent à la mort qui les attendait.
Ceux qui étaient présents comprirent très bien
qu'il était de connivence et n'osèrent pas se mettre à leur recherche à travers
ces fourrés.
Pour autant qu'on puisse en juger par l'analogie
des conditions sociales, ceux des malfaiteurs qui s'étaient endurcis dans le
crime, il les châtiait de diverses peines, ou bien il les faisait marquer au
fer rouge. Quant à ceux qui avaient perpétré quelque méfait non par malice
invétérée mais pour une raison ou pour une autre, il les renvoyait. Ce qu'on
peut affirmer, c'est qu'on n'a jamais entendu dire qu'on ait, lui présent,
condamné qui que soit à mort, ou à la mutilation.
I.21. 28. Fioretti I : LA PAYSANNE AU LABOUR
Comme on le voit, de l'ensemble de sa vie, nous ne
retenons le détail que d'un petit nombre de traits, qui peuvent suffire pour
bien mettre en lumière tels actes de bonté, que nous connaissons de source
certaine.
C'est pour la même raison que nous voulons ajouter
ici quelques anecdotes, menues par elles-mêmes, mais qui prouvent bien que,
chez lui, profond était ce souci de bonté.
Celle-ci par exemple.
Un jour qu'il faisait route par la voie publique,
une brave campagnarde, dans un petit champ qui bordait la chaussée, labourait.
Il lui demanda pourquoi elle, femme, se mêlait ainsi d'un travail d'homme.
Son mari, répond-elle, est malade depuis déjà
quelque temps, la saison des semailles va passer, or elle est toute seule, elle
n'a personne pour l'aider.
Ému de pitié devant cette détresse, il lui fait
compter autant de pièces d'argent qu'il semblait rester de jours où il fût
encore possible de semer, pour lui permettre de louer pour tout ce temps un
homme qui lui cultivera sa terre, et, quant à elle, de laisser là ce travail
d'homme.
Farder la vérité, c'est, dit saint Augustin,
offenser la nature, et Dieu son auteur se détourne de tout ce qui y est
contraire.
Ce que je viens de raconter est peu de chose, mais
ce sentiment d'homme juste, et pleinement accordé avec les lois de la nature, y
met de la grandeur.
I.26. 33. SAUF-CONDUIT POUR UN HOMME QUI
VIENT DE LE VOLER
Un exemple, pour prouver ce que nous disons là.
Une fois, un voleur avait pénétré de nuit dans sa
tente. A l'accoutumée, un cierge était allumé devant son lit.
Lui, il se trouva qu'il ne dormait pas. Car il
s'était fait une habitude, sur sa couche, de se rassasier à l'Amour du Christ
et à sa douceur, en s'appliquant à la Prière.
Le voleur, cependant, promenait partout des yeux
attentifs, tout occupé de découvrir quelque objet qu'il pourrait emporter.
Il aperçoit par hasard un petit coussin, muni d'une
taie de soie. Il avance la main, et le tirait à lui, quand le seigneur : "
Qui es-tu ? ", lui dit-il.
Pris de peur, et tout interdit, le voleur ne savait
comment se tirer de là.
Le seigneur lui dit : " Fais ce que tu as à
faire, et sors avec précaution, si tu ne veux pas qu'on te surprenne. " Et
c'est ainsi qu'il décida le voleur à sortir en toute liberté en emportant le
produit de son larcin.
Qui voyez-vous autre que Géraud pour en avoir agi
de la sorte ? Moi, en tout cas, ce geste me paraît plus digne d'admiration que
s'il avait métamorphosé le voleur en bloc de glace raide comme pierre.
I.39. 46. CLÉMENCE ENVERS
LES AGRESSEURS
I1 était, pour ses ennemis, à ce point invincible
qu'ils voyaient tout au contraire retomber sur eux les mauvais coups qu'ils
tentaient de monter contre lui. On en a la preuve dans plusieurs des faits
racontés ci-dessus, en voici maintenant un autre exemple.
Adelhelm, frère du comte Adhémar, ne se contenta
pas des torts qu'il avait causés audit seigneur Géraud lors de son irruption
dans le château d'Aurillac, torts, nous l'avons vu, qu'il lui avait si
volontiers pardonnés : sa perversité restait déchaînée, et sans trêve
l'excitait à aller s'en prendre à notre saint.
Il réunit donc une troupe de satellites, et tenta
de pénétrer dans le château alors que le seigneur Géraud se trouvait assister à
la grand-messe.
Les hommes qui étaient dehors, l'ayant vu de loin
se jeter en avant au pas de course, fermèrent immédiatement la porte.
A l'intérieur de la place, il y eut grand vacarme
de cris, et les soldats qui assistaient à la messe avec leur seigneur,
voulaient aller voir ce qui se passait. Lui les arrêta d'un mot, et leur
interdit de sortir avant la fin de la fonction Divine.
Pendant ce temps, les satellites d'Adelhelm
parcouraient les alentours du château, mais ils ne trouvèrent à prendre que
sept chevaux. Ils les emmenèrent.
Et voyant que leur coup de main avait échoué, ils
se hâtèrent, tout penauds, de battre en retraite. On raconte aussi que l'homme
de Dieu, après avoir défendu à ses soldats de bouger, prenant un psautier, fut
d'un bond à la tribune, et là se mit à chanter je ne sais plus quel passage des
psaumes...
Quant à ce tyran qui était venu affliger le cœur du
juste, il ne lui fut pas donné de rentrer chez lui dans l'allégresse. Je vais dire
une chose étrange, elle serait même presque incroyable, si elle n'était
rapportée par un témoin tout à fait digne de foi : c'est que, de leurs chevaux
à eux, il en périt, en un très bref laps de temps, une soixantaine.
Adelhelm lui-même mourut quinze jours après, et
dans des circonstances effrayantes : un violent coup de vent, à l'endroit où il
gisait, balaya soudain tout.
Le témoin, présent devant nous, est Malbert, le
moine bien connu qui à Limoges prêche si souvent au peuple la Parole de Dieu.
On lui avait confié la garde, à Turenne, du trésor
de Saint-Martial de Limoges, qu'on avait emporté en ce lieu par crainte de la
gent païenne.
Les voleurs des chevaux, eux, à la vue de ces
fâcheux événements, rendirent ses bêtes à l'homme de Dieu.
I.40. 47. COMMENT GÉRAUD
CAPTURE ET APPRIVOISE LE « LOUP » ARNAL
Malgré tout, il se voyait bien parfois obligé
d'user des moyens que sa puissance mettait à sa disposition, et de faire
courber la tête aux mauvais sujets par la force des armes.
Il en fut ainsi pour certain triste sire, du nom
d'Arnal. Cet homme avait en sa possession un petit bourg fortifié, qu'on
appelle Saint-Cernin : de ce repaire, tel un loup du soir, il se jetait sur les
domaines de Géraud.
Celui-ci, au contraire, homme de paix s'adressant à
quelqu'un qui haïssait la paix, allait jusqu'à lui faire des cadeaux, à lui
faire don d'armes de guerre, pour essayer d'adoucir par les bons procédés cette
nature sauvage.
L'homme, dans sa grossièreté bornée, attribuait
tout cela non pas à de la bonté, mais à de la lâcheté, et s'acharnait toujours
plus effrontément sur lesdits domaines.
Géraud, comprenant enfin que cette sottise de
dément ne se laisserait brider que par les coups, rassemble un corps de troupe
et se porte contre la petite forteresse.
Un succès inespéré lui permit d'arracher cette bête
féroce de son gîte sans la moindre perte de vie humaine.
Il était là, devant lui, tout honteux. Au lieu de
reproches humiliants, il fit appel, tout autant qu'il le fallut, à sa raison.
L'autre, tout tremblant, répondit en termes très
humbles et suppliants.
Alors l'homme de Dieu lui dit : " Eh bien ! Tu
as compris, maintenant, que tu n'es pas assez fort pour tenir contre moi ?
Alors, calme tes emportements, cesse désormais de donner cours à tes mauvais
instincts, sinon tout te retombera, et encore plus rudement, sur la tête.
Toi, personnellement, ajouta-t-il, je vais te
rendre la liberté, sans souci ni d'otage, ni de serment quelconque de ta part.
Je ne veux même pas t'enlever quoi que ce soit de tes biens, en compensation
des pillages à quoi tu as pris l'habitude de te livrer. "
Et c'est ainsi qu'après l'avoir dompté par la
force, il relâcha cet homme, qui par la suite se garda soigneusement d'oser
s'en prendre aux domaines de Géraud…
Saint Nicolas et Saint Géraud. Vitrail de l'église Saint-Jean-Baptiste à
Comiac (Lot) 46190
Saint Gerald of Aurillac
Also
known as
Geraud
Memorial
13
October
Profile
Born to the nobility, the
son of Count Gerard
and Saint Adeltrude
of Aurillac. The boy suffered
from several illnesses in
his youth, and eventually went blind.
Upon his father‘s death,
Gerald became Count of
Aurillac himself; he then gave away his possessions and dedicated himself
to God and
service. Though he never joined an order or house, he lived in chastity,
and recited the Divine
Office each day. Built a church and abbey on
his property.
Born
855 in
Aurillac, France
Died
909 at
Cenezac, France
buried in
his abbey in Aurillac, France
Canonized
Pre-Congregation
Patronage
bachelors
counts
disabled
people
handicapped
people
physically
challenged people
Aurillac, France
Upper
Auvergne, France
Additional
Information
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Saints
of the Day, by Katherine Rabenstein
books
Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
other
sites in english
Catholic
Online
Wikipedia
images
Wikimedia Commons
sitios
en español
Martirologio Romano, 2001 edición
sites
en français
Fête des prénoms
fonti
in italiano
Cathopedia
Santi e Beati
MLA
Citation
“Saint Gerald of
Aurillac“. CatholicSaints.Info. 29 July 2020. Web. 1 May 2024.
<https://catholicsaints.info/saint-gerald-of-aurillac/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-gerald-of-aurillac/
Église
Saint-Géraud, du XIe siècle. Chœur du XIIe siècle - XIXe siècle. Lempdes sur
Allagnon, Haute-Loire, France
Katholische
Kirche Saint-Géraud in Lempdes-sur-Allagnon im Département
Haute-Loire (Auvergne-Rhône-Alpes/Frankreich)
Église
Saint-Géraud, du XIe siècle. Chœur du XIIe siècle - XIXe siècle. Lempdes sur
Allagnon, Haute-Loire, France
Katholische
Kirche Saint-Géraud in Lempdes-sur-Allagnon im Département
Haute-Loire (Auvergne-Rhône-Alpes/Frankreich)
Église
Saint-Géraud, du XIe siècle. Chœur du XIIe siècle - XIXe siècle. Lempdes sur
Allagnon, Haute-Loire, France
Katholische
Kirche Saint-Géraud in Lempdes-sur-Allagnon im Département
Haute-Loire (Auvergne-Rhône-Alpes/Frankreich)
Book of Saints –
Gerald of Aurillac
Article
(Saint)
(October
13) (10th
century) A Count of Aurillac, who led a life of great virtue and practised
in the world the penitential exercises of the cloister. He denied himself every
comfort in order to relieve the distress of the poor. He was scrupulously just
and at the same time most considerate in his dealings with his numerous
vassals. He died A.D. 909,
and many miracles attested his sanctity.
MLA
Citation
Monks of Ramsgate.
“Gerald of Aurillac”. Book of Saints, 1921. CatholicSaints.Info.
6 April 2017. Web. 1 May 2024.
<https://catholicsaints.info/book-of-saints-gerald-of-aurillac/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/book-of-saints-gerald-of-aurillac/
Église
romane de Saillans
Romanische
Pfarrkirche Saint-Géraud in Saillans
Église
romane de Saillans
Romanische
Pfarrkirche Saint-Géraud in Saillans
Nef
de l'église Saint-Géraud de Saillans (Drôme, France).
St . Gerald of Aurillac
Feastday: October 13
Patron: bachelors,
counts, disabled people, Upper Auvergne
Birth: 855
Death: 909
Only a little is known of
the life of Saint Gerald of Aurillac, owing to the times in which he lived in
the late 9th and early 10th centuries. Only one written record of his life
exists and no primary sources are known.
The only known reference
to him is via a book written by Odo of Cluny who lived from 879-942 and who
never met Gerald. Odo however wrote that he did extensive research into
Gerald's life and concluded that he was in fact, a saint.
During the course of his
investigation into Gerald's life, Odo confessed that there were many reasons to
doubt Gerald's sainthood. Chief among them was that Gerald was not a member of
an established order of clergy, but rather lived his life as a wealthy, lay
noble.
Gerald was known for
being chronically ill throughout his life, possibly suffering from severe acne
which left his face scarred and he became blind in his later years.
Despite these physical
concerns, Gerald was regarded as a kind and merciful noble, showing mercy to
convicts and kindness to the poor. His desire was to become a monk, however his
noble obligations made such a transition difficult.
Motivated by faith,
Gerald sought to donate his lands to the Pope, but was dissuaded by his friend,
Bishop Gausbert of Rodez, who persuaded him that he could do the most good by
living a pious life in private and serving the needs of his people in public.
Gerald did so.
Gerald shaved a small
spot on his head as well as his beard, and concealed his private devotion to
the Church so that he could retain public credibility and authority. During his
time, Papal authority was waning and secular forces conspired to consolidate
power away from the lesser nobility.
Gerald also took a
private vow of chastity. He never married and produced no children. He spent
considerable time in daily, devotional prayer.
Eventually, Gerald was
able to make a pilgrimage to Rome and donate some of his lands to the Church.
He also established a church and a monastery on his lands, which he
deliberately established in such a way as to make the monastery independent of
all control except Rome's.
Gerald was a model noble,
bridging the gap between religious virtue and secular authority. He showed
others that it is possible to wield power and wealth while living a pious and
righteous life. The skeptical Odo eventually concluded that Gerald had in fact,
become a saint upon his death.
St. Gerald's feast day is
October 13. He is the patron saint of bachelors, counts, and the disabled, as
well as the Upper Auvergne region of France where he lived.
SOURCE : https://www.catholic.org/saints/saint.php?saint_id=7728
Abbatiale
Saint-Géraud d'Aurillac
Abbatiale
Saint-Géraud d'Aurillac
La
nef de l'église Saint-Géraud, Aurillac, Cantal, France.
Orgues,
église Saint-Géraud, Aurillac, Cantal, France.
Gerald of Aurillac,
Confessor
Born 855 at
Saint-Cirgues; died 909. He was of noble birth and suffered lengthy illness in
his youth. For this reason, he gave much time to meditation, study, and prayer
instead of the martial pursuits that ordinarily would have been expected.
When he succeeded his
father as count of Aurillac in Auvergne, and owner of considerable estates, he
continued his life of devotion and became noted for his piety and generosity to
the poor. He was distinguished for the justice and efficiency with which he
discharged the duties of a wealthy nobleman.
His personal life was no
less virtuous, and markedly well-ordered and religious. He dressed modestly,
ate little, rose every morning at 2:00 a.m.--even when travelling--to say the
first part of the Divine Office, and then he assisted at Mass.
But it is possible that
he would not have become well-known had he not founded the monastery at
Aurillac. After a pilgrimage to Rome, he built a church under the invocation of
Saint Peter, and, c. 890, a Benedictine abbey at Aurillac, which was to become
famous when it was taken over by the Cluniac order.
He led a life of great
goodness for someone of his rank during this rather immoral period in history.
He considered becoming a monk at his monastery but was persuaded against it by
Gausbert, the bishop of Cahors, who counseled that he would be more useful
acting as a layman who devoted himself to his neighbors and dependents. He gave
a great part of his revenue to the poor and endowed the monastery generously.
He was blind for the last
seven years of his life. He died at Cezenac, Quercy, and was buried at his
abbey. He is the patron saint of Upper Auvergne.
Saint Odo of Cluny wrote
a Life of Saint Gerald that made him celebrated in medieval France. A later
member of Saint Gerald of Aurillac's family was Saint Robert of Chaise-Dieu (d.
1087; canonized c. 1095) who founded the great abbey of that name in Auvergne
(Attwater, Encyclopedia, Sitwell, White).
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/1013.shtml
Église
Saint-Géraud de Drugeac
Église
Saint-Géraud de Drugeac
Drugeac,
porche de l'église Saint-Géraud
St. Gerald, Confessor
[Count of Aurillac or Orilhac, Patron of Upper Auvergne.] THIS
virtuous nobleman was born in 855, and inherited from his parents the most
tender sentiments of piety and religion. It being the custom of that age for
lords to lead their vassals to war in person, the art of war was looked upon as
a necessary part of his education; but a lingering illness detained him a long
time at home, during which he took so much delight in studies, prayer, and holy
meditation, that he could never be again drawn into the tumultuous scene of a
worldly train of life. By rooted habits of perpetual strict temperance and
assiduous devotion he entered upon a penitential course of life. After the
death of his parents he gave almost the whole revenue of his large estate to
the poor, reserving a very small pittance for his own subsistence: he went
meanly clad, in a manner suitable to the austere life he had embraced, fasted
three days a week, never supped, and kept always a very frugal table. He rose
every morning at two o’clock, even in journeys, said the morning part of the
divine office, and meditated till sunrise; then he heard mass, and divided the
whole day between the duties of religion and those of his station, devoting a
great part of it to prayer and pious reading. He had usually a good book read
to him at table; but after meals, allowed himself a little time for relaxation
and conversing with his friends, though his discourse turned always upon
something serious: in his pilgrimages and journeys he always took with him some
holy priests with whom he might pray, and always chose a lodging next to some
church. At prayer he appeared quite absorbed in God. Calling once at the
monastery of Solemniac, during the long office on Ascension-day, he stood
unmoved in such devout contemplation as never to seem to perceive the seat and
form richly covered that was prepared for him. The monks, from his very
countenance and attitude, learned with what profound sentiments of adoration,
awe, and love, we ought to present ourselves before God. He had such an
abhorrence of praise and flattery that he discharged from his service any one
who discovered anything that tended to manifest his virtue; and, if he was a
slave, ordered him to be chastised. All miraculous cures which God wrought by
his means he most carefully concealed. He found great satisfaction in visiting
the tombs of St. Martin and other saints, being transported at the remembrance
of the bliss which their happy souls now enjoy in the beatific vision. Acts of
charity to the poor, and of justice to his vassals, were a great part of his
external employments; and it was his chief care to make up all quarrels among
them, to exhort all to virtue, and to furnish them with the best means for
their spiritual instruction and advancement. In a spirit of sincere devotion
and penance he performed an austere pilgrimage to Rome, and after his return
founded at Aurillac a great church under the invocation of St. Peter, in 884,
in the place of that of St. Clement, which his father had built there, together
with a Benedictin abbey. This monastery our saint enlarged and enriched, and
with great care and solicitude procured the most perfect observances of the
Order to be established in it. He had some thoughts of taking himself the
monastic habit, but was dissuaded by St. Gausbert, bishop of Cahors, his
director, who represented to him that, in the station in which God had placed
him in the world, he was able to promote the divine honour to greater advantage
in the service of his neighbour, and that he ought to acquit himself of the
obligations which he owed to others. Seven years before he died he lost his
sight: in that state of corporal darkness his soul was employed in
contemplating the divine perfections, and the glory of the heavenly Jerusalem;
in bewailing his distance from God, and his own spiritual miseries, and those
of the whole world, and in imploring the divine mercy. His happy death happened
at Cezeinac in Quercy, on the 13th of October, 909. His body was conveyed to
Orilhac, and interred in the monastery, where it was honoured with many
miracles, attested by St. Odo of Cluni, and others. His silver shrine was
plundered by the Huguenots in the sixteenth century, and his sacred bones
scattered about, but some of them were recovered. This great abbey was
secularized, and converted into a collegiate church of canons by Pius IV. in
1562, according to Longuerue, 1 not
by Pius V., as Piganiol and Baillet have it. The dignity of abbot is preserved,
who is commendatory, and lord of the town and territory, with great
prerogatives, but not of the castle, which belongs to the king. The town of
Aurillac was raised about the abbey, and has been long the capital of Upper
Auvergne. See the life of St. Gerald compiled in four books by St. Odo of
Cluni, who died thirty-three years after him, extant in Surius, Biblioth.
Cluniac. p. 66, and part in Mabillon, Act. Ben. Sæc. v, with extracts from the
Chronicle of Adhemar, and other writers.
Note 1. Descr. de la France, part 2, p. 138. [back]
Rev. Alban Butler (1711–73). Volume X: October. The Lives
of the Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/10/135.html
San Geraldo D'Aurillac, Conte di Aurillac
13
ottobre
Aurillac (Francia), ca.
856 - St. Cirgues-Quercy (Francia), 13 ottobre 909
Martirologio
Romano: A Saint-Ciergues nella regione dell’Auvergne in Francia, san
Gerardo, che, conte di Aurillac, con grande profitto per i suoi possedimenti
condusse segretamente vita monastica sotto l’abito secolare, divenendo modello
di riferimento per i potenti.
Si fa più presto a dire
quello che non è. Sul versante laico, non è amante della guerra né della caccia
né dei tornei, pur appartenendo al ceto che di tutto questo campa. E nella
Chiesa non è prete né vescovo, né monaco né abate. Ha fatto buoni studi, e
anche questo fa di lui una mosca bianca tra la nobiltà del tempo. È uno dei
primi laici venerati come santi, e vive mentre l’Impero di Carlo Magno si
sbriciola nelle guerre tra i suoi discendenti, che riportano violenza e
miseria.
I vescovi d’Europa, poi,
nei loro sinodi lamentano come in troppi monasteri non c’è più disciplina;
alcuni sono addirittura vuoti; altri ancora sono diventati condomini per monaci
con mogli e figli. Sta andando a picco l’intera istituzione monastica, con
tutti i suoi meriti verso la Chiesa e verso la società.
Uno dei più pronti a
reagire è lui, Geraldo, figlio del conte di Aurillac, che lo ha incoraggiato
negli studi, ma non lo vuole prete né monaco, perché è il suo unico erede.
Morto poi il padre, lo distoglie da quel proposito il vescovo Gozberto di
Rodez: sono importantissimi anche i laici, specialmente quelli colti come lui,
in un tempo di fede raramente illuminata. Tra i battezzati c’è chi da un lato
prega il Signore con speranza, e dall’altra venera impaurito il diavolo, anche
con riti e sacrifici notturni. Questa gente ha bisogno non soltanto di prediche
in chiesa, ma soprattutto di esempi quotidiani, in casa e per strada. Così
Geraldo comincia a vivere “nel mondo” con l’austerità dei più esemplari
religiosi. La gente scopre in lui un nobile del tutto diverso dagli altri.
Non solo aiuta i poveri, ma vive come loro. Esorta alla preghiera e la pratica;
si può davvero obbedire a quello che dice, semplicemente osservando quello che
fa. Non sembra che abbia grande fama di parlatore, con tutti i suoi studi. La voce
della sua santità si ispira alle opere e ai comportamenti.
Geraldo è anche un
pellegrino instancabile. Visita le tombe dei grandi santi di Francia: Martino a
Tours, Marziale a Limoges... Ma soprattutto lo attira Roma: ci va sette volte
nella sua vita. Nell’anno 894 nasce ad Aurillac un nuovo monastero, fondato da
lui sulle sue terre. Lo dedica a san Pietro e lo pone sotto la dipendenza
diretta del Pontefice. Ne è l’ispiratore, ma non l’abate. Geraldo rimane
sempre laico, anche se osserva in tutto e per tutto le regole monastiche. Che
sono rigorose, secondo la più rigida tradizione: silenzio, preghiera, molto
lavoro manuale, confessione pubblica delle colpe, aiuto ai malati e ai
pellegrini, scuola. Nel 910, questa comunità andrà ad unirsi al grande
movimento di riforma monastica, iniziato a Cluny dall’abate Bernone.
Ma, nell’anno 902,
Geraldo deve chiudere con i pellegrinaggi, perché è diventato cieco. Si ritira
allora nel territorio del Quercy, in un possedimento della sua famiglia a St.
Cirgues, rimanendovi fino alla morte. Il suo corpo viene poi riportato ad
Aurillac, per essere sepolto nella chiesa del monastero da lui fondato. Ed è
sempre in questo monastero, alcuni decenni dopo, che prenderà l’abito
benedettino il giovane Gerberto, anche lui di Aurillac, che diventerà poi
Silvestro II, il Papa dell’Anno Mille.
Autore: Domenico
Agasso
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/92106